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L’unique et le principal organe de la masti- cation de ces animaux est, comme l’on sait, leur bec, qui est formé de deux pièces d’une substance cornée, auxquelles on a donné, ainsi que nous l’avons déjà dit, le nom de r1an- dibules. Tous les oëseaux ne se nourrissent pas des mêmes alimens. On rencontre parmi eux, comme parmi les quadrupèdes, des espèces qui sont carnivores, d’autres frugivores ; il y en a d’Lerbivores, d’insectivores, de vermivores, de granivores , de pissivores, et enfin d’omni- vores. Les carnivores en général sont les acci- pitres où oiseaux de proie, ainsi que quelques passereaux, qui, comme eux, mangent de la chair. On ne trouve guère de frugivores , c’est- à-dire, d'oiseaux qui mangent des fruits, que parmi les passereaux. Les herbivores , ou ceux qui se nourrissent d'herbes, sont les ojes et quel- ques autres palmipèdes. 1) « L’estomac de la plupart des o’seaux est double , savoir , un » jabot dont les parois sont garnis d’une multitude de glandes dont » la liqueur humecte les alimens, et un gésier revêtu de muscles » très-épaiset très-forts, et garni en dedans d’un velouté coriace: > il exerce sur les alimens une forte action mécanique.» Çuvier , idem, pag. 186. lis INTRODUCTION. C'estencore parmiles passereaux qu'est range le plus grand nombre d’insectivores et de ver- mmivores , quoique cependant tous les oiseaux grimpeurs Soient insectivores. (On nomme in- sectivores es oiseaux qui font leur nourriture principale d'insectes, et vermivores ceux qui mangent des vers. ) Quelques tribus de passereaux, et les gallina- cés surtout, sont #ranivores , c’est-à-dire, qu’ils se nourrissent de grains, comme les pissivores mangent du poisson , et ces derniers sont pres- quetous des oiseaux nageurs. On a enfin réservé la dénomination d’omnivores pour les oiseaux qui se nourrissent indifféremment de toutes sortes de substances. En général les petits oseaux granivores se nourrissent des grains qu'ils trouvent tombés par terre, dans les champs, après la moisson , ou bien des semences d’une plante fort com- mune partout, que les botanistes nomment po- lygale vulgaire ou la renouée ( polygala vul- garis, Lin.),ôu enfin des semences renfermées dans les têtes de plusieurs espèces de char- dons. Ceux qui passent ‘avec nous l'hiver trou- vent suffisamment de cette sorte de nourriture dans nos campagnes pour s’alimenter chaque jour : mais lorsque la saison devient plus ri- INTRODUCTION. lix goureuse, quand la nature s’ensevelit sous les frimas, et que la neige dérobe à la vue de nos hôtes emplumeés leur nourriture qu'elle couvre d’un voile impénétrable pour eux, c’est à ce moment que, poursuivis par les horreurs de la misère, ces nécessiteux viennent avec une sorte de confiance familière, qu’inspira toujours le besoin, nous visiter jusque dans l’intérieur de nos maisons pour y recueillir quelques subsistances 1). Maissouvent, au lieu d’alimens, ils n’y trouvent qu’ane mort certaine dans les divers piéges que l’homme, plus gourmant qu'hospitalier, leur dresse de toute part. Les oiseaux de rapine vivent aux dépens d’autres petits oiseaux qu'ils dévorent, ainsi que des petits qua drupèdes où des reptiles qu’ils trouvent partout et en toutes saisons. Lorsque les oiseaux de rivages ont épuisé leur nourriture ordinaire dans les lieux qu'ils habitent, ou que les frimas glacés la leur dé- robent dans un endroit, ils peuvent, au gré de leurs désirs, se transporter sur d’autres rives qui 1) Nous avons vu souvent dans les Vosges le doux et confiant rouge-gorge s'approcher, pendant hiver et à ce’moment de détresse, des petits enfans de la campagne qui mangeoient leur pain sur le seuil de la porte de la chaumière paternelle, ramasser à leurs pieds les miettes qu'ils laissoient tomber, les suivre à la trace et entrer après eux jusque dans lhabitation. le INTRODUCTION. n'ont point encore éprouvé les effets rigoureux du froid aquilon, et là ils retrouvent l’abon- dance des alimens qui leur conviennent. Mais les oiseaux qui pendant l’été se nour- rissent, dans nos climats, des fruits succulens du cerisier, de celui de la vigne, du figuier , du groselier, ou qui ne s’alimentent que d’ir- sectes, nous quittent et nous abandonnent quand l'approche de l'hiver fait disparoître les uns et les autres : ils vont alors chercher ailleurs, et sous un ciel plus tempéré, la nour- riture qui leur convient. Ils reviennent de nou- veau parmi nous lorsque la belle saison les as- sure qu'ils y trouveront toutes les commodités de la vie. Ce n’est donc point au froid seul que l’on doit attribuer la cause des émigrations annuel- lement périodiques des oiseaux, puisque plu- sieurs espèces naturellement émigrantes, telles que le rouge-gorge , le pinson, etc., passent avec nous cette saison rigoureuse; mais elle est la suite de la disette des vivres, surtout pour les insectivores et pour les frugivores ; et c’est toujours le cours des saisons qui détermine l'époque et le moment du départ, comme celui du retour de ces animaux 1). 1) Dans les Vosges , le loriot, qui est le premier oiseau qui émigre, ne s’y trouve plus dès les premiers jours d'août. La Auppe y a tout-à-fait disparu à Ja mi-septembre. INTRODUCTION. xj Il est donc : sile de concevoir le motif de l'émigration des ow.aux qui abandonnent le pays qu'ils ont habité pendant la belle saison, et la manière insensible avec laquelle certaines espèces quittent les régions du nord pour se rendre vers celles du midi, si l’on fait atten- tion que le froid , devenant graduellement plus sensible d’un pôle vers l’autre, détruit insensible- ment les szsectes, et que les oiseaux, en les suivant à la piste, en trouvent toujours une plus grande abondance à mesure qu'ils appro- chent de régions plus chaudes. D'ailleurs, soit que la trop grande chaleur de l’été les incommode ou les chasse de ces con- trées brülantes , soit qu’une plus douce tempé- rature soit analogue à leur constitution , ils re- viennent parmi nous pour faire leur ponte. La seule boussole qui les guide dans ce trajet, immense pour quelques espèces, consiste dans leur instinct naturel, ou bien dans la naissance successive des insectes qui sont les avant-cou- reurs de l’aimable printemps r }. 1) Dès que les vivres manquent aux ofseaux dans les régions qu’ils habitent actuellement, ou bien qu’ils s'y trouvent incom- modés par un excès de froid ou de chaud , ils projettent leur retraite : pour cela , les père et mère rassemblent leur famille , soit pour la guider durant une route qu’elle n’a point encore faite, soit afin qu’étant en plus grand nombre , ils puissent plus faci- Lrigs "2 INTRODUCTION. Nous terminons ce chapitre par la comparai- son desavantages que nousretirons des oiseaux, avec les as ee es que quelques espèces nous causent, et nous croyons que, d’après cet examen , on sera disposé à conclure que ces animaux nous sont plus utiles qu'ils ne nous sont nuisibles. Silesoïseaux n’avoient qu’un extérieur agréa- ble; si leurs mœurs n’éloient que douces, gaies et aimables, ils ne mériteroient de notre part qu'une admiration passagère : mais, aux agrémens de leur physique, comme à leur gentillesse , 1l se joint une utilité réelle qui doit nous les rendre très-précieux. On rencontre parmi eux une foule d’ espèces chez lesquelles toutes les parties, ainsi quelles produits et les services qu’ils nous rendent, sont infiniment avantageux au commerce social. Quelques-unes, à la vérilé font de petits lar- cins dans nos récoltes, ainsi que dans nos! propriétés: mais que sont ces faibles dommages en comparaison des avaniages sans RU que nous en retirons ? La chair de la plupart est, généralement lement résister à leurs ennemis communs. Le jour du départ est fixé; le signal se donne , et d'un clin d'œil la troupe emplumée a disparu, INTRODUCTION. Ixiij parlant, un aliment agréable est sain ; leurs œufs sont une nourriture excellente. Nous trouvons dans le duvet des ofseaux nageurs et même dans celui des oiseaux de proie une fourrure chaude et légère, Nous nous cou- chons mollement sur des lits souples et élas- tiques que la dépouille de plusieurs d’entre eux nous procure. Nos oreilles sont agréa- blement frappées des sons argentins que le piano ou le clavecin expriment au moyen des pennes du corbeau, qui sont fixées à leurs sautoirs : ces mêmes pennes servent à tracer sur le papier des desseins qui flattent notre vue. C’est dans les grandes pennes des’ ailes de _quelques espèces d'oiseaux que nous avons puisé l’art presque magique de transmettre à la postérité, comme dans les pays lointains, au moyen de l’ecriture, les plus secrettes pen- sées de notre esprit, comme les plus douces emotions de notre cœur, où tout autre in- térêt qui le domine. Ces avantages que nous retirons de la plu- part des oiseaux seroient seuls suffisans, sans doute, pour faire pencher à leur égard la ba- ‘lance de la faveur ; mais il en est d’autres non moins réels que nous allons développer en réfu- tant, autant que nous le pourrons, les objec- Ixiv INTRODUCTION. ions que l’on oppose contre ces animaux. La plupart des oiseaux, disent les personnes qui ne se sont jamais donné la peinede réfléchi» à l'intérêt public, se nourrissent de nos grains dans le temps de leur semaille et dans celui de leur maturité; il s’en trouve parmi eux qui sont assez osés pour venir nous voler jusque dans nos greniers; quelques-uns même entament et mangent nos fruits les plus succulens. Les oiseaux de proie dévorent plusieurs petits animaux dont nous nous gorgeons nous- mêmes sans pitié ; ils viennent enlever jusque dans nos basse-cours notre volaille; ils épient et saisissent le poisson de nos pièces d’eau et de nos étangs, et certes tous ces griefs sont plus que suffisans pour prouver que les oiseaux sont généralement plus nuisibles à la société qu'ils ne lui sont utiles. Tous ces faits sont graves , à la vérité, et nous en convenons. Mais que sont-ils en comparai- son des servicesimportians que ces animaux nous rendent? Que sont-ils en comparaison de la fé- condite de la mere commune de tous les êtres animés? La nature n’a-t-elle donc pas voulu que le germe des plantes füt tellement abondant que, si diversaccidens n’en diminuoient pas le nombre , la surface entiere du globe terrestre ne pourroit suffire à leur végétation 7. N'’a- INTRODUCTION. Ixv t-elle pas prévu dans sa sagesse l'usage qui en seroit fait, et a-t-elle dù exclure de son plan général, pour s’'accommoder à nos caprices, la tribu particulière des oiseaux ? D'ailleurs est-ce conformement aux vues sages et immuables du Créateur, qui a donné aux poissons le libre cours des eaux, comme au gibier toute la surface de la terre, que la puis- sance tyrannique de l’homme s’est arrogé le droit, pour satisfaire à sa sensualité ou à son orgueil, de peupler de poissons ses pièces d’eau ou ses étangs, et de circonscrire dans des parcs le gibier que l’ordonnateur suprême a créé pour être indépendant ? Quand donc les oiseaux, en obéissant anx vœux de l’Être éternel qui les forma, se nour- rissent d’une maniere analogue, à leur organi- sation naturelle, et que nous avons la foiblesse de nous en offusquer, c'est parce que nous n'avons pas voulu nous donner la peine de ré- fléchir que, sans leurs secours, les eaux ne pourroient, en peu de temps, contenir etnourrir le poisson qui naîtroiltous les ans ; que, sans eux, le gibier trop abondantet trop répandu sur la terre y porteroit bientôt le trouble et la déso- lation. | D'un autre côté, si les oiseaux font quelque tort à nos moissons; si les accipitres ou oiseaux T, 1 £ lv) | INTRODUCTION. de proie nous privent de quelques animaux dont nous nous nourrissons nous-mêmes, nous devous convenir aussi qu’ils ont un appétit fort vif pour les rats, les taupes, les mulots, les chenilles ; les limaçons, les vers, et pour une multitude d’autres insectes ou reptiles dont la race, si elle éloit impunie, pourroit en peu de temps détruire et anéantir toules nos espé- rances I). Nous devons donc conclure que les oiseaux nous sont, sous tous les ripports, infiniment plus utiles qu’ils ne nous sont nuisibles : nous devons même les considerer plutôt comme des senti- nelles vigilantes que la nature a préposées à la garde et à la conservation de nos moissons, que comme des ennemis que nous soyons intéressés à repousser pay la force ou anéantir par la ruse, 1) On ne peut qu’applaudir à la sagesse de plusieurs préfets qui, ne dédaignant pas les vues de bien public qu’on leur a présentées, ont accueilli les réclamations de quelques observateurs zélés de Ja nature qui leur ont démontré que les dégâts sans nombre qu'une foule d'insectes produisoient dans les végétaux étoient le résultat de la destruction immense que l’on n’avoit cessé de faire par tous moyens des oiseaux insectivores : ces pères du peuple ont pris en conséquence , dans quelques départe- mens, des arrêtés par lesquels ils ont interdit, sous des peines graves, toute espece de chasse de ces animaux , et ils ont menacé d'une punition sévère ceux qui seroient convaincus de les avoir dénichts. INTRODUCTION. xvij CHAPITRE IV. Du squelette des oiseaux. Le squelette des animaux en général est la charpente osseuse qui, de leur vivant, soutient leur corps, et qui, après leur mort, est l’assem- blage et la réunion de tous ces mêmes os que l’on à dégarnis de chair, et que l’on a réunis entre eux par quelques moyens, soit par des fils de fer , soit par des bandes de vélin, qui joignent ensemble bout à bout chacune de leurs extrémités. Le vol étant une des principales facultés des oiseaux , il étoit nécessaire que la nature, en formant ces animaux, les douât d’organes pro= pres à son exécution; il falloit qu’elle leur dé- partit beaucoup de légéreté et de souplesse dans les instrumens qu’elle leur destinoit pour atteindre ce but. Or nous avons vu que non- seulement les oiseaux pouvoient à volonté pé- nétrer de beaucoup d’air la grande capacité de leurs poumons et gonfler considérablement, au moyen de ce fluide qu’ils aspirent, tout l'inté- e* Ixvii INTRODUCTION. rieur de leur corps, mais aussi que leurs os étoient, creux et que l’air pénétroit et s’insinuoit dans leur cavité pour faciliter les diverses évo- lulions que ces animaux font dans les airs. Cette même nature a voulu de plus quetousces mêmes os fussent réunis ensemble par diverses articulations, et c’est ce que nous allons exa- miner dans l'analyse que nous allons faire des différentes espèces qui composent la charpente qui soutient le corps des habitans de l’air. Pour cela nous divisons leur squelette en trois parties principales, savoir : la £éte, le tronc et les extrémités. 1.9 LA TÊTE, Les os principaux qui composent la premièr partie du squelette des oiseaux, qui est la céte , sont l’occiput, le sommet , les tempes, le front , les orbites, les os maxillaires supé- rieur et inférieur , les mandibules du dessus et du dessous du bec, et enfin les vertèbres cervicales. L’occiput (voyez la planche 1, A), conjoin- tement avec le sommet B, forment une espèce de boîte osseuse composée d’un seul os : elle est dirigée en arrière et elle contient le cerveau dans son intérieur.Cette boîte affecte differentes INTRODUCTION. Ixix formes, suivant les différentes espèces d’oc- seaux. À la partie inférieure de l'occiput , il se trouve une petite ouverture nommée le £rou occipital , par laquelle passe la moelle du cer- veau, qui se prolonge intérieurement le long des vertèbres, qui, pouncei effet, sont percées dans leur milieu d’un seinblable trou qui règne tout le long de l’épine. A l’orifice de ce trou , 11 se trouve un pelit condyle 1) arrondi, qui, en facilitant la mobilité de la tête sur la première vertèbre du cou, paroît en même temps desti- née à empêcher qu’elle ne s'incline trop en avant. On nomme £empes (C) ces deux os, ordinaï- rement aplatis, qui sont placés derrière les or- bites et qui se prolongent en avant du côté de l'insertion de l’arcade zigomatique, où ils se terminent en poinie, après avoir parcouru en forme de saillie le dessusde la cavité orbiculaire. Le front consiste dans un os plat et sail- lant (D), placé entre et sur les deux orbites : il se partage en deux branches qui s’écartent et se dirigent de chaque côte des yeux, l’une en des- sus et l’autre en dessous. 1) On nomme condyle , en anatomie , toutes les éminences des articulations. Ixx INTRODUCTION. Les orbites sont ces grandes cavités os- seuses (E) destinées à recevoir et à contenir le globe de l'œil : on remarque entre l’une et l’autre une cloison osseusse très-mince, presque transparente, qui les sépare et que l’on a nom- mée cloison ethmoïdale : elle est parsemeée de plusieurs trous qui donnent passage aux nerfs optiques et aux nerfs olfactifs, Cette même cloi- son tient par sa partie inférieure au vo7rer, qui est une autre espèce de cloison qui sépare les parines en deux parties égales. Les os maxillaires (F) sont la base et la racine de chacune des mandibules; ils sont d’une substance plus dure que la leur; ils servent par cette raison dans la plupart des espèces à la mas- tication : leur forme et leur figure sont suscep- tibles de varier suivant les divers individus. On a donné le nom de mandibules (G) à ces deux portions avancées , et de nature de corne, dont l’ensemble et la réunion a pris le nom de bec. Celle du dessus, qu’on nomme, mandibule supérieure, est percée par les trous des narines, et celle du dessous, qu’on appelle mandibule inférieure , renferme la langue. Les trous des narines (H) varient quant à leur forme, de même que les mandibules, sui- vant les différentes especes d'oiseaux. Dans les uns 1l sont arrondis, et dans les autres ils sont INTRODUCTION. Ixxj alongésou linéaires. Cestroussont placés,comme nous venoos de le dire, au-dessus de la mandi- bule superieure, un de chaque côté, et ils sont plus ou moins près du front. L'intérieur deces trous est garni d’une membrane sèche à:la- quelle on a donné le nom de membrane pitui- taire. On croit que les narines des oiseaux sont plutôt l'organe de leur respiration que celuide leur odorat, On a nommé vertèbres cervicales (1), les vertèbres du cou, parce que sans doute elles partent du cerveau pour aller s’insérer avec les vertèbres dorsales. Tous ces os, munis d'apo- physes 1) plus ou moins épaisses , plus ou moins épineuses, sont percés d’un trou plus ou moins grand dans leur milieu pour contenir, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, la moelie du cerveau , qui se prolonge à travers ce canal jus- qu’à la dernière des vertèbres dorsales. Chaque vertébre est de plus percée sur les côtés par d’autres trous moins considérables, pour rece- voir les muscles et les nerfs, qui, au moyen de l'articulation de tous ces os les uns sur les autres, facilitent le mouvement de la tête en tous sens. 1) En termes anatomiques, les apophyses sont des parties émi- nentes qui s’avancent hors du corps d’un os. Ixxi) INTRODUCTION. Le nombre des vertèbres cervicales varie suivant les differentes espèces d'oiseaux ; 11 y en a depuis dix jusqu’à vingt-trois. On conçoit que, plus le nombre en est considérable, plus aussi le cou est alongé : toutes ces vertebres ne sont pas non plus de la même grosseur. Dans quelques individus elles augmentent insensi- blement de volume depuis la tête jusqu’aa dos, et dans d’autres elles sont à peu près égales partout. Il s’en trouve de plus ou moins épaisses, comme de plus où moins alongées. o 2° LE TRONC. Nous divisons le sronc en onze parties, sa- voir : les vertèbres dorsales , les vertèbres sa- crées ou lombaires , les vertèbres caudales , l'os caudal, Yomoplate, les clavicules , la four- chette, les côtes, le sternum , l'os des hanches et los ischion. Les vertèbres dorsales (K) sont celles qui, à la suite des cervicales , se prolongent le long du dessus du dos jusqu'aux vertèbres lom- baires. Les dorsales sont en plus ou moins grand nombre; elles varient de sept à dix. C’est aux vertèbres dorsales que les côtes sont arti- culees. Les vertèbres sacrées ou lombaires (L) sont INTRODUCTION. Ixxiij celles qui suivent immédiatement les dorsales. On est souvent embarrassé lorsqu'il s’agit de distinguer les vertèbres dorsales d’avec le véri- table os sacrum , parce que, comme les /ornbes des oiseaux ne sont susceptibles d’aucun mou- vement , les diverses pièces qui composent cette partie du tronc sont soudées entre elles. Les osselets des vertébres lombaires varient depuis sept jusqu’à douze. Les vertèbres caudales- (M) sont aussi plus ou moins nombreuses , et elles varient de cinq à huit suivant les diverses espèces d'oiseaux. Elles sont toutes munies de deux apophyses latérales et d’une autre qui est placée en dessus. I y a même certains oiseaux qui ont des apophyses en dessous de ces vertèbres , sur lesquelles sont implantées les plumes du croupion. A l'extrémité des vertébres caudales, 1 se trouve un os particulier auquel on a donné le nom d'os caudal (N). Cet os est quelquefois triangulaire, un peu pointu ou comprimé par les côtés; d’autres fois il est large, aplati sur les côtés et percé d’un trou rond vers son centre: c’est à cet os que tiennent les grandes pennes de la queue. L’omoplate (O7) des oiseaux est beaucoup plus alongé que celui des autres animaux ; ïl imite, en quelque sorte, la lame d’un couteau. Ixxiv INTRODUCTION. Cet os, qui est soutenu en place par des muscles qui adhérent à son extrémité postérieure, est souvent soudé avec la clavicule dans les oiseaux qui sont avancés en âge, Les clavicules {P) sont deux os assez longs, épais et droits, qui s’articulent, par leur partie inférieure, dans deux cavités du s£ernurn (S). Les deux clavicules sont susceptibles de s’éloi- guer ou de se rapprocher l’une de l'autre, suivant l'impulsion que leur donne la four- chette (Q) par son élasticité. La fourchette (Q) est un os courbe qui est placeà la partie antérieure du corasdesoiseaux ; elle est composée de deux branches qui partent de la partie supérieure et antérieure du ster- num (S), et qui vont se joindre et se souder ensemble pour ne plus former qu’un seul os, dont l'extrémité est à peu près parallèle à la saillie du s£ernum, dans sa partie supérieure. La forme de la fourchette n’est pas la même dans tous ces animaux : elle est fourchue dans les uns et pointue dans les autres ; dans ceux-ci elle est plate et épaisse, etdans ceux-là elle est ey- lindrique et terminée par une apophyse aplatie. Si les oiseaux qui ne volent pas n'ont point de fourchette, nous croyons pouvoir en conclure que la forme de cet os doit con- tribuer plus où moins à ja légèreté et à la INTRODUCTION: Ixxv mobilité du vol de ceux qui en sont pourvus. Les côtes (R) : on distingue daus les oiseaux deux espèces de côtes, savoir , les côtes vraies, que l’on nomme aussi sterno-vertébrales, et les fausses-côtes ; on a appelé ces dernières sim- plement vertébrales. Les sterñno-vertébrales ou côtes vraies sont celles qui sont articulées avec le sternum par leur partie inférieure, et avec les vertèbres par les apophyses qui sont à leur partie supérieure. L'organisation de ces côtes est telle que loëseau peut gonfler sa poitrine et la dilater considérablement d’arrière en avant et non latéralement, comme l’homme et ies quadrupèdes. Les fausses côtes ou côtes vertébrales ne sont articulées qu'avec les ver- rébres seulement, et nullement avec le sternum; elles sont d’ailleurs moins nombreuses que les sterno-vertébrales. l y a des oiseaux qui n’ont que quatre côtes vraies de chaque côté, d’autres en ont cinq; ceux-ci six, et ceux-là sept. Le cygne a neuf paires de côtes sterno-vertébrales. Le nombre c'es fuusses côtes varie également, suivant les différentes espèces d'oiseaux : cette variation est d’une paire à quatre. Dans les uns d’ailleurs elles sont placées en ‘avant, et dans les autres elles sont situées en arrière, Toutes les espèces de cütes sont susceptibles de Ixxv} INTRODUCTION. deux mouvemens. L’un, qui est celui de gon- flement, qui éloigne ces côtes, est occasioné par l'inspiration de l’animal; l’autre, qui s’o- père par l'expiration, les resserre et les rap- proche les unes des autres. Le sternum (S) des oiseaux est un os en forme d’un grand et large bouclier, qui tapisse en avant toute la capacité de la poitrine. Cet os est très-large dans quelques espèces, et il est plus étroit dans d’autres. Il y a des oiseaux qui ont le s£ernum très-épais, et d’autres qui l’ont fort mince. Mais dans tous il est recouvert d’une membrane fine et transparente; dans tous il est remarquable par une saillie ou arête longitudinale placée dans son milieu, et qui se dirige d’avant en arrière jusqu’à son extrémité: ce qui donne au s£ernum une forme appro- chant de celle de la carène d’un vaisseau. Sur les deux bords collatéraux de ce grand os, on voit les impressions de l'articulation des côtes, comme sur ses bords antérieurs on distingue celles des clavicules. On nomme os des hanches où os coxaux (T ) ceux qui sont placés au-dessous ou à côte des vertèbres lombaires. À Yextrémite de ces os des hanches , } se trouve une cavité qui reçoit l’a- pophyse ou la tête supérieure du férur (4). A la partie postérieure des vertèbres sacrées INTRODUCTION. Ixxvi est situé los éschion ou l'os des isles (U); il est remarquable en ce que, dans plusieurs espèces d'oiseaux, 11 porte à ses deux parties latérales un os pubis légèrement recourbé, souvent bi- furqué et qui n’est presque que cartilagineux. 30 LES EXTRÉMITÉS. Nousavons réserve le nomd’extrémités ,non- seulement pour les os qui terminent la parie inférieure du corps, mais nous avons cru que, pour plus grande régularité dans la vraie deno- mination du £ronc, nous devions en séparer les ailes et les joindre avec les extrémités, comme nous en avons séparé la £éte et ses dépendances. Les os qui servent donc de charpente aux extrémités du corps des oiseaux sont au nom- bre de quinze, savoir: neuf pour les ailes et six pour les jambes ou les pieds. Les os des ailes sont l’humerus , le cubitus , le radius , les os du carpe, Vos du métacarpe, le pouce, la pre- mière phalange du doigt, la seconde phalange et le petit doigt. Les six os qui composent la jambe sont le fémur ou l'os de la cuisse, le tibia, le péroné; le tarse, les phalanges des doigts et Vos des ongles. Presque tous les oiseaux ont leurs ailes com- posées de huit os (si nous en avons compté Ixvviij INTRODUCTION. neuf, c'est parce que le petit doigt est en même temps la seconde phalange) ; tous ces os sont joints ensemble par diverses articulations, et chacun d'eux porte les mêmes noms que ceux de nos bras, puisque l’on compare pour l'usage , et plus encore pour la forme, les ailes des oiseaux aux bras de l’homme. Le premier des os du bras ou des ailes de ces animaux est donc l’humerus (a), qui, par sa iêle ou par son apophyse supérieure, est arti- culé sur la jonction de l’oroplate avec la cla- vicule. Le second est le cubitus (b); le troisième le radius (c); l’un et l’autre, qui forment par leur réunion le bras, tiennent par l’une de leurs extrémités à l'apophyse inférieure de lAu- nerus , et par l’autre au carpe. Le quatrième os du bras est le carpe (d), qui est en avant du rnétacarpe (e) ; tous deux se réunissent et se soudent ensemble par leurs extrémités supérieure et inférieure seulement, pour former une seule apophyse en haut et une en bas. En avant de l’apophyse du carpe se trouve placé le pouce (f), dont la tête est sensiblement plus grosse que l'extrémité inferieure, qui se termine en pointe. La tête de cet os, qui n’est presque que cartilagineux, est adhérente à l'a- INTRODUCTION. Ixxix pophyse supérieure du carpe , sur laquelle elle fait une saillie. A l'extrémité inférieure de l'os du carpe se trouve placée la première phalanSe du long doigt (8), qui est terminée par la seconde pha- lange (h), que nous nommons aussi le petit doigt. Tous ces différens os qui composent la char- pente de l'aile sont réunis entre eux, ou par une articulation mobile, ou bien par une jonction immobile. Les dix pennes primaires de laile sont attachées au rnétacarpe (e) ; les pennes secondaires recouvrent le cubitus (b}), et le pouce (f) porte ceiles de ces plumes qui for- ment ce que l’on appelle l’zz/e bätarde. Le premier des os des jambes, celui qui forme la cuisse, se nomme le fémur (1); sa tête ou son apophyse supérieure est articulée dans une cavilé de los ischion ou coxal (T). I n’est pas hors de propos d'observer ici que ce que l’on appelle vulgairement la cuisse dans les oiseaux est Ja partie qui sort immédiatement du corps, et qui est recouverte de plumes en tout ou en partie. Il n’est personne qui ne dise la cuisse d’un poulet, en parlant de la jambe de cet animal, et l’usage a tellement prévriu qu'il est difficile d'en changer l'habitude, Ce rendant la cuisse n'est visible que lorsqu'on a éco:ché Ixxx INTRODUCTION. ou depouillé un oiseau; car elle est située dans l’intérieur de la peau du corps et ne paroît nul- lement en dehors, Ce que l’on nomme impro- prement la cuisse d’un poulet est sa jambe, comme ce qu'on appelle sa Jambe est son tarse, La cuisse d’un oiseau est donc située dans l’intérieur de la peau de son ventre; c’est elle qui renferme l'os fémur (1): sajambe, qui contient le tibia et le péronné , est cette partie recouverte de plumes qui sort immédiatement du tronc ou du ventre; le pied ou le tarse est cette partie gréle et longue de la jambe ordinairement dé- garnie de plumes, recouverte d’une sorte d’é- cailles comme vernissées,et qui se termine par les doigts. L’articulation du bia avec le péroné(K) ,qui est le second os de la jambe, est telle que cet os peut se fléchir en avant sur le /é- nur (4). Quoique le fémur soit ordinairement le plus long des os de la charpente des autres animaux, il n’est pas rare cependant que le Libia , et même souvent le £arse, ne soit sensi- blement plus grand que lui dans les oiseaux. Le péroné (K), qui n’a gueres que les deux tiers de la longueur du tibia, se prolonge dans sa partie supérieure en une tête qui s'articule, conjointement avec celle du #bia(2), contre la tête inférieure de l'os fémur (1). Ce même pé- INTRODUCTION. Ixxxj roné se termine en-bas par une pointe longue, mince et effilée, qui se soude avec le tibia. Le carse (1), enfin, consiste chez les oiseaux daus un seul os plus ou moins long, plus ou moins gros, presque toujours recouvert d’un épiderme sec, cassant, revêtu de plumes dans quelques espèces, et dans la plupart d’é- cailles fines rangées circulairement autour. Cet os s'articule par sa partie supérieure avec le tibia(k), et inférieurement avec les phalanges des doigts (m), dont la dernière se nomme l'os des ongles (n). (Foyez la planche 1." de cét ouvrage.) ( : PT LRU CROSS TE TO | CHAPITRE V. Des méthodes en général, et en particu- lier de celle que nous suivons dans ce T'ableau élémentaire d’'Ornithologie. Pour se livrer à l'étude de l’histoire naturelle des êtres infiniment multipliés qui peuplent la surface du globe, et pour le faire avec l'espoir d’y obtenir quelque succès, il n’est point , se- Jon nous, de moyen plus efficace que l'usage des methodes : sans elles, le nombre infini des AE f Ixsxi) INTRODUCTION. espèces, celui des variétés, la différence des formes dans les unes et dans les autres , celle de leurs couleurs, ne presenteroient, aux com- mençans surtout, que de l'incertitude et une espèce de confusion, qui ne feroient que retarder leur marche dans la carrière qu'ils se proposent de parcourir. C’est donc dans les classifications méthodi- ques ét ingénieusement combinées que des sa: vans laborieux ont faites; c’est dans les ta- bleaux qu'ils en ont dressés. d’après des ca- racières constans qu'ils -ont ‘altentivement saisis dans les animaux, afin de les ranger ‘en classes, en ordres, en familles, en genres et en espèces , que nous trouvons des secours puissans qui nous guident avec certitude dans la connoissance des objeis que nous voulons étudier , sans que nous soyons exposés aux risques de nous égarer dans dés examens tou- jours fastidieux , et qui le plus souvent nous interdiroient tout l'espoir du succès." Toutes ces classifications, arbitraires à la ve- rité, ne sont cependant parfaites qu'autant qu’elles ont été savamment combinées par des hommes instruits, qui ne les ont tracées que d’ après des analyses exactes. des observalions aussi patiemment etscrupuleusement recueillies, et plus d’une fois répétées; ct, encore toutes INTRODUCTION. Ixxxiij parfaites qu’elles nous paroissent, nous ne devons pas les considérer comme des tableaux infaillibles de la nature elle-même, mais seu- lement comme des inventions fort ingénieuses de Part, très-propres pour guider dans les sentiers tortueux de cette étude , et pour soulager la mémoire de ceux qui en font l'objet de leurs occupations agréables : car il nous est permis de croire que la nature ne s'est pas donné la peine, en créant les amimaux , d'établir entr’eux des classes, des ordres, des familles, des genres, etc.; que seulement des zoologistes 1) profonds qui ont imaginé ces distributions méthodiques, ne l’ont fait que d’après les rapports de similitude, de rapprochement , d’analogie ou d’éloigne- ment, qu'ils ont trouvés entre les différens êtres, dont ils ont eu surtout envie de.simplifier l’é- tude, Quand donc ils ont réuni ensemble des ani- maux pourvus des mêmes organes; lorsque, d’après des mêmes facultés ou des mêmes for- mes, ils ont assorti des groupes généraux ; quand de ces groupes ils ont extrait ceux qui avoient 1) On a donné le nom de zoclogistes aux hommes qui se livrent à l'étude de la partie de l’histoire naturelle qui a pour objet les sculs animaux. Ixxxiv INTRODUCTION. des rapports particuliers et réciproques, pouren former de petits ensembles isolés, nous devons croire qu'ils n’ont eu d'autre intention que celle de nous aplanir par là le chemin qu'ils nous ont tracé; et nous leur devons de la reconnois- sance pour les peines infinies qu'ils se sont données , afin de nous en épargner, ainsi qu’à la postérité, de plus considérables. | C'est d’après ce sentiment , qui doit pénétrer toute ame délicate et sensible, que nous nous faisons un devoir d'offrir un témoignage public de notre gratitude particulière à M. Cuvrer 1), pour le résultat des travaux sans relâche dont il ne cesse d'enrichir la république des sciences naturelles, comme il l’a fait pour la zoologie dans son Tableau élémentaire de L'histoire naturelle des animaux. Quoique la méthode d'orrithologie de ce savant distingué soit la plus claire, la plus sim- ple, la plus facile, et une des plus savam- ment combinées qui aient paru, puisqu'elle est celle que les jeunes élèves saisissent le plus facilement, cependant nous nous sommes permis d’y introduire, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, quelques légers changemens, aux- 1) Secrétaire perpétuel de l’Institut national, professeur ‘au Coïlège de France et au Muséum d'histoire naturelle de Paris. INTRODUCTION. Ixxxv quels nous ne nous sommes déterminés que parce que trois années d'enseignement de ce Tableau élémentaire dans l’école centrale des Vosges nous ont convaincu qu'ils en avoient facilité l'intelligence aux élèves qui étoient con- fiés à nos soins. DIVISION DES OISEAUX. Nous avons divisé la cLasse des oiseaux, qui est la troisième de la distribution méthodique de Daubenton , en trois grandes et principales tri- bus, auxquelles nous avons donné le nom d'ordres. k Le premier ordre renferme les oISEAUX FIsst- PEDES PROPREMENT DITS : Ce sont ceux qui ont les doigts nus, séparés les uns des autres, et la jambe (on la nomme vulgairement la cuisse } garnie de plimes au moins jusqu’au talon (le talon des oiseaux est cette partie qui joint la jambe au tarse, et que le vulgaire regarde comme le genou, parce qu'il croit faussement que c'est là que la cuisse s'articule avec la jambe). Ceux-ci fréquentent la plaine, les champs , comme les bois et la voûte immense des cieux. Ixxxv) INTRODUCTION. Le second ordre comprend les oïsEAux FISSIPEDES DE RIVAGES. Ce sont ceux qui , ayant de plus que les précédens, les doigts nus et séparés les uns des autres, ont encore une partie plus où moins considérable de la jarnbe, au-dessus du £4lon, dégarnie de plumes ; ce qui leur permet d’entrer plus avant, et sans crainte de mouiller leur plumage, sur les bords fangeux des rivières, des ruisseaux, des lacs et des étangs, dans lesquels ils cherchent et trou- vent leur nourriture. La plupart ont les doigts réunis, à leur base seulement, par une courte membrane. | Le troisième ordre enfin est composé des OISEAUX NAGEURS où PALMIPEDES, dont les doigts, garnis de membranes entières, fendues ou fes- ionnées , leur donnent une très-grande facilité pour leur navigation continuelle. | Nous divisons le premier ordre seul en quatre grandes sections, que nous sous-divisons en farnilles , puis les familles en genres, et quel- quefois les scnres en petites tribus , lorsqu'un besoin de clarté pour l'intelligence de notre méthode l'exige ou le commande. La première section comprend les accipi- tres ou oiseaux de proie. LA deuxième section renferme les passe- FEGUTX: INTRODUCTION. Ixxxvi] . La troisième section contient les oiseaux grimpeurs. : & La quatrième section est composée des gal- linacés. Le second et le troisième ordres ne sont divisés qu’en farnilles, en genres, en petites tribus, et nullement en sections. Nous devons observer ici que les oëseaux dont nous tracons l’hisioire naturelle, ainsi que le signalement, dans ce Tableau élémen- taire d’ornithologie, ne sont absolument que ceux que l’on rencontre le plus communément en France, et particulièrement dans les Vos- ges, soit qu'ils y soient constamment séden- taires , soit que depuis long - temps ils y aient été acclimatés au point qu'ils y repro- duisent leur espèce, soit qu'ils y soient de passage annuellement périodique , soit enfin qu'ils n’y soient que de passage accideniel, lorsqu'ils s’y sont égarés. FIN DE L’'INTRODUCTION. AE” \ ; é Ag mor far "ar “& PRÈu) 550 RETENUS “As L \Y «1 pu Le Ua Ne + 4 hs 40688 , Va à ti L i TLOA 27.2 ; M e 14 k De ya? ar # .: pa h n ’ à M : r [a + 1272 Le EH y : PACS M el A4: wY. ee ' CA Li Abe. er " HA Re RE F- “La fie: td ; à Pa: 6-21: VUE des ES {ab Te Le CAS L "ARS RAR DA ES ET. FORT SAS. 30 14m cf 4 RENE uÿ, ce 28e HAS ' 7 TRES Heu t #* ne ENT “eh FETE hais be RATE nn ge Ex ne ST Frs + tp, Fr +51 ce K Ne à: ea 5e Fe ‘#2 à “éiète HT 1449 9 R Er srinaÿe En. : diases ail nr ia 149 SAONE H 2 A di Irduetgr sie | p € ah? aff: LE gene. CAE cg ex PURE US ide lie ALU gs: Tab 1 '#7e v:dicn | agé à: arr: MALE NS Ma | % me € E ne eue é L+ URSS er rase FC ei | NUE AT EE LE D *. "GR ANT TABLEAU ÉLÉMENTAIRE D'ORNITHOLOGIE, OU HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. QUE L’ON RENCONTRE COMMUNEMENT EN FRANCE. ORDRE PREMIER LES FISSIPÉÈDES. PROPREMENT DITS. Æo us les otseaux qui composent ce pxre- mier ordre ont pour caractères généraux et distinctifs quatre doigts nus, tous sépar és les uns des autres, et la ASE garnie de plumes au moins jusqu’au talon. Cet ordre se sous-divise en quatre sections. Æ, ll, 1 2 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE ; SECTION PREMIÈRE. LES ACCIPITRES, OU OISEAUX DE PROÏIE. Les oiseaux que nous avons renfermés dans celte premiére section doivent, à juste titre, être considérés commeles.carnaciers par excel- lence , puisqu'ils ne se nourrissent tous que de la chair des auixes oiseaux, de celle des. qua- drupèdes, ou tout au moins de reptiles, d’in- sectes ou de vers, Il n’en est aucun parmi eux qui n’ait, par une habitude naturelle, le goût de la chasse. et toujours ce goût est accompa- gné d’une ardeur fort vive pour la rapine. La nature leur a donné, en conséquence, un vol très-élevé, de grandes ailes, des jambes fortes et musculeuses, un bec et des ongles crochus, aigus , et propres à saisir: et. à déchirer leur proie. Les uns ont la vue très - perçcante pen dant le jour, et les autres: ne voient distincte- ment, les objets que pendant la nuit. Leur tête est généralement grosse; leur langue est large , épaisse et charnue. Ils habitent de préférence les lieux solitaires, le sommet des montagnes les moins fréquentées, ou bien les antres ca- verneux de quelque rocher sourcilleux. -. D'ORNITHOLOGIE. & C'est au sommet des montagnes les plus élevées ousur le front pelé de quelque roche antique, sur la cime altière des plus vieux chênes de la forêt, que ces oëseaux placent leurs aives ou nids. Leur fécondité est bien moindre que cellede la plupart des passereaux, car leur ponte n'excède jamais le nombre de trois ou quatre œufs. Le naturel des individus qui composent cette section est si dur et si féroce, qu’il est presque impossible de le dompter , et il est à présaumer que cette dureté de caractère neleur vient que de leur habitude de combattre, ainsi que de l’usage victorieux qu'ils font de leursarmes meurtrières et sur-tout de leur insociabilité entre eux. Leur vie errante et vagabonde les a toujours fait re- garder comme une horde de voleurs et de bri- gands sanguinaires et nuisibles. Ce préjugé si défavorable ne s’est cependant accrédité contre eux , ainsi qu’on peut le présu- mer, que d’après l'opinion de quelques hommes qui, premiers destructeurs de tous êtres animés, et ne souffrant d’autre empire tyrannique que leleur, neles ontenvisagés quesuperficiellement. Mais si nous considérons les oiseaux de proie du coup d'œil de la philosophie et sous le point de vue sous lequel la nature les a créés, nous en porterons alors un tout autre jugement; nous * F TABLEAU ÉLÉMENTAIRÉ les regarderons, au contraire , comme 'des êtres fort utiles, comme les protecteurs nécessaires de l’agriculture, qui ne touchent jamais à nos récoltes , et qui sont les sentinelles vigilantes du cultivateur, au profit duquel ils sont cons- tamment occupés à détruire les rats, les souris, les mnulots , les taupes, etc., dont la race im- punie pourroit, sans leur secours , anéantir ses plus belles espérances. | Les différentes espèces d’accipitres ou d’oi- seaux de proie sont difficiles à connoître ou distinguer , àraison de leurs couleurs qui varient suivant l’âge ou lesexe 1). C'est pourquoi nous ne signalerons que les adultes que l’on ren- contre en France; et pour le faire avec méthode nous avons cru qu'il étoit nécessaire de sous-di- viser cette première section en deux familles : dans la première nous avons rangé les accipi- 1) On sait que les oiseaux en général muent dans la première . année de leur âge ; que la seconde année ils font une autre mue, souvent même une troisième ; et qu'après chacune d’elles le plu- mage de ces animaux, et sur-tout celui des accipitres , éprouve an tel changement , que, si l’on compare un oiseau de proie adulte avec ce qu’il étoit dans son premier âge, il paroîtra d’une toute autre espèce. D'ailleurs, outre que les nuances du plumage du mäle sont différentes de celles de la femelle, c’est que celle-ci est, dans presque toutes les espèces, d’un tiers plus grosse que lui. Cest pour cette raison , sans doute, qu’on lui a donné l’épithète de dierselet , qui n’est nullement un nom spécifique , mais seulement un indicatif de la disproportion de grandeur respective qui se trouve entre la femelle et son mâle. D'ORNITHOLOGIF. 5 tres diurnes , et dans la seconde nous avons placé les accipitres nocturnes. PREMIERE FAMILLE. LES ACCIPITRES DIURNES. Nous ‘ayons renfermé dans cette premiere famille , sous la dénomination d’accipitres diurnés ; ‘tous les oiseaux de proie dont la vue vive et percante est capable de soutenir le plus grand éclat de la lumière, et qui ne font leur chasse et leurs excursions que pendant le jour. Cette famille ‘contient deux genres; le premier est celui des vautours, et " second celui des Joncons! PREMIER GENRE. LES VAUTOURS. ns espèces de vautours se trouvent ; quoi- qu’assez rarement néanmoins, Sur quelques mon- tagnes de la France. Leurs caractères généraux consistent en un naturel lâche et bassement cruel; dans une voracité et une gourmandise abjectes , qui les portent à rechercher les charognes même les plus corrompus, ainsi que les cadavres les 6 TABLEAU ÉLÉMENTAIRÉ plus infects etles plus putrides 1) : ilssontpar ée motif en vénération chez les peuples des régions torrides, parce qu’ils en éloignent la corruption. Les yeux de ces animaux sont à fleur de leur tête , qui est nue, ainsi que leur cou. Ces parties sont recouvertes d’unsimple duvet et de quel- ques crins qui y sont clair-semés. Ces oiseaux ont les ongles plus courts et moins crochus que ceux des aigles, et leurs ailes sont tapis- - sées en dedans d’un duvet fin. Leur tête est rétractike dans une espèce de collier composé de plumes plus longues que les autres; ce col- lier.est situé au bas de leur cou. Leur gorge est garnie dans son entier de petites plumes sem- blables à des poils. Les vautours setiennent dans les rochers inac- cessibles'des montagnes les plus escarpées; ils ne volent guères qu’ils ne soient plusieurs en- semble, et lorsqu'ils se posent à terre, leur corps paroît tout incliné ; ils ne peuvent prendre leur essor pour s'élever, qu'avec peine el sans s'être essayés à plusieurs reprises. | Les six espèces de vautours mdigènes de la France, sont le percnoptèré , le griffon, le vautour à aigreites , le petit vautour , V'arrian et le gypaete des Alpes. 1) Tous les vautours en général répandent une odeur très-étide, qu’on ne doit certainement attribuer qu’à leur habitude de dévorer toute espèce de chair corrompue. D'ORNITHÔLOGIE. ; : ; 1. LE PERCNOPTÈRE. } BUSLES" © © + re . . Se e. el le: «0 + . . Le vautour des Alpes. Bris. Orn. t. 1, pag. 464. ( Voyez la planche IT de-cet ouvrage.) C’est le long de la chaîne des hautes montagnes des Alpes, ét particuliérement sur cellés des Pyrénées, que Fon voit, durant les beaux jours de l'été, des troupes nombreuses de percnoptères, qui disparoïssent aux appro- ehesdel’hiver. Pendant le séjour que font ces oiseaux criards et tou'ours affamés sur ces hautes montagnes de la France, on les voit rôder sans cesse pour chercher à découvrir quel- ques cadavres , afin de se gorger de leur chair putride. Le percnoptère mâle a de longueur totale, depuis l'extrémité du bec jusqu'a celle de ‘la quéue,: trois pieds deux pouces, et huit pieds d'envergure. La lon- gueur de la femelle, mesurée de même, est de trois pieds huit pouces, ét son‘ vol ést de neuf pieds. L'un et l’autre sont d’une vilaine figare, Sans proportion, et d’un exté- rieur ignoble ; ils sont dégoüûtans, par l'écoulement conti- nuél d’une humeur ‘qui sort de leuñs narines, ainsi que par leur salive, qui flue sans! cesse ‘par d’autres trous placés dans l’intérieur de leur bec. Leur tête, ainsi que leur cou, au lieu d’être garnis de plumes, ne sont recou- verts que d’un duvet épais et ras, d’un beau blanc, à travers lequel'on distingue la couleur bleuàtre de la peau. L'iris de leurs yeux est d'un jaune rougeûtre ; leur bec, dont la base est recouverte d’une cire 1) noire, est cro- chu à son extrémité : cette extrémité est blanchâtre , tandis 1) On nomme cire la peau nue qui recouvre la base de la man dibule supérieure du bec des accipitres. 8 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE que le reste du bec est noir, ainsi que les ongles. Les jambes et les pieds de cet oiseau sont nus et de couleur plombée, Un collier de petites plumes blanches et roides , lui forme au bas du cou une espèce de fraise, au - dessous de laquellé ôn remarque une tache brune qui a la forme d’un cœur; cétte tache ‘est entourée d’une ligne blanche assez étroite, Tout le reste du plumage du percnoptère est d’une couleur roussâtre, tachetée d’un peu de brun. Les pennes de ses ailes, ainsi.que celles de sa queue; sont noires. Tout le. dessous de son ventre et le derrière de. ses, jambes sont blancs. Ë dsosb 62 LE, GRLEFON. Pultur Pan F4 LINNE, Syst. nat. édit. 13, gen. 2 Le vautour Are BRISSON, Ornith. tom. :1; P- 462. Cetoiseaur Édént on n peut ie ieaue aun certain point cependant, les mœurs et les habitudes, comme on en peut consulter la figure , dans, laménagerie du jardin des plantes , où onen nourrit: plusieurs, est un peu plus grand .que le percnoptère ; car il a trois pieds et demi de longueur, du bout du bec à celui de la queue, et huit pieds d'envergure. Son plumage est, d'un .gris roussâtre sur le dos, sur les ailes et.sur le, dehors des’ jambes ;, les pennes de ses ailes et de sa queue sont noires; sa tête, le bas de son cou, le dedans de ses jambes, ainsi que, son tar se, qui est recou- vert de plumes, sont entiérement blancs. De petites plumes effilées lui forment sur la tête une espèce d'aigrette qui retombe en arriere, et à l'endroit de l'occiput; .elles ont un pouce de longueur. Au bas de cette aigrette, on voit sur le cou,une sorte de fraise, composée de plumes également eflilées, qui sont d un fort beau bleu. On aper- r -D'ORNITHOLOGIE. È çoit au-dessous de la petite aigrette de sa tête les trous des oreilles , qui sont à découvert. Les yeux du griffon sont à fleur de tête ; ils sont munis de deux grandes paupiéres mobiles et garnies de cils; l'iris est d’une belle couleur orangée; le bec, qui est pro- portionnément plus long, crochu, et moins recourbé à son extrémité que celui des aigles, est bleuàtre par-tout, excepté à la base et à la pointe, qui sont noirâtres. Un caractère particulier à cet oiseau , et qui le fait aisé- ment reconnoître, est un grand creux qui se trouve au haut de son estomac , dont la cavité est garnie de plumes semblables. à des poils : ces plumes se dirigent du centre vers la circonférence. ms Les griffons de la Ménagerie paroissent assez tranquilles dans la cage étroite qui les renferme ; ils ont même l'air de vivre entre eux en fort bonne intelligence : néanmoins nous les avons vus quelquefois s’agiter beaucoup, et avec un air-inquiet et.peu satisfait; c’étoit.sans doute l'effet de leur captivité. 3° LE VAUTOUR A AIGRETTES. Pultur cristatus. Lix. Syst. nat. édit. 13, gen. 4r. Le vautour huppé. Bris. Ornith. tom. 1, pag. 460. Quoique moins grand que les précédens , puisqu'il a à peine six pieds de vol, ce vautour n’en est ni moins féroce ni moins rédoutable,à toutes les espèces d'oiseaux, ainsi qu'aux liévres, aux lapins, et même aux poissons. 11 pour- suit sa proie au vol, en s’élançant de dessus quelque rocher escarpé ou de la cime des arbres les plus élevés de la forêt.Cetoiseau, extrèmementsanguinaire, ne se repait pas seulement de la chair et, des entrailles des animaux * 30 TABLEAU ÉLÉMENTATRE encore papitans maïs il s'accommode aussi de celle des cadavres les plus infects. .. {! C'est dans les montagnes élevées et désertes a l France qu'il place son nid ou sônaire, et toujours ille loge dans des endroits inaccessibles aux humains ; cependant on a trouvé en Alsace (département du Haut-Rhin ) le nid-d'un de ces oiseaux, construit au sommet d’un chêne très-élevé.. Cette espèce de vautour a l'iris de l'œil, dacire du bec et les pieds jaunes, avec des. ongles cendrés; son bec, crochu par le bout, ést d’un beau noir. Il a le eorps grand, fort et robuste; ses’ailes sont amples et larges, et sa queue est droite et longue. Il n’a pas, cormme ses congé- néres , la tête dénuée de plumes; elle’en ést auicontraire garnie au point que, lorsqu'il est en répos, il redresse ses plumes de manière qu’elles lui forment, de chaque côté de la tête, une espèce d’aigrette, qui disparoît lors- qu'il prend son essor. Tout son plumage est d’un roux-brun , moins foncé cependant, et disposé comme par ondes un peu rembru- nies sur la poitrine et sous le ventre. Ses pieds ne sont couverts de plumes que jusqu’au talon. L°LE PETIT VAUTOUR. Vuliur leucocephalos. Lin. Syst.nat.édit. 14, gen. 4x. V'autour à tête blanche. Bris. Ornith.tom. 1, p. 466. Celui-ci, qui est une des plus petites espèces de vau- ‘tours, se trouve dans lesmêmes lieux que ses congénéres, avec lesquels, durant l'été seulement, il vit en société; et c’est sur les plus hautes montagnes des Alpes comme sur celles des Pyrénées; e’est de là, sans doute, qu’en l'an 4, il s’en échappa un sur la montagne élevée du Balon des D'ORNITHOLOGIE. - 1 Vosges , où un chasseur maladroit le manqua de plusieurs coups de fusil , qui le firent disparoitre.. Cet oiseau né se nourrit pas seulement de charogne, mais il a aussi un appétit fort vif pourles excrémens humains, et s’accommode très-bien ‘de toute espèce de nourriture. On le voit également faire la guerre aux petits oiseaux , Comme à la volaille, aux livres et aux lapins. ‘ ._ Ce-vautour, qui porte aussi le nom d’alimoche dans le pays qu'il habite le plus communément, a de longueur totale deux pieds deux pouces, et cinq pieds d'énvergure. Tout son plumage est d’un blanc sale, teint de brun : les grandes pennes de ses ailes sont d’un beau noir; lés autres -sont d'uñe couleur brune. Sa tête, démuée de plumes, n’est revêtue que d’un duvet blanc, qui n’est pas trés- fourni. L'iris de ses yeux est jaune; son bec.est de couleur de corne, et il-a deux pouces et demi de longueur; la partie nue de sa tête, ainsi que la membrane: qui couvre la base de son bec, sont-d’une couleur dé safran; et cette même couleur se répète,sur une protubérance nue que forme son estomac lorsqu'il est rempli d’alimens. Ce vautour , dont les jambes sont plus longues-et plus menues que dans les autres espèces, a le tarse nu et de couleur cendrée. PO er2 dd LARRIAN. ( Voyez la pl. I de-cet ouvrage, sous le nom de vautour. ) C’est à Picot de la Peyrouse que nous sommes redeva- bles de la connoïissance et de la description de cet oiseau, dont le Pline français n’avoit pas fait mention dans son “Histoire naturelle, mais qu’on n’a point oublié dans la 12 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE nouvelle édition des OEuvres de Buffon. C’est ainsi qu’on y signale cet animal: 4 Ce vautour, d’une figure ignoble, « pt. : « « À A porte toujours son cou arqué €e1 avant, et ses ailes ainsi que $a queue traînantes. Malgré sa lâcheté, il re laisse pas que dé se défendre vigoureusement contre le chasseur qui l’a blessé. « C’est sur-tout dans les montagnés des Pyrénées qu'on trouve cet oiseau, qui y porte le nom d’arrian :‘il n’est pas ‘tellement sédentaire dans ces montagnes escarpées . cependant, qu'il ne s’en éloigne quelquefois, puisqu'on « ea tuéaux environs de Toulouse Lo di GE de la « Hauté-Garonne ). «Sa longueur, prise de l’extrémité du bec à cellé dé « la queue, ‘est de trois pieds et demi, -et son envergure de huit et demi. Son bec, qui est de couleur noirâtre, « a de longueur huit pouces et demi ; ses oreilles paroïs- À sent à mu, à travers le duvet court, d’un brun teinté de roux qui couvre sa tête. Son cou, dont la peau est d’un blanc bleuàtre, est nu jusqu’à la moitié de $a longueur, et sa gorge est couverte de quelques poils assez longs et noïrs. Des plumes longues et étroites lui forment ; au-dessous de la partie nue de son cou, une . espèce de fraise qui se dirige d'avant en arrière. Tout son plumage est d’un brun foncé, si on excepte cepen- dant les grandes pennes de ses ailes et de sa queue, qui sont noires. Il a l'iris de couleur aurore, les ongles noirâtres et les pieds bleuâtres. " G° LE GYPAETE DES ALPES. < Vultur barbatus. Lin. Syst. nat. édit. 13, AE 52 . . . . L e . . e . C] . . ee . o . e C'est encore à Picot de la Peyrouse, qui l’a observé avec D'ORNITHOLOGIE. LE 13 soin, qué nous devons la description de cet oiseau, qu'il æ consigné dans l'Encyclopédie méthodique sous le nom de vautour barbu Tes anciens naturalistes, et Buffon lui- même, l’avoient désigné sous le nom de læmmer-geÿer'; mais il. semble qu'il convient de lui conserver celui de gypaete, sous lequel d’autres auteurs le désignent, d’au- tant mieux que c’est sous cette seule dénomination qu'il est connu sur les montagnes les plus escarpées des Alpes et des Pyrénées, où cependant il ne paroît que très-rare- ment, et encore en petit nombre. Le Pline français avoit cru que ce vaufour pouvoit bien être le condor de l'Amérique méridionale; mais il ‘st re- connu aujourd'hui qu’il est d’une espèce et même d’un genre différent : il n’en est pas, pour cela, moins redou- table. pour le pays qu'il habite; car il est d’une telle vora- cité et d’une force si grande, qu’il enleve avec ses serres, et qu'ilemporte dans son aire ou dans son nid, des agneaux, des brebis et même des enfans. Sa longueur totale, mesurée du bout du bec à l’extré- mité de la queue, est de trois pieds dix pouces; il a huit pieds et demi d’envergure. Sa tête est entiérement recou- verte d’un duvet ras et épais, de couleur blanche, avec une tache noire placée sur l’occiput. L'iris de son œil est d’un rouge vif; son bec, long de quatre pouces, a la moitié de sa longueur en dessus, à partir de sa base, garnie de longs poils noirs qui sont dirigés d’arrière en avant. On voit, au-dessous du bec, une touffe, en forme de barbe, composée des mêmes poils, dont la longueur est d’un pouce et demi. De semblables poils sont encore clair- semés sur les angles du bec, sur la gorge, sur les pau- piéres, et même sur les sourcils. Le gypaete des Alpes a tout son plumage d’un brun trés-foncé, si on en excepte négnmoins le cou, la gorges. *# TABLEAU ÉLÉMENTATRE la poitrine, le dessous du corps ; les jambes et les pieds , qui sont garnis de plumes d’un blanc mêlé d’orangé, plus ou moins foncé; le bout des couvertures de ses ailes est en outre moucheté d’une couleur jaune orangée, et le dessous est d'un assez beau gris. La queue, qui est arron- die, a trois pouces de largeur et seize pouces de longueur. Les pieds de cet oiseau sont d’un blanc jaunâtre ; ses doigts sont gris et ses ongles bruns 1). DEUXIÈME GENRE. LES FAUCONS On a donné généralement le nom de faucons à tous les accipitres où oiseaux de proie diur- nes, dont la tête, au lieu d’être nue ou recou- verte d’un simple duvet, comme dans les pre- cédens, est entièrement garnie de plumes , et dont la base de la mandibule supérieure est enduite et recouverte d’une espècedemembrane ou de peau molle, à laqueile, comme nous l'avons déja dit, les ornithologistes ont donné 1) Tous les oëseaux que nous désignons dans ce Tableau d’Orni- thologie comme des habitans sédentaires des Alpes ou des Pyré- nées , qui sont étrangères au sol français, s’échappent cependant quélquelois dans nos départemens des Pyrénéest- Orientales , des Hautes on Basses - Pyrénées, comme Cans ceux des Hautes et Basses-Alpes, ou dans celui des Alpes-Maritimes ; c’est pourquoi nous ayons pensé qu'il valoit mieux tracer l’histoire de tous les habitans emplamés de ces hautes chaînes de montagnes, plutôt que d'en oublier quelques-uns d’indigènes de la France. D'ORNITHOLOGIE. 15 lé nom'de cire : c’est à travers de cette peau que sont percées les narines de ces animaux. Tous les oiseaux du genre des faucons ont le dessus de la tête aplati, les yeux enfoncés dans des orbites qui forment une saillie en manière de sourcils; ce qui donne à leur phy- sionomie un aspect dur, et même un air de férocité. Presque tous les accipitres ont une habitude naturelle, un goût inné pour la rapine et pour la chasse, dont ils se nourrissent ; et c’est tou- jours aux dépens d’autres animaux d’une taille plus ou moins considérable. Ils ont tous le vol très-élevé , la vue extrêmement percante, l'aile et les jambes fortes , la première penne de l’aile très-courte , et la quatrième ordinairement plus longue que les autres; leurs doigts sont nus, et les deux externes sont unis ensemble,à leur origine, par une courte membrane. Ces doigts sont armés d'ongles acérés et crochus, avec lesquels ils saisissent avantageusement la proie, qu'ils dé- chirent avec.leur bec tranchant et crochu. Nous sous-divisons ce 2. genre en deux pe- ttes tribus. Dans la première nous pnns, toujours conformément à la méthode de Cu- vier, les oiseaux de proie isnobles, c’est-à-dire, ceux dont le caractère est tellement indompta- ble qu’il est impossible de les dresser pour la 16 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE fauconnerie., Dans la seconde tribu nous ran- geons ceux de ces animaux que l’on peut- em- ployer avantageusement pour cette chasse. PREMIERE TRIBU. OISEAUX DE PROIE IGNOBLES. Parmi les oiseaux de proie ignobles que l'on trouve en France, nous placons ici seize espèces; savoir : le grand aigle, Vaigle commun, l'aigle blanc, le balbuzard,Yorfraie , le jean-le-blanc, l'autour ordinaire , Vépervier, la buse propre- ment dite ,\a sous-buse, Ve busard, la harpaye, la bondrée , l'oiseau- saint - martin , le milan royal et le milan noir. Tous les oiseaux qui composent celte tribu n’ont pas le bec conformé de même : celui des aigles, du balbuzard, de Vorfraie ei du jean-le- blanc est fort droit, et n’est crochu qu’à son extrémité ; il est sans dentelures, sans renflement ni soies : celui de l’autour et de l’épervier est courbé des sa base , ainsi que celui des buses, etc. D'ailleurs nous en verrons la différence en trai- tant de chaque individu en parüculier. D'ORNITHOLOGTIE. 17 1° LE GRAND'AIGLE. Falco chryfætos. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. L'aigle doré. Bris. Ornith. tom. 1 , pag. 431. Le grand aigle est un oïseau solitaire qui se plaît dans les déserts, qu'il dévaste en tyran, et dont il défend l’en- trée et la chasse à tous autres oiseaux de proie. 11 vit dans les montagnes escarpées du Bugey ( département de l’Ain), dans celles des Pyrénées, du Gévaudan ( département de la Haute-Garonne), et on prétend l'avoir vu plus d’une fois dans celles des Hautes-Vosges 1). Solitaire dans ces lieux inaccessibles, sa domination y est tellement absolue, qu’il ne permet pas même à ses semblables d’y venir fixer leur domicile : aussi est-il très- rare de rencontrer, sur la même chaîne de montagnes, deux paires de ces oiseaux ; ils se tiennent réciproquement à une distance assez grande pour ne pas se nuire l’un à l'autre dans le domaine ensanglanté qu’ils se sont départi. L’aigle cependant n’est point un oiseau làächement féroce; car il dédaigne les petits animaux, dont il méprise les in- sultes. Quelque pressé qu'il soit par la faim, jamais il ne touche aux cadavres; il ne veut absolument que la proie vivante qu'il a conquise, et jamais il n’égorge au-dela des besoins qui le pressent. Né pour les combats comme pour la rapine, il est en- nemi de toute société; féroce , fier, et difficile à réduire, toute contrainte lui est insupportable : aussi est-il impossible de l’apprivoiser jamais. 1) On voit au cabinet d'histoire naturelle de la Meurthe la dé- pouille d’un grand aigle qui fut tué, il ÿ a quelques années, dans ce département pendant l’hiver. TA L 18 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Il a le port modelé sur son naturel; son attitude esf fière et relevée; son regard vif, sa démarche hardie; ses mouvemens sont brusques, et son corps épais est ferme et robuste ; sés jambes charnues, ses ailes fortes, ses plumes rudes, lui facilitent un vol aussi élevé que rapide et long- temps soutenu; sa vue, très-perçante, lui fait distinguer sa proie de fort loin, et il court sur elle avec l'impétuo- sité d’un trait. Enfin, son bec et ses ongles crochus en font un oiseau formidable, non-seulement pour les lièvres, les agneaux et les chevreaux, mais aussi pour les chevreuils, et même pour les veaux, dont il boit le sang après en avoir déchiré:les chairs encore palpitantes , puisil les emporte en lambeaux dans son aire quand il est repu. Cet oiseau boit rarement, et surtout lorsqu'il est en liberté, parce que probablement le sang des victimes qu'il a immolées à sa fureur suffit pour appaiser sa soif. Il ne jette que quelques cris aigus, sonores, perçans et tou- jours lamentables. | L'aigle mâle a de longueur totale, mesuré de l’extré- mité du bec 4 celle de la queue, troïs pieds; sa serre a trois pouces dix lignes d'ouverture, et ses ailes, ployées, sont à peu de chose près aussi longues que sa queue. La femelle, plus grande que le mâle, a trois pieds et demi de longueur totale, et ses ailes étendues ont huit pieds et demi d'envergure. L'un et l’autre ont le bec très-fort et de couleur de corne; la peau nue qui en recouvre la base est jaune ; l'iris de l’œil est d’un beau jaune clair, vif et bril- lait : leurs yeux sont grands; mais ils sont enfoncés dans la vaste cavité de l’orbite, qui les recouvre comme un avant-toit. Ils ont les ongles noirs , et les doigts revêtus d’écailles jaunâtres. Tout le plumage de l'aigle est d'un brun fauve, qui s’éclaircit sur la tête et sur le cou: les pennes de ses ailes D'ORNITHOLOGIE. . 19 tont noirâtres ; celles de sa queue sont noires, ondées de gris depuis leur origine jusqu'aux deux tiers de leur lon- gueur; le reste est d’un brun ferrugineux. Les plumes dont ses jambes et le tarse sont revêtus jusqu'aux doigts, sont d’un roux lavé de brun. C’est entre des rochers que le grand aigle place son aire, dans un endroit sec et inaccessible. Ce nid, qui est posé à plat et horizontalement, est construit avec des perches de cinq à six pieds de longueur; elles sont appuyÿées par leurs extrémités sur les bords de la fissure de quelques . rochers; elles sont entrelacées de quelques branches sou- ples, puis recouvertes par des lits d'une certaine épaisseur, composés de jones, de bruyére et de mousse. La femelle y pond deux ou trois œufs, desquels, après trente jours d’incubation, il nait des aiglons tout couverts d’un duvet blanchâtre. On prétend que la durée de la vie d’un aigle s’étend au-delà d’un siècle, et que le seul et même nid lui sert pendant toute sa vie, à moins qu'il ne soit détruit par quelque accident. La femelle de l’aigle est, comme celle de presque tous les oiseaux de proie, plus grande que le mäle; et, lors- qu’elle est en liberté, elle semble aussi être plus hardie, plus courageuse et plus rusée que lui. Hors le temps de l’incubation , on les voit presque toujours à peu de distance l’un de l’autre, et exécutant ensemble et comme de con- cert le plan prémédité de leurs rapines. L'odorat de ces oiseaur étant foible, ils ne chassent jamais qu’à vue. Quoique l'aigle puisse s'élever plus haut que tous les autres oiseaux de proie, néanmoins il paroît avoir de la peine à quitter la terre, sur-tout quand il est chargé, parce qu'il a peu de souplesse dans les jambes. On prétend que lorsque les jeunes aiglons sont en état de voler, le père et la mère les expulsent du nid, et les * \ 20 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE obligent par la de se pourvoir eux-mêmes de nourriture : cet acte, qui paroït contraire au vœu de la nature, n'est sans doute que le résultat de la difficulté qu’éprou- vent les oiseaux de proie à se procurer leur subsistance. 2 L'AIGLE COMMUN. Falco fulvus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. L’aigle noir. Bris. Ornith. tom. 1, pag. 434. L’aigle commun ou l'aigle moyen a, de longueur totale, mesuré de l'extrémité du bec à celle de la queue, trois pieds; son envergure est de sept pieds huit pouces, et lorsque ses ailes sont ployées elles s'étendent presque jusqu'au bout de la queue. Le dessus de sa tête et de son cou sont d’un brun roussäâtre ; tout le reste de son plu- mage, savoir, le dos, le croupion, la gorge, le dessous du cou, la poitrine , le ventre, les côtés du corps, les couvertures supérieures des ailes et de la queue, sont d’une couleur brune. Quoique les plumes soient blanches à leur origine , il est facile de concevoir qu’étant brunes à leur extrémité, et étant toutes couchées en recouvre- ment les unes sur les awtres, il ne doit nécessairement paroître que la couleur qui les termine. Les jambes de cet oiseau sont revêtues jusqu’au A de plumes brunes du côté extérieur, et d’un brun roux du côté intérieur : les pennes de ses ailes sont noirâtres; mais le côté interne de la plupart est blanc jusque vers la moitié de leur longueur. Les deux tiers de sa queue sont blancs à leur origine, et le reste est noirâtre. L'iris est d’un brun noisette; le bec, d’une couleur de corne bleuñtre, est recouvert à sa base d’une peau d’un jaune D'ORNITHOLOGIE. 2x vif; les doigts sont jaunes; ils ont quatre pouces d’ouver- ture, et sont armés d’ongles crochus et noirs. L’aigle commun est plus répandu sur les hautes monta- gnes de la France que le grand aigle ; il en descend même assez souvent pendant l'hiver pour se répandre dans la plaine : aussi n'est-il pas très-rare d’en prendre aux piéges. On en voit assez fréquemment, chaque année, pendant la saison rigoureuse, dans la forêt de Fontainebleau ( dé- partement de Seine-et-Marne) et dans celle d'Orléans ( département du Loiret). Les montagnes de l’Empire fran- çais où cet aigle semble être plus commun, sont celles dé l'Auvergne ( département du Puy-de-Dôme). C’est là que, sur les rochers les plus escarpés, ou sur les arbres les plus élevés, il fait son nid, qui est plat et qui a environ cinq pieds en carré ; il y élève ses petits, qu’il conduit ensuite pendant leur jeunesse. Les œufs de cet oïseau sont d’un roux brun, avec des raies noirâtres. L’aigle commun, lorsque surtout il est réduit en cap- tivité, peut se passer long-temps de nourriture : nous ci- terons à l'appui de cette assertion Le témoignage irréfra- gable de l’immortel Buffon, qui assure avoir vu un de ces oiseaux pris dans un piége: et qui a vécu environ quarante jours:sans avoir voulu prendre aucun aliment ; il ajoute que ce captif ne parut affoibli que les huit der- piers jours, au bout désquels on le tua. Le vol de cèt oiseau est si élevé qu’on le perd souvent de vue; et cependant, de cette grande distance, on entend encore sa voix, qui a quelque ressemblance alors avec celle d’un petit chien. C’est de cette élévation que, d’un œil perçant, il distingue un lièvre, et qu’il fond dessus comme un trait pour en faire sa principale nourriture. Le mâle et la femelle chassent ordinairement en commun ; et les habitans des montagnes prétendent que l’un des 22 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE deux bat les buissons, tandis que l'autre se tient en em- buscade sur quelque élévation pour saisir le gibier dans ‘sa fuite. i 3° LV'AIGLE BLANC. Falco albus. Lin. Syst. nat. édit. 13 gen. 42. L'aigle blanc. Bris. Ornith. tom. r, pag. 424. L’aigle blanc n'est point, comme l’ont pensé quelques ornithologistes, une variété accidentelle du grand aigle; il est encore moins un de ces animaux dont l’âge, et la blancheur du vêtement, mdice ordinaire de la vétusté, sont les avant-coureurs d'une destruction prochaine: il est une espèce réelle et distincte, qui, quoique rare, se trouve néanmoins sur les Alpes et sur quelques-uns dés rochers qui bordent le Rhin. C’est de ces dernières contrées que nous avons reçu celui que nous possédions dans notre ca- binet, et d’après lequel nous donnons une description d'autant plus facile que son plumage est moins varié. Cet oiseau, de la taille de l'aigle commun à peu près, seroit absolument d’un blanc pur si lés grandes pennes de ses ailes n’avoient leurs extrémités noires. L'iris de ses yeux, qui étoient déjà térnis lorsque nous'le reçüûmes, nous parut d’un jaune aurore j son bee, la cire qui en recouvre la base, ainsi que les pieds et les doigts, étoient d’un blanc bleuâtre: ils sont armés d’ongles robustes cé acérés, de couleur noirâtre. Tout ce que noüssavons des mœurs de cetoiseau, qu’un ornithologiste nous a-envoyé en échange de pies noirs et de merles d'eau, c'est. que non-seulement il fait la guerre aux lièvres, aux perdrix et à tous autres animaux de cette espèce, mais qu'il prend aussi le poisson qu'il aperçoit a la surface des eaux de ce fleuve. D'ORNITHOLOGIE. 23 L® LE BALBUZARD. i Falco haliætus. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. L'aigle de mer. Bris. Ornith. tom. 1, pag. 4/0. ( Voyez la planche IT de cet ouvrage. ) Le balbuzard est un oiseau de proie qui est assez géné- ralement répandu en France, sur le bord des rivières et des étangs de la Bourgogne | département de la Côte-d'Or}, et surtout sur ceux du département des Vosges, où nous en avons tué chaque année plusieurs, dans l’espace de plus de quinze ans. C'est ordinairement sur quelque arbre à portée des eaux que l’on rencontre get oiseau, extrêmement méfiant : là, l’œil aux aguets, il reste immobile pendant plusieurs heures de suite jusqu'a ce qu'il découvre quelque gros poisson dont il fait sa nourriture ordinaire ; il fond dessus comme un trait, et va le prendre, en plongeant quelque- fois à plusieurs pieds de profondeur. , En 1 787 ,nous allâmes, au mois de mars, avec plusieurs de nos amis, à la chasse aux foulques, sur un des petits étangs des Vosges, où ces oiseaux sont alors fort abon- dans. À l'extrémité de cet étang, qui n’étoit pas trés- long, nous aperçûmes un balbuzard en vedette sur un chêne voisin, d’où il ne tarda pas de se précipiter dans l'étang; il en sortit les serres chargées d'un énorme poisson. Pour s’en repaître, il alla se reposer, à deux por- tées de fusil, sur un vieux tronc d’arbre coupé, et la il se disposoit a le dépecer, lorsque, profitant du couvert d’une haïe épaisse située entre nous et lui, nous courûmes, sinon pour partager avec lui son aubaine, du moins pour contrarier sa gourmandise. Ne pouvant approcher d'assez 24 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE prés pour le punir de ses larcins, nous nous confentàmes de l’épouvanter en lui tirant un coup de fusil : il fut en effet tellement effrayé qu’il abandonna aussitôt sa proie , et prit la fuite à tire d'ailes. Nous nous approchâmes du lieu qu'il avoit choisi pour sa salle à manger, et nous y trou- vàmes une mére Carpe qui pesoit cinq livres et demie. Comme elle n’avoit reçu qu’un premier coup de bec der- riére l’ouie, nous ne la dédaignämes pas pour notre halte. Le balbuzard a de longueur, depuis le bout du bec jusqu’à celui de la queue, un pied dix pouces, et cinq pieds six pouces d'envergure; ses ailes, ployées, s'étendent un peu au-delà de sa queue. Tous ceux que nous avons tués avoient les plumes du sommet de la tête brunes dans leur milieu et blanches vers leurs bords; l’occiput, la gorge , ainsi que le cou, étoient blancs: tous avoient la partie supé- rieure du cou marquée d'une grande tache brune, et les côtés de cette même partie sillonnés d’une raie de même couleur. Le dessus de leur corps étoit brun , et le dessous blanc; tous avoient les grandes pennes des ailes d’un brun noirâtre extérieurement, etintérieurement rayées de blanc. Leurs pieds, qui étoient nus, ainsi que leurs doigts, avoient leurs écailles, sensiblement apparentes, d’une couleur bleuâtre, de même que la peau nue qui recouvroit la base de leur bec. L'iris de leurs yeux étoit jaune ; leur bec, ainsi que leurs ongles, étoient noirs. La serre de ces oiseaux est plus forte en proportion que celle d’aucun autre acci- pitre 1). 1) L’ongle postérieur du pied du balbuzard est le plus court de tous; ses pieds et ses doigts ont tant de roideur qu’on ne peut les fléchir, et le doigt extérieur se trouve tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Les parties intérieures du balbuzard ne diffèrent pres- que pas de celles de l'aigle. Sa ponte est souvent de quatre œuf, D'ORNITHOLOGIE. 24 Le balbuzard fait son nid dans les crevasses des rochers ou sur les arbres les plus élevés des forêts touflues; quel- ques ornithologistes prétendent qu'il le construit aussi au milieu des roseaux, et quelquefois par terre. 7 On voit presque toujours ces oiseaux par paires, si ce n’ést dans le temps des frimas, où les eaux sont gelées: ils se séparent alors, et vont au loin chercher une nour- riture plus facile dans des climats plus tempérés. Quoiqu’or- dinairement fort gras, leur chair néanmoins est imprégnée d’une forte odeur de poisson. Quelques auteurs prétendent qu’il ne séroït pas plus difficile de dresser le balbuzard pour la pêche, que les autres oiseaur de proïe pour la chasse. 5° L'ORFRATE. Falco ossifragus. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. Le grand aigle de mer. Bris. Ornith. tom. 1, p. 43;. ( Voyez la planche III de cet ouvrage.) Nous présentons encore ici un de ces grands destruc- teurs dé nos riviéres, de nos lacs et de nos étangs, que Jon voit souvent rôder sur leurs bords, qu'il parcourt en volant, l’œil toujours fixé sur la proie qu'il guette : lorsqu'il aperçoit un gros poisson, il se précipite dessus en plongeant quelquefois à plusieurs pieds de profondeur ; il l’enlève dans sa serre, ét l'emporte à quelque distance pour le dévorer à son aise. quelquefois de trois, et rarement de deux; ils sont blancs avec des taches d’un rouge clair. L’on croit assez généralement que le bal- buzard est le mème oiseau que l’Aaliætos d’Aristote. Cependant on ne voit point que l’on puisse concilier ce que nous savons du balbuzard avec ce qu’Aristote a dit de l’Aaliætos. f 25 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Nous avons été plus d’une fois à portée d’exaniner cef accipitre, et d'en étudier les habitudes, soit sur les bords du grand étang de Biécourt ( département des Vosges), lorsqu'il existoit avant la révolution, soit sur ceux de la Moselle depuis cette époque; et toujours nous avons re- marqué que non-seulement cet oiseau chassoït plus wo- lontiers au crépuscule du soir et du matin, mais qu'il péchoit aussi pendant la nuit. Nous avions contracté l’ha- bitude étant à la chute des oies ou des canards sauvages pendant des soirées très-obseures, de juger, même d'assez loin, ses lareins au seul bruit qu'il faisoit en se plongeant, et que l’on auroit pris volontiers pour celui de quelque gros quadrupède qui seroit tombé dans l’eau inopinément. L'orfraie n’est pas seulement pissivore, mais il s'accom- mode aussi très-bien d’oies, de canards, de foulques et même de lièvres ; la preuve la plus convamncante que nous puissions en donner, c’est qu'ayant fait dénicher, il y a quelques années, de dessus un chêne élevé de nos montagnes, des jeunes de cet oiseau, on trouva dans leur mid une ample provision de squelettes de poissons, avec une tête et les ailes d’une sarcelle, qui étoient posés a côté d’un levraut dont le ventre seul étoit entamé et qui n’exhaloit encore aucune mauvaise odeur 1}. L'orfraie, que des ornithologistes ont désigné sous le nom d’aigle de mer et sous celui d’aigle barbu, est un des plus grands oiseaux que l’on voie en France: il à, du bout 1) Quoique l’espèce de l’orfraie ne soit pas fort nombreuse, ce- pendant elle est répandue par-tout. Les jeunes or/fraies ont sous leurs plumes un duvet blanchâtre et épais, qui est pour eux une bonne fourrure. Un de ces oiseaux, tué en 1779 sur l'étang de Indre en Lorraine, avoit dans l'estomac de la laine et des fragmene d’os. D'ORNITHOLOGIE. »7 du bec à celui de la queue, trois pieds et demi de lon- gueur et sept pieds d'envergure. Tout son plumage est, en dessus du corps, d’un gris brun, tacheté de brun plus foncé; les grandes pennes de ses ailes sont noirûtres, et celles de sa queue sont d’un gris noirâtre du côté extérieur et d’un cendré foncé du côté intérieur. Tout le dessous de son corps, sa poitrine, ainsi que son ventre, sont d’un gris brun tacheté de noirûtre. Cet oiseau, du moins le seul que nous possédons dans notre collection, que nous avons tué nous-mêmes sur les bords de la Moselle, et d’après lequel nous avons tracé cette description, a le bec noir : la membrane qui en re- couvre la base est d’un jaune vif, de même que les écailles qui revêtent le tarse et les doigts, qui sont les uns et les autres nus. L'iris est de même couleur; et les ongles, qui forment un demi-cercle parfait, sont d’un noir pro- fond et brillant. L'orfraie est sur-tout remarquable par une espece de barbe de plumes qui lui pend sous la base de la mandibule inférieure. La fémelle ne diffère du mâle que par les teintes moins foncées de son plumage. C’est sur les chênes les plus élevés des forêts qu'il fait son nia. qui est extré- mement spacieux, quoique cependant la femelle n’y ponde que deux gros œufs plus arrondis que les œufs ordinaires ; ils sont d’un blanc sale, et il arrive assez fréquemment, du moins d’après ce que l’on assure, que l’un des deux est infécond. G'LE SEAÂN-LEEBT'ANC Falco gallicus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. Le jean-le-blanc. Bris. Ornith. tom. 1, pag. 443. Quoique le jean-le-blanc paroisse tenir par quelque 28 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE chose de l'extérieur de l'aigle et du balbuzard, il n’en est pas moins une espèce distincte et séparée. Sa longueur, mesurée du bout du bec à celui de la queue, est de deux pieds, et ses ailes étendues ou son envergure sont de cinq pieds un pouce : lorsqu'il a les ailes ployées, elles s’éten- dent un peu au-delà de l’extrémité de la queue. Un brun cendré est la couleur de son plumage sur la tête, sur le dessus du cou, sur le dos et sur le croupion: les plumes de toutes ces parties ne paroissent de cette couleur qu’autant qu’elles sont couchées les unes sur les autres; car lorsqu'on les écarte en les relevant, elles sont blanches depuis leur origine jusque vers leur sommet, qui est brun. Sa gorge, sa poitrine, son ventre, ainsi que les côtés de son corps, sont d’un blanc varit de longues taches d’un brun roux. Les pennes de sa queue sont de même couleur que le plumage de son dos; elles sont seu- lement marquées, de plus et transversalement, par des bandes d’un brun plus foncé. La membrane qui couvre la base de son bec est d’un beau jaune; son. bec est de couleur de corne; l'iris de son œil est d'un jaune de citron ; ses pieds et ses doigts sont rougeàtres , mais ils sont recouverts d’éeailles jaunes ; ses ongles sont noirs. La femelle de cet oiseau est bien plus grosse et les cou- leurs de son plumage sont beaucoup plus pâles et plus ternes que celles du mâle. Elle fait son nid assez prés de terre, dans des joncs, des genêts ou des bruyéres; on prétend cependant qu’elle le place aussi quelquefois sur des sapins élevés; et c’est un fait que nous n’avons pu constater dans les Vosges, quoique cet oiseau y soit assez commun, et qué nos montagnes soient toutes couvertes de cette espèce d'arbres. Elle pond ordinairement trois œufs d’un gris-de-perle foncé , et pendant tout le temps que dure l'iicubation , le mâle la pourvoit abondamment de nour- riture. D'ORNITHOLOGIE. 29 Le jean-le-blanc, aussi commun en France qu'il y est redouté par les vols qu'il y fait, fréquente les lieux habi- tés, et sur-tout les hameaux et les fermes isolées : c’est là qu'il saisit avec une hardiesse audacieuse la volaille des paysans, qu’il vient quelquefois prendre en leur présence et dans leurs basses-cours. Le jean-le-blanc, eu égard à sa grandeur, est propor- tionnément plus gros que l’aigle ; ila d’ailleurs les jambes plus menues et plus longues à proportion que lui. Sa vue trés-perçante ne paroît nullement incommodée par l'éclat de la lumiére la plus forte; car il tourne volontiers ses yeux vers le soleil : c’est une remarque que nous avons encore faite aujourd’hui sur celui qui vit dans la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle située dans le jardin des Plantes de Paris. Quand ce tyran des amis de l’agriculture vole, c’est toujours contre la terre, qu'il rase soir et matin en bat- tant les ailes à la manière des hérons. On le voit chaque jour liserant les boïs et les forêts pour y chercher les perdrix, les levrauts , les petits oiseaux, les rats, les mulots et les taupes , sur-tout quand il n’a pu s'emparer, dans les basses- cours qu'il a visitées, de quelques morceaux de résistance, tels que des poules ou des dindonneaux. Le jean-le-blanc, ainsi que tous ses congénères, voleurs de volaille par nature, sont connus, par les paysans des Vosges, sous la dénomination commune d’oiseau des poules . qu'ils appliquent à tous les oiseaux de proie diurnes. 3o ! TABLEAU ÉLÉMENTAIR®E ma L'AUTOUR ORDINAIRE. Falco palumbarius. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 42. L'autour. Bris. Ornith. tom. 1, pag. 313. ( Voyez la planche II de cet ouvrage.) D'un naturel sanguinaire et féroce, l'autour fait un grand tort dans les basses-cours et dans les colombiers, dont il enlève impitoyablement les habitans paisibles pour les dévorer à belle-dent. Cet oiseau, qui fréquente les mon- tagnes du Bugey (département de l'Ain), celles du Dau- phiné ( département de l'Isère), de la Franche - Comté ( département du Doubs) et celles des Vosges, se retrouve dans presque toute la France; il est connu dans ce der- nier département sous le nom vulgaire de chasserot. La femelle, d’un tiers plus grosse que le mâle, fait son nid sur les arbres les plus élevés des forêts; elle y pond quatre ou cinq œufs d’un blanc bleuàtre , tachetés de brun rouge. Élle a, de l’extrémité du bec à celle de la queue, un pied dix pouces de longueur, tandis que le mâle n’a qu'un pied sept pouces. Dans l’un comme dans l’autre , lorsque les ailes sont ployées, elles s'étendent aux deux tiers de la longueur de la queue. Une couleur d’un brun uniforme est répandue sur toutes les parties supérieures de son corps; elle part du sommet de la tête, s'étend sur le haut du cou, sur le dos, sur les couvertures des aïles, sur le croupion, ainsi que sur les couvertures de la queue : cependant on voit sur l'occiput un peu de blanc, et sur les joues quelques raies brunes et blanchâtres. Toutes les parties antérieures et inférieures du corps, savoir, la gorge, le devant du cou, la poitrine, le ventre et les côtés, sont blanchâtres , rayés transversalement de brun. Les ailes de cet oiseau D'ORNITHOLOGIE. 31 sont proportionnément plus courtes que celles d’aucus#t autre accipitre. La première de leurs pennes est la plus courte de toutes, et elle est arrondie à son extrémité; la quatrième est la plus longue; la plupart des autres sont échancrées. Les pennes de sa queue sont du même brun que celui du dessus du corps; mais elles sont trans- versalement tranchées par des bandes d’un brun plus foncé. L'iris des yeux de l’autour est d’une belle couleur jaune: son bec est d’un bleu sale; la membrane qui en recouvre la base est d’un bleu livide : ses jambes, ou pour mieux dire son tarse, plus long que dans aucune autre espèce d'oiseau de proie, est dénué de plumes; elles sont, ainsi que ses doigts, d’une couleur jaune foncée : ces der- niers sont armés d'ongles aigus de couleur noirâtre 1). L’autour, avant sa première mue, est marqué sur la poitrine et sur le ventre de taches brunes longitudinales et perpendiculaires, qui, après la seconde mue, devien- nent transversales, et durent le reste de la vie de l’ani- mal. D’après ce changement extrêmement sensible, il est facile de concevoir comment on peut se tromper sur la connoissance parfaite de cet oiseau. t) Les aulours w’ont pas le vol aussi haut que les autres espèces d'oiseaux de rapine, qui ont les ailes plus longues à proportion du corps. Lorsqu'ils poursuivent un gibier , ils volent bas et rasent la terre : jamais ils ne tombent d’aplomb sur leur proie ; mais ils arrivent sur elle tout-à-coup, et toujours de côté. Ils plument fort proprement les oiseaux avant de les dévorer. On se sert des autours pour la chasse du vol, principalement en Alle- magne , où ils sont fort communs, et cette partie de la fauconnerie » tois l’oreille à cette voix, qui me parut d’abord d’autant plus » singulière qu’elle étoit tout près de moi, j’entendis un de mes > gens, qui étoit couché dans la chambre au-dessus de la mienne, » ouvrir sa fenêtre, et, trompé par la ressemblance du son bien » articulé edmé, répondre à l'oiseau : Qui es-tu là-bas ? Je ne » m'appelle pas Edmé ; je m'appelle Pierre. Ce domestique » croyoit, en effet, que c’étoit un homme qui en appeloit un > autre , tant la voix de la chevèche ressemble à la voix humaine, » et articule distinctement ce mot, » 80 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE effraie, ou le confondre avec quelques autres espèces de chouettes ? Il nous seroit difficile, disons mieux, impos- sible, d’après l'examen que nous avons fait de plusieurs individus que nous avons considérés sous tous les rap- ports, de n’être pas convaincus qu'ils sont d’une espèce particulière , distincte et séparée. Quoique cette chouette, sans être fort commune dans les Vosges, y soit assez répandue pour que, dans les premiers jours du printemps, les chasseurs qui se pro- curent le plaisir de la passée des bécasses , en tuent quel- ques-unes chaque année ; cependant il nous est impossible d’esquisser l’histoire de ses mœurs ou deses habitudes, parce que jamais nous n’avons pu trouver l’occasion de les suivre et de les étudier. Cet oiseau, aux yeux jaunes, a le bec proportionné- ment plus court que celui de tous ses congénères; il est d’un brun noiratre, ainsi que ses ongles ; ses pieds, plus courts aussi que dans toutes les espèces précédentes, sont recouverts, ainsi que ses doigts, d’un duvet soyeux d'un blanc lavé de fauve. Les plumes décomposées qui entou- rent ses yeux, sont d’un blanc pur; le sommet de sa tête, ainsi que sa gorge, sont aussi d’un fond blanc, mais moucheté de taches roussàtres. Tout le ventre, les côtés, le dessdus des ailes et de la queue, sont blanchâtres, et le bord extérieur des grandes pennes des aïles est teinté d'une couleur noirâtre. Cette chouette a seize pouces de longueur, prise de la pointe du bec à l'extrémité de la queue , et deux pieds et demi de vol ou d'envergure. Le dessus de son corps, jusques et compris le dessus de la queue, est en entier d’un fond brum, nuancé de noirâtre et de fauve, D'ORNITHOLOGIE. ga SECTION DEUXIÈME, LES PASSEREAUX. Nous avons placé dans cette deuxième sec- uon de l’ordre des oiseaux fissipèdes propre- ment dits, en suivant toujours pour guide de nos travaux la methode claire et facile de Cuvier, des animaux qui au premier coup d’œil paroissent différer sensiblement entreeux, soit quant à leur forme, soit par rapport à leurs mœurs. If s’en trouve parmi eux qui chantent, et d’autres qui , au lieu de ces accens mélodieux qui pénètrent l’ame d’allégresse, ne font entendre qu’une espèce de croassement désagréable, ou bien un sifflement aigre, ou seulement quelques sons rauques, mal articulés et toujours monotones. Les uns d’ailleurs se nourrissent de chair et même de charogne , tandis que les autres tri: turent des grains; 1l s’en trouve enfin qui, à raison de la foiblesse de leur bec , ne peuvent manger que des vers ou des insectes mous. Un tel assemblage d'oiseaux si différens sous ces rapports, paroît ne devoir offrir qu’une confusion générale , dans laquelle il semble difficile de pouvoir se reconnoître, Mais le L 4. 6 & TABLEAU ELÉMENTAIRE partage que nous avons fait de ceite grande section en plusieurs familles, en fera juger au- trement , surtout lorsque l’on verra le soin que nous avons pris pour placer dans chacune de ces familles les individus qui ont entre eux des rapports généraux , et l’attention que nous avons euede saisir , dans les espèces congénères, des caractères particuhers etsemblables afin d’en établir un genre; et lorsque quelques traits d’une similitude plus particulière encore se sont offerts à nos yeux, parmi les oiseaux du même genre, alors nous en avons composé de petites tribus. Mais ke caractère général d’après lequel nous avons établi cette grande section, consiste en ce que tous les oiseaux qu'on y rencontre ont trois doigts en avant, tous séparés les uns des autres, et un pouce en arrière : ces doigts sont armés d'ongles, à la vérité, mais ils ne sont pas crochus, comme ceux des accipitres. Si quelques - uns parmi eux ont les deux doigts exiérieurs joints ensemble, jusqu’à la première articulation, ou même jusqu’à leur extrémité, aucun cependant n’a ses trois doigts antérieurs réunis par une seule membrane , comme dans les palmipèdes où oiseaux na- geurs. Nous partageons donc cette seconde section D'ORNITHOLOGIE. 83 en six familles, dans quelques-unes desquelles, pour plus grande facilité encore, nous sous- divisons des genres en petites tribus. PREMIERE FAMILLE. LES PASSEREAUX À YANDIBULE SUPÉRIEURE DU EEC ÉCHANCRÉE VERS LE BOUT. Les passereaux qui composent cette première famille, ont pour caractère général et distinctif une petite échancrure placée prés de la pointe de la mandibule supérieure du bec. Cette fa- mille renferme trois genres; savoir , celui des pies-grièches, celui des gobe-mouches , et celui des nerles. PREMIER GENRE. LES PIES-GRIÈCHES. Les pies-grièches , sans être des oiseaux de proie, ont, comme eux, un grand appétit pour la chair ; elles sont si hardies et si intrépides, qu’elles osent attaquer , quoique foibles de corps en apparence , des oiseaux beaucoup plus puissans qu’elles et qui sont bien armés , * 84 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE sur-tout lorsqu'il s'agit de défendre leur pro- geniture : il n’est pas même fort rare de voir les pies-grièches victorieuses dans ces sortes de combats ; aussi les pies, les corbeaux et même les rrilans et les buses , loin de les inquiéter, évitent-1ls leur rencontre. Les pies-grièches attaquent aussi et tuent, pour en faire leur nourriture, les gros insectes , ainsi que les petits oiseaux et particulièrement les jeuries : elles attendent et profitent, pour ceux qui sont d’une taille trop forte, des oc- casions où elles les trouvent pris à quelques piéges. Toutesles pies-grièches ont le corps alongé, la tête grosse, le cou et les ailes courts, la queue longue ; le bec droit, convexe en dessus, comprimé par les côtés; les bords de la man- dibule supérieure échancrés vers le bout, qui est courbé en bas et crochu, avec une petite dent de chaque côté. Nous ne connoissons en France que trois espèces de pies-grièches, qui sont la pie-grièche grise , la pie-grièche rousse, et l'écorcheur. D'ORNITHOLOGIE. 8$ 1° LA PIE-GRIÈCHE GRISE. Lanius excubitor. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. #4. La pie-griéche grise. Br1S. Ornith. tom. 2, pag. 143. ( Voyez la planche VI de cet ouvrage.) Cet oiseau , qui rèste en France toute l’année , est de la grosseur du merle : il.a les ailes noires, ornées de taches blanches sur les côtés, comme les pies. Sa tête est grosse et large : son bec dur, gros et un peu erochu par le bout, est d’un beau noir; ila un pouce de longueur, et son ouverture est large. A côté de chacune de ses narines sont implantés quelques poils noirs, qui se diri- gent en avant en forme de moustaches. Ses yeux sont d’un brun vif et brillant; ses piéds et ses doigts, armés d'ongles aigus, sontnoirs. Tout le fond du plumage de cet oiseau est d’un beau gris cendré ; à côté de chaque mâchoire se trouve placé un trait noir qui lui forme une seconde espèce de mous- taches. Son ventre, ainsi que ses jambes et le dessous de sa queue, sont blanchâtres ; les deux pennes du milieu de cette partie, qui est fort longue, sont noires..et les autres blanches à l'extrémité seulement. Cet oiseau, que l’on nomme dans le département des Vosges, en langage vulgaire , pandière ou bankaïeffe , fait son nid dans les arbrisseaux, et la femelle y pond de ciuq à huit œufs blancs, tachetés de brun sale sur toute la coquille, et de noirâtre vers le gros bout : ces œufs, de la grosseur de ceux d’une grive, reposent sur un lit mollet qui est composé de plumes et de duvet, trésor et luxe de l’intérieur de ce réduit, dont la circonférence exté- rieure est formée de menu foin et de racines fibreuses, 86 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE que la femelle sait entrelacer si artistement dans l’épais- seur d'un pouce que ce petit édifice est capable de ré- sister aux vents et à la tempête. % Cette espèce de pie-grièche a l'habitude de se percher au sommet des branches les plus élevées, et lorsqu'elle est posée , elle lève et baisse incessamment sa queue. Elle ne vit pas seulement d'insectes 1), mais encore de petits oiseaux; elle est même si hardie qu’elle ose atta- quer les merles et les grives , qui en deviennent quelque- fois la victime. Les jeunes de cet oiseau ne se séparent pas de leurs père et mére , lors même qu’ils sont élevés; ils les sui- vent partout : aussi voit-on ordinairement toute la fa- mille voler ensemble, et former une petite troupe qui ne se mêle jamais avec aucune autre espèce d’oiseaux. La méchanceté de la pie-grièche est telle, qu’elle esf passée en proverbe pour désigner une femme acariàtre et méchante; elle n’en est pas moins respectée par les agri- culteurs judicieux , parce qu'ils savent qu’elle détruit beaucoup de souris, de mulots, de hannetons et d’autres insectes, qui sont des fléaux pour les récoltes, l'espoir unique du laboureur. On voit au Muséum d'histoire na- turelle du jardin des Plantes, une pie-grièche qui a été tuée, cette année , dans les environs de Paris, dont tout le dessous du corps est d’un blanc teinté d'un rouge tendre. 1) Toutes les pies-grièches de nos pays, ainsi que celles d’Afri- que , que Levaillant a nommées le fiscal et le pendeur, se servent, dit-on, d’un moyen singulier pour assurer leur subsistance ; c’est aussi l’habitude de l’écorcheur : ces oiseaux fichent leur proie surabondante, c’est-à-dire les insectes qu’ils ne peuvent consom- mer, aux épines de buissons, et ils savent la reprendre dans D'ORNITHOLOGIE. 8 2° LA PIE-GRIÈCHE ROUSSE. .. Lanius rufus. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 44. La pie-grièche rousse. Bris: Ornith. tom. 2, pag. 147: Cette seconde espèce, qui a sept pouces trois lignes de longueur et un pied et demi de vol, est susceptible d'être facilement confondue , soit le mâle avec la femelle, soit les petits avec l’un et l’autre, pour en faire trois es- pèces différentes. En général cette pie-grièche est plus petite que la grise. Le mâle a le dessus de la tête, sinon rouge ; au moins d'un brun vif rouge qui s'étend sous le dessous du cou; il est un peu moins gros que sa femelle. La base de son bec est entourée de plumes d’un blanc roussätre ; ïl a le front noir, et cette couleur descend sur les côtés du cou, en prenant son origine de la base du bec et passant par les yeux ; le haut de son çou est noirâtre, tandis que le bas de cette partie est cendré , aï:si que le croupion ; ses plumes scapulaires et les couvertures supérieures de sa queue sont blanches; sa gorge, le devant de son cou et tout le dessous de son corps sont d’un blanc rous- sàtre : il a les couvertures de ses aïles noirûtres , et les grandes pennes de ces parties blanches et brunes dans la moitié de leur longueur ; les moyennes sont brunes et bordées de blanchâtre; les pennes les plus extérieures de chaque côté de la queue sont toutes blanches en de- hors; celles qui les suivent sont moitié blanches et moi- des momens de disette. C’est sur le gené! épineux, V’'arréte-bou f, le cratægus, etc., qu’ils établissent leurs magasins, en accrochant les insectes aux épines. 88 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE tié noires, mais toujours elles sont terminées de. blanc : celles du milieu de la queue, enfin, sont blanches dans leur premier tiers , et noires dans les deux autres. La femelle diffère du mâle en ce que le derrière de sa tête et le dessous de son corps sont d'un roux moins vif, et qu'il est rayé transversalement de brun ; sa gorge, son ventre, ainsi que les couvertures inférieures de sa queue sont d’un blanc-roussâtre ; les pennes de ses ailes sont brunes, bordées extérieurement de roux : celles de sa queue sont d’un roux brun , bordées de roussàtre clair. L'un et l'autre ont le bec d'une telle force , qu'il est capable de percer la main, lors même qu’elle est gantée ; la couleur de ce bec est noirâtre; celle de l'iris de LPœil est d’un gris blanchâtre, et leurs pieds ainsi que leurs ongles sont bruns. Il se trouve une telle différence entre ke plumage des jeunes de cette espece , et celui de leurs père et mére, qu'il n’est pas étonnant que des ornithologistes en aient fait des variétés disfinctes et séparées : en effet, ces oi- seaur, durant la premiere année de leur âge, ont le dessus du corps varié de gris, de blanc et de brun ; leur gorge est d’un blanc sale, leur poitrine grisatre , et leur ventre blane ; leur croupion est aussi d’un blanc sale , et cette couleur borde et termine les pennes de la queue, qui sont brunes dans tout le reste de leur longueur : leurs yeux sont noirâtres , leurs pieds cendrés , leurs ongles bruns, et leur bec est de couleur de corne grise. Cette espèce de pie-grièche vit en famille , comme la précédente, et on ne la voit jamais faire que de trés- petits vols de suite, en se reposant d'arbres en arbres , de buisson en buisson , durant le temps de ses petits voyages, D'ORNITHOLOGIE. &y Quoique cet oiseau arrive au printemps dans la plupart de nos départemens, pour les quitter aux approches de l'hiver , il n’est pas moins vrai de dire cependant qu'il en reste un assez grand nombre, durant cotte saison ri- goureuse, dans celui des Vosges. C'est au printemps que lai pie- grièche rousse fait son nid sur les grands arbres, comme sur les arbustes, et quelquefois même dans le creux de certains arbres. Ce nid est composé extérieurement de mousse, de pe- tites racines ployantes, d'herbes longues et souples, que la femelle entrelace, avec un artadmirable, aux branches des arbustes : l’intérieur de ce nid est garni de laine et de matières mollettes, sur lesquelles la femelle pond de cinq à sept œufs d’une couleur blanchätre, tachetée de brun fauve. f Lorsque l'appétit de cet oiseau est satisfait, et qu'il lui reste encore des subsistances , il les enfile aux épines acérées du prunelier sauvage, afin de les retrouver au besoin : nous avons souvent remarqué, dans notre dé- partement , de gros scarabées , ainsi que des sauterelles, ainsi empalés, et nous avons conclu qu'ils étoient des quarts de réserve pour la pie-grièche rousse. Cet oiseau, d’une perfidie cruelle, outre les armes dont la nature l’a pourvu, use encore de l’art trompeur de contrefaire le cri et le ramage de plusieurs petits passe- reaux, qui, attirés par cette imitation mensongère , de- viennent les victimes de leur crédulité et la proie d'un ennemi impitoyable qui les dévore à l'instant. 90 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE o C.…._ L'ÉCORCHEUR. Lanius collurio. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 44. L'écorcheur. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 151. L'écorcheur est un peu plus petit que la pie-grièche rousse ; il a sept pouces de longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, et onze pouces de vol ou d'envergure. Lorsque ses ailes sont ployées, elles n’at- teignent pas la moitié de la longueur de sa queue. Tout le dessus du corps de cet oiseau, à partir du sommet de sa tête jusques et y comprises les couvertures supérieures de sa queue , est cendré; néanmoins le haut de son dos est roux : tout le dessous de son corps, depuis la gorge inclusivement jusqu'aux couvertures inférieures de la queue, est blanc, excepté la poitrine, qui est d’un roux päle, de même que le ventre et les flancs. Il porte au-dessus de ses narines, ainsi qu’aux coins de sa bouche, de longs poils, noirs qui sont dirigés d’arrière en avant. On remarque de chaque côté de sa tête une large bande noire, qui prend son origine au dessus des narines, passe par les yeux, et se dirige vers le derrière de la tête. Les couvertures supérieures de ses ailes sont brunes , bordées de roux : les grandes pennes sont également brunes; mais elles sont extérieurement bordées de roussätre. Des douze pennes qui composent sa queue il n’y a que les deux du milieu qui soient noiràtres ; toutes les autres sont blanches, terminées de noirâtre ; les trois les plus extérieures de chaque côté ont de plus leur bord aussi extérieur liséré de blanc. Cet oiseau a l'iris des yeux brun clair, le bec noir, les pieds bruns et les ongles noirâtres. . 1lse trouve entre Le màle et lafemelle une différence D'ORNITHOLOGIE. 91 qui consiste en ce qu'outre que celle-ci est plus petite, sa tête et le dessus de son corps sont d’un brun roussâtre, et que le dessous est blanchâtre avec une foible nuance de rouge tendre. Cette espèce de pie-grièche arrive dans nos climats au printemps, et en part au commencement de l’automne, époque où cet oiseau est fort gras; et nos oïseleurs des Vosges, qui dans cette saison en prennent beaucoup aux sauterelles 1), prétendent qu’il est un fort bon mets 2). Tous les individus de l'espèce cependant ne partent jas aux approches de la saison rigoureuse; car il n’est pas fort rare d’en voir dans le département des Vosges pen- dant l'hiver : nous présumons bien que ce sont des jeunes tardifs qui, lors, du départ général des adultes, ne se sont pas trouvés assez de force pour oser entreprendre un voyage long et souvent pénible. Quci qu'il en soit, cette espèce a, comme la précédente, Fhabitude cruelle d’enfiler à des épines les petits oiseaux, x) Les sauterelles sont une espèce de piége avec lequel les oise- jeurs de la ci-devant Lorraine , qui ne le connoissent que sous le nom vulgaire de rejet'es , prennent à l’arrière-saison une multitude incalcul.ble de petits passereaux, et surtout de rouges-gorges. On peut consulter, sur ce que nous disons de ce piége, la fin du tome II de cet ouvrage , ainsi que sur ce qui a trait à la manière de le construire. 2) D’après le témoignage de Levaillant , qui, en disant que cet oïseau se retrouve absélument le même que le nôtre en Afrique, ajoute en même temps qu'il y reste constamment toute l’année, on doit présumer que ses migrations annuel lement périodiques ne se dirigent pas vers ces contrées du globe, mais seulement qu’il se trouve entre notre écorcheur et celui de ce pays une parfaite ressemblance ; parité qui existe dané une foule d’autres espèces, ÿ2 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE dit-on 1), et les gros insectes dont elle se nourrit: et on a prétendu qu’elle ne les fixoit ainsi que pour avoir plus _de facilité à les écorcher et les dépécer avant d’en faire sa pâture. On trouve rarement cet oiseau dans les bois; il se tient plus volontiers sur leur lisière, le long des haies, ou bien dans les buissons, pour y saisir les insectes qui y sont plus abondans que partout ailleurs. C’est au commen- cement du printemps qu’il fait son nid sur des arbres fort bas, dans lesquels la femelle pond quatre, cinq ou six œufs | blancs, tachetés de rouge. s (DEUXIÈME GENRE: LES GOBE-MOUCHES. Les gobe-mouches sont, des espèces d’orseaux carnassiers , mais qui sont aussi innocens qu'utiles ; sans toucher à nos fruits ni à nos grains, ils nous débarrassent d’une multitude d'insectes , dont la race impunie nous impor- tuneroit beaucoup. ls ont pour caractères particuliers le bec 1) Quoique plusieurs ornithologistes assurent ce fait par rapport aux petits oiseaux , nous avouons que notre conviction n’est point parfaite sur cette cruauté prévoyante de la part de cette pie- grièche nommée écorcheur. Nous n'avons de notre opinion, à la vérité, que des preuves négatives, qui consistent en ce qu'éveillé par cette assertion de quelques auteurs,nous avons souvent cherché: dans nos contrées, où l’écorcheur abonde, des oiseaux ainsi enfilés,. et que nous n’en avons jamais trouvé. D'ORNITHOLOGIE. 93 droit , comprimé horizontalement à sa base, presque triangulaire, un peu crochu à sa pointe, et légèrement échancré , des deux côtés , à l'extrémité de sa mandibule supé- rieure. Des poils plus ou moins longs, durs et semblables à des soies, sont placés sur les coins de l'ouverture de son bec, et leur direction est d’arrière en avant. Leur ongle postérieur, ainsi que le doigt qui le porte, est plus grand que dans les autres espèces de ce genre. Ce sont en général des ciseaux fort silencieux, sauvages, et qui aiment de préférence la soli- tude des forêts, où on ne les voit presque jamais à terre, mais toujours juchés au sommet des grands arbres. Nous ne connoissons en France que deux espèces de ces oiseaux, qui sont le 2obe-mou- che proprement dit et le gobe-mouche à collier ou de Lorraine. 1. LE GOBE-MOUCHE PROPREMENT DIT. Muscicapa grisola. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 113. Le gobe-mouche. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 353. Cet oiseau a cinq pouces huit lignes de longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue ; son vol est de huit pouces et demi, et ses ailes, ployées, s'étendent jusqu’au milieu de sa queue, qui a deux pouces de longueur, Son bec ; aplati, large à sa base, a huit lignes 94 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE de long, il est entouré de poils noirs qui se dirigent en avant. 52 gorge est blanchâtre ; sa poitrine , de même que son cou et ses côtés, sont tachetés d’un brun foible et mal terininé. Tout le dessous de son corps est blanchâtre; le dessus de sa tête paroit varié de gris et de brun: la partie supérieure de tout son corps, de même que sa queue et ses ailes, sont brunes; les pennes, ainsi que les couver- tures supérieures de ces mêmes ailes, sont légèrement frangées de blanchâtre; son bec, noirâtre dans le reste de sa longueur, est blanchätre à son origine; ses pieds, ses ongles, adfnsi que l'iris de ses yeux, sont d’un brun foncé. Cet oiseau arrive au commencement de mai dans la plupart des départemens de la France, et surtout dans la partie mitoyenne des Vosges qui est située entre les moxtagnes et la partie agricole de ce département , où on le nomme très-improprement pelit moineau des bois ; il quitte ces contrées dès le commencement d'octobre au plus tard, ÿ Il fait son nid à découvert, sur les arbres et sur les buissons; quelques-uns le font seulement de mousse, et d’autres y amalgament de la laine : quoiqu'ils emploient beaucoup de temps à la construction de ce petit édifice, il n’en est pas moins un ouvrage grossiérement terminé. La femelle y pond trois ou quatre œufs blancs, couverts de taches rousses. 3 Le gobe-mouche , avec un air triste et stupide, se tient le plus communément dans les forêts jusqu’au moment de son départ. On prétend, et c'est ce que nous n'avons jamiais pu vérifier , que cet oiseau, qui est extrême- ment vif et prompt dans les évolutions qu'il fait pour attraper les insectes, les rassemble comme en dépôt sous D'ORNITHOLOGIE. 95 ses ailes à mesure qu'il les attrappe en voltigeant, pour les manger ensuite lorsqu'il est en repos 1). Lez 2: LE GOBE-MOUCHE A COLLIER OU DE LORRAINE. Muscicapa atricapilla. Lin. Syst. nat. éd. 13,8. 113. Le Gobe-mouche noir. BRISSON , Ornith. t, 1, p. 38r. ( Voyez la planche VI de cet ouvrage.) Cette seconde espèce, surnommée de Lorraine, est moins grande que la précédente; elle n’a que cinq pouces de longueur, prise de la pointe du bec à l’extrémité de la queue; son vol n’est guère que de huit pouces. On prétend que cet oiseau change d’habit aux quatre saisons : nous regrettons de n'avoir pu constater ce fait, malgré les soins que nous avons pris pour nous en assu- rer ; jamais nous n'avons été assez heureux pour le voir revêtu d’un autre habit que celui avec lequel il arrive dans notre département au printemps. Cet habit consiste dans un collier d’un blanc d’autanf plus éclatant qu'il contraste davantage avec le noir qui Vavoisine : ce collier a trois lignes de largeur, et environne ET 1) Le gobe-mouche fait sa nourriture principale d’insectes, surtout de diptères. On dit qu’il mange aussi des baies et des fruits, tels que des cerises; c’est ce que nous ignorons. On la trouve, disent quelques auteurs, principalement dans les vergers et les jardins, où la culture attire un grand nombre d’insectes, Cela peut être vrai pour quelques pays; mais il est certain que, dans les Vosges, il se tient constamment dans les forêts. Lors- qu’il arrive dans nos contréesfau printemps , sil est surpris par de grands froids, il tombe alors et périt. 96 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE son cou, qui est du plus beau noir. Sa tête est de cette derniere couleur, au front près et à la face, qui sont d'un très-beau blanc. Le dos et la queue sont d’un noir vif et profond comme celui de la tête; le croupion est varié de noir et de blanc: un trait blanc, de la largeur d’une ligne, borde la penne la plus extérieure de chaque côté de la queue et près de son origine. Les ailes, com- posées de dix pennes, sont d’un marron foncé; la troi- sième et la quatrième sont terminées de brun beaucoup plus clair , et toutes ces pennes ont une tache blanche sur le côté extérieur. La gorge, la poitrine et le ventre sont blancs; le bec, les pieds, les ongles sont noirs, de même que l'iris de l'œil. Cet oiseau nous arrive périodiquement chaque année dès le commencement de mai, dans la partie mitoyenné des Vosges, où on le nomme fres-improprement, comme nous l'avons déja dit, petit pinson d'Ardennes, quoiqu'il n’en ait mi les mœurs ni le moindre trait de ressemblance. Il niche dans des trous d'arbres de la forêt; il compose son nid de petits brins d'herbes mêlés avec de la mousse : la femelle y pond ordinairement six œufs. Nous avons essayé plusieurs fois d'élever des jeunes de cet oiseau, que nous avons fait prendre à diverses époques de leur âge, et toujours ils sont morts sans avoir voulu prendre aucune des divers espèces de nourriture que nous leur avons présentées. Le gobe- mouche à collier est un oiseau triste, solitaire et silencieux, qui nous quitte dés la fm de l'été, lorsque les premiers froids diminuent le nombre des insectes dont il fait sa principale nourriture, et il passe alors dans des régions plus tempérées, où il retrouve l'abondance. Nous avons tué un grand nombre de ces oiseaux dans un bois situé entre Epinal, Mirecourt et Charmes, où il D'ORNITHOLOGIE. 07 est fort commun, tandis que, dans le reste du départe- ment des Vosges, il n’est que de passage très-momentané. TROISIÈME GENRE. LES MERLES. Nous placons ensemble dans ce genre les merles avec les grives, soit à raison du rap- port de leurs habitudes, soit parce que la con-. formation du bec et des pieds des uns et des autres ne permet guère de les séparer. D’ailleurs nous faisons ici cet amalgame avec d'autant plus de confiance et de sécurité, que nous nous étayons pour cela de Popinion du grand maître que nous avons choisi pour notre guide. Nous pourrions encore ajouter , pour appuyer notre sentiment sur ce point, que le même genre de nourriture, ainsi que la manière à peu près semblable dont ces oiseaux construisent leurs nids, nous autorisent à ne pas les séparer. | Au reste, les uns, comme les autres, ont pour caractères particuliers et communs le bec droit, convexe en dessus, comprimé par les côtés , faiblement arqué dans sa longueur , et la mandibule supérieure léserement échancrée vers sa pointe. Nous nous contenterons donc de nommer TES PP 7 98 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE grives, avec M. Cuvier, ceux des oiseaux de ce genre qui ont le plumage grivelé, c’est-à-dire, marqué sur la poitrine de petites mouchetures disposées avec une sorte de symétrie, tandis que nous appellerons z7erles ceux dont le plu- mage est coloré par de grandes masses. Nous sisgnalerons en premier lieu les 7nerles, dont nous ne connoissons en France que cinq espèces, qui y sont ou sédentaires ou de pas- sage ; savoir : le snerle ordinaire, le merle à plastron blanc, le grand merle de montagne, le merle de rocke et le rerle solitaire. Nous tracerons ensuite l’histoire des grives, dont on ne voit de même chez nous que cinq espèces, qui sont la grive proprement dite, la petite rousserole, la draine , la litorne et le mauvis. Tous les oiseaux de ce genre, ou du moins le plus grand nombre, ont un ramage flûte. Ce sont eux qui, les premiers, au sortir de l'hiver, raniment la solitude de nos forêts et semblent annoncer les beaux jours de la saison riante. 1° LE MERLE ORDINAIRE: Turdus merula. Lin. Syst. nat. édit, 13, gen. 107. . Le merle. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 227. ( Voyez la planche VI de cet ouvrage. ) Le merle dont il est ici question est celui que l'on D'ORNITHOLOGIE. 99 rencontre le plus généralement dans tous les bois de la France; ila de longueur, depuis l'extrémité du bec jusqu'a celle de la queue, dix pouces trois lignes , et quatorze pouces de vol; ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, n’atteignent que le tiers de la longueur de sa queue. Tout le plumage du màle est d’un noir profond, sans aucun mélange; les pennes de sa queue seroient d’égale longueur, si l’extérieure de chaque côté n’étoit un peu plus courte. Ses paupières, le tour de ses yeux, son palais et la plante de ses pieds, sont d’un beau jaune. L'iris de son œil est noir; ses pieds, ses doigts et ses ongles, sont de cette même couleur. La femelle diffère du mäle en ce que tout le dessus de son corps, de sa tête et de sa queue, est brun , de même que son bas-ventre ; sa gorge est un mélange de gris, de brun et de roussâtre; le devant de son cou, sa poitrine, le haut de ses aïles et sa queue, sont bruns; son bec, qui ne jaunit jamais, est noiràtre; ses pieds, ainsi que ses ongles, sont bruns. C’est d’après cette différence de couleur du plumage du mâle et de la femelle ( cette dernière d’ailleurs ne chante jamais) qu’il est arrivé que, dans plusieurs départe- mens, On à fait de l’un et de l’autre des espèces diffé- rentes. Le merle vit de baïes, d'insectes et de vers; ilne voyage pas, ct il aime à vivre solitaire dans les bois : ce- pendant, lorsque les rigueurs de l'hiver se font sentir trop vivement , il s'approche volontiers des lieux habités. Cet oiseau fait son nid à la fin du mois de mars ou au commencement d'avril : il le place sur un arbre bas ou dans un buisson fourré ; il n’est jamais élevé à plus de quatre pieds de terre, Ce nid est composé de mousse à l'extérieur ; il est enduit intérieurement de terre gàchée q% +00 TABLEAU:ÉLÉMENTAIRE avec de l’eau, à peu près comme celui des hirondelles ; le dedans de ce nid est garni d'herbes fines et sèches, de crins et de laine. C'est sur ce lit mollet que la femelle, qui fait deux ou trois pontes par an, dépose de quatre à six œufs d’un vert bleuâtre, tachetés et brouillés confu- sément de couleur de rouille. Elle les couve seule, et le mâle se contente de lui apporter, pendant tout le temps que dure l’incubation, la nourriture dont elle a besoin pour se sustenter dans cette pénible occupation. Le merle a un chant filé, agréable et d'autant plus flat- teur a l'oreille, qu'il le fait entendre le soir et le matin dans les bois solitaires, qu’il égaie depuis le printemps jusqu'en automne. Quand il est pris jeune, cet oiseau apprend facilement 2 siffler des airs, à parler et à contrefaire la voix des autres animaux avec lesquels il vit habituellement. Nous devons remarquer cependant qu'il n’y a que le mâle de l'espèce qui chante et apprend à siffler et à parler; lui seul a, comme nous l'avons dit, le bec jaune : aussi les dénicheurs d'oiseaux n’élévent-ils que les jeunes dont ils ont remarqué que le père avoit ce caractère de bec 1). 1) Nous pensions, d’après ce que les ornithologistes nous ont dit sur ce fait, n'ayant jamais eu l’idée de l’observer dans le temps où nous étions à portée de le faire avec l’espoir de quelque succès, que les merles ne changeoient pas de con- trée pendant l’hiver ; mais nous nous sommes convaincus depuis, que cette assertion n’étoit vraie qu’en partie : car , outre que M. Lottinger, notre compatriote, connu avantageusement sous le rapport des sciences naturelles , et de l’ornithologie en parti- culier , avoit déja observé que les merles mâles passoient l’hiver dans la ci-devant Lorraine , et que les femelles seules s’en éloi- gnoient durant cette saison rigoureuse, d’autres observateurs avoieut aussi remarqué que les merles quittoient l'ile de Corse D'ORNITHOLOGTE. Ton: On rencontre (et même assez fréquemment) dans les Vosges, et surtout dans les environs de Remiremont, d’où nous nous sommes procuré un individu pour notre cabinet, une variété du merle ordinaire, qui est toute blanche ; cependant cette couleur n’est pas absolument pure : elle est un peu salie de jaunâtre, et l'individu que nous possédons est un jeune , dont la commissure du bec seulement est jaune, tandis que le reste, ainsi que les pieds et les ongles, sont brunâtres. Nous sommes persuadés que ce merle blanc dont nous parlons ici n’est qu’un jeu accidentel de la nature, quoique ce jeu se répète assez souvent. dans ces contrées. Mais quel peut en être le motif ? C’est ce que nous n'osons même conjecturer. Nous sommes d’autant plus fondés. à ne pas considérer comme espèce et même comme variété ce merle blanc, que de trois individus que le nid contenoit il étoit le seul de cette couleur : les deux autres avoient le plumage des merles ordinaires. vers la mi-janvier et qu’ils n’y retournoient qu’au commence- ment d'octobre. Des voyageurs enfin assurent qu’on voit arriver sur les côtes de l'Égypte une grande quantité de merles femelles en même temps que les grives; en sorte que dans l’espèce du merle, comme dans plusieurs autres espèces d'oiseaux , il paroïtroit qu'il y auroit une portion qui seroit sédentaire, tandis que . Pautre voyageroit. Le motif de cette différence d’habitudes paroît être , du moins jusqu’à présent, un secret pour les na- turalistes. 502 TABLÉAU ÉLÉMENTAIRE 2° LE MERLE À PLASTRON BLANC, Turdus torquatus. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. 104. Le merle à collier. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 335. Celui-ci est un peu plus gros que le merle ordinaire ; il a dix pouces et demi de longueur, mesuré du bout du bec à l'extrémité de la queue. La presque-totalité de son corps est couverte de plumes noires, mais d’un noir moins profond que celui du précédent, à l'exception cependant du sommet et des côtés de la tête, qui sont revêtus de plumès noirâtres, à la vérité, mais bordées de brun, de même que le dessus du cou, du dos, du croupion et de la gorge. Entre la gorge et la poitrine du mâle seulement, on voit une large plaque d'un trés-beau blanc, disposée en demi-cercle et en forme de plastron, qui, dans la fe- melle, n’est que d’un blanc terne , mêlé de roux 1); les pennes des ailes et de la queue sont d’un brun noiràtr», et la plus extérieure de chaque côté de cette dernière partie 1) Quelques auteurs ont fait de la famille du merle à plastron blanc une espèce particulière, qu’ils ont désignée sous le nom de merle de montagne : ils n’auroient pas sûrement commis cette érreur , s’ils avoient eu sous les yeux les deux individus en même temps pour les comparer ensemble ; ils auroient vu alors qu’outre que le merlesde montagne est plus petit que la femelle du merle à plastron blanc, c’est que la ligne blanche qui bordé les plumes du premier est plus large et bien plus tranchée : d’ailleurs le plastron qui recouvre sa gorge est d’un blanc moins éclatant et mêlé d’une teinte de roussâtre. Le bec du merle à plastron blanc, male ou femelle, est noirâtre , avec la mandibule inférieure blan- châtre, et celui du merle de montagne est entièrement d’un noir Justré et fort brillant. D'ORNITHOLOGIE. 103 est légèrement bordée de gris. L’iris est couleur de noisette ; le bec, garni à sa base de poils noirs dirigés d’arrière en avant, est noirâtre, et la base de la mandibule inférieure est blanchâtre; le palais et les coins de l'ouverture du bec sont jaunes; les pieds et les ongles sont bruns. Tout le plumage de la femelle est d’un brun roussâtre. Le merle à plastron blanc paroît se complaire sur les plus hautes montagnes, telles que celles des Vosges, où il niche dans les sapins; c’est surtout aux environs de Remi- remont qu'il arrive au printemps pour en repartir ew automne : c’est à cette saison seule que l’on en voit quel- ques-uns dans la partie agricole de ce département, et que l’on en prend aux piéges : ils sont alors fort gras. C'est a peu près dans le même temps qu’on en voit de petites bandes en Bourgogne ( département de la Côte- d’or), ainsi qu’en Brie (département de Seine-et-Marne ). Le nid de cet oiseau, construit de la même maniere à peu près que celui du merle ordinaire, est posé à platte terre, au pied de quelque buisson; il contient cinq œufs du même fond de couleur et tachetés de même que ceux du précédent. 3° LE GRAND MERLE DE MONTAGNES. Le merle de montagne. Bris. On. t. 2, pag. 252. ( Voyez la planche VI de cet ouvrage. ) Cette espèce de merle, qui est seulement de passage chaque année dans quelques départemens de la France ; et à la fin de l'automne, a un chant ou, pour mieux dire ;, une espèce de cri monotone, aigre, et qui a quelque chose de triste. 504 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE C'est à l’arrière-saison seulement et dans un laps de temps fort limité que les oiseleurs des Vosges en prennent quelques-uns :ilest alors très-gras, et passe pour un mets délicat ; il est à peu près de la longueur du merle ordi- naire, et cependant plus épais que lui. Le plumage de cet oiseau est d’un noïr de suie; il a toutes les plumes du dessous du corps bordées d’une pe- tite ligne blanche qui règne sur la rondeur et les côtés de la plume ; sa gorge est de couleur de terre d’ombre : toutes les pennes de sa queue ont a leur extrémité une tache ronde de couleur de gris de perle, d’un pouce de largeur ; ce qui fait que la réunion de ces pennes lui forme une queue terminée par une bande de cette couleur. Les pennes des ailes, de même que celles de la queue, ont leur tige mar- quée d’une ligne d’un blanc sale qui s'étend dans toute la longueur de la plume. L'iris des yeux de cet oiseau, de même que son bec et ses pieds, sont d’un noir lustré et brillant. Tout ce que nous savons des mœurs de cette espèce de merle , c’est qu’il se nourrit de baies de limaçons, et d’autres insectes, parce que nous en avons trouvé les débris dans son estomac en le disséquant. 4. LE MERLE DÉ ROCHE. Merula saxatilis. LAN. Syst. nat: édit. 13, gen. 107. Le merle de roche. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 238. ( Voyez la planche VII de cet ouvrage.) Le merle de roche est beaucoup moins gros que le merle ordinaire ; il a sept pouces neuf lignes de longueur, et un pied six lignes de vol ; la couleur de son plumage, sur le cou et sur la gorge, est d’un gris d’ardoise, varié de petites D'ORNITHOLOGTIE. 105 taches roussâtres; celle du dessus et du dessous de son corps est orangée : chacune des plumes de ces deux parties est mouchetée de brun et de blanc, terminée de roussâtre ; les couvertures supérieures de sa queue, ainsi que les inférieures de cette partie, de même que celles du dessous des ailes, sont d’un roux pur et sans tache ; les pennes des ailes sont noiràtres, bordées exté- rieurement de roussâtre ; les deux pennes du milieu de la , queue sont brunes, et les cinq latérales de chaque côté sont rousses, bordées extérieurement de noir, et termi- nées par une tache de cette dernière couleur. Le bec et les ongles sont d’un brun noirûtre , les pieds rougeûtres ; l'iris est de couleur de noisette. Ce merle, extrêmement rare en France, se rencontre néanmoins quelquefois sur les montagnes les plus hautes des Vosges, sur celles du Bugey ( département de l’Aïn }), de même que sur celles des Alpes et des Pyrénées; il se tient ordinairement sur les quartiers de rochers les plus élevés et qui sont à découvert : il est extrêmement dé- fiant ; aussi est-il presque impossible de l’approcher, sinon à la portée du fusil, et encore il faut, pour cela, user de ruse et de beaucoup de précaution. Malgré les peines et les soins que nous nous sommes donnés pour apprendre par nous-mêmes ou pour savoir des montagnards si cet oiseau nichoit dans notre dépar- tement 1), nous n’avons pu découvrir autre chose de ses ————————_———— —————e errors M 1) Un particulier d’une petite ville située au pied des mon- tagnes des Vosges, et qui nourrissoit en cage, depuis deux ans, un de ces ozseaux dont le chant mélodieux faisoit l’objet de lV’admiration de tout le monde , nous apprit qu'il construisoit son nid dans des fissures ou des trous de rochers; il ajouta que celui que nous voyions, et dont la voix nous charmoit, 106 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE mœurs et de ses habitudes, simon qu'il étoit un des plus agréables musiciens de ces contrées agrestes; qu'il com- mençoit ses concerts mélodieux avec l’aurore naissante, et qu'il les interrompoit dans le milieu du jour, pour les reprendre lorsque le soleil quittoit notre horizon. Celui qui nous a fourni le signalement que nous en #raçons ici est un individu que nous avons tué nous-mêmes sur un bloc de granit au sommet du Ballon des Vosges, qui n’étoit accessible qu’au plomb meurtrier qui l'a mis en rcire pouvoir. 5° LE MERLE SOLITAIRE. Turdus solitarius. Lin. Syst. nat. édit. 33, gen. 107. Le merle solitaire de Manille. BR1s. Orn. t. 2, p. 270. Ce merle, qui a la réputation de vivre toujours seul et isolé sur les plus hautes montagnes des Vosges qu'il habite , nous quitte en automne, etrevient parmi nous au printemps étoit le quatrième d’une nichée qu’il avoit prise après deux ou trois jours de leur naissance ; qu’il étoit parvenu à les élever tous à !a buchette, en les nourrissant avec une pâtée faite de cœur de bœuf et de vers hachés, amalgamés avec de la mie de pain détrempée dans du lait. Il nous dit que le hasard lui avoit fait découvrir ce nid ; qu’en passant près d’une espèce de _ grotte formée par des rochers culbutés les uns sur les autres, ik en avoit vu sortir un oiseau qu’il ne conuoissoit pas ; que, stimulé par la curiosité , il étoit entré dans cette grotte , où il avoit vu la femelle de cet oiseau couvant quatre œufs d’un bleu verdâtre dans son nid, placé entre deux quartiers de roche, fabriqué à l’extérieur de graminées sèches, et garni intérieurement de crins; qu’il s’étoit xetiré dans l'intention d'y revenir au bout de huit jours; qu’à son retour il avoit trouvé ces petits éclos depuis deux jours au moins; qu’il les avoit emportés, et qu'il étoit parvenu à les élever tous de la manière qu’il venoit de nous indiquer. D'ORNITHOLOGIE. 107 de chaque année; c’est à ces mêmes époques qu'il paroit se tenir quelque temps sur plusieurs autres montagnes de la France, telles que celles de l'Auvergne (département du Puy-de-Dôme), sur celles de la Côte-d’or ; et il n’est nulle part fort commun. À l’époque de ses amours, et lorsqu'il s’est assuré d’une compagne , ils descendent tous deux dans la plaine ; et la, de concert, ils travaillent à la construction de leur nid, qu'ils placent toujours sur le faîte de quelque cheminée, ou d’une tour élevée, ou bien sur le comble des plus grands édifices. Ce nid est un composé d'herbes sèches et de plumes, dans lequel la femelle pond cinq ou six œuf d’un blanc verdâtre, piquetés de noirâtre. Tout le temps que dure l’incubation, le mâle, juché au haut d’un clocher ou de quelque autre élévation qui se trouve à portée de son nid, ne cesse, pour calmer l’en- nui de sa tendre compagne, de faire entendre, durant le jour, le chant le plus agréable, le plus doux et le plus mélodieusement filé. Mais aussitôt que ses petits sont éclos, il interrompt absolument ce chant pour ne plus s'occuper avec sa femelle que du soin de la chasse aux insectes, dont ils nourrissent leur progéniture. Le merle solitaire, quoique moins gros que le merle ordinaire, a les pieds proportionnément plus courts, et ie bec plus gros et plus crochu à sa pointe. Cet oiseau à de longueur totale, du bout du bec à celui dela queue, huit poucæ et demi, et un pied six lignes de vol. Le mâle a tout le dessus du corps d'une couleur brune mouchetée de blanc; le croupion, ainsi que les pennes des ailes brunes aussi, mais sans mouchetures : son cou, sa gorge, sa poitrine, aimsi que les couvertures de ses ailes, sont bleuâtres, à reflets pourprés. 108 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Le brun du plumage de la femelle est moins foncé ; it est d’ailleurs moucheté de jaunàtre. Elle n’a pas, comme son mâle, le cou, la gorge et la poitrine, ainsi que les couvertures des ailes, bleuâtres et a reflets : chez elle, toutes ces parties sont d’un brun uniforme, plus ou moins clair. Tous deux ont l'iris de l’œil orangé, et le dedans de la bouche jaune ; l’un et l’autre ont le bec, ainsi que les ongles, noirs, et les pieds d’un brun rouge. G LA GRIVE PROPREMENT DITE. Furdus musicus. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 107. £a petite grive. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 205. ( Voyez la planche III de cet ouvrage.) La grive proprement dite ou ordinaire est à peu près de la grosseur du merle commun ; elle a de longueur, depuis le bout du bec jusqu'a l'extrémité de la queue, huit pouces huit lignes, et treize pouces cinq ou six lignes de vol. Lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent un peu la moitié de la longueur de sa queue, qui est fourchue. Tout le dessus du corps de cet oiseau, y compris le sommet de sa tête, est d’un gris brun uniforme, à l’excep- tion néanmoins des couvertures supérieures de ses ailes, qui sont bordées de roussâtre : tout le dessous de son corps, à partir de ses joues jusqu’au bas de sa poitrine, est d’un blanc roussätre , moucheté de taches noirâtres; som ventre est d'un blanc pur et moins moucheté. Les pennes de ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, paroissent d’un gris brun ; mais lorsqu'elles sont étendues et qu’on les voit au vol, elles semblent d'un gris de perle : la queue est de même couleur que les aïles ployées; seulement elle est D'ORNITHOLOGIE. 109 teintée de roussâtre en dessus, tandis qu’elle est cendrée en dessous. L'iris de l’œil est de couleur de noisette ; le bec, brun dans tout le reste de sa longueur, est blanchètre à la base de la mandibule inférieure ; les pieds, ainsi que les ongles, sont d’un gris brun. Cette espèce de grives n’est que de passage périodique dans plusieurs de nos départemens intérieurs, tels que celui de la Côte-d’or, où on la nomme grivelte où mau- viette ; elle y arrive à la fin de septembre, et s’y régale de raisin, qui est alors en pleine maturité ; elle en repart peu de temps après, pour n’y reparoître que momenta- nément en repassant au mois d'avril suivant. Dans les Vosges, au contraire, où on nomme cet oiseau basse-grive, on en voit un grand nombre dès le mois de mars, et à cette époque elles se tiennent dans les en- droits bas et humides des forêts, où nous présumons qu’elles cherchent des vers et autres insectes mous, dont elles font leur nourriture. Ce qui établit sur ce point notre présomption, ce sont les débris de ces animaux, que nous avons trouvés, dans cette saison, dans les esto- macs de plusieurs individus de cette espèce que nous avons disséqués. Ces grives aiment aussi beaucoup le fruit du guy. | Cet oiseau niche, chez nous, peu de temps aprés son arrivée, sur les pommiers ou les poiriers sauvages de nos forêts, et à une médiocre élévation au-dessus de terre ; son nid est extérieurement construit d'herbes sèches amal- gamées avec de la terre qu'il gâche avec de l’eau : ce nid est intérieurement garni de quelques brins de laine et de crin. La femelle pond dans ce réduit ferme et so- lide quatre à six œufs, qui sont d'un bleu foncé, tachetés de noir; elle fait deux ou trois pontes par an. Cette espèce 110 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE de grive nous quitte au commencement d'octobre, ou au plus tard à la fin de ce mois, pour se diriger vers des régions plus tempérées; puis elle revient parmi nous au commencement de mars. Lorsqu'elle arrive parmi nous, et surtout au moment où elle se dispose à nous quitter, on en voit des bandes prodigieuses, qui se tiennent pendant le jour sur la lisière des boïs situés aux pieds des montagnes des Vosges, et particulièrement lorsque les pâquis ou les terres la- bourables qui avoisinent ces bois sont humides et fan- geux. C’est la qu’au lever du soleil et vers le coucher de cet astre on aperçoit la terre toute jonchée de ces oiseaux qui y paturent. En vain chercheroit-on à les sur- prendre et às’en approcher à portée du coup de fusil ; cet oiseau, qui donne si inconsidérément dans tous les piéges, est, alors si défiant, il a l'œil si perçant, qu'il sait discerner toutes les ruses de guerre, fuir ses ennemis, et se garantir de tous les dangers. Cet oiseau, dont le plumage est varié de beaucoup de nuances de divers bruns, a un chant tres-agréable, et qu'il soutient du matin jusqu’au soir ; il le fait entendre du sommet des arbres de la forêt, sur lesquels il est cons- tamment perché. On fait, dans les Vosges, une grandé déconfiture de cette grive, soit à la pipée, soit aux lacets. ( Voyez la forme et la disposition de ces deux piéges à la planche XXXVIIL", fig. 1 et 8, et à la planche XL’, fig. 15.) Dans les environs d'Epinal (Vosges), plusieurs per- sonnes aisées se donnent le plaisir de cette chasse aux lacets, et il n’est pas fort rare que beaucoup d’entr'elles prennent plusieurs douzaines de ces oïseaux par jour, surtout après les vendanges de la plaine. C'est dans ce moment que cette grive, qui passe pour un mets délicat, D'ORNITHOLOGIE. 111 est fort recherchée des gourmands , qui trouvent à sa chair un parfum exquis, qu'ils attribuent aux raisins dont elle s’est nourrie, et aux graines de genièvre qu'au défaut de ceux-ci elle y a substituées 1). Si l’on voit quelquefois des grives blanches, ou dont le plumage est tacheté de beaucoup plus de blanc que chez les individus ordinaires, il ne faut pas pour cela les regarder comme des espèces ou variétés constantes, mais seulement comme des jeux accidentels de la nature, qui ont souvent lieu dans diverses autres espèces d'oiseaux. On peut s'assurer de ce fait, en voyant dans les galeries du Muséum de Paris des corbeaux, des pies, des geais, des merles, des hirondelles, etc., qui sont du blanc le plus pur. 5° LA ROUSSEROLLE. Turdus arundinaceus. LIN. nat. édit. 13, gen. 107. Larousserolle ou roucherolle. Bris. Orn. t.2,p. 210. ( Voyez la planche VII de cet ouvrage. ) Cette espèce de grive, que nous croyons n’être pas fort répandue dans toute l'étendue de la France, se trouve 1) La grive ordinaire est susceptible, dit-on, d’être élevée en cage ; on l’y nourrit d’une pâtée faite de viande hachée avec de la mie de pain et de la graine de navette. On en a vu qui ÿ aourries en servitude depuis plusieurs années, étoient devenues très-familières, et qui siflloient agréablement plusieurs airs. Une observation fort curieuse, et qui donne une idée approximative du dégât qu’un oiseau peut faire dans nos campagnes, c’est que, d’après un calcul exact, une grive privée consommoit , disent quelques auteurs, chaque année, cinquante-deux livres de sa pâtée. 112 TABLEAU ÉLEMENTAIRE néanmoins assez fréquemment sur les grands étangs qui sont ombragés par beaucoup de roseaux : dans ces contrées on nomme cet oiseau éfourneau gris, rossignol de rivière ou grisetfe de rivière 1). Nous en avons tué et fait dénicher plusieurs fois sur l'étang de Biécourt, qui existoit, avant la révolution, entre Neufchâteau et Mirecourt (dép. des Vosges), soit sur celui de Puissieux, non loin de cette dernière commune. Cette petite grive, mesurée de l'extrémité du bec à celle de la queue, a six pouces dix ou onze lignes de longueur, et dix pouces quelques lignes de vol : sa queue est très- peu fourchue, et, lorsque ses ailes sout ployées, elles en atteignent la moitié de la longueur à peu près. Tout son plumage, en dessus du corps, la queue com- prise, est d’un brun roussàtre; en dessous, il est d’un blanc jaunâtre, marqué de quelques mouchetures clair- semées d’une couleur cendrée. L'iris de ses yeux est brun, entouré d’un cercle aurore ; le dedans de sa bouche est de cette dernière couleur; son bec et ses ongles sont noirs, et ses pieds plombés. C'est dans les roseaux que cette grive fait son nid, qu’elle compose extérieurement de feuilles sèches de cette même plante, et qu’elle entrelace avec de foibles racines ployan- tes : le fond a pres de six pouces d'épaisseur, et l’inté- rieur est garni de matieres mollettes, sur lesquelles la femelle pond quatre ou cinq œufs d’un bfanc jaunûtre, tachetés de brun. La manière dont ce nid est fixé aux roseaux est admi- 1) M. de Buflon rapporte qu’un habile observateur lui avoit assuré qu’on trouvoit en Brie ( département de Seine-et-Marne ) cette espèce de grive, qui y étoit connue sous le nom vulgaire d’e/- Jarvatte, D'ORNITHOLOGIE. 115 rable, et suppose dans cet oiseau une industrie particulière : il à l'adresse de fabriquer deux ou trois anneaux, qui, partant du nid auquel ils adhèrent, entourent chacun un roseau d’une manière assez lâche ; ce qui, joint à l’épais- seur du fond de ce petit édifice, supposeroit qu'il est susceptible de s'élever ou de s’abaisser en proportion de la crue des eaux : c’est un fait que nous n’avons pas éh occa- sion de vérifier. Tout le temps que dure l’incubation, le mâle, pour calmer sans doute l'ennui de sa compagne, se tient à quelque distance d'elle, d’où il fait entendre incessam- ment, nuit et jour, un chant qui, quoique trés-étendu, n’est pas fort agréable. C’est de cette habitude, sans doute, de chanter nuit et jour qu’on a décoré dans plusieurs pays cette grive du nom flatteur de rossignol de rivière , sans craindre de profaner le nom du plus aimable musicien de nos verts bocages, qui sait les égayer au printemps par des accens mélodieux qui portent au cœur une douce mélancolie, tandis que la rousserolle ne fait entendre qu’une espèce de croassement qui déchire les oreilles un peu délicates. 8° LA DRAINE. Turdus viscivorus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gén. 107. La grosse grive. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 200. L’épithète de viscivore ou mangeuse de guy, que Linné a donnée à cette grive, désigne assez son genre de nourri- ture : cependant ce n’est pas là le seul aliment auquel elle se borne ; elle mange également des insectes , des FR 8 114 TABLÉEAU ÉLEMENTAIRE vers, des cerises 1), des baies de gènièvre, de houx, de lierre, de nerprun, comme des faines et des prunelles. La draine n’est que de passage dans la plupart des dé. partemens de la France, où elle arrive en bandes trés- nombreuses au printemps ; elles n‘y séjournent que peu de temps, et en disparoïssent tout-à-coup pour y re- passer de nouveau en bandes plus nombreuses, encore en automne. On Îes voit, dans l'un et l’autre passage, répandues dans les pâquis ou les prés qui avoïisinent les bois, dans lesquels elles cherchent leur nourriture. Leur méfiance est telle alors, qu'il faut être un chasseur très-rusé pour en approcher quelques-unes à la portée du coup de fusil: à la moindre apparence de danger, un cri d'alarme se répète de proche en proche, et de suite la troupe entière assure son salut par la fuite. On les voit aussitôt partir toutes simultanément, se répandant sur les arbres de la forêt qui leur paroïissent les plus à lPabri du danger ; et bien fin alors seroit celui qui pourroït les surprendre. Nous regrettons de ne pouvoir adopter l'opinion de M. de Buffon et celle de M. Guenau de Monbaillard, qui est la même , au sujet des mœurs douces et pacifiques de la draine : ‘car, d’après la note que nous avons lue dans l’ou- vrage de ce premier auteur à l’occasion du caractere tran- quille de cet oiseau, où ce célèbre ornithologiste est en 1) À Epinal (département des Vosges), où les cerisiers sont en grande abondance , dans le temps de la maturité de ce fruit on se donne le plaisir de la chasse aux draines, aux loriots et aux gros-becs, en établissant à portée de ces arbres une loge de ver- dure, dans laquelle le chasseur, en vedette, attend l’arrivée de quelques-uns de ces oiseaux cérasivores ; et lorsqu'ils paroissent sur l’arbre , il les tue à coups de fusil. D'ORNITHOLOGIE. EUT: opposition formelle avec un observateur digne de ‘foi, .M.Levaillant, nous noussommes établis, pour notre instruér tion particulière, le juge de l'opinion de ces savans dis: tingués; et pour cela nous avons suivi à chaque passage; qui sont très - nombreux dans les Vosges , les mœurs de cet oiseau, que toujours nous avons trouvé très-har- gneux et très-querelleur avec ses semblables. Nous regrettons de n’avoir pu trouver l’occasion de cons: tater également si la draine étoit aussi querelleuse, comme assure Levaillant , avec tous les autres oiseaux, qui sont même plus forts qu’elle, au point, dit-il, de s’en faire craindre. Tous les individus de l’espéce draine ne sont pas sim- plement de passage, du moins dans les Vosges, où on les nomme hautes-grives : il en reste un grand nombre qui ÿ passent l'hiver ; et durant cette saison, surtout lorsque là terre est couverte de neige, on s'amuse à leur faire la guerre à coups de fusil dans les vergers, où elles viennent en foule, quoique isolément, les unes aprés les autres, ét sans former de bandes alors, sur les arbres fruitiers, v manger les baies du guy , dont la touffe verdoyante dérobe a leur vue le chasseur qui les guette. Des la fin de février, ces oiseaux se chassent, et l'amour, qui dans ce moment les aveugle, les rend trés-faciles à approcher , et on les tue à coups de fusil. Peu de temps aprés, et avant qu'aucun arbre n'ait en- core développé ses boutons, on trouve, soit sur la cime des arbres les plus élevés de la forêt, soit à une hauteur médiocre sur d’autres arbres du bois, le nid des draines qui ont échappé à l’explosion de l’instrument qui a donné la mort à plusieurs de leurs compagnes ; il n'est pas même fort rare, dans les Vosges surtout, de voir cette téndre mère, qui couve affectueusement ses œufs , toute couverte 116 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE de neige. Son nid ‘est un composé de mousse blanche, dé feuilles et d'herbes sèches: il est intérieurement matelassé de laine et de plumes, sur lesquelles repose la couvée , qui ést ordinairement de quatre ou cinq œufs d’un fond gris, moucheté de brun. La draine fait plusieurs pontes par an; et lorsque ses petits sont éclos, elle les nourrit de chenilles, de ver- misseaux et d’autres espèces d'insectes moux. Cette grive a de longueur totale, depuis l'extrémité du bec jusqu’à celle de la queue, onze pouces, et dix-sept pouces de vol. Lorsque ses ailes sont ployées, elles attei- gnent à peu prés la moitié de la longueur de sa queue, qui est un peu arrondie à son extrémité. Cet oiseau a tout le dessus de la tête, du cou et du corps, ainsi que le croupion, d’un gris brun : cette der- niere partie cependant est légèrement teintée de rous- sètre. Sa gorge, d’un blanc jaunâtre , est toute mouchetée de petites taches brunes : les côtés de sa tête, sa poitrine, ainsi que le dessous de son corps, sont du même blanc que la gorge; mais ils sont mouchetés de plus grandes taches, d'un brun plus foncé, et presque triangulaires. Les pennes de ses ailes et de sa queue sont brunes, bordées extérieurement d’un brun plus clair. L'extrémité des trois pennes extérieures de chaque côté de cette deriière partie estterminée de blanc.L'iris des veux de la draine est de cou- leur de noisette : son bec est d’un gris brun, jaune à sa base et à ses angles : sa pointe est noirâtre : ses pieds sont jaunes, et ses ongles noirs. Dès le commencement de février, nous sommes égayés, dés l’aube du jour, au Jardin des Plantes de Paris, par le chant de plusieurs draines, qui font chaque année leur nid sur les grands arbres de cet immense enclos, où elles jouissent d'une tranquillité qu'on ne permettroit à personne D'ORNITHOLOGTE. 117 de troubler, et dans lequel elles rencontrent une ample nourriture dans les baies des différens arbres que ce jardin renferme. On a remarqué qu'elles aïmoient passionné- ment les graines du micocoulier et celles de l'if. a 9. LA LITORNE. Turdus pilaris. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. 107. La litorne ou tourdelle. Bris. Ornith.tom. 2, p. 214: Ce n’est qu’en hiver, et au plus tôt vers le commen- cement de novembre, que nous voyons la litorne dans l'intérieur de la France, où elle arrive en troupes nom- breuses. Cet oiseau n’est chez nous que de passage, et ï n’y niche jamais. Il est probable que c’est en Pologne ou dans la Basse-Autriche qu'il fait sa ponte, et que c’est de la que plusieurs familles nombreuses, réunies ensemble, viennent chaque année nous visiter en automne. Elles se tiennent alors dans les friches où croit le genièvre, des baies duquel elles se nourrissent; puis elles nous quittent pour reparoître momentanément au printemps. C’est par- ticuliérement à cette saison qu’on les voit, en nombre consi- dérable, dans les prairies humides, où elles cherchent des vers et des insectes dont elles se nourrissent. Dans la ci-devant Lorraine, où la htorne est connue sous le nom vulgaire de chamerline, elle arrive vers le: milieu d'octobre par bandes de plusieurs milliers, et à ce moment on en prend une grande quantité aux lacets, surtout dans les hautes Vosges. Les baies de genièvre, dont cét oiseau se nourrit à son arrivée, Communiquent à sa chair une amertume désa- gréable, qui cependant le fait rechercher des gourmands (tous Les goûts sont relatifs ). 118 TABEEAU ÉLÉMENTAIRE . ;La. litorne est un peu moins grosse que la draine; car elle n’a que dix pouces de longueur, du bout du bec à celui de la queue, et quinze pouces et demi de vc!; lorsque ses aïles sont ployées, elles atteignent la moitié de la longueur de sa queue. : La dénomination de turdus pilaris que Linné a donnée à cet oiseau ne nous paroît pas lui avoir été appliquée par ect illustre naturaliste, comme le prétendent quelques ornithologistes, 4 raison de ce qu’on le prend aux lacets, puisqu'il a cela de commun avec les autres grives, mais plutôt, comme ie remarque Buffon, parce qu'il a autour du,bee des poils noirs, dirigés d'avant en arrière, qui, à la vérité, sont plus longs et plus sensibles que dans les autres espèces. Le plumage de la litorne, du moins de la plupart des individus de cette espèce, consiste en ce que sa tête, le derriere de son cou, le bas de son dos, son croupion et les couvertures supérieures de sa queue, sont d’une cou- leur cendrée. Le haut de son dos, ses plumes scapulaires et les couvertures du dessus de ses aïles sont roussâtres ; sa gorge est blanche ; le devant de son cou, sa poitrine et ses côtés sont tachetés, sur le milieu des plumes, de points noiràtres sur un fond roussatre; son ventre, ses jambes et le dessous de ses ailes, sont blancs; le dessous de sa queue est tacheté de cendré brun sur blanc; les pennes de ses ailes sont cendrées en dessous et brunes en dessus; les deux pennes intermédiaires de sa queue sont d’un gris brun ; les latérales, de chaque côté de cette partie, sont brunes, bordées de gris brun. Quelques individus ont le sommet de la tête varié de plumes noires. L'iris des yeux de la litorne est de couleur de noisette ; le bec du mâle est jaunâtre, avec une tache noirâtre à son extrémité; celui de la femelle est en D'ORNITHOLOGIE. 119 totalité d'un brun noirâtre : l’un et l’autre ont les pieds ct les ongles bruns. 10. LE MAUVIS. Turdus iliacus. Lin. Syst.nat. édit. 13, gen. 107. Le mauvis. BRIS. Ornith. tom. 2, pag. 22:. ( Poyez la planche VII de cet ouvrage. } Le mauvis, de même que la lilorne, arrive en bandes nombreuses, dans les départemens de vignobles, à la fin de septembre ou au commencement d’octobre. On lui donne différens noms dans les différentes contrées qu'il visite : ici, c’est grivette, roselle ou grive de vendange; là, c'est grive d’Ardennes, grive de Champagne; cet ailleurs, on l'appelle seulement champenoise, en supprimant le substantif grive. À son arrivée, cet oiseau se jette avec avidité sur les raisins ; et c’est cette nourriture, sans doute, qui contri- bue à la délicatesse et à la bonté de sa chair, qui est pour lui un présent fatal que lui a fait la nature, puis- qu'il provoque sa mort pour satisfairé la sensualité de Vhomme. Les mauvis ne font que passer en France. dans le mo- ment que nous venons d'indiquer: ils y arrivent des en- virons de Dantzick ou de la Hollande, et en disparoissent au plus tard à la fin d'octobre. Il est à présumer qu'ils se retirent alors dans des pays plus chauds, d’où ils re- passent rapidement chez nous, au mois de mars ou d'avril, pour retourner dans le nord, d’où nous les avons reçus a leur passage d’automne. Le mauvis est de toutes les grives la plus petite : on le 120 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE reconnoît facilement par les couvertures du dessous de ses ailes, qui sont d’un brun rougeûtre. Tout le dessous de son corps, depuis et y comprise la tête jusqu'au croupion inclusivement, est d’un gris brun uniforme ; sa gorge et le devant de son cou sont tachetés de points noirs sur un fond d’un blanc jaunätre ; sa poitrine , les côtés de son ventre, de même que les couvertures du dessous de sa queue, sont mouchetés de gris brun sur un fond blanchâtre, et ces mou- chetures occupent le milieu des plumes: son ventre est d'une couleur blanchâtre, uniforme et sans tache. Cet oiseau a de chaque côté de la tête, au-dessus de l'œil, un trait transversal d’un blanc jaunûtre : les pennes de ses ailes sont cendrées en dessous : celles de la queue le sont de même; mais leur couleur en dessus est d’un gris brun. Le bec est noirâtre , excepté la base de la mandibule in- férieure , qui est blanchàtre ; les pieds sont d’un gris clair , et les ongles bruns. L'iris du mawvis est d’une couleur brune noirâtre 1). 