m WW,v TRAITÉ D'EMBRYOLOGIE ET D'ORGANOGÉNIE COMPARÉES PUBLICATIONS DF THADUCTELR Sur Ips caractères anatoniiques dos (Ihii-optères du genre Cynony devis [Comptes rendus de V Académie des scieîices, \C-, 1880, p. I :](]'.)). Sur la morphologie des enveloppes fœtales des dhiroptère»; [Comptes rendus île l'Acadé- mie des sciences, XCII, 1881, p. 1354). Sur lépoquc de l'accouplement des Chauvos-Souris [Bulletin de la Société Pldlomu- ihique, 7^ série, IV, p. 88). Sur les enveloppes fœtales des Chiroptères du groupe des Molossiens [Bulletin de la Société Philomathique, 7' série, IV, p. 14'^). Recherches anatoniiques sur les Mamnufères de l'ordre des Chiroptères [Annales des Sciences naturelles, G° série, \1I, art. 1). Description de deux Chiroptères nouveaux de la collection du Muséum [Annales des Scic7ices naturelles, C>« série, XIII, art. 2). Observations sur quelques Annélides de l'étang de ïliau \BuUctin de la Société P/u- loinathique) (Sous presse). CdUliKlL. — TÏP. ET STElt. CUÉTÉ. TRAITÉ D'EMBRYOLOGIE ET D'ORGANOGÉNIE COmPARÉES l'AR Francis M. BALFOUR PROFESSEUR DE MORPHOLOGIE ANIMALE A l"l"NIVERSITÉ DE CAMBRIDGE, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ UOVALE DE LONDRES TRADUIT AVEC l'aCTORISATIOX DE l'aUTEUR ET ANNOTÉ Par H. A.. ROBIN Docteur es sciences, Préparateur du cours de zoologie, anatomie et physiologie comparées h la Faculté des sciences de Paris TOME PREMIER HISTOIRE DE L'OEUF — EMBRYOLOGIE DES INVERTÉBRÉS Avec 396 figures intercalées daus le texte. PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS 19, rue Hautefeullle. près du boulevard Saint-Germain 1883 F.-M. BALFOUR X£< SA VIE ET SES TRAVAUX Francis Maitland BALFOUR, né le 10 novembre 1851 d'une des premières familles de l'aristocratie écossaise, montra de bonne heure le goût des sciences naturelles. Pendant son séjour à l'école de Harrow, de 1865 k 1870, oi^i, dans l'ensemble de ses études, rien ne faisait pressentir ce qu'il devait être bientôt, il consacrait toutes les heures dont il disposait à s'initier, sous la direction de G. Grif- fith, à la pratique des sciences biologiques, dans laquelle il eut, nous dit son premier maître, quelque difficulté à surmonter une certaine inhabileté naturelle. Ses vacances étaient occupées par l'étude de la géologie du comté que sa famille habitait. Aussi, entré à l'université de Cambridge à la fin de 1870, il ne tarda pas à se faire remarquer de ses maîtres, Marlborough Pryor et Michael Foster. Ce dernier, qui réunissait alors en un volume les conférences d'embryologie professées par lui à Londres et à Cambridge, prit pour collaborateur son élève, et l'engageant à abandonner momentanément la préparation des grades pour se livrer à des recherches originales, le chargea de reprendre l'étude de certains points douteux. Telle est l'origine des premiers travaux embryologiques de Balfour, dont les résultats furent publiés en 1873 dans le Quarterlt/ Journal of microscopical Science, ou, en grande partie, sont épars dans l'ouvrage commun de Foster et Balfour sur l'embryologie du Poulet, qui obtint un si légitime succès et fut bientôt traduit en français et en allemand. VI F.-M. BALFOUR. Après avoir pris le grade de bachelier-ès-arts pour les sciences naturelles, Balfour partit, au commencement de 1873, pour Aaples, où l'université de Cambridge venait de louer deux tables à la station zoologique récemment fondée par Dohrn. C'est là qu'il commença les observations sur le développement des Elas- mobrancbes qu'il allait continuer pendant les années suivantes, soit à Naples, soit à Bristol, et qui devaient lui fournir tant de beaux résultats et le conduire à la célébrité. Ses rechercbes et des voyages scientifiques en Grèce et dans FAmérique du Sud n'ab- sorbaient cependant pas tout son temps. Elu. dès 1874, «< fcllow » de Trinity Collège, il commença, en 