J Il Il HANDBOUND AT THE ak 2 UNIVERSITY OF TORONTO PRESS BARAITE ÉCONOMIQUE DET PHYSIQUE DU GROS ET MENU BÉTAIL: CONTENANT … LA Défcriprion du Cheval, de P Ane, du Mulet , du Bœuf, de la Chevre, de la Brebis & du Cochon ; la maniere d'élever ces Animaux, de les multiplier, de les nourrir , de les traiter dans leurs maladies, & d’en tirer profit pour “Chez J. Fr. BASTIEN, Libraire, rue du Petit-Lion , Fauxb. St.-Germain. M. DCC. LXXVIII. Avec Approbation, & Permifion du Roi. FRA IT É ka a"0 MIQUE ET PHYSI QUE DU GROS ET MENU BÉTAIL. us @ H A ET R E I Y. DU TAUREAU ET DE LA VACHE. ==] OUS diviferons ce Chapi= 2Éltre en quatre articles, pour 5} le rendre plus méthodique ; =—— dans le premier, nous parle- rons d& Taureau; dans le fecond, du Boœeuf ; dans le troifieme, de la Vache: S & dans le 7 du Veau, Tom. IL, À , 2 Traité Économique ARTICLE PREMIER, Du Taureau, On donne le nom de Taureau au #mâle de la Vache. Pour qu'il foit bon pour la génération, il faut qu'il foit robufte , éveillé , vigoureux. Nous nous étendrons plus au long dans la fuite fur la qualité de cet animal. Nous arlerons du temps de le donner à la ache , dans l’article qui la concerne ; nous nous contenterons feulement de rapporter ici la defcription anatomi- que de cet animal; & commeil ny a de différence de cet animal au Bœuf que par la caïtration, & à la Vache que par les parties de la génération, nous inférerons dans ce même article l’ana- tomie de ces trois animaux. D TT EX La couleur du poil la plus ordinaire, & par conféquent la plus naturelle au Boœufcomme au Taureau , eftle fauve; néanmoins elle fe trouve fouventmêlée avec le noir & le blanc. Il y a des Bœufs tout noirs & d’autres tout blancs: on en voit plus communément de rouges ou de roux, de baïs, de bruns , de pris, de mouchetés où pom- melés, qu'on nomme dans certaines Provinces de France, garreaux, C'eft- du gros & menu Bétail. 3. à-dire, bigarrés, On a cru pouvoir ju- ger des bonnes & des mauvaifes qua-- lités de l’animal par la couleur de fon poil ; & l’on attribue la diverfté des couleurs, aux différentes humeurs qui dominent dans fon tempérament, En: général , le poii du Bœuf eft plus doux & plus fouple que celui du Cheval.' Le Boœuf mefuré en ligne droite, dit M. d'Aubenton , depuis le bout du mouflle ou de la partie inférieure'de la tête jufqu'à l'anus, a environ fept pieds & demi de longueur, quatre pieds un pouce & demi de hauteur, prife à l’endroit des jambes de de- vant:, & quatre pieds trois pouces à l'endroit des jambes de derriere ; la tête eft longue d’un pied neuf pou- ces, depuis le bout des levres juf- ques derriere les cornes ; le fanon ff, la peau qui pend fous la mâchoire 1in- férieure & le long du gofier, & qui defcend au-deffous du poitrail entre, les jambes de devant jufqu'aux genoux ; le contour de l'ouverture de la bou- che eft d’un pied, mefuré fur les le- vres, depuis l’une des commillures jufqu'à l'autre. Le Bœuf, comme tous les autres animaux ruminans ; n'a DEN de dents & 4 Traitè Économique incifives à la mâchoire fupérieure 3 mais à leur place , une efpece de bour- relet formé de la peau intérieure de la bouche, qui eft fort épaife en cet en- droit. Le devant de la mâchoire in- férieure elt garni de huit dents incifi- ves, qui font de différentes longueurs, & difpofées de maniere que celles du milieu font les plus longues & les plus larges, & que les autres vont toujours gen diminuant. [1 n’y a point de dents canines ai en haut, ni en bas, Entre les incifives & les molaires , il y aun grand efpace vuide , qui n’eft point garni de dents. On trouve à chaque machoire douze dents molaires, fix de chaque côté, dont les racines ont pour l'ordinaire trois crocs. La bafe de ces dents, qui eft à l'endroit par où elles fe touchent en mächant, eftren- due inégale par plufieurs éminences pointues, entre lefquelles 1l y a de petits enfoncemens ; de forte que les dents d'en haut & celles d’en bas ve- pant à fe rencontrer, les pointes des ynes gliffent dans les cavités des au, tres , & permettent le mouvement de ia mâchoire de droite à gauche, Ces deux dents étant coupées obliquement, leur furface en devient plus grande, £x par conféquent plus propreaE royers dà gros & menu Bétail. … *$ La mâchoire inférieure eft prefque de Ja moitié moins large que la fupérieus te, ce qui la rend plus légere & beau- coup plus propre au mouvement ; elle ne laifle ps d’être auffi propre à DIo7 ES que fielle étoit plus large, parce q1 pouvant fe mouvoir, elle peut s’ap- pliquer fucceflivement à tous les en- droits de la mâchoire fupérieure , dont les dents font plus larges, peut-être afin de fuppléer en quelque façon par la largeur au mouvement qu’elle n’a pas. On connoît âge du Béœuf parles dents & par les cornes ; les premieres dents de devant lui tombent à dix mois , & font remplacées par d'autres, qui ne font pas fi blanches , 8 qui font pres larges; à feize mois, les dents de lait , voifines de celles du milieu , tom- bent, & font aufli remplacées par d’au- tres; à trois ans, toutes Îles dents in- cifives font renouvéilées, & pour lors elles font égales, longues & aflez blanches ; à mefure que l'animal avance en âge , elles s’ufent & déviennent iné- gales & noires: c’eft la même chofe pour le Taureau & la Vache. Ainfi la caftrarion ni le fexe ne changent rien à la crue m1 à la chûte des dents; cela ne change rien non plus à la chûte des A3 j , 6 Traité Economique cornes, car elles tombent égaiement à trois ans au Taureau & à la Vache, & elles font remplacées par d’autres cornes, qui comme les fecondes dents etombent plus: celles du Bœuf & Gi: la Vache deviennent feulement plus groffes & plus longues que celles du Taureau. L’accroiflément de ces fe- condes cornes ne fe fait pas d'une ma- niere uniforme, & par un dévelop- pement égal; la quatrieme année de Page du Bœuf, il lui poufle deux pe- tites cornes pointues, nettes, unies & terminées vers la têce par une efpece de bourrelet ; l’année fuivante, ce bourrelet s'éloigne de la tête, poufñé par un cylindre de corne, qui fe for- me. & fe termine aufñ par un autre bourrelet, & ainfi de fuite; car tant que l'animal vit, fes cornes croiflent; les bourrelets deviennent des nœuds annulaires, & qu'il eft aifé de diftin- guer dans la corne, &r par lefquels Jâge fe peut aifément compter , en prenant pour trois ans Ja pointe de la corne jufqu'au premier nœud ; & pour un an de plus, chacun des intervalles entre les autres noeuds. Les cornes font d’une couleur blonde plus où moins claire; chaque corng eft creule, & la ‘ du gros & menu Bétuil, câvité fe trouve remplie par un o$ de figure conique, qui eft creux, dont . la cavité s’étend loin dans l'os frontal, & communique par conféquent avec les finus frontaux. La tête du Bœuf n'eft pas ff allongée que celle du Che- val, parce que fes mâchoires ne font pas fi longues. L’os occipital fe trouve dans la face poftérieure, & les parié- “taux, qui font très-petits, femblent être. cachés au-deflous des cornes : c'eft l’os frontal qui termine la face du Bœuf ,par un bord tranfverfal qui s’é- tend d’une:corne à autre, qui fe pro- longe de chaque côté & entre dans les cornes ; l'os frontal forme [a moitié _fupérieure de la face, & c'eft dans cet os que réfide la principale diffé- rence qui fe trouve entre la tête du Bœuf & celle du Cheval. Les orbites des yeux font placées à côté de l'os frontal, & au-deflous de fes apophy- {es ; l'articulation de la tête avec la -premiere des vertebres ,fe trouve un peu au-deflus de la moitié de la hau- teur de fa face fupérieure. On diftin- gue à los hyoïde neuf os féparés par des cartilages, Il y a fept vertebres au col , dont la premiere eft fort reilem- blante à celle du Cheval A les cinq À 4 8 ‘Traité Économique dernieres font beaucoup moins) lon- gues que la premiere & la feconde. A paroît, par la grandeur des ‘apo- phyfes des vertebres du col ,qu'il doit être beaucoup plus forr que celui du Cheval. La portion de la colonne ver- tébrale , qui eft compofée: de ver- tebres dorfales , a deux pieds un pouce de longueur; il y a treize ver- tebres & treize côtes: on compte huit vraies côtes 8 feize faufles; les plus longues font la huitieme ; la neu- vieme & la dixieme ; toutes les côtes font minces. Le fternum eft com- pofé de fept os; le cartilage xiphoïde eftoflifié, & terminé en avant par deux * branches qui tiennent au dernier os du fternum. Les vertebres lombaires font au nombre de fix; elles reflembtent à Ja derniere des dorfales pour le corps & pour les apophyfes épineufes, qui font toutes fort larges. L'os facrum ne paroît que comme une continuation de la colonne vertébrale; 1l y a qua- “tre trous de chaque côté , & femble compolé de cinq faufles vertebres , qui ont chacune leur apophyle épi- neufe; mais les quatre premieres font prefqu'entiérement foudées Îles unes. avec les autres; toutes les apophyles. du gros & menu Bétail. 9 font inclinées en arriere; il n’y a que treize faufles vertebres dans la queue, qui diminuent peu-à-peu de grof- feur. et La croupe du Bœufeft bien diffé- rente de celle du Cheval; auffi les: parties poftérieures du baffin different- elles pour la figure & la polition dans ces deux animaux : cependant les os des hanches font à-peu-près fembla= bles dans l’un & dans l’autre ; chacurr de ces os forme dans le Bœuf une ef pece de triangle dont la bafe eft en: haut; elle eft convexe en avant & échancrée dans le milieu ; Pangle ex= terne préfente une grofle tubérofité ; qui eft fort apparente dans les Vaches: maigres: C'ÉRPRAANNL ES) HBr Le corps de l’os de la hanche eff afhlé ; il s’élargit en-deffus & en-def- fous ; la cavité cotyloïde a près de deux: pouces de diametre. Les os ifchions font encore plus gros dans le Bœuf que dans le Cheval, parce que les côtes font moins concaves , & que l'apophyfe caracoïde eft moins fail-- lante.. L'humerus a dix pouces &' demi. de longueur, & cinq pouces de circon-- férence à l'endroit le plus petit ; fa: tête eftenvironnée dé troisapophyfes À: $; to Traité Économique dont deux font placées en dedans, & Ja troifieme en dehors; l'os du coude eft foudé derriere l'os du rayon, & ne le touche qu'aux deux extrémités. L’os du rayon eft plus large qu'épais ; fon extrémité inférieure eft terminée de chaque côté par une apophyfe ftyloïde 3. la forme a treize pouces de longueur , y compris le grand trochanter, Les ro- tules font terminées en pointe par le bas ; elles ont deux pouces & demi de longueur; la face extérieure eft fort inégale ; le côté intérieur ne forme point d’angle comme l'extérieur. Le tibia eft aflez reflemblant à celui du Cheval ; il a treize pouces delongueur; le corps de Pos eft triangulaire; il n'y a point de péroné. La carpe n'elt com: potée que de fix os, difpofés en deux. rangs ; il y en a quatre dans le pre- “mier, & feulement deux dans le fe- cond; il y a pareillement fix os dansle- tarfe comme dans celui du Cheval, mais ils ne font pas difpofés de la: même façon dans l’un & dans l’autre de ces animaux; les os des canons font fillonnés fur leur longueur dans la face- de devant, par une gouttiere, qui eff . plus profonde fur les canons des jam-- be de: derriere, que fur ceux des jame- du gros Ë menu Bétail. tr bes de devant. Les premieres phalan- ges de tous les pieds ont un pouce onze lignes de longueur ; il fe trouve derriere l'articulation de chacun des ‘ os des premieres phalanges, avec l'os du canon, deux os fefamoïdes de fi: gure fort irréguliere. Ainfi, il y æ quatre os fefamoides dans chaque pied. deux à chaque doigt ; derriere chaque paire d'os fefamoïdes font placés deux: autres oflelets, dont l’un eft très-pe-- |: | pra On trouve dans le cœur du Bœuf,: ‘au-deflous de la valvule figmoïde qui: eft derriere l’oreille droite , un: os: oblong, qui fuit la courbure de l’en- trée du ventricule gauche, & un autre: os plus petit, mais à-peu-près de même figure que le premier, & à l'entrée du: même ventricule , au-deflous de la vai-- vule figmoide, qut eft derriere lo- reillette gauche. | Quant aux parties intérieures du: Bœuf, on apperçoit à l'ouverture de: l'abdomen, l'épiploon qui s'étend fur tous les, inteftins jufqu'à la veflie. On: diftingue quatre eftomacs dans cet ant-- mal ; le premier, c'eft-à-dire celui au-- quel l'œfophage aboutit, eft le plus: _ grand de tous; on l'appelle la panfe, À 6 Er: Traité Économique l’herbier , où la double : on a donfié aw fecond, qui n’eft, à dire vrai, qu’une continuation du premier, le nom de refeau , bonnet ; ou chaperon ; le troifieme.. bien diftingué des deux premiers ,. & qui n’y communique que par un ori- fice aflez étroit, eft nommé le feuilles , ou myre-feuillet, millet, pafeaulier , mellier- ou meulier ; 1 eft plus grand.que: le bon- net, & plus petit que la caillate, quieft le quatrieme eftomac , auquel on à auffi donné le nom de franchie-mulle. Le: duodenum s'étend en arriere jufques dans le flañc droit ; le jejunum & li leum. font leurs circonvolutions der-- riere., & au côté droit de la panfe,. fous le coœcum, qui s'étend. traniver- falement de droite à gauche, dans les: régions iliaques. & hypogaftriques; le colon.occupe Île côté droit, & forme plufeurs circonvolutions prefqu'ova- les, qui font pelotonnées enfemble. Lesinteftins grêles. ont cent quatorze pieds de longueur ,. depuis le pylore jufqu’au cœcum ; la longueur du colon & celle du reflum prifes enfemble font de trente-quatre pieds, auxquels il faut: ajouter celle des. inteftins grêles, qui eft dercent quatorze pieds, pour avoir- R longucur du. canal inteftinal en enz- du gros & menu Bérail, 17 tier, qui fera de cent quarante-huit -pieds,non compris le cœcum , qui à deux pieds & demi de longueur. Le foie , placé du côté droit , eft divifé en trois lobes , deux grands & un pe- tit; la couleur de ce vifcere eft noi- râtre. La véficule du fiel , qui s'étend fouvent de cing pouces au-delà des bords du foie, forme une poche quf a environ fept pouces de longueur. La rate eft firuée fur la partie gauche de la panfe; elle a un pied huit pou- ces de longueur; elle eft d’une cou- leur griie au dehors, & d’un rouge noirâtre au dedans. Le pancreas abou- tit par une de fes branches au duode num, Les reins font compolés de plu- fieurs tubercules, & paroiffent divi- fés en plufieurs parties, Le centre ner- veux du diaphragme a un pied fept pouces de largeur dans le milieu, & fa plus grande longueur du haut en bas , & de devant en arriere, eft d’un pied & demi; la partie charnue a cinq pouces de largeur entre la pointe du. centre nerveux & le flernum. Le pou- mon droit eft diflingué en quatre lo- bes , dont trois font rangés de file, Le- quatrieme,lobe eft le plus petit detousz A n'y a dans le poumon gauche que: 34 Traité Économique deux lobes, dont l’antérieur eft pref- que féparé en deux parties par une échancrure profonde , comme celle du Jobe intérieur du côté droit. Le cœur eft fitué dans le milieu de la poitrine, la bafe en haut & ia pointe en bas; Ja langue a environ un pied trois pou- ces de longueur ; 1l y a fur la furfa- ce fupérieure de la partie antérieure de la langue, des filets pointus fort durs, & dirigés en arriere. Ces filets: font l'effet d’une rape , lorfqu’on y palle la main à rebours; l'épiglotte eft recourbée & recoquillée en arriere; le cerveau a quatre pouces & demi de: longueur. Telle eft la defcription du Bœuf que: donne M. d'Aubenton. Voyons ac- tuellement quelles font les parties de: la génération, tant intérieures qu'ex- térieures avant fa caftration. Il y a environ deux pieds de diftance entre l'anus & le fcrotum, qui s'étend au- deflus du ventre, de la longueur d’un demi-pied. Le Taureau a quatre ma+ melons bien apparens, & fitués au-de- vant du fcrotum, deux de chaque côté de la verge, & à un pouce de diflance l'un de l'autre. Cette pofition des mamelons du. Taureau correfpond: du gros & menu Betail. 15 à celle des mamelles de la Vache. La verge a deux pieds quatre pouces de longueur , depuis a bifurcation. du canal caverneux jufqu’à l'infertion dw prépuce; elle eft applatie fur fa lon- gueur comme le gland, & elle a la même largeur & [a même épaifleur que la bafe du gland, Les tefticules font ovoïdes; ils ont quatre pouces: & demi de longueur ; leur fubftance: intérieure eft de couleur jaunâtre , & il y a au dedans une efpece de noyau: longitudinal de couleur blanche. L’é pididyme defcend de deux pouces fur. le bord inférieur du tefticule ; fon ex- trémité poftérieure déborde de neuf Hignes au-delà du bout du tefticuie, & forme un tubercule , quia environneuf. lignes de diametre; il y a deux cor- dons qui tiennent par une de leurs: extrémités aux premieres vertebres de la queue , & qui fe joignent au-deflous de l'anus, après l'avoir entouré; ils. font plats ; ils s'étendent le long de la verge jufqu’àa lendroit auquel ils: adherent, & où la verge forme une double courbureen façon d’5 romaine; ls s’épanouiffent fur: les côtés de la vérge juiqu'au prépuce, qui a auf. deux mufcles. Ces mufcles s'étendent: #6 Traité Économique fous l'abdomen, & fe prolongent par des parties tendineufes jufqu'aux en- virons de l’anus; ils paroïflent fervir à tirer le prépuce en arriere. La vellie: éft ovale; l’uretre eft revêtu au de- Bors d’un mufcle fart épais, & la lon- gueur de ce canal eft de fix pouces: depuis la veflie jufqu’à la bifurcation: des corps caverneux. Les véticules fé- minales font compolées de plufeurs: cellules, comme dans l’homme ; cha-- cune des véficules a quatre pouces de longueur ; les proftates font longues: de quinze lignes; il fe trouve auprès: des mufcles accélérateurs, deux glan- des qui s'ouvrent dans luretre , &: qui contiennent une liqueur jaunâtre ,. de même que les proffates ; il n'y a que: Ja caftration feule qui met de la difé- rence entre le Boœuf & Île Taureau, & qui fait que celui-là eft pefant, la- che & timide, tandis que celui-ci eft lein de feu, vif, hardi & vigoureux. A Pégard des parties naturelles de: la Vache, fi on les confidere anato- miquement, on trouve qu'il y a en- viron deux pouces de diftance entre l'anus & la vulve, dont la longueur: n’eft que de trois pouces ; les quatre: mamelons forment un quarré par leur; du gros & menu Bétail. 17 pofition ; ils ont tous les quatre deux pouces de hauteur, & environ trois pouces de circonférence à la bafe; l'extrémité en eft arrondie, & percée d'un orifice, qui eft la bouche d'un ca- nal , dont le diametre n'a environ qu'une ligne; mais le canal s’élargit à mefure qu’il approche de la mamelle, dont la partie inférieure eft creufe, & ne forme qu'une cavité au-deflus du mamelon jufqu’à la fubflance glandu- leufe quieft dans leur fond ; elle forme une mafle, qui a dix pouces de lon- gueur ; elle eft diftinguée en deux par- tes égales, une à droite, & l'autre à gauche, qui font réunies par un tifiu cellulaire ; chacune de ‘ces portions forme doncune mamelle qui a deux cavités ;1l y a un mamelon pour cha- que cavité, & par conféquent deux mamelons dans chaque mamelle. Le gland du clitoris eft peu faillant; le vagin a un pied de longueur, & il y a dans le vagin plufieurs rides longi- tudinales; la veflie eft prefque ronde, beaucoup plus ample que celle du mâle , & l’uretre a quatre pouces de longueur. L'orifice de la matrice eft rond , environné de tubercules aflez gros; fon corps eft naturellement fort ; A # " 18 Traité Economique peus ; les cornes: qui font adoffées ‘une contre l’autre ont un pied huit pouces de longueur depuis le corps de la matrice jufqu’à leur extrémité. Le tefticule eft de figure ovale, la trompe aboutit à un pavillon. À Pour qu'un Taureau foit propre à fervir un troupeau de Vaches, il faut qu'il foit gros, bien fair, & en bonne chair ; il doit avoir l’œil noir, le re- gard fier , le front ouvert, la tête courte , les cornes grofles, courtes & noires, les oreilles longues & velues, le mufle grand , le nez court & droit, le col charnu & gros, les épaules & la poitrine larges , les reins fermes, le dos droit , les jambes groffes .& charnues, Ja queue longue & bien cou- verte. de poils, l’allure ferme & fûre,, & le poil rouge; il faut en outre qu'il foit de moyen âge , entre trois ans & neuf; pallé ce temps , il n’eft plus bon qu’à engraifler: on fera très-bien de ne lui fervir que quinze Vaches. quoique pour l'ordinaire on lui en Jaifle jufqu'à foixante. Les Vaches retiennent fouvent dès la premiere, feconde ou troifieme fois ; & dès qu’elles font une fois pleines, le Tau- reau refufe de les couvrir, quoiqu'il y 8 du gros & menu Bétail. 19 - ait encore apparence de chaleur ; mais plus communément cette chaleur cefle prefque aufli-tôt qu'elles ont conçu, & elles refufent auffi elles-mêmes les approches du Taureau. La Vache eft à dix-huit mois en pleine puberté, & le Taureau à deux ans; mais on fera très-bien de ne les laifler accoupler qu'à l’âge detrois ans. La durée de leur vie eft ordinairement de quatorze ou quinze ans. Quoique les Anciens aient prétendu que la Vache, le Bœuf, & même le Veau, avoient la voix plus grave que le Taureau, il n’eft pas moins vraide dire que le Taureau a la voix beau- coup plus forte, puifqu'il fe fait en- tendre de plus loin. Ce qui leur a fans doute fait faire cette obfervation . c’eft que le mugiffement du Taureau n'eft pas un fon fimple, mais un fon com- ofé de deux ou trois o&aves, dont a plus élevée frappe le plus loreille; & fi l’on yÿ prête attention , on entend en même temps un fon grave, & plus grave que celui de la Vache, du Bœuf & du Veau, dont les mugifflemens font auffi beaucoup. plus courts: d'ailleurs le Taureau ne mugit que d'amour ; mais la Vache mugit plus fouvent c # 20 Traité Économique d'horreur & de peur que d'amour, & le veau mugit de douleur, de befoin de nourriture, & du defr de fa mere. Le Taureau entre en fureur à la vue de la couleur rouge ; il combat géné- reufement pour le troupeau, & mar- che le premier à la tête. S'ily a deux troupeaux de Vaches dans un champ, les deux Taureaux s’en détachent, & s’avancent l’un vers l’autre en mugif- fant. Lorfqu'ils font en préfence, ils s'entreregardent de travers, ne refpi- rent que la vengeance ; ils grattent la terre avec leurs pieds, & font voler Ja pouffiere pardeflus leur dos; ils fe joignent bientôt avec impétuofité, fe battent avec acharnement, & ne cef- fent le combat que lorfqu’on les fé- pare , ou que le plus foible eftcontraint de le céder au plus fort; pour lors le vaincu fe retire tout trifte & tout hon= teux , tandis que Île vainqueur s’en re- tourne tête levée, triomphant & tout fier de fa viétoire. Cet animal va har- diment au-devant de l'ennemi ; il ne craint ni le chien ni leloup , pas même l'ours , ni le lion; enfin dans les com- bats, tant publics que particuliers, qu’il a à foutenir, foit contre les hommes, foit contre les animaux auxquels il'eft. du gros Ë menu Beta, ox facrifié, il fait face aux affaillans avec tant de courage, quil ne fuccombe qu’à la derniere extrémité, percé de mille coups, ou déchiré de belles dents, . La chair du Taureau n’eft pas à beau- coup près fi falutaire , ni fi agréable que ae du Bœuf; aufli n’en fait-on guere ufage en aliment; mais en Mé- decine, on fe fert de fon fang, de fa graifle, de fa moëlle, de fon fiel , de {es cornes, de fes ongles & de fon priape, | Le fang du Taureau, pris intérieu- rement, a anciennement pailé pour un poifon ; cependant les expériences qu on a faites tout récemment démen- tent cette aflertion ; on l’ordonne même a@uellement dans la dyflente- rie, dans les regles trop abondantes, dans le crachement de fang, & dans toutes les hémorrhagies internes; on le mêle avec le vinaigre de vin, & on: le donne à la dofe d’un gros dans les potions vulnéraires, aftringentes, Pour ce qui concerne fes propriétés à l'extérieur , ellés font les mêmes que celles du fang des autres animaux; il Æft donc Elan & apéritif: on s’en fert en liniment, dès qu'il s'agit d’as ’ 22 Traité Économique mollir & de difcurer les tumeurs, d’ef- facer les taches de la peau, & de dif- fiper les verrues; mais on l'emploïe plus Mi Des lorfque quelque membre eft foible ou atrophié: on fait pour lors plonger la partie dans la gorge d’un Taureau ou d'un Bœuf nouvellement tué, ce qui la ranime, la rend plus fouple & plus propre au mouvement. Quelques Auteurs con- feillent Peau diftillé du fang, pour calmer les douleurs de la goutte; mais on ne fait plus d’ufage pour le préfent de ce remede. : La graiffle, la moëlle, le fiel &c les ongles du Taureau ont les mêmes pro- riétés que ces parties dans le Bœuf. e priape du Taureau pris en poudre à la quantité d’un demi-gros, ou la déco“tion à la dofe d’un gros, font des remedes approuvés dans la cure” de là dyffenterie & de la pleuréfie. À R Ÿ à cLE IL Du Bœuf. Le Boeuf eft, fuivant M. de Buffon, le plus eftimé d’entre les bêtes à cor- nes ; il eff aifé à nourrir , & rend beau- du gros & menu Bérail. 23 coup de fervice. Tout le monde doit convenir que le Bœuf, le Mouton, & les autres animaux qui. paiflent l’herbe, non-feulement font les meil- leurs, les plus utiles, les plus précieux. pour l’homme , puifqu'ils le nourrif- fent , mais encore ceux qui confom- ment & dépenfent le moins. Le Boeuf ft fur-tout à cet égard l'animal par _ excellence ; car il rend à la terre tout autant qu'il en tire , & même il amé- liore le fond fur lequel il vit; il en- graifle fon pâturage, au lieu que le . Cheval & la plupart des autres ani- | maux amaigriflent en peu d’années les meilleures prairies. Les animaux qui ont des dents incilives aux deux mächoires , comme le Cheval &: l’Ane, broutent plus aifément l'herbe. . courte que ceux qui manquent de: . dents incifives à la mâchoire fupé- LE no A Lee, pe . rieure; & f1 le Mouton & la Chevre: la den de très près , c’eft parce . qu'ils ont petits , & que leurs levres * font minces : maïs le Bœuf, dontles Jevres font épaifles ; ne peut brouter. que Pherbe longue, & c’eit par certe raifon qu'il ne fait aucun tort au pâtu- rage fur lequel il vit. Comme il ne “peut pinçer que l'extrémité des jeunes 24 Traité Économique herbes, il n’en ébranle point la racine, & n'en retarde que très-peu l’accroif- fement,au lieu que le Mouton & la Chevre les coupent de fi près, qu'ils détruifent la tige, & gâtent la racine: d’ailleurs le Cheval choifit l'herbe la plus fine, & laïfle grainer & fe multi- plier la grande herbe, dont les tiges font dures; au lieu que le Bœuf coupe ces grofles tiges, & détruit peu-à-peu l'herbe la plus grofliere ; ce qui fait. qu'au bout de quelques années, la prairie fur laquelle le Cheval a vécu: n'eft plus qu’un mauvais pré, tandis que celle que le Bœuf a broutée devient Un pâturage fin; mais ce ne font pas là les feuls avantages que le bétail, procure à l’homme. Sans le Bœuf, les pauvres & les riches auroient beaucoup de peine à vivre; la terre demeureroit: inculte , les champs & même les jar-: dins feroient ftériies (ainfñi que nous: J'obferverons craprès, en parlant de fes: ufages ). C'eft fur iui que roulent tous les travaux de la campagne; il eft le domeftique le plus utile de la ferme, le foutien du ménage champêtre ; l fait toute la force de l’agriculture ; au- trefois il faifoit toute la richefle des. Rommes, & aujourd’hui il eft CARE a nn M, du gros & menu Berail, ‘2$ a bafe de l'opulence des Etats, qui ne peuvent fe foutenir & fleurirque par la culture des terres, & par l'abondance du . bétail , puifque ce font les {euls biens réels ; tous les autres , & même l'or & l'argent n'étant que des biens arbitrai- rés, desrepréfentationsdesmonnoies de crédit, qui n’ont de valeur qu'autent que le produit de laterre leur en dbnne, Le Boœuf ne convient pas autant que Jé Cheval ; lAne , le Mulet & le Cha- meaui, (pour porter les fardeaux ; la forme de fon dos & de fes reins te dé- montre; mais la groffeur de fon cou, & la largeur de fes épaules indiquent af- fez qu'ileft propre:à tirer. & à porter ke joug 3 c’Eft aufli de cette maniere awil tire le plus avanrageufement, & il eft finguher que cet ufage ne foit pas général , & que dans des Provinces entieres on l'ablhige à virer par les cor- nes. Là feule raïfon qu’on en puife donner, c’eft que quandileft attelé par es vornes, on le conduit plus aifé- ment, I a Ja tête crès-forte , &ail ne laifle pas de tirer allez bien de cette façon ; mais avec beaucoup moins d'a- vantage , que quand il tire par les épau- les. Il femblé avoir été fait exprès . pour la charruc ;la mañle de fon corps, Bb Tom. 11, 26 - Traité Économique. h Ja lenteur de fes mouvemens, le peu de hauteur de fes jambes, tout, jufqu’à fa tranquillité & fa patience dansde travail, femble concoumr à:le rendre propre à laculture des champs, & plus capable qu’aucan autré de :vainere la réfifiance conftante & toujours nous velle que la terre oppofe à fes efforts, Le Cheval, Riu peut-être aufli fort que le Bœuf, eft moins propre à cet ouvrage ; il-efE trop élevé fur fes jam: bes, {es mouvemens font wopgrands, trop brufques, & d'ailleurs il s’impa- tiente & fe rébute trop aifément; on lui ôte même toute Ja légéreté, toute la fouplefle de fes mouvemens , toute la grace de fôn attitude & de fa dé- marche , lorfqu'on le réduit à ce tra- vail pefant, pour lequel 1l faut plus de conftance que d'ardeur; pe de mañle que de vwefle ,; & plus de poids que de reflort. Les animaux les plus pefans & les plus parefleux ne font pas ceux qui dorment le plus profon- dément, ni le plus lonpg-temps ;' le Bœuf dort, mais d’un fommeil court & léger; il fe réveille au moindre bruit; il fe couche ordinairement fur le côté gauche, & le rein ou rognon de ce côté gauche eft toujours plus “ FA A Ce PORT NS | ! | t L as { du gros & menu Bétal. 27 gros & plus chargé de graifle que Île rognon du côté droit. Cet animal eft aflez fujet à avoir une bouteille d’eau dans un des: rognons ; quelquefois on atrouvéun rein gros comme latête d’un enfant, tandis que l'autre n’étoit pas plus gros qu'un rognon de Mouton: il y a même des Bœufs qui n’ont qu'un ropnon, tandis que de lautre côté on fe trouve qu'un peloton de oraille. - Le Cheval mange nuit & jour len- tement , mais prefque continuelle: ment; le Bœufau contraire mange vite, & prend en aflez peu detemps, dans üne heure, toute la nourriture qé’il lui faut ; après quoi il celle de manger, & fe couche pour ruminer. Certe dif. férence vient de la différente confor- mation dans leffomac de ces animaux, Le Bœuf, dont les deux premiers ef- tomacs ne’ forment ‘qu’un même: fac d’une très-grande capacité! peut. fans inconvénient prendre à la fois beau- coup d'herbe, & le remplir en peu de temps, pour ruminer enfuite, & die géreraloifir. PUCES * Le Cheval, qui n’a qu’un petitefto- mac, ne peut y recevoir qu'une très- petite quantité d'herbe, & le remplir fucceflivement, à mefure qu’elle s'af. , {7 be 28 Traité Économique faifle , & qu'elle paile dans les inteG tins, où fe fait principalement la dé: compolition de la nourriture ; car M. de Buffon ayant obfervé, à ce qu’il dit, dans le Bœuf & dans le Cheval le produit fucceflhif de la digeftion, & fur-tout la décompoñfition du foin, il a remarqué dans le Boeuf, qu’au fortir de la panfe, qui forme le fe- cond eftomac, il eft réduit dans une efpece de pâte verte, femblable à des épinards hachés & bouillis ; que c'eft fous cette forme qu'il eft retenu dans les plis ou livrets du troifieme eftomac; que la décompolition en eft entiere dans le quatrieme effomac, & que ce p'eft pour ainfi dire que le marc qui pafle dans les inteftins ; au lieu que dans le Cheval, le foin ne fe décom- ofe gueres , ni dans l’eftomac, ni dans es premiers boyaux , où il devient feu- lement plus fouple & plus flexible, comme ayant été macéré & pénétré de la liqueur ‘entiere, dont il eft en- vironné; qu'il arrive au coecum & au colon fans grande altération ; que c’eft principalement dans ces deux intef- rios, dont l'énorme capacité répond à celle dessanimaux ruminaus, que fe fait dans le Cheval la décompofition de la du gros & menu Eétail. 29 nourriture, & que cette décompolition n'eft jamais aufli entiere que celie qui fe fait dans le quatrieme eftomac du Boœuf. Par ces mêmes confidérations ,; & par la feule infpe&tion des parties , îl -eft facile, felon M. de Buffon, de concevoir comment fe fait la rumina- tion , & pourquoi le Cheval ne va- mit, bi ne rumine ; au lieu que dansle -Boœuf & les autres animaux qui ont pla- fieurs eflomacs, ils femblent ne digé- rer l'herbe qu'à mefure qu'ils ruminent. La rumination n’eft qu'un vomiflement fans effort, occafionné pér la réac- tion du premier eflomac; c'eft que le -conduit de l'œfophage arrivant très- obliquement dans l’eftomac du Cheval, dont les membranes forment une épail- eur confidérable, fait dans certe épaif- feur une efpece de gouttiere fi obli- que , qu'il ne peut pas fe ferrer da- vantage, au lieu de s’ouvrir par les convulfions de l'eftomac. On prétend que les Bœufs qui man- gent lentément, réfiftent plus long- temps au travail que ceux qui mangent vie ; que les Boœufs des pays élevés -& fecs font plus vifs, plus vigoureux & plus fains que ceux des pays bas & B 3 « go |‘ Traité Économique humides; que tous deviennent plus forts , lorfqu'on les nourrit de foin fec, que quand on ne leur donne que de l'herbe molle ; qu'ils s'accoutument plus difficilement que lés Chevaux au. changement de climar, & que par cette raifon , on ne doit jamais acheter que dans le voilinage les Boeufs pour le travail. Le Boœuf n'eft pas fi pefant, ni ff -mal-adroit qu'il paroît au premier af pect ; il fait fecirer d’un mauvais pas auffi bien , & même mieux que le Che- val, Un de ces hommes qu'on appelle -vulgairenmtent Toucheurs, de Bœufs, “trouvant un pré dans fon chemin, au rapport de MM. Salerne & Arnaud de Nobleville, y fait entrer fes Bœufs pour pâturer ; mais excédé de fati- sue , il fe couche en travers fur la bre- che faite à la haie, ,& s'endort; quel- -quès momens après, un de ces Boœufs s'approche tout doucement, & fenrant cet homme endormi, pañle adroite-. ment pardeflus lui fans le toucher ; un Æecond en fait autant, enfuite un troi- fieme , un quatrieme, & ainfi tout le troupeau défile. Enfin l’homme fe ré- veille, regarde tout autour de lui, & eft bien étonné de voir que fes Bœufs …. digros © menu Bétail 31 ne font plus dans le pré ou illescroyoit en fûüreté. Ce n’eft pas pour cette feule fois que ce fait eft arrivé, principales ment quand il n'y a point de chien pour veiller à la place.du Maître. Les Boœufs du Bas-Poitou ont pour Vordinaire une graifle jaune: on les engraifle fort jeunes, & même fans les avoir fait travailler ; ils font affez doux, mais extrèmement peureux ; & comme ils s'effarouchent aifément, on les fait plus marcher de nuit que de jour; | EP ES ils s'épauvantent fi fort, ans une Foire ou dans un Marché, qu'on court rifque d'être bleflé ou tué par,ces. animaux , qui n'écoutent plus rien, & ne ceflent de courir à perte ‘haleine, que quand ils fe trouvent épuilés de laffitude. Ma es _-Prefque tous les Bœufs qu’on tue fe laiflent affommer fans rien dire ; un feul coup.ou.deux fufhfent au plus pour les abattre ; cependant quelques-uns pouffent d'horribles mugifiemens fous les coups; on eft quelquefois pour lors obligé de leuren donner plus de cent ‘avant de pouvoir les faire tomber. . On lit dans les Mémoires de l'Aca- démie., que M. Duverney a fait voir a cette favañte Compagnie le cerveau | B 4 32 Traite Économique $ d’un Bœuf pétrifié prefqu’en toutes des parties, & pétrifé jufqu'à égaler même fa dureté d’un caillou; il reftoït feulement en quelques endroits un peu de fubifance molle & fpongieufe; la moëlle de l'épine s’étoit confervée dans fon état naturel, de même que les nerfs qui étoient à la bafe du crânes Je ’corcelet étoit aufli pétrifié que le cerveau ; la pie - mere étoit auf com prife dans le changement général, & toute la mafle enfemble en était fi dé- figurée , que l’on avoit peine d'abord à reconnoître les parties, & à nommer chacune par {on nonr; le Boeuf étoit fort gras, & fi vigoureux , que lorf* que le Boucher avoir voulu le tuer ;! il s'étoit échappé jufqu’à Has fois, circonftance trés-remarquable. … - Un Boœuf qui a une côte ou une’ jambe caflée fé la remet facilement, quand bien même on n’y appliqueroit! point d'eclifle. Dans cent Bœufs, on en trouve fouvent dix qui oùt ew quelques côtes caflées; cette côte s’elt reprile, & le calus en eft aufli dur que: du fer. | Pour bien choïfir un Bœuf propre au travail, il faut qu'il ait la tête courte & ramañlée ; l’oreille grande , velue & : du gros & menu Betail 33 . ünie; la corne forte, luifante, & de moyenne grandeur ; le front larges les yeux gros & noirs ; les nafeaux ouverts ; la dent blanche & égales les levres noires, le cou charnu; les épaules grofles, larges & chargées de Chair; le fanon pendant jufques fur les genoux ; les côtés étendus; les reins larges & forts ; le ventre fpacieux & tombant en bas ; les flancs propor- tionnés à la groffeur du ventrè; les han- ches longues ; la croupe épaïlle & ronde ; les jambes & les cuifles groffes, charnues & nerveufes; la queue pen— dante jufqu'à terre, & garnie de poils déliés & touffus ; le pied ferme’, lon- gle court & large; 11 faut en outre qu'il foir jeune, docile, prompt à Pai- guillon ; qu'il obétfle à la voix ; qu'il foit facile à manier; il doit avoir em outre le poil luifant, doux , épais, roux: on n'eflime gueres les Bœufs blancs ou moucherés. | ” Quand le Boœuf a une fois atteint l'age de dix ans, il n’eft plus propre qu'à engraïfler, Cet animal ne pañle ja- mais gueres plus que quatorze ou quinze ans en vie. Ce n’eft pas peu de: chofe que d’habituer cet animal # porter le joug, il faut sy aq de ÿ 34 . Traité Économique bonne heure. Dès l’âse de deux ans & demi ou trois ans au plus tard, on commence à l'apprivoifer, pour mieux le fubjuguer ; car pour peu qu’on dif- fere , il devientindocile , & pour l’or- dinaïre intraitable; ce n’eft que par la patience, la douceur & les carefles qu'on en peut venir à bouts fi on en venoit à la force & aux mauvais trai- temens, ce feroit le vrai moyen dele . rebuter : on lui frotte d'abord le corps : en le flattant; on lui donne de temps en temps de l’orge bouilli, des feves concaflées, & d’autres nourritures fem- blables qu'on fait qu’il aime le mieux, fur-tout avec du fel: on lui lie auf fouvent les cornes ; on lui met en- fuite quelque temps après le joug 5 après on l’attele à la charrue avec un autre Bouf de même taille, &. qui fera déja dreflé: on les attache enfem- le à la mangeoire; on les mene au pèturage, pour qu'ils fe connoifient, & s’habiuent àn’avoir que des mouve- mens communs. [l faut bien fe donner: de garde de fe fervir d’abord de l'ai. gpillon; on le rendroit par-là dès le commencement intraitable : 1l faut. aufñ le ménager pour le travail, de peur qu'il ne fe fatigue trop: on luj ne he de en — 7 7 et Li Les" a =. m DE RC PR PS PQ ES 0 1 M SERIE danstla huiraine. du pros & meurs Bétail. 35. donnera abondamment à manger pen- dant qu'on l’exercera: ‘i arrive fouvent qu'un jeune Bœuf _efttrès-difficile à retenir ; qu'il eft im _pétueuxs prompt à ‘donner du pied; ou fujetr à heurtercde ‘fes cornes. Pour lui ôter tous ces défauts , on Parta- cheratbien ferme ‘dans fon étable , & _ on Fylaiffera jeûner .pendant quelque temps: Quand il a le défaut d’êire ré- ufyon predun bâtomtiré tout chaud du feu, & ‘après Favoir brûlé par un bout; on en bat les fefles du Boœuf, _ &onl’oblige de certe façon à marcher. Lorfqu'un :Bœuf:eft peureux , la moindrexchole l’effraie ; le meilleur re- mede qw’ony puiffe apporter, c'eft de veiller toujours fur ces animaux, afin dé les retebir,quand:la peurlesprend ; Hs en guériflént à mefure que le travail & l'age diminuent leur vivacité. à ‘Un autre défaut: éncore dans le - Bocuf.,; c’efb'd'être furieux; le trop dé repos le’ rend fouvenr tel. Sitôt qu'on s'apperçoit de ce défaur , il faut her lesiquatre jambes de Panimal: pour le terraflèr, & ne lui donner que fort peutà manger; fa fureur pañle fouvent < Pour remédier à ce vice, on prend BG 36 .Traïté: Économique encore un grand Joug ; on attachecet animal à une charrette bien chargée, au milieu de deux autres Bœufs qui foient un peu lents: -on:lui donne-fou- vent de laiguillon ; par cemoyen; on lexendra en peu docile, & dnabattra fa fureur. ss th cit ie 1e | - Les Boœufs-à poils mouchetés: & à poils tout blancs, font fort füjéts à fe, coucher en travaillant ;1l n’y a que l'ai- guillon dont on puifle fé, fervir pour: deur: ôter:ce défauts 2518 Picot - On connoît Page du/Boœeuf-par les dents & par les cornes; les, premieres dents de devant tombent à dix moïs, & font remplacées par d’autres,..qui font moins blanches &:plus langes ; à feize ou dix-huit mois, les dents voili- nes de celles du milieu-tombent pour faire place àd’autres. Toutes les.dents: incilives du Boeuf font renouvellées en trois ans;-elles font pour:lors:éga- les, longues & aflez blanches; à mes fure qued'animal vieillit, elles s’ufent ; _ & deviennent inégales &: noires. Les: cornes des Bœufs fe renouvellentauflt à trois ans, pour ne plusgomber;.elles font ordinairement plus srofies & plus longues que celles du Taureau, L'ac: coïfflement des fecondes cornes. dix CO AL PR DS VS = du gros Émenu Bétrail. 57 Boœufne le: fait pas d’une maniere uni- forme: ,; & par un développement égal; au commencement de la-quatrie+ me année d'un Bœuf , il fort deux pe: | tites cornes pointues, nettes ; Unies z. &t terminées vers la tête par une ef+ pece de. bourrelet; l'année fuivante; . ce bourrelet s'éloigne de la tête, & forme un cylindre ,.qui fe termine en- core par unautreibourrelet: Oncompte les années par!le nombre des: bourre: lets ;. ar gaxt des nœuds annulairess. en commençant id’abord à: compter trois ans pour la pointé: de la cornes, enfuite un:an par chaque anneau. : :: On fair travailler:les Boeufs pendant Fété ,y1le matin, depuis laï pointe du: jour :jufqu’a- neuf, heures: &:le foir; depuis deuxheures jufqu’après Île 10: Jeik cotiché ;:au printemps, en hiver & envaurtomne , en les fait travailler fans. difcontinuer;: depuis neuf heures du.matin: jufqu'à einq: heures du foir Le Bœuf eft:infiniment préférable au Cheval pourilé Hbour;:il va tou- jours: d’un pas égal 3 il:ne:lui faut ni avoiné,;commieaux Chevaux,ni pref que point de foin. Un Culrivareur n'a. beloin-avec le Boeuf, nt de Maré- chaux, ni de harnais; on nele ferré 238 : ‘Traité Économique jamais, &. un boïis.en forme de joug eft tout le harnoïs qu'il lui faut :on lé nourrit ordinairement de paille, quel» quefois cependant de foin, lorfqu'il tras vaille. À défaut de foin pendant léré,; on lui donnera dell’herbe fraîchement . coupée. Les feuilles de frêne , d'orme & de chêne, plaifent béaucoup aux Boœufs ; mais l'excès de ces feuilles leur occafonne quelquefois un piflement de fans. Laluzerne, letrefle:, le fainfoin, la- vefce ,1les Inpins ; lorge bouilli, font pour le Bœuf la meilleure: des nourrituress:il faut cependant fe don- ner de garde de leur donner trop de lürérné: Re ronioret tr Menu 1! Quand on fe trouve dans un pays abondant en pâturage, on y fait paf- fer les nuits aux Bocufs, fous la garde d’un Valet: c'eft une grande éparpine, Les premieres herbes. ne:leur ‘valent rien, &'ce n'eft queivers la: mti-Mai qu'il faut les mener paître 3+aumois d'Oûtobre, on les met au fourrage; mais äl faut avoir fur-rout l'attention de ne point les faire pa flértout-à-coupi, _ tmais peu-àä-peu, du fec autverd, & du pendiiat fedenr. n'bE Lit, LS RENE Quand les Bœufs font de rerour de Acurs travaux , on des frotte avec des du gros & menu Betal. 