… 2 Re — . - an ’ nm LE The person charging this material is re- sponsible for its return to the library from which it was withdrawn on or before the Latest Date stamped below. Theft, mutilation, and underlining of books are reasons for disciplinary action and may result in dismissal from the University. UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY AT URBANA-CHAMPAIGN D es LA L161-—O-1096 Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http//www.archive.org/details/theologiedesinse02less THEOLOGIE DES INSECTES, DEMONSTRATION DES PERFECTIONS D E DIEU Dans tout ce qui concerne les Infeétes, TRADUIT DE L'ALLEMAND D :E M, LESSER. AVEC DES REMARQUES Dpz Mr, P. LYONNET. TOME SECOND. A LA HATE, Chez JEAN SWART, Libraire dans le Toornftraat. M. D. CC. XLII. : vel / ‘4 Pal We Les x 4 ÿ À “1 ï EE rs æ 4 CD ue Mer | Ses! 4 238$! 2 éd M9 ing +2 au: T5 MA à AT QLNBN SAT 'I 10 MUSÉE PACA « a 5 e r à fe CRETE | as | C4 où : 1 More ES 4 «2 A J PRE 14 244 74 + 718 Po faun 9 Y LL ORR L Le Se Msrdi. is: Te :T ABLE DES LT V RE 9 ET DES CHAPITRES DU TOME SECOND. LIVRE SECOND. CHAPITRE I. Des fens des Inféétes. Pag. 1. a Il, Des Membres des Infeétes. 14. -- II. SECTION PREMIERE /0# Membres extérieurs des Infettes. ft. ——— Il SECTION Il. des parties inté- rienrés des Infeites. ——— [I]. 04 l'on traite des qualités fi Enrx- lières de gnelques Infeétes. 100. IV. De de Beanré de la pläpart des Infetes. 127: LIVRE IT. PARTIE II. CHAPITRE I. De l’UfageËs de l’Urilité des In- fecles par raport aux Hommes. 141. Cua- _ TABLE DES CHAPITRES. CHAPITRE II. De PUfage 5 L PUiliré des In- Jettes dans la Theologie. Pag. 172, IT. De PUfage £S de l'Utilité des In- Jectes dans le Droit. 174. IV. De PUrilité &ÿ "de l'Ufage des ‘ - feétes dans la Médicine. 177. V. De PUrilité des Infeétes par rap- port aux Bêtes. 194. LIVRE IL PARTIE IL. CHAPITRE f; I. Combien les Infeétes nuifent es | biens de la terre. 214. II. Des maux que les Infectes caufent a l'Homme: 219. IT. Des Dommages que les Infetes caufent anx animaux. 248. IV. Les Dommages que cadfent les Infeétes , font autant de marques de la toute-puiflance , de la juf* tice, de la fagefle ES même de la bonté de Dieu. 2$1. V. Des moiens propres à Rohan les Infectes. VI. De l'abus qu'on fait des Infes dans la vie civile. 280. VII. De l'abus qu'on fait des Inhés en matiére de Théologie. 286, VIII. De l'abus qu'on fait des Infèétes contre les pur la TPE dence. IX. De labs qu'on fait des Inf&es en ce qui regarde la Médecine. 295. X. Des Prodiges , dont il eft parlé dans l'Ecriture au fujet des In- fetes. 301. THEO- L: ME STIEMeRLLSR ELLES ESS sù ee LACS Hs EX ch Le “ ue 10 Pot A0 SR GP Et MES FOTTIIVTETITTT SET THEOLOGIE pes INSECTES ; É OU DEMONSTRATION D'ES PR ER'FÆE-CT IO:N'S ob DIE US DANS TOUT CE QUI CONCERNE LES ANSECTES": TRADUIT DE L'ALLEMAND, DM IL. ES SE RP: Avec des Remarques D E Mr. P. LYONET. GE 2te 8e Te Bo SERA 2 EE Rene GER or rl * At) “Pr OA à GitoA PTIT Re © Des Jens des Infeëtes. ÿ SES fens font abfolument néceffaires Le féds ï L, aux Animaux. Pourroient-ils écha- néceju. per au danger, s'ils ne voioient #7 ECS point ? Comment: difcerneroient-ils cac ïés. climens quileur conviennent, fans le goût Tome IL, A ëc jufques à un cer- tainpoint 2 TuHsoLocie k & l’odorât? N'eft-il pas néceflaire pour leur confervation, qu’ils entendent le bruit que fait leur ennemi, afin que, fachant de quel côté il vient, ils puiflent l’éviter? Privés du l'aët, comment diftingueroient- ils l’agréable du douloureux ? Comment fauroient-ils s’ils font malades ou en fanté ? | * Quaxp je dis que les fens font abfolument néceflaires aux Animaux, je ne prétends pas qu’ils ne fauroient fe pafler d'aucun de ceux que nous appercevons chés nous. Il fufñt que le Créateur leur en ait donné autant qu’il eft néceffaire à leur confervation, dans l’état où il les a placés. C’eit le cas des Infeétes: ils n’ont pas toujours cinq fens comme les hommes. Les uns font privés de la vüe; d’autres de l’odorit ; d’autres encore de l’ouie; mais toujours felon que le genre de vie qu’ils mênent leur permet de s’en pañer. LE Tac ou le Toucher eft commun à tous les Animaux (1). Ce fens n’eft autre chofe que le mouvement des Efprits, ou du fuc des nerfs , qui fe communique jufqu’äu cerveau & atfeéte l’ame. (Ce mouvement s’excite fous la peau par l’impulfion de quelque corps; il fe communiqueaux nerfs, dont la tention le porte dans l’inftant jufqu’au cerveau, & y caule une fenfation de plaifir ou de douleur. 11 arrive aux nerfs, qui correfpondent tou- jours à la tête , cé qui arrive à une corde bien tendue. Le. moindre mouvement , ÿ S'y ait, (x) Plin. H NN. L. X. C. 70. Tallus, fenfus ; om- mibus eff, etiam quibus nullus alius: Nam © ofireis & cerreftribus vérmibus quoque. DES INSECTES. 3 fait, fe communique d’abord à fes deux ex-, trémités. Ce qu'il y a de bien remarquable dans ce fens, c’eft qu’il réfide dans toutes les parties du corps; au lieu que la tête fcule eft communément le Siège de tous les autres (2). . Par ce moien, les Animaux font avertis de tous les dérangemens, tant extérieurs qu’in- térieurs, qui peuvent arriver chés eux. CE que-j’ai dit dans le Chapitre précédent, fait voir évidemment que les Infectes font doués du fens du Toucher. L’on a pü re- Marquer qu’ils fe garantiflent avec foin dt. vént , dé la pluye, dé la chaleur , du froid &c. Ce qu'ils ne feroient affurément pas, s’ils étoient privés de ce fens. La délica- tefle des Organes de ce fens n’eft pas la mé- mé chés tous. L’on en voit qui font fénf- bles au moindre petit attouchement (3); tan- dis que d’autres ne paroiflent pas fentir un mouvement plus fort (4); & qu’ils affeétent une infenfbilité prefque ftoïque. On a quel- ques raifons de croire qu’il y a des Infec- tes qui n’ont point d’autres fens qué celui du Toucher (*). . | La (2) Gicero. Toto corpore auten talus æquabiliter fe- fus ft, ui omnès iCtus, omnefque nimios € frigoris & ca- tôrès appulfus [entire palfionus. (3) Telles font les Araignéés. On ne fauroit toucher à leur filet qu'elles ne le fentent. Telles font encore jes Abeilles qui s'aperçoivent du moindre coup que l’on don- ne à leur Ruche. (4) J'ai trouvé de groffes Chenilles brunes qui ne don- noïient aucun fige de fentiment , quoi qu’on les preffât af. fez fort. (#) Que célui du toucher. VL'Auteur ne refléchit pas mue , Comme tous les Infectès mansert ,au moins pendant Ae.2 ui ln De !a Vue. LA 4 THEOLOGIE La vifion eft une efpèce de Toucher: les ralons qui partent d’un objet, venant à tom- ber fur l’œil, affectent la retine; le mouve- ment qu’ils y caufent fe communique au cer- veau par le moïen des nerfs optiques , & il produit le fens de la vüe. Quoiqu'il y ait un grand nombre d’Infeétes doués de la faculté de voir, ce fens n’eft cependant pas com- mun à tous (sf). Quelques-uns de ceux qui en jouiflent l’emportent à cet égard fur l’homme. Leur vüe eft fi jufte quelle porte, s’il faut ainf dire, fur un atome (6). Nous ne pouvons pas voir les objets qui font der- rière nous fans tourner la tête; mais il y a plufieurs Infeétes, qui, fans ce mouvement, peuvent fort bien appercevoir tous les objets qui les environnent (7). Les hommes ne fau- roijent voir communément dans l’obfcurité ; au heu. . un certain tems de leur vie , & qu'ils ne mangent pas indifféremment tout genre de nourriture ; mais qu'ils s’attachent feulement à celle qui leur convient, il eft très apparent que tous ont aufli un gout pour les dif- cerner. (5) Plin. L. XI. H NN. C. 37. Nec lumbricis ul Junt oculi vermiumve generi. : (6) Cela fe voit aux Araignées Vagabondes, Elles ne manquent pas d'attraper leur proye du premier faut, ce qu'elles ne pourroient faire, fi elles n’avoient pas le coup d'œuil jufte. La plupart des Infectes ne voyent pourtant bien qu’à certaine diftance , c'eft ce qui fait que les Abeilles , quand elles font fur leur Ruche ,ont de la pei- pe à en trouver l'entrée, & qu’elles font fouvent obligées à s'en écarter quelque peu pour la decouvrir. (7) Frifcb. P. VIII. n. 9. p. 24. Une Demoïifelle aquatique de la plus petite efpèce a les yeux parfaitement. Sphériques, ce qui fait qu'elle peut voir devant, derrière, & de côté fans tourner la tête, DES INSECTES. 10: lieu que divers Infeétes voyent mieux de nuit que de jour (8). : Dieu. n’a pas donné louie (9) à tous les De rouïe. Infeétes: je n’en connois même aucun qui ait des Oreilles (*).. L'on ne fauroit cependant | dou- (3) Par exemple les Phaiènes Elles ne volent que de nuit, & ce. n'eit qu'alors qu’elles cherchent leur nour- riture, _ (9)C'eft ce que j'ai obfervé à une Chenille qui, quoi- que faine, ne donnoit aucune marque de fentiment quand je la touchois. Je m'imaginois que l'Auteur de Ja nature auroit peut-être donné une ouie très fine à cet Infeëte pour fuppléer à ce qui patoiffoit lui manquer du côtc du fentiment ; & pour en faire l'epreuve , je tirai divers coups de piftolet chargé à balle tout près de l'animal; mais il-ne donna pas le moindre figne de s’en être ap- perçu. (*) Qui ait des Oreilles. On ne fauroit prefque dou- ter que les Infectes à qui la Nature:a donne une efpèce de voix, ou pour parler plus jufle:, la faculté de former certains fons , comme elle l’a donné. aux Cigales , aux Grillons ,aux Sauterelles ,à plufeurs Scarabees , &c. n’ayent ‘auffi reçu le fens de l’ouic pour entendre ces fons. Nous ne leur reconnoiffons, il eft vrai, aucune oreille exferieure; mais encore n’en fauroit-on inferer qu'ils n'en ont point. Elles peuvent être déguifées & rendues reconnoiffables par leur forme, & par la place qu'elles occupent. Des Ani- maux dont la voix ne fe forme point par le gozier, qui refpirent par le corcelet , les côtez ,ou la parie pofterieu- re des Animaux parmi lefquels on .en voit qui ont les _yeux fur le dos & les parties genitales à la tête ; des Ani- maux de cet ordre, peuvent fort bien avoir les oreilles par tout ailleurs que là où l’on s'atendroit de les trouver. L'ufage de tous les membres des Infectes ne nous eft pas ‘connu ; peut-être y en at-il parmi ceux dont nous igno- rons la deftination , qui leur font donnez pour recevoir T'imprefion des fons. Encore moins pouvons-nous aflu- rer que les Infectes n'ont point d'oreille inferieure : cet organe, s'ils en ont, doit être en eux fi délicat & fi petit, que quand on l’auroit devant les yeux, il feroit peut être impolible de le reconnoiïtre.. Nous ne connoiffons donc A3 pas ; LL 6 THEOLOG!IE douter qu’il n’yen ait qui font doués de ce fens. Comme les amateurs dela Mufique fe raflem- blent au fon des inftrumens qu’ils aiment; l’on voit auffi plufieurs Infeétes fe raflembler à un certain ton qui leur plait (10). Un bruit desagréable & qui les choque en chaffe d’au- tres (11). Cela eft G’autant plus furprenant que, comme je l’ai dit, ils n’ont point d’o- reilles, qui leur fervent d’'Organes pour en- tendre. Il fe fait du bruit, l’air en eft ébranlé, ce mouvement de l’air pénétre jufqu’à nosoreil- les, frappe le Timpan, qui, par le moïen des efprits animaux, porte ce mouvement jufqu’ag . cerveau, & produit fur notre ame le fenti- ment de l’ouie; tout cela eftfimple, & peut fecomprendre. Mais comment tout cela peut- il fe faire fans Oreilles? C’eft ce qu’il eft im- pofñble de bien expliquer. Del'Odo- Les Infeétes n’ont point de nez; cependant rôz, on ne fauroit leur difputer le fens de l’Odo- rât. L'on remarque qu’ils faveur diftinguer les pas afez les Infeétes pour pouvoir affirmer qu'ils font pri- vez des organes de l'ouie , & d'autant moins devons-nous avancer qu’ils entendent fans avoir ces organes. P. L. (10) Ælien L. v. C. 13. dit des Abeilles. Quumn #n fugam fe erumpunt ,€ ab alveo aberrare cœperunê , tums a. piarii crepitaculis fonoris concinne concrepant ; eæ vero, tan- quam Sirenibus vetrabuntur , atque adeo in confueta domi- cilia revolant: Ut non minus eas cantus ac mufice fludio- Jas effe dicas, quam illas apud Platonem cicadas. (11) C'eft ainfi que les Abeilles fuient les Echos. S'il en faut croire Varron ,de Re Ruffca. L. III. C. 16. & Virgile L. IV. Gaorgic. On prétend que la Mouche lui- fante fuit la lumière; mais il eft aifé de l'y accoutumer en la renfermant dans un verre & l’aprochant ainfi fou- vent d'ure chandelle. Cette même Mouche fe cache aù moindre bruit qu'elle entend. DES INSECTES. les Odeurs; & qu’ils font fenfibles au parfum qu’exhalent les chofes odoriférantes, Leur goût à cet égard differe beaucoup : les uns fe rencontrent avec nous, & donnent la préférence à ce que nous nommons. odeur agréable (12): ils s’y laiffent aller avec plaifir & la fuivenc par tout. D'autres, qui fe nourriflent de chofes puantes (13), fe plaifent à en flairer l'odeur, & la recherchent avec empreflement; tandis qu’il y en a de plus dé- hcats, qui la fuyent, & l’évitent avec tout le foin pofhble (14). L’Odorit de quelques Infeétes eft beaucoup plus fin que celui des hommes: j'en ai deux preuves. La prémié- re eft qu’ils difcernent leur nourriture avec ce fens, & qu’ils peuvent flairer par ce moïen la vertu des plantes (if): la feconde, qu’ils fentent les Alimens qui leur conviennent de’ plus (12) Varron 1, c. dit des Abeilles. SZ a/%0 minus fre- quentes evadunt , ac fubfidit aliqua pars : Suffurmigandun , € prope apponendum bene olentium berbarum , snaxume apia[- trum © thymum. (13) C'eft ainfi que les Mouches qui pondent leurs œufs fur la viande corrompuë , la fentent de bien loin & ne manquent pas de la trouver. (14) Ælien. de Apibus. L. I. C. 58. Tetro quovis o- dore Apes offenduntur. L'Odeur des camomilles leur eft fur tout infupportable. C'eft pourquoi ceux qui veulent leur enlever le miel, fe lavent les mains d’une décoûion de cette herbe, ce qui les garantit des picqures de ces Infectes qui s’envolent à l’odeur du fuc de cette plante. (15) Multo prœclarius emicat olfactus in Brutis anima- libus, quam in bomine : ifta mamgue boc folo indice, ber- barum | 9 corporum prius ignoltorurmn vUirlutes cer - tiffime dignofeunt , quin € viclum fuum abfentem , vel in ab{trufo politum , odoratu venantur, ac facillimne invelligant, Willis. de Anim. brut cap, 13. A 4. Du gout. » 8 THEOLOGI:rE lus loin que ne peut faire l'homme (16), ais nous fommes bien dédomagés de certe fupériorité de quelques Infeétes : la rañfoù que nous avons en paitage nous met en état de nous pafñler de cette finefle d'Odorâr; & eft preférable à tout ce qu'ils peuvent avoiw de plus que nous. Le goût (17) eft un mouvement des Ff- prits animaux, caufé par des particules ‘qui ébranlent les nerfs de la langue, & qui le communiquement au cerveau, où il agit fur J’ame. Les Infectes n’ont point de langue comme les autres animaux; mais leur Trom- pe & leurs barbes (*) dont nous parlerons | dans (16) Ariftoteles de fenfu Cap. V. Efemim Pifces & In- feétorum genus omme exquifite fentiunt & procul propter nutritivarn fpecien odoris, remhta multum a'propria efca qg'uem admodum Apes faciums ad mel, © parvarum formica- rum genus , quas vocant quidam fciripas, On remarque encore cela dans quelques Scarabees aquatiques;.ils fen- tent la charogne d’un chien à plufeurs Mille pas dé l'eau, ê& viennent la chercher. | À (1%) Pline dit au fujct des Huittes & des Vers de ter- re: Exifimaverim omnibus fenfom € gufiatus elle. Cur exun alios alia fapores appetunt. Lib. X. H. N C. 7x. (*) Mais leur Trompe € leurs Barbes. Siles Barbes des Infectes font l'organe de quélque fens qui nous foit connu, il femble qu'elles doivent plûtôt être prifes pour les organes de l'odorat, que pour ceux du goût ; fans vouloir pourtant decider ce qui en eft , je me contenté- rai de remarquer qu'il paroït que les [nfectes favent par leur moyen difcerner la qualité des nourtitures. Ceux qui en ont, he manquent pas avant de manger de quel- que chofe, de 14 tâtoner de leur Barbes, & fi la chofe ne leur convient pas, ils la quittent fans y mettre la dent, ce qui prouve affez clairement, que par le fimple attgu- chement de leurs barbes, ils font en etat de reconnoiïtre quels font les alimens qui leur font utiles & quels ne le font pas. P. L. . DES ÎINsECcTESs 9 dans la fuite, ‘leur en tient lieu, & eft l’orga- ñe dé leur goût. Ce fens leur eft d’une gran- de utilité : ils peuvent difcerner par ce moïen les Alimens qui leur conviennent d’avec ceux ‘qui ne leur conviennent pas, ou qui leur fe- roïent même pernicieux. Ce que j'ai remar- rt quelques-uns des Chapitres précé- ens fur la nourriture des Infeétes, faut bien Comprendre qu’il y a beaucoup de variété dans le goût de ces créatures (18). Ce ‘que les uns aiment répugne à d’autres; & un ali- ment des plus agréables pour ceux-ci, fera dé- teftable pour ceux-là. I] yen a qui ne tou- vent de goût que dans ce qui-eft liquide (19); & d’autres font pour le gramen (20). Quel- ques-uns n'aiment que le blé en herbe (21), & quelques autres n’ont de goût que pour le blé fec, Le goûr des uns les porte à ne vi- .Vre (18) Ariftot. L. IV. H. A C 8. Guflus etiam Jiri- lis ratio: interdum enim cibum perfequuntur diverfum , nec eifdem faporibus omnia delectantur , nam. apes nullam ad rem putridan folent advolare ,fed dulcia petunt Culices nulla dulcia gefiiunt, fed acida. ; . (19) Virgil, Eccl. V. Dum thymo pafcentur Apes, dum rore Cicade. … (20) Comme font les Sauterelles. : (21) Ælien L. VL C. 43. Quum autem Formicæ tan. qua àd pabulandum proficifcuntar, natu grandiores fwnik- er eus, atque exercitus duces, ducunt: Ut ad'fegetes per- venerunt, adolefcentiores fub Stipula flant duces vero af- cendunt, € (picas abfoiffus inferiortbus dejiciunt ; Ha vero circumfiantes ariftas difirabunt , fimul &5 ex fus glumis & Vaginis grana inclufa explicant : neque ad excutienduyn ullo infirumento egent, neque ad ventilandum viris, neque ven- ès ad purganda à fordibus grana, ex fruinentis, quæ hori- nes exercent, C5. i #! À $ $ . 10 THEDPL.0:6G 1 5 vre que du fuc. des fleurs (22); & celui des autres à fucer le fang des animaux (23). Tou- te efpèce de fang ne plait pas également à ces derniers: ils mettent beaucoup de différence entre celui des hommes &t des bêtes (*) ; & ne s’attachent pas indifféremment à tout animal. Enfin, il y a des Infectes qui dévorent la viande, & qui ont du goût, les uns pour la viande fraiche , & les autres pour la viande pourrie. : Les (22) Claudianus L. IL. de Raptu Proferpinæ. = Credas examina funéi Hybleum raptura thymum , cum catera reges Caftra movent, fagique cavo demiflus ab alvo Mellifer electis exercitus obftrepit berbis : Pratorum fpoliatur bonos, bec kilia fufcis Intexit wiolis, banc mollis amaracus ornat , Hec graditur fiellata rofis, bec alba liguftris : Te quoque flebilibus metunt byacynthe figuris Narciflumque metunt , tunc inclyta gramina veris, (22) Ouid. vef quifquis auctor eft de pylice : Tu laceras corpus tenerum duriffime morlu, Cujus cum fuerit plena cruore cutis. Erttit maculas nigro de corpore fuftas, Levia membra quibus commaculata rigent, Les Coufins s’apellent en Latin C/ices du mot aculeus aï- guillon , parce qu'ils s’en fervent pair fuccer le fang. Voyez Becmann. de Orig. Lat. Ling. p. 302. C'eft ce qui a fait nommer ces aiguillons en Grec éwales dvdeûr cipuves. Anthol. Epigr. Græc. L. VII. (*) Ils mettent beaucoup de difference entre celui des Hommes €ÿ des Bêtes. Il y en a même dont la delicateffe va plus loin, & qui ne toucheront jamais à certaines per- fonnes , tandis qu’ils en obfèderont fans ceffe d'autres. C'eft ce qu'on experimente dans les Coufns & dans les Puces. Et pour les dernières on ne peut pas dire que c'eft parce qu'elles trouvent la peau de certaines genstrop difficile à percer, puifqu'elles favent bien entamer celle d'animaux qui l'ont beaucoup plus dure, P. L. DES! INSECTES. 17 Les Inféétes, deftitués des Organes de Ceux qui quelques-uns des fens, ne laiffent pas d'éproue 0. ver les fentimens qu'ils occafionnent. |ufques 2 as ici on n’a découvert des Oreilles dans aucun 2owjours Infeéte; la plûpart ont cependant l’ouie très 4 415a- fine: ils n’ont point de nez; mais ils ont l’o- | dorât très fin. Quelle plus grande marque veut-on de la fageffe immenfe du Créateur ? Elle n'eft point bornéc à un feul genre de moïens. Si la plûpart des animaux ont des oreilles pour organe de l’ouie; & un nez pour celui de l’odorât ; ce n’eft pas une preuve que les oreilles &le nez foient abfolument né - ceffaires pour produire ces fenfations. Dieu peut, quand il lui plait, former des créatures qui éprouveront les mêmes fenfations par le moien d’autres organes. Si l’on objeétoit que les Infeétes, qui fairent & qui entendent, ont un nez & des oreilles; mais que la itruc- ture en eft fi fine & f déliée, qu’on ne les apperçoit pas, même à l’aide d’un bon Mi- crofcope; la fageffe de Dieu n’en feroit pas moins admirable: n’aura-t-on pas lieu de s’é- conner de l’étendue äu pouvoir & de la gran- deur de la fagefle d’un Etre, qui a donné du fentiment à des organes fi petits qu’ils ont é- chapé jufques ici aux recherches les plus éx- actes des curieux ? De quelle délicateffe ne doivent pas être les nerfs qui font ébranlés par les objets extérieurs? De quelle fubtilité ne faut-il pas que foient leurs efprits animaux, pour produire dans lame de ces créatures, des mouvemens qui les portent à pourvoir à leur confervation ? : L'u- . 12 THEOLOGIE L'Ujage L'’usAGE, que les Infeétes font de leurs que les fens, répond exaétement aux vûes que le fage pat: Auteur, de qui ils les tiennent, a eues en les teurs fensieur donnant. Bien loin de les: employer à effunmo-{e procurer des plaifrs extravagans ,; ou à dèle pour d’autres exces, jamais 1l ne s'en fervent que, "4% pour leurs befoins & leur conférvation. Quel- le différence entre cer ufage , & celui que les hommes en font! L’on fe laifle entrainer aux voluptés. & à trous les plaifirs des fens, tout comme fi l’on étoit deititué de l’ufage de la raifon, & qu’on n’eut pas la force de réfitter à fes inclinations. Apprenons de ces chétives créatures à dompter nos fens, à ne leur permettre aucun excès, & à les contenir dans les bornes de l’ufage pour le quel ils nous ont été donnés. Quelle honte , pour une Créatute raifonnable, de refter à cet égard au deflous des bêtes! Fuions la volupté, évitons l’orgueil &c la vanité de la vie, & emploions tous nos fens à l’étude des œuvres de Dieu, autant à celles de la nature qu’à celles de la grace. Que nos Oreilles foient fermées à tout ce qui n’eft ni honète ni bien féant, pour n'être ouvertes qu’au fon retentiffant de la parole de Dieu. N'’abufons pas des orga- nes de notre goût, pour faire des excès dans le manger & dans le boire; mais fer- vons-nous en pour notre Confervation , en vivant fobrement .& avec frugalité : il faut avoir foin de notre corps ; mais ce fe- roit un crime d’en faire une idole, & de ne penfer qu’à lui, & qu'à fauisfaire à tous fes apetits. | L'Hom- | DES ÎINSEcTESs. 13 L'Homme jouit de cinq fens, tandis que les Infeétes manquent tantôt de l’un & tantôt de l’autre : Dieu lui a donné outre cela une ame raifonnable, qui fupplée à ce qu’il a de moins que les Infeétes du côté de la délicatef- fe des fens. Quelles aétions de graces n’avons- nous pas à lui rendre pour de fi beaux pré- fens ! Si quelqu'un croïoit que ces dons ne font pas fi confidérables , qu’il fuppofe pour un moment qu’il a perdu l’ufage d’un ou de plufieurs de 1es fens ; alors il changera d’idées, & fentira combien ils nous font néceffaires, & combien d’inconvéniens améneroit leur perte. Aveugles, fourds, fans ientiment, fans goût & fans odorât, que ferions-nous ? Notre corps ne feroit qu’une lourde mafñle de chair; & notre ame hors d’état deiveiller à la con- férvation du corps. Comment feroit-elle 4- vertie de l’impreffion des objets extérieurs fur lui, s’il étroit deftitué des organes qui com- mMmuniquent cette impreflion au cerveau , & ce- lui-ci à l’ame? Louons donc &texaltons l’ Auteur de tant de bienfaits; témoignons-lui par tou- tes fortes d’endroits , la reconnoiflance dont nous avons le cœur pénétré pour le don qu’il nous a fait de l’ame & du corps, de la raïfon & des fens. CHA- Sentiment de recon- noiff[ance. DEC 14 T'u% o Lo GIE EE ES | | CES A B-E TR Méslloir-08 Des membres det Infe&tes. DE donner quelqu’ordre aux ehofes que pl _. je me propofe d’écrire dans ce Chapñrre. Infees. Je. le diviferai en deux Seétions:, dans la pré- mière, je parierai des parties extérieures des Infeétes ; & dans lafeconde , je traiterai de leurs parties intérieures. Comme celles-là font beaucoup plus aifées à diftinguer que les au- tres, je m'y étendrai d'avantage; & c’eit par Rà que je commence. CODES SECTION PREMIERE. Des Membres extérieurs des Æufeétes. OmmEe tous les Infeétes ont une A peau (1); je commencerai par elle Ja defcription que je me propofe de donner. de leurs parties. La peau eft le vêtement le plus extérieur que la nature leur ait donné ; elle couvre tout leur corps, en lie toutes les par- ties, & les contient dans-la place qui leur eft afignée. Elle n’eft pas de la même qualité chez trous les Infectes. Ceux, dont le genre de De leur fcau. (x) Arifiot. H. An. L. IV. C. VII. Cufe ornmia In- fetla circumdantur , [ed admodum terus. DES INSECTES. _1f de vie ne les expofe, ni à des compreflions ni a des frictions fortes, ont la peau fort dé- licate & fort tendre (2). Quelques-uns en ont plulieurs l’une fur l’autre, à peu près comme les différentes peaux d’un Oiïgnon (3). La peau de l’homme & celle des autres ani- maux eft remplie d’une infinité de petits trous: ellé reffémble à un tamis, ou à un fi- let extrémement fin, les pores tenant lieu de mailles. C’eft par ces trous que s’écoulent quantité d’humeurs fuperflues , qui en fortent par des fueurs & par la tranfpiration ordinai- re. La peau des Infeétes à aufli des pores pour le même ufage (4) & fi petits, qu’onade la peine à les appercevoir. Tout comme il y a des animaux qui, chaque année , changent de poil ou même de peau ; l’expérience nous apprend que la même chofe arrive aux Infeétes. Les uns n’en changent qu’une fois par an (5) (6); & (2) Comme cela paroiït par celle des Chenilles & de plufeurs fortes de Vers. (3) Lifier p. 43. dit d’une Araignée jeaune tâchetée de blanc. Aranearum cutis non facile difrumpitur , binc adeo uchementer expreffa, ipfa integra erumpit, quod alia atque alia fubfit cutis qua continentur vifcera, nèque alie- mum eft credere umiverfas cuticulas in toto vite decurfte exuendas , cum befiiolà natas fuif[e. (4) Certaine chenille à corne a les pores fi ouverts, que non feulement ils donnent paffage aux œufs que des petits Ichneumons pondent dans leur corps; mais encore que les Vers nés de ces œufs peuvent fortir par ces mé- mes pores , fans que la peau en paroifle blefée. (5) Lifter obferve que les Araignées, après être par- venuës à leur jufte grandeur, ne muent qu'une fois par an, fçavoir au Printems, lorfqu'elles prennent de nou- velles nourritures. Pas. 10. & fuiv. (6) Swammerd. p. 86. Infectis bifce Hemerobiis ezr apr à M - TugoLo6clie & les autres réitérent cela jufqu'a quatre fois (7). (*). pe Les Infeétecs, qui rampent dans les trous, dans les fentes, où ils font expofés à un frot- tement aflés rude, ont la peau plus dure que les autres ; celle de quelques-uns et même garnic d’écailles. D'ailleurs, la peau fert aux Infeétes d’un manteau pour les couvrir contre les injures de l'air: elleeft poureux de la même uulité que les écailles font pour les ferpens , les poiflons, les écrevifles, & les co- quilles pour les Infeétes des coquillages, les plumes pour les aifeaux, & le poil pour la plüpart des quadrupèdes. Comme les Infec- tes font la plupart très petits, l’ardeur du fo- leil apud nos polituram fitumque dedimus, ut facile patefcat ; quomodo toto corpufculo exuant tenuiffimuin quoddarmr induw fium feu pelliculäm, quod non modÿ vifju rurabile, fed dictu eft ineffabile. Hac enim exuviarum parte prorepunt co modo , quo quis calceum exuit ; illa vero parte prodeunt , eandem invertendo, ceu fi quis chirotecas ita exuat, ut in- teriora fpectent extrinfecus , pofiquain extraxeris. (7) Comme font les Chenilles avant de changer en Papillons. | ‘ (*) Fulqu'à quatre fois. Comme l'Auteur 4 ici en vue Îles Chenilles, ainfi qu’il nous l'apprend dans fes re- marques , il eft bon d'avertir qu'il s'enonce à leur égard afñfcz improprement , lorfqu'il avance qu'elles muent qua- tre fois par année, on en pourfoit inferer qu'elles vivent ordinairement plus d’un an, quoique ce foit pourtant une règle très générale, & à, laquelle je n'ai encore trouvé qu’une feule exception, qe toutés les Chenilles ont four- ni en moins d’un an leur carrière, il y en a même qui l'ont fait en moins d’un mois. Il fe feroit donc mieux exprimé, s'il avoit fimplement dit qu'elles muent quatre fois; mais encore celà ne feroït-il pas général. J'ai déjà obfervé ailleurs, que j'en ai vü muer jufqu'à fept, & mê- me jufqu'à neuf fois avant de devenir Chryfalides, P, L. DES ÎINsEcTEs. 17 leil auroit bien-tôt defléché l’humidité inté- rieure de leur Corps, & épuifé leurs efprits animaux; s’ils n’avoient pas été revêtus d’une peau dure, qui les mît à couvert de cet in- convénient. Elle eft l'organe du mouvement de ceux qui n’ont. point de piés (8): en l’é- tendant & la refferrant fucceflivement, ils fe tranfportent d’un lieu à un autre, ExriN, l'on peut envifager la peau des In- fetes comme une cuirafle, dont Dieu les à revêtus , pour les garantir des dangers exté- rieurs. Zu: m'as revêtu de peau , difoit Job, Ch. x. v. 11. pour marquer le moïen dont Dieu s’étoit férvi pour réunir, joindre, & con- ferver les différentes parties, dont il était compofé.. I] n’a pas moins de foin des In- feétes , & c’eit dans les mêmes vûëés, qu’il les a pareillement/revêtus d’une peau. IL eft fi difficile de reconnoître la tête de De y quelques Infectes, qu’on feroit prefque tenté #ére. de croire qu’ils n’en ont point du tout, Celle des uns eft fort petite, à proportion de leur corps (9); & celle des autres eft fort gran- de (10) (*), Elles n’ont pas toutes la même figu- (8) Voyez ci-deffus Chap. 10. (9) Par ex: celle de l’Arpenteufe grife , marbrée de blanc dont parle Frifch. P. X. ». A 9. (10) Telle eft la tête des grandes Dermoifelles aquati- ues. r (*) Celles des autres eff fort grande La proportion entre la tête & le corps n’eft pas toujours la même dans le même Infeéte; ceux qui l'ont écailleufe, l'ont petite chaque fois qu'ils doivent muër, & groffle chaque fois qu'ils ont mué: on en comprend aifément la raifon; les écailles l'empêchent de croitre, tandis que le corps grofit, ce qui fait qu'alers fa grandeur relative par rapport au Tome L, B corps 18 T y et 0GEE : figure: L’on.en voitides rondes: (K1hs de plattes (12), d’ovaies (1 16 -laiges, (44) de pointués, (15), & de quarrées (16). Lesuns. l'ont touteunie; à autres j’ont raboteule (17) & quelques- uns y ont des poils (18) felon que. cela convient à.leur genre de vie, L’onremarque, encore be. aucoup de diverfité. a ans, la fituation de leur tête. Elle eft tour à fait vifible chés les uns; & on a de la peine à la découvrir chez les autres (19) C3. SFR uns la Ca corps diminué continuellement. Lorfiue les Infectes fe difpofent à muér ,la fubftance de laxête d'un: grandnom- bre, fe retire dans’ leur cou & dans leur,premier anneau ; là n'ayant ordinairement point d'écailles-qui la gênent, el- le s'étend & groffit , & lorfque l'Animal à quitté fa vicille peau, on eft furpris de lui voir une tête deux fois plus groffe qu'elle n'étoit auparavant. Et comme l’Infeéte ne. mange ni ne croit point, tandis que fa tête fe forme -on. peut obferver à fon ézard cette fingularite, que fon corps & fa tête ont alternativement chacun leur tour pour *eroi- tre que: lorfque que le corps ne croit pas; la tête croitty &, que lorfque le corps croit, la tête ne croit pas. P. L, (1) Comme Ja tête d'une Feigne blanche fociable, pointée de noir, qui vit fur les feuilles. (#2) Les V'ermiouli intercutes ; où Vers qui nichent entre les deux membranes des feuilles , ont latêre-platte, afin qu’ils ne déchirent point ces membranes (13) Par exemple, celle des fauterelles & des Grillons fauvages. (14) Comme celle de quelques efpèces de Scarabées a- quatiques &7 terreftres (15) Par exemple, latête des Punaifes des arbres , & d'un certain Ver blanc terrefre, ot) (16) Vid. Lifier. 2. 44. De Aranco nigricante capit guadrato. dd - (17) Les guêpes à corps long l'ont: raboteufe,afin qu re les Sogfent moins du frottement quand elles “entrent dans les creux qu’elles font en terre. pan (18): Par exemple, les Phalènes, © D ei 5p . (9) Cela fe: remarque dans plufieurs vers. 4 Lab On «de la peine à la découvrir chez les autres DEMI LNSEC TES. F9 cachentfous leur,dos (20), comme les T'ortués fous leur écaille, & l’enveloppent tellement ; qu'à, peine peut-on la voir. Quoique le plus grandnombre la portent droite ; :il yen à ce- pendant-qui Pont un peu inclinée (21). En- fin, il y en à qui ont au front une marque triangulaire (22). | @ ui eat: Læ s; dmfeétes, qui ont des aîles & des piés-(*)!,: portent des antennes (23) au. front S 4 ‘ A audeflus des yeux; chés quelques-uns même, elles-fortent dé leur trompe (24). L’on re- marque diverfes articulations dans ces anten- nes (2f); afin que les Infeétes puiflent les in- . | cie 11. en. a même plufieurs efpéces qui peuvententièrement faire entrer leur tête dans le corps, enforte qu'il n’en pa- roiffé abfolument rien: tels font bien des fortes de vers qui changent en Mouches, tels font encore les Limaces &. les Limaçons. . Ce genre d'Infectes a cela de fingulier que leur tête n’a point de forme fixe, en quoi ils difie- rent de prefque tous les autres Animaux. P. EL. ” (0) It y a plufeurs chenilles & Scarabez qui cachent levr tête fous l’écaille, qu’ils portent fur le dos. (21) On 2 fait cette remarque dans les Phalènes & dans quelques fortes de Scarabez, entr'autres dans celui qui porte le nom. en Allemand de Scarabée du mufe. (22) On a fait cette obferyation dahs plufeurs efpèces de Chenilles. . (*) Qui ont des ailes @ des piés. Les Infeétes aïlez Connus Ont tous des jambes fans exceptioh, P. L. (23) Ariftot. L. IV. H 4. C. VI 44 bac anten- monnullis. ante oculos pretenduntur , ut Papilioni € FeRQ ulloni. - . (24) Tous lés Scarabez à trompe portent leurs aïtetines À Ja troifième articulation de léur trompe. | (25) La plupart des Deflinateurs ne prennent pas 4fez garde à exprimer au jufte le nombre des articulations de Chaque antenne; c’eft pourtant. par ce nombre autant que pe la forme des antennes qu’on réuifit à diftinguer quan- ité d’Infettes, B 2 Deleurs antermes. 10 THEOLOGItE cliner plus facilement. 11 y en a plus ou moins felon les befoins de l’Infcéte qui en eft pourvû. Il eft rare de voir des Chenilles, qui aient des antennes; cependant l’on en remar- que à la chenille brune fociable , & qu’on pomme coureufe: elles ont trois articulations, Celles du Scarabée du Mufc en ont quatre, celles du poux des Paons blancs, cing; celles des pucerons de choux, fix ; celles des Ichneu- mons, qui naiflent de la chenille à 72 plis (*), fepr; & celles des Efcarbots de couleur de pourpre doré, huit. Il y a des Infeétes qui ont à leurs antennes encore un beaucoup plus grand nombre d’articulations. Tels font tou- tes les efpèces de Scarabécs de Bois à qui l’on en compte dix ; onze aux Perce-oreilles ; qua- torze (*) Des Ichneumions qui naifflent de la chenille à 72 plis. On ne peut guère bien défigner les Ichneumons par les chenilles dont ils fortent, parce que le même Ichneu- mon pond fouvent fes œufs dans différentes fortes de chenilles, & qu'une même efpèce de chenille nourrit fouvent diverfes fortes d'Ichneumons. D'ailleurs l'Infecte dont l'Auteur parle ici, ne me paroit pas être une chenille, les chenilles n’ont que douze anneaux, qui font rarement fubdivifés en plis ,& ceux qui le font, n'en ont que peu. Il y a plus. d'apparence que cet Animal dont il parle eft une fauffe chenille, c'eft à dire un Animal qui en gros a du rapport avec les chenilles, mais qui a plus de 16 jam- bes, & qui change naturellement en Mouche à quatre ai-. les: parmi celles-là ,il y en a bon nombre dont le corps, quoi qu'auf.divifé en douze anneaux, eft fi pliffé par deflus, qu’on pourroit bien peut-être leur comter jufqu'à 72 plis dans toute la longueur du dos. En ce cas ,la mou- che en queftion pourroit bien n'être pas un Ichneumon; mais la mouche naturelle d’une faufle chenille, & alors ele feroit bien défignée. Il n'eft pas fort für que ce que les Allemands apellent Scb/upff- Wefpen fignifie toujours des Ichneumons comme on l'a traduit. P. Z. DES ÎINSEcTESs. ZT torze aux petits Moucherons gris, qui ont les aîles pendantes ; & feize à l’Ichneumon qui nait des Chenilles vertes du nombre de celles qui.entortillent les feuilles, L’on trouve ute efpèce de ver aquatique, qui reflemble aflés à uñe Ecrevifle, dont les antennes ont. jufqu’à vingt deux articulations ; celles du Papillon ee, qu’une chenille de l’Aulne produit, font au nombre de quarante; celles d’un au- tre, qui s’engendre de la Chenille fociable des arbres’ fruitiers , montent jufqu’à cinquan- te; & celles d’un troifième, qui tire fon ori- gine, d’une chenille noirâtre qui vit fur les faules, vont jufqu’au nombre de foixante. Enfin, ce qui paroîtra furprenant, c'eit que les articulatiens des Grillons de Campagne montent à quatre vingt; & celles de queiques fauterelles s'étendent jufques à cent. | C£s.articulations ne font pas d’une égale grofleur dans toutes les antennes :.les uns Îles ont plus longues que d’autres. 11 y en a dont les articulations font formées de petites bou- les rangées les unes fur les autres, comme les grains d’un chapelet : quelques-fois elles fe trouvent un peu plus éloignées (26). Ces gtains font ras chés les uns, & chargés de poils chés lesautres (27); mais en général, ils font (26) Voyez. Bonan. Muf. Kircher, C. XI. f. 339. € 368. n. 10. . (27) Comme on le voit par ex: au petit moucheron nn que decrit Frifcb, P. XI, n. 5. p. 7. conf. Bonann. 1 ©. f, 372. n. 26. De culicibus Swammerd, p_ 100. ifa : Dividuntur Antenne fane quam mitide im duodecim nigri- éantes globulos , qui circum circa lanugine quadam mire ordine vefliuntur , ita ut ejus pilè binc inde fe per crucem nterfecare videantur. B 3 . 22 THEoLOoGIE font fi petits qu’on a peine à les appercevoit fans une loupe. Les articulations dés ‘anten- nes de quelques Infeétes font boutonnées (38); d’autres ont la figure de cœurs (29), placez les uns fur les autres; enfin l’on ‘en voitqui Qui les ont dentelées comme unefcie. L'EexrREmITE des Antennes’ (*): de quelques Infeétes eft plus grofle que de refte: elle forme une efpèce de mafluë , & #eéfflem- ble aflés à la baguette d’un Tambour!( 30). Cette même extrémité chés d’autres ef four: chuc,&t fe partage en plufeurs branches (3r). Le refte du corps des antennes eft quelques: fois toutuni; mais dansd’autres Infeétes dm y apperçoit de petites barbes, qui leur/font 0 | \ | don: 2 44 (28) On envoit de pareilles aux Scarabeesnommezren Latin, Scarabei Tauri. Scarabées Tauraux. ei" (29) Par ex. celles dés petits Sçarabées de bois à. cou- leur de cire rouge à cachetter. | ROUTE (*) L'Extemité des antennes: La figure des antennes des Infectes eft trop variée pour en pouvoir faire. ici Je dé tail. Les feuls Papillons en ont fourni à M, de Reau- mur fix clafles générales, qui toutes peuvent recevoit dif- férentes fubdivifons. Voyez Mem: pour ferv: à l'Hifk des Inf: T. I. p. 1. Mem. 5...P..1, noYUS (30) Télles font les antennes de plufeurs fortes de pa- pillohs diurnes. , . (31) Swatmmerdam p 76. parlant d'un puceron aqua: tique dit: Sed mibil mogis in boc Infetlo notatu dignum . quarn bracchia ejus divaricata, eorumque in a molus. Bracchia bæc ex bumeris enoûi primum trunco F5 binc in binos ramos divaricantur | quorum gtéfqüe tria ba- het internodia. Ad primum fecundumque internodia trun- co proxima ad latus obfervari poiell atrinque ramulus ‘infiar éapilli tenuiffimus , © in extimo internodio videas difcapedi- marè tres rammulos, qui iterm 1n fuos articules diviAt pol widentur. C'eft ce qui a fait nommer À quelques auteurs ce Puceron Pwlex arborefcens , Puceron'branchu, Conferez, Sonan, à Cf. 146 GG 375. 0. 46. CPR DES'INSEcTE(4. 23 donner le nom d’Antennes à plûme. Ces der- . nières font de deux fortes : Les unes n’ont des -Barbes que du côté extérieur ; & ‘les autres en ont.des deux côtés, comme les plumes des Oifeaux. C’éft aml qu’elles paroïffent quand on les regarde à la vüe fimple; mais fi l’on employe une forte loupe ; lon remarque à plufieurs que châque filet ; chaque poil de cette Barbe eft lui même une plume particu- lière ; qui a fa vige & fa barbe comme celles des Otleaux. | dk Læs Antennes ont pour baze de petits: tu bercules ,: fur lesquels les Infectes peavent les fléchir de côté :& d’autré. Lori ne remar: pas que tous les portent de la même ma- nière « celles des uns font droites; celles des autres ont la formé d’une feuille ,; & reflem- blent à des cornes de bœufs (12) 3° & celles d'üntroifième fe récourbent enarrière, commé les cornes d’un Daim (33). Les uns. les éten- dent cout droit (34) ; & les autres de côté (35) felon que leur manière de vivre l’éxige. Les Antennes ont été données aux Infeétes dans diflérentes vües & pour différens ufages. 11 fémble que le principal but du Créateur ait . été . (32) Celles des Scarabci Tauri ont cètte forme. Elles leur fervent x fefufpendre.la. nuitaux branches d'arbres, comme s'y fufpendent les Manuques par le moyen de deux longues plumes fortes & crochues. jee -(33) On en voit un exemple au Papillon Teïgne dont parle Frifob PV, m 249 48 (34) Le Scarabee Portecroix , qui nait d'un Infecte qui vit for la plante d’afperges, en a de pareilles, (35). C'eft le port des antennes du beau Papillon-verd &. couleur. de rofe qui vient d’une chenille qui fe nourrit de feuilles de vignes . Pa B 4 . 24 THwoLzocie été de les leur donner en place de main. En effet, elles leur fervent à toucher (36) les ob: . jets, afin de pouvoir juger s’ils leur feront u- tiles où pernicieux. Quand il eft tombé de la pouflère fur-les yeux des Infeétes, il y en a qui employent leurs Antennes (*) pour les netoyer (37). Il eft d’autant plus néceflaire qu’ils aient un moïen d’ôter cette poufhère, que, deftitués de fourcils, ils font fouvent ex- pofés à de pareils accidens. Dans ce cas, leurs antennes font pour eux précifément ce que font les doigts pour les hommes en pareille circonftance. Elles leur fervent encore de nez (FT), & les mettent en état de flairer les | odeurs (46) Comme les yeux des Infeétes font immobiles, & qu'ils n'en voyent pas bien de près, la Nature leur a don- be pour fuppléer à ce defaut des antennes fort agiles, qu leur fervent à examiner ce qui les environne , & 4 em- pêcher qu'ils ne fe heurtent. (*) I y en a qui employent leurs antennes; &c, Les Antennes de la plupart des Infeétes ne font pas affez fléxi- bles pour qu'ils puiffent Commodément s'en efluier les yeux; ils y employent plus ordinaitement leurs jambes. Mais plufeurs , quand ils prennent leur repos , s'en couvrent en partie les yeux, & alors elles leur tiennent en quelque forte lieu de paupières qu'ils n’ont point. P. EL. (37) Lorfqu'on repand de la pouflière fur les yeux de quelques Infectes, on voit qu'ils font fort promits à fe les netoyer de leufs antennes. : (+) Elles leur fervent encore de mez. C'eft ce qui n'eft pas fort certain, & qui demande pour être établi des ex- périences plus décifives que celle que l'Auteur allègue dans la notte fuivante. Cat fuppofe que fon expérience ne manque pas de réuflir, on pourra toujours dire que fi la Mouche dont on 4 mouilléles yeux de Therebentine, nélaïffe pas de trouver la pourtiture , c'eft que la Therebentine, qui et une liqueur tranfparente, ne l'empêche point de l'ap- percevoir ; & fi elle ne fe met pas fur cette pourriture lorfqu'on lui a enduit la trompe de la même liqueur , qu'eft- ce _ DES ÎNsEcTEs. i$ odéurs de près ou de loin (38). Les mâles les employent auffi à carefler les femelles (39): fur le point de s’accaupler , ils les en frappent doucement & les chatouillent. C’eit une ef- pèce de mefure pour d’autres, dont ils fon- dent les dimenfions des trous où ils fe reti- rent. Enfin, on peut fe rappeller que nous avons remarqué ci-deflus (40), que les An- tennes étoient une des marques auxquelles on peut diftinguer les mâles des femelles. LA ftruéture admirable de l’œil des Hom- Dezeurs mes. & des Bêres démontre d’une manière in- conteftable la puiffance & la fageffe de l’Ou- vrier : la preuve qu’on tireroit, pour établir l'une & l’autre de ces perfeétions, dela ftruc- ture de l’œil des Infeétes, auroit-elle moins de force (41)? Il eft vrai que ceux d’entre ces Créatures qui n’en ont pas befoin , font def- ce qué cela prouve en faveur de fes antennes) Ajoutez qu'il n'eft pas aifé de conçevoir, comment l'odeur très forte & penetrante de la Therebentine , qui dans cette ex- perience doit prefque environner & couvrir toute la tête äe la Mouche, peut lui permettre de fentir & de difcer- ner l'odeur d'une pourriture qui fera à quelque diftance de là. P. L. (38) Quoiqu'on couvre les yeux des groffes mouches bleués de Thérebentine ; celane les empêche pas de fen- tir de loin; & de trouver la charogne ; mais elles ne fau- roient la trouver, fi on leurenduit auffi la trompe de ia même liqueur. (39) C'eft ce que Derbam à obfervé dans une fauffe- Guêpe. Voyez Theol. Phyfig. Liv. IV, c. 16. nof. 12. 40) Voyez ci-deflus chap. 8. - (41) Jan Baptifte Hodierna a fait un examen très cu- rieux des yeux de bon nombre d’Infeétes dans fon traité Italien, L'Occhio della Mofca , 0 difcorfo fifico intorno alla notomia del occhi di tutti gli Animali annuloft detti fafet- & recentemente [coverta. Panormi 1644. B $ . « 26 THEoLOGIE- deftitués de l’Organe de la vûe ; mais la plà- part ont la faculté de voir. Leurs yeux font de forme très différente : les uns ont le luf- tre, & prefque toute la rondeur des perles (42), les autres font hemifpheriques (43), & d’au- tres tiennent de la fpheroide (44). Ils n’ont pas tous la même couleur, L’on voit plu- fieurs Papillons qui les ont blancs comme la neige; ceux des Araïgnées-font tout à fait noirs; ceux des Pucerons de noifettiers font couteur d’ambre’ jaune , l'éclat de ceux des Mouches puantes (*) eft femblable à celui de Por, ce qui leur a fait donner le nom de Mouches aux yeux d'or; ceux des Saurerelles vertes ont la couleur d’uñe émeraude; ceux des Pucerens de tilleul font comme du . | La nil (42) Roger Baco Perfpe&iv Difin& IV. C. 4. dit en général de la figure fpherique des yeux: Nam ft oculus effet plane figure, fpecies ei, mâjoris oculo , non pollet oa- dere perpendiculariter fuper eum Curnergo ocuius videt magna corpra, ut fere quartaïn cœli partem uno afpectu , manifeftun eft, quod non poteft effe plane figuræ, nec aki- cujus nifi fphærice, quomiam fuper frbæram parvam poîlunt cadere pcrpendiculares infinitæ, Que a corpore magño ve- niunt, € tendunt in centrum fpbæræ, € fic magñum cor- pus poteft ab oculo garvo viders. | C'eft de là que la petite efpècs dé Demoifelles aquati- ques à tiré fon nom £atin de Per/a. ” . (43) Comme font ceux des Grillohs fauvages. | (44) Certains poux de Paon ont des yeux paréils,, äls font oblongs & pofez obliquemetit à côté des anténnès, où ils forment -comiMme deux tracés blanches. Frÿcb P. XIT: M. 10. ?. 16 (*) Mouches- puantes. Je me fai dé quelle forte de Mouche l'Auteur véut ici parler; maïs il ya des efpèces: de petites Demoifelles qui naïffent de Pucélont fiôns ; déni les yeux font plus qu'hemifphériques , & ont 4 cConteurë& tout l'éclat de l'or le plus pur, P, L, n DES INSECTES, 25 millon ; ily'en à une autre efpèce qui les “ont d’un rouge brun de jafpe; enfin, l’on en voit dont les ÿeux ont autant de feu & dé. . clat qu'un Diatnant éxpofé aux rayons du fo- leil() La pläpart perdent peu à peu après fa mort le brillant de ces couleurs ; elles en viennent fnême du point de fe ternir totale. ment (45) (T).. . j'a AT Les yeux des Infectes font ordinairement placés au front, fous les Antennes. * Cette ré- gle n’eft cependant pas tout à fait générale, rvo Las A 4-0 puif- $ (x) d'un diariant expolé aux rayons du foleil. Je 4 Dé encore obfervé d’Infectes dont les yeux foient en plein jour f brillants ; mais j'en connois dont les yeux font lanuit beaucoup plus éteincéllans que ceux des Chats. BP. L.. L'MnO0D DU | ‘ £ (45) C'eft ce qu’il eft bon de favoir, afin qu'on ne fe figure pas quevies yeux des Infectes vivans, foient fem- blables aux, yeux ternis des Infectes morts que l’on trou: ve dans lesicabinets, : (+) Defe ternir totalement. Il n'en faut pas être fur: pris, la cornée des yeux des Infeétes eft écailleufe & tranfpairente comine le verre ; ce he font due les humeurs colorées qui fe wouvent fous cétte corne, qui la font paroitre avec: les couleurs qu'on lui voit. Ces humeurs xenant après la mort de l’Infecte à fe cotrompre, & à fe- fécher , changent de couleur ,& donnent à tout l'œil la couleur terhié qu'elles ont prife. Que des Infeétes de: différentes efpèces aieñt des yeux différemment colorez , il n’y a rien là dotit on-doive &- tré furpris ; mais que le même Infedté ait des yeux dè différentes couleurs, c’eft ce qu'on ne fe feroit peut - être pas attendu de trouver.” Un Éphemêre pouftänt nous en fournit l'exemple; il a quatre veux à rézeaü , au lieu quéles Infetes n’en ontordinairement pe plus aûe deux, & de Ces yeux: à rezeau |; deux font brühs, &-les deux autres font couleur de citron; c'eft ce que nous apreñd Mr. desReaumur dans fes Mem: pour fervir à l'Hift: des Jaf: T4. Part. 1. Mem, 6, p. M. 309. P. L: 28 THsoLoëere. puifqu’il y en a qui les ont derrière ces mé- mes antennes (46). Chés les uns ils avancent un peu hors de la tête; c’eft ainfi que les ont les Grillons Silveftres : chés les autres ils for- tent tellement de la tête qu’on, diroit qu'ils n’y tiennent que par une articulations c’eft ce qu’on remarque dans les petites demoifelles a- uatiques. | EL LE nombre des yeux n’eft pas égal chés tous les Infeétes: la plüpart en ont deux ; mais il y en a auffi qui en ont cinq, comme l'Abbé Catalan l’a obfervé dañs les Mou- ches (47). Les Araignées ont ordinairement huit yeux (*) , qui ne font pas rangés chés tou- (46) Frifch. P. XII. n. 27. p. 34: a obfervé ceci dans un Scarabé de bois d'un brun doré & de moyenne grandeur. | (47) L'Abbé Catalan dans fes obfervations , fur lesyeux des Mouches a remarqué, qu’outre les deux grands yeux à refaux qu'elles ont aux côtez de la tête, & qui ont la couleur rouge de maroquin, elles en ont encore trois au- tres fur le deffus du front. Pour éprouver fi les mouches voyoient également de ces deux fortes de yeux, il cou- vrit les yeux à refeaux d'une mouche avec de la poix fluide , laiffant fes trois autres yeux ouverts : puis il la mit fous un verre, où elle courrut çà & là fans heurter à quoique ce foit; & ayant leve le verre , elle vola vers les fenêtres. Il prit une autre mouche , & lui couvrit de poix les trois yeux du front, laiffant fes yeux à refeaux ouverts , & il trouva que celle-ci voyoit pareillement, Ayant enfin pris une troifième mouche, il lui couvrit les yeux à rezeaux & les trois yeux du front; mais pour cel- le-ci, il ne parut pas qu’elle voyoit, elle marcha fort len- tement fous le verre, & lorfque le verre fut levé, elle alla comme à tâton & en aveugle fans ôfer s'envoler. Voyez. At: erud. de l'An. 1682. du mois de May. p. 362. (*) Les Araignées ont ordinairement buit yeux. Les Tarentules cette dangcreufe forte d'Araignées en ee ui ÿ, DES ÎINsSECcTEs. 29 toutes les efpèces dans le même ordre (48)- Il en faut cependant excepter quelques Arai- gnées à longues jambes, dont les antennes reflemblent aux pattes d’Ecrevifle, qui n’ont ue deux yeux. Il y a quelques Infeétes, dit les yeux reffemblent à deux demi glo- bes, élévés fur les deux côtés de la tête, & l’on apperçoit dans ces yeux une infinité de petits Héxagones (*) , de la figure des Alvéo- les des Abeilles. Dans chacun de ces Héxa- gones, il y a des cercles en forme de lentil- les huit; mais differens du commun des Araignées, en ce que fuivant M. Homberg Mém: de l'Acad: R: des Scien: 1707. p. M. 438. Ils ne font pas noirs; mais d’un blanc tirant un peu fur le jeaune doré, & qu'ils font étincel- lants pendant la nuit. Et ce qui feroit une fingularité bien plus remarquable, c'eft que cet Académicien affirme que leur cornée eft humide & tendre & fe flectrit après leur mort, ce dont on n’a point encore trouvé d'exemple que je fache parmi les Infectes qui ont des jambes ,la cornée de ceux-ci étant toujours écailleufe & féche. P. I. (48) Homberg dans les Mem: de l' Acad. Roy des Sc. de 1709. p. 399 remarque que l’Araignée des jardins, de même que l’Araignée noire des caves , n'ont chacune que fix yeux, Les Araignées domeftiques ont les 8 yeux placez au front, & rangez en ovale. L’Araignée des jardins a de ands yeux, dont quatre font placez fur le milieu du Font & deux plus petits à chaque côté; l’Araïgnée nom- mée la vagabonde ou le Loup en Allemand , à deux yeux au milieu du front , deux à l’extrêmité du front, deux der- rière la tête , & deux très petits entre le milieu du front & le derrière de la tête. (*) Une infinité de petits bexagomes, Ces yeux s’apei- Jent ordinairement des yeux à rezeau; j'en ai toujours trouvé à toutes les fortes d’Infectes ailez que j'ai exami- né, & je n’en ai trouvé que rarement aux Infeétes qui n'avoient pas encore fubi leur dernière transformation. L . 39. THE.0 Long nombre par là devient prefque inombra., ble (49). Par ce moien, ces fent non-feulement des avantages de la vûe; mais il y a apparence qu’ils l’ont plus claire &. plus forte que les autes animaux’ Cela étoit fans doute nécefaire à caufe de la rapidité de, leur vol, &. de Ja néceflité où ils font de: chercher leur nourriture de côté & :d’autre en volant. PTT Les yeux des Infeétes ne font ni environ, les, qui font Lout NE Re , dent le. nf nés d'Os, ni garnis de fourcils, pour les ga- rantir des accidens extérieurs. Mais en é- change la Tunique extérieure, qu’on nomme Cor- (49) Leeuwenh, in Epift. Phyfol. XXXV. p. 342. parlant des yeux de la Demoifelle dit Uz autem ingen- tem oculorum. illorum multitudinem. rudiori déformationé Proponerem ; latitudinem tunicæ corneæ , in quatuor diffri bus partes: € in quarta ifliufinodi parte, facile oculos 25. eofque fur fun fpettantes, contèneri judicabam Et autem oculo- run furfum fpetantium ,prae oculis deorfum & recta. fpectan- tibus , infignis magnitudo. Retro vero &’partim etiam [ur- fu fpectantiun non pauciorem numerum ef]e.cenfebam quar tricenarium € binum. Ita ut oculi, lañitudinem tunicæ occupantes, € promifcue. fumiti, certo non. effènt pauciores; quam 121, Ouamvis tunicam corneam duplo longiorem quam latiorem. effe confiet , numerus tamen Jatis grandis excrefcer, ft quadratam elfe ponamus ; © caltulum bac ra: tione fubducarus. In. uno tunicæ latere oculi continentu 112. afque adeo quadratum. ejufdem tunicæ 12544. © lon- ge amplius, oculis ef armatum, Et cum. totidem oçuli al- ter & itidemm tunicà contineantur ; fequitur Mbrdellan oculis 25088 infiruclan ee. Qui numerus expettationem, meam longe ex[uperat : nain de Mufcarum oculis différens, fi lis illarwm , tunicis oculas inefle quater. nulle; aïque fngulas mufcas, o6lo oculorum millibus præditas elfe flatue- bam. Conferez Bonan. Muf. Kircher. Cr. XL, f. 343, & 374. n. 36, & 37. de fectes jouif- DESTINsSEcTESs. 3t Cornée , eft aflés dure pour mettre leurs yeux hors des dangers qu’ils auroient à craindre fans: céla (52). Je foupçonne que la figure demi-fphérique de cette cornée leur tient liew duvcriftallin & des autres humeurs ; & je crois ; qu’à la place des différentes tuniques des yeux , châque Héxagone. a reçu une bran- che particulière du nerf optique, pour remé- dier à ce qui leur manque de ce coté là. : Les yeux des autres animaux font mobiles, & peu- vent fe tourner felon qu’il en eft befoin; mais ceux des Infeétes font pour la plûparte fixes & fans mouvement. | IL y a un grand art & bien -des chofes re- marquables dans la ftruéture de la bouche des De leur bouche. Infeétes. L'on remarque prefque autant de : diverfité dans-la figure de châcune, qu'il y a de différentes efpèces d’Infcétes. L’on en voit de larges (sr), de pointues (s2), de longues qui-reffemblent au groin d’un gochon ($3): nie Yo ‘Elle (5ok Ariftot. L, IL, de Partib. Anim, ©, 13. Quæ e- mie crufià integuntur ufu careant palpebræ neceljé eff, . Cum mifi celeris cuis officio preftari poffit, Sed tamen dice ejus tutele, duritie oculorum bec omnia muniun- tur, quafi per palpebram obdutam quandam tran/flucidam né (51) Certain petit ver fangfue qui s'attache aux poiffons & une bouche qui reffemble pour la forme à l’embouchu- re d’une trompette, : Erafch,-P, WI. n.21..9.-26. (52): Les Guêpes, à long corps.ont au. lieu de bouche, une trompe compofée de deux piéces qui fervent d’étui à. l'éguillon qu'elles employent pour fuccer. (53) C'eft ainfi que font faites les bouches de ces vers, marains que Rondelet a nommez. à caufe de cel puxsogoyyolspos puumeoswy7co7secs :: & dont parle Æérovan- de L. VIL C. 14. f. 734. De cet ordre font encore les Scarabées à trompe , Scarabeë probafcidarits » 32 THEoLocis* Elle n’eft pas la même chés tous ceux decet- te dernière efpèce ; car ce groin eft plus’ou moins long, ‘plus ou moins large dans la par- tie inférieure &tc. 10 -R4 : Quaxrire’ d’Infeétes ont la bouche revé- tue de lèvres: ils en ont non feulement à la partie fupérieure & inférieure; maïs encore de côté (54) : grand nombre ont des barbillons aux côtez de la bouche , dont ils tâtonnent (*) leur aliment, & dont ils fe fervent pour l’in- troduire : ils s’en fervent aufi pour la né: toyer. Ces barbiilons ont plufieurs articulations: les uns en ont deux, d’autres trois y quatre, cinq, & même davantage. Il y a dés Infeétes qui n’ont que deux de ces inftrumens nourriciers & d’autres en ont quatre. Le bout en eft af- fez fouvent rond & a la figure d’une petite maflue. Elle eft Canelée dans les Scarabées noirs, qui s’engendrent des vers du lard ; & oblongue dans ceux qui font d’un verd doré, L’on trouve aufli dans la bouche des In- feétes des efpèces de faucilles ou de tenailles qui leur tiennent lieu de dents (fÿ). Ils s’en fervent pour broyer leurs alimens , où pour ronger d’autres chofes. Quelque fins & dé- licais que foient ces membres, ils ne laiflent pas (54) Par ex: les Demoifelles aquatiques. ” :°(#) Dont ils têtonnent. J'ai déja marque dans le cha- pitre précédent les raifons qui me font croire que ces barbiljons pourroient bien être les organes de l'oderat des Infectes. P. L, : AR * (55) De là vient que dans lÆpocabpfe Ch: 9. ”. 8: il eft dit des Sauterelles qu'elles avoient des dents de Lion, Les dents des Infectes ne reflemblent guerre au reite pour la forme à celles des autres animaux, DESLÎINSECTES. 33 pas d’être durs & forts. Ils font fi tranchans que quelques-uns peuveñt percer Les planches les plus épaifles, & fe faire des trous dans le bois pour s’y retirer: c’eft ce que fait, par exemple, cette efpèce de Scarabée noir, qui ait des vers jaunes de la farinc. Ceux qui ne vivent que de chofes molles n’ont pas be- foin d’avoir les dens; ni fi dures ni fi aigues: auffi remarque-t-on qu'elles font fort émouf- fées dans le Scarabée Rhinocerôt, qui fe nour- rit de la pourriture du bois. Ces tenailles font fi unies chés quelques Infeétes qu’on di- roit qu’elles ont été polies à deffein: elles reffemblent affés aux ergots des Coqgs; com- me on peut le remarquer dans le ver qui pro- duit la mouche que les Allemands nomment mouche puante, toutes ne font pas telles. L’on en trouve qui ont de petites dents ; à la partie intérieure de châcune des pièces, qui forment la tenaille , & oppofées les unes aux autres. Elles ne font pas larges comme celles des hommes ; mais pointues & courbées à peu près comme Ja crenelure d’une -fcie (32). Leur nonibre n’eft pas égal: les Scarabées d’un verd doré en ont deux; les grands mil- lepiés, qu’on trouve dans les chambres, trois; & les Demoifelles aquatiques, fix. Les te- nailles de quelques infeétes ont pour baze deux mañluës particulières ($7), le long des quelles il . (56) Bochart nous apréhd que c’eft à taufe de celaque les Arabes apellent ce qui a été mordu par les Sauterel- le , denté en forme de Scie. Hieroz. P. pofler. L. IF. (57) Frifch P. XII. p. 23. Tome IL. e e | 34. THEOLOGIE "4 il y a une entaillure fur laquelle elles fe re- plient comme fait la lame d’une jambette. : Quand l’Infeéte veut faifir quelque chofe, & que pour cela il réünit les deux pièces de fa tenaille; elles ne fe touchent, chés les uns, que par les deux extremités; & chés les aü- tres , qui les ont plus longues, elles fe couchent l’une fur l’autre. 4 Ces tenailles leur font d’une grande utili- té: elles leur tiennent non-feulement lieu de dens, pour broyer la nourriture qu'ils pren- nent (ÿ8); mais ils s’en fervent encore pour rogner plufieurs chofes felon leurs befoins. C'’eft avec cela qu’ils faififlent leur proye (*) & l’empêchent de s'échapper (f9). ÆEllesleur fervent encore d'armes, pour fe defendre ou pouf attaquer leurs ennemis (69). Ceux qui font des trous en terre les employent pour écar- . (58) Quibus autos non in ore aculeus, bæc dentes ba- bent; cibi fcilicet aut conficiendi aut capiendi admovendique ! gratia Ariftot. L. IV. H. A. C. 6. (*) Qu'ils faififfent leur proye. Parmi les différens u- fages de ces tenaillés, celui de fervir de bouche aux In- fectes qui n’en ont point ,eft des plus finguliers : on peut voir ce que j'en ai dit au Chap. 11. du Livre précé- dent (Me les paroles ceux qui fuccent ont reçu une pomr | e.-P. de: -à & (59) La fquilla aquatica recurva matima eft extrèmement vorace : pour répondre à fesinclisations, la nature a armé fa bouche de tenailles longues & aigues, par le moyen def- quelles cet Infecte attrape aifément dans l'eau fa proye. Quand il s’en eft une fois faif, il la ferre fi bien qu'il ne lache point prife quand bien même on le tire‘hors de l'eau, & qu’on le jette d’une main à l’autre: . (60) C'eft avec fes tenailles que la Tarentule’ bleffe. Mais en même tems elle répand un fuc venimeux-, dans la blefiure, | DES INSECTES. 7 ÉCarter ce qui fe trouve fur leur pafa- ge (61). | ; 12° y a quelques efpèces d’Infeêtes de proye De leur (car On peut bien leur donner ce nom) Tro. qui, outre ces tenailles, ont encore à la bouche des efpèces de griffes (*) (62), dont ‘ ils ferrent leur prife, comme les Oifeaux de so font avec leurs pattes. D’autres ont aufll des machoires , qu’ils peuvent tant foit peu mouvoir en avant & en arrière fous les te- nailles. | JE ne dois pas pafler fous filence la T'rom- pe (63), le Syphon, ou , comme d’autres l’appellent , la langue des Infeétes (64). Quel- ques (6x) Les faucilles d'une petite forte de fauffes Guêpes font très fortes ; & recoubées de manière à pouvoir facilement par leur moyen détacher des morceaux de Terre pour fe Préparer un trou. (*) Ont encore à la bouche des efpèces de griffes Voyez la remarque fur les paroles : Elles fe trouvent -à la bou- che, du Chap 5 du livre précédent, la defcription d’un mafque fingulier que quelques efpèces d'Infectes ont de- vant la bouche, & dont ils fe fervent auf comme de griffes pour faifir leur proye P. L. (61) Frifch a donné la figure des grifles des Demoifel- les Aquatiques. P. VIII. mn. 8. Tab. VIII. n. 3. Elles font faites d’une manière très curieufe. Leur ufage uni- que eft de tenir la proye. Elles fontau nombre de fix à chaque côté de la tête. La fupérieure & l’inférieure font ifolées; & les autres font placées entr'elles, deux à deux, vis-à-vis les unes des autres. : . (63) Cette partie s’apelle trompe , par allufion à celle des Elephans Ariftot. H A. L. IV..C. VI. Nam ut Elephan- is pars delegata odoribus cominoda , etiam tum ad pugnan- dem, tum ad cibi ufum babetur ; fic Infeétorum quibusdam Jingua pluribus officiis fungitur, quippe que & cibum fen- fiat, fufcipiat ,admoveatque , © defendat contra aliorum in- jurias. (64) Ariftot. L, IV. H A. C. VIL p. o11r. Ommia enin , quibus non in alvo aculeus eft, linguarn ejufinodi ve- z lui . 36 THEeoLoGcie ques-uns ; comme les grillons Silveftres:,; la portent entre leurs tenailles. Il y en-a qui peuvent la fetrécir & l’étendre felon leur. vo- lonté (6). Les papillons la roulent (*) fort adroitement entre les deux tiges ou lames bar buës qui fervent à la cacher &t à la garan- tir (66) ; & d’autres la couchent fous leur ventre, qui, pour cetcfet, a une;petite ca- : nelure | où elle eft en fürete (67). Cette Trompe n’eft pas toujours d’égale longueur: les uns l’ont fort courte; & dans les autres, elle eft plus longue que tout le corps (68 ). Quand luti arma gerunt : Nec dentes babent quibus junctum id eft, exceptis quibufdan paucis: Nam Eÿ Mujcæ eo ipfo-per- tingentes , cruorem movent © culices eodem acrius pun- gunt. | (65) La trompe des Mouches communes peut s'étendre & fe retrécir. Elle reffemble beaucoup à celle d’un Ele-: phant, à l'exception qu'elle s’elargit plus vers fon extrê- mité que dans fon milieu, qu'elle a une.efpèce d'Ourlet tout autour & qu’elle eft garnie de poils. © (*) Les Papillons la roulent oyez une defcription curicufe & détaillée des Trompes de Papillons dans Mr. de Réaumur Tom 1. Part. 1. Mém. £. & des Trompes de Coufins ibid. Tom. 4. part. 2. Mém. 13. p. m. 382. & feq. P. L. D Ta (66) Bonanni en a fait graver deux in Mufzo Kirche- iano f. 372. n. 27-20. [1 a obfervé qu'elles fe fendent aux extrémités , & qu'aux deux côtés extérieurs, elles ont de petits tubercules ou mammelons , qui leur fervent apparemment «pour receuillir la rofee. ee © (67) Les punaifes des Arbres font dans ce cas. Elles ont une fente dans laquelle elles couchent leur Trompe. (68) La Trompe des Papillons a quelque chofe de merveilleux; & Ron peut dire que ce petit tuyau femble être un chef d'œuvre du Créateur, Quand élle eft éten- duëé fa longueuf excede celle de l’Animal même; & 1l la roule & la déroule cependant avec une vitefle ineroya- bie, La nature lui a peut-être donné une trompe fi lon- pue, DES INSECTES. 37 Quand on la regarde au travers d’une, loupe; l'on s’apperçoit qu’elle eft très .artiftement travaillée, & d’une manière proportionnée à leur genre de vie: toutes les parties en font difpofées avec tant d’art qu’il n’y a rien de trop ni. de trop peu. Dans quelques Infectes, elle eft renfermée dans une efpèce de four- reau, dont le bout pointu leur fert à percer les chofes , qui contiennent leur nourriture (69). Quand ils l'ont fait, ils ouvrent ce fourreau, & appliquent la Trompe dans l’ouverture, afin de tirer le fuc qui y eft (70). Elle leur fert donc, comme on le voit, de fyphon pour attirer les Liqueurs dont ils font leur aliment. Eroutre cela , elle leur fert à piquer & à bleffer, comme on pourroit le faire avec une lancette (71). Bien que cette trompefoit fi petite qu’on à ne gue, pour pouvoir pénétrer facilement jufqu’au fond du Calicé des fleurs, & en tirer le fuc. S'il avoit eu befoin d'y mettre la tête , il auroit facilement pù bleffer fes yeux qui font deftitues de paupières. (69) Bonanni a fait graver le fourreau d'une trompe de Coufin avec fon aiguillon. i# Mufro Kircher. CI. XI. f. 366. Litt. c. & d, : (70) Maraldi a obfervé que la trompe des Abeilles, quand elles fuccent , fe grofit peu à peu en commençant par font extrémité, & continuant fuccceffivement qufqu'a la tête , il en conclud avec raifon que c’eft la fubftance du’elles fuccent qui caufe cette dilatation. Aivfla remar- que d’Arifiote H. A. L, VIII, c. 2 ef jufte Infecta anmimalia, quibus dentes, ommivora [unit : quibus autem lin- gua, tantuin bumore undique aliquando [ua lingua vefcun- dur: Quorum alia omnivora funt, quibus gufius. omnium faporum eft, ut mufcæ: Alia fanguivora ut tabani & afi- di, alia fuccis plantarum & frucluum vivunt. (7x) Pline dit de l’aiguililon du Moucheron: guod na- turæ'ullud reciproca geminaverit'arte, ut, fodiendo acurmina- rs pariter forbenñoque fiflulofum effét L. XI, H. N. . 2; l'E ” C 3 Du Cor- celet. . 38: THEOLOGIE né fäuroit l’appercevoir fans le fecours d’üne loupe , elle eft néanmoins fi dure quelle peut percer fans peine le cuir le plus dur & le plus épais (72). | , APR&’S la tête des Infeétes, fuit le cou, le corcelet & enfin le corps. Le corcelet 4 : L . € (72) Akazuinus dans Bochart. L. TV. Hierozoii C. 17. Promufcidem babet ténuilfimam , fed cum tenuitate fua concavam , ut per slam: defluant partes fangunis tenuiffime , € capiti ejus indita promujcis , illa tam valida ef}, ut cum ferit Elepbantis aut Bubali corium, illud penetret. Proin- de Elépbas, © Bubalus ut culicem vitént ad aquas fugiunt. Conf. ce qui eft dit de cette trompe dans Ioh. Matthias Barth. V. D. M. Ratisb. in Dif. de culice Ratisb. 1737. 4 & D. Diego Reviglias in Adtis Phyf. Med. Nat. Cur. Vol. IV. Obf III. p. 14 (*) Suit le corcelet, A l'occafñion de cette partie du corps des Infectes, je ne puis m'empêcher de remarquer que.quoique les. Infedtes ailez n'ayent ordinairement qu’un corcélet, & qu'il femble prefque auffi fingulier qu'un ani: mal en ait deux que fi on lui voioit deux têtes ou deux corps, le cas d’avoir deux corcelets n'eft pourtant pas tout à fait fans exemple. Mr. de Réaumur nous en 2 four- ni un dans la Demoifelle qui nait du Fourmi-Lion. Une Mouche, d'ailleurs d'un genre bien fingulier , en peut fournir un autre, Cet Animal, que je n'ai encore trouvé que fous fa derniere forme, à réellement deux corcelets bien diftin@s, & feparez l'un de l'autre par un étrangle- ment très vifible; depuis fa tête juiqu'a l’extremite de fon corps, il eft long d'un bon pouce; fa tête, fes cor- celets, & prefque tout fon corps font noirs ; fes antennes, qui ont dix articulations , & fes jambes, font feuille- morte, excepté que les poftérieures ont uh renflement qui eft noir; cette paire, de même que la feconde, eft attachée au fecond corcelet, & le premier foutient la première paire de jambes; on prendroit d’abord. cette mouche pour un grand Ichneumon. C’eft l'Animal auquel pour la forme de la tête, des jambes, & du corps, elle reflemble en gros’ le plus. Elle en eft pourtant effentielle- ment- diftinguée, en ce qu’au lieu de quatre ailes elle n’en a que deux, qui font plus grandes, plus larges ÿ plus ortes * DESINSEGCTESs. 