1875, à faire des conférences bénévoles d'embryologie et d'anatomie comparée qui réunirent bientôt autour de lui de nombreux élèves dont plusieurs devinrent ses collaborateurs. Soit seul, soit avec leur aide, il menait de front l'étude de diverses questions d'embryologie des Vertébrés ou des Arachnides, la continuation de ses rechercbes sur le déve- loppement des Elasmobranches et des travaux d'anatomie comparée dont une monographie du Peripâtus, cet Ampliioxiis des Articulés, qui est malheureusement restée inachevée. Ces travaux ne suf li- saient pas à son activité, et il y joignait la rédaction du Traité d'Embrfjolo(/ie comparée, qui restera l'un des monuments de la science de la iin de notre siècle. La réputation de Balfour était devenue européenne, et ses tra- vaux forçaient l'admiration ; aussi des honneurs réservés d'ordi- naire à de plus âgés s'accumulaient sur sa tète. En 1878, il était devenu membre de la Société royale de Londres qui, en 1881, le fit entrer dans son conseil et lui décerna une médaille royale. Il avait été, en 1880, vice-président de la section d'anatomie et de physiologie de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, devant laquelle il j>rononça, au congrès de Swansea, un discours sur les secours réciproques que se prêtent l'embryo- logie et la phylogénie et sur l'évolution du système nerveux; l'an- née suivante, il était l'un des deux secrétaires-généraux au con- grès d'York. En 1881, il était appelé à la présidence de la Société philosophique de Cambridge, à la vice-présidence de la Société royale microscopique, et l'université de GlascoAv lui conférait le litre de docteur honoraire. 11 continuait cependant à n'occuper à SA VIE ET SES TRAVAUX. Vil l'université de Cambridge que la situation secondaire de «lecturer», malgré les brillantes propositions que lui faisaient d'autres uni- versités (il avait refusé de remplacer Rolleston à Oxford et sir W\ ville Thomson à Edimbourg), Ce n'est que deux mois avant sa mort, en mai dernier, que fut créée pour lui, à Cambridge, une chaire de morphologie animale qu'il n'a jamais occupée en fait, car au printemps dernier, au retour d'un voyage à Messine où il était allé travailler avec son ami le professeur Kleinenberg, il fut atteint par la fièvre typhoïde, contractée à Naples au chevet d'un de ses élèves, et il n'était que convalescent lorsqu'il vit ses vœux comblés par son élévation au professorat dans l'université qu'il ne voulait pas quitter, A peine entièrement remis, il partait, au commencement de juillet, pour faire en Suisse, où il avait l'habitude de consacrer à des expéditions alpestres le temps qu'il arrachait à ses travaux, le voyage qui devait lui coûter la vie. On ne connaît que peu de dé- tails sur sa mort; après avoir franchi le col du Géant, il résolut de tenter l'ascension de l'Aiguillc-Blanche de Peutcret, l'un des contre-forts du Mont-Blanc, L'ascension était neuve et difficile, et son compagnon de voyage, M. Cunningham, etle guide de celui-ci (|ui, pourtant, avait déjà tenté la même expédition et qui put fournir à Balfour quelques indications sur la voie la plus proba- tdement accessible, refusèrent de l'accompagner, 11 partit de (^ourmayeur le 18 juillet seul avec son guide, après avoir envoyé par des porteurs des provisions à l'endroit où ils devaient passer la nuit sur des rochers. On prévoyait qu'ils pourraient être absents deux nuits et rentrer à Courmayeur le 20. Comme ils ne reparais- saient pas, on supposa qu'ils avaient pu redescendre de l'autre côté de la montagne et gagner Chamounix, ou bien qu'ils étaient allés chercher des provisions aux chalets de Visaille. C'est seule- ment le 21 que, l'anxiété augmentant, les compagnons de voyage de Balfour, après s'être assurés qu'on n'avait aucune nouvelle de l'expédition dans ces deux localités, envoyèrent des