. ^'^m ^ Digitized by the Internet Archive in 2009 witli funding from . NCSU Libraries Iittp://www.arcliive.org/details/smiologieetdia02cad ENCYCLOPEDIE CADEAC III SÉMIOLOGIE DES MALADIES DES ANIMAUX DOMESTIQUES TOME II OUVRAGES DU Ml^.ME AUTEUR Recherches expérimentales sur la morve (on collaboration avec M. Mallet). (Récompensé par l'Académio des sciences et par rAcadéiuic de médecine.) Paris, 1880. 153 pages. Mémoire sur la contagion miasmique du cliarbon, de la cla- velée. do la morve et de la tuberculose (en collaboration avec M. Mallot). (Couronné par l'Académie de médecine de France.) Recherches expérimentales sur les essences. — Étude des liqueurs d'absinthe, d'arquebuse, de l'eau de mélisse des Carmes, de Garus (en collaboration avec le D»" Meunier). Paris, 1891. (Ouvrage couronné par l'Académie des sciences et récomponsé par rAcadômio do médocino de France.) Pathologie générale des animaux domestiques, -l^édition, 1904. 1 vol. in-J8 Jésus, avec 37 figures. Paris, J.-B. Baillioro et fils. Sémiologie et diagnostic des maladies des animaux domes- tiques. "1" éd'ilUni, l'.iUk -1 v(il. in-18 Jésus, avec fi<;uros. Paris, J.-B. Bailliore et fils {Enci/clûpédie Cadéac). Pathologie interne des animaux domestiques. 8 vol. in-18 Jésus, avec figures. Paris, J.-B. Bailliore et fils, 1896-1899 (Enci/clopi'die Cadéac). Ouvrage récompensé par l'Institut, en 1901. Anatomie pathologique des animaux domestiques. 2'= édition, 190a. 1 vol. iii-l!S Jésus, avec lig. Paris, J.-B. Bailliére et fils. 9402-Oiî. — CotiDEii.. Inipi-iinerie Ciièté. ENCYCLOPEDIE VETERINAIRE Publiée sous la direction de G. GADÉAG SEMIOLOGIE ET DIAGNOSTIC DES MALADIES DES ANIMAUX DOMESTIQUES C. CADEAC PROFESSEUR DE CLINIàl'E A l'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON DEUXIEME EDITION TOME II Appareil f/énital. — Mamelles et Lactation. — Appareil de Viiinervation. — Orfpines des sens. — Appareil locomoteur. Température. — .évolution des maladies. Diagnostic et pronostic. Avec 129 figures PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS 19, rue Hautefeuiile, près du boulevard Saiol-Germain 1905 Tous ilroits réserves. SÉMIOLOGIE SExMIOLOGlE DE L'APPAREIL GÉNITAL PREMIÈRE SECTION ORGANES GÉNITAUX DU MALE I. — FOURREAU ET PÉNIS. Topographie. — Le fourreau est constitué parle repli cutané qui entoure normalement la portion libre du pénis. Quand celui-ci entre en érection, sa partie libre fait sail- lie au dehors et le repli s'efîace. Le pénis est implanté sur l'arcade ischiale par deux racines ; il descend entre les cuisses, passe entre les deux sacs dartoïques et se termine un peu plus eu avant, par une extrémité libre. L'extrémité de la verge ou gland est renflée chez le che' val, très effilée chez le taureau, allongée chez le chien. Chez tous les animaux, le pénis est constitué par un tissu fibreux érectile ; chez le chien, la portion antérieure présente un os. Exploration. — Clieval. — L'exploration du fourreau se fait sur l'animal li\é, debout ou couché. Sur l'aiumal debout, l'opérateur, placé en devant de la croupe, intro- duit dans le fourreau la main qui correspond au côté où Cadéag. — Sémiologie, 2« édit. II. — 1 2 SEMlOLOGIli; DE L Al'rAUI<:iL GÉNITAL. il se trouve ; il saisit le pénis qu'il tire et fail saillir com- plètement uu deliois. Chez les animaux entiers, on peut provoquer Téreclion en rapprochant d'una jument en rut. Sur l'uiiimal couché, on porte le membre postérieur superficiel en avant; l'explorateur, placé derrière la croupe, saisit de la main gauche (le cheval étant couché à droite) le fourreau qu'il tire en arrière ; de la main droite inlro- l'ig. l. — Coupe lougiludinalc Je rcslrémilé liljrc ilu pOuis du clieval à l'dlat de rclùchement. 1, tissu érccUle du corps caverneux. — 2, canal de l'urùlre. — 3, fosse naviculairc. — 4, lube uiétral. ■ — 5, tissu ("rcclilo du canal de l'urètre. — 6, tissu t'Tectile du gland. — 7, couronne du gland. — 8, sinus uri?tral. duite dans le fourreau, il tire le pénis : le prépuce peut être ainsi complètement retourné et mis à découvert. Pour l'e.xploration du fourreau et du pénis des aulres animaux, voy. Organes urinaires. Modifications palholojçiqucs. — Les altérations du FOURREAU cousisteiit dans des éruptions diverses vési- culeuses ou pustuleuses, dans des exulcérations consé- cutives à leur déhiscence {dourine et horsepox), dans un écoulement douloureux de matière d'apparence puru- TLiSTICULE KT GAINE VAGINALE. 3 lente {acrobustite), dans un rétrécissement du fourreau qui empêche le pénis de sortir {phimosis). On peut rencontrer sur le fourreau des végétations polypcuses {mrcomcs, fibromes), des fies ou vtrrues (parlicu- lièrenient chez les i Forme du corps. — La iorme du corps des animaux castrés diffère siMisildement de celle des animaux entiers. La castration inilue surtout sur le développement des mâles. Sous cette influence, la nutrition générale prend un autre essor. Elle se ralentit dans les parties antérieures, dont le développement donne à l'organisme achevé les formes caractéristiques du type de l'espèce à laquelle il appartient ; elle concentre au contraire son énergie sur les parties postérieures, qui deviennent plus larges et plus étoffées (H. Rouley). Quelle différence entre l'encolure, la crinière à^Vétalon ou le train antérieur et le bassin du tnnvean, et l'état de ces régions chez les animaux castrés de bonne heure! CASTRATION*. H) Les phanères, crinière et queue chez le cheval, chignon chez les bovins, sont plus fournis chez le mâle que chez la femelle et, dans les espèces pourvues de cornes, on trouve des particularités intéressantes. Les cornes du taureau, larges à la base, fortes et puissantes, se dévelop- pent en épaisseur comme en largeur, tandis que celles de la vache sont toujours moins volumineuses ; la laine du mouton se rapproche de celle de la brebis; chez le chapon, les plumes de la queue, au lieu de se relever et de se recourber en faucille, restent horizontales; les cornes ne poussent pas chez le mouton castré; elles de- viennent beaucoup plus longues et moins grosses chez les bovins. Les animaux castrés, comme les femelles, onl des formes plus fines et plus élégantes, la tète est plus légère, l'encolure moins musclée, les membres plus grêles, le train antérieur et le train postérieur s'égalisent. Toutes proportions gardées, la veige du cheval hongre et du bœuf esi moins longue et moins grosse que celle de Vétalou et du taureau; mais la niasse cérébrale du cheval hongre l'emporte sur Vélalon et sur \a jument. Si l'on compare les différents organes composant la masse encéphalique, on constate que la conséquence la plus remarquable de l'émasculation est l'augmentation absolue et relative du poids du ccrrelet et la diminution des hémisphères cérébraux et de l'isthme (Colin). La castration du lapin détermine un allongement des os, des fémurs, des tibias, du sacrum avec atténuation des courbures et agrandissement du canal médullaire (Poucet). Les eunuques aussi ont les épaules étroites, le bassin large, les formes arrondies, empâtées ; l'élar- gissement du larynx ne se produit pas ; il ne leur vient point de poils au menton, ni ailleurs; le pénis reste petit; les femmes privées d'ovaires avant la puberté con- servent le type infantile. Les sujets châtrés sont des neutres; les différences 20 SÉMIOLOGIE Dt; l'aPPARETL GÉNITAL. qui existent entre les sexes s'effacent ; l'homme âgé n'a plus le caractère, les poùts, la voix, l'aspect de l'homme viril ; les femmes (jui ont cessé d'avoir leurs menstrues prennent quelquefois une voix grave et l'on observe la pousse des poils à la lèvre supérieure ou au menton. Ces femmes-hommes étaient appelées viragines par les Romains. Quand les biches sont devenues stériles, on voit parfois leur tête s'orner de bois comme les cerfs, et chez les oiseaux il est fréquent de rencontrer de vieilles femelles ayant cessé de pondre qui alors prennent la livrée des mâles. > Prostate. — La prostate et le testicule subissent un développement parallèle ; la prostate demeure petite chez les animaux castrés. Quand l'évolution du testicule est arrêtée, la prostate ne se développe pas. Cet organe s'atrophie même lors- qu'on supprime le testicule après son développement complet. Cette atrophie secondaire a été constatée expé- rimentalement chez les animaux. Les embryologisles ont établi l'existence de rapports intimes entre les testicules et la prostate; les pathoiogistes ont confirmé le fait. Ainsi, dans la monorchidie, le lobe correspondant de la prostate est habituellement seul atrophié, alors que l'atrophie pi'ostalique est totale dans la cryptorchidie. Les expérimentateurs ont fourni la démonstration com- plète des relations fonctionnelles entre la prostate et les testicules. Kirley. constate que l'extirpation totale des testicules est rapidement suivie de l'atrophie de la prostate ; (luinard voit la castration du chien s'accompagner de la réduction de volume de la prostate hypertrophiée ; (Juyon et Legueu castrent deux chiens et constatent au bout de cinq mois que la prostate a diminué des deux tiers; chez un troisième, l'atrophie est déjà appré- cial)le au bout de deux mois ol demi. Cette atrophie CASTRATION. 21 débute rapidement, elle est déjà très nette à rcxamen histologique un mois et demi à deux mois après la cas- tration. De là est née l'idée d'employer la castration pour com- battre les hypertrophies de la prostate. On avait constaté que ïovariotomie amène quelquefois la disparition des fibromes de la matrice et l'atrophie de cet organe, et l'on a pensé que la castration peut exercer une influence analogue. Cette opération est actuellement recommandée contre les complications du prostatisine. Mais il est clair que les néoplasmes de la prostate ne sauraient dispa- raître sous l'influence de la castration. Il convient de rechercher si l'extirpation des testicules est indispensable et si la ligature ou la section des canaux déférents ne sufflt pas pour déterminer la dimi- nution de volume de la prostate. On aurait ainsi l'avantage de conserver les testicules avec l'action tonifiante qu'ils exercent sur l'organisme, tout en produisant une action salutaire sur la prostate. 4" Utérus. — L'utérus subit diverses modifications à la suite de la castration, qui pourtant dans bien des cas ne supprime pas les règles quand elle est pratiquée chez la femme après la puberté : l'utérus s'atiophie complètement par corrélation ovarienne ; cette atrophie est déjà manifeste au bout de vingt jours, ce qui démontre que l'utérus peut être considéré comme l'annexe de l'ovaire. Cette dégénérescence atrophique est analogue à celle qui survient chez la femme à l'époque de la ménopause. Elle se traduit par une diminution de volume de l'utérus, par le raccourcissement et le rétrécissement du vagin. Cette dégénérescence a été étudiée chez la lapine par Buys et Vanderbel ve, en 1894. Elle consiste en un processus atrophique sans stéatose, le tissu conjonctif de l'endomé- trium se transforme en tissu fibreux cicatriciel et l'épi- 22 SÉMIOLOGŒ »K L APPARKIL GKNIÏAL. théliiini des glandes muqueuses est frappé de dégéiié- lesceuce et de néci'ose. Quand les règles persistent chez la femme ovaiiotomisée, c'est que, selon toute probabi- lité, r9, p. o33). 24 SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL GliNITAL. castration les plus suivis, les casseauxà leslicules couverts et la torsion bornée. Des faits très curieux ont été rapportés par Mauri (1), qui a publié un mémoire sur ce sujet. On y trouve notamment l'histoire d'un cheval de quatre ans qui avait été châtré et qui, malgré cela, avait conservé toutes les allures d'un étalon. Il était sans cesse tour- menté par l'instinct génôsique et faisait entendre des hennissements et des ronflements qui devenaient surtout significatifs a l'approche d'une jument. Quand on lui en présentait une, il la flairait, la mordillait, entrait en érection et, brusquement, se cabrait sur elle pour la saillir enfin avec une grande vigueur. L'acte terminé, il éprouvait très manifestement le sentiment de lassitude, de défaillance momentanée que présente tout étalon dès que la saillie est effectuée et, à la sortie du pénis des voies génitales de la femelle, on pouvait voir s'écouler encore un liquide visqueux, filant, un peu moins épais que du sperme ordinaire. Ce liquide ne renfermait pas un seul spermatozoïde. Malgré toutes les recherches faites sur cet animal, Mauri ne découvrit aucune glande génitale. Les vétérinaires des dépôts de remonte ont constaté que 2 à 3 p. 100 en moyenne des jeunes chevaux hongres entretenus dans les annexes conservent des instincts génésiques, effectuent la saillie, émettent du liquide spermatique sans jamais féconder les juments qui les reçoivent. Ordinairement ces chevaux ne hennissent pas et ne recherchent guère les juments; ils opèrent seulement la saillie quand elles sont en chaleur et à la suite d'attou- chements nombreux. Mais quand ils sont en train, ils peuvent l'accomplir plusieurs fois en très peu de temps et avec la vigueur d'un étalon. Seiidrail a vu un cheval hongre qui, placé entre deux juments en ru!,, les a saillies (1) Mauri, ContribuUon ù l'élude de l'inlluencc du testicule et des ovaires sur les iusliucts génésiques [lievue vét., 18'J't, p. -173). CASTRATION. 25 quatre fois en l'espace de deux heures, allant alterna- tivement de l'une à l'autre. Dans ces cas, la persistance des instincis génésiques semble résulter de la présence d'une masse plus ou moins considérable de substance lesticulaiie, restée à l'extré- mité du cordon, par suite d'une application défectueuse du casseau ou de la pince à torsion, et, comme l'a démontré Bournay, pour supprimer ces inslincts, il n'y a qu'à extirper le cordon testiculaire en le sectionnant au- dessus de l'épididyme. L'ovARioTOMiE ne fait pas toujours disparaître les appé- tits sexuels chez la femme; il y en a qui sont aussi passionnées après l'opération qu'avant. La suppression des ovaires chez la femme exagère leur irritabilité; elles éprouvent souvent au début des bouffées de chaleur, avec sensation d'oppression, d'étouf- fement. L'hystérie n'est guère modifiée par la castration. D'ailleurs, l'ovariotomie pratiquée chez les femelles domes- tiques pour combattre la nymphomanie ne donne très sou- vent que des résultats médiocres ou nuls. Les inslincts génésiques persistent après l'opération, chez la jument comme chez la femme, avec toute leur ardeur. Il résulte des observations de Degive, Trasbot, Cadiot, Delamotte, Cadéac, Flocard, etc., que les ^ui^e/j^s nym- phomanes cbàtrées demeurent aussi méchantes, aussi excitables qu'avant l'intervention. Thomassen a fait remarquer avec juste raison que la nymphomanie carac- térisée exclusivement par un désir exagéré de l'acte vénérien est seule améliorée par la castration ; cette opé- ration n'a, au contraire, aucun effet sur la nymphomanie maïquée par des défauts de caractère. D'ailleurs, il faut reconnaître que l'ovariotomie ne fait pas constamment cesser les chaleurs; on a constaté que, sur trois vacJics parfaitement cbàtrées, deux manifestèrent encore des chaleurs après l'opération. Cadéac — Sémiologie, 2^ édit. II. — 2 26 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL GÉNITAL. La persistance des chaleurs est parfois observée chez des truies après rovariotomie ; mais il ne me paraît pas absoUiment établi qu'on n'a pas dans ces cas laissé la moindre (race d'ovaire. Cependant, il existe quelques faits très probants. « Un chàlreur de profession opère trente-huit petites truies âgées de quarante-cinq à soixante jours. Malgré cetle opération, ces bètes, à partir de l'âge de trois à huit mois, entrent en rut mensuellement comme celles qui n'on t pas été châtrées. « L'aulopsie démontra cependant que l'opération avait été bien faite, que cornes de la matrice, oviductes et ovaires avaient été enlevés. - (Bartiiélemy.) Bassi a recueilli des faits conlirmatifs de ceux de Bar- thélémy. Les uns se rapportent à l'espèce bovine et les autres à l'espèce canine. De deux vaches nymphomanes (■hùlrées par Bassi, Tune s'engraissa consécutivement et ne manifesta plus d'ardeur, l'autre continua à être en rut. Une autre, châtrée à l'école vétérinaire de Turin, et bien châtrée, ainsi que lapprit l'autopsie qu'on en lit, manifesta encore des chaleurs après l'opération. Bassi opéra à l'âge de deux mois une chienne gravide qui ne manifesta jamais de chaleurs. 11 fil la même opé- ration sur une chienne de même race. Elle avait à ce moment trois ans et avait déjà donné deux portées. Cela ne l'empêcha point d'entrer en chaleurs dans la suile et de se laisser couvrir, sans résultats, d'ailleurs. Altattue deux ans après pour cause d'épilepsie, on put voir à l'au- topsie qu'elle avait été bien châtrée et qu'il ne restait aucun vestige des ovaires. Il ne faut donc point, conclut Bassi (1), dire que si des chaleurs apparaissent après la castration c'est que nécessairement l'opération a été mal faite. Une faut pas davantage dire, avec quelques physio- logistes, que les chaleurs sont toujours la traduction exté- (I) lîassi,// Miidcrno zooiati-o, l«9l. CASTRATION. 27 rieure du phénomène de l'ovulaUon ; elles peuvent avoir d'autres causes. En somme, malgré l'importance capitale des ovairrs dans l'ovulation et le réveil des inslincts génésiques, on est forcé de reconnaître que, même en dehors d'eux, les inslincts peuvent persister et se manifester, chez la femme, par des désirs et des sensations voluptueuses, chez les femelles par la persistance de chaleurs. Les centres nerveux génito-spinaux peuvent entrer en fonction indépendamment des testicules et des ovaires et accomplir ainsi les actes physiologiques qui enirent dans leurs attributions ordinaires (Guinard) (l). 6" Influence de la castration sur la sécrétion lactée. — La castration augmente la sécrétion lactée chez les radies ovariotomisées ; la sécrétion lactée reste à un taux égal, sinon supérieur, à celui du vêlage pendant une moyenne de vingt à vingt-i|uatre mois. Il résulte des observations d'un grand nombre de praticiens (Levrat, 1834; Charlier, 1848; Flocard, 1895), qu'une vache ovariolomisée donne au moins dans l'année (jui suit l'opération 1300 à 1400 litres de lait de plus que si elle n'eût pas sul)i d'opération. Il arrive même que la sécré- tion lactée est prolongée pendant plusieurs années. Flocard a vu des vaches ne descendre à 8 litres de lait par jour que sept ans après la castration ; d'autres ont mis cinq ans pour descendre à 12 litres; une autre trois ans pour descendre à 18 litres. Cette dernière a donc fourni près de 7 000 litres de lait par an pendant trois ans. La castration modifie non seulement la quantité de lait, mais elle a une grande influence sur sa composition. Sa qualité s'améliore beaucoup, la proportion de beurre peut doubler; la caséine, les se/s, la lactoae augmentent égale- ment; mais, au bout de deux mois plus tard, la richesse ()) GuinarJ, Castration {Dict. de pfiysiolo(/ie de Kicliol, t. Il, p. 491). 2S SKMIOLOGIK DE L'APPAREIL GÉNITAL. (lu l;iit diminue graduellement pour s'arrêter cepen- dant à un chillre toujours supérieur au chiffre initial (Flocard). En somme, le lait des vaches châlrées est plus riche en beurrp et en caséine. Enfin, quand la quantité de lait diminue, on constate une grande tendance à l'engrais- sement, de sorte que la castration offre de grands avan- tages pour la production de viande comme pour la production de lait. 7° Influence de la castration sur la nutrition. — I.a NUTRITION générale est modifiée par la castration; les sujets privés de leurs glandes génitales paraissent man- quer d'un stimulant utile à l'activité de leurs échanges nutrilifs. Pohl a démontré directement le pouvoir oxydant de la spermine ; il y a augmentation de l'urée et diminution des leucomaïnes urinaires. Par la castration, on prive l'organisme d'un tonifiant, on mobilise les forces vitales de l'organisme du côté des fonctions individuelles, on ra- lentit les échanges, on favorise l'accumulation de lagraisse. Par contre, le développement normal des glandes géni- tales amène le développement parallèle des glandes mammaires, de sorte qu'on ne s'explique pas que la sup- pression des premières puisse exagérer la sécrétion des secondes. V. — OVAIRES. Topographie. — Ce sont les organes essentiels de la g'nération chez la femelle. Ils sont situés dans la cavité abdominale, al tachés à la région sous-lombaire, un peu (Ml arrière des reins. Exploration. — L'exploration se fait par le rectum (grandes femelles), par l'abdomen (petites femelles). Elle peut révéler la tuberculose des ovaires, leurs diverses dégénérescences, leur inilammation [ovarite), les kystes simples ou dermoïdes et diverses autres causes de nymphomanie. NYiMlMIOiM \NIE. 29 VI. — XYMPIIOMAxME. Définition. — On désigne ainsi une exacerbation anor- male des tondions génitales chez nos femelles domes- tiques. Les vaches atteintes de cette affection sont désignées sous le nom de taurelières, le terme nymphomane étant réservé pour les Juments. Ce trouble, observé fréquemment chez la vache, la iiunent, rarement chez la chienne et la chatte, est mal connu chez la. brebis, la clièvre et la truie; c'est plutôt un symptôme dépendant de causes variables qu'une affection spéciale 1). Pathogénie. — Valimentation abondante, l'âge avancé semblent être les causes principales de ce trouble. Dix vaches taurelières autopsiées par Schmidt n'ont présenté aucune altération génitale. La piédisposition à la nymphomanie est héréditaire. Une vache devenue taureliére après un quatrième vêlage engendre une génisse qui devient également taureliére après sa seconde gestation. Les chaleurs non satisfaites, le contact répété du mâle, les attouchements vulvaires, favorisent son apparition (Detroye). Cependant, la nymphomanie est souvent déterminée par une altération des organes génitaux (inflammation, dégéné- rescence kysloïde, hypertrophie, tumeurs cancéreuses, sarcomateuses et tuberculeuses des ovaires, vaginite chro- nique, endométrile chronique, obstructions du col, tumeurs, changements de rapporl, atrophie et hypertro- phie de l'utérus). On peut constater la persistance de la nymphomanie après la castration de la vache et de la Jument. On peut même voir la nymphomanie apparaître après la castration. French enlève à une chatte les deux (1) Voy. Nymphomanie in Obstétrique de V Encyclopédie vétérinaire, par Bournay, p. 175. 2. 30 SÉMIOLOGIE DE l'APPAREIL C.ÉN'lTAL. ovaires, les oviductes et tout l'utérus qui contenait six fœtus. Un mois après, elle manifestait un appétit sexuel, qui persista pendant quatorze mois. Caractères.— Chez la mrho, cetélal se traduitpardes chaleurs fréquentes et par la non-conception, malf^ré les coïts répétés; l'animal est inquiet, gralte le sol ; il pousse des beuglements {mal de beuglement), monte sur les autres vaches, parfois présente de véritables accès furieux. Le lait diminue considérablement. Chezldi jument, on observe des chaleurs fréquentes à manifestations très bniyanles. Au moindre attouchement de l'éperon, de la main ou des traits, \a jument pousse un cri aigu, le clitoris fait saillie, un jet d'urine s'échappe et une vigoureuse ruade termine ces manifestations {jument pisseuse). A la longue, on peut observer l'amaigrissemenl, la diminution de la sensibilité générale, comme dans l'im- mobilité {tic ovarique). VII. — SATYRIASIS. Définition. Caractères. — C'est un trouble génital qui répond chez les mâles à la nymphomanie des femelles. On l'observe chez le chien, V étalon, le taureau, le bouc. Cet état s'accuse par des érections fréquentes et prolongées, une surexcitation très grande à la vue des femelles. Parfois, quand l'ardeur n'e.-t pas satisfaite, l'excitation s'exa"ère et peut devenir rabiforme. Les animaux maigrissent, deviennent tristes ; on a constaté chez le che- val un état analogue à l'immobilité. Souvent ce trouble se termine par la cachexie {tic testiculaire). Dans V espèce chevaline, les monorchides et les cryptor- cfddes sont fréquemment alYectés de satyriasis. Ce trouble a été observé également dans la rage du chien; enfin, il peut être le signe d'un trouble nerveux mal défini. ONANISME. 31 I.e régime débilitant, les exercices violents et la castra- tion calment les bêles nympbomanes ou affectées de satyriasis. VIII. - ONANISME. Définition. — On désigneainsi «l'ensemble des moyens employés par l'un et l'autre sexe pour produire artificielle- menl l'orgasme vénérien, en dehors des conditions du coït normal » (Christian). Certains auteurs ont désigné ces manœuvres sous le nom d'autosburbation. Les animaux, comme l'homme, semblent s'y livrer pour satisfaire le même senlimenl de volupté. On a vu des étalons se masiurber alors que, près des femelles, ils n'éprouvaient aucune excitation. Le satyriasis, la cryptorchidie, les désirs vénériens non satisfaits, le voisinage des femelles en chaleur sont les causes les plus fréquentes de ce trouble. Caractères. — Les étalons, pour accomplir cet acte, se frappent le ventre avec la verge; les juwents se frottent contre tous les obstacles qu'elles peuvent rencontrer; les ânes prennent la verge avec les lèvres. Le chien et le bélier sont les animaux (^ui se masturbent le plus fré- quemment. Plassio (l)a observé Tautosturbalion sur une dizaine de chevaux à la fois; mais les animaux n'utilisent pas le même procédé que les ânes pour éjaculer. Quand l'animal veut eiïectuer cet acte, il demeure immobile, les yeux fixes; la verge sort du fourreau et arrive à un état de demi-érection. A ce moment, par la contraction des muscles ischio-caverne ix, la verge opère des mouvements de haut en bas qui complèlent l'érection, puis, celle-ci étant prononcée, le pénis vient toucher la l'ace inférieure de l'abdomen, les mouvements deviennent (1) Plassio, Giornale di med . vct. mil., 1888, 32 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL GENITAL. plus rapides, il se produit des frémissements musculaires et l'éjaculation a lieu. Pour combattre celte habitude qui détermine l'épuise- ment des animaux, il est nécessaire de pratiquer la castration de Vûne et do placer autour des reins des chevaux une ceinture large de 10 à 13 centimètres et munie à la partie médiane de la paroi abdominale de trois rangées de clous dont la pointe est libre. Dès que l'érec- tion est complèle, la verge vient se piquer sur ces clous et une rapide rétraction se produit. IX. — PERVERSION GÉNITALE. Le chien cherche quelquefois à s'accoupler avec des espèces dilîérentes. Les gros terre-neuve, les saint-ber- nard se jettent quelquefois sur les jeunes filles et les renversent en manifestant un vif désir d'elTectuer l'acte de la copuliition. Il en est d'autres qui recherchent les poules. Ville- min (I) rapporte à cet égard une observation curieuse. Un chien de rue de deux mois cherchait constamment à s'accoupler avec des poules, et, pour les retenir, il les mordait au cou ou les étranglait. Châtré à l'âge de dix mois, il continua à manifester la même manie ; une seule poule supportait avec résignation les actes du jeune chien. Cet animai, amené par un marinier de passage, va re- trouver ses chères poules et essaie de recommencer chaque fois qu'il en a l'occasion. Certains étalons ayant toutes les apparences de la santé, de la force et de la vigueur, placés près de juments en chaleur, n'entrent pas en érection. Pour la faire apparaîtie, dans un cas de ce genre, il était absolument indispensable de faire d'abord claquer (1) Villemin, Bulletin de la Société des sciences vété7-inaires, 1903. STBRILITE. 33 un fouet autour de lui, puis de lui eu faire sentir quelque peu la lanière dans les jambes. Au fur et à mesure de ces manœuvres, le gonflement de la verge s'opérait et l'étalon, une fois préparé, accomplissait aussi prestement le coït que tout autre cheval entier; il n'était pas stérile. Le cas de ce cheval rappelle celui des humains per- vers qui recourent à des flagellations pour se mettre en état d'éréthisme génital. Le bruit du fouet provoque la sensation, celle-ci amène limage, l'image fait apparaître l'idée (Cornevin) (I). X. — IMPUISSANCE. L'impuissance est un état particulier empèchaul le coït de s'accomplir. On peut l'observer dans les deux sexes, bien que l'ardeur génésique soit très développée et l'ani- mal fécond. Ce trouble résulte ordinairement de maladies des organes génitaux (phimosis, volume anormal de la verge), de lésions articulaires empêchant le cabrer ou de lésions médullaires empêchant l'érection. XI. — STÉRILITÉ. La stérilité est un étal (jui n'entrave pas l'accomplisse- ment du coït, mais t{ui s'oppose à la procréation d'êtres nouveaux. Elle reconnaît un grand nombre de causes. C'est ainsi que chez le mâle elle peut résulter de l'arrêt des testi- cules dans l'abdomen [cryptorchidie, monorchidie, etc.). Vorchite, Vinflawmntion de répididyme et les tumeurs diverses qui peuvent se localiser dans le testicule aboutis- sent au même résultat. La stérilité peut encore tenir à l'arrêt de sécrétion du (I) Cornevin, Journal d>' l'École vétà'inaire de Lyon, 1895, p. 578. 34 SÉMIOLOGIE DE L APPAKEIL GKNITAL. sperme (a.spennie), à l'absence de sperniatozoïiles dans le liquide éjaculé [azoospermie] ou bien à la destruction des spermatozoïdes par un liquide purulent et acide. Soixante vaches saillies par un taureau qui portait des végétations {papillomes) sur le pénis sont demeurées infécondes et ont présenté de nombreux papillomes sur la muqueuse utérine (Lavirolte) (1). Les sarcomes de l'extrémité du pénis peuvent jouer le même rôle. Les poils feutrés et disposés en anneau autour de la verge peuvent rendre l'érection du taureau si douloureuse qu'il peut refuser de saillir (Bouillon) (2). Chez la femelle, l'arrêt de développement des organes génitaux internes, les affections de l'ovaire [kijstes, tumeurs), des trompes utérines, de l'utérus, du col utérin et du vagin (sécrétions acides), sont les causes les plus fréquentes de la stérilité (Urbain André) (3). Sur un tiers des utérus des ynches stériles, Fiorentini a trouvé de l'endométrite catanhale, avec dégénéres- cence de l'épithélium et prolifération de certains points de la [muqueuse, qui présente un aspect verruqueux. Le liquide contenu dans la cavité utérine renferme un microorganisme de forme ovu!e, présentant une ceil.iine analogie avec le B. coli. Dans les autres cas, il y a des métritcs interstitielles, glandulaires, sepliques, tubercu- leuses, etc , qu'il faut combattre par de fréquents lavages antiseptiques de cette cavité dans les jours qui suivent la parturition (4). La stérilité est quelquefois due à des dérangements anatomiques ou fonctionnels du vagin, du canal, du col utérin et de l'ouverture de la matrice, tels que flexion ou constriction du canal, hypertrophie des lèvres de la (I) Lavirollc, Journal deméd. vét. et de zootechnie, 1892. (•i) Bouillon, Journal de Lyon, 1898, p. 91. (3) Urbain André, Annales de méd. vet., 1890, p. 299. (4) Consulter Obstétrique de VEncyclopédie vét., par Bournay, p. 179. ATTENTATS CRIMINELS. 53 vulve, conformation anormale du col utérin, contractions spasmodiques ou manque de puissance musculaire. Pour y remédier, on conseille d'introduire les sperma- tozoïdes dans les organes générateurs de la femelle, c'est-à-dire l'utérus. V'oici la façon de procéder conseillée par M. Heape. On fait saillir la jument. On recuiMlle dans sou vagin le sperme au moyen d'une petite seringue préalablement tenue à la température du corps. On introduit le bout de la seringue dans le col utérin et Ton pousse le liquide dans l'utérus. Il faut éviter l'introduction d'air dans la matrice. On peut mettre à la seringue un ajutage en caoutchouc pourvu d'un bout d'un centimètre et demi de diamètre. Le sperme est plus facilement puisé par la seringue si l'on déprime la face inférieure du vagin avec les doigts. Certains auteurs proposent de recueillir la liqueur sémi- nale, d'en remplir des capsules de gélatine qu'on intro- duit dans la matrice ; la gélatine se dissout et les sperma- tozoïdes se trouvent libres dans la cavité utérine. Pour M. Heape, le système de la seringue est préférable. 11 cite les résultats remarquables qui ont été obtenus en Amérique et en Australie. Il est certain que cette técondation artiOcielle devrait être tentée plus souvent et qu'on ne devrait retiier défi- nitivement les juments de la reproduction, quand on les croit stériles, qu'après avoir essayé ce moyen {The Vetc- nnarian, avril 1898). XII. — ATTENTATS CRIMINELS. A diverses époques, on a signalé la mort de poules, de bovins et de solipèdes résultant d'actes bestiaux, sadiques ou d'actes criminel?. 1" Bestialité. — Les relations bestiales ne peuvent guère avoir de conséquences patbologiques que cbez les poules. Les effets de ces rapports ont été décrits par 36 SÉMlOLOGIli DE L APPAREIL GENITAL. Guillebeau (1), « L'allentat de bestialité sur les poules a pour effet une rupture du foie suivie d'une hémorragie interne souvent mortelle. » Les os sont quelquefois fracturés. Dans les cas de mort subite, il peut y avoir distension du cloaque; mais celte distension ne peut être utilisée pour le diagnostic qu'avec circonspection, car les poules, à l'état noiinal, ont souvent un cloaque très spacieux. La présence de spermatozoïdes de mammifère sur la muqueuse de cette cavité peut être constatée ; le diagnostic est alors certain. En elîet, les cas où le chien introduit des spermatozoïdes dans le cloaque de la poule sont très rares. L'examen microscopique permet de différencier „ très facilement les spermatozoïdes de l'homme, qui ont ' une tête renflée, de ceux du coq, qui ont une tête très allongée, 2" Sadisme. — Les désirs géiiésiques associés à des instincts cruels incitent l'homme dont la raison est faible à commettre de véritables assassinats pour se procurer une volupté complète. Ces dégénérés utilisent habituellement une tige plus ou moins acérée qu'ils introduisent dans le rectum ou le vagin des ruminants ou des solipèdes. Ils ne se contentent pas de produire une seule blessure ; la vue du sang, les angoisses de l'agonie sont la source de leur jouissance; ils multiplient les piqûres, ils fourragent à plusieurs re- prises et ils pénètrent très profondément. Ils n'épargnent pas ordinairement un animal de l'étable ; le nombre de blessures diminue seulement avec leur ardeur. Alors que la première victime reçoit quinze atteintes, les dernières assaillies n'en reçoivent qu'une ou deux effectuées avec moins de vigueur, de telle soi te que l'épuisement graduel de la frénésie se décèle dans un (1) Guillebeau, Des blessures faites aux animaux domestiques par des per* sonnes atteintes de psjciiopathie sexuelle (Journal de l'École vétérinaire de 1 Lyon, 1899, p. 1). • ATTENTATS CRIMINELS. 37 horrible graphique, itisciit dans les cliairs vivantes des pauvres animaux (Giiillebeau). Les attentats criminels commis ainsi sur des animaux et hien reconnus sont assez nombreux. Historique. — En 18o7, Mazzini (1) constate, dans les environs de Novare, quatre cas de mort sur des bovidés à la suite de blessures profondes du rectum par un instru- ment piquant. Des faits semblables sont observés par Micellone (2) chez deux chevaux de troupe et chez un cheval appartenant à up.e compagnie d'omnibus. Perroncito (3) rapporte que dans une ferme où dix- huit vaches avaient succombé en moins d'une année, il a constaté, à l'aulopsie de l'une des victimes, des plaies et des perforations intéressant à la fois le rectum et le vagin avec pénf'tration d'un corps étranger dans la cavité abdo- minale et perforations viscérales profondes. Guillebeau a décrit toute une série d'attentats de même nature. A Lanjuau, en 1891, sept vaches présentent successive- ment des hémorragies vaginales abondantes. Chez toutes on remarquait, le plus souvent sur l'hymen, qupbiuefois seulement à l'extrémité orale du vagin, d'étroites fistules s'avançantà une profondeur variable et s'arrètant, dans la majorité des cas, avant d'avoir atteint le péritoine ou le rectum. Trois succombent, une doit être abattue, trois guérissent. L'auteur soupçonné n'est pas inquiété. AObersteg,dix Vc7c/;es ou g^e/jysses et dix cAèvi'es succom- bent dans la première moi tiède 1896; l'origine du mal est éta- blie, on constate des blessures vaginales et des perforations profondes jusqu'à lahuitième côte. Le coupable estun dégé- néré et un sadii{ue ; il est considéré comme irresponsable. (1) Mazzini, Giornale dimed. veter., 1847, p. 208. (-2) Micellone, Giornale divetcrin. milit., 1892, p. 52. (3) Perroncito, Giornale délia R. Societa veter., 1898, p. G74. Cadéac. — Sémiologie, 2^ édit. II. — 3 38 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL GENITAL. A Wolfikon, huit vuelics sont blessées simultanément en mars 1804; quatre succombent, les autres sont abattues quinze jours plus tard, deux autres vaches sont frappées ; l'une meurt, l'autre est abattue. On croit à une contagion redoutable elles animaux survivants sont livrés en hâte à la boucherie, surlecoiiseihlu vétérinaire sanitaire. Deux mois plus lard, le malheureux propriiHaire achète deux vac/ves qui succombent presque aussitôt. 11 lente d'entretenir quel- ques c//('ViX's; celles-ci meurent au bout de quelques jours. Désespéré, il abandonne son domaine, et l'auteur de tous ces crimes, un garçon de terme, va se placer à Schwarzenbach, où il continue ses exploits; il lue en une année i\ne génisso, une chrvrc et qualt e bœufs. Renvoyé h nouveau, il entre chez un cultivateur de Rickenbacb ; en quelques jours, quatre roches sont tuées par peil'oration du rectum ou du vagin. Le malfaiteur est encore considéré comme irresponsable. En 1897, dans l'étable de Rickenbacb, déjà dépeuplée, un /;ti'»/succombe à des perforations multiples du rectum; le coupable est un jeune vacher, qui, obéissant à une im- pulsion irrésistible, a voulu reproduire les actes criminels qui lui ont été racontés. Labal lapporte qu'en 1891 une série d'accidents mortels est constatée sur des bêtes bovines dans une métairie d'Aulerive (Gers) : huit hôtes sur dix succombent (deux Jjœafs^ trois vaches, deux gcnisscs, un veau), dans l'espace d'un mois et demi. Une surveillance sévère fut organisée et l'on finit par surprendre une vieille femme (la belle-mère du métayer) en train de fouiller brutalement avec un manche de fourche dans le vagin d'une génissv nouvellement arrivée. Elle a avoué avoir procédé de la même manière sur les autres bêtes bovines qui ont succombé. En 1895, Labatet Leclaincbe(l) constatent des accidents (t) I,al)at cl Leclaiiiclie, Jlevuevét., 1899, p. 521. ATTENTATS CRIMINELS. 39 de même nature chez un propriélaire qui a perdu dans l'espace de quatre ans vingt-cinq chevaux ou mulets. Le coupable, armé d'une tige longue et acérée, placé derrière la victime, introduit le corps vulnérant dans le rectum, puis il fouille brutalement d'arrière en avani ; la main est maintenue assez basse, car toutes les blessures siègent vers le plancher du bassin, ce qui implique une direction de bas en haut et d'arrière en avant. « En certains cas, le criminel a perforé le C(:)lon flottant et déterminé une péritonite aiguë rapidement mortelle. En d'autres, il a lacéré ou travrrsé les parois du rectum, creu- sant des trajets fîsluleuxdans le tissu conjonctif du bassin. » Des attentats semijlables ont été reconnus par Ledainche chez les bovins d'une ferme de Tarn-et-Garonne ; les plaies siégeaient sur le plancher du rectum, parce (jue les animaux étaient en contre-bas dans l'étable. Symptômes. — Les blessures profondes du rectum sont accompagnées chez les solipùdes de coli(iues et de rejet de sang par l'anus ; puis des signes de péritonite aiguë. Chez les bovins, on constate des eiîorts de défécation avec lejet de matières sanguinolentes et parfois de véritables hémorragies suivies de péritonite. Les blessures du vagin s'accompagnent d'hémorragie primitive ou secondaire, d'efTorts expulsifs qui commen- cent à partir du premier, du deuxième ou du troisième jour ; ils sont accompagnés de pertes sanguines modérées dues au détachement des escarres. Si, dans le cours de la maladie, il survient un avortemenl, l'hémorragie est alors assez abondante pour devenir presque toujours mortelle. Les efforts expulsifs, la voussure du dos, la raideur des membres postérieurs sont consécutifs à la douleur traumalique et s'établissent du piemier au troisième jour. On constate en même temps du météorisme, de l'iurumi- nation et quelquefois de la péritonite. Quand celle-ci ne se produit pas, la guérison survient habituellement au bout de huit à quinze jours de maladie SÉMIOLOGIE DES MAMELLES ET DE LA LACTATION I. — MAMELLES. I. Topographie. — Les mamelles sont inguinales, ven- trales ou pectorales. Exclusivement inguinales chez la Jument, la vache, ]ii brebis etla c/vèvre, elles sont simul- lanément inguinales, ventrales et pectorales chez la truief la chienne, la chatte et la hijtine. Normalement, la mamelle ;i une consistance molle, élas- tique; elle estcomposée, chez la vache, de glandes séparées, en quelque sorte indépen- dantes, auxquelles on donne communément le nom de quartiers. Ceux-ci sont d'au- lant plus saillants que la sécrétion lactée est plus active et la mamelle plus pleine. Chaque quartier évacue son produit de sécrétion par un canal {canal galactophore) ou- vert à l'extrémité d'un appendice plus ou moins déve- loppé appelé mamelon (lîg. 2). Chez la vache, la mamelle ou pis présente quatre quar- tiers, dont les mamelons atteignent un développement considérahle. ig- -■ — Mamelon ou trajoii do vathc. Danssa cavité, aboulissont en a, a les principaux con'écoulemeut anormal du lait 'galactorrhée); 5° La présence de mamelles supplémentaires qu'on observe fréquemment chez la vache et la brebis, et l'atrophie d'un ou de plusieurs quartiers à la suite de mammites aiguës ou chroniques. b. Palpation. — La palpation dénonce : Des épaississements cutanés (anasarque, cicatrices, éruptions), la dureté de la mamelle dans le cas de mam- tnite, son empàtenient dans le cas d'oedème ; La présence de tumeurs situées plus ou moins profon- dément dans l'épaisseur de l'organe [sarcomes, fibromes, enchondrome.-i, carcinomes) ; des abcès, des fistules, et ïalro- phie scléreuse de la mamelle ; des nodosités inflamma- toires dans le cas d'infections microbiennes localisées; Ues foyers tuberculeux dont le contenu se mélange fréiiuemment au lait. <". Sondage. — Le sondo^e peut révéler des obstructions, des calculs, et faciliter l'écoulement du lait ou des produits OBLITÉRATION DES TRAYONS. 45 anormaux [sang, pus) accumulés clans la mamelle, indi- quer le trajet des fistules et la profondeur des abcès. La sécrétion lactée, normalement intermittente, peut se manifester en dehors delà gestation {galactose anormale); elle peut éliminer des principes qui changent les carac- tères physiques ou chimiques du lait; elle peut être sup- primée iagalaxie); elle peut être exagérée [polygalaxie) ; elle peut être pervertie (luit sanguinolent, puruleni, etc.). II. — OBLITÉRATION DES TRAYOIVS. Les oblilérations des (rayons sonl congénitales ou acquises et ont une gravité en rapport avec leur siège et leur étendue. Les oblitérations ccnjénitales s'observent au moment de la première lactation; elles sont généralement limitées à rexlrémilé de l'organe ; mais elles peuvent aussi s'éten- dre plus ou moins profondément. Les obliléralions acquises résultent d'une tuméfaction du lra\'on, d'un épaississement de la muqueuse et de son épithélium con- verti en un cordon dur, épais comme une plume d'oie à l'intérieur de la tétine ; mais ce sont les néoplasies fibreuses, les papillomes delà muqueuse qui en sont les causes les plus communes. Les tumeurs tibreiises siègent le plus souvent au tiers inférieur du trayon; elles sont arrondies et gênent ou empêchent totalement le passage du lait. sirebel (1) a constaté l'oblilération des trayons par des membranes en diaphragme placées plus ou moins haut. Pour empêcher une oljstruction nouvelle par la cica- trice, il faut toujours opérer aseptiquement, ponctionner le trayon non ouvert à l'aide d'une sonde ou d'un petit trocart; une petite bougie trempée dans la glycérine et introduite dans le canal empêche tout rétrécissement ultérieur. (1) Sli-cbel, Schweizer At-chit), l'JOl. 3. 4C. SÉMIOLOGIE DES MAMELLES ET DE LA LACTATION. III. — GALACTOSE A.XOIÎMALE. Définition. — Sous le nom de galactose anormale, ou de lactation hétérochrone, on désigne la sécrétion lactée se manifestant indépendamment de toute gestation. Ede se manifeste quelquefois dès la naissance chez la pouliche, la génisse, la chevrette comme chez l'enfant, ou à l'âge allaite chez les femelles vierges ou ayant déjà mis bas. On a pu recueillir chez une chevrette nouveau-née lu centimètres cubes de lait; celte quantité atteignait 107 centimètres cubes an bout de quarante-cinq jours. Les chiennes, les chattes, les lapines non couvertes ollVent souvent une poussée de lait au moment où elles devraient accoucher. Il en est même qui présentent régu- lièrement ce phénomène. Cette lactation hétérochrone résulte quelquefois d'un tic : les génisses qui ont l'habitude de se teter {auto- succion) ou de se faire teter arrivent à présenter du lait. Les animaux adultes ou vieux (jument ou vache) par- viennent quelquefois à donner ainsi une assez grande quantité de lait pour nourrir un jeune sujet. On l'ait cesser cette sécrétion de lait en supprimant la telée et toutes les causes d'excitation de la glande mam- maire. Cette sécrétion anormale de lait a été signalée quelque- fois chez le bouc. IV. — AGALAXIE. Définition. — Vagalaxie ou agalaclie, c'est-à-dire raljscnce complète de la sécrétion lactée, n'a jamais été observée chez les animaux. On a l'habitude de désigner ainsi la diminution de cette sécrétion ; ce phénomène n'est pas très rare chez les vaches primipares qui perdent leur lait dès qu'on les prive de leur veau [vaches bonnes mères) ; exceptionnellement POLYGALACTIE OU POLYGALAXIE. 47 les vaches ne domient pas une goutte de lait après leur premier veau (Lafosse). L'agalaxie est quelquefois d'origine infectieuse (Voy. Maladies des mamelles). Le plus souvent Vagalaxie est produite par une alimen- tation insuffisante ou résulte de maladies locales [mam- mites), de maladies fébriles générales ! péripneumonie, fièvre aphteuse ou d'empoisonnements belladone, stra- moine, co/c/i par effraction directe ; 2° par rorifice du trayon ; 3" par la voie sanguine ou par la voie lymphatique. Veffraclion de la peau peut engendrer une lymphangile secondaire qui intéresse secondairement le tissu glandu- laire ou de préférence le tissu interstitiel. Les Iraumatismes plus pénétrants peuvent inoculer LAIT VIRULENT. 53 directement la mamelle et être le point de départ de foyers de suppuration ou de phlegmons septiques. Les ouvertures des trayons peuvent, en sinfeclant au contact de la litière, contaminer de proche en proche les canaux jusqu'aux acini. Ces infections ascendantes se réalisent encore assez fréquemment. Le sang peut déverser à son tour dans la mamelle tous les microbes qu'il charrie accidentellement ou qui sont élaborés dans un point de l'organisme et qui sont entraînés journellement de ce foyer dans la circulation sanguine. Les expériences qui ont été faites à ce sujet démontrent que la glande mammaire est une puissante voie d'élimi- nation des microbes comme des toxines. Le bacille de la tuberculose peut ainsi se retrouver parfois dans le lait, quoique la mamelle soit absolument indemne de lésions tuberculeuses. Qu'on injecte le bacille pyocyanique dans le sang de femelles en lactation, ce microbe se retrouve dans le lait quelques heures après. On peut combattre ces infections mammaires par des injections antiseptiques pratiquées par l'ouverture des trayons quand les orifices ont un diamètre assez considérable pour permettre l'intro- duction de l'extrémité des sondes ou des canules. On utilise à cet effet chez la vacho et chez la chcvve les solutions boriquées à 4 p. 100, les solutions de fluorure de sodium à 2 p. 1000, l'eau iodée à 2 p. 100. A l'intérieur, on peut administrer l'iodure de potassium ou les essences antiseptiques qui s'éliminent par la glande mammaire. SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL DE L'INNERVATION Topographie. — Physiologie. — Les divers appareils iiécessaiies au bon fonctionnement et à l'entretien de l'organisme sont commandés et dirigés par l'appareil de i'iimervation. Il compi'end une partie centrale de Vaxe cérébro-spinal et une partie périphériqde, les nerfs qui partent de la partie centrale pour se distribuer dans les diverses par- ties du corps. L'axe cérébro-spinal renferme lui-même le cerveau et la moelle réunis entre eux par V isthme encépha- lique. L'ensemble de ces organes constitue l'instrument des relations de l'animal avec son milieu et des rapports fonctionnels des viscères entre eux. Les impressions procédant d'un changement du milieu extérieur (influences physiques, chimiques, mécaniques) sont transmises aux centres nerveux oii elles sont conver- ties en sensations; elles sont suivies de mouvements con- nus sous le nom de mouvements réflexes. On les désigne ainsi parce que l'impression extérieure qui les produit ne parvient aux muscles qu'après avoir traversé un foyer particulier de la subslance grise encé- phalo-médullaire pour se i-éfléchir vers la périphérie. La >cnsation et le mouvement sont les deux termes extrêmes du cycle parcouru par les excitations périphériques (fig. 3). Celte chaîne comporte une voie centripète ou sensilive, un centre gris de réception^ une voie centrifuge motrice et un organe réactionnel : muscle, glande, etc. SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. 55 Les nerfs conduisent donc toiiles les impressions sen- sitives qui vont tie la phériphérie vers les centres, et transmettent à tous les organes les ordres élaborés par les centres. L'ex- trémilé de chaque fibre nerveuse part d'une cellule ou aboutit à une cellule. Éléments du système nerveux. — L'élé- *fl(^ ment fondamental du système nerveux "xi^ réside dans le neurone avec tous ses pro- longements. Chaque neu- ^•' rone présente deux pôles et émet deux sortes de prolongements : les pro- ongements protoplas - miqiies et le prolonge- ment cylindmxile. Les PROLONGEMENTS PUO- (7, neurone moteur central ; 6, N. moteur périphc'ric|ue; c, N. sensitif périphé- rique; rf, N. scnsilit central ; e, N. intercalaire (sensitivo-moteur) ; b' , N. moteur périphérique (du muscle antagoniste). (Thèse de Gerest.) xoPLASMiQUEs ofTrent de nombreuses ramifications {den- ^6 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. (Irites), de plus en plus déliées, terminées par une exlrt- mité libre. Le cylindiaxe ou prolongement cijlindnixile, appelé Fig. 4. — Cellules ganglionnaires (d'apiès \on (ieluicliton}. A, laclilo (ganglionnaire spinal); B, olfactive (cellule olfaclive de la pi- Uiitairo) ; C et D, oi)tif|ues (deux types do cellules ganglioniiaii'cs do l;i rétine;. (Tliùsode Gerest.) axone, qui forme les nerCs ou la substance blanche, émet dans le névraxe un grand nombre de branches collatérales qui constituent comme lui une arborescence dont les branches se terminent également par une extrémité libre. SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. 57 Au point de vue fonctionnel, les prolongements dits pro- toplasmiques sont toujours celluUpètes : l'influx nerveux les parcourt en marchant vers la cellule ; le prolongement cylindraxile est toujours ccllulifiifje, en ce sens que l'inllux nerveux qui le tra- verse part de la cellule. Le neurone tout entier peut être assimilé à un arbre dont les racines le- présenteraient les prolon- gements, et dont le tronc avec sa frondaison repré- senterait Vaxone et ses ar- borisations terminales; Fin- flux nerveux suit la marche ascendante de la sève dans les plantes (1). Les neurones sont indé- pendants, c'est-à-dire que les ramifications terminales du neurone envoyeur ne sont qu'articulées avec les branches dendritiques du neurone récepteur. Chaque arc réflexe com- prend un neurone sensitif et un neurone moteur péri- phériques. Au niveau de la moelle épinière, le neurone sensitif esl formé par une cellule du ganglion rachidien correspon- dant es qui émet un prolongement ramifié en T; l'une des branches forme le cylindraxe d'une fibre sensitive qui recueille les impressions tactiles de la périphérie (fig. 6). 0. — Schéma des neurones d'associations médullaires (d'après Matliias Duval). I, neurones sensilifs (ganglions spinaux); 2, 2, 2, neurones moteurs ; 3, neurone d'as?ociation hétélaléral ou liéléromcre; 4, neurone d'asso- ciation ou tiiitomère. (1) Laulanié, Elémenls de physiologie, p. 770. !i8 SÉMIOLOGIE DE L AIM'AREIL DE L INNERVATION. La deuxième branche constitue une des fibres radicu- lair es ■postérieures, pénètre dans la moelle et se divise en deux branclies, en branche ascendante et branche des- cendante émettant des collatérales transversales dont les extrémités s'arliculent avec les dendrites d'un neurone moteur. Le neurone à son tour par l'un de ses prolonge- ments se termine dans un muscle ou dans une glande; le premier anneau, l'arc réftexe, est constitué ; le deuxième anneau, l'arc cérébral, est formé aussi de deux neurones centraux, un neurone sensitif et un neurone moteur. Le neurone sensilif central NSC est constitué par une des cellules des noyaux :;ilués au niveau du bulbe racliidien {noyaux de Goll et de Burdach). Les prolongements cellulipètes s'articulent avec les arborisations terminales d'un neurone sensitif périphé- rique. Son prolongement cyliiidraxile traverse le plan médian et va se terminer dans Vhémisphère du côté opposé en s'articulant avec les dendrites d'une cellule pyramidale de l'écorce. Le NEURONE MOTRUR ciîNTnAL esl Constitué par une cellule pyramidale de la lone. ■psychomotrice. Les dendrites s'arti- culent avec rexlrémité d'un neurone sensitif central ou d'un neurone venant d'une autre région de l'écorce ; son prolongement cellulifuge va directement jusqu'au bulbe où il traverse le plan médian pour aller s'articuler avec les dendrites d'un neurone moteur périphérique . Chaque neurone moteur périphérique s'articule au moins avec deux neurones : un neurone sensitif périphé- rique qui lui commun! |ue les excitations extérieures, et un neurone moteur central qui lui communique les exci- tations motrices volontaires. 11 existe trois ordres de chaînes ou arcs simples : les arcs réflexes médullaires ou mésencéphaliques, les arcs céré- braux et les arcs cérébelleux. Ces deux derniers sont pla- cés en dérivation sur les arcs réllexes. Chaque arc est enfin complété par des neurones d'association; il y a des SÉMIOLOGIE DE LAI'PAREIL DE L'INNERVATION. 