s^- 2. p °,:" 33UH' y^auyf^^/f> CccccC LIBRARY OF ©85_I056 éS fç^fy"-^ ■■c< .'lie. .le^ ^.:^K^^î?^' 'kÈà^É^ ce ce ^accr^ ce ce CifC SX ftlM W ^ SOUVENIRS VOYAGE DAMS L'IMDE. i IMPRIME PAU BETHUNE ET PLON, A PARIS. SOUVENIRS \0\ AGE D/\MS L'INDE DE 1834 A 1839 M. ADOLPHE DELESSERT, MEMnnE DE PLUSIEURS SOCIETES SAVANTES OUViBÂGE 1£I9BI€XII BU 7!R3CIV?£-C23?Q FLÂI^CBCS. PARIS. FORTIN, MASSON et G"^, I LANGLOIS et LECLERCQ, MDCCCXLIII BENJAMIN DELESSERT, lEBSlIBKE ©g L'flMSTGTM'î, r/r ■>n>i //rveu Adolphe DELESSEKT. Voulant donner à ma famille quelques détails sur un voyage entrepris d'après les désirs et sous les auspices de mon oncle M. Benjamin Delessert, je n'ai pas la pré- tention de ra'élever à la hauteur d'un voyageur instruit et possédant toutes les connaissances nécessaires pour remplir une mission profitable à la science. Je le dé- clare donc, ce voyage, entrepris pour mon instruction personnelle, ne peut intéresser que mes parents et mes amis. Je compte assez sur leur indulgence pour leur adresser ces souvenirs, écrits sous l'inspiration du moment. Les recheiches d'histoire naturelle m'ont particuliè- roiiiL'iil occupé, cl loin ce (|ui ne s"> latlaclic pas ne se trouve qu'accessoirement dans mes notes. Je ne me pose cependant pas en naturaliste liabile , mais bien en voya- geur zélé dont le but était de s'instruire. J'ai rapporte des divci's pays (|ue j'ai visités des collections nombreu- ses, composées en grande partie d'espèces connues, il est vrai , mais rares ; et j'ai été assez heureux pour dé- couvrir aussi un assez grand nombre d'espèces nouvel- les. Pensant qu'il pourrait être utile de les publier, j'ai considéré ce travail comme un devoir, sans prétendre m'en faire un mérite. Mes collections se composent de mammifères, d'oiseaux, de reptiles, de poissons, de c(»(piilles, d'insectes, de plantes et de minéraux. Le Icwnps (pie je dérobais à la chasse était toujours employé à en assur'er le succès |)our le lendemain ou à préparer les victimes de la veille. J'étais parvenu , mais non sans jicinc , à dresser à ce genre de travail quatre Indiens que j'avais prisa mon service, et ({ui me suivaient dans toutes mes excursions. J'étais aussi accompagné de plu- sieurs Indiens armés et chasseurs. Ces dispositions étaient indispensables lorsque je pénétrais dans l'inté- lieur des terres, loin de toute habitation, souvent à de grandes dislances et pour un tenq)s plus ou moins long, ilans des forêts remplies d'animaux dangereux, (pii nous promettaient d'abondantes ré(;o!tes si nous étions en force pour les attaquer. Ce genre de vie me plaisait beaucoup : cette existence nomade a ses char- mes ([ue nulle description ne peut rendre; il faut être chasseur et naluralisle pour les comprendic et les ap- précier. Les privations, la fatigue, l'ardeur du soleil, rieu ne pouvait coiiipcuscr le plaisir ([ue me procurait m la possession d'un (»l»j('t nouvoau. Le plus souvent nous vivions, moi et ma petite troupe, du produit de notre chasse. Mes provisions , toujours très-légères à cause des difficultés du tiansport dans un pays sans routes tracées , consistaient en qucl(|ues rations de riz et qucl- ((ues bouteilles de vin et d'eau-de-vie. J'établissais mon bivac partout où j'espérais d'heureuses rencontres , cl je levais le camp pour explorer d'autres lieux. Les dé- tails de cette existence sont , je le répète , sans intérêt, excepté pour ma famille. J'ai dû cependant ne pas les passer sous silence. Je dois témoigner ici ma reconnaissance à mon ami M. le docteur Chenu, conservateur du riche musée conchyliologique de mon oncle : il a bien voulu se charger du classement de mes collections et m'aider de SCS conseils et de son expérience pour la rédaction de mes notes. Je dois aussi le même témoignage à M. Gué- rin-Méneville, professeur d'histoire naturelle : il a dé- terminé et décrit toutes les espèces nouvelles de ma collection. Ce n'est qu'après m'ètre assuré du concours de ces deux collaborateurs «luc je me suis décidé à pu- blier la relation de mon voyage. SOUVENIRS VOYAGE DAMS L'INDE. -Eaiaë>:8a>s@S@9S<' PREMIÈRE PARTIE. De Paris à l'Ile de France el à l'ile Jiourboa. Parti de Paris le 28 mars 1834, avec mon ami M. Perrottet, qui devait m'accompagncr à Pondicliéry, j'arrivai à Nantes dans les premiers jours d'avril. En attendant le départ du trois-mâls le Navigateur , capi- taine Gauthier, je ne pouvais mieux passer mon temps qu'à visiter les environs , ni me préparer de plus riants souvenirs que ceux que laissent les bords de la Loire, pour modérer un peu , par la comparaison , l'enthou- siasme qu'inspirent ordinairement les beautés des ré- gions tropicales. Aussi , après avoir pris le temps né- cessaire pour mettre mes papiers en ordre et faire quelques emplettes , je commençai mes promenades. Je visitai avec beaucoup d'intérêt Clisson , à six lieues de Nantes. Cette petite ville, bâtie dans une position ravis- 1 2 SOIVKMRS D'LN VOYAGI': saille, est aussi reiiian|iiab!e par ses souvenirs histori- ques que par ses conslruclions modernes, (|ui contras- tent singulièrement avec les ruines majestueuses qu'on V voit eneore. La villa Lemot, la Garenne, la villa Va- lentin, ont particulièrement attiré mon attention. Dans une des cours de la villa Valentin on nous lit remar- quer un if, connu dans le pays sons le nom iY If-mix- Viciimcs ; il raj)pc!le un de ces crimes que l'histoire si- gnale avec horreur : pendant la guerre vendéenne , à la place de cet arbre se trouvait un puits très-profond, dans letjucl on précipita une foule d'infortunés, vieil- lards, femmes et enfants sans défense, qu'on ensevelit vivants. Que n'a-l-on enseveli en même temps le sou- venir d'un crime aussi atroce! Avant de rentrer à Nantes, j'ai visité avec beaucoup d'intérêt une partie du département du Morbihan, dont les habitants oilVent (pichpie ressenddance avec ceux du canton de Fribourg, autant par leur costume (jue par leur accent. Je ne sais si cette observation est exacte, mais elle m'a frappé ; et ce n'est pas sans plaisir que je crus rciconnaitre ces costumes, qui me rappelaient tant de souvenirs d'enfance. Enlin je revins à Mantes, déjà avec une provision de notes , et je n'avais pas encore commencé mon voyage. C'est en songeant aux désastres des guerres civiles qui ont désolé le beau pays que je venais de parcourir que j'appris , en arrivant à mon hôtel , qu'on se battait à Paris. Ma première pensée fut pour ma lamille , et rin(|uiétude qu'une semblable nou- velle me causait fut bientôt calmée par celle qui la sui- vit, et qui annonçait le rétablissement delà tranquillité, .le fus aussi assez heureux pour ncexoirdes lettres de i)A\s i;iM)i:. :; mes paionls, cl l'une d'elles surtout nie lit le plus vil' plaisir : elle me rassurait sur la santé île mon oncle, (juc j'avais laissé un peu malade. Quelques détails sur les événements (jui venaient d'al'lliger Paris ramenèrent le calme chez moi ; et j'en avais besoin , car je devais m'enibarquer le lenilenuiin. Je partis pour Paimhœuf le 23 avril, et je me rendis de suite à bord du navire. J'y couchai , et le lende- main, à trois heures du matin, il leva l'ancre. Adieu donc, France! ce n'est pas sans un certain serrement de cœur que l'on le perd de vue, que l'on quitte sa famille et ses amis! Adieu, France! peut-être pour long-temps ! La brise nous poussa rapidement, et cependant il nous fallait attendre la mi -marée pour franchir la barre (1). Le capitaine ht allumer pendant la nuit !e (anal d'avertissement pour éviter l'abordage des nom- breux bâtiments (jui à cette époque se trouvent dans ces parages. Le lendemain nous avions perdu la cote do (I) Barre. On désigne sous ce nom la vague qui se roule et se brise eu tout temps à l'entrée de certains fleuves. Ces convulsions de la mer sont causées par le gonflement des eaux du large, qui se choquent contre celles qui descendent des ri^ières et se réunissent sur une espèce de digue sous-marine étendue à l'entrée du fleuve. Cette digne est ordi- nairement formée par un amas de pierres , de sable , de débris do nau- frages accumulés par le cours des eaux du large et du fleuve, qui s'é- lèvent à une certaine hauteur au point de jonction des eaux , et servent de lit à leur lutte furieuse. Lorsque la nier est basse on aperçoit quel- quefois le sommet de cette digue , et c'est alors q\ie la mer s'y ébat avec moins de violence; mais les navires qui doivent franchir cotte terrible barrière ne peuvent pas profiter de ces intermittences, puisipie l'eau qui leur est nécessaire pour flotter par dessus s'est retirée Certaines barres sont tellement dangereuses à traverser, que la conservation du navire et l'existence des marins qui le montent sont mises en question dans le rapide intervalle qui se jiasse à IViiuchir ce danger. IDirlidiui. ilr Ma- rine.] /i SOUVENIRS D'UN VOYAGE vue. Pendant plusieurs jours notre marche ne présenta rien de particulier. Le 28 nous étions déj;"» à plus de cent lieues de Nantes. Pendant la journée je passais mon temps en conver- sations avec le capitaine et mon ami Perrottet : qucl- ([uefois je préludais à des chasses plus inn)ortantes en tirant sur les oiseaux ou des marsouins (jui s'appro- chaient du bâtiment, mais le plus souvent sans succès sur ces derniers; je crois cependant en avoir blessé un. Mes seules victimes furent des alouettes de mer (1) et une pauvre hirondelle commune ('2). En la voyant tom- ber je me repentis de n'avoir pas fait taire un sentiment d'amour-propre qu'excitait la présence de quelques per- sonnes qui se trouvaient sur le pont. Pauvre peti-te ! elle allait probablement en France revoir la fenêtre hos- pitalière où son jeune âge respecté ne pouvait lui faire [névoir une nioit si loin de terre et de la main d'un voyageur qui lui devait protection , et aurait pu, par la pensée, la charger d'un souvenir pour sa famille. Pour tromper l'ennui de la traversée, nous ne man- quions aucune occasion ; et les animaux que nous pou- vions voir, pêcher, harponner ou tirer, faisaient facile- ment diversion à nos habitudes, et devenaient un sujet de conversation. Pendant le voyage nous avons vu trois ou qualie baleines, et nous avons harponné plusieurs marsouins dont les matelots faisaient sécher la chair pour la manger : elle a beaucoup du goût de celle du (1) Alouette de incr. Bécasseau Cocorli. [Scolopax africana, Gnieliii; Trinija subarquata , Temminck; Numenius subarquatus , Beclisl. ) — Ci'l oiseau habile le littoral des mers i\m baignent l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. (2) Hhvndcllc coinniuiir { Hinnulo rusiica de Linné). DA.NS L'INDE. ") chevreuil. J'ai vainement tiré plusieurs coups do fusil sur une tortue de mer : son écaille , ouverte seulement pour laisser passer la tète , est assez épaisse poui' la mettre à l'épreuve de la halle. Les matelots ont pris à la ligne de traîne plusieurs thons, que nous mangions avec grand plaisir. Le 10 mai nous étions en vue de l'Ile de Madère. La force du vent nous en éloigna en fort peu de temps, et, rencontrant les vents alizés (1) qui dominent tou- jours dans ces parages, nous laissâmes successivement derrière nous les îles Canaries, la côte du Sénégal et les îles du Cap-Vert. C'est à la hauteur de ces derniè- res que nous vîmes pour la première fois des groupes de poissons volants (2) , un très-grand nombre de mé- duses (3) et des paille-en-queue (4) ou oiseaux des tro- (1) Vents alizés. On donne ro nom à des vents qui régnent entre les tropiques et soufflent régulièrement de Test à l'ouest. Les bâtiments qui se rendent aux colonies en quittant les ports de la côte qui borde l'Océan sur nos parages, en sont favorisés dans leur course; mais, pour revenir, ils sont forcés de faire un circuit qui allonge leur route. Les vents alizés sont souvent si faibles dans la zone torride, que les bâtiments s'y trou- vent pris par le calme; mais, en revanche, ils ne s'élèvent jamais jus- qu'à la tempête. Quand les navires sont poussés par ces vents , les ma- rins disent que c'est une navigation de demoiselle. (Diciionn. de Marine.) (2) Poisson volant [Exocetus volitans, Linné, Gmelin). — Ces poissons \oyagent par troupes nombreuses. Le développement de leurs nageoires pectorales leur permet de s'élever au-dessus des flots et de se soutenir par un véritable vol pendant un temps très-limité, sans doute, mais qui cependant leur permet de se soutenir pendant quelques minutes et de s'élever à la liauteur du pont des grands navires. (3) Méduses. Animaux rayonnes à corps libre et gélatineux, transpa- rent, à formes régulières, élégantes, et à couleurs variées et brillantes; armés, plutôt qu'ornés, de bras plus ou moins nombreux, flexibles, et (pii donnent à ces animaux un aspect tout particulier. (i) Paille-en-queue (Phaelon candidus). Ordre des palmipèdes. Oiseau remarquable par deux brins ou fdets très-longs, formés d'une tige pres- que nue, garnie seulement d<^ Irès-peliliv barbules, el fixés au centic lie la queue, ipii est très-courle. 6 SOI VEiMUS D'UN VOYAGE piques. Tous les jours de nouveaux ol)jols altiiaieiit notre attention. J'ai tiré et blessé un cachalot (1) (|ui avait au moins neuf mètres de longueur, et nous avons pu observer un requin qui nous suivit de très-près pen- dant plusieurs heures. Un matelot prit à la ligne une dorade (2) et un petit rerjuin. Nous approchions de l'équateur, et, pour nous en pi'évenir, deux matelots jouèrent des airs de berger sur une cornemuse : c'était nous annoncer la fête du père La Ligne. A cette éi)0(iue nous eûmes un jour de pluie, et nous finies recueillir l'eau du ciel dans des toiles à voile pour prendre un bain d'eau douce. Le l""' juin nous étions sous l'éipiateur. La sévérité du bord lit place à des scènes de carnaval. Le bonhomme La Ligne vint nous faire sa visite avec toutes les cérémonies d'u- sage. Il y eut aspersion générale : c'était à qui nous donnerait le baptême. Chacun de nous s'y pièla de bonne grâce; mais la fête n'en fut pas une |)Our les novices. L'eau leur fut j)rodiguée sous toutes les formes, il y eut un feu roulant de plaisanleries qui dégénéraient en vexations; et, pour terminei- la journée, on plongea les jeunes marins dans une cuve remplie d'eau de mer, au moment où ils ne pouvaient s'attendre à celte mys- (1) Cachalot (Phijseter sulcalus). Miimmifeic cétafo. On prendrait ces animaux pour de petites baleines; ils s'en distinguent cependant à pir- niiérevuepar la fréquence des jets de l'eau qu'ils projettent obliquement en avant et au bruit qui accompagne cette projection. (2) Dorade. Fort joli poisson de la famille des scombéroïdes aeanlho- ptérygicns. Il peut être considéré comme un des plus brillants habitants de la mer, dont il dore la surface. L'éclat de l'or est mêlé à celui des pierres précieuses, et frappe les yeux de mille nuances éblouissantes. Ce poisson est aussi vorace (pi'il esl beau et bon. Sa chair excellente \r('nl faii'c heureusement divcrsinn au régime du bord. DANS L'IÎVDE. 7 lilicalion. Cotte dornièro scène fui la plus risihie de toutes, à cause de la surprise des victimes. Tout rentra bientôt dans l'ordre. Une double ration de vin , accor- dée à ré«[uipage, lui lit passer joyeusement la jour- née. Notre diner fut aussi , ce jour-là , splendidement servi : on nous donna, chose assez rare sous la ligne, une crème fouettée excellente , grâce aux deux vaches (|ue nous avions à bord, et (pii nous ont constamment fourni de bon lait. Le lendemain il n'était plus question de fête; la dis- cipline ne s'était pas ralentie : elle était restée un jour à fond de cale pour reparaître sans atteinte. La brise nous poussa rapidement ilevant l'île de l'Ascension , et quelques jours après devant Sainte-Hélène, si féconde en souvenirs. Sur un écueil battu pai- la vague plaintive Le nautonier de loin voit blanchir sur la rive Un tombeau près du bord par les flots déposé. Le temps n'a pas encor bruni l'étroite pierre , Et sous le vert tissu de la ronce et du lierre On distingue. ... un sceptre brisé ! Jamais d'aucmi mortel le pied qu'un souflle efface N'imprima sur le sol de plus profonde trace , Et ce pied s'est arrêté là ! Il est là ! Sous trois pas un enfant le mesure ! Son ombre ne rend pas même un léger murmure ; Le pied d'un ennemi foiUe en paix son cercueil ! Sur ce front foucboyant le moucheron bourdonne, Et son ombre n'entend que le biuit motone D'une vasue contre un écueil ! SOUVKMRS D'IiN VOYAGE Sire , vous reviendrez dans votre capitale , Sans tocsin , sans combat , sans lutte et sans fureur, Traîné par liuit chevaux sous l'arche Triomphale , En habit d'empereur. Jamais triomphateurs fameux dans les histoires , Jamais lui-même , après ses batailles-victoires , D'un peuple universel n'obtinrent plus d'accueil. Depuis que de la mort l'homme est le tributaire , Jamais jusqu'à ce jour les vivants de la terre N'ont senti plus de joie en voyant un cercueil. Ce jour-là , pour le voir, nous étions six cent mille. Six cent mille vivants pour voir- passer un mort ; La vieille Rome , même aux temps de Paul-Émile, N'exhalait pas si haut son délirant tians]iorl. C'était lui qui planait sur l'Inde et l'Amérique , Du centre de son île aux jnlons rayonnants , Étendait ses deux bras sur les deux continents ; Exilé de la terre , il avait pour royaume L'immensité des mers que peuplait son fantôme. Sous quelque pavillon que le navigateur Sillonnât ces parages en coupant l'éfiuateur. Quelque nom qu'il portât sur la poupe et l'étrave , Français , Russe , Espagnol , Américain , Batave , Anglais même ; sitôt qu'aux lueurs du matin Se montrait un point noir à l'horizon lointain , Dès qu'on voyait surgir dans ce désert humide DANS i;i>UE. Un Pliaiaon français la grande pyrauiido , Un saint rccucilicmpnt , un silence profond De l'un à l'autre bout s'étendait sur le pont : On croyait voir le spectre, écliappô de sa tombe, Entre l'onde et le ciel monter comme une trombe ; L'équipage , saisi d'une froide terreur, Murmurait en tremblant le nom de l'empcreiu', Traduisait son histoire en son grossier langage , Et le vaisseau lui-même , avec son lourd tangage , Semblait courber le front devant son suzerain. C'en est fait : votre culte a renversé l'idole ; L'île qu'illuminait son ardente auréole , Sainte-Hélène n'est plus qu'une auberge, un relais , Tenus sordidement par des maîtres anglais ; Napoléon n'a plus son trône maritime ; Le grand Adamastor est rentré sous l'abîme ; L'autel reste sans dieu , le prestige est brisé , Et le vaste océan est dépoétisé. 10 SOIVEMRS D'l\ VOYAGE Tout le iiiondo connail les beaux vers (jue je cite; ils sont bien l'expression des senlinienls qu'éprouve le voyageur en passant devant Sainte-Hélène. Que pour- rait-on ajouter aux pensées des deux poètes? Il y a des souvenirs qu'il serait difficile de bien rendre en prose, et ceux que ce rocher d'exil inspire sont de ce nombre. Nous approchions du cap de Ronne-Espérance , et nous entrions dans la zone tempérée de l'hémisphère sud. Là notre marche fut lalentie, les vents furent très-variables. Quelques oiseaux particuliers à ces con- Irées vinrent voltiger autour du bâtiment. La mer était mauvaise : je ne pus que les reconnaître; mais, en nous ajtprochant du Cap, elle se calma , et je pus tirer lani(|uc tles Pamplemous- ses. 11 est à deux lieues de l>ort-Lou"s, et 'a route (jui Y condu't est ravissante : elle est bordée de jolies mai- sons de campagne entourées de cocotiers et d'autres arbres des pays intertropicaux. Arrivés au Jardin- Royal, nous rencontrâmes le directeur, M. Hummann, (|ui fut pour nous d'une obligeance extrême, et nous lit gracieusement les honneurs de son établissement. Le jardin a une étendue de cin([uante arpents ; il est très- bien distrilmé, et l'on y cultive avec succès plusieurs arbustes de l'Inde et de Java. Nous allâmes visiter la sucrerie de l'Union, au Bois-Rouge. Cet établissement, dirigé par un Français, M. Chermont, est fort beau. Le directeur fut notre cicérone : il nous expliqua avec- une complaisance extraordinaire l'usage de toutes les machines, et nous lit part d'un perfectionnement qu'il venait d'apporter dans la fabrication. Jusque-là on tirait peu de parti des écumes enlevées sur les chau- dières; souvent même on les jetait. Pensant qu'elles devaient contenir encore une assez grande (juanlité de sucre, il les lit placer dans des sacs de toile à voile; et, soumises à l'action d'un pressoir, elles rendirent assez de sucre poui' que celle opération , faite en grand, \inl à donner par jour ciufj cents livres d'excellent ri'ml)runit sur les pennes iilaiies vl dcxicnt nùir sur les iicunes c'iiud;i- les, dont les latérales ont une boiduro blanche. Pendant l'hiver, le des- sus de la tête, les côtés du cou , le dos et In croupion sont bruns et les couvertures supérieures de la c[ueue d'un rouge rembruni ; le front , les joues et le menton sont d'un jaune rougeàtre; le devant du cou est d'un gris blanc; la poitrine, le ventre et les ailes sont d'un brun foncé. Les femelles ont la faculté assez singulière d'exprimer leurs désirs par un ramagemoins varié et moins fort i|ue celui du niàle, nuiis assez agréable. [Dictiomi. d'Hist. nat.) DANS L'INDE. 15 siurc, ([110 l'on pordail avant son ingônionso décou- vorlo. Il nous dit aussi qu'on évaluait, en moyenne coinnuinc, les exportations de sucre de (50 à 80 mil- lions de livres. INous allâmes encore visiter une autre sucrerie voisine, mais plus importante que la première; c'est celle de M. Dumée. Pour nous y rendre, nous traversâmes des cliauqis de cannes; et M. Perrottet nous lit remarquer (jue les terres étaient très-propres à la culture de la canne , et supérieures même aux plan- tations de la colonie de Cayennc : mais que, malgré cette supériorité, les cannes étaient moins belles que dans cette dernière colonie , parce qu'on n'a pas le soin d'élaguer les touffes poussées qui absorbent en pure perte une grande partie des sucs nourriciers de' la plante. La sucrerie de M. Dumée est à quatre lieues de Port-Louis. Après l'avoir visitée en détail, nous revîn- mes aux Pamplemousses pour y passer la nuit , me promettant l)ien de consacrer toute la journée du len- demain à visiter la vallée illustrée par Bernardin de Saint-Pierre : je voulais interroger tous les lieux té- moins des plaisirs , de la tendresse et des alarmes de Paul et de Virginie, recueillir un dernier souvenir de leurs chastes amours , et chercher les traces de leurs habitations. On m'a montré , près de l'église des Pam- plemousses, la place où furent enterrés Paul et Virginie ainsi ([ue leurs mères ; mais on n'y trouve pas la moin- dre inscription, pas la plus modeste pierre. Leurs ca- banes sont depuis long-temps détruites, et il est même impossible de diie précisément le lieu qu'elles occu- paient dans [a vallée. Le souvenir qu'on a de ces in- fortunés est même si vague que, à part le rocher qui 16 SOUVENIRS D'M.N VOYAGE domino l'île d'Ambre, et où se liouvaicnl les nom- l)reux témoins de la ])erte du SaitU-Géran , on ne ])eui pas exploiter la curiosité des étrangers; on n'est pas môme d'accord sur le lieu de leur sépulture. Je n'ai pas été satisfait de ma promenade , et j'avoue (|uc ce n'est pas sans désencliantement que j'ai repris le che- min de Port-Louis. Chemin faisant, j'eus l'occasion de voir faire la récolte des feuilles du Pandanus odoralis- simus (1) , qui servent à la fabrication des sacs dans lesquels on expédie le sucre. Pendant notre marche nous fûmes un instant suivis par une odeur d'ail très- pénétrante. Ne sachant d'abord à quoi l'attribuer, nous avancions toujours sur la route, lorsque nous arrivâ- mes à un endroit où la terre , nouvellement remuée pour réparation du chemin , nous permit tle reconnaî- tre que cette odeur désagréable était produite par les racines mises à découvert et coupées du Mimosa Lebbec et Farnesiana. Enfin nous arrivons à Port-Louis après nous être bien fatigués sans dédommagement. Avant de quitter cette ville , j'ai voulu visiter quelques établissements remarquables. Ma première visite fut pour l'Observa- toire. J'eus le plaisir d'y rencontrer l'ingénieur M. Mor- ton , élève de Loyd : il était occupé à donner le résul- tat de l'angle horaire aux navires pour régler leuis chronomètres au vrai temps sidéral par l'observation du passage d'une étoile au méridien. Parmi les instru- ments astronomiques précieux qu'il nous fil voir, je remarquai le cercle du célèbre opticien anglais Trough- (1) Paiulatiufi odorat hsiinu.t ou llciquois oilontnl. DANS i;iM)i:. M Ion pour observer les aslics au zénilh ; le eeiele de Men- (io/a |)Our les eakuls nauli(|ues; un lélescope réflceteur (|ui donne cin(j fois l'image de lolijel., cl (jui sert de lunellc murale pour les observations astronomiques. Mais ce qui m'a le plus vivement intéressé, c'est le dep- ing-ill, instrument dont le célèbre capitaine Cook s'est servi pour calculer la dépression de l'aiguille ai- mantée; le cbronomèlre (jui avait servi au capitaine Parry ; un pluviomètre (1); un lliermomètre liorizonla', construit de manière à maripier, sans qu'il soit besoin de rester en observation , les variations extrêmes de la journée. Un peu de fer, placé dans l'intérieur du tube, au-dessus de la co'onne de mercure , est déposé au |)oint où celle colonne s'est arrêtée, et c'est à l'aide de l'ai- mant que cette parcelle de fer est ramenée sur le mer- cure pour l'observation suivante. Après avoir visité l'Observatoire, je me rendis chez M. Théodore Delisle, qui eut la bonté de me fiiire voir une superbe collection de poissons conservés dans l'al- cool et qu'il envoyait à Cuvier. Celte collection, remar- quable sous tous les rapports, avait é(é faite avec tant de soin que M. Delisle avait fait sur papier une pein- ture exacte de chaque individu vivant ou sortant de la mer, avant de le conlier à l'alcool , qui altère beaucoup les couleurs, ou, pour mieux dire, qui donne à tous les poissons qu'on y conserve la même teinte jaunâtre, .le me félicitai beaucoup de l'emploi de ma journée, (1) Lo phiviumclre rst un insti'umont disposé pour connaitrc la quan- tité de pluie tonibco dans un temps donné. Deux auges équilibrées sont les parties importantes de Tinstrument; elles se remplissent et se vident altei-nativemeni , et donnent eNaelement la mesure de l'eau tombée. 18 SOUVENIRS D'UN VOYAGE (|ui se Icniiina au tlié:Uro. Dos acteurs fiaiieais, nou- vc^llement arriAés, y jouèrent tant bien que mal la Mitelle de Portici. IMoii premier soin du lendemain fut de porter cliez un horloger ma montre à secondes , dont le ressort s'était cassé pendant que j'étais à bord et sans cause appréciable. Je parle de ce fait , bien peu im- portant par lui-même, à cause des observations que me lit faire l'horloger. Il me demanda l'époque à la- quelle je m'étais aperçu de ce petit accident. Mes sou- venirs le rapportèrent à peu près à l'époque des fêtes du bord à l'occasion du passage de la ligne. « Je m'at- tendais à cette réponse, me dit-il; on croit générale- ment que les métaux ne se brisent que sous l'influence d'une basse température; mais je puis assurer que la dilatation produit le même effet. J'ai reçu, ajouta-t-il, plusieurs envois de montres et de pendules d'Europe, et dans chacpie envoi j'ai trouvé des ressorts cassés, sans autre cause que l'action de la forte chaleur. » Cette observation, sans doute, a dû être faite par d'au- tres, et je n'en parle ici que parce (pi'elle m'intéressa beaucoup. Devant m'embarquer le soir même pour l'iie bour- bon , je lis mes dispositions de départ; et, en me ren- dant à bord du brick qui nous y conduisait, je voulus visiter le vaisseau anglais le Mainville , de soixante- (|uatoize canons , connnandé par l'amiral Goor. Ce bâ- timent, construit à Bombay, est magniiique; mais on nous (il remarquer que le bois employé à sa construc- tion , bois de Theck , quoi(iue fort beau , ne convient pas aux navires de guerre, et ([u'il n'est généralement (■nq»loyé (jue pour les bâtiments marchands, parce (pi'il DANS L'INDK. 19 ('•date au lioulol plus que les bois qu'on lui préfère, quoique moins clurables et moins beaux. Enfui me voilà de nouveau en mer, mais c'est [)our une courte traversée; car nous avons à peine ijuitté Maurice que nous apercevons l'ile Bourbon. iNous avions à bord, comme jiassager, le maître de pèche du balci- n'er nantais l'Alhéndis , qui aval fat avarie si forte en talonnant près des îles Marion , (pi'il fut condamné à son arrivée à Port-Louis. Je me suis amusé à dessiner sous voiles la vue de la côte sud-ouest de l'ile , à trois lieues de terre, depuis le volcan jusqu'à Saint-Denis. La côte, (juoique moins belle que celle de l'ilc de France, est cependant remarquable : elle permet d'a- percevoir d'immenses champs de cannes à sucre, (pii ne cessent qu'au pied des hautes Salazes , montagnes qui dominent les collines dont l'ile Bourbon est héris- sée de tous côtés. C'est surtout depuis la pointe du Quarlier-des -Français jusqu'à la Rivière-des- Pluies (|ue la côte est verdoyante. En passant devant le fort Sainte-Marie nous saluons le pavillon tricoîore, hissé pour les fêtes de juillet, et avant la nuit nous mouil- lons en rade de Saint-Denis , après deux jours de tra- versée, au milieu de sept navires français déjà au mouillage. La visite indispensable de la santé , celle de la douane, une fois faites, nous allâmes nous établir dans un hôtel. Notre première visite fut pour le jardin botanique, dirigé par M. Richard , ami de mon compagnon de voyage, et qui avait préeédenuuent dirigé un établis- sement du même genre au Sénégal. Pendant la journée nous allâmes sur le Barachois voir mouiller la rorvcKe 20 SOL VEMRS D'LN VOYAGK (le l'État /a Nièvre, qui ai-riMiit de Madagascar. A Ixjrd do ce bâtiment se trouvait M. lîeriiier, médecin français fort instruit, attaché à la direction des liùpitaux de r.ourl)on et de Madagascar. Il eut la bonté de nous don- ner de grands détails sur son dernier voyage, nous parla de la race des Ovas , des mœurs des Malgaches et de la dernière expédition faite contre eux par les Français. Il nous assura (|ue Madagascar, dont on dit le séjour si funeste aux Européens, n'est dangereuse et nia'saine (pic dans la partie sud-est, où l'on trouve d'iuimensos marais environnés d'épaisses forêts pres- <[ue impénétial)les. Mon séjour à Saint-Denis fut très- court , et, glace aux connaissances de mon ami M. Per- roltet , on nous accorda le passage de Bourl)on à Pon- dichéi-y sur la corvette la Nièvre , que nous avions vue arriver. Nous allâmes faire notre visite au conunandant et aux olliciers du bord , et nous apprîmes que le dé- pait était (ixé pour le 10 août. Ce bâtiment emmenait à Pondichéri deux cents Telingas ou Indiens parias dont on était trcs-méconlent dans la colonie de Bour- bon : c'était une cargaison de fort mauvaise compagnie, (jui s'était distinguée à Saint-Denis par l'adresse la |)!us subtile pour voler; et cet exemple avait malheu- reusement été suivi avec trop de succès par les indigè- nes. Mon séjour à Bourbon fut de tro|) courte durée; je le regrette beaucoup, car c'est à peine si j'ai pu vi- siter Saint-Denis et les environs. L'ile Bourbon fut découverte en d5'i5 pai' un Portu- gais nommé Mascarenhas, et on la désigna long-temps sous le nom de Mascareigne. D'abord occupée |»ar les portugais, elle fui ubandomiée , cl })assa au pouvoir des m ,. f.^v. ; rfr*^ft DANS L'IMMi. 21 l'iaiirais, (|ui l'ii lirL'iil un liou de dépoilation. Prise |)ar les Angla's le 3 décembre 1810, elle ne fat rendue à la France que le '2 avril 1815 en exécution du traité de Paris. Saint-Denis, chef-lieu de la colonie, est situé sur le bord de la mer et au noid de l'ile. Cette ville se com- jjosc d'un millier de maisons occupées par douze mille iiabitants. On n'y trouve aucun édifice remarquable, même parmi les monuments publics. La plupart des maisons sont en bois et placées chacune au centre d'un jardin ou enclos carré dont les murs alignés for- ment des rues. On appelle une habilalion ce qu'en France nous désignons sous le nom da ferme quand il s'y trouve une petite maison de maître. La valeur moyenne d'un esclave est de 1,500 francs; son travail pendant un au est estimé à environ 500 francs; sa nourriture, composée de riz, de maïs et de manioc, peut valoir 120 francs, et son habillement 15 francs. Les esclaves travaillent, pendant la saison des récoltes seulement, de cinq heures du matin à sept heures du soir; ils prennent deux heures pour leurs repas : il y a douze heures de travail légulier pendant deux mois de l'année consacrés aux récoltes. Quelques maîtres ajoutent à la nourriture de leurs noirs des légumes frais , de la viande ou du poisson salés. Les grandes habitations, qui comptent de nombreux esclaves, ont habituellement une inlirmerie , qui est sous la direction supérieure de la maîtresse de la mai- son, qui, il faut le dire, remplit généralement sa mission avec bonté, et cherche à rendre moins pénibles les douleurs de ces malheureux. 22 SOUVENIRS D'UN VOYAGE Paiiiii los punitions qu'on leur inflige, les plus tluies sont le fouet et la chaîne; et l'on remarque avec plaisir (juele nombre des maîtres qui maltraitent leurs escla- ves diminue chaque jour, et que, en attendant l'éman- cipation qui sera l'honneur du siècle , un grand nom- bre de p'anleurs, poussés par un sentiment d'humanité bien naturel, cherchent à améliorer la position d'hom- mes cpii ne sont dégradés que par l'esclavage et les mauvais traitements de leurs oppresseurs. Chez eux l'affection et le dévouement sont des qualités qu'on ne conteste pas, mais qu'on n'apprécie qu'à titre d'in- stinct. Chez eux les vices dont nous avons malheureu- sement d'aussi nombreux exemples dans les pays les plus civilisés , et qui sont toujours le résultat d'une dégradation morale, trouvent peut-être une excuse dans l'abrutissement qu'on leur impose et dans la faiblesse de leur caractère, VOYAGK iiousoincii(. Lctapilaino lit faire de suilc une enquête; et on découvrit (jue l'Indienne (|ui avait aiièté la marche du navire, s'était jetée volontairement à la mer, empor- tant par vengeance l'aigcnt de son mari, avec lequel elle venait d'avoir une violente querelle. Le lendemain de cet accident nous étions en vue des Maldives; ces iles très-basses ne se distinguaient à l'ho- rizon que par les arbres élevés, palmiers et cocotiers qui bordent le rivage; et, le 31, nous étions devant l'i'e de C.eylan. Le 2 seplembie nous rencontrâmes un bâtiment de la croisière anglaise faisant l'exercice à feu à l'entrée du golfe de Bengale; c'était le premier navire que nous rencontrions depuis notre départ de Bourbon. La tempé- rature était très-élevée et même insupportable, malgré la brise; nous suivions à cinq lieues de distance la côte de Coromandel, et à l'aide de nos longues-vues nous pû- mes apercevoir (pielques bateaux pécheurs regagnant la côte. Enfin, le Â, nous nous trouvons en vue de Pondi- chéri; nous mouillons à neuf heures du matin après vingt-quatre jours de traversée. Après les formalités d'usage, nous gagnons la terre dans les embarcations de la corvette. Arrivés à peu do distance de la côte, on nous transborda dans des schelingues (1) pour franchir la barre, qui est trop forte pour nos chaloupes européennes. (1) Schrlwfjuc ou manfonlah , h'Mva» d'une construction sin2;iilit'ro et dont les pliinclics ne sont p.is clouées. Sa forme est celle d'une barque grossière; le fond est plat; il n'a point de membrures; les planches qui le composent sont ajustées, cousues et doublées avec l'écorce du coco- tier. La flexibilité de cette embarcation est telle, que les bordages cè- dent facilement au battement des vagues, qui perdent ainsi d;' leur vio- lence en trouvant moins de résistance. Aussi ces bateaux bravent la marée, quelque redoutable qu'elle soit, tandis qu'une chaloupe euro- péenne n'a jamais pu s'y risquer sans être aussitôt mise en pièces. DANS L'INDi:. 