SEANCES ET TRAVA.UX DE L' ACADEME DE REIMS. Oiizleme volume. (i JUILLET 1849. — 22 MARS I860. REIMS P. BEGNlBB, IMPBIMBUB DE L A i: Mil. Ml E. BBI88ART-B1NET , LIBBAIBE DE I. u AM Mil . HDCCCL. . SEANCES ET TRAVAUX DE I/ACADfiMIE DE REIMS. SEANCES liT TRAVAUX DK L'AGADEMIE DE HEIMS. Onzi£*ne volanic. 6 JUILLET 1849. — 22 Mars 1S.V). REIMS P. REGH IER, I Ml- KIM || u |)| i. X( vii KM I I BRJSSART-B1NET , LIBRAIRE DE L'ACADBMIE. HDGCCL \ v SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ANNEE 1849-1850. Stance du 6 Jufllet 1949. PRESIDENT DE M. KAXQCETTE. Etaient presents : MM. Saubinet , Bandeville , L. Fanarl , Querry , E. Derod6 , Duqu6ne!le , F.-L. Clicquot , F. Pinon , Aubriot , V. Tourneur , Ern. Arnoukl , F. Henriot-Delamotle , L.-H. Midoc, Deces, Genaudet, Lechat, J. Sornin , Deleulre , Pierret , Pierre Leroy , Briere-Valigny el E. Maumene, mem- bres (ilulaires. Et MM. Ducbesne, Rattier, Charlieret de Bonnay, membres correspondants. CORRESPONDANCE MANCSCR1TE. M. le Prefel de la Marne expriroc a 1'Academie le regret qu'il eprouve de if avoir pu assister a la stance publique atinuclle. i. 1 '2 M. Lebrun, direcleur de l'ecole dcs Arls e! metiers de Chrtlons, adresse les mCmes regrets a la Comp3gnie. M. le vicomle de Kerckove , president de TAcade- mie d'arcbeologie de Belgique , remercie l'Academie en son nom et au nom do MM. de Cuypert , BogaCrls et Eugene de Kerckove du litre de membre corres- pondent qui lui a ele confere ainsi qu'a ces savants, ses collegues a l'Academie d'arcbeologie. M. Poquet. direcleur de TEtablissemenl des sourds et muets de Sl-Medard , pres Snissons , transmel les m6mes renierciments. M. Charlier , membre correspondent , assure la Compagnie de toute la reconnaissance dont il est pe- nelre pour la nouvelle marque d'encouragement quil a refue a la seance solennelle. La Mori de I'archecique de Paris. — Un Mot aux modernes Carrier. — La Fraternity des arls. Poemes par M. Onetime Seure. CORKESPONDANCE IMPRIMEE. Trois numeros du journal V Intelligence , renfermanl des appreciations lilleraires , par M. Onezime Seure. Journal de la Sociele d'agricullure des Ardennes, n° 6 , vie annee. il pmoirc sur l' organisation du travail, par M de Malglaive, capilaine du genie , detach6 pour la colo- nisation de I'Algerie. Notice sur quclques monuments du di'partement dcs Coles du Nord , par M. Anatole Bartbelemy et M. Ch. Guimarl. Societe d'agricullure , du commerce , des sciences et des arts de Boulognc-sur-mcr , seance semeslrielle de 18V9. 3 Misere , imeute el cholera , brochure par M. Bou- cher de Perthes. LECTURES ET COMMUNICATION'S. Sur rinvitation de M. le President , M. Di-rode donne lecture d'un poerne sur la Mori de I'archcveque de Paris. M. Midoc fait un rapport sur les dernieres publi- cations de l'Academie des Jeux floraux. M. Pinon lit des vers de M. Teste d'Ouet, mernbre correspondant. - k Lectorc de N. D6rod£. LA MORT DE L'aKCHEVEQL'E DE PARIS. POEME par M. Onesimb SETJBJS. ( Extrails ). Majorem hac dilectionem nemo habet L't animam suara pouat quis pro aroicis suis. ( Evany. Joann. ) Toi qui n'as point terni la blancheur de tes ailes Dans l'orabre des fureurs et des gloires mortelle6 , Vers toi la France eleve un chant de repentir Aussi pur que le sang et I'amour d'un martyr ! Esprit du sacriGce , ame de la priere , Toi qui pretes ta voix aux fils de la lumiere Pour cet hymnc eternel qui les unit a Dieu , Du ciel dis-nous la joie et le dcuil du saint lieu ; Viens d'un voile sanglant couvrir nos tristes armes , Et d'un rayon d'espoir illuminer nos larmes ; Dis-nous que le plus juste est toujours le plus fort ; Montre-nous la Tertn triomphant dans la mort ; Viens ; nous avons besoin de tes lecons sublimes , Dans ce siccle oii 1'orgueil n'assemble que des crimes. Tandis qu'un sphinx terrible , a 1'ongle ensanglanl^ , Propose aux nations ce mot : fraternito , Sachons comment celui qui pouvait nous absoudre A deyine l'enigme et vient de la resoudre. Mais que 1'cgalite nc nous divise plus, Car le saint heroisme a toujours ses elus , — 5 — El Dieu donne pour raallre aux verttis qu'il scconde i 'Hm qui sait uiourir pour lo salul du raonde ! Augmentanl ses douleurs du bien-etre allendu , Ce qu'on lui proincltait , croyant l'avoir perdu , Le peuple... . non , que dis-jeP une foule egaree Est par de Tils (ribuns au carnage attirec.... 0 cruel sourenir ! Enlendez-vous cescris? — Le tambour fait gronder 1'alarme dans Paris; Aux armes ! ce sont eux ! ..- qui ?-des Francais!- nos freres? Aux armes ! defendez tos (illes et tos meres , Defendez tos foyers ! Par la flamme et le fer lis Teulent propager les dogmes de I'enfer ! Au sein de la patrie egorger la famille , Et la propriete qui du travail est I i lit- ! — Aux nrmes ! ecoutez : c'est le bruit du canon ! — ViTe la Hepublique !... — 11 tombe. — Rends-toi! — Non! II meurt ; — battez la charge... — Ob ! siecles d'epouTante , Ou la haine semblait rester seule vivante ; Dans les quarters deserts ou les morls seuls passaicnt Que de larmes de sang les epouses Tersaient ; Que de meres en pleurs , apres ces jours funestes , De leurs tristes enfanls n'ont pas retu les restes ! Contrasle douloureux ! l'Eglise , dans ce jour , Celebrait de son Dieu l'universel amour , Et ce divin banquet oft le Saureur convie Les pelits et les grands pour leur donner sa Tie , Lorsque , sous les cbaleurs du solstice d'ele , Du maitre des hu mains la paisible bonte 1 lirinin.nl panni nous , bcnissant (outes choscs , Au milieu des enfanls qui lui jcttaient des roses. C.'etait en ce temps-la la fete du saint lieu , La fete de la rue et la I * - 1 ■ - de Dieu , Le triomphc des fleurs , richesscs ephemcres , Le bonheur des enfanls et la gloire des meres. Quel changement aflreux ! uos pares ruisselanls Sont jonches aujourd'hui de cadavres sangUnla ; Et les longs cris de mort , sin lea places publiques , Remplacenl la priere el le chant dt-s cantiqaei ! L'ignoraucc et la haine, enceiotea du Iropaa, De la guerre inlcinalf out egaie les pits ; Et du mcurlre Intense le culte sacrilege Deroulc en rugis^ant son efl'rayant cortege I — 6 — Tandis qne de ses mains Paris se dechirait. Seul , au pied des anlels , l'archeveque plcurait ; Et, semblable a Moi'sc au scuil du sanctuaire. Son amc avec scs plcurs s'epanchait en pricre : « Kpargnez voire people, o mon Dieu ! sauvcz-nous (1) ; • ISe nous accablez pas d'un cternel courroux ; » Pour eux lous , pour le peuple , helas ! qui vous ignore , » Vous avez tant soufTert , et le sang coule encore ! • Sans connaitre la vie , ils meiirent ! c-t leurs yeux • Se ferment sans chercher mi pardon dans lcs cieux ; • lis meurent etrangers a la famillc humaine , • El leur dernier soupir est un souflc de haine ! > Voila done , 6 mon l>ieu , quelle fratcrnile » Leur prepaiaient l'orgueil et 1'incredulite 1 » Vous les avez laisses , pauvres enfanls prodigues , » Du pouvoir et des lois ronipre (outes les digues , » Et le Dot revolte qui va les engloutir , » Loin de vous les emporle.... et loin du repentir! • Levez-vous , mainteuant , paraissez ; voici l'heure : » Et s'il vous faut encore un disciple qui meure , ■ 0 mon Dieu, prenez-moi I... J'irai, jc parlcrai , » Au nom de cette croix que je leur montrerai ! » En ce jour de combats , de terreurs et de larmes , > II faut que vos pasleurs prennent aussi les armes » El montrent » pour le peuple , empresses de souffrir , » Qu'on doit, pour triompher , pardonner et mourir ; • Car l'heure est arrivee oil vos divins symboles » Ne se prouveront plus par de vaines paroles : > Bientot pour les humains , lasses de vous braver , » Celui-la sera Dieu qui pourra les sauver, ... » Et Dieu ce sera vous ! vous , mon pere ! et quel autre » U'inspirerail l'amour et la foi de l'apotre ? » Je suis pret : guidez-moi ! vous vivez , vous regnez , » Et je meurs trop heureux si vous les epargnez ! » Ainsi priait le jusle , el sur son front modeste Dieu reflelait deja l'aureole celeste. Cependant la balaille, ebranlant la cite , Sillonnaiten tous sensTaris epouvante : 0 Pare* , Dominc, parce populo tuo, ne in a-lermim irasoaris nobin. ( Paroles de V Arrhevfque. ) Deux leinpetes de feu , de sou Ire el de luilraillc , Se croisaienl , se suivaicat de muraille en nairaille ; Des quarliers populeux les chemins soulcves Jusqu'au toll des raaisous entassaient leurs pav6s ; La balle , en s'errasant , grelnit les edifices ; Le glaive consomuiait d'horribles sacrifices ; Sur des debris croulants , sur des monceaux de morls On monlait, on frappait , on lutlail corps a corps ; S'arrachant un drapeau dont I'ombrc les rasseuible , Deux freres cnnemis ici mouraient ensemble ; La , deux amis fuyaient en se rcconnaissaut ; Plus loin , le jeune fils , vainqtieur et freraissant , Pile cominc un chasseur qui louche une vipere , Se frappail d'un poignard suspendu sur son pere. . .,. Que de crimes sans nom ! que de hauls-fails perdus Le lourbillon fatal ensemble a confondus ! Heros ou revoltes , agresseurs ou viclimes , Tour a tour odieux , efTrayaots el sublimes , Tous rendaient la victoire affreuse a conquerir , Car tous etaien' Francais et tons savaient mourir ! Ce faubourg travaillcur oil le peuple fourmille , Qui commence oil jadis s'abima la bastille, Et Gnit au chemin de cette autre prison Dc nos tribuns d'hier desolanl l'horizou ; Le faubourg Sainl-Anloine , illustre en nos annates Par son effervescence aux jours des saturnales , De l'insurrcction dernier rclranchement , Disputait la vicloire avec achaniement. La , les chefs out jure , plutot que de se rendre. De perir ecrases sous les maisons en cendre ; El du dernier combat , formidables apprets , Les boinbes , les morliers el les canons sont prets. Tout a coup , dans l'armee et sur les barricades , Un long cri de respect suspend les fusillades ; Entre les deux partis , sur un sol plein de sang , Un homme au front serein inarche en les benissant ; Sa robe violette et sa croix peclorale Disent sa dignito chreliemie el pastorale : (Vest lui ; e'est I'archeveque !.... — 0 moo pere , arrtfiiz \ 11 ton i do tous la mort vole et TOUS raiTrontez ! — « Je ne crains pas la morl , rcpondil le -.ami pretro : • Ma Tie est a uion people , et le ciel en e;-l inailre. — 8 — • Pour sauver son Iroupeao , le pasteur doit savoir . OfftiJ a Dieu son ame , ct jo fais mon devoir (1). II irtarche , il lienl en main la grace dcs rebellos ; II se presente aux coups des armcs criiuinelles ; Et tant de charite dans un menie respect Reunil tous les occurs vaincus a son aspect. Sou noni court dans les rangs des soldats qui s'appaiseul ; Du bronze meurtrier les tonnerrcs se taisent. Tel on dit qu'aulrefois sur les flols en courroux Le Fils de Dieu passait, majestueux et doux , Et voyait i ses pieds les vagues inugissanles Retomber et mourir, niollcmenl caressautes : Tel il souriait , calme , a l'ouragan des mers, Et leur neige ecumeusc en tourbillons ainers D'une blanche aureole euviionnant sa tele, Refletaient ses splendeurs au sein de la lempete ; Tandis qu'aux elements il parlait comme un roi , Disant aux Tents : « Silence ! » a la vague : « Endors-toi ! » Puis , bon comme une mere , ct les mains etendues , II relevait des siens les dines eperdues , Et toujours plus divin dans son humanile , > Ingrals , leur disail-il , quoi ! vous avez doule ! Precede du rameau symbole d'alliance , Vers ses fils egares le saint prelat s'avance ; II ose penelrer jusque dans les remparts D'oii la soudaine mort jaillit de toules parts ; Sans crainte il a passe sous ces pans de muraille Qui chancelent deja mines par la mitraille ; Et sur la barricade , etonnee a sa yoix , Au trisle drapeau rouge il oppose une croix. « Freres, pourquoi ces morts? pourquoi cette furie ? • Au nom de la nature , au nom de la patrie , » Voire mere expirante , et dont vous dechirez • Le sein qui vous porta , freres denatures ! • Dirai-je au nom du ciel , que tous croyez peut-etre , » Comme il vous faut la terre , uo empire saus maitre , • Et qui pourtant s'incline en son orbe infini » Sous les pas elernels d'un Dieu toujours beni ! » De ce Dieu qui vous voit et qui maudit vos armes , (O Bouus pastor animam suam dat pro ovibus suis. ( Paroles de for- thevtque. ) — 9 — le GIs, Totrc Sauveur, donna Unites ses larmes, Tout son sang pour Ic peuplc , el sa divinite Se resume en ces mots i I'aix et fralernite ! Car c'est en pardonnant qu'il a vaiucu la lombe. Voua voulez qu'a jamais lc despolisme tombe ? Et vous en appelez a la loi du plus fort! ^us reclamcz la ?ie , et vous donnez la inort ! Ah ! pauvres insenses ! inais la haine rcbelle , Mais l'orgueil insurge , c'est la guerre elernello ; Et dans ces jours fatals vos fusils maladroits Criblcnt de voire plomb la charte de vos droits : L'heritage sacre que la loi doit vous rendre Ne vous appartient plus des que vous I osez prendre. Arrelez ; respeclez I'espoir de vos enfants ; C'est ce que je dirais si , deja triomphants . Vous marchiez au pouvoir sur la ville abimce.. Mais vous etes oernes par une triple armee ; La France vous reprouve , et deja contre vous Paris et la province unissent leur courroui. Que de sang vous pouvez epargncr a la terre Fn cessant main tenant cetle inutile guerre! H en est temps encore , et voici le iraite Qui vous promet la vie avcc la liberie. J'ai vu le general, je l'ai rendu propice ; C'est lui qui vous accorde une heure d'armistice. Freres , qu'un iriste orgueil ne vous arrete pas : S'il est beau pour l'honneur d'afTronter le trepas, L'honneur mdme defend qu'un suicide impie Eternise une erreur, quand il faul qu'on l'eipie. D'ailleurs, si rien n'emeut vos ca?urs descsperes , Si nulle affection ne vous relient... mourez!... Mais avez-vous le droit de condamncr aux flammes Vos blesses , vos vieillards , vos enfants et vos femmes? Enlendez-vous leurs cris ? Ah ! peres inhumains , lis vous dcmandcnt grace en vous teiulnnl les mains. AmMez-vous ! assez do sang et de victimes ; A vos malheurs, du inoins, n'ajoutez point de crimes; El si, pourassouvir ccm qui vous out trompes, II vous fa it t une tele , 6 me I enfants , frappe* : J'assume sur moi senl tons les lorts de vos maitres , Car les mediateurs du mondfl semi lea pretrea ! Si vous me refusez , je ne vous quitle plus ; M voyant mes disrours et mes vrpiix superflus, — 10 - . Aux boulels qui viendronl Quit voire ruine n JofTrirai le premier ma tele et ma poitrine; <. Heureux de ne point voir lc forfait s'achever , » Je perirai pour vous u ayant pn tous sauver ! » C'est ains-i qa'il parlait , deboul sur son calvaire , El Dieu , lout a la fois indulgent el severe , Preparail une palme au front de son martyr , A la guerre un opprobre , a lous un repenlir. La foulejse taisait; les fronts les plus farouches S'abais>aient , la menace expirait dansleurs boucbes ; Et les pleurs de leurs yeux , qu'ils yoilaient de leur main , Entrc leurs doigts noircis se frayaicnt un chemin , Quand, parti de l'enfer , un cri se fait entendre : — Trahison ! trahison ! Ton cherche a nous surpreudr* '. A vos armes ! tirez ! — Sur tous les combattants Un orage , a ccs mots, eclate en meme temps ; La fumec a longs Qots dans les airs tourbillonne ; Le plomb passe en sifflant sur les murs qu'il sillonue. — Dieu ! sauvez l'archeveque ! arretez , arretez , Soldats !.... — II n'est plus temps !.... 0 terreur ! ecoutez Ces sanglots , c'est la voix des iusurges qui pleurent , Ms ne se plaignent pas quand ce sont euv qui meurent : Sous un malheur plus grand leur orgueil s'est courbe : A genoux et prions! l'archeveque est toinbe ! A celte heure oil la ioi des sieclcs heroiqucs Renouvclait aiusi ses merveilles antiques , Chantrc du nouveau monde et du vieil Orient , Trisle , mais re.vigne , niourait Chateaubriand. Dieu semblait prolonger sa uiuelte agonie , Que du ihristianisme apaisait le genie , Et promettre a cetle ame , aspirant a parlir , Pour guide el pour compagne une ame de martyr II lui tardait de fuir celle terre sanglante De son illuslre exil demeurc chancelanle ; Car , an bruit de la lui'e , alors il lui semblait Que sous son dernier pas lc monde s'ecroulail : Et qu'au siccle sans foi , craignant de lui survivre , Aux ombres du neant s'arrachail pour le siiivre. Mais sur le noir chaos de cetle villeen feu II attendait pourtant In triomphe de Dieu. — 11 — Pile ct baigne de pleurs , un ami se pres ente , Et pressant du vieillard la droite agonisanle , — Reposez-vous en paix, dit-il , tout est lini : L'anarchie est vaincue , et Dieu seul est bimi! — Eh quoi! ces furicux !. .. — Tous ont pose les amies , Et le sang qu'ils versaient est lave par des larmes. — Quel pouvoir a soumis le peuple revoltii? Est-ce le fer ?... le feu ? — Non , c'est la oharite i Un bon pere se doit a des eiifanls qu'il ainie. — Ce pere , quel est-il ? — L'arcbeveque lui-meme ! — Ah ! j'entends... . sa parole a su les attendrir. — Non ; — que lui reslait-il a faire alors ? — Mourir , N'est-ce pas? — 11 est rnort? — Dieu tout puissant, Dieu juste, Ne Tengez pas sur eux rette victime auguste ! — Tel fut son dernhr cri : « Freres , je suis blesse" ; Mais que mou sang , du moins , soil le dornier verse" ! (1 ) » Et le dernier effort de sa main paternelle Fut pour benir encor la foule criminelle. — En silence , a ces mots , Chateaubriand pleura, Et, comme pour prier , sa levre murmura. Puis il ne parla plus ; car la noble victime Avail realise sa parole sublime : Ce qu'il avait chante , ce juste 1'avait fait ; Sou oeuvre etait linie et la foi triomphait. Oui , Pontile martyr , acceptez-en la {jloire , A vous seul appartient cette illustre vicloire ; Car sans vaincre jamais ces freres ennemis , On les eilt ecrases ... vous les avez soumis! Vous leur avez paru , dans ces jours de tempetes , Plus grand, plus saint.plus vrai que tous leurs faux prophele*. En imitant un Dieu dont ils avaient doute , Vous realisiez seul ce mot : Fratcrnite; Dans voire amour pour eux , vous seul etiez sincere. Ils comprenaient comment dans voire coeur de pere lis pouvaient etre egaux sans avoir combatlu , Bl comment tous les droits soul tils de la vertu De 1'iirgueil insense la reWolle funic Ne cedera jamais ■ la force brulale : Dans le feu , sous le fer , loin de 18 couverlir Le fanaliqup chante et ,-e croil on martyr. f O Paroles Ae I'archeriqae — 12 — • Miami c'est I'csprit surlout qui s'insurge , pour vaincro , 11 ue suftit jamais d'abattre , il faui convaincre. Pour convaincre , il faut croire , aimer , prier , souffrir ; Et si ce n'cst astez encore.... il faut mourir ! Pere , vous le saviez , mourir ainsi , c'esl vivre ! Nous cbantons , eu pleuranl , le jour qui vous delivre ; Nous chantons voire gloire et dous pleurons sur nous. Voyez, du haul des cieux , lout un peuple a genoux : Ne vous semble-t-il pas que cette multitude A d'une antique foi retrouve I'habitude ? Voire mort I'a fait croire a l'immorlalite , Et, d'une guerre impie encore ensanglante , Paris avec respect ouvre sa basilique , Et garde avec amour voire sainte relique ; Des vieux siecles Chretiens l'ardente charite Leve sur votre tombe un front ressuscite ; Et cette piete , qoi force les miracles, Vient de vos ossements implorer les oracles. — 13 — Lecture de M. L.-H. iidoc. RAPPORT SUR LE RECCE1L DE l'aCADEMIE DES JEUX FLORAUX. (Premiere par tie ). Qu'ils sont heureusement dou&s les hommes nes sous Tardent soleil des contrees meridionales ! Pen- dant que de toutes parts on crie : cr la po6sie est morle ; » que Ton voil les genres lilleraires , qui repandaient sur notre beau pays une incontestable gloire, se precipiler sur le terrain mouvant de la politique , au milieu des problemes sociaux pour la solution desquels cbaque empirique apporle un re- mede souverain ; dans une antique cile de la France, un appel annuel est fait a lous ceux qui ont encore quelque souci des vers et de la poesie , el , chaque annee , Tappel est enlendu. — Sous le souffle inspi- rateur , arrivent de tout cole , rofime de nos con- trees seches et froides du septentrion , les essais heureux de jeunes bonimes, les meditations dhommes dont la main ne lardera pas a se glacer peu(-6tre, mais dont le coeur est chaud encore. Inutile de dire , tous le savenl , ce que e'est que I'Aoademie des Jeux lloraux , celte institution virille — u - d'flge , mais (oujocirs renaissanle , qui se compose de membres pris commc nous, Messieurs, dans toules les classes de la soc iete , et auxqucls , comrae a nous , on ne demande pour tilre que quclques esquisses ou m£me simplemenl 1 e gout et 1'araour du beau et de 1'ulile. Sculement, a Toulouse, si les sciences sont ho- norees et brillent du plus pur eclat , il faut dire aussi que dans le c lerge , dans le barreau , dans la magislrature , dans le commerce, domine le feu sacr6 qui ne transforme pas, sans doute, en poeles tous ceux quil possede , mais qui enfaute au moins des amis fervents, des propagateurs devoues des lettres, de la prose ou de la poesie. Lc 3 mai 1849 , done , les commissaires de l'Aca- demie ont ete cheroher, avec la pompe accoutumee, les fleurs d'or et d'argent qui etaient exposees, de- puis le matin , sur le maitre aulel de la Daurade , pres de laquelle full ensevelie Clemence Isaure. Tou- chanle ceremonie , que les reformateurs doivenl trouver ridicule , mais qui lemoigne haulement de la religion du souvenir. On aura beau faire, s'il ne nous est jamais donne de voir la veritable religion honoree comrae elle devrait l'6tre , cetle religion du souve- nir , ce culte du passe subsistera loujours , et Ton pourra encore , sur la tombe des anceHres , dans la paix: de I'asile des morts , pres des debris respect6s des monuments antiques , puiser des forces pour comlballre les theories insensees qui voudraient briser la chaine qui lie le passe au present et que l'avenir doit continuer. Theories insensees I Comme si nos peres n'avaient ete (jue de miserables fous , des esclaves servilest — 15 — Comme s'ils navaient rien su faire pour la gloire el pour le bonheur de la patrie commune! Theories insensees ! Avant toules choses, ce que I'horarae doit respecter n'est-ce done pas la memoire de son pere , de son pere qui n'a entrevu , en mourant , qu'une partie des evencmculs futurs, et qui serait mort , le desespoir dans l'tlme , si , voyant les mines que nous avons amoncclees , it n'avait eu foi dans l'avenir? II est vrai que , surtoul depuis le Christ , la poesie a toujours lendu a idealiser la vie , et que , main- tenant, e'est a qui recherchera le moyen de lui 6ler le plus vile et le plus siirement ce qu'elle a encore d'id^al et de religieux. Na-t-on pas ose dire : « D'ou vient que nous aurions un respect exagere » pour la forme humaine? D'ou vient que les morts » ne rendraienl pas a la nature ce que la nature » leur a donne? Nous voulons , nous devons etein- » dre , aulant qu'il est possible , le caraclere d'indi- » vidualile qui nous est propre , el nous irions , au » m6pris des lois qui regissenl les etres , conserver a » la matiere inerte , en dehors dc la nature vivanle, » les prsneipes de vie necessaires au developpement » au renouvellement , el par consequent a la trans- » formation , el a la duree qui sont la vie de (ous » les Ctres. Les morts , dans la sociele nouvelle , » ne scront I'objet d'aucun culle ; comme dans o I'Inde, nous les reduirons en cendrcs : cela est » conforme a la science et a la raison. » La stance avail commence par Teloge de Clemence Isaure. M. Rodit're (Aime) , professeur a fecole de droit dc Toulouse el Tun des quarantc Mainleneurs, s'etail charge de ce soin. II a prouve , dans un discours elegamment ecrit , que pour apprecier les — 16 — oeuvres des poeles , les qualites qui doivenl les dis- tinguer, il n'etait pas besoin d^tre poete soi-m6me; et il a demonlre , en quelques mots que je vais lui eniprunter , que la sociele raoderne pouvnil aussi inspirer les artistes. II en trouvait la preuve dans le gout prononce des femmes pour les ceremonies 1U16- raires. Vous le savez, Messieurs , a Reims, les femmes forment la plus grande parlie de notre auditoire , donnant ainsi a nos faibles efforts un encouragement que noire sexe nous refuse , bien que la ville compte des artisles dislingues el des hommes de talent. Ecoulons M. Rodiere : « Honneur aussi a vous , Mcsdames , qui , par » votre presence a cetle solennite , contribuez puis- » sammenl a faire germer des talents qui s'igno- » raient. Les puissances materielles de la nature , » maitrisees par le genie de I'homme , accomplissent o aujourd'hui d'etonnants prodiges ; ces prodiges eux- » m6mes accusent pourlant toujours rinferiorile de » la matiere , par la constanle uniformite des phe- » nomenes. L'ardenle locomotive se precipite toujours jo dans les mfimes rails, le telegraphe eleclrique suit » toujours le m6me fit. Votre pouvoir a cela de plus « merveilleux qu'il produit au mfime instant des » effets divers. II pousse en memo temps lc guerrier » dans la carriere de Tbonneur , le savant dans les » cbemins difficiles de la science, le poete dans les » sentiers perilleux de l'imaginalion. II guide a la » fois la plume de Thomme de lettres , le ciseau du » sculpteur , le pinceau du peinlre. C'est done i i) vous, Mesdames, que nous devons le principal » eclat et I'influence magique de nos f6les. » — IT — M. Rodiere ne pense pas que la societe soil male- rialisee complelement. II noil encore , au contraire, a la puissance de lamour et a la beaule des femmes. II ne rougit pas de rappeler leurs gnlces, leur esprit, lour influence, les chefs-d'oeuvre de foule nature que leur soulle , leur regard , leurs paroles , leurs verlus inspirent. Heureux temps, en effel , que celui oil la femme , gardant le cole brillant e( magnelique de la vie , saura , conimo dans le passe, )»} _ dli • ( >>l que vuu> eliez lous deux de noble race , Et c'esl qu'il vous fallal! a lous deux trop de place; 11 vous fallait Irop d'air el trop de liberie , Pour respirer ensemble en la memc cite ! D'ailleurs , de lant d'eclat s'il (il briller nos armes , Celle gloire , a tes yeux , nous coulait Irop de larnies ; El , ne pouvant calmer la douleur qu'en fuyanl , Tu deployas Ion vol vers le bel Orient. Ta voix sut , en passant sur ses plaines fertiles , Rcveiller en sursaul I'echo des Thermopyles. II serail injure de nc poinl parler du Chant des Orgues, ode presentee an concours par M. Blanche- main. M. Blanchemain, que, lout a fheure , nous relrouverons vainqueur, est doue d'une sensibilile exquise; chaque mot recele une pensee vraie, douce ou trisle ; e'est la poesie du cceur. Ne nous 6tonnons pas que , dans l'elegie , I'autenr ait vaincu ses concur- rents. L'elegie presenle un danger immense : a defaut d'un sentiment profond , elle devienl fade et if inspire que le de-gout. Ici , el si les bornes que nous devons nous imposer ne nous linlerdisaienl , nous vous cile- rions en entier ce petit pneme , dans lequel les juges onl trouve quelques laches. II est intitule : Sous un toil dc cliaume. Tilre simple . sujel simple , poesie simple, calme, limpide , et refletanl la pensee dominanle. II s'agit de la morl d'une jeune fille que le prin- temps avail encore vue , el que le chaud soleil d'aout n'a pas relrouvee. Quoi de plus pur que ces vers : Sur le bord de la route il est une chaumine , Qu'entoure un enclos vert ; qu'uil cerisier domino ■ Convert de fruits lougis ; Son faile est lapisse de ces flVurs , de ccs iiorres Don I le Seigneur se plait a parer les chauiuieres El les pauvres logis. — 23 — Lors (hi dernier prinlcmps, au mois des pSqueretles , Quand les mouches, sur l'herbc aux mobiles aigrettes, S'abattent par milliers , Sous ce toil demeurail line enfant du village, Plus fraiclie que les fleurs , plus vive el plus volago Que l'oiseau des halliers. Comine elle elait alors seduisa.ite et jolic : Que dc grace , d'amour et dc nielancolie Dans ses deux grands yeux'bleus : Moins douce est la Incur des lanipes solitaires Qui repandent . dans 1'onibre , an fond des sanctuaires, Un reflet nebuleux. Et plus loin, que de veritti , que de sensibility dans ces vers si simples : Mais quand Ie mendiant, chancclant el sans guide, Passait , vers Ie midi , sur Ie cliemin aridc , Sous le soleil en feu , Elle accueillait du cceur sa plainte abandonnee, Et rompait avec lui ce pain de la journee Que Ton demande a Dieu. Le pauvre s'arrctait avec un long sourire, Delassaut ses pieds nus que la ronce dechire , El ses membres perclus ; Puis, lorsqu'il reprcnait sa pesante besace , Longtemps encor des yeux elle suivait sa trace , Trislc el no chanlaol plus. Minee par la fiovre , mourante , la jeune fille ne reconnait plus m6me Tindigence et la vieillesse ; et l'auteur , avec one nielancolie profonde , melangied des aulels que la vicrgc aux doux yeux Pleor longlemps cullivee a l'nmbre de sa mere , Prclc a suivre partout l'epoux qu'elle prefere , Uclle de son bonheur , de son charmaut emoi , Par d'elcrnels scriuents engagcra sa foi. Bien (on qui s'est flatle de vaincre la nature ! Tant que l'oiseau , cachant son nid dans la verdure , Y couvera scs oeufs , tendres fruits de I amour , A 1'abri du soleil el da bee de l'autour; Tant qu'aux petits dormant sous I'alle maternelle Ses soins npporteront une graine nouvelle , du la mouchc au corset frappe d'or el d'azur , Triomphant des complots du communisme impur , La famillc vivra . . Cependant l'avenir, dans ses flanes lenebreux , Enferme la tempelc et des perils affreux ; Sur ses riem fondements l'edifice chancelle ; L'Europe s'epouTante; elle eric, elle appelle : I'oetes , c'esl l'inslanl d'elever noire voix , Raffermir dans les coeurs l'aulorile des lois ; Sauver la libertc que la licence opprime ; Avcc un soin picux proteger la viclime ; Sans craindre les mechants et leur noire fureur , Demasquer 1'imposluic et confondre l'erreur ; Rappeler a la foule , au peuple qui l'oublie , La douce loi du Christ , celle loi qui relie Le riche au Dieu sauveur , le pauyrc au Dieu souffrant; Pour assouvir 1'enTic et son feu devorant, Monlrer la foudre au front des cimes d6solees , Et le bonheur... cache dans les sombres Tallees : A la foi la plus vive allumci son flambeau ; Ne porter que lamoui aux plis de son drapcau ; Et fletrir t'oppresscur , quelque nom qu'il revele ; \ oila la mission , la gloiie du poetc I — 27 — Maintcnant, el pour terminer cette premiere parlie, il nous reste a proposer a l'Academie , pour les pro- caines elections de Membres correspondants , M. Richard Baudin , qui a sollicile la faveur d'une pre- sentation aupres de Tun des honorables membres de cette Assemblee, M. l'abbe Gainet son ami. L'Aca- demie yagnera , a ce choix , deux choses : un excellent correspondant , et des vers comme M. Baudin sait les fa ire. REIMS. — |>. Hlc.Mi'H, IMPBIMEOR I'l l'aCADBMU SKANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ANNIE 1849-1850. I." i k 3. Seance da IS Juillet BS49. iSIDEME DE M. DUBOIS. Eiaienl presents : MM. Baodeville , Bouebt' de Sorbon , Nanquclle , Th. Contanl , II. Landouzy , Qucrry , Max. Sutaine , J.-J. Maquart , Duquenelle, F. Pinon , Aubriot , F. Henriot-Delamotle , L.-H. Midoc , Dec6s , Genaudet , Lccbat , J. Sornin , Deleutrc , Pierrcl , Edom , Forneron , P. Leroy , Brierc-Valigny , et E. Maumcn6 , mcmbrcs litulaires. COBBESPOITOANCE HANDSCB1TE. M. Tarbe de St-Hardouin remercie I'Acad&nie du tilrc dc membre hcmoraire qui lui a 616 d£cern6. M. Goguel, mombrc correspoDdant , envoie quel- qucs parties dun Ir.ivail sur IV'ducalion des classes I. lx — 30 — pauvres. Les fragments qui accompagnent sa lellre se composent de cinq cahiers , dont voici les litres: 1° Avant-propos; 2° L'ecole primaire ; 3° Les maisons d'orphelins et les refuges , ou maisons de preserva- tion ; 4° Maisons penitentiaires ; 5° Les jeunes lilies des classes inferieures. — M. Edom est charge de faire un rapport sur cet ouvrage. La Societe academique du d^partemenl de la Loire- inferieure envoie un bon pour retirer les six der- niers numeros de ses annales. CORRESPONDANCE IMPRIMEE. BuUetin de la SociHe" des antiquaires de Picardie , 1840, n° 2. he Cidtivateur , journal d'agriculture du d6parte- ment de la Marne, nos 1 , 2, 3 et 4. Sitge de Saint-Quentin , en 1557, par M. Ch. Gomart , membre correspondant. Exirait des Travaux de la Societe cenlrale d'agri- culture du dipartement de la Seinc-inftrieure , 112e cahier. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Bandevillc lit un des cahiers envoyes par M. Goguel, c'esl-a-dire , V avant-propos de ses Conside- rations sur l'educalion des classes pauvres. M. Pinon donne lecture d'une fable intitule : Le Cordonnicr midecin. M. Midoc lit une autre fable ayant pour litre : La Heine-Marguerite el le Vcr-luisant. MM. Landouzy, Pinon, Midoc et Genaudet d6- posent une proposition ainsi concue : — 31 — a Lorsqu'apres deux stances conseculivcs, le nom- bre dcs academiciens aura el6 insuflisant pour 1'elec- tion des merabres du bureau ou de ceux du conseil d'adminislration , il sera procede a cetle election , dans la seance suivanle , quel que soil lc nombre dcs academiciens presents. » line commission , composcc de MM. Landouzy , Sulaine , Edora , Leroy et Maument , est cbargee de discuter cetle proposition el d'en faire un rap- port a l'Acadtmie. — :u — Souncc da 3 Aoiii l«* lit. PBBSIDENCE DE M. BOWIE DE SOBBO.V Etaient presents : MM. Bandeville, L. Fanart , H. Landouzy, Querry, J. -J. Maqunrt, Duquenelle, Louis- Lucas , F. Pinon , Aubriot , F. Hcnriol-Delamolle, H. Paris, L.-IL Midoc , Dcces , Gcnaudet , Lechat, J. Sornin , Gerardin , Deleulre , Pierrot , Forncron , Briere-Valigny el Maumene , membres titulaires. Et MM. Dessain , Leroux et de Bonnay , membres correspondanls. CORRESPONDANCE MANUSCR1TE. M. Nanquelte , aujourdbui cure dc Sainl-Charles, a Sedan , adressea 1'Acadcmie sa demission de membre Utulaire. M. Guillemin romercie la Compagnie du lilre de membre honoraire qu'elle lui a decerne. M. le president de la Societe d'agriculture , sciences et arts de la Sarthe , reclame, au nom de cette So- ciete , plusieurs numeros des Seances el Travaux de l'Academie de Reims. M. Hilaire de Neville, membre dc la Commission des anliquites du department de la Seine-inferieure, — 33 — invite I'Academic a demander au Conscil municipal de Reims [predion dun roarbre destine^ a rappeler le lieu ou est ne le venerable J.-B. de la Salle. Une commision , composee de MM. Quern , Maquarl el Louis-Lucas , est chargee de faire un rapport sur eel objet. C0RRESP0N0ANCE IMPRIMEE. Journal des Savants, juin 1849. Journal de la Socieli d'agriculture du dtparlement des strdenncs , juillet 1849. Reflexions sur Vuliliti de la recherche et de la con- servation des anliquites nationals , par M. Hilaire de Neville. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Dessain , membre correspondant , lil, eomme souvenir de voyage, une elegie qu'il a intilulee : Trois fois mourir. M. Midoc donne lecture de la scconde parlie de son rapport sur le Itecueil de V Academic des Jeux floraux. M. Landouzy fait , pour prendre date , une com- munication sur la symplomalogie de la niphrite al- buminate. M Maumene ajoute quelques mots pour confirmer les observations de M. Landouzy. Un membre fait remarquer que la presence de la majorile des academiciens est necessaire pour disculer la proposition faite dans la deroiere seance de mo- difier Irs statuts en co qui coQceme Selection des membres du bureau et celle des nicinlires du CODSeil — U — d'administration ; en consequence , la discussion el le vole concernant celte proposition sont renvoyes a une prochaine seance. MM. Deleulre , Dec6s , II. Paris et Briere-Valigny, en raison dc la difiiculle pour plusieurs membres d'assisler aux stances le premier et le troisieme vendredi de chaque mois , proposent de modifier ainsi l'article premier du reglement d'orgnnisation intericure : a L' Academic se reunit le second et le quatrie-me vendredi de chaque mois. » Cetle proposition , renvoyee a l'examen de MM. Deleutre , Midoc et Henriot , sera discutee dans la seance de renlree. Plusieurs membres demandent que les jetons de presence ne soient remis qu'a la fin de chaque seance. Celte proposition n'est pas adoptee. M. Pinon presente h la Compagnie un echantillon de poil de lapin blanc ; il annonce qu'il a 616 fi!6 de ce poil une chaine forte qui fait partie en ce moment de l'exposition des produits de Tinduslrie , et qui parait devoir donner un tissu Ires fin. M. Henriot est charge de faire un rapport sur ce produit. — 55 — Lecture de M. L.-H. Midoc. RAPPORT SUR LB RECUEIL DE l'aCAUKMIB DBS JEUX FLOKAUX. ( Seconde par tie J. Nous avons insists , dans la premiere parlie de ce travail , sur 1'epitre de M. Richard Raudin ; ce fut pour deux motifs : — M. Gainet et moi nous le pro- posions comme membre correspondnnt , et il fallait juslifier la souplesse du talent du poete. — II nous paraissait aussi que Tepitre est un de ces genres mixtes dans lequcl tout le mondc croit reussir, Lien que le succes soil Ires rare. L'anliquile n'a guere transmis que les epilres d'Ho- race ; il est vrai que le favori d'Augusle , le prolege de Mecenes , n'est point encore depasse , ni m6me alteint de nos jours. La finesse des apercus, la grace du courlisan , 1c sarcasme du philosoplic, une con- naissancc approfondie du cceur de I'homme, out fait des epitres d'Horacc aulant de chefs-d'oeuvre. La litteralurc franchise complc pen de poeles qui aienl reussi dans ce genre. Roileau ne fut guere que tra- ducteur ; Voltaire et Casimir Delavigne seuls surenl approcher du matlre. Un autcur vivant , sur lequel — 36 — lea caricaturistes n'ont point tari, faisant preuve ainsi de partiality el de rancunc bien plus que de godt et de convenance , M. Viennet , a publie des epilres dans lesquelles il ne manque qu'un peu de causli- cile pour qu'on puisse les ranger parmi les satires et parmi les meilleures satires. M. Baudin n'etait pas soul : trois autres poeles avaient envoye des epitres que 1' Academic des Jeux floraux a publiees : un qualrieme concurrent n'a point ete aussi heureux. La premiere epitre, due a la plume de M. Paul Juillerat, est adressee au peuple de Paris et porte pour epigraphe les vers si connus de M. de Lamar- tine : Oui , tout pouvoir a des salaires A jeler aux flatteurs qui lecheut scs genoux , Et Ics courtisans populaires Sont les plus scrviles de tous. Les vers de M. Juillerat sont d'un homme honnCte, consciencieux et crudit ; il n'y manque que le feu sacre et un peu d'elevalion dans le style. Si, pour parler au peuple , il est peu a propos de se jeler dans la pompe du discours , dans l'exageration de la forme , reconnaissons aussi que ce n'est point en parlanl le langage de la rue que Ton parvient a 6tre ecoute, et surlout estim6 par lui. N'esl-il pas mal- heureux d'ecrire au courant de la plume des vers comme ceux-ci : Mais , pour peu qu'il te reste encore de bon sens , Tu pounas estiuier ce qu'il vaut , leur encens. A ce bon sens permels qu'aujourd'hui j'en appelle ; Laisse jusqu'a deniain la brouette et la pelle ; Aussi bien il fait nuit ; les uoincaux BUI les toils — 37 — fie sont tons dit bon soir en lour gentil patois ; Le prolil de la lunc an couchant se decoupe . Et les feiumcs, songeant a preparer la soope , J tisqu'ii ce i|uc i'ean cliante et danse au bonl des pots , Dans les poeles do fonte altisenl les copeaux. Mais je rends la nuit moins sombre. » Au logis ramencz-la , Vous tous qu'ellc consola. Du luxe elle avail la baine Philosophait meme un peu ; En pelit cercle, et sans gene S'ebattait au coin du feu. Que son rire avail de charmes ! J'cn pleurais epanoui. Le rire est evanoui , 11 n'est reste que les larmes. Au logis ramenez-la , Vous lous qu'elle consola. Mais, helasl il n'est plus le lemps ou l'on pou- vait s'ecrier que le peuple francais chanlail a toules les epoques ; Beranger, ce type si parfait de la chanson palriolique, el qui , pour cela , n'en excellail pas moins dans les autres especes du genre , serait difficilemenl ecoute aujourd'hui. Qui parle mainlenanl dOlivier Basselin et de ses chansons contre les anglais en armes sur le sol francais? A plus forte raison a-t-on oublie Panard, Colle, Piron, Monet, Favarl, Dufreny, Desaugiers et tant d'autres. Cependant , qu'il etait doux d'entendre de joyeux chants et de passer tour-a-tour du cri guerrier au versel qui eelebre l'amour , ou au refrain de inaitre Adam ! Car la chanson a des rhythmes pour tous les — 39 — sentiments ; pour la passion comme pour la joie clle a des tons ct des refrains. L'epilre anonyme commence ainsi : Messieurs... non, citoyens!.. non, Messieurs, car j'enragc Quand on ycut m'afTubler des habits d'un autre age: Senequc elait de Rome , — et je suis de Paris. Uien n'est beau que le laid , ont dit les beaux esprits; Rien n'est yrai <]ue le faux , dit la savante ecolc Qui cultive en recits le mylhc et le symbole : Bienheureux paradoxc ! on n'avait pas encor A tes sublimitcs donne lout Icur essor. Voyons : concertons-nous pour rcmettre en luniiere Les champetres vertus de ce bon Robespierre ; Assez ct trop longtemps le stupide troupeau Des bouchcrs incompris a inaudit le couleau ; Rcndons, rendons enfin justice a leur memoire; 0 ciel ! enlends-je la les arrets de l'hisloire ? Si e'est pour notre bien qu'on nous Ot taot dc mal , Preseryez-nous , Seigneur , du progres social ! L'auteur termine par la pensee suivante, aussi juste qu'clegamment et satiriqucment exprimee : Messieurs , j'cus autrefois I'lionncur de tous ecrire. J'ai vieilli depuis lors ; mais mon cceur, encor yif , A tos traditions garde un culte at ten tit" Si je nc redoutais un trop fachcux symbole , Je me peindrais yeillant sur yotre Capitole ; )'j comptc aller mourir aux bras des troubadours , Des tributs de Nerac nourri sur mes yieux jours. Messieurs, no laisscz pas, ma yoix vous en implore, Dn bonnet phrygien coiffer ma douce Isaure ; C'esl le songe aujourd'hui dont je suis tourmenle ; Et pourtant , croyez-le , j'aime la liberie ! L'ambilion pour moi n'a point dc jouissance Qui le puisse 6galcr, o noble indepeudance I Je fuis du in •-in*- yol , au plus epais des boi* , El les flatlcurs du peuple el les flatteurs des roi». San» coiiiuller la loi , udelc a I'eyangilc . — liO — A inon voisin souffranl jc bn'ilc d'etre utile ; Je connais Ics douceurs de la patcrnile. Mais il i) 'a point encore nomrac l'egalile , Dira-i-on. A ce mot, quel vain regret l'opprcsse ? Quul desir de son cocur chatouille la faiblesse ? Je dois tous l'avouer , messieurs les Mainlcncurs , Vos arrets onl partout des ethos si flatleurs , Vos jardins sont ornes de fleurs si seduisantes, Tant de rimes vers vous rolent impalientes , Qu'a primer de mon mieux je pense en eel instant , Et plus d'un radical . je gage , en fait autant. Nous arrivons maintenant a repilre de M. Nibelle, ancien avocat general , aujourdhui avocat ; elle est adressee d la femme des clubs. Tout d'abord, on re- connalt dans l'auteur un ancicn membrc du parquet : la morale, le respect des institutions civiles et re- ligieuses le preoccupent et passeut dans ses vers sous une forme salirique qui rappelle ses fonclions au- sleres. Ce n'est pas a litre de roproche que pareille observation se glisse dans ce travail : trop longlemps les gens de bien , les savants, les philosopbes, les litterateurs , n'ont eu que de la faiblesse el dc la complaisance pour des travers el des vices qu'il cut fallu reprimer. M. Nibelle , litterateur estimable , a voulu flelrir la femme qui , abandonnant le foyer domeslique , renoncant a Tamour conjugal , a l'affeclion de ses enfants, se livre aux agitations des clubs el aux lourmentes de la rue et de remeule. C'est qu'en effet bien des femmes , de nos jours , sont loin du temps oil, sous la republique romaine, le plus grand eloge que Ton put faire d'elles se traduisait par les quatre mols : domi tnansit , lanam fecit. Le Christ a releve la femme de I'elat de servage; mais n'esl-ce point par un ftffreux abus des doctrines si pures et si - hi - consolanles du Dieu Martyr , par unc profanation des mots Ics plus doux , des paroles les plus con- cilialrices , qu'on est arrive a faire de I'ange de la vie un monstre qui mord la cartouche , excite a. la sedition el a Tabandon dc toute pudeur. Hcureusc- raenl, le monstre est reste a l'etat d'cxceplion , d'om- bre au tableau , destine a servir de repoussoir a la delicate charite du plus grand nombre des personnes de son sexe. Le sujet de M. Nibelle etait beau, ct parfois il lui a inspire une verve rude et mille el des vers bien marques au coin de la poesie ; en voici quel- ques-uns : L'ardcnte vesuvienne , emule d'Alexandre , Avcc sa legion , mcttrait le nionde en cendre ; Ketenez , croyez-moi , l'empire le plus doux , Et vos maitres, charmes , tombent a vos genoui : Pour tos cheveux Ooltants nous aurons des couronnes. Voolez-TOna imiler ccs lieres aiua/.oues Qui traqaaient les amaats com me on Iraqne les ours ? Ces sauvages beaules ne l'elaienl pas loujours; Et plus d'une amnzone , Ulnstre clans l'histoirc , Mourut de repentir et lasse de sa gloire. Le desir de cilcr et de louanger M. Blancbemain dans sa louchanle 6legie , et de vous monlrer M. Baudin dans l'epilre , nous a fait inlerverlir Tordre du livre, ct maintenant il nous faut revenir a l'61e- gie pour parler des essais de M. Cbcron et dc M. Dauriac. Nous n'avons trouve dans la Viergc d'En- gaddi et dans V /Inge d'Hegesyppe aucune des qua- liles qui constituent I'elegie. La premiere , facilement M-rsiliee , manque complelemeot d'originalile ; la se- conde est privee de I'essor po6liqae, el semble un apjpel a la fatalite pour laquelle bien des poetes , a — kl — defaut du sens religieux , ont des chants qu'il leur serait facile de reporter , plus harmonieux et plus justes , vers celui dont procede toute veritable poe- sie. Mais que de versificateurs, verilablement poeles, croiraient ne pas l'filre , si leurs ouvrages n'etaient une perpetuelle invocation a l'angc du mal ! Aux elegies succedent les idylles ; le recueil en contient deux : Mon chateau, par M. Berthault , et Une matinee de printemps , par M. Durand. M. Hippolyte de Castillon a cnvoye une ballade inlilulec : Anna , et ornee de cetle epigraphe de Victor Hugo : Ne me demandez pas d'ou me vient cettc hisloire ; Nos peres l'ont contee cl moi , je la redis. Le jeune auteur est poete par la pensee plus que par Texpression , et le style laisse a dcsirer. Commc si l'on pensait encore a faire des hymnes. — C'etait bon du temps de la foi , quand 1'ame briilante s'clancait sous les larges arceaux gothiques jusqu'aux pieds du Cr6ateur. — M. le rapporteur de l'Academie des Jeux floraux s'etonne que le se- cretariat n'en ait recu qu'un seul. II est du a la plume d'une femme , Madame de Saint-Georges, et Ton y trouve le sentiment profond de la croyance chretienne. La donnee est originale , le style pur, et Madame de Saint-Georges peut conlinuer ce genre de composition avcc Tespoir du succ6s. Enfin, nous rencontrons un sonnet a la Vierge , intitule: La trislesse de Marie. C'est encore M. Blan- chemain qui en est Tauteur. Un sonnet sans defatit vaut seul un long poemc , a dit Boileau ; pour nous, nous estimons que — 43 - M. Blanchemain fera bien de rcster dans le petit po6me de I'elegie , dans lc champ plus large de l'ode , et de ne pas tenter la gloire , quelque peu equivoque, promise par celui que Ton est convenu dappclcr le reguloleur du Parnasse. Maintenant que les genres de composition divers out el6 parcourus , voici venir les apologues. Ce petit poeme qui a plus d'un rapport avec l'art scenique , qui permet d'adresscr aux puissants comme aux faibles des lecons salutaires, et parfois des morales un peu brutales de verite ; ce petit poeme a de nouveau lenl6 M. Richard Baudin auquel , pour la seconde fois, on a decern^ la priraeverc. Le fabuliste qui , l'an dernier , avait flelri les promesscs des candidats a, la deputation , dans son apologue le Renard dispute, a lance son fouct satirique sur la peau des partisans de Tega- Iile absolue, qui , parvenus aux honneurs, changent d'opinion et d'habits, et savent fort bien se decer- ner des parchemins et des litres de noblesse. M. Baudin les a representee par le Chien griffon devenu grand visir ; il est bien entendu que Tespece humaine ne contient aucun de ces vils renegats , et qu'il faut voir dans cette fable une pure fanlaisie de Tauleur. Nos mocurs sonl , Dieu mcrci , bien ^purees ; bien fou est done celui qui fait des fables I Autrefois, nous avions des vices , tout au moins des travers ; mais noire belle espece a lellcment progresse, que nous ne comprenons pas comment on peut encore se livrer a la composilion d'une fable, et cependant M. Buudin n'a pas seul concouru. — 44 — M. Dombre a trouve encore un snjet de fable : VAne et le Cheval , ct il a ose la terminer par celle iiffabulalion bien vieillie et bien peu vraic dans nos jours de desinteressement : Chez nous souvcnt n'en est-il pas ainsi? A defaut de talent on a beaucoup d'audace; On brigue ayec ardetir les emplois: on obtient. Oh! toujours la place convienl; Convient-on toujours a la place? Et M. Peconlal qui , dans le Cygne ct le Corbcan, ose ainsi presenter la morale que voici : En vain , les envieux dont cctte terre abonde Denigrent la vertu , le talent , le savoir : Le Cygne est toujours blanc, le Corbeau toujours noir. Maintenanl , que nous avons ensemble parcouru la premiere parlie du livre des Jeux floraux , il nous resle un coup-d'oeil a jeter sur les composi- tions dues a MM. les mainteneurs. Ici , Messieurs , la tache d'un rapporteur devient difficile : louer trop ou trop peu , entre ces deux ecueils il faut naviguer. Les Academiciens sont susceptiblcs , nous en savons tous quelque chose. M. de Raynaud a lu , a la seance publique , un eloge de M. de Limairac que l'Academie des Jeux floraux eut le malheur de pcrdre. Ce fut une no- ble vie que celle de M. de Limairac , oflicicr de la legion d'honneur , ancien prefet , ancien depute , mort dans les bras de la religion , apres avoir trompe les annees dune longuc vieillesse par les joies de la famille et le culte des muses. Dirons-nous que M. de Raynaud a su faire Tcloge de son ami ? — 45 — Cetle piece est suivie d'une semouce lu<- a us si en stance publique par M. de Muc-Carlhy. Avec une verve toujour* de bongoiit, avec une chaleur qui o'arrive jamais a I'emportement , avec la conviction profondo qui appello la conviction de 1'auditeur, M. de Mac-Carthy demonlre que les re- volutions etouflenl les arts; que I'ambitioft, la politique sonl dc mauvaises Conseifleres; que la veritable gloire des nations repose sur lour lilleru- ture, et que les Flats-Unis n'ont besoin que d'une literature pour devenir une nation egale en tous points a la France, a I'Angleterre; que lea belles- lettres l'emportent de bcaucoup en ulilile sur les sciences nalurelles et mathematiqucs ; qu'elles seules savent former le cccur el I'esprit, et quelles seules enQn servent de refuge et de consolation dans le mainour de ('ambition decue, dos illusions trabies, de la jeunesse cnvolee, de la fortune perdue. Nousn'irons pas aussi loin que M. de Mac-Carthy el loin de nous la pcnsee de jeter I'analherae sur aucune branche des connnissances humaines. M. Florenlin Ducos a egalemenl lu , a la stance publique, un fragment du 22c chant de l'cpopee Toulousaine , ou la guerre des Albigeois. La Charitc, par M. Firmin de la Jugie , date deja de quatre annees, raais elle n'a etc mise au jour que le 25 fevricr 18 19; nous ne nous etendrons pas sur cetle ceuvre poetique, qui est snivie dans le recueil d'un morceau plus important si plus setieux. Le Mainleneur des Jeux lloraux a voulu , lui aus.si, chanter Chateaubriand , el son ceuvre, pour 6lre plus correcte que les vers inspires au\ jeunes concurrents >• 5 — 46 — du prix d'lsaure , n'en a pas moins d'elevation el de grace , et M. dc la Jugie n'avail pas besoin de demander aux cendres du dernier gentilhomrac Pex- cuse de son audace. Sous ce litre : Souvenirs et regrets d'un aveugle de trente ans , M. de Raynaud a demontre une fois de plus que pour appeler la muse et faire de beaux vers, il faut d'abord profondement sentir. Nous ne connaissons pas M. de Raynaud , mais en le lisant , nous osions affirmer que le cceur parle haut chez lui et que l'ame y est bien plaeee ; les vers qu'il consacre a sa mere sont empreinls dune delicate melancolie , d'une foi et d'une resignation qui arrachent les larraes. Conserve, Dieu puissant ! une mere aussi tendre, C'est ellc qui m'ouvrii les tresors de (a loi, Qui ni'appril a t'aiiner , m'apprit a te comprendre, Elle dont les lecons m'eleverent vers toi ; Mais contre tes desseins, la plainte, le murrnure, Ne sauraient s'clever dans un cceur repentant; Au creuset du malheur I'humanite s'epure ; Souffrir, c'est expier ; frappe , Dieu tout puissant, J'accepte le mainour, j'accepte la souffrance Pour flechir ta justice et pour la desarroer. Mais, du moins, laisse-moi le cceur, l'inlclligence : Que je puissc toujours to scrvir el t'aiiner ! Le dernier feuillet du livrc est tourne , notre tdche expire; si nous n'avons pas pu l'accoroplir aussi bien que nous le desirions , du moins, Messieurs, il nous dcmeure la conviction d'avoir apporte dans nos appre- ciations la conscience et l'impartialite qui doivent ne jamais quitter un rapporteur. — 47 - REVUE RETROSPECTIVE, (lommuiiication dc II. liobillanl. LE PLAISIR ET LE BONHEUR. FABLE, par M. A. -II. LOISON , Meinbre correspondent. En nous Toyant loujours si (liferents tl'humcur , De langage, d'habit , dc (raits , do savoir-faire, Moi brillant , onjoue , — vous timidc et reveur ; Moi fold , riche , — ol vous souvcnt dans la misere ; On no croirait jamais , mon Crere , Disaii un jour lo Plaisir au Itonheur , Quo nous soinmes lous deux fils de la memc more , Car jo ne vous ressemble gucre , Et vous me faites peu d'honneur. Quittez done au plus lot ce triste caractere , Et surtout ebangez de lailleur... R6pandez-vous , voyez meflleora compagnie ; Vous vous cachez toujours , el pour quelle raison ? Ne savez-vous done pas qu'en tout la modestie Pour reussir est un ebciniii fori long P Aussi qui vous eoimail . enlre nous, jo vous prie? Ueaueoup de gens , je lo parie , Ignorant jusqu'a voire num.... Tandis que moi , qnel monde el quelle >i'- ' Je hantc lour a tour la robe et le blason , I'arlout on me eherebe , on lninvile ; — /l8 — La noblesse anjourd'bui , la finance domain , H'honore d'un sonrire et me donne la main; Et j'ai su faire accueillir mon merite Du boulevard de Gand au faubourg Saint-Germain. Maints deputes , maints pairs de France , Au plus fori d'un grave debat, Bien souvenl, pour me voir, out quilte la seance; El plus dun grand honinic d'Elal , Plus d'un severe magistrat, En secret me donne audience. Oui , e'est a qui m'aura chez soi ; J'ai le talent de plaire , et mes avis font loi : Sans ma gaile , point d'aimables folies, Point de joyeux banquets , d'agreables parlies; Et quant aux femmes , sur ma foi , Comine loulcs par moi se trouvent rajeunies , Je puis bien vous jurcr que , laides ou jolics , Toutes feraient cent sotliscs pour moi..-. Chez un riche beritier , emancipe nagueres , J'habite en ce moment , et je regis ses biens ; II a pris un hotel , des chevaux et des chiens ; Pour l'amuscr j'invente centmoyens, Et nous tuons le temps de toutes Ies manieres ; Nul embarras de rien , mil souci des affaires , Je le promenc au bois , aux clubs , aux Ilaliens ; A l'Opera je vais et viens ; Je suis l'ame , en un root , des plus riants mysteres , Et l'idole des Parisicns.... Fut-il jamais existence plus belle ? Je ne m'apparliens plus ; c'esl pour moi , cbaque jour , Au theatre , a la ville, une fete nouvclle ; Je suis parlout ou la mode m'appelle , Et quelque fois meme a la cour !.... Moi, je n'y vais jamais , mon frere , Repondit le lionheur , el je ne m'en plains pas ; De ce que vous vanlez je fais fori peu de cas; Le jeu , les bals , le vin , la bonne chere , Du monde qui vous plait l'cblouissant fracas, lout cela ne me tcnte gueie ; Je me porlc Ires bien sans tons vos beaux repas... Tandis que vous rneltez un soin extreme — 49 — A vous fuir , .'■ vous fatiguer , Moi , jc mo plais a jouir de moi-m£me Sans trop me faire romarqncr. On est juge d'apres ce que Ton aime , El c'est s'estimer pen que de se prodigaer.... Vous , vous cberchez la foule , et moi , la solitude ; Lo moycn do pouvoir vivre jamais unis ! Nous no serions en rien jamais du memo avis ; Lo travail vous fait pour, et je cheris 1'etude; Qnant aux amis , Vous Ies complez , je les choisis... Ce monde n'est pour vous qu'un vaste champ de roses ; Et moi , les flcurs d'un jour sont celles que je fuis ; Quand , papillon leger, vous effleurez les choses , •I'cn exprime lc miel et j'en cueille les fruits Pendant que vous vivez , effronte parasite , Aux depens de ce jeunc fou Que vous vous faitcs un merite De conduire.... je ne sais ou , Sous les traits de la Bienfaisance Moi , j'aime a visiter quelque honnete indigent ; i .inn. ■ a porter un pcu d'aisance Dans des lieux qui jamais n'ont vu briller 1'argent. A la mere desesperec C'est moi qui rends un fils qu'elle croyait perdu ; C'est moi qui rends a l'amanle eploreo I. 'inconstant qu'elle avail si longtemps attendu ... Que deux amis, pendant un long voyage Separcs sans espoir , soudain soient reunis ; Des pleurs de joie inondent leur visage , lis sc sont embrasses , tous leurs raaux sont Gnis. ..1 « 0 Bonheur I disent-ils , Bonheur , vois ton ouvrage ; » Vois nos larmes couler lorsque tu nous benis.. . » Et moi , je pleure aussi ; mais que ces douces larmes Pour moi , comme pour cux , ont de bien autrcs charmes Quo voire gaile folic , el vos jcux et vos ris !... Qu'on juge en deux mots qui nous sonimes , Qui , do vous on de moi , plus vrai , plus genereux , A plus de droit a I'estime des hoinmes ; Vous lesaimez pour vous . jo los aime pour on \ Quelque soil I'hote qui m'appellfl , Rirho on p.iuvro , j'acoours si cost la voix du coeur , J "ii> , courtfnn de la faveur . — 50 — Et de la fortune infideie , Des qu'elle fuit , tous fuyez avecelle ; Moi je suis nn ami, tous n'etes qu'un flatteur. ... A ce sermon un peu severe , Le Plaisir, distrait et moqueur , Fit une pirouette , ct salua son frere. .. . Mais depuis , proGtant d'une commune erreur , II vient souvent , l'air humble et bon apdtre , S'offrir a nous sous les traits du Bonheur , Et je gage que le lecteur Plus d'une fois prit l'un pour l'autre. beims. — nr. ni r. regnier. SKANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. JINNEE 1849-1850. H/4. Stance du 't Xovembre !*• l». PRESIDE\CE DE M. BOCGDE DE SORBO\. Elaient presents : MM. Saubinel , Robillard , Bandeville , H. Landouzy , Qucrry , J.-J. Maquart, Louis-Lucas, F.-L. Clicquol , F. Pinon , Aubriot , L.-IL Midoc , Deces , Genaudet , Lechal , J. Sornin, Gainct , Gerardin , Deleulre , Picrrct , Forneron el E. Maumcne , membrcs lilulaires. Et MM. Maillel el de Bonnay , membrcs corres- pondanls. GOSBE8PONDANCE MANUSCIUTK. M. Beunezel , vicaire de Monimirail , fait con- nailre a l'Academie que son oncle , M. le cure de I. 6 — 52 — Suzanne , a laisse unc collection considerable de mineraux et de coquillages precieux ; il demande qu'une personne soil envoyec pour examiner celle colleclion , et voir si elle peal convenir a la ville de Reims. M. le Secretaire general est charge de prendre les renseignemenls necessaires. M. Bryais , clerc de notaire, a Roucy , fait hom- mage a la Compagnie de quelqucsnumerosdu journal : le Paysan , oil il a fail inserer un article sur reedu- cation. M. le Secretaire de TAcademie des sciences mo- rales el politiques accuse reception de plusieurs numeros du bulletin des Seances et Travaux de TAcademie de Reims. M. le Secretaire du bureau central du Cornice agricole invite les membres deTAcadGmie a la reunion tenue , le 16 septembre , a Epernay. M. Guillory remercie la Compagnie du titre de membre correspondant qui lui a ete decerned. M. Arrivabene annoncc Tenvoi de quatre exem- plaires d'une brochure publico par lui. M. le President de la Societe des anliquaires de Picardie invite ['Academic de Reims a Tinaugura- tion de la slalue de du Cange , a Amiens. M. Naudet , administrates dc la bibliotheque nationale , fail connaitrc l'elat defeclueux de 1'exem- plaire du Marlol remis a cette bibliotheque ; il de- mande que I'Academie veuille bien completer Texem- plaire depose. — La Compagnie decide qu'un exem- plaire complet sera offerl a la bibliotheque natio- nale. — 53 — CORRESPONDANCE IMPRIMKE. Brins de laine microscopiques, lithographic adress6e par M. F- Tavernier. Trois numeros de la Concorde, journal de Seine- et-Oise , ou se trouvent plusieurs articles de M. O. Seure , intitules ; 1° Revue artistique d'une annCe parlementaire ; 2° du Catholieisme dans I'art; 3° U Betour du souvcrain Pontife , poeme. la Scntinellc des campagnes , n* du 28 octobre 1849, oil se Irouve un compte-rendu des Iravaux de M. Jobard , de Bruxelles, sur la proprtete in- tellectuelle. Mimoires de la Societi des sciences, letlres et arts de Nancy, ann6e 1847. Bulletin de la Socieli des anliquaircs de Picardie , annec fcl849 , n° 3. Bulletins de la Societi des antiquaircs de V Guest , 2° trimeslre de 1819. Mtmoires de la Socieli des antiquaires de Norman- die , V serie, 7e vol. — Ces trois derniers ouvrages sonl renvoyes a I'examcn de M. Deleutre. Bulletin de la Socittt &' agriculture, sciences el arts de la Sarthe , 1" trimeslre 1849. Annates de la Societe Simulation des Vosges , tome vi, 3e cabier, 1848. Recueil des octet de I'Acadimie des sciences, belles- lettres el arts de Bordeaux, lle annee . 1849 2" trimeslre. Annates agricoles, scientifiqws et liltiraires du de- partment de VAisne, 2° serie, tome vi. Mtmoires de r Academic du Gard , 1847-1848. — 54 — Annates de la SocUii d' agriculture , sciences, arts et belles-lettres du department d'Indre-et- Loire , tome 29, n° I. Recueil agronomique , industriel et scientifique , pu- blic par la Socitli d1 agriculture de la Haute Sadne , Ionic v , n° 6. Brochures offertes par M. Tabbe Georges, deTroyes: lo les illustres Champenois , quatrc cabiers contenant les biographies 'le Grosiey , Pierre el Francois Pithou, Jean Passerat; 2° fetes de la vierge Marie. Journal de la Sociele d' agriculture du cUparlement des Ardennes, juillct , aoiil et oclobre 1849. Comple-rendu des travaux de la Societf d'agricul- ture de I'arrondissement de Grenoble pendant I'annee 1849, par M. le conseiller Paganon. Catalogue de la librairie de Leleux. inflexions sur I'utilile de la recherche el de la conser- vation de nos antiquitis nalionales. Trois exemplaires du Tableau analytique des prix proposes par la Sociiti induslrielle de Mulhouse pour 1850. Letlre de la SociiU d 'encouragement pour Vindus- trie national* , annoncant quelques modifications dans les slaluls de la Sociele. Programme des prix proposes par la memc Sociele pour les annecs 18f)0, 1851, 1852, 1853, 1855 et 1856. Notice sur Du/resne du Cange , avec le programme des ffiles qui ont eu lieu lors de l'inauguralion de sa slalue. Eucologc en musique , prospectus envoye par M. Felix Clement. - 55 — Navigation sous-marine. Pe* causes qui out assure la tranquillile de la l!rl- gique au milieu des ivcnemenls de 1848. Trois exem- plaires. Resultal du concours ouvert en 1849 , par ('Aca- demic du Gard , el Programme des prix proposes par la nuime Academic pour 1850. Rapport sur Vital de la musique religieuse en France, adresse a M. de Falloux , minislre de ['instruction publique et des culles , par M. F. Clement. Cours de trigonometric, par M. Lecoinle. — Rap- porteur M. Soruin. Programme des questions disculees a Bourges dans- la session de finstilut des provinces en 1849. De la 7iecessilc de faire entrcr dans rinstruclion publique I'enseigncment de I'agriculture , par M. L. Simonnel. Rapport fait a VAcadimie des inscriptions el belles- lettres au nom de la Commission des antiquaircs de la France, par M. Lenormaril , dans la seance pu- blique annuelle du 17 aoiit 1849. Congres agricole de la IlauteSadne , session de 1848. LECTURES ET COMMUMCA I IONS. M. Bandeville fait an rapport sur la necessity de modifier le premier article du reglement d'orga- nisation interieure, relalif au\ jours de seance de T Academic. II propose , an nom de la Commission, de liver les jours de seance au 2' el au I" ven- dredi de chaqne raois. En consequence , Particle i,r serait ainsi concu : « L'Academie se reunil le 8* et — 56 — le 4e vendredi de chaque mois , sauf le cas de con- vocalion extraordinaire. Elle clot scs seances le 2* vendredi du mois d'aovit , el fait sa rentree le 2C vendredi de novembre. » — L'Academie adopte ces conclusions , qui seront communiquees aux journaux de la ville. Plusieurs membres deraandent que les jetons de presence soient distributes a l'avenir a la fin de chaque seance. Une commission , composee de MM. De- leulrc , Midoc , Maquarl , Saubinet et Sornin , est chargee de faire un rapport sur cette proposition. M. le President d^signe , pour composer avec les membres du bureau la commission electorate , MM. Landouzy , Querry , L. Lucas, Genaudel et Deces. - 57 *»«-tin«- ihi '.* > o\ i eh l» I •■ IHI!». ISIDEKE DE \\. DIBOIS. Flaient presents : M^r'I'Arcbevequc , MM. Saubinet, Bandcville, Boucbede Sorbon, L. Fanart, 11. Laudouzy, Querry , J.-J.|Maquart , Duquenclle , Louis-Lucas, F.-L. Clicquot, F. Pinon, Aubriol, Cosset, F. Henriol- Delamollc, II. Paris, L.-1I. Midoc, Deces , Genaudet , Leclial , J. Sornin , (iainet , Gerardin , Petitbon , Piorrel , Forneron , Briere-Valigny et Maumene. Apres avoir entendu M. Bandeville , rapporteur dc la commission des elections , I'Academie procede , conformement i'i son reglemeol , au\ elections du second semes Ire , cl a re-lection d'un membre du conseil d ad ministration. Election dc membres tilulaires. Sont nommes au scratin secrel : M. Ai.ii.nsi-: de Puol , inspecteur de I'Academie tic Reims'. M. Hollkau , ingenieur des pools- et-cbaussees. fcleclion dc membirs correspondauts Sont proclames membres correspondanls de I'Aca- demie : M. Jules Lundy, paleographe i Paris. — 58 — M. Richard Bai din , professeur de rhelorique an college de D61e. M. Saunier, professeur d'histoire au lyceede Reims. M. Ja.min , professeur de physique au lycee Louis- lc-Grand , a Paris. Election d'un membre honoraire. M. l'abbe Nanqdette , ancien membre litulaire, est elu membre honoraire. Election d'un membre du conseil d' administration. M . Tournelr est nomme membre du conseil dad- ministration , en remplacement de M. Henriot , membre sorlant. 59 — REVUE RETROSPECTIVE. Lecture de H. II. Landouzy. DE LAFFAIBLISSEMENT DE LA VUE CONSIDERE COMME SYMPTOME INITIAL DE LA NEPHRITE ALBUM INEUSE. Malgre lea travaux si complets des cliniciens modemes , et en particulier do Bright , Rayer , Gregory, Marlin-Solon, elc. , sur la nephrite albu- mincuse , celte affection redontable rcste encore si souvent ignoree , surtout a son debut , qu'on ne saurait accueillir sans interCt les symptdmes propres a I'annoncer des son origine. Parmi ces signes , il en est un , I'afl'aiblissemcnt de la vue , qui n'a point encore ete inscrit dans la science, et qui suit cependant de la maniere la plus precise loules les phases de I 'albuminuric. Sans contredit , Toeil et le rein sont bieo eloi- gned , sous le rapport anatomiqae , el paraissenl physiologiquemenl bien Strangers Inn a I'aulre ; — GO — mais si Ton rapproehccelle amaurose (I) que je signal*' dans I'albunrinurie , de Tamaurose signalee depuis loogtemps dans le diabete , el si Ton considere la relation que les belles experiences de M. C. Bernard viennent d'elablir entre la presence du sucre dans Purine el la lesion du qualrieme venlricule , nc peul-on logiquemenl penser qu'une relation analo- gue existe enlre la presence de Talbumine dans I'ariue et la lesion d'une partic determinee du systtfme nerveux? Ne peut-on esperer que des recherches poursuivies dans ce sens jetteront bienlol un nouveau jour sur la pathogenic du diabete et de l'albuminurie, et par consequent sur leur traitement ? Car c'est en vain qu'on tenterait la guerison de ces maladies en agissanl sur les reins ou sur les urines, si l'alteration des reins et de Purine n'est elle-meme qu'un effet d'une alteration de l'encephale. Le premier cas dans lequcl j'eus occasion de con- staler cette coincidence , a trait a un ancien nolaire , M. X , que mon savanl mailre M- Louis visila avec moi au debut de l'affection, et cliez lequel 1'amaurose suivit exactement la marche de la nephrite albumineuse. Ce malade , dge de Vj ans , d'une constilulion (res robusle , d'un temperament sanguin , n'avait jamais eprouve la moindre indisposition , lorsqu'a la fin de fevrier 1846, il vint me consuller pour un trouble de la vision donl il s'elail , pour la (I) J'emploie ici le mot amaurose dans son accepUou cly- mologiqtic ( ■" ■■•/. .> 'j obscur ), et uniquciuent commc synonyine d'affaiblissement de la vue. line denomination exacte nc ponrra etre donncc a ce symptdme que quand on aura detcriuiue U nature inlime du trouble organique auqucl il est du. — (H — premiere fois , apemi a la chasse. Sa saute etait bonne , du resle ; pas d'alteralion appreciable du globe de ['ceil ou de ses annexes ; pas de bouflis- sure du visage. Les moycns simples tels que pediluves irrilnnts , boissons rafratchissantes , laxalifs salins, etc. , ayant ele insufhsanls , je prescrivis une saignec du bras , deux purgalifs a l'aide du calomelas , des sang- sues a I'anus , des vesicatoires a la nuque, etc. Sous rinfluence de cetle medication, la vue parut s'ameliorer; M. X... reprit scs habitudes ordinaires , et, malgre mes recommandations , negligea tout traitement. Mais ce mieux ne fut pas de longue duree , et , huit jours apres , j'etais consulle de nou- veau. Le trouble de la vue s'etail reproduil plus considerable ijirauparavanl ; dans la derniere chasse, M. X... avait vu constamment deux lievres au lieu d'un , et il etait revenu desespere d'avoir manque toutes ses pieces. II eprouvait une grande difiiculte a faire sa barbe ; dislinguait avec peine I'beure a une pendule placee a, environ, deux metres de son lit , et hesitail a sortir seul dans la rue. L'appetit etait presque nul ; les forces avaient beaucoup diminu6 ; la figure etait manifestement boufiie ; il y avait un peu de fievre , surtout le soir. Cette bouflissure du visage , en labsence des affections ordinaires qui peuvenl la determiner, est si souvenl le premier signe de la maladie de Briglit. que je soupconnai a I 'instant I'exislence de cette affection. I examen des urines, repete en presence tb' mes savants confreres Dc Savignj el Hannequin, appelea — m — en consultation, confirma le diagnostic. Lecoagulum oblenu, soil par la chaleur, soil par Podde azolique , formail environ le liers du liquide. I/eedeme des membres inferieurs survinl bienlOl «, el avec lui lous les signes ordinaires de la nephrite granuleuse a type chronique. Apres un traitemenl anliphlogislique des plus energiques , les accidents disparurent presque com- pletemenl; M. X voyait lr6s dislinclemenl I'heure a la pendule, et pouvail lire sans faligue une parlie du journal. 11 y avail encore de Palbu- mine en quanlite assez considerable dans les urines (environ 1/10), mais Pappelit elait bon , les forces revenaient, et le malade, persuade que Pair natal acheverait sa guerison, parlil , le 7 mai , pour sa campagne, situee a 25 lieues de Reims. Le voyage avait ele bien supporle, et M. X... , tres salisfail d'etre a la campagne, avait meme repris sa gaite , lorsque, le soir de la troisieme journee, reparurenl les m^mes symplomes qu'a la premiere rechule : malaise general , anorexie , lievre legere , soif assez vive , amaurose , etc. En quelques jours un eedeme considerable envahil les extremiles infe- rieures el 1'abdomen , apres avoir commence par la face; et , lorsque j'arrivai pres du malade, le 15 mai , je constalai une p'.europneumonie double. Le dep6l albumineux formail environ le liers du tube apres un repos de quelques heures. Sous Pinfluence de deux saign6es generales , de larges vesicatoires , etc. , ces symplomes s'amende- rent , el il survinl meme un mieux lellemenl mani- feste , qu'un medecin du voisinage crut pouvoir an- noncer a la famille un commencement de conva- — 68 — lescence. Mais cette amelioration ne fut pas de longue duree. La dyspnee repaint plus intense qu'au debut, et la mort arriva 1c 24 mai 1846, dans des circon- slances sur lesquelles je n'ai pu avoir de donnees bien precises , mais probablement par suite de la pleuropneumonie. Bien que, dans ce premier cas, I'amaurose ait depuis le debut jusqu'a la fin suivi la marche de la ne- phrite, cependant je ne songeais nullement, je I'avoue, a la rattacher , comme symplome special, a celle affection, lorsque , peu de temps apres, je fus consulte a Hermonville , avec mes confreres MM. Petit el Richard, pour un jeune veierinaire chez qui la maladie avail eu une marche presque identique , quoique beaucoup plus longue. Co jeune homme atleint , une premiere fois , pendant son sejour a Fismes , d'une nephrite albu- mineuse qui avail dur6 pres de dix mois, et pour laquelle j'avais deja etc consulte , paraissail sinon gueri, du moins cu Ires bonne voie de convalescence, lorsque , toul-a-coup , la vue vint a diminuer, sans alteration appreciable du globe de I'cfiil, ni des autres fonctions de ('economic. Cette diminution de la vue I'inquietait, d'aulant plus que sa premiere maladie avail debute de la inline maniere. Efleclivement , la nephrite reparul bientol , et avec plus d'inlensile que la premiere fois; la face devint boufiie , les membres inferieurs s'inliltrerent , puis survint Ires promptement une ascite considerable, el enfin une pneuinonie morlelle. Mais avant I'etal febrile , avant les symplomes aigus, el alors que le malade pouvait encore voyager el vaquer a presque i<»us les soins de sa profession, — 64 — 1'amaurose avail fait do tels progn'-s qii'H ne pou- vait plus praliquer aucune operation chirurgicale , et qu'il elait oblige de se faire eonduire la main , meme pour mettre le feu aux jarobes d'un cheval. Singulier basard ! car la nephrite albumineuse n'est pas une maladie frequenle , le mfimc jour, et dans le m6me village , un jeune bomme de 26 ans, facteur rural, venait nous consulter pour une amau- rose survenue depuis qualre mois, sans cause appre- ciable , et d'une maniere insensible. Ne voyant plus assez distinclernent pour lire les adresscs, et esperant guerir bienlOt , car sa vue avail toujours etc excellenfc jusqu'alors, il s'elait fait remplacer provisoirement pour la dis- tribution des letlres, et se bornait a signer, chaque jour, les feuillcs deslinees a l'administration; mais bienlOt on fut oblige de lui mettre la main la ou il devait signer , et , enfin , la vue s'obscurcit tel- lement qu'il lui devint impossible de tracer conve- nablement son nom , et qu'il dul renoncer a son emploi. C'etait une nephrite albumineuse , a lype chro- nique , des mieux caraclerisees (l). Les paupi6res el la face etaient legerementbouffies, (I) Cette constalation dc la co-cxislence de I'amaurosc et de l'albuminuriesera mise a profit par les chirurgiens, et dans lous les cas d'amaurose dont la cause ne serait pas claireraent etablie, on devra procedcr a I'examen des urines par la chaleur , l'acide azotique et la liqueur de ISareswil. Outre 1'avantage d'arriver ainsi a un diagnostic rigoureux, par une analyse qui ne demande pas cinq minutes, on 6vitera de laisser , dans certains cas, une aiTection des plus graves se devclopper d'une maniere latente, pendant que toutcs les icssources thera[>eutiques se portent en Tain contre un accident puromcnl syinptomati(|ue. — 05 - mais dies 1'avaieoi ele davanlage deux mois aupa- ravanl; les extremiles inferieures , labdomen el surlout le scrolum, etaienl fortemenl cedematiees. Lc depot albuminoux, obtenu par la chaleur ou par I'acide azoiique, elail Ires considerable. La cornee elail Ires nolle; les pupilles largement dilalees el peu conlracliles ; les humeurs de I'oeil ])araissaient lernes. Les accidents augmcnterent graducllement ; le malade fill oblige de garder le lit, la respiration devint difficile , el il succomba , apres sepl mois de maladie , dans one espece d'asphyxie et avec lous les signes d'un ccdemc pnlmonaire. A quelqnos mois de la (15 octobrc 1847 J j'elais appele en consultation a Bern, avec le docteur Louis , de Vitry , pour une mouniore de 58 ans, affeclee de nephrite albumineiise aigufi. Le trouble de la vue elail lei chez cettc malade, qu'elle distinguail avec peine les objels places sur une chcminee siluee a droile el a deux pas de son lit. La pbolophobie obligeait a tenir les rideaux constamment fermes. Quoique la fievrc ful Ires vive , il n'exislait pas de symplOmes cerobraux. Les ycux ne presentaient rien de particulier. Les paupieres etaicnt , comrnc le resle du visage , no- tablement rjedemaliees, D'apres les rcnscignemcnls donnes par les parents , le gonflcmonl des paupieres et la diminution de la vision avaienl precede lc sejour aa lit, Le coagulum de Purine occupail environ inoUie du lube , mi moment de I 'experience, — 66 — Cette grande quantity d'albumine , si rare dans la nephrite a type aigu , joinle a l'intensite des acci- dents generaux , a la faiblesse de la malade , a la cause probable de la maladie (fatigue, privations, mauvaise nourriture , humidite , etc. ) , m'avaient fail porter un pronoslic grave ; mais l'affection ceda , en un mois,a des anlipblogisliques ties euergiques , et le trouble de la vue disparul avec elle. Depuis ces quatre exemples que le hasard me fournit presque en meme temps, j'en ai observe beaucoup d'autres dans lesquels Tamaurose netait pas moins raanifeste , et , hier encore, je visitais , a Vailly , une jeune fille de 18 ans que j'avais vue en consultation, a Reims, trois mois auparavanl, avec mes confreres De Savigny et Hannequin , et chez laquelle nous avions constats un trouble notable de la vue coi'neidant avec une maladie de Bright a forme chronique. Dans ce dernier cas , comme dans les deux premiers que j'ai cites, Tamaurose suivit exactement les phases de l'affection renale. Ainsi , avant d'etre reellement malade , avant meme de s'elre plainte d'aucun mal- aise, cette jeune fille elait forcee de s'appuyer contre les murs pour marcher avec securile , et de se main- tenir contre les bancs et les tables pour suivre les exercices de sa pension. Comme les yeux paraissaient nets , on attribua ces phenomenes a une congestion sanguine produite par la dysmenorrhea ; mais insensiblcment le visage devint bouffi , les jambes s'infillrerenl , lhydropisie gagna l'abdomen , el, quand MUe C... fut amenee a Reims , nous observances , outre ces symplomes , une douleur constante a la region lombaire ct un — 67 — epanchement dans la plevre droite. Le trouble de la vue exislait encore, mais , au rapport de la ma- jade, il etait moins intense qu'au debut. Le coagulum albumineux elait d'environ \\k de l'urine. Cede joune fillc ful envoyee a la campagne et soumise par le doclcur Bazot , de Vailly , a un traite- ment tres energique , ( largos vesicaloircs volants sur le thorax; larges caut6res aux lombes ; purga- tifs drasliques ; digitale ; diuretiques ; emission san- guine tons les mois a 1'epoque correspondante a la derniore periode menstruelle , etc. ) Quand je revis M"*" C... unc premiere fois , six semaines apres ce traitemenl , repanchement de la plevre el de I'abdomen avail presque disparu ; la faiblesse generate elail moindre ; I'appelit meilleur; la fievrc presque nulle ; la malade ne sc plaignait que dune chose , cYlait d'avoir la vue constamment Iroublee par des soleils dont clle ne pouvait supporter Fecial. Les urines, frequeramenl examinees par M. Bazot , elaicnt toujours restees albumioenses. Elles me donnerent , par lacide azolique , el par la cha- leur , un coagulum d'environ 1/8. Le mieux conlinua sans interruption , et , lors- quun mois plus tard , je revis la malade avec MM. les docteurs Bazot et Ilanneqnin , Purine ne conte- nait plus que des traces d'allmmine ; les soleils avaient disparu , la vue elait nette , les forces crois- sanles , la respiration presque normale ; eofin, quoi- que les menslrues n'eussent pas encore reparu de- puis cinq mois, on pouvait annoocer la convales- cence Cello amelioration sera-t-elle de longue duree ? La marche ordinaire de celle affection ne permei guere de I'espdrer. 8 — 68 — La pluparl des exemples recueillis, entre cc der- nier cas et les premiers que j'ai cites, offriraient les ni6mes preuves de celle connexion enlre l'amau- rose et Talbuminurie. Si j'en passe les details sous silence, c'est quo, d'une part, ce serait allonger inulilemenl ce travail , et que , dune autre part , je les ai observes seul dans ma clientele , ou a I'h6lel-Dieu avec les eleves, landis que les aulres onl cu pour temoins des medecins eclaires. Parmi ces fails (qui sont au nombre de 15), il en est deux, a la verite, dans lesquels il n'existait pas de trouble appreciable de la vision. Mais quel est le sympt6me constant en mcdecine? et, quand on voil les pustules manquer enlierement dans la variole, ou les laches ecarlatcs dans la scarlatine , pourrait-on ne pas inscrire comme frequent dans une maladie un phenomene qui se montre treue fois sur quinze? De ces deux fails dans lesquels je n'ai pas con- state Pamaurose , Tun appartenail au lype chronique, laulre au lype aigu. Le premier a ele observe chez une femme de 6i ans, (salle Slc Marguerite, n<> 6, ) affeclee en m£me temps dhyperlrophie du cceur el d'emphyseme pul- monaire , el que j'ai perdue de vue en quitlant le service de I'hotel-Dieu. Le 2e a trait a un jeune bomme de 25 ans , (Clouel, salie Sl Thomas, n° 8,) atleint de nephrite granuleuse consecutive a une fievre intermittente rebel le. Quelques jours apr6s la cessation des derniers acces de lievrc, et sans cause appreciable, les membres inferieurs el rabdoiiun sinlillrerenl. Ne pouvanl , en raison de I'hydropisie , avoir des donnees bien — ()«.) — positives sur Petal de la rate, ma premise idee fut d'allribuer ces accidents a un spl6nocele ; mais les urines , examinees immediatement apres la visile, conlenaient une Irop grandc quanlile d'albumine (2/3 environ de leur volume au moment de la coagulation) pour ne pas denolcr la maladie de Bright. Effeclivement , en Irois jours , la face devint le siege d'une bouffissurc considerable ; une douleur sourde se manifesla a la region lombaire el enva- bit bienlot fhypocondre droit; un epanchement pleurelique survinl du c6te droit, puis bienlOt du cole gauche. Une ponclion abdomiuale, praliquee le 25 octobre , donna issue a six litres de serosile claire albumi- neuse. Les accidents de suffocation , arrets pendant quelques jours , rcvinrent avec une nouvelle in- tensity, el la mort arriva le 1" novembre , apres six semaines de maladie. A l'aulopsie, on trouva une grandc quflOlite de seYosile dans les deux plevres, el de nombreux noyaux d'hepatisalion rouge dans les deux poumons, surtoul dans le droit et particulierement vers les lobes infericurs. Les deux reins, doubles de volume, bosseles , elaient parsem^s de nombreuses laches , les unes blanches, les aulres rouges. La substance cortioale p«1le, hypertrophiee, ramollie, remplacait presque enlierement la BUbstaace (ubuleuse. Lc foie etail brunfllre, moins gros qv'a fetal normal, el presentail tous les caraoteres analomiqnes de. la • nrhose au deuxieme degie. La rale avail son volume naturel , il nVxislail pas de trace d«* p« ritonile — 70 — Hors ces deux cas , tous les autres oflraienl les signcs ordinaires dc I'amaurose incomplete el de la maladie de Bright la mieux caraclerisee (1). Chez (ous les malades le trouble de la vision a ete identique, en ce sens qu'il est loujours venu d'une maiiiere insensible, qu'il s'est developpe gra- duellement , et que , dans aucun cas , il n'y a eu cecile complete , inais il a oflert neanmoins toules les varieles de I'amaurose ordinaire. Ainsi , chez les uns , cetle amaurose, que fappel- lerai ncphretique , elait accompagnee de strabisme ou de diplopie; chez d'autres, d'hemeralopie ou de nyc- talopie ; los uns avaient comme un voile devant les yeux; d'autres une lumieredont l'eclat les eblouissait. A l'exception d'une dilatation de la pupille d'aulant plus grande que la vue elait plus obscure , on ne remnrquait aucun desordrc evident dans I'appareil visuel ni dans ses annexes. Dans quatre cas, cepen- dant, j'ai note le reflet terne des humeurs de l'ceil coincidant avec une transparence parfaite de la cornee. Je ne parle pas du gonflcmcnl des paupi6res, puisque plusieurs fois 1'amaurose a precede l'cedeme , et que 1'cedeme ne pourrait suflire , d'ailleurs , a expliquer 1'inlensite des troubles de la vision. Chez aucun malade il n'a cxisle de trouble appreciable de I'ouie , de Todorat , du goul , de la parole ou de I'inlclligence. (l)L'ne epidemic de scarlatine ayant rcgne chez les enfants de rh6pital-general, pendant le mois de novembre 1848, j'ai eu i'occasion d'obscryer trois exemples d'albuminurio conseculive a cet cxanlheme; mais , en raison du jcune Age des malades, il m'a etc impossible de constater d'une maniere precise I'clat de la vision. — 71 — Quant a la nephrite, lc plus souvenl , ( lifois sur 15), elle s'est monlree des lc debut avec son type chronique, c'esl-a-dire sans fievre, sans don- leur , sans autre symptome primitif que le depot albumineux de Purine et un redeme, quelquefois tres faible, quelquefois tres considerable de la face ou des exlremites. Trois fois elle a commence d'une maniere aiguC , par des symplomes febriles generaux; une fois par une douleur profonde a la region renale. Tanlot l'bydropisie s'est bornee a la face et aux exlremites; tanlot elle a gagne promptemcnl Tab- domen et les plevres. Une fois l'elat aigu a amcne la mort ; une fois il a disparu pour ne plus revcnir ; une fois il a ele remplace par Tetat cbroniqne, avec guerison apparenle et frequenlcs recidives. Dans onze de nos observations, nous avons assigne comme causes probables de la nepbrile granuleuse : Les exces alcooliques (4 cas); Les exces vcneriens prematures ( 1 cas ) ; L'habilalion ou le travail dans un lieu humid e et froid (3 cas) ; La mauvaise nourrilure el les fatigues exagerees ( 3 cas). Knfin, sur ces quinze malades, neuf out succomlx- ; deux onl gueri , et lour gutVison parail se niain- lenir; un a quille Fhdpital dans un etat de conva- lescence mal assuree ; deux sont en trailement. Les lesion*, analomiques n'onl diffftrfi en rien dc celb's qui son) signages par tons les ohservateurs ; ainsi , dans qualre autopsies <|iif j'ai praliqu6es a — 72 — 1 hotel-Dieu dans 1'cspace de trois mois el dcmi , deux fois les reins etaient hypertrophies el bossel6s ; une fois ils elaient deformes et diminu6s de \olume ; une fois ils avaient la grosseur et la conformalion exl6- rieure normales, quoique offrant un ramollissement extreme de la substance corlicale , et une absence presque complete de substance lubuleuse. Dans tous les cas , les granulations et les bossc- lures du lissu renal , la rougeur et la rarefaction de la substance lubuleuse el mamelonnee conlrastant avec la ptlleur et le ddveloppement de la substance corlicale, etc. , ne pouvaicnl laisser le moindre doule sur la spceificite de ces lesions , d'ailleurs si bien connues aujourd'hui. Trois fois le cerveau offrait la couleur et la con- sistance normales , et conlenait environ 4 a 6 gram- mes de serosite dans les ventricules lal6raux. Une fois , il etuil mou, ires paMe, surtout dans la substance grise qui elait comme macerdse. Les venlricules c6r6- braux el les fosses occipilales contenaient cependant tres peu de s6rosile. Ni les yeux ni les nerfs opliqnes n'ont offert d'all6- ration appreciable; mais deux fois, neanmoins, les humours de I'ceil qui nous avaient paru lernes pen* dant la vie nous parurent 6galement , a 1'autopsie, plus ternes qu'elles ne le sont ordinairemenl vingt- qualrc heures apres la mort. Cette diminution de transparence que j'avais deja vue dans deux aulres cas esl-elle reelle; ou lient-elle simplemenl a ces mille vari6tes de reflet si difficiles a caracteriser dans les milieux de I'ceil? C'est ce qu'apprendront des observations plus nombreuses. Une remarquc importanle c'est que , chez deux — 73 — de nos amauroliques, ['albuminuric etail complitjuic de diabele ; dans un de ces cas meme (C. Dolle , salle S. Thomas, n° 1 i) , le diabele consliluait I'af- fecliou prineipale. Or, 1'amaurose n'ayant ele nolee dans le diubcte que par un petit nombre d'observateurs , el a une epoque oil les questions si uombreuses et si com- plexes qui se ratlachent a ralbuminuric elaicnt a peine connues , je me demande si, dans ces cas, le trouble de la vision ne lenail pas a In presence de Talbumine plutot qu'n In presence du sucre. Comme, sur soixante dix-neuf observations con- signees dans l'ouvrage si complet de M. Bayer, on ne trouve que deux exeraples de troubles visuels , et que l'un de ces exemples ( obs. xxv ) appartient precisement a un cas de nephrite granuleuse com- pliquee de diabele , on pourra relorquer l'urgument et penser que e'est , au conlraire , la complication de Talbumine par le sucre qui produit Tamaurose. Mais les fails sont trop calegoriques pour per met! re cetle hypothese. IVune part , en effel, j'ai essay6 par le pro cede de Bareswil toutes les urines , excepts celle des obser- vations 2 et 3 dans lesquelles: il n'eristait, d'ailleurs, aucun signe fonctionuel de diabele, et, d'une autre pnrl , je possede Irois fnils de diabele sans com- plication d'albuminurie , et snns le moindre affai- blissemenl de In vue. Non que je prdlende que Tamaurosc manque dans les diabetes exempts d'albuminurie. Je pense settle- ment quelle est beaucoup moins frequente et moins prononcee que dans la nephrite I (i) Quciquos jour- apr6a la lecture idu ) daus les humeurs de l'oeil , par MM. Millon et Wcehler. (3) Au point de vuc de la patbologie generate , il y a, scion ■ ■mi, une Ires grandc analogic entrc 1'aniaurosc ndphrelique et l'amaurose hyslerique Seulement , tandis que dans la nephrite nlbumineuse la correspondence anatomo-physiologique paraii — 77 — veuse, independante tie toute modification des milieux transparent ? Je pencherais plutol pour uuc lesion des filets ganglionaires issue d'une lesion du Iri-splanchnique , et ayant pour consequence unc alteration secretoire des fluides refringcnts. On compreud , en effet , que le syst^me ganglio- naire presidant a la nutrition et aux. secretions des organcs des sens et des visceres dc la vie orgauique, la nutrition et les secretions de foeil puissent etre inlluencees comrne la nutrition el la secretion des reins. Pour nous, done, la nephrite albumineuse ue serail plus une nialadie primitive , comme la nephrite traumatique , comme la pneumonic tranche, etc.; mais une maladie consecutive a une lesion du grand sympalhique ; comme Patrophie d'un membre est consecutive a la compression d'une arlere principale, comme 1 anasarque est conseculif a une affection du cceur ou de la veine porle. L'alteration de secretion ne dependrail pas de la lesion du rein , mais la 16sion du rein dc ('alteration secretoire. s'excrcer surtout cntre le plexus r6nal et le ganglion ophthalml- que , olle s'exerco , dans l'hysterie , enlre lo plexus iiterin et les ganglions sympalhiquos de tons les organcs des sons et 1 1 > i - 1 1 1 1 ' dc l'organc de l'inlelligence. J'ai 1'un des premiers dcmonlrc celto action reciproque du systeine ganglionairo e( du systeine cerebro - spiual , en appelant l'attention des praticioiu sur les paralysies hys- teriqucs, ct en decmant , dans mon trailo dc l'hystorie , la in ii, in- anatomiquc do la nevrose depuis son point de depart dang le syslcmo ganglionaire uleriii , jusqu'a son ex tension a I'enc^phalo el aux organes (lessens, paries ganglions lenUcu- laircs, spheno-pal.ilins, etc. — 78 — La nephrite albumineuse ne serait , comine Pa- niaurose nephrclique, qu'un symptOme d'une affection eloignee. La nutrition et la secretion dc Pceil sont modifies, dans ce cas , comme le sont la nutrition ct la secretion du rein , la secretion du rein comme celle de la plevre, du periloine, du lissu cellulairc, etc. ; seulement, les reins recevant un nombre tres considerable de nerfs ganglionaires , devaienl necessairement offrir des le- gions plus manifestes. Que si Poui'c , le gout , l'odoral ; ne se trouvent pas sensiblement affectes dans Palbumi- nurie , je repondrai que les milieux de Pcc-il out plus d'influence sur la vision que les liquides tym- paniques sur Paudition , que la salive sur le gout , que le mucus nasal sur Polfaclion, etc. Sans contredit, la distance est immense entre le ganglion cervical superieur et le plexus renal ; mais les secretions restent-elles done normales dans Pintervalle de la chaine ? Et, si, dans la nephrite granuleuse, Palliation secretaire commence par les paupieres, si elle continue a la face, souvent dans la plevre, tres souvent dans le peritoine, etc., serait-ce done une temerile physiologique que de faire deriver , dans certains cas, de la m6me source, Palteration des fonclions de Pceil et ralteralion des fonclions des reins? On me pardonnera ces hypotheses que j'emettais devant les 61eves de Photel-Dicu , plutdt pour leur faire comprendre les difficultes de la pathogenie , que dans la pensee dc resoudre une question si com- plexe. Elles ne seront pas inutiles , du r.'sle , si — 79 — dies peuvent engager d'habiles experimentaleurs (1) a analyser les milieux transparents de Topil dans la nepbrile , le diabele , etc., et a essayer Teffet des lesions de fencepbale ou des ganglions sympa- lliiques sur lalteralion des secr6tions urinaires , et sur les troubles sensoriels qui I'accompagnent. En r6sum6 , 1° I'affaiblissemenl de la vue est un symptome presque constant de la nephrite albumi- neuse ; i" II annoncc la maladie , eommc signe initial , avant ("invasion des autres accidents ; 3° II disparalt et revient en mCme temps que le depot albumineux des urines ; 4° II doit porter a considerer la nephrite albu- mineuse comme le resultat d'une alteration du sys- leme nerveux ganglionaire. (I) Des 1712 , Pourfour lus la moindre trace d'lutmidite , eomme il esl facile de s'en convaincre par ('immersion dans un bain de suif fondu et cbauflfe a 160°. 3° La soie nest pas altvrvc : la grege la plus fine , la moins nerveuse , metne avant d'avoir repris la moitic dc son bumidile nalurelle ( c'est & dire 5 p. 0 fj de son poids ) , se divise mieux ; le brin , sensible- merit gonlle , a acquis plus de force el n'a pas moins d'elaslicite ; il supporte une tension egale, un allon- gement identique a ce quil pourrail supporter avant d'avoir el6 experimcnte. — Des ecbanlillons soumis a un grand nombre de dessications successives , revien- nent loujours exaclement au meme poids , ce qui prouve encore claircment I'innltcralion de la soie par ce proeede\ En resume , Ic conditionnement sc reduil aux ope- rations suivantes: Prelevcr dans le ballot Irois lots de dix matleaux chacun , et cliacun aussi du poids d'environ 550 grammes; dessecber deux de ces lots dans des ap- parcils differenls , jusqu'a ce que leur poids reste constant pendant une heure ; calculer la perte au Ceol : si le resullat ne differe pas d'un (lemi pour cent , on prend la moycnne , et la soie est con- ditionnee ; — si la difference est de un demi , en plus, on dessecbe le Iroisiemc lot et on prend la moycnne entre son poids el celui de I un des pre- miers lots qui sen rapproche le plus. IV. On a juye convcnable , a Lyon , de ne pas — 8(> — ex primer le resullat immediat du eondilionnemenl » ou, exi d'autres lermes , le jwids de la matiere seche. Pour se rapprocher de la veiile, c'esl-a-dire , pour indiquer ce que serail la soie dans Petal ordinaire, on a trouve bon d'ajouter un poids constant au poids absolu determine par l'appareil. Des essais multi- plies out montre que la soie la mieux condilionnee par le procede du paragrophe II , laissait degager en mpyenne 1 1 p. 0/o d'eau quand on la soumettait aux temperatures de 108 a 110. — Ce poids moyen est celui qu'on ajoule pour fixer le poids commer- cial . Ainsi , quand l'appareil fait connailre le poids absolu d'un ballot , si ce poids est 6gal a 85 p. 0/o du poids brut, on ajoutell p. 0,0 sur 85 , c1est-a- dire , 9.35, et on cote a 94,35. V. Le procede de M. Talabot et les appareils em- ployes h Lyon pour les mellre en pratique , ne lais- senl rien a desirer. D6s la premiere seance de la Commission & laquelle j'assislai , sans meme con- nailre les details du procede Talabot, mais unique- ment a I'annonce de I'emploi d'une temperature de plus de 100" qui en fail la base , je n'hesilai pas , M. le Mai re , a emettre l'opinion qu'on devait sen tenir a, celie melhode el etablir a Reims une condition sem- I dable a celle de Lyon. Toul physicien , tant soil peu exerce , n'eul pas Ii6sil6 d'avanlage : les proprietes bygrometiiques de la soie ou de la laine sont bien connues : leur ex- treme avidiie pour I'eau ne permet pas d'esperer un instant d'en trouver la incsurc par le procede du paragraphe II, el deja meme, en 1805, la science permet tail d'indiquer a priori lous les inconv6nients — 87 — que f experience a demonlres , et dont j'ji resume le tableau dans ce paragraphs VI. Cependanl la Commission du sech >ge des laines , mal renseignee sans doute a cet egard, avail cm devoir faire des cssais sur la laine par une :ne- Ihode absolument identique. Je crois inutile d'insister sur les resullats obteuus : ils ont ele absolument les memes que pour la soie, et je pourrais vous repeler sur ce sujet mot a mot le paragraphe II ; les memes inconvenienls devaienl se presenter pour la laine , et ils sc sont presents en effet. Les choses en 6taient a ce point, quand vous me files Tbonneur de me consuller. Permeltez-moi, M. le Maire , de vous repeler que j'exprimai de la ma- nure la plus formelle mon opinion favorable a Vadop- t ion du procede Talabot , des le premier jour. La commission , dans I'espoir de diminuer Irs depenses considerables du premier Clablissem-'M , m'invita a faire les experiences que je croirais eonve- nables pour alleindre le but avecle plus d'economie. possible. — Tel ful le point de depart des recherches donl je vais maintenanl vous exposer le resume succinct. VII. La dessication d1une substance quelconque ne peul etre oblenue que de deux manieres : t° Par la chnleur. G'est a dire en elevant la tem- perature au point de reduire lean en vapeur et de la forcer a se dissiper lo'ile entiere. i' I'ai Irs absorbants. ('.'est a dire en exposant la substance a faction des corps Ires avides de I'humidite. — 88 — VIII. 1" Action de la chaleur. Les substances humides placecs dans lalmosphere doivent, pour perdre leur eau , vaincre deux genres d'obstacles : la pressien que I'air exerce par son poids sur (outes leurs surfaces ct qui s'oppose energiquc- menl au developpement de la vapour, — et l' influence de I'humidile deja repandue dans 1'almospherc. II est facile de concevoir que I'air, ne pouvant contenir qu'un maximum d'ean en vapeur, prendra d'autant moins aisement I'humidile de la substance qu'il en conliemJra lui-meme davanlage. IX. Si la prpssion de I'air el son degre d'humidile reslaienl invariables, on pourrait peut-etre esperer d'ob- tenir a une temperature constante un degre de dessi- calion loujours uniforme pour la laine et la soie ; mais la pression varie sans cesse et plusieurs fois en sens inverse dans un seul jour, et il en est de mfime du degre d'humidile. — Si au moins il etait possible d'oblenir une mesure pratique ct exacte de ces varia- tions, le probleme ne serait peut-etre pas insoluble; mais nous ne pouvons en realite pas connaitre les changementsde proportion de Vhumidite. Le baromelre indique avec une grande precision les changements de pression, mais malgre lous les efforts des savants , il estaujourd'hui impossible de construire un hygrometre exact. Vous voyez , M. le Maire , s'il y a quelque exageralion a dire qu'il est impossible d'oblenir une dessicalion comparative et precise de la laine dans un sechoir oil la temperature reste ordinaire ( 25 degres au plus). Les experiences de Lyon ( parag. II) et celles de Reims (VI), devaient , par celte raison , donner de mauvais resullats. II faut ajouter d'ailleurs que la qualile de la laine , el meme la ft ) — melhode de lavage peuvcnl influer sur les factilles absorbantes, elil ne resle aucmi doule sur \'impossi- biiitc absolue de resoudre la question de sechage regulier a une basse temperature- X. Si Ton eleve, au conlraire , la cbaleur au point de communiquer a lasoie ou a la laine une tempera- lure de plus de 100 degres . 