39 bouchons de paille, fur-tout s’ils font en fueur: on ne les attache à l’étable, que quand certe fueur eft pañée : on . leur lave les pieds , pour en ôter, foit les pierres, foit les épines, ce qui les feroit boiter. MNREUEe Pour empêcher les Bœufs d’être tour mentés par les mouches, on les frotte ._ avéc des baies de laurier coupéestrès- mince, & cuites dans de l'huile , ou _ bien avec de la falive des Boœufs même. ve A alto Les Bœufs ne font vraiment pro- pres pour le travail que jufqu’à dixanss ainfi , pailé ce temps , il faut les en- graifler , & ne pas différer davantage, fi l’on veut qu'ils prennent bien ce u’on: dit communément. la, graifle. Dore puiffe les engraifler dans toute: faifon , cependant on préfere l'été, comme la farfon la plus favora ble; on les mene ‘paturer de grand . matin ; on les ramene à l’étable, quand la chaleur commence à fe faire fentir ; on les y laiffe ruminer & dormir. frat: chement & au large; jufqu'à ce que Ja grande chaleur, étant paflée ,, on puifle les remettre dans les pâturages. pour le refte du jour : on leur donne de 40 Traité Economique | la bonne litiere , & de l'herbe fraîches ment coupée pour la nuit. _ Si on les engraïfle en hiver, on les tient chaudement dans l’étable, depuis Ja Saint Martin jufqu’au mois de Mai, fans les laïffer fortir : on: leur donne de bon foin, & même fans ménage- ment : on peut mêler le foin avec un tiers de paille d'orge, & par ce moyen on épargne: on leur donne en même temps fur le foir des pelottes faites’ avec de la farine de feigle, d’orge ou d'avoine, pétries avec de l'eau tiede & du fel: on leur hache auflt quelquefois: de grofles raves, qu’on leur donne pour nourriture ; on les fait même fou- vent cuire, de même que les carottes ; les gros navets, les feuilles & grains de’ maïs: on peut leur donner encore du marc de vin dans de l’eau chaude, & y mêler beaucoup de fon. Dans le: Pays Meflin, on leur donne des tour- tes de chenevis, & même de fuif. … On engraifle les Boœufs d'Auvergne & du Limoufin avec du foin de haut’ pré, du marc d'huile de noix, qu'on mêle avec de gros navets & de la fa- rine de feigle. Dans le Journal éco. pomique fe trouve un Mémoire fug: Le du gros & menu Betail, 4x lengrais des Bœufs. L’Auteur de ce _ Mémoire confeille de femer quelques portions de terre ou herbes balfami- ques & odoriférantes, que l’on met en poudre bien fine , pour en répandre {ur leur fourrage en forme d’aflaifon- nement, & fuppléer par-là au fel. . On donne foir & matin, pendant . les huit premiers jours , aux Boœeufs qu’on engraifle , un feau d’eau échauf- fée au foleil , ou tiédie fur le feu, dans laquelle on aura jetté auparavant trois picotins .de farine d’orge , fans avoir été blutée ; on laiffe repofer J'eau , jufqu'à ce que le plus gros de la farine. foit tombé. au fond ; on lui donne enfuite à boire cette eau blan- che ,& on garde le fond pour méler avec leurs alimens. Si les Boœufs qu'on veut engraifler n'ont point d'appétit, il faut leur la- ver la langue avec du fort vinaigre & du fel,. & fleur jetter une poignée de fel dans la gorge. Rien nef même meilleur pour les entretenir en ap- péut, que de mêler toujours du fel parmi leur nourriture. Un peu d'exercice pendant le temps qu’on em- pis à l'engrais des Bœufs , contri- bue auf à rendre leur chair meilleure, 4% Trate Éconontique TPE Ona obfervé que les Bœufs qu'on tue en Auvergne & en Limouüfn font inférieurs pour le goût & la qualité à ceux qu’on amene de ces Provinces à Paris à petites journées ; lé voyage. pérfetionne leuts engrais. | : jé Les Bœufs font füjets à fe‘lêcher, ‘ Jorfqu'ils font en repos , ce qui les empêche, à ce qu'on dit, d’engraifler. Pour obviér à cet inconvénient , 4l faut les bouchonner de temps en temps avec une forte décoétion d'abfynthé, Quand on fait le choix d'un Boœuf, Outre les” attentions que, nous avons dit devoir y apporter, on doit ‘avoir fur-tout égard à la maniere dont il _ Mange; & au Jieu de fa naiflance, On a toujours obfervé que les Boœufs qui. mangent lentement, qui.font.d’uné taille & d’ün embhonpoint médiocre, fourniffent mieux léur carriere à touté forte de travaux, die ceux qui man- gént très-vite, Ceux qui ontété élevé fur lès montagnes , ou tirés du voifi- nage , font moins parefleux, plus forts, plus fains, & én général de meilleur fervice que ceux, que l’on tire des pays étrangers. Les Bœufs ne fe font pas aiféméent à l'air d’un nouveau clis mat ; il faut les ménager beaucoup la ve ne. du gros & menu Bétail. 47 premiere année, fur-tout dans les sran- des chaleurs, & les nourrir de foin fec pour les rendre plus forts, &*moins fujets aux maladies, Me - Linnæus, ‘dans fes Amænirates Aca= demicæ , a fait l'énumération des plantes qui conviennent aux bêtes à corne, & de celles qui leur font contraires. Celles qu'elles mangent très-bien font: 1. Ligufirum vulgare. 2. Veronica Terni- folia. 3, Veronica Jpicata. 4, Veronica mas, $,. Veronica fcutellata. 6. Wero- nica beccabunga oblonga: "7. Veronica beccabunga rotunda. 8. Veronica pfèudo-cha- meædris. 9. Veronica alpina. 10. Vcronica oblongis cauliculis. 11. Veronica cymbala-. rifolia, 12, Veronica rutæfolia, 13. An- thoxanthum vulgare. 14. Scirpus fylvaticus, 15. Phalaris arundinacea. 16: Phleum vul- gare, 17. Alopecurus infraëlus, 18, Milium füaveolens. 19. Melicu nutans. 20. Agrof= tis ffolonifera, 21. Agroflis tenuiffima. 22. Agroftis fupina. 23. Aire Dalekar- . lica, 24. Aira-flexuofa. 25. Aira milia- ce. 26. Aira radice jubata, 27, Poa gigantea. 28, Poa compref[a repens. 294 Poa annua. 30: Poa vulgaris magna, 314 Poa anguftifolia. 32. Pox media. 33. Pod alpina variesata. 34, Brita vulgaris. 3 5e + Bromus vulgaris, 36, Bromus Upfalienfiss z st» # ‘ 44 ‘ Traïté Éconômiquée | 37. Bromus teétorum. 38. Bromus peren: nis maxima. 39. Fefluca marginea agro- rum, 40. Fefluca vivipara. 41: Fejluca ovina. 42. Avena pratenfis. 43. Avena nodo{a & arundo lacufiris. 44. Lolium pe- renne. 45. Triticum rad. officinarum. 46. Elymus mariimus. 47. Scabiofa fuccifa. AS. Afperula odorata. 49. Afperula rt- beola, So. Gallium Stækenfe. $1. Gal- lium cruciata. $2. Aparine vulgaris. 534 4parine Parifienfis. $ 4. Sanguiforba Goth- landica. $ 5, Evonymus vulgaris. $6. Al- chimilla alpina. $7. -Cufcuta paralytica. $8. Potamegeton nutans. $o. Anchufa bu- gloffum. 60. Symphitum majus. 6x. Lycop- fis arvenfis. 62, Echium Scanenfe. 63. Hot- - tonia palufiris. 64. Samolus maritima, 65. Lyfimachia vulgaris, 66. Lyfimachia num- mularia. 67. Anagallis rubra. 68. Con- volyulus arvenfis. 69. Polemonium glabrum. 70. Campanula vulsaris, 7 1+ Campanula trachelium. 72. Lonicera caprifolium. 73. Kibes rubra. 74. Ribes Alpina. 75. Glaux paluftris. 76. Herniaria glabra. 77. Che- nopodium purpurafcens. 78. Chenopodium Londinenfe. 79. Chenopodium fegetum. 80. Chenopodium flramonifolium. 81. Cheno- podium repandifolium. 82. Chenopodiwm vulvaria. 83. Chenopodium polifpermum. 84. Ulmus campeftris, 85, Daucus fylveftris, du gros & menu Bétail. ‘28 86. Selinum paluftre. 87. Laferpitium ma= _ jus. 88. Heraclum yulgare. 89. Anges lica algina. 90... Angelica fylvatica. O7, Œthufa artedü. 92+ Scandix hi/pida, 93. Scandix fativa. 94. Pimpinella: officina- rum. 9S. Œgopodium répens. 96. Opu- lus palujtris, 97. Allium urfinum. 98. Cepa feélis. 99. Cepa pratenfis. 100: Anthe ricum offifragum. 101. Afparagus fca- | renfis. 102, Convallaria polygonatum al. tiffomum. 103. Gonvallaria cordifolia, 104. . Juncus valantiü. 105. Berberis fpino{a, 106. | Rumex acetofa pratenfis. 107. Triglochin * zricapfularis. 108. Triglochin fexlocularis, 1 2109. Acerplatanoïdes, 110. Épilobium ir- “ regulare. 111. Erica vulgaris. 112. Wac- } cinium maximum. 313. Biflorta minor. » 114. Polygonum vulgare 115. Helxine > fcandens. 116. Dianthus vulgaris. 117, Dianthus Scanenfis. 118. Dianthus Goth= landicus. 119. Cucubalus Behen, 120. Cu- ” cubalus dioicus. 321, Alfine vulgaris. 122: à Aline graminea. 123. Ceraflium Laps … ponicum, 124. Sedum telephium. 125. Ly- ‘skrum paluffre. 126. Cratægus oxyacan- tha. 127. Sorbus aucuparia. 128, Pyrus pyraller. 129, Pyrus malus. 130. Mefpilus cotonafler. 131. Filipendula molon. 132, * Rofa major. 133. Rofa minor. 134. Ru 1" Lus cœfius, 1354. Rubus faxatilis, 136, Ru nr RTE ARET EEE 1 va RE pe SEAT ENEP TER ti Re 26 ‘Traue Économique bus Nortlandicus, x 37. Rubus chamæmorus. +38. Potentilla anjerina: 139. Potentilla fruticofa. 140. Potentilla reptanm 147. Potentilla afcendens, 142. Potentilla fra- gifera. 143. Potentilla Noryepicas 144, Tormentilla officinarum. 145. Geum fua- veolens. 146 Papaver glabrum, 1477. Tilia communis. 148. Thaliétrum Canadenfe. 149. Thaliétrum firium. 150. Ranun- culus vernus. ?S1. Galeopfis ladanum. ES 2. Brunella vulgaris. 193. Scutellaria vulgaris, 154. Antirrhinum Upfalienfe.- ass. Pedicularis fceptrum Carolinum. 1 $6. Melampyrum tetragonum. 1 $7: Melam- pyrum arvenfe. 158: ÜWelampyrum cæru: lum. 159. Melampyrum vulgare. 160. Melampyrum ringens. 161. Euphrafia vul. garis. 162, : Euphrafia odontides. 163. dhtafni arvenfe. 164. Thiafpi Burfz paflo- ris. 165$. Lepidium perenne, 166. Lepidium Ofjris. 167. Cochlearia vulgaris, 168. Cochlearia Danica. 169. Myagrum fati- yum. 170. Îatis maritima. 171. Turrüis glabra. 172. Braflica perfoliata ferratum. 173. Braffica napus. 174. Sinapi arvenfis. ‘ 175$. Sifymbrium ferratum. 176. -Si[ÿm- brium pinnatifidum. 177. Sifÿmbrium fo _phia. 178. Ery/imum Leucoii folio. 179. Eryfimum barbarea. 180: Eryfimum allia- ria, 182. Crambe maritima. 182. Gera= an digros & menu Bétail. 47 nium fanguineum. 183. Geranium batra- choïdes. 184. Geranium gratia Dei, 185, Geranium Oisutarium. 186. Malya Sca- nica.….187: Matra Alcea, 188: Mila fuaveolens. 180: Fumaria officinarum. 190, Fumaria bulbofa. 191: Poligala vulsaris. 292. Genifla tinétoria, 193. Genifia pro- cumbens, 194. Afiragalus dulcis. 105. Anthillis pratenfis. 396. Orobus vernus. 397 Orobus tuberofus. 198. Orobus nigeri RAS collium; 200, Lathyrus lgothicus 201. Lathÿrus prarenfis: 202, Laihyrus Clymenums) 203: Wicia fativai 204: Wicia fepium. 20$::Wicia fœrida! 206. Vicia. Scanica mawima. 207. Vicia - cracca.. 208. Ervum arvenfe. 209 Cicër äarvenfis. 210. Pifum W-gothicum. 2117, Pifum maritimum. 212. Lotus vulgaris. 2433 Trifolimmontanum. 214 Trifolium album. 231$. Trifolium veficarium. 216, Trifoliuni purpureums: 217. Trifolium lupu- “ Tinum. 218. Trifolium Anglicum. 219. « Trifolium melilorus. 220. Medicaso noftras. , 221: Medicago. biennis. 222. Annonis inermis. 223. Annonis fpinofa. 224. Hy- pericum qadrangulare. 225$: Hypericum M anceps: 226, Hypochæris pratenfis. 227 1 Hicracium talii Upfol. 228. Hieraciuim fru- [N tico/um. 2293 Crepis teëlorum. 230: Son- (4 chus repens, 231, Sonchus Lapponicus. 232, "4 4 |. | 48 Traie Économique Prænanthes umbrofz.23 3. Scorzonnera Pan- nonica, 234. Tragopogon lutreum. 235. Lapiana vulgaris. 236. 4rélium lapfa 237. Carduus helenii folios 238: Carduus crijpus. 230. Bidens tripartita, 240, Ta- nacetum vulyare, 241. ÂArtemilia vulgaris. 242. Artemifia Garolina. 243. Artemifie abjynihium. 244. Tuffilago petafites. 245. Solidago virga aurea. 246. Senecio vulga- ris. 247 dnula falicis folio. 248. Aflentri- polium. 249. Watricaria chamæmelum vul- gare. 250: Anthemis arvenfis. 25 12 Achil« lea ptarmica, 25 2: Centaurea jacea. 253, Gentaurea cyanus. :25 44 Calendula arven- Jis. 255$. Viola canina. 256. Wiola paluf- tris, 2 67. Viola trachelü folio. 258. Wiole apetala. 259. Wiola-tricolor. 260. Orchis calicibus. oblongis. 261. Orchis fambucina. 262. Ophrisimajor. 263. Carex filiformis. 264. Carex, capillacea. 26$. Carex pani- cea. 266, Carex-cyperoides: 267: Carex cefpitofa. 268. Carex inflata. 269, Carex cærülea, 270 Sparganium nutans. 271, Typha paluftris. 272. Alnus glutinofa. 273. Betula vuloaris. 274. Betula nana. . 275$. Quercus longo pedunculo. 276. Salix latifolia rotunda. 277. Salix glabra arbo- re 278. Salix viminalis. 279. Humulus faliélorius. 280, Populus nigra. 287, Atri. plex laciniata. 282, Akriplex. deltoïdes, à | 283: RE TO Spies du pros & menu Bétail. 49. 283. Atriplex vulgaris. 284+ Atriplex halimus. 285$. Fraxinus apetala. 286. Po lypodium f'ix fax atilis. Après avoir rapporté les plantes qui conviennent aux bêtes à corne , 1l eft aufli néceflaire d'indiquer celles qu£. leur déplaïfent : en voici lénuméra- tion, fuivant le Do&eur Linnæus, .E. Salicornia maritima. 2.. Hippuris aquatica, 3. Pinguicula vulgaris. 4. Pin- guas alba. $. Pinguicula minima. 6. Cerbena vulgaris, 7. Lgéopus palufiris.. 8. Salyia horminum. Fabian vuloaris. 10. Jris palufiris. 11." Scirpus lacufiris, 12..Scirpus palufiris. 13. Eriophorüm po- _ Lyflachion. 14. Cynofurus paniculatus, 1 S.. Féluca nutans. 16. Montia palujlris. 17. Sherardia Scanica. 18. Plantago vulgaris. 19. Pluntago incana 20. Plantago lanceo- lata. 21, Cornus fæmina. 22. Cornus her. Lacea. 23: Poiamogeton perfoliatum. 24, Potamoseton plantagin.um. 25: Potamo- geion crijpum. 2°. Myofoiis pratinfis. 27, Miofotis paluftris.. 28. Mjojotis lappula. 29. Litlu fp-rmum Officinarrm. 30. Cyno- _ gloffum vulgure. 31. Androfare minor. 32, J'Indroface. purpurea. 23. Meniamhes tri.. foliata. ;4. L'iapenfia Lanpanica. * $. Con- volvulus maximus, 36. Hyncyan rs vulaas ris. 37. Datura. ercéla, 38. Verba/cum Tom. IL, C so Traité Économique hirfutum, 39. Werbafcum nigrum. 40. Ver= bafcum fcanicum. 41. Solanum vulgare. 42. Solanum dulcamara. 43. Hedera re- pens. 44. Lonicera caprifolium. 4$. Rham- ns catharticus. 46, Khamnus frangula, 47. Ribes groffularia. 48. Afclepias vulga- ris. 49. Sal{ola pungens. So. Chenopodium Henricus.. $1. Chenopodium Upfälienfe. s2. Conium arvenfe. $ 3. Selinum orcofeli- num.S 4. Athamantha daucoïdes. $ $. Liguf- ticum Scoticum. SG. Siummajus. $ 7. Œnan- the .. 58. Œnanthe fucco-croccante. $9. Phellandrium aquaticum. 60. Cicuta aquatica. 61. Sambucus arborea. 62. Sam- bucus ebulus, 63. Parnaffia vulgaris. 64. Statice capitata. 6$. Ornithogallum majus. 66. Ornithogallum minus. 67. Convallaria polygonatum. 68. Elymus maririmus. 69. Aicorus paluiris. 70. Juncus [ylvaticus. 71. Rumex Britannica. 72. Kumex crifpa. 73. Alifma ereéla. 74. Trientalis thali, ms. Daphne rubra. 76. Vaccinium nigrum, 77. V'accinium vitis idea. 78. l’accinium oxy- coccus. 79. Perficaria amphibia. 80. Perfi caria mitis. 81. Perficaria urens. 82. Paris nemorum, 83. Buiomus paluftris. 84. Py- rola irregularis. 85. Pyrola unifiora. 86. Andromeda vulgaris. 87. Andromeda cæ- rülea. 88. Andromeda mufco/x. 89. Arbu- us uya urf. 90. Ledum grave olens. 91. Sckeranthus annuus. 92, Saxifraga du gros & menu Betail, sx Officinarum. 93. Silene vifcaria. 94. Silene nutans. Q$. Arenaria portulacæ. 96. Sper- gula verticillata. 97. Ceraflium vifco[um, 98. Sedum acre. 99. Agrimonia Officina- rum, 100. Filipendula ulmaria. 101, Po- tentilla argentea. 102. Dryas Lapponica 103. Nymphæalutea. 104. Nymphæa alba. 10$. Chelidonium vulgare. 106. Aëtæa ni- gra. 107. Euphorbia folifèqua & peplis, - 108. Euphorbia fruticofa. 109. Kefeda luteola. 110. Delphinium fesetum. 111, Aconitum Lapponicum. 1 12. Aconitum Na- pellus, 113. Aquilesia Officinarum. 1 14. Hepatica verna. 115. Pulfatilla vulgaris. 116. Ranunculus flamula. 117. Ranuncu- lus Chelidonium minus. 118. Ranuncu- lus feclarata. 119. Ranunculus acris. 120. KRanunculus bulbofus. 121. Ranunculus aquatilis. 122. Caltha palufiris. 123. Fekleborus trollius. 124, Teucrium fcordium. 312$. Origanum vulgare. 126. Mentha ar- venfis. 127. Glechoma hedera terreftris. 128. Ballota Scanenfis. 129. Marrubium yulgare. 130: Nepetha vulgaris. 131.Stæ- chys fætida,. 132, Stachys arvenlis. 133. Galeopfis tetrahir, 134. Lamium rubrum. 23e Aritirrhinum Linaria. 136, Pedicu- laris calice angulato. 137. Pedicularis ca- lice tuberofo. 138. Lathræa f[quamaria. 139. Scrophularia: fœtida, 140. Linnæa. C2 $2 Traité Économique 141. Cochlearia armoracia. 142. Turritis hirfuta. 143. Eryfimum vulgare. 144.Ge- raniumm alyaceum. 14$. Aftragalus Lap- ponicus. 146. Leontodon chondrilloïdes, 147. Hieracium pilofella Officinarum. 148. Chicorium Scanenfe.1 49. Carlina [ylveftris. 350. \Onopordon. 151. Carduus acaulis. 2952. Serratula tinéloria. 15 3. Eupatorium cannabinum. 154. ÆArtemifia feriphium. 155. Gnaphalium dioicum. 156. Gnapha- : lium filago palufiris. 157. Gnaphalium ft- Lago impia. 15 8. Gnaphalium filago Up/a- lienfis. 159. Gnaphalium filago Scanenfis, 460. Doronicum arnica. 161. Erygeron acre. 162. Inula palujiris. 163. Inula He: lenium, x 64. Buphthalmum tinélorium.16 $. Chryfanthemum leucanthemum. 166. An- themis fœtida. 167. Centaurea maxima. 168. Enicus acanthifolius. 160. Impatiens nemorum, 170. Satyrium junceum. 171. Urtica perennis. 172. Urtica annua. 173. Xanthium inerme, 174. Bryonia alba. 175. Hipophaë maritima. 176. Myrica Braban- tina. 177. Mercurialis perennis. 178. l'axus arborea:179.Rhodiola L'apponica 185.Em- petrum nigrum. 181. Equilerum \arvenfe. -282. Equifetum fcabrum. 183. Péeris’ filix fœnina & mas. 184. Afplenium trichoma- ries. { | . Avant de finir l'article Bœuf, nous a — Mae mt NIER du gros & menu Bétail. 53 dirons un mot des Bœufs qu’on éleve dans l’Ifle de Camargue en Provence. Cette Ifle a environ fept lieues de longueur fur quatre de largeur ; la quantité de Chevaux, de Jumens & de bêtes à cornes qu'on y nourrit, & qu'on laifle paître dans les campagnes & les marais, pendant toutes les fat- fons de l’année, mème pendant Phi- -ver, eftinnombrable ; ces animaux y deviennent ombrageux & fauvages; au{li à peine peut-on conduire les bêtes à cornes aux Boucheries de Ja Ville, Pour en venir à bout, les Payians gt les conduifent , & qu’on nomme ardiens dans le pays, font obligés d’é- tre à cheval, & d’être armés d’une longue perche, au bout de laquelle il yauntrident de fer. On pratique tous les trois ans ans lIfle de Camargue , des ferrades, pour en réconnoître le bétail de cha- que particulier, & pour en conftater : Je nombre: on choifit la plaine pour . cette opération 3 on fait rougir pour - cet effet les fignaux , ou marques de fer d'un chacun ; on les applique fur les Bœufs, Vaches & Taureaux que Von veut marquer. Pour y procéder, on raflemble plufeurs hommes, tant C3 ‘4 Traité É conomique à pied qu'à Cheval, ayanc chacun un Tong bâton, armé d'un trident de fer. La plus grande partie de ces hommes forme une enceinte, dans laquelle les autres, qui vont derriere les beftiaux, les obligent avec leurs tridens d'entrer; -au-devant du cercle font plufieurs hommes adroits , forts & vigoureux, qui vont à la rencontre de ces ani- maux, & chacun en faifit un par les cornes, & lui ayant donné un coup de pied dans les jarrêts, le renverie par terre. L'animal ainfi terraflé, un autre de ces hommes prend la marque de fer qui eft rougie au feu, & les mar- que à une hanche ; après quoi on laiffe aller l'animal, qui {e releve en furie, & eftropie fouvent les Opérateurs, lorfqu'ils n'ont pas le temps de l'évi- ter, & de fe jetter par terre, quand ils font {ur fa rencontre. Prefque tous les gens des environ de cette ifle viennent par curiofité voic ces ferrades ; on dreffe à cet effet des échafauds élevés , pour mettre les cu- rieux hors de portée d'être bleflés par _ ces animaux furieux, C’eft par ces fer- rades , ou marques, que les habitans de la Camargue connoiffent leurs be[- tiaux, & qu'ils en favent le nombre. \ du gros & menu Bétal. 5 La caftration du Boœeuf fe fait de la maniere iuivante, Pour opérer, lesuns choïfiflent le mois de Mai, ou le prin- temps, & d'autres l'automne, & tou- jours lé matin, avant que le Taureau foit forti de l'étable: on prend les mufcles destefticules avec de petites tenailles ; onincile les bourfes, & on “enleve les tefticules, en ne laifant que la portion qui tient aux muicles; après quoi on frotte la bleflure avec quel- qu'huile ou baume; on y applique en- fuite un emplâtre. Le jour de l'opé- ration, on lui ménage la nourriture; on ne lui donne point de boiffon , & | F les jours fuivans: à melure que ‘appétit revient à l’animal , on lui pré- fente de l'herbe fraîche , & on lui augmente fa boiffon. L'âge le plus convenable à la caftra- tion eft celui qui précede immédiate- ment la puberté, c’eft-à-dire , dix-huit mois ou deux ans ; la plupart de ceux qu'on y foumet auparavant, périflent. Cependant on obierve que les jeunes Veaux auxquels on être les tefticules quelque temps après leur naïflance, & qui furvivent à cette opération fi dangereule à cet âge, deviennent des Bœufs plus grands, plus re » plus # «6 Traité Économique | gras que ceux auxquels on ne fait la caltration qu’à deux, trois ou quatre ‘ans ; mais en revanche, ces derniers confervent plus de courage & d’aéti- vité, & même ceux qui ne fubifient la caftration qu’à fix, fept ou huitans,ne perdent prefque rien desautres qualités du fexe mafculin ; ils font plus impé- tueux, plus indociles que les autres Bœufs ; & qui plus eft, dans le temps de la chaleur des femelles , ils cherchent encore à s’en approcher; il faut avoir grande attention de les écarter ; l'accouplement, & même le feul. attouchement du Boœuf fait naître ‘à la vulve de la Vache des efpeces de carnofités , ou de verrues, qu'il faut détruire & guérir, en y appliquant un _ fer rouge, & la caufe de cet accident peut provenir de ce que les Boeufs qu'on n'a que biffournés , c'eft-à-dire, auxquels on a feulementcomprimé les tefticules, & ferré & tordu les vaifleaux qui y aboutiflent , ne laiffent pas de répandre une liqueur apparemment a-demi purulente , & qui peut caufer des ulceres à la vulve de la Vache, & ces ulceres dégénerent en carnofités. 4 PAR TVR t Ver is 46 je du gros & menu Bétail. 57 ARTICLE LI. De la Vache. La Vache eft le principal animal dont il s'agit dans ce Chapitre; & en effer, parmi les différentes efpecesd'animaux, que l’homme a raffemblés par trou- peaux, & dont l'objet principal eft la multiplication, la femelle eft fans con- tredit beaucoup plus néceflaire & plus utile que le mâle. Le produit de la Va- che eft un bien qui croît & quiferenour velle à chaque inftant. Que de pauvres familles font aujourd’hui réduites à vi- vre de leurs Vaches! On fait encore fervir la Vache à la charrue; & quoi- qu’elle ne foit pas aufli forte que le Boeuf, elle ne laifle pas de le rempla- cer fouvent ; mais quand on veut Pem- ployer à cet ufage, il faut avoir la pré- caution de laflortir , autant que faire fe peut, avec un Boœuf de fa taille ou de fa force , ou avec une autre Vache, pour conferver légalité du trait, & maintenir le foc en équilibre entre ces deux puifflances. On emploie pour l'ordinaire fix & jufqu'a huit Boœufs dans les cerreins fermes, Pi principale= ÿ 58 Traité Économique ment dans les friches, qui fe levent par grofles mottes & par quartiers; mais pour les terreins meubles & fa- blorineux, deux Vaches fufhfent. C'eft communément au printemps qué les Vaches entrent en chaleur ; la plupart reçoivent le Taureau, & de- viennent pleines depuis le 15 Avril jufqu’au 15 Juillec ; 1l ne laiïfle pas néanmoins de s’en trouver beaucoup , dont la chaleur eft plus tardive , & d’autres dont la chaleur eft plus pré- coce > elles portent neuf mois , & metrent bas au commencement du dixieme: on a conféquemment des Veaux en abondance depuis le 15 Jan- vier jufqu'au 15 Avril; on en a aufli tout l'en aflez abondamment, & l'au- tomne eft le temps ou ils iont les pius rares. Les fignes de la chaleur de la Vache ne font point équivoques ; elle mugir pour lors très-fréquemment , & plus violemment que dans les autres temps ; elle faute fur les auires Va- ches, furles Bœufs, & même fur les TFaureaux ; la vulve eft gonflée & faillante au dehors: on profitera du temps de cette chaleur, pour lui don- ner le Taureau. On a obfervé que fi ou laifloit diminuer cette ardeur, la du-gros & menu Bétail. $9 Vache ne retiendroit pas aufli füre- ment, “A Les Vaches font très fujettes à avor- ter, fur-tout quand on ne les ménage pas; & fi on les met à la charrue , ou au charrois , on les {oïgnera même da- vantage ; & on les fuivra même de plus près, quand elles font pleines, que dans tout autre temps; on-les empè- chera pour lors de fauter des haies & des foflés ; on les menera dans un pà- turage plus gras & dans un terrein , qui fans être trop humide & marécageux , foit néanmoins abondant en herbes. Six femaines ou deux mois avant que les Vaches mettent bas, on les nourrira plus largement qu'à l’ordinaire; on leur donnera à érable de l'herbe pendant Vété, & pendant Fhiver, du fon le ma- un, ou de la luzerne, du fainfoin, &c. on ceffera aufli de les traire pendant ce temps ; le lait leur eft alors plus né- ceffaire que jamais pour la nourriture de leur fœtus; 1l {e trouve même des Vaches dont leilait tarit abfolument un mois ou fix femaines avant qu'elles mettent bas ; celles qui ont du lait juf- qu'au dernier moment , font tout-à-la- fois les meilleures meres & les meilleu- res nourrices ; mais le lait des derniers 60 Traité Économique temps eft généralement mauvais, & peu abondant. On aura les mêmes attentions pour Paccouchement de la Vache que pour celui de la Jument; il en faut même davantage, car la Vache qui met bas: Fa plus épuilée , plus fatiguée que a Jument : on la mettra dans une éta- ble féparée ; on l'ytiendrachaudement & commodément fur de bonne litiere 5 On la nourrira bien, en lui donnant pen- dant dix ou douze jours de la farine de feves, de bled ou d'avoine délayée avec de l'eau falée, & de la luzerneen abondance, du fainfoin , ou d'autre bonne herbe bien mûre; elle fe réta- blit très-bien pendant ce court efpace de temps; on la remet enfuite imfen- fiblement à la vie commune & aux pà- _ turages ; On aura feulement Pattention de lui laïfler tout fon lait pendant les deux premiers mois ; le Veau profitera davantage. Au furplus, le Jai que donne la Vache pendant les premiers temps n'eft pas de bonne qualité. j Les Vachesnoires paffentpour celles qui donnent le meilleur lait, &les blanches , à ce qu'on prétend , en dôn: ment le plus ; mais de quelque (poit que foit la Vache à lait , pour Favoic PIN Cr: du gros & menu Bétail., 6x bonne, il faut la choifir en bonne chair; il faut qu’elle ait l'œil vif, la démarche légere ; qu’elle foit jeune, & que fon lait foic, s'il fe peut, abondant & de bonne qualité: on la traira deux fois par jour en été, & une : fois feule- ment en hiver. Si on veut avoir du lait en abondance, on la nourrira avec des alimens plus fucculens que n'eft l'herbe. | Les Hollandois tirent annuellement du Danemarck une grande quantité de Vaches grandes & maigres ; les Va- ches donnent en Hollande beaucoup plus de lait que les Vaches de France: on tranfporre fans doute, & on mul- tiplie cette même race de Vaches à lait en Poitou, en Aunis, & dans les ma- rais de Charente : on donne à ces Vaches le nom de flandrines ; elles font en effet beaucoup plus grandes & plus maigres que les Vaches communes, & elles donnent une fois autant de lait & de beurre; elles donnent aufi des Veaux beaucoup plus grands & plus forts ; elles ont du lait en tout temps; on peut les traire toute l’année , ex- cepté quatre ou cinq jours avant qu'el- les mettent bas. Ces fortes de Vaches demandent des pâturages excellens , Le 62 Troie Économique quoiqu'elles ne mangent gueres plus que les. Vaches communes. Comme elles font toujours maigres, toute la furabondance delanourriture fetourne en lait, tandis que les Vaches ordi- naires deviennent grafles, & ceflent de donner du lait, dès qu’elles ont vécu pendant quelque temps dans des pâturages trop gras. Avec un Taureau de cette race & des Vaches communes, on obtient une autre race, à laquelle on donne le nom de bérarde : elle eft beaucoup plus féconde & plus abon- dante en lait que la race commune. Les Vaches bârardes donnent fouvent deux Veaux à la fois, & fourniflent aufli du lait pendant toute l'année. Ce font les bonnes Vaches à lait qui font une partie des richefles dc la Hollande, d’où il fort tous les ans pour des fom- mes confidérables de beurre & de fro- mage. Les Vaches bätardes, qui four- piflent une ou deux fois autant delait que les Vaches de France, en Gon- nent fix fois autant que celles de Bar- barie. | Yi … Dansles bons cantons d’Angleterre, un Fermier gagne tous les ans, prix moyen, $ lv. fterling par chaque Va- che : on compte qu’elle donne pen PRÉSENTE ue coe SL du gros & menu Bérail. 63 dant {on année quatre cents galldns de Jai (le gallon pefe environ huit à neuf livres ). Si l’on convertit en beurre tout le lait d’une Vache commune,onena environ deux cents livres pefant par année ; on fait en outre du fromage avec le laitcrèmé, & le petit lait fert pour les cochons. La vue de ce profit doit engager à bien nourrir une Va- che, & à l’entretenir en chair ; en forte que quand on veut la vendre aux Bouchers , elle s’engraifle aifément, On pourroit dire que ce produit eft peut-être rare ; mais 1} eft toujours certain qu’une Vache eft d’un grand profitpourles habitans de Ja campagne. Il ne faut pas toujours s’arrêter à la grofieur du pis, pour juger de la bonté d’une Vache ; il y en a qui l'ont petit, & qui donnent néanmoins beau- coup de lait; & en efier , il arrive fou- vent que le pis n'eft gros, que parce qu'il eft trop charnu. Les Vaches de Ja Suifle en fourniffent une quantité immenfe ; on à vu des traites qu'ou auroit pu évaluer à plus de trente pin- tes. Il s'eft formé depuis peu à Paris un établifiement de ces Vaches de Suifle; mais elles n'y donnent pas tant de lait que dans la Suife , & 1l n'eft pas même 64 ‘Traité Économique ‘à beaucoup près aufli bon ; la diffé- rence du climat & de la nourriture y contribue plus que tout le refte; les Vaches qui ne font pas douces ne font jamais grand profit. nété, on trait ordinairement deux fois les Vaches, le matin & le foirs mais en hiver, on peut fe contenter de les traire une fois. F La bonne façon de traire les Va- ches eft de conduire la main depuis le hauc du pis jufqu'en bas , fans inter- ruption , ce qui produit une moufle haute dans le vaiffeau. Si on prefle au- trement le pis, & comme par fecoulle, le beurre fe fépare du lait. | On a propofé différens moyens pour procurer aux Vaches beaucoup de lait. 1°. On leur donne tous les jours une poignéede méliffe; 2°. Vir- gile , dans fon Eglogue IX", dit quele Cytife produit cet effet ; 3°. en hiver, lorfqu'on voit qu'une Vache donne trop peu de lait, il fuffit de l’affourer avec moitié foin, moitié paille ; fi elle ne change pas en mieux, on ne luf donne que de la paille feule , & pour Jors ce fera de la paille d'avoine; car celle d'orge a la propriété de faire ta- rir le lait, & au bout de quelques du gros & menu Bétail. 6$ jours, la Vache feroit à {ec ; 4°. quand on n'a pas beaucoup de foin pour Fhi- ver, on donne aux Vaches du fon de Dreche davs l’eau bouillante ; il y ren- fle confidérablement ;on ne le leur pré- fente que quand l’eau eft prefque froide. Quand on les entretient de cette bu- verie, on peut imdiftinétement ieur donner toute forte de paille, parce que rien meft capable pour lors de les tarir, Une melure, pefant enviroa cin- quante à foixante livres, poids de marc, peut très-bien fuffire pour une Vache par femaine. Si on donne du grainaux Vaches, il produit beaucoup de lait; mais ce lait a fouvent mauvais goût ;ileft maigre, &c les Vaches même quien mangent, deviennent fujettes à nombre de maladies. Le fon de Dreche n'a aucun de ces inconvéniens ; il a tout l'avantage du grain , & ne coûte que fort peu; $°.toute forte de prai- rie artificielle fait avoir beaucoup de Jait ; mais celle qui vient dans un fond bas eft fujerte à donner au lait un goût défagréable, qui fe communique à tous les ufages auxquels il eftemployé; aufi es Connoiïffeurs baïffent-ils le prix de ce lait. Cependant, comme les Veaux n’y témoignent aucune répugnance, 66 Traité Économique on peut trèsbien s’en fervir pour Îles Vaches auxquelles on donne plufeurs Veaux à nourrir, outre le leur; il con- vient même de fe rejetter fur cette : branche de commerce, lorfqu'on a des pâturages dont l'herbe donne mauvais goût au lait, telle qu’une herbe large & du jonc, ou celle qui vient par touf- fes ferrées, & qui eft fi commune dans les endroits marécageux. Cette herbe donne beaucoup de lait aux Vaches; auffifont-elles bien en état pour lors de nourrir, & la chair de leurs Veaux ne reçoit aucun mauvais goût, ni mau- vaife couleur de la part du lait. K Plufñeurs Anglois modernes atta4 uent les avantages du trefle; mais la RUE » la Flandre & la Hollande perfftent conftamment à reconnoître que cette planteeftune excellente nour- riture pour le bétail, de même que le fainfoia & la luzerne. Ces pâturages ar- tificiels ne donnent aucun mauvais oût au lait, à moins qu'ils ne foient dans des bas fonds; pour lors ils parti- cipent de la mauvaiie qualité des her- bes de marais, & des prés fort bas: en énéral , de l’herbe douce & de la bonne eau produifent d’excellent lait; le contraire lui donne le mauvais goût. da gros & menu Bétail. € 7 On ne faignera jamais les Vaches à lait que dans un befoin preffant ; on ne leur tiréra pas plus de feize onces de fans , & onne les mettra à la charrue que dans la derniere néccflité. Quoique ce foit un ufage aflez univerfel de fa- tiguer peu les Vaches; cependant on que dans le Duché de Plaifance, on les attele à des voitures, afin qu'el- les rendent davantage de ce lait ex- quis dont on fait ie fromage Par- mefan, Il eft à obferver, au fujet du co- quelicot, & même du trefle, que ces plantes, quoique bonnes, deviennent quelquefois une pâture dangereufe pour les Vaches , à caufe de lavidité avec laauelle elles dévorent ; lorf- qu'elles en ont bien mangé, elles en- flent , & périflent en peu de temps, fi on ne les fecoure à propos: mais ces plantes, ainfi que nous l'avons déja obfervé, de même que la luzerne, ‘leur font beaucoup de bien, quand on ne leur en donne qu'avec difcrétion, & mélées avec des nourritures moins fucculentes." ©: Pendant tout le temps que les Va: ches vont dehors , même après l'été, il faut toujours les abreu ver à midi; “68 Traité Économique à moins de cela, elles ont moins d’ac- tivité à pärurer le refte du jour ; tant & fi long-temps qu’elles pârureront, on fera bien de les traire trois fois par jour; on en retirera plus de lait que quand on ne les trait que le matin & le foir, | On aura foin de nettoyer fouvent leur érable; on aura encore l'attention de leur bouchonner & frotter le dos, le cou & la tête avec un bouchon de paille durement entortillé & bienrude, au retour des champs ; le matin, après les avoir traités, on remplira foi- neufement les trous qui feront dans fire de l'étable où leur urine crou- piroit, & on femera fur l'aire un peu de fable ou de gravier. Il y a des Vaches qui ont Île pis abondant. Si on ne les trait fouvent, quand elles ont vêlé , le lait s’y en- gorge, & caufe une inflammation qui peut faire monter le lait dans fon corps , & l'étouffer. La nourriture d'une Vache qui a nouvellement vêlé, doit être modérée en quantité, mais toujours fucculénte , telle que de la bifaille, de la vefce, du fourrage d’a- _voine , un peu d'avoine même, de bon foin, de la graine de lin dans de l'eau du gros & menu Béetail. 69 chaude, des raves bouillies ; il ne faut les traire pour faire du fromage, que deux mois après qu’elles ont vêlé, & quand elles l'ont nouvellement fait, pour leur faire jetter promptement l'ar- ricre-faix, on mettra dans un chaude- ron de fer un bon picotin d'avoine, avec une poignée de fel, un verre. d'huile commune à brûler, & une poi- gnée de fabine coupée fort menue ;on placera le chauderon fur le feu, & on le remuera, pour faire griller l’avoine; après quoi on verfera le tout dans un feau de bois, & on le préfentera à la Vache ; elle mangera de bon appétit, & n'aura plus d’accidens à craindre. A l'égard du veau , dès qu'il eft hors du ventre de la mere, on prend une poi- gnée de {el, avec autant de miettes de .Pain , qu’on répand fur le corps de ce veau, pour obliger fa mere de le lé- . Cher ; plus elle lui rend cet office, plus l'animal fe fortifie. | Comme tous les veaux épuifent leur mere, il y a un âge où la Vache ne de- vient plus en chaleur, & peu-à-peu elle fe réfroidit entiéremenr ; on l’en- graifle pour lors dans les bons prés, . ainfi & de même que les Bœufs. Voyez 70 Traité Économique ce que nous en avons dit au fecondar- ticle. ve: Ily a pour l'ordinaire près d'une piftole de gain à vendre une Vache , : Jorfqu’elle eft prête à vêler, plus que fi on la vend dans un autre temps. Toute Vache pleine de prefque neuf mois, qui laifle paroître au dehors une partie du vag'n (ce qu'on nomme en quelques endroits montrer fa Roje), eit dans le cas d’être rendue au Vendeur, guoiïqu'on l'ait achetée plufieurs mois auparavant. [l y a à ce fujec des préiue gés ; à l’égard des Vaches qu’on donne à bail , il faut les refufer conftamment, quand c’eft pour mettre à la charrue; car à moins que ceux à qui on les donne n'en aient un foin particulier, ce qu'il elt rare de rencontrer, il arrive {ou- vent ou que les Vaches meurent, pour. ne pas être nourries proportionnelle- ment à leur travail, ou qu’elles donnent très-peu de profit. Les gens de la campagne, du moins dans certaines Provinces, prétendent que leurs Vaches font quelquefois des etits hériffons de Waches, Ces prérendus Ééitons ne font autre chofe que des cotyledons attachés au délivre; & ce : | | du gros & menu Bétail. 7x qui le prouve, c'eft que les geus de la campagne obfervent eux-mêmes que les Vaches n’en {ont incommodées que lorfqu’elles vêlent. On voit, quoiquerarement, des Va- ches qui ont la mauvaïfe habitude de fe tetter elles-mêmes; & comme il eft preique impoflible de les corriger de ce défaut, on eft obligé de les engraif- fer pour s’en défaire : on en a vu d'autres qui fe laiflent tetter par des fcrpens ou des couleuvres. a chair de la Vache n’eft pas fi fa- lutaire , ni fi agréable que celle du Boœuf ; il n'y a que le petit Peuple qui en fafle ufage en aliment, La mé- decine tire plufieurs remedes des diffé- rentes parties de cet animal ; fa fiente, fou urine & fon lait font entr'eutres d'un ufage très-familier. La fiente de Vache eft réfoluuive, rafraichiffante & anodine ; elle eft pro- pré conrre les tunieurs enflammées, contre les douleurs de gorge, les éréfi- pelles & la brûlure : on s’en fert pour . Jors en cataplafme ; elle appaile par- faitement l'infammation, & en pré- vient les fuites fâcheufés ;0n l’étend en- core furle bas-ventre, lorfqu’on craint des obftru@ions; elle le ramollit ; elle "2 Traité Économique Ve guérit aufli la colique, & diflipe les VERts. On fait diftiller la fiente de Vache au bain-marie dans le mois de Mai, où les herbes font dans toute leur force, pour en tirer une eau appellée eau de mille-fleurs. Cette eau pale pour un fardexcellent ; on emploie pouradou- cir la peau & pour effacer les taches du vifage. Popius afure que cette eau appliquée fur les tumeurs aqueufes ces hydropiques , les réfout infailible- ment; mais ce n’eft pas feulement à. l'extérieur que fes ufages font bor- nés ; elle fe donne auf in érieurement à la doie de deux onces, pour pouffer les urines , nettoyer les reins , & en chaffer les graviers: on la recommande pour prévenir la néphrétique, & con- tre les glaires des reins & de la veflie. Cette fiente, defféchée au folel,, & dépouillée de toute mauvaife odeur, s’unbibe d'ear rofe à plofienrs repriies, ou de quelqu’aut e eau odorante; on s'en fert enfuie en guifede poudre de Chypre, qui prr ce moyen devient à fort bon marché. das: L'ufage de l'urine de Vache n'eft pas nouveau en médecine; on l'appelle’ auf eau de mille-fleurs, pour ôter aux | malades du gros & menu Bétail. 73: malades l’idée d'urine ; on en faitufage dans leprintemps ; vers la fin du mois de Mai, quand les plantes de- prairie font en fleur ; & que les herbes fe trouvent dans toute leur force. Cette urine eft purgative ; elle évacue les fé- rofités fans tranchées ; elle eft très-. ‘bien indiquée dans l’afihme, l'hydro- pife, les rhumarifmes, la goutte fcia-, uique & les vapeurs. - | Le choix de l'urine de Vache n'eft pas indifférent; on préfere fans contre- dit celle d'une Vache qu’on fair paitre à celle d’une Vache qu'on nourrit dans l’étable , quoïqu'on apporte de l'herbe à cette derniere. Le bon air du pâtu- rage, joint au difcernement que l’ani- mal fait des herbes, eft du dernier: effentiel : on à même remarqué une. _ différence notoire entre l'urine d’une Vache qui paît dans un fol clos où on l'a renfermée, & celle d’une autre Va- . che à laquelle on a laiffé la liberté de la campagne ; l'urine de celle du clos eft pour l'ordinaire un peu plus âcre, mais l'urine de celle qu'on nourrit à l'étable a encore beaucoup plus d’à- creré; elle échauffe fans contredit da- » vantage ceux qui en boivent. On choifira donc avec raifon lPurine Tom. 11, 74 Traité Économique récemment rendue d’une Vache qui pait à la campagne , pourvu qu'elle n'ait pas habité pendant ce tempsavec le Taureau. On fent bien que pour lors l'urine feroit de mauvaife qualité. La Vache qu'on deftine à en recevoir d> l'urine, doit être plutôt jeune & grafle, que vieille & maigre; à l'égard de la couleur de fon poil, rien n’eft ab- folument plus RAA à La vraie faifon pour boire l'urine de Vache eft le printemps, qui eft précifément la faifon dans laquelle les beftiaux man- gent la pointe des herbes : on en eut aufli prendre en automne: on es ble verres de cette urine tous les matins à jeun, un quart-dheure J'un de l’autre , après l'avoir aupara- vant pañlée par un linge ; on fe prome- nera enfuite , & on avalera un bouillon deux heures après le dernier verre; on aura fur-tout l’attention de faire pren- dre cette urine toute chaude, car lorf- qu'elle eft réfroidie, elle a un goût beaucoup plus mauvais ; on fe lavera la bouche, avant de lP’avaler , avec de l’eau-de-vie , ou on maâchera un clou de gérofle. Si le premier jour, le re- mede ne purgeoit point le malade, il prendra le foir un lavement, Il ne faut : dh gros & menu Bétail. 7$ pas s'étonner fi le premier & le fecond jour l’eau de mille fleurs porte un peu à la tête ; elle purge fans douleur, très- abondamment , & le plus fouvent juf- qu'à quinze ou vingt fois. Tant qu’elle purgera , on en uféra journellement, jufqu'à ce qu'elle ne purge plus que trois ou quatre fois par jour; on cef= fera pour lors d'en prendre, & deux ou trois jours après , on fe purgera avec une médecine ordinaire: on continuera cet ufage pendant dix ou douze jours confécutifs, à moins qu’on ne fe fenrit fuMifamment évacué, & trop affoiblis en ce cas , il eft de la prudence de s'arrêter au huitieme ou neuvieme jour. Le lait de Vache eft auffi un aliment médicamenteux très-excellent dans dif- férentes maladies , dans les pertes de fang de différente efpece , dans les dou- leurs &c flux des hémorrhoïdes, les dé« voiemens , les démangeaifons de la eau , les dartres , gales opiniâtres, es maladies du poumon, & dans tou- tes celles où il s’agit d'adoucir le fange Il eft en outre très-efficace dans la goutte & les rhumatifmes goutteux, dans les langueurs & les épuifemens qui proviennent à la fuite . maladies 2 76. Traité Économique fcorbutiques : on l’emploie fouvent pour toute nourriture, & pour lors la néceflité fait qu'on n’a point d'égard à la faifon ; mais fi le befoin n’eft pas abfolument urgent , on attendra les fai- fons propres pour le prendre; on choi- fira par préférence le printemps & l'automne, c’eft-à-dire , le mois de Mai ou .de Septembre. On fera choix pour cet effet d'une Vache de deux ou trois ans feulement, & dont le lait ne foit que de trois mois ; on la changera, fi l'on s’apper- çoit qu'elle entre en chaleur ; on le prendra tout chaud, & au fortir du pis de la Vache, ou aufli-tôt qu'il a été tiré, parce que Pair le corrompt facilement, On s’abftiendra pendant fon ufage de tout ce qui eft acide, de peur quil ne s'aigrifle, & ne fe coagule dans l’eftomac : c’eft la raifon pour la- quelle on y ajoute un peu de fucre, ou bien qu’on le fait précéder d’un petit bol d’un fcrupule de poudre d'yeux d’é- crevifle , quand, on a lieu de craindre qu’il nes’aigrifle ; car la plus dangereufe detoutes les corruptions du lait eftla coagulation dans l'eftomac; il donne pour lors la colique, Le cholera-morbus , des obftruétions dans Le méfentere, la RE ni ee Cet a à Fe de, Hot * du gros & menu Betail, +7 : ‘cachexie & plufeurs autres incommo- dités. | La méthode de bien prendre le lait -de Vache, eft d’en avaler le matin à jeun environ une chopine, de prendre ‘un bouillon à la viande deux ou trois ‘heures après, de fe lever enfuite pour faire un exercice modéré , & pour ue le lait fe diftribue mieux ; l’après- x y ; trois heures avant le fouper, onen prendra autant, & cela pendant un mois, fe faifant faigner & purger avant de commencer le lait : on réité- , rera la purgation , en le finiffant. Pen- dant tout le temps qu'on en fait ufage, non-feulement on ne boira, ni onne mangera rien d'acide, comme on la ‘déja dit ci-deflus; mais on fe privera encore de viandes falées ou fumées, de falade , de fruits cruds, de ragoûts &êt de pâtifleries, d'autant que toutes ces chofes fe trouvant fouvent indigef- tes par elles-mêmes, ne pourroientque trop contribuer à corromprelelait dans Peftomac. Si on veut encore rendre l’ufage du lait plus certain, & remédier aux in- convéniens dont il eft fouvent fuivi, on fera bien de fe laiffer diriger par un Médecin, qui faura varier, fuivant le D 3 73 Traité Économique tempérament du malade, ou le diffé. rent carattere dela maladie, le régime qu'il faudra oblerver; & en effer, le Jait ne convient pas à tous les tempé- ramens , ni dans toutes les circonftan- ces ; 1 n’eftpas propre, par exemple, à ceux qui ont des fievres intermitten- tes, ou quelqu'autre maladie aiguë, parce qu'il fermente & fe corrompt facilement ; il eft encore contraire aux douleurs de tête, aux migraines, aux vertiges & à l'épilepfe, parce qu'il eft moins féreux, & qu’il contient plus de particules grofñeres que les autres laitss enfin, il n’eft pas propre dans le vomif- fement , le cholera - morbus & la diar- rhée , à moins que l’irritation de l’ef- tomac, par la préfence de quelque matiere àcre & corrofive, ne foit la caufe de ces maladies ; il en eft de même au fuject des obftruétions du foie, de la rate & du méfentere, parce . que le lait, à raifon des particules grof ae qu’il contient , les augmente, bien loin de les diminuer : c’eft la rai- fon pour laquelle il eft nécefaire de les lever, avant d’en venir à fon ufage. Le lait s'emploie encore extérieu- rement ; c’eft un puiflant anodin, qui calme les douleurs, & réfout les tu- du gros & menu Bétail. 