39 eft plus ou moins dur à proportion que le genre. de vie des Infeétes les expofe à des frottemens plus ou moins violens. Ceux qui fe gliflent dans les fentes, comme les punai- fes des Arbres, ont cette partie du corps af- fés platte, afin qu’ils puifflent pénétrer aifé- ment. Elle eft plus arrondie dans d’autres ; & quelques-uns, comme les punaifes du fu- mier, l'ont , revétuëé de bords élévés , qui forment dans l'intervalle des profondeurs aflés fenfbles. Je: corcelet des uns fe termine en pointe par derrière ; & celui des autres fé- moufle & s’arrondit : c’eft cette, dernière fi- ure qu’il à dans les fauterelles vertes. Plu- eurs l’ont couvert de poils, & d’autres de pe- tites élévations qui les garantiflent d’un frot- tementtrop fort. ‘Il:eft furmonté chés quel- qués-uns d’un bourrelet ou de deux coins, comme dans le Scarabée vert qu’on trouve dans fortes que celles du commun des Ichneumons. Mais ce qui d'en diftingue encore davantage & qui rend même fa claffe afez douteufe, c'eft que fon fecond corcelet eft couvert d'un étui à deux battans écailleux feuille-morte, femblable à celui qui couvre les aïles des Scarabées : cet étui n’a qu'environ deux lignes de longueur, & fe termi- ne là où le corps commence; il ne paroit pas pouvoir fervir, comme il fert aux Scarabées & aux animaux du genre des Perce-orcilles , à renfermer les ailes; puifqu'el- les font bien quatre fois plus longues que l’étui, & qu’on ne voit à leurs nervures ni plis, ni articulations par Jef- quelles elles puiffent fe replier fur elles-mêmes pour fe ca- Cher fous un fi petit efpace. C'eft au reflte fous cet etui qué les aïles tiennent au fecond corcelet. Telle eft la f- gure de cet Animal , dont la forme peu commune & peut-être encore inconnue m'a paru mériter que j'en. fiffe une courte defcription à caufe de fa fingularité, P, L. C 4 Des inci- Jions ou anreaux. » 49 TRES L.0G1IE dans le bois: dans d’autres, c’eft un bord, u- ne raye , des figures Piramidales | & même des Rhomboïides. JL ya plufeurs chofes dans le corps des Infeétes, qui méritent qu’on y fafle attention. CELESs q PDK QU OR Je remarque d’abord les incifions ; d’où ces animaux ont tiré le nom qu’ils portent (73): On les appelle auf articulations & anneaux. Elles font faites avec un grand art, & va- rient beaucoup. Les unes font. fort étroites & reflemblent à des rides; d’autres font plus larges & plus longues ; l’on en voit encore de quarrées ; & dans quelques unes l’on apper- çoit un rebord (*): fouvent l’on découvre u- ne ouverture entre ces plis. Tous les Infec- tes, comme on peut le comprendre aifément, n’ont pas le même nombre de ces anneaux: Le Scarabée d'un brun foncé , & que l’on trouve dans le bois, n’en a que cinq; le vert en à fix; la mouche, qui s’engendre d’une efpèce de pucerons , en a fept ; toutes les efpèces de Chenilles en ont dix (), & les LE V2 ÉTAPE | SE ES (3) Plin. H, NN. L. XL C.x. Et jure omnia Infec- ta apellata ab incifuris , quæ munc cervicum loco; munc pedorum aique alui precinéta feparant membra, temui mo- do fiflulà cobærentia. Aliquibus vero non totà incilur@ eas ambiente rugas, fed in alvo, aut juperne tantum, imbrica: ris flexibus vertebris nufquam albi fpeliatiore naturæ rerurs artificio | ° (#) O3 l'on apperçoit un rebord. Une des diftinétions les plus eflentielles entre ‘ces anneaux , eft que les uns font placez bout à bout, & que les autres le font en re- couvrement & gliffent les uns fur les autres comme dans: dés coulifles. P. L, (+) Toutes les chenilles en ont dix. Elles en ont dou- ze, ‘en comptant le bout pofñterieur & le premier anneau, que l'Auteur prend apparemment pour le cou. Il n'eit gr car 0 Se De Cor DE ER mA © “pucerons des feuilles de choux , douze. DÉS ENSECOTES . À an éontinuant la même énumeration , nous trou- verons que le ver blanc terreftre, qui a la fi- gure“d'un ferpent , en à dix huit; le grand fnille-pieds , vingt, le mille-pieds à dos rond, quarante fix; le mille-pieds long & plat, cin- quante-quatre; & une certaine petite faufle chenille (*), foixante & douze. CES anneaux font d’un grand ufage aux Infeétes.: C’eft en les reflerrant à en les al- longeant qu’ils peuvent fe mouvoir. Lorf- qu'ils les refferrent ils peuvent garantir les parties délicates de l’intérieur de leur corps de la chaleur du foleil , de l'humidité de la pluye, & du froid que produit le vent. S'ils ont befoin de chaleur ou de rafraichiffement , ils peuvent fe procurer l’un ou l’autre par la dilatation de leurs anneaux, qui laiflent alors ün libre paflage aux rayons du foleil, ou à | | ve 2 HE fi aifé d'expliquer d'où peut venir la méprife de Mr. An- dri qui ne conte que fept anneaux au Ver à foye, feize, & même d’avan'age aux autres chenilles, & douze à la Fourmi. On ne s’attendroit pas à trouver un debut pa- reil dans un livre écrit fur des Infeétes. Si fes obferva- tions fur les vers qui naïflent dans nos corps étoient tou- tes dans ce goût-là , fon ouvrage ne mériteroit guerre les approbations & lés éloges qui rempliffent les premières pages de fon livre Voyez Andri de la Gener: des vers : dans le corps de l'hoim: Chap. 3. p. 2. pr: Ed. d’Ami- terd. P. L, (*) Une certaine petite fauffe chenille 72. Les Faufles- Chenilles, comme je crois l'avoir déjà dic ailleurs, n’ont proprement que douze anneaux de même que les chenil- les véritables. Mais il y a des Fauffes Chenilles dont chaque ‘anneau paroïit fubdivifé en plufieurs autres ,& ce font ces fubdivifons que Mr. Leffèrs aura comté pour des anneaux, P. L, | C5 De la figure de leurs corps. . 42 THE ot L 0 @ I E: un air frais. Comme ils peuvent fe dilater plus ou moins, ils ont les moyens de ne prendre de l’un & de l’autre que la quantité précifé- ment qu’il leur en faut, & pas davantage. IL y a tant de diverfité dans la figure du corps des Infeétes, & ils font fi artiftement conftruits, qu'il {croit impofñhble d’en faire une defcription éxacte. . Le corps des uns, comme celui des Araignées , eft de figure à peu près fphérique; & celui des autres, comme les Scarabées de Ste, Marie, reflemble à un Globe coupé par le milieu. Il y en a qui font plats & ronds, commele poux des-chau- ves fouris ; d’autres ont la figure ovale; un troifième, comme le ver qu’on trouve dans les excrémens des chevaux, a celle d’un œuf comprimé; & un quatrième, comme lemille pieds rond, reflemble au tuyau d’une plume, Il y en a qui ont le corps quarré plat. Le corps de l’Infeéte, appellé cheval marin (*)} a quatre côtez plats & longs; le Corculum aqua- tioum à la figure d’un Cœur; enfin, il y en ajqui font courbez comme une faucille, & qui {ont pourvus d’une longue queue ou d’un petit fac(Ÿ) à la partie poftérieure : cette der- pière (*) L'Infecte apellé cheval Marin. J'ai fait voir ail: leurs que cet Animal n'eft pas un Infette. P. L. (+) Ou d'un petit fac. Ce fac n'eft qu'un Sac en pein- ture. Mr. Frifch donne le nom de fac au bout du corps des faufes Guêpes qui ont ce bout d'une autre couleur que le refle; & cela parce qu'alors la couleur qui le dif- tingue , le fait paroitre en quelque forte comme renfermé dans un fac. Il appelle ces fortes de fauffes Guêpes. pour les difinguer des autres, des Guêpes à fac. Sack efpen. C'eft d’après lui que Mr. Leffers donne le nom de fac à la partie pofterieure de cette forte de mouches Vid. Frifcb part, 2, Chat. 2. p. 6. P. I. pr. ét DES NSECTES. 43 nière figure eft celle d’une efpèce de fauffe Guëpe. : L'on ne remarque pas moins de di verfité dans la couleur, dont ils font parés; mais mous entrerons plus bas dans quelque dé- tail fur ce fujet. A te de ceux qui n’ont point de Des poin- pieds ont en divers endroits de leur corps de É petites pointes, qui leur en tiennent lieu: ils peus Zen s'en fervent pour s’accrocher & fe tenir ferme de pieds. aux corps folides. L’on trouve dans la fien- te des chevaux un ver de la longueur de pref- que üun pouce, & dont le corps a à peu près la figure d’un noyau de cerife. Cet animal à fix anneaux, par le moyen desfquels il peut s'allonger: & {8 racourcir, comme un cour- caillet 3 le tour de châcun de ces Anneaux eft garni de petites pointes aigues ; de forte que pour peu que le ver les redrefle, il peut les planter dans les entrailles des chevaux ; & s’y ténir fi bien accroché que les excrémens ne peuvent l’entrainer malgré lui. LE corps des Infeétes qui vivent dans l’eau De quer- eft naturellement couvert mar efpèce d’hui- 240 le qui empêche l’eau de s’y arrêter ”* 7 We dt ras rit DRE tres ont de long de leur corps des rebords unis (75) ou crenelés (76) ; quelques-fois ils ont des boutons qui non-feulement leur fer- vent (74) Comme Frifch l'obferve par rapport au Scarabée noïr aquatique. P. II n. 7. p. 28. , (75) Une Araïgnée blanche de Jardin a le corps en- touré d'un rebord. rouge qui en fait le cercle, (76) Par ex: l’Araignée à mañles Frifch. P, XII ». 37. D. 23. LU . 44 r À TMMEMOL 0'6 1 É à | vent pour empêcher, qu’en entrant & en for- tant de leur trou, le frottement ne les blefle; mais ,quiencore leur font un ornement (77) & qui produifent fur leur corps l'effet que les boutons produifent fur nos habits. Ils ne font pas tout-à-fait de la grandeur d’un grain de millet; cependant l’on y apperçoit un mélan- ge des plus belles couleurs; & ils refflemblent à ces petites boules de verre remplies d’eau de diverfes couleurs. Enfin, l’on en voit qui, comme les chameaux , ont une bofle (78) fur le dos. *. mi AUTANT on a trouvé de diverfité dans les E LG P / partie parties des Infeétes dont nous avons, parlé, pollerieu- autant en trouvera-t-on dans ce qui nous refte ne dire. La partie poftérieure de leur corps tout unie; & chés les autres elle eft revêtue de poils plus ou moins longs, felon l’ufage auquel ils font deitinés. Quelques.uns y ont des Mammelons (79) (*), d’où ils span in | Is, (77) La chenille blanche à taches jeaunes qui vit fur le faule, a fur le dos entre fes taches une file de tuber- cules ronds couleur de tuile, à côté de chacun defquels il y a encore à droit & à gauche un tubercule plas grand de la même couleur : plus bas elle a-de part & d'autre vne rangée de tubercules blancs oblongs; & aux deux côtez du ventre elle a à chaque anneau un tubercuie couleur d'orange. (78) Par ex: le qo8ses Où Zic Zac. Frifcb. P. III ». 2P.:4: st Comme cela fe voit aux Arajgnées, .. (#) Quelques uns y ont des Mamelons. Les Araïgnées, que Mr. Leflers a ici en vuë, ont fuivant le-temoignage n’eft point la même chés tous. Les uns l'ont de Mr. de Reaumur Mem: de l’Acad, Roï. des Sciences - 3713. p. m. 283. chacune fix mammelons, , Le Bout d'un Mamelon des Araignées de maifon vû au Microft cope, JP : DES INSsEcTXÆSs. 4$ fils; dontils forment leurs différéns tiffus. Il y en a dontile derrière eft couvert d’une efpèce d’écuflon (80). D’autres ont dans le même endroit une membrane roide , qui leur fert de gouvernail , pour fe courner en volant du côté dt: qu’il mn cope, paroïit divifé en une infinité de convexitez, plus etites , mais difpofées à peu près, comme celles qui Brngeni les cornées des yeux de Mouches; chaque con- vexite fert ici fans doute pour un fil different, ou plutot il y 4 apparence que chaque petit creux qui eft entre les convexitez eft percé par un trou qui donne pañage à un fil; les petites elevations empêchent apparemment que les fils ne fe joignent à leur fortie. Ces convexitez ne font pas fi fenfbles fur le. bout des Mamelons des Araignées de jardin; mais on y aperçoit une forêt de petits poils qui fervent vraifemblablement aux mêmes ufages, favoir pour feparer les fils les uns des autres. Quoiqu'il en foit, il paroit certain ,que-de chaque mammelon d’Araignée , il peut fortir des fils par. plus de mille differents endroits ; deforte que l’Araignée ayant fix mamelens , elle à des trous pour donner pañlage à fix mille fils diferens, & ce qui “eft.encor bien merveilleux ces fils font déjà formez lorfqu'ils arrivent aux Mamelons, ils ont chacun leur ca- nal ou leur petite gaine particulière qui les y conduit. Ces petites gaines font encore la plupart renfermées dans divers tuyaux charnus que Mr. de Reaumiür croit être en nombre égal avec les Mamelons ; Ces tuyaux aboutiffent à des vaïffeaux inueux qu'il apelle les grands refervoirs, & dont il y én a trois à chaque côté de l'Araignée, ces troïs fe réunifent de part & d'autre à une branche tres longue qui va en ferpentant, & après avoir formé plu- fieurs lacis fe termine chacune dans un vaiffeau qui a la forme d’une larme de verre Ce font ces deux vaifleaux ue Mr. de Reaumur conûdére comme les premieres four- es de la foye des Araignées. Qui fe feroit imaginé que la matière foyeufe d’une Araignée demandät tant d'aprèt; que le mamelon d’un fi vilain animal fût une chofe fi digne d’être examinée? P. L. | (80) On remarque un pareil écuffon à'la chenille de l'aune dont parle Fyif6b. P, XE, n, 26.:9..26. Mérian. P, IT. n°26. p. 51. Stubedo 1x | . » 4 46 THEOLOGIE L qu’il leur plait (81): elle eft aux Infeétes ce’ que la queué eft aux oïifeaux. L’on'en trou- ve qui ont des foyes ou queuës minces au der- rière (84). Les uns n’en ont qu’une {83); d’autres ; deux { 84), d’autres, trois(8f); & quelques-uns , quatre (86). Je nedoispasou- blier de parler des efpèces de cornes (*) (87) que l’on remarque à la partie poftérieure de plufieurs. Elles font droites chés les uns (88), courbes, comme l’archét d’un violon, chés les autres (89); ou bien elles ont la figure de la Lettre S, où celle d’un circonflexe (90). Quand on touche ces efpèces de cornes, quel- ques-uns les retirent (9r).avec autant de prompti- (31) Fvrifchb P. VIII. n. 8. p. 20. (82) Mouffet in Theatr: Infe&: p. 63. & ‘Fonfion L. I. Art. 2. Pund: 7. les nomment Pilicaude ou Seticaw- de ThUEo 6. (83) Mouffet les appelle 1. c. Henotrices ou Unifete (84) Tonfion leur donne le nom de Bipilesou Airerpiyse, & il en comte fix fortes I. c. (85) Fonfton L. c. f 55. les apelle tripiles, & il en raporte pareillement fix fortes. (86) Quadripiles. L c. (*) Des efpèces de cornes. On pretend que dans quel- ques fortes d’Infeétes comme par ex: dans les Pucerons elles font les organes de la refpiration. P. IE. (87) Il y en a qui les nomment queues, quoi que dans quelques Infeéles ce ne foient proprement que des parties aecefloires de la queue. (88) Voyez-en la defcription & la figure dans Aro. L.' IL C. 4. f:267 n. 3--8. Merian P. II. n. 22. P: 46. N. 37. D. 73. n. 20. ?. 57. Frifcb. P, II n 2. ?. 13.n 12.9. 43. P. VIIL n. 2 p. 3. (89) Merian. P. II. n. 25. p. 40. Frifcb, P, IL. 12, P. 43. | (00) Aldrov. L c n. 2. (91) Frifcb. P. II, n. 12, p. 44. DES ÆMNSECITESs. A7 promptitude que les Hfcargots retirent les leurs. Il y en a encore, qui y ont des poin- tes ou barbillons dont (92) les uns ont des articulations (93) ; & les autres n’en ont point. Ces pointes ont divers ufages, felon les In- feétes qui en font pourvüs; tantôt ilss’en {er- vent pour appercevoir (94) ce qui les appro= che par derrière; tantôt ils s’accrochent par- là à quelque chofe de folide (of) ; d’autres fois enfinils les employent à pouffer leur corps en avant. La partie pofterieure eft encore le lieu où eft l’aiguillon de quelques Infeétes : les uns en ont un (96) ; & les autres deux (97); dontils fe fervent pour attaquer ou pour fe det- fendre. L’on en voit qui, au lieu d’aiguil- lon ont des pincettes (98 ); dont les pièces font vis-à-vis l’une de l’autre, & reflemblent à (92) Frifcb. P. XI. n. 8. p. 0. (93) Frifch. P. V. n. 3. p. 13. (904) P. I. n. x. ?. 4. (95) Les Vers du Lard par le moyen de ces pointes s'arrêtent & s’avancent‘dans le Lard qu'ils ont creufé. (96) Par ex: le Scorpion dont Arifiote L. IV, H. À, c. 7. décrit ainfi l'aiguillon. Habent aculeos item piera- que Infeétorum , vel intus conditos , ut apes € vefpe ; vel extra prominentes | ut fcorpio, qui etiam unus inter InfecTa longo fpiculo armatur. (07) Ælian. H, À. L. XVI. c. 13. Pammmenes in eo opere ,quod de féris venenatis fcripfit ,alatos tradit Scorpio- nes in Ægypto najfci, duplici aculeo armatos, € i7 qui- des ipfum ait fe non auditionc accepilfe, fed ex fefe banc biforiam profiteri. Et ceci eft confirmé par l’expérien- ce, puifque Seba dans fon Thes. Rer. Nat. T. I Tab, 70: m#. 3. nous donne la reprefentation d’un Scorpion du Brefil armé de deux Aiguilions. (98) Les Perce-Oreilles en ont de cette forte. Celles des femelles font très unies ; mais celles des mâles font un peu dentelées du côté intérieur, Des par- tes de là généra- éion. 43 THEo'LOoGIrE à des faucilles: ils s’en fervent pour fe garantir contre tout ce qui les touche d’en haut;,: 8 pour faifir Jeur proye. Enfin , l’on trouve des Infeétes qui ont au derrière une fourche à deux dens (99). (0) Je viens aux parties de la génération que jt : ne dois pas pafler fous filence. Elles font or- dinairement placées au derrièré dans les mâ- | les : l’on en voit cependant qui les portent par devant, fous le ventre (*) (100). Ces par- ties à proportion du corps des Infeétes, font » plus grandes dans les uns que dans les autres. | A Celles des femelles ont la même fituation qué | celles des mâles (T) : elles font ordinairement “ vers ! | (99) Par Ex. la Vinula que Frifch apelle pour cette # raifon la Chénille À queuë fourchuë P. VI. n. 8. p. 18. Vid Reaumur T. IL p. 2. Mem. 6 PL. 1. n. 4. & PI. 22. Fig I. (*) Par devant [ous le ventre. C'eft d’une certaïne Âraignee que l’Auteur entend. ici parler ,ainf qu’il patoit pas fes notes. Je n'ai pas eu occafon de l'obferver, mais j'en ai examine quelques autres efpèces, & je puis afurer : que j'ai trouvé les parties de leurs mâles placées à la tê- te, tandis que les femelles les avoient au ventre precifé- ment à l'endroit où Mr. Frifch place célles du mâle en “ queftion. Cela me feroit foupçonner que l’Araignée dont ! il parle, pourroit bien avoir été une femelle : ce qui me le feroit encor plus croire, c’eft qu'il en reprefente lé corps comme extraordinairement gros; ce qui eft, plutot le propre des Araignées femelles que des mâles ,que j'ai toujours trouvé d’un corps plus délie. P. L, (100) Comme par ex: la groffe Araignée d'un jeaune. rougeatre dont Frifcb fait mention P VII nm 4.p 7. . (+) Ont la même fituation que celles des mâles. C'eft ce qui fe voit bien pour l'ordinaire; mais cela n'eft pas fans exception : l'exemple des Araignées dont nous venons de parler dans la note précédente fuffit pour faire voir, qu'il y à des Infectes dont les parties du mâle font pla- cées ailleurs que celles des femelles, P. L4 | DES INSECTES. “ko sr queuéy & dans quelques-unes fous le rentre (191). Elles font couvertes d’un poil extrémement fin, de peur que dans l’accou- plement les parties du mâle, dont la délica- tefle eft très grande, ne fuffent bleffées par le frottement d’un poil ou d’une peau trop rudé. "QUELQUES Infeétes ont encore au derrière De Zeus ün aiguillon (*). Dans les uns, cet aiguillon aigwillon. ét dans le corps, d'où ils peuvent lé faire © 4 Jon {oftir quand ils en veulent faire ufage (102), J# 18 dans les autres, il eft tout-à-fait hors du corps. S'il eft court, il eft placé fous le ven- tre &c s’enchafle dans une fente (103), fem- blable X'celle du manche d’un couteau de po- "che, qui fert à cacher lé tranchant de la la- me. S'il eft long, il avance par derrière; & "€ enfermé dans une efpèce d’étui; compolé “a de ) (for) Quand le mâle d'uné Araignée a les parties ge- ‘mitales Vers le haut du ventre , les femelles l’ÿ Ont auf omme le remarque Leecuvwyenhoek in Tranf: Philof. An- gl. n. 272. 4 rh s lovars ei} fe 4 3 (*) Qüelques Infectes ont encore au derrière un _Aiguil- ‘lon. L'Auteur entend ici par le mot d'’Aïguillon non feulement la partie dont plufeurs Infectes fe fervent pour piquer ; mais aufli celle qui leur fert de conduit pour ondre leurs œufs dans les corps où ils veulent les in- hodutré. “Comme ces deux parties font très différentes, il conviendroit de les diftingüer par des noms différens. "On pourroïit donner le nom de queuë à l'infrument qui Jeur fert à pondre, & conferver celui d’Aiguillon à lau- TP na DU) à + (102) Ariftot. de Patrib, H. 4. L. IV. C. 6. , 4 Cero, que aculeo in alvo armata [unt, bec ut amimofz a- Jétleum ‘pro arms obtinuere, qui intra aloum conditus ef : Uf'in apibus & velpis quomiam volucres funt :-nam ætenuis fragihfque ‘acalèus extra patèret ; facile corrurge- Jur. : (103) Ainf-qu'on le voit aux Guêpes, Tone Il. . ; $° : THHO.L,0:6 18542 de deux piéces très déliées qui refflemblent à un tuyau fendu dans fa longueur. Ce tuyau fe termine par une pointe très fine, qu'ils: peuvent ouvrir pour donner paflage à l’aiguil- lon quand ils veulent s’en fervir. Cet aiguil- lon éft hériffé de petites pointes (104), fem- blables au crochet d’un hameçon. Elles em- péchent non-feulement qu’il ne puifle fortir de : la playe; mais, elles rendent encore la bleflu- re plus douloureufe. Il eft formé de deux efpèces de lances, qui, étant une fois en- trées dans la peau , pénètrent : plus avant ! par le moiïen de leurs petites pointes. A la racine de l’aiguillon , près du ventre, l’on trouve une petite vefhe, pleine d’une liqueur _pénétrante & forte. L’Infecte l’en tire quand il veut, & la poufle le long du Tuyau de fon aigüillon dans la playe, qui s’enfle; &, par la fermentation de cette liqueur , caufe une douleur cuifante. Le Tuyau de l’aiguillon eft ras chés les uns, & chés les autres il paroït “velu quand on le regarde à la loupe ( 105). Vers l’origine de l’aiguilion , près du ventre ! de l’animal , fetrouvent les mufcles qui fervent à le mouvoir. TE Tous les Infeëtes ne font pas de cet aiguil- lon le même ufage. Dans la femelle, par exemple, c’eft le canal le long duquel elle fait pafler fes œufs pour les dépofer dans l’en- droit qu’elle a choifi (106). Souvent il eft. plus - (104) Voyez Derb: Theo]. Pbyfig. L. IV. C. 14. n. 6. , Fig. 21. & 23. M 3 (105). Comme on l'obferve dans la Mouche des galles du Saule. | 4 (106) Pour comprendre comment cela fe fait, il faut favoir DH SMINS & CT ES, fi plus long qu’un demi pouce (*) ; creux ende- dans, & fendu en deux parties. Il fe termi- ne en mañle pointue. C’eft avec cette mafle pointuë qu’elle fait un trou dansla terre ou dans les feuilles , affés grand pour y dépofer fes œufs’ au large. Elle la fait couler dans ce lieu le long de {on aiguillon fendu, de peur que la terre raboteufe ou d’autres chofes ne puiffent les endommager. Comme il eft ouvert, à caufe de fa fente, par le haut aufi bien que par le bas, & que les œufs ne defcendent point par la preflion de l’air , la nature y a formé plufeurs demi anneaux vis à vis l’un de l’autre, qui facilitent cette defcente. Les Infeétes les rellerrent fucceflivement, en com- Mmençant. par celui qui eft le plus près du ven- tre | & font tomber les œufs d’un anneau à Pautre par une efpèce de mouvement periftal- tique. La fente de ce canal eft prefqu’invifiblé pen- (favoir que la bafe de la queuë de la Mouche aboutit à fon ovaire, & comme cette queuë eft creufe les œufs fe détachent de l'ovaire, fortent du corps de l’Infecte par le trou de cette queue ; ce qu'il ne faut point regarder comme une fimple conjecture: car Fr, Redi obfervateur très exact, ayant trouvé une Mouche qui introduifoit fa queue dans un bouton de Chêne, il vit qu'elle s’enfloit &t fe defenfloit à diverfes reprifes vers fon origine. Et äprès avoir Ôôté la mouche, il trouva dans le bouton dé trés-petits œufs tranfparents tout pareils à ceux qu'il trou- Va aufli dans la queue de cet animal. Conferez, Frifcb: PT » 1. Ch (#) Plus long qu'un demi pouce. J'ai des Ichneumons dont les queués ont près de deux pouces de longueur, & furpaffent de beaucoup toute la longueur de l‘Infecte mê- me, Il eft afez rare que les queués des Infectes qui en ont fe terminent en mafle pointue. Celles de la plupart ont une forme cylindrique où l’on n'apperçoit aucun ren- fement. P. L. D 2 LIERARY litansméenme mu 2-1 À 1 ÿ2 TREeoLOGIE | pendant que les Infeétes font en vie; mais elle | s'ouvre un peu d'avantage quand ils font morts. Chés les femelles, cet aiguilon n'eft point : propre à piquer: les mâles feuls font ainfi ar- més. | Toures les femelles n’ont pas un pareil ca-. nal: celles qui dépofent leurs œufs fur la fur- face des corps les font pafler immédiatement par les parties génitales. Il n’y a que celles qui les dépofent dans la chair, dans d’autres Infeétes (107), dans les feuilles, ou dans lz Terre, qui aient befoin d’un femblable tuyau; afin qu'elles puifient les introduire aufli pro-* fondement qu’il elt néceflaire. Quoique l’aiguillon des mâles foit extré- mement délié, il eft cependant aflés fort pour pouvoir percer des chofes dures &" coriaces (#08). Ils s’en fervent comme“ d’une pique (*) ou d’une lance, Le CA (107) Les Ichneumons depofent leurs œufs dans le corps des Chenilles , où ils éclofent, & produifent des vers : ces vers s'y tiennent ferrez afin qu'ils n'y n nt point de place, & ils fe nourriffent de la fubftance des Chenilles qu'ils affoiblifent par-la & rendent languiffantes" Quand ils font devenus grands, & qu'ils ne trouvent ni affez de place, ni affez de nourriture dans le corps des” Chenilles, ils fe font jour à travers de leur peau, & après au'ils en font fortis, les Chenilles meurent. Conferez Reaur. Tom. II. P. Il. Mem. II. p. 226. | (108) L'Aiguillon des Abeilles peut percer des gans de. eau de bouc, j'en ai moi même fait l'expérience. : (*) Ils s'en fervent convne d'une pique. L'Aïiguil-« lon n'eft nullement l'initrument charadteriftique . des mâles. Chez les Abeilles que l’Auteur cite pour 4 dans les notes, les Mäâles n'en ont point Il en eft den même des Guêpes. 11 n'y a que les femelles & les Mu-M! ets qui en foient pourvus. P. L À { i À DE S*I1:N S:E CITE Ss. fe deffendent contre leurs Ennemis & les blef- fent. | Ce tuyau ou cet aiguillon ne fert pas tou« jours de: canal aux œufs. L'on trouve cer- tains Infeétes aquatiques, dont les mâles ont ce canal aufli-bien que les femelles (109). Ils s’en fervent comme d’un foupirail (*) par le quel. ils refpirent un air frais. On les voit fouvent avancer fur la fuperficie de l’eau l’ou- verture de ce canal; & l’on remarque même que quand ils font rentrés fous l'eau, ils s’é- lève de petites bulles d'air, qu’ils en laiffenc échaper. ÿ Nous avons eu occafon de faire remar- Deleurs quer ci-deflus; que les Infeétes qui ont des ais & 4. de leurs pieds picas. (109) Frifch a obfervé cela dans les Punaifes 2quati- ques, Il en mit dans un verre rempli d'eau, fur la fur- face de laquelle il avoit répandu de l'huile pour empê- cher l'air d'y pénétrer. Il vit alors que les Punaifes fai- foient tout ce qu’elles pouvoient pour trouver un endroit ou mettre ce tuyau à l'air. P. VIT. n. 15. p. 23. (*) Is s'en fervent comme de foupiral. 1l y à des In- -fectes aquatiques qui peuvent allonger ces queués d'une manière furprenante. Les vers à queuë de rat font añez connus, nOn tant par ce nom que leur a donné Mr. de Reaumur, que par la forme de leur queuë. Cette queuë, qui eft déjà plus longue que l'Animal, n’eft que l’etui d'une queué beaucoup plus longue qui s’y trouve repiice fur elle même & qui entre jufque dans le corps du Ver. Cette dernière queue eft le conduit de fa refpiration. Il l'éléve jufqu'à la furface de l’eau pour prendre l'air, & . tandis qu’il fe tient lui-même au fond , il peut faire par- venir fa queué jufqu’à cette furface, lors même qu'il fe trouve à plus de cinq pouces de profondeur : deforte qu'il peut allonger fa queuëé de près de cinq pouces; ce qui eft une longueur bien confderable pour un Animai dont le corps eft tout au plus long de 7 à 8. lignes. Voyez Reaumur Mem: pour ferv: à l'Hift, des Inl T. 4» P. 2, M. 11, p. m. 203. P. JL. D 3 4 THEeoLoG:E pieds n’en avoient pas tous le même nombre : qu’il varioit extrémement fuivant l’efpèce. Ces membres font communément fitués fous . le ventre. L'on trouve cependant une élaffe particulière d’Infeétcs tant aquatignes que terreftres, qui, avant leur transformation, ont les pieds, fur le dos (110) (#). Mais, dés y ] qu'ils (110) C’eft uñe remarque de Mr. de Reaumur : on peut la voir dans les Men de l' Acad, Roi des Scienc. de 1714 9. 103 & dans Frifch P. II. m 7. p 27. (*) Qui ont les pieds fur le dos. Je ne fuis pas furpris que l’Auteur avance fi poñtivement qu'il y aît une claffe paiticulière d'Infedtes tant aquatiques que terreftres, qui avant leur transformation ont les pieds fur le dos; mais qui dès qu'ils fe font depouillez de leur peau & de leurs pieds, & qu’ils commencent à voler, les portent fous le ventre, Mr. Frifch dans l'endroit cité s'enonce fur ce point d’une matière fi décifive, qu'il femble qu'il y au- Toit de l’incrédulité à vouloir douter un moment qu'il y eut une pareille claffe d’Infectes: Voici comme il $'ex- prime en parlant de l’Infeéte dont nous allons faire quel- que mention. Le plus fingulier de ce ver ef, qu'il a fes Jix jambes fur le dos. Mr. de Reaumur dans les Mem: de T'Acad Roi. des Scienc. 1714 4 pag. 1203. a très bien dé- crit une efpèce de ver aquatique qui porte auffi fes jambes Jur fon dos ; il marque qu'il ne fait fous quelle claffé d'Iyr- fecles le ranger. Pour moi j'ai fait une clalfe de ces for- tes d'Infecies tant aquatiques que terreftres [avoir de ceux qui ont avant leur changement les jambes fur le dos. De cette claffe eff l'Infecte que décrit Mr. de Reaumur , © 4e Scarabée em queftion &c. Ne diroit-on pas à lire ceci que Mr. Frifch a trouvé grand nombre d'Infedes de cé genre, & qu'il ne s'agit plus que de les ranger par ordre ? ILn'en cite pourtant que ces deux éfpèces ,& jé ne me rappelle pas en avoir vu quelque autre exemple dans fon livre. Quoique je ne veuille pas nier qu'il ÿ ait peut.é- tre des Infectes qui ont d'abord les jambes fur lé dos, & qui après leur transformation les ont enfuite fous le ven- te ; bien que celà ne me paroïffle guerre vraïfemblable AL que je n'en 2ye encore jamais-vu de pareils, : F me 1 À le D ET tt À A2 tr. un me Me a tt db See ot me € em + pr DES INSECTESs. ss qu'ils fe font dépouillés de leur peau & de | leurs [ET ble pourtant que Mr. Frifch s’eft un peu trop preffé d’en faire, une clañe. Mr. de Reaumur. n'avance pas comme un fait bien certain que l'Infecte fingulier dent il nous a fait la defcription dans les Mém: de l Acad: de 1714. ait réellement les jambes fur fon dos. Il fe contente de di- re qu'il les a fur le dos, ou au côté oppofé à fon ventre en prenant fon ventre du côte vers lequel font lesouver- tures. de l'Anus & de la Bouche, & vers lequel la tête eft ordinairement inclinée. Deforte que fi cet animal a- voit par hazard la tête & l’anus un peu différemment pla- cé du commun des Infeétes, ce qui n’eft pas entièrement fans exemple , il fe pourroit que malgré les apparences du contraire , cet Infece eut les jambes à l’oppoñte de fon dos. D'ailleurs ni Mr. de Reaumur ni Mr. Frifch n'ont vu la transformation de cet Animal, au moins n’en font-ils. aucune mention, & s'ils ne l'ont pas vuë, com- ment Mr. Frifch peut-il ranger cet Infecte parmi ceux qui après leur Transformation ont les jambes fous le ven- tre ? Comment peut-il même aflurer qu’il eft du nombre de ceux qui fe transforment? Je viens à l'Infecte de Mr. Erifch, qui eft donc le feul par où il faudra commencer à établir cette nouvelle claffe. J'ai examine cet Infecte qui eft un des plus grands que l’on trouveen ce pais, & qui par. confequent ef bien facile à obferver ,onle voit repre- fenté PI. Ï. Fig. 12. 13. 14 & 15. je l’ai nourri & fui- vi depuis l'œuf jufqu'à fa dernière transformation ,ce que n'a. pu. faire Mr. Frifch, parce qu'il ignoroiït ce qu'il fal- Joit lui donner à manger, & le fruit que j'ai tiré de ces foins a été que non feulement il m'a fait découvrir bien des fingularitez remarquables; mais qu'auffi il m'a mis en état d'affirmer tiès poñtivement, & avec encore plus d'affurance que Mr. Frifch n’affirme le contraire, que l'Infeéte en queftion a dans tous les états de fa vie, les jambes placées du côté du ventre, ainf que le com- mun des Infectes. Il fufiroit ce femble de le voir feule- ment nager pour s’en convaincre; mais j'en ai des preu- ves plus certaines : j'en ai vu changer en Nymphes fous mes yeux, & je leur ai vu fort diftinétement retirer les jambes de l’enveloppe écailleufe fous laquelle elles fai- foient l'office de jambes , lorfque l'Infee étoit encore dans fon premier état, Ce n'eft pas tout; comme j'en D 4 ai . 56 TmHeoLocix leurs pieds, & qu’ils commencent à voler , ils les portent pareillement fous le ventre. ? | Tous ai élevé plufeurs, il s'en eft trouvé qui , lorfqu'ils fe dif- pofoient à paroitre fous l’état de Nymphe , n'ont pù venir à bout de retirer leur tête du vieux crane; deforte que leur peau s'eft crevée en bien des endroits de leur corps, fans que pour cela ils fe foïient pu dégager de leur dé- pouille. Je les ai pris, j'ai enleve cètte peau de l'endroit oppole à celui où étoient les jimbes de lInfecte; c'eft-1là où , fuivant l'opinion de Mr. Frifch, les jambes de là Nymphe devoient neceflairement fe trouver; maïs je n'y ai vu rien de pareil : j'ai enfüite dégagé là tête du vieux crane, mais Jorfqu'il s’eit agi d'enlever la peau de l'en- droit où fe trouvoient les jambes de l’!nfecte en fon pre- mier état, je n’en ai pû venir à bout, les jambes dé 1a Nymphe y étoient engagées dans l’enveloppé écailleufé de celles de l'Infecte : cette enveloppe leur fervoit de fourreau, & elles y tenoient de manière que je ne püûs les en tirer fans les rompre. J'eus donc une Nymphe qui avoit fes fix jambes tronquées & dont ce qui en a- voit été emporte, étoit demeuré dansfl'enveloppe écail- Jeufe des jambes de l’Infeéte. Se peut-il de preuve plus forte que c'’eft Anirnal dans fon état rempant a précifé: ment les jambes au même endroit où il les a dans fon état de Nymphe, & par conféquent auffi dans fon état de Scarabée, c'eft-à dire fous le ventre & nullement fur le dos , comme le prétend Mr. Frifch. j Ce qui peut l'avoir induit en erreur, c'eft que cet ani- mal n’a pas la tête inclinée vers le ventre, comme pref- que tous les Infedes; mais qu'il l’a un peu panchée en érrière. Cette fituation de tête femble lui avoir été don: fée pour lui fournir le moyen de manger plus commo- dément les Efcargots aquatiques, dont il fe nourrit com- munément. Ces Efcargots fe trouvent parmi la lentille qui nage fur la furface de l'eau. Pour les faifir , la fituation renverfce de fa têce lui fournit déjà la commodite de pouvoir les prendre par deffous. Après les avoir fai, if faut en pouvoir cafer la coquille, afin d'en vuider l'intérieur : cela ne fe peut faire qu'en appuiant l'Efcargot contre quelque chofe qui le tienne arrête : les jambes de Y'Înfe@e ne paroiffent pas propres à faire cet office : élles font trop foibles, trop écartées, & n'ont ni griffe ni on- dti) “oree: gle, : 4 3 ; p Etse À-N $ E © 7: Ets. Tous les Infcétes n’ont pas les jambes de Aa même longueur. Quelques-uns les ont très courtes, & n'ont qu’une articulation. De ce -pombre: font les chenilles (*). Les fix pieds an- gle ,auñi ne s’en fervent-ils pas pour cet ufage. C'eft à leur dos qu'ils ont recours; il leur fert de point d'appui pout gafler la coquille ,& de table pour manger l’efcargot qui y eft renfermé, Quand ils l'ont faifi de leurs dents ils fe plient en arrière, ils elêvent un peu le dos, & y appuient leur Timaçon. ; Dans cette attitude, leur tête naturétlement un pêu panchée à la renverfe, porte plus à plomb fur l’efcar- got & leur procure par là un moyen plus aife d'en caffer la coquille, & d'avaler l'Animal ,que s'ils avoient la tête inclinée vers le ventre. :.Ce qui peut encore avoir contribué à en impofer à Mr. Frifch , c’eft que l'Infete en queftion , lorfqu'il fe dif- pofe à changer en Nymphe, ne fe recourbe pas en avant comme font quantité d’Infeétes terreftres ; mais en arriè- te ainfi que quelques autres [nfectes aquatiques , dont Mr. rifch n'aura peut.être pas vû les changemens : & dans cette idée que les Infectes , lorfqu'ils fe difpofent à chan- ger, fe recourbent tous fur le ventre , la fituation contraire où il 2 vu alors l’Animal dont il s’agit, peut avoir con- tribué à lui faire prendre pour le ventre de l'Infedte ce qui étoit réellement fon dos, P. L. (*) De ce nombre font les chenilles. Les chenilles pro- prement dites & qu’on nomme ainf par oppoñtion aux Arpenteufes , ont ordinairement feize jambes; fix ante- rieures, huit intermediaires , & deux pofterieures, Les pofterieures & les intermediaires n'ont à parler jufte au- cune articulation. . Elles s'allongent, fe raccourciffent , & {e plient en tout fens, fans qu'il y paroiffe de jointure. Etant fimplement membraneufes ; ces points d'apuis fixes, & cette roideer de parties neceflaire pour former une vé- fitable articulation leur manquent. Pour ce qui eft des jambes anterieures , elles fe terminent à la vérite par un crochet pointu; mais ce crochet ne fait pas toute la jam- be, & quand on l'examine de bien près, on y reconnoit au moins trois articulations, petites à la vérité ; mais pour- tant très diftinétes. S'il y a des Infectes dont les jambes h'ont qu'une articulation, on pourra mettre de Ce nom- Me | FT bre Ÿ À $8 THÉOLOGIE. antérieurs ne font, à parler exaétement, que. des crochets pointus; & les huit poftérieurs n’ont qu’une feule articulation : ce qui les. fait paroitre comme des jambes mutilées. * L’on trouve auffi des Infeétes qui les ont plus : Jongues & qui onttrois (111), quatre (112), cinq (113), fix (114), & même jufqu'a huit » articulations (11). Les pieds d’un même : Infeéte ne font pas tous égaux en longueur. Les jambes poftérieures du plus grand nombre font plus longues que les autres (116). Cette régle n’eft cependant pas fi générale qu’il n’y en ait, dont les jambes antérieures furpaffent les autres en longueur (117). Ces bre la Teigne aquatique fingulière dont j'ai fait mention à la Remarque Pag. 07. P. L. € (arx) Il faut mettre dans cette claffe les jambes de quelques Araignées dont parie Pline, Araneis quibufdars gralongi pedes accedunt bini. internodia fingulis terna. L. XI. H N c 48. (112) C'eft ce que Frifch obferve par raport à ur grand mille pied de païs étranger, P. XI. ». 19. p 20. (113) Voyez ce que Frifch raporte du Coufin jeaune ui tire fur le verd P. XI. n. 6. p. 8. A (114) Par ex: la grande Âraignée d'un jeaune rou- geatre. ? (x15) Par ex: les Infectes que les Allemands nomment Nage Mielen (116) On remarque cela dans les Abeilles, leurs jam- bes pofterieures font fi longues qu'elles peuvent les porter jufqu'à la tête, & remettre à leur trompe le pain ou la cire dont ces jambes font chargées Godd. Apiar. Amsl. C. 1.9# 8. Il en eft de même des Sauturelles dont Pme dit |. c. Que ex infectis noviffimos pedes babent longos , fa- liunt, ut Locufle. (117) Plin L c. Infééforum pedes primi longiores, duros … bäbentibus oculos, ut fubinde pedibus eos tergeant , ceu no- danus in mufcis. # Si cela eft, il faut que les Mouches du Païs de Pline »” DES INSECTES. so _… Ces jambes font ordinairement (118) com- pofées de trois parties. La prémière eft une éfpèce de cuifle. Elle tient immédiatement au ventre ; & eft plus grofle vers fon origine; quoiqu'il y ait quelques efpèces d’Infectes , dont la cuifle eft moins groffe en haut qu’en bas. La feconde eft la jambe proprement dite. Les articulations de l’une & de l’autre de ces parties font revêtues , chés quelques Pnfeétes , de poils forts & pointus , fqu’on pourroit fort bien appeller pointes articulai- #es (119). La troifième partie de la jambe eft le pié , qui mérite une plus Brande atten- tion que les deux autres parties. : L'’oN y remarque ordinairement quelques articulations, qui font ou rondes (120); ou de la figure d’un cœur renverfé (r2r), ou dont la pointe eft en haut. Les uns en ont deux, & d’autres en ont jufqu’à cinq. A l’antérieu- re de ces articulations, quelques-uns ont deux pointes crochues (122); à l’aide des quelles ; ils n & les autres Infeétes qui ont les yeux à refeaux foient »» faits autrement que ceux de ce Païs. Par ici onn'en voit » Prefque point qui n'aient les jambes antérieures plus » Courtes, que les intermédiaires ou les poftérieures. (118) Car j'ai deja remarqué un peu plus haut , qu'il y a des Infectes dont les jambes ont plus d’articula- tions. - 19) Frifcb P. II. P. 5. . (120) Par ex. le Scarabée que les Allemands nomment le Scarabee verd des arbres ,ou bien le Scarabée d'Or, les a telles. (121) Les pieds du Scarabée oblong, du bois ont des articulations ainf faites. | | (122) Voyez en la figure dans Bonani. Mufæo Küircher, CL. XL f. 375. D, 48. où il reprefente f. 9. f 345. le ‘ pie .d 6o THEeoLoGcie | ils s’attachent aux chofes les plus polies. - En< . tre ces pointes, d’autres ont encore une plan- te de pié, qui leur fert à s’accrocher dans les endroits où les pointes feroient inuti- les (123) (124). Elle produit le même effet que le morceau du cuir mouillé, que les En- fans appliquent fur une pierre, & qui s’y at- tache fi fort, qu’ils peuvent lever la pierreen Pair, fans qu’elle fe détache. 1l:y en a qui pont une efpèce de palette aux genoux (*), a- vec pié d'une mouche des Galles ainf fait fub. n. 85. il dit delineavi partem extremam cruris cum duobus unguibus bar- paginis infiar concinnatis. Pline paroit avoir en vué cet- te forte de pied lorfqu'il dit: Infectorum pedes quibus fun in obliquum moventur quorundam extremi longiores faris curvantur , ut Locufhis. H. N. L. XI c. 28. (123) On en voit la figure dans Bonan L. c. f. 373. nm. 34 & 36 (124) QE ues uns comme Griendelius im microg. . 9. attribuént la caufe de certe adhefion à la courbure de leurs ongles D'autres comme Bonanni. 1. c.:f. 342. aux couffinets qu'ils ont à l'extrémité de leurs pieds, parce que quoique les poux êt les puces aient aux pieds deson- gles crochus ils ne laiffent pas ,lorfqu’on les a pofés fur une glace de miroir ,de glifier en bas, dès qu'on le dreffe ,ce que ne font pas ceux qui ont de pareils coulfinets. D'au. tres enfin prétendent que les Infectes qui peuvent monter le long des corps les plus polis le font par le moyen d'u- ne humeur glutineufe qu'ils expriment des couflinets qu'ils ont aux pattes. Ce dont je ne me fuis pas encore af- fure. | (#) Qui ont une efpèce de palette aux Genoux. . Cette palette fe trouve à la première paire de jambes, Les mâles de bien des efpèces de Scarabées aquatiques en ont; mais je n'en ai jamais vu aux femelles. Cela feroit prefumer qu’elle n'eft donnée aux mâles qu'afin de pou- voir mieux fe tenir aux femelles lorfqu'ils s’accou- plent, aufñi ne manquent -ils pas alors d'en faire cet ufa- ge. P. L. D ES iN SEC T'ES 6t. vec la quelle ils peuvent (12$) s’accrocher aux corps auxquels ils veulent fe tenir. Is ne font pas tous le même ufage de leurs jambes. elles fervent principalement pour mar- cher; mais il y en a à qui celles fervent en- core de crampon pour s'attacher fortement 3 quelques-uns en font ufage pour fauter (126). Les fauts qu’ils font font fi grands, qu’on dit qu'une puce faute deux cens fois plus loin que la longueur de fon corps. Pour cet ef- fer, ces Inleétes ont non-feulement des jam- bes & des cuifles fortes & fouples; mais en- core des mufcles vigoureux (127) & doués d’une vertu élaftique , par laquelle l’animal peut s'élever affés haut en l’air. Les pieds fervent de Gouvernail aux [nfectes qui nagent; & c’eft par la direétion du mouvement de ces membres qu’ils arrivent précifément au point où ils veulent aller (128). Îls tiennent en é< qui- (125) Le Scärabéèe aquatique 4 en dedans de la palette du genoux un mufcle qu'il peut retirer, Quand il a ap- ptiqué certe palette contre quelque corps , elle s’y joint fi Ctroitement qu’zücun air ne peut s’introduire entre deux, & alors en retirant le mufcle, le vuide qui s’y forme, rend l'adhéfion plus forte. C'eft par ce moyen que cet Infeéte s'attache fortement À fa femelle, à fa proye, où à tel autre corps que bon lui femble, Derbam T beol. Phyfi. L. VIII. ©, 4. & Frifch P. Il. n. 8. p. 33. Tab. VEL. fig. 21. (126) C’eft pour cela que les Hollandois les nomment Spring-baanen, & les François Sauterelles, du verbe Sauter Frifch P. IX, n. 1. p. 2. (127) Swammerdam p. m. 104 Sed pracipue illä firuttura mirifica eflinmufculis qui in pediculis Locuftarum faunt , quorum ope corpufculum fuurn faltu in aërèm librant fanta al'itudine , quanta fuperef ducenties molem corpufculi. (323) Les jambes poñlérieures de diflérentes SRE e ii ARS. 6z THE 0oLoGIE ï quilibre le corps des Infeétes qui volent (129): & le dirigent felon la volonté de l'animal: lis leur procurent le même avantage , que les Cicognes retirent de leurs longues jambes. Elles les étendent fous leur ventre, & ces membres leur tiennent ainfi lieu de gou- vernail pour fe tourner du côté qu'il leur . plait. D’autres, qui ont la vüe courte, s’en fervent pour fonder le terrein devant ou der- rière eux (130). Quelques-uns les employent à n’étoyer leurs yeux (:3r), leurs antennes & leur corps; & à en ôter la pouflière ou la ter- de Notonetes qui nagent fur le dos, font artiftement fai- tes. Elle ont des articulations parfaitement convenables à leur deflination, très polies & chargées vers l’extrémi- té d'une foye très fine , qui leur fert de rames en nageant, Derbam' Tb: Pb. Liv. VIIL c. 4. p. 91. not. 1. & Frifch. p: 10. p 2. (x29) Les jambes poftérieures d'une forte de. petits coufins qui aiment la Chandelle, font extrêmement lon- gues. À la grêve elles ont de longues franges qui leur tiennent flieu derqueué , &:leur font garder l'Equilibre: ils en volent plus aifement, & s'en fervent comme de go. vernail pour diriger leur Vol. Frifcb p. 1. p. 39. Il en eft de même des jambes antérieures du Papillon de l'Or: tie, dont parle Frifch P. 4 n. 4 p. 0. (130) Les jambes anterieures. d’un petit coufn jaune & verd font plus longues que les autres. Ils s’en fervent pour fonder le terrein derrière eux, comme ils fe fervent de leurs antennes pour le fonder devant. F (x3r) Ariftot. de Partib. Animal. L. IV. c. 6: Pete priores. nonnulla ‘ex iis longiores ideo babent, ut quoniam tropter oculorum duritiem non exquifite cernant | cruribus éis longioribus abffergant incidentem fnolefliam atque arceans Éc. Add. Plin. L. XI, c. 48. » J'ai déjà remarque quelques pages plus haut à l'occas » fion du pañage de Pline, que prefque tous les Infec- » tes de ce pais ont les jambes anterieures plus courtes » que les autres, P, I, DES, ÎNSEGTIES. “rene. qui pourroit les incommoder. . Ceux “qui fouiflent la terre (* ) fe fervent de leurs jambes en guife de, bêche :_ c’eft avec ce fe- cours. qu'ils font des creux (132) dans la ter- re, & des voutes fouterraines., Comme les hommes {e fervent de leurs bras, & quelques animaux de leurs jambes pour fe deften- dre (133); l’on trouve auffi des dasre qu font (*) Ceux qui fouiffènt dans la terre. La force que là Nature a donné aux jambes de plufeurs fortes d’Infectes qui s'en fervent à cet ufage eft prodigieufe à la comparer ‘avec leur petitefle : pour s’en convaincre on n'a qu'à fer- rer dans la main quelque Scarabée de ceux qui fouillent dans la terre, on fera furpris des efforts qu'il faut faire pour les retenir. P. L. (132) La terre eft le fejour du Taupe Grillon. Ses jambes font aufli formées d’une façon propre à la bêcher: elles ne font pas moins dures que les pattes d’une Ecre- wife; & l'articulation anterieure eft ronde au bout, & dentelée à peu près comme les petites rouëés dont fe fer- went les patifiers: avec de telles pattes , l’Infecte peut bé- cher à côte, deffus & defious lui, Aldov..de Infeét. L. V. c. 9 f 571. les décrit ainf. Térni wtroque latere pedes. Primi antici latè, tribus articulationibus compacti, quarum extrema velut in digitulos fecta ef plures, acutos fe, ræ den- tes referentes , criflam Galli diceres, aut equitis caicar. conf. Derb. Pbyfco. T bel. L. V. Ch. 13. p. 456. not. 48. Une faufe Guêpe de la première grandeur dépo- fe fes œufs dans des trous faits en terre, ou dans le fable, Pour cet .eflet elle jette ordinairement avec fes.jambes antérieures la terre ou le fable par deffous fon ventre , à peu près comme font les chiens quand ils fourffent la ter- re pour chercher des fouris, Quand le monceau de terre -ou de fable devient trop grand, elle fe met deflus,& le jette encore, en arrière avec tant de viteffe, que dans un moment tout, eft difperfé; par ce moyen elle empêche le trou, qu’elle a fait, de fe remplir. ; (133) C’eft ainfi qu'en ufent les Grillons de Campagne, & les Scarabees de la farine. Ils repoufent avec leurs piede ce qui les approche, de trop près, & tuent, pour ainf dire, comme les chevaux, + ) L 6à - “TBE O L 0 c1E" | font le mémeufage des leurs. : Je crois ävoir. déjà remarqué qu'il y en a qui s'en fervent. pour faifir leur proye & la tenir ferrée (134). Enfin, la conftruétion des jambes des Infectes eft fouvent une marque, pour diftinguer les » | cfpèces reffemblantes les unes des autrés (135). De leurs, LEs ailes font la principale chofe qu'il y « &l6. jit à remarquer dans les Infeétes ailés.. J'ai déja parlé ci deflus du nombre que les diffé- rentes efpèces en avoient ; & |j’aitremarqué que les uns en avoient deux & les autres qua- tre. Elles font fi fines, & leur.itruéture dé- montfe tant d’att |; qu’elles peuvent pafer pour un chef d'œuvre de:la fageffe du Créa- teur (136). L’on y appercoir différentes M nervures, qui, comme celles des feuilles, font rangées en différens fens (137). La pofition » (134) Les jambes antérieures des punaifes aquatiques ne sleur fervent pas à marcher. Elles leur tiennent lieu d'antennes, & de grifles pour faifir & tenir leur proyé. * ‘Elles ont le long de la grêve de ces jambes une cavité dans laquelle le pied ou la griffe peut fe mettre depuis l'articulation jufques au bout. Cette cavité reffemble.à celle où s’enchaffe la lame d'un couteau de poche; & el- fe leur a été donnée pour empêcher que cette grifle ne $’émouffit ou ne fut èndommagée par quelqu'accident, (135) Les Mouches qui vivent de proye ont à la der- hière articulation du pied, des ongles longs & forts. La plante de leur pied elt fourchue, & chaque ongle en oc- Cupe une extrémité. Cela eft commun à-tout le genre des mouches carhaflières : c’eft la marque à quoi on les peut reconnoitré , comme on connoit lé Faucon & le Vautour à leufs Serres, Frifh P. IL. n..19:p. 38. (136) Conferez Reaumur Tom. I: Part. LMem, #; . 243. & fuiv. | : * (137) On les remarque très diftinétement au Papiilom de la Chenille blançhe d'Hyver. Comme les nervures de fes ailes font noires, elles paroilfent mieux fur le blañc, Demasb ns E € TE£E's. 6f des ailes n’eft pas la même dans tous les In- feétes. Dans les uns, elles font pararelles au plan {urdequel ils (e pofent ( 138); dans d’au- tres, elles pendent un peu fur les côtés (139); & lon en trouve des troifièmes qui les por- tenc élevées en l’air (140). Les remarques, que j'ai eu occafion de faire dans quelques ar- ticles précèdens , font fuffifimment connoi- tre, que les ailes des Infeétes ne fe reffemblent pas en tout. Les unes ont une efpèce de cou- verture par deffus (141); & les autres n’en ont point (r42).. Quelques-unes de ces der- nières font extrémement déliées , polies & tranfparentes , comme un parchemin , une vefhe ou une gaze fine (143); & d’autres font opaques , & couvertes d’une efpèce de fa- rine ou de poudre (144). J'ai aufli exami- né les différentes efpèces de Papillons & de SCa- "A (138) Comme on le’voit à la plupart des petites Pha- ènes. : (139) Par ex. dans la Phalene d’un blanc argenté, qui pait de la chenille velue à taches jeaunes du faule , & fe trouve dans Frifch P. I. p. 23. - (140) C'eft le port d’ailes de la plupart des papillons diurnes lorfqu'ils font dans leur repos. (141) Ariftote les nomme gréaurpz, Lib. de incelfu A: (142) Ariftote les appelle 1.c. x#ato77spe. | - (143) Ariflot. I. ce. Quin etiam penna eorum caret & fifura € caule: Non enim penna , fed membrana cutis æ+ mula eft. au Par ex. les Papillons, qui tirent leur nom a pap- po qui figniñe un floccon, parce que la poudre qui les couvre les fait en quelque forte reffembler à des floccons de coton ou de lain. C'eft le fentiment de Becman 4e Orig. Lat, Ling. p.110. Tome II. : E . 66 THEOLOGIE ‘ | Scarabées ailés, de forte que je n’ai à traiter! ic: que des ailes mêmes. | Les ailes des Infeétes, qui font fans couver- ture, foit qu'ils en atent deux, foit qu'ils en aient quatre , font extrémement fines, & é- tendent les rameaux de leurs nervures en dif- férens fens. Dans quelques-uns, ces rameaux « s'étendent depuis le corps jufqu’ à la moitié des ailes feulement, où ils fe perdent & difpa- roiffent (14F). Dans d'autres, ils vont jui: M qu’au bord des ailes, où ils fe joignent, &c forment une tache, que Mr. FRiscH nomme » ja tache du bord (146). Ces rameaux forment diverfes figures. Quelques-fois ce font des » quarrés, qui dans l'extrémité fuperieure fe divifent en trois branches (147). 3 d’autres-fois. 1 14 ce font des Rhomboïdes (148), des pentago- nes (149), ou des polygonesirréguliers (150) ja membrane, qui fe tiouve entre ces nervum res -’{14E) Par ex. dans le Poux du cheval! Frifeb. P. V. | h. 20 P 44. S (146) c'e ce qu’on voit dans les guêpes à corps long M & däns plufieurs autres fortes de mouches. Fryfcb P. IV. N p. 23. fig. 6. P. 41. | 4 (147) On'en voit de pareils aux ailes de la mouche: puanie aux yeux d'or.) Frifch P. VILL'n.°8. fig. 2: p” 27. 718) Les Femelles des Grillons de Campagne en ont de pareilles de même que les Sautereiles. oh | * (149 Comme dans les Demoifelles aquatiques de moyen- ne grandeur Frifcb P. VIIL n. 8. fig. 1. p. 17: (150) Diverfes fortes de Fauñes guêpes à’ long corps) en fournifent l'exemple. Frifch P. {f T. I ‘Bonan. in « Mufæo Kirch. CI. XÉ f. 344 écrit des ailes des mou- ches Sed quam varias in Mufcarum alis nervorum dif- M gofitiones Natura effinxerit , quis valeat explicare? modo plures, modo pauciores numerantur , totidemque funt eorum diverfæ compages , quot diverfæ funt mufcarun fpecies,e DES INSECTES. 67: mes, eft fouvent fi fine qu’on peut à peine Tappercevoir; & que toute l’aile paroit fem- blable à une fine gaze. I yaune diverlité infinie (*) dans la figu- re des ailes farineufes. On peut les comparer aux feuilles de diffcrens arbres : quelque rapport qu’il y ait entr’elles, il n’y en a point qui. fe reflemblent. L’on en voit de rondes, de longues, de figure de cœur, d’unies dans les bords, de dentelées, il en eft de même des ailes farineules des Infeétes: dans les uns, elles font ovales (151), où prefque ovales, & leurs bouts fe terminent en pointe (12) ; dans les autres, elles forment des Triangles fcalè- nes (1ÿ3) dont les angles font. ou poin- tus (154) ou arrondis (15) : quelques-unes ofic N(*) TJ y a ne diverfité infinie. Quoique la figure des ailes des papillons varie extrêmement , celle dont leurs ai- les fuperieures tiennent le plus., eft la figure d’un trian« gle fcalène, mixtiligne ou curviligne, dont le grand cô- té repondroit au côte extérieur de l'aile, & le petit cô- té à foh côté intérieur. Les lignes mixtes ou courbes qui, en, compofent les côtez font ordinairement très irre= gulières, & rarement le côté extérieur en eft fait en are de cercle comme Jonfton s’eit plu à le repréfenter, Les ailes! inferieures des Phalènes font faites le plus fouvent = forme d’éventail, & font pliées à peu près de même, FA. - (x51) Par ex. dans le Papillon aux ailes blanches on- dées de brun & de noir, qui provient de la chenille des jardins de diverfes couleurs. (:$2) Telles font les ailes du Papillon de la Chenille de l’oleandrez Frifch. P. VIL T. IL. n. 3. p. 6. (153) Comme dans les Papillois bruns à rayes tranf- vers d’un brun foncé que décrit Frifch. P. IE. Tab. 3: 18 6. &(G es) Par ex. dans la Phalène qui {e formé de la che- aille de l’Arroche: Fyifch, P..V. Tab IL Fis, 2. (155) Telles font celles de la phalène dont Le corps & 2 les n . 63 2THEDLOGFE © ônt la figure de Trapèzes dont le * côts exterieur eft plus grand que l'interieur, & leurs angles font pareillement- ‘tantôtw pointus, & tantôt arrondis. Le bord des'ais les de plufieurs ‘eft dentelé (*). ‘Comme à crenclure d’uné'fcie (156) ; ouondé(157)$ ce qui forme des demi cercles, affés femblas bles à la figure d'un ferpent qui rampe® quelques- fois ‘il y a entre ‘ces cercles de petites élévations. L’on ‘en! voit qui, : Pextrémité de leurs ailes, ont! une “efpèce de quéuë , comme les Hirondelles (158) 4 & d’autres l'ont ornée de franges (7) très: fines. les ailes inférieures font rouges. Frifcb P. VII. à. 9° p, 4. Tab. EX. fig, LL! + 1 *) Le bord des ailes de plufieurs eff dentelé. Lorfque les ailes des Paillons font dentelees , ces dentelures fe trouvent prefque toujours à la baze de l'aile, raremernit au côté interieur, & prefque jamais au côté extérieur:je eonnois qu'une ou deux fortes de papillons qui ayent des découpures au côté exterieur de leurs ailes” fuperieus\ res. PL. | Hu les | : (156) L'on en trouve dans le Papillon ,-dont iles ailes fuperieures font jaunes, & tachetées de noir; & qui pros ÿient de la Chenille bleue des Epines jaunes. = + : 1. t (157) Comme la Phalène couleur: de cañelle:, avee dés rayes brunes, tranfverfales & ondees.;8:qui tire fé origine de la plus grande efpèce de chenilles brunes du gramen. ITSTEE k: #4 (158) Par ex, le Papillon jeaune & noir. à"queuë d'hi: rondelle, des ailes duquel Aldovrande de Inf.‘L: Ike 1. Tab. Ï n 6 p 236 dit. Ale inter; queraliaf shinores cffe folent, in boc.animali proceriores fünt ,nfra- que ferrata ferris tifdem coloribus difiinétis , ex\quibus fere « media ceu cauda dependet , add. Frifch. P. 1L:m 22, Tab, X & Merian, P. I, n. 38.-p 7721 caf qracu #1 (+) Ornée de franges. C'eft un ornement que la matu- re a donne à prefque toutes les Phalènes. ‘La baze & le côte intérieur de leurs ailes en font parez, mais leurs aix Les fuperieures n'en ont point au côte extérieur. P.: L, 4 DES INSECTES. 6e fines (159), qui font le méme effet qu’un alon. | Ptate : Quanp on regarde à l’œil fimple la pouf: fière qui couvre ies ailes des Infeétes , on ne la prendroit que pour une poudre ou une farine très fine : «mais fi l’on prend une loupe, l’on s’apperçoit en regardant au travers que cette prétendue pouflière n’elt autre chole que de etites plumes (*) très fines (160), qu’on.peut Dune Ôter pour peu qu’on les touche, Ces petites plumes font de figures très diffé: rentes: les unes ont celle d’un battoir à man- che court, &.les autres font prefque ovales, excepté qu’à la baze, elles font un peu en- taillées : quelques-unes ont la figure des feuil- les de faules, excepté que, parmi celles-ci, il fi à »e(150) Frifch. P. X. p. 26. rE- = (*) N'ef autre choje que de petites plumes. Il a déjà été remarqué ci devant que le nom d'ecaiiles, convien- droit plûtôt à la pouflière colorée qui fai l’ornement & la beauté des ailes des Papillons, que celui de plumes, Mais ïl y à un genre particulier de Papillons dont Mr, Leffers ne parle point ,& dont on peut dire que les ailes font-compofées de plumes, ou au moins de tiges barbuës qui y ont beaucoup de rapport, Ces ailes ne font point faites, commecelles du commun des Papillons , d’une mem- brane tranfparente couverte d'une poudre çolcree qui les rend opaques ; ce font ces tiges barbuës & feparées qui compofent l'aile même, tout ainfi que les plumes forment les ailes des oïfeaux ; mais avec cette difference pourtant que les plumes des ailes de ces Papillons ne font point en recouvrement les unes fur les autres, & que comme elles font fort grandes, il n'en entre que très peu dans la compoñtion de chaque aile, P. L, (60) Sur ces plumes, & leurs diverfes figures qui font ii décrites, voyez Bonan. in Mufæ Kirch cl. 14. Ii en fait f. 330. & 40. une exacte defcription. & f, 369. & fuiv. en les voit reprefentées en cuivre. E 3 TE . #Ô THéesLo6GrE #y en a qui font dentelces par en haut: l'on en voit qui reflemblent à un éventail; à un quarré à angles arrondis mais oncées en haut: d’autres font pointues du côté de la Baze; s’élargiflent infenfiblement , & fe terminent. par deux, trois, quatre, & même cinq poin- tes longues de Ja figure d’un doigt: il y en a# encore qui ont la tigure des feuilles d'arbres 1 qui reflemblent à un cœur, & qui fe termi-. nent par deux ou même trois pointes crochues: s d’autres font oblongues & pointues à leur ori-s gine, où elles font ovales, & ont à l'extré- mité trois, quatre & même un plus il nombre de pointes courtes : enfin , l’on en trouve qui font longues & un peu grofles par Je bas : qui feretréciflent vers le milieu, & font du double plus larges au fommet que vers la racine. Sans compter les differentes couleurs de ces ailes, dont nous. parlerons ci-deflous, plus fieurs font marquées de caraétères fingu- liers (161). L'on apperçoit fur quelques-unes des traits qui repréfentent des Lettres Hé- braïques (162): il y a une efpèce de papillon, qui (161) I eft pourtant bon d'avertir que ces caraières finguliers ne fe trouvent pas reprefentez fi diffinétement fur les ailes des Infeétes qu'il ne faille un peu fuppléer” d'imagination pour les y decouvrir. L | (162) Sur les ailes d'Infeétes, marquées de lettres he-“ braïques, voyez Joh Ign. Mufchel de Mofchau Obferv.w in Ephemerid, Nat. Curiof. Dec. IT. An. o Obf. 120 p. 204 Voyez d'autres figures reprefentées fur les ailes des Infeétes dans Lehmann. ff. Schau-pl. des Ertz geb. Moiffn. Crayffés XI Abtb. c. VIII. p 648. Paullin. fn Zeit- Kurtz erbaul. Lufi. P. YL Them, 12, & 107. Car Rayger. in Ephem. N. C. Dec. III. ro El | À | | 1 DESTNsSsEecTrESs. TA Qui porte fur fes ailes la figure d’un C.Latin d'un Uptilon Grec d'un V ,ou d’un ©.(163) (164), S. Marraan a obfervé un Papillon , far les ailes duquel on hifoit ces quatre lettres Capita- les BC: V. M. (165). Mais je ne l'ai enco- re point vü. D'autres y ont. pour marques une Croix de Sr. André (166) : enfin, l’on en voit qui portent fur leurs ailes la fgure d'une flêche (*) (167). Les ailes, qui ont une couverture, ne font pas moins dignes de nôtre attention que les autres : cette couverture eit dure comme de la corne (168), & ne laifle pas de fe caffer fort aifément. Elle eft comme le fourreau ou l'étui des ailes déliées, qu’elle couvre & ga- “yrantit de tout accident (169). Comme les 1n- RS 22. p. 29. Valentini s# Muf. Mufæor. P:II. c. 39. . 16 (162) Frifch. P. IV. n. 4. Tab, 4 fig. 6 p. 9. Mé- tian. PF. n. 14 p 20. Moufet. L. I. €. 14. (164) Fritch. P. [ Tab. £ fig. 4 p. 27. (165) Merian. P. IL p. 50. (166) Frifch. P. II. n4 10. p. 39. Tab 9. Fig. 3. (*) Qui portent fur les ailes la figure d'ure fléche. Toutes ces fortes de repréfentations , ordinairement aez imparfaites, ne méritent pas qu'on y faffe grande attention: elles ne font propres qu'à amufer le peuple ,qui fe perfua- de aifément qu'il doit y avoir du miflère cache fous les figures qui par hazard fe rencontrent femblables à quel- * que lettre, ou à quelque caractère emblematique. P. L. (167) Erifch. P, IL Tab. 2. Fig 3. + (163) 11 y en a pourtant dont les étuits font fi delicats, qu'ils fe contractent & fe replient après la mort de l’ani- mal: comme Frifch la obfervé à un Scarabée d'un btun noiratre qu'il décrit Liv. XII. n 30. p. 36 - (r69) Ariflot de patrib. Animal. Libr. IV. c 6 Er crufla pennas obteëlas gerunt , velut galerucæ & cetera id genus Infeda, fcilicet ut pennarum vues integras tuerniur . THEdLOGIE « | Infectes n’ont point d’os, elle leur en tient lieu extérieurement (170). Toutes n’ont pas la même dureté : cela varie beaucoup felon les efpèces. La longueur eft encore une cho- … fe fur la quelle il y a beaucoup de diverfité: dans les uns, elles ne couvrent qu’une petite \ partie du corps au deflous du corcelet (471); & dans d’autres , elles en couvrent la moi- tié (172): il y en a quelques efpèces où la « couverture n€ va que jufqu’à (173) la par- tie poltérieure du corps, tandis que d’autres la couvrent toute entière (174). Quelques-fois » ces couvertures font moitié opaques (175) & dures, comme la corne ; & moitié tranfpa- « rentes & fines, comme la feuille de pavés. L'on ne remarque pas moins de variété dans leur figure. 1l y en a qui, jointes en- femble, font rondes comme une portion de fphère (176); & d’autres ovales (177) soblon. “ é gues, … &c. Et Plin. H NL. XI. c 28. Quibufdam pennarum tutele crufia fupervenit, ut fcarabeis quorum tenuior fra- giliorque penna. 1 (170) Swammerd. p. m. 104. In fcarabæis animad- verfionem meretur , ut rete monuit Fabr. ab aqua penden- te, quod offa, que in fanguincis majoribufque carne vefliun- tur € intrinfecus fita funt , bifce carnem vefliant extrinfe- cus. Offa bic intelligwnus illam cruflam exteriorem , fub ua membra carnea ejufmodi Infé(lorum delitefcunt.: (171) Par ex: dans des Perce-Oreilles. (172) Comme on le voit aux Scarabées que Derham homme HwsgaeerTeeu. Ph. Theol. Phyfg. Liv. VIIL Chap. 4 p m. 920. n. 8, (173) Comme dans les Scarabées noïrs de farine, (174) Cela fe voit-au Scarabées oblongs du boïs, (75) Les Punaifes des Bois en fourniflent l'exemple. (#76) Tels font les Scabées tefludinaires , ainfi nommez, parce que l'étui de leurs ailes a la forme ronde d'unç é- Caille de tortué. ‘tie (177) Par ex, les grands Scarabées aquatiques. DES ÎNSeCcTrEs. 73 gues, ou étroites (178). ” Les unes font ex- tiémement polies (179); & les aûtres ont un rebord (189) , ou font piquées de points(r81), qu'on diroit y avoir été faits avec une épin- gle. ” Celles de quelques-uns ont dés rayés pa- ralelles à la pofition du corps, 8€ fembiables aux fillons (*) d’un champ labouré; & celles de quelques autres font garnies de poils (182), ou ornées de petits tubercules, qui s’élévent fur la furface. Les ailes auxquelles ces étuis fervent de cou- verture, font extremement fines & fort tran{pa- tentes. Dans quelques efpèces , elles ne font pas plus longues que l’etui même, & elles peuvent être couvertes fans qu'il foit néceflaire de les plier (183). Mais il yen a dautres, qui les ont beaucoup plus longues ; & qui 6nt be- foin de les plier lorfqu’ils ne volent plus, pour les mettre fous les étuis qui les couvrent. Pour cet effet , elles ont au côté extérieur une (178) Coinme les Scarabées à corps longs qui naiffenit dans le bois, (179) De manière qu'elles reluifent comme de d'acier poli; tels font les étuits des ailes de Cantharides, . (180) Comme celles du Scarabée, aquatique à rebord jeaune. | | (x8T) Telle eft la couverture des aïlesdu Scarabée ob- long couleur de violette qui nait dans le bois. $ (*) Semblables aux fillons. Les traces fillonées que l'on voit fur l'étui des ailes de pluñeurs Scarabees , font fouvent des marques auxquelles on peut recomnoitre les femelles ; il eft plus rare aux mâles d'en avoir. (182) Cela fe voit au Scarabée oblong couleur de car- x qui fe trouve dans le bois. Ses poils ont l'éclat du eu, . (183) Frifch l’a obfervé-au Scaribée du ver qui vit de Jard crud, P, I. p. 37. Ro Se. 9 BA E . 74 THEOLOGIrE | une articulation, ou une efpèce de reffort, pour plier en dedans ce qu’elles ont de plus long que leurs étuis (284). Lorfque ces ailes fe couchent fur le dos, leurs plus grofles ner- vurcs font fans appui, & les deux bouts trop longs font pendans. Mais dès que l'étui s’a- baifie pour les couvrir, elle abbaifle aufli ces groffes nervures, & alors les deux bouts, ti- rés par leurs mufcles, fe plient en dedans & fe mettent d'eux-mêmes dans leur place. Le Scarabée ne fait autre chofe pour cela que de laiffer un petit efpace entre l’étui & fon corps, afin que ce qui reborde de l'aile puifle plus aifément fe plier. Voilà ce qui arrive dans tous les Scarabécs dont les ailes font plus lon- gues (18f) que l’étui. Dupoi L'on trouve plufieurs efpèces d’Infeétes , dont quel-qui font revêtus de poils. Quelques-fois ils ques-uns {ont fi fins qu'ils échapent à l’œ1l fimple,.&c font cou- _., : 5 1,: ; verts, qu’on ne peut les voir qu’à l’aide (186) d’une bonne loupe. Mais dans d'autres Infeétes, ils font aflés vifibles fans cela. Ils n’en ont pas dans toutes les parties de leur corps. Quel- ques-uns en ont à la tête (187), où ils font l'effet que les barbes font aux plumes. L'on | en \ . (184) On en voit un exemple au grand Scarabée noir aquatique. Frifch. P. IL. n. 7. p. 31. x (185) Tous les Scarahées qui ont cet étui court, en font de même, comme celui dont parle Frifch. P: V. n. 85:.P- 49- ALL r Sù (186) Tels font ceux du Scarabée jeaune qui nait dans le pain. (87) Je connois une chenille à corne & 2 tête noire, qui a le mufeau garni de poils d'un rouge tirant fur le jeaune ; ces poils font à peu près l'effet autour de fon men - ton, que font les cheveux du Lion autour de fa tête. DES INSECTES. én voit dont le corcelet (180), en guife d’un manteau de Huflard , eft couvert de ce poil. D'autres en ont la partie poltérieure. de leur dés couverte comme d’une peau d’ours { 109). L'on en découvre enfin fur leurs ailes, tant in férieures (191) que fuperieures, & fur leurs jam- bes (192). Ces poils font de différentes couleurs (193); qui changent cependant lorfque les Infectes vieilliflent (*), & font prêts à former leur coque. Jls font rares fur quelques-uns (194); fur d’autres , ils font en plus grand nom- bre (195), d’autres font très velus (196). I] 4 (188) Cela à dejà été remarqué ci defus. (189) Par ex. les Phalènes, (190) Comme les Bourdons. (xor) Bonanni parlant d'une certaine mouche dit, _4- Lam defumptam e [upra dilla mufca exbibeo microfcopio auc- tam, in qua fideliter ad vivum expreffi nervorum feriem € conmexionem , quibus ‘compta erat. In utraque parte membrana , quæ intra nervos continebatur, brevibus © ra- ris fpiculis vnunita apparebat, infuper ejus fimbria exornata quadam pilorum ferie Gc. CI. XL f. 343. &f. 374. n. 8". (192) Une fauffe guêpe, par exemple, dont fes anten- nes fon recourbées en arrière, a les jambes velués, (193) Les poils des trois premiers anneaux de la che- nille Marte font d'un jeaune rougeatre, ceux de fon dos & de fes cotez font couleur de fouris (*) Qui changent cependant lorfque les Infectes vielli[- fent C'eft lorfaue les Infectes ceffent de manger & vont fe difpofer à changer d'Etat qu'il arrive quelquefois des changemens très-confidérables à leurs poils Je connois des chenilles d’un poil naturellement très blanc , qui chan- gent alors du blanc au noir en moins de quelques heu- TES. (194) (195) (196) Les Chenilles de cet ordre font f communes, & il y en a de tant de fortes qu'il eft inutile d'en citer des exemples. PE THE&EOLOGIE : 76 y a des Infeétes qui font encore ornez'de brof- fes les unes quarrées (197) les autres ron- des (198), qui fouvent font égales par le haut & reflemblent aux aigrettes de verre que les Turcs portent à leurs Turbans, & fou- vent fe terminent en pointe (199) comme lex- trémité d’un pinceau. L’on en voit ; dont ls poils font fi gros qu’on peut avec raïfon les apeller des épines (200): chäcune de ces épines fe divife encore quelquefois en plufeurs branches, dures, &c fouvent f petites qu’elles ne tombent pas fous les fens (207). Elles font pa- téillement de différentes couleurs (102) ,com- me on peut le remarquer dans les ‘divérfes efpèces de chenilles épineufes : chacune de ces épines n’a pas le même nombre de bran- ches ; les unes en ont trois, d’autres qua- tre (203) & même plus. Leur pofition eft auf très différente. Dans les uns, les FRS ont (97) Telles font les broffes de la chenille à broffes du Prunier. . | (198) La chenille à broffes de la Dent-delion , en fournit un exemple. (x99) C'eft ce qui fe voit à la chenille du Maron- nier. (260) On les appelle Echini en Latin /&en François Epineufes. Voyez Réaumur To. L Part. TL Mém. 2. p, FO. (201) Nonne neceff> eft, nos admiratiene percelli, dum videmus , quemvis pilum, qui vermis gafearii corpufculo énfitus Daæret , facile centum aliis, quarmuis eninoribus . fru- ticefcere pilis : pari fere modo , quo ramulum wepris in complures fpinas luxuriari videmus* Ce font les paroles de Leeuwenh. in Epift. Phyfolog. IX. p 00. - (202) Voyez-en des exemples dans Frifeh. P.IV,"n.: +p 7.