108 ou 1 10, par exemple , I'eau se transforms en vapeur avec une force su/fisante pour Iriomplier des obstacles don tje viens de parlei . A cet egard , les experiences de M. lalabot el 1'usage dej6 bien long de sa melhode , ne laissent plus I'ombre d'un doule ; el je dois vous faire re- marquer que la soie n'esl pas seule a se condition- ner exaclemenl : la laine elle-meme se desseche promplemenl el sans difticulte. — La Commission de sechage, dans l'annee 1847, demanda au directeur de la condition de Lyon, M. Gamot , de vouloir bien essayer les eftels de fappareil Talabol sur di\ echantillons de laine, el les resullals onl ele les m£mes que pour la soie. Je n'aurais done pas eu & moccuper de cctle metho- de, si nous n'avions trouve I'occasion loule nnlurelle de constater avec un appareil destine ad'aulres essais (Wl)quela temperature ne doit pas lire elevee a moins de y/0°. XL Voici, en quelques mots, les experiences que nous axons executees pour nous edilier sur re poinl. Dans un appareil lout scmhlable a celui de.M. Talabol, nous avons inlrodoil de la rapeur sous la pression nni. quederalmospliLTc, c'esladireh la temperature de 100 degn'-s seulemenl. La temperature dans I'inlerieur de la cloche ou la laine se lien I suspend ue n'a jamais pu (b'passcr ainsi le {lei me de 93 • ; pn>x|ue lOUJOUTS — 90 — mOme celte temperature se maintenait Ires pres de 90° seulemenl. La laine se dess6che avec lenleur, et le lableau suivant montrc avec Evidence que dans la pratique on ne pourrait aucunemenl se conlcnter demployer un degre de chaleur qui , mainfeiiu Ires longtemps, ne conduirail pas encore a la sec he absolue. Un echaniillon ( 5-13) qui s'etail re"duit , a Lyon, au poids de 869 grammes, 78 , mais qui avail repris 120 grammes 02 d'humidite" depuis celle epoque, el pesail en consequence 995 grammes , 80, ful inlroduit dans Tapparcil le 8 oclobre 1849, el donna Ies resullals suivants : LE s OCTOBHE. LE ii OCTOBRE. BBURES. temperature clc rinti'rieur PERTE. HEIRES. temperature de I'tnterieur PERTE. 12 3/4 1 1 i 2 1 4 5 1/2 4 1/4 5 » 0 . 7 1/4 8 1/2 9 1/4 1li II 10 5 I 89° 86 89 90 90 91 90 90 90 90 '.in 31 grain. 40 5 58 > 63 5 67 . 71 7 .'i ■ 77 5 80 • 83 » 85 ■ 8 1/2 10 . 11 1/2 1 1/4 2 14 5 » 4 12 5 » 6 5/4 8 » 8 3/4 9 1/2 10 1/2 88o 90 90 90 91 85 90 86 91 90 90 90 90 72 gram. 85 90 94 95 97 98 100 105 104 105 106 107 Ainsi l'echanlillon esl reste dans l'apparcil : le premier jour pendant 10 heures , et le second pen- danl 1 i ; en lout, 54 heures. Cue chaleur de 90 degres , pendant un temps aussi long , n'a pourlant pas , el a beaucoup pres , amene la perle de l'hu- midil6 lolale : sur 120 gr. 02 I'echanlillon n'a d6- se 10 kilog. et qu'on y introduise 1 kilog. de laine; le poids total avanl Texp6rience sera de 1 I kilog. — Si , apres I) I'our executor ces experiences, on avail ;jou(e unc enveloppc exlericurc ,i l'appareil (XVI) de man it* re a former ■ leux piroil enlre lesqueliei pouvait circulei la vapeur — 9-2 — •'experience , nous troavons oe poidfi reduit a 10 kilog. 880, nous pourrons en conclur;> que la difference ou 0 kilog. 120 donne le poids de I'humidite renfcrmee dans notre echanlillon. — Lbuile est en effet si peu volatile a la temperature de 110°, que l'eau se dega- gerail seule et sans entrainer une portion notable de la malierc grasse. Ce procede presente quelques inconvenients : l" II exige un poids considerable d'buile , et par conse- quent une balance precise assez couteuse. 2° La laine , apres Tessai , ne se trouve pas disponible pour le propiiclaire ; il faut la soumetlre a un les- sivage. Mais, d'un autre cdte, nous Irouverons le grand avantage de n'avoir a faire aucune depense premiere un peu considerable , — et les difticultes de la pesee ou du lessivage n'ont rien d'exorbitant : quant a la balance, il en faut loujours une; et quant au les- sivage , c'est une operation , comme chacun sail , tres facile et peu dispendieuse. Je ne puis , M. le Maire , vous presenter des a present un tableau d'experiences faites avec eel ap- pareil ; je n'ai pas eu Toccasion de le proposer a la commission. XIII. 2° Action des absorbants. On sail qu'un grand norabre de corps sont telle- ment avides d'bumidite que , places dans Pair , ils en atlirenl promplement la vapeur aqueuse et aug- mented considerablemenl de poids. 1'armi ces corps , il est necessaire de choisir ceux dont le prix est faible , et je cilerai au premier rang la chaux , Vactde sulfurique et le chlorurc de calcium. Mis en presence d'une substance humide , i! est bien evident que ces trois produils cbercberonl a lui — 93 — enlever son eau ; el si Ton songc aux moyens de determiner cctle action , on voit qu'elle peut cMre etablic dc deux manic-re.? distincles ; alt contact ou a distance. XIV. Je ne crois pas qu'il soil possible d'obtenir un procede vraimcnl pratique en faisant agir les absor- bants an contact. — // est essentiel que la lainc ne soit point alteree: ce qui aurait cerlaincmenl lieu par le contact des trois corps cil6s. — Pour mon compte , je nen vois aucun autre qui puisse elre employe d'une maniere avanlageuse ou seulemenl pratique. XV. 11 reste Taction d distance : Les absorbanls places dans un vase entitlement clos pres d'un corps humide, mats sans le toucher , peuvent agir sur ce corps par Tinlermediaire de lair qui se charge sans cesse des vapeurs d'eau pour ies leur transnieltre. — Je me suis naturellement fix 6 sur la ehaux ; elle olTre une puissance absorbante extreme , un peu moindre que celle de Tacide sulfu- rique ( d'apres M. Regnault ) , mais son emploi ne prtfsenle aucun des inconvenienls graves de Tacide , el lui merite de beaucoup la preference. Quant a la duree de son action necessaire pour oblenir une dessicalion complete , la science ne fournit point des renseignements tout-a-fail positifs ; les experiences de Saussure , relatives a la construc- tion des bygromeHres , out montre quil faut un temps assez long pour amener un cheveu a la lixil6 de longueur correspondanle au degre de secberesse ex- treme (i) : mais on peut dislinguer , ce me semble , (1) Le chi'Toti presenle avoc la soie les plus gramles .m.i logics. - 94 — entre le moment de la dessicalion ahsolue el le mo- ment ou la dimension du clieveu resle constitute. 11 n'est pas impossible que le premier precede de beau- coup le second : en d'aulres termcs , que le cheveu soil bien sec longlemps avanl que ses dimen- sions cessent de se modifier. — Je pouvais done esperer d'obtenir une dessieation assez prompte de la lame par faction de la chaux a la temperature ordi- naire , et j'ai fail conslruire l'appareil suivant : A (fig. 3) est un grand llacon renvers6, en cuivre jaune tres mince (hauteur 0'" 80, largeur 0m 27, dimen- sions necessaires pour contenir 1 kilog. de laine ) ; I'echantillon B est soulenu dans le flaeon par un grillage en fil de laiton supporte par des tenons dans le col du flaeon C ; le toul repose sur une boite conique Den cuivre, oil Ton place 50 ou 30 kilog. de chaux vive et de bonne qualile : entre les vases A et D , je place une ou deux rondelles de drap RR pour ne laisser aucune issue a l'air exte- rieur. ( Le flaeon A pese environ 4 kilog. , ou 5 kilog. avec la laine : pendant l'experience , on le charge d'un poids de 10 kilog., et la fermelure se trouve ainsi Ires exacte ). II est facile d'enlever le flaeon sans remeltre la laine au contact de l'air, au moyen du couvercle G ; la tige F qui le porte glisse a frot- lement dans un tube H ; on pousse la tige par- dessous la table MM jusqu'a ce que le couvercle s'adaple au col C, puis on la d6visse de Tarmalure 0 , et le flaeon peut 6lre enlev6 ferm6. — Lorsqu'on rapporte l'appareil , une manoeuvre du mCme genre permet d'ouvrir sans le contact de l'air exlerieur , ainsi qu'il est facile de le voir. - 95 - La laine placet' dans ret appareil perd son eau . dont la chaux s'empare , et vous pouvez juger , M. le Maire , combien la pratique de ce procede serait simple el economique si la dessicalion marchail avec rapidile ; mais , conlre loule prevision , il faut un temps enorme pour depouiller la laine de son hu- midity. Voici les resultals fournis par l'experience : MOIS. DATE. P01DS. l'app.ireil. PEIU E DUREE dc g Taction. OBSERVATIONS. absolue pour Mai <849. 15 ■1 k 935 gr- 1G 920 15 1 50 1 jour. 17 915 20 2 00 2 • 19 905 30 3 00 4 • 22 893 48 4 20 7 . 23 889 46 I 60 8 ■ 26 880 55 5 50 11 . 28 874 61 6 10 13 . Jain. 1 860 75 7 50 17 • 11 826 109 10 90 30 • 32 » 31 » 1C 18 824 824 111 111 11 10 11 10 plolecontlnnelle. 19 822 113 11 30 55 • -JO 821 111 11 40 56 • .J-> 818 117 11 70 58 • 'J 5 815 120 12 00 41 . 28 811 124 12 40 41 . Juillei. a 808 127 12 70 48 > 7 805 130 13 00 53 » 12 802 133 13 30 58 i 1(1 799 136 13 60 62 • 2d 796 159 13 90 66 » 26 T'.t i 111 14 10 72 • :,ii 793 112 14 -JO 70 Amil. 7 788 1 17 11 "JO XI „ Scpiembrc •'2 IS 788 785 117 150 11 70 15 00 99 » 121 . Octobre. 4 784 151 15 10 142 • 30 783 1 52 15 20 1 68 • Ainsi , la laine relieol 1 eau hygromitrique avec une puissance extraordinaire; en 168 jours, elle a perdu 15 p. 0/o de son poids , re qui approrhe beau- — 90 — coup de la s6chercsse extreme ; mais le peii d'humi- di(6 dont elle reste impregnee s'echappe avec lant de peine , qu'il faut 26 jours pour V exhalation d'un gramme. — II est done impossible de songer a cette methode pour l'objet que nous avions en vue. De tout ce qui precede, il resulte que, parmi lous les proc6des de dessication , un seul peut satisfaire aux exigences du conditionnement public : e'est celui de M. Talabot, fonde sur l'emploi de la vapeur a 121°, et mis depuis longlemps en pratique dans la condition publique des soies de la ville de Lyon. XVI. Cependant j'ai cru devoir essayer de r6- soudre le probleme en suivant une marche inverse de la pr6cedente; au lieu d'operer la dessiccation absolue de la laine pour connaftre la proportion de l'humidite qui s'y trouve, j'ai song6 a alteindre le but en de- terminant la quanlite d'eau necessaire pour clever l'humidite' au maximum a une temperature constants Supposons , en effet , qu'a la temperature fixe de 25°, par exemple , une laine quelconque placee dans un air salure dhumidite puisse absorber un maximum de 50 p. 0/0 ( relativement a T6tat de s6cheresse absolue ) , il est bien clair que si une laine a essayer, plac6e dans les m£mcs circonstances, absorbe seule- menl 25 0/0, e'est qu'elle renferme deja 25 centiemes de son poids d'eau , ce qui est prerisement a determiner. Pour soumetlre cette id6e au contr6le de l'exp6- rience, j'ai fait conslruire un nouvel appareil dont voici la description. Le cylindrc de zinc A, (fig. 4. ) de 1 met. 20 cent de hauteur etO met. 55 cent, de largeur, recoil 10 a 12 litres d'eau qui s'eievcnt a 0 met. 03 cent, au-dessus du cercle OM • -le suspends un kilog. de laine en cordons — 97 — ,;i un chassis metallique F, lie par le fil FF1 a lex- tremite F du fleau de la balance, I'anlre exlremite F' porle un bassin et dcs poids. — Un couvercle CC s'a- justesur le cylindre el donne une cloture suffisante. La lainc est ainsi suspendue dans une atmosphere saturee de vapeur d'eau , et son etat de division est asscz grand pour rendre l'absorption de cette vapeur aussi facile que possible. La balance est commune: mais je rends la sensi- bility Ires grande au moyen de la longue aiguille BD qui oscille devant la carte D , traversee par une ligne de repere horizontale. Un grillage PR , place a 0 met. 1 0 cent . du liquide , empfiche lout contact enlre la laine el I'eau. Je ne puis m'empexher de vous faire remarquer , M. le Maire, que ces dispositions reduiraient le con- dilionnement des laines a une melhode de la plus extreme simplicity, tout en n'exigeanl, pour ainsi dire, aucune depense, excepte celle du premier etablisse- ment , encore serail elle aussi reslreinle que possible. Le cylindre et la balance une fois elablis serviraient en quelque sorte indefiniment, el il suffirait de meltre un peu d'eau de temps en temps dans le cylindre pour le consorver preH aux experiences. Malheureuscment , la laine exige encore un temps considerable pour atteindre au degre d'humidite ma- ximum : sa constilulion organiqui' la rend a la fois peu propre a abandonner I'eau quVlle renferme , et a se charger de lonh- cello quelle pent contenir. II suffit, pour sen convaincre, de lire ce qui suit : — 98 — DATBS. POIDS de UAIM DUREB de OBSBRVATIONS. pour HOIS. JOUR- la laine. absolu. Taction. AOUt 1849. 22 0 k954 P- 23 0 993 39 4 08 1 jour 24 1 020 66 6 91 2 25 1 042 88 9 22 5 26 1 058 104 10 90 4 27 1 065 111 11 63 5 28 4 077 125 12 89 6 29 1 088 134 14 04 7 30 1 091 137 14 36 8 31 1 099 145 15 19 9 Septembre. 1 1 116 102 16 98 10 3 1 122 168 17 61 12 4 1 132 178 18 65 15 5 1 137 183 19 18 14 6 i 141 187 19 60 15 7 1 144 190 19 91 10 8 1 152 198 20 75 17 10 1 160 206 21 59 19 11 1 162 208 21 80 20 12 1 166 212 22 22 21 13 1 170 216 22 64 22 14 1 173 219 22 95 23 15 1 175 221 23 16 24 10 1 177 223 25 57 25 17 1 179 225 23 58 26 18 1 181 227 25 79 27 19 1 184 230 24 10 28 21 1 187 255 24 42 50 22 1 188 254 24 52 31 25 1 192 238 24 94 54 26 1 194 240 25 15 55 30 1 198 244 25 57 39 Octobre. 2 1 201 247 25 89 41 L'experience n'a pas ete poussee plus loin ; ses resullats montrent clairement que la methode d'hu- mectation ne fournit pas de procede pratique; la laine, en principe , doit alleindre un maximum, et il n'y a pas de doute , apres l'experience mfime , qu'elle y parviendrait : mais il taudrait un temps — 99 — enorme , el nous ne saurions abreger ce temps jus- qu'aux limites necessaires pour le condilionnement public. XVII. Mais si I'experience qui precede ne con- vieut pas a one melhode de condilionnement utile, elle nous apprend au moins un fait qui me parall de la plus haute importance , c'est qu'une laine placee dans les circonslances favorables , peut absor- ber une quanlile d'eau justement egale a la moitik dk son poids ( pris dans l'6lat de «6cheresse absoluc ). En effet la laine employee dans celle experience i I 0 kilog. 954 ) etait une laine marchande en tout sem- blablc a celle du paragraplie XV: elle aurait done perdu au mains 15,^ p. 0/o de son poids d'humi- dile ou 145 grammes , et se serait reduite a 0 k. 809 ; et puisque dans l'appareil ( XVI ) elle absorbe 247 grammes d'eau , il se trouve en definitive que 809 grammes de laine siche peuvent se charger de 445-t 247 on 592 grammes d'eau; ce qui fait exactement i8,4 p. O/o du poids de la laine. — D'ailleurs , on n'a ainsi qu'un minimum : car d'un cOte la dessi- cation , et de l'aulre l'humectation , n'ont pas ele completes; done il est permis , sans exageralion , de dire : Une laine seche, placie il la temperature ordinaire dans un air sa/urd d'humidite , peut absorber la moitie d- suit poids d'eau. XVIII. II est prcsquc superflu dinsister sur ce resullat pour en montrer les consequences; j'uppel- lerai settlement voire alien lion sur les suivantes : t° La laine , en absorbent des proportions d'eau de plus en plus grandes , acquierl une moitour de plus en plus sensible , quoique I'humidile ne soil '• 9 — 100 — jamais dislincle. — E( , puisque ks liroilcs ont unci si grande etendue , il est dc la derniere evi- dence que la per«onne la plus habitude au maniemenl des laines nc peul se flaller d'apprecier, avec une exactitude suffisante , le veritable degre dc seche d'un cehanlillon commercial. — En faul-il davanlage pour expliquer les difficulties conlinuelles cnlre le vendeur el l'acheteur , et les plainles sonvent Ires juslcs de ce dernier? Assuremcnl , non ; elles se comprennenl parfailcmen'. 2° On ne st.urail Wop fairc remarqucr le parti que la fraude peul lirer des faculles bygromctriques de la laine. — Considerons un ballot de laine dc 1,000 kilog. , par exerople , dans un l>on etat marchand , e'est-a-dire , conlenanl deja 1G p. 0/o d'eau environ. Son proprielairc , au lieu de le vendre en eel elat, le descend a la cave, et pour 2i heures. Le ballot, (Hvise convenablement , se trouve en realile dans les circonslances du paragrapbe XVI , et , en un seul jour, il absorbera 41 kilogrammes d'luimidilc. Sup- posons dc la laine a 15 fr. , et voila une augmen- lation dc prix de 615 fr. bien aisemenl trouvee. — Les 1,000 kilog. reslcnt-ils a la cave pendant cinq jours , ils pouiront prendre 116 kilog. d'eau , ce qui cquivaudra acluellcmenl a la somme de 4,740 fr. .le ifhesile pas a croirc que parmi les acbelcurs un grand nombrc ne distingueront jamais, d coup siir , des modifications si graves , el la portee d'un tel fail n'a pas hesoin dc longs commenlaires. XIX. Ici se leiminenl les recbercbes que j'ai exe- culees pour la commis ion du sechage des laines. Je crois , M. Ic Maire , que vous en jugerez exac- lemenl IVnsemble dans Ic resume suivant : — 101 — On pcul admeltre , en principe , deux inelhodes generales pour determiner le degre d'humidile de la laine : i" la melhode do dessiccation absolue , 2° el la melhode A'humectation au minimum a nne tem- perature constanle. 1° Melhode de dessiccation. Elle peul s'exeouter de deux manieres : A , en se servant de la chaleur seirie ; — B, en faisanl usage des absorbanls. A , action de la chaleur. 1 . La dessiccation a la temperature ordinaire ou a une temperature peu elevee , ne peut absolument donncr aucun resultat exact : elle est soumise a ('influence de la pression el de l'elal hygromelricjue de lair donl on ne peul se rendre mailre , el dont on ne possede mCme pas une mesure exacle (au moins pour rhuraidilc); elle peul rafime Olre modifiee par la nature de la laine ou la melhode de lavage , qui sont encore on ne peul plus variables. 2. La dessiccation a une temperature elevee ne prut pas etre obtenue assez promptement au moijen de In vapeur produitc sous la pnssion de I' atmosphere. CCUe vapeur , dont la temperature est de 100°, ne peut elever la laine qua 90° environ , el menu- , au bout de trois jours , la dessiccation ne serail pas absolue. 3. La dessiccation absolue petit itre obtenue en quel ques heures par Vemploi de la vapeur a une pression double de telle de I' atmosphere. Cede vapeur, dunl la temperature est de 121°, peut porter la chaleur de la laine a 108 mi nil", ,e qui est ne'eessaire el sumsanl , ainsi qu'un long usage tics appareils 'I, da- bo t la bien domonire. — 10-2 — 4. La dessiccalion absolue puurrait sans duute ctrc obtenue d'une manicrc pratique par I'emploi d'un bain d'lmile. Ce qui resle i etudier. B. Aclion des absorbanls. 5. La dessiccalion peul etrc avancee a un haul degre par I'influence dc la chaux ; mais il faul un lemps enorme , el il ne resle aucun espoir de pra- liquer ce procede de maniere a alleindre I'absolu. 2° Melhode (Vhumectation. 6. La laine , placee dans un air salure d'humidile a une temperalure conslanle (par exemple , a la temperature ordinaire) se charge d'une grandte quan- lile d'eau : i kilogramme dc laine seche absorbe ainsi la moitie de son poids de vapeur ; mais le lemps necessaire a celle absorption est si considerable , qu'il est encore impossible d'obtenir un procede de conditionnemenl en s'appuyant sur une telle base. XX. 11 decoule de ces resultals une consequence evidente et necessaire : Le procede Talabot est le seul qui puisse convenir a un veritable conditionnement. En eflet , et si je ne me trompe , j'ai passe en revue dans ce memoire , theoriquetnent et pratique- ment, tous les procedes vraiment possibles dans la pra- tique pour obtenir la dessiccalion absolue des laines, et le procede Talabot est le seul qui donne des re- sultals satisfaisants. La methode du bain d'huile pourrait servir , a la rigueur ; mais elle n'aurait certainement pas la grande precision du procede Talabot , qui me semble , par consequent , le seul a adopter pour la condition publique des laines de Reims. — 103 — Avant de terminer , je vous demanderai , M. le Maire , la permission de vous faire coimaitre le zele ct les soins tout particuliers que M. E. Delafraye a bien voulu metlre a I' execution des experiences contcnues dans ce mSmoirc. II m'eiit etc impossible de trouver un collaboraleur plus habile et plus consdencieux ; mes occupations ne me laissaient pas asscz de temps pour execuler moi-m6me ces essais dans lous leurs details , et je me fais un devoir en mCme temps qu'un plaisir doffrir a M. Delafraye mes remerctments les plus sinceres. Veuillez agreer , M. le Maire , I'assurauce de ma consideration la plus dislinguee. Signe : E. MAUMENE. Reims , in novembre i«it). REIMS. — nr. i>r. r hecnieh. SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMlE DE REIMS, ANNEE 1849-1850. Stance da 93 Howcmbre 1919. PI!ESIDE\CE DE M. DUBOIS Elaienl presents : MM. Robillard , Bandeville , L. Fanart, Th. Conlanl , H. Landouzy , Qucrry , E. Derode, Max. Sutaine,, J. -J. Maquart, Duquenclle, Louis-Lucas, V. Tourneur, Ern. Arnould, L. Henriol- Delamolle, H. Paris, Lechat , J. Sornin , Velly , Pierrel , Forneron , Pierre Leroy , Briere-Valiyny, E. M'lumcne , membrcs lilulaires. El MM. Maillel , Duchesne, de Bonuay el Loriquel, membres correspondanls. CORUESPONDANCK MANUSCR1TK. M. Valcker , marechal-fc-rrant a Beims , adresse a la Compagnie le plan d'un nouvcau sysleme de I. 10 — 106 — forage pour les puits arlesions. — Cette communica- tion est renvoyee a I'examen d'une commission com posee de MM. Go^sel , Holleaux el Goulet-Collet. M. I'abbe Polonccau , ancien vicairegeneral de Lisieux , mcmbre correspondant, adresse des remer- cimenls a I'Acj.demie. M. Guillory aine., president de la Society indus- frielle d'Angers , fait hommage a la Compagnie de la collection des travaux de cetle Society , depuis la vni' ju.-qifa la xixr annte. M. Pierre Leroy offre a l'Academie un exemplaire de foil rapport au cotiseil d'arrondissement de Reims. CORRESPONDANCE IMPRIMEE. Travaux de la Societi cenlrale d' agriculture de la Seine-in ferieure , 113* cahier. Bulletin de I'Athinie du Beativaisis. Notice sur le marquis de Turbigny, agronome angevin du xviue si6cle , par M. Guillory afne. Travaux de la Sociite d'agricullure et de commerce de Caen. Rapport de M. Pierre Leroy , sous-prefel de Reims, au conseil d'arrondissemenl- Circulaire adressee par le m6mc aux maires de larrondissemenl de Reims. Lettre d'lin voyageur en IS'ormandie , par M- 0. Seure , membre correspondant. Journal des Savants, n05 de juillet , aoiil , sep- tembre et oclobre I8iy. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. .Naumene preserile a l'Academie des obser- vations sur IVmpoisonnemenl p;ir I'acide ars6nieux — 107 — de plusieurs compagnies de perdreauv Irouves morls sur le lerritoire de la commune de Lavannes. A propos du passage qui (ermine la lecture de M. Maumene, MM. Leibal et Sornin font observer , en se fondant sur I'opjnion emise par M. Dumas dans ses cours, que I'acide arstnique parait moins veneneux que I'acide arstnieux , quoique plus soluble. Ce fail expliquerail pourquoi I'arsiniate de potasse peul eHre adminislre sans danger , a doses assez fortes , conlre les fievres intermillanles. M. Mau- mene declare ne pas avoir connaissance de cette opinion de M. Dumas. M. Henriol rend comple de la mission qui lui avail ele donnee de visiter chez M. Duponl-Bouilly une variele de lapins dont le poil esl d'une blan- cheur el d'une finesse remarquables. M. Tourneur lit une preface archeologique desli- nee a servir d'inlroduclion h ses recenls travaux sur les vitraux de feglise de S'-Remi. M. Louis-Lucas dotine lecture de la premiere parlie d'une elude sur les ceuvres de M. Ozanneaux. M. Velly presenle a TAcademie des observations sur Temploi du sulfate d'ammonkique en agriculture. M. Loriquit lit la premiere parlie d'une notice arcbeologique sur I'eclairage. Une commission, composee de MM. Landouzy, Lecbal et Maumene , esl cbargee de rendre comple du procede declairage par le gal hydrogene extraii de Teau , invenle par M. Gillard. — 108 — lActure tit* ill. Maumcne. KMPOISONNKMKNT PAR L ARSENIC DH COMPAGNIKS DE PERDRHACX TROUVKS MORTS SDR LE TERRITOIRE Di LAVANNES, PP.ES REIMS. J'ai eu ['occasion, depuis noire derniere seance, d'obscrver un fail v raiment digne de Taltention de I'Acaderaie. Des pcrdreanx furenl irouves morls sur Ic terri • toite de Lavannes ; une premiere fois vingl-cinq: une seconde fois douze. c'esl-a-dire des compagnies enliercs. Surles douze derniers, deux me furenl remis pour Irs examiner: ils elaient empoisonnes par ['arsenic, — J'ai conslale ce result at en faisant usage de la melhode indiquee par I'academie des sciences el donl la siirele est bien connue. L'empoisonnemenl pouvail filre attribue a deux causes; la premiere a I'influenee des bles cbaules a facide arsenieux ; la seconde a faction des pdles arsenicales donl Tusnge esl Ires repandu en ce mo- menl | our la destruction des souris. — Bicn qu'il v eul pen d'imporiaiue an point de vue de la se- curity publiquc a recherchcr laquelle des deux causes — 109 — avail ici produit ses effets , j'ai cm qu'il n'elail pas sans inlorcH oopendanl dc determiner exactcment la veritable mesure de I'aclion de chacune d'elles. II me parait certain que le chaulage tel qifon le pratique , en ce moment, dans une grande pirtie de la France depose stir les grains une assez forte pro- portion de maliere arsenicale pour expliquer I'accidenl consigne dans la presente note el je crois utile de presenter sur ce point quelques reflexions dont on pourra juger la vuleur dans un instant. Void d'abord pour completer I'expose des fails: les me^hodes de chaulage varienl pr.sque a I'infini ; ou pour mieux dire chacun a sa melhude; une fois I'arsenic enlre les mains du cullivaleur. il n'y a plus de regie , en general, el (operation du chaulage ou du melange avec le grain se irouve, le plus sou- venl , fuile sans mesure precise. — J'ai consulle un des plus habiles agriculteurs de noire vi lie : voici les proporlions qu'il emploie: 100 a 150 ^r. d'arsenic par hectolitre de ble. — D'apres ces nombres il esl facile de calculercequ'un grain de ble chaule renferme d'arsenic En effet, il faul a peu pres 13 heclolilresde ble pour faire un poids de 1.00) kilog.; un hcclolilre de hie pese done a Ires peu pres 77 kilog. ; 150 gr. d'arsenic par hectolitre donneiil ainsi 1 gr. 95 cenliemes ou environ 2 gr. d'arsenic par kilog. de ble. — D'un aulre cole i kilog. de ble represenle de 18 a 19,000 grains: car le poids de 2 series de 100 grains a ele 5,4335 el 5,1735 gr.; d'apres la premiere pesee i kilog. de ble conlien- druit 18.40i grains, el d'apres la seconde 18,270. — Dans le premier cas un grain de hie chaule renferme 0 milligramme 106 et dans le second u, 1 07, — 110 — ou en d'aulres termes, 10 grains de ble contiennent 1 milligramme et un dixieme (Tarsenic. Dans de telles circonslances , le ble chaule pout il occasionner la morl d'un perdreau? — J'ai Irouve dans le gesier de Tun dcs deux oiseaux 40 grains encore distincts, presque enliers, ct dans celui du second 44. — Or 40 grains contiennent 4 milligrammes 4 dixiemes ou 4 milligrammes 1/2 d'arsenic. — Je crois celle dose plus que suflisanle pour leur donner la raort. Si le grain avail fait partie d'une pate destined aux souris , il eul renferme beaucoup plus encore de substance arsenicale. Le mfime agriculleur que j'ai cite se sert d'une pate composee de la maniere sui- vanle : 3 kilog. de faiine m^les a une bonne cuilleree d'arsenic ( environ 1 00 gr. ) , forment avec un peu d'eau la pate necessaire pour recouvrir 4 litres de grain ou a tr6s peu pres 3 kilog (3,08). — Il est facile de calculer d'apres celte formule et lcs nombres qui precedent que 40 grains de b!6 pris dans celle pdle contiennent 36 milligrammes d'arsenic. Or, celle dose est a tres peu pres la moilie de celle qui donne la morl a un homme. Que les perdreaux de Lavannes soient morts par l'effel du ble chaule ou des pates destinies aux souris, il en resulle toujours celle consequence que les per- dreaux de nos marches peuvenl aujourd'hui faire courir aux consoramaleurs un veritable danger. — La vente de Tarsenic n'a du resle aucun motif d'excuse , car le chaulage s'execule lout aussi sim- plement et avec autant d'e(Bcacil6 par un melange de sulfate de soude el de chaux fraichemenl eleinle. — C'est ce que I'experience a depuis longtemps — Ill — demontre, comme ancim agrjculleur lanl soil peu instruit ne 1'ignore. Maintenanl je souraellrai a PAcad6mie quelques observations Ires courlcs sur la |iuissance vencncuse des composes arsenicaux. Aucuo auleur nc se pro nonce exactemenl a eel egard. J'ai enlendu souvenl professer I'opinion que I'acide arsenieux a la dose d'un grain a un grain el demi ( do 52 a 79 milli- grammes) , peul dormer la morl arm hortme. Mais il faut entemlre que le principe nest pas absolu. — S'il s'agit d'un homme en bonne sanle le principe esl cerlain el il serail superflu de rappcler des exemples : malheureusement i Is sonl en foule. — S'il s'agil au conlraire d'un malade, les effels chan- gentet d'une facon bien singuliere. Ainsi la llierapeu- lique fail depuis longlemps usage , el avec un succes remarquable , de Tarseniale de polasse conlre les Gevres inlermillenles. Ce sel esl beaucoup plus so- luble que I'acide arsenieux el reganle par celle raison comme beaucoup plus redoulable. Cependanl on Temploie a des doses Ires forles. Voici par exeraple une ordonnance que je transcris teUuellemeol : 500 gr. d'eau. 30 cenlig. arseniale de polasse. donl on prendra IS cuillerees par jour. 12 cuillerees represented environ el au moins 210 gr., c'esl-a-dire a Ires pen pres la moilie do liquide ou 15 centigrammes d'arseniite de polasse. — Or, en tenant comple de la composition dft cc sel il esl Facile dereconnatlre qu'il conlienl .">.> pour too de son poids d'acide arsenieux el que IS centigrammes d'arseoiale de polasse equivalent ainsi a un pen plus de 8 centigrammes d'acide arsinieux , ou justcmcnl — 142 — a lu dose consideree coniinc assez puissante pour causer la mort dun horame sain. Par ce raisonnemenl , je nentends pas dire que l'arseniate de potasse doit agir rigoureusement en raison de I'acide arsenieux qui est cense en faire partie : seulement , puisque c'est bicn evidemment la maliere arsenicale qui donne les qualites vene- neuses , il faul dabord en prendre une egale quan- tity pour comparer entre eux les composes de Tarsenium (1). Je pourrais citer un Ires grand nombre d'exemples de formules oil la quanlile d'arseniale etail aussi forte ( l'eraploi de l'arseniate dale au moins de 1819). Et je puis assurer TAcademie que jamais il n'est resulte de Temploi du sel aucun accident , que jamais il n'a m£me ele observe de sympiomesd'empoisonnement. Ainsi Taction des malieres arsenicales presenle de grandes differences suivant l'elat palhologiquede Tin- dividu qui les absorbe. — Si nous joignons a cela cetle influence du temps consacr6 a 1'absorplion qui rend Faction du poison d'autant plus faible que ce temps a ete plus long el qui permet ainsi d'en avaler des quantiles de plus en plus considerables, nous en pourrons conclure, ce me semble , que Taction des poisons meriterail de nouvelles Gtudesdirigees surloul dans le sens inlique par les observations qui prece- dent. (1) Les chimistes appellent arsenic le corps simple qui fait la base des composes arsenicaux -. dans le commerce on donne le meme nom d'arsenic a I'acide arsenieux. Pour faire cesser cette confusion , je propose d'appeler le corps simple artenium , ainsi que je le fais dans mes cours depuis plu- •ieurs annees. 113 — Lecture dc N. Henriol atne. RAPPORT SUK UNK VARIETE DE LAPINS BLANCS. Dans Tune de nos dernieres stances , un de nos collegues soumit a l'Academie un echanlillon de poil de lapins d'une blancheur et d'une finesse re- marquables, provenant de lapins eleves par M. I)u- pont-Bouilly de S'-Brice. Vous m'avez charge d'aller au nom de TAcademie rendre visile a ces genlils animaux, et de vous en enlretenir a la reprise de vos travaux. La famille de lapins dont il est question, n'esl pas en- core bien nombreuse , elle nese compose quede neuf a dix individus, bien loges, bien nourris, bien choyes, surtout par Mme Dupont qui les eleve en verilables enlants gates, auxquels elle ne refuse ni friandises, ni sucreries. Le pelage de ces lapins ne ressemble nallemeol a celui des lapins dils angoras, leur poil esl plutOl un veritable duvet auquel se trouve minos. Ici au contraire , I'neil esl dun noir vif el ,igrea- ble a voir. — ue — Tels sonl les renseignements que je puis dormer a I'Academie surcclle inleressanle famille de lapins. Je me liendrai au courant des experiences de M. Dupont, des requitals qu'il obtiendra , el je vous en rendrai comple immedialement. II est a de\sirer que les efforts de Af. Dupont soienl couronnes de succes, il doterail I'induslrie agricole d'un produil nouveau qui viendrail pren- dre place dans Pindustrie manufacluriere. Un jour viendra peul-6lre ou nos elegantes orneront leurs jolis bras de soyeuses mitaines el leurs blancbes 6paules de schalls el d'e"charpes fabriqmis avec ce duvet si remarquable, qui remplacerail loulefois plus facilement le cachemire que la laine. Mais quelque soil le d6veloppemcnt que pourrait prendre ce nouveau produil, nos cultivateurs pcuvent sans crainte conlinuer a bien soigner rexi)loilalion de leurs bergeries. Les charmants lapins dont je vous enlreliens , ne feront pas disparailre de la Champagne les moutons que Ton y eleve en si grand nombre. — 117 — Lecture de $1. V. Tourneur de l'archkologie a l'acadkmik DK ItKIMS. Messieurs, [.'indulgence avec laquelle I'Academie a bien voulu accueillir, il y a deja un certain lemps, Quehjues etudes sur les vitraux de la Culhhlrale de llrims , m'a d6ler- min6 a pousser plus loin mes recherches , et a examiner encore avec lout le soin donl je suis capable, les autres peinlures sur verre que renferment les eglisets de notre ville. El, je le llirai sans plus de pr&unbule , je crois aoir 616 dedommage" de mes peioes par les choses vraiment curieuses , utiles, imporlanles, uniques peul- meat a farrete ministeriel du 6 decembre 1841, dans le but de • travailler au deloppement des sciences, des arts et belles-lettres, » et surtout de recueillir et de publier lesmaieriaux qui peuvent » serrir a I'hisloirfl du pays. > ( Annates de I'Academie, tome i. page 1 1 . — 121 — propos6des recompenses pour la solution de questions arcbeologiques. Oui , Messieurs, encore une fois, farcbeologie pren- drail une large place dans vos travaux ; nous enten- drions souvent lire ici des monographies comme celle de St-Nicaise (1), des discussions savantes , profon- des , animecs et courloises pourlant , comme celles que provoqua le emplacement des tapisseries de la Calhcdralc de Reims (2), ou one seconde hisloire des Benediction dc la Champagne to), je m'en consolerais! Je dirais, et vous diricz avee moi, que nous remplis- sons les vues de nos honorables fondateurs, que l'Aca- demic vit, et qu'elle marche d'un pas ferme vers le but assigne a ses travaux. Mais est-il vrai que jamais vous ayez eu , je ne dirai pas a vous plaindre , mais a vous rejouir de cette surabondaucc de travaux arcbeologiques? L'arcbeologie a-l-elle done jamais envabi a lei point nos seances qu'il ne restAt plus de place pour les autres communications? Voire ordre du jour n'a- l-il pas toujours cle libre et ouverl a tous les tra- vaux qui ont voulu se produire? N'esl-il pas vrai que jamais, ( et je ne crains pas d'cHrc conlredil) jamais, men;oire scienlilique ou autre iva ele force de reculcr devant 1'arcbeologie ? D'aillcurs, inter— rogez vos annates , les comptes-rendus de vos se- cretaires, el des chiffres eloijuents viendronl vous repondre. Voire premier volume renferme i9 tra- vaux dilVereuts dus a la plume de divers academi- i UoMOCBAPaiB I)k st-MCAisR, par M, I'abbi Xanquette Annalcs dc I'Academie, lome u, page 2:i!i). (V) I'ar MM. L Paris, L. Fanakt, et He nut', (ibid, lome i, page 269. (3)Congre* tcienilfique de France, xm* session, |>ar M.Itandcrille 14 \±2 tiens; il y a 5 sujols orcheologiques ; le T en a 2*2 dcnl 4 aicheologiques ; dans les anuses suivantes, jusqu'a el y compris 1'annee 1847, la proportion esl ii peu pres la m£me. Me jerni-je trompe sur le sens du mot eclipse" , dans la phrase de voire ancien secretaire? Serail-ce par leur 6clat , leur lustre, leur science, que les Ira- vaux archeologiqucs auraient eclipse les aulres? Ce n'est point a moi d'en juger. Franchement, je pense que cela n'e.»( pas; mais si cela elait, qui aurail le droil de s'en plaindre? 11 esl done regrettable qu'un secretaire de l'Acaddmie soil venu dire dans un comple-rendu ofliciel que Parcheologie a, pen- dant un temps, eclipse vos aulres travaux. 2C Peut-on lui faire un reproche d'etre en faveur avpres de quelques esprits superficicls ? Pas d'avanlage, ce me semble ; car, c'esl un pri- vilege que Parcheologie partage avec toules les aulres sciences sans exception , el qui, par consequent, ne peul auloriser a rien conclure de defavorable conlre elle. Examinez, Messieurs, ce qui se passe, ( j'em- prunle celle reflexion a un profond pbilosophe de noire siecle ) ( 1 ) et vous verrez que deux especes d'hommes tr6s ditTerentes Tunc de l'autre s'occupent ou semblenl s'occuper dans le champ de la science : les savants seiicux et les amateurs. Les premiers rechercheul Tinslructiondans Petude , ils eludienl pour savoir ; les seconds eludient pour passer le temps, ( grave affaire , dnormc embarras , pour la pluparl d'enlre eux)! Les homines studieux creusenl, fouillenl profondemenl le sol; heureux quand (t) Gioberti. Introduction a ietude de la philosophic ( tome 1" page 4 ). — 193 — ils out pa defriiher par un labcur opinidtre quelque lerre encore inculte. Les a ma tears se promenent en respiranl a 1'aise dans des allees, bien sablees, bien battues; el e'est pour eux un grand elTorl que de se baisser seulemenl pour cueillir quelque flear. — Lire, pour s'amusor ou s'endormir; connnilrc la surface dun sujel pour en causer bien ou mal ; juger avec l'imper- lurbable aplomb de riiomme qui n'eotrevoie memo pas les difliculles , les questions les plus obscures , les plus hardies ! se tromper grossieremenl , prendre cent fois le Pyree pour un liomme, el compter les magniliques arches du Pont-Euxin , voila le role des amateurs. — ROle facile , agreable, sans con- sequence, el donl on peut conccder facilernenl l'excr- cice a ceux qui ne veulent point en abuser pour imposer aux autres leurs opinions, el pour s'attribuer une importance immcrilec. — L'archeologie a ses amateurs, nombreux, aclifs, opinnltres, qui en doute? - Gens qui se croient bien savants, parce qu'ils sont parvenus a dislinguer sans trop de peine, un plein cintre d:une ogive ; une eolonne dun pilier, le style d lancelte du style flamboyant , el qui sous ce beau prelexle s'en vont s'extasier nai'vement a Taspccl des arceaux d'une voiitc pretendue romaine ou romane (commc ils disenl en se rengorgeant), en presence du macon [qui les bAlis. — Mais la politique, cede science du gouvernement des peuples , qui faisait le desespoir des Richelieu el des Colberl , n'a-l-ellc pas ses amaleurs, refaisant avec aplomb la carte de I'Europe sans se douler meme des complications inli- nies, d'antagonisme et de sympalhie, de rivalile el d'inlerels, qui doivenl a jamais uuir on separer les peuples et les nations ? — 124 — La straltgie . cctte science d'Aleiandre , de Cesar, el de Napoleon, n'a-l-elle pas ses amateurs qui, sur le sable de nos promenades , font execuler chaque jour durant de longues heures, des manoeuvres im- possibles , a une cavalerie el ft une infanterie ima- ginaires. La science auguste des Cujas el des Domat a ses amateurs, Vhisloire, la theologie, la philosophic, la medecinc mCme a les siens, sans que >ous puissiez en ricn conclure de defavorable contre elles. Et pourquoi done reprocber a l'archeologie un fail qui ne lient pas a elle, doot elle n'esl pas la cause , ni la seule aflligee? Oui , jc le comprends , on pourrail bMmer l'archeologie si elle etail necessairement , inevilablemenl frivole ct superficielle , si elle n 'avail ni but certain, ni methode sure, ni resultats utiles, mais il s'en faut de beaucoup qu'il en soil ainsi 1 Son but, e'est d'eludier[et d'expliquer l'ant iqo.it e par les monuments , de completer I'hisloire en nous montrant sous lous les aspects , les bommes que nous ne voyons sans elle que sur I'agora , le forum, ou le champ de bataille. Elle nous apprend ces mille riens qui out sur les evenements les plus graves consequences. Elle nous initio aux secrets des meeurs, des usages , des coutumes de lous les siecles , en rebatissant pour nous, les temples, les palais , les maisons detruiles. En nous montrant le romai o , le francais du moyen-clge avec ses habits , ses meubles, son langage , ses habitudes les plus familieres , el par la I'hisloire est pour nous moins obscure. Elle nous aide a lire sur les murs de nos vieux edifices, noire hisloire , nos dogmes, nos mysleres, el sans elle ces innombrables sculptures irauraient pour nous ni sens ni beaule. Elle explique les inscriptions , — \2b - traduit avec Champollion les hieroglyphes , el I OS vieux si6cles revivent pour nous. Kile compare lea eeuvres de larl dans tous les lemps el chez lous les peuples ; ['architecture, la sculpture, la peiolnre, la musiquc ; el nous apprenons a comprendre el a reproduire le beau el Futile. J'irai plus loin , Messieurs , el je vous dirai ce qui nous attire, nous preires , vers I'archeologie ; c'esl que d'avance , loules nos sympathies sonl acqui- ses a lout ce qui esl bien, a loul ce qui esl beau j c'esl que charges d'enlrelenir , de garder el d'orner nos eglises, nous voulons pouvoir le faire avec in- telligence et avec goiil : c'esl que passant pourainsi dire noire vie clans ces mOmes eglises, nous voulons pouvoir lire, comprendre, interpreter, sans que la science nous desavoue les objels qui s'y renconlrenl, tableaux , slalues , lapisseries , inscriptions , manu- scrils, bas-reliefs. Enfin, ct surtout, c'esl parce que snr les front >ns, el dans les voussures de nos basi- li(]iies , ellc nous fail lire clairemenl des dogmes que les sieclcs poslerieurs onl nies. C'esl qu'elle nous monlre dans Irs cataco robes, dans les cryples du moyen-tlge, la preuve el la confirmation de noire foi , ^explication el I'origine dun grand nornbre de nos ceremonies, de nos usages, des lois de noire liturgie, d'autanl plus chores el plu* venerables pour nous que la source en esl plus lointaine, plus sacree, puisque je la u>i> decouler de telle pierre venerable sur laquelle e^t balie I'eglise, el que les apOlres et le Sauveur sonl as>j> aupres d'elle. En depit des amateurs , I'archeologie esl done utile, grave, serieuse, et peut Aire Berieusemenl Irailee. Nommorai-je pour le prouvei les foudaleur* el les — 136 — rnnfires de la science nrtheologique ? Gmvius el Gronotius , avec leurs volumincuses collections ; — Mabillon, la gloire de noire pays de Reims , jeune novice de noire monaslere de St-Remi; — Montfaucon, Thierry Ruinart el loule cetle forle el savanle ecolc des Bcnediclins donl te nom est devenu sy- nonymc d'areheologue el de savant, Caylus , Bar- thelemy, fauleur d'Anacharsis , Maffei , ingenieur habile quoique areheologue ; el ce Champollion jeune, OEdipe merveilleux qui a su decouvrir Politique Egyple , en en dechiffranl les hieroglyphes , el que l'Juirope entiere nous envie. Ah! jc lc sais Ires Lien, lous les archeologues ne sontpasdes Mabillon , des Champollion ; pas plus que tous les chimisles ne sonl des Gay-Lussac, tous les jurisconsulles des Papinien el des Ulpien , lous les medecins des Hippocratc , lous les archilecles des Vitruvc el des Lihergier , lous les ingenieurs des Archimede, lous les predicaleurs , des liossuet ou des Jlourdaloue , ni lous les professeurs des Luce de Lancival ou des Rollin; car il y a bien des degres a franchir pour arriver a la perfection , el il n'esl pas donne a lous les siecles de conlempler ces genies sublimes qui n'apparaissenl de loin en loin au-dessus des generations que pour leur servir de guides , comme ces phares protecleurs qui s'elevenl si haul sur les cotes de l'Ocean , pour guider plus sure- ment et de plus loin les navigateurs vers le terme ou ils aspirent ! Mais cela n'est point necessairc pour f; ire bien ! Oue l'archeologue soil patient, conscicncieux, exact; qu'il sache dans ses appreciations et ses jugements ne point sYlcvcr au-dessus de ses forces , el il pourra rendre encore de grands el d'uliles services. — 127 — D ailleurs , eomme les sciences non positives , comme la physique, conimc la medeeine , comme laslronomie , comme I'hisloire , larcheologie se base sur les fails ; c'est de 1'elude, des rapprochements , de la comparaisou des fails qu'elle lire ses conclu- sions, ses inductions, ses regies, ses principes, ses axiOmes. C'esl toujour* une conqucle pour la science que Tobsi i vation medicale , exacle et precise d'un phe- nomenc nouveau; que 1'elude dun nouvel aslre , d'une planle nouvelle. C'est un jalon laisse sur une route inconnue et qui menera plus lard a d'autres decouvertes , ou qui fera passer a fetal de fail acquis, de certitude, ou de principe ce qui ifetait auparavant qn'tin doule , une conjecture , ou une simple probability. Que farcheologue modesle mais non superficiel recueille el precise ces fails certains ; qu'il eludic longlemps, avec fatigue, avec patience; el il cntieverra a la longue ce qn'un grand mattre aurait rcconnu dun seul coup-d'ceil. La peine qu'il aura prise sera recompensee amplemenl par la satisfaction si douce d'avoir fail une decou- verle interessanle. Un autre, un Mabillon, un Cham- pollion , un de Cauniont lirera parti de sa decou- verle , el ainsi il aura ele utile. Simple manoeuvre dans la construction du temple sublime , il a'aura pas don nt: le plan, sunville ('execution , portc dans les airs comme Michel Ange le Pantheon qu'Agriopa avail post sur la lerre , mais il aura fourni sa pierre, et selon sa capacile , sa force, son talent, il aura sa part obscure, mais reelle, dans lVuvre accomplie. Que conclurai-je Messieurs? Que uon-seulemenl — 428 — l'archeologie n'a point eclipse vos Iravaux ; mais encore qu'il ne faul ni la bldmer, ni la dedaigner, ni la plaindre , si quelques esprils superQciels lui accordent leur faveur : ct que , ces doutes expliques, ces scrupules leves, nous oserons user encore, (abuser peul-etre) de voire indulgence, pour vous rendre comple de nos recherches sur les vitraux de Reims, el en particulier sur ceux de Sainl-Remi. — 129 - Lcctnrc de N. VHIy. OBSERVATIONS S0R L'bMPLOI DO SOLFATK DAMMONIAQUK KN AGRICULTURE. Dcpuis plusieurs annees , la science sYsl preoc- cupee de l'emploi du sulfate d'ammoniaque en agri- culture; bien des essais ont ete tentespar des savants, par des agricullcurs , pour s'assurer des services que scrait appele a rendre ce nouvel agent reproducteur ; plusieurs memoires pr6senles , il y a deja quelques annees, a l'Academie des sciences relalivement a cet objet, ont annonce, les uns qu'il etait appele a rendre les plus grands services a rogricullure ; les aulres, qu'il etait un poison pour les planles , et qu'il n'etait possible de I'employer que dans des propor- tions tcllement minimes , que son action etait presque nulle, ou du moins incontestable : lelles etaient les conclusions d'un memoire presente, le 0 fevricr 1843, par M. Boucbardal, pbarmacien en chef de I'holel- Dieu de Paris. Je commence par poser en fait qu'il est impos- sible de s'arreHer , d'nne mani6re absolue , a I'as- sertion de M. Bouchardat . dont les experiences , je le reconnais . ont ele faites avec beaucoup de pre- cision , qm» les scls nmmoniai on los prenait a la lellre , it s'ensuivrait la condamnalion absolue de leur cmploi en agriculture , cl je me demande , en consideranl la valcur de cetle decla- ration , si de pareils essais fails sur des plantes d'une lonle autre na'ure que les cereales, sonl sans replique ; je ne le pense pas. En effet , il ne faut pas considerer les m£mes fails comme devant se pro- duire , en presence de tous les vegetans que Ton voudrait soumetlre a l'experimenlation des sels am- moniacaux. Je suis loin de croire que loutes les cereales en general soienl aussi sensibles a Tinfluence des sels ammoniacaux , que les diverses raenlhes qui onl servi aux experiences de M. Bouchardat. 11 est incontestable que chaque espece de vegelaux peut vivre dans des conditions differentes et avec des ele- ments tous differents, et cela est si vrai , que la culture sait Ires bien profiler de ces fails pour va- rier ses assolemenls el ne pas presenter au meme terrain deux ou trois fois de suite la meme planle. •Ten concluerais done que M. Boucbardat peut avoir raison quant aux fails qu'il annonce , d*apres les essais auxquels il s'est livre ; mais je dis quil se irompe , quand il generalise l'influence pernicicuse des sels ammoniacaux en agriculture. Depuis M. Cbalenneman , membre du conseil ge- neral du Haut-Rhin et directeur des mines de Boux- villers, apres avoir experimenle la puissance ferli- lisante du sulfate d'ammoniaque , annoncail en 1845, sur diverses publications , que le nouvel cngrais , contradicloirenvnt a l'opinion emise par M. Bou- chardal, elail appele a rendre les plus grands ser- vices en agriculture, par rapport a sa promple assi- milation avec les vegetaux. — 151 — L'agricullure , en presence de ces deux assertions conlradidoircs , s'est livree a quelques experiences pour eclairer la question et voir sil y aurait uliliie et profit pour elle dans l'emploi du sulfate d'am- moniaque. Diverses localiles de la France en ont essaye , bien des hesitations ont cu lieu au debut, et les essais n'ont pas toujours repondu am sacrifi- ces fails. Les experiences n'en ont pas moins etc con- tinuees , et si la question est encore pendante, cela ticnt a des considerations particulates que je ne veux pas rechercher , quail I a present, mon but etant principalemcnt de publicr les resullats que j'ai ob- lenus moi-mfime dans les divers emplois que j'en ai fait en agriculture. La question n'en est pas moins toujours pen- dante , car l'emploi de cet agent corame engrais ne s'est pas generalise , a I'exceplion de quelques- localites de I' Alsace et de la Lorraine , oil de nom- breuses experiences ont ele tenlees. Je puis encore citer les environs de Provins , oil il a ele utilise' snr une assez grande echelle , el oil il a ele oblenu quelques resullats avantageux de son usage. II faut aussi reconnailre que les cultivateurs ont 616 si souvent victimes de leurs essais , qu'ils ne se deci- denl a les continuer que d'apres des resullats ap- puyes sur des fails certains. Je ne sache pas que dans notre department on ail fail l'emploi du sulfate sur une echelle impor- lante : aussi , depnis quelqaes annees , j'ai voulu experimenter moi-mgrae ce nouvel agent. Bien que j'aie varie les quan tile's employees , je n'en ai pas moins toujours pu conslater son influence Mir la vegetation pour les bles. J ai choisi . a eel effel . on — 1.V2 — terrain de la conlenance de cent meires carres , quo j'ai ensemence en ble sans y meltre de fumier. J'ai fail labourer ce terrain, puis on y a seme le ble; une fois le ble enfoui , on a repandu sur le terrain ensemence la quantity de 5 kilogrammes de sulfate d'ammoniaque ; eelle quanlile devail suffire au developpemenl de la planle pendant lhi- ver : le b!6 a leve sans presenter d'abord une ve- getation aussi vigoureuse que dans le fumier ; au prinlemps (en mars), j'ai fait semer de nouveau 5 kilogrammes de sulfate , ce qui portait la quan- lile employee a raison de 100 k° par hectare . se- m6e en deux fois. Les pluies de cello saison ont bientot dissous I'engrais et fail p£nelrer dans le terrain . aussi lc ble sYst-il bientOt apres d6veIoppe en suivanl loutes les phases ordinaires de la vege- tation propre a celle sorle de cereale. Puis la moisson est arrivoe ; la portion de terrain ensemencoc fut moissonnee et contenail, pour les 100 moires carr6s , 8 douzaines de gerbes , que j'ai fail ballre separe- ment. Ces 8 douzaines m'onl rendu en grain crible 12 doubles d£ca!ilres , on 240 litres , pesant 1 15 k°. Tels sonl les resullals oblenusla premiere annee, el comme je tenais a conslaler que I'efficacite du sulfale d'ammoniaque eiail reelle , j'ai pense qu'il fallail experimenter plusicurs ann6es de suite, aussi ai-je rosolu de renouvelcr mes experiences. Le meme terrain qui venail de produiro huil douzaines de gerbes de ble , ful laboure et ensemence de nouveau en ble. Cetle fois , au lieu de semer le sulfate d'ammoniaque sur le terrain, j'ai fail dissou- dre les 5 k" de sulfale dans I'eau aecessaire pour ehaoler \\e grain , et j'ai laisse le melange reposer — 135 — pendant 10 a 12 heures, pour permetlre a Teau de penetrer le grain. Puis le terrain recut le bid im- pr£gne de sulfate d'ammoniaque, bien que la terre fiit dans de manvaises conditions de rapport pour du ble, puisqu'ellc venait d'en produire, el que ce mode d'assolement est toujours evile avec soin. J'elais done, par ce motif, dans une condition de- favorable pour faire un nouvel essai , je devais ne- cessairement augurer favorablemcnl du sulfate, s'il parvenail a me fournir une seconde recolle ; le ble, celte fois, se leva bien et I'hivcr se passa sans que Ton put remarquer ricn dans la vegetation qui ne fill ordinaire. Au prinlcmps, je fis semer les 5 kilogrammes de sulfate pour completer la fumure, a raison de 100 k° par hectare; le ble se developpa d'abord comme l'annee precedenle. A ['aspect du terrain garni de scs liges, il etail facile de remarquer que la vege- tation au prinlemps n'elait pas aussi vigoureuse que la premiere annee , la p'nllc poussa moins elevee quoi- que assez bien fournie, la moisson ful faile ; el j'ai pu constaler ic meme rapport qne I annee precedenle, c'esl-a dire 8 douzaines de gerbes de ble; le ble battu elail de qualil6 ordinaire , et presentait a peu pres le meme poids que Iann6e precedenle. [/experience faile, dans ces conditions , avec des resultals identiqaes oblenus pendant deux annees conseculives, ne pouvail pas permellre de douter un instant quo le sulfate d'ammoniaque ne fiit un agent prdcieux pour ['agriculture , el qu'il ne peul 6lre appele quelque jour a jouer un rAle important comme engrais. Ces deux recollps successive* prouvenl suffisam- — 13/i — mcnl qu'il y a eu action de la part de l'agciil employe , puisque le ble a pu pousser et suivre les conditions d'une vegetation ordinaire , tout en donnant des resullals avanlageux. Cent k° de sulfate represented une defense de 55 a 60 fr. , suivant le cours de celte marchandise; ce serait done une depense fort minime pour un hectare de terrain fume de eclle maniere , puisqu'il arrive qu'elle peut s'elever quelquefois jusqu'a 900 fr. par hectare , en fumier ordinaire : il est facile de voir quelle enorme difference enlre Tun el I'aulre engrais. On comprend facilement que si Ton devait lou- jours agir de cetle maniere et dans de telles condi- tions , il y aurait toujours profit a le faire. Je de- vais neanmoins , pour me fixer d'une maniere cer- taine, varier l'emploidecet engrais. Je Tavais utilise a raison de 100 k° par hectare ; il me restail done a diminucr ou a augmenler la proportion a employer. Je possedais un terrain de luzerne; celte piece de terre , de la contenance d'un demi-hectare , avail hesoin d'etre relourne"e , car elle avail produit quatre an- n6es de suite ; e'est ordinairement la pCriode utile; je la Qs labourer, el me decidai a y semer du bl6. Je n'avais pas la cerlilude d'operer surement , ce- pendant je pensais avoir plus de chances , par rap- port aux debris vegtslaux que laissent toujours aux terrains les pieces de luzerne relournees. Aussi ai-je r6solu tout d'abord de n'employer le sulfate qu'a raison de 50 k° par hectare. Je fls dissoudre dans l'eau 12 k° 500 grammes de sulfale pour chauler mon ble, qui fut scm6 tout impregne du liquide. Le terrain labour^ recut la — 135 — sentence , et le grain fill enfoui a la herse. II leva bien ; Driver se passa, puis au printimps je fissemer les 12 k° 500 grammes pour completer la qaanlite de 50 k° par hectare ; la vegetation ful belle , le ble elait pousse reguljer el assez fourni ; il s'est bien soulenu jusqu'a sa malurite, quoique la plupart des bles cetle annee fussenl verses. La piece pre- senlail une reeolle superbe, et un aspect lout-a-fail idenlique aux beaux bles oblenus sur fumier. La depense, pour cette contenance d'un demi-hectare , ne s'elevait done qu'a 25 ou 30 fr., ce qui est fort modique. En general, on fait peu de ble, dans noire loca- lity , sur des luzernes retournees , landis que cela se pratique assez frequemmenl sur des trelles ; cela lient que , dans le premier cas , il n'y a pas sou- vent avantage a le faire , landis que , dans le se- cond cas, il y a presque toujours cerlitude de reus- sir , en ajoulaut un peu de fumier , un quart do fumure ordinaire. Je devais ne pas oublier de dinger mes experien- ces encore dansces conditions, l'occasion s'en presenta a Taide d'une personne qui avail une piece de lerre a semer en ble, et provenant d'nn (rede bon a relourner ; je conseillai I'entploi du sulfate d'am- moniaqne , a raison , cetle fois encore , de 50 k° par hectare ; je rerais a la personne du sulfate dans la proportion de 25 k° par hectare pour chauler le grain ; l'autre moilie devant Aire employee au prinlemps. Cetle fois encore j'eus une p reave de plus de I'efficacild de Tengrais , bien qu'il flit , en proporlion , lr6s reduil. Le ble leva bien , et l'hiver se passa sans encombre ; an prin temps , la — 136 — vegetation devinl teilemenl vigourease, que Ton dill renoncer a scmcr sur la piece le reste du sulfate. A la moisson , le ble ful beau el d'un rendement superieur a lous les essais dout j'ai d6ja donne le detail. Ainsi done, dans toutes les conditions ou j'ai suivi les experimentations, j'ai pu conslaler une action reelle du sulfate d'ammoniaque sur la vegetation des bles. Bien que je n'aie pas experiment^ sur d'aulres cerea- les, je ne doute pas un instant que les mfimes re- sultats ne puissent Otre obtenus en agissanl dans les memes rapports; je considere done le sulfate comme un agent de reproduction , qui deviendra quelque jour d'une grande ulilile en agriculture, quand on aura bien etudie ^es effels comme engrais; je serais assez porte a croire que nos terrains cal- caires des environs de Reims, lui viendront en aide d'une maniere fort avantageuse. En presence de la craie ( ou carbonate de chaux), qui forme la presque totalite de la composition des lerres des environs de Reims, la decomposition du sulfate d'ammoniaque en carbonate de la mfime base, est pcrmanenle et ne cesse de se reproduire, pour former du sulfate de chaux ; le carbonate d'am- moniaque est d'une alimentation facile pour les vegetaux , en ce qu'il leur fournit I'ammoniaque , I'acide carbonique , Thydrogene et l'azote : tous ces differents gazs sont des elements essenliels a leur nourrilure. Je ne saurais trop insisler , en outre , sur 1'em- ploi que Ton pourrait fairc du sulfate d'ammoniaque pour le ehaulage des grains , a raison de 20 a 25 k° par hectare de lerre ; ce ehaulage ne pr6sente aucun •_ 137 — ganger ; il suffil de dissoadre le so! duns I Can liede el d'humecter le grain par la solution. L'odeur desa- greable que presence le sel dissous el la saveur amere qu'il possede . suffisenl pour preserver le grain de 1'al- leinle garde pendanl une dizoine d'aniiecs ; qu'en lait-elle ? Que leur apprend-elle? A quoi les rend-elle propres? Que sigoiGc en un mol la teuille de p.mlirmin qu'elle leur delivre - Mid — en nous les rendant? — Avec ces forrnules , nous ne nous trouvons pas encore a I'abri eonlre les mauvais plaisanls , eonlre les esprits chagrins el dif- ficiles; inais en precisanl les idces , nous reduisons la critique a de jnsles bornes, nous cngagcons une discussion , dapres les fails cl non un combal sur le lerrain des opinions opposees. Quiconque a suivi les eludes du college, peul avoir oublie les bienfails qu'il y a recus ; le col- lege est souvenl comme la nourrice merccnaire donl on a suce la raamelle el donl plus tard , de- venu grand , on perd de vue Insistence el mcme le nom. Ajoulez a cela que Ton enseigue aujour- d'bui ou college beaucoup de chases qui ne figu- raicnl pas sur les programmes, il y a 30, 20 ou meme 10 ans ; ajoulez aussi les intentions hosliles el les mecomples , le bcsoin Ires naluicl de se donner salisfaclion a soi-mfime, en pr^lanl a pen- ser que ce qu'on sail , on fa appris seul el sans ancun secours elranger ■ — Des-lors vous ne man- querez pas de motifs pour expliqucr celle reponse qui se fail volonliers de par le mondc , a la de- mande , qu'apprend-on au college? — Un peu de lalin , foil peu de grec cl point de fraticais; ou cede autre reponse plus decisive encore : Rien , rien , rien ! On n'apprend rien au college , nean- moins tout pere de famillc , que ses moyens le lui permellenl ou le lui permellenl a peine , en- voie scrupuleusemenl ses en fan Is dans les classes ; le nombre des elablisscmenls secondnires augmenle chaque jour, loin de diminuer : voila une grave inconsequence, une contradiction flagrante enlre la conduile el lopinion , la pratique el la Iheorie. Autrefois on soulenail deja qu'on n'apprenail — U5 — rien an college ; niais a ce jugement on joignail une clause qui sauvait du moins I'honncur des mailres el les dispcnsail du sourire des augures de Rome , en se roiiconlran!. On y apprend a ap- prendre , disail-on ; mot plein de bon sens ! Car conferer I'aplilude , en d'aulres termes , develop- per graduellemenl IMotelligence el en diriger I'ern- ploi , au moyen de procedes ingenieux. el presque loujours efficaces : c'est bien la "le bul de rinstruc- I ion au college el la mission qu'on doil s'y pro- poser. Les auleurs les plus accrediles ne se sonl pas fail d'aulre idee d'une ecole. Voyez, en effel, comment procede la nalure dans l'ordre physique , el comment nous procedons avec elle. Le corps suit une marche graduee el pro- gressive dans ses devcloppemenls ; ses faculles se reglent avec lenleur, a la longue , suivanl une echelle a peu pres commune , dont l'experience a determine les degres. De noire co-te , nous n'ense- meucons pas un terrain avanl de I'avoir prepare par la cullure ; nous laillons Ics arbres el la vigne , nous leur dispensons avec art leur seve propre , nous moderons en eux I'efforl de la vegetation . pour oblenir plus siiremenl des fruits. II en esl de memc dans l'ordre moral. En entrant au college, Tenfanl apporle de la memoire , il faul d'abord la culiiver ; il a I'espril on vert, il a du bon sens, il faul le dresser a comparer, a rai- sonner, a rellecliir; il faul L'accoutamer par de minulituses operations a so rend re eomple de ses acles ; il faul demeler en quelque sorle, sous ses yeui el avec son conlr6lc , I'echeveau des iii« de sa pensee. Tel les sonl les premieres epreuves que — U6 — subil le bechelier fulur; elles comprennent I'etudc des grammaires , les themes, les versions etc,. Plus tard ['enfant devient adulte, il y a lieu de foriilier sa raison de jour en jour, d'epurer son gout, d e- veiller en lui ['imagination el le talent , quand on l'en croit pourvu : alors son travail est plus serieux, il a pour objet ['explication raisonn6e des auteurs, les compositions en vers, en prose, scion la classe a laquellc il apparlienl. Tout cela est long , fort long, et pourrait incontestablement s'abreger, mais tout cela est delicat , difficile et reclame des efforts de la part de I'eleve, de ia patience de la part du ma lire. Personne ne contesterail quil ne soil avanlageux dans la vie d'a\oir Tespril jusle et le gout exerce; de juger avec connaissance de cause el de raisonner pcrtinemment en toule maliere qui releve du simple bon sens; de possd'der les elements de I'inslruction qui convienl a l'homme libexalemenl eleve.; de ma- nier une langue par la parole et par la plume avec assez de facilite pour exprimer ses impressions en loule cirronslance , pour appuyer ce qui parail bon, pour defendre ce qui parail vrai. Cerles il \ a la de pr6cieux avanlagcs , personne ne le contesterail. Eh bien , ce sonl ceux qui forment lavaleurdes etudes de college en premier lieu; ceux que le col- lege confere dVbord au.\ bacheliers, d'apres le degre de leurs moyens nalurels, leur zele pour le travail, et aulanl que le college peut le faire , avant tout usage de la vie publique el toule ex- perience dans 1'ecolier. Nous examinerons loul-a-lheure si le bachelier ne sort pas du college avecd'autres ressources encore, vidons auparavanl le d6bal sur ce poinl . — l/i7 - Travaillcz au developpemeot des facultes autant qu'il voas plairo. objecle-l-on , mats employez du moiiis d'aulres instruments clans voire reuvre , lais— sr/. dormir en pais les langues mortcs cl cessez d'invoqiier lour spectre apres tanl de sieclcs , pour efl'rayer la jeunesse ; il y a assez d'aulres branches de connaissances donl vous userez avec plus de prolit, pour le present el pour I'avenir. On a fini par forcer la main a Fautorile en re- pliant a loul venanl que le grecel le latin nelaienl plus de saison ; elle s'esl mise a ajouter chaque annexe de nouveaux supplements au programme si simple d'aulrefois el en a fait comme le prospectus dune encyclopedic conlemporaine. Ce que Ton a ainsi gagne* en soperficie , on I'a perdu en profondeur assuremeul ; car le cerveau des eufanls ne s'est I as etendu dans la mC'ine proporlion que la sphere des eludes , el le soleil ne resle pas plus longlemps au-dessus dc rhorizon qa'il y a 30 ou 40 ans. Toujours e^ I— i I que le grec el le latin sonl loin d'occuper exclusivemenl IYspril an college. On fait encore a ces deux langues une ires large pail , cela esl vrai; el pourquoi? Parce que les langues el les litleralures grecque et latine out preside; a la formation de noire lan- gue,de noire liiierature; parce qu'ellea sonl I' expression d'une civilisation qui ful le modele de la nOlre ; pane qu'elles ont ole la formule la plus brillanle sous laquelle se soil revele le genie de I'aomme dans son essor le plus eleve; parce que enfin les peuples ni' se soutiennent pas seulement sur la base de leurs institutions da jour, mais aussi a I'aide do usages ft dc la tradition . — 148 - S'il y nvail quelque part, hod loin de nos cotes, deux iles, ou il fut dotme d'onlcndre , dans Ics idiomes les plus riches qu'on ait paries jamais , el de la bouche meme des homines que le monde a le plus admires, les maximes de la sagesse , les accenls de la haute eloquence, les grands recits de I'hisloire , les chants inspires de la po6sie : il ne semblerait pas elrange de disposer la jeunesse a visiier eel hcureux pays el a y passer de longs jours. Ces deux iles existent, Tune grecque, I'aulre latino. La feuille de parchemin deliviee aux bacheliers conlienl les lellres de naturalisation qui leur permellent d'y elablir leur domicile quand ils le veulent, d'y eludier le caroclere des habitants, leurs institutions el leurs mceurs. Mais laissons-la le grec el le latin , on ne se prend plus d'aHeclion pour I'un ou pour faulre ; il est malseanl d'en faire lY'loge. L'enseignemenl du college comprend d'aulres ma- litres en verile, il en eomprendrait meme Irop depuis quelque lemps , eu egard a la sanle el a la portee intellecluelle dans le jeune ;lye. Le contingent des sciences malhemaliques physiques el nalurelles s'esi considerablement accru ; les eludes philosophiques se sont elendues, i'hisloire el la geographie se sonl raliacbees au sysleme , avec les langues el les iille- ralures elrangeres , pour le completer. Le fardeau est devenu lourd , Ires lourd ; ma is le public se plaignail du vide des eludes, le pretend u vide s'est trouve comble. Gardons-nous dexprimer ici de trop vil's regr^ls, car ces connaissances el6menlaires dans les diverses parlies de Tenseignemenl dcviennenl plus usuelles , plus indispensables de jour en jour, — 169 — el si on ne les aequierl pas au college, on court risque en general de ne les avoir jamais. II est certain [en effet qu'engage , au sorlir ^des bancs, dans les eludes professionnelles el plus lard dans les carrieres laborieuses, telles que la magislrature, le barreau , le commerce , les arts , on peul nnirir, si on les possede., les notions scientifiques cl lille- raires donl nous parlons ; inn is on n'a plus de loisir a y consacrer , si on ne les possede pas. ties notions pourtant el ces elements generaux sonl avec la raison droite el saine , avec le jugcmenl. exerce el IClevalion des idees, c'esl-a-dire, avec les avanlages donl il a ele question deja, l'indice de rinsl ruction liberate conferee des I'enfance ; e'est le fonds commun de nos premiers ans, le Iresor de noire jeunesse, ou. se puiscnl les idees que les gens inslruils eclian- genl dans leurs relations de chaque jour et qui atlachenl a ces relations un caraclerc parliculier de distinction et d'inlerel. Grande et bien grande doit elre leur importance, car quaud ils manqueut, on s'en a per CO it aisemenl ; la plus simple conversa- tion suffit |)our Irahir leur absence. Le bacbelier a done emprunle am sciences, a i bisloire, au\ Ungues el aux lilteralures , selon la inesiiie de ses moyens ; deux motifs stimulaienl son ardeur: Pulilile pratique de 1'emprunt d'abord el les exigences du programme. Aussi, dans le di- plome qui lui est delivre, il lrou\e deja ecril sur parcliemin son droit d'inilialion dans loute society leltree, son droit de cile, parloul ou des bounties eclaires se rencoolrent. Void une objection impatienlc de se produire : il ne Irouve pas ecrit sur ce diplome , s'dcrie—l-on, — 150 — la certitude de gagoer au moins sa vie el de metlre uii lerme aux sacrifires que supporte depuis lung- temps sa faraille ! Ici nous repondons en loute humilile , non , le bachelier, en vertu de son litre, n'esl pas aple a remplir un emploi, a exercer des fonclions ; il n'est pas apte a plaider , ajuger, a guerir , a professer, a adminislrer. El pourtanl ses parents en l'envoyant au college Pont destine a quclqu'un de cos offices. L'y deslinaienl-ils immedialemenl , sans aulre pre- paration , et aussiiol ses 18 ans accomplish — Evidemment non. Pourquoi chercher ici, par un renverscmenl des principes lesplus simples, riiomme fait dans l'odolescenl ? Pourquoi pressor le temps dans sa marche , conlrc loute raison el troubler la nature si attentive , mais si lenle a achever son oeuvre? Laissez-les grandir encore ces jeunes gens, laissez-les cludier apres le college el suivre leur vocation ; ils sauronl bien aniver aux posies de leur choix , et , unc fois installes, meriter la con- sideration publique par leurs services. A entendre certains critiques, on croirail vraiment que le bache- lier est une production d'hier , pour laquelle on ne s'esl encore assure ni debouches, ni d6bil. Mais depuis 40 ans , le bachelier oecupe les premieres positions sociales , il y parvient avec les annees ; le bachelier plaide el il prficlH- , le bachelier juge, gueril , professe , administre ; quelle que soil la tflche don! il se charge, on ne remarquc pas quit s'en acquille avec moins de succes qu'on ne l'a fait a aucune aulre epoque. Ceyrief, savoir, qu'apies de longues etudes , le bachelier selrouve incapable d'exercer une profession, — 151 — est souvenl reproduil et pnisente comme sericux. Certains cspriis que prioccupe avanl lout Tiniest materiel et quo Unite dgperdilion de force ou de temps mecontenle. voudraienl voir les colleges trans- formes en ecoles professionnelles. Ah! si le pays se transformail lui-meme en un immense atelier, selon le reve tie quelques-uns ; si la Republique franchise devail ressembler a une repuhlique de castors, comme on Pa dil; oui , on ne saurait de Irop bonne heure disposer P&tne et les sens h ces nouvelles deslinees ; la spexialit^ dans le travail el la direction exclusive vers un but unique, marque davance , ne sauraienl s'elablir Irop 161 dans toulcs les 6colos. Mais que la France repudie son passe" , qu'ellc reprime ses nobles instincts et renonce au premier rang ou Inules les nations civilisees la placent , dans les sciences, les lellres el dans les arts , il n'y a pas jusqu'ici d'apparence. Prelcndre fonder des eludes professionnelles dans les colleges , sans changer la nature el le but de ees eludes , sans leur enlevcr le privilege d'acheminer la jeuuessc sur la voie des emplois sociaux les plus Aleve's, qui ont bien aussi leurs n6cessil6s : cost se creer une illusion et carcsser one tinmen-. Dans Petal acluel des choses , le college adople un enseigncmenl donl le niveau ne s'elove au-dessus d'aucune intelligence moyenne el menie vulgaire , avec-ccl'Vnsrignemenl qu'il serail facile denkluire sous le rapport de la duiee , il developpe les famlles intellectuelle*. Comment ne pas reveiiir loujours a ce point dt! deparl? il fournil.de plus les (Moments sur lesquels s'gdifie loule instruction ulterieure et s'appuie — 45k2 — loule profession dislingucc : voila loul cte qu'on rsl en droit de demander. Col enseignement primordial csl un el indivisible; il n'admet pas de categories d'eleves, d'ordres el de corporations en herbe, s'il est permis de s'ex- primer ainsi : essayez un [instant par ia penvee de Ie soumetlrc a la loi professionnelle , vous serez arnMe des Ie debut par une insurmontable difficult^. En effet, on enlre au college, de 9 a 12 ans : pour inscrire sur une lisle quelconque l'enfanl qu'on amene el pourcboisir sa filiere spcciale enlre toules, encore faudra-t-il savoir ce qu'on se propose de faire de lui. A cet age, il ne Ie dira pas lui-mOme, el ses parents ne Ie dironl pas davanlage. 11 eslbien rare que dans la vie de cheque jour, dans les con- versations de famille, aulour du foyer ou de la table domeslique, un pere Irouve Poccasion de saisir Ics tendances de son fils et d'arreter sur lui ses idees d'avenir ; ee cas est bien rare, de 9 a 12 ans ; on peut ajouter sans crainlc de se tromper , de 12 a 18. Excilee par des appels reileres , Pautoiite, dans ces dernieres annees, a fonde a cole de Penseigne- ment des huraaniles qu'elle a laisse intact, un en- seignemenl special qu'on prend I'babiiude d'appeler professionnel : il prepare a toules les professions, moins celles ou Pon ne s'engage pas sans le diplome de bachen'er; c'esl, comme on veil, abuser des mols que de lui preler cetle qualile , Penseignemenl purc- menl classique est professionnel au m6me litre. Non, il n'y a d'enseignemenl professionnel que (bins les ecoles d'arls et metiers , de manufacture et de commerce; dans les ecoles de|medecine , de -- 153 — droit; dans celles de Sl-Cyr el de hi marine; dans (out etabJissemenl enfin an sorlir doquel la volonle ayanl iixc de longue dale sa direction , leludianl n'a plus qu'a suivre la voie (ju'il s'est frayee ou a choisir enlre deui on Irois voies paralleles qui con- duiscnl a un bul analogue. Nous ne disculons pas sans digression la capacile du bachelier , c'esl-a-dire , la valeur des etudes qui le preparent au diplome ; void encore un argument que nous relevons en passant. Au milieu des demiers embarras poliliques et dans la crise que le pays a eue a traverser, croirait-on que 1'enseignement des colleges a ele mis en cause et cite devanl I'opiniou comme sterile? pourquoi ? pour n'avoir pas su produire, depuis iO ans, quHques homines de genie deslinds a ponrvoir sur-le-champ au salut public ; pour n'avoir pas mis au jour un Mo'ise au moins qui se mil a la UHe de la nation et traversal le desert avec elle ! Mon Dieu , cet argument fi- gurait encore dans les journaux de la localile, il y a quelques jours. Jamais corps enscignant , repondrons-nous , ne s'est propose, que Ton sache. de former des homines de genie; la mission des mailres consisterait bien pluldl , ainsi que nous I'avons deja dit , a venir en aide aux intelligences vulgajres , lout en secoodant , aulanl que fairc se pent , les intelligences d'^lile dans leurs premiers esaais. I.e Iresor du genie est sous la main de Dieu qui l'ouvre au profit de qui bon i 11 i semble. II n'y a done pas lieu de prendre ce reprocbe pour soi , mais bien de faire observer a ceui qui le mellenl en avanl qn'il s'a- dresse a la Providence. — 15/j — Resumon> en deux mots nos idees sur la capa- city (In bachelier cl sur sa destinee au milieu de ses concitoyens. Noire jcune homme, pourvu de sondiplome , renlre dans sa famille ou il porle la joie de son premier succes ; il n'est ni un homme de genie, ni un savant; mais a IS ans , il a le gout de la science el dcs choses 61ev6cs , une instruction deja etendue , el, pour Taugmenler, Intelligence des melhodes, l'ha- bitude de la reflexion, du raisonnemenl , du Iravail, l'aptitudc cnfin , aussi complete que possible el pr6- parec de longue main dans une t'oule d'epreuves. Alors il peut communiquer a ses parents ses idees sur le choix d'un etat el les discuter avec eux; il comprend son avenir, les dispositions heureuses cul- liv6es en lui sonl le gage de la coniiance a lui accordcr. Qu'il frequenle les grandes ccoles, les cours vraiment professionnels d'oii Ton emporle le diplomc d'cmploi : s'il resisle a l'allrail du plaisir, au cbarme de foisivete , a 1'enlrainemenl des passions de son Age, le succes lui esl assure. BienlGl signalant sa capacile dans 1'accomplissement des devoirs de son 6lat ; signalant , comme ciloyen , sa prudence el Tel^valion de son caraclere , il saura garder son rang partout el meriler parloul l'eslime publique. Nous nous sommes attache , jusqu'ici , au d£ve- loppement intellecluel seulemenl , il nous reslerail a nous occuper du ddvcloppemenl moral el a eonsi- derer les eludes classiques sous un autre rapport non moins important , el, nous le disons d'avance , non moins favorable : c'est une ta\he que nous pourrons remplir un autre jour, avec Tagremenl de l'Acad6mie. — I5,r — Communication de M. Violcltc. CON IK BI'.KTON. Dans un canlon de la vieille Anuoriquc , Enlre Quimper el la Poinle-Ju-Ralz , II est une bourgade oil, sous ses cbeveux plals, l.e Brelon porte encor la veste en peau de bique , La braie am plis floltans , suivanl la coupe antique O'un patron mis sous verre au temps de saint Gildas. La , hors la danse et certain chant bachique , On ne sail rien des choses d'ici-bas. Or un dimanche , au sortir de la messe , Pendant qu'en rond chanlait et dansait la jeunesse , Le chatelain d'alors , vieux singe a mine d'ours , A ses gars chevelus debila ce discours : Mes amis, commc tous en des temps d'abondance, J'aime a voir cette foule allluer a li danse; Mais , par le temps qui court, il faut clianger de (on : Yous savez qu'en ble noir la diselte est certaine . Que le bourg tout enlier, jusqu'a I 'an Ire moissou, N'en a point recolte pour un jour par semaine. Cependant, il faut bieu s'occuper d'y pourvoir , <°ar d'uu repas sans crepe on s'approche avec peine, Chacun , jusqu'aux enfants, y montre un esprit noir , Bt sans la crepe chaude aux jours des longues yeilles , Vos (ileuses ne font que bayer aux corneilles. Pour moi , le ciel m'a mis au rang de ses dlus , J'abonde en lout ; par(an( , vous sercz secourus. Voici comment je complc operer des merveilles : J'ai I. hi moudre apres I'oul treule sacs do ble noir ; Eh bicn , de ma farino avec une poignde , > Dans un seau d'eau bicn delayce , Ma rnenagere a fai( cent crepes i'autre soir ! t'.'ekt beaucoup , j'en eonriem , pom si pen de farine ; i. 13 - i 50 — > Mais 1 1 1 o 1 1 meunier jamais n'en a fait de plus line. • Par menage, aujourd'hui , j'en propose un boisseau ; » Qu'apres vepres on viennc apporler au chateau • La sebille on le sac , j'emplirai la mesure. Et tons de crier en ehoeur : Vive noire bon Seigneur ! • Mais attendez, dit-il , la (in de mon antienne , • Voici ce que j'entends, que chacun le retienne : ■> D'abord il ne viendra que des gens maries, » incur que ces maris qui , rois dans leur menage, i Par leur femme jamais nc sonl contraries. » J'exclus done , en tout point, les autres du partage. > On ccoutait encor ; niais noire harangueur Avail, tout ebahi , laisse chaque audileur. Ricnldt , comme la nier qui houle , Un sourd et long murmure eclate dans la foule ; Les maris limores s'eloignent le nez bas ; lis savent que sur eux leurs femmes ont le pas. Et parmi ces brelons a la franchise extreme Nul ne voudrait se mentir a lui-mcrae. Apres vepres, enfin , raclant quelques boisscaux , Chez-lui, le ehalelain allendait ses vassaux ; Peut-elre viendraicnt-ils ; mais il ne vit, en somme , Sa besace a la main arriver qu'un seul homme. « C'est bien, Won, dit-il, je suis content de toi : • De nos meres la femme a su garder la foi, » Et toi-memc suivant les maximes celtiques, » Tu commandes au sein de tes dieux domestiques , » De nos ayeux, Ivon.j'aimc a me souvenir, • Car il est beau, vois-tu, de se faire obeir. » AUons, ouvrc ton sac, voici bonne mesure. » Comme lous deux, en vain, par I'etroile ouverture, Versaient la fleur si chere a tout gourmet breton , Le mail r o impatient fixant le brave Ivon: — De la misere en toi ton sac inontre un apdtre; — C'est vrai, monsieur, j'en voulais prendre un autre , Mais ma femme m'a dit : Non pas, prends celui-la ! — Ah ! le choix cntre vous s'est fait comme cela !.... Kh bien, puisque chez toi madamc lient (a place, Voici par oil Ton sort; remporle ta besace. Kt le ruse vieillard , par ce trait de Scapfn, Garda la fine fleur do sun hie sarrazin — 157 — REVUE RETROSPECTIVE. Lecture de N. Louis-Lucas. ETUDE SUR LES OEUVRES DE M. G. OZANEAUX Premiere partic, OEUVRES EN VERS. Oui , les lignes par iui sur le papier tracees N'onl jamais exprime que de nobles pensees, Que de purs sentiments. G. 0. La mission de Jeanne d'Arc Erreurs poeliques de Georges Ozaneaux. Tel est, Messieurs , le litre de trois volumes que 1'auleur lui-m£me , M. Georges Ozaneaux, conseiller ordi- naire de rUniversite , inspecleur-general des elu- des , vous offrit dans voire seance du 1" juin dernier. II s'excusait , si vuus vous le rappelez , de vous donner des vers. Fclut (vgri somuia, semblail-il vou- loir ajouler, pour vous fa ire agreer son offre. Que nedevrais-je pas vous dire aujourd'hui , pour m'excuser de vous apporlor de la prose a propos de cesversqu'il appelle (It's erreurs, el coinbicti ne dois- je pas faire a voire indulgence un appcl sincere el en dehors de loul lieu comtnun , moi qui , froiilr- ment occupe loul Le jour d'affaires ou d'erreura fori peu poeliques , m\u viens voua raconlet met im- — 158 — pressions , vous fairc part de mes sensations a la lecture des ceuvres de notre aimable et aime collegue 1 Les erreurs poetiques de M. Georges Ozaneaux, celles du moins de ses oeuvres en vers qu'il nous a oflerles , car je lui soupconne un ecrin garni d'au- tres joyaux , auxquels il ne manque que d'etre en- chdsses ; les erreurs poetiques de M. Ozaneaux se divisent en deux parties bien distinctes. Le premier volume con lien t (out un poeme epique en douze chants, sur Tune, sur la plus pure des gloires de la France; sur ce que notre belle palrie , helas 1 loujours lanl agilee , lanl dechiree , peul a bon droit s'enorgueillir d'avoir produil de plus illuslre , de plus chevaleresque , sur ['heroine de Vaucouleurs. Les deux aulres volumes renferment lout le thedtre de notre auleur , les seules de ses pieces qu'il ait fail representor. Elles sont au nombre de qualre. Pour suivre lordre chronologique de ces produc- tions , il me faut aujourd'hui , Messieurs , laisser de c6te son oeuvre capilale , l'ceuvre a laquelle il a trnvaille vingl ans de sa vie , qu'il a caressee de ses soins , de son amour ; qu'il a faitc avec le sen- timent puissant qui I'a toujours domine , l' amour de son pays , I'wuvre dans I'objet de laquelle le genie dia- bolique de Voltaire n'avait trouve que le sujet d'une in [tune plaisanterie , et oil , lui , dans sa foi en Dieu et en son pays , il trouvait une grande epopee reli- gieuse et nationale. C'est lui qui s'exprime ainsi. (\). La Jeanne d'Arc de M. Ozaneaux formera pour moi le sujet d'une seconde elude; et si j'inlerverlis aujourd'hui Tordre de publication qu'il a adopte , c'est , je le repele, pour le suivre dans ses erreurs , cl les eludier a mesure qu'il les commet. /I) Preface do Jeanne d'Arc — 159 — Une troisieme fois , Messieurs, j'aborderai celle tribune pour vous parler tl'*s iravaux en prose de M. Ozaneaux , iravaux d'un merite recoona, Iravaux que l'Academie franchise a couronnes , je veux din- qu'elle a bien fail de couronner. Des quatre episodes qua mis en scene notte collegue , Irois sont purement historiques , deux ac- tuellemenl historiques, un prematuremenl philoso- phique, tous qualre saisissanls , immenses. lis suffisenl bien , croyez-le , a remplir le cadre de cetle premiere lecture , a epuiser les quelques moments que je reclame de vous, d'atlenlion pour moi, d'hommages pour lui. Disons toul d'abord, que dans presque tous ses drames , factualite du sujet double I'altenlion du lecteur , la purele du style, I'harmonie de la langue, la facture du vers le captive, el je ne sais en >erite , ceci va vous parailre paradoxal, je ne sais, dis-je, si ces drames ne sont pas plus fails pour etre lus que pour 6tre joui'is el enlendus , el s'ils ne peuvenl et ne doivenl se passer du prestige dont !eur auleur les enlourait, du prestige d'une brillante mise en scene. Ce serail a mon sens leurplus grand merile. C'est du moins. Messieurs, I'impression qae j'en ai ressentie , el c'est parce que je I'ai ressentie que je \ous en parle. Avant tout , dans I'eloge com me dans le bid me , il faut elre viai . il faut tMre sobre de I'eloge , il faut fetre surlool quaml on est honore de I'amitie de Tauleur que I'on eludie. C'esl la position que ra'ontfaile avecM. Ozaneaux, de vieilies, com me il le (lit , de tieillts relations de [untitle S il est dans la lilleraturu dramalique , un travail ardu , difficile, ingrat, ce doil 6lre celoi flc mottre — 160 — en scene il6 est sauve , le reste lui apparlient. l)ois-je m'inquieler de ce qu'onl dil Thiisee , Pbedre el Hippolyte , pourvu que le tendre Racine ait mis dans leur bou- che ce qu'ils onl du dire, un langage approprie a la passion , a la vengeance , a la verlu ? Qu'im- porle ce qu'Augusle a dil a Cinna , pourvu que le grave Corneille ail mis sur ses Ifvres le langage de la clemence uni a celui de la force ! Mailre de lui-m6me, lauleur qui puise son drame dans la vie des peuples el des nations qui ne soul plus, est mailre aussi de 1'expressioii de sa pensee, et, pourvu qu'il ait de Tentenle scenique une ebau- che , dans ('imagination quelquc verve , dans le coeur quelques sentiments eleves , dans I'Ame quclques nobles vers, son (jeuvre vivra, car, il s'adresse plus encore au litterateur, a I'amanl passionne de la belle poesie , qu'au parterre avide demotions el de tableaux ; s'il n'esl pas joue , il sera In , H s'il n'a pas Mir la scene un succes bruyanl , du moins il saura. dans le silence du cabinet , recueillir de glo- i ifii i suffrages. - 16-2 — Sa kUhe pour Olre d iflicile, mais difficile surloul a cause des grands mailres qui l'onl precede , el qu'il n'alleindra jamais , difficile a cause des monu- ments imperissables de noire lilterulure nalionale, sa Idche n'esl qu'au second rang. II en esl une plus difficile encore. Loin de nous, Messieurs, ia pensee d'allaeher un plus grand merile aux ceuvres passionnees qui ne connaissenl point de succes d'eslime , mais dont 1'effet deslrucleur est immense ; de ces ceuvres qui prenant le contre-pied des regies que je viens d'es- quisser , d^daignent le merile difficile el durable d'une saine litleralure , pour s'atfacher seulement a eblouir les yeux et a perdre les coeurs. Combien n'esl-il pas de ces pieces dont le succes ephemere a egar6 leur auteur, et l'a pour jamais lance dans une voie qui n'a pas de lendemain. 11 ne peut s'agir ici de ces pionniers litleraires qui sapent lout a la hache , et dont la grande ulilite consisle a frapper les masses par des tableaux sou- vent bideux , et qui , d'aulanl plus dangercux qu'ils sont plus habilement traces, d6shonorent la langue en la faisant servir au developpement de passions mauvaises. Voues au veau d'or , qu'ils cherchent dans les senlines impures de la nation , ou dans ses douleurs bonteuses le sujel de leurs drames, soil; mais qu'ils n'aspirent point alors au litre sacre de poeles, ils ne seronl jamais que des dramaturges passionnes el dangereux. Que si, au conlraire , il cbcrche dans l'aclualite m6me , mais dans une aclualile d'eJan d'bonneur el degloire, le sujel de son oeuvre , oh ! alors lauleur dramalique enlreprend de parcourir une roulc bien — 165 — belle , mais bordee decueils , semee de precipices bien dangereux. II lui faut lout-a- la-fois le succes lilleraire et celui de la scene. Kt pourlant pour lui plus de ttclions. 11 ne faut a son ceuvre que la veri(e. La verile dans la langue, toute la verile dans la situation , rien que la virile" dans les fails. Un succes d'entbousiasme sur la scene n'esl plus un merile , mais une n6cessil6 commanded par la situation. II ne faut pas que Taction ait ete plus vive que le rScit et l'amoindrisse ; de plus il faut qu'on se rappelle de nobles aspirations , noblemenl exprim£es , plus noblement pensees. El en effi'l , si un merile litt6raire, incontestable, ne soulient pas le po6me dans loules ses parties , si cet amanl passionne des leltres, dont je vous parluis , n'eprouve pas le besoin douvrir le livre, pour y ettidier de beaux vers, el les relenir , e'en esl fait; le fruil de lant de veilles ne&t plus qu'une ceuvre de circonslance. Celte c?uvre ne vivra en France, ou les fails se pressent lant que l'hisloire a peine a les t:crire, sinon que ce que vivenl les roses, an moins que ce que vit le souvenir des fails. Ainsi, pour nous r£sumcr , Irois routes sonl ou- verles ; la premiere , parcourue par ce que la France a produit do plus illustre parmi ses plus vigoureux athletes de la literature dramalique , a pour but la grandeur des ide"es, la noblesse des passions, la majesie" du slyle. Celte route garantit un long avenir encore a I'au- leur , qui moins epris d'un succes de scene, que du succ6s plus durable de I'elude el de la langue , suivra, m^ine dc loin, les grands maitres qui dans d autres temps onl lrouv£ leurs inspirations sur lea — \Ul\ — pages loujours in6puisables de lliisloire anUque. M. Ponsard par sa Lucrece , M. Dumas m^mc par 6on Caligula , ne sont-ils pas de brillanls exemples de la verite de noire assertion ? Ne recoil-elle pas en ce moment m£me et sous tous rapports une consecration nouvelle par le ma- gnifique debut de M. Jules Lacroix , le testament de Cesar , ce drarne en cinq acles et en vers dans le- quel 1'auteur , apres vingl siecles enlassses sur la tombe de son heros , a bien pu se permeltre (juel- ques bardiesses bistoriques , ce drame d'un style net et ferme , d'une versification nerveuse <;l cor- recte , mais dans lequel , pour nous servir de I'ex- pression d'un critique eslime, la par lie romancsque serpente aulour de Vkistoire comme un pampre liger autour d'une severe colonne antique (1). La seconde de ces trois routes , par trop courue heMas ! et beaucoup trop brillante , conduit ses adeptes a fronder et a delruire. Elle mene a un succes de vogue bien facile el peu enviable. L'6elat mOme de ce succes le fail lomber. II ne pcut durer d'ailleurs qu'a la condi- tion de se surpasser sans cesse; il n'en reste rien. — Je me trompe. II en resle le mal produit , et ph\t a Dieu qu'il put en resler le regret aussi. La troisieme route enfin , la plus difficile a no- tre avis, tend a beurter de front toute enlrave a la liberie , mais en mCme temps a combattre celte enlrave avec convenance ; elle lend encore a cber- cher dans les pages les plus cbevaleresques de I'his- toire , m6me conlemporaine , de bauls et puissanls enseignements , des tableaux digues de fixer les (i Tlu La censure I'exila. • Vous dire combien ce retard 6lait prejudiciable a I'effel dramalique de 1'reuvre , vous dire a combien de mutilations elle fut soumise , m'obligerail , Mes- sieurs , a re[>rodtiire lilte>alement le re'eit plein de verve , plein de gaite" el de spirituelle ironie par lequel M. Ozaneaux a sligmalis6 , dans sa preface , des eenseurs qu'il emit devoir epargner en ne les nommanl pas. Ce serail , dailleurs , sortir inutilement de mon ii) Imitation de Lamarliue. Hommag$a I'Academit oisme des Missolonghiotes : ■ Mais les Orecs combattent encore , s'ecrie-t-il : ■ I.eur cause est de (ous les instants , • I.eur gloire p>l au-ilessu> des temps — 1 70 — Missolonghi , bah ! c'esl vieux comme Herode , crie-t-on autour de lui. Attends , reprendil , Attends vingt-dcux Avril, grand Dieu ! vingl-dcux Avril, Tu viens de prononcer un horrible blaspheme ; Reponds , reponds quelle heure est-il ? Bientot neuf heures. t Tiens , e'est a ce moment meme , C'est en ce meme jour , deux ans plus tot , deux ans ! Que de Missolonghi , les genereux enfanls , Au milieu des debris de leur ville conquisc , Pressant'de leurs genoux les marbres de l'eglise , Imploraient Capsali , qui , la flanime a la main , De I'immortalite leur otivrait.le chemin. Enlends-tu resonner ccs sublimes prieres, De ces adienx plaintifs les paroles dernieres ; Vois-tu de ces blesses les visages sanglants , Accourant aux claries de ces bazars brulants ,• Ces meres , ces enfaats , dans de longues etreintes , Confondant a jamais leur cspoir el leurs craintes ; Ces prelres , ces vieillards au front calme et pieux , Couches sur le salpetre , et regardant les cieux. Voila les Turcs ! Voici le fatal cimeterre ! Kcoute : un bruit afTreux a fait trembler la terre , Une flamme sanglante a sillonnd les airs , Sa lueur vengeresse a couru sur les niers , Et puis tout est rentre dans un morne silence. Missolonghi n'flst plus. — La liberie commence. • QvTon me cite un recit plus simple et plus su- blime , et qu'on me dise si lauleur qui prelude par d'aussi beaux vers a 1'audilion de son drame, nYst pas sur de lui. ■eims. imp. i>f. p. rf.(;nibr. SKANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEUIE DE REIMS. ANN£S 1849-1850. .V 1. ftcnnce tin tf> Dccecaliro istu. SIDE\i:E DE N. DUBOIS. Eloient! presents : MM. Bandeville , L. Fnnarl , Conlnni , II. Landouzy, Querry , J. -J. Maquart, Duquenelle, Louis -Lucas, Aubriol, Gosscl, F. lleiwiol- D'liimoiie, II. Paris, L.