27 .lo no siiurais (rop dire coinlticii les uflicicis de la Nièvre ont mis de bienveillance et de bonté dans ieuis relations avec nous; aussi ce n'est pas sans regiels ([ue je les ai ((uittés. Dès que nous fûmes à terre, on débarqua aussi les Telingas; on les rangea en bataille sur le rivage et un emp'oyédu gouvernement prit leurs noms, qu'il écrivit . assez promptement avec un poinçon de fer sur une feuille de palmier; ils furent dirigés de suite, avec une escorte, sur leur pays, à peu de distance de Pondicliéi-i. Moire débarquement s'était fait au milieu des cris des Indiens, et en mettant pied à terre nous fûmes assaillis |)ar une foule de dubbahs ou daubachis : ce sont les gui- des indispensables d'un Européen nouvellement débar- (|ué sur le sol indien. J'en pris un qui me fut recom- mandé par les ofliciers de la corvette, et (|ui me piiotii très-bien. Pendant plusieurs jours, il m'aida à faire les emplettes nécessaires à mon établissement ; et il le lit avec beaucoup d'intelligence, car, indépendamment des quelques roupies que je lui donnais, il savait se faire faire une remise par tous les marchands chez les(juels j ache- tais quelques objets de ménage. Il avait tout le soin de ma maison, commandait aux autres domesti(|ues, c'était, en un mot, un intendant au petit pied (1). (1) Les nombreux emplois d'une maison sont confiés à autant d'indivi- dus différents. Cette répartition n'est pas seulement établie par le luxe, mais bien encore par la coutume qui a fixé à chaque famille l'emploi ou les seules fonctions que ses membres pourront exercer. La religion de Brama défend à une partie de ses sectateurs de toucher à ce qui aj eu \ie, et ordonne à tous de regarder le bœuf et la vache comme des ani- maux sacrés ; les parias seuls sont dispensés de cette loi par leur in- famie : aussi est-ce parmi eux que sont pris les cuisiniers, les cordon- niers, et les hommes qui remplissent les dernières fonctions de la doniesticilé. C'e;it une ^éritallle étude, pour le nouscau ilél)urqiié . de 28 SOUVENIRS D'LN VOYAGE Je fus témoin d'une procession faile en l'honneur de la Nativité do notre Seigneur, et conduite par les pères jé- suites. Cette fête toute catholique avait néanmoins un peu du caractèie des cérémonies du paganisme. Pai'nii les assistants on remarquait des Européens , des créoles et des Malais. La procession partit du bourg d'Ariangou- pan, qui donne son nom à la fête , et se rendit à l'église dos Jésuites, où l'on célébra une messe. Tout le trajet (pi'clle parcourut était illuminé; en tète de la colonne marchait une foule d'enfants indiens, faisant avec des tamtams et des cornemuses une musique vraiment in- fci'naie-, devant eux se trouvaient des hommes armés de hâtons au bout desquels brûlaient des pièces d'artifice, alin d'écarter fa foule. Des vases sacrés, des anges et des madones portés en palanquin suivaient la procession. A droite et à gauche on remarquait une escorte de cipayes de la garnison. Les Jésuites, portant des bannières et des lordies, fermaient la marche. Je lis ma visileau gouverneur, M. de Mélay,qui me re- çut avec beaucoup deliienveillance et me donna vraiment des marques d'intérêt. Il me mit au courant des usages indiens, et eut la bonté de n)'instruire longuement de ce que je devais faire ou éviter pendant mon séjour. Il ve- distinguer, parmi la foule de domestiques que chaque matin il voit à sa toilette, celui qui doit lui donner l'objet dont il a besoin : la vue seule d'une botte fait reculer tout ce qui n'est pas paria; et, de son côté, celui-ci, dont le contact est une souillure, n'osera jamais toucher à une partie du vêtement ([ue le daubachi doit présenter. Cependant, malgré cet inconvénient et ceux qui résultent de la difficulté de s'entendre, le service des Indiens est fort agréable. Ils sont doux, soumis, attentifs, propies et trcs-enlendus dans la partie dont ils sont chargés. Laplace. DANS L'LNUE. 29 liait de rocevoir la nouvelle de la inorl du général La- fayelte(12 seplenibre 183i). Pendant plusieurs jours, j'eus assez à faire de débal- ler mes effets et mes instruments; et j'eus le p!aisir de voir que tout était arrivé en ordre et sans la moindre avarie. Invité à dîner par M. de Mélav , le 14, je me rendis à riiôtel du gouvernement; c'est sans contredit le monu- ment le plus remarquahle de Pondichéri. Il n'a qu'un étage composé dun corps de logis et de deux ailes; la façade est décorée de colonnes et de pilastres, et surmon- tée d'une galerie. Il est entouré d'un immense jardin en- touré de grilles. Pendant tout le diner, la salle à manger était aérée par les oscillations continuelles du panka, vaste éventail sus- pendu au plafond et mis en mouvement par un Indien , pour modérer les excès d'une température vraiment in- supportable. La ville de Pondichéri, bâtie sur un terrain horizon- tal , perd beaucoup à être vue de la rade, car alors on n'aperçoit que les maisons voisines de la mer; mais parcourue à l'intérieur, elle laisse voir ce qui échappe aux arrivants. On y remarque quelques édifices publics, parmi les- quels je citerai l'église des Missions , un vaste bazar et des maisons particulières d'une construction élégante. La ville est habitée principalement par des Indiens , le iioiubre des Européens est très-restreint ; elle est divi- sée en deux parties par un canal qui la traverse et sur lecpiel des ponts sont jetés en face des rues principales. On y remar(|ue deux (piarliors principaux : l'un, nommé .■50 SOUVEMllS D'UiN VOYAGE Ville-Blanclie, est à l'est et près du rivage ; il est peu peuplé, et c'est la résidence des Européens; les maisons, assez régulièrement bâties, sont éloignées l'une de l'au- tre, mais alignées. L'autre quartier, désigné sous le nom de Ville-Noire ou quartier Hindou , est beaucoup plus peuplé que le premier ; les maisons ne sont que des cabanes aussi simples que possible, ornées de varan- gues ou péristyles couverts. Leur alignement est peu symétrique, mais elles sont d'un aspect agréable et en- vironnées de grands arbres : elles ressemblent à autant de fabriques au milieu d'une forêt de cocotiers. Après avoir pris pendant (juelques jours connaissance de la ville, je commençai plusieurs excursions aux en- virons. Je me fis d'abord guider par deux chasseurs ilu pays, armés de sarbacanes; mes premières chasses fu- rent heureuses et commencèrent le noyau des mes col- lections. La chaleur me lit perdre quelques beaux oi- seaux, parce qu'à la lin d'une journée de chasse ils étaient déjà assez faisandés pour ne plus permettre de les mettre en peau. Aussi je pris dès lors le parti de les préparer sur place , c'esl-à-dire de les mettre en peau dès qu'ils élaient tués. Ce travail me fit perdre beaucoup de temps, mais ne me découragea cependant pas. Je tuai plusieurs oiseaux que je reconims de suite; ils élaient absolument semblables à ceux que je rencontrais assez fréquemment sur les bords du lac de Genève : il n'en fut cependant pas toujours de même, tout mon temps fut dès lors consacré à la chasse. La plupart des animaux que je tuais étaient nouveaux pour moi ; et mes excursions élaient d'autant |»lus intéressantes, qu'il \ avait rccllcmenl ([uehjue danger à s'aventurer dans des 1)/VNS L'INDE. 31 forêts souvcMit mal hahitcos. Je rencontrai fréquemment (les serpents de diverses espèces, et je ne les abordais pas toujours sans quelque émotion, surtout dans le commencement et lorsque je n'étais pas encore parfai- tement familiarisé à ce genre de chasse. Mes excursions furent poussées chaque jour un peu plus loin , et il me fut quelquefois impossible de re- venir coucher à Pondichéri. Dans ce cas je faisais por- ter un hamac par un de mes chasseurs , et le soir je m'installais dans une chaullerie (1). On désigne sous ce nom des reposoirs assez couunodes, et qu'on ren- contre sur un grand nombre de points dans les envi- rons de Pondichéri. Ce sont des constructions en pierre établies par les soins d'hommes riches, et dans les- quelles les voyageurs trouvent un abri pendant le jour contre la chaleur ou le mauvais temps , et pendant la nuit elles lui offrent un lieu de repos. Quand je m'avançais dans le pays plus loin que d'ha- bitude, j'avais une voiture qui me suivait. Le premier accident que j'eus à déplorer arriva à un Indien de ma suite : il fut piqué au pied par un gros scorpion noir. Cette piqûre ne fut pas dangereuse , grâce au soin que nous prîmes du pauvre Hindou. (1) Les Turcs ont des caravansérails, les Hindous ont des chaulte- ries, espèces d'auberges d'institution religieuse, ouvertes aux voyageurs de toutes les croyances et de toutes les castes. Ce sont vraiment des fon- dations charitables et pieuses. Elles sont ordinairement placées au mi- lieu d'un bosquet qui les ombrage, et près d'une source ou d'un réser- voir oii le voyageur peut se désaltérer. Elles se composent toujours de quelques petites chambres et d'une galerie extérieure à colonnes pour les castes réprouvées. Quelquefois la prévoyance du fondateur a été jus- qu'à les doter d'une rente pour qu'on fasse chaque jour des distributions gratuites de vivres aux pauvres voyageurs qui viennent s'y reposer. ([nde française.) ?,-2 SOrVKMRS DTN VOYAGE Poiidanl une de ces excursions le liasard me condui- sit près d'une fabrique de cette toile bleue qu'on dési- gne dans le pays sous le nom deguince, et (pii est foil recherchée sur la côte d'Afrique , où l'on en fait chaque année des envois considérables. J'eus la curiosité de visiter l'intérieur de cette fabrique, et je remarquai que les ouvriers employés à fouler et à battre les toiles, à l'aide de gros foulons de bo's, avaient l'air d'être très fatigués. Je m'étonnais de voir ces Hindous, d'un naturel si paresseux, se livrer à un travail aussi rude, et je dis au contremaître qui nous conduisait qu'en Europe cette opération se faisait à l'aide de foulons mus par l'eau. J'appris alors de lui que ce n'était pas par ignorance du procédé qu'ils ne l'employaient pas, mais l)ien j)arce qu'après plusieurs essais ordonnés par le gouvernement et sur une grande échelle ils avaient été obligés d'y renoncer, les résultais obtenus laissant beaucoup à désirer et par leur qualité et par le prix de façon ; il termina en nous disant que les toiles ainsi fabriquées avec des machines à l'euro- péenne étaient de mauvais teint, et coulaient plus de fabrication que celles qu'ils obtenaient par le procédé indien {i). En rentrant à Pondichéri nous renconlràmes un ser- pent boa, que nous tuâmes assez llicilement, et il fut de suite dé|)ouillé par un de mes chasseurs, qui rem- plit sa peau de sable ; à l'aide de ce moyen elle se (1) Les manufactures de Rouen ont voulu imiter les guinées bleues: leurs essais , heureux sous le rapport du tissu , ne l'ont pas été sous celui de la teinture ; et , malgré la différence du prix , les peuplades d'Afrique donnent toujours la préférence aux toiles de l'Inde. l.AI'I.VCE. DA>S L'INDE. ?,?, dessécha promptemenl en conservant la foiiiie de l"a- nimal. J'eus bienlùt parcouru tous les environs (1) de Pon- dichéri : mes excursions m'avaient porte dans toutes les directions; et j'avais plusieurs fois suivi la côte, (|ui partout présente le même aspect. La ville n'a pas de port, et la rade est mauvaise; aussi, comme je l'ai déjà dit, le débarijuement présente toujours quelque dan- ger. Une autre dillicullé pour la navigation se rencontre dans les moussons. On donne ce nom aux vents régu- liers qui régnent dans les mers de l'Inde, et soufflent alternativement pendant six mois du sud-ouest et du nord-est. Ils établissent deux saisons bien distinctes : l'hiver ou saison des pluies, et l'été ou saison des cha- leurs et de la sécheresse. Les changements de vents s'annoncent par un trouble de l'atmosphère , et les animaux eux-mêmes y sont très- sensibles. Leur agitation, leur frayeur et leurs cris, sont un des signes précurseurs de la mousson. On s'est long-temps occupé de rechercher les causes de ce bou- leversement de la côte et du phénomène atmosphéri- que, mais on n'est pas encore arrivé à une solution satisfaisante. Le climat de Pondichéri est sain, mais la tempéra- ture y est souvent accablante. La végétation est extra- ordinaire. Les palmiers, les bambous, y sont com- muns et prennent un accroissement considéralde; mais (1) Les villages hintlous sont désignés sons le nom û'ahlées; ils sont habituellement entourés de bois épais et élevés qui mettent les habita- tions ou cases à l'abri des vents chauds. L'intérieur même des aidées est planté de palmiers et de cocotiers dont on peint les troncs de di- verses couleurs. Vx SOI Vl'MRS D'I \ VOY AGIO l'arbro lo pins r(iii;»r([iKil)lo (lu'on j Irouvc l'sl le ha nyan , (ju'on désigne aussi sous le nom de liguier des pagodes, parce qu'il est sacré pour les Hindous, qui on font rornemont ol)ligc de tous les temples et des chaulleries. Un seul de ces arbres présente un dévelop- pement si grand, qu'on en voit (pii ont plus de cinq cents pieds de tour par l' implantai ion de leurs bran- ches : chaque branche , en s' écartant du tronc, laisse lond)er vers la terre des rameaux qui y |)rennenl racine et(pii, à la longue, forment une petite for»H autour du Ironc |)rincipal. Le plus célèbre de ces arbres est à (luzarate, il se nonnne Cobir-Rar ; ses troncs multipliés et entrelacés couvrent un espace de plus de deux mille pieds de circonférence. Le pays fournit aussi un grand nombre d'arl)res propres aux constructions navales, et l'on peut dire que la végétation de celte partie de l'Inde est aussi variée que puissante. Les animaux que fournit ce pays sont aussi en propor tion de la foice de la végétation : les éléphants, les rhi- nocéros et les budles sont les géants du régne animal. On y trouve quehjues singes , des cerfs de plusieurs espèces, des antilopes, des tigres, des ours, un grand nombre de reptiles, dont le plus elfrayant est le boa , cl le plus terrible le crocodile. Les oiseaux sont en grand noml)re , très-variés , et remarquables par 'a richesse de leurs couleurs. Les insectes et les papillons y sont surtout d'un éclat él)Iouissant. Le règne minéral est peu riche aux envi- rons de Pondichéri. A part les grands animaux bien connus, je me suis procuré la plupart des espèces qu'on rencontre dans DANS l/INUI'. 3.") l'Iiulo; plusieurs espèces nouvelles pour la science seront décrites et figurées dans la seconde partie de ce volume, aussi n'cntrerai-je ici dans aucun détail d'his- toire naturelle. Cependant je ne puis résister au désir de rapporter un trait curieux ([ue j'ai lu dans un jour- nal de Calcutta, et qui donne une idée de l'intelligence des éléphants. " Un détachement de cipayes , de garde auprès d'un grand magasin de riz, fut subitement en- voyé à quelque distance pour une expédition pressée : à peine les soldats furent-ils é'oignés, qu'une tioupe d'éléphants sauvages, qui depuis longtemps rôdait dans les environs, se présenta devant le magasin. Un éclai- reur était préalablement venu s'assurer si la place était évacuée, et, sur son rapport, le reste de la troupe s'était mis en marche. Deux Indiens, surpris par leur arrivée, n'eurent que le temps de monter sur un ar- bre et de se cacher dans le feuillage, d'où ils furent témoins de ce que nous allons raconter. Parvenus à quelques mètres de l'enceinte , en bons tacticiens , les éléphants firent halte et procédèrent à la reconnais- sance des lieux : tout se passa avec ordre et méthode. Les murs du magasin étaient en briques, épais et soli- des, et l'on ne pouvait pénétrer à l'intérieur que par une ouverture ménagée dans le toit et à l'aide d'une échelle , chemin peu praticable pour des éléphants. Si le magasin eût eu seulement une porte , toute diiïiculté pour s'y introduire eût cessé à l'instant; mais un mur de (|ualre briques d'épaisseur était un obstacle presque insurmontable, malgré la force prodigieuse et la saga- cité de ces animaux. Néanmoins ils ne oC laissèrent pas décourager, et commencèrent aussitôt leur attaque con- 36 SOUVENIRS D'UN VOYAGE Ire un dos angles du l)ùlimonl. Un éléphant niàlc, d'une grosseur énorme , travailla quelque temps à y Au re brè- che , à l'aide de ses inuJienses défenses ; quand ses for- ces s'épuisèrent , le plus grand et le plus fort après lui le releva ; puis un troisième prit la place. A force de faire jouer les puissants leviers qui armaient leurs mâ- choires , ils avaient réussi à déranger une brique. La trouée une fois commencée, d'autres éléphants succc- dèrcnL; et bientôt ils eurent pratiqué une ouverture suifisanle pour donner passage aux maraudeurs : mais connue ils ne pouvaient entrer tous à la fois , ils se di- visèrent en détachements de trois ou quatre individus. Ouand un de ces détachements s'était bien repu , il fai- sait place à un autre; de sorte que les vingt éléphants (pii composaient la troupe tirent ainsi successivemenl un repas des plus copieux. Cependant un de ceux du l)reinier détachement , resté en sentinelle, lit entendre un cri aigu : à ce signal les derniers entrés sortirent précipilanuueut du magasin ; toute la troupe se rallia, [)artil en brandissant les trompes en l'air, et s'enfonça rapidement dans l'épaisseur du jongle. Les cipayes re- venaient en hâte , l'avis avait été donné à l'officier que le magasin était au pillage ; mais il arriva trop tard : en entrant, il reconnut que les éléphants avaient dévoré et détruit presque toutes les provisions. » On a tant écrit déjà sur les mœurs des Hindous, sur leur religion et leurs cérémonies, que je m'abstien- drais d'en parler si ce qu'on a dit ne s'écartait pas quel- quefois de la vérité (pii doit présider à toute relation de voyage. On est oitligé de croire le voyageur sur i)a- role ; mais, il faut le dire, !a plupart des contradit- l)A^s i;iM)i-;. 37 lions ou (les oxayrralioiis qu'on ronconlro clans los clcs- ciiplions (le voyage vicMnicnl plutôt du caractère de récrivain que do sa volonté de tromper ses lecteurs. Chacun observe à sa manière, le blâme et la louange s'adressent souvent aux mêmes oiijets. Rester au-des- sous de la vérité, ou exagérer le bien ou le mal d'un l'ail, c'est faire une appréciation personnelle; ce qui est bien pour l'un est mal pour l'autre, et l'on écrit malheureusement sous l'iniluence de préventions acqui- ses bonnes ou mauvaises. Aussi le grand défaut de cer- taines relations est de donner comme absolument vraies des o])servations incomplètes et par cela môme trop souvent fausses. Nous trouvons la preuve de cette véi'ité autour de nous, où le même fl^it est souvent l'objet d'interprétations dif- férentes, quoiqu'il soit bien connu et que nous ayons tout le temps de le bien observer. Qu'est-ce donc lors- que l'on rend compte d'un voyage où tout ce qui fait le sujet de la relation a frappé notre esprit, sans laisser le temps de pouvoir rectilier un premier jugement! Bien pénétré de celte vérité, je me suis toujours délié de mes premières impressions ; et j'ai cherché à éviter recueil que je signale en rédigeant mes observations sur les mœurs , les usages et la religion des pays que je viens de visiter. La côte de Coromandel est habitée, ainsi que le pays qui en dépend , par une population vouée au brama- nisme : cependant il s'y trouve un petit nombre dema- hométans; mais ces derniers sont entièrement étran- gers , ils descendent des anciens conquérants de la |)res(pi'i!<' (le l'Inde. Leur caraclère, leur taille, et sur- 38 SOUVEMUS D'UN VOYAGE loiil leurs cosluiiios, les (lisliiigiicnt de suite des |)i'<>- iiiiers. Les vrais Hindous sont paress 'U\ , doux, assez hos- pitaliers, et par-dessus tout très-superstitieux. La tem- pérance est une de leurs vertus, et leurs passions cal- mes et rélléchies n'excitent chez eux aucune de ces grandes actions qui élèvent l'homme. Ils pensent et ré- pètent souvent qu'il vaut mieux s'asseoir que marcher, être couché qu'assis, dormir que veiller, et (pie la mort est préférable à tout. Cette maxime, puisée dans leurs livres sacrés, sufïirait pour donner une idée de l'état des Hindous, si l'histoire ne venait à l'appui de ro])servation des voyageurs. Jamais es Hindous n'ont connu la gloire, souvent ils ont plié sous le joug de téméraires con(pié- rants sans jamais le devenir eux-mêmes. Leur teint est jaune-cuivré; ils sont naturellement propres sur eux el dans leurs maisons, d'une constitu- tion plutôt faible que forte, surtout sur les bords de la mer. Hs ont adopté un costume convenable pendant les chaleurs, mais trop léger pendant les moussons; aussi la mort les décime-t-elle à cette époque. Les hommes sont nubiles de quatorze à ({uinzeans et les femmes de dix à onze ans, c'est l'âge auquel se font communément les mariages ; le climat contribue puissamment à les vieillir, et à vingt ans les femmes sont déjà flétries el vieilles. Leurs croyances religieuses sont très-compliquées : ils leconnaissent dans Para-Brama le Créateur univer- sel , sous les ordres duquel se trouve le Triinourli ou Irinité, composé de lirama ou créateui-, Wishnou ou conservateur et Scidva ou destructeur. Viennent DANS L'rN'DK. 39 a|)r(''s los l)oiis ^('■iiics ou déoukis , et les mauvais gé nies ou di'illi (jui ont pour c\w( Hlmssassour ou Salan. De toutes ces puissances célestes, c'est Schiva, le des- tructeur, qui a le ])lus iVadorateurs; puis vient Brama, qui est le plus respecté. Celte précaution religieuse, si opposée à nos croyances, annonce bien un peuple crain- tif et superstitieux. Wishnou est néanmoins le plus célèbre; il s'est in- carné, (lit-on, neuf fois, et la dixième précédera 'a lin du monde de (|uelques milliers d'années. Vient après une armée de divinités de troisième ordre : ce sont Agni, dieu du feu; Téhandra ou la lune; Indra, dieu des météores; Yama, la mort; Pavan, dieu des vents et de la musique, etc., etc. Les Hindous croient à la métempsycose, et c'est par suite de cette croyance qu'ils refusent de manger de la viande et qu'ils ont même pour certains animaux une grande vénération. La métempsycose, prise à la lettre, ne peut fournir matière à aucune discussion; raisonnéc scientiliquement, elle s'appelle équilibre de la puissance vitale, peut s'expliquer en partie, et ne s'écarte en rien des dogmes auxquels nous avons foi. De même que les éléments qui, par leur équilibre, entretiennent l'harmo- nie des mondes en s'opposant mei'veilleusement l'un à l'autre, de même le fluide vital, répandu avec profusion par la Providence, ne peut cesser d'animer des êtres et fait partie de cet ensemble parfait, de ce mystère impé- nétrable, marqué au sceau de Dieu, et que nous appe- lons la création. Dieu en plaçant l'homme sur celte terre avait lixé les limites de l'empire qu'il lui accordait sur tous les animaux, dont il le distingua d'une manière si M SOliVEMRS D'UN VOYAGK provident it'Ilc. Mais il lui laissa avec oux dos rapports trop nomidoux et trop palpables pour que notre orgueil se refuse à les reconnaître. A l'animal, il donna la vie, l'instinct, la ruse, la force et le néant; à l'honimc la vie, l'intelligence, qui, bien supérieure à l'instinct, le fait triompher de a ruse et de la force, et, de plus, il eut en partage une âme immatérielle, immortelle. Le fluide vital qui l'anime, le fluide électrique qui l'excite, ne diflërent en rien du fluide vital qui anime les ani- maux, du fluide électrique qui les excite. Dieu a répandu l'un et l'autre dans des limites invariables. C'est pour cela que, prévoyant la multiplication de l'es- pèce humaine, plus forte que toutes les autres, il créa d'abord, et avant que l'homme ait pu s'emparer de tous les points habitables du globe, des animaux gigantes- ques, réservoirs du fluide vital; animaux qui devaient, par leur anéantissement et leur destruction complète , céder la vie dont ils n'étaient que dépositaires provisoi- res, à des races privilégiées plus nombreuses, mais ab- sorbant moins de fluide vital que les premières. Mous ne trouvons que les traces de ces géants du monde, que le principe vital abandonnait suivant les besoins pro- giessifs du développement de l'espèce humaine; mais nous savons qu'ils existaient lorsque la population du globe, faible encore, n'envahissait pas et la vie et la matière. Comme tout ce qui préside à l'harmo- nie des mondes se fait mystérieusement et sans que nous puissions nous en rendre un compte exact, ce n'est sans doute que bien insensiblement que ce prin- cipe vital passe successivement d'un être à un autre ; mais de même que l'accumulation du fluide é'ectriquc DANS i;i>'i)i:. 'il sur un point ne [x'ul se faire sans oraj>('S , de niènic raccunmlalidn du principe vital ne peut se concontior sans qu'il paraisse de ces fléaux qui décinienl. Dans le cours ordinaire des lois de la nalure, lui corps ne perd la vie (roulic ou\ se soiiiiiot <'\vec courage aux plus aUïruscs privations. On lésa vus, dil-on, se glisser hors des jon- gles, lorsque les fruits de la forêt ont cessé de suffire à leur misérable existence, et gagner les liords du Gange, où , à la faveur de la nuit et à l'abri des regards, ils liainent sur le rivage les cadavres flottants qu'ils aper- (.•oivent, pour assouvir, dans d'horribles festins, la ^ 7 rage de la faim qui les tourmente et les exténue. ^^ Les villages parias doivent être assez éloignés des O ^(, villes ou des habitations du reste de la nation pour h^ l (ju'il y ait une dislance assez, considérable, pour que iilii le vent ne communi(pie pas des influences im[)urcs et 0. \^ contagieuses. Ces villages sont appelés parelchiris. Il q- est défendu aux parias de puiser de l'eau tians les puits '^ *L (les autres castes ; ils en ont de particuliers aux environs à^ de leurs demeures, autour desquels ils sont obligés de mettre des os d'animaux alin qu'on les reconnaisse et ((u'on les évite. Le service des temples est l'ait par les Dévédassis (1) ou Bayadères. La grâce et la beauté sont les conditions (I) Ces créatures dégradées nappai tiennent pas a une caste particu- lière; elles sortent de toutes les castes inférieures pour y rentrer quand elles ont perdu leur jeunesse et leur beauté. Les brames, aux plaisirs desquels ces liUcs sont destinées , les choisissent dans l'enfance et les font élever par de vieilles bayadères pour les fonctions qu'elles sont appelées à remplir, et qui ne se bornent pas au service de la pagode : la jalousie de leurs maîtres ne peut aller jusqu'à renoncer à une bran- che lucrative de commerce. La passion des Hindous pour la danse pas- sionnée, qui n'est permise qu'aux bayadères, est pour les riches un su- jet de profusion dont les prêtres tirent un grand parti. Ces danseuses paraissent à toutes les fêtes et sont louées à des prix très-élevés ; à ces bénéfices ostensibles se joignent d'autres profits secrets dont l'autel réclame encore sa part : le reste, transformé en bijoux précieux, orne la bayadére et lui a-sure de nomeaux droits à la générosité de ses nom- breux adorat<'urs. Laplace. A6 SOUVENIRS D'UN VOYAGE cssonlielles d'admission; leur talent est de séduire et de charmer : elles ne négligent rien pour atteindre ce but; la recherche de leur costume, l'or, les pierreries, tout est employé pour attirer les regards. Le prix de leurs faveurs est une offrande à leurs divinités. Lorsque ces malheureuses sont usées par les excès de leur exis- tence déréglée, elles sont renvoyées du temple, et trou- vent bientôt des maris , (pie leur vie passée n'éloigne pas; et lorsqu'il arrive qu'elles refusent de rentrer dans leurs castes , elles sont conservées par les brames qui veulent bien consentir à leur conlier les soins de pro- preté des lieux sacrés. De toutes les cérémonies religieuses en usage dans l'Inde, la plus atroce et la plus extraordinaire est sans contredit celle des funérailles d'un homme puissant. La veuve, autant par tradition que par lierlé, et plutôt par nécessité que par sa volonté, se fait traîner au foyer (pii doit la brider, alin qu'elle ne survive pas à son mari. Ces sacrifices, que le fonatisme seul peut propager, s'appel- lent sul(ies{[)-^ heureusement ils deviennent chaque jour (I) Ci'tte cérémonie se fait avec beaucoup de faste; ses préparatifs \aricnt dans chaque caste. L'usage le plus commun est qu'aussitôt après la mort du mari on place la femme devant la porte de sa maison, dans une espèce de tente ornée. Elle no mange plus , ne fait que mâcher du bétel, et prononce sans s'arrêter le nom du dieu de sa secte. La vic- time est parée de tous ses bijoux et de ses plus beaux habits, comme si elle allait se marier. Les brames l'engagent à s'immoler, en l'as- surant qu'elle va jouir d'une félicité sans bornes dans le paradis , où elle deviendra la femme de quelque dieu qui l'épousera pour la récom- penser do sa vertu. Ils lui promettent que son nom sera célébré par toute la terre et chanté dans tous les sacrifices. Pour la disposer à celle action héroïque ou plutôt insensée , à laquelle la loi ne les oblige cependant pas, les brames emploient des breuvages dans lesquels ils mêlent de l'opium alin d'exciler son imagination et d'obtenir une obéissance passive. Le faiiali.'ime peut bien la faire consentir à un DANS L'IXDF. !\1 plus laic's, (nioi ses phrases décousues ; mais ils parurent tellement sur- pris d'entendre quelques mots de leur langue prononcés à l'aide de son dictionnaire, qu'après s'être concertés ensemble ils senil)lèrenl vouloir le rendre à la liberté: ils commencèrent par le conduire au bord d'une rivière, et voulaient à toute force la lui faire passer sur un étroit bambou qui servait de pont. Il vit bien que leur inten- tion était de le précipiter dans l'eau une fois qu'il serait sur ce faible appui. Mais, pour leur épargner le plaisir de rire à ses dépens , il s'y jeta de lui-même , la tra- versa à la nage, et ne commença à respirer que lors- qu'il toucha l'autre rive. Ils lui avaient pris le peu d'ar- gent qu'il portait , et une petite serpette. Après cette aventure, Pcrrottet, au lieu de continuer sa promenade, regagna la ville à la hâte, et alla rendre DA>'S L'IM)i:. 73 coinpto aux autorités de ce (jui lui ('tait arrivé. On lui promit de faire des percjuisitions à ce sujet, mais il n'en entendit p!us parler : seulement le gouverneur lui accorda un guide du pays pour l'accompagner dans ses excursions, et il ne sortit plus sans lui. Il dut un jour à son guide l'honneur d'être reçu par un tomogôn ( l'on désigne sous ce nom les princes du pays ). « Je trouvai, dit-il, ce petit seigneur assis sur ses talons et placé sur une table de bambou ; mon guide, à sa vue, fit comme tous les naturels du pays, il se pro- sterna contre terre à dix ou douze pas de son chef. Ce- lui-ci, après avoir interrogé mon compagnon de voyage sur le motif qui m'amenait dans ses domaines, se leva, vint au-devant de moi, et, me prenant par la main, il me conduisit auprès de la table, sur laquelle il prenait du thé; il en demanda pour moi, et me le fit servir par son fils. Je remarquai que sa femme évita de m'appro- cher. Après le thé, on apporta deux tasses de porcelaine dans lesquelles on versa du café. Pendant que j'en bu- vais une, l'autre se remplissait; ce qui m'engagea ou plutôt me força en quelque sorte à en avaler successive- ment cinq qui me désaltérèrent complètement. Ce café était détestable et d'une saleté dégoûtante ; je ne pouvais boire souvent qu'à demi les tasses ({u'on me servait et je jetais le reste, qui contenait la partie la moins propre. » Le tomogon essaya à plusieurs reprises de me pailer directement; mais jamais nous ne pûmes lier conver- sation : je ne l'entendais nullement, et il ne comprenait pas un seul mot de ce que je lui disais. Mon guide, qui depuis noire arrivée était toujours agenouillé sur une natte étendue par terre pour tous les sujets qui ont 10 7'i SOUVENIRS D'UN VOYAGI:: afl'airc au souverain, me servait d'intcrprèle. A cIumiuc parole (|u'il adressait au lomogon, il élevait, en signe (le respect, ses deuv mains jointes jusque devant sa houelie. Il y avait à peu prés une heure que j'étais assis auprès du tomogon, lorsque sa femme, à qui il avait ordonné de me préparer à souper, me lit inviter à en- trer dans la salle où était dressé le couvert. Cette salle était une cabane close simplement par des lames (]q bambou entrelacées l'une dans l'autre; les bancs sur lesquels nous étions assis étaient de même matière. Je me mis à table avec le tomogon et son lils, et je man- geai successivement une espèce d'omelette, du mouton à moitié cuit et du riz en guise de pain, que ces Malais ne connaissent pas. Par une attention assez délicate, on m'avait donné une espèce de fourchette; mais, voyant le prince et son héritier présomptif manger avec les doigts, je voulus, par réciprocité de bons procédés, me conformer à leurs usages, et je me mis aussi à me servir assez gauchen)ent de mes doigts. >i Après souper on me montra mon lit : c'était un ca- napé tissu de rotin , sur lequel on avait étendu une natte et une espèce de tapis servant de couverture ; on l'avait garni d'une mousti(piaire. En me couchant , je le trouvai couvert de Heurs de frangipane blanche {Plu- ineria alba)-^ mon oreiller même en était entièrement garni. L'odeur forte de ces fleurs, quoi(|ue agréable, me donna un mal de tète affreux, parce que je n'eus la prévoyance de les éloigner que lors(jue je m'aperçus (pi'elles m'avaient incommodé. Ma douleur de tète et le bruit des dcuv hommes lingo. Le bananier, 31 usa paradisiaca, appelé pisang par les Malais, fournit un fruit délicieux. Si on le cueille un peu avant la maturité, quand sa fécule n'est pas encore changée en sucre, on la fait torréfier pour s'en servir en guise de pain; quand il est bien mùr, on le mange cru : il est alors très-sucré et fort agréable. Le bananier ne s'élève point en arbre; il n'a d'ail- leurs ni bois, ni écorce, et le tronc consiste en libres entourées d'enveloppes bulbeuses qui se recouvrent l'une l'autre. Au haut de cette tige sortent des feuilles longues et fortes, au centre desquelles parait une lon- gue tige autour de laquelle sont rangés un grand nom- bre de fruits. Parmi les autres fruits que produit l'ile, je ne par- lerai que du mangoustan, Garcinia mangoslana, nommé le roi des fruits. Il est légèrement acide, d'une saveur extrêmement délicate et Irès-sain; il a l'aspect d'une grenade mûre. Une écorce brune, dure extérieurement, plus molle et moins foncée intérieurement, renferme une pulpe blanche et transparente comme la neige; c'est la seule partie mangeable du fruit. Une des productions importantes de Java, et c'est certainement la plus singulière, est un nid de petite hirondelle ( Uirundo Esculenta ), qui est extrêmement recherché dans l'île et exporté à grands frais en Chine. Le nid de cet oiseau , dit un voyageur qui a assisté à une récolte , est formé d'une substance blanche assez semblable à l'écume de la mer ; il a la forme d'une moi- tié d'écorce d'orange, et l'aspect gélatineux. Lorsqu'on le fait tremper dans l'eau , il s'amollit et se partage en libres de nature mucilagineuse, d'un goût assez fade. 80 SOUVENIRS D'UN VOYAGE Mon oncle M. Benjamin Delessert en possède ([uelques échantillons dans son musée. On aura peine à comprendre que ces nids se vendent fort cher et deviennent des sources de fortune pour ceu.