50 Fig. 6. — Schéma d'un arc réllexe iii6clullaire et d'un arc cércbral (d'aprcs Matliias Duval). E, surface sensible (t'pilliélium; : NS, nerf sensitif ; es, cellule du ganglion spinal : r.«, racines supérieures ; 1, coUalérale venant s'articuler avec la cellule radiculaire cm, dont le prolongement cylindraxile, passant par la racine infé- rieure ri, puis par le nen' moteur NM, vient actionner la fibre musculaire M ; 2, articulation du neurone seosilif périphérique es, avec un neurone sen- sitif central cy, lequel va lui-même s'articuler en 3 avec un neurone psycho- moteur ou moteur central cp. dont le prolongement nerveux vient actionner en 4 le neurone moteur périphérique cwi ; Mo, moelle; B, bulbe; EC, écorcc cérébrale; CC, corps calleux; NSC, cjlindraxc du neurone sensitif central ; NMC, cvlindraxe du neurone moteur central. 60 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. neurones d'association médullaires, des neurones d'asso- ciation cérébraux et des neurones d'association cérébel- leux qui assurent les enchaînements nécessaires au déve- loppement des actions nerveuses les plus complexes. Modifications des neurones. — Les neurones éprouvent des changements morphologiques et des changements chimiques. Normalement, les cellules olfactives, qui sont de véritables neurones, présentent des oscillations de leurs prolongements comme s'ils allaient à la recherche des particules odorantes ; les bâtonnets et les cônes se rétrac- lent dans l'obscurité de telle sorte que l'épaisseur de la rétine diminue sensiblement; le protoplasma des cellules ganglionnaires de celte membrane se déplace sous l'in- fluence de la lumière du corps cellulaire vers les prolon- gements. Dès lors, il est probable que les contacts qui s'élablis- sent au niveau des articulations entre les prolongements cylindraxiles et les prolongements protoplasmiques sont tantôt relâchés, tantôt intimes, selon que ces prolonge- ments s'étirent, se rétractent et interrompent plus ou moins les communications. Celte théorie de Vumiboismc a permis à Malhias Duval d'expliquer le sommeil, la mémoire, l'association des idées. La chaîne des neurones peut présenter des ruptures passagères, leurs prolongements peuvent marcher les uns vers les autres ou se rétracter, rétablir des contacts inter- rompus, en créer de nouveaux, etc. Dans le sommeil provoqué par la morphine, Denioor a constaté que les prolongements dendriliques des cellules cérébrales se rélractent et prennent l'aspect moniliforme. Ils semblent alors formés d'une série de grains prolo- plasmi(|ues réunis par des filaments très grêles. Cette conlractilité des neurones a été également mise en évidence dans Vt'lectrisalion du cerveau dans Vélcclro- cution, dans Vasphyxic, dans Vinsomnie. KERF3. 61 Odier a constaté que les prolongemenls des neurones moteurs périphériques se rétractent et disparaissent en quelque sorte dans le corps de la cellule sous l'influence des courants induits longtemps prolongés. I. — NERFS. Division. — Fonctions. — Les nerfs sont des organes de Iransmission ; ils comprennent des nerfs moteurs, des nerfs sensitifs et des nerfs mixtes. L'n nerf est moteur parce qu'il se termine dans un muscle; un nerf est sensitif quand il est relié par une chaîne de neurones à un point de l'écorce cérébrale capable d'éprouver une sensation. La sensititité des nerfs mixtes réside dans les racines postérieures; leur motricité réside dans les racines anté- rieures ; la sensibilité et la motricité ont des voies con- ductrices autonomes. La CONDUCTIBILITÉ cst Cette fonction par laquelle les e.xcitalions parcourent directement une fibre nerveuse jusqu'à l'extrémité terminale sans se propager aux fibres voisines. L'excitabilité des nerfs est mise en évidence par des excitants mécaniques (pincements, percussions), chimiques (sel marin, alcalis, acides, glycérine, a\coo\,h\\e), physiques (électricité). La section des nerfs, la ligature , la compression, l'écrase- ment, l'arrachement, les agents toxiques suppriment les fonctions des nerfs soumis à ces influences sans faire dis- paraître complètement la sensibilité dans les régions qu'ils innervaient. Sensibilité récurrente. — On désigne ainsi la sensibilité qu'on peut éveiller par l'excilation des racines antérieures ou de leur bout périphérique. Découverte par Magendie, elle fut étudiée par Cl. Ber- nard et bien établie par SchifT en 1850. Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 4 62 SftMlOLOGlIi DK l'aI'PAUEIL DK l'i.NNERVATION. Il constata qu'apics la section des racines postérieures on trouve au bout de plusieurs jours des fibres dégénérées dans les racines antérieures correspondantes. En 1867, liicbet, en Ir.iilanl un cas de sectioii da nerf médian, observa que la sensibilité persistait dans tout le territoiie animé par le nerf coupé. Les vétérinaires eux- niêines avaientrcniarqué quela névrotomie plantaire unila- térale faite au-dessus du boulet n'anesthésie pas complète- ment la moitié du doigt, et Morcroft tentait d'expliquer ce l'ait surprenant en invoquant la solidaiité fonctionnelle des nerfs planlair'es et la possibilité de leur suppléance. Ai loing et Tripier ont mis en évidence l'existence de la sensibilité récurrente sur le bout périphérique de tous tes nerfs sectionnés. 11 a démontré que cette sensibilité du bout périphérique est due à des fibres récurrentes prove- nant des nerfs voisins. En effet, quand on section.'ie un nerf, on trouve peu de jours après, dans le bout périphé- rique, au milieu des fibres dégénérées, un certain nombre de fibres saines. Réciproquement, le bout central contient un certain nombre de fibres dégénérées. Il est clair que les libres saines du bout périphérique sont demeurées en relation avec leurs centres trophiques elqu'elles ne peuvent gagner ces centres que par rinlennédiaire d'un nerf voisin. Il s'efl'eclue ainsi, entre les divers nerfs qui se rendent dans une région, deséchanges défibres passant de l'un à l'anlre au niveau de leurs extrémités terminales, remonlant plus ou moins haut el finissant par disparaître à une hau- teur variable. Les nerfs empiètent réciproquement sur les territoires de leurs voisins. On comprend ainsi la persistance ou le retour prématuré de la sensibilité dans des régions pri- vées complètement en apparence de leurs nerfs sensitifs. Modifications pathologiques. — Les nerfs peuvent être atteints directement ou indirectement par l'internu- ALTERATIONS PRIMITIVES. 63 iliaire de leurs cenlres tropldques. Les agents physiqaefi, chimiques on toxiques que l'on dépose sur les nerfs pro- duisenl des altérations inflammatoires ou dégénératives de ces cordons. Les lésions nerveuses consécutives aux lésions des centres trophiques font partie inlégranle des maladies des cenlres nerveux. Ces névrites d'origine centrale oITrent des lésions péri- phériques d'une intensité proportionnelle à celle des lésions des cenlres trophiques. Telles sont les névrites périphériques de la tremblante du mouton dont l'étendue est subordonnée aux lésions des grosses cellules des cornes antérieures (Besnoit et Morel) (1). Il y a des névrites et par conséquent des dégénérescences de cause interne produites par des agents toxiques miné- raux ou par des toxines microbiennes ; elles sont fré- quemment mu/-'-'t. Fig. io. — Eczéma limité conséculil' à la section du nerf plantaire externe. bourrelet, dans la nécrose de Vos du pied et parfois dans la cbute du sabot avec engorgement difTus de tout le membre (ilg. 13, 14). L'eczéma survient ordinairement un mois après l'opéra- tion; il se développe toujours au niveau de la couronne, sur les parties latérales correspondant aux régions privées de nerfs. Réduit généralement à une simple 88 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. plaque, cel eczéma all'ecte quelquefois les caractères d'une érupl\on vésiculeuse ou puslulcitse suivie de petites plaquca eczémateuses multiples réparties, semblc-t-il, sur le trajet de trois branches du nerf plantaire sectionné. Nous avons eu l'occasion d'observer des desordres tro- Fig. 11. — Petites plaques eczémateuses multiples. phiqiics intéressant la troisiùmc phalange chez un cheval de f,'ros trait, afîeclé d'une forme externe très volumineuse, traitée par la névrotoniie plantaire unilatérale (fig. 15), Nous avons constaté un suintentent au niveau du bourrelet, avec décollement du sabot et nécrose de la troisième phalange; l'os s'effritait, il semblait privé de toute vasculaiisation et offrait une teinte jaunâtre. La CHUTE DU SABOT ne s'observe jamais chez les chevaux affectés de formes ou de maladie naviculaire qu'à la suite de la névrotomie haute et double. Celle terminaison, à LESIONS SECONDAIRES. 89 peu près fatale quand on pratique la iiévrotomie Itaute et iloiil'lr chez. Ips chevaux fonrhîis, peut se produire quand Fig. lô. — Nécrose sèche de la troisième plialaiise (côté interne) ito la névro- tomie plantaire haute chez un tlie^al allecté d'une forme cartilagineuse. on sectionne uniquement les branches postérieures des nerfs plantaires fig. 16 et 17. Les troubles circulatoires engendrés par la fourbiire sont exagérés par la section des filets sympathiques vaso-moteurs cuntenus dans les nerfs planlaires (I). (1) Cadèac, Sur la névrotomie et les troubles trophiqnes consécutifs à cette opération [Journal deméd. vétér. et de zootech., 1879, p. Ii9). 90 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. Les poils subissent aussi des altérations après la section des 7ierfs'; la section du sciatique provoque presque Fig. 10. — Dtfornialion de rexlreinilé inférieure du membre compliqué de cliule du sabot après la nèvrotomie. toujours la chute des poils dans un territoire plus ou moins étendu, mais ceux-ci repoussent assez rapidement, même quand le nerf ne se régénère pas. (l) Cadéac, Sur les accidents conséculifsâ la n<>rrnlnmie{SoC. des sciences vét., 1903, p. 23). LESIONS SECONDAIRE?. 91 La section des premières paires cervicales avec destruc- tion de leurs ganglions rachidiens est suivie, chez le chat et le lapin, de l'apparition de plaques alopéciques dans le territoire des nerfs occipitaux. Chezles petits animaux les ongles se délachent quelque- fois des orteils et chez les sollpèdes on constate quelque- fois la chute du sabot. Lésions pulmonaires. — .La section des deux pneu- mogastriques réduit de moitié, quelquefois davantage, le nombre des mouvements respiratoires ; elle déler- niiiie dans le poumon de Vemphysème, de la congestion, Fig. i". — Ecrasement et déformation du sabot. des noyaux dliémorragie, de splénisation et d'hépati- sation; en un mot, toutes les lésions de la broncho- pneumonie. Ces altérations sont encore ici le résultat des troubles d'origine nerveuse qui aiïaiblissent le terrain et permet- tent aux microbes contenus normalement dans les cavités respiratoires de s'y gretîer, de végéter, de donner nais- 92 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. sauce à des altérations locales et même de pénétrer par les voies lymphatiques ou sanguines dans tout l'orga- nisme. Cette diminution de la résistance à la suite de la section nerveuse est prouvée par une expérience élégante rincipalement par l.i branche motrice du trijumeau, le facial et les cervicaux pour la voie centrifuge et exclusivement par le trijumeau pour la voie centripète. 4" Centre du clignement. — Ce réflexe a le liijumeau pour voie centripète et le facial pour voie centrifuge. 5"Centre de la phonation. — La moelle allongée contient les noyaux d'origine de tous les nerfs qui agissent sur les organes périphériques de la voix (10% ii" et 12'^ paires) Elle renferme aussi le centre de la production des sons articulés. En elTet, si l'on sectionne le bulbe en arrière de la protubérance sur un animal, celui-ci pousse un cri bref et sans expression. Le bulbe contient encore le centre vomitif, le centre tvssipare, le centre de Yéternuement, le centre irido-inipil- laire, le centre glijcogénique, placé à égale distance du nerf acoustique et du pneumogastrique, le centre pour les mouvements de latéralité des yeux, les centres cardiaques et PROTUBÉRANCE ANNULAIRE. 115 vasndaires (centre modérateur du cœur, centre accélé- rateur du cœur); les centres raso-mo^eu?'s (centre vaso- constricteur, centre vaso-dilataleui), les centres sécréteurs des sécrétions salivaire, gastrique, pancréatique. ModiGcatioiis pathologiques. — Le bulbe peut être le siège : 1" D'hémorragies produites par des chocs, des hecrts, des contusions, etc., et suivies de mort immédiate ou de phénomènes paralytiques très complexes accompagnés généralement de troubles respiratoires et circula- toires. 2» D'altération des noyaux moteurs caractérisée par la paralysie des muscles des lèvres, de la langue, du voile du palais, du pharynx, du larynx et connue sous le nom de paralysie labio-glos^o-larynçjée (I i. 3" D'abcès consécutifs à la gourme, à la suppuration de l'oreille interne, à des Iraumatismes. 4» De tumeurs diverses (sarcomes) et de parasites (cœnures, œstres, sclérostomes, etc.). IV. — PROTUBÉRAIXCE ANALLAIRE. La protubérance annulaire ou pont de Varole se dessine en saillie transversale sur la face inférieure de l'isthme entre le bulbe rachidien et les pédoncules cérébraux. Elle est un conducteur et un centre. Conductibilité. — La protubérance est un lieu de pas- sage pour les fibres nerveuses réunissant les noyaux bul- baires et médullaires aux centres supérieurs. Les cordons se rendant aux centres bulbaires s'y entrecroisent, tandis que les cordons moteurs des membres s'entrecroisent plus en arrière. (I) Voy. Pathologie interne, t. VIII, p. 233. 1J6 SÉMIOLOGIE DE l'aI'PAREIL DE l'iNNERVATION. Il s'ensuit que toute lésion protubérantielle unilatérale entraîne une paralysie du même côté dans le territoire innervé par des nerfs crâniens et une paralysie du cùté Fig. iH. — Origines réelles des neifs crâniens de 111 à VIII. IV, V, V, VI, VII, IVHI, paires nerveuses crâniennes. — ç>ip, grand neri pétreux ; — pnp, petit nerf pélrcux. — C, corde du tympan. — III. oculo- moleur commun. — IV, nerf palliétique. — V, racine sensitive du trijumeau. — V, racine motrice du trijumeau (nerf maxillaire inférieur). — VI, oculo- moteur externe. — Vil. nerf facial. — VIII, acoustique. — GGa, gauglion de Casser. — GGe, ganglion géniculé. — GsC, ganglion .spiral de Corli. opposé dans les régions innervées par les nerfs racliidiens. Tel est le syndrome de Millard-Gubler ou hémiplégie alterne. Excitabilité. — Les piqûres pratiquées sur la face antérieure atteignent le plus souvent le faisceau moteur et PROTUBÉRANCE ANNULAIRE. 117 provoquent des mouvements convulsifs très violents. Sur les parties latérales, elles atteignent la racine ascendante du trijumeau et déterminent une douleur intense que l'animal exprime par des cris perçants. Sur la face postérieure ou bulbaire de la protubérance l'aiguille peut atteindre le coude du facial ou le noyau de la 6« paire (oculo-moteur externe, d'où résulte le strabisme unilatéral externe. Un lien existe entre les noyaux de la 6^ paire et de la 3^ paire des nerfs crâniens ; il est formé par des fibres anaslomotiques situées entre les deux noyaux etfonction- nant à la manière de la double guide dans un attelage à deux chevaux: l'excitation du noyau de Voculo-moteur externe ou sa destruction produisent la déviation conju- guée des deux yeux. Centres nerveux. — Envisagée comme centre, la protu- bérance donne naissance à des nerfs crâniens ; elle possède le centre réflexe de la mimique et de l'expression confondu avec le noyau du facial, le centre de la mastica- tion et de la succion situé dans le noyau du trijumeau, le centre de mouvement des yeux (Laborde et Mathias Duval), le centre d'équilibration, le centre épileptique, le centre sensorio-moteur ou coordinaieur des mouvements émotionnels. Modiflcations pathologiques. — La protubérance peut être le siège d'hémorragies, de ramollissement et de tumeurs. Les HÉMORRAGJEs avec ou sans ramollissement procèdent d'altérations athéromateuses des vaisseaux, d'hémophilie, de parasites et s'accompagnent d'hémiplégie alterne (para- lysie faciale d'un côté, avec paralysie des membres du côté opposé). Les TcuEURS sont des mélanomes, des sarcomes, des fibromes, des endothéiiomes ; elles sont accompagnées de H8 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. mouvement de rotation, de défaut d'équilibre, d'hémiatro- phie et d'ftcmianestliésie de la face. V. — PEDONCULES CEREBRAUX. Les pédoncules cérébraux constituent la grande voie de communication motrice elsensitiie entre la moelle épinière et les parties plus élevées de l'encéphale qu'ils semblent supporter. Excitabilité. — On admet qu'ils sont excitables dans presque toutes leurs parties à condition d'atteindre le ruban de Reil [faisceau sensitif) ou le faisceau moteur de l'étape inférieur. Dans le premier cas, on obtient les manifestations de la sensibilité la plus vive ; dans le second la piqûre détermine des mouvements dans les muscles du côté opposé et des mouvements en manège. On n'y trouve pas de centres spéciaux. Conductibilité. — Les pédoncules cérébraux sont conduc- teurs. Les hémisections du pédoncule cérébral produisent une hémianeslhésie et une hémiplégie croisées. On cons- tate souvent une hémiplégie alterne supérieure ou le syndrome de Weber. Le SYNDROME DE Weber consisto dans la combinaison d'une paralysie du moteur oculaire commun du côté de la lésion avec une hémiplégie croisée, totale ou non, motrice et quelquefois sensitive. Modifications pathologiques. — Les pédoncules céré- braux peuvent être le siège dliémorragies d'origine infec- tieuse [gourme, pneumonie, maladie du Jeune âge), deramol- tissement résultant de thromboses, d'embolies ou d'hémor- ragies, de tumeurs diverses. TUBERCULES QUADRIJU.MEAUX. 1J9 M. — TUBERCULES QUADRIJUMEAUX. Les tubercules quadrijumeaux sont en relation avec les bandelettes optiques, par l'intermédiaire du corps iîenouillé externe, avec le ruban de Reil, avec les nerfs auditifs elles aerh optiques: Uénucléation de l'œil, l'atro- phie des yeux, des chevaux atteints de fluxion périodique, sont suivies infailliblement de l'atrophie des couches optiques et du corps genouillé externe. Chez les mammifères, l'entrecroisement des nevïsoptiques est partiel; les fibres du tiers externe de la rétine sont directes, celles des deux tiers internes sont croisées : la destruction des tubercules quadiijuineaux antérieurs entraine une cécité partielle dans les deux yeux, Vhémiopie ou Vhémianopsie latérale homonyme. Les tubercules quadrijumeaux reçoivent les impressions visuelles et tiennent sous leur dépendance les mouvements réflexes attachés à ces impressions. Ces mouvements intéressent l'iris, les yeux et la tète. Le RÉFLEXE RÉTiNO-PUPiLLAiRE provoquc le resserrement delà pupille et le myosis dans les deux yeux; la destruction des tubercules quadrijumeaux est suivie de la dilatation permanente de la pupille. Les voies centrifuges de ce réflexe sont constituées par les filtres iridiennes du nerf oculo-moteur commun dont le noyau est relié aux tubercules quadrijumeaux par des fibres commissurales. Les mouvements des yeux, élévation, abaissement, déviation, convergence, sont des mouvements réflexes sous la dépendance des tubercules quadrijumeaux. Couches optiques. — On considère les couches optiques comme le foyer où arrivent toutes les impressions; Meynert leur accorde certaines propriétés motrices. Ce sont des centres traversés par toutes les fibres sensitives qui, de la moelle, se rendent à l'écorce céré- 120 SÉMIOLOGIE DE L'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. Fig. 27. — Schéma des rapports et connexions des couches optiques et de* tubercules quadrijumeaux. a, écorce grise des hémispliôres. — 6, couronne rayonnante de la couche optique. — c, couche opiiquo. — d, corps strié. — f, noyau lenticulaire. — g, tubercule quadrijumcaii antérieur. — k, tubercule quadrijunicau pos- térieur. — f, bras du tubercule (juadrijunieau antérieur ou couronne rayon- CORPS STRIES. 121 brale ; c'est la dernière étape qu'elles franchi ssenl. Les couches optiques, les corps opto-striés sont des relais moteurs pouvant jusqu'à un certain point suppléer chez les animaux l'écorce cérébrale. Toutes les impressions qui n'arrivent pas aux couches optiques ne peuvent provo(}uer que des réflexes. Les extirpations partielles qu'on peut réaliser sur ces foyers f,'ris sont suivies de troubles visuels résultant de l'interruption de la continuité des fibres optiques et û'hcmianesthésie croisée, car la plupart des fibres sensilives de la capsule interne s'interrompent dans la couche optique. VU. — CORPS STRIÉS. Corps striés. — Ce sont deux niasses grises interposées sur le trajet des pédoncules cérébraux. Les fibres médullaires les traversent pour gagner l'écorce grise cérébrale, et les divisent en deux portions : l'externe appelée noyau extra-ventriculaire ou lenticulaire, l'interne appelée noyau intra-ventriculaire ou caudé. On n'étaiilit pas de distinction physiologique entre ces deuxparties. Leur destruction produitl'hémiplégie croisée et curable par suppléance de la moitié opposée du corps, comme celle des couches optiques produit Vhémianesthésie de la région opposée au côté de la lésion. Xothnagel et Beaunis ont affirmé l'existence dans ces corps d'un centre dont la piqûre pousse l'animal à courir et qu'ils ont appelé nodiis cursorius. liante de ce tubeiTu!e. — k, bras du tubercule quadiijumcau postérieur. — l. système de projection du second ordre. Fibres appurtenant à la eoucbe optique (r<5gion de la calotte, ou étage supérieur du pédoncule cérébral). — »î, système do projection du second ordre, provenant des tubercule* quadri- jumeaux et se réunissant aux faisceaux de la calotte. — », substance grise lie la moelle (cornes antérieures). — o. nerfs moteurs périphériques (racines spinales antérieures). — p, substance grise de la moelle (cornes postérieures). — g, nerfs sensitifs péripliériques (racines spinales postérieures). — r, t'ais- ceau.K sensitifs allant directement (sans interruption) jusqu'à la substance grise corticale des hémisphères (Hugucuin). 122 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION'. Carville et Duret en détruisant le noyau caudé chez le cliicn ont observé des mouvements en manège accompa- gnésd'uneparé- iie manifeste et croisée. Capsule in- terne. — I. 'en- semble des libres qui tra- versentles corps striés lorment la capsule interne. £3! On peut distin- guer deux par- ties : l'inlerne, la plus proche des couches op- tiques,estappe- lée portion len- iicnlo-opiique. Sa destruction est suivie d'une héinianesthésie Fig. 28. — Hémorragie cérébrale (li'aprùs lioucliard crOiSéC J elle COm- et Charcol). -, • ' prend donc sur- Tli, thalamus. — CE, corps genouillé externe. — tOUt dcs fibres FS, faisceau sonsitif. — L, lésion de i'hémianesHiésie . . _ , ■dans le carrefour sensitif. sensitives ; la partie externe dite lenticulo-striée entraine par sa destruction une hémi- plégie croisée et incurable accompagnée de contracture; elle comprend donc des fibres motrices en grande partie. Ces deux parties se réunissent sur un angle constituant le genou de la capsule; la branche antérieure ou lenticulo- st)'iée est motrice, la branche postérieure ou lenticulo- oplique est sensitive : le faisceau sensitif de la capsule CERVELET. 123 interne occupe la partie externe de la branche postérieure de cetle lame nerveuse ; c'est le carrefour sensitif. Les recherches de Charcot ont démontré que les foyers capsulaires occupent la partie la plus postérieure du segment postérieur de la capsule interne, c'est-à-dire le carrefour sensitif. L'hémianesthésie sensorielle indique presque toujours une lésion capaulaire et non un foyer cortical. VhémianeUhé&k d'origine corticale se borne ordinaire- ment à la sensibilité générale et respecte la sensibilité sensorielle. VIII. — CERVELET. Rapports. — C'est un organe très important supporté par Visthme et séparé du cerveau par la tente du cervelet. Le cervelet est en relation avec les diverses parties du système nerveux par une série d'arcs cérébelleux placés en dérivation sur les arcs réflexes. On y lencontie : 1" Les neurones centrifuges dont le corps cellulaire est formé pur les grandes cellules de Purkinje et dont l'axone va se terminer sur les grandes cellules mo- trices et la moelle ; 2° des neurones centripètes en relation avec la moelle, les noyaux de Goll, de Burdach, la "protu- bérance annulaire, la couche optique. Les relations du cervelet sont représentées dans la figure ci-dessous. Une grande incertilude lègne encore sur les fonctions du cervelet. Sans entrer dans le détail des nombreuses théories émises à ce sujet par Flourens, Longel, Vulpian, Ferrier, Luciani et autres, nous dirons que les auteurs accordent au cervelet une action sur le système musculaire et qu'en somme les opinions ne diffèrent que sur la nature de l'action. Si, pour les uns, il règle la tonicité musculaire, il va jusqu'à coordonner les mouvements pour les autres. On comprend dès lors que les lésions cérébelleuses se 124 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNEUVATION. traduisent surtout par une anomalie dans la marche et l'attilude générale. Le cervelet estun centre. — Le cerveletestdonc surtout un centre qui agit sur le système musculaire ; ce sont les Jt^ C/^ Fig. 29. — Schéma d'uu arc cérébelleux (d'après Matliias Dm al). P, protubérance. — C, cervelet. — NS, nerf sensilif. — es, corps du neurone «ensilif périphérique. — NM, nerf moteur. — cm, corps du neurone moteur périphérique. — cl, NCP, neurone cérébelleux périphérique (dont le corps cl siège dans la colonne de Clarke de la moelle). — r/), NCC, neu- rone cérébelleux central (dont le corps cp n'est autre qu'une cellule de Purkinje de l'écorce du cervelet). troubles de ce dernier appareil qui révèlent les lésions du cervelet. Quelquefois, aucun phénomène anormal ne se fait remar- quer pendant la vie, et à l'ouverture de la boîte crânienne, on trouve une altération plus ou moins prononcée du cervelet. Nothnagel a fait observer que, dans ces cas, l'altération atteint presque toujours un hémisphère céré- belleux complet, le second hémisphère commandant alors CERVELET. 125 seul à lout l'oriraiiisme. Mais il n'en est plus de même quand le verrais est touché. Alors apparaît un phénomène capital, essentiel : Vataxie cérébelleuse, l'incoordination cérébelleuse, la titiibalion, et c'est la lésion du verrais, seule, qui peut produire cette titubation. Mais si la lésion ne s'attaque qu'à une partie circons- crite de l'organe, alors apparaissent des signes d'asthénie, d'aflaiblissement de la force musculaire, et consécutive- ment des mouvements incoordonnés spéciaux. L'un des plus caractéristiques, chez le chien surtout, est le roulement de l'animal, qui, placé sur le sol, elîectue une série de tours sur son axe longitudinal, autrement (lit, « il roule ». On verra plus loin comment se fait ce roulement. Aussi nous pouvons dire avec Poincaré que le cervelet est une pièce importante du système locomoteur encéphalique, représenté par les corps oplo-striés, la pro- tubérance, le bulbe et lui. C'est le centre de l'équilibre. Les recherches de Thomas ont mis ce fait en ivulence d'une raanière indiscutable. Après I'ablation totale ou partielle du cervelet chez le chien, l'animal est incapable de garder l'équilibre et il reste couché. Si l'ablation est co/np/é^e, elle provoque àeVopistliotonos avec extension des membres, si elle est incomplète et unilatérale, le corps de l'opéré est déformé par du plearo- thotonos à concavité tournée vers la lésion et il est parfois enlrainé dans un moiaeirient de rotation qui s'effectue autour de l'axe longitudinal et du côté de la lésion. Au bout de quatre à cinq jours, la contracture diminue et l'opéré est capable d'effectuer quelques mouvements de locomotion. Il se lève d'abord et ne se tient debout qu'à la condition de placer ses membres dans l'abduction et d'élargir ainsi sa base de sustentation. Si on l'y sollicite, il consent et parvient à se déplacer; 126 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. mais sa démarche est incertaine, lilubante comme celle de l'ivresse et arrêtée par des chutes fréquentes; la tète de ranimai est agitée par des oscillations et des tremble- ments que tout mouvement exagère; il n'aboie pas, il ne peut prendre sa nourriture; il marche péniblement et se fatigue beaucoup, car il est obligé de faire de grands efforts volontaires pour corriger le désordre de l'automatisme. L'animal s'habitue progressivement à marcher; mais tous les mouvements qui ne lui sont pas familiers, comme l'ascension ou la descente d'un escalier, font reparaltie les mêmes troubles de la locomotion ; il culbute et dégrin- gole; il est obligé d'apprendre tous les mouvements pour substituer son activité volontaire à l'automatisme céré- belleux. A aucun moment, on ne constate, ni trouble de la sen- sibilité, ni amoindrissement de la force musculaire. Excitabilité. — L'excitation électrique du cervelet pro- voque des mouvements forcés des yeux, de la tèle et du corps. L'excitation des lobes latéraux est suivie de la déviation des yeux, celle de la partie antérieure du vermis fait baisser la tête; celle de la partie postérieure déter- mine son élévation. Selon Thomas, le cervelet est le centre réflexe des mouvements correcteurs qui maintiennent l'équilibre. Modifications pathologiques. — Le cervelet est fréquem- ment le siège d'hémorrarjies observées chez le chien, à la suite de la maladie du jeune âge; chez le cheval, à la suite de tumeurs; elles s'accompagnent des troubles caractéristiques de ra' dédoublement d'une cii'convolution, des plis d'atiastomose, lie i)assage ou de communication unissant des circonvo- lutions. Celles-ci sont séparées par dessci"ss2ue//es. On admet généralement, sans que cela soit démontré, qu'il est d'autant plus actif et plus intel- ligent, que ses sens sont meilleurs, c'est-à-dire plus perfectionnés. Habituellement, les sens relatifs à la connaissance sont plus parfaits chez l'homme et ceux relatifs à ïappétit, plus parfaits chez l'animal ; ces derniers seraient même plus développés chez l'animal qui vient de naître, que chez l'enfant nouveau-né. Chez le cheval, on trouve plus ou moins le sens du mouvement «qui lui permet d'apprécier le meilleur emploi à faire de ses membres pour développer sa force, ses moyens, en vue dé l'exécution des difTérents mouvements, notamment du saut, des exercices de manège ou de haute école » (Jacoulet et Chomel). Il y a là une série d'opérations mentales complexes, créant les idées de causalité et de comparaison. Toutes les sensations animales paraissent tributaires de la loi psycho-physique de Fechner disant que : « les sensa- tions croissent proportionnellement aux logarithmes des excitants ». Les chevaux offrent des mouvements souvent compli- qués, ayant « un haut degré de généralisation et de coor- dination >■>, qui sont une preuve de la puissance de la moelle comme conducteur nerveux, de la multiplicité des actes réilexes, de la prépondérance du cerveau dans son 150 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'INNERVATION. rôle coordinateur, régulateur, c'est-à-dire dans sa fonction psychique. Les facultés d'expression du cheval sont multiples et complexes; elles se traduisent par une mimique, le hennis- sement sous l'influence de l'attention, de la peur, de la joie, de l'impression des odeurs, etc. M. J0I3' a cherché à grouper ces divers mouvemenls expressifs suivant les trois principes énoncés par Darwin (1). Par un langage élémen- taire [dia, ho,hu) ou uno. phonomimique, on se fait très bien comprendre du cheval. Le développement de son intelli- gence paraît d'ailleurs être en rapport avecla compréhen- sion du langage. Le caractère et les passions du cheval sont d'ordre extrêmement varié et Buffon avait assigné, avec raison, à cet animal toutes les nuances des passions. Chez lui, les sentiments affectifs, sociaux se renconirent fréquem- ment. (( Il est susceptible d'affection, de reconnaissance, de haine, de rancune, de colère. lia de la joie, de la tris- tesse, du chagrin, de l'amour, de la jalousie, beaucoup d'émulation, de l'ambition, voire même de l'orgueil (2) » ; il peut simuler une vive douleur par des lancinationsou une boiteriequi disparaissent quand il croit ne pas être observé. La dominante du caractère chez le cheval est la dou- ceur, la soumission, la sensibilité. « Déjà sociable à l'état sauvage (oii les chevaux vivent en tribus), le cheval se montre très doux, naturellement craintif, peureux, en domestication (3). » Enfin les instincts sont pour le cheval comme pour l'homme une faculté psychique. Il y a chez lui ï instinct de préservation, Vinstinct sexuel. Le besoin de mouvement est aussi fort développé, de même que Vinstinct d'imitation se caractérise par ses tics (4). Parmi les instincts du cheval (I) Darwin, Expression des émotions chez l'homme et l'animal, 1872. (i) Jacoulct et Cliomel, Loc. cit., t. I, p. 193. (:i) Jacoulel et Cliomcl, Loc. cit., p. 194. (i) Du moins pour le tic de l'ours (Rudler et Cliomel). IMELLIGENCE. 151 il faut placer aussi les aptitudes spéciales qui ne sont qu'une mémoire héréditaire organique. L'échelle intellectuelle des animaux dont on parle tant ne peut guère se comprendre que dans la même espèce; appliquée à tous les animaux comparés entre eux elle devient une fantaisie. Elle serait bien autrement intéressante dans l'ordre pathologique . Il est probable que les principaux troubles psychiques des animaux suivent plus ou moins exacte- ment les grandes divisions de leurs facultés intellec- tuelles. Pour M. Joly (1), « l'hérédité des qualités morales fut démontrée plus ou moins scientifiquement par Pline, Buffon, Girou de Buzareigne, etc. D'après Charlton Baslian (2), pour tout ce qui touche aux perceptions, émotions et facultés motrices, la doctrine de l'acquisition héréditaire peut être regardée comme solidement prouvée par les observations et les expériences de Douglas et Spalding ». Hérédité et évolution sont jointes dans les faits psychi- ques comme dans les autres faits organiques, la première représentant le progrès, la seconde, la conservation (Spencer). Il en est de même de l'automatisme des mouvements complexes résultant du dressage qui exige l'intervention de la volonté; il provient d'un long apprentissage et représente un réel facteur héréditaire. Dans l'habitude, il faut voir un effet de la mémoire organique ou une « mémoire inconsciente des mouve- ments associés, combinés en vue d'un but ». Toute la vie intense du cheval relève d'une bonne orga- nisation cérébrale sans qu'il ail cependant l'idée accusée du temps, l'entendement, l'imagination, ni la notion de (1) Joly, Loc. cit., p. 1S5. (2) Cil. Baslian, Le cerveau et la pensée. 152 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE l'iNNERVATION. l'avenir. Elle est le résultat progressif de V éducation acquise et transmise. Buffon avait considéré pour la première fois, dans les animaux, Véducation comme cause du développement de leurs facultés, ce qui l'avait conduit à démontrer la haute supériorité de Thorame basée sur sa faiblesse même (Chomel et Rudler). XII. — DÉGÉNÉRESCENCES. Définition. — L'idée delà dégénérescence chez l'animal a fait son apparition en médecine vétérinaire avec un important; travail de MM. Chomel el Rudler (1), auquel nous avons emprunté les matériaux de cette élude. La dégénérescence est caractérisée chez l'animal par la constatation de stigmates physiques et psychiques dits de dégénérescence. Ces stigmates consistent dans des mal- formations, des troubles intellectuels, un état de déséqui- libration particulier, etc. La dégénérescence n'appartient pas à un état patholo- gique particulier. C'est un vice de développement, une manière d'être anormale el permanente qui se traduisent à la fois par des caractères morphologiques {signes physi- ques) ainsi que par le fonctionnement vicieux de l'orga- nisme {signes psychiques). L'animal dégénéré est un être physiquement ou intel- lectuellement anormal. Les antécédents psychopalhiques jouent un rôle considérable dans la dégénérescence des sujets. En fait, laressembkmce est le caractère fondamental de l'hérédité physiologique, la dissemblance est au contraire la caractéristique de l'hérédité pathologique. Chomel et Rudler admettent comme facteurs de cette (1)C. Cliomel et Fernand Rudler, Hérédité morbide et dégénérescence. — Des stir/mates physiques et psychiques dits de déf/énérescence chez l'animal et en particulier chez le cheval. Ouvrage conimunif|ué. DEGENERESCENCES. 153 dissemblance des conditions héréditaires naturelles, arti- ficielles ou accidentelles. Le terme de dégénérescence employé parles auteurs diiïère totalement d'ailleurs delà dé;.'radation de la race (Buffon), de la dégénération du type (Blumenbach), car alors il y a plutôt une transformai ion continue et un perfeclionnement graduel (Sanson). L'exposé fait par les auteurs des méthodes zootechniqiies d'amélioration daiu leurs rapports avec l'hérédité et la dégé- nérescence vient à l'appui de celte thèse que la race se conserve simplement ou bien qu'elle se détruit et s'éteint s'il existe des causes de dégénérescence. Or ces causes sont fort nombreuses; il y a un très fort déchet dans la fabrication du cheval par exemple en tant que dégéné- rescence. Celle-ci existe aussi bien dans l'ordre psychique que dans l'ordre physique. La « vie intense » du cheval relève « d'une bonne organisation cérébrale » et l'orga- nisme animal « peut n'être plus sain et devenir anormal sans être malade », Les dégénérescences ont leur source dans des modifi- cations héréditaires physiques ou psychiques, comme en témoignent un grand nombre d'expériences et d'obser- vations. Dégénérescence expérimentale. — Les lésions arlifi- cielles et accidentelles de l'embryon, les accidents et traumalismes du jeune âge, les intoxications, les infec- tions, le surmenage, les conditions de vie imposées aux animaux (milieu, éducation, dressage, etc.) ont permis de créer diverses dégénérescences. Brown-Séquard a établi l'hérédité de Vépilepsie produite expérimentalement par sections et irritations de la moelle vers la 10'' dorsale; Luciani, celle de l'épiiepsie corticale. De même, des chiens, devenus épileptiques à la suite de Iraumatismes céiébraux, peuvent engendrer des épilep- tiques (Cadéac). Après la section partielle du bulbe rachidien, Brown- 9. 154 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. Séquard a encore observé une exophtalmie chez les parents et une exophtalniie identique chez les descendants. Les intoxications (alcoolisme, etc.) créent également la prédisposition héréditaire pouvant aller jusqu'à la dégé- nérescence (Mairet et Combemal). Il paraît en être de même encore pour certaines infections microbiennes (gourme, fièvre typhoïde, etc.) et peut-être aussi pour les auto-infections (surmenage chronique, atïeclions gastro- intestinales résultant de tic, etc.). Les troubles pendant la vie fœtale ou l'ovulation (Charrin, Delamarre, Moussu), les truiimatismes de tout genre (Dareste), les émotions, les frayeurs, les maladies du fœtus sont des causes très fréquentes dedégénéi'escence. Les conditions qui influent sur le jeune sujet peuvent agir dans le même sens à un degré moindre (nourriture défectueuse, défaut d'hygiène, travail iprématuré, etc.). MM. Chomel et Rudler citent l'hérédité des instincts, des tics, des troubles intellectuels. L'influence héréditaire se fait nettement sentir sur les instincts des animaux qui sont éminemment transmissibles. Voisin les considère comme les mobiles inférieurs de l'intelligence, susceptibles de se modifier par l'éducation et dont les modifications elles-mêmes se transmettent héréditairement. On pourrait en dire autant des tics, notamment du tic de fours, trouble psycho-moteur, dont l'étude délicate a été récemment faite par Chomel et Rudler. Les stigmates physiques dits de dégénérescence s'ob- servent également dans les stéréotypies de léchage (1) L'hérédité du tic a d'ailleurs été constatée et démontrée par Farges, Weber, CoUin, Joly, etc. L'hérédité des facultés intellectuelles est difficile à bien préciser, mais du moins, pour le cheval, les fonctions céré- brales paraissent assez étroitement liées aux sensations et (1) F. Rudler et C. Chomel, iXouvelle Iconogr. de la Salpêtriùre, 1904, n" 6. DEGENERESCENCES. 155 perceptions, c'est-à-dire à l'organisation des idées. Par les sensations, on pourra se rendre un compte plus ou moins exact des phénomènes de dégénérescence. La mémoire acquise est héréditaire, elle implique l'idée de temps, de lieu et de choses vues et comprises. Par elle on explique l'aptitude progressive de certains chevaux au saut, aux mouvements compliqués. La maladresse persis- tante de certains chevaux qui préfèrent la chute à un effort de volonté est une sorte de mémoire organique inconsciente. Au contraire, la mémoire héréditaire donne la clef des aptitudes spéciales, Laro/oïîfése manifeste par des mouvements sériés allant jusqu'à laplus haute culture des attitudes. '^Par contre, la rétivité,\a. méchanceté, le refus d'obéissance (état sauvage), la peur sont alliés le plus souvent à l'hérédité. Très souvent les idées de défense relèvent des troubles delà sensibilité générale. La transmission héréditaire des caractères psychologi- ques acquis par le chien de chasse, explique clairement l'hérédité incontestable des troubles psychiques. Chez l'homme, elle peut faire admettre la tendance au vol, aux obsessions, l'impulsion au suicide, etc. Suivant Mosso (1), il faudrait compter trois ou quatre générations pour que les chevaux perdent leurs instincts sauvages. Des faits où une rétivité évidente s'est perpétuée de l'ascendant au descendant ont été cités par Pierquin (2), Joly (3), etc. Les peurs morbides sont assez fréquentes chez les ani- maux. Si le sens musculaire mesurant la distance et l'étendue des objets, la marche automatique sont le fruitd'opérations (I) Mosso, La peur. (î) Pierquin, Traité de la folie des animaux. (3) Joly, Loc. cit., p. IST. d56 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. cérébrales complexes, il peut y avoir, d'autre part, retard de la marche, incoordination motrice, effort exagéré pour un but simple (action de trottiner) qui résultent du déve- loppement incomplet du sens musculaire cequiréaliseen somme la dégénérescence. Enfin les aberrations des sens, la perversion du goût, de l'odorat, l'hyperexcitabililé cutanée de certains chevaux témoignent également des troubles nerveux : chevaux ayant l'habitude de manger de la terre, chiens à odorat très développé se roulant en avalant des excréments^ gloutonnerie, voracité, etc. (Chomel et Rudler). En somme, le terrain psychopathique préparé par les legs héréditaires et les acquisitioiis individuelles se caractérise chez l'animal comme chez Vhomwe'pa.r des malformations physiques, et l'inégalité de développement des centres psychiques, psycho-moteurs et psycho-sensoriels. Le terme héréditaire implique une notion étiologique ; le terme dégénéré, une notion symptomatique. Pour étudier la dégénérescence, il faut rechercher avec soin les antécédents héréditaires de l'animal, établir les caractères de son individualité physique et psychique, inspecter la forme du corps, les attitudes, les mouvements,, les actes, et même à la rigueur recourir à l'expérimenta- tion (psychométrie, hypnotisme, etc.). C'est à l'aide de ces diverses méthodes que Chomel et Rudler ont constaté chez le cheval de nombreux stigmates physiques et psychiques dits de dégénérescence, soit dans les dégénérescences héréditaires, soit dans les dégénérescences d'évolution. Nous allons rapporter ici très succinctement ces divers signes. Stigmates physiques. — Les malformations phy- siques constituent non une preuve, mais une simple présomption de dégénérescence. Les signes morpholo- giques viennent à l'appui des symptômes psychiques pour caractériser la dégénérescence, pour lUi fournir une DÉGÉNÉRESCENCES. 157 expression analomique : ils révèlent un développement défectueux de l'organisme. Les stigmates physiques comprennent, d'après Chomel et Rudler, les malformations de la tète (crâne, face, oreilles, yeux, nez, bouche), du tronc et des membres. 1° Crâne. — L'étude de ces anomalies est encore peu avancée. On connaît cependant : 1° Des anomalies de volume : microcéphaUe (crâne plus petit chez quelques chevaux) et V hydrocéphalie (crâne volumineux, en forme de boule chez les poulains). 2° Des anomalies de forme : plagiocéphalie (crâne aplati fortement asymétrique), scaphocéphalie (saillie de la suture frontale), naticéphalie (déformation du crâne avec sillon médian etsaillies des bosses frontales). Les déformations artificielles comprennent les compres- sions accidentelles qui résultent fréquemment, chez le cheval, de contusions ou de chutes. Quelques chevaux sont dits cor7iiis parce qu'ils présentent au front des vestiges de cornes. Le cheval Androclès (par Dollar et Alabama) avait sur le froni, entre les oreilles et les yeux, deux rudiments de cornes comme Dutch Skater ; cette particularité se trouve donc deux fois dans la descendance de The Flying Dutchman. L'asymétrie crânienne se retrouve chez la plupart des chevaux épileptiques (Bassi, Triiichera). 2" Face. — L'asymétrie faciale a été mise en évidence par Chomel et Rudler dans leur étude des tics. On la constate de la manière suivante : Par l'inspection, on peut remarquer, en se plaçant devant le cheval, s'il y a abaissement d'un œil, déviation du nez à droite ou à gauche. Eu soulevant les lèvres et en se plaçant de face ou de profil, on observe Idi dentition ir régulière, le défaut d'affron- tement des incislvef, {prognathisme, brachyg7iathisme),\e che- vauchement des denls,]aipvésence à' incisiiessupplémentaires, une usure dentaire a»o?'ma/e caractérisant le tica.Vappui. 158 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. La PALPATioN de la face permet de reconnaître si l'asymétrie provient des parties molles ou des parties osseuses. La MENSURATION de la /"ace fournil des indications sur sa forme et sur son développement. La meilleure manière déjuger de l'asymétrie de la face consiste à mesurer au décimètre et comparalivement de chaque côté la distance comprise entre l'angle interne de l'œil et l'extrémité de chaque apophyse zygomatique (Chôme) et Radier). Oreilles. — Le cheval méfiant, hargneux, couche souvent ses oreilles ; celui qui est peureux, craintif, atteint de cécité, les a constamment en mouvement ; l'animal sourd les tient immobiles. Yeux. — Parmi les stigmates physiques fournis par les yeux, il faut citer : l'inégalité pupillaire, les yeux inégaux, les anomalies de coloration (œil fauve, œil vairon), les cataractes précoces (Chomel et Rudler). Nez. — La lèvre supérieure d(?i'îVe à droite ou à gauche, la lèvre inférieure pendante sont considérées par les auteurs précités comme des stigmates de dégénérescencf. Les difformités du nez sont le plus souvent acquises; mais la déviation latérale signalée dans les tics par Chomel et Kudler est congénitale ; il en est de même pour la déviation de la cloison. Bouche. — L'asymétrie des arcades dentaire, l'usure inégale des dents, l'accumulation constante des aliments entre les joues et les mâchoires (animal qui fait magasin), le défaut de parallélisme des arcades dentaires, les dents supplémentaires, les anomalies de siège, d'éruption, sont des manifestations de dégénérescence. Tronc et membres. — MM. Chomel et Rudler ont mis en relief un certain nombre de stigmates physiques : malformations et dépressions thoraciques; asymétrie de l'épaule, de la hanche; genou brassicourt; étranglé à la base; genou de veau; genou renvoyé; mauvaise conformation des jarrets; défectuosités du boulet; la DEGENERESCENCES. 159 plupart des lares osseuses; panardise ; cagnardise du membre; cryptorchidie ; etc., etc. Ces auleurs citent de très nombreux exemples de transmissions observés sur les clievaux de sang. Symptômes somatiques. — Ils comprennent des troubles du système nerveux, des fonctions génésiques, digeslives, de l'appareil urinaire. Dans ce groupement on trouve : les troubles de la vwtilité (cabrer fréquent, lancer, ruade, elc), les allures irrégiilières non acquises (amble, traquenard, etc.), Vins- tabilité motrice, Vaction de trottiner, les attitudes spéciales (décubitus fréquent, etc.), l'exagération du réflexe lom- baire, le peu de résistance du dijnamomélre caudal au sou- lèvement, les phénomènes d" aneslhésie ou d'hyperesthésic, l'hypersécrétion sudorale, le satyriasis chez Vétalon, la nym- phomanie chez la jument, Vaérophagic, les perversions digestives, le cornage et le surmenage chroniqws, elc. Le bercement latéral, l'action de billarder, de faucher, de se couper ou de s'atteindre, etc. sont des défectuosités temporaires dont la signification est moins grande que l'action de trottiner qui est fréquente chez les dégénérés! Stigmates psychiques. — Le cheval, disent Cho- mel et Rudler, peut exécuter toute une série d'actes qui pour être très simples et susceptibles seulement d'un per- fectionnement très limité, ne sont pas moins facilement reconnaissables et se distinguent nettement des actes purement réflexes d'origine bulbo-médullaire. Dans le tic de l'ours par exemple, ils ont noté desactes volontaires, des actes d'imitation, phénomènes psycho-moteurs qui impliquent nécessairement la mise en jeu des centres supérieurs d'association et de coordination et qui ne peuvent s'expliquer que par la participation de l'écorce cérébrale. Les troubles psychiques de l'animal consistent dans des 160 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. troubles du caractère (nervosisme, émotivité, impression- nabililé, phobies visuelles et auditives) dans des perturba- tions deV intelligence, de la volonté. La ta.re psychique chez l'animal, qu'elle soit due à la diminution de la synthèse psychique, à la prédominance des instincts, ou à toute autre cause, coïncide souvent avec une hérédité accumulée et avec des stigmates physiques de dégénérescence. Les stigmates psychiques se rapportent : 1° Aux TROUBLES DE LA MIMIQUE OU troubles psychiques sensitifs qui s'expriment chez le cheval par de l'agitation, de l'égarement, de la défiance, des phobies visuelles et au- ditives, de l'apathie et du dégoût pour l'exercice. Autant le cheval bien équilibré est doux, obéissant, autant le dégénéré psychique oppose au contraire des résistances, une attitude menaçante. 2° Aux ACTES LMPULSiFS, à la condition d'être fréquents, sans utilité et irrésistibles : action de ruer, de trottiner, de s'emballer au mépris de tout danger, etc. Certains chevaux tiqueurs sont très impatients, ils présentent des trépignements, des hochements de tête, ils font des bonds intempestifs, ils s'emballent et s'atfolent sans motif. Parmi ces chevaux, ils en est même qui se livrent à de véiitables accès de férocité! 3° A l'hérédité nerveuse accumulée, capitalisée, allant justju'au nervosisme. A ce sujet, MM. Chomel et Rudler distinguent fort justement le tempérament nerveux des chevaux de sang du déséquilibre nerveux des dégénérés. 4° Aux troubles de la volonté, du caractère, résultant de « l'affaiblissement du pouvoir général de la synthèse psychique » (aboulie ou diminution de la volonté, hésita- tion, paresse, impuissance dans les actes, caractère inégal, intermittent, fantaisiste, défaut de courage, etc.). Cer- tains chevaux litjueurs s'isolent difficilement d'une co- lonne, d'autres fléchissent brusquement sur leurs membres sous le coup d'une émotion vive. 5° Aux PHOBIES, hallucinations (sensorielles, visuelles ou DÉLIRE. 161 molrices) (craintes, répulsions, cheval emballé, etc.). 6° A LA MÉCHANCETÉ ET A LA RÉTIVITÉ PRÉCOCES qui SOTlt souvent héréditaires. La dégénérescence est souvent la conséquence d'une agsravalion progressive de génération en génération des lares transmises. Grâce à la sélection qui se fait chez les animaux, la race animale est moins dégénérée que l'homme. On ne saurait comparer l'intelligence des idiots avec l'intelligence des animaux, car l'animal a ordinaire- ment un développement intellectuel normal. Quand l'étude des sens et des sensations qui s'y rattachent (vue, ouïe, goût, sens musculaire, sensibilité générale, etc.) sera plus avancée chez les animaux, il deviendra facile d'apprécier leurs troubles psychiques. Parmi les animaux dégénérés, on pourra reconnaître des visuels, des auditif^;, des sensitifs, des moteurs. On dressera l'échelle des diverses dégénérescences. On associera les signes psychiiiues aux signes physiques pour avoir toute leur signification; car on sait que des troubles psychiques isolés peuvent s'ob- server sur de très bons chevaux. Les signes morpholo- giques et psychiques n'ont de valeur que par leur accu- mulalion et à la condition d'être très accusés, très prononcés, sinon il y a seulement présomption de dégénérescence. On s'efforcera enfin, non seulement par la sélection , mais encore par l'éducation, l'influence de l'entraînement, d'enrayer la dégénérescence et de produire une (ransfor- mation saisissahle. Les travaux de Chomel et Rudler ne peuvent que faciliter les progrès de l'élevage, de la zoo- technie comme des études cliniques. XIII. — DELIRE. Pathogénie. — Le délire est une perversion des fonc- 162 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. lions psychiques (1) résultant d'un trouble matériel des circonvolutions cérébrales : congestion, anémie, léi^ion de nutrition, intoxications, variations de la température, etc. La congestion, rinllammation des méninges et de l'encéphale, les thromboses des artères cérébrales (Siegen) peuvent le provoquer. Les maladies infectieuses [pneumonie, fièvre typhoïde, tuberculose du bœuf, peste bovine, coryza gangreneux, rage, morve aiguë) déterminent le délire en altérant le sang (anoxyhémie, asphyxie), en provoquant la fixation des microbes infectieux dans le cerveau ou en produisant une congestion cérébrale; en empêchant la désassiniilation par suite de l'altération du filtre rénal, en exagérant la dénutrition par suile de l'élévation de la température organique. Le délire des maladies infectieuses est donc un délire toxique. Les poisons [belladone, jusquiame, mercure, plomb, sti'y- chnine), administrés à haute dose, sont une source de délire; les essences provoquent, suivant leur nature, un délire furieux ou un délire tranquille (2). Les chiens soumis à l'aclion du chloral, du chloroforme et de Yéther poussent des hurlements plaintifs ou des cris furieux, des gémissements bruyants comme s'ils étaient cruellement martyrisés. Celte agitation frénétique du c/y/ew chloroformé ressemble beaucoup à un état convulsif. Quand le chloral est donné à doses assez fortes pour annuler la molilité volontaire, les chiens rêvent encore; ils aboient légèrement comme font parfois les chiens endormis de sommeil naturel; parfois ils font entendre de longs et plaintifs gémissements bien qu'ils ne subissent aucune opération. (1) Labat, Dfiux cas de délire aigic sur deux juments [Hevue vétérinaire, 1893, p. 13. — Ducasse, Attitude délirante d'un cheval au cours d'une pj}eumonie (Répertoire de police sanilaii-e, 1903). (i) Cadf^ac et Meunier, Recherches expérimentales sur les essences Paris, 1892. DÉLIRE. 