1) Quoique le mauvis cause des dommages aux cultivateurs , dont il mange les raisins et autres fruits mous qu’il recherche avec avidité , il leur rend cependant des services fort importans par la grande quantité de chenilles dont il fait aussi sa pâture , sur- tout à son passage du printemps. Quoiqu'il soit vrai, généralement parlant, que le mauvis ne reste. pas dans nos pays durant la mauvaise saison, on en trouve néanmoins quelquefois des troupes en France pendant l’hiver , et méme pendant les froids rigoureux. Cet oiseau pond et couve en Hollande dans les endroits couverts de sureaux et de sorbiers, dont il aime beaucoup les fruits. Il fait deux pontes par an, chacune de quatre ou six œufs d’un blew verdâtre , tacheté de noirâtre. D'ORNITHOLOGIE. 121 SECONDE FAMILLE, LES PASSEREAUX À BEC DROIT, FORT, GROS, COMPRIMÉ PAR LES COTÉS ET SANS ÉCHANCRURE. Les oiseaux dont nous avons composé celte seconde famille se reconnoissent à la forme de leur bec , qui est droit, gros, fort, et comprimé par les côtés et sans échancrure vers la pointe de la mandibule supérieure , comme dans les individus de la famille précédente. Cette se- conde famille ne renferme que deux genres , celui des corbeaux et celui du ro/lier d'Europe. PREMIER GENRE. LES CORBEAUX. Tous les oseaux du genre des corbeaux ont celui du milieu des trois doigts antérieurs étroitement uni avec l’extérieur , depuis son origine jusqu’à la première articulation. Parmi les animaux que ce genre renferme, les uns ont un bec droit , dont le bout de la mandi- bule supérieure est un peu tourné vers le bas ; les autres ont les plumes de la queue à peu près d'égale longueur , comme les corbeaux 122 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE proprement dits, et quelques-uns ont les plumes du milieu de cette même partie beaucoup plus. longues que les latérales, comme la pie. Il se trouve dans ce genre des espèces qui ont le bec iout-à-fait droit, d’autres qui ont les deux man- dibules égales, comme le geai, et d’autres enfin ui ont la mandibule supérieure plus longue que l’inférieure, et obtuse, comme dansle casse- AOiX. Tous les oiseaux de ce genre ont un carac- ière qui leur est commun : il consiste dans les plumes de la base du bec, qui sont tournées. en devant et qui couvrent les narines. Ce genre renferme onze espèces indigènes de la France; savoir : le corbeau , la corbine ow corneille noire , le freux ou la froyonne , la corneille mentelée , le choucas , le choquar® ou choucas des Alpes , le crave ou coracias, le coracias huppé où le sonneur , la pie , le geai et le casse-noix. 1. LE CORBEAU. Corvus corax. Lan. Syst. nat. édit. 13 , gen. 5o. Le corbeau. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 8. IL n’est sorte de fables, plus ridicules les unes que les autres, que le vulgaire, aussi ignorant que crédule , n'ait entassées sur le compte du corbeau ; on n’a pas même rougi de lui attribuer des intentions dont aucun autre D'ORNITHOLOGIE. 123 animal ne peut être soupçonné. En les retraçant ici, ce seroit en quelque sorte vouloir leur donner du crédit; et à Dieu ne plaise que nous ayons jamais cette intention ! Qu'il nous suflise, pour remplir notre tâche, de signaler cet oiseau, et d’esquisser quelques traïts caractéristiques qui lui sont particuliers. On confond assez volontiers le corbeau avec d'autres oiseaux du mème genre, à la vérité, que l’on voit assez fréquemment dans les campagnes. Il suflit en général que la taille d’un de ces individus approche de celle du corbeau, et que son plumage surtout soit noir, pour qu’on en conclue qu'il est un corbeau. Cet oiseau, dans presque toutes les contrées qu'il habite, se tient dans les vastes forêts des montagnes. Dans celles des Vosges, où il n’est point un oiseau de pas- sage, mais bien un animal constamment attaché au mont qui servit de berceau à son enfance, on le voit cons- tamment, et par suite d’un amour réciproque, durant tout l'été, par couples du mäle et de la femelle, perchés sur le sommet de quelque sapin, se prodiguant des ca- resses mutuelles, ou bien chérchant de compagnie leur nourriture dans les prairies fécondes que l'industrie des heureux montagnards sait arroser par des filets d’une eau Empide qui serpente en mille sinuosités diverses. Le soir, ils se retirent sous quelques rochers de ces montagnes, toujours à l'abri du nord, où ils passent la nuit en bandes composées quelquefois de quinze ou vingt individus. Quoique le corbeau se nourrisse de toutes sortes de fruits et de graines, il n’en est pas moins un oiseau omni- vore, qui a un appétit fort vif pour les charognes pour- ries et même les plus infectes, ainsi que pour les rats, les muiots, les grenouilles, les œufs, et pour les petits des autres oiseaux. Quelques auteurs prétendent qu'il 124 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE attaque les brebis et autres grands quadrupèdes , sur le dos desquels il se cramponne; qu'il les dévore même en dé- tail, apres leur avoir crevé les yeux (c’est ce que nous ignorons ) 1) : aussi sa mauvaise réputation, jointe à son port ignoble et à l’odeur fétide que sa chair exhale, le font dédaigner, comme aliment, par les hommes même les plus misérables. Le corbeau, gros comme une poule, a de longueur to- tale, mesuré de l'extrémité du bec à celle de la queue, vingt-deux pouces et demi; son envergure est de trois pieds sept pouces, et ses ailes, ployées, atteignent les trois quarts de la longueur de sa queue. Tout son plumage est noir 2}, a reflets pourpres sur le dessus du corps, et changeant en vert sur les parties inférieures. La troisième penne de son aile est la plus longue de toutes; tes autres sont, comme elle, terminées par une pointe aiguë. Son bec est en cône alongé, droit, et à pointe un peu tournée en en bas 3) ; il est surmonté, à sa base, de plumes désunies, 1) Hest mort, il y a quelques mois, au Jardin des Plantes de Paris, un vieux corbea que l’on nourrissoit dans une des grandes cages de la ménagerie de cet établissement, avec des aigles , des grands ducs et une cigogne. Ce corbeau, extrèmement hargnenx , avoit le bec si fort et étoit si courageux, que non-seulement il se battoit contre les aigles et contre les grands-ducs , mais qu’il a tué un de ces aëgles et crevé un œil à un grand-duc, qui mourut par suite de ses blessures ; et il est à présumer que si on ne Peût séparé de ces oiseaux, il les auroit sans doute tués tous l’un après l'autre. 2) La couleur uniforme du plumage du corbeau est tellement remarquable, qu’elle est devenue une expression vulgaire et pro- verbiale pour désigner un objet noir ou tirant au noir ; en ellet, on dit : IL est noir comme un corbeau. 5} On voit, aux galeries da Muséum d'histoire naturelle de Paris, un corbeau à bec croisé , tué à Porto-Rico par Mogé, mon pré- D'ORNITHOLOGTE. 12 en forme de poils roides , qui sont dirigés d’arrière en avant, et qui couvrent ses narines. Ce bec est d’un beau noir luisant, de même que les pieds, les doigts et les ongles. La prunelle de l'œil, qui est noire, est entourée d’un double cercle, dont l'extérieur est d’un gris blanc, et l'intérieur d’un cendré brun. Cet oiseau fait son nid sur les arbres les plus élevés des forêts, etsouvert dans les fentes des rochers. Ce nid est fort grand ; il est composé extérieurement de branches sèches, mélées de quelques os d'animaux; et intérieurement il est tapissé de feuilles sèches , aussi de graminées , de mousse et de bourre. La femelle y pond quatre ou cinq œufs ver- dâtres, tachetés de points obscurs. Le corbeau est ré- pandu d'un pôle à l’autre dans toute l'étendue de la France. Le corbeau a un grand nombre d’inflexions de voix, qu'on a trouvé moyen de perfectionner en lui coupant le filet. Aussi n'est-il pas fort rare d'entendre ceux que l’on élève en cage, et auxquels on a fait subir cette opération, contrefaire , non-seulement la voix de plu- sieurs autres animaux, mais appeler distinctement et par leur nom les personnes avec lesquelles ils vivent habi- tuellement; ils redisent d’une manière trés-précise des phrases entières qu’on leur a plusieurs fois répétées, ainsi que les paroles grossières et surtout les juremens qu’ils ont entendus. Néanmoins, le cri naturel du corbeau décesseur dans cet établissement , l’un des voyageurs natura- Listes de l’expédition du capitaine Baudin à la Nouvelle-Hollande, et sur la mort duquel les amis de la science versent des larmes de douleur et des regrets sincères; mais on doit plutôt con- sidérer la forme du bec de cet oiseau comme un jeu accidentel de la nature, que comme appartenant à une espèce constante. 126 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE n'est qu’un croassement désagréable qui inspire une sorte de frémissement, et qui inquiète même une foule de gens à préjugés qui l’entendent. Cet oiseau paroïît être doué d’une grande sagacité dans le sens de l’odorat, puisqu'il évente de loin ; à ce que l’on croit, les cadavres et les charognes : on prétend même que la finesse de son odorat est telle, qu’il évente de loin la poudre, et qu’ainsi il sait éviter le chasseur qui le guette. Nous regrettons de ne pouvoir partager cette opinion, et nous fondons le contraire sur l'expérience , qui nous a appris que cet oiseau n'ayant pas le vent, pour me servir de l'expression en usage parmi les chasseurs, n’en fuyoit pas moins en approchant de lui avec notrearme : d’où nous avons conclu que la perspicacité de sa vue seule lui faisoit remarquer le fusil , dont il avoit, sans doute , aperçu les effets, comme elle lui faisoit distinguer du haut des nues les cadavres à l’enquête desquels il étoit. Le) 2. LA CORBINE, OU CORNEILLE NOIRE. Corvus corone. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 50. La corneille. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 12. La corneille dont il est ici question est la noire, que l'on nomme aussi corbine. C'est ce même oiseau que l’on prend ordinairement pour le corbeau, avec lequel, à la vérité, il a beaucoup de rapports de similitude : on pour- roit presque dire qu'il n’en diffère que par la grandeur ; car la corbine est d’un tiers environ plus petite que le corbeau. Tout son plumage est d’un noir violet ; la quatrième penne de son aile est la plus longue de toutes ; l'iris de ses yeux est de couleur de noisette; son bec, qui est recouvert à D'ORNITHOLOGIE. 1°# sa base par des espèces de soies dirigées d'arriére en avant, est noir, de même que ses pieds, ses ongles, l’in- térieur de sa bouche et la peau de sa poitrine ; ses pau- pières sont entourées de quelques grains noirs. Au printemps et en automne, on voit les corneilles, qui sont omnivores, suivre les sillons du laboureur pour y ramasser des graines, des vers, des insectes, etc. Dés que le soleil décline sur notre horizon, elles prennent leur essor vers la forêt, où elles passent la nuit sur quelques arbres qu’elles ont adoptés; elles én descendent au lever de l'aurore pour aller, comme la veille, chercher leur nourriture dans la plaine. En hiver, les corbines vivent en société avec les freux et les corneilles mantelées. Dans cette saison, et surtout lorsque la terre est couverte de neige, du moins dans le département des Vosges, des volées nombreuses de ces diverses espèces d'oiseaux se tiennent autour des lieux habités, ainsi que sur les grandes routes, où elles cher- chent leur nourriture dans les excrémens des animaux domestiques qui voyagent sur les grands chemins. C’est alors qu’on les prend au moyen d’un cornet de papier, au fond duquel on a placé de la viande, et dont les bords intérieurs sont enduits de glue. L'oiseau, avide de viande, introduit sa tête dans ce cornet pour saisir celle qui est au fond : mais coiffé de ce bonnet de papier, dont il ne peut plus se débarrasser, il s'élève perpendiculairement tant que ses forces le lui permettent ; puis il retombe dans le même endroit d’où il s'est élevé, lorsqu'il est épuisé de fatigue; et, après s’en être beaucoup amusé, on s’en saisit très- facilement. A la fin de l'hiver, les corbines se retirent dans les bois, où elles détruisent une grande quantité d’œufs d'au- tres oiseaux. Là, elles se réunissent par couples, en se 128 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE réservant un certain domaine, sans se nuire les unes aux autres ; elles y construisent leur nid sur des arbres élevés. Ce nid est fabriqué extérieurement de menues branches mastiquées avec de la fiente ou du crottin d'animaux ; il est garni intérieurement de chevelu de racines. La femelle y pond quatre ou cinq œufs plus petits que ceux du cor- beau , mais qui, comme eux, sont d’un vert pàle bleuûtre, tiquetés d’un grand nombre de taches obscures; elle les couve trois semaines. Si, durant le temps de l’incubation, dont le soin pé- nible se partage alternativement entre le mâle et la fe- melle, ou pendant que les petits sont nés, il passe quelque oiseau de proie aux environs de ce nid, le père et ia mére s’empressent d’aller à sa rencontre; ils fondent sur lui, et, en le maltraitant à coups de bec, ils le font succom- ber, ou au moins ils le forcent à s'éloigner. Les corbines ont l'adresse de percer à coups de bec les œufs des autres oiseaux, et surtout ceux de perdrix et de cailles ; elles insèrent ensuite leur bec dans le trou qu’elles ont fait, et elles portent ainsi ces œufs à leurs petits. Elles sont susceptibles, de même que le corbeau et presque tous leurs congénères, d'apprendre à parler. 3. LE FREUX, OU LA FRAYONNE. Corvus frugilegus. Lan. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. La corneille moissonneuse. BR1S. Orn. tom. 2, p. 16. Le freux, que l'on ne voit guère en France qu'aux approches de l'hiver, y porte vulgairement le nom de corbeau , de même que tous ses congénères : il suffit assez \ généralement, comme nous l'avons déja dit, qu'un de ces oiseaux soit noir pour qu'on le nomme indistinctement D'ORNITHOLOGIE. 129 corbeau. Cependant le freux est une espèce de corneille bien différente du corbeau. D'abord, il n’est pas , comme lui, carnivore ; il est au contraire granivore, vivant cependant aussi de vers, de larves, de hannetons et d’autres insectes : mais on ne le voit jamais avec ses semblables se disputer les lambeaux dégoûtans de quelques cadavres infects. C’est lui que nous voyons, en hiver, particuliérement dans les . Vosges, par bandes quelquefois si nombreuses qu’elles obseurcissent l'air. Ces bandes se répandent pendant le jour sur les terres labourées, et retournent, le soir, cou- cher sur les arbres de la lisière des forêts. Tout le plumage du freux est d’un noir violet, plus bril- lant sur le dessus que sur le dessous du corps; ses ailes sont à reflets pourprés, et sa queue a reflets verts. Son bec, plus droit et moins gros que celui de la corbine, est blanchâtre à sa base et noir dans tout le reste de sa longueur. Cette même base du bec, au lieu d’être entourée de plumes soyeuses, dirigées d’arrière en avant, comme dans les autres corneilles, l’est d’une peau nue d’un gris noirâtre, farineuse et souvent galeuse 1). Ses pieds sont noirs, de même que ses ongles et l'iris de ses yeux. \Le petit nombre de freux qui nichent dans nos con- trées, placent leur nid sur des arbres élevés et près des habitations 2); la femelle y pond quatre œufs, plus 1) Nous observerons avec M. de Buffon que le freux n’a le bec ainsi râpé et la base de cet organe dégarnie de plumes, que parce que, vivant particulièrement de petites racines et de vers, il est souvent obligé, pour les saisir, d’enfoncer son bec dans la terre; exercice qui, à la longue, rend son bec raboteux, comme il détruit le germe des petites plumes qui en recou- vriroient la base sans cela. 2) Des auteurs prétendent que le freux ou La frayonne niche D \z. 9 330 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE petits que ceux du corbeau, mais dont les taches sont plus grandes, surtout vers le gros bout. 4 LA CORNEILLE MANTELÉE. Corvus cornix. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. bo. La corneille mantelée. Bris. Orn. tom. 2, pag. 19. ( Foyez la planche VIIL de cet ouvrage.) Cette corneille a beaucoup de rapports avec les précé- dentes, dont elle diffère néanmoins par le plumage et par quelques habitudes. Sa longueur, du bout du bec à celui de la queue, est de dix-huit pouces; elle a trois pieds de vol ou d'envergure. Le derrière de son cou, le dessus et le dessous de son corps , sont d’un beau gris-de-perle ; tout le reste de son plumage est d’un noïr violet, de même que sa tête, en dessus et en dessous ; ses ailes, qui , ployées, atteignent presque l'extrémité de sa queue, sont d’un noir à reflets bleuâtres, ainsi que la queue en dessus. L'iris est d’un cendré brun; le bec, les pieds et les ongles, sont noirs. » pour l’ordinaire dans les forêts de haute-futaie , et pour ainsi dire en société : car l’on voit souvent, disent-ils, sur le même arbre trois à quatre, quelquefois dix à douze nids de ces oiseaux ; les autres sont placés sur des chênes voisins. Ils profitent aussi quelquefois des trous de rochers escarpés et exposés au midi, pour y placer leur nid. Ils ne font qu’une seule couvée par an, et ils disparoissent de nos pays dès que leurs petits sont en état de les suivre; ils vont dans d’autres contrées septentrionales de l'Europe et de l'Asie, où on les retrouve jusqu’en Sibérie. Quel- ques personnes prétendent que les petits freux , pris au nid, sont aussi délicats à manger que les jeunes poulets ; ce qu’il y adecertain, c’est que le freux adulte, toujours maigre, est un mauvais mets. D'ORNITHOLOGTE. 191 La corneille mantelée nous arrive au commencement de l'automne , passe avec nous l'hiver, et s’en retourne dans les contrées septentrionales, d’où elle nous étoit venue, vers le mois d'avril 1). Cette espèce, qui est omnivore, se mêle pendant la saison rigoureuse, dans nos campagnes, avec les bandes nombreuses des covbines et des frayonnes , pour y cher- cher, en compagnie, de la pâture. Celle-ci ne mange pas seulement des graines, mais elle s'accommode aussi très- bien de charogne. Le vulgaire s'imagine que la corneille mantelée, qui forme une espèce bien distincte, est un corbeau dont ja vétusté a fait grisonner le plumage : aussi le normme-t-il corbeau gris ou vieux corbeau. Dans le département des Vosges, ainsi que dans toute la ci-devant Lorraine, le peuple désigne cet oiseau sous le nom patois de cra ou crau, et il applique ce nom à toutes les espèces dece genre. On prend en hiver la corneille mantelée avec: les mêmes piéges que la corbine ou corneille noire , c’est-a- dire, avec des cornets de papier enduits de glu intérieu- rement et garnis de viande, eu bien avec de la viande imprégnée de noix vomique réduite en poudre : mais ce dernier moyen est dangereux pour les chiens, à moins qu'on ne fasse usage pour cette chasse de viande de chien, à laquelle les vivans ne touchent pas. 1) On croit que la corneille mantelée niche rarement en France ; cependant on en voitquelquefois ; dit-on, des nids sur les arbres, et d'autres fois dans des trous d'arbres : elie pond quatre ou cinq œufs d’un bleu verdâtre , et couverts de nombreuses taches d’un brun noïirâtre. Dans quelques contrées de l'Allemagne on a mis sa tête à prix. ET 132 TABLEAU ÉLEMENTAIRE 5% LE CHOUCAS. Corvus fuscus. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le choucas. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 23. Le choucas est un oïseau de passage dans la plupart des éépartemens de la France, de même que la frayonne et Fa corneille mantelée ; cependant il nous en reste un assez grand nombre qui passe avec nous l'été, et qui construit, dans cette belle saison, une espèce de peu- plade de nids presque entassés sur un même arbre. Ces oiseaux préfèrent néanmoins les tours et les combles de bâtimens en ruine sur lesquels ils établissent une de- meure passagère pour le temps de la propagation de leur -espéce. Dans la ci-devant Lorraine, les tours de la basilique de Saint-Nicolas, département de la Meurthe, servent d'asile à une multitude de choucas, qui, chaque année, font leur ponte dans les interstices des découpures des ornemens qu'offre l’architecture gothique de ce superbe édifice. On en voit également une grande quantité qui nichent dans les trous des murailles des fortifications de Strasbourg, de même que dans les tours des églises de Rouen et du Mans, où nous en avons déniché plusieurs. Ces oiseaux font deux pontes par an , et chacune d'elles est composée de cinq à six œufs verdätres, mar- qués de quelques taches brunes : ils vivent de grains, de baies, de fruits et d'insectes: cependant ils ont un appétit fort vif pour les œufs, et surtout pour ceux des perdrir, dont ils font une grande destruction. Le choucas a deux pieds deux pouces de vol ou d’en- D'ORNITHOLOGIE. 133 vergure ; il est plus petit que la corneille noire, etses ailes, ployées , atteignent, à neuf lignes prés, l’extrémité de sa queue. Le sommet de sa tête est d’un noir changeant en violet; l'occiput, et la partie supérieure du cou, tirent sur le cendré. Tout le dessus du corps ; des ailes et de la queue, est d’un noir changeant en violet; la gorge est également noire ,; mais chaque plume qui revêt cette partie est marquée d'une ligne blanche qui s’é- tend selon la longueur de sa tige; les narines sont en- vironnées de quelques points blancs. Tout le dessous du corps, y compris les jambes, est d’un noir moins profond que le dessus; les grandes pennes des ailes sont noires en dessous, noires en dessus du côté intérieur, et noires à reflets verts du côté extérieur ; les couvertures dt dessus des ailes sont d’un noir changeant en violet. L'iris est blanchätre; le bec, les pieds et les ongles sont noirs. M. de Buffon, dans son Histoire des oiseaux, admet une autre espèce de choucas, indigène de la France, et qu’il nomme chouc. Il dit que son plumage, parfaitement noir, n’a aucun mélange de cendré; qu’il est plus petit que le choucas, et que ses yeux sont entourés de points blancs. Levaillant assure que c’est la femelle du choucas , et d’au- tres auteurs soutiennent que c'est une variété distincte. Dans ce conflit d'opinions, nous ne pouvons que regretter que les circonstances ne nous aient pas permis de cons- tater un fait si digne de Fattention de tout observateur que l'amour des découvertes anime. 134 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE G.° LE CHOQUARD, OU CHOUCAS DES ALPES. Corvuspyrrhocorax. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le choucas des Alpes. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 30. Nous n'eussions sans doute connu le choquard que d’a- près le signalement qu’en tracent quelques ornithologis- tes , ‘qui lui assignent pour séjour habituel les hautes mon- lagnes, et surtout celles des Alpes ( quelques précautions que nous ayons prises pour nous assurer s'il fréquentoit celles des Vosges, le résultat de nos recherches a été qu'il y est absolument inconnu); ou bien nous n’aurions pu en parler qu'après lavoir vu dans quelque collection d'amateurs, si l'hiver de 1788 n’en eût fait descendre une grande quantité dans la partie basse ou agricole de notre département (les Vosges). Profitant des rigueurs de cette saison, où la terre étoit couverte de plusieurs pieds de neige, pour nous pro- curer quelques espèces d'oiseaux dont Les apparitions dans ces contrées ne sont qu'accidentelles, un heureux hasard nous fit rencontrer , sur la route qui conduit de Mirecourt à Poussay, une volée considérable de corbeaux, de cor- neilles , de choucas et de choquards, vivant ensemble, et cherchant de compagnie, sur ce grand chemin, parmi les débris d’une voiture de paille qui avoit versé, ainsi que da»s les crottins des chevaux qui la conduisoient, quelque subsistance. | Frappé de la couleur rouge des pieds et de la couleur jaune du bec de quelques-uns de ces oiseaux, dont la blancheur de la neise relevoit encore l'éclat, il nous fut facile de reconnoître que c’étoient des choquards, et dès- lors notre impatience d’en devenir possesseur fut extrême. D'ORNITHOLOGIE. 135 _ La faim les rendoit si peu défians que, non seulement nous pümes les approcher à la portée du coup de fusil, mais que nous pûmes même attendre que deux de l’es- pèce à pieds rouges se disposassent sur le même ali- gnement, pour recevoir ensemble le coup fatal qui trancha leurs jours : un troisième, aussi à pieds rouges, devint, au vol, la victime de notre ambition. Ce der- nier étoit un crave , dont nous allons donner lhis- toire. Nous reconnûmes, par la dissection que nous en fimes, que les deux choquards étoient des mâles. La longueur de ces oiseaux, mesurée du bout du bec à celui de la queue, étoit, dans les deux individus, de vingt-un pouces et demi. .De l’extrémité de la plus Igngue penne de l'aile étendue à Pautre, ils avoient vingt-huit pouces d'envergure : lorsque leurs ailes étoient ployées, elles s’étendoient aux trois quarts. de la longueur de leur queue, dont les pennes étoient d’égale longueur. L'un et l’autre avoient le bee jaune, mais d’un jaune presque aurore. Ce bec étoit plus court, plus aplatti et plus arqué que celui des corbeaux et des corneilles ; il étoit, comme le leur, recouvert à sa base de plumes soyeuses, dirigées d’arrière en avant sur les narines. Tout leur plumage, tant en dessus qu’en dessous du corps, étoit d’un noir profond et brillant, avec des reflets d’un pourpre bleu changeant en vert. L'iris de- leurs yeux étoit noir, de même que leurs ongles. Nous ne pouvons rien dire des habitudes de cet oiseau, qui n’est que de passage très-accidentel dans la plupart de nos départemens. 136 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 7. LE CRAVE, OU CORACIAS. Corvus graculus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le coracias' BRIS. Ornith. tom. 2, pag- 3. Le crave, que nous nommerons aussi coracias propre- ment dit, a tout le fond de son plumage noir; mais ce fond obscur est relevé et enrichi par des reflets verts, bleus et pourpres, qui y jouent admirablement bien, et qui flattent la vue de lobservateur. Mais ce qui tranche davantage dans cet oiseau, c’est son bec alongé, menu et arqué , dont la couleur est d’un rouge vif et éclatant, de même que ses pieds, qui sont terminés par des ongles noirs. Quoique sa queue, dont les pennes sont d’égale lon- gueur, soit courte, ses ailes cependant sont assez longues pour qu'il puisse soutenir un vol élevé et de long trajet. La taille du crave et assez élégante et svelte; sa longueur totale, prise de l’extrémité du bec à celle de la queue , est de quinze pouces et demi; son envergure est de cinquante-six pouces : l’iris de ses yeux est de couleur de noisette. Le crave se plaît sur le sommet des plus hautes mon- tagnes des Alpes , ainsi que sur celles de la ci-devant Au- vergne ( département du Cantal). Quoique nos montagnes des Vosges-soient tres-élevées, néanmoins on n’y trouve jamais cet oiseau, ou du moins il n’y a jamais été observé. Cependant, dans des hivers rigoureux et abondans en neige, nous l’avons rencontré dans la partie agricole de ce département, mêlé parmi des corbeaux, des corbines et corneilles mantelées. cherchant avec eux sa nourriture, le long des chaussées, dans les excrémens des animaux. La femelle de cet oiseau établit son nid au haut des D'ORNITHOLOGIE. 137.4 vieilles tours abandonnées ou bien au sommet de quel- que rocher escarpé; elle y pond quatre ou cinq œufs qui sont d’un fond blanc, tacheté de jaune sale. Le cri du coracias est aigre et en même temps sonore , et il le fait entendre presque continuellement. Il y a des ornithologistes recommandables qui prétendent. que, malgré la dureté déchirante de sa voix, cet oiseau apprend néanmoins assez facilement à parler, et qu’ainsi il mo- difie le désagrément de son cri. 8° LE CORACIAS HUPPÉ. Corvus eremita. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le coracias huppé, ou le sonneur. Br1s.Orn.t.2, p.6. Le coracias huppé, qui porte aussi le nom de sonneur , habite, comme le précédent, les hautes montagnes des Alpes; il se trouve aussi sur celles des Pyrénées. C'est toujours au faite des vieilles tours abandonnées et en ruine, ou sur le sommet de quelque rocher fendu et inaccessible aux hommes, que cet oiseau établit son nid; la femelle y pond, à chaque couvée, deux ou trois œufs, et Les pe- tits qui en éclosent sont tres-susceptibles de s'apprivoiser, surtout si on a eu soin de les prendre fort jeunes et avant qu'ils ne pussent voler. On a donné à cet oiseau le nom de sonneur, sans doute à cause de la ressemblance et du rapport qu’on a cru trouver dans son cri avec le son de cette espèce de clochette que l’on suspend, dans nos montagnes, au cou de quelques vaches, qui, errant tout l'été: au gré de leurs désirs dans les forêts, s’y égareraient sans cette pré- caution. . Le sonneur, qui est de la grosseur d’une poule ordi- 158 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE naire, a tout le fond de son plumage d’un noir profond et lustré, avec des reflets d'un beau vert, changeant se- lon les incidences de la lumière. Ses pieds'sont rouges, ainsi que son bec, qui est long , menu et propre à s’insinuer dans les fentes des rochers et dans les crevasses de la terre pour y chercher des hannetons, des vers, des courtillères et divers autres insectes, ainsi que leurs larves, dont il fait sa nourriture; et sous ce point de vue cet oiseau doit tré rangé parmi ceux qui sont utiles à l’agriculture. Ce toracias est remarquable par une huppe de plumes qu'il porte sur le sommet de sa tête et qui se dirige d’a- vant en arriére. Cette huppe, qui ne paraît que quand l'oiseau est adulte , tombe et disparaît lorsqu'il est avancé en âge ; à cette époque sa tête, devenue chauve, est d’une couleur jaune , marquée de taches rouges : aussi ce chan- gement l’a-t-il fait appeler par quelques ornithologistes beau chauve ; ils en ont même fait une espèce particulière et distincte de celle du sonneur. Il ne diffère pas seulement du précédent par la huppe qu'il porte sur la tête, mais il a encore le cou plus grêle ct plus alongé que lui; sa tête est d’ailleurs plus petite, sa queue plus courte, et l'iris de son œil est d’un brun obscur. C’est un oiseau de passage , dont le volesttres-élevé, qui va toujours par bandes nombreuses, cherchant souvent leurnourriture dans les prés fangeux et dans les terrams marécageux. En certaires années, le coracias huppé tra- verse, en mars ou avril, le département des Vosges, et y repasse en sens inverse en septembre ou octobre; mais il s'y arrête rarement, ou bien s'il se rabat sur quelques prairies humides, ce n’est que pour le temps d'y prendre à la hâte la nourriture dont il a besoin. D'ORNITHOLOGIE. 159 9: LA BTE; Corvus pica. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 50. La pie. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 35. ( Voyez la planche VIII de cet ouvrage.) La pie est grosse comme un geai; elle a environ un pied six pouces de longueur, car il y en a de plus gran- des les unes que les autres; son vol est de vingt-deux pou- ces, et ses ailes ployées n’atteignent pas le quart de la lon- gueur de sa queue. Sa tête, sa gorge, son cou, le haut de sa poitrine et de son dos, sont d’un noir profond qui imite le moel- leux du velours ; les couvertures supérieures de sa queue sont d’un noir violet à reflets cuivreux ; le bas de son dos et son croupion sont gris; ses plumes scapu- laires, le bas de sa poitrine, le haut de son ventre ctses côtes, sont d’un blanc pur; son bas-ventre, ses jambes, les couvertures du dessous de ses ailes et de sa queue , sont noires : les petites couvertures de ces parties sont d’un vert obscur dont la nuance s'étend sur les grandes cou- vertures ; cependant elle tire un peu sur le violet du côté extérieur. Les pennes de l'aile sont d'un noir nué, vers leur extrémité, d’une teinte d’un vert de canard; elles sont plus ou moins marquées de blanc du côté intérieur. Les douze pennes dont la queue est composée, sont noires en dessous; en dessus, ellessont d’un noir verdâtre a re- flets couleur de cuivre de rosette dans leur plus grande longeur et à reflets violets vers leur extrémité. Les deux pennes du milieu de cette partie ( très-souvent il n’y en a qu'une ) sont en totalité couvertes de ces belles nuances qui ne colorent que le côté extérieur des pen- 140 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE nes latérales, qui sont noires intérieurement ; ces deux pen- nes intermédiaires dépassent la première des lat‘rales de chaque côté, d’un pou et demi, et toutes les autres vont en diminuant de grandeur à mesure qu’elles sont plus extérieures , en sorte que la queue est cunéi- forme ( en forme de coin.) L'iris, le bec, les pieds et les ongles , sont noires. La pie est un oiseau carnacier qui aime les charognes, et qui dévore les petits oiseaur, ceux surtout qu’elle trouve pris aux piéges ; elle mange leurs jeunes , de même que leurs œufs, et fait la guerre aux rats comme aux mulots. Son cri est rauque et désagréable, quoiqu’elle soit susceptible d'apprendre à parler, même assez distinctement; elle jase beaucoup et au point que son babil est passé en proverbe pour désigner de grands parieurs : on dit d’eux qu'ils jasent comme des pies. Cet oiseau est fort turbulent, et surtout défiant et soupconneux; il est trés-diflicile d'en approcher et de le surprendre à portée du coup de fusil; il secoue et remue incessamment sa queue : on le nomme vui- gairement agasse ou oyesse dans la ci-devant Lorraine. Les pies sont aussi rares sur les montagnes des Vos- ges, qu’elles sont communes et nombreuses dans la par- tie basse de ce département, où on les trouve dans tou- tes les saisons; elles passent, chez le peuple, pour être sorciéres. C’est à la fin de l'hiver que la pie construit, au sommet des arbres les plus élevés, un nid spacieux, composé ex- térieurement de branches épineuses et matelassé intérieu- rement de matières mollettes, telles que des racines de chien-dent ; la femelle y pond, une seule fois par an, huit œufs d'un fond vert bleu, semé de taches brunes. Ce uid est recouvert d’épines et n’a d'autre ouverture que D'ORNITHOLOGITE. 143 cëlle qui est nécessaire pour l'entrée et la sortie de l’oi- seau 1). On prend les pies, de même que les corbeaux , avec des yeux d'écrevisses , réduits en poudre; que l’on amal- game avec de la graisse. Ce procédé n’est point dange- reux pour d'autres animaux intéressans, tels que les chiens de garde, que l’on fait périr avec de la noix vomique, dont on se permet trop légèrement l’usage. 10 LE GEAI. Corvus glandarius. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le geai. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 47. ( Voyez la planche VIII de cet ouvrage. ) Le geai estun oiseau qui est répandu dans tous les dépar- temens de la France, où il reste constamment sédentaire ; 2) il est connu dans plusieurs sous les noms vulgaires de 1) C’est dès le mois de février que la pre commence à faire son nid ; le mâle et la femelle y travaillent en commun, et souvent alternativement. Si un détruit leurs œufs, la femelle abandonne le nid, qui lui a demandé , ainsi qu'à son mâle, deux mois de travail; elle s’em are alors d’un nid ancien et même d’un nid nouveau de corneille, si cependant il n’est pas occupé ; elle y dépose ses œufs pour la seconde fois; elle pond même jusqu’à rois reprises : mais, lorsqw'elle rest point dérangée dans sa ponte, elle ne fait jamais qu’une couvée. 1) Quoique les gesis demeurent pendant l’hiver dans nos pays, puisque l’on y voit de ces oiseaux en toutes les saisons, cepen- dant cette assertion ne convient qu'à une partie de l’espèce : car il est bien certain que la plupart quittent nos climats à l’ap- proche des froids, et se dirigent vers le midi, puisqu'on les voit arriver, en mème temps que plusieurs autres oiseaux de pas- sage, dans les îles de lArchipel du Levant et sur les côtes de l'Egypte, suivantle témoignage de plusieurs naturalistes voyageurs. 142 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE colas où de jacques : il est rempli d'instinct et de gentil- lesse. Lorsqu'il est pris jeune, il apprend facilement à par- ler et à sifiler ; il contrefait plusieurs espèces d'oiseaux, et se rend fort familier. On le reconnaît, à ne point s'y méprendre, aux belles Plumes rayées transversalement de bleu clair et de bleu plus foncé, qui se voient sur le pli antérieur de son aile, et qui sont surmontées d'une tache longitudinale dun blanc pur, qui elle-même a son sommet bordé par le noir pro- fond des grandes pennes des ailes, dont les six extérieu- res sont blanches dans toute la longueur de leur partie externe, à commencer des plumes bleues, jusqu'à l’ex- trémité des ailes, qui, lorsqu'elles sont ployées, n’atteignent pas le quart de la longueur de la queue. Le geai a sur la tête un toupet de plumes blanches,noires et bleues, douces et soyeuses, que l’oiseau relève au gré de ses désirs. Le bec noir de cet oiseau est fort et robuste; il est long d'un pouce et demi environ: ses yeux sont bleus ; le der- rière de sa tête est composé de plumes rousses et de plumes couleur de perle. Le dos, plus pâle, tire sur le cendré ; les plumes voisines du croupion sont blanchâtres, et la queue, qui est tiquetée de blanc sur un fond noir, est beaucoup plus courte que celle de la pie ; elle est d’ailleurs taillée en rond. Sa poitrine et son ventre sont d’un cendré pâle ; le dessous de son bec est plus blanc, et cette couleur lui forme un espèce de collier. Une tache noire, imitaut le velours, se dispose, de chaque côté du bec, en forme de moustaches ; ses pieds et ses doigts, dont l’extérieur est uni à celui du milieu jusqu’à la premiere articulation, et qui sont d’un brun roux, sont armés d'ongles noirs un peu crochus. On voit aux galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris un geai parfaitement blanc, D'ORNITHOLOGIE. 143 La femelle pond quatre œufs et quelquefois cinq, qui sont de couleur cendrée, avec des taches plus foncées, de gris verdätre, dans un nid qu’elle construit dès la fin d'avril sur le chêne et quelque autre arbre de la forêt. Ce nid hémisphérique est composé extérieurement et intérieurement de petites racines entrelacées les unes dans les autres, sans aucune autre espèce de matières plus moilettes en dedans. L’incubation dure une quinzaine de jours, et la ponte a lieu deux fois chaque année. Lersque le geai voit quelque animal de rapine , il jette un cri perçant, qui bientôt rassemble tous les autres geais du canton pour lui faire tête; ils ont pour la chouette uue antipathie violente, qui fait qu’en contrefaisant bien la voix de cet accipitre on prend beaucoup de geais à la pipée. Il y a si peu de différence entre le mâle et la femelle, que les oiseleurs les plus habiles conviennent eux- mêmes qu'ils ne peuvent les distinguer l’un de l’autre ; quelques ornithologistes prétendent que les mâles sont plus gros et plus fortement colorés : ce caractère est d’au- tant moins certain, qu’en comparant deux mâles de cette espece ensemble, dont l’un aura plusieurs années et l’au- tre sera jeune, on prendra le premier pour un mâle et l'autre pour une femelle; c’est ce qui nous est arrivé, et s'est ce que la dissection de l’un et de l’autre à démenti. JT: LE CASSE-NOIX. Corvus caryocatactes. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 5o. Le casse-noix. BriS. Ornith. tom. 2, pag. 59. Quoique le casse-noix ne soit qu’un oiseau accidentel- lement de passage dans plusieurs de nos départemens, tels que ceux des haut et bas Rhin, du Doubs, de la Haute- 144 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Saône, de la Côte-d'Or et des Vosges , il nous suffit qu'on le rencontre dans ces parties de la France pour que sa description historique doive trouver ici une place. Le bec de cet oiseau est droit et plus efñlé que celui du geai ou de la pie; la mandibule supérieure est la plus longue, et elle est obtuse,. Le casse-noix est à peu près de la grosseur de la pie: sa queue, moins longue, est composée de plumes à peu prés égales. Le fond de son plumage est d’un brun noirâtre , semé de taches blanches , excepté sur le dessus et le derriere de la tête. Les pennes de ses ailes et de sa queue sont d’un noir brillant, sans taches ninuances quelconques. Le dessous de son corps est mar- qué de taches plus larges que celles du dessus. La sixième et la septième penne de son aile sont bordées de blanc à l'extrémité; les suivantes sont terminées par une très- petite tache blanche. L'iris de ses yeux est couleur de noisette ; son bec, dont les narines sont rondes et recou- vertes de petites plumes blanchâtres et soyeuses, dirigées d’arriere en avant, est noir, ainsi que ses pieds etses ongles. Le casse-noix habite ordinairement les pays froids, sur les montagnes ombragées de sapins; des semences des- quels il fait sa nourriture ordinaire. Quoique ies monta- gnes des Vosges soient couvertes de ces espèces de coni- fères, nous sommes assurés que cet oiseau n’y est pas fort commun, et qu'il n’y niche jamais ; car celui de notre cabinet, qui a servi pour cette description, a été tué dans les sapinières de ces montagnes, comme un oiseau qui y est presque inconnu 1). 1) M. de Buffon cite des observations faites, au sujet du casse- noix, par feu M. Lothinger de Sarbourg. Ilen passa en Lorraine, dans l'année 1754, des volées si nombreuses, dit-il, que les bois et les D'ORNITHOLOGIE. 145 C'est, sans doute , de son habitude de casser lesnoisettes . pour manger leur amande, que cet oiseau tire son nom: cependant il ne se borne pas exclusivement à cette nour- riture ; il mange aussi des glands et plusieurs autres espèces de baies sauvages , après les avoir épluchées, comme aussi des insectes et leurs larves. On dit que les casse-noix causent un grand préjudice aux forêts, en perçant, à la maniere des pics, les gros arbres pour y placer leur nid, ainsi que leur provision de noisettes. La ponte de cet oiseau est, dit- on, de cinq ou six œufs, dont le fond de la couleur est un blanc jaunàtre , parsemé de petites faches noirûtres. DEUXIEME GENRE. LES ROLLIERS. Les caractères propres et particuliers au genre des rolliers, qui est trés - voisin de celui des corbeaux, consistent en un becs droit , en cône alongé , moins gros cependant que celui des espèces de ce genre; leur mandibule supé- rieure se recourbe foiblement sur l’inférieure, et le bout en est un peu tourné en bas; les campagnes en étoient remplis : leur séjour dura tout le mois d'octobre ; et la faim les avoit tellement affoiblis qu’ils se lais- soient approcher et tuer à coups de bâton. Le même observateur ajoute que ces oiseaux reparurent en 1763, mais en beaucoup plus petit nombre, et que leur passage se fit également en automne; il a remarqué qu'ils mettent ordinairement, entre chaque passage, vu intervalle de six à neuf années. 1 10 146 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE plumes soyeuses et désunies qui recouvrent la base de ce bec, au lieu d’être dirigées d’ar- riere en avant, le sont d'avant en arrière, et laissent les narines à découvert; une espèce de verrue est placée derrière l'œil, qui lui- même est entouré d’un cercle de peau jaune, dénuée de plumes; leurs pieds enfin sont plus courts que ceux du genre précédent. Celui-ci ne renferme qu’une seule espèce indigène de la France, et c’est le rollier d Europe. LE ROLLIER D'EUROPE. Coracias garrula. Lin. Syst. nat, édit. 13, gen. 5r. Le rollier. BRIS. Ornith. tom. 2, pag. 64. ( Voyez la planche VIII de cet ouvrage.) Cet oiseau , auquel on a donné très-improprement les noms de geai de Strasbourg, de perroquet d'Allemagne ou de pie de mer, quoiqu'il n'ait avec ces espèces aucun rapport, est de passage plus rare et plus accidentel en- core que le précédent dans les départemens des haut et bas Rhin , comme dans celui des Vosges, où il ne paraît que très- rarement, en petite quantité, et jamais qu’en automne, lorsque par hasard quelques-uns s’écartent du chemin de leur émigration 1). Le rollier est un oiseau extrêmement sauvage ; aussi ceux qui nous arrivent et qui séjournent très-peu de temps dans 1) Le savant et estimable Daudin nous assura, quelque temps avant sa mort, qu’on avoit tué, les années précédentes, un rollier dans la forèt de Mont-Rouge, près de Paris. D'ORNITHOLOGIE. 147 les Vosges, s'y tiennent-ils cachés dans l'épaisseur des forêts les plus sombres et les moins fréquentées, où ja- mais on ne les découvre que par le hasard le plus for- tuit. C'est de cette maniere que celui que nous possédons dans notre cabinet a été rencontré par un charbonnier chasseur, qui lui-même est habituellement campé dans les bois. Il tua ce charmant oiseau au moment où il étoit oc- cupé à chercher dans la mousse , au pied d’un chêne an# tique, des vers, des larves ou quelques autres insectes, dont, sans doute, il fait sa nourriture habituelle, La longueur totale du rollier, mesuré de l’extrémité du bec à celle de la queue, est de près de treize pouces ; ses ailes étendues ont deux pieds d'envergure , et lorsqu'elles sont ployées, elles atteignent les deux tiers de la longueur de sa queue. L'iris de ses yeux, qui déjà étoit éteint après trois jours de privation de la vie, conservoit encore néan- moins une teinte d’un jaune aurore, qui, durant son exis- tance, pouvoit bien être rouge; son bec, noirâtre dans toute sa longueur, étoit jaune à sa base; ses narines, longues et étroites, étoient disposées obliquement sur la base de ce bec, où elles paroissoient à découvert; ses pieds et ses doigts jaunâtres étoient terminés par des ongles d'un brun obscur. Le plumage de ce charmant oiseau est un assemblage des plus belles et des plus vives couleurs. Le dessus de sa tête et le haut de son cou sont d’un bleu d’aigue-ma- rine, réfléchissant un vert sombre, selon l'incidence de la lumière. Tout le dessus de son corps est du même bleu, mais infiniment plus clair; son dos est d’un fauve léger , ainsi que ses plumes scapulaires. Un mélange de vert, de violet et de bleu , forme la nuance des plumes qui revêtent son croupion , rt cette couleur s'étend sur les couvertures supérieures de sa queue. Les pennes de 10 * 148 TA BLEAU ÉLÉMENTAIRE cctte dernière partie sont blèuâtres en dessus , et noï- râtres en dessous. Les petites couvertures supérieures de ses ailes sont du bleu violet le plus éclatant. Les grandes couvertures les plus proches du corps sont d'un bleu d’aigue-marine ,.un peu plus sombre que le dessus de la tête; celles de ces grandes couvertures qui sont les plus éloignées du corps, sont de cette même couleur, mais très-claire , et toutés sont terminées d’un bleu de roi, ayant leurs tiges noires. Les grandes pennes des ailes sont d’un bleu violet, nuancé de fauve ‘et de vert obscur. La gorge, le devant du cou, sont d'un bleu d’aigue-marine très-brillant, et chaque plume qui recouvre ces parties est variée de lignes plus claires qui suivent la direction de la tige. Tout le dessous du corps, savoir, la poitrine, le ventre, les côtés, les jambes, ainsi que les couver- tures inférieures de la queue, sont d’un bleu d'aigue- marine trés-clair. Nous ne pouvons rien dire des mœurs ni des habitudes de cet oiseau, parce que son passage accidentel et tres- rare en France ne nous a pas fourni l’occasion de les observer. TROISIEME FAMILLE. LES PASSEREAUX À BEC CONIQUE, DIFFÉREMMENT MODIFIÉ DANS SA STRUCTURE, SUIVANT LES DIFFÉRENS GENRES. Nous avons placé dans cette famille, qui renferme cinq genres, tous les oiseaux qui ont le bec conique : ce cône néanmoins n’est D'ORNITHOLOGIE. 149 point uniforme dans tous les genres qui com- posent cette famille; il prend différentes formes, suivant les espèces différentes. Dans le premier genre, par exemple, qui est celui du /oriot , le cône du bec est alongé, com- primé à sa base, et échancré vers le bout de la mandibule supérieure, comme celui des merles ; chaque mandibule se termine en une pointe aiguë. Dans le deuxième genre, celui de l’écourneau, le bec est également en cône alongé , à pointe très-acérée, à mandibules entières ; mais le bout de chaque mandibule est plus large qu’ épais, et il est aplati horizontalement à sa base. Dans le troisième genre, qui est celui des 2ros- becs, ce cône est court, gros, et commerenflé à sa base. (Nous avons sous-divisé ce troisième genre en quatre petites tribus , d’après la con- formation différente du bec. ) Dans le quatrième genre, qui est celui des moineaux, le bec , en forme de cône court, n’est point renflé à sa base. (Nous avons aussi sous- divisé ce genre en trois petites tribus, d’après la modification différente du cône que présen- tent ses espèces. ) Dans le cinquième genre enfin , qui est celui des bruans, le cône du bec se pro- longe en pointe; la mandibule supérieure est 160 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE plus étroite que l'inférieure; la ligne qui les sépare est courbe, et on remarque dans le palais une espèce de verrue osseuse qui y fait saillie. PREMIER GENRE. LES LORIOTS. Les caractères particuliers au genre des /o- riots consistent, ainsi que nous l’avons annoncé dans les caractères géneraux de la famille, en un bec en cône alonge, comprimé horizontalement à sa base, échancré , comme celui des 72erles, vers le bout de la maudibule supérieure; et chacune des mandibuies se termine en pointe assez aiguë. Ce genre ne renferme qu’uneseule espèce indigène de la France, qui est le /oriot d'Europe. LE LORIOT D EUROPE. Oriolus galbula. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 52. Le lorio£. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 320. ( Voyez la planche IX de cet ouvrage.) Le loriot, qui est la seule espèce de son genre, habite périodiquement la France durant quelques mois ; il y arrive au milieu du printemps , et l’'abandonne dés les commencemens de septembre (1). RS a ——————————— 1) Lorsque le Zoriot arrive au printemps dans nos pays; il D'ORNITHOLOGIE. 151 Le loriot est à peu prés de la grosseur du merle; il a de longueur totale, du bout du bec à celui de la queue, dix pouces; son vol ou son envergure est de seize pouces. Le bec de cet oiseau est de couleur marron rougeûtre, de même que l’intérieur de sa bouche. L'iris de ses yeux est d’un rouge assez vif; ses pieds sont d’un gris bleuâtre , et ses ongles noirs. Le loriot, par ses proportions, l'élégance de sa forme, et par le brillant de ses couleurs, est, sans contredit, un des plus beaux oiseaux de nos climats. Sa robe, quoique simple , n’en paroît pas moins cossue. Tout son plu- mage, sur la tête, le cou, le dessus et le dessous du corps, est d’un jaune brillant qui contraste admirablement bien avec le noir de velours profond de ses ailes et d’une partie de sa queue : quelques traits de cette couleur noire sont ré- pandus sur différentes parties de son corps. Entre le bec et l'œil on voit une tache noire qui est placée de chaque côté ; les couvertures supérieures des aïles sont de cette même couleur, ainsi que celles qui sont les plus éloignées du corps; mais ces dernières sont terminées par du jaune pâle. Les pennes des ailes sont du même noir ; cependant les unes sont bordées extérieurement d’un trait blanc, et les autres d'un trait de jaune de paille. Les deux pennes du milieu de la queue sont d’un vert d'olive à leur origine, noires dansle reste de leur longueur, et terminées par un trait jaune. Les pennes latérales de cette même partie a —————————— “0 ——————————————"“’Û"————— — — "2 voyage seul ; mais lorsqu’il part en automne, il voyage en famille. C’est vers la fin de mai qu’il paroît aux environs de Paris; il en re- part au commencement de septembre. Le mâle de cet oëseau est deux ans avant d'acquérir son beau plumage jaune et noir, sans aucun mélange; cependant il s’apparie et produit avant d’avoir pris ses belles couleurs. 132 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE sont jaunes à leur extrémité, et noires à leur origine; cette dernière couleur anticipe d’autant moins que les pennes sont plus extérieures. Le plumage de la femelle est d'un vert d'olive sur la partie supérieure du corps, et d’un gris blane en dessous, avec des traits de gris brun qui suivent la direction des plumes. Les couvertures de ses ailes et de sa queue sont du même jaune que dans le mâle; les pennes de ses ailes sont brunes, et celles qui sont plus près de son corps sont d’un vert d'olive du côté extérieur , bordées en dehors ou de blanc ou d’olivätre. Les pennes de la queue sont d’un vert d'olive, teintées de noirûtre à l'extrémité et terminées de jaune. Le loriot vit de chenilles , de vermisseaux et d’autres insectes (1), de même que de baies, de fruits et de ce- rises, dont il est trés-friand. Il place son nid à la bifur- cation d’une branche; ce nid est construit avec tant d’art que le vanier même le plus industrieux ne pourroit l'i- miter : il est composé à l'extérieur de fétus de paille et de brins de chanvre, qui sont dirigés de droite à gauche, en passant sous le nid, et qui viennent s'attacher à deux ra- meaux opposés. L'intérieur de ce nid est garni de petites tiges de graminées, de mousses et de plumes, liées en: semble par un tissu de toiles d'araignées. C’est sur ce matelas douillet que la femelle pond quatre œufs d’un fond blanc sale, tachetés de quelques points d’un 1) I nous est arrivé plus d’une fois, en herborisant dans les forêts au commencement du printemps, d'y rencontrer des /o- 7iots au moment de leur arrivée ; ils paroissoient tellement affa- més , que, sans redouter notre présence , ils se jetoient avidement sur les insectes qu’ils apercevoient à terre : nous en avons même tué plusieurs dans ce moment, et ils étoient tous d’une maigreur extrème, D'ORNITHOLOGIE. 153 brun noirätre. Les petits qui en éclosent suivent leurs père mère , jusqu’à leur départ, qui se fait en famille, et qui a lieu, comme nous l'avons déjà dit, à la fin d'août ou au commencement de septembre. Dans les Vosges, où l’on croit que l'arrivée de cet oiseau est un indice de la cessation des gelées, on ie nomnie vulgairement gloriot ou glorieux. Dans ce dépar- tement on donne la chasse aux loriots dans le temps de la maturité des cerises; cette chasse, qui s’y fait comme par partie de plaisir, consiste à établir sous quelque arbre; à portée des cerisiers, qui sont en grande abondance dans ces contrées (à raison du commerce que l’on y fait de la liqueur, connue sous le nom de kirsch-wasser, qu'en y fabrique avec le fruit fermenté de ces arbres), à y éta- blir une loge de verdure dans laquelle on attend patiem- ment que ces oiseaux, qui font une grande destruction de ces fruits, viennent à la picorée, et on les tue à coup de fusil. DEUXIEME GENRE. LES ÉTOURNEAUX. Les caractères particuliers au genre des éour-- neaux sont faciles à saisir :1ls consistent dans leur béc qui esten cône alongé, à pointe très-acérée, à mandibules entières aplaties horizontalement à leur base , et dont le bout de chacune est plus large qu’épais ; dans des narines à demi- recouvertes par une membrane; dans une pau- pière interney dans le doigt extérieur, qui est 154 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE uni avec celui du milieu jusqu’à la première articulation , et enfin dans l’ongle postérieur, qui est le plus fort de tous. Nous ne connois- sons en France qu’une espèce de ce genre, c'est l'écourneau ordinaire où d'Europe. L'ÉTOURRNEAU D'EUROPE. Sturnus vulgaris. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. 106. Æ étourneau. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 139. ( J'oyez la planche IX de cet ouvrage.) On ne connoît en France qu’une seule espèce d’étour- reaur, dont quelques individus y séjournent pendant toute l'année. On y voit cet oiseau , qui dans plusieurs départe- mens porte le nom vulgaire de sansonnet, en bandes nom- breuses, et surtout à l'arriére-saison. Dans les départe- mens de la Meurthe, de la Meuse, de la Haute-Saône, des haut et bas Rhin, dans celui de la Côte-d'Or, et dans la partie basse ou agricole des Vosges, il se tient volontiers au milieu des troupeaux de vaches, avec lesquels il vitavec une sorte de familiarité ; il paroit ne pas se plaire autant dans les montagnes, où il est plus rare. On l'apprivoise aisément, lorsqu'il est pris jeune ; il est même facile de lui apprendre à siffler; il se plaît à contrefaire la voix de plusieurs animaux, et même celle de l'homme 1) : il s'ac- commode fort bien de toute espèce de nourriture. / ' St ee ER RE 1)Nousavons été aussi étonnés que surpris d’admiration, cet hiver étant chez un de nos amis à Paris (M. Thirel ), d'y entendre parler un étourneau que nous n'avions be as vu en entrant, parce que Sa cage étoit placte derrière nous : cet oiseau articuloit une douzaine de Î D'ORNITHOLOGIE. 155 L'étourneau est à peu prés de la grosseur du merle or- ‘dinaire ; sa longueur totale , prise de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de huit pouces et demi; il en a quatorze de vol, et quand ses ailes sont ployées, elles at- teignent au-delà des trois quarts de la longueur de sa queue. Le fond de son plumage est noirâtre , à reflets verts et rouges, suivant l'incidence de la lumicre; des taches de gris, de blanc, quelquefois de bleu , et même de rouge, sont disséminées sur ses plumes qui, généra- lement parlant, sont longues et étroites; son bec, droït et anguleux , est d’un beau jaune orangé dans le mâle, qui a l’œil noir et le dos plus chargé de couleur pourpre, ainsi que le croupion plus verdätre, que la femelle, dont _le bec est brun avec une petite maïlle dans le blanc de œil; le plumage de cette dernière est aussi moins taché que celui du mâle. L'un et l’autre ont la queue courte et noire , les pieds couleur de chair et les ongles noirâtres. L’elourneau habite , pendant l'été, les prairies aqueuses, et, en hiver, ceux qui passent avec nous cette saison ri- goureuse, se tiennent sur les tours, les toits des maisons, phrases suivies avec tant de précision que nous crûmes que c’é- toit quelqu'un qui parloit dans l’appartement voisin ; en effet, le son de sa voix étoit tellement guttural qu’il paroissoit venir de loin. Ce qui nous surprit beaucoup, ce fut que cet animal, entendaut sonner la messe , apostropha sa maîtresse , l’appelant par son nom, et lui dit: Mademoiselle, entendez-vous la messe que l’on sonne ? Prenez votre livre, et revenez vite domier à manger à voire polisson ! IL égaie ce babil par deux ou trois airs de flageolet, qu'il siffle d'autant plus agréablement, qu'en y mêlant beaucoup du sien, il fait des transitions de l’uu à l’autre par des modulations gradaées insensiblement. 356 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE ou à la source de quelques fontaines qui ne gélent pas. Cet oiseau vit de vers , de petits scarabées , ainsi que de baies, de raisins et de semences. Il fait son nid dans des trous d'arbres ou de murailles, et ceux qui restent parmi nous habitent constamment les environs du canton qui les vit naître. La femelle pond quatre ou cinq œufs blancs, teintés légerement de bleu verdâtre. Les élourneaux passent, durant l’été et l’automne, la nuit dans les roseaux; ils y jasent beaucoup le soir, anisi que le matin, avant de se séparer pour se répandre en bandes nombreuses dans les prairies au milieu de quel- ques troupeaux de vaches. Il n’est pas fort rare de les voir aussi mêlés parmi les corbeaux, les corneilles et les choucas. Quoiqu'il nous reste pendant l’hiver une grande quan- lité de ces oiseaux, ils n’en sont pas moins pour cela de passage. Aux approches de l'hiver, ils se portent en troupes, dit-on, jusques dans les contrées orientales de l'Egypte. TROISIEME GENRE. LES GROS-BECS. Les 9ros-becs sont des oiseaux dont le bec, en forme de cône, est gros, court et comme renflé à sa base. Nous sous-divisons ce genre en quatre petites tribus, dont la modification différente du bec établit la différence des es- pèces qui sont contenues dans chacune. PREMIERE TRIBU. Le caractère distinctif de la seule espèce D'ORNITHOLOGIE. 15% d'oiseau que renferme celte première tribu, est d’avoir le bec en cône, dont les deux man- dibules crochues se croisent l’une sur l'autre, en s’alongeant, tantôt d’un côté et tantôt de l’autre , suivant les individus. LE BEC-CROISÉ. Loxia curvirostra. Lin. Syst. nat. éd. 13, g. 109. Le bec-croisé. BRISSON , Ornith..tom. 3, pag. 329. ( Voyez la planche IX de cet ouvrage. ) Cet oiseau se distingue aisément par un caractére qui lui est propre . et qui consiste en ce que les deux man- dibules de son bec, prolongées en haut et en bas à leurs extrémités, se croisent l’une sur l’autre de plusieurs lignes, et sont courbées, la partie supérieure de haut en bas, et la partie inférieure de bas en haut. Ce caractère de bec, quoique toujours constant dans le bec-croisé, n’en est pas un cependant qui lui soit exclu- sivement propre ; Car il arrive, et même assez fréquem- ment , que d’autres oiseaux, de genres et d’espèces fort différens, ont le bec conformé de même. Nous avons eu , en effet, dans notre collection, une grosse alouette bupée., dont chaque mandibule du bec se croisoit, ef avoit de longueur , depuis sa base, quinze lignes; un pigeon-paon, dont les mandibules se dépassoient en se croisant de quatre lignes et demie ; et enfin une lavandière, dont le bec étoit croisé d’une ligne et demie. Mais tous ces croisemens sont accidentels, tandis que dans l'oiseau dont il est ici question ç’est une conformation 158 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE naturelle et invariable : chez lui, tantôt la mandibule suû- périeure est croisée à gauche sur l'inférieure, et tantôt elle l'est à droite, selon les différens individus. Ce bec, ainsi conformé, n’est point désavantageux à l'oiseau qui le porte; car il s’en sert ou pour grimper et s'accrocher , ou pour ouvrir les fruits dans le centre desquels il trouve les semences ou amandes dont il se nourrit. Le bec-croisé est un peu plus gros que le moineau franc; ila, du bout du bec à celui de la queue, six pouces neuf lignes de longueur, et dix pouces huit lignes de vol; ses ailes ployées dépassent le milieu de la longueur de sa queue ; il a l'iris d’un cendré noisette, le bec et les ongles noirs, et les pieds bruns. À juger tous les becs-croisés par le seul individu que nous possédons dans notre cabinet , et que nous avons tué en juillet de l’an vr, sur un cerisier, où il cassait des noyaux de ce fruit, tous ont le plumage du dessus de la tête , celui des parties supérieures du corps, ainsi que la poitrine, d’une couleur rouge mélée de vert; le dessous du corps d’un rouge plus pàle , qui se dégrade insensiblement pour passer à une teinte blanchâtre vers la queue; les pennes de cette partie, ainsi que celles des ailes, sont d’un rouge brun. Le bec-croisé est sans contredit un des plus beaux oïseaux de nos climats ; mais les ornithologistes nous assurent que les jeunes individus sont revêtus de plumes d’un vert terne, mêlé d’elivätre, de brun et de jaune, et que les femelles adultes ont le méme plumage que les mâles, à cette différence près que la nuance en est plus foible. Cet oiseau, qui habite ordinairement les montagnes des Alpes et celles des Pyrénées, n'est que de passage très- accidentel dans celles des Vosges, où il semble qu'il ne D'ORNITHOLOGIE. 159 paroît que lorsqu'il est égaré 1); nous ne pouvonsrien dire de ce qui est analogue à la reproduction de son espèce, car il ne niche pas dans nos montagnes. DEUXIEME TRIBU. Cette seconde tribu du genre des 2ros-becsren- ferme ceux de ces oiseaux dont le caractère par- ticulier se tire de la forme du bec, qui est en cône raccourci, avec une pointe aiguë et courte; les deux mandibules sont droites, entières, et leur base est presque aussi grosse que la tête. Nous ne connoissons de cette tribu qu’une seule 1) Quand nous avons fait l’histoire du bec-croisé , nous n’avions encore pu découvrir, dans les Vosges, que le seul'individu qui nous a servi pour son signalement, et nous étions persuadés alors qu’il n’étoit dans ces montagnes qu’un oiseau très-accidentellement de passage , et encore lorsqu’il s’y étoit égaré; mais depuis nous nous sommes convaincus du contraire. En l’an 1x, au mois de juillet, en commençant avec nos élèves un voyage dans ces montagnes inté- ressantes, nous fimes un devoir à notre cœur reconnoissant d’aller faire visite à l’estimable Richard, sous-préfet de Remiremont, aussi ami des sciences naturelles qu’il en est le protecteur et Vappui; et ce zélé magistrat, pour faciliter nos recherches, nous munit de toutes les recommandations qui étoient à son pouvoir. (Nous le prions aujourd’hui d’agréer le témoignage public de notre reconnoissance. ) Nous vimes alors chez lui deux bec-croisés, qu’il nourrissoit en cage, et qu’il nous dit être le reste d’une certaine quantité qui étoient morts et qu’il nous assura avoir été pris vivans dans les sapinières de sa juridiction. Le plumage d’un de ces deux individus survivans étoit vert, légèrement teinté de rouge ; celui de l’autre étoit mi-partie de rouge et de vert: Vun et l’autre étoient fort tranquilles, toujours tristes et mé- lancoliques. 160 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE espèce indigène de la France, c’est le gros-bec d'Europe. LE GROS-BEC D EUROPE. Loxia coccothraustes. Lin. Syst. nat. éd. 13, g. 100. Le gros-bec. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 219. ( Voyez la planche IX de cet ouvrage. ) Le gros-bec est un oiseau très-répandu et très-commun dans presque tous les départemens tempérés de la France. II est particulièrement abondant , en été, dans les montagnes des Vosges, ainsi que dans les forêts de la plaine de ce même département, qui les avoisine ; et quoi qu’en disent quelques ornithologistes,nous assurons, pour nous en être convaincus plus d’une fois ,.qu’il ne fuit pas up les lieux habités. Nous croyons pouvoir attribuer la cause de suu amour de pré- dilection pour les montagnes des Vosges, à la prodigieuse quantité de cerisiers que l’on cultive dans ces contrées, pour en distiller le fruit en une liqueur connue sous le nom de kirsch-sasser ; c’est le noyau de ce fruit qui alléche, sans doute, sa friandise. Aussi dans tous les environs d’E- pinal, les chasseurs, comme les tirailleurs, se donnent chaque jour une partie de plaisir, dans le temps de la maturité des cerises, en attendant, dans une loge de feuillages qu'ils ont construite à portée de quelques ceri- siers, Ces oiseaux qui y viennent eu nombre, de plusieurs couvées réunies , se régaler des amandes du noyau de ce fruit, qu'ils brisent avec une facilité étonnante, au moyen de leur bec excessivement gros et fort; c’est au moment où ils sont occupés de leur rapine , qu’un grand nombre d’entre eux trouve la mort en cherchant leur vie D'ORNITHOLOGIE. 16% On se régale dans cescontrées de ce gibier, comme s'il étoit sn mets delicat, quoique éependant , au rapport des gour- mandseux-mêmes, son fumet contraste très-fort avec celti dé nos excellens rouges-gorges , dont on fait une prodi- gieuse destruction dans la partie agricole du même dépar- tement; mais c'est ici le cas de dire : faute de grives on mange des merles. Le gros-bec a six pouces neuf lignes de lngueur, de l'extrémité du bec à celle de ‘la queue, et dix pouces huit lignes de vol ; lorsque ses ailes sont ployées , elles n’atteignent guères que le tiers de la longueur de sa queue. L'iris de ses yeux est cendré ; son bec est d’un gris couleur de chair, ainsi que ses pieds et ses ongles. Le dessus de la tête de cet oiseau, ainsi que ses joues, sont d'un marron clair ; le dessus de son con est cendré; son dos, ainsi que ses plumes scapulaires , sont d’un marron foncé ; 1l a le croupion grisâtre; le dessus de la queue est marron; sa gorge, le tour de ses yeux, l’es- pace cofipris entré l'œil et le bec, de méme que les plumes qui enentourent la base ; sontnoirs. Le devant de son cou, sa poitrine, ses côtés et le haut de son ventre, sont d’un fauve vineux. Ses jambes sont d’un gris pâle et le reste du dessous de son corps est blanc. Les petites couvertures du dessus de ses ailes sont noirètres ; les grandes sont noires, changeant en violet. La couleur dominante des pennes de ses ailes est un noir changeant en couleur d’a- cier poli, et bruni à l'extrémité ; elles sont la plu- part coupées carrément à leur bout. La queue, brune dans son milieu, est noire sur les côtés, et terminée de blanc. Cet oiseau fait son nid au sommet des arbres élevés dela forêt: ce nid ;, qui est d’une forme hémisphérique, est com- posé extérieurement de lJichens entremélés de meñues T7: 1, 11 16: TABLEAU ÉLÉMENTAIRE racines ; intérieurement il est matelassé de racines plus menues, et de quelques brins de laine et de crins. La femelle, dont les couleurs sont moins vives que celles du mâle, y pond quatre ou cinq œufs bleuàtres, tachés de brun. Le gros-bec n'a, au lieu de chant, qu’un cri aïgre, et qui, quoiqu'assez vif, n’a aucun agrément, même dans le temps de see amours. La plupart des gros-becs quittent notre climat aux approches de la saison rigoureuse, pour passer dans des contrées plus tempérées ; néanmoins il nous en reste un assez grand nombre péndant l'hiver, et c'est à cette époque que, dans les Vosges, nous nous sommes procuré les plus beaux mäles, que toujours nous avons tués près des habitations. TROISIEME TRIB U. La troisième tribu du genre des. gros-becs est composée de ceux qui ont pour caractère parüculier un bec qui, quoique conique, es£ bien moins gros que celui des oiseaux des iribus précédentes. Celle-ci ne contient que deux espèces, qui sont indigènes de Ja plu- part de nos depariemens : ce sont le verdier commun et Je verdier de Laïie. D'ORNITHOLOGIE. 163 1° LE VERDIER COMMUN. Lozxia chloris. TAN. Syst. nat. édit: 13, gen. 109. Le verdier. BRIS. Ornith. tom. 3, pag. 190. ( Voyez la planche X de cet ouvrage.) Le verdier est un des oiseaux les plus communs que l’on rencontre, en toute saison, dans la campagne , comme dans toutes les forêts de la France; il visite assez souvent nos jardins et nos vergers; et c’est lui que l’on aperçoit le plus communément aux bords des bois, ainsi que le long des grands chemins. Dans les Vosges, on donne vulgairement à cet oiseau le nom de verdière. Dans ce département, ainsi que dans celui de la Meurthe, on en prend une grande quantité sur la lisière des bois, dés le commencement de septembre, soit à l’abreuvoir avec des gluaux, soit, mais moins fré- quemment, sur les sauterelles ou rejets. Dans l’un et l’autre de ces départemens, on fait, en hiver, une guerre ouverte à ce nécessiteux paisible, qui vient avec confiance chercher sa nourriture jusque dans les maisons, lorsque la terre, couverte de neige, sem- ble la lui refuser. Il est peu de campagnes où, pendant l'hiver, pour le plaisir cruel de détruire ( car on dit que cet oiseau est un mauvais mets , et qu'il a la chair fort amère) ,on ne trace devant les maisons un sentier balayé de neige, et jonché de quelques graines et de menue paille, qui attirent ces oiseaux, et lorsqu'ils sont là réunis en grand nombre, on tranche impitoyablement leurs jours innocens par un coup de fusil. Le verdier a, du bout du bec à l’extrémité de la queue, 5 De 164 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE cinq pouces et demi de longueur et neuf pouces de vol. Tout le dessus de son corps, sa tête comprise, est d’un vert d'olive, mêlé d'une légère teinte de cendré ; son croupion, les couvertures du dessus de sa queue, sa gorge , ie devant de son cou et sa poitrine , sont d’un vert d'olive relevé par une teinte d'un beau jaune; le haut de son ventre est d’un blanc jaunâtre; les couver- tures du dessous de sa queue sont mélées de jaune et de cendré. Le bord de son œil est jaune, et entre lui et le bec on voit une tache d'un cendré foncé. Les neuf pre- mières pennes de son aile sent jaunes du côté extérieur, et noirûtres du côté intérieur , ainsi qu'à leur extrémité; les autres sont cendrées en dehors, et notrâtres en dedans; les quatre pennes du milieu de sa queue, qui est un peu fourchue, ‘sont noiràtres, bordées de vert d'olive et cen- drées à leur bout; les trois plus extérieures sont jaunes à leur origine , terminées de noirâtre, et bordées de cendré a leur extrémité. L'iris de son œil est marron; son bec est brun en dessus et blanchâtre én dessous ; ses pieds etses ongles sont gris. é La femelle, avec des couleurs plus foibles, a toutes les parties qui sont jaunes dans le mäle, d’une couleur oli- vätre ; son bec est gris brun; ses pieds et ses onglessont gris : elle fait son nid de mousse, ou sur des arbres peu élevés, ou dans des haies où des buissons. Ce nid est com- posé de gramens secs entrelacés assez solidement à l’ex- térieur ; le dedans est tapissé de crins et de laine sur les- quels la femelle pond cinq ou six œufs d'un fond blane verdâtre , tachetés d’un rouge brun vers le gros bout. Le mâle de cet oiseau ne partage pas avec sa femelle les soins pénibles de l’incubation ; mais pendant le temps que dure cette fonction maternelle, il veille avec sollicitude aux besoins de sa compagne, qu'il pourvoit abondamment de nourriture qu'il lui dégorge dans le bec. D'ORNITHOLOGIE. RE 2° LE VERDIER DE HAIE. Emberiza textrix. Lin. Syst. nat. édit: 13, g. 110. . L . . L2 LA ° « L2 LL L . LA LL LL . L L2 L2 . L L] Nous avons long-temps balancé sur le choix que nous devions faire de la dénomination, et surtout de la clas- sification, de cet oiseau. Après avoir consulté Brisson, ainsi que plusieurs autres ornithologistes, nous n'avons rien trouvé qui y füt plus analogue que Fi ji de Linné. Cependant, cette dénomination présente une difficulté, qui consiste en ce que cet illustre naturaliste applique ce nom spécifique à un bruant, et que les bruans ont pour caractere distinctif un grain osseux au BAS» qui manque à l'espèce dont nous parlons ici. Néanmoins, pour ne pas laisser cet oiseau inclassé, s’il est permis de s'exprimer ainsi, nous avons pris un terme moyen en le nommant verdier de haie, et en lui conser- vant le nom spécifique d'emberiza-textrix de Linné, jusqu’à ce que des observations ultérieures nous mettent à même d’en juger autrement. Il nous a été impossible, quelques soins quenousnous soyons donnés pour cela, de découvrir si notre verdier de haie se rencontroit dans plusieurs de nos départe- mens ; ce que nous pouvons assurer, C’est qu'ilin’est pas fort commun dans celui des Vosges, où it établit, dans quelques haïes ou quelques buissons , à peu de distance de la terre, un nid extérieurement façonné avec du foin, des chaumes et de la mousse; l’intérieur en est garni de bourre, de laine, de poils et de plumes. C'est sur ce 166 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE matelas douillet que la femelle pond ordinairement quatre œufs d’un vert päle, mouchetés de taches et de zones roussâtres. La taille de cet oiseau tient le milieu entre celle du verdier commun et celle du pinson ordinaire. Le dessus de son dos et de ses ailes est un mélange de brun foncé, de brun clair et de roux, à peu prés comme dans le moineau friquet. Les deux pièces de son bec sont mo- biles; leurs bords sont rentrans, et la mandibule infé- rieure est moins longue que la supérieure; la couleur de l’une et de l’autre est un brun presque noir a la pointe ct lavé, de jaune vers la base. L'iris de ses yeux est marron ; ses pieds sont de couleur de chair, et ses ongles noirs. Le dessus de sa tête est vert: ses joues sont noires ; ses yeux, surmontés d'une espèce de sourcil jaune, sont accompagnés d’une raie de même couleur, qui se dirige de chaque côté d'avant en arrière. Sa poitrine est d’un brun noir, de même que sa queue, et tout le reste du dessous de son corps est jaunûtre. QUATRIEME TRIBU. J1 ne se trouve dans cette quatrième et der- nière tribu du genre des gros-becs qu'uneseule espèce d'oiseau indigène de la plupart des de- partemens de l’empire français , et qui est cons- tamment sédentaire dans celui des Vosges; cette espèce est le bouvreuil commun, dont le ca- ractére distinctif est un bec arrondi , convexe de toute part et un peu crochu. D'ORNITHOLOGITE. | 167 LE BOUVREUIL COMMUN. | Loxia pyrrhula. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 109. Le bouvreuil. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 308. ( Voyez la planche X de cet ouvrage. ) Le bouvreuil porte des noms différens, suivant les dif- férentes contrées qu'il fréquente. Dans les départemens de la Seine et de la Loire inférieures, on le nomme vul- gairement choppard ou grosse téte-noire. Dans celui du Cher , il est connu sour le nom de pivane. On l'appelle pinson d'Auvergne dans le département de la Charente; à Paris, pivoine. Dans les départemens de la Meurthe et de la Meuse, il est connu sous le nom vulgaire de pione. Ailleurs on l’appelle écossoneux, pinson rouge , prétre, flûteur , groulard , siffleur | rossignol monet, perroquet de France, civière, etc. Cet oiseau, sous quelque nom qu’on le connoïsse, est un de ceux qui réunissent le plus d’agrémens : il plaît autant par la beauté de son plumage, que par ses mœurs sociales et la douceur de son chant. Le principal trait qui le carac- térise, est un bec gros, court, convexe en dessus et en dessous , dont la mandibule supérieure est courbée en bas à son extrémité. Les plumes qui entourent la base de ce bec, ainsi que celles qui couvrent la partie supérieure de la tête, sont d’un noir profond et lustré ; la partie su- périeure du cou, le dos et les plumes scapulaires ,sont d'un gris cendré. Le croupion est blanc; les joues, la partie inférieure du cou en devant, sont d'un tres -beau rouge, de même que la poitrine, le haut du ventre, les côtés et les flancs. Le bas-ventre est blanc, ainsi que les 168 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE couvertures du dessous de la queue. Les ailes et la queue sont d’un noir lustré, La femelle différe du mâle, en ce que tout ce qui est rouge dans celui - ci, est d’un brun tirant sur le vineux dans celle-là. L'un et l’autre ont l'iris, le bec, les pieds et les ongles noirs. Le bouvreuil est un des oïseaux que l’on apprivoise Le plus aisément ; il est même susceptible d’une sorte d’atta- chement très-marqué pour la personne surtout qui lui donne des soins; il apprend facilement à siffler et à arti- culer quelques paroles ; sa voix naturelle est douce, ef lorsqu'elle est perfectionnée par l'art, elle a quelque chose de touchant et d’enchanteur 1). Cet oiseau aime, par prédilection, les pays montueux et boisés ; et c'est sans doute par cette raïson que nous en voyons beaucoup dans la partie haute du département des Vosges, dont les montagnes sont couvertes de sapins qui présentent une verdure éternelle : il passe l'été dans ces bois ; il y fait son nid sur quelques buissons, et la femelle y pond communément quatre œufs d’un blanc lavé de bleuâtre, et tachetés de violet et de noir versle gros bout 2). .1) À Mirecourt, lieu de notre naissance, où l’on fibrique une grande quantité de serinettes, on en fait une espèce uniquement destinée à donner des leçons aux bouvreuils ; on nomme, pour cette raison, cet instrument bousrette, et plus communément pionne, du nom que cet oiseau porte dans les Vosges. La seri- nette pionne est un instrument organisé sur un ton moyen, entre celui du flageolet et celui de la flûte traversière, que l’on appelle tierce: 2) On lit dans le nouveau Buffon, de l'imprimerie de Duffart, une note de l’estimable ornithologiste Vieillot , qui assure que cet oiseau s’apparie avec la femelle du sein, et qu’il la nourrit pen- dant tout Le temps que dure l’incubation, de la même manière D'ORNITHOLOGIE. 169 A la fin de l'automne ces oiseaux se répandent en bandes quelquefois fort nombreuses, dans les bois de la plaine des Vosges; et à cette époque les tendeurs aux sauterelles en prennent une certaine quantité, dont ils ne font de cas qu’autant qu'il s’en trouve qui, n'ayant pas les pieds cassés par le ressort de cet instrument destructeur, peu- vent être élevés en cage; autrement ils les dédaignent, et c’est en effet un fort mauvais mets 1). RS DEEE D RP A D D + RE que le fait le serin mâle ; il ajoute qu’il faut se hâter de le mettre à part aussitôt que ses petits sont éclos, parce que, sans cette précaution , il les tue en leur ouvrant le crâne à coup de bec. Nous nous garderons bien de révoquer en doute un fait avancé par un savant qui est un observateur aussi zélé qu'il est digne de la confiance qu’il nous avoit inspirée avant mème que nous ne le connussions particulièrement ; mais nous ne pouvons nous dis- penser d’aflirmer que ce fait n’est point généralement constant , puisque, dans notre jeunesse, nous avons fait plusieurs de ces sortes de mariages, et que nous avons remarqué que le bouvyreuil époux d’une serine avoit pour sa progéniture les mèmes soins et la mème tendresse qu’en auroit eus un serin lui-même. 1) Le bouvreuil est connu dans différentes parties de la France sous le nom d’ébourgeonneur , parce qu’il mange les bourgeons des arbres. Pendant l’hiver, il se nourrit de ceux du bouleau : il se tient en troupes pendant cette saison; mais l’on peut observer qu’il y a à cette époque deux races de bouvreuils bien distinctes, qui font ordinairement bande à part. L'une de ces races est celle qui se trouve dans nos pays durant l’été, et que l’on peut appeler la race commune ; Vautre, qui ne paroît que l’hiver, est d’un sixième plus grosse que la première. La dernière plume des grandes couvertures de ses ailes est très-courte, et elle a à l’extérieur une bande rouge. Lorsque cet oiseau paroïît dans nos contrées , cest ordinairement à l’époque où la terre est couverte de neige, et alors on en voit, toujours sur un mème arbre, des bandes très- nombreuses. # 170 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE QUATRIEME GENRE. LES MOINEAU X. Tous les z120oineaux sont des oiseaux au- dessous de la taille médiocre : le fond de la nourriture de toutes les espèces qui composent ce genre, consiste en grains ; néanmoins la plupart s’accommodent très - bien de fruits , de verdure , d'insectes, et ils sont, pour ainsi dire , omnivores. Un assez grand nombre d'espèces chantent, et leur chant est fort agréable. Ils sont presque tous des oiseaux de pillage, et nous pensons qu'on doit en attri- buer la cause à l'appétit qu’ils ont pour diverses substances, et principalement pour les graines, qu'ils rencontrent partout et dans toutes les saisons : aussi n’éprouvent-ils jamais de disette , comme ceux qui ne peuvent subsister que d’une seule espèce d’aliment, et surtout d'insectes. | C’est par les motifs que nous venons d'en donner que de toutes les espèces de petits oi- seaux élrangers aucune n’est plus facile à nour- rir en cage , el conséquemment plus susceptible d’être transportée d’un pays dans un autre, que celle du genre des moinreaux. Nous sous-divisons ce genre en trois petites D'ORNITHOLOGIE. 171 tribus , d'après la conformation différente de leur bec, savoir : PREMIERE TRIBU. Dans cette première tribu nous placons les moineaux proprement dits , qui ont pour ca- ractères distinctifs un bec en cône raccourci, dont la base est infiniment moins grosse que la tête, et dont la pointe grosse est aiguë et courte ; chacune des mandibules qui le com- pose est droite , entière, ou sans échancrure: leur queue est un peu fourchue : ils ont les ailes très-courtes; ce qui est cause que leur vol, quoique rapide, est toujours par sauts et par bonds. Cette tribu renferme trois espèces constam- ment sédentaires en France, savoir ; le roineau franc , le friquet, et la soulcie ou le moineau des bois. Le] I. LE MOINEAU FRANC. Fringilla domestica. LiN. Syst. nat. édit. 13, g. 112. Le moineau franc. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 72. De tous les oiseaux connus il n’en est point de plus répandu dans tous les départemens de la France que celui-ci ; aucun ne porte des noms vulgaires plus variés. À Paris et dans le département de la Somme, on le nomme pierrof, Dans le département de la Seine-inférieure, on 173 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE l'appelle gros-pillery ; dans celui de la Loire-inférieure, il est connu sous la dénomination de paisse ou de paissorelle dans ceux de la Meuse, des Vosges et de la Meurthe, le peuple le nomme mouchat ou mouchot. Le moineau, sans doute, n’auroit pas besoin de des- cription; car il n’est personne qui ne soit à portée de le voir, en tout temps, autour de nos habitations, soit à la ville , soit à la campagne , où il vit presque familière- ment, et en nombre, pour ainsi dire, proportionné a la population. Cette proportion est d'autant plus facile a saisir, qu'il est évident qu’une plus grande population lui fait trouver de plus grandes commodités, soit pour établir son nid pendant l'été, soit pour se préserver de la rigueur des frimas pendant l'hiver, soit enfin pour rencontrer une nourriture abondante en tout genre: car cet oiseau ne pille pas seulement nos greniers à grains, de même que nos moissons, mais on peut dire qu'il s’accommode de toutes les substances. Le moineau a de longueur totale, mesuré de l’extré- mité du bec à celle de la queue, cing pouces dix lignes; son vol est de huit pouces huit lignes, et ses aïles, lors- qu'elles sont ployées, atteignent le tiers de la longueur de sa queue. Le sommet de la tête de cet oiseau, ainsi que ses joues, sont d’une couleur cendrée bleuàtre , sombre ; le tour de ses yeux, de même que l’espace compris entre eux et le bec , est noir; une bande d’un rouge bai s'étend dun œil à l’autre en traversant l’occiput; toute la partie supérieure de son cou est variée de roux et de noir, ainsi que Le dessus de son dos, dont le bas est d’un gris brun, de même que le croupion et les couvertures supérieures de sa queue. Les plumes qui recouvrent sa gorge et le dessous de son cou, sout noires, bordées de cenudré à leur extrémité; les côtés D'ORNITHOLOGIE. 175 du cou, la poitrine, les flancs et les jambes, sont d’un ceudré brun ; le ventre est d’un gris blanc; il a sur chaque aile une bande transversale d’un blanc sale, sur un fon 1 de couleur de terre d'ombre; les pennes de ses ailes et celles de sa queue sont noirâtres en dessus et cendrées en dessous. La femelle est un peu plus petite que le mâle, et les nuances des couleurs de son plumage sont en général plus claires; elle n’a point, comme lui, de noir sous la gorge. L'un et l’autre ont l'iris des yeux couleur de noisette ; le mâle a les pieds couleur de chair sombre, le bec et les ongles noirûtres , la base de la mancibuie inférieure jaunètre; la femelle a le bec, les pieds et les ongles d’un gris brun. Le moineau femelle fait trois pontes par an, etchacune d’elles est composée de quatre ou cinq œufs d’un blane cendré, parsemé d’un grand nombre de taches brunes 1). Le plumage du moineau est sujet à varier; car non- seulement nous en avons vu plusieurs d’un brun presque noir, mais nous en possédons un dans notre cabinet, et qu’une multitude de personnes ont examiné, qui est en- tiérement d’un blanc de neige à bec et pieds bruns avec ne nn | 1) Dans plusieurs départemens, et en particulier dans ceux de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges, le peuple , à la ville comme à la campagne , est dans l'habitude de suspendre au pourtour de sa maison des pots de terre fabriqués tout exprès pour cela, dans lesquels le moineau fait plusieurs pontes chaque année, et on a grand soin de dénicher les jeunes pour s’en régaler. Il n’est pas rare de voir plusieurs douzaines de ces pots rangés tout autour de chaque maison d’un fermier, et nous avons été témoins d’una des captures faites par un cultivateur, qui se montoit à trente- deux petits qu'il avoit dénichés dans plusieurs de ces pots, dont il gommoit l’assemblage son colornbier. 174 | TABLEAU ÉLÉMENTAIRE des ongles noirs : il était le cinquième d’une nichée par- faitement blanche. Celui qui est dans notre collection fut tué en 1789, dans la commune, de Frêne prés de Mire- court, où il étoit né dans une vieille tour de l'église. Les cinq individus de cette nichée entièrement blanche pa- roissoient trés-sauvages, sans doute à cause de la guerre continuelle que leur livroient les moineaux ordivaires : aussi ces malheureux, que la couleur de leur plumage sembloit avoir dévoués aux persécutions de leurs sem- blables , passoïent-ils des journées entières sur le bord du trou qui avoit été le berceau de leur enfance, constam- ment occupés à se défendre contre leurs attaques. Le curé de cette commune, qui connoissoit notre ardeur à recueillir tous les objets de curiosité en histoire naturelle, eut la complaisance de tuer celui que nous possédons et de nous le faire parvenir aussitôt, avec l’assurance des soins qu'il se donneroit pour nous procurer toute la nichée ; mais ses peines furent superflues , car ils disparurent sans qu'il pût deviner ce qu'ils étoient devenus. Nous avons conjecturé que cette couleur blanche avoit été pour la famille un présent fatal de la nature, qui les avoit fait remarquer plus facilement des oiseaux de proie qui en avoient fait leur nourriture. Le moineau, pris jeune, est susceptible d’une sorte d'éducation, et même d’attachement pour son maître; sa vie est de longue durée: nous en avons la certitude dans un individu mâle, qu'une de nos tantes a conservé l’espace de dix-huit ans, à la fin desquels il trainoit, à la vérité, une-vie languissante ; il étoit alors criblé d’infirmités, etil termina sa carrière par suite du froid excessif d’une nuit de l'hiver de 1788. Dans les dernières années de sa vie cet oiseau, qui étoit très-méchant, et qui béquetoit à emporter la pièce, D'ORNITHOLOGIE. 175 avoit son plumage mêlé de beaucoup de blanc, surtont sur la tête, comme cela arrive à tous Les animaux, sans parler de l’homme, qui outre-passent les limites ordinaires de la vie. Les moimeaur sont de vrais fléaux pour le jardinage, sur- tout dans le temps de la maturité des cerises et des raisins, dont ils entament à coups de bec, pour s’en nourrir, le fruit le plus avancé en maturité : ils sont alors si audacieux qu'aucune espèce d’épouvantails ne les infimide que momentanément; ils les considèrent de tous côtés, et bientôt leur insolente gourmandise se familiarise avec eux, au point d'aller manger lesfruits mêmes qui touchent a ces épouvantails. Cependant, si nous les considérons sous un autre point de vue, ils sont un bienfait pour l’a- griculture , en ce que leur appétit carnacier purge les vé- gétaux d’une légion de chenilles qui, sans leur secours, détruiroient toutes les espérance du cultivateur. 2.” LE. FRIQUET. Fringilla montana. Lan. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. Le moineau de campagne. Bris. Ornith. t. 3, p.82, ( Voyez la planche X de cet ouvrage. ) Le friquet est encore un de ces oiseaux dont les noms vulgaires sont extrêmement variés, suivant les différentes contrées de la France qu’il habite. Ici, on l'appelle moineau à collier, moineau des champs, moineau de campagne , moineau de montagne, moineau de murailles, moineau de noyer, moineau fou, moineau sauvage, moineau d'eau ; là, passerou de murailles, passerine folle; ailleurs, pape- teau, paisse de saule, saulet-pétrat, etc. Le friquet est un peu plus petit que le PR avec lequel il a beaucoup de ressemblance, à cela près 176 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE que le sommet de sa tête est d'un rouge bai; ses joués sont d'un blanc sale, coupé par une tache noire placée entre l'œil et le bec; son croupion et les couvertures du dessus de sa queue sont d'un gris assez agréable; lé dessous de son corps est d’un gris blanc: du reste, il réssemble en tout au moineau-franc ; le mäle de l’un et de l'autre ont la gorge noire. La femelle du friquet n’a ni la gorge noire, ni le dessus de la tête d’un rouge bai, comme son mâle. Elle fait or- dinairement deux pontes par an : la premiére a lieu au printemps. Son nid, qu’elle pl ce dans des troncs d’arbres creux, ou bien dans des fentes de vieilles murailles ou de rochers, est composé d'herbes sèches, de soies de cochons, de plumes et de bourre. Elle ÿ pond de cinq à six œufs d’un blanc sale, tachetés de brun. k On prétend (nous regrettons de n'avoir pas été à portée de l’observer ) que parmi ces œufs il s'en trouve toujours un plus petit que les autres, et que l’eiseau qui en éclôt est aussi toujours le plus petit de la famille. Le mâle et la femelle friquets ont l'iris brun, le bee noir, les pieds et les ongles gris. Le friquet n’habite guères que les campagnes; il s'approche rarement de nos demeures; il fréquente plus volontiers le bord des chemins, et se perche sur les buissons, ainsi que sur les arbres peu élevés : il est trés-vif et toujours en’ action. Son vol. sonallure ettous ses mouvemens, ont de la grace et de la légéreté ; il est facile de l’élever et de le familiariser, si on a eu soin de le prendre dans le nid en bas âge. Son cri n’est nullementincommode : ilne pille pas, comme le moineau-franc, nos vergers, nos greniers, ni nos granges; il se contente de grains et defruits sauvages qu’il trouve dans les campagnes. A la fin del’été D'ORNITHOLOGIE. 177 les friquets se rassemblent en troupes, et volent toujours en bandes pendant l'hiver 1). 3° LA SOULCIE. Fringilla petronia. Lin. Syst. nat. éd. 13, gen. 102. Le moineau des bois. BriS. Ornith. tom. 3, pag. 88. La soulcie, qui a cinq pouces et demi de longueur to- tale, ressemble beaucoup au moineau franc par sa forme générale ; néanmoins elle est un peu plus grosse que lui, et son plumage est tout différent : le dessus de son corps est entièrement d’un gris clair, varié par un grand nombre de taches longitudinales d’un brun noirâtre, qui suivent la direction de la côte de chaque plume; le dessous de son corps est d’un blanc sale, varié de gris : les couver- tures supérieures de ses ailes, de même que ses plumes scapulaires, sont pour la plupart terminées de blanc; ce qui contraste agréablement avec les taches brunes de ces parties : les pennes de ses ailes et celles de sa queue sont brunes; toutes sont bordées de gris en dehors, à l’excep- tion des deux plus extérieures, une de chaque côté de la queue , qui le sont de blanchâtre. Chacune des pennes de cette partie est marquée à son extrémité d’une tache blanche du côté intérieur ; mais le trait le plus caractéristique de cet oiseau est une tache d’un jaune citron, placée sur le haut 1) On trouve assez fréquemment, dans les montagnes des Vosges, une espèce de friquet qui y niche dans quelque fissure de rochers, ou dans quelques trous de sapins; il est plus petit que le friquet ordinaire, dont il diffère en ce qu’au bas de sa gorge noire il a un collier blane, it a 158 TABLEAU ÉLEMENTAIRE et en avant du cou, dont l'éclat relève les nuances sombres du reste de son plumage. L’iris esfde couleur de noisette ; le bec, gris blanc dans toute sa longueur, est Brunâtre à sa pointe ; les pieds sont d’un gris clair, et les ongles noirs. La soulcie, qui, généralement parlant, malgré le sombre de son plumage, est un assez bel oiseau, ne s'approche jamais de nos habitations; elle se tient constamment dans les bois. On en prend une certaine quantité, à l’arrière- saison, sur les sauterelles, dans la partie basse ou agri- cole des Vosges. Nous doutons fort, nous avons même la presque-cer- titude, que la soulcie, que les oiseleurs nomment dans ce département moineau des bois, ne niche pas dans nos con- trées, où elle n’est qu'un oiseau de passage ; etnous sommes assurés qu’on n'en voit point dans nos montagnes, dont sans doute la température est trop froide pour elle. Cette observation , si elle étoit bien censtatée, ne nous laiïs- seroit aucun doute que la soulcie ne fût un oiseau des pays méridionaux qui ne paroit chez nous qu'aux époques de ses émigrations. DEUXIEME TRIBU. Les oiseaux qui composent cette seconde tribu ont pour caractères distinctifs le bec en cône plus court que celui du 10ineau; sa pointe est moins longue, mais elle est plus aiguë; les deux mandibules sont droites ,;entières et sans échancrures ; la base du bec est bien moins large que la tête. Cette iribu contient dix espèces , savoir : D'ORNITHOLOGIE. 179 lé pinson ordinaire , le pinson brun , le pinson d’ Ardennes , le pinson de montagnes , le pin- son de neige ou yiverolle , la linotte commune, la Zinotte de vigne , le gyntel de Strasbourg, le cabaret , et le serin des Canaries. 1° LE PINSON ORDINAIRE. Fringilla cœlebs. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. Le pinson. BriS. Ornith. tom. 3, pag. 148. Le pinson ordinaire, un peu moins gros que le moi- eau, a de longueur totale, depuis l’extrémité du bec jusqu’à celle de la queue, six pouces quatre lignes ; son vol est de neuf pouces dix ligues, et ses ailes, lorsqu’elles sont ployées, s’étendent jusqu'aux trois quarts de la lon- gueur de sa queue; il a l'iris d’un brun noir, le bec rou- geâtre dans toute sa longueur et terminé par une pointe brune : ce bec est assez fort pour faire couler le sang des personnes qui veulent retenir captif cet oiseau dans leurs mains 1). Ses pieds et ses ongles sont de cette dernière couleur. Les plumes du dessus et du derrière de sa tête, celles de son cou, de son dos, ainsi que ses plumes scapulaires, sont d’un brun marron ; seulement celles du dessus de la tête et du derrière du cou sont cendrées à leur origine, 1) Plusieurs auteurs prétendent que le pinson tire son nom de l'habitude qu'a cet oiseau de pincer avec son bec; mais nous penchors plus volontiers pour l'opinion de Frisch, qui tire-lé- timologie de ce nom du mot allemand pinck, dont la pronon- ciation, dans cet idiome, sonne à peu près comme le cri de cet animal. 12 * 180 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE et teintées d’une couleur bleuûtre. Son front est revêtu de plumes noires, dont l'extrémité est grise; ses joues, de même que sa gorge, le devant de son cou, sa poitrine et ses côtés, sont d’une couleur vineuse, qui, dans le temps des amours, prend chez le mâle seulement une teinte de rouge qui, vue au soleil, estassez éclatante. Son ventre, ses jambes .et les couvertures du dessous de sa queue sont d’un blanc lavé de roussâtre. Les grandes cou- vertures de ses ailes sont noires, bordées de blanc jau- nâtre ; les moyennes sont blanches, et les petites cendrées; les pennes de ses ailes, brunes en dessus et cendrées es dessous, sont extérieurement bordées de jaunûtre et in- térieurement de blanc. Les deux pennes intermédiaires de sa queue, qui est fourchue, sont grises, tachetées de noir à leur extrémité; les autres sont noires, tachetées de blanc à leur bout. Outre que les couleurs de la femelle sont moins vives que celles du mâle, celle-ci en diffère encore en ce qu'elle a la gorge, la poitrine, le haut du ventre, les côtés, ainsi que les jambes, d’un blanc lavé de roussätre; son bas- ventre, de même que les couvertures inférieures de sa quéue, sont d’un brun verdâtre. Le pinson ordinaire est un oiseau généralement répandu dans toute la France, où il est constamment sédentaire 1), : 1) En disant que le pinson est constamment sédentaire en France, nous n’avons voulu dire autre chose, sinon qu’il restoit de ces oiseaux pendant les plus grands froids dans nos vergers ; car il est bien certain qu’une partie de l’espèce voyage. Gesner et Linnæus l’avoient déjà remarqué ; et ils ajoutent sur la neigration J 3 } 5 de ces oiseaux une singularité très-remarquable; c'est que les (a) | 3 femelles voyagent, tandis que les mâles restent l'hiver dans le ne) 1 pays:en vain Gueneau de Montbéliard et Mauduyt ont-ils voulu D’ORNITHOLOGIE. 16 : pusqu'on l'y rencontre en abondance dans toutes les saisons ; il est d’un naturel vif, gai, ét toujours en mou- vement; sa vivacité est même passée en proverbe pour désigner un homme d’un caractère enjoué, car on dit communément de lui qu'il est gai comme un pinson. Le chant du pinson semble être l'avant-coureur des premiers beaux jours du printemps ; il donne alors à l'organe de sa voix une extension telle , qu’on l'entend de tres-loin ; il a un autre cri, qui est une: espèce de rà- lement, qui n’est point fort agréable, et que l'on regarde comme une annonce de la pluie. Cet oiseau , réduit en servitude, ne tarde pas à s’appro- prier le chant de plusieurs autres espèces, qu'il contrefait assez bien. En liberté, 1 eonstruit un nid, que tout le monde connoît, aussi industrieusement que solidement, sur les arbres des forêts, comme sur ceux de nos ver- gers. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un gris rou- geàtre, semés de taches noiràtres. On prend à la pipée, dans la ci-devant Lorraine, une quantité de pinsons quelquefois si considérable, qu'eu un instant ils ont détendu tout l’arbre et les ployans : cela arrive plus particulièrement lorsqu'ils commencent à se rassembler pour leur migration ; il suflit, lorsqu'une de ces bandes. passe dans les environs de la pipée, de faire crier un individu de leur espèce, ou de savoir en con- trefaire parfaitement le cri, et alors ils incombent sur révoquer ce fait en doute ; il n’est point du tout invraisemblable, puisque d’autres espèces d’orseaux partagent cette habitude, qui tient probablement à quelque différence dans leur organisation. Les jeunes pinsons ne perdent pas les pennes de jeurs ailes et de leur queue à leur première mue ; ces pennes ne tombent qu'à la seconde, qui a lieu un an après la première. 184 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Farbre et on les entend tomber de toutes parts autour de la loge, d’où il faut bien se garder de sortir; autr'e- ment ce qu'il en resteroit à prendre fuiroit pour ne plus reparoître. 2° LE PINSON BRUN. Fringilla flavirostris. LAN. Syst. nat. éd. 13, g. 112. Le pinson brun. Bis. Ornith. tom. 3, pag. 154. Cette espèce de pinson, dont la plupart des ornitholo- gistes n'indiquent pas le pays natal 1), est périodique- ment, chaque année, de passage dans les départemens des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse : mais ce passage, qui est extrèmement nombreux en individus, ne dure que depuisla mi-août jusqu’à la mi-septembre. Pendant ce laps de temps, les oïseleurs, surtout ceux de la partie agricole des Vosges, en prennent une énorme quantité chaque jour. On nomme vulgairement cet oiseau pinson d’ Ardennes , Jaux pinson, pinson de bois ou pinson noir. Des son arrivée, et durant le séjour qu'il fait parmi nous, cette espèce de pinson se tient volontiers sur la lisière des forêts qui avoisinent les champs qui viennent d’être récoltés : c’est de cette lisière que, dés la pointe du jour et vers le coucher du soleil, ils se répandent en troupes nombreuses dans ces champs pour y recueillir, sans doute, les différentes espèces de graines que la fau- 1) Quelques auteurs prétendent que le pinson brun est un habi- tant des pays du Nord ; qu’on le trouve non-seulement en Suède, où Linnæus dit qu’il s’appelle riska, mais encore en Norwège et dans la Sibérie orientale. D'ORNITHOLOGIE. 183 cille du moissonneur y a répandues : aussi à cette époque ces oiseaux sont-ils très-gras; et ce motif, joint à ce qu'ils sont des premiers passagers, fait qu’on s’en ‘accommode trés-bien sur les tables, quoiqu'on prétende que leur chair est imprégnée d’une certaine amertume. Le pinson brun, qui est un peu plus petit que le pinson ordinaire, a tout le fond de la couleur de son plumage brun , mais d’un brun qui s'éclaireit sur la partie antérieure, et qui est un mélange de cendré et de noiràtre sur la partie postérieure. Les pennes de ses aïles sont noires, ainsi que celles de sa queue, qui est fourchue; les unes et les autres sont bordées extérieurement de gris blanc. L'iris de ses yeux est d’un brun noir; son bec est jau- nâtre ; ses pieds et ses ongles sont noirs. Nous ne pouvons rien dire de la manière dont ce pinson construit son nid, du nombre de ses œufs et de leur couleur, puisque dans la saison de ses amours il n'habite pas nos climats. Quoique quelques auteurs regardent le pinson brun comme une simple variété accidentelle du pinson ordinaire , la quantité que nous en voyons chaque année nous em- pêche cependant d'adopter leur opinion. 3° LE PINSON D'ARDENKNES. Fringilla montifringille. Lin. Syst. nat.éd.13,g.112. Lepinson d’ Ardennes. Bris.Ornith. tom. 3, pag. 155. ( Voyez la planche X de cet ouvrage. ) Cet oiseau, qui est plus gros que le pinson ordinaire, est connu sous des noms différens dans les diverses con- trées de la France qu'il habite. Dans le département du 184 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Mont-Blanc, par exemple, on le nomme pincon de mon- tagne dans ceux des Vosges, de la Haute-Saône, de la Meurthe et de la Meuse , il n’est connu que sous le nom de pinson d’ Ardennes ; à la Côte-d'Or, on l'appelle fioquet, dans le département de Loir-et-Cher, ardenet, pinson des Ardennes; dans celui du Loiret, on l'appelle pichot mon- dain, pichot de mer, etc. Le pinson d’Ardennes à la tête, le dessus du cou et le dos, variés de gris jaunâtre et de noir lustré; le bas du dos et les couvertures supérieures de la queue, d’un fort beau blanc; les plumes scapulaires, de même couleur que le dessus du cou; la gorge, le devant du cou, la partie supérieure de la poitrine et le croupion, d'un roux clair (le plumage cependant est sujet à varier dans divers individus, car quelques mäles ont la tête absolument blanche, la gorge noire, et les couleurs du reste du plumage plus foibles ); les côtés roussâtres, plus ou moins tachetés de noir; le bas de la poitrine et le ventre blancs; les jambes et les couvertures du dessous de la queue, d’un blanc roussätre. Les petites couvertures de la base de l’aile sont d’un jaune orangé, et toutes les autres forment deux raies transversales d’un blanc jaunàtre, séparées par une bande plus large de couleur noire. Les pennes de ses ailes sont, a leur origine, d’un blanc mêlé de roussâtre , et brunes, bordées de blanchatre des deux côtés dans le reste de leur longueur. Les deux pennes intermédiaires de la queue, qui est un peu fourchue, sont d’un cendré foncé, bordées de chaque côté de blanchàtre; les laté- rales sont noirätres, bordées extérieurement de blanc jaunètre. Cet oiseau a six pouces et demi de longueur totale , du bout du bec à celui de la queue; son vol est de dix pouces; et lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent à peu F rés les deux tiers de la lonsucur de sa queue. D'ORNITHOLOGIE. 185 La femelle ne diffère du male qu’en ce que ses cou- leurs sont moins foncées , et qu’elles paroïssent comme éteintes et lavées. L'un et l’autre ont l'iris des yeux cou- leur de noisette, le bec jaunâtre, noir à sa pointe, et les pieds , ainsi que les ongles, gris. Le pinson d'Ardennes paroît périodiquement chaque année dans la plupart de nos départemens. Nous avons consulté tous les oiseleurs 1) et les dénicheurs de pro- fession dans le département des Vosges, pour savoir d'eux si, comme le prétendent quelques ornithologistes, cet oiseau nichoit véritablement dans nos montagnes ; tous nous ont assuré qu’il n’y étoit que de passage 2), et qu'ilne s'y trouvoit que depuis la fin de septembre jus- qu'aprés les rigueurs de l'hiver. 1) On prend beaucoup de pinsons d’Ardennes, par différens moyens, dans le département des Vosges, au moment de leur arrivée et durant le séjour qu’ils font pendant l’hiver dans ces contrées. Leur chair a beaucoup d’amertume , que on attribue au grain du genét, très-abondant dans ce département, dont ces oiseaux sont fort avides et dont ils font leur principale nour- riture. 2) Le docteur Lottinger assure que les pinsons d’Ardennes femelles sont les seules qui voyagent , tandis que les mâles res- tent dans les Vosges lorraines: ce fait vient à l’appui de celui de l’émigration des femelles de l'espèce commune du pinson, dont nous ayons fait mention dans notre note précédente , page 180. 186 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE h9 LE PINSON DE MONTAGNE. Fringilla laponica. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 172. Le pinson de montagne. Bris. Ornith. tom.3, p- 160. Le pinson de montagne, nommé aussi grand _ mantain, est un oiseau que l’on ne rencontre que trés-accidentel- Iement dans les montagnes les plus escarpées de la France 1 }; il est si rare dans celles des Vosges, qu'il nous a été im- possible , aprés six années de recherches, de nous enpro- curer plus d’un idividu; et c'est d’après celui-là seul que nous allons tracer le signalement de cet oiseau. Il a six pouces et demi de longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue; onces pouces et demi de vol; et ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, atteignent les trois quarts de la longueur de sa queue. Sa tête, qui paroïit démesurément grosse, à raison de la quantité de plumes épaisses dont elle est couverte, est d'une couleur noi- rètre , variée de roux blanchàtre de chaque côté des joues ; une raie blanche part de l’œil et descend le long du cou, qui est d’un roux clair, ainsi que la gorge et la poi- trine. Le reste du dessous du corps est blanc : tout le dessus du corps, à partir du derrière du cou, est rous- sâtre, varié de brun : les aïles sont d’un brun noirûtre ; elles sont traversées par une bande de couleur blanchtre; chacune de leurs pennes est bordée de jaune pâle et de verdâtre : celles de la queue sont noiràtres, bordées de jaunâtre en dedans. L'iris est couleur de noisette ; le 1) Le pinson de montagne est probablement le même oiseau que les habitans des montagnes du département de lIsère con- noissent sous la dénomination vulgaire de roussolan. D'ORNITHOLOGIE. 167 bec, couleur de corne dans toute sa longueur, est noir à sa pointe; les pieds € les .ugles sont noirs. Dans le pinson dr .ontagne, on remarque un caractère bien tranchant _c fort décisif; il consiste dans l’ongle du doigt post '..eur, qui est deux fois aussi long que le doigt eme;ce qui rapproche cet oiseau du genre des alouettes : avec lesquelles il a encore cela de commun , de ne chanter jamais qu’en se soutenant dans les airs, du haut desquels il fait entendre un ramage mélodieux, fort agréable. 5. LE PINSON DE NEIGE, OU LA NIVEROLLE. Fringilla australis. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. Le pinson de neige, ou niverolle. Bris. Ornith. tom, 3, pag. 162. Celui-ci, que l’on nomme nivereau sur les montagnes du département de lIsère, n’est pas plus commun sur celles des Vosges que le précédent; il n’y paroit même (et c’est toujours au sommet des plus hautes montagnes), pendant l'hiver, que dans certaines années quand le froid est des plus rigoureux; il semble préférer celles des Pyré- - nées, où il estassezabondant. Le pinson de neige est à peu prés de la grosseur du pinson d’Ardennes ; il a de longueur totale, mesuré du bout du bec à celui de la queue, sept pouces : son vol ést d’un pied; et ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, atteignent à peu près aux trois quarts de la longueur de sa queue. Sa tête et le dessus de son cou sont cendrés ; son dos, ses plumes scapulaires, ainsi que son croupion, sont d'un gris brun, varié de couleurs plus claires ; toutes les couvertures du dessus de sa queue sont noires ; le ant de son cou et tout Le dessous de son corps sont 188 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE d'un blanc éclatant; les grandes pennes de ses ailes sont noires, bordées extérieurement et terminées de blan- châtre. Les couvertures moyennes de ses ailes sont blan- ches, excepté les deux plus proches du corps, -qui sont brunes. Les deux pennes du milieu de sa queue sont noires, bordées de blanc; les latérales sont blanches, terminées de noir. L'iris est d’un brun noir; le bec, les pieds et les ongles, sont noirs. Nous ne pouvons rien dire des mœurs de cet oiseau, non plus que de sa ponte, ni du nombre et de la couleur de ses œufs, puisqu’au rapport de plusieurs ornithologistes , il ne niche que dans les pays froids. 6° LA LINOTTE ORDINAIRE. Fringilla linota. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. La linotte. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 130. D'après l'opinion de quelques ornithologistes, appuyée de celle de Gueneau de Montbéliard, qui n’est pas sans prix, nous nous sommes sérieusement occupés chaque année d'observations suivies, afin de nous convaincre s'il étoit constant qu'il n’existàt en France, comme le pré- tendent ces auteurs, qu'une seule et même espèce de linotte. Le résultat de nos observations nous a convaincus que deux espèces bien distinctes et bien tranchées de ces, oiseaux se trouvent chez nous; pour le prouver, il nous sufliroit d'affirmer -que la linotte que nous nommons ici ordinaire où grise , n’établit jamais son nid que dans des haies d'’épines, dans des genêts 1), et quelquefois 1) Nous devons observer cependant que nous avons trouvé dans des genêts un nid de lnotte de vignes ; mais c’étoit dans des montagnes où il n'existe pas de vignes; et cette exception milite 24 D'ORNITHOLOGIE. 189 dans des groseliers ou des noisetiers, tandis que la li- motte de vignes ne pose jamais le sien que sur les ceps ou sur les échalas, auxquels elle l’attachelpar plusieurs liens : mais la description individuelle de l’une et de Vautre, ainsi que la différence de leur taille respective, nous donneront la certitude que ces oiseaux forment deux espèces bien distinctes. La linotte ordinaire a de longueur totale, mesurée du bout du bec à celui de la queue, cinq pouces six lignes; son vol est de neuf pouces, et ses ailes ployées, atteignent à peu près la moitié de la longueur de sa queue. Les plumes qui couvrent le dessus de sa tête sont d’un gris brun, bordées deroussàtre; celles du dessus de son cou sont de même couleur, et bordées de même. Le dos, le crou- pion , les plumes scapulaires, ainsi que les couvertures moyennes des ailes, sont d’un brun marron clair, bor- dées chacune d’un brun plus clair encore. Les couvertures supérieures de la queue sont noires, bordées intérieu- rement de blanc, et extérieurement de gris roussàtre. La base du bec est entourée de petites plumes de cette der- nière couleur ; le tour des yeux, ainsi que la gorge, sont de cette même teinte. Le bas du cou est revêtu de plumes d’un gris brun, bordées de blanc roussâtre; celles qui couvrent la poitrine sont d’un brun rougetre, terminées de blanc roussàtre; le ventre et les jambes sont de cette dernière couleur. Les couvertures du dessous de la queue et celles du dessous des ailes sont d’un blanc lavé de rous- sâtre. Les grandes couvertures des ailes sont d’un brun noir , bordées extérieurement de gris. Les pennes des ailes en faveur de la règle générale, que jamais, dans les pays de vignobles, la /znotte de vignes ne fait ailleurs sa ponte , comme la grise n’établit jamais son nid que dans des haies ou des buissons: 190 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE sont noires et toutes sont bordées intérieurement de blanc : chacune de ces plus grandes pennes a son bord extérieur blanc , en sorté que, l’aile étant ployée, la réunion de cha- cune de ces bordures extérieures blanches forme une bande longitudinale de cette même couleur : toutes ces pennes de l'aile, si on en excepte les quatre premières, sont bor- dées de blanc à leur extrémité. La queue, qui est assez fourchue, est composée de douze pennes noires, bordées de blanc dans toute leur circonférence. L'iris des yeux est de couleur de noisette; le bec, d’un gris blanc dans toute sa longueur, est terminé par une pointe brune ; les pieds sont bruns et les ongles noirs. Outre que la femelle a les couleurs de son plumage généralement moins vives que celles du mâle, elle n’a pas, comme lui, de brun rougeûtre sur la poitrine. Cet oiseau se nourrit volontiers, lorsqu'il est en liberté, des graines du lin, et c’est sans doute ce genre de nour- riture qui lui a valu son nom : réduit en domesticité, on le nourrit avec des graines de navette. On lui préfére la linotte de vignes pour la gentillesse et pour la beauté du chant. Cette linotte est trés-commune, et en toutes sai- sons, dans toutes les parties de la France. 7 LA LINOTTE DE VIGNES. Fringillacannabina. Lin. Syst. nat. édit. 13,gen. 112. La petite linotte de vignes. BRis. Ornith. t. 3, p. 133. ( Voyez la planche XI de cet ouvrage. ) La linotte de vignes a, de l'extrémité du bec à celle de la queue, cinq pouces une ligne , et huit pouces huit lignes de vol; lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent à un peu plus de la moitié ce la longueur de sa queue, D'ORNITHOLOGIE. tot Le sommet de sa tête est rouge ; le derrière, les côtés de cette partie et le dessus de son cou, sont cendrés, avec une teinte rembrunie dansle milieu des plumes, surtout sur l’oceiput. Le dos, les plumes scapulaires, ainsi que les couvertures moyennes du dessus des ailes,sont d’un marron brun ; le croupion est blanc, teinté de roussätre; les cou- vertures du dessus de la queue sont noirètres, bordées de blanc ; la base du bec est entourée de petites plumes d’un blanc roussâtre ; le tour des yeux, ainsi que la gorge, sont de cette couleur ; le bas du cou est couvert de plumes d’un gris brun, bordées de blanc roussâtre ; la poitrine est rouge; le ventre, de même que les jambes, est d'un blanc roussàtre ; les couvertures du dessous de la queue, ainsi que celles du dessous des ailes, sont blanches, tein- tées de roussâtre. Les grandes couvertures supérieures des ailes sont noires, bordées de gris dans toute leur longueur. Les pennes des aïles sont noires, bordées extérieurement de blanc, de manière que, lorsque l’aile est ployée, la réu- nion de toutes ces bordures présente, dans son milieu, une bande longitudinale blanchâtre. La queue, fourchue, est composée de douze pennes noires, bordées de blanc de chaque côté : l'iris est de couleur de noisette; le bec est noirâtre ; la mandibule inférieure est blanchâtre à sa base; les pieds sont bruñs et les ongles noirs. | La femelle, du reste semblable au mâle, n’en diffère qu'en ce qu’elle n’a de rouge ni sur la tête ni sur la poitrine. La linotte de vignes est fort commune et fort répandue en France, et surtout dans les départemens de vignobles, où elle établit son nid sur les ceps et sur les échalas : ce nid, comme celui de la linotte ordinaire, est composé, à l'extérieur, de mousse et de feuilles séches, entrelacées et liées ensemble par de menues racines, telles que celles 192 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE du chiendent; l'intérieur est garni de quelques plumes; de crins et de beaucoup de laine. La femelle y dépose cinq ou six œufs d’un blanc sale, marqués de taches nombreu- ses d’un brun rouge vers le gros bout. Le plumage de la linofte est sujet à beaucoup de varia- tons accidentelles : aussi n'est-il pas fort rare de voir de ces oiseaux presque noirs, et d’autres qui sont parfaite- ment blancs. En 1777 ,on nous apporta un nid de linofte que l’on avoit trouvé dans les vignes: il contenoit cinq petits déja emplumés au point que les pennes des ailes étoient hors de leurs tuyaux ; quatre de ces petits étoient parfaitement blancs, et le cinquième étoit de la couleur ordinaire du plumage de ceux de son espèce. Trop grands, sans doute, pour être élevés à la buchette, ils refusérent la nourriture qu’on leur offrit, et ils périrent tous de faim. Ë Nous regrettons de n’avoir pu nourrir ces oiseaux au moins jusqu'après leur première mue, pour savoir s'ils auroient conservé ou non la couleur blanche de leur plu- mage, ou si celui qui étoit brun n’auroit pas pris dans la suite quelques nuances de blanc. La linotte de vignes, à laquelle on donne à juste titre la préférence, soit à raison de l'agrément de son chant, soit par rapport à la facilité avec laquelle on l'élève en cage , est un des oiseaux les plus susceptibles d’éduca- tion et d’amabilité : nous en avons acquis une preuve cer- taine dans un individu que notre sœur avoit élevé. Occupée dans son enfance, comme la plupart des jeunes personnes de son sexe, à nourrir plusieurs de ces petits ani- maux dont la gentillesse fait les délices et l'agrément de cet âge heureux, notre sœur avoit élevé à la buchette un jeune linot de vignes, qui étoit devenu l'être le plus aimable possible , soit à raison de sa familiarité extrême, soit par D'ORNITHOLOGIE.: 193 l’espèce de discernement qu'il apportoit à distinguer les individus de la famille, et surtout la personne qui l’avoit élevé, qu’il combloit de mille innocentes caresses. Ce charmant oiseau étoit doué d’un tel instinct, qu’il connoissoit sa maitresse au pas , lors même qu’elle iar- choit doucement dans une chambre voisine de la sienne: aussitôt qu’il l’entendoit, il l'appeloit distinctement par son nom ; à sa vue, il s'élançoit hors de sa cage prés de la porte, en témoignant , par son chant, ses cris et son allégresse, la satisfaction qu’il éprouvoit de revoir celle qu’il aimoit de préférence ; il se plaçoit sur son nez ou sur sa bouche, qu’il becquetoit affectueusement ; et la, les ailes étendues et pendantes , il lui prodiguoit mille caresses qu'il entre- méloit de son chant. Ce petit hôte emplumé appeloit par leurs noms, d’uné maniere distincte , non-seulement plusieurs personnes de la maison, mais il siffloit aussi cinq airs entiers de seri- nette, et ce qui ajoutoit à ses mélodieux concerts, c'étoit, qu'ordinairement il méêloit ensemble ces cinq airs qui, à la vérité, étoient tous dans le même ton, et il en com- posoit un petit concert capricieux, d’autant plus agréa- ble, que, presque toujours, il lioit un passage de l’un avec un fragment de l’autre, par quelques morceaux de sa composition, Cet aimable petit musicien , dont on ne se seroit pas dépossédé pour quelque prix que ce fût, termina mal- heureusement sa carrière, après avoir vécu quatorze ans ; il se noya dans son abreuvoir , ét sa mort fut, comme cela arrive toujours à l’occasion des animaux qu’on est parvenu à rendre aussi familiers, un sujet de peine et de chagrin bien sensibles et qui arracha des larnies amères à sa maîtresse, qu s’en consola difficilement, et qui résolut de s'épargner dans la suite de semblables aflictions, en renonçant à un plai- (ES 13 194 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE sir, qui, quoiqu'innocent et pur par lui-même, n‘entraîne pas moins après lui des chagrins réels. Les tendeurs aux alouelles prennent souvent dans leurs filets un grand nombre de ces oiseaux à l’arrière-saison ; qui est le moment où plusieurs de ces petites familles se rassemblent pour leur émigration ; elles forment alors des bandes quelquefois si nombreuses qu’elles paroissent de loin comme un nuage qui parcourt rapidement l'horizon. On les appelle dans le piége avec le même siffletqui sert pour les alouettes; mais c’est plutôt en contrefaifant le bruit de leurs ailes dans leurs diverses évolutions qu’en imitant leur voix: on leur fait voir l'appelant ou la mutte, et alors elles se précipitent quelquefois par centaines dans le filet. S° LE CYNTEL DE STRASBOURG. Fringilla argentoratensis. Lin. Syst. n.éd. 13, g. 112. La linotte de Strasbourg. Bris. Ornith. &. 3, p. 146. Quoique l'opinion généraleadmette le gyntelcommeunée variété de la linotte de vignes, néanmoins nous n'avons pu y adhérer, d’après les renseignemens que nous avons été à même de prendre sur cet oiseau, qui n’est pas bien connu à Strasbourg : nous donnerons pour preuve de cette assertion un fait qui nous est personnel. Ayant désiré d'obtenir quelques espèces d'oiseaux que nous croyons devoir se trouver chez les oiseleurs de cette grande commune , chef-lieu du Bas-Rhin , on nous adressa dans le courant de septembre de l'an vir, à un de ces oise- leurs le plus en réputation, dans le faubourg de Saverne, et nous ne trouvèmes chez cet homme, absolument igno- rant en crnithologie, que quelques variétés communes de D’'ORNITHOLOGIE. 195 pigeons, des serins , des bouvreuils, des chardonnerets ; des farins et des linottes. Parmi ces dernières nous en remarquâmes une à pieds rouges, que nous supposämes , sans la connoître, être le gyntel, et on nous la vendit à essez vil prix, pour une linotle de vignes ; cet oiseau nous parut être un mâle ; et le désir de le conserver , soit pour en entendre le chant, soit afin d'en étudier les mœurs, nous engagea à lui don- ner‘ des soins tout particuliers : nous le nourrissions avec des graines de navettes et de millet ; mais soit que cette nourriture ne lui convint pas , soit que le chagrin de sa captivité isolée l’affectàt, il fut toujours d’une mélanco- lie extrême, à laquelle il ne faisoit aucune diversion que pour béqueter un morceau de sucre, dont il étoit trés-friand. Malgré nos caresses et nos agaceries, il resta constamment sauvage, au point qu'a l'approche d’une per- sonne . quelle qu’elle fût, il étoit tellement saisi de frayeur, qu'il se seroit volontiers brisé la tête contre les barreaux de sa cage : ilne vécut ainsi quesix semaines, et termina sa carrière, en nous laissant de son caractére insocial une opinion peu favorable. Depuis cette époque, nous avons remarqué chaque an: née, en automne, des passages de gyntels dans les mon- tagnes des Vosges. Quoique toujours ils fussent en petite quantité et que leur apparition ne duràt que quelques jours dans ces contrées, cependant nous avons pu nous assurer, soit d’après. leurs mœurs , soit d’après un caractère toujours invariable, celui de leurs pieds rouges, qu’ils forment une race distincte et constante. Quant à leur plumage , nous n’y avons vu aucune diffé rence d'avec celui de la linoftte de vignes, sinon que, dans quelques individus, que nous avons reconnus par la dis- section être des màles, les teintes brunes du dos étoient 13% 396 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE beaucoup plus sombres que dans le mâle même de la Z:- notte de vignes , celles de la poitrine plus rousses et plus mouchetées de brun, et le ventre beaucoup plus blanc. Cette couleur au reste pouvoit paroître plus éclatante, par la raison qu’elle étoit en opposition avec d'autres couleurs plus rembrunies. Dans d’autres individus, ces mêmes parties, vues sur- tout au soleil, paroïssoient d’un brun jaune doré. Dans jes uns comme dans les autres, l'iris de l’œil étoit d’une couleur de marron clair; le bec d’un jaune orangé dans toute sa longueur ; les pieds plus ou moins rouges, sui- vant les divers individus, et les ongles d’un brun noir. La taille de cet oiseau est absolument la même que celle de la linotte de vignes , el sa queue est également fourchue. Nous avons remarqué que le gynlel, qui ne paroit ja- mais en troupes fort nombreuses dans nos montagnes, sembloit y rechercher avec une sorte d’avidité les baies de genevrier, dont il paroïssoit faire de préférence sa nour- riture. j 9. LÉ CABARET. / Linaria minima. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 119. Lupetite linotte , ou Le cabarct. Bris. Orn. v. 3, p. 142. Le cabaret est, pour la plupart de nos départemens, un oiseau de passage qui y arrive en automne et qui en dispa- roît au printemps : il est connu dans le département des Vosges sous le nom vulgaire de linotte de Bourgogne. Le cabaret est un oiseau presque toujours solitaire, où du moins qui va de compagnie peu nombreuse : son chant est fort agréable 1). On le prend facilement aux piéges 1) Quelques auteurs ont prétendu que le cabarel n'avoit aucune D'ORNITHOLOGIE. 197 pendant l'hiver ; il s’habitue d’abord très-difficilement à la captivité, puis il finit par la supporter au point de devenir familier. C'est la plus petite des linottes, car elle n’a que quatre pouces six lignes, du bout du bec à celui de la queue, etsept pouces de vol. Le sommet de sa tête est d’un rouge assez vif; elle a, sur le croupion , une tache de la même couleur. De chaque côté de sa tête, on voit une petite tache d’un brun roussätre, qui est placée entre le bec et l'œil. La base de la mandibule supérieure de son bec est entou- rée de petites plumes brunes, qui se dirigent d’arrière en avant, et qui couvrent ses narines. Sa gorge est marquée d’une tache noirâtre: sa poitrine est roussâtre et son ventre blanchâtre; elle a les côtés variés de brun sur un fond roussätre. Le dessus de son corps est un mélange de brun et de roussâtre; l'aile, de couleur brune, est traversée par une bande d’un blanc roussâtre, et les pen- nes qui la composent sont bordées intérieurement de blanchâtre et extérieurement de roussatre. Les pennes de sa queue sont brunes, bordées, tout autour, d’un fi- let roussàtre, et elles sont fourchues. L'iris est couleur de noisette rougeàtre ; le bec est jaunâtre dans toute sa longueur, terminé de noir à sa pointe ; les pieds sont bruns, ainsi que les ongles, qui sont fort alongés; celui du doigt postérieur est plus long que le doigt lui-même. La femelle n’a point de rouge sur le croupion,et celui qu’elle a sur la tête est moins vif que dans le mâle. espèce de chant, sans doute parce qu’ils ne l’avoient point en- tendu; mais nous , qui en avons élevé plusieurs, nous assurons que son ramage filé est doux et agréable. Lorsque cet oiseau est réduit en servitude , il ne tarde pas à perdre le rouge de sa tête et de son croupion, pour ne le reprendre jamais, du moins tant que dure son esclavage. 198 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 10. LE SERIN DES CANARIES: Fringilla canaria. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. Le serin des canaries. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 184. Quoiqu'originaire desiles Canaries , le serin , cette espèce d'oiseau la plus aimable que nous ayons adoptée, et que nous nourrissons en Cage pour notre plaisir et notre amu- sement, s’est tellement acclimatée dans toute l’étendue de la France, que nous ne devons pas balancer de la mettre au nombre de nos oiseaux indigènes , et avec d'autant plus de raison, que de temps immémorial elle y vit et s'y propage comme dans son pays natal. Le serin est à peu près gros comme le friquet; sa lon- gueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de cinq pouces, trois lignes; il a sept pouces, dix lignes, de vol, et ses ailes ployées s'étendent un peu au-delà du mi- lieu de sa queue. Tout son corps est couvert de plumes blanches à leur origine, et d’une belle couleur de citron a leur extrémité, en sorte qu'il n’y a que cette couleur qui paroît lorsque les plumes sont couchées, d'avant en arrière, les unes sur les autres. Les pennes de ses ailes et de sa queue sont d’un jaune citron du côté extérieur, blanches du côté intérieur, et la queue est un peu four- chue. L'iris de ses yeux est brun, le bec blanc; les pieds et les ongles sont d’un blanc animé par une légère teinte de couleur de chair. La femelle est d’un ton de couleur plus foible que le mâle. Il est des femelles qui font quatre ou cinq pontes par an; elles sont composées chacune de quatre à six œufs. On prétend que la serine pond toujours à la même heure, et D'ORNITHOLOGIE. 109 que, de même que la femelle du friquet, son dernier œuf, ainsi que le petit qui en éclôt, sont toujours moins gros que les autres. | Nousregrettons que les limitesde cetouvragene nous per- mettent pas d'entrer dans les détails intéressans des mœurs et des habitudes de cetoiseau aussi aimable qu’il est innocent. Nous aurions bien désiré aussi pouvoir donner les ren- seignemens nécessaires pour les élever et les traiter dans leurs différentes maladies ; mais puisque nous nous som- mes circonscrits dans un certain espace, nous nous con- tenterons de renvoyer au Trailé des Serins des Canaries par M. Hervieux, vol. in-12, Paris, 1713. Tous les serins ne viennent pas originairement des îles Canaries : il en existe une espèce, connue dans plusieurs de nos départemens sous le nom de cini, qui y vit en liberté et s’y propage dans les forêts, comme le serin aux îles Canaries. C’est surtout dans les départemens de la Haute-Garonne, des B:éses-Pyrénées et des Bouches-du- Rhône, que l’on rencontre cet oiseau, qui dela se répand dans les départemens de l'Ain, de l'Isére , de la Côte-d'Or, et quelquefois , mais plus rarement, dans ceux de la Meur- the etdes Vosges 1). 1) Pendant nos vacances dans les Vosges, en 1769, nous nous lirrions, ainsi que le font tous les écoliers durant ce temps de relâche de leurs études , au plaisir innocent des tendues aux petits oiseaux, lorsque, sur une de nos pipes à tarins , il s’abattit une troupe de huit ou dix cénrs : trois seulement d’'entr’eux s’engluèrent, et furent de suite mis à la volière commune. Un de ces captifs périt en peu de jours , et les deux autres vécurent plus:eurs années : v’étoient deux mâles. Nous crûmes d’abord qu’ils étoient d'une espèce par- liculière de gros tarins (l'opinion des oiseleurs de nos pays, aussi peu instruits que nous l’étions alors , nous décida facilement à cette croyance ) : mais lorsqu'aux premiers beaux jours du printemps ils 200 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Le cini est un peu plus petit que le serin ordinaire, avec lequel il a d’ailleurs beaucoup de ressemblances , à cela près que le devant de sa tête, sa poitrine et son ventre sont d’un beau jaune teinté de vert; son cou, également jaune, est orné d’un coller verdâtre; un mé- lange de jonquille, de vert et de noir, est la couleur de son plumage sur les côtés de la tête et sur la partie su- périeure des ailes. Tout son dos, ainsi que ses ailes, est un amalgame de vert, de gris et de noir. Son croupion , ainsi que sa poitrine , est de couleur jonquille, et cette dernière partie est comme ondée. Deux taches longitudinales, et des traits noirs qui suivent la direction des ailes, sont placés aux deux côtés de la poitrine et sous le ventre; toutes les taches dont le plumage de cet oiseau estmarqué nesontpoint tranchées , mais fondues par ondes les uns dans les autres. Les couvertures supérieures de ses ailes sont de même cou- leur que le dos, seulement chaque plume qui les compo- se, est bordée d’une légère teinte de jaune. Les pen- nes des ailes et de la queue sont d’un brun noiràtre, bor- dées légèrement de gris. La queue, composée de douze pennes, est fourchue et un peu plus courte que celle äu serin ordinaire. L'iris est de même couleur , ainsi que les pieds, les ongles et le bec; ce dernier est seulement plus court et un peu plus petit que dans le serin ordinaire. La domesticité et les accouplemens que l'on fait des © © © < ———————— ——_——— déployèrent leur gosier, nous ne doutâmes nullement qu’ils ne fussent des serins échappés de quelque volière. Leur chant néanmoins ne nous paroissoit ni aussi beau ni aussi clair que celui du serin ordinaire ; mais nous attribuions cette imperfection à l’état de misère dans lequel nous supposions qu’ils avoient langa pendant le temps qu'ils furent en liberté. Un de nos amis nous demanda un de ces mâles pour en faire un mariage avec une serine, et il résulta de cette union des petits qui furent féconds. D'ORNITHOLOGIE. 201 serines des Canaries avec des mäles de chardonnerets, de bouvreuils, de linots, de tarins etc., font singulièrement varier le plumage des petits qui sont le résultat de ces unions , dans lesquelles il est aujourd’hui impossible, pour ainsi dire, de se reconnoître , de même que dans la race des chiens. Néanmoins, l'immortel Buffon ayant reconnu vingt- neuf variétés dans la seule espèce du serin des Canaries, nous croyons ne pouvoir mieux faire que de transcrire ici le tableau que ce naturaliste incomparable en à dressé , en commençant par les plus communs et en finissant par les plus rares. :1.° Le serin gris commun. 2,° Le serin gris, aux duvets et aux pattes blanches, qu’on appelle race de panachés. , 3. Le serin gris à queue blanche, race de panachés. 4.° Le serin blond commun. 5. Le serin blond aux yeux rouges. 6.” Le serin blond doré. 7." Le serin blond aux duvets, race de panachés. 8° Le serin blond à queue blanche, race de panachés. 9.” Le serin jaune commun. 10. Le serin jaune aux duvets, race de panachés. 11. Le serin jaune à queue blanche, race de panaches. 12° Le serin agate commun. 13. Le serin agate aux yeux rouges. 14. Le serin agate à queue blanche, race de panachés. 15." Le serin agate aux duvets, race de panachés. 16.” Le serin isabelle commun. 17. Le serin isabelle aux yeux rouges. 18.° Le serin isabelle doré. Le serin isabelle aux duvets, race de panachés. 20, Le serin blanc aux yeux rouges, 202 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 21.° Le serin panaché commun. 22." Le serin panaché aux yeux rouges. 25. Le serin panaché de blond. 24 Le serin panaché de blond aux yeux rouges. 25.° Le serin panaché de noir. 26. Le serin panaché de noir, jonquille , aux yeux rouges. 27.° Le serin panaché de noir, jonquille et régulier. 28.° Le serin plein, c’est-à-dire, pleinement et entiè- rement jonquille, qui est le plus rare. 29.° Le serin à huppe, ou plutôt à couronne : c’est un des plus beaux. TROISIEME TRIB U. Cette troisième tribu du genre des moineaux renferme ceux de ces oiseaux dont le bec est en cône raccourci,se terminant en une pointe trés-aigué, et dont les deux mandibules sont droites et entières. Cette tribu ne contient que deux espèces indigènes de la France, savoir: le chardonneret et le tarin. 1° LE CHARDONNERET. Fringilla carduelis. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 112. Le chardonneret. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 53. ( Voyez la planche XI de cet ouvrage.) Celui-ci est un oiseau fort commun et généralement ré- pandu dans toute l'étendue de la France. En plusieurs D'ORNITHOLOGIE. 203 endroits dela ci-devant Lorraine,on le nomme vulgairement chaudronnier. Dans le département des Bouches-du-Rhône, on l'appelle cardaline. Dans celui de la Gironde, il porte les noms vulgaires de chardonneret, de chardrier, char- donneau et de cardinat. Dans le département de la Dor- dogne , il est connu sous le nom de cardelino. Dans celui de la Somme. on l'appelle cadorne, et les jeunes qui n’ont pas encore pris leurs belles couleurs, grisebs. La beauté du plumage de cet oiseau, ainsi que l’agré- ment de son chant, le font remarquer et rechercher pour en faire d’aimables captifs. Le chardonneret a, du bout du bec à celui de la queue, cinq pouces, trois lignes, de lon- gueur, et neuf pouces de vol ; lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent un peu plus que la moitié de la longueur de sa queue. Le devant de sa tête, ses joues et sa gorge sont d’un rouge éclatant : de la base de son bec il part, de chaque côté, une bande noire qui s'étend jusqu'aux yeux. Le dessus et le derriére de sa tête sont noirs, et cette même couleur s'étend un peu en descendant sur les cô- tés du cou. Tout le dessus de cette partie, son dos, son croupion , les couvertures de sa queue, sa poitrine, ses côtés et ses jambes, sont d’un brun roux, plus foncé sur le cou, et qui va en diminuant insensiblement, par des teintes plus claires, jusque sur le croupion; cette même teinte se dégrade également de la poitrine en passant sous le ventre, où elle arrive graduellement au blanc, qui s'étend sur les couvertures du dessous de la queue. Les côtés du cou, aïhsi que les couvertures moyennes du dessus des ailes, sont d'un fort beau blanc ; leurs petites couvertures sont noires, et les grandes sont de même couleur, depuis leur origine, jusque vers la moi- tié de leur longueur, et le reste est jaune, ce qui forme, 204 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE sur chaque aile, une bande transversale de cette même couleur. La premiére des pennes de l'aile est parfaitement noire; toutes les autres sont noires aussi , mais elles sont ter- minées de blanc; chacune des grandes pennes a son côté extérieur jaune, depuis son origine jusqu'aux deux tiers de sa longueur ; toutes sont bordées intérieurement de blan- châtre. Les pennes moyennes sont jaunes du côté exté- rieur, et blanches du côté intérieur, depuis leur ori- gine jusque vers la moitié de leur longueur; le reste est noir, terminé de blanc. La queue est composée de douze pennes noires; sur la plus extérieure , de chaque cô- té, on voit une grande tache blanche, qui est placée du côté intérieur ; la penne suivante, aussi de chaque côté, a une tache de même couleur , mais qui est beaucoup plus pe- tite; la troisième est parfaitement noire , et les six du mi- lieu sont terminées de blanc; toutes ces pennes sont éta- gées et rendent la queue un peu fourchue. Lris est noi- selte ; le bec estblanc dans sa longueur et noir à sa pointe ; les pieds et les ongles sont bruns. Les chardonnerets volent en troupes nombreuses ; on les voit en automne et surtout en hiver, sur les têtes des chardons , y chercher avec avidité les graines ou se- mences de ces plantes, dont ils font leur nourriture. Le plumage de cet oiseau est sujet à éprouver des va- riations, surtout lorsqu'il est réduit en domesticité. Nous avons vu, chez un de nos amis, un chardonneret qu'il nour- rissoit en cage, depuis vingt ans : comme cet oiseau avoit été pris par des oïseleurs, notre ami ignoroit quel pouvoit être son àge au moment ou il l’acheta; néan- moins on le soupçonnoit être un jeune de l’année. La domesticité et la vieillesse avoient tellement influé sur la couleur de son plumage, que toutes les parties ordinai- rement rouges étoient devenues d’un noir profond, et que D'ORNITHOIOGIE: 205 celles quiétoient jaunes dans sa jeunesse, avoient pris une teinte blanche. Enfin il términa sa carrière, qui doit paroiître d’une durée extraordinaire, après une année de cécité. à On ne doit pas attribuer a la seule captivité lekévarié- tés de plumage qui se rencontrent souvent dans cêtte es- pèce d'oiseau : il n’est pas fort rare d'en trouver d’acci- dentelles dans ceux même qui vivent en pleine liberté ; nous en avons eu la preuve dans un individu de cette espèce que mille témoins ont été à portée de voir, il y a quelques années ,à Épinal, département des Vosges. Un négociant de cette commune1) acheta d’un oise- leur, qui venoit de lattraper avec une quantité d’au- tres, un chardonneret dont le sommet de la tête, le des- sus du cou, le dos et les couvertures supérieures des ailes et de la queue, étoient d’un brun marron foncé, et dont toutes les parties inférieures ou du dessous du corps étoient d’un brun plus clair ou de couleur de bistre. La base de la mandibule supérieure du bec étoit entourée d’une bande d’un rouge foncé et comme velouté, qui n’avoit qu'une ligne de largeur. Les pennes des ailes et de la queue étoient d’un noir de velours profond , avec la même tache longitudinale jaune que l’on remarque dans les autres chardonnerets. Son bec, d’un jaune enfumé, étoit noir à sa pointe et conformé de même que celui de ses congénéres ; l'iris de ses yeux, brun, paroissoit rouge sui- yant l'incidence de la lumière ; il avoit les pieds et les an- gles de même couleur que les chardonnerets ordinaires; il étoit tout aussi vif, aussi pétulant dans ses mouvemens ; il chantoit de même et se nourrissoit comme lui de grai- nes de chenevis. oo 1) M. Xavier Leclerc, 206 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Cet oiseau mourut pendant les grosses chaleurs de l'été. Son maitre, qui nous l’avoit promis pour notre cabinet, au cas qu'il vintà mourir, ne nous manqua pas compléte- ment de parole ; mais la curiosité ayant fait passer cet oiseau de mains en mains, pendant plusieurs jours, il lui fut impossible de nous le remettre, sinon au moment où il étoit tellement putréfié qu'il étoit hors d'état d’être em- paillé ; et nous avons regretté, pour les galeries du Muséum de Paris, de ne l'avoir pas monté plume à plume. C’est de préférence sur les pruniers et sur les noyers que le chardonneret fait son nid ; il le construit avec autant d'art que de solidité: le dehors est formé de fi- bres de plantes ou de crins entrelacées , affermies et re- tenues par deslichens , des feuilles de l’hépatique d’eau et de la mousse ; le dedans est garni de poils d'animaux, de laine et de duvet de différentes espèces de plantes. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d'un blanc sale, tachetés de brun rougeàtre vers le gros bout. Elle les couve avec une tendresse si affectueuse et si exemplaire pour bien d'autres méres qui se piquent de raison, qu’on a vu de ces pauvres petits animaux, dans des mo- mens d’orages violens , accompagnés de grêle, se laisser plutôt meurtrir, déplumer et même tuer par la pluie conge- lée, que d'abandonner l’objet chéri de leur tendresse. Les oiseleurs du département des Vosges prennent les chardonnerets avec des plumes ébarbées de poulet ou de pigeon, qu'ils passent lune dans l'autre, en les dispo- sant en sautoir; aprés en avoir fendu une dans son mi- Leu, et avoir fait passer l’autre dans cette fente , ils en- duisent de glu la partie ébarbée de ces plumes et Les po- sent, par leurs tuyaux non englués , sur les têtes du chardon à foulon, dans lesquelles ces aiseaux viennent cher- D'ORNITHOLOGITE. 207 cher les graines ou semences dont ils font leur nour- riture, et d’où probablement ils on tiré leur nom. À quelques pas de là, on plate dans une cage, que l’on cou- vre de verdure , un chardonneret màle, que les oiseleurs nomment appelant. Celui-ci appelle effectivement, par son chant, qu'il anime à leur approche , ses semblables qui passent au vol dans le voisinage : ceux-ci, alléchés par la vue de plusieurs chardons et surtout par le chant d’appel d’un des leurs, s'abattent avec empressement sur ces têtes dont ils ne soupçonnent pas la perfidie ; ils s’y engluent dans les sautoirs de plumes, qui tombent avec eux, et on les prend aussitôt; on les dépose tous dans une calotte ou fond de chapeau, garni d’un filet à bourse, et arrivé à la maison, on les place dans une voliere. 2° LE TARIN. Fringilla spinus. Lin. Syst. nat. édit, 13, gen. 112. Le tarin. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 65. Le farin est un oiseau de passage périodiquement ré- pandu chaque année à certaines époques dans toutes les contrées de la France. Dans les départemens de la Haute- Saône, des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse , où on le nomme vulgairement térin, il n’y paroït que depuis le commencement d'octobre jusqu'au printemps 1). 1) Nous tenons d’un observateur digne de foi, que le farin niche dans les plus hautes montagnes des Vosges, et particulièrement sur le onon , et nous Savons par nous-mêmes que les farins pas- sent en bandes assez nombreuses, au printemps, dans la plaine , pour se rendre à ces montagnes , d’où ils descendent , après la couvée, 208 TABLEAU ÉLÉMENTAIRÉ Le tarin est de la grosseur de la linotte ; il a quatre pouces, neuf lignes, de longueur totale; sept pouces, huit lignes, de vol; etses ailes ployées atteignent les deux tiers de la longueur de sa queue; son bec, bien plus court à proportion que celui du chardonneret, est blanc, à l'ex- ception de sa pointe qui est noirâtre; l'iris de ses yeux est noir, et ses pieds, ainsi que ses ongles , sont gris; le dessus de sa tête est noir, sa gorge brune; le devant de son cou, jaune, ainsi que sa poitrine et les plumes latéra- les de sa queue: son ventre est d’un blanc teinté de jau- nâtre : tout le dessus de son corps est d’un vert d’olive moucheté de noir ; cette couleur verte s’éclaircit insen- siblement à mesure qu’elle approche du croupion, où elle acquiert une teinte de jaune qui s’éclaircit encore davan- tage sur les couvertures supérieures de la queue. Les gran- des pennes de ses ailes sont noirâtres , bordées extérieure- ment d’olivâtre ; les deux intermédiaires de sa queue sont de même couleur et bordées de même du côté extérieur, et de gris du côté intérieur et à leur extrémité; les pen- nes latérales de cette partie sont jaunes, terminées de noirâtre et bordées de gris; ces pennes sont disposées de manière que la queue est un peu fourchue. La femelle différe du mâle en ce que sa gorge est blanche et que les plumes noires du sommet de sa tête sont bofdées de gris. Cet oiseau, quoique pris au piége, est susceptible de FOR ARR es ee Ne Re Ci en septembre et en octobre, dans Île reste de l’étendue de la ci-devant Lorraine : là, on leur fait la chasse au moyen d'ün appelant de leur espèce, qui est renfermé dans une cage que Von entoure de plusieurs bâtons inelinés que l’on a fichés en terre et que l’on a garnis de gluaux; ces gluaux sont soutenus ainsi obliquement , par unede leurs extrémités, dans de petites entailles qu’on a faites avec le couteau à ces bâtons. # D'ORNITHOLOGIE. 209 s’apprivoiser en tres-peu de temps, au point d'acquérir une telle familiarité qu'il vient manger dans la main de celui qui le soigne habituellement. Sa forme élégante, sa vivacité , ses mouvemens pleins de grâces, intéressent en sa faveur autant qu'ils sont propres à animer les autres oiseaux d’une volière et de les mettre tous en action: c'est un esclave gai, doué de mœurs douces et qui ne cherche querelle à aucun de ses compagnons ; il est même si bon, qu'il a l'habitude de dégorger la nourriture qu’il a prise, dans le bec des oiseaux de la volière qu'il affec- tionne particulièrement. CINQUIÈME GENRE. LES BRUANS. Tous les oiseaux dont nous avons forme ce genre ont le bec en cône raccourci; les deux mandibules droites et entières, ayant leurs bords rentrans en dedans. Indépendamment de ces caractères, ils en offrent un autre bien tranché, quileur est parti- culièrement propre; ce caractère consiste dans un tubercule osseux , placé en dedans de la man- dibule supérieure , au moyen duquel ils cassent aisement les graines dont ils se nourrissent. Nous ne connoissons dans cé genre que neuf espèces d'oiseaux qui soient indigènes de la France, ou du moins qui y soient de passage annuellement périodique, et qui y propagent leur espèce, savoir : le bruant proprement dit, 8 14 #10 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE le bruant de haie ou le zizi, le bruant fou ou de pré , le proyer, l'ortolan proprement dit , Vorto- lan de Lorraine, Yortolan de roseaux, \e gavoué de Provence et le mitilène de Provence. 1. LE BRUANT PROPREMENT DIT. Emberiza citrinella. LiN. Syst. nat. édit. 13, g. 110. Le bruant. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 258. On donne des noms différens à l'oiseau dont il est ici question, dans les diverses contrées de la France qu'il habite : dans quelques-unes, par exemple , on le nomme verdier , et cette dénomination est d'autant plus impropre, qu’elle peut faire commettre une erreur relative à la classification de cet oiseau; car, s’il étoit un verdier , il seroit du genre des gros becs, tandis qu'il est un véritable ortolan , qui conséquemment appartient au genre des bruans ; il a de ces derniers non-seulement la forme , le plumage et la délicatesse de la chair, mais il a en outre un caractère qui est commun à toutes les espèces de ce genre. Ce caractère consiste en ce que les deux portions du bec rentrent en dedans, et que dans l’intérieur de la mandibulé supérieure il se trouve, comme nous l'avons dit plus haut, un tubercule osseux qui n’existe pas dans les oiseaux du genre des gros becs. | Dans le département des Bouches-du-Rhône, on nomme ce bruant, verdelat ; dans celui de Loir-et-Cher, verdat ; dans celui de la Haute-Garonne, verdale ; dans les dépar- temens des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse , rutan et gros tarin; dans le département de la Vienne, verdoie ; dans celui de la Dordogne, verdange; dans celui de la Gironde, bardaut ; dans le département du Loiret, binery ; D'ORNITHOLOGIE: 21X et ailleurs verdin , verdon ; vert-montant, verdier-bis: sonnier, roussetle, etc. C’est en automne que le bruant passe, par petites ban des, dans les champs nouvellement moissonnés des basses Vosges, et c’est au moment de ce passage , qui est de peu de durée, que les chasseurs aux alouettes en prennent plusieurs dans leurs filets: Le bruant proprement dit est à peu prés de la grosseur du moineau franc; il est un peu plus alongéque lui : il a de longueur totale six pouces trois lignes ; son volest de neuf pouces , deux lignes , et ses ailes , ployées, s’éten- dent au-delà du tiers de la longueur de sa queue. Sa tête, ses joues et sa gorge sont jaunes ; mais Ces deux dernie- res parties sont plus ou moins mêlées de brun, selon les divers individus ou la différence de sexes ; la même dispa- rité existe dans le jaune du dessus du cou; dont la par- tie supérieure est olivâtre. Les plumes qui recouvrent tout le dessus du dos sont noirâtres dans leur milieu , roussà- tres sur les côtés et terminées de gris blanc; celles du croupion sont d'un marron clair, terminées par une cou- leur grisàtre ; la poitrine, ainsi que les côtés, sont variés de jaune et de marron clair ; le ventre et les couvertures du dessous des ailes sont d’un jaune pur; les petites couver- tures supérieures des ailes sont olivatres ; les moyennes et les grandes sont un mélange de noirûtre, de gris et de marron clair ; les premières pennes de l’aile sont de même couleur ; les autres sont brunes, bordées, les grandes de jaunâtre et les moyennes de gris. Les pennes de la queue sont brunes, bordées, les deux extérieures de blanc, et les dix autres de gris. La femelle a moins de jaune que le mâle, et elle est plus tachée sur le cou, la poitrine et le ventre. L'un et l'autre ont l'iris de l'œil couleur de noisette ; les bords du 4% 12 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE bec inférieur rentrans et reçus dans le supérieur ; ce bec est brun ; les ongles et 1: pieds sont jaunâtres 1). Le bruant fait son nid à terre, dans quelque touffe d'herbes, ou bien dans un buisson à peu de distance du sol : ce nid est composé extérieurement d'herbes sèches, et intérieurement il est garni de laine et de crins. La femelle. qui fait plusieurs pontes par an, y dépose qua- tre ou cinq œufs blancs, tachés de différentes nuances de brun. 2. LE BRUANT DE HAIE, OU LE ZIZI. Emberiza cirlus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 110. Le bruant de haie. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 263. Celui-ci, qui est le chic des Provençaux, est à peu près de la tailie du précédent, dont il ne diffère pas beau- coup quant au plumage. Il a le dessus de la tête revêtu de plumes d'un vert d'olive, dont la tige de chacune est marquée d’une ligne noiràtre ; une première tache longitu- dinale jaune est placée sur chaque côté de la tête , et il s’en trouve une seconde de même couleur au-dessus des yeux. 1) La description que nous venons de donner du plumage du bruant ne doit s'appliquer qu’à la masse générale de l’espèce; car il se trouve des individus (qui peut-être forment ure race à part, et que l’on pourroit nommer montagnarde, puisqu'on ne la ren- contre que sur les Alpes, les Pyrénées, et quelquefois, mais rarement, sur les montagnes des Vosges) qui ont le dessus du corps d’un jaune éclatant, et le dessous d’un beau blanc; en sorte qu’en les voyant on s’imagine que ce sont des serins échappés de quelque volière : mais en y regardant de près, la forme de leur bec, et leur chant surtout, fout disparoître la méprise. D'ORNITHOLOGIE. 215 Le dessus du cou, du dos, ainsi que les plumes scapu- laires, sont couverts de plumes noirâtres, bordées de roux; celles qui revêtent le croupion , sont d’un vert-olive teinté de roussàtre. Tout le dessous du corps a le fond de sa cou- leur jaune ; mais ce jaune est marqué, sur la poitrine, d’une plaque rousse, et sur la gorge d'une plus petite plaque de même couleur : les côtés sont également jaunes, ti- rant d'autant plus au roux qu'il s'approche davantage du ventre. Les pennes des ailes et de la queue sont brunes ; il existe entre elles cette différence que celles des ailes sont bordées extérieurement de vert d'olive, tandis que les deux du milieu de la queue le sont de gris roussâtre ; la plus extérieure de chaque côté est bordée de blanc, et tou- tes les autres le sont de gris olivätre. L'iris de ses yeux est de couleur de noisette; son bec est d’un cendré brun, et ses pieds sont jaunâtres, de même que ses ongles. Les couleurs de la femelle sont plus foibles dans cette espèce, comme dans la précédente ; elle n’a de jaune ni sur le cou ni sur les côtés, et on ne voit sur sa gorge, non plus que sur sa poitrine , cette tache brune que porte le mâle. Ce bruant, qui est connu aussi dans quelques départe- mens sous le nom vulgaire de verdière, paroit n'être que de passage dans la plupart. On le voit, particuliérement dans les contrées agricoles, sur les terres nouvellement labourées , y chercher des vers et d’autres insectes 1) ; aussi, d’après l’observation qu’en fait M. de Buffon , nous avons remarqué que ceux que nous avons tués avoient le bec empâté de terre. 1) Le bruant de haie est en même temps granivore et insecti- vore ; il passe dans les environs de Paris, au printemps et en au- tomne, par petites bandes de huit à dix, mais il ne s’y arrête pas pour nicher. 314 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 3. LE BRUANT FOU, OU DE PRÉ. ÆEmberiza cia. LIN. Syst, nat. édit. 13, gen. 110. Le bruant de pré. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 266. L’imbécillité de cet oiseau, quise jette inconsidérément dans les piéges même les plus apparens , lui a valu sûre- ment le surnom de fou 1) ; aussi M. Guys l'appelle-t-il l'oiseau bête par excellence. Sans être aussi commun que les deux précédens, le bruant fou, cependant, n’est pas très-rare. Sa longueur totale , de l'extrémité du bec à celle de la queue , est de six pouces, deux lignes ; son vol, de neuf pouces, six lignes. La partie supérieure de son corps est variée de noiràtre et de gris. Les pennes de ses ailes, de même que celles de sa queue, sont brunes, et les unes comme les autres sont bor- dées de gris roussätre ; seulement les deux plus exté- rieures de la queue sont bordées et terminées de blanc. Les côtés de sa tête, ainsi que sa gorge, sont gris ; les joues, de même couleur grise, sont enveloppées par une espèce de triangle formé de trois traits noirs, dont la base est en arrière. La gorge, la poitrine, les côtés et tout le dessous du corps, sont d'une couleur roussâtre claire. L'iris des yeux est brun; le bec et les pieds sont gris et les ongles noirâtres. Quelques oiseleurs des basses Vosges nomment improprement ce Pfyankt moi- _reau de bois. 1) Les oiseleurs de Paris donnent au bruant fou le nom de ver- dier sonnette ; c’est en Italie qu’il porte le nom de bruant fou. I se trouve rarement dans les pays septentrionaux. li ressemble beaucoup, par le cri , la conformation et quelques habitudes , au druant ordinaire, D'ORNITHOLOGIE. 216 Comme il n’est en France que de passage , il nous a été impossible d’en suivre les mœurs, et de connoître surtout la manière dont il construit son nid , de même que lenam- bre, la forme et la couleur de ses œufs. L LE PROYER. Emberiza miliaria. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen.1#0. Le proyer. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 292. ( Voyez la planche XI de cet ouvrage. ) Le proyer, qui se trouve dans plusieurs contrées de la France, y est connu sous des noms différens. Dans le département de l'Hérault, on le nomme fchi- pardriz; dans celui des Bouches-du-Rhône, tride ; dans celui du Rhône, prêle. On l'appelle fritri dans le dépar- tement de Seine-et-Marne, et dans celui de la Marne, alouette drue. Quoique très-abondant dans la partie basse ou la partie agricole du département des Vosges, dans celle surtout qui est située entre Mirecourt et Neufchâteau, où on le nomme vulgairement, ainsi que dans toute la ci-devant Lorraine, grosse verdiere des prés ; néanmoiïins cet oiseau est absolument inconnu dans les montagnes de ce dépar- tement, et même aux environs d'Épinal, dans la partie située au midi de cette commune. Le proyer est un peu plus gros qu'une alouette; il a de longueur sept pouces et demi, et onze pouces, quatre lignes, de vol; ses ailes, ployées, s'étendent jusqu'à la moitié de la longueur de sa queue. Sa tête, son cou, son dos et son croupion, sont variés de brun, qui occupe le milieu des plumes, et de roussâtre, qui les borde. Sa #16 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE gorge, le tour de ses yeux, sont d’un roux clair; sa poi- trine, son ventre, ses côtés, ses jambes et les couver- tures du dessous de sa queue, sont d’un blanc jaunûtre, tacheté de brun sur la poitrine et sur les flancs seulement : toutes les autres parties inférieures sont sans taches ; mais le milieu est marqué d’un trait brun longitudinal. Les couvertures supérieures de ses ailes, ainsi que les grandes pennes de ces parties et celles de la queue, sont brunes, bordées de roux plus ou moins jaunàtre. L’iris de ses yeux est de couleur de noisette; ses pieds et ses ongles sont d’un gris brun ; son bec est de couleur brune jaunûtre : il est remarquable par la mobilité dont les deux mandibules sont susceptibles, par ses bords, qui sont rentrans et qui se joignent par une ligne anguleuse. La partie supé- rieure de ses narines est recouverte d’une petite mem- brane taillée en forme de croissant. La femelle différe du mâle en ce que son croupion est d’une couleur grise roussàtre, sans taches, ainsi que les couvertures supérieures de sa queue, qui sont bor- dées de blanehâtre ; toutes les autres teintes de son plu- mage sont plus claires que celles du mâle. Cet oiseau voltige par saccades, et se perche sur les arbres et arbustes à l'extrémité des branches les plus foi- bles, où il demeure comme en équilibre : de leur faite, il fait entendre continuellement un chant désagréable, que l’on devroit plutôt nommer un cri, qui consiste dans es syllabes tritri, alongées et terminées par la conson- nance tiritz 1). 1) On ne peut mieux comparer le ori triste, ennuyeux et mo- notone du proyer, qu’au son aigre et perçant que font entendre pendant l’été les sauterelles et les criquets, et qui est produit par le frottement rapide des cuisses de ces insectes contre une D'ORNITHOLOGIE. 217 Le proyer est un oiseau de passage qui nous arrive à peu prés avec les hirondelles ; il fait son nid dans les prai- ries 1), où la femelle pond quatre ou cinq œufs d’un blanc roussâtre, tachés et sinués de brun noirâtre. Cet oiseau nous quitte en automne 2). 5° L'ORTOLAN PROPREMENT DIT. Emberiza hortulanus. LiN. Syst. nat. éd. 13, g. 110. L’ortolan. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 260. Un peu plus gros que le serin, l’ortolan a six pouces trois lignes de longueur , et neuf pouces de vol; ses ailes, ployées, atteignent le tiers de la longueur de sa queue. Il a la tête et le cou d’une couleur olivätre cendrée; le tour de ses yeux est d’un jaune pâle, ainsi que sa gorge, et chacune des plumes qui recouvrent ces parties est bordée par une ligne de couleur cendrée. Son dos, de même que ses plumes scapulaires, est varié de couleur marron obscur et de noirâtre; son croupion et les cou- vertures du dessus de sa queue sont d’un brun tirant sur a ——— "2 membrane sèche, et sonore comme un parchemin tendu, que la nature a donnée à ces animaux pour être leur instrument d’appel à amour. 1) Le proyer bâtit son nid sur l’herbe, et quelquefois sur des arbustes très-bas ; il le compose de foin, de feuilles et de mousse ; il en garnit l’intérieur avec du poil et de la laine. Les petits quittent le nid avant de pouvoir voler; ils aiment à courir dans l’herbe , et les chiens couchans en rencontrent souvent lors- que l’on chasse aux cailles vertes. 2) Au rapport de Lapeyrouse , qui est bien digne de confiance, il existe sur les montagnes des Pyrénées une variété du proyer qui est entièrement blanche, 918 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE le marron; sa poitrine, son ventre, ses flanes et tout le dessous de son corps sont roux, avec quelques mouche- tures : cette même couleur rousse s’éclaircit à mesure qu'elle s'approche des couvertures et du dessous de la queue. Tout le dessus de son corps est un mélange de brun marron et de noirâtre: son croupion, de même que les cou- vertures du dessus de sa queue est du même brun sans mélange. Les couvertures supérieures de ses ailes sont variées de brun et de roux; les inférieures le sont d’un jaune pâle. Les grandes pennes de ses ailes sont noirâtres, bor- dées de gris du côté extérieur : les moyennes sont de ces mêmes couleurs ; mais elles sont bordées de roux. Les pennes de sa queue sont de même couleur que celles des aïles , à cette différence prés que les deux plus extérieures sont bordées de blanchâtre, tandis que toutes les autres” le sont de roux. L'iris est d’un brun foncé; le bec, les pieds, ainsi que les ongles, sont jaunûtres. La tête et Le cou de la femelle sont d’un cendré plus foncé que dans le mâle; ces parties sont variées de petites lignes longitudinales noiràtres : elle n’a pas d’ailleurs de tache jaune au-dessus de l’œil. Au reste, il est peu d'oiseaux dont le plumage soit susceptible d'autant de variations , non-seule- ment du mâle à la femelle, mais d’un individu à l’autre. L'ortolan proprement dit est un oiseau de passage , qui de l'Italie passe dans le département des Bouches-du- Rhône, et de là se répand dans la plupart de nos dépar- temens intérieurs, où il arrive en même temps que les hirondelles, et en repart avec les cailles. Cet oiseau fait deux pontes par an; il place ordinai- rement son nid sur les ceps de vignes, dans les départémens méridionaux : mais dans celui des Vosges, où très-peu de personnes, celles même qui se piquent de quelques notions ornithologiques, le connoissent, puisque les unes le D'ORNITHOLOGIE. 219 nomment bec-figue et les autres grosse alouette de bois, il place son nid à terre, et de préférence dans les blés. Le passage de retour de l’ortolan a lieu dans ce dépar- tement, ainsi que dans ceux de la Meurthe et de la Meuse, dans le courant de septembre et d'octobre ; il ne consiste jamais qu’en quelques petites bandes composées seulement de six ou sept individus : c’est à ce moment que les oiseleurs de ces contrées en prennent accidentellement dans leurs filets d’alouettes ; et ce n’est guère que vers Neufchâteau que l’on prend cet oiseau, qui n’y est pas fort commun, aux sauterelles, à la pipée ou à l’abrevoir. Jadis les oiseleurs de Paris engraissoient avec du millet les ortolans dans des cages couvertes ; le savant distingué qui nous a assuré ce fait prétend qu’en huit jours ils étoient parfaitement gras, et que les gourmands les achetoient alors jusqu'a trois liv. la pièce. Que de morceaux de pain eussent pu être achetés au prix d’une sensualité incommo- dément repue, et qui leur auroient valu en échange des torrens de bénédictions ! G° L'ORTOLAN DE LORRAINE. | Emberiza lotharingica. Lin. Syst.nat.éd. 13,8. 1x0. vo nat . . SRE a) a R7e Tan A EL . er -pari, oies d'rnr ie ( Voyez la planche XI de cet ouvrage.) Celui-ci, dont nous ignorons les mœurs et les habi- tudes, et que nous ne pouvons assurer être un oiseau sédentaire ou seulement de passage, parce qu'il nous a été impossible de nous en instruire, quelques soins que nous nous soyons donnés pour cela, se trouve dans les départemens de la Meurthe, de la Meuse, et plus com- munément, dans les basses Vosges, où il est connu sous 2.0 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE le ñom vulgaire de bec-figue. Il se réunit en bandes assez nombreuses, à l’arriére-saison, dans les champs qui avoisinent les bois. Son plumage a teintes sombres, joint a la manitre dont il se blottit a l'approche du chasseur, le rend tres-difficile à apercevoir. Lorsqu'on le fait lever, :l jette à plusieurs reprises un cri que les syllabes trou-lé expriment assez bien, et il va se pereher sur quelque arbre de la forêt voisine. Cet oiseau a six pouces et demi de longueur; et ses ailes, ployées, atteignent à quinze lignes prés l'extrémité de sa queue. Il a la gorge, le devant du eou et la poi- trine, d’un cendré clair moucheté de noir; tout le reste du dessous du corps est d’un roux foncé. Le dessus de Ja tête, du cou et du corps, jusques et y compris le crou- pion, sont d'une couleur rousse, mouchetée de noir ; seulement l’espace dans lequel se trouvent les yeux est d’une teinte plus claire, et ceux-ci sont surmontés d'un trait noir en forme de sourcil. Toutes les couvertures de ses ailes sont mi-parties de roux et de noir, à l'exception des petites, qui sont d’un cendré clair. Les premières grandes penres de ces ailes sont noires , bordées de cendré clair ; les suivantes sont de même couleur, mais bordées de roux. Les deux pennes du milieu de sa queue sont rousses, bordées de gris; et toutes les latérales sont mi- parties de noir et de blanc; la plus extérieure de chaque côté est la plus blanche. L'iris est de couleur noisette ; le bec d’un brun roux, et les pieds sont d'un brun noi- râtre. On distingue la femelle de son mâle par une espèce de collier dont la couleur est un mélange de roux et de blanc ; par le dessous de son corps, qui est totalement d'un brun roussâtre , et par le dessus, qui est varié de noir, de roux et de blanc. Elle diffère encore de son mâle en ce D’ORNITHOLOGIE. 221 que son bec est d’un jaune orangé à sa base, noir à sa pointe ; etenfin en ce que ses pieds et ses ongles sont noirs. 3° L'ORTOLAN DE ROSEAU. Emberiza schæniclus. LIN. Syst. nat. édit. 13,g.rr0. L'ortolan de roseau. Bris. Ornith. tom. 3, p. 254. L'habitude qu'a cet oiseau de se tenir et de se plaire dans les terrains humides et marécageux , parmi les joncs et les roseaux des diverses contrées de la France qu'il habite, dans lesquels il fait son nid, lui a sans doute valu le nom qu'il porte. , Sa ponte consiste en quatre ou cinq œufs gris mou- chetés de brun. Son nid est construit de foin et de mousse à l'extérieur. et de matières mollettes en dedans 1) : ce aid est attaché à deux ou trois roseaux par des espèces d’anneaux faits avec des herbages ; ces anneaux sont assez peu serrés pour qu'ils puissent couler aisément le long de ces roseaux: aussi on prétend que, lorsque les eaux grossissent, ce petit édifice, dont le tissu est très- serré, s’exhausse a mesure que les eaux se gonflent. L’ortolan de roseaux est connu sous des noms différens dans les divers départemens de la France qu’il habite. Dans celui des Bouches-du-Rhône, par exemple, on l’ap- pelle chic des roseaux ; dans celui des Vosges, moineaw 1) Cet oiseau suspend son nid au-dessus de l’eau entre quatre roseaux : ce nid est fait avec beaucoup d’art ; il est composé de chaumes secs, et l’intérieur est tapissé du duvet des roseaux. Le mâle tient fidèle compagnie à sa femelle, et jamais on ne les voit en troupes sur ces roseaux, 222 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE d’'étang ou de roseaux; dans les environs de Paris, on le nomme montant 1). Il est de la grosseur de l’ortolan proprement dit. Sa longueur totale, de l'extrémité du bec à celle de la queue , est de cinq pouces neuf lignes ; il a neuf pouces de vol. Le mâle a le dessus de la tête noir: ses joues sont de même couleur ; mais chacune des plumes qui les recou- vrent est terminée de roussätre : une bande transversale de cette dernière couleur passe au-dessus Ces yeux, et y forme une espèce de soûftil. On voit au haut de son cou un collier blanc, dont Héxtrémité se prolonge, de chaque côté, en arriere. Le dessus de son corps est varié de roux et de noir; son croupion, et les couvertures du dessus de sa queue, sont un mélange de roussätre et de gris. Sa gorge et le devant de son cou sont noirs, mélés de gris roussâtre; tout le reste du dessous de son corps est d’un blanc teinté de roux; ses côtés sont mar- qués de quelques traits longitudinaux de couleur noirûtre. Les pennes de ses ailes sont brunes , bordées extérieure- ment de gris blanc; les grandes couvertures de ses ailes sont brunes, terminées de roussätre ; les moyennes sont noires, bordées et terminées de roux, et les petites sont rousses. Les deux pennes intermédiaires de sa queue sont noi- râtres, bordées de roussàtre; les trois collaférales de chaque côté sont sans bordure : des deux plus extérieu- res, l’une est blanche en dehors seulement, et l'autre, 1) I paroït probable que le nom de montant, donné aux environs de Paris à cet o/seau, ne lui vient que de son habitude de grimper le long des roseaux, en montant jusqu’à leur sommet , d'où il s'élance, comme un trait, sur les insectes qui voltigent autour de lui, D'ORNITHOLOGIE. 223 qui est entièrement blanche, est terminée de brun. L'iris est d’un brun rouge ; le bec et les ongles sont bruns; les pieds sont d’une couleur de chair rembrunie. La femelle a le dessus de la tête varié de roussâtre ; son demi-collier est fort peu apparent, et elle a moins de noir sur le devant du cou que le mâle. Cet oiseau, qui a un mouvement de vibration continuel dans la queue, comme la bergeronnette, a un cri aigu, qu'il fait entendre incessamment 4 la vue de quelque objet qui l’inquiéte. 8° LE GAVOUÉ DE PROVENCE. Emberiza provincialis. Lin. Syst. nat. édit. 13,g. 110. Dans le département du Var, où cet oiseau est plus particulièrement connu, on lui donne le nom de chic- gavotie, dont probablement on a formé celui de gavoué par corruption d'un langage vulgaire. On l'appelle aussi chic-moustache, sans doute à cause des bandes noires, en forme de moustaches, qu’il porte de chaque côté du bec. Cette espèce d’ortolan a quatre pouces deux tiers de l'extrémité du bec à celle de la queue, qui est un peu fourchue; ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, atteignent à peu près la moitié de la longueur de sa queue; il a beaucoup de ressemblance avec notre ortolan de roseaux ; il est de la même grosseur que lui, et semble n’en différer que par les couleurs de son plumage. Tout le dessus de sa tête et de son corps est un mélange de roux et de noirâtre ; la même couleur se répète sur la poi- trine ; tout le reste du dessous du corps est d’un gris cendré. De çhaque çôté de sa tête, à l'endroit où est situé son °2A TABLEAU ÉLÉMENTAIRE méat auditif, on remarque une plaque noire accompagnée d’une teinte blanchâtre qui règne autour de ses'yeux ; puis une ligne noire, qui descend de chaque côté du bec, et qui lui forme une espèce de moustache. Les pennes deses ailes et de sa queue sont mi-parties de roux et de noirûtre : la couleur rousse paroït davantage, parce qu’elle est située en dehors, tandis que la couleur noire est placée en de- dans de la penne. Les grandes couvertures de ses ailes, d’un fond noiràtre, sont marquées par une teinte blain- châtre à leur extrémité et dans leur contour. Cet oisea a l'iris d’un brun rougeûtre, le bec et les ongles bruns, et les pieds de couleur de chair livide. On prétend que le gavoué de Provence, qui dans le pays ne se nourrit que de graines, a un chant très- agréable, qu'il ne commence à faire entendre que vers la fia du mois d'avril 1). 0. LE MITILÈNE DE PROVENCE. Emberiza lesbia. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 110. Une des différences sensibles qui se trouvent entre cet ortolan et le précédent, consiste en ce que le premier fait entendre sa voix dès le mois d'avril, tandis que celui dont il est ici question ne chante que vers le milieu de mai. D'ailleurs, dans le département des Bouches-du- Rhône, où cet oiseau porte le nom de chic ou chie de 1) Le vol du gavoué de Provence, qui est un oiseaw peu farouche, est court , peu élevé, et ressemble beaucoup à celui du moineau. On le voit, dans les environs de Toulon, voltiger par couples sur les arbrisseaux des terrains cultivés. D'ORNITHOLOGIE. 225 mihlène. I1 jouit d’une haute considération, chez les fer miers surtout, qui le nourrissent en cage, et l’hébergent avec plaisir, parce qu’il concourt, dit-on, au salut de leurs basses-cours, en les avertissant, par ses cris impa- tiemment répétés, de l’approche des oiseaux de proie. Le mitilène est à peu près de la grosseur de l'ortolan ordinaire. Tout le dessus de son corps est un mélange de brun et de noir. Les petites couvertures de ses ailes sont d’un gris blanchâtre, pointillé de noir; les grandes pennes de ses ailes sont noïrâtres, et les moyennes noires, bordées de brun : on remarque sur le noirâtre des ailes, lorsqu'elles sont ployées , deux bandes transversales blan- châtres, et une troisième d’un brun roux; cette derniere est située vers le pli de l'aile. Son croupion est d'une couleur brune, tirant au roux. Toutes les pennes de sa queue sont noiratres , bordées de gris de perle, à l’excep- tion cependant des deux intermédiaires qui sont bordées de brun foncé. Ses joues sont d’un blanc jaunètre; elles sont coupées par trois raies longitudinales d’une couleur noirâtre. Sa poitrine est d’un blanc roussàtre ; son ventre, ses jambes, ainsi que les couvertures du dessous de sa queue, sont blanchâtres. IL a les yeux et les pieds bruns, le bee et les ongles noirâtres. è Nous ne connoïissons des mœurs de cet oiseau que l'his- torique qui nous a été transmis par un de nos amis, qui, Van dernier, nous envoya d’Orgon à Paris un individu dont l’odeur infecte de putréfaction nous permit à peine de bien l'examiner, afin de le décrire; et, quand nous indiquons comme brune la couleur de ses yeux, qui nous parut telle dans son état de desséchement, nous ne serions nullement étonnés si, dans son état de vie, on la trou- voit différente. « C4 :, 1. 15 226 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE QUATRIÈME FAMILLE. LES PASSEREAUX A BEC CRÈLE, DONT LA FORME APPROCHE DE CELLE D'UN POINÇCON OU D'UNE ALÈNE. Les oiseaux qui composent cette quatrième famille des passereaux ont pour caractères gé- néraux celui du milieu des trois doigts anté- rieurs étroitement uni avec l’extérieur, depuis ‘son origine jusqu'à la première articulation; les uns d’ailleurs ont les narines couvertes par les plumes de la base du bec, et les autres les ont découvertes; mais tous ont le bec droit et menu, approchant de la forme d’un poincon ou d’une alêne, Cette famille renferme trois genres, savoir : celui des résanges , celui des alouettes et celui des becs-/fins. - PREMIER GENRE. LES MÉSANGES. Les mésanges ont pour caractères particu- liers le bec étroit, pointu, dur, fort, etrecou- vert à sa base de petites plumes ; la langue ter- minée par une sorte de ligne droite et par des D’ORNITHOLOGIE. 227 filamens; le doigt de derrière grand et fort. Ces oiseaux peuvent facilement grimper, à la ma- nière des pics, le long du tronc et des branches d'arbres. Parmi les différentes espèces qui composent ce genre, les unes se rencontrent, et en tout temps, dans toute l’étendue de l’empire fran- cais, et les autres semblent être confinées exclu- sivement dans quelques-unes de ses parties. Toutes les espèces de mésanges ont le bec assez fort pour percer des noisettes ét en tirer l’amande; toutes en général sont des oiseaux hargneux et même cruels, qui, dans les vo- lières, attaquent les oiseaux plus foibles qu’elles, les tuent , et leur ouvrent le crâne à coups de bec, pour en manger la cervelle et la moelle épinière. Les mésanges se conduisent de même avec les petits oiseaux qu’elles trouvent pris à quelques piéges (1). 1) Quoique les ozseaux qui composent ce premier genre aient une apparence de foiblesse que l’on ne calcule que sur leur petitesse , ils n’en sont cependant ni moins vifs, ni moins cou- rageux, Toujours en mouvement, on les voit sans cesse voltiger d'arbre en arbre, grimper contre leur tronc ou contre les mu- railles, s’y accrocher , s’y suspendre dans toutes les attitudes , et le plus souvent la tête en bas. Lorsqu'ils se sentent pris, ils mordent d’uñe manière à faire couler le sang. On peut même dire que toutes les mésanges en général sont d’un caractère féroce et avide de carnage : ce sont des êtres qui, sous le masque d’une physionomie aimable, n’en sont pas moins deshypocrites détestables. Aucun autre ofseau ne montre plus qu’elles de hardiesse et 15* 2283 TABLÉAU ÉLÉMENTAIRE . Nous connoissons en France dix espèces de anésanges, Savoir : la grosse-mésange où char- d’opiniätreté dans les combats qu’elles livrent à la chouette: toujours elles sont les premières à s’élancer sur elle avec une fureur et un acharnement qui décèlent leur audace. Néanmoins , elles paroissent aimer la société de leurs semblables, car si, par quelques accidens , elles ont été séparées, elles se recherchent, se rappellent , et elles se réunissent bientôt. Mais n’est-ce pas ici le cas de dire que les brigands, sans s’aimer , forment entre eux une société dont l’unique lien est toujours un intérêt commun ? Il est peu d’oiseaux plus féconds que les mésanges : chaque femelle pond , deux outrois fois par an, de dix-huit à vingt œufs dans des trous de murailles ou dans des arbres creux. Quoique les mésanges paroissent être répandues dans toutes les contrées de la France, néanmoins nous croyons pouvoir assurer qu’il n’en est aucune où elles soient plus abondantes que dans les montagnes des Vosges : là, non-seulement la plupart des espèces sont constamment sédentaires , mais les passages d’au- tomne y sont si nombreux, qu’il n’est pas rare de voir des oise- leurs de Remiremont, et surtout de Bruyères, en prendre, dans une matinée ou une soirée, de quinze à vingt douzaines avec leur bâton fendu. Cet instrument de chasse consiste en deux lattes de bois longues de trois à quatre pieds, et épaisses d’un pouce lorsqu'elles sont accolées l’une à l’autre. De ces deux lattes , la première est parfai- tement ronde dans toute sa longueur ; l’autre est arrondie en creux ou concave intérieurement, et convexe du côté extérieur ; en sorte qu’en les réunissant , celle qui est parfaitement ronde, entre dans la cavité de l’autre , avec laquelle il se fait une union Éd e intime , à la manière des deux branches d’un fer à toupet. { Foyez= en la figure, planche XXXIX., fig, 15, 14, 15 et 16.) Pour imprimer à ces deux bâtons un mouvement de ressort qui les PONT uue de leurs extrémités est taillée en biseau du côté extérieur , en sorte que ces deux entailles étant insé- rées dans un trou longitudinal, que l’on a pratiqué au bout d’un bâton qui leur sert de manche, et qui est garni d'une virole de ler, dans la crainte qu’il ne se fende , donnent à chacune des D'ORNITHOLOGIE. 22 bonnière , la petite charbonnière , a mésange bleue , la mésange cendrée ,\a mésange à tête noire , la mésange des marais', la mésange huppée , Va mésange barbue où moustache , la mésange à longue queue, et la penduline. 1.” LA GROSSE MÉSANGE, OU CHARBONNIÈRE. Parus major. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La grosse mésange, ou charbonnière. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 339. Cette espèce de mésange est connue en France sous des noms différens, suivant les différentes contrées qu’elle habite. Dans les départemens du midi, on l’appelle serre- fine, bezenge, serrurier, borgne , lardenne, larderiche , crève-châssis , mésange brûlée et moineau de bois ; dans celui de la Somme, mesengle ou mésingle ; dans celui du Mont- lattes une direction qui les tient ouvertes de plusieurs pouces à l'extrémité opposée. Pour les fermer et les joindre intimement Vune contre l’autre, il suffit de les avoir percées de six pouces en six pouces de distance et de part en part, et d’avoir disposé une ficelle qui, de l’extrémité de ces lattes, en passant par ces trous, en forme de lacet, vient aboutir au manche. Alors le chas- seur , en vedette derrière une touffe de verdure, contrefaisant le cri des mésanges en colère , au moyen d’un appeau particulier, les voit accourir en foule autour de lui. Ce bâton, sans aspé- rités surtout, leur paroît un lieu propice au repos; elles sy abattent en foule : quand le chasseur croit qu'il y en a une suffisante quantité , ïl tire la ficelle ; les petites lattes se rejoi- gnent ensemble , et, par l’exactitude de leur jonction, pincent tous ces oiseaux par les ongles, et le chasseur s’en empare. 230 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Blanc, mayenche ou lardère ; dans le département de Loir-et-Cher on lui donne les noms d’ardezelle, d’arde- relle, ou d’arderolle ; dans ceux de la Vienne, de la Cha- rente et de l'Ain, elle est eonnue sous la dénomination de cendrille; dans celui de l'Allier, elle porte le nom de croque-abeilles. Dans les départemens de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges, on ne la connoît que sous le nom de grosse mésange. La grosse charbonnière est à peu prés de la taïlle d’un pirson; sa longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de einq pouces dix lignes ; son vol est de huit pouces quatre lignes , et ses ailes, lorsqu’elles sont ployées, atteignent le tiers de la longueur de sa queue. Sa tête, la gorge et la partie inférieure de son cou sont d’un noir brillant; cette couleur s'étend jusqu’au bas-ventre , en formant une large bande qui passe par le milieu de la poitrine. De chaque côté de sa tête on voit une grande tache blanche qui part des coins de la commissure du bec, et s'étend au-dessous des yeux en suivant Ja direc- tion des mâchoires : cette tache est entourée de noir dans son entier. Le dessus de son cou, la partie supérieure de son dos, ainsi que ses plumes scapulaires , sont d’un vert d'olive qui prend une teinte jaunàtre vers la tête. Le bas de son dos, son croupion et les couvertures supérieures de sa queue, sont d’un cendré bleu. Sa poi- trine , ses côtés et le haut de son ventre, sont d’un jaune pèle. Le bas de son ventre est blanc. Les petites couver- tures du dessus de ses ailes sont d'un cevdré bleu ; les grandes sont de cette même couleur du côté extérieur; mais elles sont intérieurement d’un cendré foncé, ter- minées de blanc jaunâtre, qui y forme ‘une bande trans- versale. Les pennes de son aile sont d’un cendré brun, bor- dées de blanc du côté intérieur ; la plupart néanmoins, D'ORNITHOLOGIE. 231 sont d’un cendré bleu du côté extérieur, et le bord des pennes moyennes est d’un vert d'olive qui devient jau- nâtre dans les quatre plus voisines du corps. Des douze pennes qui composent sa queue, qui est un peu fourchue, les deux du milieu sont d’un cendré bleu avec leurs tiges noires; les quatre suivantes, de chaque côté, sont d’un cendré bleu extérieurement, et noirâtres intérieurement : chacune de ces quatre pennes porte, à son extrémité, une tache blanche ; la plus extérieure de chaque côté, est blanche en dehors , dans toute sa longueur , et d’un cendré brun intérieurement; la tige de cette penne est noire ; elle est terminée par une large plaque blanche, et qui est oblique. L'iris est d’un brun noir; le bec est noir; les pieds et les ongles sont d’un gris bleu. La grosse mésange est extrêmement commune dans toute la France, et surtout dans les pays de montagnes : elle fait son nid dans des trous d’arbres ou de murailles, et particuliérement dans celles des charbonniers qui ha- bitent les forêts ; d’où probablement elle à pris son surnom de charbonnière. C’est dés le mois de février que cette espèce de mé- sange s’apparie, et alors le mâle fait entendre un ramage d'autant plus mélodieux en apparence, que peu de temps auparavant son cri ordinaire ne consistoit qu’en une espèce de râlement qui ne ressemble pas mal au grincement que produit une lime sur une barre de fer. Le nid de cet oiseau est composé de matiéres les plus mollettes : la femelle y pond, plusieurs fois par an, de huit a douze œufs blancs , tachetés de roux, surtout vers le gros bout. Cette mésange, dé même que la plupart de ses congé- pères, est un oiseau vif, toujours gai et fort joli, qui sait s’accommoder de toutes les températures des divers climats 232 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE qu'il habite ; il met une grande activité, qu'il accompagne de beaucoup d'industrie, dans la formation de son nid, qu'il sait défendre avec autant de courage que d'in- trépidité contre les usurpateurs qui tenteroient de s’en rendre propriétaires. 2° LA PETITE CHARBONNIÈRE. Parus ater. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La mésange à téte noire. BRis. Ornith. t. 3, p. 557. Intimement persuadé que la petite charbonnière n’étoit autre qu'une variété de la grosse, que Buffon désigne sous des noms diflérens , ici sous la dénomination de téte-noire, et ailleurs sous celle de nonnette cendrée, nous n'avions nullement balancé de regarder ces espèces d’oi- seaur comme des variétés, quoiqu'ils différassent si sen- siblement quant au plumage et même quant aux mœurs et aux habitudes. Ayant eu occasion, en parcourant les montagnes des Vosges, de rencontrer un ancien oiseleur de ces contrées , plus instruit que son costume ne sembloit l'annoncer, et qui nous parut un observateur zélé, qui avoit lu et même étudié la partie des œuvres de Buffon qui traite des oiseaux ; nous entamâmes une dissertation particulière au sujet des mésanges, dont les variétés , comme les espèces, semblent être plus abondantes sur ces montagnes que partout ailleurs; et le résultat de cet entretien nous con- vainquit que rien n'étoit si ordinaire que de rencontrer sous les haillons rustiques d’un campagnard qui observe et suit la nature dans quelques-unes de ses productions , autant de lumières que dans les écrits des savaus les plus distingués, D'ORNITHOLOGIE. 233 En effet, cet homme nous assura qu'il existoit dans nos montagnes une grosse et une petite charbonnière, une mésange à tète noire et une mésange cendrée, qui toutes formoient des espèces distinctes, ayant des mœurs et des habitudes différentes. Pour nous convaincre de la justesse de son opinion, il nous procura quelques jours après plusieurs individus de ces différentes espèces, dont nous parlerons à leurs articles particuliers. Nous avons scrupuleusement examiné la petite char- bonnière, et après l'avoir comparée avec la grosse, nous n'avons pas trouvé le moindre trait de dissemblance entre l’une et l’autre, soit dans le plumage, soit dans la couleur des yeux, du bec et des pieds; seulement celle-ci étoit d’un grand tiers plus petite que la grosse charbonnière. On pourra nous objecter qu’elles étoient , sans doute, des femelles de la grosse espèce , et nous répondrons affir- mativement que non; car de sept individus que cet oise- leur nous procura, et que nous avons tous disséqués ( c’étoit vers la fin d'avril, époque où les sexes sont sen- siblement marqués), trois étoient des mäles, et les quatre autres étoient des femelles. Il existe donc, au moins dans les montagnes des Vosges, une grosse et une petite charbonnière, différente de celle que les ornithologistes désignent comme variété de la grosse, sous le nom de mésange à tête noire et de nonnette cendrée. 5 à . LA MÉSANGE BLEUE. Parus cœruleus. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 341. La mésange bleue. Bris. Ornith. tom/3, pag. 541. ( Voyez la planche XII de cet ouvrage.) Cette mésange n’est pas plus grosse qu'une linofle; sa 234 TABLÉAU ÉLÉMENTAIRE longueur , de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de quatre pouces six lignes ; elle a sept pouces de vol, et ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, atteignent à peu près la moitié de la longueur de sa queue. Le sommet de sa tête est d’un beau bleu clair ; la partie antérieure de la tête, à la base et au dessus du bec, est d’un blancpur qui, après un espace de trois lignes de largeur, se perd insensible- ment en se confondant avec le bleu du sommet de la tête; ce même blanc s'étend de chaque côté, au-dessus des yeux, où il forme une petite bande qui tourne au-dessus de l’occiput. Les joues sont d’un beau blanc , et cette couleur, en s'étendant jusque derrière les oreilles, est traversée par une bande noire, étroite, qui part de la base du bec , passe par les yeux et s'étend jusque vers l’occiput : cette dernière partie de la tête est d’un bleu foncé qui, en s’avançant de chaque côté au-dessous des joues. vient joindre la gorge qui est noire, et forme autour d’elle une espèce de collier. La partie supérieure du cou, à partir de l’occiput , est d’un gris blanc teinté de bleu; le dos, le croupion et les plumes scapulaires sont d’un vert d'olive clair; les couvertures du dessus de la queue sont bleues; la partie inférieure du cou, la poitrine, le ventre, les côtés, les jambes et les couvertures du dessous de la queue, sont jaunes, a l'exception néanmoins du mi- lieu du ventre, qui est blanchètre. Les couvertures dt dessous des ailes sont d’un blanc mêlé d’une légère teinte de jaune ; les petites du dessus des ailes sont bleu>s; les grandes sont de la même couleur du côté extérieur; elles sont cendrées du côté intérieur et terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile une bande transversale de cette derniere couleur. Les pennes des ailes sont cendrées en dessous, bleues en dessus et du côté extérieur, et cendrées du côté intérieur : cependant les premières n'ont rien de D'ORNITHOLOGIE. 235 bleu , elles sont entiérement cendrées : dans les trois suivantes le bleu blanchit un peu vers le bout de chacune ; toutes les autres sont terminées de blanc, à l’exception des trois plus voisines du corps, qui sont bordées exté- rieurement de vert olive. La queue, un peu fourchue , est composée de douze pennes d’un bleu plus ou moins vif; la plus extérieure, de chaque côté, est bordée de blanc. L'iris de l’œil est noir; le bec est d’une couleur noirûtre qui s’éclaircit un peu sur les bords des deux mandibules; les pieds etles ongles sont de couleur de plomb. La femelle pond, une fois par an, de douze à vingt-deux petits œufs tout blancs, dans un nid fabriqué de la même manière , et dans les mêmes endruits que la grosse char- bonnière ; le nid de l’une et de l'autre est extrêmement garni de plumes en dedans. Ce petit oiseau est un des plus répandus dans toute la France. Dans les montagnes des Vosges, où en automne on le prend par milliers, il est connu sous le nom vul- gaire de religieuse , et plus particulièrement sous celui d'annonciade. I1 est une des espèces d'oiseaux denotre climat dont le plumage est le plus agréablement nué, et marqué des couleurs les plus tendres et les mieux assorties ; il plaît par sa vivacité, ses mouvemens pétulans, son air d'impatience , et même per la violence de son emporte- ment. Si on le prend, il crie, il pince, il mort vigoureu- sement, et il se défend encore lorsqu'il expire. Quoique très-avide de chair, comme la plupart des mésanges , celle-ci n’en cause pas moins de grands dommages dansnosjardins , en pinçant les boutons des arbres fruitiers, qu’elle a l’adresse de détacher avec ses petites griffes, et qu’elle emporte dans son magasin. | La mésange bleue fait entendre, des la fin de février , un foible ramage qui, quoique simple et peu varié, ne 336 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE laisse pas que d'égayer le cœur, parce qu'il est l'annon: de la fuite du triste hiver et l’avant-coureur de l’agréable printemps. , 4° LA MÉSANGE CENDRÉE. Netacilla sylvia. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La mésange cendrée. BRIs. Ornith. tom. 3, pag. 549. Quoique la dénomination de mofacilla, que Linné donne à ect oiseau, le range dans la classe des fauvettes, néan- moins, malgré le respect que nous avons pour cet auteur immortel, nous ne pouvons nous dispenser de le classer, avec Brisson, dans le genre des mésanges, soit à raïson des habitudes qu'il a de commun avec celles-ci; soit à cause de son bec, qui est étroit, pointu, dur, fort et re- couvert de petites plumes à sa base ; soit par rapport à la grandeur et à la force de son doigt postérieur ; soit enfin (cette présomption peut être fautive) parce que tous les oiseleurs des Vosges un peu instruits regardent cet oiseau comme une mésange et non comme une fauvette. Quoi qu'il en soit ( et nous nous garderons bien de donner comme infaillible notre opinion sur ce point), cette espèce est à peu près de la grosseur de la précé- dente; elle a de longueur totale, du bout du bec à celui de la queue, environ six pouces, et près de huit pouces de vol. Le sommet de sa tête est de couleur cendrée 1 ); la partie supérieure de son cou, son dos, son croupion, ainsi que ses plumes scapulaires , les couvertures du dessus © ——————— — ————— 1) L'espèce de capuchon d’un cendré noirâtre qui couvre le dessus de la tète de cette mésange, lui a fait donner dans quel- ques départemens le surnom de none on nonnetlte cendrée, D'ORNITHOLOGIE. 237 de sa queue et celles du dessus de ses ailes, sont d’un cendrè roussatre : tout le dessous de son corps est blanc teinté de rouge dans le mâle; néanmoins quelques indi- vidus ont la naissance de la gorge d’un blanc pur, tandis que d’autres l’ont nuée de cendré : la poitrine, le ventre et tout le reste du dessous du corps est de cette dernière couleur. Les pennes de l'aile sont d’un cendréroussâtre ; le bord extérieur de la première.est blanc, et celui des pennes plus proches du corps est roussàtre. La queue, composée de douze pennes, a les huit du milieu noires, bordées extérieurement de gris ; celle qui suit, de chaque côté, est nuée de même, maïs terminée de blanc; enfin la plus extérieure, de chaque côté, est blanche en dehors et plus de moitié en dedans; le reste est noir. L’iris est de couleur de noisette ; la mandibule supérieure du bec est noirâtre , l’inférieure est blanchâtre; les pieds sont d’un brun jaunâtre, et les ongles bruns. C'est dans les bois plutôt que dans les jardins que se tient la mésange cendrée. Là elle livre une guerre à mort aux abeilles , aux guêpes et aux chenilles. On prétend qu'elle fait des provisions de chenevis qu’elle emmagasine pour l’occasion. Quoique cet oiseau, qui n’est pas aussi commun dans les sapinières des montagnes des Vosges que ses congé- nères; y reste toute l’année, en y menant une “vie soli- taire, néanmoins il nous a été impossible de connoître la manière dont il construit son nid, la couleur et le nombre de ses œufs. Les anciens oïiseleurs de ces contrées pré- tendent qu’il pond dans des trous de rochers inaccessi- bles; ce qui empêche de le dénicher, 238 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 5° LA MÉSANGE A TÊTE NOIRE. Parus atricapillus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La mésange à tête noire. Bris. Orn. t. 3, pag. 553. On donne généralement à cette espece de mésange, qui est assez commune dans toutes les contrées montueuses de la France, le surnom de chicare. Elle est beaucoup moins grosse que la mésange bleue. Sa longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de quatre pouces une ligne ; elle a six pouces huit lignes de vol, et ses ailes ployées atteignent à peu prés la moitié de la longueur de sa queue 2). Sa tête, sa gorge, la partie basse etles côtés de son cou, sont noirs; elle a cependant, de chaque côté de la tête, une grande tache blanche qui part des coins de la bouche, et s'étend sous les yeux, de même que le long des côtés du cou; cette tache est entiérement encadrée dans du noir; elle a aussi une tache blanche sur l’occiput. La partie supérieure de son cou, son dos et son croupion, sont cendrés : ses plumes scapulaires ; les couvertures du dessus de sa queue, ainsi que les petites couvertures du dessus de ses ailes, sont de la même couleur. Sa poitrine, son ventre, ses flancs, ses jambes et les couvertures du dessous de sa queue, de même que celles du dessous de ses ailes, 1) La mésange à téle noire diffère de la grande charbonnière , nou-seulement par la taille et par son poids, qui est trois ou quatre fois moindre, mais encore par les couleurs de son plumage. Elle passe dans nos contrées (la ci-devant Lorraine) aux mois d’août et de septembre; mais elle ne sy arrête guère : elle remonte vers le midi. Cette mésarge est très-friande de graines de tour nesol , de mème que la mésange des marais. D'ORNITHOLOGIE. 239 sont d'un blanc teinté de roussâtre : les grandes et les moyennes couvertures du dessus de ses ailes, sont grises, terminées de blanc, ce qui forme sur chaque aile deux bandes transversales de cette couleur. Les pennes de ses ailes sont cendrées en desseus ; et en dessus elles sont d'un cendré brun, bordées extérieurement de gris. Sa queue, un peu fourchue, est composée de douze pennes de mème couleur que celle des ailes. L’iris est brun, le bec noir; les pieds et les ongles sont de couleur de plomb. Malgré nos recherches , il nous a été impossible de dé- couvrir si cette mésange , dont on prend une grande quan- tlté en automne, dans le département des Vosges, y ni- choit, ou y étoit seulement de passage. 6 LA MÉSANGE DES MARAIS, Parus palustris. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La mésange des marais , ou nonnette cendrée. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 555. Sa longueur, du bout du bec à celui de la queue, est de quatre pouces quatre lignes ; elle a sept pouces de vol, et ses ailes ployées s'étendent jusqu’à la moitié de la longueur de sa queue. Le dessus de sa tête est noire , ainsi qu'une partie du haut de son cou; elle a encore sous la gorge une tache de même couleur. Ses joues et le bas de sa gorge sont blancs ; le reste de la partie su- périeure de son cou, son dos et son croupion, sont gris. Ses plumes scapuiaires , les couvertures deses ailes, celles de sa queue , sont également grises ; sa poitrine, son ventre, ses côtés, ses jambes, les couvertures du dessous de sa queue, celles du dessous de ses ailes, sont d’un blanc teinté 240 ‘ TABLEAU ÉLÉMENTAIRE ‘ de roussätre: les pennes de ses ailes sont cendrées en dessous, et d’un cendré brun en dessus; elles sont toutes bordées extérieurement de gris. Sa queue est composée de douze pennes de même couleur que celles de ses ailes. L'iris est de couleur de noïsette clair; le bec est noir,et les pieds , ainsi que les ongles, sont d’une couleur plombée. Cette espèce de mésange, qui n'est pas fort commune en France, ne s'y rencontre que dans les endroits maré- cageux ; c’est du moins sur les petits étangs , etau milieu des roseaux des rivières du département des Vosges, que nous avons renccntré plusieurs fois cet oiseau qui y porte le même nom vulgaire que la mésange cendrée, celui de nonnette cendrée , ou de religieuse cendrée : il n’y est sàrement que de passage ; car on ne l’y rencontre jamais qu’en automne, époque à laquelle il paroît qu'il passe de l’intérieur de la France en Italie. me LA MÉSANGE HUPPÉE. Parus cristatus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La mésange huppée. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 558. Elle ressemble à la mésange bleue pour la grosseur ; mais elle en diffère , ainsi que des autres oiseaux de son genre, par une huppe étagée qui orne le sommet de sa tête; cette huppe, et le dessus de sa tête, sont com- posés de plumes noires, bordées de gris blanc : les plus longues d’entre elles, et qui forment cette huppe élégante, sont placées en arriére et au centre; elles ont huit lignes et demie de longueur ; les plus antérieures et les latérales vont en diminuant par degrés. Les joues sont blanches : il y a derriere et de chaque côté de l'œil, qui est noir, un trait transversal de même couleur, qui remonte vers D'ORNITHOLOGIE : :- 241 l'occiput, et se réunit à une bande également noire, qui est courbée en arc et qui descend par-dessous les joues elle passe sous la gorge et s’y épanouit en s’étendant sur le devant du cou. La poitrine, le ventre et les couvertures du dessous de la queue sont blanchâtres, et les côtés ou les flancs sont roussätres. La partie supérieure du cou, de même que tout le dessus du corps, est d’un gris lavé de roussâtre. Les pennes des ailes sont d’un gris brun, bor- dées en dedans de blanchätre et en dehors de roussätre. Le bec est noirâtre ; les pieds sont gris bleu et les ongles gris. Cette mésange, qui se trouve, dit-on, dans le dépar tement de la Seine-Inféerieure, quoiqu'elle ne paroisse jamais ni aux environs de Paris ni dans la plupart de nos départemens ; est si abondante dans les montagnes des Vosges, où elle n’est cependant que de passage, qu’il n’est pas rare de voir des oiseleurs de Remiremont, et surtout de Bruyères, en prendre en automne plusieurs douzaines par jour avec leurs bâtons fendus. C'est de ces contrées que nous nous sommes procuré un grand nombre d'individus de cette espèce , soit pour notre Cabinet, soit pour celui de Paris, on pour ceux de nos amis. Nous croyons que cet oiseau, que nous ne connois- sions que depuis que nous habitions le voisinage de: ces montagnes, n’y étoit que de passage annuel. Cependant plusieurs personnes dignes de notre confiance, nous ont assuré qu'il en restoit quelques couples qui y nichoient dans des trous de sapins; mais elles n’ont pu nous indiquer la couleur de leurs œufs, parce qu'aucune n'avoit jamais découvert ce nid qu'à l'instant où le père et la mére, occupés à porter de la nourriture à leur nombreuse progéniture, déceloient, par leur ardeur à M1 à &7: 16 242 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE remplir cette tâche sacrée de la maternité, les tendres gages de leur affection. S. LA MÉSANGE BARBUE, OU LA MOUSTACHE. Parus biarmicus. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. La mésange barbue , ou la moustache. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 267. La moustache a , de l'extrémité du bec à celle de la queue, six pouces trois lignes, et le vol de même di- mension ; lorsque ses ailes sont ployées, elles n’atteignent que le quart de la longueur de sa queue. Cette mésange a le dessus de la tête d’un gris de perle; l’occiput, le dessus du cou, le dos, le croupion, les couvertures du dessus de la queue, ainsi que les flancs, roux ; les plumes scapulaires variées de roux et de blanc ; la gorge blanche ; le devant du cou, ainsi que le dessous du corps d'un gris argenté, lavé d’une légère teinte de rou- . geûtre; les couvertures du dessous de la queue noires, et le pli de l'aile blanc. Les pennes de cette partie sont toutes de couleur brune ; mais elles sont bordées différemment : les grandes de blanc, du côté extérieur ; les moyennes et les petites, de roux du même côté. Toutes les pennes de la queue sont rousses, excepté la plus extérieure, de chaque côté, qui, en dehors et à son origine , est bordée de noi- rètre, puis de gris roussâtre dans tout le reste de sa longueur. Le caractère le plus tranchant de cet oiseau, celui qui lui a fait donner le nom qu'il porte, consiste dans deux bandes d'un noir de velours situées de chaque côté et le long de la partie inférieure d£ son bec : ces deux bandes ont une direction oblique de haut en bas, et de dedans D’ORNITHOLOGIE. 245 en dehors; elles sont terminées par des plumes qui tom- bent sur les côtés du cou, dont elles se détachent. La femelle n’a ni moustaches ni les couvertures du dessous de la queue noires; ces dernières sont d’un brun clair : elle n’a pas non plus de teinte rougeàtre sur le dessous du corps. Elle a, ainsi que le mâle, l'iris d’une couleur orangée, les pieds et les ongles bruns. Le bec, qui est plus gros gt plus fort que dans les autres espèces de mésanges , est jaunâtre dans le mäle, et de même cou- leur dans la femelle; mais dans celle-ci la pointe est noirâtre. Nous ignorons si cet oiseau fréquente quelques autres contrées de la France ; mais nous sommes assurés que, dans le département des Vosges, il n’est que de passage très-accidentel : car depuis 1789, époque où un écolier en vacances prit deux mâles et une femelle sur les sauterelles ou rejets de sa tendue, et qu'il voulut bien nous donner pour notre cabinet, il nous a été impossible de nous en procurer d’autres , quelques démarches que nous ayons faites pour cela. 9. LA MÉSANGE A LONGUE QUEUE. Parus caudatus. LAN. Syst. nat. édit 13 , gen. 116. La mésange à longue queue. Bris. Orn. 3, p. 550. ( Voyez la planche XII de cet ouvrage.) De toutes les espèces de mésanges qui se rencontrent en France, celle-ci est une des plus communes, surtout au moment de son passage d'automne. Elle est connue sous des noms différens, suivant les différentes contrées qu’elle fréquente : dans le département des Vosges, ainsi que dans celui de la Charente, par exemple, on l'appelle 16 * 242 TABLEAU ÉLÉEMÉNTAIRE queue-de-poeion ; dans celui de la Côte-d'Or, monet ou moignet ; dans le département du Loiret, on la nomme perchaqueue. On la connoît dans le département de Loir- et-Cher sous les dénominations vulgaires de fourreau ét de gueule de ‘four. Elle est la moins grosse de toutes les mésanges quoique les plumes longues, eflilées, soyeuses et presque décompo- sées, qui revétentla plus grande partie deson corps, lafassent paroître beaucoup plus grosse qu’elle ne l’est dans la réalité. La mésange à longue queue a cinq pouces huit lignes de longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue, qui à elle seule a trois pouces six lignes de long; son vol est de six pouces et demi, et ses ailes, lorsqu’eiles sont ployées, atteignent le premier quart de la longueur de sa queue. Des bandes longitudinales de noir, de blanc, confusé- ment disposées et mêlées avec des teintes de brun plus ou moins roux, forment le fond de son plumage sur la partie supérieure du corps.Les joues, la gorge, le devant du cou et la poitrine sont blancs ; les couvertures des aïles sont va- riées à peu prés comme le dessus du corps. Les pennes des ailessontnoires; elles sont la plupartbordéesextérieurement de blanchâtre. Des douze pennes qui composent la queue, les quatre du milieu, qui sont les plus courtes , sont noires ; celles qui suivent de chaque côté, et qui sont plus len- gues, sont noires aussi; mais elles sont bordées extérieu- rement de gris blanc. Enfin les plus extérieures, qui sont moins longues que les précédentes, sont mi-parties de noir et de blanc dans toute leur étendue. L’iris est noir, ainsi que le bec, dont la pointe cest grise; les pieds sont noirâtres, et les ongles noirs. Cet oiseau fait son nid à trois ou quatre pieds au- dessus de la terre, sur l'enfourchement des branches : ce nid est composé en dehors de lichens et de mousse ; D'ORNITHOLOGTE. 243 en dedans il est mollement tapissé d’une grande quantité de plumes ; sa forme est cylindrique, cependant un peu ovale; il a près de huit pouces de hauteur sur quatre de largeur ; il est fermé en dessus et en dessous, et il est remarquable par deux ouvertures pratiquées sur les côtés et qui se correspondent : l’une sert d'entrée, et l’autre de sortie à l'oiseau 1). La femelle y pond depuis dix jusqu'a vingt œufs gris, entourés d’une zone rougeûtre : ces œufs ont le diamètre d’un gros pois ou d'une petite noisette. Le plumage de la mésange à longue queue est sujet, comme dans plusieurs espèces d'oiseaux, à des variétés accidentelles ; nous en avons vu quelquefois qui étoient partout d’un brun presque noir. En 1783, étant à la chasse, au milieu de l’hiver, dans des forêts aux environs de Mirecourt, nous aperçûmes assez près de nous deux mésanges à longue queue qui. étoient d’un blanc aussi pur que la neige qui couvroit les branches sur lesquelles elles sautilloient en se suspendant de eent maniéres différentes. Nous ne pûmes tuer pour notre cabinet qu'un de ces oiseaux, parce que l'explosion du coup de fusil fit dis- paroître l’autre, qu'il nous fut impossible de rejoindre. 1) Nous sommes fort de l’avis de quelques ornithologistes qui prétendent que cette double ouverture du nid de la mésange à longue queue , est une prévoyance qui lui a été inspirée par la DAT ; nature afin que sa longue queue, qui au moindre choc se détache, fût à son aise durant l’incubation , et qu’elle ne fût pas 2 ? exposée à la froisser ; ce qui arriveroit nécessairement, si loisear étoit obligé de se retourner dans son nid pour en sortir par la seule ouverture qui lui auroit servi d’entrée, 246 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 10. LA PENDULINE. Parus narbonensis. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. 116. Cette espèce de mésange ne se trouve que dans le dé- partement de la Haute-Garonne, où elle est, dit-on, fort commune. Elle tire son nom de la maniere dont elle suspend son nid : ce nid, de la grosseur d’un œuf d’autruche, est om- bragé par une espèce de petit avant-toit ; il a une ouver- ture pratiquée sur le côté; il est suspendu par des brins de laine artistement entrelacés les uns dans les autres, et amalgamés avec d’autres matieres flexibles, telles que des racines de chiendent. Il est ordinairement fixé à la bifur- cation d’un peuplier par des cordons assezsolides. C’est dans ce nid que les œufs, ainsi que les jeunes, sont à l'abri des intempéries de l'atmosphère , au moyen de la petite avance qui se trouve au-dessus de son entrée et qui a plus de quinze lignes de saillie. La penduline, qui a trois pouces et demi de longueur, a toute la gorge et le dessous du corps d’un blanc un peu roussâtre. Le dessus de sa tête est gris, et la partie supérieure de son corps est d'un gris roussâtre : les cou- vertures supérieures de ses ailes, de même que leurs pennes moyennes, sont noiràtres, bordées d’une couleur rousse. Leurs grandes pennes et celles de la queue sont également noiràtres; mais les premières sont bordées de blanchâtre, et les secondes le sont de roux clair. Le bec de cet oïseau est noir, avec la saillie de la mandibule supé- rieure d’un jaune brun. L'iris de ses yeux est d'un brun rougetre ; ses pieds sont de couleur de plomb, et ses ongles noirs sont un peu arqués. Toutes les pennes dû milieu D'ORNITHOLOGIE. ir de sa queue sont d'égale longueur, à l’exception de la plus extérieure de chaque côté, qui est un peu plus courte. DEUXIÈME GENRE. LES ALOUETTES. Quoique les alouettes aient le bec grêle , ef- filé et plus alongé que les oiseaux du genre pré- cédent , quelques espèces l’ont cependant en- core assez fort pour rompre les graines qui font une partie de leur nourriture. Elles n’ont pas, comme les précédens, les narines couvertes par les plumes de la base du bec ; mais elles ont un caractere tranchant qui les fait aisément reconnoitre. Ce caractère consiste dans l’ongle du doigt de derrière, qui est presque droit, et qui est plus long que le doigt même 1). Le plumage des alouettes est généralement gris ou grivelé de brun : la plupart d’entr’elles s'élèvent perpendiculairement en chantant, et à une telle hauteur que souvent elles échap- pent à la vue la plus percante. I semble que, plus elles sont élevées , plus leur voix devient forte ; car, du sein des nuages , on les entend 1) L’ongle postérieur des alouettes acquiert de la longueur à mesure que l’oiseau avance en âge. 243 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE irès-distinctement sur la terre sans les aperce- voir; et plus elles s’approchent de nous en descendant, plus aussi la force de leur voix semble Re : elles se taisent aussitôt ii ’elles touchent la terre. C'est dans les champs , et toujours à plate ierre , que les alouettes font leur nid, qu'elles cachent avec le plus grand soin. Nous connoissons en France dix espèces d’a- louettes , savoir : lalouette ordinaire , le cuje- lier, la calandre ou grosse alouette, le cochevis ou grosse alouette huppée , le lulu ou petite! alouette huppée , la coquillade , la spipolette, la farlouse ou alouette des prés, V'alouette- pipi et la srrole. [e) 1° L'ALOUETTE ORDINAIRE (1). Alauda arvensis. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. L’alouette. BRIS. Ornith. tom. 3, pag. 335. ( Voyez la planche XII de cet ouvrage.) La longueur de cetoiseau, prise de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de six pouces dix lignes; son vol est d’un pied à peu pres, et ses ailes, lorsqu'elles sont 1} On prétend , et cela paroït vraisemblable, que laloueite tire son nom français de sa dénomination celtique a/aud, dont nous avons fait alouelte.-Cet oiseau est connu à Paris, on ne sait trop pourquoi, sous le nom vulgaire de mauvieile. D'ORNITHOLOGIE + .249 ployées, s'étendent jusqu'aux deux tiers de la longucur de sa queue. L’alouette ordinaire a la tête, la partie supérieure du cou, le dos et le croupion variés de noirâtre, de gris roussâtre et de blanchâtre; chaque plume est noirûtre dans son milieu, d’un gris roussâtre sur les côtés, et bordée de blanchitre; les plumes scapulaires et les cou- vertures du dessus de la queue sont variées de même et des mêmes couleurs. De chaque côté de la tête, au-dessus des yeux, il se trouve une bande d’un blanc roussàtre. La gorge est blanche; la partie inférieure du cou est re- vêtue de plumes d’un blanc roussàtre, marquées chacune, dans leur milieu, d’une tache longitudinale noirâtre; celles qui recouvrent les flancs sont d’un gris roussàtre clair , ayant chacune dans leur milieu une ligne brune, qui s'étend suivant la longueur de la tige.-La poitrine, le ventre, les jambes, les couvertures du dessous de la queue et celles du dessous des ailes, sont d’un blanc mêlé d’une teinte tres-légère de roussätre. Les petites couvertures du dessus des ailes sont d’un gris tirant sur le roussâtre, et bordées de blanchâtre; les grandes sont brunes , bordées de fauve ; les plus voisines du corps sont d’un gris brun, terminées de fauve et bordées de blanchâtre. Les pennes des ailes sont brunes; leur bord extérieur est fauve, et le bout de la plume est blanc; les plus proches du corps sont d’une couleur plus foncée que les autres, et bordées intérieu- rement de fauve. Des douze pennes qui composent la queue, qui est un peu fourchue, les deux du milieu sont noirâtres le long de leur tige, d’un gris brun roussàtre sur les côtés, ct bordées de blanchâtre; les quatre suivantes, de chaque côté, sont noirâtres, bordées, les unes de rous- sâtre, etlesautres de blanchâtre; la cinquième, de chaque côté, a son bord extérieur blanc, et l'intérieur noirûtre °50 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE bordé de blanc; enfin la dernière, de chaque côté, est blanche extérieurement, brune du côté intérieur et à son origine , puis blanche vers le bout. L’iris est de couleur de noisette; la mandibule supérieure du bec est de couleur de corne, et l’inférieure blanchàtre; les pieds sont gris bruns ; les ongles noirâtres , terminés de blanchûtre. Il sembloit que cette espèce d’alouelte , qui est extrême- ment commune dans toute l’étendue de la France, n’avoit pas besoin, pour y être reconnue, de description ni de signalement : tout le monde sait que son chant est très- agréable, que c’est lui qui nous annonce la fuite du triste hiver, et le retour des beaux jours du printemps ; quoiqu’elle chante durant toute la belle saison , cependant elle fait entendre ses concerts mélodieux plus particulièrement le matin et le soir qu’à midi. L'alouette ordinaire fait son nid à terre, et elle le cache avec soin; ce nid est composé seulement de petites racines sèches à lextérieur , et garni intérieurement d'herbes : la femelle, qui fait deux ou trois pontes par an, y dépose quatre où cinq œufs grisàtres , tachetés de brun. Nos oïseleurs de la plaine des Vosges, où le passage des alouettes est très-nombreux en automne , prennent assez souvent dans leurs filets, qu'ils appellent volets, et qu'ils tendent dans les champs d'avoine nouvellement moissonnés et les plus voisins des blés récemment ense- mencés, des alouettes blanches, mêlées d’une teinte lé- gère de jaune, qui ont le bec, les pieds et les ongles blancs; d’autres fois ils attrapent dans ces mêmes filets des alouetles noires, ou, pour parler plus correctement , des alouettes d'un brun sombre et rougeätre, tirant un peu sur le noir, à occiput d'un jaunätre sombre, à bec, pieds et ongles d’un jaune sale. Nous avons pris nous-mêmes dans nos filets une D’'ORNITHOLOGIE. 251 alouette à bec croisé, que tout le monde a vue dans notre collection ; chacune des mandibules de cet oiseau se croisoit de manière que l’une et l’autre faisoient une saillie sur elles- mêmes, et en sens inverse, d'environ trois lignes. Lorsque cette alouette, que nous avons nourrie en cage plusieurs mois, mangeoit, elle étoit obligée de tourner son bec de côté, et elle ne ramassoit qu’ainsi sa nourriture. On ne doit point regarder, sans doute, ces alouettes comme des espèces constantes, mais bien comme des jeux acciden- tels de la nature. L’alouette ordinaire est un oiseau susceptible d'apprendre à siffler d’une manitre tout-a-fait étrangère au ramage mé- lodieux de son espèce ; car au moment que nous en écrivons l'histoire , nous avons dans notre maison à Paris une alouette qui chante plusieurs airs de serinette, et son maître nous a assuré qu’elle avoit six ans. 2° LE CUJELIER. Alauda arborea. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. L'alouette de bois , où Le cujelier. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 340. ( Voyez la planche XIII de cet ouvrage. ) Le cujelier, qui est connu dans la plupart des départe- mens, où il est au moins annuellement de passage 1), porte dans celui des Vosges les noms vulgaires de furluk et d’alouette des bois; dans celui de la Côte-d'Or on rare NN CIRE OURS, een" 1) Des naturalistes voyageurs, dignes de foi, nous ont assuré ’ | CE , quon trouvoit, comme en France, des cujeliers en Russie, en Sibérie et jusqu’au Kamtschatka 25: TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Fappelle pirouot ; dans le département de Loir-et-Cher, on le nomme cocheliriew , cochelivier , piénw , flûteux , alouette flûteuse , musette, turlut, turlutoir et luteux , dans celui de la Charente , coutrioux ; dans le départe- ment de la Loire-Inférieure il est connu sous le nom d’a- louctte calandre, et le peuple , par corruption, a fait de cette dénomination eelle d’escalandre. Cette espèce d’alouette est beaucoup plus petite que l'alouelte ordinaire, et sa manière de vivre est fort diffé- rente : elle n’a que six pouces de longueur, du bout du bec à celui de la queue, et neuf pouces de vol; ses ailes, lorsquelles sont ployées, atteignent à peu près la moitié de la longueur de sa queue. Sa tête, le derrière de son cou et son dos, sont variés de brun et de roux jaunètre. Cette dernière couleur borde chaque plume, et le brun en occupe le milieu; cependant quelques-unes des cou- vertures des aïles sont bordées de blanc vers le bout. Le croupion et le dessus de la queue sont d’un gris olivâtre ; une bande blanche passe de chaque côté de la tête, au- dessus des yeux; la gorge est blanehe; le devant du cow, h poitrine et les côtés sont d’un blanc mêlé de jaunûtre , variés de taches brunes sur le milieu des plumes; le ventre est blanc; les pennes des ailes sont brunes, et les plus grandes sont échancrées vers le bout; Îa plus extérieure est beaucoup plus courte que les autres. Des douze pennes qui composent la queue, les deux du milieu sont d’un gris brun ; les suivantes sont brunes, et la plus extérieure de chaque côté est blanche en dehors, brune et terminée de blanc du côté du corps: cette queue est un peu four- chue. L'iris est de couleur de noisette; la mandibule su- périeure du bec est brune , l’inférieure est teintée de rou- geätre pâle; les pieds sont de cette dernière couleur, ef les ongles noirs. D'ORNITHOLOGIE. 253 La femelle a moins de taches brunes sur la poitrine, et les pennes de ses ailes sont bordées extérieurement de gris. Le cujelier se plaît dans les terres incultes voisines des taillis, d’où probablement il a pris son nom d’alouette des bois : il fait entendre, la nuit comme le jour, un chant qui approche de celui du rossignol; il s'élève jusque dans les nues, comme l’alouette ordinaire, d’où l’on distingue , sur terre la mélodie de ses accens; mais il diffère encore de celle-ci en ce qu'il se perche. En hiver, ces oiseaux, qui sont gras alors, se réu- nissent par troupes. Au printemps, ils font leur nid à terre et le cachent sous une motte de gazon : la femelle y pond} quatre ou cing œufs tachetés de brun sur un fond gris blan- chûtre. 3° LA CALANDRE, OU GROSSE ALOUETTE. Calandra. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. La grosse alouette, ou la calandre. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 322. Quoique l'Italie et l'Espagne semblent être le pays natal de la calandre, néanmoins elle se plaît, non-seulement dans les départemens les plus méridionaux de la France , où on la nomme coulassade; mais chaque année, en au- tomne, elle est de passage, peu nombreux et qui dure un instant , à la vérité, dans celui des Vosges. Les chasseurs de ce département en prennent alors, quoiqu’assez rare- ment, dans leurs filets, pendant le jour. Il n’est pas de moyen plus sûr pour s'en procurer, que celui de s’assu- rer, à l'instant de la chute du soleil, vers son coucher, 254 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE du canton qu’elles ont choisi pour faire leur résidence momentanée dans nos champs , et d’aller, pendant la nuit, les y surprendre avec le filet à nappe, que l'on nomme éraineau 1) de nuit. La calandre est beaucoup plus grosse que l’alouette or- dinaire ; elle a de longueur totaie, de l’extrémité du bec à celle de la queue, sept pouces quatre lignes, et treize pouces et demi de vol; lorsque ses ailes sont ployées , elles atteignent presque l'extrémité de sa queue. Son bec, beaucoup plus court et plus gros que celui de l’alouette ordinaire, est assez fort pour rompre et triturer les graines, 1} Le traîneau est un filet qui a plus ou moins d’étendue sur chacune de ses faces, et qui forme un carré long. Celui avec lequel nous avons fait plusieurs fois, pendant les vacances de nos études , cette chasse aussi fatigante qu'elle est agréable, avoit de longueur soixante-dix pieds sur quarante de largeur ; à chacune des extrémités de sa largeur , il étoit garni de mailles fabriquées en bonne ficelle de Strasbourg, de cinq ou six pouces de dia- mètre, pour recevoir une perche de quarante pieds sur quatre pouces de diamètre, qui enfloit toutes ces mailles, et qui étoit fixée par chacun de leurs bouts au filet par des ficelles que l’on -tournoit autour. ( On se procure facilement de ces perches dans les Vosges, au moyen de deux petits sapins de vingt pieds qui y sont fort communs, et que l’on fait hanter solidement l’un au bout de autre.) Deux hommes forts tiennent dans leur milieu chacune de ces perches, le bout antérieur élevé , et l'extérieur traïnant par terre ; ils tirent l’un contre l’autre, afin de tendre le filet, et parcourent ainsi la plaine. On attache même derrière ce filet des torches de paille , qui, en frottant contre le chaume , font enlever les alouetles , qui, en frappant contre le filet, avertissent qu’il faut le laisser tomber : alors, à l’aide d’une lanterne sourde, on les voit et on les prend. Nous avons attrappé plusieurs fois de cette manière des compagnies entières de perdreaux , des cailles et mème des râles. D'ORNITHOLOGIE. 25 que celle-ci est obligée d’avaler én entier, parce qu'elle ne peut les concasser. ou La calandre a les mêmes mœurs, les mêmes habitudes que l’alouette des champs; et sa voix, quoique beaucoup plus forte, n’en est pas pour cela moins agréable : on pré- tend qu'aux charmes de son ramage elle ajoute Le talent de contrefaire parfaitement celui de plusieurs oiseaux dont la mélodieuse harmonie flatte agréablement notre oreille. Tout le dessus du corps de la calandre est semblable à celui de l'alouetfe ordinaire ; sa gorge , parfaitement blanche, est ornée d’un collier noir, dont la couleur est plus profonde dans le mâle que dans la femelle. Le devant de son cou, ainsi que sa poitrine, sont d’un blanc sale, marqué de quelques mouchetures noirâtres; les côtés sont bruns roussâtres, et le ventre est blanc, Les grandes pennes de ses ailes sont brunes, bordées intérieurement et extc- rieurement de blanchtre ; les moyennes sont brunes en dehors, bordées en dedans, et terminées de blanc. Des douze pennes qui composent sa queue, les deux du mi- lieu sont d'un gris brun : les deux plus extérieures de chaque côté sont blanches en dehors dans toute leur lon- gueur ; intérieurement elles sont noires depuis leur ori- gine jusqu’à la moitié de leur longueur, et le reste est blanc. Toutes les autres pennes de cette partie sont va- riées de gris, de blanc et de noirâtre, disposés suivant la direction longitudinale de la plume. L'iris est de couleur marron, entouré d’un cercle jaunûtre et étroit; le bec, les pieds et les ongles sont d’un gris blanc. 256 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE À." LE COCHEVIS, OU GROSSE ALOUETTE HUPPÉE. Ælauda cristata. Lan. Syst. nat. édit. 13, gen. 288. L'alouette huppée , ou Le cochevis. Bris. Ornith. iom. 3, pag. 357. ( Foyez la planche XII de cet ouvrage. } Le cochevis est un de ces aimables musiciens dont la douce mélodie nous annonce le retour du printemps ; son chant, qui est fort agréable , est moins perçant que celui de l'alouette ordinaire ; il est plus qu’elle susceptible d’ap- prendre et de siffler en cage plusieurs airs de serinette ; et ce qu'il a d'étonnant, en comparaison de tous nos chantres emplumés, c'est qu’on prétend que, lorsqu'il s’est meublé la mémoire d'une musique étrangère à son espèce, il oublie absolument son chant naturel. Le cochevis porte différens noms dans les divers dépar- temens de la France qu'il habite. Dans celui de l’Aïsne, on le nomme alouette crêtée; dans celui de Loir-et-Cher, on l'appelle alouette dupée; dans le département d'Eure-et- Loire, il porte le nom d’alouette cornue, d’alouette de che- mins ; dans celui de la Dordogne, on l'appelle verdange ; dans le département de Seine-et-Marne , il est connu sous les dénominations d'alouette de vignes, de grosse alouelte et d’alouette d'arbres; dans ceux des Bouches-du-Rhône et du Loiret, il porte le nom de calandre; dans les Vosges enfin, où il est rare, et où il ne paroît que quel- quefois pendant l'hiver le long des chaussées, cherchant sa nourriture dans les crotins des chevaux, on le nomme grosse alouette huppée, grosse alouette de Champagne. IL se pose alors volontiers sur le toit des chaumières , sur les murailles des jardins ; et quelquefois même D'ORNITHOLOGIE. 