79 meurs enflammées qui menacent de fuppuration: on lemploie avec fuc- cès dans la goutte, dans la rétration des membres, & dans tous les cas où il faut ramollir , humecter & favorifer Ja tranfpiration de quelque partie: on le fait cuire avec la mie de pain, & on l’applique en cataplafme fur l'en- droit affecté. La fomentation de fleurs de fureau bouillies avec du lait, eft très-recommandée contre l’éréfipelle , principalement dans les premiers jours, Où la chaleur de la peau ef la plus brûlante. On donne ,commeun remede éprouvé contre les vers, le cataplafme de feuilles d'abfynthe, & de quelques têtes d’ails cuites dans le lait: on ap- plique ce cataplafme fur le nombril , après avoir fait prendre la veille au malade un lavement au lait, pour at- tirer les vers dans les gros inteftins, d’où ils font jettés dehors par l’'amer- tume du cataplafme. Le lait varie felon la nourriture de l'animal; le lait de Vache & de Bre- bis qui mangent du thlafpi à odeur d'ail, en contraëte le goût; la qualité en eft fi mauvaife, qu'il s'étend même encore fur le beurre & fur le fromage qu’on en reure ; pour difliper le mau- D 4 8o Traité Économique vais goût, il ne s'agit que de donner d’autre nourriture à animal, & dé lui faire garder l’étable pendant fept ou huit jours. Un foin fec & bien choif, qu'on fubftitue à ce thlafpi, fait paffer infenfiblement tout ce que cette fubf- tance laiteufe peut avoir contra@é de défagréable. L’ache des montagnes, ou la liveche, qui croît fur les hautes montagnes des Alpes, & qu'on cultive ‘dans les jardins, communique pareil- lement un mauvais goût au lait de Vaches , qui en font cependant fort avides. Je fuis für de ce fait, pour en avoir fait l'expérience moi-même. Je fs donner un foir à une Vache une ou deux poignées de liveche ; elle la man- gea avec voracité; le lendemain ma- tin, quand on voulut boire de fon lait, il avoit un fi mauvais goût, & ‘une odeur fi forte, qu’il ne fut pas pofible d’en ufer intérieurement. L’euphorbe, qui pañle pour une ef- pece de tithymale, de même que tou- tes les autres plantes laiteufes de cette famille, dont le fucre eft àcre, caufti- que, donnent aufli un goût très-défa- gréable au lait. Les moutons n’en ont pas plutôt mangé, qu'ils ont la diar- rhée; ilsen font néanmoins très-friands, du gros & menu Bétail. 81 de même que les Vaches , qui font foüvent malades pour en avoir mangé, Le lait de Chevre , qui eft aftrin- gent, & qu'on ordonne dans les ma- adies de. confomption ; notamment quand il y a cours de ventre féreux , ne tire fa vertu que de ce que cesani- maux fe plaifent à brouter les bour- geons de chêne ; d'épine blanche, & autres arbuftes & plantes aftringen- tes. Quand on fe fert du lait de Che- vre, comme médicament, il faut avoir foin d'empêcher ces animaux de brou- ter des plantes connues par l’acreté & la caufticité de leur fuc. Le lait de Va- che eft altéré par lelaitron, quandelles en mangent , quoique ce foit la nour- riture favorite des lievres. M. Hagf- tram, célebre Médecin Suédois, a ob- fervé que routes les plantes ombelli- feres changeoient entiérement le goût du lait, | . Quand on laïffe le lait en repos pen- dant quelque temps dans une chambre chaude , ou quand il tonne & fait des éclairs, 1l s’aigrit en affez peu de temps, par une. fermentation occulte, qui fé- pare la partie cafeufe & butyreufe d’a- » vec la partie féreufe. On fépare arti- _ ficicllement cette partie féreufe par D $ : 82 Traité Économique l'addition de quelqu’acide , tel que le fuc de limon, le vin du Rhin, lacrème de tartre, le vinaigre ou la préfure. Par le moyen de ces acides, le lait fe coagule, la férofité s’en exprime, &les autres parties qui le compofent fe pré- Cipitent au fond. C’eft certe férofité, qui, fous le nom de petit lait, eft em- His utilement dans différentes ma- adies, telles que dans les ardeurs d’en- _trailles , la féchereffe de poitrine, les effervefcences du fang, la toux, les coli- ques de toute efpece, la conftipation, Jes fievres ardentes , & fpécialement Jes malignes : on le donne, foit pur, foit en le rendant aigrelet, avec le fuc de citron ou de grofeilles. Ce petit lait eft imprégné d’un fel volatil nitreux, Ra fa nature du fel am- moniac : aufli a-t-1l la propriété de la- cher doucement le ventre, de déter- ger les premieres voies, & de fervir d’aiguillon à l’eau qui lui fert de véhi- cule. On en peut donner en toute fü- reté aux femmes grofles, pour leur tenir le ventre libre quand elles l'ont reflerré ; il convient mème dans pref- que tous les cas médicinaux, même dans l'hypocondriacie & dans les obf- trutions des vifceres ; il ramollit la ri- du gros & menu Bértail. 83 g'idité des fibres, & par fon felnitreux, il ouvre peu-à-peu les obftruétions. | Quand il fe trouve joint à l'effervef- cence du fang quelque maladie à com- battre, on joindra au petit lait le fuc des plantes qui peuvent remplir les in- dications que l’on a dans ces maladies. Si c'eft le fcorbut, on ajoute le fuc de creflon, de beccabunga, de cochléaria. S'il y a gale, démangeaifon , acrimo- nie des humeurs, on y aflociera l'infu- fion de fumeterre, & ainfi des autres Cas. Le petit lait ne convient pas fi bien aux vieillards qu'aux jeunes gens ; ceux- ci étant pour l'ordinaire fanguins, bi- lieux & pleins de feu, ont plus befoin d'être tempérés, tandis qu’au con- traire , ceux-là étant plus phlegmati- ques, d’une confhiturion plus lâche, & péchant prefque tous par des mauvai- {es digeftions,n’en tirent pas les mêmes avantages : cependant , fi on y fait infufer quelques plantes ftomachiques, telles que la racine d’aunée, celle de chicorée fauvage, les feuilles de fu- meterre ou de creflon, la fquine, Ja _ falfepareille, on empêche par-là qu'il ne réfroidifle trop l'eflomac, On prépare avec le Bu e qu'on 84 Traité Économique | appelle eau de lait alexitere : on mêle pour cet effet avec le petit laitplufeurs plantes cordiales, telles que la reine des prés, le chardon béni , la menthe, Fabfynthe, l'angélique & autres; on . fait diftiller le cout au bain marie, & : J'on obtient une eau alexitere, qu’on mn prefcrit depuis une once jufqu'à fix dans tous les cas où il s’agit de forti- fier & ranimer les efprits, ou chafler, * par une douce tranfpiration, les mau- vaifes humeurs ; on la mêle auffi avec les potions cordiales, & pour lors elle devient d’un ufage familier. On prépare encore avec le petit lait une autre eau , connue fous le nom d’eau peétorale de limaçons; elle eft fimple, ou compofée. La fimple fe fait en prenant trois livres de lima- çons de jardin, qu’on fait dégorger dans plufieurs eaux chaudes, pour en ôter toute la bave; on les pile enfuite légérement; on les met dans une cu- curbite de verre, en verfant. deflus deux pintes de petit lait; on diftille enfuite au bain-marie la moitié de la liqueur qu’on garde pour Pufage dans des bouteilles bien, bouchées, fi on veut l’employer tout de fuite, ou bien on l'expofe au foleil pendant fept ou du gros & menu Bétail. 8$ huit jours dans des bouteilles débou- chées, lorfqu'on veut la garder. L'eau de limaçons compoféefe pré- pare à-peu-près de la même maniere, à l'exception feulement qu’on ajoute aux limaçons des plantes pe@orales , | propres à remplir les indications qu’on e propofe, telles que les capillaires, le lierre terreftre ; la fcolopendre, les fleurs de mauve & de tuflilage , les jujubes & les febeftes ; ces eaux font tès-bonnes pour adouéir les âcretés de la poitrine, pour la toux. & pour les différens degrés de phthyfe; onles emploie principalement dans les ma- Jadies de confomption , lorfque le lait de Vache ou celui d’Anefñle ne peu- vent pañler , à caufe des acides de l'ef- tOmac : ces préparations en tiennent lieu, en quelque forte ; la dofe eft de quatre oncés, quatre fois par jour, ce qu’on réitére pendant long temps. C’eft encore avec le lait que l’on prépare ce qu'on appelle jucre, ou el de, lait : on fait bouillir quatre ou cinq pintes de lait; quand. ii bout, on y mêle une once de crême de tartre bien pulvérifée ; à l’inflant même, le lait fe coagule ; on en prend le féreux ; on le filtre & on le clarifie avec le blanc 86 Traité Économique d'œuf; enfuite on filtre de nouveau ; on fait évaporer jufqu’à la pellicule ; on laifle le vaifleau en repos dans un lieu froid pendant un ou deux joufs : On trouvera des cryftaux de fel blanc attachés au fond & au parois du vaif- feau. Ces cryflaux font le fel de lait, qu'on appelle improprement fucre, à caufe de leur douceur: on les emploie dans rous les cas où lé lait convient, &t quelques Médecins même préten- dent que le fel a beaucoup plus d’effi- cacité que le lait, & qu’on en doit pré- férer l'ufage : on le mêle ordinaire- ment dans les infufions ou déco@ions petoraies, depuis un gros jufqu’à trois par chaque livre de liqueur: on pré- fere celui de Suifle, à caufe de la bonté des päturages de ce pays, qui lui donnent infiniment plus de vertu. Le lait, confidéré phyfiquement, & à l’aide d’un microfcope, eft une efpece d’afflemblage de globules refpeétive- ment inégaux, irréguliers dans leur forme, & répandus dans une liqueur diaphane. Les Chymiftes diftinguent dans cette fubflance trois principes! différeas ; une partie butyreufe, qui eft la ctème; une cafeufe, qui conftitue le fromage ; & l'autre féreufe, qui eft hs du gros & menu Bétail. 87 ce qu’on nomme petit-lair. La crème ef une fubftance huileufe , très-douce; elle s'aigrit & devient rance, lorfqu’elle fe trouve expofée à une chaleur de plus de foixante degrés du thermome- tre. Les Végétaux fournitfent fouvent une matiere qui a beaucoup de rap- ort avec la crème. Une des principa- les propriétés de la partie cafeufe du lait, c’eft de fe durcir beaucoup, & de devenir prefque femblable à la fub{- tance des cornes ; elle s’amollit au feu, ainfi qu'elle, & exhale en brû- lant une odeur fœtide; quant à la partie féreufe, elle paroît contenir des particules animales, fubtiles, dumoins fi on en juge par le phlegme qui s’éleve Jors de la difüillation du lait; car le phlepgme, fans être acide n1 alkali,a une odeur & un goût défagréables. Quand les animaux ne fe nourniflent que des végétaux, leur lait eft une hi- queur qui tient réellement le milieu entre les fubftances végétales & les animales; c'eft pour ainf dire unfuc ani: mal, qui n’eft enccre qu'ébauché;iltient par conféquent beaucoup du végétal: c’eft par cette raifon qu'il conferve preique toujours, ou du moins en par- tie, comme on l'a vu ci-deflus , les 88 Traité Économique propre des plantes qu'ont mangé es animaux dont il eft tiré. M. Macquer prétend, ou du moins préfume que le lait des animaux car- nafliers tient moins de la nature de leur chair, que de celle des animaux frugivores dont ils fe nourriffent. Sion mêle des acides avec le lait, on en tire des fels neutres, femblables au fu- cre par fes cryftallifations; ce fel aun goût de manne; tant qu'il n’eft pas entiérement dépuré de la partie ca- feufe par des filtrations répétées, & al fe trouve même en aflez grande quantité, puifque deux pintes de lait en fourniffent deux onces & demie. On a déja parlé de ce fel; on a obfervé que le lait qu'on exprimoit des ma- melles quelques heures, après le re- pas, eft de beaucoup préférable à ce- lui que ces animaux nous fournifient, quand iis n’ont pas eu le temps d'a- vancer leur digeflion. Le lait d’Anefle fe décompofe bien plus facilement que celui de Vache ; le fel qui réfulte de ce lait eft plus abondant que celui qui provient du fe- cond. Les Tartares fe nourrifient du Jait des Jumens préférablement à celui des Vaches, & les Lapons né fontufage que du lait de Rennes, | L, du gros & menu Bétail. 89 Le lait qui donne le plus de crême eft le meilleur; c'eft par conféquent celui qui fournit le plus de beurre, mais les fromages n’en font pas fi bons; il faut tenir le lait proprement en été, & ne pas le laiffer repofer plus d’un jour, après avoir été trait, de peur que la trop grande chaleur ne le fafle Cailler; mais en automne, on peutrle laifler plus long-temps fans employer; en hiver , le froid comme le chaud le fait également caïllér. On a déja parlé des qualités que doit avoir le bon lait. Le beurre eft une fubftance grafle & onétueufe qu'on fépare du lait en le battant, ou, pour parler plus jufte, c'eft la crême du lait , qui, à force d'ê- tre foulée & battue , fe dépouille de fa férofité, & prend une confiftance plus épaiffe ; le lait donne plus ou moins de beurre, felon qu'il abonde en parties plus ou moins graffes. On retire communément de dix livres de lait, deux livres & demie outrois livres de beurre; le beurre fe fait de la maniere qui fuit. | On prend une quantité de crême qu'on a confervée dans des pots, & qu'on a levée de deflusle lait réfroidi & un peu repolé ; on la jette dans une 00 Traité Economique bataite bien lavée ; on la bat avec Îe batte-beurre, jufqu’à ce qu'elle s'épaif- fifle ; & pour la faire épaiflir plus vite, on y mêle un peu de lait de Vache nouvellement trait, & encore chaud. Le grand froid & le grand chaud empêchent également le lait de s’épaif- fir ; pour obvier au premier cas, il faut approcher un peu la batatte du feu pendant le travail, pour échauffer & animer par une chaleur douce les parties huileufes ; dans le fecond cas, 1] faut avoir près de foi une terrine d'eau claire & fraîche; on trempe de temps en temps dans cette eau le batte- beurre, pour rafraîchir & lier les par- ties de la crême que la grande cha- leur a divifées. Lorfque le beurre eft fait, il refte une efpece de férofité, ou de petit lait, qu’on appelle ba. beurre. On prétend que du fucre en poudre mis dans la crême, empêche que le beurre ne fe fafle. Les feuilles de menthe produifent aufli Je même effet. Pour avoir de bon beurre, il faut que le bétail foit fain , nourri de bon four- rage , & tenu proprement, Si les Va- ches ont mangé des poreaux, du muf- çari, la fane du fafran, le beurre eft = du gros & menu Bétail. o+ déteftable ; il eft infipide , quand on nourrit les Vaches avec de la paille. Le beurre étant fait, on le lave plu- fieurs fois avec de l’eau bien nette, jufqu'à ce que l’eau avec laquelle on le pétrit cefle d’être blanche. D'abord on le pétrit avec la batte dans la ba- tatte, après en avoir Ôté le petit-lait; enfuite on le met dans une terrine, où on le pétrit encore avec les mains & de l'eau. À la Prévalais en Bretagne, où l’on fait d'excellent beurre, & où l'on emploie de la crême très-douce, on ne lave point le beurre ; on l’ef- fuie dans une ferviette blanche 3 le beurre étant bien accommodé, on lénveloppe d’un linge blanc, & on le porte au frais dans la laiterie: on fépare celui qu'on veut manger, ou vendre frais, & on fale ou on fond fur le champ celui qu’on veut confer- ver. Il y a des beurres de-plufeurs couleurs & de plufeurs faifons. Celui qui a naturellement un œil jaune , eft celui qu'on doit choifir par préférence, Celui qu'on teint avec la fleur de fouci d'eau, celle de coqueret, ou par d’au- tres moyens, a fouvent un goût défa- gréable ; par conféquent , quand on fait achat de beurre , la couleur feule 92 Traité Économique ne nous doit pas diriger ; il faut le gobter: on reconnoît atfément, par une certaine habitude, le beurre jaune; fa couleur eft plus foncée. Il yen a qui mettent du beurre fondu dans la batatte, pour jaunir les beurres d’hi- ver, qui font pâles, & augmenter par- là la quantité du beurre frais ; mais leur beurre eft pour lors très-mauvais. Quand les Vaches mangent des feuilles de lierre-terreftre, ou de ga- rance, le beurre qui provient de leur laïc eft jaune. Il y a da beurres pales qui ne font point mauvais, quoiqu'in- férieurs au jaune. Le beurre blanc eft refque infpide: on eftime beaucoup Ïe beurre du mois de Mai; celui d’été pe tient que le fecond rang. Le beurre du mois d'Août pafle pour être des meilleurs à fondre ou à faler. On fait du beurre, non-feulement de lait de Vache, mais on peut encore en faire de lait de brebis & de chevre, même de celui de Cavale & d’Anefle : le lait de Vache eft celui qui en donne le plus. Quand on veut acheter du beurre frais, 1l faut enfoncer un couteau dans le milieu; fi le beurre eft bon par- tout, on ne retirera point le couteau chargé de grumeaux, & ce qu'il ame- \ du gros & menu Bérul. 93 nera fera gras, uni, & de bonne odeur. | . Le beurre eft en ufage partout; on pe fait prefque point de fauce où il n'entre. Les Hollandois & les Peuples du Nord:s’en fervent encore plus fré- quemment que nous, ce qui ne con“ tribue pas peu, à ce que l’on prétend, à la fraîcheur de leur teint. Un ufage trop fréquent du beurre eft cependant nuilble ; il relâche & débilite l'efto- mac , Ôte l'appétit, excite des naufées & des envies de vomir, & échauffe beaucoup quand il eft vieux bartu. Pour ce qui eft de fes vertus médi- cinales, il pafle pour pe&toral , adou- - ciffant & émollient ; 1! lâche le ventre, De pris intérieurement ; il adoucit & en- veloppe les pointes âcres des poifons corrolfifs : on en mêle dans les lave mens laxatifs, étant dyflentérique : ré« duit en forme de liniment avec du miel, il hâte la fortie des dents, guérit la démangeaifon des gencives, & les aphres des enfans : on en frotte les engcives, quand les dents font prêtes à percer, Le beurre entre aufli dans les Hs Se contre les petits ulccres, & la chaflie prurigineufe des paupieres: … onenincorporeles poudres quientrent 94 Traité Economique | dans leur compolition. Le beurre eft aufli très-bon pour tempérer toute forte d’acrimonie. Dans les Pays du Nord, ceux qui travaillent fur les mé- taux , comme Î’antimoine , le mercure & autres, font dans habitude de man- gertous les matins du pain avec beau- coup de beurre, pour empâter & ab- forber l'acide corroff des exhalaifons métalliques, & empêcher qu'elles ne corrodent les parties internes. Un ex- cellent remede, fuivant M. Muller, contre la phthyfie , les chûtes, & tou- tes fortes d’ulcérations internes, eft de mêler du beurre frais avec des écre- vifles dans un mortier de pierre ou de marbre: on pile le tout; on l’exprime; après quoi on le laifle épaifüir fur un feu doux jufqu'à la confomption de humidité. Le beurre fe donne à la dofe de deux gros, déux fois le jour, en continuant fon ufage pendant long« temps, Le petit lait qui fe fépare du beurre eft très-rafraichiffant ; c’eft un bon fpé- cifique dans la confomption. Les Hol- Jandois eftiment beaucoup leur foupe de beurre; ils la prennentle foir comme un aliment fort fain. Pour faire cette foupe, on met de la du gros & menu Bétail. 95 mie de pain blanc dans le lait de beurre, & on les fait boüillir enfem- ble : on remue bien la mie avec une cuiller de bois , afin qu’elle s’imbibe. Si la bouillie devient trop épaifle, on y ajoute du nouveau lait de beurre, & On fait toujours bouillir : on mettra dans un linge une pincée d’anis, La mie étant bien cuite, on y ajoute un morceau de beurre frais, ou de lacrême de lait doux ; on peut auffi y mettre une poignée de raïfins de Corinthe. On fait avec le beurre une prépa- ration , quon nomme huile de beurre; on le fait fondre fur ia cendre chaude; on l’écume bien , lorfqu’il bout ; on y ajoute égal poids d'eau-de-vie rettifiée, on y met le feu, & on laifle évaporer; l’eau-de-vie refte au fond. Cette huile eft bonne pour la goutte froide , & autres douleurs. On fait auffi l'huile diftillée de beurre. Pour cet effet, on met du beurre bien faît dans une retorte de verre lutée exa@tement ; onle diftilles il s’en éleve trois liqueurs, dont on fait la féparation. L’huile qui en pro- vient eft très pénétrante. Si on en frotte l'endroit attaqué de la goutte, elle ôte la douleur ; mife fur Les mains 06 Traité Économique à & le vifage , elle en entretient labeauté. Lorfqu’on eft enrhumé, on n’a qu’à en prendre une once à jeun; elle fait pour lors, à ce qu'on dir , merveille. On donne le nom de fromageau caillé du lait, lorfqu’il eft féparé du ferum, ou peut lait. C'eft la partie du lait la plus grofliere & la plus compaë&e ; il doit par cette raifon donner unalimentfoli- de, mais d'une digeftion difhcile. On fait le fromage , ou avec du lait, dont on a féparé auparavant Ja partie bu- tyreufe, ou avec le lait chargé encore de cette partie. Ce dernier fromage eft fans contredit d’un meilleur goût. On emploie le lait de plufieurs animaux pour faire le fromage : on fe fert le plus communément de celui que l’on prépare avec le lait de Vache ; il eft agréable au gout, nourrit beaucoup, maisil fe digere très difficilement. Pour qu'il foit bon , il ne faut pas qu'il {oit nitrop nouveau, ni trop vieux. Quand il eft trop nouveau, il eft très-difficile à digérer ; il pefe fur Feflomac, caufe des vents & des obftru&ions : & lor£ qu’il eft trop vieux, il échauffe beau- coup par fa grande âcreté , produit un mauvais fuc, a une odeur défagréa- ble, & rend le ventre parefleux : on préfere du gros & menu Bétail. 97 préfere le fromage mou à celui qui eft dur ; & celui dont la fubftance eft rare & lâche, mérite encore la préférence fur celui qui eff plus ferré & plus com- pate ; il ne faut pas qu'il foit trop Sluant , ni trop friable, n1 trop falé, & qu'il caufe aucun rapport. On pré- tend en Médecine que le fromage con- vient aux jeunes gens qui s'exercent beaucoup, & qui ne pechent point par l'eftomac ; mais c’eft une nourriture fort mauvaife’ pour les veillards , les perfonnes délicates, & généralement pra tous ceux qui font attaqués de a pierre & de la gravelle ; ils doivent conféquemment s'en abftenir ,*ou n’en ufer que modérément ; tous les fro- mages ne plaifent pas également au . goût. On fert fur les tables, même les - plus délicates, le Roquefort , le Par- mefan, ceux qui viennent de Saffenage en Dauphiné : on eftime encore les fromages de Livaro en Normandie, ceux de Maroles, de Brie , de Hol- lande, de Gruyere. Nous allons rap- porter ici la façon de préparer ces fro- mages , fur-tout ceux qui pallent pour les plus exquis. Pour fe procurer des fromages ex- cellens , il faut d’abord que le lait foit Tom, II, E 98 Traité Économique bon, enfuite que la préfure , ou autre fubftance coagulante, foit bien condi- tionnée & bien employée. Pour faire de la prélure, on prend la caillette d’un veau qui n’ait jamais eu d’autre nourriture que le lait pur: on en tire de petits grumeaux de lait caillé qui s’y trouve; on les épluche bien, & on ôte les poils que le veau a avalés en tettant ou en lêchant le tetton. On lave ces rumeaux dans de l’eau fraîche, à me- ure qu'on les manie, & on les met dans, un linge bien blanc pour les ef. fuyer un peu: on prend aufli la cail- lette ; on la lave de même, & on la racle fort nette. On larétendra pour y mettre ces grumeaux ; on les fale comme il faut ; on fufpend le tout, & on met au-deflous un pot pour recueillir l’eau falée qui en tombe ; c’eft cette eau qu'on nomme préfure: on la laifle ain travailler pendant quelques jours 5 après quoi ons en fert au befoin. Plus on la conferve, meilleure elle eft, fon acide s’en fortifie, Quand on veut fe fervir de la préfure, on en met dans une cuiller, on la délaie avec un peu de lait; on la jétte encore dans celui qu'on defline pour faire du fromage : da demi-gros de prélure fufit pour du gros & menu Bétail. ‘99 plufieurs pintes de lait. M. Macquer a Obfervé qu’un fromage fait avec la préfure devient alkali avec le temps, & brûle au feu; ainfi & de même que Ja corne & les autres fubftances anima- les. La prélure ainfi préparée, voyons actuellement comment fe fait le fro- mage. | On prend pour l'ordinaire du lait ré< cemment trait ; on le coule ; on y metde la préfure, & on remue le tout pendant quelque temps avecune grande cuiller ou bien lonimet tout fimplementlelait au four pour quelque temps ; après er avoir tiré le pain. [fe prend de même que fi on avoit mis de la préfure , mais pas auffi vite ; étant pris , on le tire caillé avec la cuiller à écremer, & on le met dans des écliffes, connues fous des noms différens , felon chaque Payss - on l'y laifle plus ou moins; felon qu'on veut qu'il foit égoutté. Une autre mé- thode pour faire des fromages, même excellens , c’eft de prendre à midi la crême du lait qui a été tiré le matin, avéc autant de lait tout chaud; on les mêle enfemble , 8 on y met un peu de préfure , que l’on délaie avec de l'eau falée : ‘on la jette dedans ce lait ; on remue le tout enfemble, e on laifle : 2 100 Traité Économique repofer une heure, après quoi on le met dans des éclifles : il ne faut que vingt-quatre heures pour le bien faire cailler, Le meilleur temps pour faire ces fortes de fromages eft le printemps. Quand on ne veut avoir que des fro- mages communs ,; qui fe nomment fromages de ménage, on n’y met de la préfure qu'après en avoir tiré toute la crême. Le lait ainfi écrêmé fe coa- ule plus facilement que le lait chaud. On emploie :ces fortes de fromages pour la nourriture de la maïfon : on peut les envoyer au marché: on les fale aufli pour l'hiver, & on les fait fécher. Il ne faut pas attendre là fin mois d'Avril pour s'en défaire: on commence pour lors à en faire de nouveau pour lautre année. Quand on veut avoir de bons fromages à garder, on emploie la méthode qui fuit. Lorfque le lait eft encore chaud, ou bien s’il eft froid , on le faic chauf- fer fur la cendre chaude; on y jette de ja préfure délayée,; & dèsqu'il efkpris, on le drefle dans des éclifless Quand ces fromages ferorit bien égouttés, on les falera pardeffus; &: on. les laïffera tepofer jufqu'’au lendemain , pour qu'ils foient bien fermes; on les re du gros & menu Betal. ‘10% tournera enfuite pour les faler de l’au- tre côté, & on les laiflera repofer dans les éclifles, jufqu’à ce qu'ils foient durs: on les mettra enfin fécher dans une chafiere pour les affermir, & on les ferrera jufqu'à ce qu’on veuille les faire affiner : on les trempe à cet effet dans de l’eau falée ; on les enveloppe de feuilles d'orme ou d'ortie, & on les met dans un vaifleau, pour qu'ils fe communiquent réciproquement leur humidité , ou bien on entoure tout fimplement les fromages avec de la paille d'avoine , & on les met à Ja cave dans des pierres creufées à ce deftinées. On oblerve cependant que ces fromages ne fe touchent pas im- médiatement. On fait grand cas des fromages fecs & mous à lortie ; nous rapporterons par conféquent la mé- thode de les préparer. Nous commen- cerons par les mous: on mêle d'abord enfemble une égale quantité de crême & de lait, fortant du trayon de la Vache: on met ce mélange dans un vaifleau propre, que l’on place dans ub autre vaifleau où il y a de l’eau; à la hauteur de l'eau & de la crème , on place ce dernier vaiffeau fur le feu, ce qui forme un re & où l'y 3 + # : moz Truite Economique laifle, jufqu'à ce que ce mélange ait acquis le degré de chaleur égal à celle du lait fortant du pis de la Vache: on Ote pour lors le vaifleau de l’eau qui contient le lait & la crème, & on y met la préfure : on couvre exaétement le vale, & lorfque le caillé eft un peu pris, on le prefle doucement fur le fond du vafe, pour aider la fortie du petit- lait : on retire ce petit-lait pour lé mettre au bain-marie; & lorfqu'il eft fuMfamment chaud, on le rejette fur le caillé, qu’on leve avec les deux mains fans le cafler, pour le mettre dans le moule, enfuite dans une paf- foire fimple, ayant lattention de po- fer deffus d’abord un petit poids, en fuite un plus lourd. Le petit-lait em étant bien exprimé, on le faupoudre d’un peu de felen deflus & en deffouss on le pofe entre deux lits d’orties arrangées bien uniment: les orties doi- . vent être d'ailleurs renouvellées tous lés jours;avec cette précaution; ce fro- mage fe trouve fait, & propre à être mangé dans lefpace de trois femaines; trois pintes de lait nouveau , & au- tant de crême, fufhfent pour faire un bon fromage de cette efpece. . Quant à ce qu'on appelle fromages du gros & menu Betail. 10% : fecs aux orties, on les prépare ainfi, On prend le lait du matin tout fortant du trayon, & fans aucune addition ; on le prefle à travers dans un petit baquet, & on y met la préfure néceflaire pour le faire cailler : on couvre alors le vaif- feau pendant une demi-heure ; on poufle le caillé en bas jufqu’au fond du vafe, en tant le petit lait par in- clination, ou avec une tafle ; on ferre enfume le caillé entre les mains, pour en exprimer le refte du’ petit lait: on les met en cet état dans un moule, de la profondeur tout'au plus d’un pouce; on recouvre ce moule de la planche, & on le met au prefloir 3; là on le gou- verne précifément comme le fromage crèmeux de Brie, jufqu’à ce qu’il pa- roifle bien fec. Dans prefque toutes les Laiteries , on eft dans l'habitude, pour fécher les fromages , de les éten- dre fur un drefloir couvert d’un lit de jonc. Pour faire un fromage aux orties, on place fur le drefloir des or- ties fraîchement coupées ; on en fait ün lit d’un bon pouce d’épaiffeur | & on y étend les fromages à mefure qu’on les retire du prefoir ; puis on les re- couvre d’un autre lit d'orties , s’il fe peut encore plus épais, Au re il A ù & 104 Traité Économique : eft abfolument néceffaire que les or- ties deftinées à cet ufage foient jeunes &t toutes nouvelles ; qu’on les étende, arrange & comprime de façon que le lit qui en eft formé préfente une fur- face unie , afin que la côte de fromage {oit bien liffe, Il fera donc à propos de cueillir tous les jours des orties nou- velles, pour renouveller ainff chaque jour le lit de fromages, jufqu’à ce qu'ils foient bien fecs, Avant de les replacer fur le nouveau lit, on doit avoir at- tention de les bien efluyer avec une poignée d’orties ; à chaque fois qu’on change de lit d'orties, on doit aufli cou- vrir les fromages avec de noùvelles or- ties récemment coupées. Ces fortes de fromages exigent encore , pour être parfaits, jufqu'à ce qu'ils foient en état d’être mangés, & même juiqu'au jour où on doit s’en fervir, d'être ga dés de la même maniere entre deux lits d’orties renouvellés prefque tous les jours. Au moyen de cette attention, ils deviennent un manger frais & dé- licieux 3 mais ils ne font pas d'une bien longue garde , ni fort faciles à tran{porter. Les fromages, façon d’An- gleterre, de Brefle, de Brie , de Gruyere & de Roquefort, ne méritent pas du gros & menu Bétal. 105 moins d’être connus que les fromages aux orties. | ne | Pour faire un fromage excellent, fa- con d'Angleterre , on mêle dansle lait nouvellement trait du matin toute la crème de la traite du foir précédent; &z après avoir pañlé le tout à travers un Jinge dans un grand baquet , on y met la quantité fufhfante de préfure: on tient ce vaifleau couvert pendant une demi-heure ; après quoi on brife &c on prefle bien le lait caillé, pour en féparer tout lé petit lait. Eorfque le caillé paroît ferme, on y ajoute trois livres de beurre, pourenviron foixante pintes de lait; on mêle le beurre le plus exactement qu'il eft poflible avec les deux maïns; on répand enfuite deflus ce mélange ur peu de fel, qu’on y in- corpore le plus qu'on peut; on met le caillé dans le:moule, bien enveloppé d'un linge mouillé, puis au prefoirs quand il y eff refté environ unedemi- heure , on retourne le fromage; après quoi on le met au prefloir. Il faut ré- péter fouvent ces changemens, fe fer- vant à chaque fois d’un nouveau linge mouillé jufques vers la fin , qu’il faur le changer pour lors quatre fois avec du linge fec, en le retournant chaque fois. E 5 4 Lu 106 Traité Économique La derniere fois qu'on mettra ce froi mage au prefloir , on doit l'y ferrer pendant quarante heures; après ce temps , il fera en état d’être retiré du prefloir : 1] s’agit alors de le laver avec : du petit lait, & de l'envelopper dans quelque linge bien propre, jufqu'à ce de foit bien fec; on le pofe enfuite ur un drefloir, pour achever de s’y ref- fuyer ; on le retourne fouvent , en Feffuyant bien à chaque fois, fufqu'à ce qu’il devienne parfaitement fec. Pour faire les fromages, façon de Brefle, on prend dix à douze pintes de lait; après l’avoir coulé, on le met fur le feu dans une chaudiere, où on le laifle acquérir affez de chaleur pour pouvoir à peine y tenir le bras oud; on y met enfuite une once de bon fromage détrempé dans un ou deux verres d'eau , dans laquelie on a dé- . Jayé aflez de fafran pour donner une belle couleur au lait & au fromage. Lorfque le lait qu’on a mis dans Ja chaudiere eft fufffamment chaud, on brife Je fromage avec un bâton bien net, afin que la partie la pus ONC= tueufe aille au fond. de la chaudiere, & fe mêle enfuite, Cette opératian faite, il s’agit de fe bien laver les bras, & de du gros & menu Bétail, ‘07 pétrir la pâte de ce fromage, en la tournant & retournant , jufqu'à ce qu'elle foit par-tout également échauf- - fée, & qn’elle ait acquis une confif- tance un peu ferme: on tire alors le fromage de la chaudiere ,onle met fur un linge blanc, & par deflusun poids, afin qu'il foit dans le cas de fe bien égoutter ; on le laiffe enfuite repofer pendant cinq à fix heures; après quoi on le defcend à l4 cave fur des tablet- tes bien propres. Cinq jours après que le fromage a été à la cave, il fe forme fur fa fuperficie une efpece de farine ; on a pour lors l'attention de le faupoudrer avec du fel bien égrugé & bien-fec ; le lendemain on le retourne,.& on le fale de même de l'autre côté ; trois jours après, on Ôôte le linge dans le- quel on l'avoit enveloppé ; on le net- toie , & on le laifle ainfi s’affermir juf… qu'au lendemain, qu’on le fale encore, mais un peu plus que les trois premiers jours ; on l'enveloppe enfuite dans le même linge, & on continue tous les. jours de le retourner & de le faler.. Durrefte , on ôte de trois en trois jours le linge & la croûte farineufe qui fe reforme incefflamment. Cette opé. tation fe renouvellera-ainfi pendant E6& 1o8 Traué Économique un bon mois , au bout duquel temps le fromage fe trouve entiérement fait. Au furplus, il faut plus ou moins de fel pour ces fortes de fromages, felon qu’ils font plus ou moins cuits ; mais ils n’en prennent pour lordinaire que ce qu’il leur en faut. Lorfqu'ils en ont pris Ja quantité qui leurconvient, on tourne & on retourne ce fromage tous les jours jufqu’à ce qu'il foit bien fec ; on le ratifle enfuite de tous les côtés avec le dos d’un couteau, & on lemet dans une chambre où on a attention de le changer de place tous les quinze jours, & de le ratifler exattement , ainfi que les planches, toutes les fois que fe fait ce changement. Ces fromages exi+ gent ces mêmes foins pendant fept où huit mois. Les fromages, façon de Brie , {e pré- parent encore d’une façon différente des autres fromages dont nous venons de parler, Auffi-1ôt qu'on a trait les Vaches, on paffe leur laitencore chaud - au travers d'un linge, & on y verfe toute Ja crème de la traite du foir pré- cédent qu'on leve au même inflant fur fon lait repolé de la nuit; de cette maniere, le lait nouveau fe trouve ri che de deux crèmes; on a foin em du gros & menu Bétail. 109 même temps de fe précautionner d’eau chaude; on en jette dans le lait feule- ment autant qu'ilen faut pour lüiicom- muniquer une chaleur douce, & on le bat continuellement avec une grande tafle, jufqu’à ce qu'il foit à peine tiede; alors la crême fe trouve {ufifamment échauffée , & le laiteft en état de rece- voir la préfure, Si elle eft bien faite, une cuillerée fufñit pour douze pintes. Cette préfure ne doit jamais être mife à nud dans le laits il faut Penfermer dans un linge fin, & la délayer ainf enveloppée dans le lait. Cette précau- tion eft d'autant plus effentielle , que f la plus petite partie de la préfure tom- boit dans le lait, fans avoir été parfai. tement difloute , on ne la diftingueroit pas aifément dans le caillé que la pré- fure doit former, & elle ne manqueroit + dès-lors de corrompre & de tacher a partie du fromage à laquelle elle feroit attachée. La préfure étant ainfi mife dans le lait , on couvre bien le vaiffeau dans lequelil eft contenu, & on le laifle en repos pendant environ une bonne demi-heure, après quoi on découvre le vaifeaus; & fi le lait n’eft pas encore caillé, il faut, fans perdre de temps, ajouter un peu de nouvelle 110 Traité Économique L prélure; car il y a certains laîts qui en exigent plus que d’autres. Cette nou- velle préfure mife dans le lait, on re- couvre le vaifleau comme la premiere fois, & on l’ouvre de tempsentemps, pour voir fi le lait elt fufhfamment pris. | Auffr-tôt que le caïllé eft formé; on le remue en tout fens dans fon pe: tit lait , d'abord avec une grande tafle, puis avec les mains; enfin on le pañle avec foin dans le fond du vaifieau ; c’eft alors qu'il eft en état d'être levé. Cette opération fe fait avec les deux mains ; on en remplit aufli-tôt le moule à fro- mage , en l’y preflant bien , & l’on cou- vrele moule avec une planche faite ex: près, fur laquelle eft pofé un petit oids , qui oblige la planche d'affaiffer e fromage: on le laifle en cet étatjuf- qu'à ce que le petit fait foit entiérement exprimé. Lorfque le caillé paroît abfolument dépouillé de fon petit lait, on mouille un linge, qu'on étend fur la planche du moule , & on y renverfe le froma- se ; on étend au même inftant un autre Hinge mouillé dans le moule, & on y: replace les fromages , en preffant bien les côtés, & onle recouvre en entier du. gros E menu Bétail, 1x avec le linge & la petite planche fer- vant de couverture ; alors on le met au prefloir , pour l'y comprimer peu-à- peu, & le faire ainfi quitter tout fon petit lait ; au bout d’une demi-heure on le retire du prefloir, pour le changer de lieu, après quoi on le remet encore au prefloir. Cette même opération de changement de linge & de prefloir fe fait de deux en deux heures; mais on, p'enveloppe plus le fromage qu'avec un linge fin & bien fec: on continue efpece excellente, $.Gramen fpicatum, folio afpero. 6. Gramen typhoïdes, maximum, fpic4 longiffimé : ces deux efpeces font miles dans la clafle des bonnes. 7. Gra- men loliaceum , radice repente ; Chiendent. 8. Gramen paniculatum, majus, latiore folio: celles-ci font excellentes. 9. Gramen enthoxanthon, fpicatum. 10, Gramen tre mulum, minus, panicul4 parvä : ces deux gramens pañent pour bons; mais les cinq plantes fuivantes font de nulle va- leur dans les prairies; la derniere même de ces cinq plantes eft nuifible à la vé- gétation des autres. 11. Aceto/a arvenfis, lanceolata ; Ofeille. 12. Bellis fylveftriss paquerette, ou petite Marguerite. 13. Beronica purpurea ; Bétoine. 14. Buph- chalmum vulgare ; Œil de Bœuf, ou grande Marguerite, 15. Cuftuta ; Cuf- cute. On peut mettre aufli parmi les plantes inutiles des prairies, celles qui fuivent, 16. Equifetum minus ,- tir'efires 44 Traité Economique | Prêle. 17. Euphrafia Officinarum : Eu=. phraife. 18. Gallium luteum ; Caïlle-lait. | 19: Hieracium quod pilofella major , repens , minus hirfuta ; Herbe à Epervier. 20.. Hypericum minus, erelum ; Millepertuis. 21.Jacea nigra pratenfis.; Jacée. 22. Ja- cobea fenecionis folio ; Jacobée. 23. Juncus lævis, paniculänon fparfä ; Jonc. 24. La- pathum folio acuto, rubente ; Patience, Pa- relle. 25. Linum fylveftre ; Lin. 26. Œnanthe aquatica. 27. Pedicularis praten- fis lutea , five crifla galli ; Pédiculaire. 28. Rapunculus [picatus ; Raiponce. 29. Scabiofa pratenfis , hirfuta, Officinarum > Scabieufe. 30. Sphondilium vulgare, hir - futum ; Berce. 31. Tormentilla vulgaris > Tormentille. 32. Tragofelinum majus,. wmbella candidä ; Boucage. 33. Ranun- culus pratenfis , ereëlus, acris; Renoncule, Bouton d’or fimple, Griffes de Lion, Pied-de-Coq. Les deux plantes fuivan- tes ne font pas feulement inutiles dans les prairies , elles font même encore fort mauvaifes. 34. Millefolium vulgare, album ; mille- feuilles. 35: Ptarmica vul- garis, folio longe, ferrato; maisen revan- che , on peut regarder comme très= bonnes les dernieres dont nous allons faire mention, 36. Lathyrus, fylveftris, lu- teus., folis Wicie 3. Gelle. 37. Lothus pentaphyllos _ dugros & mequ Betail. 145 pentaphyllos Sir “cæruléo. 30. Trifolirr prätenfe, purpureum; Trefle à fleurrouge; ou Tremoine. 40. Trifoliumluteum , ca= pisulo lupuli, vel agrarium; Triolet. 41: Vicia fyloeftris; flore purpureo ; Vefce. 42, Vicia vulgaris -acutiore folio, femine paurvo ARR SC ans ANR On peut fe convaincre , parle détail dans lèquel nous verions d'entrer , que parmi les quarante-deux plantes dont les prarfes font ordinairement com- pofées, il:s’en trouve vingt-une inuti- les une plante parafite, qui nuit à la végétation dés autres , trois qui font nuifbles au bétail, & dix-fept qui fourniflent une bonne nourriture, par- mi lefquelles. on compte dix efpeces de gramen ; par conféquent, quand on veut former des prairies naturelles, & ‘même artificielles ;‘ileft très-facile de ‘fe régler là-deffus: ‘on choifira par pré- férence les dix-fept bonnes-efpeces, & on rejettera toutésiles autres. "Ce qui rend le beurre de la Préva- Jaie en Bretagne fi fameux , c’eft fans doute le bon pâturage qui: s’y trouve ; la plüpart des herbes qui croiffent dans les prairies défce canton ; font prefque tontes fucculentes; &on n'y en voir que tiès-peu. de. mauvaifes ; où d'inntiles: Tom, IL, Len + 146: Traité Économique on y rencontré, v. 8.1. Gramen pani- culatum, majus, anguflore folio. 2. Gramen gapillatum, paniculis rubentibus. 3. Gramenr {picatum ; glumis criflatis. 4, Gramen-pra- zenfe, pañiculatum, molle. $. Gramen fpica= gum, folio afpero. 6. Gramen typhoïdes maxi- mum, fpicé-lonsiffimé. 7. Gramen lilia- ceurr, radice repente ; Chiendent. 8. Gra- menpaniculatum, majus, latiore folio. o.Gra- men anthoxanthon, fpicatum. 10. Gramen tremulumminus ; paniculé parvd. 11. Dau- eus vulgaris; Carotte.12. Lotus pentaphyle Los, flore majore, luteo fplendente; Lotier. 1 3. Polygala mirior vulguris,, flore.cærulec, 1 4. Trifolium pratenfe, purpureums Trefle, ou . Tremoine, 15. Wicia [ylveflris, flore: pur- pureo ; Vefce, LA FSC IMURUNR - Perfonne ne peut difconvenir que toutes ces plan tes ne foient ei. & il ne s'entrouve que quelques-unes qui pourroient péfler pour. inutiles: telles que-la Bétoine,. Betonica purpu- rea ; l'œil:de Bœuf ; Buphtalmum vul- gare ; le Piflenlit ; Dens leonis, latiore fo- lio ; le Caïlle-lait; Gallium. lateum à fe Jacée, Jacea migra pratenfis;; hirfutaz le Lin chanpètre ,14Linum! fylveftre ; le Plantain , Plantago! quinque nervia; & la Scabieufe, Scabiofa pratenfis, hirfura, Offi- ginarums, Ra du gros & menu Bétail, 147 On nerencontre point d’ofeille dans cette excellente prairie; mais ce font prefque toutes des plantes légumineu- fes qui y dominent: celles que nous avons défignées comme inutiles y font très-rares , & il n’y en a que trois de mauvaifes, qui font , l'arrète-bœuf, la mille - feuille & la renoncule des prés. C'eft à M. de Livoys que nous fommes redevables de la connoiffance des plantes qui s’y trouvent. Si les Bo- taniftes de chaque Province s'appli- quoient à déterminer la bonté des plantes des prairies, & indiquoient aux Habitans les mauvaifes qui peu- vent s’y rencontrer, ON pourroit par- venir à n'avoir à la fin que d'excellen- tes prairies, par la précaution qu’on prendroit d'y détfuire tout ce qui pourroit s’y trouver de nuilible aux différens genres de Beftiaux. 