& P. VI n. 3. p. 7. | 203) Réaumur PI, 23. Fig. 10. & 114 $ F __ DES AnsEecTres. 77 font plicées autour de châque anneau fur une. même ligne (204). Dans d’autres elles, y font placées fur deux lignes diférentes, & cela non vis\à-vis les unes des autres, mais obliquement, 8 toujours à diftances fi égales, qu’on diroi qu’elles ont été mefurées dans la dernière ex- aétitude (205$). he à - Ces poils & ces épines font de plus d’un ufage. Ils garantiffent les uns d'un trop grand frortément., qui ne-pourroit qu’endomager leur peau; & ils fervent d'armes aux autres qui. lesemployent à piquer (*) leurs ennemis avec aflés de force (206). Enfin, parmi ceux qui vivent fous l’eau, 1l y en a qui y renfer- ment-entre leurs poils une bulle d’air qui leur del e fért 204) Réaumur F. P. £. pl. 1 6g. 5 & 7. % (205) Ibid T. I. Part 2. Mém. 10. pi. 26. fig. O9. (#) Qui les employent à piquer. Les poils des Infec-. tes: font ordinairement plus roides, & plus caffans que ceux des autres Animaux, c'eft ce qui rend les piqures de ceux de chenilles fi incommodes : fins comme ils font, ils s'infinuent dans les pores de la peau, ils s’y rompent, £z la partie rompuë qui y refts, s'y enfonce pour peu qu'on y touche, Voilà ce qui caufe ce prurit, & ces petites ébullitions qui ont fait croire mal à propos que tés chenilles etvient venimeufes. C’eft ce qui a déjà été remarqué par Mr. de Reaumur ,&t que j'ai fouvent éproux mé par ma propre experience. Parmi le grand nombre de chenilles rafes de toute efpèce que j'ai manié, aucune ne m'a jamais fait le moindre mal, Îl n’en a pas été de même des Chenilles velucs, elles m'ont piufieurs fois caufe des cuiffons, fouvent même fans les avoir touché, & feulement pour avoir ouvert de mes doits des coques où elles avoient laiffé de leurs poils. «i 1(206) Jonfton. de Infet L. IE C. 3. art. 2. pun& 3. f. 109. dit d’une chenille épineëfe de l'Ortie. Rigé: dulos & erectos pilos babet , fpinatim crefosntes, Levi rattu vulnerant; primumque blandum , [ed venenatum prurisums deinde vis ferendum delorem faper inducunt F2 À LEE De leurs Cornes. 1 78. 2T 4e. 0 € HE Pa 1 fert: pour remonter plus PE l'eau (207). | La nature a donné des cornes dures à quel- ques Infeétes )}208), tout comme.elle en a donné à divers quadrupèdes. Plufieurs n’en ont qu’une (209), quiet placée, fur la tête, & s’élêve direétement en haut (209), ou fe recourbe en arrière, comme une faucille. Mais il y en a aufi qui en ont deux, placées au devant de la tête, s'étendant vers les cô- tés, ou s’élevant en ligne droite. Ces.cor- nes font ou courtes, unies & un peu recour- bées en dedans comme des faucilles, ou elles font branchues (211). Quelques-fois, elles font égales en longueur, & d’autres fois, el- les font plus grandes l’une que l’autre. L’on en trouve aufli qui ont trois de ces cornes, qui s’élévent perpendiculairement (212). Ilsneles Rex - (207) Les petits Scarabées aquatiques ont des poils fous le ventre, entre lefquels ils renferment quelques particu- les d'air. (Charges de cela , ils ne defcendent qu'avec peine au fond de l'eau, & quand ils y font arrivés, ils font obligés de s'acerocher à quelque chofe de folides Mais aufñ tôt qu'ils l’abandonnent cet air: les fait remon- ter au deffus de l'eau. - (208) Ces cornes différent des antennes, en ce qu'el- les n’ont point d’articulations. .-(209) Vid. Aldrov. de Infe& L. V. c. 2. Tab, LH, f agi. Bonan, Muf. Kirch. Ci. VIIL f. 276. & 204 Frifcb. P. IV. n. 7, p. 16. Imperati HN. L. XXIX, p. 924 Worm. Muf. L. IIL c, 2 f, 242. (210) Teleftla corne du Scarabce du Tan, Vid; Frifch, P. IV. n. 8. p. 17. (211) Comme le Cerf volant : voyez Aldrov L. IV. c; 3: -f. 450. n. 1. Bonan. 1. c Imperati L'XXVII. p. 902: Muf. calceomar. Veron. Set. VI. f.:668. Ofean Gottorp.. Kunft Kam. Tab, XVI. n. 5. f. 25, Nardi Ant. Rech. de animalib. nov. Hifp, 832 Worm. Muf |, €. (x12) Par ex, l'Enena du Brefl. Marcgrafi le décrit de 1 la | 1 ll … D ESS se © Fr ÉS 7ÿ portent pas tous à la tête; car l’on'en voit qui les ont des deux côtés des épaules près de la tête (213). Enfin, dans quelques Infeétes, elles font immobiles, & mobiles dans d’autres, Ceux-ci peuvent par ce moyen ferrer leur proye, comme avec des tenaiiles; & ceux-là écarter ce qui fe trouve en leur chemin. la manière fuivante. dans fon Hift. Brafil. L. VIL c. 2. Prima feio corporis tricornis in fumnitate anteriore cornu babens protenfum, € paululum deorfum flexum longitudine dentis burmmant ; € utrinque ad latera unumn ejufdem magni- tudinis. | (213) Par ex. le Scarabée d’ont parle Frifch, P. IV. n, 7217. | MERE En En A Ep EEE ED CHAPITRE Il. SECTION TL Des parties interieures des Infeëtes. P Assons maintenant aux parties inté- Le par- rieures des Infeétes, & portons, pour #1 été- ainfi dire, nos regards jufque dans les replis 2e Tnfee. les plus cachés de leur corps, pour pénétrer: font , les myftères de la Nature. Cette tâche eft pleine d’un grand nombre de difficultés. Plu- fieurs de ces parties font fi petites, qu’elles échapent à nos yeux. L’on a befoin, pour les difcerner, des meilleures Loupes. D’ail- leurs, les yeux s’affoibliffent à force de re- garder long-tems un même objet; & fi l’on veut fe gêner à cela, fouvent on s’en reflént. Malgré toutes ces difficultés , les Naturaliftes n'ont la chair, … St lon écorche un Infcéte avec des inftru-« les fibres mens, ou qu’on le jette dans l’eau chaude, a: € Les eufcles. noncer une défcription anatomique des principales parties so : THE ÔLOoGIE« n’ont pas laiflé de découvrir plufeurs chofe ur ce fujet, auxquelles je joindrai çe que expérience m’a appris. fin que la peau s’en détache d’elle-même, l” trouvera qu'elle couvre plufeurs parties di. * gnes d’attention (*). D'abord, on découvre dans la rête le cerveau, dont la fubftance eft ä molle qu’on ne fauroit bien l’examiner, pas méine avec la loupe. Quand on perce les! yeux des Infeétes avec une épingle, il en dé" Coule une liqueur (1), qui, dans quelques-“ uns (#) L'on trouvera qu'elle couvre plufieurs parties dignes“ d'attention. Quoique le debut de ce chapitre femble an-: qui entrent dans la compoñfition du corps des Infeétes , lon ne doit pas!s'attendre d'y trouver de quoi fatisfaire la curiofité d'un Anatomifte entendu. Pour donner une idée un peu. jufle de ce qu'il y a de merveilleux dans la ftructure: intérieure de ces petits animaux, il faudroit entrer dans un detail qui pourroit feul fournir matière à plus d'un volume, & qui ne pourroit être gouté que des connoiffeurs. Des réflexions générales telles que celles auxquelles Mr. Leflers a été obligé de fe borner ici, n’of. frent qu’une image très imparfaite du fujet. Aucun Aus teur ne merite plus d’être Ià fur ce point que Swammer:. dam , fa Bible de la Nature , qui n’eft prefque qu'un compofe de faits Anatomiques, faît bien voir qu'il n’en tre pas moins de parties dans la formation du corps d'un infedte, que dans celie des plus grands animaux ; & ce qui fuppofe dans cé premier un mechanifme bien plus admirable, c’eft que pluféurs des parties intérieures d’un grand nombre, après avoir toutes fublifté afez longtems dans un même état, changent enfuite de forme{ de def: tination, & de-nature pour s'adapter aux divers befoins qui refultent des differentes Metamorphofes que ces In- es fubifent. « (3) C'eft ce qui arrive aux mouches, : LA 4 È pes INSECTES. 8t “ns, eft claire comme de l’eau ; & qui, “dans d’autres, eft rouge comme le fang. Sous Ja peau fe trouve la chair. On peut bien lui donner ce nom (*) (2); puifquelle eft com- pofée de parties fribreufes , molles & quel- Que-fois rougeñtres , comme dans les autres animaux (3). Les fibres font des parties ©blongues, minces & aufli délices que le fil le plus fn: leur ufage cit de lier les autres par- mies les unes aux autres, & de les mettre en mouvement. Elles refflemblent à des rides en forme d’anneaux: c’éft ce que l’on apperçoit diftinétement dans les Enfeétes (4). ‘Lorfque É à les D (*) On peur bien Lui donner ce nom. Si la fubftance a compole le corps de quelques Infectes à de la con- ehice “aflez pour pouvoir être appellée ,. quoi qu'aflez improprement , de la chair, ceile ‘dont le corps du plus grand nombre eft forme, fur-tout avant leur dernier chaz- gement, et & mollaffe, & fi fluide, que le nom de glaire où d'humeur vilqueufe femble plutot lui convenir. Et ainfi Mr, Leflers dans la note fuivante auroitbien pu faire Quartier à Ariftote fur ce point. P. L. ‘ (2) Ce qu'il faut remarquer Contre Ariflote, qui paroit Avoir avance que les Infectes n'ont pas de chair propre- meñt dite , mais fimplement une fubftance qui lui eft ana- ‘logue lorfqu'il dit. H A. L. IV. c. 7. Quod autem pro carne in üts babetur , id nec tefiam émitatur , neque quod in refiaceis gemus carnis continetur : [ed mediam guandam in- per bec refért naturam. 7 (3) Warder. c. 1°°f 7: p. 5 & Gedde p. 9. ont obfervé que les Abeilles ont une Chair fibreufe, molle € | rougeare, ° | : | © (4) Parex. dans les Abeïlles fur lefquelles Leeuwen- hoek fait l'obfervation fuivante, ‘Corrugationes annulares in bilce fibrillis tan funt afpectabiles atque confpicuæ ; ut il- Jas Œipfemet ; quo tan jucuñdo perfruerer freétaculo, [e- plus contemp'otus fin; É compluribus primarie note viris, éngerio doéfrinaque pollentibus ;aliquotiés ofénderim. UE dfud animadoertendhen eft, quétiés Bnnulaes\ it y five: D. Tome 11. F con 8z TuzoËocie | les mufcles ne fe meuvent point; mais aufh- tôt qu'ils font en mouvement, ils tendent les. fibres & les rendent invifibles. La trop gran de finefle des fibres des Infeétes a empêché de. découvrir jufqu’à préfent, fi elles étoient en-. veloppées d’une membrane fine, comme Île» font celles des Quadrupèdes. Dans quelques Infeétes, ces fibres font fi courtes (f); qu’à peine leur longueur eft égale à la largeur de trois poils; c’eit pourquoi l’on ne peut pas toujours les appercevoir avec la loupe. Com- me elles fervent à étendre & à contracter les Mufcles (6) , leur ftruéture doit être fembla- ble à celle d’un courçaillet. Elles varient leur mouvement {7), fe pliant en demi cer-*# cle, contraGiones , five rugæ, in fibrillis obfervantur ; tm: ; mufculos ipjos, © fingulas mufceulorun fibrillas , motus € aclionis ommnis expertes quiefcerc. Cumvero rnufculi ad mo dum excisantur , vel jefe in longitudinem explicant, tum an- nulares fibrillarum corrugationes perire atque evanefceré. Epift, Phyfol. XI. p. 103. «bi plura de fibrillis Infec-“ zor (5) Leeuwenhoek Epift. Phyüol. XVIT, p.106 Nas quarundam mufcarum longiffime fibrillæ aliquot pilorum« latitudinem longitudine non excedunt : Adde quod minutulæ ile fibrille duclus fpirales babeant tam concinnos , 1amquet ordinate difpofitos. Ut intucntibus aädmirationem incu- fant. 4 4 (6) Leceuwenh. Epift. Phyfolog. XXXVII. p. 3642 Adbec perfpicue videmus, mufculos pulicares , aut poriss . perexiles illorum jfibrillas, non minus ad contractionem at-s que extenfioncm appofitas elfe, quam carnem bubulam. | (7) Leeuwenh. Epift. Phyñol. XII. d Lardophago:, Cum ifiam carnem per microfcopium contuerer, admirabun- dus advérti plerafque illius fibrillas , ubi non nimis confertæ jacebant, quodam contractionis € extenfionis motu agitari: uin aliquas in arcum, alias étiam 1n duos arcus, mo* wéndo fornicari. æ vero -maximamn pariem fub aliis oc- culchantur fibrillis, qua confpetlui paichant, jam ca u . # 14 DES INSECTES. 83 Ele, tañtôc à droit tantôt à gauche à peu “près comme feroient quantité dé petits Vers couchés enfemble. Ce mouvement eft cepen- dant très petit, & à peine les fibres changent- elles de difpolition. Après ces fibres, on voit de la chair dans les Infeétés, Comme dans les autres animaux. Les mulcles. ont aufli leurs petites veines, qui jointes aux fibres nerveules; & charnues, font. un bout de mufcle. Les Infeétes n'ont pas de fang proprement Les fues, dinfi nommé ; parce que la compofition de cerre fubitance demande plus de préparations & de digeftions qu’il ne peut s’en faire dans un corps auf petit (*) que le leurs. Mais à Res | | la fun arcuabantur , jam finifirorfum …. fed motu adeo leni , ut nulla pars locum mutaret. Brevi, ft quis bos motus confi- derans nefciret, cars tar exigui € vulis aninalculi ocu- dis fuis .objectam effe , facile jararet, ingenten viventiurs wermiculorum cobortem ante confpettum fuum obfervari Ne- que quifquan bec fatis iniellizet , nifi tar: mirabili fpecta- culo ipfeinet fruatur. . | dE: (+) Qu'il me pout s'en faire dans un corps auffi petit, Je dowe que cette raifon fatisfafle un Lecteur éclairé; le grand apparat que l’on remarque dans la ftruéture intérieu- re du corps des Infedtes, dont nous ne voyons cepen- dant que les parties les plus grofières, la petitefle excef- five, de, quelques uns , dont pluñeurs milliers réunis ne | compofent pas. ie volume d'un grain de fable, & dans | | nous devons cependant fuppofer des parties ana- gues à celles des Infectes les plus. grands, nous font bien voir qu'il n’eft pas au defus de la puiffance de ja matière dirigée par les mains du Créateur, de former dans un Infecte quelque petit qu'il foic tous les vaiffleaux né- cefaires pour faire les digeftions & les filtrations propres « à convertir fes alimens en fang. Il feroit au contraire ien plus apparent , que fi les Infetes n’ont point un fang pareil au nôtre, c'eft parce que ce fang feroit trop grolfièr pour paffer par des vaifeaux auf déliez que ceux de la plpart,& qu'il leur faut pour cet effet des liqueurs biea plus filirées & plus fubrilifees que celles ,qui entrent. k. à dans . 84 THEOLOGIE la place de fang, ils ont de certaines humeur: gluantes,qui leur en tiennent lieu. Ces humeurs: ont leurs efprits animaux, c’eit de ces hu- meurs, que les Infeétes tirent leur fubfftan- ce. Quelque fubtiles quelles foient, elles ne: laiflent pas d’être tenaces. Cette qualité qu'elles ont fait qu’on peut, après avoir coupé la tête à une mouche, la coler de nouveau fur fon corps: fans cependant lui rendre par là la vic: cette qualité glutineufe des humeurs (*) fait. que dans la compoñtion de nôtre fang, dont un feul globule eft quelquefois plus gros que tout le corps de quelques une de ces petits animaux. Mais fans vouloir déterminer ce qui en cft, on peut toujours regarder comme un fait certain, que f les Infectes n’ont point un fang pareil au nôtre, ils ont du moins des liqueurs qui en font l'office,“ & on ne peut guerre douter que ces liqueurs ne circulent" dans leurs veines, lorfqu’on fait attention à ce qui fé pafle dans les plantes & dans les grands animaux, vû fur“ tout qu'il y a des Infedtes dans lefquels on en découvre! des indices affez certains ; tels font par exemple les puces; auavd on examine leurs jambes au Microfcope, on y voit diftinétement des vaifleaux qui, après en avoir parcouru ùve étenduë, retournent par un autre chemin vers le tronc du corps dont on les voit fortir. P. L. | (#) Cette qualité des bumeurs. Je conviens que la te: nacite des humeurs des Infeétes peut contribuer à faire qu'ils ayent la vie dure, mais ce que Je crois y contribuer bien autant , c’eff qu'il me paroït démontré, que leur principe de vie, au moins celui d’un très grand nombre, ne refide pas fimplement dans la tête, mais qu’il'eft re- pandu dans toute l'habitude de leur corps. J'ai vu-le corps d'une chenille fans tête marcher quelques jours a- près l'avoir perduë. J'ai vu le tronc du corps d'un ver de terre qu’un Infecte aquatique avoit bien racCoÿrci d'un tiers à chaque bout, vivre dans l’eau plus d'une femaine après. J'ai vu du mouvement dans le corps d'une guêpe trois jours apres avoir été féparée de fon corcelet. Si le principe de vie des Infedtes ne refidoit que dans la tête, on conçoit que la tenacité de leurs humeurs ‘pourroit ALL. - COn- 3 DES INSECTES, 8ÿ que. vies sinfeétes, peuvent vivre . quelque: | tems contibuer à faire vivre pendant un certain tems gette tête, & partie du corps qui y feroit demeurée attachée ; mais comment veut-on que la feule tenacité de ces humeurs puifle alors conferver la vie & le mouvement à l’autre aid qui feparée de fa 1ête feroit par conféquent privée u, principe vital & de l'influence des efprits animaux? [1 femble que certe partie devroit tout auffi-tot perir, & com- me elle ne perit cependant pas , mais qu’elle conferve fon activité encore longtems après il paroït naturel d'en con- clurre-que fon principe de vie & de mouvement ,ne refida pas feulement dans la tête, mais qu'il eft auffi repandy dans tout, le refte du corps. Ce n'eft pas tout; ou pourroit même inferer de quel- ques.expériences que j'ai faites fur les animaux dont il vient d'ê:re, parlé, que fi les Infectes ont une’ame , cette âme eft auñi repandue dans toute l'habitute de leur corps, demanière qu'en divifant le corps,on la divife pareillement,. Chaque partie de ces animaux divifés, m'a paru donner -des marques de:connoïiffance & de fentiment. Quand je touchois la chenille fans tête, elle faifoit les Imêmes mou- wemens qu'elle faifoit en cas pareil , lorfqu'elle l’avoit en- gore, & pour peu que je continuañle , elle prenoit la fuite. Le tronc du ver terreftre, dans fa fituation la plus tran- quille , lorfque je le touchois, fe mettoit d'abord en mou- vement & fe retiroit au plus vite. Quand je tenois ja partie antérieure de la Guêpe, elle mordoit dans tout ce que je lui préfentois , & lorfque je touchois à fon corps quoique féparé de la tête depuis deux jours, il faioit dabord, fortir fon aiguillon & le dardoït de tout côie & eu tout fens, comme pour tâcher de me piquer. Ne voit- on pas que toutes ces differentes parties d'animaux , mal- gré leur feparation, avoient encore confervé , non feule- mentla vie & le mouvement, mais encore la faculté de recevoir l'impreflion des objets, & le défir de veiller à leur. propre confervation, en fe déterminant chacune felon fon caractère, les unes pour la fuite, & les autres pour le combat? Ft comment comprendre que chacune des par- ties feparées d'un même animal ait pû conferver cette f2- culté & ce défir, à moins qu'elles n’ryenten même tems confervé le principe dans lequel l'un & l’autre ref- dent qui eft l'ame , & l'ame ne fauroit fe trouver dans 3 deux À 86 _THEoLoGcre tems (8), après avoit été divifés en deux ou. plus deux parties féparées d'un même animal, fans avoir été divifée. Voila donc l’ame des Infcétes ,au moins de quel: ques-uns, divifible, quel étrange paradoxe! ” Peut être trouvera t-on que pour établir un fentiment fi fingulier , il faudroit des expériences encore plus décifives que celles que je viens de raporter; hé bien, en voici deux qui femblent fans replique , & qui paroiffent demon- trer , que fi les Infectes ont une ame, il y en a en qui cette ame eft non-feulèment divifible, maïs encore telle, que chacune des parties dans lefquelles on l'aura divifce, fuffit pour animer, un corps tout entier, & lui confervet la vie. La prémière de ces expériences eft tirée de ce petit animal aquatique dont j'ai déjà fait mention ci-deffus Pag. 73 qui a en gros la figure d'un grain de femence de dent de Lion, & qu'on voit repréfenté PI. r.Fig 28... 32. C'eft uni fait certain , que quand on le coupe en deux, ou même en trois parties, chaque partie redevient un a: nimal tout entier, qui fait fes fonctions comme aupära- Vant, Ma feconde expérience va plus loin; j'ai diverfes fois coupé non feulement en deux; mais en quatre, et huit, en feife,& encore en plus de partiesune efpèce de ver aquatique d'un brun rouges're long dé 3 à 4 pouces. Le plus grand nombre des parties du ver aïnfi coûpe ,' très fouvent toutes, ont non-feulement confervé le fenti- ment & le mouvement, mais après dé Io Où 12 jours elles ont commencé à repouffer par les deux extrémitez, & font devenues au bout de 3 où 4 mois, chacune un a- nimal tout entier; deforte qu'ainfi un feul ver m'en aquel- ques-fois produit plus de feife, que j'ai encore fait multi- plier par la même operation autant qué je l'ai trouvé 2 propos. Après ces expèriences , il femble qu'onaura de peine à s'empêcher de ‘reconnoitre qu'il n’y ait des Tnfec: tés d’ont l'ame, s'ils en ont, eft divifible, & même divi- ble en très grand nombre ce parties toutes fuffifantes pour animer uni Corps tout entier; Car lorfqu'on examine ces deux fortes d'animaux, on voit clairement quech:cun eft un Infedé uñique, & non une file d'Infeétes réünis bout à bout, comme quelques uns le prétendent du Solitaire ; & aïnfi je ne conçois pas cé qu'on pourroît alleguer pour éviter les conféquefces qu'on a vu qui réfultent’ des faits qui vienvent d'être raportez. P.L er ce LE (8) Arifiot. H, À. L. IF, C 7, Irfeta divulfa e- 21am 4 1 DES INSECTES. 87 _pluñeurs piéces ; elle empêche une promte évaporation , elle retient les humeurs qui circulent encore pendant quelques-tems dans les membres ; ce qui n’arriveroit point fans cette qualité. L’on peut aifément s’affurer que les humeurs des Infectes l’ont, quand, a- rès les avoir tirées de l’animal, on les expo- fe à l’air; elles fe féchent en peu de minutes &c deviennent caffantes comme la colle (9). Les Infectes ont une artêre (*), que l’on L'arière, | re- tiam vivere pollunt omnia, exceptis iis, que vel adimodurn frigent vel pre fua exiguitate, quam primum refrigerentur. Nam vefpis quoque divulfis, non deef} vivacitas - Vivit er- go cum pectore tum caput, tum alvus: At fine eo caput a- vulfum vivere non potef. Diutius ea vivunt divulfa, qui- bus corpus longum, pedes multi, © pars, quæ abfciffa ef, in utrumque fe movet extremum ESc (9) Lifier de Aran p 72. Humor qui ab acus punc- » tura ex éorum corpore profluit, pellucidus eft , € dilutus ad- anodum videtur ; laïnen paucis momentis exficcatur , © fit fragilis velut quoddam gluten. _ (*) Les Irfeëles ont une artère. C'eft ce vaiffeau que l’on pretend être le cœur des Infeétes, ou fi l'on veuc ç'eft une file de cœurs qui parcourt toute la longueur deleur dos. Dans les chenilles les batremens en commen- cent par la partie poftérieure ,& vont fuccelfivement d’ar- ticulation en articulation jufque vers la tête. Mr. de Réau- mur avance au fujet de ces battemens un fait bien fingu- lier. , Il prétend qu'on peut obferver dans les Chryfalides nouvellement dépouillées & encore tranfparentes, que ces battements changent de diredtion , & que la grande artére, qui dans la chenille poufle la liqueur du derrière vers la tête ,la pouffe dans la chryfalide de la tête vers la queué, ce qui fuppoferoit que dans ces deux états la circulation de la liqueur qui fait l'office du fang, fe feroit en un fens directement contraire. |'ai quelque regret d’avoir négligé jufqu'à préfent de repéter cette expérience fur les Chry- falides nouvellement depouillées, car quoique je ne dou- ‘te pas que la chofe ne fe foit trouvée telle dans tontes les Chryfalides que cet illuftre Auteur aura examinées , j'ai lieu F 4 de a, D cart . dat, « « Sns-rà ? . 88 THÉQLOS6IE)I | remarque le long de leur, dos , & dont on: apperçoit le. batremenr. L'air produit, dans cette artère le méme efret que dans la circu-! lation du fang. | Le Ven. LES Infecres mangent & boivent comme. sricule, les autres adimaUx ; is ont donc befoïin d’un ventricule (10). Cc n’eft autre chofe qu’une - | peau extrêmement fine & concave comme un | pétit fac. Les alimens. des Infeétes pañlent du gozier dans ce ventricule, où ils fe digè- rent & fe changent en fuc nourricier, Parmi les Quadrupèdes, ceux qui ruminent ont be- foin à de ctoire, , OÙ que ce mouvement nouveau ne dés pas longtems, ou bien qu'il n’eft pas commun à toutes les Chryflides. Car ayant trouvé une ‘efpèce de chenilles qui m'a fourni, ce qui eft bien rare, des Chryfalites ex: trêémement tranfpatentes , & au travers defquelles on pou- voit voir très diffinétement tous les mouvemens de l'artè- re, je les ai pris quelques jours après leur transformation, & je me fuis mis à les examiner à diverfes reprifes avec toute l'attention pofble, & cela pendant plufieurs mois que leur tranfparence a duré, & j J'y ai toujours remarqué très clairement & avec une entière certitude, que 1 mouvement de Jebré cœurs, ou fi l'on veut de leur grand artère , n’avoit nallement changé de direction dans ces Chryfalides , mais qu'il avoit cohtinué pendant tout ce tems d'aller de la queué à la tête comme il avoit fait dans la chenille P. L. (:o) Conf. pre re T p 34. D. Joh. de Muralto in Fohemerid, NC: Dec IT. An. T'p. 168: £ de mufaiss Sioinacbus amplus ejft €. membranaceus, fæpeque 0} digitis. alvo vefice infiar cum fonitu difrimpit, | Re, de Infeét Tir 1. CL Art 1. P I de Apibasf x. Siomachurn babent er omniun membranarum" ténufims chntextun , quo colleétam mellaginem non folum continent , fed ctiam concoquunt & depurant. Lümbricorum amplum ES in très velut regiones difinétum flomackum cui conti- . puetur intefiimum , recto duciu ad caudam procedens , äefcr. à Kænig. in Regn. ‘Anim, Se, II, Art. VE r D ESLÉ NSE © Tæ s. 89: (oin-de plus d’un ventricule (11), qui eft for- mé de plulieurs plis. 11 en eft de même parmi les Infeétes: l’on en trouve qui ruminent (*) * (rx) Swammerd. p, m. 82. In loculls moftris etiam releroamus triplicem locufiarum Ventriculums , qui fatis bel- le refpondet ruminantium ventriculo. In illo evidenter con- | ris potelt omafus ; unde nullum nobis ef dubium, quin & æc Infecta fint runinantia, ut illa animalia multiplici dentriculo predita, Add. Peyerus de rumimantibus L. I, c, 2.-p. à @Y L'on én trouve qui ruminent. J'ignore s'il y a des Infeétes qui ruminent. C'eit un fait que Swammer- dim conjecture des Sauterelles, & que Mr. Leffers croit pouvoir établir par l'Ecriture : mais il ne me paroît pas que le Chapitre du pañage cité du Levitique nous enfei- gne rien de pareil, Les animaux y font diftinguez en quatre clafles; les quadrupèdes, ou ,comme porte le texte Hébreu , le’ Bêtail, en prenant ce mot dans un fens plus étendu que celui qu'on lui donne ordinairement. les poif- fons , les oifeaux, & les reptiles ou Infectes. Le fouve- rain Léoïfateur marque par raport aux deux premières clafes les caratères auxquels on pourroit reconnoitre les animaux que Ja Loi permettoit de manger. Ceux de la première devoient ruminef, & avoir l’ongle divifé, & le pied fourchu. Ceux de la feconde claffe devoient avoir des écailles & dés nageoires, Pour ce qui eft de la troi- fème, les Bêtes pures n’y font diftinguées des Bêtes fouil- lées par aucun caradère, mais la Loi nommeexpreffement au lieu de cela Ceux d'entre !es oïfeaux qu'il n'étoit pas permis de manger. Et quand à fa quatrième clafle, elle fe contente de défendre feulement de manger de tout In- fete volant qui chemine à quatre pieds, ayant outre [es pieds des jambes pour fauter avec elles , & elle n’excepte de cette règle générale que les quatre fortes de Sauterelles dont Mr. Leflers fait mention. C'eft au moins là le-fens que je voudrois donner à ce dernier paflage , puifque le texte hebreux n'y paroit pas contraire, & qu'on ne fauroit guerre .admettre la verfion des interprètes qui le tradui- fent les uns ,par, Toutefois vous mangerez de tout rep- tile volant qui chemine-à quatre pieds ayant jambes fur fes pieds pour fauter, & les autres, fujvant la remarque même de Mr. Leflers , par, qui chemine à quatre pieds, & ; À s qui v Lecœur. 90 THEOLOGIE & qui par conféquent,ont plus d’un ventricu= le. C'eft cette efpèce d’Infeétes que Dieu avoit permis aux Hebreux de manger (12). PLusiEuRrs perfonnes, n’aiant point vü « de cœur dans les Infectes, ont nié qu'ils en euflent ; mais c’eft aller trop vite que de parler ainfi. L'on fait que ces animaux ont quanti- té dé parties fi petites, qu’on ne fauroit les. découvrir (13); n’en peut-il pas être de mé- me du cœur? D'ailleurs ,il y a quelques efpè- . ces dans lefauelles ont peut fort bien apper- cevoir cette partie (14). Enfin, les humeurs cir- qui n’a point de jambes pour fauter avec elles. Maïs quel- que fens qu'on veuille donner à l'endroit cité , je ne vois pas qu'il en refulte que les quatre efpèces de Sauterelles D ET À : ne PE EL 5 TE qu'il étoit permis de manger foient du nombre des ani- maux quiruminent, & que la feule mention de leurs qua- tre pieds fufife pour pouvoir les confidèrer comme fou- mifes à la règle établie 17. verfets plus haut pour les Animaux de la première claffe, & pour pouvoir en infe- « rer que puifque la loi permettoit de manger ces Sauterel- les ,il falloit qu'elles ruminaffent ,ce qui me paroït être le raifonnemert de nôtre Auteur. P. EL. (12) Telles font les quatre efpèces de Sauterelles dont il eft fait mention dans le Levit. Ch. XI. vers. 21 & 212. Toutefois vous mangerez, ce qui s'enfuit, de tout replile vo- Int, qui marche à quatre pieds, ayant des jambes [ur [es pieds pour fauter avec elles fur la terre. Ce font ici ceux dont vous mangerez, à favoir Arbe felon fon e pèce , Selbams Selon fon efpèce, Argol felon fon efpèce, & Hagab Jelon fon efpece. " (13) In plurimis & pene ommibus Infeéorum £eneribus propter corpulentie exiguitatem cor recie difcernere non po[- Jumus ; attamen in apibus , mufcis, crabrombus © bujus modi aliquando ( ope perlpicilli). licet. Haru. exercit, Ana- tom. ÏI. de mot. cord. c. 17. er * (14) Joh. de Muralto. I. c. de mufcis cor in ohdomine latet fr diaphragmate, pallidurn, conicum , unica .ventri- culo fimplios donatum 5° fericardio cintlum, bis M à pate ts L éd bméct PR Se DES INSECTES. 91 circulent dans les Infeétes; & les artères ont ” une efpèce de battement; ils faut donc qu’ils aient ou un cœur, ou quelque chofe déqui- valent. IS RAGE L'on à aufi refufé des poumons aux In- feétes (15). Mais comme la refpiration eft néceflaire à toutes les créatures; & qu'elle fe fait par le moyen des poumons, qu’on trouve: dans tous les animaux, il ne faut pas douter qu’ils n’en aient. Ils ne font pas de même grandeur, ni de même figure dans toutes les créatures. Auf remarque-t-on que ceux des Infeétes font plus grands à proportion que ceux des autres animaux (16). Cet organe eft formé, dans toutes les créatures, de petites veflies (*) unies les unes aux autres (17). L'air 7 (15) Adrov. in proleg. f. 14. (16) Papiliones zantès pulmonibus præditi funt, ut octo- decim corum inveniantur ami, qui per Omnia EOTUM fe bra fparfi furt: Cleric. Opp. Philof, Tom. IV. c. 1. f. 23. p. M. 16 (*) Ef formé de petites Veffies. S'il faut entendre ici par poumons une fubflance fpongieufe & remplie de peti- tes veflies entrelafées de différens vaiffeaux qui dans l’in- fpiration des grands animaux reçoit l’air par le moyen de Ja trachée artère, je doute qu'on äit encor découvert de poumons pareils dans aucun Infecte, & les deux vefcuies des abeïlles dont l’Auteur fait mention dans fes notes, ne font nullement des vaifleaux femblables. Les Bronchies dont une infinite fe trouvent repandueës dans tout le corps de la plüpart des Infectes , femblent leur tenir lieu de pou- mons , & fuppléer au defaut de cette fubftance fpongieufe qu'on ne leur trouve pas. P, L “is (17) Swammerd. p. m 03. Obférvaitu in ‘apibus cz: terifque Infedis digniffimi funt pulmones , ex duabus candi- cantibus veficulis confrantes: qualibus weficulis etiam conf: ant | exourgatis fluidis bumidifque, palmiones fanguineorusn ansnaliun, ut eiegantur obfervavit vir indufirius" pi: : pén ‘ j: E 92 THEOLOGIE y entre par la trachée artère (18), & en fort -par le mêmeendroir. Les Infeétes ont auf cette trachée, qui fe termine aux, poumens; mais elle n’eft pas de la même ftruéture que celle des autres animaux. Dans ceux-ci, elle eftformée par:plufeurs anneaux cartilagineux; & dans les Inieétes ce n’eit qu’une peaur( * } qui peut fe dilater & fe contraéter facilement: Les autres animaux ont dans leurs poumons des branches; qui s'étendent depuis, la veine cave dans le poumon en des branchesplus pe- tites (19). Les Infectes en ont auf: & font pañler par là l'air dans tous leurs membres. Daxs Maïpighbius. Add. Reaumur To. I. Patt. I. Mém. x. p. m. 20. On trouve aifement leurs poumons finguliers , ou les trachées, qui les compofent. N (x8) Cler. 1 c. (. 7. p.14. & Kœning. Regn. Ani- mal. Sect. I, Art, XX p 116. | (*) Dans les Infeces ce n'eft qu'une peau. On trouve, il eft vrai, dans le corps des Infectes quantité de vaiffleaux qui ne femblent être compolez que d’une fimple mem- brane; mais ce.ne font pas. là les vaifeaux pulmonaires ; ceux-ci, comme on l'a déjà dit ailleurs, font des tuyaux toujours ouverts, entourrez d’un fl qui les environne à tours ferrez, de la manière qu'on voit fouvent un fil ar- genté roule au tour, des groffes cordes d'une Bañle, ou d'un Violon. On fait aifement défiler ce fil des trachées en pañlant legérement deflus avec un pinceau mouillé, C'eft un fpeétacle curieux. que d'obferver ces vaiffeaux avec le Microfcope ; on eft ravi d’admiration de voirque des branches la plupart incomparablement plus delites qu'un cheveu, &, dont il y.en a par milliers dans. le Corps d'un feul Infeéte, foient frabiqués avec tant d'arti- fice. .P.-L. (19) Sed in Infe&is pulmones, per totum corpus fparft, ! deferunt ,quod ex aëre traxerunt, in fingula eorumn membra arteris eo devehitur fanguis. Cler. f. c. f. 29. . 16. | DES IÎNSECTESs, 93 . Dans la plüpart des Infeétes, les inteftins Les in. font un peu différens de ceux des autres ani: “fins. maux. La petitefie de leur corps n’en fauroit admettre un aufli grand nombre; & ils ne fau- foient s'y ranger. Auf chés le plus grand nombre, ce n’eit qu’un fac, qui s'étend de- puis la bouche jufqu’à l’ouverture qu’ils ont vers la queue (20). On peut le: voir avec la loupe dans les Infeétes tranfparens (21): Il femble cependant que, du côté dugros boyau, ils ne foient pas tous de la méme ftruéture. Une preuve! de cela, c’eft que les excrémens de Quelques chenilles font ronds où cylindriques, & quelques autres ont cinq canclures (22) (*): Tout cela ne fauroit venir que de la ftruc- (20) Ariftot. L. IV. H 4. c, 7. Intra finum ab ore éntefinum pluribus directum ac fimplex ufque ad exitum fertur ,paucis eft replicatum. Add. Cle. 1. c. c. 3. (. 33. p' 50. Kdacioribus tamen & snajoribus in anfralëus reior- sum eft. Schwenckf T beriote Siles. p. 462. b. (21) Swammerd, p. m. 65. Digniffimum obfervatu eft, gediculum Microfcopio fubjeélums mirificam ofientare intera- meorum motitationem: Siquidem. ad interanea ejus per ex- teriora tralucentia datur tranfparens confpectus , ut facilli- ne dignofcas albiffimas venas, motum intefiinorum € fimi- lia, Sanguinem Ji [ugat eum videas, motu quodam undu- Zatorio per gulam ceu cataraciam ; ad ventriculum tanta cum vebementia ferri, ut recrementa in inteflinis illi cedere cogantur. sa | (22) Voyez-en la figure dans Mérian. P. II. n. 23. Tab. 23. & n. 26. (*) Ont cinq canclures. Il eft affez orditaire aux chenilles qui ont une corne fur la partie poftèrieure, de faire de’ ces crottes canelées ; les‘ canelures en font enco- re fouvent traverfées par des entaillures qui ‘divifent ces crottes commeen differemts änneaux.- Leur forme recu- lière & peu commune meériteroit qu'on en récherchat là caufe, qui fembie plutôt devoir 4e ste dim ae cles 7” | 94 ‘THEOLOGIE | ftruéture du gros boyau ; qui eft le moël# dans lequel les excrémens prennent cette f- . gure. Au tour de ce long tuyau, on voit plu- fieurs fibres minces (23); qui tiennent lieu de veines & de trachées. #8 Les abeilles ont vers le derriere une bou- teille que les autres Infeétes n’ont point. C’eft là où elles mettent en referve le miel qu’elles ont fucé des fleurs. | Exrin, il faut rémarquer que les femelles ont une ovaire (24). Cet organe paroit formé d’un tiffu de fibres ; qui ne font fans doute que des veines. | | Ce qui Four ce que je viens de rematquer furles par- prouve la ties tant extérieures qu’intèrieures des Infeétes puilance, fait éclatter de la manière la plus merveilleufe ee fee la fagefle & la puiffance infinie du Créateur. berté dæ Lorfqu’on aflifté à l’ouverture du cadavre de leur Au- quelque grand animal, ce fpettacle nous ravit #ur. enadmiration: fes diffèrens membres, leur fgu- re, leurs mufcles, leurs artères, leurs veines, leurs trachées, leurs nerfs, leurs conduits , tout nous furprend, tout nous étonne ; par tout * cles de l'Anus, que dans la figure intèrieure du Redtum, qui ne paroit pas être un Vaiffeau affez folide pour pou- voir donner cette forme à des excremens de la dureté de ceux-ci. P. L. (23) Voyez en la reprefentation dans Bonan. in Muf. Kircher. Fig. L Fol 365. Cleric. 1. c. en dit. Circa id intefinum varia cernuniur tenuiffima filamenta, que ve- narum € arteriarum vices prafare videntur. Add. Réaum. To. I. Part. I. PI. 5. Fig. 2. 3. 4. | (24) Swammerd. p. m. 82. dit de l'ovaire des Saute- . relles: Ovarium argenteis files interteatwm confpicitar & que procul dubio funt venæ cum arterits. D ES INSECTES. of tout nous découvrons du grand & de l’admi-. rable: cependant le volume de ces animaux eit aflés grand, pour contenir tant de diffè- rentes.parties, & l’on n’a pas lieu de s’éton- ner qu’elles puiflent y trouver place. Quelle ne doit donc pas être notre furprife, loriqu’en diflequant le plus petit des Infeëtes, fufcepti- bles de diffeétion , nous découvrons les mêmes membres, les mêmes parties que dans l’ani- mal le plus monftrueux! Quelle grandeur de fagefle & de puiffance dans cet amas de par- ties toutes également parfaites, & réunies dans un fi petit volume! Si quelqu’Artifte ha- bile entreprenoit de travailler fur ce deflein, il pourroit peut-être imiter les membres ex« terieurs des plus grands Infeétes: mais vien- dra-t-il jamais à bout d’en contrefaire les plus petites parties intérieures ? Donnera-t-il à {a machine la faculté de les mettre elle-même en mouvement? Lui communiquera-t-il la vertu de procréer fon femblable? Tout cela eft au- deflus des forces de l’Ouvrier le plus habile: pour l’opèrer, .il faut une puifflance & une fa- geffe infinie, que nous ne trouverons que dans le Créateur , prémière & unique caufe de tous les êtres. Nous nons afflürerons encore mieux de cet- te vêrité ; {1 nous obfervons l’ordre & l’arran- gement merveilleux de tant de diffèrentes parties. Dans les animaux, diffèrens des In- fectes, la tête, les yeux, le front , la bou- che , les dents , la langue , la poitrine, le ventre, les pieds &c. Ont châcun une place particulière, qui leur eft aflignée: n’en eft-1l pas de même dans les Infeëtes ? Il n’y a ne quel- ot L 96 Tusolodret! : quelques vers qui foient privés dela poitrine & des pieds. Ce ne font pas lesmembres feuls , qui font placés dans le lieusqui leur convient: l’on remarque encore.le même ar- rangement dans les différentes parties dont, chacun de.ces membres eft compofé. -Un fi grand ordre n’annonce-t-il pas que celui, qui en eft l’auteur, eft un Etre infiniment fage?! Si l’on ne le remarquoit que dans quelques” ünes des créatures; & s’il y avoit de l’in- certitude à cet égard ; l’on’auroit quelqu’ap- parénce de raïfon de n’en pas attribuer la cau+ ie au Créateur : mais cet ordre n’eft-ilpas uni- verfel & invariable ? Ne le remarque-t-on pas conftamment dans la difpofition des membres des hommes & des quadrupèdes ; dans les plu< mes des oifeaux ; dans les fleurs des plantes; .& dans toutes les parties tant ‘extérieures qu'’intèrieures du plus vil des Infeétes ? UXE autre chofe, qui n’eit pas moins digne d’admiration que les précèdentes, c’eft la di- verfité qu’il y a entre tous ces membres. Ils {ont en très grand nombre; cependant il n’y en a point qui fe refflemblent : ‘ils diffèrent tous ou dans leur figure ,ou dans leurs dimen- fions , ou dans quelqu’autres traits. Quelle vafte étenduë de deflein dans celui qui a for-- mé le plan de tous ces membres! Qui pour: roit afligner des bornes à la puiflance -& à la hberté de celui qui l’a mis en exécution! Quel ordre dans l’arrangement de chaque” partie ! Quand on entre dans une ville, dont toutes les maifons font regulièremeut difpofées; l’on en conclut auflitôt que aucliqu’una préfidéà la :conflruction de cetre-ville; &"qu’ika sy " allés à ° petssdnspermEs. . 09 aflés de pouvoir, pour gêner la liberté’ des * particuliers, &les em pêcher de bâtir felondeut phantaife.s Si, malgré la régularité de chà- que bâtiment, l’on: remarque qu'ils difèrent beaucoup lesuns:des autres; l’on ne manque point d’en infèrer, que le Direéteur de l’ou- Wrage avoit une vaite étendue d’efprit, & qu'il . étoit capable de former plufeurs plans fur un même fujet.: Mais quelle diffèrence n’y a-t-il pas: entre -le plus parfait arrangement d’une Valle,: & celui des membres du plus petit In« fecte? Quelle: diffèrence de gérie entre celui qui ne conferve l'unité & en même tems la diverfité que dans ‘une feule chofe; &: celui qui la conferve conftamment dans une infinité d'ouvrages? Celui-là n’exerce fa liberté &fon choix que dans: la, ftruéture d’une ville uni< quement;; mais celui-ci exerce & l’un &t Pau tre des millions de fois dans la ftruéture d’une infinité.de chofes très différentes les unes des autres, «Un artifan qui imagine diverfes figu- res pourembellir fon ouvrage, exerce fon 1= magination & montre qu'il a du génie : s’il exécute ice qu’il a conçu , il fait voir qu'il a de la puiffance:& de la liberté en mémetemse Mais quelle diftance n’y a-t-il pas entre ce qu'un Artifan peut imaginer de plus parfait, pour embellir fon ouvrage, & ce que Dieu’a fait pour l’embelliflement des Infeétes ? Que doit-on conclure de ces diverfes réfléxions Rien-n'elt plus naturel, ce me femble. Un Etre fouverainement libre, infiniment fage êc tout pfantia formé les Infectes | Cerr nE diverfté, que-je viens de faire re< marquer dans’ lesimembres des {nfectes , n°em - Tome Ii. G pé- » 08 THBOLOGIE pêche pas qu’il ne règne entr’eux l’harmonie. & la proportion la plus parfaite. L’on voit évidemment que le corps, la tête, les jam- bes , les ailes de chacun ont été faits pour être aflortis enfemble & pour former un mé-… me tout. L’un de ces membres n’apporte au- cun obftacle au mouvement des autres ; au contraire, ils coopêrent conjointement , & fa- cilitent par-là le tranfport du tout d’un lieu à « un autre. Les organes intérieurs font formés « d’une manière à diftribuer facilement la nour- riture dans toutes les parties du corps de l’In- fete. L’on y trouve tous les vaifleaux né- ceffaires, pour la fecrétion de ce fuc nourri- cier; pour en faire la diftribution par tout où il en eft befoin; & pour l’excrétion du fu- perflu, qui ne manqueroit point de les incom- moder. Tout cela feroit-il l’effet d’un hazard | aveugle ? Poufferoit-on l’extravagance jufqu’à le penfer ? N’eft-il pas plus conforme à la rai- fon de chercher la caufe d’une ftructure fi merveilleufe dans un Etre infiniment fage & infiniment puiflant ? Quel autre que lui pour- roit être l’ouvrier d’une machine, qui porte avec elle tant de caraétères de puiffance & de fagefle? Quel autre que lui auroit pû donner à chaque Infcéte précifément les membres, qui lui font néceflaires, pour le genre de vie auquel il eft aftreint? Comment le hazard aus roit-il fü donner des ailes & des piés à ceux qui font faits pour voler & pour chercher“ leur nourriture au fommet des plus hauts ar- bres ? D'où vient qu’il ne s’eft jamais trompé fur ce point ? L’on voit conftimment , & fans aucune exception, que les Inicétes, qui fonc obli- … DES INSECTES. 99 obligés à chercher leur nourriture dans des endroits éloignés, ont les organes de la vüe ê&t de l’odorit aflés fubtils pour voir & fen+ tir leur aliment de loin; mais la finefle de ces fens leur deviendroit inutile fans la faculté de fe mouvoir. Hé bien ! ils ont des aîles pour voler vers ces objets qu’ils ont apperçû de loin. Ceux qui font obligés de fe glifier dans les ouvertures de la terre, ont le corps fait pour cela: il eft enduit d’une huile, qui leur facilite le paflage; & ont les membres néceflaires pour l'ouvrir s’il eft bouché. Ceux qui vivént dans des fubftances plus dures, commé la terre compaëte, les racines, le bois &c. ont aufli tout ce qu’il leur faut pour ce genre de vie: leur peau & leurs aîles font aflés dures pour n’être point endomagées par Je frottement. Il en faut donc revenir à ma première conclufion. Un Etre tout-puiflant êc tout-fage eft le Créateur & le confervateur des Infectes. (C’eft le feul moïen de rendre üne raifon fuffifante de tous ces merveilleux phénomènes. G 2 CHA- ° eo THEOLOGIE. | _ vou D Es ts Eos te En ER EEE | CHAPITRE III. | Où l'on traite des qualités fingulières de quelques Infeëtes. Dsla HE mets dans le rang des qualités fingulie- petiteflè res (1) des Infectes ia petirefle de quelques- de. quel- uns d’entr’eux , qui non feulement à Fu à les comparer aux grands Animaux font d’u- ne petitefie exceflive, mais encore à les com- parer les uns avec les autres. L’on trouve une efpèce de Scorpion , dont la longueur égale. . celle d’un demi quart d’aulne (2); & ÆAuge- rius Giolenius Busbequius (3) affüre avoir vû en (r)Je ne parle point ici des qualités imaginaires que quelques uns attribuent aux Infectes; comme ce que l'on dit, p. e. de la feuille ambulante, où du Papillon qui fe change en plante Je ne nie cependant pas qu’il y aït u- ne forte de Papillon à Surinam, qui, à caufe de fa ref femblance avec une forte de feuille, porte le nom de* feuille volante. Mais je regarde comme une fable ce que l'on en dit qu'il fe change en Plante. C'eft ce qu’a de- montré Kundmann in rariorib, Art © Nat. p. 466. & fuir. (2) Joh. Bontius in ‘Hift. Nat. & Med. v. 4. Seba. Thefaur rer. nat. Tab. LXXI n 1. (3) Voyez fes œuvres Epif. IV.p m. 343.& Blancard, XVII, n. 1. p. 54. décrit un Papillon de Surinam d'u- ne telle grandeur que fes ailes étendues peuvent couvrir la main. Sa taille lui a fait donner le nom d’A4/&, DES INSECTES. 101 en Turquie une fourmi des Indes de la gran- deur d’un Chien de moïenne taille (*) : ces In- feétes font fort grands, en comparaifon de pref- quetous les autres, & fur-rout en cornparai- fon de ceux qui ne font pas plus grands qu’un grain de millet (4); que la pointe d’une é- guille ou qui font même fi petits, qu’on ne - fauroir les appercevoir fans le fecours du mi- crofcope (FT). Que peut-on voir à l’œil fim- ple de plus petit que le Ciron ; qui mange le fro- (*) De la grandeur d'un chien de moyenme taille. On Auroit été très redevable à Mr. Busbequius , s’il avoit bien voulu envoyer quelques-unes de ces monftrueufes fourmis en Europe. Il auroit par là délivre les Naturalif- tes de la repugnance qu'ils doivent fe fentir à croire un fait G furprenant P. L. * (4) De ce genre eft le Moucheron du Vin Cette ef- pèce eft abondante dans les pais chauds, où il.pénètre facilement dans les vaiffeaux où l’on met du vin, Com- me cet animal eft fi petit qu’à peine peut-on le voir, il falloit que ceux qui vouloient boire le vin pur le coulaf- fent. C’eft à quoi J. C. fait allufion, quand il difoit aux Pbatifiens Matth XXUIT. v 24. qu'ils couloient le mou- cheron € engloutiffoient le Chameaw Add, Petr, Joh. Fabri Paochÿym, L. III Se& V c. 1. Vol. 1. Oper p. 353. Süunt'quædam culicum fpecies adeo parve, ut atoms videan- tur ,€ quaft puncta animata, quibus alas addidit Natura, ‘ut Deum omnino admirandum in bifce corpufculis cernere- mus. Quid enim mufca, quid enim culex, in quibus on- nia organa Éÿ parles amimati corporis reperiri licet , etfi confpici oculis mequeant. _Aculeos babent, quos dormientes perfentimus € vigilantes (animo) percipere non pollumus. Aculeus ille imperceptibilis eft illis tuba, ut mmarem accen- ro , @ft lis fifiula, ut cantent , cf illis tubus ,ut bibant. 3 " (+) Sans Le fecours du Microfcope. Ce n'eft pas tout. IL y en a que les plus excellents Microfcopes rendent à peine vifibles ; ainfi qu'il a déja été remarqué ci- de- want, P. L. G 3 De la Lumière qu'ils ve- pandent dans les Tenebres. . . 102 THEOLOGI:TE fromage ? Cependant cet infeéte a une tête, des articulations, des mufcles, des antennes, des poils, des inteftins, &c. Les parties de fromage, dont il fe nourrit, doivent encore être plus petites. Que fera le fuc nourricier, qui circule dans le corps d’un fi petit Animal? L'on peut conclure de ces réfléxions que la ne de la matière va prefque à l'in- ni. ; Quezques Infeétes brillent pendant la nuit comme du feu. La Nature a produit de cer- tains corps, qui ont une lumière innée ($). Cette lumière eft vive & refplandiffante dans les uns, comme on le voit par le foleil. Ily en a d’autres, dont la clarté eft plus foible, & qui ne brillent que la nuit; parce que le grand éclat du jour efface toute la lueur qu’ils peuvent jetter. Tels font les poils des che- vaux, & des chats, principalement les noirs. Si, dans l’obfcurité, on les frotte à contre- poil, il en fort des étincelles ou un petit éclat de lumière. Il en eft de même du bois de faule pourri, des écailles de poiffons, & d’au- tres chofes. Il faut ranger dans la même claffe quelques Infeétes (6), dont la so] ! n’e (g) Conf. Bartholin. de luce Animalium , & Sachf. Gam- marol. c. 11. p. 207. ff. I. M Quir. Sept. Flor. Ravimi Diff de Noctu lucentibus. Lipl. 1673. Conr. Gef- ner. de varis € admiranais berbis, quæ, five quod notu luceant , five alias ob caufas, lumariæ vocantur , commen- tariol. Tig. 4 Corn Vogel. Scbediafm. de avibus not lucentibus. Lipf. 1699. add. Corn Hoeger de ignibus tan- tum lucentibus fub. Mr. Cbrifiopb. Sturmio Altorf. 89. : C2 - Ld (6) Il faut mettre dans ce rang ces vers qui a * eurs DES ÎINSECTESs. 103 n’eft point fenfible pendant le jour ; mais lori- que la nuit eft venue, ils brillent comme des charbons ardens (*), comme des étoilles, ou com- leurs divers noms de la lumière qu'ils répandent pendant Ja nuit, . Cardan s'étoit imaginé que l’on en pouvoit faire une liqueur pour éclairer dans l’obfcurité. Mais Scaliger a fait voir qu’il s’étoit trompe : de fubtili. exercit. CXCIV. n. 1. 63 Ceux qui ont écrit de ces vers ne font pas d'accord entr'eux. Les uns veulent qu’ils aient des ailes, & les autres le nient. Mais l'expérience de Benÿ. Allen peut, ce me femble, terminer la difpute. Ila obfervé que Ceux qui volent s’accouplent avec ceux qui ne vo- lent point; que ceux ci, ni les prémiers, ne s'accoupient jamais éntr'eux , d'où il a conclu que ceux qui volent font les mâles, & les autres les femelles. Voyez Sam. Van Dai. Pharmacolog. P. XII. c. 1. Sec. I. n 18. p. 493. Conferez Rich. Waller dont les obfervations tirées des Tranfaétions Phil de la fociété Roi. de Londres, fe trouvent dans les A. Erud. Suppl. Tom. I. Sec. IX. . 443: | 23 Ils brillent comme des charbons ardents. Outre les Infectes qui luifent de nuit d’ont l’Auteur fait mention, il s'en trouve un à Surinam qui mérite d’être connu 2 caufe de la fingularité de fon caractère Suivant la defcrip- tion qu'en fait Made, Mérian pl. 49. cet animal dans fon état rampant doit avoir en grand une forme approchante de celle qu'ont dans le même état nos fauterelles-puces en petit ; on lui voit pareïllementune longue trompe dont il fe fert pour fucer les fleurs de Grenade, & cette trom- pe lui refte toute fa vie. Après s'être défait d’une peau, il change de forme & paroît fous celle d'une grande mouche verte qui reflemble en gros à la cigale Son vol eft alors très rapide, & le bruit qu'il fait de fes ailes imite le fon d'une Vielle , ce qui lui a fait donner en cet état le nom Hollandois de Liereman ou de joueur de Vielle. Quoique , felon le coursordinaire de la nature ,un Infecte , après être devenu ailé , ne fubit plus de change- ment, celui-ci, fuivant le témoignage des Indiens, que Mad . Mérian dit avoir en partie vérifié par fa propre expérience , fubit encore une dernière transformation, qui le rend lumineux, & lui fait alors avoir le nom de Law- tarendraeger où de Porte-Lanterne. Dans cette transfor- G 4 ma- . 104 TH à © L Oo G IE € | comme des allumettes (7). La lumière de» quelques-uns eit ii claire, qu'elle peut tenir lieu. de chandelle (8), à la lueur de laquelle 4 on mation, outre d'autrés changemens plus legers qui-arri- . vent à fon corps & à fes ailes ,il lui fort du devant de la : tête une vefñe très iongue ,colorée de traces rougeatres &t verdatres , tranfparenie de jour , & qui répand de ‘puit une lumière à laquelle on peut lire un caraétere aflez: per tit Cet animal, {uivant la repréfentation qu'elle en don- né , eft bien alors long de quatre pouces, & fa weñe oc- cupe plus du quart de cette longueur, Avant que Mad: Merian connût la qualite lumineufe. devcet-Infede , ‘les Indiens lui en apportèrent plufeurs, qu’elle renferma dans une grande boëte, Fflrayee la uit d'un bruit finguliec qu'élle enteniit dans la maifon , elle fe leva ,-fit allumer une chandelle, & alla voir ce que ce pouvoit être. Ce bruit venoit de la boëte ; elle l’ouvrit, & auffi-tôt il en fortit comme une flame qui redoubla. fon emotion, & lui fitjetter la boëte, qui reépandit un nouveau trait de lu: mière à chaque animal qui en forioit. On conçoit. que cette frayeur ne dura pas longtems ,& qu'ayant bien-tôt fait place à l'admiration,on ne negligea rien pour ratrapper des animaux fi extraordinaires qui s'étoient prévalu de la peur qu’ils avoient caufé, pour prendre l'eflort P. L. (7) Oùtre les auteurs que nous allons citer. Voyez AG. Pbilof.. Angl. de 1668, p: 690. € 169: p: 807. AG erudit. Lipi de 1689 p.148 Epbemer. Nat. Car. Dec. II An I Obferv. 172 p 1406. (8) Telle eft la mouche iuifante ou plutot le Scarabée luifant du Brefl nomme ; Cocojus , Cucujo , Memoa xiarondwris. * Voici la defcription qu'en donnent les Auteurs qui en ont parlé. Ex fcarabecrum genere elfe vi- detur. Septuplo cicindela noftrate volante major eft, digiti minimi craffitudine, duarum unciarum longitudine: Corpus duodecim incifuris ornatur , ex cinereo parum migricans. Caput eff longum . cujus anteriori parti nigra fuperius quafi in medio triangularis macula infidet ; breves antennæ; oculi grandes, juxta cornicula prominuli € migri prope os locan- . vur. Reliquum caput coloris eft fpadicei fere exceptis duo- bus clavis prope collum aureis, € quibus radii fplendentes infigni fulgore exeunt Pedes [ex nigri @ corpore exeunt. Elytra, quibus alæ teguntur , colore fere cafianeo ee | es 7 | DESINSECTES. 10f ôn*peut coudre, filer, faire d’autres ouvra: ges & même lire fort commodément. C’eft Un fecours qu’ils fourniflent à ceux qui voïa- gentipendant la nuit : c’eit un flambeau qui guide leurs pas & les empêche de s’égarer. eMJUA tplüpart des Infeétes font muëts: ‘cet np, zur pendant 1] y en 4 plufiéurs qui ont les organes fon de propres à faire du bruit ou à produire un cer: voix. tain fon. L'on remarque autant de variété dans ce brüit & ce fon, qu’on-en remarque dans la voix (9) des différentes efpéces d’A- nimaux. Parmi les oifeaux, le roffignol chan- te. fort agréablement , le corbeau croafle, l’hi- rondelle gazouille, le hibou crie , Ja tourte- relle gémit, l'oye caquette, & la caille & la bécaffe ont.leur ton particulier. L'on remar- que autant de différence dans le fon de la voix des Quadrupédes: le Lion rugit, l’âne brait, le cheval hénnic, le taureau mugit, &c: il en x Les Indiens ne fe fervoient autrefois ni dans leurs maifons ni dehors, d'aucune autre lumière. Lorfqu’ils marchent de nuit ils en attachent deux aux gros orteuils, & en portent un à la main: ils répandent une fi grande lumiè- re que par leur moiïen l’on peut lire , écrire, & faire toutes les autres chofes nécefaires, dans une chambre, Vid. Aldrov. L. IV. c. 7. f. 401. Mouffer. Theatr. In- fector. L. I c. 15. Nüeremberg, H. N. L. XIII c 3. P. du Tetre in Hifi. gen. Antillar. P. II citante Nirfchio , To III. Epbemer erud. p. 101. De cet ordre font encore les Scarabées d'Efpagne nommés, Sagros, fur lefquels voyez P. Hifpan P. V. c 3. , (9) Sur les differens fons de voix des animaux confe- rés, Ælien Hifi. Animal. Libr. III c. 51. & Albi O- vid. fuventini Carmen quod adduxit. CT, D ‘Job, Àlb, Fabricius in præf. vor Albr ‘fac. Zells erwecite Nacb- folge zum ird. vergn. in Gott, G$ . 106 THEOLOGIE | eneft de même parmi les Infeétes (10). Ceux qui rongent le bois produifent un fon fembla-. ble à celui du mouvement d’une montre. Les. diffèrens coups qu’ils donnent font fi bien me- furés, & fe font entendre l’un après l’autre dans des intervalles fi bien règlés, qu’on les prendroit prefque pour un horloge (11). Ily. en a quiont le {on raclant d’une Vielle (12),ou d’un coup d’archet donné derrière le chevalet du violon: d’autres chantent (13), rendent un (to) Arifiot. H. A. L. IV. c. o. Differt procul du-w bio vox a fono € tertia bis annumeranda eft locutio. Gut- dure parte uma vox agitur : quo circa, quibus pulmo deeft , sis nulla vocis emitiendæ facultas eft. Locutio non nifi vo- cis per linguamn explanatio eff. Vocales igitur litteræ a vo- ce € gutiure, confonantes lingua € labris proferuntur ; quibus literis omncm locutionem confici nulli dubium ef. Quarmobrem , quibus an'mantium lingua libera , abfolutaque non efè, ea meque vocem emitiunt, neque fermocinantur : at fonus elidi vel alis partibus poteft. Ergo Infectis anima- libus , meque vocis, meque locutionis ulla facultas &'c. A parler exactement , les Infectes ont us fon & non pas w voir. Ce n’eft que dans un fens relaché qu'on l'a leur at- tribue p. m. 109. Il y a chés nous un Scarabée de Ja plus pe tite efpèce qui caufe aufi un bruit très incommode. : IH eft quelques fois fi grand que quelques uns ont crû qui étoit caufé par des Lutins ou des Revenans. Peut-être à- til donné occañon à des gens timides & credules de s'i- maginer entendre des Spectres. Comme il fait ce bruit 4= vec fa tête, l'on pourroit fort bien lui donner le nom di Sonicepbale. : (12) Le Scarabée Lyricen produit un fon femblable celui de la Zyre Voyés Sebæ Tbef. To. II. Tab, XXI.w. £. fol. 24. & Frifcb pv. n. 1. p. 6. | (13) Arifiote en parlant des Cigales, H. A. Lib. IV | | | DES INSECTESs, 107 un fon aigu (14), bourdonnent (15) &c.Tous me font pas ce bruit de la même manière : Jes uns le produifent en frottant la nuque de leur cou au corcelet (16) ; & les autres par le frottement mutuel de leurs ailes l’u- une contre l’autre (17) (*), ou eur le 08 cap. 9. Se fert du mot chanter ; tandis qu’en d'autres occafions il fe fert de celui de Fredonner. (14) Barl. de Cuic. P. II. poem. p. £55. ualia terribili refonant fera claffica cantu, errificos edit buccina noftra fonos. De cet ordre eft encore le Scarabee noir oblong de gran- deur médiocre, auquel on a donné, à caufe du fon qu'il fait, le nom de Buccinater ou Trompette. ” (15) C'eft le fon qu’Ariftote 1. c. attribue aux Abeilles. (16) C’eft ce que font les Scarabées du bois. (17) Comme par ex. les Grillons de Campagne. Frifch. Part, I. p. 3. Ariftot. 1 c. por fuis atterentes guber- naculis fonant. Conf Kirch. Mufurg. T. I. 34 Kœnïg. èn Ebbemer. N. C. Dec. 2. An, IV. Obfero. XXXII. p. 84. © in Regn. Animal. Art. XX. p. 118. (*) Le frottement mutuel de leurs ailes l'une contre l'autre. Grand nombre d’Infeétes bourdonnent de leurs ailes en les agitant fans qu'elles fe touchent ni qu'elles frappent même leur corps. Telles font toutes les Mou- ches à deux ailes qui font du bruit en volant, & entr'au- tres les coufins. En ce cas, le fon qu'elles excitent, fe forme vraifemblablement, ou de la même manière qu'il cit formé dans un Inftrument à cordes par leurs fimples vibrations, ou il fe fait par les coups redoublez que ces ailes frappent fur les coquilles des mouches qui en ont fous leurs ailes, ou bien il fe fait par l'agitation extré- mement rapide des deux petits balanciers mobiles qu'ont les ailes de ces fortes de mouches, près de leur origine, es ailes venant à frapper contre les balanciers agitez, peuvent caufer ce bruit par un eflet femblable au refon- nement , que produit une corde ébranlée à la rencontre de quelque corps qui la touche fans appuïer. Une expc- rience facile pourra peut-être nous apprendre ce qui en eft, on n'aura qu'à couper ces:petits balanciers & ces coquilles à de groffes mouches bruiantes qui en ont : fi la mou- 108 + THEOLOGIE dos (18):la Nature ge à leurs ailes p cet effet de nervures À n - 13 Ce fon eft fouvent très fort; fur-tout quand plufeurs de ces Infectes volent enfemble. Ces la n’eft cependant pas toujours néceffaire : il a quelques Infeétes particuliers ,dont la voix eft fi fonore & li perçante (20) qu'ils peus vent, non-feulement éveiller des perfonnes en-. dormies (21), mais encore fe faire entendre de loin , fuflent-ils, ou fous la terre (22)4" à ou z | 4 mouche après cela continué à bourdonner en volant, ce fera une marque que ce bruit ne vient que de la ‘mple. agitation de fes ailes Que f au Contraire ce bourdonne-… ment cefle, on en pourra inferer avec quelque raifon que les balanciers & les coquilles concourrent 2 faire ce bruit Car il y a peu d'apparence qu’elles le forment toutes feu-« les, les vibrations de corps fi courts & f deliez, ne pa-m roiffant pas propres à produire des tons fi grâves : quoi- que pourtant Ja chofe ne foit pas entièrement impoñible,« vû que la celèrite de leurs agitations ne dépend peut ê- tre que de la volonté de l'animal. P. L. (18) Par ex le gränd Scarabée marbré de blanc. Frifch. P XI. n. 22 p. 23. | ‘ (19) Voyez ce que j'ai rapporte ci deflus du Sonice- phale. dd (20) Par ex. la Mouche qui naït d’un ver des chevauxs Frifch P; V_n 7. p. 21. (21) Les Coufins reveillent non feulement par leurs pi- quures, mais encore par le fon aigu de leur voix, Quel: qu'un a fort bien dit deux. Scelefta tuba, noctis borror optime, ee Invila turba, garrulæ, leves aves, "M Sacræ quietis jugis execrafio. | è (22) Par ex. les Taupe-grillons. Frifch. P. XI, n. 28: P: 29. 4 LI + + DES:ÎINSECT'ES. 109 ju à une affés grande profondeur dans l'eau (23). | Les Infeétes font diffèrens ufages de ce ton de voix: plufeurs mâles (24) s’en fervent com- me d’un appeau pour faire venir les femelles vers eux dans le tems de l’accouplement (25): @éit pourquoi on reconnoit fouvent le mâle à ce {on (26). comme je crois d’avoir déja dit ci-deflus. Le bruit que plufieurs font fert aufi à manifefter leur coière, leur triftefle, leur gayeté (27). Quelques-uns en font ula- ge pour infpirer de la terreur à leurs ennemis, | & pour les écarter. Enfin, c’eft fouvent un ayertiflement pour les autres animaux, qui, _entendant ce fon, reconnoiffent leurs ennemis, les évitent & s’en garantiflent (28). PLu- ." (23) Comme le Scarabée aquatique dont parle Frifch. CN D :7p.,6. (24) Ariftor. H. À. L. IV. © 9. Sunt Jfingulis ani- vmalibus voces propriæ ad initum & venereum coitum Sc. Et Ælan L. L C 20. de Cicadis' Hoc autem cantandi ffudium maribus à Natura tributum eft. Cicada fœmina muta ef. ac more fponfe verecundeæ filentium fibi conveni-: re exiftèmat. (25) C'eft la coutume des Grillons de Campagne. Les femelles vivent folitaires. Dans le tems de l'accouple- ment le mâle appelle la femélle A mefure que celle ci s'approche le fon de fa voix baie, & lorfqu'elle eft ar- rivée elle cefle tout à fait. (26) Cela n'eft cependant pas fans exception, Souvent les femelles ont un fon de voix: Voyés Krifch. P. X n. DT 2H 0 pl Al n° 22°p533 ° / ‘(27) C'eft ce que l'on peut remarquer dans les abeilles, lorfqu'elles ont perdu leur Reine, elles font un murmure trifté & languidant; mais lorfqu'elles l'ont retrouvée ,elles produifent un fon gai & joyeux : voyés J.°Gedde: Apia- péam Angl. c. 5. p..16 (28) C'eft aïnf que les Chiens -fuient au bourdonne- ment De l'o- deur qu'ils ex- balent. 110 THEGLOGIE Pzusteurs Infeétes répandent une certain odeur (*). Elle eft quelques-fois fi puante (29) qu’en les approchant l’on eft obligé de fe bou- cher le nés: mais auf il y en a d’autres, qu donnent une odeur fort agréable (30). Dans. quelques-uns cette odeur eft naturelle , &ê@ dans d’autres elle vient des alimens qu’il prennent (31). Quelques-uns ne répandent P ment de la mouche qui les perfécute , & les bœufs à ce” lui du Taon. (*) Répandent une certaine odeur. Plufeurs fortes d'E: chneumons & de Punaifes de bois ont une odeurtrès de=. fagréable. J'ai eu des Infectes rampans qui n'étoient pas plus gros qu'une demi Fêve, & qui font du nombre de ceux qui changent en Scarabées , qui rendoïent une odeur de buis fi forte qu’on ne pouvoit pas tenir dans une chambre fermée où il y en avoit feulement deux ou trois. Une efpèce de grande Cantharide dans ce pais, fent fi fort le miel, qu’en plein vent, je l’ai quelquefois fentie à plus de trente pas. P. L. (29) Telle eft l'odeur des Cantharides & des Punaïifes,\ Jonfton dit de Blatta fœtida f, 83. Lucem fugit, Ë fe: tore univerfamn vicimium inficit. (30) Le Scärabée de Mufc a pris fon nom de-là. Il en a l'odeur non feulement pendant fa vie; mais même long tems après fa mort. L'on fait aufi que le fcarabéer soir, qui paroit dans le mois de Mars, 2 l'odeur de la violette ; & certain Scarabée de bois celle de la rofe. Manitius , dans fa Diflertation de Chimica formicarum ana- ff, rapporte qu'à Pife les fourmis reépandent une odeur aufñ agreable que celle du Mufe. Voies Wal. Chimentellis , Prof. Pifani Epift. Commentationi de marmore Pifana fubjunéta : Bonon. 1666. Paull Bocco. Obferv. XX. Aü. erudt, de 1686. p. 481. Muicas lupuli recentis odorems exacte referentes Epbem. Nat. Cur. Dec. II. An. I. Of. O. ?. 72. MeMOrant. ; t (31) Mr. Ebrenfr. Hagedorn, Medecin de Goiletz a trouve un ver ailé verd fur le Romarin, dont il fe nour-s rifloit , & qui en avoit l'odeur, Voyes. Mike. n.c. Ann. IT. Obf. CXC. p. 292. | DES INSECTES; III pas fans cefle cette odeur: il faut les ferrer, &, pour-ainfi dire, exprimer de leur corps Mes particules odoriférantes (32). L’on en voit qui perdent infenfiblement après leur mort les odeurs qu’ils ont euës pendant leur | vie. CETTE qualité leur fert beaucoup dans Je tems de l’accouplement : ils fe fentent de Hoin & peuvent plus aifément fe trouver. Il Jeur arrive alors ce qui arrive aux cerfs & aux chats, ils répandent plus d’odeur dans ce tems-là que dans tout autre. Il y en a qui font ufage de leur puanteur pour écarter leurs ennemis. Ils font ce que fait parmi les Qua- drupèdes une efpèce de Renard des Indes- Orientales , que les Indiens nomment Tzgquie- palt, les Anglois Squnck ou Stonck, & les Al- lemans la Béte puante (33). L’on a remarqué que quelques Infeétes Des Cox. teignoient les feuilles des Arbres, les murail- Æwrs les & les Eaux. Dans le mois de May & 95 quelques autres mois de l'Eté, l’on apperçoit ps fouvent une écume, ou une peau fibreufe ver- corps. te (34) fur les eaux croupiflantes. Tout cela n’eit autre chofe qu’un tiflu (*) fait par des vers (32) Joh. Rud. Glauberius dans fa Pharmacop. Spas, . IT. p. 17. fait cette remarque, comme l'ayant lui-mê- me experimenté fur une punaïife verte du bois. (33) Cam quis boc animal infeéfatur , fundit cum vex- tris crepitu balitum fœtidifimun &'c. Raj. Synopf. Qua- . D. 132. (34) Frifch. P. XI. n. 3. p. &. ©& Derb. Pbyfco. Theo. L. IV. ©. 11. not. Ft $ F 370, ol (*) Tout cela n'eft autre chofe qu'un tiffu. Il ne faut pas croire que lorfqu'on voit les eaux croupiffantes cou- vertes d’une efpèce de peau verte & fibreufe, cette gas oit 112 : Tome Oaoïic ss a vers fort petits & d’une figure approcha: de celle des ferpents, que le vent 4 jetté d’ur côté des viviers à l’autre. Ces petits animaux font extrémement laborieux: çar on ne leur a pas plûtôt Ôté cette peau, qu'ilssen ont bientôt tiffu une autre. Il y a une efpèce.de petits pucerons aquatiques (3f), qui fe multi plient pendant l'Eté, & qui font fouvent en” fi grand nombre, qu'ils rendent la furface de l'eau toute rouge. Cette remarque n'eft pas” inutile; puifque le vulgaire ignorant s’imagis ne que l’eau eft alors métamorphofée en fang; & que c’eft un préfage de quelque malheur prochain. L'on voit d’autres Infeétes , «qui don- foit toûjours un tiflu filé par les Infedes Elle eft ordi- nairement une efpèce d'algue qui croit dans les eaux tran# quilles, & qui eft fort du goût de quelques vermifeaux, peut-être que les trouvant parmi cette algue on en aura conclu qu'ils la filoient. Au moins je n’ai point encore. vû de peau pareille qu'on put vraifemblablement conf: dérer comme l'ouvrage de quelque animal P, L, | (35) Swammerd. p. 70. Cum in Galkis ad fylvam 12 la iter facerem, quam Vincennarum cognominant , obfer- vavi, fi bene memini, ad fuperficien aquæ cujufdam, ad quam equi aquatum aguntur, tan immanem borum Infec- torur vidiffe copiam, ut omnis aqua , feu in fangninem mutata, videretur. Quod prima fronte vifu terribile mibi. poflea rationes fuppeditavit, ut diligentius in bujus Infe{tiv naturam inquirerem ; € cauie caverem a præcipiti judicio , quod res non fatis examinata nos villies fallit , & fexcentas ilufiones ac præejudicia mobis imponit Et forte eaderñ ra. tione illi funt deluft, qui fanguine pluilfe aliquando prodi- derunt, guttulæ enim rubicurdulæ femper decidunt ex In= JeGis. quando nympbam primo exuunt. Et boc eo, majoren, verifimilitudinen babet , cum _obfervemus , bec Infecia fu- # binde immane quantum multiplicari confpirante atris & temsw poris tempeflate, ut nemo non, ut pulu, concedut, qui.sn0o> à do papilionumn . mufcarum , pyrallidum fimiliumque fubindel« maximam fuille copiam, animnadver ht. Sc. . É - DÉS PINS Etc Tr Es. Tr dormenc décafon à une fuperftition femblable. répandent des goûtes d’un fuc rouge; qui “ontdifférentes figures, & quelquefois celles d’u- me croix. En faut-il davantage au peuple, pourdire qu’ila pl@ du fang, & en tirer toutes fortes de préfagesMfiniftres? Mais des perfonnes atrentives & moins préoccupées ont fait ss expériences qui démontrent que cela ne lent que de certaines efpèces de Papil- À où DES K (36) PéiResc'eft, fi je ne me trompe, le prémier qui s’elt donné là peine d’examiner ce Phénomène. Au mois de Juillet de l’an 1608, on débira qu’il étoit tombé une pluye de fang : : cela le fräppa, & l’engagea à ne rien négliger pour l’éclairciflement d’une cho- fe … (*}) Que cela ne vient que de certaines éfpèces de Pa- Pillons. 