257 sur les arbres, d’où il fait entendre une sorte de gazouille- ment fort doux et très-agréable. Le cochevis est un peu plus gros que l’alouette ordinaire ; il est bien moins farouche qu’elle. Sa longueur, du bout du bec à celui de la queue, est de six pouces neuf lignes ; il a dix pouces et demi de vol; et ses ailes, lorsqu'elles sont ployées, atteignent la moitié de la longueur de sa queue. Toutes les plumes qui revêtent le dessus de sa tête , le derrière de son cou et le dessus de son corps, sont d’un gris foncé dans leur milieu, et d'un gris plus clair dans leur contour: le sommet de sa tête est surmonté d'une huppe composée de plusieurs plumes , qui ne sont pas en nombre égal dans tous les individus ; les uns n’en ont que sept, et les autres huit , jusqu’à douze : toutes ces plumes excédent de beaucoup celles de la tête en longueur. Sur les côtés de cette partie, on voit une bande d’un gris roussètre qui passe par les yeux. Sa gorge, le ‘devant de son cou et le dessous de son corps sont d’un blanc obscur, légérement nué de rous- sàtre. Quelques taches brunes sont clair-semées sur la poitrine et sur les côtés. Les pennes des ailes sont d’un gris brun ; celles des côtés de la queue sont d’un brun noirâtre, et les deux du milieu seulement sont d’un gris brun, nuées de roussàtre. L’iris est cendré ; la mandibule supérieure du bec est brune; l'inférieure est blanchâtre. Les pieds, ainsi que les ongles, sont d’un gris blanc. Cet oiseau fait son nid de trés-bonne heure au prin- temps ; il le place toujours à terre 1), et la femelle y 1) Quelques personnes , de celles sans doute qui sont toujours avides du merveilleux, ayant aperçu un crapaud près du nid d’un cochevis, ont cru que ce reptile sortoit de dessus les œufs de cet ciseau , que la mère avoit probablement abaudonnés un instant T, le 17 256 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE pond quatre ou cinq œufs d'une couleur cendrée claire, marquée d'un grand nombre de taches d’un brun noi- ratre. On prend les cochevis de la même manière que l’alouette ordinaire, c'est-à-dire, au miroir, ou bien au traîneau, de nuit. 5° LE LULU, OU PETITE ALOUETTE HUPPÉE. A lauda nemorosa. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. La petite alouette huppée. Bris. Ornith. t. 3, p. 367. Quoique cet oiseau, au rapport de quelques ornitholo- gistes justement célèbres, soit réputé inconnu en France, il n’est pas moins certain qu'il se trouve sur les Pyrénées, et qu'il est même assez commun dans toute l’étendue de la ci-devant Lorraine, et surtout dans la partie basse ou la partie agricole du département des Vosges, où il ne fréquente guère que les forêts. C'est d’après son cri que Gesner a donné à cette espèce d’alouette le nom de lulu. Ce cri n’est rien moins qu'a- gréable, et il ne ressemble nullement au ramage mélo- dieux des autres espèces d'alouettes, dont le lulu diffère encore par l'habitude qu'il a de courir assez vite dans les champs, et toujours par troupes. afin de pourvoir à sa nourriture ; elles en ont conclu que ce gua- drupède ovipare étoit dans l’habitude de couver ces mêmes œufs, et elles n’ont pas manqué de raconter cette absurdité à des ignorans de leur espèce qui ont fait passer de bouche en bouche cette erreur; et c’est ainsi que se sont propagés tant de préjugés populaires , qui sont un ountrage au bon sens et à la saine raison. D'ORNITHOLOGIE. 259 Lorsquelesrigueursdelhiverse fontsentir,surtout quand la terre est couverte de neïge, cet oiseau, qui passe avec nous la saison rigoureuse, s'approche de nos habitations : c’est lui que nous voyons fréquemment sur les fumiers de nos cam- pagnes ; c’est le même qui alors semble se familiariser avec l'espèce humaine, au point que si on ne l’effarouche pas de maniere à l'intimider, il devient assez confiant pour pénétrer jusque dans nos granges , afin d'y chercher sa nourriture. Cette espèce d’alouette ne paroît jamais plus abondam- ment dans les Vosges qu’au milieu de l'hiver : aussi soupçonnons-nous , étayé de probabilités que nous ont fournies nes recherches, que le lulu nous arrive des confins de l'Allemagne ou de l'Italie, dans le milieu de l’automne; qu'il passe avec nous, l'hiver , et qu'il nous quitte au printemps: car, dès les premiers jours de cette saison renaissante, on ne rencontre plus un seul lulu dans les Vosges. Il est impossible de confondre le lulu avec le cochevis, quoique J’un et l’autre soient des alouettes huppées. D'a- bord :ïül$ différent , non-seulement par la taille, qui est beaucoup plus petite dans celui-ci que dans le cochevis, mais encore par la couleur du plumage, qui dans ie lulu est beaucoup moins sombre que dans le cochevis. La huppe du lulu d’ailleurs est proportionnément plus longue que celle du cochevis : ses pieds, au lieu d’être d'un gris sombre, comme ceux de ce dernier, sont rou- geàtres. L'iris des yeux du lulu est brun, ainsi que son bec , et ses ongles sont d’un gris blanc. 260 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 6." LA COOUIrLADr: Ælauda nudata. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. moitie L'e), +) Bi: 1e, doirie Jet 'adire CRE SUR CR, 1 . (ACL Ier 12 Cette espèce d’alouette, que l’on ne trouve que dans le département des Bouches-du-Rhône, pourroit, à juste titre, se nommer le réveille-matin ; car elle est la première qui, dès l’aube du jour, fait entendre son chant mélo- dieux, comme pour donner l’éveil aux autres oiseaux, et les avertir que bientôt le père de la nature va darder ses rayons bienfaisans sur la terre, et qu'ils doivent se dis- poser à lui offrir, par leurs chants et leur allégresse, les hommages innocens de leur gratitude. On peut citer la coquillade comme le symbole de la fidélité conjugale et le modéle des époux; car il est extré- mement rare de voir le màle de cette espèce se séparer ou s'éloigner de sa femelle ; et, tandis que l’un est occupé a chercher dans les champs sa nourriture, qui consiste dans des chenilles, des limaçons, des sauterelles et quelques autres insectes, l’autre est attentif à ce qui se passe au- tour d’eux ; il avertit sa compagne des dangers qu’il soup- çonne les menacer, et ils cherchent aussitôt de concert leur salut dans la fuite. Cet oiseau a de longueur totale six pouces trois quarts, et ses ailes ployées atteignent, à sept ou huit lignes près, l'extrémité de sa queue. Sa gorge, de même que tout le dessous de son corps, est d’un jaunätre blanc ; néanmoiïins son cou et sa poitrine sont mouchetés de petites taches noirâtres. Tout le dessus de son corps est varié de noï- ràtre et de roux clair. Les grandes couvertures de ses ailes sont de ces mêmes couleurs; mais elles sont bordées et terminées de blanc. D’'ORNITHOLOGIE. 261 La coquillade se rapproche du cochevis, en ce qu’elle a, comme lui, sur la tête une petite huppe couchée en arrière, et qu’elle peut relever a volonté. Les plumes qui com- posent cette huppe sont noires, bordées de blanc. Les pennes de ses ailes et de sa queue sont de couleur brime , bordées de roux clair; eependant il y a quelques pennes des ailes qui sont bordées de blanc. La mandibule supé- rieure du bee de cet oiseau est brune, et l’inférieure est blanchâtre; l'iris est de couleur de noisette, les pieds sont d’un blanc jaunâtre, et les ongles noirâtres. 5: LA SPIPOLETTE. Alauda campestris. LAN. Syst. nat. édit. 13 , gen. 105. L'alouette des champs. Bris. Ornith. t. 3, p. 349. La spipolette, qui est un peu plus grosse que la far- louse, est connue seulement sur la cime des plus hautes montagnes des Pyrénées, où elle porte le nom d’alouette des champs : elle ne paroïît dans ees contrées que pendant l'été, et s’en retourne en automne vers l'Italie d’où elle étoit venue. Elle se plaît particulièrement dans les bruyères et dans les friches, ainsi que dans les chaumes : elle se perche quelquefois , mais assez rarement. Cetoiseauest remarquable par un mouvement de vibration qu'il a dans la queue , comme la lavandière. Il a de longueur , mesuré du bout du bec à l’extrémité de la queue, six pouces et demi ; son vol est d’onze pouceset demi; etses ailes, ployées, atteignent à peu prés la moitié de la longueur de sa queue. Sa tête , le dessus de son cou, son dos, son croupion et ses plumes scapulaires , ainsi que les couvertures du dessus de sa queue , sont d’un gris brun, mêlé d’une teinte olivâtre. Sa gorge, son ventre, ses côtés et les couvertures du 262 , TABLEAU ELEÉMENTAIRE dessous de sa queue, sont d’un blanc sale , teinté de jau- nâtre.. Le devant de son cou et sa poitrine sont de cette même couleur ; mais ils sont marqués de taches longitu- dinales brunes : chaque joue est traversée par une petite bande longitudinale d’un blanc jaunâtre qui passe au- dessus de l’œil. Les pennes de ses aïles sont brunes, bor- dées de brun jaunâtre. Les deux pennes du milieu de la queue sont d’un gris brun, et les latérales sont noiratres ; néanmoins la plus extérieure de chaque côté est blanche en dehors. L'iris est de couleur de noisette ; la mandibule supérieure du bec est noirûtre, et l’inférieure de couleur de chair; les pieds et les ongles sont bruns. Cette alouette, de même que la plupart des autres espèces, fait son nid à terre; elle le cache avec soin, en le plaçant entre deux mottes qui en dérobent la vue; elle le compose de racines et d'herbes sèches. La femelle, qui fait deux ou trois pontes par an, y dépose quatre ou cinq œufs grisâtres, tachetés de brun. 8° LA FARLOUSE, OU L'ALOUETTE DES PRES. A lauda pratensis. LiN. Syst: nat. édit. 13, gen. 105. La farlouse , ou l’alouette des prés. Bris. Oruith. tom. 3, pag. 343. La farlouse est connue dans beaucoup de départemens sous les noms de petite alouette, d’alouetle des bois ou de bruyères, d’alouette bâtarde, d’alouette folle, d’alouette percheuse; dans le département d'Eure-et-Loir, on la nomme alouette bretonne; dans celui de Loir-et-Cher , tique, kique, akikis ; dans le département des Bouches-du- Rhône, on l’appelle bédonide et pivotone; dans celui de D'ORNITHOLOGIE. 263 la Meurthe, bec-figue; dans celui des Vosges, enfin, elle n’est connue que sous le nom d’alouettine. La farlouse, qui est la plus petite de toutes les aloueltes, est beaucoup moins grande que l’alouette ordinaire; car elle n’a de longueur totale, de l'extrémité du bec à celle de la queue, que cinq pouces six lignes, et huit pouces et demi de vol. Sa tête, le derrière de son cou, ainsi que la partie antérieure du dessus de son corps, sont variés de noirûtre et d’olivàtre; son croupion et le dessus de sa queue sont olivätres, sans taches. Sa gorge , son ventre, ses jambes et le dessous de sa queue, sont d’un blanc sale et jaunàtre. Le devant de son cou, sa poitrine et ses côtés sont de la même couleur, mais pointillés de petites taches longitudinales noirâtres. Il y a de chaque côté de la tête, au-dessus de l’œil, une raie transversale d’un blanc jau- nâtre qui lui forme une espèce de sourcil. Les pennes des ailes et de la queue sont noirâtres, bordées d’olivâtre. L'iris est de couleur de noisette ; la mandibule supérieure du bec est noirâtre ; l’inférieure est de couleur de chaïr ; les pieds sont jaunâtres, et les ongles bruns. Quoique la farlouse se perche, elle se plaît néanmoins à terre, et surtout dans les terrains humides : c’est la qu’elle fait son nid, dans lequel la femelle pond quatre ou cinq œufs d’un brun rougeûtre, semés de petites taches d’un brun plus foncé. Cet oiseau se nourrit de vermis- seaux, d'insectes et de menues graines. En automne, il se réunit par bandes, qui nous quittent presque toutes pendant l'hiver : c’est a l’arrière-saison que nos oïiseleurs des Vosges en prennent un grand nombre dans leurs filets d'alouettes, 264 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE L 9. L'ALOUETTE PIPI. Alauda trivialis. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 105, L’alouette de buisson, Bris. Ornith. tom. 3, pag. 343. ( Voyez la planche XIII de cet ouvrage.) La longueur de cet oiseau, mesuré du bout du bec à l'extrémité de la queue, est de cinq pouces et demi; son vol est de huit pouces six lignes; et ses ailes, ployées, atteignent la moitié de la longueur de sa queue. Sa tête, la partie supérieure de son cou, son dos et son croupion, sont couverts de plumes noiràtres dans leur milieu et olivätres sur leurs bords; ce qui fait paroître ces par- ties variées de ces deux nuances. Sa gorge, la partie infé- Tieure de son cou, sa poitrine, son ventre, ses côtés et ses jambes, sont d’un blanc jaunâtre, marqués de taches longitudinales noirâtres sur la poitrine et sur le ventre. Les pennes de l'aile sont noiràtres, bordées extérieure- ment d’olivatre; les moyennes sont échancrées en cœur par le bout. Les deux pennes du milieu de la queue, qui en a douze, sont brunes, moins foncées sur leurs bords; les intermédiaires sont noirâtres, bordées exté- rieurement de jaunûtre; la plus extérieure de chaque côté a le bord du dehors blanc dans toute sa longueur. Son bec est trés-eflilé, très-mince, et d’un brun jaunâtre; la mandibule supérieure est échancrée prés de sa pointe, et ses narines sont recouvertes par une petite membrane, et presque entierement cachées par de petites plumes di- rigées d’arrière en avant. L'iris de ses yeux est de couleur de noisette ; ses pieds sont d’un jaune obscur, etses ongles noirâtres. L’alouelle-pipi, que l’on nomme vulgairement dans les D'ORNITHOLOGIE. 265 Vosges et ailleurs alouettine, sinsignotte et bec-figue d’hi- ver, reste en France toute l’année ; elle se tient parmi les buissons, et se perche sur les branches les plus élevées 1). Cet oiseau tire sûrement son nom de son cri, qui, pen- dant l'hiver, n’est qu’une espèce de ràlement , et qui, au printemps, se change en un ramage agréable, filé, doux, trés-harmonieux, et toujours nettement prononcé. C’est à cette époque qu'il chante avec beaucoup d’ac- tion; on le voit souvent alors s'élever assez haut, et re- tomber perpendiculairement à la même place. Il fait son nid dans des endroits solitaires ; il le cache toujours dans une touffe de gazon, et la femelle y pond quatre ou cinq œufs blancs, marqués de taches brunes vers le gros bout. 0... LAGIROLE. A lauda italica. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 105. L'alouette d'Italie. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 355. Chaque année , dans leur passage d'automne seulement, nous voyons dans les Vosges une certaine quantité de cette espèce d’alouette qui semble retourner du nord, ou peut-être de l’intérieur de la France, vers l'Italie; elle ne séjourne dans nos montagnes que le moment de son pas- sage : ce qui nous confirme dans cette opinion, c’est qu’au commencement de septembre nous en avons tué 2 1) L'espèce de l’alouette-pipi est beaucoup moins nombreuse en France que celle de l’alouette commune : elle quitte en grande partie no$ pays à l’approche de l'hiver; il y reste néaumoins quelques-uns de ces oiseaux, qui se tiennent, durant la mauvaise saison , près des fontaines et des marais. 266 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE plusieurs , il y a quelques années , dans la partie nord de ces montagnes, que nous traversions pour gagner celles de la Suisse, et que nous n’en avons pas trouvé une seule dans le midi de ces contrées, où, au contraire, nous en avons rencontré beaucoup à notre retour , et pas une seule là où nous en avions tué en partant, quelques semaines auparavant. Tout ce que nous avons pu observer des mœurs et des habitudes de cet oiseau, c'est que jamais nous n’en avons rencontré deux dont on pût dire qu’ils vécussent en- semble; toujours nous les avons trouvés isolés, et même à une certaine distance les uns des autres : jamais ils ne se tenoient ni dans les bas-fonds, ni au sommet des montagnes, mais constamment dans les prés à demi- côte, et au bord des petits ruisseaux ou rigoles fabri- qués pour les irrigations. Nous avons enfin remarqué que cet oiseau n’étoit pas extrêmement sauvage, qu'il couroit très-vite à terre, ayant toujours la tête élevée, et qu'a l'approche du chien ou du chasseur il se blotis- soit contre la terre de manière à n'être plus aperçu ; qu'il falloit, pour ainsi dire, marcher dessus pour le faire envoler, et qu’en partant il jetoit un cri plusieurs fois répété, que nous ne pouvons mieux exprimer que par les syllabes pit-pit-trulz. La description que M. de Buffon donne de cette alouette, est exacte en tout point, au bec pres, qu'il dit être rouge, tandis que de plus de quinze individus mâles et femelles , que nous avons tués en différentes années, il ne s’en est trouvé aucun qui n’eût le bec d'un marron brun, presque noir, avec les angles des mandibules d’un blanc jaunâtre. La girole, mesurée de l'extrémité du bec à celle de la queue, a sept pouces moins une ligne de longueur; son vol est d’un pied deux lignes, etses aïles , ployées, attei- D'ORNITHOLOGIE. 267 gnent les deux tiers de la longueur de sa queue. Tout son plumage sur la tête et sur le dessus du corps, est un mélange de brun plus ou soins foncé, de roux vif et de blanchâtre : l’arrangement de cette couleur est tellement varié, qu'il paroît impossible de le décrire exactement. Une espèce de couronne blanche lui ceint le derrière de la tête. Les grandes pennes de ses ailes sont d’un brun marron , bordées de brun plus clair; les huit pennes in- termédiaires de sa queue sont du même brun que celui de ses ailes, mais sans bordure; la penne suivante, de chaque côté, est d’un brun marron dans sa moitié supérieure, et blanche dans le reste de sa longueur ; la plus extérieure, de chaque côté, est entièrement blanche : les pennes les plus longues n’ont qu’un pouce, et ce sont les plus exté- rieures; celles du milieu ont quelques lignes de moins , ce qui rend la queue fourchue. Tout le dessous du corps est d’un blanc un peu jaunètre; les pieds sont de couleur de chair, et les ongles blanchâtres; le postérieur est presque droit, et n’est recourbé que par le bout: dans quelques individus cet ongle avoit six lignes de long , et dans d’autres sept et même huit. L'iris est d’un brun vif et éclatant. TROISIÈME GENRE. LES BECS-FINS. Nous avons réuni dans ce troisième genre de la quatrième famille des passereaux , sous la dénomination de becs-fins, une multitude de petits oiseaux dont le bec en alène est infiniment plus foible que celui des alouettes : 268 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE aussi ne peuvent-ils se nourrir que d’insectes ou de vers ; et ils ont, pour leur malheur , la fatale réputation d’être tous un mets fort délicat. Les caractères distinclifs qui leur sont par- üculiers consistent dans des narines découver- tes , et dans l’ongle du doigt de derrière qui est courbé en are et qui n’est pas plus leng que ce doigt. Nous connoïssons dans ce genre trenlie-trois espèces, toutes indigènes de la France, soit qu'elles y soient constamment sédentaires, soit qu'elles n’y soient que de passage régulièrement périodique ou seulement accidentel. Ces trente- trois espèces sont : le Lec-figue , le rouge-gorge, la gorge-bleue , le rossignol des bois , le rossi- gnol de murailles, le rouge-queue , le traquet, le farier , le motteux ou cul-blanc ordinaire , le zotteux ou culblanc roussätre , la fauvette ordinaire , la variété de la fauvette ordinaire , la fauvette à tête notre , la fauvette babillarde, la fauvette grise ou la grisette, la petite gri- selte, la fauvette des bois ou la roussette , la passerinette, la petite fauvette à poitrine jaune, l1 fauvette de roseaux , la petite fauwvette rousse , la fauvette d'hiver ou le traine-buisson, la fauvette tachetée, la fauvette des Alpes, le pit-chou , le roitelet , le troglodite , le grand- pouillot , le petit pouillot ou le chantre, la la- D'ORNITHOLOGIE. 269 vandière , la bergeronnette grise , la bergeron- nelte-printannière et la bergeronnette jaune. Le) À I. LE BEC-FIGUE. Motacilla ficedula. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. Le bec-figue. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 369. Il est peu de personnes qui ne connoiïssent le bec-figue, au moins quant à sa réputation fameuse chez tous les gourmands, qui le comptent parmi les mets les plus dé- licats ; néanmoins il est peu d'oiseaux que l’on confonde plus généralement avec d’autres espèces tout-à-fait diffé- rentes. Quoique le pays natal du bec-figue soit le midi, et qu’il ne paroisse dans quelques départemens de la France qu’au moment de la maturité des raisins et des autres fruits doux et succulens qu'il entame , à ce que l’on prétend, avec son bec pour en sucer la pulpe sucrée 1), cependant cet oiseau nous arrive, dans le département des Vosges, dés le commence- ment de mai, et nous quitte de bonne beure en automne ; il ÿ est connu sous les noms vulgaires de meunier ou de petit pinçon des bois. Il niche dans nos forêts, où il cache son nid avec tant d'art et de soin , qu'il nous a été impossible, malgré les perquisitions que nous avons faites, de le dé- 1) Le bec de cet oïseau nous paroît trop délicat pour croire qu’il en puisse faire usage pour ouvrir les fruits et se nourrir de leur suc. La forme de ce bec indiqueroit plutôt qu'il re cherche que de petits insectes , tels que des fourmis ou des mou- cherons attirés par le mielleux de ces fruits , sur lesquels on le voit. 270 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE couvrir , afin de le signaler (1). Tout le temps que lé bec-figue séjourne dans les Vosges, jamais il ne quitte les forêts: c’estla que, du sommetde quelques grands arbres, il fait entendre une sorte de petit gazouillement qui n’offre rien d’agréable. Il y vit d'insectes mous et de petits vermisseaux, et nous convenons de bonne foi que, quoique nous en ayons suivi exactement les mœurs, jamais nous n'avons remarqué qu'il entamât nos cerises, nos raisins où nos groseilles, et que nous n'avons avancé ces faits que d’apres de célebres ornithologistes qui, en ayant peut-être étudié les habitudes dans leur pays chauds, leur ont vu com- de mettre ces petits larcins dans ces climats. On ne voit jamais cet oiseau réuni en bandes ;/ sa société se borne a celle du mâle et de sa femelle. Le bec-figue n’est pas un oiseau aussi beau qu'il est bon a manger. Tout son plumage ne consiste qu’en un mélange de brun, de gris et de blanchätre, auxquels se joint le noiràtre des pennes de ses ailes et de sa queue; ensorte qu'il ne se trouve rien de fort apparent dans ses couleurs , sinon une tache transversale blanche , qui coupe l'aile dans son milieu. Tout le dessus de son corps, à partir du sommet de sa tête, jusqu'au croupion, inclusivement, est d'un gris brun ; sa gorge est blanchätre; sa poitrine, dé même couleur , est légèrement teintée de brun; son ventre est blanc jusqu'a l'extrémité des deux pennes ex- térieures de sa queue, qui sont bordées, en dehors, de cette couleur. L'iris de ses yeux est brun, entouré d'un 1) La difficulté que l’on rencontre à découvrir le nid de cet oiseau ne vient que de ce qu'il le place, dit-on, comme le gobe-mouche à collier, dans des trous d'arbres et à une grande élévation. D'ORNITHOLOGIE. 291 cercle plus clair; son bec, ses pieds et ses ongles sont noirâtres. Cet oiseau est fort petit; il n’a que cinq pouces de longueur, de l'extrémité du bec, qui est mince et efülé, jusqu'a celle de la queue; son vok est de sept pouces. 2° LE ROUGE-GORGE. Sylvia rubecula. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. Le rouge-gorge. BRIS. Ornith. tom. 3, pag. 418. ( Voyez la planche XIII de cet ouvrage.) Le rouge-gorge est un peu moins gros que le rossignol des bois; il a cinq pouces neuf lignes de longueur, prise de l'extrémité du bec à celle de la queue, et huit pouces de vol. La partie supérieure de sa tête, le derrière de son cou et tout le dessus de son corps sont d’un gris brun; le devant de son front, le tour de ses yeux, sa gorge et le devant de son cou, sont d’un rouge-aurore, et quel- quefois orangé: cette même couleur s’étend sur le haut de la poitrine; elle ne paroît que lorsque l'oiseau est adulte; elle est toujours beaucoup plus foible dans la femelle que dans le mâle : Le bas de la poitrine est cendré sur les côtés, et blanc dans son milieu; le ventre est blanc; les côtés sont d'un brun olivâtre terne ; les pennes des ailes sont d’un gris brun et olivätres du côté extérieur; les moyennes sont de plus terminées par une petite tache rousse. Les pennes de la queue sont d'un gris brun, à l'exception des deux du milieu qui ont une teinte oli- vâtre. L'iris est d’un noir brillant, et l’œil extrêmement tendre ; le bec est noirâtre; les pieds et les ongles sont bruns. 272 TABLEAU ÉLEMENTAIRE Le rouge-gorge est un oiseau de passage qui arrive en France au printemps et la quitte dés le commencement d'octobre, quoique cependant ii en reste encore une trés- grande quantité dans certains départemens , tels que ceux des Vosges, de la Meurthe et de la Meuse, jusque fort avant dans le mois de novembre, par la raison, sans doute, que ces départemens sont plus directement situés sur la ligne qui, chaque année conduit les oiseaux des Ardennes vers le midi. Lorsque les rouges-gorges arrivent en France , ils se jettent dans des lieux frais de la forêt et qui sont voi- sins des eaux, parce que, outre la facilité de se baigner, ce qu'ils aiment beaucoup, ils y trouvent encore une plus grande abondance d'insectes et de vermisseaux, dont ils se nourrissent. Le rouge-gorge place son nid près de terre sur de gros herbages, et toujours au pied de quelques jeunes arbres ; l'extérieur de ce nid est composé de mousse, de feuilles et de crins. entrelacés les uns dans les autres : l’intérieur de ce nid est garni de plumes, sur lesquetles la femelle pond de cinq à sept œufs de couleur brune. Pendant tout le temps que dure l’incubation, le mâle, comme pour calmer l'ennui que doit causer à sa femelle la fonction pénible de l'incubation, se tient à quelque distance d'elle, et ne cesse de faire répéter aux échos de la forêt ses accens légers , tendres et mélodieux ; c'est un ramage agréable, doux, filé. et quelquefois subitement interrompu par des modulations plus écla- tantes, plus gracieuses, plus touchantes, et qui sem- blent être l'expression de désirs encore amoureux. La société seule de sa douce compagne remplit toutes les affections du rouge-gorge màle, au point que toute autre compagnie lui est incommode et importune; il poursuit D'ORNITHOLOGIE. 273 même avec acharnement les oiseaux de son espèce, afin de les éloigner du canton qu'il a choisi pour étre le ne domaine exclusif de sa famille. Dans le temps du passage de ces oiseaux, qui estle plus abondant en octobre , on est étonné de la prodigieuse quantité que, chaque jour, les oiseleurs qui tendent aux saulterelles 1) dans les bois de Mirecourt jusqu'a Neuf- Château, département des Vosges, fournissent à la sen- sualité des gourmands de ces contrées. Plus d’une fois nous avons été témoins qu’un seul tendeur (et il y en a un nombre considérable dans les basses Vosges) prenoit souvent par jour jusqu’à cinquante douzaines et plus de ces innocentes créatures 2 ). 1) Les sauterelles ou regets consistent dans une branche, de coudrier ou de quelqu’autre bois blanc d’un demi-pouce de dia- mètre sur trois à quatre pieds de long, que l’on pluie eu demi- cercle, et dont une des extrémités est percée d'un trou, à travers lequel passe une ficelle double qui est fixée à l’extréimité opposée de la branche. Au-dessous de ce trou, on pratique un cran horizontal sur lequel repose le bout d’une cheville, coupé car- rément : cette cheville, longue de six pouces, est cranée profondé- ment à l’extrémité opposée pour recevoir et contenir la ficelle double, qu’un nœud , à huit pouces de distance , arrête entre le trou de la sauterelle et cette cheville, sur laquelle la ficelle est étendue en rond. Lorsque l’oëseau , qui voltige dans les sen- tiers du bois que l’on a pratiqués, a le malheur de se poser sur de" cheville , le poids de son corps la fait sauter ,. et il se trouve pris par les pieds, que la force du ressort fracture tou- jours. O gourmandise, que tu es cruelle! (Voyez la planche XL de cet ouvrage, fig.9, 10, 11 et 12.) 2) Dans-les environs de Nancy et de Bar, il est des oiseleurs qui font passer à Paris des rowges-gorses , comme un mets rare et recherché : mais quelques précautions que l’on prenne: pour leur envoi, il n’est pas moins vrai de dire qu’ils font passer LIRE 18 274 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Les forêts des basses Vosges sont d'autant plus pro- pices au séjour passager de ces tendres victimes de la glou- tonnerie humaine, qu’elles abondent en sources d'eau vive, et qu’elles sont situées entre les Ardennes et les forêts du Sundgau qui joignent le Jura ; elles se trou- vent conséquemment sur la grande route de leurs migra- üons annuelles. Tous les rouges-gorges , néanmoins, ne nous quittent pas aux approches de l'hiver; il en reste un assez grand nombre pendant la saison rigoureuse.Le besoin qui les presse alors, eux qui naturellement ne sont pas sau- vages, les oblige quelquefois d’entrer dans nos habitations pour y chercher à vivre : il n’est pas même rare de voir ce paisible oiseau, au regard le plus doux, le plus tendre et Le plus affectueux , suivre jusque dans les appar- temens la trace des enfans qui, en mangeant leur pain, en ont laissé tomber quelques miettes qu'il ramasse avec avidité et sans s’effaroucher. En novembre 1788, un de ces aimables oiseaux, presque trausi de froid, vint béqueter en dehors d'une de nos croisées; nous la lui ouvrîmes : il entra sans façon et se plaça sur le dos d’un fauteuil non loin du feu ; nous nous assimes assez près de lui, et il ne parut nullement s’effa- oucher. La chaleur de l'appartement y avoit conservé en vie quelques mouches ; il commença par leur faire la chasse, et tout le reste de l'hiver il vécut de mie de pain, et de quelques particules de bœuf bouilli. Tous les matins, et à la pomte du jour, ce doux et aimable hôte nous régaloit d'une chanson mélodieuse qu'il pro- dans la capitale des oiseaux qui ne sont bous tout au plus que poux les chats, puisque dans notre département , après vingt- quatre heures, ils sont regardés comme un mets détestable, Fe D'ORNITHOLOGIE. 273 longeoit quelquefois pendant plusieurs heures de suite, Il étoit devenu si familier que , lorsque nous écrivions, sur notre bureau, il se posoit sur le papier, et quel- quefois même sur notre main gauche. Au printemps nous lui ouvrimes la croisée , et le troisième jour seulement il prit son essor vers la forêt, d’où jamais il n’est revenu. On voit dans la collection immense des oiseaux de la galerie du muséum du jardin des Plantes de Paris, un rouge-gorge qui est d’un grand tiers plus gros que le rouge-gorge ordinaire. Mais nous sommes convaincus qu’on ne doit attribuer cet excès de grosseur qu’à la maniére dont la peau de cet oiseau a été bourrée; car , dans plu- sieurs milliers de douzaines de rouges-gorges que nous avons vus en notre vie, jamais nous n'avons remarqué entre eux aucune disproportion de taille aussi sensible : seule- ment il s’en trouvoit dont la gorge étoit plus ou moins nuée du jaune pâle à l’aurore ; mais nous attribuons cette différence à l’âge ou bien au sexe. 3° LA-GORGE-BLEUE. Motacilla succica. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La gorge-bleue. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 413. ( Voyez la planche XIII de cet ouvrage.) De la taille à peu prés du rouge-gorge, la gorge-bleue est bien moins commune dans l'intérieur de la France que lui. Il paroît que le pays natal de cet oiseau com- mence en. Alsace , et s'étend de l'Allemagne jusques en Prusse. La gorge-bleue a à peu près les mêmes habitudes, les mêmes mœurs et la même inclination de familiarité pour 16 * 276 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE l’homme que le rouge-gorge ; néanmoins ce dernier ée- meure au fond des bois, tandis que la gorge-bleue se tient sur leurs lisières, surtout dans le voisinage des endroits marécageux et humides, dans les roseaux et les oserais- C’est là que sur la bifurcation d’une branche de saule” d’osier où de quelques autres arbu:tes qui croissent dans ces lieux aquatiques, cet o seau construit son nid. 1l en compose l'extérieur d'herbes sèches entrelacées les unes dans les autres, et l'intérieur est garni de ma- tières plus mollettes, sur lesquelles la femelle pond cinq ou six œufs brunâtres. C'est dans ces mêmes endroits sombrement humides que la gorge-bleue passe toute la belle saison ; puis, en automne, elle vient, avant son départ pour les pays chauds, visiter nos jardins et nos vergers des Vosges : la on la voit courir, et presque toujours par couple composé du mâle et de la femelle, le long des haies qui forment nos clôtures, à peu prés comme des souris, cherchant à terre des insectes et.des vermisseaux dont ils font leur nour- riture principale. Dans le temps du passage d'automne, qui se termine à la fin de novembre, on voit quelques couples de ces oiseaux dans la partie agricole du département des Vosges; on en prend même quelquefois, mais rarement, sur les sauterelles : ils sont plus communs, on pourroit même dire qu’ils abondent sur les montagnes de ce département et dans leurs environs. La gorge-bleue , par sa taille, sa figure, les nuances de ses couleurs, semble n’être que la répétition du rouge- gorge; seulement sa gorge et le devant de son cou, au lieu d’être , comme dans celui-ci, d’un jaune aurore, sont d’un beau bleu d'azur, avec une tache d’un blanc argenté dans le milieu : au dessous de la plaque bleue on voit une D'ORNITHOLOGIE. 277 bande transversale noire sur le haut de la poitrine, et plus bas une barre rousse ; le reste du dessous du corps est d'un gris roussâtre. L’iris des yeux est de couleur de noisette foncée ; le bec est noirâtre; les pieds et les ongles sont bruns. | Ce joli oiseau vit ézalement de baies et de fruits tendres, comme d'insectes et de vermisseaux. h° LE ROSSIGNOL DES BOIS. Motacilla luscinia. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. Le rossignol. Bris. Oruith. tom. 3 ,fpag. 397. ( Voyez la planche XIV de cet ouvrage, } C'est à juste titre, sans doute, que Îe rossignol est le plus renommé de tous les oiseaux chanteurs, soit à raison de la variété des modulations de sa voix, soit à cause des inflexions différentes et de l’art toujours nouveau avec lequel il crée, a chaque instant , une harmonie enchan- teresse. Il n’est pas moins étonnant par la force de sa voix, que par la vivacité de ses accens mélodieux : tantôt ce sont des coups de gosier éclatans, de ces batteries vives et légères dans lesquelles la volubilité égale la netteté ; tantôt c’est un murmure intérieur et sourd , très-propre à augmenter Véclat de ces tons inappréciables: ici ee sont des roulades cipitées , brillantes , rapides , articulées avec force, et mêue avec une sorte de dureté pour le bon goût: la des accens plaintifs sont cadencés avec mollesse; des sons filés sans art, sont enflés avec ame; des soupirs enehanteurs etpénétrans, qui sont le produit de l'amour et de la vo- lupté, font palpiter les cœurs , et causent à tout être 278 TABLEAU-ÉLÉMENTAIRE sensible une douce émotion et une touchante langueur. Le rossignol chante la nuit comme le jour; il semble même s'animer davantage dans le calme et le silence de Ja nuit. Néanmoins il est reconnu qu'il ñe chante que ses amours, et qu'il redouble d'ardeur pendant le temps que dure le soin pénible de l’incubation : ce zèle, sans doute, ne lui est inspiré que dans la vue de calmer l’ennui de sa tendre et fidéle compagne. On croit généralement que le rossignol ne chante plus dés que ses petits sont éclos, et en cela il n'y a rien d'é- tonnant, puisqu’alors tous ses momens sont consacrés aux soins de chercher, avec sa femelle, la nourriture qui con- vientaleurs enfans. Il est d’ailleursuniversellement reconnu que, passé la mi-mai, le rossignol ne chante plus; il ne lui reste alors qu’un cri rauque , une espèce de coassement qui fait qu’on le prend pour un tout autre oiseau, et même pour un reptile. Nousnedevons pas passer ici sous silence que Le rossignol est très-sensible aux charmes de l'harmonie; nous nous en sommes convaincus chaque année plus d’une fois. Cette année encore, nous promenant au jardin des Plantes dans une de ces belles soirées du printemps, notre oreille fut frappée délicieusement des accens mélodieux de deux ros- signols. À l'instant nous préludàmes sur la flûte traver- sière des fragmens d’airs tendres , et bientôt nos musiciens emplumés s'approchèrent de nous, gardérent quelqte temps un silence si profond quenous crûmes les avoir fait fuir ; mais bientôt, après avoir écouté quelque temps cette espéce de voix différente de la leur, ils préludèrent tous deux à l'unisson avec notre instrument qu'ils ne tardèreut pas de couvrir et d'effacer : plus d’une fois nous chan- geâmes de ton, en le haussant d'une tierce et même d’une octave, et aussitôt, à l'unisson avec nous, ils chantérent D'ORNITHOLOGIE. 279 avec plus d’ardeur et de véhémence, comme pour nous convaincre qu'ils avoient reçu de la nature plus de talens que jamais l’ért n’eût été capable de nous en procurer ; et nous leur accordèmes volontiers, et sans jalousie, le lau- rier de la victoire. Le rossignol est un oiseau de passage, qui nous arrive périodiquement chaque année , et qui se répand dans toute le France dès la mi-avril ; il nous quitte pour des pays plus tempérés, au commencement de septembre. À ce moment, et au grand regret des ames sensibles , les oise- leurs de la partie agricole des Vosges en prennent aux sauterelles une grande quantité; et il se trouve des gour- mands qui, sans remords, dévorent avec sensualité cet hôte enchanteur de nos forêts et de nos verts bocages, parce qu’à cette époque ils sont fort gras, et sont consé- quemment un mets délicat. A son arrivée en France, cet oiseau solitaire, timide et sauvage, s'enfonce, par couples, dans ïes taïllis les plus fourrés des bois, où il se nourrit d'insectes et de vermis- seaux. Vers la fin d'avril, ou au commencement de maï, il construit son nid de bourre et de poils en dedans, de fibres de plantes sèches, de jones et de petites racines en dehors; il le place sur une touffe d'herbes ou sur les bran- ches les plus basses de quelque arbuste : la femelle y pond quatre ou cirq œufs d’un brun verdàtre, Après dix-huit ou vingt jours d'incubation , les petits commencent à éclore , et il est reconnu, par plusieurs observations suivies avec la plus scrupuleuse exactitude, que dans chaque couvée le nombre des mâles est toujours au moins double de celui des femelles. Le rossignol fait jusqu’à trois portes par année. Le père et la mére, dégorgent à leurs petits la nourriture, comme le font les femelles de serins. 280 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Le rossignol est plus gros que le rouge-gorge : il a six pouces deux lignes de longueur de l'extrémité du bec à celle de la queue, et neuf pouces quatre lignes de vol; ses ailes, ployées, atteignent à peu près la moitié de la longueur de sa queue. Le plumage de cet oiseau ne répond guëre aux accens mélodieux de son charmant gosier et à la beauté de sa voix enchanteresse : car le derrière de sa tête, le dessus de son cou, son dos, son croupion, ses plumes sca- pulaires ‘et les couvertures du dessus de ses ailes, ne sont que d’un gris brun tirant sur le roux; les couver- tures du dessus de sa queue sont d’un brun roux. Sa gorge, le devant de son cou, sa poitrine et son ventre sont d’un, gris blanc; ses côtes, ainsi que ses jambes, sont gris; les pennes de ses ailes sont, du côté extérieur, d'un gris brun, tirant sur le roux, et du côté intérieur elles sont d’un cendré brun, bordées de roussâtre; les deux pennes intermédiaires de sa queue sont d’un brun roux, et les cinq latérales, de chaque côté, sont extérieurement de cette même couleur, et intérieurement elles sont d’un roux baï. Cet oiseau a une espèce de balancement de corps; il Vélève et abaisse alternativement dans une direction pa- ralléle au plan de position; il a aussi dans la queue un mouvement de vibration de haut en bas. l'iris de ses yeux est de couleur de noisette ; la man- dibule supérieure de son bec est d’un brun foncé, et l’infé- rieure a sa base tirant sur la couleur de chair ; le reste est d’un gris brun; ses pieds et ses ongles sont aussi de cou- leur de chair. On prend et on élève en cage des rossignols 1} qui 1) Nous donnons ci - après la manière de prendre les zos- D'ORNITHOLOGIE. 28% chantent dans les appartemens (rien n’est plus commun à : Paris ). Si les limites de cet ouvrage nous l’eussent permis, nous aurions donné les détails des procédés que lon em- ploie, pour habituer à la captivité et y nourrir ces char- mans hôtes de nos forêts : nous nous contenteron$ donc de renvoyer au traité du rossignol, dans lequel l'auteur entre dans les détails les plus minutieux à cette occasion. Il nous apprend aussi qu'il existe trois races distinctes de ce charmant oiseau, dont la plus grande, la plus ro- buste et la plus agréablement chantante, se tient, dit-il, constamment dans les buissons qui sont à portée des en- droits aquatiques, la moyenne dans les plaines, et la plus pétite sur les montagnes. Sans révoquer en doute ces observations, qui peuvent être vraies pour certains pays, nous certifions que pen- dant plusieurs années nous n’avons épargné ni peines ni soins pour constater ces faits , et que le résultat de nos recherches n’a point été heureux ; nous dirons même plus, c'est qu’un rossignol mâle, tué dans les montagnes des Vosges au mois de mai, ayant été comparé et même pesé avec un rossignol également mâle, tué le lendemain dans des buissons qui bordoiïent une morte de la plaine, il s’est trouvé que ce dernier pesoit un demigros moins que celui des montagnes. signols au printemps, ainsi que la forme et la figure du trébu- chet qu’on emploie à cette chasse. ( Voyez la planche XXXIX de cet ouvrage, fig. 1.) 282 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE QT * LE ROSSIGNOL DE MURAILLES. Motacilla phænicurus. Lin. Syst. nat. éd. 13, g. 114. Le rossignolde murailles. Bris. Ornith. t. 3, p. 403. ( Voyez la planche XIV de cet ouvrage.) Le chant de cet oiseau a quelque rapport avec celui du rossignol des bois; mais il est bien moins étendu, moins soutenu et moins varié ; il a d’ailleurs quelque chose de endre, à la vérité, mais qui se mêle et s’'amalgame avec des accens de tristesse. Le plumage, comme les habitudes, du rossignol de mu- railles ; différent de ceux du rossignol des bois ; il est d'ail- leurs bien moins gros que lui; iln’a que cinq pouces trois lignes de longueur de l'extrémité du bec à celle de la queue , et huit pouces de vol : lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent de quelques lignes la longueur de sa queue. Le dessus de la tête de cet oiseau, son cou, son dos, ses plumes scapulaires , ainsi que les couvertures du dessus de sa queue, sont d’un cendré clair ; la base de son bec est entourée de plumes noires; ses joues sont également noires; un plastron noir couvre sa gorge, le devant, les côtés de son cou, et remonte jusqu'autour de ses yeux; il a le froñit blanc , le croupion, les couver- tures du dessous de la queue, la poitrine, le ventre, les jambes et les côtés roux; les pennes de ses ailes sont d’un gris brun , ainsi que les deux intermédiaires de sa queue, dont les latérales sont rousses : il a les coins de la bouche jaunes à la commissure du bec. L'iris de ses yeux est brun ; il a le bec, les pieds et les ongles noirs. La tête, la gorge, le cou et Le dos de la femelle sont D'ORNITHOLOGIE. 283 gris ; elle a le croupion, les couvertures du dessüs de la queue #eux , et le dessous du corps de cette même cou- leur, mais plus claire que dans le mâle ; elle a peu et quelquefois point de blanc sur le front; elle est d’ailleurs de même taille que son mâle. Le rossignol de murailles est un oiseau de passage qui , lorsqu'il nous arrive au printemps, s'établit sur le faîte des vieux bâtimens les plus élevés, comme sur le pignon des - plus hautes maisons des villes, sur les clochers ou sur les cheminées les plus inaccessibles : c’est du sommet de ces élévations qu’il fait entendre son chant doux, filé et extrêmement agréable, quoiqu’un peu mélancolique. Le rossignol de murailles établit ordinairement son nid dans des trous ou des fissures d'anciens édifices, ou bien sur les toits des chaumières, surtout dans nos montagnes; la femelle y pond de cinq à six œufs bleuâtres 1). Pendant tout le temps que dure l'incubation, le mâle se tient sur le point le plus élevé des plus hauts bâtimens qui en sont voisins, et de ce poste il fait entendre son chant, qui commerce et se termine avec le jour Cet oiseau, extrêmement farouche et sauvage, a un mouvement de vibration horizontale dans la queue , qu'il aécompagne toujours d'un trémoussement général et d’un petit cri particulier. 4 1) On prétend, et c’est un fait qu'il nous a été impossible de constater , que si cet oëseau s'aperçoit qu’on le regarde tandis qu'il construit son md, il cesse aussitôt son travail : on ajoute que si quelqu'un touchoïit à ses œufs, jamais il ne reviendroit dans son nid; et, ce qui paroît incroyable, on dit même que st on touchoit à ses petits, de quelque âge qu’ils fussent dans le nid, il les abandonneroit à l'instant et les laïsseroit périr de faim. La plupart, et particulièrement le dernier de ces faits, paroissent d'autant plus suspects, qu'ils sont diamétralement opposés a1x vues bienfaisantes de la nature. 28% TABLEAU ÉLÉMENTAIRE On ne rencontre guère le rossignol de murailles que dans les pays de montagnes; aussi est-il fort commun dans celles des Vosges, et particulièrement dans la vaste com- mune de Gérardmer, où on le nomme vulgairement gorge-noire ou rouge-queue : il est fort révéré des habi- tans de ces contrées, parce qu’outre qu'il est pour eux Favant-coureur du retour agréable du printemps, c’est que son chant, qu’il fait entendre dés l’aube du jour, sert à ces heureux montagnards de réveille-matin. On regarde comme une chose rare d’en voir paroître un ou deux, dans l’espace de deux ou trois ans, dans la parte agricole de ce département : lors de leur apparition momentanée dans la plaine, ils se tiennent juchés au sommet de quelques clochers, d’où ils font entendre pen- dant deux ou trois jours leur doux ramage ; puis ils disparoïssent pour une année au moins. Le rossignol de murailles ,triste, soupçonneux et crain- äif, quitte en automne nos montagnes 1}, après avoir vécu avec leurs paisibles habitans sans avoir eu l'air de les connoitre, sans leur avoir donné, comme le doux rouge- gorge, des marques de familiarité, ou des témoignages de gaieté, comme l’aimable fauvette. 1) Au moment de leur émigration, en automne, vers les con- trées méridionales , les rossignols de murailles voyagent en petites bandes qui suivent la chaîne des bois depuis les Ardennes jus- qu’à nos montagnes, et alors les oïseleurs en prennent quelques uns sur leurs sauterelles. D'ORNITHOLOGIE. 285 6° LE ROUGE-QUEUE. Motacilla Erythacus. Lin. Syst. nat. éd. 13, g. 114. Le rouge-queue à collier. Bris. Ornith. t. 3, p. 412. À peu près de la grosseur du rossignol de murailles , le rouge-queue a le dessus de la tête, le derrière du cou, ainsi que le dos, bruns; ses plumes scapulaires et les couvertures du dessus de sa queue sont de même couleur ; son croupion et les couvertures du dessous de sa queue sont roux; ses joues, sa gorge, le devant de son cou, le dessous de son corps, sont d’un blanc sale, varié de taches brunes au bas des joues, sur la poitrine et sur les côtés; une tache brune, assez étendue et en manière de fer à cheval, lui forme une espèce de collier. Les pennes de ses ailes sont brunes; en dessous, et surtout à son ori- gine, la queue est d’un roux vifet clair; et on remarque dans cette partie un petit mouvement de vibration , comme dans le rossignol de murailles. L’iris de ses yeux est brun; son bec est noirâtre; ses pieds et ses ongles sont bruns. Le rouge-queue est un oiseau de passage qui nous arrive lorsque le printemps est déja avancé; il s’en retourne en automne. À son arrivée, il s'enfonce dans les boïs avec le rouge- gorge, y passe tout l'été, s'y nourrit d'insectes et de ver- misseaux. Il préfère les pays de montagnes à la plaine; il niche dans les bois, sur les buissons fort bas. IL compose le dehors de son nid de mousse, et en garnit l’intérieur de laine et de plumes : c’est sur ce lit mollet que la fe- melle pond cinq ou six œufs blancs, variés de gris. A son retour, en automme, vers les pays chauds, les oiseleurs de la plaine des Vosges en prennent aux sautc- 286 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE relles une aussi grande quantité que de rouges-gorges , et , les amateurs de ces innocentes créatures ne semblent mettre aucune différence entre le fumet de la chair des uns et de celle des autres. Parmi le grand nombre de rouges-queues que nous avons vu prendre chaque année par les oiïseleurs de la plaine des Vosges, nous en avons remarqué qui avoient un col- lier blanc, placé entre la gorge et le plastron noir de la poitrine; d’autres qui avoient ce plastron d’un noir pro- fond, à reflets bleuàtres; et d’autres enfin dont chaque plume du plastron étoit bordée d’un petit lisèré gris. 7. LE TRAQUET.: Motacilla rubicola. LiN. Syst. nat. édit. 13, g. 114. Le traquet. BRIS. Ornith. tom. 3, pag. 428. ( Voyez la planche XIV de cet ouvrage. ) Cet oiseau paroïit fort commun dans toute l'étendue de la France, où il est connu sous des noms différens. Dans les Vosges, par exemple, on le nomme vulgairement toque-loque ; dans le département de la Côte-d'Or, fracas et fourtrac; dans les environs de Langres, département de la Haute-Marne, on l'appelle marlelot. Le fraquet nous arrive des le commencement du prin- temps , et il nous quitte en automne , dés que les prémiers froids font disparoître les insectes et les vermisseaux , dont il fait sa nourriture ordinaire. On reconnoît facilement cet oiseau par l'habitude qu'il a de se percher à l'extrémité des branches les plus éle- vées des haies et des buissons ; il est d’ailleurs très-agile et trés-vif; jamais il n’est en repos, et toujours on le voit voltiger de buissons en buissons, sur lesquels, aussitôt D'ORNITHOLOGIE. 257 qu'il se repose, il ne cesse de remuer et d’agiter ses ailes et sa queue, comme s'il alloit prendre son essor 1). Le traquet est à peu près de la grosseur de la linolte ; il a de longueur quatre pouces dix lignes, et huit pouces de vol. Le dessus de sa tête, de son cou, son dos et son croupion. sont variés de noirâtre : cette couleur occupe le milieu des plumes, qui sont bordées de roussâtre. Il a les couvertures supérieures de la queue blanches , terminées de roux et pointillées de noïrâtre. Chaque plume qui re- couvre ses joues et sa gorge est d’un noir pur et pro- fond , bordée de roussätre. On voit sur le devant de son cou une bande étroite d’un assez beau blanc, et une tache noire de chaque côté entre l'œil et le bec. Le devant de son cou, sa poitrine, son ventre, ses jambes, ses flanes, ainsi que les couvertures du dessous de sa queue, sont d’un roux bai qui s’éclaircit sur le ventre et sur les couverturesinférieures de la queue. Ilales couvertures supé- rieures des ailes noires, bordées de roussàtre; quelques-unes des grandes néamoins sont blanches. Les grandes pennes de ses ailes sont noirûtres , bordées extérieurement de gris, et les moyennes de roussâtre. Les pennes de sa queue, qui est carrée , sont noirätres, bordées par le bout de blanc roussâtre, et la plus extérieure de chaque côté est bordée en dehors de la même couleur. Il a l'iris des yeux brun , le bec, les pieds et les ongles noirs. La femelle du traquet a le plumage en tout semblable à celui du mèle, à l’exception néanmoins de sa gorge, qui est d’un roussàâtre clair, des couvertures supérieures de sa queue, qui sont rousses, et des pennes de cette partie, qui sont bordées de blanc roussâtre. 1) Le /raquet est un oiseau sauvagé qu'on élève avec peine, parce qu’il est ennemi de toute servitude. 288 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Cet oiseau place son nid, qui est trés-difficile à trou- ver, aux pieds de quelques buissons, ou sous la’saïllie d'une pierre ou d’une racine ; la femelle y pond cinq où six œufs d’un vert bleuètre, légèrement tachés de rous- satre. 8° LE TARIER. Motacilla rubetra. Lin. Syst. nat. édit. 13, g. 114. Le grand iraquet ou tarier. BRis. Ornith.t. 3, p.432. Celui-ci, qui arrive et part en même temps quelle fra- quet 1), est aussi commun que lui dans la ci-devant Lor- raine, où il porte également le nom vulgaire de foque-toque, mais avec l’épithète des prés, parce que c'est là qu'on le voit souvent perché sur les gros herbages, tels que le panais sauvage, qui se trouvent à portée de son nid; il le fait à terre sur les taupinières, et la femelle pond quatre ou cinq œufs d’un blanc sale, piquetés de noir. Le tarier est un peu plus gros que le traquet: il a de longueur, mesuré du bout du bec à celui de la queue, cinq pouces trois lignes , tandis que le éraquet n’a que quatre pouces dix lignes. Le milieu de chacune des plumes qui couvrent le dessus de sa tête, son cou, son dos , son croupion, ainsi que ses plumes scapulaires, est varié de noirâtre, et toutes sont bordées de roussâtre ; les couvertures supérieures de sa queue sont rousses, poin- 1) Le tarzer arrive dans nos climats au printemps, et les quitte à l’approche de l’hiver, de mème que le traquet. I] prend beau- coup de graisse aux mois d’août et de septembre, et alors il ne le cède point à l’ortolan pour la délicatesse ; mais il faut le manger dans le jour mème. D'ORNITHOLOGIE. 289 üllées de taches noires à leur extrémité. Au-dessus de chaque œil on voit une bande blanche qui traverse la joue : sa gorge.est blanche, et le devant de son cou, comme sa poi- trine, ses côtés , ainsi que les couvertures inférieures de sa queue, sont roussâtres ; son ventre et ses jambes sont d’un blanc teinté decette couleur. Sur chacune de ses ailes, dont les pennes sont brunes, bordées extérieurement, les grandes de gris et les moyennes de roussâtre, on voit deux taches d’un assez beau blanc ; les deux pennesintermédiaires de sa queue sont brunes , bordées de gris ; les latérales sont blanches dans les deux premiers tiers de leur longueur , et noirâtres dans le reste, qui est bordé de gris ; la penue la plus extérieure de chaque côté est blanche en dehors, Le farier a l'iris des yeux brun; le bec, les pieds et les ongles, noirs. Q.° LE MOTTEUX , OU CUL-BLANC ORDINAÏRE. Motacilla ænanthe. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. Le cul-blanc , vitrec, motteux. Bris. Orn. 1. 3, p.448. ( Voyez la planche XIV de cet ouvrage.) Le motteux est un peu plus gros que le moineau franc ; sa forme néanmoins est plus alongée , ilest plus haut monté sur jambes que lui: ila, du bout du bec à celui de la queue, cinq pouces six lignes, et neuf pouces dix lignes de vol; lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent les deux tiers de la longueur de sa queue. «Cet oiseau a le dessus de la tête et du cou, le dos, le croupion, ainsi que les plumes scapulaires, d’un gris lé- gèrement teinté de fauve, et les couvertures du dessus de la queue blanches : une bande d’un blanc roussâtre part de pars 19 390 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE chaque côté de l’origne des plumes qui recouvrent la base de la mandibule supérieure , et passe au-dessus de l'œil; il s’en trouve une seconde au bas de l’œil, qui est noire, et qui partant de l’ouverture du bec, va aboutir au derrière de la tête : ses joues, sa gorge, le devant de son cou , de même que le dessous de son corps, sont d’une couleur roussàtre qui s’éclaircit à me- sure qu’elle descend, en sorte que le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue sont blanchàtres; les grandes et les petites couvertures du dessus des aïles sont brunâtres, mais les premiéres sont bordées de gris fauve et les secondes simplement de gris. Les grandes et les moyennes penres des aïles sont noirâtres, mais les dernières sont bordées extérieurement de gris fauve, et terminées à leur bout par cette couleur, Des douze pennes qui composent la queue , les deux du milieu ne sont blanches que dans leur premier tiers, les trois de chaque côté sont blanches dans leur première moitié, et noires dans la seconde; les latérales enfin sont presque entière- ment blanches. ” Cet oiseau a dans la queue une espèce de balancement qui est assez remarquable, toutes les fois surtout que d’une motte il voltige et se repose sur une autre. Le motteux a l'iris de couleur noisette claire; le bec, Les pieds et les ongles, noirs. La seule différence qui se trouve entre le mâle et la femelle, consiste en ce que celle-ci n’a point de bande noire au-dessus de l’œil. Le mofteux , que l’on nomme vulgairement fourne- inotte, casse-motte, becque-motte , et plus communément foque-motte dans la partie agricole du département des Vosges, où il est plus abondant que dans les montagnes, porte encore, dans d’autres dépariemcens, des noms difié- D'ORNITHOLOGIE. 291 rens, tels que ceux de traine-charrue, garde-charrue, frotte. chemin, artile, arguille, moterelle, etc. Cet oiseau nous arrive de très-bonne heure au prin- temps; car il n’est pas rare de voir de ses petits dés le commencement du mois de maï, et il nous quitte lorsque le froid commence à faire disparoître les insectes et les vermisseaux dont il se nourrit. C’est cette espèce de nour- riture qui est cause qu’il fréquente les terres nouvelle- ment labourées, ainsi que les friches, où les insectes sont plus abondans ; toujours on le voit voler de tertre en tertre, de motte en motte, de buisson en buisson, et à chaque pose qu'il fait il semble donner un coup de bec autertre, au buisson ou à la motte, sur lesquels il arrive : de là lui sont , sans doute, venus les noms vulgaires de toque-motte , de becque-motte , etc. C’est ordinairement sous une pierre ou sous une motte de terre qu'il place son nid, dans lequel la femelle pond communément six œufs d’un blanc bleuâtre clair , entourés au gros bout d’un cercle d’un bleu plus foncé. 10. LE MOTTEUX , OU CUL-BLANC ROUSSATRE. Motacilla rufescens. Lin. Syst. nat.édit. 13, gen. 114. Le cul-blanc roussâtre. BRIS. Orn. tom. 3, pag. 372. Ce cul-blanc est nécessairement une espèce différente de la précédente; car, outre qu’il est sensiblement plus petit, et que son plumage n’est pas le même, c’est qu'il ne fré- quente jamais que les pays de montagnes, tandis que Vautre préfére la plaine. On ne peut pas objecter qu'il est un jeune qui n’a point encore pris le plumage d’un 197 292 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE oiseau adulte, puisque les individus de cette espèce que nous nous sommes procurés, ont été pris sur leur nid 1). Ce nid est fabriqué de même , et l'oiseau le place dans les mêmes endroits que le motteux ordinaire; ses œufs sont semblables et colorés de même. Le cul-blanc roussâtre a le devant du cou, la gorge , le dessous du corps et le croupion blancs ; sa tête est de même couleur, à cette différence près , qu’elle est légè- rement teintée de roussätre. Un roussàtre clair est la couleur qui peint le devant et le dessus de son cou, sa poitrine et le dessus deson dos; les pennesde ses ailes sont intérieurement brunes, et extérieurement noirûtres ; les pennes latérales de sa queue sont blanches, bordées de noir de chaque côté et à leur bout ; les deux intermé- diaires sont, noires. | Les habitudes de cet oiseau, semblable$à celles du pré- cédent. lui ont fait donner les mêmes noms vulgaires. Il a de même l'iris des yeux d’une couleur de noïsette claire; le bec, les pieds et les ongles noirs. 1) L’incertitude dans laquelle nous avoient fait flotter les diverses opinions des ornithologistes par rapport à cet oiseau, qu’ils ne considèrent que comme le motteux ordinaire dans la première année de sa vie, nous a déterminés à prendre, malgré nous à Ja vérité, sur leurs œufs plusieurs de ces orseaux, et nous avons constamment trouvé dans tous les couleurs du plumage diffé- rentes de celles du motteux ordinaire. D'après des moyens sem- blables, plus d’une fois mis en usage, nous n’avons plus balancé d: faire de ces oiseaux deux espèces distinctes et séparées. D'ORNITHOLOGIE. 293 11° LA FAUVETTE ORDINAIRE. Motacilla hortensis. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La fauvette. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 372. La grosseur de cette fauvette approche de celle du ros- signol; elle a de longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, six pouces; son vol est de huit pouces dix lignes, et lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent un peu la longueur de sa queue. Toute la partie supérieure de son corps, savoir , satête , son cou, son dos, son croupion, ses plumes scapulaires, ainsi que les couvertures supérieures de sa queue, sont d’un gris brun, d’une teinte plus foncée néanmoins sur la tête que partout ailleurs. Une petite bande blanchâtre , qui part de l’origine du bec, s'étend sur l’œil, et y forme une es- pèce de sourcil; il y a de plus, en dessous et un peu en arriere de l’œil , une tache noirâtre. Toute la partie infé- rieure du corps, à partir de la gorge inclusivement, le bas du cou, la poitrine, le ventre, les couvertures du dessous de la queue, celles du dessous des aïles, sont d’un blanc teinté d’une couleur roussàtre qui est d'autant plus foncée qw’elle approche davantage de l'anus; les côtés, ainsi que les jambes, sont d’un gris mêlé aussi d’une teinte légère derous- sitre. Les grandes couvertures du dessus des ailes sont d’un cendré brun, bordées de gris roussâtre; les petites sont d’un gris brun. Les grandes pennes des ailes, d’un cendré brun, sont bordées intérieurement de blanchâtre , et ex- térieurement de gris brun. Les douze pennes qui compo- sent la queue sont brunes, bôrdées, du côté extérieur , de gris brun ; néanmoins la plus extérieure de chaque côté est bordée de blare sale en dehors. Cette fauvelte a l'iris 594 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE de ses yeux couleur de noisette, la base de la mandi- bule inférieure d’un brun clair, et tout le reste du bec est noiratre ; ses pieds et ses ongles sont bruns. Cette même fauvette nous arrive au printemps, et nous quitte en automne 1), lorsque les insectes lui manquent ; néanmoins, quoique ce soit-là sa nourriture principale, elle mange également des baïes et des fruits mous. C’est ordinairement dans nos vergers et dans nos jar- dins potagers que cet aimable oiseau , dont la gaieté paroîf être le caractère dominant, semble fixer de préférence sa demeure habituelle ; on l’y voit jouer avec alégresse entre les arbustes, et surtout dans les ramées des planches de pois; il aime à sebaigner dans les gouttes de rosée qui, . Le matin, sont répandues sur les feuilles des arbres, qu'il se délecte à secouer sur son plumage. La fauvette ordinaire ne prend pas beaucoup de pré- çautions pour cacher son nid; ear le plus souvent elle le place à découvert sur une rame de pois, ou sur quelques arbrisseaux, tels que des groseliers ou des rosiers. Ce nid est composé extérieurement d'herbes sèches, entrelacées avec des brins de chanvre , et l’intérieur est garni de erins : la femelle y pond ordinairement cinq œufs d’un blanc sale, marqués de quelques taches brunâtres. Pendant tout le temps que dure l’incubation, le mâle prodigue à sa femelle mille petits soins ; outre qu'il l’égaie par son chant agréable et mélodieux, il lui ‘apporte des insectes et des vermisseaux : lorsque les petits sont éclos ; Vun et l’autre redoublent leurs soins empressés. CS 1) La fauvetie ordinaire quitte nos climats dans la saison ri- goureuse pour aller chercher ailleurs des régions plus tempérées vers cette époque : nous en avons vu arriver et se répandre , disent quelques auteurs, sur les îles de J’Archipel, dans les campagnes de Candie et dans celles de la Basse-Egypte, D'ORNITHOLOGIE. 295 12. VARIÉTÉ DE LA FAUVETTE ORDINAIRE. Sylvia viridi-fusca , subtüs superciliüisque albida remigibus rectricibusque Jusco-obscuris. LATHAM. Syst. Ornith. g. 43, p. 3, var. 0. IL paroît que M. de Buffon n’a pas parlé de cet oiseau dans son ouvrage immortel, par la seule raison , sûre- ment, qu’il n’avoit pas eu occasion de le connoître, et c’est sans doute par le même motif que Linné et Brisson l'ont passé sous silence. Cependant cette fauvetle, qui est aussi commune dans la ci-devant Lorraine que la fauvette ordi- naire, n’y est probablement pas exclusivement circons- crite, puisque Latham l’a signalée par la phrase ci-dessus. D'après des observations sur cet oiseau , dont nous avons nous-mêmes suivi les mœurs pendant plusieurs années, nous nous sommes convaincus qu'il étoit une es- pèce distincte , bien tranchée, et qui ne formoit jamais d'union adultérine avec aucune autre espèce de fauvette. Celle-ci, qui fréquente nos jardins et nos vergers depuis le mois de mai jusqu’en septembre, époque à laquelle eHe se [dirige probablement vers des régions plus méridio- nales, établit son nid sur des arbustes, et souvent dans nos ramées de pois : ce nid est composé extérieurement d’herbes sèches, et garni en dedans d’un peu de laine et de beaucoup de crins. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d'un blanc rosé, semé de beaucoup de points pres- que imperceptibles , et de zones légères d’un brun clair. Cette fauvelte, dont le caractère est naturellement gai, a un gazouillement filé, doux, très-agréable, et toujours cadencé. Elle est de la même taille, et a les mêmes proportions dans sa forme que la fauyette ordinaire, 296 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE dont elle ne diffère que par la nuance du dessus du corps qui est d'un verdâtre lavé de brun; tout le dessous du corps est blanchâtre , sans mélange, si ce n’est sur la poitrine et sur les plumes qui couvrent les jambes, où ce blanc paroît teinté de rougeàtre; les pennes deses ailes et de sa queue sont entierement d’un brun foncé , ausi que l'iris de son œil, son bee, ses pieds et ses ongles. 13.° LA FAUVETTE A TÊTE NOIRE. Motacilla atricapilla. Lin. Syst. nat: édit. 1 3,g.114. La fauvette à tête noire. Bris. Ornith. tom. 3, p.380. Cette fauvette est un peu moins grosse que la fauvette ordinaire ; elle n’a que cinq pouces cinq lignes de longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue, et huit pouces six lignes de vol: lorsque ses aïles sont ployées, elles attei- gnent a peu prés la moitié de la longueur de cet appendice. Le mâle a le dessus de la tête recouvert d’une espèce de calotte qui ne devient d’un beau noir qu'après la première rue. Le derrière de son cou, ainsi que le dessus de son corps, sont d'un gris: brun, légèrement teinté d'olivâtre obscur; ses joues , sa gorge, le devant de son cou et le dessous de son corps, sont d’un gris d’ardoise qui prend une teinte blanchätre depuis le bas de la poitrine jusqu’au dessous de la queue; chaque plume des couvertures du dessus des ailes est d'un gris brun, bordé de brun oli- vatre. Les pennes de ses aïles sont aussi d’un gris brun ; mais elles sont bordées extérieurement de brun olivâtre, et intérieurement de blanchâtre. Les pennes de sa queue sont du même gris brun, bordées du côté extérieur seu- lement de brun olivâtre. L'iris de l'œil est brun, de même D'ORNITHOLOGIE. 97 que le bec ; les pieds sont de couleur plombée, et les ongles noirûtres. , La calotte qui recouvre la tête de la femelle de cette fauvette , au lieu d'être noire comme celle du mâle, est d’une couleur brune, et c’est sans doute cette variété de couleur dans la calotte , qui est la marque distinctive des sexes, qui a induit én erreur quelques ornithologistes qui ont fait du mâle et de la femelle de cet oiseau deux espèces séparées. La fauvetle à tête noire n’est pas aussi commune dans toute l'étendue de la France, que dans le département des Vosges, où elle arrive vers les premiers jours de mai, époque à laquelle, à raison du froid du climat, les insectes ‘commencent seulement à paroître. D'aprés des observations que nous avons puisées dans de célébres ornithologistes , nous avonsremarqué , pendant plusieurs années de suite, que les mâles y arrivent quel- quefois huit ou quinze jours avant leurs femelles; lun et l’autre, nous quittent lorsque les insectes commencent à disparoiître. Néanmoins toutes en général n’abandonnent pas nos cantons aux approches de l'hiver, soit qu’elles en aient été empêchées à raison de ce que, venues au monde trop tard, elles n'auroient pas été assez fortes pour entreprendre un voyage de long trajet, soit par quelques autres causes que nous ignorons . mais tou- jours est-il vraique nous en avons pris plusieurs au mi- lieu de l'hiver, et à l'instant même où la terre étoit cou- verte de neige; et nous pouvons assurer que, quoique insectivores, elles se nourrissoient, dans ce moment de crise , de baïes et de petits fruits mous qu’elles ren- controient. La fauvette à tête noire est de toutes ses congénères celle qui a Le chant le plus agréable et le plus soutenu, et 98 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE celui qui approche le plus de celui du rossignol, et elle le continue depuis le mois de mars jusqu'au commen- cement de septembre. C’est dans les bois, les parcs et dans les jardins où se trouvent quelques bosquets ou quel- ques taillis que cet aimable oiseau se plait davantage. C'est à deux ou trois pieds de terre , dans quelques buissons d’aubépine ou de groseliers épineux, que cette Jfauvette place son nid; cependant elle le fait aussi dans les bois, comme dans les haies, et surtout dans celles qui bordent les grands chemins. Ce nid est composé à l’exté- rieur d'herbes sèches, et intérieurement il est garni de beaucoup de crins; il est d’une forme aplatie, et n’a pas un grand diamètre : la femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un brun clair , tachetés de la même couleur, mais plus foncée. Pendant tout le temps que dure l’incubation , le mâle, tendrement attaché à sa douce compagne, n’en par- tage pas seulement avec elle ce soin pénible, mais il lui apporte encore des insectes et des vermisseaux. La fauvette à téle noire est un des oisedux les plus aï- mables que l’on puisse élever en cage ; on l’y nourrit de grains de chenevis dont elle s’accommode tres-bien : non- seulement elle y chante fort agréablement; maïs bientôt encore elle témoigne de l'attachement et une affection toute partieuliere à ka personne qui la soigne habituelle- ment, et elle lui prodigue mille caresses 1). ————_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_——_—_————p re 1) Vieillot, qui est digne, à juste titre, d’une entière con+ fance, prétend qu'il est parvenu à faire nicher en cage la /au- velte à têle noire. D'ORNITHOLOGIE. 293 14 LA FAUVETTE BABILLARDE. Motacilla curruca. LAN. Syst. nat. édit. 10, gen. 09. La fauvette babillarde. Bris. Ornith. tom. 3, p. 384. Dans le département des Vosges, on donne à cette es- pèce de fauvette , qui est répandue dans toute la France; où elle est de passage annuellement périodique, le nom vulgaire de mouche-en-haie. C'est de toutes les fauvelles l'espèce la plus com- mune ; car c’est elle que l’on voit sans cesse voltiger sur le bord des chemins et autour des haies et des buissons, d’où elle sort et rentre incessamment : il semble qu’elle soit absolument ennemie du repos ; car on l'aperçoit presque continuellement s’élevant d’un vol court, et pi- rouettant au-dessus des buissons dans lesquels elle re- tombe aussitôt. Toutes les fois qu’elle s'élève ainsi, elle faif entendre un chant vif, gai, animé, qui n’est pas désa- gréable, quoiqu'il soit peu soutenu , et il est à présumer que c'est ce chant si fréquemment répété qui luia valu le surnom de babillarde. Lorsqu’elle est rentrée dans son buisson elle prend un tout autre accent , qui est une espèce de sifflement qui paroït beaucoup plus fort qu’on ne l’attend du gosier d’un si petit oiseau. Cette fauvetle , qui se nourrit are de che- nilles 1), établit son nid prés de terre, dans les touffes épaisses d’herbes qui s’élancent au pied des buissons. La 1) La fauvette babillarde se tient volontiers dans les champs de poids et de vesces, non qu’elle se nourrisse du fruit de ces végétaux, mais parce qu’elle y trouve des larves de charansons, dont elle est très-friande. 300 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE femelle fait deux ou trois pontes par an, et chacune d’elles est ordinairement composée de cinq œufs verdàtres, poin- illés de brun; son nid est composé, a l'extérieur , d’herbes sèches, entrelacées avec quelques brins de laine ; l’inté- rieur est garni d’herbes plus menues et d’un peu de crins. La fauvette babillarde, qui est une des premières de son espèce qui nous arrive au printemps , pour nous quitter à la fin d'août ou au commencement de septembre, a cinq pouces de longueur, mésurée de l'extrémité du bec à celle de la queue, et six pouces et demi de vol. Elle a de chaque côté de la tête, qui est cendrée, une bande longitudinale d’un cendré plus foncé, qui passe au-dessus de l’œil; tout le dessus de son corps est d’un cendré brun ; sa gorge et le dessous de son corps sont d’un blanc teinté de roussätre : elle a les côtés, ainsi que les jambes, d'un gris clair ; les pennes de l’aile brunes, bordées de gris rous- satre les pennes intermédiaires de la queue également brunes , mais bordées de gris ; la plus extérieure de chaque côté, est cendrée , bordée intérieurement de blanc, et extérieurement elle est absolument blanche. L'iris des yeux de cette fauvette est d'un brun foncé ; son bec et ses pieds sont d’un gris plombé; ses ongles sont bruns. 19.” LA FAUVETTE GRISE, OU LA GRISETTE. Motacilla cineraria. LiN. Syst. nat. édit. 6, gen. 82. La fuuvette grise , ou la grisette. BRis. Ornith.tom.3, pag. 376. La grisette, un peu plus grosse que le bec-figue, a cinq pouces sept lignes de longueur du bout du bec à celui de la queue, et huit pouces de vol. Sa tête, le dessus de son eou ct de son corps, sont d'un gris cendré; elle à les D'ORNITHOLOGIE. 304 tempes d'un gris noiràtre, et les paupières garnies de cils blancs; sa gorge est d’un blanc pur jusque sous l’œil , et tout le devant de son cou, ainsi que le dessous de son corps, ést d’un blanc lavé d’une teinte roussâtre ; la même teinte roussâtre se mêle à la couleur grise de ses côtés et de ses jambes. Les grandes couvertures du dessus de ses ailes sont brunes, bordées de roux, et les petites sont grises sans bordures. Les pennes de ses ailes sont brunes, bordées extérieurement de gris roussâtre. Des douze pennes qui composent sa queue , les dix intermédiaires sont brunes, bordées de gris ; la plus extérieure de chaque côté est, en dehors, d’un blanc lavé de roussâtre, et en dedans, elle est d’un cendré clair, bordé de blanc. L'iris est d’un mordoré clair, et quelquefois orangé; elle a le bec noirûtre, les pieds et les ongles blanchâtres. Cette fauvette, de passage annuel en France, porte le nom de passerine dans le département des Bouches-du- Rhône. Elle fait son nid en totalité d'herbes séches, en dehors comme en dedans; elle y pond quatre ou cinq œufs d’un fond gris verdâtre, tacheté de roussâtre et de brun, sur- tout au gros bout. Cet oiseau se tient plus volontiers dans les jeunes taillis des forêts que dans nos jardins; là il se nourrit de che- ailles rases et de larves d'insectes. 