guides à sa recherche. Le 22 juillet, au matin, en atteignant les rochers qui séparent le glacier du Brouillard du glacier de Fresney, on retrouva au pied de l'arête neigeuse qui relie la montagne au massif du Mont-Blanc proprement dit les corps de Balfour et de '^'. Vlll F. -M. BALFOUR. son guide Joluinn Pctrus, en partie couverts de neige. La petite quantité de neige fraîche présente en cet endroit ne permet pas de supposer qu'ils aient été entraînés par une avalanclic; il est plus probable que l'un d'eux a glissé et a entraîné son compagnon trop faible pour le retenir. Les provisions restées intactes indi- quent que la catastrophe a dû avoir lieu le 19 juillet. La plupart des travaux de Balfour ont eu pour objet l'embryo- logie des Vertébrés, et nul depuis Von Baer et Bischoff n'a fait faire plus de progrès à cette branche de nos connaissances. La monographie du développement des Elasmobranches, où il a suivi l'évolution depuis l'apparition de l'œuf dans l'ovaire de la mère jusqu'à la constitution de la plupart des organes, est, sous ce rapport, son œuvre capitale. Dans cet ouvrage, et dans une série de mémoires portant sur divers points de Tembryologie des Pois- sons, des Reptiles, des Oiseaux et des Mammifères, il a réuni des observations innombrables dont plusieurs sont des découvertes de premier ordre^, et qui toutes, par la précision de la méthode et la sûreté de l'interprétation, ont contribué à fixer la science sur quelque point. Vouloir passer en revue les observations importantes que nous lui devons, ce serait résumer tous ses travaux, tâche trop longue et que nous ne pouvons entreprendre ici, inutile d'ailleurs, puis- que lui-même a pris le soin de le faire dans son Traité d'Embryo- logie comparée. Nous voulons seulement rappeler quelques-uns des points les plus importants de son œuvre, points sur lesquels il a le plus fait avancer nos connaissances, et où son influence paraît devoir être la plus grande sur les progrès futurs ou la direction de la science embryologique. La question de la structure et de la signification de la ligne primitive des Vertébrés supérieurs attira de bonne heure son atten- tion et fit l'objet d'une de ses premières publications, à l'époque où il préparait avec Foster VEtnbryologie du Poidet. Alors (1873), on admettait encore généralement, malgré les observations con- traires mais peu connues de Dursy, que la ligne et la gouttière primitives n'étaient rien autre chose que les premières indications de la plaque et du sillon médullaires. Balfour, par l'observation SA VIE ET SES TRAVAUX. IX précise d'une série de blastodermes tant sur des vues superficielles que sur des coupes, prouva d'une manière victorieuse l'erreur de cette opinion, et montra que la plaque médullaire se développe toujours après la ligne primitive et en avant d'elle ; que généra- lement même elle n'est pas dans son prolongement direct, mais asymétrique par rapport à elle. La ligne primitive cependant, par sa constance, par la préco- cité de son apparition, est incontestablement une formation d'une haute valeur morphologique; mais quelle est sa signification? Possède-t-clle un rôle fonctionnel important, ou bien n'est-elle pas plutôt un organe rudimentaire, dernière trace d'un or- gane anceslral qui aurait plus ou moins complètement perdu sa fonction. Balfour, tout en penchant pour la seconde hypothèse à cause de la disparition rapide de la ligne primitive, ne put pas d'abord résoudre ce problème. KôUiker, au contraire, ayant constaté que sur les coupes la ligne primitive est caractérisée par la non-différenciation des feuillets externe et moyen et la prolifé- ration active des éléments, en conclut que c'est le lieu de forma- tion du mésoblaste qui dériverait de l'épiblaste et se formerait exclusivement en ce point. Conclusion légitime en apparence, au moins en