11 eft très ordinaire aux mouches & à routes les #oïtes de Papillons tanc: diurnes que nocturnes, qu'après s'être. dégagez : de: leurs enveloppes de Nymphes & de Chryfalides, & que lèurs ailes fe font déployées & affer- mies, au moment qu'ils fe difpofent à voler pour la pre- mière fois, ils jettent par la partie poftérieure quantité d'humeurs furabondantes , dont la fecretion s’eft faite lorf- qu’ils etoient encore en Nymphes, & en Chryfalides, Ces humeurs né refflemblent en rien aux excrements ordinai- res de ces Infettes, elles font de différentes couleurs ; & il y en a tres fouvent de rouges parmi les Papillons diur- nes : telles font par exemple celles de la petite chenille gpineufe qui vit en fociété fur l’ortie, Les chenilles de Ces Papillons & d’autres quand celles doivent fubir leurs changemens, s'écartent de la plante qu'elles habitent ,& fefufpendent volontiers aux murailles, lorfqu'il y en a daps le voifinage : c’eft ce qui a fait qu'on a ordinaire- ment trouve contre les murailles ces taches rouges , qu'on à pris autrefois mal à propos pour des goutes de pluie de fans. P. T, LS (36) Vid Gaffend, in vit@ Pérefci L, IE. p. 170. Tome 11. H 1 114 THEGLOGIE “4 fe auffi fingulière. Il fe fit montrer ces grofs fes goûtes de fang (37) à la muraille du Cime-= tière de la grande Eglife, & à celles des mais fons des Bourgeois & des Paifans de tout lé diftri&t, à un mile à la rénde. Il les conf déra attentivement, entendit tout ce qu’ débitoit fur ce fujet; &, après un mûr éx men, il conciût que tout ce qu’on difoit cette pluye de fang n’étoit qu’une fable. Ce: pendant, il n’en avoit point encore découvert: la caufe; un hazard l’a lui fit trouver. Il 4= voit renfermé dans une boëte une belle & grande Chryfalide; un jour, il entendit qu’els Je rendoit un fon: il ouvrit la boëte, & ilen: fortit incontinent un beau papillon, qui s’ens vola, laiffant au fond de la boëte une affés grofle goûte rouge. Il avoit paru dans le: commencement du mois de Juillet une grandes quantité de ces papillons : d’où Peirefc cons cluoit que ces tâches rouges, qui paroïifloient! fur les murailles, n’étoient autre chole que les! excremens de ces Infeétes. 11 fut confirmé: dans fa conjeéture en examinant les trous danss lefquels ces fortes d’Infectes fe nichent ordis» nairement. D'ailleurs , il remarqua que les: murailles des maifons du milieu de la ville, où les papillons ne volent point, n’avoient aus cune de ces taches; on n’en voyoit que furs celles qui touchoient à la campagne, jufqu’oùn ces (37) Swammetd. p. 70. Guïtule enim rubicundæ fem. per decidunt ex Infectis, quando Nympbam primum exuunter J'ai bien obfervé ces goutes rouges à pluñeurs Infectes,, mais non pas à tous. Conf. Blanourd. Schaup, der Rupfens wermon, en maden. Chep. III. p, 12. & C. 4. p. 16. « DES INSECTES. if @es Infedtes pouvoient s’être avancés. Enfin, fl n'en remarqua point fur le fommet des rnai- fonsy mais feulement depuis les étages du mi- lieu en bas; qui eft la hauteur à la quelle ces papillons s'élèvent ordinairement. nm DlavrREs cürieux ont fait dprès lui les mêmes obfervations. De ce nombre eft le DrBecman (38), Profefleut à Francfort fur POder. Au mois de Juillet de l’an 1665, é- tant à Ochfenfurt, il remarqua que plufieurs Papillons répandoient de pareilles goûtes rou- ges, quand on les touchoïit feulement avec là main. Enfin, je tiens de feu Mr. ÿ. Æ. Linc- Ke de Leipfie qu'il a fait l4 même obfetvi- tion. LT Les Infeétes fe font la guerre les uns aux Pe‘gwer : TE x >. ves qu'ils autres; jufques là qu’on en trouve des epeces & june. qui la font à leurs femblables (39). Les grof- les araignées rougcâtres {*), tirant fur le jau- ne fe mangent l’une l’autre, quand on les met en (33) Beckman de prodig. Sangu. ©. 1. 6.3. à à | . (39) On lit dans les A&. Philof. Angl. de 1666. ?. 343. que les fourmis brunes & noires s’entre haïfent mortellement, enforte qu’on n’a pas plutot jetté des four- mis brunes dans la fourmillière des fourmis poires, que celles-ci tuent celles là ; auf les brunes fuient dès qu'elles fe trouvent melées parmi des noires. sf . (*) Les groffes Araïignées rougeâtres. En génèral les Araïgnées ne s'accordent que lorfqu'elles font encor très petites. Quand elles font plus grandes, il n'y a plus de fociété ni d'union entr'elles qu'au tems de l'accouplement. Hors de ce tems, fi on les renferme enfemble , elles n'é- pargnent pas leur propre efpèce; mais elles fe tuent fans miféricorde : cellesmême qui ne fe mangent point, le “ei ; diroit-on , par pure méchanceté. H 2 | . 116 THEOLOGIE enfemble fous un verre (40). Les grillons de campagne ne fauroient fe fouffrir. Le mâle ne demeure point avec la femelle; & ils nes font enfemble que dans le tems de l’accouples ment: fi la femelle rencontre par hazaïd mâle, elle le mutile, lui coupe les jambes o le tue tout-à-fait. Ily a des guerres ouverte & déclarées entre certaines elpèces: les mou: ches ichneumons (41), par exemple , & les | | arai l | (40) Aldovrand. L. V. c. 12. f 624. dit des Ar: | gnées en général. _Araneos non nf fingulares ubique ag: nofcimus ,nulli animantium concordes, nec inter je quidems) quin € aliguod araneorum genus ef}, quod adéo vel ipfas parentes oderit, ut etiam ip{os edat. (41) Goedard: P. I. Hit Infeét. 58 Mufca bec, jus figuram damus , accerrimus ef? araneorum bofis ,& fn gulari antipatbia eos profequitur atque occidit ; cum reliq mufcæ araneorum reticulis ffrangalari Joleant , iifqu pro cibo infervire. Expertus [um mufcas prædiias, 4 aranei mujcarum capturæ fludent ; im medio reticulo fuorum mufcas avolaturas expectantes eas medias arriperes,, É letbali vulnere afficere. Quod ubi animadvertunt aran ei, fubito fe in terram , filo quodam appenjos dejiciunt ; [ea fequuntur mufce & Jingulos araneorum pedes | ordine que dam confringunt ; tandem plena jam adepta victoria gaudio corpus aranei ambiunt aliquoties, pre gaudio que fexultantes Id faélum ter obfervavi, pofleaque rrujcam are neo jam mortuo avolanten vidi. d Les Araignées guettent même les abeilles dans ler flets. C'eft ce qui a donné lieu à l'ingenieux Poëte Bié derman L. IIL Epigr. 75. p. m. 253. de faire les vers fuivans. | ‘+ Mellilegas felix onerarat preda volucres , Trinacrio quondam præda petita thymno , Farnque fatigatas redolenti pondere, nota Fufférat ad folitos lex revolure lares : Cailida telarum cum rete tetenderat ingens , à uod de vifceribus necat aracbna fuis, Infiaiafque locans revolantibus , excipit omries Pendula & bærentes examinawit apes. DES TNSECTES. 117 Mraignées fe maflacrent réciproquement ‘avec une” fureur impitoiable. Mettez des grillons de campagne dans un même lieu avec des Grillons domeftiques , ceux-là cherchent les autres avec empreflement & les tuent. “OuTRE l’antipathie naturelle, l’on peut rendre d’autres raifons de cetre barbarie. Les Infeétes, à qui le Créateur en a deftiné d’au- tres pour nourriture , tendent des piéges à ceux-ci, pour fatisfaire leur appétit. ls font alors ce que fait un chaffeur pour attraper le Gibier dont il a beloin ; & quand ils font maîtres de leur proye, ils lui donnent la mort, & s’en repaiflent. Les Frelons, par éxemple, font la guerre aux abeilles (42), par le même inftinét que le loup fait la guerre à l’agneau, Je char à la fouris, & le cigne aux Grenouilles. Le manque d’autre nourriture force les Infec- tes à fe faire la guerre les uns aux autres, & des met dans la tritte néceflité de fe dévorer Yéciproquement. J'en ai fait l'expérience {ur quelques chenilles : elles n’en attaquèrent d’au- tres , que lorfqu’elles fe virent entiérement privées de toute nourriture (*). La rigueur de la faim les contraignit de faire ce que les hom- Fe uas gula delicias affectat? aranea mufcas Naufeat , Hybleas jam fibi pofcit aves. = (42) Ils font par rapport aux abeilles, ce que les oi- feaux de proye font par rapport aux autres oifeaux. Le Frelon guette les mouches à miel à l'entrée de leurruche, & quand il en a furpris une, il l'emporte & la devore, (*) Que lorfqu'elles fe virent entierement privées de tou- te nourriture. le crois avoir déjà remarque ailleurs, qu'il y a des chenilles qui fans être réduites à cette extrèmité, fe mangent par pure friandife; mais les efpèces en font rares, je n'en ai encore vu que de deux fortes. P. L. 3 | . 118 THEOLOGIE hommes ont fait quelques-fois en pareil cas : | elles fe dévorèrent. La jaloufie eft fouvent la . caufe des combats qu’ils fe livrent: les mâles des Grillons de campagne & ceux de la plü- ; part des Infeétes, fe battent quelques-fois en- « tr’eux à qui pofièdera une femelle. Les mou- ches Ichneumons (43), qui dépofent leurs œufs « dans le corps de quelques Infeétes , & qui, … pour cet effet y enfoncent leur aiguillon aflés avant ,excitent par cette manœuvre ces Infec- tes à fe deffendre. L'on dir que quelques Infeétes (*) ont une. | AVET= | mones vocantur (funt autem minores quam alie ) unumw, genus ex araneis perimunt, phalangium appellatum , © in nidos fuos ferunt; deinde ilhinunt , € ex üis incubando fuum genus procreant. Bellonius L. IL. Obfervat. c. 22. : en parle ainfi Animalculum eft, e vefparum genere , quod Ichnewnon vefpa aptellatur : Bellum internecinum babet cu \ thalangio ; cum vero eorum pugnam vidimus , ipfam comme-# morare libuit. Superat Phalangium quandocunique id extra fuum latibulum éinvenire potelt ; at ft in latibulo id adoria-k zur, fœepe sumero re infettà redit. _Accedit ut Ichnewmont Vefpa Phalangium,e fuo latibulo egreffum corriperet; atqué pofi Je traberet, quemadmodum formica tritici granum ; id- que quo volebat, impelleret, tametft non fine magna difji: cultate Nam Pbalangium pedurm uncis 0bvia queque aÿ- prebendens, quantum poterat, renitebatur Icbnewmon vero fuo aculeo, quod infiar apis exerit , variis im locis ipjum pungebat. Defelfus autem illa pertractione avolavit bac il- lac oberrans , ad balifle fere jaclum : déinde fuum phalan: ; langium requirens, mec quo reliquerat loco imveniens , ejus l { (43) Pin. HN. L XI c. 211. Vefpe que Icbneu- | veftigia fequebatur , quafi illa odoraretur , nom minus qua canes leporum vefligia. Deinde inventum plus quam quin- quagies aculéo pupugit vurfumque pertrabens, quo voluit, perduxit, iflicque plane confecit. ë (*) L'on dit que quelques Infecles. &c. En fait d'Hif toire naturelle , il ef dangereux d'admettre le merveilleux « fur de fimples oui-dire; 1l ne faut pas non plus rejctter tout merveilleux , parce qu'il nous paroit peu vraifembla- | be 51 Des INsEecTEs: (19, “averfion, & une antipathie naturelle, pour cer- ble; mais on en doit examiner la nature, & faire atten- tion aux preuves fur lefquelles il eft fondé. Si quelcun, par exemple, peu expert dans l'art de faire des obferv 2- tions, débite que la tête, & la queué d’un Loup chafent les Mouches, que les Grillons tuent le coucou , & qu'il ne m'apprenne pas comment il en à fait l'expèrience, ni de quelles précautions il s’eft fervi pour fe bien affurer de la vèrité du fait; je fuis en droit de revoquer ce fait en doute, d'autant plus que des relations de cet ordre ont un air fabuleux, & qu'on a de la peine à fe figurer que la tête & la queuë d’un loup puiffent chafler les mou- ches, tandis que la chair des autres animaux , & felon tou- te apparence celle du Loup même, les attire; & qu’on comprend encor moins comment un Grillon , dont la morfure eft très legère, & qui ne paroit guèrre capable de voler un peu haut, peut venir à bout de tuer un oi- feau grand que le coucou, dont le vol eft très rapide & qui eft toujours perche dans les arbres. Mais fi d'un autre côte un Auteur fidelle & éclairé me raporte un fait extraordinaire, par exemple que quand une Ecrevifle a perdu une jambe , il lui en vient une autre en la place, & qu'il m'apprenne que pour s’aflurer de cette vèrité , il a renfermé & nourri bon nombre d'écreviffes mutilées, dans un refervoir ; qu’il les y a examinées avec afliduité, & qu'il me marque touts les progrèts d’açcroiffement que ces membres mutilez ont fait de tems à autre jufqu'à ce qu'ils aient pris toute leur première forme & grandeur, je ne dois pas faire difficulté de croire fur fon rapport un fait pareil, quelque merveilleux , & étrange qu'il me pa- roiffle, parce que fa bonne foi me perfuade qu'il eft in- capable de m'en vouloir impoler à deffein, & que tous les détails qu'il me fait de {es obfervations , m’afurent qu'il ne s'eft pas trompe lui-même. Des quatre exemples d'Anitipathie dont l’Auteur fait mention il n'y en a qu'un dont il foit aifé de faire l'é- preuve; C’eft celui de l’Antiphatie entre le crapaud & l’araignée ; on raconte prefque partout que quand un cra- paud pañfs fous une toile d’Araignée, l'Araignée, fe de- vale pour mordre le Crapaud , qui de fon côté l'attend Ja gueule ouverte; que s’il l’attrape, elle eft perdue; f elle, le mord , il eft empoifonné, & court aufli-tot manger d’u- 4 ne dt . k ?20 Trmrtooz Leo dr Ex « certains animaux: l’on en rapporte méme plu- 4 fieurs exemples. Aucune mouche , dit-on, « n'entre dans une maifon”, où l’on aura fufpens du. une tête ou une queue de loup (44): les, Scorpions ont en averion les Crocodiles (4$)3 & les araignées les crapauds : dès que ces ani< maux paroillent, ils fe jettent deflus & les É tuent; tout comme les grillons tuent le cou- cou (46). Fr dé m QuezquEs Infcétes font fujets à la Pier- pierre re (47) (*). L’onne doute pas aujourd'hui qu’il \ x > : Ê ’ n'y. 1 TE ne certainé herbe qui lui fert de contre poïfoh; après quoi il retourne au combat ,qui recommence ; mais que s'il ne peut pas trouver de fon herbe, il enfle & crève en peu de momens. Une opinion fi genèralement repan- due mèritoit d'être examinée, j'ai quelquefois tenté d'en faire l'expèrience en faifant defcendre une grofle Araïgnee fur un Crapaud, ou en mettant un Crapaud fous une toi- le d’Araignée , mais aucune de mes tentatives ne m'a « réufi, & mes animaux ne m'ont jamais fait voir la moin dre envie de fe battre. Peut-être l'expèrience reufiroit: elle fi on les renfermoit enfemble fous un verre : ce feroit uhe affaire à éprouver : en attendant , il n'appettient qu'a ceux qui ont vu le fait de l’afiirmer comme vèritable, Pr dont ils Jont arta- gués. (44) Aïdrov. L. IIL c. 1. f. 368. (45) Aïdrov. L. V. ©. rt, f. 593. (46) Aldrov. L. IL. c. 13. f. 320. | (47) Voyez ma Litho-Theol. L. II, IV. part. 2. Ch p. 256 juiqu'au f. 102. p. 380. (#) Sont fujets à la pierre. De tous les Infeétes fujets à cet accident, il n’en eft point qui le foient plus utile- ment pour rous que ces huitres dont on tire les Perles, Mr. de Réaumur prétend qu’elles fe forment dans leur” * corps par la rupture des vaifleaux qui contiennent la i- «* queur d'où fe font les coquilles, Cette liqueur ens'ex- | travafant fe fige, une nouvelle liqueur furvient , & en fe figeant autour de la perle commencée , elle ÿ fait'une ” feconde Couche, cette couche eft fuivie d’une troifième , * & ainfi la Perle fe forme de pluñeurs couchés concentri- ques 4 DES: NS EC T:E's. tt “y en ait: quelques-fois dans les araignées ÿ - mais on demande, fi on peut les trouver , & de quéllemanière xl faur s’y prendre pour cela? Le Dr. Sennertdit qu'il faut mettre l’Infeéte dans univerre rempli de racine de la grande Valé- riane , après l’avoir bien concaflée. D’autres di- fent qu’il fuit de mettre la racine {ous leurs fi- lets. Quoiqu’ilen foit, le Dr. Simon Pauli, étant à Wittemberg, trouva unearaignée de lagrof- feur d’une noix Mufcade, qu’il mit dans ua verre avec les précautions précèdentes: mais, contre fon attente, l’animal ne laiffa point de pierre. De cette expérience, il conclüt avec trop de précipitation que ce que l’on débi- toit de la Pierre des Araignées étoit une fa- ble. Eneffet, le Dr. %ean Franck aiant en- fermé quinze araignées dans un verre avec les mêmes précautions , elles y lJaifférent une pierre couleur de cendre avec de petits points . noirs. « Cette expérience nous apprend que tous ces Infeétes n’ont pas la pierre ; mais que, parmi le grand nombre , il s’en trouve qui _ l’ont. Enfin, il paroit par le #4/æum d'Olaüs ÆMormius qu'un Infeéte du Brefil, appellé le poux marin, & qui fuce le poifion connu fous le nom d’acarambitamba , eft fujètr à la même re ma- ques. Ce qui confirme le fentiment de cet illuftre Auteur par rapport à la formation des Perles, eft qu'il a trouvé que la Coquille des Pinnes Marines eft compolee de deux diflérentes fubftances , l’une couleur de Nacre, & l'autre rougeatre, & que dans les parties de l'animal où fe trou- voient ces Perles, elles avoient une couleur rougéatre , ou ombrée, felon que la partie affectée correfpondoit à un endroit ombre ou rougeatre de la coquille. Voyez Mers, de l' Acad, Roi des Scienc. 3717. à à 21374 PE, 1] Réflexs- ons fur Les re- marques grécéden- es. . | 122 THEOLOGIE maladie: le même /formius avoit une pierre d’un de ces Infeétes. | LA regularité des membres des Infeétes m'a donné occafion dans le Chapitre précè- dent de faire remarquer, la puiflance, la fa- gefle & la liberté infinies du Créateur. La matière que j'ai traitée dans celui-ci, n’eft pas une fource de réflexions moins abondante. L'homme , accoutumé à voir tous les jours les mêmes objets, les regarde fans attention: les traces les plus marquées de la puifflance &t de la fagefle fans bornes du Créateur de tou- tes chofes ne font aucune impreflion fur fon efprit, dès qu’elles lui font trop familières. Pour le tirer de cette efpèce de léthargie, il faut quelque chofe d’extraordinaire , de fin- gulier, de frappant. Toute la nature eft plei- ne de traits de la puiffance, de la fagefle & de la bonté de Dieu, qui portent avec eux ce caractère de nouveauté : il n’eft queftion que de les développer & de les préfenter à Vefprit. Les qualités fingulières de plufieurs animaux, & de divers Infeétes en particulier, font de ce nombre. Il femble que la fagefle divine, les ait doués de ces perfeétions unique- ment pour réveiller notre attention, & élever nos efprits à la contemplation des merveilles de l'Univers. Le devoir d’un véritable Chré- tien eft de répondre à ces invitationss & de reconnoître dans ces chofes fingulières la puif- fance & la fagefle de leur Auteur. ARRETONS d’abord notre attention fur ce qu’il y a de merveilleux dans la petitefle prefqu’infinie de plufieurs Infeétes. Parce- qu’ils n’approchent pas de la grandeur sis, = DES INSECTESs. 129 Baleine, de celle d’un Elephant, ou de quel- qu'autre créature de grande taille, en font-ils moins un chef-d'œuvre de la main du Créa- teur ? J'avoue que ces grands animaux font des Colofles & des ouvrages qui mèritent une fingulière attention ; mais les Infectes, ces petits habitans de l’Univers, portent avec eux des traits de puiflance & de fagefle encore plus admirables. N°y a-t-il pas plus d’art dans la ftruéture des dents d’un artifon, que dans celle des deffenfes d’un fanglier ? N'y a-t-il pas. plus de beauté dans les aîles de quelques papillons, que dans celles d’un paon ? Quelle fupériorité n’a pas le petit fur le grand dans la comparaifon qu’on fera de la tête d’une faute- relle avec celle d’un cheval , de la trompe d’une puce avec celle d’un Elephant ? Quiconque ré- flèchira férieufement fur tout cela, trouvera que la main puiflante du Créateur fe fait admirer par tout ; qu’on ne la reconnoit pas moins, pour ne rien dire de plus, dans la ftruéture d’un Ciron , que dans celle des plus grands ani- maux. Nous admirons l’art d’un ouvrier (48), qui a affés d’habileté pour faire des ouvrages fi fins, qu’à peine on peut les voir à l’œil: nous avons raifon. 1l eft plus difficile de faire une chaine affés petite, pour y attacher une puce, que de faire une groffle chaine de chariot: il y a plus d’habileté à fculprer la figure d’une petite mouche, que celle d’un Elephant. Ad- mi- (48) Voyez fur les ouvrages extrêmement petits, & ceux qui en ont été les artiftes Plin. H. N. L. XXVI. €. 5 _ Ephemerid. Nat. Cur Tom. I. in add. ad obferv. 13. Job. ac. Baicri fotagrapb. Muf. fui. p. 24. (]: 1 124. °THEoLocre mirons donc: dans la plus profondé humilia- tion la fagefle de Dieu, qui eft grande dans | les chofes grandes, mais qui ne l'eit pas moins dans les petites. Quelle difference entre fes ouvrages & ceux des plus. habiles artites ! Nous avons déja eu occafon de le remarquer ailleurs ; il n’y a aucune proportion des uns a- vec les autres. Pourront-ils donner à leur chefs d'œuvre les organes intèrieurs, par le moien defquels ils éxécutent tous leurs mouvemens ? Pourront-ils jamais polir l’extèrieur de leur ouvrage, au point de le rendre reflemblant à celui du Créateur? Quelque polis qu’ils foient, ils piroitront toujours rabotteux en comparai- fon des autres. Qu’on compare après cela la petitefle des chofes les plus artiftement travail- lées avec ces petites machînes, douées de vie & de mouvement? Qu’on les mette en para- lelle avec le corps de ces petits Animaux, dont Leewenhoek a découvert piufieurs mil- liers dans une feule goute d’eau? L'on ne fau- roit traiter la découverte de Leewenhoek de contes : plufieurs favans après lui ont fait les mêmes obfervations. Robert Hoock, après plufieurs autres, nous affüre que dans une goute d’eau de la grandeur d’un grain de mil- let, l’on a apperçu , les uns dix, les autres trente, & quelques-uns jufqu’à quarante-cinq mille * de ces petits Infeétes. Doivent-ils leur (*) Fufqu'à quarante cing mille. X1 faut qu'on fe foit fervi d’induftrie pour raffembler tant d'animaux dans un fi petit efpace, foit en faifant évaporer ou filtrer l'eau ,ou bien de quelque autre manière : car il n'eft pas vraifem- blable qu'une goute d'eau auff petite qu'un grain de millet, contiente naturellement tant de milliers d'êtres dE ais des RASE > Pr m6 " n ba. DEs. INSECTES. 12ÿ leur éxiflence au hazard? I] feroit ridicule de “ je penfer; puilque le hazard ne fauroit don- ner de figure régulière, n1 placer des mem- k bres Mais ce qui paroitra plus difficile à croire à bien des gens , c'eft qu'il ait été poñible de faire ‘un calcul tant foit peu jufte d’un G grand nombre d’animaux , car dira, ton , ces animaux étoient morts ou vivants quand on lés comtoit, S'ils étoient morts, comment les a-ton pû difcerner? Les meilleurs microfcopes en Ce cas ne nous mettent guerre en état de diftinguer un animal aufi petit d'avec tout autre corpufcule qui nage dans une même li- queur. Que s’ils étoient vivants, comment a-t-on pu com- ter de la manière même la plus groflière un fi grand nom- bre de petits {nfectes qui fourmillent les uns au tour des autres dans un efpace fi étroit? Cette difficulté paroit for- te; mais il y a moyen de Ja refoudre., & de faire voir qu'il n'eft nullement impoflible de faire en gros ce calcul: on pourroit par exemple s’y prendre de la manière fui- vante. Je commencerois d’abord par comparer l’axe d'un feui de ces petits animaux, que je concevrois comme fphèrique, à l’axe d’une fphère de la groffeur d’un grain dé rmilet , & je verrois combien l’un eff multiple de l'autre ;« or comme les fphères font entr’elles en raifon triplée de leurs axes, cela m’apprendroit d'abord coms bien de fois l’animal eft plus petit que la fphère à la- quelle je le compare; enfuite prenant une goute d’eau de la groffeur de cette fphère, & qui fourmillé d'animaux dont je veux favoir le nombre, je la laifferois deffècher fur le microfcope jufqu'à ce que ces animaux fuffent réu- nis en une feule mafñle, je formerois de cette mafle en mon idée un volume fphèrique, & en comparant auf laxe de ce volume à celui d’un grain de millet, je fau- rois le rapport de: grandeur que ces deux maffes fphèri- ques ont l’une avec l'autre, Ce qui me mèneroit à con- noïitre le nombre des animalcules que contenoit la goute que je voulois examiner. Ces fortes de calculs, comme ils dépendent d’obfervations très délicattes, & dans lef- quelles il eft difficile de déterminer! les chofes avec pré- cifion, ne fauroient fe faire avec la dernière exactitude; mais s'il eft difficile qu’ils rencontrent au juite la vèrite, au moins ne s’en écartent-ils pas extrêmement , & ils fu(f- Et nous apprendre à peu près ce qui en elt. 126 THEdWLOGIE bres dans leur jufte proportion, ni dofinet !4 faculté de propager fon efpèce. Dirat’on qu'ils ont été faits par d’autres créatures ? Mais ont-elles cette puiflance infinie qu'il faut pour cela ? Faifons-nous un devoir de le recon- noitre , il n’y a point d’autre caufe de leur exiftence que Dieu. Celui qui a donné la lumière au Soleil, pour éclairer pendant le Jour; celui qui à rendu Ja lune refplendiffan - te, & qui a donné de l'éclat aux étoiles $ pour briller pendant la nuit, eft le même qui a rendu certains Infeétes lumineux, pour re- pandre quelque clarté au milieu des ténébres. Le Créateur, qui a donné à l’homme la fs- culté de parler, aux quadtupèdes & aux oi- feaux celle de produire de certains fons, eft le même qui a donné aux Infeétes di fférens tons de voix. Celui qui eft la caufe de l’o- deur agréable que répand le Mufr, & cellé € la puanteur qu’exhale cet animal > dont nous avons parlé, eft aufli la caufe des diffè- rentes odeurs qui s’exhalent du corps de plu- ficurs Infeétes. Enfin, la main puiflante, qui a donné à des minéraux, des poiflons & des plantes la qualité de pouvoir fervir à teindre en diffèrentes couleurs ; eft la même qui 2 doué divers Infeétes des mêmes qualités. Er comme l’on remarque qu’il n’y a aucune de ces qualités particulières qui n’ait un but, u- ne fin à la quelle elle tend; l’on ne fauroit s'empêcher de reconnoitre , que tout a été dirigé par un Etre fage, qui s’en eft for- mé un plan & un deffein fuivi, & qui la éxécuté dans la dernière éxaétitude. CHAÀ- L 4 1 DES INSECTES. 127 MT Te d n CHAPITRE 1V. | De 14 Beauté de la pläpart des Lifeëtes. A Nature fournit tout cé qui peut contri- Beauté buer au plaifir de nos fens. Il y a des Le "1 Créatures dont l’attouchement nous plait, & 7, nes nous caufe de la fatisfaétion: il yen a dont la voix nous réjouit; il y en a qui exhalent ün parfum lequel produit en nous une fenfation agréable; il y en a qui flattent notre goût; & on en voit aufli dont la beauté nous ré- jouït la vüe. Les Infeétes, d’ailleurs fi mè- prifés , font bien propres à nous procurer cette dernière efpèce de contentement. J’ai en oc- cafion de parler dans un des Chapitres précè- dens dé cette partie de leur beauté, qui con- fifte dans la régularité de leurs membres; & l’exaéte proportion qu’il y a entr’eux: pour ne pas tomber dans des répetions inutiles, je ne traiterai donc dans celui-ci que de la beau- té de leurs couleurs, de l’art avec lequel el- les font mélangées, de la finefle de chaque trait en particulier, & en génèral de la ma- nière admirable, dont tout cela eft peint. L’r’cu AT de ces couleurs fe rémarque fur Dans tout dans leur corps & dans leurs ailes. Il eft #47 rai qu’on n’apperçoit fouvent qu’une feule 7?” couleur (1) fur le corps des Infeétes : mais dans (1) Ariflote L. V, H 4. c. 6. Appelle ces fortes d'animaux : 26% 0393 128 TH&oOLOGIE dans quelques-uns elle eft fi belle & f vi- ve, qu’elle furpafñle en beauté le plus beau vernis. C’eft ce dont une certaine efpèce de. Demoifelle aquatique nous fournit une bonne preuve (2). Chaque partie du corps a quel- ques-fois fa couleur particulière ; cependant : toutes également belles. J'en ai fait l’obfer- vation {ur une mouche , dont le dos paroit . un acier bruni, tirant un peu fur le verd; & à Je derrière couleur de feu & femblable à du cuivre poli (*). | LE corps de la plüpart des chenilles (3) offre un mélange de diverfes couleurs (4), . nuées (2) Le corps de quelques unes eft comme de l'Acier bruni, & celui de quelques autres eft d'un verd ou d'un brun d'oré. (*) Semblable à du cuivre poli. On trouve en ce Paris des Mouches toutes pareilles, qui naïffent d'un ver blanc à tête variable, lequél fe file une coque fi mince , fi ferrée, & fi tranfparente qu'on la prendroit pour une fim- ple membrane deliée, 11 eft impoñible de:concevoir de couleurs plus vives & plus belles.que la couleur changean- te d’or & de feu qu'on voit briller fur le corps de la Mouche de ce ver. Je n’ai point encor trouvé d'infedte qui en approch, qu'un certain Scarabée, qui nait d’un animal blanc à 6 jambes & à têre brune qui vit d'ortiés blanches, La,couleur de ce Scarabée ne diffère de celle de la mouche qu’én Ce que l'or domine plus dans je Sca- rabée, du refte l’un & l’autre ont un fi grand éclat , que je ne crois pas que l'art en puiffe jamws imiter la beau- te. P. L. (3) J'aurois aufli pu parler ici des corps de Papillons, de mouches ,& d'autres animaux de cet ordre; m2:5 pour “être plus court, je me fuis contenté de ne faire fimple- ment mention que de ceux des chenilles, parce qu'elles fufifent pour nous donner un exemple de la grande va- riété des couleurs qui règnent parmi les Infecies, (4) Ariflote 1, c. nomme les animaux diverfement colorez Trend yecæe # DES INSECTES. . 129 ) fouvent nuécs avec un fi grandart, quele Tiffe- ran le plus habile ne fauroit les imiter dans fes étoffes de foye; & que Salomon dans toute [a Mmagnificence n'a jamais été auf richement vêtte que quelques-uns de ces Infettes.. L'on en voit dont le corps eft marqueté de points ($) de diverfes couleurs, ou de taches (6), qui fur- pañlentc les points en grandeur, & qui ne Îont pas toutes éxaétement rondes ; ou enfin de points & de taches tout à la fois (7), dont le mélange & la variété réjouit la vûe. Le corps de quelques autres chenilles eft orné de traces & de rayes fines (8) de dif- fèrentes couleurs & de diffèrentes figures. Les unes font paralelles à la longueur du corps, & font égales (9) ou inégales (to); & les | | au #:( 5) C'eft le cas de la chenille verte, qui vit fur Les feuilles du faule, & qui a quatre rangs de points noirs. » (6) L'on trouve une chenille fur une autre efpèce de faule; dont la peau eft d’un brun de bois, & qui, à l’in- cifion du deffus de chaque anneau a une tache d’un jeau- ne clair. Lorfqu'elle contracte fes anneaux , Ces taches s’approchent les unes des autres au point de n’en former qu'une. | An: fées po 2e) mr Mis . (7.) Le fond de la couleur d’une chenille du Tithyma- le eft rougeatre, à chacun de fes côtés, elle a dix gran- des taches blanches comme de l'yvoire; & immédiate- ment au deffous de celles-là, on en voit un pareil, nom- bre de petites de la même couleur. Elles font parfemées de petits points jaunés à fond noir. Frifch P. IL. n. 12. d Æ) Aldrov. 1, ce. n. 8. décrit une chenille noire, qui a une raye large &t verte fur le deffus du dos placée entre deux traces jeaunes. y | t.S (9) Me. Merian nous a donné la figure & la defcription d'une chenille, qui vit fur le cerfeuil ; dont le fond de ja couleur eft vert; & qui a des rayes blanches, paralelles à fon corps. P. IL. n, 16. p. 33. (10) Vid. Aldrov. L. [. c. 1. Tab. IL. n. 8. p.268. Tome IT. 1 { . | 1399... THEOLOGIE" autres font transverfales (11). Ces traces font. quelques-fois continues , & quel ués-fois in- terrompues : 12),comme fi elles étoient cou“. pées en diffèrens endroits : il y en a encore qui font un mélange de lignes paralelles & transverfales (13). Dans quelques chenilles. ce font des Lozanges (14) & des Rhomboï- des (af): dans d’autres, ce font des bandes, un peu plus larges que les traces, qui font , ou » paralelles, ( 16 ) ou tranfverfales (17) au corps de l'animal. Souvent c’eit un mélange agréa- ble de toutes ces différentes marques LEUR le. (x) Id. 1. c. Tab, I. n, 6. f. 266. (12) Il y a une Arpenteufe verte, qui, à chaque côté a trois lignes blanches un peu dentelées. Elles font, à la vèrité, interrompues par les incifions de chaque an- heau; mais elles fe touchent cependant en ligne droite, Frifch P. V_n. 14. p. 36. ( (13) L'on trouve une efpèce d'Infeéte que les Alle- Mmands nomment Storch laus, qui a le dos noir, & une ligne blanche paralelle au dos. Cette ligne eft traverfee par plufieurs rayes également blanches , qui la croifent, (14) Aldrovandus. L c. Tab. IIL f 270 n. 7. décrit, ainfi une forte de chenilles. Tofum corpus quadrangulari- . bus punétis conftat, primo (a tergore ad interna defcenden- # do) nigris, dein flavis, tertio miniaceis ,quæ latiores funt : Quarto iterum nigris, quinto flavis, fexto migris , flavis à vurfus féptimo , ultimo üc octavo nigris. Add, Frifcb. P," XHI. n 6. p. 12. 4 (x5) Une chenille noïratre du faule a fur le dos dix fi- res de Rhomboïdes placées fur une même ligne & qui fe touchent toutes par les pointes. Elles font chacune bordées de brun (16) Une chenille verte du pied d'Alouëtte, à fur ichaque côte de fon dos trois de Ces bandes noires. … (17) Une chenille verte de l'Anet eft-ornée de rayes tranfverfales noires & veloutées pareilles: fur chacune de ces rayes on voit fix points couleur d'orange placez à é- gales diftances les uns dés autres. DE j DES ÈNSECTESs. ESA ble: Les unes font ornées de traces. de points (18); les autres de points & de ban- des; & les troifièmes auront des traces, des points & des bandes rout à la fois (19). Lgs petits tubercules, de la figure d’un grain de millet ou de pavot, que l’on trouve fur le corps de plufñeurs chenilles ne font pas pour eux un petit ornement. Ces petites éle- Vations font fi polies & f lifles, qu’en voyant länimal qui les porte, on diroit qu’il eft cou- vert. de pierres précieufes. La reffemblance eft d’autant plus grande que ces tubercules font de différentes couleurs. Les uns ont la blancheur du Diamant (25) (*), & les au- tres (18) Une chenille celadon de l’Abfnthe, à fur le dos trois rayes couleur de fouphre ornées de points noirs, (19) Mad. Mérian. P. I. n. 21. p. 43.:a reprefenté une grande chenille couleur de bois, qui non feulement à fur le deflus de chaque anneau une raye tranfverfale hoire, mais encore entre Chaque raye deux traces tranf- verfales de la même couieur, & fur les rayes des points d'un blanc de neige. | (20) Cela fe voit à la chenille Marte, reprefentee dans Merian P. I. n. 5. p. 11. (*) La blancheur du Diamant. Les tubercules de la Chenille Marte, que l’Auteur cite pour exemple ‘dans fes nottes, font noirs. Il n'y a que fes ftygmates qui foient blancs, Mais c’eft un blanc qui tient bien moins du Dia- mant, que du lait. Quoiqu'il en foit, il eft très certain que malgré l’habitude où l’on eft de confdèrer les chenil- les en genèral comme des animaux laids & dégoutans, il n'eft après les Papillons aucun genre d’Infecte | & peut- être même d'animal, qui nous fourniffle des exemples plus variez de toutes les plus belles couleurs. H-n’y a que l'Or, l'Argent, & la Nacre que l'on n’y voye pas. - Enco- re ne peut on pas abfolument dire qu’on n’y-apperçoive jamais l'or; puifque je connois une Chenille, qui a fur le deffus de chaque anneau quatre petites taches jeauna- I 2 tres Dans leurs ai: êes. . * H 132 T #P0 n 0 GHEN |! tres font couleur de chair (21) ; d’un jaun de Chryfolite (22); d’un bleu de Turquoi fe (233 d’un bleu d’Amethyite; d’un rouge“ de Rubis; ou de quelques autres couleurs. 4 L'on ne remarque pas moins de magnifi- cence dans les différentes couleurs , qui fers vent d'ornement aux ailes des Infeétes 24 Jon D'abord, l’on y découvre des points & des taches (25) de toutes fortes de couleurs | Quelques-unes de ces dernières font rondes“ Com. tres placées en quarré, lefaquelles aquièrent la couleur l'éclat de l'Or, aufi-tôt que la chenille cefle de manger pour fe difpofer à changer en chryfalide; & que l’Auteur” dans la note 22 fait mention d’une chenille qui a dés tu- bercuiles de la même couleur. P. L. (21) La chenille velué couleur de Souphre qui fe tient fur les fleurs de Pomnier, a fur le deffus du premier an-« peau deux tubercules bleus, & fur chacun des autres an- neaux deux tubercules couleur de chair. 4 (22) Une chenille verte des fleurs du prunier, a fur le dos à côte de la grande artère des tubercules couleut d'or , qui brillent comme un chryfolite. (23) Une chenille cendrée qui fe trouve entr'autre fur les grofeillers, a fur le deflus du dos 20 tubercules pla= cez en deux rangées, les fix premiers, &t les deux der- niers font d’un bleu de Turquoife, & les autres font rou-… es. (24) Mr. Brocks dans fon Livre intitulé confentement en Dieu, en à fait en vers Allemands uñe belle defcrip-« tion qu’on peut voir P. 1V. p. m 203. (25) Mad.-Mérian, P. IT. n 8. décrit un Papillon , “ dont ies ailes fupèrieures font noires, & ornées de taches blanches & jeaunes Aldrovande L. IL. c. 1. Tab. JE. n. 1. fol. 239 en décrit un auire en ces termes. Æ/æ énterne férratæ funt, totæ ex aurco miniaceæ € nigris punis confperfe , € in extremo etiam nigræ. Alas exter- nas vene percurrunt deorfum defcéndentes nigre in area aurea feu potius miniacea , item maculæ magne tranfuer[a- les ejufdem coloris, ipfæque alæ in extremitate undequaque maigre funt, & ibi maculas babent candidas. DES INSECTES. 133 £omme la prunelle de l’œil; &, comme elle, énvironnées d’un cercle. Cette raifon a dé- terminé quelques Naturaliftes à leur donner le nom d’yeux; mais deux raifons me font pré- fèrer le nom de points à miroir (*), que Mr. Frifch leur donne. La prémière, afin de ne pas les confondre avec les yeux naturels; & Ja feconde , parceque ces taches ne font pas toujours entourées d’un bord rond ( 26) comme les yeux ; mais ce bord eft fouvent d’une autre figure, & varie autant que pouroit varier la fi- gure. du quadre d’un miroir. Ces points font quelques - fois uniques fur les ailes des Infeétes (27: 3 mais d’autres fois auf ils y en a plufieurs (28). L'on en trouve, dont les ailes font marquées de (*) Points à Miroir. Les Papillons qui font ornez de ces taches fe nomment en François Papillons-Paons. Mr. de Réaumur nomme l2urs taches , des taches en yeux. Les Hollandois apellent ces fortes de Papillons en leur langue Yeux-de Paons , & queue.de Paons, parce que leurs taches reflembient beaucoup aux taches en forme de yeux qui font l’orneinent des queues de ces Oifeaux. Au refte la critique de Mr Leffers n'interefle guerre l'Hiftoire Naturelle , il importe fort peu des noms qu'en a donne aux chofes, pourvu que l'on convienne des chofes delignees par ces noms : & il vaut même mieux conferver des noms impropres dejà reçus, que d'en don- ner de nouveaux qui foient plus convenables ; parce qu'il eft de l'interêt des fciences que chaque chofe n'ait qu'un feul nom , afin de ne pas fatiguer inutilement la memoire de ceux qui les apprennent; comme cela n'eft dejà que trop arrive dans la Botanique. P. L. (26) Voyez Frifch, P. V. n. 11. p. 32. (27) Voyez-en des Exemples dans Aldovrande. L II. cr.n. & & 601.236. Frifch. PEL. nm 11. p. 42. & Mérian P. IL. n. 38. p. 77. (28) De cet ordre eft le Papillon reau@9zawes d'Al- dovr. L c. Tab. IL. n. 6. f. 239. 13 184 4T:H2.0 L O G:1E4 à de lignes (29); où-droites ou ondéés (30) 3 d’autres ont des-bandes larges (31 Jstquelques: uns ont aux extrémités des ailes des marque triangulaires (32),.ou d’autres ornemens: de ce genre (33). Il ne feroit pas poñible d’en: faire la defcription, vû la variété que l’on:y obferve; mais en-2énéral elles font faites avec une auffi grande régularité, que fi cétoit l’ou- (29) J'ai trouvé un Papillon couleur de fouffre, dont les ailes étoient tracées de plufieurs lignes tranfverfales d’un noir peu fonce. A (30) J'ai trouve un autre Papillon, dont les ailes cou- feur de cannelle etcient traverfées de trois"faies noires ondées. Mad. Mérian a obfervé une Phalène , dont les ailes étoient traverfées de lignes noires P. 1. n. 31. pM 64. Il y à aufi des Papillons, dont les ailes font tracées de rayes, qui vont en Zic-Zac, à-peu près comme lesk Peintres reprefentent l'eclair Mad. Mérian en a trouvé un de cette forte, dont les ailes étoient d'un verd pâle, rehauffé de rayes blanches & d’un verd foncé, P. IL, n. 19 P 37. | 2 (31) Certaine Arpenteufe verte produit une Phalène dont les couleurs des ailes fupèrieures ne fontpoint vives;" mais en échange elles font fi bien mêlees, qu'ileft dif: cile d’en faire la defcription. Au fommet des ailes fu- perieures l'on voit une ligne tranfverfale d'un brun rougeâtre ; après celle-là , il en vient une autre d'un brun clair; & enfuite une troifième d’un brun foncé ;ce* qui continuant ainf jufqu'au bas de l'aile, produit un très bel eñet. : (32) Le Papillon qui vient de la chenillewmoire de l'ortie ,a au côté gauche des ailes, près du bord noir , des coins triangulaires d'un bleu celefie, Frifch. P. VI. n 2 PDP. 0. 61 (33) I y a; par exemple des Papillons, dont l'extrè- mite des ailes eft denielée avec tant d'art , qu'on les prendroit pour des franges. Certain Papillon, qui vient d'une chenille très velué, a les ailes couleur de canelle: Outre les taches blanches, dont elles.font ornées leurs extrèmités font peinces d’une croix de St. André . È DES INSECTES. 123$ myrage d’un Peintre (*). Le deffous & le def- “lus des ailes ne font pas toujours ornés des mêmes couleurs ( 34). Il fembie que quelques papillons connoiffent cela, fi l’on en jugé par Ja manière, dont ils tiennent leurs ailes, lorf- qu'ils fe repolent. Ils les élèvent comme pour en faire appercevoir la beauté, & inviter par là les fpectateurs à la confidèrer. 11 faut en- core remarquer que, chés les Infeétes qui ont quatre ailes, il y a de la diffèrence pour les couleurs entre les fupèrieures & les infèrieu- TGS. (#) Que f c'étoit l'ouvrage d'un Peintre. De tous les animaux Connus, il n’y en a point qui pour la beauté & l'arrangement agréable des couleurs égalent les Papillons. Il y en a qu'on ne fauroit regarder fans les admirer, & comme s’il ne fuflifoit pas que la Nature leur eut prodigué tout ce qu’il y a de plus beau , & de plus.parfait en ce genre, on en voit encore fur lefquels l'or , l’argent, & le nacre brillent avec un éclat merveilleux. Quoique l’Eu- rope nous fournifle grand nombre de Papillons dont la beauté mèrite certainement d'attirer nos. regards, ils font pourtant en général beaucoup inférieurs à ceux qui nous viennent des Indes: outre l'avantage qu'ont ces derniers d'être ordinairement bien plus grands que les autres, il femble que la vivacité de leurs couleurs augmente , à proportion de la chaleur des pais où ils fe, trouvent. (34) Je trouvai un jour, dans une prairie près d'Tle- feld , un Papillon, dont le deflus des aïles etoit couleur de canelle, quoiqu'un peu plus clair & parfeme de quan- tité de petites taches noires, le deflous des ailes infèrieu- res en étoit d’une beauté éblouiffante. Elles avoient au bord de grandes taches, couleur de nacre de perle, fur- montées de plus petites d’un brun foncé , ornées en de- dans d'un point couleur de. nacre, & femblable à celui dont les peintres reprefentent l’éclat des yeux. Le bord de ces petites taches d’un brun foncé eft couleur de ca- nelle: on remarque encore de grandes taches couleur de Nacre à fond jaune fur le deffous de ces mêmes ailes, L'4 1 . 136 THEOLOGIE res (3). Je ne dois pas omettre qu’on n’ap- ? À perçoit toutes ces couleurs dans leur beauté que dans les ailes des Infectes vivans. Après. leur mort fouvent ces couleurs fe terniflent. Enfin, il eft bon d’avertir ceux qui veulent: prendre des papillons , ou d’autres Infectes, | dont les ailes font farineufes, de ne les PE EE 1 ] pas trop ferrer. Comme ils doivent leurs. couleurs à cette poudre, ou plûtôt à ces plumes (*) dont la petitefle échappe à nos eux, ils perdent tout leur éclat quand on ia Vur ôte, ou qu’on la dérange. aufli des beautés particulières. Quelques-unes offrent à la vüe un afflemblage de couleurs, Lys ailes membraneufes des Inféétes ont femblables à celles de l’Arc-en-ciel (36); ou à. celles que forment les rayons du Soleil, en“ paffant à travers un prifme (37). Elles va- du ET MP 4 4 er (35) I y a un Papillon , dont les ailes fupèrieures font d'un beau velour noir, chargées de huit taches ob- longues & rondes d'un jaune fort clair. Ses ailes infe- “ rieures font couleur d'Orange, & chargées de taches noi- “ res veloutces. (*) Ou plutot ces plumes. Il a déjà été dit ailleurs M que ce ne font pas des plumes, mais des écailles. P.'1, (36) Brocks P: IV. de fon contentement èn Dieu à fait “ en vers Allemands une belle defcription des ailes dè mouches qu’on peut lire pag. m. 201. (37) Aldrov. in prolèg f. 3. Plurima Infeétorum genera, bauä aliter ac in pavone pulcherrimo alite obferva- us, Joli obverfa nunc bunc , nunc illum colorem effundunt. Nam qui antea æreus videbatur, mox inclinantibus fe pau- Zlulum illis aureus confpicitur , € rurfum qui ad folem cæ-“ Le de à fat ruleus apparebat, fi fub umbra transferatur , viridis vide-“ Zur , adeo ad luminis viciffitudinem variatur. Et Peter * Jo. Faber in Panchym. L: III. Se& V. c. x. Vol. I Oper. p. 353. Si America nos in admirationem rapi , gulcbritudine avium fuarum, que flores funt viventes & ca- m. Ë D'ÉNMRMNS EC T'ES. 137 Mient felon l'incidence des rayons ; tellement “que ce qui d’abord avoit parü rouge, paroit enfuite verd & bleu, à peu près comme le cou des pigeons, dont les couleurs varient felon leur pofition à l'égard du Soleil. L'on trou- trouve fouvent de petites taches entre les ner- vures des ailes de quelques Infeétes (38). Ces taches font comme tout autant d’ornemens , tiflus dans un crépefin. | … Nous avons remarqué qu’il y avoit des In- feétes, dont les ailes étoient couvertes d’une efpèce d’étui, qui les garantifloit de divers accidens. Cet étui a auffi des beautés qui lui font propres. Dans quelques Infectes l’on n’y remarque qu’une feule couleur. Tels font, par exemple, le fcarabée du bois, de la grof- feur d’une petite fève, dont la couverture des ailes a la couleur d’un jaune de cire: d’autres celle d’un rouge de tuile, d’un rouge de car- min, d’un rouge de fang :celles des poulettes terreitres font vertes: celles d’une autre efpece de fcarabée du bois font d’un bleu de violet- te: d’autres enfin font brunes d’un brun plus ou moins foncé. Ces couleurs n’ont pas tous tes le même luftre. Dans les uns elles font foibles; & dans d’autres elles font vives & é- clatantes, femblables à un beau vernis tran{- parent. De ce dernier ordre, font les Sca- | ra- canéntes bujufce mundi. Quid jam faciet totus orbis muf- cis & culicibus, qui colorum varictate in tam parvo corpuf- culo Americanas aves omnes fuperant É'c. (38) La Mouche Scorpion à des figures de mailles fur fes quatre ailes ; elles font aufi femécs de taches brunes, de même que celles de plufeurs Infectes aquatiques. L'; — 138 TuksoLocies rabées & les Cantharides, dont l’étui des ailes femble être orné d’émeraudes & d’or. L'on ap=… perçoit diverfes couleurs dans les etuis d’autres Infectes. Ceux du petit fcarabée de mufc (39) font peints alternativement de rayes tranfver. fales & ondées, noires & d’un rouge jaunâtre.. Le fond de ceux d’un autre petit fcarabée eft. jaune; mais il eft orné de taches noires, quar- rées (40), & aflés femblables aux cafes d’un“ Echiquier. Un autre fcarabée, qui vient d’un ver cottoneux, a le fond de l’étui de fes ai-" les d’un brun foncé; fur chaque moitié def cet étui il a deux taches quarrées (41), d’un jaune de bois, & placées à la file l’une de l’autre. Celui d’un fcarabée du bois eft ve-* louté de noir, & a dans la partie fupèrieurew des taches jaunes, & dans la partie infèrieurew des barres de la même couleur en forme de“ faucilles (42). L'on trouve dans le bord in-« tèrieur de l’étui d’un autre, des ornemens den- telés (43): dans les endroits où les deux par- ties de l’étui fe touchent, ils reflemblent affés à un point d'Efpagne. Enfin, j'ai trouvé un* fca- (39) Voyez Frifch, P. XII n. 20. p. 29. J'ai aufi# trouvé d'autres petits Scarabées, dont les étuis des ailes étoient traverfez de rayes ondées , rouges & noires, & a- voient du rapport avec ceux des cantharides rayées dont Ferrand Imperatus. L. XXVILT, ©. 1. p. m. 921 fait mention , lorfqu'il dit: Laudantur a Diofcoride Canthari- des fafciate, que in frugibus reperiuntur , cujufmodi funt rs iQ , Quas oflendimus cum fafciis corpus trajicien-w us. 4 (40) Frifch. P. IX. n. 17. p. 34. (41) Frifcb. 1. c. n. 19. p. 37. (42) Frifch. P. XII. n. 22. p. 31. (43) Frifcb. 1. €. n. 21. p. 30. L | D ES! ANSECTES. 139 fcarabée, fur un églantier, planté fur un roc, ‘dont l'enveloppe des ailes étoit revêtue de pe- tites) barres,les unes vertes, les autres cou- leur de feu, ou d’un cuivre poli, & les troi- fièmes d’un:bleu foncé comme celui d’un à- cier bruns; selles ayoient à peu près la figure d’un Arc-en-ciel. L’emaiLz des diffèrentes fleurs , la belle Refexi- diverfité qu’on remarque dans les couleurs des 0#5 Jur coquillages, l’éclat de celles qui brillent dans 5,7 Ja queuë d’un Paon; éxcitent fans doute no- tre admiration: mais elles ne font pas les feu- les qui doivent produire cet effet fur notre efprit. : Qu'on jette les yeux fur quelques-uns de ces Infeétes, dont nous venons de parler, & l’on en fera convaincu (44). Quand ces petites créatures ne feroient d’aucune utilité dans le Monde ,nous ne laïflerions pas d’avoir une obligation réelle au Créateur de leur avoir donné l’éxiftence. Leur vüe fait plaifir; l’ef- prit trouve une grande fatisfaétion à contem- pler tant de beautés réünies dans un fi petit cfpace. Ce n’eft pas encore tout. Si nousfom- mes (44) C'eft ce qui fait dire à Aldrov. in prolegom. f. 3. Revera funt inter illa quam plurima , in quibus pœne nullum mon coloris genus confpicere licet , adeo ut docti(fi- mum fæpe Pbilofopbun requirant , qui exacte colorum di- verfitaten difcernat, € defcribat ; pitoremque diligentiffi- mum , qui fingula membra tantillis in corpufculis, tanto- pere maculatis, depingat , fpectatoribufque ob oculos propo- nat. At qui quefo eft, vel Philofophus , qui defcribere om- nia in Papilione, que obfecro pictor , qui delineare fefe polfe videri audeat? Bovem quis non polfit ; quis culicem? Quis mufcam exacte? Quis Erucas, Cantbharides, Curculiones ? Add. Swammerd. p. m, 116. & Brocks ira, Vergn. in Gott, p. m. 223. . 140 TFHEOLOGIE mes fages, nous remonterons de ces créatures au Créateur. Quelle ne doit pas être la ri- chefle de l’Etre qui a raflemblé tant de thré- fors fur le pius chétif des Inicétes! La beauté de ces créatures, qui fait que nous les admi- si rons que nous les affeétionnons , étant fi | inférieure à celle du Créateur, n’y auroit-il pas un manque de difcernéement à admirer à à aimer moins celui qui et la fource de tout ce qu’il y a d’aimable & de digne d’admira- tion dans les créatures ? Si nous vouions pro- portionner le degré de nos affeftions à l’exel- lence des objets, nous devons aimer Dieu de tout notre cœur. Quelle folie n° y. auroit-1i pas à s’enorgueillir de la beauté des étoffes, dont nous couvrons nos corps ? Le velour & la Hd qui font les plus riches, d’où viennent- ils? Ne font-ils pas l’excrément d’un vil In- feéte? D'ailleurs, nos plus beaux habits ap- prochent-ils de la richeffe, de la parure de plufieurs de ces petits animaux? On peut dire que Salomon dans toute [a magnificence n’a 29 été auf bien vêtu que l'un d'eux. FEES + CHA... ". RTS DES INSECTES f4t # M tee ner D qe D don Tea TE ne TE ner T TR ARE TER MERS BOIRE IL ParTi:e II COBHA:P ITS, L De l'ufage &3 de l'utilité des Infeëtes par raport aux bommes. A Confidèrer les Infeétes d’une manière Les x, faperficielle, fans entrer dans le dérail fc#e5/0nf de leurs qualités, on les regarde comme de créaures peu, ou même point utiles. C’eit à une erreur, dont on reviendra facilement a- près la leéture de ce Chapitre. J'avoue que ce feroit une témèrité de déterminer précifé- ment l’ufage fpécifique (1) que la fageñle de Dieu a eu en vûe dans la création de chaque efpèce en particulier. Mais il eit cependant bien permis de conclure de lufage qu’on en fait, de l'utilité qu’on en retire, que Dieu a eu entr’autres telle vûe en les créant. Tout ce qüi arrive dans la nature nous annonce que tout y eft dirigé par un Etre infiniment ee £ . (x) Holmanni Philof,. To IT. Part. IT. c. 4. $. DI. p 592 Etff vero fpecialis fingulorum ufus, ob quws cori- dita illa (Infe&ta) forte funt , unvefigare nobis baud licet ; non putamus tamen , nos errare , fi in genere faltem , juam & potentiam in creando € providentiam ëx confervan- do, créaturis fuis sationalibus, manibus quafi palpandam , Jillere lemmum fapientifimumque Numen boc iofo voluilfe affirmemus. . 142 * TE 0 Lo GAE Ë De ce principe il réfulte, que Dieu a prévi l’ufage des créatures en général, & des In feétes en particulier; & qu’il a voulu qu’i fervifflent à telle ou telle chofe. Ce n’eft done pas le hazard, qui a fait que les Infectes s’y foient trouvés'utiles; mais ils ont été deftinés à cela; & l’homme n’a fait que s'approprier une chofe deftinée pour cette fin. à qui is JE remarque d’abord qu’il y a plufeurs fervent Infeétes qui fervent de nourriture aux hom nue mes (3) (4). On dit qu’il y a des peuples dans les Indes, qui font accoutumés à manger des vers, Crus Ou rotis; & qui les regardent com me un morceau délicieux (4). Quelques- uns (2) Ainfi p. e. les Habitans de la Guinée, mangent leg Moucherons. Dapper in Afr.f. 396. ceux de Ceylon les Abeil les Cnox defcription de Ceylon f. 25 Ceux de la Nous velle Efpagne les fourmis , ‘fob. Laet. n. Orb. Lib. VII © 8. d’autres les vers à foye. Conf Stuck Conviv. antig, f. 176. les Hottentots ,les poux Méifier im Oriental gar p. 253. Voyés Aldr. f. es À (3) Je pañe fous filence l'appétit avec lequel certaines perfonnes mangent les Araignées fans qu'elles leur faffent de mal. Voyez Mifc. Nat Cur. Ann. El. Obf IX/p. 20. J connois un homme qui eft dans le cas : vous trouveré plufieurs exemples pareils dans Kundnmann. KRarior. Ar & n. f. 1063. 4 (4) Plin. H. N L. XVIL c.:24. dit des Romain Jam priden € in boc luxuria elle cœpit : Pregrandejquee atque etiam farina fanginati, bi quoque altiles fiunt. D minic- Panarol. pent. 1V, Obf. 12 p. 117. en dit aus tant des Phrygiens & de ceux du Pont; qu'on appelle & caufe de cela Xylophages à ce qu’il prétend, Et Ælians L.XIV. c.13. raporte; Indorum regern in menfa fecunda appofuiffe vermem quendan in planta nafcentem quem ien@ toffum pro delicatifjimo babuerit cibo_ Nous apprenons dés . Lopez que dans les Indes Orientales les habitans man gent des vermifleaux cruds. Monard dit qu'ils font de (12 DES INSECTES. 143 t' le même ufage des étoiles marines (f). s Hiftoires, tant anciennes que modernes, t mention d’une efpèce de fauterelles ,com- ne dans les pais Orientaux, dont la chair ft aufiblanche que celle des Ecrevifles, & on dit être d’un goût excellent (6). Les Rae | peu- eaux avec des vers de terre, Woffius de Idol. Lib. AV. cap. 78. p. 1577. rapporte fur la foi de f. Mande- que dans l'ifle Taleche l'on fert fur la Table ,des grands rs nés dans du bois pourris. Ajoutés à tous ces uteurs Mund. nov. Pbyfi. Lumen. To. II de efculentis . m. 405, € Raj de la gloire de Dieu. Lib. ILE, cap. 15. D. 1. 733... L 5h (5) Bellon fait mention de deux fortes d'étoiles: Les es font mangeables & les autres ne le font pas. Il pla- ce parmi ces dernières celles qui ont trois, quaire, fix, huit, douze bras. A/drovande ne penfe pas que celles qui t des poils oblongs, & qui ont plutot la forme du fo- fe que celle des etoiles, foient mangeables. Celles qui font mangeables, felon Bellon, font celles dont la chair renfermée entre les bras eft rouge, ou jaunâtre, Æ/érov, Lib. VII. cap. 18. f. 759. | * (6) Diodore de Sicile nous apprend que les Æthio- piens fervent des fauterelles fur leurs tables; ce qui leur a fait donner le nom d’ Acridopbages. L. III c. 3. Add. Strabo. L. XVI. Geogr Plin. 1: VI c.,30. Solin. in Polybifi. c. 43. Leo Afric. L. IX, déferipr. Afr. c. 3. Leoit, XI. 21. 22. Matth. III 4. Murc. I. 6. Conf. Olear. Obferv: in b. 1. Cajaubon Exercit. Anti- Baron. p. 247. Aldrov. lc. f. 438: Dougthæus in Ana- let. p. 3. Freyw Heb Opf. To. p. 108. Wegnerus in nl ad. L Mattb Colomef. in Objérvat S. p. 140. itfius. To. IL. Mijcell. p. 510. Lamb. Bos in Excerta- ion. p. 6. Feb. Elner. p. 9 Kubnius in Pentad 1. Qu. III. p 6: Saubert. de Sacrif. p. 683. Dicterici An- bn T. To I.p.73. Et ex Inffituto O!. Borne- nmi Diff. de Vicu. Job Hüffn. 1604 Fob. Dan. Major Exercitat. II Conr. Olii. Difp. de. domicilio , viéu © amictu “fob, Roflotb. 1657. Rabe Diff. de amitlu € oidu Job Regiom. 1689. © 1693. M. Baltb. Stol- berg de b. m. Witch. 1683: 144 Tue" o Loc LE. peuples de ces contrées les préparent d’un façon particulière. Les uns les bouillent les autres les font fècher au foleil avant que d’en faire ufage. Dampier (7) rapporte dar fes voyages que cela fe pratique encore. at jourd’hui parmi ces peuples. Ce voyageut dit que dans quelques ifles de la Mer des Im des, il y a des fauterelles de la longueur d’uñil pouce &t demi, de la groffeur d’un petit doigt} noirâtres, aiant des ailes larges & minces, 8 des jambes longues & déliées : les habitans ef prennent une grande quantité. Ils les fon rotir dans une terrine, où les ailes & les jama bes fe détachent ; mais la tête & le corps des Viennent rouges comme celles des écreviffes cuites, & font un fort bon manger. Le mê me Âuteut rapporte que tous les ans, dans I Royaume de Zonquin, il fort de terre dans mois de Janvier & de Fèvrier une efpèce di fauterelles, qui font une fort bonne nourritu re. Les habitans, riches & pauvres, en a mañlent autant qu’ils peuvent; ils les grillen fur des charbons, ou bien ils les falent afin dé les conferver. Cet aliment eft fain. Lorfqu’ 1693. il fe répandit en Allemagne une Arméé de fauterelles de cette efpèce , quelques per fonnes effayèrent d’en manger. Le célébré J. Ludolph, qui avoit tant voyagé en Orient4 | aian (7) Voyez encot A&. Philof. Angl. An. 166$. p: 227. Phil. Bald. Befchreib, von Malabar end Coroman €. 16. f. 100 Febur. Theatr. Imper. Turc. c. 30. Z F. 559. Demos Gefandfib. an den Tart. Cham. 35 Del Techo. Hift, Paraquar. L. X. c. 17. f 208. Clenard. L. I. Epift. Tavermier itinetar, P. I. f. 67. À DES INSECTES. 14f ant trouvé qu’elles étoient de l’efpèce, dont Jes Orientaux font cas, en fit préparer à leur manière (8). Ilen fit bouillir quelques-unes comme des Ecrevifles, & en marina d’autres avec du poivre & du vinaigre. Un de fes va- lets en aiant mangé fans péril, il en mangea lui-même, & en régala un jour le Magittrat de Francfort (*). PERSONNE n’ignore que les Abeilles nous 44 miel, fourniflent un fuc délicieux (9) qui eft d’une très grande utilité dans la cuifine. Elles le receuillent fur diverfes chofes (19). La rofée, qui, (8) Job. Ludolph. Hift. Æthiop. L. I. c. 13. & in Commentar ad eandem. p. 168. *) Er en regalu un jowr le Magifirat de Francfort. Les Saurerelles doivent avoir auf éte autrefois une nour- riture connuë daps la Judée & les pais eirconvoifins ; puif- que Moïfe avoit permis aux Juifs d'en manger de quatre fortes, ainfi que l’Auteur l’a dejà remarqué plus haut; & que l’Ecriture nous apprend que Jean Baptifte vivoit de Sauterelles & de Miel fauvage. , Au refte ce n’eft pas aux Indes feulement que les In- fectes font pour les habitans un mets délicieux. Perfon- ne n'ignore avec quel gout les Européens mangent les Omars, les Ecrevifles , les Crabes, les Chevrettes, les Huitres ,les Moules ,les Couteliers & quantité d’autres In- fectes des Coquillages. Les Elcargots de Vignes, & même quelques efpèces de Limaces ne font pas rejettées. Je ne parle point ici des jambes de Grenouilles, du fuc de Vipères, ni des Tortuës, parce que ces fortes de Repti- ° les ne me paroïiflent pas devoir être mis au rang des In- fectes pour les raifons que j'ai indiqué ci deffus P. L. (9) Conf. Cbriflopb. Müller diff. de melle, “fen. & Frid Güuntb Seuberlichs Diff. de quinta Efféntia regni weégetabilis [. de Melle Erford. 1710. foach Camerar. fl. in opufculis de se ruftica Norib 1577. 4. editis memo- sat Menecratem Epbefium poëtam , it. Nicandri Colophoni- Meliffurgica. Atbeneo citata, & Phiifi Meliturgign, nec non Rufum Epbefium de melle, deperditos elfe. (10) Mr. du Verney croît que le miel fe forme de la Time 11. K pouf- . à 746 THEOLOGIE qui, tombe fur les fleurs, leur fournit d miel (11). Les fleurs elles-mêmes font 1] A magazin d’où ces petites créatures e tirent. On les voit voltiger, pour leurs provifions, fur toutes fortes de fleurs (12); dans les jardins, dans les prairies , dans les vergers, dans les Bois &c. Elles fuçent mé. me cette douce liqueur des herbes amères tel- les que le Thym; & on les voit tirer du miel des rofes, d’où les araignées tirent du poilon.. 11 eft agréable dans un beau jour (13) de voir | | for- poufñlière des étamines des plantes. Voyez du Hamel Hift. Reg. Scient, Acad. Paris. L. IL Sed. V. c. 2. p, 179 (11) Plin, L. XI. ç 12. (12) Voici les Vers de Mafen in paleftra fiyliligati Bd D. 86 fur ce fujet À Iligeræ vüridi volucres craffantur in borba Aique æfiiva nobis caftra locantur agris. cia libantur ficule convivia Floræ [ybleæque thymi follicitantur opes. Florca rurifluis implentur pocuia fuccis , uos bibit e molli parva Melif[a croco. Comjulit bec tenero florum genus omne labello Et mille affigit bafia mille roffs. Ac véniens , fugiens, animam delibat odoram , Calthula five tuam , five byacintbe tuam. (13) Joh. Commirii Carm. L. L. p. m. 308. Apem , per bortum crura exercet interim Studiunique melius. Quippe non odoribus Levique fuco capta, fiores obfidet , V'anoque circum murmure errans infirepit. Sed dulce mifcens utili, ceram undique, Meliifque dona rofcidi cœleftia Colligere certat Sicubi e fudantibus Expreflus aftris bumor , aut fiavas croci, Aut sigricantes lavit , byacinthi comas, Argentewme lilii alaba inpluit, Celeribus illo vecta pennis advolat , Latura, cafiris duices exuvias fuis, Sea DES INSECTES. 147 ertir cette nuée bruyante d’Abeilles, pour al- er en Campagne. Elles vont de fleurs en fleurs; fuçans dans leur calice la rofée du ma- tin, elles goûtenc les herbes, baiflent les feuilles, & prennent ce qu’il y a de doux. Une partie leur fert d’aliment, & le refte fe digère dans une petite bouteille, deftinée à cela. De retour chés elles, leur prémier foin eft de vuider cette bouteille dans leurs al- véoles. + IL ya de deux fortes d’Abeilles: les fauva- ges & les Domeitiques. Celles-là n’ont pas befoin d’être foignées. Elles volent librement par tout, & dépofent leur miel tantôt dans le trou d’un rocher (14) , tantôt dans le creux d’un arbre, & tantôt dans d’autres endroits de cette nature. C’eft la raifon qui a fait donner le nom de fauvage (1) à leur miel. Les autres font apprivoifées, ou me mef- Seà nec ea thymbram , ferpillumque negkigit ; Nec fugere bumilis flofculos fpernit thym, Lun fiirpe ab omni colligit prudens opes ; ulloque jpolia non refert de gramine. (14) C'eft à quoi le St, Efprit fait allufon Ifaïe VII. v.18. 19. L'on trouve même Fuges XIV. v. 8. que des Abeil- les avoient dépofé leur miel dans le cadavre d’un lion: ce qui ne doit pas s'entendre d’un cadaÿre recent, mais du fquelette , defltué de toutes fes chairs. Voyés les Interprêtes ; & en particulier Bochart Hierozo. P. Il. L. IV. cap. 10. | (15) I nous eft dit de fear Baptifié, gi fe nourrif- foit De le Defert de miel fauvage. Matt. IIL. v. 4. Con- ferés Bochart, 1. c. cap. 12. Witfius in exercit. de vita 7. Bap. le Moine ad varia [. p. 608. & fuicer. Thef, T. IL. à 210. C'eft de cette abondance de miel que la FaleMine eft fouvent appellée ; Terre decoulante 46 TA K 2 De fes diver/es efpeces. De la maniere de faire l'Hyärc- MEL, & À 148 THEOoLOGIE meftiques. On les conferve dans des ruches, & elles y demeurent. à LE meilieur miel de l’Europe eft,en Fran-« ce, celui de Provence & de Languedoc, par ticuliérement celui des environs de Narbon-- ne; &, en Suifle, celui d’Appenzel. Il y en a de trois efpèces. Le blanc, qui coule dem lui-même des rayons : celui qui eft preflé: & le troifième enfin qu’on a bouilli & prefé enfuite. Les anciens ont fait un grand ufage du miel dans la cuifine & {ur la Table (16). On dit qu’Ariftée d’Arcadie s’en eft fervi le pré-. mier (17). La facilité avec la quelle on peut avoir du fucre aujourd’hui fait que le miel n’eft pas d’un ufage aufli génèral qu’il étoit autres-fois. Cependant on s’en fert encore dans piufieurs occafions. | C’EsT avec le miel que les Ruffens font la boiflon connue fous le nom d’Hydromel (18). Voici la manière dont on le fait. L’on prend une certaine quantité de bon miel blanc; &: huit fois autant d’eau de puits. On fait un. peu il (16) Varro de Re Ruft. L. II. c. 16. dit: Mez ad principia convivii, © ad fecundam menfam adminifirari , conf. Exod. XVI. 31 Deut. XXXII. 13 14 udic. « XIV: 9. 1. Sam. XIV. 26 2 Sem XVII. 29. Prov. XX. 16. Cantic. V. 1. Ef. VII. 16. 22. Matth, III, 4 Luc. XXIP. 42. (17) uftin. Hiftoriar. L. XIII. (18) Conf. Aldrov. L.. I. f. 145. Gedde Apiarium An- glis. c. 18 p.79. Mundii nov. Pbyf. bodiern. Lumen. p. m. 459 Neandri Phyfic P. II p. m. 306. Scbroters. Artz Schatz L. V. Cl. 4. f. m. 102 D. Jos. Warders Monarchie der bienen c. 21. p. 159. Pour abreger je ne dis rien des breuvages compofez de miel & d'aromates, dont les Auteurs que je viens de citer ont écrit, | ; DES INSECTES. 149 peu chauffer l’eau dans un chaudron de cuivre étamé, enfuite l’on y jette le miel; & on les fait bouillir doucement enfemble, Pendant qu’il bout, il faut l’écumer avec foin , jui- qu’à ce que le tout foit reduit au tiers. Tout Part confifle à ne le laifler bouillir ni trop, nitrop peu. On peut reconnoître qu'il ett dans fon point, lorfqu’un œuf frais peut na- ger par deflus. Au-refte , il faut remarquer que l’Hydromel doit être plus ou moins bouil- li felon la qualité du miel, que l’on employe. Le meilleur n’a pas befoin de refter fur le feu auffi long-tems que le moindre. Pendant qu'il _eft encore chaud on le pafle par un fac poin- tu , afin de le clarefier. Après quoi on le met dans un tonneau, où il y a eu autresfois du vin. L’on expofe enfuite ce tonneau pen- dant cinq ou fix femaines au foleil, ou der- rière un fourneau, ou fur un four de boulan= ger; afin que l’Hydromel puiffe bien fermen- ter. Après avoir pris toutes ces précautions on Île met dans la cave. Dans les endroits où il y a beaucoup de miel, on fait une li- queur inférieure à celle-là (19) , avec l’eau qui a fervi à laver la cire & les vafes où il y a eu du miel. On la donne aux Domeftiques. Les Paifans font quelques - fois un mélange de bon vin nouveau & d’exellent miel, qui leur donne un brûüvage qu’ils trouvent fort bon (20). Autres-fois on en faifoit une au- tre efpèce , compofée de verjus & de miel. QueL.- (19) Mund. in nov. Phyf. lum. p. 460. appelle ce breuvage Meñcrate. (20) Ce brüvage fe nomme Oenome! Mund, 1. c. p. K à 461. Es four- niffent auffi de uoi s'ba- ler. . h 159 THEOLOGTFÉ | Quezques Infeétes nous fourniffent dés étoffes pour nous habiller. L'on fait que lè Ver à foye tire de fon corps (21) des fils À longs & Rés (22), dont il s’enveloppe. A près s’y être, pour ainfi dire, enféveli, il laifle fon fépulchre aux Hommes, qui en font. ufage pour fe faire des éroffes & des ha: bits (23). L’on a connu cet Infeété & ea tifiu 461. Ii étoit connu du tems de Martial : témoin ces vers. Tam bene rara fuo mifcentur cinnana Nurdo. Mafica T hefeis tam bene vina favis. G (21) Mafen, Paleftr, Eloquent. Lig. P. IL. p. 88, Tunc quoque lanificæ Serum , mollifqué pareñtes Starninis , artifici gutture fila trabunt , Lanarum florem, morique alimenta virentis, Et fufas uteri parturientis opes. (22) Boyle fubtilit. of efuv. c. 2. fait mention d’use Dame, qui ayant pris la peine de devider la coque dun ver à foye, trouva fuivant le calcul qu'on enifit ; que le fil en étoit long de plus de 300 lieues d'Angleterre, ; » NB. Il y a ici certainement de l'erreur, J'ai fouvent » mefuré le fil d'une coque de vér à foye, &'je ne lui. » ai trouvé ordinairement qu'entre les fept & les neuf. “ Cent pieds de longueur. En fuppofant avec l’Auteur » du Spectacle de la Nature qui cite Boylep. m. 85. que » le fil d’une coque ait 930. pieds, & pèfe 2; grains, “ , je trouve qu'il faut un fil de 3428352. pieds de long” » pour faire une livre de foye, ce qui reviendroit ,p » que ces pieds foient des pieds de Roi ,à plus de 228$ . lieues d'une heure en faifant chaque lieue longue de #» 15000 pieds ou de 300c. pas geometriques, P, L, | (23) Jo. Commir. Carm. L, L p. 202. Mollibus in lucis vitam pertæfus inerte Inglorianque ducere, Arboreajque juper dedignans ferpere frondes Cum gente turpi vermium, Carcere fepulcro condit, preticfaque bombyx Sibi ipfe nectit vincula, sAtque ibi fecreto noëtefque diefque labori 4 DES INSECTES. if? tiflu dès les plus anciens tems, parmi les Se. res (24), peuple qui habitoit le païs qu’oc- cupent apréfent lès Chinois , les Siamois & les Tartares. Aujourd’hui encore l’on trouve à la Chine, dans la Province de Canton (2f) dés Vers à foye fauvages, qui, fans être foignés, font dans les bois une efpècé de foye, que les habitans receuillent énfuite fur les Arbres (26). Elle eft grife, fans luftre, & fert à faire une étoffe très épaiflé & très forte, que l’on nom- me Indulget opifet fedulus : Cumque fuo, reges olim tecjura Deofque, Depectit ore vellera, (24) Ammian. L. XXI{IL c. 6. Solin. L. XXIIL. c. 6. dit d'eux. Sunt éfiam Scytbiæ Afiaticæ populi, qui a- guarum dàfpergine inundatis frondibus vellera arborum ad Miniculo depectunt liquorrs , © lamtginis teneramn fubtilita- tem bumore domant ad obfequium. Plinius L. VI, c. 17. domant ad obfequium. Plinius L. VI. €. 17. les apéllé. Sérés lanificio Sylvarum mobiies Et Servius in Georgic. 2. Apud Indes © Sétes funt quidam îêh arboribus vermes, qui bombyces appellantur . Gui in arancarwmn morern fila tenuiffima deducunt, unde efi Sericum. (25) Vid. le Cofite bêws. Siam p. 207. (16) Ce que je viens dé dire nous peut faire entendre tés expréfions des Poëtes fuivans: Aufon Technopæg. dé Hiftor. Vellera depeélit nemisralia velifluus Sev. Vitgil. Géorgicor, I. v. izr. Velleraque ut folis depeclant tenuia Seres. Avien defcript. orb. v. 036. Vellera per fylvas Seres nemordia carpunt. Quélqués uns ont entendu cela de l'arbre qui porte le coton; & ont mis de la différence énitre le ver à foye & * Sericum. Mais il paroït par la Éonhexion du paflage que je viens de rappoïtét, que l'on peut entendre par les Toifons qui font dans les feuilles les fils que lés vérs à foye depofent dans le feuilles , & ainfi je n'entré point dahs la difpute qu'il y a eu 1à- deffus entre Liffe à ET, Ann. Taciti, & Sadnaife in dé : Pün. 4 Fr « sfè -_THEOoLOGAHE me dans le pais Xien-Tcheon.. On peut la a+ ver comme de la Toile, & elle né tache point, Cependant la foye n'a pas laiflé d’érre excre- mement rare en Europe pendant très long- tems. Plufeurs chofes y contribuoient: d'a- bord; l’on manquoit d’inftrumens néceffaires pour la filer & la travailler; enfuite l’on n’2- voit pas de commerce avec les peuples chés qui elle croifloit. Faut-il être furpris après aela fi la foye étoit fi précieufe (27) & fi ra- re (28)? On prétend que dés le tems de Sa- lomon une femme de l’Ifle de Co, nommée Pampbhile (29) a fü préparer & faire des é- toffes avec les fils de ces vers à foye,: venus du pais des Seres. Il eft vraifemblable que cette femme ( 30) n’avoit pas reçu de ce pais: l'animal, mais feulement les fils. S’il en avoit été autrement, d'où vient que les étoffes de: foye ont été, du tems des Romains, à un fi haut prix, & que cette cherté a duré jufques: au règne de l'Empereur Jultinien ? Du tems de cet Empereur deux Moines apportérent des: Indes à Conftantinople des œufs de ver à {oye (31). De là, ces vers pañlérent en Ita-. le, & enfuite en Efpagne & dans d’autres Provinces. Cependant , la foye qu’on re- ceuilloit en Europe n’étoit pas en affés grande: abon- (27) FL Vopifc. in Aurelian C. XLV. faporté qu'on: donnoit une livre d'or, pour une livre de foye. (28) Ibid. C. XLV. Vefem bolofericam nèque ipfe im\ Geffiario fuo babuit, neque alteri utendam dedht. (29) Ariftot. H. À. L, V. c. 19 (30) Voyez Cardan de fubtil. L. IX. À: 359. ‘| (31) Procop. V. Gotb IV. 17. conf Tertull. de Pallig | ?. 