16. LA PETITE GRISETTE. Sylvia sylviella. LATHAM. Syst. Ornith. gen. 43, L . L2 L L L . L L2 L2 L L . L . L L2 - L L . . L Cette espèce de fauvette , dont Linné n'a pas parlé, et que, faute d'observations, on a toujours confondue avec . où TABLÉAU ÉLÉMENTAIRE la petite fauvette grise, se trouve cependant dans les mêmes contrées de la France que celle-ci habite. Elle paroît d'autant moins susceptible d’être confondue avec elle, qu’elle est bien plus petite; car elle n’est pas plus grosse qu’un pouillot, puisqu'elle n’a que quatre pouces dix lignes de longueur totale, mesurée de l’extré- mité du bec à celle de la queue. Le sommet de sa tête, le dessus de son cou, son dos, tout le dessus de son corps, jusques et y com- prises les couvertures de sa queue, sont d’un gris cen- dré, mélé d’une teinte légère de brun. Toute la par- tie inférieure de son corps, à partir de la base du bec, jusqu'aux couvertures du dessous de la queue inclusive- ment, sont d’un blanc sale. Les grandes pennes de cette partie , qui est un peu fourchue , sont de même cou- leur que le dos, à l'exception néanmoins de la penne la plus extérieure de chaque côté, qui est d’une teinte moins foncée. L'iris des yeux de cette fauvette est noir; la base de la mandibule inférieure de son bec est jaunâtre , et le reste est brun, de même que ses pieds; ‘ses ongles sont noirs. : La petite grisette fréquente ordinairement les jeunes taillis de nos forêts; néanmoins elle se plaît dans les haïes et les buissons épars dans les campagnes, et qui sont éloignés du tumulte : c'est là que particulièrement, et à peu de distance de terre, elle place son nid, dont l'exté- rieur est composé dé brins d'herbes sèches entrelacées de laine, et dont l’intérieur est garni de crins sur lesquels la femelle pond quatre ou cinq œufs blancs mouchetés de brun, \ D'ORNITHOLOGIE. 303 17. LA FAUVETTE DES BOIS; 08 LA ROUSSETTE. Motacilla Schænobænus. Lin. Syst. nat. éd. 6, g. 82. La fauvette des bois , ou la roussette. BRIS. Ornith. tom. 3, pag. 393. Toujours gaie, alerte et vive, la roussette fait souvent entendre un petit cri auquel elle fait succéder un chant qui, quoique monotone, n'est pas du tout désagréable; il est, à peu de chose près, le même que celui de la fau- vette d'hiver. , Cette espèce de fauvette nous arrive, du moins dans les Vosges, où elle est connue sous le nom de roussette , dès les premiers jours du printemps, et elle ne nous quitte que fort tard; sa grosseur est, à peu de chose prés, la même que celle de la fauvette ordinaire ; sa gorge, le devant de son cou, son ventre, ses côtés et ses jambes ; sont roussâtres ; le reste de son plumage est agréablement varié de brun et de roux, c’est-à-dire , que le brun oc- cupe le milieu des plumes, et le roux leur sert de bor- dure : les grandes pennes des ailes sont aussi brunes, bordées de même; celles de la queue sont entièrement brunes , sans aucun mélange : l'iris est également brun., et le bec, les pieds, ainsi que les ongles, sont noirs. Les œufs de cet oiseau, qui sont d’un bleu céleste, reposent mollement dans un nid composé de mousse verte et de laine; c’est dans les taillis de nos forêts, où il se plaît, qu'il le construit. On élève facilement ses petits , lorsqu'on les prend jeunes, et leur familiarité , leur gentillesse , ainsi que leur ramage , dédommagent amplement des peines qu’on s’est données pour faire leur éducation, 504 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 18.” LA PASSERIN@UTE , OU PETITE FAUVETTE. Potacilla passerina. Lin. Syst, nat. édit. 13, gen. 114. La petite fauvette. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 374. Dans le département des Bouches-du-Rhône , on donne le nom de passerinette à une espèce de petite fauvette qui différe de la fauvette ordinaire , non-seulement en ce qu’elle est plus petite qu’elle, mais encore parce qu’elle a une toute autre distribution de couleur dans son plu- mage, et enfin parce qu’au lieu d’avoir un chant aussi agréable que le sien, elle ne fait enténdre qu’une espèce de refrein triste et monotone, qui consiste dans les deux monosyllabes tip, tip, qu’elle répète incessamment en sautillant dans les haies et dans les buissons. Tout le plumage de cet oiseau est en dessus du corps d'un gris cendré uniforme, et en dessous il est d’un gris blanc, légérement teinté de brun sur les côtés. Un trait léger de couleur blanchître, placé au-dessus de son œil, y dessine une espèce de sourcil. Les grandes pennes de ses ailes, ainsi que celles de sa queue, sont d’une couleur brunàtre , bordées extérieurement de gris. La passerinette, qui a cinq pouces trois lignes de lon- gueur de l'extrémité du bec à celle de la queue, et huit pouces de vol, paroît répandue dans presque toute la France. Dans le département des Vosges, où l'espèce n'est pas fort commune, elle arrive au premier printemps, et en part de bonne heure en automme; elle se tient volontiers dans les haies qui entourent nos vergers; elle fait son nid assez prés de terre, dans des arbustes, tels que les groseliers : ce nid est composé à l'extérieur d'herbes sèches, de chaumes, et surtout de feuilles de graminées D'ORNITHOLOGIE. 308 assez négligemment arrangées ; mais l'intérieur, plus artistement tissu, est composé de matières fines et mol- lettes, sur lesquelles la femelle dépose quatre ou cinq œufs d’un blanc sale, parsemés de taches verdâtres, plus nombreuses vers le gros bout. Cette fauvette a l'iris des yeux d’une couleur brune marron ; la mandibule supérieure de son bec, qui a vers son extrémité prés de la pointe une petite échancrure, est brune; l'inférieure est d’un jaune terne. Ses pieds sont de Gouleur plombée, ainsi que ses ongles , dont le postérieur est bien plus fort que les autres. 19. LA PETITE FAUVETTE A POITRINE JAUNE. Motacilla hippolais. LiN. Syst. nat. éd. 13, g. 114. PARUS: ? Ai- D 15 SOS re Pia 0. t Je Lot is LL je . se Mas Quoiqu’aussi commune en France que la fauvette ordi: naire , celle dont il est iei question paroît avoir été con: fondue avec elle par d’habiles ornithologistes, et même par l’incomparable Pline français. Néanmoins, si les natu- ralistes français eussent été plus scrupuleux à observer les oiseaux que nous avons, durant tout l'été, pour ainsi dire , sous la main, il y a long-temps que l’obscurité qui règne dans la synonymie de plusieurs individus inanimés ou mal nommés auroit fait place a leur véritable dénomi- nation. Quoi qu’il en soit, il nous paroît presqu'impossible de confondre la petite fauvette à poitrinejauneavecaucune autre espèce. D'abord elle n’est à peu prés grosse que comme Valouette-pipi ; elle n’a de longueur totale, mesurée depuis l'extrémité du bec jusqu’à celle de la queue, que cinq pouces cinq où six lignes; elle n’a. que huit pouces cinq lignes de vol, et ses ailes, lorsqu'elles sont ployées; Ts le 20 306 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE atteignent presque les trois quarts de* la longueur de sa queue. En sécond lieu, la couleur brune verdâtre, qui est la teinte dominante de son plumage sur le dessus du corps, et sa poitrine d’un jaune tendre, nous paroiïssent des traits suffisamment tranchans pour obvier à toutes espèces de méprises relatives à eet oiseau : il a d’ailleurs de chaque côté de la tête deux traits caractéristiques, et qui sont d’un jaune tendre, dont l’un passe au-dessus de l'œil et l’autre au-dessous. Les couvertures supérieufes de ses aïles sont d’un brun foncé, etlesinférieures, de même couleur , mäis moins profonde, sont légèrement teintées de jaune: les pennes de ses ailes, ainsi que celles de sa queue, sont d'un fort beau gris de perle, bordées d’une teinte légère de verdatre ; son ventre, ses côtés, ses jambes jusques et y compris les couvertures du dessous de sa queue, sont d'un trés-beau jaune ; l'iris de ses yeux est brun, entouré d’un petit cercle jaunâtre. La mandibule supérieure de son bec est noire, et l’inférieure blanchâtre. Ses pieds sont d’un brun foncé, et ses ongles noirs. Cette petite fauvelte a tant de ressemblance avéc l’a- louetle-pipi, que dans le département des Vosges, où elle est fort abondante, presque tous les oiseleurs la prennent pour une variété de cette espece, et lui donnent de même le nom vulgaire d’alouettine. C’est un oiseau annuellement de passage dans ces contrées, où il arrive dans le mois de mai, et en repart dès les commencemens d’octobre , époque où les tendeurs aux alouettes en prennent une certaine quantité dans leurs filets. On dit qu'il est fort gras alors, et que, pour cette raison , il est recherché des friands. La pelile fauvetle à poitrine jaune passe tout le temps qu'elle demeure avec nous, dansles haies et dans les buis- D'ORNITHOLOGIE - 307 sons qui avoisinent surtout les champs de navettes : c’est là qu'à peu de distance de terre, elle établit contre quelques racines de ces buissons son, nid ; qu’elle compose de mousse verte à l'extérieur, et de,beaucoup de plumes en dedans. La femelle pond ordinairement sur ce lit mollet cinq œufs blancs, marqués d’une nombreuse quantité de petites taches rouges. : 20° LA FAUVETITE DE ROSEAUX. Motacilla salicaria. TAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 00. La fauvette de roseaux. BRIs. Ornith. torñ. 3, p. 375. + Voyez la planche XV de cet ouvrage.) La fauvette de roseaux, qui est très-commune dans la partie basse ou agricole des Vosges, est à peu prés de la _ taille de la linotte de vignes ; elle a de longueur, du bout du bec à celui de la queue ,, cinq pouces six lignes; son vol est de neuf pouces, et ses ailes , lorsqu'elles sont ployées, atteignent la moitié de la longueur de sa queue. . Tout le plumage de cet oiseau sur la partie supérieure du corps, à partir du dessus de la tête, est d’un gris rous- sàtre : sa gorge , le devant de son cou, sa poitrine et tout le dessous de son corps, sont jaunâtres, de même que ses jambes et les couvertures du dessous de sa queue. Les pennes de ses ailes sont d’un cendré brun, bordées exté- rieurement de gris olivâtre, et de blanchätre du côté in- térieur. Celles de la queue sont aussi d’un cendré brun ; mais elles sont bordées extérieurement de gris olivatre. L'iris est brun ; le bec est brun rougeûtre ; les pieds sont d’un jaune orangé, et les ongles gris. Cette fauvette L qui nous arrive au printemps et nous quitte de bonne heure en automne, se tient en grand nombre et constamment dans les roseaux qui bordent le 20* 108 TABLEAU- ÉLÉMENTAIRE Madon 1) dans toute son étendue; et la, comme à Mire- court, elle n’est connue que sous le nom vulgaire de tran- tran 2). On la voit souvent péndant l’été s’élancer du mi- lieu des joncs et des roseaux, pour saisir des demoiselles, des perles , des éphémères, et d’autres insectes qui voltigent au-dessus des eaux. Cet oiseau, extrêmement babillard, outre son cri, fran {ran, qu'ilne cesse de répéter durant tout le jour, a un chant doux et filé qu'ilne fait entendre, comme le rossignol, que dans les belles nuïts du printemps: C’est dans les roseaux qu’il niche : son nid, composé avec art, est extérieurement fabriqué de paille et de brins d'herbes sèches ; l’intérieur est garni d’un peu de crins; le fond de ce nid a quatre et quelquefois cinq pouces d'épaisseur ; il est d’un tissu très-serré. Une particularité relative à ce nid, et qui est bien digne d'admiration, c’est l’art avec lequel il est placé. Lorsque cet oiseau lë construit , il l'attache et le suspend à deuxs trois et quélquefois à quatre reseaux par autant d’anneaux » wisitCaks 1) Le madon est une pétite rivière très-poissonneuse ét extrè2 mement garnie de joncs ét 46 roseaux ; eile prend sa source à une lieue ou deux au midi de Miregourt, passe par cette ville, qu’elle sépare d’un de ses faubourgs, et va se perdre au cou- chant, à cinq ou six lieues delà, dans la Moselle, avec laquellé elle se confond. 2) Dans le nombre des notes sur les oiseaux des Voges que nous avons fournies, et que l’on à inséréés düns là nouvéllé édition des Œuvrés de Buffon, de l’iniprimérie de Dufart, il s’est ‘glissé dans celle qui est relative à la fauvette de rosenu ; tom. 513 pag. 128, une faute d'impression que nous neus empréssons de corriger ici , avec d'autant plus de raison, qu’elle rendroit méconnoissable à Mire- court et dans ses environs l'oiseau dont il st ici question, où il n’est absolument connu que sous le nom vulgaire de fran-tran , et non de {rau-lrau , comme on l’a imprimé deus cet ouvrage. D'ORNITHOLOGIE. 309 qu'il fabrique artistement de mousse et de crins: ces an- neaux sont assez lâches pour que le nid puisse s'élever ou s’abaisser suivant la crue de l’eau. Cependant, comme ces anneaux ne peuvent glisser que d'un nœud à l’autre des roseaux , il arrive quelquefois que, dans une inondation, l'eau s'élève au-dessus du nœud supérieur, et qu’alors toute la couvée est submergée. * On devine facilement que l'épaisseur considérable du fond de ce nid est une prévoyance que la nature a ins- pirée dans sa sagesse, toujours admirable, à cette espèce de fauvette, afin qu'aucune fraicheur de l’eau ne pénéträt dans l'intérieur , et ne fit périr les objets de ses ten- dres soins et ceux de ses plus douces espérances. La ponte de la femelle est ordinairement de quatre ou cinq œufs d'un blanc sale, marbrés de brun, surtout vers le gros bout. 21° LA PETITE FAUVETTE ROUSSE. Motacilla rufa. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La fauvette rousse. BRIs. Ornith. tom. 3, pag. 383. Cette fauvetle, qui est une des plus petites de celles qui habitent la France, y est, comme la plupart de ses congé- nères, de passage périodiquement annuel. Sa longueur totale, mesurée de l’extrémité du bec à celle de la queues est de quatre pouces huit lignes; elle a six pouces dix lignes de vol; et lorsque ses ailes sont ployées, elles dé- passent un peu le tiers de la longueur de sa queue. . Tout le plumage de cet oiseau est, généralement par- lant, d’un gris roussätre : néanmoins cette couleur est beaucoup plus foncée en dessus du corps qu’en dessous, où elle s’éclaircit considérablement ; elle devient même 310 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE blanchâtre sur les flancs. De chaque côté de sa tête, lanature a tracé une bande longitudinale d’un gris roussètre , qui paroît d'autant plus éciaircie, qu’elle est placée sur un fond plus rembruni que sur les autres parties du corps. Les gran- des couvertures de ses ailes, d’un fond gris roussâtre, sont légèrement teintées d’un peu plus de roux que le reste du dessus du corps. Les pennes des aïles et de la queue sont également d’un gris roussätre; mais elles sont bordées d'une nuance bien moins foncée de cette même couleur. L'iris est d’un brun clair; le bec, les pieds et les ongles sont noirs. C’est dans nos jardins, nos vergers et dans nos potagers que se plait cette aimable petite fauvelte , qui semble re- chercher la société de l’homme : elle établit son nid sur quelques touffes de gros herbages, tels que le panais sau- vage, ou bien au pied d'une muraille, dans l'épaisseur de l’herbe. Ce nid est composé, à l'extérieur, de quelques graminées seches , et il est garni intérieurement de crins et quelquefois de laine. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un fond blanc verdâtre, marqués de points de même couleur plus foncée, et qui sont plus abondans vers le gros bout. | 22. LA FAUVETTE D'HIVER, OU LE TRAINE- BUISSON. Motacillamodularis. LAN. Syst. nat. édit. 13 ; gen. 99. La fauvette de haie. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 304. Lorsque les autres fauvettes quittent la France pour aller, au loin chercher un climat qui leur convienne davantage; c’est le moment où l’on voit arriver chez nous la fauvette d'hiver , qui voyage toujours de compagnie. À leurarrivée, D'ORNITHOLOGIE. 311 ees petites bandes s’abattent sur les haies, voltigent de buisson en buisson , et toujours fort pres de terre. Alors, sans doute, ces oiseaux n’ont pas beaucoup de vivacité, à raison du froid de la saïson, qui, lorsqu'il devient plus rigoureux, les oblige de s'approcher des granges où on bat le blé, dans la paille duquel ils cherchent à découvrir quelques menus grains, quoique la foiblesse de leur bec les rende nécessairement insectivores ; cependant l'empire du besoin les force de s’accommoder pendant l'hiver de cette espèce de nourriture, ou bien de mourir de faim. Dès qu’au printemps le froid se relâche, la fauvette d'hiver disparoît des lieux où elle a passé la saison ri- goureuse ; elle se retire alors dans les grandes forêts, et surtout dans. celles des montagnes des Vosges : c'est-la qu’à trés-peu de distance de terre elle fait son nid, qui est composé de gramen, de mousse et de crins ; la fe- melle ÿ pond quatre ou cinq œufs d’un joli bleu , sans taches. . y Lorsque ses petits sont éclos (nous avons constaté ce fait plusieurs fois, depuis plus de trente ans), si quelque ennemi semble vouloir attenter à leurs jours, elle em- ploie une ruse qui est digne d’admiration ; elle sort à l'instant de son nid, se présente au - devant de lobjet qu’elle redoute, voltige devant lui en contrefaisant la blessée, et par ce stratagème , qui ne peut être qu’une inspiration de la nature toujours admirable dans ses vues, elle l’attire loin du dépôt précieux de ses plus tendres af- fections, et lorsqu'elle juge son ennemi suflisamment en défaut , d'un vol rapide elle retourne , bien satisfaite , vers ses petits 1 ). ER 1) Le premier plumage des jeunes de cette espèce de fauvelie 312 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE La fauvelte d'hiver porte des noms différens , suivant les différentes contrées qu’elle habite : dans les Vosges, par exemple, où elle paroît plus abondante que partout ailleurs, et où elle se trouve en toutes saisons, on la nomme fauvette de haie, Liti, rossignol d'hiver, mouche em haie, mouchet et traine-buisson; dans le département de Seine-et-Marne, gratte-paille ; dans celui de l’Ain , burette ; à Marseille , passerou : dans le département de la Seine- Jnférieure, on l'appelle brunette; dans celui de la Dor- dogne, passe-sourde ; dans celui des Bouches-du-Rhône , grassel, etc. Cet oiseau a cinq potces trois lignes de longueur, et huit pouces de vol; il est à peu pres de la grosseur du rouge-gorge ; le dessus de sa tête, ainsi que son cou, sont couverts de plumes noirâtres , bordées de roussâtre et de cendré ; tout le reste du dessus du corps est un mé- lange de noirâtre et de roux : on voit à l'extrémité des plus grandes couvertures du dessus des ailes , une petite tache ronde d'un blanc sale; le croupion est d’une couleur verdâtre obscurcie; les joues , ainsi que la gorge , le devant du cou et la poitrine , sont d’un cendré bleuâtre ou de couleur de plomb; le ventre est blanc; les jambes, les côtés, de même que le dessous de la queue, sont roussätres; les grandes pennes des ailes D est marqué d’un grand nombre de petites mouchetures qui quel- quefois ne disparoiïssent entièrement qu'après la seconde mue ; ce qui a induit en erreur plusieurs ornithologistes, qui ont pris ces jeunes pour une espèce distincte et séparée : cette méprise pouvant avoir lieu pour tous les oiseaux, et surtout pour les passereaux , il est facile d’en conclure combien il seroit important pour le succès de lornithologie qu’on connût tous les oiseaux dans leurs différens âges, afin de n’en pas entraver l'étude en en multi- pliant inconsidérément les espèces. D'ORNITHOLOGIE. 513 et de la queue sont brunes; celles des ailes ont leur bord extérieur roussètre, et celle de la queue l'ont verdätre. L'iris est de couleur de noisette; le bec est noirâtre ; les pieds sont jaunâtres, et les ongles bruns. Le mâle diffère de la femelle en cela seul qu’il a plus qu’elle de roux sur la tête et sur le cou; dans celle-ci ces mêmes parties sont plus cendrées. 23° LA FAUVETTE TACHETÉE. Motacilla nævia. Lin. Syst. nat, édit. 13, gen. 114. La fauvette tachetée. BRis. Orn. tom. 3, pag. 386. Cet oïseau, qui a, du bout du bec à celui de la queue, cinq pouces quatre lignes, et huit pouces de vol, dont les ailes , lorsqu'elles sont ployées, couvrent la moitié de la queue, a le dessus de la tête et du corps varié de brunäâtre, de jaunàtre et de cendré; sa gorge , le devant de son cou , et le dessous de son.corps, sont blanchâtres, excepté la poitrine, qui est jaunâtre , tachetée de noir; les pennes de ses ailes et celles de sa queue sont noirâtres, bordées extérieurement de blanc; l'iris est de couleur de noisette, le bec brun rougeûtre ; les pieds sont de même couleur, et les ongles noirs. Quoique cette fauvette paroïsse donner la préférence au climat de l'Italie sur celui de la France, dans l'inté- rieur de laquelle nous sommes persuadés qu’elle n’est pas fort commune; néanmoins elle arrive tous les ans, au printemps, dans les montagnes du département des Vosges, y passe la belle saison, et s’en retourne en automne. Tout le temps qu’elle demeure avec nous, elle n’habite que les prairies, où elle établit son nid à un pied de terre, à peu près, dans quelques touffes de fortes plantés; 314 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE elle le construit , comme presque toutes celles de som espèce , d'herbes sèches à l'extérieur , et d'un peu de mousse et de crin en dedans. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un blanc sale , marqués de quelques lignes légeres et de quelques taches d’an brun marron ; elle ne le quitte pas un instant, jusqu'a ce que ses petits soient éclos , et elle se laïisseroit prendre sur ses œufs plutôt que de les abandonner. Ce tendre attachement pour sa progéniture ajoute à nos yeux infiniment de prix aux qualités aimables qui caractérisent cet oiseau, et les fau- velles en général. Pendant tout le temps que dure l’incubation, dont le soin est le partage de la femelle seule ; le mâle se tient à quelque distance d’elle, cherche à la désennuyer par un chant doux et peu soutenu , qu'il n’interrompt que pour aller lui chercher de la nourriture. 24° LA FAUVETTE DES ALPES. Motacilla alpina. Lan. Syst. nat. édit 13 , gen. 114. ° . . . . . . . , = . . - . . . . . . . . C'est sur les Alpes, comme sur les hautes montagnes du département de l'Isère , sur celles de l'Hérault, et quelquefois, mais plus rarement, sur celle des Vosges, nommée le Balon , que se rencontre cette fauvette, la plus grande de toutes celles de son espèce, puisqu'elle est de la taille du proyer. Elle a du bout du bec à l’extré- mité de la queue , sept pouces de longueur, et onze pouces de vol. Le dessus de sa tête, son cou et son dos, sont d'un gris cendré, varié cependant de brun sur le dos; les couver- tures supérieures de ses ailes sont noirâtres , tachetées de D'ORNITHOLOGIE. 315 blanc vers la pointe de chaque plume ; les grandes pennes des ailes sont brunes , bordées extérieurement de blan- châtre; les moyennes , de même couleur, sont extérieu- rement bordées de roussàtre ; les couvertures supérieures de la queue sont brunes, bordées de gris verdâtre, et terminées par une tache roussàtre placée sur le côté in- térieur. Cette fauvette a la gorge blanche, mouchetée de deux couleurs brunes différentes; tout le dessous de son corps est varié de gris et de roux plus ou moins foncé ; les cou- vertures du dessous de sa queue sont marquées de blanc et de noirâtre. Sa queue, qui est un peu fourchue, et qui a deux pouces et demi seulement de longueur, dépasse les ailes , lorsqu'elles sont ployées, d’un pouce à peu prés ; son bec est noirâtre dans toute sa longueur , excepté la base de la mandibule inférieure, qui est jaune; l'iris de ses yeux est brun ; ses pieds sont jaunâtres, et &æs ongles , - dont le postérieur est plus ‘épais, sont bruns. Cet oiseau ne s'éloigne jamais des hautes montagnes qu'il habite, que lorsqu'il y est forcé par la trop grande abondance de la neige, et, quand la nécessité le presse! alors il descend dans la plaine , où on le voit souvent courir , en filant sur la terre , à la maniere des caiïlles ; s’il se pose quelquefois sur des pierres, on ne le voit jamais pour cela se percher sur les arbres. C’est toujours par petites troupes que les fauvettes des Alpes se rassemblent, et elles ont un cri particulier qui est le signal du rassemblement. Tant que le froid est supportable, elles se tiennent volontiers dans les champs; mais s'il devient plus âpre, alors elle se retirent dans les prairies humides-et près de quelques fontaines dont les eaux, moins froides , gêlent les dernières. Le nid de la fauvetle des Alpes, dont la nourriture con- . | 516 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE siste en grains comme en insectes, est composé de mousse et de graminées; elle le place dans le creux de quelques rochers, et toujours à l'abri du vent du nord 1 ): la fe- melle y pond cinq ou six œufs d’une couleur à peu près semblable à la couleur du ventre de cet oiseau. Le mâle et la femelle se ressemblent parfaitement; ils sont absolument de même taille, et on ne trouve dans leur plumage aucune nuänce qui puisse les faire distin- guer l’un de l’autre. Tous deux sont d’un caractère si . Sauvage , si sombre et si mélancolique, que, quelques soins qe l’on se donne, il est impossible de les habituer à la domesticité, dans laquelle ils périssent en peu de jours 2 ). 29. LE PITCHOU. | Motacilla provincialis.Lin. Syst. nat. édit. 13, g. 114. Cette fauvette, que nous plaçons ici comme la dernière espèce que nous connoissions pour être indigène de la France, ne se trouve gueres que dans le département des Bouches-du-Rhône, où elle a reçu le nom vulgaire de pitchou, qui, en langue provençale, signifie petit et menu. 1) C’est de l’habitude qu’a cet oiseau de placer son nid dans les fissures de quelques rochers, que Bélou a prétendu que le nom de fauvette, que les anciens ainsi que les modernes lui ont donné, tire son étymologie ; mais 1l paroît plus probable, comme le remarque Ménage, qu’il vient de la couleur fauve du plumage de la plupart de ces oiseaux. 2) Cette fauvelte porte dans le pays qu’elle habite le nom de pegol où de pec, qui, dans le langage vulgaire de ces contrées, sigaife un imbécille, D'ORNITHOLOGIE. 317 En effet, cet oiseau n'est pas plus gros que le roitelet : à] n’a de longueur totale, mesuré de l'extrémité du bec à eelle de la queue, que cinq pouces trois lignes, et huit pouces de vol; lorsque ses ailes sont ployées, elles n’at- teignent que jusqu’à l’origine de sa queue qui fait presque la moitié de la longueur totale de l'individu. Tout son plumage, en dessus du corps; à partir du sommet de la tête jusqu’à la queue; est d’un cendré foncé: les pennes de ses ailes, ainsi que celles de sa queue, sont de cette même couleur ; mais elles sont bordées intérieu- rement de noiràtre, et extérieurement de cendré plus clair que le fond de la penne. Tout le dessus du corps , depuis la gorge inclusivement, jusques et y comprises les eouvertures du dessous de la queue ; est d’une couleur . rousse, ondée et wariée de blanc ; l'iris est couleur de noisette; le bec est blanchâtre à sa base , et noirâtre à sa pointe ; les pieds sont jaunâtres, et lés ongles, qui sont très-menus, excepté le postérieur qui est assez gros, sont brunûtres. ee Nousignorons la plupart des habitudes de cette fauvette , surtout la manière dont elle construit son nid , ainsi que l’endroit où elle le pose , et la couleur de même que le nom- bre des œufs que la femelle pond : nous savons seulement, d’après quelques notes de M. Guys de Marseille, consi- guées dans l’ouvrage de M. de Buffon , que cet oiseau rode, pendant le jour, autour. des choux , entre les feuilles desquels il trouve les insectes dont il se nourrit; que durant la nuit il se retire entre ces mêmes feuilles, afin de se soustraire 4 la poursuite de la chauve-souris, qui, selon cet auteur, estson ennemi. tro Mais ne seroit-on pas fondé à penser que cette assertion est encore un de ces préjugés populaires, ‘fruit d'une crédulité trop facile, et qui tant de fois à dénaturé des 318 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE _ faits simples, qui pour être éclaircis ne démandoient que quelques recherches. L'histoire du pitchou, relativement à la chauve-souris , pourroit bien être, pour cette raison, très-apocryphe, et il seroit trés - possible qu’en obser- vant plus attentivement la démarche de la chauve-souris , on ne découvrit dans ce quadrupéde volant d'autre in- tention que celle de saisir , pendant les-erépuscules, les phalénes qui s’échappent et qui rôdent autour dés choux, comme on voit le piéchou y chercher pendant le jour les larves qui les produisent. 26° LE ROITELET. . Motacilla regulus. Lin. Syst. nat. éd. 13, gen. 114. Le poul ; où souci. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 550. ( Voyez la planche XV de cet ouvrage.) L'usage semble avoir prévalu, surtout dans la ci-dévant Lorraine , d'appliquer le nom de roitelet au troglodite , et de nommer noisette le véritable roitelet. Dans quelques autres départemens on appelle cet oiseau roitelet couronné, poul, souci, sucet, petit sucet, suet, petit-bœuf, petitdoré, bissurdet, etc., et on désighe le froglodite sous la déno- mination simple de roitelet. L'oiseau dont il est ici question est le plus petit de ceux qui vivent en France: il a le corps-si grêle qu’il s'échappe facilement à travers des mailles de tous les filets, et qu'il outrepasse les barreaux de la cage dans laquelle ‘on la renfermé ; il n’a que trois pouces six lignes de longueur, de l'extrémité du bec à celle de la queue, et six pouces de vol; lorsque sé ailes’ sont ployées, elles atteignent les deux tiers! de là longueur desa queue. Les plümées" qui recouvrent le sommet de sa tête sonf D'ORNITHOLOGIE. 319 longues, un peu effilées , et d’une belle couleur d’un jaune doré; elles sont accompagnées, de chaque côté, d’une petite touffe de plumes noires qui leur servent comme d'encadrement , et dans lesquelles elles paroissent enfon- cées; l'uiseau peut à volonté redresser ces belles plumes, qui lui forment alors une huppe d’un éclat éblouissant. Le roitelet a le derrière de la tête et du cou, le dos, le croupion , les plumes scapulaires, ainsi que les couver- tures du dessus de la queue , d’une couleur olivätre , teintée d’une foible nuance de jaunâtre ; les plumes qui entourent la base de son bec, ses joues, le devant de son cou et le dessous de son corps, sont d’un gris roussàtre, teintées d’olivâtre sur les côtés. On remarque sur chaque aile deux bandes transversales blanchâtres, qui sont for- mées par la bordure de leurs couvertures supérieures, qui est de cette même couleur; les grandes pennes des ailes sont d’un gris brun, bordées extérieurement d’olivâtre et intérieurement de blanchâtre ; celles de la queue sont d'un gris brun , bordées des mêmes couleurs et de la même manière que les pennes des ailes. L'iris est d’un brun foncé, le bec noir ; les pieds et les ongles sont dé. la même couleur. La huppe de la femelle , au lieu d’être d’une belle cou- leur aurore, comme celle du mâle, n’est que d’un jaune de citron, et les nuances de son, plumage sont généra- lement plus foibles que celles du mâle. : elle n’a pas non plus, comme lui, de teinte jaune sur le dos, r ET Dans plusieurs départemens, et surtout dans les mon: fagnes de celui des Vosges, on voit cet oiseau dans toutes les saisons , et plus particulièrement encore pendant l'hiver. Nous avons dans ces mêmes montagnes une variété de roiteleé qui n’y paroit qu’en hiver : il diffère de l’autre 320 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE en ce que sa couronne m'est que d'un jaune foible de paille ; que tout le réste de son plumage offre des couleurs moins vives, et qu’un trait d’un gris blanc lui traverse la tempe au-dessus de l'œil. Le roitelet se tient ordinairement dans les Do où or le voit voltiger d'arbre en arbre, grimpant le long de leurs branches, et s'y suspendant dans toutes sortes d’at- titudes, comme le font la plupart des mésanges. Il niche ordinairement dans les forêts, quelquefois ce- pendant dans les ifs et les charmilles de nos jardins 1). Dans les montagnes des Vosges, où il est extrêmement abondant l'été comme l'hiver, c'est toujours sur les sapins qu'il établit son nid. Dés le mois de séptembré, et durant toute la saison rigoureuse de l'hiver, on ne le voit dans ces contrées qu’en bandes, quelquefois très-nombreuses, qui se mêlent volontiers avec d’autres bandes de petits oiseaux qui ont un même genre de vie, tels que la mésange à longue queue, la mésange huppée, etc. Son nid, de forme sphérique, est artistement et soli- dement tissu de mousse et de toiles d'araignées en dehors ; le dedans est garni d’un duvet plus doux et plus moel- leux : c'est dans ce nid, qui n’a qu'une petite ouverture sur le côté, que la femelle pond six et quelquefois jus- qu'à huit œufs, qui ne sont gueres plus gros que des pois ét qui sont d’une couleur blanche teintée de rose. La premiere de cés deux espèces de roitelets, qui ha- bitent les montagnes des Vosges, a un ramage doux, filé, 1) Quoique le roitelel paroïsse en assez grande abondance sur les pins, Les sapins, les picéas et autres arbres toujqurs verts du Jardin des Plantes de Paris, néanmoins il est reconnu qu’il n’y a jamais niché. D'ORNITHOLOGIF: 321 très-agréable, et que l’on écoute avec plaisir dans le temps qué l'amour en anime les accens mélodieux. Ce joli oiseau se nourrit de très-petits insectes que, pendant Pété, il attrappe trés-lestement au vol. Du- rant l'hiver, on le voit chercher; dans les gerçures et dans le terreau formé par la pourriture de quel- ques-uns, les larves de ces mêmes insectes, dont il est très-friantd, lors même qu'il ne se trouve pressé par aucun besoin. 27° LE TROGLODYŸTE. Motacilla troslodytes. Lin. Syst. nat. édit. 13, g.114. Le roitelet. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 425. ( Voyez la planche XV de cet ouvrage. } Le troglodyte 1), auquel, comme nous avons dit plus haut, on donne vulgairement et improprement, dans la presque-totalité de la France, le nom de roifelet, est, après celui-ci, le plus petit de nos oiseaur; car il n’a, du bout du bec à celui de la queue, que trois pouces neuf lignes de longueur, et six pouces de vol. Lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent la moitié de la longueur de sa queue. Cet oiseau est connu, dans les diverses contrées de la 1) Le froglodyte tire son étymologie du mot grec /roglodyten , qui signifie habitant des antres ou des cavernes : cette dénomination convient d'autant mieux à l’oëseau dont il est ici question, qu’on le voit en efet, surtout pendant l'hiver, entrer et sortir inces= samment des fentes de quelques-murailles. Le (P 21 329 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE France, sous des noms tout-à-fait disparates. Dans le dé- partement des Bouches-du-Rhône. par exemple, on l’ap- pelle vaque. petoué et roi-bedelet ; dans celui de la Charente, roi-bouti; dans le département de Loir-et-Cher, il porte le nom de roi-bery ; dans celui de la Vienne, il est connu sous celui de quion-quion ; dans celui de la Gironde, arre- pit; dans le département de la Seine-inférieure, on l'ap- pelle rebêtre et bezichon, ou roi-bertaud; dan$ celui du Loiret, rakhllon, petit-rat; dans celui de la Côte-d'Or, fourre-buisson et roi de froidure; enfin, dans celui des Vosges, ainsi que dans plusieurs autres, il n’est connu que sous le nom de roiftelet. Le dessus de sa tête, son cou, son dos, ses plumes sca- pulaires, ainsi que son croupion, sont d’un brun rous- sâtre ; les couvertures du dessus de sa queue sont d’un brun plus roux, et rayées presque imperceptiblement de brun pur; ses joues sont tachetées de blanc roussâtre; et il a au-dessus de l'œil, sur chaque tempe, une tache de cette : même couleur. Sa gorge, le devant de son cou, ainsi que sa poitrine, sont d’un blanc teinté de roussâtre ; son ven- ire, ses côtés et ses jambes sont d’un brun roussâtre, rayé transversalement de brun pur. Les plumes de son ventre et les couvertures du dessous de sa queue sont marquées, à leurs pointes, d’un peu de blanchâtre; les grandes cou- vertures supérieures de ses ailes, de même couleur que le dos, sont rayées transversalement de brun ; les moyen- nes, également d’un brun roussâtre, sont marquées, à leur extrémité, d’une petite tache ronde et blanchâtre. Les pennes de ses ailes sont, en dessus, brunes du côté intérieur , et d’un brun roux, rayé transversalement de brun pur, du côté extérieur ; en dessous. elles sont cen- drées : les pennes de sa queue sont aussi d’un brun D'ORNITHOLOGIE. 325 roux 1); mais elles sont rayées de petites lignes transver- sales d’un brun pur. « Cet oiseau, dit M. de Buffon, est, par son plumage, e une bécasse en raccourci : aussi, ajoute-t-il, j’ai vu des « enfans à qui la bécasse étoit connue, du premier moment « qu’on leur montroit le troglodyte, l'appeler petite bé- « casse. ? L'iris de ses yeux est noir; la mandibule su- périeure de son bec est noiràtre, et l’inférieure brune ; ses pieds, ainsi que ses ongles, sont d’un gris brun. Le troglodyte vit de vermisseaux, de mouches et d’au- tres petits insectes. L'été, il se tient dans les bois, où il construit son nid près de terre ou à terre même. Dans les montagnes des Vosges, c’est presque toujours sous l'abri de quelques rochers qu’il le fixe solidement. Ce nid, d’une forme sphérique, ne semble être, à l’exté- rieur, qu'un amas de mousse informe qui le faït échapper aux recherches des dénicheurs; maïs intérieurement il est fabriqué avec une grande propreté : il n’a qu’une entrée étroite, qui est située sur un des côtés. La femelle y pond neuf à dix œufs d’un blanc terne, avec une zône de points rougeûtres au gros bout 2). IL n’est pas rare de rencontrer, surtout au printemps, dans 1) Les douzes pennes de la queue du froglodyte sont singulière- ment étagées; la plus extérieure de chaque côté et les deux du milieu sont sensiblement plus courtes que les autres, en sorte que lorsque cet oiseau étale cette queue en volant, on diroit qu’elle est à deux pointes. 2) I] ést peu d'oiseaux aussi difficiles à élever à la buchette que le froglodyte ; on y parvient cependant avec des soins et de la patience : il suffit, pour cela , de le tenir bien chaudement dans son md; de lui donner peu et souvent, pour unique nourriture, ri LA 52h TABLÉAU ÉLÉMENTAIRE ce nid, dés jeunes de souris du de mulots qui's'en sont emparés. À l'approëéhe de l'hiver, cé joli petit oiseau quite les bois et s'approche de nos kabitations ; il s’introduit alors dans les fentes des murailles, et surtout dans les bû- chers, où il entre et d'où il ressort préCipitamment, en agitant sans cesse $es ailes d'un trémoussement ra- pide , ef tenant toujours sa queue relevée. Il aecom- pagne ses mo@vemens d'un pétit cri incessamment ré- pété. Il a aussi un chant doux et flûté, qui paroît d'autant plus agréable qu'il est le seul ramage que lon entende dans cette triste Saison ; äl l'anime davantage à mesure qu'il y à une plus grande abondance de meïge. Lorsque éct oiseau chante, il hnprime À sa queue un petit mou- vement très-vif de vibration de droite à gauche, Le froglodyte est, avec le rouge-gorge, un de nos oiseaux les moins défians; il est si curieux que, dans fe temps de la pipée, il pénétre à travers le feuillage des branches qui composent la loge du pipeur, qu'il con- sidère sans eraïnte , et avec une sorte de confiance et tnême de familiarité. de la pâtée composée de cœur de veau, haché bien menu, aves de la mie de pain détrémpée et mêlée de quelques mouches ; et lorsqu'il ange seul, on fabrique dans sa cage une espèce de petite loge avec du drap rouge, dans laquelle il aime à se retirer. Quand un amateur de cés sortes d'édacations innocentes est par- venu, sur huit ou dix petits, à en couserver an où deux, il est dédommagé de ses peines par le plaisir de les entendre chanter, méme pendant l’hiver, D'ORNITHOLOGIHE. 525 28° LE GRAND POUILLOT LL Trochylus lotharingicus. Li. Syst.nat. éd. 13,g. 1414. L] L] L L LA Li . LL L . L1 La LA L1 LA L2 » . L1 L . . LJ Ce pouiliot, qui nous arrive au printemps et qui mous quitte en automne, est extrêmement commun flans toms les bois du département des Vosges, où on le voit tou- jours perché au sommet des plus grands arbres : c'est de cette embuscade qu’il s’élance d'un vol rapide sur les in- sectes qui voltigent autour de Jui, et il retombe aussitôt à la place d’où il étoit parti. On nomme vulgairement dans ces contrées cel oiseau puits, à raison, sans doute, de ce petit cri qu’il fait sou- vent entendre et qui semble être l’expression de ce mot. Le vulgaire s’imagine, et c’est un adage dans ces contrées, que ce cri, plus fréquemment répété qu’à l'ordinaire, est une annonce certaine de la pluie. Cet oiseau a, en outre, un chant particulier qui est fort agréable, et que l’on écoute avec plaisir dans les beaux jours du premier printemps. Le grand pouillot est d'un tiers plus gros que le roi- telet; sa gorge est blanche; chacune de ses tempes est traversée par une ligne étroite, de cette même couieur , qui passe au-dessus de l'œil. Sa poitrine et son ventre sont blancs, teintés de roussâtre ; sa tête et tout le dessus 1) Il est probable que le nom de pouillot que l’on a donné à cet oiseau, ainsi-qu’au suivant , vient du mot latin pusillus, qui veut dire très-pelit : or les dénominations de grand et de pouillot semblent ici contradictoires ; mais on doit faire attention qu’elles n'y sont employées que pour désigner un ojseau moins petit qu’un autre de même espèce. 326 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE de son corps sont un mélange de noirûtre et de blane roussàtre. Les couvertures, ainsi que les pennes de ses ailes, de même couleur que le dessus de son corps, sont largement frangées de blanc roussâtre clair. Du reste, cette espece ressemble. au petit pouillot. Nous n’avons pas pu parvenir à connoître son nid, non plus que ses œufs 1). Ila l'iris, le bec, les pieds, ainsi que les ongles, de même souleur que ceux du petit pouillot. \ SO LE PETIT POUILLOT OU LE CHANTRE. Motacilla trochilus. Lin. Syst. nat. édit. 13, g. 114. Le pouillot où le chaïtre. Bris. Ornith. t. 3, p. 479. Cet oiseau est un des plus petits de ceux qui se trou- vent en France 2), où il est connu sous des noms vul- gaires différens, qui lui viennent, sans doute, ou de son chant, ou de la forme de son nid, ou enfin de sa petite taille. | Dans le département des Vosges, ainsi que dans toute 1) Quelques auteurs prétendent que la ponte de ce pourllot est ordinairement de quatre ou cinq œufs d’un blanc terne , piquetés de rougeâ re ; que son nid, formé en boule , est placé à terre, au pied d’un buisson, ou dan$ les herbes hautes, ou enfin sur le revers d un fossé ; et, comme il est extérieurement cons- truit de mousse, il n’est pas étonnant qu'il soit si difcile à découvrir, et que nous n’ayons pu y’ parvenir pendant plus de vingt ans de recherches. 2) Le petit poui!lot est un oiseau si foible, que ; lorsqu'on veut se le procurer pour une collection , il faut charger son fusil et le tirer avec du sable , ou seulement lui jeter une motte de terre, dont les parcelles , en se heurtant contre les. branches qui l’avoi- sineut , l’étourdissent et l’abattent. « D'ORNITHOLOGIE. 327 la ci-devant Lorraine, par exemple, il n’est connu que sous les dénominations vulgaires de fuit, de puit ou de bœuf : cette dernière ne lui a, sans doute, été donnée que par ironie, à raison de sa petite taille; et on lui a surement appliqué les deux autres à cause de ces sons qu’il semble articuler, et qu'il ne cesse de répéter et de faire entendre, surtout en automne. Il est un des premiers oiseaux qui nous annoncent le retour du printemps ; il arrive dans nos contrées par troupes de quinze ou vingt, dés la fin de février ou au commencement de mars, et il nous abandonne pour les pays méridionaux dés le milieu d’octobre. Durant l’été, il se tient habituellement dans les bois: la , il se nourrit d'insectes et de moucherons. Au com- mencement de l’automne, il vient, avant-son départ, visiter nos jardins et nos vergers, parce qu’alors il y trouve, plus tard que dans les bois, de quoi vivre. Il est continuellement en mouvement ; et lors même qu'il est posé, on remarque dans sa queue une sorte de frétillement. Cet oiseau fait entendre dans les beaux jours du prin- ‘temps et de l'été un chant doux, filé, et d'autant plus agréable, qu'il est composé de trois ou quatre variations mo- dulées, qui, sans doute, lui ont valu le surnom de chantre. Il fait son nid avec beaucoup d’art et de soins; il le piace dans l’endroïit le plus épais d’un buisson, ou bien dans une touffe d’herbes. Ce nid est construit de mousse en dehors, et en dedans il est garni de laine et de crins; il lui imprime une forme sphérique, n’ayant qu’une pe- tite ouverture sur l’un des côtés, que la femelle a l’at- tention de fermer encore soigneusement lorsqu'elle est sur ses œufs, qui sont d’une couleur blanchâtre, piquetés 328 TABLEAU ÉLEMENTAIRE de rougeûtre. Leur nombre est de quatre ou cinq seu- lement 1). . | Ce pouillot n’est pas plus gros que le roitelet; maïs il est plus svelte et d’une forme plus alongée. Le dessus de sa tête, le derriere de son cou et tout le dessus de son corps, sont d’une couleur d'olive claire. Sa gorge, le devant de son cou et tout le dessous de son corps, sont jaunâtres. J1 a de chaque coté de la tête un trait transversal qui passe au-dessus des yeux, et une tache sur le plide l'aile, qui sont de cette derniere couleur. Le ventre est d'un lance plus ou moins lavé de jaune, suivant l’âge ou le sexe ; Car la femelle a toutes les couleurs de son plumage plus pèles que celles du mäle. Les pennes de ses aïles et de sa queue, qui est un peu fourchue , sont d'un cendré brun, bordées extérisurement de couleur jaure verdatre. L'iris est de couieur de noisette; le bec est d’un brun iuisant er dehors, jaune en dedans ‘et sur les bords; ses pieds sont jaunètres, et ses fongles bruns. 30. LA LAVANDIÈRE. Motacilla alba. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La lavandière. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 467. Cette espèce de hoche-queue, comme on le nomme vul- gairement dans plusieurs contrées de la France, et parti- culièrement dans la ci-devant Lorraine, où on ne connoît 1) Salerne dit, dans son Ornithologie, pag. 242, qne ce petit oiseau est très-attaché à son nid, qu'il ne l’abandonne que difici- lement. Il ajoute qu'un de ses amis ayant trouvé le nid de cet oiseau, illui ft pondre jusqu’à trente œufs l’un après l’autre, en ui ôtant tous les jours son œuf à mesure qu'il étoit pondu; après quoi il en eut pitié , et lui en laissa assez pour couver. D'ORNITHOLOGIE. 329 ces oiseaux que sous cette seule dénomination ; qu'on applique indistinctement & la lavandière comme aux trois espèces de bergeronettes, se nomme vachette ou bergero- nette dans le département du Loiret; dans celui de la Côte-d'Or , on l’appelle crosse-queue , branle-queue ; ct dans celui de l'Ain, en le nomme damette, etc. La forme du corps de la lavandière 1) est svelte et alongée; quoique cet oiseau ne soit pas aussi gros que le moineau-franc , il a néanmoins sept pouces de longueur, mesuré du bout du bec à celui de la queue; à la vérité, la queue à, a elle seule, trois pouces quatre lignes de long , et lorsque les aïles sont ployées , elles n’atteignent que le tiers de l'étendue de cette partie. Le derrière de la tête de la lavandière mâle, ainsi que e dessus de son cou, sont noirs ; ces nrêmes parties sont brunes dans la femelle. L'un et l’autre ont un' demi-masque blanc qui leur cache front, entoure l'œil, et tombe sur les côtés du cou, où il vient aboutir à un large plastron noir, en forme de fer à cheval, qui est placé sur la poitrine. Le dessus du corps, les petites couvertures des aïles, et celles de la queue, sont d’un gris ardoisé, de même que les plumes scapulaires; cette même couleur s'étend sur les côtés de la poitrine, qui dans tout le reste est blanche, ainsi que la gorge et le devant du cou. Lorsque nous disons que la poitrine de la lavandière est blanche, nous voulons dire que le blanc est le fond de la couleur de ru Um ne QRURRAR E, 18 7. NUE RSA 1) Il est très-probable que la dénomination de larandière , que l’on a dounée à cet oiseau, ne lui vient que de linclination qu'il a pour le bord des eaux ; et surtout du mouvement de vibration de haut en bas qu'il a dans la queue ; ce qui le fait comparer à une lessiveuse qui bat son linge, et que lon ue connoit dans certains pays que sous le nom de lurandière. 330 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE cette partie, sur laquelle est placé un large plastron noir. | Cet oiseau a les jambes cendrées: les grandes couver- tures du dessus des ailes, noirâtres, bordées de gris blanc ; les grandes pennes des ailes d’un brun cendré, bordées de gris du côté extérieur; celles de la queue noires , bordées de gris en dehors, à lexception des deux latérales de chaque côté, qui sont noires à leur origine, et blanches dans tout le reste de leur longueur: l'iris est de couleur de noisette; le bec, les pieds et les ongles sont noirs. La lavandière est élégante dans sa forme ; la légèreté de ses mouvemens lui donne infiniment de grâces: tantôt on la voit voler rapidement en filant comme un trait, d’autres fois elle paroït jouer en tous sens dans le vague des airs, où elle épanouïit sa queue dont la surface étendue lui donne plus de légèreté : si elle marche ou si elle court à terre, c’est toujours à pas mesurés, et avec une facilité étonnante, en faisant mouvoir continuellement sa : queue de bas en haut et de haut en bas. Cent fois nous nous sommes donné le plaisir d'examiner cet oiseau sur le bord des rivières ou de quelques ruis- seaux , où il entroit dans l’eau à quelques lignes de pro- fondeur , avec un air de distraction, pour attraper quel- ques petits insectes qui voloient à la surface de ce fluide, d’autres fois il se plaçoit sur une pierre ou sur quelque ra- cine, et de la il s’élançoit d’un vol léger pour les saisir. La lavandière est un oiseau presque familier , qui nous arrive de fort bonne heure au printemps, et qui nous quitte un des derniers en automne. C’est dans cette saison qu'on trouve ces‘oiseaux en plus grand nombre dans nos campagnes , où leur rassemblement semble leur inspirer plus de gaieté : on les voit tantôt se balancer en l'air, s'y D'ORNITHOLOGIE. 352 livrer des espèces de petits combats, puis s’abattre dans les champs; tantôt se poursuivre ou se promener gra- vement sur les toits champêtres, et surtout sur ceux des moulins. Quelquefois on les voit s'approcher l’un de l’autre comme pour s'interroger mutuellement sur les circons- tances particulières du voyage prochain qu'ils doivent en- treprendre; enfin, le moment étant arrivé, une accla- mation générale éclate dans toute la troupe, et elle est le signal du départ pour des régions lointaines, où ils vont chercher une température plus chaude 1). Cet oiseau fait son nid à terre au bord des eaux, et toujours sous l'abri de quelque pierre ou de quelque ra- cine d'arbre ; il le compose, à l’extérieur, de petites ra- cines, de mousse et d'herbes sèches; le dedans est garni de plumes et de crins : la femelle pond sur ce lit mollet _quatre ou cinq œufs blancs , tachetés de brun. Lorsque leurs petits sont éclos, le père et la mére les défendent avec un courage qui étonne; si quelque ennemi vient impitoyablement les leur ravir, ils emploient les seuls moyens de défense que la nature a mis en leur pou- voir; celui de le poursuivre, et de voltiger au-dessus de sa tête, de l’insulter par des cris d’indignation qu'ils changent ensuite en des accens douloureux, comme s'ils vouloient toucher l'ame barbare et cruelle de celui qui leur enlève sans pitié l'objet de leurs affections les plus douces et les plus tendres. 1) On dit qu’en Égypte on voit le long dn Nil, depuis le Caire jusqu’à la mer, un grand nombre de ces oiseaux , qui se tiennent principalement aux environs des lieux habités; mais on ne dit pas s'ils y demeurent toute l’année, 332 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE 31° LA BERGERONETTE GRISE. Motacilla cinerea. LAN. Syst. nat. édit. 13, g. 114. La bergeroneite grise. Bris. Ornith. tom. 3, p. 465. La bergeronette grise, plus petite que la lavandière, à la queue proportionément pluslongue que la sienne : elle a, de l'extrémité de cette partie au bout dubec, six pouces reuf lignes de longueur ; son vol est de ‘huit pouces dix lignes, et ses ailes, ployées, s'étendent au tiers de la lon- gueur de sa queue. Tout le dessus du corps de cet oiseau est d'un gris cen- dré, excepté les couvertures du dessus de sa queue, qui sont noirâtres ; le dessous de son corps est entièrement blanc, à une petite bande près, d’un gris brun, qui lui forme comme une espece de demi-collier : les pennes de ses ailes sont brunes , terminées de blanchâtre ; sa queue, composée de douze pennes, a les huit du milieu noirà- tres, et les deux extérieures de chaque côté mi-parties de noirûtre et de blanc; l'iris est de couleur brune foncée ; le bec, les pieds et les ongles sont d’un brun plus clair; la femelle n’a point de collier brun comme son mâle. La bergeronette, dont l’étymologie paroît signifier pe- pite bergère 1 ), a reçu, sans doute, son nom de lhabi- tude qu'a cet oiseau de suivre dans les prairies les trou- peaux de vaches, ainsi que ceux de moutons ; de se pro- 1) Il semble, en effet, que la nature ait chargé cet oiseau d’être la sentinelle des moutons, ainsi que de leur berger, et de les avertir de l'approche du loup par les cris et les bonds incessamment répétés qu’il fait au-dessus de l’ennemi redoutable de ces paisibles animaux. D'ORNITHOLOGIE. 333 mener, de se mêler même, sans crainte, au milieu du bétail lorsqu'il pait, et de se peser quelquefois sur le dos de ces animaux, qui, loin de s’offusquer de cette licence, semblent la souffrir volontiers. Les bergeronettes en général, et la $rise en particulier, sont si naturellement familières , qu’elles semblent re- chercher la société des hommes, et surtout celle des hommes innocens et paisibles; aussi les voit-on accompagner, pré- céder ou suivre, sans la moindre crainte et la moindre défiance, le berger qui dirige son troupeau dans les pâtu- rages, parce que jamais elle n’a trouvé en lui cette du- reté de caractère trop commune à certains hommes don la barbarie et la cruauté ne peuvent que repousser loin d'eux une foule d'animaux paisibles qui craignent de de- venir leurs victimes. Cet oiseau se nourrit, pendant l'été, de moucherons et d'autres petits insectes volans ; en automne, il fréquente les troupeaux, parce qu'alors il rencontre des insectes que la chaleur des vaches ou des moutons anime, tandis que les premiers froids engourdissent ceux qui en sont éloignés. Lorsque quelques hergeronettes passent avec nous l'hiver, elles se retirent, durant cette saison rigoureuse, sur le bord des rivières, des ruisseaux , des étangs, surtout sur celui des fontaines, qui sont le moins susceptibles de se geler , et là elles cherchent de petits vers dont elles se nourrissent; mais la presque-totalité de ces oiseaux nous quitte, disparoït aux approches de l'hiver, pour passer dans des climats plus tempérés. La bergeronelte grise est fort commune dans la belle saison, €t paroît en plus grande abondance encore en automne dans toutes les parties de la France ; on la aomme vulzairement hoche-queue, comme toutes ses con- 334 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE geuéres, d’après son habitude, sans doute, de hausser ef de baisser incessamment la queue. Elle fait son nid dés le mois d'avril, sur le bord des eaux, entre ou sous des pierres; il contient quatre ou cinq œufs d'un blanc verdûtre : elle fait deux pontes par an. 32°. LA BERGERONETTE PRINTANIÈRE. Motacilla flava. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 114. La bergeronette du printemps. Bris. Ornith. ti. 3, pag. 468. On a, sans doute , donné l’épithéte de printanière à cette bergeronetle , parce qu’elle est la premiére de sa tribu qui reparoît dans nos campagnes à la fin de l'hiver : elle est de même taille , elle a les mêmes habitudes et toutes les proportions de la bergeronette jaune, avec laquelle plusieurs crnithologistes l'ont souvent confondue; néan- moins elle a bien plus de jaune que celle-ci, qui, stricte- ment parlant, n’a cette couleur bien prononcée que sur le ventre et sur le croupion, tandis qu’un beau jaune vif et éclatant couvre la gorge , la poitrine, le ventre , et tout le dessous du corps de la printanière : elle a d’ailleurs la tête cendrée , et le sommet de cette partie de même couleur , mais teinté d’olivâtre. Le mâle se distingue de la femelle en ce qu'il a uné ligne jaune qui, partant de l’origine du bec , passe au- dessous de l’œil pour aller aboutir vers l’occiput : la fe- melle a bien cette même ligne, disposée de la même ma- nière, mais elle est blanche au lieu d'être jaune ; d'ailleurs elle n’a pas, comme lui, des mouchctures noirâtres, ré- pandues en forme de croissant sur Je jaune de sa gorge, D'ORNITHOLOGIE. 335 L'un et l’autre ont le dessus du corps d’une couleur elivätre-obscur , avec une ligne d’un beau jaune tracée sur chaque aile. Les pennes de leurs ailes sont brunes, bor- dées extérieurement de blanchàtre ; les huit pennes inter- médiaires de la queue sont noirâtres , bordées d’olivatre obscur , et les deux extérieures, de chaque côté, sont plus de moitié blanches; l’iris est noir, de même que le bec, les pieds et les ongles, dont le postérieur est sensiblement plus long et plus fort que les autres. Cet oiseau, qui est très-répandu dans toutes les parties de la France, vient en automme, comme les autres ber- geronetles, au milieu de nos troupeaux. Sa nichée est quelquefois tardive au printemps; mais elle est toujours nombreuse : il place son nid le long des ruisseaux, sous quelque abri du vent et de la pluie. Il n’est pas rare ee- pendant qu'il le loge au milieu des blés; et, comme il s’y détermine quelquefois fort tard, il arrive assez souvent aussi que la nichée devient la victime du moissonneur qui dé- couvre ce nid. Les œufs sont tachetés de jaunâtre sur un fond de blanc livide. 33. LA BERGERONETTE JAUNE. Motacilla boarula. Lin. Syst. nat. édit.13 gen.114. La bergeronette jaune. Bris.Ornith. tom. 3, pag. 471. ( Voyez la planche XV de cet ouvrage.) La bergeronette jaune a, de l'extrémité du bec à celle de la queue, sept pouces et demi de longueur, et sa queue seule a trois pouces neuf lignes. Cet oiseau a le dessus de 536 TABLEAU ÉLÉMENTAIÏRE la tête gris, et toute la partie du corps d’une coüleur oli- vâtre foncée, à l’exeeption du eroupion , qui est jaune. Le dessous du corps, dans les jeunes mdividus , est d’un jaune päle ; mais dans les adultes, ïl est d’un ‘jaune plus foncé. La gorge est blanche dans le male, comme dans la femelle. La seule différence qui se trouve entre lun et l'autre, c’est que, dans celui-ei , le blane de la gorge ne consiste qu’en une bande blanche qui s'étend sous les joues et qui est marquée par une tache noire en forme de plastron; tandis que, dans la femelle, tout le devant de la gorge est blanc, sans aucune trace de cette espèce de plastron qui recouvre celle du mâle. L’un et l’autre ont une ligne blanchâtre, qui prend son origine à la base du bec, passe par-dessus les yeux, et s'étend vers l'occiput. Le fond de la couleur des pennes de leurs aïles est d’un gris brun, légérement frangé , dans quelques indi- vidus, de gris blanc : quoique les pennes moyennes soient marquéés de blanc a leur origine , néanmoins ce blane n'est visible que lorsque l’aile est étendue. Le bord extérieur des trois pennes les plus voisines du corps est d’un jaune pâle ; les six pennes du milieu de la queue sont noirâtres: les deux suivantes, de chaque côté, sont intérieurement blan- ches; elles sont extérieurement de cette même couleur, mais marquées en dedans d’une tache noire. Leurs cou- vertures inférieures sont d’un beau jaune vif: l'iris est de couleur de noisette, le bec brun ; les pieds sont noirà- tres, et les ongles noirs. Cette bergeronetle , qui fréquente le bord des ruisseaux et les fumiers des villages, pour y chercher des vers dont elle se nourrit, se mêle , en automne, avec ses con génères, parmi les troupeaux; elle a, comme elles, un mouvement de vibration continuel de bas en haut dans D'ORNITHOLOGIE. 337 la queue; ce qui leur a valu à toutes, comme nous l'avons déjà dit, le surnom de hoche-queue 1). Cet oiseau niche ordinairement dans les prairies : son nid , qu’elle pose à terre, est composé extérieurement de mousse et d'herbes sèches ; l’intérieur est garni de crins, de laine et de plumes. La femelle pond sur ce lit mollet de six à huit œufs d’un blanc sale, tachetés de jaunûtre ; il ne nous reste de cette espèce que peu ou point d’in- dividus pendant l’hiver 2 ). ' La bergeronette jaune est si ffnilière, et elle est si sus- ceptible de s’apprivoiser , que Willemet, professeur d’his- toire naturelle à l’école centrale du département de la Meurthe , qui, dans notre.jeunesse fut notre premier maître de botanique, et dont la révolution nous fit deve- nir le collégue; ce digne ami à qui notre cœur recon- noissant donne avec plaisir un témoignage publie de gratitude ; ce savant, digne de la confiance publique , nous a assuré avoir nourri chez lui ume bergeronette jaune qui vivoit en pleine liberté dans sa maison : elle couroit 1) Toutes les bergeronetles ont , comme l’on sait , la queue fort Jongue : dans celle-ci, ce caractère est marqué au point que cet appendice a un demi-pouce de plus que la longueur totale de l'oiseau , mesuré de l’extrémité du bec à celui. du croupion. 2) Adanson, dans son Voyage au Sénégal, pag. 169, dit que Von trouve le long du bord des eaux, et surtout du Niger, une muititude de Lergeroneites jaunes, qui y sont aussi familières que dans notre pays, malgré la guerre. qu’on leur fait à raison de leur graisse, dont le goût exquis les fait rechercher comme un mets délicat. D’après le témoignage de ce savant naturaliste, ïl nous est permis de conclure que , lorsque les berzeroncties aban- donnent nos climats à l’arrière-saison, elles se dirigent, non- seulement vers des régions plus tempérées, mais qu’elles passent jusque sous Ja zône torride. J'TE 22 3358 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE même d’un appartement dans un autre, sans s'effrou- cher de la présence du grand nombre de personnes étran- gèr es que l'état de Willemet (il est en outre pharmacien ) atüroit chez lui, et qu’elle ne connoiïssoit pas. Cet hôte familier faisoit aux mouches et aux autres insectes ré- pandus dans la maison une guerre à mort; et, ce qui paroïîtra plus étonnant, c’est que cet oiseau , qui n’avoit point été élevé jeune à la maison, suivoit son maître, qui le conduisoit partout où il vouloit , au moyen d’une mouche qu'il tenoit deases doigts et qu'il lui montroit comme apPâte CINQUIÈME FAMILLE. LES PASSEREAUX À PETIT BEC COURT, COMPRIMÉ A SA BASE, ET CROCHU A SA POINTE. Les caractères distinctifs des passereaux de celte cinquième famille consistent dans un bec itrès- court, comprimé horizontalement à “sa base et crochu à sa pointe ; ; dans l'ouverture de ce même bec, qui est au moins aussi large que la tête, et dans laquelle ils engloutissent les insectes qu’ils poursuiventet qu'ils attrapent en volant. Cette famille ne renferme que deux genres: le premier est celui des Æérondelles ; et le se- cond , celui des engoulesents, D’ORNITHOLOGIE. 339 PREMIER GENRE. LES HIRONDELLES. Les caractères particuliers aux Æirondelles consistent dans une tête grosse et aplatie; dans l'ouverture du gosier, qui est très-large ; dans la partie cornue du bec, qui est fort petite, comprimee horizontalement à sa base et cro- chue à son extrémité. Cès oiseaux ont tous le cou court , les ailes longues , les pieds fort pétits, et le daiet du milieu uni étroitement avec l’extérieur : lies son origine jusqu'à la premiere articulation. La queue est faurchue dans presque toutes les espèces; leur vol est rapide et long-temps sou- tenu ; elles ont toutes la vue très-percante. Elles bâtissent toutes leur nid très-solidement avec de petites moltes de terre qu'elles savent coller les unes contre les autres. Nous ne connoissons en France que six es- pèces. d’Airondelles , savoir : V’hirondelle de cheminée ou domestique ; Vhirondelle de fe- nêtre Où & croupion blanc, l'hirondelle de rivage , V'Mrondelle grise des r chers, Î& mar- Linet noir, ek le grandi anartinel à ventre-hlanc. Les rmnartinets ont Les quatre doigts diriges en avant, 340 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE (e) 1. L'HIRONDESLE DE CHEMINÉE OU DOMESTIQUE. Hirundo rustica. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 117. ÆZhirondelle de cheminée. BR1s. Ornith. t. 2, p. 486. ( Voyez la planche XVI de cet ouvrage.) L’hirondelle de cheminée, que lon nomme aussi hiron- delle domestique , est la premiére qui paroît dans nos contrées, où elle arrive communément vers la fin d'avril 1). Elle a six pouces et demi du bout du bec à celui de la queue, et près d’un pied de vol; lorsque ses ailes sont ployées , elles atteignent, à quatre lignes prés, l'extré- mité de sa queue. Cet oiseau a la gorge et le front de couleur aurore ; om voit, au-dessus de chaque œil une espèce de sourcil de la même couleur; tout le dessus de sa tête, de! son corps, de ses ailes et de sa queue est d’un assez beau noir lustré, à reflets. bleuâtres qui ,suivant l'incidence de la lumière , ont les nuances et l'éclat de l'acier poli. Quoique les plu- mes qui couvrent le dessus du corps paroïissent noires , néanmoins , en les écartant, on voit qu’elles sontcendrées / È . 1) Il n’est pas très-rare, surtout dans les Vosges, où l'hiver se prolonge plus avant dans le printemps que dans Fa plupart des autres contrées de la France, de voir les hirondelles nouvel- lement arrivées voler à travers les flocons de nejge. Souvent la rigueur du froid, ou, pour mieux dire, le défaut d'insectes, les fait périr ; et c’est ce qui sc fit particulièrement remarquer dans les années 1767 et 1788., où l’on trouva une multitude de petits cadavres de ces animaux sur le bord des étangs et des rivières de la ci-devyant Lorraine. D'ORNITHOLOGIE. 34» à leur origine , blanches dans leur milieu et noires à leur extrémité : cette dernière couleur est la seule appa- rente lorsque les plumés sont couchées les unes sur les autres. Tout le dessous du corps est blanc , légérement teinté de couleur aurore; les pennes des aïîles paroissent tantôt d'un noir bleuâtre, ct tantôt d'un brun verdûtre, suivant qu’elles sont frappées des rayons de la lumiere; celles de la queue sont noirâtres, a reflets verts : cette dernière partie est trés-fourchue, elle est surtout remar- quable par la plume la plus éxtériéure de chaque côté , qui est plus longue de quinze lignes que les deux du milieu ; les cinq latérales les plus externes sont marquées d’une tache blanche a leur extrémité. L'iris est de couleur de noï- sette, le bec noir, lé palais jaune; les pieds et les ongles sont noirätres. l Aussitôt que l’hirondelle de cheminée est arrivée chez nous, elle s'occupe de la construction de son nid; quand même-celui de l’année précédente existeroit encore intact, élle en fabrique un nouveau, et c’est toujours dans là partie intérieure la plus élevée des cheminées qu’elle le place. Ce nid est; comme l'on sait, maçonné de terre gàchée afec de la paille et du crin ; sa forme est demi- circulaire ; il est creux en dedans, ouvert en dessus, et fer- mement collé contre les parois de la cheminée : l’intérieur est garni de quelques plumes, sur lesquelles la femelle, qui ne fait que deux pontes par an , dépose de trois à cinq œuts, tous blancs, et tandis qu'elle couve, le mäle passe la nuit sur le bord du nid. L'hirondélle est un oiseau dont les mœurs sont douces et sociales : tlle nous réjouit l'ame en nous annonçant le retour de la belle saison ; elle nous égaie par un chant fré- quent à modulations vives et variées ; elle nous rend des services importans, en nous débarrassänt de ces essains 342 TABLEAU'ÉLÉMENTAIRE d'insectes incommodes, nuisibles et destructeurs de nos moissons, de nos potagers et de nos forêts. Cet oiseau paisible, qu'a raison des bons offices qu'il nous rend, nous devrions accueillir et bien traiter, trouve néanmoins, pour toute récompense, dans la cruauté de certains hommes barbares et indifférens pour les intérêts de la société, une mort certaine. La plupart de ces êtres, ordinairement désœuvrés, n’abattent ainsi, à coups de fusil, ces douces créatures que pour satisfaire à la vaine ostentation de faire briller leur adresse inhumaine. L’hirondelle de cheminée nous quitte dès les premiers froids qui détruisent les insectes dont elle fait sa princi- pale nourriture : avant leur départ, ces oiseaux ont cou- tume de s’assembler au nombre de plusieurs centaines , sur quelques grands arbres, et on est persuadé qu'ils ne partent jamais que pendant la nuit. Si ce fait, que nous n'avons pu constater, étoit certain, on seroit fondé à croire qu'ils ne prennent cette précaution qu'afin d'éviter la poursuite des oiseaux de proie, qui ne manqueroient pas de les harceler pendant leur route 1). -a) Dans un château près d’Épinal, en Lorraine, quelh’un qui, à raison de sa naissance, qui étoit un grime dans le temps où des monstres immoraux. opprimoient: la vertu, se tenoit caché pour se soustraire aux persécutions, calmoit l’ennui de sa captivité volontaire en étudiant l’histoire naturelle. Pour s'assurer du degré de mémoire dont on dit les Az/ondelles susceptibles, il attacha un anneau de cuivre au pied d’un de ces oëseaux qui avoit fait son nid dans un des appartemens dont les vitres cassées (ceût été nu crime (le lèse-nation alors de les faire raccemmoder) Jui laissoient l'entrée et la sortie libres; et il remarqua, durant Îles trois années de sa réclusion, que la même Airondelle revint exactement, et à la mème époque, dans Pappartement où il l’avoit chargée d’un anneau incommodé qui éxistoit toujours. On cite quelques traits de fanuliarité et même de reconnois- D'ORNITHOLOGIE. 345 + Dans le département des Vosges, où les froids sont tres- àpres et très-souvent subits, sans qu'on s'y attende, les hirondelles qui se laissent surprendre sont forcées d'y péri de misére, ou de s'y engourdir au moins momen- tanément, ainsi que nous avons eu occasion de nous em assurer en l’an VIIT, au mois de décembre. Nous trou- vâmes à cette époque, sur le foyer d’une de nos cheminées qui avoit été bouchée de son paravent durant l'été, une hirondelle étendue et qui nous parut morte; soupçonnant qu’elle pouvoit bien n'être qu'engourdie , puisque le froid jusqu'alors n’avoit pas été fort rigoureux, nous l’enve- loppàmes d’un oreiller et l’approchâämes d’un feu modéré : au bout d'environ une demi-heure , elle ouvrit les yeux, fit quelque mouvement, et fut bientôt rendue à une vie que la disette de nourriture convenable lui fit ensuite perdre pour toujours. Il est des jeux de la nature qui produisent des hiron- delles blanches, ainsi que des merles, des corneilles et plu- sieurs autres oiseaux de couleur diametralement opposée à la naturelle. On voit dans les galeries du Muséum d'’his- toire naturelle de Paris deux hirondelles du blanc le plus pur, dont une est de cheminée et l'autre de fenêtre. Quoique cette couleur ne paroisse être qu’un jeu acti- dentel de la nature, qui se reproduit plus ou moins fré- quemment dans tous les pays , cependant nous avons observé, depuis que nous résidons dans la capitale (et sauce de la part des Azrondelles qui sont si merveilleux, que si nous ne les regardions pas comme apocryphes, ou tout au moins comme le fruit de lidie superstitieuse des habitans de cer- taines provinces, telles que la ci-devant Lorraine, qui regardent comme un présage d’un bonheur futur la faveur des Lirondelles qui viennent établir chez eux leur demeure, mous les rapporterions ici: mais ils nous paroissent trop douteux pour en faire mention. 344 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE des tirailleurs de ces oiseaux nous l'ont assuré aussi) que tous les ans on voyoit voltiger dans les airs à Paris beaucoup d’hirondelles entièrement blanches, ainsi que d’autres dont le plumage étoit plus ou moins nué et taché de cette couleur. 2° L'HIRONDELLE DE FENÊTRE, OU A CROUPION BLANC. ÎTirundo urbica. LiN. Syst. nat. édit. 13, gen. 1 19. La petite hirondelle ,ou le martinet à cul blanc. BR1s. Ornith. tom.2, pag. 490. On donne vulgairement à celle-ci, qui se trouve dans toute la France, le nom de matelot ou de petite hirondelle, dans le département des Vosges et dans toute la ci-devant Lorraine. Elle est, à la vérité, plus petite que lhirondelle de cheminée, dont elle différe d’ailleurs par le plumage, par le duvet dont ses pieds sont recouverts, par sa queue qui est moins fourchue, et surtout par ses habitudes. Cette hirondelle a cinq pouces cinq lignes de longueur, mesurée de l’extrémité du bec à celle de la queue, et enze pouces et demi de vol. Le dessus de sa tête, de son cou, de son dos, les couvertures du dessus de sa queue, de même que ses plumes scapulaires , sont d’un noir à reflets bleuâtres; sa gorge, tout le dessous de son corps, ainsi que son croupion, sont d’un blanc qui paroît d'autant plus éclatant qu'il contraste davantage avec le noir. Les pennes de ses ailes sont d'un noir brun, et leur côté extérieur reflette une couleur verdâtre; les trois pennes de ces parties qui sont les plus voisines du corps, sont terminées de blanc. Lüiris est de couleur de noisette D'ORNITHOLOGIE. 3/5 foncé; le bec est noirätre en dehors, et-rougeâtre en dedans et prés de sa pointe ; les pieds sont couverts d'un duvet blanc jusqu'à l’origine des ongles, qui sont grisàtres. La femelle de cette espece se distingue du mâle par ses couleurs qui sont moins vives, et par le blanc du dessous de son corps qui est moins pur, et qui, sur le croupion, est varié de brun. L'hirondelle de fenêtre arrive en France vers le quinze mai, quelques jours plus tard que celle de cheminée, et aussitôt elle s'occupe de la construction de son nid, ou du rétablissement de celui qu’elle occupoit l'année précé- dente; car le même nid sert pour plusieurs années de suite, et la preuve que nous pouvons donner de ce fait, c’est qu'ayant pris, en 1786, à une croisée d’un appartement où il y avoit plusieurs nids, deux de ces oiseaux, nous miîmes au pied de Pun (à l'exemple de cet homme hon- nête, forcé de se dérober aux regards féroces des pré- tendus amis de la liberté dont nous venons de parler) un petit anneau de cuivre fait d’une corde de laiton d’un piano, et à l’autre un semblable anneau ‘de fer : le premier reparut successivement chaque année, et daus le même nid, jusqu’en 1789; l’autre revint l’année sui- vante, et disparut pour toujours quelques mois après son arrivée. Cette hirondelle attache son nid aux entablemens et aux corniches des bâtimens ; aux embrasures des fenêtres , où sous le toit des maisons; ce nid est, comme celui de l’'es- pèce précédente, pétri de terre, de celle surtout que les vers rejettent après en avoir extrait les sues, et à laquelle ils ont communiqué une certaine viscosité. La manière dont cet oiseau transporte cette terre est admirable : il n’a d’autre moyen pour cela que son bec, et les seuls instrumens qu'il emploie à la fabrication de son 346 TABEEAU ELEMENTAIÏRE mid sent ses pieds ; il fortifie la terre, dont ce petit ré- duit est formé, avec quelques brins de paille qu'il entre- mêle dans l'épaisseur de ses parois, et l'intérieur de ce nid est garni de plumes dont la plupart tiennent dans le mortier même. C'est dans les airs que cette hirondelle saisit au vol les plumes qui, s'étant détachées du corps de quelques autres oiseaux , sont emportées par le vent. Aussi des enfans (e’ est du moins ce que nous avons vu dans les départemens des Vosges et de la Meurthe) se procurent-ils le plaisir , un peu barbare à la vérité, de tromper ces innocens animaux en leur présentant, au bout d’un fil attaché a l’extrémité d’une gaule qu’ils avancent dans la rue par quelque croisée du grenier, une plume que le vent agite. L’hirondelle, en voltigeant , aperçoit cette plume ; elle accourt aussitôt pour la saisir : mais elle rencontre sous cet appât trom- peur un ou plusieurs hameçons, auxquels elle s'accroche et demeure suspendue. Le nid de l’hirondelle de fenetre a une seule ouverture étroite, située en avant de la partie la plus élevée de ce petit réduit, et qui est la seule éntrée de sa cavité inté- rieure 1). La femelle y pond, deux ou trais fois chaque 1) On lit dans Albert, et le jésuite Batgowiski prétend avoir été témoin occulaire du fait ( d’après des observations suivies durant plusieurs années, non-seulement nous en doutons, mais nous serions tentés ici de le nier ), que lorsqu'un moineau s'empare du nid dune Airondelle, ce qui arrive fréquemment, celle-ci ras- semble. aussitôt le plus d'individus de son espèce qu’il lui est possible, tous munis d’un peu de leur mortier , et que simultané- ment ils en bouchent l'ouverture. Témoins plus d’une fois de ces sortes d’usurpations, nous n'avons jamais remarqué autre chose que des querelles souvent réitérées entre l’usurpateur et les pro- priétaires légitimes, D'ORNITHOLOGIE. 