partie, mais en contradiction avec les observations de Balfour et d'autres observateurs qui, sur plusieurs points situés en dehors de la ligne primitive, avaient vu des éléments hypoblas- tiques ou môme des éléments vitellins non dilTérenciés pénétrer dans le mésoblaste; en contradiction surtout avec l'origine hypo- blastique du mésoblaste, positivement démontrée pour les Ver- tébrés inférieurs. Les observations de Balfour sur les Elasniobranches l'amenèrent à une interprétation toute différente des faits mis en lumière par l'embryologiste allemand, interprétation qu'il confirma plus tard par des investigations spécialement dirigées à cet elTet sur les em- bryons des Reptiles et des Oiseaux. Il démontra que la ligne pri- mitive n'est autre chose que le représentant du blastopore des Vertébrés inférieurs, et que la formation d'éléments mésoblas- tiques en ce point correspond à la formation des mêmes élé- ments aux lèvres du blastopore, c'est-à-dire au point de contact entre l'épiblaste et l'hypoblaste, et n'exclut pas la formation X F. -M. UALFOUH. par riiypoblaste d'éléments mésoblastiqiies qui constituent, en réalité, toute laportion périphérique et antérieure dufeuillet moyen. En effet, l'existence même de la ligne primitive caractérise les Ver- tébrés allantoïdiens chez lesquels l'embryon se forme dans la région centrale du blastoderme, au bord postérieur duquel il est plus ou moins complètementreliéparcette formation ; elle nesaurait exister chez les Ichthyopsidiens, où l'extrémité postérieure de l'embryon est marginale. Dans ce cas, il existe toujours à l'extrémité posté- rieure de l'embi'von un Idastopore (anus de Rusconi), c'est-à-dire Torifice d'une invagination plus ou moins effective qui a donné naissance à un intestin primitif dont la paroi supérieure au moins est constituée par l'hypoblaste bien différencié. En ce point égale- ment, vient se terminer en arrière la gouttière médullaire qui, après qu'elle s'est transformée en un tube et que le blastopore est lui-même fermé, reste quelque temps en communication avec l'in- testin primitif par un canal neurentérique. Chez les Cyclostomes, les Amphibiens et les Ganoïdes, le mésoblastese constitue sur les cô- tés et dans l'épaisseur des lèvres du blastopore, au point même où l'hypoblaste se continue avec Tépiblaste, où il n'est pas possible de différencier ces deux feuillets. Cette structure se rattache elle-même à celle des Elasmobranches où les éléments invaginés qui for- ment la paroi dorsale de l'intestin primitif sont d'abord indifférents et se séparent plus tard en mésoblaste et hypoblaste. Le blastopore et la ligne primitive présentent par conséquent la même position à l'extrémité postérieure du sillon médullaire, la même structure, puisque dans les lèvres de l'un comme sur la coupe de l'autre, les feuillets embryonnaires ne sont pas différenciés (l'hypoblaste lui-même est moins différencié des autres feuillets que partout ailleurs) ; enfin, le canal neurentéiique, reste du blastopore, existe à l'extrémité antérieure de la ligne primitive chez les Oi- seaux, où sa présence a été démontrée par Gasser, et chez les Reptiles, où il a été retrouvé par Balfour. Ce sont là de fortes pré- somptions en faveur de l'identité du blastopore et de la ligne pri- mitive qui ne serait qu'un blastopore à lèvres soudées. Mais révo- lution des Elasmobranches fournit une preuve directe de cette identité, et permet de suivre réellement la formation d'une ligne primitive secondaire aux dépens du blastopore. L'oritice de Tin- SA VIE ET SES TRAVAUX. XI Icstin primitif, à l'origine, est limité seulement à sa partie dor- sale par une lèvre constituée parle blastoderme, lèvre qui présente sur les côtés la continuité ordinaire entre les feuillets; à sa partie ventrale, il est limité par le vitellus nutritif non segmenté et non encore