\ (|ui possèdent dans leurs terres des cavernes où les hirondelles vont se retirer. On sait dans le pays que M. Michiels , le plus riche propriétaire foncier de Java, se fait, avec les nids qu'il récolte dans une caverne à Klappa-Noungal, située à deux lieues de Java, un re- venu de 70 à 80,000 piastres. Son père, il y a environ quarante ans, était un petit marchand portugais qui parcourait la campagne avec un ballot de marchandi- ses; il découvrit celte caverne jusiju'alors inconnue, et obtint du gouvernement, à bas prix, quchpics terres incultes dont la caverne faisait partie. Après quelques années il put acheter toutes les terres que le gouverne- ment fit vendre dans les environs , et ([ui forment plu- sieurs districts. Ce qui fait rechercher si avidement ces nids , ce sont les propriétés excitantes et toniques (|u'on leur attribue : on les sert comme une friandise dans des ragoûts , des soupes et des espèces de pâtés. On suppose que les hirondelles les construisent avec de l'écume de mer, tandis qu'il serait plus naturel de croire que c'e-sl avec des produits végétaux ou animaux (|u'clles les fabriquent. Quoi qu'il en soit, la récolle se fait avec assez de cérémonie pour (pie j'en dise deux mots. Les hommes qui récoltent ces nids précieux des- cendent , à l'aide d'échelles de bambou , dans les ca- vernes. Pour être assuré de leur fidélité , on ne les y laisse entrer que nus ; et , avant d'y descendre , comme à leur retour, ils reçoivent la bénédiction de (piehpies DANS L'INDE. 81 |jrclros, (|ui demeurent pendanl l'opération à l'entrée (le la caverne avec les autres gardiens. Il suflit d'observer avec soin l'époque de la ponte et le moment où les jeunes oiseaux (juittent le nid. On les laisse tranquilles pendant ce temps alin de ne pas ellaroucher les hirondel- les, qui abandonneraient la caverne. Mais une partie des nids se récolte avant que les œufs y soient déposés; ces nids sont plus blancs et plus propres, ils deviennent ce qu'on nomme dans le commerce nids de première qua- lité. Les nids de la seconde et de la troisième qualité sont ceux que l'oiseau construit à la hâte pour remplacer ceux ((ui lui ont été enlevés, et ceux où les petits ont été élevés : bien moins beaux, ils sont couverts de petites plumes et d'autres saletés que l'on ne peut ùter qu'avec bien de la peine quand ils ont été trempés. Ordinairement la pre- mière qualité de nids d'oiseaux se débite aux ventes pu- bliques tenues à Batavia avant le départ des jonques chi- noises, au taux de 3,000 piastres le picle de 125 livres. Une livre de 10 onces peut contenir environ 50 nids. La seconde qualité est payée de 14 à 1,500 piastres, et la troisième de 7 à 800. Dans quelques résidences ces cavernes sont exploitées pour le compte du gouvernement, et l'on voit ligurer les nids d'oiseaux, dans certains états d'importations de l'ile de Java, pour une somme de 180,000 piastres. Le règne animal n'est pas moins riche à Java que le règne végétal. Le buUle est l'animal domestique le plus utile aux Javanais, c'est celui qui leur rend les plus grands services. Le bœuf et la vache y sont peu estimés. Les chevaux sont vigoureux, bien établis, mais de pe- tite taille; le pays en fournit peu, mais on en reçoit de 11 82 SOUVENIRS D'UN VOYAGE Timor el do Biiiia qui sont très-supérieurs à ceux ilu pays. On trouve à Java toute espèce de gibier, et , de plus, des tigres , des léopards , des rhinocéros , qui ne per- mettent de se livrer aux plaisirs de la chasse qu'avec beaucoup de réserve. On a observé que chaque année deux ou trois cents Javanais périssent victimes de la férocité de ces animaux. Le gouvernement colonial, pour contribuer à la destruction des tigres , paye une prime aux habitants qui parviennent à en tuer un. On en détruit environ une centaine par année. Cependant l'établissement de celte prime ne suflit pas, parce que beaucoup de Javanais ont pour le tigre un respect su- perstitieux : il ) a des villages, dans l'intérieur, où les habitants, au lieu de se réunir pour faire la chasse, préfèrent se cotiser pour faire une espèce de pension alimentaire à ces visiteurs féroces ; c'est-à-dire qu'ils apportent régulièrement, dans un endroit où le tigre a coutume de venir, des bêtes mortes ou des débris de yiandedebuUle, à défaut de toute autre, espérant à ce prix n'avoir plus rien à craindre pour leurs persormes ou leur bétail sur pied. DANS I/IINDE. 83 De Batavia à Pondichéri. — Voyage à Madras; excursion à Pamendij el à Gungy. Nous étions à bord depuis deux jours, altemlanl un vent favorable pour sortir de la rade de Datavia ; enliii, le 20 février, on mit à la voile. Nous nous dirigeons vers le détroit de la Sonde, et bientôt nous sommes de- vant la baie de Bantam. Pendant cette traversée nous eûmes beaucoup à souffrir de la chaleur el des mous- tiques, dont le bourdonnement est aussi insupportable que les piqûres douloureuses. Il faut ajouter à ce pre- mier supplice la visite incessante des Cancrelas ou grosses blattes : je ne saurais auquel de ces deux enne- mis accorder la préférence. Le 27, après un grain violent de sud-ouesl, nous vîmes tomber une trombe à peu de dislance du navire. Au mauvais temps succéda un calme plat qui nous força à nous diriger vers le sud pour rencontrer des vents convenables. Ne pouvant nous attendre à ce contre-temps, qui prolongeait de beaucoup la durée de la traversée, nos provisions s'étaient épuisées, l'eau surtout, et il fut question de nous mettre à la ration ; heureusement les vents favoraljles nous furent rendus, et le quarante-cinquième jour, à notre grande joie, nous débarquions à Pondichéri. Aussitôt après le dél)arquement je m'empressai de déballer toutes les collections que je rapportais, et j'eus 84 SOUVENIRS D'UN VOYAGE la salisfaclion de voir que tout était dans un état |)ar- fail de conservation. On attendait à Pondichéri le nouveau gouverneur, M. de Saint-Simon, venant remplacer M. de Mélay, qui rentrait en France après avoir gouverné la colonie pen- dant six ans. La corvette de l'État l'Oise, qui amenait le gouver- neur, avait mis cinq mois pour arriver, après une courte relâche à l'île Bourbon. Le d" mai, fête du roi, fut un jour de rt^ouissance générale; toute la ville fut illuminée, on tira un feu d'artilicc, et le gouverneur donna, avant son départ, un bal des plus brillants. Le 3 mai, Perrotlet et moi nous nous rendîmes sur le port pour voir arriver la corvette, dont le salut se fai- sait entendre, ainsi que le canon du fort qui lui répondait. Un grand iiombie de schelingues pavoisées portaient toutes les personnes qui allaient au-devant du nouveau gouverneur. Sur le rivage, les cipayes étaient rangés en bataille. M. de Sainl-Simon fut reçu par un officier supérieur de la marine et le chef de la police de Pondichéri ; il se rendit de suite au Gouvernement, où toutes les au- torités étaient assemblées pour le recevoir. La réunion dans les salons était considérable, mais ne présentait pas le même aspect que le peuple, dont le costume varié offrait un coup d'œil remarquable. Quelques jours après son arrivée, le gouverneur me lit l'honneur de venir me voir et de visiter mes collec- tions déposées au Jardin du Roi; elles parurent l'inté- resser beaucoup. DANS L'INDE. 85 La corvette qui avait amené M. de Saint-Sinioii (le- vait reconduire en France M. de Mélay, et je prolilai du départ de ce bâtiment pour envoyer à Paris une grande partie des ol)jets que je m'étais procurés pen- dant mon voyage avec l'Astrolabe. Je m'occupai de suite de l'emballage, et je ne me reposai qu'après avoir vu embarquer mes caisses. Le 18 mai, M. de Mélay s'embarqua, emportant les regrets de la colonie ; la ville entière l'accompagna à son départ, auquel présidait le nouveau gouverneur. Cette journée fut triste, et le silence général était un témoignage de l'affection qu'avait su s'attirer M. de Mélay. Il prit congé de toutes les personnes qu'il con- naissait particulièrement, et les honneurs militaires lui furent rendus ; le canon annonça son départ du rivage et son arrivée à bord. La corvette appareilla de suite et fut bientôt hors de vue. Nous étions loin de nous douter que quatre jours après il mourrait subitement. Aussitôt que celte nouvelle fut olliciellenient connue à Pondichéri, M. de Saint-Simon lit célébrer un service funèbre auquel toute la ville assista. Par la douceur de son caractère et sa bonne administration, M. de Mélay avait su aplanir bien des dillicullés et se concilier l'es- time générale. Mes premières collections dirigées sur Paris, il fal- lait en faire de nouvelles, soit en explorant les mêmes lieux dans une saison différente, soit en visitant des points plus éloignés de la ville. Le 19, je partis avec mes chasseurs pour faire une excursion à Permacoul, où l'on me promettait des merveilles. Permacoul est à vingt milles de Pondichéri. Pendant la marche j'eus 86 SOUVENIRS D'UN VOYAGE beaucoup à souirrir de la chaleur; mais je tuai un grand nombre d'oiseaux, parmi lesquels j(; remarquai le Cur- sorius coromandelicus , le Telrao wnbellus , ei le Paon sauvage. Je luai aussi quelques petits mammifères. Le paon domestique n'a rien perdu de son état primitif; car il est impossible d'établir la moindre dill'érence avec ceux que je parvins à me procurer au nombre de huit mâles et femelles. Mes Indiens trouvaient beau- coup d'insectes. Après quelques jours de chasse, je re- vins à Pondichéri mettre en ordre mes richesses. Je lis, sans m'éloigner autant, plusieurs promenades qui cha- que jour venaient augmenter mes collections. Je tuai plusieurs chats sauvages, des corsacs ou renards jaunes, qui sont assez communs aux environs de la ville; des chacals, deux hyènes, des blaireaux, un pélican, et un ibis. Ibis religiosus. Mes excursions furent interrompues par la fête du dieu Schiva, qu'on célébrait à Villenour, et à laquelle je voulais assister. Elle dura dix jours; une foule im- mense s'y était rendue pour voir la statue du dieu qui fait sept fois le tour de l'étang situé auprès de la pa- gode. Les brames faisaient tous les frais de la fête , et les bayadères dansaient et formaient des groupes singu- liers : un de ces groupes représentait un pigeon blanc agitant ses ailes. Après la fête je partis pour Pondichéri ; le retour des oiseaux de passage était commencé, et je comptais sur de belles chasses. Cel espoir se réalisa, car je dou blai le nombre de mes oiseaux. On m'avait engagé à me rendre à une aidée anglaise, connue sous le \wm de Piilci Paléom ; j'en revins chargé DANS L'INDE. 87 (le plusieurs oiseaux remarquables, parmi Ies(|uels so trouvaient plusieurs coqs de bois et des vautours. Pour me reposer un peu de mes fatigues et varier mes plaisirs , je partis pour Madras. Je voulais voir cette ville, dont j'avais si souvent entendu parler. Ma- dras est un des établissements anglais, à 25 lieues de Pondichéri. La partie de la ville qu'on nomme laVille- Blanclie ou le Fort-Saint-Georges est bien fortiliée, et n'est habitée que par des Anglais. On y remarque une grande activité, beaucoup de luxe, mais, je crois, aussi beaucoup d'ennui. Je repartis avec plaisir pour Pondi- chéri , me disposant à faire une excursion à Gyngy, à 80 railles N.-O. Après deux jours de marche nous arrivâmes à Bembé- Pamendy, et nous étions encore à 20 milles de Gyngy. La route que nous suivions est très-accidentée, le sol est rocailleux et assez élevé. Un chasseur du pays , qui me servait de guide, m'engagea à m'arrèter au moins un jour, me promettant que je ne regretterais pas mon temps. Je ils alors camper ma petite troupe, et dis- poser ma tente sous un manguier , dont les feuilles devaient me garantir de l'action du soleil. J'organisai une partie de chasse pour le lendemain , et , pour en assurer le succès , je lis chercher à l'aidée de Pamendy une douzaine d'Indiens qui devaient me servir de tra- queurs. J'avais amené de Pondichéri huit tireurs, que je plaçai convenablement aux points fréquentés par les animaux que nous voulions nous procurer , et que nous reconnûmes facilement aux traces nombreuses et variées ({ue l'on voyait sur le sable. Mon guide ne m'avait pas trompé, car je parvins à tuer plusieurs axis (cerf mou- 88 SOUVENIRS D'UN VOYAGE cheté), deux sangliers, un assez grand nombre de liè- vres et des oiseaux de toute espèce. Ce premier succès m'engagea à séjourner à Pamendy ; mes traqueurs m'a- vaient mal fouillé plusieurs enceintes du bois, qui, placé sur des rochers à pic, était très-épais et presque impéné- trable. Pendant dix jours je ne cessai de chasser, et je fus assez heureux pour tuer deux ours , et assez de mam- mifères et d'oiseaux |)our me permettre de choisir et de préparer ceux qui n'étaient pas trop abîmés par le plomb. C'est à regret que je quittai Pamendy pour me ren- dre à Gyngy, où je parvins après un jour de marche. L'aidée de ce nom est dominée par d'anciennes forte- resses construites par des princes indiens et occupées depuis par des troupes françaises II y a environ vingt ans que le pays est passé au pouvoir des Anglais. Je m'occupai de suite de l'établissement de mon camp, et je lis quelques petites promenades pour prendre con- naissance des lieux et me préparer à la chasse. Les mon- tagnes arides étaient cependant couvertes çà et là de petits bouquets de bois. Je tuai successivement plusieurs axis, des sangliers, des ours, des porcs-épics , plusieurs écureuils et beau- coup d'oiseaux remarquables. Sur les bords d'un étang que nous rencontrâmes, je me procurai quelques oi- seaux aquatiques d'espèces rares. Nous y aperçûmes aussi des crocodiles qu'on dit y avoir été apportés au- trefois. Je consacrai plusieurs jours à la recherche des insectes , et , ne pouvant prendre le temps de les pi- quer, je les plongeais de suite dans des flacons remplis d'alcool. DANS L'INDE, 89 Les Indiens chargés de préparer mes animaux suffi- saient à peine; mon st^jour dans ces montagnes m'a procuré les plus belles chasses : je tuai plusieurs sin- ges, et, un jour, je surpris deux chiens sauvages, ou chennayes, Canis priinœvus de Hodgson, donnant la chasse, comme de vrais chiens courants, à un axis que je leur pris sans pouvoir les tuer eux-mêmes, à mon grand regret. Ces chiens sont très-rares, et les habitants du pays disent qu'ils accompagnent toujours les tigres, auxquels ils servent d'avant-garde. Quoi qu'il en soit de cette assertion, le lendemain, en allant voir mes chas- seurs au filet, qui étaient partis de très-honne heure, nous remarquâmes, près de l'endroit où j'avais tué l'axis de la veille, les pas assez nombreux d'un tigre de forte taille, et, un peu plus loin, ceux d'un ours, que nous suivîmes assez loin, et avec assez de persévérance pour parvenir à le rencontrer. L'attaque fut vive; mais la résistance nous déconcerta d'abord un peu : c'était une bête énorme, et sa fureur, excitée par une pre- mière blessure à la tète, augmenta d'une manière ef- frayante dès que je lui eus envoyé à peu de distance une balle qui lui cassa l'épaule droite; il se dressa con- vulsivement, et, se dirigeant sur un de mes chasseurs pour l'attaquer, il fut attendu de sang-froid, et reçut à bout portant une balle qui, lui traversant la poitrine, arrêta sa marche et le lit tomber sur le coup; accourant alors sur lui, nous l'eûmes bientôt achevé. Cette prise me fit le plus grand plaisir, moins pour l'espèce, que je pos- sédais déjà, que pour sa taille vraiment extraordinaire. Il est rare de rencontrer des tigres dans les environs de Gyngy , parce que le gouvernement anglais a établi 12 00 SOLVEMRS D'UN VOYAGE une prime pour leur destruclion , et que chaque année on tue ceux qui paraissent ou viennent des environs. Je nie reposai un jour en herborisant, en cherchant des insectes, et je m'amusai à faire un croquis des montagnes qui me procuraient tant de plaisir. Voulant aussi visiter la forteresse de Gyngy, je pris un guide, qui m'y conduisit par un chemin qu'il était inqjossible à tout étranger de reconnaître. Arrivés au mur d'enceinte, nous eûmes bientôt visité la place. Je remarquai sur un mur de beaux rayons de miel, au- tour desquels bourdonnait un essaim de mouches; et comme je me disposais à tirer sur un de ces rayons pour le faire tomber, j'en fus détourné par mon guide , qui me prévint que près de là il y avait un petit temple consacré à Schiva, et que ce serait offenser les Mala- bars qui me suivaient. Je renonçai alors à mon projet, et je lis bien ; j'en donnerai la raison un [)eu plus loin. J'appris alors que des Indiens récollaient chaque année le miel , qu'on trouve abondamment dans cet endroit ; mais que pour en obtenir l'autorisation, ils devaient faire plusieurs offrandes au\ brames et se soumettre à certaines cérémonies religieuses. Je ne pus visiter qu'une partie de la forteresse, parce qu'un pont de communication, détruit depuis plus de cent ans, ne nous permit pas de traver.ser un précipice affreux qui nous séparait d'une partie des bâtiments. Ce pont fut brillé, dit-on, par le roi Decing-Radjah , parent du fameux Typo-Saïb. En revenant, je vis, sans pouvoir les tirer, plusieurs grosses chauves-souris, et comme je témoignais à mon guide le désir de m'en procurer quelques-unes, il me DANS L'LNUl-:. Dl conscillo d'y renoncer, parce que ces animaux sonl sa- crés; puis il ajouta qu'en passant près de Gyngy, j'en verrais bien davantage. Ennuyé d'élre ai-rèlé à chaf(ue instant par ces obstacles ridicules , nous étions à peu de distance d'une aidée, lorsque j'aperçus sur un arbre au moins quatre cents de ces animauv suspendus aux branches par les ongles. Le désir d'en tuer l'emporta sur la prudence, et, d'un coup de fusil tiré d'assez loin, j'en abattis quatre; mais toutes les autres parti- rent en faisant entendre des cris aigus. Beaucoup d'In- diens sortirent alors de leurs maisons, et, irrités do mon sacrilège, ils me poursuivirent en me lançant des pierres et m'accablant de reproches. Le parti le plus sage, après cette faute, était de prendre la fuite, et je n'eus pas même le temps de la réflexion. Je fus heureux d'en être quitte pour la peur : ils m'auraient lapidé, moi et les miens. Je me rappellerai long-temps cette promenade, et chaque fois que dans ma collection mes yeux tombaient sur les malheureuses victimes de mon audace, je ne pouvais m'empêcher de rire en songeant aux dangers que j'avais courus. Les Indiens sont si superstitieux, qu'ils m'auraient tué pour venger la mort de quatre bêtes immondes. Si , pendant mon séjour à Gyngy, je fus exposé à des tribulations de ce genre , on me rendit aussi des hon- neurs que je ne méritais pas. On me lit médecin malgré moi. Un des traqueurs que j'avais employés était depuis long-temps malade, et je crus reconnaître qu'il était atteint d'une lièvre intermittente très-fréquente dans ces parages. J'avais une petite provision de sulfate de qui- nine pour mon usage , je lui en lis prendre, et le Iroi- 92 SOUVENIRS D'UN VOYAGE sièmejour il fut guéri ; cette cure miraculeuse fut bien- tôt connue de tous les habitants malades de l'aidée, qui vinrent me trouver à mon bivouac pour me consulter. Tous n'avaient pas la fièvre , mais tous voulaient être guéris, et, pour ne pas perdre de la considération que je m'étais si facilement acquise , j'épuisai toutes les res- sources de ma mémoire et toute ma pharmacie, et, dans la crainte d'avoir augmenté peut-être le mal do mes crédules clients, dont je redoutais plus les violen- ces que les reproches , par prudence je me disposai à lever le camp pour rentrer à Pondichéri. C'est en faisant mes dispositions de départ que je me blessai à la main , ce qui me força à précipiter encore mon retour. J'avais déchargé deux de mes fusils avant de les em- baller, je voulais en garder un troisième pour faire la route; mais j'avais pris le soin de placer du papier entre le marteau et les capsules , qui tenaient si fort que je n'avais pu les enlever des cheminées. Cette précaution prise, je voulus mettre ce même fusil dans son fourreau de cuir; il y entra facilement d'abord, de manière à faire arriver l'ouverture du fourreau jusque sur la batterie. Rencontrant alors de la dilficulté pour l'engager com- plètement, je voulus forcer sur les canons; mais, ne pouvant réussira mon gré, je retirai vivement le four- reau , qui , rencontrant un des chiens , lit partir le coup de gauche. Heureusement pour moi je ne me trouvais pas dans la direction de la charge, et je fus seulement blessé à la partie interne de la main droite. Pendant mon séjour à Gyngy des abeilles s'étaient engagées dans le fourreau de mon fusil , et y avaient construit un nid DANS L'INDE. 93 qui en bouchait le diamètre , et formait l'obstacle à l'in- troduction du canon. Ma blessure, peu douloureuse sur le moment, ne laissa pas de m'inquiéter lors(jue le sang s'en échappa en grande aiiondance et par jets in- termittents , ce qui me lit reconnaître qu'une artère était ouverte. Je ne savais comment arrêter l'hémorrha- gie ; plusieurs moyens me furent conseillés par les In- diens, mais aucun ne réussit. J'imaginai de me faire serrer le bras par une ligature et de me couvrir la plaie de charbon réduit en poudre très-fine. Ce procédé n'ar- rêta pas complètement l'hémorrhagie; mais je perdis peu de sang à partir de ce moment. On me fit un lit sur mon chariot, et, après m'ètre arrangé le plus com- modément possible, je partis pour Pondichéri. Un gonflement considérable se forma ; je savais que dans les plaies de ce genre et surtout dans une partie formée de tendons, de membranes et de tissus peu ex- tensibles, le tétanos pouvait se déclarer sous l'influence d'une température élevée; j'étais résigné à tout, et c'est alors que je me trouvai très-heureux de n'avoir pas blessé les susceptibilités de mes Indiens en tirant sur les abeilles du fort de Gyngy, car incontestablement ils auraient supposé que ma blessure était une punition que m'envoyait Schiva, et ils n'auraient pas osé me donner leurs soins ni m'aider dans mon malheur, dans la crainte de déplaire à Schiva en adoucissant la rigueur de sa vengeance. J'arrivai à Pondichéri sans accident, mais non sans douleur; je reçus de suite les soins du docteur Trouette, chirurgien-major de la marine. Ma blessure fut trouvée grave; il la pansa, et, après six semaines de souffrances 94 SOUVENIRS D'UN VOYAGE et plusieurs opérations nécessaires pour retirer les es- quilles, je fus assez bien pour commencer à sortir. Je ne saurais reconnaître assez les bons soins que le docteur Trouette nie prodigua, et les attentions de mon ami Perrottet qui passa plusieurs nuits près de moi pour surveiller l'hémorrhagie qui reparaissait de temps à autre. C'est quand on se trouve isolé de sa famille qu'on apprécie à leur valeur les soins d'un ami, et qu'on peut juger de son affection. La fièvre inflammatoire, qui ne m'avait pas quitté depuis le jour de mon accident, m'avait beaucoup affai- bli, les chaleurs augmentaient, et l'on me conseilla de quitter Pondicliéri pour aller passer le temps de ma convalescence dans un pays plus tempéré. Dans l'im- possibilité où je me trouvais de chasser ou de m'occu- per, je pris le parti de m'embarquer pour me rendre à l'île Bourbon, que j'avais eu à peine le temps de visi- ter, et que je voulais mieux connaître. Le docteur Trouette approuva mon projet, qui fut de suite mis à exécution. DANS L'INDE. 95 De Pondichéri à l'île Bourbon. Je partis de Pondichéri le 14 avril 1836 , à bord de la corvelte de guerre r Isère, commandée par le capitaine Henri de La Blanchetais. Cette traversée n'offrit rien de particulier; chaque jour on faisait la manœuvre; le temps, trop calme pour notre marche, favorisait les exercices. A la hauteur de Ceyian , pendant qu'on fai- sait l'exercice à feu, un matelot tomba à la mer; mais il fut sauvé promplement, grâce à la bouée qu'on lui jeta. Un bâtiment américain, faisant voile pour Calcutta, fut hélé par ordre de notre capitaine ; lors de notre dé- part de Pondichéri , on répandait quelques bruits de guerre entre la France et les États-Unis. Nous rencon- trâmes plusieurs navires anglais et français. Enfin le 26 nous aperçûmes le feu du volcan de Bour- bon , et le lendemain nous mouillâmes en rade de Saint- Denis. Ce voyage m'avait fait le plus grand bien , et ma blessure ne me faisait plus souffrir ; je commençais à pouvoir me servir de ma main. Disposé que j'étais à passer quelque temps dans l'île, je fis plusieurs excursions ; les premières , sans résul- tat pour mes collections , me firent connaître le pays, et contribuèrent promptement à me mettre en état de lecommencer ma vie nomade. Je voulus faire le tour de l'île en suivant la côte. Parti 96 SOUVENIRS D'UN VOYAGE de Saint-Denis, à cheval, et suivi d'un seul domesti- que , je fis un vrai pèlerinage en visitant presque tous les saints de Bourbon. Je me dirigeai d'abord sur Saint- Paul , petite ville qui possède le meilleur port de l'île ; de là , sans perdre la cote de vue, j'arrivai à Saint-Gil- les, puis à Saint-Leu , où l'on récolte d'excellent café. Je m'arrêtai un jour à Saint-Louis , et , en suivant les dunes et passant près de la magnifique plantation de cannes de M. Chabrier, qui n'était autrefois qu'un ma- rais inculte, je me rendis à Saint-Pierre, où l'on a la plus belle vue possible des Salazes. Après avoir traversé le quartier Saint-Joseph , où l'on cultive particulière- ment le riz , le giroflier et le muscadier, je parcourus la basse vallée et le Barril. Je rencontrai alors un terrain immense, connu sous le nom de Yieux-Brûlé; et c'est pendant la nuit, à la faveur d'un beau clair de lune , que j'arrivai à peu de distance du volcan , dont nous aperçûmes parfaitement la fumée s'élevant en colonne , et le petit courant de lave qui descendait du cratère. Nous avions traversé le Bois-Blanc, et reconnu le ter- rain couvert de lichen blanc nommé lichen vulcani. J'ar- rivai aux cascades , et le lendemain je me rendis à Sainte-Rose et à Saint-Benoît, et j'arrivai à Saint-Denis en traversant les quartiers Saint- André, Sainte-Suzanne et Sainte-Marie. L'île Bourbon doit son origine à des éruptions vol- caniques. On remarque deux cratères principaux. Ce- lui du Gros-Morne, éteint depuis long-temps, est situé au nord, et celui du piton de Fournaise , encore en acti- vité , est au sud-est. Les laves qui s'échappent de ce DANS L'INDi:. 97 dernier oui coiulamncà la stérililé la plus complète un immense terrain, que les habitants désignent sous le nom de Pays-Brùlé. Le centre de l'île est traversé dans tous les sens par une chaîne de montagnes escarpées qui divisent le pays en deu\ grantls districts naturels, connus sous les noms de partie du venl et partie sons le vent, sub- divisées en plusieurs quartiers. La superficie de l'île esl évaluée à i70,700 hectares; sa plus grande longueur du nord au sud a (jualor^e lieues, et sa circonférence a près de 48 lieues. Pendant prescpie toute l'année le sommet des plus hautes montagnes est couvert de neige. La route tracée autour de l'île et sur le bord de la mer est coiqîée par un grand nombre de petites rivières, guéa- bles le plus souvent , mais se transformant après la moindre pluie en torrents impétueux. La température est douce, uniforme; le climat est très-heureux, puis- qu'il passe pour le plus sain de l'univers. Malheureuse- ment ce beau pays se sent un peu du voisinage de l'île de France, et les ouragans y exercent aussi de grands ravages. Les produits de l'île sont le sucre , le café , le cacao, le colon , le girofle , la muscade , la cannelle , le tabac, le riz, le maïs, le froment, les ignames, les patates, et les bois de teinture et d'ébénisterie. On dit que l'intro- duction du café à Bourbon date de 1718; c'est d'Arabie que furent tirés les premiers plants : ils se multiplièrent rapidement dans l'île. Mais , en 1806 , un violent oura- gan ayant bouleversé une partie des caféteries , on sub- stitua en beaucoup d'endroits à cette culture celle de la canne à sucre , qui a fait depuis lors des progrès si con- sidérables qutî la colonie a récolté jusqu'à 18 millions 13 VS SOIVEMHS D'UN VOYAGF (If kilogiamiiics de sucre, landis que la récolle du caCc a rarement dé[)assé 050, 000 kilogrammes. Celte colonie a commencé peu de temps après la dé- couverte de l'ile. Des Français révoltés , et qu'on exila, en furent les premiers colons ; mais la Compagnie des Indes y envoya des ouvriers sous la direction d'un chef habile, et Louis XIV leur expédia de France de jeunes orphelins qui se marièrent, et forma ainsi le noyau de la colonie. Elle s'accrut subitement en 4073 par l'arrivée des Français échappés au malheur du fort Dauphin à Madagascar. La population actuelle de l'ile est de 100,000 individus dont 30,000 colons libres, 3,000 cultivateurs indiens , et le reste esclaves. La colonie est régie par les codes français, modifiés et mis en rapport avec ses besoins. Après mon arrivée à Saint-Denis je commençai une collection des poissons de l'île, et je réussis à les pré- parer assez bien pour leur conserver leurs formes et leurs couleurs. Prenant goût à ce genre de travail, ma collection fut bientôt nond)reuse et m'attira les éloges de tous ceux qui la virent. Je désirai beaucoup visiter une source thermale sul- fui euse très-fréquentée , qu'on trouve au pied de la montagne des Salazcs. Cette source, au dire de Vau- quelin, est d'une espèce rare et peut-être unique (1). (I) On remarque dans les bouteilles bien bouchées qui la renferment un dépôt noir formé de sulfure de fer et d'un peu de matière animale. Le dépôt formé dans les bouteilles mal bouchées , donnant accès à l'air , est jaune-ochracé, composé d'hydrate de fer, de carbonate de chaux, d'un peu de silice et de matière animale. Cette dernière eau contient des traces d'acide sulfurique (|ue l'on n'obseive pas dans la première. L'eau de Bourbon, indépendamment de l'acide hydrosulfurique, parait Cdntenir de l'acide carbonique a l'étal de coiubinaisou el à l'état de DANS L'INDK. 99 On liouNo oiKoiL' dans l'île une aulrc source, située au pied du pilon de Neige , dans la partie appelée la plaine dos lïllangs. J'étais depuis six mois à Bourbon, et ma santé, par faitement rétablie, me permit de songer à faire un nouveau voyage : j'avais depuis long-temps l'intention d'aller au Bengale, et je lis mes dispositions pour prendre passage sur un navire partant pour Calcutta. liberté; car l'eau de chaux y produit un précipité beaucoup plus consi- dérable que les carbonates alcalins. Pour chercher à connaître comment le fer se trouvait déposé au fond des vases à l'état de sulfure de fer, l'auteur a fait les deux expériences synthétiques suivantes. 