216. [. € Salmal. ad Tertull. libr. cit. | Des, IN SE c v,p:s. I #bondance pour pouvoir fe pañler de celle de Perte, D'ailleurs, il fallut bien du tems 2- vant de parvenir à la travailler dans le degré de perfection. requis. Les éroffes qu’on £. briquoit, étoient de deux efpèces. Les unes étoient toures de foye (32). ŒÆlles étoienr & précieufes & fi chères que les Empereurs {euls s’en fervoient (33). Aujourd’hui les chics ont bien changé. Elles font devenues f communes que tout le monde en porte. La feconde efpèce étoit de deux diffèrens fils (34). Ceux du fond étoient de foye & ceux de la trame étoient d’une autre matière, Polidore Virgile lui donne le nom de Suis de Brages (35). QueLzques efprits inventifs ont penfé à ti- Des fils rer des fils des Araignées un parti femble à ce- en. Jui qu’on tire des Vers à foye. C’eit à quoi s’eft appliqué Mr. Bon, premier Préfdent à Mont-Pellier (36). Ila pouffé la chofe juf- | qu’à (32) Polid. Vergil. de invent. Rer. L. IITL c. 6. p. m. 197. diflingue de trois fortes de Holofericum quand il dit Jt autem ex puro ferico panni imprimis triplex ge- nus : Unum vulgo dicitur rafum , quod in eo nullus utrin- que fit pilus, apud alios vocatur fatin: Altérum Den cum, fioribus intextum , quod Damafci in Syrie oppido primo confectum fit : tertiun villutum , i, €. villofum (velour) quod ex altera parte villos babet. (33) Lamprid. in Heliogabalo c. 26. dit parlant du luxe de cet Empereur. Primus Romanorum boloferica vefte fus fertur | quum jam fubferica in ufu effent. (34) Subjericum, (35) De invent. rer. L. IIL. ©. 6. p. m. 197. (36) Vid. Afflemblée publique de la Societé Roi. des Sciences tenue à Montpellier 1709. Et: (Cu- rieufe ANacbricht von einer neuen Art Seide , 1welche 5 von » « if4 THEoLOoGéTrE qu’à en faire un habit (*), dont il fit préfen au Roi Louis XIV. La chofé mèriteroit bié RO von Spinrien, Webe zaberbitet ivird. Leipz. 1714 % cu. jus Auclor eft Petr. Bufcb. Ecclef, S. Cruc. Hamnovi« Pafi. referènt B. Strubberg. in velat, de Paflorib. evangelw Hannov. quam adjecit M. Dav. Meieri Nachr von der Refotiat. der Kircb. dnd Schul. zu Hannot. p. 297. | (*) Fujqu'à en faire un babit. Je ne fçais f Me Bon a poufle la chofe jufques-là. Mais les Mem, de l’Acad, Roi. des Scienc. de1710, nous apprennent , qu'il pre- feñta en 1709. à l'Académie des bâs & des mitaines faites de foye d’Araignée, Cela porta l'Aflemblee à charger Mr. de Réaumur & un autre membre de fuivre de près les découvertes de” Mr. Bon. Mr. de Réaumur le fit, & voici en gros le re-“ fultit de fes éxperiencés. 11 trouva que lés toilés d’Arai-" gnées n’étoient nullement propres à être mifes en œuvré, parcé que les fils en étoient trop delicats, & qu'il en eût. fallu bien 90 pour faire un fi égal en forcé à celui que“ file lé ver à foye, & bien 18006 pour faire uñ ft à cou- dre aufñ fort que ceux des fils de cés vers Il né feftoit donc que les coques qu'elles filent autour de leurs œufs dont 6n pouvait efpèrer quelque utihté : il les examina, & s'apperçut qu'il n'y avoit que celles des Araignées dont leé toiles font faites de rayons qui partent d'un centre « commun autour duquel tourne un fil en fpirale qui puf- « fent être de quelque ufage ,les coques des autres fourniffant trop peu de fil, où le fil n'ayant pas les dualitéz requifes. Il s'agifloit enfuite de favoir fi on pouvoit avoir la foye « de ces coques à aufli bon marché que la foye commune, ou bien fi étant plus chère ,elle feroit auf plus belle. La « remièré quéftion fut bien tôt décidée. Quoique Mr. de Réonret trouva dans lé$ Vers de terre & dans la fubflan- « ce molle des plumes nouvelles une nourriture fort aifée à procurer aux Araïignees, & qu'ainf la difficulté de leut « fournir afféz de mouches ceñfoit , il en rencohtra une autré, qu'il n'y avoit pas moyen dé lèver; c'etoit celle . qui naifloit de la haine mutuelle qu’elles fe portent, qui Otoit tout moyen de les elever enfemble; il auroit dorc fallu fe refoudre x les élevér chacune feparément , ce qui ne pouvoit fe faire fans uh travail infini, & par confe- quent , fans beaucoup de depenfes, vû fur-tout qu’il trous va que les fils des coques d’Araignées étoiént éing fois ! plus fins que ceux des vers, & qu'il falloit douze : plus = Éla ss. R DES INSECTES. 1fÿ qu'on l’etaminât à fond. Si elle pouvoit réüflir, l’on feroit , avec les fils dés Araignées, des étoffés, dont on tiréroit dé l’Argent; au lieu qu’on eft obligé d’en envoyer dans lés pais étrangers pour achetér de la foye. CE que je viens de dire doit faire compren- Du Com- dre que les Inféétes contribuent au bien &c à 77e 4 l'avancement du commerce. Le négoce des “dc éroffes dé foye (37) a fait fortir pendant long- tems des fommés immenfes de la France, de l'Allemagne & d’autres païs,pour les faire paffer en plus d'Araignées que de vers pour fourñir une même quantité de foye: deforte que pour avoir une feule livre de foye d’Araignées, il auroit fallu près de vingt-huit mille coques , qu’on ne pouvoît fe procurer , qu’en nourriflant encore un bien plus grand nombre d’Araignées, puifqu’il n'y a que les. Femelles feules qui filent ces coques. Il etoit done démontré que la foye d’ÂAraignée devoiït coutér beau- Coup plus cher que la foÿé ordinaire. Reftoit à favoir f elle etoit plus belle, C'eft ce que Mr. de Réaumur ne trouva pas, il prétend au coftraire qu'elle avoit moins de lufire, & il en attribue la raifon, à cé que les fils qui £ompofent la foye d'Araignees font plus délicats & plus crêpez que ceux des Vers. | Tout ceci hoës aprehd donc que ce n’eft pas en éle- vant des Araignées qu'on peut fe promettre dé tirer un parti avantageux de leur foye. Le feul moyen qu’il y auroit peut-êtré de faire tourner leur ouvfage à notre profit, feroit ce me femble, d’obférvér lés téms où elles voleñt fufpenduës à leur filaffe , ou bien celui ou elles fe difpofent à faire ces fortes de voyages ,& d’enyoyer alors ‘des gens en campaghe pour ramafler avec des râteaux le fil qui s’y trouve repändo. * Il y a certainement des téms où en peu d'heures on en pourtoit fâire une abondante provifion. J'en ai quelquefois vu les prairies toutes cou- vertes. Peut-être qu'en cardant & en filant cette foye comme où file lé Lin ,elle pourtoit êtré propre aux ouvra- ges ;c'eft uñé chofe qu'il coutéroïit peu d'examiner. P. 1, (37) Voyez Dan Schneiders allgm. Theol. Lexic. P. III. f 220. Conferez Dés Herrn Barons W'ilb. von Schro- dérn. Furfil. Schatz und Rend Cammer. 840, 156 THEOLOGTrE en Italie & dans le Levant. Les chofes com mencèrent à changer de face en France en 1494 ; fous le règne de Charles VIIL. ee François firent venir des meuriers blancs du Royaume de Naples; en plantèrent en Fran ce; nourirent des Vers à foye; & fabriquèrent, des étoffes de leurs fils. Henri IV.encouragéa ces Manufaétures; & Louïs XIV. les porc) au plus haut degré de perfeétion par plufeurs ordonnances. Nous autres Allemands avons” été des derniers à penfer au grand profit qui peut revenir de ce Commerce. il eft vrai” que dès l'an 1f99, André Libarius , favant Médecin & Phyfcien habile, à fait diverfess expériences rélatives à cela à Rothenbourg fur" le Tauber. Mais fes foins n’ont eu que peu“ de fuccès, jufqu’à ce que quelques Princes &c. quelques grands Scigneurs fe foient mélés de” cette affaire. L’Electeur de Mayence, Jean. Philippe, a été le prémier, fi je ne me trom- ; Pe ; qui ait prit la chofe à cœur. Ce Prince” fit planter des meûriers, & élever des vers à À foye à Hochheim & à Wurtzbourg en Fran- conie. Il faifoit diftribuer des récompenfes L annuelles aux Enfans des Paifans, qui avoient receuilli le plus de foye. Le Duc Fréderich | de Wurtemberg Neuftadt fit dans {a réfiden- | ce un pareil établiflement. Le Prince Char- * | dE les de Lichtenftein l'imita. Ilfit planter des | meuriers à Feldsperg: l’on y éleva des Vers à foye, dont il tiroit annuellement un affés bon parti. Daniel Kraft, homme curieux & affi: “ du, s’eft rendu fameux par fes foins à nourrir ; de ces Infeétes : c’eft à lui que la Ville de Dref- * de doit fa fabrique de foye. Mais Perfonne 1 cn“ DES INSECTES. 157 | Allemagne n’a pris la chofe plus férieufe- ent à cœur que la Cour de Berlin. Le Roi Fréderich I. a fait planter quantité de müriers à Potzdam, Kopenick, Spandaw, & autres lieux ; il a fait nourir quantité de Vers à foye; & a établi une Manufaéture (*), dont ildon- na d’abord la direction à quelques particu- liers, & enfuite à l’Académie des fciences de Berlin (38). Fréderich Guillaume a fuivi les traces de fon Père avec un zèle & une ardeur très louable. Pour cet effet, il a ordonné de faire de grands enclos de müriers; & a en- couragé par des récompenfes fes fujets à en planter. Il a auffi établi une Manufaéture de Rubans à Charlottenbourg , pour l’établiffe- ment de la quelle divers Marchands ont fait des avances. Les habitans du Cathay font auf commerce de leur foye. Ils en font même du papier (39). Mais il eft fi fin & & me qu'i (*) Er a établi une Manufaëture. Quelque indufirieux que foient les Hollandois pour les affaires du commerce, on ne voit pas qu'ils aient travaillé à multiplier les Vers à foye dans leur pais: ceux qui en nourriffent ne le font que par amufement. Il n’y a qu’un feul Particulier en ces Provinces qui en ait fait une affaire capitale. Elle lui a fi bien reufi, qu'on prétend que les Vers à foye feuls lui ont fourni de quoi bâtir & entretenir une très belle Campagne dans le voifnage d'Utrecht. La Machi- ne qu'il y a fait faire, & qui agit par la chute d’un très tit ruifleau, mérite d'être vue Elle fait tourner fix mille Bobines & dévider autant de coques tout à la fois, er" Pi (38) Un membre de cette illuftre Collège a pour cet effet publié les traitez fuivans. Der Seiden Bau macb. S. Moglichkeit und Nutzharkeit vorgefiellet Berl. 1713 4. item Der Seiden Bau in S. noth:gen verbercitung , gebori- gen Befiellung und cndlichen gewinnung. Berl 1714. 4. (39) Bufbequii Epift. IV. p. ra, 329. Utuntur char- ta qu'il ne fouffre PEcriture ou l’impreflion.que d’un feul côté. Le Négoce qu’on fait des Abeilles, & la cire & du miel qui en proviennent, très confiderable. L'on fait que les Abeï {e vendent par Ruches (40). À moins q quelques accidens ne leur arrivent , elles fe muls tiplient tellement, que chaque Ruche pr duit ordinairement deux eflains par an. Cet font deux Colonies qu’elle envoye pour pe ler de nouvelles Ruches. Je fuppofe qu’ ha op qui achetera ces deux Effans pa à | 158 THEOLOGLE D deux florins du premier & un florin du fecond:. L'année fuivante, fi les chofes réufiflent bien, chaque Ruche lui donnera deux eflains, qu’ revendra autant qu’il a payé de celles qu’il a acheté, & confervera encore la propriété de fes deux prémières ruches. Si l’on poufñe ce calcul (*) pendant quelques années fuccefies ve=} a ex involucris exwviifque bombyeum confeéta, adeo tenui ut in altera tanium parte typorum impreffioncms fufineat pars altera vacua relinqueretur . (40) Merula apud Varronem de Re PT refert à Duo milites fe (fe Varronem) babuiffé in Hifpania fratr Vejanos ex agro Fakico locupletes , quibus cum a Pair rehcta effet parva villa, & agellus non fane major juger umo ; bos sircum villam totam alvearium fecilfe, & bor babuiffe, ac reliquum tbymo & cytifo obfeuife, € apiafiri qguod ali pwni@vrao all psngoogurner, quidam mneli appellent , bos nunquam minus , ut pleræque ducerent del muillia fefiertia ex selle recipere elfe folitos Éc. dans Ffech XXVII 17. nous voyons que les juifs faifoient coms merce de miel avec les Tyriens. 1 (#) Si l'on poulfe ce calcul. Ce calcul fi je ne me trompe , monteroit dans douze ans à cinq cent trente & uni mille quatre cent quarante & une Ruche, en fuppofant. qu'aucune Ruche n'eut peri en tout ce tems , que chacung eut produit regulièrement deux ruches par année P. L,. | : | DES INSECTES. 1f9 lwement , l’on fentira combien eft grand le | profit qu’on peut tirer de ces petits animauxs | Je pañle fous filence le miel & la cire (41)à | qu’on tire de ces ruches, & dont il fe fair pa- | reillement un grand trafic, Dans les pais où l’on mange des fauterelles, on les porte régu- liérement au marché (42); & on les vend comme les oifeaux chés nous, | IL y aaufli des Infectes, qui fourniffent de Belies | belles couleurs. Tels font les Cochenilles (43), %£4rs rouge. La Cochenille eft un petit ver (*), Imfedes. que | | (41) Réaumur T. I. Part. I. Mém, I. p. m (42) Les Paifans de Mauritanie menent vs à Fes, au rapport de Cenard. Epifi. L, I. p. 73. des Chariots _æntiers de Sauterelles. L'on trouve aufñi dans Ariftophane Anarch qu'un Paifan Beotiên, entr'autres vivres qu’il al- loit vendre à Athenes portoit des poules & des Sauterel- les. AG, IV. Sec. 1. (43) Conf. C. F. Richteri Diff. de Cochinella Lipf. æ7o1. 8. ce Scarabé eft apelle dans l’Ecriture ver d'E- carlatte. _ (*) La Cochenille eff um petit ver. &c. La Cochenil- le n'eft point un petit ver du Genre des Scarabés, c’eft un de ces animaux que Mr. de Réaumur appelle des Pro= Gallinfedtes, c’eft-à-dire des Infeétes qui ne diffèrent de ceux qu'il nomme Gallinfectes, qu’en ce que ces derniè- res ont le corps très life quand elles font grandes, am lieu que les autres y confervent des fortes de rides où d’articulations qui les font mieux reconnoitre pour des Infectes, & moins reflembier à des Galles, que ce qu'il appelle des Gallinfeétes. La Gallinfede au refte & la Progallinfede font deux genres d'animaux à fix jambes ; il y en a de plufieurs ef- pèces. Les plus grandes qu'on connoiïffe ne parviennent guerre qu’à la groffeur d’un poix médiocre, Lorfqu’elles font très petites elles agiffent & courrent avec beaucoup de vivacité, mais les femelles deyenuës plus grandes fe £xent à quelque endroit de Ja plante ou de l'arbre go eilée » | 169 TuHEoLoGtrTE” gue Mr. Eduard Tyfon (44) croit être de lé pèce des Scarabées. Il eit de la grandeur d'u ne lentille, & reflemble en quelque manière à une punaife. left intérieurement a’un rous ge d’écarlatte. Cet animal fé meut fort lens, tement. Il y en a abondamment dans la nous velle Efpagne; & on en trouve fur tous les Arbres. Les Indiens les ramaflent , & les mettent fur une forte de figuier de ce paiss dont le fruit eft plein d’un fuc couleur d fang. Ïls nomment cet Arbre Kwmbeba o Zune (45); & en Latin il eft connu fous lé fi elles fuccent 1a fubftance, elles y croiffent enfuite conf dèrablement , furtout en groffeur, & y perdent avec id facule de pouvoir changer de place, prefque toute la fi* gure extèrieure d’un animal, prenant celle à peu près d’une Galle, dans laquelle on diroit qu'elles fe font Me tamorphofées. C'eft dans cette fituation immobile a les reçoivent la compagnie du Mâle, qui transformé er une très petite mouche, eft un animal actif qui ne ref femble en rien à la femelle. Celles-ci après l’accouple: ment pondent , fans changer de place, un très grand gombre d'œufs, qu'elles favent faire gliffer fous leur ven-… tre, elles meurent fur leur ponte, & leur corps, qui y refte fixé, lui fert de couverture pour la garantir contre les injures de l'air, jufqu'à ce que les petits eclos fortent de cet abri cadavreux pour fe tranfporter ailleurs. Voyez Réaumur Mem. pour ferv. à l’Hift. des Inf. Tom. 4. Part. I. Mem. 1. & 2. P. L. $ (44) Tyfon in a. Philof. Lond m 176. add Leeu- avenb. tb. 192. & D. “fac. Petiver is Gazopbyl. fuo Tub I. Fig. 5. ce Scarabe ett appelle dans l’Ecriture ver d'E- carlatte, Exod. XXV. 4. XXPTI, x. 31. 36. XXVIL 16. XXVIII. 6 6.8. 16. 33. XXW. 6., 23. 2170 XVI 8) 35. Ce. Levi. XIV. 4 661262 , IV. 8. XTX. 9. * (45) Worm décrit cet arbre in Muf. L. II. €. 7. fu 148. Hans Sloane in the Natural. Hifiüry of Jamaïa.e" Voi, II. Tab. VIII, & IX, à , } 4 n DES INSECTES. 161 “hom d'Opurtia major Spino/a fruëta [anguineo. Ces vers fuçent le beau rouge du fruit (*) de cet arbre, & en prennent eux-mêmes la couleur (46). Quand ces Infeétes ont atteint leur grandeur naturelle, les Indiens font une fumée du côté de l’arbre, où le vent donne (47); & ils étendent fous l'arbre un linge fur | le- (#) Succent le beau rouge du fruit, Le Suc du fruit de Cette plante eft à la vérité très rouge , & l'eft même à un tel point que l’eau qu’on répend après en avoir mangé eft teinte de couleur de fang, comme le remarque fort biem notre Auteur; mais ce n’eft pas le fruit que la Cochenille fucce, ce font les feuilles de la plante; elles fonc vertes, & n’ont rien de rouge. Il y a apparence que com- me la fève de ceue plante reçoit dans les fruits l’al- tération qui lui donne la couleur rouge, cette même fève fubit une altération pareille dans le corps de la Co- chenille. Monfr. de Réaumur dans le 2 Mem: du 4. Tom. de- jà cité, entre dans un detail très curieux fur la Coche- nille , & fur la manière dont elle eft receuillie, Ce qu'ilen dit mèrite d'autant plus d’être 1û , qu'il eft fonde fur des pièces authentiques, prouvées juridiquement, & éclair- cies par fes propres obfervations. Il finit par faire voir de quel grand raport font ces Infectes, & pour cet effet il cite une differtation de Mr, de Neufville envoyée d’Am- flerdam, qui établit qu’il arrive bien 700000. livres de Cochenille fine ou Mefteque toutes les années en Europe, & bien 180000. livres de Cocheniile Silveftre. La pré- mière vendué a f 10. 4. fols, & l’autre a 30 fols d'Hol- lande la livre, font enfemble un produit de f 7410000 argent d'Hollande, qui feroit la valeur de ce qui enarri- veroit par année en Europe. Se feroit-on attendu que 12 recolte d'animaux fi petits eut pà devenir une branche de commerce fi confidèrable ? (46) J'ai fait moi même l’expèrience que /'Opantia teint enrouge :aiant mange de ce fruit , je remarquai que mon Urine avoit la couleur de fang, ce que j'ai éprouyé ply- fieurs fois dès lors. | (47) Voyez Sam. Dale Pharmacol. p, 492. sd Tome IZ, 162 Tusor'ociez ‘ lequel ils ont répandu de la chaux (48). Dès. que ces Animaux font étourdis par la fumée, on fecouë l’arbre pour les faire tomber fur la chaux, qui les fait mourir incontinent. Ilss les font enfuite fécher au foleil, & les con fervent pour les vendre. ÿ L'on trouve en Pologne auf bien qu’en Allemagne un Infeéte qui nous donne le beau carmin (*). Cet Infeéte s’attache à l'arbre que les Latins appellent Polygonum minus coc= ciferum. 1] pend à fes racines de petites vef= fies dont l’intérieur et rouge, & que le vul- gaire nomme ang de St. ‘“ean. Quand on expofe au foleil les racines & les veflies de cette plante, il en fort de petites mouches vivantes (49), que l’on pourroit ranger dans la (48) Voyez Epift. in Blancard Schauppl. der Raupen. . 164. (* ÿ Un Infeéte qui nous donne le beau Carmin. C'eft cet Infecte, & non la Cochemille, comme le prétend M. Leflers dans fes remarques , que les François nomment graine d'Ecarlaite. Il eft auf appellé Kermes de Po-. logne. On prétend que la Cochenille fournit un Carmin pour le. moins aufh beau que celui de ce Kermes. Les veffies qui pendent à la racine du Polysomean minus Cocciferum ne font pas des excrefcences ni des coques, ce font de vèritables animaux que Mr. de Réaumur met au rang des Progallinfectes. I1 y en a de deux formes , les uns font grands comme des grains de Poivre, les autres commeun « grain de Millet; les premières font les femelles, elles ne fubiffent aucune transformation , les autres font les males, « ils changent en mouches; mais non en mouches ichneu- mon On voit plus au long l'Hifloire de ces Infeétes dans « Breynius à l’endroit cité par Mr. Leffèrs & dans Mr. de Réaumur Tom. 4. p. 1. Mem. 2. (49) Voyez Becmann. de prodig. Sangu. c, 3. f. 1.« Eïfbolz v. Garten bau. L. VI. c, 4. Frifch P. Y. 0. 2. 4 P. 9.0. (7) À { | DES INSECTES. 163 » là claffe des Ichneumons. Elles ont les ailes |blanches, & à leur partie poftérieure deux |barbes de la même couleur, jointes étroite- mentenfemble. Tout le refte de leur Corps | réflemble à du beau carmin; c’eft aufli cet animal qui nous le donne. | C’Esr encore un Infcéte qui nous fournit | le beau cramoifi (fo). On trouve cet Ani- } mal dans de petites veflies (*) rondes (1), | | | de |p. o. Hartwïchs Béfchr. der drey Werd. im Poln. Preuf. fen. "c. 8. Segenius An. I. Mifcell. N. C. Obf. VIII. Zorn. in addit ad herbar. Pancov. 318. (5o) Ce mot vient de Kermés qui chez les Orientaux fignifie un 7er. (*) On trouve cet Animal dans de petites veffies. Cet | animal qu'on nomme Kermes eft du Genre des Gallinfc- tes : il ne fe trouve point dans des velñies; mais ces vef. fies font l’Animal lui-même qui en a pris la forme. Il fem- ble qu'avant les Obfervations de Mrs. Garidel & Emeric, on l’ait ordinairement pris pour une vèritable Galle, Mr. Geoffroy le jeune dans les Mem. de l Acag. R. des Sc. dé 1714. le confidère encor Comme tel, mais Mr. de Réauwmur né balance pas, fur les obfervations donc je viens de parler, de le mettre au rang des Gallinfectes. Au refte Mr. Geof- froy remarque que ee Kermes cft d’un ufage peu confidè- rable dans les teintures, & que fans celui qu'on en fait dans la Medecine, on en négligeroit peut-être la recolte, comme on la fait par raport à d’autres matières animales qui fervoient aufli à la teinture de Pourpre, comme font la Pourpre des Anciens , celle que Mr. de Reaumur à ob- | fervée & décrite, les Infees de la tacine de Pimprenel- le, ceux du Lentifque, de la Parietaire, du Plantin, & ceux du Kuavel , qui fe trouve en grande quantité en Po- logne , & que quelques-uns nomment Cochenille de Po- logne. Ii prétend que l'abondance & la beauté de la Co- ghenille, a rendu prefque inutiles toutes ces autres matiè res propres à teindre en rouge. (51) Conf, Memoir. de l’Acad. Franc. de An. 1714. p. 133. Bellon Obferv. L, 17. Cluf. Rar. Stirp. per, Hifp. | L. ke: G. : L 2 . 164 THEOLOGIE de la groffeur d’un pois, qui naiflent fur] feuilles de l’Aexaculeata (ÿ2) Cocci glandiferat C'’ett une efpèce de chêne très dur, que le célèbre Mr. Rohr ($3) nomme chéne d’é: carlate. On receuille les veflies avant qu’els les s'ouvrent, &, pour empêcher les petites mouches d’en fortir, on arrofe ces vefles de vinaigre. On trouve ces arbres principales ment en Efpagne; mais on dit qu'il y en : aufi en Angleterre & en divers endroits d’Al lemagne ; comme dans la Province. de Ba reut en Silefie, & dans les forêts de Saxe La chofe vaudroit bien la peine qu’on s’er aflurat; &c qu’on éxaminât en même tems la faifon où les vefles font remplies de ces mou ches. On pourroit alors cultiver un plus grand nombre de ces arbres; en receuillir des In“ fectes ; & trouver à peu de fraix dans fon“ pais, ce qu’il faut aller chercher bien loin. Le Paifan & le Seigneur y trouveroient égale- ment leur compte. Celui-là en vendant les In-. (52) Conf. Plin L. XVI. c. 8. Diofcor. L. IV. cA 43. Baubin. L, XI. Pinac. 425. Bellon. Obfervat. L,. I. ce. 17 Bac. de Verularmio Hifi, Nat. Gent. IX. Experün: 887. Petr Quinqueran. Epifcop Senecenf L II. de lau- dib. Provincie f. 48. Guil. Catel. Hifi. de Languedoc. LM TI p. 50. Garidell. in Hifi. Plantar Gallo. Provinciæ p. 246. Miffolin dans les Memoire de l'Académie des Sciences de l'Ann 1714. ad calcem Com. AC Ferdin. Mar/fillii Annotationi intorno alla grana de Tintori, detta Kermes Venet. 1711. Hyac. Ceftomi Iftoria della grana del Ker-! mes. Vallifnerii Ifloria della grana dell Kermes, ex quibus Marfilii, Niffolii & Garridelli lucubrationes, Latio dona- das , legi poljunt in Append. A&. Pbyf. Medic. N. C: 2733. Ann IIL p 34 Î (53) Von Robr en fon Tr.von dem Nutzen der Gewacb-® fe. P. L c. 8. f. 2. p. 109. ( | DES INsSEcCTrEes. 16f Mnfectes qu’il auroit ramafñlés; & celui-ci en _ mettant un impôt fur la vente qui s’en feroir. Ourre ces deux efpèces de plantes fur lef- quelles on trouve ces Infeétes, des Phyficiens Curieux en ont remarqué d’autres (ÿ4) dont les racines avoient aufli des veflies rouges. . Sans doute elles produiroient parcillement une couleur rouge comme les précédentes. Il faudroit donc que quelqu’un s’avifât d’en pré- _ parer de la même manière, pour effaier s’il n’y auroit pas moien d’en tirer parti. J'ajourTE, pour finir cet article, que l’on trouve dans les Indes une efpèce d’Abeilles , que d’autres prennent pour des fourmis ai- lées, qui font auf d’un grand ufage dans la teinture. Elles font une cire, nommée gom- me laque (ÿ5 ), dont on fe fert pour téindre en rouge (*). La cire, qui eft une produétion des Abeilles, _a plufieurs ufages, que je ne dois pas pafñler fous filence. Autre-fois l’on écrivoit deflus (56). On faifoit de petites planches de bois, à (54) Il croit dans les Bermudes des graines qui teignent auf en rouge. Voyez Blancard Schaupl. der Raup. p. m. 3168. D. Sim. Paulli in Botan. Quadripart Cl XE. 113. Matthiol. in Diofcor. L,. IV. c. 43. S. & Canepar. de atram. Defcr. V. €. 10. (55) Voyez Godofredi. fun. Obfervat. de Garmmmi Lac- cæ, tradites en Latin dans les Acta Pbyf. Med. N. C. An. ITI. 1733. in Append p. 60. (f: (*) Dont on fe fert pour teindre en rouge. On en fait encore la cire à cacheter. C'eft aparemment de là que vient le nom de Lak que les Hollandois donnent à cette cire. (56) On atribue cette invention aux Grecs. Ifidor. L. VI, Ceræe, literarum mmateries | parvulorum mutrices, ip- [æ dant ingeniun puerss, primordia fenfus ,quarun fludiëm 3 primi é : 166 TH&oLOGI1E à peu près comme les feuillets de nos tablet: tes ; & les extrèmités, tout à l’entour, é toient revêtues d’un bord plus élevé que le“ refte, afin que la cire ne püût pas s'écoule On répandoit enfuite de la cire fondue là d fus; on l’applanifloit, & l’on pouvoit écrir fur cette cire avec un poinçon. Cela fe fai foit à peu près de la méme manière, dont | Graveurs écrivent fur le cuivre. J'ai vü il a quelques années une Antique de cette efpèc dans la maifon de ville d’Arnftad. Ces tas blettes ne font plus en ufage; tant parce qu’o peut facilement effacer ce qu’on y a écritu que parce que le papier (f7)meft plus propre à l’écriture. Je ne dirai rien de l’ufa: ge qu’on faifoit autres-fois de la cire, pouf £a primi Græci tradidifie probantur. Cela a donné lieu à ces façons de parler; Plaut. in Afinar Ne «la fit cera, ul facere polfit litteras, Et in Cureul. Dwm fcribo, explevi 10: as ceras quatuor. Et comme les teftaments, s'ecrivoient autrefois fur de la cire ainfi preparée, on leur donnoit auf fouvent le fimple nom de cire Cera. Sueton. in Cæf. C. LXXXUL Noviffimo teflamento tres inflituit beredes , fororum nepotes. C. Odlaviwm ex dodrante, & L. Pina- run €& ©. Pedium ex quadrante reliquo : In ima cera, C. Offaviumn etiam in familiam nomenque adoptavit. Id." in Ner.c. 17 Cautum eff, ut in teffamentis, ut primæ duæ ceræ, teffatorum modo nomine infcriptæ vacue often- derentur. (57) C'eft à quoi fe raportent les paroles de Pline L, « XUL. c. 11. Prius tamen quam digrediamur ab Ægypte € papyri natura dicetur, cum charte ufu maxime buma- nitatis vite confiet € memoria._ Et banc Alexandri Mr. Viétoria repertn au&or ef M. Varro, condita in Æzyp- to Alexandria _Ante non fuiffe chartarwn ufum : In pal: marum foliis primo [criptitatum ; deinde quarundam arbo- rum libris. Pofiea publica monument. plumbeis voluminis « bus , mor € privaia linteis confici cœpta, auk Ceteis, | | 4 Là DES INSECTES. 167 garantir les Cadayres de la putrefaétion (58). Je ferai feulemeñt mention de l’ufage qu’on en fait aujourd’hui. On la mêle avec le Gou- dron, pour s’en fervir à boucher toutes les plus petites ouvertures, par où l’eau pourroit entrer dans un vaifleau (fo). On s’en fert aufli pour empêcher la pluye & l’air de pénè- trer dans les ouvertures des Arbres; foit dans celles qu’on y à fait pour y mettre la Greffe, foit dans d’autres. On s’en eft fervi autres- fois pour cacheter des Lettres (69 ), & d’au- tres chofes de cette nature; & on lui donnoit pour cet effet toutes fortes de couleurs (61 ). Aujourd’hui qu’on a de la meilleure cire, les particuliers ne s’en fervent plus; mais les Ma- giftrats & les Grands-Seigneurs en font enco- re ufage pour imprimer jeurs fceaux , & les attacher aux ordonnances & autres placards qu’ils publient. La Cire a aufhi fervi autres- fois dans la peinture (62). On lui donnoit telle (58) Perfæ ,referente Alex. ab Alexandro L. III. c. 2. FPE , cera circumlitos , ué maxime diuturni effent, domi condebant. (59) C'eft ce qui paroït par ces mots de Lucain Lib. III. de bell. civ. > - - Num pinguibus ignis Affixus tedis, € tecta fulpbure vivax Spargitur , ac faciles præbere alimenta carinæ Nunc pice, munc liquida rapuere incendia cera. (60) Ovid. L. I Amor. | Ceœtera fert blanda cera notata mans. (61) Vid. Hüinecc. de figill. veter. P. I. c. 6. f. 50. (62) Plin. L. XXXV. c. 7. Ex ommibus coloribus cre- dulam amare udoque illiné recufant, purpuriffumn indicum , ceruleun | mclinum , awripignentum , appianum, ceruffa gere tinguntur ii[dem bis coloribus ad eas pituras que inu- runtur Gc. Conf. Vatro de Re Rufüc. L, III. c. 17. É: 4 Se- L 168. THBozLoGte. telle-couleur que l’on vouloit, & on en fais { foit des Portraits auxquels on donnoit enjuite, plus de confiftance par le moyen du feu. L’ons s'en fervoit aufh à faire plufeurs ouvrages en: relief. L’on eft même venu jufqu’à repré- fenrer la figure entière d’un homme. Mais! comme cela coutoit beaucoup, il n’y avoit que les perfonnes de diftinétion (63) qui puf-! fent fe procurer cet avantage. Cet art a étéd pouffé fort loin. J'ai vû en 1714, à Berlin, dans le Cabinet du Roi une pièce magnifiquew dans ce genre. C’étoit le portrait de fa Majeités le Roi Fréderich de Prufle. Il étoit fi bien travaillé , tous les traits étoient fi reflem- blans (*) , qu’à la prémière vüe on ne pouvoit* s'empêcher de dire, c’eft le Roi. Enfin, les Cier- Senee. L. III. Epifi. 122. Sat. L. I. Sylvar. +. 100: nomme elegemment ces fortes de peintures Cereas Apel-* leas. (63) Il n’y avoit chés les Romains que ceux qui avoients exerce des Magiftratuies curules qui euffent le Droit des images. Plus il y en avoit dans leut veftibule, plus ils étoient nobles. Les Poëtes les appellent Ceræ, parce quel- les etoient faites de cire. Ovid, L. I. Amor. Eleg. VIIL, 6$. Nec te deciprant veteri cincla atria cera. Et Juvenal Sat. VIIL 19. Tota licet veteres exernent undique ceræ. #rta. Nobilitas fola eft atque unica virtus. Voyez Demfter in Paralip. ad Rofin. Antiq. 44. M. Joh. Sam. Luppii differt. de jur. imag. apud Veteres, Witteb, 1712. & Joh. Chriftian. Weber progr. de cultu imag ap. Vet. Rom. hudabili. , (*) Tous les traits en étoient ft reffemblans. Il n'eft pas fort furprenant que des Portraits de cire pareils, foien reflemblans, puis que les traits en font moulés fur le vi fage même des perfonnes qu'ils repréfentent, | | | | D ES. INSBGTES. 169 Ciergiers en font des bougies , pour l’ufage des Grangs-Seigneurs. L'on fait qu’il y a plufeurs animaux, qui s qu Les If- comme des barométres vivans , prédifént les Jéces a- changemens du tems (64). Les Infeétes ont Ja même propriété. A l’approche de l’Hyver ils fe cachent (65); & lorfque les cigales pa- roiffent, ils nous annoncent l'Eté (66). 11 faut s'attendre à quelque tempête ou à quelque grofle pluve, lorfque les Abeilles (67) fe re- tirent (64) Voyez Wagneri meteorologia brutorum. C'eft ainfi qu'Ælien décrit quels font les fignes de tempête dans les Quadrupèdes. H. A. L, VII. c. 8.& dans les Oifeaux ibid, €, 7. Mafen P. II eloq. lig. p. 86. indique di: yers de ces fignes dans les vers fuivans. Rana fuo vates pluviwm vocat improba plaufu. Hanc corvus crocitat , garrula pica canit, Hanc quoque præcocibus cornix arnofa fub undis Prevenit, © liquido mergitur amne caput Hanc bumili Progne defignat in aëre 2yro, Cum velox tepidam remigat ales aquam. Hanc criflata etiem volucris Titania, Martis Afécla , plaudenti pettore & ore fonat. Rofiratujque culex , cognataque fanguine turba Sextipeduan € nigri velleris optat eques (65) Aratus ap. , Aldrev. f. 220. dit fuivant le verfon Latine. Sed cum vefpæ autumni tempore glomeratim multæ pañlim confiipatæ fuerint , etimn vepertinas ante Pleiades , dixerit quis fubfecuturam byernem. (66) On prétend avoir remarqué que dès que les Ciga- les paroïffent, il n’y a plus de jours froids à craindre. C't ce qui fait dire à Ifidore in Scuto Hercul. Quando autem viridi nigricans alis fonora CicADA ramoinfidens æf- tatem bominibus canere incipit. . (67) Ælian. H, A. c. 11. L.xr. Eade tanta divinitate preltant. ut pluvias & frigora futura prefentiant : Et quando borum alterum , vel utrumque impendere conjetu- ris afféquuntur , non longiffime ab alveo volatu procedunt : Sed circum apiaria volantes veluti foribus incubant. Ex bis rebus alveorum cufiodes futura augurati agricolës turbæ ie tempellatis adventum, vertiffent du chan- zement de tem, Jis puri- fient l'air. -* D À 70 FT HO rc 0 6 1% tirent avec empreflement dans leurs Ruches:! l’on a lieu de craindre la même chofe quand” les Fourmis cachent leurs œufs; quand les’ mouches piquent vivement (68) ; quand le Papillons ne volent pas fort haut (Go); enfinw quand les vers fortent de terre (*). j Les Infectes purifient l’air des humeurs &c. des vapeurs pernicieufes (70). Ils font com-. me des éponges naturelles qui les attirent , comme on la remarqué dans des crapauds fecs. Les hommes s’en font fervi de deffenfe dans (68) Voici, ce femble, la caufe de ce Phœnomène :" La chaleur, qui précède ordinairement la pluye, les def- fèche & les altère; alors, pouffés par la foif, il cher- chent à fe defaïterer dans le fang des hommes & des Bé- tes. | (69) Sur le point de pleuvoir, l'air, chargé de vapeurs , * devient plus pcfant; ce qui fait que les Papillons, dont tes ailes font fi délicattes, ne peuvent pas s'élever aufli « haut qu'à l'ordinaire. (*) Enfin quand les vers fortent de terre. On voit affez ordinairement fur la queue des grandes Limaçes, Jorfqu’ellès rampent. une motte de terre , ou bien un brin d'herbe, on dit communément que le premier eft figne de pluie, & que l'autre eft figne de beau tems. C'eft un prognofic que je n’ai point examine ; & que je ne garantis pas pour véritable. P. I. à (70) Voyez. Athan. Kircheri iter exflat. itiner. IT. Dial. 2... &. p. 612. Hifce fiquidem Infedis, & aër, E aqua, & terra, à fuis moxis qualitatibus , veluti ab in- jivmatatibus quibufdam purgatur , € defœcatnr ...... Hoc racto Infeéla quadam infita vi, © nefcio quo magnerifmo, « quicquid vitiolun & inquinatuin in aëre fqualet, ad fe at- trabunt. Infeéta vero ex aqua profapia orta, idem in aquû , quod aëérea in cére, © terrefiria in terrh operantur, uno- « quoque fui fibi elementi purgationem attrailu quodam mag- * netico vel fympathetico in borum mature procurante. Hæc\ vero Infecla, ubi smunere [uo probe functa fuerint , fapien- ti nature confilio tandem in alimentum cedunt terreftrium ; oolatilium & patatiliumn , vite corfervande necefjuriums. | « | | | | DES INSECTESs. 171 dans quelques occafions. Je me rappelle une chofe fingulière, qui arriva à Hohnftcin en 1525. Dans le tems de la guerre, des Paï- fans (71) s'étant attroupés, ils vouloient piller la maifon du prédicateur d’Elende. Ce derniér , aïant déployé toute fon éloquence pour les en empêcher, & s’appercevant que fes peines étoient inutiles, s’avifa d’ordonner à fes domeftiques d’aller chercher dans fon jardin fes ruches d’Abeilles; ïls obéirent, & les aïant jettées au milieu de ces furieux , les Abeilles les mirent en fuite. Les Infeétes fer- vent encore d’appas à la chaffe & à la pêche. On fait que les pêcheurs attachent des vers de terre à leur hamegon ; & qu’à la place ils em- ployent fouvent l’Ephemère (72). On remar- que même que lAnguille (73) aime mieux ce dernier Infeéte. Enfin les Infeétes ont fouvent tenu lieu de graveurs. Les Lacedémoniens fe fervoient de petits morceaux de bois vermou- Jus, pour imprimer leurs feings fur la ci- re (74). | CHA: (71) Cet exemple: eft rapporté par Eckffarm in Chronic. Malékenr. p. 201. Aldov. L. I. f. 107. allègue plufeurs autres exemples pareils, dans lefquels même des armées entières qui affiegoient des.villes ont été mifes en dérou- t& par le moyen, d’Abeilles irritees. (72) Aufon ad Theon: Pifcandi traberis fludio, domus ommis ahundat Dornnotini , tales folita eft oftendere gazas Nodofas vefles animantum Nerinorum , Et jacula, € fundas, © nomina villica lini , Colaque, & infutos terrenis vermibus hamos. (73) Blanc. Schau PI der Raup p. 171. (74) Ex Hefÿcbio ; Etymologici Auétore, Euftath'o a Odiffeam , Suida & Theopbrafto id docent Meurfus ad Ly- copbr. Cafand, Salmafius ad Soin. 033. Kirchmannus de annul. ©. 2. p. £. Ces fortes de Cachets de bois s’ap- pelloient Seridkse &t SeumoEpare. | 172 THEOLOGIE - | pi a: Da 600 En Eee CHAPITRE II. De l'ufage E3 de l'utilité des Infeëtes dans la Théologie (* ). I l’on confidère avec attention &t fans pré dr jugé ce que nous avons dit jufqu’ici, l’on . nous éle- fera obligé de reconnoïître que-ces petits anis id Les maux nous élèvent àla connoiffance du Créa fance du eur de l'Univers. Quand ils n’auroient d’auss Créateur, tre ufage que celui de nous faire remonter à la prémière caufe, ne feroit-on pas en droit des conclure que ces [nfeétes, qu’on regarde com me pernicieux, font infiniment utiles aux hom= mes qui ne veulent pas s'aveugler aw points de refufer de contempler les œuvres d Dieu ? Pris Pour faire éclater fa domination fur le Temaces . AE, . . ’ de mie Infeétes, Dieu a exigé qu’on lui offrit les pré afferts à mices du miel. Il ne veut pas qu’on en fafle Diu. une offrande par feu; mais il exige qu’on | place (*) Dans la Théologie. Le but de l’Auteur dans tou ce Livre eft de tirer de la connoiffance des Infeétes des ufages utiles pour la Théologie. Le but de ce Chapitre à en juger par le titre fembleroit d'abord être le même ; il en diffère pourtant, en ce que Mr. Leffers ne s'y pros pofe que de nous faire voir en quoi les Infectes ont con tribué au culte Céremoniel, & comment ils peuvent être un inftrument en la main de Dieu pour nous châtier Ici c’eft Dieu qui fe fert des Infeétes pour nous éleve è x là c'eft nous qui nous en fervons pour cet efet.s | DES fNsecTEs. 17 Place fur l’autel, pour être comme une offrandé de prémices en agréable odeur Lévitique I. vs. mr. 42. (1). Nous trouvons auf queles Hé- breux fe font aquittés de ce devoir, & qu'ils ont offert les prémiers du miel. Les Enfans dIfraël, dir l’Auteur du fecond Livre des Chroniques, apportèrent abondamment les pré- fhices du Vin, de l'huile, du miel, € de tout -que rapportent les champs. XXX11. VS. Ÿ. nus Infeétes font une verge en la main de Dieu Je Dieu , pour châtier les méchans. La vengean-Î., es e du méchant, dir le fils de Sirach, ef le feu pour pu- € le ver. Ecclef. vrr. vs. 19. Aufli a-t-1l me- ir Les nacé ceux qui font rebelles à fes ordres d’em- mcchans. ployer les Infeétes pour les punir de leurs re- bellions. Voici comment Moife s'exprime furce fujet. Wôws jetterez beaucoup de feinence dans votre champ ; € vous moiffonnerez peu : ar les [auterelles confumeront votre moiffon. Vous planterez des vignes € les cultiverez ; mais ous n'en boirez-point le Vin, 9 ne vendange- rez vien: car la vermine en mangera le fruit. Deut. xxvuur. vs. 38. 39. L’expèriencea fou- rent juitifié la réalité de cette menace. Il ‘y a point de créature, fi chétive qu’elle foit, dont Dieu ne puifle former des armées, fupérieures à toutes les forces humaines ; ë capables de châtier les méchans de la maniè- re la plus terrible. Les Hommes peuvent ré- fifter à des armées d'hommes ; mais ils ne fau- roient tenir contre des Armées d’Infectes. C'eft |. (x) Confer. Franz H, A, cum fuppi. Cypriani P, V. : 2. p. M. 3459. 174 THEOLOGIE. | C’eft envain qu’ils employeroient les arme: les plus redoutables : le fer ni le feu n’en fauroient venir à bout. On a vü de chetifs Infeétes s'emparer d’un pais & en chaffer 1 habitans { 2). | (2) L'on à des capter que les Abeilles, les Araïs gnées, les Moucherons, les Scolopendres, les Scorpions ont chaffé des habitans, en partie des villes, & en partie de la Campagne. Voyés. Ælien. H. A. L. XV. c. 2174 EL. XVII, c, 35. & 40. Diod. Sicul. L, IV, ç. 3. Plir L, VIIL c. 29. : nitro Eten t DE EE NET CHAPITRE III. De l'ufage & de l'utilité des Infeëles dans le droit (*). : La Dipofr- Omme lon peut faire un bon & un maus zion du vais ufage des Infeétes , les Magiftrats — ont été obligez de faire des loix pour en rès apOr L : aux À- " gl | belles. | (*), Dans le droit. Ce Chapitre eft un peu difierent… de ce que le titre porte; il traite bien moins de l’ufag & de l'utilité des Infeétes dans le droït, que de l'uf 4 & de l'utilité du droit par rapport aux Infectes; & com me il parait en cela s'écarter du but de cet ouvra ge , je me difpenferai d'y joindre les remarques , que. ma profeffion pourroit au befoin me fournir, Mais je ne uis pourtant m'empêcher d'obferver en pañant, que fi les ityocampæ dont l'Auteur fait mention , & dont il ef parlé in . 3. D. ad. Lez. Corn. de Sicar. font de vèri- tables chenilles'du Pin, ainf que le mot Grec le porte, il y auroit une cefpèce de chenilles Venimeufes; ce qui n'eft pas connu , puifque celles que le commun croit l’être ne le font réellement pas, comme il l'a déjà été remar- qué plus haut, P, I. } : ” | DES-ILNSECTEÆS. 17ÿ ges la poñefion. Les Juris-Confultes, voyant Putilité que lon retire des Abeilles, ont fait de certains Règlemens pour en aflürer la pof- fefion aux propriétaires (1). Quoiqu'’elles PAAPT qa volentpar-ci par-là pour faire leurs provilions; la propriété en demeure au poffeffeur de la Ruche. Lorfqu’elles effainent , elles appar- oi au propriétaire fi long-tems qu’il peut les pourfuivre, & prouver qu'elles font à lui. C’eft la décifon du droit Romain. Celle du droit Saxon eft un peu diffèrente. Le pro- | °, . A , priétaire en perd la poffeffion aufli tôt qu’elles font hors de la Ruche. Quelques Juris-Con- fultes prétendent cependant, que la Loi per- met au propriétaire de pourfuivre l’eflain, & de le prendre fur la poflefion de fon voifin. Mais s’il néglige de le pourfuivre, il ap- partient à celui qui s’en faifit. Quiconque vole les Ruches d’un autre eit puni. | Les Jurifconfultes ont aufli examiné Îe Pur rx. queftion : fi un fermier, qui dans fon contraét porreu a renoncé en termes généraux à tout acci- dent, eft obligé de fupporter la perte caufée par une armée de Sauterelles (2)? ou, fi le Seigneur foncier en doit être chargé? Voici comment ils ont décidé cette queition, Si 17° - < ee A L : l'accident, qui eft arrivé , eft fi extraordi- | Dai- (x) Plato in L, de Lesib. Si quis apan voluptaii in dulgens , € pulfando alicnum examen fibi vindicaverit , darn- num rependat. Lege Sal. Tit. IX, de furt. 2p. 4. x. fic legitur: Qui apes clave conclufas referato tefo rapuerit, 1800, denarios , id efà folidos 4ç. folvere dcbet. (2) F. D. ‘foach. Hoppii Diff. de edaci Locuffarum |pernicie ad L.. Excepto tempere 8. Locas & conduŒ. Fran- lcof. ad Viadr, 1682. 4, | Par ra- port à la n’ignore, que, lorfqu’il y a une grande quan Pithyo- car pa, Infeiles employez pour nir les Aduitè- Fes. 176 _Turococtie LA paire, qu’on ne pouvoit, ni le prévenir ni prévoir, le Seigneur foncier eft chargé @ dommage. Mais dans tout autre cas c’eft le fermier. L’on a aufli été obligé de faire dés Loix très rigoureufes contre de certaines pe À fonnes affés méchantes, pour empoifon er leurs femblables avec cette efpèce de cheniki les, nommées Pithyocampæ (3). Perfonne tité de chenilles, de fauterelles, ou d’autr Infectes de’ cette nature, il arrivé fouvent 4 Magiftrat d’ordonner de les exterminer , € d’indiquer la manière, dont il faut s’y pren: dre (4). Ilyaeu des peuples, qui fe font fervis des Infeétes pour punir les Criminel . Les Juifs, par exemple ; employoient ou les fourmis ou les Abeilles, pour punir les Adul* tères $). Ils les mettoient nuds dans une fours millière, ou bien ils les expoloient aux piquu® res d’un eflain d’Abeilles. | (3) C'eft une faute in Digeft. Apud. Marcellum. . XLVTII Ti. ai Leg. Corn de Venef, qu'on y troë” ve le mot de Pityocarpa. Ulpien expliquant la loy Cor de Sicar. met au nombre de. ceux qui ont mèrite la ne flatuée par cette loy, ceux qu'il nomme Piy Dropinatores. (4) On peut rapporter à ceci le pañage de Plin L. C. 29. qui dit au fujet des Sauterelles : 1» Cyrenaica re gione lex etiam eft, ter anno debellandi eas , primo ova ob cerendo , deinde fœtum , poliremo adultas , defertoris pæ in eum, qui cefflaverit. Et in Lemno énfula certa menfæ va præfinita eff, quam Jinguli enecatarum ad magiftratufh geferant Necare &5 in Syria militari imperio coguntur. (5) Buxtorf, Jud. Schule c. 39. p. m. 621, nes À CHA- DES INSECTES. 177 HORIEOGOTOTOGOGESS CHAPITRE IV. De P'Urilité ES de l'Ufage des Infebtes dans la Médecine. Es Infectes ne font pas d’un ufage aufñ commun dans la Médecine que les autre dnimaux ; parceque les Médecins ne fe font pas donné autant de peine pour rechercher à quoi ces premiers peuvent être utiles, qu’ils s’en font donné, pour connoître les propriétés des autres. Je me flatte cependant de faire voir qu’ils ne laiflent pas d’avoir aufli leur mérite dans cette fcience. Dans la Botanique, par exemple, l’on Ujage des trouve des Infettes, qui font le fquelette d’u- Znfectes ne feuille dans la dernière perfeétion : ils ron- 4225 / gent, avec un art & une délicateffe infinie , sed tout ce qu’elle a de charnu, ne laiflantque les fibres ou les nervures, par où coule le fac qui la nourrit. Cet ouvrage eft fi bien fait, que les hommes, quelques foins & quel- qu’art qu’ils mettent en ufage , auront de Ja peine à l’imiter (*) (1). Les (#) ZAuront de la peine à limiter. On a pourtant trou- vé moyen d'en venir à bout; & l'on fait aujourd'hui par art des fquelettes de feuilles beaucoup plus parfaits que ceux que les Infeétes nous fourniflent. P. L. (x) Marcell. Malpbygi a fait l'Anatomie des plantes, Aurel. Severinus non feulement en a fait autant 2 Zoo- tom P. I. c. 6. Mais encore il fit le fquelette d’rne feuille de figuier des indes, qu'il envoya enfuite à TP. Tome IL. M Bar - Dans l'Offéolo- pre. Dans Lu Anato- nue, L . 178 AT MÆ 0 Lo ERA Les Infeétes font auf utiles dans l'Oftéolo- gie. Si l’on veut avoir Îc fquelette de certains petits animaux, on n’a qu’à leur ôter la peau; les oindre avec du miel, &c les enterrer dans une fourmillière, ou les “expofer à la voracité” de quelques autres Infeétes. Ils mangeront | peu à peu la chair & les entrailles de ces ani maux ; ils Ôteront des os jufques aux plus”! petites parties des. chairs qui les environnen Mais comme ils ne fauroient pénètrer dans 1 nerfs à caufe de leur dureté, ils refteront dan: leur entier; & continueront à lier. tous les_os lesuns aux autres. C’eft ainfi que, par le fe“ cours des In fectes, l’on peut fe procurer fans beaucoup de peine des fquelettes de toutes for tes de petits animaux, faits avec toute la pro-# preté pofñible (2). 1zs ont auf contribué à enrichir l'Anato-" mie. C’cft par le moyen d’un Infeéte des In des, nommé Micua, que les Anatomiftes ont eu occafñon de revenir d’une erreur génèrale, F On croyoit autres-fois que le fang prenoit fon cours par les extrèmités des artères, pour pal è fer dans les veines ; mais cet Infecte nous a ap" Bartholinus : on en peut voir la figure in Mu. Worm. 4 f. 149. Fred. Raifcb l'imita, Voyés A&. Er. An. 1729. M. Feb p. 63. Alb. Seba à poufié enfuite la chofe f loin qu'il a reufñi à faire le fchelette de toutes fortes de“ feuilles. . [1 en a envoyé un effai en Angleterre au Cheæ valier Hans Sloanc Mrs. Mu ffembroek Kundmann & Holl-# mann s'attachent encore à cela avec fuccès, { (2) Swammerdam parle en ces termes d'uh ver qui change en petit Scarabée. Horum vermiculorum ope faci- æ& polis fceleton aliquod purgare , fi quid carnis illi adbue adbærefcat. add. Georg. Hieron Velfchii obferv. Phyf-. co-Medic, Hecatoft, I. Obferv. LXXVI. p. 03. - DEs PNSEcCTESs. ( &ppris le contraire: Il s’infinue dans la peau des hommes, &c leur caufe des accidens fà- cheux, fi Fon n’a pas foin de l’en retirer. Pour cet effet, les Indiens pañlent ; avec de grandes précautions, une aiguille pointuë & très fine par les pores de la peau, à l'endroit où fe tient caché leur ennemi. Alors , ils la tournent en tout fens autour de la tumeur, au milieu dé la quelle il démeure, afin de la détacher du refte du corps, & de l’arrachera- vec l'animal lui-même. Quand on regarde cette tumeur avec une loupe, on voit com- ment l’Infeéte y eft renfermé dans une efpèce de perle tranfparente. L’on apperçoit enco- re à la tumeur deux ou trois petits points rouges , qui font les extrémités des artères. Or, fi le fang pañoit dans les veines par les extrémités des artères, il en réfulteroit cétte conféquence, que ces points rouges, fi dif- tinctement féparés, devroient fe joindre, ou du moins avoir quelque communication en- femble (3). :. Lrs Énfectes font auffi fort utiles dans la #5 4 ; } = D re T ber a- Thérapeutique (4). L'expérience juitifie que. qu'on peur s’en fervir utilement tant pour les bleffures que pour les maladies intèrieures. Les * (3) Je ne rie pas toute communication entre les vei- nés & les artères; mais celle-là feulement que les Mede- cins croyent qui fe fait par anaftomofe. Il y en à une autre qui fe fait par les ramifications des artères & des veines que j’admets. Conferés A. Phy. Med. n. c. Ann. TITI, Obf HT. 9. 19. & fuir. - (4) Voyez ce.que dit Rà-deffas ÆŸ1b. van den Boffche dañs fon «4. Livre des Medicinifchen Hifiorie der Thiere. M 2 Duels En les Lafeces 180 TH£zoLOGIE Les Medecins font ($) fècher à l’air ces pei tits animaux, ou quelques-unes de leurs par. ties, les reduifent en poudre, & les font pren- dre à leurs malades , en fe fervant pour cela des véhicules convenables | ou en les préparant. en forme de confection ou de conferve. Quel-. ques-uns les mettent en digeftion dans de l'huile, & en font du Baume; d’autres les font mourir dans de l’huile d'Olive & fe fervent” de cette huile. Il y en à qui les font diftiller. tandis qu’ils font fraix , qui en tirent une eau, - & reduifent le refte en cendre , dont ils ti- rent, par le moyen de cette prémière eau , un fel fixe. L’on peut rendre diverfes raifons de la vertu qu'ont ces petits animaux. L’u- ne, que le fel qu’ils ont eft plus pénètrant & . plus volatil que celui des autres (6 }; l’autre, qu’ils ont un beaume naturel, capable de pro- duire de bons effets (7): une troifième enfin, qu'ils ont un fouphre plus efficace (8). . Je crois ne point m’écarter de mon fujet, en citant ici les Infeétes, dont jufqu’ici on a fait (g) Ÿ. Rodol. Glauberus in Pharmac. Spagiricæ P. II. p. 22. Condamne la manière ordinaire de préparer les Infetes , & en indique une autre; dont je laïffle les Mé- decins juges. (6) Il paroït que quelques Infeétes ont beaucoup de {4 volatil, parce qu’on l'en extrait facilement par ke moyen de la Chymie, Conferés Schroder. Lib. V. cap. 4. P- M. IOI. 5 À (7) Cela fe voit dans une efpèce de Scarabée que l'on appelle Oncueux , à caufe du beaume qu’il renferme. (8) Mr. ‘fean Eg. Eutb a examiné les vers d'Ecarlat- te; & y a trouvé, outre du fel volatil, du fouffre conff- tant en parties balfamiques, branchues, & un peu amè- res. DES INSECTES. 181 fait ufage dans la Médecine. Je commence ,,,; for. par les Sang-fuës (9), qui, appliquées exté- vent dans rieurement, font le même effet, que les ven- / Théra- toufes. L'on choifir pour cet ufage les peri- 2472: tes, dont le dos eft marqué de diverfes lignes. Elles ne font pas aufi nuifibles que les autres. Avant que de les employer, il faut les tenir Le Sang. quelque tems dans de l’eau claire, afin de fu. les faire bien purger. Il faut enfuite frotter avec du Salpêtre, du fang, ou de l’Argile Ja partie à la quelle elles doivent être appliquées. Quand on veut les ôter, on les couvre d’un peu de fel ou de cendre (10). On n’en fait aucun ufage dans les applications extèrieures que pour fucer le fang. Dans les grands maux de tête, on les applique aux Temples; pour évacuer moderément on les met aux bras, êc aux piés; on les applique aufi aux Hémor- rhoïdes, pour ouvrir celles qui font bouchées. Quelques -fois on s’en fert pour les incommo- dités (9) Serenus: Sunt, quibus appofita ficcatur birudine fanguis. Et Plin. H. N L. XXXIL. © ro. Diverfus birudinum , quas fanguif[ugas vocant , ad extrabendum fanguinem ufus efi. Quippe exlem vatio earum, que cucurbitarum medicine um, ad corpora levanda fanguine , fpirnenta laxanda , fudicatur. Multi podagris quoque adimittendas cenfuere. Samonicus tradit eas inter Pf/othra vel depilatoria recen- fet, fi toflæ & aceto illitæ pilis imponantur, ita canens: Nec non & flagnis ceffantibus exwl biredo Sumitur, € vivens Samia torretur in aula. Hec acidis ungit permifla liquoribus artus. (ro) Vid. Galenus de Hirudin. in Opp. f. m. 990. qui ajoûte , f? parum depafcantur, forfice caudam præcidi- to , fecundurm rectitudinem filamentorum , nam effirente femper fanguine, trabere non défifient, donec falerm aut ci- nerern Ori in/perferimus. M 3 Ee ver de terre, LL r82 - THE OLOGIE dités des femmes, qui proviennent dû mari. que de Règles. Les vers terreftres paflent pour produire. d’excellens effets dans la Médecine (11). Hs excitent la {ueur , provoquent les urines, a douciflent les doulcurs , amollifilent , réfol-… vent & difipent les conftipations , augmens tent le lait, & guériflent les playes & les nerfs coupés. L’on s’en fert aufi fouvent dans l’Apoplexie , dans les contractions de membres & les autres accidens des nerfs & des” mufcles ; dans la jauniffe , l’Hydropifie & la co- lique ; & particulièrement dans le Rhumatifme. On les employe intérieurement & extérieure-« ment. Quand on veut les prendre intèrieure-« ment, on les pile tous fraix ; on les mêle avec du Vin ,& on lesfait pafler par une Toile. D'’au-« tres les font fècher & les reduifent en poudre, « Dans l’ufage qu’on en fait pour les applica- tions extêrieures, on s’en fert, ou, pendant qu'ils vivent ou après leur mort. Les appli-« cations des vers vivans (*) fe font contre la * CrAM-\ (11) Conf. Joh: Andr. Reuberi Diff qui traite de l'a fage que les mille pieds, les fournis , & les vers de ter- re , ont dans la Médecine, Sub. prafid D. Yo. Frid. & Pré. Erff. a722. 4. Pro. c 3. p: 14. © fuiv. Mais que les vers de terre foient un grand fpecifique contre l’im- puifance , comme le conjecture Glaubert Fharmacop. Spa- gir. P. II. p. 16. c'eft ce que je n'ôferois affirmer. . On peut encor confulter fur la vertu des vers de terre Diofc, L. Il. ©. 61. € Martlwol. in b. 1. f. 366. © Cbriftian « Fricd. Paullini in fched. de lumbr terr. Francof. & Lipf.« 1703. Sect. IT de quo vid. Valent. in Hifi. liter. Acad. fat. Cur. Tr. XL. p.138. (*) Les applications des vors vivans. Ces applications font encor un remède fpécifique dans les playes, pour en faire cefer les plus dangereufes infammations. Une per-. S fonc DES INSECTESs, 183 crampe, ou contre les vers; & on les appli- que fur la partie offenfée. Celles des vers morts font en ufage contre les douleurs, cau- fées par une dent cariée (12)3 & contre cel- les de la goute. Dans le premier cas , l’on remplit de leur poudre le creux de la dent gà- tée; & dans le fecond, l’on applique chaude- ment un mélange de cette poudre & de farine fur la partie qui fouftre. Parmi les Infeétes qui ont des piés, fans ailes, ont dit que les Araignées font d’un grand ufage (13). L'on vante {ur tout la vertu de la fonne digne de foi m'a afuré avoir fauvé par ce moyen le doigt a quelcun. L'inflammation s'y étoit mife à un point qu'on avoit réfolu , s'il n'y arrivoit pas de changement favorable en 24 heures, de le lui couper. La perfonne de qui je tiens ce fait furvint dans cet entre tems; elle confeilla l'application du ver au patient; il y confentit ; on en enveloppa la partie affigée ; le landemain toute l'inflammation difparût, & fut bientot fuivie d’une heu- reufe guerifon Parmi les Infeétes fans piés utiles dans la Médecine, on peut encore placer la Limace & l'Efcargot. La Li- mace, à ce qu'on prétend , eft un remède qu'on employe avec fuccès dans les Defcentes ouvertes , & dans la Phti- fie. L'on fait que l'Efcargot cit excellent contre la gra- velle & qu'il fait un des principaux ingrédiens de cet admirable remède de Mademoifelle Stephens pour diffou- dre la pierre, lequel lui a valu 5000. Liv. Sterling, que le Parlement d'Angleterre lui a accordé il y a deux ans pour le rendre public. P. L. _ (12) Q. Serenus: + Exefos autem dentes fi forte quereris Prodeft & pulvis Lumbrici corpore tofo. (x3) Vid. Schroders 1wobl eingericht. Artz. Schatz. L. V. CI. IV. f. m. 107. ajoutés à cela ce que dit Lifter. Tra&. I. de Animalib. Angl. qui eft de araneis , Tit. XXV. p 73. de araneo lupo migro : où l'oh voit ces pa- toles. Inter approbata remedia D. Matibei Lifler, Equi- M 4 tis Les A- raignées ES leur toile. » 184 THEoLOGIE Ja grande Araignée à croix, qu'on prétend. être bonne contre la fièvre intermittente. Pour cet effet, on la met dans une noifet- te (*), qu'on porte au cou , ou bien on l’ap=. plique fur le pous; ce qui, dit-on, doit aufli faire pafler la fièvre quarte. Quelques per- fonnes fe font bien trouvées de fe fervir, con tre la fièvre tierce , d’une toile d’araignée 4“ mêlée avec du blanc d'œuf & du noir de fus mée, dont ils font une application fur Ie pous. Au-refle, l’on fe fert de la toile d'A raignées pour arrêter le fang, ce qui produit" un bon effet. | Les Cl. LyEs Cloportes (14) ne font pas moins uti- portes. Jes. Cet Infcéte aide à la digeftion, c’eft un bon diffolvant, & il eft apéritif. Avec ces qualités , il n’eft pas furprenant fi l’on pe crt tà aurati, proavi mei plurimum bonorandi , illud invenio, quod fine invidià communicandum putavi ; nimirum aquam fillatitiam ex Araneis nigris oprime vulnera fanare , idque fuife ex fecretis D. Gualteri Rawloy fortiffimi viri Con- ferez auffi fur l'ufage des Araignees dans la Médecine Diofe. L II. c. 57. &inh. |. Matthiol. f. 360 (*) Dans une noifette. Si des remèdes appliquez de cette manière gueriflent quelquefois, il femble que c'eft plôtôt en agiffant fur l'imagination, que fur le corps. On en peut dire peut-être tout autant de ce remède ufté contre la crampe, qui eft de porter dans fes poches cer- taines galles qui viennent aux chardons. Au refte f ce dernier étoit bon, il en faudroit encore être redevable aux Infectes; puifque ces galles ne font produites que par la piqûre de mouches qui pondant leurs œufs dans la tige de cette plante, y font naïtre une galle, qui fert de logement, & en même tems de nourriture aux petits vers qui éclofent de ces œufs. P. L. (14) Vid. Reuberi Diff. ad $ 305. &ë. C. I. p. 5. & fuiv. Diofc, L. IT, c. 34. & Maftbiol. ad b, 1. fol. 340. DES INSECTES: 185 fert.pour la diffolution des vifcofités acres , pour ouvrir les organes vitaux, dans la jau- nifle, la gravelle, la rétention d'Urine & la colique; & pour ramener l'appétit perdu par les glaires de l'Eftomach. L’on en fait aufh des applications extèrieures contre les mau: d’yeux, les douleurs d'Oreilles, & l’Efqui- nancie ou l’inflammation de gorge. On en mêle la poudre avec du miel, & l’on en frot- te la partie malade. On les applique vivans pour la guérifon de l’efpèce d’Ulcère, nom- mé Phadagæna ; qui ronge comme le can- cer. Le Ver à foye doit auffi trouver fa place re Per. ici (is). Après les avoir féchés & reduits de. en poudre, on en met fur-le fommet de la té- te, pour fe garantir des vertiges & des con- vulfons. Leur tiffu, ou la foye, produit le même effet: car fi l’on reduit du velour en poudre, & qu’onen donne à ceux qui font fujets au mal caduc (16), ilss’en trouveront foulagés. La fumée d’une étoffe de foye qu’on brule, foulage auffi les femmes fujettes aux maux de matrice. Une infufion de petits Miile-piés dans du vin (17) eft un remède bon contre Le: Mit- Ja jaunifle & la rétention d'Urine. Les Che- éd. nilles brulées (*) , réduites en poudre, & prifes !% ae milles. en (x à Voyez Schroders bol eingericht. Artz Scb. I. Y. CL IF. f. 109. (16) Vid. D. Erm. Frid. Heimreich de bolof:rico , re- medio antepilectico, in Ais Pbyfico Med Acad Cef. Nat. Cur. Vol IV. Obferv. XVII. p. 76. de 1737. (17) Dale Pharmacolog Supplem. p. 321. (#) Les Chenilles brulées, Si la poudre indifféremment de toutes fortes de Chenilles produit cet effet, il y a ap. M $ p . 136 TuroLoGie © en guife de Tabac étanchent les Hémorragies Les Per- de nez (18). Les Perce-Oreilles (19) for+ or tifient les nerfs, & fervent contre les convuls fions des membres. Il faut les infufer dans de l'huile; &, après les y avoir laiffé pens … dant quelque-tems, les faire bouillir & en oindre les parties offenfées. La poudre de cet Infeite, mêlée avec de l’urine de lièvre, & mife dans les oreilles, eft bonne contre la furdité. D à Les Ceux qui n'ont pas de répugnance à avas… Poux. ]er des Poux, peuvent s’en fervir comme d’un fpécifique contre la jaunifle &c l’Iétère. Ils en prendront fouvent neuf à la fois (20). Quelques-uns s’en fervent aufli\ contre la Fiè- vre â parence que ce n’eft pas par quelque vertu fiyptique par- ticulière qui fe trouve dans tout le genre de ces animaux, mais uniquement, parce que toute poudre qui ne fe:dif- foud pas par l'humidité, & qui n’a rien qui provoque à éternuér , eft par-là propre à arrêter une RER nez caufée par la rupture d'un petit vaiffleau : par la rai fon que buvant la partie la plus liquide du fang, le plus materiel doit tout auf -tôt fe figer , &. boucher conjoin-« tement avec cette poudre l'ouverture de la veine par ou il s'écouloit. Ce qui m'empêche d'attribuer cet effet à quelque autre vertu qui fe trouveroit dans les Chenilles pulverifées , c’eft que ces animaux étant fouvent d’une nature très differente, & même toute contraire l'une a l’autre, comme il paroïit par les qualitez oppofées des ali- mens dont ils fe nourrifient, il n’eft pas fort apparent gu'ils ayent cependant tous la même vertu aftringeante. P..E (18) Fonfion. f. 106. (19) Fonfion. f. 84. : (20) Jonit. f. 90. Ce remède a pourtant étc fatal à un« garçon. Après l'avoir ouvert, on trouva un grand nom- bre de Poux dans fon Eftomac. Voyez. Hanneus Vu. HI. AG. Haffin. Obferv. XC. de 2 | | DES INSECTES. 187 wre quarte. Îls avalent dans l’accès quatre on | cing de ces animaux, plus ou moins, à pro- | portion qu'ils font gros ou petits. Ce qui eit | bien für, c’eft que ces Infectes fuccent /es mauvaifes humeurs du corps des Enfans. Les 1°‘ Scorpions, reduits en cendre par le feu, & Fa pris en poudre, chafent l’urine retenuë par la gravelle ou par la Pierre (21). Ils fourni(- fent aufli un remède contre leur propre pi- quure. On n’a pour cela qu’à les écrafer fur la bleflure (22); ou oindre la playe avec de l'huile d'amendes dans laquelle on aura fait infufer de ces animaux. La Tique, re- La Ti. duite en poudre par le feu, & repanduë fur 9%. la tête fair tomber les cheveux. Elle guérit aufi l’Eréfypèle & la galle. Les punai- Les Pu- fes, brulées & prifes en poudre, chaflent l’ar- #26. rière faix (23). Si l’on oint fa cête de Po- Le Poy- lype marin , bouilli dans l'huile , l’on fait 2 74 tomber fes cheveux {24). 7 Les Infectes ailés, dont lesailes font membra neufes, font aufli de divers ufages dans la Médeci- ne. La poudre des Abeilles fèchées fert à faire Les A- croitre les cheveux , fi Fon en frotte l'endroit /‘/es. d’où (21) Schroders Wobl einger. Arizenen-Scb. L. V, €1, 2, F10. | (22) Kircher in Magnet. Nat. Regn. Se. IL. c. &. p. 69. croit, que les Scorpions attirent le venin par une force magnetique ; ce qui eft mis au rang des fables par Fr. Hoffmann. in Medic. Rat. Syft. Tom. II. P. IT c. 2. (. 27. p. 105. joignez Diofcor, L. IL, c. 2. & Mat- ébiol. “in b 1 f. 3x3. cf. 112. Diofc. LL. IL 0 23.6 3 (23) Schrod. 1. Mattbiol. in b. 1. f. 339. (24) Daïe in Pharmacol. fuppl. p. 322. Le miel. La Cire, . 188 THEOLOGIE d’où ils font tombés (25). Le miel, à caufede fa vertu balfamique (26), convient à la poi- trine €27) aux poumons & aux reins. La cire, appliquée aux playes, les purifie , ap- paife les douleurs & guérit (28); c’eft auffi… Ja raifon pourquoi l’on s’en fert dans les Em- plâtres. Elle amollit les cors des piés, &c" fait qu’on peut facilement les arracher. Pour cet effet, on la mêle avec de la thérébentine, où l’on a mis une teinture de verd de gris broyé; & l’on en fait un Emplâtre qu’il faut enfuite appliquer fur le cor. Les Grillons font un remède pour fortifier les vûes foibles. On en exprime la fubftance liquide , qu’on fait dégouter dans les yeux. Ils adouciffent auf les glandes quand on en fait ufage pour les frotter. Les Mouches communes font émolliantes, abftergeantes & font croitre les cheveux, lorfqu’après les 2- voir écrafées on les applique fur la partie chauve (29). L'eau qu’on en diftille eft bonne (25) Aläroo. f. 107. add. Kæœnig. Regn. Anim, Se&. TITI. Art, VIII, n 1 p. 331. (26) Diofcor. Commentar. L. II. c. 75. Mattbiol ad b. 1 f. 384. Petr. Jo. Faber. Panchym. L. III, Sc. V. © 6 p. 359. F (27) Martial. L. XI. Epigr. Lenitat ut fauces medicus , quos afpera vexat Affidue tuffis, Parthenopæe tibi, Mella dari, nucleofque jubet. Conf. Diofc. L. IL. c. 1ot. (28) Holler. L. VI. Inflütut. Chirurg. c. x. Diofc. E. c. c. 76. € Matbiol. L. c. f. 388. êt Faber. L. c. c. 7e . 361. 4 Bo) /ldov. f. 470 Plin. L XXVIIL c. 2. L: XXIX. c. 6. L. XXX. c. 10. © 12. Kærsg. Regn: Anim. Set. III, Ars. 7. m. 2.9. 323. | | DES INSECTES. 189 bonne contre les maux d’yeux. Pour s’en fervir, il faut la mêler avec un jaune d'œuf, & en faire un Emplâtre. Gallien 2pprouve ce remède. Elle fait auf croitre les che- veux, fait pañler toutes fortes de taches, & rend l’ouie. Une perfonne , fur qui aucun purgatif n’avoit pû produire d’effet , aïant ayalé quatre ou cinq Coufins fut parfaitement r,, Cu. bien purgée. On dit encore que des Cou- fins. fins rouges, pris en infufion, font un éxcel- lent remède contre le mal Caduc. L’huile de Les moucheron a été fort eftimée autres- fois. Si Mouche- l’on ramafle une certaine quantité de mou- ches & qu’on en frotte une tête chauve, fes cheveux croitront de nouveau. Les Guêpes Les Guë- ont la même vertu que les Cloportes; c’eft-à- pes. dire qu’elles provoquent l’urine & charient la gravelle (30). Les excrefcences fpongieules, pe 0 qui fe voyent fur les rofiers fauvages , font “#7 bonnes contre la gravelle. Or, elles n’ont cette. proprieté, que parce qu’elles fervent de nid à une efpèce de petites Guêpes (31). Si, en guife de Tabac, l’on fume un nid de Guêpes , l’on appaifera la douleur des dents (32). L'au- (30) Dale in Supplem. Pharmacol. p. 321. (31) Les Apoticaires appellent ces excrefcences Bede- guar. Voyez Menzelius in Epbemner. N. C. Dec. II. An. 2. Obf. 10 p. 31. (32) AGa Phyf, Med. Nat. Cur. Vol. IV Obf. XVII. ?. 81. Hunc effeétum fali volatils refolventi, & fulpburi demuicenti deberi, videor polfé contendere, quatenus {al il- lud, fulpbur explicans, fub forma furri in poros fefe inft- nuat, € in carne dentes ambiente, ac cérca periofium fra- gnantes bumores refoluit, © edusit, fiinulque demulcends parties folatur. La Co- chenille. Les Cerfs- volans: Le Fouille- ener de. Tes Ha- nelons. _geolé. L’on employe les Cerfs-volans con ” 190 THEOLOGIE L’AuTRreE genre d’Infectes ailés, dontile couvertures des ailes font écailleufes, n’eft pas moins utilé dans la Médecine. Les Cochenils, les (*) (33) provoquent l’urine, comme les. Cloportes, parceque, comme eux, elles con” tiénnént beaucoup de fel volatil. La poudre” de cet Infeéte, mélée avec du fucre, eft auf) üutilé contre la colique, la Pierre & la rous les douleurs & les ténfions dé nerfs, & con tre la fièvre quarte (34). Reduits en pou dre, ils facilitent l’enfantement. Infufés dans” de huile, ils appaifent les douleurs d’Oreile. les (35). La poudre du Fouille-merde (36). répanduë fur les vifcères dans une defcentes. les fait rentrer. Cet Infecte, bouilli dans de” VPhüile de lin, eft bon contre les Hémorrhoï“ des & contre les douleurs d’Oreilles. On trempe du coton dans cette huile, & on l’ap- plique chaudement fur la partie malade. Les Hanetons font prefque de la nature des Cantharides. Pris en poudre, ils provos quent l'urine & le fang, guèriffent la morfure ‘des chiens enragés , & difipent le Rhumas tifme. Quelques perfonnes appliquent extè=« rieus { (#) Les Cochenilles. Mr. Leflers mét les Cochenilles au rang des Scarabées : c’eft une erreur où d’autres font. tombez avant lui. Le mâle de la Cochetille eft unæ Mouche, la Femelle n’a point d'ailes. ‘Voyez fa defcrip-u tion plus haut Liv. £. Part. 2. Chap. 1. à la remarque fur les paroles, La Cochenille eff un petit ver. &c. P. I, (33) Dale Pharmacol. p. 491. © in fupplem. p. 325. (34) Glauberi Pharmacop fpagir. P. IT. p. 12, © ce: Ferr. Imperati. H. N. L. XXVIII. c. 2. p. M. 90? (35) Galen. de Theriac. f. m.1275. (26) Schrod. Ariz. Schatz. L. V. c. 4. f. 11. DES TNSECTESs. tot. fieurement la liqueur de cet Infecte fur les playes. Onen met aufli dans les emplâtres, dont on fe fert, contre les bubes peftilenciel- les & les carboncules. On en mêle aufi dans les Antidotes. En faifant infufer cet animal vivant dans de l’huile commune, il s’en fait une liqueur, dont on fe fert au lieu d’huile de Scorpion. | L'on prend rarement les Cantharides inté- Les Can- rieurement (*) (37); mais on en fait d’autant #harides. plus d’ufage dans les applications extérieures en forme de véficatoires. L'on s’en fert dans les maux de tête, & contre la migraine : dans les maux d’yeux , & dans l’aveuglement, -caufé par le Mercure ou autres remèdes qui font rentrer les humeurs ; dans les bourdonnemens d’Oreilles , on les applique en forme d’emplà- tres derrière l’Oreille; dans la furdité, caufée par une contufon extérieure; dans le mal ca- duc ; dans les maux de dents &c. Les Can- tharides font aufli un bon remède contre les douleurs Ifchiædiques, quand on les applique au gras de la jambe. Elles font aufli d’un bon ufage dans les Fièvres intermittentes, aufi bien (*) L'on prend rarement les Cantharides intérieurement. Elles font fatales lorfqu'on en prend une doze un peu forte. J'ai connu une perfonne qui ayant pris par abus une portion de Cantharides qui lui avoient été ordonnées pour un emplâtre, en fut empoifonnée :tout ce qu’on pêût faire à force de remèdes, fut de lui fauver la vié; mais elle perdit entièrement la raifon. P. L. ( G7) Vid. ob. Dan. Geieri triga Medicamentorum (1) de Cantharidib. (2) de Gloffopetr. ( 3) de dictamno Fran- cof. 1687. conf. Valentin. Hifi. Lit. Acad. N. C. Tr. XXXIII p. 117, Galeñ, de fimpl. Medicam, facult, L4 AT, f. m, 1417. Lo 192 e THE o Locrtta bien que dans les Fièvres maligness; mais 5! faut employer ce remède avec bien de la pre Les Sau- dence. La fumée des Sauterelles eft bonne erelles. Gans les rétentions d'urine , particulièrement dans celles des femmes (38). Quelques - uns les pendent au cou dans les fièvres quartesih Elles provoquent l’urine, & chaffent la Pier re, quand on les mange, ou qu’on prend la poudre qui eh rélulte. t. On far auf un grand ufage des Fourmis. es / : N Four. Elles échauffent, deflechenc & excitent à mis. l'amour (139): leur odeur acide ranime 2dmi- rablement bien les efprits vitaux. Les gran-% des fourmis font un remède contre la teigne 4 Ja galle & la lèpre. Pour s’en fervir, il fautA les diffoudre avec un peu de fel, & en oindre# la partie malade. L’Efprit de fourmis eft un excellent remède contre les accidens des o-M reilles; tels que font la furdité ou le tinte-#| ment. On trempe du cotton dans cet efpritn & on le met dans les oreilles. L’eftomach fe trouve auffi bien de ce même efprit. Il for-# iñie tous les fens & la mémoire; il ranime*# les forces ; & donne de la vigueur en amour.M Hu (33) Diofc. L. IL c. 57. 