recouvert par le blastoderme. En réalité, cet orifice n'est qu'une partie du blastopore, toute la portion extra-blastoder- mique du vitellus en faisant également partie. Or le blastopore se ferme par un rapprocliemcnt des bords du blastoderme qui part de l'extrémité de la gouttière médullaire, où se forme le canal neurentérique pour se diriger vers la face ventrale. L'embryon se trouve ainsi reporté vers le centre du blastoderme, au bord duquel il est relié par la ligne de coalescence des bords du blastoderme qui ne diffère alors en rien de la ligne primitive des Vertébrés supérieurs. Si la ligne primitive représente un blastopore avec les lèvres soudées, il est naturel que les feuillets y soient confondus comme dans ces lèvres, et qu'on y trouve un foyer de production d'élé- ments mésoblastiques, sans que pour cela on puisse attribuer à ces éléments une origine épiblastique plutôt qu'hypoblastique. 11 est, au contraire, naturel d'admettre, puisijue partout ailleurs le mésoblaste dérive ou de l'bypoblaste ou d'éléments encore indif- férents en apparence, que là aussi ces éléments proviennent d'élé- ments non ditTérenciés, mais plutôt hypoblastiques qu'épiblas- tiques. Ces faits enlèvent déjà beaucoup de leur importance aux diffé- rences que l'on a cru constater dans l'origine de la corde dorsale qui , d'après certains auteurs , dériverait du mésoblaste cliez les Oiseaux, tandis quelle est incontestablement hypoblastique chez les autres types où son développement a été suivi. Mais là encore, Balfour, avec la collaboration d'un de ses élèves, Deigli- ton, a montré qu'il y a seulement formation de l'organe avant la différenciation complète du feuillet qui lui donne naissance. Dans toute la partie antérieur SA VIE ET SES TRAVAUX. XIX « d'exprimer la valeur de ce livre. Balfoiir n'a pas reculé devant « la quantité immense de données éparses dans la littérature, et il (( a tout réuni en un exposé méthodique, clair et précis. Les des- « criptions différentes ont été pesées et appréciées et souvent mises « d'accord par une explication ingénieuse ou une observation nou- « velle. D'innombrables observations ont été répétées et vérifiées, « d'innombrables suggestions sur les nouvelles recherches à en- ce treprcndre rendent ce livre aussi précieux au savant qu'à l'étu- « diant. « Parmi les chapitres les plus remarquables par les généralisa- « lions larges et philosophiques qui y sont exposées, sont ceux « traitant de la forme ancestrale des Chordata, des formcslarvaires, (( de l'origine et des homologies des feuillets germinatifs. Balfour <( accepte la gastrula comme un stade de l'évolution des Méta- « zoaircs et est porté à considérer l'invagination comme un pro- ie cessus plus primitif que la délamination dans la formation de la « gastrula. 11 démontre que le mésoblaste est apparu primitive- << ment non d'une manière indépendante, mais comme une difîé- c( renciation des deux autres feuillets, et qu'il est homologue à « lui-même dans l'ensemble des Métazoaires. Dans le chapitre « consacré aux formes larvaires, il réunit de nombreux argu- ée ments pour prouver qu'un développement larvaire reproduit ee l'histoire ancestrale plus complètement et plus fidèlement qu'un « développement fœtal ; il passe en revue les types de larves (dis- i-33G. CHAPITRE XVII. Traciiéatfs 357 Prototrachéates, 367-3GI . — Myriapodes, 3fi2-3G!). — Insectes, 3G9-404. — (Les membranes embryonnaires et, la formation des feuillets, 374-380. — Forma- tion des organes et leurs relations avec les feuillets germinatifs, 380-390. — Types spéciaux de larves, 3'.)0-3'J3. — Métamorphose et hétérogamie, 303 4il4.) — Arachnides, 40j-4"27. — (Formation des feuillets et développement général, 405-418. — Histoire spéciale des feuillets germinatifs, 418-^25. — Sommaire et conclusions générales, 4'25-427.) — Formation