163 Dans la période post-chloroformique, des grenouilles sont prises d'accès de délire véritable ; elles ont des hallu- cinations et se précipitent sur les objets voisins pour les mordre en supposant probablement que ce sont des proies qui leur sont ofTertes. Les animaux en inanition ne présentent jamais un dé- lire semblable à celui de l'homme qui meurt de faim. Le rêve lui-même peut être considéré comme une sorte de délire. Les chiens, les chats rêvent, aboient, se plaignent, etc. On ne constate pas chez eux de somnambulisîïie et les états analogues à l'hypnotisme sont caractérisés par la stupeur sans délire. Caractères. — Ce symptôme est dénoncé par une surex- citation extraordinaire des animaux. Les chevaux se dressent sur les membres, montent sur la crèche, se cabrent, se renversent, frappent des pieds, se n)oident, mordent les personnes, prennent des alti- tudes impulsives: ils ont perdu le sentiment de tout danf;er; ils se biisent quelquefois la tête contre les murs. Les bêtes bovines poussent des beuglements eflrayants, Irappenl du pied et de la corne, '^bavent et grincent des dents; les moutons se livrent à des sauts très grands; les porcs grognent, s'agitent, courent, se heui'tent, grattent le sol avec les pieds, le groin et s'enfoncent dans la litière ; les chiens sont inquiets, ils font entendre des aboiements plaintifs, tournent en cercle, en tonneau, mordent la paille, les barreaux, les portes, etc., et sont en proie à un délire furieux. L'homme sous le coup d'une intoxication psychique perd graduellement la puissance directiice de l'attention et de la volonté. Vhonime ivre, l'aliéné, Vépileptique ne s'appartiennent plus, ils ne peuvent se ressaisir, ils sont envahis par des idées dont ils ne peuvent arrêter le débor- dement et c'est cette absence de frein qui constitue le délire. 164 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. On sent bien, au début de l'ivresse, que cette influence inhibitrice dirigeante est sur le point de nous échapper; et on fait de grands efToils pour essayer de la garder. Ainsi l'état de saine raison paraît être constitué par deux phénomènes fondamentaux : d'abord la notion com- plète de la réalité, notion qui est analogue et presque iden- tique à celle qu'ont les autres hommes; ensuite le pouvoir directeur, inhibiteur qui constitue l'attention et la volonté. Au contraire, l'état de délire est un état psychique dans lequel la notion de la réalité est nulle {réoe\ incomplète {ivresse), différente de celle qu'ont les autres Jiommes [aliénation), et dans lequel aussi le pouvoir d'attention est diminué ou aboli. Autrement dit encore, la perversion fonctionnelle de l'intelligence porte avant tout sur l'appareil de coordi- nation, de direction et de régulation des idées (Richet). XIV. — HALLUCINATIONS. Définition. — C'est un trouble psychique caractérisé par une sensation sans objet. Ce délire ressemble beaucoup au réoe qui se produit pendant le sommeil physiologique. Il est dû à la mise en activité involontaire de la mémoire et des centres céré- braux sans qu'ils aient reçu d'excitation périphérique. Pendant l'hallucination, l'animal reproduit tous les actes qu'il accomplit dans le fonctionnement normal de l'orga- nisme; tous les mouvements sont parfaitementcoordonnés et exécutés. Signification. — C'est un symptôme d'états morbides ' plus ou moins complexes [rage, charbon) (1). Tous les ani- maux sont capables d'hallucinations; c'est chez le chien qu'elles sont surtout fréquentes et faciles à constater. (1) Voy. ces maladies : Pathologie des maladies contagieuses de \' Ency- clopédie vétérinaire. HALLUCINATIONS. 165 On a divisé les hallucinations en psj/e/ii'_/i/e5 eisensorielles, très diftkiles à différencier chez les animaux. Chaque espèce d'intoxication entraine une hallucination spéciale. L'imprégnation des cellules cérébrale? par des essences Fig. 36. — Hallucination caractérisée par la vision dun obstacle, déterminée par l'essence de basilic. excito-stupéfiantes produit des hallucinations de la vue à caractère terrifiant. Avec la sauge, l'hysope et l'absinthe, les animaux sont en proie à des visions eflrayantes ; mais au lieu de reculer, ils se défendent; au lieu defuir,ilsattaquent. Ils ont toujours un aspect courroucé ; ils aboient, cherchent à mordre, ils devien- nent furieux et même féroces. Le chien court effrayé avec une rapidité extrême et il s'arrête brusque- ment comme devant un obstacle insurmontable, les jarrets fléchis, l'oreille tendue, il fait volte-face, retourne en arrière, puis reprend sa course folle en avant et fran- Fig. 3T. — Hallucinalions agressives détermi- nées par 1 essence de sauge. 166 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. chit d'un saut puissant ce qui l'avait arrêté en premier lieu. Il revient en arrière plusieurs fois en faisant un coude pour éviter le même obstacle et ressaute chaque fois à la même place. Il exécute ainsi une sorte de rêve bien systé- Fig. 38. — Hallucinations terrifiantes déterminées par l'essence de fenouil matisé qui implique une certaine logique dans sa réalisation, La lavande, Tangélique produisent des visions qui gla- cent les c/iie«s d'épouvante et leur enlèvent toute idée de se défendre. La menthe et l'origan déterminent des hal- lucinations de l'odorat; l'animal se met à quêter, à flairer; il lève le nez, cherche le vent, marche avec hésitation, l'œil fixe; il chasse un gibier imaginaire (1). L'essence de fenouil produit des hallucinations terri- fiantes, mais les animaux se rejettent brusquement en arrière pour éviter un péril imaginaire (fig. 38). On observe parfois des hallucinations de la sensibilité générale dans l'intoxication par le vulnéraire ; à tout ins- tant, le chien ?,e mord la queue, le train postérieur, le flanc comme s'il voulait se débarrasser d'insectes dont il croit sentir les piqûres. Il bondit même parfois pour atteindre la mouche imaginaire à laquelle il attribue, sans doute, les fourmillements toxi({ues produits par les essences. 0) Cadéac et Meunier, R<;chcrches expérimentales sur les essences. Intoxi- cation par l'eau d'arquebuse, E'aris, 1892. ACCES RABIFOKMES, 167 Les anesthésiques modifient aussi les fonctions céré- brales; le chien qui, soumis à l'influence du chloroforme, s'agite violemment, aboie, croit chasser, est la dupe d'hal- lucinations. 11 en est de même de ïétalon qui, pendant l'éthérisatiou, hennit, sort le pénis et exécute tous les mouvements de la copulation (Bouley). Sarradet a signalé le cas d'un bœuf qui, au travail, s'arrêtait brusquement, les yeux hagards. A l'étable, il poussait des beuglements terribles et s'enfuyait tremblant couvert de sueur (1). Chez le chien, Thirion a observé des hallucinations de la vue consécutives à la maladie da jeune âge. Cet animal manifestait une impressioniiabilité particulière à l'égard de la lumière ; il fixait sans cesse une partie d'un mur blanc éclairé par le soleil ; la lumière déterminait chez lui une hallucination constante. XV. — ACCÈS RABIFORMES. Définition. — On désigne ainsi un ensemble de troubles sensitifs et moteurs analogues à ceux qu'on observe dans la rage, mais indépendants de l'action du virus rabique sur les centres nerveux. Leur importance est considérable parce qu'on les ob- serve particulièrement chez le chien et qu'ils peuvent simuler la rage au point de rendre le diagnostic de cette maladie très difticile. Des états symptomatiques analogues ont été constatés ciiez l'homme, le cheval, les grands ruminants. Pathogénie. — Ces fausses rages sont déterminées par des causes très variées : Chez l'homme, par des émotions, des excitations, l'hys- térie, le delirium tremens; chez le cheval par le vertige'; (t) Sarradet, Bévue vétérinaire, 1876, p. 221. (2) Thirion, liecueil de méd. vét., 1898. 168 SÉMIOLOGIE DE L'aPPAREIL DE L INNERVATION. chez les grands ruminants pa.TVdi\l [PascauM] , par la fièvre vitulaire, les troubles gastriques (Delroye) ou sous l'in- fluence d'une cause inconnue, comme la rage atténuée se terminant par la guérison (Repiquet) ; chez le chien Fig. 65. — Caractère agressif d'un cliien après l'absorption veineuse de 25 centigrammes d'esseuce d'hysope (Cadéac). par Vépilepsie, la gastro-entérite^ les empoisonnements (tanaisie), la maladie du jeune âge et surtout par V arrêt de corps étrangers dans le pharynx, l'es lomac ou l'intestin, et par les affections vermineuses du tube digestif. Cette relation entre les affections vermineuses, les corps étrangers du tube digestif elles manifestations rabifornies a été nettement établie par diverses observations (1). En effet, les uns ont vu les symptômes disparaître après i'adminislration d'un purgatif, d'un vomitif ou d'un ver- mifuge qui chassait le corps étranger ou le parasite, d'autres ont trouvé à l'autopsie des chiens pris d'accès rabiformes des corps étrangers ou des vers accumulés dansl'intestin et n'ont pu produire larageparl'inoculalion du bulbe de ces animaux (Cadéac) (2). Des symptômes rabiformes sont quelquefois consécutifs (1) Repiquet, Société des sciences vél., 1899, p. 91. (2) Voy. Corps étrangers du tube digestif in Pathologie interne de y Encyclopédie vétérinaire. ACCES RABIFORMES. • 169 à la gestation extra-utéiine ; Barzoff ou à une fausse gesta- tion ^1). Caractères. — Sous l'influence des causes énumérées ci-dessus, on peut voir se manifester tous les symptômes qui caractérisent la rage. Les animaux deviennent tristes, taciturnes, leur caractère est complètement changé; ils présentent une sensibilité, une impressionnabilité anor- males, une altération des sens et de la voix. Tantôt ils deviennent furieux, la bouche remplie de bave, les yeux élincelants et manifestant des envies de mordre; tantôt ils restent plongés dans la torpeur, se cachent, fuient quand on les approche. Ils peuvent être pris de convul- sions, d'accès épileptifûrmes accompagnés de mouve- ments convulsifs des mâchoires, de salivation abondante, etc. Parfois la déglutition est impossible (corps étrangers dans le larynx), l'animal reste la gueule béante, avec écoulement de bave, regard triste, etc. Tous ces symptômes peuvent être engendrés par des produits toniques, notamment par des essences. Comment reconnaître si l'animal qui présente ces symptômes est enragé ? — On peut recourir à l'inoculation intracranienne du bulbe de l'animal suspect, pratiquer l'examen histologique des ganglions cérébro-spinaux et sympathiques, rechercher le sucre dans ses urines. 1° L'inoculation intracranienne du bulbe de l'animal sus- pect lève tous les doutes quand on obtient un résultat positif; mais unrésulial négatif ne permet pas d'affirmer absolument que l'animal n'était affecté que de symptômes rabiformes. Des chiens qui ont communiqué la rage par des morsures et qui ont été tués pendant l'évolution (1) Sbraggia, // A'uovo £rcolani, 1901. Une chienne qui n'avait pas été couverte depuis deux ans avait la manie de la maternité ; elle s'était blottie dans une espèce de couchette qu'elle s'était creusée dans la terre et cherchait à mordre; elle avait montré un an auparavant un accès semblable de psvcho- pathie. Cadéac. — Sémiologie, 2^ édit. II. — 10 170 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATIOX. rabique possèdent quelquefois un bulbe dépourvu de viru- lence parce que les germes de cette affection progressant par la vole nerveuse n'ont pas encore atteint cet organe. 2° L'examen histologique des ganglions cérébro-i^pinaiix donne-t-il des résultats caractéristiques ? Van Gehuchten et Nélis, en 1900, signalèrent des lésions spéciales dans les ganglions cérébro-spinaux et sympathiques du chien mort de la rage. Certaines capsules endolhéliales de ces ganglions renferment, à la place d'une cellule nerveuse, un grand nombre de petites cellules tassées les unes contre les autres ; dans certaines capsules, on aperçoit encore une portion de la cellule nerveuse. Ces auteurs déclarèrent que ces lésions permettent le diagnostic post-mortem de la rage. Ces faits furent recherchés par de nombreux observa- teurs et furent confirmés. Vallée, notamment, formula les conclusions suivantes : « La lésion signalée par Van Gehuchten et Nélis est con- stante chez les animaux qui meurent de l'évolution natu- relle de la rage. En ce qui concerne les animaux sacrifiés, on peut conclure avec certitude à l'existence de la rage si l'on trouve la lésion ganglionnaire; mais l'absence de celle-ci n'implique point la non-existence de la rage chez l'animal suspect. » Belitzer est arrivé <à des conclusions analogues. La méthode de Nélis permet un diagnostic rapide chez tous les chiens inorts de la rage et chez la plupart de ceux qui ont été abattus au cours de la maladie. Chez le cher ni, le bœuf, le mouton et le porc les lésions du ganglion plexiforme sont moins significatives et elles ne permettent un diagnostic sur que chez les animaux morts el non chez les animaux abattus. Le ganglion cervical supérieur est, en général, moins altéré que leplexiforrne. Les lésions des ganglions commencent dans la rage, non par une prolifération de l'endothélium des capsules HYPNOTISME. — CATALEPSIE. 171 des cellules nerveuses, mais par une infiltration des cel- lules du ganglion par le tissu conjonclif. Cette infiltration est déjà visible assez souvent chez les chiens sacrifiés prématurément et chez les autres animaux morts de la rage. La prolifération endothéliale est consécutive à l'atrophie des cellules nerveuses. Ces lésions sont-elles spécifiques? — Les vieux chiens pré- sentent des lésions fréquentes de neurophagie de sorte que, suivant Vallée : « La lésion des ganglions cérébro-spinaux et sympa- thiques est constante chez les animaux qui meurent de la rage ; mais si le chien suspect est déjà vieux, la seule constatation de ces lésions est insuffisante, en l'absence d'autres signes rabiques, pour conclure à l'existence de la rage. » 3" La présence du sucre dans l'urine ou la glycosurie n'a aucune signification diagnostique; elle n'implique nullement que Tanimal est enragé. XVI. — HYPIVOTISME. — CATALEPSIE. Définition. — V hypnotisme est considéré comme une névrose ou un état particulier du système nerveux déter- miné par des manœuvres artificielles. Cet hypnotisme ou grand hypnotisme de Charcot est dé- noncé par une hyperexcitabiliié neuro-musculaire telle que Impression qui, au niveau d'un tronc nerveux, produit les ratâmes effets que Vélectrisatioii. Cette forme d'hypnotisme n'intéresse pas à proprement parler la médecine vétéri- naire. Il en est tout autrement du petit hypnotisme, c'est-à-dire de la suggestion qui a pour but de développer un état de suggestibilité à des degrés divers. L'idée suggérée peut devenir sensation, image, acte ou mouvement ou, inver- sement, elle peut neutraliser un mouvement (Bernheim), et engendrer la léthargie et la catalepsie. 172 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iXNERVATIO.V. Le petit hypnotisme a été uLilisé en thérapeutique humaine : la suggestion médicamenteuse, l'électrisation, le massage, les frictions cutanées, la métallothérapie, la dosimétrie, \a.magnéthothérapie ou traitement par l'appli- cation des aimants, l'homœopathie, le galvanisme, etc., sont des traitements qui s'adressent au moral des malades. Les PROCÉDÉS d'hypnolisation d'homme à homme sont très nombreux (1). On utilise généralement les anciennes pratiques des magnétiseurs ou les passes magnétiques avec l'hypnose par suggestion verbale. Ces passes sur la tête, le front, les épaules, consistent à faire des mouvements uniformes de haut en bas, au- devant des yeux, comme si en abaissant les mains, on pouvait faire fermer les paupières. D'ailleurs l'hypnose et ses différentes phases {léthar- gie, catalepsie, somnambulisme) peuvent s'obtenir d'emblée, l'un ou l'autre, suivant les sujets, par fixation du regard. La léthargie se transforme en catalepsie par l'ouverture des yeux des sujets; la catalepsie redevient léthargie par l'occlusion des yeux ou l'obscurité. Les deux se trans- forment en somnambulisme par friction légère du vertex du sujet et le somnambulisme devient de nouveau léthar- gie par compression légère des globes oculaires. L'état de léthargie est rebelle aux suggestions (Bernheim). En résumé, Vhypnotisme est un sommeil provoqué, la catalepsie une des formes de ce sommeil, caractérisé par une abolition du sentiment et de l'entendement, en même temps que chaque partie du corps conserve la position qu'on lui avait donnée antérieurement. Il n'y a pas seulement la calalepsie du mouvement. On peut au lieu de laisser un membre dans la position dans laquelle on l'a fixé, l'agiter, lui faire exécu'er tel ou tel mouvement et alors ce mouvement se conlinue, et cela (1) Cliomel, Le mai/nétisme animal. — Répertoire de police sanitaire, 1903, p. 162. HYPNOTISME. — CATALEPSIE. 173 sans relâche, sans fatigue, et aussi sans conscience. La catalepsie et Vautomatisme ont ainsi des traits communs. La catalepsie a été observée chez le cyieva7(Hering),le bœuf {La.tide\), le loup (Liesering); l'hypnotisme a été provoqué chez les chats, les poules, les grenouilles, les cochons d'Inde, les écvevisses, les serpents, comme chez l'homme. Les diverses espèces animales ressentent dillererament l'influence hypnotique et dans chaque espèce, chaque individu est frappé avec une intensité variable. Les ani- maux très jeunes et très vieux paraissent complètement réfractaires (1). Animaux susceptibles d'être hypnotisés. — Les faits de sommeil hypnotique naturel ou provoqué sur les animaux sont nombreux. En particulier Vart de charmer les serpents par la musique est attesté par différents auteurs que cite M. Joly(2). Les sons bruts et monotones, produiraient chez ces animaux une sorte d'extase, de charme extatique (Edw. Tylor (3), Virey, etc.), et les sons brusques et foris, des attaques épileptoïdes. C'est pourquoi les petits oiseaux tombent parfois foudroyés aux premières détonations du canon (Trasbot) (4), de môme que le type humain entre en cata- lepsie au bruit subit d'un tam-tam, d'une explosion et même, dans des cas plus rares, au tic-tac d'une montre. Il est vrai que chez lui l'attouchement de certaines régions du corps, dites zones hypnogènes (5), produit le même effet qui n'a jamais été signalé chez les animaux. (1) Dr Berulieini, Hypnotisme, suggestion, psychothérapie. Procédés de la Salpétriére, (2) Joly, Le magnétisme animal étudié chez les animaux. Manuscrit com- muniqué. (3) Edw. Tylor, La civilisation primitive, 1876. — D' Virey, Mœurs et instincte des animaux. — Uumeril et Bibron, Erpétologie générale, t. IV. (4) Remarque faite à l'Ecole vétérinaire d'Alfort les jours de tir au canon sur le polygone de Vincennes. (o) D'après Pitres, il existerait des zones hypnogènes simples, à effets suc- cessifs, à effets incomplets. 10. 174 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNER DATION. Autant el plus que la musique, la lumière vive produit une véritable action fascinatrice (sur les poissons, les ck-revisses, les mouches, les oiseaux). « Des milliers d'oiseaux, dit M. Joly (1), trouvent la mort an sommet du phare de la Liberté devant New-Tork. Le cheval du Paraguay, Vâiio africain, accourent aux feux des campements. Les dauphins sont attirés parles feux des pêcheurs (2). » L'action somnifère d'un miroir en rotation est cous- tante chez les alloueltes. La vue d'un autre animal peut d'ailleurs exercer ce même pouvoir fascinateur (Tho- mas) (3). La caille et la perdrix sont stupéfiées au nez d'un chien d'arrêt; le crapaud, les petits oiseaux sont fascinés parfois par les yeux élincelants du serpent (4). Le crapaud attire aussi la belette; le serpent à son- nette, Vécureuil (o), et de cette façon, les grands rapaces, immobilisent leur proie qui ne peut s'enfuir. « On pré- tend, dit M. Joly, que tous les ophidiens, depuis les énormes serpents d'Amérique jusqu'aux vipères, ont le privilège de paralyser les batraciens et certains oiseaux. On assure qu'à force d'attacher leurs regards étincelants sur la grenouille el le rossignol, par exemple, ils les plongent dans le relâchement musculaire le plus complet et forcent l'oiseau chanteur à descendre de branche en branche jusqu'àlerre. )> Enfin il est des effets de suggestion hypnotique identiques obtenus par des exc?<«ployait un procédé analogue pour endormir les poules. Czermack avait institué diverses expériences scienti- fiques. Il opéra sur des écrevisses, de nombreux oiseaux, des pigeons ; répéta les expériences de Kircher sur la poule, vit l'immobilité persister après l'effacement du trait de craie, eut recours à des procédés divers (pression sur les oreilles ou dans l'angle de la mâchoire, objet devant les yeux ou sur la tête). Il suffit même pour obtenir des effets analogues de pla- cer sous l'aile la tète d'un canard on d'une poule après l'avoir quelque temps balancée. L'animal à moitié endormi ne veut pas ou ne peut se déplacer; le cerveau paralysé ne peut commander aux muscles, qui deviennent calalep- tiques. Alix a endormi des chats en les regardant fixement dans les yeux après les avoir immobilisés. Les paupières sont ouvertes ou demi-closes et cependant le clignement (1) Preyer, Die Kataplexie, léna, 1878. (2) Ch. Kichet, Essai de psychologie générale, p. 38. 176 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAHEIL DE l'iNNERVATIOX. n'est pas totalement aboli; les mouvements de défi^luti- tion et de respiration sont intacts. II y a paralysie du mouvement volontaire des muscles de la vie animale ou plutôt, paralysie du pouvoir de relâchement des muscles. Tarchanoff a noté sur les grenouillas chloroformées de curieux phénomènes qui ressemblent à la catalepsie. Au moment oii 'commencent à se dissiper les efTets du chloroforme, les grenouilles ont des attitudes bizarres et, pendant un temps assez court, elles présentent un état cataleptique très net. Ou sait qu'alors elles ont aussi des hallucinations. Joly a repris la plupart des expériences antérieures; il s'est efforcé de déterminer les meilleurs procédés d'hyp- notisation sur \espoulcs, les cochons d'Inde, les oiseaux, les grenouilles, les crapauds. Il a remarqué qu'un ani- mal est plus facilement catalepsie en le plaçant sur un linge blanc, en lui faisant entendre le tic-tac d'une montre, en le faisant jeûner quelque peu, en le mainte- nant en captivité, etc., et il a constaté de très grandes différences individuelles entre les espèces et même de sujet à sujet. Il cite l'influence des caresses de la main et de la voix sur la louve, le chacal et montre que la pres- sion progressive oculaire invite tout particulièrement le chien au sommeil. Et il conclut qu'on pourra peut-être utiliser un jour l'hypnotisme comme un agent de dres- sage ou d'anesthésie (1). On peut admettre que les résultats obtenus par les célèbres dresseurs de chevaux (Pluvinel, La Guérinière, Rarey, Powel), comme les « tours » du cirque et la plu- part des « figures ou airs » de manège étaient le fruil de la suggestion directe créant un automatisme cérébral, puis l'automatisme des mouvements. « C'est dans le dres- sage du cheval, dit M. le Df Rouhet, que la volonté éner- (1) Alix, L'Esprit de nos bêtes. — Joly, Guenon, L' Intelligence des ani- maux. HYPiNOTISME. — CATALEPSIE. 177 gique de l'homme peut obtenir ses plus puissants effets, qui peuvent aller jusqu'à la suggestion (1). » Le fameux Lœffler, dentiste américain, en abordant les chevaux les plus méchants (Ga/aor), opérait aussi vrai- semblablement par la suggestion. De nos jours, les lords anglais pratiquent le sussurement des lèvres pendant le pansage du cheval, méthode qui rappelle un peu le pro- cédé de domptage de lord Sullivan (par Eclipse, Arc-en- ciel) et qu'on avait, de ce fait, surnommé le Chuchoteiir. Toujours et partout, l'influence psychique a fait diminuer l'activité et la sponlanéilé au profit de la passivité et de l'automatisme. Et cet automatisme animal, étudié dans ses causes, dans ses efTets, va fournir bien certainement l'un des chapitres les plus intéressants de la psychologie animale (Chomel). L'état des facultés est différent suivant le degré du sommeil; il y a d'abord perte de la volonté, puis la conscience des choses extérieures disparaît et au réveil le sujet a perdu le souvenir de ce qui s'est passé pendant le sommeil. L'élat cataleptique est provoqué par l'impuissance du cerveau à résister aux excitations réflexes trans- mises mécaniquement aux muscles. Le mouvement et le relâchement volontaire sont également para- lysés, Ff ôhner cite un cas de catalepsie chez le chien ; il a constaté des troubles de la motilité, des troubles psy- chiques, des troubles de la sensibilité, les divers organes étaient comme aneslhésiés, il y avait perte de la vision, de l'odorat, de l'ouïe. L'intelligence, la volonté et la conscience étant moins développées chez les animaux que chez l'homme, on conçoit que les procédés hypnogéniques soient souvent (1) Voir les expériences tentées avec le cheval Germinal [Gazette hippique de 1901). — Consulter "aussi Marcel Baudoin : Les intellectuels athlètes [Gaz. méd. de Paris, n» 4, p, o2). 178 SEMIOLOGIE DE L APPAHEIL DE L INNERVATION. sans résultat sur eux, aussi la question est-elle encore très obscure (i). Aruch a observé chez le chien trois cas de paralysie psychique ressemblant aux paralysies hystériques connues chez l'homme : Premièrement sur un petit terrier : au moment où sa maltresse lui mettait son pardessus, on remarquait une faiblesse des extrémités postérieures, un changement dans la voix, une sorte de paraplégie et la production de réflexes sur toute la surface du corps. Le deuxième cas sur un chien maltais, la maladie lui était survenue au moment où sa maîtresse prenait son enfant dans les bras, Tanimal paraissait très abattu. Un troisième cas sur un chien âgé de onze ans ayant subi une correction; il rentra dans sa niche, se coucha et présenta des convulsions des extré- mités en même temps que ses yeux offraient un strabisme divergent. Les manifestations des états hypnotiques sont en somme lîès variables. D'ailleurs la définition précise du sommeil hypnotique n'est pas encore établie à l'heure actuelle. Liebeault établit deux sortes de sommeil: le sommeil lé- ger (divisé en 4 degrés) et le sommeil profond ou somiiam- bulique (à 2 degrés). Pour Bernheim, le sommeil léger comprend 6 degrés et le sommeil profond, avec amnésie au réveil, comporte 3 degrés. D'après la théorie de Bouchard, le sommeil serait dû à l'accumulation d'une substance narcotique résultant d'un travail de désassimilation. Suivant la théorie histologique, le sommeil résulterait de la rétraction du neurone (cellule nerveuse avec son prolongement cylindraxile de Deilers et ses prolongements protoplasmiques). Cette théorie permet d'expliquer l'état de veille et la brusquerie du réveil au milieu d'un lourd sommeil. (1) Hystih-ie chez le cliien [The Vet-^rinarian, 1888, p. 577).— Accès spas- viodiqucs chez le chien {Iterliner, 1892, p. 177). — Hypnotisme, type con- vulsif, névralgie [Monashefte, 1892, p. 519). PEUR. 179 Les états hypnotiques ont pour base Vùnpressionnabilité psychique, rextrème fragilité du réflexe psychique, le plus délicat de tous les réflexes. Aussi la suggestion hypnotique n'est pas seulement l'art d'endormir les ma- lades parla persuasion; c'est plutôt l'art de créer une psychopathie artificielle et passagère, sans sommeil, avec sommeil ou avec l'illusion du sommeil. Bien qu'on ait pu déterminer, chez l'homme, par la parole, des sugges- tions de motilité, de sensibilité, des suggestions d'actes, des illusions et des hallucinations, tous les phénomènes hypnotiques ne relèvent pas uniquement de la doctrine de la suggestion. Les causes prédisposantes en sont toujours l'hérédité, le surmenage, les émotions vives, les troubles psychiques, les maladie anémiantes. Le résultat est Vétat d'automatisme du sujetaboutissant à des actes de psycho-dynamie(Chomel). Et nous devons constater que les manifestations psycho- motrices ne sont pas quantité négligeable dans la vie ani- male, car elles peuvent aboutir à une « psycho-biologie et à une psycho-thérapeutique » (Bernheim). XVII. — PEUR. Définition. — On qualifie de peureux ou d'ombrageux l'animal qui s'effraye à la vue de quelque objet qui le sur- prend, lui paraît dangereux ou menaçant. L'animal est peureux par habitude : c'est alors un vice individuel, ou bien il est peureux par accident et, dans ce cas, la peur peut se communiquer à un grand nombre d'animaux [panique générale). L'animal de naturel peureux ou ombrageux manifeste son effroi à la moindre influence provocatrice : un bruit soudain, un mouvement brusque, un objet qui se montre subitement comme un train, une locomotive le font cam- per, pointer, faire des écarts et rien ne peut le calmer, et l'empêcher de fuir. 180 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'un cheval, par exemple, qui aura eu peur en un lieu quelconque ne repassera en ce lieu qu'avec un senliment de crainte. La peur est un véritable vice, car les animaux qui en sont affectés deviennent de plus en plus peureux, et sem- blent souvent chercher un objet dont ils pourraient avoir peur. Ils deviennent presque inutilisables ou causent des accidents nombreux. Remarquons qu'une vue basse peut rendre un animal peureux; mieux vaut un cheval aveugle qu'un cheval myope. Les animaux peureux par accident sont très nombreux; tous les jours, sur les champs de foire, on voit des paniques, qui ont quelquefois des conséquences désas- treuses. Sur les champs de bataille, même, on a vu des régiments de cavalerie en entier pris subitement de panique, de sorte que l'armée a été privée d'une de ses ressources les plus précieuses. La panique est un atfolement complet des animaux réunis en masse, accompagnée d'une débandade générale, d'une fugue etfrénée, sans direction, sans but, sans des- tination (Hugues). La panique est la fuite subite, impré- vue, affolée d'un grand nombre d'animaux rassemblés. Chez les moutons, animaux très peureux, les paniques sont très communes : il est vrai que chez eux, il suffit qu'un seul mouton donne le signal pour que tous les autres suivent. « Sous l'influence de circonstances qui agissent sur la vue ou l'ouïe des animaux, l'impression se propage d'un animal à l'autre, de proche en proche, mais avec une grande rapidité; quelquefois cette impression se produit avec une soudaineté extraordinaire sur tous les points du champ de foire. « Le {*our(ionnemen< infectieuses produisent ce phénomène ; les unes, grâce à des localisations microbiennes dans les centres nerveux ; les autres, grâce à des toxines qui agissent sur certains centres. Ainsi dans le charbon iactcridien, le rouget du porc, la fièvre typhoïde, le choiera des oiseaux, certains empoisonnements comme celui qui est produit par le bleu de Prusse, aboutissent à l'apoplexie. Certaines affections du cceur et des vaisseaux, en pri- vant plus ou moins de sang les centres nerveux, donnent le même résultat. C'est la brusquerie du début des acci- dents (chute de l'animal, perte de connaissance, etc.), qui caractérise l'attaque apoplectiforme. Sa cause intime réside dans l'anémie corticale produite par l'abaissement de la pression artérielle, conséquence de la rupture vasculaire, dans le choc hémorragique et la compression de la surface entière des centres ner- veux et enfin dans l'inhibition des centres nerveux. L'apoplexie ne mérite ce nom que si elle est instantanée ; la perte de connaissance graduelle constitue le coma; la syncope s'en différencie par l'afl'aiblisseraent du cœur et delà respira.l\on; V asphyxie, parla cyanose et le refroi- dissement des extrémités; J't'p«7eps?e, par le retour rapide de l'intégrité fonctionnelle. XXII. — COMA. Le coma est un syndrome caractérisé essentiellement par la perte du mouvement, de la connaissance et de la sensibilité, les fonctions de circulation et de respiration continuant à s'accomplir. La dépression cérébrale, la somnolence, \a stupeur en constituent les différents degrés. Dans tous ces cas, la perte de connaissance est incomplète. 196 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE L'INNERVATION. Pathogénie. — Toutes les atrectious du cerveau, des méninges et les traumatismes crâniens peuvent le pro- duire. On l'observe également dans Vr/dlepsie, le tournis, les maladies infect leuses, certaines maladies hépatiques, dans les coliques qastro-intestinales par surcharge alimen- taire, Vurémie, Vinlo.vicaliun par le plomb, l'oxyde de carbone, Valcool. Le coma est dû à l'épuisement des cellules nerveuses (coma succédant au veTtige) ou à l'imprégnation des cellules par des subslances toxiques, microbiennes {charbon, gourme, septicémie, fièvre typhoïde, coryza gan- greneux du bœuf, peste bovine), par des pjoisons de l'orga- nisme (maladies du foie, du rein), par des poisons externes (plomb, oxyde de carbone, opium, solanés, champignons). Dans quelques cas, il résulterait de Vanémie cérébrale ou d'une hématose incomplèle [maladies du poumon, du cœur). Il est quelquefois déterminé par des contusions du crâne qui déterminent Vinhibition des centres seiisitivo-moteurs ; le coma est une manifestation de Vinsotation. Caractères. — La tète de l'animal est abaissée et appuyée sur un objet quelconque, le plus souvent sur la mangeoire; on observe de la somnolence, de l'hébétude, une perle de conscience évidente. Le sujet ne fait nulle attention à ce qui l'entoure; il ne réagit à aucune excita- tion ; si on lui présente des aliments, il ne les prend pas, et si on essaye de les lui faiie prendre do force, ils passent souvent dans les voies respiratoires et provoijuent la toux. Le coma doit être distingué du sommeil; il olVre les caractères objectifs du sommeil, mais c'est un sommeil morbide, c'est-à-dire lourd, profond, continuel. Les exci- tations extérieures sont impuissantes à réveiller les fa- cultés abolies, tandis que dans le sommeil, ce réveil est facile. TICS MOTEURS. 197 XXIII. — TICS MOTEURS. Définition. — L'étude des tics des animaux est peu avancée, malgré leur fréquence chez les éqaid(''.-<, les bo- vidés et même les suidés. On les connaît sons le nom de mauvaises habitudes, d'habitudes vicieuses, de tics coordonnés. i,a plupart d'entre eux consistent dans des mouvements involon- taires, qui se répètent fréquemment sous forme d'accès. C'est la répétition inévitable d'un même mouvement, de la même contraction musculaire qui distingue les tics. Nous les divisons en tics actifs (tics de ruer, de mordre, tic aérophagique, tic de lécher, etc.), et en tics passifs, caractérisés exclusivement par une attitude passive (lie d'appuyer un pied postérieur sur l'autre). Cette classification est évidemment appelée à subir de nombreuses modifications à mesure que nos connais- sances sur l'origine des tics se compléteront. Les uns et les autres sont comparables aux tics de l'homme ; ils consistent en effet en un trouble psycho- moteur. « Le trouble psychique est caractérisé par une imper- fection de la volonté liée à un arrêt partiel du dévelop- pement psychique. « Le trouble moteur est, au début, une réaction motrice provoquée, tantôt par une incitation venue de V extérieur , tantôt par une incitation corticale, une idée. a Dans le premier cas, l'acte moteur est une réponse corticale à une incitation périphérique, un geste logique- ment exécuté dans un but défini. Par la répétition, ce geste devient habituel et acquiert ainsi V automatisme. Mais l'incitation provocatrice ayant disparu, il continue A se reproduire sans cause et sans but, constituant une « mani- festation motrice excessive et intempestive. « Dans le second cas, l'acte moteur est directement 198 SÉMIOLOGIE DE l'aPI'AREIL DE L'INNERVATION. commandé par une idée; celle-ci disparaissanl, le mou- vement persiste, et, en vertu du même mécanisme palbo- génique, il continue à se répéter sans cause et sans luf, excessif, intempestif. « Le trouble moteur est un mouvement convulsif, de forme clonique ou tonique (i). (Meige et Feindel.) Le cheval n'est pas un être « purement spinal ». Il possède une écorce cérébrale dont l'action ou les réactions letentissent sur ses actes moteurs. Il a des centres psycho-moteurs ; il est capable de volonté, de coordination ; il peut imiter; il peut répéter; il peut prendre des habi- tudes. D'autre part, les anomalies physiques ou psychiques ne sont pas rares chez le cheval. Il a ses tares corporelles; il a ses caprices, ses manies, ses habitudes vicieuses (Chôme! et Rudler). I. Tics actifs . — Us comprennent des tics convulsifs et des habitudes vicieuses. 1» Ti<*s par habitude ou habitudes vicieuses. — Ces tics sont les suivants : 1" tic de mordre les couver- tures; 2" tic d'ouvrir les portes et de se délicoter; 3" tic de tirer au renard ; 4» tic du cabrer ; 5" tic de ruer ; 6° tic de frapper du devant ; 7° tic de mordre ; 8° tic de reculer ; 9"rétivité; 10° tic de refuser de se laisser panser ; 11" tic de s'emporter ou de s'emballer. Pour empêcher les animaux de manger les couvertures on a conseillé l'usage du collier à chapelet, du bâton fixé au licol et au surfaix, d'une bavette faisant gouttièi'e et dépassant légèrement l'extrémité inférieure de la tête et les couvertures, de la muselière, etc., etc. Nous piéconisons aujourd'hui un moyen facile à (1) Chomel el I{udler. Tic de l'ouru chez le cheval et les tics tVimitalioii chez l'homme {Bulletin Société centrale, 1903, p. 449). TIC CONVULSIF DE LA FACE. 199 employer, peu coûteux et d'une graude efficacité ; c'est le suivant : On adapte dans les parties de la couverture accessibles aux dents du cheval, un certain nombre de punaises à dessin, disposées en quinconces et dislantes les unes des autres d'environ 8 centimètres. Les punaises sont main- tenues en place à l'aide de quelques petites bandes de toile cousues à la face interne de la couverture. On conçoit aisément ce qui se produira chaque fois que l'animal voudra mordre ou lécher sa couverture : il se piquera le bout du nez et renoncera bientôt à son habi- tude. 2" Tics couvulsifs. — Ils se résument dans un mouvement convulsif, coordonné, normal, primitivement volontaire, localisé à un déparlement musculaire ou même à un seul muscle. Ces tics peuvent siéger à la tète, aux membres ou être mixtes. A. — TIC CONVULSIF DE LA FACE. Définition — C'est un mouvement convulsif conscient et habituel caractérisé par la contraction involontaire des muscles de la face. Il n'a guère été observé que chez le c/iicu, où il succède à la chorée. C'est une véritable né- vrose, qui se différencie par son origine centrale des tics ([ui procèdent de l'irritation d'un nerf moteur [tic symp- tomatiquc), ou de l'irritation d'un nerf sensitif [tic réflexe). I.e tic essentiel consiste dans des secousses instantanées qui se manifestent seulement sur l'un des côtés de la l'ace, inléressanl les joues et les paupières. Gerlains diirns affectés de la chorée ne présentent qu'un tic de la mâchoire inférieure consistant dans un écarte- ment et un rapprochement brusque de celle-ci. Ces mouvements convulsifs se généralisent quelquefois à toute la tète el même à la langue parésice et faisant sail- 200 SKMIOLOGIE DE L'AI'PAREIL DE L'INNERVATION. lie en dehors de la bouche comme j'ai eu roccasion de l'observer : la langue, rejelée du côté droit de la bouche, pend inerte; elle a conservé son volume normal, mais elle est molle, légèrement cyanosée, recouverte de terre ; les pitjûres faites sur cet organe décèlent une grande atténuation de la sensibilité. On remarque que, cet organe ectopié est le siège de rnourcments convidsifs, saccadés, rythmiques, relativement peu accentués, il est vrai, mais insuflisants pour per- nii^ttre à la langue de rentrer complètement dans la cavité buccale. Le côté droit de la face présente des mouvements con- vulsifs, intéressant surtout le muscle crotaphyle, l'orbi- culaire des paupières; les muscles de l'oreille paiticipent également à ce mouvement choréique. L'oreille droite est soulevée et abaissée alternativement, l'œil s'ouvre et se ferme de même. La paralysie de la langue est due à une altération du nerf moteur grand hypoglosse, le tic choréique de la face est dû à une lésion du noyau du nerf facial et en parlicu- lier des rameaux se dirigeant vers l'oreille externe et le crotaphyte Chez le cheval, Bartolucci a observé un tic convulsit spécial : l'animal accomplit des mouvements rapides, dé- sordonnés dans toute la moitié gauche du corps, comme si celle-ci agissait sous l'impulsion d'un courant électrique. En outre il y a soulèvement de la commissure gauche des lèvres, et déplacement correspondant de l'aile au nez, clignement de l'œil gauche, mouvements obliques des mâchoires avec grincements de dénis. Ensuite l'animal baisse la tète à gauche comme pour saisir quelque chose, pliant le cou avec des frémissements musculaires superfi- ciels du cou et du thorax. Enfin, le membre postérieur gauche se fléchit, puis s'étend comme pour ruer. Ces phénomènes se succèdent avec la rapidité de l'éclair; Us se répètent toujours dans la même forme, par accès TICS DE LÉCHAGE. 201 isolés, séparés par des intervalles plus ou moins longs de calme parfait. B. — TICS DE LA LANGUE. Caractères. — Ils consistent dans une attitude anormale de cet organe ou dans des mouvements particuliers ou bizarres qui se reproduisent intempestivement, mais qui s'éloignent toujours des mouvements de la vie ordinaire : animal qui double la langue en dessous, la replie au- dessus du mors ; tic de la langue serpentine dénoncé par un mouvement rapide de la langue qui entre et qui sort continuellement de la bouche en imitant le mouvement d'ondulation des serpents. C. — TICS DE LÉCHAGE. Caractères. — En dehors du pica qui incite les animaux à ingérer des corps étrangers, à se lécher ou à lécher leurs voisins d'une manière passagère ou permanente et que nous avons décrit pJus haut (1), il existe un tic nerveux bien étudié chez le cheval par MM. Chomel et Rudler. Ce tic est un véritable trouble psycho-moteur, une habitude motrice désignée sous le nom de stéréotypie. Les stéréotypies sont des attitudes, des mouvements, des actes de la vie végétative, qui sont coordonnés, n'ayant rien de coniulsif, qui ont au contraire l'apparence d'actes intentionnels ou professionnels, conscients et volontaires au début et qui deviennent plus tard automatiques et subconscients parle fait même de leur longue durée et de leur répétition (2). (' 1° Phénomènes moteurs.— Le cheval atteint de cette habitude vicieuse lèche ses voisins en sueur ; il lèche (1) Sémiologie, p. i22. Aberration du ijoàt, malaciu, pica. Encyclopnlie vétérinaire. (2) Msige et Feindel, Les tics et leur traitement, l'aris, 1002. 202 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DE L'INNERVATION. aussi les murs, les mangeoires. La bouche enti'ouverte, les joues ié^èreraent creusées, les yeux demi-clos, la lèle indilFéremmeiit haute ou basse, le sujet sort ou rentre alternativement la langue dans un mouvement régulier presque rythmé. La durée des accès de léchage est généralement de quinze à vingt minules. On les observe de préférence à l'écurie, au retour du travail ou pendant les haltes. Ce tic est arrêté par la distraction; il s'exagère sous l'influence de la fatigue et se complique quelquefois de mordillement et de màchonnemenl. (< 2" Troubles psychiques. — Le lécheur est nerveux, cmolif, impressionnable ; il s'isole difficilement des chevaux qui sont prés de lui ; il est très sensible aux excitations et s'afîole, ou est très impatient. (( .3" Troubles de la sensibilité. — La plupart des che- vaux lécheurs offrent une anesthésie du bout du nez, une sensibilité inégale des barres. Ces animaux suent facile- ment et abondamment. " Stigmales physiques. — Les animaux affectés de ce tic du léchage présentent des asymétries faciale et corpo- relle : abaissement d'un œil, déviation du nez et plus spécialement hypertrophie de la parotide, épaississement et induration de la muqueuse des lèvres, hypertrophie des commissures labiales, inflammation chronique de la muqueuse de la lèvre supérieure, érosions gingivales, carie dentaire, saillie des barres. C'est bien là un trouble psycho-moteur, sans phéno- mène convulsif, que, pour ce motif, Chomel et Rudler rattachent au genre des stéréolypies, voisin des tics. Les sujets qui en sont affectés sont des déséquilibrés sujets à des accès [d'impatience et à des phobies et qui TICS DIVERS. 203 conlractent l'habitude de lécher quand ils présentent des lésions de la bouche ou des dents » (Chomel et Riidler). D. ~ TICS DIVERS. ^v M. Cadéac. CONVULSIONS. 213 a. 3 214 SÉMIOLOGIE DE l'aI'PAREIL DE l'iNNERVATION. Mais il arrive souvent que l'on n'assiste pas à toutes les phases de l'accès; après le premier hurlement, l'animal dispai'ait alors pendant une demi-heure ou une heure, puis rejoint ses compagnons, sans que l'on sache ce qu'il est devenu pendant cet intervalle. Pendant longtemps, rien ne disliiigue l'animal malade des animaux sains, mais quand la maladie est ancienne, et que les accès épileptiformes sont fréquents, les niahides deviennent plus sombres, plus sauvages qu'à l'ordinaire, ils se retirent, s'isolent de leurs compagnons ; pins lard encore, les accès sont si fréquents et si graves, qu'à peine en action, les malades sont frappés, et qu'après l'attaque ils refusent de se remettre en marche, quand ils ne meurent pas sur place. Toujours l'accès se montre pen- dant la chasse; quand il n'est pas en action, le chien malade peut devenir complètement abruti, impropre à son service, parfois complètement sourd; mais au chenil, au repos, il n'a jamais d'attaque. En examinant minutieusement des têles de chiens morts ou abattus et atteints de cette maladie, Nocard (1) ne trouva d'abord aucune lésion de l'encéphale et du bulbe; mais il trouva au fond du conduit auditif externe et des deux côtés une masse assez considérable de céru- men, de couleur chocolat, refoulant la membrane du tympan qui faisait une saillie convexe du côté de l'oreille interne. L'examen microscopique de cette matière montra une grande quantité à'acares à tous les degrés de déve- loppement appartenant au genre choriopte (symbiote de Delafond) et à l'espèce appelée par Mégnin, Chovioptcs caudatus. Hcring, Ziirn (1874), Guzzoni (1877), Mé- gnin (1881), étudièrent ces acares. En introduisant de cotte matière cérumineuse dans l'oreille de chiens sains, on a pu produire chez ceux-ci la maladie; de même qu'on a pu arrêter la nialadie dans (1) Nocard, La maladie épilepti/'unnr des chiens de meute (Acariase auri- culaire), in Ari'h. véiér., 1H8-2, p. iOl. CONVULSIONS. 215 sa marche, en tuant dans le conduit auditif même, les acares qui s'y trouvaient. C'est également par excitation réflexe que les vers intes- tinaux, les traumat ismcs drs muscles, des tendons, les dou- leurs intenses provoquent des convulsions. Ces convulsions d'origine périphérique (excitation du sciatique) peuvent être produites expérimentalement (Brown-Séquard) ; on peut en rapprocher les tics nerveux, déterminés par les irritations des noyaux d'origine des nerfs de la face ou des membres {tic coneulsif de la face, chorôe du chien). 2° Centres nerveux. — Dans la plupart des cas, les con- vulsions sont dues à une altération anatomique des centres nerveux qui échappe souvent à l'autopsie, mais d'où découle une irritabiiiié trop grande, un pouvoir réflexe trop considérable, de sorte que les réactions motrices ont une intensité anormale. On s'explique ainsi l'influence de Vhérédité, de Vâge, àw.sexe, des altérations du sang , dans le développement des convulsions. Vépilepsie, Véclampsie, certains tics sont héréditaires, Luciaui a observé deux fois cette transmission ; cinqchiens jeunes moururent d'épilepsie quatre jours après leur naissance. Les sujets jeunes, les chiennes qui viennent d'accoucher sont prédisposés à l'éclampsie. Le sang chargé de poisons minéraux, gazeux, organiques, microbiens, plomb, mercure, acide carbonique, oxygène sous pression, urémie et toxines de la rage, des fièvres érup- tires, du tétanos, du charbon, produisent des convulsions. 3" Moelle. — La moelle épinière est le centre des exci- tations motrices réflexes : l'exagération de celte activité est une source de convulsions partielles ou générales. Si l'excitation est trop considérable, elle ert transmise à des centres plus élevés : une généralisation des convulsions en est la conséquence. 216 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. Onpeutexpérimentalemeiitauginenlerle pouvoir réflexe de la moelle en la séparanlde l'encéphale qui contiendrait un centre modérateur (Sestchenow) des fondions médul- laires. Certains médicamenis ont un effet analogue : ce sont des poisons convulsivants (strychnine, thébaïne, nicotine, brucine, etc.). Les convulsions d'origine spinale peuvent être dues àdes excitations anormales, à des lésions du tissu médullaire. Les traumatismes rachidiens,\es tumeurs qui compriment la moelle, les myélites, méningites, méningo-mydlites s'accorr.- pagnent fréquemment de convulsions. La chorée des animaux qui offre le type des convulsions cloniques est généralement une affection médullaire (Chauveau, Cadéac et Guinard). 4° Bulbe et protubérance. — Aux excitations périphé- riques anormales, le bulbe répond par des réactions mo- trices violentes, des convulsions généralisées. C'est donc le centre convulsivant par excellence. Nothnagel a voulu déterminer la situation exacte de ce centre, qu'il a nommé région des crampes. C'est le siège [)rincipal de la modification physiologique qui traduit l'attaque convulsive de forme épileptique, comme le démontre la coïncidence des troubles généraux, respira- toires, circulatoires. Le bulbe est donc un centre épileptogène. Ce centre est mis en action par des excitations diverses, par les essences d'absinthe, de sauge, d'hysope, de romarin, de fenouil, d'ail, etc. (Cadéac et Meunier), par des poisons, le plomb, le mercure, Valcool. L'excitation des nerfs spinaux (Brown-Séquard), leur compression par des tumeurs amène des attaques d'épi- lepsie qui cessent après l'eAtirpation de ces tumeurs. b» Cerveau. — Les circonvolutions cérébrales sont le COXVlJLStOJîS. •ilt l'ciidaiil lu pt'i-iode Ionique f", les pulsalioiis devicuiicnl si petites qu'elles sont à peine visibles, les petites collines qui les rcpiésenleut deviennent ensuite plus saillantes qu'à l'état normal. On observe ainsi un affaiblissement considérable des systoles pendant la piTiodc tonique et une exagération de leur amplitude pendant la période cloniiiue. Pendant la période tonique de I attaque, la tension artérielle T subit une dépression qui correspond à la contracture cardia((ue. R, respiration enregistrée à l'aide d'une ceinture pourvue d'un cylindre en caoutcliouc placé autour du thorax. On observe d'^ibord des secousses cloniques des muscles intercostaux suivies de la léta- nisation de ces muscles et de l'arrêt de la respiration en inspiration forcée; l'attaque ayant commencé à la fin de l'expiration, la plume trace une ligne horizontale qui se relève pour marquer des vibrations qui augmentent graduellement d'amplitude pendant la phase clonique. — x\ ligne des secondes. Cadéac. — Sémiologie, T éiiit. II. \-i 218 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. point de départ des convulsions épileptiformes et d'atta- ques d'épilepsie essentielle. L'épilepsie franchement cérébrale est héréditaire, elle s'observe sur les animaux, bœuf, chien, clicvnl. L'attaque se produit sous rinlluence d'excitations périphériques de nature variable : vue d'un objet quelconque, d'un drap, d'une cigogne, comme on l'a observé chez le cheval; de trauniatismes de l'encéphale, d'un bruit intense (coup de sifflet, décharges de niousqueterie,etc.). La ligature des carotides, des saignées abondantes amènent des convulsions par suite de l'anémie cérébrale {épilepsie ischémique). On est parvenu à reproduire expérimenlalement l'épi- lepsie corticale chez les animaux [chien, cimi). Ferrier, Franck et Pitres qui ont réalisé ces expériences, ont montré que des excitations électriques, mécaniques, chimiques, pour être efficaces doivent être portées sur les zones mo- trices : celles-ci sont donc les seules zones épileptn- gènes. Ces auteurs supposent que les convulsions sont dues aux décharges des cellules nerveuses de l'écorce qui se com- porteraient comme des condensateurs susceptibles d'accu- muler les excitations et de les mettre en liberté quand la tension a acquis un degré suffisant. Dans une première phase, cetle mise en liberté serait rapide, continue et régulière, l'épuisement survenant progressivement, les excitations se succéderaient bientôt d'une manière irré- gulière, par à-coups, ce qui expliquerait les caractères de la crise d'épilepsie. A son début, elle est caractérisée, en effet, par la rigi- dité des muscles, par des convulsions toniques, auxquelles succèdeat bientôt des convulsions cloniques de plus en plus espacées et la résolution musculaire. Les maladies du cerveau, la mcningite, l'encéphalite, les hémorragies cérébrales, sont souvent accompagnées de ces phénomènes convulsifs. CONVULSIONS. âl9 Caractères des convulsions, — Les caractères des con- vulsions varient suivant la cause provocatrice ; les poisons végélaiix et microbiens, qui se dilFusenl dans toute l'éco- nomie, déterminent des convulsions (jré/)eV'., cVsl la contraction des sphincters consécutive h une excitation trauraatique ou pathologique de la muqueuse qui recouvre les sphincters. Un traumatisme de la cornée détermine la contracture de l'orbiculaire, une fissure à l'anus détermine le ténesrae rectal ; les lésions articulaires entraînent parfois dans les muscles des membres des contractures plus ou moins marquées. Les lésions du système nerveux central {cerveau, bulbe, moelle) peuvent engendrer des contractures. Une piqûre légère de l'isthme encéphalique amène aussitôt la con- tracture de plusieurs irroupes musculaires. On observe des contractures dans les inflammations des centres jicr- veux on de leurs enveloppes. Une hémisection de la moelle à la région cervico-dor- sale augmente la réflectivité médullaire, à tel point que la percussion réitérée du tendon rotulien provoque alors un véritable état de contracture qui dure plusieurs minutes. De même, en exagérant par de faibles doses de stry- chnine, le pouvoir excito-moteur de la moelle, chez des chiens atteints de dégénérescence descendante à la suite de lésions de la zone motrice, on provoque la contracture réflexe dans le membre correspondant au côté dégénéré, tandis que la percussion du tendon rotulien, de l'autre côté, ne provoque que des secousses simples dans le membre du même côté. Il y a beaucoup de cas de paralysie du chien accompa- gnée de contracture: on observe également ce phéno- mène dans la chorée. Les contractures ont une durée très variable, elles sont parfois douloureuses, mais souvent indolores. Chez les fcetus, la contracture des muscles de l'enco- lure et des membres ne résulte pas d'une position anor- male prise par le fœtus et conservée longtemps ,H. Bou- ley), ni d'une maladie nerveuse, mais d'une maladie de lamnios. â38 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. Dareste a démontré que chez les oiseaux, les anomalies de disposition du tronc et des membres sont dues à des compressions de l'amnios, qui enserre remhryon à une époque où les éléments anatomiques de celui-ci ne sont pas diirérenciés et il a pensé que les choses se passent de même chez les mammifères. l^a contractuie est souvent le terme ultime de Vexcita- tion motrice produite par les essences de sauge, d'absinthe, d'hysope, de fenouil, etc., à faible dose. Les sujets soni envahis par des contractures parlielles FIg. ril. — Coiiti'actiii'e du nicmbie (josléiieur gaunhe à la fin ti"iine crise d'i'ltilppsie i1étermiu(''e par l'essence do romarin ; relàclienienl des autres memtires (Cadéao). OU générales qui peuvent empêcher tout mouvement, ou bien ils rampent péniblement, les membres postérieurs lléchis, les antérieurs allongés en avant, parfois les muscles du cou sont également pris, la tête est forte- ment étendue en arrière ou ramenée vers le thorax ou le sternum. Le tétanos s'accompagne de contractures parlielles ou générales dues à l'action des toxines du bacille de Nicolaïer. Dans l'ergotisme, dans le sli-ychnisme, c'est une sub- stance toxique qui provoque cette excitabilité médullaire. Les lésions du corps thyroidc peuvent également pro- SPASMES. 