148 Traité Économique ss mn : | un | CHAPITRE Vi: DUJUMART: O N donne le nom de Jumart à une bête de charge, qui provient de l’ac- couplement du Taureau avec l’Anefe ou la Jument, & de celui du Cheval ou de PAne avec la Vache. L’Auteur de l'Hiftoire générale des Eolifes Evan. géliques des Vallées de Piémont, rap- porte qn'ôn en voit de ces deux ef- peces dans les mêmes Vallées. On nomme Bif l'animal qui provient de PAnefle & du Taureau, & Baf, celui qui provient de l’accouplement d'un Taureau avec une Jument, Ces ani: maux , qui font vraiment des Anes & des Chevaux, felon cet Auteur, parce que les petits appartiennent à l'ef- pece de la femelle, partent néanmoins des marques du mâle; ils ont le front boffué aux endroits où les Taureaux ont des cornes 3; l’une de leurs mâchoi- res elt plus courte , & leur efpece tient un peu de celle du Bœuf, Ces Mulers font fort communs dans la Suifle; ilen du gros & menu Bétail, 148 eft fait mention dans Scaliger ; cet Au- teur dit en avoir fouvent rencontré dans ces Cantons; il s’en trouve auffi dans le haut-Dauphiné. Un Domefti- ‘que , natif de Gap, aflure avoir vu chez un Habitant voilin du domicile de fon pere , une Jument, qui, pendant huit années confécutives , a donné régu- liérement un Jumart mâle ou femeile. Onatenté, il ya huit à neuf ans, dans la Paroïifle de Saint-Iony-de-Vers, en Beaujolois, de faire fervir une Va che par un Etalon Navarrois ; on n’y parvint même qu'avec peine ; la Vache conçut cependanr, & il en pro- viot un Mulet; mais 1l n'a vécu qu’un mois. | Schaw-Traculs parle d’un animal qu’il nomme Kumval , & qu'il prétend être le fruit de l’accouplement de Ane avec la Vache. Cet animal n’a- voit point de cornes ; il avoit l'ongle fendu ; ainfi 1l tenoit plus par les ex- trémités, de la femelle que du mâle. En 1768 ,on voyoit à l'École Royale Vétérinaire deux de ces produétions qui avoient été tirées du Dauphiné. Le Jumart qu’on y voyoit, & qui étoit le produit du Taureau avec la Jument, n’avoit rien de différent een petit Mu: 3 4aso Traité Économique Jet ordinaire , finon que la mâchoire fupérieure étoit beaucoup plus courte que inférieure : quant au Jumart, qui devoit le jour au Taureau & à l'A- nefle , il avoit une taille d’environtrois pieds deux pouces ; fa robe étoit d'un alzan qui imitoit le poil du Bœuf ; fon front étoit boflué à l'endroit des cornes du pere ; fa mâchoire inférieure étoit plus longue de deux pouces au moins que la fupérieure; il avoit le mufle du Taureau ; il en avoit aufli le corps par la longueur & par la con- formation ; il en tenoit encore par la queue & par les genoux, qui étoient ferrés l’un contre l’autre comme ceux du Veau. Cet animal, qui étoit entier, a fervi plufieurs fois fa femelle pen- dant le printemps de l’année 1767. Cependant il la dédaignoit quelque- fois, tandis qu’il témoignoit conftam- ment une ardeur incroyable pour les Jumens ; aufli ne lui a-t-on préfenté la Jumart , qu'après lavoir vivement échauffé par l’afpe& & par l'approche d’une Cavale. Des Auteurs prétendent que cette efpece mulâtre n’engendre point, mal- :gré l’accouplement., Mais parce qu’elle n'a point produit dans nos climats, du gros & menu Bétal. "195 doit-on inférer que tous les Jufnarts font des individus ftériles, & qu’il n'y en aura jamais de féconds? L'affirmatif eft le fentiment le: plus probable, Dans un Ouvrage périodique de Pannée 1767 , on lifoit la defcription d’une Jumart qui fe trouvoit pour lors à l'Ecole Royale Vétérinaire de Lyon. Cette Jumart étoit le produit de l’ac- couplement d'un Taureau &: d’une Jument : élle étoit de Ja taille d'envi- ron trois pieds quatre pouces; la-robe étoit d’un noir mal teint ; elle étoit agée de fept ans, d'une force fingu- liere, & très-peu délicate fur la nour- riture ; elle pafñloit quelquefois des “mois entiers fans boire; elle fe défen- doit, foit des pieds, foit de la dent, des approches de tout le monde, ex- cepté de celle de fon maître; pour peu qu’elle fût courroucée , elle le- voit & étendoit fa queue dans toute fa longueur; elle urinoit fur le champ & à diverfes reprifes, & lançoit fon urine, qui étoit extrêmement jaune , à fept ou huit pieds loin d'elle ; elle n’a. voit ni le mugifflement du Taureau, ni le henniffemeut du Cheval, nile braie- ment de l’Âne , mais un cri grêle, aigu & particulier, qui me plutôt 4 CA | 5 152,1. Traité Économique tenu du cri ou du bêléement de la -Chevre., que de celui de,tout autre animal, On n'a point vu paître cette bête; mais elle embrafloit & ramafoit ‘avec falangue le fourrage qu'on lui donnoit, comme le Bœuf embrafle & ramafle l'herbe qu’il veut manger 3 -après quoi une portion de ce fourrage étant parvenue fous les dentsmolaires, -elle donnoit un coup.de rête à droite ou à gauche , lorfqu’après avoir. faifi & ferré l'herbe entre les dents inci- fives & le bourrelet, qui fupplée au défaut de ces mêmes dents à la mà- choire fupérieure, ils cherchent à l'ar- racher: on n’appercevoit. en elle au- .cun figne de rumination, quoique fon maitre aflurat qu’on la voyoit remä- cher les alimens, quand'elle n’en avoit -point devant elle. Cette Jumart, con- fidérée extérieurement, avoit le front large, & boflué du, Taureau, la mà- -choire antérieure beaucoup pluscourte que la pofitérieure , un, muñle égal à celui du pere ; le corps étoit à-peu- près conformé de même que le fien, en ce qui.concerne l'épine , les os des hanches & les flancs ; fes jambes étoient comme ce.que.nous. appellons dans le Cheval nb de Veau , c’eft-à-dire , du gros & menu Bétail. 153 que fes genoux étoient très-rappro- chés l’un de Fautre ; du refte , elle étoit folipede. mm GR OA PET RE VT DU BOUC ET DE L4 CHEVRE: L E Bouc eft un animal domeftique ; de la famille des quadrupedes , aflez femblable au Bélier ; mais qui en dif- fere néanmoins par fes cornes, qui ne font point aufli contournées , par fon corps -qui eft couvert de poils, &. non de laine, & par fon menton qui eft garni d'une efpece de barbe, On . a donné le nom de Chevre à la famille de cer animal ; elle a de même que le male , un toupet de barbe fous le men- ton , & quelquefois en outre deux glands, ou efpece de groffes verrués . qui Jui pendent fous Le col ; fa queue efttrès-courte , ainfi que celle du-Bouc ; elle eft fur-tout remarquable par la longueur de fes deux pis, qui lui pendent fous le ventre. | Les couleurs les plus ordinaires du Bouc & de la Chevre PE le blanc & | & $ 154 Traité Économique le noir : il y en a de blancs & de noirs en entier ; d’autres font en partie blancs & en partie noirs. Ces derniers font plus communs; il s’y en trouve aufli beaucoup qui ont du brun & du fauve. Le poil n’eft pas de la même lon- gueur fur les différentes parties du corps 3 il eft plus ferme par-toùt que Je poil du Cheval, mais moins dur que fon crin. M. d’Aubenton ditavoir vu un Bouc qui étoit en partie noir & en partie blanc, & quiavoit de la laine de couleur blanchätre, mêlée avec le poil fur le dos, & fur le haut des côtés du corps, & difpofée par flocons, qui defcendoient aufli bas que le poil, & même plus bas. Le poil du Bouc dont nous allons donner la defeription d’après M. d’Au- benton , lui a paru plus dur, plus ferme que celui de l'Ane; il étoit de longueur très-inégale ; celui dela barbe avoit jufqu’à neuf pouces; cette barbe formoit un bouquet qui étoit placéau- delà du menton fous les coins de la bouche, & qui s’étendoit fur la lon- gueur de trois pouces du côté de la gorge; le poil du front, du cou, du poitrail, des côtés du corps, de la face du gros & menu Bétail. ‘155$ extérieure des bras & des cuifles ,avoit environ trois Rs pe ae Iphenenr celui de la tête, àl’exception du front & de la barbe ; celui des oreilles, du deflous du ventre de laface intérieure des bras & des cuifles, & du bas des quatre pieds, depuis les genoux & depuis les jarrets jufqu'au boulet , étoit fort court ; mais fur le paturon, & principalement fur la couronne, il fe trouvoit un peu plus long. Ce Bouc avoit une criniere com- polée de crins comme celle du Cheval, ces crins tomboïent de chaque côté ‘du cou; leur longueur étoit d'un demi- pied du garrot ; on remarquoit aufli dans cet animal une efpece de criniere tout le long du dos & de la croupe, & même jufqu'au bout de la queue; où ils étoient à-peu-près de la même . longueur que les poils de la. face ex- térieure des cuifles ; mais il fe trou- voit énçore uncefpece de continuatior de criniere le long de a partie pofté- rieure de chaque cuifle, jufqu'à quel- que diffance du jarret ; cette criniere € partageoit en deux parties Jaté- . rales, dont les poils s’'étendoient en ar- Ep ee (D | cd niere ; & un peu en déhors, & dimi- nuofent peu-à-peu de longueur ; depuis le garrot jufqu'au bout de le queue, ‘ A$6. Traité Économique elle étoit formée par un poil de moyen: ne longueur; ilyenavoit auffi de pareil {ur le front, en forme de touper. -Ce Bouc avoit les cornes de couleu# brune , grifâtre ; elles étoient un pett applaties, & cependant arrondies fur chaque face , & fur Le bord poftérieur &z extérieur; mais le bord antérieur étoit tranchant, inégal , & terminé en différens endroits par des tubercu- les plus ou moins gross il y avoit fur chaque corne un | and nombre de pe- tites crenelures un péu ondoyantes,. qui l’entouroient, & qui étoient fort près les unes des autrés;.les cornes, au fortir de la tête, s’éloignoient peu-ä- peu lune de lautre,; enfüite elles fe re- courboient en arriere & en dehors, fe prolongeoïient horifontalement de chaque côté de l'animal, & enfin fe re- plioient uh peu en bas &'en avant. Les cornes des Boucs font plus ou moins longues, & différemment con- tournées. La plupart des Chevres ont aufi des cornes ; elles font moins lon= gues que celles des Boucs, mais elles ont la même polition & la même di- rection:. | | | Les grandes cornes qui furmontent k tête du Bou:, & la longue barbe du gros & menu Bétail. 1$7 qui eft fufpendue à fon menton, lui donnent un air bizarre & équivoque; mais pour reconnoître ; dit M. d'Au- benton, les caraéteres de fa phyfio- nomie , il faudroit ne confidérer que fa face , fans faire attention aux cornes ni à la barbe; on verroit alors qu'il y auroit une apparence de finefle, parce que la partie de la face qui s'étend de- puis les yeux jufqu’au bout des levres, eft allongée & affilée , le bout du mu- feau bien arrondi , le menton bien fermé, les deux levres bien féparées * par la fente de la bouche , la levre fupérieure terminée par les ouvertures des narines, qui s’approchent de très- près par leur extrémité intérieure, & qui forment une fente parallele à celle de la bouche, Tous cestraits font ex- preflifs ,‘animent la phyfionomie du Bouc , & lui donnent un air de viva- cité & de douceur. L’éloignement des yeux , quoique grand dans cet animal, ne gi point fa phyfionomie ftupide, parce que le front eft fort étroit, & prefqu'entiérement occupé par le tou- pet ; d’ailleurs, les yeux font vrès-vifs, très-grands & très-apparens, quoique pofés un peu fur les côtés de la tête; ils donnent encore plus de vivacité au Bouc que la forme du bout de fon 258 Traité Économique | mufeau, & que les oreilles, qui font bien proportionnées , bien pofées & bien foutenues. Les yeux font le trait le plus animé par la belle couleur jaune de Puis, & fur-tout par la figure fin- guliere de la prunelle; c’eft un quarré long, dont. les côtés font irréguliére- ment terminés, & pour ainfi dire fran- gés, & dont les angles font arrondis. . Ce quarré ef le plus fouvent fitué de façon que l’angle inférieur de devant eft à-peu-près à la hauteur de l'angle antérieur de l'œil, & l'angle fupérieur de derriere à la hauteur de l'angle pof- térieur de l'oeil. Sion confiderea@tuellement le Bouc, continue M. d’Aubenton , avec fes cornes & fa barbe, la face paroîtra à J'inftant tranfverfalement partagée par Je milieu, & pour ainfi dire, double; Ja phyfionomie aura l'air équivoque, parce que les apparences de finefle 6 _ de vivacité vont fe changer en un air pefant & ftupide. L'étendue du chan- frein , depuis les yeux jufqu'aux nari- nes, étant nue & dénuée de traits, les yeux femblent appartenir à la partiefu- périeure de la face, qui fert de bafe aux cornes , & former avec le front, les oreilles & les cornes, un grouppe éloigné , & pour ainfi dire féparé de la du gros & menu Bétal. 159 partie inférieure de la face, qui , réu- nie avec la barbe, fait un autre grouppe compolé des narines, des levres, de la bouche, du menton & de la barbe, En {uppoñfant que l'on couvre cette partie de la face, & qu'on ne voie que Îa partie fupérieure , les cornes font fi groffes & fi grandes, qu’elles font dif- paroître pour aiafi dire les proportions des oreilles , la vivacité des yeux & la petitefle du front. Ces trois parties , qui, priles féparément descornes, pré- . fentoient l'apparence de la légéreté & de la vivacité , ne font plus aucun effet lorfqu’elles font furmontées par les cornes , ne donnent plus aucune idée de légéreté ni de finefle, & len- ‘ femble formé par cette réunion n’eft que lourd & pefant. Voyons a&uelle- ment, continue toujours M. d'Auben- ton, quel changement il arrive dans la artie inférieure de la face du Bouc, did la confidere féparément de Ja partie fupérieure & des cornes ; alors les traits des narines & de Ja bouche , qui font fortement expri- més, forment feuls un enfemble avec la barbe, & n’etant plus adoucis & ani- més par les yeux & par les autres traits de la partie fupérieure de la face, ne préfentent plus que Papparence de 160 Traité Économique la rudeffe & de la ftupidité , au lieu de l'air de docilité & de fineffe qu’a le mu- feau du Bouc, réuni avec la face, & pris féparément de la barbe ; c’eft pour cette raifon qu’en réuniffant la face en- tiere avec les cornes -& la barbe, comme dans fon état naturel, on ne voit dans le Bouc qu'une phyfonomie équivoque & bizarre , qui paroît mor- ne lorfque la têteeft vue de profil, & que l’on voit le mufeau avancé au-def- fus & au-devant de la barbe. En géné- ral, le corps du Bouc paroît ou trop. petit, par rapport à fes cornes, ou trop gros, par rapport à la hauteur des jambes, qui font fort courtes, princi- palement celles de devant; de forte que le garrot eft plus bas que les han- ches, L’encolure foible, & la rête pe- ute & bafle paroïflent furchargées par les cornes, dont létendue eft trop grande à proportion du corps. Le Bouc eft encore difforme, par une au- tre difproportion ; c'eft que les reins, les hanches, la croupe, les fefles &c les cuifles, enun mot toute la partie pof- . térieure du corps paroiffent trop gross & les jambes®de derriere trop lon- gues en comparaifon du refte du corps: d'ailleurs les genoux font tournés en dedans, ies jambes fi courtes qu’elles _ .dugros & menu Bétal. 161 |-paroïllent nouées , & les pieds de de- vant font plus gros que ceux de der- riere; cependant le Bouc préfente fes cornes avéc grace, & il les tourne de côté & d'autre avec beaucoup de fa- cilité. L’attitude qu'il prend pour les préfenter, en baïffant la tête, lui fied É ; il leve les jambes de devant avec aifance , & fait paroître dans tous fes mouvemens beaucoup de foupleffe & d'agilité. La grandeur des Bouces varie à-peu-près comme celle des Beliers, M. d’Aubenton donne les dimenfions de fes différentes parties; il feroit trop long de les rapporter ici. ” L'anatomie du Bouc & de la Chevre eft précifément la même que celle du Belier & de la Brebis: auffi M. d’Au- benton , dans l’expofition qu’il en fait, fe contente d’en faire le parallele. Il fit tuer pour cet effet un Bouc & un Pelier , à peu-près de là même gran- deur. Ces deux animaux , ouverts & pofés l’un à côté de l’autre, M. d’Au- benton n’aremarquéaucune différence, foit pour l'étendue & la fituation de l'épiploon, la figure & la polirion des quatre eftomacs, foit pour les papilles de Ja panfe, le réfeau du bonnet, les feuillets du troïfieme eflomac, & les replis de la caillette; le foie, la véfi- x62 Traité Économique cule du fiel & la rate du Bouc étoient auffi à-peu-près femblables à ces mê- mes vifceres , examinés dans le Belier, . ar rapport à la fituation, à la figure, à la couleur, au poids , &c. Il y avoit aufli dans le foie du Bouc des vers pa- reils à ceux qui fe trouvent dans les foies des Beliers, des Moutons & des Brebis; mais le nombre de ces vers n'eft pas aufli grand dans Île Bouc qu'il l’eft ordinairement dans les Mou- tons, & on n’en trouve pas toujours dans tous les Boucs, ni dans toutes les Chevres. Le paneréas, les reins, le diaphrag= me , les poumons, le coeur, l'aorte, la Jangue, le palais, l'entrée du larynx, le cerveau & le cervelet du Bouc, n'ont pas paru différens de cesmêmes parties obfervées dans le Belier; les mamelons du Bouc avoient la même fituation qne ceux du Belier: il n’y en a qu’un de chaque côté dans la plupart des individus; & dans les autres , il s’en trouve deux d’un côté, & un de l’autre, ou deux de chaque côté ; mais toutes les fois que M. d’Aubenton a vu deux mamelons de chaque côté, il y en avoit un qui étoit moins gros que l’autre. C’eft dans les femelles, & fur- tout dans celles qui ont du lait, qu’il du gros & menu Betul. 163 faut rechercher les différences qui fe trouvententre les mamelons , & celles qui font entre les mamelles. Dans la comparaïfon que M. d'Au- benton a aufli faite des parties de la génération du Bouc & de la Chevre, avec celle du Belier & de la Brebis, il n’a appercu aucune différence allez confidérable, pour mériter une def- cription particuliere. Il s'eft trouvé fur le gland du Bouc un tubercule charnu comme celui du Belier, & l’ar- tere débordoit au-delà du gland , & formoit un petit tuyau mou & ftérile, _replié & collé fur le gland , dans le temps qu'il n’y avoit aucune ércétion 3 mais lorfque la verge fortoit au dehors, on voyoit que l'extrémité de l’uretre fe foutenoit prefque en ligne droite au dehors du db. Au milieu du mois d'Avril, le même jour que M. d’Aubenton fit ouvrir une Brebis pleine , il fit aufli l'ouver- ture d'une Chevre pleine, & prête de fon terme ; comme la Brebis , afin d'obferver dans ces deux animaux en même temps ce qui avoit rapport à leurs fœtus. Le chorion du foetus de la Chevre tient à la matrice par les co- tyledons, comme celui du fœtus de 164 Trait É conomique la Brebis; la figure de l’allantoïde eff äufli à-peu-près la même dans ces deux animaux, & la liqueur de l’allantoïde dépole un fédiment de même nature dans l'un & dans l’autre. Le cordon ombilical du foetus de la Chevre avoit deux pouces & demi de longueur, le diametre de l’allantoïde étoit d’envi- ron quatre pouces à l'endroit le plus gros, & chacune de fes cornes avait un pied de long : il en fortit une mañle de fédiment de couleur jaunätre, ti- rant fur l’olive ; elle avoit un pouce deux lignes de longueur , huit lignes à l'endroit le plus large, & deux ou trois lignes d’épaifleur ; fa fubftance étoit femblaible à celle des fédimens de Pal- Jantoïde du Cheval & du Taureau. M. d'Aubenton a compté 11ocotyledons; la plupart avoient fept ou huit lignes de diametre; il s’en trouvoit de plus grands & de plus petits; ils étoienten plus grand nombre dans les cornes de la matrice, que par-tout ailleurs. Il s'eft trouvé dans une autre Chevre, fuivant que le rapporte aufli M. d’Au- berton, deux fœtus, un dans chaque corne de la matrice, & des fédimens dans chaque allantoïde ; ils étoient de couleur blanchätre, fort petits & gru- du gros & menu Bétail. 165 meleux ; l’un des fœtus étoit. mâle, & avoit quaffée mamelons ; les deux poftérieurs étoient plus gros que les deux antérieurs; il y avoit. fur le fom- met de la tête deux tubercules bien ap- parens ; qui défignoient la naiffance descornes. Après avoir enlévé la peau, M. d’Aubenton a trouvé Que le péri- crâne étoit gonflé à l'endroit de cestu- bercules , & non pas l'os ; les tégu- mens étoient aufli plus épais & plus durs fur les tubercules : l’autre foetus étoit femelle ; il n’avoit que deux mamelons, un de chaque côté, & on ne voyoit aucune apparence de tuber- cule fur la tête, | Le fquelette du Bouc ne differe de celui du Belier que par la figure de quelques parties ; les plus grandes dif” férences fe trouvent dans la tête , & fur-tout dans les cornes ; celles du Bouc font pofées plus en avant que celles du Belier; leur bafe s’érend jufqu’à l'en- droit du front , qui correfpond à la partie fupérieure des orbites , tandis que celles du Beljer font à huit lignes au-deflus des orbites, Les cornes du Bouc ont beaucoup moins de cour: bure que celles du Délier , & leur cou- leur eft plus brune ; le bord antérieug 166 Traité Économique & intérieur eft plus tranchant, & le bord poftérieur & ext plus ar- rondi. Le front du Bouceft relevéen bofe, tandis que celui du Belier eft plat ; les orbites font rondes ; les os du nez font prefque droits , de même que ceux de la mächoire fupérieure: au contraire, les os du nez du Belier font arqués, c’efl-à-dire, convexes en dehors fur leur longueur ; la mâchoire fupérieure eft plus large, à proportion, & fes os ont une courbure plus concave fur les bords de l'ouverture du nez que ceux du Belier ; les angles que forment les deux branches de la mâchoire infé- rieure font plus moufles dans le Bouc que dans le Belier , & locciput plus convexe. . Les apophyfes épineufes des dernie- res vertebres cervicalés font plus 1n- clinées en avant dans le Bouc que dans le Belier ; mais le nombre des vertebres & des côtes eft le même dans les fquelettes de ces deux animaux. L’os facrum du Bouc eft plus étroit à fa partie poftérieure que celui du Be- lier; les faufles vertebres de la queue font. au nombre de dix; le bafin eft plus haut, à proportion de fa largeur, . du gros & menu Bétail. 167 que dans le Belier ; l’'échancrure de la partie poltérieure de la gouttiere eft moins profonde ; il y a une différence fenfible entre la longueur relative des os des jambes de devant & de derriere, confidérée féparément dans les jam- bes de devant & dans celles de derriere, & comparée à celle des os des jambes du Belier. L'humérus du Bouc eft plus Jongen comparaifon del’os du radius, & le radius plus long à proportion de los du canon; le tibia eft auffi plus long , relativement à l’os du canon: au furplus , le fquelette du Bouc pa- roît reflemblant à celui du Belier, à lexceprion feulement de quelques lé- geres différences dans les dimenfions. On prétend qu'il n'y a aucun ani- mal auffi lafcif que le Bouc ; il faut prendre gardé dé l’abandonner tro tôt à fa lubricité : on ne lui laiffe faillie les Chevres ofrdinairément , que lorf. qu’il a atteint l’âge de deux ans. Un Bouc peut fuffire à cent cinquante Che- vrés pendant deux mois ; pañlé cinq ans , il n’eft plus de fervice ; on le chà- tre pour lors, & on l'engraïfle,: ‘ Pour qu'un Bouc foit bon pouf la reproduétion de fon efpece, il faut qu'il aic le corps grand , le cou charny 163 Traité Économique ‘h & court; les jambes grofles,. le: poil épais, noir & doux, les oreilles grans des & pendantes, la barbe longue & touffue: on n'eftime pas ceux qui ont des cornes ; d’ailleurs, lorfqu’ilsenont, ils font fort dangereux, & des plus pé- tulans. Quand un. Bouc. manque de ces qualités, il faut le châtrer dés le fixieme mois. | ru ESA AE Le Bouc, pendant tout le temps qu’il faillit, demande d’être bien nourri, pour être plus fort & plus vigoureux. À chaque fois qu’il le fait, 1l faut lui donner fept à huit bouchées de fon & de foin à manger: on lui fait ordinai- rement faillir les Chevres trois fois de fuite, pour être plus afluré qu'elles font pleines. Rarement le Bouc s'emploie en ali- mens, à caufe de fa mauvaife odeur, & de fon goût défagréable ; néanmoins, dans le pays où il y a beaucoup de Chevres, lorfqu’un Bouc n’eft pas def- tiné pour faillir, on le chätre pour l'engraifler ; il en croît mieux ; il en- graifle :plus vire, & fa chair eft d’un. meilleunpoltant 15 im at | IL r’y a dans cet animal qne le fuif, Ja moëlle& le fang, qui s’emploient en Médecine. Le fuif eft. pourvu d’une | Gi ÿ { dusgros & menu Bérail. 169 qualité émolliente 8 anodine; le fang de cet animal, au rapport de plufieurs Auteurs, a la vertu de brifer la pierre des reins : Fernel le faifoit ainfi prépa- rer. | | On.choifit pour cet effet un Bouc qui foit àgé de quatre ans, vigoureux -. & bien fain; on le nourrit pendane quelque temps de laurier fenouil, & autres herbes lithontriptiques, & on l'abreuve de vin blanc: on le tue au mois d'Août: on en reçoit le fang dans un vaifleau de verre : on couvre ce fang avec un linge fin; & après l'avoir ex- pofé au foleil pendant plufieurs jours, qufqu'a ce qu'il foit bien fec, on le broye, & on le ferre dans un pot de terre verniflé, bien couvert. Ce fan ainfi. préparé ;, principalement .celux des tefticules, eft, à ce qu’on dit, ale- xitere, fudorifique, diurétique & em- ménagogue 3; il.eit, encore excellent dans la pleuréfie,. & pour difloudre le ang coagulé; la dofe eft depuis vinge grains jufqu’à deux, gros: on attribue au fuif & à la moëlle de Bouc une vertu | .émolliente,réfolutive , anodine.& for- tifiante. De: Le meilleur fuif de Bouc nous vient d'Auvergne, de Nevers. Pour l'avoir Tom. II, : | ft70 Traité Economique bon, il faut le choifr dur, fec & blancs il entre dans les compolitions de quel- ques onguens, cérats & emplâtres : on l’'aflocie , à la dofe d’une once, aux la- . vemens anti-dyflenteriques , & on le diflout dans une déco@ion vulnéraire, pour confolider & mondifier les ulce- res des inteftins. Schroder le recom- mande comme un fpécifique contre la ftrangurie, en s’en fervant en forme de liniment fur le nombril; àl le dit aufli très-bon en forme de {uppoftoire contre les hémorrhoïdes, Quand: dans l'éthifie un malade fe trouve écorché au lit, rien n’eft meilleur que d'appli- quer fur la partie affeétée un linge im- bibé de vin rouge ticde, dans lequel on aura fait fondre du fuif de Bouc. Je l'ai ordonné plufieurs fois en pareil cas avec fuccès; les Chandeliers font grand ufage de ce fuif. Les peaux de Boucs fervent à dif- férens ufages ; elles font une partie aflez confidérable du commerce des “cuirs 3 les Maroquiniers , les Chamoi- feurs & les Mégilliers les préparenten maroquin, en chamois & en mégie. Dans l'Amérique, on a une méthode propre pour la préparation des peaux de Boucs. Quand la peau elt ôtée de du gros & menu Bétail, 7x1 deflus l'animal, on l’étend d’abord fur des cordes ;: dans un endroit defliné pour la faire fécher, & on coupe le cerveau du Bouc, ou du Daim , que l’on met fur de la moufle,, ou du gazon fec; & dans cet état, on le fait fécher au foleil, ou auprès du feu , pour le conferver. R + Quand le temps de la chafle eft pañlé , les femmes préparent les peaux : abord elles les mettent bien, trem- per dans un étang, ou une fofie pleine d’eau ; enfuite avec une vigille lame de couteau eschaïlée dans,-un morceau de bois fendu en travers, ellesen ôtent le-poil, lorfque les peaux font encore humides. Ces peaux étant ainfi prépa- tées om les met avec une certaine portion de’cerveau defléché dans une chaudiere fur le feu, jufqu’à ce qu’elles atentacquis un degré de chaleur plus grand que celui du fang. Cette opé- ration les fait écumer , & les rend par- faitement, nettes ; après quoi on les tord féparément avec de petits bätons, jufqu’à ce qu'on ne puille plus en faire fortir une goutte d'eau: on les laifle entcet état pendant quelques heures; enfuite on les détord, & onles met fur une efpece de challis nr de deux 2 172 rare Économique à perches, traverfées par deux autres; & attachées enfemble avec l’écorce même de ces perches ; enfuite on les étend de toute leur longueur fur des cordes; & à mefure que les peaux fe- chent , on les gratte avec une hache émouflée, ou bien avec un morceau de bois ou de pierre applati, afin d'en faire fortir l'eau , & d'en détacher la graifle; on continue cette opération jufqu’à ce que les peaux foient parfai- tement feches: voilà toute la: façon qu’on leur donne; & une femme feule peut préparer ainfi huit ou dix peaux par jour. _ En Provence & en Languedoc, on fait avec les peaux de Boucs , des ou- tres, où vaifleaux , pour tranfporter du vin & de l'huile, I faut vendre dans ces Pays les peaux de Boucs avant l’hi- ver, parce que la gelée leur: porte préjudice : on tue pour cet effet les Boucs dans le mois d'O&obre; ils font gras en ce temps ; leur peau & leur chair en font alors meilleures, : Un Bouc châtré fe nomme Menon en quelques endroits. Le Bouc fauvage, connu fous le nom de Bouqueuin,-ha- bite les Alpes de la Suifle & dela Sa- voie; il furpañle en grandeur le Bouc du gros & menu Béall. 173 Jé plus grand; fes cornes font brunes, poires, longues , un peu recourbées en arc, très-fortes ,; marquées dans toute leur longueur par des éminen- cés; fes jambes font menues; fon poil eft de couleur foncée. Les Bouquetins font peut-être de tous les animaux les plus légers à la courfe ; 1ls fautent pardefius les ro- chers les plus efcarpés : fi par hafard, en fautant, ils viennent à fe précipiter, ils ne fe font aucun mal; ils tombent pour lors: fur leurs cornes. Quand on chafle ces animaux- dans les endroits où ils fe trouvent être au large , ils fe ruent fur les Chaffeurs ; mais s'ils n’ont qu’un petit efpace pour fe tour- ner, pour lors ils perdent courage, & fe laiflent prendre. Les Suifles fe fer- vent du fang de Bouquetin comme d'un excellent fudorifique : ils font fé- cher ce fang, & le renferment ainfi fec dans des veflies. Plus l'animal s’eft nourr] de ‘plantes abondantes, en par- tie volatiles, plus fon fang eft a@if, Anciennement on le prefcrivoit pour les pleuréfies , mais a@uellement fon ufage eft entiérement abandonné ; ce- pendant j'en fais encore quelquefois ufage dans l'opiat AREA ARAUE de ” 174 Traité Économique Marquet; je m'en fuis fouvent trés-. bien trouvé. PAL On trouve dans leffomac des Boucs. fauvages, fur-tout quandilsfont vieux, une efpece de befoards. On dit que le Bouc domeftique: s’accouple volon- tiers avec la Brebis, & le Belier avec la Chevre , & que ces accouplemens. font quelquefois prolifiques. Cepen- dant on ne voit pas que le produit de ces accouplemens foit bien connu. La Chevre eft la femelle du Bouc; elle a, de même que celui-ci, untou- pet de barbe fous le menton, & quel- quefois en outre deux glandes, ou ef peces de grofles verrués. qui. lui pen-, dent fous le col; fa queue «eff très-. courte , ainfi que celle du Bouc. Cet. animal femelle eft remarquable par la. longueur de fes deux pis, qtu lui pen- dent fous le ventre. : : M. de Buffon dépeint au naturelle caractere & les mœurs de la Chevre:; elle a, ditil, de fa nature, plus de, fentiment & de reflource que la Brebis;. elle vient volontiers à l’homme ; elle fe familiarife aifément ; elle eft fenfi- ble aux carelfes , &c capable d'attache- ment ; elle eft auf plus forte, plus légere , plus agile & moins timide que du gros & menu Bétail. 17$ la Brebis; elle eft vive, capricieufe, lafcive & vagabonde ; ce n’eft qu’a- vec peine qu'on la conduit & qu'on la réduit en troupeaux; elle aime à sé. carter dans les folitudes ; à grimper fur les lieux efcarpés , à fe placer, & même à dormir fur la pointe des rochers, & fur le bord des précipices. Toute la fouplefle des organes & tout le nerf de fon corps fuffifent à peine à la pé- tulance &. à la rapidité des mouve- mens qui lui font naturels; elle eft ro- bufte, aifée à nourrir; prefque toutes les herbes lui font bonnes, & il y ena peu qui l’incommodent. Nous allons rapporter ici, de mêmeque nousavons fait pour les autres animaux, les plan- tes qui lui conviennent ; elle eft {u- jette à-peu près aux mêmes maladies ue la Brebis. J’oyez ce que nous en É Ha à l’article qui concerne cet ani- mal , à l'exception néanmoins de quel- ques-unes ; elle s'expole cependant volontiers aux rayons les plus vifs du foleil , fans que fon ardeur lui caufe ni étourdiflement , ni vertigo, comme à la Brebis. | Parmi les plantes que les Chevres ont coutume de prendre pour nourri- - ture, on compte; 1. Hippocæris aqua- 4 2176 Traité Économique tica, 2. Liguftrum vulgare. 3. Weronica ter- nifolia, 4. Veronica mas. $. Veronica fcu- rellata. 6, Veronica beccabunga oblonga. 7. Weronica Beccabunga rotunda, 8. Veronica ‘’pfeudo-Chameædrys. ©. Veronica Alpina. ‘10, Veronica oblongis cauliculis. 11. We- ronica cymbarifolia. 12, Veronica rutæ-fo- La. 13. Lycopus palufiris, 1 4. Salvia hor- minum. 15. Anthoxanthum vulgare. 16, Waleriana vulgaris. 17. Waleriana Dioica, ‘38, Waleriana locufla. x 9, [ris paluftris. 20. Schænus vulgaris. 21, Scirpus fylvaticus, 22, Scirpus lacufiris. 23. Scirpus palufiris. 24. Scirpus cefpitofus, 25. Eriophorum polyfta- chion. 26. Nardus pratenfis. 27. Phalaris arundinacea. 28. Phalaris phleiformis. 29. Phleum yulgare, 30. Alopecurus ereëtus. 31. Alopecürus infraëlus. 32. Melium fua- Yeolens. 33. Melica ciliata. 34. Malica nu- tans. 3$. Agroflis fpica venti. 36. Agrof- tis tenuiffima. 37, Aira Dalekarlica. 38. Aira flexuofa. 39. Aira lanata. 40. Aira avenacea Alpina. 41. Aira fpicé Laven- dulæ. 42, Aira radice jubatä, 43. Poa compreffa , repens. 44. Poa annua. 45. Poa vulgaris , magna. 46, Pôa angutifelia. 47. : Poa media. 48. Poa Alpina variegate. 49. Briza vulgaris, so. Cynofurus cœru- leus, St. Cynofurus paniculatus. s 2. Bro- mus. vulgaris, $3. Bromus Upfalenfis. 54. du gros & menu Bétail. 177 Bromus teétorum. $ $. Bromus hordeiformis. SG. Bromus perennis maxima. $7. Bromus Jpicd Brizæ. $8, Fefluca natans. $ 9. Fef- tuca marginea agrorum. 60. Fefluca ru- bra. 61. Fefluca ovina. 62. Avena pra- tenfis. 63. Avena volitans. 64. Avena no- dofa. 65. Arundo lacuflris, 66. Arundo ramofa. 67, Triticum radice Officinarum. GS8. Elymus maritimus. 69. Scabiofa vul- garis. 7O. Scabiofa Gothlandica. 71. Sca- bioa fuccifa. 72. Sherardia Scanica. 73, Af- perula odorata. 74 Afpérula rubeola. 75. Galium Stækenfe. 76. Galium quadrifo- lium. 77. Aparine vulgaris. 78. Aparine parienfe. 79. Plantago vulgaris. 80. Plan- tago incana. 81. Plantago lanceolata. 82. Plantago radice lanat4. 83. Plantago coro- nopus. 84. Plantago Linearis. 85, Plantago maculata. 86.Sangui(orba Gothlandica. 87. Cornus fæmina. 88. Cornus herbacea. 89. Evonymus vulgaris. 90. Alchemilla vulgaris. 91./Alchemilla Alpina. 9 2. Potamogeton na- tans. 93. Myofotis pratenfis. 94. Lithof- permum annuum. 95, Anchufa Busloffum. 96. Cynogloffum vulgare. 97. Pulmonaria immaculata, 98. Lycopfis arvenfis. 90. .Af° perugo vulgaris. 100. Androface minor. - .101; Primula vulgaris. 102, Primula » purpurea. 103. Menyanthes trifoliatai 104 Samolus maritima. 10 Lt j, 178 Trate Économique Vo |: vulgaris, 106. Lyfimachia axillaris: 107: Anagallis rubra. 108. Convolvulus arven- fis. 109. Convolvulus maximus. 1104 Po Lemonium glabrum. 111. Campanula vul- garis. 112, Campanula magno flore. 1132 Campanüba gigantea. 114, Solanum-dul- ca mara. Y15. Lonicera caprifoliurr. 1 16! Lonicera xylofleum, x 17: Rhamaus cathar-" ticus, 118. Rhamnus frangula. s19. Ribes groffüularia. 120. Ribes rubra. 127. KRihes. nigra. 122. Ribes Alpina. 123: Afclepias vuloaris. 124, Chenoyodium Upfalienfe. 125. Chenopodium purpuraftens. 126: Che-. nopodium fegérum. 127. Chenopodinm vi- ride, 128, Chenopodium vulvaria, 1 20} Ul= mus campeflris. 130. Daucus fylvefiris. 131. Selinum paluftre. 132. Laferpitium majus. 133. Laferpitium vulcare. 134. Li- gufficum Scoticum. 135. Angelica Alpina 136. Angelica fylvatica. 137: Phellan- drium aquaticum. 138: Cicuta aquatica. 139. Œrhufa artedi. 140,Scandix hifpida. 147. Scandix fativa. 142. Carum offici- narum, 143. Pimpinella officinarum. 144. Œgopodium repens. 14$. Apium palufires 246, Opulus, palufiris. 47. Parnaffiavul- garis. 148, Statice capitata. 149. Statice limonium, 150. Linum catharticum, 151. Tulippa Scanenfis. 152. Cepa pratenfis. 153, Anthericum album, 3$4+ Ornitho- du gros & menu Bétail, 1759; gallum majus, 155$. Ornithogallum minus. 156. Afparagus Scanenfis. 157.Convalla= ria lilium Convallium.. 158. Convallaria polygonatum. 1 $9. Convallaria altiffima. 160, Convallaria cordifolia. 161. Juncus. capitulo laterali. 162. Juncus paniculä late- rali, 163. Juncus valantü. 164. Juncus fyl- vaticus.. 165. Jancus Pfyllir. 166. Berberis. fpino[a. 167. Rumex emarginata. 168. Ru- mex aceto{a pratenfis. 169. Rumex acetofa lanceolata. 170. Triglochin tricapfularis. 471: Triglochin fexlocularis. 172. Alifma ereéla: 173: Trientalistrolli, 174. Acer pla- tanoïidess 175. Epilobium irregulare. 176 Epilobium hirfutum. 177. Epilobium mon- tanum, 178. Epilobium palufire.179. Erica tetralix. 180. Daphne rubras 181, Wacci- nium maximum. 182: Waccinium nigrum. 183: Waccinium vüuis 1dæa.1184. Vacci= nium oxycoccus. 185. Perficaria amphybia, 186. Perficaria mitis. 2877..Biflortaminors 188. Poligonum vulgare. 189. Helxine. fcandens.x 90. Helxine fativum. 191. Paris nemorum. 192. Adoxa mofcata. 193. Py- rola irregularis: 194: Pyrolafecurda. x 9 Pyrola uniflora, 196. Andromeda vulgarise 197. Ledum graveolens. 198: Dienthus vulgaris. 190. Scleranthus. annuus 2004: Saxifraga officinarum. 201. (Gucubalus officinarum. 202, Cucubalus Cr 2034 280 Traité Économique Silene nutans..204. Silene graminea. 205. Spérgula verticillata: 206. Ceraflium vif- cofum, 207. Agroflema agreftis. 208. Lych- nis.aquatica, 209. Oxalis fylvatica. 210. Sedum telephium. 211.Sedum album. 212: Sechim acre, 213. Sedum fexangulare. 214. Lythrum palufire. 215. Agrimoniaoficina- sum. 216. Sempervivum teélorum. : 217. Padus folio deciduo, 2+8. Prunus fpino{a. 219, Cratægus Scandica, 220. Crategus oxyacantha. 221. Sorbus aucuparia. 222: Pyrus, pyrafter. 223. Pyrus malus, 224: Îejpilus cotonaafier. 225. Filipendula mo- lon, :226. Filipendula ulmaria: 227. Rofa major. 228. Rofa minor. 229. Rubusidæus. 230. Rubus maritimus. 231. Rubus cæfius. 232.Rubus faxatilis. 233. Rubus Northlan- dicus, 23 4, Rubus chamæmorum. 23 5. Fra- garia vulgaris..236: Potentilla anferine. 237. Potentilla fruticofa. 238. Potenrilla argentea. 239. Potentilla reptans:i 2404 Potentilla.‘adfcendens. 241. Potentilla fru= gifera..:242, Potentilla Norvegica. 243: Tormentilla officinarum. 244. Comarum palufire. 245. Sedum fuave olens. 246: Se; dumrivale. 247. Papaver glabrum. 248. Papaver hifpidum. 249. Aëlæanigra. 250. Tilia communis. 2 51. Ciflus vulgaris. 252, Euphorbia fruticofa. 253. Delphinium fege- tm. 254. Aconitum:Lapponicum. 255. Aquilegia officinarum. 1 56, Pul'illa vul: dugros & menu Bétaïl. 18 garis, 257. Anemone nemorofa. 258. Tha= liétrum Canadenfe. 259. Thali£lrum firia tum. 260. Ranunculus chelidonium minus. 261. Ranunculus vernus. 262. Ranuncu- lus [celerata. 263. Ranunculus acris. 264, Ranunculus repens. 265$. Caltha palufiris. 266. Helleborus trollius, 267. Aiuga verna, 268.7 eucrium fcordium. 269.Thymus [erpil- lum.2790.Clinopodium montanum,.271.Ori- ganum vulgare, 272. Mentha arvenfis.273. Stachysfætida.274.Galeopfis tetrahit.27$. Galeopfis Ladanum. 276. Lamium perenne. 277. Lamium rubrum. 278. Lamium am- plexicaule. 279. Leonurus cardiaca. 280. Brunella vulgaris. 28%. Scutellaria vulga- ris. 282. Khinanthus. 283. Pedicuiaris alba-lutea. 284. Melampyrum tetragonum. 285$. Melampyrum arvenfe. 286. Melam- pyrum cœruleum, 287. Melampyrum vul- gare. 288. Melampyrum ringens. 280, Bartifia Lappanica. 200. Euphrafia vul- garis. 291. Odontides. 292. Lathrea Jquammaria. 293. Scrophularia fœtida; 294. Linnæa, 29 $. Draba nudicaulis. 206. Draba intorta. 297. Alyflum Scanenfe. 298. Thlafpi arvenfe, 299. Thlafpi cam- péfire. 300. Thlafpi Burfa Pafloris. 301. Lepidium perenne. 302. Lepidium Ofyris. 803. Magrum fativum. 304. Turritis .glabra,: 350$ Braffica perfoliata. 306. 182 Traité Économique Braffica napus. 307. Sinapi arvenfis, 308) Eryfimum vulgare. 309. Eryfimum leucoié folio. 210. Eryfimumbarbarea. 311. Ery- Jfimum alliaria. 312. Cardamine pitt es 313. Crambe maritime. 3 14: Géraniim Janguineum. 315. Geranium Batrachioïdes. 316. Geranium gratia Dé. 317. Gera- nium pedunculis lonciffimis. 318. Geranium fruëlu hirfuto. 319. Géranium robertianum. 320. Malva alcea. 321. Fumaria offici= narum. 322. Fumaria bulbofa: 3234 Po- lygala vulgaris. 324. Genifla tinétoria. 325. Genifla procumbens. 326. Aftraga- lus” dulcis, 3237. Afiragalus Lapponicus. 328. Anthyllis pratenfis. 329. Orobus vernus. 330. Orobus tuberofus. 331: Oro: bus niger. 332. Lathyrus collium. 333. La: ihyrus W-Gothicus. 334. Lathyrus pra- tenfis. 335. Lathyrus clymenum. 336. Wi- cia fativa. 327. Vicia Jepium. 338. Wicia fetida. 339: Wicia Scanica maxima. 340. Vicia Cracca. 341. Ervum arvenfe. 342, Cicer arvenfis. 343. Pifum W-Gothicum. 344. Pifum maritimum. 345. Lotus vul- paris. 346. Trifoliim montanum. 347: Lrifolium album. 348: Trifolium purpu- reum. 349. Erifolium Lagopus. 3$0. Tri= folium lupulinum. 351. Trifolium Anglicums 3$2. Trifolium melilotus. 353. Medicago noftras, 3 ÿ4. Medicago biennis. 3 $ 5 /Ono: dugros évmenu Bétail. 183 nis'inermis, 356. Onbnisfpinofa. 3 $ 7. Hy- pericunr quadrangulare. 358. Hypericum anceps. 359.)Leontodon taraxacum. 360. Léontodon chondrilloïdes. 367. Hypochæris pratenfis..3 62, Hieracium pilofellaofhicina- rum.3632Hicracium fruticofum. 364. Cre- ‘pisteélorum. 306$. \Sonchus repenss 366 Sonchus leyis: 367::Sonchus 1 bapponicus. 368. Præenanthes umbre/z. 369. Scorfon= nera Pannonica, 370. Tragopogon luteum, 371. Cichorium Scanenfe. 372, Arétium Lappas 373: Carlina fylveftris: 374. Car< duus helenitfolio: 375. Carduis crifpus. 376 Serratula ninéloria, 377: Serratula carduus avenæ, 3724 Bidens nutans. 379. Eupa: torium carmabinum. 380. Artemifia vul- garis. 381. Artemifia «abfÿnthium. 382. Gnaphalium filago. fylvatica. 383. Tuffi= lagofarfara. 3 84. Tuffilago petafites. 38 5< Doromicum .arnica. 386.1 Solidago : virga aurea, 387. Senecio vulgaris. 388. Erige- ron*, Lapponicum.: 3804: Inula helenium. 390. nula falicis folio. 391. : Afler Tripo- lium. 392. Buphthalrnum tinélorium. 393. Chryfanthemum leucanthemum. 394. Ma- tricaria chamomaælum vulgare. 395$. Achil- lea: millefolium.. 3964 Achillea: prarmica. 397. Cenraurea maxima. 398. Centaurea _ jacea. 399, Centaurea cyanus, 400. Cnicus - &canthifolius, 401, Calendula arvenfis. 4024 184 Traité Économique. Viola canina. 403. Viola trachelii folios 404. Viola lutea. 405$ « Viola tricolor.406+ Impatiens nemorum: 407. Orchis morio. 408. Orchis calycibus oblongis. 409. Saty- rium yiridi flore. 410. Cypripedium cal ceolus. 4x 1. Ophris major. 412. Carex fer rügineas 413. Carex echinata, 414. Carex globulofa. 41 $. Carèx pinicea: 416. Carex. cyperoidès.. 4x7. Garex cefpitofa. 418.Ca- rex inflata. 439, Carex cœrulea.420. Alnus glutinofa. 421. Betula vulsaris: 422. Be- aula nana: 422, Xenthiuminerme. 424. Sa- gittaria aguatica. 425. Quercuslongo pedur. culo. 426. Fagus auélorum. 427. Corylus ayelana, 428. Pinus arbor. 42.9: Abiesru= : bra. 430, Bryonia rubra. 431. Salix pen | tandra. 432, Salix flipulis trapeziformibus.. 433. Salix fœnimefforum. 434: Salix:la- tifolia., rotunda. 435$. Salix glabra, arbo-. rea. 426. Salix viminalis. 437. Hippophez maritima, 43 8. Myrica Brabantica. 4394 Humulus faliétorius. 440. Populus tremula. A4ï. Populus alba. 442. Populus nigra, 443. Mercurialis perennis. 444. Juniperus frutex. 445 Taxus arborea. 446: Atrin plex vulgaris. 447. Atriplex elimus. 448, Fraxinus apetalus. 449, Rhodiola Lappo- nice. 450. Empetrum nigrum. 4$ 1.Equi: fetum arvenfe. 452. EÉquifetum fylvaticum.. 453: Equifetum palufire, 454. Equifetum du gros & menu Bétail, 18% jluviatile, 455. Equifetum ftabrum. 456% Polipodium filix mas. 457. Polipodium ft- lix faxatilis, Les Plantes qui déplaifent aux Che= vres, font: 1. Weronica fpicata. 2. Pin- re vuloaris, 3. Pinguicula alba. 4 inguicula minima. $. Werbena vulgaris. : 6. Eriophorum fchænolagurus. 7. Eriopho- rum triqueter. 8. Agroftis enodis. 0. Agrof: tis pyramidalis. 10, “Aïra mariæ boruflo- rum, 11. Galium cruciata. 12. Cufcuta pa- rafitica, 13. Potamogeton perfoliatum. 14, Potamogeton peétiniforme. 15. Myofotis pratenfis. 16. Symphitum majus, 17. Echium Scanenfe. 18. Diapenfia Lapponi- ca. 19. Campanula trachelium. 20, Hof= ciamus ‘vulgaris. 21. Datura ereéla. 22. V'erbafcum hirfutum. 23. Verbafcum nigrum. 24. Verbafcum Scanicum. 2 $.Solanum vul- gare. 26. Hedera repens. 27. Sal{ola pun- gens. 28. Herniaria glabra. 29. Chenopo- dium firamæniifolium. 30. Chenopodium po Lifpermum. 31. Conium arvenfe. 32. Sium majus. 33. Sambucus ebulus, 3 4. Cepa fec- tilis. 35, Anthericum calyculatum, 36. Aco- rus palufiris. 37. Rumex Britannica. 38, Kumex crifpa. 39. Perficaria urens. 40. PButomus paluflris. 41. Andromeda cœrulea, 42. Andromeda fufcofa. 43. Arbutus uva arf, 44. Arbutus Alpina. 4$. Saponaria 186 Traité Économique , gypfophyton. 46. Alfine vulgaris. 47. Ares waria purpurea. 48: Dryas Lapponica: 49. Nymphaæa lutea. So. Nymphæa alba. St, Chelidonium vulgare, $2. ÆAconitum na- pellus.$ 3. Siratiotes.aquatica, $ 4. Ranun- culus flammula, $ $. Ranunculus aquatilis, $6. Thimus acinos. $7. Glechoma hedera terreftris. $8. Ballota Scanenfis. $9. Mar- rubium vulgare. 60. Nepeta vulgaris. 61. Betonica officinarum. 62. Stachys arvenfis, 63, Antirrhinum Up{alienfe. 64, Cochlea+ riæ vulgaris. 65. Cochlearia Danica. 66, Cochlearia Armoracia. 67. Ifatis maritima, 68. Sifymbrium ferratum. 69. Sifymbrium fophia. 70. Malva repens. 71. Lapfana vulgaris, 72. Carduus nutans. 73. Bidens difpartita. 74. Tanacetum vulgare, 7$. Âr- temifia Carolina. 76. Artemilia feriphiums, 77. Gnaphalium dioicum. "78. Gnaphaliu filago paluftris. 79. Gnaphalium filago in pia. 80. Erigeron acre. 81. Inula paluffris. 82. Inula dyfenterica..8 3. Orchis maculata, 84. Satyrium jemtium. 8$. Calla palufiris. 86. Sparganium erelum. 87. Urtica pe- rennis, 88. Urtica annua, 89. Miriophit- lum vulgare. 90. Polipodium filix coadu- nata.. | ; Le bañlic eft furtout très-contraire aux Chevres, Une Chevre, pour qu'elle _foit eftimée bonne, doit être d'une du gros & mènu Bétail. 187 grande taille, d’un maintien ferme .&e léger, avoir le poil épais, les mamelles grofies & longues, & le derriere &les cuifies larges; quant à fa couleur, les fentimens, font partagés. Ceux qui ai- ment l'abondance du lait, recherchent les blanches, & ceux qui en préferent la qualité à la quantité, choïfiffent celles qui font où d’un poil rougeätre, ou, d'un: poil noir. Les Chevres. qui n'ont, point de cornes. valent commu- nément mieux que celles qui en ont, & s'accoutument plutôt que les autres à aller au champ avec les Brebis : on peut les faire faillir dans la même fai- fon que les Brebis, afin qu'au prin- temps, lorfqu’elies ont mis bas leurs Chevreaux ,: elles trouvent aflez. de noutriture pour leur fournir abondam- ment du lait. C’eft donc en automne qu'il faut leur donnér le Bouc, s'il eft poflible. Quoique les Chevres puiffent concevoir fort jeunes, même à l’âge d'un an , il ne faut pas cependant les laiffer porter, que quand elles ont at- teint deux ans; à fept ans, elles ne font plus propres à la fécondation, Pour être für qu’elles ont conçu, il faut auparavant les avoir vu accou- plées trois ou quatre fois; elles. peu- 188 Traité Économique vent engendrer deux fois par an, fi le climat & le päturage font bons; elles portent cinq mois, & ont quel- quefois jufqu'à quatre petits ; on ne léur donne ordinairement du foin que quelques jours avant qu’elles che- vrotent, & quelques jours après. Le vrai temps où elles entrenten chaleur, font les mois de Septembre, O&tobre & Novembre; elles alaitent leur petit pendant un mois, ou fix femaines ; & quand on fe défaitdes Chevreaux avant ce temps , On peut traire Ces animaux, même quinze jours après qu'ils ont mis bas. Les Chevres donnent du lait en quantité pendant quatre ou cinq mois, & même plus que la Brebis ; elles font fi familieres, qu’elles fe laiffent légére- menttetter, même parles enfans, pr lefquels leur lait eft une excellente nourriture ; elles font, comme les Va- ches &t les Brebis, fujettes à être tettées par la couleuvre ; elles coûtent très- peu à nourrir , & rendent cependant Hétous de profit, quand elles ont. toutes les bonnes marques carattérif- tiques que nous venons d'indiquer : elles fympathifent aflez avec les bêtes à Jaine, pour ce qui regarde leur nour- ritute ; mais quant à leur tempéra- 4 = digrôs &'ment Béral. 