des feuillets et des enveloppes embryonnaires chez les Tracliéates, 4.!7-429. CHAPITRE XVIII. Crustacés 430 Histoire des formes larvaires, 430-478. — (Branchiopodes, 431 -43 j. — Mala- cosiracés, 435-45G. — Cupépodes, 45G-4GI. — Cirripèdes, 4GI-4G8. — Ostra- Cûdes, 4G8-470. — Phylogénie des Crustacés, 470-478.) — Formation des feuillets gorminatifs,478-4S7. — Développement comparatif des organes, 487-498. CHAPITRE XIX. PolCCILOPODES, PvCiXOCOMDES, TaUDIGRADES et LiNGUATULlDES. — SOMMAIRE COMPA- KATir M- DÉVELOPPEMENT DES AliTHHOPODES 499 Pœcilopodes, 4'.)9-503. — Pycnogonides, 5ii3-505. — Pentastomides, 505-50G. — Tardigrades, 50G-507. — Sommaire du développementdes Arthropodes, 507 -.'■)08. CHAPITRE XX. ElUinodehmes :,{)() Développement des feuillets germinatifs, 509-518. — Holothurides, 509-513. — Astérides, ,Sl:j. — Ophiurides,514. — Ecliinidcs,51i-5l5. — CrinoïJes, 515-517. — Développement des' appendices larvaires et métamorphose, 518-53G. — (Holothurides, 518 521. ^ Astéridos, 521-62G. — Ophiurides, 52G-528. — Echinides, 528-5:i'». — Crinoiiies, 53i-53G.) — Comparaison des larves des Echinodermes cl conclusions générales, 537-540. CHAPITRE XXI. E.NTKROPNEISTES j 1 1-,-,', ', RlIlLIOOnAPIIlE CÉNÉnALE r,/,", Fl.N DE LA TADLE DES MATIÈRES DU TOME PREMIER. TRAITÉ D'EMBRYOLOGIE COMPARÉE INTRODUCTION L'embryologie est une branche étendue et importante de la biologie. Prise dans le sens propre du mot, cette science devrait traiter de l'ac- croissement et de la structure des êtres organisés pendant leur déve- loppement dans l'intérieur des membranes de l'œuf, avant qu'ils soient capables de mener une existence indépendante. Les recher- ches modernes ont cependant montré qu'une telle délimitation serait absolument artificielle, et le terme embryologie tel qu'il est appliqué aujourd'hui, comprend l'anatomie et la physiologie de l'être vivant pendant toute la période qui s'étend depuis le moment où il com- mence à exister, jusqu'à, ce qu'il ait atteint l'état adulte. L'objet de la science embryologique permet de la diviser de deux manières différentes. On peut la partager en une série de chapitres traitant chacun, soit d'un groupe spécial d'organismes, soit d'une bran- che particulière de la science entière. Si l'on suit la première mé- thode, la science se divisera naturellement en embryologie des Végé- taux et embryologie des Animaux. Dans la seconde méthode elle sera répartie en deux divisions principales, l'embryologie physiologique et l'embryologie anatomique. Le présent traité a uniquement pour objet l'embryologie des Ani- maux et est limité aux Animaux désignés sous le nom de Métazoaires. En outre, la science est traitée plutôt au point de vue morphologique ou anatomique qu'au point de vue physiologique. Balfour, Embiyologie. I. — i 2 INTRODUCTION. Le merveilleux phénomène dn développement d'un être vivant d'or- ganisation extrêmement compli(iuée qui sort d'un germe non différen- cié, dans lequel il a fallu le secours des applications les plus modernes du microscope pour reconnaître des manifestations de la vie, a naturel- lement attiré l'attention des biologistes depuis les temps les plus an- ciens. Avant que la théorie cellulaire ne fût formulée, on ne savait pas que le développement de l'organisme aux dépens du germe est un phénomène de même ordre que l'accroissement de l'individu com- plètement formé, et les recherches embryologiques étaient mêlées de spéculations étrangères sur l'origine de la vie (1). Les difficultés que lesanatomistes éprouvaient à comprendre la for- mation de l'individu aux dépens d'nn germe sans structure les condui- sirent à adopter l'opinion « selon laquelle l'embryon préexistait, quoi- que invisible, dans l'œuf, et les changements qui avaient lieu pendant l'incubation, consistaient non dans la formation d'organes, mais dans