239 duire des contractures par intoxication. Quelle que soit la cause provocatrice, le muscle contiacluré n'i'-prouve pas Fig. 52. — Contracture du train aalérieur. de sensation de fatigue et sa température ne s'élève pas. Dans les intoxications parles essences, les mouvements sont quelquefois rendus impossibles par la contracture [Ùg. o2). XXVII. — SPASMES. Définition. — Les spasmes sont des contractions anor- males des muscles de la vie organique. Parmi ces muscles soustraits à Tintluence de la volonté, les uns sont à fibres lisses, les autres à libres striées ; les premiers se contractent lentement, les seconds rapidement. Les spasmes se produisent rapidement sans prodromes; leur durée est très variable ; ils sont souvent douloureux tt'ne>ime verrai, œ^'opharjisine, etc.). Pathogénie. — Ils sont généralement dus à une irii- tation anormale : les lésions traumatiques ou ulcérations de l'œsophage, du vagin ou de l'urètre, ou de la bouche déterminant des spasmes plus ou moins prononcés de l'œsophage .'fsophagisme), du vagin Uaginisme) ou de l'urètre, spasme urétral, ou de la bouche (constriction permanente des mâchoirex), ou dii col de la vessie {spasme du col 'le la vessie). 240 SÉMIOLOGIE DE l'aPPARRIL DE l'inNERVATION. On les observe dans les appareils tligeslif, respiratoire, circulatoire, urinaire. Le spasme de l'o'^ophage ou e sujet, atteint de vertige éprouve à la fois des illusions sensorielles se tra- duisant par le mouvement apparent des objets et du sol et une sensation subjective de pesanteur qui fait pencber le corps dans le sens de la rotation. « L'état verli^^ineux comporte donc deux éléments : i° un élément subjettif, se traduisant par des hallucinations et des jugements faux sur la situation des objets environ- nants; 2» un élément o6/t'Cft7' et mécanique consistant dans des contractures réflexes et déformantes. Ces deux éléments procèdent de la même cause périphérique ou centrale, et, pour ne parler que du vertige de Purkinje, ils sont causés par des impressions nées dans les canaux demi- circulaires. Ces impressions excessives et importantes atteignent, d'une part, l'écorce cérébrale où elles suscitent des images fausses, et, d'autre part, les centres moteurs qu'elles sollicitent d'une manière asymétrique et iné- gale » (Laulanié). Le vertige pathologique ne consiste pas toujours en un mouvement illusoire de rotation soit du corps, soit des objets; il s'agit parfois d'une illusion qui sollicite les animaux à se porter en avant ou à reculer. La plupart des animaux atteints de maladies vertigi- neuses marchent habituellement la tête basse; ils sont hébétés, se heurtent à tous les obstacles, prennent des attitudes impulsives ; ils poussent au mur. Les mouve- ments vertigineux se produisent fiéquemment. par accès qui reviennent quelquefois à intervalles liés rapprochés, car ils finissent par déterminer l'épuisement et la mort. Causes du vertige. — Le vertige est une manifestation symplomatique : i° D'affections des méninges et de l'encéphale (congestion, VERTIGES ET MOUVEMENTS FORCÉS. 263 anémie, inflammations, hydrocéphalie, hémoriagie, ané- mie, tumeurs, abcès, œièmes), c'est alors le vertige cérébral. 2° De maladies de l'oreille (lésions des canaux demi- circulaires, gale psoroptique du lapin, otite interne, corps étrangers, siniuUes) qui délerminent des mouvements de rotation, de culbute, de manège, dont la direolion est constamment la même que celle du canal sectionné, ou des accidenis nerveux désignés sous le nom de vertiges, d'étoiirdissements. Les chevaux attelés ou montés présentent une sudation intense, lèvent la tète, l'agitent d'un côté à l'autre ; ils se livrent aux mouvements les plus désordonnés, s'em- portent, se cabrent, se défendent, tombent ou s'arrêtent brusquement et restent insensibles à toutes les excitations pendant les quelques instants que dure l'accès. Il suffit souvent d'examiner l'oreille pour constater l'existence d'un bouchon de cérumen refoulant le tympan ; mais chez le chien ce sontsurtout les affections suppuratives de l'oreille moyenne et de l'oreille interne qui provoquent le vertige labyrinthique. 3" Des maladies de rappareil digestif [indigesiions, alté- rations du foie, corps étrangers, obstructions, parasites, gastro-entérites); c'est alors le vertige abdominal. 4" Les maladies du cœur (insuffisance valvulaire chez le chien) peuvent également le produire par congestion, par embolie, etc. o" Les maladies des cavités tiasalcs (larves d'œstres chez le mouton, linguatules chez le chien). 6o Le vertige peut être enfin observé dans un grand nombre d'empoisonnements (essences, alcool, solanine, oxyde de carbone). 1° Dans certaines affections de l'œil {amaurose, rayons solaires trop intenses, éclats de la neige, reflets des œillères), on observe des vertiges désignés sous le nom d'éblouissements. 2G4 SÉMIOLOGIE DK L APPAREIL DE L INNERVATION. 8" Les Icsioiis tituiiiidliqiics (Cagiiy), l'irritation produite par la litière sur lu patlie inférieure des memijres ((iuibert) provoquent aussi des phénomènes vertigineux appelés faux vertltjes. 9'* Le vcrtiye conslilue une afl'ection spéciale chez Vliomme et chez le chut. Cet animal présente en effet un ensemble de troublés nerveux qui ont été décrits par Gerlier sous le nom de vertige paralijsdnt. Il s'observe particulièrement chez les châties pendant l'hiver et se traduit par des alternatives d'exacerbation et d'an)éliora- tion. Les accès sont tantôt complets, lantôt incomplets. Ils se bornent parfois à une titubaiion sur les jambes avec iixité du regard et immobilité passagère; mais le plus souvent la parésie motrice est poussée jusqu'à la paralysie. La plus commune de ces paralysies est celle des exten- seurs de la nuque qui produit la chute de la tête sur le sol. Cette chute est précédée de salutations de la tète exprimant la lutte de l'animal contre la parésie. Dans les accès complets, le chat paralysé de la nuque et des quatre membres tombe le ventre sur le sol et simule le chat crevé. Le chat comme l'homme affecté de cette maladie peut présenter le faux trismua et l'impossibilité de manger, nien qu'il ne soit pas atteint de ptosis, il a des troubles de la vision reconnaissables à la fixité des regards et à rimmobilité des paupièros. La durée de la maladie est généralement moindre chez le chat que chez l'homme. XXXIV. — ATAXIE. Définition. — On désigne sous le nom d'ataxie un syn- drome caractérisé par l'incoordination des mouvements. (1) Gerlier, Journal vétcrinaire de Lyon, 1891, p. bJO. ATAXIE. 265 C'est un trouble de la coordination des mouvements. Certains actes, tels que la maichc ou la statiuii debout, peuvent être envisagés comme la combinaison de plusieurs mouvements ou de plusieurs coordinations musculaires; dans l'un et l'autre cas, les coordinations musculaires se manifestent par une répartition proportionnelle et régu- lière de l'énergie dans cerlains groupes musculaires et dans un temps défini. Quand la (ransmission des impressions est normale, les réactions sont bien adaptées au but et sont exécutées dans le temps nécessaire; si la transmission est ralentie, incom- plète, ou nulle, les réactions le sont aussi, d'où les troubles profonds de la coordination : Vataxic. Ailleurs, la transmission des impressions périphériques est normale, mais les centres qui l'emmagasinent sont atteints dans leur fonctionnement et les réactions aux- quelles ils président font défaut ou sont incomplètes; il y a encore ataxie. En réalité, l'ataxie peut donc être d' origine périphérique, ou d'origine centrale. i° Ataxies trorigiiie périphérique. — Les ataxies périphériques comprennent toutes les interruptions dans les impressions qui interviennent dans le réflexe locomo- teur; c'est-à-dire les troubles du sens tactile, du sens mus- culaires, de la vision, de l'orientation (canaux demi-circu- laires). L'ataxie périphérique reconnaît aussi des degrés et des formes différentes suivant (jue l'interruplion des excita- tions périphériques a lieu au niveau du premier neurone ou des neurones du deuxième ou du troisième ordre. Lorsque le premier neurone (ganglion rachidien avec ses deux prolongements : la racine postérieure et le nerf périphérique) est atteint dans son fonctionnement, l'acti- vité de tous l»s centres coordinateurs est suspendue ou modifiée, l'ataxie s'associe en outre à des troubles très 266 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. intenses des divers modes de la sensibilité. Ceci s'ap- plique non seulement aux neurones périphériques médul- laires, mais aussi aux neurones périphériques bulbaires {racine labyrinthique, trijumeau, etc.). Si la lésion est localisée sur un neurone de deuxième ordre qui transmet à un centre coordinateur les impres- sions recueillies à la périphérie, les fonctions de ce centre seront forcément suspendues ou altérées, mais l'activilé des autres centres continuant à s'exercer normalement, la sensibilité sous tous ses modes sera intacte, à moins que le neurone interrompu ne soit affecté aux voies de perception des impressions périphériques. 11 importe de passer en revue les diverses formes d'alaxie périphé- rique en examinant ses diverses sources établies par la clinique ou par l'expérimenlation. a. Ataxie par altération de la sensibilité cutanée. — On sait qu'une grcnoiiiUe écorchée est incapable de se mouvoir; elle ne peut ni sauter ni nager, ni se letourner quand on la met sur le dos. Vatrophieoa la section des racines postérieures provoque Cataxie tabétique qu'on observe quelquefois chez le chien, affecté de pachyméningite ossifiante. Elle débute généra- lement par une vive douleur résultant de la compression des racines nerveuses; les animaux poussent des cris ou manifestent des envies de ?îiordre dès qu'on efileure l'épi- derme ; ils refusent de monter ou de descendre les esca- liers. Plus tard, les membres au lieu de se mouvoir dans l'axe du corps se portent en dedans ou en dehors, fortn- ment en avant ou en arrière ; ils se heurtent les uns contre les autres, il y en a qui effectuent de véritables sauts de pie ; ils galopent du devant et trottent du derrière. Ces ataxies sont à la fois locomotrices et musculaires. b. Ataxie par altération du sens musculaire. — La sclérose des cordons postérieurs chez l'homme {ataxie ATAXIE. 267 locomotrice) ou la section de ces cordons cliez les iiiam- niifèies fait ressorlii- l'impoitance du sens musculaiie dans la coordination des mouvements. Si l'on sectionne les nerfs sous-orbiuiires, le nerf men- tonnier et le nerf temporal surperficiel des deux côtés chez un cheval, on constate que l'animal saisit exclusive- ment les aliments avec les dénis et ne se sert plus des lèvres comme organes de préhension ; mais dès que la mastica- tion commence, les lèvres retrouvent leur mobilité et Fi?. 6-2 Chien alTcclé d iucoordiualion motiice. exécutent les mouvements associés à ceux des muscles masticaleurs. C'est que, dans ce dernier acte, les uovaux moteurs de l'orbiculaire, du releveur de la lèvre supérieure, du sous-maxillû-labial sont excités en même temps que ceux du niasséter, du crotaphjle et des ptérygoïdiens. L'incoordination motrice périphérique accompagne fré- quemment les hémorragies spinales. La station et la pro- gression deviennent difficiles, même impossibles. L'animal « projette ses membres en avant, en arrière, à droite, à gauche, sans pouvoir parvenir à coordonner les mouve- ments, et, s'il réussit à faire quelques pas, c'est en prenant appui, non ;;ur la face plantaire, mais sur le carpe » (Saint- Cyr). Cette démarche, que l'on a fréquemment décrite en 268 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. médecine vétérinaire sous le nom d'ataxie locomolrice, ne se rapproche de cette maladie de l'homme que par sa physionomie symptomalique. Elle en diifère complète- ment par la cause : ïataxie locomotrice de l'homme étant due à une sclérose des cordons postérieurs de la moelle. Parfois la démarche est vacillante: l'animal tn'buche, en- tortillant sesjambes l'une dans l'autre ou tombe à chaque pas, plutôt d'un côté que de l'autre, suivant l'étendue et le siège des foyers hémorragiques. Les membres sont tantôt flas({ues, tantôt raides ; les rôflexes sont con- servés. L'indammation plus ou moins aigu'éow la sclérose simul- tanée des cordons-postérieurs et des cordoiis latéraux que nous avons décrite sous le nom de sclérose pseudo-systé- matique du choval, observée par Rarrier, Dexler, etc. (1), est celle qui réalise le mieux Vataxie ou la démarche tabéto-spasmodique parce qu'elle se rapproche le plus du tabès dorsalis de Yhomiue, connue encore sous le nom d'ataxie locomotrice progressive, de leucomyélite posté- rieure, de dégénération grise des cordons postérieurs. Au pas, les membres postérieurs se lèvent brusquement; ils sont projetés en avant sans souplesse; l'animal fauche du derrière ; au trot, l'allure semble se raffermir, l'allure est moins dégingandée que celle du pas ; le galop parait être l'allure préférée. Les mouvements ontcessé d'ètreautomatiques ; ils sont conscients, voulus, exigeant une attention soutenue ; ils sont toujours brusijues, disproportionnés avec le but à atteindre; les membres antérieurs éprouvent à chaque pas une flexion brusque desgenoux suivie d'une extension saccadée, de telle sorte que l'animal perd l'équilibre et est menacé de tomber. L'homme frappe le sol du talon, avec une grande énergie ; on dit qu'il talonne. L'animal comme l'homme (1) Patholof/ie interne. Tomo VIII, p. 307. ATAXIE. 269 projette ses membres en dehors afin d'élargir la base de sustentation et conserver l'équilibre. Cet alaxique a plus de peine à marcher au départ qu'au bout de quelques ins'.ants ; le cheval reprend peu à peu l'habitude de se déplacer, mais si on l'arrête, il risque de tomber; il lui est presque impossible de tourner, chaque mouvement nouveau exige une éducation nouvelle; c'est toujours la volonté qui s'efforce de suppléer à l'automa- tisme. En descendant, l'animal retient la voiture avec peine ; chez l'homme, on désigne celte aggravation des troubles à la descente sous le nom de sig)\e de rescalier. I.'incoordinalion tabélique est corrigée en partie par la vue. L'occlusion des yeux chez Vataxique provoque de l'instabilité, des oscillations du corps, de la titubation ou une chute immédiate. Cet ensemble de troubles qui accompagne l'occlusion des yeux constitue le signe de Bomberg. Ce signe s'observe également chez le e/jcvc?/. La marche, déjà difficile, devient impossible lorsqu'on vient à aveugler l'animal en lui mettant une couverture sur la léte. Chez l'ataxique, les impressions visuelles suppléent les impres- sions musculaires absentes ou émoussées. L'ataxie coexiste avec un certain nombre d'autres symp- tômes : aboliiion des réflexes tendineux et cutanés, troubles de la sensibilité cutanée et profonde, perte de la notion de position, altération du sens musculaire. « Les troubles de la coordination sont principalement dus à la difficulté qu'éprouvent dans leur transmission les impressions provenant des parties profondes des membres : muscles, articulations, aponévroses. Les cellules motrices de la moelle ne peuvent alors régler la décharge motrice dans l'exécution du mouvement projeté. Peut-êlre la difficulté de transmission tient-elle aux lésions qu'éprou- veraient les corpuscules de Golgi, petits dynamomètres annexés aux tendons, près de leur union avec les 270 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. muscles; ces corpuscules présentent en effet un chevelu nerveux très licUe, qui doit servir dans l'appréciation des efforts de chaque organe. » Dans la ïremula.nte du luuutoii, Vataxie est liée princi- palement à une névrite intense des nerfs moteurs. La démarche est vacillante; elle se fait par bonds; le train postérieur galope, pendant que l'avanl-train trotte; les ongles raclent le sol. Toutes \e% névrites périphéric/ues peu\ent, indépendam- ment de toute altération médullaire, engendrer l'incoordi- nation motrice. Les ataxies qui accompagnent les intoxi- cations saturnine, arsenicale, etc. relèvent d'une névrite périphérique localisée surtout dans les lameaux sensitifs. Uataxie complique quelquefois les névrites ascendantes du plexus brachial (Trasbot) ou des nerfs plantaires (Cadéac). 2" Alaxics d'origfine centrale. — a. Ataxie par alté- ration des canaux demi-circulaires ou labyrinthiques. — On sait que la section bilatérale d'un canal demi-circu- laire détermine une tendance à la rotation en rapport avec la direction des canaux sectionnés. « Pour les canaux horizontaux, c'est une rotation ou une tendance à la rotation autour de l'axe vertical. Après la section des canauxvevticauxpostérieuvs,Ydiinn\d\mvim- feste une tendance très vive à culbuter en arrière. Il se penche en avant et tend à faire la culbute dans la même direction après la section des canaux verticaux antérieurs. Après quelques minutes de repos, ces troubles s'apai- sent en partie; le pigeon vole régulièrement; mais il ne se pose pas sur le sol; il le rencontre et paraît y tomber comme une masse. La section bilatérale des trois canaux demi-circulaires, ou même seulement de deux, provoque des troubles indes- criptibles. Abandonné à lui-même après l'opération, l'animal fuit égaré, roulant dans toutes les directions, cul- ATA.ME, 271 butant plusieurs fois en avant ou en arrière, d'un côté ou de l'autre, frappant le sol et agitant désespérément ses ailes. Quand il parvient à s'arrêter, il reste assis et titubant, imprimant à sa tête de vives oscillations, qui sauf la rapi- dité et l'étendue, rappellent les oscillations séniles de la tète des vieillards Laulauié). CoiiuENT INTERPRÉTER CES TROUBLES ? C'est que les cauaux demi-circulaires sont des organes chargés de nous ren- seigner sur l'orientation de la tète et du corps et sur la direction des mouvements de la lète. Les troubles moteurs consécutifs aux lésions des canaux demi-circulaires comprennent à la fois des phénomènes de délicit et des phénomènes d'excitation. En effet, si l'on enlève les hémisphères cérébraux et si l'on excite, comme l'a fait Laulanié, deux canaux symé- triques à l'aide d'excitateurs portant des électrodes capillaires, on obtient les résultats suivants : Les excitations électriques dirigées isolément sur chaque paire de canaux demi-circulaires, à l'aide rfecomanis continus, déterminent immédiatement des contractures réllexes qui figent l'animal dans une attitude ou sollici- tent de sa part une rotation dont le sens est en rapport avec la direction même du canal excité. L'excitation des canaux horizontaux détermine un mou- vement de valse très régulier et tellement précipité que les fils du circuit s'enroulent rapidement l'un sur l'autre. L'excitation des canaux postinneurs entraîne constam- ment l'opisthotonos et rarement une culbute en arriére. L'excitation unilatérale de chaque canal provoque des résultats identiques. Il résulte de ces expériences que les canaux demi-cir- culaires font partie d'un appareil sensitivo-moteur dont le fonctionnement entraine des attitudes définies, atti- tudes dont l'effet est de rétablir l'équilibre menacé par 272 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. les déviations de la tète et les illusions sensorielles qui en pourraient résulter (Laulanié). Ces divers troubles produits dans les expériences qui précèdent se retrouvent chez le cliien dans diverses maladies suppuratives qui atteignent les canaux demi-circulaires (Voy. Maladies de l'oreille in Pathologie chirurgicale). b. Ataxie cérébelleuse. — Les recherches de Thomas ont démontré que le cervelet est un centre d'énergie du tonus musculaire, mais cette énergie est afîeclée au main- tien de l'équilibre dans toutes les attitudes et dans tous les mouvements; le cervelet exerce dans chaque attitude, dans chaque mouvement une coordination musculaire spéciale ; c'est l'organe de la coordination muscu- laire. Le syndrome cérébelleux est surtout caractérisé par la difficulté qu'éprouve l'animal à se tenir debout; la tête pend entre les membres ; puis la station debout devient impossible ; la démarche devient ébricuse, il reste enfin couché loujours sur le côté correspondant à la lésion ; la tête se trouve reportée sur l'épaule. Excité, il se déplace sur son axe longitudinal en faisant une série de tours; il peut parcourir ainsi jusqu'à 10 mètres. Ce phénomène de roulement s'accompagne d'une déformation du corps de l'opéré par du pleurotholonos. Celte ataxie est sympto- matique de lésions céi'éhelleuses {abcès, tumeurs, hémor- ragies. Dès que ce centre de l'équilibre est alléré, Vataxie cérébelleuse, la titubation font leur apparition. Ataxie dans les empoisonnements aigus. — Il existe de nombreuses ressemblances entre l'ataxie déterminée par l'extirpation du cervelet et l'ivresse déterminée par l'al- cool et diverses essences. On constate de la titubation, des oscillations latérales, une démarche irrégulière, incoordonnée, en zigzag. On a vu des chevaux, boire quatre litres de moût de raisin en fermentation et s'enivrer ainsi ATAXlE. 273 à tel poinl qu'on a cru avoir affaire à la congestion cérébrale (1). L'ivresse provoquée par les essences présente un grand Fig. 63. — Ivresse dflerniiuùe par 1 es^euce du lli\m. nombre de modalités. Tontes les formes d'ivresse sont reproduites par elles. La menthe, l'angélique, le cala- Fig. 04. — Ivresse aélerrninée par l'essence de serpolet. ment, etc., produisent l'ivresse gaie; la sarrietle, le romarin, etc., l'ivresse triste; le fenouil, le basilic, etc. (1) Meslre, Jiecueil de méd. vêt., 1S72. 274 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATIO.V. l'ivresse folle; la rue et la lavande, l'ivresse stupide; le thym, le serpolet, la mélisse, l'ivresse anesthésique; la sauge, l'hysope, etc., l'ivresse batailleuse. Fig. 03. — Ivresse estrème (létcniiiui''e par 1 essence de rue. Ataxie dans les lésions protubérantielles et du cer- veau. — Certains auteurs onl signalé une ataxie simple des membres associée à des tioubles du sens musculaire dans les lésions protubérantielles. L'ataxie qu'on peut observer dans certaines affections ci^-rébrales est difllcile à étudier à cause de Vhémiplégie et de la contracture des membres. L'ataxie s'observe fréquemment ebez le chien et chez le cheval sans qu'on puisse en déterminer la cause. Pau- chenne a rencontré ce trouble de la locomotion cbez deux jeunes chnts; il était caractérisé par un hochement de la tête et par un tiemldement négatif. XXXV. — ALTÉRATIOXS DE LA SE^SIBILITÉ. Définition. — La sensibilité est la propriété que pos- sèdent lesaiiimaux d'éprouverdes sensations. C'est elle qui est le point de départ des actes réflexes conscients ou in- conscients de la vie organique et de la vie de relation. ALTÉRATIONS DE LA SENSIBILITÉ. 275 Il existe en effet dans tous les organes des appareils récepteurs formés de terminaisons nerveuses pins ou moins différenciées et reliées aux centres cérébraux où réside la perception consciente par des fibres conduc- trices sensitives. Toutes les modifications qui intéressent l'une de ces parties pro- voquent des troubles de la sensibilité. On peut distinguer des troubles sensoriels qui sont l'expression de mo- difications de la vue, de l'ouïe, de l'odorat et du goût, et des troubles de la sensibilité générale qui est caractérisée par la douleur. Ladouleur peut se manifesterdans toutes les parties de l'orga- nisme pourvuesde nerfs sensibles. La sensibilité générale comprend aussi les sensibilités superficielles {sensibilité tactile, sensibilité douloureuse, sensibilité thermique, sensi- bilités électrique culanéeet musculaire) et les sensibilités /j'/'o/'ondes comme la sensibilité musculaire et la sensibilité articulaire qui ne peuvent guère être étudiées avec fruit chez les animaux. Fig. GG. — Corpuscules de Meissner (d'après Frej). tr, nerf artV'ient ; b, sa gaine de Heiilo ; (/, l'amiUoations du cylindraxe entre les cellules rf, e, du corpuscule. T. Sensibilité tactile. — Chez les animaux, le louche est moins parfait que chez l'homme; il se localise généra- lement au niveau de la lèvre supérieure et des poils tactiles qu'elle renferme. Ces organes délicats se ren- contrent principalement dans le groin du parc, les lèvres du cheval, les moustaches des ieliiis et des rongeurs. Ces poils sont pourvus d'un bourrelet qui embrasse la région 276 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DE l'iNNERVATION. moyenne et qui est rempli de terminaisons nerveuses. La disposition de cet anneau ressemble beaucoup aux corpuscules de Meissner (fig. 66). Les oiseaux se servent de leur bec pour recueillir les impressions tactiles. Le bec et la langue du canard D Fig. 67. — Corpusciiies de Grandry dans le bec et la langue du canard (d'après Raiivicr). A, B, G, corpuscules Iraltés parle chlorure d'or; A, corpuscule formé d'un seul disque tactile ; B, corpuscule formé de deux disques et vu de trois quarts; C, le même vu do face ; 1), corpuscule du tact de la langue du canard pourvu de trois disipies lactilcs {li't). renferment en elïet des corpuscules analogues à ceux de Meissner, et connus sous le nom de corpuscules de Grandry (fig.) En outre, les plumes qui couvrenl le corps des oiseaux transmettent les impressions de contact aussi fidèlement que le sabot du cheval. Sensibilité thermique. — Elle nous renseigne sur la température des corps mis en contact avec le tégument cutané ou muqueux. Ce sont des terminaisons nerveuses libres infra épidermiques étudiées par Ranvier qui reçoivent les impressions thermiques. Répandues dans les couches profondes de l'épiderme, ces arborescences nerveuses dépourvues de myéline se terminent par des ménisques concavo-convexes, dansles espaces intracellu- laires. On mesure la sensibilité thermique par l'écart minimum AtTÉRATlONS Î)E LA SENSIBILITÉ. 277 de température entre deux corps; l'écart minimum per- ceptible serait de un cinquième de degré. Sensibilité électrique cutanée et musculaire. — Les couranls électriques permettent d'apprécier le degré de Fig. C8. — Terminaisons sensilives intra-épideimiques dans la peau du groin du porc (d'après RanvierJ. n, fibre nerveuse afférente ; m, ménisques tactiles appliqués sur des cel- lules tactiles (a) ; e, cellules épithélialcs ordinaires. sensibililé à la douleur. On peut mesurer le minimum de sensation produit par un courant direct ou indirect et le minimum de douleur. Le courant électrique appliqué sur les muscles provoque également en dehors de la contraction une sensation particulière qui devient douloureuse avec une certaine intensité de courant; on la désigne sous le nom de sensi- bilité électro-musculaire. Sensibilité douloureuse. — La sensibilité douloureuse se manifeste chaque fois que l'excitation d'un des modes de la sensibilité générale dépasse un certain degré. Si, en effet, la sensibilité douloureuse est particulièrement développée dans les régions mêmes où existe la sensi- bilité tactile, elle existe également dans les organes qui en sont dépourvus comme les os, les tendons, les muscles, les viscères et tous les tissus de l'organisme. Cadéac. — Sémiologie, T édit. II. — 16 278 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DE L INNERVATION. La douleur peut être éveillée par des excitations d'ordre mécanique, thermique, électrique ou chimique. Habituel- lement, on se sert d'une épingle et l'on pique la peau plus ou moins profondément jusqu'à ce qu'on éveille de la douleur. Modifications patholo^ique^s. — Les modifications pathologiques de la senst5î7/<^ observées chez les animaux consistent dans une exaltation, une diminulion ou une abolition de la sensibilité. Hyperesthésie. — L'hyperesthésie ou exaltation de la sensibilité consiste en une transformation rapide des sensations tactiles en sensations douloureuses et en une exagération de la sensibilité douloureuse; c'est une hyper- (ilyrsic. Les maladies virulentes comme le tétanos., la ranc s'accompagnent d'une hyperesthésie cutanée extrême; le moindre attouchement de la peau suffit à provoquer des crises convulsives généralisées et des phénomènes spas- modiques. On constate une susceptibilité extrême de la réflectivité spinale. Les empoisonnements par la strychnine, le phénol, les narcotiques, les essences convulsivanles (sauge, absinthe, fenouil, hysope, romarin) sont également une source d'hyperesthésie et de soulTrances. L'hyperesthésie tégumentaire est un signe précieux pour le diagnostic des maladies de peau {eczéma, gale sarcoptiqnc ou psoroptigue, etc.). On l'observe dans la cicalrisalioa des plaies, dans la rage, au point inoculé ; dans certains cas dVpiVcp.ste réflexe où la sensibilité excessive se localise en certaines régions. Les diverses formes de la méningite sont généralement caractérisées au début par une hyperesthésie prononcée de l'encolure exagérée au niveau de l'atlas; on observe en même temps de l'hyperesthésie sensorielle. ALTÉHATIONS DE LA SENSIBILITE. 279 Anesthésie. — L'aiiesthésie consiste dans l'abolition de la sensiiiilité ; /7(?/pot's*»/", Furlanetto a signalé la névralgie rhumatis- male diffuse : l'animal levait tour à tour les quatre membres. Lorsqu'une des extrémités postérieures était levée à son maximum de hauteur, la flexion était brusque et le pied venait toucher la paroi abdominale ; la face externe des membres ne présentait aucune sensibilité anormale; mais la main appuyée sur la face interne de lacuisse provoquait une vive douleur ; la jnessionexevcée surle trajet dunerfsa- p/((')ieoudu médian étaitparliculièrement ilouloureuse(i 1. Les névralgies sont combattues par les injections de morphine, d'anlipyrine et de cocaïne, pratiquées sur le trajet des nerfs, ou par la néviotomie. (1) Progrés oêl., 1891, p. 151. SEMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS PREMIÈRE SECTION. YEUX L'œil comprend des parties accessoires comme les paupières, l'appareil lacrymal eL les muscles, et des parties essentielles dont la réunion forme le globe ocu- laire. I. — PALPIÈKES. Exploration. — Annexes de l'œil. — Quand on conslale une irritation de l'œil, il faut examiner la face externe, le bord des paupières et les voies lacrymales à la lumière solaire ; puis, on doit explorer la cornée, la conjonctive bulbaire et palpébrale, les culs-de-sac con- jonctivaux par le procédé Rolland : 1" On met en place l'écarteur d'exploration (fig. 33, nM) ; 2° On fait tomber sur la partie supérieure de la cornée, à l'aide d'un compte-gouttes, dix gouttes d'un collyre à la cocaïne (chlorhydrate de cocaïne, 20 centigrammes, eau bouillie, 4 grammes) ; 3° Après cinq minutes d'attente de l'effet anesthésique de la cocaïne, on explore à l'éclairage latéral ces diverses parties ; 4° Enlever l'écarteur et prendre la curette d'explora- tion (n» 3) enduite de vaseline qu'on introduit et qu'on PAUPIERES. 287 fait glisser dans le cul-de-sac conjonctival pour s'assurer qu'il n'y a pas de corps étranger. Ce procédé est encore (I), écarteur en place. — (2), ophlalmoscope. — (3), curette à exploration du cul-de-sac (d'après le Dr RoUandi. plus utile chez le bœuf, dont la conjonctive est très développée, que chez le cheval. Modifieatiou.s pathologiques. — Les paupières sont des voiles membraneux comprenant : une muqueuse, une couche fibreuse, une musculeuse, le cartilage tarse et 288 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. des glandes de Mcibomius, recouverts par la peau; ces organes peuvent être le siège de lésions Iraumatiques, d'inllammatioas, de tumeurs et de vices de conformation. Les LÉSIONS TRAUMATiQUEs consisteut dans des piqûres, des plaies, des contusions, des déchirures superiicielles ou profondes, des luniéfaclions (fièvre typhoïde), des œdèmes, de reniphysème, déterminé intentionnellement chez les vieux chevaux par insufflation d'air dans les salières, ou consécutif à des traumatismes, à l'extension de Vcmphysème pulmonaire ou à l'évolution de la scplicémie. Vig. 71. — Dormoïde delà conjondive avec alropliie du globe oculaire. Les INFLAMMATIONS Intéressent le bord libre des pau- pières (blépharite ciliaire), la partie superficielle de la peau {eczéma, gale folliculaire) ou toute l'épaisseur des paupières (phlegmon ou abcès). Les TUMEURS des paupièressontfréquenimentdes verrues, quelquefois des sarcomes, des mélanomes, des épilhcliomes. Les vices de conformation sont variés : les bords libres des paupières peuvent être renversés en dehors {ectro- pion) ou en dedans [entropion) ; ils peuvent être soudés [anhylobUpharon) ; enfin les paupières peuvent adhérer au globe oculaire (s(/?>i6/ép/tttron), à la suite d'ulcères, de brûlures de la conjonctive. Elles forment un angle droit du côté interne quand les yeux sont atteints de fluxion périodique. Les cils peuvent se diriger vers le globe oculaire [tri- APPAREIL LACRYMAL. 289 chiasis) ; on peut constaler des dermoïdes delà conjonctive. Dans V inflammation du cerveau, la parésie génitale et l'empoisonnement par les ploraaïnes {botulisme), dans la fièvre typhoïde, pendant ['hydrocéphalie chronique et autres affections du cerveau, les yeux sont mi-clos. II. — CORPS CLIGNOTAXT. Pour explorer le corps clignotant, il est nécessaire de le faire saillir de l'angle interne de l'œil ; il faut se placer à côté du sujet, mettre la main droite sur le chanfrein de l'animal quand on explore à gauche, puis, avec le pouce et l'index de la main opposée, on exerce une légère pression sur les paupières, le corps clignotant vient alors recouvrir une partie du globe oculaire et Ton peut voir s'il est le siège de lésions. Modifications pathologiques. — Le corps cligno- tant peut être le siège d'une inflammation aiguë, qui n'est qu'une forme de conjonctivite ou d'une inflammation chronique, accompagnée de l'hypertrophie de cet organe qui est fréquente chez le chien. On peut observer aussi la nécrose du cartilage, consé- cutive à des traumatismes ou à une éruption de horsepox, ou des tumeurs de cet organe {onglet chez le chien, sar- comes et épithéliomes chez tous les animaux). Dans le tétanos, le corps clignotant recouvre le globe oculaire à la suite de la moindre excitation. III. — APPAREIL LACRYMAL. Exploration. — L'appareil lacrymal comprend : la glande lacrymale, sécrétant les larmes, située entre la partie supérieure du globe de l'œil et la cavité orbitaire ; les points lacrymaux, situés à peu de dislance de la commissure nasale, et par lesquels les larmes passent de la surface oculo-palpébrale dans les conduits lacrymaux ; ces deux conduits déversent leurs produits dans le sac Cadéac. — Séiniolosie, 2'^ édit. II. — 17 290 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. lacrymal, réservoir logé dans l'infundibulum de 1 os lacrymal; enfin le canal lacrymal, prenant naissance dans le sac lacrymal et aboutissant à l'égout nasal. En plus de cet appareil, on trouve la caroncule lacrymale, petit corps arrondi situé dans l'angle nasal de l'œil et qui a probablement pour but de diriger les larmes vers les points lacrymaux. Modifications pathoIoj;iques. — La glande lacrymale peut être le siège de plaies accidentelles, d'in- flammations [dacryoadénite), de fistules, de tumeurs. L'inflammation glandulaire est suivie d'une sécrétion abondante de larmes [épiphora] ; cette hypersécrétion s'observe dans les conjonctivites, la peste bovine, la fièvre typhoïde, etc. La CARONCULE LACRYMALE peut s'iiypertrophier [encanlhis), présenter des tumeurs (sarcomes, épithéliomes et méla- nomes). Les poLNTs et les cOiNduits lacrymaux peuvent s'enflam- mer ; ils sont fréquemment obstrués sous l'influence de l'inflammation ou de corps étrangers ; ils peuvent subir une déviation en dedans (inrersto?i) dans l'entropion, ou en dehors [éversion) dans l'ectropion. Le SAC LACRYMAL s'enflanimc, comme la conjonctive ou la muqueuse nasale ; cette inflammation porte le nom de dacryocystite. Il peut être obstrué, il y a alors écoule- ment des larmes sur le chanfrein. Le CONDUIT NASAL s'obstruc sous l'influence des mêmes causes ; il est nécessaire de pratiquer les injections pour amener l'évacuation des bouchons muqueux qui provo- quent cette obstruction. IV. —GLOBE OCULAIRE. Le globe oculaire, appelé encore bulbe de l'œil, est une coque sphéroïdale, renfermant les parties liquides ou semi-fluides formant les milieu.^ de l'œil. GLOBE OCULAIRE. 291 Exploration. — Ce globe oculaire fig. 72) comprend : une merabiaiie externe fibreuse, la sclérotique : une mem- brane moyenne vasculaire et pigmentaire, la choroïde; une membrane interne, la rétine. En outre, la cornée, l'humeur aqueuse, le cristallin et le corps viiré consti- tuent un appareil dioplrique destiné à faire converger les rayons lumineux sur la rétine. L'inspection du sujet et de l'œil permet d'effectuer un examen d'ensemble et de juger sommairement de l'état de la vue, du volume des yeux, de leurs mouvements et de leur expression. 1'^ Examen du sujet. La démarche, ['altitude etl'exprest^ioii du sujet peuvent faire soupçonner une maladie d'yeux. Si la vue est faible l'animal, en mouvement, relève fortement les membres comme pour éviter des obstacles; il est peureux, ombrageux, fait de fréquents écarts, dresse les oreilles, les porte dans tous les sens pour recueillir les bruits ; il cherche à suppléer à la vue par l'ouïe. On peut juger aussi de l'in- tégrité de la vue par une petite manœuvre, qui consiste â frap- per légèrement aur le bout du nez de Fanimal avec la main: il se retire brusquement; si l'on simule une nouvelle lape el s'il ne voit pas, il ne cherche pas à s'y soustraire (1 . (7. Volume des yeux. — Le mulet a normalement un œil plus volumineux que le cheval, avec un rebord orbi- taire plus saillant. •chémalique du globe oculaire. (1) Nicolas el Fromaget. 292 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. Pathologiquement, on peut constater une augmentai ion ou une diminution du globe oculaire. 1" Augmentation. — Les yeux peuvent augmenter et cette modification peut se produire sur un seul ou sur les deux yeux. Parfois, on observe une sorte d'hydropisie de la chambre antérieure de l'œil [hydrophtalmie, biiphtal- mie ou exophlahnie). L'œil est saillani, proéminent, lors- qu'une tumeur se développe dans les parties profondes de l'orbite, il peut en résulter quelques troubles nerveux dus à la compression du nerf optique. L'.œil peut faire saillie en dehors]de la cavité orbitaire {luxation du globe oculaire). 2° Diminution. — Vœil diminue de volume, s'atrophie à la suite de blessures ou de perforations, qui ont intéressé profondément les parties constituantes de cet organe, et lésé le nerf optique, de certaines affections graves telles que la fluxio7i périodique et la tuberculose de l'œil. Dans les maladies graves, l'œil est chassieux et enfoncé dans l'orbite par suite de la résorption du coussinet adi- peux; c'est toujours un signe fâcheux. 6. Mouvements et expression des yeux. — Les yeux sont fixes, immobiles dans les affections graves des centres nerveux (tétanos) ; hagards, égarés, pirouettants, dans la rage, pendant les attaques à'épilepsie et pendant les paroxysmes des affections vertigineuses. Chez le chien affecté d'altérations cérébrales, on observe fréquemment un tremblement plus ou moins accusé {nys- tagmus) ; souvent aussi les axes visuels sont déviés [tournis du mouton, altérations cérébrales). Les y eux soni et incelant s, menaçants dans la rage furieuse, pendant la durée des paroxysmes des maladies vertigineuses. Pendant le tétanos, on observe une forte rétraction du bulbe par suite de la contraction tétanique des muscles droits de l'œil. 11 en est de même dans l'empoisonnement GLOBE OCULAIRE. 293 ^diV ]a. nicotine etla. strychnine. On peut voir le bulbe rouler ou trembler dans l'orbite (empoisonnement par l'eau salée et nystagmus). 2° Examen de l'œil. L'examen de l'œil peut avoir lieu: i" à l'œil nu; 2° à l'éclairage oblique ou latéral; 3° à l'ophtalmoscope. i° A l'œil nu et à la lumière naturelle. — Celte méthode consiste à examiner les milieux visuels en plaçant convenablement l'animal de façon que l'œil soit modéré- ment éclairé et que Ton puisse se rendre compte de son état. On dispose ordinairement le sujet sous une porte, à l'entrée d'une écurie ou d'un local dont le fond n'est pas éclairé. On a soin d'éviter qu'en fae de l'animal se trou- vent des surfaces brillantes ou un mur blanc susceptible de réfléchir la lumière et de nuire à l'observation. Il faut éviter aussi d'examiner à la lumière solaire, car la lumière trop vive fait contracter l'iris et empêche de juger de l'état des parties profondes de l'œil. L'examen à l'œil nu permet d'explorer les culs-de-sac conjonctivaitx, c'est-à-dire les replis de la conjonctive; on examine d'abord la paupière inférieure, on la saisit avec le pouce et l'index et on l'abaisse de manière à bien aper- cevoir son cul-de-sac. Pour la supérieure, on se sert des deux mains et on relève la paupière en dessus. Avant de procéder à cette opération, il est quelquefois nécessaire de cocaïniser l'œil avec une solution à 1 p. oO. Quand la région est insensibilisée, on peut faire usage pour explorer la conjonctive, de la curette imaginée par le D^ Rolland. L'exploration du corps clignotant est des plus faciles. Avec le pouce et fmdex, le premier étant appliqué sur la paupière inférieure, le second surla supérieure, on effectue une pression modérée qui fait saillir la troisième paupière. 294 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. Il faut examiner comparativemeiil les deux yeux, s'assurer s'ils sont du même volume ou si J'un est plus grand que l'autre, apprécier également la tension du globe oculaire à l'aide de l'index et du médius en exerçant une pression à travers la paupière supérieure et s'assurer si cette pression ne détermine pas de douleur ; on peut ap- précier enfin l'atrophie du bulbe, ses modifications de volume, de forme, et sa disposition dans l'orbite. Pour juger ensuite de ïélat des milieux, l'opérateur doit se placer d'abord un peu en avant de l'animal, puis sur le côté . Il est quelquefois utile de se porter un peu en arrière pour examiner la situation de lésions diverses, intéressant l'épaisseur de la cornée [corps étrangers, etc.). Les petits animaux sont placés sur une table en face d'une fenêtre, de manière que la tête du sujet soit tournée vers le jour. En opérant ainsi, on peut juger de l'état des organes de protection, des annexes de l'œil, de la conjonctive, de la <:ornée : taches et opacités sijmptomatlques de \dimaladie du jeune âge du chien, de la fièvre catarrhale maligne du bœuf, du diabète; ulcérations de la rage, de la kératite iilcéreuse; phlyctènes et abcès des kératites infectieuses, de la maladie du jeune âge, de la fièvre aphteuse, du horsepox ; perforations produites par ces maladies. On peut constater aussi une courbure plus accentuée de ia cornée, comme dans Vexophtalmie ou cerlaines formes de myopies. On se rend compte en même temps des opacités et des troubles de la chambre antérieure [hémorragies de Xd^ fièvre pétéchiale, scorbut, influenza, épilepsie, septicémie, anémie pernicieuse). Cet examen permet en outre de faire I'épreuve de la PUPILLE. Lorsque l'animal est placé sous une porte, la pupille est assez dilatée et, chez le cheval, elle affecte une forme elliptique particulièrement dans le jeune âge. Dans les âges plus avancés, elle tend de plus en plus à prendre GLOBE OCULAIRE. 293 la forme rectangulaire, car les contours inférieuret supé- rieur sont moins incurvés. Uomerture pupillaire doit être de même dimension dans les deux yeux, régulièremeni diialée si l'œil est sain ; les bords peuvent être garnis de grains de suie, provenant de la membrane uvéale et ne gênant en rien la vision. L'observateur doit s'assurer de la régularité d mou- vements pupiilaires ; on peut pour cela fermer l'œil opposé à celui que l'on examine et au bout de quelques instants on voit la pupille se dilater. Si l'on enlève la main de l'œil que l'on vient de fermer, elle se resserre. On procède de la même façon pour examiner l'autre œil. En passant à la lumière plus vive, on la voit encore se resserrer davantage et l'on peut en conclure que Tiris n'est pas altéré et que l'animal voit. Cette épreuve ainsi faite peut fournir des indications sur Vétat de Vœil du sujet examiné, sur les altérations de l'iris [inflammation avec hypopyon comme dans la pneu- monie infectieuse, Vinfluenza, la. pyohémie), sur ses opacités {cataractes du diabète sucré); sur ses teintes anormales (œil vairon); immobilité de Viris, la pupille étant dilatée {amaurose) ; contractures de l'iris dans des maladies nom- breuses {fluxion périodique); adhérences contraclées par l'iris [synéchies antérieures et postérieures). La pupille peut être rétrécie anormalement {inflamma- tion cérébrale au début, empoisonnement par la morphine); DILATÉE à l'excès {amaurose, accès épileptiques, empoison- nements divers ou par le colchique, tétanos, parésie génitale, deuxième stade du tournis, etc.). Mais ces indications sont très incomplètes, quelquefois insuffisantes. Cependant dans les conditions ordinaires de la pratique, on s'en contente. Mais lorsqu'on veut faire l'acquisition d'un cheval de prix, ou lorsqu'il fait l'objet d'une contes- tation légale, il faut alors faire I'épreuve de la pupille d'une façon plus complète. On instille dans l'œil une solution de sulfate d'atropine 296 SEMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. à 1 p. 200, c'est-à-dire une solulion composée de un gramme de sulfate d'atropine pour 200 grammes d'eau distillée. Au bout de trois quarts d'heure, même au bout d'une demi-heure, la pupille se dilate dans toute son étendue. Son ouverture, de rectangulaire devient presque circulaire ; on voit alors si les contours en sont réguliers ou bien, festonnés, déchiquetés. Si l'ouverture pupillaire est déformée, c'est qu'il existe des adhérences, des syné- chies postérieures qui réunissent Viris avec la cristalloide antérieure et qui témoignent d'une ancienne inflammation de l'oeil ayant intéressé le corps ciliaire et les parties ayoisinantes. Si l'on veut encore obtenir des indications plus nettes, il est alors utile de recourir à la deuxième méthode. 2" Examen à l'éclairage latéral ou oblique. — Cette méthode consiste à éclairer obliquement la cornée et IIVEILTJ: Fig. 7;t. — Éclairage latéral. les parties situées en arrière de celle-ci au moyen d'une source lumineuse artificielle. Ce moyen est fort ancien; il a été conseillé par SoUeysel, qui estime qu'en examinant l'œil dans un lieu sombre et en l'éclairant latéralement GLOBE OCULAIRE. 297 avec une chandelle, on peut arriver à bien connaître Tétai de la cornée (fig. 73). La source lumineuse peut être une bougie, une lampe à huile ou à pétrole simple ou munie d'un réflecteur. Il faut placer l'animal à l'obscurité dans une écurie, ou seulement dans un coin obscur, si l'on ne dispose pas d'un local bien sombre. Un aide tient le cheval et l'obser- vateur place la loupe en arrière de l'œil à une distance de 20 à 30 centimètres, de façon que la chambre anté- rieure soit bien éclairée. Il peut également placer lalampe en avant; alors, il se tient en arrière. Par ce simple examen, on peut apercevoir très distinc- tement les lésions de la cornée et de la chambre anté- rieure de l'œil. Pour rendre encore les altérations plus évidentes, on concentre les rayons lumineux au moyen d'une loupe ordinaire ou d'une lentille biconvexe de quinze dioptries environ, on place alors la loupe entre la source lumi- neuse et l'œil. C'est l'observateur qui tient dans ce cas la loupe et l'aide qui tient la lampe. Celle-ci, placée à la hau- teur de l'œil un peu en arrière du côlé de l'épaule, doit être soutenue par un aide intelligent, qui, suivant les indications de l'explorateur, l'avancera, la reculera, rélèvera, l'abaissera, en diminuera ou en augmentera la flamme, se préoccupera en vn mot, étant donné qu'il ne faut pas compter sur la bonne volonté du patient, de maintenir la source lumineuse, tangente à la cornée, pour l'examen de cette membrane, de la chambre antérieure, .de l'humeur aqueuse, et moitis oblique pour l'examen de la pupille et du cristallin. Dans les salles spécialement aménagées pour ces modes d'exploration, il est préférable de suspendre la source lumineuse à l'une des extrémités d'une chaîne armée d'un crochet, enroulée sur deux poulies horizontalement placées au plafond et porlant à l'autre extrémité un contre- poids. Ce mode de suspension, très facile à établir, ne 17. 298 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. dispense pas de Taide, mais il évite sa fatigue, il n'a plus qu'à diriger la lampe soutenue par le contre-poids, et donne par suite plus de fixité à la source lumi- neuse. L'examen à l'éclairage latéral ou oblique fournit des résultats d'une importance capitale en médecine vétéri- naire. Il permet d'apercevoir les plus petites altérations de la cornée, de la chambre antérieure, de l'iris et du cristallin. V. — CORNÉE. Caractères. — Normalement, lacornéeest unemembrane transparente, en forme de calotte ovoïde, qui fait saillie en avant de la sclérotique, d'environ ©7 millimètres (fig. 74). Elle comprend une couche externe épitbéliale, u ne couc/ie moyenne, formée de faisceaux consécutifs réunis en lamelles superposées ; une cowc/«e in- Fig. 74. — Forme de ^rmet de constater la présence de matière cérii mineuse, de pus, de S'iiv^, de corps étrangers, de parasites ou de tumeurs. La MTHODE INDIRECTE cmsisle à rrconrir aux spéculum aun's pour dilater et rendre plus rectiligne la partie externe du conduii. Dans ce Imt, on utilise le spéculum unicalve on tubulaire t^X le spéculum bivalce. Les spéculums tuhnlaires ont la tbrtne d'un entonnoir à long col qu'on introduit avec précaution dans le fond de l'oreille; ot) éclaire ensuite le conduit auditif à l'ai le d'un miroir réfleclem qui concentre dans lacavité du spéculum, les rayons lumineux d'une lanpe à péirole on simplement ceux delà lumière naturelle. Chez le chien, on utilise les spéculums bivalves tel que celui d'Itard à valves longues, arrondies il'un côté à l'autre el fixées sur deux branches articulées. Cet examen peut révéler des plaia, des hémorragies, des ulcérations, 'les tumeurs, des accumulations de cframt^n , quelquefois de pus et des parasites [maladie épileptifurme des chiens de meute). La maladie de Ménière a été signalée chez le chat par \Vil!ried Lellinann ; elle se traduit par de fréquents accès de vertige avec impossibiiilé de la station après l-s crises el vomissements; parfois l'animal tourne et secoue la tête en tous les sens, en poussant des cris ; il semble, en outre, que l'animal perçoit de forts liruits .inormaux, dont il cherche la provenance. La surdité complète peut être la terminaison de ces troubles. II. — OREILLE MOYEXXE. L'oreille moyenne ou caisse du tympan (tig. 88) possèile : 1° Une face externe coiistituée par la membrane du tympan; 2" Une face interne présentant la fenêtre ovale formée par l'étrier [et] et la fenêtre ronde pourvue d'une mmce Cadéac. — Sémiologie 2'^ édit. Il* — 19 326 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. membrane circulaire (fr). Entre ces deux ouvertures, on trouve uue petite saillie osseuse, le promontoire (p) et en bas, on ol)serve l'origine de l;i trompe d'Eustache (T E) qui va s'ouvrir dans le pharynx; il faut y signaler enfin la chaîne des osselels, le marteau (m),renclnme (e«), le lenticulaire non figuré et l'étrier [et). La membrane du tympan protège les parties internes (le l'oreille et vibre à l'unisson de tous les sons extérieurs qui viennent l'impressionner. Puis les ondes sonores se propagent dans l'oreille moyenne par la chaîne des osse- lets, les os du crâne ou l'air enfermé dans la caisse du tympan. Les OSSELETS de l'oreille constituent en s'arliculanl une chaîne brisée, mais rigide, tendue entre la menilirane du tympan et la fenêtre ovale. Les vibrations des osselets ont été constatées sur le cadavre; mais elles ne deviennent perceptibles que lorsque les sons offrent une grande intensité. La destruction de la chaîne des osselets ne provoque pas sûrement une surdité coniplèie, pas plus que la pcn^foration de la membrane du tympan, mais à la condi- tion que /'^ïrier soit conservé. La suppression de cet osselet abolit l'ouïe, parce que la pérUymphe s'écoule librement dans l'oreille moyenne et ne peut plus transmettre les ondes sonores au laliyrinthe membraneux. Les os DU CRANE sout de bons conducteurs des sons : ils permettent d'entendre sa propre voix quand on a les oieiiles bouchées, de percevoir les vibrations d'un diapa- son li^iiu entre les dents ou le tic-tac d'une montre qui touche les dents ou qu'on place sur le sommet de la tête. L'air e.