6 Mattbiol. in b. 1 f.M 349. 7 Vid. Reuberi Diff ad (. 205. cit. & Sam. Gott-W lieb. Manitis. Diff. de Chymica formicarum analyh feb# Paul Goäofr. Sperlingio Wittemb. 1689. Thef V. 11 fe- roit à fouhaiter que Mr. Mch. Frid. Lochncrus eut pu- blié tout fon ouvrage des Fourmis, lequel il avoit promis dans les Epbemerid. N. C. Dec. II. An. IIX. in append. * On peut encor confulter fur l'ufage des Fourmis dans la M Medecine, Ephemer. IN. C. Dec. IT. An. IV. Append.: Objerv, 40. Kœnis Regn. Anim. Se. IIL. Artic. WIL. n. 7. ?. 336. Schuwenckf. in Theriotroph. Sief. p, 534. ' | DES INSECTES. 193 Îl eft préférable à toutes les eaux Apopleéti- ques & fortifiantes; particulièrement pour la guérilon des caterres fuffocatoires. Il eft ex- térieurement d’un grand ufage dans les entor- fes, dans l’Apoplexie & dans l’Atrophie par- ticulière, qui eft caufée par une bleflure. On Je mêle avec des eaux convenables aux nerfs, ou avec des efprits Arthritiques. L’on fe trouve bien des œufs de Fourmis quand on 2 l’ouïe dure. Si on en frotte les joues des En- fans, ils leur feront tomber le poil foller: C’eft. une chofe remarquable que la quantité de vénts qu'ils excitent quand l'on en prend feulement la dofe d’une drachme. Si l’on fait ouillir une fourmillière dans l’eau , & que l’on s’en lave, elle échauffe, deffèche & for- tifie lés nerfs. Auf s’en fert-on contre Ja goute, la Paralyfe, les maux de matrice, la Uachexie. L’on trouve dans les fourmillie- res de petits morceaux de matière qui ont l’o- deur de l’ambre ou de l’encens. Ces Infectes les forment de la réfine des Sapins. En Nor- vègue & en Allemagne on en fait ufage dans les Parfums (*). | (*) Dans les Parfums. Parmi les Infectes en partie ailez , dont la Faculie fait ufage, on peut encore placer le Kermes: on en tirc là confection fi vantee qu’on ap- pelle l’Altermes. Le même Infede entre auffi dans la onfection d'Hyacinte. IL fortifie le Fœtus, & c'eft un des meilieurs cérdiaux , fuivañt le temoignage de la Socie- te Rovale des Scierces à Mompéiier. P. E, Tom IT. N CHA - ” 194 THEOLOGIE L s | j 1 meer eRle ET ae RME à GH A P EL FAR GE :V: De l'utilité des Fnfeêkes, par rapont aux Béêtes. 12 #8, e es PR 0 Rs Pets précèdent que les Infcétes font utiles aux hommes, je ferai voir dans celui-ci qu’ils ne procurent pas des avantages moins grands, aux bêtes. Ils leur fervent d’alimens & dé remèdes : un Infeéte même fert de pâture à Un In. d’autres: Mr. de Réaumur a obfervé ques feétejert les Chenilles fe mangent (#) réciproquement de a Mais, comme il remarque qu’elles n’en vin sr rent à cette extrèmité , que lorfque leur nour* " riture fut flétrie, il eft vraifemblable que ces Infeétes n’en viennent là que dans les cas des néceflité. Peut-être ces chenilles étoient-elless d’une efpèce, qui a befoin de beaucoup de li quide -pour fa fubfftance (1). ‘Les petites puces aquatiques (2), qui colorent la fuper= ficie de l’eau, fervent de nourritüre aux In< {eétes aquatiques qui changent en Mouche rons. Chofe admirable : Tout petits que foient, ces Je fufifimment prouvé dans le Chapitre (#) Que les Chenilles fe mangent. Nous avons déjà remarque ailleurs que le nombre des chenilles qui fes mangent, eft très petit, mème de celles qui le font dans la dernière néceflité ; & nous y avons indiqué les Infedes à qui elles fervent communément de pâture, P. IL. (1) Reaumur, T. II. p. 2. Mem. 11, p. m. 208. (2) Ra, glor. Dei L. II, c. 16. p. 789. D. £:s À DES TNSECTES# 190$ ces Infeétes, l’Auteur de la natüre a créé des animaux aflés petits pour pouvoir étre avalés tout entiers par ceux-là. Parmi les Infectes terreftres, les Araignées mangent les mouches, les frélons ( 3) dévorent les mouches à miel, & les Grillons les fourmis (4). Les Serpens font fouvent de bons repas des Chenilies, des Hanetons (5) &c. Il y à une efpèce de Limaces, qui dévore les entrailles dé certains Anfeétes (*) (6). ERA . (3) Les Frelons vo'ent autour des ruches ; & quand ils voÿent remuer quelque Abeilie ils fondent deflus, & d'emportent. . (4) Les Grillons mangent volonticrs les fourmis; en tiachant celles-ci à un fil, on s’en peut fervir pour pren- “dre les premiers. (5) 2%. Seba in Rer. Nût Thef. T: I. Tab. XV. n. r f. 18. decrit une Chemclle d'Afrique épineufe, &.Tab. LXV. n. 4. f. 66. une d'Amboix; lefquelles il avoit tirces du ventre de deux Serpens, la. dernière n'étant pas même bleflée. Le mème décrit encore le Serpent du Perou, qui fe nourrit non feulement de Rats, mais PS de Suuterelles, & de Scarabes volans. Tab. XX{I. BASE. I. 20. F . (*) De certains Infeétes. Le nombre des Infeétes qui fervent de proye à d'autres Infectes ne fe borne. pas au - peu d’Efpècess dont l’Auteur fait ici mention. La plà- part des plus foibles, au moins en certains tems de jeur vie, fervent d’aliment aux plus forts. A voir la guerre qu'ils fe font, on diroit qu'ils ne font nez que pour fe FE Le carnage eft fur-tout affreux parmiles In- fectes aquatiques. Ii n’y en a prefque aucun un peu grand parmi eux, qui ne fe nourrifle d'Infeétes plus petis $ Ceux-ci en mangent d’autres, qui eux -mêmes mangent encore de plus petits Animaux. : On en voit qui n'epar- gnent point leur propre efpèce, & qui femblent même s’y atiacher par preference. Quel defordre dans la natu- re! Mais defordre néceffaire pour y maintenir un, ordre plus effentiel, qui eft de tenir le nombre des Infectes en . équilibre , & d'empêcher que ceux qui mulüplient leplus, n’accablent enfin la terre par leur muititude SE (6) Lifter. de Animalib. Angl Tr. LE Tit. XVL p. N 2 131; Ii: fer- vent d'a- limens aux Poif- [ons. * Poiffons qui mangent des Infectes, ou les efpèces d'in . Lo, fed folo culice, (improba fane beftiola, & noëes dief 7 . 196 .THEOLOGIE L’avipiTe’,que les Poiffons témoignent pour quelques efpèces d’Infeétes,ne nous pers” met pas de douter qu’ils ne leur fervent d'A liment. Les monftrueufes Baleines (7). {ex nourriflent des poux de Mer. Auf eft:l és tonnant qu’une pareille nourriture puifle ren« dre ces poiflons fi gras. Dans les Rivièress* les Moucherons font prefque l’unique nourris ture de l’Alofe; & les poux aquatiques font fort du goût de la Tanche (*) (8). | o 131. De limace cinereo , parvo , immaculato , pratenf feribit : I/Jud infuper de bac beftiolà notavi ; quod fc. OCCÈ= derat aut forte occifum invenerat , fearabæum quendam ma=* jufculum : ejufque peéiori capite tenus fefe intruljiffet , jus vifcera depañceretur (7) Seba Rer. Nat. Thef To. I. Tab. XC. n. 6. f 143. de pediculus marinis: mérandum fane, quod Bale me , amimalia tam flupende molis, tenui adeo efca fe lauten nutriant, nec aliud quidquam Jihi pofcant. Ita omnipotensi rerum Conditor profpexit fapientiffime , ut creaturæe cuilibeta viventi id abunde fufficiat in viclum, quod fua finguiis pros fpecie data ef 1 (*) Sont fort du goût de la Tanche. Si les efpècés des fectes qui fervent de nourriture aux Poiflons, ne fe bor= nôieht qu’au petit nombre dont l'Auteur fait ici mention, ce feroit bien peu de chofe. Tous les Poiffons de Riviè= re connus, mangent des Infeétes; & il n’y a peut-être aucun Vermiffeau ni aucune Mouche qui ne foit du goût! de ces Poïflons; deforte que celui qui voudroit faire l'é” numeration des uns & des autres, auroit peut - être aufff tôt fait, de les nommer tous, : (8) De Thymmalo hæc notavit. Ælian. H. A L: XXIV. c 22 Retibus facile capitur : Non item bamatis éfcarum illecebris: Non adipe [uis, non ferpbo, non ch&. ma, non alterius pifcis inteflino, non denique Strombi col que bomini tum morfu , tum firepitu fuo molefia ) quod bee fola delectatur efca, comprebenditur. ; DÉS INSECTES. 197 L'on fait que les Infeétes font l'aliment Îe 4x O- plus: ordinaire d’une grande partie des Oi- frape feaux ( 9 ); ils en nourriflent leurs petits. C’eft aufli la raifon pourquoi la plüpart ne couvent qu'au printems, lorfqu’il y a quantité de che- nilles fur les Hayes & fur les Arbres. Ceux mêmes, qui, après être devenus grands, ne mangent que des grains, ne laifient pas de nourrir leurs petits d’'Infeétes (10). Les Oi- feaux font naturellement fort chauds, c’eft pourquoi il leur faut toujours quelque chofe à digerer. L’on ne fauroit s'empêcher d’admi- rer ici la fagefle du Créateur, qui, afin que les Oifeaux ne manquañent pas de nourriture, a créé une multitude fi prodigieufe d’Infec- tes. Cette fagefle fe remarque furtouten ce que les-fourmis font de tous les Infettes ceux dont il y à un plus grand nombre; par ce qu’il n’y a aucune efpèce qui ferve de nourriture à un plus grand nombre d’Oifeaux. Les Infeétes font, pour ainfi dire, une forte de Gibier au- quel les oifeaux donnent la chafle. Les Ho- che queuës & les Merles ramaflent les vers. Les (9) Chacun fait que les oifeaux fe. nouriffent d’Infec- tes. Au Ædrovande , Charlton , fonfion, & d'autres ont divife les oifeaux terreftres en trois claffes: ceux qui fe nourriffent de Grains, de Fruits, & d'Infectes. Conf. Arviftot H. N. L VIII c. 3. Aliqua avium vermicu- los petunt ,ut fringilla, pafler ,rubetraluteola, parus &c. I- tem ficedula , atricapella , rubicilla, rubecula, filvia, cu- vuca, afilus, tyrannus &c. (10) Les Faifans & les Perdrix vivent de grains , & cependant ils nourriflent leur couvée entr'autre d'œufs de fourmis. Voyez l'utilité qui revient de cette manière de les nourrir, dans les 4. Phil, Angl. de 1666. p. 344. N 3 . 198 THEOLOGLE Les Corneilles (11) &t les Etourneaux fe po- fent fur les Brebis, fraichement tondues, fc repaitre d’une efpèce de poux bleu, qui fe remarque alors d’afiés loin fur leur peau. Les Canards, en barbottant dans l’eau , avalentless pucerons aquatiques. Les petites méfanges &c les Gorges-Rouges attrappent fort adroite-! ment les mouches en volant, & en purifient: l’air. Les Grives & les Bécafles cherchent les vermifleaux dans les marais, Les grandes méfanges à tête noire mangent. jufques à dix” ou douze abeilles (12), & elles en nouriffent leurs petits. Les œufs de fourmis font la nourriture des petits du Rofigaol. Les Hi rondelles (13) vivent uniquement d’abeilles” & d’autres Infeétes, qu'elles portent à leur couvée. Les Pics faififflent avec. leur. langue“ les Infeétes qui fe tiennent dans les trous & les fentes des écorces d’arbres (14). Cette nour«" rie. (rx) De Incolis Lemni Plin. L. XI. C. XXIX Gra- culos quoque ob id (fc. locuftarum damnum }) colunt, ad- verfo volatu occurrentes eorum exitio. (12) Elles ne mangent point les abeilles tout entières, mais elles les ouvrent, & en mangent feulement les en- trailles, & le refervoir de leur miel, fans toucher au refte. j (13) Ayant un jour ouvert l'efiomac d'une Hirondelle, « j'y trouvai plufeurs Abeilies, (14) Vidiitant vermibus , nempe formicis, quas expor- recla lingua vaut in veru infigun:, € latitantibus [ub H-“ gnorum corticibus, € medulla coffis. Ideo arbores tundunt , quarur percuffi corticis fono pabuium fubel[e intelligunt. AE dre. Ornitbol. L. X. c. 29. « Quelques uns appellent cés animaux Lions, Loups, Re- ! sards où plûtôt Ours de fourmis. Ily ena ’diverfes e4 pèces dans les indes Orientales ; par exemple le Taman- qua Guacu | Marggrav. in Hift. Brafil. L. VI. €. 4. Ta- man- Staline dl à Éd 2. DES INSECTE s. 199 riture engraiffe plufeurs efpèces d'Oifeaux. I1 eft bien certain, du moins, que les Poules pondent davantage lorfqu’elles ont occafon de manger quantité de Hanetons & de vers terreftres. Je dois faire remarquer ici l2 fagefle & la bonté du Créateur. En même tems qu'il a donné aux Oiïfeaux du goût pour de certains Infeétes, :l leur à donné les membres & les qualités néceflaires pour s’en faifir. Les Bé- cafles, les Grives & d’autres Oïileaux aquati- ques, qui font obligés d’atteindre les Infeétes, dont ils fe nourriflent jufqu’au fond de l’eau, ont le bec aflés long pour cet ufage. Les Canards, qui font obiigés pour la même rai- fon, de remuer le limon, ont le bec large. Les Pics-verds , qui pénètrent dans l’écorce des Arbres, ont le bec dur, aigu & propre à percer le bois. La partie fupérieure eft la plus élevée, & femble être appliquéefur l’autre pour donner plus de force au bec, & pour Jui fervir d'ornement. En le voyant l’on ne fauroit s'empêcher d'admirer l’art avec le quel il eft travaillé. Outre cet avantage, cet Oi- feau a encore la langue déliée comme une 2- lêne, & il s’en fert fort adroitement pour y enfiler les Infeétes. C’eit pourquoi la pointe de fa langue à une certaine dureté ; & aux deux côtés, elle eft:garnie-de petits crochets renverfés, qui empêchent les Infectes de fe | | dé- manduai , ibid: & Yzquiepatl. Seb. Rer. Nat. Thef. To. I. Tab: XL. n: 2. f. 66. & dans les Indes Occidentales comme le Tamandua Americana. Seba 1. c, Tab. XXXVII. n, 2. f. 60. & Coaty. vid. de Laæt, Ind, occid. f. 618. S, D, H. L. in Hift, Surinam. N 4 . 800. T: So; L a: ui € dégager lorfque l’oifeau retire fa langue dam fon bec. k "10 rai Les Infectes fervent aufi de nourriture aux. aux qua. Quadrupèdes. L'on trouve dans les Indes un drupedes. animal, qui recherche les fourmis & les mans ge avec appétit. Les jeunes Armadils (*}) (15) {e nourriflent d’une efpèce de fauterelles qui, par ce qu'elles ont à leur cou une facon de capuchon , font nommées Moi- mes. Les ours (16) aiment beaucoup les « formis & le miel; & on les voit chercher a- vec empreflement les nids de Bourdons. Le Cameleon (17) & quelques autres efpè- ces de Lezard mangent les mouches. : La principale nourriture des Plaireaux eft les Efcarbots , les vers & d’autres Infeétes de cette efpèce. Si l’on veut s’en rapporter à /Ælien ,; il faut croire que les Renards ne font pas uniquement friands de valailles , mais qu'ils aiment aufli le miel , & qu'ils recherchent les nids de Guêpes pour ce- la. (#) Les jeunes Armadils. Lés Armadiis (ont uhe ef- pèce de Lezards des Indes que les Efpagnols ont nom- ee Armadillos, parce qu'ils font armez de fortes écail- tt g) Seba 1. c. Fab. LIIT n. 2. & 10. f 87. & 88. (16) Urfi € fruge, fronde , vindemia , pomis vi- vunt, & apibus, carcris etiam € forrnicis. Plin. L. X, Les De En C'eft ce qui a fait croire’ à quelques uns, qu'ils ne vivoient que dè l'air. Voyez Pigafetta in Difcr. Regni Afr. P. I c. 11. 23. “ob. Leo Afr. in difcr. Afr. P. TI. 765. Ben. Hoœffferi Diff. de viétu æreo. Tubing 168r, Ceux qui en ont élevé affürent qu'ils fe novriffent d'Infec- tes. Perfinius , apud Voff. de tdolnlatr. IL, III, © gr. 1025. Caffianus a Puteo, apud Dom. Panarol. in tr. de Chamal. p ‘100. & Peirefcius, apud Goflend. in vita ei, L. V. p. 479. | © Fr DES INsSEGTEs. 208; fe (* ) (18 ).. Les Grenouilles. fe tien-: nent à l'affüt pour fe jetter fur les Abeilles quand elles viennent boire. Les Chiens { 19) déterrent les Grillons de Campagne & les mangent. La Taupe, qui vit {ous terre , fe nourrit de vers & de petits Cloportes. Les membres des Quadrupèdes qui fe nour- xiflent d’Infeétes font pourvüs de toutes les qualités séceflaires pour fe faifir de leur proye. La langue de cet animal des Indes qui mange les four- (*) Et qui cherchent les mids de Guëpes pour cela. Si c'eft powr du Miel que les Renards cherchent les nids de Guêpes , ils s'adréffent bien mal; puifqu'ii n’y en à point dans les Guêpiers. Croïons que c'elt plûtôt pour manger leur couvin; fi tant eft qu'il y a quelque chofe de vrai en ce qu'Ælien nous en raporte, P, L, (18) Alian de Animal, L IV. C, XKXIX Valpes in exfuperantians infimitæ tum malitiæ, tum fraudis progredi- éura ,nibil ut non & malitio[e & dolofe agat. Cum enim vefpa- rium refertum effe animadverterit ,retrorfum eo accedit , aique Lota a vefpeto averfa, ab aculeorum [ane vulncribus decli- mans. in cellas vefparias immiffa birfuta cauda, eademque gene prolixa, vefpas concutit. Quum autem vefparum, cir- cumvefitam foiffis pilis caudam impetentiun , referta ef, zum eam iplarn vel ad arborem, vel ad parietem ad msce- riemque allidit , itaque multa caudæ atiritione bis extinctis, in reliquas invadit , perindeque Cus . UÉ primas , peyimit. Tanden fic ommibus deletis, omnia fibi tuta c-periens, nul- lo jan murmure turbanda, mullos jam metuens aculeos, os in vefparium favum immmittens, vorat. . (19) Aldrov. de Inf. L. IL. C. XIII, f. 340. de Cica- dis. Sunt € canibus quibufdam fummopere gratæe , non odo cum fuo involucro & tettigometra obvolutæ funt , [ed etiam poflea , cum canere incipiunt, ut in catella mea præ- gnante obfervavi, quam ruri babebam, cui cum aliquoties objeciffèm , cum fummä aviditate eas comedebat, € tanto- pere earum efæ deleétabatur , ut quoties famulorum aliquis per agros vageretur, fponte non infequebatur tantum , [ed [ub arbore, ubi eæ ardentius canebant confifiens, continuo , Voccque querula innutabat ad capiendum. N ÿ | 202 THE£EOoLOGIE fourmis , eft longue & fouple (20). Il la fait fortir bien avañt hors de fa gueule, & l'enfonce dans les fourmillières, d’où , après: que les fourmis s’y font attachées, il la retire. La Jangue du Caméleon ( 21) n’eft pas moins longue : outre cela, elle eft pointue & vifqueu- fe.’ Cet animal fe tient à gueule béante, & quand les mouches, les fourmis, les petits hannetons & autres Infeêtes, paffent à fa por- tée , il darde fa langue avec la vitefle d’un trait; & quand il lesa atteint, ils ne fauroient Jui échaper : ils font enflez au bout de la lan- gue, comme ils le feroient à la pointe d’une épingle ; ou bien ils font retenus fur la ma- tière. (20) Scba in Thef rer. nat. T. I. Tab. XXXVII. N. 2. f: 60. de Tamandua: Longo angufloque capite eff, 6 quo longa protenditur lingua, captandis € introtrabendis Jormicis, qui victus eff, accommodata. Conditor Sapien: tiffimus ifibec animalia talibus organis donavit, quibus | opus erat, ut pabulum fuum pro guflu € lubitu fibi compa- rare polfent. Et Marcgraf, Hift. Braf L. VE c: 4 Lin- guam babet inftar fubuiæ teretem, oclo digitos longam, que quafi canali inter inferiores genas incumbit. Adde, Aldo- vrand, E V.c. 1. f) 523. (21) Formicis autem vefcuntur Chameæleontes , uti Myrmecophagi, linguaque binc adeo prolixa præditi Junt , quam facile retrabcre & emittere norunt. Prœdam captw- ri, linguarm quan longiffime exfertam intorquent circa ar- boris ramum , quem formicæ aliave infecta , bauriendi inde pabuli gratia petunt ; bis vero medio in opere ferventibus, : linguam fubito retrabit Chamaæleo , captaque fic animalcula iflbæc faucibus intrudit, ci fufientando infervitura. Scba 1. c. Tab. LXXXII. N. 3. f, 133. add. Jäc: Bontii H: N. Ind. Oriental. L. £. c, 6. 58. Il y a un autre. Ani- mal que les Indiens nomment Ajatochlus, &- qui fans fe remuer fe nourrit des Infectes qui entrent eux-mêmes dans fa bouche. Voyez Nieremberg. Hift. Nat. L. I: c. 18. & fur-tout L. IX. c, 6. f. 59. DES INSECTES. 203 tière gluante dont elle eft enduite, comme les Oifeaux le font par la glu. | Les Infectes, qui fervent de nourriture à Les B- certains animaux , font un remède pour Jédes fer- vent de d’autres. Les Poules malades avalent des A. rod à raignées , qui les purgent à les guérifflent. d'autres F’ours, malade (*) d’indigeftion, enduit fa aximawx. langue de miel, l’enfonce dans une fourmi- lière, &, quand les fourmis s’y font atta- chées, il la retire, les avale & fe trouve gué- ri (22). Pour éviter la prolixité, je n’en | rap: (*) L'Ours malade. Quand on lit des faits fi curieux , on eft fâché de voir que les Auteurs qui nous les racontent, ne fe foient prefque, jamais fouciez de nous aprendre par quels, moyens ils font venus à bout de s’aflurer de la vé- rité de ces faits. S'ils avoient bien voulu prendre cette, peine, ils auroient prévenu par-là toutes les objections qu'on peut leur faire naturellement, & qui forment autant de, doutes contre la verite de leurs recits, Lorfqu’on lit par exemple ce qui efl ici raporté de l'Ours; il cft natu- rel de fe demander. Dans quel Païs l’Ours eft-il aflez traitable pour laiffler de fi près épier fa conduite? A quel figne. voit-on qu'il.eft malade? Comment fait-on qu’il eft: malade d'indigeltion? Si c'eft de miel dont il enduit @ Jingue , où trouve t-il le miel fi à portée? Y a-t-il des en- droits où les Abeïlles fauvages ne prennent pas foin de mettre leurs rayons à couvert de toute infulte? Comment fait-il pour n'être pas pique? Toutes ces fortes de quef- tions que l’on fe fait, & auxquelles on manque de répon- fe, nous difpofent fouvent à reetter comme. fabuleufes des rélations, que nous aurions peut-être cru, fi les Au- teurs. qui les raportent avoient pris foin de prévenir les objections, qu’ils devoient prevoir qu'on pourroit leur faire. P. L. (22) Plutarch de folertià animal, Urfu, maufea cum teneatur, ad, formicarum cavernam [fe comfert, linsuamique fuam, pinguem, € dulci-fucco mollitam:exerens eis proponit ; dum bec formicarum fiat plens, quibus deglutitis. juvatur. Conf Phin: L. VWILEC. 2%. Ælian. L. VE. c, 3. » 204 2 THæ&OoLOGIE rapporterai pas un plus grand nombre Se emples. Puif" ne : En refléchiffant mûrement {ur tout ce que S Je; je viens de dire de j'ufage des Infeétes, l’on seur en Ne fauroit s'empêcher de conclure que celui tout ceci. qui en eft le Créateur eft un Etre tout-puif- fant & tout-fage. Sa puiflance paroït en ce qu’il a réuni tant de vertus dans de fi petits animaux: & fa fagefle en ce qu'il les a rendus également utiles aux Hommes & aux Bêtes; dans la fanté & dans la maladie. Le devoir de l'Homme eft d’y taire attention; d’en avoir le cœur pénètré de reconnoiffance ; & d’en rendre au Créateur de continuelles aftions de graces. Mo'ifs L'Homme, doûé de la raifon, convain- pour ap CU de l'utilité de plufieurs Infeétes, ne fau- profondir roit s'empêcher de reconnoître qu’il y en a Pr encore un grand nombre , dont on ne connoit fees, pas le véritable ufage. Dans cette perfuaf ion, que pourroit- il faire de mieux que de s’ap- pliquer à rechercher de plus en plus leur propriétés ? L'on ne doit pas s’embarraf- fer de l'obieétion, que l’on fait qu'il y en 2 quantité qui font nuilibles. Je répondrai à cette difficulté dans le Chapitre fuivant. ‘Celle que l’on tire de l’inutilité de plufieurs d’en- tr'eux n’eft pas plus folide, & eft tout à fait faufle. Car il faut remarquer d’abord qu'on ne peut pas dire qu'une chofe n’eft d'aucune utilité, parceque fes propriétes nous font in- connues : l'expérience nous a appris qu’à force d'examiner des chofes, qui pendant long-tems avoient été regardées comme inutiles, on 4 découvert qu’elles avoient de grands ufages. D'ail. DES ÎINSECTESs. 20$ D'ailleurs , il faut diftinguer entre l'utilité médiate & l'utilité immédiate. Tout eft créé pour la gloire du Créateur & pour l’uti- lité de l’homme (*), quoique l’homme ne jouïffe pas immédiatement de tout. Il nya qu’une petite partie des Infeétes qui ferve de nourriture à l’homme; mais combien d’efpè- ces n’y en a-t-il pas qui fervent de nourriture aux poiflons, aux oifeaux & à d’autres créa- tures, qui fervent enfuite d’aliment à l’hom- me? D'où il réfulte que les Infeétes utiles aux -autres animaux font utiles à l’homme. Mais il y a plus. Plufieurs Infeétes, comme je l’ai fait voir, font d’une utilité immédiate à l'homme. N'y en a-t-il pas affés pour les engager à éxaminer s’il n’y en a pas d’autres, dont ils puiffent virer un femblable parti, & à conferver ceux qui leur font utiles? On peut les ramafler de diverfes manières. 31, Il eft facile de prendre de jour ceux qui ne x ks mangent que la nuit; parce qu’alors ils fe érover. tiennent tranquilles fous les feuilles. L’on fe rend, au contraire, facilement le maitre pen- dant la nuit de ceux qui ne volent que de jour. En allumant une chandelle dans une lanterne, ils s’approchent de cette lumière, & il eft facile de les prendre. On a la même facilité dans les tems pluvieux. Ils cherchent ‘un (*) F# pour l'utilité de l'Honsne. L'Homme n'eftil pas un peu trop vain de croire que tout a été créé pour fon utilité? I! ne feroit peut-être pas fort difficile d'abbaif. fer à cet egard fon orgueil , & de lui faire voir -qu'il a des idées trop flatteufes de lui-même ; mais ce feroit for- tir de notre fujet. P. L.. Et de les entrele- nir. Du foin des _A- beilles. | È 206 THEOLOGIE | un afyle fous les feuilles ou dans quelqu’ autre. heu, où on les trouve fans peine. Gimme les Infectes fe nourrifflent eux- — | mes, il n’eft pas difficile de les entretenir,” quand on s’en eft rendu le maitre. ‘Cepeñin dant, il y a diverfes chofes à obferver la-defen fus. Toutes les fois que j’en ai confervé pour obferver les changemens qui leur arrivent , & étudier leur nature, je les ai mis dans de prañds vafes de verre, auf larges par le haut que par le bas. Avant que de les mettre dans ce vafe , j'avois pris la précaution de le remplir de terre jufqu’à la moitié. Je les couvrois enfuite, laïflant cependant le pañlage à l'air; & je les mettois dans un lieu où ils ne füflent pas expolés aux rayons du foleil. Chaque jour je rafraichiflois la nourriture à ceux dont le genre d’aliment m'étoit connu. Je donnois d’abord aux autres les feuilles, où les autres chofes, auprès des quelles je les avois trouvés, S’ils n’y avoient point touché ; le lendemain je leur donnois d’autres chofes, & je conti- nuois ainfi , jufqu’à ce que j'eufle trouvé quel- que aliment de leur goût. Comme l’on tire un grand parti des mouches à miel, il impor- te aux Oeconomes de favoir comment il faut les foigner. Mais comme cette matière eft trop abondante, pour être traitée à fond i ici ; je renvoyerai aux Auteurs (23) qui en ont €- crit, ne m'arrêtant qu’à ce qu’il y a de prin- cipal la-deflus. Les (23) Outre les anciens Ecrivains Pline, Varron, Wir- aile, voyes les fuivans. Van de Byen ‘baare corjprong Natuer , Ge. door Theod, Clutiuri, v Amiterd, 1608. 4 DES ÎINSEecTrTEs. 297 L LxEs abeilles demandent un très grand foin Princi- êc une attention fingulière. D'abord, il faut Paurari” bien placer les ruches (24). Elles doivent join 2 être fituées dans un air qui neoit ni marécas” geux ni humide. Ileft avantageux qu’il y ait aux environs de petits-ruifleaux d’eau cou- rante, qui ne foient pas bordés d'herbes trop hautes ; ni environnes de grands arbres. il doit y avoir dans leur voifinage abondamment de routes fortes de fleurs odoriférantes (2f). Les Ruches doivent être propres. Il faut en Ôter-toutes fortes d’immondices, comme toi- les d'araignées |, moififfures , teignes, ger- ces &c. Pendant l’hyver elles doivent ra ien M ‘fo. Coferi nutzl. Bericht von den Beinen oder Iinmen, aus eigener Erfabrung zufammengefchrieben Wittenb 1607. 4. Job. Gedde apiarium angl. traduit de l'Anglois en Al- demand. Leipz. 1729. © Aufl. 8. M. Cap. Hoffiers Bienen Kunft. Leipz 1614. 4. reimprimé en 1700. 28. les obfervations de Maraldi fur les Abeilles fe trouvent dans Æarders tr. p. 237. 8. M. Andr. Pici Tr. v. den Immen Tubing 1592. 8. D. ‘ofepb Warders Monarchie der Bienen., traduit le l'Anglois €& du François en _Alle- mand. Hannov. 1721. 8. Tractarl. von der Bieñen Pflege durchs gantze abr aufrezaichnet von einem alten Bienen- Munne, 1733. 8. dont l‘Auteur fe nomme wf. Heinr. Roch , Unterricht von Wartung der Bienen. Gorlitz 1602. 8. (24) Sur la manière de placer & de faire les ruches, voyez Warder C. XI. p. 112. Columella L. IX. C. 6. Conferez Ward. p. 112. & 308. & Varron. L. III. C.'r16, Plin. L. XI C. 9. (25) Gedde CXIIL. p. 56. Virgile L. IV. Georgic. V. 30. & fuiv. Hec circum cafiæ virides, © olentia late Serpilla, & graviter fpirantis copia thymbræ Floreat , irriguumque bibant, violarià fontem. Add, Plin. L, XI, C. 8, » 208 TRHEOLOGIHE bien plâtrées; afin que les Abeilles foient at chaud, & qu’aucun Infeéte ne puiffe y pénè: trer. Quand on leur ôte le miel en Automne, il faut avoir foin de leur en laifier fufifam- ment pour leur nourriture pendant l’hy- ver (26 . Dans les mois de May, de Juin, & de Juiller il faut les garder à vuë, afin de ne pas perdreleseffains. Les ruches qui font. fortes, eflainent au mois de Mai; celles qui le font moins, avant la St. Jean; & les plus foibles, après les autres. Si on veut que l’ef- fain refte dans la ruche qu’on lui à deftiné, à faut l’y mettre avec adrefle & uier de certai- nes précautions (27). Les maladies des mow- ches à miel font la pefte & le flux de ventre. La prémière eft caufée par l'humidité qui refte à la ruche en Automne. Elle fe commu- nique au miel,lerend moifi, & infeéte les As beilles. Si l’on s’en apperçoit affés à tems, l’on peut y remédier en les neroïant, & en les expofant fouvent à l’air. La feconde vient, lorfqu’au Printems ëlles s’échauffent trop, ou quelles tombent fur des fleurs nuifibles. On remédie à cela (z9) en introduifant un rayoi de miel dans la ruche par fon ouverture fupé- rieure ; où bien en mêlant d’une certaine pou: dré 5 (26) Ward, P. I. C, 7. p. 84. (27) Gedd. C, 12. p. 41. ff. Ward. P. I, c 6. 73. (28) Virg. Georg. L. IV v. 251. ff Plip. L. X1.C. 194 (29) Virgil 1 © v. 2163 fr. Hic jam Galbancos fuadebo incendere odores Mellaque arundineis inferre canalibus , ultre Hortantem, € feflas ad pabula nota vocantem. Proderit € tunjum gallæ admifcere faporem , Arentefque rofas, aut igni pinguia mnullo Defrulä, vel Pfyfhia de vite racemos 1 L : Cecropiumque thymum , & gréveoleñtia centaurea Gt. DES TNSE cT'ESs. 209 dre avec du miel; qu’on leur donne. Les en. hemis des Abcilles (30) font la Cicogne, les Hirondelles, les Pigeons , les Pics-verds , la Martre Silveftre, les fouris, les ferpens & les ourmis.. Quelques efpèces de ces derniers ennemis mangent les Abeilles mêmes; d’au- tres leur miel, de même que les Bourdens, les Frelons & les Guêpes. Parmi les chofes qui leur font contraires, il faut compter le favinier , le bouis , l’abfinthe , le fel , l’eau corrompue, toutes fortes d’odeurs ou d’exha: laifons fortes & puantes, la fumée, le ton- nerre, les éclairs & le grand bruit. | Pour les vers à foye (31) voici de quelle Marière manière il faut les foigner. Pour leur donner SE sp plus de facilité à conitruire leur coque, AT les met dans un cornet de papier point®@ par le (30) Virail. L. IV. Georg. Abfint & picti fqualentix terga lacerti, Pinguibus a flabulis, meropejque aliæque volucres, Et manibus progne pectus fisnata cruentis, Omnia nam late vaflant , iplafque volantes . Ore ferunt, dulcem nidis amimitibus efcam. Et v. 241 ff Nain fepe favos ignotus adedit Stellio lucifugis congefia cubilia blattis TInmunifque fedens aliena ad pabula fucus, Aut afper crabro ümparibus fe mifcuit armus. Aut dirurm Tineæ genus, aut invifa Minervæ In foribus laxos fufpendit aranea calfés. Plin. L. XL c. 10. . (31) Conf. Andr. Libavii Hiftor, Bombycum domeft. Rotenb. ad Tubar. 1590. Marcelli Maipigbii diff. Epifto- lar. feu Anatom. Defeript. Bombycis Lond. 1669. 4. Gor- Juc. Sofcoburens. Tra&. de Serico € Bombyce. Mar:, Hicron. Vide poemes de Nat. E ufu Bombycum 1537. Tome Ii. O pe | 210 THEOLOGIE le bas & large par en haut (32). Cette mé-. thode n’eft propre que lorfqu’on n’en veut é- lever qu’un petit nombre. Mais fi l’on vous loit en entretenir une quantité confidérables il feroit bon de les mettre fur des branches de mûriers blancs; ce qui leur procureroit l’a vantage de vivre dans la propreté & de n point croupir dans leur ordure (33). Il y æ& un autre régime à obferver pour ceux quin font que d’éclôre. On leur donne pour nour riture des laitues ; mais avec toute l’œcono“ mie qu’éxige leur foiblefle; de crainte qu’une” trop grande abondance de cet aliment ne less fafle périr (34). En partageant leur vie en trois âges, voici la règle qu’il faut fuivre. Une portion de laitue par jour fera la nourriture des 2. plus 1 (32) Dans Adovrand. de Infe&. L. IL. c. 6. f. 288. Exiguus primum capiet fobolem locus amnem , Corpora deinde aucte cunabula primum relinquent. Tum cunctam in populos & vicos divide gentem, Divififque dubis fedes , fecretaque regna. Nec fatis boc femel: at quoties bis arcta videbis Efjè domus fpatia, augentur dum corpora cuique, Has toties legere , inque novas diducere fedes Ne dubita, donec tabulas impleveris omnes. (33) Les vers à foie aiment la proprete fur quoi Vida dit dans Adovrande f, 2191. Cura fit befterne femefas tollere menfe Relliquias , tabulifque immundam avertere ventris Proluviem: mane ante, pecus, quam gramina gufiet ,«! Tergende fedes, € gramine perverrende. (34) Vida apud Aldrov. IL. c. Tuque ideo parcis epulas moderare canifiris, Terque die tantum pafces ; nam prodiga cunélam Si frondem fimul effundas , fine more, dapeque Accumules , menfajque oneres, avertitur ultro Ingratam faturum morum pecus atque repente Ipfa parit largi faflidia copia vitlus. DES INSECTES. 211 plus jeunes : le double fufhra à ceux de moyen- ne grandeur : mais pour ceux qui ont celle qui leur eft naturelle, ils iront au delà du tri- ple; c’eft-à-dire qu’ils ont befoin de cinq re- pas par jour. CEs Infeétes mangent indifféremment des Qrele feuilles de figuier & d’ormeau , mais ils ai-#47ritu ment cependant mieux celles de müûriers 7, blancs (35). Il y a un choix à faire dans cel- les qu’on leur donne; il faut prendre garde qu’elles ne foient ni mouillées (36) ni trop nourriflantes. Celles des jeunes müriers ou celles de ceux qui croiflent dans un terrein humide, ont ce défaut. Une pareille nour- riture ne convient guère à leur compléxion. Au contraire, elle leur eft très nuifible, & prefque toujours mortelle. La meilleure nour- riture pour eux eft la feuille des müriersblancs, qui croiflent dans des endroits pierreux & +. Cas (35) Vidal. c. Quin etiam baud parvi mutari pabula referr. Eft bicolor morus, Bombyx vefcetur utraque. Forte etiam fi deficiant folia omnia mori, (Oran fuperi eveniant ne talia nobis) Si tamen wrgeris, confcendat robora pañlor Umea per fytvas & [uma cacumina carpat. His etenim arboribus multum eft affinis origo. (36) Vida I. c. Illa quoque imprimis cura eff, ut pabuli femper Sicca legant , nullaque fluant afpergine fylvæ Aut pluviæ, aut roris noélurni: Quippe venenum Sæpe fuit, quamuis tenuis, bombycibus bumor. Nunquam igitur, cum nox boris licet intempefiis Accedant Sylvam : Expectent dum gurgite Coæ Tetbyos exierit [urfumque eduxerit omnem Colleétum noctis bumorem purpureus fol, Et jam tres fcandens [upera alta pereserit boras, 2z . 212 THEBOLOGIE des , fur les collines & les montagnes ; qui. font expofés au grand air, battus des vents &e. foumis à la violence des | Orages. Un tel are bre n’a qu’un fuc épuré & propre à nourrig les vers-a foye. S'il arrive que les feuilles foient furchargées de rofée ou de pluye, l& fituation de cet arbre lui fait bien-tôt perdre cette humidité, & le vent lui rend d’abord fa prémière fécherefle.. rapporter entièrement au hazard. J’aimes rois mieux diffèrer de ceuillir ces feuilles ju£« ques à ce que le foleil fuccèdat à la pluie, & attendre l'heure du midi avant que de fonger à faire mes provifions; encore n’en voudroises je repaîrre mes vers à foie qu’après en avoir ôté toute l’humidité qui auroit échappé aux vents & à l’ardeur du Soleil. à Autres JE ne faurois affez. recommander la propre-\ À piecuu- té de la place qu’ils occupent. Il faut ÊtieS Le aflidu à la netoier , & prendre garde qu’en surd, Ja balaïant avec du jonc fort tendre, ou avec a barbe d’une plume, on n approche de trop près de ces corps extrêmement délicats, qu’on ne fauroit heurter impunément. Tous les en- droits ne leur font pas également falutaires, ils ne doivent être ni trop fecs, ni trop hu-, 1 pis ni fujets à être infeflés par des Infec- | es (37) pour lefquels ils ont de l’antipathie | ou qui font d’une efpèce inquiéte & turbulente. | Det (37) Vida dans Aldovr. f. 288. t Tuque etiam variæ ut moqueant irrepere pefles | Parietis antiqui vitium nec neglige fegnis Sed calce aut creta linito. | DES INseEcTEs. 213 De toutes les expofñtions, la moins favorable ett celle du Nord & du Midi. Ces deux vents leur font extrêmement contfaires, l’un par fa froidure, l’autre par fon humidité ; c’eft pourquoi il eft néceflaire que l'endroit foit difpofé de manière qu’on puifle y appor- ter quelque tempérament, tn férmäñc lés fe- nêtres d’un côté, & en les tenant ouvertes de Pautre, felon que le vent foufflera du Midi ou du Nord (38). Lorfque le réms eft hu- mide, il eft bon de tenir tout fermé; fais lorfqu’il fait des éclairs, cela né fuit pass il faut couvrir les vers à foie, autrement il contraétent une maladie, qu’il a plû à quel: Ques curieux de nommer la Yasmiffe. Eh ef. fer, ils acquièrent une couleur jaunâtre, per: dent l'appétit , & meurent infenfiblenent. Ceux qui viennent à mourir (39), doivent être féparés du nombre des vivans, de crainte que leur corruption n’attire le même fort à ccux-ci. (38) Sur les fenêtres placées à lorient ,& à l'occident, Vida a fort bien dit dans Aldovr. L c. f. 287. Non apte fine fole domus , fine luce Penates Sed duplices reta lusnesn regione femilræ Admittant, quarum [urgentes altera Phœlx Speltet equos , feffos cantra altera, jarque cadenics. (39) Vida dans Aldovr, f 29. Ni] adeo tineis fuerit prefentius ægris, uam fubito à medio, jucundo lumine cafas, Tollere, ne totam perfufa cadavera tabo Latius incel]ènt , miferando funere gentem. STE es In- fecles fa- tieme. b » 214 THroLoGlre CHAPITRE I. d (1) Combien les Infeëtes nuilent aux biens de la Terre. k b À On-feulement les Infeétes pillent & rava® gent les campagnes; mais encore ils at taquent l’homme dans fon domeftique, & jui caufent mille dommages. Rien n’eft à l'abri de leurs ordures; on voit à regret les meubles” les plus précieux infeétés & ternis par les” mouches. Ces Infectes vagabonds errent dans” une Bibliothèque, fe nichent dans les armois res, paflent d’un appartement dans l’autre, && laiffent par-tout après eux des traces fenfibles” de leur féjour. Il n’eft point d'homme de: puis le Roi jufqu’au dernier de fes fujets, qui foit à l’abri de leurs infulres ( 2). ë | ESM “ (1) Conf. Reaum. To I. Part. I p. m 9. | (2) Commir., Pœmat. To. I. Idyll. Sacr. Ode XXXI P. M. 233. Infeétum petulans proterva mufca : Harpyaque, famelicoque milvo ; Et rapax magis & magis gulofa ; Et pudens minus © minus modefla : Sanguiluga minor , volans birudo , Fumofe bofpita concolor culine , Vermis filia, vermiumque mater : Tunc cum pedibus tuis, fcelefla, Imbutis fcabie atque purulentis ; Tllo cum ore tuo fimetum olente, Regales petis, inquina[que menfas ; | Dec repulfa fugis , fed ujque & uique A Aù DES INSECTES. 21$ Les laboureurs font peut-être les plus à Mfe»? plaindre. Combien de fois ne fe trouvent-ils 2% 2/4# pas fruftrés d’une abondante récolte , par les (ah dégats des fauterelles (3)? Ces animaux vo- races quittent fouvent des païs éloignés, tra- verfent les Mers, fondent par milliers (4) (*) fur Ad predam revolas : licet minetur Myrteo puer increpans flagello. Nec caudam volucris times fuperbeæ, Nec fili exitium ferentis ictus? (3) Conf. Brefz1 Sammi. von Kunff und Nat. Gefcb. XVI. Berf. A. 1721. Maj. Cl. IV. art. IX. ?. 543. S. Lud. Cbrifi. Crelli diff. de locufiis non me prodigio in germ. Jen. 1693. Franzü H. A. S. P. IV. c. 4. fo. Paul. Hebenftreitii Diff. de locuftis. ‘fen. 1693. Fonft de Inf. L. I. c. 1. f. 82. Leo Afr. in def- cr. Afr. P. II p 769. Cbriflopb. Henr. Lobers Befcbr. des Heufchr. Heers Oriam. 1694. Melifz. Fichtelbergers v. Heujfchr. Anneb. 1693. ob. Cbriflopb. Ortlobs Diff. de præfagüs locufiar. certis € incertis Lipf. 1713. Ÿ. T. Rembolts Hift. u. Pbyf. Tr. v Heufchr. Berl. und Leipz. 8. Temzels monatl! Untcerr. de 1693. OÙ. 9. 838. ob. Pbil. Treuneri Phœnomena Locufi. “fen. 1693 4. Ÿob. Fillich. dialog de locuft. qui extat in ejus commentar.ana- tom. 1544. 4 Delle Uova e dei Nidi degli Uccelli Libro primo del Conte Giufeppe Zinanni Ravennate. Aggiunte in fine alcune Offervationi con una différtazione [opra varie fpecie di cavallete in Venezia 1737. in 4. (4) C'eft de là d’où quelques efpèces de Sauterelles ont tiré leur rom en Hebreux. Chargal, p. e. Levit. XI. vs. 22. vient d’un mot arabe qui fignifie êrre long ; parce que ces Sauterelles s’etendent au long, & au large dans la Campagne. Chagab. ibid & Nomb. XIIL. vs. 33. 34. vient aufli d’un mot Arabe qui fignifie Woiler ; parce quel- les forment un nuage qui cache le foleil. (*) Fondent par muiliers, ec. En voici un exemple affez remarquable que l’on trouve dans l'Hif. Militaire de Charles XII. Ro de Suède. T. IV. p. 160. Son Hifto- rien raportant que cet infortuneé Prince fut très incommo- de dans la Beffarabie par les Sauterelles , s'exprime en ces termes. ,, Une horrible quantité de Sauterclles s'élevoit O 4 ,, OF- $ . $ ” | 116 THÉOLOGIE. ,x , {ur des champs enfemencez, .& en enléyent cn peu d'heures jufqu'à la moindre vérdus re (f) Eit-on plus heurcux avec les che qu: ,, ordinairement tous les jours avant midi, du côté del Mer; premièrement à petits flots; enfuite commeé d ef » nuages qui obfcurciffoient l'air, & le rendoit fi fombre ;, & fi épais, que dans toute cette vafle plaine le folé » paroifloit s'être entièrement éclipfé Ces Infeces n ,, voloient point proche de terre, mais à peu près à ;, mème hauteur que l'on voit voler les Hirondelles, juf , qu'à ce qu'ils euffent trouvé un champ fur lequel ils ,, pufñent fe jetter, Nous en rencontrions fouvent fur 18m , Chemin, d'où ils s’élevoiént avec un bruit femblable à » Celui d'une tempête. Ils venoient enfuite fondre fut ;» nous comme un orage, fe jettoient fur la même plaine ,, Où nous étions, & fans craindre d’être foulez au » pieds des chevaux , ils s'élevoient de terre, & co vroient le corps & le vifage à ne pas voir devar # nous, jufqu'à ce que nous euflons pañé l'endroit où ils , S'atrêtoient. Par tout où ces Sautcrelles fe repofoients elles y faifoient un dégât affreux, en broutant l'herbe” » jufqu'à la racine; enforte qu'au lieu de cette belle ve » dure dont la Campagne étoit auparavant couverte , 0 » n'y voioit qu'une terre arride & fabloneufe. On ,, fauroit jamais croire qu'un fi petit Animal put pañer Mer, fi l'expèrience n'en avoit fi fouvent convainé » Ces pauvres Peuples; car aprês avoir paflg un pe bras du Pont Euxin, en venant des Ifles ou Terr » voifines, ces Infedtes traverfent encage de grandes Pre » vinces, où ils ravagent tout ce qu'Hs rencontrent ji » qu'à ronge les portes mêmes des maifons. n. (5) On leur à auffi donné des noms qui défignent leu effets. Solgnam, p e. vient d’un mot Chaldrique dj fgnifie devorer ; parceque les Sauterelles devorent À fruits Lev. XI, v. 22. “felck. vient d'un verbe qui figni fie Zecher ; parce quelles /échent les plantes en s'en nou riffant, Pf. cv. vs. 34. ere. LI. vs. 14 27. fol. A vs. 4: Nab. {IL vs..1$. 17. Confer. Nomb XXII + 4. Ch1/il. d'un verbe qui fignifie confumer ; parcequ'ellé confument les fruits Deut. XXVIIT. v. 38 1 Rois VME vs. 37. Pf LXXVIIL vs. 46. Ijui. XXXIIL. vs. 4. & Je [. vs: 4. IT. vs. 25. | | { j ? DE Se PM SsircmE IS. 117 nilles (6)? Je ne connois point de pefte plus cruelle pour les jardins. Elles. minent les fleurs, rongent les plantes, &c hachent telle- mentce qu'elles entament, qu’on elt obligé d'y renoncer , par la crainte que l’on a de manger leurs reftes. ‘Les puces de terre font encore d’autres ennemis également funeltes. Elles m'attendent pas qu’une plante puifie leur fournir de la nourriture pour quelques femaines ; elles l’engloutiflent dès qu’elle commence à paroître. L’infecte que les Ai- Jemands nomment le Fifre attend au contraire que la femence de navet en ait produit d’au- tres; c’eft alors qu’il s’en raflafie, qu’il n’en laifle que l’écoffe vuide au maître. Les ca- landres ne font point en relte avec les uns & les autres. Elles percent le blé müûr , en ti- rent la farine, & dégarniflent ainfi les gran- ges & les greniers de la nourriture la plus ef- fentielle à l’homme. CE n’eit pas feulement aux plantes que les 4wr 4r- Infeétes font bien du tort , ils endommagent Pres frui- pour le moins autant les arbres fruitiers. S'ils pondent leurs œufs en Automne , ils éclo- ent au Printems, lorfqu’à peine les arbres com: (6) On peut y ajouter le Taupe Grillon, qui endom- mage extrèmement la racine des plantes. Voyez Æ/drov. L. V. c. 9. f. 571. Th. Bartbolin. in Act. Haffn Vol, IV. Of. II. p 9. Bonan. Muf. Kircher. CI. PTIT. f. 276. © 294. Frifch P. XI. n. 28. p. 28. fcb de Mu- alt. in Epbemerid. N. C. Dec. II. An. I. Obf L VII, p. 62. Anatomen inflituit AuCtor quid. in Brefzl. Sun- ml. © Nat. und Med. Gefch V. Berf. À 1718. ul. + Claf. IV. Art. VI p 1387, OL. ‘facobacus apud Bart. bol. 1. [. c. p 5. Er. Georg. Hier. Velfchius in Ofïjerv. Phyf. Med. Hecatoft. I. Obfero. XX VI. p. 39. ÿ be. . 1 218 THEoLOGIE commencent à bourgeonner (7), & ils en dé- truifent tellement les boutons & la verdure que fouvent c’en eft fait des fruits de l’année où l’on en voit beaucoup. Les petits Scarabés à trompe qui fe logent dans les boutons, d’au- tres Scarabés, & plufeurs fortes de chenil- . les (8) concourrent à faire ce ravage; & re- duifent quelquefois les arbres à peu près au même état où ils étoient pendant l’Hiver. Ce n’cft pas le tout, il y a des efpèces de Scara- bées dorez, qui produifent deux fortes de vers, des rouges & des blancs (*). Ces vers pénètrent dans l’écorce, en tirent la fêve, jufqu’à ce que l’abre fèche fur pié. Ily a auf de petits Scarabées qui, non contens de manger l’écorce, s’attachent au bois, & vien- nent à bout de détruire des Fôrets entières. Le cas n’eft que trop fouvent arrivé, même dans des Bois plantés de Sapins. Celui de Scwartzenbourg en a fait en 1736. une expé- rience, quia couté à fon Scigneur plufeurs milliers d’écus, Je m’en tiendrai à ce feul cx- (7) Vid D. Chriflian. Vateri. Phyf. experiment. Sedt. IV6. 4 The VER CSI. (8) L'on peut y ajouter les Fourmis de Surinam, qui fouvent dans une nuit dépouillent tout un arbre V. Me- rian. Metam. Inf Surin. (*) Des Vers rouges. Je ne connoïis point ces Vers rouges: à moins que ce ne foit une efpèce de chenilles rouges extrêmement grofles, repréfentées PI. I. Fig. 17. dont l’Auteur ne parle pas,,.& qui eft l'Infee qui fait le plus de ravage dans le tronc des arbres, Les jam- bes très courtes de cette chenille, & la forme de fa tête qui approche de celle de quelques Vers, qui changent en Scarabées, pourroïent bien l'avoir fait méconnoitre à Mr. Eeflers, & la lui avoir fait prendre pour une forte de ces Vers. DiE:8.. LUNISLE CT S. 219 exemple; ceux que je pourrois rapporter de plufeurs autres fortes, de vers (9) qui ron- gent le bois, font trop communs pour être ignorés de qui que ce foit. 9) Bontius dit aufli des fourmis blanches du Mexique. in Hift. Nat & Med. L. VI. f. 107. Eff & albarum fpecies, que ligna excdunt , ita ut ingentes [æpe trabes, quamvis externa facie integre videantur , ab bis excuvatæ, non fine ædiwmn periculo inveniantur. GOGODTOROSGOSEGOTEOSO CEA PI TR E, FI. Des maux que les Înfeëétes caufent à l’homme. N° avons parlé des ravages que les In- je 74. feétes font à la Ville & à la Campagne; fees in- voions maintenant quels font les maux qu’ils 7#e7t font perfonnellement à l’homme. Les uns° "7" troublent fon fommeil, les autrent l’obligent même de paffer des nuits entières fans dormir. En effet, que ne fouffre-t-il point quelquefois des puces & des punaifes ? Quelle peut être fa tranquillité, lorfqu’il eft affez malheureux pour être livré à la difcrétion des animaux, qui à tout prix veulent fe repaître de fon fang ? Eft-il exempt de cette incommodité, les coufins lui font la guerre. Leur fiflement l'importune , & foit qu’il veille, ou qu’il dorme , il affuie également dans les ténèbres les coups d’aiguillon qu’il prévoit , & qu’il ne fauroit éviter. Aux Indes-Orientales, les habitans font extrèmement incommodés ‘par des Le bief- Jent. . * \ 4% 220 T'HE 0 L'o"e TE "0 | des mouchérons (1), que les Portugais nom. mént Moskites. Ces dangereux Infeétes fe” jettent fur ceux qu'ils furprenñent endors mis ; mais en une quantité fi prodigicuféy que. ce n’eft pas une petite affaire que de leur rélifter. Arrive-t-il qu’of en foit piqué au vifage, ou en quelque autre partie du corps, il s’y éléve une tumeur confidèrable, accom=« pagnée de démangearfon & de vivés dou: lcurs. Il y a un autre genre d’Infectes, qui nui- fent a l’homme par le feul attouchement. ‘F'el eft le mille-pié marin (2), qui caufe à law peau des picotemens, & une ardeur femblable a « celle que l’on reflent lorfqu’on manie des or- ties communes (*). Parmi ceux qui fe ren- dent # À : è ; ; (1) Vogels Of-Ind. Reife-Befchr. IT Th. p. 360 C'eft ce qui a fait chercher divers moyens de fe mettre à Jabr® de ces Infectes Herodotus de Æpyt ap. Aldrov. L. II. c. 5.f. 401. dit Sant adverfus culices , quorum magna ibidem ds ef? , bæc ab es excogitata Illos quidem , qui fupra paludes in- colunt , fuvant turres ,quas dormituri afcendunt. Nam celicés" ventus probibet in altum volare _At qui éntra paludes babi-" tant , alia turrium vice vnachinati , bæc foiicet : Sinsuli Jfua babent retia , quibus per diem pifces capiunt, eilicm noctu utuntur cubil', in quo requiefcunt. Circumdatis xllis deinde operti, fomnum capiunt. "4 (2) Æliah de Animal. L VII c. 34. de fcolopèn. dra marina: Quamprimum ut bomo contigerit, flatim pru- d ritu mordetur , € fimili. atque is, qui ab wrtica terrefiri M pungitur , doloris femfu afficitur : (*) Lorfqu'on manie des Orties communes. I\y a un genre d'Infectes qu'on nomme Orties de Mer, qu'on pre- tend avoir été ainfi nomme, parce que fon attouchement caufe à ce qu’on dit une demangeaïfon femblable à celle M que caufent les Orties véritables. Mr. de Reaumur qui ! a examine plufieurs efpèces de ces animaux, & qui en donne une defcription très curicufe dans les Mem. de l’ Acad. - 24 DES ÎNsSEcTESs. 2it dent redoutables par leurs dards, les uns ont le poil fi aigu (3), qu'ils bleffent prefque imperceptiblement,& caufent une inflammation qui bientôt dégénère en fiévre ; les autres, comme le frêélon (4) & l’abeille ( $ ), piquent avec leur aiguillon; & quoique la partie at- taiquée ne faigne pas, elle n’en fouffre pas moins (*), & l’on y apperçoit des enflures très FIN d'Acad. 1710. p. m. 608. ne leur a pas trouvé cette qua- lité nuifible. Deforte que s'il y en à qui l'ont, elles ne l'ont au moins pas toutes, où fi elles l'ont toutes, il faut qu'elles ne l’ayent pas toujours P. L. (3) De Pytiocampis Jonft. f. 107. hæc refert: Hiriæ fans pis, villifque rectis undique obfeptæ: Pili in lateri- 9 nati albicant; in dorfo fulgent, - - pili valde exiles : Pungunt iamen quam urtica acrius ; maximamque dolorem, dGrdorem , febrem , pruritum , inguietudinem inducunt. - (4) Les Guêpes fe nomment en Hebreux 11W1$ { ‘ T. :° Zirnah de la racine VV razagn, qui figniñe perçer, r CRE parce qu'elles perçent la peau, de leurs aiguillons, (5) L'on demande comment une fi legère piquure que celle. des abeilles, peut caufer une fi grande enflure & tant de douleur? Queiques-uns l'atiribuent au poifon qu'el- les repandent : voici ce qui me paroit vraifemblable, Les Abeilles n'ont proprement point de poifon; mais la colè- re met tellement leurs humeurs en mouvement, quelles Contraétent quelque chofe de venimeux Lorfqu'elles fe he avec celles de l’homme , elles fermentent enfemble. is comme ce ferment ne peut pas fontir à caufe de la petiteffe de la bleflure, il ronge intérieurement & fait en- fler la peau (*) Elle n'en fouffre pas moins. Ce qui rend la piquu- te des Abeilles, des Guêpes & fur tout des Frelons fi fenfible , ce u'eft pas tant la blefure qu'ils font, que Île venin qu'ils y inänuent, & comme le refervoir en eft bientôt épuilé Mr. de Réaumur a trouvé que la première piquure d’une Guêpe ef la plus douloureufe ; que la fe- gonde left beaucoup moins que la première EE DA | ième , 1 . « 122 THEOLOGIE très fenfibles. Outre ces diffèrens Infectes il y en à encore qui, comme le taon, ont des aiguillons , fi aigus & fi forts, qu'ils peuvent percer des Gands & des bas de peauÿ d’autres qui fe diftinguent par leur morfure: & c’eft le cas des araignées (6); d’autres en“ fin qui s’attachent au corps, & en fucent le fang. Les Indes-Orientales fourmillent de fangfuës (7) , auxquelles les Hollandois ontl donné le nom de Suygers. Elles fe tiennenti ordinairement dans l’herbe, lorfque la rofée humecté la terre; & comme le pais, qui eftl entre-coupé de quantité de rivières, de tor-» rens & de marais , oblige les voiageurs de marcher la plûpart du tems à piés nuds , ill arrive de là que ces bêtes s’atrachent aux jam= bes, jufqu’à ce qu’elles regorgent de fang &: tombent d’elles-mêmes. 11 s’en trouve quel-. quefois de fi goulues, qu’elles entrent danss la peau jufqu’au cou (*); le feul moïen qu’il! ' fième l'eft encore moins que la feconde ; deforte qu'après cela elles font très peu capables de faire du mal; a moins avant qu’un nouveau poifon ait eu le tems de rem” placer la perte du premier. P. L. | (6) Araneos in ipfo morfu venenum fuum dentittere , ideb" sribi verifimile eff, quod ab unû aliquä bâc beftiolà , à men laceffità, lympbæ puriffimæ fimiles guttas exiguas, decies SM amplius intra breve tempus refperfas, notavi ; idque totiess factitavit, quoties mordere voluit. Li®t. de Aran p. 27. « (7) Vogels Off Ind. Reife-Befchr. P. IL. p. 261. (*) Quelles entrent dans la peau jufqu'au cou. Nous“ avons ici à la campagne un Infeéte plat & rond qui p |! fait autant, & qui pourroit bien être une forte de Tiques… j'en ai quelquefois raporte fur moi à la maifon, en reve nant de donner la chaffle à d'autres Infectes. (Cet As nimal infinue fa tête dans la peau fans qu'on s'en appet* çaive, & fe remplit tellement de fang, que de plat qu'il toit | DES INSECTES. 229 y ait de leur faire lâcher prife, c’eft de les environner de poudre à canon, de l’humecter, & de l’y laiffer jufqu’à ce quellesfe détachent; ce qui arrive ordinairement en un demi-quart d’heure ou environ. Quiconque, ignorant ce fecret, s’aviferoit d’emploier la force pour fe délivrer tout d’un coup de ces Infectes, paie- roit fort cher fon imprudence. Non-fcule- ment il éprouveroit de grandes douleurs ; mais encore le peu qui en {eroit refté dans la peau, engendreroit des abcès, & corroderoit la chair à une profondeur confidérable. J’en appelle à la trifte expérience de bien des per- fonnes qui pendant plufeurs années, ont été fujettes à des fuppurations femblables à celles des Cautères pour s’être arraché ces animaux des jambes. Passons à d’autres Infeétes, qui, fem- P:me- blables à des taupes, fe gliflent fous la peau, érent au tracaflent & incommodent l’homme fans lui 4425 de donner aucun relâche. 11 nait aux Indes.O-"*" rientales une forte de ver, connu fous le nom de Culebrilla (8), fa têre & fa queuë font ex- traor > étoit auparavant , il devient rond & gros comme un pois. La première fois que je l’apperçus, je crus qu'il s’étoit formé quelque excrefcence fingulière fur ma peau; mais après l'avoir bien examiné , je trouvai que ce devoit être quelque Animal. Je vouius l’arracher; mais je n’en pûs venir à bout. Il tenoit trop bien, & ce n'etoit qu'après plufieurs efforts que je parvins à le rompre: après quoi, pour éviter un abcès, je fus obligé de m'ouvrir la peau pour en tirer la partie de l’Animal qui yétoitreftée P. L, (3) À Zatino nomine coluber. Perfectiffimi deprebendun- tur in boc malo Chirurgi mancipia nigra feu. _Aetbiopica, ex- tra banc regionem nata € per mare buc adducta: que fola fere buic incommodo expofita onmem impendunt operam , _ wic . 224 THEOLOGIE ; traordinairement minces & pointues. Ila, à peu près, une aune de long, & le corps e eft aufli délié | qu’une corde de Guitares Cet animal fe tient entre cuir & chair, & excite une tumeur de la grofleur d’une den fêve. Quoiqu'il ne caufe ni fièvre, ni dou leur , il ne luffe pas d’incommoder. Chaqu mouvement qu’il fe donne eft une nouvel] enquiétude, à laquelle il n’eft pas poffble d s’accoutumer. Les habitans du Brell fouf frent beaucoup d’une efpèce de puce terreftre nommée ÜVigua (9), qui perce la peau, pé nêtre fort avant dans la chair, & y caufe in= failliblement la gangrêne, à moins que, pa des remèdes convenables & appliqués à pro pos, on ne prévienne ces dangereux accidens Les cirons (10) caufent un autre genre d’i commodité : ils fe font un pañlage au traver de la peau, y entaflent de petites lentes, & excid buic obviam eant medeanturque malo. Eur igitur in finemk utuntur emolliente quodarn vedicamento, quo dilatatis po ris, Culebrille capiti facilior præparetur exitus. Sæpenu nero quoque non tarde fe oflendit, © paullatim cum capui@ € poro cutis egreditur. Quo facto fenlim eam extrabere in cipiunt, ufque dum filo ligatam affèrculo circum volvere queant , cum adipe (uilla non falla aut cun unguento Bas Jfilico eam , quo facilius integra producantur , inungentese Experientia comprobavit, boc Infeïum una vice totum vi pollé evelli , fed repetito conatu fuper diclum ajfér culun complicando extrabendum elfè, magna moderatione adbibitaW ne abrumpaiur , € idcirco valde dolorifica fujcipienda foret opératio. A. Phyf. Med. N. C. An. III. 1733 Objerv V. p. 22. (9) S Cur. Flob-Felle. $. 6 p 7, conf. $ 96. N. 4 (50) Voyez D. ob. Fac. Schwviebe, Duffert Sub DS MAndr. Rivino de pruritu exenthematum. ab acaris, Eipf 1722. 4. à" DES INSECTES: 22$ kcitent chés l'homme de grandes démangeai- fons. Le crinon eft le fléau des enfans: il pa- toit fur le corps à peu près comme l’extrèmi- té d’un poil noir; mais il agit avec tant de : violence, qu’il épuife leurs forces, & les fait pleurer nuit & jour. Les pous caufent une inaladie, qui, au fentiment de Blancard, at- rive ordinairement aux perfonnes à qui une : kutre a communiqué tout à coup une grande quantité de cette vermine. À mefure qu’elle ronge, elle caufe des démangeaifons; la main furvenant aux endroits qui démangent, y fait des playes qui fuppürent, & deviennent au- tant de nids propres à faire éclorre les landes, de cette vermine. (C’eft alors que les jeunes pous qui naiïffent dans [a playe, avancent de plus en plus, & qu’entrant par un endroit, ils fortent par un autre. La faculté qu’ils ont de fe multiplier, eft une raifon qui me per- fuade qu'ils peuvent bien creufeï toutes les parties du corps humain; & s’y enraciner de manière qu’il foit impofñlible de s’en défaire; du moins le cas n’eft pas fans exemple, puif- que bien des gens ne s’en font délivrés que par la mort (11). Au refte, je ne vois dans cette maladie rien de furnaturel , quoique TlHiitoire veuille nous apprendre qu’elle a prefque toujours été un châtiment réfervé aux Monftres de cruauté & d’avarice. ON (11) Voyez des exefnples de gèns qui font morts ron- gez de vermine dans Ædrov. L. V. ©. 4. f. 550.8. add. Plin H. N. L. VIL c, 43. Amaf. Lufit. Centur. LIT, Curat. LVTII, Tome IL. P Et font la caufe de diver- Jes mala dies. . pouffé l'affaire fi loin que de s’imaginer q e Aë 226 T M8.0 & ae 1e Ox ne fauroit raifonnablement douter que les Infeétes ne foient la fource de plufieurs maladies. Quelques Phyficiens ont même les vers étoient les feuls auteurs des déranges mens qui arrivent à la fanté. Mr. Stur mius (12) prétend que l’air eft rempli (*) d’u nombre infini de germes d'hommes & d’a tr (12) Zpud Kundm. in Rariorib. Nat, & art. f. 903 Un Médecin de Paris qui ne s’eft deéfigné que p les lettres M. A. C. D. a écrit en 1727. un Liv fous le titre fuivant. Syflême d’un Médecin Anglois fur la caufe de toutes les efpèces de maladies, avec les furprenantes configurations des différentes efpèces de per tits [nfectes, qu'on voit par le moyen d’un microfcope dans le fang des difierents malades &e. | (*) Que l'air eft rempli Gc Ce fyftême eft affürément très curieux : il merite de remplacer celui des acides &M des alcalis dont on paroiït déjà fort dégoûté, On ne fau” roit certainement trouver un moyen plus aifé & plus. commode pour les ignorans de rendre en apparence raifon de toutes nos maladies, que de les attribuer à la refpiras tion qu'on fait de germes invifiblet. Il eft digne en ce: la d'aller de pair avec celui de Mr. Sturmius fur la gé» nération, Et comme une découverte donne fouve occafon d’en faire plufieurs autres , je ne defefpe pas après cela de voir un jour l’air devenir le vehicule d' ne infnité de chofes differentes Que coutera:t il par exem: ple pour embellir le fyflême des germes dont on vie de parler de faire encore flotter en l’air les ames de to les Animaux décedez & à naître? Ces ames tranfporté ça & là par l'agitation de l'air, ne pourront qu'y rens contrer les germes dont on veut qu'il foit rempli; elles fe reuniront intimement avec ces germes par quelque vers tu attractive qu’il eft aifé de leur fuppofer; après quoi elles entreront avec ces germes dans nos corps , els les y produiront des fœtus animez, & voilà un des plus“ grands myftères de la génération expliqué de la manière la a facile; mais en même-tems aufli la moins si DES INSECTES. 227 tres Animaux; de forte qu’à chaque fois que l’on refpire, on en avale une quantité prodi- gieule; & qu’à moins qu’ils ne tranfpirent par les pores, ils engendrent une corruption, qui eft le principe de toutes les maladies. Un Syfême Médecin de Paris (13) foutient que la goute farticu- & les fluxions qui tyrannifent un malade fuc- #”- ceflivement en divers endroits, ne font autre chofe que certains vers qui picotent les nerfs tantôt d’un côté, & tantôt d’un autre. Ce n’étoit pas affez d’avoir établi fon fyftême, il crut devoir y joindre des remèdes fpécifiques ; c’elt ce qu’il a fait dans un Traité (14), où il parle d’une autre forte de vers, qu’il don- ne pour un excellent antidote. TI enfeigne que c’eft dans les plantes & dans les mineraux qu’il faut les prendre; que c’eft par l’eau qu’on Jes en doit extraire, & qu'après que ie mala- de a bû de cette eau, les vers qui y font con- tenus devorent ceux qui avoient caufé fon in- difpofition, & le guérifflent ainfi. Sur quoi il ne refte qu’une chofe à defirer, c’eft de fa- voir au jufte quels font les vers qui contri- buent fi heureufement à nous débarrafler de ceux qui nous tuent. Ce Médecin fe vante de tenir ce fecret d’un homme qui profefle fon Art à Ifpahan. Il affüre qu’il l’a étudié avec beaucoup de foin, & qu'après quarante | ans (13) Dans le Traité qu'on vient de citer. (14) Suite du Syflême d'un Médecin Anglois, fur la guerifon des maladies, par lequel font indiquées les efpè- ces de végetaux & de Mineraux, qui font des poifons in- failibles pour tuër les différentes efpèces de petits ani- maux, qui caufent nos maladies, ‘ P 2 228 THroLokëre ans d’obfervations, il l’avoit reduit en prati<. que, au grand foulagement des malades. Il aJoute que cette médecine univerfelle, non-feu lement a aquis une grande réputation par les merveilleux effets qu’elle a produits {ur di verfes maladies défefperées; mais encore que ce précieux thréfor lui en a valu un autre d’un million de livres. Confultons Borelle ; il nous dira que la galle (1f) procède des! vers. Un Médecin de Breflaw rapporte à lan même caufe l’origine du mal de Naples ( 16 ) Revenons au Médecin François, & fuivons- le dans explication qu’il donne du principe de la fiévre. Il pofe pour conftant qu’elle é- mane d’un petit animal fiévreux qui s’eft infi-" nué dans le corps, ou par la refpiration | ou par les alimens; qu’aufi long-tems qu’il eft en repos, le fébricitant jouit de la tranquilli- té; mais que dès que ce lutin s’éveille, les accès recommencent, & ne finifient que lorf- qu'épuifé de fatigues, il retombe enfin dans l’afloupifflement. Il en eft de même de lan rougeole & de la petite vérole ( 17) : l’une &M l’autre confiftent dans une fermentation, cau fée par une abondance de vers qui corrom-« pent la maffe du fang. La pefle (18) n’eft” pas ! (15) Borell. Centur. IL. Obferv. 32. (6) Vid. A. Phyf. Med. An. IIL. Obfervat. 7. p. a 7) Vid Borell. Centur II. Obf XXXI. & LXXIL: D. Cbrifian. Lange in Diff. de morbillis. {. $9. Paulin. L'ART S. !. (18) Conf. Borell. Centur. IT. Obferv. LXXIX. An dr. Cbrifiian. Diedrich Hi. peftis. p- 67. Kircher. fcru-« tin. de pefie Sec, I, c. IV. p. 239. Kundm. Rar. Nat € art. f. 903. + DES INSECTES. 229 pas même exceptée de la règle: on veut que ce mal contagieux prenne de là fa naiflance, & que ces animaux fe multipliant trop dans l'air , deviennent néceffairement un poifon mortel à toutes les créatures. _ Quoique ce Syflème foit appuié du Refuré fuffrage de plufeurs Naturaliftes, j'avoue que €7gémé- j'aurois de la peine à le recevoir comme une sur à vérité inconteftable. J’aime-mienux me ran- ger du parti du célèbre Mr. Xwrdmann, dont j'emprunte ici les raifons pour juftifier mon choix. ;,, Que de prodiges ne doit-on pas > S’attendre à voir arriver dans une pareille » fuppoñition ! Nous aurons infailliblement » des vers de toute efpèce; chaque maladie » aura le fien; vers de fiévre; vers de cram- » pes vers de pafñion hyftérique ; vers de 5 Hatuofté, qui peut-être n’auront-rien de 5 Commun avec ceux de tumeur, & qui.fans >» doute fe feront connoïître par les bruits qu'ils exciteront dans les entrailles ; vers >» de pulmonie; vers d’angoiile; vers d’apo- 5» plexie; vers de mal-caiuc; vers de folie, |» que je foupçonne devoir être extrêmement > alertes par les extravagances qu’ils font com - | mettre; enfin, que fais-je moi ? Vers de |, tout calibre, vers de toute configuration, » vers de tout tempérament. En xérité voi- » là une fcience bien imaginée. Jl.eft -dom- La ww » mage qu’elle n’ait pas plus de folidité. En effet ne parle-t-elle pas de la nature humaine » Comme fi c’étoit un fœtus fur qui les vers > opêrent des maladies, comme les mères 5 mal faines les opèrent fur les enfans qu’elles » portent ? Peut-être dira-t-on que ces vers P;3 ss eau” 239 THEOLOGIE 3 ” 3) 3 29 99 9 29 29 29 2 caufent les maladies par les humeurs cor rompues qu'ils produifent, ou parce qu’il attaquent nos parties intérieures & les ble fent. Maïs la feule intemperie de nos hu meurs, indépendemment des vers, ne peuts elle pas produire les mêmes effets; & cette” intemperie ne fauroit-elle avoir lieu fans avoi été caufée par des infeétes? D'ailleurs, d combien de Métamorphofes ces vers ne fe ront-ils pas fufceptibles ? Il eft certai qu’ils doivent changer de figure, felon less divers changemens qui arrivent aux malas dies, & les divers accidents qui refuirent, de celles qui ont été mal curées. Outrecelas. je demande fi dans le corps humain les vers” aménent les indifpofitions, ou fi les indifpofi + tions les precèdent ? Dans le dernier cas, las caufe de l’indifpofition ne vient point des. vers ; il faut la chercher ailleurs ; dans le premier, toutes les maladies fe produiront. par une efpèce de contagion, ce qui n’eft. point du tout probable. Outre qu'il faus. droit que l’homme en avalant plufeurs 1 tes de vers à la fois, chacun d’eux en par ticulier lui préparât l’accident qui eft ddl fon reflort, & qu’en même tems il fe trous vât affailli par plufieurs maladies différens tes , fans diitinttion d’âge , d'état & des tempérament ; il faudroit, dis-je, que touts. d’un coup le premier venu fouffrit tout 3 la fois l’apoplexie, la pulmonie, la teignes« la petite verole, & mille autres incommo” dités, dont j’: 'abrège le récit. Peut-être “ fuis-je pas le feul qui trouve à redire à u Syflême, que je prens, ou pour l’idée d’um >» Fan: | DES TNSLCTRSs: 231 5, Fantafque, ou pour la rèverie d’un Charla- , tan, ou pour l’effai d’un Apprentif, aufli >» méprifable aux yeux d’un Médecin expéri- menté que le font les vers fur lefquels on » bâtit ce Syftême ”. Quoique je penfe de la même manière, je 7,, Ar ar une y à ce- ne vais pas jufqu’à nier qu’il foit impoñlible perdant de trouver des vers chez les gens attaqués des vers d’ibcès, de rougeole, de petite verole , de ue Bu fièvre, & d’autres maladies accompagnées modes. d’infeétion. Je fai qu’on peut m’oppofer des cas qui ne font nullement douteux, & je me garderai bien de contredire plufeurs favans hommes, dont l’expèrience me fera toujours refpecter le témoignage. Voici un fait affez particulier, arrivé, pour ainfi dire, fous mes yeux. Une femme (19) de Nordhaulen , d’un tempèrament fanguin & colèrique, fe trouva à l’âge de quarante -huit ans incommo- dée d’un abcès qui s’étoit formé à la région hypogafirique, du côté gauche, précifément au défaut des côtes. A une fièvre violente fuccèda la gangrêne, & enfuite une Paralyfie particulière qui fe jetta fur la jambe gauche. Dans cet état elle eut recours à Mr. Jean-Da- vid Plock, fameux Baïgneur, qui autrefois a- voit exercé l’Anatomie à Dantzick fous la di- reétion de Mr. D. Cullmus. Le 27. d’Août 1734. il fit fon opération, & s’apperçut qu’en ouvrant l’abcès , il avoit coupé un ver en deux. (19) Voyez un exemple prefque femblable dans les A&. Phyf, Med. N. C. An. III. de 1733. Oblerv. 