l'accroissement, c'est-à-dire dans l'expansion accompagnée de modi- fications concomitantes du germe déjà existant. » Si grand que soit l'intérêt qui s'attache à l'histoire biologique isolée des êtres vivants, cet intérêt a été décuplé par les généralisations de M. Charles Darwin. Depuis longtemps on a reconnu que les embryons et les larves des représentants les plus élevés de chaque groupe, passent dans le cours de leur développement par une série de stades dans lesquels ils res- semblent plus ou moins complètement aux représentants inférieurs du même groupe (2). Ce phénomène remarquable reçoit son explica- tion dans la théorie de la descendance de M. Darwin. 11 y a, d'après cette théorie, deux principes déterminants et en quelque sorte anta- gonistes qui ont rendu possible l'ordre que nous voyons aujourd'hui dans le monde organique. Ce sont les lois de l'hérédité et de la varia- bilité. D'après la première de ces lois, les caractères d'un être orga- nisé à tous les stades de son existence sont reproduits chez ses des- cendants à des stades correspondants. D'après la seconde, les produits ne ressemblent jamais exactement aux parents. Par l'action combinée de ces deux principes, une variabilité continue d'un même type pri- mitif devient possible, puisque chaque variation acquise tend à devenir héréditaire. (1) Wolff fait une exception remarquable h celte règle générale, car, bien que ne possédant aucune notion nette de ce que nous appelons cellnlo, il concevait d'une ma- nière très exacte les rapports de l'accroissement et du développement. (2) Von Baer (\/iu/^aa!(rrt;l• . , .., , liaca. La vésicule germinative est d autres cas, tant parmi les Méduses que devenue invisible sans réartifs (em- parmi les Siphonophores ou les Cténo- p>-unté à mftschnikoff. - Entwick- '■ '■ '■ lungaerbipnonoi>horen,inzt'i/«crt)'î// phores on peut distinguer dans l'œuf deux /■. wiss. zooi. xxiv, i874) (*). parties. La partie externe est constituée par un protoplasma dense, tandis que la partie interne est formée par un réseau, ou plus exactement une trame spongieuse de protoplasma renfermant dans ses mailles une substance plus fluide (fig. 8). Dans certains cas, l'œuf tout en gaidanl la constilulion qui vient d'iSlre (') p.d, couche périiiliérique de protoplasma plus densj. — Ji-m, aire centrale consistant en une trame |)rotoplasmi(qne. 24 . L'ŒUF. décrite s'entoure d'une membrane très délicate. Telle est la constiliilion de Vœnïmùv de VHippopodius gleba parmi les Siphonophores (1) et desœuFs de Geryonia parmi les Méduses permanentes (2). l-es œufs mûrs des Cténopho- res présentent d'ordinaire une structure semblable (3). Apres la ponte on les trouve enveloppés d'une membrane délicate qu'un espace rempli de liquide sép'are du corps de l'œuf. Celui-ci se compose de deux couclies, l'une externe de protoplasma finement granuleux et l'autre interne consistant en une trame protoplasmique spongieuse renfermant dans ses mailles des sphères irrégu- lières. Ces dernières, d'a[)rès Agassiz, sont de nature grasse et il est probable que dans la plupart des cas où il existe un réseau protoplasmique celui-ci constitue seul le protoplasma actif, et que la substance qui remplit ses mailles doit être considérée comme une forme de vitellus nutritif ou deutoplasma bien qu'elle semble quelquefois avoir la faculté d'assimiler des particules vitellines plus consistantes. La membrane qui entoure l'œuf d'un grand nombre de Cœlentérés est probablement une membrane vitelline. Les œufs des Hydrozoaires tirent leur oiigine, dans la plupart des groupes du moins ( i), de la couche la plus profonde de l'épiblasto (couche interstitielle de Kleinenberg). Les cellules interstitielles de la région ovarique forment des cellules germinatives primaires et par un excès de nutrition, certaines d'entre elles dépassent leurs voisines et