-II. Midoc, Deces, Genaudet, Lechal , J. Sornin , Velly, Forneroo , E. Maumene el Hollouux, raenibres Lilulaires. CORBESPONDAXCE MAN0SCR1TE. La Societf d'agriculture , etc. , du departcmenl de I'Aube , envoie un lion pour relirer les Memeircs de la Sociele pour I'anoee 1 8 V 9 . i. 14 — 472 — CORRESPORDANCE IMPIUMKi:. Ii&quwtoires)prononc6$ par M. Vawcat-gtniral de Roger devant la haute cour dc justice scant a Versailles. Journal de la Sociili d'agricullure du depur lenient des Ardennes, decembre I8i9. Hisloire universc'lc , par Cesar Canlu (Prospeclus j. Statu is dc I' A thence des arts, sciences , belles-lettres et Industrie de Paris. Lcttre d'un Yoyageur en Ncrmandie , par M. 0. Seure. (Suite). Catalogue des collections d'autngraphes , de manu- scrits , de jiicces imprimees sur I'hisli ire de France, el de lines co'rhposant le cabinet de feu M. de f' Me- nem e , dent l.i mmi c aura lion , rue de Yauyirard , 98, le marui 52 Janvier 1850. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Sornin lit un rapport sur le fours de trigo- nometric de M. Lecoiule. M. Dries doiuie led tire d f! la pren.iere parlie d'tfne Notice sur M.^Duquenelle , ancien thiiurgien a lleirns. — 173 Lecture de ill. Sornin. RAPPORT SUR UN TRAITE DE TR1G0N0ME TRIE , PRESENTE A l'aCADEMIE. Messieurs , J'ai a vous rendre com pie d'un cours de trigo- nomelrie dmil I'auleur , M. Leon Lecoinle, profes- seur a I'Alhenee royal d'Arlon , a fail dcrnieremcnl hommage a I'Academie. Je ne me dissimule pus, Messieurs, la difficulie de la i;W he que j'enireprends en veaant vous parler de malh&nuliques el de malh6malhiques pines, c'e-l- a-dire, de la science en elle-m6rae, privee de lout I'intereM quelle offre par ses applications. Sans 6lre agriculleur , on comprend ragrirullare; sail-. Oi t e arclicologue , <»n concoil l'inieiei qu'offre I'lIuiIc des anc.iens mo nun ;euls ; sans 6lre poeie , on aime la lilw'waiure : mais le champ des nialhema- liqucs n'esl accessible qu'aux inilies. C'esl un monde tout nouvcau dout il taut apprendre la lungueavi d'y penelrer. — 17/i — J'h6silais done, Messieurs, ;*i vous faire nn rapport stir I'ouvrnge de M. Lcroinle , stir que j'elais dMn- leresser fori pen la gtande majorile" dc mes a ml i- leurs , lorsquu j'ai lu a la premiere page de i la formule qui donnc Cos (a — b) , pour 6(re etablie gen^ralcmcnl , quelle que soil la grandeur des arcs a el 6, necessile les different* signes que Ton doniie aux sinus cl aux cosinus dans les quatre quadrants ; el c'esl alors que I'on voil que I'oppo- silion de signe correspond a ['opposition de sens. Or (oules !es formules Irigonoirciriques peuvenl se dcSluire de celle-ci. Les signes elablis pour la ge- neralisation de cello formule sonl done bien crux qui conviendronl aux sinus el aux cosinus dans ionics les aulres. Quant aux signes des aulres lignes Irigonornelriques , les langentes , secariles , cotangenles el cosecanles , ils resullenl de la ge- neraliie que Ton vcul donner aux relations qui les licnl aux sinus el cosinus. Qifa cos oppositions de signe, corresponde nne cerlaine opposition de sens, nul doule qu'il n'en soil ainsi , mais c'esl precisement en negliger la demonstration que vouloir procedcr d'une facon inverse. Ceci est (ellenienl vrai , que d'apres la regie de Descartes, on serait bien plus porl6 a allribuer le signe -f- el le signe — aux secanles d'on cot^ on de I'aulre du diameire borizontal , qu'aux deux sens pour lesquels on fail cetle dis- tinction. Pour ce qui rcgarde les signes donnes aux arcs, il est encore bien facile d'etablir que des arcs qui sonl porles dans des sens opposes , a partir de la mCrrc origine, doivcnl avoir des signes conlraires, si Ton remarque que les lignes Irigonornelriques d'un arc inverse sonl les memes que celles d'un arc direct dont la mesure esl egale ix une circon- ference moins la mesure de Tare inverse. Toules — 177 — les formules demonlrees pour les" arcs directs se- ronl done vraies pour ces] arcs lvalues en arcs in- verses. Mais jj pros la combinaison des differents arcs qui enlrenl dans la formule, ou prut olcr dti resultai ou lui ajooler autant de circonferences que I'ou veul-; or, ceile simplification aurail pu elre faile primilivement sur chaciiu des arcs, c qui revicnt a inlroduire Ics arcs inverses avec le signe des quanliles negatives de Palgebre , el a les trailer d'apres Ics regies propres a ces quanliles. Pour terminer I'examen de ce qui, dans le livre de M. Lecoinle, m'a paru prefer a la critique, je lui proposerai une definition des lignes trigono- melriques qui me parail preferable a ceile qu'il a adoptee. Pourne parler que du sinus , d'apres .M- Lecoinle, le sinus est la perpendiculaire abaissee de Texlre- mile de Tare sur le diametre qui passe par fori- gine. II faut entendre, sans aucun doule, qu'il s'agit de l.i mesure de celte perpendiculaire, car Panalyse ne compare que des uombres ; mais,, m6me avee celte acceplion , il s'ensuil que le sinus varie avec le rayon du cercle. Aussi Ics formules dependent ellcs de ce rayon, bien qu'il soil evident que la mesure des angles en est independable. On arriverait a simplifier les formules el a nggliger la gran leur du rayon , si on appelait .-inns la mesure de la mftme perpendiculaire avee le rayon pris pour unite ; oil , si I on veul , le rapport de la perpendiculaire an rayon. On naurait plus besoin ainsi de faire le rayon egal a un , quaud on veul combiner les Formules; puis de le relablir, a I'aide des principes d homo- — 178 — geneile, quand on veut appliquer Its resultals. II suffira de remarquer quo les tables ne donnenl pas les vrais logarilhmes dcs lignes Irigonomelriques , raais ces logarilhmes augments do 10. C'est d'a- pres cede remarque quo Ton prGparera d'avance les formules pour l'emploi des logarilhmes des labies. En eriliquant, Messieurs, les premiers chapitres de l'ouvrage de M. Lecointe, je me suis aoquiUe" de la parlie la plus difficile de mon rapport; il ne me resle plus qu'a donnor des eloges bien mo- nies au soin que I'auleur a pris de placer, a la suite des principes , de nombreux exercices a 1'usage des eleves qui se deslinenl aux ocoles sp.i\r/. com me moi qu'il j a , dan- le domaine de la science , et de la science historique principale- raenl , des recherelies qui ne peuvent prendre un corps qu'au moyen de citations , et de citations multipliers. Comme moi vous save/. aussi qu'on ne peut enlever aux travaux de cette espece l'appareil scientilique . sans leur OUt en meme temps ce qui les soutient . or qui leur — 180 — donne la force et la vie, sans les reduire a letat de depouille iiifurme ou de vaine et superGcielle peinture. Amend par delude de Viclaircge ecc'ldsiastiqve a celle de Veclairage chez les Romains , com me preliminaire in- dispensable , c'est de ce dernier que je me propose de vous entretcnir d'abord. Di verses compilations m'offraient sur ce sujet dps ren- seignements vagues, des fails douteux , et de ces citations presque perpetoellement fausses, dans leur ol>j«t comme dans leur indication, que les lexicqgraphes setransmet- tent liberalement de generation en generation. Je ne pouvais fairc usage de ces ressources suspectes - qu a la condition de remonter a leur origine premiere , pour en rectifier I'emploi ; je devais surtout les corroborer et les completer par des fails nouveaux, puises a;:x sources memes , c'est-a-dire dans les ecrits des auteurs latins. Car c'est uniquemeiit en les compulsant, c'e.-t en les parcourant altentivement qu'il est possible de reunir tous les elements ue la vie romaine. Ce tableau general des mrpurs ct des habitudes des Romains, un savant do. ce temps, M. < b. Dezobry, I'a trace dans son ensemble. Mais sa Home an temps d' Au- gust", produit dune erudition variee et de patientes recherches , est en meme temps l'ceuvre d'un homme de gout. La, comme dans les Letires de Merovir ( Mazois ) svr Ic Palais de Scaurus , la forme du recit, en par.mt la science, met a I'aise l'ecrivain et lui epargne les inconvenients du genre didactique, la secheresse et la monotonie. Moins hard! , nous vous ofTrons sans art et tels qu'ils se sont presenters , les fails que nous avons recueillis. Nous nous sommes bornes a les coordonner el a les encbainer : a peu pres comme le collectionneur , qui dispose et numerate ses ecbantillons, de mauiere a former des suites plus ou moius etendues. La mise en ccuvre est nulle dans uu pareil travail ; il n'a de valeur que — 184 — par ['importance des temoignages qui viennent succes- sivement s'ajouter a d'autres temoignages. Vous le voyez , Messieurs, « nous nous invstissons -> des facultes d autruy , comme disail Montaigne Rssais . » 1- 1"- 12), et nous laissons chosmer les nostres. » Au rebours du desir qu'il cxprimail , nous no voulons pas seulement « que ces parements emprnntez n » accompagnent , mais qu'ils nous couvrent et qu'ils » nous cached. » Nous diviserons ce travail en deux parties, les don- nees do la langue et les monuments ecrits dous pre- senteront d'abord I'eclairage a Kome dan- ses elements et leurs transformations , dans ses usages ordinairea et dans les mcubles divers qui ont eu pour objet den rendre I'emploi plus commode et plus general. Toujours conduits par nos guides nalurels , les auteurs anri jns , nous nous tran.-porterons ensuite au milieu des habitudes ptibliques et prlvees des Komains . et nous tacherons d'y saisir loutes les parlicularites qui pour- laient, a notre point de vue , presenter quelque interet. Consid«rant done I'eclairage dans ses applications diver- . uous passerons successivement en revue les rcpas , les eeremonies religieuses , les fete- privees et publiques, les illuminations , I'entree <\v* princes et les honneurs rendus aux magistrate , les signaux, et enfin les sepul- tures. — 18-3 - PRCMI&KK PARTI E De I'eclairage en gi'ncrol cfiez lex Romains , de ses elements et de lews transformations. INTRODUCTION. Le jour od le hasard fit jaillir le feu des veines d'un caillou , et mil en Dammes deux morceaux de bois sec frottes l'un contre 1'autre, I'eclairage elait ne. Soit qu'il repandit la lumiere dans les habitations obscures , soit qu'il suppleat la nuit a la lueur des astres eteints , il prolongeait les heures du jour , re- jouissait I'interieur des families , et devenait , pour la societe liumaine, un element puissant de civilisation. Je prie le leeteur de nc pas s'effrayer d'avance ; car je n'ai en aucune facon l'envie de suivre les ima- ginations savantes de Poinsinet de Sivry (1), et de fouiller avec lui la cendre des premiers feux , pour y retiouver avec ses Uriens I'origine des peoples et la trace d'une foule destitutions. Aulant vaudrait voyager avec Lucieu (2) a travers le pays fantastique des lu- mieres et prendre nos billets de logement pour Lych- nopolis. — J'aime mieux me bonier a const ater que , depuis son invention , I'art de I'eclairage a du subir bien des transformations , avant d'arriver a ce qu'il fut chez les Romains de I'empire. Je veux surtout faire remarquer qu'avant la lampe , on a da counuilre la (1) Origins des premieres locietet. Parit , 1769, tn-8°. (J) Uittoire* veri(ahlet . II — 183 — torch? et les differentes sortea de flambraux. Quand me: e imiiis nc saurions pas que , dans les temps lie— rol:|ues , on lie connaissait pas d'autre moyea de s'e- clairer que de bruler ties branches de bois : et que [ongtemps ee Put un grand luxe que d'avoir de hauts trepieds de metal , sur lesquels brulaient des brasiers ; (juand memo Martial ne dous apprendrail pas que la chandelle est antique , et que « ses percs economes ne » brulaient pas encore l'liuile onctueuse des lampes (i):» « Non norat parcos uncla lucerna palres ; » il ressorl de la nature ineme des choses que l'liuile , meme dans les motives les plus riches en ve*getauz oleagiueux , n'a pas reQU imroediatement son applica- tion a I'eclairage . et qu'on n'est arrive a cette der- niere invention qu'apres des intermediaires et des ta- tonnemenls plus ou moins beureux. II o'est pas indifferent de determiner l'ordre chrono- logique dans lequel ces tatonneineuts ou plutut ces progres se sonl suivis. Si nous ouvrons I'Odvssee (2) , nnus lisons que les poursuivants de Penelope « placerenl dans une salle » trois brasiers pour I'eclairer , et les remplirent de » hois sees, refendus; qu'ils allumerent des torches w d'espace en espace , et que des femmes eclairaient » tour a tour la salle et le palais d'Ulysse •» Cos brasiers , suivant les monuments recueillis par Winckel- mann (3 , etaieut arranges en c6ne pour bruler avec flam i nc . On les placait sur t\c-. eamielal res elevea .Nuu> aurons occasion de revenir sur eel usage des premiers temps. — Quant a ces femmes qui promenent la lumierd dans Lout le palais, ce quelle., portent, e\ilemmeut ee hunt encore des torches; et le po&te i M MiiiAL , liv. MV , 6fiigr. 43. . 307 , et T. 2.r>. 3 Wonununti antiohi intditi — 184 — lui-meme le dit plus bas ( 1 ). — Jusqu'ici point d'embarras. 11 n'en est pas ainsi , lorsque nous voyons Mincrve elle-memc eclairer Ulysse et son tils , un flambeau d'or a la main (2). J'ai (lit un flambeau, et pourtant le texte scmble bicn signifler une lampe. Mais ^"il est impossible de preciser l'epoque oil Ton a commence a fVire usage dc la lampe (3) , il est certain du moins qu'elle n'a pas precede* celle ou se placent les recits d'Homere. 11 serait incroyable d'ailleurs qu'on usat de ce meuble incommode pour eclairer la marche , alors qu'on n'avait pas d'autre luminaire a dememv dans les appartements que les brasiers. Au surplus , nous trouverons les progres de I'eclai- rage parfailement traces dans les termes memos de-la langue. Car rien n'est plus precis nl mieux deflni. a Tcedis , lucernis , cercis , sebaceis ct cateris vioc- turni luminis inslrumentis clarcscunt tenebrce , dit Apulee (4)5 et ['enumeration sera complete, si nous ajoutons fax et fitnale. Le romancier africain n'avait pas, a coup sfir, la pensee de nous donner ici une exposition technique : il ne nous en voudra pas , si nous prenons la liberie de renverser l'ordre de ses (1) T. 48. (2) T. 34. (3) Eu>feBK Iraparat. Evangel. , (X ) en allribue I'invenlion aiix Egyptiens, sans preciser l'e| oque ; je suppose rqu'il la fail reinontcr a une dale aater;eure a ceile du candelabra mo- sai [ ii c donl il esl question dans I'Exode. Quanl a 1'huile , son invention dale des premiers temps , puisque Jacob (Genes. XXVIII , 18 i en arrosa la pierre sur laquel'e sa Idle avail re- pose pend.inl le songe de l'Erhclle inysleiieiise. En presence de ce fait , que devieut la fable grecque sur I'origiue alhe- nienne de I'Olivier ? (4) Metamorpk. IV — 185 — mots :" 't le loctour voudra bien de ?on cMv nous par- donner les details peu recrealifa dans lesquols nous en- trataera forcement le sujet. Differentes cspeces de flambeau. Qu'pst-ce que tcefla? C'estune sourbo d'arbre (fa. Pincam quale Km] a m, » dit Catulle (1): rt parmi Ips bois auxquels Pline donne ce noiii, nous citiTons le terebinthe, le larix male e( les racines dn pied femelle, le sappium, t'c.*, mais en n'o ubli nit pas. toutefois, que le veritable lada est le picca cullire el non sauvfige -1. Telle est la torche a I'origine. L'espece de flambeau appele fax rst celle qui se rapproclie" le plus de la precedente , bien que ce mot ait unt' [acceptiou deja eloigned du poinl de depart, et que nous ne 'trouvions plus dans >a racine .'element primitif de.J'Oc'airago. Le flambeau ainsi nomine* est ausei bien de metal que de buis ou de luute autre niatiere. (\) Epilhal Manlii'el Julia. 12) Picea irrii iiis paulum miligaUe »aiii Hist natur. lib xvi. 23 — 186 — S'il est en metal , comme 1'etait probablement celui qui fiimrc a la fenetre d'un posle militaire , parmi les scul- ptures de la colonne Trajane, on le reii j (»1 i t de quelque matiere grasse propre a s'euflammer, le medulla du picea, par exemple (1), non pas la moelle, comme on pour- rait le croire , mais le cceur (2) : et ici , nous sommes bien pres de la lampe. — S'il est en bois , alors ce n'est plus une simple brancbe , comme tceda , a moins qu'elle ne soitrefendue a I'une de ses extrernites •, c'est, plus ordinairement, un assemblage de bois minces : mul- tifidce faces , comme (lit Valerius-Flaccus (3), tandis que tout a 1'heure tenia etait qualifie du nom de l'es- sence memo du bois. Sou vent en fin , au lieu de bois, c'est un simple fais- ceau de jonc. L'Inde et laSyrie produisaient des roseaux et des plantes aromatiques qu'un luxe plus rafine consacra a cet usage, mais dout I'emploi etail fortcouteux. Des ligatures assuraient lassehiblage de distance en distance. La forme en etait generalement celle dun cone allonge. La resine , l'encens et la poix servaient a lier les di- yerses parlies du faisceau et lui donnaient a la fois la consistance et la matiere eclairante qui pouvaient lui manquer. Fax avait ses diminutifs fact.fa et jacella. Mais les dimensions de cctte espece de flambeau, comme celles de la torche appclee loeda , elaient souvent fort grandes. On en voit, sur les monumenls, dont la tail lo depasse celle dun homme : sans compter celle que porte un genie du Pantheon d'Agrippa, la colonne Trajane et les decouverles d'llerculanum en oil'rent plusieurs exemples. (I) • Quiim (humor) rnannre desiil tola arbor succidilur , et medulla ejus urilur. » Pus. loco citato. r2) ThfIophuaste, hist. ch. IX, 2. (3) Argonaut, lib. I. . Mouse novas inckle faces. .» Virgil. Eglog vjii, 20. . Ferroque laces inspicat acuto. • id. Georg. i,2U2. — 187 — L'emploi des torches ou flambeaux compris sous la denomination de faces , est des plus frequents, comme Test aussi celui de I'espece primitive appelcr tosda. On s'en servait dans les ceremonies religieuses , dans les manages et les funerailles ; et, soit qu'elles aient ete* prefeiees a tout autre moyen d'eclairage dans les usages les plus communs , soit que , dans I'origine , elles y aient cxcluMvement servi , les ecrivains latins sont rem- plis d'expressions comme celles-ci : prima face (1), cum prima fax noc.tis et densiores esse tenebrae coepissent (2)..., pour dire: « a la chute du jour , des le com- mencement de la nuit. » On n'en est pas stirpris , quand Lustathe (3) assure, ii propos du texte d'llomcre que nous avons cite , que l'usage de ces flambeaux , de ceux memo de la premiere espece, se perpetua long- lemps chez les gens de la campagne ; quand Yirgile d'ailleurs eclaire le palais de Circe avec la flamme du cedre odorant (4) : • Tectisquc superbis > L'rit odoratara nocluriia in luraiaa ccrirum » Le troisieme terme etait funale, de funis, corde de chanvre ou d'ecorce, ce qui en explique suffisamment la nature. La cire, le suif, la poix , les resines de toutes sortes servaient d'enduit aux flambeaux de ce genre et en rendaient la combustion plus riche en lumiere. Disons tout de suite que la chandelle, candela, nest autre chose qu'un diminutif de funale. C'est toujours la memc espece de flambeau , mais plus petit et avec un enduit plus epais et plus soigne. Aussi les deux )) ApuuiE, Metamurph II (2) Aoli-Gellii Noct. attic, lib. I. (3 Ail //om«r.X. (4> /En. VII, 13. i. 15 — 188 — lornics sont-ils a peu pres synoniines ; il est evident, par excmple , que dans ces mots de Juvenal (1): « Candelam apiionrre vahis,» il s'agit dun [flambeau quelconque, et non pas preci- sement d'un i chandelle. II est vrai que la racine de candela (candeo) donne a ce mot un sens fort etendu. On la mOme appli- que . dit Sextus . a tout ce qui brille. On a donne le nom de ctctndela aux insectes phosphorescenls qui eclairenl la unit, notamimnt a une ctrtaine mouche (1). Neanmoins, comme si candela et funale se con- fondaient dans une origin e commune, on a etendu pan illement l'un et laulrc mot a la maliere meme qui d'ordinaire etait employee aux flambeaux. « Funda i> media duo funalia imparia habt-bat , » dit Tite-Live, en pailant des cordes dune f'ronde (3J. El nine a pu dire de la pierre qui renfermait les livres de Numa(4_): a|>\ris (2); • mais on leur appliquait meme cumine envcloppe quel- que mince ecorce , ou bien un r&eau de filaments papyraces , detail quo nous rotrouvons dans une epi- gramme rapportee par Suidas <'t attribute par lui a Antipater de Sidon, Tun des plus anciens auteurs il dit , une chandelle ou le jonc brille en brulant , » el qu'enveloppe un leger papyrus. « On Irouve peu de chose dans les anciens sur le suij et sur sa preparation. Candelam sebarc , tremper la chandelle: Voila tout ce qu'en dit Columella (3); et e'est une des occupations qui. selon lui, sont permises aux lahoureurs, pendant les jours de F6te , comme aussi d<' preparer le hois des flambeaux, faces incidere. Notons en passant que deja a cette epoque le suit' , sebum ou sevum, se dislinguail parfaitement dc toutes les autres u graisses. « Les animaux a corne , dit Pline ■'» . qui » out des dents a one seule machoire et des osselets u aux pieds , ont du suit'. » Hors de la, e'est de la graisse proprement dite adeps en latin. (1) IS'alal VI (2) Natal M (3) CoLUMtLLA. lib. II 4i Httl. nat lib 11, S.-.. e — 19k2 — Quant a la aire, Pline (1) expose assez an long les precedes employes do son temps ponr si preparation. 11 dit que la plus blanche et la meilleure pour lors i'tait la cire Punique. Ellc servait beaucoup a I'encaus- tique, mais rarement a I'eclairagc. Celle de Pont, qu'il place au deuxieme rang, etait plus jaune et a\ait uue ' odeur de miel. Fn troisieme lieu venait la cire de Crfete ; puis celle de Corse, a laquelle on atlribuait uue vertu medicinale. Knfin , nous devons citer , comme matiere eclairante, Ic soufrc lui-meme. L'ltalie, qui en c*t si abondamment pourvue , y trouvait la ressource dune foule d indus- tries. II etait meme employe a des usages qui ont dis- paru, celui notamment de soufrerles meches, non pas v raiment pour les blancbir, eoiiure on le faisail pour les lissus, car a qooi cola eut-il servi? mais a en f aire comme I'enduit et a leur donner plus de lucidile. Cest ce que nous trouvons dans Pline rl , sans trop pouvoir « l'expliquer :« Quarto (generi «st usus) ad elPychnia » conficienda. » Encore pourrait-on croire qu'il s'agit ici de soufre could dans une enveloppe de papyrus ou de jonc, a pen pres comme la cire des chandelles, dans lepigrannne d'Antipater que nous avons citee. II. — De (u Lampe. Nous avons vu , en parlant des torches , qu'on en etait venu a porter des flambeaux creux dans lesquels brulaient des malicn s grasses , et nous avons fait remarquer les (1) Hist. not. lib. XM,-i'.i 2] lbii hauc degre. Apres en avoir arrose les brasiers qui servaient a I'eclairage, on en aura empli les \. dans lesquels on fai-ait bniler ces bois. Da la a la lampe il n'y avail qu un pas. Quant an pays dans lequel ce progres prit naissance, toutce que nous pouvons dire, c'est que le mot ko.u.-t-j. e.-t d'origine hebraique : la lampe serail done un pro- duct de I Orient : el ceci conflrme ['opinion de Cle- ment d'Alexandrie qui en altribue I'invenlion aux Egyp- tiens [\). Toutes les tiuiles a peu pres servaient a I'eclairage. Outre les liuiles d'olives , qui, des I'an 505 de Rome, valaient un as les douze livres (2) , ct dont la meil- leure , celle du Venafre , appelee Licinienne , se ma- riait le mieux par son odeur a celle des parfums , on utilisait de la meme maniere plusieurs huiles que Plioe nomme arlificielles , et qui elaienl encore incon- nues an temps \\\lll , 47. (K) Pun. Hist, nalur. lib. Will to (5) O/iere citato hh \\ , 7. Outre lei bullet Licioiennea el collet de myrle . doui royona iian« Colonelle Hi> V, cap. 8 . >i«'» l»«» 1 1«-^ npi>eloei pautitr — 194 — CYtaient la les huiles les plus recherchees. Ccllc" que produisait l'Afrique ct quimportaient les vaisseaux Libyens, etait de moindre valear et laissce probable- ment par les riches aux menages moins aises. A part l'exageration pern.ise a la plume de Juvenal , son odeur etait assez forte pour faire deserter les bains publics , lorsque certaines gens sen frottaient le corps (f). Du vivant (1 Horace , il y en avait d'assez peu de- licate pour employer l'huile de leur lampe a ccs fric- tions : et le dignc epicurien croit devoir nous assu- rer tpie jamais pareillc luiile , bonne pour le vilain Natta , n'a souille sa peau (2). Le Trimalchion de Pe- trone , au temps oil il etait esclave , se frottait les levres et le menton avec l'huile d'une lampe , pour faire pousser plus promptement sa barbe (3) ; mais quand il fut devenu sevir et riche proprietairc , les parfums ruisselaient surson front (4). — Kst-ce a dire que, dans la consommation oleagineuse des Romains , les huiles et les essences de prix etaient entitlement reserveesaux fric- tions et a la parf umerb? ? Non certainement. Sidoine- Apollinaire, que nous aurons a citer plus bas, demontre sergiw . orchites , regiw , radii , altjiana; , nasviw , culminive, rircites. Ces denominations 6'appliquent a la provenance , a la qualiie des huiles , ou bien au procede employe pour les oblcnir. (l) < Pallidus afTerlur misero libi caulis , olebit Laternam . illud cnim veslris dalur alveolis , quod Car.na Micipsarum prora siibyexit acuta , Propter quod Rorane cum lioccbare nemo lavatur. • Sat. V, 87. (2/ ungor olivo Non quo fraudalis immundus Natta lucernis. > Sat. I , VI, 123. (3) Satyr icon LXXV (4) Op. cit. XLYII. — 195 — pleinciiient le contraire (I): et si nous voulons une aiiloritt- dune cpoque plus reculee, Petronenous apprend qu'aprea avoir arrose- de parfums les pieds des convives, les esclaves en versaient If surplus dans les lampes (2). Nous ne devons pas oublier d'ailleurs que , des les premiers temps, des brasiers destines a repandre la lumiere dans les appartements , y repandaient aussi des odeurs ; et que, parmi les candelabres recueillis par les modernes, un grand nombre , surtout de la moindre taille, paraissent particulierement destines a bruler des parfums. Dans le nombre infini de ceux dont parle Pline (3), et dont on faisait des usages divers, lbuile de balan. le baumc, le styrax, le nard et l'essence de rose pa- raissent avoir vU: le plus souvent melanges avsc lbuile pour en rehausser le prix : c> Nominator in olei laude, » dit Pline, apres Homere, en parlant de ladernierc espece, la plus commune de toutes (4). Martial (5), en fait de parfums employes pour I'eclai rage , van te les produits dun marchand qu'il nomme Niceros : « El lucerna viilii • Nimbis ebria Nicerolianis) • Laberius fait de ce Niceros ou Nicerotcs un syrien (6) : c'est assez indiquer la provenance de ces parfums. (1) Episl. 13, lib. IX. — Voir notre II partie, II, des Repas. (2) « Pedes que recumbentium unxeranl, Hinc ex eodem > unguento in vinariuin ali|ue luceniam liijua lum est infusnm. • Salyricon. LXX. (3) Hist nat. lib. XIII, passim. (*) Plisb, hist. nat. lib. Mil , 1. Houf.r. Iliad. 4, 186 5) Epigr. lib. X, 38. r> . El .pin unique Syrui. Nicerolen »nli>l .. • Fraymtnt — 190 — On croira sans peine que la speculation s'etait bientot emparee de la preparation do ccs matieres , et qu'il en resultait d'indignes falsifications. Lea epicier-s du temps trompaient bien stir I'huile, comine le (lit Nicostrate (1); a plus forte raison le faisait-on sur les parfuma , d'autant qu'il y avail plus a gagner. La lampe proprement dite est simple ou composed. Simple , e'est une boite. de forme variable , avec un bee perce dim trou , pour don Per passage a une meche qui, par son autre extremite, plonge dans I'huile. Le bee garni de sa meche, e'est en latin comme en grec lychnus, et la meche elle-meme s'appelle ellichnium, Karement se sert-on du pr'mier mot pour designer l'appareil entier, quoique Virgile ait dit (2): a Dependent hjchni laquaribus aureis ; » e'est plutut lyehnuchus. Mais le plus souvent, pour dire une lampe en general , les bons auteurs emplnient Ivcerna , non pas de lureo , comme on pourrait le croire et comme le veut Fcstus , mais de i.w%tos lui- meme , car la premiere syllabe est breve. Par suite de la meme erreur, relalivementa l'etymo- logie de lueerna , nous sommes generalemenl ported a trad u ire ce mot par le francais lumicre\ ttmlis que celui de /ui/ipas , d'ou nous avons tire lampe, n'a pas ce dernier sens, (t signifie au coniraire une lumiere en general. A del'aut de la coiinaissance ap- profondie de la langue , l'emploi de ce mot dans Pline, pour designer certains phenomenes atmospheriqucs , est (1) In conterraneis. (2) Aineitl 1 , 730 — Virgile donnc am Troyens el anx Carlhagioois de Didon les usages de Homo. II ne fant done pas s'eiomier s'il fait parailrc la laiupc a»anl I'epoquo on presumab emrni elle fut inventee. — 197 — peremptoire (1) *: « lampades vocant plane faces ; » et dans Virgile , nous le trouvous avec le sens do torelie (2) : « I'rinceps anlentem conjecit lumpada Turnus. • De lychnus on a fait lychnob'.us , l'epithcte de bien des gi'ns. ("est d'abord celle des avares , parce qu'ils semblent vivre de lnuile de leur lampe , taut ils sont economes :\ ■. et celle des buveurs qui passent les nuits a boire ('«•). C'est aussi celle des homines hbo- rieux . parce i|ue , comme dit quelque part Deraos- thene , ils usent plus d'huile que de via : d'ou vient que la lampe, comtne les homines de lettres, etait sous la protection de Pallas : « Minerva lucernaruin moderatrix , dit Arnobe (5). » Si quelqu'un se livrait a des recherches savantes, on disait de lui qu'il se servait de la lampe d'Atistophane et de (Meanthe .- « Non solum ad Aristophanis lucer- nam . -nl etiara ad CleanthU lucubrari , dit Varron (f>) ; » et I'Aristophane en question est mi gramraairicn. Cette t'acon de parler rappelle 1'expression que nous citions tout a I'heure. Juvenal a dit semblablement du genie satyriuue d'lloraee : t H;ec ego non credam Yennsina digoa luccrna (7). » Les lampes etrusques jouissaient dans {jl'ltalie et meme dans la Grece d'une certaine reputation. On (1) II iU nut lib II, 2G. (2) jEncul. 1\ , 635. (3) Senec. EpUt. CXXI1. (4) Propeht. IV, sat. VII. (5) Disputation, adv. ijentes , lib. II. (G) De oriyin. — Erasmi adagior I , ceutur. VII , 72. (7) Sa$ I, SI. — 198 — nen pent douter, quand on voit Phlrecrate don- ncr le nom de Tyrirhdnien a cette sorte d'ou- vrage (I). II y a done lien de s'etonner de ce que , parmi les larapes que les recberches successives out fait de- couvrir , on nen connaisse absolument aiicnne d'ori- gine elrusque, sice n'est comme monument f.uneraire. Quant a celles dune fabrique plus recente , dont le cbristianisme a fourni les motifs d'omementation , nous n'avons pas a nous en occuper ici. Mais en nous renfermant entre ces deux limites ex- tremes , nous pouvons dire que les objets d'etude sont encore assez multiplies. P»ien n'est plus curieux , sous le rapport de l'arl , que la variete de forme donn ';e a la lampe par les domains. Nous n'en flnirions pas , si nous voulions rapporter toutes les combinaisons (pie son usage leur fit imagincr : depuis le triangle jusqu'au spheroide , depuis la conque d'une nactdle jusqu'a la coquille dun limaeon , depuis la tele dun taureau jusqu'au masque du tragedien ; le tout subordonne , bien entendu , au nornbre des bees. Les lampes a plusieurs bees sont communes. Elles portent lateralement deux , trois ou un plus grand nornbre d' appendices destines a aulant de meches. De la , les denominations pins grecques que latines de dimijxe ou bilychnis , diinijxe, etc. Montfaucon (2) donne une lampe a sept bees places circulairement autour dun meme reservoir. Une simple beliere est au centre pour la suspendre. Get objet est en terre cuite , matiere la plus ordinaire des lampes, quand elles sont un peu volumiueuses. Neanmoins , la ricbesse de la matiere vint parfois rehausser le prix des lampes les plus considerables , comme le prouve l'offrande dont parle une epigramme (1) In r.rapatallis. Arm nee , Deipnosophistcs , XV. (2) Antiquite expliquee. — 199 — grecque : ll y est question dune lampe furt riche qui □'avait pas nioius de vingt bees (I). Sans que les lampes fussent a plusieurs bees , il y en a\;'it de toutes les tallies, en raison de I'usage qu'on a voulait en fain*. « II me faut une grande lampe, » dit dans Apulee (-2) un homme qui doit veiller un inort , « et sufiisamment d'buile pour I'entretenir jusqu'au a jour. » « Lucerna pragrandis , et oleum ad lucem m luci sufficiens. » Les details sur la valeur liabituelle des lampes sont rares. On conceit que la ricbesse de la maticre et celle de la forme devaient la rendre tres variable. Parmi celle du plus liaut prix , en raison de la provenance du metal, et de la valeur que les amateurs y attachaient, il est juste de placer cellea d'airain de Corinthe. Pline, qui accorde cette denomination a un ties petit nombre d'objets , recoonalt qu'il y a des lampes de ce metal et qu'elles sont dun prix inestimable (3): nous pou\ons le croire sur parole. De plus . 1 antiquite avait , comme notre epoque , des sots capables de donner a certains objets une valeur imaginaire fort eloignee de leur prix reel. C'est ainsi qu'un liomme , dit Lueien (4), acbeta trois cents deniers la lampe de lerre qui avait servi a Epictete , dans I'espdrance qu'a la lueur de cette lampe il aurait bientot toutc la sagesse du pbilosophe. 1 • E^/i Kot-jOTTn KftTiru traif iix.001 /jlu^iov hoyvtor (2) Metamorph. II. (3) Hist. nat. lib. XXXIV, 3 (4) Hist veritabtes, II. ( La suite a tin prochain nume'ro 1. IUi>. . I >• BK4MKK SKANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ARTNE'C 1849-1850. I" 8 A 9. •m'iiiicc «lu II Janvier I •>.-»<►. PRESIDEME DE I. DUBOIS. Elaient presents : Mgrl'archev^que, MM. Bandeville, L. Fanart , Th. Conlant , H. Landouzy , Qucrry , J.-J. Maquarl , Duquenelle , Louis-Lucas , F. Pinon, Aubriol , V. Tourncur , Ern. Arnould , F. Henriot- Delamolle, II. Paris, L.-IL Midoc , Dcces, Genaudet, Lethal, A. Henrol, J. Sornin, Pierrot, Brierc-Valiyny, E. Maumene et Holleaux , membres litulaires. Et MM. DuchOne, Goulet-Collet , Charlier , Seveslre el de Bonnay , membres correspondanls. M. le sous-profet do l'arrondissement de Reims assisle a la seance. 1. 16 - 202 — CORKESPONDANCE MANUSCU1TE. If- le minislrc dc I'instrnclion publique fait con- naitre a rAcademie qu'il a adresse les bulletins des seances el iracaux de la Compagnie aux Socieles savantes. CORKESPONDANCE IHPB1MEE. Journal des Savants , novembre 1849. Mtmoires de I'Acadimie des sciences, arts el belles- lettres de Caen, annee 1849. Annates dc la SociCtc d' 'agriculture , sciences, arts et commerce du Puy , t. XIII, 1847-1848. Mcmoires de I'Acadimie nationale de Melz , xxxc annee , 1848-1849. Travaux de I'lnstitut pohjtechnique , analyse par M- O. Seure ; 1" semeslre , 1849-1850. LECTDRES ET COMMUNICATIONS. M. Midoc lil une appreciation des ceuvres poeti- ques de M. Alfred de Tanouarn. M. Landouzy fait part a PAcademie d'un fait qu'il croit avoir sinon , observe , au moins etudie le pre- mier, au point de vue palhologique ; e'est a dire , I'exaUalion de l'oui'e dans la paralysie de la face , produite par la paralysie de la seplieme paire de nerfs. — -20 J — S^nncp flu 15 Janvier I ■*.".!). PRESIDEACE DE M. DUBOIS. Etaient presents : MM. Saubinel , Bandeville , L. Fanart , Querry, H. Landouzy , E. Derode , Max. Sulaiiie, Duquenelle, Louis-Lucas, F. Pinon, Aubriot, V. Tourneur, Ern. Arnould , II. Paris, L.-II. Midoc , Genaudet , J. Sornin , Deleulre , Forneron , liritire- Valigny, E. Maumene,Alboise du-Pujol el E. Holleaux, membres tilulaircs. El MM. Edm. Arnould , Lcuscbcnring cl Loriquet, membres correspondants. CORKESPONDANCE IMPRIMBE. Notice sur les fossUes tertiaires du Limbourg , par M. Ed. Heberl. Notice sur les depots silues dans le bassin de Paris , entre la craie blanche el le calcaire grossier , par le mCme. £loge funebre de M. le docteur J. Petit , de Sainte- Meni'hould, par M. Guillanme de Sauville. Almanack agricole , public par la Soeiele d 'agri- culture de larrondissemenl de Grenoble pour 1850, 0' annee , bulletin n° 15. Lettre des secretaires-generaux du Congres central d'agriculture , indiquant au 18 mars prochain la liga- tion do I'ouverture de la vi° session du Congres. L'Academie enlcnd un rapport relatif a one ques- tion d'adminislration interieure , ol delibere sur les conclusions de ce rapport. — '20/1 — REVUE RETROSPECTIVE Lcctnrc de M. Ch. Loriquet, MEMDRE CORRESPONDENT. ESSAl Sl'tt l'ECLAIRAGE CHEZ LES ROMA1NS. (Suite. ) HI. — Dm Candelabre , et des divers accessoires de V Eclair age. La plupart des lampes pouvaient etre tenues a la main , au moyen d'une anse ou poignee situee a la partie pos- terieure du vase (1). Celles dont les bees etaient nom- breux et qui avaient la forme circulaire , portaient au centre une ou plusieurs anses superposees (2). Voulait-on elevtr tant soit peu la lampe, sur une table , par exemple , on la plarait sur de petits trrpieds de metal ou dc bois (3) ; et s'il s'agissait de donner a sa lumicre une plus grande portee , afin dVclairer les regions elevees des appartements , parfois on la suspen- dait au moyen d'une ou de plusieurs chaines fixees par (1) Le Antich. di Ercolano , V. I , p. 97 ; V. VIII , p. 283 : lampes a -ri bees tt a 9. (2) Op. eit. V. VIII , p. 93 ; V. I . |>. 83 : lampes a 12 bees. (3) Op. rit. V. I , !>• 275, 279 ; V. VIM , p 185. — 205 — des belieres , souvent aussi on la placait sur uti cande- labre. Ces candelabres , a la tigc d'ordinaire si mince et si elancee , que Vitruve lui compare les colonncs dune minceur ct d'nne longueur hors de proportions, faisaient par la grace de leur taille et l'agrement de leurs ome- ments lun des objets les plus remarquablea de lameu- blement des anciens. Leur forme rappelle generalement leur origine. Les roseoux et les batons fixes sur un pied fourcbu qui , dans la simplicity des ma'urs primitives , avaient servi et servaient encore chez les pauvres gens a elever la lumiere , se retrouvent dans les candelabres anciens, dont quelques-uns represented un lulton noueux, une tige grossierement degarnie de ses epines on de ses rameaux, et tixec sur trois pieds. Le baut s'epanouit en une large corolle , (lout le plateau parait uniquement destine a soutenir des lampes , a porter des foyers , et peut-i'tre des bobccbes portatives ou pctits chandeliers avec leur cbandelle. Telle est du moins 1'opinion qu'on doit sen faire , semble-t-il , quand on voit que , de tous ceux qu'on a trouves a Herculanum et ailleurs, aucun ne presentc de trou pour recevoir des flambeaux , on de pointe pour les fixer. II est permis de croire ncaii- moins qu'il en fut autrement dans l'origine , et que le candt'labre repondit niieux a sa destination primitive comme a son nom , suivant ce qu'en (lit Martial (I) : « Nomina canJela.' nobis antiqua dederunt. • Le grammairien Servius :-i) , an cinquieme siecle, pense qu'en effct les candelabres avaient ete disposes autrefois pour recevoir des chandelles ; ct la definition de Varron (1) Epigr. lib. XIV , u. (2) n Caudelabra dicta Iradnnl , qua in capilibua jncinos ha- bsreol, qoibus afflgi solebanl , »ol candelabei , rel fun delibuti , etc.. •• Ad Virgil /Eneid I , : ii : fuualia i'< I'll 0 — 200 — semble coniirmer ce sentiment : a Candelabrum appel- latur locus in quo figebant candelam. » Lc bronze etait le metal le plus employe pour ees sortes d'ouvrages. Neanmoins, il y en avait anssi de fer: et , comme nous l'avons dit , les pauvres gens se conten- taient d'en avoir de bois : • Meniini ibi candelabrum ligneum ardentem , > lit-on dans les fragments de Cecilius (1); et du temps do Martial , on en voyait encore de meme matiere (2) : • Esse Tides lignum : serves nisi lumina , fiet « De candelabro magna lucerna tibi. * « Tu vois qu'il est de bois : si tu ne fais attention a la » damme , ton chandelier ne sera plus qu'une vaste chan- » delle. » N'avons-nous pas encore ici deux preuves de l'emploi de la chandelle sur le chandelier meme et sans inter- mediate ? Ciceron (3) nous apprend qu'on fabriquait beaucoup de candelabres a Syracuse ; et le luxe qui regnait dans la Sicile explique parfaitement le debit considerable de ces ouvrages. Mais rien n'etait plus en vogue , au temps de Pline, que les candelabres dits de Corinthe , bien qu'on n'en eut jamais fait dans cette ville, comme il l'assure (4). Les candOlabres aitisi nommes sortaient des ateliers d'Kgine et de Tarente. « A Egine , dit notre auteur, on travaillait specialement la partie superieure des candelabres , proprement dite le plateau ou la coupe [\) In Meretrict. Hemarquez le genre masculin , plus habituel eependant pour desiguer unc chandelle , comme dans la note precedenle. (2; Epigr. lib. XIV, 44. f3) In Verrem IV. (4) Hist nutur. lib. WMV , c — -207 — terminate ; les tiges etaient confectiounees a Tarente. L'ensemble si vante etait le produit de deux fabriques diffewotes (1). » En presence il'un texte aussi fonntl , il scmblo qu'il n'y a pas lieu do contester. Mais les archeologues ne sont pas toujours d'accord avec les historiens memes des temps sur lesquels s'exerce leur sagacite. Au lieu d'etre prises a la lettre, les paroles de Pline signifieraient, Buivant les uns , que les candelabres les plus estimes pour leur forme venaient de Tarente , et que d'Egine sortaient les plus estimes pour leurs ornements (2). — D'autres out etc plus loin. — II y a des candelabres , ont-ils dit , dont le fiit pose immediatcment sur les trois pieds qui leur servent d'appui ; il en est aussi dans lesquels ces pieds sont reconverts par un disque. Ces derniers sont en general plus ornes et en memo temps d'un gout plus pur ; ils semblent se rapprocber davan- tage de l'art grec. Ne pourrait-on pas les regarder comme etaut plus particulierement 1'ccuvre des Eginetes , tandis que les autres seraient sortis de mains italicnnes et viendraient des fabriques de Tarente (3)? — (!e3 ex- plications peuvent etre ingenieuses. Mais, pour admetlre 1 une ou I'autre , il faudrait donner au texte qui les a fait oattre une elasticite qu'il n'a pas , a notre sens. Si d'ailleurs il y a quelque verite dans cette distinction de candelabres grecs et de candelabres italiotes , parmi ceux que les mines dllerculanum out engloutis, comment Pline ne l'a-t-il pas conuue et n'en dit-il rien , lui contemporain des derniers jours de cette opulente cite et qui trouva la mort dans son desastre meme ? (1/ • I'ri vntiiii .Kgina caiulclabrorum supd liciein tliimtaxat claboravit , slodi Tarcntiini scajios. la his ergo j une la commeu- datio offlcioaram eat. • Loco cit. (4) Maya*. pHtOT6$q, T. V. |». I.r,7. (3) Herr.uUmum et Pompei ; Paris, Firmin Didot, i*i. 17. — 208 — Apres nous avoir appris oil se fabriquaient ces meu- bles si rccherches , sous le nom de candelabres de Corintbe , Pline nous en fait connaitre la valcur. On ne payait pas plus cher les services annuels dun tribun militaire (1); encore etait-ce le prix commun : on en vendit un jusqu'a 50,000 sesterces , et l'acquereur n'obtenait , par dessus le marche , qu'un esclave dont la bosse et la tournure grotesque devaient etrc l'amu- seme.it de sa maison (2). Parmi les candelabres connus , plusieurs meriteraient d'etre cites, non seulement pour l'elegance de leur forme, mais aussi pour les perfectionnements que le besoin d'une plus grande commodity avait inventes. C'est ainsi qu'il y en avait a coulisse , disposition qui per- mettait d'elever et d'abaisser la lumiere a volonte. On nous pardonnera facilement de ne pas nous arreter a decrire toutes les varietes du genre. Cela a etc fait tant de fois , que nous n'aurions rien de neuf a dire sur ce point. Le caudelabre ne pouvait dispenser d'employer d'au- tres chandeliers. Car il fallait quelque chose que Ion put transporter sans embarras, avantage qui manquait a la lampe. Rien de plus simple que le chandelier sur lequel on plagait des chandelles. Tantot c'est une bobeche a pied , comme celui qu'on voit sur l'un des vases d'Hamilton (3). D'autres fois, c'est plus simplement encore , un double cdne renverse , la partie rentrante qui se trouve au mi- lieu permet a la main de saisir l'appareil avec assu- (!) Loco citato, —■ Environ 1 ,4C0 deniers , suivant Hardouin , c'est-a-dire 584 livres dc notre anciennc monnaie. [2) Plih. Loco citato. — Environ &.000 livres. (3) Grav. au trait d'apres Zes orncm. de vase$ ctrusques , grecs et romains recueillis /tar F. Sir Hamilton. Londres , 1806. in-4". — V. aussi Mazois , Ruirus de Pompii , 1" partie , 26 ; II* , 2.S. — 209 — ranee et en t'acilite le transport. Tel est celui que nous auroDS occasion de remarquer sur an eoffret u'argent decouvert en 17!»:5 sur Ic mont Ksquilin. La chandelk paralt etre fixee dans le chandelier meine ; nous observerons quelle est conique, conime le sont Ies torches de grandc taille (I ). Nous voyons encore dans Aristote (2) et dans Thco- pompe le comique (3) I'obeliscolyehnvs , lampe on flambeau quelconque place au sonimct dune pyramide, pour eclairer au loin. Le terme est grec ; ncannioins I'objet qu'il designe a pu passer dans l'usage des ro- niains : mais nous navons rien rencontre qui le con- stant. II n'en est pas de meme du xylol ychnnchus , chandelier de bois que nous retrouvons dans le lychnvchus ligneolus dont Ciceron aimait a se servir pour travailler (4J. Les grammairiens sont d'accord pour faire deriver l'un etl'autre de I'obeliscolychnus (5): singulicr rapprochement que celui dun flambeau designe" par un diminutif, avec cet autre que pare la denomination la plus pyra- midale ! Mais l'obelisque peut descendre iv la taille dune aiguille ou d'une simple pointe: et Ton conceit que , ivduit a de modestes proportions , le chandelier de Ciceron ait pu lui paraitre commode. Autrement, il ne remer- cierait pas aussi vivement son frere de le lui avoir envoye tout expres de Samos. Parfois nous trouvons dans le flambeau lui-menie (1) Sf.r. d'Agincourt, Hist. . Athene. Deipnosuph . lib. XV, p. 700, K. I). (\) « Hanc scrips! ante lurcui, ad lychnuciiiiiu ligneolum, qui mihi crat peiJDCOndos, quod cum Ic aicbant, qoum 61868 Sam i, curate 1. 1> i'i CA8AUB Ail ithen lor lilal — 210 — une disposition qui dispense celui qui le porte d'avofr un chandelier. C'est ainsi que, dans une peioture d'Herculanum (1), un genie tient un polit flambeau qui est coupe par nn disque vers la moitie de sa longueur. Ainsi encore bon nombre de flambeaux de haute taille (2) se terminent par plusieurs calices superposes : ceux de dessous font l'oflice de bobeche. Arrivons maintenant aux accessoires dont s'enricbit l'art de leclairage. 11 en est qui sont encore en usage cbez nous et que les Komains connaissaient. Puisque les Juifs avaient les mouchcttes et qu'il en est question dans les livres deMoyse, on ne sera pas sur- pris den trouver l'equivalent chcz les Homains. Mt,'|a, le nom grec de la meche , est proprement la raucosile dont on se debarrasse en se mouchant. Aussi le meme mot latin emungere signifle-t-il aussi bien moucher le nez et moucher la chandelle. II signific encore duper. Plaute est bien capable d'avoir joue sur les deux pre- miers sens, quand il dit (3) : « Lychnum emunge paruinper , » I't videat anus ubi pedes ponat. » Des esclaves etaient ordinairement proposes a l'entretien des lampes et des cbandclles. lis avaient pour cela de petits crochets et des pincettes propresa tirer les medics , a les etendre et a les moucher (4) . Ces pincettes, forcipes, •'■taient plates: celles dont se servent nos epinceteuses, pour nettoyer les etoffes ecrues , peuvcnt en donner (1) Le antich. di Ercolano,X. II, p. 127 (») Herculanum el Pompei,T. V, pi. 37. — // museo Borbon. V. JX. p. 35, 38. (3) Ex Viridul. ap. Priscian. — H. Stephan Tlies. gr. ling. (4) PlGNORIOS , de servis «t eoruut ap. Vc teres nfficiis , LV, — 211 — une idee (1). Quant aux crochets, emunctoria , ils out deu\ pointes , 1'une droite et I'autre recourbee (2). I)e ce qa'OD rencontre souvent ce petit instrument Qxe par une cliaine a la lainpe , Montfaucon (3) s'est inc- jiris sur son objet et a cm qu'il servait a la suspendre. Mais, pour qu'il en tut ainsi , il faudrait que le point d'attache des crochets eorrespondit au centre de gravite des lampes , ce qui n'existe pas toujours. 11 nest pas rare de les trouver fixes a lobturateur ou couvercle mo- bile qui ferme l'ouverture par laquelle on verse l'hoile dans la lampe (4). Puisque nous en sommes sur ce couvercle , nous dirons que , la oil il n'existe pas , principalement dans les lampes en terre cuite , l'ouverture , ou injundibulnm , estentouree d'uue cavite, atin de prevenir le dcversement de l'huile. Enfin, nous parlerions des vases propres a verser de l'huile dans les lampes , si ceux de la collection d'ller- culanum qu'on a cru devoir rapporter a cet usage (5), presentment des caracteres capables de lever tous les doutes relativement a leur destination. Les Romains connaissaient encore Yallumette , ra- mentum , suljuratum. a Tu ressembles a ces malheureux » qui parcourent les quartiers transteverins , echan- » geant des allumettes contre des verres casses , dit » Martial (6) : » • Hoc quod Irausliberinus ambulator » Qui pallentia sulfurata fraclis » Permulat vilrcis. • (1) Le Antich. di Ercol. V. Ill, p. -jy.i. (2) Op. cit. V. HI , p. 238 , 311 . — Liceti, VI , 72 — Bellori , la?. 150 , p. 207. (8) Antiq, expliq. I V., part. II , p. 208. (4) Herculan. et Pompei, 1 VII , >t?rio III , pi. 44. (5,) Le Antit I, i/i Errol. V I . p. S3 , 247 , 261. — Hrrrulun el Pom pet , T. v , scrii- ill , pi M 8l T0$"append pa 120, (6) /:/'<(/» lilt I i. — 242 — Vous voyez que rien nest change dans les habitudes et le genre de commerce du menu peuple. Toute la difference, c'est qua l'epoque dont nous parlous, on n'avait pas encore invente les allumettes phosphoriqaes, chimiques , etc. On s'en tenait a de petites baguettes dc bois dont le> deux bouts etaient trempes dans le soufre. Martial nous apprend , dans mi autre cndroit (1), que rien n'etait plus bruyant dans les rues que le chassieux debitant d'allumettea ; et ailleurs (2), avec Juvenal (3), il nous presente I'allumelte comme etant, dans le langage du peuple , le terme comparatif des objets de la plus mince valeur. Vous vous attendez maintenant a ce que je vous parle du briquet: car vous avez encore presents les recits de Virgile , et vous savez comment le fidele Achate (4) , au moyen de feuilles , puis de branches dessechees , sut dune etincelle faire un foyer petillant. IMine, du reste, est la pour completer nos idees a cet egard. II nous ap- prend que de son temps la pierre meuliere a retju le nom de pyrite (5) , parce quelle produit du feu ; et au (1) « Nee (cessat) sulfuralse lippus institor mercis » Epigr. lib. XII , 67. (2) « Qu;e sulfuralo nolil empta ranicnto Valiniorum proxeneta fragmentorum. » Epigr. lib. X, 3. (3) < Siccabis calicein Quassatum , el rupto posccntem sulphura vitro. > Sat. V, 47 (4) « Ac prinium silici scintillaru excudit Achates, Suscepitque ignem foliis , atque arida circum Nutrimenta dedit , rapuitque in fomite flanimain. < Mneid. I , 178. (5) < l'\ in, iimn nun genus mimn factual , ]> 1 ii ri hi ii in habens ignis , quos vivos appellamas.... hi expioratoribus castrorum raaxime ncccssarii , r{ n t clavo , vol altero lapide percussi , scin- tillas edunt : quae excepts sulfurc aut fungis aridis , vel fo- liis , dicto cclcrius ignem tradunt. » Hist. uat. , lib. XXXVI, 30. V. aussi Orh.km. , lib IV ; Si u.n.i h . Extrcit XVI , 77. - 213 — suj.'t (I unc autre sorte de pyrite , qu'il appelle pyrite oive , il est plus explicite encore : a Elle est tres riehe en feu , dit-il , et principalement utile aux patrouilles militaires. Frappee avee un clou on une autre pierre , elle donne une etiucelle qui , recue sur du soufre , de l'amaduu ou des feuilles si-ches , fournit du feu en un instant. » Bnfln, les eclaireurs militaires, dit IMine (l) , n'ont pas toajours a leur disposition des pierres pour en faire jaillir du feu. lis frottent alorsbois contre bois, et le frotte- nient y develuppe la Qamme. » II cite ensuite le laurier, le lierre , la vigne sauvaire et grimpaote , comme s'euflam- mant sans peine par le frottement. Nous ne discuterons pas avec IMine l'origine de ces differents procedes ; car nous devons inetlre des bornes a ce chapitre deja fort long , et nous avons encore a parler dc la lanterne. IV. — De la Lanterne. Tous ceux qui lisent I Amphitryon de Moliere, ne sont pas obliges de savoir qu'ils out devant les yeux une comedic grecque ou latine. 11 en est qui , peu familiers avec les usages de Rome antique , comme avec les oeu- vres de Plaute , se demandent si la lanterne de Sosie nest pas un drossier anacbronisnie. Mais Mercure, dans (l) ■ Exploratoram hoc usus in caslris pastoramqne reperii . quoDiam ad excndeadam Igoem Don semper lapidia accasio sal Teritui ergo lignom ligno , Igneraque concipit a) Sat. Ill , 260. — -215 — Btrietemant observec dans les deruiers temps de la re- publique , la circulation etait iiiterdita pendant lejour, saut' un petit nombre d'exccptions , a toute espece de chariots et de voitures pesamment chargees. La nuit done , les pietons attardes risquaient leur vie pivcise- ment en raison des precautions prescrites pendant lejour en leur favour (1). Si dailleurs , com me Encolpe et se3 companions (2) , on etait peu familiar avec les chemins, on pouvait se meurtrir longtemps les pieds a travers les gravois et les caillous des rues mal pavees , avant d'arri- ver au but. La lime ne luisait pas toujours , et tout le monde n'etait pas aviso comme le petit Giton de Pe- trone (3) , qui , cbemin faisant , marquait pendant le jour les piliers et les colonnes avec de la craie , afin de reconnaitre sa route au milieu des tenebres. Le mieux done etait de se munir d'une lumiere , quand en voulait sortir la nuit. Les uns se servaient dune lanterne , d'autres prenaient un flambeau. Rarement on allait souper en ville , sans s'y faire accompagner par un esclave porteur dune torcbe pour le relour (4). Lea verts-galanls do Home n'oubliaient pas non plus cettc precaution dans leurs expeditions nocturnes : temoin I'esclave de M. Antoine , qui fut mis a la question pour avoir porte la lanterne dans une entreprise incestueuae de son maitre (5). Souvent meme I'amoureux qui avail veille* jusqu'au jour devant la porte de sa maitresse , laissait , en se retirant , les derniers restes de sou Ilam- beau , dans l'espoir de l'attendrir. C'est ce que nous (1, MAZIOCHl . tab henirl. hit. Ml , 61 , 62 , 6&. (2) Petron. Satyric, LXXIX. (:l Loco riiato. (\) Pliivro Symposiaquts,. Ml, 7. S \ am Maxim , lib VI . R. — 216 — apprennent, dans Properee (l) , les plaintes d'tme mal- heureuse porte qui deplore le scandale dont elle est de- venue l'objet. « Chaque jour , dit-elle , me retrouve chargee de couronnes qui me desbonorent , cntouree de flambeaux qu'abandonne l'amant econduit dune femme trop celebre. » A l'epoque ou vivait Ciceron , l'usage avait limite le nombre des flambeaux dont on pouvait se servir pour s'eclairer dans les rues. « Dans mon enfance , dit-il (2), j'ai vu souvent C. Duillius revenir de souper , precede de musiciens et de flambeaux en grand nombre. C'etait une delicatesse sans exemple dans un particulier ; la gloire et le grand age de Duillius pouvaient seuls ex- cuser une pareille licence. » Mais , nous pouvons le dire tout de suite , la modestie des particuliers sur ce point ne fut pas toujour* la meme. Juvenal , a une epoque ou le luxe n'avait aucun frein , nous montre le ricbe accompagne le soir de lampes de bronze el de viugt flambeaux ; quand le pauvre , en l'absence de la lune, eclaire sa marcbe a la lueur dou- teuse d'une maigre cbandelle (3). « Cavet hunc. quem coccina Ia?na » Vitari jubet , el comituiu longissimus ordo , • Multum pra'lcrca flainmarum et aenea lampas ; ' Me, quern Iuna solet deilucere, vel breve lumen » Candelae , cujus dispenso et tempero (Hum , • Contemnit. » (() « Et mihi non desunt turpes pendere corollae Semper , et exclusi signa jacere faces. » Chop. , lib. I. Eleg. XVI , 7. An rem patriam rumore sinistro Limen ad obsccenum frangam , dmn Chrysidis udas Ebrius ante fores exslincta cum face canto. • Pkrs. , Sat. V, 1G4. (2) « Delectabalur crebro funali et tibicino , (|uae sibi nullo exemplo privatus suinpserat. > De senect. XIII. (3; Sat. Ill, 283. — -217 — Celte clietive lumiere que le pauvre economise , que probablement il gare du vent , de peur quelle nc s'use trop vlte , ou qu'elle ne viennc a s'eteindre , et qu'avec elle ne disparaisse son unique ressource au milieu des t(;nebres , e'est cclle qui brille en surett: dans lenceinte diaphane de la lanterne , comme elle le dit elle-meme dans Martial (i) : < Dux latcrna viae clausis feror aurea flammis , ■ Et tuta est gremio parva lucerna meo. • L'usage du verre comme matiere translucide et pou- vant s'employer en lames minces, etait inconnu ; du moms , tandis quon s'en scrvait pour faire des vases a boire et d'autres meubles , on remplissait encore les jours des fenetres avec de la pierre speculaire. Ce qu'on avail done de mieux a employer pour abriter la lumiere, e'etait la corne , comme dans ces paroles que Mercure adresse au pauvre Sosie (2) : « Quo ambulas tu , qui Yolcanum in cornu conclusum geris ? » « 0^1 vas-tu, toi qui portes Vulcain dans cette prison de corne ? » I. a come d'Urus ou boeuf sauvage etait principale- ment employee pour cet objet. Mais cette matiere elle- meme assez cbere , n'etait pas a la portee de toutes les bourses (3). Le pauvre, au lieu de corne, se servait de bois minces , de membranes transparentes , de peau de vessie principalemeni ; « or , pour n'elre pas de corne, dit elle-mtime la lanterne du pauvre, dans Mar- tial (4), en suis-je plus obscure? et les passants soup- i^onnent-ils que je ne suis qu'une vessie ? » • Cornea si non sum, numquid sum fuscior :■ aut me « Vesicam, contra qui yenil, esse putat? . (1) Epiyr. lib XIV, 81. (2) Amphitryon, 1, sc. I, 186. (3; Pun. hist. nat. lib. XI. 37. (4) Epig. lib XIV, 62 I- 17 — 218 — Souvent meme on se contentait de linge huile, comme le prouve lc mot de Lydus dans les Bacchis de Plaute (1) : . It magistor quasi luccrna undo expretus linleo. » C'est peut-etre en ce sens que Ciceron a dit • tinea Interna ; » a moins qu'il n'ait voulu designer par la la nature de la meche (2). Dans le dernier cas, cette expression ne nous apprendrait rien au sujet du genre de luminaire qu'on plat-ait preferablement dans les lan- ternes. Juvenal nous a fait voir quon y employait la chandelle (3); et, dans la grande lanterne de bronze recueillie a Herculanum en 1760 , nous trouvons une lampe cylindrique a bee central (4). La forme de l'appareil variait beauconp. Ainsi, nous avons un petit modele de lanterne carree, a toit pyra- midal , sur une pierre graves de la galerie de Florence ; e'est un amour qui la porte. Nous voyons au contraire, parmi les sculptures de la colonue Trajane, une lan- terne assez grande, cylindrique et a couvercle plat. Celle-ci est suspendue aux ornements d'un navire , et ses appendices superieurs paraissent particulierement disposes pour cette destination. Celle d'Herculanum , dont nous parlions tout a l'keure, presente les memes caracteres , sauf le couvercle qui est hemispherique. — Tandis que la petite lanterne de Florence porte un anneau au sommet de son petit toit, une autre est munie d'une anse trapezoidale. Enfin , nous ne devons pas oublier qua la guerre (1) t Le precepteur s'en *a , la tete enveloppee d'un linge huile, comme une lantcrr.e. Bacchid., act. Ill, sc. Ill, 42. (2) Epist. l.WMX , ad Atticum. (3) Loc- u moins, est-ce la seule chose qui ressorte du texte de IMaute , quand, au sujet dun acneau d'une excessive maigreur, le poete fait dire a I'avare Euclion (3; que son corps est transparent comme une lanterne de Carthage , et qu'on peut examiner ses entrailles au soleil . sans l'egorger : «... Exla i ii ~ | . i. •• re in sole eliain vivo lied , » Ila is perluccl, quasi Ituerna punka Asserius , historien des anglo-saxens , au i.v siecle , attribue ^invention des lauternes de corse au roi Alfred , a la cour duquel il vivait (4). On voit qa'Alfred a pu (1) * Eslo laterna quadrilatera , pcllibus ab oiuni parte op- pansis inunita. Late mm Irium pelles sunlo nigra? : uniiis alba; , per qiiam pone sequenUbns luceroa lucebit. » Jul. African, ap Cest. Matliematici vc teres : Cap. I\\, -ripi k^X7ottoA^/3^. — Phii.o , de telorum corutruet. \ (2) Raccolta <• memo, encore , nous avons Deglig^ — 22fi — les (1 'tails relatifs aux lampes suspendues; nous n'avons pas determine non plus les caracteres particuliers qu'of- frent les lampes de difierents genres •, caracteres tires de ltur forme , des figures , des inscriptions qu'elles portent, et d'apres lesquels les antiquaires ont cru pouvoir classer les objets de leurs etudes. Ces distinctions viendront successivement se dessiner d'elles-memes. Ce serait etre infidele au plan que nous nous sommes trace, que dYtablir a l'avance une classi- fication. Sans parler des diverscs inventions qui n'ont eu de valeur que sous le rapport scientifique et qui nentrerent jamais dans le domaine dun usage commun , ni de la lampe sepulcrale , qui trouvera naturellement sa place k l'article des funerailles , penetrans dans l'interieur des maisons et portons nos investigations jusque dans la piece la plus reculee des appartcments, la cliambie a coucher. Nous y trouverons la lampe cubiculaire , « Dulcis conscia tecluli lucerna", • comme dit si gracieusement l'honnete Martial (1) , qui se felicite d'avoir aupres de son chevet un confident aussi discret de ses plaisirs nocturnes. Ce moyen de donner aux yeux leur part de jouissance , cette complicity de la lumiere , « connivente lumine , » suivant l'expression de l'auteur inconnu de |» Ayeftoptro? (2) , Martial sans doule n'en etait pas 1'inventeur , bien qu'il fut dignc de fetrc. S'il en faut croire Apulee , ce fut un amant qui le pre- mier imagina la lampe de nuit , « afin que plus long- temps , et la nuit meme , ses yeux pussent voir ce que son coeur adorait (3). » — Quoiqu'il en soit , tirons (1) « Quidquid »is facias licet, lacebo.» Epir/r. lib. XIV, 39. — « 0 qua? pra:lia , quas ulrinqtic pugnas • Felix lectulus et lucerna vidit ! » Epiijr. lib. X, 38 , 6. (2) Peut-elre Apulee. V. 18 , emlroil conlestc. (3) i Quuna le scilicet amator ali(|tiis , ut diulius capitis etiam nocte poliretar , primus inveneril. • Mctanwrph lib V. — 225 — discretemeot le ridoau , et laissons Lucius , avanl sa cruelle metamorphose , « s'embarquer une t'ois encore sur Ja mer tie Paphos, avec ses provisions ordinaires , de l'huile dans la lainpe et du vin dans les coupes (1). » La lumiere nocturne, dont nous venons dc voir l'em- ploi , se posait ordinairement pres du lit sur 1111 guen- don (2): DO petit trepied de metal lui servait de support immediat et l'exliaussait. Souvcnt aussi 00 la placait sur un candelabre (3J. Festos (4) parle d une lampe suspendue qui se con- servait egalement allumee pendant la nuit. II Pappelle cicindela , comme les insectes phosphorcsceots , proba- blemeot a cause de sa p^titesse. Eofio Papias, contemporain de Festos, nomine lucu- brum (5) une sorte de lampion , compose d'etouppes et de cire. C'est proprement dit la veilleuse; et de ce mot lucubrum on a fait lueubrare , veiller , et lucubralio , qui signilie toute veillc laborieuse, toute recherche axigeaot continuit(;. (G, : « A nrna lucuhratoriam se in lecticam recipiebat , » dit SueHooe(7j , en parlant d'Aogoste et de son habitude de travail ler la nuit aux. affaires sur un (1) « Hac enini silarchia navigimn Veneris indiget sola , ul in node pervigili , et oleo luceina , el vino calix abundet. » Ai-ul. Metamorph. lib. il. (2) Apil. loco cit. (3) Herculanum ct Pompei, T. VIII , M. s p|. ik , n, (4 Dc verbor. sii/nific. (5j Focabular. int. (<;) « Quum omnis luccrna combusta eat in lacubrando , ollvi- iasi|ue consompta. ■ Yarho , dc ling. lot. « Inter lucubranles aacillas in medio tedium nedeDleni i n Te- nia nt, » T. I. iv Hitloriar lib I . Accipies igitar hoc parrum opusoalam laoabratuin his jam contractioribus noclibus. Cicgr. in Paradox (7) Octav. August I WYIII — 226 — lit de repos. Columella (l) , clans ^enumeration qu'il fait des travaux nocturnes de la campagne , se sert de termcs semblables ; it distingue en meme temps la veillee du soir, Ivcubralio vesperlina , et celle qui devance et precede immediatement le jour , lucubratio antelucana. Fn fait Aevcilleuses , les Antiquites d'Herculanum (2) nous presentent un exemple digne de remarque. C'est un petit vase de bronze qui renferme une lainpe cylindrique a foyer central , du genre de celles dont nous avons parle a l'article de la lantcrne. Sur le vase s'adapte un couvercle bombe et perce de trous , de maniere a caclier entierement la lumiere , sans l'etoufl'er. Le vase lui-meme est place au milieu d'un large plateau. Nous devons citcr encore un appareil singulier dont nous trouvons deux varietes dans la meme collection , cette mine si riche a laquelle nous ferons de nombreux emprunts. C'est une triple lampe , ou plutot trois lampes distinctes en une seule piece ; deux sont plus petites et placees de chaque cote d'une autre qui leur sert de base (3). Cette disposition avait-elle pour but de donner trois lumieres successives ; ou bien de procurer une lu- miere triple pendant la premiere veille de la nuit , puis un eclat plus modere dans la seconde , en raison de la difference des capacites et par suite de l'extinction des deux petites lampes ? Nous ne saurions le dire. Et pour- tant il faut convenir qu'un semblable appareil etait tres propre a mesurer le temps de la nuit et a en indiquer les periodes ecoulees. — « Cleopbantide tarde encore, lisons- nous dans une epigramme grecque (4) •, et deja la troi- M) « Ad lucubralionem Tcspertinam palos decern , vel ridicas quinque couGcere , totidemque per anlelucanam lucubratio- nem. • Lib. (I , cap. 2. (2) Le Antich. di Ercol. V. VIII , p, 253. f:5) Le Antich. di Ercol. V. I, p. 153 ;V. Mil, 162. Les petites lampes du dernier exemple sont bilychnes. i i Pam Silemtiar. — 2->7 — sieme lumiere s aiVaiblissant peu a peu , menace de s'e- teindre. » C'est le meilleur texte que nous puissions inettre a cote de notre description. Nous trouvons du reste la lampe dans Ies mines , et la, sa lumiere sert de mesure a des travaux que ne peut diviser la succession du jour et de la nuit : « Cavantur montes ad lucernarum lumina, dit Pline ; eadem mensura vigiliarum est : multisque mensibus Don cernitur dies (1).» On trouvc sur beaucoup de lampes anciennes des figures d'animaux. r,e sont tan tot des signes du zodiaque ou des attributs dun art ; d'autres fois , on y reconnait ce que volontiers j'appellerais les amies pari antes d'une famille , comme la grcnouille pour les Ihilrwhus , le lizard pour les Scaurus , \ elephant pour Cesar , etc. On croit y voir d'autres cmblemes encore , Vote et la grue , par exemple , qui symbolisent la vigilance (2). Dials l'ornement le mieux choisi peut-etre pour un in- strument destine a eclairer les veilles , c'est la cfiauve- souris, cet oiseau du soir dont le nom vespertilio desi- gne si bien les babitudes. Aussi la voyons-nous s't'taler dune facon grotesque sur la poignee d'une lampe d'imy- xe (3). On regardait l'image de cet animal comme un talisman puissant contre le fiiscinvs et les apparitions (4) : ainsi notre lampe put rendre un double service a quulque poltron. On croyait encore se garantir de 1 influence mauvaise par un autre genre d'amulette que je ne nommerai pas et dont je me dispenserais volontiers de parler , si l'his- toire pouvait e'.endre completement le voile sur des tur- pitudes aussi generaleiuent ivpandues. II imports pen de savoir si les lampes qui portent les insigues du (lieu de (1) Hist natur. lib. X.WIII , 21. « Aquitani >.laiites iliebus DOCtlbosque cgcrunt aquas luccr- naiuiu mcDsura. • Lib. cit. 31. (2) Abistot. HUt. (initii. IN , n. 13) Le Antich. di Ercol V. |, p, 153. (i I'i.iv Hist nalur lil>. XXIX . . - 2'28 — Lampsaque (1) ont eclaire 1'interieur lunuux des lupa- nars (2) ou les orgies de quelque debauche (3). Mais quand Properce donne a lasile des prostituees , a la subura , le nom de vigilante (4) : • Vigilacis furla suburrae , » nous devons reconnaitre qu'elle avail plus dun titre a cette denomination. Sans parler des veillees de Priape et de Venus , que celebraient plus volonliers peut-etre les habilantes de ce tortueux quartier (5) , on peut dire qu'une veille perpetuelle regnait dans les repaires dont fl etait reinpli. Tous les noms qu'on leur donnait , late- brce ou lenehra (6) , fornices (7) , sont les preuves d'une obscurite profonde et justifient l'emploi continuel des lu- mieres(8) ; impures apparitions de la nuit , les meretrices ne devaient se produire que le soir , a la ixe heure , d'ou leur vint le nom de nonarice (9) ; et, pendant le jour, suivant Tertullien(lO) , une lampe accrochee a leurporte servait d'enseigne a de nouvelles prostitutions. Revenons un instant a la cliambre a coucher , et jetons un coup doeil sur la toilette. Tout le monde connait le cotTre d'argent du mont (\) Le Antich. di Ercol. V. II , p. 395. (2) Licet delucern. p. 580. (8) Petron. Satyric. LXXII1. (i) Proper, lib. IV, Ehg. VII , 15. (5) Petron. op. cit. XXI. (6) Plait. Bacch. Ill , 3 , 2ft. (7) Juyen. Sat. Ill , 156. — Sueton. Cms. XL1X. — Petron. op. cit. VII. , VIII. — Senec. Controv. I , 2, (8) a Redoles adhuc fulginem fornicis. » Senec. loco cit. • Obscurisque genis (urpis , fumoque lucernaB • Foeda. » Juven. Sat. VI, 131. « .... Sub clara nuda lucerna.» Horat. Satyr, lib. 11 , VII , 48. Endroit conteslc , il est Trai , et ou d'autres lisent iacerna. (9) Pers. Sal. I , 133 , el Vet. Schol. (10) « Procedat de jauua laureata et lurernala , ut de noro * consislorio libidinum publicarum. * Ad uxor. II. « Quis i-uirn ■ |ihiloso|ibuiu . . lurernas meridie vanas prostiluere com- > pellit ? Apolojftt. XLV1 — £29 — Rsqniiio . dont Visconti a donne" In description (t) et (TAgtacourt le dessin (2). Le corps entier de la boite est revetu de bas-reliefs representant la toilette d'unc grande dame. Autour d'ellc s'empressent plusieurs femmes qui portent differenta objets , et parmi ces femmes ou en diatingae one, dont l'unique office consiste a tenir un flambeau allume. Surement ce n'est pas sans dcssein que I'artiste lui a donne" place sur ce coffret ; il faut bien croire qu'elle etait indispensable pour eclairer l'o- peration. — Nous avons dt'-jii remarque* la forme du flambeau. — Suivaut d'Agincotirt , le precieux meuble dont nous parlons appartiendrait au ne siecle ou au ve. Suivons maintcnant Juvenal dans l'ecole , pour de- plorer avec lui le sort des pauvres maitres et les tribu- lations dont ils sont lobjet. ii Vous cxigez , dit-il aux parents (3), que le maitre sacbe tout, meme des inutilities i; qu'il faconne le coeur flexible des enfants comme un sculpteur habile sait faconner la cire ; qu'il veille sur eux en pere , de peur qu'un soufle dcletere ne vienne a fletru* ces jeunes plantes; et pour tout cela , vous lui donnez le \il sa- laire que reroit un athlete ! Trap heureux , quand il n'est pas indignement ranconne et soumis aux rabais qu'on exige des marchands d'habits grossiers , quand il n'a pas vainement precede le lever du forireron et du cardeur de laine, quand il n'a pas en vain respire l'odeur d'autant de lampes qu'il comptait dYleves dans sa classe (4) !o Le metier, ipie je sachc, n'a pas change. Les maitres d'aujour- d'hui valent peut-etre beaucoup mieux que ceux d'alors ; (1) Lettera di Enn. (Juir. Viteonti su di una autica argen- teria , etc. Horn. 17!)3 , in-A°. (2) Hist, tie I art par les vwnum. T lV.pl. 9. (3) Sat. VII. (ii « illinium. in noii penal totidein olfeoisse lacemu , qnot • slabanl pueri. » Loeo oit \ 156. — 230 — mais , sauf les privilegies , ils n'cn sont pas moins pauvres diablcs. La comparaison memo sur ce point pourrait etre enfaveurdesanciens. Noussavons du moins qu'ilsn'avaient pas a leur charge I'eclairage de la classe : chaque eleve apportait sa lampe ; l'odorat du maitre pouvait en patir, mais non sa bourse. Passons au triclinium. II. — Des Repas. Le souper , cocna , se prenait lorsque le soleil (Hait a son doclin , supremo sole , comme le dit Horace (1) ; et par la , Ton entendait la xe heure (2) ou la ixe (3). Ceux qui devanc-aient ce moment passaicnt pour des gens de moeurs peu regulieres (4). Mais , bien que le souper commengat reellemcnt de jour , il se prolongeait habituellement pendant la uuit ; et le moment ou Ton apportait les lampes , etait celui d'une causerie plus legere et plus active, qu'animait souvent encore le viu : « lllatis luminibus, epularis sermo percrebuit , dit Apulee (5). d Virgile , en sa qualite de poete qui a besoin de decrire , est plus ex- (1) « Supremo te sole domi, Torquale , raanebo. ■ Epist. lib. 1 , V,3. (2) Cicer. Ad Herenn. IV, 51. (3) ■ Post nonam rentes... . » Horat. Epist. lib. I, VII ,71. « Imperat excelsos frangere 11011a toros. » Mart. Epigr. IV, 8. (4) « Exul ab octara Marius bibit » Juven. Sat. 1, 49. (5) Metamorph. II . — < Cum inferentes vespertina lumina pucros cxclamassc jiudisset ex usu... . <> Ammian. XVI , R. 231 plicite encore (1). Cost an moment oil les mcts sont enleves , et ou l.ampadas igniferas rnanibus rctincntia dextris , ■ Lumina nocturnis epulis ut suppeditcntur » Telles sont les figures lampadophores qui se trouvent en grand nombre dans la collection d'llcrculanum (2). Telle est encore , dans Montfaucon , cette statue assise de satyre , dont la main droite soutient un vase elegant destine a servir de lampe (3). Enfin nous rctrouvons dans Atbenee les memes statues destinees a eclairer les appartements. 11 donne egalement le nom de trapezophores aux cariatides qui supportent les tables et a celles qui font loffice d'eclaireuses (4). Ainsi , des esclaves d'abord , puis des statues remplis- sant le meme objet , et , eomme eux , portant des flam- beaux : voila ce que nous trouvons au debut. — Les candelabres , soit a pied , soit en forme de bras , prirent ensuite la place de ces meubles dispendiuux ; et enfin , pour plus de commoilite, on y ajouta les lampes sus- pendues aux voutes , et meme les lustres, comme nous les a montres Virgile (5j , et comme nous les verrions encore dans Lucrece (6) , dans Stace (7) et ailleurs : sans oublier, sur les tables elles-memes , des lampes de plus petites dimensions. (i; De natur Rer. lib. II , 24. (2) Here, ct Pomp. T. VII et YIU. !3) Antiq. Expl. T. V, part. II , pi. 177, d'apres Bouanni. (i) Dei/mosoph. lib. III. (5) Loco cil. Ain. I , 722. (6) « .... Nocturna libi , terrestria qua; sunt • Lumina, pendente! lychni, clara?que coruscis » Fulguribus , pingues mulla raligine t&dse.... » De Nat. Rer. V, 295. (7) « Ast alii leoebras et opacani vincere noctem • Aggressi, tendunt auratis vincula lychnis ■ Theb. I, V-W. 289 J'ai parte de candelabres a pied, et j'ai nomine aussi des candelabres en forme :tl — le Antich. ,ii Brcol. \ III, p. 243. — 234 — La polymijxe, dans les modeles de terre cuite que nous connaissons, n'a pas cette disposition. Elle est circulaire, et ses bees sont ranges a l'entour , sans faire de saillie considerable (1). « C'est bien une seule lampe , malgre le nombre de ses bees , comme le lui fait dire Martial (2) , ct quoique ses feux eclairent egalement toutes les tables du festin. » « Ultistrem quuni tota meis convivia flammis , • Totque geram inyxos , una Iucema tocct. » Mais les lampes de ce genre n etaient probablemcnt pas toutes aussi simples. A defaut d'exeraples parmi les objets que les fouilles ont remis en lumiere , nous avons des lextes assez formels pour le croire. Quant Petrone (3) emmene les convives de Trimalchion dans une autre salle , pour y prendre la collation ou le repas de la nuit , plusieurs lustres de bronze sont sus- pendus au plafond, lis se font remarquer autant par leur forme que par leur eclat : des figures erotiques en font l'ornement , si elles n'en constituent pas les bras eux- memes. Pour avoir une idee du luxe de ces objets chez les romains , il faut lire le passage ou Plutarque decrit le premier souper que Cleopatre offrit a Antoine , en arri- vant en Cilicie (4). a 11 trouva, dit-il , l'appareil du festin si grand et si exquis qu'il n'est possible de le bien ex- primer : mais entre autres choses , ce de quoy plus il s'esmerveilla , fut la multitude de lumieres et de flam- beaux suspendus en l'air et esclairans de tous costez , si ingenieusement ordonnez et disposez a devises , les uns (1) Le Antich. di Ercol.V. 1, p. 97 ; lampe a 9 bees , ayant 3 belieres. [2)Epig. lib. XIV, 41. (3) « .... lla nt supra lucernas seneolosque Priapisticos nota- Terim. » Satyric. LXXIII. 4j Antoine , XXXII. Trad. d'Amyot. — 235 — en rond, les autres on quarre, que e'estoit Tune des plus belles et plus singulieres choses a veoir que l'ceil n'eut squ choisir, dont il soit fait mention par les livres. » Enfln , voici comment, au v siecle, Sidoine-Apollinaire (i) decnt a son tour le luminaire dun festin. Nous y retrouverons la magnificence de Cleopatre et de Didon : « Venicnte nocte, nee non • Laquearibus coruscis » Numcro sus erigalur » Camera; in superna lychnus • » Adipesque glulinosos » Opobalsamumque lucerna? ■ Auaglyplico metallo • Humeris ferant onustis. » Ces lustres , riches par la matiere , riches encore par le travail, communiquent aux voutes un eclat merveil- leux. Leurs bras etendus sont charges de lampes , dis- position que nous n'avons pas encore rencontree dans nos recherches , mais que nous retrouverons. Remar- quons aussi une seconde fois ce qu'on bnile dans ces lampes : outre des huiles , car adipes ne peut avoir ici d'autre sens , e'est du baume et d autres parfums. Tel est done I'eclairage des festins du soir et ce que les romains appellent lucerna convivalis ou tricliniaris. De tous points , surtout sous le rapport de la magni- ficence , il differe de ce que nous avons vu jusqu'ici. Dans les premiers temps , suivant Athenee (2) , les memes esclaves portaient des flambeaux devant' les convives et leur presentaient le vin. Ce melange d'at- tributions se retrouve plus tard dans loffice du maitre (1; Kpist. lib. IX, IJ. (2) Lite. at. — 230 - d hotel. Ses soins devaient s'etendre a tout ce qui concer- nait le repas. C'etait a lui , par consequent , de veiller sur les lampes, d'empecher qu'elles ne s'eteignissent . et meme d'y verser I'huile , pour ranimer leur lumiere expirante (t). L'emploi n'etait pas des plus faciles ; surtout quand , au milieu dc la Quit , des convives exerces se remettaieot a table pour ce repas de debauche qu'on appelait comessatio , Lien decides a boire jusqu'au jour (2) , jusqu'au moment ou la tete en feu , et les yeux troubles par l'ivresse , suivant un pro- verbe deja bien vicux , puisque Horace (3) , Juvenal (4) et Petrone (5) le connaissaient , ils voyaient se multi- plier a l'inflni le nombre des lumieres , et les objets d'alentour s'agiter et changer d'aspect. Encore la retraite n'etait-elle pas toujours paisible et sans encombre. Ce qui arriva chez Trimalchion devait se reproduire assez fre- quemment : alors , au milieu des querelles et du tumulte , on voyait tomber sur la table lustres et candelabres , et bienheureux etaient les assistants qui parvenaient a s'es- quiver lout couverts de debris et d'huile bouillante (6). (1) « Tiicliniarches exporrectus lucernis occidenlibus oleum infuderat. » Petron. Satyric. XXII. (2) « Sume , Maecenas , cyathos amici » Sospilis cenlum , et vigiles lucernas » Profer in Iucem » Horat. O. lib. Ill , 8 , 13. — « Virajque produccnt lurerna? - Dum rediens fugat astra Phoebus. » 0. lib. Ill, 21, 23. (3) « Sallat Milonius , ut semel icto « Aecessit fervor capili Humerus lucernis. » Lib. II, Sat. I, 25. (4) « ,.... Quum jam vertigine ledum • Ambulat , ct geminis exsurgit mensa lucernis. » Sat. VI , 304. (6) Et sane jam luccrna? mihi plures videbanlur ardere , totum que triclinium esse mutatum. - Satyric. LX1V. (6) « Sed candelabrum etiam supra mensam cversum , et vasa omnia crystallina comminuit , et oleo ferventi conyivas resper- sit. ■ Petron. loco cit. - 237 — Lecture j.oKsyoi y.tyahof.f>i{y.cvii ) montrcnl le peu de cas qu'elle en faisail. On sail aussi le mepris d'Horace pour le style boursoutle, boufli, pour le clinquant el les mols d'unpied ct demi. (Ampullae, nugte canons , sesquipedalia verba. ) De noire coMe , en France, nous avonsdedaigne longlemps sous le nom de Palhos el de Phcebus, les compositions enlachees du mOme vice. Le grand siecle n'a pas ele a 1'abri du blame sous cc rapport; tout le monde commit le renom de rhOlcl de Rambouillet ct la piece que I'esprit d'affeclalion el de recherche a inspiree a. noire grand poele comiquc. Plus laid l'emphase philo- sophique parut donner des droits au litre de Penseur ; beaucoup d'ouvrages furent inlecles de ce defaul. Mais avec lelude des sciences — 239 — positives el avec I'exemple de quelques grands ecrivains, les saincs tradilious , le bon gout , le nalurcl et le vrai prevalurenl. Deux homines , au commencement de ce siecle. Napoleon et Cdhteaubriand, onl surtout contribue au\ modifications que noire langue a subies. Le premier, par le preslige ordinaire dc sa parole, par le Ion inspire de scs harangues, de ses bul- letins militaires, et par l'effet de scs vicloires sur ('imagination ; le second, en penetrant pro- fondement son style de son caraclcre avenlureux, cbevaleresque, melancolique et rOveur; en asso- ciant les itldes selon son gre ; en supprimant de son aulorile priv^c les limites de la prose et de la poesie ; en porlant dans l'emploi dcs images une hardiesse que le succcs pouvail seul juslilier. Bienlot se forma 1'Ecolc Romanlique , dans laquelle la langue et le g6ut furent en proie. Plaire elait devenu la loi souveraine, devant laquelle devail lomber loule regie el loute tra- dition. Le mal elait deja grand, sans doule ; il a dii augmenler encore lorsque deux revolutions sonl venues coup-sur-coup , d'une part affranchir les esprils dc loule discipline, el d'aulre part, jetcr dans la circulation des idees de loule sorle, consignees jusque la dans des livres peu accre- dits, peu connus. On dit que le style et le gout doivenl se res- scntir dcs changemenls que subissent les insli- lulions et les moeurs; que ties besoins nouveaux r^clamenl de nouvelles formes dc langage. ... Et nous ne conteslons pas ce point : niais dordi- naire lesprit public a garde une mesure et a — 240 — reconnu des bornes ; en reoormait-il, aujourd'hui? n'esl-il pas certain , au contraire, qu'il s'est at- tribute une liberty i 1 1 i mi tee duns tous lcs genres ct sur lous les sujcls? Pour juger des alleintes porlges de nos jours a la langue, nous nous sommes avise de repro- duce, de bonne foi, sans pretention ni apprdt, quelques-unes des locutions et des images qui font fortune et courenl le monde de ]>lus en plus. Ce soul des pieces de conviction qu'il (Mail facile de multiplier; mais nous nous sommes renferme dans les limiles de trois oil qualre pages, car il n'y a pas lieu de se dissimuler l'ennui qui resullerait pour tout le monde d'un scmblable travail, s'il e t a i t soutenu. Nous ne soulignons pas lous ces ecbanlillons du neologisme contem- porain , nous nous contentons de noter nos era- prunts par des guillemels. Dans l'ordre des idees relatives a la morale generate, & l'cconomie politique et au gouverne- ment des peuples, les citations n'auraient pas de fin; c'est par la toutefois que nous commengons. a II y a des gens qui prfitant bien Toreille, i> entendent craquer le vieux monde; d'autres le » voient se dresser et faire des preparalifs pour » livrcr sa derniere balaille. Au jugement des » unset des autres, les circonstances sont graves; » la situation est exccptionnelle; cetle situation est » mOme si forlement lendue, qu'elle peut se briser » au moindre choc. Voila que dans toule l'Europe » I'absolulisme paralt a bout de milraille, que le » conslilutionalisme rcgarde la foule penetrant d dans ses coulisses et crachanl sur ses ficelles. — 2a — » Le present est done gros de fails excessivement » remarquables . La society, trop longlemps dans » ladmiralion d'clle-memc , cesse de sc mirer » dans un marais bourbeux ct malsain; elle se » resigne a voir troubler la quietude de son op- » liraisme : mais en desinleressant f homme , en » comballant ses inslincls , passionnes pour le » bicn-Olre physique ct les satisfactions malerielles, » on le faconne a la lyrannie du besoin qui le » livre bienlOl a la lyrannie du pouvoir, ct on » decapile en lui la pensee, on mulile le senli- * ment do son ini.'ependance. Aussi, quand sera- » l-il donne de conlempler la sainte communion » des peuples? 11 faut pour ccla que les travailleurs » de la pensee adoucissent les points abruptes » des deslinees humanilaires. En attendant , com- » bien de transformations successives dans le » systerae des gouvernanls, combien de phases » dans relcmenl politique 1 Peut-Olre faudra-l-il » nicllre TEuropc en feu ct la civilisation en » cendres: on est saisi d'borripilalion en ypensant. » Ccpcndant quel spectacle plus saisissant el plus » palpitant d'intereH que eclui d'une nation s'ar- » rachanl a. la pression de ses antecedents pour » porler les aspirations et les elans de son dme » vers unc ere donl les premieres lueurs brillent » au ciel de son existence 1 Quoiqu'il advienne » des machinations des pouvoirs dechus, si elle » noblitnt pas de modifications radicales dans » son sort, si elle n'assiste pas a la realisation » immediate de ses esperanccs , elle a du moins r> enrichi ses annates d'une glorieuse page ; elle » s est un moment transfigured a la hue des r> autres nations. Pour determiner les nouvelles — 242 — » fins de I'homine, choisissez desccBurs neufs el cles *> imaginations vierges. Ne vous confiez pas Irop au » jeune Age pourcellccpuvre (Tavenir, car il escom- » pie ses annees au seindes plaisirsetne s'apercoit » pasqu'il regie ainsi un paiement a courleecheance » aveclamorl. Ecarlezsurlout les hommcs pratiques » quivivent au jour lejour, cheminant cahin-caha b sur tous les trolloirs de la politique , en s'ap- » puyant aux murs , demandant lcur route a » cliaque detour de principcs el a tous les carre- » fours d'evenements. Combien de questions ardues » onl ele soulevees dans ces derniers temps! » Combien de problemes sociaux donl la solution » sYdabore sourdemenl au plus profond des esprils, d combien de veriles puissantes et fecondes a ac- » clamer au grand jour de Temancipalion absolue !» Pense-t-on que lorsqu'il s'agit non plus « de l'humanite lout enliere adulte et progressive , » mais d'un peuple, dc notre pays, par exemple, le slyle presenle moins dY'trangele ou moins d'em- pbase? il n'en est rien , les phrases que void le prouvcnt. « Enchaiuer la tribune et bflillonner la » prcsse , deserter les principes scelles du sang » de nos peres:il y a la une forte rcsponsabilile » a assumer sur sa tele. Au conlraire, bicn pru- » dent sera celui qui voudra sauvegarder les » inlerfjls populaires , venir en aide au proletariat » qui souffre, rendrc redoutable, menv« dans le a fourreau, Tepee de la France et faire porler haul s et ferrne le drapeau du pays, au milieu des com- » plications curopecnnes et a TencoDlre de loule a evcnlualite! Les partis sc concordenl assez dans s Texamen, mais ils ne s'entendent pas dans l'ac- n tion. lis auront beau masser leurs forces pour — 243 — » jouer leur va-tout dans une solenncllc renconlre, » par un supreme el immense effort : Ic peuple se » lasse de descendrc dans la rue et de Iraduire » a coups do fusils Ics doctrines formulees par » des impatients. Favorisez pour plus de siirele. » rimmixtion du peuple dans ses affaires, failes » fonclionner Ics institutions en sirapiiiiaul leurs » rouages,n'annihilez pas le droit par la mulliplica- » lion des formaliles: ne vous ingeniez pas et ne » vousalambiquez pas l'esprit, dans des previsions » sioislres, a trouver des moyens do coercilion » et de compression pour refrener le genie d'un » peuple en travail du fail si important de la » paliogenesie sociale. Ne troublez pas la France » en marche vers ses glorieuses deslinees , faites- ' en un ardent foyer oil vienne llamber I'intel- » ligence humaine ; n'6leignez pas relte lumiere » qui fait du peuple francais le peuple lumineuz » par excellence , cette lumiere qui se reflele sur » la figure des aulres peuples. S'agit-il des sciences el des lettres? on n'en parle pas en termes moins ambiticux et moins bizarrcs. a Honneur a la science donl les applications » prestigieuses et les miracles chaogent de jour a en jour la face du monde ! De la science de- » pendent les deslinees malerielles de I'homme » el Ics conditions du bien-etre physique. A la » science Pavenir , a la science le pouvoir absolu » sur toule la nature ! » Quand on a la (an front) quelque chose, le » feu sacrd, ei quand on se sent appele a eludier » la science, on neglige Ics erremenls praliques - 2A4 - i jusque la; on aborde la maliere sons aucune » idee systematiquc preconcue ; on etudie les » phenom6nes, au moycn tie proceeds logiques , » ralionnels , et a l'aide d'une analyse viclorieuse; » on scrule , on explore, on fouille, on poursuit » ses investigations jusqu'a I 'element moleculairc o le pins lenu; on recucille scs donnees, on les » concentre; on etiquette les fails, on les groupc, » el par un travail incessant on arrive a ces » fenooces generaux, a ces profonds theoremes » qui font Ioi, a ces hautes dccouverles qui bienlot » en rayonnant delerminent dans les diverses bran- » ches dc nos connaissanccs des effels analogues » aux commotions poliliques, lesquelles ebranlent » les esprils et font jaillir une lumiere nouvelle » du fond de la pensee humaine. « Mais le temps n'est pas a la literature : » ellc est comme revenue a son etat rudimenlaire, » depuis que les tendances de l'epoque , les exi- » gences du moment, les excenlricites et les ano- » malies de certaines productions ont fourvoye » le gout public ; depuis que des evenemenls » emouvants et grandioscs liennent les peuples » dans une agitation febrile ; depuis qu'aux im- » pressions morales a ele subsliluee , comme but, » Sexploitation des sens. On travaille encore pour » le theatre, mais la plupart des pieces ont pour » objet dc prendre sur les nerfs, plutot que dNMever * lc niveau des sentiments. Rien que d'illogique » dans la composition, d'irralionnel dans les ca- » racleres, de beurle et d'echevele dans le jeu » des passions, d'anormal et d'excessif dans la » Gu qu'on se propose. La poesie est decouron- — llib — » nee de son aureole, elle a cede la parole a » la politique et a I'industrialisme , elle a vu con- » verlir en lingofs sa harpe d'or. Sous I'empire » des neccssiles presenles , sous le coup des re- > volutions et dans la preoccupation acluelle des » esprils qui visent de plus en plus an posilif » des choses , au profit realisable en especes, elle » se (ait, elle est muclle. La fusillade a trouble » pour longlemps la paix des cites; la fumee des » hauls fourneaux, en se projelant dans l'espace, » souille les flcurs des champs : arriere done Ies » poelcs! plus de poelesl La chaire chrelienne est generaleraenl exemple de ces abusdu langage : la, les idees sont a r re tees, les principes fixes et les doctrines in variables; le sujet preserve la diction des vicissitudes du gout. On a cependant entendu un predicaleur celebre se plaindre « de secouer en vain ses sueurs et " sa parole sur son audiloire, de ne (aire » mer aucune inoisson dans les creurs. » Selon lui , » le peche venanfa deteindre sur la conscience, » elle ne peat recouvrer sa primitive blancheur. • II souhaitail qu'un jour « I'equaleur fiit trans- n forme en table de communion et que des deux » poles opposes les peuples vinssent en interne » temps, dans la plus solennelle des fOtcs , prcn- » drc place au banquet saere. » Mais ces traits, auxquels il serait facile d'en joindre beaacoap d'autres du mCme orateur, le caraclerisent enlre lous et lui sont proprcs ; c'esl le produit dune improvisation chaleureuse qui a d'ailleurs ses beaux c6tes , dans 1'occasion. Nous ne reprodni.sons pas certaines figures placees — 246 - sous la lutelle do grands dodis , comme « les » quarantc sieclcs conlemplant une arm£e en ba- il faille , lesqualre planches avec une piece d'6loffe » pour faire un IrOne , le linge sale lave" en fa- » mille, le canape" des doctrinaires, la democra- » lie coulanl a pleins bords , le cbemin des abtmes, » la leltrc de faire pari pour enlerrer un projct » de loi ; en dernier lieu , la conspiration du pa- » ratonncrre avec les nuages » et lant d'autres qu'on peut altribuer a un tour d'esprit individuel, et regarder comme des licences permises dans les positions elevees et dans les grands moments. Nos exirails suffisent pour prouver que l'cmpliase et le besoind'innover gagnent de jour en jour; que le penchant a dire plus qu'on nc sent etplus qu'on ne pense , el a le dire aulrement qu'on ne l'a fail jusque la , s'6lend et s'impose de proche en pro- che. Oui , tel serait le style de loutes les pro- ductions qui s'exp6dient a la hate pour salisfaire le besoin si gintfral demotions et de nouvclles ; comme ces productions exercent une influence de- cisive sur l'usage de la parole dans les relations quolidiennes de la vie, il ne faut pas s'6lonner que les conversations soient pleincs de locutions h grands mots scmblablcs a celles que nous avons cil6es. Les ouvrages composes avec reflexion el en vue de l'avenir , ne sonl pas detigures encore par le ndologisme, sans en Clre exempts. Si la contagion passail de la literature couranle et facile aux com- positions plus graves, et cc malheur ne laisse pas que d'etre a redouler, il faudrail desesp£rer de noire langur qui ful grave et digne, pure et lumi- neuse au xvn" siecle , animee, savante el riche — ni — au xviuc; de noire languc donl I'universalile sem- blail Ie parlage , donl les conquelcs 6laienl deja si brillanles. Qu'on relablisse par la pensee lesantichambres de Versailles , ou pourlanl on sc piquait de bid esprit; qu'on reforme ces soirees famcuses dans lesquelles on savail deja si mauvais gre a BulTon de dire » qu'il elait facile de jelcr des idees ^r le papier, a niais que quand il s'agissait de clarifier le style, » c'elait une aulre paire de manches » ; qifon y fasse lomber un de nos journaux pris au liasard el qu'on imagine les clameuts auxquelles ce document d'un aulre ;lge donnerail lieu , si louti fois il elait compris el n'avait pas besoin d'interprete 1 Peul-etre serail-on deja en droit aojourd'hui d'assurer que de noire style habiluel el de noire langage improvise en general au\ grandes compositions de noire lil- terature, il y a plus loin que du style et du langage de nos chroniqueurs el de nos anciens poetes. Si la lilteralure est l'expression de Telat social, comine on I'a dit, la langue doit donner a elle seule une idee assez exacte de eel elal. Les emprunls fails sans discernemenl el sans mesure aux branches les plus diverses de nos connaissances , en vcrlu des rapports les plus fugilifs saisis par notre imagina- tion el des apercus les plus capricieux de noire espril ; la confusion perpetuelle enlre le propre et le figure, enlre le monde sensible et le monde des idees ; le pele-mfile de tous les tons el de lous les genres, depuis le sublime jusqu'au burlesque ; le privilege donl le genie usail avec reserve , devenu le droit commun, et la faculie accordee a chacun de se faire une langue, ou , selon I'expression con- — 248 — sacree , un diclionnaire a sa guise; tanl d'audace , d'appareil, d'edal , et si peu d'effet ccpendanl , ne prouvenl-ils ricn conlre les disposilions de l'espril public ? La malveillance nous reprochc do manquer de principes ou de les confondre lous on loute maliere; de vouloir el de no pouvoir, ou de nc savoir jamais aboulir; de disserler indefinimcnt sur loule ques- tion el de n'en decider aucune; de nous prendre a lout et de ne nous allacher a rien ; d'aspirer dans une suffisance exlrOme a une independance ab- solue et de mellre en oubli toules les lois , de nous jouer de toules les regies La langue que nous formons pr6tcrait bien , il faul en convenir , quelque fondemenl a ces imputations, du resle fort exagerees, Les remedes a opposer au mal ne dependent guere des preceples des rbeteurs , soil anciens , soil modernes. Qui arrdlerail renlrainement des esprils? qui les rappelerait a la voie Iracee par la raison de tous les temps , une fois qu'ils l'ont falalemenl abandonnee? Ccpendant renseigncment a tous les degres, l'enseignement classique en par- ticulier, offre de grandes ressources. Par lui la jeunesse doit conserver les saines traditions, In- telligence des model es , Tamour du beau et le cullc du vrai. A 1'elude do la forme il ne fau- drailpas trop se prcsser, helas, de subsliluer l'etude du fond , pour le jeune dge , selon la Ihese que nous avions Thonncur de soutenir devant vous , il n'y a pas longlemps 1 D'uu aulre c6te, les grands talents de l'epoque pourraient ralcnlir les progres de la decadence, — 249 — en defendant les principes du goilt que professaient leurs devanciers el en les mellanl en pratique. (Test la mission que leur assignait naguere , a cetlc tribune, une voix qui vous est chere el qui merile si bien d\Mrc ecoulec. Malheureusement, le besoin de popularity 6gare les grands talents sur les pas de la foule. Enfio , Messieurs, les Academies comme la vAtre, 6lablies dans les grands centres de population, onl aussi leur Idchc a remplir; elles doivent conlribuer, autant quil est en elles, a defendre les principes d'une sage lilteralure et par conse- quent a mainlenir les grandes regies qui concer- ned la langue. Si le mouvenient d'idees qui bouleverse toutes les theories en matiere de gout devail reagir par voie d'indifference et d'oubli conlre les monuments lilleraires de la France^ les Academies auraienl a y ramcner sans cesse les esprils et a les mettre de plus en plus en lu- miere, car le genie pour les produire a mis a profit le travail dcs siecles, car le monde civilis£ les admire, et c'est la portion la plus pure de noire gloire nalionale. 