1° De la limaille de fer fut mise dans un flacon rem|)li d'eau saturée d'acide hydrosulfurique et agitée pendant vingt- quatre heures; au bout de ce temps la liqueur séparée était incolore, elle n'était nullement affectée par l'infusion de noix de galle, et cepen- dant elle contient du fer, car elle noircit bientôt par le contact de l'air. 2° Il fît dissoudre du fer dans de l'eau chargée d'acide carbonique, de manière qu'il restait beaucoup d'acide carbonique libre; il y ajouta une dissolution d'acide hydrosulfurique , et le mélange exposé a l'air noircit au bout de quelques heures. L'auteur, d'après ces expériences, explique l'état dans lequel se trouvait l'eau minérale à sa source, et les change- ments qu'elle a éprouvés dans les bouteilles où elle a long-temps séjourné. Il pense que le fer était primitivement dissous par l'acide carbonique, peut-être aussi par l'acide hydrosulfurique; qu'une grande partie, sur- tout du premier acide, s'étant dégagée à travers les pores du bouchon, l'acide hydrosulfurique s'est entièrement séparé du fer, et s'est précipité avec lui à l'état d'hydrosulfate de fer, plutôt qu'à l'état de sulfure de ce métal. Deux litres d'eau de Bourbon, soumis à l'évaporation , ont laissé un résidu qui a été en partie redissous par l'eau distillée : la portion insoluble pesait 190, .37; elle était formée de 0,19 parties de carbonate de chaux, de 14 parties de fer, de 24 parties de silice et d'une petite quantité de matière animale. La portion dissoute par l'eau renfermait 1 grain 12 de carbonate de soude, mêlé d un peu de carbonate de potasse, et quelques atomes de silice. L'eau de Bourbon fait exception à toutes les eaux minérales obser- vées jusqu'à présent. M. Pinac, qui a analysé celle de Bagnères-Adour, a pensé que le fer y était tenu en dissolution par l'intermède de l'hy- drogène sulfuré, mais sans le prouver par l'expérience. (H. Che.nu, Es- sai prniiqiw sur les eaux minérales, t. 111, p. 1.30.) SOLVKMliS D'UN VOYAGE De liourbon à Calcutta. l'artis le 27 novcnibie sur la Thérence, capitaine Cail loi , nous relâchâmes à Maurice pendant deux jours, cl nous fîmes route sur Calcutta. Notre marche fut bonne, et la traversée n'offrit rien de particulier. Ce- pendant , arrivés à la hauteur de Sumatra , nous éprou- vâmes deux secousses violentes , comme si le navire touchait un bas-fond ; le capitaine n'en fut nullement inquiet , et nous expliqua que dans ces parages les trem- blements de terre se font sentir à de très-grandes di- stances en mer, et que ces secousses pouvaient aussi être dues à quelque volcan sous-marin. Le 23 janvier nous étions au mouillage dans le Gange, devant Calcutta. Quelques jours après mon arrivée je fus invité par le docteur Wallich à passer quelque temps à sa maison, qui fait partie du Garden-Reach , dont il est le directeur. Calcutta , aujourd'hui la brillante capitale du Bengale et de toutes les Indes orientales britanniques , et une des plus belles villes du monde, n'était, il y a un siè- cle, qu'un assemblage d'habitations mal construites, irrégulièrement distribuées au milieu d'un marais formé par les débordements du Gange, habitées cependant par une population nombreuse, et entourées d'un jon- gle inqjénétrable , et assez insalubre pour n'être abordé (jue parles maifaileurs et les bêtes féroces , auxquels il DANS L'INDE. 101 servait de repaire. On donnait à celte espèce de village le nom de Govindpour. Calcutta a une étendue de six milles dans sa plus grande longueur ; cette ville pré- sente à l'arrivant un coup d'œil des plus animés , et elle est située sur le bras occidental de l'Hougley, qui n'est qu'un bras du Gange, mais qui , devant la ville, décrit une courbe , et s'arrondit en forme de vaste baie connue sous le nom de Garden-House, et peut recevoir les navi- res de la plus grande dimension. Calcutta est la résidence du gouverneur général des Indes et le siège de la haute cour de justice, qui rend ses arrêts d'après la législation anglaise. Le nouvel hô- tel qu'habile le gouverneur a été construit, dit-on, par l'ordre du marquis de Wellesley , et il a coûté un million de livres sterling. Sa magnidcence extraordi- naire, le goût de sa distribution, la richesse des acces- soires le feraient prendre facilement pour une des mer- veilles des Mille et une Muits. Devant Calcutta l'Hougley prend le nom de Garden- House, dit l'auteur de Vliide Pilloresque , parce qu'il est entouré de maisons de campagne élégantes où se ren- dent chaque jour, après avoir terminé leurs affaires, les riches négociants de Calcutta. Le quartier de la ville où résident les Européens offre un aspect remarquable, qu'il doit aux portiques spacieux et élevés qui décorent presque toutes les maisons, et qui, supportés par de nombreux pilastres , leur donnent quelque chose de la grandeur des monuments grecs. Pour les étrangers qui arrivent d'Euiope, les édilices sont d un effet inq^o- sanl à cause du style entièrement neuf de leurs con- structions, de leurs dimensions, et de la richesse de 102 SOUVENIRS D'UN VOYAGE leurs ornenicnls d'architociure. On est frappé tle la sy- mélrie et de la simplicité de leurs proportions, quoique cette simplicité même fasse peut-être un contraste trop tranché avec les pompeuses façades et les nombreuses colonnes dont elles sont généralement décorées. L'ab- sence de cheminées est une singularité qui ne peut échapper à l'œil d'un Européen, qui associe à l'idée de grandeur que fait naître l'intérieur de ces bâtiments celle d'un manque de commodité intérieure qui s'accorde peu avec les idées que nous nous sommes faites des jouis- sances sociales. Les fenêtres sont grandes et ne sont pas garnies de vitres; mais elles sont toutes fermées par des stores destinés à donner accès à l'air sans laisser péné- trer trop de lumière. Le toit de toutes les maisons, sans exception, est en terrasse, et entouré d'une élégante balustrade. L'architecture , basée sur les principes de l'école italienne , est bien appropriée à la région des tro- piques, quoiqu'en plus d'une occasion le goût ait été sacridé à des caprices vulgaires. C'est ainsi que beau- coup de maisons ont deux frontons , comme si , par la raison qu'un seul de ces ornements produit un elfet agréable, il suffisait d'en doubler le nombre pour ac- croître dans la même proportion la Tnagnificence de l'édilice. Après le palais du gouverneur, le principal édifice est l'Hôtel de la Douane, bâtiment bas, mais spacieux, élégamment construit, et contenant des ma- gasins aussi vastes que commodes. Dans Choringhié, le quartier le plus à la mode de la ville , on voit une ran- gée de maisons magnifiques qui se succèdent comme une suite de palais , et réalisent presque les liclions bril- lantes conçues par l'imagination orientale. La plupart DANS L'INDE. 103 sont révolues (le slue, et s'élèvent au milieu d'une grande eour bien ouverte et bien aérée. Rien n'est oublié de tout ce que le luxe le plus recherché peut inventer pour obviera la nature du climat et en rendre le séjour déli- cieux. Si la ville européenne est à citer pour sa magnilicence, on ne peut en dire autant du quartier des indigènes : les maisons y sont d'un aspect misérable; les rues, étroites et sales , ne sont pas pavées ; les maisons les plus vastes ne sont guère autre chose que des espèces de ruches faites de torchis , où se pressent des essaims d'une population hâve, indigente et à demi affamée. Les ma- ladies qui accompagnent constamment la pauvreté et les privations qu'elle entraine après elle, y exercent per- pétuellement leurs ravages, et des milliers de victimes succombent chaque année aux maux affreux qui s'ajou- tent ainsi aux tortures du besoin. On ne peut entrevoir le moindre avenir d'amélioration dans la position de ces êtres malheureux qui vivent agglomérés dans les fau- bourgs de cette immense métropole , et y croupissent dans une triste communauté de misères. Au temps où le choléra régnait dans la ville , on dit que pendant plu- sieurs semaines sept cents individus périssaient journel- lement frappés de ce terrible fléau. Tous les plaisirs sem- blaient suspendus, et à peine s'écoulait-il une heure sans que les pleurs et les regrets donnés aux morts vins- sent rappeler aux vivants la désolation qui s'étendait autour d'eux. Le nombre des habitants de Calcutta , tant indigènes qu'européens, est évalué à six cent mille. J'eus beaucoup de plaisir à visiter l'hôtel-de-ville 104 SOliVENIRS U'IIN VOYAGE {Town hall), l'hôtel des monnaies, le muséum de la Société asiatique, le collège de médecine {New Indian médical collège), le fort William , et particulièrement la bibliothèque, qui lenferme un grand nombre d'ouvra- ges indiens. Invité aux soirées de lord Aukiand , gouverneur géné- ral, et à celles de Miss Edens, ses sœurs, je m'y rendis quelquefois. Les dames sont généralement vêtues avec plus de simplicité que de recherche. Pendant mon séjour à Calcutta je fus assez heureux pour voir M. Gaudichaud, de l'Institut : ce botaniste, aussi éclairé qu'infatigable , était à bord de la Bonite, capitaine Vaillant, qui vint y faire relâche. Après avoir bien visité le pays, j'allai m'étahlir au bord du lac Salé pour faire une collection de tous les poissons de ce lac et de ceux du Gange; j'étais encou- ragé dans ces recherches par les nombreuses décou- vertes qu'avait déjà faites le docteur Cantor. Je fis pêcher presque tous les jours, et, après avoir réuni une collection nombreuse, j'offris mes doubles à la Société asiati<|ue de Calcutta, qui me lit écrire une lettre de remercîments très-flatteuse (1). H) MEETING OF TUE ASIATIC SOCIETY. The aïonlhly Mooting of the Asiatic Society last ni2;ht was uniisually crowded. The table was covered wilh a copious exhibition of stuffed Fish of the Sait Water Lake, forming part of the collection of M. Deles- scrt, a French naturalist, who has been denoting his attention tho that object since his arrivai a few months ago. ASIATIC SOCIETY OF BENGAL. To WoNSiEin Delessekt. Sir, I hâve on llie part of Ihi' Asiatic Socicfy . to expreaa to i/o» thi'ir lifsl DANS L'IN'DE. 105 AprcVs nvoir l)icMi exploré les environs de CalcuUa, et rassenil)lc do nombreux individus de toutes les espè- ces, je les end)allai pour les expédier en Franco à la première occasion, et je me disposai à aller visiter un pays peu connu, les montagnes dos Noeigheries. En attendant un navire, je partis pour Chandernagor, établissement français, et je visitai avec intérêt Sorani- pore, ou Friedrichspagorc , qui, avec les îles Nicobar et Trampiebar à la côte de Coromandol, forme la tota- lité des établissements danois dans l'Inde. Je voulus voir aussi Barrakpoore, maison de campagne du gouverneur. On y trouve un parc considéral»lo dans lequel on a établi une ménagerie. J'ai remarqué un assez grand nombre d'animaux, parmi lesquels je cite- rai des rhinocéros et des tigres. Un de ces derniers, venant du Népaul, était remarquable par la coloration fauve plus vif de son pelage. J'y vis des ours , des kanguroos, des antilopes, des hyènes, des chacals, des loutres et des loups, et un nombre considéral)le d'oi- seaux de toute espèce ; mais j'y trouvai surtout une riche collection de faisans. thanks for the gratifyng exhibitim vhich you had Ihe complaisance to offert them at the Meeting of last night. The collection tjou hâve made in to short a time is highiy creditalle to your industry and the manner in tvhich the spécimens are set up reflects equal crédit on your skill. Such an évidence if u-hat may be effected even in the immédiate neighbourhood of Calcutta is the best argument in favor of the success of your proposed Indian Muséum. I hâve the honor to he, Sir, most obcdient servant. J. PIÎINSEPS, secr. G''' july ISSÎ. SOl'VEMRS DM N VOYAGK }o>/(i(ie aux Mcelglierics. Enfin, je partis sur lo navire le GaiUardnn, louclianl à Madras, où nous arrivâmes le \" septembre. La fré- gate t Arlémise, capitaine Laplace, s'y trouvait mouil- lée; nous partîmes pour Pondichéii , où je pré|)arai promptement tous les ol)jets nécessaires à mon expédi- tion dans les montagnes des Nee'gh.'ries. Le 8 janvier je nie mis en route en palanquin, suivi d'un cliariol qui portait mes bagages , et d'un assez grand nombre d'Indiens pour résister aux all;i- ques imprévues. Je pris la route i\o Salem, passant par Yillenour. Après plusieurs jours de marcbe j'arri- vai à l'aidée de Valdaour, je lis fair- balte d'un jour pour permettre à mes gens et à mes bêles de prendre quelque repos. Le sol de cette partie ne diffère pas de celui de Pondichéri; mais on aperçoit dans le lointain les montagnes Bleues de Gyngy, qui se délacbent par- faitement des Gates de l'est. La température commen- çait à baisser considérablement. Je passai près des ai- dées de Yilseparam et de Tirouvanellore. On y voit une très-belle pagode dont la partie supérieure est occu- pée par un régiment de singes sauvages, logés et nourris par la superstition des brames. Arrivé à Ollendour, un de mes Indiens fut atteint du cboléra. Fort emljai'rassé de ce contre-tenqjs, et obligé encore de faire le méde- cin, je ne sus opposer à ses vomissements que des po- tions dans lesquelles je mettais jusqu'à (piaranle goul- DANS L'INUE. 107 les tlo laïKlaiiuiu, et je le fis frictionner vigoureusement pour lâcher de rétablir la transpiration ; des sinapisnics au\ pieds et aux mains rappelèrent la chaleur, et cet accident ne nous arrêta que fort peu de temps. Aussi- lùl (pie mon Indien se trouva mieux, je le lis placer sui' la voilure et nous pûmes continuer noire roule. iNous eûmes à traverser un bois où je tuai un nom- bre prodigieux d'oiseaux, des singes de plusieurs espè- ces et des lièvres qui servirent à noire dîner. Nous arrivâmes à China-Saleni le jour de Pongol, [)ren)ier de l'année des Tamouls. Les aidées (pie nous fûmes obligés de traverser me parurent moins miséraljles que celles qui sont plus rapprochées de Pondichéri. Nous passâmes devant Alhour-Cotté, ancien fort en ruines, resle de l'ancienne puissance indienne. Enlin, le 10 janvier, j'arrivai à Salem ; je m'établis au bengalovv, maison destinée aux voyageurs. Ces ben- galows, établis par le gouvernement anglais de di- slance en distance (dix ou douze milles), sont très- commodes. Ils se composent de deux chambres meu- blées, de pièces séparées pour les domestiques et d'écuries. On ne doit pas y demeurer plus de deux jours : la garde en est confiée à des invalides cypayes qui doivent fournir de l'eau seulement. Ils ont toujours à la disposition des voyageurs des volailles et diverses provisions qu'on est souvent enchanté de trouver. Les auberges gratuites nous font l'effet de contes en l'air dans notre France civilisée; quoi qu'il en soit, le premier arrivant peut en disposer complétemenl jus- (pi'au moment où, un second voyageur survenant, il 108 SOLiVI'MRS D'UN VOYAGK est obligé de parlagor avec lui, et de lui eéder la place à la Ihi du second jour. Je lis à Salem plusieurs visites aux personnes pour lesquelles j'avais des re- commandations. M. Leschenault de La Tour, natura- liste du roi, a visité ce pays en 18 Ki, et la descrip- tion qu'il en fait est très-exacte. « Salem est le chef-lieu d'une province ; il y a un col- lecteur anglais pour la perception des revenus, un juge, un résident conmiercial chargé des achats pour le compte de la Compagnie, et une petite garnison de cjpayes pour escorter les recettes à Madras et pour garder les prisonniers : il n'y a aucun autre Européen que ceux attachés au service de la Compagnie; ils sont au nombre de neuf à dix. » Une chose très-remarquable c'est une grande forte- resse dont les murs ont environ quarante pieds d'éléva- tion ; elle a été bâtie par les souverains du pays. On as- sure qu'elle a plus de deux cents ans d'existence ; et quoiqu'elle soit entièrement construite en terre battue, elle n'est cependant que peu dégradée : la terre a acquis la dureté de la pierre. » L'aisance dont jouissent les habitants de Salem se fait remarquer dans toutes les habitudes de la vie : on y est mieux vêtu et mieux loge qu'ailleurs. La ville est mieux bâtie et d'une grande propreté; mais les habitants sont tourmentés par un lléau qui paraît d'abord ritli- culc dans sa cause : ce sont les singes (semblables à ceux dont j'ai parlé plus haut). Us se multiplient d'au- tant plus que le meurtre d'un de ces animaux est re- gardé comme une action sacrilège; les maisons en sont couvertes, et, malgré la précaution ' M. Robert Cole a donné la description la plus com- plète du latérite (Journal de Madras, 1836), en résu- mant tout ce qu'on avait dit à cet égard depuis Bucha- nan jusqu'à M. Benza. Il a cherché à réfuter l'idée de M. Conybeare , que ce n'était qu'une argile ferrugineuse associée à la formation trappéenne si abondante dans le centre de l'Indostan. » M. Buchanan, dans son Voyage de Madras à travers le Mysore, le Canara et le Malabar, décrit ce dépôt comme une argile souvent poreuse à minerais de fer et dépourvue de restes organiques et de végétaux. A Jajpar, sur les bords du Virbhum et à Mursliedabad , c'est une argile qu'on peut couper avec un canif, qui durcit quelquefois et qui est bréchoïtie à cause des nodules ferrugineux. M. Babington {Tr. Geol. Soc, t. ^, part. 2) a décrit le même dépôt entre TelHcherry et Madras , comme une alluvion des montagnes des Gates , compo- sée de débris décomposés de roches ancieinies telles que le gneiss, l'amphibolite. M. Voysey (J. of the As. Soc., août 1833 , p. 400 ) décrivant les trapps au nord-ouest de Hyderabad, ne parle que de roches trappéennes fer- rugineuses appelées ù'onclay pur les Anglais, et signale DANS L'INDE. 115 le passage de la wacke à ces dernières. M. Calder, d'un autre eùté, donne le nom de latérite à un dépôt d'ar- gile ferrugineuse qui, suivant lui , succède au trapp au nord de Bankot et s'étend jusque dans l'ile de Ceyian. Le docteur Voysey paraît avoir attribué les couches superlicielles de latérite à des éruptions boueuses en connexion avec celles des basaltes et des Irapps. » MM. Turnbull Christie [Edinb. phiLJourn.,yo\. 15) et Everest (Glean. in se, mai 1831, p. 130) ont reconnu dans le latérite une structure agrégée d alluvion. MM. Benza et Malcolinson sont du même avis et croient que le latérite est surtout dû au lavage des roclies gra- nitiques, siénitiqucs et primitives décomposées, comme le prouve leur nature et les fragments de (|uartz à d'au- tres portions de leurs éléments. » M. Cole a pris la même opinion en examinant le la- térite qui couvre cinquante milles carrés sur les hau- teurs appelées /?ed/n7/s , à 8 milles au nord-ouest de Madras. Ce sont de véritables couches irrégulières d'ag- glomérat à pâte argileuse ou de feldspath passé à l'état de lithomarge. Elles passent aussi bien à des espèces de grès qu'à des masses argileuses sans division de stratili- cation. On y remarque des fragments de quartz et de grès siliceux, outre d'innombrables géodes et morceaux fragmentaires de fer ocreux rouge et brun. Ailleurs il y signale des cailloux de granité, de siénite et de dio- rite. Il paraît donc évident que le latérite n'est qu'une alluvion ancienne sans fossiles ou détritus des monta- gnes anciennes , surtout de celles composées de roches feldspalhiques massives, ce qui n'exclut pas qu'on puisse avoir raison de vouloir lier sa formation à des torrents IKi SOLVEN[RS D'UN VOYAGE d'eau qui ont pu laver la surface d'une bonne partie de l'Indostan, fors de la sortie de ces énormes éruptions Irappéennes. Ce fait serait analogue à celui des alluvions répandues autour du Vésuve, produites par suite des pluies acconipagnanl ou suivant les éruptions. ■■ Pendant mon séjour à Salem je fis une excursion sur la montagne de Schewroy-Hills, suivi de deux guides et de mes Indiens. Arrivés à 4,000 pieds d'élévation, nous finies halte, et je trouvai le climat d'Europe ainsi qu'une grande partie de ses végétaux. On y voit de beaux jardins où l'on cultive avec succès les fruits et les légumes de France. Je voulais y passer quelques jours pour pouvoir chasser; mais après le troisième jour je fus obligé de revenir parce que je perdis subi- tement plusieurs de mes Indiens, qui succombèrent en peu d'heures au choléra malgré les soins que je pus prendre d'eux. En rentrant à Salem, je ne fus pas peu surpris de trouver à l'hôpital la moitié des Indiens de ma troupe que j'y avais laissés. Heureusement ils fu- rent promptement rétablis; et je me mis en route pour les Neelgheries, où j'arrivai après quelques jours de marche en passant par MadepoUam. Je m'étais arrêté pour chasser dans le bois qui borde la route d'Ootaca- mund. Ce bois est entouré d'un jongle de bambous dans une étendue de plusieurs milles. J'y tuai beaucoup d'oiseaux et de mammifères (1); c'est aussi dans ce {\) Edulius puellus , Oriolus melanocephalus , Clauropsis aurifrons et ilerops, plusieurs pies nouveaux, des huppes, des coqs de bois, quelques polyplectrons, des cerfs nommés Cadembé en tamoul, des singes blancs , des singes des pagodes, le cerf-souris [Cervus minutus), le Sciurus ma- labariciis, plusieurs ours des Gates {Ursus iiu'llivunif), des chèvres sau- vages (Catté adé), des sangliers qui sont très-friands du fruit du Mtjr- DANS L'INDE. M 7 bois (jue je tuai un gauri ou bœuf sauvage : pour ai ri- ver jusqu'à lui j'ai été obligé de me traîner à plat ven- tre dans les herbes et les épines, avançant alternative- ment mon corps et mon fusil. Cette marche peu avantageuse et très-fatigante dura une demi-heure; enfin, j'arrivai au but de mes désirs : c'était un petit buisson qui pouvait masquer les mouvements que je devais faire pour me relever. Toutes ces précautions étaient indispensables parce que je ne connais pas d'animal plus sauvage que ces bœufs; les yeux et les oreilles toujours au guet, le moindre bruit les fait fuir. Après m'ètre relevé sans bruit et lentement, j'étais à cinquante pas des bœufs; j'osais à peine respirer, j'é- tais tout couvert de sueur. Je pris le temps de les bien examiner et de choisir celui que je voulais tirer. Après un quart d'heure d'attente, je me décidai à viser celui qui se trouvant le plus près de moi m'offrait le mieux aussi son poitrail. Je tirai mes deux coups l'un après l'autre, et, au milieu du tumulte occasionné par le dé- part de la troupe, je vis avec le plus grand plaisir ma victime tomber et se relever plusieurs fois sans pouvoir se tenir sur ses jambes. Un instant je regrettai de n'a- voir pas un second fusil; mais je rechargeai prompte- ment, sans perdre mon bœuf de vue, et, sortant de ma cachette, j'allai droit à lui : il fit encore quelques efforts pour se dresser, et, par prudence, je lui envoyai à quinze pas une balle qui lui traversa le flanc, réser- vant mon second coup pour le lui tirer à bout portant tus candescens, des chacals, des porcs-épics, des mangoustes, des chats sauvages, un tigre et deux léopards. 118 SOUVENIRS D'UN VOYAGE si cela devenait nécessaire. Arrivé près de lui, il vivait encore; mais je le vis bientôt mourir : je courus aussitôt chercher mes Indiens, qui le dépouillèrent de suite. Nous prîmes les meilleurs quartiers de vianch; pour notre diner et je lis traîner le reste à vingt pas du buisson qui m'avait servi de cachette, espérant pou- voir m'y placer encore pour attendre quelque bête fauve à l'affût; mais le lendemain je ne trouvai plus que les débris épars du squelette. Je partis pour Kotagherry, où je devais rester quelque temps; j'y formai un petit jardin pour avoir des légumes. J'avais quelques semen- ces qu'on m'avait conseillé d'emporter, et en peu de temps j'eus le plaisir de voir mon jardin en fleurs. Je restai sept mois à Kotagherry, et j'y Us d'aussi belles chasses qu'à Ootacamund ; j'y tuai deux autres bœufs et plusieurs ours des Gates. Je fis alors une expédition à Tullamalay, et à mon retour je pus manger des petits pois de mon jardin. Tous les jours je chassais, el, pour me reposer, je cherchais des insectes et des plantes. Un soir que je m'étais éloigné plus que de coutume, je fus surpris par la nuit à une très-grande distance de mon camp; et je fus obligé de me résigner à coucher à la belle étoile, ce qui n'amusa pas trop mes gens. Nous nous installâmes comme nous pi!mies, et je fis allumer un bon feu pour éloigner les tigres; mais vers le milieu de la nuit nous fûmes surpris par un orage violent qui éteignit notre feu et nous mouilla jusqu'aux os. Nous n'avions rien à manger, et ma petite provision de rhum était même épuisée. La pluie ne cessa pas de la jouiiiée du lende- main, ce qui n(^ nous avait pas empêchés (1(> nous mettre DANS L'INUE. 119 on route; et nous arrivâmes au camp vers midi, clans le jthis triste état (|u'on puisse imaginer : nous étions très- latigués, et cependant je ne pouvais laisser ce que j'avais tué la veille. Un jour de repos lit promptement oublier cette aventure. Parmi les animaux que j'aurais perdus si j'avais cédé à la fatigue en les abandonnant se trouvent plusieurs espèces nouvelles de mammifères et d'oiseaux que MM. de La Fresnaye et Gcrvais ont bien voulu décrire. Je quittai Kotaghcrry pour aller m'établir à Ootaca- mund, parce que je me sentais Irès-faible; j'avais eu plusieurs fois la lièvre en séjournant dans les bois. Tous mes Indiens en avaient assez; et moi-même, n'en pouvant plus, je dus aller, dès mon arrivée, consulter le docteur Birch, en le priant de me donner des soins qui furent si etïicaces qu'en peu de jours je me trouvai rétabli. « Les montagnes des Neelgheries, dit M. Lesche- nault, sont situées au N.-N.-O. de Coimbatore; leur longueur E. et 0. est d'environ quatorze lieues, et leur largeur N. et S. varie de cinq à neuf lieues. Je suis resté vingt jours sur leur sommet, et je les ai parcou- rues dans différentes directions : elles sont fort élevées, mais aucune observation n'a encore fixé leur hauteur; on ne peut en juger que par la température, qui, dans la saison la plus froide ( les mois de décembre et de janvier ) , fait descendre le mercure pendant la nuit au - dessous du degré de congélation , température bien froide pour le onzième degré de latitude où sont situées ces montagnes. Pendant le mois de mai, épo(|ue de mon voyage , le thermomètre de Réau- 120 SOUVENIRS D'UN VOYAGE mur a varié du onzième au dix-neuvième degré de chaleur. » La penle des montagnes, du côté de Coimbatorc, est fort escarpée : les sentiers étroits pratiqués pour les communications entre les habitants de la plaine et ceux des montagnes , sont très-rapides ; ils ont été tracés par les indigènes, qui, ne portant aucune chaussure, gravissent avec facilité les escarpements les plus roidcs. Ces sentiers montent directement sans presque aucune sinuosité (1), souvent ils forment avec l'horizon un an- gle de plus de 45 degrés et rarement au-dessous de 30; ils sont en outre embarrassés de grosses roches, qu'il faut quelquefois gravir en s'aidant avec les mains. On se fera dillicilement une idée de la fatigue que l'on éprouve pour parvenir jusqu'au premier sommet; je mis deux heures et demie pour y arriver, quoieurs selon son gré. Outre ses maris, une femme peut avoir encore un amant dont les droits sont incontestés par les bénévoles époux. Cette race est généralemenl fort belle poui' les formes et pour les traits. « Les villages p!acés sur le sommet des monticules sont composés d'une petile (piantilé de cabanes peu élevées et d'une apparence misérable; mais elles sont solide- ment construites en bois, en lerie glaise, et couvertes de chaume. Celles des Tollevas sont entièrement en bois ; il n'y a d'autre ouverture (ju'une porte si basse, qu'il faut s'y glisser à plat ventre pour pouvoir y entrer. » Les chanqis entourent ordinairement les habita- tions; il n'y a d'autre bétail que des bœufs et des buf- fles, (pie l'on renferme pendant la nuit dans des i»arcs circulaires en pierre surmontés d'une haie sèche ou vive, fort élevée, pour les mettre à l'abri de^ bêtes fé- roces. Le terrain est rougeàtre ou noirâtre, meuble, profond et très-fertile. Les plantes cultivées sont le blé, l'orge, les lentilles, le paspale froment, la cretelle à épis larges , plusieurs espèces de millet, le pois chiche , une autre espèce de pois noir, la moutarde, le pavot qui fournit l'opium, l'ail, les oignons, etc. L'air y est pur et fortiliant, la lenq)érature fraîche et agréable. » La botanique olfrc le plus grand intérêt sur les mon- tagnes des Neelgheries par la différence qui existe entre les plantes de celte contrée et celles de la plaine ; on y trouve un très-grand nombi-e de geiu'es analogues à ceux d'Europe : tels sont les vacciniuin , rliododendrum , fnifjaria , rithns , aiiemove , balsamina , géranium, mes- DANS L'INDi;. rjis pilus , planldfjo , rosa , salix , herheris , ck-. Celle sinii^ liluilc iiicli<|iu> ([lie les plantes uliles (rKnropo s'y accli- inaleiaicnl parfailemenl Itien. » La richesse végétale de ces inonlagnes devait attirer mon attention; cependant cette partie de l'histoire na- (urelle ne pouvait être pour moi (pi'un objet tout à fait secondaire et comme accessoire, ne ni'étant jamais occupé que très- supi'rliciellcment de cette science. iVun autre côté, je savais (|uc M. Perroltet, mon compagnon de voyage, s'y livrait exchisivement et avec beaucoup d ardeur. Je no me suis donc adonné avec quel- que soin à la recherche des plantes que dans les contrées où j'ai voyagé seul, telles, par exemple, que Puln-Pi- nang, Mulacca, Batavia, etc. J'ai rapporté de ces divers endroits, notamment de Pulo-Pinang, un grand nombre d'échantillons des nombreux végétaux que j'ai rencon- trés, parmi lesquels se trouvaient, d'après le rapport des botanistes qui les ont visités, une foule de piaules rares, nouvelles ou peu connues. L'une d'elles (rubia- cée ) a été trouvée assez intéressante [)our être décrite dans le troisième volume des Icônes seleclœ phiiUaruni de mon oncle Benjamin Delcssert (voyez la planche 81, etc. ). C'est VUncaria scleroplnjlla de Hoxburgh, dont aucun échantillon n' existait encore dans les herbiers d'Europe. Je me suis trouvé ainsi à portée d'enrichir l'herbier de mon oncle d'un grand nombre d'espèces qu'il ne possédait point encore, ce qui m'a fait d'autant plus de plaisir que je dois à l'amitié et à la bienveillance de cet excellent oncle l'entreprise et le succès de mon voyage. Je voudrais pouvoir lui témoigner ici toute la gratitude dont mon cœur esl |>én(''lr(''. \-2f\ SOUVENIRS D'UN VOYAGE JV'piouve lo regret de ne pouvoir donner le calalo- gue de ces plantes intéressantes, dont la plupart n'ont point encore de nom; mais je citerai les diverses con- trées où je les ai recueillies. Ainsi, à celles déjà indi- (juées j'ajouterai les suivantes : Montagnes-Bleues ou Neelglieries, les environs de Pondichéri, Gyngy (mon tagnes de ), Bourbon , etc. La cryptogamie que j'ai rapportée de ce dernier pays a été vivement appréciée par M. le docteur Montagne, qui y a trouvé un grand nombre d'objets nouveaux et tout à fait inédits jusqu'à ce jour, principalement parmi les Jongermons et les (bugères. Outre les plantes sèches dont je viens de parler, j'ai encore rapporté une collection de fruits et de graines d'arbres de toute sorte; laquelle a fait d'autant plus de plaisir à mon oncle que la plupart des objets dont elle se conqjose ne se trouvaient point parmi ceux qui font partie de son riche cabinet carpologique : Les montagnes des Neelgheries forment un énorme massif extrêmement accidenté, coupé de ravins, de val- lées marécageuses , de précipices ou gorges profondes, qui , suivant leur étendue ou leur direction, présentent une végétation entièrement différente de celle des pla- teaux qui les environnent. La surface de ces plateaux est singulièrement ondulée, et se compose en général d'une suite de monticules ou de mamelons arrondis dont quelques-uns ont une hauteur de plus de 8,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. La plupart de ces mamelons sont complètement dé- pourvus de végétation arborescente; une herbe Une el loutTue , d'un \erl pà!e, les recouvre en tolalilé, cl leur DANS i;i.M)K. 12") donne iiiio |>liysionomi(MTniarqual)lo el loulc pailicu- lière. De loin en loin seulement on apereoit quelques bouquets d'arbres d'une étendue variable, mais généra- lement peu élevés. C'est dans les gorges et dans les ra- vins dont nous avons parlé tout à l'heure, et qui doivent leur origine aux chutes d'eau ou aux torrents qui se précipitent des plateaux supérieurs , (pie l'on voit s'éle- ver une végétation vigoureuse et aiborescente , contras- tant, par sa force et les espèces qui la composent, avec celle des mamelons du plateau. Qu'on se (igure l'étonnenient du botaniste européen s'élevant des plaines de l'Inde sur la chaîne des Neelghe- ries, à la vue de la végétation qui vient frapper ses re- gards. Dans la plaine , ces forêts impénétrables , com- posées d'arbres dont la cime s'élève à plus de 50 mètres de hauteur ; cette variété dans les formes , cet éclat el cette gravité dans les fleurs, ce mélange de palmiers élégants et des espèces colossales de figuiers , de man- guiers, etc., sur lesquels s'établit la végétation parasite des orchidées et des broméliacées épidendres ; ces lia- nes, si variées dans leurs formes, sont tout à coup rem- placés par une végétation maigre et chélive, ([ui fatigue l'œil par son apparente monotonie. Tout à l'heure rien ne rappelait au voyageur européen les végétaux de sa patrie; aucune espèce, je dirais presque aucun genre de plantes n'appartient à ces forêts primitives de l'Inde et à celles de l'Europe. En une heure de marche , s'il pouvait perdre le souvenir du temps el des lieux, il se croirait transporté sur le sommet des Alpes ou du Jura : même forme générale dans l'aspect de la végétation, mêmes genres , et espèces presque identiques. Ainsi il 126 SOUVENIRS D'UN VOYAGE renconlre à chaque pas des renoncules, des violclles, des anémones, des mauves , des millepertuis , des fume- terres, des potentilles, des gentianes, des andromèdes et des rhododendrons, etc., etc.; en un mot, Ions les genres qui, en Europe, caractérisent la végétation des hautes chaînes de montagnes. Mais néanmoins si l'aspect général est le même, si les genres de végétaux sont ainsi communs aux sommets élevés des Neelgheries et de nos Alpes, cependant la na- ture imprime encore un cachet spécial à cette végétation des hautes chaînes de l'Inde. Ce sont bien les mémos genres , mais ce ne sont pas les mêmes espèces qu'en nos climats. Ainsi, par exemple, aux Rhododendrum hirsulum et ferrugineum qui garnissent les roches cal- caires des Alpes de la Suisse et du Jura , se substitue le Rhododendrum arboreum , seul végétal ligneux, qui orne de ses magniliques corolles pourpres les mamelons élevés du plateau des montagnes des Neelgheries. Si nous pre- nons une famille en particulier, celle des Orchidées, par exemple , nous verrons que pour le port , ses espèces rentrent tout à fait dans les formes européennes. Mais les genres Orchis, Ophris, Aceras, etc., de nos climats, sont remplacés par de nombreuses espèces appartenant aux genres llabenaria , Sali/riiim , PerislyhiS , (ju'on ne trouve guère que dans les pays voisins des tropiques. Comme nous l'avons dit tout <à l'heure, M. Perrot- tet a séjourné deux années sur la chaîne des Neelghe- ries. Le peu d'étendue de ces montagnes lui a permis d'en parcourir toutes les parties. Il n'y a pas un des mamelons qui s'en élèvent, pas une des vallées ([ui la sillonnent, qu'il n'ail visilés ;i loiUcs les époques de DANS L'INIJK. 