189 ment, il eft totalement différent. La Brebis eft la douceur même, & la Che vre elt très-vive & très-difacile, Dans les pays de montagnes, où l’on nour- rit de grands troupeaux de ces fortes d'animaux, on ne leur: donne com- munément point d'étables; au lieu que dans les pays où chacunn'en éleve qu’une très-petite quantité ,: elles leur font abfolument néceflaires pour les garantir, pendant l'hiver des froidures qu’elles craignent éxtrèmement: On les mene au champ dans la belle faifon, avant Que Ja rofée ait difparw; elles y’broutent ordinairement les ronces, les épines. & les-buiflons; il ne faut pas leur laifler fréquenter les lieux ma< recageux ; la nourriture qu’elles y pren: nent leur eft mauvaifes elles fe plai- fent fur-tout dans les:lieux monta: gneux : aufli ont-elles une facilité ad: iirable à grimper ; elles font d’une . grande propreté ; 1l faut conféquem- ment tous les jours nettoyer leurs étas bles, & leur donner üne litiere fra- che , principalement pendant l'hiver; car:en été êlles eouchent bien fans. li- tiere, &:n’en valent que mieux; des Branches de vigne, d’orme; de frêne, de mûrier, &c.; des raves, des navets, 190 Traité Économique des choux, &c., font pour elles uñe très-bonne nourriture pendantletemps des froids & des frimats. En général, tous les alimens qu'on donne aux Bre- bis peuvent leur convenir: on les fait boire foir 8 matin ; dansles plus beaux jours d'hiver, on les fait fortir depuis neuf heures du matin jufqu’à cinq du Loir; & en été, on les ramenera à l’é- table pendant les heures de la plus forte chaleur. Il faut les éloigner , autant qu'on peut, des arbres ;::qu'elles gà- tent en les broutant, &des vaiffleaux propres à mettre le vin, qu’ellesiin- feétent par leur haleine. Varron,°& d'autres Auteurs après lui , ont'pré- tendu qué des Chevres n’étoient jamais. fansfievre , parce qu’elles font toujours: maigres ;:du moins en apparence ; :8c que la voix leur tremble comme à une! perfonnequt'a'le frilon ou la fievre ;: mais cette prétention paroît très-mal fondée: ces animaux haïflentnaturel- Jementlafalive & l’haleine de l'homme; aufli quand on leur'donnede l'herbe , du fon, du pain, ou quelqu'’autrenour- ritute, il faut éviter de fouffler deflus, autrement ils ny toucheroïent pas; à moins qu'ils me fuflent extrémement preflés defaim. | du gros & meñu Bérail. 191% On a toujours remarqué.que les Che: vres fouffrent plus qu'aucun autre ani- mal, en chevrotant : on châtre les mà- les qui en proviennent au cinquieme ou fixieme mois; elles mettent bas quelquefois des monfires: on a vu des Chevreaux hermaphrodires, qui, par- venus à un âge compétent, ont donné du lait, même abondamment. Les Ephémérides d'Allemagne font men- tion d'une Chevre qui mit bas deux Chevreaux , dont l'un avoit deux tê- tes & deux cols, quatre yeux & qua- tre oreilles, deux ventres collés en- femble, enfin quatre pieds qui ten- doient vers le haut , & autant vers le bas, lequel mourut peu de temps après être né 5 l'autre, qui étoit bien con- formé, vécut: on lit encore dans ces mêmes Ephémérides , qu’il s’eft trouvé une Chevre monftrueufe, remarqua- ble-par fes grandes cornes, par fa barbe fort longue, & par fa peau très- yelue ; mais {ur-tout par fes mamelles pleines de lait, qui pendoient prefque juiqu'à terre, entre les deux jambes de devant., | RU M. Bradley a traité rrès-au long des Chevres , dans fon Calendrier des Laboureurs & des Fermiers. Quand *92 Traité Économique on fait achat de ces animaux, dit-il, il faut remarquer s'ils boivenr, le jour qu'on les achete ; c'eft une marque qu'ils fe portent bien; car quand ils font malades, ils évitent toute boiflon:. les maladies , ajoute-t:il , les attaquent fubitement; & fans un remede prompt, elles font pour la plupart incurables , & elles les font périr en très-peu de temps. Le même Auteur dit qu'on a obfervé que les Chevres ne refpirent point par les narines, comme les au- tres animaux , mais par les oreilles. Ce fait mérite d’être plus -particuliére- ment conftaté. Columelle, en parlant des Chevres, donne la préférence à celles qui font fans cornes, pour les ‘pays chauds & tempérés; & à celles qui ont des cornes, pour les pays plus froids: on trouve dans l’efpece qui'a des cornes un avantage particulier qui ne fe trouve point dans les autres; c'eft de pouvoir connoître l'âge de ces animaux par les cercles qui fe trouvent autour des cornes: on pré- ‘tend encore que cette efpece eft plus robufte, & vit plus long-temps. Quel- ques anciens Naturalifles afflurent que la Chevre voit aufli bien la nuit que le “jour. Cela demande un examen plus ample, Ces du gros & menu Bétail. 193 Ces animaux font fujets aux mêmes maladies que les Brebis; ils font quel- quefois attaqués, dit M. Bradley, d'une fievre contagieufe & épidémique , qui emporte tout un troupeau en peu de temps. Cette efpece de peîte leur pro: vient, fuivant cet Auteur, d'avoir été nourris dans des pâturages trop gras; cependant, fi l’on eft aflez heureux, ajoute:t-l, pour trouver la premiere ou la feconde Chevre qui en eft attaquée , 1l faut faigner aufli-tôt tout le refte du troupeau ,; & fup- primer toute nourriture, jufqu'à ce que la chaleur du jour foit paflée : on pourra encore prévenir cette maladie, fi lon enferme &c fi lon tue d’abord les Chevres infetées, & fi l'on a foin de les enterrer fort profondément ; mais fi, maloré ces foins ,. tout: le troupeau venoit à périr , il faut bien fe donner de garde de miettre trop vire de nouvelles Chevres dans les mêmes endroits : on laiffe auparavant purifier Pair , de peur que ces nouvelles ne gagnent la même maladie. . Les Chevres font encore fouvent at- taquées ; dit M. Bradley; d’une autre maladie , quieft une efpece d'hydro- pilie ; pour les traicer de cette mala- Zom, IL 194. Traite Économique die, on leur perce la peau au-deflous dé l'épaule , l'humeur s'écoule d’elle- même, & on guérit la bleffure avec du goudron :, il faut dans ce cas que la nourriture principale d’une Chevre foit feche, & la mener paître ou brou- ter dans des endroits où les buiflons d'aubépine & de prunelier font abon- dans. : M. Bradley confeille en outre de n'avoir qu'un petit troupeau de Che- vres ; préférablement à un grand; parce que les troupeaux de ces ani- maux , lorfqu’ils font confidérables , fonc plus fujets au tac ; & quand une Chevre eft attaquée de cetre maladie, tout le refle du troupeau en eftinfail- liblement attaqué. Un troupeau com- pofé de cinquante Chevres de la groffe efpece , & de quatre-vingts où cent tout au plus.de la petite, eft plus que fofhfent. 90) Ilrefte communément à la Chevreune enflure de matrice , après avoir chevro- té. Unremede intérieur qu’on lui donne avec fuccès , eftdu vin; il péut encore arriver que dans les grandes chaleurs, fon pis fe defleche: on le lui froera pour lors avec de la crème, & on la menera paître à la rolée. du gros & menu Bétail. x9$ ‘Pour rendre les Chevres abondan- tes en lair, il faut les conduire dans des endroits où il y a beaucoup de diétame ou de quinte-feuille : .on les fera brouter le long des haies, & on aura foin de les abreuver foir & ma- tin , ainfi que nous l'avons déja dit. : L'Angleterre a tiré de Barbarie & des Indes la race de fes belles Che- vres, qui donnent deux à trois fois plus de lait que celles de France, & qui fourniflent du poil fin propre à faire des camelots. Les Anglois ont di£ : perfé cette face dans les pays maigres & montagneux, où les pâturages n'é, toient pes aflez bons pour les Vaches & les Brebis originaires de Barbarie & des Indes; ils ont tenu à cet égard le même ordré que pour établir la race des Brebis Efpagnoles. | Toutle monde fait que la Hollande ne produit pas le tiers des chofes néceflairés à la vie de fes Habitans: néanmoins tous les Peuples s’y ren- dent:, à caufe de l'abondance que le commerce y introduit. Ce qui donne fur-tout lieu à cetteabondance ,ce font les établiffemens de toute forte de ma- nufattures , la nourriture de toure forte L 2 196 Traiëé Économique * d'animaux qu'on y peut élever, & Ja quantité de plantés & de praines quon y feme pour en tirer de l'huile , &c. Les Hollandois ont auffi établi la race des Vaches & des Brebis Indiennes, qu'ils ont répandues dans des marais defféchés, & dans les terres voilines, quoique maigres, où - ces animaux ont bien réuffi. Cet exem: ple avantageux mériteroit bien d’être fuivi en Franee; on pourroit prompte: ment tirer dans ce Royaume de grands A de Vaches, Chevres & Brebis ndiennes. Le moyen qu’on: pourroit employer pour -cet effet, & qui feroït très-facile , feroit de bien nourrir ces fortes d'animaux en tout temps, de les parquer fraîchement en été, & chaudement en hiver ; leur donner dé Ja litiere fraîche tous les foirs, oudu moins paver les écuries & les étables avec grande pente, pour que lesrunis nes s’écoulent , & les bien balayer tons les jours. | HIT : A Angola, Ville d’Afie dans la Na: tolie, il y a des Chevres dont:le poil eft très-fin; il eft très-propre pour-en faire les camelots les plus beaux ; ‘cé poil pañle à Smyrne, où les François, les Anglois & les Hollandois s’en pour- dugros & menu Bétail. 197 voient. Ces Chevres font peu diffé- rentes des nôtres; mais leur poil eft d'un blanc un peu rouflatre, frifé, fin, luftré , & fouvent long de plus de dix pouces ; le commerce en eff très- confidérable. Les Chevres Indiennes & de Barbarie font de toutes les Che- vres celles qui fourniffenc au com- merce le plus de poil pour fabriquer les étoffes ; mais cette marchandife eft fujette à être altérée frauduleule- ment parle mêlange de la: laine avec le fil qu’on fabrique avec ces poils. La Chevre eft un animal pour le moins aufl utile que la Brebis ; auf M: de Buffon dit qu'on peut regar- der: en quelque forte la Chevre , ainfi que l’Ane, comme deuxefpeces auxi- liaires ; qui pourroient ; à bien des égards, remplacer la Brebis & le Che- _ val, & nous fervir aux mêmes ufages, dans les cas où ces deux précieufes efpeces viendroient .à nous manquer. Ces efpeces auxiliaires font même plus agreftes, plus robuftes que les efpeces ‘principales. 0 up | Que de richeffes ne retirons - nous point de ces animaux ! La Chevre nous donne un lait qui tient le milieu entre le lait de Vache & celui d’Aneñe; I 3 198 Traité Économique : il eft moins épais que le premier, & moins féreux que le .fecond , ce -qui le rend très-propre aux tempéramens pour lefquels de lait de Vache feroit trop pefant; & celui d’Anefle trop aqueux ; il convient fur-tout pour ré- tablir les enfans en chartre, & donner de l’embonpoint aux perfonnes qui fe- roient extrêmement maigres, fans.être incommodées. cit >; 20 29) -: Le lait:de Chévre a-une petite qua- lité aftringente, d’autant que cet ani- mal fe nourrit pour l'ordinaire de plan- tes qui ont cette qualités; c’eft par cette raïfon qu’on Île recommande dans les maladies confomptives , ac- compagnées de cours de ventre féreux 3 les propriétés des plantes dont l'ani- mal ‘fe nourrit , fe communiquent tellement au lait, malgré tousles cou- Jloirs & les filtres au travers defquels il pañe , que le lait d’une Chevre à qui a a donné des purgatifs , avalé_ par da Nourrice , purge l'enfant doucement & fuffifamment. Il eft donc très-eflen- tiel, lorfqu’on prend le lait de Chevre, d’avoir attention: de ne lui faire brou- ter que dés herbes dont les fucs font benins , & appropriés :à la maladie pour laquelle on en ufe; car cet:ami- du gros € menu Bétail. ‘199 mal eft très-friand de Tithymales, dont le fuc eft âcre & cauftique : on faitavec ce lait des fromages qui font excellenss mais c’eft un abus d’en vouloir tirer de la crême pour en faire du beurre ; il n’eft pas affez gras; d’ailleurs le beurre de Chevre eft toujours blanc, & a le goût de fuif. Les pauvres gens fe fer- vent ordinairement du lait de Chevre pour leur nourriture, tandis qu'ils font argent du lait de leurs Vaches, On prétend que ce lait fe corrompt quel- vase Hé leftomac : on y obvie, dit-on , en le faifant cuire avec du miel. Hyppocrate a obfervé qu'une Chevre qui mange un concombre fau- vage, fournit du lait propre à purger un enfant, comme le feroit une méde- cine, Cette obfervation du pere de la Médecine confirme ce que nous avons dit plus haut fur les vertus purgatives que ce lait peut acquérir: on prétend encore que la viande & le lait d'une Chevre qui a mangé de l'ellébore , ont pareillement une vertu purgative, quoique cette plante ne produife pas un pareil effet fur l'animal même. Le fromage de Chevre eft un excellent appât pour le poiflon ; la barbe du Bouc, à caufe de fa longueur , s’em- l'4 200 Trare Économique ploie par les Perruquiers, en la mé- lant avec des cheveux, pour faire des perruques ; les Chandeliers font un grand ufage de fon fuif, :: On prépare les peaux de Bouc ou de Chevre de différentes manieres: on les rend aufli douces & aufli moëlleufes que celles du Daim, & elles font d’une aufli bonne qualité. On les prépare encore en maroquia rouge & noir. Le plus beau maroquin rouge nous vient du Levant; on le rougit encore avec de la laque & d'autres drogues , & le maroquin noir nous eft apporté de Barbarie. Ces ma- roquins font d'autant meilleurs, qu'ils font plus hauts en couleur, d'un beau grain, doux au toucher, & fansodeur défagréable. On prépare des maro- quins en plufeurs Villes de France; mais ils n'ont ni la bonté, ni la durée des précédens : on emploie encore quelquefois la peau de Chevre pour faire du parchemin. Le poil de Chevre non filé eftemployé par les T'einturiers à la compolicion de ce qu’ils nomment rouge de bourre; lorfqu’il eft filé, onen fait diverfes étoffes, ainfi que nous Pa- vons déja dit, tels que le camelot, le bouracan , &c., des boutons, des dugros&- menu Bétail. 201 gances ; 8: autres ouvrages de mer: cerie. M. la Rouviere l’employoit pour des ouvrages de bonneterie ; mais ils p'étoient pas..de longue -durée;: La Chevre eft fort peu ulitée parmi nos alimens, à moins qu'elle ne foit jeune, . fans quoi elle eft dure &.difhcile à di- gérer, quoique néanmoins ellé nour- rifle & fortifie beaucoup. On engraifle fouvent les Chevres & les Boucs, plu- tôt à caufe du fuif qu'onentire, qui eft d’un très-grand profit, & qui, outre lufage que nous en avons-indiqué , fert encore aux. Corroyeurs: pour l’ap- prêt des cuirs... | jf Onnedeftine communément la vian- de de Chevre que pour le commun du Peuple: on a pour cet effet coutume de la faler ; quand-on la mange fraîche, elle s'äpprèté comme la viande -de Mouton, mais. fon goût n’en eft pas à beaucoup près fi agréable ;.1l déplaîc même à bien des gens, 111] On fait avec la peau du Bouc ou de la Chevre, des facs qui fervent de vaifleau pour! tranfporter du vin,.des huiles,rde laltésébenthine, :& plufieurs autres materéshiquides., ;:,, 2:14 … Les Orientaux s'en. fervent encore pour. paller les rivieres à F nage, & 202 . Traité Économique pour foutenir les radeaux‘qni tranfa portent les marchaudifes par eau d’üm endroit à l'autre. La fiente que l'on trouve dans les inteftins srêles de l& Chevre , eft pour les Doiohs un ap“ pätaufli bon que le fromage qu'on pré- paré avec fon lait ; cette fiénte pañleen Médecine pour réfolutive, déterfive; dellicative & digeftive : on la prend intérieurement pour la pierre; pour exciter l’urine & les mois aux femmes , pour les'obftruétions'de la rate, & con tre l’hydropilie ; mais nous n'en con: feillons pas l'ufagé ayant d'autres re< medes moins dégoûtans: on s’en fert extérieurement pour la gale , pour les tumeurs froides, & pour les duretés de la rate & du foie; étant calcinée , elle donne üné poudre très-fiñe } pro: pre danstous les cas où ces déterlifs font néceffaires ; comme l'aälopécie & les dartres.. : "- 129 17 QUOUISEU L'urine de Bouc, bue chaudément au fortir de l’animal,,'eft regardée par quelques Auteurs'comme un’ remede excellent poûr/poufer: les uriñés }'& our) guérir lhydropilie, Le Dotiur Rene dit avoir guéri, par l'ufage de cette urine, une jeune fille attaquée d’une hydropifie confirmée. Schroder j dit gros & menu Bétail. 203 Ettmuller & plufeurs autres l’exaltent beaucoup pour cette maladie, pour la colique néfrétique, & pour nettoyer les conduits urinaires des glaires & des graviers. | | | Un des grands profits que les Che- vres apportent, font les Chevreaux où Cabrits qu’on laifle croître pour mul- tiplier , ou qu’on vend aux Rôtifleurs : on les éleve comme les Agneaux ; ils ont pareillement les mêmes maladies. Voyez le Chapitre des Brebis. | Un Chevreau , pour être bon à manger, ne doit pas avoir plus de quinze jours ou trois femaines ; fi on attend plus tard, & qu'il air brouté, fa chair n’a plus de délicatefle. Cette chair nourrit beaucoup , produit un bon fuc, & fe digere aifément , quoi- qu'elle conferve toujours un petit goût de bouquin ; elle eft fort falutaire aux convalefcens épuifés de maladies. Le foie de Chevreau incorporé avec de la mie de pain, du blanc d'œuf & de l'huile de laurier, & ap- pliqué en forme de cataplafme fur le nombril, guérit, dit-on, la fievre quo- tidienne; fa peau ne fert gueres qu’à faire des gants, auxquels on laiffe quelquefois le poil, pour les rendre | I 204 Traité Economique plus chauds: on donne le cœur de jeune Chevreau , haché & trempé dans de Peau tiede, pour pâture aux oi- feaux de proie malades d'apoplexie. L'Ecole de Salerne dit que le Che- vreau eft le feul animal dont on doit manget les rognons. du gros & menu Bétail. 20 s CH AP ETR E: V-EE DU BELIER ET DE LA BREBIS. . UE diviferons ce Chapitre en quatre articles: le premier traitera du Belier ; le fecond , de la Brebis; le troifieme , du Mouton; & le quatriemes de l’'Agneau. | ARTICLE PREMIER. Du Bélier. Dans la defcription anatomique que nous allons donner ici, d’après M. d’Aubenton , nous confondrons Îa Brebis avec le Belier qui en eft le mâle, La phyfionomie de ce dernier fe décide au premier coup-d’oeil ; les yeux gros & fort éloignés l’un de l'autre ,les cornes abaiflées, les oreilles dirigées horifontalement de chaque côté de la tête, le mufeau long & affilé ; le chan: - frein arqué , font les traits qui caracté- rifent la douceur & l’imbécillité de cet 206 Traité Economique animal, Les cornes ont trois faces, & font de couleur jaunätre; chacune s’é- leve un peu en haut à fon origine, & enfuite fe replie en arriere & à côté : on eft quelquefois obligé de les {cier, parce qu’en croillant , elles s’appro- chent tellement des côtés de la tête, qu’elles la comprimeroient & la bleffe- roient : on voit des Brebis qui n’ont point de cornes, & des Beliers qui en ont; mais elles manquent plus rare- ment aux premiers qu’à celles-ci; prefque toutes les femelles en font pri- vées. La grandeur des Beliers varie beau- coup ; ceux de médiocre taille peu- vent avoir de longueur du corps en- tier, meluré en ligue droite depuis le bout du mufeau jufqu’à l'anus , trente- fix ou quarante pouces; de hauteur du train de devant , mefuré depuis le garrot jufqu'à terre , vingt à vingt- deux pouces; du train de derriere ,un pouce de plus que celui de devant. Le Belier, ainfi que tous les animaux ruminans, poflede quatre effomacs; le premier, c’eft-à-dire, celui auquel l’œ- fophage ou le conduit des alimens aboutit , eft le plus grand de tous. Dans un Belier de médiocre taille, il _ dugros & menti Bétail. 207 a dix pouces’ de longueur fur douze de largeur, & fix de hauteur; fa cir- conférence tranfverfale, en fuppofant ÿ cette poche foit foufée & ten- due, eft de trente-deux pouces; la lon- gitudinale qui pafle au-devant ; auprès de l’œfüphage, &:en arriere fur le fommet de la grofle convexité ; de trente-Quatre pouces : ce premier ef- tomac eft appellé la panfe , lherbier ou la double ; c’eft le réfervoir des alimens que Panimal broute ; ils n'y fubiffent qu'un amolliflement ; qui les rend plus proprés à recevoir une nou velle maflication , un nouveau broye- ment , ce que l'on appelle ruminer. . On a donné au fecond eflomac le nom dé réfeau, où bonnet; ce n'eft qu'ünelcontinuation du premier ; fa longueur’eft de'fx pouces, & fa cir conférence; à l'endroit le plus:gros; a dôtize pouces: Le troifieme eft bien diftingué' des deux premiers, &: ny communique que par un orifice aflèz étroit : on le nomme le feuillet; lé illet , mellier ; ou pfeautier ; il eft plus grand que le bonnet ; fa grande Circonférence eft de dix pouces 8e demi, la petite, de huit pouces ; il eft Plus perit'que la caillette , “qui eft le #o8 ‘Traité: Économique quasi eftomac ; auquel on a auf onné le nom de franche-mulle ; .fa circonférence lorigitudinale eft de vingt- un pouces; lacirconférencetranf- verfale., à l'endroit le plus gros , de treize pouces. ) ériirat L’abdomen étant ouvert par deux incifions, l’une longitudinale, & l’au- tre tranfverfale , ayant renverfé au de- hors les quatre lambeaux, on voit la panfe qui occupe la plus grande partie du côté gauche; le bonnet ,qui eft derriere le diaphragme ou la cloifon qui fépare la poitrine du bas-ventre, le feuillet , la caillette & Îes inteftins qui environnent la partie poftérieure de la panfe. | La panfe ouverte dans le contour de fa grande circonférence., fe fépare en déux pieces, dont l'une préfente les parois inférieures de la panfe ,vuesau- dedans, & l’autre les paroïs {upérieu- res , vues aufli au-dedans: on y recon- noît l'œfophage : on.y diftingue aifé- ment les rebords,, qui font épais, & d’une confiflance un, peu plus ferme que celle du refte de.la panfe:; ils font revêcus d’une membrane.nue, & G’une couleur de blanc fale & jaunatre, de même que quelques endroits ,, tandis dugros & menu Bétail. 209 que les autres font garnis d’un très- grand nombre de papilles oblongues & fort minces, dont les plus allon- gées ont deux lignes de longueur, # une ligne de largeur. Ces papilles font pofées fort près les unes des au- tres, de façon qu'elles cachent entié- rement la membrane à laquelle elles tiennent : elles font revêtues, de même que cette membrane, par une forte de velouté fort mince & fort tendre, qui les enveloppe & qui leur fert de gaîne; cette membrane veloutée eft brune; elle s’enleve aifément ; & lorfqu'on Ja fépare de la membrane qui eft deflous, on voit les papilles qui tien- nent à cette feconde membrane fortie dela membrane veloutée comme d’au- tant de gaïînes. Ces papilles font fort étroites & fort fouples en fortant de leurs gaînes. Le bonnet n'eft difiingué de la . panfe que par un rétréciflement fi peu marqué, qu'on ne fe feroit pas avifé d'en faire un eflomac féparé, & qu’au contraire, on ne l’auroit regardé que comme un prolongement de la panfe, fi fes parois intérieures n’étoient con- formées bien différemment de celles de la panfe : au lieu de papilles ; on 210 Traité Économique voit fur les parois une forte de réfeau formé par des cloifons minces, qui ont environ une ligne de hauteur. Ces cloifons, en fe croifant , forment dif- férentes figures, qui ont quatre, cinq ou fix faces ; le diametre des plus gran- des figures eft d’environ dix lignes; la plupart font encore partagées par des cloifons moins élevées, & dirigées en différens fens. L'aire de ces figures eft parféemée de petites papilles ; les cloifons font can- nelées de haut en bas, & hériflées de papilles , & le bord de la cloifon eft dentelé; l'aire de toutes ces figures, les papilles , les cloifons & les den- telures font revêtues, comme les pa- pilles dela panfe, par une membrane qui eft fort mince, & qui s'enleve aifément. Ce qui mérite plus d'attention, eft la gouttiere qui fe trouve à la partie fupérieure de cet eflomac, & s'étend depuis l’œfophage jufqu’à l’orifice du troifieme eftomac. Cette gouttiere a près de deux pouces & demi de lon- gueur ; elle eft large de huit lignes ; fes bords latéraux font formés par une fuite de bourrelets revêtus de papilles. Il y a quelques petites ftries qui s’é- tendent longitudinalement fur les pa- du gros & menu Bétail. 2113 rois intérieures, qui font bordées de papilies: on en voit de grofles du côté du feuillet ; elles font blanches, coniques & pointues. On regarde ce demi-canal comme une continuation de l’œfophage ; & on croit qu'il peut fe former en fe contraétant, & qu'alors fes bords étant rapprochés lun de l’au- tre dans toute leur longueur , ils for- ment un canal entier & continu, de: puis l'ofophage jufqu’au troifieme ef- tomac ; il eft terminé par l’orifice, qui termine du fecond au troifieme efto- mac. | L'organifation du troifieme eftomac paroît encore plus extraordinaire que celle du fecond : on y voit intérieu- rement deux plis en forme de firies, 1e s'étendent d'un bout à l'autre, & ur lefquels il y a des papilles coni- ques & pointues; à côté de chacun, on diftingue de part & d'autre lori- gine d’autres plis, qui font auffi hé- riflés de papilles pointues; ils s’éle- vent, & deviennent plus larges à me- fure qu'ils fe prolongent fur la paroi du troifieme eftomac; leur plus grande largeur fe trouve dans le milieu de cet cftomac, & diminue peu-à-peu, à me- fure qu'ils approchent du quatrieme. # 212 Traité Économique On.a comparé avecraifon ces plisaux feuillets d’un livre, car c'elt autant de lames placées à quelque diftance les unes des autres ; elles font.faites en forme de croiffant, dont le bord con- vexe tient aux parois de l'eftomac: ces feuillets font de différentes lar- geurs 3 il y en a de très-larges, de moyens & de petits: les plus larges ont deux pouces de largeur ; les moyens un pouce dans l'état: naturel; c'elt-à- dire, le troifieme eftomac n’étant point ouvert, le petit feuillet fe trouve en- tre les deux feuillets moyens ; & les trois feuillets, c'eft-à-dire; le. petit & les deux moyens, entre deux grands feuillets, & ainfi de fuite pour l'arran- ement de tous les autres. Leur, nom: pe n’eft pas conftant dans divers fu- jets ; dans les uns , on en compte en- viron foixante , & jufqu’à quatre-vingts dans les autres. + FES On voit aufli dans le corps: de la caillette des replis de différente gran- deur, qui s'étendent longitudinale- ment, & qui forment des finuolités: les plus grands de ces replis ont huit li- gnes de hauteur ; ils font de confiftance molle, & placés beaucoup plus loin les uns des autres que les feuillets du du gros & menu Bétail. 213 troifieme eftomac. La caillette eft re- vêtue en entier par une membrane molle & veloutée , dont il fort une li- queur épaifle. Le canäl inteflinal n’a rien de particulier, fi ce n'eft fa lon- gueur, qui va jufqu’à quatre-vingt-fix pieds, non compris le cæcum, d'envi- ron neuf pouces de longueur dans un Belier de moyenne taille. Les inteftins grêles ont, depuis le pilcre jufqu’aucæcum, environ foixante- fix pieds; leur circonférence eft de- puis un pouce jufqu'à deux pouces & demi, fuivant les endroits où elle eft prife. Celle”du coœcum, du colon & du reétum dans lés endroits les plus gros, eft de ‘fept pouces. Le foie eft placé du côté droit; il eft diftingué en trois lobes, deux grands & un! petits Jés deux grands font l’un à côté de Pautre ; le petit 'eft Gtué fur la partie poftérieure du grand lébe droit ; il ef de couleur rougeâtre. La vélicule ‘du fiel s'étend d'un pouce & demi au- delà du foie; elle eft remplie d’une liqueur limpide, de couleur d'olive, c'eft:ä-dire, d'un verd'jaunâtre. On trouve dans le finus hépatique , dans les canaux biliaires , & même dans la liqueur du fiel, des vers plats & fort 214 Traité Économique minces, d'une confiftance molle, & d'une figure finguliere ; leur couleur eft olivätre, loriqu'’ils font en repos ; ils forment un oval, qui a environ neuflignes de longueur & fix lignes de largeur , le milieu des deux, faces eft uni, mais les bords, font difpofés en ondes, à-peu-près comme une fraife de veau; la partie antérieure femble être échancrée de chaque côté, & rer- minée dans le milieu par une forte de tête oblongue; certe tête eft de la lon- gueur d’une ligne , & paroît percée par up trou à fon extrémité; un: peu au-deflous, il y a une autre petite -ou- verture ronde, dont les bords font un peu élevés, & placés fur la face in- férieure du vers, à l’origine dela tête: on apperçoit fouvent fur l’une & l’au- tre face, des petits. vaifleaux & dés ra mifications qui s'étendent depuis la tête jufqu'à l’extrémité des vers. Ces vers ne peuvent fe mouvoir qu'en fe traînant ; ils avancent la partie anté- rieure de leur corps, & :par ce mou vement, ils s'allongent au point d’a+ voir un pouce de longueurs mais en même temps, ils fe rétréciflent ; de façon qu'ils n'ont plus qu'environ trois ligues à l'endroit le plus larges ils re: dugros &menu Beétail, 21$ tirent en avant la partie poftérieure, & par le fecond mouvement , ils par- viennent à fe déplacer entiérement, & ils repréfentent la même forme arron- die qu'ils avoient avant de fe mou- voir. Ces vers , qu'on a appellés dou- ves, reflemblent aflez à une petite feuille life & ondée, garnie du com- mencement de {on pédicule; les plus petits du Belier font comme des fi- lets menus, d'un ou de deux lignes de longueur ; ils fetrouvent fur-tout dans la velicule du fiel, & nagent dans cette liqueur. La rate eft fituée fur la partie gau- che de la panfe | & s'étend obiique- ment de derriere en avant, & de haut en bas; fes deux extrémités font. ar- rondies, & prefque femblables ; elle eft de couleur rougeâtre. Les reins pe {ont pas compolés de tubercules comme ceux des Bœufs ; leur figure p'eft.pas triangulaire comme celle des reins du Cheval & de l'Ane; mais ils ont la figure ordinaire des reins de la plupart des autres animaux, c’eft-à- dire, la forme d’un haricot. Le baffi- net .eft grand, les mamelons réunis, & les diverfes fubitances très-diftin&es; le poumon droit eft diftingué en quatre 316 Traité Économique lobes, dont trois font rangés de files celui du milieu eft le moins grand, & l’antérieur eft échancré profondé- ment, & prefque divifé en deux par- tiés ; le quatrieme lobe eft le plus pe- ut de tous. Le poumon gauche n'a que deux lobes, dont l’antérieur eft pref- que féparé en deux parties par une échancrure profonde , comme celle du lobe antérieur du côté aroit. Sur la partie antérieure de la lon- gueur , on trouve de petits grains ‘glanduleux de figure ronde , & des fi- Jets pointus dirigés en arriere ; maïs prefque inperceptibles ; fur la partie ‘poftérieure, on voit des glandes de différentes figures, dont les plus gran- des font dans le milieu: on y remar- que encore des papilles larges & ap- platies. Le palais eft traverfé par en- “viron quinze fillons, dirigés à-peu- près en ligne droite ; les plus larges fe trouvent, comme dans le Cheval, à l'endroit des barres ; leurs bords font ‘un peu élevés, & terminés par une “dentelure fi fine, qu’à peine peut-on Pappercevoir. Fous les fillons fonttra- -verfés par une efpece de canal longi- tudinal , qui les partage en deux 0 ties égales dans le milieu de leur longueur, du gros & menu Bétail. 217 longueur , à l'exception de quelques fillons dans la partie poftérieure du palais. Le nombre des mamelons varie fuivant les divers fujets ; les uns en ont quatre bien apparens, & fitués au-deflous du ftrotum, deux dechaque côté, à un pouce de diftance l’un de l'autre; d'agrres n'en ont que deux, un de chague“côté ; les Brebis n’en ont pour l'ordinaire que deux, & leurs mamelles font inguinales, Entre l’ori- fice du prépuce & le fcrotum, il ya environ fix pouces de diflance, & la longueur de la verge depuis la bifur- cation des corps caverneux jufqu'à l’in- {ertion du prépuce, eft à-peu-près de neuf pouces, plus ou moins, fuivant les fujets, La figure du gland eft fort irréguliere; il able être terminé par uneefpece de champignon de couleur rougeätre, for- mé par un tuberculecharnu, paté obli- quement fur la partie fupérieute du gland. Ce tubercule peut avoir un de- mi-pouce de longueur fur cinq lignes de largeur, & une ligne d’épaifleur ; le canal de lPuretre déborde au-delà du gland, de la longueur de douze à treize lignes ; cette partie de l'uretre r’a tout au plus qu’une ligne de diametre Tom, Ti, 218 Traité Économique elle eft molle & flottante , de forte Qu'elle fe replie fur le gland, &'y de- meure collée; le gland eft applani fur les côtés , à quelque diftance de fa bafe. La verge forme une double cour- bure ; la portion comprife entre les deux courbures peut être d’un pouce de longueur : il y a deflx cordons plats, qui tiennent par P de leurs extrémités aux premieres vertebres de la queue, & qui fe joignent au - deflus de l'anus, après l'avoir entouré ; ils s'étendent le long de la verge jufqu'à la courbure la plus voifine dû gland; ils adherent à cet endroit, & s’épa- nouiflent au-deflous de cette partie fur les côtés jufqu’au prépuce, ce qui fait à-peu-près quatre pouces de longueur; le prépuce a aufli deux mufcles, lef- auels s'étendent fous l'abdomen, & fe prolongent par des parties tendineufes jufqu’aux environs de lanus; ces muf- cles paroiffent fervir à retirer le pré puce en arriere. Les tefticules font ovoïdes, leur fubftance intérieure eft de couleur jaunètre fort pâle, & on ÿ diftingue une forte de noyau longitudinal, & de couleur blanche, qui s'étend juf- qu'aux trois quarts de la longueur du teflicule, Les véfiçcules féminales font du gros & menu Bétal. ‘219 compofées de plufieurs cellules , comme dans l'homme , & couchées de côté & d'autre du col de la veflie ; ellesicommursiquent à l'uretre à l’en- droit des ptoftates, où l'on voit dans l'intérieur: du canal. les orifices des vaifleaux déférens.'À l'égard des par- ties de la génération de la Brebis, la vulve fe tétmine en pointe par le bas, comme celle des chiennes. Le gland du clitoriseft placé à environ un demi- pouce au-deflus de cette pointe. La matrice dans les Brebis qui ne font pas pleines, eft très-petite; fa cavité eft étroite elle fe divife en deux cornes réunies par des membranes, & adoflées lune'à l’autre fur une certaine lon- gueur; enfuite elles fe recourbent à côté & au bas, Les trompes forment beaucoup de finuofités, 8 aboutiffent, en fuivant une ligne courbe, chacune à un pavillon: Les tefticules ont une forme irréguliere ,'un peu allongée. Le foetus de la Brebis eft enveloppé d'un amnios & d’un chorion ; il a aufli un allantoïde, mais il n'en eft pas en- vironné comme le fœtus du Cheval; l'ouraque fort: de lombilic avec les. vaifleaux fanguins, & fe prolonge où lamnios s'épanouit & sens de toute 2 220 Traité Économique paït pour enveloppér le foerus; à ce même endroit, le prolongement de louraque forme l'allantoïde , qui s'é- tend à droite & à gauche entre l'am- nios & le chorion , & forme deux cornes où poches allongées, dont le fond termine les deux bouts de l'al- Jantoïde ; ces poches fe réuniflent à l'endroit de l'ouraque, & reçoivent la liqueur qui en découle. Lorfque le foe- tus eft près du terme, fon allantoïde eft fort étendue; 1ln’eft pas facile pour lors de l’enfler en entier fans la déchi- rer; mais On y parvient aifément dans un fujet moins avancé. Cette mem- brane eft tranfparente au point de voir à travers le fédiment de la liqueur qu'elle contient; ce fédiment paroît fouventcomme de petitscorpsflottans, grumeleux , lefquels, en fe réuniflant, forment une maîfle, où un corps plus ou moins gros, Il ‘y en a qui ne font pas plus gros que des pois, tandis que d'autres, comme dañs le Cheval , pe- fent jufqu'à cinq ou fix oncess leur couleur eft verdatre: dans le Belier:,: leur fubftance éeft compofée de cou- ches additionnelles, de confiftance vif- queufe ; ils ont des cavités irrégulieres ‘4 leur intérieur ; fans qu’on y puifle du gros & menu Betail, 22% diftinguer aucun vaifleau , ni aucune organifation d’un corps. vivant. e chorion & lamnios forment, comme l’allantoïde, deux prolonge- mens qui s'étendent dans les cornes de la matrice; mais ils n'y adherent pas comme dans la Jument, par des ru- gofités; c’eft au contraire par des petits placenta , qui font feparés les uns des autres , & diftribués à différentes dif- tances: on en compte jufqu'à cin- quante & plus pour un feul embryon: on leur a dire le nom de cotyledons; ils font applatis, de figure ovale, & formés en partie par la matrice, & en partie par le chorion; il s’éleve fur les - parties intérieures. de la matrice, des tu- Es ovales , correfpondans à d’au- tres tubercules de même figure qui fe forment fur la face extérieure du cho- rion. Ces tubercules font appliqués l’un autour de l'autre , & le compofé d'un tubercule dela matrice, environné par un tubercule des chorions, à-peu- près comme un gland par fa coupe, eft ce qu'on appelle un cotyledon ; chaque cotyledon attache le chorion à la matrice, lorfque le fœtus a pris quelqu'accroiflement: alors fi on fé- pare le chorion de la matrice; les co- K 3 222 . Trane Économique tyledons fe partagent en deux parties; dans le moment de cette disjon@ion,: l'on apperçoit que les tubercules du. chorion font hériflés de petits prolon+ . gèmens, & que ces prolongemens for- tent de plufieurs cavités qui pénetrent dans les tubercules de la matrice; ces tubercules fe détachent naturellement Torfque la Brebis met bas, & ceux qui reftent dans la matrice, s’obliterentàla . fuite, & s’effacent en entier. Dans les premiers jours de la conception , l’œu- vre de la génération eft une boule flottante dans la matrice ; peu après les premiers rudiments du foetus fem-. bent à être enfermés dans une enve- loppe tranfparente , dont les côtés commencent à pénétrer #dans la ma- trice ; enfin les tubercules fe forment ; & les cotyledons font parfaits. Les quatre effomacs dans le foetus n’occu: pent qu'une très-petite partie de lab: domen , en comparaïfon de celles qu'ils rempliflent dans l'adulte; la caillette eft fituée à gauche , & Les au- tres eftlomacs font tous pelotonnés . derriere le foie &le diaphragme ; les . eftomacs étant foufllés, la caillette eft comme dans le veau, beaucoup plus grande que la panfe, du gros & menu Bétail. 223 Après avoir donné la defcription de cet animal, paflons au méchanifme de fa digeflion. Cet animal rumine, eft pourvu de quatre effomacs, & fes in= teftins font d’une longueur prodi- gieufe, parce qu’il fe nourrit d'herbes; & cette fubftance étant une de celles qui contiennent le moins de molécules nutritives , il eft néceffaire que l'animal qui s'en nourrit ait des rélervoirs d’une capacité aflez ample pour en contenir une capacité fufhiante à fes befoins, és des canaux aflez allongés pour pouvoir donner le temps aux alimens dans leur pañlage de fe dépouiller de leurs particules nutritives. La rumination dans les Brebis, de même que danstous les animaux herbifores , eft un vomif- fement fans efforts, occafionné par la réaction des deux, premiers eflomacs fur les alimens qu’ils contiennent, La Brebis remplit en mangeant la panfe, & le bonnet qui n'eft qu'une portion de la panfe, autant qu’ils peuvent l'é- tre; leurs membranes tendues réagif- fenc avec force fur l’herbe qu’elles con: tiennent , qui n'eft que très-peu mà- chée , & dont le volume augmente par la fermentation, Par ce méchanifme, & par celui de la déglutition , les bords K 4 (2 224 Traité Economique de la gouttiere du bonnet fe rappro- chent , & forment le canal qui s’étend de loœfophage au troifieme eftomac; Pherbe feche & en peloton avalée par Ha Brebis, trouvant au fortir de l’oœ- fophage la bouche étroite du canal Qui ne peut la recevoir , & l'ouverture très-grande de la panfe , eft détermi- née à pañler dans celle-ci, & dans le bonnet, qui n’en eft que la continua- tion. Lorfque ces deux eflomacs font remplis, la réa@ion de leurs membra- nes obligeroit l'herbe d’entrer dans le feuillet, fi en même temps elle n’en étoit empêchée par la contra&ion de Ja gouttiere , qui forme le canal dont Pextrémité entoure & défend l'ouver- ture de cet eftomac. L’herbe eft donc forcée de remonter par l’oœlophage pour être ruminée, & par cette nou« veille opération, être réduite en pâte affez liquide pour qu’elle puiffe couler par le canal du bonnet dans le feuillet. Les parties groffieres de cette pâte, qui ne peuvent entrer dans le conduit, font portées dans la hat d'où elles font tirées avec l’hérbe pour fubir une nouvelle ruminätion : mais comme il s'opere dans la panfe & dans le bon- het un commencement de digeftion, dugros & menu Bétail. 225$ une légere décompofition ; que d’ail- leurs il tombe fouvent dans ces efto- macs des parties de cette pâte liquide formée par la rumination, qui n’aura as patlé en entier par le conduit du ap il doit fe trouver dans Îles deux premiers efiomacs, lorfque la rumination eft achevée, une certaine quantité de cette pâte liquide, propre a être reçue dans le troifieme eflomac : alors toutes ces parties étant dans le relâchement , aucune ation ne s'exerce plus fur elles ; le canal du bonnet s’ou- vre, & fe change en gouttiere, par la- gue le coulent dans le feuillet les ré- dus qui fe trouvent dans les premiers eftomacs ; la communication des trois eftomacs eft pour lors entiérement li- bre & ouverte ; les alimens, parvenus au troifieme eftomac, y font retenus par fes feuillets, jufqu'à ce qu’une nouvelle macération les rende propres à être entiérement décompolés & ré- duits en mucilage par la caillette , où ils fubiffent leur derniere préparation ; ce n'eft pour ainfi dire que le marc qui pañle dans les inteftins, où il acheve d’être dépouillé de fes parties putritives, & où il eft entiérement defléché, K 5 226 Traité Économique On ne garde ordinairement dans les : troupeaux que ce qu'il faut de Beliers pour pouvoir féconder les femelles : dans de certains cantons, on donne jufqu'’à cinquante Brebis à un Belier; mais on feroit cependant mieux d'en donner un par vingt-cinq; car il eft für que plus un Belier a de Brebis à couvrir, plus il eft fatigué. Tout le monde fait que l'évacuation qui fe fait par l’accouplement, énerve tous les animaux ; fi on ne donnoit même à chaqué' Belier que quinze où vingt Brebis à fervir, il s’enacquitteroit avec une ardeur égale, & les Agneaux en feroient plus fains , plus forts & plus vifs : tout dépend principalement du Belier ; s'il eft d’une bonne efpece , il n'eft pas douteux que les Agneaux le feront auf. FR Il y a plufeurs fignes pour dé- cider de la bonté d’un Belier on choifit par préférence ceux qui ont le corps gros & long; ils doivent être forts des os & des membres; leur front doit être large & rond ; leurs yeux grands, vifs & rouges , leur nez camus, leurs oreilles larges; il faut que leur démarche foit ferme , leur queue grande , longue & bien garnie de laine. L’agilité & lempreffement que le Be- du gros & menu Bétail. 227 lier montre en faillant les Brebis, dé- cide encore de fa bonté ; il faut de plus qu’il foit jaloux , courageux, at- tentif à repoufler les Beliers étrangers qui veulent approcher de fon trou- peau ; il doit auffi avoir la laine longue, épaifle & blanche: on rejette ordinai- rement ceux dont la laine eft rouge ou noire, parce que les Agneaux leur . reffemblent ordinairement à cet égard. La laine que les bons Beliers ont aux parties poftérieures doit être fur-tout fine & épaifle: il faut encore que fa langue foit fans tache ; car fi le Belier avoit une langue tachée, on a ob- fervé que les Agneaux qui en pro- viennent font foibles, & ont la laine de différente couleur: il ne faut pas . non plus permettre l’accouplement à un Belier dont l'haleine eft äpre & puante; c’eft un figne de maladies, 8 les Agneaux n’en vaudroient rien, Quand un Belier eft trop féroce & méchant, à caufe de la grande effer- vefcence de fon fang,, il faut le faigner; n'importe de quelle veine. Les Beliers font très-propres à faillir depuis l’âge de trois ans jufqu’à huit; pour bien faire, il conviendroit de nelaiffer qu’au- tant de temps néceffaire Ki a faut 228 Traité Économique pour laccouplement; par ce moyen; on ménage les forces du mâle & de la femelle. Les Agneaux qui proviennent d’un Belier qu'on fait faillir avant age de trois ans, ne font jamais bien con dicionnés : les Brebis n’entrent ordi- nairement en chaleur que vers le com- mencement de Novembre ; cependant les Beliers les féconderoient en tout temps, fi on leur en laifloit la liberté, L'âge des Beliers fe connoît à leurs dents, ou aux anneaux qui font à l’ex- trémité de leurs cornes: on compte les années par leur nombre ; il faut fur- tout bien nourrir les Béliers dans le temps de leur accouplement ; le pain, l'orge & le chenevis font une bonne nourriture pouf Eux. On mange rarement la chair du Be- lier, à caufe de fon odeur défagréable, & de fa fueur forte, qui approche de celle du Bouc; elle eft en outre plus indigefte que celle de la Brebis , du Mouton & de l’Agneau : on emploie en Médecine fon fiel , fon fuif & fa moëlle, Le fiel eft purgatif: on en im- bibe de la laine, qu’on emploie en ca- taplafme fur lé ventre des petits enfans, pour leur lâcher le ventre, ce qui eft très-ucile dans ce cas, où on ne peut du gros & menu Bétail. 