250 Lecture de HI. Max. Sulaine. JACQUES CELLIER , DESSWATEUR , XVIe S1ECLE. Dans la seconde moitie du xvie siecle florissait un arlisle remois dont Ie nom , presque ignor6 mainlonanl dans sa propre patrie, devait jouir alors d'une cerlaine celebrity, a en jugcr d'apres les lemoignages qui soul parvenus jusqu'a nous. Si la tradition orale el les souvenirs de quelques collcclionncurs ne nous apprcnaient que Jacques Collier a fail, il y a quelques Irois cents ans, un plan de Reims , bien peu sauraient aujourd'hui qu'il a cxisle ; car les archives de la ville , elles- mfimes , n'onl garde de lui aucunc trace. Noire belle bibliolheque municipale , si riche en monu- ments litleraires dc tous les ilges , Test beaucoup moins maiheureusement en ce qui concerne les ceu- vres arlistiques remoises , et parmi les lacunes qui s'y font remarquer , l'absence du plan de J. Cellicr est certnincment l'une des plus regrellables. Tout le mondc comprendra , en eflel , de quelle impor- tance doit filre pour Tliisloire de noire ville cetle piece qui dale des regnes dc Charles IX ou de Henri III , et qui , si on en croit les documents qui s'y rattrchent , serail le premier ol le plus — 251 — ancicn poi trait, comme on disail alors , de noire antique cile\ Entin , grrtce aux collections de Paris , nous avons pu voir cetle piece devenue , comme on le sail, extremcment rare. Kile est grande et de mdme dimension que le plan do Colin , dale de 1G05. Quelques personnes pensenl mtime que celui- ci n'a fail que se servir des planches de Collier , sur lesquelles il se serait contente d'indiquer les changemenls survenus dans l'aspect de la cite" pen- dant le siecle qui venait de s'ccouier. Voici done, comme on le voit , Pccuvre de Jacques Cellier parvenue deju presque a Total de I6gcnde. S'il en 6tait ainsi au surplus , ct pour noire comple nous parlageons cette opinion , les planches du plan de Colin , deposees au cartulaire de la ville , ne scraient aulres que celles qui ont servi a repro- duire le dessio de Cellier , el acquerraient ainsi un no uvea u priv (1). Quoiqu'il en soil , le plan de Cellier esl fort beau , d'unc execution consciencieuse et parfai- tement soignee dans lous ses details. II est intitule: Portraict dc la ville , citi et universiti de Reims, et porte en haul, a gam he , les armes de France, et a droile , celles de la ville avec la devise : Dieu en soil yarde. Une roue et un gibet dresses (I) Au rcsle, les epreuves primitives da plan de Colin soul elles-memes devenues fort rare-, el ce por trail de ootre ville de 1665 aurait bien pu liuir, comma lc plan de Cellier, par disparallre entieremenl , >-i un libraire intelligent de notre ville , M. Quenlln-Dailly , n'avall en I'heureuse pen»ce de lo rapiodnire a I'aide del planches du cartulaire. Voir I'articlc Jean Colin — 252 — l'une sur le march* aux chevaux , I'aulre sur Ic march* au bl* , l*moignent de la promplilude ct de la severit* de la justice d'alors. Des canons gamissent les remparts , defendent les portes et metlcnt a l'abri d'un coup de main la vieille cil* dont les habitants ont prouve plus d'une fois, pendant les gucrrcs desaslreuses qui ont de- sole le nord de la France, qu'on pouvait compter sur lcur energie. En dessinaleur consciencieux , et pour completer son ceuvre , noire artiste a repre- sent* dans la parlie inf*rieure , a droite , quatre personnages , hommes el femmcs , en costume de l'6poque. La planche est sign*e : Jacques Cellier invert1., Hugue Picart sculp1. , Nicolas Constant imprim . Nous disions tout a l'heure que ce plan est le plus ancien que Ton connaisse de notre ville ; c'est qu'en effet nous lisons a droite de la planche Tavis suivant aux lecleurs , qui ne laisse aucun doule a cet *gard. « Vous voyez icy le plant de la ville que Jules » C6sar appelle fJurocolorum Remorum el qu'il » did avoir eu de son temps la principaut* de » la (iaule , a qui Slrabon donne la qualit* de » m*lropolitaine, de tres digne et de trespeupl*e, » et sainct Hi*rome de tr*s puissanle ; qui des » premi*res a recu la foy et icelle donn*e a » la nation francoise : qui garde depuis 1,000 » ans la saincte ampoulle envoy*e du ciel pour » le baptesme de Clovis et pour le sacrc des rois » suivants. C'est un premier coup d'essay pour » contenter plusieurs, lanl franf,ois qu'estrangers, » de longlemps d*sireux de voir et d'avoir la n figure de la dicte ville. Vous jouirez done — 253 — * dc ce premier plant en attendant <[ue Ton » vous en designera un plus exact et mieuv » elaboure. » On voit done que nous n'avons pas exagrird I'importance de ce travail , le seul qui puisse nous fixer sur certains details lopographiques de noire ville au xvi" siecle el sur ('emplacement de divers monuments , que lc temps , ou la main des homines , plus improvable encore que le temps , onl fait disparatlre depuis. II serail vivement a desirer que nos archives bus sent s'enrichir de celle piece qui leur manque et dont , nous lc repelons , 1'absence est Ires regret- table. Mais, oulre cettc ceuvre d'une valeur incon- testable, Jacques Cellicr a laisse encore d'aulres travaux dont Timporlance recommande son nom a la poslerile. Ces travaux , d'un haul interest cependant , comme on le verra lout a l'heure , sont presque complelemenl ignores et connus seu- lemcnl de quelques exploraleurs de bibliolheque- lis exigent une mention particuliere , el nous de- manderons la permission d'enlrer a leur sujet dans cerlains details. En meme temps que Cellier , vivail un homme qui , au milieu des sangl antes disputes civiles et religicuses qui cnsanglanlaient la France a cetle epoque , avail conserve le calme et la tranquil- lite d'espril dn philosophe. L'agitation de la rue, le fracas des amies n'avaient pu eteindre en lui I'amour de l'elude ct le culte de la science. Cet homme , cependant , qui trouvail ainsi loin des passions de la foule un refuge an milieu de I. 20 — 25i — ses livres el de ses manuscrils, avail approche les grands ct presque vecu dans lcur inlimile. II sappclait Francois Merlin , el avail ele contrOleur general de la maison de mad.ime Maric-Elisabelh, Mile unique de Charles IX; pauvre enfant , au- quel Dieu fit la grdce de ne pas dea » malhematiques , inslriinuls musicaux que aulres • trnis de plume curieusemel fais qu'il vous plaira — -25G — o accepter , el je prieray Dieu , Sire , vous dormer » en toule prospt'rite , heureuse el longue vie. » Voslre Ires liuble , Ires obeissanl sujel el » servileur , Francois Merlin. » La premiere parlie du recueil esl en effel consa- cree a la reproduction de I'oraison doniinicale en vingl-neuf langues differences (1). Cbacune de ces IraducliiHis est richemenl en- cadree dans des vignettes et des arabesques tous de formes et de style differents et presque toujours d'une execution irreprocliable. On est frappe tout d'abord de l'air de connaissance que presenlcnt ces enroulements el ces culs-de-lampe , oil le genre renaissance domine. Cost que de nos jours nos artistes n'ont rien Irouve de micux que de remonter aux modeles du 10e siecle, et d'emprunler aux dessinaleurs de cclle epoque leurs plus elegantes inspirations. II est probable que lceuvre de Cellier a ele plus d'une fois compuls6e el copiee , et que certains compositeurs d'ornemenls, parmi les plus habiles, lui doivent leurs meilleurs succes. Toutes ces traductions de I'oraison dominicale sont ecriles en caracleres francais, mais le savant (I) Voici ces 29 langues •- francais, italieor, latin, alleinaud, bohemien, polonais, cspagnol, brcton, hebreux , ebaldeen, arabe, elhiopien, anglais ; autre en langue caldaique, arme- nien grec, langue sardique, suedois, anglais antique, langue islandique, gotbiquc ; autre en langue suedique (suedois ) , esclavon, hongrois, en langue ibelique (a), Qnlahdique, larta- resque et leflamlique. (a) La Rhelie, contree dans les Alpes italiennes , compre- nait a peu pres le Tyrol actnel. — '257 — Francois Merlin pensa que , pour completer I'iu- lerel que devail ofl'iir la comparaison de ces diverses langues, il elail necessaire d'enrichirson recueil de specimens calligraphiques de chacune d'elles; nous Irouvons en effel , a la suite dcs 29 feuillels consacres a celle priere , une serie de 25 alphabets nussi richemeni illustres. Une erudilion profonde presida cerlainement a la recherche el a la collection de ces divers carae- teres. Ainsi nous signalerons enlre autres : Pal— plialje I li illyrien occidental invenlc par saint Jerome, el celui de I'illyrien occidental dont saint Cyrille Cut I'auleur ; puis an commencement de I'evangile de saint Malhieu en armenien ; les alphabelhs grec , babyloiiien , sarrazin el abyssin , dont il serait peut-elre assez difficile de retrouver d'au- Ires specimens aujourd'hui ft). Viennenl ensuile 13 dessins represenlant di- verses parlies de la cathedrale de Reims el dont plusieurs (foul , nous le croyons du moins , jamais ele reproduils. Cetle parlie du recueil , si inle- ressanle pour nous , forme presque la monogra- (I) Cetle partie du recueil est iutitulec comme suit : « Plus en suiveut les caracleres selon la diversite des • langues cy devant escriles , seiublablement non moins » utiles que plaUanles a regarder, de la main de Jacques • Celiier, demourant a Reims. » Voici la liste des 2!) alphabets : egyplien, syriai|ue, sar- razin, romaio, hebraique, arabe, chald6eu antique, abyssin, Jacobite , indieu, illyrien occidental , illyrien oriental, grec, autre grec, autre arabe, hebreu devant Hesdras , tuscan, autre idem , chaldai'que. Commencement on partie de I'e- vangile de s.iinl Malhieu en armenien , golhique grec , babylonien , gcorgien , helleuic grec. — 258 — phie complete de noire admirable basiKqae. Nous allons donner, en leur conscrvant les litres expli- califs dc Cellier , la liste de ces dessins. T Le plant ou parterre de IVglise metropoli- laine dc Reims. 2° Le grand portal de l'eglise de Nolre-Darne de Reims. 3° Le derriere du grand portal par dedans la dicle eglise. 4" Cole lateral inlerieur du grand portal aux orgues. 5° Les deux petils portaux qui son I aux deux cosies du grand portal par dedans sont fails en ceste sorte differant du grand de moilie". 6° Portal du cloilre sur lequel sont les orgues. 7° Les orgues grosses el petites; aux grosses y a 1832 luyaux, le grand luiau des quelles orgues a 27 pieds de roy et , rolondite^ , une aulne de Paris. Les pelites onl 568 luiaux. 8° Portal du coste des fons. 9° Dcdalus (ou labyrinthe ). 10° Le pelpilre (jube) de la dicte 6glise , la porle duquel est ferm6e d'une porte de fer. 12° Portrait de Thostel de S,e Croix, au derriere du quel et soubz le t6.nis vouloir porter alleinte a la liberie individuelle. II n'a pas cru qu'il y edl la contradiction. Je crois qu'en principe il first pas d'une haute philosophic d'affirmer que I action de la Providence sur les grands evencnienls de I'hisloire soil nulle. En fait, il faut aneanlir les proplnitios d'lsai'e et de Daniel pour convaincre Bossuet d'crreur. Lea diffcienls ecrivains de nos jours qui ont insiste sur celte objection , ont en vain essayG de lui donncr des proportions que la raison el les fails lui refusenl. Du resle , pour les £poques Irailecs par Bossuel , il esl peu a esperer qu'il sera remplace, par quel- que (hose de miem. Son m6rile d'historien du premier ordrc est inccnteste. On pcut ratificr ce jugement d'un critique etranger : « Bossuet est le plus grand nom des leltres en Europe. » Or , son bistoire esl le plus beau litre de celte immense reputation. Vollaire etail assez puissant pour ne trouver 8u- cunc Mchc au-dessus de ses forces. Ce ne sont done pas les forces qui lui ont manqn6. C'esl la gravity de riiistorien. L'hisloire du genre humain gOnail le systeme qu'il a cherche j usque dans ses derniers jours a faire prevaloir. Lorsqu'il u'a pu reussir a rendre ridicules les traditions generates, il a essay6 rj'ea ebranler lY.utoriie. Son] essai sur les mceurs; qui as rait du etre son principal ouvragc , est a I'histoire ce que la caricature esl a la pcinture. II n'a mis en relief que le ('Alt' ridicule des choses »•( des boinmes. Ses reticences sont pires que ses i. 23 — «280 — mensonges. Et cepcndant , il y a des pages admi- rablcs dans I'essai ; il y a des (rails sur l'appre- rialion dc I'histoire raodorne qu'on ne trouve que la. On sen! ce que I'aoteur du siecle de Louis XIV , de Thisloire de Charles XII el de Zaire , ;;urai( pu faire. II a blesse sa gloire lorsqu'il ne croyait at- teindre que la foi des peuples. Le plan de Montesquieu , dans Tespril des lois, ne parafl point embrasser loule Thisloire de la ci- vilisation; mais la mitiere restreinle s'esl (rouvee si feconde sous sa main qu'il nous a parle de tout sans faire violence a son sujet; el il a parle loujours avec originality ct souvenl avec profondeur. On a peur d'etre injuste envers ce grand homme Irop critique^ en lui reprochani des divisions et des categories plus ingenieuses que vraies , quelques principes qifune saine morale doit modifier ; mais on a oublie ces taches lorsqifon voil comment il sail defendre les eternels principes de la justice et le respect pour Taulorile , avec celte eloquence qui fletrit les insti- tutions el les lois conlraires a la dignile humaine et a la liberie politique. II a occorde a la religion et a la morale, qui en est lecorollaire, a peu pres la place qui leur apparlient nalurellemenl parmi les causes qui assurenl le Iriom- de la vraie civilisation : il Ta fait dans un siecle ou il fallail du courage pour ne pas parailre ma- lerialisle. Si Chateaubriand n'avait que scs etudes hisloriques pour occupcr une place a c6le de ces hommcs d'elite, ce serait lui rendie un mauvais service que dc le soumettre a celte comparaison Mais scs eludes hisloriques se complclenl par son genie du christia- nisme ; avec ce secours il soulient la concurrence. - »2SI — Ce nesi ni l,i precision d'une demonstration ri- goureuse , ni des conclusions appuyees sur une tradition m&hodique qu'il faul chercher dans Chatcau- briand. II connail I'nuliquilc , il commit son hisloire nationale; mais il se sertdeces connaissances cotnmc le veul la nature de son genie; il lour donncl'em- preinte de sa vivo imagination. II ne pent pas raconler, il faut qu'il chanle. Mais il faul avouer que sa muse est alle s'inspirer a des sources bicn pures, die est ualle a la source mOme du beau et du vrai , puisque la civilisation chrelienne lui a fourni des accents si sublimes et si palhcliques. Du reste , au point de vue meme d'une philosophic positive, il a des considerations de la plus haute porlee. 11 s'cst done place a cole des hommes illustres qui out rendu leur memoire venerable en comballanl pour la verite. Jai cru decouvrir dans la pensee de M. Gnizot qu'il avail voulu prendre une posilion moyennc enlre ccs extremes, se placer entrc Voltaire et Bossuet, creer , en un mot, en conciliant les conlraires, un jusle milieu applique a riiistoire. II etail digne de Tun des emules de Tecole ecleclique, de tenter en invoquant une raison superieure , ou cc que Ton prcnail pour ellc , de tenter, dis-je , une grande transaction, un iraile de paix au nom de lous les parlis, au nom de lous les principes; de faire, enfiu pour l'hisloire cequeMM. Cousin et Jo uffroy faisaient pour la philosophie. Celle pretention a la neutrality souleve ici une question assez imporlanle : celle d<> savoir si on peul appliquer a l'hisloire de la civilisation , la meihode puremenl descriplivc qu'ou a omplowV ,ivrr mkyi's — 282 — dans les histoires particuliercs. D'apres ce systeme, on laissc au lecteur seul le soin de lirer la morality des evenements. L'hislorien se pose comme temoin imparlial , jamais comme juge. Je ne contesle pas que celte maniere ail pu avoir ses succes ( MM. Segur et de Barante en temoigncnt : ) mais est-elle dans la nalure? Convient-elle a f immense majorite des lecteurs? Ne rabaisse-t-elle pas d'ailleurs la dignite de Thislorien qui , par ses lumieres et ses graves eludes, semble avoir acquis le droit, en s'appuyant sur le passe, d'averlir I'avenir, droit que le public lui demande d'exercer, pourvu qu'il le fasse sobrement, sans declamation, et avec un profond respect envers la justice eternelle. Au surplus, cettc promesse de raconter avec indifference est un mensonge contre notre nature ; l'hislorien sait rendre significalif son silence meme , et de temoin devient toujours avocat. Mais si la melhode puremenl descriptive trouve a peine sa justification dans l'histoire particuli6re, que penser de l'histoire generate de la civilisation, qui n'est plus Thistoire proprement dite , mais 1'esprit de Thistoire ? C'esl une verile triviale que dans l'hisloire de l'humanite les fails ne sont que des enveloppes, c'est meme la ce qui 1'eleve infiniment au-dessus des aulres histoires. Ce sont done les ideesqui fonletdefont les societes , par leur presence ou leur absence, par leur veril6 ou leur faussele. Ce sont les idees qui arreHent ou precipitent les revolutions. Dans un lei sujet les fails ne doivent paraitre que comme supports indispensables des idees, comme signes exterieurs et visibles des revolutions invisibles qui sc sont accomplies dans les esprits. - 283 — Lcs formes de gouvernement , les institutions poliliquos, les finances, le commerce el lcs arts, liennent une grande place dans I'histoire de la civilisation. Lcurs vicissitudes el lears peripeties y sonl la portion saillante , puree qu'elles sont a la surface; mais derricxe ces fails sont les causes, les puissances qui produisenl les fails ; il y a les croyances, les opinions , la religion , la philosophic , les su- perstitions, e'est-a-dire cet ensemble didees et de convictions vraies ou fausscs , utiles ou nuisiblcs qui cngendrent les moeurs et un elal social qui leur corresponde. Or, pour juger toules ces choses , il faut les observer et les interroger au nom dune auforile superieure a la sienne , au nom de ces principes proclames par rimmense majorile du genre humain; principes qui sont la justice, la foi et la morale generale. Or, ces principes existent : ils ne meurent jamais dans la conscience des peuples. El le premier devoir de I'historien , sa principale mission est de ne pas les meconnailre au milieu des passions du moment. L'histoire se refuse a etre plus sceptique que le genre humain. Or, c'csl dans ce qu'il y a d'eternel et d'immuable dans la pensee humaine , dans la tradition , que se trouve la cle pour expliquer Thisloire generale el lcs lois du develop- pement de la civilisation. M. Guizol a la pensee Irop haule pour ne pas rendrc hommage a cclle verile ; et des le debut de son cours il affiche une grande pretention a fain* une large part au developpemenl moral de I'huma- nlte. Celle belle promesse role san^ fruit , il s 'en lienl a des apparem-es. Selon lui , les divers elements — -28/i — tie la civilisation europeenne se leiluisent aux Mo- vants. D'abord I'elemenl romain , I'element barbare et I'eglise ; plus lard la I'eodalite , la royauie el les communes. Puis cnfin, airivanl aux temps modernes. res divers elements , apres avoir vainement chcrche cbacun pour son comple a obienir la vicloire, s'6qui- librenl el s'effacent dans la nation, ou il ne reste plus que deux ehoses : le gouvernemenl et le pays. Ces di verses pieces , il les decril separ£menl aver beauroup d'intercM et beaucoup d'art. Nous voyons leur role dans lc mecanisme de la politique, leurs combals , leurs victoires el leurs defailes ; mais il me semble que je n'ai pas vu cbez M. Gui/.ot les caracleres essenliels de la civilisation europeenne assez nellemenl accuses. Toul ce qu'il nous dit ne nous donne pas la raison d'etre de cclle socieie si profondemcnt differenle de tout ce qui a precede : celle difference meme il l'a peu senlie. II lui man- que done quelque chose, il n'est pas remonie assez haut pour le Irouver. J'espere en decouvrir aillcurs le motif. Ainsi il decril toujours magniliquement le phenomene ex(6rieur , mais I'id6e lui apparail sou- vent incomplete. J'osc a peine dire d'un ecrivain, au Ion si absolu, a la raison si fiere , d'un ecrivain d'une vue si lon- gue et si ferme , qu'il s'est fail un systeme de ne prendre parli dans aucuue des grandes questions qui onl agiie les esprils dans les ages qu'il passe en revue. II n'osc qualifier ni le vrai ni lc faux. II a Pair indifferent entre l'eglise el la philosophic , entre le spiritualisme el lc sensualisme. On pourrail done croire qu'il manque de criterion) , qu'il ne sail au uoin de quoi juger ; ou plulOl il refuse de pro- — 285 — noncer dans Ics circonstances les plus importanles. II suit tie la que sa louange comme son blflme sonl somcnl sans porl6e. Sa critique est jusle le plus souvenl dans la raesure < ment celle de savoir si la deslinee de I'homme est >j purement sociale , si la sociele epuise et absorbe » I'homme tout entier , ou bien s'il porte en lui quel- » que chose d'etranger , de superieur a son existence » sur la lerre. L'auleur continue : « Messieurs, dit-il, un homme » dont je nvhonore d'etre l'ami , un homme qui a » traverse des reunions comme les nolrcs , pour » monler a la premiere place dans des reunions moins h paisibles ct plus puissanles; un homme dont loules w les paroles se gravenl el reslenl partoul ou elles lom- » bent, M. Royer-Collard, a resolu celte question, se- » Ion sa conviction du moins , dans son discours sur le » projet de loi relalif au sacrilege. Je trouve dans » ce discours ces deux phrases : Les societ6s hu- d maines naissenl , vivenl et meurent sur la terre ; » la , s'accomplissenl lems deslimies , mais elles ne ,, conliennent pas I'homme tout entier. Apres qu'il — 289 — » s'csi engage a la society , il lui resle la plus noble » partic do lui-m^mc , ces haules Faculles pur les » quelles il s'eleve a Dicu , a unc vie future, a des » biens inconnus dans uu monde invisible... Nous, » personnes individuelles el identiques , verilables » litres doues d'immortalile , nous avous une autre » deslinee que les elals. >j Je n'ajoulerai rien , dil M. Guizot, je n'entre- • prendrai pas de trailer la question meme, je me » eonlenle de la poser. Elle se rencontre a la tin d de I'hisloire de la civilisation : quand I'hisloire dc » la civilisation est epuisee , quand il n'y a plus » rien ii dire de la vie acluellc, l'bommc se demande » inVinciblement si tout est epuise , s'il est a la I'm » de tout? Ceci est done lo dernier probleme et le )> plus eleve de lous ceux auxquels riiisloire de la » civilisation pcul conduire. II me suffit davoir iu- » diquc sa place et sa grandeur. » On voit que M. Guizot ne voudrait pas amoimii fi- celle question. II la considere comme le fatle dans Tedifice dc la civilisation , puisque la deslinee de l'bomme n'est pas puremenl lerreslre , el que des destinies immortelles se superposent aux deslinecs perissables des elals. Mais comment se fait-il que dans une question de eelte importance, oil le genre bumain est >i sur de sa croyanee , ou le sens comtnun est si ferine el si unanime, il semble besilcr et ne paraisse opiner en faveur dc limmorlalile de I'dme e( de la deslinee ullra-sociale de riiomme , que sur la foi dun bomme inliniment respectable , sans doute , inais sur la Foi d'un scul homme ? II est vrai que la question que pose ici M. Guizot n'esi pas tout-a- — 290 — fait idenlique avec celle de savoir si I'dme esl immortelle , mais elle I'implique si direclemenl , si puissammenl , meme scion lui , que l'importance de celled jaillit toul enliere sur la premiere. Qu'il proclame done, sans hesiler , le dogme de l'immorlalile de I'dme comme lc pain quotidien de l'humanile , et non comme une verite" douleuse qui n'ose se montrer, el donl il ne lienl qu'un bout. Qu'il monlre les deslinees de chaquc hommc commc de- vant Clre respeclees et rocme favorisees par loute societe sagement conduile. Cc n'est pas la unc pensee a emellre d'aboid , comme un hors-d'oeuvre, sauf a la relrouver, plustard, commc si elle elail eirangcre a la conception de I'ordre social , et au developpemcnt dc la civilisation. Car, n'est-il pas toujours dc la vraic sagessc d'ordonner les choses secondaires en vue des choses superieures , Tacccssoire dans son rapport avec le principal ? Or , ce relour vers celte grande pensee , il le promel et ne l'execule pas. Celle v6rit6, on vient de le voir, il Teconduit poliment. II n'esl arrive h I'illuslre professeur qu'une seulc fois dans son cours de penetrcr directement dans l'appreciation de l'une de ces grandes questions qui agilenl les csprits dans le cours des ages , e'est lorsqu'il s'agit de mainlenir les conditions de la liberie de I'homme conlre les Pelasgiens et les semi- P6lasgicns : la maniere lucidc ct profonde dont il prend part a ce debal fait regrelter qu'il n'ait pas porle le meme esprit et la mOme hardiessc dans une foule d'aulres. Parlout ailleurs il sc conlcnle de decrire la deslinee exlerieurc des croyances , leurs lullcs, jamais leur valeur comme verite ou commc — 291 — erreur. II reste indifferent en apparence a ce que conticnncnt ces opinions. Sous la plume us avez pris part aux discussions qui mes lignes, an canal lal6ral a la Garonne et a ceb.i de la Marne au Rhin. Vous avez ete bien a meme de juger les graves inconvenicnls qui r6- sultenl de reparpillemenl des fonds du trcsnr sur dcs travaux trop nombreux entrepris en mOme temps. Cetle distribution vicieuse doit necessaire- ment rcndre ces travaux plus coiileux ; elle en retarde la jouissance , en compromet rachevemenl, puisqu'elle multiplic outre mesure les ateliers de travail sans leur donner une aclivile suffisanle , et cause sur lous les elements de felablissemcnt de ces lignes de communication une haussc prejudiciable en definitive aux contribuables, par lc retard qui en resulle dans la mise en valeur des fonds ainsi distributes ct successivement absorbes. Le grand vice que vous signalez dans la distri- bution des subsides publics, que la derniere mo- narchic n'avait pas su ou n'avait pas pu eviter, me parait inherent au sysleme represenlatif. Le gou- vernement actuel pourra-t-il luller heurcusement conlrc ce fdcheux inconvenient? J'ai bien peur qu'il ne le puisse pas. Nous le verrons encore eprouver la prcssion de ces mCmes hommes que leur ambition ou leur inleret personnel poussait a egarer 1'opinion du pays sur les questions de travaux publics , comme sur les aulres, et que le gouvcrnemenl d'alors eul la faiblesse d'essayer de satisfaire par des concessions faitea a leurs exigences pour des inter6ts locaux. De la , cet cparpillement des fonds du tresor que pcut-Ctre on pourrail qualifier de gaspillage ; de 16, ces mau- vaises directions donnees h certaines lignes de chemin — 295 — do fer, en viit> d'lnl6r6ts parliouliers*, «u inconvenienls eussenl eld evites ires probablement, si le gouvernemer.t avail eu la force dc rcsisler a la prcssion des compagnies financieres qui so formerenl sous les auspices de cos exigences, el s'il avail sn conserver ponr !ui la construction ct Sexploitation do cos grandes lignes. Quoiqu'il on soil , Io gouvcrnemenl provisoirc au milieu des grands embarras qui rentouraienl, senlit que la question des travaux publics elait cello dont il devail so prd'occuper , et il essaya divers moyens do fairc rcnailre l'activite dans los ateliers aban- donn£s ; mais il ne fut pas heureux dans le choix de ces moyens. Vous avez fait toucher au doigl toutes les er- reurs dans losquelles il tomba , par la creation de sos ateliers nalionaux , par I'cnvoi dans la Sologne, d'ouvricrs charges d'enlreprondre des travaux d'as- sainissement qui n'etaient pas encore etudi6s. Vous avez bien fait rossortir la contradiction dans laquelle il tombait , en roduisant los allocations deslinees aux grands travaux en cours d'execulion , tandis qu'il gaspillait los fonds de I'Elat en travaux im- productifs, el qu'il decretait la construction d'un chemin dc fer de Sceaux a Orsay , dont Tutilite etait fort contestable , et celle d'un canal de la Haulc-Seine dont les eludes n'etaient pas encore failcs el dont ricn ne reclame 1'urgence. Si I'Asscmbiee Constituanto a ramen6 un pcu d'ordre dans la gestion des affaires, elle s'est Iaiss6e eblouir par los grands mots d'economie , de r4du»- lion dnns les depeusea. — 296 — Ella n't pas vu que si les principcs d'unc sage economie pouvaienl recevoir lcur application dans ccrlaines branches de I'adminislration , il fallait surloul s'abslenir d'appliqaer les regies elroiles de cede economie au budget des travaux publics. Elle aurait dii voir, au contraire, que les fonds abon- damment fournis a ce budget et leur inlelligenle distribution , formaienl le leu'er dont elle devail se servir pour ranimer le travail dans loutes les bran- ches de ce service, cl pour raraener la tranquillity dans le pays avec I'aciivile dans I'induslrie. Mais frapper d'unc diminution de plus de 7 millions le chapilre des canaux, des voies navigables , c'elail vraiment plus qu'unc errcur , c'elait unc faute. Restreindre les travaux publics, c'elait vouloirfaire disparaitre le travail , c'etait mettre la security pu- blique en peril. Yous avez fait ressorlir d'unc maniere evidenle l'intenH qu'il y avail surloul a ne pas rulenlir les travaux cnlrepris sur les diverses voies navigabies. Vous avez enumere avec verile tous les services que doivent rendre a I'induslrie des transports cl aux diverses industries manufaclurieres , I'achevement du canal lateral a la Garonne, et celui du canal de la Marne au Rhin , etc., les ameliorations de la Sarthe, de la Maycnnc et de l'Yonne. Je ne pour- rais que repeler en les affaiblissant loutes les raisons que vous donnez , pour prouver qu'il y a lieu, au contraire, d'augmenler dc 15 millions au moins, I'allocation projelee pour ces divers travaux. Yous failes remarquer avec bcaucoup d'a-propos, que loutes ces enlrcprises sonl anivees a un poinl d'avance- ment lei, que pcu de temps suflirait pour les terminer — 297 - si on y consacre quelques millions necessaires a leur achievement. Est-il raisonnable dc laisscr improduciif, d'abord le canal de la Marne an tthin qui a deja coiite 03 millions , qnand on pcut Ic finir avoc 14 mil- lions , cnsuilc Ic canal lateral de la Garonne, qu'on peul terminer avec 10 millions, apres unc depense se monlanl deja a 55 millions el ainside suite des aulres lignes navigables en voic de construction ou d'aineliuration? Evidemment non. Mais j'ai rcmarque que dans la repartition que vous indiquez pour l'emploi de cette augmentation d'allocations (1), vous avez omis de faire figurer le canal de l'Aisne a la Marne. Vous le supposez enlierement lermine , cependanl il n'en n'est ricn. EfiVctivemenl, les 13 millions afTecles par un pro- jet dc loi special a Pexeculion de ce canal , ont et6 depenses , mais ils n'onl pas sulTi ; la plus-value que la prosperity publique avail donnee aux terrains a acquerir, la hausse que la grande extension donnee parloul aux travaux publics, avail amenee , (anl sur la main-ocuvre que sur les maleriaux de cons- truction, ont rendu les previsions des devis insufli- sanles. Trois millions sonl encore necessaires pour terminer cnlieremenl ce canal. (I) Yonnc Seine Mayenne el Sarihe Canal ilo la Marne an Hhin. . Idem lateral a la Garonne. Saone, Khone, Adour Total. . . 2,800,000. 1,200,000. 1,776,000. 4,000,000. J.-i.S.OOOO. 275,000 12, »0O,0«O — 298 — Quoit mnarque bieii quelle place ce canal doit tenir dans noire sysieme de voies navigables. — C'est lui qoi est lc trait d'union cnlre la navigation de tous les departments du Nord el la vallee de la Marne et le canal de la Marne au Rlu'n. — Sans lui, unc grande parlic des avanlagcs que doil procu- rer la construction de ce dernier canal disparais- scnt. — Ajourner la depense de 10 millions sur le canal de la Marne au Rhin , et celle de :> millions sur le canal de l'Aisnc a la Marne, e'est frapper de sterilite ces deux enlreprises qui out deja coiile 76,000,000, non compris 14 millions depenses pour l'amelioralion de la Marne. Vous eles a mOrne plus que qui que ce suit d'ap- precier la valeur de ces considerations d'inlerel ge- neral; mais veuillcz me permetlre d'appcler un mo- ment voire attention sur les inlerOts speciaux au canal de l'Aisne a la Marne, et sur rinfluencc qu'il doit exercer sur les principals industries du Nord el de l'Est de la France. Ce canal doit avoir 58 kilometres de developpe- ment. 2i kilometres seuls sont entitlement lermines et livres a la navigation depuis le 25 mars 18i8, et font communiquer la ville de Reims avec les canaux du Nord. C'cst la branche sud du canal de- vant aller joindre la Marne qni reste a. terminer. II faut encore 3 millions , independamment de 7 millions deja depenses sur celle partie dans laquelle se Irouve le souterrain non acheve du mont de Rilly. Les releves des transports probables sur le canal, elablis sur les renscignemenls les plus minutieux re- cueillis par l'adminislration , portent que les arri- vages pour la ville de Reims , par la voie du canal , se diviseront ainsi : — '299 — Pour la parliedu nord, 80,8'i8 (onnes, qui pour la distance pnrcourue proilui- sent 1,910,112 unites represenlant pour la longueur lotaledu canal un chiffre de 33,450 (on. Pour la parlic du sud, 25,5-27 lonncs, qui produisent 863,918 unites represeo- lanl |H)ur la longueur du canal , 1 1,895 Ion. De plus, les transports parcouranl le canal enlier comme transit enlre le canal de la Marne an Rbinel les canaux du nord devraienl s'elevcr a 75,500 ton. Ensemble. . . 123,905 ton. Tout porle a. croire que ces provisions seront depassees, car le canal , mis seulement en eau en mars 1848, a, deja en 18V9, alleint le chilTre du tonnage prevu pour la parlic nord et transports du 1" Janvier au 31 deccmbre 18'»9 entre Reims el Berry-au-Bac plus de 80,000 lonnes. Mais lanl que le canal ne sera pas terming, il faudra se conlenler de la navigation de celle braocbe nord du canal, el on ne devrait compter pour le produit des 13 millions depenstfs sur l'ensemble du canal que sur le lonnage de 33,450 ; tandis qu'avec une depense nouvelle de 3 millions on obliendra de plus un lonnage de 90,455 lonnes; c'esl-a-dire , que moyennant moins dun quart de la depense lotale, on obliendra une navigation qualre fois plus imporlanle. Si Ton passe de ces considerations toules locales a d'autres tiui liennenl a des inlerels gc-ne-raux , nous trouvons en premiere ligne cclles qui se rat- tat bent a la question des fers. Le seplieme groupe — 300 — metallurgique de France est le plus riche ct le plus abondant de lous. — Eli bicn ! duns le department de la Haule-Marne qui en fait parlie , I'industrie du fer languil el succombe , ainsi que vous le failes remarquer; le haul prix de la houille qui, en 1847, elail de 55 a CO fr. la lonne , n'y permeltail plus la lulle. Mais l'ouvcrlure de la branche nord du canal de TAisne a la Marne a deja moditie ces conditions d'une maniere assez notable. Eo effel , ovanl Touverturc de celte parlie du canal, la houille de Charleroy ditc tout venant valait a Reims en 1817, 3'* fr. la lonne, ce qui avec 17 fr. de prix de transport par lerre jusqu'a St- Dizier, qui esl le point le plus rapprochc de ce groupe metallurgique, la portail a 51 fr. la tonne. Mainlenanl ce charbon vaut a Reims 23 fr.; le transport par lerre en porle le prix rcvenanl a St- Dizier a 40 fr. non compris les frais de dechargement ut le dechel quil faul calculer a raison de I fr. la tonne. Si le canal elail completement lermine , el si les bateaux pouvaient arrivcr aux lieux de destination , la meme houille ne vaudrail plus, y compris le dechargement, que 27 fr. rendue a St-Dizier , el 27 50 rendue a Bar-le-Duc. Les renseigncmenls que fournissent les hommes ies plus competent permellenl d'assurer qu'une baisse de prix comme eelle indiquee plus haul doit deter- miner les maitrcs de forge de la haute Marne , a employer , par moilic , le coke el le charbon de bois pour la fusion de leur minerai. Alors, a parlir de ce moment, la fabrication sorlira de son elal de gene el de souffrance el se ravivra ; une nouvelle er« — 301 — d'aclivile el de prosperity s'ouvrira pour rindustrio des fers dans la Haulc-Marne. Celle Industrie eon- sonime en cc momcnl environ 30,000 tonnes de honille. Nul doule que peu d'annees apres 1'ouvcrlurc de la navigation , la consommalioa acluelle ne viennc a doublcr el qu'elle s'elevera en proportion croissanle, en raisOn du dcljoucbe considerable que procurera anx proiluils des usines metallurgiques, une fabrication a pi iv reduils , donnant en meme temps des resullals avanlageux au\ producleurs. Ajoulez encore a ces considerations, ceilcs qui sont relatives aux transports des Pontes et des fers produils par ces monies usines; cellos qui concernent l'exporlation des cereales des bords si fertile* de la Marne et dc l'Ornain, pour les pays du Nord , le transport des bois des Vosges el des produils des salines de I'Est dans ces memes departments, Jorsque ees transports pourroni se faire avec la meme economic el sans transbordement. Quelques pcrsonnes se sont persuade que la cons- truction de Pembranchement dn chemin de fer do Paris a Strasbourg dirige d'Epernay sur Reims, devait devenir un obstacle a I'achevement de cello branche du canal. Ces personnes se font une bien fausse idee sur le role que jouc cbacun de ces deux gen- res de voie de circulation dans l'induslrie des trans- ports. — La proprieie des voies navigablcs, e'est recoiiomic , ii olios les marchandises lourdes el encombrantes-. Celle des voies ferrees, c'esl la promp- titude el la facilito de locomotion , a clles les voyagcurs el les marchandises de valetir. Les voies navigables crcent la richesse dans Ionics les contrees qu'elles sillonncnl , les raills-wnys sont crees pour — 302 — enlretenir cette richesse cl pour 1'exploiter. Lc rap- prochement de ces deux agents de transports donne au travail unc excitation puissanle qui est le rcsullal d'uue concurrence protilable au bien general du pays ; celle concurrence ne degenerera jamais en un antagonisme aveugle qui ne pourrait elrc que nuisible a ceux qui cederaienl h de mauvaises passions. Ce n'esl pas vous, Monsieur , ce n'esl pas non plus la compagnie de Strasbourg qui adopterait de pareilles idecs. Aussi celle derniere sail bien que si lc canal de l'Aisne a la Marne cut etc acheve avanl la pose de la voic sur son cbemin , ellc aurait pu, par suite dc l'economie sur le transport , obtenir sur le prix des rails a elablir sur les 150 kilometres qui sepa- rcnl Chdteau-Thierry et Bar-Ie-Duc une difference de 8f par tonne ; c'elail une notable economic La comj agnie sail bien aussi que lorsque ce canal sera tini , la tonne de bouille ou de coke lui reviendia, rendue a Epernay par le canal, a 7f meillcur marche qu'h Paris, aussi a-t-elle doune une grande importance a la gare d'Epernay , qui sera le centre dc ses magasins d'approvisionnement, pour tout ce qui est necessairc a l'exploilalion de la lignc entrc Dormans et Bar-le-Duc. En resume, il est de la derniere evidence que le canal de l'Aisne a la Marne est , parmi les tra- vaux publics en cours d'execulion , un de ceux dont rachevement est des plus urgent. Je terminc celle longue lettre en vous prianl de m'excuser, si je vous ai enlrelenu si longtemps de ce canal , mais il se rallache si intimement au sys- leme des voies navigables du Nord el de I'Est de J»?-4 SKANCES ET TRAVAUX D£ L'ACADEMIE UE REIMS. ANSJiEE 1843-1850. lOB^^fe HaDw V 12. Seance dn 8 liar* l«*r»o. PRESIDED HE M. DUBOIS. Elaienl presents : MM. Bouche do Sorbon, L. Fanart, H. Landouzy, Querry , Max. Sulaine, J. -J. Maquart , Duquenelle, F.-L. Clicquot, F. Pinon, Aubriot, Gosset, F. Henriot-Dclamotle, L.-H.Midoc, Deces,Genaudet, Lochat , J. Sornin , Gainet , Velly , Pierret , Forneron , et E. Maumene , membres tilulaires; Et MM. Charlier et Jourdain Saintc-Foy, membres correspondants. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Charlier fait connaitre quelqucs resultals deja oblcnus par la castration des vaches , el entretieol ensuite I'Academie de I'epidemie de peripneumonia conlagieuse qui affecte res animaux en ce moment. v 25 — 306 — M. Pinon lit un travail sur Sept-Saulx. M. Jourdain Sainle-Foy continue la lecture de ses observations pbilosopbiques sur le langage. M. Maumcne communique des observations sur une action du chlorure detain sur le sucre •, il deduit de cetle action un moyen pratique de reconnaitre la presence du sucre dans les urines , dans la maladie appelee diabete sucree. — 307 - Lecture de II. Jourdain Saiote-Foy, Ml MURE COIUiK.SrONIUNT UBSKRVATIONS PUII.OSOIMIinUKS SUB I.K r.ANGAGK. C'est surlout dans le langage que s'empreinl le genie particaiier des peuples. Do lous les monumonls qu'ils nous laissent, il n'en est point qui rendenl ;iussi fi.»f qui fleuril des deux c6tes. C'est par ce mol que les Grecs designaionl un jeuue liomme qui a eucore son pere el sa mere. Connaissez- vous, MM., un tableau qui soil a la fois plus gracieux et plus vrai que celui-ci ? La plupart de ceux qui soul ici n'ont-ilspasdouloureusemenl eprouvc la verile de cetle expression ?N'avons-nous pas tons senti plus ou moins que notre dme et notre vie poussaicnl en quelque sorte des fleurs de tous les cOtes, pendant que nous avions encore avec nous nos parents? Et quand Dieu nous les a enleves , n'avons-nous pas senli en nous comme des fleurs qui sefanaient, et qui tombaient decolorees et flelries? Les Romains eux-mCmes , quoique plus sages et plus sobres d'im:iges que les Grecs, parce que leur .-line regardail surtout le c6le pratique des choses, les Romains eux-m6mes n'ont pas toujours dedaignela grace dans les mots dc leur langue. Leur mol adolesccns d'oii est venu le n6tre adolescent, est une preuve de ce fait. Adoleo signifie primitivement briiler des parfums en 1'honneur de la divinite, el il a lui-m£me pour racine le vcrbe oleo: exhaler un parfum. Ainsi, pour les Romains , l'adolescence etail comme une emission conlinuelle de parfums , qui rejouissait la divinite elle-m^me. Le mol parlequel ils designaient la jeunesse leur rappelait Tidee d1un aide , d'un se- cours, d'un appui, juvenilis, racine jnvare, aider. Le jeune homme n'est-il pas en effet un aide pour la famille qui Ta eleve et a qui il doit rendre ce qu'il en a recu. Yous connaissez, MM., le culte proverbial de I'Al- lemand pour la femme; Tacile lui-mOmc, ce grand — S09 — observaleur el eel admirable bislorien , a ronslal6 eelle nuance da caraclere germanique , en nous disant que les Germains eroyaienl apercevoir dans la femme: je ne sais quoi de divin. Je ne veux point examiner iii , M M . , si les Allemands se sont loujours lenus slriclement vis-a-vis ile la femme dans les limiles d'un culle purcment religieux ; el si la reputation de candour et de simplicity qu'on leur a f.iilc sous ce rapport n'est pas un peu usurpee. Je ne parle ici que des Germains donl les descendants pourraient bicn avoir degenere. Toutes les langues onl atlribue au soleil le genre masculin et le genre feminin a la lune : car parlout on a considere le premier genre comme plus noble que le second. Dans la langue allemande , au contraire, e'est la lune qui a le genre masculin, el le soleil a recu le genre feminin comme le premier en dignili; et cette remarque est d'aulant plus frappante que la langue allemande s'esl formee a une cpoque ou les Germains , comme lous les aulres peuples payens, adoraient les aslres. II y a des mols donl I'absence dans le langage est une mauvaise nole pour le peuple qui Ta parle. Car si cc mot exprime une idee morale d'nne grande importance , comme loule idee n'est percue par ('intelligence qu'a Taide de la parole, des qu'on trouve un mol absent dans une langue , on peut en conclure ir depuis. Elle 6tait, si j'ose nTexprimer ainsi, (Tune contexture plus molle, plus flexible , et se laissait penetrer plus facilement , soil par le temps, soil par les autres influences exl6- rieures. Le verbe , expression de cede action, 6taila cause de cela plus simple et plus docile. Aussi la plu- parl des verbes avaientau moinsdeux formes, la forme active et la forme passive comme chez les Latins: quelquefois ils en avaient trois comme chez les Grecs: ils en avaient jusqu'a cinq ou six chez les Indiens. Ainsi, pour ne parler que des Latins, lorsqu'ils vou- laient exprimer une action recue, une simple ter- minaison dans le verbe indiquail cette idee : amo , amor. Mais dans les langues formers par le chris- tianisme , le verbe est plus rev6che, parce que Taction humaine offre plus de resistance , et la puissance de Thomme se revele et s'affirme en quelque sorte la mfime oil il semble 6lre soumis au pouvoir el a Taction d'un autre. Analysez , MM., cette phrase: je suis aime ou je suis vaincu. Vousy trouverez trois mots : par le premier l'homme se pose comme per- sonne, je ; par le second il se pose comme existant, suis; el ce n'est qu1apres avoir aflirme son existence et sa personnalite , qu'il confesse avoir recu Tac- tion d'un autre ou son influence. Dans le verbe actif, pour exprimer les modifications du temps , les langues chretiennes ont recours au verbe avoir. Les Latins disaient: amavi, nous disons;;'at aimi, nousattribuant — 317 — a la fois la personnalile , la possession el Taction , c'est-a dire Ies Irois principaux elements de la puis- sance. Jusque dans le verbe passif , la langue fran- chise unit ensemble, par une espece de barbarisme ou de solecisme, l'idee de I'Olre et de la possession.- j'ai M ; les autres peuples disent : je suis Hi, a 1'exceplion des Anglais qui parlent comme nous sur ce point , parce qu'ils sont avec nous le peuple le plus aclif des temps moderncs. Les anciens peuples n'avaient pas besoin des verbes auxiliares ; ils faisaient flecbir le vcrbe a volonte , mais il n'en est plus ainsi ; et nous ne pouvons parler sans avoir recours aux verbes qui nous rappcllent notre dignile el nos plus beaux tilres de gloire. — M8 — Lecture do U. Pinon. ARCBEOLOGIE. SEPT-SAULX. Les voyagours qui traversent aujourd'hui la vallee qui s'elend depuis Sillcry jusqu'6 Billy , en allanl de Reims a ChAlons , sont loin de se douter en voyant se derouler dcvant eux de vastes plaines couverles de champs bien culliv6s, a leur droile des c6(eaux piltoresques ou croissent la vigne el de vigoureux arbustes , que cette campagne , enrichie des lr£sors de la vegetation , 6lait autrefois deserfe et sl6rile ; qu'il y a bien des siecles, de vastes fords couvraient cette immense surface , forels habil6es ca et 16 par quclques miserables biicherons ou de pauvres chur- bonniers , ainsi que nous le rappellent les noms des villages des Peliles et Grandes-Loges ; que , pos(6- rieurement , ces plaines devinrent nues el inculles; que le farouche Allila y campa avec ses barbares el qu'elles vircnt longtemps les hordes 6trangeres s'y 6battre , ravager les cheHifs produils du pauvre villa— geois, et ne laisser sur le sol que ruine cl misere. Telle a ete jadis la situation d'un pays qui presenle aajourd'bni un aspect aussi riant qu'anim6. — 319 — Apres avoir traverse Beaumont-sur-Vesle et avaol d'arrivcr au village des Peliles-Loges , on distingue au loin, sur la gauche, au milieu des pcuplicrs el des saules qui lui setvenl de ceinlure el lui donnenl un air pilloresque , un village bdli sur les bords de la Vesle. \in avant des maisons de ce village, on apercoit les resles d'une lour ronde , demantelee , qu'un archeologue ne peul voir sans eprouver le besoin de la visiter; car,aux yeux de I'anliqaaire, les resles , quels qu'ils soient,d'un monument d'une epoque re- culee , prennenl un caraclere grandiose qui efface et rejelte dans lombre tous ces pauvres edifices moder- nes qu'on dirail fails pour des voyageurs dun jour. A Taspecl d'un monument en ruine , I'dme s'epure el s'aggrandil; les idees s'elargissent sous l'impres- sion d'un coup d'ceil retrospertif ; on arrive souvenl a regreltcr cetle epoque d'amour et de foi oil tout le monde aimait les arts, ou tout le monde elait artisle, et ou chaque edifice religieux qui s'elevail clail une bisloire de Part. Voyez ! quel silence! quel neant dans le sein d'une eglise , seul monument d'oii la vie soil absenle. Ses habitants, ses arbres , ses feuillages , sont de pierre , l'ombre y descend par les ogives , parcourl lenlemcnl l'elendue et s'eloigne sans que nul regard ait vu l'absence de la lumiere ; le temps y passe sans que rien le sentc passer , la marche des heures n'y eveille pas un seul mouvemcnl, le souffle des vents ne fait pas soulever un coin des denlelles de pierre. On ne peut Be iigurer celle grandeur de la solitude , ce monde d'immobilile , celle immensile de ten6bres uniformes el glacees.. . . Mais dirigeons-nous vers le village el voyons ce que nous rappelle celle lour feodale , bdtie en avant de fegl'se comme uue — 320 — sentinelle avancee prCle a defendre la maison du Sei- gneur conlre les profanes et les barbares qui , a cetle £poque , neproc6daient que par I'incendie et le pillage. Le nom dc ce village est Sept-Saulx. II doit ce nom a sept saulx(t) qui se trouvaient planted sur la rive droile de la Vesle , a l'endroit mOme ou Ton con- slruisit les maisons qui y existent ; il 6tait autrefois un fief dependant de l'archevfiche de Reims L'ar- chevfiche-duchii de Reims se composait de sept ch<1- tellenics , savoir : le fief mouvant du chateau de Porte Mars , la chaiellenie de Cormicy , celles d'Altigny , de Sept-Saulx , de Betheniville , de Courville , de Nogenl-laMontagne et de Chaumuzy (2). (1) Saulx est I'ancien nom du saule i ce mot est encore en usage dans beaucoup de villages. (2) Ces differenles chatellenies se subdivisaient comme suit : Fiefs mouvants du chateau de Porte Mars. La maison et le revenu lemporel du grand archidiacone de l'eglise de Reims. Le domaiue et revenu lemporel de la prcvoste de ladite eglise. Le domaine et revenu ternporel du doyenne. Le domaine et revenu lemporel de la chanlrerie. Le domaine et revenu lemporel dc la Iresorerie, Le domaine et revenu lemporel du vidame. La terre et seigneurie dc Chimery-sur-Bar , avec ses depen- dances. La terre el seigneurie du Glerc et Torcy , pres Sedan. Le fief de Bezannes ct les fosses qui l'environncnt. Le chateau de Taissy et ses dependances. La maison , terre ct seigneurie de Beaumont , autrement lo Clicquct de Taissy. La seigneurie et vicomte de Puisieulx. • La forte maison de Sillery. Un fief audit lieu de Taissy, qu'on nommait auparavant dc Thuisy les Maigneux. Le fief de la pannelerio de Reims. La terre el seigneurie de Launoy en l'ortien. — .V>i — Les archevdques dc Reims portererU le litre de comic c( pair de France pendant plusieUrs siecies; cc ful Louis vn qui 6rigea le pays rfcmois en iluolie. Dos lors les archevdques prirent le litre de due, qu'ils uonserverenl jusqu'fl la fin du xviir siecle. A ce. sujcl , qii'il me soil permis une petite digression hislorique. I.e fiel de la Uolle sis audit Laimoy. La maisoo de Conrlaocy et dependanccs , entre lea porles de V'esle el llcrhanibault. La forte maison , lerre el seigneurie dc Muire. La nioitie de la porte aux Ferrous , du Sel- gneur de Praiu La maison , lerre el seigneurie de Roche La lerre ol seigneurie de Chusillj La lerre el scigncuiic dc Mevry. u 26 — 322 — On ne voit pas, (rune maniere bien precise dans I'bisloire, commenl ful regie el par qui ful possedee hi seigneurie de Reims avanl le xe Steele. II esl de Iradilion locale que depnis Clovis, auquel les Reuois s'elaienl soumis , les rois de France en Fiefs mouvants de la rhdtcllenie de Sept-Saulx. Le defile la Senechaussee tie lieims , avec la maison de Luche. La lerre et seigneurie de Thuisy. La forte maison , terre ct seigneurie de Yerzenay. La maison , le pre de Prouvay , el an Ires heritages sis a Sept- Saulx. La niairie de Prunay et Baconne avcc plusieurs droits et heri- tages sis a Thuisy. Terrage de Sept-Saulx ; il consisle en un droit qui se leve sur le lerroir de Sept-Saulx , et un triage nppelc le Bergoupe. Fiefs mouvants de la chdlellenie de Bethenirille. Le chateau , terre et seigneurie de Manre. La lerre et seigneurie de Vicux. Marcelot. La terre et seigneurie de Perthes-lez-Hurlus. La terre et seigneurie d'Aire. La terre et seigneurie de Tahure. La terre et seigneurie de Marnaux. La lerre et seigneurie d'.Vrdenay Le chateau , terre el seigneurie de Selles. Le flef de S1 -Pierre a Arnc, consistant en une inaison, plu- sieurs terres et droits seigneuriaux. Sainl-Souplet , Dontrien , Saint-Marlin-1'Heureux , la terre et seigneurie d'lleulregiville , la lerre de Saint-Masme , le fief de Hichebourg , Voirigny : Pre marrhand , le Clialelet pres Tahure : Saint-Heuii. Fiefs mouvants de la chdtcllcitie de Chaumuzy. La vicomte dudit Chaumuzy. Un Bef audit Cbaumuiy , consistant en une maison et lerrcs labourables. Le lief de Mulry. Le lief de Spilly. Les bastis de Chaumuzy. — 323 — reslercnl les possesseura evclusifs, nonobslanl les usurpations momenlanees des eomles de \ CrtiiaiuitMS. C'est dans eel e.opril qu'il I'aul lire le I'ameuv passage de Flodoard , le premier monument 6cri( sui ce point de noire hisloire. Yon i ce que, sous la date de 940, nous dil le chroniqueur: « Ludovicus (ransmaiinus , per preceplionis regis poginara, Artoldo archiepiscopo , ac per eum Ecclesiae Remensi, dal Reraensis urbis monelam, jure perpeiuo possidendam , sed el omnera comilalum Reraensem eidero confert ecclesiae, » Or, on sa*it que Flodoard, hislorien consciencieux , m&leaux homines poliliques, aux affaires imporlanles de son temps, peui 6lre regards commc lemoin de I'acle qu'il enregistre; el ce qui vienl appuyer le dire de Flodoard est an Hire aulhentiqueel conserve de I an 1059, par lequel Philippe irr, roi de, Fiance, coniirme aux archeveques la possession du comle. Dans I'ordre du sacre de ce prince il est dil: « rune /ecii ipse Philippus prceceptum, sicut antecessors sui fecerunt, de rebus sanclce Maria- el Remensi Comi- lalu. » Les archeveques 6taienf done inveslis du comle, puisqu'a I'exemple de ses priddcesseurs Philippe leuren confirme la seigneurie ! Ce passage, joint a ce- lui de Flodoard, tie laisse pas subsisierle plus petit doule a cot egard . D'ailleurs, loul le mondc sail que le systeme feodal, c'est- i dire, I'lieredile pour les grands dcs litres el commandemenls don t la royaule les avail investis, in' rernonle pas au-dela du iv sieclc el que du ea pi in la ire de Charles le Chauvc en 877, dale seulement pom les grands la prerogative legale de la trans- mission dcs d ignites. — :m — Herberl , comle de Vermandois e1 son lils Robert. I" romle de Troves, auronl beau se rend re maitres, a plusieurs reprises , de la viile de Reims , sous lea regnes malheureni de Charles le Simple el de Louis d'Oulre-mer, ils ne compromeitent pas le moins du monile la legilimite des droils acquis. Une fois chasses de Reims, donl les guerrcs chiles les avaien' rendus maitres, la ville revenail sous la puissance de laulorite legale, e'esr a dire cello du roi ou de ses lieulenanls, Par suile d'envahisscments successifs , les comtes de Champagne delaeherenl de la seigneurie des archeveques de Reims et reunirent a leurs domaines parliculiers on grand nombre de villes el bourgades, lelles que Verlus , Relhel , CluHillon, Epernav, Coucy , Fismes , Rraine, Chateau-Porcien el quelqucs autres , qu'ils linrenl par euv-m^mes ou par d'aulres en leur nom, el pour lesquelles ilsdevaienl hommage aux archeveques. Get hommage, donl il est parl6 dans les bulles des papes , ful rendu nolammcnt par Rlnnrbe , comlesse palatine de Champagne , el Thibaull V a I'orchevfique Henri de Rraine, en 1227, et par Philippe de France, dit Philippe le Rel, a cause de Jeanne, comlesse de Champagne et reine de Navarre, qifil avail cpousee en 1284. II est done certain que jamais les comtes de Champagne ne jouirent dans Reims d'aucune sorte d auloriie" resullnnl de la conqueTe ou des droils scigneuriaux. De la vienl que Pilhou, distinguant la province en deux parlies, dit que les comtes possed6renl toule la basse Champagne, donl Troves est la capilale , sans parler des villes de Reims et Chalons, qui , siluees dans la haute Champagne, avaient, dans la personne de leurs prelais , lours comics parliculiers. Fl I'on voil dans I'hisloire de Suger que Louis vi, ayanl mis nne puissanle armee en ca i pagne conlrc I'eropereur Henri v qui voulail assiegcr Rei is, il divisa sea troupes en >i\ balaillons, doni les deux premiers, composes des seuls Remois el GhaMonnais, faisaient en loul soixanle millehommes (anide pied que decimal; et le cinquieme comprenail, dit eel aulear, les milices de Thibaull , comle palalin de Troyes, nouvellement reconcilie avec la France ; ce qui monlre suffisammenl que les villes en question ne lui eiaienl pas souraises. Cos fails se deduiscnl nalurcllemeul du lemoignage de lous les hisloriens qui onl iraile avec quelque attention ce poinl d'hisloire, et suilout des ins- truments paleographiques conserves dans les archives de Reims. La ville de Reims , entre aulres villes de la Province , ful toujours independaiile des comics de Champagne el a aucune epoque , sauf celles des Irouhlesdes derniers Carlovingiens, ils n'y exercerenl aucune aulorile. Revenons a Sepl-Saulx. Nous disons dune que ce lid lul donne a Saint-Basle, vers Tan GOO, par Allila, surnomme le Chasseur. Assclin , abbe de Saint-Basle, I'echangca dans la suile avec Henri de France, archeveque de Reims el lils de Louis vi. Cel archeveque Terigea en chiUcllenie , y lii b.'Hir un chdleau fori dans lequel il enlrelint line forie garnison deslimV a proieger le pays , a conserver des rapports el des communications entre les villes environnanies , el a purger la cam pagne des bandes ien> , leur avail convenu d 'adherer el converger lant avee — 328 — les Bourguignons qu'arcc tea Anglais ses n > ennemis , el leur avaienl f;iii 1 1 donne obeissancedc fouics lesquelles ehoses el loui ce en quoi lesdlta habitants pouvaieni fttre notes avoir faitli el dolin- que" envois lui, sa majcsie , comnie non aunus, etc. . . » Le chateau de Sopl-Saulx avail une garrrisori de 1,000 homines, mi-Anglais, mi-BiMirguignons , qui ^ empressa de I'abandonner a rapproche de farmee royale. Le monarque y lil son entree la veille de son sacre, en eompagnie de la Pucelle d'Orleans, et la jcune fille passa en prieres dans Teglise du village la nuit qui pieceda le sacre du roi Charles. En 1052, les troupes du due de Lorraine, venues au secours du prince de Conde revolle con- tre Louis xiv, ravage-rent le pays et briilerenl le inalheureux village de Sepl-Saulx. En 1656 , les magistrals de Reims envoyerent des troupes commandees par un officier pour s'emparer du chateau de Sept-Saulx, alia de garder les communications avec le resle du pays el pour s'opposer aux courses des soldals de Monlal. Tels sonl les seuls renseignements hisloriques que j'ai pu recueillir sur eel inlercssanl village ; il me reste a parler mainlenanl de Total oil se trouvenl I'e- giise et le chateau. La revolution de 93 a etc la cause de la dis- parilion du chateau ; on retrouve encore fa el la quelques paremenls de muraille, quelques fondalions oil le pied du voyageur vient se heurter en pas- sant; puis rien, si ce n'est ce fragment de lour don I je vous ai parle el qui vient comme un spectre veugeur protester conlre de slupides devastaleurs — 339 — qui, sous I'emptre de passions sauvayes, soul venus delruire uo monument qai n'avail d'aulre crime que d'appartenir a Ihistoire. Poor I'oglise, elle esl coiorc debout , niais hclas ! Daos qurl 6lat J Les niveleurs de cellc epoque Irouvaol probablemenl que ecl eililice elait hop grand pour I'usage auquel ils le deslinaienl, car chacun sail que oos Icmples elaienl converlis qui en caserne, qui en temple de la raison on en clubs , jugerenl a propos de tliioiouer sa superiicie el ils demolireul , avec la fiuie des convuMonnaires , les cliarmanls conlreforls ornes de pioaeles qui consolidaienl l'6difice; puis ne s'eo leoanl pas la , ils raserenl les deux Iravees de chaque col6 de la nef el du choeur qui fai- saienl de ce monument un des plus deluieux mor- ceaux d'archileclure gothique , el , salisfails de leurs exploits, ils laisserenl cette pauvre eglise dans l'elat oil nous la voyons aujonrd'hui , semblable a un liomrne auquel on aurail coupe bras el jambes. C'esl un Irisie spectacle, je vous assure, que de voir celle pauvre eglise dans Fetal de misere el d'abaissement ou clle esl reduile. La charpente de la couverlure est mauvaise , le leger plancher qui recouvre la nef, car on a effondre Irs voutes en 1793, — ce plancher, dis-je , esl brise en plu- sieurs end roils el arrive a un elal complet de pourrilure par suite des infiltrations des eau\ plu- viales, il menace de loiober an premier jour. Le pignon du transsept sud menace ruiue, la lour qui conduisail au clocber esl dans un lei elal de degra- dation qu'on ne saurait v mooter sans peril. Les conlreforls qui existent encore soul enlieremenl de- grades ei les mors dechausses. Des dechirures , des crevasses se tool voir de tonics parts; entin Petal - 330 — de «c monument est lei que j'estime quit y aurail danger pour an visileur a s'avenlurer dims I'inle- rii'iir el a en lenler une exploralion complete. Un tic nos collegues, M. Brunette, ful envoye par le sous-prefct de Reims, il y a quelques annees, pour conslater I'elat prccaire dans lequel se trouvait ce monument, ce qu'il fit avec I'espril melhodique el le zele que diacun lui reconnail. Sur son dire, le comilc archeologique fut consulle et je (us desi- gne pour t'aire un rapport ; r'est ce rapport que j'ai I'bonneur de vous soumettre el je dois ajouter que le gouvernemenl , sur les instances du comile el. du sous-prefet de farrondissemcnt , est venu au secours de la commune de Sept-Saulv , et conlri- buc a la reparation d'une eglise qui nous rappelle, sous le rapport historique , Tune des plus belles figures de noire bistoire , et sous le rapport ar- cheologique, Tun des plus beaux monuments du xuic siecle. :VM — Lecture de M. Maumene SUR UN REACTIF NOUVEAU 1'OIK I. A UKCII ERl HE I)U SUCRE DANS lis LIQUIDES. Les cbimistes sonl parvenus a indiquer plusieurs procedes convenables pour la recberebc du sucre dans les liquides, income dans les circonslances singuliercs de la maladie du diabele. Malbeureu- semenl aucun de < es procedes n'esl encore d'une execution assez simple pour fitre aisemenl adople par la pratique medicale. Un de nos habiles con- freres, M. le docteur Landouzy, m'ayanl esprime tout I'intenH que Irouveraient les praliciens a possgder un papier riaetif , capable d'indiquer la presence du Sucre dans I'urinc , j'ai deduil de recherches aux- quelles je me suis livre pendant plusieurs annees une reaction nouvelle oil se trouve, je crois. une solution Ires simple de ce difficile probleme. — Je puis offrir aux cbimistes, aux medecins , aux industrials un papier ou plulol un (issu reaclif, au moyen duquel on discerne , en un instant , I'existence des plus minimes quanlites de sucre. I.'.ulion du chlore sur le sucre n'esl pas connue: Chenevix, en faisanl passer un couranl dc cWore dans une dissolution de sucre, reconnul la forma- tion d'ueide chlorhydrique el dun «cide incrislalit- — XY2 — sable, qui lui parut ftlre de I'acide malique. Priestley ct Bouillon-Lagrange onl observe que les diverses especes de sucre a'absorbi nl le chlore humidc qu'avec beaucoap de lenleur, et se converlissenl, en degageanl de I'acide carbonique, en une maliere brune qui retien.l de I'acide chlorhydrique. Suivant Liebig, le chlore sec n'exerce aucunc action sur lc sucre sec. On soil encore que I'acide chlorhydri |ue , a Taide de Is chaleur, change le sucre en une prtle noire epaisse, qui, lavee a I'eau, donne une poudre legere d'uoe couleur brun-noir. •Lai fail un grand nombre d'experiences dans Tinlenlion d'eclaircir 1'obscuiile qui regne sur ce sujel, el dans une proehaine seance , j'aurai Tbonneur de presenter a I Academic les resultals de mon travail. Aujourd'hui , je demande seulemenl Id permission d'en detacher une remarque, donl l'appliralion a la Iherapculique par;>ilra , sans doule , impoi lanlc. Contrairement a I'assertion de Liebig, le chlore sec agil sur le sucre sec, mfime a la temperature de 100 degres. II agit a froid au bout d'un temps plus ou moins long, el, dans lous les cas , il donne une maliere brune en parlie soluble; dans I'eau, un caramel, d'un noir brillanl, lorsqu'il est dessech6. Ce que le chlore occasionne avee une facilile vraimenl remarquable , les chlorines eux-mOmcs , les perchlorures, le font avee une energie aussi grande ou m6me plus grande. Abandonne-t-on une dissolution de sucre et de bichlorure d'elain a ('evaporation sponlanee , dans les conditions ordinaires? Bienldl le melange brunit, preud une couleur de plus en plus foncee, et au - £33 - bout ilim an oudix Imii mois par cx-.niple, se Irouv'e change en une gelee consistanle d'un noir eclniani. — I.o memo requital s'oblienl beaucoup plus vile (mi faisant evaporer In dissolution. Si I'on emploie le bain-marie, le melange so desseche sans changer de coaleur; ce n'esl qu'a 130-150 degres environ que le snore so decompose el noircil loui a coup. Le bichlorure d'elain pout 6lre remplace par le bichlorure de mercure , le chlorure danlimoino , etc. Tous ces corps agissent sur le sncre a !i maniere dos substances avidos d'eau ; ils delerminent la deshydralalion et la formation dun caramel plus carbone que le caramel ordinaire. Pour aujourd'hui, je demande la permission de n'entrer dans aucun detail analvlique; j'aurai I'bon- neur d^' faire connattre dans un ties procluin memoire les proprieties ct la composition de ce caramel on m6me temps que beaucoup d'autres fails passes ici sous silence. Mais je dois ajouler que tous les sucres se com- ponent avec les chlorures comme le sucro do Cannes; tous epiouvenl la desln di alalion dont le produit brun-noir est le lerme final. — Ce n'esl pas tout; comme on pout lo soupconner, les malieres dont la composition est analogue a cello du sucro el peul se representor, ainsi qu'ellc-m6mc, par du charbon el de Teaii, subissenl aussi lo m6me genre d'all6ralion. Le iigueux, le chanvre, le tin, le papier, la fecule, la midon, etc., etc., soul dans ce cas. Do tous cos fails resulle la connaissance des conditions ou I'on doit so placer pour oblenir un papier, disons mieux , uno lame solide, I n lissu rev6lu d'un reactif propre a deceler la presence du sucre. — Supposous pom un moment uno lame — 334 — solide, inalterable pat le cblorure d'etain , mf-me a une haute temperature; oouvrons colic liime d'une couch. • 0°. Aussilol la pariie plongiV rhangera de couleur el devicndra d'un brun-noir plus ou moins fonce. Reste a tcouver cclle hime solide? Evidemmenl, il ne faut pas songer au papier donl la decompo- sition aurail lieu simullanement avec cello du sucre. II ne faul pas songer davanlage aux loiles de tin ou de colon, el par le memo motif; au lieu des malieres vegelales , il faul chercher parmi les ma- lieros animates donl la nature osl differente , el qui resislenl bien a I'aclion du chlorure d'etain ; le parchemin, les lames minces de gelatine, elc, pre senteraienl eel avanlagc; mais la chaleur les lour- mcnlo , comme on sail , a lei point que lour usage esl absolumenl impralicable. — Or, si ces substan- ces ne pouvent se prater a I'objet que j'avais en vue, il est facile de voir que leur constitution orga- nique esl le soul obstacle a vaincro. II suflit do prendre un tissu de laine , un merinos blanc par excmplc, el lout sera fail, pour eviter I'aclion du bichlorure d'elaiu et les torsions ou les dechiremenls produits par Taction do la chaleur. C'esl cc que I'cxpeticnce demonlre pleinemcnt. Apres avoir trempe le merinos, durant trois ou cinq minutes, dans une dissolulion aqueusc de bichlorure d'etain: ( oximuriale du commerce Sn CI -. 5 110.) faite avec deux parlies d'eau pour une de chin nire , (in laisse egouller le liquide , on seche le — ass — merinos sur line grande bande de m&me etofl'e an liain> marie, et le /is.su reaciif, le merinos cblornre est prepare. — On le coupe en bandeletles de sept a hull centimetres de longueur sur deu\ alroisde largeur, commc les papiers rcaclifs ordinaires. A son aide le medecin pourra , sans aucnne peine, determiner si I'u.-iue dun ma lade rcnferme une Irace appreciable de sucre. II suffira de verser une goutle d'urine sur le lissu cblornre, el d'exposer le tout au-dessus dun charbon rouge on de la llamme d'une lampe ou d'une bougie, pour produire en une minute une [ache noire Ires visible. La sensibility du reaciif est extreme: 10 goulles d'une urine diabeti- que versces dans 100 C.C . d'eau, forment une liqueur avec laquelle le lissu cblornre devient completemenl brun-ooir. L'urine ordinaire, Turee , I'acide urique ne don- nciil aucune coloration par le chlorure detain. II n'esl pas possible jusqu'a present , de parvenir a evaluer par le chlorure detain ou les aulres cblorures, In quantili du sucre conlenu dans un liquide. I'en ferai connailre les raisons detaillees dans le me- moire donl j'ai parlo plus baut. La reaction des deux corps ne s'effectue pas de maniere a per met I re une determination exacte et facile Nous ne pouvons pas non plus, evidemmenl, esperer d'obtenir la distinction des dfverses especes de sucre par I'emploi du cblornre d (Main : il a nuMne Pin- convenient de confondre le sucreavec beaucoup d'au- Ires cor|(s, d'une composition analogue : cependant il rendra, j'esp6rc, de grands services dans bcaucoup de circonstances, par eel immense avanlage de pou- vtiir elre employe nous la forme des papier* rtaetifb — S86 — ordinaires el de donner le plus grand changemcnl tie couleur possible. c'est-a-dire dc posseder la plus grande sensibility. Ainsi : 1° Le merinos chlorure- servira Ires simple- mcnt a la recherche du sucre diabeiique. 5° Son emploi sera utile pour jugcr do la pre- sence du sucre dans le vin. Ce liquide, lorsqu'il arrive a sa vraie perfection, ne renferme plus dc sucre qui s'est transform^ loul enlicr en alcool. Rien de plus facile que de conslaler lc resullat. Tanl que le vin renfermera du sucre, il brunira le m6rinos chlorure. II n'aliercra plus sa blancheur aussilrii que le sucre aura toul-a-fail disparu. .3° Je ne puis passer sous silence ('application qu'on peul faire de la reaction du sucre sur le chlorure a la leinlure des laines ou des soies en brun on solitaire. Les laines , les merinos, passes dans un bain d'oximuriale el de melasse , puis seches et tires sur un cylindre chaufie a une temperature convena- ble, prendronl une leinle brune , plus ou moins foncee mais reguliere, tres solidc, et j'ai loul lieu de le croire, economiquc. 4" Enfio, on peut encore distinguer par le chlorure detain, le melange de la laine et du colon ou de la soie el du colon avanl la leinlure, ou mOme apres dans beaucoup de cas. Rien n'est plus simple ei plus sur, meme lorsque le melange a lieu dans les fits. II suffit de tremper le lissu mixte dans la so- lution de chlorure detain, puis de le sCcher el de le chauffer jusqu'a 13Q° — 150". — La laine ou la soie ne sonl pas alleges, le colon devienl noir volu- me le charbon , el on peut separer les brins de ceua de la soie ou de la laine a I'oeil nu ou en s'aidaul des microscopes. — 337 — Lecture de M. Charirer, MF.MMtF. CORRESPONDANT. SIR LES VACHES LAITIERES ET LA 1>EIIIPNKUM0NIE CONTAGtEUSE. Messieurs , Vous avez jusqu'a present accueilli avec taut de bienveillance mes premiers essais de castration de vaches lailieres, que je croirais manquer a un devoir qui m'esl cher, si je ne vous faisaispart aujourd'hui, el des succes qu'oblient cclte operation, el de Thono- rable mission qui va m'6lre confiee par le gouver- nemenl, de faire des experiences publiques a I'ln- stitut agricole de Versailles, et dans diverses lo- calites de la France. La castration des vaches va, en etTet, Messieurs, prendre rang parmi nos operations chirurgicales les plus utiles ; lea avantages qu'elle procure des a pre- sent aux cullivatcurs qui en out essaye, et ceux qu'on peuta coup siir en altendre , m'en donnenl la cer- titude. Mais je veux enlrer dans plus de details, el vous communiquer les rcnseigncmenls que je viens de re- cevoir sur 3 vaches que j'ai opereVs , dont line a i. 27 — 338 — Aubenton (Aisne), chez M. Henry Lamy ; une chez M. Dendiimonl, a Brognon (Ardennes); el une an Vieux-Gaucher, frontiere de Belgique. Sept niois sc sonl ecou'es, Messieurs, depots que j'ai Fail une excursion dans ccs pays; un joornal des Ardennes a bien voulti rend re comple de mon voyage a celle epoque, ct void le resullal que don- ncnl aujourdhui ces Irois castrations. La vache de M. Lamy donnail 16 litres de lait au moment de l'operalion ; dei.x mois apres , soumisc a une nourrilure mieux appropriee a la production du lait , clle en donnail 1 8 litres. Maintenant qu'elle recoil une alimentation seche, ellc est revenue a sa qunnlite habiluelle de |6 litres. M. Lamy s'esl apercu que le lait etail devenu vaches, au lieu d'une ; mais il les met a ma dis- position , ainsi que colics de quelques aulres per- sonnes qu'il se charge de decider a adopter la me- Ibode Winn; La vache de M. Dendrimonl donnail au moment de l'operalion 11 lilies de lait, cl recevail pour nourrilure de bonnes herbes el du son ; plus lard , lorsqu'elle mangea des caroltes, elle en donna 13 litres. Aujourd'hui , qu'elle est soumise a un regime d'hiver, elle donne 10 a II litres, el le beurre est augmenie de fnbilii eu plus , pour une quantrle egale — 3;yj — de lait. M. Dendrimonl est nalisfail an dernier point, el se propose dc faire piatiquer de nouvelles caslra- t ion s , s'il en a encore I 'occasion. La Vache du Vienx-Gaucher etail une pelile bete fort maigrc, dc I'dge de •'* ana , qui avail beauroup soufferl an volage , el qui , apres avoir donne 9 a 10 litres de lait , n'en donnail plus que \ a ."> Six semaines environ apres I'opcralion , elle revinl a sa quanlite premiere , qu'elle continue de donner en ce moment avec une amelioration dans la qualile egale a cclle reconnue a Brognon. Le digue abbd' Defourny , I un de vos correspon- dants , a qui je dois ccs details, ajoule memo : que la qualile du lait esl tellement superieure a eclui provenanl des vaches non caslrees , qua Brognon , comme au Vieux-Gaucher , on met de c6le le lait des vaches operees, les dimanches el jours de f raches de M. Oudin , lesquelles recoivenl une » nourriture analogue a celle que vous donnez aux » vOlres 2 Analyse faite en fevrier 1850. Analu*e faite en octobre 1 848. ™ = 3 .2 ( La mi'mc vachc. ) | Beurre 3,250} ^S Beurre 4,908 j 2 Caseum et scls J 7,250 %£ Caseum et scls \ 10,428 | insolubles. . 4,000 J £i insolubles. 5,520 [ I Lacloseet scls solubles. • S-g Lactose et sels la ii «a solubles. . . . 4,725 £- Eau 84,847 Analyse «/« /«,/ da vuehcs de j ^ 4naJyj(, ^ gn ocfobre 1848 ^ Culltvauur a Reims. Sfi n , ,„», S Beurre 3,880) f | Beurro 4,2001 " Caseum et sels } 7,595 «° Caseu,n et se,s ? 9'200 I insolubles. . 3,715 j %% insolubles.. 5,000 \ 1 Lactose et sels § ^ Laclose et sels > solubles . . . 5,433 -1 »olubles. . . 4,000 Eau 86,970 S » Eau 86,800 » En neconsiderant que les chiffres r6unis du beurre » el du caseum, pour chacune des analyses, et compa- » rant chacune de ces sommes enlre elles , on re- » marque que le lait de la vache castree en octobre » 1848, et analyse avant Toperalion, est lout a fail » comparable , pour la composition , it celui fourni » par les vacbes de M. Oudin , puisqu'il n'y a qu'une » difference d'un vingtieme environ ; mais si on » compare ce mCroe lait , produil aviint 1'operalion , » a celui de la meme vaclie, mais analyse iGmois — 36$ — ') apr,6s lii castration, on Irouve la difference enorme » d'un tiers en plus pour ce dernier. Enlin , cu » comparanl eclui-n an lail de la vache caslree o de 8 mois , doni ['analyse fat laile en octobre - 1848, on remarque une difference d'un 9C a I'a- )> vanlage du premier. » ilomme il est presumable que la proportion du » beurre el du caseum doit querir la plus grande augmentation, par I'inlluence » qu'exerce la castration, c'esl le beurre. II vous » suffira de jeler un coup dceil sur le tableau des » analyses ci-joinl , pour vous en convaincrc. » Les chiffres que presenlent les analyses (jue je » vous donne , sonl le produil d'une moyenne re- » tiree de deux operations, pour chaque ecbanlillon. » Je desire, Monsieur, que cetle communication » vous offre lout I'inlereH quelle a pour moi. » Je saisis eelte occasion , Monsieur , pour vous » adresser mes remerciermnls, el vous prier de re- » cevoir mes salutations les plus empressees.» Voire toul devoue servileur, Grandval , Pharmacieo on chef do l'H6tel-Dieu do Reims* Dapres un avis du minislirc qui m'aele communi- que par M. De Bebague , membre du Gonseil general - 343 — do ragricullure , pr6s du minislrede I ogricnllure , el de M. Fouquier d'H6rouel , repr6senlanl do peuple, c'est pour le 2.5 do co mois quo je serai appele a faire los experiences do castration de vaches a Versailles. Cetle epoque correspond aver celle du congres central d'agricullure. Beureux , Messieurs, si je puis ainsi , aide du gouverneraent , arriver enlin a demonlrer : que la castration des vaches lailieres esl line operation avantageuse pour rnon pays. A mon relour, je vous ferai connattre le resullal de nies experiences. II me resle encore, Messieurs, a vous apprendre une heureuse nouvelle ; c'est que la Piripneumonie conlatjieuse du gros beiail , qui menacait d'etendre ses ravages dans nos contrees, paratt s'eleindre, rcloguee qu'elle est maintenant dans un (res petit nombre d6tables. Juslement alarme des ravages que code maladie ponvait causer , en raison du peu de precautions prises par les proprielaires de vaches infeclees , et du nombre d'animaux qu'elle avail tout a coup atlaques dans plusieurs lo'-aliles, j'avais cru devoir prevenir fauloriie administrative , qui a presuril, an peu tard peut-(Mre, les mesures sanilaires ordouriees en pareils cas. J'avais inline deraande qa'une in- struction succinic 1'iil envoyee dans les campagnes |ioiir eclairer les possesseurs de bestiaux sur les causes et les dangers de ce redoulable llean. Celle precaution na point heareusemenl etc necessaire, grdce a I'active intervention de mes confreres , qui oni conseille I 'abaltage des premiers animaui alla- ques,elqui <»ui fail isoler, saigoer el B6queslrer ceux qui elaienl menaces. HUM-- — INI" Dl f RECNII SKANCKS r.r TRAVAUX DIl L'ACADfiMIE DE REIMS. ANMEE 1849-1650. V 13. Stance di ft HarM isso. PaESIDE\CE BE N. BOUCHE DE SORBIN. FJaient presenls : MM. Robillard , Bandcville, L. Fanarl , II. Landouzy , Querry , J. -J. Maquart , Daquenelle, F.-L. Clicquot, F.Pinon, Aubriot , Em. Arnould, F. lleniiof-Di'lamollc, I..-11. Midoc, H. Paris, Genaudet, A. Benrol , J. Sorniri , (iaincl , Dclculre , Forneron , E. Maumenc , el E. Holloaux , membrcs lilulaires ; Et MM. Ducbthie ct Loriquet , raembrea correspon- d a n is. COBBESPONDANCE IMI'HIMKE. Description milhodique da produiti divers recueillis dans un voyage en Chine, par Isidore Hedde, del6gu£ dn minisl&re iic ['agriculture ei du commerce , ei ex- poses par l:i chambre de commercp d<- Sainl-Elienne. i. 28 — 346 - Journal du lycee des arts , sciences , belles-lettres el Industrie dc Paris. T. 1 , n° 1. Bulletin des travaux de la Socidte" libre d'Cmulalion de Kouen , pendant l'annee 1847-1848. — Mome bulletin pour l'annee 1848-1849. Annates de la SocielC d' agriculture , sciences , arts et belles-lettres du deparlemeni d'Indre-et- Loire. T. xxix, n° 1, 2C Irim. 1849. — N0' 2 el 3, 3* Irim. 1M9. Influence des evencments et des commotions poliliqucs sur le dhcloppemcnt de la folie , par le dr Bolhomme. Bulletin de V Allxenee du Beauvaisis. 2e sem. de 1849. Journal des Savants. N° de fevrier 1S50. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Gainet conlinue Ja lecture de fexanien critique dc t'hisloire de la civilisation eu Europe et de I'his- loire de la civilisation en France, de M. (luizot. M. Pinon lit a ['Academic une appreciation de hi nouvelle edition des oeuvres de Pierre Corneille , re- cemir.enl publiee par M. E. Gei uzez , membre corres- pondant. M. Loriquet fail connaitre la suite de ses iccherches sur l'edairage chez les Romains. M. Clicquot fail entendre a la (ompagniedeux fables en vers : Le Timbre et la Perruque. Les Percherons. ,V)7 Lcclure de H. (.. Loriqoel , Ml llr.llK. ( illllll M'llMUM. KSSAI SI' It l'ECLAIRAGE CHEZ LKS ItOM.UISS. deuxieme iwrtik. 111. — Appareils d'dclairage dans les temples. Jean Kosin , dans ses Antiquitfo romaines (I) , place le candelabre au nombre des ustensiles sacres. Sur un nirdaillon de la famille — Et. Falconnct . qui a public a La Have :2, une traduction partieUe avec des notes cri- tiques , dit : <■ On les faisait aussi en forme d'arbres portant » des fruits. » Si la premiere traduction est exacte , ai-je lu quelque part , la seconde (lit trop. — En \erit> , j'ai beau me battre les flancs , je n'y vois aucune difference. Est-ce qu'il a pu tomber dans I'esprit de Falconnet que Pline enten- drait parler ici d'arbres de bronze . r.vec leurs brandies , leurs rinceaux et leurs feuilles .' Non vraiment : et , quoi- que des arbres de ce genre puissent etre une imitation de ce qui se pratiquait , au dire de Prudence (3) , sur les arbres memes des campagnes , auxquels on suspendait des lampes , pour attirer sur eux et sur la terre voisine les bonnes graces des dieux ; je ne puis moi-nienie m'a- bandonner a cette pente facile, i.'arl ebez les domains se borna a donner quelques bras aux candelabres , sans rien ajouter a la seche elegance de la forme primitive. I.e moyen-age seul , ce temps des poetiques inspirations dans l'art , eut le droit d'appliquer aux siens la denomination d'arbres , en les rcvetant de ce que pouvait inventer 1 ima- gination la plus riche. Reste une question. Les lychnuques tie la seconde espece , ceux a rameaux arborescents dont nous venons de parler , etaient-ils toujours portes par une tigc posant fl) Edit Panckoucke. (2) Chez Daniel Monniei , 1773, 2 vol.in-8°. r.i . Et qoa fumlflcas arbor riltata locernai • SusUnail . radii ulirici taecisa bipeoni » Contra Sym- mach. II — 350 — Ear le sol ? — Poinsinet de Sivry , dans ses notes sur Pline , ne croit pas qu'ils aient etc susptmdus commc les pensiles ; il veut que , dans la premiere partie de la phrase, i'auteur ait entendu des lampes suspendues et sans bran- ches : et dans la soconde , des lampes h. pied et a branches. — fo'autres, y eomprisM. Ajasson de Gransagne et Le P. Ilardouin (1) , voient dans les deux lychnuques indiques par Pline des varietes d'un memo type , le lychnuehus pcnsi/is. La premiere, suivant eux , serait un lychnuque sans branches , ou Lien un lychnuque a brandies regu- lieres ; la seconde comprendrait des lychnuques a branches nombrcuses , contournees ou capricieusement disposers. J'adopterais volontiers cette derniere explication , du moins en partie. La lampc suspeudue avec ou sans bran- ches, voila, selonmoi, le lychnuehus pensilis] lc lam- padairea pied, mais loujours a branches, par opposition a candelabrum duquel Pline avait parle suflisamment , voila le lychnuehus arbnrum modo mala ferenlium lucens. A mes yeux, la regularite des branches dans lour longueur et la syroetrie dans leur disposition peuvent tout an plus servir a distinguer deux varietes dans le dernier genre de luminairc. En ch"et , parmi les lampadaires a branches qu'on a recueillis, beaucoup les portent irrcgulicres. Ce sont ceux dont les bras,tres semblables a des branches denudecs, se terminent chacun par un plateau destine a recevoir des lampes (2), ou se recourbent en crochets auxquels on les suspendait (3). 11 y en a d'autres dun grout plus classique, dont le hit afl'ecte la forme d'une eolonne ou d'un pilastre. De simples crochets contournes en rinceaux sortent du cha- piteau qui les surmonte-, on ne peul pas dire que de (1) Pun. ad usuui Delpbioi , iococit. (2) II mus Borb. v. IV , p. 59 ; v. VII, p. 30. (Z\ Le Ant. rti Ercol y. VIII, p. 280, 2t>5, 29!» . - 351 — semblables appendices soient proprement des branches (l). (j's lampadaires sont encore trda remarquables par une dispositioD qui leur est particuliere. Le pilastre ou la column' qui en forme la tiire , nest pas pose an milieu de la plinthe qui lui Bert de base, mais vers Tun des bonis Etait-ce, comme on la pretend u (2j , alio d'avoir uue place libre, pour y deposer !• vase contenaut I'huile avec laquelle on alimentait leslampes ? Cette ope- ration, je I'avoue , devail se repeier frequemment,acause de la pelitesse de quelques lam pes. Mais un pareil besom pouvait motiver one disposition tonic; accidentelle. Celle dont nous parlons s'observe dans tons les lampadaires de la nicine espece , mi seul exceple. I □ t'.iit aussi con- stamrnent uniforme doit done avoir une explication plus serieuse; nous le retrouvons en effet avec des carac teres auxcpiels on ne pent meconnaUrc une destination reli- gieuse. I/un des plus beaux echantillons du genre , trouve a PoHipci en 1812, et appartenant an musee de Naples (3), a sursa base , a droite, un petit autel 5 et a gauche, un enfant dans lequel on reconnalt facilement Bacchus , au tigre qui le porte, a la couronne de lierre qui ceint son front, et au rhyton a I'aide duquel il se dispose a boire. II est done probable que lespace de la base trouve libre dans tons les lampadaires semblables a celui-ci etait des- tine a recevoir de petites idoles et d'autres objets du culte public ou prive. I> ordinaire, ces objets etaient portatifs; ils out pu disparaltre et ne pas se relrouver toujours avec la piece principale sur laquelle on avail autrefois la cou- tume de les placer. Nous citerons d'autres exemples qui s'e'eartent un peu du type gen£ralement adopte*, et paraissent ne*anmoins (1) Op. rit. V. 1, |». 3i>7; \. III. p. 315 - // muj Borb. V. II, p. 13 ; y. Mil, p. 31. (2) Ilercul. et Pomp 3* slrlo, p. V. II mm Borb \ II, p 18. — 352 — confirrner notre opinion. G'est d'abord nn lampadaire dmit la base quadrangulaire porte un autel adosse au tut lui- mcme (I). iNous n'avons pas a decider ici si le globe qui surmonte cet autel est un symbole de la victoire ou bum de Vesla. Surla base dun autre lampadaire, sYlevent a la fois une colonne servant de candelabre et une statue d'en- fant aux mains duquel pend une autre lanipe (2). S il est difllcile de donner un sens a cet assemblage singulier, du moins y retrouvons-nous I'emploi que nous avons assigne a la partie libre de la base, dans ce genre de lampadaire. Keunissons mainlenant la colonne avec I'enfant ou genie qui I'accompagne , et nous aurons une nouvelle variete de lampadaire , consacree , comme les preceden- tes, a des usages rcligieux. l.a colonne ne sera plus qu'un balustre decoie d'une statue ; la lampe elle-meme, superposee a ce balustre , ne fera qu'un corps avec lui ; et la base, recevant du developpement sar le dcvant de l'appareil , deviendra elle-meme l'autel dedie a la divi- nile dont la figure du balustre est la representation. Tel est le lampadaire d'Merculanum (3) qui represente le genie d'Hercule, et dont la base porlc en outre la figure de Mercure Argeiphonte. Tels sont ceux que Montfaucon assigne au culte de Minerve (4) , de Venus Libitine (5) , de la Victoire (6) et de Diane cbasseresse (7) , ou plulot de Diane Lucifere ou Phascelide. Nous serious infini , si nous voulions enumerer ici tous CO Op. cit. v. VIII, p. 31. (2) Le ant. di Ercol. V. Ill, p. 311. (3) Op. cit. V. t , p. 77. (4) Antiq. Expl. T V, pi. IU7 (5) Op. cit. pi. 171 , d'aprcs Bellori. (6) Op. eit. pi. 189. " Op cit. pi. ir.9. - 353 - les monuments du cuite paven qui sc rapportenta feclaf- page , el recueillir les donnees iconographiqaes que pre- senteot lea appareils qu'on \ employait. Ce travail serai t (iiriiiix , lors meme qu'il laisserail de cOte tout detail ayaut trait aux ceremonies retigieuses. Sou \ cut . il est vrai, ce qu'on prend pour un ornemenl et pourl'indica- tion de 1'usage auquel nn meuble antique etait consacre* , peut liien D'etre que la marque du fabricant. Mais quand nous trouvons sur les lampes la figure dea IMeux dans sa forme hieratique, suit en relief sur leur partie supe- rieure . soil meme a I'etat de statuette au poinl u'attache de la poigne*e ; quand nous y voyons les attributs et les symboles que leur donnent lea mythologues; et, par dessus tout, lea inscriptions, qui accuaent une dedicace : eea indicea ne peuvent noua tromper , et nous disons alors avec certitude (|ue ces meubles ont ete consacres an culte de la divinity dont ils portent la livree , ou tout au moins destines a en conserver le souvenir. Nuns avons admire1 la richesse du candelabre qnc le jeune Antinclius se proposait d'offrir a Jupiter Capitolin , mais noua n'avons pu dire a quel genre on devait le rap- porter. — En fait de lampadaires ou de canddlabres a branches , I'line (I) cite celui qu Alexandre le Grand avait fail transporter a Cyme ou dime en Kolie , lors tie la prise de Thebes, pour le consacrer a Apollon. II assure que, de son temps, on voyail ce meme candelabrea Rome dana le temple d'Apollon-Palatin. Euphorion , dana ses commentaires historiques (2 , fait mention dun lycbnuque qui avait autant de branches , el par consequent pintail autant de lampes ou de lumignons ( qu'on nous pardonne le mot) qu il y a de jours dans laiinee. On a VOUlu enlever a Cfl fait sa realite , pour ne lui laisaer qu'une valeur purement symbolique : ce nombre (i) Hit l natur. lib. WMV, 8. (i\ ktBMM. Deipnoiopk . , W . — 356 — de luraieres se reduirait a une seule , mais perp&uellement allumee pendant la duree des 365 jours qui composeut I'annee. Le fail est que le lychnuque en question fut place" parDenys lejeone dans le Prytanee de Tarente , c'est-a- dire devanl 1 image de Vesta , deesse protectrice de ces sortes de monuments , comme le prouve le nom de Pry - tanitides dp tine, chcz les Crecs, aux veuves char gees du soin degarder le iVu sacre. Mais il serait facile d'accorder la realite d'un pared lychnuque avec l'idee symbolique qu'on voudrait y rattacher , comme avec la perpeluite de lumiere qu'exigeait le culle de Vesta. Au surplus , l'exem- ple donnr par Eupliorion est tout a fait grec , puisque nous sonimes dans un prytanee , I'hotel de ville des Grecs, si je puis parler ainsi , comme le Capitole est celui des cites romaines. Jaime mieux m'arreter a des fails pure- ment romains , el vous citer , par exemple , le temoignage de P. Victor , qui , dans la description de Home qu'on lui altribue, place auxe quartier de cette ville un temple d'Apol- lon ou Ton voyait plusieurs lychnuques a branches (1). Ceci doit lever tous les doutes au sujet de la presence des lustres dans les temples , quoiqu'il s'agissc ici , ap- paremment , du temple d'Apollon-Palatin , ou nous avons deja rencontre le candrlabre de Cyme. Hors de 1'enceinte sacree et dans l'interieur des habita- tions, devant ces edicules et ccs armoires oil les Romains placaient les dicux Lares et les objets particuliers de leur culte (2) , on suspendait encore des lainpes , de meme qu'on y offrait de l'encens , des couronnes et du vin. C'est ainsi qu'on trouva en 1505, a Lyon, une lampe dimyxe dont les chaines soutenaient 1' inscription suivante (3) : Lariuvs. Sacrvh. P. F. Roman. (4). (1) Pun. Loco cit. , Ed ad usiim Delphini. Nole d'Hardouin. (2) I'etron. Satyric. XXIX. \'-i) Montfaucon (Antiq. expl. pi. 188) donne deux eiemples do ceile inscription , d'aprcs Liccli. . « Publics felicitali Romaiiorum. » — 355 — Une autre inscription, decouverte a IVekicste, temoigne du meme usage 5 entre autres choses , nous y lisons ce qui suit : ... Et. cvpidines II. gvh stis. lychnvchis Et. lvcerna. Larvm. IV. — DeVeclairage dans cerlaines ctre" monies religieuses el de son origins. Idees supersli Hemes el symboliques qui s'y rattachent. « Les lindens, dit Valere-Maxime (1) , out confie a la science des pontifes la connaissance et l'execution des ceremonies fixes et reglees, lis ont determine la maniere de s'adresser aux Dieux , de les consulter, de Ieur offrir des sacrifices; » et, suivant Festus, ces prescriptions rela- tives au culte etaient consignees dans des livres qu'il nomme rituets. Hepandus dabord dans la Grece, sous les noms d'Orphee et de Musee, ces rituels etaient deja nombreux a l'epoque oil vivait I'laton (2); plus tard , chaque secte avait les siens , et Ciceron , ecrivant a Atticus (3), le priait de mettre a la disposition de Cbilius les livres qui renfermaient les rites traditionnels des Kumolpides. Aucun de ces livres ne nous est parvenu. Quand done nous abordons l'etude des cboses de la religion , nous sommes reduits aux memes secours que pour tout le reste beureux de recueillir par hasard et com me en passant,' dans les ecrivains et les monuments que le temps a res- pectes, des fails qui se rapportent a notre sujet. Les lampes allumees que nous avons trouvees dans les (J) Facta dictaq. memor, lib. I, cap. I, 1. (2) De republ. lib. II. (3) Ad Attic, lib. I , opisl IX; sen epist. V. e.l. Panck. — 350 - temples on devant les images des Dieux. etaient , comme I'cnceos, les llcurs, les parfums, comme les victimes elles-memes, un hommage a la Divinite. Les necessites venant de 1'obscurite de la nuit n en avaient pas unique- ment motive l'emploi , puisque les ceremonies a l'eclat desquelle.s elles ajoutaient n'avaient generalement lien que le jour. C'est au meme titre que les flambeaux , et prin- cipalemeut les torches de grande dimension, avaient aussi leur place dans ces ceremonies. Quand Pline (!) indique I'espece de tmla preleree par la religion et distingue dans l'emploi qu'elle en faisait deux choses , le feu des autels et les torches, le terme dont il se sprt semble restreindre a la nuit l'usage de ces deruie- res: « toeda proprie dicta.... llammis ac lumini sacro- » rum grata. » Mais une peinture d'Hcrculanum (2) nous montre des torches enflammees devant I'image de Diane , et nous lisous dans Ovide (3) qu'aux autels de tons les grands dieux brulait habituellement la tor - che de pin: « Ardet nt ad magnos pinea toeda deos. • Le fait que nous constatons trouve d'ailleurs sa con- firmation dans les reproches que Tertullien adresse a des Chretiens encore trop faibles pour abandonner en- tierement les pratiques des pa'iens. « Si vous avez renonce aux temples , leur dit-il , ne Iraitez pas vos mai- sons comme des temples 5 ne suspendez pas en plein jour des guirlandes et des hmpes a vos porles , comme on le fait a celles de ces edifices (4). » (1) Hist, natur., lib. XY1 , 10. (2) Le antich. di Ercol. V. VIII , p. 283. (A) Ileroid. episl. XII , 34. (4) • Accendant igitur qaolidie lucernas, quibus lux nulla est; adGganl poslibus lauros poslmodum arsuras , quibus igaes iuimi - nent. ... Si templis rcnuntiasti , ne feceris templum januam (nam , etc. de idoMalr . XV. — 357 — Dans uue peinture du musee de Naples (1) qui repre- sente un sacellum ou petit temple dedie a Priape , des guirlandes ratlachent aux colonnes de l'edifice des flam- beaux et d'autres attributs du culte. L'oeuvre du paysagiste de Pompei , vous le voyez, ne differe en rien de la des- cription de Tertullien. Mais la peinture nous fait connaitre un autre fait , en nous montrant dans l'enceinte sacree, au bas des degres du temple , u.ie pretresse qui celebre les ceremonies du culte ou qui s'y prepare. Elle tient de la main droite un flambeau allume — La encore nous avons un texte a l'appui du monument. — Cctte pretresse, nous la retrouvons dans la Medee de Valerius-Flaccus , qui avait coutume d'allumer chaque jour les flambeaux sacres dans le temple d'Hecate(2) : « .... Sacras solita est ubi fundere taedas » Colchis. r> Les flambeaux dont il est ici question devaient-ils se con- server allumes pendant le jour, ou flgurer seulementaux sacrifices , comme a celui qui preluda au mariage in.pie des Dan aides (3) ? Nous ne saurions le dire. Mais la pre- sence des lumieres dans les sacrifices est un fait tres fre- quent. Pour un petit nombre de monuments dans lesquels un sacrifice est celebre , sans qu'il y figure de flambeaux, tels que ceux dont la colonne Trajane et l'arc de Constan- tin (4) nous offrent la representation , on citerait beau- coup d'exemples contraires. Dans le marbre antique de Vapotheose d'Homere (5), la Poesie , placee aupres de l'autel du nouveau dieu , tient deux torcbes allumees qu'elle eleve. Dans une sculpture du musee du Vatican, (1) II mm: Borb. V. VI, p. 54. (2) Argonautic. lib. VII, 180. (3) « Me pater igne licet, quern non violabimus, urat, » Quaeque aderant sacris , tendat in ora faces. » Ovid. Heroid. eirist. XIV, 9. 