7, P. 39: P 4 1 232 THEOLOGIE | deux. Il pénètra plus avant dans ce dépôt où il en trouva deux autres. Le 28. il appro- cha du fond de la playe, & y découvrit en-" core trois vers; de forte qué pendant trois fe: maines de travail, il en tira dix-neuf de jour à autre. Ces vers refflembloient parfaitement à ceux qui s’engendrent dans les entrailles du corps humain. Ils avoient la groffeur d'un tuyau de plume, la longueur de plus de qua- Mais ils tre pouces, & les extrèmités pointues. Que … eg is conclure de cet évènement ? Dirons-nous que cafe Puifque l’on trouve des vers chez les malades, 7" les vers font la fource de leurs maladies ? Point du tout: je crois au contraire qu’une partie doit être offenfée, avant que les vers s’y lo- gent. Qu’on m’accorde la liberté d’éclaircir mon fentiment. Tout bon Phyficien con- viendra avec moi que dans la claffe des mou- ches il s’en trouve une efpèce particulière qui aime à pondre {es œufs dans la chair, fur-tout aux endroits fâles & infeétés. Ces Infectes {ont fort petits, & ont un aiguillon très aigu, qui, tout tendre qu’il puiffle être, ne fléchit point à la dureté ‘de la peau. Les maladies dont nous parlons, font précifément ce qu'ils cherchent. Attirés par Le puanteur, ils font ufage de leur dard; & comme rien ne man- que à leurs germes, ni du coté de la chaleur, ni du coté de la nourriture , 1l eft naturel qu’ils y prennent vie, y croiffent, & s’y main- tiennent. Telle eft mon opinion ; dont je ne fuis cependant pas fi entêté , que je ne me foumette volontiers à des raifons plus problables (*). | Sue Je | (#) A des vaifons plus probables. Dans la fuppoñtion que F s p Es, NS E c Tr Rs. 233 … JE préviens encore le procès qu’on pourroit Quoique me fare fur la caufe de certaines maladies: je d'autres veux croire que les vers en occañonnent Sy le quelques-unes. On fait que les lieux bas & : marécageux ne font pas des plus fains, & que foit que nous y fixions notre domicile , ou | que par hazard nous nous livrions au fommeil fur le bord des eaux croupiflantes (20), nous ne devons guère compter fur la force de no- tre tempêrament , fur-tout, fi nous fommes dans le tems des chaleurs. La fièvre & diver- fes autres maladies nous furviennent tôt ou tard contraétées en partie par les vers (21) qui ue fait ici notre Auteur, il fe rencontre une difficulté. i des petites mouches ont produit les vers dont il parle, on demandera, comment ils ont pû parvenir à la grof- | feur d'une plume, & à la longueur de quatre pouces. On connoit les vers des mouches qui pondent leurs œufs fur Ma viande corrompuë : ces vers font courts & proportion- nez à la petiteffe des mouches qui les ont produits. Ils, font aucun rapport extèrieur avec ceux dont il efl ici parlé, & l’expèrience ne nous a pas encore apris, que la diflèrence de nourriture ou un plus grand degré de cha- leur change un Animal de forme, & le fafle croire in- Comparablement au-delà de fa grandeur naturelle. P. L, : (20) Varro de Re Ruft. L. [. c 12. Advertendun e- tiam , ft qua erunt loca palufiria, & propter eafdem caufas, € quod arefcunt, crefcunt animalia quedam minuta, que non poffunt oculo confequi. © per aéra intus in corpora & nares perveniunt aique éfficiunt difficiles morbos Et Colu- mMella eft du même fentiment L. 1. de Re Ruft. c. 5 il dit. Nec paludem vicinam elfe oportet ædificiis, nec junc- tam militarem viam , quod illa caloribus noxium virus eruc- tat, © infeftis aculeis armata gignit aninalia, que in nos denfiffimis agminibus involant , ex quibus fepe contrabuntur cœci morbi ,quorum caufas ne rmedici quidem perfpicere queunt. Conf. Lancif. de noxiis palud. Efluv. c. 20 p. 61 (21) Ceux qui connoiffent l’habileté de Mr. Hoffmann. s'en rapporteront bien à fon expérience quand il dit: L - P f « Deinde à. D 4 234 THEOLOGIE qui croupiflent dans la fange, en partie par les vapeurs qui s’élèvent des eaux, & que nous recevons par la bouche au moïen de l’afpira- tion. Ces vers font d’une petitefle fi extraor=" dinaire (*), qu'il ne faut qu’une chaleur mé diocre du foleil pour les attirer avec les va peurs, dont les parties font en elles-mêmes. des fardeaux bien plus pefans que ceux qu’el les entrainent. Il eft vraifemblable ( 22) ques les maladies qui dominent dans ces fortes d’endroits, découlent originairement des vers; d’autant plus, qu’elles fe manifeftent pendant l'Eté, qui eft la faïfon de ces Infeétes , & qu’elles difparoïffent dans l’ Automne, qui eft le terme de leur vie. Mais enfin de quelle manière s’y prennent-ils pour affoiblir notre conftitution? Nous empoilonnent-ils par l’à-" creté Deinde femper innumerabiles | sminutiffimos varie figure , & generis vermiculos in iis turbidis ({c. aquis) confpeximus in Medicine Rat. Syf. To. IL P. IL c. 4 4. XII . 225. , ; Es) Ce font des vers d'une petitelfe Ji extraordinaire. I me femble qu'il n’eft guerre befoin de fuppofer l'air des païs marécageux rempli d’Infeétes invifbles, pour expli quer comment il eft mal fain. Les exhalaifons dont il efl charge en font par elles-mêmes une caufe plus que fuffi finte. On fait jufqu'où va le pouvoir des vapeurs mali: gnes; l’expèrience à fait voir qu'il y en a qui tuent plus vie que le fer; doutera-t-on après cela, qu'un air infecle par les exhalaifons puantes du limon des marécages nes puiffe par lui même avoir affez de quoi caufer une malan die? Ce n'eft pas non plus une règle fort conftante, ques ces fortes de maladies ne fe manifeftent qu'en Ete , & qu'elles difparoïffent dans l'Automne; le contraire eft vrai en Zeelande. L’Air n'y eft jamais plus mal fain, que dans l’Arière faifon. P. L À (22) Lifez D. Hoffm. 1. 6. in fobol. a. $. XXII. ps 231. DARNUPNSE CT s: 23$ creté de leur fel (23), ou abrègent -ils nos jours en rongeant les parties folides de notre corps? Je n’en fais rien, je reconnois de: bon- né foi mon ignorance; & fans vouloir entre- prendre de débrouiller ce myftère, il me fuf- fit de conclurre des effets à la caufe, quoique la manière dont elle les opère me foit abfolu- ment inconnu. IL eft d’ailleurs conftant qu’il eft dange: Principa- reux d’avaler certains Infeétes. La niel- ent le (24) eft un piège caché parmi les legu- SE a mes, & qui d'ordinaire fe rencontre au bas Infectes, de la tige des choux rouges. Cette exha- laifon graffe & fulphureufe tranfpire à l’ar- deur du foleil, & nourrit des vers, d’au- tant plus à craindre, qu’ils font impercepti- bles à la vüe, & que bien fouvent ils entrent dans le corps avec les alimens par la précipi- tation , où par la négligence de ceux dont l'emploi demande autant de délicatefle que’ de foin & de propreté. [l'en eft de même des fruits, qui, toujours fujets à être piqués par une efpèce de mouche, en recèlent les œufs & le venin. La gourmandife fait qu’on n’y re- garde pas de fi près; de forte qu’au lieu d’a- gir (23) Vid D. Hoffinann. 1. c.-in fchol. ad (. XV. p. 226. Injfecta fere omnis generis copiofo cauftico fale imbuta Junt, unde plerumque cuti applicata veficas excitant, & in- terius fumta vebementi rofione ac [himulo partes folidas in- flammunt , atque in fpafinos conjiciunt, & virulentas vires babent. Quod auiem infefia fpargant cffluvia Cantharides teflantur quæ ubi arbores , € ex bis maxime Sambucum Hifpanicum invadunt, fœtidiffimo odorc aërem implent. (24) Voyez D. Hoffmann. Z. €. c. 0. . 26, & in Schol, ad eund. p. 307. Et dans d'autres occafions È . à 236 THEOLOGIE gir avec précaution , on mange indiftinéte: ment le bon & le mauvais, au rifque de ga-” gner la dyflenterie. Je regarde cette cruelle maladie comme une fuite néceffaire de l’in-… tempèrance, puifqu’eile ne règne que lorfque les fruits font dans leur parfaite maturité. La viande, fouillée par les excrémens des mou ches, eft encore un pernicieux aliment; & f: c’eft un malheur d’avaler avec la boiflon ( 2$ }« Ce des Infectes en fubftance, c’eft une témérité d’ufer de pareilles nourritures, fans en avoit Ôté la malignite. JE ne puis pafler fous filence les funeftes effets que produifent les vers ( 26 ) fur les en- fans & quelquefois même fur les perfonnes faites. Ces: vers viennent ou d’une forte “ d’Ichneu- (5) L'on peut voir dans ?’Iremicon de Ammanus les maux que fit a Leyden la Bicrre de Wefep, que l’on a=m woit brafée avec de l'eau gâtce, croupiflante, & pleine de vers. (26) Conf. præter. Auct. ad. (. 06 citat. Mich. AIM berti diff. de morbis ex vermäbus. Hal. 1725. D. “ob .Bet-\ tus in tr. de ortu € nat. fangu. Lond 1669. Hipp. Brüll von denen im menfcbl _ Leibe erwacb{enen Wurmern. 1540 8. D. Dan. Cieric. Hift. Nat. & Med. latorum lumbric.… Genev. 1715. 4. fo. Codruneus de morbis & lumbricis« Bonon. 1604. 4 Hier. Cabucinus de lumbr. Franc. Baltb a Lindern. Diff: de vermib. fub D. Hénr. Ern. Wede- lio. Jen. 1707. Adr Spiegel. Bruxell. de lumibr. lato lib. Bonon 1619. 4. D. Tyfons anatom. borum vermiuwn ex- tat in Lowtborp tranfact. Pbilof. Angl. Vol. III. p.111 Qu. Serenus : | Quid non adverjum miferis mortalibus addit Natura? interno cum vifcere tænia [erpens, Et lumbricus edax vivant , inimica creentque. Seæpe etiam fcandens oppletis faucibus bærëèt : Qbfefafque vias vitæ pracludit anbele. d DÉS INiEstTzs. 237 d'Ichneumon (*) qui les pond en différensen- droits du corps, ou ils y entrent au moïen de tout ce qui fert à nourrir : 1ls caufent de terri- bles révolutions. Soit en piquant , foit en rongeant les fibres & les nerfs, ils donnent la crampe, la goûte, & généralement tout ce que l’on peut comprendre fous le nom de con- traétion {pafmodique. S'ils fe trouvent dans Peftomac, ils excitent tantôt un appétit dé- mefuré , tantôt un dégoût exceñif; mais or- dinairement de grands maux de cœur, des palpitations, des vomiflemens, des fueurs froi- des, des défaillances , des langueurs & des fuffocations. Si au contraire ils fe tiennent purs Ja tête, ils occafionnent la (27) migrai- ne, des évanouïflemens, l1 manie (28); dans : Ja gorge, des élancemens, des angoiffes, des naufées; dans les urètres , une incontinence d’urine; dans les oreilles, un bourdonnement aflidu, des douleurs continuelles; dans les na- rines (29), une grande démangeaifon, & u- ne envie extrême d’éternuer; en un mot, ils effacent l’éclat du tein, rendent le vifage pâle ou livide, & caufent dans les extrèmités du … (*) Ces vers viennent ou d'une forte d'Ichneumon. &c. Ceci n’eft qu’une fimple conjeture ; la fuite de ce chapi- re fera voir que notre Auteur le regarde aufñi comme tel; quoiqu'il femble ici s'enoncer d'une manière un ‘peu po- fitive P. L. (27) D. Joh. Seb. Albr. Obferv. c. 5. T. IV. Ad. Phyf Med. Acad. N. C. p. 417. (28) Georg. Henr. Behr. Obferv. XXIX. 1. c. p. 109. (29) Conferez Fulv Angelin. de verme admirando ter mares cgreflo. add. AG, Pbyf, Med. L c, Obferv. XXX, “né Un | 238 THEOLOGIE du corps des chaleurs & des refroidiffemens ai ternatifs ; cependant ces accidens fontaflez ra-. res: au lieu que d’autres maladies ne mans quent prefque jamais de furvenir lorfque les inteftins regorgent.de vers; c’eft pourquoi il cft bon d’en dire quelque chofe. Je fuis le: premier à convenir qu’il n’eft pas aifé de dés viner l’origine de pareils Infeétes. Dire qu’ils nous viennent, ou par l’infpiration, ou par I boiffon, ou par les alimens, ou par les œufs qui gifent dans nos inteftins , ou parce que* ces vers y ont été créés, ou par telle autres voye qu’il plaira d’indiquer, ce n’eft rien diss re, & chaque partie de ces conjectures a peut# être plus de difhcultés qu’elle ne renferme des . preuves. Suppofé qu’on nous foutienne ques ces vers font attirés avec l’air, la queftions fera de démontrer, par quel moïen leur femen- ce y eft répanduë ; comment il fe peut que parmi les hommes en général les uns en foient afigés, tandis que d’autres (32) en font exempts; & enfin comment il eft poflible des concevoir qu’en tout & par-tout ces Infectess n'aient qu’une feule & même configurations Se retranche-ton à vouloir nous perfuaders qu'eux , ou léurs œufs pañlent dans notre intérieur avec les alimens? Il fe préfente d’a- bord une objeétion bien naturelle à l'ef= prit: on demandera d’où vient qu’on n’a pas 5 (30) Tous les Hommes , diront quelques uns, reçoi- vent dans l’afpiration les vers dont l'air eft impregnes mais comme ils ne trouvent pas dans tous les Hommes ni la nourriture, ni le lieu, ni le degré de chaleur conves nable, ils périflent cho un grand nombre. DES INSEE C T'ES. 239 pas encore trouvé dans la nature aucun ver ’une efpèce femblable à ceux qu’on trouve dans le corps humain (31). il y a plus:eft- il à préfumer que l’eftomac n'ait pas la force de (31) Comme les Hommes difierent , felon les climats, en couleur, en figure, & en taille; de mème les Infectes fubiflent divers changemens accidentels, felon le lieu où ils habitent , & la nourriture qu'iis prennent. Mr, Godef. Henr. Burgb. in Saytr. Med Silef. Specim. V. Obferv. . prit une mouche, dont il fepara la poñerite en diver- fes colonies, qu’il nourrit, les unes de chair de veau; les autres , d’Herbes, & les troifièmes de poiffons. Quand elles furent devenues grandes ; celles qui avoient été nour- ries de chair de veau furpañoient les autres en grandeur. Ne pourroit-il pas en être de même des vers du corps humain, qui font plus ou moins grands felon le lieu où ils habitent, & felon les alimens qu'ils prennent ? » La réponfe comprife dans cette Note, ne lève guer- » re la difficulté. J'avoue que la diffèrence des lieux peut » Caufer quelquefois des changemens dans ies Infectes ; » Mais après tout, ces changemens feront peu notables, » & ne feront guerre plus grands, que ceux qu’on apper- » Goit dans les perfonnes de diffèrentes Nations , ainf » Qu'on s'en peut aflurer, en comparant des Infectes de ,, la même efpèce, nez en divers Païs, les uns avec les ,, autres. Au lieu que le changement qu'il faudroit qui » fe ftici, fut un changement total, & par lequel un » Infecte ne dans le corps humain, devint non feule- ment d’une autre couleur, mais encore d’une autre for- » me,& d'une grandeur qui excèdat fouvent de plufeurs » Centaines de fois fa taille naturelle ; ce que certainement » aucune diverfité de climat n’a jamais produit dans » quelque autre animal. que nous connoïffions. Et pour » l'exemple que Mr. Burgh allègue , de quelque diverfité » de grandeur qu'il a trouvé dans des mouches, dont » les vers avoient été nourris de diffèrens alimens, cet » exemple ne prouve point que certaines nourritures peu- » Vent faire croitre des Infeétes beaucoup au delà de » leur jufle proportion; mais on en peut feulement in- . ferer, que quand un Infedte n’a pas l'aliment qu'il lui » faut, il devient malingre, & ne fauroit parvenir à £a » grandeur naturelle, P, J, 240 TuHeoLocte 1 de confumer (32) les œufs de ces In fetes, lui qui vient à bout de broïer des alimens de plus dure digeftion? Ce que j'en dis n’eit pas pour entrer en matière ; je n€ veux n1 approfondir l’origine de ces vers; développer les effets qu’ils font en état de pro duire. Ce qu'il yade moins équivoque, c’eft qu’il fe multiplient quelquefois extraordinairement & qu’on a vû plufeurs perfonnes en jetter dé grandes quantités par le haut & par le bas: Je ne m’attacherai point à rapporter tout c quicneft: les maux de ventre, le ténefmegs la mauvaife haleine , les furfauts pendant le fommeil, la boulimie, la diarrhée & l’exté« nuation font les moindres tourmens auxquels« ces vers nous aflujettiffent : je ne ferai mention que de quelques accidens particuliers qui cñ. proviennent, ou direétement, ou indireéte“ ment. Les uns aménent la mélancholie, lé tremblement, les vertiges; les autres provo“ quent la colique , les fuffocations; plufeurs percent les vifcères, & menacent d’une mor prématurée. Les perfonnes attaquées du mal de rate, ou de celui de mère , ne doivent quë trop s’appercevoir de cette mauvaife engean“ ce par le redoublement de ce qu’elles es mais c’eft principalement dans la fièvre chau= de où ces hôtes caufent le plus de defordré… Comme (32) Quelques uns répondent à cela qu'il faut un cers tain degré de chaleur pour faire éclore les vers des œufs que l'on a avalés: que fi cette chaleur n’eft pas affes gran= de, ils ne fauroient éclore; mais qu’alors les vers que“ l'on avale tout éclos ,ne fe digèrent point dansl’eftomach# & peuvent y vivre. DE INSEE G.'R, ENS. 24: Comme c’eit une maladie aiguë, ils jettent le fébricitant dans des mouvemens convulfifs qui le mettent fans cefle à deux doigts de fa rte. Que d’exemples n’aurions-nous point à alleguer fur les Infeétes en génèral s'il s’a- | gifloit de conitater des faits averés ? Ula- Tige (33), Duc de Bohème, perdit la vie par une mouche, qui, lui étant entrée dans Ja gorge, en fortit par la nuque du cou, & Jui caufa une hémorragie que rien ne fut ca- -pable d'arrêter. Adolphe (34), Comte de Juliers & de Bergue, fut pourluivi & tué par des Infeétes de la même efpèce. Le Pape A- drien IV. (3$) en vuidant fon gobelet, avala aufli une mouche par mégarde , qui s’arrêta au paflage & l’érouffa. Les qualitez venimeufes (36) d’un grand #5 ve nombre d’Infectes, répandus dans l'air & fur re, la terre, n’ont-elles pas été fouvent funcftes m4 dans au timide comme au curieux, à l’imprudent 4e: cli- comme au téméraire ? Il eft vrai qué le cli-*# mat froid que nous habirons, a cet avantage "#7 que les Infectes n’y font pas eux-mêmes un poi- (33) Hagec. Bobm, Chron. 312. , (34) Zeiller. mifcel. p. 403. 35) Lanfi confultat. p. m. 56$. | (35) Je prens ici le terme de poifon dans le fens le plus etendu, Au refte fur les poifons voyés. Santis de Arduinis de venenis opus, cum ej. argum. Ferdinanäi Pon- Zetii Commmentar, Venet f. 2. 1402. Petr. Foreflus de venénis © fucis. 1606. 8. fac, Grevini de venen. Libri II. gall. fcripti, & poftea opera Hierem. Marti latio do- mati. Antwerp. 2571. ob. Grevinus cum Nicandro de Vénemts E morb. venenof. Tr. Francof. 1584. 8. Ben. Schar fi rebinonoyix Tfen. 1678. Cbrifan. Gotfr. Siènzs- Ja Toxicolegia. 1e ] | Tone Fr © à #0 . 242 THEOLOGIE F poifon (37) ;1l n’y a que leur piquure ou leur“ morfure qui foit venimeufe ; encore faut-il qu’on les ait irrités. Alors, leurs efprits vis taux, étant violemment agités, il fe fait un fermentation dans leurs humeurs qui contrac tent par là des qualitez très nuifbles poux le corps & les membres où elles s’infinuent On a remarqué que ces animaux font beau coup plus furieux fous un Ciel ardent (38 que fous un climat tempèré. La raifor en eft fenfible , c’eft que le foleil agir dans Pun avec plus de force que dans l’autre, & qu'attirant plus de particules terrefires {ulphurées , ces Infeétes en aquièrent des” humeurs (39) d’une qualité plus chaude plus mordicante, & par conféquent plus mali gne. (37) Nunquam fide dignis bifiorüs (dit D. Hoff“ mann. Med. Rat. Syft. P. IL. c. 2. fchol. ad (. 6. p« 175.) vel certa quadam experientia probaré poterit, a vipe rarum , {corpionum , aranearum vel aliorum Infeétorum quæ vulgo pro venenatis babentur , ufu interno mortem vel infignem quandam perniciem anis corporibus fui(]e induclame uamvis enim megari non poÎlit plurima Infecta inter reconditum babere fal quoddam cauflicum , mervofis par tibus non adco anicun ; NOXAM LAMEN , GUAM COTPO ri inferunt, ab eorum morfu vel iétu proficici , certifji- mu eff. (38) D. Hoffinann. 1. c. ( $ & Scaliger exercitats CLXXXIX. p. 622. Ovare quibudam locis mortem affem runt fcorpiones: Alibs funt innoxiü ut in avitis moftris [es dibus, quæ fub Noricarum Alpium tralu jacent. (39) Ce qui fait que quand les Indiens ont empoifonné» leurs flèches avec des fourmus appellées Laertes , qui font de la groffeur d'une abeille; il n’y a aucune efpéran” ce de guérifon pour ceux’ qui en font bleffez H. A. Lib X. cap. 42. DÉS INSEcTESs. 243 ” LA manière dont ils communiquent leur ve- hin, n’eft pas la même. Les uns l’exha- lent (45), empeñtent l'air & tout ce qui lé réfpire ; d’autres l’infinuent dans les parties qu’ilstouchent (41); ceux-ci l’y introduifent au moïen de leurs dents (42); ceux-la n’y ont d'autre accès que par la bouche (43). Les effets qu’ils produifent fur le corps, diffèrent autant en eux-mêmes que les voyes dont 2 fe er» (40) Je connoiïs un Homme, qui étoit tombé malade dé la fièvre pour s'être endormi fous un Arbrifleau où il ÿ avoit des Cantharides, & pour en avoir refpiré la mau- yaife odeur. (41) Il arrive fouvetit dans les Indes aux perfonnes "qui dorment , que certains mille pieds d’une grande efpè- _ Ce leur pañfent fut le corps; ce mouvement & le froid de cet animal, fait que dans la furprife on porte d'abord la main fur lendroit où on le fent, fe fentant preffe il “mord, & fa morfure caufe des tumeurs très douloureufes. Frifch. P. XI. n. 19, p. 20. (42) Ælian. de Animalib. L, IX. c. 4. tem im $cor- pii aculeo meatum quendarn finuofum replicari ajunt, adeo anguflum, ut vifu non percipiatur : In eo venenum gigni, contincrique ; quod, cum ille ferit , onox per foramen, id guoque minus, quan cermi polfit , eranet. (43) Voici ce que rapporte Nicander touchant les dé- plorables effets des Cantharides prifes interieurement. 4: dexipbram. apud Cord in Pœmat. p. m 61. Nec tu frugifecam , piceum que reddit odorem , Cantbaridsm pota, quia talem imitata refinam , Plenas illa trabit nares, & dentibus ipfis Infedo cedrie fapor obverfatur in ore, Morfaque labra dolent , alias extrema fuper ni Janua ventriculi, contortaque vellitur alvus, Atque cruentam acer veficam fupprimit amgor , Malta coartatum firingitque anguftia pectus , Subfidenfque cibi coqeus ima ad vifcera tendis. Redditur impatiens mutatis moribus Æger, Ut pulfà ob tantum mente & vatione doloïem , Lamentabilibus cadat "A: querelis. 2 244 THEoOoLOoGt:E fervent pour y parvenir font diffèrentes. I] yen 4 -dont le venin attaque les parties folides; ces. lui d’autres altèrele chyle; le fuc empoifonné. de quelques-uns trouble la circulation des hus. meurs; celui d’autres ferme les pores, ou cau«" fe d’autres accidents; mais leur venin, quoi-" que divers felon chaque efpèce, à ceci de commun qu’il attaque les parties nerveufes & fibreufes, & y caufe de très violentes cons traétions. | 1 Fffèt & LA Tarentuleeftun Infete remarquable par celui dé la les effets que produit fon venin (44) fur zu Ceux qui en font mordus. On voit l’un dans ier & fauter; l’autre verfer des larmes ; un autre dormir fans cefle; un quatrième pañler. les nuits {fans fermer l’œil; celui-ci tremblera de tous fes membres, fans pouvoir ni cracher“ ni tranfpirer; celui-là deviendra amoureux d’une couleur , dont il ne pourra'fe raflafier la vûe. Tel fe divertira à Es fans cefle en l’air ou à badiner avec une arme blanche, qui s'ennuieroit à confidèrer un verre d’eau, qui fit l'admiration de quelque autre. Tel, en- core, fera fon délice d’un agneau orné de ver" dure, tandis que fon compagnon fera en ex tafe à la vüe d’un bafin plein d’eau , où il plonge tour à tour les bras & la tête. Il y en” a encore qui font tellement épris d’orgueil , qu'ils” (44) Voïez ceci plusen détaii. dans Georg. Bagliv. in Diff. de anatome morfu € affectibus. Tarant. oper. ej. p. 599. Kirchmeier. in diff. de araneis. ob. Mulleri Diff, de Tarantul. .1676. 4. it. Chrifliani Andreæ Schœængafii Dif de Tarantul. 1668. Lui. V'aletta de Phajangio Apu- leo. Neap. 1706: 42. DES ÎNsSECcTE's. 24$ qu'ils ne difent rien qui ne fente la grandeur ; autres qui finiflent deurs gambades par des langlots & des lamentations ; d’autresenfin qui tombent à zerre,.& qui fe debattent des piés êc des mains d’une manière affroïable (*). | IL (*) D'une manière effroyable. VW eft aifé de s'appet- gévoir, que ce n'’elt pas la diffèrence du poifon de la Barentule, qui caufe la diverfte des caraéières extrava- ants dont il eft ici parle, & que cette diverfité ne vient ue des difièrentes difpofitions de ceux à qui elle a caufé de l'alienation d'efprit , laquelle , comme le vin ,opère di- verfement dans chaque fujet. Au refte il eft connu que la Tarentule eft une efpèce de groffe araignee qui fe trouve dans l’Ifle de Corfe, & dans plufieurs endroits de l'Italie, & que fon nom lui vient de Tarente Ville de la Pouille, qui eft le païs où elles font les plus dangereufes , fur-tout dans lés plaines. Comme tout ce qui regarde les effets de la moriure dé cet Animal, & la manière dont on en guèrit eft très fin- gulier, le lecteur ne fera peut-être pas fâche d'en voir ici le précis. Le voici tel qu'il eft rapporté dans l’Hff. de Acad. Roi. des Sc. 1702, p. m. 21. + Peu de tems après qu’on a été mordu de cet Infecte, il furvient à la partie une douléur très aigue , & peu d'heures après un engourdifflement ; on tombe enfuite dans une profonde triftefle ,on a peine à refpirer ,le poux s'af- foiblit, la vue fe trouble & s'égare ; enfin on perd la connoiffance & le mouvement, & on meurt à moins que d'être fecouru. Le fecours que la Médecine a pù imaginer par raifon- nement, confile en quelques operations fur la playe, en cordiaux , & en fudorifiques ; mais un fecours que le rai- fonnement n'eut jamais découvert, c’eft la Mufique, & il elt beaucoup plus efficace, & plus für que l’autre. Loriqu'un homme mordu eft fans mouvement, & fans connoiïffance , un joueur d’Inftruments eflaye differents airs, & quand il a rencontré celui dont les tons & la modulation conviennent au Malade, on voit qu'il com- mence à faire quelque leger mouvement, qu'il rémuê d'a- bo:d les doits en cadence, enfuite les bras, & les jam- bes, peu après tout le corps; enfin il fe Iève fur fes Q 3 pics, Comment les Inféec- tes peu- - VENÉ CAU- fer la pelle. 246 TuHeoLoGcre IL eft aflez ordinaire aux Infeétes de gel trouper, de former des armées confidérab]l & de faire tout à coup une irruption dans Païs, où ils apportent la famine & les ma dies épidèmiques (45). Je le répète, je ul piés, & fe met à danfer, en augmentant toujours d'ac tivité & dE force. Il y en a tel qui danfe fix heur fans fe repofer. Après cela on le met au lit, & q on le croit affez remis de fa première danfe, on le ti du lit, par le même air, pour use danfe nouvelle. exercice dure plufieurs jours, tout au plus 6 ou 7. j qu’à ce que le Malade fe trouve fatigue, & hors d'etat danfer d'avantage , ce qui anonce fà guerifon; car ta que le venin agit fur lui, il danferoït fi on vouloit fans. aucune difcontinuation , & enfin il mourroit dépuif ment. Le Malade qui commence à fe fentir las reprend peu à peu la connoiffance, & le bon fens, revient Comme d’un profond fomeil fans fe fouvenir d ss qu s’eft pañle pendant fon aceès, non pas même de fa. ane. Quelquefois le Malade forti de fon premier accès entièrement gueri; mais s'il ne l'eft pas, il lui refte un noire Mélancolie & de l’aliénation d’efprit, il fuit 1 hommes, & cherche l'eau, & fi on ne le garde, il va fe. jetter dans quelque rivière ou dans la Mer. L'averfo pour le noir, & pour le bleu, & au contraire l'amour du blanc, du rouge, & du verd, font encore des fympt mes bizarres de cette Maladie. Si l'on ne meurt pas, l’accès revient au bout d’un an à peu près dans le tems qu'on a été mordu, & il fau recommencer la danfe. Quelques uns ont eu ces retours règlez: pendant vint, & trente ans. Chaque malade au refte a fon air particulier & fpécifi que; mais en génèral ce font des airs d'un mouvemen très vif. P. L,. (45) Corn. Gemma. LE IE. Cofmocrit. ©. 4. Fe bres contagiofæ amplius invalefcebant : Wermes € id ge” nus putredines fupra modum. Nam € bujufmodi malt præfngia ex illo Infetti genere vel duce natura colligi po> Tuerunt , quad vaimirumn unius parentis germanæ fo videantur. Add. Excell. D. Hffmann: Medic. Rat. Syfs temat, To. IL P. IL, c. 4. $. XIV. fchol. n. 2264 DEN PMSE cTMS .: 247 fuis pas du fentiment de ceux qui attribuent la pefte (46) au mauvais levain que préparent les vers dans les corps; cependant je ne nie point qu’une grande quantité d’Infeétes ne puiffe donner lieu à la contagion , ou à plu- fieurs autres maladies qui en approchent. L’Hifloire eft pleine de pareils évènemens , d’habiles Phyficiens ont trouvé la chofe pro- bable, je la regarde comme très pofible. En effet , lorfque cette multitude inombrable d’ennemis vient à perir & à couvrir la terre de leurs cadavres, il eft naturel de croire qu’il en fort des parties volatiles, qui, venant à fe répandre dans l’air, entrent dans nos corps par la refpiration, & en troublent l’œcono- mic. (46) S Auguñtin. dans Aldrov. de Inf. L. IV. c. r. . 425 dit: Locufiarum in Africa multitudinem pro- dioii ([c. naturalis) fimilem fuiffe , cum jam ellet populi roma provinciæ , literis etbnici mandarunt , confumptis etiam fructibus, foliifque lignorum , ingenti aïtque inæfti- mabili nube in mare dicunt effè dejeclam , qua mortua red- ditaque littoribus atque binc aëre corrupto , tantam ortam peflilentiam dicunt , ut in folo regno Maflaniffe offingenta bomimum millia perüffe referatur , & multo amplius in ter- vis, littoribus proximis. P 4 CHA- J/s 1our- ÿrenient les Bej- iiaux, 243 THEOLOGIE | EE CHAPITRE III. k Des dommages que les Ænfeëfles caufent | QUx AnMaux. ù | br Infette ne fait pas feulement là guerre. _J à un autre Infeéte, enforte qu’on afou-… vent lé déplaifir de voir que ceux qui font les plus utiles à l’homme comme l’Abcille, font" infeftez & détruits par d’auttes qui ne font bons à rien, comme la chenille & le frelon; mais encore le bétail elt fort expofé à leurs affauts. Sans cefle en butte à leur infatiabili- té, il en reçoit des coups d’aiguylon qui pé- nétrent jufqu’au fang. Les uns s'arrêtent à l'ouverture de la playe, & y fucent la liqueur qui en diitille; d’autres ñe s'en tiennent pas“ h: ils bleflent plufeurs fois. Telle eft cette“ forte de mouche, dont le dard eft aflés dur. pour percer le cuir de ces animaux. Elle ys introduit fes œufs qui ne manquent pas d’é- clore, & il en fort des vers (*) qui caufents ces étranges tumeurs, que la fuperftition à fouvent fair regarder comme j’effer d’un for- tilège. | Les (*) IL en fort des vers. Ceux qui fouhaiteront de fa-« voir plus au long l'Hifloire curieufe de cet Injecte, peu- vent confulter les Mémoires de Monfeur de Réaumur Tom. 4. Patt. 2. Mem. 12. où cet Auteur en traile aye@n fon habileie, & fon exactitude ordinaite. P. B, : DÉS ENSE C'T Es. 249 ‘Les animaux nourrifient encore dans leuré 77: vivent éntruiles des Infectes de plufeurs fortes. Peu de eg de gens ignorent que les chevaux (1) qui pail- 0 à fent dans les prés, avalent des vers en brou- aux. tant l’herbe. Ceux-ci refflembleat beaucoup à la graine de Citrouille (*) : excepté que Jeur corps eft divifé par anneaux qui peuvent s'allonger & fe racourcir; ils s’attachent forte- ment à l’orifice fupérieur de l’effomac de l’a- nimal, & n'en bougent que pour fe mêler avec lés alimens. Les chiens (2) , outreles vers cu- curbitaires en ont encore d’une autre efpècé, qui font fi grèles, qu’à en voir un grand He L re (r) Ces vers s'attachent à l'orifice fupérieur du ven- tricule des Chevaux; & ne s'en detachent que quand il elt fort rempli, Alors, s'étendant d'avantage, ils font obligez de lâcher prife, & d'errer dans le ventricule, Mais lorfqu’il commence à fe vuider ,ils s'attacheht de nouveau au même endroit, évitant d'aller au fond. Voyes Eph,. n. c. Cent. IV. Ob 195. (*) Reéffemblent beaucoup à la graine de citrouille. Ces vers ne feroient-ils pas les mêmes que ceux que Mr. de Reaumur decrit dans le Memoire que je viens de ci- ter? En ce cas ils n’entreroient point âvec l'herbe dans l'eftomac des chevaux ; mais ils y monteroient par l’anus, où la: mouche qui les produit fait entrer fes œufs. Ces vers ont leurs anneaux bordez de pointes, difpofees de manière, que lorfqu'ils ont la tête tournée vers la partie apterieure du cheval, ces pointes leur permettent bien d'avancer, mais les empêchent de gliffer en arrière, & d'être pouffez dehors par les excremens; c'eft ainfi qu’ils fe maintiennent dans les Inteftins jufqu'à ce que prêts à changer d’érac, ils fe tournent, & en fortent pour alier fu- bir ailleurs leurs Metamorphofes. P. L. (2) Les vers minces & oblongs des chiens, percent la Tunique veloutée du ventricule; fe logent entr'elle € les Mufcles ; & en fortent toutes les fois qu'ils veulent fe epaitre. Drautb. in Diff. de anim. Inffl. bum, corp Hp. c. 3. À. 8. p. 48. o .ÿ | 2f0 THEOLOGI:IE bre enfemble, on les prendroit pour un pelo- ton defil. Le bétail en génèral eft fort mal- traité par les vers, il déperit à vüe d'œil, & en meurt très fouvent malgré toute l’efficace w des remèdes. Un autre poifon caché fous l’her- « be eft la bupeftre / 3): cette efpèce de pu-« naife a la qualité de faire tuméfier le corps de l’animal , jufqu’à ce qu’il crêve pour éviter la répètion. Je ne dirai rien ici des accidens que les fangfues (4) peuvent caufer aux animaux qui les avalent quand ils boivent, & je re- «ils marque en finiffant que la mortalité des trou- « font pé- peaux, qui intèrefle autant le poffeffleur que ee le berger, & qui ne trompe que trop fouvent la vigilance de l’un & l’habileté de l’autre, « provient le plus fouvent des Infeétes qui rongent le foie des brebis & des moutons à un tel degré, que la deftruction de cette par- tie entraine néceflairement celle de tout le corps. (3) On les nomme Bupeftres ruga ro vor RSr éwmiur reurde, Voici ce qu'en dit Pline: Bupefiris animal va- rum in Italia, fimillimum [carabeo longipedi. Fallit inter berbas bovem maxime, inde nomen invenit , devoratumque « taclo felle ita inflamsmat, ut rumpat. L. XXX. ©. 4. À (4) Plin. H. N. L. VIIL c. ro. Elephanti crucia-« um in potu snaximum fentiunt baufla birudine, quam fan- guifugam vulgo cœpilfe nominari adverti, pes ns E ce Ts. 2f1 a Bo og Es D T5 TE ER TE CHAPITRE IV. Les dommages que caufent les Infeëtes , font au- tant de marques de la toute-puifflance | de la juffice, de la Sageffe 5 ménte de la bonté de Dieu. E toutes les Réflexions que j'ai faites juf- Les In- D ques ici, aucune n’a touché l’Athéifme747e5/ont d’aufli près que celles que je me propole de "sante faire dans ce Chapitre. Je ne doute pas que dns la je ne révolte fes partifans ; mais aufli pour peu 4/7 de qu’ils veuillent baiffer le bandeau dont ils s’a- 4%: veuglent, pour peu, dis-je , qu’ils daignent m'entendre fans prévention , je ne défefpère pas de leur faire {enrir des vêrités qu’ils mé- connoiflent. Je fai qu’elles leur font odieu- fes, & que chez eux l’opiniâtreté l’emporte fur la raifon ; n'importe , hazardons-nous à leur parler en fa faveur. Ceux qui reconnoif- {ent l’Ecriture Ste. pour un livre qui renfermele facré dépôt de la parole de Dieu, font frap- pez d’admiration à la penfée du nombre pro- digieux d’Animaux, que la puiffance de Dieu raflembla dans l'Arche. L’incrédule s’en mo- que, & regarde tout cela comme une fabie. Mais il ne confidère pas que l’on voit encore aujourd’hui arriver des chofes aufi furprenan- tes: ne voit-on pas par exemple que certains genres d’Infeêtes , après s'être raflemblez par millions , pañlent quelquefois des mers, & vont fondre & porter la défolation dans des pais ifÀ THhEBLOGTE païs très éloignez. Quel eît le principe qui les conduit à cela? Eft-ce la raifon , elt-ce l'inftinét ? Que ce foit l’un ou l’autre, je de- mande à l’Athée d’où ils l’ont reçu? S'il veut aller de degré en degré , il eft impofhble qu’il ne remonte à la caufe fuprême , d’où ce priricipe quel qu’il foit, tire fucceflivement fa propre exiftence. Allons plus loin, ces Infeétes , malgré leur foible complexion , portent le dégât dans une Province qui pro- mettoit une paflable récolte, tandis qu'ils en épargnent une autre qui faifoit concevoir en- core de plus belles efpèrances. Quel eft la caufe de ce choix ? Eft-1l déterminé par le difcernement, ou par le hazard? Ni l’un m l'autre ne font appliquables aux Infectes, par- ce qu’ils font incapables de jugement, & par- ce qu’ils n’agiflent que par une caufe détermi- née & néceffaire. Mais encore un coup, quelle eft cette caufe? C'eit celle qui a donné l’exiftence à tous les Etres vifbles & invifi- bles: c’eft Dieu, felon tout homme raifonna- ble; c’eft le hazard felon l’Athée. Je fouhai- terois fort qu’un de ces génies fublimes, qui doutent de tout, de leur exiftence même, m’apprit ce que c’eft que ce hazard. Ce n’eft tout au plus qu’un nom vuide de fens, un grand mot qui ne fignifie rien, un terme dont ils couvrent leur ignorance, un être chiméri- que auquel ils attribuent ce qui appartient au puiffant Ouvrier de l'Univers. Ils nous re- prochent d’être des imbécilles; mais ne fom- mes-nous pas mieux fondés ici de les traiter d’ex- travagans ; eux qui embraflent le douteux pour ie probable, le faux pour le vrai, l'im- pofhble es. ad C2. 2 DES INSECTES. 253 ‘poffible pour le réel? Eft-ce donc un deshon- neur de reconnoître un Dieu? Eft-ce un dan- ger de le fervir? Eft-ce dégrader l'humanité, que de croire qu’il eft le Créateur des hom- mes? Eft-ce fe dépouiller de fes droits, que d’avouer qu’on lui eft redevable de tout? Eft- ce enfin fe mettre au nombre des bêtes, que de convenir que c’eft lui qui les a formées ? C'’eft à la raifon à s'expliquer fur ces queftions; & fi j’en appelle à la confcience, je me trom- pe fort, ou elle dira ouvertement que les playes que nous font les Infeétes, tant fur nos corps que fur les biens que nous poffedons , ne viennent que d’une Main toute-puiflante qui fait frapper & guérir lorfqu’elle le juge à pro- pos. Quelle honte pour l’homme, qu'il fail- le que les moindres des animaux de la terre lui apprennent à fe fouvenir de Dieu & à refpec- ter fon pouvoir! La juftice de l’Etre fuprême éclate dans la Pour pu. manière dont il punit les crimes d’un peuple. #7” °% ]1 lui fufcite des ennemis voraces qui englou- Her tiffent tout ce qu’il attend du produit de fes peuple. terres. Cela eft fondé fur l'autorité de l'E- criture, qui n’eft fufpeéte qu’à ceux qui ont l’impudence de nous demander quelque chole de plus authentique. Entre autres malédic- tions dont l'Eternel ménaca les Ifraëlites s’ils defobéifloient à fa voix, celle-ci n’eit pas une des moindres. Deuteronom. XXVIIL. 38. 7% jetteras, leur dit-il, beaucoup de femence dans ton champ, ES tu en recueilliras peu 3 car les fauterelles la confumeront. Tel fut en effet Pinftrument dontil fe fervit pour punir les ini- quités de ce peuple. Joël, E.4. Le /aurerelle toit . RE 2f4 THEeoLoGte ÿ a brouté les refles du haneton, €5 le burbet # brouté les reftes de la fanterelle, © le vermife Jeau a brouté les refles du hurbec. Ce chitis ment fut auf réel que la menace avoit ét poñtive; mais comme la famine étoit réfer® véce au crime, la fertilité l’éroit à la repen“ tance. Joël, 11. 2$,26. Ÿe vous rendra: les fruits des années que la [autereile, le burbec le vermiffeau, le bancton , ma grande armée « que j'avuis envoiée contre Vous ; Gvoit broutéss Vous aurez donc de quoi manger © être raffa=« fés. . . . Des différentes playes dont Dieu frappa les Hébreux, celle-ci a toujours” été ue des plus confidèrables. Dès que les ar- mées & leurs Chefs transgrefloient fes ordres, « il leur oppofoit une foule d’ennemis auxquels « toute la puiffance humaine ne pouvoit réfiiter.” Amos, IV. 0. %e vous ai frappé de brulére € « de nielle: € le haneton a brouté autant de jar-« dins € de vignes, de figuiers € d’oliviers que vous aviez. . . . . La Nation Juive n’a pas été la feule perfécutée par les Infectes, leurs rava-« ges ont fouvent étonné & défolé les Païens (1). Après avoir foigneufement cherché dans la: Nature la raifon de pareils phénomènes, rien ne leur parut plus vraïfemblable que d’en at-" tribuer la caufe à la colère des Dieux. Ce” fentiment devroit bien faire rentrer les'Athées en eux-mêmes; d’autant plus, que fans le fe-w cours de l’Ecriture, fans aucun motif d’inté-" rêt 3; 1 | (x) Ceft ainfi que Pline H. N. L. XL. c: 29. nom- | me les Sauterelles une Pefte qui eft l'effet de la colère des. Dieux. + DES INSECTES. _2ff rêt, fans autre penchant que celui du cœur, fans autres lumières que celles de l’efprit & du bon fens, ces Payens ont reconnu l’exiften- ce d’une Divinité, en qui réfide le droit fu- prême de châtier le vice & de récompenfer la vertu. St nous examinons de près ce que nous Sageÿs fouffrons de la part des Infeétes , loin d’y & Dieu trouver quelque chofe à reprendre dans la con- Mntdes duite de l’Etre auquel nous devons nos hom- fibres, mages, nous n’y appercevrons que des exem- ples éclatans d’une fagefle infinie. La crainte même où ces animaux nous jettent , a fesutili- tez ; elle fert à nous rendre plus attentifs, plus prudens, plus foigneux. Ils donnent occafion au Jardinier d'imaginer des moïens propres à fe conferver les précieux revenus de fes foins & de fes travaux. La vermine nous engage à la propreté du corps; l’araignée, à celle de nos maifons; la tigne , à nettoier nos meu- bles & nos habits. D'ailleurs, par une difpo- fition toute merveilleufe de la Providence, il n’y a point d’Infeéte fur la terre, dont le ve- nin ait le même dégré de force fur toutes les créatures (2) en génèral; je veux dire qu’il n’affeéte point également tous les corps, com- me il en affecte quelques-uns. La chenille, l’araignée pourront être mortelles pour l’hom- me, tandis qu’elles feront non-feulement des morceaux friands pour certains oifeaux ; mais en- (2) Cet effet peut avoir plufeurs caufes; il peut ve- nir de la contexture plus ou moins forte des vifcères & du Ventricule, des humeurs diffolvantes qu’il contient, de la chaleur naturelle, ou du Tempéramment, Sa bonté dans les bornes qu'il lewr a prefcri- es. . | 256 TunEkoLoOoGix | encore des remèdes fpécifiques-contre leurs maladies; de forte qu’il eft vrai de dire que ce qui entre comme un poifon dans l’eftomag d’une créature | fe tourne en antidote dans celui d’une autre. La règle n’eft pas mêmé générale dans l’efpèce humaine. On a de exemples de gens qui ont perdu la vie pour avoir eu le malheur d’avaler des Infeétes qu d’autres ont mangé par un goût(3) capricieux fans en avoir reflenti la moindre incommodi= té. Telle eft la profonde fagefle di Créateur,” qui a mis dans ce bas Monde un ordre fi ad- mirable, que ce qui tend au préjudice de” lun, contribue à l'avantage & au bonheur de l’autre. | Exrin la bonté du prémier Môteur paroît dans les bornes qu’il a prefcrites à la vie des. Infectes qui nous font dangereux. En bor-" nant leur durée à quelques mois ou à quelques” jours, ila pourvû à notre tranquillité com-" me à notre nécefflaire. Car qui doute que pour des maux momentanés , nous n’en re- Guffions de perpétuels, fi ces animaux naïfloient avec nous, s’ils nous fuivoient d’âge en âge, & s’ils furvivoient à nous & à nos defcendans? ‘L'el Infeéte eft porté à faire du dégât, qui ne peut agir que dans un Certain tems; Mn AUCIE qui mangeroit à toute heure, eft obligé d’ac- tendre la nuit pour appaïler fa faim; un troi- fième (3) Cardan & varier, Rer. Lib. VIII. cap 40. rap- porte, qu'il avoit vû une jeune fille de trois ans, qui quand on lui en Jaifloit la liberté prenoit des Araignées & les avaloir. Cette nourriture loin de lui faire du mal, ne contribuoit qu'à fon en bon point, EE DES ÎINSEcTEs. 257 fième encore cherche fa fubfftance pendant le jour ; mais lorfque la nuit eft venue, il ne trouve, ni ne confume rien. Qu’arrivetoit-il fi tous ces Infectés affamés pouvoient fe rafla- fier en tout tems & en tous lieux? D'ailleurs s’ils peuvent nous faire de la peine, plufieurs moiïens concourrent à nous en garantir & à les empêcher de nous nuire jufqu’à un certain point. Le trou de l'oreille & les narines par _ exemple ont leurs défenfes naturelles. L’un eft revêtu d’une peau, garnie de petites glan- des qui fourniffent une humeur amère & de- fagréable aux Infeétes; les autres font munies de poils qui fe croifent, & forment une efpè- ce de barrière qui en défend l’entirée. Ajou- tons à cela que tous les pais ne font pas éga- lement favorables aux Infeétes. Il ÿ en a où ils languïflent plütôt que de vivre: il s’en trouve aufli qui ne font pas faits pour eux, & dont les vapeurs (4) leur font abfoiument contraires. Dans leurs régions favorites 1ls ne font point à couvert des dangers qui les me- ha (4) L'on fait. p. e. jufques où s'étend l’écoulement des acides de Siwa/bach; puifqu'il ne s’y trouve aucun Infecte; & que l’on n'y voit point de vers dans le fro- mage , parce qu'il n’y à point de Mouches , qui puiffent y pondre leurs œufs. Cetre dernière Obfervation fait voir que les mites du fromage proviennent des œufs des In- fectes, NB. ,, À moins que les mites ne foient ovipares » €n certaines faifons, ainfi que j'ai marqué plus haut » que le font diverfes fortes de pucerons des Arbres, je ; puis affurer que les mites du Fromage font vivipares, ” Pour les avoir vû très fouvent mettre des petits vivans » au Monde: & cela étant, on ne fauroit dire qu'elles ;» proviennent des œufs d'Infedtes. P. L. Tome JL. R. . 158 THEOLOGIE 4 nacent. Souvent les orages, les pluies (25 l’humidité les affoibliflent & les tuent dans leur plus grande force ; quelquefois le vent du Nord, la gelée (6) les furprennent au milieu des chaleurs , ou même avant qu’ils aient eu le tems de fe prémunir contre les ri gueurs de l’Hyver. Parmi les végetaux , il y : des plantes (7) qui leur font préjudiciables ; parmi les animaux mêmes, plufeurs s’en nour-" riflent, & une efpèce d’Infeéte empêche fou-… vent l’autre de fe multiplier. Sur la terre, « l’araignée mange la mouche, le hanneton le coufin; dans l’eau, l’écreviffe tue la fangfue ; « fur la furface des ruifleaux, la truite attrappe la mouche & le moucheron; à la campagne & à la ville, l’hirondelle netoie les granges & les greniers ; la fauvette les jardins ; le * moineau les terres, & la hoche-queuë les appartemens. Le lézard & le caméléon ne vivent pas moins aux dépens des Infectes. Qui ne (5) Teïtull. de anima, c. 32. croit avec raifon. Sze- citatem in caufa effé tanti, in quem, locufiæ excrefcunt , numeri ; Bochart. Hieroz. L. IX. c. 218. obferve. vernis aquis interire oVa. | (6) Plis. H. NN. L. XVIII, c. 25. Sunt, qui cer- tiffimun veris indiciun arbitrentur , ob infirmitatem anima- lis, papilionis proventum. Id eo ipfo anno, cum commen « .taremur bæc, notatum ef, proventum eorum ter repetito frigore extinéfum. (7) C'eft ainfi que le Solanum ou fframonium fpinofum fœtidum eft nomme en Allemand Fliegen Kraut, parce qu'on croit qu’il chaffe les mouches ; mais d'autres ne font pas de ce fentiment coJ/ectores Bref]. K. uw. R. Gefcb. V. Verf. p. 1616. & VI. Verf. p: 1766. Telle eft encore la perficaria. Flob-Kraut, Mufcipula, Voyez là deflus. AIL- « drov. f. 360. Mettez encor de ce nombre le Champi- gnon qu'on nomme ””#4/fciperda. ce | DES INSECcTEs. 2$9 ne reconnoitroit à tous ces traits une Provi- dence fage? Qui ne remonteroit à l’exiftence d’une caufe prémière , qui a arrangé toutes | chofes avec tant d’ordre & tant de bonté, _ que pendant que tant d’Infeétes nous procu- _ rentunavantage réel, tant d’animaux diffèrens _ & même d’infeétes concurrent à empêcher la trop grande multiplication de ceux qui pourroient nous être nuifibles, deforte qu’à Poe Peru le bien l’emporte toujours fur le mal : GOGOGEOTOTOGEOGOGEESD DELA PIERRE TV: Des moiens propres à exterminer les Infeëtes. N° avons vü dans le Chapitre précè- Dies dent des marques fenfibles de la fige nues conduite de Dieu dans la création & dans la jcunes direétion de ce Monde. Nous en indiquerons pour nous encore quelques -unes dans celui-ci. La fa- gr culté dont Dieu a pourvu l’homme d’imagi- doi ner divers moyens, pour fe garantir desine commodités, que caufent les Infectes, eft u- ne marque bien fenfble de fa bénéficence. La Nature eft une école; mais combien peu de gens s’avifent de la fréquenter! On fouhaite de s'enrichir de fes tréfors , on voudroit ne rien ignorer de tout ce qu’elle renferme de miflèrieux ; & à peine eft-on parvenu à jet- ter les yeux fur fes abymes ; qu’on revient Riz fur . 269 THEOLOGIE L'onn'en fur fes pas pour n’y plus retourner. Le dés a pas pro- couragement eft le défaut des uns, l’indolen- : fé. ceeft celui de la plûpart des autres. Loin d’aller à la vraie fource par un chemin péni- ble & glorieux; on fe jette à l’écart, on fe « forge des chimères (1), qui ne doivent tout leur crédit qu'à l’autorité d’un fol ufage. Voilà à peu près à quoi nous en fommes en- # core aujourd’hui fur les remèdes qui peuvent « nous délivrer des Infeétes. Dans l’Epglife Ro- maine on a eu recours à diflérens Exorcif- mes (2), ailleurs on a fabriqué des Amulet- tes (3), des T'alifmans, auxquels on attribuoit de grandes vertus. Mons . QUELQUES accrédités que ces moiens de préve- foient dans l’efprit du peuple, il s’en faut bien » nir leur qu'ils multipli- caution. (x) Comme par ex. lorfque pour écarter les Infectes, on prend de la terre tirée des fepulcres nouvellement faits, &t qu'on la repand fur fes champs, en gardant un profond filence. (2) Ceux de la Communion de Rome , prétendent chaffer les fauterelles par le moyen de l'excommunication: on en trouve des exemples dans Æ#/drow, de Inf. L. VIE. | { 4 4 c. 11,f. 724. © D. Aug. El. Büchnerus in müfc. Pbyf. Med, Matbemat. à 1729. p. 445. eaque Bartbolom. Chaf-« fanœus adprobat. FCt. Burgundus Conful. I. (3) Par ex, Ant. Mizald, dans fa centurie des fecrets memorables, ecrit, que pour chafler les mouches d’un« endroit, de mañière qu’on n’en revoye plus, on n’a qu'à faire tailler l'image d’une mouche dans une pierre ,& la | porter enfuite enchaffée dans une bague. Ou bien l'on n'a qu’à couper la figure d'une mouche , araignée , ou ferpent, dans une plaque de cuivre. ou d'étain, Secunda facie pifcum afcendente , & prononcer , en coupant, OU en formant cette figure , ces paroles , voici Je fimu- lacre qui chaffè à perpétuité les moucbes ; après quoi l'on enterre Ja figure qu'on a faite au milieu de fa: mai/{on. DES ÎINSECTEs. 261 qu'ils aient l’eficace de la prière (4), ou la bonté des remèdes que j'ai à prefcrire. Il eft vrai qu’il n’eft pas pofible d’exterminer en- tièrement les Infeétes (*), loit parce que le nombre en eft trop confidérable, foit parce qu'il augmente à chaque inftant par la viteffe avec laquelle ils fe multiplient. Cependant on ne doit pas défefpèrer de trouver un moyen qui ferve, ou à les réduire à une moindre quantité, ou à prévenir l’excès de leur mul- tiplication, Il y a plufeurs manières d’em- pêcher leur accroiflement : voici celles qui me paroiflent les plus aifées, & les plus natu- relles. En répandant legèrement fur les ter- res de la cendre (f) mêlée avec de la fiente de pigeon ou de chèvre, non-feulement on vient à bout de détruire les Infectes nouvel- lement éclos; mais encore ceux qui font prêts d'éclorc. Profiter du tems avant que celui de (4) Salomon demande à Dieu I. Rois VIII. vs. 27. de vouloir exaucer fon peuple lorfqu'il y auroit famine dans le pais, ou des Suuferelles. Les Magiftrats Chrétiens ont fouvent indiqué des prières publiques contre ce fleau. (#) Il n'eft pas poflible d'exterminer entièrement les In- fectes. Aufi n'eft-il nullement néceffaire. Ce feroit abu- fer du pouvoir que Dieu nous a donné fur les Bêtes, que d'entrer dans un projet fi chimèrique. Il fuffit de travai'- ler à nous en garantir ; foit en écartant, foit en tuant celles qui nous attaquent dans nos perfonnes ou dans nos on ; & c’eft à quoi les moyens ne manquent guerres. (5) Adrov. L. IT. c. 4. f. 276. Remedium preffare tradunt cinerem fubtiliffimum , fi flercoris loco, vel fimul cum flercore permixtus olerum radicibus detur. Sic pulices ‘bortenfes , vermes | erucas limaces, ac cœtera animala , firpes depopulantia , occidere , abigere & probibere, Re . 262 THEOLOGIE de la ponte furvienne, eft encore une voye très füre. En détruifant les vieux, on fe dé- fait de la génération qu’ils auroient produite, & on fe débarrafle par-là dans un moment de ce dont on n’auroit pas manqué d’être fur- chargé pendant tout le cours d’une année. La faifon à-t-elle dévancé nos précautions? 11 faut ufer d’une autre, & chercher leurs nids dans les fillons & dans les fentes des arbres. A la vérité, l’induftrie des Infeétes à fe choi- fir des endroits où leurs dépôts foient en fü- reté, fait qu’il eft impofñlible qu’il n’en échap- pe à nos recherches. Ils cachent leurs œufs tantôt fous terre, tantôt fous l’écorce des ar- bres, tantôt dans les murailles; mais fi dans une Province (6) les gens de la campagne ufoient de rufes à leur tour, il eft certain qu'ils s’affüreroient un profit dont ils font prefque toujours fruftrés. 11 y a des labou- reurs, qui, pour les grillons & les fauterel- les, ont la coutume de remuer leurs terres en Automne , dès que le froid commence à fe faire fentir. La maxime eft bonne, parce que le foc de la charrue, en ouvrant la terre, jette les œufs fur fa furface, & les expofe à périr, ou par la gelée, ou par les pluïes, ou à être mangés par les oifeaux. On ne peut mieux garantir les arbres fruitiers des infultes des chenilles, que par le foin qu’on doit 2- voir de les tailler, Ils en acquièrent beaucoup plus (6) Cardan. de variet. Rer. L. VII, c. 30. propofe" entr'autres moyens de chafler les Infectes celui-ci : prok- bendo generationem , & il ajoûte: Sic in Locuftis ova con- tercre folemus. nl ts cn DES INSECTES. 263 . plus de fêve; & comme ces Infeétes ne s’ac- commodent point d’un fuc trop abondant, ils cherchent ailleurs une nourriture à leur goût. Si l’approche de l’hyver les a mis dans la né- ceflité de s’attrouper dans des nids qu’ils for- ment aux bouts des branches, il faut les en arracher avant l’arrivée du Printems. Iz eft poñible que ces moïens ne foient pas Et de les toujours pratiquables; mais il faut alors ufer ‘’écher d’autres ftratagêmes pour étouffer le mal dès Fr fa naiflance. Si les chenilles, les fourmis & pres. d’autres Infeétes errent fur la terre & qu’ils ne foient pas encore montés fur les arbres fruitiers qui les environnent, il faut jetter au pié une couche de cendre ou de craie, afin que fi l’envie leur prenoit de faire ce chemin, ils en fuflent rebutés par cet obftacle. Je le crois infaillible; car outre qu’ils font ennemis de la gêne, ils s’embarrafleroient dans le paflage de manière à ne pouvoir fe dépètrer. La (7) paille entortillée, l'argile , la laine & le coton font encore d’heureules inventions contre leurs atteintes. On en garnit le tronc de l’arbre en forme de cercle; & pour peu qu’on y ajoute de matière réfineufe , il ne faut pas douter que l’arbre ne foit hors de danger. Changeons de cas, & fuppofons que les Infeétes rempent déjà fur les plantes, les hayes, les buiflons, les arbrifleaux ; il faut alors que la main agifle. Mais il y a des tems où la chaffe eft plus heureufe que dans d’au- (7) C'eft ce que nous apprend Mizald Libr. de Secret. Hbortor. que font les Païfans. R 4 264 THezoLoGie d’autres (8), comme le matin, le fair, & jes heures auxquelles il pleut. Ces momens font préferables à tout le refte du jour, parce que la fraicheur & l'humidité obligeant les Infeëtes à fe rapprocher, ils forment des tas qu'on peut écraler d’un feul coup. Si cepen- dant ils étoient parvenus juiqu’à la cime , & que la hauteur empêchät d’y atteindre avec le bras, il n’y auroit qu’à fecouér l'arbre, ou fe fervir d’une perche , au bout de laquelle on auroit attaché des guenilles Enfin les cir- conftances fuggèrent les expédiens. Il n’y a aucun cas dans lequel l’induftrie de l’homme ne puiffe remédier en tout, ou en partie aux maux que peuvent faire les Infeétes. Les | { ï L uns délaïent du miel dans de l’eau, & en. mettent dans plufeurs bouteilles, qu'ils pla- cent en diffèrens endroits; les autres enfon- cent des pots verniflés, dans les fruits lecs, & dans les blés receuillis qu’ils veulent con- ferver. Ces appas ont toujours d’heureux fuc- cès ; le prémier conduit les Infeétes à fe noïer, le fecond les entraine dans un précipi- ce, dont on ne les retire que pour les jetter au feu , ou. dans l’eau bouillante. Un autre piège , dont le fuccès n’eft pas moins heureux , pour garantir le fruit des arbres , eft la glu, dont on en enduit le Tronc. : L'Ar- (3) Columell L. II. Ubhi in apricis regionibus poft plu- vias noxia incefferunt animalia, que à nobis appellantur ucæ , grace autem xawrui nominantur , vel manu colligi desent, vel matutinis temporibus frutices olerum concufi, Sc enim adbuc torpent notturno frigore. We: DES NS E crxs. 26$ÿ L’ArTirice le plus ordinaire qu’on em- ploie contre les fauterelles, eft de creufer la terre de la largeur & de la profondeur d’une aune. Quantité de perfonnes battent la cam- pagne à drbite & à gauche, & continuent de leur donner la chaffe, jufqu’à ce qu’étant tombées dans la foffle, on les y étouffe en la comblant. On choifit pour cette expédition le tems le plus propre, c’eft-à-dire celui où l’âge ne leur a point encore donné des aîles, ou bien lorfque la rofée les a trop humeétées pour pouvoir s’en fervir ; autrement elles prendroient l’eflor & rendroient la peine inu- tile. La paille fraîche, fouvent renouvellée dans un lit, eft un autre fecret contre les puces que perfonne n’ignore, & que tout le monde a intérêt de pratiquer pour fon repos; cepen- dant il eft bon de dire qu’il n’y aura point de vraie tranquillité à efpèrer tandis qu’on laiffe- ra aux pucés la liberté de fe cacher dans des aix raboteux. L’averfion qu’elles ont pour certaines chofes, eft un indice qui les trahit, & qui nous fournit des armes pour leur ruine, comme pour celle des Infectes d'un autre gen- re. La plüpart redoutent la fumée ; dès qu'ils la fentent, ils s’en éloignent, ou fuffo- quent lorfqu’ils ne peuvent l’éviter aflez-tôr. 11 eft donc probable que la fumigation leur eft contraire , fur-tout s’il y entre des matières dont l’odeur (9) leur foit malfaifante , telles que (9) Cardan. L. VIT. de variet. Rer. c. 30. Quedam odoris proprià vi quâdam vel [ulpburis, atrgmenti, calcan- R s thive, Moyen de détrui- re des fau- terelles. ces, € autres 1x fectes. 266 THEOLOGIE que l’ambre, l’orpiment, le fouphre, la co- riandre, le cumin noir, la fcabieufe , l’ail ,« labfynthe , le Bédellium | le Galbanum , la myrrhe, le ftorax , l’encens , les plumes de hibou , la fiente de chauve-fouris , les che- veux, la corne des animaux à quatre piés , & quantité d’autres chofes de cette nature Ajoutons à tout ceci qu’on peut aufli détruire ou faire fuir les Infeétes en arrofant les en- droits où ils fe trouvent avec de la chaux viv ou du fel diflous dans de l’eau, avec l’hiéble, la coloquinte, le cumin, la rhuë, & autres plantes amères (10) bouillies; avec les che- nilles (11), les fauterelles, les écrevifles cui- tes; ou avec du fiel de bœuf mêlé avec de l’eau, outre la fumigation & l’arrofement, on a plufieurs fortes de poifons, comme l’ar- fenic, l’orpiment, l’ellebore, le poivre, qui, preparés avec de l’eau commune ou du lait, eft une boiffon qui tue les Infeétes. L'’eau & le thive, florum & foliorum fambuci utriufque coriandri , cor nuum © ungularum, Infecta afficiunt. Ariflot. H À. L? IV. c. 8. Suipburis item odore, genera Infeétorum vmultæ intereunt. Cornu praterea cervini fatlo incen[u, plurimæ Infeclorum pars fugiunt : Sed praecipue fiyracis fuffitu. (10) Cardan. de variet. Rer. L. VIT. c. 30. Inde fa= por acris € amariffimus , veluti acetum , fel tauri, decoc- tum cucumis anguin$ , bellebori albi, colocyntbidis, lupino= rum (fc. Infeéta pellunt) Quoiqu'il y ait des Infectes qui fe nourrifient d'herbes amères, la plupart pourtant les ab- horrent. (11) Nafti quoque probibentur , imo vero prælentes col- leélim perduntur , ex Græcorum obfervatione, ft aliquot fu- blatas im aqua cum anetbo coxeris, eaque perfrigerata berbas aut arbores refperferis, que mnidulantes erucas © ad fotumi incubantes fuflinent , fed valde cavendum erit , ne aqua illak faciem vel manus tangat, Aldrov. L. Il, c. 4. f. 275. 1! DES INS/E c TE s. 267 le feu font encore par eux-mêmes des fecours aufli prompts qu’infaillibles. Inonder les prai- ries pendant deux fois vingt-quatre heures, c’eft à coup für les purger des fourmis quis’y logent. L’eau chaude, répandue dans les if- fues qui conduifent à leurs fouterrains, a en- core cette utilité, qu’elle y gâte leurs maga- fins & brûle jufqu’à leurs fourmillières. Le feu exige d’être emploié à propos, je veux dire lorfque les fauterelles & autres Infectes ailés font encore dans leur bas âge; pour lors on couvre les terres de paille , à laquelle on met enfuite le feu. La poudre à canon (12) eft une autre reflource contre les mouches. On en verfe fimplement dans un piftolet fans le bourrer, & on ne le décharge qu’au mo- ment qu’elles fe font entaflées [ur un amas de fucre , fait exprès pour les furprendre ; ou bien, on fait un mêlange de poudre & de fu- cre pilé, qu'on arrange en ligne droite, & qu’on allume par un bout lorfque le tems en eft venu. Ces rufes font utiles; mais le dan- ger qu’il ya de s’y tromper foi-même , exhor- te à la précaution. Nous avons parlé des (13) playes que plu- Remède fieurs fortes d’Infeétes font aux hommes & œwrre les aux animaux , enfeignons maintenant les moïens 2 sr propres à les guërir. Il arrive affez fouvent ze 15- que ce qui caufe le mal en porte aufli le re- Jectes. mède. (12) Voyez le traité d’un Anonyme (c'eft de Mr. Franc. Ern. Brukmannus ) intitulé curieufe Fliegen Fal- len. p 69. .(x3) Hildan Obferv 80 cent 4 parle d’uncas, où la pi- qüre d’une Guëpe avoit caufé la gangrène. A la peau. 268 THEOLOGIE mède; c’eft par cette raifon qu’un Infeéte (14) guërit quelquefois heureufement la blefiure d’un autre, foit en l’écrafant & en l’appli- quant fur la partie offenfée, foit en l’oignan d'huile d’olive, dans laquelle on en a fait mourir plufeurs de la même efpèce. L bouë peut aufi tenir lieu d’un bon cataplaf= me, du moins quand la playe eft récente; & quoiqu’elie n’ait peut-être pas la vertu de la guèrir radicalement , elle a cependant celle d’en temperer l’ardeur & d’en fufpendre les’ fuites. Les uns aiment mieux fe fier aux her= bes broiïées {1$) comme la feuille de laurier, le thym, la fariette, la marjolaine, la rhuë," & autres plantes aromatiques; les autres font plus prévenus en faveur de l’urine, dont ils baflinent foigneufement la playe. LE mercure cft d’un merveilleux ufage, non feulement pour les perfonnes qui font tra vaillées de la maladie pédiculaire (16), mais encore pour celles dont la peau, la chair & les entrailles font rongées par quelle vermine que ce foit. On prépare ce metal de trois manières différentes; bouilli dans de l’eau, ik fert d’apozème; mêlé avec des remèdes topis ques, il devient onguent ; aflorti avec des. pur- (14) Aldov. L. I. c. 6. f. 225. rapporte , que parmi les Auteurs de fon tems, il y en avoit, qui aflirmoient. que des Guêpes écrafces, & appliquées fur leur piqûre, la gueriffent aufh bien ,que les fcorpions écrafez guerifient la leur. ] (15) Diofcorid. L. IT c. 42. pracipue laudat malu bortenfem illitam ; Item lauri folia trita & üllita, faturca jam, ffimbrii quoque folia impofita. (16) Aldrov. L. V. c. 4. f, 554. DES INSECTES. 269 Purgatifs, il tourne en médecine; & de quel- que manière qu’on en ufe, il produit toujours parfaitement l’effet qu’on veut qu’il produife. Une autre méthode pour la guérifon du mé- me mal, c’eft de faire une décoëtion d'ail, de fcordium , de lavande, de bayes de laurier & de feuilles de tamarins, dont on fe lave le corps, ou les parties infeétées. Le baume, compofé d’huile de nard & de laurier, d’elle- bore, & de fleur de fouphre revient au mé. me ; l’on peut le fubftituer au précedent. Pour leur donner d’autant plus de force, on peut porter fous les aiffelles des fachets garnis de fafran, ou s’en appliquer un de champhre, à la région de l’eftomac, fans oublier de chan- ger ouvent de linge qui aura pañlé par une lefive de fel, ou d’eau de mer. On s’y prend différemment pour exterminer certains Infec- tes que la bienféance ne permet pas de nom- mer (17): la voye la plus courte & la plus fupportable, eft le baume qui fe fait de fuc d’abfynthe & de Scabieufe , d’aloë, de vif- argent , de fouphre, d’huile de tabac & de mercure doux. Quant aux remèdes qui con- viennent intérieurement, je confeille de choi- fir l’effence de myrrhe, ou la teinture d’anti- moine corrigée avec la crême de tartre, l’efe prit de corne de cerf, l’élixir de propriété, l’eflence de petite centaurée, & enfin toutes les médecines dans la compoftion defquelles il entre du mercure. Lrs crinons (18) caufent beaucoup plus d’am- (17) Hoyt. gazophyl. p. m. 868. (8) Wid. Mich, Ettmullfri obfervar, de crinonibus feu Core. Contre les Crinons. . 270 THEOLOGIE d'embarras,.parce que ne paroiflant fous 124 peau des enfans qu’en forme de gros cheveux! courts, ou de foye de fanglier, on ne peuts les déraciner qu’en les provoquant. On less découvre & on guérit l’enfant, en lui frot- tant bien le dos vis-à-vis d’un poële chaud, ou dans un bain fait de miel & de l'ait. Less crinons fortent avec la fueur, & il eft faciles de les racler & de les arracher avec un rafoir ou une croute de pain, tandis qu’ils montrent» la tête. Quelques-uns, au lieu de ce bain,» mettent les enfans jufqu’au cou dans une lef-w five où ils font bouillir de la fiente de poule.“ & les y laiffent fuer en excitant les crinons a-" vec leurs mains enduites de miel. Sitôt qu’ils paroiffent, on les racle de la même maniere; ce qu’il faut continuer deux ou trajs jours, jufqu’à ce qu’on n’en voie plus fortir. Pen- dant cet intervalle, il eft fort utile de faire” avaler au malade une dofe de teinture d’anti-s moine, ou d’eflence de myrrhe, ou de pou- dre de loutre, & de lui laver le corps avec de l’eau d’abfynthe, dans laquelle on aura dif- fous une quantité convenable d’alog. . Contre C’Esr la coutume d’extirper les vers (19 ). les vers des entrailles par l’amertume de plufieurs for. sf st "tes d’herbes (20). Les plus en vogue font la pe comedowibus infantum qui les reprefente groflis au Microf- cope dans les A4. erud. de 1682. menf. Sept. p. 316. funckens Leib. Arfst IL. Th. Se“. III. c. 6. p. 350: (19) Conf. de genvina verminationis indole 6 therapia Georg. Mauckifchii , fub. D. ‘ob Frid. de Pre. Erford. 1725. unck. 1. c. c. 3. p. 462. Weifsb. Cur. CI. IV. c. 9. ?. M. 362. | (20) L'expérience nous apprend que les chofes amères | qui D Es, L NS B CT, my. 274, petite centaurée, la camomille , le creflon d’eau, la matricaire & la rhuë : on les fait bouillir dans de l’eau, & on en boit la dé- coétion pendant quelque tems. La dou- ceur (21) agit dans cette occafion auf eff- cacement que l’amertume , pourvü qu’elle foit accompagnée de femence de barbotine, ou infufée dans de l’hydromel (22), ou en- veloppée dans une pomme, une poire, une pêche, ou dans des pruneaux ; ragouts, qui d’ailleurs font plaifir aux enfans. J1 yades en- fans plus difhciles les uns que les autres ; mais aufli la pharmacie a inventé des huiles qui difpenfent de vaincre leur répugnance; on leur en frotte le nombril, & la friction fup- plée à ce qu'ils refufent de prendre par la bouche. Cependant toute forte d’huile (23) ne convient point à cet ufage: il en faut qui rende une odeur très forte, & qui foit d’une qua- qui paroiffent convenir, produifent des efñets tout difé- rens. Car les vers ont vecu plus ou moins longtems dans un décoction d'herbes amères ,que dans une autre. Voyés de Drawb in Diff. de Anim. bum. Corp. Infeft. bofp. cap. 4. (. 4. p. gg5. Il remarque encore que l’infufñon de cafe fait mourir les vers aufi promptement que la décoc- tion d’abfinthe ,ou celle d'aucune autre herbe que ce foit. Elle caufe d’abord des puftules fur leur peau, & fuccef- fivement elle les en dépouille tout à fait. ; . (21) Tout ce qui eft doux ne tue pas indifféremment les vers, de Drawb en rapporte une preuve. Z, c. f. 5.2. 6. + (22) Les AG, Phyf. Med. À. N. c. vor. 11. Ohf. 344. rapportent, qu’un garçon Paifan a été délivré des vers par le feul ufage du miel. (23) Fr. Redi ,aïant compofeé avec grand foin des hui- les contre les vers, éprouva qu'après les en avoir oint, ils vécurent encor affés longtems. . 27à THEOLOGIE qualité gluante & bitumineufe , telle que lé petrole, l’huile d’ambre, & toutes celles qu diftillent du genevrier, du bouleau , du buis & du coudriér. On vante beaucoup ce qui eft de haut goût, c’eft-à-dire toutes les cho= fes où domine le fel, parce que fon acreté incommode les vers, & les oblige à fortir du corps. Dans cette penfée, non-feulement, j'aurois à propofer le falpêtre & le fel äimmo- niac; mais les eaux (24), tant acidules qu thermales. Lés gens du commun n'’ignorent pas l’importance de l’avis que je donne: ceux qui habitent les côtés de la mer, ont coutu- me de foulager leurs enfans en leur donnant de fon eau à boire; ceux au contraire qui los gent fort avant dans les terres, les guérifent. de l’eau dont on a fait les falignons. Je ne rejette pas non plus lés féls vicrioliques qu’on tire des metaux: j’admets volontiers le fel de Mars (25) & les cryftaux de Lune. Le jus de citron, celui d’orange, l’efprit & l’eau de vitriol, l’efprit de falpètre & le clyflus d’antimoine l’emportent fur tout ce qu’on peut prefcrire de meilleur dans les fièvres pu trides qui proviennent des vers; mais il faux bien favoir en ménager la dofe, parce que la trop grande acidité de ces remèdes convertis roit le chyle en une fubftance folide. Le rif= que qu’il y a d’en melüfer pour les enfans d’un certain âge, m'oblige à faire fentir les con: féquences qu’il y auroit de s’en fervir pouñ ceux (24) Hoffmann. recommande far tout dans fes écrits # Îes eaux de la Fontaine de Sed/irz, & fon fel amer. (25) Voyez Werlboff obfervat. de febr. p. 140. Des INsEcrTrts. 273 Qui font encore à la mamelle, puifque toute proportion gardée, le lait ne manqueroit pas de fe coaguler dans leur eftomac. L’efprit de cerf, de fel ammoniac & autres efprits vola- tils ont encore la vertu de bannir les vers des inteftins. J’en dis autant des aftringens : di- verfes expériences fur le thé (26), fur l’é- corce du grenadier & de la racine de meurier, les ont mis depuis long-tems en réputation, Les purgatifs ne doivent pas non plus être re- jettés , pourvû qu’on y ajoute du türbit ou du jalap, & qu’on ait foin de préparer le corps par des remèdes convenables. Si par hazard on inclinoit pour l’opium , ou autres femblables anodins, je confeillerois fort d’agir avec prudence, parce qu’au lieu de guérir le malade, on le précipiteroit tout à coup dans la fièvre. Lorsque les vers fe font répandus dans le ventricule ; non-feulement on doit proceder de la manière que nous venons de le dire, mais 1l faut encore les attirer dans le bas ven- tre pas des lavemens de miel & de lait. Le mercure doux eft eftimé pour le premier de tous les fpécifiques : on lui rend juftice; mais il y a deux chofes qui mèritent attention, fi l’on veut éviter de grands inconvéniens, La pre- (26) Le même Rad, aïant mis des Vers dans de l'in. fufion de The, vit qu'ils y mouroient plus promtement que dans la decoction de café. Ils n’étoient pas dépouil- lez de leur peau, comme ceux qui meurent dans les a- mers; mais ils étoient plûtot durs , & colorés comme une amethyfle , tellement qu'ils paroifloient avoir eté contractes par dés aftringens, Tome IL. S 1: 274 THEOLOGIE première, c’eft de ne le pas donner en guife de poudre, ou en trop grande quantité; la. feconde, de s’en abftenir lorfque le duodenum eft fur-chargé d’acrimonie. Pour moi ; je. crois qu’il vaudroit mieux l’ordonner en fors, me d’éleétuaire , ou plûtôt en trochifques &s du moins c’eft la méthode Ja plus fûre. Au refte, c’eft au Médecin à favoir traiter fes, malades felon leurs forces, leur tempèrament, & leur âge; c’eft à lui à trouver promptez= ment les moïens d’évacuer les vers qu’il a eu l'habileré de détruire, & à empêcher qu'ils, ne deviennent plus préjudiciables après leur mort, qu’ils n’auroient pü l'être pendant leur vie. 1 Contre 1 ON fe guèrit du venin des Infeétes , par : cenin des fecours des antidotes (27). S’agit-il de quel- Infeées. que partie extérieure, on peut y appliquer de ja terre figillée, de la racine de gentiane d’Angelique , des feuilles de chardon benit ÿ de fauge & de rhuë, des bayes de genevrier,\ \ de l'huile de citron, de la pierre de ferpents Je ferpent lui-même, le fcorpion, la taren- tule, & autres Infeétes venimeux , pourvû qu’ils (27) C'eft ce dont il eftträité plus au long dans Antidota- vium Bonon , Med. Collegii diligenter emendatum € auctumi V'enet. 1620. Antidotar. Florentin. traduit en Latin,par. Car. Clufius Anvers 8 Petr. Alan. de venenis eorumque remcd.k Argentorat. 1566, 8.. Henr. a Bra tract. de curandis ve nenis per medicamcnta fimplicia, & facile parabilia. Arnb. 1603. 8 Hier. Perlini de alexiterüs Éÿ alexipbarmacis com mentariol. Hanov. 1613. 4. ob. ‘fac. Weckeri antidotar M gen. €ÿ fpec. Baf 1617. 4. D. fac. Schobers Schatz Kam-« merlein wider Gift, vel Erklabrung aller furnebmen Stuck Krauter und Wurtzeln, fo wider den Gifft zu gebrauchen Graz. 1575. 8. — DES INSECTES. 