229 leur faire prendre de remede par la bouche. Ce même fiel adouci, & mêlé avec du lait de femme , eft propre pour déterger & guérir les ulceres des oreilles. Le fuif & la moëlle de Belier font émolliens, anodins & réfolutifs : on s'en fert dans plufieurs onguens & em- plâtres , comme dans l’onguent de la mer , l'emplätre de minium , la toile à Gautier, &c. On fe fervoit chez mon pere de la laine qui fe trouve aux en- virons des tefticules du Belier, pour mettre autour de la tige des orangers : on prétend que cette laine en éloigne les fourmis. AR BAGCL EL EL, Du Mouton. LA _ Le Mouton eft un Agneau châtré, qui devient à la fuite très-gros & très- gras. Dans le Journal économique du mois de Mai 1765, on trouve une ma- niere ; qu'on difoit pour lors nou- velle, de châtrer les Beliers : on prend pour cet effet trois brins de fil retors, de bonne confiftance ; mais qui ne foit pas tordu : on les roule fur fes 230 Traité Économique genoux comme font les Cordonniers; & on les tire avec la poix dont ils fe fervent: cela fait, on prend un brin; d'une longueur fufffante: on le noue. par chaque bout à un petit morceau. de bois, & on lieles tefticules, en ti- rant le fil à foi par un des batons, le: plus fortement qu'on peut , tandis qu'un fecond le tire par l'autre ; car c’elt de cela que dépend le fuccès de l'opération. Les tefticules perdent auffitôt tout fentiment, par le défaut de circulation , & fe détacheroiïent d'eux-mêmes , fi on les laifloit dans cet état: mais cette méthode ne vaut rien; car la puanteur en devient pour lors telle, qu’elle caufe quelquefois la mort à l'animal. Le mieux eft de les couper au bout de neuf jours ; mais il faut bien prendre garde de ne point faire lincifion trop près de la liga- ture; car fi elle venoit à lâcher, lani- mal courroit rifque de périr. Le vrai temps pour chàtrer les Beliers eft au printemps; ceux qui font maigres ou mal nourris, fupportent avec peine l'opération. | La nourriture des Moutons eft la même que celle des Brebis. Pour les engraifler , on les met dans uneétable du gros & menu Bétail. 23% féparée, & le Berger qui en eft chargé les conduit aux champs, dès que le jour paroît, & avant que la rofée foit tombée, ce qui ne contribue pas peu. à leur faire prendre de la graifle. Dans la moiflon, dès que le bled eft hors des champs , on y mene paître les Moutons: on les fera boire fouvent; on leur donnera même du fel pour les y exciter. On laïfle les Moutons aux champs depuis l'aube du jour jufqu’à huit heures du matin, que le chaud commence à fe faire fentir : on les. ramene pour lors à l’étable; ils y de- meurent ju{qu’à trois heures après midi, & on les mene paitre. On commen- cera à les gouverner de la forte depuis le mois de Mars jufqu’à la fin de Juil- let , pour les-troupeaux qu'on veut vendre de bonne heure; mais quand on veut avoir le débit de cesanimaux, on ne commence à les gouverner ainff: que depuis le commencement de Juil- let jufqu'à la fin de Septembre ; & de quelque façon qu'on engraïfle les Moutons pendant l'été, il ne faut ja- . maïs les laifler pafler l'hiver à l’éta- ble ; cette graifle qu'ils ont amafé. Jeur devient préjudiciable : il faut donc LA 232 Traité Economique s'en défaire ; plufieurs meurent de faim. Nous parlerons plus amplement de la maniere d’engraifler ces animaux, à l’art. Brebis. Pour que la chair du Mouton foit bonne à manger, il faut que l’animal foitjeune, médiocrementgras, tendre, nourri d'alimens fains , & élevé dans un air pur & fec. Les Moutons de Préfalé en Normandie, des Ardennes, de Berry & de Beauvais , font les plus eftimés. La chair de Mouton eft extrè- mement nourriflante ; elle fournit un excellent aliment, & de facile digef- tion; elle contient beaucoup d'huile & de fel volatil; elle eft propre à toute forte d'âge & de tempérament : on tire dé cet animal différentes fubftances , qui entrent dans le commerce, telles que Ja laine, la peau, la graifle, tant celle dont on fe fert pour les chan- delles , & qu'on nomme fuif , que celle qui eft connue fous le nom d’œ- fipe. On a coutume de donner le nom de Mouton à la peau de cet animal, différemment préparée ; la plus grande partie du parchemin fe fait de Mou- ton. AG AS" du gros & menu Bérail. 233 AATrICLE LIT De la Brebis. La Brebis eft l'animal femelle de ce genre. Si l'on fait attention, dit M. de Buffon, à la foibleffe & à la flupidité de la Brebis; fi l’on confidere en même temps que cet animal fans défenfe ne peut même trouver fon falut dans la fuite ; qu'il a pour ennemi tous les ani- maux carnafliers,qui femblent chercher par préférence à le dévorer par goût; que d’ailleurs cette efpece produit peu; que chaque individu ne vit que peu de temps , on feroit tenté d’ima- get que dès les commencements la rebis a été confiée à la garde de l'homme ; qu’elle a eu befoiïn de fa pro- teétion pour fubffter, & de fes foins pour fe multiplier, puifqu’en effet on ne trouve point de Brebis fauvages dans les déferts. Ce n'eft donc, ajoute ce favant Naturalifte, que par notre fecours & nos foins que cette efpece a duré , dure, & pourra durer encore : il paroît qu’elle ne fubfifteroit pas par elle-même. La Brebis eft abfolument fans reflource & fans défenfe ; le Be- 234 Traité Économique lier n’a que de foibles armes , fon cou< rage n’eft qu'une pétulance inuule pour lui-même, incommode pour les autres, & qu'on détruit par la caftra- tion. Les Moutons font encore plus timides que les Brebis; c'eft par craïñte qu'ils fe raffemblent fi fouvent en trous peaux ; le moindre bruit extraordi= paire fufft pour qu'ils fe précipitent & fe ferrent les uns contre les autres, & cette crainte eft accompagnée de la plus grande flupidité; car ils ne favent pas fuir le danger, ils femblent. même ne pas fentir l'incommodité de leur fituation ; ils reftent où ils fe trou- vent, à la pluie, à la neige; ils y de- meurent opiniatrément gs pour les obliger à changer de lieu, & à prendre une route, il leur faut un Chef, qu'on inftruit à marcher le premier , & dont ils fuivent tous les mouvemens pas à pas. Ce Chef demeureroit luimême. avec le refte du troupeau , fans mou- vement, dans la même place , s'il n'é- toit chaflé par le Berger, ou excité par le chien commis à leur garde, le- quel fait en effet veiller à leur füreté, les défendre, les diriger, les féparer, les raffembler, & leur communiquer les mouvemens qui leur manquent. du gros & menu Betail. 235 . Ce font donc, continue M. de Buffon, de tous les animaux quadrupedes, les plus ftupides ; ce font ceux qui ont le. moinsdereflource & d’inftin& ; les Che- vres,quileur refflemblent àtant d’autres égards, ont beaucoup plus de fenti- ment ; elles favent fe conduire ; elles évitent les dangers; elles fe familiari- fent aifément avec les nouveaux ob- jets , au lieu que la Brebis ne fait ri fuir, ni s'approcher ; quelque befoin qu'elle ait de fecours, elle ne vient point à l'homme aufli volontiers que la Chevre ; & ce qui, dans lesanimaux, paroit être le dernier degré de la ti- midité ou de l'infenfbilité , elle fe laïfle enlever fon Agneau fans le dé- fendre , fans s'irriter, fans réfifter, & fans marquer fa douleur par un cri différent du bêlement ordinaire: mais cet animal, fi chétif en lui-même, fi dépourvu de fentiment, fi dénué de qualités intérieures, eft pour l’homme J'animal le plus précieux , celui dont l'utilité eft la plus immédiare & la plus étendue; feul, il peut fuffre aux be- foins de premiere néceflité ; il fournit tout-à-la fois de quoi fe nourrir & fe vêtur , fans compter les avantages par- ‘ticuliers que lon fait tirer du fuif , du 236 Traité Économique lait , de la peau, & même des boyaux, des os & du fumier de cet animal , au- quel il femble que la nature n'ait pour ainfi dire rien accordé en propre, rien donné que pour le rendre à l'homme. © L'amour, qui, dans les animaux, eft le fentiment le plus vif & le plus énéral , eft auf le feul qui femble onner quelque vivacité , quelque mouvement au Belier; 1} devient pé- tulant , il fe bat, il s'élance contre les autres Beliers , quelquefois même il attaque fon Berger; mais la Brebis, guoiïqu’en chaleur , n'en paroît pas plus animée, pas plus émue; elle n’a qu'autant d’inftin@ qu’il en faut pour ne pas refufer les approches du mâle, pour choutir fa nourriture, & pour re- connoître fon Agveau. L'inftinét eft d'autant plus fr, qu'il eft machinal, & pour ainfi dire plus inné; le jeune Agneau cherche lurmême dans un nombreux troupeau, trouve & faifit Fa mamelle de fa mere, fans jamais fe mé- prendre. L’on dit aufli que les Moutons font fenfibles aux douceurs du chant; qu'ils paiflent avec plus d'afliduité ; u’ils fe prêtent mieux; qu'ils engraif> Ab au fon du chalumeau ; que la mufque a pour eux des attraits : mais du gros & menu Betail. 237 d'on dit encore plus fouvent , & avec plus de fondement , qu’elle fert au moins à charmer l’ennui du Berger, & que c'eft à ce genre de vie oifive & fo- litaire que l’on doit rapporter origine de cet Art. Ces animaux , dont le naturel eft fi fimple, font aufi d’un tempérament très - foible ; ils ne peuvent marcher long-temps, les voyages les affoiblif- fent & les exténuent; dès qu'ils cou- rent, ils palpitent, & font bientôt ef- foufflés ; la grande chaleur, l’ardeur du foleil les incommodent autant que humidité; le froid & la neige, ainfi qu’on pourra le remarquer, lorfque nous traiterons de leurs maladies, Le Belier & la Brebis ne font vrai= ment propres à la génération , que lorfqu’ils ont atteint leur parfait ac- croiffement; le vrai âge pour le Belier eft de dix-huit mois, & un an pour la Brebis , quoique nous ayons ce- pendant dit; en parlant du Belier, qu'il lui faut l'âge de trois ans pour être propre à faillir ; nous obferve- rons néanmoins ici que, fi on pouvoit empêcher le mäle de s’accoupler avant deux ans, & la femelle avant trois, la façe qui en proviendroit en feroiç 238 Traité Économique beaucoup plus belle, plus forte & plus vigoureufe. M. le Blanc, qui habite nos Provinces méridionales, eft de ce dernier fentiment, & eft contraire a ce que nous avons dit de Paccou- plement, à l'art. Bélier. Il femble en énéral, dit M. le Blanc, que le Be- lier, comme la Brebis, peut donner de bonnes races à deux ans. Cette ré- flexion, ajoute-t-il, s'accorde avec lin: térêt du Propriétaire ou Fermier ; qui ne fauroit attendre plus long-temps pour multiplier fon troupeau :1l paroît même que le Belier peut être très- propre à la génération à vingt mois; & même à dix-huit, ainfi que nous venons de l'obferver ; il les acquiert, à compter depuis fa naïffance, jufqu'au temps où on lui fait faillir les Brebis ÿ autrement, s'il falloit renvoyer à l'an- née fuivante , 1l auroit trente-deux mois, & cela feroit trop long. Cette réflexion s'accorde encore avec l'ufage introduit dans les Proyinces méridio+ nales de conduire les troupeaux en été fur les hautes montagnes, où'ils pañlent trois à. quatre mots, &:où il feroit difficile d'empêcher les Beliers d'approcher des Brebis. send Les Brebis font ordinairement en du gros & menu Bétal. 239 chaleur depuis le commencement de Novembre jufqu’à la fin d'Août ; cela ne les empêche pas cependant de con- cevoir en tout temps. Lorfque la Bre- bis n’eft point couverte pendant qu'elle eft en chaleur, cette chaleur fe pañle, & revient après un certain temps: c'eft par cette raïfon qu’on peut donner jufqu’à cent Brebis à un Belier, parce qu’il peut les couvrir en différens temps ; il couvre les vieilles préférablement aux jeunes. Le temps de la portée des Brebis eft de cinq mois ; elles mettent bas au commence- ment du fixieme; elles font très-fujet- tes à avorter , & à mettre bas des monfitres, Loriqu'’une Brebis eft prête à mettre bas, elle éprouve quelques douleurs; elle fe couche ; & après plufieurs ef- forts, elle jette pour l'ordinaire fon Agneau enveloppé d’une membrane de lamnios, auquel eft joint l’allan- toïde. La mere, en fe levant, rompt le cordon ombilical, fans aucune ef- fufion de fang ; ce cordon fe defleche & s’oblittere en peu de temps. Les tubercules du chorion fe détachent naturellement de ceux dela matrice, 240 Traité Économique & cette membrane eft jetée par la Brebis peu après l’Agneau. Les Brebis ne portent ordinairement qu’un Agneau, rarement deux, & feu- lement une fois par an, à moins que ce ne foit dans les climats chauds; elles ont ordinairement du lait pen- dant fept ou huit mois, quoique néan- moins elles fevrent d'elles-mêmes leur Agneau à trois ou quatre mois. Une Brebis bien gouvernée peut produire jufqu'à l’âge de dix à douze ans, quoi- que fouvent elles paroifflent vieilles dès l'âge de fept à huit ans: quant au Belier, pañlé huit ans, il n’eft plus propre à la propagation. La Brebis graffe conçoit difficilement ; elle de- vient aufli fouvent ftérile à force d'a- vortemens. - On a obfervé que tous les animaux qui ruminent n'ont aucune dent inci= five à la mâchoire fupérieure ; les bé- tes à laine font de ce nombre ; elles ont huit dents incifives fur le devant de la mâchoire inférieure, tandis que la fupérieure en eft totalement dé- nuée. On appelle vulgairement les dents incifives palettes ; elles font étroi- tes & épaiflesen fortant de la gps: du gros & menu Bétail. 24 & elles s'élargifflent , deviennent plattes, minces & tranchantes à l’autre extrémité. Aux premieres dents, aux dents de lait, ou à celles qui paroit- fent peu de jours après la naiflance de l'animal, & qui tombent en différens temps, fuccedent de nouvelles dents quifont permanentes, OU qui ne tom- bent que dans l’extrème vieilleffe. Les _ prémieres dents des Brebis font beau- coup plus courtes, plus blanches, plus unies que celles qui les remplacent; aufli eft-il facile ; par le moyen de ces dents, de juger de l’âge de ces ani- maux. Les deux dents les plus inté- rieures, c'eft-a-dire, celles qui fe trou- vent au milieu des huit, tombent au bout d’un an; les deux dents voifines des intérieures , au bout de dix-huit mois , & en moins de trois ans, elles fe trouvent toutes généralement rem- placées; elles font pour lors égales, & d'une blancheur affez belle. Quandelles {e trouvent dans cet état, on dit que les Brebis ont la bouche ronde; mais à proportion que l’animal acquiert de l'âge , elles fe déchauflent, paroiffent plus longues, s’émouflent , & de- yiennent inégales & noires. _ Il eft encore facile de connoître _ Tom, IL Sad TÎraué Économique Pâse des Beliers par les cornes, lorf< qu’ils en ont; car ils paroiflent dès la troifieme année, quand ils en doivent avoir, & croillent tous les ansd’un an neau jufqu’à la fin de leur vie. Quoique nous ayons dit ci-deflus que les bêtes à laine ont toutes leurs dents remplacées dans l'efpace de trois ans, 1l y en a qui n'ont la bouche ronde qu'en quatre ans ; par confé- quent, lorfque les Brebis de cette ef- pece ont deux palettes entiérement revenues , ellés ont deux ans; quand on leur en compte quatre, elles en ont trois ; quatre ans, lorfquelles en ont fix revenues ; & cinq ans enfin, lorf- qu’elles ont les huit dents totalement repouflées, Ces dents reftent en leur totalité jufqu'à huitans ; paflé ce temps, les deux du milieu tombent; à neuf aps, les deux voifines en font autant, & ainfi d'année en année, jufqu'à onze äns, qu'il n'en refte plus aucune, Les bêtes à laïne quinous viennent de Sue- de, perdent leurs dentsdeux ans plutôt que cellés qui rious viennent d’Angle- terre, | On a obfervé de tout temps que ce qui étoit le plus dangereux aux Brebis étoit l'humidité ; elles ne fe plai- fenc jamais fi bien que fur les côteaux, du gros & menu Bérail, 243 & les plaines élevées au-deflus des col- Jines; par coûféquent un Berger doit ävoir l'attention de ne les pas mener pare dans des endroits bas, humides &t marécageux ; mais au Contraire, 1} les fera paître dans des terreins fecs, cou- verts de férpoler, & d’autres herbes aromatiques &,ameres, qui font de toutes les plantes celles qui plaifenc le plus aux Brebis : auffi les Mourons qui en paturent ont-ils la chair’de meilleure qualité, & approchante*de celle qu-on leur trouve lorfqu'ils ont été élevés dans des plaines fablon: neufés, voifines de la mer , où toutes les herbes font falées. Le lait des Bre- bis qui habitent ces fortes de terreins eft aufli plus abondant, & de meil- lèure qualité; le fel, & conféquem- ment les plantes falées font la nour- riture la plus faïne pour les Brebis, Pendant l'été, on re donné aux Bre- bis aucune nourriture à l'étable ; elles fe contentent de celles qu’eïles trou vent aux champs: on ne les y mene que lorfque la rofée,eft rotalement tombée ; après quoi on les y laïffe pai- tre pendant quatre ou cinq heures : on les ramene enfuite à la bergerie, ou dans quelqu’autre endroit l'ombre; 2 » 244 Traité Economique fur les trois ou quatre heures du foir; lorfque la chaleur eft prefque entiére- ment pañlée, on les remene paître de nouveau jufqu'à la fin du jour; fi on pouvoit même Jaifler pafñler les Brebis pendant la nuit aux champs à la belle étoile , comme on le dit communé- ment, iln’en feroit que mieux. Plus on peut rapprocher par le gouverne- ment un animal domeftique de fa pre miere nature, plus cet animal en de- vient fort & vigoureux; mais les Bre- bis font tellement dégradées de leur premiere nature, fur:tout en France, qu’elles femblent en avoir contraté une nouvelle, & s'être formé un nous veau tempérament ; il pourroit peut- être devenirtrès-dangereux, dans la f- tuation des chofes, de gouverner nos Brebis dela même façon que fi elles étoient fauvages, en les expofant pen dant l’hiver elles & leur petits aux in= tempéries & aux frimats des faifons, Cependant M. d’Aubenton en a fait l'expérience pendant un hiver, & il s’en eft très-bien trouvé ; fes bêtes à Jaine, quoiqu’expolées à l'air nuit & jour, n’en ont fouffert aucun domma- ge ; elles en font même devenues plus vigourçuyfes , & leur laine a acquis un dugros & menu Bétail.- 234$ degré de fineffle qu’elle n’avoit pas avant cet ‘eflai ; & effettivement, là Nature paroît avoir Muni ces animaux contre l’excès. du froid, par la façon dontelle les a habillés. Il n’en eft pas de même de la grandechaleur; elle eftpour les Brebis de la plus grande incommo- dité; les rayons du foleil leur étour- diffent la tête, & leur donnent fouvent même des vertiges : aufli un Berger entendu a-t-1il grand foin de les mener paître le matin fur des côteaux expo- {és au Levant; & l’après-midi , fur des côteaux expolés au couchant; elles ont par ce moyen toujours enpaiflant, la tête à l'ombre de leur corps. En hiver, on eft obligé de toute nécefité de nourrir les Brebis à l’é- table ; cependant on les en fait fortir tous les jours , à moins que le temps ne foit mauvais, mais c’eft uniquement pour leur faire prendre l'air : au prin- temps & en automne, on les mene aux champs, dès que le foleil a pu être: aflez fort pour difliper la gelée & F'hu- midité , &.on ne les ramene à la Ber- gerie qu’au foleil couchant. On nourrit pendant lhiver les Bre- bis différemment, fuivant les différens pays , & fuivant les fourrages qu'on L 3 | d 246 Traite Economique. y récolte; la luzerne, le fainfoin, le trefle , les féverolles, les vefces, font les efpeces de fourrages qu'on donne aux Brebis de la Flandre. Dans la Cham- pagne, & dans d'autres Provinces, on ne les nourrit pour l'ordinaire que de paille & de regains de prairiesordinaires; GHHAPR encore de feuillés d’orme e frefne: on auroit par conféquent de la peine d’élever en Champagne les Brebis de Flandres. La paille, le foin ne font pas pour les Brebis des alt- mens auffi henri que les fourra- ges de yefce, de pois, de lentille, de navets , de Îuzerne, de trefle & de fainfoin ; par conféquent , avant de penfer à établir de nouvelles races de Brebis dans un pays, il faut d’abord rendre garde fi , dans les lieux où Pon veut faire ces établiffemens, on trouve les mêmes reflources , la même abondance , la même qualité du four- rage que produit le pays d'où on les tire. | = Tousles alimens d'hiver font très- analogues par leur féchereffe au tem- pérament de la Brebis ; la bruyere, les feuilles de chêne, & la plupart des lantes deflicatives & aftringentes de font fur-tout falutaires; elles leur . ÿ . 1 du gros & menu Bétail. 247 peuvent fervir non-feulement d’ali- mens , mais encore de remedes, tant préfervatifs que curatifs. Les Brebis fe portent mieux en hiver qu’en toute autre faifon de l’année ; rarement il en périt dans cette faifon, à moins que l'hiver ne foit humide, ou que le Berger ne laifle paître à fon troupeau des herbages abreuvés de pluie, & prefque pourris. Le printemps eft pour elles la faifon la plus à craindre, parce que les herbes qui commencent à pouffer dans cette faifon , font molles, & leurs fucs, qui n’ont point encore été travaillés par la chaleur, font très- : aqueux ; d’ailleurs, dans cette faifon, un -commencement de chaleur fe joignant à l'humidité qui regne encore alors, hâte la putréfaétion des végétaux. L’au- tomne neft pas pour les Brebis une meilleure faifon , prefque par les mê- mes raifons. Il faut donc, dans ces deux faifons , pour obvier aux incon- véniens qui pourroient leur en furve- nir, ne conduire ces animaux que fur les terreins les plus fecs & les plus ari- des , & éviter avec le plus grand foin de leur laiffer paître les pouflieres des grains qui font tombés pendant la ré- colte : 1l faut donc, par une feconde L 4 248 Traité Économique conféquence , tirée de la premiere ; leur défendre l'entrée des plaines pu ont été moifonnées , aufli-tôt que les grains perdus commencentà germer, & ne le leur permettre qu'après quel- ques givres , qui deffechent les poufles de ces grains. | Les plantes qui peuvent convenir pour Ja nourriture des Brebis , font, fuivant Linnæus: 1. Liguffrum vulgare. 2, Circæa utraque. 3. Weronica ternifolia. 4. Veronica fpicata. $. Veronica mas. 6. Ve. ronica fcutellata. 7. Veronica beccabunga, oblonga. 8. Veronica Alpina. 9. Veronicæ oblongis cauliculis. 10. Veronica eymbalari- folia. 11. Veronica rutæfoliu. 12. Werbena vulgaris. 13, Lycopus palufiris. 14, Salvin horminum. 15. ÆAnthoxanthum vulgare, 16. VWaleriana vulgaris. 17. Waleriana dioïca. 18. Valeriana locufla. 19. Scirpus flvaricus, 20. Eriophorum polyflachion. 2r. ÎNardus pratenfis. 22: Phalaris arundinæ- cea. 23. Phalaris phleiformis. 24. Alope- curus ereëlus. 2$. Alopecurus infraëlus. 26, Milium fuaveclens. 27. Agroflis pyrami- dalis. 28. Agroflis flolonifera, 29. Aire Dalekarlica. 30. Aira flexuofa. 31. Aira miliacea. 32. Aira lanata. 33. Aira xe- rampelinu, 34. Aira mariæ boruflorum. 3 5. ira fpica layendule. 36. Poa gigantea. du gros & menu Bétail. 249 37. Poa compreffa repens. 38. Poa an- nue. 309. Poa vulgaris magna, 40. Poa angufüfolia. 41, Poa media. 42.Poa Alpina variegata. 43. Briza vulgaris. 44. Cyno= Jurus criflatus. 45. Cynofurus cœæruleus. 46 Cynofurus paniculatus. 47. Bromus vulga- ris. A8. Bromus Upfalenfis. 49. Bromus teélorum. $o. Bromus hordi-formis. SI, Bromus perennis maxima. $ 2. Bromus [pic Brize. $ 3. Fefluca nutans. $4.Fefluca mar- ginea agrorum, $ $. lefluca ovina. $ 6. Ave- na pratenfis, $ 7. Avena volitans. $8. Ave- na nodofa. $5, Lolium tremulentum. 60. Triicum rad. officinarum. 61. Hordeum murinum, 62. Scabiofa vulgaris. 63, Sca- biofa Gothlandica. 64. Scabiof[a fuccifa. 65. À perula odorata, 66. Afperula rubeola. 67. Galum luteum. 68. Galium flakenfe. 69. Galium quadrifolium. 70. Galium cruciata, 71. Aparine vulgaris, 72. Aparine pa- rienfe. 73. Plantago vulgaris. 74. Plan- tago incana. 75. Plantago lanceolata. 76. Plantago radice lanaté. 77: Plantago co- ronopus, 78. Plantagn linearis maculatus. 9. Sangu:forba Gothlandica. 80, Cornus “ fæmina: 81. Cornus herbacea. 82, Evony- anus vulgaris. 83. Alchimilla vulgaris, 84, Cufcura paräfitica. 85. Sagina minima, 86. Lithofpermum annuum. 87. Anchufa Duglofum, 88. Symphitum. es 89. $ 2$0 Traité Économique Pulmonaria immaculata. 90. Lycopfis ar: venfis. O1. Echium Scanenfe. 92. A/pa= rago vulgaris. 93. Androface minor. 94. Primula vulgaris. 9$. Primula purpurea. 95. Myanches trifoliata. 97. Samolus ma- ritima. 98. Lyfimachia vulgaris. 99. Ly- fimachia axillaris. 100. Lyfimachia Num- mularia. 101. Convolvulus arvenfis. 102. Convolyulus maximus. 103. Polemonium glabrum. 104. Campanula vulsaris. 105$. Carmpanula magno flore. 106. Campanula gigantea. 107. Solanum dulca mara. 108. Fiedera repens. 109. Lonicera caprifolium. x10. Lonicera xylofleum. 111. Rhamnus catharticus. 112. Rhamnus frangula. 113. Ribes grofflularia. 114. Ribes rubra. 121$. Kibes Alpina. 116. Gentiana amarella. 117. Herniaria glabra. 118. Chenopo- dium Upfalienfe. 1 19. Chenopodium pur purafcens,. 120. Chenopodium fegetum. 121. Chenopodium firamanifolium. 122. Chenopodium viride. 123. Chenopodium vulyaria. 124. Chenopodium polifpermum. 125. Ulmus campeftris. 125. Sanicula [yl- vatica. 127. Daucus fylvefiris. 128. Co- nium arvenfe. 129. Selinum. oreofelinum. 120, Athamantha daucoides, 131. Lafér- pitium majus. 132. Heracleum vulgare. 133. Licuflicum Scoticum. 134. Angelica Alpina, 135. ranthe fucco crocante. 136. du gros & menu Betail. 2$1 Phallandrium aquaticum. 137. Cicu:a aquatica, 138. Œthufa artedii. 139. Scan- dix hifpida. 140. Scandix fativa. 1417. Chærophillum cicutaria. 142. Carum offi- cinarum. 143. Pimpinella officinarum. 144. Œoopodium repens. 145. Apium pa- luflre. 146. Opulus palufiris. 147. Sam- bucus arborea. 148. Parnaffia vulgaris. 149. Sratice capitata. 150. Statice limo- nium, 151. Linum catharticum. 1 52. Cepa pratenfis. 152. Anthericum album. 1 4. Ornithogallum majus. 155$. Ornithogal- lum minus.1 $6. A/paragus Scanenfis. 1 57. Convallaria , lilium convallium. 1 $ 8. Con- Yallaria polygonatum. 150. Convallaria polygonatum aliffimum. 160. Convallaria cordifolia. 161. Juncus valentii. 162, Jun- us filvaticus. 163. Juncus pfilli. 164. Berbiris fpinofa. 165$. Rumex Britannica, 2166, Rumcx aceto[a , pratenfis. 157. Ru- mex accto{a, lanceolata, 168. Triglochin tri- capfularis. 160. Triglochin [exlocularis, 170. Trientalis thalii, 171. Acer platanoï- des. 172. Epilobium irregulare, 173. Epi- lobium hir/utum. 174. Epilobium palufire. 175. Erica vulgaris. 176. Daphne rubra. . ‘177. Waccinium maximum. 178. Wacci- nium nigrum. 179. Perficaria amphibia. 180. Perficuria mitis. 181. Biflorta mi- nor. 182, Helxine fativum. 183. Paris 252 Traité Économique nemorum. 184. Andromeda vulgaris. 185. Dianthus vulgaris, 186. Dianthus Scanen- fis. 187. Dianthus Gothlandicus. 188. Sa- ponaria gypfophiton. 189. Cucubalus be- hen. 190. Cucubalus dioieus, 191. Silene vifcaria. 102. Silene nutans. 103. Aline vulsaris. 194. Aline pentagyna. 195. Alfine graminea, 196. Arenaria purpurea. 167. Spergula verticillata. 198. Ceraf- tium Lapponicum. 1 99. Agroftemma agrof- dis, 200. Lychnis aquatica. 201. Oxalis fylvatica, 202, Sedum telephium. 203. Ly- thrum palujire. 204. Agrimonia officina- rum. 205$. Semper vivum teélorum. 206. Padas folio deciduo. 207. Prunus fpinofa. 208. Cratægus Scanica. 209, Cratægus oxyacantha. 210. Sorbas aucuparia. 211. Pyrus pyrafler. 212. Pyrus malus, 213. mefpilus cotonafler. 214. Filipendula molon, 215. Filipendula ulmaria. 216, Rofa ma- jor. 217. Rofa minor. 218. Rubus ideus. 2109. Rubus maritimus. 220, Rubus cœfius, 221. Rubus faxatilis. 222. Rubus North- landicus. 223, Rubus chamæmorus, 224. Fragaria vulgaris. 225$. Potentilla ia rina, 226. Poteniilla fruticofa. 227. Po- centilla reptans. 228. Potentilla adfcendens, 229. Potentilla fruticofa. 230. Potentilla Norwegica, 231. Tormentilla officinarum. 232. Comarum palufire, 233. Geum [ua= du gros & menu Bérail. 253 veolens, 234. Geum rivale. 235. Papaver £glabrum. 236. Papaver hifpidum. 237. Aflæa nigra. 238. Tibia communis. 239. Ciflus vulgaris. 240. Euphorbia fruticofa. 241, Refeda luteola. 242. Delphinium fe- getum. 243, Aconitum Lapponicum. 244. epatica verna. 245: Pulfatilla vulgaris. 246, Anemone nemoro[a. 247. Thaliétrum Canadenfe. 248.Thaliérum ffriatum. 249. Kanunculus Chelidonium minus. 250. Ra- nunculus acris, 251. Caltha palufiris. 25 2. Helleborus trollius. 253. Ajuga verna.2 4. T'eucrium Scordium. 25 $.Elymus ferpyllum, 256. Thymus minor, 247. Clinopodium montanum. 258. Origanum vulgare. 159, Glechoma hedera palufiris. 260. Ncepeta vulgaris, 261, Betonica officinarum, 262. Stachis fœtida. 263. Stachis arvenfis. 264. Galeopfis tetrahit. 265$. Galeopfis ladanum, 266. Lamium perenne, 267. Lamium ru- rum. 268. Lamium amplexicaule. 269, Leonurus. cardiaca. 270. Brunella vulgaris, 271. Scutellaria vulgaris. 272. Antirrhi- num Upfalienfe. 273. Antirrhinum rhi- nanthus. 274. Pedicularis Alpina lutea. 275. Melampyrum tetragonum. 276. Me- lampyrum arvenfe. 277. Melampyrum cœ- ruleum, 278. Melampyrum vuloare, 279, Melampyrum ringens. 280. Rartfia Lap- ponica. 281, Euphrafla yulgaris. 282, Ss4 Trait conomique Odontites. 283. Lathræea fquammaria. 28 4% Linnæa. 285. Draba nudicaulis. 286. Alyfum Scanenfe. 287. Thlafpi Buÿfa paf- toris. 288. Lepidium perenne. 280. Mya- Ée fativum. 290. Turritis glabra. 2917. Draffica perfoliata. 292. Sinapi arvenfis. 203. Sifÿmbrium pmnatifidum. 204. Si- Jymbrium fophia. 295. Eryfimum vulgare, 296. Eryfimum Leucoii folio. 297. Eryjt- mum barbarea. 298. Cardamine pratenfis. 299. Cardamine flolonifera. 300. Cram- be Maritima. 301. Geranium Batrachioi- des.302. Geranium gratia Dei. 303. Gera- nium malvaceum. 304. Geranium pedun- culis longiffimis. 305. Geranium fru&u hirfuto. 306. Geranium cicutaria. 307. Malva repens. 308. Malva alcea. 309. Fumaria officinarum. 310. Polygala vul- garis, 311. Geniffa procumbens. 312.Ge- niffa tinétoria. 313. Affragalus dulcis. 314. Affragalus Lapponicus. 315$. Orobus ver- nus. 316. Orobus tuberofus. 317. Orobus niger. 318. Lathyrus collium. 319. Lathy- rus W-Gothicus. 320. Lathyrus pratenfis, 321. Lathyrus clymenum. 322. Wicia fa- tiva. 323. Vicia fepium. 324. Vicia fœtida. 325$. Vicia Scanica maxima. 326. Vicia cracca. 327, Ervum arvenfe. 328. Cicer arvenfe. 329. Pijum W-Gothicum. 330. Pifum Maritimum, 331. Lotus vulgaris. dugres & menu Bétail. 255 332. Trifolium montanum. 3 33. Trifolium album. 334 Trifolium purpureum. 335. Trifolium lupulinum. 336. Trifolium An- glicum. 337. Trifolium melilotus. 338. dedicago nofiras. 339. Medicago Bien- nis. 340. Ononis inermis. 341. Ono- -nis fpinofa. 342. Hypericum quadran- gulare. 343. Hypericum anceps. 344. Hÿ- pericum teres, 345. Leontodon taraxacum. 346. Hicracium inajus multifidum. 347. Hieraciun Thalii. Upfalienfe. 348. Hiera- cium fruticofum.349. Crepis teétorum. 3$0. Sonchus lævis, 3$1. Sonchus Lapponicus. 35.2. Prenanthes umbrofa. 353. Scorfon- nera Pannonica. 3 $ 4. Tragopogon luteum. 355: Lapfana vulgaris. 356. Cichorium Scanenfe. 357. Carduus helenü folio. 35 8. Carduus crifpus. 359. Serratula tindoria. 360. Serratula carduus avenæe. 361. Bi- dens tripartita. 362. Tanacetum vulgare. :363. Artemifia Carolina. 364. Artemifia abfynthium. 365. Gnaphalium dioicum. 366. Gnaphalium filago Upfalienfis. 367. Tuffilago farfara. 368. Tuffilago petafites. 369. Doronicum arnica. 370. Solidago virga aurea. 371. Înula palujiris. 372. Inula falicis folio. 373. Chryfanthemum leucanthemum. 374.Matricaria Chamæme- lum nobile. 375. Matricaria Chamæmelum vulgare. 3764 Anthemis. arvenfis. 377. Achillæa millefolium. 378. Achillæa ptar- 256 Traité Economique mica. 379. Centaurea maxima. 380. Cen= taurea jacea, 381. Centaurea cyanus. 382. Calendula arvenfis. 383. Viola canina. 384. Viola paluftris. 385. Viola trache- folia. 386. Viola apetala. 387. Orchis ma= culata. 388. Carex daëkiloides. 389. Ca- rex PE sn 390. Carex capillacea. 39 1° arcx panicea.392.Carex cyperoïdes. 393. Carex cefpitofa. 394. Carex inflata. 395$. Carex cærulea. 396. Alnus glutinofa. 397. Betula vulgaris. 308. Betula nana. 399. Quercus longo pedunculo. 400. Fra- gus autlorum. 401. Salix pentandra. 402. Salix latifolia, rotunda, 403. Salix gla- bra, arborea. 404. Salix viminialis. 405$. Hppophaë maritima. 406. Humulus falic- torius, 407. Populus tremula. 408. Popu- lus alba. 409. Populus nigra. 410. Mercu- rialis perennis, 411. Juniperus frutex.. 4 1 24 Taxus arborea. 413. Atriplex vulgaris. 414. ÆAtriplex halimus. 415. Fraxnus apetala. 416. Khodiola Lapponica. 417. Equiletum fluviatile. | Les Plantes qui déplaifent aux Bre- bis, font : 1. Salicornia maritima. 2. Hip- puris aquatica. 3. Veronica pfeudo-chamæ- dris. 4. Pinguicula vulgaris, $. Pinguicule “alba. 6. Pinguicula minima. 7. fris paluf- tris. 8. Scirpus lacufris. 9. Scirpus palufris, 10. Agroflis , fpina venti, 11, Arundo la- du gros & menu Betail. 2$7 cuffris. 12. Elymus maritimus, 13. Mon- tia paluftris,1 4. Sherardia Scanica. 15. AL chimilla Alpina. 1 6.Potamogetonnatans.17. Potamogeton perfoliatum. 18. Potamogeton plantaginis.19. Myofitispratenfis. 20. Myo- fitis palufiris. 21. Myofiris lappula. 22. Cy- nogloffum vulgare. 23. Anagallis rubra. 24. Diapenfia Lapponica. 25. Hyofciamus vulgaris. 26. Datura ereëla. 27. Verbaf- cum hirfutum. 28. Verbaftum Scanicum. 29. Solanum vulgare. 30. Aftlepias vul- garis, 31. Salfola pungens, 32. Sambucus ebulus. 33. Cepa feétilis, 34. Anthericum offifragum. 35. Anthericum calyculatums 36. Acorus paluftris. 37. Alifma ereëla, 38. Vaccinium vitis idæa, 39. Vaccinium oxycoccus. 40. Chryfofptenium [ylvaticum. 41. Perficaria urens. 42. Helxine fcanens. 43. Butormus palufiris. 44, Pyrola irrepu= laris, 45, Pyrola fecunda. 46. Pyrola uni- flora. 47. Andromeda cærulea. 48. Andro- meda mufcofa. 49. Arbutus uva urfina. so, Ledum graveolens. $ 1. Saxifraga officina- rum. $ 2. Arenaria mulricaulis. $ 3. Ceraf- tium yifcofum. $4. Sedum album. $ 5. Se- dum acre. $6. Potentilla” argentea. 577. Dryas Lapponica. 58. Nymphæa lutea, s9: Chelidonium vulgare. 60. Aconitum napellus. 61. Aquilegia officinarum. 62. Ranunculus flammula. 63. Ranunculus fcle- rata, 64. Ranunculus aquatilis. 65. Men- 258 Traité Économique tha arvenfis. 66. Ballota Scanenfis. 67. Marrubium vulgare, 68. Antirrhinum lina- ria. 69. Pedicularis calyce tuberculofo. 70. Scrophularia fœtida. 71. Thlafpi arvenfe. 72. Thlafpi campeftre. 73, Cochlearia vul. garis. 74. Cochlearia Danica. 7$. Cochlea- ria Armoracia. 76, Îfatis maritima. 77. Eryfimum alliaria. 78. Geranium rober- tianum. 79. Malva fuaveolens. 80. Leon- todon chondrilloides. 81. Hypochæris pra- tenfis. 82. Arétium lappa. 83. Onopordon. 84. Carduus lanceolatus. 8$. Carduus nu- tans. 86, Eupatorium cannabinum. 87. Ar- temifia vulgaris. 88. Artemifia [eriphium. 89. Senecio vulgaris. 90. Inula dyffenterica. O1. Înula helenia. 92: Buphtalmum tinc- torium. 93. Cnicus acanthifolius. 94. Viola tricolor. © $. Impatiens nemorum. 96. Saty- rjum jen, 7: Sraroanium erellurns 08. Urtica perennis. 99. Urtica arnua. ‘oo. Xanthium inerme. 101. Myriophyl- lum vulgare. 102. Corylus avellana, 103. Abies rubra. 104. Bryonia alba, 10$. Mprica Brabantia. 106. Empetrum ni- grum. 107. Equifètum fcabrum. 108. Pte- ris filix fœemina, 109. Polypodium officina- rum. 110, Polypodium filix mas. 111. Afplenium trichomanes. Les Brebis qu’on deffine à l’engrais, doivent être gouvernées différem- du gros & menu Betail. 259 ment de celles dont nous venons de parler. Toutes les années, il fauttrier dans. le troupeau les bêtes que l’on veut engraifler , & il en faut faire un troupeau féparé. Les Brebis qui com- mencent à vieillir , les Moutons de troïs ou quatre ans, font ordinaire- ment ceux de ces animaux que l’on choifit pour engrailfer ; quant aux Be- liers qu’on defline pour lengrais , fi l'on veut qu’ils. prennent la graifle, il faut ou les couper , ou les biftour- ner. La chair de Mouton eft la plus falutaire & la meilleure de toutes les viandes de bêtes à faine, tandis que celle de Belier a toujours un mauvais goût, & celle de la Brebis eft mollaffe & infipide. _ Il ya deux méthodes d’engraifler les Brebis & Moutons , ou À fec ; ou à lherbe ; auf: diftingue-t-on dans l’é- conomie champêtre deux fortes d’en- grais, ou de graifle : la graifle feche qui fe fait à l'étable, & la graifle verte, ou d'herbe, qui fe prend dans les champs. Rien ne contribue plus à l'engrais des bêtes à laine, que l’eau prife en rs abondance , & rien ne s'y oppole davantage que l’ardeur du foleil; plus on pourra leur exciter la 260 Traité Économique | foif, mieux ce fera. Le fel eft très-pro: pre pour cet effet; il réveillera même eur appétit: on les garantira fur-tout foigneufement de la chaleur. Quand On veut engraifler un Mouton, il faut qu'il foit fain; lorfqu’il eft malade, ou qu'il fouffre, il ne prend la graiffe qu’a- _ vec peine. Le repos & la tranquillité ne font pas moins eflentiels à l’engrais de ces animaux. . Quand on veut engraïfler les bêtes à laine aux champs, c’eft-à-dire , par la pâture, on s’y prend de la maniere fuivante. (Voyez ce que nous avons déja dit à l’art. Mouton), On les mene paitre avant le lever du foleil ; bien différens en cela de ceux qu’on réferve pour les nourrir , afin de leur faire paî- tre l’herbe humide & chargée de ro- fée : on Îles ramene au logis avant ja grande chaleur, fur les huit ou DeuË heures du matins & après les avoir fait boire, on les met à la Bergerie, ou en quelqu'endroit froid & om- bragé, où ils puiflent fe coucher à l'aife, & fans être preflés ni ferrés les uns contre les autres : on les mene une feconde fois, fur les quatre heu- res du foir , dans les pâturages les plus frais & les plus humides , les plus du gros & menu Bétail, 261 abondans & les plus ferriles : on ne les ramene qu'à nuit fermée, C'eft fur le foir qu'ils paiflent le plus tranquille- ment; la fraîcheur femble réveiller leur appétit. On engraïffe les bêtes à laine à fec dans toute faïfon, mais principalement en hiver. Cet engrais eft le meilleur: on nourrit à cet effet les Moutons à l’étable, & on ne les fait fortir que pour prendre l'air, & fe promener: on leur fait manger beau- coup de fel pour exciter leur foif, & réveiller leur appétit: on leur donne pour fourrage de la luzerne , du trefle & du fainfoin ; le fel qu'on leur donne fe mêle avec des farines d'orge, d'a- voire, de froment, de feves. À défaut de fel, on humeë&tera légérement les farines avec une forte leflive de cen- dres de bruyere, ou même de cendres communes. Les Flamands engraiflenc Jeurs Moutons avec des pains de grains de colfa, d'où on a tiré lhuile: on pourroit aufli {e fervir pour la même fin de pains de navette, ou de che- nevis : on engraiflera encore les bêtes . à laine avec des marcs de raifins, des glands, des pommes de terre cuites & réduites en pâte, Il ne faut pas tenic LA 262 Traité Économique les bêtes qu'on veut engraifler dans un lieu chaud. | La propreté eft encore effentielle à Ja fanté des bêtes àlaine, & à leur en- grais ; la plus grande partie de leurs maladies, qui ne font que des mala- dies de peau, ne proviennent que de leur mal-propreté; leur fiente & leur urine , les exhalaifons infettées d’un fu- mier entaflé pendant long-temps, ne peuvent que contribuer à ces maladies. La coutume de ne vuider les Bergeries que deux ou trois fois paran, eft très- pernicieufe à ces animaux. Îl feroit à fouhaiter qu’on Îles nettoyat tous les huit jours. Cependant il ne fuffit pas feulement de nettoyer les Bergeries, mais il faut encore les tenir feches , & en renouveller fouvent l'air. | Les Bergceries , ou trop chaudes, ou trop clofes, font toujours mal-fai- nes; cela eft de fait: 1l faut en tenir les portes & les fenêtres ouvertes, : pendant que les Brebis font aux champs, & même pendant la nuit en été; fi l'on pouvoit avoir une Berge- rie dont les fenêtres fuflent percées les unes vis-à-vis des autres, cela n’en fe- roit que mieux. du gros & menu Bétail. 263 Il y a des Provinces où l'on parque les Brebis; elles ont par ce moyen l'a- vantage d'être nuit & jour en plein air pendant tout le temps du par- cage ; dans les autres Provinces où cette méthode n'’eft pasencore établie, on pourroit y fuppléer, en faifant cou- cher les Brebis dans un parc formé de claies au milieu d’une cour. 11 faut bien fe donner de garde d’en- graiffler les Brebis qu'on define pour la multiplication de l'efpece ; la graifle eft une caufe de ftérilité : on doit choifir pour la propagation les Brebis les plus faines & les plus vigoureufes des troupeaux: on ne Îles laiffe faillir par le Belier que fuivant le temps qu’on en veut avoir des Asneaux: on ne peut les faire faillir aflez tôt, quand elles ont pour fourrage du foin, de Ja luzerne , du trefle, du fainfoin & des féverolles ; la mere fe trouvant nourrie d'alimens aufli fubftantiels, ne peut manquer d'avoir beaucoup de lait ; elle pourra par conféquent nour- rir fon Agneau, même fans peine pen= dant l'hiver, & l'Asneau en fera in- dubitablement plus fort & plus vigou- reux pour foutenir les rigueurs de l’hi- ver fuivant, Quand on ne manque pas 264 Traité Économique de fourrage , le vrai temps pour don: ner le Belier à fes Brebis, eft la fin de Juillet, ou le commencement d'Août; on a pour lors les Agneaux en Janvier: mais file fourrage n’eft pas aflez abon- dant, on ne leur donnera qu’au mois d’'O&tobre ou de Novembre, pour qu'elles ne faflent leur Agneau qu’en Mars & Avril, parce qu’alors la mere pourra trouver aux champs une quan- tité d’alimens proportionnée au be- foin de fon petit. On peut avoir des Agneaux dans tous les mois de l’année ; cependant on en a rarement en O&tobre, Novem- bre & Décembre. Lorfqu’une Brebis eft prête à mettre bas, il n’en vaudroit que mieux , fi on pouvoit être à por- tée de l'aider ; il n'arrive que ttop fouvent que l'Agneau fe préfente de travers , Ou par les pieds, & pour lors Ja mere court rifque de fa vie, fi elle n’eft promptement fecourue: lorf- qu’elle eft délivrée, on leve l’Agneau, : & on le dreïle fur fes pieds : on en- ferme enfuite pendant trois ou quatre jours l’Agneau qui vient de naître avec fa mere, pour qu’il apprenne à la connoître : on donne à la Brebis, pour la rétablir , du bon foin, de : Fa l'orge vx du gros & menu Bétail. 26$ l'orge moulu , ou du fon mêlé de fel: on lui fait boire de l’eau un peu tiede, blanchie avec de la farine de bled , de feves ou de millet ; au bout de quatre ou cinq jours, on la remet par degrés à fa nourriture ordinaire , & on la fait fortir avec les autres. Il y en a qui ne prennent pas tant de foin de Ja Brebis qui a agnelé ; ils fe contentent, aufli- têt qu’elle a mis bas, de lui donnerun picotin de fon mêlé avec de l'avoine: on la laïfle feülement un jour avec fon: Agneau , & dès le lendemain, on la mene aux champs avec les autres. Pour peu qu'on s'apperçoive que les Brebis ont de peine à agneler, il faut leur donner une petite cuillerée de poudre de pouliot & de myrthe dans de la biere , où une infufion tiede de ces deux plantes aufii dans la biere. Ce remede facilite non-feulement le travail, mais fait encore {ortir l’arriere- faix, qui pourroit auf occafonner 'a mort de la Brebis, s’il lui reftoit dans le corps. | | Les premiers Asneaux de la Brebis ne font jamais fi eftimés ni fi vizoureux que les feconds. On ne doit laifler les Agneaux fuivre leurs meres aux champs, que quand ils font afez forts, Tom, IL 266 Traité Économique & lorfque le temps eft doux : on leÿ garde à l'étable pendant l'hiver : on ne les fait fortir que le foir & le matin pour tetter: 1l ne faut pour lordinaire les Jaifler aller aux champs que vers les mois d'Avril ou de Mai; dès qu'ils font en état de manger, on le leur donne. Le Belier eft celui des deux indivi- dus qui influe le plus fur la beauté ou Ja laideur de la race. Un Belier grand & bien fait, quoiqu’accoupié avec des Brebis de petite taille, procréera des Agneaux qui feront indubitablement plus grands que leur mere. Il en eft tout différemment, fi on accouple de grandes Brebis avec de petits Beliers, Ja race en dégénere : c'eft pourquoion doit toujours choifir le Belier parmi les plus beaux & les plus forts de fon ef pece. Les Beliers qui ont des cornes font toujours les meilleurs ; en Efpa- gne, on les préfere à ceux qui nen ont point. HN Les Brebis qu’on doit choilir par. référence pour la propagation de | je efpece, font celles dont la laine. eft plus abondante , plus touffue, plus Jongue, plus foyeufe & plus blanche, fur-tout fi elles ont en même temps le. du pros & menu Bétail. ‘267 corps grand , le col épais & la démar- che légere; celles qui font plutôt mai- gres que graflés , produifent plus füre- Menñt que les autres, & on peut être affaré de retrer toujours de-bélles ef- pèces de Brebis de celles qui ne por- tent que dans l'âge où elles fe trouvent dans toutes leurs forces. On ne voit que très-rarement des Brebis porter des jumeaux ; celles de la race de Flan- dres donnent fouvent deux ‘A gneaux par année; & celles dela rate: d'Hol- lande , ou plutôt des Indes Orientales, d'où elles ont été tirées originaire- ment, en produifent fouvent quatre parianc 2 RS RS à _ dugros & menu Bérail. 