14) Montfauc. Antiq expl. T II, 165, Ki6. (5) Op. cit. T. V, pi. |30; Mayas. Pittor. T. WII, p 92. — 358 — une bacchante remplit le meme otlice , tandis que ses compagnes entrainent vers l'autel le taureau dionysia- que(l), ct la collection d' Herat lomim nous oil re deux scenes analogues (2). Parfois mtime , dans les monu- ments , le flambeau supples an feu de l'autel sur lequel on immole une victime. C'est ce que nous trouvons dans un maibre qui represente un sacrifice au dieu Pan (3 ; et , dans un sacrifice a Apollon-Medecin , une lamps placee au sommet dune colonne lampadaire (4) n'a pas d'autre objet. Independamment des sacrifices, le culte comprenait des ceremonies oil figuraient encore les flambeaux. Dans toutes a peu pres, sauf ce que nous aurons a dire plus tardsur les fetes, le flambeau allume doit etre considere comme un attribut sacre. Chez les Syracusaius , par exemple , le servient le plus solennel etait celui par lequel on prenait a temoins Ceres et Proserpine ; celui qui se soumettait a cette epreuve redoutable tenait un flambeau a la main (5). II en etait de meme des initiations. Le recipiendaire aux mysteres d'Eleusis et des Corybantes devait avoir porte le cernos (6). Or, le cervos etait un vase de tcrre rempli de fruits , de laine , de vin , de produits divers enfin que les cernophores se partageaient apris les (1) Seu. d'Acinc. IJist. de I' art par les monum. T. V, pi. 38. (2) Le ant. di Ercol. V. IV, pi. 231 ; V. 1. pi. 43. — Buonarotli, triom. de Bacchus, p. 471, croit voir, dans la main droile du bacchant du second exemple, un instrument propro a attiser la flamme. Ce serait plutot, a riolre avis, le (labellum ou feu i I le de nymphea que portent souvent l'Amour, les nymphes, etc., dans ces decorations peintes. (3) Montfaoc. op. cit suppl. T. 11, pi. 2a. (i) Lou. cit. pi. 27. (&) Plutarch. Dion. LXX. (6) Clem. MEx.Portr. p. 14. — 359 — ceremonies sacrees(l): au-dessus de tout cela etait une lampe(2). De plus, le moment de 1'initiation arrive, pen- dant les prieres du peuple et des pretres, le mtjste tenait a la main un flambeau, comme le fait, dans Apulee (3), le pauvre Lucius enfin revenu a la forme humaine : « manu dextra gerebam flammis adultam facem. » II s'agiticide linitiation au culted'Jsis ; Juvenal nous montre la raeme cbose dans celle des mysteres de Ceres (4) : « . . . . Quis enim bonus et face dignus >> Arcana, qualeni Cereris rult esse sacerdos. » Enfin le flambeau etait egalement employe, lorsqu'il s'agissait d'une purification. Conjointement avec l'eau , le soufre et parfois un oeuf, il etait indispensable dans cette occasion. Avec Apulee qui raconte les rites observes pour la dedicace du vaisseau d'Isis (5) , nous citerons Ovide(6). Avant de rajeunir le vieux Eson, Medee purifie lesmembres du vieillard par l'eau , le soufre etlefeu. Le meme poete vent qu'une semblable expiation purifie la chambre et le lit des jeunes maries (7). Ne croyez pas qu'il s'agisse ici de tisons ou de cbarbons ardents ; ce feu ex- piatoire, c'est la flamme d'un flambeau : Juvenal (8) et Claudien (9} le prouveraient au besoin. Des lors qu'une idee religieuse s'attacbait au feu des flambeaux, la superstition devait s'en emparer. (1) Athen. deipnos. lib. XI, cap. 66. (2J Schol. Nic. p. 60. (Z) Metamorph. XI. (i) Sat. XV, 140. (5) Loc. cit. (6) Metamorph. lib. VII, 261. (7) Art. amator. lib. II, 329. (8J « . . . . cuperentiuslrari, si qua darentur « Sulphura cum toedis. » Sat. II, 157. (9) « Luslralem sic rile facem , /;,> VI consul, honor 324. — 360 — Que Lucrece (I) , non content de suivre avec attention les proves de la combustion de la meche , observe (pie l'odeur d'un flambeau recemment eteint afl'ecte doulou- reusement les nerfs , qu'il s'efforee d'expliquer pour quelle cause il ressaisit la flamme avant meme de la toucher , quand on l'approcbe d'un autre flambeau (2) : tout ce qu'il dit est dans le vrai et ne s'ecarte en ricn des pre- cipes naturels; nous ne le mentionnons ici que pour ne ricn oublier des opinions des anciens sur l'objet qui nous occupe. Mais quand IMutarquc (3) vient a se demander pourquoi les Romains n'eteignent point leurs lam pes et les laissent se consumer d'elles-memes , on est tcnte en verite de rire au nez du grave pbilosopbe. Est-ce ggard pour une chose utile ? Est-cc respect pour un feu, comme dit Amyot , « parent et frere germain du feu inexstin- guible et immortel ? » — Peut-etre ; mais peut-etrr aussi est-ce » un secret avertissement qui nous enseigne de ne tuer ny violer chose aucune qui ait vie, si el le pre- miere ne nous porte quelque nuysance , comme si le feu elait un animal vivant, car il a besoin de nourriture et se meut de soy-mesme , et quand on l'estainct , il jette je ne sray quoy de voix comme si on le tuait. « — Ainsi s'exprime IMutarque. On ne peut etre plus naif, vous le voyez. II parait du reste que le respect pour la lampe porte au point que le veut notre autcur n'elait pas universel. 11 faut croire , d'apres Plaute {A), qu'il ctait permis d'eteiudre la lumiere avant de s'endormir : « Luccrnam forlc cblitus fueram exslinguere. » dit l'esclave Tranion, dans la comedie du Revenant. (l) be nal. return, lib. VI, 95 etseq. (2)Loc. cit. 101. (3) Qucrst. Rom. LXXV. f*) Mostellar Arl II , sc. II , 56. — 361 — Je vous lirais bien encore quelques vera eu different. II nous apprend que les lampcs alluinees dans cede fete etaieut alinienlecs avec du sel el de 1'huile de Cici, le ricin de Pline (lib. XV, 7). 'ij An l. Metamorph. lib. XI. — L'lsis d'Apulec est l'Isis I'ela- ^ique ou maritime Celle que les Egyplions invoquaient sous le — 867 — meme que le culte nominal de cette deesse eut ete introduit parmi eux ; etce caractere lui est commun avec cellc que les poetes appellent la grande-merc, la mere des dieux, comme elle Test des plantes et des animaux , unique prototype des differentes divinites separees dans le culte public (1). A l'exemple de l'Egypte, la fete d'Isis, ou Navir/him Isidis, fut celebree a Rome avec la plu<* grande pompe sous les empereurs. Apulee (2) en decrit au long les ceremonies. On se rendait en procession au rivage de la mcr, pour y consacrer a la deesse un vaisseau. « Une foule immense d'hommes et de femmes portaient des flambeaus, des torches, des cierges et d'autres lumieres, afin, dit l'auteur, de se rendre favorable la mere des etoiles. » « Magnus » praeterea sexus utriusque numerus, lucernis, taedis, ce- » reis, et alio genere facium lumine, sidenm ccelestium » stir pern propitiantes. » Quel pouvait etre l'objet de toutes ces lumieres, si ce n'est (et le texte d'Apulee me semble renfermer cette idee), la re- production des flambeaux lumineux qui scintillent au ciel, pour temoignerde cette parente dont parle Plutarque entre le feu du ciel et celui que produisent nos mains, pour rendre en meme temps un solennel hommagea la divinile, source de la lumiere, de la chaleur et de la vie, a cette ame unique des choses , que l'univers adore sous des formes, sous des attributs, sous des noms et des rites divers ? « Cu- » jus numen unicum, multiformi specie, ritu vario, nomine » multijugo, totus veneratur orbis (3). » nom de Ne'ith repondailplus parliculierement al'J(/iene des decs et a la Minerve des elrusques et des romains. Mais ces distinc- tions et d'autres encore n'elaient que nominates. (1) Euripid. Baccli. 275. — Pseud. Orph. Hymn. 13, 25, 59 — Philo, de Vit. contemp, p. 890. — Tzetz. ad Licophr. t. 707. (2) Apul. loc. cit. (3) Apul. foe. cit. — 380 — Vous le vOyez, (Jevant cette doctrine venue de ITgypfe . ou pluU'it do 1'Orient . tombe tout I'echafaudage de la cos- mogonie el disparaissent les inventions des mylhologues. (let echo prolongs des temps primitifs domine toutes les religions oflicielles. Apres s'etrc perpetue, a Pelat d'idee vague, dans 1 esprit dun petit nombre d'hommes t'clain'-s, il prend un corps au sein du pagan ism e, il y croit comme un germe IVcond, en attendant que le christianisme dechire les formes grossieres et decrepites qui Lai servent d'en- veloppe. Suivant la tradition egyptienne, cette puissance crea- trice, cette source unique de la lumiere et de la vie univer- selles avait son symbole dans la ceremonie dont nous parlous. Au centre du cortege, un pretre portait une lampe de la clarte la plus vive (I). Par sa forme, elle neressem- blaitcnrien, (lit Apulee, a celles qui eclairent les repasdu soir; c'etait une gondole en or, du milieu de laquelle sortait une large mais courtc flamme. Nous ne devons pas oublier de remarquer a quelle epoque de l'annce la fete avait lieu. C'etait au retour du printemps, au mois de mars, it ce moment oil la nature entiere, prcnant un aspect riant, salue, comme dit notre auteur, la mere du temps et des astres, la reine de I'univers (2). C'etait aussi au mois de mars qu'on allumait le feu (I) » In. -'111.1111 non adeo noslris illis consimileni , qua? vespertinas illuininanl epulas ; seil aurcum cymbium medio sui patore flamniulam suscitans largioreru. » Luc. cit. — Montfaoc. ' Suppl. t. II, pi 2), doune une prelrcsse qui lient un vase dont la forme se rapportc assez a la description d'Apulee. Ce vase portc au centie un long col duquel sort une ineche. — Au culte d'Isis petagique se rapportenl peat-dire les lam pes en forme de nacelle allongec dont Montfaic. (I. u, pi. 67) donne un cxemple a quatre bees, et les Antiquiles d Hercttlanum (v. I, p. 89) un autre a quatorze brrs, ranges lougiiudinalement et en nombre egal suf chacun des cdleV i \n i. /'»• cit — 369 — nouveau sur l'autel de Vesta (I). Cette coincident n'est pas a negliger. Nea remarquez-\ous pas en effct dans tout ce que vous connaissez du culte de Vesta, chez les Romains, la trace permanente dusymbolismeque nous avons signale? la divinite veneree sous le nora de Vesta n'a ni statue, ni simulacre ; le feu seul la represente : • Effigiem nullam Vesla nee ignis habent (2); » Vesta, e'est la flamme personnifiee: « Nee tu aliud Vcslam quam vivam inlellige fi am in am (3) : » et ce feu sacre, suivant une tradition chere aux Romains, n'est autre que celui qu'Hector lui-meme tira du sanctuaire de la deesse, dans la derniere nuit de Troyc, pour le confler a Enee : « El manibus viltas, Veslamque potcntem, » /Eternumque adylis effert penelralibus ignem (4); •> son origine se confond avec belle du peuple lui-meme qui rattache a ce feu ses deslinees, et aux yeux duquel la perpetuitede ce feu est la ^marque la plus certaine de la duree de son empire. Aussi les Romains veillent-ils avec un soin tout particulier a la conservation du feu de Vesta ; s'il vienta s'eteindre e'est pour eux la plus grande des calamites, et ils punissent des peines les plusseveres les negligences des Vestales a cet egard (5). De peur qu'une (1) Sur le feu sacre du culte d'Isis, voyez le Antich. di Ercol. v. II, p. 315, 321. Sur l'usage egypticn d'une lampe perpetuelle- ment allumee devant l'image des dieux, V. Herodot. lib II, 130. (2) Ovid. Fastor. lilt. VI, 298. (3) Loc. cit. 291. (4) Yjrcil. JEneid. lib. II. 296— Sil. Ital. I, 542. (b) Ce feu, suivant Plutarque, devait elre ralluine aux rayons du soleil, au moyen d'un miroir concave ; suivant Festus , en taraudaut une table d'un bois tres inflammable au frottement. On represente les vestales tenant dans les mains une lampe allumee, ou un petit vase a deux anses rempli de feu ; quelquefois, placees aupres dun autel sur lequel est un brasier ardent. La lampe est aussi I'allribut que porte Vesta sur les medallles . Montfauc. Antiq. — 370 — crreur de leurs ancctres nail prive Rome du veritable feu de Vesta et des privileges qui y sont attaches, ils en voieut leurs consuls, leurs preteurs, leurs dictateurs a Lavinium , et leur prescrivent d'y offrir,en entrant en charge, un sacri- lice dans le temple oil Ins Albains pretendaient conservcr celui que les Troyens avaienl appurte en Italic (1). Sortez maintenant de l'enceinte consacree a Vesta, vous y trouverez les memes respects. « Le t'eu, dil Porphyrc(2), est, do sa nature divin et eternel; e'eit pour ccla qu'il y a crime a eteindre celui des autels. » Mais, ajoute l'hedre (3), « e'est un sacrilege que de le rallumer avec unelumiere ordinaire, et il n'est pas plus permis de prendre ce feu pour les usages communs. » — I'ourquoi la loi defend -elle, k Sparte, de donner du feu aux iufames? Pourquoi le pytha- goricien Andocide, sinon Pithagore lui-meine , ne veut-il pas qu'on frappe la flamme avec I'epee? C'estque partout on honore le leu comme un symbole divin, comme l'embleme de la vie, de l'immortalite. — Et quesignilient, dans les anciens monuments, un flambeau qu'on eteint ou qu'on renverse ? C'est la marque du soleil couchant (4), du som- meil (5), de la mort (6) : de meme que celui qu'on eleve est expl., t. I, pi. 26. — Le meme aulcur donne une lampe circulaire a neuf bees , sous laquelle est ecrile deux fois le nom de Vesla ; c'clait [irobablemenl un objet volif: Op. cit. t. I, pi. 28. (1J Pompon. L.et. Lib. VI. — Macros. Lib. III. « i ki, hi i| ii.im diruta servat Igneiu Irojanum , et Vestaiu colit Alba minorem. » Jcven. Sat. IV, CO. (2/ Quceslion. Homer. (3) « lta hodie nee luccrnam de fJamma deiim, » Mcc de luccrna fas est accendi sacruui. • Ph.edr. Fabular. lib. IV. fab. X, 12. (4J Montfauc. Antiq. expl. Supplem. T. 1. pi. 215. (5) Comus, lc dicu des joies et des plaisirs nocturnes , soutient a peine le flimbeau qui lui echappe , pour montrer que le som- meil s'est empare de lui , suivaut la description de Philostrate: Montfauc. Op. cit. Supl. T. 1, pi. 203. '6j Op. rit f. V , pi 67, fi.S, 89, 161 : Supplem. T. I, pi, 121 ; — 371 — le signe du soleil levant (1 ), de la vie dans les apotheoses (2) et les ex-voto (3), de la victoire(4), de l'inspiration (5), de l'epanouissement, de la joie (6). De la ce tlambeau que les poetes plncent dans les mains de I'Amour (7), comme dans celles de 1'hymen (8) , et meme dans celles de Venus (9) ; de la encore cclui qu'ils donnent au jeune dieu Orthros, cette personniflcation du point du jour (10) ; a I'aurore , cette messagere de la ki- rn iere , cette blonde soeur du soleil (11); et loujours ces flambeaux brillent du plus vif eclat. Bien differenle est la flamme de celui que tient la nuit , malgre les feux. sans nombre qui coustellent son mauteau (12), de ceux que T. V, pi. 10, 41. — 11 y a des exemples de torches dressees et allumees , sur des lombcaux; mais dies y sont ordinaireincnt accompagnees d'allribuls funebrcs : Op. cit. suppl. T. V, pi. 42, 44, 56 — V. aussi Hercul. et tompei, V. Ill, S5. (1) Montfauc Op. cit. suppl. T. t, pi. 216, 218. (2) Medailles commemor. de l'apolheose de Fausline , feramc de Marc-Aurele, avec la legcnde ceternitas ou sideribus recepla : Mo.NTFAUc. Op. cit. suppl. T. IV, pi 31 ; T. V, pi. 1G0. (3) Soleil (enant deux flambeaux leves en face d'un enfant que Ton croil etie Valerien le jeune , avec l'inscriplion : Bonw spei Augusti votum. Op. cit. T. I , pi. 74. — Cleobis ctCilonavec leur mere: Op. cit. T. I, pi. 24. (4) Op cit. T. I, pi. 40 : Monum. antiq. de l'eglise de Flavigny. (5) Pompeiana , pari. 1,24. Genie poetique , Hermes, dans les peinluresde la maison diledes Vestaks. (C) Montfauc. Ant iq. expl , T. I, pi. 59 : Bacchus porlant un flambeau , au lieu d'un lyrse. (7) Op. cit. T I, pi. 114; T. V, pi. 170. — Le int. di Ercol. V. II, p. 203; V. IV, p. CI. (8) Montfauc. Antiq. expl. T. Ill, pi. 130 ; suppl. (. 1, pi. 150. — II mus. Borb. V. IV, pi. 2. (9) Montfauc. Antiq. expl.. T. I, pi. 102, 103. (10J Op. cit. suppl. T, I, pi 214. (11) Op. cit. supp. T. I , pi. 17. (12) Montfauc. Ant. expl. T. I, pi. 91. 92, 214. — 372 — portent Hecate (I) et le dieu Lunus (2). 11 n'en est pas ainsi nun plus de ces torches ail'reuses. symbole de colere, qu'a- gitent Bellone et Ics Furies ; leur feu sombre et rougeatre (3), comme le regard lui-meme des funestes deesses, inspire l'effroi(4): les poetes, caracterisant la destruction produite par ces redoutables brandons, veulent qu'ils soient d'if, bois considere coninie veneneux et funeraire (5) : « Angue ler excusso, et flagranti previa taxo » Tisiphone... o Knlin le flambeau, indifleremment eteint ou alluine, devient, a divers titres, l'attribul de quelques autres divi- nites. Si, par exemple, nous laissons de cote le symbolisme pour aborder les realites, nous rencontrons Ceres allant a la recherche de sa fdle ; et, soit sur son char, soit a pied, la noble deesse porte constammeut un flambeau (6), en me- <\) Tantot Diane Lucifere tient deux flambeaux : • 0 magna silyas inter et lucos dea, » Ctijus renidet muudus alterna face, « Hecate Iriformis.i Senec. Thag. Med 840. — Montfauc. Ant. cxpl. T. I, pi. 42. — 11 nuts. Borb. V. IV, p. 3 : Sacrifice dlphigenic, peint. de la maison dite d'Uomere a Pompei. — Tantot elle en porte un seul : — Op. cit V. IX, p. 35 ; peint. de la maison de Castor et Pollux. — Montfauc. Ant. expl. T. I, pi. 43, 89; T. V, pi. 08. — Hecate, invoquee par la magie, a les monies caracteres: Apollon. Argon, lib. Ill, l2I3elseq.; Porphyr. Ap. Euseb. Prcep. ev. lib. V, p. 202. (2) Montfauc. Ant. expl., T. I, pi. 81. 3) « I'lmi.i manu rutilam de Tcrlice Larissaeo • Ostendit Bellona facem.» Stat. Thebaid. lib. IV, 5. ' Nunc, nunc adeste sceleris ultrices dea?, • Alram cruenlis manibus amplexae facem.» Senec. Traj. Med. sc 1, 15. (4) Loci an. Catapl. 22. (5) Stat. loc. cit. 485. (6) Montfauc. Ant. expl t. I, pi. 30, 40, 41, 45. — // mtu. borb. V. Mil, p. 34; ibid V. IX, p. 35. Clavdian. de raptu. Proserp. lib. Ill, 376 et seq. — 373 — moire des branches de cypres qu'elle alluraa aux feux de l'Etna, pour eclairer ses pas pendant la nuit (1). (1) Parmi les insignes iconographiques que les peintures de Pompei ot d Herculanum (II mus. Borb. v. IX, p. 19; le Ant. di Ercol. V. II, p. 203, 219, et V. Ill, p. 175.) placent aux mains des genies et des nymphes, nous trourons souvent un objet que les anliquaires qualiflent de tyrse, de sceptre , de candelabre. Les preuves en faveur de celte derniere denomination ne nous paraissent pas assez concluantes, pour moliver de notre part une mention plus etendue. I ale. C'esl l'astre qui domine l'horizon de la civilisa- tion europeenne. J'ai insiste sur celte inexactitude de M. Guizot, parce que j'y trouve le premier anneau d'une se"rie de faux jugements qu'il portera dans la suite. Decidcment , Pillustre auleur ne croit pas, avec M. Jouffroy, que notre civilisation soil si large- ment rouvrage du christianisme. Ce n'est pas qu'on ne trouve chez lui de magnifiques pages en son honneur. C'est lui qui a dit : An Ve siecle , iefjlise aeule exercuit un pouvoir moral. Ellc faifait pint, ellc entretenaitj die repaudait Vidie d'une r$gle d'une lot superieure a Mutes les loin humai- nes ; elle professait celte croyance fondamentale pour — 388 — le salut de I'humanite, quit y a au-dessus tie toules les lots humaines , une lot appelee selon les temps et les mceurs tantot la raison, tantot le droit divin, mais qui toujours et par tout est la meme sous des noms divers. Plus loin il ajoutera : la presence d'une influence morale, le mainlien d'une loi divine et la separation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel , ce sont Id les trois grands bienfaits qu'au ve siecle Veglise chretienne a repandu sur lemonde europeen. Cerles, voila des aveux considerables, et toute- fois, en comparant lous les jugemenls de I'auleur, on est oblige" de conclure , que parmi les causes qui ont conspire a former noire civilisation , la place qu'il fait au christianisme est Ires petite. Et ce n'est point par distraction qu'il se refuse a la nommer chretienne : c'est par conviction et pour fitre consequent avec lui-m6>ne. J'ai voulu protester conlre une id6e qui tend a devoyer notre civilisation en meconnaissant son point de depart. En flxant ses regards sur les Gaules, M. Guizot y decouvre trois elements de civilisation, qu'il decrit separement. II y voil ce qui unit le roonde romain, le monde barbare et I'eglise. C'est une gloire arquise a rauteur que depuis ses travaux sur ^'administration romaine, sur son mecanisme, sur ses perfections et ses vices, cede etude n'est plus a faire ; c'est une question pres- que epuis6e. II faul suivre le savant pcofesseur dans son analyse de celle administration forte et ptu'ssaute, dans son unite de mouvemonl, sous Pabsolutisme — 38/i — el ;i I'ombre de la majeste do I'cmpereur : forle dans la chaine dc sa hierarchic, qui ernbrasse tout, qui prevoil toul Cc regime adminislratif elail si bien le resu- me du bon sens pratique d'un peuple qui excellait par le genie du gouvernement, qu'il a survecu a la chute de 1'empire, et s'esl prolonge bien loin a Ira vers le moycn-dge , comrac pour tendre la main a notre administration modeme, que nous devons moins admirer quand les romains nous onl scrvi de modeles. Qualre sorles dc personnes se meuvenl dans cefte society : lcs secateurs , les curiales, le peuple et les escluves. On aime a suivre Tauleur vous pei- gnant avcc une parfaite connaissance des fails, la vie inle>ieure el publique de ces diverses classes d'hommes, a la fois accables de charges a mcsure que Fetal s'affaisse ; car dans son 6puiseraenl il demande plus et protege moins. C'esl la une des belles parlies du travail de M. Guizol. Du resle, il avoit deja offert au public les essais sur l'histoire de France, qui contenaienl loule sa pensee sur ces origines de noire histoirc nalionale. L'aulcur ne pouvait s'occuper du regime muni- cipal rornain sans parler de la legislation romaine; il nous la monlre se transmellanl avec les muni- cipes el gouvernant encore les debris du peuple romain a c6(e des barbares vainqueurs qui suivenl leurs propres lois. Mais on peul a bon droit dcmander a M. Guizol pourqu«i il n'a pas mOme fait mention de 1 "in- fluence du christianisme sur la legislation romaine. — 385 — C'esl la un fait considerable qui devait trouver place dans une pareille hisloire. Le lecleur doft savoir que la loi romaine sous Justinien est toule autre que celle sous les premiers Cesars; il faut qu'il sache le motif de celte transformation. Qu'on me permetle d'en dire un mot pour faire com- prendre rimporlance de I'omission. On peut dislinguer trois Spoques dans la modifi- cation ou la transformalion du droit romain. II y a l'6poque d'AIexandre Severe, celle de Cons- lantin , et celle de Justinien. (Test une chose remarquable que la philosophic du droit change lout a coup chez les jurisconsultes qui fteurissaient apres l'ere chrelienne. Voici des paroles de Florentinus qui sont en opposition avec toutes les idees paiennes : La ser- vitude , dit-il , est un etablissement du droit des gens par lequel quelqu'un est soumis au domaine d'un autre, contre la nature (contra naluram). Et encore : la nature a ctabli enlre les homines une certaine parente. En ce qui concerne le droit naturel, dit Ulpien, tous les homines sont egaux. Par le mime droit1 tous les hommes naissent libres. S6neque, a la mfime epoque, professait les m6mes doctrines. M. Troplong fera le commentaire. Une telle rencontre, dit-il, de la philosophie et du chrislia- nisme ne saurait e"tre fortuite. II faudrait m6me faire violence a toutes les vraisemblances pour attribuer a une simple elaboration spontanea de la premiere des principes si nouveaux pour elle. Ces — 380 — grandes verites, que nous admirons dans Florentinus et dans Ulpien , le chrislianisme les professait de- puis un siecle el demi ouverlement , hardiment , au prix du sang des martyrs ; et la nierveille serait qu'avec leur puissance d'atlraction elles n'eussent pas penetre jusque dans les rangs poliliquement hosliles. Les Chretiens elaient deja au senat et dans tous les degres de la hierarchic Leur esprit devait se faire jour. II serait absurde , ajoule le celebre jurisconsulle, M. Troplong, de penser que Tempire admettait toutes les races et toutes les religions dans sa grande unite ; le chrislianisme seul n'a pas fourni son contingent a la masse commune des idees , lui qui etait en possession des plus communicalives el des plus civilisatrices. Non , ce serait douter des puissantes harmonies de la v6rile. Sans doute son ascendant n'est encore qu'indirect et detourne ; il ne plane pas encore comme le soleil du midi ; il est plul6t semblable a une aube matinale qui se leve sur l'horizon. f I s'en faut de beaucoup que le code pai'en des Cesars soil devenu lout a coup Chretien avec Constanlin. Voici seulement ce qui arriva : le principe d'equil6 seconde par le chrislianisme gagna sur-le- champ un terrain considerable. Bien des choses que la philosophic paicnne avail considerees comme elanl de droil strict ., la philosophie chreticnne, partant d'un point plus large, les considera comme de droil naturel. La partie sur laquelle Constantin dirigea parli- culierement ses vues pour la mettrc au niveau — 387 — des principes du christianisme fut le droit des personnes.... On peut voir combien la legislation chretienne fit d'efforts pour elever l'homme ma- teriel a la dignite de Thomme moral , pour eli- miner au profit des droits de la nature, 1'arbitraire concede par le droit civil. Nous arrivons a la troisieme epoque , a Juslinien. Le monde n'appartenait plus a Rome, il etait acquis a la foi catholique. Le temps etait done venu d'en finir avec le fetichisme du droit strict si contraire a l'esprit chrelien , et qui n'avail que trop relarde le developpement du droit naturel. Juslinien l'attaqua corps a corps, le pourchassa d.tns tous les replis de la jurisprudence au profit de requite. C'est ce qui explique son travail de demolition du iivre des Popinien , des Ulpien , et autres grands inlerpretesdum0 siecle. II prit en eux tout ce qui lui parut filre de droit cosmopolite , et rejeta tout ce qui portail un caraclere trop romain. Ainsi, par exemple , dil encore M. Troplong, l'egalit6 s'empare du personnel des rhoses, elle efface les differences entre tous les affranchis et nivele les rangs libres en m6me temps qu'elle ameliore le sort des esclaves ; elle ne fail plus de difference entre la parente masculine et la parenle des femmes ; ce qui amene la dissolution de la famille romaine. Les idees de Constanlin sur lespecules sontgeneralisees, et les droits des fils de famille sont augmentes par ce moyen ; les filles et les petits enfants sont egales aux enfants pour les conditions de Pexher6dation. L'emancipalion cesse de rompre les liens de la famille, el la — 598 — famille civile se con fond sous ce nouvcau point de vue avec la famille nalurelle; requite enleve a Tadoplion les droils exageres qu'elle emprunle audroil civil : elle ne rend plus l'adople elranger a ses propres parents. II abaisse a 6 pour °/0 I'inlerfil de I'argeot qui elail a 12. La theorie de la succession est assise sur ses veritables bases. Enfin Juslinien a epurfi , rationalise le droit; il I'a eleve au niveau que le code civil a pu seul depasser apres (reize siecles de preparations et d'epreuve.s. Ces choses sont palentes par les texles, par les aveux de cent ecrivains divers, en commencant par M. Villernain. M. Guizot devait done en faire la remarque en parlant d'une legislation donl l'influence a el6 si durable dans les Gaules el chez les Francs. Le second element de la civilisation au ve siecle est 1'elemenl barbare. Celle legon de M. Guizot est encore une des meilleures. 11 a consults les sources avec une critique exacte , el avec son judi- cieux discernemenl il deduit bien les details qui font revivre des peuples que nous ne connaissons que pour les avoir vus de profil , et par des monu- ments bien rares. La vie privee des barbares, leurs moeurs , leur legislation, la rudesse et Tindepen- dance des caracleres sont peinls avec verile. Je ne ferai de remarque que sur un seul point. L'auteur avance et repele souvent depuis que Tin- dependance de caractere du barbare a £te la prin- cipale source de la liberie politique moderne. — 389 — Je ne nie pasabsolument que la liberie politique moderne ne doive rien a cette origine. Mais en verite, s'ils ont aime l'independance c'esl a la ma- nure de Pantiquite et de lous Ies despotismes, ils s'aimaient pour eux-m6mes et point pour Ies autres. Ils l'onl fail sentir chez eux sur leurs esclaves, et au moyen-a'ge sur Ies colons. Au resle, M. Guizot se refutera lui-m6me. Voici Ies paroles sensees et vraiment remarquables que je trouve au tome 4e, xie legon. « Ce n'est point par la predominance de l'inde- » pendance individuelle que se fonde ou se deve- » loppe la societe : elle consiste essentiellement » dans la portion d'exislence et de destinee que » Ies hommes mettent en commun, par laquelle » ils tiennent Ies uns aux autres, et vivent dans » Ies m6mes liens, sous Ies memes lois. C'est » la, a proprement parler, le fait social. C'est la sagesse m6me qui a dicle ces paroles; mais elles s'accordent mal avec la pretention que j'ai signalee. De l'independance de volonle et de caractere, mais c'est la chose du monde qui abonde le plus chez Ies humains. Le premier mouvement de ia nature c'est l'insubordination a la regie. Ce n'est que par un acte reflechi de la raison que la volonle se soumet. Qu'est-ce que la barbarie? C'est l'excessive in- dependence de caractere , et la civilisation n'est que l'etat des ciloyens qui soumeltent leur corps et leur esprit a un travail organise, suivi , peni- ble , qui heurle la paresse afin d'arriver par une serie d'efforts a un but determine et utile. — 390 — La vraie liberty ne consiste pas a faire capri- cieuseraent ce que nous voulons, mais a faire sans conlrainte cc que nous Irouvons bon , lorsqur: cela ne blesse personne. M. Cousin a (lit quelque part une magniiique parole: Les Unities de notre Ubcrte sont ecrties dans les droits de nos semblables. II a fallu bien du temps a Teglise pour faire cora- prendre ce mot aux barbares. Reims. — Imp. db P. Bbonieb. SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. Dotixleme volume 12 AVRIL 1850. — 25 JUILLET 1850. REIMS REGNIER, IMPR1MEUR DE L'ACADEMIE. BRISSART-BliS'ET , L1BRAIRE DE L'ACADEMIE. MDCCCL ¥ ?■:->' ■■ SEANCES ET TMVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. Douzicme volume. 12 AVRIL 1850. — 25 JUILLET 1850. REIMS P. REGNIER, IMPR1MEUR DK L A CAD EMI E BRISSART-B1NET , LIBRAIRE DE L'ACADEMIE. MDCCCL. •t ! ffwS STANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. AWNEE 1849-1850. ***>-•* V u. Keanci1 c9u 1% Avril l ».'><», PUESIDE\CE DE II. DUBOIS. Elaientpresents: MM.Saubinet, Robillard, Bandeville, L. Fanart, H. Landouzj , Querry , E. Derode, J.-J. Maquart,F.-L.Clicquol,F.Pinon,Aubriot,V.Tourneur, Ern. Arnould , Gosset , F. Henriol-Delamolle, L.-H. Midoc,Lechat, J. Sornin, Deleutre, Pierrel, Briere- Valigny, Maumen6 et Holleaux , raembres titulaires; Et MM. Duchesne , Goulet-Collel , Leuschenring , el Loriquet , membres correspondanls. CORKESPONDANCE IMPRIMEE. M. le comte de Mellet , membre correspondanl , adressea la Compagnie les prooes-verbaux des seances du congres des delegues des Societes savantes de France. >• 31 - 392 — M. le minislre de I'instiuclion publique accuse re- ception des exemplaires des Stances el Travaux de I'Academie de Reims, destines aux Societes savanles qui correspondent avec elle. M. de Maiziere, en ofTranl a I'Academie Thominnge d'un travail complel sur le Paracasse , exprime le vocu que ce travail soil renvoye a une commission speciale. La Compagnie, faisant droit a celte demande , designe MM. Sulaine , Derode et Sornin pour examiner le memoire de M. de Maiziere. COHRESPONDANCE IMPR1MEE. Sociele des sciences naturelles et d'antiquiles de la Creuse. A 'rcheologie , 1849. Extrail des travaux de la Sociele ccntrale d' agricul- ture du dcpartement de la Seine-in ferieure. lxvc caliier, 4e trim, de 1849. Journal de la Sociile oV agriculture du department des Ardennes. Nc5 2 et 3 , fevrier et mars 1850. Voyage au Paradis terreslre , par M. Lechanleur de Ponlaumonl , archiviste de la Sociele academique de Cherbourg. Questions a discuter au Congres des delegues des Socieles savanles des departemenls, lenu au palais du Luxembourg, le 10 mars 1850. llapporls sur le pressoir de M. A. Dezaunay, me- canicien a Nantes, par la Sociele academique de la Loire-inferieure. Memoires de la Sociile' des sciences , leltres el arts de Nancy, pendant l'annee 1848. Journal du Lycee des arts , sciences , belles-lettres et industrie de Paris. T. lrr , n° 5. — 393 — Uapport fait a la Society d'agricullure et de com- merce de Caen sur diverses questions relatives ail maintien ou a la suppression des "droits de douane sur les bestiaux elrangers. Congres des deUgues des Societes savanles des dipar- tements , sous la direction de l'lnslitut des provinces. Session de 1850 , bulletins n° 1 a 7. Memoire sur le Paracasse , appareil infaillible et economique pour preserver de la casse el du coulage levin de Champagne, a l'epoqueou il forme sa mousse, par M. A. de Maiziere , membre correspondanl. Note sur les fossiles du Crag, recueillis an Bosc d'Aubigny (Manche) , par M. Ed. Heberl. — M. Au- briot , rapporteur. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Duchesne, membre correspondanl, litune notice sur un manuscrit des poesies lalines de Nicolas Ches- neau, doyen et chanoine de S'-Symphorien de Keims, en 1580, manuscrit inedit et qui a ete recemment decouvert. M. Robillard communique a la Compagnie un epi- sode lire de son Voyage en Normandie : Le Chateau de Croix- Mare. M. Briere-Valigny analyse au point de vue his- torique et litleraire le Quadrilogue inveclif d'Alain Charlier. La Compagnie, s'occupanl du mode de publication de ses travaux , decide qu'a parlir de la nouvelle annee academique , ses bulletins paraitronl de trois mois en trois mois. — ;m Lecture Paupertas nulli malum est , nisi repugnanti. » Malronarum ornamenta , non vesles , non gem- » nice , sed pudor. « Magnum vecligal parcimonia. (L'economie est le plus beau revenu. ) L'annee suivanle, en 1553, il donna un recueil d'epigrammes, qu'il dedia a son ami Nic. de Joyeuse, devenu alors abbe de Belval. Elles sont adressees au cardinal diaries de Lorraine, a Robert de Joyeuse, comic de Grandpre , a Pierre Beschefert, m6decin , a Louis Bescheferl , archidiacrc de Cha*lons, a Bar- thelemi Alexandre, recleur de Puniversite de Reims, a Jean Noblet, m6decin, et aussi recleur de ladile universite, a Jean-Louis Micqueau, remois, enfin a son pere Charles Chesneau , h ses freres, Chrislophe, Guillaume el Simon Chesneau et a beaucoup d'autres. II y a parmi ces pieces des epilaphes el des epi- grammes proprement dites. Les epigrammes sonl tfes nombreuses; mais il s'en faut qu'elles soient loulesde tres bon gout et que la decence y soil loujours res- pect6e, cependant nous ne pouvons register au desir de vous en ciler une , nous I'avons choisie parmi les plus courles et les plus anodines : — 596 — « Vicarii Querela. Quod faslidis onus, jam nolo vicaritis esse « Solus onus subeo, pinguia, paslor, liabes. • Quelle besogne insupportable d'etre vicaire , fai (oul le mal, el vous , M. le cure, vous vous engraissez h loisir , je n'en veux plus , je donne ma demission. (Traduclion libre.) En 1f)56, Chesncau publia des meditations sur la vie et la mort dc Francois Picart, docteur en theologie do I'universile de Paris. En 1558 , des vers heroiques sur la campagne du roi Henri JI en Belgique. En 157G, un dialogue enlre Apollon et les neuf Muses, sur le sacre du roi Henri III. Cctte piece est dediee a Farehev^quc de Reims, Louis de Lorraine. Void a peu pres lout ce qui a ete imprime de ses poesies lalines. En 1552, Chesneau commenca la publication de di- vers ouv rages religieux en prose; nous en trouvons les Hires dans sa biograpbie; mais ne les ayant jamais vus, nous n'en pouvons rien dire. Enfin il traduisil en francais l'bistoire de Reims du latin dc Flodoard , ouvrage qui se trouve dans toutes les bibliotheques. Nous voici arrives a la description du volume ma- nuscril. Noire premier soin a ele de nous enquerir s'il ne serail pas de l'ecrilure de l'auteur lui-meme ; mais nous avons la conviction qu'il n'est pas de sa main. En effel ilest d'un boul a I'autre d'une ecrilure cursive parfaitement nette et sans ralure , il ne nous parait pas possible qu'un poele ecrive ou copie 244 payes des ses poesies sans changer un seul mot , sans ralurer un seul vers. — 397 — tine remarque vient a I'appui de cette opinion. Sur le premier feuillet on lit, 6crit d1une autre main que le corps du volume : tout en haul du feuillet : « Jesus a Maria. Au-dessous cette sentence : Ne peccat lempus labile , disce , doce. . :• 1580. Cal. marliis- Et dans Tangle superieur de droile : Ex libris JS'i- colai Chesneau , decani et canonici Sli - Symphoriani Hemensis. Cette inscription est evidemment de l'auleur lui- mCme. Examinons quelles pieces contient le manuscril : 1° Du feuillet ler au fet 13. — Un choix de sixains extraits de deux livres publies en 1555. 2° Du 14 au 21. — Choixd'unequaranlainedepieces^ 6pigrammes et 6pilaphes ; le volume imprime en contient 216. 3° Du 22 au 23. — Un second choix de cinq epi- grammes; I'imprime en contient 45. 4° Du 23 au 27. — Meditations sur la vie et la mort de Fois Picart. Cette piece est la reproduction avec quelques varianles de celle imprim6e en 1556. 5° De 28 a 42. — Vient ensuite une piece de 14 pages : Paraphrases sur le quatrierae livre de Virgile. ( Inedite. ) 6° De 43 a 59. — Les vers heroiques sur la campa- gne de Henri II en Belgique contiennenl 16 pages. Imprimis en 1558. 7° De 59 a 61. — Epitre d'Heraclilea D6mocri(e sur la paix conclue enlre Henri II , roi de France , el Philippe , roi d'Espagne. (Inedite. ) — 398 — 8° De 61 a 64. — Autre 6pitre (THeraclile a Demo- crite , sur les vices du lemps , traduile a la fin du vol. par Bergier. (Inedile.) 9° De 65 a 69. — Encore un choix de sixains, ceux- ci (inedils). 10° De 69 a 72. — Sur les funeraillesdu prince Fois de Lorraine , imprime en 1563. 11° De 72 a 75. — Une exhortation au peuple de Reims , sur le retour de son archevcque le cardinal Charles de Lorraine , revenant du concile de T rente. Celte piece (inedile) porle la date de 1564 ; elle est traduile a la fin du vol. par Nic. Pinlheau. 12° De 75 a 76. — Dialogue enlre l'Eglise de Reims et un elranger ( hospes ) , sur la morl de Francois de Lorraine , dale du 6 Janvier 1564. (Inedit.) 13° De 77 a 80. — Dialogue entre Apollon el les Muses , sur le sacre de Henri III. Celte piece, qui est precedee d'une dedicace a l'archev. de Reims, Louis de Lorraine , a ele publi6e en 1576 ; dans le mil la dedicace porle la dale de l'annee precedente. 14° De 80 a 8l. — Sur la morl du cardinal de Lor- raine, arrivee le 26 decembre 1574. (Inedile.) 15° De 81 a 84. — Plusieursautres pieces sur lemfime sujet. (Inediles.) 169 De 84 ix 89. — Dialogue entre l'archange Gabriel, la Vierge Marie et plusieurs bergers, sur la naissance du Fils de Dieu. (Inedit.) 17° De 89 a 97. — Sur les funerailles de Jerome Cau- chon , son ami , suivies de plusieurs epilaphes. /"Inediles .) — 399 — 18° De 97 i 117. — De f Education des enfants , par LMularque, mise en sixains. Celte piece ne con- lient pas moins de 40 pages; elle est precedee d'une dedicace a M. Tabbe Le Roy De Bourges, finedite). 19° De 117 a 122. — Enfin , le vol. de poesies latines est lermine par plusieurs epilaphes , egalement inediles. Nous avons dil plus haul que Chesneau ne renonca jamais a la poesie. En eflet, elles sont datees de loutes les epoques de sa vie, et la derniere qu'il nous ait laissee est une epitaphe pour un sieur Drouet qui mourut de paralysie 3e 25 mai 1581. Chesneau ne lui survecut que de quelques mois et rendit son dme a Dieu le 18 aotit de la m£me annee. II fut inhume dans feglise collegiale de Saint- Symphorien , oil Ton remarquait cette inscription de- vanl la porle du choeur: « Querculus hie dormit , pulvis de pulyere factus « Ultima dum clanget tuba, surrecturus in auras. « Hie jacet " Nicolaus Chesneau de Turtrono « Hujus ecclesiae decanus et canonicus. « Studuit, docuit et scripsit. « Vixit annos LX « Obiit 18 Augusti 1581. a Orate pro eo. » Nous arrivons a une piece qui n'est pas la moins curieuse du volume, voici son titre. « Traduction de » VEpistre d'Heraclite a Democrite du latin de Mon- » sieur Chesneau , feuillet 59 b. mise en vers frangois, » par Nicolas Bergier , estudiant au College des bons » enfants a Reims au mois de septembre 4584. Cette piece est une satire contre les vices du temps, — 400 — ellc renf'enue des conseils sur I'educalion, nous le croyoos de la main de Bergier. Ce ne sonl pas sans doute les vers de noire illus- tre anliquaire qui I'onl immortalise, eepcndanl ils ne manquent pas d'une cerlaine energie, cilons. pour vous en donner une idee: Le college fameux ou la jeunesse abondc • La iiiainlienne toujours et simple et (1). » Et de lous les cnfans le devoir compasse » D'un point tant seulement ne soil oultrepasse. » Le sage principal reprenne , tanse , prie , » Contienne la jeunesse en toule modestie. Et plus loin : » Le maistre diligent dn la icndre jeunesse • Ait 1'esprit enrichi de prudence et sagesse : » Auxquels les sains escrils defcndent par exprez ■ Ue n'esparguer la verge aux enfans debauchez , •» Et qu'un honnete habit en toute modestie • Monstre par le dehors la bonle de sa vie ; » Non pas dcs chignets , car tel accouslremenl » A un homme scavant ne convient nullement; » C'esl 1'habit d'un gendarme , et non d'un sage maistre , » L'habit, par le dehors , le dedans fait paroistre. » Si les vers de Bergier rfonl pas un grand merile litteraire , il faul au moins reconnaitre quils con- h'ennent une morale severe, el que dans Tecolier de 17 ans qui choisit un sujel aussi serieux pour ses de- lassemenispoeliques, on pressent deja I'homme grave, riiomme aux Eludes profondes , qui plus lard doit illuslrer son pays. Puisque nous tenons Bergier , ne le quillons pas sans une observation hislorique. Notre manuscrit vient a l'appui d'une rectilication de date faile par dom Geruzez , dans sa description de Reims. i r.e mot est illisible dans lc manuscrit — 401 — Bergier, dil-il , est ne en 1567 el non en 1 557, comme Vont dit Bayle , Moreri et Niccron. En effet, la piece manuscrile est dalee de 1584 par Bergier , qui se dit escolier au college ties Bons Enfans de Reims. S'il etait ne en 1557 , l'ecolier aurait eu 27 ans , ce qui est peu probable. Enfin le volume est termine par une piece de vers de 21 pages ; Exhortation au peuple de Reims, sur h relour de tres illustre prince el seigneur, monsieur le Cardinal son archevesque et due, tournee du latin de N. Chesneau , et en rhyme francoise par Nicolas Pintheau. Marlot signale ce Pintheau comme ayant ele recleur de TUniversile de Reims. Nous ne con- naissons pas la dale precise de cette traduction , car la date de 1564 qu'elle porte a la fin , est evidem- ment celle de la piece laline. De lout ce qui precede , nous tirons les conclusions suivantes : 1° Que si le mu. n'est pas de l'ecriture de Chesneau , il porte sur le premier feuillel une inscrip- tion de sa main ; 2° Qu'il contienl un choix d'epigrammes , au sujet desquelles il nous semble lire la pensee de l'auleur. Chesneau avail ecrit dans sa jeunesse une foule d'epigrammes , que plus tard il trouve trop libres ; il en fait faire une copie severement epuree, pour lui , pour sa bibliolheque , pour une nouvelle edition; peut-6tre, et avanl de la signer de son nom , il la met sous le patronage de Jesus et de Marie. 3° II est evident que, pour le surplus , le mil. est beaucoup plus complet que les oeuvres imprimees , puisque , sur 19 morceaux ou recueils , il y en a 12 qui n'onl pas ele publies. — /|02 — Si, pour terminer, nous recherchons par quelle liliere le manuscrit a passe avant d'arriver jusqu'a nous , voici le resultal de nos recherches. Trois ans apres la morl de l'auteur , nous le voyons en la possession de notre jeune compatriole Bergier. Plus tard , il est entre les mains d'un recteur de l'Universile de Reims , Nic. Pinlheau ; puis nous le perdons de vue pendant pres de deux siecles , et ne le retrouvons qu'en 1785 , parfailemenl design^ dans le catalogue de la bibliotlieque Daguesseau , sous le n° 3124. Achetea cette epoque 11 liv. 19 sous par M. l'abbe de Tersan , chanoine de S'-Honore , a Paris , cet ecclesiaslique le revend a un anglais. Des mains de cet anglais comment esl-il venu dans la bibliotb6que de M. Villenave , son dernier possesseur? Nous 1'ignorons. Quoi qu'il en soil, nous devons nouses- timer tres heureux qu'il soil revenu .'i Reims , et nous esperons bien qu'il n'en sortira plus. — TO — Lecture de M. Briere-Valigny. LE QDADRU.OGDE INVECTIF D'ALAIN CHARTIER. Alain Chartier est n6 en Normandie en 1386. — Apres avoir fait ses etudes a l'Universit6 de Paris , il vint a la cour , ou il deraeura jusqu'a sa mort en quality de secretaire du Roi. Ses nombreux ouvrages lui onl acquis une jusle c6!6brile\ « C'est un fort gcntil auteur en noire tongue, 6crivail , en 1616, M. Besly , avocat du Roi a Fon(enay-le-Comte, et possible le plus net et judicieux que la France ait produit devant le siecle du grand Roy Francois. Au reste , ses ecrits ne sont pas vains et inutiles , et composes pour la seule de- lectation et chatouillement des oreilPs , mais qui peuvent servir et profiter pour les affaires et pour les mceurs : temoins Z'esperance, /cCdrial, le qdadrilo- gue et son HisTOiRE, dans lesquels on peut voir au plus pres le portrait de notre siecle et le pinceau d'un vrai et naif francais. » Mais ce qui distingue surtout Alain Chartier , c'est le sentiment patriotique dont il fut toujours anime, et qu'on retrouve dans lous ses Perils, nutamment dans le Quadrilogue invectif. L'Academie pourra bientAt en juger , lorsque nous lui aurons rappel6 dans quelles circonstances el dans .'juel but eel ouvrage fut compose\ — AO/i — « C'cst utw heureuse chose d'etre prince, disaient un jour, devant Charles V , des officiers de sa maison. — Certes , interrompil Ie Roi , c'est plus charge que gloire. — He ! Sire , les princes sont si aises ! — Jc ne sais , en seigneurie , felicite , excepte en tine seule chose. — Plaise vous nous dire en quoi , Sire ? — C'est, repondit leRoi, en puissance de faire bien a autrui. » Ce fut , en effel , d'apres ce principe qu'il gouverna. Son administration prudenle calma les dissensions intestines, et , lorsqu'il raourut , les finances elaienl prosperes, le royaume etailen paix, Ie peuple etait heureux. Tout semblait annonccr pour son successeur un regno glorieux. La deroence de Charles VI chan- gea soudain ces heureux presages. Le nouveau Roi devint le jouet des partis ; les factions, tour a lour victoricuses , oublierent les lois de rimmanite, el les peuples divises , s'epui- serent en combats incessants et en represailles san- glantes. « Mais las ! s'ecrie Bonfons , combien de deplo- rables et cruels (raits de I' ambit ion , vanile et perji- die de ceux qui tenaient le timon de I'Etal et elaienl ou personnes roxjales, ou etablies aux plus grandes dignites , aurais-je a representer ou decrire , si fen avais entrepris I'hisloire ? Combien de folies, badau- deries , temerites et siditions de nos Parisiens , aurais- je a remarquer et a reciter ? — Certes , ma patrie , tu peux itre accusie de plus de crimes , que louee pour tes fidelites et de Cetre acquillee de les devoirs envers tes Rois et bienfaiteurs ! Mais toulefois , pour n'etre le trompette qui publicra ton infamie , je me contenterai de dire que , pendant les r ig ties de nos — 605 — derniers rois , nous avons vu de presque semblables ambitions, ligues, mutineries, massacres, guerres el insolences, que cellesque Vhistoire nous temoignes'etre passees pendant le regne de V in for tune Charles VI. » Nous ne voulons pas rel racer l'histoire de ces luttes funestes. II suffit de rappeler que la guerre elrangere se joignit bient6t a la guerre civile , et que le desastre d'Azincourt fut le fruil de ces dis- cordes. Alain Charter ressentit profondement la douleur publique. Bien qu'il eiit fortifie son dme par la meditation et par l'elude , il ne put voir sans fremir la France reduile a une pareille evtr6mite. II avait jusqu'alors assists, sans y prendre part, aux luttes des partis. II avait signale les dangers de ces dis- sensions , et d6plor6 Taveuglement de ses conci- toyens. Mais , lorsqu'il vit la France accablee , en proie a de nouvelles discordes , son indignation eclata. II ne pouvait comprendre que les querelles sub- sislassent en presence de l'ennenii commun. Le deuil de la patrie ne devait-il pas imposer silence a toules les rancunes , mettre un frein a toutes les ambitions? Et les factieux , qui avaient detruit la prosperity de la France , et qui , ne respeclant pas m6me la palrie dans ses malheurs , voulaient pro- filer de sa faiblesse pour s'emparer du pouvoir , n'etaient plus des enfanls egares ou imprudents , mais des ciloyens deloyaux et des ennemis dan- gereux. Le moment etait supreme , en effet ; la noblesse etait decim6e et le peuple abattu. L egoisme avait refroidi dans les coeurs l'amour du pays ; — /jOG — mais la France avail-clle perdu loutes ses res- sources? Scs enfanls seraienl-ils indifferenls au tableau de ses malheurs? Resleraient-ils sourds a son appel? — El si , oubliant leurs querclles , ils s'unissaient dans un m6me desir de la sauver , n'etait-il pas temps encore de relever sa banniere? Telle fut la pensee d'Alain Charlier , et landis que chacun desesperait du salut de la patrie , il ecrivit le Quadrilogue inveclif. « Comme doncques (dil-il dans le prologue) en Van 4422 , je visse le Roy anglais , anrien adversaire de cette seigneurie , soy glorifier en notre ignominieux reproche , enrichir de no* depouilles et despri&er nos fails et nos courages , el des wires qu'il a vers soy atlrails , fortifier les volon'tes en son alliance ; et avec ce , nos vices croitre avec le temps , et nos aveugles affections ajouter toujours quclque chose a notre con- fusion , j'ai conclu, en ma pensee, que la main de Dieu est sur nous , et que sa furcur a mis en oeuvre ce flael de persecution. Si ay curieusement encker- che , par le discours des saintes ecritures , les fautes et les punitions de nos peres et des primerains , et en grand' crainle, debatu en ma pensee si cette dou- loureuse affliction est en verge de pere pour notre chastoy , ou rigueur de juge pour notre extermina- tion. » L'auleur est absorbe par ces Iristes reflexions. Son imagination lui retrace l'etat de la France qui, entre destruction et ressource, chancelle doloreu- sement sous la main de Dieu. Au milieu de ces mddilations, qui le font passer successivement du desespoir a I'esperance , il s'endort. — II voit en songe dans une terre en — /|07 — friche , une fenime eploree , au port majeslueux , couverle d'un manleau fleurdelyse , ct qui dc sou bras droit soulient , avec peine , les murs d'un chateau qui semblent lomber en ruines. Bienlol epuisee d'un si long travail,, la France jelte les yeux aulour d'elle, comme desireuse de secours, et elle apercoit trois de ses enfanls , Van etant droit en armes , appuye sur $a haehe , effraye et songeux; l' autre en vetement long sur un siege de cote, ecoutant et taisant; le tiers en vil habit, renverse sur la terre , plaintif et langoureux . A cette vue , la France indignee leur reproche leur lache jjoisivefe : « 0 kommes , fourvoyes du chcmin de bonne cog- naissance , feminins de courage et de maeurs , lointaim de vertus , forlignez de la Constance de vos peres , qui, pour delicieusement vivre , choisissez a mourir sans Iwnneur ! Mes anciens ennemis et adver- saries me guerroyent en dehors par feu ct de glaive, et vous, par dedans, me guerroycz par vos convoitises et mauvaises ambitious. Les naturels ennemis quierenl m'oter liberte pour me tenir en leur miserable subjec- tion , et vous , m'asservissez a I'usage de vos desor- donnances et lachetes , en cuidant demeurer delivres des dangers et perils de ma fortune ! . . . Moult rudes et rigoureuses pourront vous sembler ces miennes pa- roles , mais , a les comparer a vos oeuvres et a ma necessite , elles sont de moindre austerite et dprete que le cas qui s'offre ne le requiert Vous grevez et guerroyez vos ennemis par souhaits ; vous desircz leur deconfiture par prieres et paroles , et ib pour- chassent la voire par entrepriscs de fail. Vous conseillez de les dechasser , et its besognent en vous ii. 2 - kOS — dichassant .'.... Pensez que rien ne sou/fit voulqir le salul et liberie publiquc , el desircr la cot) fusion de son ennemi. II faut mellre la main a Vatuwe , et de I'ceuvre vient] la louange et le guerrcdon. . . . Quelle chose est-ce done qui peut tant refroidir et tant ra- haissvr vos courages ?$ Les (ennemls ne sont de fer , immortels ni invincibles , ne que vous. lis n'ont glaives m armures que cons n'ayez les pareilles , ne sont en si grand nombre que vous ne soyez autanl ou plus. Leur heur ne [era pas fortune leur ctre loujours ainsi pro- pice , qui tie sa nature est envers tons muable. » Un debat s'eleve alors cnlre le chevalier, appuye" sur sa hache , el le people lerrass6. lis s'impu- lenl mulucllemenl d'etre les auleurs de la guerre, el s'adressent des paroles ameres: « Je suis le bersault , dit le peuple , contre qui chacun tire sajettes de tribulation. Had! chetif dolo- reux ! D'oii vient telle usance qui a si betourne I'ordre de justice, que chacun a, surmoi, tant de droit comme sa force lui en donne ? Le labcur de mes mains nourrit les laches et les ogseux , et Us me persecutent de faim et de g aive. — Je soutiens leur vie a la sueur et travail de mon corps . et Us guerroient la mienne par leurs outrages dont je suis en mendicite" ; Us vivent de moi , el je meurs par eux .'.... Tu dis que je suis cause de eelte tres maudite guerre,, et que je I'ai pourchassee et bdtie par impatience de la haute prosper ite de paix. Tu dis que par ma folle erreur et les partis que j'ai longuement soutenus est cette confusion et malheurle survenue. Sy, le reponds que la folie des moindres homines est fondee sur I'ou- trage des plus grands, et que les p4ches et desordon- nances descendenl te de corrigeurs. Car chacun veut itre maitre du metier doul nous avons encore peu de bons apprentis, Tons peuvenl a peine suffire a grever par guerre les cnne- mis ; mais chacun real [aire compaignie el chef a par soi). El tant u a de chevetains el de maitres, qu'd peine trouvenl-ils compagnons ne varlels. — Nul ne soulaii elre ilil ecuyer , s'il ne s'eiait trouve en fait de souveraine proiiesse ; nul u'etait appele aux gages d'homme d'armes , s'il n'avait honnitement pris prisonnier de .a main. Mainlenanl savoir ceindre I'epee el vetirle haulbergeon sou/Jit a (aire un nouveau rapitaine. ..'... So)tt deconftteset desordonnees les puis- sances el Irs armies dejointes cl divisdes , quand chacun rent croire son sens etsuivreson opinion. Et pour soy cuider dquiparer aux meillcurs , font souvent telle* [antes dont iis sont de primes sous lous lesmoindres. » Cepcndant la France met fin au debat : <• Je ne Vtuil, dil-elle , vos excusations el defenses plus longuement dcouter. — Ai en vos discords el de- charges Fun vers Vautre ne gist pas la ressource de man infortune , sinon en tant que chacun le doit ap- pliquer a son chastoy plus que a vitupere de son prochain. Mais V affection comme les compte encore l'Eglise, un sacrifice fait a cette heure , devait etre considere comme fait le matin. Toutes les ceremonies du meme genre etaient en effet celebrees de bonne heure , souvent meme elles devangaient la venue du jour (3). Telles etaient toutes les veillees sacrees com- prises sous le nom de vigilice : c'etait , daus le culte paien , ce que la langue liturgique de l'Eglise appelle les matines. Le nom de veillees convient a plus justre titre &ux per- vigilia , puisqu'ils comprenaient la nuit toute entiere (4) . et qu'ils avaient lieu en l'honneur de ceux d'entre les dieux qui , au dire d'Apulee , se plaisent particulierement aux ceremonies nocturnes (5). Les mysteres , que les te- nebres et le secret devaient derober a la connais?ance des profanes, en faisaient l'element principal (6). (les veillees , frequentes dans la Grece , et des lors pourtant 1'objet des sarcasmes d'Aristophane (7) , furent longtemps repoussees par le senat de Rome (8). Ce qu'en disent Ciceron et Tite Live (9) suffit pour demontrer combien (1) Oct. Aug. XCX1V. (2i Censorin. De die nat. Cap. LXXVIII. (3) Casaub. ad Sueton. loc. cit. (4) Gruther de vet jur. pont. IV, I. (5) De deo Socrat. pag. 684 , ed. ad usuin De'| h. (C) Guthberleth. , dissert, de Mysl. Deor. Cabir, cap. II. (7) Ran. 353 et passim. (8) Den. Haucarn. Antiq . Rom. , lib. II. (9) Ck;er. De leyib. lib. II , XV. —Tit. Lit. lib. XXXIX , 8—20. — 30 — dies etaient decriees. Gencralement ellcs accompagnerent a Rome letablissement de nouvelles divinites (1); mais les anciens mysteres eux-memes , d'abord exempts de souil- lures , emprunterent aux nouveaux leurs abominations, et le danger des assemblies nocturnes fut l'une des princi- pales causes de leur corruption totale. Aussi ces reunions furent-elles le premier objet de l'attention des empereurs Chretiens ; Constance et Gratien les interdirent a Rome ; et , sous Theodose , non seulement cette defense fut eten- due a tout l'empire sans exception , mais les temples me- mes et les antres qui avaient etc le theatre de ces hor- reurs furent demolis(2). Parmi les ceremonies mysterieuses , le premier rang appartient a celles d'Eleusis. — Elles etaient imiteesde celles de 1'Egypte, comme l'histoire de Ceres l'etait de celle disis et d'Osiris (3) ; le dogme de la remuneration et des peines de l'autre vie et celui de limniortalite de Tame s'y rat- tachaient : les flambeaux y jouaient done necessairement un grand role. C'etait la nuit que les inities se rendaient a Eleusis et que commengaient les ceremonies de la grande initiation : « Et citi tectis pro[terant relictis » Attici noclem celebrare mystae (4). » Le cinquieme jour avaitlieu la ceremonie des flambeaux. l.es inities tenaient une longue torche a la main , et defi- cient deux a deux , comme on le voit sur un bas-relief (1) Gicer. loc. cit. (2) De S" Croix , Myst. du pagan. , T. 11 , p. 186 et passim. — Arnob. Disputat adv. gent. lib. IV, p. 173. (3) De S" Croix , op cit. T. I , Sect. Ill , 3. — Plutarq. Is. et Osir. XXXIX. — Proserpine, ctaez les AthSniens , etait appelee Da'ira , a cause des flambeaux employes dans la celebration de ses mysteres : Schol. ad Apollon. lib. Ill , 846. (4) Senec. Hercul. fur. 846. — Jablonski , Mitcell. Berol. T. IV» (.. ::04. — o\ — decouvert par Spon et Nheler (1); et , comme lexplique le vers de Seneque (2j : « Longas Eleusi tacita jactabo faces , • on entrait dans le temple en courant , et on s'y passait de main en main les torches. A la tete de cette foule armee de flambeaux marchait le Dadouque ; au lieu de la lampe d'or dont on faisait usage dans les mysleres d'Isis , ce dignitaire , dontlenom desi- gne assez les fonctions , portait une grande torche allu- mee , symbole de l'astre phosphore ou Inciter (3). II etait le second des quatreministres du premier ordre attaches au culte de Ceres et de Proserpine. Je n'etalerai pas devant vos yeux les diverses peripeties du spectacle qui fascinait les regards des mystes aspirants a Vepoptee ou supreme initiation, lorsque , apres l'extinc- tion des lampes et des flambeaux , le heraut avait com- mande aux profanes de s'eloigner. Moins encore je vous devoilerai ce qui se passait dans la partie souterraine du temple , jusqu'au moment ou les portes ouvertes lai:-saient voirl'imagede la dtiesse , etincelante d'or et de lumieres, entouree des principaux ministres , parmi lesquels le da- douqne repr^sentait le soleil; Yepibome, la lune ; et ainsi des autres dieux et deesses (4) ; en sorte que la Divinite toule entiere, comme dit Tertullien (5), remplissait I'en- ceinte , tandis que la foule des assistants representait le monde (6). On appelait cette ceremonie la photagogie • c'etait aussi Yepiphanie des Dieux (7) ; et ceux qui en (1) Spon. Miscell. Antiq. T. II, p. 283. — Whel. T. II p. 526 (2) Here. fur. 302. — Sehol. ad Juven. Sat XV, 140. (3) Schol. Aristoph. ad Ran. 340. (4) Xenoph. Hist. grwe. VI , 3. — Diog. Laert. VII , ISO. — Euser. Pra>par. evang. Ill , 12. (5) « Tola in adytis Dmnilas. » Adv. Valcnt. , p. 280. (6) Euser. Prwpar. evang. lib. Ill , p. 117. (7) S. Maxim. Schol. in Dion. Areop. , p. 83. — Jamkl rfc Myst. JZgypt. HI , cap. 11. _ 32 — avaient etc les temoins etaieut des lors vpoptes ou con- templateurs. Denys d'Halycarnasse ctablit le culte de Ceres a Rome a one epoque fort reculee(l); mais on n'en trouve la (race authentique qu'apres I'expulsion des rois , sons la dictature de A. Posthumius (2) , et probablement c'est a Icurs voisins du sud de l'ltalie que les Romains firent cet emprunt. En effet, la Sicile revendiquait l'honneur d'avoir ete le theatre des aventures de Ceres et de Pro- serpine : ses habitants pretcndaient aussi avoir recu les premieres lemons de Ceres, lis furent naturellement les premiers a adopter le culte de ces divinites ; et leurs fetes principales , les Eleusinies et les Thesmophories, obtinrent parmi eux un eclat qu'elles eurent a peine dans l'Attique (3). Aussi lisons-nous dans Ciceron (4) qu'on faisait venir des pretresses de Naples ou de Velie , pour en conserver fide- lement les rites. Toutefois, et malgre ce que Juvenal dit des inities (5) , on ne connut longtemps a Rome qu'une partie des ceremonies eleusiniennes ; du moin3, tons les temoignages s'accordent-ils a prouver que les grands mys- teres n'y furent pas introduits avant Claude. Encore ce prince tenta-t-il vainement de les etablir (6). Plustard, du temps de l'empereur Severe , on pratiqua a Rome une solennite nocturne semblable a cello, de la grande initia- tion. A l'appui du temoignage d'Herodien , qui rapporte le fait (7) , M. de Ste Croix cite une inscription qui donne le (1) Antiq. Bom. , lib-, r, p. 26, ed. Sylb. (2) Tacit. Annal. , lib. II , 49. (3) « Tuque , Aclaea Ceres, cursu cui semper auhelo » Yolivam taciti quassanius lampada inystae ! » Stat. Sylvar. lib. IV, VIII , 50. (4) Pro Balb. XXIV. — In Verr. act. II , lib. V, 72. — Valer. Max. , lib. I , cap. 1,51. (5) Sat. XV? 140. (*) Suet. Claud. XXV. (7) Hist . lib. Ill, cap. 8. — 33 - uom d'un kierophante des Eleusinies (1), et un vase du cabinet dc Brunswick qui parait representer les mysteres d'Eleusis (2) 5 enfin , dans une inscription de l'ouvrage de Spon (3) , se trouve le nom d'un dadouque avec le titre de comes. Cette qualification , comme on sait , ne fut connue qu'apres le regne de Constantin. Les Thesmophories , autre fete nocturne de Ceres , pa- raissent avoir ete de bonne heure etablies a Rome. Elles n'admettaient que des femmes , comme le prouve l'hymne de Callimaque rapportee par Meursius (4). Mais ces assem- blies de femmes n'etaient pas plus chastes que celles des hommes dans les Eleusinies : les propos obscenes n'en etaient pas bannis , et 1' Aululaire de Plaute (5) nous montre que les actions repondaient aux paroles. Entre autres offrandes , dit Ovide (6) , on y portait des torches de pin. Le premier jour etait rempli par une procession. Dans le second, selon le recit d'Aristophane (7) chaque femme eteignait le flambeau qu'elle portait , puis le ral- lumait ; il en resultait un jeu et des courses plus ou moins desordonnees : le tout dans le dessein de representer celle de Ceres a la recherche de sa fille(8). On finissait par montrer la statue de la deesse , a la clarte des lampes (9). De tous points, vous le vwyez , e'etait la fete d'Eleusis a l'usage des femmes. (1) Ap. Donat. Suppl. lHurat. T. I. — Gori , Symb. litt. T. VI , p. 205. (2) Montfauc. Ant. expl. T. II, pi. 78. (3) Op. cit. T. Ill , part. II , pag. 18. (4) V. aussi Sclpic. Vict , ap. Medrs. Therm, attic, lib. II , 20. (5) Prolog. 36. — Aristoph. Thesmoph. , 037. — Cleomed. Meteor. , lib. II , p. 91 , C , ed. Rob. Balf. (6) « Unctas accendile ta3das : » Par?a bona3Cereri, sint modo casta, placent.» Fastor. lib. IV, 412. (7) Thesmoph. , 662. 8) Stat. Sylvar. loco cit. lib. IV, VIII , 50. (9) Acad des Inscr. , T. XXXIX , p. 231. - U - Apres les mvstcres dc Ceres , qui resument la plupart des ceremonies que nous pourrions signaler dans les autres solennites du meme genre, les plus considered etaient ceux de la Bonne-Deesse, ou de Cybele, dont le culte etait aussi ancien que Rome , ct deja en vigueur, meme avant Numa, chez Ips Sabins (1). line infinite de lumieres eelairaient la maison qui avait ete choisie pour la fete. Que s'y passait- il? Nous n'en saurions rieu, si lextraordinaire discretion des femmes sur ce point , comme toutes les reticences qu'on a lieu de croire interessees , n'avaient donne ma - tiere a de malins soupgons (2). Sous I'empire , les homines curent aussi leurs veilles de la Bonne-Deesse. Juvenal ne croit pas pouvoir mieux depeindre la licence de ces assemblers , qu'en les com- parant aux orgies nocturnes dont les Baptes , a Athenes, fatiguaient leur Cotytto, a la lueur des flambeaux (3) — Enfin , les pretres deRhee, a Pessinunte , pour celebrer le retour d'Atys a la vie , parcouraient les bois et les montagnes , des torches ardentes a la main (4). Cctte partie du culte de Cybele s'introduisit egalement a Borne, sous I'empire , et ces mysteres y t'urent pratiques selon les rites phrygiens (5). Dans les Bacchanales ou Dionysies , petites ou grandes , les flambeaux n'etaient point partie integrale de la pro- cession , comme ils l'etaient dans cclles d'Isis et de Ceres. Seulement , ils devenaient necessaires pour eclairer les orgies que commettaient , au milieu des ombres de la nuit , dans les bois et les campagnes , les troupes des- ordonnees des bacchants ct des bacchantes (6). De la (1) Lactam. Divin- Inslitut. , lib. I , cap. 22. C?) Jov. Sat. VI , 313. (3J Sat. II , 84-92. (4) Julian. Or. V, p. 3IC. (5) Festus , de Verb, signif. (6) Herculan. et Pomp Mn> seer pi. 27. — 35 — vient qu'elles avaieut aussi leur dudouque (1), Les Lani- pleries , celt&rees a Pellene en Acha'ie , en l'honneur du fils de Semele, avaient lieu a la clarte des flambeaux (2). II ne faut pas les confondre avec les Dionysiaques. — Croira-t-on , sur la foi d'Euripide , que ces ceremonies de jour et de nuit ne menaient qu'a des choses honne- tes (3) ? Le fait est que l'introduction des fetes de Bacchus en Italie y accelera les progres de la debauche et du liber- tinage. L'an 568 de Home , sur les revelations d'une cour- tisane , le senat les prohiba^completement (4). Mais elles reparurent sous l'empire , avec des monstruosites de toute espece. Les memes craintes empecherentlongtemps d'introduire a Rome les veillees consacrees a un autre fruit des amours incestueux de Jupiter , Sabazius , flls de Proserpine (5). Les mceursn'avaient pas davantage a gagner aux veillees de Priape; non plus qu'aux Adonies , qui furent emprun- tees aux Pheniciens (6) et reunies aux fetes de Venus , pour former ce qu'on nomma le Pervigilium Veneris. Ce qu'en disent Ovide (7) et Petrone (8) sufflt a prouver combien on fut tolerant d'attendre la fin du ive siecle pour les supprimer (9). Les Mithriaqves , originaires de la Perse , qui furent proscrites vers la meme epoque , se celebraient a Fiome apres l'equinoxe du printemps. Dans les representations (1) Sckol. Aristoph. ad Ran. 299. (2) Padsan. Achate. (3) Bacch. 485,4004. (4) Tit. Liv. , lib. XXXIX, 13, 17. (5) Clbm. Alex, protrept. — Val. Max. , lib. Ill, cap. 3. (6) Macrob. Saturn. 1 , 21. — Rabbi Moses, ap. Sclden , de diis Syr. Syntagm. II, cap. 2. (7) De art. am. , lib. 1 , 75 et scq. (8) Satyric. XVI etseq. (9) Sozomen, Hist, eccles. , lib. 11 , cap. 5. - 36 — dtuculte Qgurait un flambeau allium*, symbols du soleil (I) personnifie dans Mithra , ce dieu, conime dit Archelaiis (2), qui eclaire les lieux mystiques : « locorum mysticorum illuminator. » Nous ne parlerons des mysteres d'lsis , ces autres satur- nales de la debauche (3), tantot proscrites, tantot jouis- sant d'une vogue incroyable (4) , que pour rappeler sa procession Cette envmonie , que nous avons deja retrou- vee dans les Kleusines et les Tbesmopbories , lit invasion dans le culte de Minerve lui-meme (5). Nous connaissons ce detail par une peinture trouvee a Civita , en 1761 , et representant 1'entree du cbeval Douratee dans les murs de Troie. L'offrande que le peuple veut faire a Minerve est accorapagnee de deux longues rangees de personnages en robes trainantes , qui tiennent en main des torches allumees (6). Le culte de Diane , transports de la Tauride dans la foret d'Aricie, a proximite de Rome, admit le meme usage. Aux ides de Sextilis , les femmes se rendaient en 1'oule dans ce bois , par la voic Appienne , des torches a (\) Philipp. a Torre, Monum. Veter. Ant. , p. 157. et seq. — Maffei , dissert. Acad. Cort. , T. HI , p. l't. (2) Acta, disput. Archel. et Manetis , ap. Zacagn. Monum. eccles. graec. et lat. , p. 63. (3) Diod. Sic. I. (4) Apul. Metam. , lib. XI, endr. cont. — Sylt. de Sacv , ap. De SXe Croix, T. II , p. 170, note 4. — Servius ad Virg. JEneid. , lib. VIII, 608. — Juven. sat. VI, 488. (5) Le ant. di Ercol. , V. Ill, p. 206. — Mecrs. Panathen., C VIII. — Lactam. I. 21. (6) L'amour du plaisir ou toute autre raison inolira I'eta- blissement d'aulres veillees que celles dont nous avons esquisse I'histoire. II y en eut en 1'honueur dc la Vicloire , de la For- tune, etc.: Sukt. Calig. L1V ; File/? X.; Galb. IV.— Tacit. Hut II , 68. — 37 — la main (1) , pour faire pieusement un sacrifice a la chaste Diane, et deposer leur offrande autour du lac, ou, disait- on , la deesse avail cache le corps d'Hippolyte. Parmi les offrandes etaient de petites images de cire (2) ; c'etait une reminiscence des sacrifices humains d'autrefois. Le culte de Saturne va nous presenter la trace d'un fait ana- logue. Nous avons rapporte , d'apres Sl Jerome , l'usage de s'envoyer des bougies en present , lors des Saturnales (3). Macrobe (4) nous donne a ce sujet de explications curieu- ses. Les Romains se seraient crus autorises par un jeu de mots a renoncer aux sacrifices humains qui , chez eux , comme chez les Pheniciens , ensanglanterent d'abord les autels de Saturne. Le meme mot grec signifie homme et lumieres. Or , reflexion faite , et de l'avis d'Hercule , ce vengeur de tous les opprimes et de toutes les victimes,ce re- dresseur en titre de tous les torts (5), qui passait en Italie , on trouva plus simple de donner a Saturne des chan- delles que des hommes ; les escobars du temps purent se feliciter du tour fait au dieu. Mais longtemps encore de rigides observateurs conserverent l'usage de verser le sang de leurs semblables sur les autels L'an de Rome (1) « Dum videt accensis devolam currere toBdis » In nemus , et Trmae luiuina ferre deae. • Propert. , lib. II, Eleg. XXXII , 9. « Et face iiiulla » Conscius Hippolyti splendet lacus.... » Stat. Sylvar. , lib. Ill, Hercul. Surr. 56. (2) Porphvr. ap. Euseb. Prwp. Ev. , lib. V. — Servics ad Virg. Mneid. II, 116. (3) In Vigilant. — Mart. Epigr. , lib. V, 64. — Varro , de ling. lat. V . 64. — V. Supra , p. 14. (4) « Aras Saturnias aon maclaado Tiros , sed accensis lumini- bus excolentes ; quia non solum virum , sed et lumina §u-ia. signiOcat. Inde mos per Saturnalia missitandis cereis coBpit. > Saturn. , lib. I , cap. VII , H. (5) Stat. Sylvar., lib. Ill, Here. Surr. 32. — 38 — 657 , sous le consulat de Corn. Lentulus et de Lie. Crassus, il fallut qu'un senatus-consulte prohibat definitivement cette affreuse superstition (1). Neanmoins le dieu n'y perdit rien , puisqu'on maintint dans les saturnales les combats de sladiateurs ; et il vit en outre bruler autour de ses autels les cierges et les chandelles que ses adorateurs avaient rec-us en avant-gout de Ieurs ctrennes de Janvier. Vous savez que les Saturnales , avec les Sigillaires , oc- cupaient toute la fin du mois de decembre. Pendant tout ce temps , y compris les kalendes suivantes , ce n'etaient qu'envois reciproques de presents ; et , parmi ces pre- sents , figuraient les bougies , les lampes et les lanternes. Martial , en plus d'un endroit , parle de ces petits ca- deaux (2) ■. mais Stace nous apprend de plus que la gene- rosite de ceux qui les faisaient se bornait aux objets de la moindre valeur : les bougies , entre autres , etaient maigres ou sentaient le ranee (3). Quoiqu'il en soit , nous pourrions citer telles lampes sur lesquelles on distingue les divers objets qui pouvaient servir d'etrennes (4). Les inscriptions que portent ces lampes expriment les sou- baits d'heureuse annee que le donateur faisait pour lui- meme et pour les autres (5). Quelques archeologues ont pense- que ces lampes de nouvelle annee etaient destinces uniquement a etre allumees le soir , devant les portes des maisons (6). Cette opinion , peut-etre denuee de preuves sufflsantes , s'accorderait assez avec la peinture qu'Ovide a faite de cette fete : « Yoyez , dit-il , comme l'air etincelle de feux odorants , comme le safran cilicien (1) Plin. Hist. nat. , lib. XXX, 3. (1) Lib. XIV, Apophor. , 39. 40, 41, 42, 43, 44, 61, 62. (3) • Quantum vel dare cereos arentes. » Sylvar. , lib IV, IX Rig. Saturnal 40 (4) Montfadc. Ant. expl. , T. V, pi. l'JO , d'apres Beliori. — Hercul. et Pomp., T. VII, Ser. Ill, pi. 48. (5) « Annvm novm fatstvm fklicf.m hihi. • (6) Lipen. Hist, stren. , sec. at., «J 23. — 39 — pelille au foyer du dieu Janus. L'eclat do la flamme est reflechi par Tor des autels , et la voute du temple est par- semee de clartes vacillantes (I). » a Cernis odoratis ut luceat ignibus aether ■ Et sonet acccnsis spica cilissa focis ? » I tain ma nitore suo teinplorum verberat aurum , » Et tremulum surama spargit in aede jubar. » II nous reste a parler des fetes de famille. La encore t la religion, qui se mele a toutes les joies, apporte ses ceremonies , et les lumieres en font l'ornement habituel. Temoin Juvenal (2) , dont la maison resplendit de tous coles, pour feter le retour d'un ami. Des guirlandes de feuillage couronnent sa porte, et les lampes qu'on y allume des le point du jour annoncent la joie : « Cuncta niton t ; longos erexit janua ramus , » Et matutinis operitur festa lucernis. » Dans Seneque , l'ironie de Megere prepare a l'ombre de Tantale une semblable reception. « Que le genie de Tantale , lui dit-elle , remplisse toute sa maison. 11 faut la parer comme un jour de fete, en orner le seuil de lauriers verdoyants , et l'illuminer splendidement pour celebrer dignement ton arrivee (3). L'enfant qui vient de naltre est aussi un nouvel arrivant. Partout ou Ton est heureux d'etre pere , les guirlandes de fleurs, les parfums, les lumieres celebrent sa bien- venue (4). Ce jour fortune a ses anniversaires religieu- (1) Fastor. , lib. I , 75. (2) Sat. XII, 91. (3) « Omelur altum columen , et lauro fores • I.m'I.p yirescant : dignus adventu tuo » Splendescat ignis. » Thyest. 54. f4) • Nun venit nunlia cursu » Littera , quae festos cumulare altaribus ignes » Et redimire chelyn , postesque ornare juberet. • Stat. Sylvar. , lib. IV, VIII , 36. - 40 - sement fett'-s (1); alors aussi l'encens fume sur I'autel domestique, et la flamme rejouit la maison de ses clar- tes resplendissantcs (2). Nous venons de voir la joie de l'interieur percer au dehors et s'afficher meme a la porte. Nous trouverons le meme caractere dans les fetes nuptiales qui nous occu- peront un moment. Ces fetes comprenaient d'abord les fiancmlles ou sponsalia , puis le mariage proprement dit, ordinairement precede de formalites civiles ou religieuses, a chacune desquelles etaient attachees des rejouissances. C'est particulierement du mariage lui-meme que nous vou- lons parler. La fete regoit le plus grand eclat. Pour prevenir les tenebres de la nuit , on suspend les lustres aux chaines qui les attendent : . Funalihus ordine ductis » Plurima ventarae suspendite lumina nocti (3J ; ■ de toutes parts etincellent les flambeaux enrichis d'or : . Undiquc collucent pracinctas lampades auro (i) ; » et la maison toute entiere du futur epoux , revetue d'une illumination joyeuse et de branches de laurier , retentit des chants d'hymenee (5). Cependant quatre de ses amis , revetus de la pretexte , lui amenent la fiancee. Un jeune .i .-in ii i • Ut tola floret ! Ut olet ! Ut nitide nitet. ! » Plact. Trucul. II., Sc. IV, 2. (1) Ifatalis , Natalitia. (2) « Inde coronatas ubi thure piarcris aras, • Luxerit et lota flamma secunda domo. • Propert. Ill, Eleg. X, 19. (3) Claddian. Nupt. Honor, et Mar. 206. (4) Ovid Heroid. Epist. XIV, 25. (5) « Doraus tola lauris obsita , laedis lucida , obstrepebat Hymenanim. » Apdl. Metamorph . , lib. IV. - M - 'nommc, arme comme cux dun flambeau, les precede (1*)*, c'est Ilymen^e en personne , comme dans les monuments mythologiques (2) , ou du moins son representaut. Independamment des cinq flambeaux dont nous venons de parler, que la mere elle-meme de la jcune fille avail ornes de bandelettes (3) et qu'on regardait comme indis- pensables a laceremonie, les assistants en portaient souvent une infinite d'autres , en meme temps qu'ils egayaient la procession par les chants fescennins (4). Suivant Var- ron (5), leur emploi n'avait pas d'autre origine que l'heure meme a laquelle se faisait la ceremonie , l'usage antique etait de mener de nuit la fiancee chez son epoux. Les flambeaux employes dans cette circonstance etaient, parait-il , indifferemment d'epine blanche ou de pin : car , si d'une part Ovide (6) , Catulle (7) , Pline(8) et Varron (9) designent pour cet objet l'epins , comme purifiant de toute souillure etpreservant des malefices , le meme Varron (10), (1) « Huic lucebis noraB nublse facem. ... » Plaut. Casin., Sc. 1 , 30. (2) 11 Mus. Borb. , V. IV, p. 2. — Ovid. Metam., lib X, <5. — Les cinq jeunes gens deraient elrc patrimes et matrimes, issus d'un manage par confarrealion , le plus legitime de tous. (3) Loc. cit. « Nee sua manu festas • Ornavit aedes , nee sua la-las faces • Villa reviniil. » Senec. Phwniss. seu Theb. 507. (4) Catull. Carm. L1X» 127. — Lucan. rhars. , lib. II, 369. (5) De Vita pop. Rom. II. (0) ■ Sic falus Spinam , quam tristes pellere posset « A foribus noxas , haec erat alba, dedit » Fast. V| , 129. (7) • Pelle hiiniiiin pedibus , manu » Spineam quale la-, lain ■> Carm. LXI , 14. (8) « Spina nupliarum facibus auspicalissima. » Lib. XVI, 18. (9) < In Asia , fax ex spina alba profertur , quod purgalionis causa adhibetur. » Ap. Charts. Sosipatr. (10) « Cum. . . . fax ex pino ablata esset ,etc. » De Vita pop. Rom. ap. Pfonium. ii. 4 — A2 — lauteur du Ciris (1) et Seneque (2) assignent le meme usage au pin , commc embleme de la chastete. Les com- mentateurs qui out depense lour science et leur temps en faveur de l'un ou de 1'autre bois , n'ont point fait atten- tion qu'au dire de Plaute, ces flambeaux pouvaient encore i-trc de cire (3) : • Tute tibi puer es : latilus luces cereuni ; •• ce qui, loin de compliquer la question, la rend fort claire, a mon sens , en montrant que I'emploi de telle ou telle matiere n'avait d'autre raison que le caprice des parti- culiers. Quant aux motifs qui ont fait preferer a tout autre le nombre de cinq flambeaux , Plutarque (4) enumere ceux qu'on a allegues , et ne voit en definitive dans cet usage que le souvenir des cinq divinites dont on appelait gene- ralement la protection sur les manages. Ce motif en vaut bien un autre, celui qui suit notamment. Plusieurs preten- daient que le nombre cinq est plus nvptial , parce qu'il se compose de Irois , premier nombre impair, et de deux, premier nombre pair. J'avoue , pour ma part , que je ne vois pas trop quel rapport ces nombres peuvent avoir , l'un avec le mari , et 1'autre avec la femme ; et comment de ce rapport il peut resulter que le nombre cinq est l'ex- pression symbolique de l'union conjugate. Pourtant , je hasarderai un rapprochement, sauf a laisser a de plus habiles le soin de deduirc les consequences. N'aurions- nous pas ici la trace du symbolisme egyptien qui person- nifie le feu dans Osiris ou principe male , et la lumiere (1) « Pronuba nee caslos incendel pinus odores. » Virc. Cir. 439. (2) « Multiddam jam lempus eral succeudcre piuum ; » Esculc solenmem digilis marccntibus igucm. » Med. 112. (3) Curcul. I, Sc. 1 , 9. (4) Que*l. Rom. II. — 43 — avec la leeondite dans liis ou principe femelle (1)., represented , l'un par la couleur rouge , l'autre par le jaune ? Notons que la fiancee, chez les Romains , etait habillee de jaune, en allant a la maison de son epoux (2). — Avant d'y entrer , elle recevait de l'un des jeunes gens qui l'accompagnaient une torche enflammee et de l'eau (3)-, les futurs epoux devaient y porter tous deux la main (4;. C'etait encore une representation symbolique des deux principes et de la fecondite de leur union (5). Quoiqu'il en soit , remarquous les diverses expressions si frequentes dans la langue pour designer le manage : faces nuptiales (6) , faces maritw (7) , faces legitime? (8) , faces jugales (9) , toedce fesice (10) , etc. Toutes ont pour objet les flambeaux dont nous parlous. Enfin solcefaces(li) designe un manage unique. , et lam-pas prima (12) un pre- mier bymen. Plutarque assure que les secondes noces etaient reputees infaraes , ou du moins qu'il etait mieux (1) Jablonski , PanUi- ASgypl. , T. II. , p 32. (2) De celte couleur au moins etait le flammeum -. Glaudian. Ifupt Honor, et Mar. 285. — Catull. LV1I , Epith. Manl. et Jun. 185. — Lucan. op. cit., lib. II, 361. to! » Ignem Pollux, undamque jugalem » 1'i'iPlulit. » Valer. Flacc. Argonaulic, lib. VIII, 245. (4) Varro, de ling. lat. IV, 10. — Ovid. Fast., lib. IV, 792 ; de art. amat., lib. II, 598. (5) « Caussa nascendi duplex, ignis et aqua.... Hinc et mas ignis, quod ibi semen : aqua femina, quod fetus alitur humore. Et horum vinctionis yis Venus » Varro, de ling. lat. IV, 61 et seq. — Scalic. in eutnd. loe. — Cuper, observ. II, 1. (6) Cicer. pro Cluent. 6. (7) Ovid. Epist. XI, 101. (8) Lucan. II. 556. (9) Senec. Here. OEt. 330, 347; Agamemn. 158. (10) Senec. Phcen. 507. (11) Senec. OEdip. 272. (12) Stat. Sylvar., lib. IV, VIII, 59. — kh - de sen tenir aux premieres (1) : aussi celebrait-on avec moins d'eclat relies des femmes deja veuves. Les flam- beaux y figuraient neanmoins commc dans les autres. Ovide (2) , qui nous apprend cette particularity , recom- mande en meme temps de ne pas celebrer de noce9 pendant les jours de fetrier qui sont consacres aux ce- rt-monies t'unebres. La ne se boruaient pas les prescriptions augurales. Des precautious de tous genres rtaient prises , pour rendre aussi favorables que possible les circonstances dans les- quelles s'operait l'linion Marcher sur le seuil de la porte , e'eut etc fouler aux pieds un objet consacre a Vesta , et encourir la colere de cette protectrice de la chastete. La fiancee devait sauter par-dessus ; ou bien, on la soulevait pour laider a le franchir et a entrer chez son mari (3). C'est pour la meme raison qu'on allumait les flambeaux chez les Ediles , e'est- a-dire, chez les gardiens des ma?urs(4\ Malheur aux epoux pour lesquels on avait neglige ce soin , et dont le flambeau nuptial avait etc allume aux feux lugubres d'un biicl.er ou a toute autre source sutpecte : i!s devaient s'attendre aux plus affreuses calamites : • Quo? i>ii lii dediiclx lax omen praetulit, ilia o Traxil ab everso lumina uigra rogo ; » dit Properce (5}. — Malheur a eux ! si Tun ou l'autre etei- (1) Quest. Born. WIN (2) « Vidua? ccssatc puellap • Kxspectat purns spinea laeda dies. • Fastor., lib. VI, 129. (3) Plait. Casin IV, Sc. IV, 1. — Lucan. op. cit. II, 359. — Serv. in Viry. Egl. VIII , 30; in Mneid. II , 468.— Plot. Romul. ; Quest. Rom. XXIX. ('k) « Quum a nova nupta ignis in face adferrelur , foco nedilis sumplus. ...» Varho de Vit. pop. Rom., lib. II. ap. Non. — Brissox. de rit. nupt , p. 57. (&) Lib. IV, Eleg. HI, 13. — Antiphan. ap Allien, deipnoi. XV. - as - gnait cc flambeau par megarde. C'etait ua presage de mort. Aussi les amis du jeune marie veillaient-ils particu- llerement sur lui ; el , s'ils s'en sfrvaient encore pour conduire les epoux au lit nuptial , its le conservaient soigneusement en se retirant (1). — Malheur encore! quand , au lieu d'une flamme vive et pleine , qui se de- ploie librement dans les airs , presage ordinaire de la Concorde et de la fidelite (2) , le flambeau ne donnait en fremissant qu'une humide fumee ; comme celui que portait Hymenee aux noces d'Eurydice , et que vainement il agitait , sans pouvoir ranimer ses claries (3) ; € Fax quoque, quam ten nil, lacryrnoso stridula fum<> » Usque fuit, nullosque invonit molibus ignes. » Les catamites promises n'atteignent pas seulement les e"poux. En effet, les flambeaux allumes par les Eume- nides , au mariage de Teree et Procne , sont pour Pbilo- mele et pour eux le presage d'horreurs succe=sives (4). C'est au nom des flambeaux qui ont eclaire ses propres noces d'une lueur sanglante , que Medee appelle sur Creuse, sur Jason, sur ses enfants, la colore des furies et des divinites qui president aux manages (5). (1) « Vos inlerea lumen auferle, atqueaulaea obducite.» Lucilii fragm. XXIX, 42, ed. Corpef : — Non. Marcell. ad verb. vbducere. (2J « Sed venient plenis, venient connubia, laedis. . Stat. Sylvar., lib. Ill, V ad Claud, uxor. 62. « Sed neque se uingues turn Candida flamma per auras » Explicuil ; nee thura videt concordia Mopsus. » Valkr, Flacc. Argon. Vlll , 247. (3) Ovid. Metam., lib. X, 6. (4) « Enmenides tenuere faces de funere raplas, elc. » Op. cit. lib. VI, 431. (5) « Nunc, nunc adesle sceleris ullrices deae, » Alram cruenlis manibus amplcxte facem. > Sfnfc M«d. 16; Here. fur. 495. - 66 — Julie meurt, et, en emportant avec die dans le tombeau Fes torches funestes qui eclairerent son hymen , elle laissc an libre cours aux fureurs qui doivent armer le pere contre le gendre (1). Enfin les flambeaux d'Octavie , cette sceur infortunee de Britannicus , onl ete allum6s par une cruelle maratre ; bient6t elle et sa famille entiere deviendront la commune proie du crime (2). (1) « Diro ferales ominc taedas • Abstulit ad manes ■ Lucan. Phars., lib. I, 112. (2) ■ Ilia, ilia meis tristis Erinnys » Thalamis stygios pra>lulit ignes Senec. Octav. 24. — hi - Conwtuuication dc II. Dtfourny, MEMBRG CORRESPOND-ANT. DES SOCIETES LIBRES DE SECOURS MUTUELS , ET DE LA MEILLEURE MAMERE DE LES ORGAMSEK. Faire le bien ne sulfil pas , il r.iui le bien faire. Messieurs , C'est le propre des vieilles maximes , si vulgaires qu'elles soient , d^lre toujours vraies el mfime (ou- jours neuves, surloulquand ilse presenle une occasion nouvelle d'en faire I'application. L'epigraphe de ce travail, appliquee a l'associalion, en est une preuve. L'idee d'associalion est ancienne ; elle s'est Iraduite au moyen-dge et de notre temps en cent fails de diverses sorles ; et cependant , au dire genera! , elle ouvre un champ ou Ton peul defricher encore. D'oii vientcela? c'esl que, en ce genre comme en lant d'aulres , du bien a ele fail, mais qu'il n'a pas ele bien fait. D1oii il faul induirc Tobligalion pour les homines serieux de diriger aujourd'hui prudemment , par la parole et Taction surlout , les developpements pra- tiques du principe d'associalion. Aulrement , on - frs — perdra dabord beaucoup do temps en essais sttfrilcs et en laMonnements infruclueux: el, ce qui est plus grave, on exposera celle idee , susceptible de mener a tanl de bicn , a faire encore unc fois fausse route. Oui , il faut que les hommes serieux , surtoul ceux que leur position met a meme dagir , et ils sont nombreux , s'occupenl praliquement d'associalion : plusieurs d£ja font fail et le font encore. Mais un bicn plus grand nombrc se contentent de parler, el d'ecrire de belles tirades sur ce sujel ; car noire siecle est grand parlcur, il oublie trop souvent que la parole sans faction n'est rien , et que Dieu , en creanl le monde , a uni iniimcment I'une a laulre ; Dixit , et facta sunt. Mon dessein ne peut pas etre d'ajouter a tant d'aulres une page de considerations generales sur la maliere. La Idche que je me suis imposee est moins brillantc , el peul-fllre trouvera-t-on qu'elle n'estpour- tant pas sans merite. Quelques reflexions sugg6rees par f examen des societes libres de secours muluels, exislantcs aujourd'hui ; findication des ameliorations a faire ; la possibility et les moyens de realiser ce9 ameliorations, lei est, en Irois mots , le travail que je viens soumettre a voire appreciation bienveillanle. Avant d'aborder la penible tdche de criliquer le bien , je dois avant tout rendre hommage aux gen6- reux efforts tenles par les ouvriers socielaires. Ma critique lombera cerlainemenl moins sur eux que sur les hommes edair6s et en position de faire beaucoup, qui negligent d'aider de leur intelligence el de leur action les essais pratiques auxquels se livrent des hommes moins eclaires , et plus meritanls par cela - ftg - II est deux 6cueils a eviter, el auxquels vonl se heurler pourlant la pluparl des socieles de secours muluels. On depasse le but, et par consequent on le manque , si Ton veut des le principe souloger tous les maux ; on ne 1'alleint pas davanlage, en gar- dant entre les associes une mulualile parfaite. Nous cherchons a ameliorer le sort des classes souf- franles par I'association , c'est-a-dire , en nous adres- sant pour cela a elles seules , ou au moins a elles principalement. Pour soulager tous leurs maux , il faudrait supposer que la somme lolale de leur avoir suffirait , en moyenne, pour meltre tous leurs mem- bres a l'abri des eventualites funesles, lelles que sonl : 1'insufOsance des salaires el les chdmages provenant de crises commerciales. Or, celle supposition esl deja douleuse. Toulefois , admettons-la un instant pour vraie : i.xagerons-la m6me et supposons que la somme totale possedee par I'association est plus que suffi- sante pour parer a toutes les eventualites. II faudrait en outre que celte somme lotale fut repartie suivant les besoins de chacun , ce qui entrainerait pour pre- miere consequence le versemenl de la totalile ou de la presque lolalite des fonds individuels dans la caisse commune. Or c'est la , selon nous, le communismeT ou rassociation impralicable. Ainsi , dans l'hypolhese m6me ou la somme totale de Pavoir des classes ouvrieres serait plus que suffi- sante pour proteger chaque indiviJu contre toutes les eventualites funesles , i! est impossible d'alleindre ce but lout d'abord , par une association pralicable. II est dur a riiomrae desireux de venir en aide a ses semblables , d'arriver d6s le principe a une pareille solution. Mais I'imaginalion et le roeur seuls en »ont — 50 — lourmenles , el un esprit vraiment philanthrope ct pratique ne s'en decourage pas. Le premier homrae n'a point renonce a travailler la lerre , en voyant qu'il ne pouvait la culliver lout enliere. Le premier homme , au contraire , a defriche le premier champ. Toutefois , je ne crois pas devoir laisser , mfimc un instant , le lecteur sous I'impression de cette dure conclusion , el je veux faire entrevoir qu'elle pent sinon tomber entierement , du moins flfichir malgre le principe qui la fournit. En effet, il y aura dans ('asso- ciation , telle que je la concois et telle que je I'cx- poserai tout a l'heure , un fonds de reserve. Ge fonds de reserve est l'elfiment solide et durable de l'asso- ciation. A I'inverse des individus qui le formeront , ce fonds commun sera a I'abri des evenemenls; il n'aura rien a craindre du temps; le temps, au contraire, le forlifiera el 1'accroilra ; et 1'on en- trevoit des mainteuant sa puissanle utilile. Mais nous y reviendrons : quant a present , gardons l'esperance. Le second ecueil que j'ai signale est une mulua- lite" trop slricte. Celle stride mulualite consisterail en ce que chaque associe retirat un benefice exadement proporlionne a sa mise. Par exemple , supposez que voire association veuille non-seulemenl pourvoir aux frais de maladie , mais encore remedier a la priva- tion de salaire qui en est la suite, aider la conva- lescence, aider la vieillesse. . . . Si vous files partisan de la stride mulualite , vous donnerez , oulre les secours de la mederine et de la pharmacie , ou plu- tol vous prometlrez une certaine somme par jour indistindement a (ous les malades , indislinclcment a tous les convalescents , a tous les vieillards ; ce qui exigera d'abord line colisation Ires 6le?6e , — 51 — rendra impossible fassurance d'un fonds de reserve 1 exposera loujours l'avenir de voire caisse , la rui- n era quelquefois et compromettra voire ceuvre a la moindre crise commerciale ou agricole. Dans le plan oppos6 , on ne donnerait pas indistinclement a lous les malades, mais seulement a ceux dont les families seraient actuellement dans le besoin ; ni indistinc- lement a tous les vieillards, mais seulement anx anciens assoctes que leur famille ne pourrait sus- lenler. Et si Ton me faisail ici le reproche de blesser l'6quite et d'introduire un principe dangereux , je r6pondrais qu'un esprit droit craint les exageralions de ses propres principes tout aulant que les fausses maximes de ses adversaires. Ce serait exagerer le principe de justice , que de lui sacrifier le principe de charite. La charite est dans nos lois depuis long- lemps. De quel droit la banniraiton d'une associa- tion fraternelle et volontaire? D'ailleurs , il ne serait pas difficile de prouver que la stride mutuality dont je parle, equitable en appa- rence , n'est, en r6alit6 , que fausse et impr6voyante. Toute societe de secours mutuels repose forcement sur un contrat aleatoire : chacun depose une certaine somme pour recueillir dix , vingt et cent fois sa mise, s'il a la malheureuse chance d'avoir besoin du fonds commun , pour ne rien recueillir dans le cas con- traire. II est impossible de constiluer une association muluelle en dehors de ce contrat aleatoire. Eh bien f de mfime que les maladies frappenl a peu pres indis- liuclement les corps , de m6me les accidents peuvent tomber indislinctement sur les pcliles fortunes. Pour Gtre d'une sante robuste , on n'est pas a I'abri d'un — 52 — coup tie song ; pour avoir quelques epargnes , on n'esl pas sur de les conserver loujours. Ouvrier ou petit cultivateur , vous avez quelques avanccs ; un manque d'ouvrage , line mauvaise recolle , peuvent vous les enlever Meltez done sur la mfime ligne , dans voire association , la chance des maladies el la chance de perdre le peu d'aisancc que vous avez : il n'y aura ni plus ni moins de mulualile dans un cas que sans Taulre , et vous serez plus sur d'avoir du secours dans le besoin ; car voire associalion ne vous aidera jamais eflicacemenl si elle vcut reme- dier a lout : qui trop embrasse mal Hreinl ; et elle ne prosperera jamais dans un fonds de reserve : qui vit au jour le jour , finit par mendter son pain. Concluons de ce qui precede : 1° en fondant une associalion , il est un choix a faire parmi les maux a soulager ; 2° il faul de la discretion dans la repar- tition des secours. Parmi les maux a soulager , les maladies occupent inconleslablement le premier rang. Bien que la preuve soil inutile, je crois devoir apporler a l'appui les paroles d'un prudent fondateur d'association. Elles serviront a penelrer ceux de mes lecteurs encore peu convaincus , de la necessile de s'associer. « A la premiere maladic serieuse, l'ouvrier ou I'ba- » bilanl peu aise des villes et des campagnes se mine , » ou souvenl il meurt. » Oui, il se ruine. Notre siecle veul a toute force » abolir la mendici(6; on essaie contre ce fleau mille i systemes de repression. Agir ainsi, c'esl s'allaquer » a l'effet. Declarez done plutdt la guerre a la cause, » qui est la pauvrele; combattez la , cctle pauvrele , r> dans ce qui la produit ordinairemenl , les frail » enormes des maladies. Oui, e'est par la quelle sc — 53 — * perpetue el se propage. Combien d'ouvriers n'ai-je » pas vus , qui , amis constants du travail et de leco- » nomie, elaienl enfin parvenus a une certaine aisan- » ce ! On avail acquis un humble toil pour s'abriter • » on avail achel6 un bout de lerre pour vivre. Survienl- » il une maladie tant soil peu longue? Adieu petite » maison , petit champ ! Adieu perspective d'une hon- » nele m6diocrit£ ! II fautque l'ouvrier se dessaisisse » du peu qu'il possede, et se resigne a une eternelle » indigence. » Ou plus souvent il meurl. Dans nos campagnes , » on ne pratique guere celte maxime du poele: princi- » piis obsta. Un pere de famille tombe etendu sur » son grabat, recevra-t-il de prompts secours? Non. » Le medecin habite en ville ; il ne se met en chemin » qu'6 grands frais ; deux choses qui necessitent de- » marches et depenses, deux choses devant lesquelles » on s'arrete d'abord. Ondit: ce ne sera rien peut- » 6tre, atlendons. Mais pendant ce fatal delai, le mal » n'est pas slationnaire , il marche 5 pas rapides; » puis, enGn il se decele par des symp'.omes tres » alarmants: on se decide alors, on court, on vole » a un Hippocrale ; mais , helas ! Sero medicina paralur, Cum mala per longas invaluere moras. » Nous n'avons parle que des ouvriers a raise , » jugez du sort des ouvriers indigents. Sont-ils ma- » lades? La nature toule seule est chargee des frais » de guerison (l). » (1) Kapport sur une association contre !es maladies, par M. 1 abbe Migeot, ancien cure desseryant de Floing, aujour- d'hui cure-doyen de Signy-le-Petit. (Voyez les travaux et seances de 1 Academie de Reims, annee 1846-47, tome n, p. 88.) Je dois a la justice de declarer ici que 1'opuscule de M. Migeot m'a ete du plus grand secours dans ce travail. — 54 - Ce point etabli, nous revenons a noire crilique; et nous repelons que Ies deux ecueils dont nous avons montrc le danger ne sont pas evites dans la plupart des socieles dont nous avons les slaluts sous les yeux : ne pouvant passer en revue loutes ces societes nous en prendrons une en particulier, pour mieux faire ressortir les defauls dont il nous resle a parler. Nous n'en Irouvons pas moins de six dans l'asso- ciation des ouvriers en Inine de R.... 1°. Celle association, corame toutcs les autres , a pour premiere fin de remedier aux inconvenienls des maladies, elelle ne s'elend pas a la famille. On s'as- socie par individus ; les chefs de famille seuls sont associes. Comme si la maladie ne ruinait pas quand elle s'attaque aux enfants aussi bien que quand elle alteint le pere ! Comme si la femme surlout elait exempte de douleurs physiques, elle dont la vie est une maladie continuelle , suivant le mot d'un c6le- bre auteur. Presque ancune association n'esl exempte de ce defaut , si evidemment capital. 