^fermé dans la caisse du tympan propage les vibrations sonores quand la chaîne des osselets a été détruite de la membrane du tympan à la membrane élastique de la fenêtre ronde. La trompe d'Eustache a pour fonction de maintenir en équilibre de pression l'air renfermé dans l'oreille moyenne OREILLE MOYENNE. 327 avec l'air extérieur grâce à la communication intermit- tente qui s'élablitentrela caisse du tympan et le pharynx. A ce niveau, rorifice de la trompe d'Eustache s'ouvre à chaque déglutition sous l'influence du muscle péristaphy- lin interne. Quand la trompe d'Eustache est oblitérée, la surdité résulte de la raréfaction de l'air dans la caisse, CDC • C.\E, conduit auditif externe, MT, membrane du tyrapau ; TE, orifice de la trompe d'Eustache; m, marteau; en, enclume; et, étrier, formant la fenêtre ovale par ou l'oreille moyenne communique avec le labyrinthe. Le labyrinthe niembraneuv rempli par l'endolyniplie occupe toute la région co- lorée en noir; RA, rampe auditive (lim:içon membraneux); KV, rampe ves- tibulaire; RF, rampe tympanique séparée de l'oreille moyenne par la mem- brane tendue sur la fenêtre ronde fr. de la dépression consécutive de la membrane du tympan qui comprend et immobilise la chaîne des osselets. Les déglutitions qui ouvrent la trompe d'Eustache sont ainsi nettement associées à l'audition. Les CELLULES MASTOÏDIENNES sont dcs espaces remplis d'air ; elles augmentent la masse gazeuse de l'oreille moyenne et diminuent en les répartissant sur un plus grand volume d'air, les effets dus aux changements de la pression intra-tympaniqiie . 328 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. III. — OREILLE lATERNE. L'oreille interne comprpiid le laltyrinihe osseux et mefjibraneux et les lermiiiaisous du nerf acoustique. Labyrinthe. — Le labyrinthe os>kux creusé dans le rocher, couipreiid le vestibule, les canaux demi-circulaires et le limaçon; ce dernier est pouivu à sa lace interne d'une lame osseuse, la lame spirale, qui se détache de sa petite oonibure ou courbure interne et pnnètre jusqu'au centre où elle se termine par un bord libre. Le LABYRLNTHK MEMBRANEUX alTecie la disposition d'un sac formant dans son ensemble un système de cavités concentiiques à celles du laliyrinthe osseux. Il est rempli par un liquide appelé l'endolymphe et forme un sac clos de toutes parts. L'espace coronaire compris entre les deux labyrinthes est rempli par la pérityniphe. Dans la figure 88, on peu! voir les diverses parties du labyiinlhe membraneux dessinées en noir : Le VESTIBULE comprend deux ié;j;ions liées entre elles par une étroite communication : 1° Vutricule {{]), dans laquelle s'ouvrent les canaux demi-circulaires ; Et 2° la saccule (S), qui communique avec le limaçon membiane IX appelé rampe cochléaire ou rampe auditive du limaçon (RA). Ce dernier compartiment est limité en bas parla mem- brane basilaire, en haut par la membrane de Meissaer (fig. 89 CC). Au niveau du vestibule, l'espace péri lymphatique (des- siné en blanc dans la figuie 88) s'ouvre dans l'oreille moyenne par la fenêtre ovale; mais lapéiHymphe ne peut s'écouler dans la caisse du tympan grâce à létrier qui bouche la fenêtre ovale. C'est elle qui est Tayeut des OREILLE INTERNE. 329 relations physiijues qui peuvent s'établir entre l'oreille moyenne. « Les ondes sonores transmises par la chaîne des osse- lets parviennent à la fenèlre ovale et retenlissent sur la Fig. 80. — Scliéma de la distribution du nerf acoustique dans les diverses parties de l'oreille interne (d'après Matliias Duvali. RT, rampe tympanique (lu limaçon; RV. rampe vestibulaire; CC, rampe auditive ou cochl^aire; OH, or<;ane de Corti ; GC, ganglion de Corli ; S, sacculo; UT, utricule ; VA, VP, canaux liemi-cii-culaires (vertical anté- rieur et vertical postérieur); ?«a, ma. raaciilts auditives ; ra, ca, crêtes au- ditives dans les ampoules des canaux dem'-circulaires; CA, orifice du con- duit auditif interne livrant passage au nerf acoustique ; GS, ganglion de Scarpa, placé sur la branche veslibulaire du nerf auditif; G(j, ganglion de Corti ou ganglion spiral, placé dans le canal de Rosentjjal, à la base de la lome spirale. périlymphe. Les demi-oscillations interne? de la mem- brane du tympan entraînent unedemi-oscill;Uion de même sens dans l'élrier qui presse sur la péiilymphe. Les demi- oscillations internes produisent un effet inversf el appel- lent l'étrier en dehors. Celui-ci airit donc à la manière 330 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS. d'un piston qui, tour à tour, refoule et appelle la perilym- phe. Or, celle-ci, incompressible comme tous les liquiiies, remplit un espace qui n'est déformable qu'en un seul point : la membraue élastique qui ferme la fenêtre ronde. Il en résulte que les vibrations de l'élrier entraînent dans la périiymphe des mouvements de (otalité, des oscillations qui intéressent sitnultanémenl toute sa masse et se reflètent sur la membrane de la fenêtre ronde» (Laulanié). Nerf acoustique. — Le nerf acousiique se divise en deux branches, la branche vestibulaire et la branche cochléairc. La branche veslibulaire présente sur son trajet un ren- flement ganiilioun.TÎre (CS, fig. 89), le ganglion de Scarpa, au delà duquel il émet ses hinnches terminales qui se lendent sur les appareils récepteurs, les macules auditives {ma) pour la saccule et i'utricule et les crêtes auditives [ca) pour les canaux demi-circulaires. La branche cochléairc (NC) pénètre dans l'axe solide et osseux du limaçon et répand ses branches terminales en éventail; celles-ci présentent à leur tour un rennement ganglionnaire (ganglion de Corti). Au delà du ganglion, les fibres auditives trouvent la lame spirale et se lerminent sur l'organe de Corli (OC). Les vibrations de la périiymphe se répercutent sur les diverses parties du labyrinthe membraneux et atteignent les terminaisons sensitives. Les cellules auditives éprou- vent en réalité un ébraidement mécanique, dans lequel l'endolymphe, les crins auditifs, les otolithes (sorte de poussière cristalline microstopique) et la membrane basi- laire ont chacun leur pari. Vim'pression auditive est recueillie par le limaçon, les canaux AQmx-circulah'es, et le vestibule. L'intérieur du limaçon est garni de nombreuses petites cordes tendues OREILLE LNTERNE. 331 comme les cordes d'un piano et qui sont en relation avec les terminaisons du nerf acoustique. L'oreille moyenne et Voreille internr ne sont guère explorables. Les otoscopes n'ont pas reçu d'application chez nos animaux domestiques. Pourtant, les altérations de l'ouïe sont assez fré- quentes. La surdité survient dans Vépilepsie avec hydrocéphalie {chiens et chats) ; la pharyngite, en oblitérant les trompes d'Euslacbe et en empêchant l'entrée de l'air dans l'oreiile tnoyenne, peut la produire. La diphtérie des lolailles, la tuberculose de l'oreille moyenne, la pneumonie infec- tieuse peuvent aussi amener celte infirmité. SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR On peut observer des changements dans le port de la tiHe, de la queue, dans ratLitnde du corps, dos moditica- tions atrophiques ou hype: tiophiques des musil>'S, des altérations des os, des aiticulalions, des tendons et des pieds, des troubles des allures (boiieiie, harpei). I. — TÊTE ET FACIES. Modifications. — La région de la tèie peut être le siège de piaies provenant d'acciilents récents, d^ fistules consé- culivesà des nécroses, à la trépanation îles sinus, d'exco- riations, dp cicatrices déterminées par des chutes. En oulre, la tète présente diverses attitudks qui ont une grande signification palhologiqiie : elle est haïUi' dans le té lunna qui provoque la contraciure des musclées rele- veurs dn l'encolure et dans loules les maladies accom- pagnées de dyspnée [gourme, bronchite, pntumonie, pleu- résie, cm hysème pulmonaire) ; elle est basse, dans les inflammations graves [périiotiite, pleurésie au déhui), maladies dans lescjuelles l'animal esl slupélié par la fièvre, dans les alTections typhoi les où le sujet esl accablé, comateux, a l'œil terne, fixe et la conjonctive jaunâtre. D'autres attitudes de la tête aident le clinicien à appré- cier le siège et la gravité d'une maladie. La tète est TÈTE ET FACIES. 333 penchée, c'est-à-dire inclinée latéralement à clroiie ou à {îauche dans les aiïections des ctiUres encéphalique s^ {méningite, méningo-encéphalite, tumeurs, cœnures, para~ sites divers), et dans diverses afTections catarrliales ou païasilaires des oreilles. La tête est appuyée sur la mangeoire, dans la méningo-encéphalite chronique, dans la méningo-encéphalite 90, — Tumeur myxomaleuse développée sur une corne à la suite d une fracture (Desainlniarlin). aiguë, pendant la période de rémission et dans divers empoisonnements. La tête est souvent porlée du côté du flanc, l'œil regardant l'abdomen dans les coliques; elle est agitée en sens divers dans les vertiges, le typhus, la ficvre charbon- neuse (Labat); elle est agitée de baut en bas dans la hernie inguinale étranglée. La tète chaude^ accompagnée de rougeur des conjonc- tives, témoigne d'une méningo-encéphalite, do douleurs 19. 334 SÉMIOLOGIE DE l'APPAREIL LOCOMOTEUR. tfès aiguës ou d'une afFeclion grave fébrile ; la lète est. froide et les conjonctives sont pâles dans runémie. Les signes fournis par la lète font reconnaître que l'animal est malade, mais ils n'ont qu'une valeur relative pour établir le diagnostic de la maladie. Chez les ivzm/yjaw/.s-, les cornes présentent d'importantes modilications : 1" Au point de vue delà température, elles sont cliaudes ou froides sous l'influence des mêmes causes que les oreilles ; 2" Au point de vue de leur intégrité; on peut constater l'inflammation du tissu réticulaire qui unit l'élui corné à la cheville osseuse [étonnement des cornes analogue à la fourbure du cheval), la fracture sans avulsion ou le détache- ment complet d'une corne ou des tumeurs volumineuses fibreuses ou myxomateuses, développées à l'e.xtrémité des cornillons (fig. 90). Il arrive fréquemment qu'il est nécessaire de pratiquer VamputatJon descornesen raison de la mauvaise direciion qu'elles ont prise, ce qui rend l'application du joug impossible. II. — ASYMÉTRIES. Caractères. — En médecine humaine, l'asymétrie du crâne, de la face, du thoiax, de l'abdomen, des mem- bres, etc., est considérée comme la révélation extérieure d'un développement défectueux de l'organisme. Toules les mall'ormations anatomi(iues de ces régions consti- tuent des stigmates physiques de dégéné>'escence. Chez les animaux, l'élude des formes asymétriques du corps est à peine ébauchée. On peut cependant les cons- tater : 1" Dans le tic de Vours et certaines stéréotypies du lé- chage, comme en témoignent les intéressants travaux de Chomel et de Rudie (Voy. Tic de F ours). 2" Dans les arthrites des membres ; M. Joly a insisté sur SIGNES FOURNIS PAR LA QUEUE. 335 Vasymétrie de la hanche comme sijjnp important d'une lésion ancienne du membre post>''rienr correspondant. 3° Ua^ns Vépilepsie, Bassi a moniré que l'asym'Hrie du crâne joue un rôle causal important; Beitetti a remarqué aussi que l'asymétrie crânienne existe chez les chevaux atteints de manie périodique, sujets à reculer ou à se Fig. ?1. — Double luxation de la queue. cabrer, ou à faire des écarts sans mol ifs, comme chez les chevaux épileptiques. 4" En maréchalerie, on fait ressortir l'importance de l'asymétrie des extrémités. 0° Il n'est pas rare de constater une asymétrie pronon- cée danslapousse et lévolulionde l'arcade dentaire (Joly). III. — SIGNES FOURNIS PAR LA QUEUE. Modifications. — Les positions de la queue sont peu expressives : 336 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL LOCOMOTEUR. La queue est flasque et tombante pendant l'évolution des maladies aiguës et pendant la période de convales- cence des maladies très {graves; dans la paraplégie, la queue, incapable de tout mouvement, pend inerte et insensible. Par contre, dans le tétanos, la contraction énergique de tous les muscles de l'organisme maintient la queue droite, raide. Les helminthes {oxyures, ascarides, ténias, sclérostomes), VŒstrus hemorrhoidalis, les hippobosqnes fixés à la marge de l'anus ou à la partie inférieure de la queue détermi- nenl des mouvements désordonnés de cet appendice. On peut constater une atrophie congénitale de cet organe chez le veau ; la queue n'a pas plus de 10 a 12 cenlimètres (Bedel). Exceptionnellement, on peul observer une luxa- tion simple ou double de cet appendice (Mg. 9i). La queue peut s'abcédcr, se nécroser à la suite d'inocu- lations, de vaccinations chez les bovidés; elle esl iréquem- ment le siège de manifestations eczémateuses chez le chien. IV. — ATTITUDES. Station. — L'animal debout est supporté par ses quatre membres ou seulement par trois d'entre eux, l'un, étant porté en avant et appuyant seulement par la pince, est dit en station. Quand le sujet se tient sur ses quatre membres, les hanches sont à la même hauteur; s'il est seulement sup- porté par trois d'entre eux, la hanche correspondante au membre fléchi est légèrement abaissée tjuand il s'agit, comme c'est le cas ordinaire, d'un membre posté- rieui'. Au bout d'un certain temps, l'animal change de sup- port de sorte, qu'allernalivement, le membre gauche remplace le membre droit et réciproquement, dans le soulèvement du corps. Les membres antérieurs ne changent pas de place; à ATTITUDES. 337 peine observe-t-on, quand Tanimal esl fatigué, un piéli- nement a^sez r(^gulier qui soulage les muscles. Le cheval est de tous nos quadrupè les domestiques celui ((ui peut rester le plus longtemps debout; souvent il dort dans cette attitude. Quand il est bien portant, la station est aisée, facile, calme, les aplombs sont normaux. Le bœuf, le chien et le porc sont assez rarement obser- vés en station; ils se couchent presque toujours. Les signes que l'on peut tirer de leur examen en station sont du reste loin d'êtie aussi nombreux et aussi impor- tants que ceux fournis par le cheval. Modifications pathologiques. — Dans les cas patholo- gi({ues, l'animal donne à ses membres des positions sou- vent caractéristiques ; il pointe dans les maladies des pieds; il soulève convuhivem-nt le membie et racle le sol dans le cas d'arthrite, de jav.irt, de clou de rue ; il tient le membre inerte dans le cas de paralysie. Sou(Tre-t-il des talons (bleimf^s), l'appui s'efîeclue surtout par la pince. Est-il atteint de maladie navicuiaire? le membre seia porté en avant pour éviter la douleur proiluite parle per- forant. La lésion siège-l-elle au côti'> interne ou au côté externe de la boîte cornée? l'appui se fait surtout par la branche externe ou interne du fer; autant d'indications utiles pour le praticien. Dans la péritonite, le cheval tient les membres dans^ l'extension, raides ; quand il est menacé d'asphyxie, il écarte les membres antérieurs du thorax comme pour ainpiilier sa poitrine: dans les coliques dues à la hernie inguinale, il fléchit les jarrets et prend la position du chien assis. Décubitus. - Quand les solipùdcs se couchent, ils sont en décubitus sterno-costal, ou en décubitus latéral, com- plet ou incomplet. Ln bonne santé, ils prennent généra- 338 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. lement la posilion sterno-costale. Le décubilus latéral complet ne s'observe que dans les maladies graves. Par- fois l'animal se place en décubitus dorsal; dans ce cas, il est atteint de coliques graves pouvant procéder de la hernie inguinale ou d'un étranglement intestinal. V. — MUSCLES. Les modifications de volume éprouvées par les muscles sont faciles à constater par l'inspection et la palpation. Inspection. — L'inspection permet de juger de la différence de volume de deux régions symétriques : épaules, bras, avant-liras, cuisses, etc. On constate ainsi des atrophies ou des hypertrophies. Palpation. — Klle permet d'apprécier les variations de température, de sensibilité, de consistance des muscles. La température est surélevée dans le rhumatisme aigu, le tétanos, abaissée dans la paralysie musculaire. La sensibilité est (rès vive dans le cas de rhumatisme musculaire {cheval et chien), d'hémoglobinémie [cheval et y^œ;//), de lumbago, de fatigue ou surmenage musculaire. Le saturnisme est caractérisé aussi par une douleur très vive des muscles. La sensibilité est annulée dans la para- lysie, la para[)légie. La consistance est dure dans V Jiémoglohinémie , le téta- nos', certains muscles sont rigides, tendus comme une corde. Cette dureté s'accentue encore dans la myosite fibreuse localisée à certains groupes musculaires, comme ceux de l'épnule, de i'avant-bras ou de la cuisse. Lamyosite devient quelquefois ossifiante au voisinage des aponévroses qui semblent être le point de départ ou des foyers d'exten sion des phénomènes d'ossification. AMYOTKOPniES. 33!» VI. AxMYOTROPHIES. Caractères. — Les amyotrophies sont les lésions muscu- laires les plus communes. L'atrophie musculaire revêt tantôt une forme générale, taniôt une forme locale. L'appareil musculaire entier peut être atrophié à la Fig. 9-. — Atrophie du triceps crural dans la paralysie du nerf fémoral antérieur. suite de maladies graves (épilepsie du chien, luberculose du b(vat\ iutluenza du chenil). Toutes les maladies chroniques sont susceptibles de ■déterminer une sorte de fonte musculaire; c'dons Vanémie, la leucémie, le diabète sucré, Vhydrohémie, la distomatose, la carcinomatose, etc. Quelquefois les atrophies sont limitées à certains grou- pes musculaires comme dans Vhémofjlohinémie du cheval, les empoisonnements par le plomb, le phosphore, l'ar- senic, l'oxyde de carbone, l'iode. A la suite de lésions 340 SÉMIOLOGIE DE L API'AREIL LOCOMOTEUR. nerveuses, on voit toute la région de distribution de ces nerfs s'atrophier: sus-épineux, triceps crural, masséter. Diver.«es maladies infectieuses sont susceptibles de pro- duire ces am\olrophies, soit en altérant la nutrition du muscle, soit eu produisant des myélites et des névrites infectieuses comparables à celles qui résultent de Tititoxi- catioii par le plomb. l/airopLiie du triceps crural (fig. 92), dans ïhéinoylobinémie, celle des muscles aryténoïdieus postérieuis ou de divers muscles dans la gourme pat aissent résulter de névrites infectieuses. Les amyoirophies, qui se mniiifestent en quelques Jours dans les arthrites, sont plus difficilement explicables. Les muscles tondent et s'émacient en quel([ues jours plus rapiilemcnt (pTaiirès la section des nerfs moteurs; on prétend que ces amynlrophies résultent de rinllam- malion des branches nerveuses qui se distribuent aux tissus malades; mais dans l'arthrite du jarret, on les voit se manifester indistinctement dans tous les riiuscles de la cuisse, de sorte qu'en dehors de Timpotence fonc- tionnelle ou de la nature réflexe de ces altérations, il y a place pour une intoxication des nerfs et des muscles : par les produits niorliidrs élaborés dans le foyer articu- laire. Les atrophies myélopathiques consécutives à une alté- ration des cellules des coines antérieures de la moelle all'ectent une forme disséminée iméressant des groupes de musclns ou seulement certaines parties des muscles (Voy. Myélites). Les atrophies musculaires mi/opathiques, c'est-à-dire indépi ndantes des altéiations de la moelle et des nerfs, consislent dans une dégénérescence primitive des muscles caractérisée par une fragmentation des fibres musculaires accompagnée de prolifération conjonctive et d'inlilttation graisseuse. Les atrophies d'origine vasculaire résultent d'une irri- gation sanguine insuffisante consécutive à une thrombose AFFAISSEMENT DE LA DANCIIE. 341 artérielle; les muscles, insuffisamtnent nourris, s'alro- phient progressivement. Ou a rattaché à celle cause l'atrophie des fessiers, des pectoraux; mais celte étio- eénie exclusive n'a pas été établie d'une manière indis- cutable. YII — AFFAISSEMENT DE LA HAIVCHE. L'affaissement de la hanche a été étudié en 1890 chez les bovins par Fuilauetto (1 . « Dans beaucoup de maladies des memlires postéripurs, de nature différente et de sièges divers, on peut ob>erver chez le bœuf l'atrophie de toute l'étendue du membre qui cependant est toujours plus apparente à la hanche. L'affaissement peut aussi être limité exilu>ivetnt^nt à celte région, à la suite de maladies locales aiguës ou chroniques telles que les fortes contusions sur l'articula- tion coa;o-/"émora/e, la distension des muscles de la cuisse, l'ostéite traiimatique ou rhuinutismule de cet os, le dépla- cement du muscle isihio-libial exlerne, Vhfjgroma ai(/u au niveau du trochanter, la fracture du fémur, la luxation coxo-fémorale, les phlegmons aigus de la cuisse et la fracture de l'ilium. Vaffaissement de la hanche se produit d'autant plus vite et est d'autant plus prononcé que le membre malade demeure plus longtemps inactif; il fait défaut dans cer- taines myo^ites trauinatiques et est très apparent au bout de huit à dix jours dans d'autres maladies. A la suite de cette atrophie musculaire, on remarque une déformation de la croupe et de la hanche; les os du côté de l'atrophie, c'esi-à-dire les angles antérieurs de l'ilium, l'éniinence du trochanter et la pointe de l'ischium se montrent plus saillants que ceux ilu côté sain. L'atrophie musculaire persiste un temps plus ou moins (0 Progrès vét., )890, p. 231. 342 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. long; elle disparaît après la cessation de l'état morbide qui l'a produite ou après que l'animal ne ressent plus de douleurs à la partie malade. » (Furlanelto.) VIII. — AFFAISSEMEAT ILIAQUE. On connaissait l'asymétrie de la croupe chez les che- vaux qui boitent depuis lon;:tenips d'un membre posté- rieur. Joly s'est attaché à démontrer que le dénivellement des éminences osseuses constitutives de l'angle de la croupe est un signe important pour le diagnostic des boi- teries du membre postérieur. Cette déformation est un témoignage irrécusable de l'anciennelé de la boiteiie. Caractères. — L'éniaciation des muscles se produit tanlôt lentement, tantôt rapidement, suivant la cause provocatrice. Quand elle résulte d'une simple impotence fonctionnelle, elle se produit lentement et n'est jamais très accusée; elle est rapide et très prononcée quand elle l'ésulted'une arlhrite. Dansce cas, l'émaciationdesmuscles est suivie de l'atiopliie des os; mais l'affaissement de l'ilium est plus appréciable que son atrophie. On reconnaît facilement cet affaissement quand on fait marcher le cheval devant soi. On constate que l'angle interne de l'ilium du membre boiteux est affaissé, son angle externe exhaussé, désincurvé dans son bord anté- rieur (Joly). Il est vrai que cette déformation n'est pas absolument patbognornonique d'une boiterie; elle peut être conr/énitalc (Belli); nous l'avons observée sur deux chevaux qui n'ont jamais boité; ces déformations ne sont souvent accompagnées d'aucune atrophie osseuse. Pathogénie. — Le mécanisme qui préside aux défor- mations acquises a été diversement interprété. Autrefois on attribuait Valroi)hic tnusri(lsement de l'ilium avec diminution d'épaisseur et de poid>> des os, s'observent nororalerrr' nt chez des animaux rion boiteux. A notre avis, la déformation iliaque est beaucoup moins significative que \'atrophie musculaire. Les muscles de la croupe s'atrophient et fonderrt dans toutes les inflammations articulaires aiguës ou chroniques. Véparvin-arthrUe est la cause la pins tri'quente de ces atrophies; orr peut soupçorrner l'existence d'irn éparvin chaque lois qu'on constate cette atrofihie, parce »jue l'in- (lanimation des autres articulations est relativement très rare. Cette atrophie musculaiie étant le phénomène primitif, essentiel, lié à l'inllarnmation articulaire, com- ment se produit l'atl'aissemenl iliaque? Ce phénomène est simplement la conséquence' de l'attitude de l'animal qui soustrait ce m mbre à l'appui, et ne me paraît avoir- aircune relation directe avec le mal qui nous occupe. Ce n'est pas en raison de l'existence d'un éparvin ou d'une boiterie quelconque que se produit 1 affaissement iliaque ; I AFFAISSEMENT ILIAQUE. 3i5 mais uiii(jupmeiit parce que l'animal, par soulFrance eu habituile, ne se sert pas d« ce raemlire On peut (lire, il est vrai, que la soulFrance entraînant généralement cette impotence foiictionm^Ue, la délorma- tinn iliaque est la conséquence, la caractérislii|ue de toutes les boilt-ries des membres postérieurs. Elle sera au même titre l'expression d'uut^ habitude vicieuse qu'otTrent certains chevaux non boiteux de reposer pour ainsi dire coiistanimeiit et exclusivement sur un memiire postérieur, pendant que l'autre est tenu plus ou moins fléchi ; la dé ormaiion iliaque est la conséquence de cette habitude, au même titre (|ue la délormation des épaules observée chez les hommes de bureau dont rép.inle droite parait tO'ijours remontée par rapport à l'épaule gauche qui paraît abaissée. D'ailleurs nous avons vu raainles fois des personnes qui avaient subi dans leur enfance une résection de 12 à 15 cen- timètres de tibia pour eidever un foyer tubi-rculeux et (lui à l'âge adulte présentaient de ce côté un abaissement graduel du bassin d'une hauteur' presque équivalente à la résection oss°use, à tel point qu'on ne conslilait aucune boiterie (1). Il se produit quelque chose d'analogue «liez les chevaux, l'ilium s'abaisse du côté qui correspoml au minimum de fonctioimement. Il est probable que le cheval, comme l'homme, est très souvent asymétrique même en dehors de tout éparviii et de toute lare lointame ou récente. L'ainyotrophie musculaire a une signification beaucoup plus nette : elle témoigne d'une altération articulaire déterminant un trouble nerveux réflexe ou une intoxica- tion et des etTets beaucoup plus prononcés que ceux qui résultent de la section des nerfs moteurs (2). (!) Ollier, Les fésections osseuses. Présentation des opérés à la Société de médecine de Lyon. (2) Joly, Revue vétérinaire, 1S97, p. 5îS. Bulletin de la Société centrale, 1S99, p. 613. Revue générale de med. vet., 1903, t. I, p. 24. — Liéiiaux, 346 SÉMIOLOGIE DE l'apPAREIL LOCOMOTEUR. En résumé, l'amyotrophie musculaire a une grande importance pour le dia;,'noslic ; elle est généralement symplomatique de l'éparvin et est d'autant plus prononcée que le mal est plus grave; TafTaissement iliaque perd toute signification précise, parce qu'il est tantôt con.ion de moelle osseuse, ils ont reproduit ralfection chez \e porc, la. chèvre, le lapin, etc. De plus, en faisant vivre des sujets sains à côté de porcs contaminés, ils ont parfois réussi à propager le mal ; les aliments, la voie digestive, dans ces conditions, paraissent entrer en jeu. Dans la phase chronique, ils n'ont pas découvert de microbes; mais, au cours de la phase aiguë, ils ont aperça dans la moelle osseuse ou la synovie articulaire, des EXOSTOSES. 349 niicrocoques et un bacille que des cultures ont reproduit. Inoculées, ces culluri'S, chez deux petits lupins, ont pro- voqué de la phosphaturie, une augmentation des acides, mais jamais raiïection typique. Touletois, quand les milieux ensemencés demeurent stériles, les inoculations de moelle osseuse sont sans effet. Celte réduction de la période d'activité du virus, à certaines époques, la rareté du mal capable à d'autres moments d'exercer d'im|iortants ravages, la lenienr de l'évolution (deux à sept mois), et quelques autres condi- tions renilent ces recherches laborieuses. D'ailleurs, si on met à part les fausses ostéomalacies, au point de vue de l'anatomie pathologique, des symptômes, etc., cette affection peut être l'œuvre de ditférenls agents, pourvu que ceux-ci soient aptes à engendrer en excès des acides capables, en solubilisant des phosphates, de déminéraliser le squelette. Or, c'est le cas de divers microhes, de certains champignons [Oospora Guignardi), c'est également celui de nos cellules surmenées ou insuftisamment actives au cours des mutations nutritives. Toutefois, on conçoit que, suivant l'agent en cause (bactérie ou cellule , la maladie est ou n'est pas contagieuse, facilement inoculable ( l). Sur les os se développent un grand nombre d'exostoses. XI. — EXOSTOSES. Les exostoses ont fait l'objet d'un grand nombre de travaux et elles ont une telle importance, en médecine vétérinaire, qu'il est nécessaire de résumer ici succincte- ment les données pathugéniques acquises. Pathogénie des exostoses. — La patkugénie des exostoses indépendanles d'un traumatisme, ou d'une in'ection microbieime [streptocoques de la gourme) ou mycosique, est actuellement iorlement controversée. (1) Cliarrin et Moussu, Académie des sciences, 1904. Caliéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 20 350 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR. Nous croyons qu'on peut les rattacher à deux origines: 1" à une hyperexleusion ligamenteuse ; 2° à une altéra- tion osseuse ostéitiqne. A. Théorie de l'hyperextension ligamenteuse. — C'est un principe que, Ihyperextension d'un ligament, d'une aponévrose ou d'un lendou des rayons inférieurs des membres est susceptible de déterminer par tiraillement ou arrachement une exostose au niveau de leur point d'insertion. Il existe autant de variétés d'exosloses que de points d'insertion. Ces tares osseuses sont localisées dans les rayons infé- rieurs à partir du genou et du jarret ; elles sont presque inconnues dans les régions supérieures. C'est que l'amor- tissement des efforts locomoteurs est beaucoup moins parfait pour les parties basses des membres, dont les jointures deviennent d'autant plus rigides qu'on descend davantage. Les glissades, les torsions, les percitssions répé- tées se font particulièrement sentir vers les parties infé- rieures (1). Un grand nombre de suros se produisent par ce méca- nisme. Le suRos INTERMÉTACARPIEN PROFOND résulto d'uu tiraille- ment excessif du ligament suspenseur du boulet, comme Barrier en a fourni la démonstration. (( Le jeu phalangien aux diverses phases de l'appui consiste dans une modification des rapports angulaires que le paturon entretient, d'une part avec le sabot, d'autre part avec le canon. Au moment du poser, canon, paturon et sabot sont en ligne droite, dans le prolongement les uns des autres. Dès que l'appui commence, la rectitude de ces régions disparait ; Jeux angles se forment simulta- nément ; l'un au niveau du sabot, l'autre au niveau du (I) Drouin, Étiologie et pathogénie des tares osseuses (Bévue (jénérale de méd. v('t., 13 avril 1903). EXOSTOSES. 351 boulet. CVsl an milieu de l'appui que ces deux angles semblent atteindre le minimum de fermeture. L'un d'eux, l'infcrieur, a pour conséquence immédiate d'opérer le relâchement du perforant el la chute du boulet, et aussi de faire supporter au ligament suspenseur la plus grnnde somme des tractions causées par cette chute. Si l'abaissement est excessif par rapport à la lésislance du ligament, cet organe se rupture (i). Les scRos PosT-MÉTACARPiENS sont produits par la dilacé- ration ou l'arrachement de i'arcaiie apouévrotique car- pienne qui se relâche quand le pied est levé et se tend vigoureusement à l'appui (Joly). Les suROs iNTERMÉTACARPiKNS résultent du tiraillement du ligament interosseux par la descente de l'os rudi- mentaire ; niais, selon Joly, cette descente aurait plutôt pour effet de relâcher les fibres du ligament qui sont obliques de haut en bas et d'arrière en avant, de sorte que ces exostoses auraient la même origine que les post- métacarpiennes; rhyperextension des fibres inférieures de l'arcade carpienne exerce son effort de bas en haut et d'avant en arrière. Ces petites périoslosesrestent localisées à la scissure inlermélacarpienne et s'élendent un peu sur la face postérieure du métacarpien principal le long du bord du péroné. Elles ne représentent, bien souvent, que la soudure bàtive et un peu amplifiée du métacarpien rudimentaire. Cette soudure quasi-physiologique explique peut-être la grande fréquence de ces périostoses en même temps que leur bénignilé, car elles rétrocèdent presque toujours avec le temps {2j. Ces périostoses se produisent surtout du côté interne en raison de l'inégalité des pressions que supportent les deux métacarpiens rudimenlaires. En effet, « au côté externe (1) Barriep, IVerf-férure {Bulletin de la Société centrale, 1891). (2) Berton, Étiologie el pathogénie des tares osseuses du cheval. Toulouse. 352 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL LOCOMOTEUR. l'os crochu repose à la fois sur le métacarpien principal et sur le rudimentaire; son correspoiulant intprne, le trapèze, s'appuie exclusivement sur le métacarpien tuli- mentaire. Il en résulte que, de ce côté de Tai tuulalion, les pressions sont transmises intégralfMnenl au métacar- pien rudimentaire, d'où tiraillements du ligament qui l'unit à l'os principal, particulièrement cliez les jeunes, à cause du peu de solidité de l'appareil ligamenteux ». (Klingberg.) LessuROscARPiENsquisiègenttout autour du genou, c'est- à-dire près des articulations intercarpiennes et carpo- métararpiennes, résultent plutôi de l'ostéo-arthrite du genou que d'un tiraillement ligamenteux. Les suRos SUS-CAR pn-Ns résultent des tractions excessives exercées pur les icmions des fléchisseurs oblique et externe du mclacurpe au niveau de leurs points d'altache; ils peuvent gagner le* articulations du carpe ; mais ordinai- rement, ils remontent le long des tendons, envahissent la parlie supérieure de la gaine carpienne, s'étalent en plaques et immobilisent en grande partie la ré- gion. Le SUROS DU LIGAMENT LATi'-RAL DU GKNOU OU de la tète du métacarpi(M) rudimentaire est du aux efloi ts du liga- ment latéral commun du carpe au niveau de son insertion inférieure. Les SUROS MÉTATARSIENS sont trés rai'es, ils paraissent résulter ainsidu surmenagedes gaines de contention; mais ils sont inliniment plus rares qu'aux membres antérieurs. Le suROs DU LiGAMiOT LATÉRAL DU BOULK.T OU suros infé- rieur, suros du boulet, est dû aux elToits du ligament latéral superficiel de l'articulation du boulet au niveau de son insertion supérieure. Les suros d'origine traumatique intéressent particulière- ment le métacarpien piincipal; ils ont une lorme plus ronde et ils sont le plus souvent ébumés; tandis (|ue les suros spontanés, apparaissant sur le métacarpien rudimen- EXOSTOSES. 353 laire, ont la forme à'ostcophytes el sont accompagnés de lésions d'ostéite raréfiante. Les FORMES ont une origine analogue selon les partisans de rhyperextensioii, c'esl-a-dire de ceux qui prétendent comme Barrier, Berton, eti\, que dans les exostoses le processus osseux évolue concentriquement, de la péri- phérie des os vers les parties centrales. Les exostoses phalanrjiennes ou formes résultent d'un travail outré; elks se développent au niveau des champs d'insertion desbrides d'attache de divers appareils fibreux du boulet et des ph.ilanges. On les rencontre en effet vers la moitié inférieure des bords latéraux de la première et de la deuxième pbalange ou au sommet de l'éminence pyramidale de la troisième. Pour léj-'ilimer encore davantage celle oiigine externe, Berton soutient que rintlammation est localisée a la couche plus supeiTuielle des os, oupériostiquc sans retentissement sur les couches profondes du tissu osseux. Eu faveur de cette opinion, on invoque enfin lëlat des brides d'inser- tion, qui, au niveau des formes, sont généralement épaissies, indurées, frappées d'inflammation chronique. La courbe, la jarde et le jardon n'existant pas comme tumeurs osseuses, la question de leur origine est trancbée d'emblée. L'ÉPARViN est d'origine périphérique, c'est-à-dire procède d'une hyperexlension ligamenteuse, telle est l'opinion soutenue pai' Barrier. Le phénomène initial consiste dans un tiraillement des courts ligaments interosseux, d'où résulte une ostéite périphérique, qui modifie la nutrition du cartilage et lait apparaître les lésions ai tbritiques. Ces altérations débutent par la partie inf'cro-intcrnc da jarret, parce que c'est la rangée sous-aslragalienne du tarse {scaphoide et grand cunéiforme) qui a le plus à soutlVir pendant les efforts de la locomotion. 20. 35i SEMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. H. Théorie de l'ostéite primitive. — Les partisans de la théorie osseuse soutieimeiit au contraire que toutes les exosloses (.sintw, /onju'.s) et les éparvins eux-mêmes ont une origine osseuse. Toutes ces altérations procèdent d'une ostéite déformante susceptible de frapper les diverses parties du sque- lette , particulièrement celles qui jouent un rôle prépondérant dans la lo- comotion comme les membres, ou qui doivent supporter le poitls du cavalier comme la région dorso-lombaire (fig. 94 à 98). Cette " os^t;(7e raréfiante débute profondément dans les systèmes de Haverset transforme pro- gressivement les couches osseuses sous-périosti- ques, le périoste lui-même et les attaches ligamen- teuses qu'elle ossifie [os- téite proliférante), ou bien, dirigeant sa marche vers les cartilages articulaires, elle les mine par la base, les détruit et produit l'an- kylose articulaire [ostéite ankylosante), ou bien Vostéite condensante. » (Joly.) Les suros intermétacarpiens ou post-métacarpienb, les éparvins avec leurs diverses formes d'arthrites sèches, cer- taiires formes coronaires qui jaillissent en quelque sorte des arliculations inlerplialangiennes, les ostco-arthrites Fig. 'Jk — ()sléo-ai-llivilt; ciir|io-iiiéta- carpienne. — OsU'ites tie la marge articulaire de l'inserlion du suspcnscur et des métacarpiens latéraux (Lefcbvre et Thary). EXOSTOSES. 3b5 déformantes du genou étudiées par Lefebvre et Thary en sont autant de manifestations. Ces lésions osseuses se retrouvent dans la fourbure, dans Vencastelure et dans diverses formes de cet ensemble Fig. 95. — Osléo-artlirite ilérorniiinte ou aiikylosanle carpo-niiHacarpienne. — Face ant(''rieui'e. — • Soudure des os de la rangée inférieure du carpe entie eux et avec le mélacarpe et les métacarpiens latéraux (Lefebvre et Thary) d'altérations, auquel on donne le notn de maladie navi- culaire. C'est l'ostéite rarénante ancienne qui explique les fractures qui se produisent chez les animaux couchiés sur le lit de paille avec toutes les précautions, comme les fractures consécutives à des coniractions musculaires 353 SÉMIOLOGIE DE L'aPPAREIL LOCOMOTEUR. violentes, les fractures des phalanges qui surviennent après une injection de cocainf^, les désinseitions des ligaments et des tentions, les dilTorniités de la tète (1). Fig. OG. — Osléo-arlhrile tarso-niétaiarsii'nno. — Kace po-t>'rioiire du nK^la- tarse dont la surface articulaire est ulcérée. — Ostéophytcs de l'altaclie du suspenseur et des métatarsiens latéraux (Lefebvre et Thary). Les recherches histolofiiques de Vivien ont mis en évi- dence la fréquence de ces aliéralions osseuses et leur dissémination sur les diverses parties du squelette. En faveur de Yostékisme, on peut invoquer un certain nombre d'arguments impôt tants qui sont tirés du rôle de (1) Voy. Maladie du son {Pathologie chirwç/'cale, t. I, p. 303, in Encif' clopédie vétérinaire). EXOSTOSES. 357 la prédisposition individuelle, de la hilatprnlilé on de la Fig. 97. — Osted-aitlinle dconinniu ou aiikjlo>aiilu lais .-rnolatarsienne et lésions ostéol ques, île même nature, des m(5:atar>ieiis latéraux et de l'extré- mité inférieure du corps de l'os. — Face antérieure (Lefebvre et Thary). dissémination des lésions osseuses, de rintluence e.\ercée 358 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. par la faligue du sys- tème osseux, par l'ali- mentation. 1" Prédisposition in- dividuelle. — Les exos- toses font à peu près défaut chez Vàno, sauf Vcparvin ; elles sont rares chez le mulet, fré- quentes chez les che- vaux. Dans cette espèce, il existe encore de pro- fondes différences qui tiennent à la race, et surtout à la nature des aliments. Dans toutes les races, ce sont les jeunes ani- maux qui sont le plus [irédisposés aux exos- loses, parce que les in- sertions ligamenteuses et les os eux-mêmes manquent de solidité; mais en dehors de cette influence, il existe « une réceptivité et une im- munité individuelles in- discutables. Des che- vaux d'apparence grêle peuvent fournir pendant des années une tâche effrayante, sans que la plus petite tare osseuse ait atteint leur squelette; on en voit d'autres, bien bâtis l'iu'. 5)S. — UsU'o-arlhrile défoniianlc, conlorme à la prf^cédente. Face poslO- rieure (l^efebvre et Tliary). EXOSTOSES. 359 en apparence, qui ne résistent pas aux premières éprouves; leurs membres se couvrent de lares osseuses. On peut retrouver toute la gamme entre ces types extrêmes II semble logique de rechercher la cause de ces variations dans une diiïérence de structure de la trame os.seuse, entraînant sans aucun doute le défaut d'adhérence des insertions » (Drouir)). Joly a constaté, en effet, que le phénomène d'ossifica- tion des canons chez les chevaux desanj^ commence sou- vent avant tout travail, d'où il conclul que V ostéite de fati- gue est un phénomène non diathésiqua, non spécifique, mais au contraire, normal, physiologiquf'. Les manifes- tations ostéitiques sont » l'aboulissant pathologique d'une évolution mille fois séculaire » vers la solipédisation. D'autre part, l'osléile de soudure intermétacarpienne se prolonge, dit-il, sous le carpe et le tarse pour donner naissance aux soudures intercarpiennes et tarsiennes, d'où il résulte que la pathologie des tares osseuses ne peu*, se scinder de la solipédisation. Et comme celle-ci est fonction de l'hérédité, celle-làaussi nele seraitpas moins. L'hérédité fatale des tares osseuses est ainsi une résul- tante inévitable de ce processus paléontologique qui lend à spécialiser le cheval comme animal de vitesse. La patho- génie des suros intermétacarpiens et la soudure évolutive inlermétacarpienne ne peuvent êtresépaiées (Joly) (1). Au point de vue de la pathologie comparée, il semble qu'on peut rapprocher les ostéites de fatigue de l'homme, de l'ostéite de fatigue du cheval et qu'il soit possible d'établir une analogie entre les fractures du mélaiarse des fantassins et les fractures énigmatiques du paturon par ostéite raréfiante ; entre les péiiostiles non tiaumali- ques de la jambe de Vhomme ou encore les exostoses de croissance [exostoses ostéogcniques) et ce que l'on observe de similaire chez le cheval. (1) Chomel, Réperloire de police sanitaire, lo mai 1903. 360 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL LOCOMOTEUR. 2° Bilatéralitê et dissémination des lésions osseuses. — La nauitiplicit<" des lares osseuses chez cerlains amniaux n'a pas manqué de tVapper les ohservateurs. On constnle toujours l'existence simultanée des siiros in terme tacar- piens et post-métacarpiens: les formes se manifestent {^éiiéralemenl aux deux membres et oITrentunedisposition parfaitement symétrique. Dans les formes coronaires, la substance osseuse est le plus souvent la première alteiute, comme en témoignent les recherches aiiatomo-palhologiques d'Udriski. C'est une ostéite centrale primitive, débutant dans la partie com- pacle de l'os, caiactérisée parla raréfaction du lissu osseux avec lacunes de How»hi|), suivie d'une phase d'osléite condensante, d'osléoscléroî^e réparatrice; mais on peut constater aussi des formes coronaires par ostéite périphé- rique ligamenteuse. Antérieurement, en 1897, Joly rattachait les formes coronaires à une ostéo-arlhrite à trois stades: l^sans exosLose et sans ankyiose; 2° avec exostose et sans anky- lose ; 3° avec exostose ei ankyiose, la lésion primitive étant une altération générale de l'os, mais débutant tou- jours au niveau des attaches ligamenteuses et tendi- neuses. Les formes de la deuxœmk articulation knterphalan- GiEiSNE peuvent avoir, selon Eberlein et Karbach. une tri- pie origine : 1° la lésion débute par une ostéite raréllante primitive qui détermme secondairement une arthrite, avec hyperostose périarticulaire; 2° La lésion débute par une ostéite de la couche non périostée, avec formation d'exostoses périailiculaires et tardivement il y a arthrite chronique du pied. .3" L'altération commence dans le voisinage de l'os, dans les tissus périphériques. Les fokmes cartii agineuses elles-mêmes résultent d'un accroissement latéral de la troisième phalange, le tissu osseux ayant une tendance naturelle à envahir le carti- EXOSTOSES. 361 lage complémentaire. Ce sont les chusps susceptibles de Fig. 99. — tonnes plialaugieiiues cliez le bœul (Cadeac et Alorot). congestionner la phalange unguéale qui activent ce pro- cessus d'ossification. On peut constater chez le bœuf, Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 21 362 SEMIOLOGIE DE L APPAREJL LOCOMOTEUR. comme chez le cheval, des formes phalanj^'iennes détermi- nées par une ostéite qui envahit les divers os (fig. 99). L'ÉPARviN est presque constammenl bilatéral. Son déve- loppement, exclusivement osseux selon Joly, comprend un processus complexe, qui correspond successivement : « En première phase : à une arthrite sèche des articu- lations tarsiennes inférieures, d'oùVéparvin-arthrite; Fig. 100. — Osléo-artlirite tarso-mclatarsienne. — Ulc(^ralion étendue de la lablc articulaire. — Soudure du métatarsien latéral inlerno. — Ostéoporosu et ostéoplijtes (Lefebvre et Tliary). En deuxième phase : à une ankylose des articula- tions enflammées ; d'oii Véparvin-ankylose; En troisième phase : à une exostose localisée, de par la constitution analomique du jarret, au côté interne de la base de Tarliculation, d'où Véparvin-cxostose ; En quatrième phase : la maladie a débordé les articu- lations tarsiennes inférieures et envahi le pourtour des arliculations tarso-métatarsiennes et tarsiennes supé- rieures, d'où Vépavvia cerclant. » Fig. 101. — Membres anleijeurs dune jument de quatre ans qui n'a rendu aucun service (Thary et Lefebvre). — Les genoux, les canons et les patu- rons sont déformés par ces lares osseuses. 364 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. Dans tous les cas, la lésion articulaire esl, pour Joly, le prélude de loules les autres. Celte opinion est pai t igée par Eberlein, qui reconnaît que i'alléraiion primitive, c'est une ostéite r.-néliaiite qui apparaît au sein de Tos, d'oîi elle gagne rarliculation et en dernier linu la sur- face exiérieure li;iamHntpuse. Cette sorte d'ostcoporosc ne demeure pas localisé'^ à la joinlure atteinte; elle se retrouvedans l'autre jarret et sur d'autres points du sque- lette dont elle prépare les déformations et les fractures. — Il est clair que la mauvaise conformation des jarrets ou des autres régions, les aplombs défeiiueux lavo- risent singulièrement l'apparition de toutes ces tares osseuses. 3° Influence de la fatigue. — Les efforts locomoteurs, les causes mécaniipies engendieni Vostéite de fatiifuc, qui est la malailie professionnelle du cheval. Celte ostéite de fatigue « individuellement acquise esl accumulée par les ancêtres. Lors du travail, la fatigue individuelle liàle tou- jours lasoudure intermétacarpienne etprovoque lesuros; le jeune àgedu sujet, sa vigueur el son énergie au travail ont une grande intluence sur la précocité et l'irrégula- rité des phénomènes. La débilité organique, les vices de nutrition et de con- formatiou du squelette ne sont pas évidemment sans inlluence sur la résistance du tissu osseux à l'apparition d'une ostéite de fat gue morbide, provocatrice de suros pathologiques » (Jnly). 1/ostéite (le fatigue met le lis>u osseux dans un tel état que le tiraillement ligamenteux le plus discret devient le point de départ d'une exoslose, et comme tout le ti.ssu osseux offre celle altération, les exostoses tendent à se produire ou se produisent effectivement dans tous les points où ces liraillements peuvent s'exercer. Celle fatigue morbide provocatrice se transmet à la des- cendance; l'éparvin n'est pas plus héréditaire que les EXOSTOSES. 365 autres tares osseuses; ce qui se transmet c'est cette faiblesse native, cette vicieu-e nutrition du tissu osseux qui con- duira la race ou même l'espèce à une déchéance progres- sive. <( Un canon ou une articulation frappés par l'ostéite de fntigue héréditaire reste grêle et vicié dans ses aplombs par le fait même de son état pathologique» (Joly). Celle ostéite de fatigue joue un rôle prépondérant dans Tappaiition des éparvins et dans toutes les altéra- tions de la troisième phalange, notamment dans la fai- blessr chronique et dans les boitcrics d'origine osseuse que présentent souvent les clipvaux de course (1). Elle prend naissance dans la pi-ofondeur de la trame osseuse et envahit tout. « Rencontre-t-elle un ligament interosseux : elle le remanie, l'absorbe et provoque une symphyse. Est-ce une articulation qui se trouve sur son passage : elle la détruit et la remplace par une ankylose. Les cariilages, elle les transformeen os et s'il n'yadevant elle aucun tissu ayant des rapports intimes avec l'os et dans lequel elle puisse pénétrer par replation, elle aboutit à une poussée néoformative » (Vivien). 4'^ Influence de lalimentation. — L'alimentation, c'est un fait reconnu par tout le monde, joue un rôle considé- rable dans la formation et l'évolution du tissu osseux. Il y a ainsi des pays à sol pauvre en phosphates oi!i tous les ani- maux ont les os grêles ; comme il y a des pays oij le tissu osseux acquiert un grand dévelojipement. Partout où l'os ne prend pas de consistance, il est émi- nemment prédisposé aux exostoses. Drouin a justement attiré l'attention sur cette pauvreté de l'alimentation : " Les insertions ligamenteuses et aponévrotiques ne peu- vent contracter une adhérence suftisante dans ce tissu trop vascLilaire qui garde trop longtemps les caractères de (1) Cagny, Bulletin de la Société centrale, 1900, p. 132. 366 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL LOCOMOTEUR. l'état fœtal. Ces pays à tares osseuses paraissent être sur- tout des régions marécageuses, à terrains acides, dépour- vus de phosphates terreux, dont les marais de Rochefort et de la Basse-Vendée nous fournissent le type. D'ailleurs, certaines substances alimentaires acides peu- vent déterminer une dénutrition osseuse générale, laquelle se traduit bientôt dans une colleclivité, par la fréquence des fractures, des arrachements ligamenteux et des végéta- tions osseuses. C'est ainsi qu'on observe des types d'ostéite métacarpienne généra\e, presque toujours symétriques sur le même sujet et se traduisant clinii^uement par de larges périostoses de toute la région du canon. Ces périostites sont produites par des tractions aponévrotiques et liga- menteusps; larliculalion elle-même est pres(iue toujours indemne; mais l'os est atteint dans toute son épaisseur; 1res fréquemment, l'évolution se termine par une fracture consécutive au traumatisme le plusléger. LefebvrèetThary ont décrit une ostén-arthrite du genou, qui, débutant par une pointe synoviale, détermine rapidement l'ankylose de la rangée inférieure » (Drouin). Des recherches diverses témoignent de l'influence exer- cée par l'alimentation sur le développement des exostoses. Marcone a constaté de la phosphaturie chez les animaux alTectés de cette ostéite raréfiante. Reul(l) a fait ressortir l'utililé des phosphates dans l'élevage des animaux domes- tiques. Les animaux nourris d'aliments riches en phos- phates offrent des os plus développés et plus résistants que ceux qui sont nourris d'aliments acides. — Néanmoins, il faut reconnaître que le rôle des aliments dans la pro- duction des exostoses est loin d'être élucidé : il y a encore bien des points obscurs et des faits contradictoires. De ces diverses considérations, on peut conclure que les solipèdes sont fréquemment affectés d'un état constitii- lionnel désigné sous le nom d'ostéisme ou d'ostéitisme qui (1) Reul, Annales de méd. vct., 1901, p. 410-46G. ARTICULATIONS. 367 les prédispose aux diverses tares osseuses qui se dévelop- pent sous Tinfluence d'efforls locomoteurs qui déterminent des tiraillements ligamenteux. — D'ailleurs, ces derniers peuvent aussi faire développer des lares indépendam- ment de toute altération préalable, c'est-à-dire de toute ostéite de fatigue. Il n'en est pas moins vrai que l'ostéite de fatigue constitue un lien entre les diverses exostoses $:'S^ ^^ liquide ([ui baigne Caiciîication des. S!""«>>;^7J i -^ les surfaces articulaires travées directrices.' ^'f '*'-Ji ' ■'V '"' % '-i>'' %'"'' i*'-' .-- et qui est exhalé par les ^ -A' !■ */■"'. I'«i vaisseaux de la syno- iuses vasculaires- .. ■ ^ '^Jl • 7, ^j'.T^BS . . Alili^ '^iL-^li '"^ SYNOVIALE f)résente '' " '^' *''||i( I»* des surfaces planps et Fig. 102. — Cartilage de conjugaison. des surfaces Vtll('ltSes. Ces dernières sont con- nues sous le nom de franges synoviales. Les franges synoviales sont consliiuées par deux ieuilleis adossés de la synovi.ile. Entre les deux feuillels, il y a un tis.^u coiijonctif lâche, des cellules adipeuses, disposées en îlois et de nombreux vaisseaux. Si les vaisseaux sont congestionnés, on est frappé du volume ries arlèies et des veines, eu égard à la faible quantité de tissus qu'elles semblent alimenter. De l'e.xtiémité des tranges partent des corps, hier» décrits par Kolliker. Ce sont tantôt des prolongements filiiormes, constitués par un axe de tissu conjoiictif et revêtus par deux ou trois couches de cellules épithé- liales. Parfiiis ces prolongements sont en forme de massue dont l'axe de tissu conjonctif peut contenir des capsules decai-tiiage. Ces divers prolongements ne contiennent pas de vaisseaux. Les tranges synoviales ont un rôle physiologique im- portant. Les cellules qui recouvrent les prolongements ARTICULATIONS. 369 villeux ou en massue de la synoviale sont les véritables organes de la sécrétion de la synovie. La synoviale ne recouvre pas la surface des cartilages diarthrodiaux là où ils glissent les uns sur les autres. Fig. 103. — Ankylose de l'articulation niétacarpo-phalangienne clioz un poulain. La synovie contient de l'albumine, de la mucine en forte proportion, des traces de matières grasses, des cellules épithéliales et des leucocytes. Exploration. — L'inspection permet de reconnaître des augmentations de volume [arthrites, éparvins, vessi- 21. 