127 l'aniK-o. Aussi |H'iiL-on assurer qu'il ou a rocuoilli à jjeu près tous les végétaux qui pouvent y croître , et (|ue la végétation de ce groupe de montagnes est aujourd'hui aussi bien connue que celle des contrées de l'Europe qui ont été le mieux explorées. M. Perrottet, avec la sagacité qui caractérise le na- turaliste parfaitement au courant de toutes les exigen- ces de la science et qui peuvent contribuer à ses pro- grès, ne s'est pas borné à recueillir avec soin tous les végétaux qui s'oflraienl à sa vue; mais il a étudié leur structure , qu'il a reproduite, soit par des dessins ana- lytiques ou par des descriptions : il a noté surtout avec un soin tout particulier les diverses stations où croissent chacun de ces végétaux ; de manière à pouvoir faire un tableau exact et complet de la géographie bo- tanique dos Neelghories , partie si intéressante de la science. La végétation des Neelgheries , considérée dans son ensemble depuis la partie inférieure de la chaîne jus- qu'au sommet des mamelons qui la couronnent, peut se partager en quatre régions , caractérisées chacune par un certain nombre de végétaux qui n'appartiennent qu'à elle. La première, ou la supérieure, qu'on peut appeler la région alpine, est celle que nous avons fait connaître tout à l'heure. C'est celle qui comprend tous les ma- melons depuis une hauteur de 5,000 pieds anglais au- dessus du niveau de la mer jusqu'à 8,000 pieds, hau- teur de quelques-uns des monticules aux environs d'Ootocamund, ville principale des iNeelgherics. Elle est caractérisée , disons-nous , par la présence de tous ces 128 SOUVENIRS U'DN VOYAUK végétaux alpins, donl nous donnions loul à l'heure une énuméralion succincte, au milieu desquels se rencon- trent deux ou trois espèces ligneuses, comme le Myrlus lumenlosa, si remarqual»le par l'altondance de ses jolies fleurs roses , auxquelles succèdent des baies également roses, d'une saveur douce, aigrelette et parfumée; le Coloneasler affinis, DC, arlirisseau souvent rabougri et étalé à la surface du sol , tout couvert de petites fleurs blanches et tomenleuses, qui le font reconnaître de loin ; une jolie Acanthacée , probablement nouvelle , à fleurs du bleu de ciel le plus pur et qui couvie quel- quefois d'immenses espaces de terrain ; enfin le Rhodo- dendrum arborewn , qui forme quelquefois à lui seul de petites forêts élégantes et dont on ne trouve plus un seul individu au-dessous de 5,000 pieds. Cette zone supérieure est parfiiitement tranchée; et elle diffère tellement de celles qui sont placées au- dessous d'elle, qu'elle paraît n'avoir avec elles aucun rapport. La deuxième région forme une bande d'environ 4,000 pieds de hauteur, qui commence à 4,000 pieds et s'élève jusqu'à 5,000. Sa végétation, comme celle des deux autres régions inférieures , offre tout à fait le ca- ractère tropical et indien; mais elle se compose en gé- néral d'arbres peu élevés , et sur le développement des- quels la hauteur des lieux exerce une influence très- grande. Nous citerons ici , comme caractérisant cette région , des Dombeya, des lléliclères, le raleria indica, des espèces appartenant aux genres Tricliilia, Slerculia, Plerocarpus , Ficus , Crolon, VArlncarpus incisa , etc. « La troisième région est surtout canutérisée |tar la I)A>'S L'INDE. 129 terminaison de ces niagniliqnes espèces du beau genr(î Anogeissus , qui forment de \astes forêts depuis la base de la montagne jusqu'à une hauteur de ^,000 pieds. Au-dessus de ce point on ne rencontre aucun individu d'une espèce qui , dans les régions situées immédiate- ment au-dessous, imprimait par son altondancc un ca- ractèi-e tout spc'cial à la végétation. Avec les Anogeissus se montrent le Gmelina arborea, le Cochlospermum gos- sypium , des Acacia , des Sapindus , des Celaslrus sar- menleux, le Plerocarpus marsupium, losGrewia, les Dalbergia, des SpathodœuQi d'autres Bignoniacées, etc. Enfin la dernière région est celle qui occupe la hase des montagnes en s'élevant à une hauteur de deux et quelquefois trois mille pieds au-dessus du niveau de la mer. C'est la végétation tropicale indienne avec tout son luxe et son éclat. Ce sont des forêts impénétrables, composées d'arbres magnifiques dont la cime s'élève souvent à plus de cinquante mètres de hauteur. Rien n'est beau comme ces majestueux manguiers chargés à la fois de fleurs et de fruits du plus beau jaune, comme le jacquier, à feuilles entières et luisantes, sur le tronc duquel se développent des fruits dont quelques-uns pèsent jusqu'à vingt-cinq et trente kilogrammes. Les bambous y forment des touffes vi^aiment gigantesques, et leur chaume creux et annelé s'élève à la hauteur des plus grands arbres, et acquiert une solidité comparable à celle des bois les plus résistants. La végétation de cette dernière zone se confond insensiblement à sa base avec celle des plaines envi- ronnantes. Nous avons parlé tout à l'heure de ces ravins pro- 17 130 SOUVENIRS D'UN VOYAGK fonds, do ces vallées abruptes qui sillonnent les lianes du massif des Neelgheries, et descendent quelquefois jusque dans la plaine qui l'environne. Leur végétation ne ressemble en rien à celle des plateaux ; la transition est subite. A peine le voyageur s'est-il engage dans l'une de ces vallées, qu'il se voit tout à coup environné par une végétation luxuriante , par des arbres souvent d'une grande hauteur, comme les Lauriers , les Michi- lia , les Gordonia , les Andromèdes arborescentes , sur lesquels croissent des Lianes et des Orchidées épiden- dres. C'est dans l'une de ces vallées, dans sa partie la plus rapprochée des plateaux , que M. Perrottet a dé- couvert cette belle fougère en arbre, à tige bifurquée, dont il n'existait jusqu'à présent aucun exemple dans la science. On sait en effet que les fougères ligneuses ressemblent , pour leur port et leur aspect général , aux palmiers et autres monocotylédonés à tige arborescente. Si l'on excepte quelques Dracœna et, parmi les pal- miers, le Doun ou palmier de la Thébaïde, le stipe des monocotylédonés , comme celui des fougères , est parfaitement simple et indivis. Dans l'espèce rapportée par M. Perrottet, il est parfaitement bifurcjué. M. Per- rottet a également rapporté et déposé au Muséum d'His- toire naturelle l'extrémité supérieure d'un Cycas bifur- qué, et un stipe de Lontarus flabelliformis divisé en six branches partant toutes de points différents. Ce sont autant de faits nouveaux pour la science , et qui proba- blement pourraient modifier en quelques points les ex- plications qu'on a jusqu'à présent données du mode de développement des arl)res monocotylédonés. » Pendant mon séjour dans ces montagnes j'ai fiiit de DANS L'INDE. 131 iiombicusos observations méléorologi VOYAGE sous-gonre des Bœufs, sous le iioui de liiùos, mais ou lui doiinanl nu troisième nom spécifique, celui de Subhwmachnius. Ce nom ne peut être conservé, puisqu'il est postérieur au nom de Prou ta 11.1, publié par Lambert. Quoi qu'il en soit, la description du savant Anglais donnant une idée exacte de l'animal qui nous occupe , nous croyons mile de la reproduire ici. « Après des recherches très-pénibles et coûteuses, j'ai enfin réussi à me procurer les dépouilles complètes des deux sexes du Gauri-gau. Les côtes sont au nombre de 13 paires seulement; le crâne des deux sexes est remarquable par sa grandeur et par un front large, surmonté d'une énorme crête transversale demi-cylindrique. C'est le prolonge- menl des vertèbres dorsales seulement cjui produit l'élévation extraor- dinaire de la partie antérieure du cor|)s, les vertèbres cervicales n'é- tant nullement prolongées. L'élévation s'étend longitudinalemeut de la premièie à la dernière paire de côtes : elle est plus brusquement pro- noncée eu avant et s'abaisse insensiblement en arrière. La jilus grande hauteur de la bosse , produite par le prolongement de ces vertèbres , est de 1 h pouces au-dessus de la colonne dorsale, et c'est la troisième vertèbre, à partir de l'extrémité antérieure, qui atteint cette hauteur. C'est cette particularité qui rend l'aninud très -remarquable; il esl Bœuf, ou classé comme tel, par le nombre de ses côtes et par la forme générale de son crâne, mais il s'en dislingue suffisamment, comme un sous-genre ou type sé|)aré, par le plus grand développement du froni, par la grandeur remarquable de sa crête frontale et par la saillie des vertèbres dorsales : cette dernière particularité osiéologi(]ue donne à cet animal l'apparence d'un Chameau ou d'une Girafe, en faisani loulelbis abstraction de la tète. » J'appelle ce type Dibos; c'est un nom qui est également bon, soit qu'on suppose qu'il indique un Boeuf A'mxc grandeur cxtraoïdi- naire ( connue Bis et Bos ) ou un animal tenant du Bison ou du Bœuf (quasi Bi-Bos). Vous vous rappelez mes dessins du crâne, comparés à ceux du Buille privé et sauvage et du Bœuf comuum ; personne ne pourrait, en voyant ces caractères, supposer que cel animal est un Bison, si on admet l'exactitude des descriptions de Cuvier. Quant à moi, j'ai toujours considéré le Gaitri-i/au comme un chaînon séparé entre le Bœuf et le Bison; mais c'est tout récem- Mienl (pi'en me procm-ant fies squelettes complets des deux sexes, j'ai été à portée de vérifier le fait. Je ne doute pas (|ue l'f/rM.? des anciens (qui ne nous estconmique par des crânes fossiles) nesoil im Bihos, DANS L'INDK. ir> i'cst-à-(liro un animal du uiênie type que notre Bœuf sauvage des foiGts vierges et autres lieux déserts. Je ne pourrais décider si mon animal est le Gaurus ou le Gavoœus des auteurs, car il n'y a point de description assez claire de l'un ou de l'autre de ces animaux. Quel- ques-uns a])|>ellent le Gauri-gaii Bœuf, d'autres Bison; ce qu'il est en réalité, je ne le sais pas: en conséquence, je dois donner h mon type un nom distinct, soit Subluvmacliahts. » Ainsi donc, le GauH-gau dos forêts élevées est le Diùos Suù- hwinachalus, Nob. , et forme le type du nouveau sous-genre Diùos. La Société en aura actuellement une description très-exacte et minu- tieuse : d'un côté les particularités ostéologiques déjà mentionnées donnent à notre animal un caractère frappant de nouveauté, et de l'autre donnent un nouvel intérêt à tout ce que les anciens nous ont appris sur leur Unis. " Les poils sont aussi fournis et aussi couchés que ceux du Bœuf; seulement ils sont un peu plus allongés, et frisés sur le front et les cuisses. Ses couleurs sont en général brunes ou noires , ou variées de noir et de blanc. La queue est très-courte et ne descend pas jusqu'au jarret. Toutes les particularités de la structme de cet animal retom- bent dans le caractère du sous-genre, et ses caractères spécifiques peuvent être décrits en deux mots : Le grand Bibos indien sauvage, avec les poils fournis et couchés, d'une couleur noire ou brune, ajant 10 pieds depuis le museau jusqu'à la queue, et 5 1/2 de haut aux épaules. Gatiri-gau de l'Indostan. « J'ai tué plusieurs individus mâles et femelles de cette belle et rare espèce à Tullamaley, dans le .Mysorc, à 20 mille des Neelgheries, pla- teau situé aux confins du Malabar. J'en ai tué quelques individus à la base de ces mêmes montagnes, qui sont élevées d'environ 7,800 pieds. On m'a dit (ju'on le trouvait aussi dans le Tiavancor, où on le prend avec des filets. Ce Bœuf est très-sauvage et naturellement très-hardi, et il se défend facilement contre tous les animaux féroces. On ne le trouve qu'à la iiauteur de 3 à ;t,000 pieds environ au-dessus du niveau de la mer, sur le penchant des montagnes. J'en ai trotivé dans les montagnes do Shewroy-Hill près de Salem, dans le Carnatic; on l'a tué aussi près de Gingée, à 60 milles N.-O. de Pondichéri, et, d'après le rapport de personnes dignes de foi, il paraîtrait qu'on l'a tué fréquenmieiit sur toutes les Gates, qui s'étendent depuis Surate jusqu'au cap Como- rin. Étant cette année à 200 milles de Bombay, sur la montagne de Hi SOl'VFMRS DTN VOYAGE Mahabiiliswliui', des chasseurs anglais ui'oiU dit l'avoir lue dans lo voi- sinage. Enfin, il paraît qu'il est répandu, en plus ou moins grande adondance, depuis Surate, en suivant les divers plateaux qui se trou- vent intermédiaires entre le Népanl et les Gates, jus(|u'au Syliiet, district situé dans le Bengale. On m'a même assuré que ce Bœuf est répandu dans la chaîne des Gates (|ui longe la côte de (>oroniandel. Les Anglais qui habitent l'Inde donnent au Gauri-tjaii ou Gun- (jH-gau les noms de Si/lhct-Calle, de Gijall et de Byson. Les habitants du Garnatic et de Pondicliéri l'appellent, en langue tamoul, Câte-yrme, on Bu file des bois. J'ai rapporté ]ilusieurs peaux préparées des deux sexes de ce bel animal, ainsi que des crânes, et j'ai dépo.sé le plus bel individu dans les collections du Muséum de Paris. ciiiEM sai]vv(;e de l iivaialava. Canis primœvus. Hodgson. (PI. 2.) Le Chien sauvage, ou Buànsû. des N épaulais , habite toute la con- trée de la chaîne du bas Hymalaya, depuis le fleuve Suttcdye à l'ouest, jusqu'au fleuve Brahmapoutroum ou le Burampoutrc à l'est. Les caractères de cette espèce de Chien sauvage sont d'avoir six molaires seulement à la mâchoire inférieure ; son poil est serré ; les pieds sont courts de poil jusqu'en bas; ses oreilles sont assez grandes et droites. Sa queue est couverte d'une toulTe de poils raides à sou extrémité ; il est d'une longueur moyenne, d'un roux prononcé sur le manteau et jaunâtre inférietu-emenl. Le Buànsû, ou Chien sauvage du Népaul, dit M. Ilodgson (dans les Recherches asiatiques , volume 18, partie II, page 223), habite la partie élevée qui est h une égale distance des montagnes de neige et des plaines , ou , en d'autres termes , il se tient dans la région moyenne du Népanl ; mais il émigré fré([uenunent dans les parties du sud , et queUjuefois dans les disdicts du nord. Ses limites d'émigra- tion sont, à l'est et à l'ouest, aulanl (|u'il m'a été possible de le con- DANS L'INDE. 17 iiaîliT, A((//' ol Fisld, t'I , couinu' j'en ai été informe' ck' ixinno source, cln Sullctlgc an D rira m poutre. Des Cliiens sauvages, pni- liahlenient n'olTrant aucune dilTérencc matérielle avec ceux du Népanl, sont rencontrés également dans le Vindlnja , les G liâtes, les Nccl- (j lier tes, les montagnes de Kai/sa, et finalement dans la chaîne s'é- teudant depuis Mirzapour jusqu'à celle (VOri.vn et à la côte de ( loromandcl. S'il m'était permis d'ajouter (jueUiue chose aux renseignements jileins de précision et d'exactitude cjue donne le savant M. Hodgson, je pourrais dire qu'ayant habité prés de trois ans la côte deCoroman- (lel, à Pondiclitri et ses environs, et ayant exploré ces contrées avec soin pour y faire des collections zoologi(iues , il m'est arri\é frc- (jnemment d'entendre parler de la même espèce de Chiens, et même d'en voir quelquefois aux diverses chasses on tracs que je faisais aux grands Mammifères. Knfin , après bien de la peine, j'ai fini par m'en procurer un , tué dans les en\irons de Gençjij, à la côte de Coro- mandel, près des Gates. Là même, il y a quelques années, en jan- vier 1836, j'ai pris, aidé d'un de mes chasseurs, un jeune faon iVaxis , ou cerf moucheté , qui venait d'être mordu et chassé par trois Chiens de cette espèce, lescfuels aboyaient à peu près comme nos Chiens courants d'Europe; ce Chien n'est connu que par les chasseurs à la côte de Coromandel , où il est nounné par les indigènes Ckcanajjes ou Tamouls. Je puis ajouter que j'ai rencontré [ilusieurs fois cette esiièce de Chiens dans les montagnes de N'eelghèries en bandes de trois à quatre, chassant en plein jour. Jamais je n'ai pu en tuer d'autre que celui que j'ai rapporté en Europe : il figure an jardin des plantes de Paris dans les galeries zoologiques. Ce Chien sauvage chasse le jour et la nuit , mais principalement pendant le join-. Six , luiit , ou dix réu- nis poursuivent leur victime , chassant plutôt par l'odorat à la piste cpi'à vue , conmie le lévrier. Ils parviennent à obtenir leur [iroic plu- tôt à force de persévérance qu'en employant la ruse, ce qui leur arrive cependant quelquefois. La proie du Canis primœvus ou Buansù consiste en lièvres, en Buffles sauvages ou domestiques et en plusieurs espèces de Cerfs ou d'Antilopes. Quelquefois les Enfiles qui sont à pâturer dans les dis- tricts éloignés des habitations deviennent la proie de cet animal. Jamais l'homme n'a été attaqué par ce chien. Le Buaiisâ ne se terre pas à la manière du Loup et du Renaid, 2' FAUT. 3 18 SOI VllMIlS D'UN VOYAGE mais lial)ilo dans les ravilrs iialiucUcs des rocliors, ii la niaiiiùrc di'y Chacals du Ni'paul. ECIT.IlIII. de DELESSEm. SciufHs Dclesscrlii. Gênais. ( PI. '.i cl i. ) I.a jolie famille de Mammifères à laquelle notre Écureuil serl de Ivpc, est, sans contredit, une des plus naturelles de l'ordre des Ron- geurs. Les Marmottes , intimement liées aux Tamias par les Spermo- pliiles et les Ptéromys , fju'on pourrait appeler des Marmottes volan tes, tant certains de leurs organes, et en particulier leur crâne, ressemblent à ceux de ces animaux, lui appartiennent également. Tous les Sciuriens ont des caractères faciles à saisir, et leur têle os- .seu.se confirme très-bien , par sa forme, leur séparation en un groupe particulier. L'absence de perforation palatine, la position des trous incisifs de cliaf[nc côté du bord interne des os de ce nom , et .surtout la petitesse du Irou soiis-orbitaire , sont autant de caractères di.stinc- tifs des Sciuriens. Les Mijoxits, qu'on jilacc fort souvent dans la même catégorie que les Écureuils, sont, au contraire, un genre de Muséides, comme la fonne de leur trou sous-orbitaire contribue à le prouver, et, an contraire, les Castors, presque toujours réunis aux Slyopotames, etc., paraîtront bien plus voisins des Sciuriens, et, en particulier, des Marmottes, qu'on ne l'admet généralement , si , abs- liaction faite de la forme de leurs molaires , en rapport avec un ré- gime spécial , ainsi que de leurs pattes et de leur queue , dont la dis- position est en harmonie avec la nature des lieux qu'ils frécpientenl, on étudie leur structure générale avec plus d'attention. Leur sque- lette, en effet , n'est pas sans analogie avec celui des Marmottes, et leur crâne a la forme géTiérale caractéristique des animaux de ce genre. Les Castors sont même les seuls Rongeurs qui aient le trou sous-orbitaire des Marmottes et des Écureuils (1), et l'on sait tout le (1) Les AscoMYS, quoique assez semblables aux Sciurus , Arclomys et Caslnri ]iar la petitesse de leur trou sous-orbitaire, ce qui les éloigne aussi des Clenomyx et des Aspalomys , ainsi que nous l'avons fait remarquer dans la partie mammalo- Sique du voyape de la IlonUe , s'éloignent aussi de tous ces animaux par la direction du canal dont il s'ai;it et par la forme de leur crà[ie. SciliniS ffc/cj:ir/nt DANS L'INUi;. 19 paili (|iu' ïtn\ (>ciii tirer des pailiciilaiités de ce lion pDiir la classili- catioti tU's animaux de cel ordre. On pourrait donc \oir dans le Cas- tor le représentant a(|uati(|ue de la tribu des Arcloniys, connue dans le l'teronij s , l'animal aérien du même groupe. L'extérieur des liiureuils, celui des Tamias et celui des Mainioltes, ne les fait pas toujours distinguer avec une égale facilité. Il est des cas aussi où les couleurs de ces animaux n'ont rien de I)ien ca- ractéristique dans lem- répartition ; leur système dentaire lui-mèmo u' dessous des yeux et de la joue. Cet Écureuil tient du Fossoyeur et du Palmiste par ses couleurs. Plus petit que le premier, supérieur au second, il a les poils aussi doux ([ue ceux de ce dernier; mais son crâne et la forme de ses dents léloignent de tous deux. Nous renvoyons , pour la synonymie du Se. Getulus , à ce (|u'cn disent les auteurs, el en particulier Fischer dans son Si/nojwis mammniivm . 22 SOUVliMltS U L> VOYAGli Alix l'aiiiias appailionni'nt des espèces américaines {Se. Uudso- niiis (1), slrialus , etc.); d'autres africaines ( Se. cri/t/iropus et f'ossor) et d'autres de l'Inde. Ces dernières avaient déjà été sii^nalées, par F. Cuvier(2), comme un sous-genre à part, sous le nom de leur principale espèce, le Palmiste. Elles ont | molaires au lieu de f, comme les vrais ïamias, et, comme leur pouce est nul ou rudimen- taire , M. Lesson les a aussi distingués en un genre à part , sous le nom de FunamOuluj (3); mais l'absence du pouce antérieur n'est pas un caractère aussi important cpi'il le ])araît d'abord, et, ce qui le prouve, \c Se. insigiiis , (pii est un Palmiste par sou système de coloration aussi bien (pie par son crâne et ses dents, a un pouce comme les Tamias américains et les prétendus Macroxus asiatiques, avec lesquels il est classé, à tort, par queUiues naturalistes. Ainsi donc il faut admettre présentement quatre espèces d'Écureuils tamias dans l'Inde : Se. palmaniin, tristriatim , Delcuserlii et iiisifiiiis. Le SciURUS Delessertii (pi. 3 ), dont nous avons déjà |)ublié la description dans les Bulletins de la Société philoinatùjiic, (/i) , nous présente les caractères suivants : Pelage roux, bruu-olivacé en dessus, formé de poils bruns à leur base et finement annelés, dans leur seconde moitié, de noirâtre et de jaunâtie ; le dessous du corps lav é de jaune-sale , non tiqueté ; l'indice sur le milieu du dos de trois [X'tites bandes brunes , séjjarée.-. |)ar du fauve-olivacé ; tète et face externe des membres de la couleur du dos ; le jaune un peu plus abondant sur les pattes postérieures ; ((ueuc non distique, entièrement velue, d'une teinte oli^acée un peu plus jaune que celle du corps, à cause de la jilus grande étendue des trois ou quatre anneaux jaunes de cliaqiie poil , plus fournie à sa base qu'à son extrémité, qui est appointie et dont les poils .sont prescjue entièrement noirs. Quatre doigts en avant , cinq en arrière ; paume et dessous des pattes postérieures nus jusqu'au talon ; oreilles médio- cres, sans pinceau, garnies de poils courts ; moustaches noires ; dents J , incisives {• , molaires tuberculeuses. La molaire antérieure assez dé- veloppée , ayant un talon interne et un tubercule saillant. Tète os- seuse assez renflée dans sa partie crânienne, aniiiée, front et os du nez un peu inclinés ; face étroite. (1) Type du genre pour llliger, Prndromns mammaliiiin. ;2) iïém. mus. . f. X,pl. 10, f. 2. (3) lUustralioHS (/c zoolnr/ir. (4j L'iiislilul, I8il. IL J 0 H 0 >- H C lU Chloiopsis r„r,„r,..r DANS i;i\Di:. 23 C,m^\^s cl tOto , 13 ci'iiliiti. Queue avec ses poils terniiiiaux, ÏU renlim. Celte espère a éti- lappnriée du plateau des Nil-Geniiies, daus l'Ilin- (Iduslan, par M. Adolphe Oclcsseit , aucpiel on doil des collections fort nouihreuses et très-importantes recueillies pendant un séjour de plu- sieurs années dans ces contrées. EXPLICATION DES PLANCHES ;t, 4, 5, G. PI. 3. Fi^. 1, Sciunis Delessertii ; fig. 2, sa patte intérieure; (ig. 3, sn pallo postérieure. PI. 4. l'ig. 1-4, Crâne et (loi>*s du .Se Delcs.'UTlIi ; lij;. 5-8, cràno et dents du Se. insignis F. Cliv. PI. ;i. Fig. 1-4. Crâne et dents du Se. Ra/pesii Horsf. PI. 6. Fie. 1-4. Crâne et dents du Se. ameivenicr Is. GeolT. VERDIN CUP.VIROSTtîE. Cfiforopsis curvirostris. Swainson. (PI. 7.) (Jclte nouvelle espèce a le plumage le plus agréablement varié : tout le dessus est vert-pré un peu doré , se nuançant insensiblement d'olivâtre sur la tète et de jaunâtre sur les sourcils et derrière les yeux. Les lorums , le dessous des yeux , la région des oreilles , la gorge , tout le devant du cou, ainsi que le haut de laiioitrine, sont noirs, couleur (pii sur cette dernière partie se reflète im ]ieu en bleu de roi très- foncé. De chaque côté du bec , une bande d'un beau bleu-barbeau , en forme de moustache, borde la gorge latéralement et descend jus- que sur le cou. Le l)as de la poitrine , le ventre et le reste du dessous sont d'un jaune mordoré. Les petites couvertures de l'aile, à i)arbes allongées et décomposées, forment, sur son |)li, une sorte d'épaulette du plus beau bleu-luisant d'aigue-marine. Les moyennes et grandes couvertures, les rémiges primaires et secondaires, et les rectrices, sont noires ; mais toutes ont leurs barbes extérieures d'un beau bleu- indigo plus foncé sur les couvertures que sur les rémiges et les rec- trices ; les troisième , quatrième , cinquième et sixième rémiges sont finement bordées de gris-blanc avant leur extrémité, et la dernière rectrice latérale est striée de roux à sa pointe et sur sa tige. Le bec est noir, allongé, très-comprimé, connue celui du Verdin à frotil d'or. 2i SOUVENIRS OTX VOVAGI') mais lin pou plus arquô , eu ([ui lui donne onlièrcmcnl l'apparoiuc (l'un bec de Philédon ; les pieds soiU de couleur plombée. Longueur totale de la peau non montée, 20 cent. 1/."). Il se trouve dans l'Inde, dans le Botlan ou Boutait. Un second individu, (jui nous paraît la femelle on un jeune de la même es])èce, diffère de celui-ci en ce cpic tout le dessus, les ailes et la C|ueue sont d'un vert-pré intense et uniforme. Les premières rec- irices seulement ont leurs barbes extérieures bleuâtres, et les pre- mières rémiges les ont grisâtres. Tout le dessous est d'un vert plus pâle et un peu teinté de jaunâtre, avec le niilieu du ventre et de l'ab- domen et les couvertures inférieures de la queue jaune- mordoré , mais plus pâles que cliez le premier indi^idu , qui sans nul doute doit être un mâle adulte. Les niouslaclies bleues sont également beaucoup moins prononcées et plus |iàles. La couleur mordorée du ventre, (pioi- ipie moins vive, et l'entière conformité du bec ne nous laissent pas douter que ce ne soit la même espèce. Celte espèce a été d'abord publiée sous le nom de Chloropsis ttvrivenlris {Hlar/. zool., IS'iO, Ois., ])1. 17), nous lui avons reslilué le nom que Swainson lui avait imposé ailérieuremer.t. coiîE-MOUciii: ( Si va ) sit.kii'li:. Mtiscicapa (Siva Hodr/son) Strlfjulo. Ilodgson. ( PI. 8. ) Celte jolie es]K'ce indienne est ime de celles dont les caractères mixtes sont des plus embarrassants pour la classification. Son bec, qiioi- (|ue garni de poils â son ouverture, est plutôt comprimé que déprimé, comme chez les vrais Gobe-Mouches; ses ailes et sa queue étagée, offrant des teintes d'un orangé vif, semblent devoir le ranger près (les Gobe- IMouches /7«m»nfrt et miniala du même pays, mais ses tarses et ses doigts forts et longs l'en éloignent. Ses ailes sont singu- lièrement courtes et arrondies; leurs pennes sont régulièrement éta- gées de la ]>remière h la quatrième , qui est encore un peu plus courte iii(|iio,s. Longueur totale , 32 centimètres 12. La femelle est partout d'une nuance sombre , couleur de fumée , avec les couvertures des ailes finement bordées , à leur extrémité , d'une nuance plus foncée ; le dessus de la tète et du cou est noir , et les plumes sont roux-cannelle dans leur milieu. Cette dernière couleiu- règne sur le front au-dessus et au-dessous des yeux. La gorge et la poitrine sont d'un roussàtre sale. Les tarses n'ont qu'un éperon court, obtus , tuberculirornic. Cette espèce habite les environs de Pondicliéri. C'est le Francoli- iiKS iiivosns { y\i\^. zool., 18^0, ois., pi. IS) publié antérieiuement sous le nom (|ue nous lui conservons dans les illustrations of indian zool. I, tab. 39. MhMîLli V BONNET NOIIÎ. Ttu'dus ( S. G. Merula ) Nigropiieus de La Fresnaye. M. tulacinereo ardesiaca , alis caudaque paulo ubscurioribus , reniiyibus priinariis exius cincreo marginatis , pileu riigro ; sublùs paulu puUidiur; parum rufescente lincta, ano albescente, teciricibus caudœ inferis cine- reis, itlarum scapis albidis; rostrum pedesque /lava. — Long. toi. 20 1/2 cent. Cette nouvelle espèce , la quatrième de l'Inde , qui ]iar sa colora- tion presque noire unifoime et la teinte jaune de son bec rappelle notre Merle d'Europe, offre de grands rapports avec les Tiirdus pwci- fopteriis , Horf. , et unicotor, Gould , tous deux des monts Ilyma- lay a ; mais elle diffère du premier par ses ailes sensiblement plus cour- tes et leur teinte uniforme , et du second en ce qu'elle n'a ])as les épaules rousses en dessous : elle diffère aussi du Turdus collaris , Sorel , Revue Zool. , 1840, page 2. 2S SOLVKNins D'Ll.N VOYAGI'l Tl.MALIi; l'UliSQUE RUUSSli. Tiinaliii suhruj'a. Terdon. T. supra tota ruftscenle-brunnea , pluinis fronlalibus rUjidis, cinerascen- libus; sabtus rufa , rentre abdommeque pallidioribas: ruslrum brève, allum, valde curvatum, huic Tiinaliœ thoracicœ siinile sed paulo bre- vius ,nigruni ,mandibida sapera basi ad rictum ianlummodo , infera tuta flavis, hac apice ni'uro lincala : pedes fuscescenles. — Long. tôt. Ta cent. M. de La Fresnajf a\ail ddiiiié à celle espèce le nom de Timalia facilorUyncha, dans la Revue zoologique, 18'40, p. 65; mais comme ÎNL Terdon l'a nommée Timalia subrufa deux ans aupara- vant (Madras Journ. for littéral, and science, n" 2h, 1838), nous avons dû lui laisser le nom le plus anciennement pul)lié. ( . Il VTi; K ( ) l' li I) li L A F K i: s .N A \ i: . Ci'dUropu.s LaffCinai/ii. Ad. Uelessert. Supra tutus olicaceo-brwineus. pHeu lulu fuscu-ardesiaco , cupisiro, luris reijioneque post-oculari nùjris; superciliis latis acapistru ad nuchan sordide albidis. Subtus rufo-cinna)nomeus, mento gulaquc niyris, rectri- cum scapis rufescentibus; rustruin gracile, rectum: pedibus fuscescenli- /n;.s. — Long. lot. 22 cent. Nota. Nous adoptons , pour cette espèce indienne, le nom généri- que Crateropas de Swainson , plutôt que celui de Cinclosoma parce que ce savant a restreint celui-ci aux espèces australiennes, d'après des caractères distincts et particuliers, et que , quant à celui de lanlhocincta, donné par Gould à ces espèces indiennes, M. Swain- son réclame une antériorité de quatre ans pour celui de Crateropus. Nous avons changé son nom spécifique parce que >L Terdon, dans le journal que nous venons de citer, a donne le nom de Crateropus Detcssirtii à une autre espèce. DANS L'INDl'!. 29 (■.ItMKROPi: \ TÉTi: GRISE. Cvateropus gvi.iciccps. Ad. Dclcsscrt. [Revw zuoL. par la Sociélé Cuvierionne, 1840, p. 101.) Otte espèce de Merle, à ailes courtes et h très-fortes pattes, fait partie du genre Craleropus de Swainson; le dessus et les côtés de la tète et du cou sont d'un gris obscur, plus foncé et noirâtre au devant et autour des yeux , et sur la région des oreilles. Cette couleur se fond , depuis le bas du cou , dans le brun sombre qui couvre tout le dessus du dos et prend une teinte cannelle sur le croupion et les couvertures supérieures de la queue. Les ailes sont de la couleur du dos, mais la f(ueue est d'un noir sombre ou couleur ardoise foncée ; la gorge , le devant du cou et la poitrine sont blancs , un peu teints de gris roussà- ire sur cette dernière partie ; le ventre , les flancs et l'abdomen sont d'un roux vif. Le bec est allongé, fort, presque droit, avec la mandi- bule supérieure noirâtre à sa base, couleur de corne dans le reste, et l'inférieure d'un jaune pâle. Les pattes singulièrement fortes , avec le [louce et son ongle très-developpés , sont d'un jaunâtre livide. Longueur totale , 25 cent. GODE-MOUCIIE RUFULE. Muscicapa rufuta. De La Fresnaye. Corpore toto cauJaque viride-rufix; pileo,nuclta, capitis tateribusalisque nigro-fuscis , lora circuitusque oculorum parum rufescunt. Kostrum ni- grmn, brève, non depressum, fere conicum inagis adhuc quam in noslra Muscicapa lucluosa. Pedes lividi. — Long. lot. 1 1 3/4 cent. Cette petite espèce , moindre d'un quart que notre Gobe-mouche becfigue , est remarquable par son bec non déprimé , peu élai'gi et presque conique, comme celui des Gobe-mouc^lerons d'Amérique de Temminck. 30 .SOliVEMRS 1)1 N VOYAGK l'IE DU liOTT.VN. Plca Bottanensis. Ad. Delcsseit. (Revue zimA. do la Société (Àivierienne, 1810, |). I0(».) En compai-ant cette Pie indienne avec notre espèce européenne , on retrouve une telle similitude de plumage , une telle conformité dans la distrihution des couleurs, que, malgré ses dimensions beaucoup plus fortes, on est tenté au |)reuner abord de la regarder connne une sim- ple variété. Mais notre Cor vus piea , qui se retrouve dans tout le nord de l'Asiejusqu'au Japon, et même dans l'Amérique du nord, n'y offre iwint du tout ces différences de proportions, et dernièrement encore .Al. Temniinck , la signalant comme se trouvant au Japon , d'oi'i il l'a reçue , ajoute (pie cet individu japonais ne diffère en rien de ceux d'Europe. Or celle-ci en diffère non-seulement i)ar des pr()|)ortions beaucouj) plus fortes, mais par quelques différences de forme dans certaines par- ties qui constituent bien évidemment une espèce distincte et nouvelle. Elles consistent dans la forme du bec proportiomiellement plus allongé , plus effilé , et dans celle des ailes beaucoup plus longues par rapport à la queue. Un autre caractère se retrouve encore dans les pennes de cette queue , qui , chez notre nouvelle espèce , sont singuliè- rement élargies et carrées à leur extrémité, ayant leurs tiges sinueuses et onduleuses même sous le doigt, et ces ondulations ré|)ondent à au- tant de bandes transverses, de nuance un |)eu plus foncée, qui s'aper- çoivent à certain jour sur les barbes. — Du reste, la coloration est absolument la même que chez notre Pie d'Europe, sauf ([ne les reflets eu vert métalhque et en bleu-violet d'acier bruni sont |)lus brillants. Longueur totale de la peau non montée, 5 déc. 3 cent. ; de l'aile depuis le pli, 25 cent. ; du bec depuis son ouverture , 5 cent. OiniIOTdME A VIOMRE .IAL1.\E. Oi'thotonins llai'heiitris. Ad. Delesserl. [Revue zouL, par la Société Cuvieriennc, 1840, p. 101.) Cette petite espèce, dont le plumage rappelle celui du Prinia fa- viiliaris d'HorsIield , en diffère par des formes plus sveltes , une DANS L'INDK. 31 t|ii('iR' plus lontîiio, l'Ic. Lo dessus de la tète et ses côtés sont d'un •;ris-aidoise un peu teint d'olive; le dessous du cou, le dos elles ailes sont brun-olive ; la queue est de la uièuie couleur, mais plus pâle; elle est tit's-étagée, remarquable par sa longueur, et ses pennes ont leurs barbes internes fort larges, comme chez les vrais Mérions; elles oITrent à certains jours l'apparence de petites bandes transverses; la gorge, le devant du cou et la i)oitrine sont d'un blanc légèrement teinté de roussàtre. Le ventre est d'un jaune-paille vif, teinté de roux MU- l'abdomen et les jambes. Le bec est noir, très-délié et très-com- primé vers la |iointc ; les pieds sont rougeàlres. Les tarses sont élevés avec les doigts longs et déliés. Longueur totale, U4 cent. 1 2; de la queue, 8 cent. § Il AiMMALlX ARTICULÉS, l'AU M. F.-K. GUÉRIN-MÉiVEVII.I.i:. COLÉOPTÈRES. ciciM>ÈLE A B\\ni;s d'où. Cicindcla attro-jhsciulu. Dojcaii. Dej., Spcc. cul., t. V, p, 224. Cette belle espèce forme le type du genre Calochvoa de M. Hopc {Colcopt. Man. , part. 2, p. 19 et 162, pi. 1, fig. 2), genre dans lequel il place les Cicindela octo-nolata Wicd , chinciisis et princeps Mgors, ainsi que trois espèces inédites provenant des Neelglieries. M. Hope a décrit cette espèce sous le nom de Crt^of/o-o/i crucigera ; mais c'est par erreur qu'il l'a considérée comme nou- velle, car c'est évidemment celle que nous avons reçue de MM. Adol- phe Delcssert et Perrottet , el (pie nous avons comparée avec l'indi- vidu type de la description de M. Uejean (Spvc. col., t. v, ]\ 22/t ) dans la collection vendue par cet entomologi.ste à M. le marquis de La Ferté-Sencctere. Cette Cicindèle varie beaucoup. Chezquelques variétés le noir domiue, toutes les bandes jaunes sont très-isolées, comme dans le type. D'au- tres ont les bandes jaunes un peu plus larges : celle du milieu et celle qui est à l'extrémité des élytres se rapprochent beaucoup au bord externe, ou se réunissent tout à fait, comme dans l'individu que M. Hope a figuré et décrit sous le nom de Calochroa crucigera. Enfin chez d'autres le jaune domine; elles n'ont du noir qu'à la base et sur les côtés , au milieu , avec une tache de celle couleur en arrière. Il y a des individus plus petits a|)partenant à celle variété , et c'est avec l'un d'eux (pie M. Gory a fait sa Cicindcla Icpida {Mag. zool., 183.'5, cl. IX, pi. Ofi). 2"^ PART. ;"> 3/i SOLVKMRS D'UN VOYAGE flcllc i'S[R'Cf esl parfaili'iiR'iit disliiitlc de la Ciciixhta prhiccps (le Vigors, que M. Ad. Delesscrt a rapportée égalcincnl. Celte der- nière n'a été trouvée que dans les environs de Pondicliéri , près de la mer, tarulisquela Cicindciaauro-fanclala ne se trouve (]ue dans les hautes montagnes des Neelglieries, du Dccan, etc. IIELLUO TP.IPlSTUI.i;. flelliio lri/))tstxiliiliis. Dejean. Fuscus , puncialissimus. Lnhro ralundalo, lœvigalo, ferrugineo-Umbalo. Veriice falvo-maculalo. Ore fiilvn. Ehjlris inacuUs qualuur /lavis, posti- cis suhco}>fluenti''U''. Pcdiliuf: ahdnmincqne /'i//ro-/cs/«f('/s. — Long. \','>, liirg. ^ iiiillim. Ilellao tripusiuliilus. Drci., Spcc. cul., t. i. p. 2Sfi. Var. IlellaoquaJrimaculaluf. GvF.M^-M., /îcnic zoohifiiquc, par la Suciclé Cuvierienne, 18i0, p. 38. ]1 est d'un hrun-noiràtre foncé, légèrement piihescent, très-forte- ment ponctué. Lèvre supérieure lisse, arrondie, bordée de jaune- fauve ; une tache fauve sur le vertex. Deux taches sur cliaquc élytre : deux placées avant le milieu , rondes ; celles de l'exlrémilé réimies à la suture et ne formant qu'une tache tran.sverse un peu dentelée en avant: palpes, antennes, dessous et pattes jaunes. Dessous de la têîc^ et du cor.selet noirâtre, une ligne longitudinale fauve siw la tète. Des- sous du métalhorax et de l'abdomen d'un jaune fauve. Notre individu a été ti'ouvc à Pondicliéri par >I. l'errotlet ; nu autre provenait des monts Neelgheries, où il a été pris |)ar M. Ad. I)<- lessert. Après lui mûr examen, nous l'avons rapporté ii VUilluo tn'iHistu- latus de Dejean, en n'en faisant qu'une simple variété, qui s'en distingue par son labre bordé de fauve, par .sa tète fpii porte une tache fauve sur le vertex , et par le dessous de son thorax et de l'abdonieii d'un jaune fauve. Nous pensons que le MacrochcUus Bcnsonî Ac M. Hope {Cotco- jitcrists Mai)., part. 2, p. 110 et 160, pi. 1, fig. 5) est une autre variété de la même espèce. Dans tous les cas il est impossible de croire, a\ec !