2°. Ceux qui ont le plus besoin de m&lecin sont bannis de ('association dont nous parlons. Nous voyons dans les slatuts que, pour y Gtre admis, il faut subir une condition humilianle , se montrer aux yeux du m6de- cin . Cest deja quelque chose que ce soupcon injurieux qui humilie syslemaliquement et par avance , ceux qui voudraient se presenter. Mais ce n'est pas tout; celte mesure a pour but d'eloigner les person- nes valeludinaires, c'esl-a-dire cclles qui ont le plus besoin de medecin et de guerison. Pourquoi? Nous ne pouvons supposer qu'on veut punir el alleindre le vice dans les maux qui en sont la suite. Car si cest dans — 55 - 1'inlertH tie la morale que vous ne voulez pas que le pauvre en proie a ces Iristes miseres soil gu6ri , vous devez aussi , dans le m6me inlerel , Irouver mauvais que le riche le soit. Mais, dites-vous, le but de cette mesure n'est pas de punir ; c'esl de pr6venir le vice. A la bonne heure , voire intention est fort louable ; mais le moyen que vous prenez est absolument le mfime qu'adopterait un gouvernement qui supprimerait la partie des sciences m&licales Iraitant de ces hon- leuses malieres Non , ce n'est pas la le vrai motif; la veritable raison est que voire caisse ne suffirait pas si vous admetlez les personnes maladives. 3°. Celle association est exclusive ; et le petit nombre des associes la condamne a ne jamais prospe- rer. D'abord elle s'appelle association des ouvriers en laine : et elle exclut ainsi sans ombre de raison les hommes des aulres metiers. De plus, le premier article des staluts porte que la sociele ne pourra jamais renfermer plus de soixanle membres. Le pourquoi, nous l'avons cherch6 longtemps , el, nous avons eu assez de peine a le Irouver. En effet, a quoi bon des associations parlielles , si parlielles? Une society non- exclusive se constiluera lout aussi facilement, plus facilemenl m6me ; car on trouvera bien plus ais6- ment des socief aires. Au conlraire , si vous voulez propager le principe d'associalion , generaliser autant que possible , ce grand bienfait , vous vous creez gratuitemenl des difficult^ el des embarras en ne voulant que des sociel^s restreintes. Car ce n'est pas une seule alors, c'est quatre, dix, vingl peut-filre que vous aurez a fonder dans une seule ville. Ensuile , vos associalions parlielles, dont la quanlite sera illimilee, mais le nombre des membres si reslreinl , pourront- — 56 — elles vivrc et se soutenir. Si un hasard ou un autre vous enleve dix membres, qui dil que voire association ne lombera pas ? Quel boni , quel fonds de reserve a esperer? II peul arriver une annee oil les mala- dies el le manque de travail tombent sur la moilie de voire pelile societe, et voila que votre caisse s'epuise! Toules vos associations parlielles , exclusives , je les vois vegelant a peine , tombant et se relevant lour- a-tour ; jamais prosperer. Si le federalisme est bon quelque part, ce dont je n'ai pas a m'occuper, evidem- ment, acoupsiir, ce n'est point ici. Au contraire , donnez moi une association vaste , elendue , ouverte a tous , eomposee d'un grand nombre de membres, les chances de maladies ne varioront pas ou varieront peu d'une annee a I'aulre. Et s'il survienl , par un rare concours de circonslances , une mauvaise cam- pagne , le fonds de reserve sera la pour payer les i'rais de la guerre. Et en tout cela , il n'y a rien d'elonnanl ; la raison en est malhematique. Pour- quoi est-il bon qu'on s'associe ? Quelle est la raison fondamentale de l'associalion ? C'esl la faiblesse de l'individu , c'est parce que , isole, il ne se suffil pas a lui-m6me. Done, en association, plus vous vous eloi- gnerez de l'individu, plus vous serez fori; et plus vous vous en rapprocherez , plus vous serez faible. Mais enfin , pourquoi lassociation des ouvriers en laine de R a-l-elle limite avec tant de precaution le nombre de ses membres? Pourquoi craint-elle de depasser la soixantaine? Je crois l'avoir trouve dans un petit article du chapilrc de l'adminislralion. Get article porle que le syndic passera chaque mois au domicile des associes pour percevoir le douzieme de la colisalion annuelle ; mode de perception qui fait que — 57 — la sociele meurt, en quclque sorle, chaque dernier jour du mois pour ressusciler le lendemain. Evi- derament, ilfaut qu'une telle faiblesse d'organisation soil compensee. G'est pour cela que la sociele doit se reslreindre a un petit norabre de raembres ; il faul que les societaires se connaissent intimement enlre eux pour pouvoir compter les uns sur les autres et sauver ainsi I'exislence commune. Mais pourquoi un semblable mode de perception? Cette question nous fait toucher du doigt un cin- quieme defaul : le prix trop eleve de la colisation. Rien de plus important que la fixation de ce prix. La mise n'est pas tout, sans doute, mais c'est d'elle que tout depend. II ne faul pas qu'elle soit trop faible , c'est vrai; mais ce n'est guere a craindre. Dans toutes les associations que nous avons 6ludiees, nous avons vu bien plutot l'exces conlraire. El cela se congoit : ainsi que je I'ai dit, on veut lout faire el Ton demande beaucoup. — II ne faul done pas que la mise soit trop forle ; car vous excluerez ceux qui ont le plus besoin, e'est-a-dire , les plus pauvres (que je distingue des indigents). Dans l'associalion des ouvriers en laine de R.... , donl je m'occupe, le prix est en moyenne de 20 fr. pour la premiere annexe. Je dis en moyen- ne , car il y a d'abord un droit d'entr6e ainsi pro- portionne : a 25 ans, 3 fr. ; a 30 ans , 5 fr. ; a 40 ans , 8 fr Cela est logique , dans l'espece , s'entend , parce qu'on aide tous les vicillards indistinctement , et que plus on approche de la vieillesse , plus lot on sera aide. La logique est une bonne , une Ires bonne chose en soi , mais les principes valent encore it. 5 — 58 — mieux. Dans l'espece , cesl-a-dire, dans le prin- cipe de la stride mutuality , les slaluls sont done logiques. Mais voyez oil conduit la logique a fausse base , ou plulol oil elle ne conduit pas. A 30 ans, on donne 5 fr. pour enlrer ; a 40 ans, 8 ; a 45 ans, la porte est fermee. Et pourlant, cet homme de 45 ans que vous excluez a pu se marier a 30 ans , il peut avoir trois ou qualre enfants de 5 a 12 ans, une fern me maladive ; et , parce qu'il sera vieux trop lot , au moment oil les enfants ne seront pas encore en elat de travailler, vous lui fermez votre porte impiloyablement ? Vous lui refusez le bienfait de ('association? Cela doit eHre d'apres vos principes , je le sais ; mais cela devrait- il 6tre? Brisons la sur cetle digression, et revenons au prix de la cotisation. II est done, en moyenne , de 20 francs pour la premiere annee. Eh bien ! II faut le dire, c'esl beaucoup trop pour le pauvre monde. Non pas que, rigoureusemenl, beaucoup ne puissent les donner ; mais une pareille somme les effraye. Le benefice est grand sans doute , mais il est eloi- gne , incertain m6me , du moins en apparence : tandis que le tort qu'on se fait est present, certain, considerable. Oui, considerable, MM.; 20 francs sont une forte somme pour ceux qui n'ont rien ou peu de chose. C'est quelquefois la vie d'une famille pendant quinze jours ou trois semaines, et ils out toujours besoin du prix des trois semaines qui commencent. Aussi, l'associalion donlje parlc a compris quelle ne pourrait les exiger en une fois, chose si impor- tante neanmoins ; et il lui a fallu adopter un mode de perception couteux et compromillant pour I'eeuvre, — 59 — reduile par la a compter ses membres avec un soin jaloux , a exclurc les plus malades , les moins a l'aise, a vegeter toujours , sans fonds de reserve, sans ame, par consequent , sans veritable vie. Ainsi , MM., un defaut en entraine ou en suppose toujours un et plusieurs autres ; et lout se tient dans les pelites societes comme dans la grande. Resumons mainlenant en quelques propositions ce que nous avons dit jusqu'a present : 1° II est impossible que Ie3 societes de secours mutuels songent des le principe a soulager loutes les miseres, ni a prevenir toutes les eventuaiiles. 2° Les maladies et leurs consequences etant la principale cause de ruine pour 1'ouvrier , (oute sociele de secours mutuels doit avoir pour but de les combattre. 3° Elle ne doit ni ne peut donner d'indemnile indislinctement a tous ses membres , mais seule- ment aux necessiteux. 4° L'association doit s'elendre a la famille enliere, sous peine de ne pas atteindre son but. 5° Sous la meme peine , l'association doit s'e- tendre aux ouvriers. 6° Pour 6lre a la porlee de tous, la colisation doit etre modique, uniforme pour chaque famille, quelque soil le nombre de ses membres. 7° Un fonds de reserve est necessaire au deve- loppement de l'ceuvre. 8° L'association, loin d'etre exclusive, doit 6tre aussi nombreuse que possible. Ces propositions n'ont pas seulement pour nous le m6ri(e d'6tre juslifiables par le raisomiement , — 60 — elles noussemblenl , ainsi rapprochees et se tenant suite les unes aux autres, porter leur evidence en elles-mCmes et avoir, en quelque sorle , force d'axiomes. Nous avons mainlenanl un terrain siir, un sol affermi sur lequel nous pouvons marcher et asseoir les bases de Tassociation telle que nous la voulons , telle qu'elle doit elre pour avoir une ulilile non isolee ni reslreinle, mais gtinerale , Iffiuvre pendant lannee qui va finir, el s'enlendrc sur les moyens de realiser les fonds necessaires pour l'annee suivante. Art. 17. Le conseil s'assemble exlraordinairemcnt dans le cas oil le medecin de Kceuvre demandcrait I'assistance d'un ou de plusieurs de ses confreres pour une maladic compliqu6e ou une operation delicate, auquel cas le medecin esl entendu par le conseil (2). Du service midical. Art. J 8. Le medecin se rend dans la commune deux fois par semaine ( le mardi et le vendredi ) , a (1) Va systeme contraire ne servirait qu'a faire trarailler la localile par les medecins rivaux , surgir la division, et avorler I'oeuvre. — D'ailleurs le conseil , tel que nous le con- cevons , voulant necessairement qu'elle prospere , choisira neccssairement aussi le medecin designe par la voiv po- bliiiuo . * 2 C.el article serait heiireusemenl inulilc pour les localites populeusea qui complement 800 a 400 families abonnees, el ponrraienl avoir deux medecins. — 75 — une heure r6glee , pour la visile des raalades (1). Art. 19. Une boite est enchassee dans le mur d'une des maisons voisines de l'eglise ; et d'autres dans les quartiers ou on le juge convenable . Art. 20. Chaque associe est muni d'une carle constatant qu'il est socielaire , et signee d'un des membres duconseil d'administration. En cas deraa- ladie, il depose ou fail d6poser sa carte dans la boite designee pour son quarlier. Le medecin , a son arrived , recueille les cartes ainsi depos^es et les remet aux malades en les visitant (2). Art. 21. Outre ce qui concerne la m6decine , le medecin fera aussi , sans exception , tout ce qui lient a Tart cbirurgical, comme les saignees hygi6- niques , les reductions de membres , etc., etc.;et m£me , les accouchements laborieux. Art. 22. Si , en dehors des jours de visiles ordi- naires , un associe est alteint subitement d'une maladie qui requiert de suile la pr6senc;- du medecin , cet associe a droit a une visile extra- ordinaire. Art. 23. Neanmoins , le medecin ne rendra cetle visite que sur un billet d'autorisation signe" par un des chefs de quarlier. — Tous les membres (1) Cette disposition est Ires importante. Nous la regar- tlons comme necessaire , meme en ville. Si vous ne l'adoptez pas , il y aura des visiles particalieres sans nombre, et votre caisse ne suffira pas a les retribuor, meme a un taux mo- dique. (2) D'ailleurs, cetle fixation de jour de visile, el en- semble la simple formalite prescrite par I'art. 22, engageronl les associes a porter leurs carles a la boite el a rceourir aii medecin des le debut de la maladie. — 70 — du conseil d 'administration font la fonction de chefs de quarlier, el les associes peuvent s'adresser indistincteraent a I'un ou a I'antre pour avoir le billet d'autorisation. Art. 24. Les visiles extraordinaire* sonl, comme les aulres , payees au medecin sur les fonds de la caisse. Dispositions particulieres. Art. 25. Le conseil d'administration, sur la pro- position des membres du bureau de bienfaisancc qui sont dans son sein, admet gratuitement les indigents au benefice de 1'association. Ail. 26. II sera afliche , chaque annee , un comple- rendu delaille des recettes el des depenses. Nous n'avons point parle des souscriplions vo- loutaires qui viendraient en aide a Tceuvre , parce que ces fonds sont eventuels, el que nous voulous des associations etablies sur des bases fixes el capables , avanl tout , de se soutenir d'elles-memes. Mais lout le monde sait quelle serail l'efficacile de ces genereux sacrifices : ils conslitueraient , des Tabord, linappreciable fonds de reserve, el met- traienl Tassocialion a m^rne de distribuer large- ment les secours en nature aux families des malades necesj-ileux el pen a I'aise. REIMS. — IMP. DE P. REGN1EK. STANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. AKUIE 1849-1850. r Seance cur.a IO Hal lftSO. mmmm m i. ddbois. Etaient presents: MM. Saubinet,Robillard,Bandeville, L. Fanart, Querry, E. Derode, J. -J. Maquart, F.-L. Clicquot, F.Pinon, Aubriof, V. Tourneur, F. Henriot- Delamotte, H. Paris, L.-H. Midoc, A. Hanrot , J. Sornin , Garnet , Deleulre , Pierret, Forneron , Briere- Valigny , E. Maumene et Holleaux , raembres titulaires ; Et MM. Rattier , Goulet-Collet , Duchesne et Ch. Loriquet , membres correspondents. CORRESPONDANCE MANOSCRITE. M. Tempier fait hommage a 1'Academie d'un ecrit intitule : De I'esprit public en France. La Societe d'agricullure de la Marne adresse un bon pour retirer ses publications de 1'annee 1849. ii. 7 — 78 CORRESPONDANCE IMPR1HBB. Programme des questions mises au concours pour 1'annee 1851 par la Societe des antiquaires de la Morinie. Journal de la Socitte" d' 'agriculture du dtpartement des Ardennes, avril 1850. Mimoires de I'Acadcmie des sciences , arts el belles- lettres de Dijon , annee 1849. Bulletin dela Sociiti d' agriculture , industrie, sciences et arts du dtpartement de la Lozire , Janvier, fevrier et mars 1850. De I' esprit public en France, parM. Terapier, merobre correspondant. Annales scientifiques , litUraircs el industrielles de VAuvergne, tomexxii, seplembre, octobre , novembre et decerabre 1 849 ; tome xxm , Janvier et fevrier 1 850. LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Aubriot fait un rapport sur la notice de M.Hebert, touchanl les Fossiles du Crag, recueillis au Bosc d'Au- bigny (Manche). M. Loriquet continue la lecture de son Essai sur I'Mairage chez les Romains. — 79 — Lecture 1, et on peut attribuer a ces circonstances l'intensitc moindre des accidents. (2) La poussiere qui se dctache des fers galvanises consiste en %inc , oxyde de une , carbonate de zinc , alliaqe de fer et de zinc , fer , fer oxyde. Les deux derniers corps peuvent 6tre separes par le barrcau aimante. I.e zinc est en parcelles qui se briscnt tres aisemenl en paillettes cris- lellines a angles et a arfles aigiis — 85 — M. xMaumene, consulte par les ouvriers sur le mal- aise qu'ils eprouvaient , n'hesita pas a le rapporter a l'abondance des poussieres de zinc , et a conseiller provisoirement 1'abandon des his galvanises ; et M. Landouzy , charge par le fabricant, M. M , de faire une enquete medicale sur les accidents attribues a sa nouvelle industrie, put constater une angine speci- fique et les symptomes non equivoques d'inloxication metallique. Sur six ouvriers employes a cette fabrication , qualre travaillaient 10 a 14 heures par jour. C'ctaient deux jeunes gens de 15 et 17 ans , tres robusles , et deux femmes , Tune de 40 , l'autre de 46 ans , assez bien portantes , et qui font ce metier huit a neuf mois de l'annee depuis huit et quinze ans. Les deux autres (ce sont les maris des deux ou- vrieres ) se bornaient a mettre , le soir , les fils en paquets , et a battre ces paquets pour les serrer , les dresser et les lier. Pendant la journee ils travaillaient, comme tonneliers , dans les caves. La saveur sucree , reconnue par les personnes atteintes , n'est pas due a du plomb. Nous nous sommes assures que la poussiere n'en renferme pas la moindre trace. Nous avons sourais les fils galvanises a Taction du vin et de l'air en realisant , autant que possible , les conditions qui se trouvent reunies dans les caves. — Cent fils places dans un large entonnoir ont recu , goutte a goutte , pendant trois jours, le vin de quatre bou- teilles ( 5 litres , 2 ) tombant d'une hauteur de 50 centimetres. Afin d'evi- ter les pertes et de diminuer l'evaporation , nous faisions tombcr les gouttes de vin par le milieu du bee d'un entonnoir renverse sur celui qui contenait les fils. — L'experience tenninee , nous avons reconnu que les 100 fils avaient perdu i gr. 87 de zinc metallique converti , soit en tartrate double de zinc el de potassc , soit en acetate. Les effels analogues qui pourraienl se produire dans les caves par t'effet de la casse et pendant l'opwratiiin du degorgeage, devronl eveifler la sollieitude du consei) d'hygiene. — 86 — Or, lous six fluent alteiuls d'accidenls qu'il est im- possible de ne pas rapporler a Taction des poussieres de zinc. Qualre eprouvereut un accablement general , des frissons, de la cephalalgie, de l'anorexie , une soil vive , un violent mal de gorge avec dysphagie , de la douleur a Tangle de la raachoire et a la region laryn- gienne, un engorgement des ganglions sous-maxil- laires , une tumefaction considerable des amygdales avec ulceration , rougeur de la voule palatine , pelli- cules blanchatres sur les gencives , salivation , fetidite de Thaleine et , enlin , des coliques el de la diarrhec. Chez Tun , les coliques et la diarrhee furent les seuls accidents observes. Chez un autre , les coliques furent accompagnees de nausees , de tenesme et d'une con- stipation opiniatre. Chez trois d'entre eux, les accidents debuterent au bout de six a huit jours de travail. Chez un autre , au bout de quinze jours. Chez deux autres, apres trois semaines ou un mois. A. ('exception de Touvriere qui travaillait dans I'ate- lier n° i , et chez laquelle les accidents febriles du- rerent plus de quinze jours , les autres ne furent pas plus de trois a six jours sans reprendre leurs occu- pations. Chez tous , les symptomes generaux cesserent aussi- tot qu'on cessa d'employer les fils zinces. Chez les trois qui eprouverent une angine et une stomatite assez violentes , la rougeur du palais , le gonflemenl et Tulceration des amygdales , le gonfle- ment et les pellicules des gencives existaient encore quinze jours apres le debut des accidents. — 87 — Ajoutons , enflu , qu'un petit garcon de 3 ans , qui couchait dans 1'atelier n° i , tut atteint d'angine avec toux , salivation , etc. , tandis que son frere , age de 9 ans, qui se bornait a y prendre ses repas , n'eut aucune indisposition. Quinze jours apres ces accidents, lesmemes ouvriers, dans les memes conditions hygieniques , recommen- caient le meme travail, avec le meme 01 galvanise , exempt de toute poussiere , et il ne se manifesta aucun des phenomenes qu'ils avaient observe la premiere fois. Bien que ces exemples d'intoxicalion ziucafa doi- vent etre tres rares , puisqu'ils n'ont pas encore ete inscrits dans la science , et bien qu'il suffise d'en in- diquer la cause pour en eviter le retour , cependant l'usage si repandu du zinc sous toutes les formes , et dans toutes les industries , pouvant donner lieu a des accidents dont la veritable nature resterait incon- nue si elle n'etait signalee , nous avons pense qu'il n'etait pas inutile d'appeler sur ce point l'attention des medecins. En resume , sept personnes exposees a la poussiere des composes de zinc, dans des ateliers insufflsants et insalubres , sont prises d'accidents qui cessent des qu'on substitue le 01 de fer simple aux 01s zinces , et qui ne se reproduisent pas des qu'on substitue aux anciens flls galvanises de nouveaux flls de meme na- ture, exempts de toute poussiere. Au point de vue pathologique , ('intoxication produite par les composes de zinc constitue une affection spe- ciflque , qui peut etre inscrite dans la notologie sous le nom d' intoxication zincalc , par analogic avec Fin— toxication mercurielle , saturnine , etc. — 88 — Cetle analogic , jointc a la cessation de la cause avant qu'elle ait produit lous ses effets , peut t'aire penser que {'intoxication zincale prolongee amenerait les memes resultats graves que rintoxication du mer- cure et du plomb , et doit , par consequent , eveiller toute la sollicitude des observateurs sur les affections des ouvriers en zinc. Au point de vue hygienique general , cette affection doil engager Pautorile a exercer une surveillance active sur les ateliers ou se fabriquent le zinc et ses com- poses , et a exiger des procedes propres a mettre les ouvriers a I'abri des poussieres qui s'en degagent. Au point de vue hygienique local, c'est-a-dire , au point de vue des ouvriers en vins de Cbampagne, on peut deduire des fails precedents les conclusions sui- vantes : 1° Les couronnes de fils galvanises doivent elre livrees aux ouvriers tordeurs, exemples de toute pous- siere. 2° Les fils galvanises peuvent etre employes sans aucun inconvenient par les ouvriers tonneliers. 3° Les vins de casse et de degorgeage pouvant con- tenir une certaine quantite de sels de zinc , devront elre examines avant d'etre livres au commerce. — 89 — Lecture de M. C. Loriquet , MEMBRE CORRESPONDANT. ESSAI SUR l'ECLAIRAGE CHEZ LES ROMA INS. DEUX1EME PARTIE. VI. — Illuminations , honneurs rendus aux empereurs et aux dignitaires , rejouissances pubiiques. Nous venons de voir que les fetes privees et de famille prenaient souvent de l'expansion au dehors. Gertaines circonstances de temps , de lieu , de persounes surlout , imprimaient a ces rejouissances un caractere public. Quel- ques fetes religieuses donnaient egalement lieu aux mani- festations joyeuses des populations. Dans ces differents cas, c'etait principalement par des illuminations que s'ex- primait la joie publique , s'inspirant en cela peut-etre de l'exemple des Juifs qui habitaient l'ltalie. Ceux-ci, en effet, fideles aux usages de leur nation, fetaient de la sorte la naissance d'Herode ou son ave- nement au tr6ne. « Quand viennent, dit Perse (1), les jours oil les Circoncis celebrent l'avenement d'Herode , les lampions ornes de violettes et ranges aux fenetres (1) « . . At cum i Herodis venere dies , cunctaque fenestra ■■ Disposits pinguem nehulam vomuere lucernae , « Portantes violas , etc • Sat. V , 180. — 90 — avec urdre , exhalent dans les airs un nuage t-pais dc fumee : » — ftvidemment, ce que dit le poete s'applique moins aux Juifs eux-memes qu'aux flatteurs de Rome qui , a leur exemple , illuminaient leurs maisons , pour faire honneur aux grands. Or , on ne s'etonnera pas de voir les coutumes judaiques s'infiltrer dans la vie romaine , si Ton fait attention que , longtemps avant l'epoque dont nous parlons , le nombre des Juifs etait considerable a Rome et dans toute l'ltalie. Les temoignages de Tacite (1), de Juvenal (2) et de Joseph (3) a cet egard suffi- sent pour expliquer linfluence que pouvaient y exercer ces exiles , malgre les mepris dont ils ctaient l'objet. Puisque les families celebraient l'anniversaire de la naissance des personnes qui les composaient , et que les clients en faisaient autant en l'honneur de leurs patrons, la ville entiere devait prendre part a la joie de la famille imperiale et feter, non seulement l'anniversaire de la naissance des empereurs , mais aussi leur avenement au trone. La fondation de Rome , Urbis naialis , longtemps con- fondue , avec la fete de Pales , (4) , accidentellement celebree au jour anniversaire de la mort de Ce'sar (5) , fut fixee comme celle de Constantinople par les consti- tutions de Valentinien II , de Theodose et d'Arcadius. — Toutes ces fetes avaient leurs illuminations (6). Si l'empereur lui-meme devait partager sa couronne avec une epouse, tandis qu'Hymenee preparait ses flam- beaux, la ville entiere s'unissait a la joie de son prince, comme dans les noces d'Honorius et de Marie (7) : (1) Annal., lib. XV , 44. (2) Satyr. Ill , 13 ; Sat. XIV , 96 et passim. (3) Hist, des Juifs , XVI11 , 5. (4) Propebt., lib. IV, Eleg. 1. — Cic. de divin. 11. (5) Apiman. de bell, civ., lib. II. (6) Sozoh. Hist..eccl., lib. VI. (7) Claudian. in nupt. Hon. et Mar. 199. — 91 — c . . . Sociain plebem non indignata potestas < Confundat turban proceres. Solvantur habenis « Gaudia. • Stella , dont Stace celebre le mariage , n'est qu'un patri- cien , successivement decemvir et preteur , et plus tard consul : pourtant ce sont les Muses elles-memes que le poete nous montre accourant de l'Helicon , avec les flam- beaux d'Hymenee (1) : • Ecce canoro " Demigrant Helicone deaB, quatium que novena • Lampade solemnem thalamis coeuolibas ignem ; • et, en meme temps, les rues s'illuminent et les maisons se couvrent de fleurs (2) : « Vix dum emissa dies , > Fronde virent postes, et fervent compita flammis » Veuillez remarquer ces mots : « vix dum emissa dies. » Est-cea dire qu'en plein jour, ces illuminatioLo avaient lieu? Oui, et c'est Tertullien qui repond. On accusait les Chretiens de ne pas rendre aux empereurs les honneurs publics dont nous parlons , et de ne pas illuminer leurs maisons dans les jours de fete : « A quoi bon , dit-il , ces lumieres qui semblent eclairer le jour lui-meme (3) ? Imagina-t-on jamais de contraindre un philosophe, un homme sense , a suspendre des lampes a sa porte en plein midi (4)? » — Juvenal, d'ailleurs , nous a deja montre les lampes allumees des le point du jour a sa porte (5). (1) Silvar. lib. I, II, 3. (2) Stat. op. cit. 229 et seq. (3) « Cur die l.-nto non. . • - lucerni& diem infringiuius * Apologet. XXXV. (4) » Quis enim philosophum. . . lucernas meridie vanas prostituere compellit. op. cit. XLVI. (5) » Et matutinis operitur (januaj fesla luoernis. - Sat. XII, 91. — 92 — 11 n'y a done pas a s'y tromper ; et , tandis que , dans les usages modernes de notre vie civile et politique , la joie publique ne se traduit en illuminations que le soir, les Romains et les Grecs de 1' empire n'y font pas cette distinction. Parmi les fetes dans lesquelles on illuminait les maisons des particuliers et les monuments publics , nous devons rappeler encore l'entrce solennelle des empereurs dans les villes de l'empire, soit a leur avenoroent, soit a l'occasion d'une victoiro. « Caligula, dit Suetone (1) , ramenait a Rome, en habits de deuil , le corps de Tibere : et pourtant il ne marchait qu'au milieu des autels , deo victimes et des torches allumtes ^ une foule remplie d'allegresse se pres- sait a sa rencontre. » Neron, a son retour de la Grece, se decerne un double triomphe : a Rome , comme a Naples, les guirlandes de verdure et les lampions, suivant Xiphilin, en font les frais (2) ; et plus tard, a l'entree de Septime-Severe (3) et a celle de Commode a Rome (4), de Theodose (5) et d'Heraclius a Constantinople (6), e'est encore le meme programme. Hcraclius revenait d'une expedition contre les Perses ; l'enthousiasme fut tel , sui- vant Paul diacre (7) , que le peuple se precipita a la rencontre du prince jusqu'a Leria, le patriarche en tete , des cierges et des rameaux d'olivier a la main. C'est cet evenement que rappelle le grand medaillon de bronze qu'ont donne Juste-Lipse (8) et Ducange (9). Au-devant (1) Catty. XIII. (2) Hist. Rom. LXIII f3) Op. cit. (4) Herodun. Mst. V11I.4, (5) Amm. Marcell., lib. I, cap. 19. (6) Cedren. chronic. (7) Biit. mixt. XVIII , ap. Rerutn Ualicar. Scriptor. (8) De Cruce, III. (9) Famil. Aug. Bysantin. XI. — 93 — du char sur lequel siege l'empereur , sont supendues quatre lampes qui ont beaucoup de rapport avec celles du sanctuaire de noseglises modernes, en forme de petits vases et a trois chaines de suspension. Ces lampes appar- tenaient-elles au char memo ; ou, doit-on supposer qu'elles en elaient separees, et que Tartiste les a placees dans le champ de la medaille, corame souvenir de l'illumination des rues? C'est une question que, moins que d'autres, nous nous chargerions de resoudre. Quoiqu'il en soil: ce que nous avons dit de Theo- dose et d'Heraclius prouve que 1'usage des lumieres , comme honneur rendu et expression de joie, fut emprunte au ceremonial ordinaire des empereurs d'Occident par ceux d'Orient (1). Mais il ne faudrait pas s'imaginer que cette preroga- tive fut une invention du despotisme imperial ou°de l'adulation d'un peuple esclave. La Republique avait &e temoin de semblables honneurs Plutarque raconte qu'au retour de Ciceron dans sa maison , apres l'exe- cution des conjures Lentulus et Cethegus , « y avoit a toutes les portes des maisons force flambeaux , torches et lumieres, de sorte qu'il faisoit clair comme dejour parmy les rues. Les femmes mesmes esclairoient du plus hault des maisons , pour lui faire honneur et pour le veoir... (2). » Quand Cesar triompha de la Gaule, « il monta , dit Suetone (3), au Capitole a la lueur des flambeaux ; a sa droite et a sa gauche marchaient qua- rante elephants, sur lesquels etaient des hommes qui portaient des torches. » « Ascendit Capitolium ad lumina, (1) A l'arriv VIII, 9. (4) Cyrop. VIII — Amm. Marceu., lib. XXIII, 6. (5) Histor., lib. I — 9 Lucret. de Nat. rer. lib. II , 78. — Cicer. ad Herenn. IV. — Plat, de leg. I (2J 681 et seq. (.1) Otib. Fastor. lib. IV, Ml p( seq — 100 — comme purification , suit pour iudiquer ie retour printa- nier de la chaleur et de la lumiere. On y brulait diverses offrandes; apres le sacrifice venait un festin , et, apres le festin , ce qu'on pourrait regarder comme un grossier feu de join. On placait a certaines distances des foyers com- poses de paille ou de foin , on y mettait le feu a un signal donne, et la foule joyeuse les traversait en courant, ou sautait par-dessus (1). Plus tard , aux approches de la moisson , on celebrait chaque annee \esjeux Apollinaires , confondus , a la fin de chaque siecle , dans la fete appelee jeux seculaires. Cettc derniere solennite durait trois jours et trois nuits. Apres les ceremonies preliminaires qui occupaienl tout le premier jour , le peuple se pressait dans les temples d'Apollon-Palatin , ds Jupiter-Capitolin et de Diane-Aven- tine , pour y celebrer, en l'honneur des Parques , de Plu- ton et de Proserpine , une veillee analogue a celle de Ceres. Entre autres objets que les pretres leur preseu- taient pour etre offerts aux dieux , se trouvaient des torches , du bitume et du sou/re (2). La veillee s'ouvrait a la deuxieme heurc de la nuit , c'est-a-dire vers neuf heures. Le grand pontife , assiste des quindecemvirs , en faisait l'ouverture par un sacrifice solennel , et des chceurs de jeunes garcons ft de jeunes filles chantaient ensuite des hymnes composes pour la circonstance (3). La pre- miere fois , c'etait au Champ de Mars qu'avait lieu la ceremonie , dans l'endroit appele Terentus, pres du Tibre. Le theatre qu'on y elevait expres , pour la circonstance, (1) « Certe ego transilui positas ter in online flammas. » Loc. eit. 727. — « Annuaque accenso celebrare Palilia foeno. » Propert. lib. IV, Eleg. 1,10. — « Et furoosa Palilia fa;no. » Pers. Sat. 1 , 72. (2) • Cuperent lustrari , si qua dareutur ■ Sulphura cum taedis. • JnvEN. Sat. II , 157. (3) HORAT. r ViDcens Gnosiacae facem corouae. «■ Collucet polus ignibus , nihilque > Obscurae patitur licerenocti. » Fngit pigra qnies : inersque somnus, » Haec ceroens , alias adirit urbes » Silvar. lib 1 , VI , *<> — 102 — les cdtebrait en l'honaeur des dieux, daus les fetes qui leur etaient consacrees , et qu'ils se trouvaient meles aux ceremonies propres a ces solemnites (1). Lors mgme que les empereurs ou de riches citoyens les donnaient pour s'attirer les bonnes graces du peuple , ils etaient toujour* accompagnes de sacrifices , de processions et d'autres acles de religion. Les lumieres faisaient done naturellemenl partie de la pompe des jeux 5 et , quand vint l'usage d'en donner le soir, ce fut une occasion nouvelle de luxe et de depense. Petrone (2) parle de combats de gladiateurs et de betes, donnes a la lumiere des flambeaux, et Domilien ajoutait a ces spectacles nocturnes jusqu'a des cbasses (3). Mais deja Caligula s'etait plu & celebrer de nuit des jeux sce- niqucs de toutes sortes , et chaque fois , dit Suetone (4), il faisait illuminer toute la ville. On ne pouvait moins attendre d'un homme qui se donnait en spectacle a ses favoris dans l'interieur de son palais , et qui envoyait, au milieu de la nuit, reveiller des personuages consu- lages , pour le voir danser (5). On rencontre assez frequemment sur des lampes an- tiques des sujets qui rappellent ces divers jeux. Apres les masques de theatre , les plus souvent reproduits sont les courses de chars et les combats de gladiateurs. On y voit aussi les combats de coqs; la tauromachie , ou , comme dit le celebre marbre d'Oxford , la taurocathapsie , (1,) • la ludis quanta sacra, quanta sacriDcia praecedunt , etc.. • Tertull. despectac. cap. VII. (2) « Jam meliores bestiarios vidi occidi de lucerna. • Satyric. XLV. (3) « Venationes, gladialoresque et noclibus ad lychnuchos. » Sueton. Domitian. IV. — Xiphil. hist. LXV1I , 8. (4) • Sceuicos ludos et assidue , et varii generis, ac multif.-iriani fecit 1 quondam et nocturnos , accensis tola urbe lumi- nibus. • Calig. XVIII (<>) Sueion. Calig. XLIX. — 103 — et d'autres scenes de memejgenre. Nous ne rechercherona pas, a l'exemple de savants ecrivains (1), si ces lampes se rapportent a des jeux qui ont tHe" reellement celebres, et si elles ont contribue a eclairer des divertissements publics ou prives. Parmi les spectacles nocturnes , il en est dont resti- tution est une enigme , et dont le seul maintien pendant plusieurs siecles montre a quoi se reduit ce qu'on veut bien appeler les moeurs romaines. Nous voulons parler de la solennite des Florales , ces jeux. infames , ou le cirque de Flore s'illuminait a grands frais , pour donner ce que j'appellerais volontiers une pature publique a la lubricite d'un peuple entier. La , sous la presidence des ediles , c'est-a-dire , des gardiens des moeurs , on etalait dans des combats , dans des scenes preparees expres , toutes les obscenites que pouvaient imaginer les impures habitantes de Subure. Afin que tous , matrones et citoyens, pussent y prendre part , cette fete , cette glorification du vice se repetait trois jours de suite (2). Reste a connai- tre , comme dit Ovide (3) , la cause de ces illuminations , ou plutot, nous la devinons sans peine : car, « ce n'est ni parce que les campagnes rayonnent de fleurs empour- prees , ni parce que la flamme et la fleur ont des couleurs brillantes et que leur eclat attire egalement les regards ; non , quoiqu'on dise , ce n'est pas pour ces raisons que les lumieres ont paru convenir aux Morales : la verite , c'est que la licence nocturne convient a la debauche, et qu'elle ne croit pas avoir a rougir , tant quelle ne se produit pas a la face du soleil , « < Quia deliciis nocturna Iicentia nostris > Conrenit : a vero tertia causa venit. » (1) Monfauc. tntiq, expl. T. V, part. II , pag. 208 e«. seq — Herculan. et Pomp. pi. 48, 4», pag. 63. (2) Dio. LVIII , 19. — Lactam, de fate, relig. 1 , 20. (3) Faator lib. V, 361 et M>q . — . JrjVEtf. Sat. VI , 250. — 104 — Etranee corruption ! lout ce peuple ne reuferine pas un homme , sain de cceur et d esprit , capable de lui donner au moins la legon de lexemple. « L'austere Caton con- nait , dit Martial (1) , les jeux lascifs de la folatre Flore ? Pourquoi done vient-il au theatre ? C'est pour en sortir. » Et, apres avoir fait montre dune menteuse pudeur, lais- ser complaisamment le champ libre aux gouts depraves de la multitude : comme si la complicite du silence n'etait pas la pire des lachetes. Un homme grave , en pareil cas , use de l'iufluence qu'il possede ; ou , plutot que d'auto- riser les choses qu'il reprouve , il s'en abstient tout-a-fait et s'enferme dans sa maison. Quand il plut a Neron d'instituer les jeux quinquen- naux, afln d'y deployer son savoir-faire et celui de ses familiers , dans l'art des histrions de la Grece , les ci- toyens honnetes redoutaient pour les moeura ces nuits passees dans les divertissements. Mais d'autres leur re- pondaient « que ces quelques nuits, accordees tous les cinq ans, plutdt a la joie qu'a la licence, brilleraient de tant de feux qu'aucun desordre ne pourrait s'y ca- cher (2). » Vous avez encore present ce que disait Ovide au sujet des florales; faites-en ('application, et. dites- moi si tous ces honnetes histrions ne cherchaient pas un demi-jour, pour y etaler a l'aise leur devergondage ehonte ? Que dire maintenant du martyre affreux de ces Chre- tiens transformes en flambeaux par Neron ? « De Weur mort , dit Tacite (3) , on fit des divertissements. On revetait les uns de peaux de betes sauvages , pour les faire dechi- rer par des chiens ; on en clouait a des croix ; d'autres etaient reserves aux flammes. d Fixes a des pieux qui leur (1) Lib. I , Epigr. I , et epitt. ad lector. (2) Tacit. Antial. lib. XIV, 20 et ».•., f») Op. eit lib. XV, 44. — 105 — pergaient la gorge, pour les tenir droits (1) , et revetus de robes enduites de poix et d'autres maticres inflamma- bles (2) , « on les allumait a la chute du jour , en guise de torches , pour eclairer pendant la nuit. Neron en fit un spectacle dans ses jardins , et donna des jeux du cirque , a la lueur de ces horribles flambeaux , se melant a la populace en habits de cocher , ou conduisant lui- meme unchar (3).» Nous voudrions dumoins pouvoirvou3 assurer que ces atrocites, dans leur genre, font exception , et qu'un seul homme les imagina reellement , pour couvrir d'autres enormites. Nous laisserions alors le bourreau , pour penser aux victimes ; et nos regards , charmes par la generosite de leur sacrifice , ne verraient plus , dans les flammes qui les devorent , que l'aureole du courage et la gloire du triomphe. Mais , pour ce peuple de Home , qui repaissait ses appetits barbares en poursuivant avec la flamme de pauvres animaux (4) . qui se servait ega- lement de flambeaux pour tourmenter les condamnes ordinaires et aiguillonner leurs souffrances (5) , l'odieux supplice dont nous parlons etait devenu sans horreur. On le faisait subir autrefois aux grands criminels , par- ticulierement aux traitres et aux incendiaires (6) ; mais (1) Sulpit. Sacr. hist. lib. II. — € Taeda lucebit in ilia » Qua stantes ardent qui fixo gutlure ftimani. » Jiiven^ sat. I, 15S. (2) • lllam tunicatn , alimentis iguium et illitam et textam. • Senec. Epist. XIV. « Ausi quod liceat tunica punire moletta. • Joten. tat. VIII, 235. (3) Tacit, loc. cit. , (4) V. les Vulpinales , supra. — Geibel, Esquiste de Rom. ehret. T. II (b) Gallon, de martyr, cruciat, cap. III. — Laurent, de Rebuspubl. cap. VII. (6) Juvkn. loc. cit — 106 — les tyrans l'employerent depuis au gre de leurs capri- ces (1) , et les grands en flrent la punition des plus l^geres offenses (2) ; ce fut alors un spectacle cheri de la mul- titude, comme les combats de betes, com me les luttes de gladiateurs. (1) Senec loc. cit. (2) Jutfn. Sat. I , rss MW8. — IMP. DE P. RECNIER SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ANNIE 1849-1850. S" 17 & 18. Manrn du •« ft Mai I *r»i>. H\S\\\\M1 DE 1 DUBOIS. Elaient presents: MM. Saubinet, Bandeville, Bouchi de Sorbon , L. Fanarl, H. Landouzy, J. -J. Maquart, F.-L. Clicquot, F. Pinon, V. Tourneur, F. Hcnriol- DelamoUe,H. Paris, L.-H. Midoc, Lechat , J. Sornin, Gainct , de Lenlre, Forneron , Briere-Valigny, el E. Maumene, raembres lilulaires; Et MM. Duchesne el Ch. Loriquet , membres cor- respondanls. CORRESPONDANCE MANUSCRITE. La Sociele d'agricullure , sciences , arts el commerce du Puy, annonce renvoi du premier semestre de ses annates pour 1849. li. 9 4 OS — Le ministere de 1'lnstruclion publique accuse recep- lion des S'ances et travaux deslinces aiu Societes savanles. COKRESPONDANCE 1MFKIMEE. Ilecueil des actes de I'Acadimie des sciences , belles- leaves et arts de Bordeaux, xi* annee , 1849 , V tri- meslre. Bulletin de la Sociiti des anliquaircs de I'Ouest, annee 1819, 5e serie. Annates de la Sociiti d'agriculture , sciences , arts et commerce du Puy , lome xiv , rr semestre 1849. Comptes-rendus hebdomadaires de I'Acadimie des sciences , tomes xxvm , xxix , xxx , du 2 Janvier 1849 au 6 mai 1850. (MM. Lechat et Sornin rap- porteurs. ) LECTURES ET COMMUNICATIONS. M. Henriot Delamolte communique a la Gompa- gnie une seconde letlre qu'il adresse a M. Collignon , ingenieur en chef a Nevers , sur les questions que souleve I'execulion des chemins de fer en France. M. Loriquet donne la fin de son Essai sur I'iciai- rage chez les Romains. M. Landouzy enlre dans quelques explications rela- tives aunappareil orthopedique presente a 1'Academie par Mlle Drexel. KW — m^iiii<-<' (in :ti ai ni i *-..%«>. nkmm m n Dubois. Elaient presents : Ms1" I'Archeveque , MM. Saubinei, Bandeville, Bouche de Sorbon , H. Landouzy, Quorry, E. Derode , Gobel , J. -J. Maquart , Duquenelle, F.-L. Clicquot, F. Pinon, Ern. Arnould, F. Heuriot-Delamolte, Dubois H. Paris, L.-H. Midoc , Leckal , A. Henrot, J. Sornin , Gainet , Gerardin , de Leulre , Pierret , Forneron , Briere-Valigny , E. Maumene. Conformement a son reglement, el apres avoir enfendu le rapport que lui presenle M. Bandeville au nora de la commission des elections , I'Academie pro- eede aux elections du ler semeslre , au renouvellement integral du bureau et au renouvellement parliel du conseil d 'administration. Election de membres titulaire*. Sonl nommes au scrulin secret : MM. Loriqdet , Masse , Feart et Ciievillibt . Election de membres correspondants. Sonl proclames membres correspondants de I'Aca- demie : MM. Lepadlle , TAiLf.EFKR , Hebert , Bazin et Chamber. — up — Election de mem Ores honoraires. MM. Edo '.: el Aubriot , anciens membrcs titulaires, sont nommes membres honoraires de l'Academie. Renouvellement des membres du bureau. Sont proclames membres du bureau pour I'annee 1850-1851 : MM. Forneron , president. Robillard , vice-president. Bandeville , secre" lair e- general. Ern. Arnould , secretaire archivisle. Sadbinet , trisorier. Renouvellement parliel du conseil d' administration. M. Dcbois est nomrae membre du conseil d'admi- nistration. L'Academie decide que la Seance publique annuelle aura lieu le jeudi 25 juillct prochain. — Ill — Lecture de N. Henriot aine. SECONDE LETT11E SUR LES TKAVAUX PUBLICS (J). CHEMINS DE FER. A M. Collignon , ingenieur en chef a Nevers. Le 25 mars 1850. Dans les questions de Iravaux publics, les chemins de fer (iennent a present le premier rang,cesont eux qui altirenl Tallention de la majeure parlie de la population ; les services qu'ils rendenl sont tous personnels, ils sont de ceux qui eblouissent , qui enlrainenl; il est done naturel que ce soil vers ces nouveaux moyens de transport que doive se porter la sollicitude dos personues qui out a examiner la direction que Ton doit donner aux fonds destines aux grands travaux. Maintenanl que tous les Elats du continent ont commence a conslruire des chemins de fer, il n'esl pas possible a la France de rester en arriere. Re- tarder la construction des lignes qui doivenl unir la capitale aux villes principales de la • frontiers , qui formenl les grandes arleres de la circulation in- dustrielle el commerciale du pays, ce serait vouloir faire perdre a la France les avantages de sa position geographique et la fairc descend re pour I'jpdustrie et le commerce a un rang inferieur a eclui qu'elle occupe et qu'elle doil occuper. li Voir n° 11 , page 2!>2. — 112 — II y a done neeessite absolue de terminer au plulol les grandes lignes. Le gouvernement le sent bien. II comprend surtout 1'imporlance de la ligne de Paris a Marseille el rachevement de ce chemin a ete Tobjet de ses principales preoccupations. L'Etal a deja depense sur la ligne de Lyon J 54 millions. Pour la terminer, la prolonger jusqu'a Avignon el former une communication non inler- rompue jusqu'a Marseille, 260 millions sont encore necessaires. La grandc question, la grande difficulty qui se pr£senle est de savoir comment et avec quels capi- laux on pourra terminer une entreprise aussi urgenle au point de vue general el aussi imporlante au point de vue financier. Si Ton examine seulemenl la position des finances dc l'Elat et les embarras du tremor, la premiere idee qui se presenle est celle de recourir au credit des compagnies financieres et de conceder le chemin & l'industrie priv6e en cherchanta slipuler les conditions les plus avantageuses. C'est la voie dans laquelle le gouvernement s'est trouve pousse , c'est le mode qu'il a fini par adopter, en proposant a l'assemblee le projel de loi donl la premiere lecture vient d'avoir lieu. On peut croire qu'il n'est plus temps mainlenant de venir discuter, si le systemc de la construction el de ('exploitation par l'Elat etoil une chose prefe- rable a celui de la construction et de ('exploitation par les compagnies. I.a question a ete jug6e en sens inverse pour les chemins d'Orl^ans , de Rouen, du — 113 — H4vre , du Nortl el dans un sens mixle pour ceuv tie Bordeaux, de Strasbourg el de Nanles. Mais ce qui s'est passe depuis n'a-l-il pas juslilie en grande partie Ies apprehensions exposees par les adversairesdu systeme adople. N'est-il pas ma in tenant Evident pour lout Ic monde que 1'inlereH du pays au nom duquel les defenseurs de ce sysleme le soule- naienl , n'etait reellemenl qu'un vain mot dans la bouchede nos habiles el trop habiles financiers. L 'a- giolage etait au fond le veritable mobile de leur pa- triolisme ; l'exploitalion des actions etdes aclionnaires 6lail le but qu'ils se proposaient. Aussi , pour ces compagnies, la question qu'elles examinaient le moins, c'6tail de savoir a quelles conditions la construction et l'exploitalion pouvaienl 6tre profilables aux aclion- naires. L'essenliel etait d'obtenir la concession afin de pouvoir jouer a Paction , speculer sur la credulite des petils capitalisles qu'on eblouissait a force de prospectus el de coups de bourse. Aussi (oules ces lignes onl-elles 6le soumissionnees a des condilions trop onereuses quant a la duree de la concession. La duree de la concession du chemin de St-Quenlin n'esl que de 23 ans, celle du chemin d'Orleans a Bordeaux de 28 ans, celle du chemin de Tours a Nantes de 3i ans. Le chemin de Pan's a Lyon el celui de Cetle a Bordeaux, que les compa- gnies devaient conslruire en entier, elaienl egalement concedes pour des lermes Irop rapproches. Mais qu'esl-il arriv6, les compagnies de Lyon et de Bordeaux a Celle out du abandonner leur caution- nement el renoncer a de.s rnlreprises coiifues dans dc mauYaises conditions, au grand prejudice des sou- scripleurs. Les actions des aulres compagnies offrenl - Il/i - en nioyefinc, one peile tie 50 pour cent suf les cfi pilaux d6ja versus et cetle perfe iucombe principale- menl sur les pelils capilaiistes, viclimes de lenr confiance dans les promesses porapeuses des pros- pectus. On voil done que si le sysleme de construction el d'exploilntion par 1'Etat a dos inconvenients, eclui de la concession aux compagnies en pr6scnte aussi de bien graves. Maintenant i( me semble d'un immense inler6t, d'un inl6r6l qui me parail toucher a la mo- rality gouverncmenlale, de ne pas livrer de nouveau el sans defense les 6pargnes de la population aux mauvaises passions de ['agiotage. C'est avec juste raison que vous avez .616 prOoccupe de Tidee de cherchcr, a la depreciation de toutes ces valeurs, un remede qui put en m6me temps rendre la confiance aux capilalistes el conlribuer a relever le cr6dit de TElat. Vous croyez I'avoir lrouv6 dans la garanlie d'interfil par PElat; je parlage voire opinion a eel 6gard. Cetle garanlie aura seulc le pouvoir de faire revenir ces actions a leur valeur nominale. Assur6s de leur inl6ret el de ramorlissement, les ca- pilaux, n'ayant plus a craindre les mauvaises chances, viendront aflluer a la Bourse el porleront ces valeurs au moins au pair. Par contre-coup, le cours de la rente se relevera el on aura ainsi rendu plus faciles loutes les transactions financi6res du gouvernemenl. Vous avez fort bien prouv6 que la garanlie d'irit6- r6t oflerte aux compagnies, auxquelles on pourrait Tappliquer, ne serait pas on6rcuse au gouvernemenl. Le trafic de leurs lignes devant 6galer, au moins en mojenne, celui des lignes en aclivite. La recette de ces dernieres altcinl un produit moyen net d€ — 115 — 19,000 francs par kilbrnfelrc et il suffit d'un prodnit nel de 15,030 francs par kilometre pour couvrir I'inteYfit et ramortissemenl de 0 pour cent que Ton consentirait a garanlir. Avant d'examiner les conditions a poser aux diver- ses compagnies en echange de la garantie d'inlerel qu'on leur accorderait, il y a lieu de voir si, en ce moment, il est raisonnable pour legouvernemenl de se desaisir de la ligne de Paris a Lyon qui est construile en grande parlie el pour laquelle 154 millions soul deja depenses. II est difficile de nc pas prendre en Ires serjeiise consideration lc concert unanime de plaintes qui s'eleve de toutes parts, contre les pretentions deraisonnables des compagnies pour le transport de certaincs denrees, sur les abus qui se sont glisses dans Implication des tarifs, sur 1'inlerpretation donnee a certains articles de leur cahier des charges. Elles peuvent ainsi favoriser telle Industrie au detriment d'une autre, etablir, par des prix differenliels sur telle ou telle partre du par- cours, une prime reelle en faveurdu commerce d'une ville, aux d6pens de celui de telle autre. Les reclama- tions des chambres de commerce de Lille, de Valen- ciennes, de Boulogne et d'Amiens el autres signalent ces graves inconvenients ; elles demonlrenl que par des combinaisons de tarifs, les compagnies pourraient fort bien arriver a annuler les garanlies que les lois des douanes slipulent en faveur des produils de notre sol et de notre industries Puisque les circonstances onl remis le chemin de Paris a Lyon enlre les mains de I'filal, ne serail-ce pas le cas pour le gouverncment de l'est a peine si nous pouvons citer en latin deux termes particuliers , ignis exploratoriiis , ignis speculator ius , qui signifient pareillement un signal par le feu : encore pour- raient-ils bien etre de fabrique moderne ; tandis que la (\) « Pluribus ignibus . quam pro numero manenlium , in spe- eiem factis. . T. Liv. Histor. lib. XXI, 32. — • Jussissc Eumenem suos luculentara flamniain facere , inlervalla circiler viginti cubilorum , tanquam ad copnam , cu- ramque corporis; secunda rigilia minorem, tcrtia miiiiinam , Ht procul spectantibus vera castra Tiderentur. • Diod. Sic. loc. eit. (J) Apul. Metam. lib. VIII . (3) « Specularem significalioneiu Trojano bello Sinon inrenit. ► Pun. Uist. rial, lib VII , 57. ('4) V. aussi Platon , Goryias. (5) « Flarnmam media ipsa tcnebat ■ In gen tern , of sumina Danaos ex arce Yocabat. » Virc. Mtfid. lib- VI , .si 8 Op ril lib. II, 2..6 — 131 — langue grecque , sans compter les mots qui s'appliquent aux signaux sonores , nous oft're pyrsos , feu qr.elconque servant de signal ; phryctos , signal par le feu egalement, mais avec des torches; phryctoros , proskeples , phylax , gardien des tours ou se faisaient les signaux , sentinelle chargee d'observer et de faire des signaux •, et d'autres encore ayant la meme derivation. Cette multiplicite des termes prouve l'importance que l'art des signaux regut dans la Grece. 11 est probable que les expeditions Mediques, en tenant constamment les Grecs en eveil , les mirent de bonne heure dans la necessite d'employer ce moyen, pour etre informes des mouvements que faisaient , souvent a des distances considerables , Ieurs ennemis et plus tard leurs propres armces. G'est ainsi qu'Herodote meutkmne les feux qui. de 1'ile de Sciathos , apprirent aux Grecs en station dans l'Artemi- sium , la nouvelle de la perte de quelques vaisseaux , peu avant la bataille des Thermopyles (1). Eschyle (2) parle au long d'une ligne complete de si- gnaux etablie entre l'Europe et l'Asie , qui mettait en communication le mont Ida pres de Troie avec la ville d'Argos , en passant par le promontoire d'Hermes , Lem- nos , le mont Athos , Macistc , Messape , le mont Cythe- ron , etc. Sans doute, Glytemnestre , dans la bouche de laquelle il met tous ces details et qu'il suppose avoir appris de cette fac,on la prise de Troie , Clytemnestre en dit plus long qu'il n'y en avait de son temps. Autrement, il fau- drait le reconnaitre , l'invention de Palamede ou de Sinon aurait fait tout d'abord des progres bien rapides. Croyons plut6t que le poete , inconsiderement peut-etre , nous parle de ce qui existait dc son vivant ; et nous serons moins surpris de voir, au ve siecle avant J.-C. , le service de cette ligne telegraphique aussi bien organise. (1) Lib. VII , 182. t„ . (3) Agamemnon , 9, ?S1 et scq, — 132 - Mais il parait que les signaux regurent dans la suile une application beaucoup plus large. Philippe , pere de Persee , au ine siecle , en fit notamment un grand usage dans ses guerres , au dire de Polybe (1). Les Homains , du reste , en empruntant aux Grecs les signaux , donnerent a cet art de nouveaux perfectionne- ments (2). Malheureusement nous manquons de rensei- gneinents precis sur les difi'erents rnoyens qui furent em- ployes cbez I'un et l'autre peuple. Appien (3) dit qu'au siege de Numance Scipion pre - scrivit aux tribuns qui commandaient dans les difi'erents quartiers de son camp, de s'annoncer reciproquement l'ar- rivee de lennemi ; et les rnoyens indiques sont une piece d'etofle rouge pendant le jour, un flambeau pendant la nuit. Le feu meme, ou du moins la fum.ee , servait de signal pendant le jour, suivant Vegece (4) : « per noctem flammis , per diem fumo significari sociis. » Suivant le scholiaste de Thucydide (5) on devait tenir le flambeau droit et sans mouvement pour annoucer un corps ami ; on 1'agitait violemment , pour signaler l'arrivee d'un en- nemi. Eufin Polybe (6) dit quau moyen d'un certain nombre de flambeaux , et en les elevanl inegalement a droite et a gauche , on parvenait a composer des mots et des phrases , tout comme avec des lettres. 11 aurait hien du nous expliquer en meme temps comment fonc- tionnait ce systeme de telegraphie. (4) Tactic, lib. V. (2) Hehodote ( lib. VIII , 6 ) parle du porte- flaw beau qui donuait le signal du combat, avanl qu'on fit usage do la troni|iette. Ceux qui portaicutce flambeau elaicnl consacres a Mais, et I'une et l'autre armee devaient respecter lent vie. Rien ne prouve que les Romalns aient jamais adopte cet usage. (3) Iberic. II (4) De re milit 111 , 5. (5) Ad libr IV. (6) Op. cit. . lib. V. — JtrsT. Lips ad Polyb. Ivc. cit., T. II oper. — m — L'liominc qui , chez les Komains , lira peut-etre le plus grand avantage des signaux, ce tut (Jesar. L'organisation parfaite qu'il sut donner a ce service , pour connaitre les mouvemeuts de l'eiinenii , contribua puissamment au sueces de ses amies, notainment dans la Gaule (I). Les Gaulois , il est vrai , faisaient usage de certains signaux : nous savons de Cesar lui-meme qu'ils s'avertissaient par des cris qui se repondaient de distance en distance (2) ; mais ces moyens les mettaient dans une inferiorite mar- quee , quant a la rapidite des operations. Apres fiesar , les routes construites par les Romains et les postes qu'ils y placerent en si grand nornbre ai- derent singulierement a 1'etablissement de communications regulieres par les signaux. N'ayant pas les lunettes, on devait, pour faciliter ces communications , multiplier les stations et en rapprocher les distances. Les sculptures de la colonne Trajane nous donnent un exempie de la disposition adoptee. Nous y \oyons une suite de stations et de magasins etablis par les Romains sur les rives du Danube (3); dans cbacune de ces constructions, la torche placee a I'etage superieur dune tour signale un poste militaire et sert aux signaux , en meme temps quelle eclaire le cours du fleuve. II existe encore , sur plu- sieurs point du sol de la France, des tours qui rappellent ces stations et qui doivent avoir eu une semblable destina- tion. La tour Magne de Nimes, entre autres, doit avoir servi a porter un fanal, soit pour eclairer les marais (1) « Ignibus significalione facia, ex proximis eastellis eo con- " cursuiii est » De bell. Gall. II , 33. « . . . . Vix pr&'lia Ca;sar • Senserat , elalus specula quae prodidit ignis. > Lucan. Phars. VI . 277 (2) Op. cit. VII , 81. (3) Montfavc. ant. expl., T. IV, pi. -»2. .1. Lips, de Milit Rom. V. — 13/i — d alentour , soil pour donuer des signaux. La dispo- sition de l'escalier, l'absence d'ouvertures au dehors, el, par dessus tout, le nom de lampese ou de la lampe donne encore, du vivant de Flechier , au quartier voisin de ce monument : tout semble le prouver (I). Le moyen- age nous a laisse plusieurs monuments du meme genre , surtout dans les cimetieres. Ceci nous amene naturellement aux fanaux ; nous terminerons par la ce que nous avions a dire des signaux par le feu. Le mot fanal ou phare vient-il du grec tctiva , luire, comme le veut I'historien Hegesippe (2), ou de Pharos, nom dune ile situee, comme on sait , a 1'entree du Delta , et sur le sol de laquelle aurait ete elevee la premiere construction connue sous le nom de phare ? En d'autres termes , est-ce l'lle qui a pris son nom du phare , ou le phare qui a emprunte le sien a l'lle ? — La question ainsi posee a ete en eflet discutee. Et pour- tant , Homere semble l'avoir mise hors de doute , en parlant de l'lle de Pharos et en la nommant de son nom (3), long-temps avant les Ptolemies et l'etablisse- ment du phare egyptien. L'argument , je le sais , n'a pas grande valeur pour certains critiques. Aux yeux de ceux qui protendent que les poemes Homeriques sont de fabrique alexandrine , les Alexandrins pourraient bien avoir place la le nom de leur ile, pour donner une haute antiquite a ses habitants. Quoiqu il en soil, voici I'o- pinion de Cesar ; nous nous rangeons facilement a lavis dun homme aussi competent : « Le phare , dit-il , est une tour ties .'levee , dune admirable construction , (I) Montpauc. op. cit. Supplim. . 1. IV, pag 141. '2J De btllo Judaic et txrid. urbi* , IV. (3) Odyst. A , 3i6 — 155 — batie dans uno He dont elle a pris le nom : « quae noraen » ab insula accepit (1). » SuivaDt Lucien (2), cette tour fut construite par ordre de Ptolemee-Philadelphe ; Soslrate de Cuide en fut l'ar- chitecte ; elle couta huit cents talents et passait pour une des merveilles du monde. Les recits des Arabes en font une immense construction , de mille coudees de hauteur , quelque chose comme la tour de Babel. Ceci dit a propos du phare des Ptolemees qui donna son nom a toutes les constructions du meme genre , reconnaissons, avec Montfaucon (3) , que les tours placees a l'entree des ports , pour eclairer les navigateurs , sont de toute antiquite. La table lliaque en figure une au pro- montoire de Sigee ; et, si la table dont nous parlons date du temps des premiers empereurs , linscription de la tour elle-meme fait voir qu'elle a ete' placee la sur les indica- tions de Lesches , auteur de la petite Iliade , qui vivait dans la xxxe olympiade. De quelle sorte etaient les feux qu'on entretenait au sommet des phares ? Nous ne savons rien sur ce point. Suivant Herodien (4) , ces monuments etaient construits a peu pres comme les catafalques des funerailles , et pre- sentaient plusieurs etages eleves en retraite les uns sur les autres. C'etait la la forme du phare egyptien , et ceux qu'eleverent les Romains la reproduisirent fidelement. Ce fut notamment sur ce modele que fut eleve le phare d'Ostie , apres l'achevement des travaux que Claude fit (1) De bello civ. Ill, 112. - II j avail une villa de Phare en Laconic , une autre en Mess6nie , une troisieme dans le terriloire des Acheens : leur nom primitif n'aurait-il pas ete celui de Paros , et ne I'auraient-elles pas modiQe depuis ? Certaines lepons de Pline ( hist, nat., lib. Ill, 2l,) portent: « Pharos , Paros ante, » dans I'lllyricurn. (2) Man. decrire I'hist. ad calc. (3) Op. cit supplem. , T. IV, pag. 123. (4) Hist. . lib IV, ubi de Anlonino et Geta , 2, 15 — 136 - ex^cuter dans ce port (1). La tour reposait sur un pilotis dont un enorinn vaisseau conic a fond formait la base. On donnait a ce fanal le noin de Tyrrhiinien, en raison de sa position (2). Pline dit qu'on en voyait de semblables a Ravcnne et sur d'autres points du littoral de l'ltalie (3). Celui de Gaete fut re"pare par Antonin , suivant J. Capitolin (4). Les Romainscn elevercnt un k Apamce de Bithynie , comme le prouveun medaillon de cette colonie (5). L'ancienne demeure des Tcleboiens , comme dit Stace (6), Capree avait aussi son fanal qui, t rival de la lunc vagabonde , pretait aux pilotes incertains le secours bienfaisant de sa lumiere. » Mais celui dont le pocte parle ainsi etait de construction recente , puisque l'an- cien avait 6td renverse" par un tremblement de terre , peu de jours avant la mort de Tibere (7). Ce fut Auguste qui fit acquisition de Tile et l'echangea avec les Napoli- tains ; l'ancien pbare avait done e"te construit par des Grecs. Enfin, on voyait encore, au dix-septieme siecle, une tour du meme genre , de construction romaine, aupres de Boulogne-sur-Mer. Get ouvrage, nomme Tour d'Ordre, etait octogone et se composait de douze etages , avec autant de galeries exterieures. Sa base avait environ (t) Sueton. Claud. XX. (2) < Tandem intra I positas inclusa per n?q;uora moles , ' Tyrrhenamquc Pharon. » Ju?en. sat XII , 75. f3) Hist. nat. . lib. XXXVI , 18. (4) Anton. Pius , VIII (5J Montfauc. loc. cit. (6) • Teleboumquc domos , Irepidis ubi dnlcia uantis » l.miiiiia mil tiv.i-;r lollit pharos amola lima" • Sylvar., lib. Ill , V , 100. (7) Sof.ton. Tiber. LXXIV. — J. Lips ad Tacit. Annul., lib. IV, 67. - 137 — soixante pieds de diametre , et sa hauteur £tait de cent vingt-quatre pieds. Charlemagne y fit faire , suivant Eginhard , d'importantes reparations en 810. Les histo- riens du pays qui nous out transmis le dessin de ce monument (1), pensent , avec Montfaucon (2), que c'etait le phare construit par Caligula , pour perpetuer cette ridicule expedition contre I'Oceau , dans laquelle , apres avoir dispose les machines et les balistes sur le rivage, cet extravagant donna l'ordre a ses soldats de ramasser des coquillages et d'en remplir leurs casques et leurs vetements (3), pour les deposer , disait-il, au Capitole , comme un trophee de leur victoire. Selon d'autres , la tour elevee par Caligula aurait occupe une position tres differente. lis la placent a peu de distance de Leyde ( Lugdunum Batavorum ) , et en face de la grande Bretagne. Mais la tour dont ils parlent et qui a reellement existe en cet endroit , n'est pas seulement un phare , comme le veut le rccit de Suetone ; c'est de plus une forteresse (4). En mer, des lanternes et des torches placees, soit aux mats, soit a la poupe des navires , etaient pour ces derniers un moyen de ralliement. Les lumieres tenaient egalement lieu de pavilion pendant la nuit et servaient a distinguer le vaisseau pretorien ou commandant (5). Les matelots ne devaient pas confondre ces lumieres avec les flammes que nous appelons feux S'-Elme , et qui, apparaissant a l'extremite des mats, passaient chez les ancien?, pour etre la manifestation ou epiphanie des (1) Magas. Pittor. ann. XV, pag. 332. — J. 1. Gc£rin , Essai hittor., topogr., et statist, sur larrond. de Boulogne-sur-Mer (Boul. 1810 , in-4». ) (2) Op. cit. Suppl. , T. IV, pag. 133, pi. SO. (3) Sueton. Calig. XLVl. (4) Schildius ad Sueton. loc. cit. (5) Col. Traj. ap. Montfauc. op. cit. , T. IV. — Appjan Bell. civ. II — Scheff . de mil » Tel est le recil du poete. Nous y trouvons 1'expose fidele d'un usage antique pris a son origine meme et tel que les Arcadiens le transmirent aux Romains , tel aussi qu'il s'observa constamment a Home , a l'egard des jeunes gens et des personnes donl la mort etait prematuree. Car, il ne faut pass'y tromper, l'emploi des lumieres dan9 les funerailles ne fut d'abord qu'exceptionnel. « Quand un (J) Diod. Sic, lib IV, i3. — Apollon. Argon., lib. I, DJ5-9I8. (2) Theodorid. Syrac. in Centaur. — Hercul. et Pompei , T. VII, pag. 95, 96. — Alex. Thcr. op. Athen. XV. (3) Digestor., lib. XLV1I, Tit. IX. (4) jEneid., lib. XI, 149. — 139 — fila de famille etait mort hors de la ville, dit Polydore d'Urbin (1), les jeunes gens allai-ent sur le soir an devant du corps avec des flambeaux , ot le conduisaient au temple de Ceres ou il devait passer la nuit (2). » De plus , toutes les fois que la mort pouvait etre regardee comme prematuree , soit pour ne pas laisser long-temps dans la maison mertuaire un objet de t'uneste presage , soit qu'on desirat le soustraire a la douleur des parents, ou que la superstition s'effrayat de le rencontrer au milieu des affaires et des occupations de la journee , on accelerail la ceremonie funebre : elle devait etre terminer avant le lever du soleil. C'est pour ces motifs qu'on enterrait les petits enl'ants , au lieu de les bruler (3). Neron qu'importunait la presence du cadavre accu- sateur de Britanicus , et qui redoutait l'explosion de la douleur publique a l'occasion de ses funerailles , defendit qu'aucun discours , aucune ceremonie n'y apportat d« retard: « On devait, disait-il, se conformer aux usages antiques , et soustraire aux regards un semblable mal- heur (4). » L'usage des flambeaux dans les funerailles avait done pour origine l'heure a laquelle elles furent celebrees d'abord. Suipant Gruter(5), il rappelait en outre cette nuit funeste pendant laquelle Ceres , privee de sa fille Proserpine , courut a sa recherche a la lueur d'une (1) De Rer. inventor. VI, 10. (2) Sehvius ad Virg. Mneid. loc. cit. (3) i llomintMii , priusquam edito dente , uon cremari. • PtiN. hist. nat. , lib. VII , 16. ........ Terra claudilur infans » Et minor igne rogi. » Jdven Sat. XV, 139. — Pmjtah. Epist. suas. ad uxor . (4) « A majoribus institutum reforens, sublrahcre oculis acerba fuaera , neque laudalionibus aul porupa detinere. > Lipsius ad Tacit. Annal. lib. XIII , 17. lb) Lampas sive fax art. lib. 1, cap. 8. II. 11 — 1/jO — torcke. Dela venait, selon Lai, qu'on d^posait dans son temple le corps des jeunes gens qu'on raincnait en villi' avant de leur rendre les derniers devoirs. Mais le chan- gement d'heure n'entraina pas la suppression des flam- beaux : ilsresterent aux func'-railles, quoiqu'ou les celebrat en plein jour. De plus , lajeunesse du mort et la circon- stance d'un trepas inattendu ne furent pas toujours ne- eessaires pour motiver cet emploi des lumieres. Nous les trouvons au cortege de loute espece de morts ; les riches et les grands surlout ont leurs flambeaux et leurs trom- pettes : « Mm' tuba, i . 1 1 1 1 i i ■ i . i ■ ilit Perse (I), pour designer le trepas en general. Dans Apulee (2) , le medecin Asclepiade rencontrant un corps qu'on porte en terre et voulant le rappeler a la vie , fait eloigner la foule qui porte des torches au- tour de lui : « procul ergo faces abigerent , procul ignes amolirentur ; » et I'auteur ne dit rien qui puisse faire croirc que le mort en question ait devance l'age. Suetone (3) raconte qu'on mit le feu au lit funebre de Cesar avec les cierges qui accompagnaient son convoi. L'emploi des flambeaux n'avait-il ici d'autre cause que la mort violente du dictateur ? N'etaient-ils pas destines plutdt a augmenter leclat de ses funerailles et a faire honneur a son rang ? Au surplus , l'usage dont nous parlons fut tellement universel, que la torche funeraire, dans le langage des poetes , designa le terme de la vie et devint , en quelque fagon , le triste pendant du flambeau nuptial : « \ 1 x 1 in 11 - insignes inter utramque facem ; • dit Cornelie dans Properce (4). (i) Sat. ill , 103. (2} Florid. IV, 19. (3) « (Ledum) repente duo quidain ardenlibus cereis succenderunt » Jul. Crrsar. LXXXIV. (4) Lib IV, Eku XI , 46. — m - Permettez moi de citer encore Martial. Suivant .son habitude , il egaicra le sujet. C'est a propos dun hoinme qui enlerrait toutes les femmes qu'il epousait , et d'une femmc qui enterrait tous ses maris. « Chacun d'eux , dit-il , secouait la torche funeraire sur le lit nuptial (1): » « Effert usores Fabius, Chrestilla maritos ; » Funerearaque toris quassat uterque facem. • Certes , pour de tels epoux , la torche funeraire n'etait jamais le signe d'un trepas premature. — Notre poete aurait ete curieux de voir aux prises deux personnages aussi redoutables. Quel malheur qu'il n'ait pu etre le temoin, comme S* Jerome , del'union parfaitement assor- tie d'un homme qui en etait au vingt et unieme mariage , avec une femme qui venait d'enterrer son vingt-deuxieme mari! S' Jerome dit que la femme succomha. 11 n'ajoute pas si d'autres oserent depuis se f rotter a ce terrible epouseur. Seneque, en trois endroits , semble iolirmer nos preuves et restreindre l'emploi des torches et des flambeaux aux funerailles prematurees. (2). Mais ce qu'il en dit pourrait bien n'etre qu'une allusion aux habitudes antiques. Quand, plustard, par des motifs de haine jalouse contre les Chretiens , Julien essaya , sans 1'obtenir, de ramener le peuple a lusage des funerailles nocturnes (3), il ne faisait aucune distinction entre les differentes sortes de morts. 11 voulait que toutes les ceremonies funebres fussent celebrees le soir , et alleguait que toutes l'avaient (1) Lib. VIII , Epigr. XLI1I. (2) « Totiens praBter liiuen immaturas exsequias fax cereusque prajcessit. » Detranq. animi , cap. XI. — « Isti mihi quantulum funere absunt . ct quiiJcin acerbo, qui ad faces et cereos virunt. » Epist. CAXII. — « Istorum funera , lanquam mininuim vixerint , ad faces et cereos ducenda sunt. » De Brcvit. vita;, cap. XX , ad calc. (3^1 Amm. Marckll. lib XXII , rap 12. — 142 — ete autrefois : tuutes , a une certaioe gpoque , avaient done eu leurs flambeaux, lis s'etnient maiutenus daos les funerailles , corame une trace de 1'usage primitif , dont le souvenir se conservait encore dans le 110m de vcspillones ou vesperones doune a ceuv qui s'occupaient du transport des morts , denomination evidemment empruntee a I'heure a laquelle its exerc.aient primitive- nieut leur metier. Le mot funus lui-mOme n'a pas d'autre origine ; sa racine est funis on funale, des torches qu'on portait dans les funerailles. Cette etymologic du moins me parait etre aussi naturelle que de titer funus defungor, eomme le veulent un tres petit nombre de grammairiens. Les joncs dont la inoelle, suivant Pline (1), servait a 1'eclairage commun. etaient parliculierement employes dans les funerailles : « Scirpi. . . e quibus, detracto corlice, candehu luminibus et funcribus serviunt. > D'apres Suetone (2), c'etaient des cierges qu'on portait aux obse- ques de Cesar; et Seneque, toujours en parlant de 1'eclai- rage dans les funerailles, reunit faces et cerei (3) . On y joignait souvent des parfums qui briilaient dans des cas- solettes et des basins, independamment de ceux qu'on jetait sur le bucher (4). Nous avons eu occasion de signaler le caractere funeste qu'on attachait aux flambeaux funeraires (5). Aussi etaient- ils absolument nus»et sans ornements ; tandis que les fleurs et les rameaux do verdure donnaient un air de fete a oeux qu'on employait dans les noces. Ceux qui les avaient por- ted, de meme que la maison on le mort avait sojourn e et tous les objets qu'il avait eus a son usage, demeuraient cn- taches d'une sorte de souillure, jusqn'a ce que les purifi- (I) Uist. nat. lib. XV] , 7(> (*) J. or ril ■■: Loc. cit. ii. Propkrt. lib. IV, Eieg Ml .'. Supra . pars I , ca|». i. — 143 — cations prescrites par la loi les eus:«ent reconcilies avec les dieux (I). Tant que durait le deuil de la famille, c'est-a- dire jusqu'a ce qu'un evenement heureux vint en arreter le cours, l'interieur de la maison demeurait dans les tene- bres; on s'abstenait meme, autant que possible, d'y al- lumer du feu (2). Les porteurs de torches et de flambeaux occupaieut uu rang determine dans la pompe funebre ; ils marchaient k proximite du corps et le precedaient (3). Lorsqu'on c§tait arrive a l'endroit ou s'elevait le bucher, Tun des flambeaux, servait a y mettre le feu, comme clans Virgile (4) : « Et subjectum , more parentuiu , • Aversi lenuere facem. » C'etait I'heritier meme du defunt ou son plus procbe parent qui remplissait ce dernier devoir ; les autres parents et les amis qui etaient invites & laider dans cette cir*~ constance, s'en faisaient un honneur. C/est ainsi que , aux funerailles d'Auguste, le senat, voulant flatter l*ar- mee , ordonna que les Centurions meltraient le feu au bucher conjointement avec Tibere (5). (1) CiciiB. de legib. II , 22. — Festus, de verb, signif. ad verb. aqua. (2) « Oppresso igne, lucernis exlinctis. » ivn. Philarg ad Virg. JEneid IV, ad Juv. sat. Ill ; id. in Schedulu. — Diod. Sic. lib. XVII. (3J Sueton. Jul. Cas. LXXX1V. — Senec. de tranq. animi , cap. XI. — Serv. ad Mneid. Xrf , 142 , et VI , 224 . (4) JEneid. lib. "VI , 224. — Subjeclis ignibus alris » C.onditur in lenphra'. allum caligine coelum. » sEneid. lib. XI , I8(i. (5) Herodian IV, Anton. — Mid — < unliaiiTinent u La loi des \n tallies, uu petit noinbrc de families avaient conserve pendant quelque temps, et par privilege honorifique, le droit de funerailles dans la villc. Leurs descendants , en rentrant de fait dans la condition commune , se maintinrent en possession d'un semblant tie sepulture interieure. Quand l'un d'eux mou- rait , avant de porter le corps hors de la cite pour lc bruler , on l'arretait sur le forum , et Ion feignait d'y mettre le feu. en passant, sous le lit funebre une torcbe ardente ; apres quoi , le cortege reprenait sa marche pour acbever les funerailles au dehors (1). Les flambeaux , les flutes et les trompettes, le biicher et tout le materiel necessaire aux funerailles etait pre- pare et fourni par ces hommes que nous avons appeles vespillones. On les nommait encore libitinarii et san- dapilarii. Mais le libitinarius etait plutot 1'entrepreneur meme des pompes funebres , comme on le voit dans Petrone (2). 11 tenait boutique dans le temple de Venus I Jbitine ; c'est la qu'il exploitait la douleur des citoyens et qu'il s'engraissait de leurs larmes. Comme Petrone , Plutarque (3) parle d'un bomme qui s'enrichissait a ce metier, et Seneque (4) nous apprend qu'ii Athenes un autre avait etc contraint de rendre gorge et d'expier dans la miserc les gains illicites que ses exactions lui avaient procures. Nous avons vu la joie des princes prendre un carac- terc public et s'etendre a la cite , a I'empire meme. Soit qu'on les regrettat reellemeut , soit que la crainte et Tabulation se melassent aux sentiments provoques par leur mort , le deuil quelle occasionnait devcnait egalement general. Nous voyons , par exemple , dans Tacite (b), !\) Plot. Public. \M!I ; Quest, rom. CXL, — Ovid fast. lib. II, (2) Salyric. WXVIII. 3) Phnr l.l. t) De Bene fie. VI . 58 , tonal HI " — 145 — les peuples bruler sur le passage de Gennanicus mort, des parfums et d'autres offrandes funeraires : « Odores aliaque funerum solemnia cremabant. » A defaut de details plus circonstancies au sujet d'exemples plus anciens , nous citerions volontiers les funerailles de Constantin, celles de Pulcherie, fille de Theodose le Grand, celles de Justinien enfin , dont la relation est consignee dans les ecrivains du temps. Mais nous sortirions du pa- ganisme, et ce serait faire Phistoire des usages et des ceremonies de l'Eglise chretienne au moyen-age. Justinien lui-meme , en reglant la pompe des funerailles dans une de ses novelles (1), a fait invasion dans le domaine ecclesiastique , et ses reglements sont ceux d'un tiveque plutot que dun empereur. Veuillez toutefois reniarquer, a propos de Justinien , combien la sepulture chretienne avait emprunte a celle du paganisme : « Thura Sabaea cremanl , flagrantia mella locatis ■ Infunduat pateris , et odoro balsama succo , o Maestaque funereas acccndunt agmina ceras. » Ceci est extrait de Corippus (2), le poete biographe de Justinien \ c'est le recit des funerailles de cet empereur. Ne croiriez-vous pas relire Tacite que je citais lout a l'heure, et n'est-il pas evident que bien peu de change- ments avaient ete introduits dans les usages futniraires ? Parmi les ornements des monuments funebres , il en est ou Ton a cru retrouver un souvenir eloigne des pompes dont nous parlous Mais , nous l'avous dit, il ne faut jamais se presser de faire des applications de ce genre. Tel attribut, remarquc dans une ceuvre d'art, pent n'etre autre chose qu'un motif banal d'ornernentation , dont I'emploi a eu pour ^unique raison le caprice de I'artiste , ou des exigences etrangeres a 1'objet meme du (l; Autli. Coll. V, Tit. \i\ , V. veil I. IX (2) Op. cil. — i &6 — monument 5 pretendre I expliquer et le raltacher toujour* a cet objet . c'est risquer de donner un sens a ce qui n'en a pas. Nous no passerons done en revue ni les sculptures des eippes et des autels funeraires (1), ni celles des columbarium et des urnes destia&s a recevoir les restes des morts (2j, ni les peintures parfois si brillantes qui revetent les parois exterieures des sepultures (3), pour signaler les candelabres et les flambeaux qui y figurent. Nous ne nierons pas cependaut que ces attributs n'y soient tres frequents ; nous avons d'ailleurs signale la valeur symbolique qu'on doit quelquefois leur donner (4). Non contents de faire servir les lurnieres k la pompe des funerailles, les Romains allumaient encore des lampes dans les tombeanx et jusque dans la ton.be elle-meme qui renfermait les restes du mort. Nous avons une preuve du premier usage dans le conte inimitable de Petrone, la Matrone d'Ephese. Une servanle lidele avait accom- pagne dans sa retraite la veuve inconsolable, et ranimait la lampe placee sur le cercueil, toutes les fois quelle etait prete a s'eteindre (5) : a Ancilla. . . . quoties defecerat, positum in monimento lumen renovabat. » Une inscription trouvee a Salerne fait foi du meme usage (6). (t) Sepult. d'Ademptus : n" 213 du Musee Napol. (2) Montfauc. ant. expl. T. II , pi. G7 ; T. V, pi. 16, 39, 40, 44, 47, 58, 78, 131 (3) Pibanesi , anliq. Rom. T. HI , tav. 44. (4) Supra, pars II , cap. IV. (5) Satyric. CXI. La Fontaine qui a traite le memo sujel m'a loujours paru tres loin de l'original. (6) ■ Have. Seplima. sit. tibi Terra, levis. i|vi.sij. Mvir. ivtnvlo. posvit Ardenle . Ivcernam llliv* cineres. avrea Terra, legal » Montfaui , ant.txpl. I V, pari. II., — 147 — Knftn nous le retrouvons dans le testament de Noevia, rapporte par Gruter (1). Cette fennne donne la liberte a son esclave et a deux de ses femmes, a la charge de re- nouveler chaque raois la lampe de son tombeau et de celebrer l'aiiniversaire de sa raort. — De quelle maniere celebrait-on cet anniversaire ? Suetone va nous l'appren- dre. — L'historien raconte le sejour que fit Auguste, peu de temps avant sa mort, dans Pile de Capree (2). « II y avait, dit-il, un an que Masgaba, l'un des favoris du prince, qu'il appelait le fondateur , etait mort; Auguste, voyant de la salle a manger ou il etait une foule immense se porter vers sa tombe avec des flambeaux, pronomja ce vers : • Je vois du fondateur le tombeau tout en leu ; » puis il ajouta cet autre : c Voyez-vous Masgaba de flambeaux bonore ? • Ces flambeaux figuraient certain ement aussi parmi les offrandes dont on entourait les tombeaux chaque annee, vers le milieu de fevrier, dans les fetes appelees feralia (3). La quantite de lampes sepulcrales trouvees dans les fouilles qui furent pratiquees sous Paul III et depuis , demontre surabondamment qu'on plagait egalement, comme nous l'avons dit, des lampes a l'interieur des tombes. La plupart de celles qu'on a recueillies et qui paraissent avoir eu cette destination sont tetragones et n'ont point d'anse (4). Ce dernier caractere sert notam- l'l) » Servus meus , et Kulychia , et Irene ancillaa mea?, oinnes sub bac conditione liberi sunlo , ut monumento altemis men- sibu9 lucernam aecendant , et solemnia mortis peragant. * De jure man. lib. II , cap. XI. (2) « Hujus Masgaba? , ante annum deftmeli , tuiuulum ex tri- clinio animadvertisset magna lurba , miillisque luminibus l're- quentari , etc » Oct. iug. XCVI1I , ed. Panckoucke. (3) Otid. Fastnr. lib, II , 533 et seq . — liosi* intiq. Bom. lib. IV, p. 1ST. (4) Hercul el Pompei , T. VIII , ser. Ill . pi. 33 el 48 — U8 — ment a distingaer dans les lampes ornees de sujets relatifs aux jeux et aux combats, cclles qui ont ett^ employees aux sepultures. Vous savez en efTet que les combats de gladia- teurs faisaient, avec d'autres jeux, partie integrante des ceremonies funebres. Ces jeux passaient pour etre agreables aux morts, et les particuliers imposaient par testament a leurs beritiers l'obligation d'en donner (1). Ceux qui n'a- vaient pas le moyen de procurer aux morts cet agrement, faisaient comme dans les sacrifices, ou, dit Servius (2), la fiction tenait parfois lieu de la realite, et ou tous les objets qu'on ne pouvait avoir en substance etaient du moins representes. On voit encore sur les lampes sepulcrales d'autres sujets qui ont un rapport plus evident avec les funerailles : en fait de realites, c'est un mort qu'on porte en terre (3), ce sont les diverses ceremonies des obsequcs et le passage du Styx (4), c'est un sepulcre entre deux cypres (5); en fait de symbolique, ce sont des guirlandes d'ache et de myrte, c'est la representation du sommeil (6), c'est un autel eteint et des faisceaux renverses (7), c'est Pegase enfin (8), cctte monture sans laquelle, comme dit Platon (9), les ames ne peuvent s'elancer vers l'Olympe. Ces lampes sont generalement de terre cuite. Mais on en a trouve de metal etmeme de verre (10). (l) Hobat. Sat. lib. 11 , 111 , 85. — Pbks. Sat. VI , in 2) All Virg. sEneid. lib IV, ,r,l2. '3) Montfauc. Ant. expl T. V, part. II , pi. 202. (4) Op cit. pi. 203 , 204. (M Op. cit. pi. 202, 204. (6 Op. cit. pi. 202. (7) Hercvl. et Potnpei, loc cit pi. 33. (8) Loc. cit. (9) Phedre. Hi Tombeau de T. Flavius Maximus , chef ag. 208 et seq. (4) Numa avait confie le soin des funerailles aus pontiles : Plutarch. Numa, XX ; - T. Liv. histor. lib. 1. Les latins uom- maient les temples , loca sacra : les tombeaux , loca relit/iosa ; les manes , dii sacri , dii i>atrii. (6) Epist. \(;IX. — On liisaitjusta face re , Justu solvere , pcr- ayere , etc. ; toutes expressions qui Iraduisent des equivalents de la langue grecque. — 150 — dont les portraits tapissaient l'interieur des malsons, el d'en faire l'orgueil des families; mais on prononcait lew eloge en public ; I), on celt'-brait des jeux en leur honneur (2), le leirislateur etait oblige de mettre des bornes au luxe des sepultures et a l'eclat des ceivmonies funebres. Non seulement les morts, aux yeux de tons , etaient sensibles aux temoignages de douleur qu'on manifestait de les avoir perdus , mais Hs savaient ce qui se passait chez les vivants et s'y iuteressaienl ; les manes devenaient des divinites , on les consultait, leur nom figurait dans toutes les invocations , on leur offrait des sacrifices (3), le tombeau uta.it un temple qui avait ses autels et ses pretres. Pourquoi meme briilait-on generalement les morts ' C'etait bien , peut-etre, comme le dit Ciceron (4), parce que le feu est le principe de toutes choses et qu'on voulait y ramener ce qui en etait sorti; mais on en donnait encore d'autres raisous : soit que , suivant le sentiment de Ser- vius (5), le feu en montant vers le ciel pariit tres propre a y porter la partie spirituelle de notre etre 5 soit que, suivant Quintilien (6) , le feu purifiant ce qu'on lui confie , lame en sortit libre de tout ce qu'il y avait de terrestre autour d'elle , et prit son essor vers les regions pour lesquelles elle etait nee, ce que siguifiait parfois dune maniere plus claire encore l'apotheose ou conse- cration. Tout, dans ces honneurs , a part ce qu'ils out d'excessif , proclame hautement que I'homme , comme disait Socrate (7), ce n'est pasle corps, et - 15ft — M. Bazin , professe*!* au m6me lycec , elu rremluc correspondanl , annonce la prochaine communication de Iravaux sur une £popus ay Wis — 163 — trouve eel artiste. — Le vilrail, expose a rarchev6che\ est le deuxieme essai de peinlure sur verre lenle a Reims depuis quelques annees. M. Delrey , ingenieur , encourage par noire regrelte confrere, M, I'abbe Nan- quelle , a le premier execute pour Teglise de Sainl- Maurjre deux verrieres de petite dimension, recomman- dables par plusieurs qualil6s precieuses, la Iranslucidile sans Iransparence , la richesse des tons, la disposition descouleurs; mois laissanl cependant a desirer. En outre, M. Delrey, absent de Reims pour onglcmps peut-filre, ne se propose pas de se livrer exclusivement a l'art dc la peinlure sur verrc , qui n'csl pourlui, pour ainsi dire, qu'une distraction. Le vilrail que Ton expose aujourd'hui est remar- quable d'abord par ses dimensions; il a pres de buit melres de superficie , ceux de M. Delrey en on I a peine trois. II esl remarquable ensuite par son style; car ses auteurs ont voulu reproduire le xvie siecle avec la perfection de son dessin , la richesse de son colon's , les details infinis et compliques de son or- nemenlalion et de son architecture, lis se sont des l'abord allaques aux difficult^ les plus s6rieuses. lis avaienl a combiner el a faire cadrer harmonieuse- menl ensemble trois personnages , une vierge , un 6veque,un abb6,chacun avec leur pose, leurs draperies, leur costume, qu'il fallail accommoder aux exigences archeologiques de l'6poque ; aux n6cessit6s de la pein- lure sur verre , soit pour Tagencemenl des couleurs , les caprices des decoupures de la fenetre , Imposi- tion, le jour , etc. elc. — Enlreprise incomparablement plus difficile que d'imiter un vilrail du xme siecle , ou on ne lienl presque aucun comple de la forme , du dessin , de la couleur mc^me des objets ; — on on ne — 16/i — se preoccupe que du soin de prod u ire un be! ensem- ble, dut-on pour cela faire des rheveux vert pontine, un rhi'val violet ou jaune orange , comme on en voit plusieurs exemples a la cathedrale el a S'-Remi. Les artistes qui ont lenl6 celle enlreprise el brave- menl affront ces dangers', ne sonl pas celle fois des ing6nieurs ; c'e.vl d'abbrd un simple ouvrier vilricr el peinlre en bAtimenI , M. Ladan , que M. le Cur6 de S'-Remi occupait . pour lui donner de Pouvrage dans le p6nible hiver de 1 846-1847 , a raccorder el a com- pleter les bordures de ses vilraux du xue siecle , moyen- nant un salaire de 1 fr. 50 c. par jour. Le succes de passa loutes les esperances ; Phumble vilrier com[)ril la peinlure sur verre , il Paima , il se passionna pour el!e ; el, apr6s quelques essais , il imila si par- failemenl non-seulement les bordures , mais les fonds de mosaique tr6s compliqu6s qu'il trouva dans P6glise de S'-Remi , qu'il est vraimenl impossible , au pre- mier aspect , de distinguer les raccords et d'indiquer dans un vilrail ce qui est ancien etcequi est nouveau. En 1849, M. Ladan voulul voler de ses propres afles; il til pour S'-Germain-Mont ( paroisse des Ardennes , dans le canton d'Asfeld ) , de \\ verrieres dans le style du xme siecle , el reussit. Avec lui, el Paidanl de sou talenl comme dessina- leur et comme peinlre , e'est un artiste du pays , que plusieurs d'enlre vous (onnaissenl , qu'ils ain.enl a encourager de leurs eloges a chacune des exposi- tions de noire Soci6le des Amis des arts , el devant qui se sonl inOme plusieurs fois ouvertes les porles du Louvre, soil pour de bons portraits, d'hil6res- santis compositions , ou de remarquables sculptures. — Vous nPavez devin6 ; je parle de .VI. Reve. — 105 — Vous reconnailrez , comme moi , je I'espere , qu'il n'appartienl a personne plus qu'a I'Academie do tendrc la main a ces hommes do coeur, de les aider, el si vous reconnaissez qu'ils peuvenl reussir dans leur tentative , de les encourager, de los soutenir. Voire coinpagnie a ele fondee. MM., pour favoriser I'elude de nos anciens monuments, et voire programme de concours annuel est la pour dire que vous rem- plissez voire Idche Mais s'il esl beau de decrire nos chefs-d'oeuvre , n'est-il pas aussi beau de le« repro- duce? Accueillous lememoire , la monographie , le dessin, le livre qui nous expliquera noire ville, noire cathedrale, noire S'-Remi; donnons lui une place dans nos archives, une place dans nos bibliotheques, dans nos musees. Mais accueillons, recompensonsmieux encore, s'il est possible , l'arlisle qui , sans decrire les fenfires de la calhedrale el de S'-Remi , saura les imiler , les completer, en ajouler de nouvelles ; sauver Sainl- Jacques du deshonneur, el donner a cetle gracieuse chapelle de Saint-Thomas, qui s'eleve aujourd'hui si svelte, »i elegante, si pure aupres de la calhedrale sa mere , plus vieille qu'elle de six siecles , une parure et un diadfime qui soienl dignes de sa beaute. Et cerles , vous le direz avec moi , si ces chefs- d'oeuvre viennenl d'un artiste remois , s'ils soul nes sur noire sol , ils auront pour nous un merilo de plus. Je demande done que I'Academie nomine une com- mission qui lui fasse un rapport sur le vilrail de MM. Ladan ct Reve , et , s'il y a lieu , leur decerne une medaille d'encouragement (l). (l) Lne commission composee de MM. Robillaid, Maqtiart el Touineur ful imiu6dialement nominee ; et dans la seance sui- vanle du 28 juin , I'-Vcademie ado| lant a la presque unanimite les conclusions longuement molivees de la commission •* decerne une medaille d'argent a cliacnn des deux artistes. lfifi LecAure converlissant en jardin et en verger Quant » aux notions de technologie qui se ratlachent » d'une part a Thisloire naturelle , aux notions » de physique et de chimie , de l'aulre au dessin H. 13 — 170 — « lineaire ; tout en donnant aux eleves une juste » idee de ('importance sociale des arts el metiers , » de ce qu'ils ont d'honorable el de profitable lor*- » qu'ils sont exerces avec habilete et probile, elles » doivenl les disposer a renoucer a des pratiques » vieiilies et les rcndre favorables aux progres de » finduslrie ; elles ont de plus favanlage , en evcil- » lant et en developpant les dispositions des eofants . » de leur donner la conscience de leur vocation , de » l'art ou metier pour lequel la nature les a le mieux » doues. » Voila, dans un style fort erobarrasse , des idees attrayantes au point de vue de la theorie el evi- demment inspirees par l'amonr de I'enfance et du bien public : mais de quelle application sont-ellcs suscepli- bles? Depuis 17 annees, en France , avec d'enormes depenses , on est a peine parvenu a doter chaque commune d'une maison d'ecole et a y eHablir un in- stiluleur, en le pourvoyant d'un logement ,d'un Irai- lement fixe de 200 fr. el d'un petit carre de terre : il y a encore une foule d'int6rets en souflrance sous ce rapport. Qu'imporle ! Transformons chaque ecole elemenlaire qui exisle, en 6colc supe>ieure ; atla- chons-y plusieurs maftres pour remplir le programme propose ; plantons des arbres , formons des vergers ; au lieu de reduire le nombre des 6coles norma- les , augmenlons-le ; ou lieu de reslreindre les limites de 1'enseignement dans ces elablissements , reculons-les et preparons d6sormais des professeurs plutdt que des inslituteurs pour I'enfance : el puis nous reglerons nos (omples. L'or de la France ne suffirait pas a couvrir les frais, y ajouta-t-on Tor de la Californie. Ce n'est pas tout encore, M. Goguel emel le vceu qu'a chaque ecole intellecluelle soit annexee une — 171 — ecole de travail maiuiel , pour d6velopper les force* de I'enfanl el lui procurer les premieres habitudes relatives a l'elat qu'il embrassera un jour. Autre vue non moins bienveillante que la precdsdenle, mais aussi non moins irr6alisable stir une grande ecbelle. MAISONS d'oRPHELINS. REFUGES. La troisieme partie conlient sur les maisons dor- phelins et sur les maisons de refuge , sur la reparti- tion des enfants dans ces asiles , sur les precautions a prendre pour ^carter non seulement les raauvais exempies , mais jusqu'au souvenir du vice , des ob- servations Ires judicieuses et ou respire l'amour de 1'humanile, mais ou Ton ne rencontre rien desaillanl ou de neuf, rien qui ne soit lombe depuis longtemps dans le domaine public. ECOLES PENITENTIA1HES. « L'auleur s'applique , en determinant le but des ecoles penilentiaires , a poser les bases d'un regle- ment a 1'usage de ces 6coles : il s'appuye sur deux priucipes egalemenl incontestables : 1° Que I'esprit de famille preside a la tenue et au regime interieur ; "2° Que la masse soil divisee le plus possible , et que chaque section, groupe ou famille , ait son quartier et ses mailres particuliers. II prend pour modele l'6cole penilentiaire de Brechllen , pres de Berne , ou do remarquables succ6s ont et6 oblenus deja. ECOLES DE F1LLES. Enfin , dans la cinquierae partie , pour n'omettre aucun des points principaux de son sujet , il s'occupe de l'&Iucation des filles, sans enlrer dans de grands — 172 — details , sans avancer aucune id6e de quelque im- porlance. II impose aux filles comme aux garcons I'obligalioi) de frequenter les ecolcs , et de nouveau il a tort , a notrc avis. II veut que les sexes soienl separes dans toule ecole communale , quaupres de chaque ecole de lilies soil elabli un ouvroir pour les trnvaux d'aiguille , ce qui est admis en principe par tout le monde et en tout lieu depuis loDgtemps. Tel est en substance le travail (|ue vous a adresse M. le principal du college de Bouxwilleis : si on n'y trouve pas de ces donnees qui jcllenl du jour sur une question difficile et offrent a la pratique des voies nouvelles , des procedes nouveaux ; si lc point de vue administratis proprement dit, celui des voies el moycns , est beaucoup trop neglige , c'est du moins un resume exact des notions generates qui serai ta- chent au sujet. On n'y apprend rien sur reducalion des enfanls apparlentint aux classes pauvres, mais on y voil reproduils les principes qui peuvenl en effet servir a regler la matiere. Le style est correct , aboiidanl , un peu mono- lone , un peu froid. La composition esl concue dan* un bon esprit. 11 n'y a pas une ligne oil ne se monlrent, nous ne dirons pas, la charite, d'ordinaire plus chaleureuse et plus vive , mais la philanthro- pic , l'amour du bien public. Nous exprimons un vccu , en terminanl : c'est que l'Academie regoivc frequemmenl , de la part de ses membres correspondanls , des communications aussi serieuses que celle donl nous venonsde l'entretenir. REIMS. — IMP. HF. I'. REGNIER. SE/VNCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ANKSE 1849-1850. S" 20, 21 k 22. Seance du '«* Julu I850. PRESIDEMIE DE M. ROBILLARD. Elaient presents : MM. Bandeville , L. Fanart , Querry, Gobel, J. -J. Maquart, V. Tourneur , F. Henriol-Delamolte, L.-H. Midoc, Lechat, J. Sornin, De Leutre, Pierret , Briere-Valigny, E. Maumene, Loriquet , Masse et Chevilliet , membres titulaires; Et M. Duchesne , membre correspondant. CORRESPONDANCE MANUSCRITE. M. Chambert , docleur en medecine a Laon , remercie l'Academie du tilre de membre corres- pondant qui lui a etc confere, el fait hommage d'un travail sur Ids effels de I'elher. ill - 17/i — M. L'Epaule, peinlrc a Parii, offre de semblables remercimenls a la Compagnie, et envoie , a litre d'hommage, un tableau represcntant une Ifite d'ange. — Le secretaire general est charge d'exprimer a M. L'Epaule] la reconnaissance de I'Academic. M. le ministre de ('instruction publiquc accuse reception des exemplaires des Seances et travaux de C Academic, destines aux Societes savantes. Le mCme ministie annonce a lAcademie une allocation de 300 francs a litre d'indcmnile. M . le chevalier Lebidarl de Thumaide, secretaire- general de la Sociele d'cmulation de Liege,, fait hommag-' a la Compagnie de deux ouvrages con- cernant la legislation Beige. La Society cenlralc d'agriculture, sciences et arts du departeme'nt du Nord , adresse un bon pour relirer le volume de ses memoires pour les annees 1848-1849. M. de Caumont, au uom de l'lnslilut des provinces, invite la Compagnie aux reunions academiques el aux fetes qui auronl lieu a Lisieux dans le mois de juin. La Sociele des anliquaires de Normandie annonce 1'envoi du tome xvu de ses memoires. COI! K KSPONDA NCE I M PUIMKE . Resume des travaux de la Sociele induslrielle d'A ngers, par M. Guillory aine. Sociele d'agriculture, du commerce , des sciences et arts de Boulogne-sur-fner , seance semesirielle du 23 mars 1850. Discours lu a la seance publiquc' de. la Society d'agriculture du d'Aparlemrnt de la Marne, par M. L. Perrier. — 175 — Bulletin tie la Sociele' des antiquaires de Picardie, annce 1850 , n° I. Journal de la Sociele d'agricidture du department des Ardennes, mai 1850. Exlrait des travaux de la Sociele centrole d'agri- culture du departement de la Seine- In ferieure , table () fr. a M. Chevalier. Ces conclusions soul adoptees. LKCTDRES KT COMMUNICATIONS. M. Lechat fail un rapport sur des experiences relatives a la determination de la vilesse de la lu- miere, experiences dues a MM. Fizcau el Breguel, el M. Foucaull. M. Landouzy, au nom de M. Charlier, et pour prendre date, communique a I'AcadGmie un nouveau procede operaloire pour la caslralion des vaches. « Ce procede consisle a inciser la paroi du con- » duil valvo-ulerin, pres de I'orifice de Tulerus. » On arrive ainsi a saisir facilemenl les ovaires » el a les exlrairc en lolalile , ou a les lier , ou » a les broyer, ou a les lordre. M. Charlier donne n jusqu'a present la preference a Tcxlirpalion com- » plele. » Celle nouvelle methode , ajoule M. Landouzy, » a deja el6 praliquee six fois depuis un mois par » M. Charlier, avec les r6sullats les plus salisfaisanls ; » elle est plus facile que I'ancienne, qui obligeail » a ouvrir les parois abdominales dans une assez » grande etendue ; elle cause Ires pen de douleur » a l'animal , et mel a I'abri des hemorrhagics et » de la peritonite qui venaicnt souvent compli(|iier » I'operalion par Tancien mode. » M . Maumene fait connailre a I'Academie la Iroi- sieme el derniere parlie de son Iravail sur les eaux de Reims. 