370 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. çons, molettes, kydai'lhroses, entorses) ou des changements de direction: luxation, bouleture, arrêt de la rotule, chez le cheval et chez le bœuf. La MENSURATION Comparative des articulations homo- logues fait apprécier l'intensité de ces changements ; les vaiiationsde volume des hycJarlhroses, sous Tinfluence du travail ou d'un traitement approprié. La PALPATioN révèle une sensibilité et une chaleur anormales dans l'arthrite, les entorses, les luxations ; elle met en évidence la fluctuation des molettes et des hydarthroses, la dureté des tissus dans j'éparvin, l'an- kylose, etc. Modifications pathologiques. — Les articulations peu- vent présenter : 1" Des PLAIES PÉRL^RTicuLAiREs, conséculives à des chutes, à des blessures superficielles, à des déman- geaisons; elles sont sujettes à de nombreuses complica- tions du côté des ligaments, des tendons, des os et des synoviales et aboutissent quelquefois à l'ankylose (lig. 103). 2° Des PLAIES PÉNÉTRANTES, dont les conséquences sont variables, suivant qu'elles sont aseptiques ou sepliquesou plus ou moins infectées et suivant que la synoviale est cloisonnée, divisée en plusieurs loges ou quelle est exposée à une infection généralisée. 3" Des ARTHRITES CLOSES à forme séreuse, pseudo-membra- neuse, mais rarement purulente (fig. 104), et des arthrites TRAUMATiQUEs, Caractérisées par la pénétration de corps étrangers, de germes infectieux qui déterminent une suppuration abondante et une inflammation très grave. 4° Des HYDARTHROSES, c'est-à-dire des hydropisies des synoviales articulaires résultant de conlu:iions, (.Ventorses, de luxations, de ploies im-iarliculaires et d'arthriics, de la gourme, de divers états infectieux et de la gestation. Elles se développent lentement sans provoquer des troubles bien appréciables ou seulement une boiterie ARTICULATIONS. 371 «déterminée par l'obstacle apporté par la synovie aux mou- vements de l'articulalion. Les hydarthroses prononcées s'accompagnent d'écar- tement des surfaces articulaires et quelquefois de luxation et de hernie des culs-de-sac synoviaux. 5" Des CORPS ÉTRANGERS, venus du dehors (projectiles, Fis. 104. — Arthrite clironique du jrasset (Cadéac). 1, lèvre interne de la troclilée fémorale; ^, condyle interne du fémur; 3, ménisque inlerarticulaire interne ; 4, ligament interosseux croisé antérieur ; 5, tendon d'origine de la corde du flé- cliisseur du métatarse; G, tubérosité antérieure du tibia ; 7, ligament rotulien externe; S, — — médian; 9, — — interne ; 10, attache rotulienno du ligament rotu- lien interne ; 11, ménisque inlerarticulaire externe ; 12, bride libreuse renforçant le ligament capsulaire fémoro-rotulien ; 13, tendon du poplité; 14, ligament interosseux croisé interne; A, ulcération de la lèvre externe de la troclilée ; B, production cartilagineuse siégeant sur l'origine de la corde du flé- chisseur du n.étalarsc ; C, rotule ; 'E, ulcérations. ■échardes) ou développés dans la synoviale ou dans les tissus parasynoviaux. Ce sont des grains riziformes de nature fibreuse, f^rais- seuse, cartilagineuse, ostéo-cartilagineuse ou osseuse résultant de l'exsuilat inflammatoire déposé à la surface de la synoviale; ce sont aussi (jiielquefois des arthro- phytea d'oiigine trauwatique, c'esl-à-dire des parcelles générique d'arthrites les diverses formes d'inflammation des articulations dont les caractères anatomo-patholo- ARTHRITES. r,^ giques sont la reproduction des phénomènes qui accom- pagnent l'inflammation des séreuses. La SYNOVIALE s'iiijecle, les capillaires se dilatent, une exsudation se produit; elle trouble la synovie et distend la synoviale, sauf les cas où l'articulation est ouverte. Alors, la plaie laisse écouler de la synovie louche ou purulente. Le CARTILAGE subit de profondes modifications ; il y a hypernutrition et prolifération des cellules carlilapineuses. Sur des coupes perpendiculaires à la surface, les capsules lenticulaires, qui renferment à l'état normal un élément cellulaire peu distinct, se gonflent, les noyaux augmentent de volume et deviennent vésiculeux, un nucléole très net apparail ; les cellules aplaties prennent une forme globu- leuse. A un moment donné, une capsule peut contenir plusieurs cellules; mais bientôt chaque cellule s'entoure d'une capsule secondaire. Cette multiplication afl'ecte la forme d'îlots. Quand les couches profondes sont atteintes, les lésions sont vi- sibles sous le microscope : elles consistent dans des soulèvements du cartilage, qui est mou en ces points, ou dans des ulcérations provenant de la fonte rapide de la substance cartilagineuse. Dans les points où le cartilage est tumé- flé, on observe l'envahissement des couches profondes et même de la couche calciflée par une néoformation active. Le phéno- mène profond est le même que celui de la surface i flg. 106). La prolifération cellulaire s'accompagne toujours d'une segmentation de la substance fondamentale, et cette seg- Fi". 106. — Décopticatioiis de surfaces articulaires. — Nécro>e du ligament in- lerartii-ulaire dans l'ar- thrite p; ohémiquc du veau (Cadéac et Morot). 374 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. mentation est suivie de la formation de stries parallèles auf:;rand axe des capsules primitives, et quand le processus €Sl très avancé, le caitilage présente des fentes comme si on l'avait incisé. Quand il y a ulcération, la substance fondamentale se ramollit et subit une sorte de liquéfaclion. Les lésions du cartilage commençant par la surf.ice, il faut admettre d'efforts de tendons, de nerf-férure, consistent dans la rupture par distension d'un certain nombre de faisceaux fibreux et dans l'ensemble des troubles inflammatoires qui accompagnent celte rupture. Ces alfeclions intéressent particulièrement les brides carpiennes et tarsiennes, le perfore, le perforant, el le suspensciir du boulet, qui est souvent envahi par des filaires. On peut constater les efforts du perforé au niveau de la région sous-carpienne ou de la région moyeime; ils sont communs chez les chevaux de course {tendons chauffrx ou claqués). d. Les RUPTURES TENDINEUSES ne sont accompagnées d'aucune plaie extérieure; ce sont des distensions exa- TENDONS. 381 gérées plus graves. Selon leur ordre de fréquence, ou cite: lacordf d'i fléchisseur du méatarse, Ips fléchisseurs du pied, le lig;imenl s'.ispenseur du boulet, le tendon d'Achi le, l'extenseur ant-^tieur des phalanges. Le plus souvent, il ne s'agit que d^ désuisertion des tendons, de telle sorte que ce nVst pas le len.lon qui est l'o'gnne le plus altéré, mais le périoste et l'os sur lesiiuf^ls le tendon prend son inseiiinii . e. Lt^s TENDINITES pfiuvent résulter de ceitaines infec- tions locnlisées au niveau des synoviales, et 'les tendons («ourme, anasarqun, etc.); elles sont consécutives aussi à l'inflammation purulente des synoviales teiulineuses ou à des invHsions parasitaires des tendons par- les filaires réticulées qui creusent des galeries au sein du tissu fibreux Ces infliiinmations parasitaires atteignent paiticuliè- reinent le susiienseur du boulet (llg. H 3); \e^ inflammations trauma- tiqnes du perloré se nianifHstHnt au niveau de la région sous-car- pienne ou de la région moyeiune. /'. La BOULETURE csi caractérisée par la déviation en avnnt des rayons osseux qui constiment l'articulation du boulet. Elle est dite du -premier deqré, quand le canon et le paturon sont sur la même ligne ; «lu deuxième degré, «luand le boulet, porté en avant, foi me un angl^ ouvert en arrière; du troisième degré, quand le bou- let, fortement projeté en avant, dépasse la verticale élevée de la pince dusaboi. Labouleture peut être l'expression, chez les poulains, de myositcs, de syno- vites,de m?/é/<7es, d'intlamniation chronique dn perforant, d'cncastelure, etc. Fjo;. lia. — Filairt' drtns le ligament su^penseur du boulet (Pader). 382 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. g. L'arqure consiste dans Ja projection des genoux en avant de la ligne d'aplomb des membres. L'animal est dit brassicourt, quand ce défaut est congénital, et arque, quand il est déterminé par l'usure. L'arqure résulte d'une rétraction des lléchisseurs du mélacarpe : Vexlerne, Vobllque et ïinterne. XV. — PIED. Exploratiou. — Il faut toujours explorer le pied dans le cas de boiterie ou de position anormale des membres. Le pied malade reposant sur le sol, un aide lève le membre homologue du côté opposé pendant que l'opéra- teur percute avec un brochoir ou un marteau ad hoc les ditférentes régions de la paroi. Existe-t-il une sensibilité anormale en un point donné? l'animal manifeste la dou- leur qu'il éprouve par les mouvements qu'il exécute. Si l'exploration de la paroi n'a rien donné, le pied est déferré, paré, et le praticien comprime, à l'aide de Iri- coises ou de pinces spéciales, les diverses parties de la sole. S'il y a altération des tissus sous-jacents, l'animal cherche à dérober son pied aux attouchements qu'on lui fait subir. La fourchette elle-même donne d'uliles renseignements dans le cas de maladie naviculaire. Percutée, elle décèle quelquefois une sensibilité anormale des tissus sous- jacents. « Lorsqu'à l'aide des tricoises, du brochoir, de la renette, on s'est assuré qu'il n'existe ni point douloureux sur le trajet des clous, ni blessures ou traumatismes, que la sole est exempte de bleimes, la paroi, de seimes en barre, de kéraphyllocèles, on doit comparer le pied du membre malade à son congénère, juger la température respective des deux sabots, leur volume, leur direction générale, la hauteur et l'écarlement des talons, l'inclinaison des barres, le degré de souplesse des cartilages complémen- taires du pied. PiliD. 383 L'exploration se continue en prenant le sabot à pleines mains, les ponces rapprochés sur les talons. On exerce une forte pression sur toute la boîte cornée, étroitement enve- lopi>ée, particulièrement au-dessous du bourrelet. Il n'est pas rare de provoquer le retrait du membre lorsque la pression se porte sur un point douloureux, assez commun au niveau du quartier interne. Si la boiterie est intense, le pied chaud, et «lu'aucune autre douleur n'existe dans toute l'életidue du membre, il y a de fortes présomptions pour que le sièjie du mal réside à cet endroit. L'applica- tion d'un rataplasme chaud, ou l'emploi d'un bain local d'eau simple à la t^'mpérature de 40 à 45° aide à préciser le diagnostic. Si lécherai supporte difficilemenl le topique mucilagiiieux, ou s'il refuse délaisser le pied malade dans le bain, on peut affirmer qu'il existe de la suppuration dans la boite cornée; une intervention chirurgicale s'im- pose.» iChenot.) Modifications pathologiques. — Le pied est susct-ptilile de présenter un grand nombre de défectuo- sités (1); il peut èlre grand, petit, étroit, haut, bas, long, droit, évasé, plal, comtile, à oignons, dévié en arrière (pied talus), en dedans (pied cagneux), en dehors (pied panard) ; il peut présenter encore un grand nombie d'autres défectuosités d'aplomb (pied pinçard, rampin, bot, etc.] ; il est sujet à de nombreuses défectuosités d'épaisseur et de qualité de la corne (pied cerclé, pied tendre, sec, fendillé, dérobé, etc.) (fig. 114). On peut constater le rétiécissement général ou partiel du sabot avec atrophie des parties serrées du pied {encastelwe). Chez les carnassiers comme le furet, les ongles peuvent conmie les sabots, acquérir une longueur démesurée. Ce (I) Voy. Bournay et Sendrail, Chirurgie du pied iu Encyclopédie vétéri- naire. 384 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. phénomène se produit qiiaml l'animnl est immobilisé par la gale sarcoptique ties pattes (fig. Ho). Fig. 114. — Pieds longs, hélicoïdaux (Cadéac). Le pied est exposé à tous les accidents traumatiqucs Fig. llo. — Palle malade du furet (Mégnin). {contusions, plaies^, rcrascmoits), aux brûlures et aux gelures; on peut constater Vcxongulation sous l'influence BOITERIE. 383 de causes mécaniques, d'inflammalions nécrosanles, du crapaud, ou à la suite de troubles trophi'iues consécutifs à la névrotomie. On constate des atteintes, le phlegmon coronaire, la derraatite gangreneuse coronaire, le javart cartilagineux, le clou de rue, les bleimes. La paroi peut se fissurer (>eimes), se décollur et une nouvelle production cornée recouvre bientôt le tissu podophylleux, c'est le faux-(j iiar lier, qui esl l'expres-ion de la fourhure. On lui donne le nom de kérnphyllocèle quand cette production, anormalement développée à la surface du tissu podo- phylleux, afîecle la forme conique, cyiindiique ou pyra- midale. On appelle kéracèle la tumeur cornée développée entre le tlÇsu velouté et la sole; crapaudine, la poussée irré^TQ. lière de la cornée liée au psoriasis d»^ la couronne ; inter- trigo et eczéma de \dL fourchette, la maladie qu'on désigne encore sous le nom de fourchette échauffée et de four- chette pourrie; crapaud, l'eczéma végétant sous-ongulé. XVI. — ALLURES. L'allure peut être irreg'u/jéj'e [boiterie), s'accompagner de mouvements saccadés, quasi-convulsifs de l'un des mem- bres postérieurs {harijer) ou d'une incoordinution motrice {ataode); elle peut être hésitante, titubante (maladies du cerveau et de la moelle, maladies infectieuses graves comme le charbon, l'inlluenza) ; elle peut être raide (rhu- matisme musculaire et tétanos ; elle est trottinante, dans le tournis du mouton; elle est incertaine, dans l'im- mobilité. XYII. — BOITERIE. Définition. — La boiterie ou claudication est une irré- gularité dans les allures, due à l'inégalité d'action ou à l'impuissance d'un ou de plusieurs membres. Les claudications sont l'expression d'une douleur plus Cadéac. — Sémiologie, 2" édit. II. — 22 386 SÉMIOLOGIE DE l' APPAREIL LOCOMOTEUR. OU moins vive produite par une contusion ou de lésions inflammatoires, néoplasiques ou parasitaires, de déchi- rures ou de distensions ligamenteuses, tendineuses ou musculaires ou résultent d'une altération des fonctions mécaniques des organes de la locomotion. S'il est l'acde de reconnaître l'existence dune boiterie, il est souvent 1res difficile de reconnaître le siège et la cause de la boiterie. Les principaux moyens utilisés pour établir ce diagnos- tic sont : l'nispection, la palpation, la mensuration, la percussion, l'auscultation, les injections de cocaïne, le coin de Lungwitz, l'élude des caractères de la boi- terie. 1" Inspection. — L'inspection fait souvent découvrir une atiofihie musculaire, indice d'une paralysie ancienne, une forme, un éparvin ou une hydarthrose ou toute autre lésion susceptible d'expliquer par son siège, son étendue, son importance, la production de la boi- terie. 2° Palpation. -— La palpation fait apprécier la consis- tance, la souplesse, la résistance, la mollesse, le glisse- ment, les adhérences ou les connexions des tissus d'une n'gion. L'application de ce moyen a fait l'objet d'une étude spéciale tie M. Chenot auquel nous faisons de nom- breux emprunts (fig. 116). Les moyens à l'aide desquels s'exerce la palpation chiruriiicale sont : la pression, le pincement, le glisse- ment, le frôlement. A) Palpation par pression. — Elle sert aux explorations qui se font dans la profondeur des régions (muscles de (i) r.lienot, Exploration du membre boiteux. Sémiologie, dia(/nostic, pro- nostic et traitement de quelques affections peu connues de l'appareil loco- moteur {Bulletin de ta Société des Sciences vétérinaires, 1902). BOITERIE. 387 l'épaule, muscles fessiers, triceps crural). Un certain degré de force est nécessaire pour l'exercer ; la force Fig. 116. — Figure d'ensemble montrant les différents points douloureux claiidicogènes (Cheuot). i a, l b, l c. Maladie navirulaire ; 2 a, 2 6, 2 c. Ostéalgies pré-plialan- giennes ; 3, Territoire douloureux de la diapiiyse raéLicarpienue externe ; 4, Territoire douloureux de la diapliyse métacarpienne interne ; o, Ostéalgie pré-métacarpienne (épipliyse supérieure) ; G, Ostéalgie niétacarpi. nue, épi- plij'se supérieure, face postérieure, côté interne ; 7, Zone douloureuse de la diaphyse radiale (face interne) ; 8, Ostéalgie olécranienne (f. externe) ; 9, Ostéalgie pré-métatarsienne externe (épiphyse supérieure) ; )0, Indication correspondant au point douloureux du plat de la cuisse (ilouleur fémorale), trajet du sapliène interne ; 11, l'oint douloureux de l'émergence des nerfs ilio et iscliio-musculaires (petit scialique). 388 SÉMIOLOGIE DE l'appareil LOCOMOTEUR. utilisée doit être proportionnelle à la résistance des lis- sus, mais toujours modérée. Les ohstacles à la pénétration profonde des mains ou des doigts viennent de l'épaisseur des parties molles, des contractions musculaires. Ils sont passifs ou actifs. Ces derniers peuvent ètrp éludés par la position des malades el par la pression en mesure. « Suivant les circoiislames. on a recours à la pression verticale, à la pression horizontale, ou aux deux com- binées (exploration des rayons osseux, de l'ai ticulation coxo-férnorale, de la rolule, de l'épaule, etc.) au travers des masses musculaires qui les recouvrent. « B) Palpation par pincement. — Elle est destinée aux explorations superficielles (tendons fléchisseurs du pied» brides ligamenteuses, aponévroses, expansions fibreuses). Elle se fait en saisissant, entre les doigts, la partie à explo- rer. C'est ainsi que l'on se rend compte de la souplesse et du degré de sensibilité de la peau, de sou élnslicité,de ses connexions avec le tissu cellulaiie sous-cutané et avec les parties qu'elle recouvre. On reconnaît, de celle façon, les moindres modifications de l'état normal, les points dou- loureux, voiie les plus minimes productions pathologiques existant sur les tendons, les branches du suspenseur, les brides ligamenteuses, etc. « C'est emore par le pincement qu'on peut apprécier la température de ces tissus, leur consistance, leur expansi- bililé, leur état de rétraction, etc. « C) Palpation par glissement. — Encore plus que cel!& par pincement a laquelle on l'associe souvent, elle est destinne à la recherche des sensations délicales. C'est en faisant glisser la peau sur les tissus ((u'elle recouvre : apo- névroses, couches lamineuses, revêtements osseux, arti- culaires, tendineux, qu'on reconnaît leurs connexions, leurs points d'adhérences nortnales ou palhologiiiues. BOITERIE. 389 « Combinée à la pression verticale ou horizontale, la pal- pation par glissement t'ournit un des éléments les plus utilisables de l'exploration des plans osseux, pour la déter- niinalion des points douloureux siégeant à l'apophyse olécranienne, au paturon, à l'épiphyse supérieure du métatatse, au pourtour des marges articulaires. « D) Palpation par frôlement. — Utilisable sur les che- vaux de sang, d'une grande in itabilité nerveuse, elle fournit des sensations d'une extrême finesse. Pour la pratiquer, on fait usage de la pulpe des doigts qu'on promène, très légèrement, sur la surface des légions à exploier. Le frôlement permet de reconnaître, à travers la peau fine des chevaux de race distinguée, des saillies super- ficielles qui ne sont pas distinctes à la vue. On arrive, lorsque la sensation tactile est suffisamment développée, à percevoir les plus légers reliefs sous-cutanés, les plus petites exostoses, les boutsouflements pôriostiques invi- sibles à l'œil le plus pénétrant. C'est par le frôlement qu'on peutapprécier, délimiterles névroines commençants, les plus légères dermites, les petites masses ganglion- naires souvent très douloureuses qui parsèment la peau au-dessus des crevasses, des psoriasis du paturon, et qui, parfois, causent une grande gène de la locomotion attri- buée, souvent à tort, au traumatisme épidernii(|ue. La palpation chirurgicale est, en médecine vétérinaire, le seul moyen qui permette de faire l'étude clinique de la douleur. C'est par elle que l'on mesure l'étendue des zones sen- sibles pathologiques, qu'on peut établir le siège analo- mique des desmodynies, des ostéalgies, des myusites de fatigue, causes si fiéquentes des claudications. La palpation peut révéler l'existence d'un point doulou- reux situé au fond du sillon transversal du pli du paturon, et qui estsymptomatique de lama/adi'e naviculaire{fig. 117). Il existe souvent d'autres points douloureux sur la face 390 SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL LOCOMOTEUIU antérieure ou latérale de la première phalange qui fonl reconnaître des boiteries du paturon(ng.H8). Violet avait attiré l'attention sur la fréquence des entorses et des os^eo- périostites de la région phalangienne ; Abadie avait éga- lement signalé des points douloureux à la partie sujjéro- Fig. 117. — Exploration du pli du paturon d'uQ membre antérieur (maladie naviculaire) (Clienot). anléricure de la phalange, ainsi qu'au bord Interne du triuton extenseur du pied. Pour bien explorer la région phalangienne, il faut placer le pied sur un billol de moyenne hauteur, faire mainlenir l'avant-bras par un aide dans un élat de demi-relàchement, comme l'indique la figure 1J8. BOITKRIE. 391 Il est d'autres points douloureux qui occupent la face postérieure du canon au-dessous du pli de l'articulation •oarpo-niétacarpienne à l'extrémité supérieure des méta- Fig. 118. — Eiploration de la face antérieure du paturon {ostéalgie pré-phalatigienne ou batterie du paturon) (Clienol). carpiens rudimentaires en avant des tendons, de chaque côté du suspenseur du boulet; ils sont faciles à raetiie en évidence en maintenant à demi fléchi le membre qu'on explore. 392 SÉMIOLOGIE DE L AI'PAREIL LOCOMOTEUR. « La base du genou offre des vessigons, des exosloses (osselets), qu'Âbadie avait indiqués. <( Le pincement du suspenseur du boulet fit des tendons fléchisseurs du pied fait reconnaître l'eti'ort de la bride car- pienne, la distension, la déchirure ou la mollesse des ten- dons du ligament suspenseur du boulet et de ses branches terminales; la l'alpalion par glissement met en évidence les ténosites crépitantes, les ténosynovites aiguës sèches ou une aliération de ïépiphyse supérieure du métacarpien piincipal à la limite Je son bord exierne et de sa face antéiieure. (( Exceptionnellement, on peut constater ainsi une doti- leur olécranienne, ou une douleur sciatique; le médian enloncé perpendiculairement dans la masse des muscles fessiers détermine l'affaissement du membre loul entier sous la pression des doigts. Ce signe est particulièrement nel au niveau des points d'émergence des nerls ilio- el ischio-musculaires (petit sciatique) » (Chenot). 3" Mensuration. — La mensuration peut révéler une atro- phie du sabot, i;n resserrement des talons, symptomali- ques de la maladie naviculaire ou d'une altération an- cienne qui réduit l'appui du membre sur le sol; on peut suivre les déformations entraînées par les arthrites el les synovites ou les lymphangites. 4" Percussion. — La percussion est journellement em- ployée pour difignostiquer les maladies du pied, (elles que les blessures, les enclouures, etc. ; on met ainsi en évi- dence l'exagération de sensibilité d'une partie du pied comme, à l'aide de la pression des doigts, on révèle un suros ou un commencement de périostite. il" Auscultation. —L'auscultation est un moyen de dia- gnostic important des luxations et des fractures; l'oreille perçoit nettement et bien mieux que la main qui la palpe le bruit déterminé par le frottement des deux abouts osseux BOITERIE. 393 irrégiiliers qui sont déplacés ; elle perçoit aussi le choc déterminé par la rentrée ou la sortie de la tête du fémur qui glisse dans la cavité cotyloïde du coxal chez le chien. 6" Injections de cocaïne. — Lps injections de cocaïne sur le trajet des neris constituent un excellent moyen pour préciser le siègH do la boiterie. Ce moyen a été l)ien étudié pai' Dassonville, Deysine, 5^ Fig. 119. — Nerfs après immersion dans la cocaïne à 3 p. 100 (acide osmiquo), 1, fibres restées normales; fibres granuleuses (Pécus). Vidron et Pécus. On fait dissoudre 20 à 40 centigrammes de cocaïne dans 20 grammes d'eau bouillie, et après avoir savonné et désinlecté l'extrémité du membre, on pratique une injection de 10 centimètres cubes de cha |ue côté du membre au-dessus ou au-dessous du boulet sur le trajet des nerfs plantaires, et Ion fait ensuite un peu de massage sur la région pour faciliter la diffusion du liquide anes- thésique, puis au bout de dix à quinze minutes, on fait trotter l'animal. 39i SEMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. La boiterie a disparu si la douleur siège au-dessous des points d'injection; elle persiste dans le cas contraire. On peut différencier ainsi très facilement les boiteries des Fig, 120. — Nerfs après immer- F g. 12). — Nerfs après immersion daus sion dans l'eau dislillée (acide la morpliine à 4 p. 100 et soumis eu- osmique) (Pécus). suile à l'aclion de i'aci'de osmique. ), fibre à grosses granulations; 2, fibre ponctuée. pieds des boiteries de Vépaulc, des vmscles, des os, des cndons, etc. La durée de l'insensibilité varie depuis quarante mi- nutes à deux heures, suivant que l'injection a été plus ou moins exactement faite sur le trajet des nerfs. Les sels de cocaïne altèrent temporairement les pro- priétés physiques du protoplasma des éléments nerveux terminaux et fibrillaires ; ils deviennent brun jaunâtre ; BOITERIE. 395 les fibres paraissent remplies de granulations (fig. 119 et 120). Cette altération est la cause de l'aclion anes- thésianle si remarquable de ces substances. Quand on utilise ce moyen de diagnostic pour les boi- teries des membres postérieurs, on commence par injec- ter d'abord la solution de cocaïne à un travers de main Fig. 122. — î^erf après immersion dans la solution cocaïne-morphine ou dans la solution de Sclileich reufoicée (acide osmiquej (Pécus). au-dessus du jarret sur le trajet des nerfs grand sciatique et tihial antérieur, afin de s'assurer d'abord que le jarret n'est pas le siège de la douleur. On renouvelle le lende- main la même injection au-dessous du boule! . Grâce à ce moyen, on établit un diagnostic certain par élimination ; et ces névrotomies temporaires font connaître immédia- tement les résultats des névrotomies définitives. Quand on substitue la morphine à la cocaïne, on peut constater la disparition prolongée de la boiterie. 3y6 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL LOCOMOTEUR. Les nerts immergés quaranle-huit heures dans une solution à 4 p. 100 de morpliine ilevienn"nt furlement jaun(âtres et présentent sons le microscopf' le même a^pect granuleux ijue sous rinfl'ienee de la cocaïne. Ceriains tubes offrent des pouiteiettes ns multiples unies et réglées automatiquement de manière à le maintenir à une température moyenne à peu près constante. Les actions régulatrices consistent d'une part à graduer l'in- tensité de la production de chaleur (réflexes thermogènes) et d'autre part à assurer des déperditions de la chaleur produite en excès [réflexes déperdileurs). Le réflexe cutané vaso-constricteur qui chasse le sang de la périphérie vers les parties internes pour le soustraire à l'influence réfrigérante du milieu extérieur est le premier moyen dont dispose l'organisme pour se piéserver du froid. Le frisson thermique qui exagère la tonicité et l'activité musculaire est une source de chaleur. Le frisson s'observe chez les chiens à poils ras, comme les lévriers, les cJjO' FIÈVRE. 413 vaux tondus ou chez les animaux refroidis par un bain d'eau froide. Il y a en même temps exagéraLion des com- bustions respiratoires. Les variations de température intérieure ou des centres nerveux nous défendent plus vite contre le cliaud intérieur que contre le froid extérieur. En effet, il faut un abaisse- ment de température centrale de 3 degrés (Richet) pour provoquer le frisson réchauffant, tandis qu'il suffit d'une élévation de 0,4 pour amener la sudation réfrigérante. « Le système nerveux périphérique se cliaige surtout de maintenir la température constante; le système cen- tral a surtout pour fonction de ramener le corps à la température constante quand elle a été modifiée dans un sens ou dans l'autre. K Le système périphérique est outillé surtout pour empêcher le corps de se refroidir; le système central agit dans les deux sens. » (Guinon.) Oscillations fébriles. — De toutes les manifesta- lions de la fièvre, l'élévation anormale de la température constitue le signe le plus frappant et le plus exactement perceptible. C'est lui du reste qui sert de base à l'étude de ce syndrome, à la distinction d'un certain nombre de types de fièvre. On peut reconnaître quatre degrés de fièvre : 1" Fièvre peu intense (39°, 5 chez le cheval et le chien); 2" Fièvre moyennement intense (40°, 5) ; 3° Fièvre intense (41°, o); 4° Fièvre très intense ou hyperpyrélique (au-dessus de 4i°,b)(fig. 123). L'hyperthermie est par elle-même une source de sym- ptômes graves, comme en témoignent les phénomènes observés dans l'échaulfement artificiel. Un animai plongé dans un bain un peu au-dessous de la température rec- tale, atteint une température de 45°. Avant de mourir, il donne les signes de la plus vive agitation ; les battements 414 SEMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. -du cœur elles mouvenienls respiratoires s'accélèrent; les ^combustions respiratoires s'exagèrent, puis l'agitation s'apaise et l'animal entre dans une période de coma et •d'anesthésie interrompue par des crises de spasmes con- vulsifs et de contractures, enfin l'animal pousse un cri et meurt. On trouve le cœur immobile, rigide, le sang fluide, les muscles rigides et inexcitables. joiins ; 3 [4 Fig. 123. — Tracé. thernioniétrique d'un cas moi-tel de télanos. Les modifications que subit la température chez le fébri- citant peuvent être divisées en trois périodes: 1'^ ascen- sion; 2" état; 3" déclin; elles n'ont jamais rien d'uni- forme dans leurs manifestations. Ainsi la période ascendante est tantôt courte (fig. 124), tantôt longue (fig. 125), tantôt elle dure quelques heures, tantôt plusieurs jours. Et, non seulement, elle varie dans sa durée, mais aussi dans le mode d'ascension de la tem- pérature. FIEVRE. 415 Habituellement, lorsque cette période est courte, l'élé- vation de la température est brusque; elle commence par des frissons. Le frisson est caiaclérisé par des secousses, des trem- blements généraux qu'on peut surtout remarquer, chez nos animaux, aux muscles du grasset et de l'olécràne, en même temps qu'on perçoit un manifeste refroidissement des extrémités. 41 1) SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. Le fi isson fébrile est le résultai d'une toxine spéciale qui agit sur les centres nerveux. La toxine produit le spasme vasculaire, l'ischémie cutanée, d'où résultent le refroidissement et la sensation de froid et le tremblement réflexe. La pneumonie, la septicémie, la bronchite aiguë, le char- bon, la pleurésie, la péricardile traumatiquc du bœuf sont marquées par la brusque apparition de l'hyperther- mie et des frissons. Lorsque la période ascendante dure plusieurs jours, l'élévation de la températuie est plus ou moins régulière et se fait sans frisson. Chaque matin la température subit un abaissemeni, qui de jour en jour diminue d'am- pleur. La période d'état est caractérisée par l'élévation maxima. Elle peut être de faible ou de longue durée. Ainsi dans la pneumonie du cheval, elle dure ordinairement trois à quatre jours, et pendant tout ce temps, la température reste à peu de chose près la même. D'aulres fois, elle dure à peine quelques heures, comme dans le charbon symptomaliquc. Parfois, au contraire, elle est de longue durée, et la température subit de nombreuses modifications : il en est ainsi dans la plupart des maladies infectieuses qui passent à l'état chronique. Quelquefois la période d'élat est marquée par des oscillations brusques et sans cause appréciable; on donne alors à cette période le nom de stade amphibole. La période de déclin est caractérisée par l'abaissement de la température qui tantôt se fait graduellement, tantôt brusquement. Ordinairement, il se fait suivant le même type que l'ascension. Quand la mort doit survenir, la température peut s'élever brusquement (fig. 126) ou bien s'abaisser (fig. 127) pour remonter au moment de la mort. L'élévation de la température peut même continuer après la mort, ce qui FIEVRE. 41- -41 ( -2 "i -i r, fi 7 s n M 11 12 13 ■■^HiniIRMBMi ■■ilUMIHM 4i nmiHBiHHn SO ■HIHHHHi ?S' IjjjHHHHHH 37» ■■■■■nHi Fig. lia. — Tracé tliennoiiiélrique d'une pnciinioiiie typhoïde du cheval (d'après Scliniidl). JûHtJ i m. S. i 2 3 4 5 6 7 m. s. m. s. /ns. m. s. m. S. m. s. WÊmwmmwÊm »«■■■■■■ Z3 58 ■■■aiHSIHHH ■■■■■■■■■■■ ■■■■■■■■■■■ ««■■■■■■■■■■■■■■■■■H ■«■■■■■■■■■■■■■■■■■m ■«■■■■■■■■■■■■■■■■ni ■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■ Fisr. 12C. — Pneumonie du clifcval. — Morl dans la dL^ei^csceiicc. 418 SÉMlOLOfilE DE LA TEMPÉRATURE. tient à la suppression de l'évaporalioii pulmonaire et de la circulation cutanée. Rien n'est donc fixe dans la marche de la température fébrile, qui se trouve sous la dépendance du processus morbide qui la produit. On a cependant tenté de grouper les divers types de fièvre en se basant uniquement sur les ciottti ^ i 2 3 4 5 () 7 nuS. ^n.s. ^m.s, ^vt.s. iit.s. m.^. m. 3. mmmwmmmmmmmmmmwKEMmmm 42 ■■■■■■■■■■■■■■Bseaian ■■■■■■■■■■■■■■■»■■■■■ ■■■■■■■■■■■■■■■ruiBHBa ■■■■■■I 41 ■■■■■■s ■■■■Vini I ■■■»«! ■■■mHVMHBHRI 40 ■■■PSHBmiKani^HriBHHHHHH ■■KBHIirJHISrjBi^fMBBHHn BjjBBBVlBBBBBBBBBBBBB V BBBBBBBBBBBBBBBBBBB 3d ■flBBBBBBBBBBBBBBBBBBB BriBBBBBBBBBBBBBBBBBBB B «BBBBBBBBBBBBBBBBBBB ■BBBBBBBBBBBBBBBBBBI BBBBBBBBBBBBBBBBBBB! Fig. 127. — Pneumonie du cheval. — Mort eu clévalioa do la température. modifications de la température, et l'on a distingué des fièvres continues, rémittentes, intermittentes, récurrentes et atypiques. Dans le type continu, la température suit une marche à peu près régulière; ses oscillations ne. dépassent pas 1°; on la rencontre le plus habituellement dans les grandes phiegmasies aiguës, dans lapneumonie infectieuse des soli- pi'des, la peste bovine, la pleurésie, etc. Dans la fièvre rémittente, la température subit des FIÈVRE. 419 oscillations de plus de l" ; ce sont surtout les maladies infectieuses qui nous en donnent des exemples. La fièvre intermittente se caractérise par des accès fébriles plus ou moins longs alternant avec des périodes presque apyrétiques. Chez nos animaux, on ne l'observe guère que dans la pyoliémie ; parfois aussi dans la s^ticémie. C'est surtout chez l'homme qu'on recontre ce type de fièvre (fièvres interrailtentes, fièvres palu- déennes). La flèvre récurrente, qu'on n'observe que chez l'homme, est caractérisée par des accès de fièvre de cinq à six jours alternant avec des périodes non fébriles de même durée. Eiilîii,dans la fièvre atypique, les oscillations de la tem- pérature sont irrégulières. C'est le type le plus fréquent chez nos animaux domestiques {gourme, maladie du jeune âge, fiéire péléchiale, etc.). Tels sont les différents types de fièvre. Comment se produit l'élévation de température ? Quelles sont les causes et le mécanisme de cette hyperthermie? V a-t-il, dans la fièvre, production anormale de calorique et par suite augmentation des combustions, ou bien sim- plement rétention plus eu moins complète de la chaleur que produit habituellement l'organisme? Les recherches récentes démontrent péremptoirement que les dépenses chimiques de l'organisme sont augmen- tées dans la fièvre. Cet accroissement est dénoncé : 1° par l'exagération des combustions respiratoires ; 2° par l'exagération du rayonne- ment calorifique ; 3" par l'accroissement de l'excrétion azotée ; 4° par la perte de poids des malades ; 5° par la chute rapide et profonde du quotient respiratoire con- sécutive à la dénutrition. Cet ensemble de faits établit l'accroissement des com- bustions et de la production de chaleur. Pourtant divers auteurs se sont attachés à montrer que, dans la fièvre, il y 420 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPÉRATURE. a une vaso-consfriclion de la peau et par suite rétention d'une partie de la chaleur. Pour Traube, c'est la rétention de la chaleur qui cause rhyperthernnie. Liehermeister et Kœnig ont cependant démontré qu'un fébricilant plongé dans un bain perd plus de chaleur que normalement et Leyden, en employant le calorimètre, a fait la même constatation. Les pertes de calorique augmentent donc dans la fièvre, mais l'exagération de cette déperdition serait loin d'être en rapport avec l'hyper- thermie ; du reste, les sueurs font défaut pendant la période d'ascension el d'état et, comme l'a montré Sena- tor, les capillaires de la peau sont plus souvent contractés que dilatés chez le fébricitant. Au contraire de Traube, qui n'a vu que le frisson, Marey n'a considéré que la dilatation des vai>iseaux cutanés chez les fébricilants et la chaleur des téguments. D'où cette conclusion que l'hyperthermie résulte d'une nou- velle répartition de la chaleur qui se répand dans tous les points; mais cette théorie ne saurait infirmer les faits qui précèdent. En résumé, il y a dans la fièvre augmentation des com- bustions; mais il faut qu'il y ait rétention d'une partie de la chaleur produite pour expliquer l'hyperthermie. Effectivement, l'organisme lutte victorieusement à l'état normal contre toutes les causes d'échaulî'ement. Il y a donc dans la fièvre un trouble de la régulation. Le fébri- citant est un malade qui règle sa température à un degré plus élevé que le degré normal (Lôwit). Ce phénomène résulte incontestablement d'une action spéciale des poi- sons Iherraogènes sur le système nerveux. Comment la fièvre disparaît-elle? — L'accès fébrile cesse quand le poison a été éliminé ou détruit par les tissus; alors les centres thermogènes n'étant plus sollicités à pro- duire les troubles nutritifs qui élèvent la température, la chaleur se produit suivant le type normal, la fièvre s'éteint. FIÈVRE. 421 Dans les fièvres infectieuses, la guérison exige la destruc- tion (les bactéries, l'affranchissement de l'organisme à l'égard des poisons; et le retour de la nutrition à l'état normal. La fin de la fièvre, dit Bouchard, c'est le retour à la consommation normale de la matière. Troubles des divers appareils. — Mais la fièvre ne se traduit pas seulement par l'hyperthermie ; d'autres manifestations lui font cortège. L'accélération dc PODLsest manifeste et on la considère comme l'un des signes les plus importants de la fièvre. Cette accéléralion résulterait de l'élévalion de la tempé- rature, car elle se produit presque toujours, ainsi que l'ont démontré plusieurs auteurs, quand on élève artifi- ciellement la température d'un animal. On a admis qu'une élévation de température de un degré entraînait une augmentation de huit pulsations par minute. Il n'y a rien d'absolu à ce sujet, car le pouls peut rester lent malgré une élévation considérable de tempé- rature ; chaque fois que le pneumogastrique est excité, le pouls est ralenti. Du reste, la fréquence du pouls est liée à la tension artérielle à laquelle elle est inversement proportionnelle. Or M. Marey a démontré que parfois, dans le cours de la fièvre, la tension augmente et le nombre des pulsations diminue. Il y a accélération tant que le cœur n'a pas éprouvé de dégénérescence ; il existe cependant des poi- sons microbiens qui ralentissent le cœur, comme ceux du streptocoque de Vérysipéle, du bacille dipktéritique, du bacillus coll. Tantôt le pouls est fort, dur ; tantôt, au contraire, il est petit, filiforme, ce qui tient à l'état du cœur. A la fin d'une longue fièvre, le pouls sera toujours petit, faible, car le cœur, dégénéré, est épuisé. Pendant la fièvre, on remarque aussi l'accélération des mouvements respiratoires; cette modification est la conséquence de l'élévation thermique. Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 2i 422 SÉMIOLOGIE DE LA. TEMPÉRATURE. La TENSION ARTÉRIELLE est généralement diminuée dans la fièvre. Il existe cependant des produits vaso-constric- teurs comme les toxines pyocyaniques qui empêchent la dilatation \asculaire et la diapédèse et augmentent la tension artérielle; mais la plupart des toxines, comme la raaléine, dilatent les vaisseaux, abaissent la tension et accélèrent le cœur. Le SANG est généralement fluide, il se coagule mal et plus lentement, il prend quelquefois une teinte noire et asphyxique; l'albumine est diminuée, la fibrine augmentée; il offre des plaques phi eg musiques (fibrilles réticulaires nombreuses et épaisses) quand on le fait coaguler sous le microscope; il y a leucocytose. La capacité respiratoire du sang est diminuée, même avant Télévalion de la tempé- rature; les globules rouges diminuent de nombre pendant la fièvre et augmentent la défervescence ; il y a alors une véritable poussée hématoblastique. La respiration et le chimisme respiratoire sont également modifiés dans la fièvre. D'après Kaut'mann, « chez l'animal féhricitant, en état d'abstinence, les phénomènes chi- mi(|ues intraorganiques sont simplement exagérés, mais non modifiés dans leur nature; le quotient respiratoire conserve à peu près sa valeur normale et la chaleur pro- duite en excès est sensiblement proporlionnelle à l'excès de l'oxygène absorbé; la totalité de la chaleur produite peut être rapportée à un simple processus d'oxydation faisant passer l'albumine et la graisse à l'état de sucre et le sucre àl'élat d'acide carbonique et d'eau ». Mais dans les maladies, il faut distinguer à cet égard : i" La période d'activité ou de lutte, caractérisée par une exagération delà ventilation, c'est-à-dire par l'accélération des mouvements respiratoires et l'augmentation de l'oxy- gène absorbé et de l'acide carbonique rejeté ; 2" La période de défaillance ou de défaite dans laquelle tous les échanges tombent à des chillres très inférieurs. En somme, les oxydations sont accrues proporlionnelle- FIÈVRE, 423 ment àrélévalion de la température chez les malades qui guérissent. L'appareildigestif présente égalementdes modifications. La bouche devient sècbe, chaude, fuligineuse ; la soif est vive ; le fébricitant a perdu l'appélil ; il est toujours constipé quand l'intestin n'est pas lésé. Dans le cours de la fièvre, le bout du nez devient toujours sec ; ce signe est très important chez le chien et les bovins. Chez ces der- niers animaux, les cornes sont le siège d'une chaleur anor- male, ou présententdes alternatives de chaud et de froid. La SÉCRÉTION URiN'AiRE subit de notables changements. Au début, la tension artérielle étant forte, les urines sont augmentées ; elles sont ordinairement plus colorées, plus denses, plias riches en matières extractives. Il va une plus grande quantité d'urée, quoique les fébricitants soient habituellement à la diète. Dans la fièvre, il y a destruction de la matière et fer- mentations intracellulaires, l'oxydation vient ensuite, comme en témoignent les urines des fébricitants. L'urine fébrile est plus chargée en produits toxiques et en matières colorantes; elle renferme enlin une quantité double ou triple de potasse, mais la soude, au contraire, qui domine dans les tumeurs et particulièrement dans les exsudais, tombe parfois au huitième de l'état normal. Les MUSCLES et la graisse fournissent la plus grande quantité de matériaux à la destruction fébrile; les mus- cles perdent leur glycogène et subissent diverses dégéné- rescences, la graisse est résorbée etbrijlée ; ces deux tissus perdent de leur poids; ils fondent pour ainsi dire dans certaines maladies aiguës, comme la pneumonie. Les reins sont congestionnés et souvent hémorragiques ; les cellules éprouvent la tuméfaction trouble ou subissent la dégénérescence graisseuse. Le FOIE perd son glycogène et subit diverses dégéné- rescences par action toxique et par hyperthermie. A ces troubles anatomiques et fonctionnels s'ajoutent 424 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPI'RATURE. souvent des troubles de Vinnervation : l'animal est triste, abattu, dans le coma. Chez l'homme, ces troubles nerveux offrent parfois une grande intensité ; leur forme la plus ordinaire est le délire. Les sÉCRÉTio.Ns sont diminuées. La salive est plus rare et la bouche est sèche, excepté chez le chien, dont la sali- vation joue le même rôle modérateur que la sudation chez les autres animaux. Le suc gastrique est moins abondant, dépourvu d'acide HCl et, partant, de puissance digestive. La bile diminue ou est supprimée; la sudation seule est augmentée sous l'inlluence de l'élévation de la tempéra- ture et de l'intoxication. Certaines toxines comme la maléine provoquent chez le cheval et le chnt une sudation très nette trois minutes après l'injection veineuse en produisant une vaso-dilata- tion intense, car la section du sciatique supprime la sueur dans le membre énervé. Pathogénie. — Au point de vue pathogénique, on peut distinguer des ^èurcs fonctionnelles, produites par le fonctionnement exagéré d'un tissu ou d'un appareil dont l'activité normale est source de chaleur, et des fièvres nutritives qui résultent de la vie exagérée de tous les tissus (Bouchard). Fièvres fonctionnelles. — Parmi les fièvres fonction- nelles, il faut citer la fièvre musculaire, et la fièvre de digestion. La FIÈVRE MUSCULAIRE résulte d'une contraction muscu- laire prolongée (tétanos) ; la température s'élève d'un degré et quelquefois même davantage chez le cheval; mais cette élévation est fugace; la compensation entre la production de chaleur et sa déperdition par la sudation se fait vite; au bout d'une heure environ de repos, la température redevient normale. FIÈVRE. 42o La FiÈvBE DE DIGESTION est peu appréciable ; elle pro- voque seulement une élévation de lerapéralure de quelques dixièmes de degré. Fièvres nutritives. — Les fièvres nutritives com- prennent des fièvres nerveuses et des fièvres toxiques. Les' fièvres d'origine nerveuse résultent d'un trouble dans l'innervation. Les lésions des centres nerveux hémorragies cérébrales, écrasement de la moelle), les affections convulsivantes comme Vépilepsie, Véclampsie, le tétanos l'engendrent. Dans ces différents cas, la température peut dépasser 42°. C'est particulièrement dans le télanos qu'on a observé les températures les plus élevées; le thermomètre peut marquer 45° après la mort. Les FIÈVRES TOxiQCEs sont les plus communes : les intoxications quelle que soit leur origine peuvent modifier la température ; mais les effets des poisons varient suivant la dose et le mode d'introduction du poison, le sujet choisi pour l'expérience et l'agitation de l'animal ou son immobilité. Les recherches des physiologistes ont démontré l'exis- tence, à la base du cerveau, de centres thermogénétiques, dont l'excilation élève la température. Les poisons médullaires, comme la strychnine, la thé- baine, la picrotoxine, la caféine, la spartéine, la piri- dine, etc., élèvent la température, en exaltant le pouvoir excito-moleur de la moelle et en exagérant les contrac- tions musculaires. Les poisons périphériques, comme le curare, pro- duisent une vérilable fièvre. La pathogénie des autres fièvres d'intoxication se précise de jour en jour. En 1884, Weber établit que la fièvre traumatique résulte delà résorption des produits pyréto- gènes élaborés dans le foyer lésé; des expériences innom- brables ont démontré la véracité de celte opinion. 24. 426 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. [,es poisom animaux pyrétogônes sont très nombreux. I.a plupart des tumeurs et des tissus d'un animal, infec- tés à un individu de la même espèce et surtout d'une espèce ditrérente, élèvent la température. Le bouillon de viande est pyrélogène ; l'extrait alcoolique de rate est hyperlhermisanl; le ferment de la coagulation du sang injecté dans les veines peut produire une élévation de température qui va jusqu'à 44°; le sang, le sérum san- guin, les extraits d'organes, les urines son pyrétiques; les phénomènes de la vie cellulaire, hydratation, oxydation de la molécule albuminoïde, produisent de la chaleur et toutes les cellules vivantes de l'organisme produisent des toxines pyrétogènes susceptibles d'engendrer la fièvre. Il en est ainsi dans Xql goutte; dans le surmenage, il y a également accumulation de produits de déchet qui causent la (lèvre. Ce sont des Cièwcs ])tiT auto-intoxication, comme la fièvre Tpar néci'osc aseptique comme celle qui succède à Y oblitération artérielle, sponlanée ou expérimentale. Gangolphe, Cour- mont, etc., ont démontré que la fièvre diminue en pareil cas, à mesure qu'augmente la mortification des tissus; elle cesse quand la nécrose est complète ; la matière pyré- togène résulte donc de la désintégration des cellules en voie de mortificalion. De même la nécrose testiculaire produite chez le bélier par bistournage est apyrétique, mais si l'on produit la nécrose au moyen d'une ligature jetée en masse sur le cordon et ses enveloppes, tout en gardant la facilité de rétablir la circulation, on voit apparaître une hyperlhermie considérable quand on enlève la ligature; à ce moment, on jette dans la circu- lation les produits de la nécrose et la fièvre cesse quand la résorption est complète. » (Courmonl.) D'ailleurs les recherches e.xpérimenlales ont démontré (lue les produits de destruction des globules blancs et l'hémoglobine sont pyrétogènes ; enfin la nutrition viciée des tissus traumatisés engendre une substance pyrétogène. FIEVKE. 427 Roger ayant remarqué que le sang veineux contient une substance Iherniogène volatile qui s'élimine par les poumons et que le sang artériel contient une substance hypolhermisaiile qui s'élimine par le rein et qu'il y a enfin une autre substance qui se forme dans le rein aux dépens du sang, attribue à ces substances une action régulatrice de la température. « Le froid, en activant la sécrétion rénale, favorise l'élimination de la matière hypotliermisante et entrave l'exhalation de la substance volatile thermogène, ce qui permet à l'animal de résister au froid. La chaleur a l'etfet inverse, en favorisant l'élimination de la substance vola- tile thermogène, elle diminue la sécrétion rénale et par conséquent l'élimination de la substance hypothermi- sante. » (Roger.) Les fièvres d'origine toxique sont infiniment plus importantes. Elles procèdent de substances toxiques ou médicamenteuses ou de toxines. Touteslesintoxicationspeuvent modifier latempérature, mais les résultats varient avec la dose et le mode d'intro- duction du poison, avec l'agitation de l'animal, etc.. Les poisons élèvent la température par trois procédés différents : en mettant en jeu les centres de calorification, en activant les combustions organiques, et en provoquant des convulsions. Les matières pyrétogènes sont d'origines liés diverses. Le règne minéral ne fournit pas de poisons franche- ment thermogènes. Cependant l'eau distillée injectée en grande quantité dans les veines produit la fièvre. Les poisons végétaux pyrétogènes sont très nombreux ; ils agissent sur le cerveau, le bulbe, la moelle ou les nerfs. Les poisons cérébraux (anesthésiques, morphine, quinine) après avoir élevéla température ne tardent pas à étendre leur action sur la moelle et à produire la réso- lution musculaire et l'/ij/^oMo-Wie, conséquence de l'inertie musculaire. 428 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPÉRATURE. Les poisons bulbaires (aconitine, vératriiie, digitaline) atteignent directement la fonction thermique des centres nerveux; ces poisons élèvent la température périphé- rique, mais diminuent la température centrale. Les fièvres infectieuses sont les plus communes; mais la maladie infectieuse n'est fébrile que parce qu'elle est toxique. Les microbes ont en effet la propriété de créer des substances pyrétogènes, Weber a démontré que les produits de la putréfaction sont phlogogènes et hyperthermisants ; Chauveau a pro- duit l'élévation de température par l'injection de pus ou de liquides putrides ; Brieger a découvert la mydaléine, qui produit une grande liyperthermie. Les toxines renfermées dans les cultures donnent les mêmes effets. Serafini (1887) a produit la fièvre chez le chien en injectant des cultures stérilisées du bacille de Friedlander. Depuis, de nombreux expérimentateurs ont prouvé que cette propriété appartient à de nombreuses toxines microbiennes et au protoplasma des microbes. La clinique est venue aussi apporter ses preuves : ce sont les maladies microbiennes qui produisent les fièvres les plus intenses. Par quel mécanisme les toxines produisent-elles la fièvre? — On prétend ipie toute substance altérant le sang ou rendant les globules rouges incapables de fixer une portion normale d'oxygène fait éclater la fièvre. Pillon attribue la fièvre à la mise en liberté des matériaux con- stituants des leucocytes et des hématies détruits par les microbes ou leurs toxines. Les toxines agissent-elles sur chaque élément cellulaire et, le rendant moins stable, favorisent-elles ainsi les oxydations? Ou bien est-ce en agissant sur les centres nerveux qu'elles produisent un accroissement de la calo- rification ? Quoi qu'il en soit, on peut regarder la fièvre comme la conséquence d'un (rouble nerveux primitif ou bien, sui- FIÈVRE. 429 vant les cas, comme le résultat d'une infection de l'orga- nisme par des produits de dé;iutrition, soit végétaux, soit microbiens ou élaborés par l'organisme lui-même. Signification. — La fièvre est une manifestation sym- ptomatique d'une grande importance au point de vue clinique. Dans la plupart des cas, elle témoigne d'une infection de l'organisme. Lorsqu'à la suite d'une opération, une fièvre intense s'allume, c'est que la plaie a été infectée et la fièvre devient en quelque sorte un ordre de pratiquer la désin- fection de la plaie. Ala suite de l'opération du yauarf, du clou de rue, etc., on peut à volonté produire la fièvre, l'exagérer, la diminuer ou la supprimer en entretenant des germes à la surface des plaies ou en maintenant celles-ci parfaitement aseptiques. La désinfection, l'emploi des anti- septiques tarissent la source de la fièvre en détruisant à la fois les poisons qui l'allument et les germes qui sécrètent ces poisons. La valeur sémiologique de la fièvre varie avec les types. Une ascension régulière est un signe favorable, une ascen- sion irrégulière est un signe défavorable. Un abaissement brusque, une longue période d'état avec des oscil'ations de la température sont également des signes fâcheux (fig. 126). Cependant la fièvre peut être regardée comme un moyen de défense de l'organisme qui lutte pour se débarrasser des produits de dénutrition et de leur cause. La fièvre n'est pourtant pas un syndrome indispensable pour qu'il y ait guérison. Celle-ci peut se produire malgré l'abaissement extrême de la température (fig. 128). Il est exceptionnel de rencontrer la température de 42"; la septicémie et la pneumonie infectieuse sont à peu près les seules maladies qui présentent celte élévation de la température. •130 SEMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. Par contre, la température de 41" se rencontre dans beaucoup de maladies : fiév7'e typhoïde, pneumonie gour- meuse, pneumonie lobaire, fièvre puerpérale, septicémie, péritonite, péricardite traumatique, charbon. La température de 40» à 41" s'observe dans les ma- ladies précédentes cl dans les suivantes : maladie du jeune âge, endocardite aiguë, encéphalite aigué, catarrhe aigu bronchique. joins : \ ■■- 'i ■>. \ n ô 7 s 9 10 11 12 »'13 Fig. 128.