27$ qu’ils foient écralés: Tout cela fait autant d'émolliens & d’apéritifs; mais qui cependant ne fufhroient pas pour les parties intérieures. Soit que le venin d’un Infééte avalé réfide dans la capacité de l’effomac, ou que même il fe foit déjà mêlé avec la malle du fang, il faut des contre-poifons également actifs & heureux, comme pourroient être le gloflo- petre, le cinabre , l’huile d'amande , l’huile de mauve & d’abfynthe, le vin de gentiane, le lait, le beurre, lelard, la chair de vipère, l'huile de fcorpion, & le refte. De tous les antidotes en génèral, aucun ne me paroit plus fingulier que celui qui regarde la tarentule. Il ne confifte ni dans la fym- pathie des animaux , ni dans la force des me- taux, ni dans la quinteffence des végetaux ; c'eft dans la Mufique (28) (*) feule où il . faut (28) Vid. ob. Wälb. Albrecht Tra&. de effeiu Mu. ên corpus animatum Lipf. 1734. 4. Hrffenreffer de cut af- feib. & Kircher. in Mujurg. de modo, quomodo Mufices beneficio a Tarantulis morfi curari pofunt. Vid. D. Vate- vi Pbyf. experimentalis fyflémat Sect. IT cc. 14 Qu. V'IL. p. m. 2165. & D. Ÿob. Fac. Scheuchzeri Phy[. P. ZI c. 15.4. XXVIII. p m. 158. dont voici la traduc- tion: Comme on fait que le fon n'eft autre chofe qu’un: tremouflement de l'air qui fe communique aux organes de l'ouie; que l'on fait de plus que l’une des deux cordes à l’uniffon étant ébraniée, communique fon mouvement à l’autre, & que les eflets de l’uniflon & des accords font teis qué nous fentons quelque fois une émotion dans tout notre corps à l’ouie de certains tons de Mufque , on peüt auffi établir, que la Mufique emeut le fang & les efprits , dilatte les pores, & ouvre par là pañlage aux par- ties venimeufes qui s'échapent avec la fueur caufee par la danfe. | Et comme il eft d'ailleurs encor connu, qu’il y a de la yarieté dans là compoñtion du fang, des nerfs, & des 1 Se efprits Contre celui dé la Ta- rentule: 276 THBOLOGIEÆ faut les chercher. Elle a tant d’influence fur les efprits de chaque homme, de mème que dans le venin. des Tarentules, on conçoit aifément que de certains tons de Mufñque, peuvent convenir plutot à de certains poifons qu’à d'autres, qui pour être mis en mouvement , demanderont un ton ou plus aigu ou plusgrave ,& qu'airt- fi ces tons reveilleront & expulferont plutot des efprits conftituez d'uhe certaine manière, que s'ils n'étoient pas | ainfi conftituez Or quand après plufeurs eflais on eft parvenu à trouver le ton proportionné au venin, & que ce ton eft repèté plufeurs fois de fuite, il n'elt pas éton- nant que les efprits, mûs par là entrent de plus en plus dons les mufcles, & excitent tout le corps à danfer, tant” per eux-mêmes, que par le fecours du poifon qui eft 2- Jors auffi agite: tout ainfi que les perfonnes faines font quelqcefois excitées à fauter & danfer à l'ouie de la Mu- fque L'on peut auf lire Herm Grube de tu Tarentu- 2e & vi Mufices in ejus curatione conjeclur. Pbhyfico Med. Francf. 1679 8. (*) C'eft dans la Mufique. &c; Lorfque deux Chapi- tres plus haut, j'ai rapporté les effets que produit la Muf= que fur ceux qui ont ete mordus de la Tarentule, je ne, m'attendois pas que l’Auteur en dût parler dans ce cha- pitre: cependant comme nous avons chacun puifé dans des fourcés différentes, ce que j'en ai dit ne fera peut-" être pas tout à fait inutile, & les deux relations pourront fervir de commentaire l’une à l'autre. Mais ce qui me paroitroit en avoir bien plus befoin, c'eft la manière ‘dont on rend raifon de ces effets. J'admire ici la facilité avec laquelle Mr. Scheuchzer conçoit la chofe. … J'avouë ‘qu'il ne me feroit jamais venu à la penfée, comme à Jui, de trouver dans la propriété des uniffons, & des ac cords de quai décider pofivement que la Mufque, en agiant for les efprits, & fur le fang des malades, devoit dilatter leur pores, & ouvrir pallage au venin. Encore moins aurois-je conçu comment un ton plus ou moins aie gu pouvoit convenir à une efpèce de venin, & ne pass convenir à une autre , & que l’Inftrument accordé fur le poifon, devoit naturellement par fon bruit reveiller les efprits animaux , les faire couler dans les mufcles, & les” porter par le fecours du venin à faire danfer un corps; Tout cela, quelque clair qu'il paroiffe à Mr. Scheuchzer, » a pour moi des Myfières & des tenèbres que je D ens DES INSECTES. 277 les perfonnes qui font dans le cas, qu'elle met cn = fens pas capable de pénetrer. Je vois un peu plus clair dans l'explication que nous en donne Mr. Geoffroy dans PHifl. de l' Acad Roi des Sc, de 1702. Il conjecture que ke venin de la Tarentule caufe aux nerfs une tenüon plus grande que celle qui leur ef naturelle, & qui elt proportionnée à leurs fondions. C'eft felon lui la caufe de Ja privation de mouvement & de connoiffance. Ii pofe enfuite, que cette tenfon, égale à celle de quel- que corde d’Infirument, met les nerfs à l’uniffon d’un Certain ton ,& les oblige à fremir , dès qu'ils feront eébran- lez par les ondulations ou vibrations propres à ce ton particulier, que le mouvement rendu aux nerfs par un Gertain mode, y rapelle les efprits qui les avoient pref- que entièrement abandonnées, d'où il fait dériver cette cure Muficale fi etonnante. Cette explication, quelque natu- relle qu'elle paroiffle, ne laiffe pourtant pas que d’avoir aulü fes difäcultez : d'abord elle fuppofe une tenfion ex- traordinaire de nerfs qui les met à l’uniffon avec la core de d'un Inftrument. Si cela eft, il faut que les membres du Malade qui a perdu tout mouvement, foient roides, & dans une fituation diftendue ou contractée, felon l'ac- tion ëêgale ou inégale des mufcles antagoniftes. Or je ne vois pas qu'on nous repréfente le malade dans un état de roideur pareille. D'ailleurs fi c’eit par l'effet de l'uniflon où de l'accord qu’il y a entre le ton de l’Inftrument, & les nerfs du Malade, qu'ils reprennent leur mouvement, il ne s'agiroit pas tant ce me femble, de chercher un air fpécifique, qu'il s'agiroit d’abérd de monter l'Inftrument fus un ton qui ie mit à l’uniffon, ou au moins en accord avec ces nerfs : & c'eft encor ce dont on ne nous dit pas que le Muficien fe mette en peine. Joignez à cela qu'il paroit affez étrange que tant de nerfs de differente groffeur & longueur, puiffent fans deflein, fe trouver ten- dus de manière à former des accords, ou ce qui feroit encor plus fingulier , & même en quelque forte impoñi- ble, à Ctre à l'unifon avec le ton de l’inftrumeni dont an-joue. Enfin fi les Efprits ont prefque entièrement à- handonné ces nerfs,çcomme le fuppofe encore Mr. Geoffroy , ic ne conçois pas Comment il peut en même tems fuppo- fer, que ces nerfs foient tendus au delà du naturel, puif- que fuivant l'opinion la plus génèralement reçue, ce ge 3 es 278 THEOLOGIE en mouvement tous leurs membres engour- dis; de forte qu’elles fe lévent & danfent\ jufqu’à ce qu’elles fuent & tombent dans l’afloupifflement. La tranfpiration continue pendant le repos ; ce qui dégage le corps du venin dont il eft pénètré. Une autre, particularité remarquable, c’eft que le mé- me air ne produit pas toujours le même cf- fet: il en faut eflaier diffèrentes fortes, & en trouver un proportioné à la qualité du ve- nin : cependant il y a un ton favori qui a+ grée prefque à tous les malades; c’eit celui que les Italiens nomment l’#ria Turchefca. Les inftrumens de Mufque ne font pas tous de leur goût; l’un veut le tambour, l’autre w la flute, un autre la corne-mufe, celui-ci la : harpe; celui-là le violon, & chacun à part : danfe & s’agite jufqu’à ce que la violence du -venin s’évapore par la force du mouvement, « La différence des fymptômes qu’on remarque dans les malades, fe fait voir dans les taren- : tules elles-mêmes. On en prend de plu- fieurs couleurs, & on les place fur de petites lattes, ajuftées fur uné conque pleine d’eau. « Au fon d’un inftrument de Mufique, on voit « les unes fauter, & les autres fe tenir tranquil- « les, felon la difference de leur temperament. AVANT les efprits , qui par leur influence , tendent les nerfs, M Toutes ces difficultez, que je ne forme que pour donner occäfion à ceux qui font de l'opinion de Mr. Geofroy , 4 de les refoudre, n'empêcheront pas qu'on ne puifle re- garder fon explication comme fort ingénieufe, & même fi l'on veut comme affez probable: du moins aufli long- # tems qu'on n'en aura pas trouyé de meilleure. P. L DES INSECTES. 279 Avanr que de finir ce Chapitre, j'ai en- De quel. core à parler de quelques nouvelles inventions 9465 a- pour la deftruétion des mouches. Le régule dés Lis _d’arfenic eft leur vrai tombeau: on ne fauroit de fe ga aflez en recommander l’ufage, s’il étoit poffi- rantir des ble de compter fur l’attention la plus fcrupu- Pfécées. leufe ; mais la négligence de la plüpart des gens me feroit prefque naître l’envie de dé- crier des expèriences malgré leur fuccès. J'abandonne donc ce remède à la prudence de ceux qui en connoiflent les effets, & qui fa- vent les éviter pour leur falut & pour celui de leur famille. On préfente ce poifon aux mouches, ou dans une tafle, ou dans des va fes de verre fabriqués exprès. En 173$. pa- rut un Ouvrage anonyme , contenant la def- cription d’une machine pour prendre les mouches. Six ans auparavant, c’eft-à-di- re, en 1729. on publia pour la troifième fois un autre ‘Traité fort curieux fur une efpèce de trappe pour les puces. C'eft au Leéteur à puifer dans ces fources, & à prof- ter de la recette contre les punaifes, que Mr. Southalls, Doéteur Anglois, reconnoît avoir apris d’un Nègredes Indes Orientales. Ce re- mède a l'effet fingulier de raffembler toutes les Punaifes d’une maifon, & de faire qu’elles viennent toutes mourir à un même endroit. ET KL S 4 CHA- 289 THEOLOGIE RSR Lente Gt ent se LEE EEE RL ET EE A CHAPBITRE VI. De l'abus qu'on fait des Infeëtes dans la vie civile. | L'on es Uaxp l’homme néglige de faire un bon Jait un ufage de fa raifon, & qu'il fe plait à En à Jr s’abandonner à des fpécuiations vainés zieur, à Chimèriques, il n’y a rien fur la terre fur quoi 1l ne foit capable de fe faire des illufñons. Tout eft pourtant marqué dans la Nature; on ne peut fe tromper aux caraétères, que lorfqu’on veut y lire ce qui ne s’y trouve pas. C'’eii-là ve- ritablement le cas de ces perfonnes qui fe mé- lent de pénètrer dans l’avenir (1 ,& qui font des choles un ufage tout différent de celui pour lequel Dieu les a formées. André Mat- thiole | 2 : nous dit que chaque galle du ché- ne qui n’eft pas trouée, fans en excepter aucu- ne, renferme ou une mouche, ou une araignée, ou un ver; que le prémier de ces Infeétes an- ponce (*#) la guerrc; le fecond, la Peite; le trOir » mg > Sr tm mate + tien ue mai PT ST (x) Je ne nie pas qu'une grande quantité d'Infeétes ne puifent être un prefage naturel de la pefte; en ce qu'ils peuvent l'occafonner ; mais je ne crois pas que la confe- quence foit neceflaire; parce que des vents favorables peuvent purifier l'air des influences malignes de ces ani- maux, & en prevenir les effets, é (z) Commentar. in Diofcr. de re med. L. I. c. 23, « . 214. E UN EPST UNIES ST TU (#) Que le premier de ces Infeétes annonce &c. Sui- vant cette belle découverte , il faudroit que nous eufons be ! 164 DES INSECTES. 28t troifième, la difette. La manie de prédire s'eft étendue pius loin; d’autres vifionnaires combinent les évênemens que celui-ci a par- tagés, & veulent qu’une abondance de faute- reiles ! 3. dans un païs, foit une marque cer- taine qu’on y efluiera ces trois fleaux à Îa fois. Que dis-je ? On a vü des gens aflez fanatiques pour Gfer foutenir qu’ils avoient lÿ fur les aîles ‘ 4) de ces Infeétes des caractères félatifs à la prédiétion. L'’ignorant, comme le favant, s’eft arrogé le droit d'y mettre da fien; il n’y a prefque plus rien dans la vie, qui, par règle, n’apprenne ce qu’on a à at- tendre de bon ou de mauvais. Parmi les In- {etes domeftiques, 1l s'en trouve un qui ron- ge & bat avec tant de juitefle, qu’il imite parfaitement le mouvement d’une montre la mieux rêglée; aufli l’appelle-t-on l’horloge de | la fegulièrement tous les ans , premièrement la difette, & enfuite la guerre ; puifque chaque galle commen- ce par contenir un ver, & enfuite une mouche, qui pondant après cela fes œufs dans la nervure d'u- ne feuille, ne manque pas d'y faire naitre de nouvel- les Galles toujours annonciatrices des mêmes fleaux. Il n’ÿ a que la pefñle, dont ces galles doivent rarement où plûtôt jamais nous menacer, parce que fi une araignée fe trouve dans une galle ,ce n'eft que par pur hazard; les galles n'étant nullement la demeure naturelle de ces In- fetes encore faut-il alors que ces galles foienttrouées. P. I. (3) De là vient que la Sauterelle s'appelle wayris où ropheteife ; parce que leur arrivée prefage la difette. oyez Cœl. Rhodig L. XXX. c. 22. (4) Voyez touts ces fortes de contes dans. éeferie. in Sap. c. 12. Conc. III f. 393. Bocbart. in Hieroz. P. II. L. IV. col 486. lin. 63 Kirchmeïer. in diff. epifi. ad D. Paullini p. 12. Paullin, in der Zyit-K, &, çrb, Luf. P. II, n. 107. p. 561. | S $ 282 THEOLOGIEÆ | la mort, parce qu'on augure qu’il mourra. bientôt quelqu'un dans la maifon où il fe fait entendre. Pour appuier tous ces contes, on allègue l’expérience ; mais quel cas peut-on” faire d’une preuve fi mal fondée ? Lorfque deux chofes arrivent fucceflivement, qui nous a dit que Dieu a voulu marquer par les parti- cularités de l’une les circonftances qui accom- pagneraient l’autre? Il y a eu des années fé- condes en Infeétes, qu’on veut qui foient de mauvais préfage, & qui cependant ne nous ont amené n1 guerre, ni famine, ni pelte, ni mor- talité. Ces accidens peuvent être furvenus long-tems après, par conféquent ils ne font | pas la fuite des prétendus indices qu’on en a eus. Bien des gens ne rabattent rien de leur La préjugé, ils veulent à toute force que cet ef- fer foit celui.de la caufe qu'ils fe figurent 3 « mais comment en démontreront-ils le rap-… port? Comment feront-ils pour nous perfua- der que ces Infeétes qui fe font manifeftés dans un pais, ont été les avant-coureurs des ! calamités d’un autre? Le Monde eft un grand $ théatre, dont la fcène a toujours été occupée par de femblables tragédies ; de forte qu’on ne verra peut-être jamais de tems, où quel- que Etat n'ait le malheur d’être le lieu de l’ac- tion. À ce prix, la fuperftition ne manquera point de prétexte; elle aura lieu, ou de de-« viner juite, ou d’excufer fon erreur. - L'on en LEs Marchands n’abufent pas moins des abulé Infectes aux dépens de la confiance des ache- dans 1 comme. teurs. On fait que la cochenille eft fort re- ce. cherchée pour les teintures , & paiée fort cher à caufe de la beauté de fa couleur. Ceux qui DES INSECTES. 283 qui en font commerce , la mélent avec les corps de petits Scarabés rouges (f); ce qui leur fait un profit confidérable. La fuper- cherie eft énorme; elle ne diffère en rien de la mauvaife foi d’un homme qui vendroit du vin & de l’eau pour du vin pur. En effet, dès qu’on vient à fe fervir de cette marchan- dife dans une eau alcaline , il arrive qu’elle ne donne qu’autant de couleur qu’il y a de vraie cochenille. | CoMBiEx de perfonnes ne font pas mauvais L'on en ufage de la foie par un excès de leur vanité ? Jai des Le vêtement eft néceffaire à l’homme, tant pour le couvrir, que pour le garantir des in- jures de l'air; le feuillage, ou la peau des a- nimaux ne pourroient-ils fufhre à ces befoins? Les Anciens s’en contentoient; mais lorfque dans la fuite chacun voulut fe diflinguer par des marques de magnificence, on imagina mil- le moïens propfes à favoriler le luxe. Ce fut alors qu’on froiffa plufeurs plantes pour en tirer les filafles, qu’on dépouilla les animaux de leur poil & de leur laine, qu’on dévida les coques des vers-à-foie, qu’on fit des toiles, qu’on fabriqua du drap, qu’on les teignit de toutes fortes de couleurs. qu’enfin on s’en ha- billa, moins par néceflité que par prodigalité & par oftentation. Ces inventions mirent fin à la fimplicité naturelle , tout fut métamor- phofé, &c ce qui n’auroit dû fervir qu’à cou- vrir la nudité de l’homme, devint l’objet de fon orgueil. Chaque fiècle eut fes modes, & on (5) Frifch. P. IV. p. 4. infires- mens du luxe, De Ja coquete- rie. Jâge. Elles fe frottent le vifage de cire (6), . ! 284 TuHEzoLoGciE on rafina tellement fur le bon goût, qu’infen- fiblement on en eft venu juiqu’à l’extravagan- ce. La contagion a gagné tous les efprits, « & tel qui pourroit vivre commodement felon « fon état, s’appauvrit par la dépenfe, & s’enve- loppe dans ja mifère, comme le ver-à-foie {e . renferme dans fa coque. La vanité et un mal à fuir; & fi l’homme raifonnable y eft aflujetti par fa naiffance & fes em- plois, il ne doit jamais perdre de vüe l’o- rigine de ce pompeux extérieur. Cette ré- flexion l’empêchera de s’enorgueillir ; elle l’engagera à fe tourner vers Dieu, & à s’é- crier avec Efter IV. 16. Tu fais la néceffité à laquelle je [uis réduite, E3 comment j'ai en abo- mination la marque de ma grandeur qui eff [ur ma tête, dans les jours qu’il faut que je fois véc; que j'ai cela en détefation autant que le drap fouillé, € que je ne le porte poigt aux jours de 7108 repos. . | Si la vanité regne parmi les hommes, elle ne domine pas moins dans le cœur des fem- mes. Non contentes de s’orner le corps de tout ce que l’art peut produire de plus pré- cieux, elles s’étudient à fe blanchir, à fe rougir le tein, & à changer leur vifage en dépit de la Nature. Hormis le grand {ecret de rajeunir, l’artifice & la coqueterie leur ont fait trouver remède à tout ce qui leur manque du côté de la beauté; encore en voit-on qui fivent puifer dans les ruches de mouches à miel de quoi effacer les fâcheufes empreintes de | (6) De là vient que Plaute , après avoir dit Iffas Bwe- cas DES INsEcTEs. 28$ & fous un déhors, emprunté des excrémens de la terre, elles croyent encor pouvoir fafci- tiér les yeux pour avoir bon marché du cœur, Les peuples de la Lapponie font grand cas Et & la d’une efpèce de mouche de couleur d'azur, Pierki- Ïls la portent dans la poche comme un Efprit familier (7), perfuadés qu’ils ont un empire fi abfolu fur cet Infeéte, qu'au prémier ordre, il attaqueroit le bétail & la perfonne de qui- conque ils jugeroient à propos. La préven- tion où font les Danois fur le pouvoir de l'ofcabiorn (8), eft pour le moins auffi ridicu- le. Ils prétendent que celui qui avale ce poif- fon demer, aura immanquablement le bon- heur de voir fes fouhaits accomplis. cas tam belle purpurilfas babes, ajoute peu après. Buccas Yubrice cera omne corpus obtinxit tibi. Ovide fait enten- dre la même chofe L, IE. de art. Amandi: Satis € inducta candorem quærere cera, Sanguine quæ vero non rubel , arte rubet, Et Philoftrate Epift. 39. nomme les femmes ainf fardées Knsivar yuraixss, c'eft-à- dire, des femmes cirées, Parce quelies ufent de cire pour fe farder le corps. (7) Is les appellent Nan voyez Hubn. Nat,und Kunft- Lex p..m. 1254. des getr. Eclards ungerviffènb, Apotbeck, P. 921. (8) O7. worm, Muf. L. II. ©. 2, f. 241. ER RP P CHA: Les In- feëles ob- jet de l'i tes des Divinités auxquelles ils rendoient leurs 71 hommages (1). On imite ces Idolâtres, lorf-. qu’à l’Etre Créateur on fubftitue l’Etre créé; ou lorfqu’on rend à l’ouvrage des hommes les honneurs qui ne font düs qu’au vrai Dieu. Remontons aux prémiers fiècles du Paganif- me, & voions ce qui a pû occafionner cet aveuglement, L'homme, abandonné à lui- même, fent trop fa dépendance pour douter qu'il n’y ait au-deflus de lui un Etre, auquel il doit fon refpeét & fon amour ; mais comme Dieu eft d’une nature invifible | & qu’il ne fe manifefte que par les bienfaits qu’il prodi- gue à fes créatures , l’homme s’eft imaginé qu’il ne pouvoit mieux fervir fon Bienfai- teur, qu’en l’honorant fous la forme des ob-. jets par lefquels il fe donnoit à connoître. C’eft ainfi qu’il eft parvenu à adorer le foleil, la lune, les étoiles, les morts & les vivans, les brutes & les Infeétes. St. Paul (2), dans dolat _286 THe&oLoctre * dB ne pate omc: RERe GTE GES 623. p. 1052. & f. 629. p. 1070. . CHAPITRE. VIL De Pabus qu'on fait des Infeites en matière: de Théologie. Es Païens ont extréméméent outragé la! Nature, en choififlant parmi les infec- fon (1) Voyez ma Lithotheol. L. VII. Sec, II, €. x. 4. (2) Les Hiforiens profanes confirment ce que l’Ecritu- re DES ÎINSEcTESs. 287 fon Epître aux Romains Chap. 1. vs. 23. met le fait en évidence, lorfqu’en parlant des Gen- tils, il s'exprime de la forte: Z/s ont changé da gloire de Dieu incorruptible en l4 reffemblan- ce de l'image de l'homine corruptible , 3 des oi- feaux, € des bêtes à quatre pieds, © des rep- tiles. L’Auteur du Livre de la Sapience XI. 26. 17. en dit autant du Peuple Juif, qui fut puni par l’objet même dont il avoit eu la té- mérité d’abufer. Pour récompenfe des fantai- fies foles de leur iniquité, par la [éduttion def- quelles ils ont adoré des reptiles qui n'ont aucun ufage de raifon, €S d'autres bêtes viles, tu leur as envoié multitude de bêtes fans railon pour te venger d'eux, afin qu'ils connuffent que l’hom- me eft puni par les chofes mêmes par le[quelles il péche. 19" Les Païens, outre leurs facrificés, avoient la coutume d'offrir du miel (3 ) à leurs Ido- Jess re nous enfeigne touchant l'idolâtre extravagance des Gentils, qui adoroient des animaux & des Infectes Hero- dote LIL, c. 65. dit : Ægyptus quum fit Lybie jfini- tima, non admodwn beftiis abundat, que vero illic funt , eæ ommes pro facris babentur | partim manfuete , pariim immnanfuetæ. Et Cic de Nat. Deor, L IIL - Omne fe- re, inquit , genus befliarum Ægyptü confecrävèrunt. Adä. Tuven. Sat. XV Ajoutez à cela ce que dit Arnobe des Egyptiens gentil. L In. 19: Templa felibus, Scarabæis © buculis fublimibus funt elata fafhigis. (3) Apollon dans Eufeb. Pampbil L; IV. de prepa- rat Evang. c. 3. infinue que le miel fait plaifir aux Dieux lorfqu'il dit. - - Mel vero Nympbe atque liquentia vina, -Offerri letantur , ac ignem accendier aris, uæ circumvolitant terram fibi numina querunt : mponique atrumn corpus , tum thura fimuique Injicier falfas fruges, &' dulcia mella. e Et L 288 THEOLOGIE les; ce qui a donné lieu à quelques perforis nes { 4) de penfer que c’étoit la raifon pour- quoi Dieu avoit détendu à fon Peuple de ini en faire oblation. Si on en doit croire Al: drovande les habitans de T laxcalan ne mefufent. pas moins du provenu de leurs abeilles. Ils ent! prennent la cire , en font des cierges, & les offrent à leurs principales Idoles, en marque de leur foumiflion. Non feulement ces odieu- fes pratiques fe font fortifiées par l'habitude, « elles ont même fervi d'acheminement à des exces plus confidérables, jufqu’à établir des fêtes folemnelles à l'honneur des Infeétes (5). Cælius Rhodiginus fait mention d’un our dévoué au culte des fauterelles ; & que les Paiens de l’ancienne Rome célebroïent avec beaucoup de véneration le 8. des Calendes de. Décembre , afin d'obtenir d= ces faufles Di- vinités des égars pour leur païs. Ces peuples étoient fi fupetftiticux, que dès qu’un eflain d’a- su: « Lrbé Et dans Calphurn El. 0. il eft dit. 1p ;, INos quoque pomiferi Laribus confuevimus borti Mittere primitias, € figere liba Priapo, Rorantes fagos damus, & liquentia mella. (4) Cette raifon ne me paroît point vraifemblable La fageffe de Dieu à fort bien fü diftinguer l'ufage de l'abus, & elle a reçu dans fes fêtes & dans fes facrifices bien des chofes que les payens admettoient dañs les leurs. C'eft pourquoi il doit y. avoir une autre raïfon de cela, que j'avoue m'être inconnue. (5) Dans la fête du Dicu Terme, qui fe celebroit x « Rome au mois de Fevrier ,entr'autres chofes que l'on of- froit à cee Divinité, une jeune fille lui prefentoit des rayons de miel. Ovide L.:IT. Faftor: en fait mention. Inde ubi ter fruges medios (puer fe.) émmifit in ignes, Porrigit incifos filia parva favos. | DES INsEcTESs. 289 d’abeilles (6) fe jertoit aux environs de leur Mille , ils la croioient par là fouillée , & s’ima- ginoient qu’elles leur prefageoient des mal- heurs. Pour détourner ces accidens, ils in- diquoient des jours folemnels ,où chacun s’em- prefloit de calmer la colère de fes Dieux: ils en agifloient de même lorfqu'ils fe croioient en difgrace avec les fauterelles. Les Juifs (7) rous racontent bien des mer- Fables des veilles des Infeétes; mais qui ne pañlent tour Fais cs au plus que pour des fables dans l’efprit des ob gens qui raifonnent. ft dic 1. Rois VI. 7. fafedtes, qu’ez bäétiflant la Maïfon (c’eft-à-dire le Tem- ple ) on la bâtit de pierres amenées ; toutes tel- les qu'elles devaient étre; de forte qu’en batif- fant la Mailon, on n'entendit ni marteau, ni bache, ni aucun outil de fer. Les Juits, qui trouvent matière à aider aux expreflions de ce paflage, ne marquent pas de dire que les ouvriers fe fervirent d’un ver pour tailler les pierres, & que cet Infecte , nommé Scha- mir (6) Cap. Peucerus ds pracip. divinat. generib. p. m. 206. lat. b. (7) Reioi content que Nimrod , faifant la Guerre à ÆAbraban, {on armée fut mife en fuite par les Moucbes ; & qu'il y en eut une, qui étant entrée par les narines dans le cerveau de ce Prince, devint aufli grande qu'un pañe- reau , & caufa enfin fa mort Ur/fin. acerra Phil. Lib. IT. n. 282. Ils difent aufi qu'une Mouche caufa la mort de Tite , qu'étant entrée dans fon cerveau par la refpiration, elle y féjourna fept ans. Que pañlant un jour devant la boutique d'un Maréchal, le bruit du Marteau étonna la mouche, qui ceffa de ronger, Que le Prince s’en étant apperçu voulut employer ce remède; mais qu'au bout de trente jours ,la mouche s’y accoutuma & recommença à ronger le cerveau, Que Tite étant mort fubitement, Tome II. ÿ à log 290 THEOLOGIE mir (8), les fendoit & les brifoit aux endroits où | il étoit appliqué. Ils ajoutent qu’il avoit la figure d’un grain d'orge, & qu’on le confer- voit dans une boëte de plomb, parce que s’il avoit atteint des rochers, il les eût fendus & détruits. Cependant aucun Hiftorien , ex- cepté les Rabbins, ne parle de ce prodige ; qu’on peut avec raifon revoquer en doute, & mettre au rang des fables. On a bien autant de peine à les en croire lorfqu’ils affürent que, quoiqu'il y eür dans la Terre promife une : grande abondance NE il ne s’en trou- voit jamais dans l’enceinte du Temple (9), malgré la quantité d’animaux qu’on y immo- loit; qu’au contraire aux facrifices des Paiens tour étoit fi plein de ces Infcétes, que la prin- cipale de leurs Idoles fut nommée Be/zebub, c’eft-à-dire le Dieu des mouches €$ des mouche- rons. Sans vouloir m’arrêter à déterminer « quelle pouvoit être la diftance à laquelle le # feu & la fumée tenoient les mouches éloi- gnéces de l’Autel, je me contente de faire re- marquer qu’il n’eft pas croïable que le Tem- ple en ait été abfolument exemt ; d'autant plus que l’Ecriture n’en dit mot, & que la“ circonftance méritoit bien d’être rapportée, fi elle avoit eu le moindre carattère du vrai. Pour ce qui eft des lieux deftinés aux pen ces l'on ouvrit fa tête, & qu'on y trouva une Mouche de la m grandeur d’une colombe d’un an, dont le bec étoit d'ai- # rain & les piés de fer. Saub. in Orat. de Ling. Hkb. mece]. Subj. ej. Paieftre Theol. Philol. p. 37 : (8) Vid. in Lätbo-T beol. in not. ad L, VI, Sec. IE, “ €. 1. ÿ. 484. ?. 816. (9) Miri Pbyf. 8, p. 854. DES Rs E C'IE s. 291 fices des Païens, je veux bien croire que les mouches s’y rendoient de toutes parts avant qu’on eût mis le feu aux viétimes, parce qu’a- lors elles fuivoient fans obitacle le penchant naturel qu’elles ont pour la viande. Les Rab- bins mettent encore fur le compte de David un bon nombre d’avantures miraculeufes (*); entre autres, qu’à l’occafion de fa retraite dans la caverne d’Hadullam 1. Sam. XIL. 5. Dieu y fufcita une araignée (10), dont la toile (*) D'Avantures miracuieufes. Voilà le tour d’efprit du gros des Rabbins. Ils aimoient à femer dans leurs écrits des fables deftituées de route vraïfemblancse. C'eft ce qui a fait croire à bien des favans que ces fables n'é- toient proprement que des figures hardies, & des fables allegoriques , fous lefquelles ils cachoient des veritez très, importantes C'’eft apparemment ce tour fabuleux qu'ils aimoient à donner aux Chofes, qui à fait pafler les Juifs dans l'efprit des Romains, pour une nation fort crédule, & en même tems peu veridique ; témoin le Credaf Fudœus d'Horace , & ie qualiacunque voles de Juvenal. PI (10) C'eft à quoi paroit avoir fait allufon l'inter- prête chaldaique; Korfqu'il a rendu de cette manière Je vs. 3. du PL Lvu. 'invoquerai le Dieu -très baut, qui a define l'araignée pour faire en ma faveur une toile devant l'ouverture de la caverne. Ceux de l’Eglife Romaine croyent quelque chofe de femblable de Sr. Félix ; ce que ‘faques Biddermann a ain exprimé. Lab. I. Epigr. CXXIT. | A prœlis ubi Nola gemit vicina Falernis TIngenii fpecimen grandis aracbna dedit. Pone fequens boftis veftigia pref[a legebat , Quæ Felix pedibus fecerat ante fugam. Fam pede pone pedem calcari fenferat, & jam Injeitas manibus pœne caire manus ; Et nufquam loca tura fugæ fuper ulla, nec alla, Qua fugiens polfet fallere’, vallis erat. Nurninis ergo fidem trepido vocat ore, vocatam Numinis extemplo fenfit agelle fidem. * | T rs Nan . 292 THEOoLOoGIE toile en cacha le fond à Saül, qui par-là per: dit l'occafon de fe faifir de fon ennemi. La manière dont nous favons que David furprit . ce Roi campé au côteau de Hakila, a ceci de plus; que David, pour faire le coup qu’il fit, pofa le pié entre ceux d’Abner qui étoit endormi à coté de Saül; qu’Abner s’étant remué dans cet intervalle, mit tellement Da- vid à l’étroit, qu'il ne pouvoit fe dègager fans courir rifque d’éveiller l’un où l'autre; qu’au milieu de ce danger, Dieu détacha une : mouche qui piqua Abner à la jambe, & pro- cura à David la facilité d’emporter la halle- barde & le pot à eau du Roi. L A lexemple des Juifs & des Payens, il femble que quelques Chrêtiens ayent aufl vouiu tirer parti des Infectes pour leur Reli- gion. 7%. Balde (11), à deflein de marre a Nam vetuli cœpit difcordia provida muri Et paries toto ruptus biare fine. Huc fubiens, boc, inquit, babes, fi vivis afylum, Aut certe tumulum , fè morieris, babes, Vis ita fe muri penctrarat in abdita Felix Hbfiis ad inventas cum fletit, ecce, fores Sufpectafque ratus , fubiiffet & iple, juberent Ni vifa illaturm figna referre pedem : T'enuis nam fœto de vifcere fila vepente LDuxerat bifcentes inter arachna Lares. Hofiis ut obduétas texto propetafmate valvas V'idit , inacceffum credidit effè locum Arceturque fpecu (quis credere poffit®) aperto, Ceu foret objecfis janua vinéta feris. Nempe jubente Deo, cum meret aranea telam , Tela putabatur , murus € agger erat. (xx) Voici comme il s'en exprime Libr. II. Syly. a- piar. D. 3. 53. Nec femel & teto mivea fub nubs tonanti Ædificafle domum 3 w PUS PT. PT TS AU L \ DES INSECTES. 293 la préfence réelle dans l’Euchariftie , raporte que des Abeilles ayant trouvé une Hoftie à terre , lui avoient rendu leurs homages, & l’avoient portée très refpeétueufement dans leur Ruche. Fra Baptifte de Pifis dans fon livre conformitatum vite P. Francifci ad vitam . C. Mediol. 1510. Fol. 72. nous aprend qu’une Araignée étant tombée par hazard dans le Ca- lice, tandis que St. François difoit la Mefle, ce St. Homme aima mieux avaler l’Araignée, que. de perdre en la jettant une feule goute de ce precieux breuvage; & il ajoute, 6 pro- dige! que cette Araignée lui fortit enfuite par los de la jambe fans lui faire aucun mal. On lit Fucunda fama prodidit. Heu! mediis quoties campis negletta jacebat Æibere malfa Ceres Periculojx in graine, Rumor ubi vefiri regis pervemit ad aures : Convocat, € medius Patruin rogat [ententinm, Pars indignantur mortalibus , agmine facto : Spicula pars acuunt, Fullafque promittunt minas. Nummnis urget bonor : Bellum differtur & ira, Rex mehore Deurn Cenfet reponendum toro Vix ca: Cum motis caftris emif[a juventus Ocius approperat Humi jacentem tollere. He flernunt alas; bæ pulvinaria fubdunt , Pallida de violis, Et de Liguftris candida, Succollant procerum primi , tum confule fultuns Pignus, ab innumeris Stipatur bic liéforibus ; Inde fenatorum cœtu comitante, curuli, Fertur in akria, Cuncli Quirites advolant &c. 3 504 THEeOoLOGIE lit encore dans N'erembere (12) que St. Fran: çois fe promenant un jour dans un Verger vit üne fauterelle qui aufli-tôt quitta la plante où elle étoit & vint fe percher fur fa main; qu'il lui, ordonna de chanter les Louanges de Dieu, & que la fauterelle à haute voix entonna un trés : beau Cantique (*). (12) In Hiftor. Natur. L. IX. c: 95 Fol. 203. (*) Entonna un très beau Cantique. I] feroit à fou- haiter pour l'honneur de la Religion, que bien des Ecri- vains, fur tout ceux des Legendes, ne l'euffent pas fi fouvent expofec à la raillerie des Incredules qu'ils l'ont fait, en nous débitant de leurs faints une infinité de pre- tendus Miracles fouvent encore plus puérilés que ceux ci, pat À TL CHAPIT.RE. VIII. De l'abus qu'on fait des Infeëles contre les _doix de la uri[prudence. NOR L* vengeance eft fi douce, elle a tant d’a- Dals pouf grément, que toute oppolée qu’elle foit affuvir aux Loix divines & humaines, elle ne laiffe Ja var bas d'être un vrai contentement pour les per- fonnes qui fuient la noble maxime de pardon- _ner à léurs ennemis. Toujours en embufca- de, elles cherchent à troubler le repos de ceux à qui elles en veulent. Peu leur impor- te de quelle manière elles les attaquent, pour- vû qu'ils périflenc, & que la peine leur paroiffe , ou égaler, ou furpañer l’offenfe. Cette affreufe pañlion ne trouve dans la Natu- re’ DES INSECcTE=ESs. 290$ te que trop de moïens de fe fatisfaire; les In- fetes même lui ont fouvent fervi d’inftrument pour aflouvir fa fureur. Il y a eu un tems en Italie, qu’elle agifloit fi heureufement par le venin de la chenille pityocampa, que pour lui enlever cette reflource, les Souverains furent obligés d'établir des loix très févères (*). Les Grands n’ont pas été plus retenus que le me- pu peuple; au contraire l’autorité & l’impu- nité ont porté le reflentiment aufi loin qu’il pouvoit aller. En 1126. Henri le Jeune (1), furnommé le Pofthume, Margraff de Metz, de Lauffnitz, de Landsberg, & Comte d’Fu- lenbourg, ne fe vit pas plütôt le vainqueur du Margraff Conrad le Grand, qu’il fongea à tyrannifer un Prince, de la liberté duquel le fuccès d’une bataiile l’avoit rendu maitre. Il le fit conduire au château de Kirchberg, l’y tint prifonnier dans une cage de fer, & l’abandonna nuit & jour à la merci des mou- ches. Sigefroi, Archevêque de Cologne, en ufa de même envers Adolphe (2), Comte de Berg. Ce Prélat, emporté par la haine, ou- blia tellement ce qu’il devoit à lui-même & à fon ennemi, qu’il s’empara de fa perfonne con- tre la foi promife, & le deftina à être lanour- riture des Infectes. Pour lui donner moins de repos, il ordonna qu’on lui frotât le corps de (*) Des loix très feveres. Voyez ci-deflus Liv. II. Pait. [. Chap. 3. (1) Henming. in Tabb. Gencal. de quat. Monarcb. P. IL. f. + 22 (2) Herm, Hamelm, L. III. de famil. émort. p. 163. T 4 Pour Lourmen- ier les prifon- aiers. 206 » ST HET © L Oo GIE de miel, 8 que rénfermié dans uné cage, of lé trainât par-tout à fa fuite. J1 me fouvient. d'avoir lû autrefois, je ne fais dans quel Au: teur , qu'un Empereur Païen, voulant rén- chèrir fur les fupplices dont les Chrétiens a- voient coutume d’être punis de leur innocen- ce, en inventa un de la dérnière cruauté. -Il faifoit enterrer, ou murér les Chrètiens juf- qu’au cou, leur laifloit la tête découverte, & expofoit ainfi ces pauvres gens, le vifage en- duit de miel, à finir leurs jours & leurs maux par la pique des Infectes. L a dureté des Juges, ou des Geoliers en- : vers les criminels, eit encore un Cas que j’en- vifage comme un abus qu’ils font de leurs charges, &T par conféquent comme une faute qu'ils commettent contre le Droit. Je parle de ces criminels qu’on laïffe croupir dans leurs ordures, & qui, fauté d’une botte de paille, : font à moitié rongés par la vermitie ; âvant que leur dernière heure arrive. On me dira que les malfaitears, dignes de mort, le font auffi dé toutes les incoïnmodités de la prifon; mais où trouvefat-on qu'ils doivent fabit deux châtimens à la fois? On anticipe réelle- ment für la fenténce d’un criminel, dès qu’on lui rend le court intervalle qu’il y a de fa vie à fa mort, plus cruel ; & fouvent moins füpportable que ic fupplice même. Il y va de la confcience des Juges de veiller à la condui- te de leurs fuppôts, & d’avoir les yeux atta- éhés fur l’état des malheureux, dont la vie eit entre leurs mains. IL nous eft défendu par les Loix de caufer aucun préjudice à qui que ce puifle être, foit en bEs ÎINsEcCcTESs. 209 en nufant à fa perfonne, foit en endomma: geant fes biens, foit en confpirant contre fon bétail. La défenfe eft générale, elle ne fouf- fre aucune exception, ni ne reçoit aucuneex- cufe ; de forte qu’on ne peut légitimement entretenir dés frélons au détriment des abeil- les de fan voifin. Le cas a paru fi grave à ceux qui font revètus de l'autorité fouveraine, qu’ils y ont fagement pourvü par des peines affictives. L'Homicipe de foi-même eft un autre ex- Pour cès, condamné également par le Droit divin serpoi- & le Droit naturel. Oublier l’amour propre Probh raifonnable, renoncer à l’inclination qui nous | porte à vivre, s'ériger en bourreau de fon propre corps, c'elt, à mon avis, l'abus le plus énorme qu’on puifle faire de fa raifon & de fa liberté. Voïlà le cas de ceux que l’on nous vante pour avoir mieux aimé trancher leurs jours par le fuc empoifonné de quelque reptile ou de quelque Infeéte, que de fuppor- ter un fujer d’afliétion mediocre, ou une dou leur paffagère. | Querque étendu que foit le pouvoir d’un g, pur Prince, il avilit fon thrône, il fouille fon empoifon- fcéptre, s’il difpute le pas à la juftice, &s’il #* 4s balance entre le choix de Ja clémence ou de “7 la férocité. Lorfqu’au moien du poifon il fe défait d’un fujet innocent ou excufable, ii defcend du faite de la gloire jufqu’au dernier dégré de l’abaiffement ; il a beau tempèrer la force du poifon par la douceur du miel, c’eft moins un acte de mifericorde, qu’un trait de perfidie & un furcroit de cruauté. Il imite tn cela le Sénat d'Athènes, qui, réfolu de pi ÿ pu= 208 THEOLOGIrE punir Socrate (3), accufé d’Athéifme pour ne croire qu’à une feule Divinité, lui prépara u- . ne boiflon agréable au goût, & funefte à fes jours. (3) Ovide in Ibin dit de Socrate allant mourir. Uique duobus idem dictis mibi nomen babenti Prefocent anime Gnolia mella viam. Solliciroque bibas vultu , doëtiffimus olim Imper turbato quo bibit ore reus. GETOGOGOCOSGTONSGOLD CHA P.IT R:E 12 De l'abus qu'on fait des Infeiles en ce qui | regarde la Médecine. Certains Our le but de la Médecine confifte, ou Infectes à conferver la fanté de l’homme , ou à . pafent ]a rétablir lorfqu’elle eft dérangée. S'éloigner TE des principes de cet art, c’eft tomber dans l’er- un fpéci- eur; agir d’une manière qui y eft oppofce, fiqu, c'eft donner dans l’abus. Les gens du menu peuple n’évitent prefque jamais ces deux de- fauts, ils ont parmi eux une forte tradition dans fur laquelle ils fondent leur croiance. Vers la : l'efprit du St. Jean, on trouve à la racine de quelques Peuple. Llantes une efpèce de baye, tirant fur le pourpre, & qui n’eft rien autre qu’un tiflu : de Scarabées (*) rouges. A entendre ces. Im- (*) Et qui n'eft rien autre qu'un tiffu de Scarabees. Ce n’eft point une coque de Scarabée; cette baye eft l'a- pimal lui-même qui eft vraifemblablement du genre de ceux que Mr. de Réaumur appelie des Prozallinfectes, Voyez les Remarques Liv. I. Part, IL. Chap. 1. P. L pese DNA s E ofTiE s. 209 Imbécilles, c’eft du fruit de St. Jean, quine croît qu'à pareil jour, & qui, fufpendu au plancher, ou écrafé fur les habits, préferve de maladie pendant tout le cours d’une an- néc. Les Charlarans fans génie, les Médecins Et @s fans expérience échouent prefque toujours Æ”#ri- dans des accafions où d’autres réufliflent. La 7“ raifon en elt claire, c’eft qu’ils ignorent les routes battues ; ou s’ils les favent, ils n’en connoiffent que l’entrée , & jamäis l’iflue. De là vient que n’aiant pas la capacité de préparer & de corriger les remèdes, d’en rè- gler la dofe, de leur donner un véhicuie con- venable, ils perdent leurs malades par des mé- decines , qui les aurotent guéris fi elles avoient paflé par d’autres mains. 11 y a des accidens où certains Infeétes opèrent avec beaucoup de fuccès; mais la guérifon n’en eft jamais plus incertaine que lorfqu’on l’attend de ces Em- piriques prefomptueux qui ne parlent que d’or potable & de médecine univerfelle. Dans les maladies incurables ils font les premiers & les derniers à ordonner ; il font là leurs coups de maitre & délivrent de tous maux en accéle- rant le deuil des familles. Les cas où des re- mèdes mal appliquez, ou employez à de mau- vais ufages, ont eu de funeftes fuites, ne font pas rares. Les Infeétes ont quelques-fois four- ni matière à de pareils accidens: pour en al- leguer quelque exemple, j’ai vu qu’un de ces Medecins de Carrefours dont il vient d’être parlé, ayant fait prendre des cantharides à quelcun pour le guérir de la pierre, le Mala- de fut aufli-tôt attaqué de très vives douleurs; il 300 THEOLOGI:1E il rendit du fang par les urines , la gangrêne furvint, & termina fes jours. Un Italien, que | ° je me difpenfe de nommer, ayant aufi pris | des Cantharides, fur l’opinion commune où ! l’on eft qu’elles provoquent à l'amour , fut” bientot puni de {a fole temerité. Il mourut | dans les tourmens, & à l'ouverture de fon corps, on trouva les conduits enflamez & cri- blez par le poifon qu’il avoit pris. Les In JE fens que je procure à l’Athée une oc- feées cafion trop propre à attaquer la Religion , ruif- pour ne pas m'interrompre. Al me fem- b 4 S de ble lui entendre dire que puifque Dieu, fou- point une Verainement bon , infiniment fage, a créé cjection toutes chofes, & même les Infeétes pour une RE bonne fin, il devroit par la même raifon em- Dieu. pêcher l’homme d’en faire un pernicieux ufa- ge. Ou Dieu ne le peut, ou il ne le veut pas. S’iln’en a pas le pouvoir, il n’eft pas tout-puiflant ; s’il le retufe , il manque de bonté, par conféquent il cefle d’être Dieu, puifqu’il n’en a pas tous les attributs néceflai- res. Cet argument eft aufli mal fondé qu'il paroit fpécieux. Les attributs de l’Etre fu- prême, intimement réünis à {on effence, font par-là même infeparables. On ne doit jamais les envifager chacun à part, il faut les confi- dérer comme tellement réunis, que la puiflan- ce & la bonté de Dieu s'accordent toujours parfaitement avec la fagefle. C’eft fous ce point de vüe qu’appercevant l’homme tout entier, nous découvrons que la méchanique de fon corps eit l’ouvrage d’une puiflance in- finie ; le don de la raifon, l'effet d’une bonté inconcevable ; le franc arbitre, celui SFA As DES ÎINsEcTrEs: 301 fagele confommée. Or, fi pour faire ufage de la raifon, il a fallu que la Divinité accor- dât à l’homme le privilège d’en difpofer , il s'enfuit que le Créateur ne peut nécefliter la volonté, fans bleffer fa fagefle, & fans anéan- tir en même tems la liberté de la créature. D'ailleurs, comme il eft jufte de rapporter à Dieu tout le bien qu’on retire des chofes créées, il y auroit de l’injuitice de lui attribuer le mal qui provient des abus que nous en faifons. en CS DA MECS D RER LC LU CH A°P I°T R EX! Des Prodiges, dont il eff parlé dans l'Ecriture an fujet des Infeites. L eft aufi ridicule d’envifager comme mi- 1! y ades raculeux tout ce qui paroît étonnant, qu’il éféésfur- eft impie de nier tous les prodiges. Le pre- 44. mier trahit l'ignorance, le fecond manifefte la corruption du cœur & de l’efprit. Ce der- nier excès eft ordinaire aux Athées. Comme le prodige excède le pouvoir de la Nature, & que pour l’opèrer, il faut une force fupé- rieure, ils la tirent de la Nature même, & en font un Etre, auquel ils accordent la tou- te-puiflance (*); c’eft-à-dire qu’il dépend d’elle (*) Is en font un Etre auquel ils accordent la toute puilfance. Il me femble que des gens qui penfent ainfi, bien qu'ils nient qu'il y aît un Dieu ,ne font pas à pro- prement parler de vrais Athées, puifque reconnoitre que la Nature eft toute puiffante, & qu'elle gouverne à fan gre 302 THEOLOGI*É d’elle de troubler fon propre cours, &c de. changer les loix qu’elle a trouvé bon de fe: prefcrire. Hors de là, l’Athée ne reconnoit aucun Etre fuprême, par conféquent aucun ef- fer furnaturel; mais pour peu qu’on examine en gros l’ordre conftant qui règne dans la Na- ture, ‘la ftructure & la multiplication reglées . de toutes les efpèces d'animaux, & en parti- culier ce qui me refte à dire fur le chapitre des Infeétes, il eft impofñible qu’on n’ouvre les yeux , & qu’on ne reconnoifle un Etre tout fage diffèrent de la nature & tout puif- fant qui a créé l’Univers, qui a regle & limité le cours de cette nature, qui a fixé les carac- tères & les proprietez des Animaux, & qui peut changer loriqu’il le trouve à propos l’or- dre qu’il a lui-même établi: & dès qu’on ad- met cette verité, on ne fauroit douter de la pofi- gré l'Univers, c’eft en effet la reconnoitre pour Dieu fous un autre nom. L'erreur de ceux qui font dans ces Idees, me paroit femblable à celle où feroit un Etranger, qui voyant dans un Etat où les Rois fe rendroient invifibles, qu'un Miniftre feul gouverne le Royaume, nieroit qu'il y eut un Roi dans ce Païs-la , & pretendroit que le Minifie feroit revetu du pouvoir defpotique : cet étranger en niant la Roïiauté, ne laifleroit pas que de reconnoitre un vrai Roi dans la perfonne du fon Miniftre, puifqu'il lui actri- bueroit toute l'autorité Royale. A la vérite fi l'Apoue dit des Payens, qui adoroient ceux qui de Nature n'e- toient point Dieu , qu'ils étoient fans Dieu & fans efpè- rance au monde; parce que par rapport aux ejlets, nier une Divinité, & n’en reconnoitre que de fauñes, eft une feule & même chofe; on en pourra dire tout autant de ceux dont parle notre Auteur, & c’eit dans ce fens im- propre qu'on peut bien les nommer des Athées, d'autant plus qu'ils ne rendent aucun culte à la nature qu'ils exi- gent en Divinité, P. L. DES INSECcTESs. 303 poffbilité des miracles. Auf l’Ecriture nous apprend-elle qu’il en eft réellement arrivé, & comme fa veracité a été pleinement démon- trée, (1) fon témoignage feul fuffit pour les conftater. Nous voions dans l’Exode diversévénemens extraordinaires, & qui fans contredit furpaf- fent les forces humaines. Je ne m’arrêterai point à rapporter les preuves de l’authenticité des Livres de Moiïfe, tant parce qu’elles me meneroient trop loin, que parce que d’autres les ont déjà mifes dans un très grand jour (2). Je me contenterai d’y ajouter que le châti- ment des dix playes dont l'Egypte fut frappée par le miniftère de Moïfe & d’Aaron, & dont ily en eut trois, où les Infeétes fervirent d’inf- trument à la colère de Dieu ; que ce châtiment dis-je a été aufli atefté par des Auteurs pro- phanes St. Paul 2. Timoth. III. 8.met Ya»- nes & Fambres au nombre de ceux qui réfiftè- rent à Moïfe. D’autres Ecrivains en rendent le même témoignage. Numenius (3) dic que lorfque les Ifraélites furent chaffés de l’E- gypte, Yannes & Fambres écrivains des cho- fes facrées des Egyptiens avoient la réputa- tion d’être fort favans dans la Magie , que d’une voix unanime ils furent choifis pour op- pofer leur fcience à la vertu de Moïfe, Con- duc- (1) C’eft ce qu'ont fait par exemple Grotius. de Verit. Relig. Cbrifi. fac. Abbadie verité de la Religion Chretien- ne. Allix. #7 den vernuffiig Betr. der H. Scbrifi. (2) Vid. Grot. L. c. I, I. (. XV p. m. 23./[. b- bad. 1. c. Sect. IIT. c. 2. p. m. 100. ]. Alix Etc. (3) apud Eufeb. L. IX, preparat. Evang. €, 8. p. 4ïl, J Dont :! ef? parlé dans l'E- criture. De la troifième playe dont Dieu Jrappa d'Egypte. . 304 2THEO0LOGIE duéteur du Peuple Juif, & que leurs prières étoient fi efhcaces , qu’elles arnêtoient les fleaux dont le Chef de çe peuple accabloit le Roi Pharaon & fes fujets. Quoique cet Ecrivain nous laifle ignorer qu’il ne fut pas au pouvoir des deux Mhagiciens d'Egypte de détourner! ces châtimens, cependant 1l eft toujours vrai qu’il attefte le fait pour notoire & averé. Pli- ne (4) aflüre encore qu’il y avoit une forte de Magie, connue de Moïfe, de Jamre & de” Jetape, & qui pañla, chés les Juifs plufeurs miliers d'années après la mort de Zoroaftre. Le récit n’eft pas des plus exaéts; mais fid’'un côté Pline embrouille la matière, 1l nous en- feigne de l’autre que le Légiflateur du Peuple” Juif étoit célèbre par fes merveilles, & qu'il tenoit un rang diftingué parmi les Sages de fon tems. . ENTRE autres playes qu’effuia l'Egypte, la troifième eft remarquable; elle eft décrite au Livre de l’Exode VIIE 16. 17. 48. 19. Æf l'Eternel dit à Moi{e : dis à Aaron; étends tar verge, € frappes da pouflière de la terre, € elle deviendra des poux ($) par tout le pars d’E-\ L)pte + (4) H. N. L. XXX. c. tr. (5) Il y a quelques interprêtes, du nombre des quels font les LXX, & la Vulgate , qui rendent le mot Hebreux Cinnim par un autre qui fignifñie Moucheron. Mais je pre- fère la verfion de Luther, qui a traduit Cinnim par des Poux. Voici les raifons fur lefquelles je me fonde, r Les Moucherons naiffent de l’eau plutot que de la pouflière ; ! au lieu qu'il eft plus naturel de dire que les poux naiffent de cette dernière. 2. Ce mot vient du verbe Cun, qui dans Niphal fignifie, fé temir ferré étroitement ; ce qbi convient mieux à des Poux, qui. fe tiennent colés là où ils s'attachent, qu'aux Moucherons qui vont d'un lieu dans un ; DES INSECTES. 30$ pie. Er ils firent ainfi: € Aaron étendit [a main avec fa verge, €5 frappa la pouffière de là terre, ÈS elle devint des pous [ur les homines € fur les bêtes; toute la pouffière du pais devint des pous en tout le pas d'Egypte. Et les Magi- ciens voulurent faire de même par leurs enchan- temens pour produire des pous, mais ils ne pu- rent. Les pous furent donc tant [ur les hommes que [ur les bêtes. Alors les Magiciens dirent à Pharaon; c’eft ici le doigt de Dieu. Toutefois le cœur de Pharaon s’endurcit, € il ne les écou» ta point, felon que l’Kternel en avoit parlé. n’y a rien dans cet évènement quiappartienne a la Nature, tout y eft réfervé aux ordres & à la puiflance de Dieu. La vérité de l’Hif- toire eit inconteftable par elle-même, & par l'autorité de quantité d’Ecrivains dignes de foi. Aufli le Prophète David a-t-il cet évè- nement en vuë, lorfqu’à propos de la puiffance divine, il dit Pf. cv. vs. 30. & 31. {7 parla, €S une mélée de bêtes vint, € des pous par tout leur païs. Jofèphe en a aufli fait mention dans fes Antiquités Judaiques. Dieu, dit-il, purit encore Pharaon de [a méchanceté, mais d'un autre genre de fupplice ; car il accabla les E- gyptiens d'une quantité innombrable de pous qui incommodèrent d'autant plus ces rebelles, qu'ils ne purent s’en défaire ; foit qu'ils fe baignafenr, Joié un autre. 3 Enfin, Cimmnb dans Îes Écrits des Hebreux fignifie un fous. Geier in Pf CV vs. 31. rapporte que les Hebreux diftinguent entre ie Cinrab rampant: c’eft à-dire le pous, & le fautant, c. d. Za puce. Voyes Boch. Hierof. P.: II. Lib. IV. ©. 16, © fcheutzer Rib: Phyf. Tab. CXXPIIL. f. 174. SS. Tome 11. V L 06 THEoOoLOGIE Joit qu'ils Je lavafent, ou s'oigniffent le corps. Aujourd’hui même on pretend encore trouver : des reites de cette vermine, que les gens du païs nomment pous de Pharaon (6). C'’eft un In- feéte rond, d'un gris brun, luifant , de la groffeur d’une noilette, & non moins avide qu’infupportable par {a morfure, qui en très peu de tems exténuc les hommes & les ani- maux. On conçoit fans doute qu'il n’appro- che à aucun égard de ces pous qui multiplient dans la malpropreté; de forte qu'on ne peut fuppofer autre chofe, finon que ceux d'Egypte ont été fufcités par une main qui commande à la Nature. Examinors de plus près les cir- conftances de ce prodige. 1. Aaron devoit é- tendre fa verge pour l’opérer. Eft-il naturel de croire qu’il ne l’opérât que par la verru de fa verge? 2. Aaron frappa la pouflière de la terre & la transforma en pous. Or c’eft un fait démontré, qu'aucun Naturalifte aujour- d’hui ne revoque en doute, que la pouflière eit incapable de produire aucun être vivant. T'ant s’en faut qu’un Infecte en puiffe naître, qu’au contraire ils en {ouffrent beaucoup, lorf- que la pouffière, s’attachant à leurs parties, 4 les empêche de pourluivre leur chemin. Nous l’oblervons dans les quadrupèdes & les oifeaux, qui, trop chargés de leur vermine, s’en dé- barraflent en fe veautrant dans des lieux pou- dreux. 3. il eft remarquable qu’en tout & par-tout la pouffière de l'Egypte fut changée en (6) F. Reïtfebitzs Reif. Bcbr. L. IV. c. 5 f. 147. Hans, fac. Brunings Oriental. Raife. P. IL, f, 128, bes ÎInNsettes. 397 eñvermine au même initant qu’ Aaron exécu: ta fes ordres. On convient que les pous fé multiplient extraordinairement ; mais qu’en moins d’une minute ils gagnent toutes les con- trées d’un vafte Etat, qu'ils en attaquent tous les habitans depuis le Roi jufqu’au dernier de fes fujets, qu’ils n’épargnent pas même les a- nimaux de toute efpèce, c’eft-là fans doute ün évènement qui n’a rien de commun avec les opérations ordinaires de la Nature. 4. Si felon David, tout le païs fourmilla de ces Infeétes, ne paroît-il pas étonnant que les ré- Bions voifines en aient été à l'abri? $. Les Magiciens eux-mêmes ont avoué l’infufñfance de leur art; ils ont reconnu la force du Maî- tre qui les avoit confondus. Dieu auroit pû châtier l'Egypte en l’abandonnant à la voraci- té des tygres, des lions, des loups & autres bêtes féroces; mais il vouloit venger fa gloi- re par les plus vils des animaux qui avoient fervi à lPoutrager. 11 vouloit que les Egyp-. tiens, profternés au pié des Autels qu’ils drefloient aux Infeétes, tombaflent fous les coups de leurs plus honteufes Idoles; il vou- loit vaincre l’artifice de Satan , détruire fes œuvres, & apprendre à Pharaon par la bou- che de fes Magiciens que rien dans l'Univers n’égale fa toute-puiffance. La quatrième playe de l’Egypté ne diffère De za de la troifième, qu’en ce qu’au lieu d’une g"atrie- forte d’Infeétes, il y en eut de plufeurs efpè. ”*- ces (7). Il eft écrit Exode vis. vs.20. Puis lE- . (7) Ceux-1à s’éloignent fort de la vérité qui, avec l'Interprête chaldaique & Pagnimi, entendent par barob di- ? ver- és » 308 . THEOLOGILIE ? Eternel dit à Moife; Lèves-toi de bon matins. ET te prélentes devant Pharaon, il [ortira vers. l'eau, ES tu lui diras; ainfi à dit l'Eternel. laiffes aller mon Peuple, afin qu'ils me fervent. Car fi tu ne laiffes pas aller mon Peuples voici, Je m'en vais envoïer contre toi, contre tes, Ser- diteurs, contre ton peuple, € contre tes mai[ons « un mélange d'Infecles; ES les maifons des E- gyptiens feront remplies de ce mélange, £3 la ter re auf fur laquelle ils feront. Mais je diflin- * guerai en ce jour-là le païs de Gofcen où fe tient non Peuple; tellement qu'il n'y aura nul mélan- ge d'Infeëtes, afin que tu faches que je [uis PE-" ternel au milieu de la terre. Etje mettrai de la différence entre ton peuple ËS mon peuple: de- main ce figne-là [e fera. Et l'Eternel le fit ainfi, €3 un grand mélange d'Infeëtes entra dans l: maifon de Pharaon, & dans chaque mai/on de [es ferviteurs, € dans tout le pais d’Egypte; de forte que la terre fut gâtée par ce mélange. Et Pharaon appella Moïle Ê5 Aaron, € leur dits allez ES facrifiez à votre Dieu dans ce païis. Mais Moïfe dit 3 il n’ef} pas à propos de le faire ainfi: car nous [acrifierions à l'Eter- nel notre Dieu l'abomination des Egyptiens Voi- ci, fi nous facrifions l’abomination des Egyptiens de- w vant leurs yeux ; ne nous lapideroient-ils pas 2 M Nous irons le chemin de frois jours au Défert, €? verfes bêtes feroces. Car l'Écriture n'auroït pas oïnis cela, fi Dieu avoit puni les Egyptiens de ce fleau. Les LXX,. l'ont rendu par Mouche carnaffière. Voyes Boch Hier, P. II. Lib, 1W. c. 15. Lutber la étendu d'un Melange d'Infeétes. J'adopte cette interpretation ; d'autant plus que barob fignifie un amas; €. d. d'Infedes. Confer. Pf CF. US 31. pes INSsSEzcYEs. 309 €? nous facrifierons à l'Etcrnel notre Dicu, com- me. 1! nous dira. Alors Pharaon dit ; je vous laifferai aller pour facrifier dans le Défert àl'E- zernel votre Dieu: toutefois vous ne vous élor- gnerez nullement en vous en allant. Fléchiflez l'Eternel pour moi par vos prières. Et Moïfe dit; voici, je [ors d'auprès de toi, ES je fléchi- rai par prières l'Eternel, afin que le mélange d'infeëtes fe retire demain de Pharaon, de [es ferviteurs, €3 de [on peuple : mais que Pharaon ne continue point à fe moquer en #e laiffant point aller le peuple pour facrifier à PÆternel. Alors Moïfe fort d'auprès de Pha- raon, € fléchit l'Eternel par prières. Et l'E. ternel fit felon la parole de Moïle, €S le mélan- ge d’{nfeëtes [e retira de Pharaon, €3 de fes fer- ‘viteurs €5 de fon peuple: il ne refia pas un [eul Infeëte. David certifie encore cet autre évè- nement dans ces paroles du Pf. LxxvrET. vs, 46. Et qui avoit donné leurs fruits aux ver- mifleaux, ES leur travail aux fauterelles. L’Hif- torien Jofèphe (8) confirme la même vérité, en difant que Dieu envoiïa aux Egyptiensnom- bre d’Infeétes différens , dont perfonne juf- qu’alors n’avoit vû de femblables, & quetout le païs en fut rempli. Cette calamité a tous les caraétères du Miracle. 1. Moïfe eft aver- ti la veille, du moment & du lieu où il trou- veroit le lendemain Pharaon pour lui pouvoir parler; ce qui prouve la toute-fcience ce Dieu. 2. La punition fuivit ponétuellement la menace : tout fut inondé d’Infeétes, à l’ex- ception du pais de Gofcen; ce qui marque Dana l’em- (8) Jofèphe L. IL. e. &. W'3 7» LA Le ia béatiemne. S10 THBOLOGIE l'empire abfolu que Dieu excerce fur la ter- re. 3. Le lendemain Moïfe délivra l'Egypte. : de ce fleau ; figne évident de la toute-puiffance de Dicu. 4. Les Infcétes furent fufcités en une nuit, au lieu qu’ils ne fe produifent -eux- mêmes que par dégrés. Il faut un cer- tain tems & à leurs œufs pour éclore ; ils fubif. fent divers changemens à différents interval- les. Les uns quittent leur peau, les autres ne fortent de leur nymphe qu’au bout d’un cer- tain nombre de jours; & tout cela doit fe paf- fer avant qu'ils deviennent des Infeétes ailez capables de multiplier. Ce qui fait aflez voir que la Nature n'eut aucune part au prodige. f- Former des millions d’Infectes, & les dé- truire prefque auflitôt qu'ils font formés, n’eft point à coup für l'ouvrage des hommes; c’eft celui de l’Etre en qui rétide le pouvoir de difloudre les corps qu’il a eu la force de com- pofer. | Les fauterelles furent la huitième playe que fouffrit J'Egypre. Rapportons au long ce quien eft dir, Exode Chapitre X. Ær l'Eternel dit à Moïfe; vas vers Pharaon, car j'ai agçra- vé fon cœur ES le cœur de [es Jerviteurs, afin que je mette au-dedans de lui les fignes que je m'en vais faire. Et afin que tu racontes, ton fils € le fils de ton fils l'entendant, ce que j'au- rai fait en Egypte, € mes fignes que j'aurai faits entre eux ; ES vous faurez que je fuis l'E- ternel. Moïle donc € Aaron vinrent vers Pha- raon, €S lui dirent ; ainfi à dit l'Eternel le Dieu des Hébreux ; ju/ques à quand refuferas-tu de t'husnilier devant ma face? Laiffes aller mon Peuple, afin qu'ils me fervent. Car fi 1u nefu- fes DES INSECTES. 311 fes de laiffer aller mon Peuple, voici, je m'en vais faire venir demain des fauterclles en tes con- trées, qui couvriront toute la face de la terre; tellement qu'on ne pourra voir la terre, E qui brouteront le refie de ce qui cf? échappé, que la grêle vous a laiffé, & brouterent tous les arbres qui poufen: dans les champs; € elles remplirent tes mailons, € les mailons de tous tes ferviteurs, ES les mailons de tous les Fgyptionss ce que tes pères n'ont point vh, ni les pères de tes pères, depuis le jour qu'ils ont été [ur la terre ; ju/qu’à aujourd'hui. Puis aïant tourué le dos à l'ha- raon, il fortit d'après de lui. Et les ferviteurs de Pharaon lui dirent; jufques à quand celui-ci nous tiendra t-il enlacés ? Laïffes aller ces gens, €? qu'ils fervent l'Eternel Leur Dieu. Alion- dras-iu de favoir avant cela que l'Egypte eff perdue? Alors on fit revenir Moile ES Aaron vers Pharaon, € il leur dit ; allez , Jervez l'Eternel votre Dieu. Qui font tous ceux qui iront ? Et Moïle répondit; nous ions avec n0$ jeunes gens € nos vieillards ; avec n0s fils nos filles, avec notre menu ES gros bétail ; car nous avons à célébrer une fête folemnelle à lE- ternel. Alors il leur dits que l'Eternel foit a+ vec vous, comme je laifferai aller vos petits en- fans; prenez garde, car le mal ef} devant vous. Il n'en fera donc pas ainfi que vous l'avez de- mandé, mais vous hommes ; allez maintenant, € fervez l'Eternel; car c'efl ce que vous de- smandez : € on les chaffa de devant Pharaon. Alors l'Eternel dit à Moïfe ; étends ta main fur le païs d'Egypte pour faire venir les {auterel- les, afin qu’elles montent fur le païs d'Egypte, 3 qu’elles brouteut toute Pherbe de la terres © | V 4 tou? 312 THEOLOGIE tout ce que la grêle a laiffé de refle. Moïfe donc étendit ja verge Jur le pais d'Egypte, & l'Eter- nel amena [ur la terre un vent Oriental tout ce jour-là €9 toute la nuit; ES au matin le vent. Oriental eut enlevé les fauterelles. Et :l fit mor- ter les fautérelles [ur tout le païs, ÉS les mit dans toutes les contrées d'Egypte ; elles étoicnt fort grièves , €9 il n'y en avoit point eu de em blables avant elles, &5 il n'y en aura point de femblables après elles: Et elles couvrirent la fa- ce de tout le païs, tellement que la terre en fut couverte: €S elles broutèrent toute l'herbe de la terre, €? tout le fruit des arbres que la gréle avoit laiflé , ES il ne demeura aucune verdure aux arbres, ni aux berbes des champs dans tout le païs d'Egypte. Alors Pharaon fit appeller en toute diligence Moïle & Aaron, © leur dit; j'ai péché contre l'Eternel votre Dieu, €S con- tre vous. Mais maintenant , je te prie, par- donnes-moi mon péché feulement pour cette fois; é? fléchiffez l'Eternel votre Dieu par prières , afin qu'il retire de moi cette mort-ci feulement. I! fortit donc d'auprès de Pharaon, © il fléchit l'Eternel par prières. Et l'Eternel fit lever un vent très fort de l'Occident | qui enleva les [au- terelles, È9 les enfonça dans la mer Kouge: il ne reffa pas une [cule [anterelle dans toutes les contrées d'Egypte. Qu'y at-il encore dans tout ceci qui ne foit l'effet d’une puiffance fupérieure à celle de la Nature? 1. Moiïfe & Aaron menacent le Roi, & du jour au lendemain la chofes’exé- cute à point nommé. 2. Moïfe ne fait qu’é- tendre la main, & toute l'Egypte change de face. 3. Un vent Oriental s'élève la veille, fouffle DES INsEcTEs. 313 foufle tout le jour, continue la nuit; & ce- : pendant les Infeétes n’entrent dans le païs qu’au tems marqué. 4. Des fauterelles paroiflent, mais d’une efpèce extraordinaire, d’une efpè- ce jufqu’alors inconnue, d’une efpèce enfin dont il n’y eut, & n’y aura jamais de fembla- ble ; au lieu que fuivant la règle conftante des chofes animées, il eft impofñhble qu’une forte én produife une autre toute diffèrente. 5. On a vü des armées de fauterelles ravager fuccef- fivement l’une ou l’autre province d’un Etat; mais a-t-on des exemples qu’elles aient occu- pé de prime-abord toute l'étendue d’un grand Roïaume? Vit-ôn jamais de peuple d’infec- tes aflez nombreux pour couvrir la furface de la terre & obfcurcir la lumière du jour ? 6. Les fauterelles n’abandonnent un champ que pour je jetter fur un autre; ici elles chan- gent de coutume, elles attaquent Pharaon dans fon palais entouré de fes gardes , elles perfécutent fes Miniltres dans leurs cabinets, elles afligent fes Officiers dans leurs maifons, elles combattent fes foldats dans leurs quar- tiers, elles défolent fes fujets dans leurs chau- mières. 7. Ces Infcétes dans leurs dégats laif- fent toujours après eux ce qu’ils n'aiment pas, ou du moins ce qui nepeut fatisfaire à leur avi- dité ; en Egypte au contraire ils dévorent jufqu’au moindre brin d’herbe. 8. L’Auteur du Livre de la Sapience xvr. 9. ajoute que quant à ceux-là, (aux Egyptiens) Les morfures des [auterelles 7 des mouches les ont fait mourir, € 11 ne s’eft point trouvé de remède pour garan- tir leur vie, parce qu’ils étoient dignes d’être pu- ais par ces chofes-là. 9. Pharaon lui-même ne VF | “sn De Za cor- ruption de la Manne. 314 THEOLOGIE s’en explique pas autrement dans la prière qu’il adrefle à Moïfe & à Aaron, où il don- ne à ces Infeétes le nom de mort. 10. En- fin il furvient un vent d'Occident qui netoye l'Egypte, & la purge tellement par fa violence ,; qu’il n’y refle rien de tout ce qu’un vent contraire y a- voit amené. Ce dernier fait a peut-être quelque chofe qu’on ne fauroit contefter à Ja Nature; mais auf il ÿ entre un merveil- Jeux qui n’eft pas abfolument de fon ref. fort. Nous lifons dans l’Exode Chap. xvi. vs. 19. 20. que Moïfe défendit expreflément aux Enfans d’Ifraël de réferver de la manne pour le lendemain, & que lorfqu’ils en gardoient malgré la défenfe, il s’y engendroit des vers qui convertifloient cet aliment en corruption, Nous voions au contraire vs. 22. 23. qu’au fixième jour, veille du Sabbat, chacun en re- cueilloit double portion, & la confervoit fans aucun rifque. Qu'on me dife s’il y a ici du régulier , du commun, du naturel? Un feul jour excepté dans la femaine, un jour fi dif- tingué , fi diffèrent de tous les autres qui com- pofent cecourtintervalle , eft vraiment un pro- dige qui confond les loix de la Nature. Car enfin, comment fe peut-il que pendant fix jours confécutifs il pleuve conftamment de la man- ne ,& que le feptième il ne tombe pas la moin- dre rofée? Comment, dis-je, peut-il fe faire que depuis le Lundi jufqu’au Vendredi un a- liment foit corruptible d'un jour à l’autre, & que le Samedi il devienne inaltérable pour le Dimanche? Pas- * DES INSECTES. 31f Passons au xx111. Chapitre de PExo- D, 7,. de, où il eft dit vs. 28. que fi le Peuplefe“es qui d'Ifraël écoute attentivement la voix dedolèrent Dieu, .... 1 enverra des frélons devant lui, a | gui chafferent les Héviens, les Cananéens & les Héthiens. La promefle fe trouve renouveillée par. Moïfe , Deuter. vi1. 29. Môme l'Eter- nel ton Dieu enverra contre eux des frélons, juf- qu'à ce que ceux qui refleront | ES ceux qui fe Jont cachés devant toi, Joient péris. 11 ne faut pas douter que Dieu n’ait exécuté ce qu’il a- voit promis à fon Peuple: Jofué nous en eft garant dans la dermière harangue qu’il pronon- ca aux Tribus d'Ifraël , Chap. xx1v. vs. 12. Et j'envoiai devant vous des frélons qui les chaf- fèrent de devant vous, comme les deux Rois de ces Amorrhéens-là: ce n’a point été par ton épée ou par ton arc. Autre exemple de Miracle. Les fréions attaquent & mettent en fuite les Na- tions Païennes; perfonne n’échappe à la fu- reur de leur aiguillon , elles ne font grace qu’au peuple d’Hraël. Mais d’où vient cette diftinétion ? Ne fait-on pas que ces Infeétes font extrêmes dans la colère, & qu’ils répan- dent indifféremment leur bile fur tout ce qui les environne? Cela eft vrai; mais y a-t-il des railons à oppofer à la toute-puiflance d’un Dieu ? Le Livre de Jonas Chap. 1v. vs. $. 6. 7. Du ver . nous apprend que le Prophète /ortif de la vil- du Kika- le, 5 s’afit du côté de l'Orient de la ville NL qu'il [e fit là une cabane, €S qu'il fe tint à l'om- bre [ous elle, jufqu'à ce qu'il vit ce qui arrive- æoit à la ville; que l'Eternel Dieu prépara un ÆKikajon, © le fi monter au-deffus de Jonas, | afin De la 316 THEOLOGIE afin qu’il fit ombre (ur [a tête, € qu'il Le dé- Zvorât de fon mal . . .; que Dieu prépara pour Ze lendemain, lorfque l'aube du jour monteroit ! an ver qui frappa le Kikajon , © qu'il fécha.n Quoi qu’il n’y ait rien de merveilleux à voir perir une plante à la rencontre d’un vermif- feau, on ne peut pourtant s'empêcher de re- connoitre dans la naïflance & dans la deftruc- tion du Kikajon dont il eft ici parlé, une di- reétion furnaturelle de la Providence , en ce que pour convaincre Jonas du tort qu’il avoit de murmurer de ce que Dieu avoit confervé Ninive, il fit croitre en une feule nuit une plan- te jufqu’à pouvoir porter ombre à la Cabane du Prophète & le garantir de l’ardeur acca- blante du foleil; & en ce que dès le lendemain Dieu prépara un ver qui détruifit cette plan- te cn peu de momens. Jonas murmure de voir périr le Kikajon, & Dieu en prend oc- cafion de lui dire. Tu voudrois qu'on eut épar- gré le Kikajon pour lequel tu n'as point travaillé #1 ne las fait croitre. Et moi n'épargnerois-je point Nüinive cette grande ville où ily a plus de fix cent mille en- fans €5 auf plufieurs bêtes. LA fin d'Hérode, telle qu’elle eft decrite trifle fin AËtes XII. Vs. 21. 22. >3- CU auf terri- d'Hérode & d'An. 0e qu'incompréhenfible par elle - même. tiocbas. Et un certain jour affigné , Hérode , revé- tu d'une robe roiale, s’affit dans [on fiège judicial , € il baranguoit devant eux. Sur quoi le peuple s'écria; voix de Dieu, 5 non Point d'homme ! Et à l'infiant un Ange du Seigneur le frappa , parce qu’il n'avoit point denné gloire à Dieu ; € il fut rongé de vers, à 7 Drs TNsECTES; 317 dl rendit l'efprit. Antiochus périt de même; il fut frappé d’une main invifible, 4 forte que la vermine fortoit du corps de ce, méchant É que lui vivant encore dans les douleurs Eÿ les tourmens , [a chair tomboit par pièces | 5 que toute l'armée ne pouvoit fouffrir la puanteur de a pourriture ; celui qui ur peu auparavant croioit pouvoir toucher les étoiles du ciel, étoit alors en un tel état que nul ne le pouvoif porter, à caufe de la grandeur infupportable de l'infec- tion qui fortoit de lui. Qu'on ne s’y méprenne pas, c’eft cet Antiochus dont il eit fait men- tion 2. Maccab. 1x. 9. 10. ce Roi de Syrie, ce Tyran, ce Monftre enflé d’orgueil & alté- ré du fang des Ifraëlites, fur la mort duquel Polybe ( 9) s’accorde avec l’Ecriture. Il con- vient qu'il fut mangé des vers, mais il en re- jette la caufe fur le projet qu’il avoit formé de piller à Elymais le Temple de Diane; ce que l’Hiftorien Jofèphe( 10) attribue avec plus de juftice au deffein qu’il avoit conçü de dé- truire le Temple de Jérufalem. De quelle efpèce que fuflent ces [nfeétes, peu importe à mon fujet, il fufit qu’il foic dit en termes ex- près que de ces deux Rois devorez par des vers, que le premier fut frappé par un Ange du Sci- gneur, & que lefecond, humilié jufqu'en terre, fit voir à tous la manäfefle puiflance de Dieu. (9) Polybe in excerpt. V'ales. 144. (10) Jofèphe L. XIL. c. 13. FIN pu SECOND ET DER- NIERE TOME. gsm je 3i13q nt À à ï HAE -S4 irait aire CHE TR + ram HS), VE Ann En "07 vt total pa LR ne a. 1 LES MA < Sat " # vd Bi Zur + - ( a ë QUE AP ls TT rhantinslbaemmumeseis : La sd Le k : C1 x Le vd DS f Ee = =. À 2 / \ ‘ CRT: 2 Lis EE NZ, 24 \\V