341 en allant cherchër les patures trop loin, foit parl’indifcrétiondes Bergers, qui le livrent à leurs chiens , & le font courir inceflamment ; les Brebis ou Moutons de ce troupeau s’échauftent, maïigriflent, & fe deflechent aû point que par la fuite elles périflent de ma- rafme ; c’eft pour lors qu’on dit quele troupeau eft attaqué de cette maladie, On n’a que desfignes équivoques de la brûlure, ou mal de feu, tels que la rou- geur des yeux, la maigreur ; une foif ardente , la connoïfflance du peu de foin qu'on a eu de la*bête, Les remedes qui conviennent dans fon commencemerf font le repos, une nourriture humec- tante, émolliente & rafraîchiflante, des -pâtures grafles & fraîches, une boiflon nitrée & légérement falée , ou aiguifée avec le vinaigre ; mais quand le mal eft parvenu à un certain pomnt,ceft-à-dire, quand le foie des Brebis eft racorni & fquirreux, ce qui arrive toujours dans cette maladie, il n’y a pour lors point de guérifon à attendre. On pourroit ce- pendanttenter des remedes fondans. Le tournoyement ou le vertigo eft une maladie qui eft encore ordinaire _chezles Brebis:quand ellesen font atta- quées, elles font toutes étourdies ; elles P 3 L 342 Traité Économique chancelent en marchant ; elles tombent fréquemment, dirigent pour l'ordinaire leur marche , & tournent toujours du mème côté. La durée du vertigoeft pref- ‘que toujours d'un mois; au bout de ce tempf, l'animal périt par accident, ou meurt de confomption. Plus les Brébis font jeunes, plus ellesy font expofées; & plusil fait chaud, plus cette mala- die eft commune: c’eft ce qui fait qu'on l'attribue pour l'ordinaire à l’ardeur du foleil. IL n’y a aucun remede à ce mal. Dès qu’on s’apperçoitqu'uneBrebisen eft attaquée , on la tué à l'inftant, avant qu’elle ne foit réduite en confomptiotr, parce que fa chair n’en eft pas pourlors moiss bonne. PRES L'obfirution du laiteftune maladie -quin’eft propre qu'aux Brebis qui nour- ‘riflent ; leur mamelle devient très. grofle, dure & douloureufe : onemploie pour cette maladie avec fuccès l'empla- tre de ciguë. Ce topique diffout le lait grumelé & coagulé, fond les obftruc- tions , & amollit les duretés. Outre les maladies internes & de la peaw dont nousavons parlé , il ya encore d’autres maladies d’accidens , parce qu’elles furviennent accidentellement aux Bre- bis, telles que les bleffures, les piquures, du gros & menu Bétal. 343 les moriures , les contufons, les poi- fons ou alimens dangereux. .… Les-bêtes à laine font rarement fu- jettes à des bleflures confidérables ; quandelles en ont, il. faudra appliquer defius des plantes vulnéraires , telles ue les feuilles froiflées de nicotiane, F bugle, de fanicle; & à défaut de ces feuilles, on pourra avoïr recours à n@- tre eau vulnéraire, dont nous avons donné ia compofition dans notre Mé- decine moderne. … Les morfures font très-dangereufes aux Brebis; il y a toujours contufion & lacération fur-tout dans celles du loup; les chairs s’en trouvent tellement froiflées , qu’elles n'ont prefque plus de reflort, même à fix pouces autour de la bleflure; elles font d’un pourpre noir; le fang répandu & ftagnant forme une échymofe, qui fait bientôt tomber la artieen gangrene & en mortification, | faut détruire les chairs mortes juf- qu’au vif, afin d'éviter la gangrene, & d'établir une fuppuration louable , qui cicatrife la plate, Pour parvenir à cela, 1l faut fe fervir du çautere : on échaude la partie, en y verfent de l’huile bowil- lante, en prenant cependant garde qu’elle n'offenfeles parties eflentielles, P 4 344 Traité Économique telles que la trachée-artere , fi la mor- fureeft au col, Cette brûlureforme une efcarre, & la fuppuration s'y établit ; mais fi la morfureeft confidérable, & sily a beaucoup de chair emporté, Panimal a beaucoup de peine à en re- venir. | Dans les pays où les viperes font communes ; les Brebis font fujettes à en être mordues ; aufli-tôt après l'ac- cident , on fcarifiera la morfure; on laiflera faigner les incifions pendant long-temps , après quoi, on les étuvera avec l’efprit volatil de fel ammoniac: on fera prendre de quatre en quatre: heures un verre d'eau, dans laquelle on mêlera fix ou fept gouttes du. même. efprit : ou, fi on aïme mieux, on pour: roit incorporer la même quantité d'ef- prit volatil avec de la farine, pour un bol que l’on fera avaler à la bête mor- due , quatre ou cinq fois par jour; juf= qu'à ce que les accidens aient difparu; c’eft pourquoi les Bergers feront très- bien d’être toujours munis d’une phiole d’efprit volatil, tant pour eux que pour. leurs troupeaux. Ce traitement peut encore convenir dans le cas de la morfure d’un arimal enragé; il fufhira ieulement d'y joindre deux ou tro 4 du gros & menu Bétail. 345$ grains d’opium diffous dans du vinai- - gre; quant aux piquures , lorfqu’elles font fuperficielles , elles fe guériflent facilemen?, ainfi queles coupuresfaites avéêles inftrumens dont on fe fert pour les tondre. Il nya qu’à frotter unique- “ment le mal avec quelque graifle , ou ‘un peu d'huile battue avec du vin. Si la piquure eft cependant profonde , il ‘faut y couler de leflence de térében- thine. - Il arrive fouventque lespieds delaBre- bisétantamollis ,& prefque pourris par da fiente& l'humidité, l’animael prend un “clou, une épine ou un chicot ; quelque- fois même la pourriture & la chaleur _féule du pied le font boiïter; quand il ‘s'y trouve un corps étranger, il faut à l'inftant l’en tirer. Après avoir exa- miné le deflous du pied, les talons & Fentre-deux des fabots, quand il sy ttouve du pus, il faut Pévacuer par une incifion: o#nettoie le piéd, on enleve tout ce qui eff gâté, tant de la fole que ‘du fabot, & on le panfe avec des ten- tes imbibées d'eflence de térében- thine, Si on venoit à négliger cescho- es, la ‘mätieré croupiroit infaillible ment dans les parties, & attaqueroït ‘lestendons & lesligamens si font dans 346 . Traité Économique k l'intérieur du pied, ce qui éftropieroit au moins l'animal pour toujours. | Des accidens qui furviennent encore quelquefois aux Brebis fon& les fra@tu- res & les luxations des os : quanddleurs , os font fraturés, on tache d’en réunir les extrémités, & de les contenir avec des éclifles , jufqu'à ce que le calus foit formé ; ce qui fe fait plus vire. dans les jeunes animaux ane dans les plus âgés : quand c'eft une luxation, on fait la réduétion des os luxés, & l'on ap- lique un reftreintif de blanc d'œuf Fois lalun , auquel on ajoute da vinaigre pour raffermir la partie. Tout ce que nous difons ici à l’occalion des fraétures , doit s'entendre précife- ment de celle des os des jambes ;. la fraéture des autres os, tels. que ceux dela cuifle, de l'épañle,. feroit trop difhcile à contenir, quand même on réufliroit à en réunir.les extrémités. [l en eft de même .des fra@tures compli- quées, de celles où Pos. eftfraçailé, & où il y a plufieurs efquilles; rien n’em- pêche cependant d’en tenter la cure: fi Panimal p’eft pas en état d’être tué, _après avoir fait précédemment la rén- nion le mieux qüe lon pourra, & avoir alujertiavec désécliffes,onabandonne- ra le refle au foin de la nature. Lorfque dugros & menu Bétail. 347 l'animal eft jeune, il peut s’y faire un calus ; & .s'y former une tumeur, que l'on ouvrira, & par laquelle les efquilles feront rejettées. Si, par l’extration de _ l'efquilie, l'os fetrouvoit à nud & à dé- couvert, ikfaudroit panfer la plaieavec des plumaceaux imbibés de teinture d'aloës: mais rarement doit-on entre- prendre une pareille cure; il faut un mois & plus pour confolider une frac- ture fimple. Une maladie commune aux Brebis qu'on exporte d'au-delà des mers, eft celle qu'on nomme mal de mer. Le rou- lis du vaiffeau leur donne des étourdif- femens , leur fait perdre totalement Pappétit, & provoque le vomiffemenr. Cette maladie n’eftqu’un trouble de la machine animale ; on la rétablit, en faifant boire un verre d’eau-de-vie à chaque Brebis malade. L'expériénce a prouvé que ce feul remede étoit fuf- fant pour opérer la guérifon. Il fe trouve une quantité de plantes qui font nuifibles & même venimeufes aux Brebis : nous en avons parlé ci-def- fus, ainfi, nous ne parlerons a@&uel- lement que des plus dangereufes. Une de celles qui pañlent pour telles eft le fanvé , le rapiftre, & en Le en- ( 348 Traité Economique droits le féné.Sinapiarvenfe præcox. Cette plante eft très-abondante dans de .cer- tains terreins. Les Brebis en mangent avec avidité, {ur- tout lorfqu'elles font preflées par la faim, & elles en périflent à l'inftant. Quelques Auteurs ont afluré, fans cependant aucun fon- dement, que la crapaudine fiderisis èn- gendroit des vers dans les Moutons: nous n’ofons avancer un tel fait. La prêle , ou la queue de Cheval, equifetum arvenfe. fait avorter, dit-on; les Brebis; l’anemone des bois leur oc- cafionne la dyflenterie : en général, toutes les plantes âcres telles que les renoncules, & les marécageufes velles que la cigué aquatique, leur font tou- jours nuifibles, & fouvent pernicieu- fes; quant aux infeîtes, tels que les araignées, les chenilles , qui pafient pour venimeux, & que les Brebis au- roient pu avaler , comme ces infeëtes ne peuvent tout au plus leur occafion- ner que quelques dégoûts, ou quelques . Iégers boutons à la bouche, on leur frottera la langue & les levres avec du vinaigre & au fel, ou du lait.) Outre toutes les maladies qui affec- tent les Brebis, & que nous venons de détailler, ces animaux fe trouvent en- core expofés à divers infeétes, qui leur du gros & ment Bétail. 349 font très-pernicieux. Les plus com- runs font les poux, la tique , la mou- che du finus frontal. Cette derniere eft Ja plus dangereufe ; elle fait fouvent périr l’animal ; elle s’infinue par les na- rines, & pénetre jufqu’au finus fron- tal ; elle y dépole fes œufs; le petit ver qui en naît fe nourrit du mucus dont cette cavité’éft abreuvéé, s’y mé- tamorphole, & en fort par la même voie, c'eft-à-dire, par les narines, en "mouche parfaire. Il eft facile de con- cevoir la douleur & l'inflammation que peut caufer ce ver par fon mouve- mént dans une cavité tapiffée d'une membrane très-fenfible & très-délicates il n'ÿ a aucun remede à apporter à cet accident. “e * Une efpece de ces mêmes mouches dépofe encore quelquefois fes œufs fur le dos des Moutons ; cet infecte s’inft- nue fous la peau par le moyen d'une efpece de tariere, dont il eff muni ; peu après , il s'éleve à l'endroit piqué une tumeur, dans laquelle eft logé & fe nourrit le ver provenu de l’œuf, jufqu'à ce qu’il fe métamorphofe & forte en véritable mouche : quelques- uns ouvrent légérement la tumeur, & ; celle des foetus étoit de trois pouces trois lignes depuis le fom- met de la tête jufqu'à l’origine de la du gros & menu Bétail. 49% queue ; le corps avoit deux pouces neuf hHgnes de circonférence, & la tête un pouce trois lignes de longueur depuis Pentre-deux des oreilles iufqu'au bou- toir , & deux pouces de circonférence prife entre les yeux & les oreilles; læ longueur de la queue étoit de neufli- «Be Ces, fœtus avoient le boutoir ien formé; le gland du chtoris des femelles étoit fort gros, à proportion de celui des adultes , & plus faillant que la verge des fœtus mâles. Les fa- bots & les ergots étoient déja mar+ qués, & leur extrémité recourbée en avant : on voyoit les mamelons; fix de ces fœtus en avoient dix, cinq de chaque côté, & les deux autres douze; le foie éroit très-orand, en comparai- fon des autres vifceres , & le prolonge- ment en forme de capuchon, étoit bien formé {ur le grand cul-de-fac de l'eflomac. La liqueur de lallantoïde des fœtus de la Fruie, laifloit en s’éva- porant un réfidu femblable à celui de la liqueur des allantoides de tous les autres animaux. La tête décharnée du Cochon dif- fere moins par fa figure de la tête du Chevai & de l’Ane que de celle du Taureau. du Belier , du Bouc , &a. / “ _ / n 422 Traité Économique Quand même on fuppoferoit que ces animaux n'auroient point de cornes, Pocciput eft fitué plus haut dans le Cochon que dans le Cheval, & les prolongemens de cette partie s’éten- dent en haut, & non pas en arriere; la tête eft plus alongée , & moins grofle que celle du Cheval; la partie de la mächoire fupérieure , qui contient les dents maächelieres , loin d'être plus large que la partie correfpondante de la mâchoire inférieure, comme dans le Cheval, le Taureau , &c. eft plus étroite. R NE EUX La tête du Cochon, vue de côté, préfente la figure d'un triangle , dont tous les côtés font très-inégaux , & prefque en ligne droite; la face fupé-. rieure de la tête eft prefque droite; la partie inférieure de la mächoire de deflous n’eft point arquée fur la lon- gueur dans le Cochon, comme dans le Taureau ; elle n’a pas tant de hauteur à l'endroit qui eft auprès des branches, que celle du Cheval, & les branches ne s’élevent pas auili haut, & ne font pas aufli verticales que dans le Tau- reau & le Cheval; elles s’inclinent un peu en arriere , en fuppofant cepen- dant toujours que le corps de la mà- = du gros & menu Bétail. 423 . ehoire porte fur un plan horizontal ;la face fupérieure de la tête eft terminée en avant par les os propres du nez, & en arriere par les prolongemens de l'occiput. Les orbites des yeux font de figure irréguliere & plus petites à pro- portion que dans le Cheval, l'Ane, le Taureau, le Belier & le Bouc; ily a entre l'os frontal & celui de la pom- mette un efpace vuide affez grand qui interrompt les parois offleufes des or- bites ; de forte que dans la tête déchar- née, elles font ouvertes en arriere en- viron dans fa ffxieme parue de-leur circonférence : les bords de chaque orbite ainfi interrompus ont deux ex- trémités; celle de deffus eft terminée par une apophyfe de l'os frontal; celle de deflous eft formée par l'os de la: ommette , qui ne s’éleve pas plus aut dans cet endroit que l'apophyfe zisomatique de los temporal. Il y aau-defflus de l'extrémité de la mâchoire fupérieure un petit os qui s'éleve au-devant de l’ouverture du nez entre les deux narines. Cet os eft au milieu du boutoir, & fert de bafe & de point d'appui dans cetrespartie, qui eft très-forte. Le Cochon a fix dents incilives, 424 Traité Économique deux dents canines, & quatorze dents mâchelieres , fept de chaque côté dans: chacune des mâchotres, ce qui fait en tout quatre dents 3 les deux incifives du milieu de la mâchoire du deflus , ne fe touchent que par leurs extrémités ;, & font fort éloignées l’une de l’autre à leur racine. Ces dents s'étendent d’arriere en avant dans chaque côté de la machoire , & fe replient en bas au fort de los, pour fe joindre lune à J'autre par l'extrémité ; elles forment par cette réunion un arc de cercle qui fe trouve au-devant des quatre dents incifives du milieu de la mâchoire de deflous. La feconde dent incifive de chaque côté de la machoïire du deflus eft placée à côté de celle du milieu, & eft à-peu-près aulli large, mais moins longue ; fon extrémité eft tranchante.. parce qu’elle ne touche: jamais aux dents ‘de deflous. La troifieme & der- niere incifive de chäque côté de la m3-- choire du deflus, eft la plus petite : elle a pour l'ordinaire deux lobes inégaux diftingués par une cannelure ; le plus gros lobe eft en avant, & pointu, car cette dent rapproche jamais d'aucune autre par {on extrémité ; elle eftauflt _ placée à quelque diftance des fecondes: du gros & menu Bétail.… 42$. dents incifives , & encore plus loin des canines. Les dents incifives dé la mä- choire du deflous font les unes contre ‘les autres, & s'étendent en avant &_un peu en haut; Îles quatre du milieu font longues & étroites. La derniere de. chaque côté n’eft pas plus large, mais bien moins longue ; elle ne touche à aucune dent par fon extrémité , & elle eft fort éloignée de la dent canine de Ja même machoire; celle du deffous fe trouve vis-à-vis. l'efpace qui refte vuide. M. d'Aubenton dit avoir vu une tête de Verrat où il n'y avoit aucun veftige de la derniere dent incilive du côté gauche , n1 de fon alvéole. . On donne aux quatre dents cani- nes des Cochons le nom de crochets les fept dents mächelieres de la mà- choire fupérieure font placées au-def- : fus des fept dents, de chaque côté de : la machoiré inférieure ; ces dents ont des pointes qui s'engrenent de part & d'autre dans des cavités correfpon« dantes. L’os hyoïde du Cochon a paru à M. d’Aubenton compofé de fept os dans quelques fujets, & de neuf dans d'au- tres. Cette différence fe trouvoit dans la fourchette, qui fembloit n'être for- 426 Traité Économique mée que d’un feul os, ou de trois os réunis par des fymphyfes : au refte, toutes les parties de l'os hyoïde du Co- chon correfpondent par leur pofition, & à-peu-près par leur longueur,à celles de l’os hyoïde du Cheval , de l’Ane, du Taureau , du Belier & du Bouc; mais elles en different par la forme des os. Les deux principaux pour l’é- tendue font fort minces, fort étroits, concaves en dedans fur leur longueur, & ont d’un bout à l’autre prefque la même largeur & la même épaifleur dans le Cochon ; les feconds os n’é- toient pas encore formés; les troifie- mes avoient beaucoup plus de largeur que d'épaiffleur, & itenoient à la four- chette, qui eft auffi plus large qu'é- paille, foit dans les branches, foit à l'endroit de leur réunion. ÈS Le cou du fquelette du Cochon eft beaucoup plus court à proportion que dans les fquelettes du Cheval , del’Ane, du Taureau, du Belier & du Bouc; les vertebres cervicales different beau- coup pour la plupart de celles du Che- val & de celles du Taureau ; lapo- phyle épineufe de la feconde eft plus haute, moins large, & inclinée en at- ricre; il y a aufi des différences mar- du gros & menu Bétail. 427 quées dans lestrois vertebres du milieu; mais la premiere, la fixieme & la fep+ tieme font à-peu-près reffemblantes à celles du Taureau; la troifieme, la quatrieme & la cinquieme en different par les apophyfes épineufes , & la artie fupérieure du milieu de la verte: pe qui font plus minces : elles n’ont point d'apophyfes inférieures dans le milieu ; mais il fe trouve deux apophy- fes"tran{verles, & qui refflemblent à celles de-la fixieme vertebre du Che- val, du Taureau & du Cochon même. Les vertebres dorfales font au nom- bre de quatorze , de mêmé que les côtes; il n'y a aucune différence mar-_ quée entre ces parties & celles du Tau- reau , excepté que Îles deux premieres côtes , une de chaque côté, font fort larges à leur extrémité inférieure, de fe touchent prefque fur un tiers de leur longueur; il y avoit fept vraies côtes & fept faufles. Le fternum eft compofé de fix os; les premieres cô- tes aboutiflent au premier os; Îles fe condes , à l'articulation du premier os avec le fecond ; les troifiemes, à celles du fecond & du troifieme os; les qua- triemes ,à l'articulation du troifieme os _avec le quatrieme ; les cinquiemes, 428 Traité Économique SR à celle du quatrieme & du cinquieme os, & les feptiemes , à l'articulation du cinquieme os avec le fixieme. Il y a dans le Cochon fix vertebres lombaires aflez reflemblantés à celles du Taureau; mais le facrum differe, en ce qu'il n'eft compofé que de qua= tre faufles vertebres , qu’elles n’ont point d'apophyfes, & que les trois pre- mieres laiflent entrelles des efpaces vuides aflez grands fur la furface fupé- rieure du facrum. La queue eft com- pofée de dix-fept fauffes vertebres ; les os des hanches ne font pas fort différens de ceux du Taureau ; mais le baflin a à proportion plus de largeur, de même que la gouttiere & les trous ovalaires. L'omoplare eft convexe fur la lon- gueur. L’apophyfe coracoïde eft à-peu- près refflemblante à celle dû Taureau, mais l’épine ne commence à paroître qu’à environ un pouce au-deflus de la cavité glénoïde , & s'éleve peu-à-peu jufqu’à environ les deux tiers de la lon- gueur de l'omoplate ; enfuite elle s'abaifle en s'approchant de la bafe comme dans le Cheval ; elle eft à de- mi couchée du côté'du bord pofté- rieur de l'omoplate, & polée de fa- çon qu'elle ne laiffe qu'environun tiers » du gros & menu Betail, 429 de l'omoplate à fon côté intérieur; … & deux tiers à l'extérieur ; il n’y a au- cune différence dans la figure de l'hu- mérus, ni dans celle du rayon, fi ce n'eft que celui-ci eft plus arrondi en avant que dans le Taureau: mais l'os du coude eft beaucoup plus grand en comparaifon du radius. Le fémur reflemble beaucoup plus à celui du Taureau qu’à celui du Che- val; le cou de la tête de cet os eft un peu mieux marqué que dans ces deux animaux, & le grand trochan- ter eft furmonté dans le milieu parun tubercule fort apparent, qui lui donne beaucoup de reflemblance avec celut du Cheval ; mais les condyles de lex- trémité inférieure ne paroiffent pas plus élevés l’un que l'autre. L'épine du ti- bia eft plus faillante , plus mince & plus recourbée au dehors que dans le Taureau. F Le péroné s'étend tout le long du tibia , & forme à fa bafe une forte de .malléole ; maïs il n'a point de tête : au contraire, la partie fupérieure eft ap- platie des deux côtés, & très-mince, à l'exception des bords, qui font un peu plus épais, fur environ ua tiers de la longueur de l'os. | 430 Traité Économique Le carpe eft compofé de huit os; uatre dans le premier rang, & quatre : Pa le fecond ; les os du premierref= femblent à-peu-près à ceux du Che- val & du Taureau, pour la pofition & la figure; mais on ne peut pas com- parer les os du fecond rang avec ceux du Taureau ni du Cheval, parce que le premier n'en a que deux, & l’autre que trois: on trouvera plus de rapport entre les os du fecond rang du carpe : du. Cochon ,-& ceüx de l'homme, parce que Je fquelette du Cochon ap- proche plus de celui de l'homme, pour Je nombre des doigts que les fque- lettres du Cheval & du Taureau ; d'ail- leurs, les dénominations; la figure &: Ja pofition des os du carpe, dutarle,&c., étant mieux connues dans l’homme que dans les quadrupedes, on ne peut prendre un objet de comparaifon qui {oit plus für. Quoique les quatre doigts du fquelette du Cochon different beaucoup de ceux de l’homme par leur longueur & leur groffeur relative, 1l paroît cependant par la pofition des quatre os du fecond rang du carpe du Cochon, comparés à ceux delhomme, . que les quatre doigts correfpondent au doigt index, au long doigt, à lan: * du gros & menu Pérail. 43t nulaire & à l’auriculaire ou petit doigt, & que celui qui fe trouve de plus dans le fqueletre de l'homme eft le pouce; car l'os du fecond rang du carpe du Cochon, qui correlpond par fa pofi- tion & un peu par fa figure à l’os uni- forme de l’homme, s'articule aufli comme dans l’homme, avec les deux os du métacarpe, qui font au-deffus des . deux doigts intérieurs , & furmontés chacun par un osdu carpe : ces deux os femblent par certe polition correfpon- dre au trapezoïde & au grand os du carpe de l’homme; & comme il ne fe trouve point d'os du métacarpe au- deffous, c’eft une preuve que le doipt qui fe trouve de plus dans l'homme eft Je pouce ; les deux os du milieu du métacarpe font à-peu-près femblables, & beaucoup plus gros que l'os inté- rieur & que l'extérieur, qui different peu l’un de Pautre. Le tarfe eft compofé de fept os; ceux qui correfpondent à laftragale -& au calcaneum de lhommé , font bien reconnoiffables : on peut auflt diffinguer parmi les cing autres ceux qui ont rapport au fcaphoïde & au cu- boïde, par leur fituation. Celui qui tient la place du cuboïde eft au-def- 432 . Traité Économique fus des deux derniers os du métatarfe. Les deux premiers os font furmontés par trois os, que l’on peut rapporter aux cunéiformes de l’homme ; car ils fe trouvent placés comme eux au-de- vant de celui que nous avons comparé au fcaphoïde. Il-n’y a au-deflous: de Ces trois os du tarfe que deux:os du métatarfe , parce que le Cochon n'a pas le cinquieme qui correfpondroit au pouce. L'extrémité du quatrieme os du métatarie fe trouve entre le fecond & le troifieme os cunéiformes : 1l y a un huitieme os placé derriere la par- tie fupérieure du métatarfe, qui reflem- ble plus par fa pofition à un os féfa- moïde qu’à un os du tarfe. Les os du métatarfe font plus longs que ceux du métaçarpe; à chaque pied , les phalan- ges des deux doigts du milieu font plus groffes & plus longues que celles des doigts intérieurs & extérieurs : . ceux-ci fe reffemblent à-peu-près, de même que les doigts du milieu; mais äls font beaucoup plus courts; l’extré- mité de leur derniere phalange fe trouve vis-à-vis de l'articulation de la premiere phalange des doigts du mi- lieu avec la feconde. | | Après LI du gros & menu Beta. 433 . Après avoir expolé l'anatomie du Fe. Pi nous allons examiner les qua- lirésque doivent avoir le Verrat & la Talk: pour être propres à la généra- on , & produire de belles efpeces. Le Verrat n’eft bon que depuis un an jufqu’à cinq; fa tête doit être groffe,, fon groin long , fes oreilles grandes &. pendantes, fes jambes courtes & grof- fes ; en un mot, il doit avoir le corps gros &-ramallé: quant à la Truie, ou- tre les mêmes qualités qu'elle doit avoir que celle du Verrat, il lui faut de plus un ventre large & ample, & les tetins longs ; elle porte dix à douze petits d’une feule ventrée ; mais on ne lui en laifle pour l’ordinaire que huit à neuf, afin qu'ils profitent davantage : on porte le refte tout jeune au marché, & on obferve, autant qu'ileft poflible, de garder les mâles préférablement aux femelles, parce qu'ils valent mieux pour nourrir: on les châtre, & c’eft pour lors qu'ils portent le nom de Cochon proprement dit. | On fait faillir la Truie depuis le commencement de Févrierjufqu'à la mi-Mars; car fi on la fait faillir en Mai ou Juin , les petits qui en proviennent, _ naïflent au mois de Septembre où d'Oc- | T Tom, IL _ 434 . Traik Economique " tobre ; ils d'ont pas par conléquent te: - temps de fe fortifier avant l'hiver, & ils ne deviennent jamais beaux. Une Truie donne des petits deux! épars an , elle les porte pendantiquatre, & quelquefois cinq mois; elleeft féconde depuis un an jufqu’à fix; quand elle eft grafle , & qu'elle a fait plufñeurs portées, on la nomme Coche. . On féparera les Veérrats d'avec les Truies, le temps de l’accouplement fini, de peur qu'ils ne les faffentavor- ter, où qu'ils ne mangent les petits: on aura donc foin de ne pas les en- voyer enfemble aux champs, & de les mettre dans des toits féparés. Dans la plupart des Villages , on ne prend pas cependant la premiere précaution. Pour empêcher que la Fruicine mange elle-même fes petits’, on veillera à ce que fon auge né foit jamais vuides car pour peu que le Porc, foi mâle, foit femelle, fe fente preflé de la faim, il fe raflafie de tout ce qu'il rencontre. .. Le Cochon craitit beaucoup le froid; C’eftla raifon pour laquelle 1l'eft très- difficile à élever pendant l'hiver, lorf- qu'il eft encore pétir, & qu'il n'eft pas affez robufte pour rélifter à la rigueur de la faifon. Trois femaines après que di pros & menu Bérail. 35 les Cochons font nés , quieft le temps. ordinaire de les fevrer, on commence à lès mener aux champs pour paître l'herbe, fi ce n’eft pas une faifon froide: on leur donnera foir & matin de l’eau ‘blanche avec du fon : on continuera exaétement ces petits foins jufqu'à Page de deux mois: on choilira pour lors ceux qu'on veut élever pour la pro- viliontde la maïfon , afin de vendre le refte. Quand on*n’a qu’un certain - nombre de Cochons on peur leur don- ner da nourriture plus ample ; c'eft-à- dire, qu’au lieu-d’eau blanche, on leur donnera foir, & matin du pecit-lait, dans lequel on mêlera du fon: on leur en donnera par-là un peu plus que fr on en avoit beaucoup à nourrir. Les lavures d'écuelles, mêlées avec du pe- tit-lait , leur font trés-bonnés, En hi- ver, on fait tiédir ces lavures {ur le feu , puis on les jette dans leur auge avec un peu de fon, & quelques fruits pourris, où bien quelques morceaux de graifle : on entretient ain les Porcs quiqu’au mois d'Avril, que les herbes commencent à fournir la meilleure partie de leur nourriture; & enfuite, jufqu'à la fin de l'été, omles envote tous les jours aux champiæ car ce e- 2 4 436 Traire Économique te Aoit un abus que d'élever ces jeunes Cochons , fans les envoyer paître, ‘Quard' l'automne vient , & qu'on penfe à les engraifler pour les tuer, on dôit ttipler la dofe, & les gouver- ner de la façon fuivante. LT dc : On ne leur donnéra pas tout d'un coup une novrriture bien forte ; pen- dant huit jours , on prendra des choux & du fon de froment , qu'on fera bouillir dans une chaudiere avec de Peau, parmi lefquels on mêlera du petit-lait, des lavures d’écuelles & de Peau, Sile petit-lait ne fuffit pas pour hume&ter fuffifamment le fon & les choux, on läiffera réfroidir cette man- eaille , jufqu'à ce qu’on y puifle tenir ls main ce temps pafñlé, on enfermera -Jeés Cochons dans leur toir: on ne les en laïfléra fortir que quand ils. feront bien gras, & prêts à tuer : on leur ôtera d'abord les choux, & on ne leur donnera plus foir & matin que beau- . coup d'eau ou de petit-lait , où on aura. mis du fon un peu épais, que l'on aura fair bouillir ; mais on ne le mettra dans l’auge , qu'après qu'il fera réfroidi : on leur donnera un picotin d'orge bowillie, &' autant d'avoine grue ; &gour micux faire, l’uns& . duxgros & menu Bétail.. 239 l'aurre-ältérnativement: huit jours fe Päfleront encore ainf ; après quoi on leur donnera du fon bouilli cour épais , en télle’-quantité qu’ils en laiflent de -refte ; fi-1ôt que cela arrive, ils netar- dent gueres à être bons à tuer. Il ya des perfonnes qui -ne donnent aux -Cochôns, pour toute nourriture pour leur engrais, que le fon fermenté des Amidonniers , &: elles s'en trouvent très-bien; il ÿ en a d’autres ‘ les en- -graiflentavéc des carottes. La graiffe qui provient d’une pareille nourriture eft affez bonne : on prétend cependant qu'elle devient moufleufe en cuilant, . On fe gardera bien de donner aux «Cochons, pour nourriture journaliere , des früits gâtés ou pourris, Quoique cela les engraiffle.: on les rénd par-là ‘malades. Quüelques-uns leur donnent des.criblüres & balayures de grange, & même un. peu de froment. L’orge eft _{ür-tour une ‘des .chofes qui les. en- _graifient mieux , ainfi que du mais & . «dés pois cuits, où moulus eu trempés perdant long-temps dans l’eau; lelard ‘de ces animaux en eft pour lors très- ferme & excellent ; aucune nourriture né lemporte: on voit fouvent des Payfans induftrieux a leurs Co- 473 mo À Traité Économique ; -chons pour les engraiffer he fûrement & plus promptement. Dans quelque pays que l'on puifle être, on ne doit Jamais fe mettre en peinedes Cochons, ‘car ces animaux fe plaifent par-tout; Sa: fuffifante! pour leur faire pt affez de graïffeau bois. Le glati raifle ? r, &il ‘eft parfaitement , quand il tombe. C’eft un fort bon ufage de donner aux Cochons, à leur retour des bois , de eau où l'on amis de là farine d'ivraie : cela les fait dormir. J'AUS C’eft wn mauvais commerce que d’emgraifler les Porcs pour les vendre, lorfqu'il n'y a pas de gland; le prix qu'on entire n'équivaut pas à la dé- penfe: c'eft pourquoi, onne doit dans ge cas en nourrir que pour l’entretien de la maifon. Les Meûniers&les Ami- -donnters en font cependant un grand commerce; mais ils ont des reflources que n’ont pas beaucoup d'autres. Les femences de hêtre ; qu’on nomme du gros & menu Bétail. 439 faine, peuventencore fervir à l’engrais des Pores ; mais le lard qui en pro- vient ne vaut_abfolument rien. Dans les paysabondans en châtaignes & mar- rons,çon s'en fert auff pour l'engrais des'pares, de,:même que dés poires & pommes fauvages, dans les pays ou elles font nombreufes. * . Dans les Journaux d’Angleterre, on. trouve. que l’expédient le plus prompt pour engrailler les Porcs eff de méttre du .fél dans leurs âlimens; ‘rien, dit-on, ne les fait engraifier plus vite. AA: … Quand on né veut pas envoyer fes .Cochons à la glandée, on fait une pro- F7 fufffante de gland , pour le leur donner dans jeurs auges; dans lès pays -couverts de forêts, & dans les apnées où ces fruits abondent , on en fait même un grand amas, qu’on garde d’année à autre: on les met pour cet. effet fécher dans le four, après qu’on enatiré Ja pain; cela les empêche de germer, & conféquemment de fe »ä- ter; où bien on choifit un lieu fec; on y met les glands en monceaux, fans les remuer, avant qu’ils n’aïent tous entiérement fué ; & lorfqu’on veut s’en feérvir , on en LES tou- | 4 440 … Truite Economique jours du même côté, de peur que tes venant à fe défaire, les glands : ne pourriffent après avoir germé. On a remarqué qu'un demi-boïfleau de At.r À M = Le. glands, mêlés avec du fon qu'on fait manger tousrles jours à un Cothôn, lui donnoit chaque jour une divre de graifle,-pourvu que l'animal fût d’une confHtution ‘très-fainé, & qu'on lu continuât cette nourriture. pendant cinquante-cinq ou foixante jours Il fant donner. fouvent de la nou- velle Hitiere aux Cochons, faus cepen-. dant s’aflujettuir à ôter la vieille cha- que fois ; cela les entretient blancs: d'ailleurs, ce changement leur plaît; car ils ne fouillent pas pour lorsle fu- mier , mais ils s’enveloppent fimple- ment dans la litiere fraîche. Il eftcer- : tain que là paille, fouvent renou- vellée, les maintient prefqué autant aue la nourriture qu’on leur donne. Quand on veut avoir des Porcs dont Ja chair foit tendre , & avec lefquels on puifle faire du petit falé, on ne les laïlle pas alleraux champs ; on leur donne dans leurs toits la nourriture . convenable, & on les lave fouvent, pour les entretenir plus propres. -_ Linnæus a fait mention des plantes dugros& menu Bérail. 441 qui peuvent convenir aux Porcs, & de ‘cellés qu'ils- rebutent. Nous allons “rapporter ici cette énumération , d'a- près ce favant Botanifte : nousobferve- rons préalablement que les carottes, les * navets, les truffes, la renouée, les fruits "à noyaux, & même Îles noyaux feuls, “ont fort de leur goût, demême que les pommes , & quelquefois même en- core les poires ;: mais: ils ne veulent point de mûres. Des nourritures en- core exquifespour eux font lefroment, le feigle, les pois, la faine, l'orge, Je maïs, le bled farrazin, Voyons main- tenant les plantes qui leur plaifent, felénLäinæush is." ns QT4 ; 1. Salicornia maritima, 2. Scirpus pa- lufiris, 3. Scirpus lacuflris. 4. Aïira Dale- karlica. $. Poa annua: 6. Poa vulgaris an- nua 7. Poa ‘angujäfolia, 8 Pox média. 49. Fefluca nutans. 30. Galium flakenfe. 11: Plantago vulgaris. 12. Plantago m- canas 13e Cornus herbatea. 14. Cuftuta paralitica.«1$.* Verbafcum nigrum. 16. * Chenopodium'purpureum. 17. Cheropodiunx fegetum. 18, Utnus campeftris, 19. Atha- mantha daucoïidèes. ‘20. Héracleum vulgare. 21. Angélica älpina. 21. Angelica [ylva- “aica, 23, Sium majus. 24. Œthufa aréhi.25. Carum officinarum. 26, TT offici= | Ts 442 Traité Économique. narum, 27. Cepa pratenfis.28. Ornithogal- lum majus, 20. Conyallariacordifolia. 30. - Rurmex acetofa pratenfis. 3 1. Rumex aceto[æ lanccolata.. 32. Triglochin. alufiris. 33% . Æriglochin fexlocularis. 3 4. F'accinium oxy--. éoccus. 35. Perficaria amphibia. 36. Bifforte minor. 37. Polygorum vulgare. 38. Cucu= balus dioicus. 39. Silene vifcarian. 40. Si= _lene nutans. 41. Alfine vulgaris. 42:121- Jine pentaginea. 43. Aline graminea. 44. Spergula verticillata, 45. Oxalis fylvatica.. 46. Sedum , Telephium. 47... Padus folio des. ciduo. 48... Soxbus, aucuparia. 49. Filipen- dula. molon. $o. l'ilipendula ulmarias $ 4 Rofa major. :52.. Raja minor. 53 Rubus icæus, “$4. Rubus faxatils. 5 Kubus Morlandicus. S64 Potentilla- anjerina. ÿ7« Potentilla argentea.. $8.. Poten- zilla Norvegice. So. Tormentilla officinarum.. 60. Geum fuaueolens. 61. Geum rivale. 62... Mymphaa, lures. 63. Nymphaaalba. 64e. . Sinapi arvenfis, 73..Sifymbrium piunatifidum.7 4. Eryfimum.leucoii folio..7 <.. Crambe. mexitima.. 7.6. Geranium batra- chioides, 77. Geraniumgratia Dei, 78.Wi-- a fepium. 79. Trifoliun purpureum. 80. T ri/olimmmelilorus, 8x. Leontodon tas _ dugros& menu Bétail, 443 raxacum. 82. Leontodon chondrilloïdes, 83. Hypochæris pratenfis, 84. Hieracium fruti- cofunis 85, Crepis telorum. 86. Sonchus lœvis. 87. Sonchus Lapponicus. E8. Scor- _ fonnera Pannonica. 80.Tar gopogon lureum. 00: Lapfana vulgaris. or. Cichorium Sca- nenfe..92. Gnaphalium dioicum. 93. Soli- dago virga aurea. 04: Erigeron acre. 95. Achillea millefoliwm. 96. Achille ptar- mica. 97. Centaurea maxima. 98. Cen- taurea Jacen, 99. Cnicus acanthifolius. 200: Viola canina. ïot. Zoftera ma- ritimgs 102. Sparganium ereélum. 103, . Sagittaria aquatica. 104. Humulus falic toriuss 10$. Atripleæ vulgaris. 106. Equi- “ fetum fluviatile. 107. Equifetum f[eabrum. Plantes qui déplaifent aux Cochons. 1. Hippuris aquatica. 2. Veronica te- nuifolia. 3. Veronica beccabunga oblonga. .… @ Veronica beccabunga rotunda. $. Wero- Tica pfeudo-chamadris. 6. Va'eriana vulga- ris, 7. ris palufiris. 8. Stirpus [ylvaticus. 9+ Eriophorum polyflachium. 10. Nardus pratenfis. 17. Phalaris arundinacea, 12. .… Phalaris phleiformis. 13. Phleum vulgare. #4 Alopecurus infraëlus. 15, Cynofurus cæruleus. 16. Arundo lacuftris. 17. Friti- um rad. officinarum. 18. Montia palufiris. . 39: Scabiola vulgaris. 20. Scabio[a ficcifa. 241. Ajperula rubeola, 22. Gallium luteur. FE 6 444 Traité Économique 23. Aparine vuloaris. 24 Alchinilla qui. -garis, 25. Alchimilla Alpina. 27: Potamo- gcton natans..28. Potamogeton perfoliatum.. 29. Potamogeton plantaginis: 30. Myofo- tis pratenfis.. 34. Myofotis palufiris. 3 2. Lichofpermum annuum, 3 3. Cnag'opire | vulgare. 34. Symphitum majus, 3$. Eul- monaria. immaculata. 36: Lycopfis arven-- {is 37+ Androface minor. 38. Primula yuloaris. 39. Menyanthes trifoliata. 40. Otionia paluftris. 42. :Lyfimachia vulga- ris. 42. Lyfimachie axillaris. 43. Convol- vulus arvenfis. 44: Campanula vulgaris. 45. Hyofcyamus vulgaris. 46. Verbafeum birfutums 47. Verbaftum: Scanicum: 48, Solanum vulgare. 49. Solanum. dulcamara, $o.Sal/ola pungens, $ 1. Herniaria glabra.. $2.Chenopodium Henricus.53.Chenopodium firamonifolium. $4. Chenopodium vulyarie. 55: Chærophillum cicutaria..5 6: Sambucus ebulus. $7.Parnaffia vulgaris, s 8: Sratice capitatas. S 9 /Anthericum offifragum. 60. Yrnichogallum minus.. 63. Afparagus Sca-- nenfis. 62. Convallaria lilium convällium. 63, Gonvallaria polygonatum, 64. Acorus palufiris: C5 Berberis [pinofa. 66. Rumex- Britannica. 67. Alifma ereéla. 68. Acer platanoïdes..65.. Epilobium irregulare. 70. Epilobium- lirfutum.. 74" Épilobium pa: luftre,. 72, Erica vulgaris. 73. Kacciniura: du gros & menu Bérail. 445$. -masimunt 74 Chry{ofplenium, 7$. Perfi- vearidvmitis. 76. Perficaria urens. 77. Hel- æinefcandens. 78. Helxine fativum. 79. Paris nemorum. 80. Butomus paluffris. 8. Pyrola-irregularis. 82. Sedum graveolens. 83: Dianthus vulgaris. 84. Saxifraga off- cinarum 85. Cucubalus behen. 86. Sedum acre. 87»Lythrum paluftre, 88. Agrimonia : efficinarums 89. Fragaria vulgaris. 90. Porentilla frutico{a. 9 r. Comarum paluftre. _*x. Dryas: Lapponica. 93. Chelidonium vulgare. 94 Aëtlæa nigra. OS. Ciflus vul- guris. 06. Euphorbia frutico[a: 7. Kefeda duteola.. C8. Delphinium [epetum.: 09 ÆAconitum Napellus: 100. Aquilegia off. éinarum. 10 1 Hepatica verna. 102, Pul- férrilla vulgaris. 103, Anemone nemoro/{a. 404. Ranunçulus aquatilis. 10$. Caltha paluflris. 106. Ajuga vernas 107. Teucrium foordium. 108: Thymus férpillum. 109. Mentha arvenfis. 110: Mentha aquatica. 22. Glechoma hedera terreftris. 1x2, Ne+ . peta vulgaris. 1132 Stachys fœtida. 114. Stachys arvenfis. 315. Galeopfis tetrahit. 126. Lamium perenne. 1 17. Leonurus cars diaca. 38. Scutellaria integrifolia.. 1F9. Antirrhinum linaria. 120. Æntirrhinum “Upfalienfe, 121: Pedicularis calice tubercus dofo. 122. Pédicularis fceptrum Carolinums. 123; Melampyrum vulgare.1 24. Euphra/ta: æ 446 Traité: Économique. vulgaris, 125. Scrophularia fetida. 136... Linnæa. 127. Draba nudicaulis. 128. Le- pidium pérenne. 129. Cochlearia Armora- cia. 130. Turritis glabra. 133. Syfim-: brium fophia. 132. Eryfimum vulgare. 133. Ery/imum barbarea, 134. Eryfimum alliaria. 535$. Cardamine paluflris. 336 Cardamine impatiens. 137. Dentaria bul- biferas 138. Arabis annua. 139. Gera- nium fanguinèum. 140. Geranium malva- ceum,. 149. Geranium pedunculis lonsiffimis® 142. Geranium Robertianum. 143. Malva repens, 144, Fumaria*officinarum. 145 Polygala vulgaris. 146. Aflragalus dulciss” 147. Orobus niger. 148. Lathyrus pratèn- _Jis. 249. Wicia cracca.-1$0. Trifolium al: bum. 451. Ononis inermis. 162, Ononis Jpinofa. 153. Hypericum quadrangulare. 154. Hypericum anceps. 1 55. Arélium lap- pas 156% Curduus lanceolatus. 1 $7. Car- duus Helenii folio. 15 8. Serratula tinéloria. 259. Serratula carduus avenæ. 160. Bi- dens:tripariita. 161. Eupatorium cannabe num 102. Tanacerum vulgare. 163. Ar temifiæ vulgaris. 164 :Artemifia abfin- thium. 165. Tuffilago farfara. 166. Inula kélenium: 467. Alter Fripolium.. 168. Euphialmum tinélorium. 109.. Chryfan- shomum leucanthemum., 370. Marricaria chamonillum nobile. 374. Matricariacha- du gros & menu Bérail. 447 momillum vulgare. 172. Anthemis fœtida. 373 Centaurea cyanus. 174. Calendulaar- venfis: 275. Calla palufiris. 176, Carex ferugines. 177. Carex cœrulea. 178. Ty- __ pha paluftris. 179: Alnus glutinofa. 180. Petula vulgaris. 181. Xanthium inerme. 182. Coryllusavellana. 183. Bryonia alba. 184. Populus tremula. 185. Fraxinus ape- tala.. 180. Radioba . Lapponica. 387. Pte- rix fulix fœmina. 188. Afplenium trichomas. nes. 189. Acrofiicum rupelire.. | .. Tout ce. que nousiavons prefcrit pour l’eñgrais des Cochons. devien- droit inutile , ff on n’avoit pas l’at- tention de les. châtrer, avant. que de Jes engrarler, Les Cochons doivent, dit-on avoir fix mois pour faire cette . opération, Ceux.qui prétendent qu'on doit toujours. choïfir cet âge, con- viennent que fn lon fait plutôt certe opération ,.la chair en eft beaucoup: plus délicate; mais. ils foutiennent en revanche que les Cochons n’en font pas fi beaux : on en voir cependant _réufliw conffamment bien dans des en- droits où Fon & coutume de les chà- trer en Jes fevrant : on dit même que _plus ils font jeunes, moins Fopération -eft, dangereufe. Le printemps & l'au- tonne lont les faions les plus. pro 448 Traité Économique _pres pour la cafiration des Porcs ; car en été , il eft à craindre que la gan- grene ne s'y mette, où que lé froïd, en hiver; n'offenfe tellement la plaie, que les Cochons en meurent, sr Quand on veut engraifer les Co- chons, on choifit automne préféra- blement à Pété, tant par rapport à l’a- bondance de nourriture, qu’à la dimi- pution de la tranfpiration: on n'attend pas comme pour Île refte du bérail que le Cochon foit âgé pour Pengraiffer ; plus il vieillit , plus cela eft difficile’, & moins fa chair eft bonne; il cft rare qu'on les laiffe vivre plus de deux ans. Cependant ils pourroient croître en- core pendanr quatre où Cinq ans; ceux que l’on remarque parmi les au- tres, par la graudeur &' la groffeur de Jeur corpulence , ne font que des Co- chons plus âgés, que l'on a mis plu- ficurs fois à la glandée, : 750 00 :Ariftoté ditque les Cochons peuvent vivre vingt ans; il ajoute que les mâ- Jes engendrent & que les femelles pro- dui'ent jufqu'à quinze, ce qui ne fe réalife cependant pas toujours, Quel- ques Auteurs obiervent que’ la Fruie eft pour ainfi dire en chaleur en roût temps; elle recherche les approches du _ du gros & menu Beta. 449 mâle , guoiquelle foit pleine, ce qui - peut-paller pour un excès parmi pe animaux , dont la femelle, dans pref- que routes Îles efpeces, refufe ‘le mâle aufli-tôt qu'elle a conçu. 1 Les Cochons aiment beaucoup les vers Ge terre @ -certaines racines. $ c’elt pour trouver les vers, &, couper. les racines, qu’on les voit toujours fouillér la terre avec leur boutoir : mais ils la fouillent ça & là, & moins profondément que les Sangliers; ces derniers la fouillent, toujours en ligne droite. Comme ces fortes d'animaux font beaucoup de dégât, il faur les éloigner des terres cultivées, & ne les mener que dans les bois, & fur les terres qu'on laifle repofer. Lorfqu'ils font aux champs, & qu'il furvientun. orage ou une pluie fort abondante, il eft affèz ordinaire de les voir déler- ter le troupeau les uns après les au- tres, S'enfuir en Courant, .&. toujours a À jufqu’à Ja porte de leur éta- | A M tot ie Quoïque les Cochons foient. for gourmands, ils n'attaqueut & ne Le vorent Poipt les autres, animaux, îls mangent cépendant quelquefois de, la chair COrroimpue; mais C’eft peut-être 450 Traite Économique 26 plutôt par néceflité que par inftinét. On ne peut cependant pas nier qu'ils _ ne foient avides de fang & dé chair fanguinolente , : puifqu'ils : mangent quelquefois leurs petits, ainfiquenous l'avons déja obfervé, & même encore des enfansau berceau; dès qu'ils trou- vent quelque chofe de fricculent , de ‘gras, d’hutnide & d'onétueux , ils le lechent , & finiflent bientôt par l'a- valer. M. de Buffon dit avoir vu plu- fieurs fois un troupeau entier de ces animaux s'arrêter à leur retour des champs autour d’un monceau de glaife nouvellement tirée ; tous Jéchotent cétte terre, qui n'étoit que très-légé- rement onueufe. & quelques-uns en avaloiént une gfande quantité. = - Leur gourmandife eft, comme on le voit, auff grofliere que brutale 3 ils n'ont aucun fentiment bien, diftin&. Les petits reconnoiflent à peine Îeur mere, & font fujets à {e méprendre & à rétter la premiere Truie, qui leur “laifle faifir fes mamelles. * Cette efpece d'animal, quoiqu’abon- dante & fort répandue en Europe, en Afrique & en Afie, ne s'eft pas trouvée dans le continent du nouveau Monde ; ‘elle‘y à été tranfportée par les Efpa- du gros & menu Bétail. 