\I. Dejean , ([ue Fabririus ail décrit cet insecte sous le nom de lirtuliiniis Iri/ni- DANS L'[\DK. 3.") sla/iilus, car sa dcsciiplioii dilïï'ic lin|) de celle espèce. Il est proba- ble que l'on trouvera (|iiel([ue jour un vrai lîracliiue iiuben à (|ui relie descriplion ira mieux. OHTIIOliOMli LATlillM.. Ortfio(joinux hilcmlis, (jnérin. Capile thoraceque alris , nitidin. Eli/lris imiKlalu-sIriatis , flacu-auran- tiacis, nigru-marginalis; sutura nitjra, lalissiina husi, cl in inediu iiin- pUata. Pnlibus nigris, femoribus leslaceis. Curpore mhtusabdmnincquc jlavis, nigrij-inuL-ulatis. — Lon.n. 18 , larg. 8 nùllini. Cette grande et belle espèce est assez allongée , à côtés parallèles. Sa tête est noire , et offre des inégalités assez fortes en avant. Les man- dibules sont fauves à la base , noires ensuite el bidentées. Les palpes sont noirs, avec rextréniité brune. Les antennes sont d'un brun noi- râtre avec les deux premiers articles presque fauves. Le corselet esl noir, luisant, assez aplati, plus de moitié plus large que long, tron- ({ué droit h ses deux extrémités avec les cùlés arrondis. Les élylres sont un peu plus larges que le corselet , de moitié plus longues que larges , lisses et luisantes avec de fines stries de points enfoncés. Elles sont d'un beau jaune d'ocre tirant un peu sur l'orangé avec le bord externe finement liséré de noir, et elles ont au milieu une bande suturale large , très-dilatéc à la base el en arrière à partir du milieu. Le dessous du thorax est noir taché de jaune-fauve. L'abdomen est jaune li.sse et luisant avec une tache noire de cha(pie côté du dernier segment, qui est large et tronqué en arrière. Les hanches, les tro- chanters et les cuisses sont jaunes avec les genoux noirs. Les jambes et les tarses sont noirs et velus avec le dessous des tarses garni d'un duvet jaunâtre. Ce précieux insecte a été pris à Pnlo-Pinang. 36 SOLVli.MllS U'LiiN VOYAGK CHf.tMi; lilLliNÉ. Ckiivnius ùitunatus. Guér.-Mén. Capite Ihoraccqne cupreo œneis. Labro fulro. Thorace transversim subqua- dralo. Ehjlris obscure viridi-œmis , pubesccntibus, striatis, inlerstitiis granulatis, macula suhrolunda postica. Antennis, palpis pedibuaque le- staceis. — Long. 13 y 1 4, larg. 5 à 5 1/2 millim. Var. Clilœnius Neclgheriensis. Gi'krin-IMén., Keciii' zuolujiipif , par la Société Cuvierimne, 1810, p. 3S. TOte t'I coisc'k'l d'un vert-cuivreux ponctué. Corselet d'un ([uart plus large que long. Élytrcs noires, légèrement pubescentcs, striées, lincnient ponctuées, ayant chacune, près de l'extrémité, une tache arrondie fauve |ilus rapprochée du bord extérieur, un peu échancrée en arrière. Des.sous du corps noir à reflets bleus. Labre, antennes, |)alpes et ])attes d'un jaune fauve. • — Cet insecte est très-voisin des Chid'iihis ùiinaculaltis, binolalus et vulncratus de Dejean , mais il s'en dislingue sufifisamment par son corselet plus large (pie long. Cette espèce varie |)our la taille et pour la forme de la tache des élytrcs. M. de La Ferté nous écrit c[u'il en a dont la tache est en forme do virgule et d'autres où elle est ronde. La tache des variétés inter- médiaires ])asse insensiblement de la forme virgulairc à la forme ronde. La variété que nous avons nommée Nctighcriciisis ap|)artient à ime des formes intermédiaires. Cette espèce a été trouvée assez abondamment près de l'ondichéri. Les individus sont plus rares et un peu plus forts dans les Neelgheries. CHLEMK DE L.\ FERTE. Chlœnius Lafertci. Guér.-Mén. Capile tlwracequc cupreo-œneis , punclalis. Thorace subruiundalo , postiré subangustinre. Elylris obscure viridi-œneis, striatis, interstitiis granu- latis, /lavo quadriinaculatis. Antennis fuscis, basi testaceis. Labro, pal- pis pedibusque teslaceis. — Long. 13 à 13, larg. 5 à 6 millim. Cette belle espèce ne peut être confondue avec aucune de celles que i^L Dejean a décrites , à cause des deux taches terminales de ses DANS L'I>DI':. 37 l'hlics, lâches (lui lU' se iTinaniiiciU dans aucune des autres espèces de ce groupe. Ce C'kUnuu.s a été trouvé à Pondicliéri. ORECTOClIlilLli SliMI-VliTU. Orectocheitus semiveslitus. Guérin. Obluiujo-ovalis , couvexus , nigro-piceus , nilidus , uchnealu-sericeus. Ca- pile, thorace ehjtrurumque disco lœvibus. Curpore subtus nigro-piceus. Pedihus intermediis et posticis fulris, anticis nigro-fuacis. — Long. 11 à 13, larg. G à 7 millim. — Rev. zool.. par la Société Cucierierme, ISiO. p. 38. Noir-verdâtre lisse et luisant. Côtés de la tète , du corselet et des éljtrcs largement bordés de duvet jaune-grisàtro; cette bordure beau- coup plus large en arrière des élytrcs, où elle se termine aux deux tiers de leur longueur à la sutiu-e. Élytres simplement troïKpiées à l'extré- mité , fortement rebordées sur les côtés ; dessous d'un noir de poix : pattes intermédiaires et postérieures fauves. Voisin des O. (jangcli- ciis et spéculum de M. Aube. Découvert dans les eaux douces du plateau des >icelgheries. CAMPSOSTEUNE DE LATREILLE. Campsostevnus Latreillli. Guérin. Viridis,nilidus,cupreo-micans , albo-tomentosus. Eltjlris acuminatis , punctatis, profunde striatis, striis albo-tomentosis. Anlennis nigris, de- pressis, dilatatis et serratis. — Long. 35 , larg. 1 1 millim. Ce bel insecte est allongé , d'un vert un peu loncé , luisant , avec quelques reflets cuivrés, et couvert, d'une manière plus ou moins complète , d'un fui duvet blanchâtre. Les antennes sont grandes , noires , larges et aplaties , un peu en scie. Le corselet est aussi large que long , arrondi sur les côtés , rétréci en avant , à angles postérieurs fortement acuminés , garni de duv et gris assez serré sur les côtés et dans les fossettes postérieures. L'écusson est arrondi, bleu-luisant. Les élytres sont assez brusquement réirécies en arrière, terminées en ;5S SOLIVENIRS irUN VOYAGE poinli'divcrgonlo, fiiiciiioiit penclicTS , avec d'assez fortes sliies longi- liidinales h fond garni de duvet blanc, ee qui les fait paraître rayées de blanc; le dessous est garni de duvet blanc plus serré ([n'en dessus, surtout sur les côtes et sous les cuisses. Les tarses sont noirâtres , avec leurs crochets rougeàtres. Découvert dans les environs de l'ondicliéri. CAMPSOSTliRiNt; I>li DELESSERT. Campsostei'nus Dclesscrtii. Guérin. Elunijatus, viridi-nitidus , cupreo-micans. Antennh ,palijis mandibulis- que nigris. Capite punctato, foveolalo. Thorace elongato, postice latiore; angulis posticis mucronatis in disco punctulato, lateribus marginalis, rugosis. Elytris subrugosis, nitidis, apice acutis. Corpore sublus pedi- busque viridi-cupreis , lateribus griseo-tomentosis. — Long. 29 à 38 , larg. 9 à 12 millim. Elater (ludius) Delessertii. Gi:ÉRi.\-Mk.N., Rei'ue zoologiqw', par laSuciélc Cuvierienne, 1840, p. 38. Allongé , d'un \ert-luisaiit à reflets dorés et cuivreux. Tète forte- ment ponctuée, avec une large fo.ssette en avant. Mandibules, palpes et antennes noirs, (iorselet plus long que large, assez aplati , très fine- ment chagriné et un peu pubescenl sur les côtés, ([ui sont rebordés et cuivreux; beaucoup plus étroit en avant, peu arrondi sur les côtés, et terminé en arrière , de chaque côté , par une forte pointe ayant l'extrémité un peu courbée en bas. Écusson arrondi , placé dans un large enfoncement de la partie antérieure des élytres , celles-ci fine- ment chagrinées, assez convexes vers leur base et terminées en pointe aiguë. Dessous et pattes d'un vert à reflets plus cuivreux que le des- sus. Cette belle espèce , très-voisine de VE. ful//v/v/,/»„ i)\\s i;iM)i:. 3!) l'Ali VSTASIi; ortsci'RK. Pdi'iistdsiii obscura. Guôiin. Ni'ora , punclata. Sculcllo , clijtris basi et maryinc exierwri /usco-Z'u/r/s. Fcinurilntsi rt/j/cc , tihiis larsisque fusco-fulvescentibus. — Luni;. 1 i , lai'g. 7 miUiin. (PI. lUfig I.) Nous a\ons rapporta' cotte espèce au geure Parastosia de M. W'esl- wooil , mais a\ec doute ; parce ([uc nous ne trouvons d'ongles in- égaux, dont l'un bilide, f|u'aux tarses intermédiaires et postérieurs, tandis cjne les antérieurs ont les ongles égaux et tous deux simple?. Opendant , connue tons les autres caractères sendjlcnt ne pas dilTé- icr de ceux que iM. Weslwood assigne à son genre ; que les tibias an- térieurs sont armés de trois dents à l'extrémité, dont les deux pre- mières rapprochées entre elles et bien séjiarées de la dent apicale ; que les mâchoires sont armées de dents aiguës , les mandibules terminées extérieurement par une saillie dentiformc, et le chaperon bidenté , comme AVeslwood le signale pour son genre Parastasia , nous avons pensé que cette réunion de caractères nous permettait de placer notre insecte dans ce genre. Le corps de notre nouvelle espèce est épais, coiu-t et pres(iuc glo- buleux ; sa tète est assez petite, noire, couverte de rugosités trans- versales qui la rendent comme écailleuse , avec le chaperon peu avancé, terminé par deux dents assez saillantes et très-relevées : ce qui permet de voirie labre, qui est transversal, faiblement arrondi, et cilié en avant. Le corselet est un peu plus large que long , finement rebordé et arrondi sur les côtés , très-bombé , couvert de gros points enfoncés et noirs avec une trace très-visible de ligne longitudinale brune au milieu. L'écusson est triangulaire , plus large que long , ponctué d'un brun -fauve bordé de noir. Les élytres sont noires avec la base et les bords d'un brun-fauve fondu. Elles ont des séries longitudinales de gros points enfoncés , assez mal alignés : près de l'écusson , et entre ces lignes de points , il y a de très-faibles éléva- tions ou côtes visibles seulement quand on regarde l'insecte dans le sens de sa longueur. La saillie humérale est assez forte et hsse. Le dessous du corps est noir, mais les bords du métalhorax sont fauves. Les pattes antérieures sont noires avec l'extrémité des cuisses, le M) SOLVKMliS D'I'N VOYAGK uiilicu (k's jaiiiht's et les tarses d'un brun un peu fauve. Les jambes sont larges, aplaties, carénées en-dessus et au milieu, abord interne, tranchant , ccliancré brusquement à la base; terminées au côté exlern<' par trois fortes dents arrondies dont la terminale est séparée des deux précédentes, qui sont très-rapprocliées entre elles: le tarse est brun- fauve, plus court que la jambe; son dernier article est beaucoup plus court que les quatre précédents , et terminé par deux crochets égaux, arqués et simples. Les autres [laltes sont d'un brun fauve avec la base des cuisses noire; leurs jambes sont épaisses et leurs tarses sembla- bles à ceux des antérieures , mais avec le crochet interne jnofondé- ment bifide. L'une des deux épines terminales internes des jambes ()ostérieures est plus courte, en massue ou comme une tête de clou. Quand la description plus détaillée du genre Parastasia aura paru, il sera peut-être nécessaire d'en séparer généri([ucuient notre insecte. Dans ce cas, nous proposerions de lui donner le nom de Cartero- soma; ce serait alors notre Carterosoma obscurum. Ce Lamcllicorne a été découvert h Pulo-Pinang. EXPLICATION DES FIGl'llES. l'I. Il, fig. 1. L'insectp de srandour naturelle. In. Sa t(>te grossie et vue en dessus. 1b. Sa màclioire. le. Patte antérieure. Ul. Tarse intermédiaire, le. Tarse posti'-rieur. GENRE BARYÎMORPIIE. — BARY MORPII yl , GiÉiii\. (liapû;, lourd; aopcfT;, forme, i Cet insecte , découvert par y\. .\dol|)lie Delessert sur la côte ma- laise , olfre presque tous les caractères du genre Rutela , qui ne se compose jusqu'à présent f(ue d'espèces américaines; mais son faciès, la brièveté de ses pattes et de leurs tarses, et la forme jilus globuleuse de son corps, l'en distinguent d'une manière suffisante. Il se rap])n)che beaucouj) du genre Parastasia , fondé par ^I. Westwood {Jn and Marj. ofnat. History, etc.; novembre 1861 ); mais chez celui-ci les crochets des tarses sont inégaux et l'iiii deux est bifide, ce qui n'a pas lieu chez notre insecte. Voici ses principaux caractères : Corps rouit, épais, presque globuleux. Chaperon bideiité, à dénis DANS l.'INDK. h\ n'IovÎTS. AnlcniU's île dix arliclcs. Mandiliulos à soniuict hilolu'. Mà- clioiros arnu'i's de six fortes dents ou épines arqnées. Pattes rouiies. JtTinhes antérieures épaisses , un peu aplaties, années de trois dents h l'extrémité. Tarses courts , assez grêles, à dernier article l)eaucoup plus court que les quatre précédents , avec les crochets plus coui'ts que cet article, égaux, arqués et simples. I!\liVMOUl>IIE lîIMAriLKi:. Barijmorpfia bimaculata. Gnérin. liufo—castanea ; capite niijro. Thorace macuUs tlaubus niijris tnilcilo- Elijtris flaro-nebulonis. Pijoidio nigro rufoque variegaio. — Long. 10, laPL,'. 10 millim. (PI. Il.fig. 2.) Tout son corps est d'une couleur m.irron-rougeàtre ou couleur d'a- cajou très-luisant. La tète est petite , noire , assez fortement ponc- tuée, tivcc deux petites carènes élevées, ne se joignant pas au milieu et qui séparent le front du chaperon. Les antennes et les ])alpcs sont fauves, à poils pâles. Le corselet est très-homhé , plus large que long, finement rchordé, ponctué, h côtés arrondis, avec le bord ]iostérieur un peu avancé en arrière , au milieu , et finement liséré de noir. On voit de chaque côté , an milieu et près du bord latéral , une impres- sion assez profonde , et , en arrière , deux grosses taches noires et ron- des , bien séparées entre elles. L'écusson est grand et triangulaire , fine- ment bordé de noir. Les élytres sont de la couleur ac.ijou du corselet et de l'écusson , mais marquées de taches irrégulières et nuageuses jaunes. Elles sont très-luisantes, bombées, arrondies sur les côtés et en arrière, avec des .séries longitudinales de points enfoncés a.ssez dis- tincts , et elles offrent chacune , à la ba.se et près de la saillie humérale, une fossette assez large et assez enfoncée. Le pvgidium est d'un brun rouge taché de noir. Le dessous est d'une coidcur plus foncée et uni- forme. Le sternum du mésothorax s'avance entre les hanches intermé- diaires en une pointe triangulaire aplatie en dessous. Les pattes sont d'un brun rouge presque fauve, avec l'extrémité des cuisses et la pointe des dents des jambes antérieiu-es noires. Cette curieu.se espèce a été trouvée à Pulo-Pinang , sur la côte Walaye. 2' rAr.r. (i U2 SOUVENIRS D'UN VOYAGK EXPLICATION DES FIGURES PI. 11, fis;. 2. L'insecte dn grandeur nalurclle. 2n. La tcHe grossie et^vuc en dessus. 2(). Mâchoire. 2c-. Extrémité de la mâchoire plus grossie. 2d. Jambe antérieure vue en dehors. 2p. Son extrémité du côté interne. 2/'. Patte postérieure. POPILIE SPLEiNDIDE. PopUia spfendida. Guérin. ViriJi-micaiis. Thorace lœingato. Ehjtris sukalis. — Lon.s. IG , larg. 10 millini. Popilia splcndida. GrÉu.-M., hev. :oo/., 1840, p. 39. PopUia irgina. N'ewmw, Trans. Eni. Suc. Lond., vol. m, p. .1b. (Pl.12,fig. 1.) D'un beau verl uiôtalli(jue très-luisaiit à reflets dorés. Tète assez fortement ponctuée. Corselet et écusson lisses. Élytres fortement striées, avec des points enfoncés dans les stries. Dessous lisse, à reflets cuivrés rouges très-brillants, avec les côtés du tiiorax un peu pubescents. Antennes et pattes vertes. Elle habite les monts Neelgheries. (iOLl.VTll DE DELESSERT. Goliotlius ( Trigonopliorus , Hope) Dehsscftii. Guérin. Aureo-viridis , olivaceo et rubro-micans. Cornu frontali capitis œquali , trigono , antice sinuato (ïem.). Antennis nigris. Elytris subtitissimc striato-punctatis. Femoribus, tibiis apice, tarsisque nigris. — Long. .'^7 à 39 , larg. 18 à 20 millim. — Guérin-Meneville , Rev. zool. par la Société Cuui'erjcnne, 1829, p. 229. — Westwood , yfreona EntonwL, n° 8, p. 122, pi. 29,rig. 4. (PI. i2,rig. 2.) Celte magnifique espèce est d'un beau vert glauf|iie-luisaul à rellels olivâtres et rougeâtres. Le dessous et les pâlies sont d'un verl gai DANS L'LNUE. A3 avec les pointes laléralcs du uiésothorax d'un roiigcàue fauve. La lète est aplatie, de l'oiine prescpie ean-ée , un peu élargie eu avant, |)r<)- fondénient sillonnée en dessus, tronquée carrément au bord antérieur, et portant au milieu de ce bord une grande corne dirigée en avant et en haut , comprimée latéralement h sa base, ensuite aplatie et élargie transversalement , aussi longue (jue la tète , sinuée en avant , un i)eu courbée en haut et formant un|)en la cuiller. Cette corne est verte en de- dans avecle bord antérieur noir, et tout à fait noire en dehors. Levcrtex l)orte une petite corne i)lale , dirigée en avant et en bas, triangulaire et à sommet noir et aigu. Les anteimessont courtes et noires. Le corselet est pres([uc aussi large ([uc les élytres, étroit et de la largeur de la tête en avai)t , s'élargissant en une ligne presque droite jusqu'au milieu de sa longueur, et à côtés parallèles ensuite. Son bord postérieur est coupé droit avec une faible échancrure au milieu pour l'insertion de l'écus- son. Ses côtés sont fortement rebordés , le milieu du bord i)ostérienr offre une bordure noire occupant toute l'étendue de la base de l'écus- son ; sa surface est très-finement chagrinée , vue h la loupe , avec fiuelques points et rides vers les bords, en avant. L'écusson est grand, triangulaire , un peu plus long que large. Les élytres sont de forme ordinaire , un peu plus étroites et arrondies en arrière , avec de très- faibles lignes de petits points enfoncés. Les jambes antérieures sont terminées en dedans par une seule épine articulée , noire ; elles sont un peu dilatées au côté externe, qui est armé au sonmiet de deux for- tes dents arrondies, noires. Les jambes intermédiaires et postérieures ont , près du milieu du bord externe , une" petite épine aiguë , et leur bord interne est fortement cilié. Tous les tarses sont noirs. Le dessous du corps est finement ponctué ; le sternum est avancé sur l'insertion des ])altes antérieures, arrondi et un peu relevé au bout. L'abdomen est un peu bombé au milieu. Notre uni([ue individu est une femelle. Nous avons dédié cette belle espèce au zélé et intrépide voyageur (iNATIlOCliUV OLIV.VCÉli. Gnathocera olivacea. Guéiiii. Viridi-olicacca nitida , flavido et rubro-micans . Clypeo suberedo , apice emarijinato. Thurace punclulato. Ehjtris punclato-striatis. Palpis, an- tennis , genubus tarsisque atris. — Long. 2.ï , larg. 12 1/2millim. — GuÉR.-MÉ.N., Revue zool. par la Suciété Cuvierienm, 1840, p. 80. D'un vcrt-olivàtrc très-luisant à reflets jaunâtres et rougeàtrcs. Cha- peron un peu relcAé au milieu, avec cette saillie échancrée. Une pe- tite corne penchée en avant, aplatie et peu élargie h son extrémité, au niiheu de la tète, qui est fortement ponctuée. Corselet, élytres, (les,sous du corps, pattes et antennes comme dans l'espèce précédente ; à l'exception des jambes antérieures, qui sont armées de deux fortes (lents noires an côté externe. — Nous avons vu cette espèce dans l'ad- uiirable collection de yi. Gor\ ; elle y porte le nom de Gn. sut-rya (Elope) : nom que nous aurions conservé, quoicjue nous ne l'ayons trouvé publié nulle paît, si nous avions pu deviner ce qu'il signifie. Neelgheries. — Juin. MACIiO.NATA PEINTE. Macronata picta. Guérin. Nigra,opaca.Prothoraceutrinquelineisduabusohliquisllavispicto, in mé- dia po$lico conjluenlibus. Marginibus scutelli llai-is. Ehjtris bvleauran- tiacis , nigro maculatis; maculis discoidalibus flavo-pupiUalis. Tho- race subtus abdomineque transversim ftavo-litieatis, pygidium macula jlavaoblonga longitudinaii notatum. — Long. 18, larg. 121/2 millim. — Gi'ÉR.-MÉN., Hevue zool. par la Société Cuvierienne, 1840, p. 81 . Noire. Tète et corselet ponctués. Corselet ayant de chaque côté deux lignes jaunes obliques : les plus extérieures partant du haut des bords latéraux , à courbure extérieure , et allant se terminer près du bord postérieur, devant l'écusson ; les intérieures partant des angles antérieurs , derrière les côtés de la tète , à courbure intérieure et se léunissant en arrière , au milieu , ])rès de la réunion des deux exter- nes. Écusson noir bordé de jaune. Ll\ 1res d'un jaune-orangé assez vif. ayant chacune le bord externe cl cpiaire lâches noirs : la première /(() SOUVENIRS D'L'N VOYAGK près de répaulo ; deux ])lacées ohliquomcnt au milieu, iiileiiouipues chacune par une petite tache d'un jaune pâle; la dernière, plus grande, placée près de l'cxtréniité. Une grande tache jaune sur le py- gidium. Dessous du thorax et de l'abdomen ayant de grandes bandes transverses d'un jaune doré. De Pulo-Pinang, côte Malaye. CETOINE DE LA COTE MALAYE. Celonia. Malayana Guériiî. Obscure viridis, subopaca. Clypeo cmanjinalo. Thoracc punclato, maculis Juabui anticis albis. Elytrorum sutura acuminala, elijtris subcostalis, sirialo-punctatis, nigro-marginalis, utrinque maculis sex alhis nutalis, quinquemarginalibus, sexia subapicali. Ptjyidio albo subtus corporis pedibusque nigris. Lateribus thoracis ahduiniiiisque. albo-maculatis. — Long. 16, larg. 8 millim. — GuÉn.-MÉx., lievue zuol. par la Sociéld Cuvierienne , 1840 , p. 81 . Verte en dessus , noire en dessous. Tète et corselet fortement ponc- tués. Chaperon échancré. Une tache blanche à chaque angle antérieur du corselet , derrière la tête. Élytres largement bordées de noir avec de faibles côtes élevées et des lignes de points enfoncés. Elles ont cha- cune six taches blanches, dont cinq au bord dans la partie noire, et une près de la suture et vers l'extrémité. La suture est terminée par une iielite épine. Le p\gidium est cou\ert de duvet blanc en dessous. Le thoiax et les segments de l'abdomen offrent plusieurs taches noires. Pattes noires. De Pulo-Pinang, côte Malave. CETOINE DE CORV. Cetonia Gori/i. Guérin. Supra viridis, nigra infra. Capile punctato , clypeo emarginato. Thorace punclato, notulis duabus medianis latcribusque jlavis. Elytris nitidulis, ad apicem obsulcalis , punctato-striatis , inœqualiler albo-maculalis: pygidio notulis quatuor albis transversim positis , lateribus abdomiiiis albo notatis. — Long. 13, larg. 7miliiin. — Gi'Éh.-Mén.. Rcl'uo :ool. par la Société Cuvierietmc, 1840, p, 81 . Verte en dessus, noire en dessous. Tète et corselet forleiiieni ponc- DANS I,'IM)K. /û liii's. diaporou (''tliaiirir. Corselet ayant les côtés bordés d'iiti duvet jaune-argenté et deux points de celle couleiu' au milieu. Élyîres assez luisantes offrant des côles peu élevées, des lignes de points enfoncés, et chacune sept taches d'un jaiuie argenlé, ainsi disposées : la pre- mière près de l'angle hnniéral , très -petite; la seconde, derrière celle-ci, au bord externe, divisée en deux ou trois petites taches; les troisième et quatrième, très-grandes, toujours au bord externe, la (lualrièmc étant située à l'angle postérieur; les trois autres, de moyenne grandeur, ])lacées près de la suture : l'une au milieu , la sui- vante plus en arrière, et la troisième près du bord postérieur. Pygi- dium ayant tiuatrc petites lâches dorées. Côtés de l'abdomen et du corselet tachés de jaunc-pàle. Pattes noires et velues. De la côte JlaLivc et de Java. r.lCTOlM: .\ BANDES ROICI^S. Cetonia rufo viltata. Guérin. Xigra , nitida , subelongala; thorace putictis quatuor albis , linibu poslico rufo. Elijtris obscure viridibus, ad apicem subcostatis. Vitta longitudi- nali mediana rubra, apice haud atlingente; ulrinque maculis tribus al- bis, mediana rolundata , duabus transversalibusadmarginem. Corpore subtus et pedibus atris, sed thorace infra albo-maculato . — Long. 9, larg. 5 niillim. — Guér.-Mém., Revue zool. par ta Société Cuvierienne, 1810, p. 82. Noire. Tète et corselet ponctués. Chaperon assez élargi , échancré. Corselet ayant une large bordure rouge i)arlant du milieu et se prolon- geant un peu au bord postérieur avec cjuatre points blancs sur le dis- que. Élytres d'un vert foncé , luisantes , finement striées , avec des sillons larges et peu profonds ; elles ont chacune au milieu une large bande longitudinale rouge, partant du bord antérieur, faisant suite à la bordure du corselet et se terminant avant l'extrémité; leur bord externe offre deux petites taches blanclies situées en arrière , et il y a un point blanc entre la suture et la ligne rouge, vers le milieu de la longueur de l'élytre. Les côtés du thorax sont blancs. Les pattes noires. De Pulo-Pinang , côte Alalavo. 68 SOUVKMRS D'UN VOYAGK mcam; iticoLoni;. Liirninis ùivolor. Oliv. ( ^'al•. Dclcsscrlii. Guéiiii.). (l'I. 12.fi-. 3.) Si l'on ne savait ^as rombion la roulciir varie chez los insocics , on aurait de justes inolifs de séparer le Lucane femelle que >I. Ad. Deles- sert a trouvé dans les Neelglierics , du Lucaniis (jazcUa d'01i\ier, f|ui n'est que la femelle de son Lucanus ôicotor. En elTel, dans l'ouvrage d'Olivier ( Luc. , pi. U, fig. 13 ), son Lucanus gazclta est représenté semblable aux individus de M. Delcssert: mais chez ceux-ci le jaune des élylres commence angidaireuient un peu au-dessous de l'angU^liuméral, au bord externe, et va toujours en s'élargissant pour se terminer en pointe près du bord postérieur de la suture ; tandis que dans l'individu figuré |)ar Olivier, la partie jaune reste également étroite dans toute sa longueur, et forme une véritable bordure. Dans un Lucane mâle décrit et figuré jiar M. Saunders ( Trans. Ent. Soc. Lond., vol. il, p. 177, pi. 16, fig. 3), sous le nom de Lvcanus bicolor, Fab. ( Fabricius n'a jamais décrit de l.tic. ùico- ■lor) nous trouvons la même disposition de couleur que dans les indi- \idus rapportés par Jl. Delessert , et , si l'on de\ait les considérer comme des variétés du Lucanus hicolor d'Olivier, ou même les en séparer, il est évident que l'individu de M. Saunders irait avec ceux de RL Delessert , tandis que celui d'Olivier pom-rait être regardé comme le mfde du Lucanus gazetla du même auteur, mais comme formant une variété chez laquelle le jaune domine. Il est possible que l'on trouve des indixidus chez lesquels le noir de la sutui'e couvrira entièrement ou presque entièrement les élytres; et nous ne serions pas surpris que le Lucanus canccilus d'Olivier fût de ce nombre, quoique sa figure offi'e c[uel(iues légères différences dans la forme du corselet et les dents des mandibules. On sait com- bien ces dernières varient dans ce genre ; on sait aussi avec quelle inexactitude les peintres de cette époque dessinaient les insectes : ils se contentaient de représenter leur ensemble sans s'inquiéter des dé- tails de leurs formes, ce qui laisse toujours du doute sur l'identité de leurs figures avec les individus que nous lein- comparons. -. Cioll.llluis /),-/,vs,-r/„ , ,■„.: .1. I.licaillis DcUr.r.-r/ii. ,:„.-^. /•n-lrr ri (:,„;■ ,/,/. J)ANS L'IM)!'. M) Voici la synonymie de l'espèce cjuc nons figurons : l.ucainis ùicotor, Oliv. Eut. , 1. 1, G. 1 , p. 22, n" 0, pi. 5, f. 2 (niàle). — gazella, Oliv. lùid., p. 13, ])1. l>, fig. 13 (femelle). — i/icoior, Saumlers. Trans. Ent. Soc. Lond., vol. il, p. 177, pi. 16, fig. 3 (mâle). Si les localités de ces variétés étaient bien précisées, et si l'on trou- vait, par exemple, que toujours les in(li\idusdes parties montagneuses de l'Inde ont le jaune des élytres placé obliquement, comme dans notre indi\idu des Neelgheries et celui de M. Saimders , on jiourrait peut-être en former une espèce distincte de ceux des parties basses , ayant le jaune des côtés des éhtres droit, parallèle au bord , comme dans le L. (jazella d'OliAier. On pourrait alors les arranger ainsi : 1" l.ucaints Dcli'sscrtil , >"ob. ^oir avec luie bande jaune obli- que au côlé extérieur des élytres (mrdc et fem. ). Syn. : Litcamis bicolor, Saunders. Trans. Ent. Soc. (mâle). 2" Lucanus bicolor, Oliv. Noir avec ime bande jaune droite et parallèle au bord extérieur des élytres. Syn. : Lucanus bicolor, Oliv. (var. mâle). — gazella, Oliv. (femelle). L'idée cpie nous basardons aujourd'luii, sur l'exainen d'un individu mâle du Lucanus bicolor d'Olivier, pris par M. Ad. Delessert sur la côte Malaye et parfaitement identique avec la figure d'Olivier, sur ce- lui de trois individus femelles à côté des élytres obliquement jaune, provenant du plateau des Neelgherics, et sur les figures données par Saunders et Olivier, ne pourra être jugée que lorsqu'on possédera des collections faites avec intelligence dans des localités de l'Inde bien précisées. Alors on pourra fixer les limites de l'espèce et conserver ou rejeter celles que nons proposons aujourd'hui avec une extrême réserve. PASSALE DES NEELGIIERIES. Paxsalus Ncetglicriensis. Guérin. Semiconvexus. Antennarum clava hexaphyUa. Capite in vertice tubercu- lalo [tuberculo carinato anticeque ekvato) et in utroque latere carinu- lato. Clypeo valde emarginato, semi-circulari. Mandibulis apice triden- iatis. — Long. 28, larg. 8 1/2 millim. Son corps est peu bombé, lisse et luisant. La tête est un peu ponc- 2' l'Airr. 7 50 soi'vi;\ms din voyagk liicc en dessus. Il y a sur le verlex une petite caiène lonsitiulinale et deux autres carènes transverses à son extrémité; delà partie antérieure de la caréné médiane se détache une autre carène très-fine , d'abord droite , se séparant ensuite en deux sous un angle ouvert et coiube , formant un mamelon au point d'arrêt , et réunies par une autre cai-ènc Iransverse : le tout sans atteindre le bord du clia|)eion. Celui-ci est fortement anguleux vis-à-vis l'extrémité des deux carènes, niais ses angles sont tronqués à leur extrémité : l'angle gauche est plus dilaté que le droit et se penciie un peu vers lui à son extrémité. Les bords élevés de la tête sont saillants et anguleux avant leur extrémité. Les carènes oculaires sont peu élevées et obli([uent beaucoui) du ciMé de l'œil. Le labre est assez fortement échancré, pointillé, velu. Les mandi- bides sont droites , d'abord anguleuses extérieurement , recourbées brustpiement à l'extrémité ; la lèvre s'articule avec le menton par une ligne très-sinuce. Les lobes latéraux de celui-ci sont chargés de très- gi-os points, excepté vers leur extrémité : on n'aperçoit pas de fosset- tes gidaires. Les antennes sont liexaphylles, les trois derniers articles sont beaucoup plus longs que ceux qui les ])récèdcnt ; le dernier est notablement renllé dans son milieu. Le prothorax est en carré trans- versal , ayant un sillon dorsal peu profond qui n'atteint ni le bord an- léiieur ni le bord postérieur. Le sillon marginal est très-étroit , avan- çant derrière la tète , un peu élargi à son cvtrémité ; les fossettes latérales sont peu profondes et ne sont accompagnées d'aucun point. L'écusson est Usse ; les fosses mésosternales sont peu profondes , ru- gueuses, et s'élargissent un peu à leur extrémité. Le distjue du mé- sosternum est accompagné de quelques points agglomérés ; les stries des clytres sont également profondes et également chargées de petits points espacés. Cette espèce a été découverte par M. Ad. Delcssert siu- le plateau des Neelgheries. Nous l'avons communiquée à ^1. Percheron, qui l'a fait entrer, en notre nom, dans sa Mono(jrtipkic des Passâtes [Mag. zool, 1841). DANS L'JNUK. 51 MÉCOCÈllli BOSSU. Mecocerus gibbosus. Guériii. Oblonijo-ovalus, postice gibbosus, niyer, flavo-tomentusus. Elijtris slrialis, albo-punclatis. Anleniiis pedibusqm fulvis. — Long. mar. 1 1 , larg. 4 1/2 niiUim. — Long. fi-m. 10, larg. 4 1/3 millini. Cette espèce est bien distincte des trois Mecocerus décrits par I>L Schœnlierr, surtout par la forme bossue de ses élytres en arrière. Tout son corps est noir , mais dans l'état frais il est couvert d'écaillés très-fines et très-serrées d'un jaune d'ocre assez foncé. La tête et le corselet sont très-linement rugueux. Le corselet est un peu plus long (pie large, subcylindrique, un peu plus étroit en avant, arrondi sur les côtés, avec un sillon transversal avant le milieu, interrompu sur la ligne médiane ; et une petite carène transversale , arcpiée en arrière, placée entre le sillon médian et le bord postérieur, remontant , sur les côtés, jusqu'à une ligne élevée qui part de l'insertion des pattes antérieures. Les élytres sont de la largeur du corselet à leur base; elles s'élargissent ensuite , se relèvent en bosse en arrière , et ont cette partie comme globuleuse et assez brusquement élevée. Elles ont de fortes stries, de gros points enfoncés, et sont ornées , sur le fond jaune produit par les écailles qui couvrent tout le corps, de petits points blancs formés par du duvet et placés sur le sommet des côtes faiblement é!e\ées entre les stries de points. Le dessous est varié de jaune et de noirâtre. Les antennes et les pattes sont fauves et garnies de quelques jjoils jaunes. Chez les mâles, les antennes sont plus longues cpie le corps, un peu renflées aux trois derniers articles, qui sont entièrement couverts de duvet jaune. Les pattes antérieures ne sont pas beaucoup plus gran- des que les autres. Chez les femelles , les antennes ont à peine la moitié de la longueur du corps; leur massue jaune est plus épaissie. Les pattes antérieures sont un peu plus courtes, mais le corps est tout à fait semblable à celui des mâles. Ce curieux insecte a été découvert aux Neelgheries. 52 SOUVENIRS D'UN VOYAGE KI'ISOMK MONTAGNAlil». Episoinus montanus. Giiériii. Ater, opacus , griseo-squarnosus. Anlennis griseis; clava nigra. Capile thoraceque rugusis. Ebjtris ovatis, postice versus suturam subelevatis et suljcarinatis , longiladine foveatis et griseo-squamosis. — Long. 12 à 17, larg. 5à 7 millijii. Le corps est uu ])eu allongé, irès-bombé , d'un noir terne, avec de fines écailles grises sur toutes les parties qui n'éjjronvcnt pas de frot- tement. Les antennes sont courtes , grises a\ ec la massue d'un beau noir de \ elours. La tète et le corselet sont fortement rugueux , avec un profond sillon longitudinal au milieu. Les élj très sont de la largeur du corselet à leur base , ovalaires , élargies au milieu , avec la suture un peu élevée en arrière, formant là une espère de carène et coupées perpendiculairement. Elles ont chacune neuf côtes élevées, circon- scrivant des séries longitudinales de fossettes assez profondes h fond garni d'écaillés gi'ises ti'ès-serrées. Le dessous et les pattes sont fine- ment ponctués , plus ou moins coiiveits d'écaillés grises ; les jambes sont un peu velues: le dessous des tarses est garni d'un duvet jaunâtre. Cette espèce est assez commune sur le plateau des Neelgheries. liAUllIli; DES INEELGIIERIES. liarydius Neelgheriensis. Guérin. Aler , rugosus. Thoracis lateribus flavo-squamosis. SculcUv jlavti. Elij- Iris striatis , maculis qualiior flavu-squamosis , daabus anttcis basali- bus. Corpore sublus pedibusque flavo-squamosis. — Lons;. 