179 — K£-.l !(<-•» (Ill %% •IlllllOt '?IA50. PRESIDESCe DE II. DUBOIS ff. Etaient presents : MM. Saubinet , Robillard , Bandeville, L. Fanart, H. Landouzy, Querry , Gobet, Duquenelle , F. Pinon , Ern. Arnould , F. Henriot- Deiamolte, L -H. Midoc, Lcchat, A.Henrot, J.Sornin, De Leutre, Pierret, Forneron , E. Maumene, Masse et Chevilliet, membres litulaires. CORRESPONDANCE MANUSCRITE. M. E. Taillefer, censeur des etudes au lycee de Reims , remercie I'Academie de lui avoir confere le litre de membre correspondiini. M. Edom, recteur honoraire , ancien membre lilulaire de I'Academie, el nomme recemmenl membre honoraire, adresse a la Compagnie ses remerciments. CORRESPONDANCE 1MPRIMBE. Comptes-rendus hebdomadaires des seances de V Aca- demic des sciences , tome xxx, n° 25. — Tome xxi, nos 1 el 2. Annalesde la Societe royale Academique de Nanles, 8e vol. de la 2C serie , annee 1847. Bulletin de la Socie'ii d' agriculture, sciences el arts — 180 — de la Sarthe , 4° trimcslre 1849. 2* serk* , 1" se- meslre 1850. Journal de la SociHe d/agriculture du department des Ardennes, 7' annee, n° 6. Societd archeologique de Beziers , stance publique de 1850. Table generate el analytique des vingt volumes formanl la 1" serie du bulletin de la Sociele in- duslrielle d'Angers, 1830 — 1850. Annates de la Sociele iconomique du dtpartement des Landes , lcr Irimestre 1850. Comple-rendu des travaux de la Societi d'agricul- lure de I'arrondissemenl de Grenoble , pendant Tannee 1849. Bulletin n° 16. Becueil des acles de I'Acadimie de Bordeaux , 10" annee, 4e trimestre 1848. Cinq numeros du journal la Paix ( aoiil 1849 J, publie aTroyes, renfermant la biographie d'Amadis Jamyn , poete cbampenois du xvie siecle, par M. Etienne Georges. Annuaire de la Sociele des antiquaires de France pour 1850. Le Dimanche , ou bonheur que procure la snnc- tification de ce saint jour, par M. L.-F. Guerin , redacteur en chef du Memorial catholique. Notrc-Dame de 1't.pine , par le m6me. Le seul moyen de sortir des difficulty presentes , par le m6me. De la separation des deux puissances , par le meme. — Ces deux dernieres brochures sont renvoyees a l'examen de M. Querry. — 181 — RAPPORTS. MM. Bandeville et Landouzy font des rapports au nom des commissions nominees: rpour examiner les memoires envoyes au concours; 2° pour proposer a. I'Academie les questions qui doivenl faire Tobjel du concours de 1851 et des annees suivanles Les prix et les medailles a decerner et le pro- gramme du concours de 1851 sont arrgtes par la Compagnie. — 182 - Lecture nt modifie chacaD do leur c6l<5 la melhode dc M. Arago , de facon a ce qu'elle mendl a des requitals observables. Les deux melhodes ne different pas esscnlielle- menl I'une de Laulre ; aussi, pour faire comprendre ce genre d'experiences , j'enlrerai dans quclques details sur I'appareil employe par M. Foucaull , (jui I 'a decrit dans la seance de l'Academie des sciences dn G mai. Ccl appareil se compose d'un petil miroir plan vertical , porle par une lige verticale et d'un mi- roir spberique concave de deux metres de rayon , dispose1 de facon a ce que l'axe de ce miroir soil perpendiculaire a la lige verticale du miroir plan, el a ce que son centre se trouve sur le miroir plan. La lige du miroir plan peut elre mise en mouvement par le moyen d'une petite turbine a vapeur , el le miroir tourne ainsi sur lui-m6me avec une certaine vilesse. Dans ces conditions, si, a l'aide d'un helioslat, on fail a r river par une ouverture elroite sur le mi- roir plan un faisceau de lumiere horizontal pro- venanl soil de la lumiere solaire , soil de la lumiere eleelrique, ce faisceau sera reflechi; et , si le mi- roir tourne, le faisceau apres sa reflexion se diri- gera successivemenl vers les divers points de I'espace. Mais , pendant tout le temps que le faisceau par- courra la surface du miroir spberique, il sera reflechi de nouveau , renvoye vers le miroir plan , et, dela , du edit1 de I'ouverture. Si la vilesse de la lumiere est telle que , pendant le lemps qu'elle met a parcourir la distance de — 185 — quatre metres du miroir plan au miroir spherique, puis du miroir spherique au miroir plan , celui-ci n'ail pas sensiblement tourne , le faisceau dans son re- tour viendra former une image de I'ouverture qui coi'ncidera avec celte ouverturc , mais qu'on pourra deplacer legerement en inlerposanl enlre I'ouverlure el le miroir plan une plaque de glace a faces bien poralle'es. Or, lant que la vitesse de rotation du miroir est faible, l'image de I'ouverture n'apparail que quand le faisceau reflechi tombe sur le miroir concave ; pour une vitesse plus grande, les appari- tions de cetle image etanl tres frequenlcs , font sur Tceil une impression continue , et celte image occupe loujours sensiblement la position qu'elle aurail si le miroir ne tournail pas. Quand enfin la vitesse devient Ires grande, l'image eprouve un deplacement Ires sensible. Voici a quoi tient ce deplacement : pendant que la lumiere parcourt l'espace du miroir mobile au miroir spherique, puis du miroir spherique au mi- roir mobile , celui-ci a tourne d'un certain angle , el alors, ainsi qu'on le demonlre en physique, les rayons dans leur relour , au lieu de suivre la di- rection qu'ils avaient dans le trajel de I'ouverlure au miroir mobile, font avec celle direction un angle double de celui qu'a decril le miroir. A cause de ce changement de direction , l'image de I'ouverlure se trouve deplacee dans le sens tie la rotation du miroir. En mesuranl le deplacement de celte image et le ri ombre de lours que fait le miroir par seconde , on a un moyen de c;ilculer le temps que la lumiere - 180 — met a parcourir dans l'air la double distance des deux miroirs, c'esl-a dire, qualre metres. Car, d'apres co deplacement , on calcule par un n.oyen geome- trique la deviation des rayons, et par suite, Tangle dont on a lourne lc miroir pendant le double trajet. Or, au moyen du nombre de lours qu'il fail en 1", on saura le temps necessaire pour qu'il de- crive cet angle , par suite , le temps employe par la lumiere a parcourir dans l'air la longueur de qua Ire metres. Dans I'appareil de M. Foucault , on comptc le nombre de tours que fail le mroir en 1" , en d6- lerminant le nombre des vibrations , correspondant au son que produil la turbine. Dans d'aulres ap- pareils, on a adaple a la lige du miroir un compteur parliculier. Avec une vilesse de rotation du miroir de 800 tours par seconde , le deplaccment de I'image de Touverlure est (res sensible. Mais on peul porter celte vilesse jusqu'a 2,000 lours par seconde , et alors, a Taide d'un oculaire, mis en mouvemenl par une \is micromelrique , on mcsure , avec une ires grande approximation , le deplaccment de I'image. La modification qu'il fa u I faire subir a cet appareil pour le rendre propre a la determination de la vilesse de la lumiere dans l'eau est Ires simple. 11 sullil d'inlerposcr entre les deux miroirs un lube de forme conique , ferme a ses deux cxlremiles par des plaques Ires minces de glace a faces paralleles el rempli d'eau. Dans I'appareil de M. Foucaull , ce lube rst long de 1"' 50c. La lumiere, dans le double liajet, parcourt alors 1'" d'air et 3m d'eau. — 187 — La mesure du deplacemenl de l'image de I' Oliver* ture dans ces circonslances donne le moyen d'oblenir la vilesse de la lumiere dans l'eau. On Irouve ainsi que la lumiere se propage raoins vile dans l'eau que dans 1'air. S'il ne s'agissail que d'arriver a celte conclusion , on le ferait d'une maniere simple , en disposanl le tube plein d'eau de fa§on a ce qu'une parlie du faisceau reflechi sur le miroir mobile , dans le double trajet , passdl dans l'eau , landis qu'une autre partie reste dans l'air. Avec celte disposition , on a deux images deplacees de l'ouverlure , I'une provenant des rayons qui ont traverse l'eau , I'aulre des rayons qui sont resles dans l'air , et le deplacea'.enl de la premiere est plus grand que celui de I'aulre ; ce qui fail voir que la vilesse de la lumiere est moindre dans l'eau que dans l'air. Les experiences de M. Foucault et celles de MM. Fizeau el Breguet, dont le resullal a ele annonce dans la seance de l'Academie des sciences du 17 juin. s'accordent a monlrer que la vilesse de la lumiere est moindre dans l'eau que dans l'air , el sont ainsi en contradiction complete avec I'hypolbese de remis- sion , tandis qu'elles appuient I'hypolbese des ondu- lations. — 188 — R EV UE H KTR0SPF.CT1 VE. roinniunicalioii tie M. Lienaid , Ml MUM t.ORHBSPONDANT. NOTICE SUR Ll< FAMM MINKKV.E . Pres du village dc La Cheppe et de la voie romaine qui conduit de Reims a Bar-le-Duc, a 3 lieues 1/2 de poste N.-E. de Chalons , Ton voit les boule- vards d'une ancienne cite gauloise nommee Fanum Minerva , du temps des Romains ; Viel-Chaalon2l , 1558 el 1601 , (juelques-uns crurenl reconnailre , dans ces boulevards, les resles d'un can p d'Attila: quoique le premier de ces hislorieus dise que la balaille de i;">i eullieu: in Mauriacensi campania; le second, convenitur in compos Latalaunicos qui el Mauriaci nominanlur; el le Iroisieme : ubi Mauriacua campus iribus lends Calalauno abest. Ces Irois auteurs sonl bien posilifs. La balaille s'esl donnee dans les plaines de Mairy , dans les champs cutalauniens, el Isidore de Seville assure qu'elle a eu lieu dans les m£me plaines de Mairy ; a Irois lieues de ChaMons. Or, precisemenl a Irois lieues jusle de Ch.llons , el a une lieue de Mairy- sur-Maine, on a decouverl, en 1840 el 1841, un vasle champ de balaille rempli de squelclles places en desordre , qualre a cinq Tun dessus i'aulre, stir une longueur de plus de cent quatre-vingls melres sur loule la largeur du nouveau canal literal de navigation et m6me au dela jusqn'a la Marne, ou il a ele ausn trouve des sarcophages en pierre. Ces (1, Orletius. Gallia Strabonis celororuinqiie vcteruin, vol. \i. '2) Blaeu , bibliot do Chalons. II. 15 — 190 — sepultures (ouehainel a la Moivre qui se decharge dans la Marne en ret endroil.el qui pourrail bien eUre le pelil ruisseau qui f'ut leint du sang des combaltanls. Les boulevards de La Cheppe sont a 3 lieues 1/2 N -E. de Chdlons ; Allila ne pouvait s'y porter qu'en passant par Chalons; or, celte ville ('■(nil restee au pouvoir des Roma ins (l). Neanmoins , I'aspect des boulevards de La Cheppe, el lignoranee du lieu precis oil la balaille s'elait donnee, firenl penser qu'ils avaient pu servir d'en- ceinie a un camp. Chaslillon , Nicolas ou Claude, fit nne vue de ces remparts qu'il regardait comme ceux d'un camp romain, ct qu'on inlilula Vac du Camp d'Atlila. Grangier, en 1641 , les regarde commc un de ces camps retranches que tenaienl les troupes romaines deslinees a la garde des fron- lieres. Le peuple , dit-il, l'appelle Camp d'Atlila, mais le peuple se Irorape bien souvent en maliere de celle espece ; el il ajoule que ce lieu se nomine encore le Yieux-Chalom. Sanson d'Abbeville, dans sa carle de l'ev6che de (]hdlons , publiee en 1C56, nomine ces boulevards Camp d' A ttila. C'esl le premier geographe, que nous sachions, qui Tail ainsi nomme. Le iiora elail donne. Baugier, en 1721 ; Faron, en 172;> ; Cassini, de 17H <;i 1 787 •, Bonne, en 1781; Bazin , en 1790. el loules les carles du deparle- metil de la Mame , depuis 1790, marquenl le camp d'Altila pres dc La Cheppe. MM. Barbichon, Lesage, Tourneux , Girauld de Saint - Fargeau , Denys el aulres, qui out ecril de noire temps , ltii ilonuenl la mCme denomination. [I) Voyez Rapine , annates »;ccl<,Ma>ti du diocese dc Chitons . p. (>'■ — 1ous les litres passes depuis 1298 jusqu'en 155V; on n'en connail pas de plus anciens. Jean Jubrien , 1505, ecrit La Chaipe , et un memoire sans date, que Ton presume elre de Pan 1600, porle La Clieppe; celle derniere orlhographe a ele suivie depuis. Celle etymologie de Capella , Chapelle, pourrait bien glre exacle. Les tilres de la commanderie de La Neuville-au Temple porlent : « Qu'il y avait eu, en ce lieu , une chapelle ditruile par les anciennes guerres , d'apres I'enonce au bail fait dudit fief a Oudet Bossu et aulres, le 28 mai 1541. » Les mots: ditruile par les anciennes guerres, semblent faire croire qu'il y avait si longtemps que cet evenement elait arrive , que la memoire en etail perdue. Neanmoins il restail encore des mines de cet edifice en 1751, ainsi qu'on le voit par le passage suivanl de Caylus : « A 130 toises da camp, et de I'autre cote du ruisseau a I'ouest , on voit les resles d'un bailment que De Lisle, dans sa carle de Cham- pagne, nomme ruines du temple de Minerve i* M. Denys conjecture que c'esl de celle chapelle , ou Fanum Minervae, que les villages qui soul dans le voisinage ont pris leur surnom de Temple, tels que La Neu- ville-au-Temple, Dampierreau-Temple el Saint- Elienne- au-Temple. 11 n'esl guere possible de penser que ce surnom donne a ces villages, leurvienne d'une commanderie — 196 — de Templiers qui (Mail a LaNeuville, eomme quelqaes- uns pourraienl le supposcr. Cos* villages soul bi-e ful promplement refugie avec les siens dans le camp qu'il avail enloure de retranchemeuts for- mes avec srs chariots de guerre. » Cel historien dil done posilivemenl qu'Attila n'avail d'aulres relranchemenls que ceux formes avec ses chariols de guerre; il serait done absurde de lui allribuer ceux du Vieux-Chalons. La legende de S' Alpin ( 1 ) dil posilivemenl qu'Allila n'enlra pas dans Chdlons. et eel evenemenl elait celebre lous les ans par une procession g6"nerale et'solennelle dans laquelle le Herge , les magistrals et le peuple de Chalons, porlaienl des bagueltes blanches en actions de gnlce de ce que leur ville elait reside vierge. Or, Allila, qui venait par la roule de Troyes , n'aurail pu s'elablir pres de La Cheppe sans passer par Cha- lons , et il enlondait trop bien la tactique mililairc pour laisser une ville ennemie sur tes derrieres el a la proximile de son camp. On est done force de repousser I'idee qu'Allila a pu conslruire les boulevards du Yieux-i'halons. . I) Rapine , ji 62. — 199 — Ce Vieux-Chaalons a tnul-a-fail Taspecl d'une ancienne cite gauloise : sa figure circulaire , ses qualre porles principales, ses qualre rues qui se croisaient a angle droit , son elendue , la profon- deur de ses fosses el la hauteur de ses remparls , sa position sur Irois grands cheminsqui se croisent, el pres d'une riviere (la Noblette ) ; tout enfin se rapporle aux descriptions des anciennes ciles de Paris , de Reims et de Chalons. Son elendue est moilie moins grande que la cite de Reims, el presque le double de eelle de Chalons. En effet , le Vieux-Chaions a inlerieure- menl 355 loises de long, sur 230 de large. La cite de Reims en a 615, sur 3i5 ; el celle de Chalons, 191 , sur 119. Les fosses du Vieux-Chdlons onl 21 loises de large; c'esl 6 fois la largeur de ceux des camps romains. Ceux de Reims et de Chalons onl 25 loises de large, sur divers points et 21 , sur d'autres Ces rapports de proporlions entre trois locality differenles indiquent bien une m6me origine et une mfime deslinalion. L'usage d'enfermer de remparls et de fosses les cites et m6me les villages, avail lieu chez les liemi el les Catalauni; on en trouve encore des vestiges en plusieurs endroils. Le village de Machault, qui est silue & 3 myriametres 1/2 N.-E. de Reims est encore entoure de boulevards semblables. Somme- Vesle, a 1 myriametre 6 kilometres E. N.-E. de Chalons , a encore une parlie de ses remparls. Raconnes, a moilie chemin de Reims et de Chalons, pres de la voie romaine , est encore entoure de ses boulevards. On en trouve a Coole , a Suippes, a Souain , el autres endroils. Rien ne s'oppose done a ce qu'on tegardc le Vieux- — t>00 — Chalons continue ay.mt etc autrefois une cite gau- loise. Cello ville avait sa mairie dc Parjouet, comme Reims ses mairies de la Coulure , de Venise et de Sainl-Rcmi. Kile elait placed sous la protection de Minerve , comme Reims ['avail etc du temps de 'a Ganle, ainsi que le lemoigne le type d'une mfrlaille fourrec en argent, qui porte pour legende Iteruvairli. On y a trouve dans son enceinte , qui conticnl 09 arpents de (erres labourables , des mon- naies gauloises de lous les dges, ei des m£dailles romaines ju>qu'au r6gne de Yalentinien III ; des restes de caves, de puits ; des ornements de bronze , des fibules , tesseres , bulles ; des especes de chan- deliers d'argcnl el autres instruments de menage. On est done furce de reconnailre, dans ces boulevards , ceux d'une cite. Cela pose, voyons si nous Irouverons d'oulres preuves de 1'existence d'une ville en eel end roil. Nous avons vu prec6demment que l'ilineraired'An- tonin, la table Theodosienne , et les savanls geogra- phes Orlelius, Rlaeu , Delisle , d'Anville el autres, placaienl Fanum Minervce en ce m6me lieu. Nous allons examiner les distances avec la plus grande attention. L'ilineraire d'Anlonin place Fanum Minerva sur la voie romaine qui conduisait de Durocorto (Reims) a Caturigis ( Bar le Due), el donne a cetle roule une longueur de 39 milles romains, savoir : de Dmo- cokto a Fanum Minkrv.k , m. p. xuii . Akiola , H. P. xvi. . Catukkjis m. p ix. . — 201 — La table Theodosienne en compte 4-1 milles pour la mfime distance ; savoir : de Durocorto a Tanomia (sic) , M. p. xix . Ariolam, M. p. xvi . Catvrigas , M. P. IX . On voit quil y a line erreur dans I'une ou I'aulre de ces distances, puisque Titineraire compte 39 milles de Reims a Bar , et que la table en marque 44 ; el cette erreur ne lombe que sur la distance de Reims a Fanum. Nous esperons pouvoir la rectifier. Nous feions observer que le Tanomia de la table est evidemment le Fanum Minerva? de lilineraire. Le scribe a ecril par meprise Tano mia pour Fano min. II a pris I'F pour un T, cette letlre etant probablement alleree sur ['original', el l'N pour un A. Le nombre des letlres est le m£me dans les deux designations. Celle erreur a deja ele reclifiee par M. Denys. Avanl d'eiablir nos calculs sur la distance de Reims a Bar , nous croyons utile de donner la distance de Reims & ChaMons que nous donne I'ilineraire et la table comme point de comparaison ; la position de ces deux villes elanl bien connue. Celle distance est ainsi marquee : a Durocatelaunos Durocortoro usqce ,.. m. p. XVIII. Nous ferons observer que l'itineraire el la table marquent en milles ce qui doit 6lre exprime. en lieues gauloises , donl nous feruns connailre la veritable longueur chez les anciens fiemi; celle longueur n'e- lanl pas la m6me pour toutes les provinces des Gaules. De la vienl que les savants ont reconnu que I'iti- ntraire el la table elaient souvenl fautives; les suppu- lalions etant souvenl en desaccord avecles so ni ma ires, — 202 — et leurs distances ne repondant pas toujours avec celles drs lieux connus. La distance de Durocortoro a Fanum M incrvie est marquee sur litiueraire , en chiffres romains , par un X e( qualre I. Ce nYsl pas ainsi que les latins marquaienl leurs noles numeriques. Toules les fois que les unites passaienl le nombre trois, on cmployail un V pour faire IV, VI, VII el VIII. Mais commo il y a qualre I, qui suivenl. le X, il faulcroirc que le V, ayanl eleallere avec le temps, sur I'original, le cojusle Taura pris pour deux I, et aura marque XJ III au lieu de XVII, que la distance donne reelle- mcol. Nous devons , toutefois , convenir que Ton trouve aussi quelquefois, sur les anciennes inscrip- tions, IV marque par quatre I, mais Texemple esl Ires rare, et Ton nc trouve nulle part les qualre I a la suite d'un X. Nous sommes aulorise a faire celle correction, non seulemenl par la connaissance des lieux et des distances , mais encore par les observations publiees dans le xiv° volume de I'his- loire de Uslcademic roxjale des inscriptions et belles- lettres, p. 177, oil on lit: « Quant aux chiffres romains, les variHes de lemons des iliniraires ma- nuscrits nous montrent que ion a confondu II avec K, /// avec IV el avec 17, elllll avec VII. » Celle rectification admise , nous aurons42 lieues gauloises pour la distance comprise depuis Reims jusqu'a Bar le Due; el la 42e parlie sera juste la longueur de la lieue que le meme ilineraire comple depuis Reims jusqu'a Chdlons , ce qui piouve la justesse de noire rectification. Or , en mesuranl exactement avec un fil toutes les sinuosiles de la route depuis la place Royale de — 203 — Reims jusqu'au milieu de Bar , sur la nouvelle carlo du deparlement de la Marne , on Irouvera que la longueur totale est de 51,324. toises , qui, elanl divisees par 42, donnent 1,222 loises par lieue gauloise Si nous repelons la m6me operation depuis la place Royale de Reims jusqu'a la place du Pretoire a Chalons , qui elait pres du temple des Sibylles , aujourd'hui la calhedrale, nous aurons 22,000 loises, qui , elanl divis6es par 18, donneront egalement 1,222 loises par lieue gauloise. La division par 42, pour la distance de Reims a Bar, donnant le m6me resullal que celle par 18 pour la distance de Reims a Chalons , nous parait done de la plus grande cxaclilude pour determiner la longueur de la lieue chez les anciens Remi , quoique les uns Talent trouvee plus grande, el d'aulres plus courle, dans d'autres parlies des Gaules. Celle mesure ainsi elablie , si nous en portons 17 en partant de la place Royale de Reims, nous a'rriverons jusle an centre des boulevards du Vieux- Cfia\ons. C'eslprecisemenllaqueritineraire d'Antonin, Orlelius , Blaeu , Delisle, d'Anville et aulres, pla- cenl la ville de Fanum Minerva. Car, la distance de la place Royale de Reims au Fanum, etanl de 20,774 loises , nous aurons ce m6me nombre en mulliplianl 17 par les 1,222 toises qui forment la lon- gueur de la lieue gauloise, ainsi que nous Tavons vu. Nous avons fait remarquer que la table Theodo- sienne complail xix lieues gauloises depuis Durocorlo jusqu'a Fanum Minerva?, et que l'ilineraire d'Antonin n'en complail que xmi, que nous avons corriges par xvii. Celle difference de mesure peul s'expliquer en favour de notic evaluation. Car, les savants — 20ft — onl reconnu que la grandeur de la lieue netaii pas la meme dans loutcs les provinces des Gaules, ou, pour mieux dire, qn'il y avail, comme de noire temps, la grande el la petite lieue , ou lieue ordinaire En effet , Tabbe Expilly , qui elail pro- vencal , porle la lieue gauloise a 1,250 toises, dans son geographe manuel. Nous avons Irouvc qtfelle etail de 1,22-2 (oises dans la distance de Reims a Chalons Frerct dans ses calculs sur la table de P< ullinger , publiee par Velser , a Irouvc que les lieues gauloises dans eel ilineraire n'avaient que 1,1 4% loises; I'abbe Bellay u'en a Irouvc que 1,140 sur la voie romainc de Caracolinum a Paris ; el d'Anville . Tun des plus savants geographes du xvuf siecle, nc lui donne que 1,134 toises. Si Tauleur de la lable Tbeodosienne s'est servi, pour calculer la distance de Reims a Fanum Minerva;, dun do- cument base sur la longueur de la lieue reconnue par d'Anville , il a pu en compter 19 pour eviler les fractions. Car, 20,774 (oises divisces par 19, donnenl 1,093 toises, 1 pied, 6 pouccs , par [jeue , landis qu'il devrail s'en trouver 21,542, en raulli- plianl 1.13V par 19. La difference est done de 572 toi>es , ou une demi-lieue gauloise. II faul bien croire que d'Anville a reconnu que la lieue gauloise de la lable etail plus courle entrc Reims el Fanum Minerva, que revaluation qu'il avail faile sur d'autres points , puisqu'il place Fanum Mi- nerva a La Cbeppc qui loucbc aux boulevards du Vieux-Cluilons . El en effet , celte ville ne peul se trouver aillcurs. Outre qu'elle se Irouvc au point juste indique par les xvu lieues de I'ilineraire, elle repond encore oo — de la riviere de Viire. C'esl la que devail se irouvcr 4riola,cl p'esl on col endroil que le place Orle- lins (1). On y Irouve des monnaies gauloises cl ro- maines, en or, en argent of en bronze ; des fragments de sculpture, et des instruments de menage, qui annoncent evidemmonl un ancien lieu habile. En reportant ix lieues plus loin, e'est-a-dire 10,998 loises, nous arrivons au milieu de la ville de Bar- le-Duc , ou Calurigis. Cos trois nombres reunis, 20,774, 19,552 el 10,998, donnenl pour resultat 51,324 loises qui, elant divisees par -42, donnent 1,222 pour quotient. Quand ilarriverail que noire suppulalion on loises, qui ne peut Ctre qu'approximalive, elant calculee sur line carle plus ou moins exacle, serait plus grande ou plus petite quYl'c ne Test en realile , il n'en serait pas moins certain que Fanum Minerva; doit se trouver aux dix-sepl-quaranle-deuxiemes de la longueur lotale. 11 suffit done de divisor en 42 la distance comprise depuis la place royale de Reims jusqu'a la ])lacc pubiique de Bar , pour avoir celle mesure , et en reporter 17, en par tan I de Keims ; la difference sera settlement dans la longuenr de la lieue, qui aura plus ou moins de loises. Tout se reunit done pour reconnaitre, dans le Vieux-Chdlons , ('emplacement do f'ai.um Minerva. Sa position sur trois grands chemins qui se croisent ; sa distance de Rtiins , (Wtriola el de Bar, etant conforrne <'i cello donnee par 1'ilinoraire d'Anlonin et la table Tlieodosienne ; Is scnlimont des plus savi.nts geog raphes, Ortelius, Blaeu , Delisle , i . Ortelius, Gal. Col. si. — 207 — D'Anville , et M. Walcknaer , qui le placent en cet endroil; sa figure el les dimensions erpcnter cotte onde sur I'arene ? C'esl mi rameau dc I'Oorcq qui baigne le domaine. Pins lorn , voila 1'eneeinle oil I'ou vit de tout temps I'OIAircr Terpsichore au rctour du printemps. Mais j'enlends resonner I'archct de la folie ; Fuyons. A d'autres champs ma muse me convie. C'esl peu do cos objots pour enchanter mos >eux : Dans le calmc des nuils je contemple les cieux , Kt , d ns I'enthousiasme ou iiion ame s'enivre , De ce vaste u ni vers j 'inter roge le livre Oil I'Elre createur, d'unc invisible main, A taut d'aslres brillants a trace leur chemin. Sur la unit des vieux temps reportanl ma memoire , J'appercois a travers les ombres de I'histoiie l/homme preuccupe des mysteres du ciel , btudiant les corps qu'y sema I'Kternel. La meditation inspiraut son genie, II reconnut des cieux la uivine barmonie Bientdt dans ces climats oil naissent les beaux joins , L'observateur suivit les astres dans leur cours ; Mienlot sons le soleil de I'opulente Asie , Kn Chine et chez l'lndou parut I'astronomie. Babylone plus lard , t'econdant ses progres , Dun grand astre eclipse de?oilail les secrets , (D) Kt, sur ses monuments , I'Egypte , en traits mystiques, Du ciel gravait pour nous les tables hisloriques. Mais llipparqiic survint. 1'ar des senliers nouveaux, Penetrant jusqu'atix lois des celestes flambeaux , 11 coadamna les uns a briller en leur place , A d'autres il traca leur route dans I'espace , I-cs donoinbra par rang , leur assigna des noms , Et predil leur relour dans lordre des saisons. A pies iui , Ptolemee, eurichi de ses veilles , Des mondes etheres conlirma les merveilles, Kt, grand par ses travaux , profoud dans son erreur , D uu sysleme complel elendit la splendeur. Mais , bieutot negligee , on vil I'aslronomie Douze siecles en tiers sur sa tombo endormie. I'ouitant do la science , apres ce long sommeil , l.'observateur de Thorn excita Icreveil ; — 211 — L'immortel Copernlc franchit toutc limitc , A la lerre immobile il rendil son oibile ; Au centre de iVspace, il fixa , dans son conrs . Sur son axe cnflamme l'astre brillant des jours ; Et , vainqueur du passe , par sa raison supreme De Pylbagore enlln completa le systeme, Delrona les erreurs de vingt peuples divers , El soumit la science aux lois de l'univers. Je trouve sur ses pas Kepler el Galilee Proclamant les accords de la voute etoilee. Je yois avec Newton , par de secrets rapports , L'un vers l'aulre attires gravitcr lous les corps. Modeste satellite , epris de ces grands homines , Je les suis dans les cieux , sur le globe ou nous sommes ; Sur l'uranorama qu'executa ma main , Des aslres avec eux je parcours le chemin ; Et , saisi de respect , rempli d'un saint delire , Je flechis le genou , je contemple , j'admire. lHary-sur-Marne , 15 wtaia18-l4. (A) Le bras p^^issant de VOurcq. — Le canal de l'Ourcq passe a cote de Mary , sur un eoteau parallele a la Marne , ct son lit est eleve de 30 a io pieds au-dcssus de celui de la riviere. C'est la que s'opere , au moyen d'un chemin de fer incline , et d'un appareil mecanique , le transbordement des produils qui vont a Paris par le canal. (B) Le veteran d'Harville. — Le comte d'Harville , senateur , general de cavalerie , et premier ecuyer de l'imperatrice Josephine. Bonaparte , premier consul , est venu passer quelques jours chez lui , a Lizy. {C) De sajeune heritiire. — C'est aujourd'liui la marquise d'Ayrasues , lillc du general , baron de Morcll. Elle est I'arrieie-petite-mece de la comlcsse d'Harville , decedee en 1 *tS5 , a l'age de plus dc so ans. (D) D'un grand astre eclipse. — Les plus anciennes eclipses utiles a 1'as- tronomie sunt des eclipses de lane observees :i Bnbylonc en 7i9 et)2oavant noire ere. Reims, Imp. de P. REGN1ER, SEANCES ET TRAVAUX DE L'ACADEMIE DE REIMS. ABT3JE2 1349-1850. iV 23. ^anc« publlquc dia %5 dulllet IS50. PRESIDEEB DE N. DUBOIS. La stance est ouverle a 2 heures 1/2 , dans la grande galerie du palais archiepiscopal, en presence d'une brillante €t nombreuse assemblee. Le bureau est occupe par MM. Dubois, president, Bandeville, secretaire general, Ern. Arnould, secre- laire-arcbivisle , Saubinet, tresorier. Mgr l'Archevfique de Reims , president d'honneur, siege au bureau, a droile du president. MM. le Sous-prefet de l'arrondissement, le Presi- dent du tribunal civil , le President du tribunal de commerce , le Maire de la ville , le Recleur de l'Aca- demie, occupent des fauteuils d'honneur a droile et a gauche du bureau. ii. 17 — -2U — Soul presents : MM. Robillard , L. Fanart , Th. Contant , II. Landouzy, Querry, Gobet , Max. Sutaine, Duquenelle , Louis-Lucas, F. Pinon , V. Tourneur , Gosset , F. Ilenriol-Deiamotle , deLeulrc, Pclilbon, Pierrot, Briere-Valigny , E. Maumene, C. Loriquet , Masse el Chevilliet, raembres litulaires; MM. Bara, Wagner el Nunquelle , mcmbres hono- raires ; El MM. Godinol, Boulard, Aubert, Leuchsenring, Battier, Toilleferl , Bazin, Cbarpentier , Thomas, E. Georges, deBonnay, Lejeune, Pierquin, Seveslre, Tampucci , Lundy et Duchesne , mernbres corres- pondants. M. Dubois, president, prononce le discours d'ou- verlure. M. Bandeville, secretaire general , rend compte des travauxde TAcademie pendant l'annee 1849-1850. M. Tourneur fail un rapporl sur le concours d'ar- cheologie. M. Maumen6 donne un exlrail de ses recherches sur les eaux de Reims el des environs. M. E. Georges lit un travail qui a pour tilre : Un mot sur la Champagne au xiii0 siecle. M. Bazin donne lecture d'un episode tire d'un poeme du moyen-age. M. Pinon lit unc fable inlilulee : Le Cordonnier medecin. M. Arnould , secrelaire-archivistc , fail connailre le programme des questions mises au concours pour Tannee J 851. — 215 — M. Bandeville , secretaire g£ne>al , proclame leg noras des laureats qui onl obtenu de l'Acad6mie des prix ou des mMailles d'encouragement. La stance est levee & 5 heures. 21G — DISCOURS DE M. DUBOIS , PHESWENT ANNUEL. Messieurs , L'Academie de Reims accomplit aujourd'hui la neuvieme annee de son existence. Comme toujours , sa derniere seance est ouverte a tous ct solennelle. C'est sa foi et hommage a l'opinion publique dont elle releve , et qu'elle appelle ainsi a suivre le cours de ses travaux. Arts, sciences et letlres , recueillir dans le passe , constater dans le present , conserver pour l'avenir, tel est le but de ceux-ci ; telle leur devise : Servare ct augere. Ainsi que I'bomnie , les nations naissent , gran- dissent et meurent ; et quand elles ont accompli ces phases de leur existence , rien n'en lemoignerait que des ruines, si ce n'etaientles oeuvresde I'esprit. Beau- coup de celles-la sombrent aussi sans doute sur l'abime des temps dans la longue traversee des ages; parlie n'y surnage qu'i l'etat de debris. Mais le neanl ne prevaut pas sur ce qui elait vraiment digne de la poslerite. Les types restent, enseignement des generations futures , germes donnes a leur develop- pement intellectucl , modeles a leur imitation, appel a leur perfectionnement. — 217 — II y a bientot 5,000 ans qu'Homere chantait aux Grecs des (aits anterieurs deja de plusicurs siecles a I'epoque ou il les celebrait. Son Iliade etail pour eux le chant des gloires de leurs ancetres ; son Odyssee, celui de leurs moeurs el de leurs coutumes. C'elait pour le present Phisloire du passe ; ce devait l'etre pour Pavenir. Rien ne reste plus des temps qu'il decrivait, rien que son genie, voue comme lui a I'immortalite. Ces genies eminents sont rares; leur grandeur peut se mesurer a rinlervalle qui les separe et pendant lequel se repose , pour ainsi dire , la nature qui les a produits. Mille ans s'ecoulent , et Virgile vient s'asseoir a cote d'Homere sur le trone de la poesie epique. Virgile plus parlait sans doule , expression d'une civilisation plus avancee, mais sur lequel son devancier conserve I'avanlage d'avoir ele son inspi- rateur , son modele , celui sans lequel , peut-etre , le second n'aurail pas ele. Les ceuvres de l'esprit soul la genealogie de la pensee humaine. Virgile procede d'Homere ; combien d'autres, ensuile, de lous les deux! Pour chacun, le sujel differe ; le cadre et le plan sont les memes , les elements d'action analogues , souvent aussi les alle- gories et les fictions. Ulysse regagne sapatrie, Enee cherche une palrie nouvelle a leavers les epreuves d'une longue peregrination ; — les heros du Tasse marchent a la conquete de la cite sainte, la mere- patrie de tous les lideles ; — c'esl en haine de sa patrie celeste, d'ou Dieu le precipila naguere , que Satan conspire conlre I'oauvre de la creation. Circe, Didon , Alcine, Armide soul la personnificalion de la meme theorie morale : le sentiment du devoir qui — 218 — (riomphc des seductions du vice , des entrainements de la passion , des attraits de !a mollesse et de la voluplc. C'est ainsi que Tidee se suit et se continue dans scs generations successives : variele de la forme, identite du fonds. II en est de meme dans tous les genres de lillera- ture, ces modes divers suivant lesquels se manifesteni et s'exercent l'imaginalion et la pensee. Partout, — c'est une idee premiere qui, en se trans- metlaut , se developpe, et, d'espace en espace, fournit quelques brillants anneaux a la chaine des temps. Partout et loujours , — sinon peut-etre dans la poesie tfpiquc , — apparait et domine dans la dualite de sa progression la loi de notre devise : Servare et augere. Dans l'apologue : allegorie naive , voile transparent dont se couvre plutot que ne se cache la verite... Esope — puis Phedre — et notre La Fontaiue , la perfection dans la simplicite. Dans la tragedie : cette peinture , ou touchante ou terrible, des sentiments du cocur ou des passions de l'ame; ... et Sophocle et Corneille ; Euripide et Racine. Dans la comedie : cette vive personnification des vices de la nature ou des travers de lasociete: ... Aristophane, — Plaute et Terence — et Moliere , le genie complet ! Dans la satyre , cette pensee premiere de la come- die , cette apre censure des ruoeurs ; . . . Eschyle d'abord peut-etre — mais surlout Juvenal et Perse ; puis Regnier leur imilateur ; et Boileau l'inspire d'Horace dans la plupart des genres que celui-ci a abordes. — 219 — Dans la pofisic lyrique, ce sublime langage uc l'imaginalion en exlase : Pindare — Horace — el le Rousseau des cantates , ces chants dont le mouve- ment el i'harmonie ne le cedent a aucun de ses devanciers. C'est ainsi que, suivant la formule dc notre devise, Video se transmet et conserve, et s'etend , et s'eleve; la meme dans son essence , et se reproduisant telle a la distance des siecles ; paree d'ornements nou - veaux , mais non pas invention nouvelle ; sous ce rapport, realisant le vieil adage: Nihil sub sole novum, — verite absolue dans I'ordre des faits materiels ou Dieu n'a rien laisse b l'homme des pouvoirs de la creation ; — verite relative dans I'ordre intellecluel , si Ton n'y doit voir que le developpement graduel et successif de la pensee dans 1'une des formes que Dieu lui assigna. Ce serait , Messieurs, une etude interessanle que celle des voies de la Providence pour conserver et transmetlre , a travers les ages , les travaux de l'es- prit. Philosophic , histoire , lillerature , l'anliquite grecque et romaine subsisle encore pour nous dans la plus belle et la majeure partie de ses produc- tions. Aujourd'hui que I'imprimerie existe , cet art ingenieux pour lequel semblerait faite notre devise , ce puissant instrument qui mulliplie a I'inlini les ceuvres de la pensee, aujourd'hui que le but est atteint , on se demande comment un resullat ana- logue a pu se produire jadis avec les ressonrces reslreintes et les moyens purement manuels dont l'an- tiquite disposait. Et cependant, nul n'ignorele nombre immense d'ouvrages que renfermaient les etablisse- ments a ce destines. La tradition des vastes richesscs — 220 — inlellccluelles , plusieurs fois delruiles dans Alexan- dria n'est pas une legende historique; die lemoigne de l'aciiviie avec laquelie se reproduisaient des lors les monuments de I'esprii. Les temps oil ses iravaux se lixaient par I'ecriture el se conservaient ainsi pour la poslerile , n'elaient eux-memes qu'un second degre. II avait exislc une periode premiere ou , par I'cffort seul de la memoire , les fails et les actes se trans- metlaienl des individus aux generations. Deja cette phase etait franchie r que les mceurs encore en con- servaient la trace. Homere , el apres lui les Rapso- des, allaienl disanl ses chants de ville en ville et de pays en pays; nous-memes, rappelons-nous nos irou- veres , et laissons-nous cooler qu'aujourd'hui encore les gondoliers de Venise repetcnt les stances harmo- nieuses du Tasse pendant que leurs ramcs Pendent en cadence les flots de la mer azuree, Les temps ou , a defaul de Tecriture ou de moyeDs analogues , la memoire fut le seul intermediaire du present a l'avenir , apparliennenl a 1'hisloire de tous les peuples. lis se relrouvenl au berceau de la noire. Les elements primitifs du droit coulumier, les bases de ce droit qui nous regit pendant bicn des siecles, n'r-laient autrcs que des usages redits oralement de generation en generation. C'etait le Servare el au- gere, applique aux notions du juste et de Pinjuste , de Pequite et de la raison , du sens commun a tous, devenu, comme il meritait d'elre , la regie du droit de chacun. Cette source feconde de nos lois est venue depuis se confondre avec celle dont I'appellalion meme deli - nissait 1'origine different e et le mode de conservation. C'etait le droit romain , ce droil si magniliquemenl — 221 — bonore du nom de liaison ecrite , el qui , dans la suite , dans la collection des elements qui le com- posent , est un des monuments les plus caracterises de Intelligence appliquee a un objel determine. Que celte appreciation me soil permise , Messieurs, non- obslant ma position personnels ; qu'elle me soil par- donnee par celte lilteraire assemblee. — Mais le sujel raeme me l'impose ; car la peul-etre , mieux que par- lout ailleurs , se manifeste el se revele le lien suc- cessivemenl serre entre le passe el le present pour l'enseignement de l'avenir. Qui ne sail que les pre- mieres lois romaines furent emprunlees a la Grece, comme , paries peregrinations de ses Sages , les lois de celle-ci meme 1'avaient etc aux peuples plus avances? Quel aspect etendu l'oeil ne mesure- t-il pas en arriere quand , a I'intervalle de deux a trois niille ans , il retrouve des elements de la pensee humaine modifies , transformed sans doule, mais enfln conserves dans certains principes et dans la certitude de leur origine. L'oeuvre qui les conlient ou qui les rappelle , eel oeuvre immense de conservation et de developpement de l'idee legale , a survecu a l'anean- tissement du grand peuple dont il avait ete la regie. Ce droit des Homains reste, apres que le dot de la barbarie , ce (lot envabisseur auquel Dieu n'a jamais dit : « Tu n'iras pas plus loin » , a depuis longtemps englouti les derniers vestiges de leur existence poli- tique et sociale. 11 a etc retrouve comme un tresor sous des ruines, a celte certaine heure des siecles, marquee par la Providence sur le cadran des ages pour la renaissance de la civilisation. Arrivee a son apogee , la civilisation grecque , celte purelumiere qui avait brille d'un si vif eclat a l'borizon — 222 — iulellcctuel , avail successivement et par degres dis- para dans la nuil de^ lemps. La civilisalion romaine n'elait point parvenue a son faiie , que , suivant la grande image de noire poete , elle aspirait a en des- cendre. Mais si , pour ces nations comme pour ccs grands peuples de l'Asie qui les avaient precedes dans l'inevilable neant, tout elail fini , sauf l'bisloiie, l'bumanite suivait son cours, et ce n'etaient pas ses destinees a elle qui devaient aboulir a la barbaric Si, — plusieurs fois, — ce n'elait pas a jamais — qu'il avail ele donne a celle-ci de prevaloir. La civilisation etail appelee a renailre et a briller d'un nouvel eclat. Chrysalide, renfermee pour un temps dans sa terne euveloppe , qui , celle-ci brisee, devait s'elever de nouveau de ses ailes splendides vers les regions de Pavenir. La renaissance, expression beureuse et vraie ! ... celle , d'abord , du gout dans les arts , dont la fleur depuis epanouie n'a pu faire oublier la grace exquise et la delicalesse du bouton... Celle, ensuite , des lettres , ce langage de la civilisation qui , par les phases diverses de l'enfance , arrive a la jeunesse ou elle devrait pouvoir s'arreter... Celle, enfin , des sciences , ce travail de la maturile vigoureuse , ce vaste domaine incessamment feconde de nos jours ; ces decouverles qui signalent notre epoque a 1'egal des plus illuslres ; qui de la theorie ont fait sortir la pratique , et de l'idee speculative ont degage l'uti- lite sociale et privee ! Messieurs, ... envisagee au point de vue de noire institution , notre devise est a la fois scienlilique et litteraire; — mais la se bornent pour nous son carac- tere et sa portee. Consideiee dans un sens moins relalil et plus — 223 — abstrait, elle pourrait avoir une pretention plus haute... car, simple dans I'expression , elle est large par la pensee. Servare et augere. — N'est-ce point la, en elfet , le symbole de la perfectibilite huraaine?... N'est-ce point la formule de l'ordre social... la loi provi- dentielle qui le domine et le regit? Conservation... avant tout..., des principes essen- tiels, des bases raemes de la sociele. Progres... incessant et soutenu, sans doute, — mais, aussi , mesure. . successif — ce progres dont la marcbe est le travail regulier de la civilisation. Conservation et progres. Termes egaux d'une seule proposition... dont l'ordre meme a une portee morale... determinant, entre les deux, le premier inleret a sauvegarder. Idees indissolubles et solidaires , dont la force reside dans leur action collective el respectivement contenue. Et conlre l'union desquelles ne saurait prevaloir ... ( ayons foi dans la raison humaine) , nulle theorie qui lendrait a la rompre en isolant l'avenir du passe. — 2-24 — COMPTK-RENDU DES TRAVAUX DE L'ACADEMIE , ANNEE 1849-1850, Far M. Bandevjlle , Secretaire general. Messieurs , Le poete Santeuil etait un jour arr6te des le debut d'une de ses compositions: il lui manquuit le commen- cement d'un vers; et, faute de deux mots, tout se trouvait entrave. Un de ses amis cntre ; il voit l'embarras du poete ; il s'ecrie : stupete, gentcs. C'est assez : Santeuil s'est empare de ces paroles, et en quelques traits de plume il enrichit son recueil d'une de ses plus belles bymnes. Ceci montre que le plus difficile , dans un sujet , n'est pas toujours la fin , comme on la prctendu , mais bien plutot le commencement. Or, l'etat de Santeuil embar- rasse , c'est precisement celui ou je me trouvais il y a quelques jours. Jem'etais mis a la recherche de quelques periodes arrondies , qui pussent , sans repetition , sans reminiscence , m'amener assez doucement a mon sujet. Ce fut en vain : idees , expressions , tout se montra rebelle. J'aurais voulu que quelqu'un m'apportat une phrase , une ligne , une pensee , une sorte de fil auquel je pusse rattacher ce que j'avais a vous dire. 11 ne vint ni inspirateur ni inspiration. Voil& pourquoi je vous presente un compte-rcndu ex abrupto , qui pourra bien avoir une fin, je 1'espere. mais qui n'aura pas de commen- cement. — 225 — J'entre done brusquement en matiere. AGRICULTURE. Vous savez a quel point l'attention publique se preoccupe aujourd'hui des questions d'agriculture. C'est a cette tendance universelle que nous devons la multiplication, sur tous les points de la France , des fermes-ecoles, des instituts agronomiques , des societes d'agriculture , des cornices, des colonies agricoles , etc. Les questions qui peuvent interesser la culture des terres, les experiences qui peuvent la developper ou l'ameliorer , les encoura- gements qui peuvent en activer le progres , rien n'est omis ou neglige. Eh bien ! l'Academie de Reims n'est pas demeuree en arriere dans ce mouvement general : le programme de ses concours sufiirait pour l'attester. Lorsqu'elle demandait a connaitre l'influence des voies de communication , e'est-a-dire, des routes, des canaux, des chemins de fer , sur l'industrie agricole du departe- ment 5 les moyens pratiques d'amener a l'etat de culture ordinaire les terres en friche de la Champagne 5 les procedes les plus certains d'operer le dessechement et l'assainissement des marais qui bordent la Vesle ; les produits obtenus par l'emploi de diverses especes d'en- grais naturels ou composes ; toutes ces questions disent assez haut ce qu'elle a de sympatbie pour la science qui nourrit les hommes. Nous avons , en outre , donne le plus vif interet aux observations de M. Velly , lorsque, refutant les conclu- sions d'un memoire presente a l'Academie des sciences par M. Bouchardat , il demontrait , par les resultats d'experieuces quatre fois reiterees , tous les avantages qu'on peut retirer de l'emploi de sulfate d'ammoniaque dans la culture des cereales ; avantages tels que , pour une somme de 50 ou 60 francs, ce nouvel engrais peut remplacer la valeur de 900 francs en fumure ordinaire. — Nous avons accueilli de meme les communications de — 226 — M. Cbarlier, lorsqu'il nous faisait connaitre les rvsultats de plus en plus heureux de ses operations sur les vaches laitieres ; resultats qui ont attire l'attention du gouvernement , et ont obtenu ii notre confrere la mission de faire des experiences publiques dans l'lnstitut agricole de Versailles. Comme preuve encore de nos sympathies pour l'agri- culture, permettez-moi de vous rappeler pour la troisieme fois ce ble egyptien , anterieur h l'ere cbretienne, dont nous avons suivi la culture dans les jardins de Brimont. L'annee derniere , lorsque je vous en parlais , ce ble* , cultive par les soins eclaires de notre venerable et regrette confrere, ne donnait encore que des csperances; aujourd'hui il a donne des fruits ; et de nombreux epis, que nous devons a l'obligeance du proprietaire actuel, attestent que le froment, conserve pendant plus de deux mille ans , ne perd pas sa vertu de reproduction. SCIENCES NATUllELLES , ETC. La partie scientifique de la Compagnie nous a fourni cette annee un assez grand nombre de documents. M. Hebert , sous-directeur a l'ecole normale , et aujour- d'bui notre correspondant, nous a communique quelques- unes de ses recherches sur les fossiles , et entre autres une notice sur les fossiles du Crag, recueillis dans le departement de la Manche , au lieu dit le Bosc d'Au- bigny. — M. Lecbat nous a rendu compte des expe- riences recemment faites par plusieurs savants pour determiner la Vitesse de la lumiere dans l'air et dans differents liquides. M. Maumene nous a raconte les etranges peripdties d'un innocent tetard, place par lui dans la compagnie de deux mediants poissons , qui lui devoraient les pattes a mesure qu'il les developpait pour se transformer en crenouille. La Providence, venant au secours du pauvre, — 227 — animal , lui rendit tout ce qu'il avait perdu , si bien qu'aujourd'hui nous pourrions le voir dans toute son integrite , si la mort ne fut venue , au bout d'un an , prevenir sa complete metamorphose. — Que dans une association certains membres s'amusent a ronger les autres , cela se pratique parfois ailleurs que chez les poissons ; mais que les parties rognees repoussent, cela ne se voit guere que parmi les tetards. A propos de perdreaux trouves morts par empoisonne- ments sur le territoire de Lavannes , M. Maumene nous a demontre qu'il y a de graves inconvenients a se servir d'arsenic pour le chaulage des bles. II nous a rappele un autre melange qui peut etre d'un usage aussi efficace sans presenter les memes dangers. Je ne vous parlerai pas d'une experience curieuse pour la theorie des couleurs , faite sur deux liqueurs, l'une rose, l'autre verte, et dont le melange a produit un resultat tout-a-fait incolore. Jaime mieux vous entre- tenir d'autres recherches plus interessantes , a mon avis, que nous devons au meme savant , et desquelles il re- sulte que si notre arrondissement produit le meilleur vin du monde, il possede aussi les meilleures eaux connues. Buvez done del'eau, vous dira-t-il , et preferez surtout l'eau de laVesle,quoique des esprits chagrins l'aient appelee Vidula sordens , e'est l'eau par excellence. Mais gardez- vous de l'eau des puits , car , s'il y en a qu'on peut tolerer , il y en a bien plus qu'on doit proscrire : il y a, dit-on , des eaux qui sont accusees de donner des scro- phules 5 il y en a plus siirement qui sont essentiellement mauvaises, comme celles de l'Hotel-Dieu et des Carmes ; il y en a qui sont alterees par des infdtrations suspectes comme celles de Bethleem. Ne vous fiez meme pas trop a l'eau des sources , il y en a , comme celles du moulin d'Hermonville , qui contiennent de l'arssnic en assez grande quantite pour indisposer un homme qui en boirait 45 hectolitres par jour. Ce qui n'empeche pas, ou — 228 — plutOt ce qui est cause qu'on recherche cette eau comme spicitiquc contre la fievre. Preferez done, preferez l'eau de la Vesle •, et au lieu de la salir par le melange de vos egoiits , sachez conscrver purs , et votre eau qui est si bonne, et vos ('gouts, qui peuvent vous donner, je ne dis pas de l'or , mais du gaz eclairant , gaz d'autant plus precieux qu'il ne vous coutera rien, que la nature en fait tous les frais, et que son exploitation vous pre- server des fievres amenees chaquc annee par son in- fluence dans une partie de la population remoise. SCIENCES MEDICALES. Ceci nous amene assez naturelleraent aux sciences medicales. Nous devons a M. Landouzy la connaissance d'un fait qu'il pense avoir eludie le premier, e'est l'exaltation de l'ouie dans la paralysie de la face. — Le meme docteur nous a presente l'amaurose, ou affai- blissement do la vue, comme un symptome initial de la nephrite albumineuse 5 ct comme ce meme symptomc avait etc deja plus dune fois constate dans le diabete, il en conclut que le principe du mal ne doit etre cherche dans aucun des deux organesqui paraissent alors affectes, mais dans une lesion quelconque du systeme nerveux. La derniere maladie que j'ai nommee, le diabete, a donne u M. Maumene l'occasion d'inventcr un tissu reactif qui peut servir aux medecins pour reconnaitre la presence du sucre dans les secretions diabetiques , et meme aux industries pour rcchercher la meme sub- stance dans les liquides, et principalement dans le vin. M. Leroux , de Corbeny , prenant pour epigraphe cet axiome trop neglige : en petit moyen gist souvent grand' puissance , nous a communique uue note sur la ligature provisoire des membres , comme moyen d'arreter instan- tanement certaines congestions dangereuses , et sur 1'em- ploi de l'acide chlorhydrique fortement etendu d'eau pour — '229 — dissoudre les corps etrangers , composes de carbonate calcaire, qui se seraient introduits dans le conduit au- ditif , et qu'il serait difTicile d'extraire par les procedes ordinaire^. — M. Belhomme , directeur d'un etablisse- ment d'alienes a Paris , nous a adresse quelques re- flexions sur l'alirnentation forcee des alienes , et sur un mmveau moyen dont il se sert pour vaincre leur resi- stance a prendre des aliments. SCIENCES MATIIEMATIQUES , ETC. Nous avons a mentionner de M. Sornin un rapport sur un traite de trigonometrie, presente a V Academic des sciences de Reims, par M. Leon Lecointe, professeur a l'Athenee royal d'Arlon. — J'aurais a vous pader dun nouveau systeme invente par M. Valker , ouvricr de cette ville , pour le forage des puits artesiens , si l'auteur , deferant aux conseils de la commission chargee d'exa- miner ses procedes, n'eiit juge convenable de murir son projet pour le pcrfectionner. ECONOMIE INMJSTRIELLE , ETC. Nous pensions avoir a vous entretenir aussi d'une in- vention qui interesse au plus haut point la sante de nom- breux ouvriers : je veux dire l'invention dun appareil economique , qui put eviter les inconvenients graves que presente le fourneau des peigneurs de laine. C'etait I'objet d'une des questions de notre programme Un ouvrier tres ingenieux de cette ville , M. Chevalier , dont l'Aca- demie a deja su apprecier les utiles travaux , a trouve en partie la solution de ce probleme. Nous le prions instamment de travailler a perfeclionner sa decouverte. L'attention de l'Academie a ete appjlee sur une autre question de meme nature , e'est-a-dire , sur les dangers que peut offrir I'emploi des fds de fer galvanises pour le ficelage des vins de Cbampagne. MM. Landouzy et Mau- mene , apres un scrupuleux examen , out reconnu que les flls, ainsi prepares, peuvent etre nuisibles a la sante ii. 18 — 230 — des ouvriera tordeurs , s'ils ne sont pas fabriques avec soin , s'ils restent couverts de quelque poussicrc de zinc, lis conclucnt done qu'avant d'etre remis entre les mains des ouvriers , ces fils doivent etre completemenl degages de toute poussiere metallique. J'ai maintenant a vous parler d'une invention qui ne parait pas sans avenir : il s'agit de poils de lapins re- cueillis et exploited par M. Dupont a Saint-Brice. Vous tenez p^u sans doute a savoir que ces lapins blancs pro- viennent de lapins gris, qu'ils ont les yeux noirs , et non pas rouges comme leurs confreres dc meme cou- leur. Mais ce qui ne vous paraitra pas aussi indifferent, e'est que , suivant le rapport de M. Henriot , ces ani- moux sont couverts d'un poil , ou plutot dun duvet soyeux dont la finesse est remarquable ; que le fil pro- venant de ce duvet a ete admis aux bonneurs de l'ex- position , et peut introduire I6t ou tard dans notre pays une nouvelle branche d'industrie qui rivaliserait avec le cacbemire , si elle ne parvient pas a le detroner. M. Maumene nous a communique un memoire adresse par lui au maire de la ville de Reims , sur les proprietes hygromelriques de la laine. Dans ce memoire l'auteur indique le procede imagine a Lyon par M. Talabot , comme le plus sur moyen d'obtecir la connaissance exacte de l'humidite que contient la laine, et d'arreter ainsi , dans revaluation du poids , des variations pre- judiciables taniot au vendeur , tantot a l'acbeteur , et qui dependent de l'ombre , du soleil , de la pluie , du beau temps , et de cent aulres causes semblables. — Le procede indique par M. Maumene est aujourd'bui employe par les commer^ants de Reims. — Un article publie dans la Revue des deux HJondcs , par M. Collignon , ingenieur a Nevers , sur les travaux publics en France depuis la revolution de Fevrier , et sur les mesures a prendre pour raehevement des chemins de fer et des canaux , nous a valu , de la part de M. Henriot, la — 231 — communication de deux lcttres adressees a cet ingenieur, et dans lesquelles , apres de serieuses considerations sur les lignes entreprises depuis cette epoque , l'auteur de- montre les avantages incontestables , ou plutot la ne- cessite de 1'achevement du canal de l'Aisne a la Marne, et de l'etablissement d'un chemin de fer de Kcims a Douai. ECONOMIE POLITIQUE. Depuis que le vent politique nous pousse vers V Asso- ciation , il n'est presque personne qui n'ait reve sur cette matiere quelque projet plus ou moins seduisant. lei on nous promet l'abolition totale de la miscre et du pau- perisme ; la on nous transpose , au moins en theorie, dans un nouvel Eden, oil tous les hommes , devenus bienheureux , n'auront plus qu'a se reposer a l'ombre des forets, en attendant que les cailles leur tombent du Ciel. M. l'abbe Defourny , notrc correspondant , qui preTere s'etendre moins dans les campagnes de l'ideal, et rester plus dans les limites du possible et du vrai , nous a fait connaitre le plan dune societe de secours mutuels, etablie par lui a Brognon , sa paroisse , dans le cours de l'annee derniere. M. Defourny repousse done ces programmes hyperboliques qui promettent de secourir tous les maux et qui de fait n'en soulagent aucun , par la raison toute simple que Qui trop embrasse mat etreint. II ne veut pas davantage d'une stride mutuality qui consisterait a donner a cbaquc associe en proportion de sa mise, parce que les secours seraient le plus souvent en raison inverse des besoins. 11 veut qu'on fasse un choix parmi les maux a soulager , puisqu'on ne peut les soulager tous ; et ceux qui lui paraissent les plus pressants , ce sont les maladies. 11 veut de la discretion dans la repartition des secours , et pour cela il ne les applique qu'aux necessiteux. Je n'ai point a loner ou a critiquer ce plan : mon role de rapporteur se borne a le — 232 — rnentionner; c'est au temps qu'il est reserve d'en faire scntir les avantages ou les inconvenients. M. C.oguel, dont les talents ont ete justement apprecies a Reims, dans la session du Congres scientifique , nous a envoye un memoire important sur l'tducation des classes pauvres. 11 y passe successivement en revue les ecoles primaires , les maisons d'orphelins et les refuges, les ecoles penitentiaires, les ecoles de filles. 11 emet ses idees sur les regies a suivre dans ces differentes mai- sons. Dans un rapport consciencieux , M. Forneron a su critiquer certaines opinions de l'auteur , en indiquant plusieurs points de vue peu realisables , et en meme temps faire de son travail un eloge merite, en expri- mant le desir que l'Academie put recevoir souvent de la part de ses membres correspondants des communi- cations aussi serieuses. PHILOSOPHJE. « De nos jours qu'est-ce qu'un bachelier ? » s'est de- mande M. Forneron. Est-ce, comme le disent certains critiques, un pauvre jeune homme qui a passe beaucoup trop de temps au college pour y apprendre peu de choses, ou bien , comme le pretendent d'autres , un malheureux enfant auquel on a enseigne beaucoup trop de choses pour qu'il puisse en retenir une seule ? iNon, repond M. le Recteur: c'est tout simplement un etudiant qui a appris a etudier : son diplome ne constate rien de plus. Le college n'a pas eu la pretention d'en faire un savant tout eclos; mais il lui a mis en main la clef de toutes les sciences en developpant graduellement ses facultes , en lui donnant l'habitude du raisonnement ct du travail •, le college ne l'a pas doue d'un etat , dune profession: parce que l'instruction qu'on y donne doit convenir a tous , tandis que telle ou telle profession ne convient qua quelques-uns ; mais il a ouvert devant lui toutes les carrieres en lui donnant les moyens de — 233 — suivre avec fruit , dans des etude? ulterieures, les lemons qui conviennent a sa vocation. Au moment meme ou M. Forneron demontre I'inutilite ou plutot rimpossibilite de renseignement professionnel dans les lycecs , voici venir M. Simonnet, qui, dans un memoire, veut nous demontrer precisement le con- traire. Les etudes qui se font dans les etablissements secondaires lui paraissent peu utiles ; des ecoles speciales pour chaque profession , au sortir du college , ne lui suffisent plus , c'est avant le college meme qu'il les demande: il est necessaire , selon lui, de faire entrer dans l'instruction primaire l'enseignement de l'agriculture. Si M. Simonnet, ancien instiluteur primaire, eut preche lui-merne d'exemple, et donne a ses eleves des legons de cet art en faveur duquel il reclame , peut-etre eut-il entraine les convictions ; maintenant il faut attendre le resultat des essais que va tenter le gouvernement , pour juger les idees exprimees dans le memoire de M. Simonnet. M. l'abbe Gainet s'est donne une grande tache, qui ne parait pourtant pas au-dessus de ses forces : il a entrepris une etude critique de deux ouvrages de M. Gui- zot , VHistoire de la civilisation en Europe et en France. Ce qu'il nous a lu de ses appreciations fait vivement de^irer qu'il nous en donne la suite. Nous avons enfendu, de M. Jourdain Sainte-Foy, des observations pbilosophiques sur le langage , qu'il con- sidere tour a tour sous le rapport religieux , moral, psychologique, et meme grammatical. Par de curieuses recherches sur l'origine des mots , par d'ingenieux rapprochements entre les expressions de diverses langues, il arrive en quelque sorte a faire voir le genie, le caractere de chaque peuple. Vous pourrez en juger par cette citation: « Je voudrais , dit-il , vous faire remarquer les nuances si » gracieuses etsi vraies qui dislinguent l'esprit francaisdu » Witfa* Allemands et de Vhumour des Anglais.. Pour — 23ft — « avoir ce que nous appelons de l'esprit, il faul que I'AHe- » mand I'aiguise , pour ainsi dire ; e'esf un esprit Ira- » vaille, aiguisc, prepare, et qui par consequent manque » un peu de nature!. Wit esprit en alleniand : Uelzen » aiguiser. L'esprit anglais aquelque chose de la mollesse u et de la lluidite de l'eau, qui est comme l'elerncnt de » cette nation ; il est flottant , capricicux , vague , et » souvent insaisissable comme les brouillards liumides u qui enveloppent le sol : e'est I'humour. Chez nous » l'esprit est quelque chose de h'ger, de pi'tillant , de » mousseu.x , pour ainsi dire, comme l'esprit qui s'e- » chappe de plusieurs de nos vins ; et je ferais volon- » tiers hummage de l'invention de ce mot a votre pays, » qui a produit nos vins mousseux, et ou a pris nais- » sancs un des homines qui out le mieux reproduit u dans leurs ouvrages l'esprit fran<;ais. lei vous recon- » naisscz La Fontaine. » ARCHfcOLOGIE. II y a trois ans , a cette meme tribune , en presence d'une assemblee aussi brillante que celle-ci , un secre- taire general de l'Academie no craignit pas de se montrer fort irreverentieux a l'endroit de larcheologie , et de traiter asscz peu gracieusemeut ceux qui se livrent a ce genre d'etude. M. Tourneur a courageusement releve le gant et venge dignement l'archeologie des attaques dirigees contre elle. Les sarcasmes de son antagoniste , il les laisse volontiers tomber sur ceux qu'il appelle les amateur* , ceux qui etudient , non pour savoir , mais pour passer le temps; ceux qui savent voir des voiites romanes dans les arceaux de leurs caves , et compter les arches du Pont-Euxin. Mais il demande du respect pour la science qui a produit des ceuvres comme celles des Mabillon, celles des peres Cahier et Martin, et qui pent citer des noma comme ceux de Ruinart et de Champollion. — 235 — M. Pinon nous a communique une note pleine d'iu- teressants details sur le village de Sept-Saulx , son ori- gine, son histoire , la chatellenie qu'y possedaient nos archeveques, son chateau qui a disparu , son eglise qui tombe en ruine. Hatons-nous d ajoutcr que ce rapport, appuye des instances du comite archeologique , a pu obteair du gouvernement des secours pour la restauration de cette eglise, un des beaux monuments du xine siecle. Nous attendons , de ML Duquenelle , un rapport ?ur un certain nombre de pieces d'or trouvees, il y a quelques semaines, sur le territoire de Villers-Allerand. Ces pieces, qui nous ont ete communiquees par M. Midoo, rappellent l'occupation de notre pays par les Anglais, au temps ou. l'heroine de Vaucouleurs venait leur arracher des mains la couronne de France qui leur avait ete honteu- sement livree. Je voudrais bien pouvoir vous rendre compte, autre- ment que par de simples indications, d'un travail long et serieux deM. Loriquet, sur l'eclairage chezles Romains, travail qui seul suffirait pour venger les archeologues de l'epithete d'esprits superficiels qu'on a voulu leur infliger. Remontant a 1'origine meme de l'eclairage, l'auteur nous fait voir le flambeau ?ous toutes ses formes, dans toutes ses modifications, depuis la torche de bois , de jonc, ou de corde, jusqu'a la cbandelle , la bougie ou le cierge. Puis vient la lampe avec les differentes matieres qui l'alimentent , les ornements qui la decorent. C'est ensuite le candeiabre avec tous ses usages et tous ses accessoires, comme les mouchettes, l'eteignoir, le briquet, les allumettes, sans oublier le pauvre petit marcband qui les vend dans les rues de Home 5 ce qui prouve une fois de plus qu'il n'y a rien de nouvcau i-ous le soleil. Ailleurs, cest la lampe cubiculaire, la veilleuse ; puis la lampe qui eclaire les ecoles , celle qui brille dans les repas. On nous fait passer successivement devant les yeux les flambeaux gist la ressource demon infortune... Mais Paffection » dn bien public peut esteindre vos desordonnances » singulieres ;.. . et les uns vers les autres gardant pa- » tience , peut a tous ensemble venir le bonheur que » chascun veut querir par divers remedes. » Nous feliciterons aussi M. Forneron d'avoir combattu, pour ainsi dire , avec ses propres amies , ce neologisme pretentieux qui cbercbe a s'introduire dans toutcs les brandies de la litterature. Comme lui on ne peut que deplorer cette manie de viser a l'elfet , qui dedaigne la simplicite de la nature pour se jetcr dans les exa- gerations que Moliere stigmatisait dans les Precieuses, et qui associe les idees les plus incoberentes afln de produire je ne sais quoi de bizarre et d'inoui. Comme lui encore on ne peut voir dans cette etrange direction qu'un mouvement prononce vers la decadence. POtiSlE. J'arrive & la poesie. Je voudrais bien dire des choses merveilleuses et des vers, parce que je les aime , et de ceux qui les font, parce que je les crains ; je voudrais dire que tous les vers qu'on lit a l'Academie de Reims viennent directement du Parnasse , et que tous nos poetes ont bu les plus pures eaux des sources d'Hippocrene. Mais il y a , meme ici , des personnes qui pourraient bien ne pas me croire.Toutefois, je ne cours aucun risque a vous parler des poesies remoises de Nicolas Chesneau, d'abord parce que ce poete est mort, il y a bientdt 300 ans , ensuite parce que je n'ai rien a vous en dire, sinon que M. Ducbene a decouvert ses ceuvres manu- scrites dans la bibliotheque de feu M. Villenave, et qu'il les a fait rentrer a Reims. — Je puis bien vous appren- dre encore que M. Pinon nous a fait digneinenl appre- cier ledition de P. Corneille , recemment itubli^e et - 260 — annotee par M. Ge>uzez; que M. L. Lucas a commence a nous entretenir des ceuvres dites Erreurs podtiques de M. Ozanucaux ; que M. Midoc nous a fait connaitre le merite litteraire de M. Alfred de Tanouarne , et nous a fait un rapport sur le Recucil de VAcacUmie des jeux floraux. Maintenant je me contenterai de vous mentionner un poeme de M. 0. Seure sur la Mort de I'Archeveque de Paris , poeme arrive trop tard pour concourir au prix de l'Academie francaise; puis, deux pieces intituloes : Un mot aux modernes Carrier, et la Fralernite des arts, que nous eussions sans doute inserees dans nos publica- tions, si nos usages ne nous interdisaient la politique. — Je vous citerai I'Aiglon, de M. Ch. Paufiin : les Fragments d'un long poeme, de M, Teste d'Ouet ; l'elegie de M. Des- sain intitulee : Troisfois mourir ; les vers de M. Boucher de Perthes sur la Misere , I'emeute et le cholera; les fables de M. Clicquot, les Percherons , I' Eglantine , le Timbre et la Perruque 5 de M. Loison , le Plaisir et h Bonheur ; de M. Midoc, la Marguerite et le Ver luisant ; de M. Pinon, le Cordonnier medecin; et enfin le Conte breton de M. Violette. Si vous me demandez mon avis sur tous ces vers, fee que pourtant , en conscience de rapporteur , je ne devrais pas vous dire ) , je repon- drai par ces mots de Martial : Sunt bona , sunt quozdam mediocria... etc.... Ce qui veut dire en fran^ais que si tout n'est pas admirable , tout n'est pas non plus a dedaigner. BEAUX-ARTS. M. Maxime Sutaine , poursuivant le cours de ses re- cherches artistiques, nous a parte des ceuvres de Jacques Cellier. Ce dessinateur remois , du xvie siecle , se trouve aujourd'hui exile et commc perdu dans les rayons de la bibliothequc nationale , oti il ne rec^oit guere de visiles que dun petit nombre d'amateurs. Et pourtant e'est a lui qu'on doit le plan de Reims dont les planches out — 241 — servi au plan public sous le nom de Colin ; puis , parmi ses autres productions , on trouve treize dessins de diffe- rentes parties de notre cathedrale ; dessins qui ont d'au- tant plus de prix , que plusieurs des parties reproduces n'existent plus , par exemple , le labyrinthe , le jube , l'autel du grand cardinal; d'autres sont notablement modifiees , comme les orgues , la distribution et l'em- placement des chapelles. M. l'abbe Tourneur nous a revele la resurrection , dans notre cite, d'un art quijadisy avait ete florissant, et qui depuis longues annees n'y etait plus connu , je veux dire l'art de la peinture sur verre. Ce n'est pas que cet art soit encore arrive chez nous au Nee plus ultra de la perfection , mais des son aurore il apparait plein d'espe- rance et d'avenir. C'est ce que nous avons cru entre- voir dans la verriere, executee recemment par MM. Ladan et Reve pour l'eglise de Trigny. L'Academie s'estime heureuse d'avoir a feliciter publiquement ces deux ar- tistes, et elle s'empresse de decerner a chacun d'eux une medaille a titre d'encouragement. Que ne puis-je emprunter a M. Lepaule la delicatesse de son pinceau , la grace de son dessin, la fraicheur de son colons , pour vous peindre tout ce qu'il y a de suave et de celeste dans cette tete d'ange qu'il a offerte a l'Academie , en reconnaissance du titre de membre correspondant qui lui a ete confere. 11 me sera beaucoup plus facile de vous dire : voyez vous- memes et admirez. M. Fanart nous a transmis une note de M. Vermon, cure de Savigny , qui fait entrevoir dans un prochain avenir l'impossibilite de chanter les divins offices : le plain-chant n'est plus guere etudie de nos jours ; sa notation vieillie, ses clefs mobiles, deviendront bientot une lettre close. Ou trouvera-t-on des chantres surtout dans les populations rurales, quand il est deja si diffi- cile d'en rencontrer dans les villes , meme pour les — 262 — cathedrales ? M. le cure propose, non-seulement commc remede, mais comme amelioration certaine et prompte, de remplacer la vieille notation ecclesiastique par les caracteres de la musique rnoderne. Aujourd'hui que l'etude de la musique est devenue generale , mettez entre les mains des jeunes gens des livres ecrits avec les notes quils connaissent , bientOt le plain-chant sera populaire ; bientot ,, comme le font deja pressentir des essais tentes dans quelques etablissements de la capi- tale, la priere publique, chantee par la voix imposante da tout un peuple , reprendra son veritable caractere, son antique et sublime rnajeste. Vous me permettrez de ne pas terminer ce compte- rendu sans donner une marque de souvenir a ceux de nos confreres que divers eveuements ont eloignes de nous , et surtout a celui que nous ecoutions comme un oracle, que nous venerions comme un sage, que nous aimions comme un pere, a M. Ruiuart de Brimont, que la mort nous a ravi. Jamais nous ne pourrons oublier ce que lui dut la science , et particulierement l'agri- culture. Son nom , inscrit dans nos annales , sera de- sormais un de nos plus beaux titres , car ce nom signifie modestie et talent , vertu et bienfaisanee. Tou- jours l'Academie sera here de l'avoir compte parmi ses premiers fondateurs , plus Here encore d'avoir servi quelquefois d'instrumenl a son ingenieuse liberalite. — Pour vous qui etes appeles a prendre aupres de nous la place de ceux que nous avons perdus , si votre mo- destie ne me permet pas d'enumerer ici les titres litte- raires ou scientiQques qui vous assignaient d'avance un rang dans rAcademic, votre cceur me permettra du moins de manifester l'espoir , que nous avons congu des le premier jour , de trouver en vous ce que nous trouvions en vos devanciers , non seulement des savants pleins de zele , mais encore des amis, des freres. — 243 — Monographic dc la Calhidrale de Reims. MEMOIRE DE M. Louis PARIS, Trait ant la ^re question du programme de concours. RAPPORT DE M. V. TOURNEUR, Au nom de la commission coraposee de MM. Bandeville , QuERKY & TOURNEUR. De tous les sujets historiques, archeologiques ou litteraires que 1'Academie puisse offrir a l'emulation des homines studieux , aucun , sans conlredil, ne presente mi interet plus saisissant et plus vif, que VHistoire et la Description de la cathedrale de Reims. Tout se reunit , en eflet , pour nous attacher par les plus etroits liens a l'admirable basilique. La religion d'abord ; car la melropole est pour nous I'Eglise- mere , le siege du successeur de saint Rerai , qui nous met en communion avec le siege indefectible du prince des apoires. A quelque lieu du diocese ou de la province que nous apparlenions, elle est notre Eglise a tous, parce que de la descendent sur nous — nu — plus abondantes les benedictions du premier pasleur ; parce que de la partem incessamment les messagers de la bonne nouvelle , qui s'en vont distribuer it leurs freres les Iresors de graces, epanches de la main du pontife sur leurs tetes, pendant qu'ils elaient prosternes it ses pieds sur le pave de ce sanctuaire, au jour de leur ordination. L'amour de la patrie doit aussi nous fairc cherir noire cathedrale. Car , si par les merveilles de sa structure elle est it bon droit regard ee comme Tun des plus tares chefs-d'oeuvre de 1'art humain ; si la France , si 1'Europe , j'allais dire si le monde, en sont tiers, ne sera-t-elle pas pour Reims le plus elince- lant , le plus precieux joyau de sa couronne? Aussi, noble temple , lu representes v raiment it nos yeux la patrie ! Pour ['enfant de Reims , lu es toi settle toule sa ville ! II ne parte que de toi a 1'etranger qui l'inlerroge ; e'est toi qu'aux lointains rivages lui mon- trenl ses reves , qttand sa pensee se porle vers le pays absent ; toi qu'au retour il salue la premiere , quand il t'apercoit , de quelque cote qu'il revienne , domi- nant les imperceptibles edifices de la cile , de toulc la hauteur qui doit clever au-dessus de la demeure des hommes, l'augusle demeure consacree it Dieu. Que dirai-je , Messieurs , du culle des souvenirs qui doit surtout nous occuper ici ? A ce point de vue , la cathedrale n'cst-elle pas encore le lemoin toujours vivant d'un gloriettx passe , donl l'hisloire se confond pour nous avec l'hisloire meme de la patrie? Laissez-moi , je vous en prie , MM., vous exposer librement tine image, trop bardie , peut- etre , mais pour laquelle j'osc cependant vous deman- der grace , parce que je la crois propre it rendre — 245 — exactement ma pensee. Quand je veux me repre- senter ce qu'est pour nous la catbedrale de Reims, il me semble voir en elle un vieillard venerable , dont la vie se serait prolongee de plusieurs siecles au-dela de la generation avec laquelle il etait ne , et qui est ainsi devenu le contemporain d'une mullilude de generations successives. II a longiemps vecu avec nos peres et les ai'eux de nos peres : mais voycz ! le temps ne lui a rien otc de sa vigueur , il n'a fait qu'ajouter a sa majesle en chargeant son front de rides ; il vivra longiemps encore pour le bonheur de nos neveux. En attendant , il vit pour nous et avec nous , se prelant avec une benigne indulgence a lout ce qui nous interesse ; nos fetes, nosjoies, nos deuils , et quelquefois aussi aux mou- vements de nos passions d'un jour qu'il ne parlage pas. Immobile dans sa majesle , calme , grave , re- serve , silencieux , il parait garder pour lui seul les mille souvenirs qu'il a recueillis dans sa longue existence, et qu'il porle ecrits c/a et la sur des pages mysterieuses ; il ne les revele qu'a ceux qui savent se faire les courlisans de sa vieillesse , I'enlourer de soins, l'interroger avec perseverance , avec sa- gacile , avec amour. Que de choses nous apprendrait le vieux temple , s'il daignait une fois nous racon- ter ce qu'il a vu dans sa longue vie ! Sa naissance, sa jeunesse et les dures epreuves de sa malurite : les agitations interieures de la cite remoise aux temps feodaux ; les Anglais repousses , la mique-maque noyee dans des flots de sang , puis la ligue , la fronde, la terreur ; et enfin lous ces rois, qui semblent se presser autour de nous , comme pour prendre part a celte solennite, parce q'uelle a lieu dans ce palais , ii. 19 — 240 — dans ceite salle , autre te.moin de leur splendeur eteinle. Le premier qui penetre avant tous les autres sous ces voutes encore inachevees, c'est Louis le Lion. Puis bientot voici venir, conduit par la main du modele des epouses et des meres , de la pieuse reine Blanche , le beau jeune prince (pie la nation va saluer du nom de Louis IX , en attendant que la religion , ceignant son front d'une couronne moins fragile et plus brillante , l'appelle pour l'eternile saint Louis ! Que dirai-je encore ? Charles V appre- nant dans la cathedrale de Reims au jour meme de son sacre , comme le plus heureux augure, la vic- toire de Cockerel et le iriomphe de Du Guesclin sur les Anglais. Charles VII , Charles le Bien-Servi , et a ses cotes la Pucelle de Domremy, faisant flotter au lieu de l*honneur le noble etendard qui a vaincu dans tant de balailles. Plus lard , voici agenouilles aux pieds du Cardinal de Lorraine leur oncle , Francois II et Marie Stuart. Puis tour a tour Louis XIII, Louis XIV , Louis XV , alors vraiment le Bien-Aime. El enfin I'infortune Louis XVI et Charles X , non moins inlbrtune peul-elre , car , qui oserait dire que la hache du bourreau soil plus cruelle que les horreurs d'un triple exil , quand une fois on a eu le malheur d'etre Roi ? Telle est Vindication rapide et sommaire des prin- cipales raisons qui nous font aimer noire belle calhedrale ; j'aimerais , Messieurs , a les developper devant vous , mais je parlerais a des convertis : el d'ailleurs, les minules «jui s'ecoulenl m'obligent d'aborder bien vile mon sujel avant l'enlier e'pui- — 247 — sement du quart d'heure que voire reglement m'ac- corde pour le iraiter. L'hfstoire et la description de la cathedrale de Reims sont done le plus interessant sujet que vous puissiez offrir au zele des concurrents. Aussi , puis- je dire que, quand un genereux anonyme fondait en 1846, pour dix anuees consecutives, nn prix destine a recompense!' la meilleure monographic de la cathedrale de Reims, et qui devait etre decerne en seance puhlique par 1'Academie, il repondait a vos voeux , et ne faisait que vous prevenir. Afin de rendre le concours plus accessible au grand nombre, vous avez parlage le sujet total en deux grandes parts: a la premiere , relative au travail graphique, dessins , plans , coupes , elevations , etc. , vous ac- cordez cinq annees d'etudes et vous promettez une medaille de mille francs. Puis , divisant en cinq questions secondares la portion historique et descrip- tive , vous avez promis , suivant les intentions de 1'honorable anonyme, une medaille de 200 francs aux auteurs qui traiteraient le mieux chacune de ces questions. La premiere, posee pour 1847, etait ainsi concue : « Decrire les parties accessoires de la cathedrale de » Reims, comme les chapelles, les autels , les fonts » baptismaux, le jube, le labyrinthe, la rouelle , les » benitiers , les tombeaux , ainsi que les principaux » objets mobiliers tels que les orgues , les stalles , » les chaires, les tapisseries el les tableaux. » Vous ne vous borniez pas a demander la de- scription de ces divers monuments dans leur etat actuel, vous vouliez encore que l'auteur racontat leur origine, leurs transformations successives, qu'il — 268 — recherchat meme, pour les expliquer, ceux qui avaicnt disparu. Durant irois annees, la question ainsi posee est demeuree sans reponse. — Non pas ccrles qu'elle fiit oiseuse ou inutile ! car un president de la celebre Sociele des anliquaires de 1'Ouest , auteur d'un Ires important ouvrage sur la cathedrale de Poitiers, cite avec honneur cette meme question dans la preface de son livre ; il felicile haulement l'Academie de Reims d'avoir trace une telle marche aux archeolo- gues et se glorifie de n'en avoir pas suivi d'autre dans son propre travail (i). Mais il etait diflicile, de repondre d'une maniere satisfaisante a la dcmande de l'Academie! chose bien elrange ! Notre cathedrale, si vantee, n'a jamais ete expliquee ni decrite d'une maniere complete a aucune epoque. Nulle part il n'existe de memoires detailles ou precis sur les diverses modifications qu'elle a dii subir soit daus ses details , soil dans son en- semble. Voila pourquoi, le travail demande par rAcademie , tout simple qu'il parait au premier abord, etait en realite une oeuvre considerable de sagacile, de recbeiches , de patience el d'erudiiion presque benedicline. Je ne parle pas des dillicultes de la mise en oeuvre, ni de ['incontestable talent necessaire pour rediger d'une maniere attrayante une enumera- tion secbe, herissee de chiflres et de dates, je ne me preoccupe ici que de ce qu'il y avail a faire pour rassembler seulement les materiaux. II fallait longlemps palir sur les indechiffrables manuscrils de (1) Description de la cathedrale de Poitiers, par M. A. Auber. — 2 v. in-8°, preface , page v. — 249 — nos vieux annalisles , fouiller les poudreux (alms des chartes, des obiluaires , des colleclaires, des ce remoniaux pour en tirer a grand' peine line phrase, un mot, qui rapproche d'un autre put faire jaillir quelque lumiere. II fallait eiudier , comparer d'anciens plans manuscrils et sans dates , dont la phi part n'existent que dans les bibliolhequcs de la capitalc, afin de deviner, par leurs variantes, les changemenls interieurs dont on avait a raconter I'liistoire. OEuvre ingrate , fastidieuse , et dont les ennuis deviennent souvent insurmontables, malgre I'inepuisable com- plaisance des bibliothecaires, grace aux reglements, aux entraves de toute nature , qui rendenl si penible lout travail serieux et de longue haleine dans nos bibliotheques publiques. Servi par ses eludes anlerieures et par sa position exceplionnelle , l'auteur du memoire que voire commission a etudie , Messieurs, a pu triompher Ires heureusemenl de cos obstacles, et repondre presque aussi completement que possible a la question de votre programme. A part quelqucs lacunes , relatives surtout a l'ameublement actuel de la cathedrale , et que votre commission a jugees pen importantes , parce qu'il est tres facile d'y suppleer, on peut dire, qu'il n'y a rien de plus interessant que de suivre le memoire qui vous est olTert , dans 1'histoire des constructions on des objets mobiliers divers qui ont decore la cathedrale a l'interieur, el d'assisler avec l'auteur a leurs transformations successives. Kn 1214, la premiere pierre de l'edilice est posee, el dejii de precieux monuments, arraches aux ruines fumantes de 1'ancien temple, altendenl que le nouveau leur soil ouvert pour y reprendre leur place : e'est, — 250 — au fond de I'abside, la chaire dile tie St-Rigobert, ou siegea saint Rcmi, ou seront inslalles sos succcsseurs jusqu'en 1744, ou reposeront durani la vacance du Irooe archiepiscopal et a la inort des arcbeveques, les insignes de learpouvoir et de leur dignile, le baton |)astoral et la croix metropobtaine. C'cst I'aulcl, orne par Ebon , par Ilincmar au i\e siecle, complete par Henri de France au xne siecle. Des 121 1 I'aulcl occupe la place ou nous le voyons. C'est , vers 1'eniree du choeur, la Rouelle, c'est-a-dire , la pierre en forme de roue que saint Nicaise arrosa du sang de son martyre. Cetie pierre marquait alors le seuil d'une magnitique eglise, deja solennellement consacrec a la Mere de Dieu plus d'un quart de siecle avanl que le conciled'Epbese foudroyalles erreursde >, rcnferma la sainte bostie. Que sa forme acluelle ne vous paraisse pas etrange, car celui que vous voyez maintenant , donne en 1815 par M. Ludinart de Vauxelles, affecle encore — 251 — de ressembler a une clochelio , comme celui de 1290 qu'il a remplace. Nous touchons au xive siecle , alors est construit le iabyrinlhe ou dedale — pour servir a la sepul- ture des archilectes du monument , et pour fournir aux fideles qui le parcourront a genoux en recitant certaines prieres, le moyen de gagner les indulgences attachees au pelerinage de Jerusalem. C'est en quelque sorte l'analogue de nos chemins de la croix actuels , aussi l'appelait-on chemin de Jerusalem. Point capital, grave probleme archeologique que les plus doctes discutenl chaudement aujourd'hui , et que l'auteur de noire memoire resout d'une faconclaire et concluante. Je me hate au travers des fails curieux : Collarl de Givry batit le Jube en 1417. Ce jube a servi a 1'intronisation de tons nos monarques, depuis Charles VII jusqu'a Louis XV inclusivement. En 1469, Juvenal des Ursins construit le buffet d'orgue , tel a pen pres que nous le voyons aujour- d'hui , et Pierre de Laval donne les premieres stalles en 1474. A peine les mines, causees en 1481 par l'incendie des clochers et des combles, sont-elles reparees, que deja Ton decore magnifiquemenl la chapelle du St Lait ; Robert de Lenoncourt I'achevera au xvie siecle, le xvine la delruira ; heureusement elle ne pourra point entieremeiil perir , une plume conlemporaine en a trace le dessin , qu'une main vigilante a sauve de l'oubli, et multiplie pour nous 1'olFrir. Viennent les jours brillants du pontifical de Charles de Lorraine, le grand autel est orne, refail, embelli par mailre Poncelel-Paroissien , archilecle remois. — 252 — Les chefs-d'oeuvre des maitres de l'ecole italicnnc viennent en grand nombre decorcr noire basilique ; I'un des Jacques sculpte l'autel des apotres. Le chceur recoit pour emltellissement les lapisseries de Lenon- court , bientdt suivies de celles de Henri de Lorraine que lant d'eglises nous envient encore. La deco- ration du pave s'achevera en se couvrant a cliaque deces d'archeveque de dalles historiees. La cathe- drale est alors complete dans son oruemenlation , elle louche a l'apogee de sa splendeur. C'est vous dire que celle splendeur va s'effacer, que cet eclat va s'eteindre ! Ainsi le veut l'impitoyable loi qui semble attachee uux ceuvres, humaines !... Toujours la chute apres l'elevation , le precipice a cole de la montagne ! Le xvme .siecle va paraitre , alors on ne veut plus de loutes ces ceuvres, produits de siecles qu'on appelle barbarcs, d'un art qu'on qualifie dedaigneu- sement de gothique. Ce qu'il faut alors ce sont les colonnes corinthiennes , doriques, ioniques , avec tous leurs accessoires de frises , d'archilraves , d'as- tragales et de listels plus ou moins renouveles des Grecs el des Romains. Bientot on ne voudra meme plus de cctle severite antique , on alterera le grec el le romain, en ajoutant les volutes , les pendentifs, les chicorees , les rocailles , les amours bouffis et charnus , et Ton tombera dans ce miscrahle style si juslement flelri du nom de rococo, de Pompadour! Mors, une fievre de destruction parait s'etre em- paree de ceux que leur etat obligerait de dei'endre , de conserver et d'orner la cathedrale. Aujourd'hui tombe le splendide auteldu St-Lait, demain celui de St Barlhelemi , el ses 70 statuettes de pierre sonl — 253 — renversees ; puis l'aulel , le lombeau du cardinal de Lorraine, la rouelle, la cloture du choeur, le jube s'ecroulent sous les coups d'un impitoyable marleau. Les tapisseries de Lenoncourt et d'Henri de Lorraine sont enfouies dans les greniers. On cache dans le tresor les tiertes magnifiques du moyen-age, la chasse de St Nicaise , de St Rigobert , de la S,e Vierge , parce qu'au chevet de celle-ci paraissait l'augusle mere portant dans ses bras l'Enfant-Jesus , lequel « s'ebattoit joyeusement d'un petit moulinet » que le xvme siecle ne pouvait regarder sans rire. On eteint les rosaces, on aveugle , on defonce les verrieres a vitraux histories. D'antiques legendes etaient peintes a fresque sur les murailles , Tor et l'azur s'etalaient sur cerlaines voules , la brosse du badigeonneur en a bientot fait justice ! Et l'historien de la calhedrale est la pour enregistrer tous ces mefaits, assignant pieces en main, a chacun , le nom de son auteur, de ses approbateurs , sa date precise, et jusqu'au prix de main-d'ceuvre , cerlilie par les recus en bonne forme du macon , du badi- geonneur et du vilrier. Le premier acle de vanda- lisme a lieu en 1688, le chanoine Dozet en est cou- pable , et Ton pent lire encore tous les jours a la calhedrale la magnilique inscription qui Ten remercie. Le dernier a lieu quatre-vingt e serie, XXIV, 464. — 270 — loujours sur la craie ou les terrains tourbeux , cepen- dant j'ai cru ne pas devoir negliger de faire une determination precise. II exi^te, a quelques lieues de Reims, une ri- viere presque seniblable a la Vesle, et dont le cours est a peu pres parallele au sien ; c'est la Suippe. Plusieurs des habilans do Reims esiiment l'eau de cetle riviere au-dessus des eaux de noire ville. Je 1'ai examinee sous ce poinl de vued'abord, et ensuite pour elabiir une comparaison entre deux cours d'eau dont 1'origine est la meme, el qui coulent verita- blement sur les memes terrains. Lorsque la ville de Reims a elabli les fontaines qui dislribuent l'eau de la Vesle dans toutes ses parlies , l'Adminislralion voulait fournir a tous les babilanls une eau salubre au lieu des eaux donnees par la pluparl des puits , qui sont presque loujours d'un mauvais usage pour les besoins domesliques on induslriels. — L'analvse cbimique donne la seule preuve decisive de la superiorile des eaux de riviere. Je ne pouvais done omellre d'cludicr les eaux de certains puits dont l'importance est ou a ete con- siderable. Ainsi , j'ai analyse l'eau des puits de niolel-Dieu , qui servaient a Falimcnlalion de ce vaste bopilal avant l'elablissemenl des fontaines ; l'eau du puits de Tournebonneau si connu de toute la ville ; l'eau de retablisscment situe a Relbleem ; cellc de deux puits situes au faubourg de Paris; l'eau de la maison des Carmes ; celle du puits de I'Abattoir el cellc d'un autre puits, fore par M. Croutelle dans I'usine de Flecbambault. Telles etaienl , monsieur le Maire , les conditions principals des eludes ou j'ai cru trouver une utilite — 271 — veritable. Apres los avoir entreprises dans ces limites, je me suis vu conduit a Ics etendre pour quelques eaux placees clans des conditions parliculieres. — Ayant pu me procurer l'eau de la source du Moulin a Hermonville , ou la presence de Parsenium a ele conslatee par MM. Chevalier et Gobley , (Journal de pharmacie, Mai 1848,) j'ai cm ires important d'exa- miner celle eau donl I'origne est sans doule commune a beaucoup d'autres sources environnanles; ce qui conduirait a ranger l'arsenium au nombre des elements du sol dans cette partie de notre department. — Ensuite j'ai examine l'eau des marais de Sl-Brice, dont la purele semblait extraordinaire ; en une annee, m'assurait-on , le depot forme par celle eau dans une cbaudiere a vapeur n'elait pas assez considerable pour necessiter un neltoyage ( 1 ). Le travail que j'ai l'honneur de vous adresser, monsieur le Maire , se divise en quatre chapitres disiincts. Le premier fait brievement connaitre les precedes que j'ai mis en usage pour executor ces reeberches, et met a meme de juger si les modifications dont j'ai cru sentir la nccessile sont lieureuses et si mes (I) Plusieurs pcrsonnes ont mis la plusgrande obligeance a me faciliter ces recherches. M. Leconte aine , membra du conseil municipal , m'a donne les residus qu'il avait obtenus lui-meme de diverses origines. M. de Brunet m'a procure l'eau de la Suippe; MM. Pelit el Jolicanir, l'eau d'Hermonville el Irs depots qu'elle abandonne ; M. Bricoul, celle dn marais de St-Brice : M I'abbe Charlier, l'eau do Iielhleem; M. Grandval, les eaux de l'H6U;l-Dieu ; M. Houpin, l'eau du puils fore a Flechambault ; M Camus-Romagny, les eaux desesdeux puils; M. Cousin, l'eau de I'Alialtoir. Permeltez-moi , monsieur le Maire, d'offrir a ces Messieurs mi Iri vil's remcrcieniL'nls . — 272 — experiences en om acinic un grand degre de preci- sion. Le deuxieme est uniquemenl consacre a I'ex posi- tion des details analytiques : un paragraphe distinc est donne aux eaux de riviere , un autre aux eaux ilcs puits, un troisieme aux eaux des sources. Apres celte indication des resullats numeriques, vienl nalurellemenl I'exposedes consequences direcles de l'analysc. La comparison de I'eau de la Vesle avec celle des rivieres connues , l'examen des modi- ficalions qu'elle subil dons les circonstances comparaisons quejevoulais — Ilk — obleoir exigeaient une grande precision dans la re- cherche de cet acide. En examinanl avec soin les procedes acluels, je n'v ai pas trouve la surete ne- cessaire : en voici les raisons. Les chimisles ont suivi jusqu'a present plusieurs marches differentes. Les uns font bouillir l'eau dans un ballon renipli comme pour I'air atmospherique et recoivent dans une eprouvetlc sur le mercure, les gaz et l'eau qui sortenl du ballon : apres un refroidissemcnt com- plet, on note le volume de l'eau el celui des gaz, puis on introduit dans l'eprouvette un fragment de potasse : celte base absorbe I'acide dont le volume total s'evalue par cette absorption et par le volume de l'eau qui est censee renfermcr un volume d'acide carbonique egal au sien. Ce premier procede n'ost pas exempt d incertitude ; en effet , il repose d'abord sur une hypolhese dont la science ne presente aucunc verification , savoir : que V acide carbonique, dissous dans les eaux, sen echappe tout entier a la chaleur de I'ebullition et laisse a I'etat de carbonates simples les bases auxquelles il etait associe. Nul ouvrage ne dit clairement a qui nous devons ce principe. Ber- thollet se borne h dire : Les bicarbonates sounds en dissolution a la chaleur de l'eau bouillante laisscnt degagcr une partie de leur acide , mais pas assez pour devenir carbonates ordinaires, et, depuis ce ce- lebie chimiste, personnc n'a entrepris sur ce sujet de recherches nouvelles. Ainsi lout I'acide carboni- que des eaux ordinaires n'cst pas chasse par la chaleur de I'ebullition. — D'un autre cote, la me- sure de ce gaz ameue sur le mercure repose sur une seconde hypolhese, savoir : l'eau absorbe un volume d'acide carbonique egal au sien. II n'existe sur cc - 275 — point aucun renseignement exact : c'est una pen pies, et tout le monde sait que la faculte dissolvante de l'eau varie avec la temperature el la pression : ainsi ce procede ne peut donner que des approximations insuffisantes. III. D'autreschimistes ont employe la methode sui- vante: au lieu de faire bouillir l'eau toute seule, on y ajoute un a deux grammes d'acide sulfurique par litre au moment de la soumettre a l'ebullilion et dans le ballon meme, en agissant au reste comme dans le cas precedent. Tout 1'acide carbonique con- tenu dans l'eau sc degage alors: non seulement 1'acide libre, mais celui des carbonates ou bicarbonates. Par un essai preliminaire, on determine la proportion des carbonates simples et on calcule ce qu'ils exigeraient d'acide pour constiluer des bicarbonates; le reste donne 1'acide dissous en liberie dans l'eau. — Ce procede ne me semble pas plus sur que le premier. Le gaz etant recueilli dans le meme etat, sa mesure est exposee aux memes difficulles. En second lieu , la supposition que les carbonates dissous dans l'eau, et en particulier le carbonate de chaux, se trouvent a l'etal de bicarbonates lorsqu'il existe un exces d'a- cide carbonique ,, n'est pas admissible, malgre sa vrai- semblance, ainsi que je le dirai plus loin. (CLIV). On a fait subir a ces procedes quelques modifica- tions plus ou moins imporlantes, mais dont je ne crois pas devoir m'occuper ici. Je me contenterai done d'indiquer une marche nouvelle, que j'ai suivie dans mes experiences , et sans laquelle on ne pour- rait connailre 1'acide carbonique des eaux avec une precision sulfisante : cetle methode va etre cxposec d;ms le paragraphe suivant. — 276 — § 11. Determination m:s acides /" Acide carbonique. IV. II est facile de determiner I'acide carbonique des sels obtenus par ('evaporation , en se servant du procede de M. Fritsche. J'emploie pour cet objel la disposition suivanlc. Dans le ballon A ( Planche I, lig. Ir0) de 200 centimetres cubes, j'introduis 1 a 2 grammes de sels sees pesos ires cxactement. d'avancc el jo les recouvre de 20 ou 25 grammes d'eau pure : an col de ce ballon , j'adaptc les deux tubes B, C: B est un lube en S, destine a conte- nir to a 20 grammes d'acide sulfurique concentre : e'est un lube de dessiccalion a pierre ponce sulfuri- que. Ces deux lubes sonl lixes dans un bouclion ii 2 trous mastique soigneusemenl, el constituent avec le ballon A un appareil unique dont on pent pren- dre le poids lolal. II esl facile de voir que, si Ton ajoule au moyen d'un caoutchouc le tube de pome sulfurique D , on pourra dinger doncemenl par ce tube un courant d'air atmospherique, dont la pres- sion fera couler peu a peu I'acide sulfurique dans le ballon A ; cet acide, delaye d'abord par I'eau , produit la decomposition des carbonates, el I'acide carbonique Irouvanl une issue facile dans le lube C , le traverse et Ini obandonnc complement sou humidite. Le poids de I'appareil A,B,C reste apres I'experience exaclement diminue du poids de I'acide carbonique degage. — Ceiie melhode esl ires pre- cise; il ne s'ecbappe rien aulre chose que I'acide carbonique; les acides volalils soul retenus par I'eau, memo en chauflant le liquide a ."id" pendant plus d'une heme. Plusieurs experiences laites sur mi — 277 — meme echantilion de sels m'ont donne loujours le meme resullat et avec la plus grande exactitude. — Au besoin , on fait la verification en disposant a la suite d u lube C le lube a potasse E, puis le tube de dessiccation F. Non seulement le poids de ces deux tubes augmente rigoureusement autanl que celui de I'appareil A,B,C dimiuue : mais on peut en outre constater directement la purete de l'acide carboni- que degage. — Quand les sels renferment de la silice et du sulfate de chaux en proportion notable, il faut avoir soin de les pulveriser finement dans le mortier d'agate, et leur decomposition est bien complete. V. Je me sers encore de la meme melhode pour evaluer l'acide carbonique dissous dans les eaux en presence des carbonates simples : mais , d'abord , je cbange Fetal de cct acide et je le fais enlrer en com- binaison pour agir sur un carbonate. — Un ballon de 4 Hires doul le col est eflile H (Plancbe 1, fig. 2), recoil l'eau dont on veut (aire Panalyse au moment ou on la recueille ; le volume de l'eau demeurc connu par un ropere m trace sur le col du ballon. On verse alors un leger exces d'aceiate de plomb ammoniacal , et on ferme le ballon H au moyen du ballon A el d'un bouchon i. Apres quelques mi- nutes d'agitation , on relourne le systeme dans la position 2 de la figure et on laisse acbever l'expe- rience. 