4ça gnols, qui y ont jetté des Cochons _ noirs, de même que dans prefque tou- tes-les grandes Ifles de PA nie als fe font muluiphiés & devenus fauva- ges en. beaucoup d'endroits; ils ref- femblent à nos Sangliers ; ils ont le corps plus court, la hure plus groffe & la peau plus épaifle que les Cochons -domeftiques, qui, dans les climats chauds, font rous noirs comme les Sanghérs. Les Cachons font commu- nément-blancs dans nos Provinces fep- tentrionales de France , & même en Vivarais, tandis que dans la Province de Dauphiné , qni eft très-voifine, ils font tous noirs;. ceux du Languedoc, de Provence, d’Efpagne, d’fralie , des Indes ; de la Chine ; font aufhi de la même couleur. Le Cochon de Siam refemble plus au Sanglier que celui de France: on en voit à la Chine, dont le ventre des femelles traîne à terre , tant leurs pattes font courtes ; & la queue des mâles , qui tombe vers latête perpéndiculairement, a un mou- vement contimuel, comme la lentille d'une horloge. Un des fignes les plus évidens de la dégénération des :ani- maux de ce genre , font les oreilles ; elles deviennent d'autant plus fouples, 452 Traité Économique d'autant plus molles ,.que l'animal ef plusaltéré, ou fi l’on veut, plus adouci par l'éducation & par l’état de domef- ticité ; & en effet, nos Cochons’ do- meftiques ont les oreilles*beaucoup moins roides ; beaucoup plus ‘longues - & plus inclinées que le Sanglier ,qu’on doit regarder comme le modele de lefpece. : | FT ss MM. Arnaud de Nobleville & Sa Jlerne , rapportentqu’un Particulier Leur fitpréfent d'une efpece de bszoard de porc; c'étoit une petite pierre ronde , groffe commeunenoixmufcade , dure, compaéte, légere, du poids de cin- quante-quatre grains ; aflez lifle, &gri- {atre en dehors:, qui s'étoit trouvée fuivant ce Particulier dansila veffie d'un Porc. Il paroîc,lajoutenrces'Aue teurs, que les pierres de Porc‘font rares; cat plufeurs Chaircuitiers, aux- quels nous montrâmes la nôtre, ne fe fouvenoiént pas d'en ‘avoir jamais trouvé.de pareille ; au refte, le Co-- chon (qui la portoir dans la veflie, né: toitni moins gras, ni moins bon qu’un autres, 2. .$ <\ CIM RE Ariftote obferve qu’en Illyrie , en Pannonie, & en quelques autres lieux, il fe trouve des Cochons folipedes, £ du gros &.menu Bétail. * 453 ceft-èdire, qui ont le pied fimple, au lieu de l'avoir divifé en fourchu. … M. Linnæus va plus loin, puifqu'il dit quon voitipar-tout des Cochons folipedes : nous:croyons néanmoins que ces fortes de Cochons font des efpeces de monfiruolités qui pechent par défaut, comme il fe trouve fré- quemment des monftruoftés d'autre nature parmi ces animaux, ainfi que nous le.dirons plus bas. 4 Quoiqwon dife que.le nombre de mamelleseft relatif dans les différen- . tes. .efpeces d'animaux , au nombre des petits que la femelle doit prendre & allaiter ; «néanmoins la TFruie qui n’a que douze mamelles , fouvent moins ,;.& jamais plus, produit quel- quefois. jufqu'à quinze, dix-huit, & même vingt petits. Oa lit dans la nour- velle Maïfon Ruftique qu'on a vu en France des Truies qui en ont eu juf- qu'à trente-fept d'une feule portée, ce. qui paroît incroyable. . Schwenckfeld rapporte que la Truie a quelquefois une fuperfétation , & qu’en l'an 1602, dans une ferme de fon voifinage , une Truie fit le pre- | mier jour quatre petits, & huit autres quelqués jours après. 454 Traité Économique ut : Quand une Truie a cochonné, on prétend qu'elle donne au premier né la premiere mamelle, qui eft la plus pro- che des jambes de dévant, & celle qui contient le plus de lai, & ainfi de fuite, jufqu’aux derniers; aüfli chaque petit, ajoute-t on , connoît fa mamelle dans l’ordre qu'il eff venu au monde: ‘on ne voit pas qu’ils changent la leur pour en prendre une autre. Cela pe paroît pas cependant fe rapporter à ce que nous avons dit plus haut de ce pe- tit animal, qu'il ne connioifloit pas'fa mere. Îl peut fort bien ne la pas con- noître , mais Cofinoître au moins la pofition de la mamelle qu'il cette. Ce dernier fait eft même fi vrai, que fion Ôte à la mere un de fes petits, la ma- melle qu'il tettoit fe flétrit imconti- nent. (1 Les Cochons fe battent avec d'au- tres Cochons étrangers, quelquefois - jufqu’à effufon de lang ; maïs il eftrare qu’un Cochon coupé ofe réfifter à un Verrat: celui-ci eft comme le chef du troupeau ; il ne craint point leschiens, __ illes artaque & les pourfuits dans fa furie, il bérilie fes poils; il grace la terre ; il écume, & ile montre quel- quefois terrible aux hommes même. du gros & menu Brita 4$$ Ces animaux: viennent à la voix des ‘perfonnes qui les appellent, lorfqu'ils y font accoutumés de jeune âge, & obéiflent à leur commandement: on s'en fert pour découvrir les truffes, dont ils font fort avides. pra Il eft parlé dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, d’un Co- chon, dans le cœur duquel on trouva un nid de vérs, qui avoient prefque rongé toute la fubftance de cette par- tie; & d'un Cochon monltrüeux ,né fans poils, dont la chair fpongieufe & molle; placée fur le devant de la rête , éroit allez femblable à la trompe d'un éléphant; cette chair étoit mo- bile en tout fens, parfemée de quel- quespoils longs, en très-petit nom- bre. La mächoire fupéræure formoit le mufeau de l'animal”, & avoit auflü quelque rapport avec la trompe d’ün éléphant, en forre qu’il paroïfloit avoir deux trompes; il avoit la langue poin- tue & hors de la gueule; la mâchoire inférieure étoit remarquable par fa courbure ; les pieds étoient fourchus &.recourbés, de maniere que la pointe étoit tournée en haut, | Ambroïfe Paré fait aufli mention dans fes Œuvres d'un Cochon monf- 456 Traité Économique : rueux, né à Metz; il avoit huit jam=. bes, quatre oreilles, la tête d’un vrai chien, les derrieres du corps féparés jufqu'à l’eftomac, enfuite réunisenfem- ble vers cette partie ; il avoit en outre deux langues fituées au travers de la gueule , & quatre grandes dents de chaque côté deffus & deffous ; les fexes, étoient confondus , en forte qi’onme pouvoit connoître fi ces deux derrieres de l'animal étoient mâles ou femelles: on ne remarquoit fous la queue de chacun qu'un feul conduit. Ç Les Cochons font fujéts à plufieurs maladies : nous allons les examiner les unes après les autres, 8 nous en rap- porterons en même temps les différens tralteMENs : NOUS aurons recours pour cet objet à un excellent Traité, inti- tulé, le Gehrilhomme. Culiivareur. C'eft de tous les Ouvrages celui où cette matiere elt le mieux difcutée. La fievre attaque les Cochons comme les autres Beftiaux ; pourquoi en feroient-ils exempts£ La nourriture répugne à cetanimal, malgré fa grande voracité, dès qu'il en eft une. fois at-. teint; 1] maigrit en peu de temps, & il s'afloiblit; & fi on néglige de lui donner du fecours, il dépérit entiére- : x ment. . — du gros &menu Bétal. 457 ment. Pour procéder réculiérement à la guérifon de cette maladie ; on com- menceta d'abord par faire à l'animal rmalade une faignéeabondante derriere l'oreille; &f le fang ne coule pas li- brement, par lincifion qu’on lui fera pour éet'effét, on lui coupera un peu de la queueÿ’1à faignée faire , on le ‘tiendra biénchaudement, & on lui donferaidés chapelures de pain trem- pées dans du bouillon, avec un peu de pouliot haché bien menu. Cette nour- riture eft une de celles qui lui plaifent le plus: il ne mar. ue pas d'en man- ._ger, dès qu'on la! lui préfente , fe trouvant d'ailleurs foulagé par la fai- gnée: mais on ne lui en laïflera pas beaucoup manger ; on la lui ôtera même aufli-rôt qu'il en aura goûté: _c'eft ainfi qu’on réveille fon appétits 1l en devient par-là vorace : on ajoute pour lors une demi-once de philonium romanum fur quatre pintes dès fufdites chapelures , & on lui en fait avaler une petite quantité: on lui interdit enfuite - toute nourriture pendant huit heures: on l’affame par ce moyen, & il prend conféquemment fans répugnance Île reftant de ces chapeures , qui operent ordinairement fa guérifon, Si er Tom, IL, 458- Traité Économique LS dant on s'appercoitque le jour fuivant ; Panimal ne fe porte pas mieux, onlut réitérera la faignée, & on lui donnera le même remede. Lorfqu’on le voit manger avec appétit, on peut dire. qu'il eft guéri. te! - La maladie à laquelle le Cochon eft le plus fujets eft la’ ladrerie ; cette ma- : ladie provient de la grande quantité de mauvaife nourriture que cet animal avale ; elle fe manifefte par une tu- meur qui fe forme fur fes yeux ; lorf. qu’il en eft affetté , il tient fa tête fors penchée ; il devie:.: foible ; languif- fant, &refufe route nourriture. -Le Rédacteur du Diétionnaire éco-. pomique, prétend qu'il y a trois ma= nieres de connoïtre fi un Cochon eft ladre. | 1°. Lorfque lui levant la langue , on voit deflous de petites puftules noirà- tres. FX 1 | 2°. Lorfqu’il ne peut fe foutenir fur Jes pieds de derriere. ce 3°, Enfin, lorfque la foie qu’on lui arrache de deflus le dos eft fanglante à la racine. Son palais & fa gorge fe char- geront encore de puftules pareilles à. celles de deflous la gorge; enfuite fa tête, & en général tout le -corgss { du gros & menu Bétail. 4$9 quelquefois il n’en a que très-peu, & le plus fouvent point du tout à la lan- gue ; mais quand on vient à le tuer, . on l'en trouve intérieurement infecté : On regarde pour lors fa chair comme mal-faine pour fervir d’aliment ; le vendeur 'eft obligé d’en rendre le prix, & le Porc eft jeté'à la voirie; mais s'il ne fe trouve après l'avoir tué que quel- ques grains fuperficiels, un ‘mois de falatfon peut corriger ce défaut; la viande, à ce qu'on dit, n'en eft que plus délicate. | ; Pour râcher de guérir les Cochons de cetre maladie, on nettoiera régulié- rementtous les jours leurs toits: onne les laiffera point manquer de bonne & fraiche litiere: on les faignera fous la queue : On les baigner enfuite dans l’eau claire, & on les laiMera prome- ner long-temps: on ne leur épargnera pas le manger, La meilleure nourri- ture qu’on puifle pour lors leur donner fera du marc de raifin mêlé avec du fon & de l’eau. Sile malne fe diflipe point par ce régime, il diminue certaine- ment. : ; 150 Marks Un remede que propofétencore le Diétionnaire économique pour cetre maladie , eft le fuivant: er: envelop- D | - 460 Traite Économique à pez dans un linge un pe d'antimoine crud en poudre, & vous le mettez in- fufer pendant vingt-quatre heures dans une leffive faite avec des cendres de vigne fauvage ; vous y ajoutez une incée de fel de faturne , & vous en Fire prendre au Cochon un verre en- tier mêlé dans du fon pendant huit ou peuf jours, ù . L’Auteur du Journal économique du mois d’Aoûc 1751, dit qu'il faut oulvérifer de l’antimoine crud , lemê- 7 avec un peu de farine d'orge, & en répandre fur la langue de l'animal _infeté de ladrerie. Ce remede , fui- vant lui, le guérit infailiblement: on p'en fera ufage, que lorfque les petites puftules noirâtres font bien formées fous la langue , ou que cette ma- ladie fe manifefle par l’enrouement de l'animal: on lui én donne plus fieurs fois la femaine ; & quand il ne s’agit que d’en garantir le Cochon, une feule fois par femaine fufht, On rapporte dans le Gentilhomme Cultivateur un autre remede qu’on dit. très bon pour cette maladie, | Faites échauffer, dit lAuteur de cet Ouvrage, un breuvage dans lequel vous mettrez une demi-livre d'herbe hépatique grife, & de l'ochre rouge, du gros & menu Bétail. 26% comme un œuf, avec aflez de nitre en poudre pour couvrir une piece de douze fols ; le Cochon fera tenté d’en manger, pourvu cependant qu'on l'ait tenu trente-fix heures fans Jui rien Jaiffer prendre, avant que de lui,pré- fenterle mêlange ; dès qu’il en aura un peu avalé, on le lui ôtera avfli tôt, & on le lui repréfentera de qua: tre en quatre heures ; la feconde fois, il en mangera un peu plus, & fonap- pétit reviendra peu-à-peu : on aura attention de mettre un peu de nitre; &t beaucoup d'herbe hépatique dans tout ce qu’on lui donnera. Ce remedé opere ordinairement fon effet, à moins que la maladie ne foit fi invétérée, qu'elle ne foit devenue incurable, ce qui arrive affez fouvent. HAS Une troifieme maladie qui affe&e les Cochons eft la jauniffe : on recon- noît qu'ils en font attaqués, par là couleur jaune dont leurs yeux font chargés ; cette couleur paroît aufli au- tour de leurs levres, & le deflous de leurs mâchoïires eft enflé, Les fymptô- mes de cette maladie étant connus, voyons à préfent le traitement. Prenez de la grande chélidoine, exprimez-en le fuc, ÿ. Lt une | | 3 R : È L . # 46e : Traité Economique quatrieme partie de vinaigres pilez en même temps une certaine quantité de cloportes ; préparez enfuite un _breuvage chaud; la dofe eft.d’une de- milivre de cloportes fur une pinte de fuc de chelidoine , mêlé avec le vinaigre. On tiendra l'animal pendant trois. heures fans le laifler manger, avant que de fui préfenter.e breuvage, & fix heures après qu'il l’a pris. Si. l'animal malade ne le prend pas tout-à-fait, 1l faut le lui ôter aufli-tôt qu'on s'apperçoit de fon dégoût, & le Iui repréfenter une, heure après: c'eft ainfi qu'on peut engager un Cochon à manger, quelque malade qu'il foit ; c'eftmême la vraie méthode pour gué- rir les maladies dont il eft attaqué; en effet, fi un Cochon, qui,par fa nature eft un anima: vorace, ceffe de manger, il dépérit fubitement,.& en meurt même, fi on ne trouve lemoyen de Je remettre en appétit. : : 2. + Des différens animaux. qui exiftent Avr la furface du globe, il n’y en a aucun qui ait naturellement leftomac plus à l'épreuve que le Cochon; fa grande voracité l’expofe néanmoins à _ fouffrir de cette partie au point de vomir la nourriture qu'il a prife. Ce . vomiflement fait des progrès rapides, * du gros & menu Bérail. 463 -flonne s'y prend pas à temps: on -commencera d’abord par lui changer ‘fa nourriture+ on‘ajoutera même, s'il eft néceflaire; une médecine à la nou- -vele-qu'onlui donnera: on le nour- -rira par exemple de féves dans un peu d'eau, & on lui fupprimera tous les _alimens groffiers dont il eftavide; fi le mal perfifte, oumême s'ilaugmente, on mêleratous les jours uneonce de mithri- date avec fanourriture; fon eftomacs'é- -chauffera & fe fortifiera, pourvu ce- “pendant qu’on aït l'atrention de lui -continuer de bons alimens. Une maladie qui affecte encore les “Cochons, eft celle qu'on nomme rou- -geole: on la connoît à la rougeur des yeux ; à la faleté-de la peau, & à la -répugnance qu'ont ces animaux pour toute efpece de nourriture ; lorfqu’on s’appercevra qu'ils en font affeétés , on des tiendra à jeun pendant trente-fix “heures: on leur préfentera pourlors, ce- pendanten petite quantité, une nourri- ture chaude & bien préparée: on y ajou- tera quarante grains de fel de corne de cerf, & deux onces de bol ammoniac: ‘on coñtinuera ce remede jufqu’à par- faite guérifon, & même SR jours “4 4 | #64 Traité É conormique au-delà , pour éviter la rechûte : on auraen outre l’attention de renouvel- ler fouvent leurs litieres ; rien ne fa- vorife plus l'opération des remedes. : La léthargie eft une maladie affez commune aux Cochons ; ls s’aflou- piflent pendant le jour, & négligent la nourriture qu'on leur donne; en forte que peu-à-peu ils én maigriflenr, & ils en périroient infailliblement , fi on n'y apportoit reméde. + : Pour remplir les indications qui pa- roiffent mieux convenir à la léthargie des Cochons, on leur fera une fai- gnée abondante derriere Poreille, & on leur coupera une partie de la queue deux heures après la faignée : on leur donnera le matin à-peu-près une pinte de nourriture chaude, dans laquelle on mettra une certaine quantité de pourpier fauvage; 1ls ne manqueront pas d’effayer d'en manger, pourvu qu'on les ait renus auparavant pendant quel- que temps à jeun ; ils n'ont pas plutôt avalé un peu de ce mêlange , qu'ils vomiffent. Ce vomiflement , qui met tous les reflorts en mouvement, ré: veille les Cochons, & quelquefois les guérit à la premiere dofe; ce qu’on reconnoit , loriqu'ils marchent libre- du gros & menu Bétüil. ,46s$ ment, qu'ils font gais, & qu’ils ne de- mändent. pas mieux que de fe prome- ner. ; | On appelle ratelle le gonflement dé la rate des Cochons; la gourmandife rend ces animaux fujets à cette mala- die : on prétend qu’elle leur provient pour l'ordinaire d’un engorgement des glandes. Lorfqu’on remarquera quel- ques Cochons qui fe penchent d'un côté en marchant, on doit être con- vaincu ou que leur rate eftenflée , ou qu'il y a quelques obftruétions. Pour les fecourir efficacement dans ce cas, on exprimera le fuc d’une bonne quan- tité de feuilles & de fommités d’ab- fynthe: on y ajoutera un peu de fuc . de poürpier, & on en donnera une pinte dans la nourriture qu’on préfen- tera à chacun d'eux, jufqu’à un entier rétablifiement. La guérifon de ces ani- maux {e reconnoît à leur marche libre & à leur tranquillité. Si la maladie eft opiniatre ; & réfifte à ce régime, on procédera pour lors à une faignée : on fupprimera enfuite pendant quatre heures toutes fortes de nourriture, & on fera avaler aux bêtes malades qua- tre bols compofés de la façon fui vante. vs 466. Fraité Economique Prenez dix grains de fcammonée ; : vingt-cinq grains de rhubarbe des … Moines. réduiteen poudre impalpables mèlez le tout avec une fuifante quan- uté de farine de bled de Turquie, ou à fon défaut, de froment, & avecure fufifante quantité de fuc d'abfynthe, jufqu'à confiftance de bols; vous les enveloppezde farine , pour que le goût de labfynthe ne répugne point à l’a- nimal, & vous lui donuerez pour boif- ton , tant qu'il en voudra, de l’eaude fon bien chaude, ie On guérit encore les Cochons at- taqués de cette maladie, en éteïgnant ans leur boïffon des’ charbons de ta- marie allumés. #4 dan, Le cours de ventre eft une maladie: commune chez la plupart des beftiaux , $: encore plus chez les Cochons ; la mauvaife nourriture ‘que leur grande voracité leur fait prendre, la leur caufe ordinairement ; elle agit d'autant plus -vivement fur eux, qu'ils font naturel- . lement relâchés | & que la’ mucoñité de- leurs inteftins eft plos aqueufeque MucHagineule. Pour détruire cette maladie-au premier abord', on ajou- tera à la nourriture qu'on donne ordi- nairement à ces animaux, une demis _ du gros. &.menu Bétail. 467 , livrede cofies, ou autrement de ca- lices de glands. Quand ce remede pro- duit l'effet qu’on en attend, on le con- tinue juiqu'a guérifon,; mais s'il ne fufht pas, on mêle:pour lors avec la NOurriture une poignée de racine de tormentille hachée bien menu. Ordi- _ pairement cette. derniere plante com pletre la guérifon., Quand la maladie eft invétérée, il fautavoir recours au remede fuivant : on prend de la racine de fumeterre feche & pulvérifée, en- viron deux gros; dela rhubarbe de Moine ou même de la vraie rhubarbe, un demi-gros ; de coques d'œufs rédui- tes en poudre impalpable , un gros : on incorpore lextout avec. de la graifle ou du beurre, n'importe : on y met une fufhlante quantité de grains de bied de Turquie pilés & réduits en poudre :. on, coupe cette efpece de pâte par, petits Morceaux, qui ne {oient pas plus gros que des lentilles &on.les mêle avec du fon un peu chaudement détrempé: on tient cinq: ou. fix heures l’animal à jeun, avant. de lui préfenter cette compofition. Preflé par l'appétit, 1lla mangera, 8cou aura tout lieu d'en voir l'efficacité : on con V6 re 468 Traité Économique tinue tous les matins ce régime juf: qu'à fa guérifon complette. + Rien n’eft plus ordinaire que de voir fes Cochons avec des tumeurs ou des enflures dures , & des ulceres quife forment fur plufieurs parties de leur corps : on obfervera bien le moment dans lequel ces tumeurs commencent à fe ramollir , pour les ouvrir dans toute leur étendue ; & prefler les le- vres de la plaie avec le pouce, afin que la matiere forte, & que la fuppu- rationfoitcomplette. L’opérationfaite, on oint toutes ces ouvertures avec du : goudron & du fain-doux: la cure eft infaillible. sg: ER F4 On meét au rang des maladies du £ochon la faïeté de fa peau; elle de- vient quelquefois farineufe, & fe cou- vre de petits GS Er le font dépé- ir, à moins qu'on n'y apporte un | prompt fecours: on commence la cure. de cette maladie par faigner le Co- chon fous la queue ; la faignée doit être au moins d'une pinte : on prépare en uite de l’eau de favon: on frotte une broffe de favon mol:on la trempe dans Peau ;, & on friétionne l'animal: Œette opéraiicn faite, on le lave en-! du gros & menu Bétail. 469 fuite avec de l'eau de chaux; on tient fon toit bien propre , & on lui donne une bonne nourriture ; deux jours après, on répere encore une fois la frition, & on le lave avec de l’eau de chaux. Si après'tous ces fecours, il ne guérit pas , on peut être afluré que fon fang eft corrompu: on mêlera pour lors une bonne quantité de fleurs: de foufre à tout ce qu’il mange: on fera en même temps ufage des reme- des ci-deflus indiqués. Si la peau eft en tamée , il faut la frotter avec du gou- dron & du fain-doux mêlés enfemble, & pour accélérer la guérilop:, on ajou- tera à ce mêlange des fleurs de foufre. Il furvient aex oreilles des Cochons. une efpece de mal occafionné par la boue & les autres faletés qui s’atta- chent à leurs oreilles ; mais le plus fou vent encore parlesmorfures des chiens: quelquefois ces deux caufes fe trou- vent réunies; les chiens font des blef- fures , & la faleté qui sy raflemble: forme des plaies purulentes. Quand les: Cochons ont ces fortes de plaies, on lave d'abord leurs oreilles avec du vi- naigre bien chaud, & égale quantité: de goudron & de fain-doux : on. y ajoute un peu de favon: on répete - 470 Traité Écononrique cette frition jufqu’à la cure parfaite. Une maladie des plus funeftes aux Cochons, c’eltlorfque leur peau fe trouve couverte de boutons ; ils en Sont minés infenfiblement , & ils en dé- périflent totalement. Cette maladie eft : une efpece de pale qui fe communit- que.avec le temps au fang, qui. le cor- rompt, & met Fanimal dans. un état dont il ne revient point. La mal-pro- preté du toit , & une nourriture mal- faine en font toujours la caufe. Ce qu'il y a de dangereux en elle, c’eft qu'elle eft contagieufe , & qu’elle infeête en peu de temps tous les Cochons qui Conmuniquent avec ceux qui en font attaqués; pour procéder à {a cure, la premiere chofe qu’on fera fera de met- tre une once de thériaque de Venife dans la nourriture qu’on lui donne: : on lave enfuire les boutons avec de l’eau de favon , & on les frotte avec deux livres de fain-doux , après y avoir ajouté uñe pinte de goudron & des fleurs de foufre , autant qu'il en faut pour donner à ce mêlange la conff- tance d'un onguent ferme. On faittous les foirs une frition, jufqu'à ce .qué l'animal {oit guéri : on le purgera dans Je commencement de fa convalelcence du gros & menu Bétail. 478 avec les drogues que nous avons pref- -@ites en parlant du gonflement de la raté. Si la maladie réfifle aux fric- tions , On ajoutera à l’onguent une demi-once de mercure, & on aura foin de tenir à l’animal le ventre libre. Les Auteurs prétendent que quand. les Cochons font attaqués de maladies péflilentielles , ce qui n’eft pas com mun, on les guérit facilement par fe moyen des racines d’afphodele groffié- rement pilées, qu’on jette dans leur aupge , ou autres endroits où ils boi- vent, & même encore dans quelques Heux où ils ont coutume de fe vau- trer. Si ces animaux ont quelques ma- Jadies inconnues, ïl faut les tenir en: fermés pendant. un jour & une nuit, fans leur donner ni à boire , ni à man- ger: on méttra en même temps infu- fer dans de l'eau des racines de con- combre fauvage pilées, pour lui don- ner à botre le lendemain ; quand il en aura bu abondamment ,. il ne rardera pas à vomir, ce qui annoncera la caufe de fa maladie. Quelques Ecri- vains difent, je ne fais fur quel fonde- ment, que les Cochons ne devien- nent point malades, fi on leur dore à manger dix-écrevifes de riviere. Jai f 472 Traité Économique vu donner avec fuccès, comme pré- fervatifs, à ces animaux , des branches & feuilles de livêche parmi leur nour- riture. On eff én général toujours certain qu’un Cochon eft malade, quand ïl penche l'oreille, qu'il eft plus Srred : 2 plus pefant que de coutume, ou bien lorfau'il eft dé:- goûté ; 1} peut arrivér auf qu'un Co- chon malade ne donne aucun de ces fignes ; mais ce qui peut faire foup- çonner en lui. quelques infirmirés, c’eft Jlorfqu'au lieu de conferver fon em+ bonpoint ordinaire, on le voit di- miquer peu-à peu ; pourlors, afin de s'en éclaircir, on prend à contre-poik une poignée de foie fur fon dos, ou fur le col , & on la lui arrache. Si la racine de cette foie eft nette & blan- che, c’eft bon figne: mais fi on y ap- perçoit quelque marque fanglante ou noiratre ; ou une fanie épaille, on peut aflurément juger que le-Cochon eft malade; il ne s’agit plus alors que d'examiner quel eft le genre de mala- he: | Le Cochon eft d’un ufage commun en aliment, & d’une grande refflource pour les gens de la campagne. Pour qu'il foit bon, ik ne faut pas qu'il du gros & menu Bétail. 473 foit ni trop jeune, ni trop vieux ; äl faut de plus qu'il foit gras, tendre, & qu'il ait été nourri de bons alimens. La chair de cet animal nourrit beau- coup , & fournit un aliment qui nefe diflipe pas aifément ; mais elle fe di- gere M llenent. & produit des hu- meurs lentes, vifqueufes & grofliéres: c’eft ce qui fait qu’elle ne convient pas aux vieillards & aux perfonnes foibles &. délicates , & qu'elle n’eft propre qu'aux jeunes gens d’un tém- pérament fec & bilieux, & qui ontun bon eftomac, ou aux gens de la cam- agne, qui font accoutumés à des vio- RÉ exercices du corps. La Truie ni le Verrat ne font pas fi recherchés en . aliment que le Porc chätré, d'autant que leur chair eft d'un goût moins agréable ; quant au Cochon de lait, plufeurs perfonnes leftiment beau- “coup, & on le fert fur les meilleures tables , après l'avoir fait bien rôtir & farcir avec des herbes fines; mais il eft vifqueux, & fe digere difficilement. Avant que d'employer les’Cochons pour aliment , on les engraiffe comme nous avons dit ci-deflus , après quoi on les tue. Le meilleur temps pour cette opération eft depuis la Saint- 474 Traité Économique Æ Martin jüfqu’au Carnaval, quoiqu'il y ait cependant des endroits où on les tue durant toute l'année , même,.penñ- dant l'été. Pour les tuer plus facile- ment, on!les chatouille fur le dos, pour pouvoir plus. aifément les terrafler; après qu'ils font tués, felon les diffé- rens ufages du pays, onles pelecomme les Cochops de lait, en les. lavant dans l’eau bouillante, ou bien on Îles fait griller dans la paille dont on lés en- toure, & qu'on allume , les Cochons étant polés fur des büchers. On pré- tend que celui qui eft lavé à l'eau bouillante a la chair plus blanche; mais en revanche , elle_eft moins bonne & moins fucculente quela chair .de celui que lon grille. : nor EU _ Quand un Cochon eft grillé, on le lave, ou bien on le ratifle fimplement avec un couteau; après quoi on le pend à un croc par les pieds de der- _niere, pour l'ouvrir & lui.ôter les en- .trailles, pour faire les andouilles, les boudins & les faucifies; le fang eft auffi. d'en grand ufage pour faire les bou- dins. Le Cochon ne fe ccupe en mor- c'aux, pour être falé, qu'après qu'il eft totalement réfroidi, & que fa plus grande humidité eft entiérement diffi- Va digros & menu Bétail, 475 pée: on dit encore qu'il faut Jaifler un peu faifander cette viande, avant de e mettre au fel: on prépare à cet effet “un faloir qui foit bien relié, & telle- ment ajufté, que la faumure ne puifle s’en écouler;il faut qu'il foit garni d’un couvercle qui puifle même fe fermer à la clef: on lave d’abord lefaloiravec de l’eau chaude & des herbes aroma- tuques : on le laïile enfuite fécher, après quoi on fait bouillir deux ou trois bonnes poignées de genievre,ou même plufieurs rameaux de cet arbuflte dans un chaudron d’eau ; quand le tout a - Bouilli pendant quelque temps, on le jette dans le faloir , & on l'y laifle juf- qu'à ce que tout le bois en ait pris l'odeur ; enfin , on vuide cette eau : on y met de l'eau-fraîche: on lave bien tout le faloir, & on laïjette . Voici aëtuellement à méthode de | faler le lard & la viande de Cochon: ton les coupe par morceaux : on étend tous les morceaux les uris après les au- tres fur le faloir: on les frotte de fel avec la main, en forte qu'il n'y ait pas Je moindre petit endroit qui n'en ait pas été pénétré : à mefure qu'on fale pe morceaux , on les arrange dans le faloir : on ferre l’un contre l’autre, & : 476 Traité Économique on les entafle par lit: on ies laifle peñs dant huit jours en cet état; au bout de cet efpace, on les change de fitua- tion , en mettant deflous ceux qui étoient deflus , & en frottant de fel les endroits où il n’y en auroït pas affez: on les dérange ainfi, jufqu’a ce que le lard paroïfle luifant: on bat alors chaque piece avec un bâton, pour en Ôter le fel fuperfu ; puis on les attache à un endroit à l'abri de la chaleur; mais pour les garder plus long-temps, il faut auparavant les mettre pendant quelque temps à la cheminée. Où bien on s’y prend ainfi pour fa- ler les Cochons; après en avoir ôté le dedans, les jambons , les épaules, la têre, & autres gros morceaux, oh fend tout le refte en deux parties: on les fale bien: on pañe deflus , & par deux ou trois fois, un rouleau à force de bras, pour faire pénétrer le fel, & de deux jours en deux jours; après quoi on pend le falé au plancher, & on fale de même les pieces qu'on a le- vées. sh | Il y a des perfonnes qui ont une méthode particuliere pour conferver le lard; après qu'il a été pendant quinze jours dans le fel, elles font pro: du gros & menu Bétail. 477 vifion d'une caifle où on puifle au moins mettre trois grandes pieces: elles mettent d’abord du foin au fond ; elles enveloppent enfuite chaque piece _ de lard dans du foin, & elles mettent une couche entre deux ; cela empêche le lard de fe rancir, & on le trouve au bout d’un an auffi frais que le premier jour : on aura feulement foin de les garantir des rats & des infetes qui peu- vent {e couler dans la boëte. : Aux Indes, tant orientaies qu'occi- dentales, en Géorgie, &c., le Cochon pale pour un très-bon aliment, dans tous les temps & dans tous les cas. R.Lade rapporte que cet aliment ref- ferre le ventre à la Havane , tandis qu'il le relâche dans ce pays. Les Mé- decins y confeillent le Porc rôti après la purgation. Le Cochon eft regardé comme un animal immonde dans la loi Judaïque, & même encore chez les Mahomé- tans. | On vante beaucoup parmi nous le lard du Cochon de Syracufe & le jam- bon de Mayence. Du temps de Galien, les Athletes qui s’exerçoient à la lutte, n'étoiént jamais plus forts ni plus vi- goureux que quand ils vivoient de 478 Traité Économique Re chair de Cochon ; les gens dé mer en font encore a@uellemert grand ufage. La graifle de Pépiploon & des intef- tins, qui eft différente du lard, fait le fain-doux & le vieux oing. Cette graifle elt très-employée dans la cuifi- pe pour préparer différensalimens. On prétend que le fcorbut, quieft fi com- mus dans le Nord, ne provient que du fréquent ufage de la chair falée & fanée”du Cochon, Après avoir confidéré cet animal comme aliment, examinons-le à pré-. fent comme médicament, La Médecine tire du Cochon, pour la matiere médi cale , différentes parties, telles que fa raifle , fon fiel , fes excrémens ; & de a Truie, la.vulve , ou partie natu- relle. La graifle récente , appeilée panne ou fain doux , lorfqu'elle eft nouvellement fondue, eft anodine & émolliente : on Pemploie principale- ment dans les pommades & onguens rafraîchiffans, comme l’onguent rofat, &c.: on s'en fert pour appaifer les douleurs invétérées des reins & des aruculations : on la mêle eñcore dans les cataplafmes propres à ramollir les tumeurs accompagnées d’inflamma- tion. Borellus donne pour un reméde du gros & menu Bctail, 479 excellent contre la brûlure , Papplica- tion de feuilles de laurier, enduites de graifle de Porc bouillante. Pour-faci- : liter la fortie des dents des enfans, l’ufage aflez ordinaire des Nourrices eft de leur frotter les gencives avecune couenne de lard. Etmuller donne com- me un excellent remede contre lestoux violentes la compofition fuivante : on prend trois têtes d'ail: on les pile & on les incorpore avec une fufhifante quantité de graifle de Porc, pour un onguent dont on oint les plantes des pieds devant le feu, le foir en fe cou- chant ; & étant au lit, on en oint au{li un peu l’épine du dos. Ceremede - n'aura pas été fait trois fois, que la toux ceffera infailliblèment. Le vieux lard fondu & coulé produit de bons effets en liniment, pour déterger les puftules de la petite vérole, & empé- cher qu'elles ne creufent: on s'en fert encore pour déterger & confolider les plaies; l’oing eft de la graifle de Porc qu'on a Jaiflé vieillir, & quia pris une odeur rance & puante , par le long fé. jour qu’elle a fait dans les pots. Cet oins eft émollient & réfolutif, étant . appliqué extérieurement ; les Ouvriers s’en fervent pour oindre les éflieux, 480 Traité Économique les rouleaux des preffes, &-plufeurs autres inftrumens. Le cambouis n’eft autre chofe que l'oing :noirei: par une impreflion de: fer-qu'il'a prife; par le frottement autour des roues des carrofles & des charrettes;1leftibon en liniment, pour-calmervla dou- leur des hémorrhoïdes ,::& pour les réfoudre. Le-fiel de: Porcieft urile aux affe@tions des yeux & des Oreilles ; 1l déterge & guérit les ulceres qui ar- rivent à ces parties: on le faic! deflé- cher, pour le mêler dans les fuppofi- toires où 1l fert: d’aiguillon : on, pré- tend qu’il fait croître: les chevéux, _ d’autres difent le contraire. La fiente de Cochon eft difcuflive & réfolurive : on la met toute :chaude fur lés dé- mangeaifons, les exanthèêmes &:les autres tumeurs dures de la peau; elle arrête les hémorrhagies-du nez -par fon odeur forte, ou broyée dans de l'eau, & attirée par les narines _ La même fente toute chaude, en veloppée dans un linge, & appliquée fur la vulve , eft un remede éprouvé contre l’hémorrhagie de la matrice ; fon infufon dans du vin blanc, dont on donne la colature à la dofe de trois ou quatre cuillerées , eft très-vanrée dans dugros & menu Bétail. 48%. dansles Ephémérides d’ Allemagne con- tre les fievres intermitrentes , qu’elle emporte par les fueurs abondantes qu'elle procure, On aflure encore que. cette fiente guérit les morfures des bêtes venimeufes. » : :: La vulve, ou la partie naturelle de la Truie, eft recommandéedans les Au- teurs comme un excellent fpécifique contre l'écoulement involontaire des urines. Ce remede a toujours réufi dans les cas où d’autres avoient échoué ; 1l n'exige aucun régime, & Jon peut accommoder ce mets de uelle façon on le voudra , pour le aire manger à la perfonne incommo- _dée: il le faut continuer pendant quel- ques jours. L’Auteur de la Gazette Sa- lutaire prétend. que la veflie pro- duit le même effet : il attribue en- core des propriétés aux poumons & à l'aftragale ; les premiers font excel- lens pour les écorchures des pieds, & . le fecond pour les fractures des os & pour les douleurs du col & de la tête, | Des ufages médicinaux » paflonsaux économiques: Le vieux-o1ng fert en partie d’appat pour attirer les loupss Tome Il, X f 482 Traité Économique _ rénards & rats: on s’en fert encore pour graifler les eflieux des roues, comme nous Pavons déja dit. Le fang de cet animal entre dans quelques compofirions d’appat pour le poifion. On v’eflime pas beaucoup le fumier de Cochon; il eft brülant , lorfqu’on tient l'animal enfermé, On lit dans [e Journal Economique , que fi l’on cou- vre les fofles d’une houblonniere avec cette efpece de fumier , avant qu’il foit confommé, on garantit par-là le houblon de la rofée farineufé qui le fait périr, _ Le Verrat & la Truie ont le cuir fort épais: on s’en fert pour relier de très- grands livres, qui fatiguent beaucoup: on en fait aufh des cribles: on pré-' pare des vergéttes, des broffes & des pinceaux avec les foies. Avant de fivir cet article, neus al- lons rapporter, d'après le Di&tion: naire du Cultivateur, le profit que” peut rapporter ‘annuellement le Co= ! chon. Ileff, dit l'Autéur de cé Die” tioupaire , d’un grand rapport; & on" en peut faire ün commerce excellent, * pufqu'une Truie porte deux fois ‘ d'année , & qu'elle donne à chaque fois PS ER RS AE RE M 1 _ du gros menu Betail, 483. dix ou douze Gochons; ainfi, en ven- dant. feulement un écu chaque petit Cochon au bout: de trois femaines qu'il eft né, une Fruie rapporte vingt quatre écus par an. Sion a feulement quatre Truies , leur produit pourroit aller à 300 liv.; ainfi à proportion. Nous avons en outre fait voir tousles différens ufages , qui font très-nom= breux , auxquels on peut employer les différentes parties de cet animal, Evaluons donc aëtuellement la dépenfe &c le gain qu'on peut faire à élever des Cochons. Quoique l'éducation de ces animaux ne foit pas une des plus avantageufes. parties de l’économie champêtre, on ne doitcependant pas la mettre au nombie des plus mau- vaifes ; & eneffet, dix bonnes Truies peuvent rapporter annuellement en. deux portées cent foixante Cochons, mettant «chaque portée à huit petits. Les quatre-vingts premiers qui. vien- pent ordinairement aux environs de Noel ; n’ont befoin que d'un peu de lait de ‘beurre, ou d’un peu de grain & de farine mêlés, jufqu’à la Sainc-. Michel qu'ils parcourent les che mes; & dans ce temps, on peut les. wendre 6 liv. & mème 6 My 10 f. ;ce js | … | as à 484. Traité Économique quimonte pour le total depuis 4801 jufqu'à s20 liv. La feconde portée tombe ordinairement en Juin üu Juil: : let: mais fi l'on trouvoir dé la diff- culté à nourrir les petits Cochops én hiver,; on peut vendre cette féconde portée après la Saint-Michel, aÿ' moins 3 1: la piece; ce qui fait encore 2451. Le rapport dé ces deux’ portéesjoint fe monte ainfi à 720 liv. ou'760 HVi3 far quoi il faut déduire le: prix dt petit grain pour nourrir les ‘dix Truies pendant toute l’année; & les petits -Cochons juiqu’au temps de la vente, ce qui peut faire par an quarante boifleaux. Cette quantité, il Eft vrai, né fuit point pour éngraiflér les Co: .chons ; mais jointe au fourrage, qui .confifte en balayurés de granges, feuñl- les de choux & autres herbes, félon la fituation des lieux, elle fufñt pour les faire fubffter.. Le boiffeau de ce petit grain, compté à 4livres, ce qui eft an plus chér, fait 160 liv. Lé falaire du Pätre monte au plus à 40 liv.;. c’eft en tout 200 liv. Il refté donc de! bénéfice s 20 liv., ou même 60 liv.,! d'où il fuit que chaque Truié rappoñte par an $2 à 69 Liv. Quant à l’engrais. des Cochons , lé bénéfice n’en eft pas dugros & menu Bétail. 485$ bienconlidérable, ainf que nous l'avons obfervé plus haut, à moins qu’on ne les mette à la glandée : mais quand on les yymet dans les années d’abondance, de combien ne multiplie:t-on pas le . produit de ces animaux! Les andouillés, le boudin, les cer- velas & les faucilles, font des prépa- rations alimentaires trop, ufitées pour e pas donnér ici la méchode dé les FT NN EN SE ET TRE ... Les andouilles de Troyes font très- .eflimées :,on les prépare ainfi. On prend des, boyaux de Cochon pré- pers à cet ufage ; après qu'ils font bien lavés, on les fait tremper avec une fraife de Veau où d’Agneau dans le vin blanc , fel, poivre, oignons eu tranches, ail, thym, laurier, baflic: on met enfuite égoutter : on coupe la fraife en filets, avec de la panne auffi en filets : on aflaifonne de fel fin , fines épi- nces,un peu d'anis pilé : on emplit les boyaux de façon cependant qu'ils . D, foient pas trop pee on ficelle des déux,bouts : On les fait cuire dans -du bouillon avec un, peu dé panne, . un, boùquer,de perfl, ciboules, ail, thym, laurier, ballic, fel, poivre & #9B9QR 18 Suién Aire, on les, Rita si ke 486 “\Traié Économiques erefroïidir dédans,-& on les" fere pril- Hléessis lice 251 ni : 21150 23k D.KUu85q -n9 Le boudin otdinaires’ap prête" dela maniere fuivante O4 fait cuire de loi haché, fuivanit Ja “quantité de Boudin que l’on veur: fairei, avéé "du fain-doux que l’on pale furlelfeir, er | vqu'àtce qu'ilfoie cuir: on metces 61. :gnons’ävec de la panne côbpéélien -dés » du fang de Porc, & un Quart “ &e.. s de oué de la- HA ct … veut faire les fauciffes :on ficelle &:on: fait griller. Quand ‘on veutifaire des favciflés aux truffes, au lieu de perfil & de _ciboules, on y met des truffes hachées, & on les finit de la même façon qu'on l’a indiqué. À l'égard des faucitfes au vin de Champagne &'au vin du Rhin, on prend de la chair comme il a été dit: on ne la hache pas cependant ‘fi fi fine: on lui fair prendre le, oût dans le vin: on la met égout- :.& On Faflaifoune ee fe, & Sert dis dr rt D FR ! ; Fr 211 fit pe “FI S. : # hill : à DASmiReee à Be dt ln 1 k INSiC fe ACHAT Ep (LE S'HEE HOT : AL 15 + id EURE à AH ADE RE LILANT | MIND te } A ct Ve GA I EOLET RS ns SE us 00 "TOI Fr nt A5 VA P:P-kR oO BA T L re) N.. 0e) Er ICT 9 ete J lu, par she rés de Monfigoeur ié 5Gardè des. Sceaux , un Ouvrage. in titulés Traicé Economique du. gros & menu Bétail s per, M XX#: GC je D'y ai rien rien povuéquidit ea empécher l'impref- fion; As Paris, .ce vingt-quatre Novem- bre mil fept cent pe dE (ept. SE à Re H136 9 6e. tn re DU ROÔL. 0 U LS, par la grace de HAT * Roi de: France & de Navarre: A nos amés-& féaux Confeillers, les Gens. tenans.nos-Cours. de DA eAiente . Mat. tres des Requêtes. ordinaires de tre Hôtel , Grand Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs » Sénéchaäux , leurs Lieutenars Civils, & autre$. nos Jufficiers qu l appartiendra; SALUT. Notre amé le Sieur *** Nous a fait expofer qu’il defi- reroit faire imprimer & donner: au Pu- blic : le Traité Economique du pros & menu : Bérail, s’il Nous -plaifoit lui accorcer ns. Lettres de Perm flion pour ce né- ceilaires. À ces caufes , voulant favo- _ rablement -traiter l’Expofant ; Nous fui avons permis &. permettons ‘par, ces Préfentes ;.de faire imprimer Le Ou- vrage autant de fois que bon lui fembléra, & de le faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le temps de cinq - années confécutives , à compter du jour de la date des, Préfentes Failons. défen- fes à tous Imprimeurs ; Librairés se & autres perfonnes , de quelque qualité & condition que elles foient ; d’en introduire d'impreffion étrangere dans. aucun lieu de notre obéiffance, ;; à la charge que ces Préfentes. feront. énregifirées tout au long fur le regiftre de la, Communauté - "des ‘Imprimeurs. & Libraires. de Parisf, * dans trois mois de la date d’icelles ; ‘que l’impréffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume, & non ailleurs ; en bon papier & beaux caraéteres ; que l'Impétrant (e conformera en tout aux Réglemens de la Librairie, & notamment : à celui du 10 Avril 1725; à peine. de déchéance de la prélente Permiffion; qu'avant de l’expoler en vente, le ma . nufcrit qui aura fervi de copie à li impref- “fion' dudit Ouvrage , fera remis dans Île. même état: où Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevelier , Garde des Sceaux de France, le Sieur Murs De Miromes- NiL ; qu'il en fera enfuite rénus deux Exemplaires dans notre Bibliotheque pu- blique ; un!dans celle de notré Châteah | du Louvré, un dans celle de notre très- | cher & féal Chevalier, Chancelier de | France, le Sieur De Maüprou , & un | dans-eelle dudit Sieur Hu DE Mrro- | MESNAL ; le tout à peine de nulliré dés | Préfentes. Du contenu défquelles vous Le mandons &'enjoignons de faire jouir le- dit Expolant (6 1es äyans caufe ; pléine- ment & -paifiblement ; fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou émpé- .-chément. Voulons qu’à la copie des Pré. fentes , qui fera imprimée tout au long au commencement où à la fin dudit Ouvrage , foi foit ajoutée comme à d’original. Commandons au premier no- «tre Huiffier ou Sergént fur ce requis, de faire pour lexécution d’icelles , tous: _ AdŒeés réquis & néceflaires , fans déman- def'autre permiffion, & nonobftant cla- méur de'Haro ,; Charte Normande ;, & _ Lettres à ce contraires ; CAR tel eft no. : tre plaifir. Donné à Paris le vinet- “huitieme jour du mois de Janvier, lan mil fept cent foixante-dix-huit, & ce Imotre Regne le quatrieme. Par leRoï en fon Confil.. LE BEGUE. pes “aff = « ee ges ne Sÿ-m8n =. = 4 ni | Le le Bree XX à F4 . dans-la rare is on. ë a | de remettre à ladite Chine les ÉnRe pete preftrits par l'article CWIIE du Ré- | $ ss de172 3. A Paris, ce 3 Janvier À; M. Lorm Tairé, Syndic. Le sh dre De llmprimerie de DEMONVILLE ; Imprimeur de l'Académie Françoife, rue de Severin. DINLINUG DE is AUD € T 1900 SF Buc'hoz, Pierre Joseph 77 Traite economique et B83 physique ER 3iological x Medical PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY LE re LS ee LS Ë ù Po ASEx) 1h HER ee Se sr Le 2e Æ 27 44 Pod 1 ls ss 3 RU ss vf EAU À RTS Re ETS # DE ë TAITEEEE re AN LR JS RME NAS 2e À RAD Sets Cr {ARE Chypre fl tri Ki Ta RUE LA ï À on AAA eut ÿ HUE FOR #, [a k y DE Hotel RANERUEAUS À 1 MA AN? ra We, 5 1 Late dt A RRenuEs à {ere Lie se LME in de HE qu 6; EE &s RCE ti Fe RUE re Dr RTS & TA He l HAT RETEt TN i h MU qi EE r WE ) : Rae ES ne an ne Ru Fat ic ï Me Jan AR DER ANS nee Sen RE RS TER Te IEEE #7 FIST 12 L