— Tracé tliermoméirique d'un cas de pesle bovine ^d'apl•ès (ïerlacli). Malgré le cuUapsus, il y a eu guérison. Les températures hyperpyrétiques sont réalisées par le coup de chaleur [cheval, mouton, bœuf, porc), par le \ougel du porc et le tétanos, maladie dans laquelle la empérature peut atteindre 44° au moment de la mort (Bayer) par la piroplasmose {malaria, fièvre du Texas, rcdwatcr, etc.). Dans l'espèce bovine, on constate que les bœufs égyptiens qui ont succombé à cette dernière maladie présentent, dans les premières heures qui suivent la mort, une température intra-abdominale qui atteint et FIÈVRE. 431 dépasse même 44" centigrades (la température ambiante variant de 25 à 27 degrés). A l'autopsie de ces animaux, pratiquée de la première à la quatrième heure après la mort, on est immédiatement surpris par la sensation de' chaleur intense que produit le contact des viscères abdo- minaux. La température rectale de ces animaux avant la mort était pour les uns de 37°, 5 à 38° ; pour les autres de 40°, 3 à 41", 4; la température s'élève après la mort sous l'inlluence d'une fermentation secondaire dont l'agent actif est inconnu et auquel la piroplasmose pré- parerait le terrain favorable à son évolution. La fièvre, considérée parles anciens comme un bienfait, comme un phénomène réactionnel et curatif, comme un effort de la nature médicatrice, est regardée par les modernes comme un mal, un danger constant et quel- quefois une cause de mort. Mais la gravité de beaucoup de maladies est indépendante de la température qui préserve les animaux de certaines infections, comme la poule du charbon. L'évolution du pneumocoque est retardée chez le lapin infecté, soumis au chauffage ; l'érysipèle expérimental de l'oreille du lapin a une maiche plus rapide et plus restreinte quand on chauffe l'animal. L'invertine, aux doses qui sont mortelles en quelques semaines, ne tue pas les animaux dont on élève la température à 41». Les températures élevées sont quelquefois nuisibles à la vie des microbes, et favorables à l'activité des phago- cytes et au pouvoir bactéricide du sérum. Cependant, les substances antiloxiques se développent aussi bien chez les animaux maintenus artiliciellement apyrétiques que chez ceux qui ont de la fièvre. Diagnostic raisonné. — L'élévation de la température permet d'apprécier la gravité et la nature des maladies, quand on interroge en même temps les signes fournis par les divers appareils. 432 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. La septicémie, qui complique fréquemment les maladies nternes et les maladies chirurgicales, commence par des frissons violents, une température de 42°, des battements cardiaques 1res violents et un pouls très faible sans signes locaux. La stupéfaction des animaux est très grande; l'évolulion morbide est très courte; ces carac- tères permettent de différencier cliniquemenl la septicé- mie des inflammations locales et même, au début, des maladies contagieuses éruptives (lièvre aptheuse, horsepox, davelce, etc.), qui s'annoncent par une forte fièvre, mais qui ne tardent pas à être accompagnées de leurs signes caractéristiques. La. pyohémie et toutes les affections marquées par la formation de pus ou d'abcès superficiels ou internes [abcès pulmonaires, abcès mésentériques intestinaux, etc.), sont dénoncées par une fièvre rémittente, changeante, irrégulière, accompagnée de frissons fréquents ; leur durée est longue ; l'amaigrissement de l'animal est pro- gressif et continu. La gourme et la maladie du jeune âge, qui débutent comme les maladies infectieuses, se comportent ensuite comme des maladies purulentes, la fièvre est atypique, irrégulière : la gourme est bientôt suivie du développe- ment de ses symptômes et de ses lésions pathognomo- niques (pharyngite, adénite, lymphangite, etc.) ; la maladie du jeune âge, de ses manifestations catarrhales : catarrhe nasal, bronchique, pulmonaire ; catarrhe gastro- intestinal, ou de troubles nerveux (convulsions épilep- tiques, cliorée, etc.), ou enfin d'une éruption significa- tive. Le coryza gangreneux se distingue des autres affections du bœuf par une température très élevée accompagnée de larmoiement, de kératite, de stomatite, de néphrite, de cystite, de vertige et de coma. Dans la fièvre charbonneuse, l'élévation de la tempéra- ture, qui atteint fréquemment 42», est rendue significa- HYPOTHERMIE. 433 tive par le pissement de sang, le jetage sanguinolent, la dyspnée, la cyanose, rexcitalion cérébrale, la marche foudroyante de l'affection chez le mouton et sa forme subatguë chez le cheval. Le rouget du porc débute par une température de 42° à 43» ; on observe ensuite des taches rougeàtres ou bleuâtres dans les points où la peau est froide. Dans le choléra et la. pneumo-entérite du porc, la fièvre est moins intense. Quand les porcs sont très fiévreux, on doit toujours soupçonner une maladie infectieuse et pratiquer immédiatement leur isolement. En temps d'épizootie, l'apparition brusque de la fièvre chez un animal fait soupçonner le développement de la maladie infectieuse et permet de prendre toutes les mesures capables d'en empêcher l'extension. II. — HYPOTHERMIE. Définition. — On désigne sous le nom d'hypothermie, de collapsus ou de réaction algicle, un syndrome caractérisé par un abaissement anormal de la température orga- nique. Normalement, l'animal, ayant une température plus élevée que celle du milieu dans lequel il vit, lutte conti- nuellement contre le refroidissement par le réflexe cutané, vaso-constricteur, par l'excitation réflexe des centres thermogènes et par une production plus grande de chaleur. Causes de l'hypothermie. — Les causes déterminantes de l'hypothermie sont : le froid, l'inanition, les trauma- tismes, les intoxications et auto-intoxications et les infections. 1° Le FROID EXTÉRIEUR produit l'hypothermie, chaque fois que son intensité dépasse les limites et les ressources du pouvoir de régulation. Les animaux sont incapables de Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 25 434 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. se réchauffer quand la température centrale est descendue à 20°, parce que les extrémités cutanées des nerfs sen- sitifs sont paralysées et par conséquent incapables de régler la produclion de chaleur d'après l'intensité du rayonnement périphérique. 2° L'inanition est suivie de la destruction progressive des réserves de matériaux hydrocarbonés qui produisent la chaleur. Au premier jour de l'inanition, à l'avant- dernier jour de la vie, la température décroît ainsi très lentement de 0°,3 par jour, puis, le jour de la mort, la chute s'accentue brusquement et atteint 14° en moins de vingt-quatre heures. D'ailleurs, on constate même pendant la première période, un trouble considérable de la régulation ; la température est pendant le sommeil de 3° au-dessous de la température de la veille ; ces différences témoignent de l'influence excitatrice qu'exerce le système nerveux sur la calorification et qui est plus intense pendant la veille que pendant le sommeil (Chossat). L'animal inanitié meurt en partie de froid ; il a perdu la propriété de conserver sa chaleur normale, il subit l'influence du milieu ambiant ; il est devenu animal à sang froid. Ce phénomène s'observe dans le rétré- cissement de l'œsophage chez les cancéreux. 3° Les TRAUMATisMEs gfaves entraînent l'hypothermie ; cet abaissement de température est lié au choc trauma- tique qui ralentit les échanges et produit les syncopes cardiaque etrespiratoire. La douleur est hypothermisanle; l'excitation des nerfs sensitifs est toujours suivie d'un abaissement plus ou moins prononcé de la température centrale, de sorte que les traumatismes les plus doulou- reux (lésions de la moelle, du bulbe, du cerveau, de l'épigastre, du testicule, traumatismes des organes tho- raciques, brûlures) sont ceux qui produisent l'hypother- mie la plus accusée. Cette dépression est particulièrement prononcée dans les traumatismes des viscères abdominaux et les trauma- HYPOTHERMIE. 43o tismes oi/^a»es; les uns elles autres s'accompagnent de phénomènes cardiaques, respiratoires et vasculaires identiques qui résultent du clioc nerveux ou qui sont consécutifs à Tintoxicalion. 4° Les iMOsrcATiONS sont généralement suivies d'hypo- thermie, qui est la véritable cause de la morl. A faible dose, presque tous les poisons (alcool, atropine, mor- phine, elc. élèvent la température ; à forte dose, presque tous l'abaissent. L'intoxication chronique par la digitaline, fait tomber la température du chien de 38», 9 à 3C°,7. Les Ladigeon- nages de la surface cutanée avec du gaïacol, produisent rhypolheimie ; la cocaïne, rellélorine, la sparléine, la solanine, ont une influence analogue. Les agents antipyrétiques, administrés à des sujets affaiblis ou malades, produisent quelquefois une hypo- thermie dangereuse; ce sont d'ailleurs de véritables poisons des globules et beaucoup produisent la vaso- dilatation périphérique. Certains poisons comme le curare, la morphine et le chloral diminuent la thermogenèse. 5° Les AUTO-iNTOxiCATiONs, comme celles qui résultent de l'arrêt de la sécrétion urinaire, produisent l'hypo- thermie. On peut l'obtenir facilement par la ligature des uretères. Le sérum du Ijœuf, de la chèvre, du mouton, le sang artériel, les extraits musculaires des sujets sains, la bile, sont également hypothermisants. La résorption des produits engendrés par la fer- mentation des matières fécales engendre l'hypothermie dans la deuxième phase de l'obstruction intestinale. 6° Les INFECTIONS MICROBIENNES engendrent ordinaire- ment l'hypotheimie ; l'hypothermie est exceptionnelle au début de l'infection ; mais elle succède souvent à une phase d'hypothermie plus ou moins prononcée. L'injection sous-cutanée des cultures du bacille pyocya- 436 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE. nique produit l'hypolhermie immédiate ; Tempoisonne- ment par les toxines diphléritiques est caractérisé à la période terminale par une hypothermie considérable. Dans le stade secondaire de la fièvre charbonneuse, on observe également de l'hypothermie correspondant à la pullulation des bactéridies dans le sang. L'abaissement de température se produit d'autant plus rapidement que la quantité de toxines déversée dans le sang est plus importante. On peut aiusi observer, tantôt de l'hyperthermie, tantôt de l'hypothermie, suivant la quan- tité de toxines élaborées par les microbes et suivant le degré de virulence et la porte d'entrée de ces derniers. L'hypothermie fait défaut chez les animaux réfrac- taires ; l'hyperthermie se manifeste seule comme signe de la réaction de l'organisme contre les effets des toxines ; les formes les plus graves des maladies aiguës sont celles qui sont marquées par une période fébrile plus courte. L'hypothermie se manifeste quelquefois chez le bœuf sous l'influence des maladies cachectisantes comme la lymphadénie, les tumeurs, la tuberculose; on voit quelque- fois la température descendre à 36° après l'injection de tuberculine à la suite de troubles digestifs mal définis (Cantiget). Chez Vâne, l'hypothermie est un phénomène consécutif à la coprostase, à Vanémie déterminée par une maladie générale ou par une opération comme la castration ; j'ai vu la température descendre à 32" sous l'influence de la diète accompagnée d'une constipation opiniâtre. III. — COLLAPSUS. Définition. — Le coUapsus algide est caractérisé à la fois par l'abaissement anormal de la température orga- nique, le ralentissement du pouls et de la respiration. La température indique le collapsus quand elle est inférieure ou ne dépasse pas 30° et que cette hypolher- COLLAPSUS. 437 mie s'accompagne de troubles graves des autres appa- reils de l'organisme. Cet état qui précède l'agonie s'accom- pagne d'une grande diminution de l'activité cardiaque et respiratoire. C'est donc toujours un signe défavorable. Le collapsus précède la mort dans les empoisonne- ments graves, dans l'ictère et dans diverses maladies aiguës ou chroniques ; il peut se manifester aussi dans les maladies infectieuses suivies d'intoxication et de la pro- duction de substances hypothermisantes. Le collapsus porte aussi le nom deréaction algide. Ce trouble s'accompagne toujours d'une grande pros- tration des forces et fait partie des manifestations du choc traumatique. Pathogénie. — Il parait dépendre d'une contracture des petits vaisseaux liée à une excitation des vaso-constric- teurs Marey). Le calibre des artères se trouvant rétréci, le sang ne circule plus qu'en quantité insuffisante dans les capillaires et s'accumule dans les troncs veineux, d'où l'insuffisance de l'hématose par suite du trouble de la circulation pulmonaire Hallopeau), l'abaissement de la température, l'asphyxie, l'aiiurie, l'anémie encéphalique. On a également attribué le collapsus à un épuisement du système nerveux Richet), à la paralysie du cœur déterminée par l'excitation des nerfs centripètes et suivie de troubles des ganglions automoteurs ou du pneumo- gastrique. La pathogénie de ce syndrome n'est pas encore com- plètement élucidée. ÉVOLUTION DES MALADIES CHAPITRE PREMIER MARCHE DES MALADIES I. — PROPAGATION DES TROUBLES MORBIDES. Circonstances qui font varier l'évolution de la ma- ladie. — L'évoliilioa de la inahidie dépend de la cause provocatrice et du terrain. La cause de raltération irritative ou dégénérative, qu'elle agisse par sa qualité {mécanique, physique, chi- mique ou dynamique), par sa quantité {microbes, parasites), influence l'ensemble de l'organisme. Elle impressionne le système nerveux, modifie la répar- tition des humeurs en créant des congestions, des inflam- mations, des hémorragies, etc., etc., change la tempéra- ture et la composition des humeurs [fièvre, leucocylose, etc.), retarde la composition du sucre ou accélère la deslruclion des albuminoïdes, détermine raccumulation dans le sang de produits de déchet qui surchargent le rein et nuisent au bon fonctionnement de tous les organes et principa- lement du système nerveux, le régulateur universel. Par son intermédiaire, la lésion primitive propage ses effets dans tous les appareils : digestif, respiratoire, cir- PROPAGATION DES TROUBLES MORBIDES. 439 culaloire, calorification, sécrétion, etc. Le degré de parti- cipation de chacun de ces appareils à la scène morbide locale est en rapport avec la nature et l'intensité de la cause morbide. Il n'y a rien de fixe dans ces elîets, la virulence peut varier de zéro jusqu'à 1000 ; les agents toxiques, les traumatismes eux-mêmes peuvent, suivant les doses et les degrés, déterminer le maximum ou le minimum de troubles. A cette pro2xigation delà réaction s'ajoute fréquemment l'extension de la lésion primitive. EL la propagation de la lésion, c'est la propagation de la maladie. L'inflammation des premières voies respiratoires s'étend aux bronches, au poumon; l'inflammation de la bouche et de l'arrière-bouche se communique à l'estomac et à l'intestin ; dans la tuberculose pharyngée, les bacilles de la tuberculose du pharynx vont se fixer dans l'intestin ; c'est la propagation par continuité de tissu, ou par des infections secondaires et successives [pleurésies, péritonites). Les vaisseaux sanguins et lymphatiques charrient les microbes, les toxines, les solides et les liquides altérés et tous ces agents élaborés par l'altération primitive peu- vent s'arrêter dans le voisinage ou dans des organes similaires où ils font souche de nouvelles altérations qui s'ajoutent à la maladie primitive ou créent des maladies nouvelles (embolies bactériennes, parasitaires, orga- niques, etc.). Vévolution morbide, profondément modifiée par ces divers accidents, change encore davantage quand le système nerveux est altéré dans ses dépendances ou dans ses centres. Ses éléments sont si fragiles que le contact d'un sang altéré par la putréfaction d'un foyer traumatique cir- conscrit, ou par une lésion rénale, etc., peut rapidement compromettre la vie. Le danger d'une toxine, d'un pro- duit qui a pénétré dans le sang, est proportionnel à son influence sur le bulbe. 440 MARCUE DES MALADIES. L'exallation, raffaiblissement de la cause sont une source indéfinie de variations dans la marche des ma- ladies chez le sujet qui en est affecté. Ces modifications expliquent aussi l'extension et les propagations de la maladie aux divers animaux placés dans le voisinage du sujet infecté. Celte propagation au dehors engendre les enzooties et les épizooties. II. — EXZOOTIES. Définition. — On désigne sous le nom ù'enzootie ou d'endémie, la maladie qui sévit à l'état permanent ou périodique dans une contrée. La fièvre charbonneuse chez les animaux, la fièvre typhoïde, la fièvre intermittente chez Vliownie, sont des maladies endémiques. Elles apparaissent généralement aux mêmes époques de l'année, sous l'influence des mêmes conditions extérieures. En Auvergne, en Beauce, les spores charbonneuses qui proviennent de l'enfouis- sement des cadavres charbonneux, sont ramenées à la surface du sol par les vers de terre et déterminent des enzooties charbonneuses. Les bactéries de la fièvre typhoïde, les germes du choléra se régénèrent ou conservent leur vitalité dans les eaux de puits, de mares, etc., et font développer des enzooties. La cause de l'enzootie se trouve renfermée dans les aliments, les boissons d'une ou de plusieurs localités. Les maladies parasitaires revêtent le type enzootique comme les maladies microbiennes. Les bronchites vermineuses, la distomatose, V helminthiase, le tournis, sont essentiellement des maladies des pays marécageux. Chaque pays a ses maladies endémiques. La Bresse, la fluxion périodique; la Beauce, la fièvre charbonneuse; la Bresse, la Sologne, la cachexie aqueuse, la fi.èvre intermit- tente; la Savoie et les Pyrénées, le goitre; la Forêt-Noire, la Haute-Loire, l'ostéomalacie et le pica, etc. ÉPIZOOTIES. 441 La cause d'une maladie endémique ne se trouve pas également répartie dans tous les endroits de la contrée ou de la localilé où elle règne; les germes infectieux sem- blent concentrés dans certains points : champs maudits pour la fièvre charbonneuse, puits spéciaux pour la ^èvre. typhoïde. Les maladies endémiques, indépendantes des microbes, récidivent fréquemment ou passent à l'état chronique; les maladies microbiennes tuent rapidement ou confèrent l'immunité; le déplacement des sujets malades est pour toutes le seul remède salutaire. L'émigration du troupeau de moutons ou de bœufs ravagé par le charbon bactéri- dien arrête brusquement l'endémie. On ne constate plus de malades quand on supprime les aliments ou les bois- sons infectés. III. — ÉPIZOOTIES. Définition. — Los épizooties ou épidémies sont des maladies caractérisées par leur apparition rapide sur un grand nombre de sujets à la fois el par leur exlension aux animaux de divers pays. L'idée d'épizootie implique l'idée de contagion. Les microbes infectieux sont propagés par les déplacements, les transports en chemin de fer, les rassemblements d'animaux malades. La clavelée, la fièvre aphteuse, la péripneumonie contagieuse, la peste bovine sont des maladies épizootiques. Toutes les affections dont les germes se conservent ou se multiplient dans le sol sont des endémies. Toutes celles dont les germes se propagent par contact médiat ou im- médiat des animaux malades avec les animaux sains peuvent revêtir le caractère épizootique. Les épizooties ne renaissent jamais de leurs cendres comme les endé- mies. « La marche d'une épidémie de quelque gravité se traduit généralement par une courbe dont la partie des- cendante est plus rapide que la portion ascendante. En 25. 442 MARCUE DES MALADIES. langage ordinaire, cette courbe signifie que la contagion, propagée d'abord avec une grande intensité, s'est abaKue sur beaucoup de malades en peu de temps, puis s'est l.iusquoment limitée à un petit nombre de sujets. (' Théoriquement, il semblerait que le nombre croissant des malades dût entraîner une production et une dissé- mination plus abondantes de virus et conséquemment une augmentation toujours plus grande des cas nouveaux, de sorte que la marche d'une épidémie devrait être régie par des lois analogues à celles du mouvement sur un plan incliné. Il y a donc entre les faits et la théorie une sorte de contradiction, frappante surtout dans les épidémies transportées hors du lieu où elles sévissent habituellement, épidémies qui s'éteignent tout à coup, après avoir fait rage. Mais si l'on prend la peine de l'examiner à la lueur des notions acquises sur la physiologie générale des vims, elle cesse d'exister. « Les épidémies doivent s'éteindre, et s'éteindre rapi- dement, à un moment donné, sans l'intervention de moyens artificiels, parce que les facteurs d'une épidémie, les sujets et les virus se modifient peu à peu forcément et naturellement, « Tons les individus d'une espèce ne possèdent pas le même degré de réceptivité pour un virus déterminé. L'expéi'imentation démontre qu'on peut les diviser, à ce point de vue, en trois groupes d'une importance inégale : I" celui des sujets doués d'une granJe réceptivité natu- relle; 2° celui des sujets pourvus d'une réceptivité moyenne; 3» enfin, celui des individus dépourvus ou presque dépourvus de réceptivité. Vers les points de con- tact, ces groupes se confondent par transition insensible. L'épidémie sévira d'abord sur les sujets du premier groupe où le contnge ne rencontre aucun obstacle à se transmettre d'un in>lividu à l'autre. Chaque malade cons- tituant un milieu de culture aussi favorable que possible émettra une grande quantité de virus très actif; on verra ÉPIZOOTIES. 443 donc le nombre des malades augmenter et atteindre rapidement le maximum. « Les individus de réceptivité moyenne, qui avaient échappé à la contagion au moment de l'invasion, plongés maintenant dans un milieu plus riche d'un virus plus aclif, vont être atteints à leur tour, dans une certaine proportion, bien inférieure toutefois à celle des sujets du premier groupe. L'épidémie entrera dans sa période de déclin, laquelle se prononcera avec une grande rapidité, attendu que la quantité de virus disséminée dans le milieu ambiant diminuera en raison du nombre des malades. La gravité de l'épidémie suivra une marche analogue, vu que, dans cette période, elle s'attaque à des sujets de moindre réceptivité. « Le contage finira par se trouver en présence des indi- vidus du troisième groupe. Là, il ne pourra faire qu'un bien petit nombre de victimes. En effet, ces sujets étaient préparés à la résistance avant l'apparition de l'épidémie ; ils le sont encore mieux à la fin, car, vivant dans un rai- lieu virulifère, ils ont probablement subi une ou plusieurs infections légères qui élèvent le degré de leur immunité naturelle. «( Ainsi, à n'envisager que les sujets, l'extinction des épidémies se conçoit ; il s'impose, si l'on envisage le devenir des agents virulents (1). » (Arloing.) Pendant qu'il y a augmentation des résistances opposées par les sujets à la contagion, il y a diminution de l'activité pathogène des microbes infectieux. Cette atténuation est due à des causes multiples qui surajoutent leurs effets : les microbes répandus dans le sol, dans l'air, sont détruits en grand nombre par l'oxygène, la lumière, l'électricité, etc., leur virulence est affaiblie quand ils évoluent dans des organismes de faible réceplivi'té ; leur nombre est diminué à la fin de Ja période (1) Arloing, Les virus, 1891, p. 214. 444 MARCHE DES MALADIES. d'augment de l'épidémie par la limitalion du chiffre des malades. IV. — DURÉE DES MALADIES. Le terrain qui favorise ou qui combat l'influence mor- bide préside encore plus que la cause à cette évolution. A part quelques microbes extrêmement virulents, ou des traumatismes excessivement violents, la complicité de l'organisme est indispensable à la cause pour réaliser la maladie. Ce consentement n'est jamais absolu; l'organisme se défend, nous l'avons vu, par divers moyens : le tube di- gestif alimente la circulation, le sang bactéricide main- tient les éléments dans leur inlégrité, les barrières épi- théliales, la peau, le tube digestif et les autres muqueuses s'opposent aux infections; la salive, le suc gastrique sont antiseptiques; la sécrétion parotidienne joue un rôle mécanique et protège les conduits sécréteurs et les acini contre les invasions microbiennes ; les amygdales opèrent une abondante destruction de parasites par le processus de la phagocytose; la bile prête sa puissance antisep- tique ; les voies respiratoires, leur épithéliuni, leurs qualités bactéricides, leur phagocytisme, leur puissance éliminatrice ; la peau, sa résistance, ses acides gras ; le système nerveux toutes ses forces dynamiques ; tous les organes et toutes les humeurs, leur activité phagocytaire ou bactéricide ; le sang agit sur les microbes par l'oxy- gène, l'acide carbonique, le mouvement, la pression, la vitesse. Tous ces moyens de protection agissent par des pro- cédés différents ou avec une puissance très inégale : aussi la marche des processus est-elle considérablement influencée par la porte d'entrée des microbes {charbon symptomatiqiie) ; le bacille de Koch, qui ulcère ou sclé- rose le parenchyme pulmonaire, stéatose le foie. Ces diverses influences peuvent fléchir plus ou moins de telle DURÉE DES MALADIES. 445 sorte que l'évolution morbide, rapide ou lente, est en rapport aussi avec les secours fournis par les divers organes à la réaction de l'économie. La durée des maladies est essentiellement variable. Les unes ont une marche très rapide, foudroyante même ; on les désigne sous le nom de suraiguës ; ieUes sont la septicémie, le charbon, etc. ; d'autres évoluent plus régulièrement et plus lentement, se terminent dans un laps de temps qui ne dépasse pas six jours; ce sont les maladies aiguës. La pneumonie infectieuse, les affec- tions typhoïdes, la clavelée, la fièvre aphtheuse sont des maladies aiguës. Les afTections éruplives et la plupart des maladies mi- crobiennes qui rentrent dans ce groupe sont des affections cycliques dont la durée est généralement fixe pour tous les êtres d'une même espèce. Quand ces maladies se sont développées, les symptômes progressent jusqu'au moment où l'état bactéricide, la phagocytose, l'épuisement du mi- lieu, les réactions organiques, l'aflaiblissement des para- sites par suite de leur usure propre, de Ihyperlhermie ou des conditions de culture dans lesquelles ils se trouvent, amènent une amélioration qui se produit lentement ou rapidement. Les animaux atteints de fièvre aphtheuse, de clavelée, Aq pneumonie, sont malades pendant un nombre de jours qui varie peu pour la même espèce. Expérimentalement, on peut cependant modifier le cycle connu en introduisant chez ces espèces des microbes plus actifs ou plus nombreux. La nature de l'agent pathogénique modifie également ce cycle; il y a autant de modes d'évolution que d'espèces microbiennes. Certaines maladies dont l'évolution est plus prolongée que les précédentes, s'accusent par des symptômes qui sont également moins tranchés; on les qualifie de SUBAIGUES. L'état du terrain, la débilité d'un organe, d'un sys- 446 MARQUE DES MALADIES, tème, les maladies générales diathésiques, les maladies an- ciennes, les influences extérieures favorisent racclimale- ment et prolongent le séjour des microbes dans l'économie ; elles affaiblissent en même temps les forces organiques et dynamiques et rendent les réactions moins violentes. Les MALADIES CHRONIQUES soiit primitives ou consécutives à des maladies aiguës ; leur seule particularité c'est d'évo- luer lentement, de persister longtemps ou indéfiniment. En dehors de ce fait, elles forment un groupe essen- tiellement disparate. Leur nature est très variable. Les unes sont dues à des microbes ouix des parastïes qui trouvent toujours dans l'or- ganisme les conditions favorables à leur développement {morve); d'autres présentent des poussées successives et envahissent un nombre plus ou moins considérable d'organes [tuberculose). Certaines ont peu de tendance à guérir en raison du peu de vitalité des tissus lésés; les ulcères mélaniques se cicatrisent difficilement. Les maladies entretenues par une diatljèse {cUathèse herpétique) affectent une chronicité désespérante {eaux- aux-jambes, crapaud). La plupart des néoplasies grossissent indéfiniment ; los tumeurs malignes se propagent par la voie veineuse ou lym- phatique et vont former des dépôts secondaires; l'évolu- liondeces maladies est aussi illimitéequeleurpropagation. Certaines maladies aiguës peuvent enfin engendrer une lésion indélébile qui devient à son lour la cause d'acci- dents secondaires ; les lésions du foie, du rein créent des troubles persistants de la circulation ; l'excitation qui part d'une cicatrice étendue, d'une tumeur, peut influencer le bulbe et produire Vépilepsxe. V. — TYPE DES MALADIES. L'évolution des maladies peut être intermiltente, rémittente ou continue. TYPE DES MALADIES. 447 1° L'iNTERMiTTE.N'CE OU l'interruptioii des symptômes se manifeste d'une manière régulière ou irrégulière ; c'est- à-dire à des périodes égales ou inégales suivant les maladies. La fièvre paludéenne offre fréquemment le type régulier; Vépilepsie, la fluxion périodique se mani- festent par des accès irrégaliers, survenant après des rémissions d'un mois, trois mois, six mois, et même davan- tage. Dans l'intervalle des accès d'épilepsie et de fluxion périodique, l'animal présente tous les caractères de la santé. 2° La RÉMiTTENCE ost caractérisée par des alternatives d'exagération et d'atténuation des symptômes. Ces varia- tions sont physiologiques tant qu'elles sont légères ; la température du soir dépasse toujours de quelques dixièmes de degré celle du matin; mais la maladie mérite d'être appelée rémittente quand la rémission est très marquée et se renouvelle périodiquement. Les che- vaux frappés de vertige sont sujets à une excitation intense, suivie de coma. L'accroissement d'intensité des symptômes est dési- gnée sous le nom d'exacerbation, d'accès (accès de fluxion périodique des yeux) ou de paroxysme {congestion et in- flammation des méninges et de Vencéphale). Le mot ATTAQUE sert à désigner les phénomènes instan- tanés procédant d'un trouble profond du système ner- veux (attaque d'apoplexie, d'épilepsie, de paralysie). L'exacerbation se manifeste dans la plupart des mala- dies à heure fixe ; le soir, pour les maladies de l'appareil respiratoire, la dyspnée s'exagère et si la gêne respira- toire est très grande pendant le jour, c'est presque tou- jours pendant la nuit que l'asphyxie devient imminente ou se produit. La rémitlence et V intermittence des maladies micro- biennes n'est pas nettement expliquée. Dans la malaria, on pense que V hématozoaire finit par rendre le sang impropre à son développement, il se replie alors dans la 448 MARCHE DES MALADIES. rate pour s'y régénérer el reparaître quand les toxines ont été détruites ou éliminées. Les matières empêchantes sont en effet brûlées, dédou- blées, emporlées par les émonctoires, de telle sorte que si le microbe n'a pas conféré l'immunité la première fois, il se met à pulluler et à fonctionner de nouveau. 3° Dans le type continu, les symptômes s'accroissent graduellement sans interruption jusqu'au moment où ils atteignent leur maximum d'intensité, puis ils décroissent avec la même régularité. La plupart des maladies aiguës présentent cette marche. VI. — PÉRIODES DE LA MALADIE. L'évolution morbide se traduit ainsi par une courbe régulière ou irrégulière dans laquelle on peut reconnaître trois périodes : invasion, état et déclin. 1° Invasion. — L'invasion peut être brusque et soudaine ou lente et progressive. Elle est brusque dans la plupart des maladies iiifeclieuses [clavelée, ■péripneumonie, ■pneu- monie), elle est graduelle dans la tuberculose. Tantôt les poisons sécrétés par les microbes agissent à mesure qu'ils se produisent, et les accidents suivent une marche progressive; tantôt, ils ne manifeslent leur action que quand l'organisme en est sursaturé : les signes qui marquent l'invasion morbide sont les premiers effets des doses accumulés; il se produit une décharge violente, imprévue, qui s'accuse par une lièvre intense et des troubles généraux impétueux. La connaissance de ce fait est très importante en temps d'épizootie où l'élévation de la température fait recon- naître le début de la maladie. Il y a souvent un profond désaccord entre les manifestations locales et les mani- festations générales; les réactions locales évoluent lente- ment el sont éclipsées par la violence des troubles généraux. PERIODES DE LA MALADIE. 449 La période d'invasion fait défaut ou est peu appré- ciable dans les maladies subaiguës ou chroniques. Celte période s'étend depuis le début des premiers symptômes locaux jusqu'au moment où ils ont leur maximum d'intensité; elle embrasse tous les progrès de la maladie; très brève dans les maladies suraiguès, elle peut se prolonger plus d'une semaine dans les maladies subaiguës; elle est illimitée dans les maladies chroniques. 2° État. — C'est la période où les symptômes ont toute la gravité qu'ils peuvent acquérir. Au début, l'organisme envahi par les microbes se tient sur la défensive; à la période d'état, la lutte offre son maximum d'intensité ; les symptômes demeurent station- naires sans s'accroilre, ni rétrograder, ou présentent une série d'oscillations qui sont en rapport avec les diverses péripéties de la lutte. La plupart des maladies cycliques {pneumonie, mala- dies éruptives) présentent ce caractère; la fièvre se maintient au voisinage de son chiffre le plus élevé pen- dant un temps déterminé et à peu près fixe; les sécré- tions sont généralement diminuées, les urines sont rares. Les symptômes locaux et généraux suivent une marche parallèle; ils s'aggravent ou s'atténuent simultanément; ils déclinent et disparaissent à peu près en même temps. Parfois, la lésion locale rétrocède tandis que les phéno- mènes généraux s'aggravent; c'est presque toujours l'indice d'une complication ou d'une généralisation du processus microbien primitivement local. Dans les cas de septicémie, de pyémie consécutives à des lésions locales, les changements dans les phénomènes généraux font reconnaître l'envahissement de l'organisme. La période d'état est abrégée dans les maladies suraiguës ou foudroyantes qui progressent sans arrêt jusqu'à la mort ou affectent une marche abortive. La pneumonie commençante s'arrête quelquefois brusque- 450 MARCHE DES MALADIES. ment et la défervescence se produit dès le troisième ou le quatrième jour. La période d'état est quelquefois prolongée par suite de poussées successives. An moment où l'infeclion doit gué- rir, un nouveau foyer se produit. La pneumonie, les nécroses cartilagineuses présentent fréquemment ce caractère particulier. Quand la réaction de la période d'étal est énergique et rapide, elle parvient à détruire les microbes envahis- seurs ; bénigne ou tardive, elle arrête seulement les pro- grès des agents microbiens, l'infection passe à l'état chronique. 3° Déclin. — La durée est variable ; elle s'étend du moment où il y a diminution dans l'intensité des symp- tômes jusqu'à la disparition complète de la maladie. Pendant toute l'évolution de la maladie, il se produit des modifications de la nutrition cellulaire qui trans- forment le sang, les humeurs, les tissus el en font de mauvais milieux de culture pour l'agent pathogèn? , Deux éventualités deviennent alors possibles : Tantôt la terminaison est brusque, soudaine; il se produit une crise ; Tantôt, l'organisme se débarrasse, lentement, progressi- vement des germes qui le souillent et des toxines qui l'imprègnent; la terminaison s'effectue par lysis. Crises. — Ce sont des modifications sécréloires et san- guines qui annoncent une guérison prochaine. Elles se produisent pendant la période d'état ou de déclin des maladies aiguës et sont caractérisées par l'élimination des poisons accumulés dans l'économie {décharge uri- naire. siidorale), par la chute de la fièvre et par la régé- nération du sang {crise hcmatique). La CRISE suDORALE csl marquée par des sueurs abon- dantes qui précèdent l'abaissement de la température ; PERIODES DE LA MALADIE. 451 elles sont dues à des troubles vaso-moteurs cutanés qui modifient la répartition du sang. La DÉCHARGE URiNAiRE SB traduit par une élimination abondante d'urine et de produits toxiques accumulés dans l'organisme. On a observé un rapport étroit entre l'abaissement thermique et l'élimination des poisons ; mais l'expulsion des poisons est souvent tardive. Pendant la maladie {pneumonie), le sujet élimine par l'urine deux à trois fois moins de poison qu'à l'état normal; l'élimi- nation atteint ou dépasse létaux normal au moment de la défervescence; la décharge urotoxique s'effectue ordinai- rement le lendemain ou le jour de la chute de la fièvre. La crise thermique est caractérisée par la chute rapide de la température, le thermomètre peut descendre en quelques heures, ou en une journée, au chiffre normal. La crise hématique s'accuse par une abondante produc- tion àliématoblastes qui se transforment en globules rouges. Cette régénération des globules débute au mo- ment de la défervescence et atteint son maximum au moment où la chaleur est redevenue normale. Ce phéno- mène représente un effort réparateur. La crise est le résultat et non la cause de la guérison ; elle n'est qu'une exagération des phénomènes normaux due au retard de l'élimination des produits toxiques fabri- qués par l'organisme. La terminaison de la maladie résulte d'un changement survenu dans l'activité de l'agent infectieux. Les microbes succombent ou s'atlénuent; il se produit des antitoxines et les microbes cessent de fabriquer des toxines. Les troubles disparaissent, le fonctionnement cellulaire se rétablit et l'élimination des poisons s'effectue. Lysis. — Dans la terminaison par bjsis, les symptômes et les lésions décroissent graduellementsans perturbation critique. 452 MARCHE DES MALADIES. VII. — GUERISOX. Définition. — La disparition lente de la maladie {lysis) ou rapide (crises) constitue la guérison. Celle-ci est facilitée par l'évacuation des produits so- lubles par le rein, des produits volatils par le poumon, par leur destruction par le foie, par les propriétés micro- bicides des humeurs, par l'ensemble des fonctions diges- tive, respiratoire, circulatoire et nerveuse et par l'activité des éléments qui détruisent les parasites, les microbes, isolent les corps étrangers, réparent les tissus dé- truits, etc. Dans la vaccine, le horse-pox, la clavelée, etc., la va- riole, les microbes sont éliminés avec les éléments mor- tifiés de l'épiderme ou du derme; ils sont détruits par les phagocytes dans les affections microbiennes locales ; ils sont rejetés par la salive dans la rage, par le rein dans toutes les alTections du sang; ils sont isolés du reste de l'organisme par un tissu de sclérose qui limite l'exten- sion des lésions dans la morve et la tuberculose; ils sont fréquemment détruits par les dégénérescences (grais- seuse, calcaire), qu'ils ont provoquées. Les produits solubles sécrétés par les microbes sont également éliminés; leur formation est ralentie par la diminution des matériaux qui conviennentà leur dévelop- pement et par l'augmentation de l'état bactéricide des humeurs. La fièvre elle-même, quand elle est très in- tense, ralentit la pullulation des microbes, la production des toxines, etc., et contribue à la guérison. Celle-ci est absolue ou relative; elle est absolue, quand il y a disparilion complète des symptômes, comme dans la maladie du jeune âge, la vaccine, etc.; elle est relative, quand le sujet guéri présente des infirmités qui sont lu suite de la maladie {cécité, claudication, arthrites, etc.), RECnUTE ET RECIDIVE. 453 OU quand des inflammations secondaires chroniques pour- suivent leur évolution. Beaucoup de maladies ne présentent qu'une guérison apparente; le microbe qui les a fait évoluer une première fois s'est replié dans certains organes ou s'est confiné dans les lésions qu'il a fait développer (tuberculose, péripneumo- nie contagieuse); la maladie, devenue momentanément latente, peut reparaître promptement. D'autre part, l'action locale des toxines se traduit par des dégénérescences ou des nécroses cellulaires dont la réparation est toujours imparfaite. La cicatrisation d'un os, etc., reproduit le tissu osseux, le tissu conjonc- tif, etc., la destruction des cellules hépatiques, rénales et est suivie d'une sclérose de remplacement. La sclérose est l'aboutissant de tous les processus inflammatoires pro- fonds, étendus ou prolongés. MIL — RECHUTE ET RÉCIDIVE. Définition. — La rechute est l'aggravation subite des symptômes morbides d'une affection en voie de guérison. On l'observe dans toutes les maladies. Dans les maladies microbienyies, une infection secondaire peut reproduire les symptômes de la maladie primitive ou ceux d'une maladie analogue. C'est ainsi que les microbes de la suppuration se greffent sur la. pneumonie, ceux de la septicémie sur la plupart des maladies. Les affections microbiennes chroniques peuvent aussi, à la faveur de causes débilitantes, présenter des exacerba- tions dans leur marche et passer brusquement de l'état chronique à l'étataigu ; telles sont la mon-e, la domine, etc. La cause débilitante a transformé l'organisme en un milieu plus favorable au développement des germes morbides; ils se sont multipliés, ont sécrété plus de poi- sons, d'où résulte une aggravation subite des symptômes. La fièvre paludéenne offre des exemples de rechute qui 4d4 marche des maladies. paraissent dus à cette cause. Les accès se dissipent petit à pelit, grâce à l'éliminalion des poisons par les égouts de l'économie (bile, urine, etc.) pour reparaître ensuite. Dans la clavelée, ainsi que dans toutes les afTeclions éruplives, les causes débilitantes amènent très souvent des rechutes. Dans les affections non microbiennes, les rechules s'observent fréquemment. Dans Vindigestion chronique des ?'î bœufs aux calculs iirétraux. L'âge fait soupçonner diverses maladies : les jeunes chiens sont affectés de la maladie du jeune âge, les pou- lains de la gourme, les vieux chevaux de la morve, de l'emphysème pulmonaire. Dans cet examen d'ensemble, le vétérinaire apprécie les modifications extérieures que la maladie peut avoir imprimées à l'organisme; il note le degré relatif de résistance que l'animal peut opposer à la maladie et aux moyens thérapeutiques qu'il sera néces- saire d'employer. La maigreur du sujet, son altitude, sa physionomie trahissent l'ancienneté de la maladie et l'intensité de ses souffrances. La tuméfaclion des paupières, les lancina- ÉLÉMENTS DU DIAGNOSTIC. • 491 lions d'un membre, la raideur tétanique du corps, les éruptions et les dépilations cutanées, le jetage mettent sur la voie du diagnostic et permettent de donner à l'in- lerrogatoire une direction déterminée. Après cet examen rapide et silencieux, l'interrogatoire commence; il doit être court, méthodique et complet; il faut éviter les questions inutiles, oiseuses, ou qui ne peu- vent être comprises ; les demandes doivent être formu- lées en termes clairs, précis; elles varient suivant les soupçons qu'on a sur le siège et la nature de la maladie. Généralement, on débute par la question suivante : « De- puis quand l'animal est-il malade? Mange-t-il"? Se cou- che-t-il? )> Par une série de questions tendant à déterminer les caractères des symptômes observés, le praticien par- vient souvent à déterminer le siège de la maladie. On peut écouter le récit fait par le conducteur de l'animal qui narre les premiers troubles qu'il a observés, leur succes- sion, leurs modifications et fait souvent une histoire inexacte de la maladie. Les points obscurs peuvent être éclaircis par d'autres questions habilement posées; on peut savoir si l'animal a été malade antérieurement et s'il est resté longtemps sans travailler. Quand il saisit des contradictions dans les réponses qui lui sont faites, il interroge de nouveau en se servant d'expressions plus vulgaires et plus intelligibles. Dans cet interrogatoire, il faut passer tous les appareils en revue et s'attacher à mettre en évidence tous les troubles fonctionnels observés. Au sujet de l'étiologie de la maladie, le praticien obtient les réponses les plus variées et souvent les plus erro- nées. On ne peut espérer obtenir des propriétaires des données étiologiques bien sérieuses. On peut demander des renseignements au sujet de la nourriture, des bois- sons, des conditions hygiéniques dans lesquelles l'animal a vécu jusqu'à l'apparition de la maladie. La contagiosité de la maladie, sou extension rapide dans un troupeau 492 DIAGNOSTIC. précisent son origine endémique ou épizootique. Ces renseignements peuvent modifier l'opinion du clinicien et l'obliger à donner une autre direction à ses recherches. Tous les faits énoncés par cet interrogatoire doivent être contrôlés ; ils ne peuvent êlre acceptés comme vrais qu'autant qu'ils cadrent avec les signes recueillis à l'exa- men du malade. Il faut se défier des préjugés des proprié- taires, de l'imagination des conducteurs et souvent de leurs avis intéressés. Tls ont souvent contribué au déve- loppement de la maladie par leur négligence, par l'inob- servation des règles d'hygiène ; ils mentent quelquefois par habitude ou se livrent à de telles interprétations au sujet de la maladie qu'il est impossible de tirer parti des faits précis qu'ils ont recueillis. Les vices rédbibitoires, les maladies contagieuses sont souvent dissimulés et il est impossible d'avoir le moindre renseignement sur les symptômes observés, sur l'ancienneté et l'origine du mal. 2° Examen du malade. — On le soumet à l'action de tous les sens et de tous les instruments spéciaux qui peu- vent étendre le domaine de nos investigations. L'examen doit être rapide et complet; il doit porter d'abord sur l'organe soupçonné d'être le siège du mal, puis sur les autres appareils par ordre d'importance et de rapports avec le premier, sans en oublier aucun (Labat). On peut passer en revue tous les organes d'une région ou explorer appareil par appared. L'examen du malade région par région est simple et commode quand on en a l'habitude. Le vétérinaire passe en revue la tête, la gorge, la poitrine, le ventre, les mem- bres; il fixe son attention sur le faciès, l'état des yeux, de la conjonctive, des naseaux, de la bouche, du pouls, de l'auge; il comprime le pharynx, le larynx, constate les déformations présentées par ces régions, fait glisser la main le long de la gouttière jugulaire pour s'assurer qu'il n'y a pas de corps étrangers et passe à l'examen de la ELEMENTS DU DIAGNOSTIC. 493 poitrine qu'il explore par l'inspection, la palpalion, la percussion, l'auscultation. Vabdomen fait l'objet d'une investigation minutieuse quand les troubles fonctionnels (ictère, coliques, etc.), dénoncent l'existence d'une affection de l'un des organes contenus dans cette cavité. Le fourreau, la lerge, la vessie sont examinés avec le plus grand soin; il faut toujours recueillir de l'urine, y rechercher des matières anormales (sucre, albumine, ma- tières colorantes de la bile; et déterminer, quand on est outillé convenablement pour ces recherches, les variations subies parles matières qui y sont contenues normalement. On interroge la sensibilité cutanée, on exerce des pres- sions sur la colonne vertébrale pour juger du degré de flexibilité des reins; on fait marcher l'animal pour appré- cier ses forces et les troubles engendrés par ]& fièvre et les intoxicatio72s. Ce procédé, très expéditif, évite de revenir plusieurs fois au même point pour examiner des, appareils différents. L'examen du malade, appareil par appareil, est plus en rapport avec l'élude sémiologique qui précède. On explore successivement tous les appareils de f écono- mie : appareil digestif, respiratoire, circulatoire, génital, système nerveux, peau, etc.; on tire une mèche de crins pour juger de la nutrition du malade; on prend la tem- pérature pour mesurer l'intensité de la fièvre; on résume les principaux faits observés et l'on constate s'ils s'éloi- gnent ou se rapprochent de l'idée qui a présidé à ces inves- tigations. Quand les signes recueillis sont caractéristiques d'une maladie dilTérente de celle qu'on avait supposée, il faut renoncer immédiatement à la première opinion, pour adopter celle qui est conforme aux faits observés. En possession de toutes les données qu'il a puisées dans l'interrogatoire du propriétaire et dans l'examen du malade, le praticien est suffisamment renseigné pour ré- soudre successivement les problèmes suivants : i" recon- Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. II. — 28 494 DIAGNOSTIC. naître les symptômes; 2° reconnaître les lésions et Tat- fection; 3° reconnaître la maladie. III. — DIAGNOSTIC DES SYMPTOMES. En comparant le fonctionnement morbide avec le fonc- tionnement physiologique, on reconnaît les symptômes. L'inspection fait diagnostiquer le jetage, les chancres, les boiteries, etc. ; la palpation fait reconnaître la sensi- bilité, la tlucLuation, elc. ; la percussion met en évidence lamatilé ou l'excès de sonorité du poumon, V auscultation fait constater des bruits et des souffles anormaux. Les symptômes recueillis se rapportent ordinairement à un grand nombre de maladies; il faut les étudier, en préciser la nuance et l'origine. Quand on a reconnu qu'un cheval boite, il faut rechercher si la boilerie provient d'une altération des os, des tendons, des ligaments, des syno- viales, des muscles ou des nerfs; il faut examiner minu- tieusement le pied, le boulet, le canon, les articulations et les rayons des parties supérieures. S'il s'agit d'un animal quije^e, on étudie les caractères de ce jetage ; on regarde s'il provient du nez, du sinus, du pharynx, du larynx, des poches gutturales, des bronches, du poumon, de l'œso- phage, de l'estomac, ou s'il procède d'une carie dentaire, d'une maladie spécifique comme la morve ou la tubercu- lose. Le diagnostic des symptômes n'est complètement fait que lorsque leur signification est suffisamment pré- cise pour pouvoir les transformer en signes et les faire servir au diagnostic de la lésion et de l'affection. IV. — DIAGNOSTIC DE L ORGANE MALADE ET DE L AFFECTION. L'organe malade est le problème le plus important à résoudre; il découle de l'observation des symptômes et de la détermination des lésions. DIAGNOSTIC DE L'ORGANE MALADE. 495 Celles-ci doivent êire spécifiées quant à leur siège et à leur nature. Le diagnostic local indique l'existence d'une fracture intra-articulaire ou épiphysaire, d'une pleurésie simple ou double, d'une pneumonie lobaire ou lobulaire, générale ou circonscrite à une partie du poumon. Cette détermination a une importance capitale au point de vue du pronostic et du traitement. Pour reconnaître le siège d'une altération, il suffit quel- quefois d'analyser les symptômes observés. Certains d'entre eux ont un caractère général, secondaire, d'autres sont l'expression d'une altération organique dont le trouble fonctionnel a été la conséquence. L'ictère indique toujours une rétention biliaire ou une hypercholie, le cornage chronique est 99 fois sur dOO le symptôme d'une hémiplégie laryngienne; d'autres symp- tômes ont une origine très variable ; le soubresaut du flanc est un symptôme de toutes les affections de l'appareil res- piratoire, et de diverses maladies de l'appareil circula- toire; le jetage n'a jamais une signification univoque; il peut provenir d'une maladie des cavités nasales, des sinus, des bronches, du poumon. A défaut de troubles fonctionnels caractéristiques, on perçoit des modifica- tions physiques qui sont pathognomoniques des altéra- tions que l'organe a subies. La percussion, V auscultation dénoncent les épanchements pleuraux et pulmonaires ; la mensuration, les changements de volume; la. palpation, les altérations de consistance ou de sensibilité. La détermination de l'organe malade doit être com- plétée par la localisation du mal dans cet organe. Le pou- mon étant reconnu altéré, il faut savoir quelle est l'éten- due de l'altération; il faut rechercher si elle est bornée à un lobe antérieur, à la partie moyenne ou postérieure. S'agit-il du tube digestif : on doit s'efforcer de préciser le point qui est le siège du mal et reconnaître si l'altéra- tion est bornée à l'estomac, au duodénum, à l'intestin grêle, au cœcum, au côlon ou au rectum. 496 DIAGNOSTIC. La nature des altérations que présente l'organe est indispensable à connaître quand on veut caractériser un cas clinique. L'absence de murmure respiratoire et lama- tité de la poitrine sont deux signes qui relèvent d'unépan- chement liquide dans la plèvre, d'un exsudât séreux, hémorragique, fibrineux, dans les alvéoles du poumon ou de tubercules conglomérés ou même de tumeurs de cet organe. Il importe de spécifier la nature de cette lésion pulmonaire ou pleurale. Les symptômes généraux sont d'un grand secours dans cette détermination. La fièvre intense sans oscillations prononcées dénonce une affection inflammatoire ou une infection locale; la maigreur du sujet sans réaction fébrile est l'indice d'une néoplasie maligne. La prostration du sujet ou l'excitation du système nerveux, le rapport ou la disproportion qui existent entre les symptômes généraux et les lésions locales doivent également entrer en ligne de compte pour établir ce diagnostic. Parfois les signes locaux sont eux-mêmes très significatifs : ils peuvent révé- ler l'existence de cavernes qui font soupçonner la tuber- culose ou la péripneumonie contagieuse chez leLœuf, et des abcès chez le cheval. L'examen des produits rejetés peut faire recueillir des signes caractéristiques : on peut trouver du sang dans les matières fécales, des débris de tumeurs dans l'urine, du sang, du pus, des moules fibrineux dans le jetage. Le clinicien peut réunir ainsi les éléments d'une afîection inflammatoire, hydropique, reconnaître une tumeur, mais il ne doit pas s'en tenir là ; il doit rechercher la maladie. V. — DIAGIVOSTIC DE LA MALADIE. Le diagnostic de la maladie comporte la détermination de la cause, de l'intensité, de la marche et de la période de la maladie. DIAGNOSTIC DE LA MALADIE. 