5, larg. 2 1/2 inillim. Cette jolie espèce est assez commune aux Neelgheries; son corps est ovalaire, noir, assez fortement rugueux. Le rostre est noir, arqué, grand , cyUndrique , couvert de points rangés presque en stries longi- tudinales. La tête est presque lisse , très-finement ponctuée. Le cor- selet est à peu près aussi long que large , brusquement rétréci en avant , ayant ensuite les côtés droits et presque pai'allèles, à bords la- téraux garnis d'écaillés jaunes très-serrées formant de chaque côté une large bande dorée un peu échancrée au milieu. L'écusson est DANS L'INUi:. r)3 petit, triangulaire, couvert d'écaillés jaunes. Lesélytres sont peu con- vexes, rugueuses comme le corselet, avec de fortes stries longitudi- nales à fond lisse. Elles ont chacune cjuatre grandes taches écailleuses d'un jaune doré; les deux premières sont arrondies, placées à la base des élures, ne touchent pas l'écusson et s'étendent jusque sur les an- gles huméraux ; et les deux autres sont placées un peu au delà du mi- lieu , en arrière ; elles sont de forme ])resque carrée , à hords dente- lés. Le pygichum est noir en dessus. Le dessous du corps est entièrement couvert d'écaillés jamies , mais le dessous de l'abdomen offre toujours une bande longitudinale dépourvue d'ccailles et noire. Chez la majo- rité des individus le dernier segment est armé , en dessous , d'une forte lamelle élevée, lisse, arrondie au bout et dirigée vers la tète de l'anhnal , tandis (pie d'autres n'offrent rien de semblable. Ceux qui sont annés de cette lamelle varient pour la taille : ce sont certaine- ment des mâles. Les pattes de tous les individus sont couvertes d'écaillcs d'un jaune un peu plus pfde. Il y a quelques variétés à taches des élytres plus petites , et d'autres où ces taches s'étendent , se confondent même dans plusieurs points. MYLLOCERE DE FAHRICIUS. Myliocerus Fabricii. Guérin. Ehmgatu-ovatus, niger, supra fusco, subtus albido-squamosus ; antennia pedibusque piceis, fronte plana, fuveolata, rostro angustiore, hngitudi- naliter impresso, obsolete-carinato ; thorace transverso, subconico, sub- tiliter remote punctulato; eb/tris albo-tessellatis, subtiliter punctato- striati!<; femoribus obsolète dentatis. — Long. .5 à 8, larg. 2 à 3 millim. Hab. Pondichéri. 5/1 SOUVENIRS D'UN VOYAGE JULLOCÈUE SUBFASCIÉ. Mylloccl'us subfasciatus. Guérin. Elongato-ovalus, supra fusco, subtus cinereo-albido-squamosus; antennis pedibusque piceis; rostro supra profunde impresso, medio tenuiter cana- liculato; thorace trayisverso , subcylindrko ; ehjtris coiivexioribus , mediocriter punctato-striatis, obsolète oblique albo fascialis et lesselta- tis; femoribus bidenlatis. — Long. 5 à 8, larg. 2 à 3 millim. Habite les monts Noelclieries. DORYSTilÈNE MONTAGNARD. Dori/sthenes niontanus. Guérin. Castaneo-nitidus. Thorace lateribus subreflexo , subspinoso. Ehjlris obso- lète rugosis, subcostatis, apice dilutioribus. — Long. 29 à -42, larg. 10 :i 45 millim. {ri. 13.) Le genre Doryslhenes a été fondé, en 1826, par Vigors, pour un insecte qu'Olivier a publié sous le nom de Prioniis l'ostralus. Fal- derman, sans connaître le genre de Vigors, a créé un genre Ci/rto- (jnallius avec une espèce très-curieuse , qu'il aurait rangée dans le genre précédent s'il l'eût connu, mais qui, heureusement, s'en distin- gue assez pour que l'on puisse adojiter les deux genres. Nous avons montré, dans la Revue Zoologiquo par la Société Cuvicriennc, \HUO , page 83, les différences qui distinguent ces deux genres : nous n'avons donc plus qu'à reproduire les caractères de l'espèce en question. .Mâle entièrement d'une couleur marron , plus claire à l'extrémité des antennes, des élytres, aux tarses et au-dessous de l'abdomen. Tète allongée , à col cylindriciue. Yeux transversaux , réniforaies , ayant leur diamètre longitudinal étroit , laissant un large espace entre eux en dessus , et n'occupant au plus que le tiers de la longueur de la tète. Mandibules très-grandes et très-arquées. Corselet d'un tiers plus large que long , luisant, assez aplati , dilaté sur les bords, surtout au milieu, où l'on aperçoit la trace d'une petite pointe confondue dans la (lilalalioii. Élvtres bombées à leur base, médiocrement luisanles, fine- H'N slhcllfS ///,v/A/- DANS L'INDE. 55 nirnl cliagrinécs et oiïrant de très-faibles traces de côtes longitudinales. Tarses antérieurs des nifdes très-dilatés. La femelle est de la même couleur et plus large ; son corps est un peu |)lus ajilati , son corselet est phis petit relativement aux t-lytres, la tête est plus courte ainsi que les mandibules , il n'y a point de pointe coni(iue au prosternum ; l'abdomen est terminé par un petit oviductc fourchu , et les tarses antérieurs sont simples et non dilatés. Cette esi)cce diffère du £>. rostratus , pai'ce que ses yeux sont beaucoup plus petits et n'avancent pas autant vers la ligne médiane. En effet , chez celui-ci , ces organes occupent à peu près la Dioitié de la longueur de la tète. Les tarses antérieurs des nifdes sont moins dila- tés chez le D. rostralus; ses élyfres sont plus allongées, plus forte- ment rugueuses ; son corselet est moins large relativement à sa lon- gueur, car il est à peine d'un quart plus large que long. Enfin le D. rostratus, dont nous avons vu quatre mâles et une femelle, est toujoms d'une couleur brun-noir.ître luisant a\cc le corselet d'un rouge presque fauve ainsi que l'extrémité des antennes, les pattes et le dessous du cor|)s. Voici ce que M. Perrottet nous écrit relativement à l'habitation et aux mœurs du D. montnnus. « Cet insecte commence à paraître à la surface du sol dès la fin d'avril, et continue à sortir de terre, en aug- mentant en nombre d'individus, jusqu'aux premières pluies, qui d'ordinaire ont lieu fin de mai ou courant de juin. Leur nomi)re est alors si grand, que les chemins et les routes en sont souvent remplis, au point qu'on assure dans le pays que l'Ours noir des Gates ne se montre dans ces montagnes que pour s'en repaître. Parmi le grand nombre d'individus gisant à la surface du sol, on en remarque de jaunâtres, de blanchâtres et de bruns ; je me suis assuré qu'ils sor- taient de terre en en surprenant quelques-uns dans les trous mêmes qu'ils semblaient se creuser pour arriver à l'air Ubre. C'est toujours sur les montagnes couvertes d'herbes plus ou moins grandes , d'arbus- tes, etc. , qu'on les voit se montrer en plus grande quantité. Les envi- rons de Coonoor, de Kotirgherris, etc. , sont les endroits où l'on en voit le plus ; ils se tiennent toujours à terre, ont une démarche lente et lourde. Je n'en ai jamais vu voler. » Ces observations intéressantes, que M. Ad. Delessert nous avait fait pressentir en nous assurant que cet insecte se trouvait à teire dans des lieux élevés, dépourvus de grands arbres, et qu'ils servaient de nourrinu-e aux ours; ces observations, disons-nous, sont des plus "if) SOUVENIRS U'LllN VOYAGK curieuses et des plus importantes pour le classement du genre entier, car il est présuniable que les deux autres espèces ont une uianière de vivre analogue; et dès lors ces insectes devraient i)eut-ètre s'éloigner des Priones, qui vivent dans les troncs d'arbres, et aller ])rès des Dorcadions et de certaines LarnicA" que l'on trouve toujours à teiTC et dont les larves doivent vivre de racines. Genre EUCHROA. EVCHROà, Guérix. (hO, bien ; /po'ot, coloralion ) Nous avions d'abord pensé que notre insecte entrait dans le geinc Pacht/teria de M. Serville {Jtm. Soc. Eut. France, t. il, p. 553) ; mais en lisant les caractères que cet entomologiste assigne à son genre , et surtout en examinant comparativement une Pachyteria fascinta de la collection de M. Bucpiet, nous a^ons reconnu que ces deux in- sectes différaient tellement par leurs antennes, qu'il nous a semblé im- possible, en suivant la méliiode de .M. Serville, de les laisser dans le même genre. En efict, dans la Pachytéric, les antennes sont égale- ment épaisses dans toute leur longueur, assez tomenleiises. Les arti- cles du milieu ne sont pas beaucoup plus grands que les suivants ; ceux-ci olTrent à lem- extrémité interne une saillie dentiforme produi- sant des dents de scie. Dans notre genre, ces antennes sont tout à fait glabres, fusiformes ou épaissies au milieu, avec les troisième, qua- trième , cinquième et sixième articles ])lus grands et plus épais ; les suivants beaucoup plus minces et plus courts , ne formant pas de dents de scie. Nous ne parlons )ias du nombre de ces articles , car !\I. Ser- ville s'est trompé en en comiMant douze. Dans la Pachijlei-ia f'as- ciata que nous avons sous les yeux , nous n'en trouvons évidenmient que onze ; mais le dernier offre , cxtérieuienient et ])rès de l'extrémité , ime petite dent obtuse fjui a dû induire M. Sei'viJle en erreur. Voici le signalement de ce genre établi com])arativement avec celui que M. Serville donne de ses Pachyieria. Palpes maxillaires presque aussi longs que les autres , ayant leur dernier article cylindracé; celui des labiaux très-allongé , un peu sécu- riforme et troiupié au bout. Mandibules longues, rétrécies et amincies, terminées en pointe et un peu courbées au bout. l'I. ,4 . l'.iichrii.i i/i/iii'Jiii/ii . l'cLirocMli-nis /,.,,.„//.//M.- DANS L'INDi;. -.7 Antennes glabres, épaisses et fusiforuics , de onze (irticfcs , un l)eu plus rourtes que le corps (dans les femelles) , articles de trois à six plus épais et plus grands que les autres ; les suivants simples , sans prolongement en dents de scie. Labre transversal , un peu échancré et velu à son bord aniérieur. Corselet nnituberculé latéralement, brusquement rétréci en avant et en arrière , n'ayant pas de sillons transversaux près des deux extré- mités. Élytres allant un |)eu en se rétrécissant de la Iwse à l'exlréniité , celle-ci arrondie et uiutique. Écnsson triangulaire. Cuisses eu massue, fortement éiiaissies vei-s l'extrémité. Jambes un peu comprimées. Tarses ayant leurs trois premiers articles presque triangulaires. Le premier article des tarses postérieurs allongé , le plus grand de tous. EUCHROA P.VRTAGEi:. Euchroa dimidiata. Guérin. AIra. Antennis medio flavis, capite adverticein thoracequc fulvis. Ehjtria antice fulvis , macula scutellari nigrà. Pedibus nigro-opacis tiirsiaque cinereo-cœrulescentibus. — Long. 34, larg. 9 niillini. (Pi.i.i,ng. 1. Celte belle espèce a tout à fait l'aspect d'iuie Pacliytcria. Sa lète est finement rugueuse , noire , avec le milieu de la crête transversale qui sépare les antennes, et toute sa portion postérieure en dessus et en dessous , d'un fauve assez vif. Les antennes sont beaucoup moins lon- gues que le corps , noires , avec les second , troisième et (piatrième articles entièrement, et tout le dessus du cinquième, d'un beau jainie- orangé. Le corselet est également rugueux , un peu plus large que long, muni d'un tubercule peu saillant de chaque côté, finement bordé de noir en a\ ant et en arrière , avec la moitié postérieuie noire en dessous; il a en dessus quelques faibles bosselures. L'écusson est noir. Les élytres sont finement rugueuses, in.sensiblement rétrécies en arrière , munies de trois côtes fines et très-peu élevées , dont la se- conde .se bifurque près de l'extrémité et .se réunit à l'externe et h la siunre; elles son! d'un noir de velours avec la |iartie antérieure (jus- 2' PART. ,S 58 SOL'VEMRS D'im VOYAGE que piôs (lu milieu ) d'un fauve-vif portant une grande tache noir- commun au milieu de la base. Cette tache et la portion également noire des élylres sont garnies d'un très-fin duvet qui rem])lit les gra- nulations , lesquelles ne sont visibles fpie sur la portion fauve. Tout \v dessous du corps est noir avec quelques faibles reflets bleus. On voit sur les côtés du thorax et de l'abdomen des taches soyeuses, blanchâ- tres , ])roduitcs |iar des i)oils couchés. Les jiattcs sont d'un beau noir avec les cuisses fortement renflées vers le bout , rugueuses , les jam- bes assez comprimées et les articles des taises, assez larges , d'un bleu cendré en dessus , garnis en dessous d'un duvet très-serré et fauve. La partie interne des jambes antérieures est également garnie de du- vet fauve, mais moins dense. Cette espèce, dont nous n'avons vu qu'une femelle, a été trouvée à Pulo-Pinang. PELARCODERE EN DAMIER. Pclar(judevus tesscUatus. Guérin. Ater, griseo-pubescens. Capitethoraceque vittis quinque albo-communibua. Thorace dongato , cylindrico , antice posticeque iransi^ersim pUcato. Elijtrh apice bidmtatis , niaculis niveis irregularibus et subquadrath ornatis. Antennis pedibusque gracilibus. — Long. 32, larg. 8 1/2 millini. (PI. 'i.4,rig.2.) Nous plaçons pi'ovisoirement celte belle espèce dans le genre Pctar- goderus [^q\s\\\q. Ami. Soc. Eut. de France, t. IV, p. 72) parce qu'elle offi-e la majorité des caractères assignés à ce genre ; mais , avec un peu de bonne volonté , on pourrait en faire un genre distinct , parceque son corselet offre, en avant et en arrière, un petit létrécis- sement et trois ou quatre plis transversaux , tandis que dans les vrais Petargodervs il n'a qu'un seul sillon transversal à chaque extrémité. Chez les Pélargodères , les pattes antérieures sont beaucoup plus gran- des que les autres dans les nifdes; tandis que dans notre insecte, qui est aussi un mfde, ces pattes sont à peine un peu plus longues. Enfin, dans le genre de M. Serville , les élytres sont à peine tronquées à l'extrémité, tandis que dans le nôtre elles offrent chacune deux dents épineuses. Si l'on pensait que ces différences fussent suffisantes pour DANS L'INDK. 59 motixcr la création d'iiii goiirp distinct, nons proposerions de lo nom- mer Muci'oclu'tnis ([jia/pôç, grand, long; aù/vi'v, niiqne, con). Tout le corps de cet insecte est noir, mais il est couvert d'un très- lin duvet gris. Le devant de la tête est blanc avec une ligure noire leprcsentant assez bien un >1 renversé. Les yeux sont noirs et bordés de blanc. Les antennes sont grêles et de moitié plus longues que le corps. Le corselet est presque d'un tiers plus long que large, cylindri- (|ue, un peu rugueux au milieu, ayant à son tiers antérieur un sillon profond |)récédé par trois ou quatre plis transverscs , et prés du bord postérieur un autre sillon suivi de deux ou trois plis. Il est orné en dessus do trois bandes longitudinales blanches qui se continuent sur la tête , et de chaque côté , au-dessus de l'insertion des pattes , d'une large bande de la même coidcur, qui se continue aussi sur les côtés de la tète en passant sous les yeux. Les élytres sont plus larges que lo corselet, à angles huméraux saillants, avec l'extrémité rétrécie insen- siblement, tronquée et bidentée; elles sont ornées de taches angu- leuses blanches, do forme plus ou moins carrée, se touchant par leurs angles , ce qui leur donne un peu l'aspect des cases d'un damier. Le dessous est d'un gris plus blanchâtre que le dessus avec l'abdomen marqué d'une large bande noire au milieu et d'une série de gros points noirâtres de chaque côté. Le sternum est un peu saillant. Los pattes sont longues et grêles , presque égales , et ne diminuant de grandeur, des premières aux dernières , que d'une manière presque insensible . L'extrémité des jambes antérieures est un peu épaissie et arquée; les autres olTrent, près de l'ext sémite, au côté externe, une petite dent peu saillante. Du |)lateau des Neelgl.eries. — Trouvé en juillet. Le Cci'ambxjx tigrinus d'Olivier (t. IV, n" 67, p. 101 , pi. 19, lig. H(2], dont la patrie est inconnue, send)le être très-voisin du nôtre. Serait-ce sa femelle? SAPERDi; QUADRINOTÉE. Sapevda ( Sphœnura ) !. Boisduval , car il apparlient à l'archipel Indien ; il a le facics des P(ip. Panope et Dis.similis , et ne peut être placé que près de ce dernier: ce cjui le range à la fin du genre. Ses quatre ailes sont d'un blanc légèrement nacré et demi-transpai-ent , comme chez les Idea y les sui)érieures sont très-arquées à la côte , avec le bord postérieur Irès-légèrement sinué. Leur côte est noire avec six taches blanches in- égales allant de la base jusqu'au delà du milieu. La cellule discoïdale est également noire, occupée par quatre bandes blanches transversales et obliques; les deux premières droites, les deux autres arquées : il y a, à la base une petite tache triangulaire blanche, les nervmes qui par- tent de cette celhde sont toutes plus ou moins largement bordées de noir, et l'extrémité de chacune de ces nervures est occupée , au bord postérieur, par autant de grandes taches noires. Entre chaque nervure, et près du bord , il y a une tache noire ariondie ; enfin entre la pre- mière et la seconde nervure, en partant du bord interne, et entre les C[uatrième et cinquième , un peu au delà du milieu du disque , il y a deux grandes taches noires très-distinctes des autres, de forme un peu carrée. Les ailes inférieures sont arrondies, sans appendices ni ([ueues, un peu dentées, blanches, à nervures assez largement bordées île noir, avec le bord postérieur occupé par de larges taches noires fondues .■l[>lllO JMMmIii. M"'Jlmu ,1,1. r;.|.lll I .•n/itnri.f. i-'/tr/ DANS L'INDE. 69 cnlrc elles. Il y a , comme aux supérieures , un rang de tarlies noires occupant , |irès du bord , les intervalles des nervures. L'angle anal est occupé par une lunule noir bordé en liant d'une faible teinte jaune précédé d'une ligne transversale noirâtre. Le bord des quatre ailes est finement liséré de blanc interrompu par le noir des taches margi- nales. Le dessous est seud)lal)le au dessus ; mais les taches sont un peu moins larges , et la bordure antérieure jaune des lunules anales est d'une teinte plus vive. La tète de ce Papillon est noir avec deux lignes blanches en avant et contre les yeux, (pii sont rougeàtres ; les antennes sont noires Le thorax est noir, taché de blanc dessus et dessous ; l'ab- domen est noirâtre en dessus , blanc sur les côtés et en dessous , avec une ligne noiiàtre de chaque côté. Les six pattes sont brunes. Hab. l'île de Pulo-Pinang, à l'entrée du détroit de Malacca. Il est très-probable que c'est la même espèce que M. de Haan a re- présentée un an après notre publication (voy. /îeriremières est noire avec deux bandes ondées de noir parallèles au bord externe , et \;incss,i /•.//iî's de l'iiiigli' iiilV'rieur ; elles oui, en oiilie, au iiii- Ijcii , une bande dentelée et ondulée de noir servant do limite à la por- tion plus obseiue de leur i)asc. On voit dans le milieu delà celhdo dis- coïdale une petite bande transversc et brune avec le milieu fauve. Les inférieures ont au bord externe trois lignes noirâtres flexueuses; une ligne llexueuse au milieu , se continuant avec celle des supérieures ; et, entre celte ligne et les externes, une série de six points noirs dont les deux antéi'icurs et celui de l'angle anal un peu plus forts ; elles ont à la côte deux taches blanches , de forme carrée : l'une au milieu, l'autre près de l'extrémité antérieure. Le dessous des quatre ailes est d'un gris-ccndré-jaunàtre à reflets violets et perlés avec les nervures fauves ; elles sont traversées au milieu et oblicjuement par une ligne maculaire blanc bordé de noirâtre, droite du côté ex- terne, fortement dentée, surtout aux supérieures, du côté interne , et très-élargie à la côte des supérieures. On voit , en outre , aux ailes inférieures une série de six petits poinis noirs correspondant à ceux du dessus. Le corps est d'un brun jaunâtre , les antennes sont noires avec le côté antérieur fauve. Habile la côte Malave. VAÎSESSE EUDOXIF.. Vanessa Eudoxia. Guérin. (PI. 20.) Alis aniicis subfalcatis , posticis extus mb-caudatis ; omnibus supra ochraeets basi fuscis apice nigris, posticis lineis duahus marginalibus punclisquc sub-ocellaribus nigris; subtushrunneo-ochraceis, strigis den- lalisalbiset fuscis, ocdlisque cœruleo-pupillatis prope tnarginem. — Enverg., 7 cent. Vanessa Eudoxia. GrÉn.. Revue zoolog. par ta Société Cuvierienne, 1810, p. 44. Cette belle Vanessc peut être placée dans le voisinage des Van. Luodora et Pclarga de Godard. Ses ailes supérieures sont d'un jaune - fauA e couleur d'ocre , fortement concaves et dentées au bord externe, d'un brun pâle à la base, avec l'extrémité noi- râtre. Les inférieures sont dentées , elles ont une petite queue au mi- lieu du bord externe et nn petit prolongement arrondi h l'angle anal. 2' PART. 10 7/| SOrVhMRS n'I N VOYAGE Leur couleur csl siiiil)Iablc à colle des supérieures, avec la base égale- ment brune et l'angle supérieur externe noirâtre. KUes ont, près du bord, deux lignes sinueuses précédées de gros |)oints noirs à contour |)lus pâle ([ue le fond, dont les deux plus externes toucbent la tache apicale noire. On voit sur le milieu du lobe de l'angle anal une petite strie oblique bleue. I.c dessous est d'un brun jainuitre ; la base des ailes , d'un jaune plus pâle au milieu , augmente de ton vers les bords, avec des lignes en zigzag blanches à reflets violacés et d'autres lignes brunes et transversales. Les lignes blanches du milieu et celles ciui lon- gent le bord externe sont plus larges et mieux marquées. Il y a, en ou- tre, au côté interne des lignes blanches du bord des quatre ailes une li- gne d'yeux brun bordé de noir et pupille de bleu. On compte six de ces yeux aux aUcs supérieures et cinq aux inférieures. La frange est alternativement noire et blanche des deux côtes. Le corps est d'un brun jaunâtre, les antennes noires. Hab. la côte Malave. SATYRE DES NEELGIIERIES. Satyrus (Cyllo) Neetgheriensis. Guérin. (PI. 21, tig. 1.) Alis fuscis , anticis apice albo-maculatis , subtus griseo fascialis ocel- lisque luteis nigro-pupillatis ; posticis subtus fasciis fuscis et griseis angulatis, ocellis nigris, flavo cinctis, inœqualibus: antico magno, ru- tundo, albo-pupillato, tribus sequentibus oblonijis albo irroratis, anali duph'ci, ante anali roi undo, postice remoto. — Enveri;., 57 mil!. Cette espèce est très-voisine du Saiyriis Europa {GoA., Eue, t. IX , p. UIS ) , et pourrait bien n'en être cju'unc variété locale. Opendant , après l'aAoir comjiarée avec les deux sexes d'un vi'ai Sdli/riis Europa provenant de la Chine et que nous a communi((ué M. Alarchal, qui a bien voidu étudier cette espèce avec nous, nous avons trouvé des différences qui nous ont semblé réelles, tant dans la forme beaucoup plus sinueuse des bandes du dessous des ailes que dans la foime des yeux et dans la place qu'ils occupent. Chez les vrais Europd mâle et femelle il y a, près de la base des quatre ailes, une l);ui(lr d'un blanc naci'é , conuuuue aux cpialrc, assez étroite, DANS l.'IMJi:. 7.') presque droite et île la même largeur dans toute son étendue , tandis (juc la bande i[ui représente celle-ci, dans notre espèce, est très-irré- gulière et très-sinueuse et dentée , plus large vers la côte des ailes su- périeures , ne correspondant pas exactement avec celle des ailes infé- rieures. Dans notre espèce il y a, aux secondes ailes et un peu au delà du milieu, une autre bande grisâtre bordé de brim de chaque c()té, fortement anguleuse vers le bord externe, un peu avant le milieu de sa longueur. C'est entre cette dernière bande et le bord que .sont si- tués six yeux noir entouré de jaune, puis de brun, puis de gris- cendré. Le premier , celui qui touche à la côte, est le plus grand ; il a au milieu une grosse piq)ille blanche. Les trois qui suivent sont ovales et allongés , leur partie noire est semée d'un grand nond)re de petits atomes blancs. Le quatrième n'est plus situé sur la Ugne des autres , conmie cela a lieu chez YEuropa; il est très-reculé vers le bord, parfaitement rond et très-limité, et n'a au milieu que trois ou quatre petits atomes blancs. Enfui, l'œil de l'angle anal est remonté sur la ligne des autres ; il est double , formé de deux o\ales noirs, entourés tous deux de jaune, et semés de nombreux atomes blancs. Les yeux des aUes supérieures sont au nombre de cinq , bien ronds , tandis qu'il y en a six, dont plusieurs ovales, dans YEuropa. Dans notre espèce , c'est l'œil de l'angle postérieur qui manque. Les quatre ailes ont la frange blanche coupée de petites taches noires , immédiatement après la frange ; en dessus il y a une ligne étroite jaune bordé de noir des deux côtés, et précédée d'une ligne grise plus large et bor- dée, en dedans, de brun foncé. Notre individu est une femelle, son dessus est d'un brun-enfumé noirâtre (tandis que chez le vrai Europa ce brun est roussàlre) ; les ailes supérieures ont , au delà du milieu et au bord antérieur , une tache jaunâtre divisée en trois par les nervu- res ; il y a deux taches de forme carrée , près du sommet , et une autre tache près du bord externe et au tiers postérieur. Les ailes in- férieures sont sans taches , mais elles laissent apercevoir par tianspa- rence quelques traces des yeux du dessous. Leur bord offre les mêmes Ugnes qu'en dessous , mais moins bien marquées ; et elles ont au mi- lieu du bord postérieur une petite dent en forme de queue , semblable à celle du Sat. Europa. Hab. les monts Neelglieries. 76 SOI VKMHS 1)1 \ VOYACK s.vTYKE k'adoij'iii:. Satyrus Adotphci. Guérin. .1/(5 iiileijerrinis, fwico-nigris: anticis punclis iluabus alhis miiiulissiiiiis, poslicis ocellis duahus ferruijineis , niijro pupiliilis, ubsuletis : subluf< pallidioribm , anticis ut supra, posticis lineis daabus fascis Iransrer- salibus , basait abbreviata simmia , (illora recta, puncto nigro albu- pupillato et punctis nthi< iiiinatissimis prope margini'in. — Enverg., 47 mill. Cette espèce ressemble beaucoup au Satyrus sti'valius de Go- dard, mais elle n'a pas de reflet violacé et ses ailes, en dessous, sont dépourvues des yeux signalés chez celui-ci. Les quatre ailes sont d'un brun-noirâtre plus foncé vers la côte des supérieures. Celles-ci ont, près du sonnnel et un peu plus bas que le milieu, près du bord externe, deux très-petits points blancs peu visibles. Les infé- rieures ont également i)rès du bord deux petits yeux peu marqués, d'un jaune-fauve à pupille noire. Le dessous des ([uatre ailes est d'un brun moins foncé qu'en dessus , les supérieures offrent les deux petits points blancs du dessus. Les inférieures ont chacune deux bandes transverses et obliques brunes , la première près de la base , un peu sinueuse et n'atteignant pas le bord externe ; la seconde au delà du milieu , par- tant de la côte , aux deux tiers de la longueur de l'aile, et se terminant à l'angle anal. Cette bande est droite , nettement limitée du côté exté- rieur, fendue du côté de la base de l'aile. Entre cette bande et le bord il y a une rangée de quatre petits points blancs dont le second , à i)ar- tir de l'angle anal , est entoiné de noir. Hab. les monts Neelgheries. Trouvé dans le mois de juin. %# « l'iiKdinin.iliis .[,/.,;■/ llrS|M-|'ia li,;ii,l,iiimt DANS L'INDE. 77 ' SATYRE (.IIENU. Suti/rus Chenu. Guériii. 'PI. 21, fig. 2.) Alis inlegris, supra {usch, pallidé suhmaculatis : aniicis ulrinqui' ocdUi magno nif/ro et bipupillato : posticis supra duabus, suhtus tribus oceliis nigrii; subtus omnibus grisen-cinereis fusœ-sirigusis , anticis ditahus, posticis tribus fasciis margineque brunneis. — - Enverg., 40 à -50 mill. Ce petit Satyre ressemble beaucoup à celui que Fabricius a nommé Biitdiis, et l'on serait tenté de confondre ces deux espèces si l'on s'en tenait rigoureusement à la description donnée par Godard (Encycl. , t. IX, p. 551 ) ; mais cpiand on examine les figures données par Tra- mer, et surtout par Hubner, du Satyrus Boldu.s, on voit qu'il a le dessous cendré et uniforaiément semé de petites stries brunes sans aucune trace des bandes qui se trouvent chez le nôtre. Les yeux des ailes inférieures sont aussi jilus nombreux. Notre Satyre de Chenu est en dessus d'un brun grisâtre avec quel- c[ues fines taches nébuleuses et plus pâles vers l'extrémité. Les ailes supérieures ont près du sommet un grand œil rond , noir , largement bordé de jaune et marqué de deux petites pupilles d'un bleu luisant. Les inférieures ont deux yeux beaucoup plus petits, noirs, bordés de jaune , avec une seule pupille bleue très-petite. Le premier est situé au milieu de la largeur de l'aile, près du bord externe; l'autre est placé entre le premier et l'angle anal. Le dessous des quatre ailes est d'un gris -cendré marqué d'une multitude de petites stries transverses ondées et brunes. Les supérieures ont l'oeil unicpie comme en dessus; les inférieures ont trois yeux , les deux du dessus et un troisième près de la côte et plus distant du bord externe. Dans les supérieures le bord externe est d'un brun jaunâtre , et il y a deux bandes de la même cou- leur, partant presque du même point au bord postérieur près de l'angle interne et divergeant ensuite pour se rendre à la côte , l'une en dedans et l'autre en dehors du grand œil apical. Aux inférieures le bord externe est également jaunâtre , et il y a trois bandes de la même couleur et un commencement de quatrième bande sur laquelle est posé l'œil près de la côte, la bande de la base est un peu arquée et n'atteint pas le bord interne: les deux autres vont en divergeant de 7S SOI VKMnS D'UN VOYAGK l'iiiigle aïKil il la côle , et ciiibrassciit clans leur inlenallu le plus laii^c l'œil supérieur et le couinieucenient de bande sur lequel il est \msr. Le cori)s et les antennes sont bruns, les pattes et le dessous sont variés de gris. — Il y a des individus plus petits qui ne diiïèrent en rien de cette description. Hab. les monts Neelglieries. Trouvé en juillet. l'dl.VOMMATlC NVSEI s. Pi>/i/oni 111(1 lus Ni/srit.s. Guériu. {Pi. îî, fig.1.) AUs supra fuse is , posticis macula poslicali magna ferruginea. Cauda minuta nigra, apice alba. sublus albo-subviridescente : aniicis apice ni- gris, albû-maculatis punctoque metlio nigro: poslicis tesj nigro macu- laiis, margine laie ferrugineo [ad anguluiii uniicum nigro), atlm macu lato. — Enverg., .57 niill. Cette jolie espèce se rapproche, |)Our la forme, de notre .ïrtjas poeta [Voyage autour du monde de ta corrcllc la (Coquille, Zool. , t. II, part. 2, l''" divis. , pag. 277, pi. 18, f. U). Tout le dessusde son corps et de ses ailes est d'un brun-noiràtre uniforme avec la frange allcriiativement noire et blanche de part et d'autre. Les ailes inférieures ont, près de l'angle anal , une petite queue mince , noire , à butil blanc : elles sont en |)artie occupées par une grande tache d'un rouge ferru- gineux placée au bord inférieur h partir du milieu de leiu- longueur , mais ne remontant pas jusqu'à la côte. Le dessous est d'un blanc Irès- faiblement verdàtre vers la base. F.es supérieures ont un gros point noir au milieu, et leur moitié apicale est noir mar((ué de deux bandes de lâches blanches dont l'interne composée de taches inégales , l'ex- terne formée de six lâches alignées et égales et suivie, près du bord, d'une petite ligne blanche mince et interrompue. Les inférieures ont à la base huit ou dix gros points noirs, et lein- extrémité présente une large bordure noire au quart antérieur, et d'un beau rouge-ferrugi- neux ju.squ'à l'angle anal, bordée extérieurement d'une fine ligne noire que précèdent de petites lignes blanches. Cette bande cil tra\ersée dans son milieu par une hgne de huit tacites blaurlies. Le dessous des pal- pes, du corps et des palKwesl blanc. Mal), l'nudirhéri. Trouxé en juillel. -•. Salvnis r/i,;u, . DANS l.'INDi:. 71) iiESPKiîii; ni: benjamin. Uc.sprria (Tliyinele) Bcnjaminii. Guériii. (PI. 22, lig. 2). Corpore aHaqm supra obscuro-viridibus , apice ubscurioribus; poalios margine inferiori fulvis, subtus lalo-viridibux, nervis nigris: posticis macula magna posticali fulva , nigro-punctata. Capite infra anoque fulvis. — Enverg., '6 1/2 centiin. Cette magnifique espèce n'a aucun rapport avec celles qui ont été publiées par Linné et Fabricius. Son corps est d'un vert obscur avec le dessous de la tète , le devant des hanches et des cuisses antérieures et le dessous de l'anus d'un jaune-fauve vif. Les quatre ailes sont en dessus d'un vert obscur tirant au noirâtre vers l'extrémité avec le bord inférieur des secondes un peu prolongé en im lobe arrondi et d'un beau jaune-orangé ou fauve. Le dessous des quatre ailes est d'un vert-doré assez vif avec les nervures noires. Les inférieures ont en arrière une large tache d'un beau jaune-fauve, partant de l'angle anal et se terminant carrément au miUeu de leur bord inférieur, avec une grande tache noire \is à vis le lobe ou fausse queue , et quatre ou six gros points noirs réunis entre cette tache et la terminaison du fauve. Les tarses sont de la couleur du corps : les antérieurs sont d'un jaune pâle en avant. Les antennes sont noires. Hab. les >eclgheries. Nous avons donné h cette espèce le nom de M. Benjamin Delessert, protecteur éclairé des sciences et dont le nom est vénéré des natu- ralistes. 80 SOI VK.MHS 1)1 \ \()VA(;i': SPHINX MCIL.VNI. S'iihinx ( Deielphila) vifill. Giiérin. (PI. 23 , (ig. I). Cnpile thoraceque fuscovirescenlibus, linea laterali alho-grisea. Al i!< fus- ais, anticis puncio medio alro , margine posteriori et exteriorilalé gri- seis , fusco maculatis et strigosis. Abdomine griseo supra ohscuriori, ulrinque maculis quatuor fuscis poslice albo-punctatis. — Enverg. 9 cent., long. corp. 4 cent. Il ressemble beaucoup au S/i'iinx vetoxdc l'abricius {Eut. st/st. 3, p. 378); mais la description de celui-ci ne convenant pas en tout point à notre espèce , nous nous sommes décidé à la donner ici. Le dessus de la tête est d'un brun assez foncé, faiblement verdàtre, avec les côtés d'un gris cendré. Le corselet est de la couleur de la tête ; il offre de clia(iue côté , avant les ailes , une large bande grise cjui se continue avec celle de la tête, se bifurque un peu avant l'insertion des premières ailes, pour suivre l'insertion de celles-ci et des secondes, et envoyer une bande oblique sur le dos , laciuelle se confond en arrière avec une large ligne médiane grise partant de la partie |)()stérieure de la lête. La ligne grise qui longe l'insertion des ailes devient d'un blanc \if en arrière. Les ailes supérieures sont divisées en deux parties lon- gitudinales de couleurs différentes, brunes et cendrées, égales ; l'anté- rieure , celle de la côte , est d'un brun varié de noirâtre avec quel- ques raies longitudinales noires, une nervure grise vers l'extrémité et un petit point noir au milieu. Cette partie brune n'atteint pas l'ex- trémité de l'aile , et elle est limitée inférieurement par une ligne si- nueuse noire. La partie postérieure et externe de ces ailes est d'un gris-cendré un peu roussâtre, commençant au bord inférieur, près de la base, et se terminant au sommet. On voit dans cette partie une ligne brune assez large , partant de l'angle apical et dirigée vers le milieu de l'aile ; une autre ligne sinueuse et paiallèle au bord externe, suit ce bord : il y a deux ou tiois petites lignes onduleusesau milieu, près de la limite de la partie brune, et parallèles au bord de celle-ci , et quelques petits jioints bruns marqués sur les nervures plus blancbàtres qui traversent la portion grise. On voit une assez grande tache brune, au bord intérieur, près de l'angle interne, qui est assez '*. S(iliiii\ //^>///', I 1.1/ I s /„„/,r,,„„. (',. {i\ ii,iiiliiccr;i iJAiNS L'INDE. 81 saillant; le bord externe est un peu arrondi et saillant au milieu, fai- blement échancié en liant : ce ()ui produit une petite pointe à l'ex- trémité : sa frange est alternativement jaunâtre et noire. Les ailes in- férieures sont d'un hiun obscur avec l'angle anal arrondi , plus pâle et une ligne noire onduleuse, assez large et peu limitée , parallèle au bord inférieur, fondue dans la couleur brune du fond, vers l'extrémité, et terminée avant l'angle anal à une petite saillie du bord postérieur de l'aile; la frange est gris inlerrompu par du brun. Le dessus de l'abdomen est d'un gris -brun piquelé de brun plus foncé au milieu, gris plus pâle sur les côtés et à la base , et il a de chaque côté, à partir du troisième segment, quatre taches noires peu limitées e marquées d'atomes gris à leur partie inférieure. Le dessous des quatre ailes est gris-cendré varié de ferrugineux et d'atomes noirs. Les supérieures ont au milieu un grand espace brun uniforme, et près de l'extrémité une large bande plus ferrugineuse marquée ])rès du sommet de trois faibles bandes noirâtres partant de la côte et peu allongées. Il y a de plus, dans cette j)artie fauve, une ligne de cinq à six points noirs. Les inférieures ont aussi deux bandes maculaires noirâtres, l'une au mi- lieu, l'autre entre celle-ci et le bord externe. La frange des quatre ailes est conmie en dessus. Le dessous du corps est gris-roussâtre , et les côtés de l'abdomen sont marqués de six petits points noirs. Les antennes et les pattes sont grises. Hab. Pondichéri. llACIiOGLOSSE IIVLAS. M a GV.NAUTOCÈIU: I)1ST1.