11 sc forme un abondant precipite plombeux ou se trouve tout l'acide carbonique de l'eau ; car le carbonate de plomb est absolument insoluble dans une liqueur ammoniacale. Le de'pot reuni dans le ballon A , on enlevc le ballon H et la liqueur surnagcanle ; puis on met en place les lubes B C, el il mi teste plus qu'a Cairo agir l'acide sulfurique, - 278 — Une 1'ois l'acide carbonique evalue , si Ion relranche de son poids celui de l'acide irouve" dans I'analyse precedente, on oblienl l'acide dissous en exces des carbonates. 2° Acide sulfurique. VI. La determination de cet acide esi (res facile el tres sure. On ajoute quelques goultes d'acide chlor- hydrique pur a un volume ou un poids d'eau connu ; on verse ensuite un leger exces de chlorure de barium, et apres avoir rccueilli sur un filtre le sulfate de baryle qui se depose, on le lave avec de I'eau dis- tillee , tres chaude , aiguisee d'acide chlorbydrique , et pendant longtemps s'il existe des azotatcs dans la liqueur ; puis on secbe le precipite et on le calcine au rouge. Deduction faite des cendres du fibre, le sulfate BaO. SO3 fait connaitre avec une extreme pre- cision l'acide sulfurique. 5° Acide azolique. 7. Rien de mieux , pour cvaluer les azotatcs, que la melhode de M. Pelouze : il faut seulement des precautions assez simples. II faut agir, non pas sur I'eau , mais sur le produit de la dessiccation des sets solubles obtenus par Evaporation incomplete. — Ordinairement j'ai employe 0g, 200 a 0g, 400 de fer: quelquefois 1^,500. Apres avoir fait dissoudre le metal dans un ballon a l'aide de i5 a 20 centi- metres cubes d'acide chlorhydrique , et avoir ajoute du zinc pour maintenir au minimum , je versais 1 a 2 grammes de sels sees en agitanl, pour que le me- lange se fit immedialement ; pour peu qu'il y ail trace d'azotates , la liqueur se colore en brun, sinon sur le champ, du nioins en elevanl de uouvcau la temperature. Bienlol la coloration brune disparail — 279 — el la liqueur devient d'un jaune pur. J'ajoute ensuite le permanganate de potasse , litre presque loujours le matin meme. Celle metbode employee avec soin m'a paru exacle. J'ai voulu m'assurer de l'innocuite des matieres or- ganiques, meme azotees. Dans un volume d'eau correspondant a 2 on 5 grammes de sels , je fis dissoudre 50 milligrammes d'albumine secbe, el apres la dessiccalion j'operai comme sur les sels purs. Deux experiences faites de cette maniere ne m'ont pas fourni d'aulres resullats que les sels memes. VIII. Le dosage de l'acide azotique par le procede de comltuslion des matieres organiques donneiail une erreur notable pour cerlaines eaux qui contien- nenl des substances azotees. IX. On peut par l'alcool enlever l'azotate de potasse ou de soude a l'etat cristallise. X. Certains auteurs affirment que la presence de l'acide azotique est constante dans les eaux , et sa quanlite proportionnelle a celle de la matiere orga- nique qui y est dissoule. — Les resultals de mes analyses ne paraisscnt pas s'accorder avec celle opinion ( XLIX ). 4° Acide silicique. XL J'ai determine cet acide dela maniere suivante : un poids connu de sels sees a ele traite par l'acide chlorbydrique , evapore a siccite , puis chauffe au rouge. La matiere reprise par l'acide chlorhydrique et lavee a I'eau , contient l'acide silicique , un peu de sulfate de chaux et de I'alumine ; on la mele avec o ou (> Ibis son poids de carbonate de soude, et on chauffe fortement jusqu'a ce que la fusion soil — 280 — parfailemenl iranquille. On iraite par l'eau , on lave soigneuseraenl 1c carbonate de chaux : la liqueur concentreo el iraitee par I'acide chlorhydrique domic I'acide silicique pur. — II Taut s'assurerque le car- bonate de chaux nc retienl pas (ic silice , ce qui arrive parfois. .5° Acide phosphorique. XII. I.a recherche de eel acide a ete faile, en general , de la maniere suivante : on poids connu de sels sees reduits en poudrc fine a cte bouilli , an besoin , dans de I'acide chlorhydrique pur, etendu de 2 fois son poids d'eau : la liqueur concentree et refroidie laisse deposer souvenl nn pen de sulfate de chaux : on le separe. On verse alors dans le liquide 0gr, 200 environ de fer dissous dans l'eau regale el on ajoute ensuite nn exces d'ammoniaque. Le precipite qui se forme contienl I'acide phosphorique et de I'alumine. Apres avoir lave le precipite , on le calcine : l'augmeulalion de poids doit etre dimioue'e de I'alumine qu'on evalue par le procede de Berzelius. 6°. Chlore. XIII. On evapore un volume d'eau connu jusqu'au |- ou I,-; on lil ire et on lave le depot deux on trois fois a l'eau distillec chaude ; la liqueur est acidifiee forlement par I'acide azotique et melee d'azotate d'argent en petit exces. Le precipite de cblorure d'argent lave avec de l'eau cbargee d'acide azotique et mis , autant que possible , bors des alleintes de la lumierc, est ensuite fondu suivanl la metbodc babi- luelle el permei de calculer par son poids celui du chlore. — 28 i — 7°. Acides orgaaiques , ulmiqw, crenique, apocre- nique . XIV. Voici sur quelles donnees j'admets la presence •* t- o 05 CM r- o G1 o to to o r— o CO OS ift cs ■r- 1ft CO "^ «* 5-1 to o a to c- CT> Cl t~- ^« CM ^-< tO 1ft 00 c( t-T— — " o" S .r^r - * - * * „ ^ „ 3 JOS1SJ "^ 1 o < •«* CM CM 1ft -r- -r- «* CO — to -* c: co C3 C7J » GO 1 CM t- O CT> -< T-loitOt-OO UJ I n t_ 1 1 -S X5 Sft "5 r~ CM r to -*j. o o CHAT T849. oTo" ©" co to o ojeooo O CM l?(J)'>( r- to f O to «* to o ■ *- — — «. u ~* CO ©1 CO 00 ^i CO OO -^ CO to Is 1 a 1 ™ 1 l~3 O co »o n 3d CO CM T- o o GRAM 165, 2, cm ire _ — i c i— 0 00" OS Ci OS oo«n Jft I to «l0 5 ^ C3 con 7. us. TIER nate e de orure d tate de ce . mine de de k tate. cr crenate e chau: to Cn CzJ w ca 0 CO _3 -S J <5 ^. t^ -s - 3 O -3 H ."S H A t3 co a o» O O «£ CO ■< O O *C hC| S- — 292 — XXXII. L'evaporation a siccile donne loujours un residu pulverulent : ce residu , traite par 1'eau dislillee bouillante el lave sur un iiltre jusqu'a 1'enirainement complet des parties solubles, donne le partagesuivant : Sur 1 ,000 litres d'eau , Sur 100 grammes de sets , Sets insolubles . ; . HO", 0 .... 89, 25 Sels solubles. - . 20, 5 . . 10, 77 190, 5 100, 00 Le partage des sels ainsi determine , represent exaclemenl celui qui s'opfere dans les chaudiercs a vapeur (LXXXII). Art. 2. — Eau de la Suippe. XXXIII. L'eau de la Suippe presente a nos sens la plus grande analogie avec celle de la Vesle : son odeur el son gout m'ont paru sensiblement les memes. Elle dissout parfaitement le savon : elle esl neutre au tournesol ; l'ebullition y produit un depot ires leger forme de carbonate de cbaux presque pur. 1,000 Hires d'eau contiennent : azote. I oxygeDe. Acide carbonique. \ Air ! MAT1KRES S0L1DES. Carbonate de chaux. . Sulfate de potasse. . Chlorure de potassium. sodium. . Azotate de soude. . . Silice AlumiDe CO'CaO KO. SO J K CI Na CI SiO' LITRES n, 62 1, it S, 89 A1'20' Oxyde de fer | Fe O5 Ulmate, crunate f Apocreuate de soude et chaux. j Total des hatiergs dissoutes. . Debris organiques en suspension. Total dans l'eau non filtree. . 51, 22 50, U 24, 70 18, 80 100. 00 69, 56) 50, U) 100, 00 GRAMMES. 157, 19 5, 71 5, 81 5, 89 2, 48 1, 97 5, 50 10, 06 l'Jl, 01 10, 50 201, 51 293 L'eau avait ete recueillie le 18 juin 1849, a Isle-sur-Suippe ; la temperature et la pression n'ont pas ete observees. XXXIV. L'evaporation fournit un residu absolu- ment semblable pour I'aspect a ceux de la Vesle ; il est pulverulent et peut elre separe en : Sur 1,000 litres d'eau, Sur 100 grammes de sels , Sets insolubles . . . 163*, 6 . . . . 86, 70 Sels solubles ... 25, 4 ... . 13, 30 . . . 100, 00 PUITS ORDINAIRES. 191, 0 . § 2. Eaux des puits. — A. Art. 1. — Puits de Tournebonneau. XXXV. L'eau de ce puits, si connue et si vantee, presenle une limpidite des plus completes: sa saveur est fraiche, vive , nullement marecageuse et vraiment agreable. — D'apres l'analyse de l'eau que j'ai re- cueillie moi-meme le 20 septembre 1849 , a 5 lieures du soir, ( temperature -j- 18° 7 ; pression barometrique Om 7584.) 1,000 litres conliennent : GAZ. i Air ) azote, j oxygene. Acide carbouique. Carbonate de chaux. Sulfate de potasse. Sulfate de soude. . Chlorure de sodium. Azotate de soude. , de chaux. . Phosphate de chaux. , Silice Alumine Oxyde de fer Matiere organique et eaudecristallisati<»> CaO. CO* KO. SO5 NaO. SO5 Na CI. NaO. AzO5 CaO. AzO5 ^CaO.P.O5 Si. 03 A120' Fe2 03 Total des matieres solubles. L1TH FS 18, 82 43, 37 5, 21 12, 01 19, 36 39 44, 62 43, 100, 00 78, 32 21, 68 100, 00 GRAMMES. 205, 47 5, 12 81, 54 64, 92 14, 86 11, 87 1, 26 8, 34 2, 27 74 24, 16 420, 35 L'eau de Tournebonneau ne decompose pas \e savon , ni a froid ni a ('ebullition , meme apres plu- sieurs semaines de contact. — Le depot qu'elle abandonne paiTebullilionconsistesurtouten carbonate de chaux : mais il renferme du sulfate de celte base, de la silice , de l'alumine. — La matiere orgam'que soluble n'est pas azotee. Les residus obtenus par 1'evaporation, abandonnes a eux-memes , encore hu- mides, n'eprouvent pas de fermentation sensible et ne prennentpas la moindreodeur ammoniacale. L'eau conservee pendant plusieurs mois devienl le siege d'une vegetation tres peu devcloppee. XXXVI. L'evaporation fournit un residu beaucoup plus adherent que ceux de la Vesle et de la Suippe : il prend meme en quelques points la forme spathique. II se separe en : Sur 1,000 litres d'eau , Sur 100 grammes de sets, Sets insolubles . . . 504-,, 14 ... . 72, 35. Sets solubles . . . 116 , 21 . . . . 27, 65. 420, 55 . . . . 100, 00. Art. 2. — Puits dujardin, a I'Hotel-Dieu. XXXVII. L'eau de ce puits , abandonne mainlenant pour les usages domestiques , est troublee par d'abon- dants debris vegetaux : lorsqu'on la puise au bout d'un repos de plusieurs jours, elle offre une odeur sulfhydrique sensible : cette odeur disparait par une courte exposition a Fair , el la saveur devienl fraicbc, un peu amere et moins agreable que celle meme de Tournebonneau. L'eau, recueillie le 17 Janvier 1850 (temperature + 10°,' pressiou 0"1, 7608 ) , a Iburni les resultats suivanls : — 295 — 4 ,000 litres d'eau contiennent : LITRES. I . . ( azote. r.AZ. | Ir ' oxygene. 18, 35 27, 48 100,00) o, 00 o, 00 0, 00 1 Acide carbonique. MATIERES SOL1DES. 48, 42 72, 52 G6, 77 100, 00 100,00 Carbonate de chaux. . . CaO. CO2 244, 61 Sulfate de soude. . . NaO. SO3 92, 45 Chlorure de sodium. . NaCL 165, 81 Azotate de soude. . . NaO. AzOs 48, 87 de chaux. . CaO. AzO5 82, 76 Phosphate de chaux. . . 2CaO PhO* 20, 54 Acide silicique .... Si O3 45, 17 Al2 0' 6, 58 Oxyde de fer Fe2 0J 11, 20 Ulmate, crenate, apocrenatede chaux, i 141, 80 matiere azotee , eau de cristallisation. j TOTAL DF.S MATIERES SOI UBLES. 855, 39 L'eau s'est toujours montree neutre au tournesol elle trouble fortement le savon et ne le decompose pourtant pas immedialement d'une maniere complete, lorsqu'on les mele dans la proportion de 200 centi- metres cubes d'eau et 10 c.c. de savon (20 grammes de savon blanc dans 4 litre). Le depot forme par une ebullition de quelques minutes consiste en carbonate de cbaux, sulfate, phosphate de la meme base, silice, alumine, oxyde de fer , ulmate de chaux : il est tres coherent , spathique. — La matiere organique est en partie azotee: le residu de Tevaporation presque com- plete , conserve humide , developpe une forte odeur ammoniacale. — L'eau ne tarde pas a devenir le siege d'une abondante vegetation . XXXVIII. Les sels obtenus par evaporation se divi— sent en : Sur 1,000 litres d'eau , Sur 100 de sels, Sels insolubles. . . . 522s, 20. . , . 61, 05. Sels solubles. . . . 555, 19. . . . 38, 95. 855, 59. 100, 00. — 29G Art. o. — Putts du manege, a VHotel-Dieu. XXXIX. L'eau de ce puils a uoe saveur fraic.he, uu peu amere : elle n'exerce aucune action marquee sur le tournesol. Le savon est decompose par l'eau du manege absolument comme par l'eau du jardin : il se fait un trouble considerable : mais il resle un peu de savon indecompose. — L'eau filtree, conservee a la temperature de -f 15° a 25°, produit une vege- tation abondante. 1,000 litres d'eau contiennent : GAZ. Air ! azote, oxygene. Acide carbonique. MATIERES SOLIDES DISSOUTES. Carbonate de chaux. . • CaO. GO'2 Sulfate de soude. . . . NaO.SO3 Chlorure de sodium. . . . Na.Cl. Azotate de soude. . . NaO. AzOs . de chaux. . . . CaO.AzO5 Phosphate de chaux. . . 2CaOPh05 Silice Si O3 Alumine At* 0J Oxyde defer Fe* O3 Ulmate, crcnale, apocrenate de chaux, matiere azotee.eau de cristallisation. GRAMMES. 236, 18 98, 25 110, 02 30, il 65, 33 12, 76 28, 54 5, 95 8, 73 103, 57 728, 40. XL. L'evaporalion produit un residu tres coherent, qui se separe en : Sur 1 ,000 litres d'eau, Sur 100 de sets, Sels insolubles. . . . 460«, 35. . . 65, 20. Sels solubles 268, 05. . . 36, 80. 728, 40. 100, 00. Art. 4. — Puils de la maison des Cannes. XLI. L'eau de ce puits est limpide , prcsque sans odeur ; sa saveur est tres fraiche et acerbe , un peu amere. Elle n'a aucune action sur le tournesol. — — 297 — Le savon , employe de la meme maniere que pour les eaux precedentes , est completement decompose. La prise d'eau a ete faite le 24 mars 1850; (tem- perature -j- 11° 6, pression 0ra 7622. ) \ ,000 litres d'eau contiennent : Air azote. gaz. ( oxygene. Acide carbonique. MATIERES SOLIDES DISSOUTES Carbonate de chaux. Sulfate de soude. . Chlorure de sodium. Azotate de soude. . de chaux . Phosphate de chaux. Acide silicique. Alumine Oxyde de fer. . . Matiere organique en partie azotee Eau de cristallisation. . . CaO.CO2 NaO. SO3 Na. CI NaO.AzO5 CaO. AzO6 2CaOPh06 SiO3 Al*03 Fe2 O3 LITRES. 14, 60 1, 96 20, 52 36, 88 59, 59 5, 51 55, 10 88, 14 11, 86 100, 00 100, 00 GRAMMES. 237, 10 184, 76 285, 27 40, 06 542, 07 21, 11 16, 43 12, 31 6, 03 109, 06 1454, 20 La matiere organique n'est pas tres abondante : les residus humides se corrompent assez aisement avec une odeurammoniacale. — Par Febullition, onobtient un depot de carbonate de chaux , sulfate de chaux , phosphate de chaux, silice . alumine. Ce depot est Ires adherent el spathique. XL1I. Le residu oblenu par l'evaporation se separe en: Sur 1 ,000 litres d'eau, Sur 100 gr. de sels, Sels insolubles. . . . 471, 00. . . . 32, 39. Seis solubles. .... 983, 20. . . . 67, 61. 1454, 20. 100, 00. Art. 5. — Puits de Bethleem. XLIIL L'eau de ce puits est douee d'une odeur et d'une save iir peu prononcees : il faut la gouler atten- tivement pour y dislinguer un peu d'amertume des- — 298 agreable. — Ello est troublee par quelques debris or- ganiques. — Le lournesol n'y accuse pas d'alcalinitt1 sensible. D'apres l'analyse faile sur l'eau recueillie le 24 Jan- vier 1850, ( temperature + 10° 2, pression 0m 7408), 1,000 litres d'eau contiennent : GAZ Air I azote, oxygene. Acide carboniquc. MATIKRES SOLIDES DISSOl'TES. Carbonate dechaux. . . . Sulfate de potasse. . . . ■ de soude. . . Clilorure de sodium. Azotate de chaux. . Phosphate de chaux. . Silice Alumine Oxide de fer Matiere organique azotee et eau de cr0D TOTAL DES MATIERES DISSOUTES. CaO. CO2 KO.SO3 NaO. SO5 Na CL. CaO.AzO6 2Ca0Ph0 Si 0* Al2 O3 Fe2 0' LITRES. 17, 94 5, 75 12, 24 33, '■).-> 52, 87 11, 05 56, 08 100, 00 17,29: 100, 00 GRAMMES. 162, 24 2, 58 20, 97 29, 58 2, 76 0, 21 1, 51 2, 27 0, 94 21. 08 244, 54 L'eau de Bethlecm ne decompose pas le savon ; en les melant dans les proportions indiquees (XXXVII) on produit une liqueur opalescente; mais il ne se forme aucun prccipile. — L'ebullition produit un de- pot forme presque entierement de carbonate de cbaux. — Les residus, conserves avec un peu d'eau , devien- nent le siege d'une putrefaction qui se manifeste par une odeur des plus fetides. XLIV. Le depot oblenu par Pevaporation se separe en : Sur 1,000 litres d'eau, Sur 100 gr. de sels, Sels insolubles. . . . 168,- 21. . . . 68,24. Sels solubles 76, 15. ... 31, 16. 244, 54. 100, 00. — 299 — Art. 6. — Puits de M. Camus-Romagny. XLV. La maison ou se trouve le puits dont il s'agit est situee rue dc Vesle , n° 250 , pres la porte Paris. — L'eau a un gout de pierre ties pro- nonce et une legere saveur d'encre : la noix de galle et les liqueurs chargees de tannin y produisent une coloration sensible. — A pres un certain temps (quelques heuresj d'exposition a I'air , la lotalile du fer se depose , et l'eau perd tous ces derniers carac- teres. L'eau a ele examinee le 12 Janvier 1850 ; (Tem- perature + 8U 2 , pression 0m 7530. ) 1,000 litres d'eau contiennent : GAZ Air j azole. I oxigene. Acide carbonique. MATIERES SOLIDES. Carbonate de cliaux. Sulfate de potasse. . . de sonde. Clilorure de sodium. . Azotate Phosphate .... Acide silicique. . . Alumine Oxyde de fer Matiere organique(crenate, apocrenate). Total des matieres solubles. . CaO. CO2 KO. S0» NaO.SO3 Na CI Si O3 Al1 03 Fe2 03 LITRES. I 18, 20 41, 15 85, U 5, 69 8, 54 1G, 80 22, 54 j SO, 51 100, 00 41, 23 100, 00 GRAMMES. 515, 12 69, 25 51, 87 116, 16 21, 50 2, 47 11, 29 40, 94 659, 40 L'eau de ce puits ne trouble pas Ic savon : — par la chaleur de I'ebullition , il s'y forme un pre- cipite de carbonate de cbatix , de su'fate a meme base, d'acide silicique, d'alumine, d'oxyde de fer. — ii. 23 — 300 — L'eau conserved depose une vegetation pen abon- dante. — Les residus humides ne donnent a la longuc autre chose qu'un peu de sulfure alcalin. XLVI.'L'evaporation lournil un depot separable en : Sets insolubles. . . . -106,30. . . . 01,62. Sets solubles 255, 10. . . 58, .18. 659, 40. 100, 00. Ce depot est pulverulent , mais les grains prennent de l'adherence et s'incrustcnt assez forlement aux parois des vases. Art. 7. — Puits de Paris. XLVH. Je vais placer ici les resultals fournis par 1'analyse de l'eau d'un puils parisien : ces resulals servi- ront a faire mieux ressortir la conclusion a laquelle on est amene par I'etude des puits de Reims. — L'eau dont je vais indiquer la composition a etc prise a Paris, rue Mezieres , pres de S'-Sulpice , le 26 septembre 1846; (Temperature + 11° 5, pression 0m 7542.) 1,000 litres d'eau contiennent : GAZ Air azote, oxygei e Aeide carboniquo. MAT1ERES SOLIDES DISSOUTES. Carbonate de chaux. Sulfate de potasse. . de soude. de chaux. Clilorure de calcium. Azotate de chaux. . Phosphate. . . - Acide silicique. . . Alumine Oxyde de fer . Matiero organique. . Eau de ciistallisation. CaOC02(l) KO. SO3 NaO.SO3 CaO.SOJ Ca. CI. CaO.AzO6 Si 0s Al2 O3 Fc* 05 |(a + 180°) LITRBS. 19, 450 i, 097 18, 023 46, 79 9, 85 43, 36 41, 570!lOO, 00 82, CO 17, 40 100, 00 Total des matieres solubles. GRAMMES 241, 45 327, 38 213, 75 .X16, Ii 501, 34 428, 29 25, 16 17, 01 5, 36 71, 60 217, 82 2,725, 50 — (1) La magnesie n'a pas ete determine* — 301 — L'eau a un gout acre et amer ; elle decompose le savon avec une grande puissance ; elle ne peut abso- lumentservir au savonnage, a la cuisson des legumes; son seul usage est applicable aux travaux les plus grossiers. Presque loutes les eaux des puils de Paris, comme on sait , offrent les memes caracteres. — Le tournesol n'indique pas de reaction sensible. — L'e- bullilion fournit un precipile contenant carbonate de chaux , sulfate de cbaux, silice , alumine, oxyde de fer, (phosphates , magnesie ? ) — Les residus conser- ves humides developpent une forte odeur de sulfhy- drate d'ammoniaque. XLVIII. L'evaporalion fournit un depot separable en: Sur 1,000 litres d'eau , Sur 100 grammes de sels, Sels insolubles . . . 1,831s, 10 ... . 67, 30. Sels solubles . . . 891 , 20 . . . . 52, 70. 2,725, 50 ... . 100, 00. B. PUITS FORfiS. Art. 1. — Puits de I' Abattoir. XLIX. L'eau de ce puits a une saveur douce et agreable. Elle arrive si limpide qu'elle ne donne aucun depot dans les vases oil on la recoil. Con- served durant plusieurs mois et par les plus fortes chaleurs, jamais elle ne produit de sediment verdatre, elle abandonne seulement un peu de carbonate de chaux , cristallise tres blanc , et du phosphate de la meme base. L'eau, prise le 15 Janvier 1850; (Temperature + 11° 6, piession 0m, 7015.) a iburni les resullats suivants : — 30-2 — 1,000 litres d'eau conticnncnl GAZ | azote. ( oxygene. Acide carhoniquc. Air MATIERES SOLIDES DISSOUTES. Carbonate de chaux. . . Sulfate de soude. . . . Ghlorure de sodium. . . Azotate de soude. . . Phosphate de soude. . . de chaux . . Acide silicique. . . Alumine. . . . . Oxyde de fer. . . Maliere organique. , lilau de crislallisation. CaO.CO2 NaO. SO3 Na. CI NaO. AzO5 sNaOPhO* 2CaO.Ph05 SiO3 Al203 Fe2 O3 » (a + 180° ) TOTAL DF.S MATIERES DISSOUTES. LITRES. 16, 31 .ri, 56 17, 20 58, 9(1 42, 00 15, 78 41, 22 10(1, 0( 75, 51 24, G9 Km, 00 GRAMMES. 230, 11 26, 31 4, 62 10, 87 10, 31 2, 46 7, 12 0, 85 17, 97 510, 00 L'eau de I'Abattoir ne decompose pas le savon. — Le depot qui s'y forme par I'cbullition consiste en carbonate de chaux a peu pres pur. — Le residu conserve humide ne s'altere pas et ne prend aucunc odeur. — Le tournesol montre une reaction alcaline tres faible dans I'eau de ce puits. L. L'evaporation found t des depots separables en: Sur 1 ,000 litres d'eau , Sur 100 grammes de scls , Sets insolubles . . . 258--, 10 . . . . 81, 51 Sets solubles. . . 58, 50 . . . . 18, 49 516, GO 100, 00 Ces depots sont pulverulenls el ont peu d'adlie- rence. Art. 2. — Puits de I'usine Boulogne et Houpin. LL L'eau de ce puils a une saveur douce : ellc est legere el agreable. Conservec plusieurs semaincs , elle peut donner un tres leger sediment de vegetation. — D'apres I'analyse faile sur de l'eau recueillie le 10 juin 1«:i0; (Temp^ralure + 12° i, pression 0m 7650. ) — 303 — 1,000 litres d'eau contiennent GAZ \ Ai j azote. ) oxygece . Aeide carboniquc. MAT1ERES S0L1DES. Carbonale de chaux . . . CaOCO1 Sulfate de potasse . . . KO. SO' sonde NaO. SO1 Chlorure de sodium. ... Na CI Azotate de soude NaO. AzO5 Phosphate de cbaux. . . . 2CaOPhO;' Acide silicique SiO3 Alumine Al20 Oxyde de fer Fe2 O3 Matiere organique ( crenate, apocrenate. ) Eau de cristallisation ( a 180° J Total des matieres solubles. . . LITilES 14, 90 4, 12 9, 59 28, 41 52, 45 14, 50 33, 05 100, 00 78, 100, 00 GRAMMES 158, 28 3, 13 5, 20 11, 39 6, 11 4, 40 9, 36 2, 21 2, 14 4, 01 0, 03 192, 2G Cette eau dissout le savon sans decomposition , a chaud comme a froid. — L'ebullition occasionne le depot d'un precipile de carbonate de chaux avec un pen de sulfate, de I'acide silicique, de I'alumine , du phosphate de chaux , de Poxyde de fer. L1I. L'evaporalion fournit un depot pulverulent, sans adherence : on peut separer ce depot en : Sur 1,000 litres d'eau, Sur 100 gr. de sels, Sels insolublcs. . . . 150, 71. . . . 78, 39. Sels solubles 41, 55. . . . 21, 61. 192, 26 100, 00. Art. 3. — Puits de M. Camus- Romagny ( S"16 ). L1II. Ce puiis est silue dans la meme maison que le puits ordinaire donl il a et6 parle fXLV ). — L'eau de ce puits est surtoul remarquable par une saveur d'encre Ires prononcee. La noix de galle y produit une ^coloration en bleu-noir assez forte. — Par la chaleur l'eau se trouble raemeavantPebuIlilionetdonne — 30ft — mi abondanl piocipiio ocreux dont 1c depot se fail avec lenleur. — [/analyse tic l'eau, recucillie le 30 Janvier 1830 ; (Temperature 9°, 7, — pression 0m, 7614.) a donne : 1,000 litres d'eau contiennent : GAZ Air azote, oxygene. Acide carbonique. MATIKRES S0L1DES. Carbonate de cbaux. . Sulfate dc potassc. . . Sulfate de sonde. . . . Cblorure de sodium. . Phospbate dc cbaux. Acidi -ilicique . . . . Aluniine Oxydc de fer Crenate et apocrenale. , Eau de cristallisation. CaO. CO2 KO. SO3 NaO. SO5 Na CI. ^CaOPbO5 Si. O3 Al* O3 Fe2 O3 Total des matieres solides. LITRES . 18, 80 55, 93 1, 57 2, 01 52, 26 61, to 52, 49 100, 00 95, 21 0, 76 100, 00 GRAMMES. 262, 20 10, 85 4, 12 15, 05 8, 81 9, 59 2, 21 29, 02 25, 23 >65, 08 Apres un certain temps d'exposition a Fair , celte eau se trouble : le fer se depose et la savour d'encre disparait. — Le precipite, forme a I'ebullilion, consisle en carbonate et sulfate de cbaux , sous-sulfate de fer, pbospbate de cbaux, crenate de fer, silice, alumine. — Le tournesol n'offre dans l'eau recentc aucune reaction sensible. — Les depots formes par l'evaporation se conservent humides sans putrefac- tion ammoniacale. L'eau privee de fer ne decompose pas le savon. LIV. L'evaporation donne un depot Ires adherent separable en : Sur 1,000 litres d'eau , Sur 100 dc scls, Sets insolubles. . . . 519c, 11. . . . 87, 41. Sels solubles. ... 45, 97. . . . 12, 59. 565, 08. 100, 00. — 305 — § III. Eaux DES SOUHCIiS. Art. 1. — Source du moulia a Hermonville. LV. L'eau de celte source est interessante sons plus d'un rapport. J'ai fait son analyse avec soin ; il faut observer que l'elude a ete faite sur l'eau transported a Reims , ce qui ne permet pas d'cn observer rigoureuscmeut la nature comme a la source meme ; ainsi l'eau est ferrugineuse : prise sur les lieux , elle doit offrir une saveur d'encre prononcee; cette saveur disparait dans le trajet d Hermonville a Reims. En tenant compte des circonstances acciden- telles , on peut interpreter comme il convicnt les resultats suivants. 1,000 litres d'eau contiennent : ( Air 1 az0te- gaz i ' oxygSne. ( Acide carboniqu* i MATIERES SOLIDES DISSOUTES. Carbonate dechaux. Sulfate de polasse. de soude. . . Azotate de soude. Chlorure Phosphate 1 CO2 CaO. SO3 KO SO3 NaO. AzOsNaO. GRAMMES. 259, 21 18, 12 26, 62 29, 04 B » Acide silicique. Crenate, apocrenate de NaO j et CaO j Eau de cristallisation. . . Si O1 Al2 O3 Fe2 03 18, 11, 27, 22 52, 20 54 12 00 55 TOTAL DES MATIERES SOL IDES. . . 424, 20 Le residu de l'eau ne m'a pas fourni la moindre trace sensible d'arsenic en operant sur 5 litres. — L'eau ne prcsenle qu'un gout de pierre assez mar- que. — Elle a une action prononcee, mais laible sur le savon : le melange fait dans les proportions indi- — 306 — qucr. (XXXVII) produil une forle opalescence el un depot leger qui augnieuie uu peu par I'ebullilion. — Le lourncsol ne subit aucune modification. — Le depot forme par I'ebullilion consiste en carbonate de cbaux, sulfate de cbaux , silice , alumine, oxyde de fer. — II se conserve humide sans prendre une odeur am- moniacale. LVI. L'evaporation fournii un depot separable en : Sur 1 ,000 litres d'eau, Sur 100 grammes de sets , Sels insolubles . . . 345s, 12 ... . 81, 56 Sels solubles . . 19, 08 • • • • iS< 6* 424, 20. ... 100, 00 Co depot est pulverulent , avec une faible adhe- rence. 11 est colore en jaune-rougealre par l'oxyde de fer. Art. 2. — Eau des marais de St-Brice. LV1I. Cette eau presente une saveur ties douce et legere : elle a une ires faible action alcaline au tournesol. — Le savon s'y mele sans aucune alte- ration. 1,000 litres d'eau contieuneni : G\7. Air azote, oxygene. Acide carbonique. MATIERES S01.1DES. Carbonate de chaux. . . Sulfate de potasse. . . de soude. . Chlorure de sodium. . Azolate Acide silicique . . . Alumine Oxyde de fer. . . Dlmatc , erenate. Apocrenalc de soude etchaux.) TOTAL DES MATIEIIES SOLUBLES CaO.CO5 KO. SO3 NaO. SOi NaCL SiO3 Al 203 Fe203 172, 91 1, 8."i 1, 34 2, 21 I. 14 86 53 .V 66 186, 30 — ^07 — Le residu forme par I'ebuIIition consisle presque uniquement en carbonate de chaux. II se conserve hurnide sans alteration notable. LVIII. L'evaporalion donne un depot separable en : Sur 1,000 litres d'eau, Sur 100 de sels, Sels insolubles. . . . 115', 20. . . 94, 04. Sels solubles 11, 10. . . 5, 96. 186, 30. 100, 00. Ce depot est pulverulent , sans aucune adherence. § IV. Recherche de l'arsenium dans les eaux DE SOURCES. L1X. Nous devons a M. Tripier , pharmacien-major en Afrique , d'avoir elabli , pour la premiere (bis , 1'existence de l'arsenium dans quelques eaux natu- relles. La province de Constantine offre un grand nombre de sources , notamment celle de Hammam- mes-Koutin, (Bains maudils) ou se trouvent de petiles quanlites de cette matiere veneneuse. ( Envi- ron 3*(fo du poids des sels.) Aucune de ces sources ne peut causer d'accidents morlels. — Cette presence de l'arsenium a du neanmoins atlirer ratiention des chimistes , et , depuis dix ans, plusieurs personnes ont etudie les sources ferrugineuses ou se trouve ordinairement ce metalloide. MM. Chevalier et Gobley en ont trouve dans les depots formes par I'eau d'Her- monville : j'ai voulu constater de nouveau ce resul- lat interessant , et j'en ai fait l'experience avec les plus grands soins. LX. J'ai suivi la melhode ordinaire. Les depots bien seches ont ele trailes par I'acide sulfurique pur dans une capsule de porcelaine, ct chauffes jusqu'a — 308 — la carbonisation complete des malieres organiqucs . le r^sidu , delaye" dans la plus petite quanlile d'eau possible, fournil une liqueur acide dont on separe le cbarbon , etc., par le (litre. On I'inlrodoit ensuite dans l'apparcil de Marsb : nous faisions passer I'by- drogene par un tube large rempli de fragments de papier a liltrer et de 70 a 80 centimetres de lon- gueur , a 1'extremile duquel on adaplait un lube eflile de verre fort. Nous pouvions ainsi obtenir et les anneaux et les taches. LXI. M. le docleur Petit m'a remis deux echan- tillons de boues ferrugineuses. L'une des deux seu- lement contenait de Parsenium ; elle provenait de la source du moulin. La proportion du metalloide est extremement faible; 500 grammes de depot sec onl donne des tacbes suffisantes pour couvrir a peu pres enlierement une capsule de porcelaine de 0m i de dian:elre. Les tacbes traitees par l'acide azotique , puis l'ammoniaque et Pazotate d'argent , onl fourni de l'arseniate d'argent ou nous avons pu conslater les aulres caracteres de l'arsenium. — On ne peul ^valuer approximalivement a plus de 2 milligrammes la proportion de metalloide par metre cube d'eau : d'ailleurs , sans preciser le veritable etat de combi- naison ou il se trouve , on peut albrmer sa parfaite innocuile pour les usages ordinaires de l'eau elle— raeme. II est seulement possible d'expliquer par sa presence les vertus' curatives de l'eau d"llermonville et d'autres sources autrefois celebres , et dont les proprietes ne pouvaient etre juslifiees par I'analjse sans les progres de la science moderne. LXIL L'eau d'Hermonville pourrait cerlainement — 309 — servir a quelques usages therapeutiques : elle merite de fixer toute I'attention des medecins. LXHI. MM. Chevalier et Gobley ont examine les depots de quelques eaux des environs , savoir ceux de Pargny , Jouy , Boursault, Monligny, Coulommes. Aucun n'a fourni d'arsenium — II s'est trouve seu- lement des traces de cuivre dans les depots d'Her- monville et de Pargny. LXIV. J'ai fait l'etude des depots d'une source a Beru, presdeCernay, ou Ton venait etou Ton vient encore de fort loin, dit-on, en pelerinage. — Cette source est fer- rugineuse corame celle d'Hermonville ; mais en ope- rant sur 100 grammes de depots sees (je les avais recueillis moi meme) , il n'a pas ete possible d'obte- nir la moindre tache arsenicale ni le plus leger anneau. CHAPITRE TROISIEME. Consideration sur la nature des eaux. § I. — Eaux des rivieres. Art. \. — Eau de la Vesle. LXV. L'eau de la Vesle n'avait pas encore ele 1'objet d'une analyse precise. Destinee a l'alimentation d'une ville aussi populeuse que Reims , elle n'avait pas manque pourtant d'altirer I'attention des savants ; et, lorsque , en 1747, le pere Ferv dediait au celebre Godinot son memoire pour retablissement des fon- taines , il disait : LXVI. a Pour juger surement de la qualile des eaux de celle riviere, il fallait en aller puiser a sa source qui est a Somme- Vesle , village eloigiie de Reims de — 310 - 15 lieiu's. Je m'v suis transports le r> Janvier 17 47. L'cau s'y trouve excellent et le poisson y est cxquis ; niais peul-elre que mon jugement serait suspeel si je ne l'appuyais de quelques secours Strangers. M. le baron de Somme- Vesle, chez lequel j'eus I'lionneur de loger, voudra bien rae permetire d'employer ici le temoignage qu'il rn'a rendu lui-meme de I'excellence de celte eau pour la boisson et pour lous les usages de la vie. Son temoignage est fonde , non seulement sur I'experience qu'on en fail dans le pays , mais encore sur le jugement avanlageux qu'en ont porle plusieurs habiles medecins » o Mais cette eau ne parvientpasanousaveclesqualites de son origine : elle contracte dans son trajel de Somme- Vesle a Reims un gout qui parlicipe de la vase et du roseau a LXVII. Le pere Fery s'appuyait , d'ailleurs , sur I'opinion de Tun des plus habiles cbimistes de celte epoque, Geoffroy, qui ecrivait aux magistrals de Reims : « Si I'eau de la riviere de Vesle n'avait pas un gout de bourbe , et que son lit fut bien nelloye , je lui donnerais la preference , parce qu'elle est aussi bonne que les meilleures eaux de France.... ; a ce degout pres , les tlillerentes experiences que j'en ai (aites m'ont prouve que cette eau etait aussi leyere que noire eau de Seine el bonne a lous egards : elle dissout ires bien le savon » (I). LXV1II. Depuis cette epoque, a ma connaissance, aucune autre observation ne vint se joinJre a celles qui precedent : et si la saveur de l'cau , si la qua- lite du poisson reconnue a Somme- Vesle par le pere (I) Je dois rocs remcrciemenls i M. Lacatle-Jollrois pour l'obligcanlc communication d^ ces documeuls. — 311 — Fery, si , snrioiii, les experiences de I'illuslre Geoffroy parlaienl ties haut en faveur de la Vesle, cependanl il restait une veritable lacune a remplir : il fallait deter- miner rigoureusement par l'analyse la composition des sels ou des matieres dissoutes dans 1'eau de la Vesle. Bien que 1'experience eut monlre ses bonnes qualiles, il pouvait rester pour beaucoup de personnes des doutes legitimes : il en restait , et de ires serieux meme , puisque je pourrais citer des babilanls de Beims qui ne reculaient pas devant une depense assez considerable pour se procurer l'eau de la Suippe on l'eau des sources qui abondent dans nos environs. Par celte raison et par celles que j'ai indiquees au commencement de ce memoire , j'ai mis les plus grands soins a faire celte determination. LXIX. Les tableaux des resultals analytiques (XXXI) permeitent d'etablir les consequences suivantes : 1° La Vesle ne contient aucune substance nuisible a la sante. Ce fait est mis en evidence par l'examen des ma- tieres solubles ; ainsi , le carbonate de chaux (la craie) n'est pas malfaisant. C'esl un point depuis longlemps reconnu , et, dans ces derniers temps , M. Boussin- gault a parfaitemenl demontre que ce sel est meme utile a I'alimentation. En efl'et, la chaux, unie a I'acide phospborique et a I'acide carbonique , constitue la matiere solide de nos os (aussi bien que de ceux des animaux ) , et le mouvement de la nutrition exige que cette base soil constamment introduce dans la circulation par les aliments. M. Boussingault a prouve clairement que les 5/4 de la cbaux peuvenl elrc fournis par l'eau, et 1/4 sculemcnt par les aliments propre- ment dits. ( Annates de Cbimie et de Physique, 3e serie , tome xvi , page 486 ) L'eau de la Vesle est — 512 — tres riche en carbonate : clle en contient 8639 par- lies sur 10,000 de sels sees, (Ou plus de 80 pour 0/8 du poids des sels.) La Seine, a son entree dans Paris, en renfermc seulcment 65 pour °/0. — Le sulfate de potasse est un sel legercmcnl purgatif, el la dose a laquelle nous lc irouvons dans la Vesle ( meme k S'-Brice ) est assez petite pour faire regarder son action comme inliniment peu sensible. — Leschlorures de potassium et de sodium sont des sels de bonne nature : le cblorurc de sodium est le sel de cuisine ordinaire , et tout le monde sail combien son cmploi est favorable a la sanle. Le chlorure de potassium lui ressemble presque en tous points : sauf un peu d'amertume , e'est le meme sel ; leur proportion est assez faible ; elle n'alleint pas lout-a-fait 4 1/2 pour oj0 des sels sees au Chateau d'eau ; mais elle s'eleve a 5, 85 pour °/0 a S'-Brice. — L'azolate de soude est analogue au salpetre ordinaire ou azotate de potasse ; on peut les comparer comme les chlo- rures. Ces deux sels ont une action favorable sur ralimentation de l'bomme , des animaux et des plan- tes : pour l'homme, ils sont diuretiques et rafrai- cbissants ; pour les plantes , ils sont des excitants de la vegetation et, pour quclques-unes, des aliments veritables. La Vesle ne renferme pas d'azotate de soude au Chateau d'eau ; mais, a Sl-Brice, elle en contient une faible quantite, fournie bien evidemment par les eaux de la ville. — Vacide silicique (la silice ) existe dans les eaux a un elat mal connu jus- qu'ici; mais, libre ou combine, cet acide serait nui- sible seulement a dose un peu forte : heureusement, cette circonslance est rare. Dans la Vesle, il presente une proportion assez minime pour ne laisser aucun . . . . 64, 2 Chaux libre ) Argile separee par I'acide. ... 8, 8 Acide silicique dissous 10, 7 Alumine id 4, 4 Oxyde de fer 1 1 , 7> Carbonate de potasse et soude. . , 6 100, 0 et pas de rnagnesie. LXX1X. De ces faits resulte , sinon la preuve, au moins une tres forte presomption de 1'absence de la rnagnesie dans la Vesle. S'il exisle une Irace de celte 2° — 100 grammes de eraie ont elti dissous dans I'acide chlorhydriquc etendu : le Gltre a separe l'argile , qu'on a lavee soigneusement. Les liqueurs traitces par I'acide sulfuriqne pur et le precipite separe par decantation et lavage , on fit evaporer ce qui restait liquide el des- secher au point de prccipiter presque tout le fer La masse saline traitee par l'eau-de-vie ( a GO0 ) et la liqueur distillee pour separer l'acool , on obtint un residu qui fut mele de sulfhydrale d'ammoniaque en exces ; il se forma un leger precipite de fer , d'acide phospbori- que et d'un peu d'alumine (6). La liqueur fil tree fut additionnee d'acide chlorhydrique en exces, bouillie , filtree de nouveau pour le soufre , puis rendue ammoniacale et mSlee d'oxalate d'ammoniaque. L'oxalate de chaux separe par le filtre , on fit evaporer avec un grand exces de carbonate de soude : le depot , rougi et repris par I'eau , laissa quol- ques flocons imponderables. Le precipite ((5) n'a pas de rnagnesie. Ces analyses out encore ele variees de maniere k executer irois fois la recherche de la rnagnesie pour chaque especc de eraie ; clles out toujours conduit au menie resultat. Je dois ajooler, que 100 grammes de eraie, traites par I'eau dis- tille? bouillante , n'onl donne ni chlorures , ni sulfates , ni azotates. — 520 — base dans la riviere , cette trace esl excessivement faible el certainemcnl sans inteiet. — II I'aul ajouler ici deux renseignements , donl uous anions plus loin a lenir coinpte pour disculer I'opinion de M. Grange (CLV). En premier lieu, dans loules les localites rivcraines de la Vesle dont j'ai pu connaiire Fetal livgieuique, jamais on n'a observe le goitre parini les personnel alimentees avec I'eau de la riviere. En second lieu , tout le monde sail que l'usage de l'eau versee par les fontaines de Reims a certaine- mcnl diminue et presque enlierement fait disparaitre I'existence du goitre autrefois repandu dans la ville (1). LXXX. La Vesle pourrait-elle exercer quelque action nuisible sur les leinturesou dans le lavage des laines? Son , sans aucun doute. Le meilleur caractere de I'utilite de l'eau pour ces usages, e'est la propriete de dissoudre le savon. Cette propriete, nous I'avons trouvee dans nos caux (XXIX), et elle y est portee a un ties haut degre. La pre- sence d'une forte proportion de carbonate de chaux ne produit rien dans cette circonslance , ainsi que je l'expliqucrai plus loin (CX). D'un autre cote , ce carbonate calcaire est tres favorable a cerlaines ope- rations de teinture , notamment a l'applicalion des couleurs claires , en general. II avive les couleurs , augmente leur eclat sans les rendre moins frafebes : de la racme une economie sensible dans I'emploi des matieres coloranles. — Enlin , la Vesle nous offre encore une condition tres importante pour les indus- tries qui nous occupent : cello de ne pas varier dans (1) Les maladies qui aflligeuicnt des quartiers entiers pcrdirent bcau- :oup de tear inlensite. ( Rapport D6rodd-Ge>uzez , 1825. ) — 32! — sa composition , de I'hiver a I'eie , par exemple ; l'analyse prouve qu'elle est la meme en Janvier et en juin (XXXI J. On concoit aisement loin le prix de cetle invariabilite : le leinUirier , apres avoir fait reussir a son gre telle on telle n;;ance a line cer- taine epoque de l'annee , se verrait deroule d'une maniere complete a line autre epoque par un chan- gemenl de nature de l'eau. Les grands tleuves pre- senlenl eel inconvenient : la composition de leurs eaux varie sans cesse par I'addition plus ou moins forte de lei ou tel affluent , et les teinturiers leur preferenl les eaux de source , malgre leurs qualites inferieures meme , a cause de l'uniformile d'aclion. — La Vesle n'eprouve pas de changement sensible , et esl par consequent ires avanlageuse. LXXXI. J'ai consulte plusieurs des habiles tein- turiers de notre ville : tous ont etc unanimes pour n'elever contre elle aucunc plainle. LXXXII. Si mainlenant nous examinons Yemploi de la Vesle your I' alimentation des chaudieres a vapeur, nous devons encore , sous ce point de vue , la declarer une des meilleures eaux que Ton puisse rencontrer. En effet , elle n'est nullemenl incrustanle; les depots qu'elle forme sont pulverulents , meme apres le plus long service, et ne peuvent occasionner d'inconve- uienls serieux. — Nous avons vu (XXXII) que les 190 grammes des sels dissous par 1,000 litres d'eau fournissent par l'evaporation 170 grammes de sels insolubles et 20 grammes d'aulres sels que l'eau pent retenir en solution. Ces resullals montrent comment l'eau de la Vesle peul rester longtemps dans les ehaiulieres sans en necessiter la vidange. I.XXXIII. En effet, les eaux d'alimentation doiveut — 322 — etre envisagees a deux pomis de \uc : celui des in- crustations qu'elles peovent produire, el celui des matte- res solubles qui s'y accuniulent par ['evaporation. Une eau peut etre excel lent e sous le premier rapport , c'esl-a-dire ne dormer aucun depot adherent , comme I'eau de la Vesle ; mais elle peut encore etre d'un usage assez defavorable si les malieres solubles y de- viennenl abondantes en peu de temps. Une liqueur chargee de certains sels ne bout qu'a une tempera- ture elevee ; elle ne produit la vapeur qu'avec difli- culle , par bouffees , dans un grand nombre de cas. Cette circonstance est facheuse , et peut etre rangee an nombre des causes de l'explosion des chaudieres. La dissolution dont il s'agit restera quelques secon- des , peut-etre memo quelques minutes , sous de hauies pressions , sans donner de vapeur , ct tout- a-coup , il s'en produira des bouffees enormes ; la masse eniiere du liquide sera soulevce en une mousse que les parois mrchauffecs pendant Parrel de la va- porisation, transformer on I a 1'instant en un volume de vapeur dont la force elasiique pourra briser sans peine la resisiancee de la chaudiere. LXXXIV. L'eau de la Vesle n'offre a cet egard aucun danger: pour avoir 100 grammes de sels en dissolution dans une. chaudiere contenant un metre cube d'eau, parexemple, il faut, d'apresies nombres que je viens de rappeler, vaporiser cinq metres cubes ou 5,000 litres (en ne tenant pas comple du metre cube enferme dans la chaudiere). Mais I'eau , pour etre visqueuse au point de faire craindre les effets signals dans I'arlicle prece'dent, doit conlenir au HQoins la moilie d(> sun poids de sels solubles, _ 323 — c'est-a-dire ici 500 kilogrammes (1) on 5,000 fois 100 grammes. Avaul d'arriver a ce point, II faudrait done evaporer 5,000 fois cinq melres cubes ou 25,000 metres cubes, ou 25,000,000 litres d'eau. Celte masse liquide ne represente pas moms de 8,500 millions de litres de vapeur a 5 atmospheres de pres- sion, ou 42,500 millions de litres a 1 atmosphere. — D'ailleurs la presence d'un depot pulverulent comrae celui de la Vesle combat les effets de la viscosite dont il a ele question. — Ainsi, I'eau de noire ri- viere peut elre regardee comme une des meilleures pour l'emploi dans les chaudieres. LXXXV. L'examen que j'ai fait des depots formes dans plusieurs chaudieres et des dissolutions surna- geanles, m'a confirme pleinement dans les indications deduites de l'analyse. De la nature et de l'influence des gaz produits par le melange des eaux de logout avec celles de la riviere. LXXXVI. Les debris solides apporles chaquejour a St-Brice par les eaux bourbeuses de I'egout general sont tellement abondanis, que le bras droit de la Vesle en est enlierement trouble dans une tres grande elendue : les eaux pures aflluent pouriant avec vitesse pour la filature de M. Lefebvre-Malotet ; mais elles n'entrainenl point les boues , et il existe sur une longueur de plusieurs centaines de melres un siege de fermentation pntride, conlinuellement accuse par (1) Le ro6trp cube d'eau cnnlcnu dans In chaudiere peso . comme on sait , 1,000 kilogrammes. — m — mi developpement prodigieux de gaz d'unc odour iufecie el penelranie. II m'etait impossible do lais.sci echapper line telle occasion do constater la veritable influence des produits gazeux jeles dans I'aimosphere par ces ateliers de decomposition. Celui de St-Brice est si vaste que j'ai pu me procurer aisement plu- sieurs litres de gaz. — Une analyse attentive m'a bienlot donne la preuve de leur action funesle sur la sanle des habitants voisins. LXXXVII. Les gaz pris dans la derniere quinzaine de juin '1849 et dans celle de Janvier 1850, se sont trouves formes de : DESIGNATION DES GAZ. 18 JU!N 1849. Temperature + 18«, 8 Pression 0m 7581. 26 JANVIER 1850. Temperature + 9°, 9 Pression 0m 7555 proto- carbone. bicarbone . . Oxyde de carbone. . . 1 Acide carbonique. , . , 3 2, 8 10, 0 48, 4 6, 5 14, 2 18, 0 4 1. 9 18, 3 42, 5 6, 6 21, 8 8, 5 100, 0 100, 0 1 LXXXVIII. Jusqu'a present, les chimistes n'avaienl pas accorde I'imporlance qu'il nierite a I'examen des gaz degages par les eaux stagnantes , et les seuls corps dislingues par l'analyse dans ces productions spontanees , elaient I'azole , Voxygew, Vacide cai- bonique et Vhydrogene protocarbone. J'ai mis les plus grands soins a executer l'analyse dont oo vient de lire les resultats , el je o'hesile pas a aflirmer qu'il existe dans les gaz de Sl-Brice de I'hydrogene , de Vhydrogene bicarbone - i, 2, ,"., i , — 6hcui'CS de travail.) - 326 — <|u'on observe dans idulee les circonstances oil la decomposition spootanee des malieres organiqoes s'execute comme a St-Brice. Tout le monde sail, et dans notre pays on ne sail que Irop combien ces de- compositions amenent de funesles resultats pour les habitants des localiles situees au voisinage (les eaux stagnantes ou peu rapides. L'arrivee du printemps, si favorable pour d'autres , est pour cux le signal des periodes douloureuses : la fievre intermiltenle s'em- pare de families enlieres (i) , et les eaux , si bien- faisantes en general , soul ici I'agenl immedial des actions chimiques oil prennenl longtemps naissance les gaz dangereux indiques par I'analyse. XCXI. Assurement , la presence de l'oxyde de car- bone ne me parait pas la scule cause des inlluences pernicieuses que peuvent exercer les produiis de la fermentation des malieres organiques. II en existe d'auties , sans doute ; mais e'en est nne el des plus graves , que cctle formation conlinuelle d'un gaz aussi delelere. A S'-Brice , la quantite d'oxyde ex- bale dans un jour est eriorme ; et lorsque , par un de ces brouillards si frequents en aulomne ou en biver, les mouvemenls alniospheriques sonl suspen- dus , on concoil bien aisement le danger d'une res- piralion prolongec dans ces vapours mephitiques. XCXII. II serail, je crois , facile de porter remede a ce fachcux etat des cboses. Nous avons remarque deja la similitude de composition de nos produiis gazeux avec le gaz de Peclairage : loul le nionde pent verifier aisement celle assertion, soil en ap- (i) I);iiin une visile de salubrile ii Clair-Marais , nous avons eu le ehagrin de Irouvei- >v\,\ pcrsonnes altcinlos de la lime, sur onze membres donl se coraposail la famillc — S97 — prochant une allumeile enflammee des billies qui montcnl sans cesse a la surface de l'eau . soil mieux encore , en faisanl penetrer les gaz dans un petil gazomelre , el les brulant a Pextremile d'un tube. Dans ce dernier cas , ils produisent une llamme blanche dont Peclat n'est pas lout-a-fait anssi vif que celui du gaz de houille, et qui s'eleint plus faci- lement a cause de la grande proportion de Poxyde de carbone. -- D'ailleurs , la fermentation se deve- loppe sur plusieurs cenlaines de metres. La produc- tion des malieres gazeuses combustibles sur une aussi vaste echelle , est bien suffisante pour alimenter un gazometre destine a Peclairage d'un grand nombre de bees. Kt si les gaz, lels qu'ils se pro- duisent, ne donnent pas toul-a-fait assez de lumiere, on obvierait a eel inconveuient soit en les melant avec une petite proportion de gaz de resinc ou meme de houille , soit en leur appliquant Pun des procedes imagines par M. Selligue (i) ou plus recem- ment par M. Gillard (2). On trouverait la une usine d'un genre nouveau dont les malieres premieres et le travail de decomposition n'exigeraient, pour ainsi dire, aucun frais de la part du fabricant. II suffi- rait d'un gazometre el de Pemploi des appareils particuliers aux procedes dont les gaz recevraient le perfectionnement de lours qualites eclairantes, pour (lj Le procede de M. Selliguo consiste a dinger les gaz combustibles inais peu eclairanls au travel's d'une huile volatile eehauflee, parexemple, de l'essence de terebenthine. Les gaz se chargent de la vapeur huileuse qui leur communique un grand eclat pendant la combustion. (2) M. Gillard olitient une lumiere vive en faisant bruler les gaz au contact d'un tissu metallique a mailles tres fines, infusible et inoxydable, c'esl-a-dire, d'une loile de. platine. — 328 — oblenir (Jos resultais el des risultats iconomigues XCIII. Cctle idee esi-el!e praticable ? Pour inoi , je reponds afiirmativement. Au lieu de verser les eaux de l'egout directemenl dans la Vesle , lecevons- les , sur ses bords , dans un vasle bassin dont on reglera la communication avec la riviere. Ce bassin sera la cuve d'un gazomeire ou se rendront d'eux- memes les gaz produits par la fermenlalion dont nous aurons ainsi deplace sculcmenl le siege. Au lieu d'un gazomeire , on en construirait plusieurs meme et, par lour travail allernalif, on obliendrail un service regulier el facile. XC1V. II y aurait de grands avantages, ce me sem- ble, a essayer une application en tous cas peu cou- leuse. Car si , d'une part , on ulilisail les gaz donl la production a lieu sans frais et dont le volume est immense , on accederait en outre au bui im- portant vers lequel on doit de plus en plus dinger tous les efforts, celui de faire disparaitre les causes generalcs de I'insalubrite aimospherique. Bruler ces malieres gazeuses au lieu de leur laiser un echap- pement facile dans I'air, cescrait, sans aucun doute, detruire un des prineipes les plus ellicaces des al- terations de la same publique. XCV. Je terminerai par une observation rela- tive a I'eau des fontaines. — Nous avons vu (XXXI) qu'elle ne differe pas sensiblement de l'eau prise dans la Vesle. Le trajet de 2,400 metres el le passage au travers des liltres du reservoir avant d'arriver a rilotel-de-Ville , ne produit aucune modification. L'a- nalyse le demontre et il est facile d'en oblenir d'autres preuves. — Lorsque j'etais encore au debut de mes rechercbes, j'eus Pinlenlion d'examiner le depol forme — ;V29 — par lean dans les tuyaux tie cooduile , et je m'a- dressai a M. Demormand , directeur de I'etablissemcnt du Chateau d'Eau , pour m'en procurer. Mais j'appris quel'eau de la Vesle n'avaii pas foumi de depot sensible dans les tuyaux qu'elle avail traverses pendant plus d'un an. En d'aulres termes , elle y passe sans eprouver de decomposition. — Quant au fillre du reservoir, il ne peut avoir aucune action, parce qu'il est simplement forme de grosses pierres calcaires recouvertes d'une couche de gr6ve aussi calcaire et provenant du sol meme ou est le lit de la riviere. Art. 2. — Eau de la Suippe. XCVI. La Suippe prend sa source dans la meme colline que la Vesle , a 14 kilometres plus au nord, pres du village de Somme-Suippe. Entre ce point et Isle-sur-Suippe , ou I'eau de l'analyse a ete recueil- lie , celte riviere est sensiblement parallele a la Vesle et coule sur les memes terrains. Les deux lils sont tourbeux en general et reposent sur le meme fond de craie. Dans la Suippe comme dans la Vesle, les debris vegetaux sont ties abondanls ; les operations de curage conduisent de temps en temps a ('extraction d'arbres, de pins qu'on retrouve entiers. XCVII. L'analyse nous a montre que I'analogie a laquelle on peut s'attendre existe entre les deux rivie- res , a tel point meme que leurs eaux peuvent elre envisagees comme a peu pres identiques. D'abord, le poids des sels contenus dans 1,000 litres de liquide se trouve absolument le meme de part et d'autre : 191 grammes. Puis la nature des sels est aussi la meme , et les differences ne portent que sur la quan- tite relative. Ainsi , le carbonate de chaux est un — 330 — peu molns aboruJant dans la Suippc , laodis que le sulfate dc poiassc , les chlorures , ct surtout I'acide silicique . sont en proportion plus forlcs. Les chiffres de l'alumine, do I'oxyde de fer, des sels organiqaes (ulmate, eic. ) sont aussi Dotablement plus eleve's. Mais , malgre ces differences , les eaux des deux rivieres doivent elre regardees comme semblables. XCVIII. Toulefois, l'eau de la Suippe est certai- nement tin pen inferieurc en qualite a cello de la Vesle , a cause de I'exces du sulfate , de I'acide si- licique , de l'alumine et des sels organiques , et peut- etre encore a cause de la diminution du carbonate de chaux. Ce scrait faire en pure perte, et meme a detriment, une assez grande depense que de se pro- curer tons les jours a Reims l'eau necessaire aux besoins d'une famille. XCIX. L'eau de la Suippe, pas plus que l'eau de la Vesle, ne peul nuire dans les usages induslriels, dans le lavage ou la leinture des laines. Je ne pourrais rien ajouter pour la Suippe aux observations qui out ete presentees ( LXXX-LXXXIV). C. L'eau de la Suippe est ties avanlageuse pour ralimentalion des machines a vapour : les depots qu'elle produit sont pulverulents el sans cohesion, comme ceux de la Vesle. Elle ne laisse aussi qu'une petite quantite de matieres dissoutes. Les nombres exprimes (XXX1VJ font voir un rapprochement interes- sant entre les eaux des deux rivieres. La Vesle nous donnait un depot de 170 grammes pour 1,000 litres d'eau evaporee : la Suippe donne seulemenl 165, 6 : sous ce rapport, elle offre done un avantage sur la Vesle ; mais eel avantage, assez pen marque, ne porle pas au-dela de ,'r du poids des matieres inso- — 331 «— tables , ct il est bien coinpense du reste par 1'aug- mentation des sels solubles. En effel, tandis que la Vesle donne seulement un residu soluble de 20 gram- mes pour la vaporisation de I, 000 litres, la Suippeen donne 25,4 ce qui fait une augmentation de pres d'un 1/4 du poids de ce residu. Somme loute , la dif- ference entre les deux eaux n'est pas tres grande : mais l'avantage me parait appartenir a la Vesle. § II. — Eaux des puits. CI. Apres avoir achevc l'ctude des eaux de nvieres, je me suis propose de leur comparer ou plutot de comparer a la Vesle les eaux des puits de Reims. II n'est guere de ville ou puissent se trouver reunies plus de conditions facheuses. En effet , si le sol est d'une excellente nature , si les eaux qui y forment naturellement les coucbes ou les puits sont crcuses paraissent devoir offrir une assez grande purete par clles-memes puisqu'elles se rassemblent dans la craie dont j'ai donne plus baut la composition, il n'est pas douleux cependanl que la marche, adoptee generale- ment pour la perte des eaux de fabrique, menageres, etc., peut les vicier au point de les rendre dange- reuses. Dans presque toute la ville on n'emploie pas d'aulre moyen qu'un souci , c'est-a-dire un puisard dont la profondeur varie de 2 a 5 metres, le diame- tre de 1 ,5 a 4 metres et qui laisse infdtrer les eaux dans le terrain environnant, dans les coucbes memes ou descendent les puits. C'est le sol qui consiitue le fond du souci F ( Plancbe fig. 4 ) et la muraille qui sen de revetement est construite en pierres scches jusqu'a i metre de hauteur MM au-dessus de ce fond: dans les parties superieures, la maconnerie estjoinlovee MG il 25 — 332 — et la couverture consisic en line grosse pierre P ou une voute solide. — En outre une multitude tic fosses d'aisances encore ancieones sont construiles d'une maniere si imparfaile qu'elles laissent e'cbapper leur liquidc dans le sol, oil se creent ainsi de nouvelles causes d'alteration dcs eaux. CII. Pour donner une idee de 1'importance aitachee depuis longlemps deja par les hoinmes eclaires ii l'in- lluence de celte confusion soulerraine des eaux sur la same des habitants , je ne puis mieux fa i re que de ciler en entier la declaration suivanlc faite par les medecins de Reims en 1740. « Nous, doyen, docteurs et professeurs de medc- » cine dans l'universite de Reims certifions que » depuis que nous exercons la raedecine dans cetle » dite ville , nous y avons rencontre une infinite de x> personnes attaquees des maux vulgairemenl appe- » les incurables. Nous pensons meme qu'il n'esl pas » de ville dans le Royaume , oil Ton trouve plus » de goitres, de scirrhes, de cancers, d'ecrouelles , » de loupes, de meliceris, de stealdincs el generalc- » menl de loutes les maladies comprises dans la » classe dcs humeurs froides. » « II est ici pen de families oil Ton ne trouve quel- » que sujet plus ou moins iid'ecle de ce virus et » si le secret que nous leur devons ne nous fer- » mail la bouche,, nous etonnerions le public par » le recit de nos miseres. II arrive memo souvent » qu'en donnanl dcs lecons d'analomie a nos eleves » et en ouvranl a I'llotcl-Dicu des personnes morlcs » de maladies aigues , telles que Papoplexie , nous » trouvons le mesentere farci de glandes engorge'es » qui pieparaienl des causes sourdes de mort dans — o3o — des sujets sains en apparence el au-dessus de tout soupcon. « La cause de tons ces maux n'est point equivoque » et Von ne peut la rapporter qua la mauvaise qaa- » lite des eaux. En eflel , hi plupart de nos puits » sont creuses dans la craie, et il est demonlre par o Fanalyse que cetle craie est une ceruse imparfaite, » ou si Ton veut, une lerre chargee des principes » du plonib et de Falun (1): il est done necessaire » que Feau qui est fillree par cetle terre et qui » s'esl chargee de ces principes les depose dans » les differents couloirs de notre corps et qu'elle y » charrie avec elle le gernie fatal d'une infinite de » maladies. De la les mauvaises digestions, Fepais- » sissement du chyle el des liqueurs qui en pro- » viennent , mais surtout celui de la lymphe qui » occasionne Fengorgement des glandes et cause » loutes les (umeurs internes ou externes qui defi- » gurent le corps huraain. » « Les arts , la fabrique de nos eloffes ne deposenl » pas moins que la medecine contre les eaux de » nos puits : il est de notoriele publique qu'elles ne » peuvent dissoudre le savon, et que dans la plupart » des quartiers de la Villc elles sont inuliles pour » les lessives, pour les teintures et pour les diiTerentcs » preparations de la laine. Ce reproche, il est vrai, » parait moins grave que celui que nouslui faisons » de deranger noire sante : mais ce sont deux verites » qui se soutiennent mutuellement , et le mauvais » effet de Feau sur la laine prouve a Fartisan comme (\) Je ne m'arrfite point ii ce passage bizarre : il laut seulemen1 observer qu'il date de 1740. — 3S6 — ,, an physicieo le danger de cellc boisson. » a II y a longtemps qu'on est prevenu conire les » eaux de Reims : le goul seul en decele la mauvaise b qualile: mais le danger en est beaucoup plus » grand qu'on nc croit, el on aurait plus lot ira- » vaille a s'en garantir si on avail ele persuade » qu'elles causent la mori a la pluparl de nos » habitants. » « La condition des pauvres altaques desdilfe rentes » especes d'humeurs froidcs, est d'auiant plus dure, » que les bopitaux ordinaires leur sont lermes dans » la erainte qu'on a qu'ils ne communiquent leurs » mauxaux autres malades, etla inaison de Si-Marcoul » n'est ouverie qu'a un ires pelit nombre d'ecrouelles, » ce qui reduit les autres qui n'y sont pas admis » a languir dans leur maison, a y repandre la con- » tagion , et a y mourir apres plusieurs annees de » souffrance, couverts de pourrilure et d'ulceres. » « Nous ne connaissons d'aulre remede a lous ces » maux que le cbangement de boisson par l'ela- » blissement des fonlaines. Ce projet, tente" plusieurs » fois, a toujours ecboue par les didicultes de I'exc- » eutkm : mais nous esperons que nos magistrals , » mieux informes du danger des ciloyens, surmon- » leront lous les obstacles, et qu'ils irouveront » des ressources sures dans la superiorile de leurs » lumieres, dans I'amour do la palrie, dans les » contributions des maisons religieuses el des bopi- » laux , comme dans la bourse des citoyens riches » et cbaritables(lels que M. Godinot) que leur zele » ct leur exemple sauroni persuader. Rien n'est plus » ordinaire dans cello ville que les legs pieux fails » en faveur des pauvres; ne pourrait-on pas detour- — 335 — » tier pour quelque lomps celle source bienfaisanfe » ».'t appliquer aux fonlaines ce qu'on so fait » un devoir de donner aux maisons de cbarite ? » Elles gagneraient memo a cette soustraclion mo- » menlanee , puisque le moyen le plus siir pour » diminuer leur depense, est de diminuer le nom- » bre des inforlunes en prevenant les maladies. » « Delibere a Reims, ce 22 mai 1740. » Signe : Josnet, C. Maquart, Labre, Bernard et Raussin. » CHI. A lire une telle declaration, a voir un tableau si sombre , on pourrait croire que le sejour de Reims, si disngereux en 1746, n'est pas encore bien sur aujourd'hui, malgre les cbangemenls efTec- tues depuis cette epoque. Pourlanl je n'ai pas ete pen surpris, je l'avoue , de trouver un tout autre prejuge beaucoup trop repandu. Quclques personnes, et des plus eclairees , m'ont parle de la Vesle avec des demonstrations de degout el en laisant voir un pencbant marque pour les eaux des puits. Ne serail- ce pas un beau sujet de dissertation que ce conlrasle frappant ? a un siecle de distance ! — Mais conten- tons-nous de cheicber la verite. CIV. D'abord je ferai la remarque de I'erreur on sont lombes les medecins de Reims en 1746 quand ils prirent la craie pour la cause immediate de I'in- salubrite des. eaux. Je n'en voudrais pas d'autre preuve que les bonnes qualiles de l'eau de riviere dont ilsconseillaienl eux-memes l'emploi, sans songer. parail-il , ii I'exislence de la craie dans cette can lout comme dans celle des |>uiis. — Nous avons deja vu combien on s'eloignerait de la veriteenat- — 33-'. - tiibuant ao carbonate de dbaux une action per- nicieuse sur la sanle (LXIX) (7esi an coDlraire uoe substance utile et incapable de noire sous tons les rapports. CV. II en est d'ailleurs de la plupart des sels mineraux comme du carbonate calcaire : tous ceux qui se rencontrent dans les eaux sont connus d'une nianierc complete : et l'cxperience le prouve , jamais ceux qui pourraient nuire a la same n'existenl en proportion notable dans les eaux potables sans re- pugnance pour l'bomme et pour les animaux. La rai- son en est ties simple : en general ces sels ont une saveur Ires prononcee, desagreable, qui avcrtit de leur presence. — Les sels de bonne nature onl pen de saveur et l'eau qui les renferme meme en assez grande proportion reste alors insipide. CVL Les eaux qui out peu de saveur et qui pourtant sont nuisibles, les eaux de puils, cntr'aulres, ne doivcnl pas leurs mauvaises qualiles aux sels mineraux, mais bicn a des malieres organiques amenees par les infiltrations de tout genre dont 1'origine se rattacbe a nos travaux ou a nos besoins. Parmi ces malieres , il en est de Ires dangcreuses meme en proportions cxcessivement pelitcs , et leur presence ne se decele pas aisement, soil parce que leur quan- tile est faible , soit parce que leur saveur est a peu pres nulle. — Malheureusement de idles subs- tances ne peuvent elre isolees sans les plus grandes pcines et il est impossible de les caracieriser Ires exaclcment. — Beaucoup de raisons portent a les regarder comme azolees ? parce tpie la plupart des ferments putrides soni dans ce cas ; en admctlanl celte hypolhese, on peut rcconnaitre I'existence de — 337 — ccs matieres, d'abord en calcinani ies residus (burn is par Pevaporation menagee des caux , ce qui donne des vapeurs ammoniac-ales , on memo en se servant du procede que j'ai mis en usage pour la plupait des eaux que j'ai analysees , procede qui est pout etre plus sur que le precedent , et qui consiste a laisser ies residus humides abandonnes a eux-memes. Au bout de quelque temps ces residus se putrefient, et, par leur odeur, on acquiert un indice important de la nature des parties organiques. CVII. L'ensemble de mes experiences permet de rendre peu contestable l'existence de composes sur lesquels on puisse faire peser avec certitude Paccu- salion de causer des effels funestes. C'esl ce qu'on verra dans Ies observations relatives a chacune des eaux. Toutefois , je signalerai des a present tine re- marque generale dont j'ai deja expose le principe en parlant de la Vesle (LXXIII), et dont la confirmation me parait resulter des analyses d'eaux de puils. J'ai cherche a faire sentir ['importance de Taction de Poxygene dissous sur Ies matieres versees dans une eau courante; eel oxygene renouvele sanscesse exerce une influence depuralive energique et preserve l'eau des modilications pcrnicieuses qui resultent neces- sairemenl de Paffluence conlinuelle des matieres im- pures. Or il exisle entre Ies eaux de riviere et Ies eaux de puits celte difference enorme que dans Ies dernieres, Poygene almospberique petit ne point se renouveler on se renouvelcr tres difficilement Landis (pie Ies impureles s'y repandent en Iden plus grande , proportion. Par ce double motif, Ies eaux des puits doivent elre assez frequemment d'une mauvaise na- ture el souvent meme d'une nature dangereuse. Les — 338 — rofiitralions dime fosse viennenl-elles a penelrerda mi puiis oil le sol fournil de I'acide carboniquc ? cct acide pouvant former a la surface de l'eau une lou- che plus ou moins epaisse, I'air ne se trouvnnt plus en contact avec l'eau , les substances infiltrees, dls- soutcs, ne pourront recevoir 1'acliOQ de I'oxygene en exces : ces substances demeureionl inalierecs ou su- biront un commencement de fermentation qui ne les modiliera pas assez proforulement pour aneanlir leurs proprieles deletcres: l'usage de lelles caux devient alors ires redoulable. CVIII. Nous Irouverons un exemple de ces fails dans I'analyse des gaz exlraits de l'eau du puils du jardin a 1'Holel-Dieu. Cello eau ne conlient pas d'oxy- gene et on y Irouve meme de I'acide sulfhydrique, elle a subi lous les efl'els dont je viens de parler et sans aucun doule elle ne pourrait etie bue sans danger. La maliere azolee donl elle est souillee n'est pas de bonne nature el ne peut pas se modifier. CIX. L'etude des eaux de puils m'a fourni l'occa- sion de signaler un fait nouveau et ires interessant que je vais maintenant decrire. Nous avons vu (XXXV) que l'eau du puits de Touinebonneau ne decompose pas lesavon; l'expe- rience en a ele faile avec les plus grands soins ; on a melange, comme je l'ai deja dit , 200 centimetres cubes (2 decilitres) d'eau du puits avec 10 centimetres cubes (ou] 1 centilitre) d'une solution de savon con- tenant 20 grammes de savon blanc dans 1 litre. La liqueur se trouvait ainsi formee de 0 gramme 2 de savon sur 2 decilitres d'eau de Tournebonneau , ou de 1 gramme savon pour 1 lilrc d'eau. Le melange vVsi conserve' nlus d'nn mois sans laisser pa rat Ire de — 339 — depot : on peut lo porter a ['ebullition dans 1111 ma- tras pendant plusicurs minutes ; il ne se trouble pas davantage. Cetle circonslance m'a frappe , par la contradiction qu'elle apporte a I'opinion unanime des chimistes. En effet , il est admis d'une maniere absolue que les sels de chaux , aulres que le carbo- nate , produisenl toujours une decomposition et un depot dans les solutions de savon ; en d'autres lermes, le savon de chaux est regarde comme cntiercment insoluble. — Or , l'eau de Tournebonneau renferme une assez grande quantite de sulfates (de potasse et de soude ) en memo temps que des sels solubles de chaux, el d'apres les considerations presentees plus haut (XXV-XXVII) , on peut admettre qu'elle ren- ferme un peu de sulfate de chaux tout forme. CX. En tenant comple de I'inaclion de cette eau , et de celle de toules les eaux qui renferment da car- bonate calcaire ( pourvu que la proportion de ce sel ne soit pas trop grande) , on est amene a penser que tous les sels de chaux , en general , ne decom- posed le savon qu'au de-la d'une cerlaine limite , e'est-a-dire , que le savon calcaire n'est pas abso- ment insoluble , et cette pensee se verifie comple- tement par les experiences suivantes : CXI. A. On a fait , avec de l'eau dislillee et une solution de sulfate de chaux , les melanges suivants : 1° 190 cent, cubes d'eau et 10 c. c, solution de sulfate. 2o 180 20 3o no 30 4o 160 40 So 150 60 6» 110 GO lo 130 70 La dissolution saturee — de 13° conlieol par Hire 2 grammes 5i0 sulfate ou sur 10 ceniim. cubes ( 1 c. do liire) 0 -r, 02oi. Ainsi les melanges precedents renfermnient : grammes grammes i litre, id. id. id. id. id. id. 2o id. 5« id. to id. 5o legcr precipite , 6° precipite abondant , 7° id. Ires abondnnt 1° 0, 0-254 sulfate sur 200 cent cub. ou 0, ltl sur 2° 0,0468 400 0, 2!U 3o 0, 0702 200 0, 351 4o 0, 0956 200 0, 468 5» 0, 1170 200 0,585 6° 0, 1404 200 0, 702 7° 0, 1658 200 0, 81C A chaciiDC de ces liqueurs nous avons ajoute 10 cent, cubes de la solution de savon blanc (20 gram, par lit. ) el nous avons obtenu : 1° Pas 1c moindrc grumeau et seulement I'opalescence id. id. opalescence un peu plus forle. opalescence legerc. liqueur a peu pres limpidc. liqueur tout-a-fait iimpide. CXU. B. On a fait avec de l'eau distillee et du ch'orure de calcium pur et fondu les liqueurs sui- vantes : grammes lo liqueur tenant 0, 555 chlorure par litre. 2» 0, 570 id . 5o 0, 400 id. 4o 0, 446 id. 5o 0, GC7 id. A 200 cent, cubes de chacune do ces liqueurs on a ajoute 10 cent, cubes d'eau de savon , ce qui a donne : 1° pas dc grumeaux, et seulement opalescence 2o ■ opalescence un pen plus l'orte. 5° leger precipite , opalescence legere. i< precipite plus abondant , el un reste d'opalesi ei .. precipite en gros grumeaux . cl liqueur tn - 341 — CXIH. C. On a prepare avec de leau distilled el de Vazotate de chaux cristallise ( contenanl 57 cen- tiemes d'eau ) 1° liqueur tenant 0, 500 azotate sec par litre. 2» 0, 365 3° 0, 108 4" 0, 459 5o 0, 550 60 0, 682 A. 200 cent, cubes de chacune de ces liqueurs on a njoute 10 cent, cubes de l'eau de savon , et I'on a observe : 1U pas de trouble , r.alescence legere. 2° id. id. 5° id. id. 4° id. un peu plus prononcee. 5° id. encore un peu plus forte. 6° trouble abondant , un reste d'opalescence. CXIV. De ces experiences , il resulte que les sels de chaux, meme a acides puissanls, peuvent exister en assez forte proportion dans une eau qui ne ren- ferme pas d'aulrcs sels sans produire la decomposi- tion des savons. Le maximum petit etre ainsi fixe : grammes 0, 580 de sulfate de chaux anhydre dans 1 litre. 0, 590 de chlorure de calcium. . . 1. 0, 600 d'azotate de chaux 1. CXV. Pour connaitre ensuite l'influence des ma- tieres solubles ajoutees aux sels de chaux et qui les accompagnent dans la plupart des eaux ordinaires nous avons fait les experiences suivantes : D. Chlorure de sodium, dissolution saluree a \¥ La dissolution de sulfate de chaux (5" ) melee de 10 cc. de savon ne s'est pas troublec avant l'ad- dilion de 50 cc. de la solution saturee : la com- — 3fc<3 — posiiion de la liqueur esi alors equivalent ;i : grammes 0, 351 sulfate de cliaux. 0, 106 chlorure dc sodium. 5, 757 sels dans 1 litre de liqueur. Au-dessous de celte proportion , le chlorure de sodium produit une action incomplete ( it partir de 24 ceniime:res cubes ). — L'ebullition rend Paction plus proinple. E. Chlorure de potassium. 10 grammes dans \ litre. Les efl'ets sont un peu moins marques, mais du reste lout semblables. F. Azotate de pnlasse. 10 grammes dans 1 litre. La dissolution de sulfate de chaux (4°) melee de 10 cc. de savon nc se trouble pas par I'addition ) , secretaire du bureau central du VII Cornice agricole de la Marne , a Chalons- sur-Marne. MM. Boulloche ( # ), conseiller a la cour d'appcl, rue de Lille, 3, a Paris. Bourasse (l'abbe), archeologue, a Tours. Bourdonne , directeur de I'ecole primaire supe- rieure , a Reims. Bourgeois-Thierry , membre du conseil gene- ral de la Marne , a Suippes ( Marne ). Bourgain, juge de paix , a Sedan (Ardennes). Bodvart, membre de la Societe d'agriculture , a Charleville. Brissaud, professeur d'histoire au lycee d'Orleans. Bussieres ( Broquard de ) (^) , ancien offlcier du genie, rue Greffulhe, 7, a Paris. Buvignier, geologue, membre de la Societe pbilomathique , a Verdun (Meuse). Carette ( 0. # ) , ancien ofllcier superieur du genie , rue de Bagneux , 7 , a Paris. Carette ($§■ ), capitaine du genie , membre de la Commission scientiflque de l'Algerie. Carette , avocat au conseil d'etat et a la cour de cassation , rue des Grands-Augustins , 5, a Paris. Carteret , conseiller-d'etat , rue de l'Arbre-Sec, 22 , a Paris. Caton , cure-doyen de Craonne (AisneJ. Caumont (de ( 0. $$) , correspondant de l'lnsti- tut, a Caen. Cayx(0. $) , inspecteur-general de l'Universite, administrateur de la bibliotbeque de l'Arsenal , a Paris. Chaix-d'est-Ange (0. $£) , ancien depute de la Marne , avocat a la cour d'appel , boulevard I'oissonniere , 23 , a Paris. Mil MM. Ciiambert, docteur en medecine , a Laon. Charlieu , membre correspondant de la Societe centrale de mcdecine veterinaire , a Reims. Charpentier , instituteur , a Reims. Chaibrv de Troxcenord (baron) ($£) , conseiller a la cour d'appel de Paris , membre du conseil general de la Marne , rue Jacob , 48. Ciievallier ($j) , membre de l'Academie de me- decine , professeur a l'ecole de pbarmacie , quai Saint-Michel , a Paris. Chevillion , docteur en mcdecine , a Vitry-le- Francois (Marne). Clement (P.) , homme de lettres , rue de Miro- menil , 30 , a Paris. Clerc , professeur de rhc*torique au seminaire de Luxeuil (Haute-Saone). Cochakd , fabricant de produits chimiques, a Reims. Coetlogon ( comte Em. de) , proprietaire a Paris. Coetlosquet (comte nu) (#) membre de l'Aca- demie de Metz , a Metz. Comte (Ach.) (#), professeur d'histoire natu- relle au college Charlemagne , a Paris. Coulvier-Gkavier , astronome, a Paris. Crosnier, cure de Donzy (Nievre). Cussy (vicomte de) ($£), membre de l'Acade- mie de Caen, a Saint-Mande (Seine,). Cuyper (J.-R. de), professeur de sculpture, a Anvers. Daconet (#), docteur en mcdecine , a Chalons- sur-Marne. Danton (#), inspecteur de l'Academie de Paris. Daudville (Ch.), membre de la Societe aca- demique de Saint-Quentin (Aisne). IX MM. Defourny, cure de Brognon (Ardennes). Delafosse (#), professeur a la Faculte des sciences de Paris , rue d'Enfer, 47. Delaporte (marquis), a Vendome. Demilly , veterinaire de 1'arrondissement de Reims. Denis (Jfy, membre de la Societe des Anti- quaires de France, a Commercy (Meuse). Derode (A.), ancien officier de marine, a Reims. Desrousseaux de Medrano, manufacturier , membre du conseil general des Ardennes, a ;Charleville. Dessain-Perin, homme de lettres , a Cumieres (Marne). Didron (#), secretaire du Comite historique des arts et monuments, rue d'Ulm, 1, a Paris. Drouet, ancien professeur de l'Universite, a Reims. Dubroca , veterinaire , a Sedan. Duchesne (A.), numismate , a Reims. Dufour, conservateur du musee, a Amiens. Duheme , docteur en medecine, a Douai. Dupuit (#), ingenieur en chef des ponts et chaussees , a Angers. Durand (H.), architecte, rue Coquenard, 31 , a Paris. Dutemple , membre de la Societe geologique de France , a Pierry (Marne). Duval, docteur en medecine, a Epernay. Duval (Ferdinand), avocat , a Paris. Ernoult (Ch.), sous-prefet, a Vouziers. Estrayer-Cabassole , chanoine , a Chalons (Marne). X MM. Failly , inspecteur des douanes, a Lyon. Farochon , sculpteur, rue d'Fnfer, 76, a Paris. Faucher (Leon), representant du peuple , rue Blanche, 10, a Paris. Feuillet , juge de paix, rue des Trois-Maries, 12, a I. yon. Fossti d'Arcosse , membre du Comite archeolo- gique , a Soissons (Aisne). Foucher (J.-N.) proprietaire, a Mareuil-sur-Ay, (Marne). Fournier , cure , a Rethel (Ardennes). Frignez , docteur es-sciences, boulevard Bonnc- Nouvelle , impasse Cendrier, a Paris. Galeron, professeur de rhetorique au lycee de Reims. Gallois (Etienne), ancien bibliothecaire de la chambre des pairs, a Paris. Garinet , conseiller de prefecture, a Chalons- sur-Marne. Gasc , homme de lettres, a Bruxelles. Gastebois (0. 3s£), lieutenant-colonel en retraite, a Lachy, pres Sezanne (Marne). Gauthier (^.), architecte , membre de l'Aca- demie des beaux-arts, rue des Bons-Enfants, 28, a Paris. Gayot (E.), avocat , secretaire de la Societe academique de l'Aube , a Troyes. G£lis, chirurgien a l'hopital militaire de Sedan. Georges (Etienne), cure de Trannes. Geruzez (Eug.J ($js), professeur a la Faculte des lettres, rue de Vaugirard, 72, a Paris. Giraruin, professeur de cbimie , a Bouen. Godinot , jmre de paix, a Ghatillou-sur-Marnc (Marne). XI MM. Goguel , rnembre de plusieurs Societes savantes, principal du college de Brischveiler (Bas- Rhin). Gomard , vice-president du Cougres agricole du nord , a Saint-Quenlin. Goulet-Collet , ingenieur - liydraulicien , a Reims. Goumot-Damedor, professeur de rhetorique au lycee de Blois (Loir et Cher). Granval, pbarmacien a l'hotel-Dieu, a Reims. Mgr Gros , eveque de Versailles. MM. Grosjean, pharmacien, a Fismes (Marne). Grosselin, rue du Paon-Saint-Andre, 1, a Paris. Guichemere , recteur de l'Academie du Gers. Guillory , president de la Societe industrielle , a Augers. Hrady (#), professeur agrege a la Faculte de medecine, rue Cadet, 19, a Paris. Hebert , sous- directeur a l'ecole normale , a Paris. Hedde (Isid.) (^), delegue de l'industrie seri- gene , attache a l'ambassade de France en Chiue , a Saint-Ftienne. Hemart (baron), ancien officier, membre du conseil d'arroudissement de Reims, a Ay (Marne). Henriot (Ftienne), proprietaire a Trigny. Hombres-Firmas (baron d') (^), docteur es- sciences , correspondant de l'lnstitut, a Alais (Card). Hubert (J.), professeur de philosophie au col- lege de Charleville (Ardennes). Huot (P.), substitut du procureur de la Repu- blique , a Orleans. XII MM. Husson (4|fc), membre de l'Academie de inede- cine , au lycee Descartes, a Paris. Jamin, professeur au lycee Louis-le-Grand , a Paris. Jarry de Mancy (#), professeur a l'ecole des beaux-arts, rue Cassette , 5, a Paris. Jobard ($£) , directeur du musee de l'industrie, a Bruxelles. Jolibois (E.), professeur d'bistoire au lycee de Colmar (Haut-Bhin). Joly , professeur de rhetorique , au lycee de Marseille. Joppe , conservateur de la bibliotheque , a Cha- lons-sur-Marne. Jourdain-Sainte-Foi, homme de lettres, a Doue ( Maine-et-Loire ). Jubinal (A.) (^), homme de lettres, rue Ta- ranne , 16 , a Paris. Julien (Stan.)($g), membre de l'Academie des inscriptions et belles-lettres, professeur de langue et de litterature chinoises au college de France , place de 1'Estrapade , 34 , a Paris. Kerckove ( vicomte de ), president de l'Acade- mie d'archeologie de Belgique , a Anvers. Kerckove ( vicomte Eugene de ) ($&) , charge d'affaires du roi des Beiges, a Constantinople. Kozierowski , archilecte , membre du Comite d'archeologie , a Paris. Ladeveze (comlede), maire d'Orbais (Marne). Lair ($£) , secretaire perpetuel de la Societe d'agricullure et de commerce , a Caen. Lambertye (comte de), proprietaire, aChaltrait ( Marne). Leberthais , peintre graveur, a Lisbonne. Lebbun, directeur de l'ecole des arts et metiers, a Chalons (Manic ). XIII MM. Leclerc, economiste, a Paris. Lejeune , professeur au lycee de Reims , ofiicier de l'Universite. Leleu-d'Aubilly , membre du conseil general de la Marne, a Aubilly (Marne). LfiPAULE, peintre, a Paris. Lepine, jurisconsulte , a Renwez (Ardennes). Leroux, docteur en medecine, a Corbeny (Aisne). Lesure , docteur en medecine , a Attigny (Ar- dennes ). Leuchsenring , docteur en medecine, a Reims. Levesque de Pouilly (#), ancien depute, a Arcy-Ponsart (Marne). Licourt, docteur en medecine, a Chatillon-sur- Marne. Lienard, peintre, membre du Comite d'archeo- logie , a Chalons-sur-Marne. Lies , docteur es sciences, chef d'institution, a Charleville. Loisson (t>e) (%) , ancien depute de la Marne, a Pierry (Marne). Loison, homme de lettres , quai Bourbon, 35, a Paris. Louis ($£), medecin en chef des epidemies de la Seine , rue de Menars, 8, a Paris. Lundi ( Jules ) , paleographe , a Paris. Maillet, membre du Cornice agricole, a Reims. Maizieres (de), ancien professeur de l'Univer- site , a Reims. Mangeart , avocat , a Valenciennes. Mareuse (VO, avocat a la cour d'appel d'Amiens, rue Bleue, 4, a Paris. Marolles (Quatresols de), president du tri- bunal civil , a Arcis-sur-Aube. XIV MM. Maiunf.t (#), ingenieur en chef des ponts et chaussees, a Chateau-Thierry (Aisne). Mathieu, avocat ii la cour d'appel, rue Riche- lieu, 29, a Paris. Maupassant, professeur de philosophie au college de Chalons-sur-Marne, officier de l'Universite. Maupied, professeur a la Faculte de theologie de Paris , rue S'-Pominique-d'Enfer , 20 , a Paris. Mauvais(^), membre de l'Academiedes sciences et du Bureau des longitudes , a l'Observatoire, a Paris. Mellet ( comte de ) , proprietaire , a Chaltrait ( Marne ). Mennesson (M.), docteur en droit, a Laon. Merode ( comte de) ( 0. $f), ministre d'Etat, a Bruxelles. Melgy , docteur en medecine, a Helhel ( Ar- dennes ). Michelin (H. ) (#), conseiller a la Cour des comptes, meinbre de la Societe gtiologique de France, rue Saint- Guillaume, 20, ii Paris. Migeot, cure-doyen de Signy-le-Petit (Ardennes). Millet, jugede paix de Sissonne, a Liessc (Aisne). Millet , inspecteur des forets , sous-chef a l'administration des forets , a Paris. Monmerque (0. <§&), membre de l'Academie des inscriptions et belles-lettres, rue Saint-Louis, 39 , au Marais , a Paris. Morel , professeur de rhetorique au college de Niort. Mozer , medecin , a Verzy (Marne) Mulbach , professeur de litterature allemande , a Eger ( Boheme ). Nicot (0. $&) , ancien recteur de l'Academie de Nlmes. XV MM. Nizard (Desire) (#), professeur au college de France, a Paris. Nitot, maire d'Ay , ( membre du conseil gene- ral de la Marne ). Noel-Agnes , ancien sous-prefet de Cherbourg. Ozanneaux (0. ^), inspecteur general de l'Uni- versite , quai Bourbon , 53 , a Paris. Ozeray , archiviste paleographe , a Bouillon (Belgique ). Pappe (Ludwig), docteur en medecine, au cap de Bonne-Esperance. Paris , notaire , a Epernay. Paris (Paulin) (#) , membre de l'Academie des inscriptions et belles-lettres, conservateur- adjoint de la bibliotheque nationale, a Paris. Pauffin (Cheri) , ancien juge, rue Bacine, 13, a Paris. Pergant , membre du Cornice agricole, a Vitry- le-Francois ( Marne ). Perin (A.), peintre , rue Saint-Lazare , 11, a Paris. Pernot (#) , peintre , membre du Comite des arts et monuments , rue Saint-Hyacinthe- Saint-Honore , 7, a Paris. Perreau (Jules) , homme de lettres , a Beims. Perier (E.), membre de la Societe academique de Chalons-sur-Marne. Perron , professeur a la Faculte des lettres de Besangon. Perrottet (#) , directeur du jardin du roi , a Pondichery (Inde franchise J. Petit , docteur en medecine , a Hermonville. Pierquin , cure de Sarcy. Pingret , graveur, rue Guenegaud, 5, a Paris. XVI MM. Pinteville-Cernon (de) , president du Cornice agrieole de la Marne, a Cernon (MarneJ. Polonceau (#) , ancien recteur de l'Universite, rue Neuve-des-Petits-Champs , 77 , a Paris. Ponsinet , substitut a Alengon (OrneJ. Pontaumont (de) , membre de la Societe acade-- mique , a Cherbourg. Poquet , directeur de l'lnstitut des sourds et muets , a Soissons. Pregnon , cure a Torcy (Ardennes.) Prin (#) , docteur en medecine , k Chalons-sur- Marne. Prompsallt , aumonier de la maison des Quinze- Vingts, a Paris. Provostaye (dela), inspecteur de l'Academie de Paris. Rafn (Christ.) (#) , secretaire de la Sociotu des antiquaires du Nord , a Copenhague. Rattier (#), recteur de l'Academie delaCreuse. Raulin ($£), maitre des requetes au conseil d'Etat, rue Neuve-des-Mathurins , 35 , a Paris. Richard , docteur en medecine , a Hermonville. Richelet, conservateur de la bibliotheque , au Mans. Robelin, architecte, a Paris. Robert (Ch.) ($$), ancien eleve de l'ecole poly- technique, sous-intendant militaire, & Metz. Robillard (C.) , directeur-medecin du lazaret de Cette (Herault). Roisin (baron de) (#), proprietaire & Ronn, (Prusserhenane) , — ou rue Franchise , 38 , a Lille. Rondot (Natalis) (<§§g), delegue' en Chine pour les industries des laines et des soies , membre XVII de la Societe asiatique , rue Montholon , 24 , a Paris. MM. Roucher-d'Aubanel , docteur en medecine, a Fere-en-Tardenois (Aisne). Rouit , directeur de l'ecole normale primaire , a Laon. Rousseau , docteur en medecine , a Fpernay. Royer (E. de) , procureur-general pres la cour d'appel , rue Saint-Benoit , 17, a Paris. Royer-Collard (P.) (^), doyen de la Faculte de droit , a Paris. Ruinartde Brimont fEd.J, membre de la Societe geologique de France , rue Cassette , a Paris. Saint-Vincent , president du tribunal , a Charle- ville. Salle , docteur en medecine , a Chalons-sur- Marne. Saunier, professeur d'histoire au lycee de Nancy. Sauvage (^), ingenieur des mines, a Metz. Satjville (Guillaume de), conseiller de prefec- ture, a Mezieres. Say (H.) (<$§), membre du conseil-general de la Seine et de la chambre de commerce de Paris, rue Bleue, 13, a Paris. Say (Leon), economiste , a Paris. Sellier , secretaire de la Societe d'agriculture, a Chalons-sur-Marne . Seure, docteur en medecine, a Suippes (Marne). Seure (Onesime), homme de lettres, rue Neuve- des-Mathurins , 70, a Paris. Sevestre (l'abbe), vicaire de Saint-Jacques , a Reims. Suckau, professeur d'allemand au lycee Monge, rue Saint-Hyacinthe- Saint-Michel, a Paris. K\\\[ MM. Si m , curt' a Loivre (Marne). Sylvestbe ($&), homme de leltres, place Belle- chasse, a Paris. Taillefert , censeur des etudes au lycee d' Angers. Tampdcci (H.), homme de lettres, a Reims. Tempi rr , jurisconsulte , a Marseille. Teste d'Ouet, homme de lettres, correspon- dant du ministere de rinstruction publique , rue Bourg-1'Abbe , 7, a Paris. Tuierion de Monclin (J.), a Nanteuil (Ar- dennes). Thierry (E. de), ancien oflicier de cavalerie , rue du*Faubourg-du-Rou1e , 68, a Paris, — et a Fismes (Marne). Thomas (Honore), homme de lettres, a Reims. Tirman , docteur en medecine, a Mezieres. Varennes , avocat, a Vitry-le-Francois. Viancin , membre de l'Academie de Besancon. Villeminot, ingenieur mecanicien, membre de la chambrc de commerce de Reims. Vikcent, inspecteur des ecoles primaires de Metz. Vioi.ette, homme de lettres , a Mary-sur-Marne (Seine-et-Marne). Vioiwois , juge au tribunal civil, a Montpellier. Vismes (de) (#) , ancien prefet , a Sezanne Marne). Voilemier, docteur en medecine, a Senlis (Oise). Vroil (Jules Herhit de), membre de la Societe des economistes, a Reims. Weiss ($), correspondant de l'lnstitut , conser- vateur de la bibliothequo, a Besancon. vVint [Paul de) , homme de lettres, rue des Marais-St-Martin , 29, a Paris. XIX Wvld (James), membre de la Societe geologique de France, a Epernay. Yvan ($£), docteur en medecine , medecin de l'ambassade de France en Chine , professeur d'histoire naturelle medicale, place Breda, 10, a Paris. TABLE DES AUTEURS POUR LES DEUX VOLUMES de I'annee 4849-4850. Aubriot. Rapport sur une notice relative aux fossiles du Crag , par M. Hebert, tome. n. p. 79. Bandeville. Compte-rendu des travaux de l'Academie pendant I'annee 1849-1850, t. ii. p. 224. Briere-Valigny. Lecture sur le Quadrilogue invectif d'Alain Chartier, t. i. p. 403. Charlier. Note sur les vaches laitieres et la peripneumonie con- tagieuse , t. i. p. 337. Defourny . Organisation des Societes libres de secours mutuels, t. ii. p. 47. Dubois. Discours d'ouverture de la seance publique , t. n. p. 216. KXII Duchesne. Rapport sur un manuscrit des poesies de Nicolas Clies- neau, t. i. p. 394. FORNERON . De dos jours, qu'est-cequ'un Bachelier? 1. 1. p. 143. De l'abusdes figures et des mots nouveaux, t. i. p. 237. Rapport sur le travail de M. Goguel : De V Education des enfant s des classes pauvres, t. n. p. 160. Gainf.t. Etudes critiques sur I'Histoire de la Civilisation, etc., par M. Guizol, t. l. p. 276, 374. Henmot. Rapport sur une variete de lapins blancs, t. i. p. 113. Lettresa M. Collignon sur les travaux publics, t. i. p. 292, t. ii. p. 111. JOURDAIN S,e-F0Y. Observations pbilosopbiques sur le langage, t. i. p. 265, 307 Landoizy. De l'affaiblissement de la vue considere comme sym- ptome initial dela nephrite albumiueuse, t i. p. 59. De l'intoxication zincale observee cbez les ouvricrs tordeurs de fils galvanises, t. II. p. 83. Lechat. Rapport sur les experiences relatives a la determination de la vitesse de la lumiere , t. n. p. 182. Lienard. Notice sur le Fanum Miner vce, t. n. p. 188. Loison . Le plaisir et le bonheur, fable t. i. p. 47. XXMI LOIUQUET. Essai sur I'eclairage cliez les Romains, t. i. p. l~9, 204, 223, 347, t. II. p. 28, 89, 130. L. Lucas. Etudes sur les poesies de M. G. Ozanneaux, t. i. p. 157. MaumenE. Des proprietes hygromiitriques de la laine. t. i. p. 80. Empoisonnement de compagnie de perdreaux par I'ar- senic , t. I. p. 108. Experiences sur les couleurs, t. i. p. 274. Reactif nouveau pour la recherche du sucre dans les liquides, t. i. p. 331. Analyse des eaux de Reims et de I'arrondissemenl , t. ii. p 267. Mmoc. Rapport sur l'Academie des Jeux floraux, 1. 1. p. 13, 35. PlNON. Notice archeologique sur Sept-Saulx, t. i. p. 318. Le Cordonnier medecin , fable, t. u. p. 256. 0. Seuke. Poeme sur la mort de l'archeveque de Paris, t i. p 4. SORNIN. Rapport sur un traite de trigonoraetrie, t. I. [\. 173. Setaiine. Notice sur Jacques Collier , t. i. p. 250. TOURNEUR. De I'archeologie a l'Academie de Reims, t. i. p. 1 17. Rapport sur un v i trail de I eglise de Trigny, t. n. p. 156. XXIV Rapport sur le memoire archeologique couronn^ par 1" Academic, t. n. p. 243. Velly. fimploi du sulfate d'ammoniaque dans l'agriculture t. i. p. 129. VlOLETTE. Conte breton , t. i. p. 155. A mes amis , t. II. p. 208. TABLE DES MAT1ERES GONTENUES DANS LES DEUX VOLUMES de I'annee 4849-1850. AkchEologie. De I'archeologie a * l'Academie de Reims , par M. Tourneur, tome i. page 117. Essai sur l'eclairage chez les Romains , par M . Lori- QUET , t. i. p. 179, 204 , 223 , 347 , t. n. p. 28 , 89, 130. Notice archeologique sur Sept-Saulx , par M. F. Pinon, t. i. p. 318. Vitrail de Peglise de Trigny , rapport par M. Tourneur, t. ii. p. 156. Notice sur le Fanum Minervce , par M. Lienard, t. ii. p. 188. Monographie de la cathedrale \ de Reims , ( Question du concours. ) rapport par M. Tourneur, t. ii. p. 243. Beaux- Arts. Notice sur Jacques Cellier, dessinateur Remois, par M. fSutaine, t. i. p. 250. BlBLIOGRAPIIIE. Rulletins bibtiographiques, t. i. p. I, 2, 30, 33,53, 106,^140, 172, 202,203, 221, 263, 345, 391, t. ii, p. 25, 78, 108. 154, 174, 179. XXVI ECONOMU AGIUCOl i Emploi du sulfate d'ammoniaque dans ['agriculture, communication par M. Velly , t. 1. p. 129. Sur les vacb.es laiticres et la peripneumonie conta- gieuse , note par M. Gharlier, t. i. p. 337. ECONOMIE IINDUSTR1ELLE. Des proprietes hygrometriques de la laine , commu- nication par M. Maumene , t. i. p. 80. Kmploi du poil de lapins blancs, rapport par M. Hen- niOT, t. i. p. 113. ECONOMIE POLITIQUE. Lettres de M. Henriot, sur tes chemins de f'er, t. i. p. 292, t. ii. p. 111. Organisation des societes libres de secours mutuels , par M. Defourny, t. n. p. 47. De 1' Education des enfants des classes pauvrcs, par M. Goguel, rapport par M. Forneron, t. u p. ICG. Elections. MM. Alboise du Pujol et Holleaux sont bommes membres titulaires de l'Academie , t. i. p. 57. MM. Lcndy, Baudin, Saunier, Jamin, sont nomnn is membres correspondants , t. i. p. 57. M. Nanquette est nomme membre bonoraire, t. i. p. 58. M. Tourneur est nomme membre du conseil d ad- ministration , t. i. p. 58. MM. I.oriquet, Masse, Feart , Chevilliet, soul nommcs membres titulaires, t. n. p. 109. MM. Lepaule , Taillefert, Hebert, Bazin et Chamber? , sont Homme's membres correspondants t. II. p. 109. MM. Kdom et Aubriot sont Domm£s membres hono- noraires , t. u. p. 1 10. XXVIj Renouvellement du bureau, t. it. p. no. M. Dubois est nomme membre du conseil d'adminis- tration , t n. p no. LlTTERATURE. De l'abus des figures et des mots nouveaux, lecture par M. Forneron, t. i. p. 237. Medecine. De raffaiblissement de la vue considere comme sym- ptome initial de la nephrite albumineuse , commu- nication par M. Landouzy, t. i. p. 59. De l'intoxication zincale observee chez les ouvriers tordeurs de 01s galvanises, par MM. Landouzy et Maumene, t. ii, p. 83. PlIILOSOPHIE. De nos jours, quest- ce qu'un Bachelier? Lecture par M. Forneron, t. i. p. 1 43. Observations pbilosopbiques sur le langage , par M. Ch. Jourdain Sainte-Foi, torn. i. p. 265, 307. Ftudes critiques sur l'Histoire de la Civilisation, etc. parM. Guizot, lectures de M.Gainet, 1. 1. p. 276, 374. Quadrilogue invectif d'Alain Chartier, communication par M. Briere-Valigny, t. i. p. 403. PofcSIE. Mart de I'Archeveque de Paris, poeme , par M. 0. Seure, t. i. p. 4. liapportsur l'Academie desJeux floraux, parM. Midoc, t. i. p. 13 , 35. Le plaisir et le bonheur , fable, par M. Loison , t. i. p. 47. Conte Breton, par M. Violette , t. i. p. 155. Ktudes sur les poesies de M. G. Ozanneaux , par M. L. Lucas, t 1. p. 157. Poesies manuscrites de Nicolas Cbesneau , rapport par M. Duchesne, t. 1. p. 394. \x\in A mes Amis , par M. Violette , t. u. p. 208. Le Cordonnier-m4decin,fable, par M. PiNON,t.n p. -256. Sciences matiii.matiques. Happort sur un traite de Trigonometric, parM. Sornks, t. i. p. 173. Sciences natluelles, etc. Empoisonnement de compagnie de perdreaux par l'arsenic , lecture de M. Maumene , t. i. p. 108. Experiences sur les couleurs , par le meme, t. i. p. 274. Reactif nouveau pour la recherche du sucre dans les liquides, par le meme, t. i. p. 331. Rapport sur une notice de M. Hebert , relative aux fossiles du Crag, par M. Aubriot , t. n. p. 79. Sur les experiences relatives a la determination de la vitesse de la lumiere , rapport par M. Lechat . t. II. p. 182. Analyse des eaux de Reims et de l'arrondissement , par M. MAUMENE , t. ii. p. 267. VarietEs. Discours d'ouverture prononcc a la seance publique, par M. Dubois, t. n p. 216. Compte-rendu des Travaux de TAcademie, pendant l'annee 1849-1850, par M. Bandeville, t. ii. p. 224. Programme des questions mi?es au concours pour l'annee 1851, t. ii. p. 259. Prix et medailles decernes par TAcademie, t. n. p. 265. Liste des membres titulaircs et correspondants , t. ii. p. i. Table des auteurs , t. ii. p. xxi. Table des matieres, t. n. p.( xxv. Reims , Imprimerie «lc P Recnieh. I m