497 Le diagnostic étiologique met en évidence la cause déter- minante de la maladie. Quand un troupeau de moutons maigrit et présente de la cachexie, l'examen des matières fécales y fait décou- vrir des œufs de distomes qui sont la cause de la cachexie. L'examen anatomique d'un animal sacrifié fournit les mêmes renseignements et fait différencier la distomatose de la bronchite vermineuse ; Texamen microscopique du jetage nasal y fait reconnaître la présence d'oeufs et d'em- bryons de strongles. On ne peut combattre la maladie avec quelque chance de succès que lorsque sa cause est nettement connue. Il est souvent impossible de distinguer l'eczéma de la gale; la découverte du parasite de cette dernière maladie guide le pronostic et le traitement. La tuberculine et la ma- léine parviennent à dépister les bacilles de la tuberculose et de la morve qui se cachent derrière une bronchite, une entérite, etc. Une arthrite peut être traumatique, morveuse, tuberculeuse, pyohémique, rhumatismale; il faut toujours en préciser la nature. La plupart des parasites qui occupent les cavités en rapport avec l'extérieur peuvent être facilement décelés; ceux qui sont inclus dans les viscères (kystes hydati- ques, etc.) ne sont reconnus qu'à l'autopsie. Vintensité de la maladie est établie par l'éfendue des lésions et par les symptômes généraux qui l'accompa- gnent. On reconnaît ainsi le degré de gravité de la mala- die et l'on proportionne le traitement à son intensité. Une angine simple n'est pas traitée comme une angine phlegmoneuse accompagnée de cornage; un clou de rue simple ne réclame pas les mêmes moyens chirurgicaux qu'un clou de rue compliqué de synovite, de signes de nécrose de l'aponévrose plantaire. La marche de la maladie est aiguë, suraiguë ou chro- nique. Cette détermination préside au pronostic, au trai. tement du malade ; les moyens d'enrayer l'affection aiguë 28. 498 DIAGNOSTIC. sont ditîérenls de ceux qui doivent être employés contre la maladie chronique. Eu outre, la forme chronique est toujours plus grave que la forme aiguë. La période à laquelle la maladie est arrivée peut être établie en tenant compte de l'évolution des lésions et des symptômes qui en découlent. Dans le cas de pneumonie, la matité et le souffle tubaire indiquent la période d'élaL; des rougeurs et des macules disséminées à la surface de la peau dénoncent une éruption commençante. La chute de la fièvre et l'expulsion d'urines critiques appar- tiennent à la défervescence et annoncent la fin de la maladie. Ainsi, il ne suffit pas de reconnaître une pneumonie, une pleurésie, il faut savoir si la maladie diagnostiquée esl à la période de début, d'état ou de déclin. Quand elle présente une cause et des symptômes bien caractérisés et une marche régulière, le diagnostic est direct, simple et relativement facile ; il est difficile, indirect et comparatif quand les signes sont cachés, obscurs ou trop vagues; on doit procéder alors par élimination de toules les maladies qui se trahissent par des signes caractéristiques et aboutir par voie d'exclusion à l'élat morbide qui n'a pas de physionomie spéciale. Dans ce diagnostic différentiel, il faut s'attacher à mettre en évidence tous les signes positifs ou négatifs par lesquels une maladie donnée se distingue de toutes les autres avec lesquelles, en raison des signes communs ou analogues qu'elle présente, on pourrait être tenté de la confondre (Hecht). Le diagnostic doit être réservé quand la maladie n'a pas sa symptomatologie habituelle ou présente une marche inaccoutumée; il est préférable d'attendre que de porter un pronostic hypothétique et d'instituer un traitement irrationnel. CHAPITRE II PRONOSTIC Apprécier la gravité ou la bénignité des maladies, pré- voir leur marche, leur durée, leur terminaison, leurs complications, c'est-à-dire prédire le sort de chaque malade pris en particulier, tel est le but du pronostic. Ce jugement porté d'avance résulte d'une connaissance complèle de la maladie et du malade. Le pronostic est le corollaire du diagnostic. I. — PROXOSTIC TIRÉ DE LA MALADIE. Les signes tirés de la maladie embrassent ses causes, ses symptômes et ses lésions. 1° Causes. — Les causes influent sur la bénignité ou la gravité des maladies par leur nature, leur nombre (germes et parasites), leur voie d'introduction, et leur degré d'énergie. a. Nature. — Tous les germes n'ont pas la même faculté d'infection. Certains ne peuvent s'installer dans l'orga- nisme que d'une manière passagère; ils produisent des maladies cycliques à marrhe prévue, toujours facile à pré- voir et que rien ne peut modifier. Les maladies éruptives (clavelée, fièvre aphteuse), ont une évolution toujours à peu près identique; la vaccine engendre toujours les mêmes pustules ; elles arrivent à la période de dessicca- tion et guérissent dans le même temps. Le pronostic 500 PRONOSTIC. individuel est bénin ; il est relativement grave par suite de la contagiosité de ces maladies et du chiffre considé- rable d'animaux infectés. Cette gravité résulte aussi de la diminution de lait et de poids des animaux qui en sont affectés. A côté de ces germes infectieux qui président au développement de maladies aiguës, il en est qui n'ont habituellement qu'une action locale et qui sont incapables de se propager. Les germes de la suppuration demeurent cantonnés au point oii ils ont été inoculés; les affections qu'ils déterminent ont un pronostic bénin quand ils n'intéressent pas un organe essentiel à la vie, comme le cerveau, le bulbe, le cœur, le rein, ou quand le pus dont ils ont déterminé la production ne contamine pas d'autres organes importants inaccessibles aux moyens thérapeutiques. Les germes septiques et souvent les germes de la sup- puration ne produisent chez les solipèdes et chez le bœuf des maladies graves que lorsqu'ils s'associent à d'autres germes qui ont préparé, dans l'organisme, un milieu favo- rable à leur action pathogène. Il est des microbes, comme celui de la peste bovine, qui tuent très vite; d'autres peuvent végéter indéfinimentdans l'économie et infecter d'autres animaux pendant toute la vie de l'animal qui les porte : le microbe de la morve chez le cheval, le bacille de la tuberculose chez le bœuf déterminent toujours des maladies très graves pour les animaux affectés et très dangereuses pour les hommes et les animaux qui se trouvent à proximité des sujets infectés. Le pronostic est d'autant plus bénin qu'on a affaire à un germe plus inoffensif; il est d'autant plus redoutable que le microbe appartient à une espèce plus active, plus prolifique et plus rebelle à tous les moyens thérapeuti- ques. Les formes les plus graves de tumeurs sont égale- ment celles qui se reproduisent et qui grossissent avec le plus de rapidité; ce sont celles qui possèdent le plus de PRONOSTIC TIRÉ DE LA MALADIE. 501 malignité dans les tissus qu'elles occupent et qui risquent le plus de se généraliser. Les parasites logés dans le tube digestif produisent des affections moins graves que ceux qui recherchent un habitat dans le cerveau, le cœur, le foie, le poumon; les ténias sont ainsi moins redoutables d'une manière générale que les cyslicerques, les cœnures, les échino- coques, etc. Les traumatismes ont une action bénigne ou grave sui- vant leur nature; les contusions ont un pronostic beau- coup plus favorable que les plaies pénétrantes. Toutes les fois qu'un organe ou une cavité normale est mis en communication avec l'extérieur par suite de la perfora- tion de la peau, le pronostic est très grave. S'agil-il d'une intoxication, la gravité du pronostic est en rapport avec le degré de causticité, de toxicité du poison et de son affinité pour certains éléments analomiques. L'empoi- sonnement par l'oxyde de carbone n'est si dangereux que parce que ce gaz forme une combinaison stable avec l'hémoglobine. Certaines maladies ne guérissent jamais quand elles sont confirmées : la rage parmi les maladies aiguës, la tuberculose pulmonaire parmi les maladies chroniques se comportent ainsi. b. Nombre. — La quantité de germes infectieux décide généralement de l'issue d'une maladie bactérienne. Quelques microbes sont généralement peu à craindre quelle que soit leur virulence ; une masse de microbes peu pathogènes ou même habituellement saprogènes tue. Les expériences de Watson-Cheynes, de Bollinger, de Gebhardt, etc., sont très démonstratives de l'influence excercée par le nombre sur la gravité ou la bénignité d'une infection. Les moutons algériens contractent la fièvre charbonneuse, mais ils guérissent si la quantité de bactéries inoculées ou ingérées n'est pas très consi- dérable. Les parasites ont une action proportionnelle à leur 502 PRONOSTIC. nombre. Quelques tiichines peuvent laisser l'animal indemne; une infection complète comme celle qui est produite expérimentalement peut faire périr les animaux de péritonite ; un seul cœnure cérébral provoque une maladie chronique qui permet l'utilisalion du sujet; la mort est rapide el résulte d'une encéphalite quand il y a beaucoup de ces parasites dans la masse cérébrale. Le foie qui n'est envahi que par quelques douves, le poumon des ruminants qui ne présente que quelques strongles conti- nuent à fonctionner normalement. Les parasites superficiels comme ceux des gales modi- fient le pronostic par leur nombre ; les piqûres isolées d'abeilles n'ont qu'une action locale insignifiante ; un essaim d'abeilles qui s'abat sur un cheval détermine des troubles locaux et généraux capables d'entraîner promp- tement la mort. On trouve cependant des causes dont l'action isolée est assez énergique pour permettre de prévoir une issue défavorable ou des complications mortelles dès qu'elles ont agi : un corps étranger dans le cœur, un calcul dans l'urètre du bœuf suffisent pour compromettre la vie. c. Voies d'introduction. — La gravité des intoxications est subordonnée à la quantité de poison ingérée. Les ma- ladies les plus graves deviennent parfois les plus béni- gnes quand la cause provocatrice se trouve éloignée de son terrain de prédilection. Le bacille du charbon sym- ptomatique est inoffensifs'il ne peut atteindre le muscle; il en est de même des microbes de la vaccine, de la cla- velée, maintenus éloignés de l'épiderme, du microbe de la rage injecté dans la circulation des ruminants. Qu'il s'agisse d'une affection contractée par inoculation, par ingestion, par inhalation, il faut que le microbe infec- tieux parvienne dans l'organe qui lui convient pour faire évoluer sous sa forme la plus grave la maladie contagieuse qu'il engendre. Le pneumocoque, le microbe de la péri- pneumonie contagieuse réclament le poumon; le bacille PRONOSTIC TIRE DE LA MALADIE. 503 de Koch, le système lymphatique ; l'acné contagieuse, le derme, sinon ces microbes ue peuvent produire que des maladies insignifiantes. Les parasites qui ne peuvent arriver dans le milieu qu'ils léclam'eiit s'atrophient et meurent : le cœnure qui s'arrête dans le poumon, dans le foie du mouton ne pro- voque que des troubles passagers; l'animal guérit com- plètement par la mortification et la disparition des para- sites. Les corps étrangers introduits dans les voies digestives engendrent îles maladies (entérites, gastriles, etc.) dont le pronostic est très grave en raison des nombreuses com- plications qui sont les conséquences de leurs migrations. Il convient d'être toujours réservé sur l'issue des accidents qu'ils déterminent. Ils peuvent obstruer complètement l'intestin, le perfo- rer, engendrer une péritonite mortelle, des abcès hépati- ques, rénaux, spléniques, abdominaux , une pneumonie, une pleurésie, une péricardite, une myocardite, et une endocardite mortelles. On ne peut se prononcer sur l'issue des troubles consécutifs à l'ingestion de corps étrangers que lorsque ceux-ci sont éliminés. Pareille réserve est commandée par les intoxications dé- terminées par l'ingestion de caustiques acides. Quand les phénomènes toxiques sont conjurés, on doit redouter les septicémies; les germes contenus dans l'intestin se ré- pandent facilement dans le sang quand la protection épi- théliale et phagocytaire est supprimée. Les morsures de chiens enragés intéressant la tête sont plus graves que dans les autres parties du corps; les microbes pathogènes, en général, sont moins dangereux quand ils sont ingérés que lorsqu'ils sont inoculés. Les corps étrangers de l'œil, de la conjonctive, produisent des effets plus graves que ceux de la peau, du tissu cellulaire sous-cutané et des muscles. il. Intensité d'action. — La virulence des agents micro- b04 PRONOSTIC. biens varie constamment; elle est le principal élément d'appréciation de la gravité des maladies contagieuses. Le pronostic est favorable ou défavorable, suivant que le virus est fort ou faible. Les renseignements fournis par les autres malades guéris ou morts, l'extension plus ou moins rapide de la maladie contagieuse fortifient le jugement porté sur le malade et sur l'épizootie. Les morsures du loup enragé sont plus graves que celles du chien; la morve aiguë est plus facilement transmissible et plus rapidement mor- telle que la morve chronique. Le microbe delà septicémie est paifois si affaibli qu'il ne détermine qu'un phlegmon; il peut devenir si aclif qu'il tue d'une manière fou- droyante. On voit parfois des épidémies de pneumonie contagieuse déterminer la mort de la plupart des ani- maux atteints; il en est d'autres, au contraire, dans lesquelles ils sont peu malades et rapidement guéris. En dehors des conditions individuelles et susceptibles d'exagérer les effets des microbes, il faut tenir un grand compte du degré de virulence propre à chacun d'eux et des nombreuses variations que cette virulence peut subir dans chaque localité, dans chaque contrée, dans chaque climat. Si le pronostic de la clavelée, du charbon est moins grave en Algérie qu'en France, c'est que les mi- crobes de ces maladies ont une virulence plus faible ou sont moins aptes à se développer dans l'organisme d'ani- maux doués également d'une résistance physiologique plus considérable. Les caustiques ont une action proportionnelle à leur de- gré de concentration. Les acides sulfurique, chlorhydrique, l'ammoniaque, la potasse diluée n'offrent aucun danger; ce sont des poisons mortels quand ils sont purs ou insuf- fisamment dilués. Leurs effets varient également, comme nous l'avons vu, suivant leur point d'application. Rela- tivement moins dangereux quand ils sont déposés sur la peau ou sur une plaie extérieure, ils produisent toute PRONOSTIC TIRÉ DE LA MALADIE. 505 leur action nocive quand ils sont répandus sur une mu- queuse. Les traumaiismes sont d'autant plus graves qu'ils sont plus énergiques; ils peuvent, suivant leur degré d'inten- sité, contusionner les tissus, produire des ecchymoses, des épancliements séreux, des déchirures, des fractures, des raorlificalions et les complications les plus variées. ■2° Syniptùiues. — Les symptômes dénoncent le siège, l'intensité et la gravité des infections, des maladies locales et des maladies générales. Le diagnostic précède toujours le pronostic. Les signes diagnostiques sont très souvent différents des signes pronostiques. Si le râle cré- pitant, le jetage rouillé et la plainte font reconnaître une pneumonie, ces signes ne permettent pas de porter un jugement sur sa durée, sa marche, sa terminaison. Les symptômes rationnels (fièvre, etc.) ont souvent une signification prépondérante. On peut les interroger pen- dant le cours des maladies aiguës et des maladies chro- niques en tenant compte de leur marche, de leur durée, de leurs complications, de leurs récidives ou rechutes. a. Maladies aiguës. — . Les maladies aiguës ont des symptômes communs qui expriment immédiatement leur gravité relative. La fièvre est l'un des symptômes les plus importants pour le pronostic. Les températures extrêmes sont suivies de combustions trop intenses et de dégénérescences trop profondes pour être curables; une température de 43'% chez le cheval, précède généralement la mort. L'abaisse- ment considérable de la température donne une indication défavorable ; une température de 24 à 30'^ chez le chien appartient à la période agonique; une température de 32'^ peut persister pendant cinq jours chez les ânes alTectés de pelotes stercorales sans annoncer une terminaison mortelle .Cadéac). Tous les appareils organiques fournissent des rensei- Cadéac. — Sémiologie, 2'' édit. II. — 29 b06 PRONOSTIC. gnements imporlcants pour le pronostic, quel que soil le siège de la maladie. V appareil circulatoire doit être exploré attentivement au niveau du cœur, des artères, des veines, des capillaires. Des battements cardiaques précipités, tumultueux sont l'indice d'une intoxication par des produits végétaux ou microbiens; la septicémie, l'endocardite infectieuse, deux complications d'un grand nombre d'autres maladies, ont un pronostic également redoutable. Le pronostic est très grave quand les battements sont imperceptibles à la palpalion, comme dans le cas d'épan- cbement péricardique ou de myocardite. Un pouls petit, filiforme, exprime la vacuité de l'appareil circulatoire à la suite d'une bémorragie, ou l'insuflisance de l'activité cardiaque. L'absence de pulsations sur le trajet d'une artère est le résultat d'une thrombose et doit toujours faire craindre une embolie. La réplétion excessive des veines périphériques, tpii résulte de la compression des vaisseaux internes par les viscères abdominaux distendus, est un signe défavorable ; il indique l'anémie des organes comprimés et précède souvent leur rupture. La lividilé des muqueuses témoigne d'un défaut de circulation et d'oxygénation du sang ; c'est-à-dire d'un état plus ou moins prononcé d'asphyxie et d'inloxicalion. L'appareJ/re.s;nVa/oirc présente, du commencement à la fin de chaque maladie aiguC, une série de modilicalions caractéristiques. La dilatation extrême des naseaux chez les solipèdes, l'agitation des lèvres chez les carnivores trahissent une dyspnée intense, toujours proportionnée à l'étendue des lésions respiratoires, à l'altération du sang et à l'insuffisance de l'hémalose. Le pronostic est toujours extrêmement grave quand l'animal a de la dyspnée sans lésions bien appréciables de la poitrine; les troubles respiratoires sont fréquem- ment déterminés par une destruction globulaire rapide PRONOSTIC TIRÉ DE LA MALADIE. 507 et irréparable, qui est le fait (i'aiïeclioiis microbiennes. I/ocleiir gangreneuse de Tair expiré est, dans toutes les maladies aigin-s, le prélude d'une mort prochaine. Une respiration dyspnéique, soubresautante ou discordante, sirtlante, stertoreuse, appartient aux maladies graves de l'appareil respiratoire qui gênent l'entrée de l'air dans le poumon, aux affections des nerfs qui innervent le larynx ou des centres nerveux {congestions, inflamma- tions) qui suppriment l'action du pneumogastrique. L'animal peut à tout instant périr asphyxié. L'appareil digestif fournit les signes pronostiques les plus frappants sinon les plus exacts. Toule maladie qui supprime complètement l'appélit, la soif, le tic, chez les animaux atteints de ce vice, qui détermine des mâchonnements, des grincements de dents, des vomis- sements opiniâtres chez les carnivores, de la diarrhée ou de la dysenterie chez tous les animaux, avec coliques et relâchement de l'anus, est grave. Certains signes tels que l'expulsion involontaire d'excréments et de sang aimoncent une fin prochaine. L'absence de tous ces signes doit faire émettre un avis favorable, malgré l'imporlance de l'organe malade et la gravité apparente de la maladie. L'appareil génito-urinaire donne une mesure précise de la bénignité et de la gravité des maladies. Un étalon qui ne hennit pas, qui n'entre plus en érection, qui se montre indifférent à l'approche d'une jument est gravement malade. L'urine chargée, riche en pus, en sang, l'urine rare, la suppression complète de la miction sont des signes défavorables. Il eu est de même de l'arrêt brusque des exsudations et des sécrétions pathologiques des plaies, des vésica- toires, des sétons, de la mauvaise odeur répandue par les malades. Les chiens affectés de la maladie du jeune âge répandent une odeur cadavérique avant de mourir. La physionomie et Vattitude du sujet sont les meilleurs 508 rnoNosTic. éléments pour se faire une opinion sur ]a maladie. La face grippée, les lèvres rétractées, laissant voir les dents, le rire sardonique, les yeux enfoncés dans les orbites, le décubitus prolongé, l'agitation continuelle, la station debout forcée sont des signes défavorables. Le système nerveux et Vapparcil locomoteur fournissent souvent des symptômes d'une haute gravité tels que : douleurs violentes, vertige, épilepsie, convulsions, coma, prostration, insensibilité, raideur, tremblements partiels ou généraux, soubresauts, épuisement des forces, col- lapsus, blessures, excoriations, paralysies, paraplégie. Quelques signes précèdent et annoncent une termi- naison mortelle prochaine : décubitus latéral complet, rire sardonique, sueurs froides, verge pendante, respiration stertoreuse, intermittente, arrachement facile des crins et poils, relâchement des sphincters. Parmi les siynes favorables qui attirent plus particu- lièrement l'attention dans le cours des maladies aiguës, il faut signaler : la conservation de l'appétit et de la soif, l'attention du malade, la souplesse des reins du cheval, les pandiculations des bêtes bovines, la disparition des plaintes et des cris, le retour de la rumination et des habitudes contractées parles animaux, les hennissements chez les mâles (chevaux), la conservation des forces, chez tous les animaux. 6. Maladies chroniques. — Le pronostic des maladies chroniques est très variable. Un certain nombre de ces affections sont compatibles avec la vie et l'utilisation des animaux (emphysème pulmonaire, cornage); d'autres ne sont dangereuses que lorsqu'elles sont généralisées (mélanose, tumeurs malignes) ou qu'elles nuisent au fonctionnement d'un organe indispensable à la vie (cœur, foie, moelle, etc.). La tuberculose, la péripneu- monie contagieuse, la morve, sont des maladies funestes pour le sujet affecté de l'une d'elles; les exostoses, les lésions articulaires sont une cause de souffrances à PRONOSTIC TIRÉ DE LA MALADIE. 509 continues ou intermittenles nécessitant le repos du sujet. La plupart des affections chroniques doivent faire émettre un mauvais pronostic parce qu'elles sont souvent incurables, qu'elles rendent l'utilisation du sujet impos- sible ou qu'elles s'accompagnent de diverses complica- tions graves ou mortelles. L'endocardite chronique impose au cheval et au chien une allure lente, un repos fréquent et provoque des troubles et des lésions secon- daires de l'appareil digestif, du foie, du rein et du poumon. La gravité des maladies chroniques dépend de la complexité ou de l'importance des fondions de l'organe malade. Les maladies du cerveau, du cœur, du foie, des reins, doivent toujours faire craindre une terminaison fatale. Des inflammations aiguës se grelfent fréquemment sur les maladies chroniques; elles tuent promptement le sujet pleurésie, péritonite) ou favorisent la disparition des lésions, la destruction des tissus de nouvelle for- mation. c. Marche. — La marche régulière de la maladie; sa décroissance progressive quand elle est arrivée à la période d'état, les crises (sueurs, miction abondante), la rareté des accès dans les affections nerveuses, l'abaisse- ment graduel de la température annoncent une termi- naison heureuse. La marche anormale de la maladie; les oscillations brusques de la température, la périodicité ou la multi- plicité des attaques, la disparition instantanée de la dou- leur doivent inspirer des craintes sérieuses. d. Durée. — La durée prolongée d'une maladie est tou- jours un signe fâcheux : elle est l'indice de l'extension des lésions, d'infections secondaires, de complications ou du passage de la maladie à l'étal clironique ou de l'impuissance de tous les moyens thérapeutiques em- ployés. 510 PRONOSTIC c. Complications. — Quand l'organisme est endommagé par un processus morbide, les autres organes sont plus vulnérables. Les complications qui se produisent aggra- vent le pronostic parce qu'elles compromettent la défense et qu'elles témoignent de l'exagération de la réceptivité organique pour toutes les influences pathogènes. /'. Rechute et récidive. — La rechute frappe l'orga- nisme débilité et triomphe facilement de ses résistances. Les rechutes sont généralement produites par des microbes secondaires qui évoluent dans l'organe altéré par le microbe de l'infection primitive. Les rechutes prennent souvent un caractère septique et emportent rapidement le malade. A. cet égard, les récidives sont beaucoup moins à craindre que les rechutes. La première atteinte a souvent renforcé l'état bactéricide et le phagocytisme du sujet, de sorte que la maladie qui récidive revêt une forme plus bénigne que la maladie primitive. La vaccine, la clavelée, la fièvre aphteuse et toutes les affections bactériennes sont dépourvues de gravité quand elles récidivent. tj. Coïncidences morbides. — L'existence de deux maladies, chez le même sujet, aggrave toujours le pro- nostic. Certaines maladies bénignes font courir de grands dangers quand elles se développent chez des animaux atteints de néphrite, d'endocardite en laison de Tin- suffisance d'élimination et des troubles circulatoires déterminés par ces maladies. La suftpuraiion entrahie la gangrène chez les diabé- tiques; la pneumonie entraîne l'asphyxie des animaux atteints de péricardile, de myocardite et d'endocardite. /(. Effets du traitement. — Les effets obtenus avec le traitement employé indiipient une terminaison favorable quand le mal a été enrayé, qu'il y a ou une amélioration dans l'état général du malade. Le pronostic est fâcheux quand les médicaments nepro- PRONOSTIC TIRE DE LA MALADIE. 511 duisent pas leurs effets accoutumés, quand les révulsifs, les dérivatifs n'exercent aucune action sur l'organisme. 3" Lésions. — Le siège, l'étendue et les caractères des lésions morbides font prévoir l'issue funeste ou heureuse de la maladie, a. Siège. — Le bulbe, le cœur, le poumon, sont les trois organes les plus indispensables à la vie (Voy, Mort, p. 069). Des lésions insignifiantes dans les autres organes suffi- sent pour supprimer les fonctions du bulbe. Le cœur et le poumon sont beaucoup plus tolérants. Tous les organes pairs ou divisés en lobes se suppléent fréquemment. Les fondions hépatique, rénale, pulmo- naire ne sont pas supprimées par suite de l'atrophie d'un lobe du foie, du poumon ou d'un rein. Les lésions du cœur sont toujours giaves, parce que cet organe ne se repose jamais. Une nécrose du cartilage complémentaire de l'os du pied, de l'aponévrose plantaire tire sa gravité du peu de vitalité de ces tissus. La destruction d'une portion de lissu osseux, les frac- tures diapbysaires, les sections nerveuses ont un pro- nostic moins fâcheux en raison de la puissance de régé- nération de ces tissus. Les obstructions de la portion thoracique de l'œsophage, de l'intestin grêle ont un pronostic fâcheux ; les occlusions rectales dans des parties accessibles à la main ont r.n pronostic bénin. Les corps étrangers qui pénètrent dans le cœur déter- minent une maladie mortelle chez les ruminants; ceux qui séjournent dans la panse ou le réseau ne produisent souvent aucun accident. Le? plaies situées dans des paities peu vasculaiies s'opposant à l'écoulement du pus ou se prêtant à des mouvements très étendus ont un pronostic fâcheux; celles B12 PRONOSTIC. qui intéressent des tissus immobiles, très vasculaires et à l'abri de tout frottement guérissent rapidement. b. Étendue. — L'étendue des lésions a une signification prépondéianle dans les prévisions cliniques. Une pleurésie simple est souvent curable; une pleu- résie double est extrêmement grave. L'inflammation de tous les organes pairs est relative- ment bénigne quand elle n'intéresse que l'un d'eux; elle doit toujours faire craindre la mort quand les deux sont atteints. Les lésions peu redoutables par leurs effets deviennent alarmantes quand elles sont très étendues ou générali- sées. L'œdème des membres postérieurs est fréquent et bénin ; il devient grave quand il se convertit en anasarque; un phlegmon superficiel qui ne contient qu'une petite quantité de pus peut passer inaperçu ; un phlegmon volu- mineux de l'aine détermine des troubles généraux et quel- quefois la nioit des jeunes chevaux atteints de gourme. Le décollement d'une partie du sabot n'empêche pas l'appui du pied sur le sol; le détachement complet de l'ongle enlrainc toujours la mort des chevaux lourds. c. Caractères. — Les caractères des lésions tiennent une grande place dans le jugement à porter sur les événements futurs. Une pneumonie exsudative, fibiineuse a une terminaison ordinairement favorable ; une pneumonie gangreneuse, médicamenteuse ou par corps étrangers est, règle géné- rale, une maladie mortelle. Un phlegmon pyogène se limite, s'abcède et guérit; un phlegmon septique se diffuse et détermine souvent l'infection généiale et la mort. II. - PRONOSTIC TIRÉ DU MALADE Le terrain de la maladie fournit de nombreux rensei- gnements pronostiques. PRONOSTIC TIRE DU MALADE. 513 a. Hérédité. — L'hérédité crée les bons comme les mauvais terrains pour les germes morbides. Elle commu- nique l'immunité complète ou incomplète, les prédispo- sitions ou les maladies. Les affections héréditaires sont rebelles à tous les moyens thérapeutiques ; elles sont combattues par l'hygiène qui modifie l'hérédité. 6. Age. — On sait que la clavelée congénitale est plus grave que la clavelée acquise. Quand on inocule le virus de la pneumonie à deux veaux, l'un à la mamelle, l'autre plus âgé, il se déve- loppe, chez le premier, une maladie générale frappant les séreuses articulaires et viscérales ; il se produit, chez le second, une lésion locale œdémateuse au niveau du médiastin. Le microbe du charbon symptomatique détermine une maladie moins grave chez les veaux que chez les adultes. En général, cependant, le pronostic est d'autant plus mauvais que les animaux sont plus jeunes. c. Race. — Les moutons africains sont moins sensibles à la fièvre charbonneuse et à la clavelée que les moutons de nos contrées. d. Sexe. — Les femelles pleines avortent sous l'influence de la plupart des maladies infectieuses et contractent souvent la fièvre puerpérale. e. Tempérament, constitution, diathèses. — Les tempé- raments, la constitution débile, les maladies générales dia- thésiques aggravent le pronostic des maladies dartreuses, et expliquent leur incuiabilité. f. États pathologiques. — Tous les états pathologiques assombrissent le pronostic des maladies locales comme des maladies générales. Quand l'appareil digestif est troublé dans son fonction- nement, ses sécrétions sont disséminées et moins anti- septiques; il se produit des infections locales et des 29. 514 PRONOSTIC. infections générales; la nutrition est insuffisante, la phagocytose et tous les autres moyens de défense sont supprimés. Les maladies de l'appareil respiratoire, du foie, des reins, du système nerveux préparent la défaite de l'orga- nisme. (Juand le rein est altéré, il y a souvent urémie, œdème, infection du poumon et mort. Les tumeurs inalignes sont une source d'intoxication de l'organisme et d'aggravation pour toutes les maladies. g. Intoxications. — Les agents toxiques, les antisep- tiques eux-mêmes dépriment les forces du sujet, sup- priment les résistances cellulaires et aggravent le pro- nostic. h. Convalescence, travaux pénibles. — La convales- cence, les travaux j)énibles contribuent également à dimi- nuer les résistances du sujet, à préparer la multiplication des germes, à favoriser les complications. j. Influences extérieures. — Les influences extérieures peuvent actionner la virulence, préparer le terrain, faire prospérer les microbes ou entraver leur développement. Tantôt elles exercent une influence fâcheuse, tantôt elles ont une influence favorable. Les agents microbiens, qui séjournent dans les voies digeslives, les voies respiratoires ne deviennent patho- gènes que grâce à un changement du terrain (|ui est le point de départ de leur multiplication. L'air, l'eau, le sol, le climat, les localités, la tempéra- ture, la saison, la lumière, l'électricité, l'humidité, la sécheresse peuvent, suivant les cas, augmenter ou dimi- nuer la virulence et rendre les maladies bénignes ou graves (1). L'encombrement facilite les infections, exalte la viru- lence, rend les complications plus fréquentes. (1) Voy. Etiologie iii Pathologie générale de l'Encyclopédie vétérinaire. METHODE rOUR ETABLIR LE rRONOSTIC. 515 III. — MÉTHODE A SriVRE POÏ R ÉTABLIR LE PROXOSTIC. On commence par s'aider de tous les moyens employés pour établir le diagnoslic, afin d'arriver à une connais- sance complèle de la maladie. S'agit-il d'une pneumonie, on en pèse les causes, les symptômes, l'étendue, on tient compte des complications qui se sont produites, et on envisage la gravité de celte pneumonie par rapport à une autre pneumonie. Ce pronostic général Qsi incomplet et inexact. Le juge- ment perlé sur la maladie est souvent modifié par l'en- semble des renseignements tirés du malade. he pronostie individuel est le complément obligé, indis- pensable du pronostic général (Labat). Il faut mettre en présence la maladie et la résistance du malade. Le pronostic est favorable quand le terrain est relative- ment peu modifié parla maladie, quand le sujet paraît devoir l'emporter. Ce jugement n'a rien d'absolu, tous les éléments qui servent à le former peuvent changer et rendre très grave un pronostic bénin. Certains cas parais- sant désespérés, guérissent, tels autres dont on escomp- tait la guérison ont une terminaison mortelle. Le pronostic doit suivre toutes les oscillalions de la maladie; il doit tenir compte de toutes les probabilités du moment, il doit être aggravé, atténué, corrigé ou complété à chaque visite. Assurément, on peut se prononcer d'une manière plus affirmative pour cerlaines maladies. La morve, la tuberculose sont des maladies mortelles à bref délai, de sorte qu'on ne peut hésiter qu'au sujet de celle dernière éventualité. La rage détermine si sûrement la mort qu'on ne court aucun risque à annoncer ce dénouement. Les affections aiguës se terminent par la résolution qui s'opère ou commence à s'opérer avant le dixième jour. 516 PRONOSTIC. Passé ce délai, le pronostic devient grave, car les termi- naisons qui se produisent ensuite (induration, etc.) ne permettent qu'une restauration incomplète de l'organe malade. Le pronostic est plus dilficiie à poser quand les signes sont vagues et insuffisants. On doit alors s'inspirer des résultats fournis par les stalistiqucs et surtout par l'expé- rience personnelle. Le pronostic doit être réservé chaque fois que le diagnostic est douteux, que la maladie est obscure ou que le malade présente des troubles orga- niques importants ou un étal général défectueux. Quand le pronostic médical est favorable, c'est-à-dire quand la guérison peut être envisagée comme certaine, il faut se préoccuper du pronostic économique. « Nos malades n'ont de valeur que par les services qu'ils rendent ou l'agrément qu'ils procurent. Leur vie est une charge du moment qu'ils deviennent inutiles. .S'ils meurent, ils occassionneront une pei le d'argent et lien de plus. « Par ces motifs, le vétérinaire, arrivé en présence de son malade, doit débrouiller une situation assez compli- quée. Il lui sera demandé de se prononcer sur les points suivants: la curabililé et surtout la piomple curabililé de la maladie; le quantum de la dépense qu'occasionnera la maladie ; la dépréciation subie par le malade, con- servera-t-il ou perdra-t-il (et alors, dansquelle mesure) ses aptitudes au travail ou telles autres qualités qui en font le prix? Et, s'il s'agit d'un animal de boucherie, ne vaut-il pas mieux le mener toi,it de suite à l'abattoir? «Ces questions résolues favorablement, le malade sera soumis au traitement qui conviendra. « Dans les cas contraires, il y aura intérêt à le sacrifier saas retard. « Il est de toute évidence que la solution de ces ques- tions dépend de la rigueur avec laquelle le pronostic médical aura été lould'aboi'd institué. MÉTHODE POUR ETABLIR LE PRONOSTIC. 517 « On comprend également qu'un pronostic, médicale- ment parlant favorable, peut devenir, dans le sens écono- mique, un pronoslic fâcheux. Où est en eiïet le résultat pratique, utile, delà guéris^n d'un animal, si cet animal, quoique guéri, doit rester incapable de servir, si sa va- leur doit être moindre que celle qu'il possède actuelle- ment, si enfm il doit coûter, en soins divers et en perte de temps, une somme supérieure à celle qu'il vaut piésente- nieiit ou qu'il vaudra plus tard ? « Le vétérinaire doit, avant tout, regarder aux intérêts pécuniaires de son client. Le malade et la maladie ne viennent qu'en second lieu. Cest une nécessité à laquelle il ne peut se soustraire. (( Au point de vue du client, on ne saurait mettre en doute les avantages d'un pronostic judicieusement établi. « Mais il y a profit aussi pour le vétérinaire. Plus encore que le diagnostic et la thérapeutique qui échappent au contrôle des gens du monde, le pronostic assure au vété- rinaire de l'estime et de la réputation. « Si le malade guérit, comme il aura prévu cette solu- tion, il montrera aux yeux de tous la solidité de son savoir et de son jugement. « Si le malade meurt, on ne peut le rendre responsable de cette terminaison, puisqu'il l'avait prédite. (( Toute personne étant à même de vérifier les prévi- sions annoncées, d'un pronostic qui se réalise ou qui se trouve en défaut naît la considération ou le discrédit pour le vétérinaire. Oelui-ci ne saurait donc être trop prudent ni trop circonspect, en formulant un pronostic (Labat).. (1). (I) I.;ibal, article Pronostic, t. XVUI, du Dictionnaire pratique de méde- cine vétérinaire. TABLE DES MATIÈRES SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL GÉNITAL PREMIÈRE SECTION Organes génitaux du mâle. I. — Fourreau et pfni? 1 Topographie 1 Exploration, 1. — Modifications pathologiques 2 II. — Testicule et gaine vaginale 3 Exploration 3 DEUXIÈME SECTION Organes génitaux de la femelle. I. _ VrLVE h Topographie 5 Exploration 5 II. — Vagin 5 Topographie 5 Exploration G III. — Utérus 10 Topographie 10 Exploration, 10. — Modifications pathologiques 11 1° Accidents pendant la gestation, 11. — 2" Acci- deuls consécutifs à l'accouchement. , 13 TABLE DES MATIÈRES. 519 IV. — Castration H Effets de la castration H 1" Caractère de l'animal, 17. — 2" Forme du corps, 18, — 3° Prostate, 20. — 4" Utérus, 21. — 5o Les instincts génésiques sont-ils coustamoient suppri- més par la castration? 22. — G" Influence de la castration sur la sécrétion lactée, 27. — 7" Influence de la castration sur la nutrition 28 V. - Ovaires 28 Topographie 28 Exploration , 28 VI. — Nymphomanie 29 Définition, 29. — Pathogénie, 29. — Caractères 30 VII. — Satyriasis 30 Définition, 30. — Caractères 30 VIII. — Onanisme 31 Définition, 31. — Caractères 31 IX. — Perversion génitale 32 X. — Impuissance 33 XI. — Stérilité 33 XII. — Attentats criminels 35 1" Bestialité, 35. — 2" Sadisme, 36. — Symptômes 39 SÉMIOLOGIE DES MAMELLES ET DE LA LACTATION I. — Mamelles 40 I. Topographie 40 Jl. Exploration 44 a. Inspection 44 b. Palpation 44 c. Sondage 44 II. — Oblitération des trayons 45 III. — Galactose anormale 46 Définition 46 IV. — ACALAXIE 46 Définition 46 520 TABLE DES MATIERES. V. — POLYOALACTIE OU POLYGALAXIE 47 Définition. 47. — Significalion 47 VI. — Galactorrhke ou tiAi, \cTri!itiii';F 48 Défiiiition 48 VII. — Perversion ue i.a skcrktiox lactke 49 VIII. — Lait sanguinolent 4!) Caractères, 49. — Signification 49 IX. — Lait purulent 49 Caractères, 49. — Significalion 50 X. — Lait graveleux r)0 XI. — Lait visqueux . 51 Définition 51 XII. — Lait amer 52 XIII. — Lait acide 52 XIV. — Lait virulent • 52 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DE L'INNERVATION Topographie, 54. — Pliysiologie, 54. — Éléments dn systènae nerveux, 55. — Modifications des neurones. 00 I. — Neri'S CI Division, 61. — Fonctions, Cl. — Sensibilité récur- rente, (il. — Modifications pathologiques C2 I. — Altérations primitives C3 Dégénération, C4. — Rcgéncr.iliiin d.^s nerfs 6G Signification C8 IL Lésions secondaires 70 Lésions de la moelle consécutives à la section des racines postérieures, 70. — Lésions centrales con- sécutives à certaines altérations des nerfs crâniens et rachidiens, 70. — iNévromes, 74. — Lésions des muscles, 78. — Lésions des os, 78. — Conimenl se comportent les néoformations osseuses en présence de la névrotomie? 81. — Gomment se produisent ces lésions trophiques? 83. — Lésions des vaisseaux et du tissu coujonclif, 84. — Lésions de la cornée TABLE DES MATIÈRES. 521 et des tégument?, 85. — Lésions pulmonaires, 91.— Lésions cardiaques... ■ 0'2 II. — Moelle 92 Fonctions, 92. — Rôle conducteur 93 .Moyens utilisés pour ditléreucier ces voies 96 l'^ Méthode vallérienue, 96. — 2" Méthode embryo- logique, 9G. — 3" Méthode expérimentale, 97. — Injections auesthésiques, 100. — La moelle est un centre nerveux, 100. — Modifications patho- logiques 1 02 L Hémorragies ] 02 Définition, 102. — Signification 10:] IL — Myélites 103 Définition, 103. — Caractères, 103. — Pathogéuie 104 111. Dégénérations secondaires 105 Pathogéuie, 105. — Caractères 106 L Dégénérations descendantes 106 A. Lésions cérébrales, 106. — B. Lésions médul- laires, 107. — 1" Cordon antéro-latéral. 108. — 2" Cordon postérieur 108 II. Dégénérations ascendantes 109 Cordonspostérieurs. 109. — Cordon antéro-laléral. 110 III. — BlLBE 111 Conductibilité, III. — Connexions du bulbe et de la moelle avec le cervelet, 112. — Du bulbe envisagé comme centre. 112. — 1" Centre respiratoire, 113. — 2" Centre de la déglutition. 114. — 3" Centre de la mastication et de la succion, 114. — 4" Centre du cli- gnement, 114. — 5" Centre de la phonation 114 Modifications pathologiques 115 IV. — Protubér.\nce annulaire 115 Conductibilité. 115. — Excitabilité, 116. — Centre nerveux 117 Modifications pathologique? 117 V. — PÉDONCULES CÉRÉBRAUX 118 Excitabilité, 118. — Conductibilité, 118. - Modifica- tions pathologiques 118 322 TABLE DES MATIERES. VI. — Tubercules QiJADRUUMEAL'x 119 Couches optiques 119 VII. — Corps striés 121 Corps striés, 121. — Capsule interne 122 VIII. — Cervelet 123 Rapports, 123. — Le cervelet est un centre, 124. — Excitabilité, 126. — Modifications pathologiques. .. . 12G IX. —Cerveau 12G l'onctions, 126. — Circonvolution?, 127. — Localisa- tions cérébrales 127 1" Centres psjcho-moteurs 128 Effets de l'excitation des centres psycho-mo- teurs 132 2° Centres psycho-sensitifs 133 Centre de la vision, 133. — Centre psycho- acoustique, 135. — Centres gustatifs et olfac- tifs, 135. — Modifications pathologiques, !3fi. — Suppression totale 136 Exploration 137 Inspection, 137. — Palpation, 138. — Per- cussion 138 X. — RÔLE DU SYSTÈME NERVEUX 138 Réaction nerveuse, 138. — Congestions 140 Y a-t-il antagonisme entre les deux groupes d'ex- traits vaso-constricteurs et vaso-dilatateurs 142 Hémorragies, 143. — OEdèmes, 143. — Intlam- mation?,143. — Manifestations dystrophiques, 144. — Choc nerveux, 144. — Réactions ner- veuses dans les intoxications, 145. — Réactions nerveuses dans les infections 146 XI. — Intelligence 148 Considérations générales, 148. — Facultés intellec- tuelles 148 XH. — Dégénérescences 152 Définition, 152.— Dégénérescence e.xpérimentale 153 Stigmates physiques 156 TABLE DES MATIÈRES. 523 1" Crâne, lôT. — 2° Face, 157. — Oreille», 15S. — Yeux. 158. — Nez, 158. — Bouche, 158. -^ Tronc et membres J58 Symptômes somatiques, 159. — Stigmates psj'chiqiies 159 XIII. — DÉLTBE 161 Patliogéuie, 161. — Caractères 163 XIV. — Halllcinations lÊ-i Définitions, 164. — Signification 164 XV. — Accès rabifor.mes 167 Définition, 167. — Pathogénie, 167. — Caractères. 169. — Comment reconnaître si lanimal qui présente ces symptômes est enragé? 169 XVI. — Hypnotisme. — Catalepsie 171 Définition. 171. — Animaux susceptibles d'être hypno- tisés 173 XVII. — Pedr ... 179 Définition 179 XVIII. — Rétivité 181 Caractères, 181. — Pathogénie 183 XIX. — MÉCHA.NCETK 183 Caractères, 184. — Pathogénie 184 XX. — Im.mobilité 186 Pathogénie. 186. — Caractères, 187. — Conditions sus- ceptibles de modifier l'intensité des sj'mptômes, 190. — Diagnostic 191 X.\I. — Apoplexie 193 Définition, 193. — Signification 194 XXII. — Coma 195 Pathogénie, 196. — Caractères 196 XXIII. — Tics moteliis 197 Définition . _ 197 I. Tics actifs, 198. — I" Tics par habitude ou habi- tudes vicieuses, 198. — S" Tics convulsiTs 199 .\. — Tic convllsif de la face 199 524 TABLE DES MATIERES, DéQnition 109 B. — Tics de la i.anouk 201 Caractères 201 C. — Tics de léchage 201 Caractères, 201. — l"Pliénoinèues moteurs, '201 . — 2» Troubles psychiques, 202. — 3» Troubles delà sensibilité, 202. — Stigmates physiques. 202 D. — Tics divers 202 a. Tic de frotter les dents contre la mangeoire, 203. — b. Tic d'agiter la lèvre inférieure, 20-3. — c. Tic du menton, 203. — d. Tic de grincer des dents, d'ouvrir et de fermer alternative meut la bouche. 203. — e. Tic de saisir l'une des branches du mors avec la lèvre inférieure ou avec les dents, 203. — /'. Tic d'encenser.. 203 E. — Tic de l'ours 204 Définition, 204. — 1° Phénomènes moteurs, 20i. — S» Phénomènes psychiques, 20G. — 3» Trou- bles de réflectivité et de sensibilité, 207. — 4" Stigmates physiques 208 F. — Tics des jieurres 208 Caractères 208 H. Tics passifs 208 XXiV. — Convulsions 209 Définition 209 Palhogénic 210 (I. Muscle, 210. — h. Système nerveux, 211. — 1" Nerfs, 211. — 2" Centres nerveux, 215. — 4" Moelle, 215. — 4" Bulbe et protubérance, 210. — 5» Cerveau, 216. — Caractères des convul- sions, 219. — Signification 222 XXV. — Convulsions du porcelet 229 Définition, 229. — Historique, 529. — Caractères 229 XXVI. — Contractures 233 Définition, 233. — Caractères, 234. — Palhogénie 23G XXVII. — Spasmes 239 Définition, 239. — Pathogénie 239 TABLE DES MATIERES. 525 XXVIII. — Mâchonnement et grincements de pents 240 Défluilion 240 XXIX. — Tremblement 241 Caractères cliniques, 242. — Pathogéuie 242 XXX. — Nystagmus 244 Défiuitiou 254 XXXI. — Frisson 245 Défiaitiou, 245. — Signification 246 XXXII. — P.\HALYSIES 246 DOfmitiou ■ 246 10 Faiblesse musculaire ou parésie, 247. — 2° Para- lysies 248 a. Paralysies d'origine cérébrale, 249. — Camc- tères, 251. — b. Paralysie d'origine pédoncu- laire, 254. — c. Paralysies d'origine spinale, 254. — d. Paralysies d'origine périphérique.. 258 XXXII I. — Vertiges et mouvements forcés 259 Définition 259 Vertige rotatoire, 259. — Vertige galvanique 2GI Mécanisme, 262. — Causes du vertige 262 XXXIV. — Ataxie 264 Défiuitiou 264 1° Ataxies d'origine périphérique 265 a. Ataxie par altération de la sensibilité cutanée, 266. — b. Ataxie par altération du sens musc i- laire 266 2" Ataxies d'origine centrale 270 rt. Ataxie par altération des canaux demi-circulaires ou labjTinthiques, 270. — b. Ataxie cérébelleuse, 272. — Ataxie dans les empoisonnements aigus, 272. — Ataxie dans les lésions protubérantielles et du cerveau 274 XXXV. — Altérations de la sensibilité 274 Définition, 274. — I. Sensibilité tactile, 275. — Sensibi- lité thermique, 276. — Sensibilité électrique cutanée et musculaire, 277. — Sensibilité dou'oureuse ". 277 Modifications pathologiques 278 526 TABLE DES MATIERES. Ilypereslhésie, 278. — Anesthésie 279 XXXVI. — Douleur 281 Définition, 281. — Pathogénic 282 XXXVII. — NÉvnAbGins 284 Délinition, 284. — Caractères 284 SÉMIOLOGIE DES ORGANES DES SENS PREMIÈRE SECTION Yeux. I. — Paupières 286 Exploration, 28G. — Modilicalions pathologiques 287 ' II. — Coups clignotant 280 Modifications pathologiques 289 III. — Appareil lacrymal 289 Exploration, 289. — Modifications patiiologiqncs 290 IV. — Globe oculaire 290 Exploration, 291. — 1" Examen du suJlI, 2'J!. — a. Vo- lume des yeux 291 1° Augmentation, 29î. — 2» Diminution 202 6. Mouvements et expression des yeux, 202. — 2» Examen de l'œil, 293. — 1" A l'œil nu et à la lumière naturelle, 20;!. — 2" Examen à l'éclairage latéral ou oblique 290 V. — Cornée 208 Caractères 208 VI. — Chambre antérieure 298 Modifications 208 VII — Iris 299 Caractères, 299. — Modifications pathologiques 290 VIII. — Cristallin 300 Caractères -300 I.X. — Examen a l'ophtalmuscopi; 302 Historique, 302. — Principe de rophlalmoscope, 302. — I. Examen à l'éclairage direct, 30i. — II. Examen TABLE DÈS MATIÈRES. 827 à l'image droite, 306. — III. Examen à l'image ren- versée 307 Que comprend l'examen ophtalmoscopiqiie .' 308 I" Détermination de la réfraction statique 308 2" Kératoscopie ou méthode de Cuignet, 309. — Marche de l'ombre directe, 312. — Marche de l'ombre inverse, 312. — Point neutre. . .. 313 2° Examen ophtalmoscopique des membranes du fond de l'œil 315 1° Corps viTHÉ 315 ' Modifications 315 2° Nerf OPTIQUK 316 Modification? ■ 316 3° RÉTINE 317 Anatomie, 317. — Modifications patho- logiques 318 4° Choroïde.. . 319 Modifications pathologiques 319 X. — Ambylopif.. Amaurose 320 Définition, 320. —Symptômes, 320. — Siguilication. . . 322 DEUXIÈME SECTION Audition. I. — Oreille e.kternë 323 A. — Pavillon 323 Rôle du pavillon 323 Modifications pathologiques 323 B. — Conduit acditif 324 Rôle du conduit auditif 324 Exploration 324 II. — Oreille moyenne 325 III. — Oreille interne 328 Labyrinthe, 328. — Nerf acoustique 330 b28 TABLE DES MATIÈRES. SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR I. — TkTE et FACIES 332 Modifications 332 II. — ASYiMÉTKIES ... 334 Caractères 334 in. — Signes rouHNis pau la QthaE 335 Modifications 335 IV. — AniTiDEs 336 Station, 33G. — Modifications pathologiques, 337. — Dc- cubitus 337 V. — Muscles 338 Inspection, 338. — l'alpaliou 338 VI. — Amyotropiiies 339 Caractères 339 VIL — Affaissemkm' i>e la hanche 341 VIII. — Al rAISSEMENT ILLSQUE 34'2 Caractères, 34*2. — Pathogénie 342 IX. — HVPEUTHOI'HIES 346 X. — Os 346 Modifications 3')G XI. — ExosTOSES 349 Pathogénie des exostoses, 34'J. — A. Théorie de l'Iiypcr- extensiou ligamenteuse, 360. — B. Théorie de l'ostéite primitive, 354. — 1" Prédisposition individuelle, 358. — 2" Bilatéralité et dissémination des lésions osseuses, 360. — 3" Influence de la fatigue, 3G'i. — luDuence de l'alimentation 365 XII. — AirricuLATiONS ." 367 Anatomie 3(;7 Exploration 369 Modifications palholugiqucs ... 370 XIII. — Ahthhites 372 Définition, 3T2. — Caractères, 372. — Pathogéiiie 374 XIV. — Tem)ons 377 TABLE DES MATIÈRES. 529 AnatoQiie, 377. — A. Membranes périteudiueuses, 377. — B. Corps des tendons 379 Modiûcations pathologiques 380 XV. — Pied 382 Exploration, 382. — ModiQcalious pathologiques 383 XVI. — Allures ... 385 XVII. — BoiTERiE 385 Définition, 385. — 1" L'inspection, 38U. — 2« Palpa- tion, 386. — 3" Mensuration, 392. — 4« Percussion, 392. — 5» Auscultation, 392. — 6° Injections de cocaïne, 393. — Caractères de la boiterie, 397. — Si- gnification ^02 XVIII. - Harper 4j2 Définition, 402. — Étiologie, 403. — Caractères, 40i. — Pathogénie 405 SÉMIOLOGIE DE LA TEMPERATURE I. — Fièvre 407 Définition 407 Température normale 407 Variations physiologiques, 4o8. — Travail muscu- laire, 408. — Heure de la journée, 408. — Sai- sons, 409. — Influence de l'alimentation, 409. — Influence de l'âge. 410. — Sexe, 410. — Race, 410. — Sommeil, 410. — Tonte, 411. — Gesta- tion, 411. — lulluence de la respiration, 411. — Polj'pnée thermique, 411. — Influence de la su- dation, 412. — Régulation phériphérique et régu- lation centrale 412 Oscillations fébriles 413 Comment se produit l'élévation de tempéra- ture? Quelles sont les causes et le méca- nisme de celte hyperthermie ? 419 Troubles des divers appareils 421 Pathogénie, 424. — Fièvres fonction- nelles, 424. — Fièvres nutritives, 425. Cadéac. — Sémiologie, 2'' édit. II. — 30 530 TABLE DES MATIÈRES. — Par quel mécanisme les toxines produisent-elles la fièvre? 4*28. — Si- gnification, 429. - Diagnostic rai- • ....431 II. — IIypotiieumie, 433 Définition, 433. — Causes de l'hypothermie 433 Ili. — COLLAPSUS. 1. _ Propagation «es riiOiBLES mobbides. II. — Enzouties Définition . . 111. _ Epizootie? Définition IV. _ DlRÉE BES MALAIilES V. — Type i>es maladies VI. — PÉHIODES l>E I.A MXLAinE 10 Invasion, 448. — 2" État, 449. — 3" Déclin, 450. - Crises, 450. — Lyjsis VII. — GuÉKlSON Définition VIII. — UeCMLTE et HliClOIVE. Définition 436 DcfiuUion, 43('). - Pathogéuic ^^"^ Évolution des maladies. 438 Circonstances qui fout varier l'évolution de la maladie. 438 440 440 441 441 444 440 448 451 452 452 453 453 W. — COMPLICATIONK "^^^ Définition, 454. — Caractères '*^* 459 X. — Convalescence Définition, 459. - Etat des tissus et organts au mo- ment de la convalescence, 400. ■- Etat des fonctions au moment de la convalescence, 4G2. — Marche et durée de la convalescence, 404. — Maladies et acci- ccnts de la convalescence. • • • *^^ TABLli DES MATIERES. y31 XI. — MÉTASTA'iE ■iC7 Déliuiliou 467 XII. — Passage A l'état ciiiiOMQiE 468 Définition 4G8 XIII. — Mort 469 DéfiDition, 469. — Signes de la mort 471 Diag-nostie et pronostic. CtlÂPlTRE PREMIER Diagnostic. Défiuition 472 I. — Moyens et dieficultés uv diagnostic i73 l" Moyens de diagnostic, 473. — î" Ditlicultés du dia- gnostic, 475. — Procédés scientifiques, 477. — 1» Ra- diographie, 477. — Rayons cathodiques, 480. — Rayons X, 480. — Rayons N, 48Î. — 2° Sétums précipitants, 48i. — 3" Séro-diagnostic, 48C. — i° Cyto-diagnostic, 487. — 5" Épreuve du vésicatoire. 489 II. — Éléments du diagnostic 490 1"5 Interrogatoire des personnes auxquelles a été cou- tié l'animal malade, 49(). — 2" Examen du malade 492 III. — Diagnostic des symitù.mes 494 IV. — Diagnostic de i/organe malade et de l'afiection. . 494 V. — Diagnostic de la maladie 496 CHAPITRE II Pronostic. 1. — Pronostic tiré de la maladie 499 1" Causes, 499. — a. Nature, 499. — b. Nombre, 501. c. Voie d'introduction, ô02. — d. Intensité d'action. 503 2" Symptômes 506 a. Maladies aiguës, {.05. — ù. .Maladies chro- niques, 508. — c. Marche, 50i'. — d. Durée, 509. — e. Complications, 510. — f. Rechute et réci- b32 TABLE DES MATIERES. clive, 510. — 17. Coïncidences morbides. h\0.— h. Effets du traitement ^10 30 Lésions, 511. — a. Siège, 511. — b. Étendue, 512. — c. Caractères 512 H. — Pronostic tiré du malade 512 u. Hérédité, 513. — b. Age, 513. — c. Race, 513. — d. Sexe, 513. — e. Tempérament, constitution, dia- thèse?, 513. — /'. États patliologiques, 513. — g. In- toxications, 514. — h. Convalescence, travaux péni- bles, 514. — j. Influences extérieures 514 m. — Méthode a scivre pouh étabi-ir le pronostic 515 0402-Ûk. — CoiiBEii.. Imprimorie Éd. Cuété