\(,TI: . Gynautoccra distincta. Guériii. (PI. 24, lig. 3.) Mis aniicis ulrinque griseo ■ ftavescentibus , fasciis tribus macularibus nigro cijaneis. Posticis albis , laie cyaneomarginatis. Vertice flavo; collari nigro griseoque variegato. Thorace griseo, linea média nigra. Abdumine flavo, segmenta primo albo , sublus nigro segmentis albu- inarginatis. — Env o cenliin. Celte espèce est bien distincte de la G. pectinicornis de Linné par son col noir , le dessus seulement de sa tète d'un jaune orangé et jjar la disposition des bandes maculaires de ses ailes supérieures qui produisent sur leur milieu une bande arquée verticale et non oblique. Ses premières ailes sont d'un gris-cendré un peu jaunàtre-sale ; elles ont une ligne noire à la base , jiaraUèle à la côte ; à leur premier tiers on trouve une bande transversale arquée , formée de quatre taches inégales d'un noir h reflets bleus , puis une autre bande parallèle à la première , un i)eu au delà du milieu , formée de six ou sept taches laissant entre elles et la première une large bande gris-pàle com- mençant à la côte un peu avant le mUieu , et se terminant au milieu du bord postérieur. L'extrémité de ces ailes présente encore une bande maculairc assez large , et entre celle-ci et celle du milieu il y a plusieurs taches de la même couleur noir-bleu séparées par les ner- vures et laissant entre elles quelques taches grises. Les ailes inférieures sont blanches avec une large bordure d'un noir à reflets bleus très- vifs, n'atteignant pas l'angle an.il eu dessus, y arrivant en dessous. Le dessous des quatre ailes est semblable au dessus , mais les reflets bleus sont |)lus vifs et la bande du milieu des supérieures est blanche. La tête est jaune en dessus avec les antennes d'un noir bleu. Le col ou prothorax est noir avec deux petites bandes transverses d'un blanc jaunâtre au milieu. Le corselet est gris-jaunàtre avec une large bande longitudinale d'un noir bleu au milieu. L'abdomen est en dessus d'un jaune d'ocre assez vif, comme le dessus de la tête, avec le premier segment blanc ; le dessous est noir avec une bordure blan- che à chaque segment. Le dessous du thorax et des pattes sont d'un noir-bleu taché de blanc. — Hab. la côte Malaye. — Décrit sur un individu femelle lui peu passé. 86 SOliVKMUS DllN VOYAGE «iVNAlJTOCtRIi SEMBLABLE. Gtjnaiitoicrii a/finis. Giiérin. (PI. a, fig. 2.) Mis anticis utrinque viridi-micanlibus nigro-maculatis , fascia meJia lala maculisque apicalibus albo flavidis. Alis posterioribus albo jlari- di's , niaculis apicalibus niijro-viridi-micanlibus. Vertice et margine antico collari rubris. Thorace viridi-micante. Abdomine viri'li-cœruleo, sublus albo, lateribus niyru punctato. — Env. tiraill. (lette jolie espèce est liés - voisine de la G. pcctinicornis (Sphinx pectiniconiis. Lin.; Phai. tibei'ina, Cram.). Hlais tous les auteurs s'accordent pour décrire et figurer cette dernière avec le dessus de la tête et tout le col rouges ; tandis que la nôtre a bien la tête rouge , mais son col est noir-vert avec un fin liséré rouge au bord antérieur seulement. Les ailes antérieures de notre espèce sont d'un joli vert -doré -brillant coupé un peu au delà du mi- lieu par une large bande oblicpie d'un blanc-jaunàire formant une espèce de coude au milieu ; au côté interne de cette bande ou voit , dans le vert, quelques taclies noires. Son côté externe ou l'extrémité de l'aile est marqué de plusieurs taches et lignes noii-es et de deux petites taches blanches |)rès du sommet. Les ailes inférieures sont d'un blanc lavé de jaune-pâle , elles ont au sommet doux ou trois taches noires inégales à reflets bleus extérieurement. Le dessous des supérieu- res est semblable au dessus , mais la bande du milieu est plus large et les deux points blancs du sonunet se réunissent et forment une seconde bande assez large que coupent près du sommet quelcjucs lignes bleues. Les taches apicales des inférieures sont presque effacées. Les antennes sont noires , la tète verte avec le vertex rouge. Le prothorax est d'un vert noii- avec le bord antérieur finement liséré de rouge. Le corselet est d'un beau a ert-doié bi-illant. Le dessus de l'abdomen est d'un vert- bleu très- luisant, et son dessous blanc ponctué de noir sur les côtés. Le dessous du thorax et les pattes sont blancs. — Hab. l'ondichéri et la côte Malaye. Cette espèce est beaucoup plus petite que la vraie G. pcctinicor- nis de Linné figurée dans Edwards. Pour bien faire apprécier les différences qu'il y a enire nos espèces r[ le Sphituv pecliiticovnis de Linné, nous allons reproduii<' l;i DANS i;i>DE. 87 description qu'il on a donnée , et nous établirons sa synonymie. On verra que Linné avait décrit cette espèce d'après la figure d'Edwards, qu'il avait bien indicpié sa localité d'après ce même auteur, qui l'avait reçue de Cliine ; tandis que Fabricius , dans tous ses ouvrages , s'obs- tine à la donner comme d'Américpie, tout en copiant textuellement la description de Linné : ce qui montre qu'il n'a jamais vu cet in- secte. En rapportant à cette espèce la Phalana tiberina de Cra- mer, que celui-ci indique aussi comme venant de la Chine, il aurait cependant dû rectifier son ei'reui- d'habitat. Sphinx pectuiicornis. Lin. Syst. nat. 2, 807, n° i4 (1767), Edw. av. p. 36, pi. 226. (1758). S. Subfusca, alis viotaceis : fasciis dtiabus aibis siibintcr- ruplis, collari sa nguineo. — Hab. in Asia. Statura S. filipendula?. Antennœ pcctinatae, scd apice fdiforines et simplices. Voici ce qu'on trouve dans Edwards : Glanures d'hist. nat. ois. , t. I, p. 36, pi. 226. : « Le petit ])apillon noir et blanc vient de la Chine, et fait partie de ma petite collection. Le dessus des aUes est noir ou d'un brun très- foncé; elles sont barrées obhquement, d'un côté à l'autre, de barres d'un blanc de crème : la tète , et le commencement du corps est d'un très-beau rouge ; le reste du cor])s , et le corps inférieur ou la queue, est d'un beau bleu , qui semble s'introduire un peu parmi le noir des grandes aUes , aux endroits par où elles sont attachées au corps. Le dessous de ce papillon est marqué de même que le dessus , excepté que les couleurs sont moins vives. « Comme on le voit, il n'est nullement question ici des ailes infé- rieures; cependant la figure nous montre qu'elles sont noir à reflets bleus avec une grande tache blanche au milieu , partant de la côte et atteignant à peine le milieu de l'aUe. Zygœna pccttnicornis. Fab. Syst. cntoinolofiiœ , p. 554, n" 18 (1775). H cite Linné 2-807, et Edw. copie la phrase de Linné, et donne pour habitation : in America. Ziygœna pectinicovnis. Fab. Spec. Ins., 2, 164, n° 35 (1781). Il copie encore la phrase de Linné, cite VEnt. syst., et cite en plus: Phalœna tiberina, Cram. Ins. , 3, t. .xxx'ii, {. c. d. Il dit tou- jours : n Hab. in America. " Zi/gfrt)a pcclinicnniis. Fab. Manlissa Ins. . 2, p. 105, n" h'2 88 SOUVENIRS U'LN VOYAGH; ('1787. Il no donne qu'une copie de la phrase, sans synonymie ni liabilation. Zygcvna peclinicornis. Lin. Ed. Gmelin , t. V, p. 2397, n" liU (1789). Copie de la phrase de Linné. Citation de Fabr. : Species et Mantissa. ; de Cramer : ( Ph. tiberina ] ; d'Edwards : [lab. in America. Zygœna pcctinicornis. Fahr. Entont. sijstcnuit , 3, pars 1, p. 399, u° kU (1793 . Il copie la phrase de Linné, et le cite. Il cite Pliai, tibirina, (Jram. , Edw : Hab. in Americœmeridionalis insvUs. Ckalcosia H'berina. Hubn. Exotisch. Samel. A notre avis , Fabricius a bien l'ait de rajjporter la figure de la Pha- iœna tiberina de Cramer au Sphinx pectinicornin de Linné; mais il aurait dû dire que cette figure représente une variété de l'es- pèce Linnéenne. Il en est de même des figures de Hubner. On ne pourra avoir de certitude sur l'identité de l'espèce de Linné et des espèces de Cramer et Hubner, que lorsqu'on aura reçu un assez grand nombre d'individus, pris en Chine et dans d'autres parties des Indes, afin d'avoir ions les passages entre la variété blanche figurée par Hub- ner et le type uoir de Linné. Ce genre Gynautocera, que nous avons fondé dans le Maga.iin de Zoologie, 1831, cl. IX, pi. 12, sur une belle espèce semblable à un Papilio proprement dit, a les plus grandes affinités avec le genre Procris ; c'est près de lui qu'il faudra le placer dans une classifica- tion naturelle, avec les genres Chelura et Heleriisia de Al. Hope. (Trans. Linn. Soc. Lond., vol. xviil, p. &/i/i,pl. 31, f. h et 5.) Nota. Nous venions de terminer cette notice, quand nous avons vu, dans la collection de M. Marchai, amateur très-instruit qui nous communiciue les richesses de sa belle collection avec la plus grande obligeance, un individu provenant de la Chine et que l'on dirait être le type de la figure d'Edwards. Il est entièrement noir avec quelques reflets verdàtres sur la base des ailes supérieures, sur leurs nervures, et vers l'angle anal des inférieures. Les premières ailes ont deux ban- des obliques et maculaires d'un blanc jaunâtre : l'une au milieu , par- tant de la côte un peu avant le milieu de sa longueur, et se terminant un peu avant le bord inférieur, près de l'angle interne; et l'autre, parallèle h la première , située près du sommet. Les ailes inférieures ont le bord interne un peu blanchâtre à la base , et une tache de la même couleur au bord antérieur, près de la côte, un peu au delà du DANS L'INDi:. -Si) milieu. Celte lâche alteinl à peine le tiers de la largeur tle l'aile. Les anieniics sont noires; la lèlc a des reflets verts avec le vcrtex rouge; le prolliorax ou le collier est entièrement rouge ; le corselet et l'ab- domen sont noirs , à reflets verts et bleuâtres. Le dessous des quatre ailes est semblable au dessus, mais d'un noir plus brunâtre, avec des icflets d'un vert bleu. Les inférieures ont en plus, près de l'extrémité, deux taches jaunâtres formant le connnenceuient d'une bande margi- nale. Nous donnons (pi. *2i, fig. h) une figure exacte de cet insecte, qui est plus intéressant à nos yeux qu'une espèce nouvelle. II.\ZIS MALAIS. Hazis malai/iiniis. Guérin. (PI. 23, fi^. 2.) Alis utrinque cinereo-gristis, subcijaneis , macuUs nigro-cyaneis. Postkis margine interiori macula bifida lutea. — Enverg., 8 1/2 cent. Cette espèce ressemble tout à fait au Dombijx palmyra de Stoll [Supjit. à Cramer, p. 159, pi. 36, f. 1), et nous étions tenté de ne pas l'en distinguer; mais la grande et double tache jaune que l'on ob- serve au bord interne de ses ailes inférieures n'étant ni mentionnée ni figurée par HoU, observateur exact qui n'aurait pas manqué de signa- ler ce caractère , nous avons cru de\ oir décrire ce papillon comme espèce distincte. Ses quatre ailes sont d'iui gris-cendré un peu bleuâ- tre ; les supérieures ont la base de la côte jaunâtre et de grandes taches d'un noir bleu, sinueuses, defonne carrée, formant trois bandes macu- laires transverses arquées , très-anguleuses et irrégulières. Il y a , en outre , au milieu et près de la côte , une grande taclie ovalaire. Les in- férieures ont au milieu une giande tache ronde , une autre plus petite, à côté de celle-ci et près du bord interne , et deux bandes maculaires parallèles au bord externe, dont l'extérieure assez régulière, l'interne fortement sinueuse et anguleuse ; leur bord interne est occupé , depuis le milieu de sa longueur jusque près de l'angle anal, par une grande tache d'un beau jaune -doré coupé eu deux par l'extrémité de la bande noire interne. Les antennes sont d'un brun jaunâtre, bi])ecti- nées, allongées; la tête et le corps .sont également d'un brun jaunâ- 1' PART. 1'-^ 90 SOUVENIRS D'UN VOYAGE tic avec le dessous et l'extrémitc de l'abdomen d'nn jaune doré ; le dessous des ailes est semblable au dessus. — Hab. la côte Malavc. EUCHELIA GRACIEUSE. Etichetia gratiosa. Guérin. Pi. 26 , iig. I . Alis anticis luteis, rubro maculât is; fascia lata fusca lineis rubris in- terrupta. Alis posticis roseis, basi diluiioribus. TJiorace rubro, marulis flavis et nigro punctatis. Abdomine roseo. — Env., 39 à 'o2 mil!. Cette jolie espèce a quelques afTinités avec la Phalwna syringa de Cramer ; ses ailes supérieures sont d'un jaune ]vile et couvertes de grandes taches anguleuses rouges jusqu'au delà du milieu , ayant en- suite une large bande noirâtre, qui n'atteint pas le bord de l'aile, cou- pée par des lignes rouges qui s'élargissent en arrivant à la frange. Les taches de la base, occupant plus d'espace que le jaune, laissent entre elles un réseau de cette couleur formant des bandes longitudi- nales coupées par des bandes transverses, et l'on voit dans cliacpie point d'intersection du jaune, une petite tache noirâtre. Les ailes infé- rieures sont d'un rose pâle , plus claù- vers la base. Le dessous des quatre ailes est d'un rose-pâle mêlé de nuances jaunâtre-fondu. On voit près de l'extrémité des supérieures quelques traits longitudinaux noirâtres. La tète , la base des antennes et le corselet sont rouges. Les antennes sont jaunâtres avec le bout un peu brun. Le corselet offre cinq taches jaune marqué au milieu d'un point noir. L'abdomen et les pattes sont rouges ; celles-ci ont quelques petites taches noires. Habite les monts Neelgheries. Trouvée en juin et juillet. /. l'iiii'ln'lia ^tf/Wf.ra. ,■■«.;: - ( alliinoi-pli.i :i/,ir,/i,r/ii. :'■ -Ircll.l Jli>ii/,i/iii , •:„,;■. ^. Kllholia rnr/f>v///,r . r.\ ... /crClia ///.r,,.„„. I.;,.; . DANS L'INDK. 91 callimokpue: ? de marchal. Callimorpha ? Marclialii. Guériii. (PI 26, fig. 2.) Alis anticis yriseo - cinereis , fasciis undato - fuscis punctoque medio nigro ; posticis (lavis, apice macula minutissima fusca. Vertice, thorace abdomineque flavis et nigro punctatis. Alis superioribus infra pallido- fuscis, punctis duabus nigris; posticis (lavis, puncto medio nigro. Abdu- mine lateribus nigro-punctato. — Envcrg., 34 mill. Cette jolie espèce, qui formera plus lard le type d'un nouveau genre, ne peut être placée provisoirement que dans le genre Calli- niorphe ; car ses palpes assez allongés , à dernier article distinct , la rapprociient de la Ciill. liera. Sa tète est d'un blanc grisâtre avec le vertex jaune marqué d'un point noir. Les antennes sont allongées, sétiforuies , brunes et gai'iiies de deux rangs de cils pâles et peu visi- bles. Les palpes sont relevés et débordent notablement le devant de la tête, avec le dernier article plus mince, h écailles couchées, et comme nu; les trois articles apparents sont presque égaux, blanchâtres, à bout noir. Les ailes supérieures sont d'un gris-cendré pâle; elles ont à la base deux ou trois bandes oiiduleuses brunes plus foncées à la côte , où leur extrémité forme trois taciies bien marquées : il y a en- suite un espace gris-pâle occupant le tiers de la longueur de l'aile, marqué au miheu , du côté de la côte , d'un assez gros point noir. Vient ensuite une bande très-anguleuse et brune, précédée en dedans d'une petite tache noire en cioissant, qui se trouve vis-à-vis l'angle le plus sortant de la bande brune, le ferme en dedans et forme ainsi une petite tache ovalaire grise. Le bord externe de l'aile est brun, et l'on voit une bande de la même couleur entre ce bord et la bande précédente. Les ailes inférieures sont d'un jaune d'ocre uniforme avec une petite tache brune au sommet. Le corselet est jaune avec deux taches noires sur le prothorax et quelques autres en arrière. L'abdomen est d'uit jaune d'ocre assez vif en dessus avec une ligne médiane de points noirs; le dessous est d'un jaune plus pâle marqué de taches noires de chaque côté. Les pattes sont brun taché de jaune-pâle. Le dessous des ailes supérieures est d'un brun cendré avec deux gros points noirs placés dans le sens de la longueur ; les inférieures sont jaunes avec un gros point noir au milieu et assez près de la côte. 92 SOUVENIRS D'UN VOY.VGi: Haliik' les monts Ncelgherics. Prise en juillet. Nous l'avons dédiée h M. Marchai, qui nous a comniunitiué géné- reusement les espèces de sa collection. AUCTIE MOiSTAGNAUDE. Ai'clia montana. Guérin. (PI. '26, fig. 3.) Alis anticis obscuro - fuseis et nigro - subundatis. Posticis livido-jlaves- centibus, maculis quatuornigris. Antennis pectinatis. Capite thoraceque obscuro- fuseis. Abdomine supra rubro, in mediu fusco lineato. Alis an- ticissubtus pallido-rubris, margine obscurioribus maculisduabus nigris. Posticis ut supra. Abdomine subtus fusco, punctis lateralibus nigris. Pedibus fuseis, femoribus supra rubris. — Enverg., 41 mill. Cette espèce a une iiliysionomie tout à fait européenne, et se rap- proche beaucoup de YArclia fuUginosa. Ses antennes sont forte- ment bipectinées, l)runes. La tète et le corselet sont d'un brun noirâ- tre; celui-ci est très-velu, plus obscur. Les ailes supérieures sont d'un brun noirâtre, un peu teinté de jaunâtre vers l'extrémité, avec quel- ques taches ondées , très-peu visibles et d'un brun plus obscur. Les inférieures sont d'un jaunàtre-sale livide , à frange brune avec une tache noire au milieu, vers la côte, et trois autres taches semblables placées près du bord externe, l'une, plus petite, près du sommet, et les deux autres rapprochées entre elles et du côté de l'angle anal. Le dessus de l'abdomen est d'un beau rouge avec une large bande lon- gitudinale brune au milieu. Le dessous des ailes supérieures est rou- geâtre avec les bords obscurs et deux taches noires , l'une au milieu et près de la côte , l'autre près de l'extrémité. Le dessous des infé- rieures est entièrement semblable au dessus. Le dessous du corps est d'un brun grisâtre , et l'on \ oit un rang de points noirs de chaque côté de l'abdomen. Les pattes sont velues, brunes, avec le dessus des cuisses rouge. Habite les monts Ncelgheries. Trouvée en juillet. D\^S L'INDE. 9:5 AliCTlIi INDIENNE. Arctia indica. Guérin. Aiis omnibus, capile Ihoraceque albu-suhflavescentibus. Alis anticis punctis minutissimis nigris , posticis maculis duabus , costali et anali , nigris. Anticis sublus macula média fasciaque subapicali, poslicis maculis tribus, fuscis. Abdomino supra flavo, subtus albo, punctis late- ralibus nigris. Pedibus albo-fuscis, femoribus supra rufis. — Enverg., 43 mill. Cette arctia, qui est une femelle à antennes filiformes, ressemble encore beaucoup à nos espèces d'Europe. Ses quatre ailes, sa tète, son corselet et le dessous de l'abdomen sont d'un blanc faiblement jau- nâtre et uniforme. Le dessous des ailes supérieures présente quelques petits ])oints noirs peu visibles, et laisse voir par transparence la trace de la bande noirâtre du dessous. Les petits points noirs sont ainsi pla- cés : deux à la base, l'un à la côte, l'autre au bord inférieur; deux autres au milieu du bord inférieur, trois au milieu, au commencement de la trace de la bande du dessous; un près de la côte, au milieu, et ((uatre ou cinq très-petits près du bord externe. Les ailes inférieures ont deux taches d'un noir brun, l'une un peu arquée, près de la côte, au milieu ; l'autre, peu limitée, près de l'angle anal. Le dessus de l'abdomen est d'un jaune d'ocre un peu orangé avec de faibles tacites noirâtres au milieu. Le dessous des ailes supérieures présente au mi- lieu , près de la côte , une tache noirâtre arquée , et entre le milieu et le bord externe une bande noirâtre macnlaire , parallèle h ce bord , n'atteignant ni la côte, ni le bord inférieur, et suivie en haut par une tache située près de la côte. Les inférieures ont les deux taches que nous avons signalées au dessus, plus une troisième placée près de la tache anale au-dessus et en dehors de celle-ci. Les côtés de l'abdomen présentent un double rang de points noirs. Les pattes sont brunes, à poils blancs , avec le dessus des cuisses rouge. Les antennes , les yeux et l'extrémité des palpes sont noirs. Habite les monts Necigheries. Prise en juin. 94 SOUVENIRS D'UN VOYAGE BOMBYX l'L.WICOLLE. Bomtyx jlavicoUis. Guériii. (PI. 27, fig. 1.) Alis anticis fusco-sub-ferrugineis, striga transversali Iulea fusco-maryi- nata, basi strigis undatis obsohtis macuUsque suhinaryinaUhus brun- nets et cinereis prope apicem. Alis postkis pallidu-lute!S,slri!]a transver- sali obsoleta maculis duabus fuscis. Capile thoracequefuscu-fcrrugineis, collari flavo. Abdomine pedihusque flavis. (Mas.) — Envorg., 52 mill. Tête et corselet très-velus, d'un brun ferrugineux avec quelques poils gris en avant et une large bande de poUs jaunes au bord anté- rieur du corsOlet. Antennes largement plunieuses, d'un brun ferrugi- neux. Ailes supérieures de la couleur du corselet avec deux lignes ondulées brunes et jaunâtres à la base , une autre ligne un peu dentée au delà du milieu, jaunâtre, bordée de brun des deux côtés; puis une séiie de grosses taclies brunes, plus marquées au sommet et près du milieu , suivie d'une faible ligne de lunules peu marquées de la même couleur. Il y a, en outre, près du sommet, trois taclies d'un gris cendré. Ailes inférieures d'un jaune pâle, presque blanclies au mi- lieu , avec une ligne brune traiisvcrse, continuant celle des ailes supérieures un peu au delà du milieu , et deux laclies peu marquées et brunes entre cette ligne et la frange ; vers le milieu, franges des quatre ailes d'un brun pâle. Abdomen jaune-brunâtre. Pattes très-ve- lues , jaunes avec le devant des antérieures brun-ferrugineux. Dessous des quatre ailes d'un jaune pâle avec la côte, le sommet des supé- rieures et de faibles traces des lignes et taches du dessous d'un brun plus pâle. Habite les Neelgheries. I>. n,,.,:;.//,:. Uoiiil)\\ . DANS L'INDE. 95 liOMBYX A COLLIER. Bombyx coUaris. Guérin. (PI. 27, fig. 2.) Mis anlicis fusco griseoque variegatis, dilute flavescenlihiis; striija trans- versali ferru(jinea, fusco marginata , basi strigis obsoletissirnis lunuiis- que submarginalibus , linea denlata formantibus , fuscis. Alis posticis flavù-fuscis, margine inleriori subferrugineis, striga transversali fusca. Cnpite thoraceque ferrugineo- fuscis, collari pallido-flavo. Abdomine flavo-sub fusco. Pedibus fusco-ferrugiiieis. (Mas.) — Enverg., 6 cent- Tète et corselet très-velus, d'un brun ferrugineux assez vif avec une bande en avant du prothorax d'un blanc jaunâtre. Antennes de la couleur de la tète, très-plumeuses. Ailes supérieures d'un brun-fer- rugineux mêlé de gris-cendré légèrement lavé de jaune au milieu et au bord externe avec de trè.s-faibles lignes onduleuses transverses à la base; une ligne droite d'un jaune -ferrugineux bordé de brun des deux côtés , au delà du milieu , et une ligne dentelée , brune , for- mée par des lunules réunies et placée entre la première ligne et le bord , cette ligne dentée précédée d'atomes gris-cendré plus visibles et suivie d'un large bord jaunâtre. Ailes inférieures d'un jaune brunâ- tre , plus pâle vers la côte , un peu ferrugineux à la base et au bord interne, avec une bande brune suivie de jaunâtre plus pâle et se con- tinuant avec celle des ailes supérieures. Frange des quatre ailes brune ; abdomen jaune -sale brunâtre; pattes d'un brun -ferrugineux avec quelques poils jaunes au devant des cuisses antérieures ; dessous des quatre ailes d'un jaune-sale brunâtre, plus pâle au milieu, avec de faibles traces des lignes du dessus. Habite les Neelgheries. Cette espèce est très-voisine de la précédente ; nous l'en croyons cependant très-distincte. 96 SOUVENIRS D'UN VOYAGE BOMBYX d'aDOLPHK. Bombyx Adolpliei. Gii(''nii. (l'i. n, fig. 3.) Corpore alisque fusco-ferrugineis,costa apiceque anticis obscur iorihus, posticis paliidioribus. (Fem.) — Enverg., 6 1/2 cent. Ce Bombyx pourrait bien n'être que la femelle de l'une des espè- ces précédentes ; mais conmie aucune observation directe ne nous le prouve , nous sommes obligé de le décrire séparément en attendant qu'il soit mieux étudié. Ses quatre ailes sont d'un brun-ferrugineux assez pâle , peu opa- que ; mais les su|)érieures sont un peu plus foncées, surtout vers la côte et le sommet. Celles-ci ont quelques faibles traces de lignes trans- versales brunâtres et plus jiàles ; mais elles sont à ]ieine visibles , et nous les avons un peu exagérées dans le dessin. Le dessous des qua- tre ailes est d'im brun-ferrugineux- jaunâtre pâle avec la frange plus obscure de part et d'autre, l'abdomen est de la couleur des ailes infé- rieures avec les côtés un peu plus obscurs ; les |>attes sont de la cou- leur de l'abdomen. • — Enverg., 6 cent. 1/2. ■ — Hab. les Neelglieries. ZKBÈNE FASCIÉE. Zcrciia fasciaria. Guérin. (ri. 2C, fig. 5.) Mis uirinquc alho-sericeis: aniicis maculis coslalibus, fascia apicali margine exteriori punctisque fuscis. Posticis punctis cl fascia transver- sali fuscis. Subtus ut supra, sed costa anieriori flavida. Corpore flavo- fusco-maculato. — Enverg., 53 mill. Les antennes sont fdiformes et noirâtres. Le devant de la têle et les yeux sont noirs avec le vertex jaune. Le corselet et l'abdomen sont jaune ponctué de noirâtre avec les segments abdominaux bordés de cette couleur en dessus. Les ailes sont d'un beau blanc-soyeux et un jieu transparentes. Les supérieures ont la côte plus o])a(pie, mar- quée de ([uatre grandes taches et de quelques points d'un gris noirâ- tre. Il y a une large bande oblique de la même coideur ])rès de l'ex- trémilé. précédée ei suivie de jioints noirs. Le bord externe est DANS i;iNDE. 97 ('■galcnit'iil noirâtre et ponctué, et l'on voit quelques |)ctits points près (lu bord interne ou inférieur. Les ailes inférieures ont une bande transversale irrégniièrc de taches et de points noirâtres partant du bord interne au-dessous de l'angle anal , et se dirigeant vers l'angle apical. On voit près du bord interne, et au milieu du bord postérieur, d'autres taches et points de la même couleur. Le dessous est en tout semblable au dessus; mais les taches sont un peu plus fortes, et-lc bord antérieur des ailes supérieures est légèrement lavé de jaunâtre. Les pattes sont brunes, et le dessous de l'abdomen jaune largement taché de noirâtre. Habite les monts Neelgheries. Trouvée en mai. KlIliOl.IE INDIENNE. Eiibotia indicaria. Giiéria. (PI. 26, fîg. 4.) Alis anliris /lavis, albo nigroque fasciatis; posticis griseis, margine luteo, punctis nigro, fasciis punctisque obsulelo-fuscis. Corpore lutescente, Antennis fusco-peciinatK. — Enverg., 13 mill. Cette jolie petite espèce a quelques rapports avec ÏEubotia mia- ria de notre pays. Les antennes sont presque aussi longues que le corps , fortement bipectinées ou pres([ue plumeuses , brunes. Les pal- pes sont jaunâtres, très -saillants au delà du chaperon et très-velus. Tout le corps est d'un jaune un peu obscur, un peu plus pâle en des- sous. Les ailes supérieures sont d'un beau jaune-doré un peu soyeux ; elles ont chacune deux larges bandes obliques , dentées sur les bords , d'un jaune plus brun limité par des taches noires formant les dents et bordées d'un fin liséré blanc de chaf[ue côté. Entre la seconde bande et le boi-d externe il y a une ligne de taches noir bordé de blanc en dedans et la fiange est jaune coupé de petites taches noires. Les ailes inférieures sont d'un gris pâle et luisant avec la frange jaune coupé par des points noirs. Elles sont couvertes de petits atomes bruns et offrent deux faibles bandes peu marcjuées et de cette couleur. Le dessous des supérieures est semblable au dessus avec le milieu lavé de grisâtre et les bandes plus brunes. Le dessous des inférieures est jaunâtre couvert, siutout vers l'extrémité, d'un grand nombre de pe- 2' PART. i .'5 98 SOUVENIRS D'UN VOYAGE DANS L'INDE. tites stries noirâtres avec une bande plus marquée formée par ces stries plus rapprochées, et précédée d'un petit point noirâtre. Les pattes sont jaune pitpieté de brun. Habite les monts Neclgheries. Prise en mai. OBSERVATIONS MÉrÉOROLOGIQLJES. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES SLK LES NEELGHEIUES (1H38). Les Neelglieries l'oimeiit une poition de la chaîne de montagnes (jui s'étend le long de la presqu'île des Indes, du côté du golfe d'Arabie ; elles constituent un plateau compris entre les 11' et 12" degrés de la- titude nord et les 76' et 77" degrés de longitude orientale (méridien de Greenwich), c'est-à-dire 73°, 40' et 1U° hW est du méridien de Paris. Les deux principaux points occupés par les Anglais dans cette par- tie de l'Indoustan sont Ootacaniund et Kotagherry, distants l'un de l'autre de onze milles. Ootacamund est élevé de 2255 mètres au-dessus du niveau de la mer; Kotagherry l'est seulement de 1983'", 5, c'est-à-dire 271", 5 au-dessous de la première ville. Le heu le plus élevé des Neelglieries est Dodabet, dont la hauteur égale 8760 pieds anglais ou 2670 mètres. Pendant un séjour de six mois à Kotagherry , j'ai recherché avec soin la température moyenne de ce heu ; et je suis arrivé aux résultats suivants: les températures étant indiquées en degrés centigrades , ainsi que dans tout ce qui va suivre. TEMPÉRATURES OBSERVÉES A KOTACHERRY. Année 1838. ■ Avril. Mai. Juin. (Juillet . . Août. . . . Septembre. Moyennes 7t. a. m. lOh.a.m. 21, ,. „,, Db H.m. 14», (j 15», 7 18» 3 17°, » 13,5 15 , 5 18 5 16 , 5 13 , « 15 , 7 16 5 15 , n 13,2 14,8 16 6 15 , 4 12 , 8 15, » 16 5 15 , 5 13 , 4 15,5 17 » 15 , 5 1.3», 4 1.5°, 2 17» 2 15 , 8 Moyenne de six mois ; 15", 4. 7"'. a. m lOh.a.iii. ■i-.,. .m. 5h.p. 111 13", » 1 15", 3 1 16°, , 8 1 13", 5 Moyenne du mois : 15", 1. 102 SOUVENIRS D'UN VOYAGE Dans l'ouvrage qu'a écrit M. Baikie sur les Ncelglieries, el iuipriuié h Calcutta, on trouve que, pendant les mêmes mois, en 1S3.3, la moyenne a été de 17°, 5. Sous l'équateur, M. de Huniboldt a trouvé qu'à 2000 mètres de hauteur la moyenne était de 18" !>. A Ootacamuud, je n'ai pu faire d'observations que pendant le mois d'octobre 1838; et j'ai obtenu les nombres suivants : Octobre 1838 Pendant les mois d'avril , mai, juin , juillet , août et septembre , la moyenne des trois années 1831, 1832 et 1833 est, d'après M. Baikie, à Oolacamund, de l.ï", 3; tandis qu'à Kotagherry, dans les mêmes mois, elle serait de 17°, 5, d'après les observations ci-dessus. La moyenne de toute l'année à Ootacamund est de l/i° i ; à Kotag- herry elle est de 16, 1. La différence de température moyenne poin- toute l'année est donc de 1°, 7; différence qu'il faut attribuer à la dif- férence des hauteui-s de ces deux lieux. Or Kotagherry est au-dessous d'Ootacamund de 271 mètres, ce qui fait une élévation de \59 mè- tres pour un abaissement de 1°. A Pondichéri, dont la latitude est sensiblement la même qu'à Oot- acamund et Kotagherry, mais t[ui est au niveau de la mer, la moyenne est de 29°, 6; cette température étant de l/i°, 3 au-dessous de celle d'Ootacamund, qui est élevée de 2255 mètres , il en résnherait un abaissement de 1° pour une élévation de 157 mètres. On sait que dans son voyage aérostatique M. Gay-Lussac a trouvé 176 mètres d'élévation pour 1° d'abaissement. Dans les Al|)es on trouve \hO à 150 mètres d'élévation pour chaque degré dont le thermomètre s'a- baisse. J'ai déjà dit ci-dessus qu'à Ootacamund, pendant avril, mai , juin, juillet, août et septembre, la moyenne est de 15° 3. D'après .M. Bai- kie, pendant les six autres mois la moyenne est de 13°, 3. En avril et mai, qui sont les mois les plus chauds de l'année, la tcnii)érature varie de 15°, 5 à 19°; et en décembre, janvier et février, saison la moins chaude, le thermomètre se maintient entre 11" et 13, 5 : d'oti l'on voit que sur le beau plateau des Neelgheries la plus grande va- riation de température n'excède pas 8". Aussi ce lieu esl-il un des plus DANS L'INDE. 103 sains et dos plus délicieux que l'Européen puisse habiter, surtout dans le voisinage des pays brûlants situés au pied de ces montagnes. Tous les fruits et toutes les productions de l'Europe contribuent encore à embellir ce séjour aux yeux des voyageurs qui viennent aux Indes. TABLE DES MATIERES. PREMIÈRE PARTIE. De Paris â l'Ile de France et à l'ile Bourbon ' De l'Ile Bourbon à Pondichéri 2* De Pondichéri à Pulo-Pinang, Malacca , Singapoore, Batavia 52 De Batavia à Pondichéri. Voyage ù Madras. Excursion à Pamendy et à Gyngy. 83 De Pondichéri à l'ile Bourbon '^^ De Bourbon à Calcutta ">f Voyage aux Neelgheries '""" Voyage à la côte du Malabar, et retour en France par 1 Egypte 132 SECONDE PARTIE. Introduction ANIMAUX VERTÉBRÉS. M.4MMIFÈKES. Bibos frontalis Canis primaevus Sciurus Delessertii — Rafflesii — aureiventer OISEAUX. Chloropsis curviroslris Muscicapa strigula Cypselus nudipes Francolinus Hardwickii Tordus nigropileus Pimalia subrufa Ciateropus Lafresnayi — griseiceps Muscicapa rufula Pica bottancnsis Orlhotomus llavivontris ■ 2'- PART. l'.iC's. 1 1 1 IM. 1 16 2 18 3eti 20 •j 20 6 23 - 24 S 23 9 26 10 27 28 » 28 29 2!» 30 30 106 TABLE DES MATIERES. ANliMAUX ARTICULES. COLÉOPTÈRES. Cicindela auro-fasciaU Helluo tripustulatus Orthogonius lateralis Chiaenius bilunatus — Lafertei Orectocheilus semivestitus Campsosternus Latreillii — Delessertii Parastasia obscura Barymorpha (genre) — bimaculata Popilia splendida Goliathus Delessertii Centrognatus subrugosus Gnathocera olivacea Macronala picta Cetonia malayana — Goryi — rufo-vitlata Lucanus bicolor Passalus Neelgheriensis Mecocerus gibbosus Episomus niontanus Barydius Neelgheriensis Myllocerus Fabricii — subfaseiatus Dorystenes montanus Euchroa ( genre) — dimidiata Pelargoderus tessellatus Saperda quadrinotata . — multiguttata Centrura (genre) — costata Crioceris cruciatus Chlamys indica Chrysomela rajah Coccinella Delessertii ORTHOPTÈRES. Chicradodis truncala HÉMIPTÈRES. Fulgora Delessertii — subocellata LÉPIDOPTÈRES. Papilio Delessertii — Neptunus — Saturnus — Brama Dan.iis r.hloe P»i;cs. '''• 33 3i 33 36 36 >. 37 37 38 39 11 40 41 11 42 12 42 12 44 11 45 45 46 „ 46 ,, 47 48 12 49 51 52 32 53 54 54 13 56 57 14 58 14 59 60 61 62 63 „ 63 64 64 63 65 15 66 66 16 66 16 68 68 17 69 18 70 19 71 71 TABLK DES WATIEiUvS. Arginnis Emalca Vanessia Eiidoxia Satyrus Neoigheriensis — Adolphei — Chenu Pûlyomniatus Nyscus Hesperia Benjaminii Sphinx vibili Macroglossum hylas Gynautocera niarginata — macularia — phalaenaria — distincta — affinis Hazis Malayanus. . . Euchelia gratiosa Calliraorpha Marchalii Arctia montana — indica Bombyx flavicollis — collaris — Adolphei Zcrena fasciaria Eubolia indacaria OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. l'uiio», 72 '■'■ 73 20 74 21 7f) 77 21 78 22 79 22 80 23 81 83 2!i 83 25 84 24 8S 24 86 24 89 23 90 26 91 26 92 26 93 94 27 98 27 96 27 96 27 97 27 101 . ^^ ^^\ '14Z. xm* ■s> i~ -* ^^7^' s^>JŒS^J> ^>a > . 2>^ ^s^ J' 2> ^ l< ^^ ^ ^ ^ ^-\);f m ;3^X> ^^.^: ^;^fï. ^.y^^ K^ËShV