347 année, de trois à cinq œufs blanes, entourés d’une zône rembrunie vers le gros bout. ae Dans presque tous les nids de l’hirondelle de fenêtre, que , d’apres les observations de Buffon et de Spallanzani , nous avons examinés scrupuleusement et à plusieurs re- prises, nous avons trouvé, à la vérité, des punaises et plusieurs petits vers que nous avons pris pour la larve du dermeste, rongeur des plumes ; maïs jamais nous n’y avons remarqué de puces, comme quelques auteurs prétendent y en avoir rencontré, et même en grande quantité. Quand , aux approches de la saison rigoureuse, les pre- miers froids se font sentir, cette espèce d’hirondelle se réunit en nombre considérable le matin et le soir, se tenant dans quelques abris du froid, où elles se pressent les urtes contre les autres. Cette espèce d’attroupement , qui devient de plus.en plus considérable, ne dure que quelques jour un cri particulier annonce bientôt à la troupe entière l’instant du départ : aussitôt toutes s’é- lancent dans les nues à une hauteur si considérable, qu’elles deviennent invisibles en peu de minutes. Cet abandon de nos contrées de leur part a lieu plus ou moins tard ; suivant que la saison est plus ou moins rigoureuse dans notre climat. 3° L'HIRONDELLE DE RIVAGE.s Hirundo cinerea. TAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 113. » L'hirondelle de rivage: Bris. Ornith. t. 2, p. 506. Cette hirondelle , la plus petite de toutes celles qui ha- bitent la France, où elle n’est pas fort commune, a de longueur totale, de l'extrémité du bec à'celle de la queue, 348 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE quatre pouces neuf lignes, et onze pouces de vol. Lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent de cinq lignes la longueur de sa queue. [érh Elle arrive dans nos contrées en même temps que l’hi- rondelle de fenètre , et elle les abandonne à la même époque; car , avant d'entreprendre leur long voyage, on voit ces deux espèces se rassembler dans les mêmes lieux, comme pour prenaäre de concert les mesures dispositives qui leur semblent nécessaires, et elles disparoissent l’une et l’autre le même jour. à L'oiseau dont il est ici question a tout le dessus du corps, depuis et y compris la tête jusqu'a la queue, d’un beaw gris de souris ; toutes les parties inférieures sont blanches , de même quela gorge, sur le devant et autour de la- quelle on voit une espèce de collier du même gris que le dessus du corps. Les pennes des ailes, celles de la queue, sont brunes, ét les couvertures inférieures des premières sont grises. L'iris est de couleur de noisette ; lc bec est noiratre ; et les pieds, dont la partie postérieure est garnie jusqu'aux doigts d’un duvet brun, sont de cette mème couleur, ainsi que les ongles. Cette hirondelle se tient volontiers sur le bord des eaux 1), où elle fait une chasse vive aux insectes dont elle 1) Cé n'est pas toujours sur le bord des eaux, comme le pré- tendent plusieurs ornithologistes , que se tient l’hirondelle nommée de rivage ; nous avons acquis cette année, 1800, Ja preuve du contraire. Revenant de Ja Côte-d'Or, le 27 juillet, où nous ayons, accompagné pendant trois mois son excellence monseigneur François (de Neufchâteau), dans la visite qu’il a faite des trois départemens dépendans de la sénatorerie de Dijon , dont il est le titulaire, nous avons remarqué dans Ja forêt de Sénart, à trois lieues dé Paris, non loin d'un obélisque en marbre qui se trouve sur Ja route de Paris à Fontainebleau, D'ORNITHOLOGITE. i 319 se nourrit : c'est le long de leurs rives que, dans des trous qu'elle rencontre tout creusés, ou bien qu'elle creuse elle-même à la profondeur horizontale de dix-huit à vingt pouces, elle établit son nid, qu’elle se contente de garnir assez négligemment de quelques brins d'herbes se- ches et de plumes. La femelle y dépose cinq ou six œufs parfaitement blancs, et qui semblent être transparens : elle ne fait qu’une seule ponte par an. 4° L'HIRONDELLE GRISE DE ROCHERS. Hirundo rupestris. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 115. Quelques soins que nous nous soyons donnés et quel- ques informations que nous ayons pu preudré, il nous a été impossible de nous assurer si ceftg hirondelle, qui se trouve abondamment sur les montagnes du départe- ment du Mont-Blanc, sur celles de FHérault et de FI- sère, nichoit sur les montagnes des Vosges : mais nous sommes au moins certains qu’ellé y ést de passage, ne fût-il même qu'accidentel, puisque le 24 août de l'an V, en parcourant ces montagnes avec quelques-uns de nos Re . | | fe une carrière de sable très-fin en exploitation , et dont la coupe perpendiculaire est de plus de trente pieds ; nous avons remarqué, dis-je , cent trous au moins pratiqués au sommet de cette carrière, et qui sont autant de nids d’Airondelles de rivage. Nous n’avons au- cun doute sur ce fait ; car tout autour de ces trous, ‘plusieurs cen- taines de ces oiseaux étoient accrochés à ce sable ) EXpOsÉ aux rayons du soleil : notre plus grand regret a été de ne pas rencontrer dans cette carrière d'échelle assez longue pour atteindre à ces nids, que nous aurions visités avec la scrupuleuse exactitude qui carac - téxise ya, naturaliste zélé pour ba science, LÉ 350 TABLEAU ELÉMENTATRE élèves, nous en aperçümes un assez grand nombre se jouant dans les airs entre les montagnes de Bussang et celles dela Bresse : quelqu'archarnés que nous fussions à leur pour- suite, il ne nous fut possible que d’en tuer deux, qui par hasard se trouverent être un mâle et une femelle , ce dont nous nous assuràmes par la dissection ; et nous ne trouvimnes entre le plumage de l'un et celui de l’autre aucun trait de dissemblance, sinon que le mèle nous parut un peu moins gros que la femelle. Le plumage de l’un et de l'autre, sur la partie supé- rieure du dos, depuis le sommet de la tête jusqu'aux couvertures supérieures de la queue inclusivement, étoit d’un gris brun; et chaque plume paroissoit teintée de roux sur ses bords. Les pennes de leurs ailes étoient de même couleur que le fond du plumage ; mais le roux dont elles étoient bordées étoit bien plus prononcé. Le dessous de leur corps étoit roux , de même que les flancs : ces deruiers paroissoient nués de brun. Les couvertures du dessous des ailes étoient de brun pur. Tous deux avoient l'iris presque aurore, le bec et les ongles noirs: leurs . pieds étoient garnis d’un duvet grisätre , moucheté de brun, Ces oiseaux n’avoient que quatre pouces dix lignes de longueur totale, et neuf pouces de vol. Lorsque leurs ailes étoient ployées, elles dépassoient de deux lignes la queue, qui n’étoit pas extrêmement fourchue. « 5° LE MARTINET NOIR. Hirundo apus. Lin. Syst: nat. édit. 13, gen. 117: Le martinet. BRis. Ornith. 1om, 2, pag. 512. ( Foyezla planche XVI de cet ouvrage. }) Plus gros que l'hirondelle de cheminée, ce martinel a, comme le suivant, lé bec, le cou.et les pieds proportion: -D'ORNITHOLOGTE. 55% nément plus courts, la tête plus large, le gosier plus ample, et les ailes infiniment plus longues. IL a aussi le vol beaucoup plus rapide et plus élevé qu'aucune autre espèce d’hirondelle. Sa longueur totale, mesurée du bout du bec à celui de la queue, est de sept pouces dix lignes ; son vol , de quinze pouces ; et lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent sa queue de neuf lignes. , Get oiseau est vulgairement connu sous différens noms, suivant les différens départemens qu'il habite. Dans ies uns, on l'appelle hirondelle noire, grande hirondelle, mar- telet, alérion, arbalétrier ; et dans les autres, griffet ou griffon , juif, faucillette , hirondelle de mer, etc. Sa gorge est d’un blanc cendré; les couvertures du - dessus de sa queue sont d’un brun décoloré; et le reste de son plumage est noirâtre, avec des reflets verts. Une teinte noiràtre plus foncée est répandue sur son dos et sur les couvertures inférieures de sa queue. Ses yeux sont enfoncés; l'iris, de même que le bec est noir; les pieds, dont les quatre doigts sont dirigés en avant, sont noirätres, ainsi que les ongles. Le martinet est la dernière des hirondelles qui nous arrive , et la première qui nous quitte 1). Il est de teutes les espèces celle dont le vol se soutient à la plus grande 1) Dans plusieurs pays, et surtout dans-la ci-devant Lorraine, le préjugé populaire a inspiré contre cet oiseau une espèc® d'horreur, tandis que , dans les mêmes contrées, on regarde, ainsi que nous l’avons déjà dit, le choix que l’hirondelle à croupion blanc fait d’une maison pour y établir son nid, comme le présage d’un bonheur prochain. En Italie, au contraire, on recherche avec soiw les'jeunes du martinet, qui sont ordinairement fort gras, et on les sert comme un mets fort délicat sur les meilleurés"tables. On en fait de mème en Savoie et dans le Piémont. 352 TABLEAU ÉLEMENTAIRE hauteur, dans le vague des airs. Il a un cri aigre et désa- gréable, qu'il fait souvent entendre en volant 1). Cet oiseau se plait auprés des bâtimens élevés, des tours et des clochers, où il passe la nuit dans des trous de mu- railles : il se réfugie aussi quelquefois dans ceux que les martins-pécheurs ont creusés le long des rivages, ou enfin dans quelques fissures de rocher. C'est dans ces mêmes trous, qu'après en avoir garni l'intérieur de paille, d’herbes seches, de plumes ou de laine , la femelle pond, une seule fois par.an, cinq œufs blanes qui sont fort alongés. On a remarqué que, quand une fois ils ont adopté un de ces trous, ils y reviennent chaque année. Le martinet, qui, à raison de ses pieds trop courts et de : ses ailes très-longues, ne pourroit prendre son essor, ne se pose jamais à terre : il est donc condamné par la na- ture à passer toute sa vie bloti au fond de son trou, ou dans une grande agitation au milieu des aïrs pour y attrap- a 1) Rien n’est plus insupportable que le voisinage de l’endroit où ce martinet a établi son n'd; car, lorsque ses petits sont nés et qu'ils prenxent leur premier essor, on les entend sans cesse, en parcourant les airs d’un vol extrèmement rapide , pousser autour de leurs père et mère des cris si aigus et si pénctrans, qu’ils déchirent le timpan des oreilles les moins délicates. Pen- dant les huit longues :nnées que nous avons professé l’histoire naturelle à Pécnle centrale des Vosges, nous étions logés non loin d’une vieile tour d'église où ces ciseaux en grand nombre établissent leurs nids, et nous avons eu à souffrir beaucoup, pen- dant Vété, de leurs cris insupportables. Certes, nous wavions pas besoin de ce surcroît d’ennui pour y éprouver les dégoûts que toute ame honnète et délicate éprouvera toujours avec des êtres méchaos , ‘et surtout quand ils sout privés de l'éducation même la plus commune. D'ORNITHOLOGIE. 353 per les insectes dont il se nourrit. S'il se trouve pressé par la soif, il ne peut satisfaire à ce besoin qu’en rasant la surface des eaux. C’est en conséquence de l'impossibilité où il se trouve de se poser à terre, que, pour se procurer les matériaux nécessaires à la construction de son nid, il est forcé de les aller piller dans ceux des autres hirondelles et des moineaur : Ces larcins, commandés par la nécessité, ne feroient sans doute aucun tort à sa réputation ; mais il la ternit par l'habitude cruelle qu'on lui prête d’en- trer dans le nid de certains petits oiseaux pour manger leurs œufs. Nous ne donnons ce fait que sur la foi d’au- trui. 6° LE GRAND MARTINET A VENTRE BLANC. Hirunda ripariama.xima, Lin. Syst. n. éd. 13,8. 117. La grande hirondelle d'Espagne. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 504. Il est du double plus gros que le martinet noir. Sa lon- gueur, prise de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de huit pouces et demi, et son vol de vingt pouces. Lorsque ses ailes sont ployées, elles dépassent de deux pouces au moins la longueur de sa queue, qui n’est four- chue que de neuf à dix lignes, Sa tête, son cou et tout son corps, en dessus, sont d’un gris brun, plus foncé cependant sur le dos , sur les ailes et sur le croupion, où ce gris brun est rehaussé par de fort beaux reflets rougeûtres et alternativement verdâtres. Sa gorge et le devant dé son cou , Sa poitrine , ainsi que la partie antérieure de son ventre, sont blancs; il a sur le cou un collier gris brun qui est varié de noirûtre. Les côtés de son corps sont variés de cette même couleur, T, 1e 23 554 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE amalgamée avec du blanc. Le bas de son ventre, ses jam- bes, ainsi que les couvertures du dessous de sa queue, sont d’un blanc sale, teinté de brunûtre. Ses ailes sont, en dessus, d'une couleur brune , plus foncée sur les grandes pennes et plus claire sur les moyennes ; en des- sous , elles sont d’un brun cendré. Saqueue est d’un brun sombre en dessus, et d'un brun cendré en dessous. L'iris de son œil est brun ; son bec, qui est un peu crochu à sa pointe, est noir, de même que ses ongles; ses pieds sont couverts d’un duvet d’un gris brun; et ses doigts , dirigés tous quatre en avant, sont de couleur de chair. Cet oiseau, de passage périodiquement annuel en France, n’y paroit guère que dans le département du Mont-Blanc et sur les montagnes des Alpes, où il passe l'été et où il niche dans des trous de rochers : c’est ordinairement au mois d'avril qu'ilarrive dans ces contrées; et alorsil se tient sur les étangs, autour desquels il ne cesse de voler dès la pointe du jour. DEUXIEME GENRE. LES ENGOULEVENTS. Le bec des engoulevents paroît encore pro- porüonnément plus court que celui des Azron- delles ; il est, comme le leur, aplati horizon- talement à sa base, et légèrement crochu à sa pointe. Quoiqu'ils l’aient d’une prodigieuse grandeur quant à son ouverture, néanmoins ils le tiennent toujours ouvert en volant, et ils y engloutissent tous les insectes qu'ils rencon- D'ORNITHOLOGIE. 355 trent , tels que des phalènes , des pillulaires , et même des cerfs-volans. Ces oiseaux ont autour du bec et à sa base une multitude de poils roides qui leur forment com- me une paire de longues moustaches. Leurs gros yéux saillans ont de commun avec ceux des oiseaux nocturnes, qu’ils ne peuvent suppor- ter le trop grand éclat de la lumière : aussi ne volent-ils qu'aux crépuscules du soir et du 116111: RSANMaUS L’ongle du doigt du milieu, dans ces oi seaux, est intérieurement denté comme une scie ; leurs pieds sont très-courts, et le plus souvent.ils sont recouverts de plumes; leurs trois doigts antérieurs sont joints ensemble par une courte membrane qui, de leur origine, s'étend jusqu’à la première articulations le pos- térieur est susceptible de se tourner en avant comme en arrière. | Nous ne connoissons en France qu’une seule espèce de ce genre; c’est l’erzgoulevent d'Eu- rope , quoiqu’on en comple un assez grand nombre d'étrangers. 556 TABLEAU ÉLÉMEXTAIRE L'ENGOULEVENT D'EUROPE. Caprimulgus europæus. Lin. Syst. nat. éd. 13, g. 118. Le Tette-chèvre , ou crapaud volant. Bris. Ornith. tom. 2, pag. 470. ( Vayez la planche XVI de cet ouvrage.) Il est peu d'oiseaux qui portent plus de noms différens que celui-ci, surtout dans le département des Vosges , où il est fort commun : on l’y nomme téte-chèvre, chauche- branche 1), grive de nuit, corbeau de nuit, hirondelle de huit, birondelle à queue carrée , et plus généralement cra- paud volant. | L'engoulevent paroît avoir un bec très-petit lorsqu'il est fermé , et lorsque l’on ne voit que ses deux mandibules réunies; néanmoins il est d’une prodigieuse grandeur , 1) Le nom de chauche-branche a, sans donte, été donné à cet oiseau à raison de la manière dont il se tapit iongitudinalement sur les grosses branches d’arbres qu’il semble comme presser , et mieux encore chaucher. (Ce verbe chaucher est une expres- sion commune dans la ci-devant Lorraine, qui, en idiôme du pays , rend parfaitement la pression de cet animal sur une branche. ) Le nom de, tete-chèvre lui vient, surtout dans les Vosges, d’un préjugé populaire enfanté d’abord par quelque igno- xant qui a persuadé à des êtres aussi ignorans que lui que cet oiseau tetoit les chèvres, et que, lorsqu'il les avoit tetées, à Pinstant même leur lait tarissoit, Après avoir demandé à quelques- uns de ces hommes superstitieux combien de fois ils avoient été témoins de ce fait , qu'ils convenoient n’avoir jamais vu, nous avons essayé en vain de déraciner ce préjugé faux : ils le tenoient de leurs pères, tout aussi susceptibles qu'eux de préventions erronées , et par là même ils le regardoient comme un article de foi. D'ORNITHOLOGIE. 557 lorsqu'il est ouvert : c’est ainsi qu'il le tient toujours quand il chasse. Au reste , il n’a pas besoin de le fermer pour retenir la proie qu'il y engloutit, car l’intérieur de cet organe de la mastication est enduit d'une espèce de gluten qui y retient captifs les insectes qui s’y engagent. Cet oiseau a une habitude qui lui est particuliere , et que l’on remarque surtout en automne ; c’est que, lorsqu'il chasse au crépuscule du matin,ou à celui du soir, il fait cent fois de suite le tour d’un même arbre, et- toujours d’un vol rapide et fort irrégulier. Tout le plumage de l’engoulevent est un assemblage, ufr mélange , de lignes transversales grises et noirâtres, dis: posées en zigzags. Les plumes scapulaires offrent quelques taches roussâtres, et quelques autres plus grandes, quisont noires. Les joues, ainsi que la gorge, sont rayées trans- versalement de roussâtre et de noir. On voit à la base de la mandibule inférieure une raie blanche qui se dirige vers l’occiput. Le fond de la couleur des couvertures su- périeures de ses ailes est noirâtre, maculé de taches rousses, les unes plus, les autres moins foncées. Les grandes pennes des ailes sont également noirâtres, tache- tées de roussäâtre : les pennes latérales de la queue, qui est coupée carrément, sont ausi noirâtres, traversées de gris et de noirâtre plus prononcé que la couleur du fond; les deux intermédiaires sont grises, rayées de noirûtre ; et les deux plus extérieures, de chaque côté, sont termi- minées de blanc. La base de la mandibule supérieure du bec est garnie de poils roïdes et de couleur noirâtre, qui se dirigent d’arrière en avant. L'iris, le bec et les ongles sont noirâtres, etles pieds’ bruns. L'engoulevent est un peu pius gros qu’un merle; il'a dix pouces et demi de longuesr, depuis le bout du bec jus- qu'a celui de la queue, et un pied neuf pouces de vol à 358 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE ses ailes étant ployées, atteignent les deux tiers de Ia longueur de sa queue. ; Cet oïseau nous arrive vers le mois de mai, et il nous quitte vers le commencement de septembre. Tous les individus de cette espèce cependant ne nous aban- donnent pas pendant l’hiver; car nous en avons tué plu- sieurs dans les bois des Vosges au milieu de cette saison rigoureuse, au moment même que la terre étoit couverte de neige: ce qui nous a porté à conclure qu'il n'étoit pas seulement insectivore, mais qu'il pouvoit bien se nourrir comme le merle de baies et de petits fruits dans le moment que les frimas ensevelissoient, comme dans un tombeau, toutes les espèces d'insectes. Cet oiseau, dont le cri est désagréable, ne se donne pas la peine de construire de nid; il profite, pour sa ponte, du premier trou qu'il rencontre en terre, soit au pied d’un arbre, soit contre quelque roche. La femelle y pond deux ou trois œufs plus gros que ceux de la grive ordinaire : ces œufs sont oblongs, d’un fond de couleur blanc, mouchetés de points noirètres. Nous avons rencontré plusieurs de ces nids dans la forêt, que jamais nous n'’au- rions pu découvrir à raison de la couleur du plumage de cet oiseau, si les petits, à notre approche, ne se fussent décelés eux-mêmes en ouvrant leur large gosier, d'où ils poussoient ce cri qui, dans l'enfance des oiseaux, in- dique le besoin qu'ils ont de nourriture. SIXIÈME mb AE LES PASSEREAUX A BEC GRÊLD, PRES-ALONGÉ ET ASSEZ FORT. Cette sixième et dernière famille des passe- reaux, qui composent la seconde section de D'ORNITHOLOGIE. 559 notre premier ordre, renferme des oiseaux qui ont pour caractères généraux le bec très- alongé, droit et fort, dans certains genres ; dans d’autres, 1l est grêle et courbé en arc : mais dans tous il va en décroissant de la base à la pointe. Cette famille contient cinq genres, qui sont celui des sitelles, celui des grimpereaux , celui des zuppes, celui des guépiers , et cales des Martins- -pécheurs. PREMIER GENRE. LES SITTELLES. Les caractères particuliers au genre des sie- telles constistent dans leur bec, qui est droit, alongé , en forme de coin, un peu renflé en dessus et en dessous, ayant ses deux mandi- bules à peu près égales ; leur pointe mousse est comme coupée carrément ; leurs pieds sont courts et forts; les pennes de leur queue sont très-roides ; et celui de leurs trois doigts anté- rieurs, qui occupe le milieu, est étroitement uni avec l'extérieur, depuis son origine jusqu’à sa première articulation. Ces oiseaux grimpent, à la manière des pics, le long des arbres pour y chercher des larves 360 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE et des insectes; ils nichent dans des troncs d'arbres. k Nous ne connoïssons en France que deux espèces de ce genre, savoir : la sitelle ordi- naire , et la petite sittelle. 1 LA SITTELLE ORDINAIRE. Sitta europæa. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 6o. Le torche-pot. BRis. Ornith. tom. 3, pag. 588. ( Voyez la planche XVI de cet ouvrâge.) Cette espece d'oiseaux n’est nullement connue dans la ei-devant Lorraine, où elle est extrêmement abondante, ainsi que dans les départemens circonvoisins, sous le nom de sittelle, mais bien, de même que l’espèce suivante , sous ceux de Lorche-pot, de pic-macon, et plus commu- nément sous celui de maçon, sans aucun adjectif. Dans les divers départemens de la France qu’il habite, on l’ap- pelle perce-pot, chausse-pot, grimpard ou grimpant, cen- drille, dos bleu, pic bleu, tape-bois , bec-bois cendré, casse- noir, casse-noisebte , planot, pic-de-mai, picotelle, etc. 1) 1) En parcourant les ouvrages de quelques ornithologistes anciens, on trouve dans les uns la si/telle placée parmi les pics, et dans les autres avec les grimpereaux. L'une et l’autre de ces classifications nous paroïissent fautives, en ce que, quoique la sittelle srimpe aux arbres comme les pics et les grimpereaux , elle diffère des premiers par des caractères extrèmement tranchans : ceux-ci ont une langue vermiforme, susceptible de s'étendre beau- coup au-delà du bec ; la sittelle au contrairea cet organe comme la plupartdes passereaux : elle a trois doigts en avant ; les pies en ont D’'ORNITHOLOGITE. 361 La sittelle ordinaire est à peu près de la grosseur de l'alouette des champs. Sa longueur totale, prise du bout du bec à celui de la queue, est de pres de six pouces; son vol, de neuf; et ses ailes étant ployées, excèdent un peu les trois quarts de la longueur de sa queue. Le dessus de sa tête, de son cou, son dos, son croupion, ses plumes scapulaires , les couvertures du dessus de sa queue, de même que les petites du dessus de ses ailes, sont d'un cendré bleuûtre. Sa gorge et ses joues sont blanchâtres; le devant de son cou, sa poitrine et son ventre sont orangés ; ses flancs et ses jambes sont d’un roux tirant sur le marron. Les couvertures du dessous de sa queue sont blanchâtres , bordées d'une couleur rousse qui s'étend à quatre ou cinq lignes prés du bouf de ces plumes. Une bande noire, partant des oreilles, passe sur les joues, dans la ligne même où l’œil est placé, et vient se joindre aux petites plumes roides et noires qui couvrent les narines. Les grandes couvertures des ailes sont brunes, bordées de cendré. Les grandes pennes de ces parties sont aussi brunes; la seconde, la troisième et la quatrième sont extérieurement bordées de gris blane dans la premitre moitié de leur longueur ; les moyennes sont brunes en dedans, cendrées en dehors, et bordées intérieurement de blanchâtre. Sa queue, qui a un mou- deux en avant, et deux en arrière ; leur queue est composée de pennessolides, pointues et fléchies en dedans; à l'extrémité, elles leur sèrvent comme de point d’appuipour grimper , tandis que la sittelle a cet appendice coupé presque carrément. Quoique les grimpereaux aient les doigts disposés comme la sitlelle, les pennes roides de leur queue, et surtout leur bec grêle, long, eflilé et courbé en arc en en-bas, établissent entre eux et la siilelle une différence assez sensible pour faire de ces oiseaux trois gentes bien établis. 36z TABBEAU ÉLÉMENTAIRE vement de vibration de haut en bas, est composée de douze pennes, dont les deux du milieu sont cendrées. Les latérales sont noires à leur origine, et mi-parties de blanc et de cendré dans le reste de leur longueur. La plus extérieure de chaque côté est de même “couleur ; mais elle est extérieurement bordée de blanc dans la moitié de sa longueur, et traversée, vers le bout, par une grande tache de cette couleur. . La femelle a toutes les teintes de son plumage plus foibles que celles du màle. L'un et l’autre ont l'iris des yeux couleur de noisette ; le bec, cendré ; les pieds et les ongles, gris. Cet oiseau, qui n’a point de chant, mais seulement un cri qui lui-est particulier, et qu'il ne cesse de répéter en grimpant autour des arbres, vit solitaire dans les bois, où on le voit grimper en tout sens, à la manière des grimpereaux , le long des branches , qu'il frappe de son bec avec plus d’efforts et bien plus de bruit que ne le font la plupart des pics pour effrayer les insectes , et les faire sortir de desseus les écorces où ils sont tapis, afin de les saisir pour en faire sa nourriture. On l’aperçoit souvent suspendu la tête en bas, sous une branche, à laquelle il ne tient que par les ongles 1). 1) Nous avons élevé dans notre volière une sitlelle qui a vécu neuf mois avec des serins, des lénots, des chardonnerels, etc. ; elle a passé ce temps avec eux dans la meilleure intelligence, et elle se nourrissoit de grains de chenevis ou de navette , sur- tout de ceux dont la première écore avoit été entamée. Elle grimpoit continuellement pendant le jour le long des montans de bois de sa cage, qu’elle frappoit à coups redoublés de son bec, qui y faisoit impression; la nuit, elle s’accrochoit par les pieds, pour dormir , aux bâtons qui traversoient la volière , et presque toujours elle avoit le corps et La tête suspendus en bas. ’ D'ORNITHOLOGTE. 363 La siélelle établit sa niche dans un trou d'arbre qu’elle rencontre tout creusé, ou bien dans un nid qu’elle se fabri- que elle-même. Si ouverture du trou qu’elle a rencontré, et qui lui paroît propre à ses vues, est trop grand, alors elle la rétrécit, en y appliquant-de la terre détrempée , qu’elle gâche quelquefois avec de petites pierres; et c’est de la, sans doute, que lui est venu son nom vulgaire de maçon. Outre le bois vermoulu qu’elle trouve au fond du trou, elle le garnit encore de mousse; et la femelle pond sur ce lit mollet de cinq à sept œufs d’un blanc sale, pointillés de roussâtre. Jamais elle ne les quitte, pour quelque motif que ce soit; et elle y est si opiniàätrément aitachée , qu’elle se laisseroit plutôt prendre que de les abandonner. Pendant le temps que dure l’incubation, le mâle , plein d’attentions pour sa femelle, ne la laisse pas manquer d'alimens ; il va fréquemment chercher et lui rapporte des chenilles, des scarabées, et même des noix et des noisettes, dont ces oiseaux sont très-friands. « La siltelle , dont très-peu d'individus passent d'un pays dans un autre , se tient l’hiver , comme l'été, dans la forêt qui Ja vue naître, parce qu’en tout temps et en toutes saisons elle y trouve, sous l'écorce des arbres, des larves ou des insectes vivans, ou qui y sont comme engour- dis par le froid. Elle s'approche néanmoins quelque- fois pendant l'hiver des lieux habités ; on la ‘voit alors mais rarement, dans nos vergers et nos jardins. 2. LA PETITE SITTELLE.. Sitra minor. Tite, Syst. nat. édit. 13, gen. Go. Le petit torche-pot. Bris. Ornith. tom. 3, pag. 592. Si cette seconde espèce n’étoit pas sensiblement plus 364 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE petite qué la précédente, si son bec ne paroïissoit pas un peu plus courbé (ce caractère semble avoir été imprimé par la nature à cet oiseau comme pour faire la nuance in- sensible par laquelle le genre des sittelles passe à celui des grimpereaux), il n’y auroit aucune différence entre. lune et l’autre ; elles ont le même plumage, les mêmes pieds, les mêmes ongles; leurs mœurs et leurs habitudes sont semblables ; elles aiment toutes deux la solitude, et n’habitent que les bois. Néanmoins , nous avons remarqué que cette dernière espèce ne se trouvoit guére que dans les montagnes des Vosges, et jamais, ou presque jamais, dans les forêts de la plaine de ce département. DEUXIEME GENRE. LES GRIMPEREAUX. Les grimpereaux ont pour caractères parti- culiers, le bec long , grêle, effilé, courbé en arc en en-bas, allant en diminuant insensible- ment de la base à la pointe, qui est très-aiguë, et les pieds courts, armés d’ongles crochus et ires-aceres. Ces oiseaux viyent d'insectes, qu'ils cher- chent sur les arbres 1). Ils grimpent avec beau- 1) Buffon, dont les ouvrages immortels serviront toujours de guides aux naturalistes sans autres prétentions orgueilleuses que celle de suivre le chemin qu’il nous a tracé, observe, à l’occasion des grympereaux , qu'ayant le bec trop foible pour frapper l'écorce des arbres, à Ia manière des pics et des sitlelles , afin d’en faire sortir les insectes qu’elle recèle , ils ont l'instinct de se mettre D'ORNITHOLOGIE. 363 coup de légireté an eroncs. et le long de leurs branches, qu'ils parcourent en tout sens, soit en montant , soit en descendant. Les orimpe- reaux ont, comme les sztelles , celui du milieu des trois doigts antérieurs étroitement uni avec l'extérieur jusqu’à la première articulation. Nous ne connoissons en France que deux espèces de grimpereaux , savoir , le grimpereau ordinaire , et le grimpereau de murailles. Celui- ci est fort rare dans certains départemens ; mais le premier y est extrêmement commun , et sur- tout dans celui des Vosges. 1° LE GRIMPEREAU ORDINAIRE. _Certhia minor. Lin. Syst: nat. édit. 13, gen. 65. . Le grimpereau. Bris. Ornith. tom. 3 , pag. 603. . Cet oiseau, que l’on voit en toutes saisons dans les bois comme dans les promenades publiques du département des Vosges, grimpant en tout sens, comme une souris, contre et le long du tronc des arbres, est connu dans la partie montueuse de ce département , où il est extrême- ment abondant, sous le nom vulgaire de rampinette. IL porte une multitude d’autres noms vulgaires, qui varient suivant les différentes contrées qu'il habite. Dans le dé- Li … . . . . . . . à la suite de ces bèque-bois, d’en faire pour ainsi dire leurs chiens courans , et de saisir adroitement le petit gibier que les pres ou les sittelles ne croyoient faire lever que pour les convertir à leur profit. 366 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE partement de la Vienne, par exemple, on l'appelle gra: velet; dans celui de la Charente, petit-pic ou picasson ; dans celui de PAïn, rat-bernard et bœuf; et dans d’autres enfin, on Le nomme grimpeur, grimpeur, grimpet, grim- peret, grimpard ou grimpant ; ici, piochet, là, gravisson, gravisseur , gravisset, petit gravaudeur, etc. On ne peut que regretter l’obstacle que cette variété de synonymie apporte aux progrèside l’ornithologie. Le grimpereau ordinaire a tout le dessus du Corps varié de blanc, de roux et de noirätre, disposés par traits alongés dans le sens des plumes, dont le blanc oecupe”le milieu, le brun les côtés, et le noir les berds. Le dessus de la tête “présente lés mêmes nuances, maïs bien plus rembrunies. Le croupion de cét oiseau, de même que les couvertures du dessous de sa queue, sont roux; le tour de ses yeux est blanc roussâtre : ces ‘organes sont surmontés d’une espèce de sourcils de même couleur, qui-‘se reproduit sous l'œil en un trait transversal. Sa gorge, qui est d’un blanc pur, prend une teinte de rous- sètre sur la poitrine ; et cette même teinte devient plus foncée à mesure qu'elle se répand sur Îles parties infé- rieures du corps. Les couvertures du dessus de ses ailes sont variées de noiràtre et de blanc roussâtre. Toutes les pennes de ces parties sont brunes: néanmoins , les trois premicres sont bordées de gris, et les autres terminées par une tache blanchâtre ; ce qui forme sur l'aile une bande transversale de cette couleur. Les douze pennes qui composent sa queue sont d’un gris roussâtre; elles sont roides, et terminées en forme de coin recourbé en dessous, comme les penges de la queue des pics. L'iris est de couleur de noisette ; la mandibule supérieure du bec est brune , et l’inférieure blanchàtre ; les pieds et Les ongles sont gris, | D'ORNITHOLOGIE. 367 Le grimpereau ordinaire, qui est aussi petit que le roi- telet, n’a de longueur totale, mesuré du bout du bec à l'extrémité de la queue, que cinq pouces, et huit à neuf pouces de vol. Lorsque ses ailes sont ployées, elles n’at- teignent guère que le demi-quart de la longueur de sa queue. Cet oiseau reste toute l'année dansle pays qui l’a vu naître. Un trou d’arbre est son habitation ordinatre ; il n’en sort que pour aller à la chasse des insectes , soit dans la mousse qui entoure le tronc, soit dans les fentes de Pécorce dés arbres. Nous n’avonsjamais pu nous procurer qu'une seule cou vée de cet oiseau. Nous ne dirons rien de son nid; car il ne consistoit, à ce que nous a dit un petit dénicheur à notre solde, que dans quelques plumes placées au fond d’un trou d’arbre creux, sur la vermoulure qui lui ser- voit de base : ce nid contenoit six petits œufs, d’un fond blanc sale presque brun, à cause de la grande quantité de petites zones et de taches de cette couleur dont ils étoient chargés. LE 2° LE GRIMPEREAU DE MURAILLE. Certhia muraria. LIN. Syst. nat. édit. 13, gen. 65. Le grimpereau de muraille. Bris.Orn.t.3,pag.6o7. ( Voyez la planche XVII de cet ouvrage. ) D'après la certitude que nous avioms-puisée dans:les Œuvres de Buffon, que le grimpereau de mumaiïlle se trou- voit dans la ci-devant Lorrainé 1), nous n’avons épargné 1) Le grimpereau de muraille, que Vonrencontre particulièrement dans l’Autriche , la Silésie, la Pologne ; et mème la Lorraine , et 368 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE ni peines ni soins pour la recherche et la rencontre de cet oiseau; et, depuis nombre d'années, toutes nos dé- marches avoient été superflues et inutiles, du moins dans les forêts, comme autour de toutes les maisons isolées, de celles surtout qui avoisinent les bois du départe- ment des Vosges, qui fait une partie considérable du démembrement de la ci-devant province de Lorraine. Jusqu'en l’an IV nous nous étions contentés d'aller en vain à la recherche de cet oiseau dans la partie basse ou agricole de ce département. À cette époque l’établisse- ment de l’école centrale dans une commune située aux pieds de sa partie montueuse, nous donna quelque espé- rance de le rencontrer; mais de long-tempselle ne fut sa- tisfaite, En l’an X, enfin, un de nos bons montagnards, plein de zèle pour l’histoire naturelle 1), nous procura un male et une femelle de cet oiseau, qu'il avoit pris vivans dans un trou de rocher sur une haute montagne située aux environs de Bussang, au moment où ils étoient occupés du soin de construire un nid : ce citoyen estimable nous les apporta aussitôt ; mais diverses circonstances impé- rieuses 2) ne nous permirent que de les décrire très-im- parfaitement. EEE surtout la Lorraine allemande , vit solitaire, et cherche en hiver les contrées tempérées; il bat les ailes en volant, et se nourrit d'insectes. Il est assez commun aussi dans quelques contrées de l'Italie. 1) Nous lui avons d’ailleurs les plus grandes obligations, à raison des échantillons précieux de minéralogie qu'il nous a procurés du xant le temps de l’existence de notre école centrale. 2) M. Sanclik, naturaliste suédois , qui nous honora alors de sa vi- site, et qui venoit de nous combler de ses bienfaits en nous donnant quantité d'échantillons de minéralogie, les désira, et les obtint sans beaucoup de sollicitations. D'ORNITHOLOGIE. 569 Une circonstance, sinon plus heureuse, du moins plus opportune , nous a fourni l’occasion, depuis que nous sommes attachés au Jardin des Plantes, de signaler, le compas à la main, cet oiseau avec toute l'exactitude dont nous pouvons être susceptible 1). Vers la fin de l’automne de l’an XIT, le jeune Dela- lente, employé au laboratoire de zoologie du Muséum de Paris en qualité de préparateur adroit de la dépouille des ani- maux , tua un de ces oiseaux dans le jardin de la ci-devant abbaye de Saint-Victor: il eut la complaisance de nous le confier pour en faire la description ; puis il l’a em- paillé d'une manière qui le fait remarquer dans l’immensé collection des galeries de cet établissement. La longueùr totale de cet individu, mesuré depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, est de sept pouces ; et son vol de onze. Lorsque ses ailes sont ployées, elles atteignent les trois quarts de la longueur de sa queue, qui est arrondie. Son bec, arqué en en-bas, mince, et allant en diminuant insensiblement de grosseur, de sa base, qui a deux lignes de largeur, à sa pointe qui est trés- aiguë , est long de treize lignes ; sa couleur est d’un noir profond et brillant, de même que l'iris de ses yeux, son tarse, ainsi que ses ongles; ses narines sont recouvertes de petites plumes d’une texture fine et soyeuse, comme toutes celles qui revêtent le corps tant en dessus qu’en 2) À cette circonstance il s’en est joint une autre. L’impri- meur , avec lequel nous avions pris des arrangemens depuis plus d’un an, devoit mettre sous presse ce Tableau élémentaire dans le second trimestre de l’an X1:ne l’ayant pas fait, soit à raison de la grande stagnation du commerce de la librairie, soit par quelque autre motif, il nous a remis notre manuscrit , que nous avons refondu presqu’en entier , et nous y avons ajouté la des- ription exacte de ce grimpereau, m2 24 570 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE dessous; elles sont d’une couleur grise brune, qui va cm s’éclaircissant insensiblement vers l'occiput ; où elle se perd dans un beau gris de perle qui se répand sur le cou, sur les épaules et sur une partie du dos. La, ce gris de perlé s’amalgame avec une nuance de noir qui devient d'au- tant plus profonde, qu’eile approche davantage des pennes de la queue, qui sont de cette dernière couleur, et de la plus pure. Ces pennes, au nombre de douze, sont arrondies à leur extrémité; et chacune d’elles est terminée par une espèce de lunule qui est blanche en dessous et qui paroît grisé en dessus. Les lunules des pennes les plus extérieures ont sept lignes dans leur plus grand diamètre: celles des pennes suivantes en ont moins, à mesure qu’elles appro- chent des deux intermédiaires, dont les lunules n’ont plus que deux lignes dans leur plus grand diamètre. Les joues de ce joli bipéde emplumé, de même que sa gorge, à partir de la base de la mandibule inférieure, sont d’un gris blanc qui se dégrade par une nuance insen- sible , et se perd sur la poitrine, qui est d'abord d'un gris de perle, qui passe ensuite insensiblement au gris noir: ce dernier gris recouvre le ventre jusqu'aux couvertures du dessous de la queue, qui sont de eette même couleur, mais bien plus profonde, et elles sont terminées de gris blanc. a Le pli de l'aile est, en dessus, d’un rouge de eerise vif et éclatant; cette belle couleur s'étend à quatorze lignes sur l'aile. Là, elle se perd en s'amalgamant avee du brun marron, dont sont teintes les grandes couver- tures dè chaque aile. La pétite penne qui caractérise le pouce dé l'aile est d'un noir de velours, légèrement bordé de rouge. Les trois premières pennes de l'aile, dont la plus exté- D'ORNITHOLOGIE. 871 rieure est la plus courte, et la quatrième la plus longue, sont d’un beau noir velouté, et finement lisérées au bord de leur base d’une teinte rouge; la quatrième, jusqu'à la treizième inclusivement, ont à la base de leurs bords extérieurs une tache longitudinale de quatorze lignes de longueur, qui est d’un beau rouge de cerise. Lorsque l'aile est ployée, la réunion de toutes ces taches : rouges forme sur chaque aile une bande longitudinale de cette même couleur. Vis-à-vis du rouge de la neuvième penne , et a partir de cette penne même jusqu’à la treizième inclusivement, on voit, en les séparant l’une de l’autre et sur chacune d’elles, une tache d’une belle couleur aurore qui est placée du côté intérieur, et qu’on ne peut consé- quemment apercevoir qu’en déployant l'aile. Tout le reste de ces pennes est, en dessus, d’un beau noir brun, liséré à l'extrémité d'une bande circulaire grise. Les cinq pre- mères extérieures sont en outre marquées de deux taches blanches presque circulaires , ayant cinq lignes de diamètre, L’une est placée au premier tiers de la lon- gueur de la penne, et l’autre vers le second. Toutes les autres pennes des ailes, tant en dessus qu’en dessous, sont noires. Les trois doigts antérieurs de cet oiseau sont à peu prés d'égale longueur ; mais Le postérieur est sensiblement plus long : chacun d'éux est terminé par-un ongle mince, cro- chu, et courbé en demi-cerele parfait. D'après la description que M. de Buffon donne du mâle de cet oiseau , qui a sous la gorge une plaque noire (nous l’'avions déjà remarquée dans un des deux individus que nous reçüûmes des montagnes des Vosges, et elle manquoit dans l’autre) qui $e prolonge sur le dévant du cou, l'in- dividu qui a servi pour cette description est conséquem- ment une femelle, qui, d’ailleurs, d’après le même au- 24% 72 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE teur, ne @iflére en rien de son mâle, ni dans ses pro- portions, ni dans les couleurs du reste de son plumage. Nous ne pouvons parler ici des mœurs non plus que de la ponte de cet oiseau, parce que nous ne les con- noissons pas : nous savons seulement que, pendant l’hi- ver, il vit d'araignées qu’il cherche en grimpant contre les murailles. Celui qui a servi pour cette description étoit livré a ce genre d’exercice lorsqu'il rencontra la mort au moment où il cherchoit les moyens de pro- longer sa vie. TROISIEME GENRE. LES HUPPES. Les caractères particuliers au genre des zup- pes consistent dans un bec meuu, effilée, un peu courbé en arc en en-bas; dans une tête ornée d’une huppe longitudinale , et qui est composée d’un double rang de plumes que l'oiseau peut relever à volonté; dans des pieds courts, et dans la réunion du doigt du milieu des trois antérieurs, qui est uni avec l’externe, depuis sa base jusqu’à sa pre- mière articulation ,; par une courte nrem- brane. Nous ne connoissons en France qu’une seule espèce de Auppe, qui est la zuppe ordinaire. D'ORNITHOLOGIE. 575 LA HUPPE ORDINAIRE. Upupa variegata. LAN. Syst. nat. édit. 13, gen. 64. La huppe, ou putput. BRIS. Orn. tom. 2, pag. 455. Li ( Voyez la planche XVII de cet ouvrage.) La huppe n'est pas tout-a-fait aussi grosse que la grive ordinaire. Sa longueur totale, de l'extrémité du bec à celle de la queue, est de onze pouces; elle a environ dix-sept pouces de vol; et lorsque ses aïles sont ployées, elles n’atteignent pas tout-à-fait la moitié de la longueur de sa queue. Deux rangs de plumes, égaux et parralélles entre eux, lui forment sur la tête une huppe longitudinale, dont les plumes du milieu de chaque rang, étant plus longues que celles du devant et du derrière, donnent à cette parure une forme arrondie en demi-cercle, et qui a environ deux pouces et demi dans sa plus grande hauteur. Toutes ces plumes sont rousses, et terminées à leur extrémité supérieure par une tache noire. Le reste du plumage de la tête, ainsi que celui qui couvre la gorge, le cou, la poitrine, est d’un gris vei- neux et quelquefois roussâtre. Le haut du dos et les petites couvertures des ailes sont d’un gris pur et sars mélange ; le bas du dos, les plumes scapulaires , les grandes et les moyennes couvertures des ailes sont alter- nativement variées de larges bandes, dont les unes :sont d’un brun noirûtre, et les autres d’un blanc roussâtre. Une plaque blanche, placée sur le croupion, contraste avee le noirâtre du dessus de la queue. Le ventre, les côtés, les jambes et les couvertures du dessous de la queue» sont d’un gris blanc, mêlé de roussàtre. Les pennes BA TABLEAU ÉLÉMENTAIRE des ailés et de la queue sont noires ; mais les premieres sont coupées transversalement par des taches blanches qui forment sur l'aile, ployée, cinq bandes de cette cou- leur : il n'y en a qu'une seule, également blanche, sur les pennes de la queue; maïs elle est fort large, et elle est située vers le tiers de la longueur de cet appen- dice. Certainsindividus, dans cette espèce, ont les côtés mar- qués de quelques mouchetures oblongues et de couleur noirâtre : dans tous, l'iris est brunàtre; le bée , d'une couleur de chair à son origine, et noirâtre dans le reste de sa-longueur. La mandibule supérieure dépasse un peu l'inférieure; les pieds et les ongles sont bruns, Cet oiseau de passage, qui arrive un peu tard au prin- temps dans nos départemens , est un des premiers qui en part dés-la fin de l'été. On a remarqué qu'outre qu'il vivoit presque toujours seul et solitaire, c'est que les individus partoient aussi les uns après les autres, et ja- mais de compagnie. La huppe porte différens noms dans les différens dé- partemens qu'elle fréquente. Dans celui des Vosges ; les uns l’appellent put-put, et les autres bou-bou, sans doute d’après som cri; ceux-ci, cog-de-bois ; ct ceux-la, cog- puant , enfin le peuple le nomme jean-bou-bou. Cet oiseau fait son nid dans des trous d'arbres creux, sou- vent sans autre préparation que la poussière ou le terreau dont ces trous sont garnis, se contentant de les gratter avee ses onzles pour les aplanir un peu. Quelquefois aussi il l'établit dans des fentes de rocher ou de muraille, et alors il en garnit le fond de quelques brins d'herbes sèches et d’une petite quantité de plumes. La femelle y pond de deux à sept œufs grisätres, de la grosseur à peu près de ceux du merle, k D'ORNITHOLOGIE. 375 Le vulgaire ignorant etmême des gens sensés ont répété avec lui, sans se donner la peine de s’en assurer par leur propre expérience, que la huppe enduisoit son nid defiente d'animaux et même d’excrémens humains. Ce fait est faux et controuvé. Nous convenons, à la vérité, que si on manie dans leurs nids les jeunes de cet oiseau, les doigts en sont infectés : maïs on ne sera plus surpris de cette mauvaise odeur, si on fait attention que ce nid étant quelquefois enfoncé à la profondeur de vingt pouces au moins dans le creux d'un arbre, il est impossible que les jeunes rejettent en dehors leurs excrémens, et que ceux- ci, férmentant , doivent nécessairement proëuire une odeur infecte dont les jeunes individus restent long-temps imprégnés 1). La huppe fréquente les prairies et les terrains humides dans lesquels elle trouve des vers et des insectes, dont elle fait sa principale nourriture 2) : là, elle marche d’un pas mesuré , comme les poules, et bat des ailes quand elle vole, comme le vanneau. Cet oiseau se tient plus volontiers à terre que sur les arbres; et, lorsqu'il se perche, c’est de préférence sur les saules et sur les osiers qui croissent dans les terres basses et humides : c'est toujours la (du moins daus les Vosges, 1} Tout le monde convient, dit M. de Buffon, que la chair de la Auppe , qui passe pour ètre si sale de son vivant, n’a d'autre défaut que de sentir un peu trop le musc ; et c’est apparemment la raison, ajoute-t-il, pourquoi les chats, d’ailleurs si friands d'oiseaux , ne tôuchent jamais à ceux-ci. 2) On dit qu’en Egypte la Auppe est en grande vénération, par la raison que son apparition y annonce aux habitans la retraite du Nil, et par conséquent la saison des semailles. Elle mange , ajoute-t-on, sur les bords de ce fleuve le frai des grenouilles , ainsi que les plus jeunes tétards qui en éclosent. 376 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE où elle est trés-abondante) qu’on est assuré d’en trouver, et particulièrement à la fin de l'été 1). QUATRIEME GENRE. LES GUÉPIERS. Les caractères particuliers au genre des gué- piers consistent en ce que leur bec est, comme celui des Auppes , alongé , et arqué ou courbé en en-bas, avec cette difference néanmoins que celui des guépiers est beaucoup plus fort, et sensiblement plus large à sa base que celui des zuppes. Les pieds des uns et des autres sont éga- lement courts; et ils diffèrent entre eux en ce que, dans les huppes, le doigt du milieu des trois antérieurs n’est joint avec l’externe que jusqu’à la première articulation , par une membrane courte ; tandis que, dans les guépiers ; une membrane plus considérable unit le même doigt mitoyen, d'un côté, avec le doigt intérieur jusqu’à la première articula- 1) I n’est pas aussi facile d'approcher et de tirer les Auwppes , que le prétend M. de Buffon. Une longue expérience nous a appris, ainsi qu'à un grand nombre de chasseurs, qui nous ont confirmé dans notre certitude sur ce point, qu’au contraire il faut les surprendre si l’on veut les atteindre, D'ORNITHOLOGIE. 377 tion seulement, et de l’autre côtéavec l'extérieur jusqu’à l’origine des ongles. D'ailleurs, les deux pennes intermédiaires de la queue des guépiers, qui excédent de beaucoup les latérales en longueur, sont un caractère tranchant qui fait reconnoître faci- lement ces oiseaux, qui vivent d'insectes, et surtout d’abeilles et de guépes , qu'ils saisissent en volant. Nous ne connoissons aussi en France qu’une seule espèce, et qui y est encore fort rare : c'est celle du guépier d Europe. LE GUÉPIER D'EUROPE. Merops apiaster. Lin. Syst. nat. édit. 13, gen. 63. Le guépier. Bris. Ornith. tom. 5, pag. 532. ( Voyez la planche XVII de cet ouvrage.) Il nous paroïît presque superflu de remarquer ici que le guépier tire son nom de l'habitude qu'il a de se nourrir particulièrement de guépes, qu'il attrape en volant, à la maniere des hirondelles : néanmoins jl ne se borne pas à ce seul aliment ; il s’'accommode aussi très-bien d’abeilles, de frélons, de cigales , de cousins, de mouches, et géné- ralement de tous autres insectes hyménoptères 1) qui vol- tigent dans les airs. 1) Les entomologistes donnent le nom d’yménoptères aux insectes qui, comme les abeilles et les guépes, ont quatre ailes veinées et non réticulées. 378 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Le guépier ne se trouve pas seulement dans le midi de l’Europe ; mais, outre que M. de Buffon nous assure en avoir vu dans la ci-devant Bourgogne, où cet oiseau défiant se tenoit, dit-il , par bandes fort criardes sur des arbres fruitiers en fleurs, et d’où ils s’élançoient comme un trait sur les gucpes et les abeilles qui venoient sucer le nectaire de ces fleurs, c’est que nous en avons vu nous-mêmes quelques-uns, én 1778, dans la ci-devant Lorraine, où is se sont encore montrés en 17853 : jamais nous n’en avons aperçu plus de deux a et nous n’en avons ren- entré nulle pañt ailleurs que dans des jardins potagers, dans lesquels surtout il se trouvoit des ruchers. La, ces ciseaux se tenoient cachés dans des touffes de groseliers ou dans des planches de pois ; et, avec un air toujours inquiet, ils regardoient autour d'eux en lapinois : ce en quoi ils ressembloient à des brigands qui épient le moment opportun pour faire quelque coup fourré 1). C'est au fond d’un trou, qu'ils creusent obliquement avec leurs pieds courts et leur bec, jusqu’à la profondeur de six pieds au moins, que ces oiseaux font leur nid dans des coteaux de terre meuble, ou le long de quelques rives escarpées des grands fleuves ; ils se contentent d'en garnir le fond de mousse, sur laquelle la femelle pond de cinq a sept œufs blancs. Le guépier màle a les yeux d’un rouge es qui, étant surmontés d’un bandeau noir, en paroissent bien plus 1) Des voyageurs assurent qu’en septembre les guépiers arrivent en Egypte ; qu’ils ne font que passer et ne séjournent pas long-temps dans les îles grecques de l’Archipel ; que c’est au mois d'août et de septembre que s’y fait chaque année leur passage, et que toujours on lés voit dans ces contrées lointaines en troupes nombreuses qui se rassemblent le soir sur des oliviers pour y passer la nuit. D'ORNITHOLOGIE. 379 éclatans. Son front est d’une belle couleur d'aigue-marine; 1e dessus de sa tête est d’un marfon à reflets verts ; l’oc- ciput est de miêine couleur, mais sans reflets. Le marron qui couvre le dessus de la tête, s’éclaircit toujours à me- sure qu'il s'approche davantage du dos. Le dessus du corps est d’un fauve pâle, à reflets verts.et bruns rougeätres , suivant l'incidence &e la lumière. La gorge, qui est d'un jaune doré éclatant, se termine dans quelques individus par un collier noirätre. Tout le dessous du corps, à par- tir du cou, est d’un bleu d’aigue-marine jusque sous Ja queue, où cette couleur prend une teinte légère de roux: cette dernière nuance s'étend sur le bord extérieur de l'aile, et de la elle passe insensiblement au vert sur la partie de l’aile la plus proche du dos ; presque toutes les pennes de cette partie sont terminées de noir. Les grades couvertures des ailes sont un mélange de vert et de roux; les moyennes sont rousses, et les petites sont lavées d’une teinte de vert obscur. Les pennes de la queue ont leurs côtes brunes en dessus et blanches en dessous. Le guépier, qui est à peu prés de la même taille que le mauvis, quoique cependant d'une forme plus alongée que lui, a de longueur totale, mesuré du bout du bec à celui de la queue, dix à onze pouces, et son vol est de dix-sept. Sa queue est composée de douze pennes, dont les latérales sont d'égale longueur, tandis que les deux au milieu les dépassent de dix lignes au moins et sont terminées en pointe. Le bec de cet oiseau est noir, ainsi que ses ongles ; il 4 les rarines recouvertes d'une espèce de poils roussâtres ; ses pieds sont d’un brun rougeûtre. 380 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE CINQUIÈME GENRE. LES MARTINS-PÉCHEURS. Les m1artins-pécheurs ont pour caractères particuliers une tête grosse ; une bec très-long , droit, poiniu et comprimé par les côtés; les p'eds très-courts ; celui du milieu des trois doigts antérieurs étroitement uni au doigt ex- térieur jusqu’à la troisième articulation , de ma- nière que ces deux doigts, ainsi réunis, semblent n’en faire qu’untrès-large:ce doigtintermédiaire tient d’ailleurs au doigt intérieur, qui est fort court, jusqu’à la première articulation seule- menk. On ne trouve en France qu’une seule espèce de ces oiseaux ; c’est celle du martin-pécheur d'Europe. , LE MARTIN-PÉCHEUR D EUROPE. Alcedo hispida. Lan. Syst. nat. édit. 13, gen. Ga. Le martin-pécheur. Bris. Ornith. tom. 4, pag. 471. ( loyez la planche XVII de cet ouvrage. ) Cet oiseau, qui est l’alcion des anciens, est, sans con- tredit, un des plus beaux de nos climats ; il ne s’en trouve que peu ou pointen France qui puissent lui être comparé, sinon pour l'élégance des formes , du moins pour la ri- D'ORNITHOLOGIE. 381 chesse , la netteté et l'éclat des couleurs. & Elles ont, dit « M. de Buffon, les nuances de l’arc-en-ciel, le brillant « de l'émail et le lustre de la soie : tout le milieu de son « dos, ainsi que le dessus de sa queue, est d’un bleu- « clair, brillant, qui, aux rayons du soleil, a le jeu du « saphir et l’œil de la turquoise : le vert se mêle sur les « ailes, au bleu, et la plupart des plumes y sont termi- « nées et ponctuées par une teinte d'aigue-marine : la « tête et le dessus du cou sont pointillés de mêmes taches « plus claires sur un fond d’azur. ? La gorge est d’un blanc mêlé d'une légère teinte de roux ; le devant du cou et le dessous du corps sont d’un marron pourpré, plus clair et même blanchitre sur le milieu du ventre. Il y a de chaque côté de la tête, entre l'œil et le bec, une _ tache rousse ; et derrière l’œil deux bandes longitudinales, * l'une rousse et l’autre d’un blanc roussàtre. L’iris est noir, le bec est d’un brun rougeûtre, les pieds sont rouges et les ongles noirs. Cet oiseau n’est pas plus gros que l’alouefte des champs. Sa longueur totale, du bout du bec à celui de la queue, est de six pouces neuf lignes; son bec a deux pouces : il se trouve cependant des individus qui l’ont plus ou moins long 1); son vol est de dix pouces deux lignes, etses aïles, 1) On rencontre dans ce genre d'oiseau des individus dont le bec est plus long et plus fort d’un tiers au moins que dans d’autres, Un pêcheur des Vosges, en retirant son épervier ( sorte de filet}, qu'il avoit jeté dans une petite rivière par-dessus des roseaux, y trouva un martin-pécheur , qui, surpris, s’y étoit laissé enve- lopper : outre que son bec avoit près de deux pouces et demi de longueur , il étoit encore remarquable par la singularité de son plumage, qui, au lieu d’être du beau vert dont une grande partie du ‘corps de ces oiseaux est colorée, étoit d’un noir pro- fond à reflets dorés. 382 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE qui sonttrès-courtes , lorsqu'elles sont ployées, n’atteignent pas tout-a-fait la longueur de sa queue, qui n’est que de quinze lignes. Le martin-pécheur porte différens noms dans les divers départemens de la France qu'il habite, tels que ceux de merle d'eau, merle d'aigue, merlet bleu , merlet pécheur , piche véron, pivert bleu, picvert d’eau, tartariell, vire-vent, drapier, garde-boutique , bluet, ete. Toujours prés des eaux, le martin péchèur , qui est un oiseau triste , solitaire , trés-sauvage et qu'on ne peut approcher , se tient ordinairement en embuscade sur qael- que branche de saule ou d’aulne qui s’avance sur le courant, ou bien sur une pierre élevée, d’où il s’élance comme un trait sur les petits poissons qui paroissent à la surface, et qu'il attrape, non en se plongeant, mais en rasant l’eau d’un vol si rapide qu’à peine on peut le suivre de l’œil. On prétend qu'il est aussi un grand destructeur d’a- beilles, qu'il saisit également au vol lorsqu'elles passent au bord ou en suivant la surface des eaux. Sa chair passe pour être un fort mauvais mets, à raison de le forte odeur de musc dont elle est imprégnée. C'est aussi sur les rives des eaux qu'il fréquente, que le martin pécheur fait son nid. Il profite, pour le placer, d’un trou que les rats ou les hirondelles de rivages y ont creusé; seulement il lapprofondit un peu da- vantage, et sans aucune autre préparation la femelle y dépose de six à neuf œufs qui soni d’un blanc pur et aussi luisans que l'ivoire. Cet oiseau a un cri aigu qu'il fait entendre en volant d’uné manière rapide et filée en ligne droite, mais c'est plus particulicrement lorsqu'il se précipite sur $a proie. Quoique le martin pécheur paroisse s'être échappé des D'ORNITHOLOGIE. 3835 élimäts brûlans 1) où le soleil enrichit le plumage des oiseaux des plus vives et des plus brillantes couleurs, ül s’est néanmoins tellement habitué à la température du nôtre que non - seulement il y passe les hivers les plus rigoureux, mais encore que durant cette saison il se plonge sous la glace pour y chercher sa proie. Cepen- dant, lorsqu'un froid trop àpre et de trop longue durée a bouché toutes les issues de la glace, on en trouve sou- vent d’étendus sans vie sur sa surface : et c’est ce qui arriva daus les hivers de 1776 et de 1788. 1} Indépendamment de l’espèce de notre martin-pécheur d’Eu- rope , qui, au rapport des voyageurs, se trouve être la même en Asie, en Afrique et en Amérique, on en connoît plus de - cinquante espèces étrangères, dont les unes sont aussi grosses que des corneilles , et les autres n’excèdent pas la taille d’une linotie. Le plumage de la plupart est orné de couleurs si vives et si brillantes, qu'à peine l’œil peut en soutenir l’Éclat, C’est dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle de Paris qu’il faut venir admirer cette magnifique collection : elle vient d'être considérablement augmentée par le voyage du capitaine Baudin à la Nouvelle-Hollande et à lIsle-de-France. Les amis des sciences naturelles , en regrettant les naturalistes estimables, parmi lesquels on pleure le bon Maugé , qui ont perdu la vie dans cette expédition, ne trouvent d’adoucissement aux peines que leur cœur éprouve qu'en revoyant parmi eux l’infa- tigable , le zélé et le savant zoologiste Péron, qui, avec les appa- rences d’une santé très-délicate , a néanmoins échappé à tous les dangers et à tous les maux qui ont moissonné ses compagnons de voyage. Il se repose aujourd’hui à l’ombre des laurirs qu'il a cueillis , et dont les savans s’empressent à lui tresser des couronnes. Aussi modeste qu'ami sincère, Péron les partaze avec son estimable compagnon de voyage Lesueur ( dessinatour-peintre dans cette expédition ) ; et l un et l’autre s’occupeut sans reläche de faire jouir bientôt le public du fruit de leurs travaux. 384 TABLEAU ÉLÉMENTAIRE Le préjugé populaire attribuoït autrefois 4u martin pé- cheur la propriété d’éloigner des étoffes les insectes des- tructeurs qui les rongent, et d’après cette opinion on suspendoit dans toutes les boutiques et dans tous les ma- gasins de draperies cet oiseau, auquel, pour cette raison, on a donné les noms vulgaires de drapier ou de garde- boutique ; mais l'expérience a appris que cet animal, n’étant pas embaumé, devenoit bientôt lui-même la proie des dermestes, des teignes et de tous les insectes destructeurs, comme tout autre oiseau dont la dépouille n’auroit point subi de préparation. FIN DU TOME PREMIER. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. AYANT-PROPOS. page vÿ INTRODUCTION. CHAPITRE I", Définition des oïiseaux, et idée générale de leurs sens, ainsi que de quelques parties, soit interieures , soit extérieures, don£ leur corps est compose, vi La tête des oiseaux. vij Leurs yeux, ou le sens de la vue: 1x Le toucher. x) Le goût. xij L'odorat,. xiij L'ouie. î xiv Les organes de la mastication, ou les mandibules du bec. XV La langue, idem: Système de la circulation du sang chez les oiseaux, xvij Leur cœur. idem Leurs poumons, xvii} Leurs pieds, xiX | Leurs ailes. XX) Leur queue, XXY. T. 4 25 886 TABLE DES MATIÈRES. CHAPITRE Il. Du plumage des oiseaux , de leurs nids, de leurs œufs et de leur incuba- tion. page xxvi] Les plumes des oiseaux. idem. La construction de leurs nids. XXXii} Leurs œufs. XXXVI} L’incubation. xlij CHAPITRE III. Des mnœurs et du chant des oïseaux , de leur nourriture, de leurs érnigra- tions, et de l’utilite dont ces animaux sont pour nous. xlvi] Les mœurs et les habitudes des oiseaux. : idem. Leur chant. lij Leur nourriture. Ivj Leurs émigrations. Lx L'utilité dont ces animaux sont pour nous. Lxij CHAPITRE IV. Du squelette des oiseaux. Ixvij 1.9 La éête. Ixvüj 2.° Le tronc. Ixxij 3.° Les exirémifés. Ixxvi CHAPITRE V. Des méthodes en général, er en particulier de celle que l’on suit dans ce Tableau d'Ornithologie. Ixxx]} DIVISION DES OISEAUX. Ixxxv Onpee l. Oiseaux fissipèdes proprement dits. idem. Onone Il. Oiseaux fissipèdes de rivages. 1! xxx y; OnpDRe III. Oiseaux nageurs ou palmipèdes. idem. TABLE DES MATIÈRES. 387 ORDRE PREMIER. LES FISSIPÈDES proprement dits. page 1 PREMIÈRE SECTION. LES ACCIPITRES, ou oiseaux de proie. 2 PREMIÈRE FAMILLE. LES ACCIPITRES DIURNES. 5 Premier genre. Les vaurours. Tdem. 1. Le pérenoptère . . He Vullur percnopterus. 7 De eaion:. si. ©. + . Vultur fulvus. Lin. 8 3. Le vautour à aigrettes. Vullur cristatus. Lin. ÿ 4. Le petit vautour. . . . Vultur cinereus. Lin. 10 LR 1/15 dt: DEEE . Vullur ignobilis. Gérardin. à 11 6. Le gypaëte des Alpes. Fultur barbatus. Lin. 12 Deuxième genre. LES FAUGONS. 14 Première tribu. OISEAUX DE PROJIE IGNOBLES. 16 1. Le grand aigle. .... Falco chrysætos. Lin. 17 2. L’aigle commun. . . . Falco fulvus. Lin. 20 3. L’aigle blanc. . . . . . Falco albus. Lin. 22 ho Le balbuzard. . . - Falco haliætos. Lin. 23 DAlprlrale: dit 10 Falco ossifragus. Lin. 25 6. Le jean-le-blanc . . . . Falco gallicus. Lin. 27 7. L’autour ordinaire. . . Falco palumbarius. Lin. 30 8. L’épervier.. . . . . . . Falco nisus. Lin. 32 9. La buse ordinaire . . . Falco buteo. Lin. 34 10. La sous-buse. . . . .. Falco pygargus. Lin. 37 De tuant MEL: à Falco æruginosus. Lin. 39 1Mbalharpaye :.: 24... Falco rufus. Lin. 41 12:Lavbondrée. 4)" 4, :. Falco apivorus. Lin. 42 14. L'oiseau Saint-Martin. . Falco cyaneus. Lin. 43 25% 388 TABLE DES MATIÈRES. 15. Le milan royal. . . .. Falco mileus. Lin. Page 45 16. Lemilan noir. : : « .. Falco ater: Lin. 48 Deuxième tribu. OISEAUX DE PROIE NOBLES. 49 1. Le faucon ordinaire. . . Falco communis. Lin. 50 21e tHanIer Nr SU . . Falco lanarius. Lin. .b2 5, Te hobreaut Hier Falco suhbuteo. Lin. 54 À. La cresserelle . , . , . Falco Hinnunculus. Lin. 56 ble rochier .: 742,244 Falco lithofalco. Lin. 58 6. L’émérillon. . . . . .. Falco æsalon. Lin. 60 SECONDE FAMILLE. LES ACCIPITRES NOCTURNES. 62 Genre DES CHOUETTES. idem. Première tribu. Is Hisous, 63 3. Le grand-duc. . . . . . Sfrix bubo. Lin. 64 8. Le hibou proprement dit, oumoyen-duc. . Sfrir ofus. Lin. 66 3. Le scops ou petit-duc, . Strix scops. Lin. 68 Deuxième tribu. LES CHOUETTES PROPREMENT DITES. 69 sFarhulotte". 4x Strix aluco. Lin. 70: 2. Le chat-huant propre- prement dit. . . . . Strix stridula. Lin. 73 21 L'eHraie. NN «. . . Strix flammea. Lin. 74 4. La chouette, ou grande ChevEtRe Se el. Strix ulula. Lin. 76 5. La chevêche, ou petite CHABLIS LR. Strir passerina. Lin. 78 6, La chouette de Sologne. Sfrix soloniensis. Lin. TABLE DES MATIÈRES. DEUXIÈME SECTION. LES PASSERE AUX. PREMIÈRE FAMILLE, 389 page 81 LES PASSEREAUX à mandibule supérieure du bee échancrée vers Le bout. Premier genre. Les PiLS-GuÈCHES. 1. La pie-grièche grise . . Lanius ercubitor. Lin. 2. Lapie-grièche rousse. . Lanius rufus. Lin. a «L'écorcheur us 6 Lanius collurio. Lin. Deuxième genre. Les GOBEs-MOUCHES. 1. Le gobe - mouche pro- prement dit. . . .. Mussicapa grisola. Lin. 2. Le gobe-mouche à col- 85 zdent. 93 lier, ou de Lorraine. Mussicapa atricapilla. Lin, 95 Troisième genre. LES MERLES. 1. Le merle ordinaire. . . Turdus merula. Jin. 2. Le merle à plastron 1. CROATIE Turdus torquatus. Lin. 3. Le grand merle des montagnes. . . . . Cr ONE EEE 4. Le merle de roche . . Turdus merula sarafilis. Lin. 5. Le merle solitaire. . . Turdus solitarius. Lin. 6. La grive proprement Me lue, Turdus musicus. Lin. 7. La roussergle,.…. . . . Turdus arundinaceus. Lin. D. MEME . Là sx « Turdus viscivorus. Lin. D NMIURRE - #7 do : Turdus pilaris. Lin. 20. DERINTE 5: 2. . Turdus iliacus. Lin. EE Eh 97 98 103 103 104 106 108 111 113 117 119 390 TABLE DES MATIÈRES. DEUXIÈME FAMILLE, LES PASSEREAUX 2 bec droit, fort, gros, comprimé par les côtés, et sans échancrure. page 121 Premier genre. LEs corrEAUx. idem. 1. Le corbeau ordinaire. . Corvus corax. Lin. 122 2. Lacorbine,ou corneille noire: ju". 2 COUTVIS COTONE. LATE 126 3. Lefreux,oulafrayonne. Corvus frugilegus. Lin. 128 4. La corneille mantelée. . Corvus cornix. Lin. 130 ÿ. Le choucas. . . . . . . Corvus monedula. Lin. 132 6. Le choquard, ou coucas | des Alpes. . . . . . Corvus pyrrocorar. Lin. 134 7. Le crave, ou coracias. Corvus graculus. Lin. 136 8. Le coracias huppé. . . Corvus eremita. Lin. 137 g. La pie . . . . . ... . . Corvus pica. Lin. 139 10. Le geai. . . . . . . . . Corvus glandarius. Lin. 141 11. Le casse-noix. . . . . . Corvus caryocatactes. L. 143 Deuxième genre. Les ROLLIERS. 145 Le rollier d'Europe . . Coracias garrula. Lin. 146 TROISIÈME FAMILLE. LES PASSEREAUX à bec conique, différemment modifié dans sa structure, suivant les différens genres. 148 Premier genre. Lis LORIOTS. 150 Le loriot d'Europe. . . Oriolus galbula. Lin. idem. Deuxième gerrre. Les ÉTOURNEAUX. 153 L'étourneau d'Europe. Sturnus vulgaris. Lin. 154 Treisième genre. LES GROS-RECS. 156 Première tribu, à bec en cône, dont les mandibules crochues se ervisent l’une sur l’autre. idein. Le bec-croisé. . , . . . Loxia curvirostra. Liu. 157 TABLE DES MATIÈRES. 391 Deuxième tribu, à bic en cône raccourci, a pointes aiguës, à mandibules droites , dout la base est presqu’aussi grosse que la tête. page 159 Le gros-bec d'Europe. . Loriacoccothraustes. Lin. 160 Troisième tribu, à bec conique , droit, et dont la base est bien moins grosse que la tète. 162 1. Le verdier commun. . Loxia chloris. Lin. 163 2. Le verdier de haie. . . Emberiza textrix. Lin. 165 Quatrième tribu , à bec arrondi, convexe de toutes parts, et un peu ” crochu à sa poiute. 166 Le bouvreuil commun. Lozia Pyrrhula. Lin. 167 Quatrième genre. Les MoINEAUx, 170 Première tribu. Les MOINEAUX proprement dits, à bec em cône rac= courci , dont la pointe grosse est aiguë et courte. 171 1. Le moineau franc. . . Fringilla domestica. L. idem. a. Le friquet is 2 - . . Fringilla montana. Lin. 175 6. La, soulcie. :,..: 4. à Fringilla petronia. Lin. 177 Deuxième tribu. LES MOINEAUX improprement dits, à bec en cône plus court que celui des moineaux ; à pointe moins longue, mais- plus aiguë. 178 1. Le pinson ordinaire . . Fringilla cælebs. Lin. 174 2. Le pinson brun. . . . : Fringilla flavirostris. Lin. 182 3. Le pinson d’Ardennes. Fringilla montifringilla. Lin. 183 4. Le pinson de montagne. Fringilla D RE Lin. 186 $. Le pinson dé neige, ou _ la niverolle. . . .. Fringilla australis. Lin. 187 6. La linotte ordinaire . . Fringilla linota. Lin. 188 7. La linotte de vignes. . . Fringilla cannabina. Lin. 190 8. Le gyntel deStrasbourg. l'ringilla argentoratensis. Lin. 194 * a: Le cabaret … . . . . .. Fringilla, linaria minima. Lin. 196 1e. Le serin des Canaries. . Fringillacanaria. Lin. 198 392 TABLE DES MATIÈRES. Troisième tribu. LES MOINEAUXx improprement dits, à bec en cône raccourci , se terminant en une pointe très-aiguisée. Page 202 1. Le chardonneret. . . . Fringilla carduelis. Lin. idem. 2. Le tarin. . . . . . . . . Fringilla spinus. Lin. 207 Cinquième genre. LEs BRUANS. 209 1. Le bruant proprement dit. LCR . . Emberizacitrinellas lan 10810 2. Le bruant de haie, oule PAS UN LU à let EIMDETLZE CLTIES EE 213 3. Lebruantfou, owdepré. Emberiza cia. Lin. 214 %."Le proyer. - .. . ... . Emberiza miliaria. Lin. 215 5. L'ortolan proprement , dits. .,5 2% 2 Emberiza hortulan. Ein. "217 6. L’ortolan de Lorraine. . Emberiza lotharingica. L. 219 7. L'ortolan deroseau. . . Emberiza schæniclus. L. 221 8. Le gavoué de Provence. Emberiza provincialis. L. 223 9. LemitilènedeProvence. Emberiza lesbia. Lin. 22 QUATRIÈME FAMILLE. LES PASSEREAUX #% Lec gréle, dont la forme approche de celle d'un poircon ou d'une aléne. 226 Premier genre. Les mésances. idem. 1. La grosse mésange, ou charbonnière . . . . Parus major. Jin. 229 .2. La petite charbonnière. Parus ater. Lin. | 1233 3. La mésange bleue . . . Parus cæruleus. Lin. 233 4. La mésange cendrée . . Motacilla sylvia. Lin. 236 5. La mésange à iête noire. Parus atricapillus. Lin. 238 6. La mésange des marais. Parus palustris. Lin. 239 7. La mésange huppée. . . Parus cristatus. Lin. 240 8. La mésange barbue, ou la moustache . . . . Parus biarmicus. Lin. 242 9. La més. à long. queue. Parus caudatus. Lin. 243 104 La penduline, . . . . . Parus narbonensis. Lin. 246 Deuxième genre. LES ALOUETTES. TABLE DES MATIÈRES. . L’alouette ordinaire . . 1 mohp'enelier. . 22. 3. La calandre, ou grosse MOQUE... 2 4. Le cochevis, ou grosse alouette huppée. . . 5, Le lulu ; ou petite alouette huppée. . . 6. La coquillade. . . . . . 7. La spipolette. » . . . . 8, La farlouse, oul’alouette Mdes press 221. ed 9. L’alouette pipi . . . . . 10- Dalmineles. + à. 4 ee Troisième genre. LEs BECS-FINS. . Le bec-figue . Le rouge-gorge. . - . . . La gorge bleue. . . .. . Le rossignol des bois. , . Le rossignol de muräil- . Le rouge-queue. . , . . . Le traquet . Le tarier Le motteux, ou cul- blanc ordinaire . . Le motteux,oucul-blanc roussâtre QUE EL e!."'e . La fauvette ordinaire. . . Variété de la fauvette \ CCR DE 0 ordinaire , 393 page 247 Alauda arvensis. Lin. 248 Alauda arborea. Lin. 251 Alauda calandra. Lin. 253 Alauda cristata. Lin. 256 Alauda nemorosa. Lin. 258 Alauda undata. Lin. 260 Alauda campestris. Lin. 261 Alauda pratensis. Lin. . 262 Alauda trivialis. Lin. 26% Alauda italica. Lin. 265 267 Motfacilla ficedula. Lin. 269 Motacilla rubecula. Lin. 271 Motacilla suecica. Lin. 275 Motacilla luscinia. Lin. 277 Motacilla phænicurus. L. 282 Mofacilla erythacus.Tin. 283 Motfacilla rubicola. Lin. 286 Motfacilla rubetra. Lin. 288 Motacilla æranthe. Lin. 269 Motacilla rufescens. Lin. 291 Molacilla hortensis. Lin. 293 Sylria viridi-fusca, sublüs à 594 TABLE DES MATIÈRES. superciliisque albida , remigibus rectricibus- que fusco-obscura. La- tham. Page 295 13. La fauvette à tête noire. Mofacilla atricapilla. Lin. 296 14. Lafauvette babillarde. . Motacilla curruca. Lin. 299 15. La fauvette grise, ou la BEISEUES 0e) DE ee . Mofacilla cineraria. Lin. 300 16. La petite grisette.…. . . Sylvia sylviella. Latham. 301 17. La fauvette des bois. . . Motacilla schænobænus. : Lin. 303 18. La passerinette, ou pe- tite fauvette. . + . . Motacilla passerina. Lin. 304 La petite fauvette a poi- trine jaune. . . . . . Mofacilla hippolais.lin. 395 20. La fauvette de roseaux. Motacilla salicaria. Lin. 307 21. Lapetitefauvetterougÿse. Motacilla rufa. Lin. 309 121 br 4 22. La fauvette d'hiver, ow lé traîne-buisson . . Motacilla modularis. L.- 310 23. La fauvette tachetée . . Motfacilla nævia. Lin. 313 4. La fauvette des Alpes. Mofacilla alpina, Lin. 314 25° Me pichoun se . . Motacilla provincialis. L. 316 6. Leroitelet. . . . . . . . Molacilla regulus. Lin. 318 . Le troglodgte. . . . . . Mofacilla troglodytes. I, 321 . Le grand pouillot. . . . Mofacilla trochylus lotha- ringicus. Lin. 325 29. Le petit pouillot, ou le chantre . . ... .. Motacilla trochylus. Lin. 326 30. La lavandiére. . . . . Motacilla alba. Lin. 328 51. La bergeronnette grise. Motacilla cinerea. Lin. 332 32. La bergeronnette prin- tanierse., © 1®. Motacilla flava. Lin. 354 35. La bergerounette jaune. Motacilla boarula, Lin. 35 TABLE DES MATIÈRES. CINQUIÈME FAMILLE. 395 LES PASSEREAUX à petit bec, court, comprimé à su base, et crochu à sa pointe. Premier genre. LES HRONDELLES. 1, L'hirondelle de chemi- née , ou domestique. Hirundo rustica. Lin. L’hirondelle de fenêtre, ou à croupion blanc. Hirundo urbica. Lin. 2 3. L’hirondelle de rivage. Hirundo riparia. Lin. 4. L’hirondelle grise de ro- CRETSN AN M ie à Hirundo rupestris. Lin. 5. Le martinet noir. . . . Hirundo apus. Lin. 6. Le grand martinet noir t à ventre blanc. . . . Hirundo dominicensis. Lin. Deuxième genre. Les ENGOULEVENTS. L'engoulevent d'Europe. Caprimulgus europœus. ' Lin. SIXIÈME FAMILLE. 338 339 356 LES PASSEREAUX 2 bec grêle, trés-allongé, et assez fort. Premier genre. Les SITTELLES. 1. Las'ttelle ordinaire. . . Sitéa europæa. Lin. 2. La petitesittelle. . . . . Siléa minor. Lin. Deuxième genre. Les crIMPEREAUXx. 1. Legrimpereauordinaire. Certhia minor. Lin. 2. Le grimpereau de mu- raille. . . ...... Certhia muraria. Lin. Troisième genre. Les HuPres. La huppe ordinaire. . . Upupa varigata. Lin. 358 359 396 TABLE DES MATIÉRES: Quatrième genre. Les euÈrIERS. Le guépier d'Europe. . . Merops apiaster. Lin. Cinquième genre. Les MARTINS-PÊGHEURS, Le martin-pêcheur d’Eu- TOpE sein » . . Alcedo hispida. Lin. FIN DE LA TABLE DU TOME PREMIER. 356 377 380 idem. LE ds 0 és A TR 1 NA 2 NA KA au NA où NU 1 NU 1 NU à NB 4 NH à à sd" » LAN. AN, » SAN, Ke INTRA T Me La 4 | 2 4 NA 1 NU à NA x NP À NPA à NPA à JE 2 NA x NA 1 NÉ à, NH 4 NA à & FR TANT PR TAN PS TAN TAN Ke r 7% Ne 6 +: 4 RS 4 AUS AU à DÉS à A à A à A à OS à A à A LS à EE à 0 + / À, sa NA. 2H, Ô | NX AN : ZX à 2 + 7 « » sb sd 7 « # + ED + ED 4 LOT + De + DS > A PA De EE + LC: Q C1 @ © (€ ® L) DA LH DE + DC à DC + JG à DE + JE + DE à DE & SG à JG + DE EN EN à Ne AN EN À CN À LAN ÉSOTRS ARE Se ZEN ZEN ge te Se ED PO Fe En es na 52 + 00 + D D E- se es * RO se Fée RL ; À DC DC + DS + DC + DC + DC + 2C + ÈC + 2Q EX 7 D a EN ne \. APPLE AN de + y + ES +: ge Le Fr Ce “+ Le er CF er er Nes dr pée PO DE ; + à $ BD à & NA AN 2 + 4 NA LAN & 724 + NX LAN # $Ë eo + & Je < + A 3: AN 2 + € #, F La OS x + LA » v + Cr , + < + Do DES R E2 DA K + DA SN + 2 K DA Sa + € 2 EX. D + € . À » e S » pe > 12 %» LA +4 * » La > + » . » » 12 +4 » . 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