deviennent de jeunes œufs. A cet état, les œufs diffèrent des œufs complètement développés qui viennent d'être décrits, principalement en ce que la vésicule germinative est entourée d'une quantité propor- tionnellement moindre de protoplasma. Ils s'accroissent dans des proportions considérables, aux dépens des cellules germinatives qui ne se transforment pas en œufs. Les œufs d'un grand nombre de Cœlentérés subissent des change- ments de nature plus complexe avant d'atteindre leur développement complet. L'ccuf de l'Hydre peut être pris pour type de ces cas. L'ovaire de l'Hydre (Kleinenberg, n° 9) est constitué par des cellules germina- tives anguleuses et aplaties dont aucune ne peut d'abord se distinguer des autres. Par les progrès de l'accroissement, l'une des cellules occupant une jjosition centrale, vient à se distinguer de ses voisines par ses dimensions plus grandes et sa forme de coin. Elle constitue le seul œuf de l'ovaire. Après être devenue proéminente, elle augmente rapidement eu dimension, et émet des prolongements irrcguliers. La (1) Mktschi\'kiii-f. ZcLt^chrifi. /•. wiss. Ziuilorjie, XXIV. lS7'f. (2) Hermann Fol. lennudic Zeitschrif't, VU. (3J KûWAi.KWSKi. EiUwicivliuigsgoscliiclite der Rippenqualleii {Mcm. de l'Ararf. d. Pétersfjowg, 18()G) et Alex. A(,assiz. l'inihi-yology of ilio Cteiioplioni; lA?>ier. Acad. o/ Science and Arts, X, n" 111). (4) t/opiiiioii émise par van Benoden, suivant lacinelle les œufs ont une origine endo- dermique (lij'pol)!asti(|ue) n'e'^t viaie, comme on l'a montré, au moins que pour certains groupes. I.a quc^stion tout entière des feuillets qui donnent naissance aux produits gé- nitaux des Cœlentérés est encore entourée d'une grande obscurité. CŒLENTÉRÉS. 25 vésicule germinative, qui pendant un temps considérable ne subit aucune modification, commence aussi à la fin à s'accroître, et la ta- che germinative nettement définie qu'elle contient, disparaît complè- tement, après avoir acquis une certaine dimension. Après l'atrophie de la tache germinative, il apparaît au milieu de l'oeuf un certain nombre de granulations vitellines arrondies. La forme de l'œuf devient plus irrégulière, et outre les granula- tions vitellines, des granulations de chlorophylle se développent dans son intérieur. Une nouvelle tache germinative de forme circu- laire apparaît aussi dans la vésicule germinative. Des prolongements protoplasmiques sont ensuite émis dans toutes les directions, donnant à l'œuf un caractère amœboïde (fig. A). La forme amœboïde de l'œuf a sans aucun doute pour but de lui donner une plus grande surface d'absorption. Eu même temps que l'œuf prend la forme amœboïde, il apparaît dans son intérieur un grand nombre de corps singuliers. Ce sont des vésicules entourées d'une paroi épaisse qui porte un prolon- gement conique pénétrant dans leur intérieur qui est rempli de li- quide (fig. 4, B). Ces corps sont formés directement aux dépens du protoplasma de l'œuf et doivent être comparés, tant au point de vue morphologique qu'au point de vue physiologique, aux sphérules vitellines d'un œuf tel que celui de l'Oiseau. Ils ont été appelés pseu- docelles par Kleinenberg, et se retrouvent, avec des caractères légère- ment variables, dans un grand nombre d'œufs d'Hydrozoaires. Ils apparaissent d'abord sous forme de petites granulations très réfringentes dans lesquelles se forme une cavité qui est d'abord centrale puis est enfin repoussée vers un côté par la formation d'un prolongement conique de la l)aroi de Ja vésicule. Lorsque l'accroissement de l'œuf est terminé, les prolongements amœboïdes se rétractent peu à peu et l'œuf pread une forme sphé- rique, tout en continuant d'être enveloppé par ce qui reste des cellules de l'ovaire. Il est important de noter que pendant tout son développement, l'œuf de l'Hydre garde le caractère d'une cellule simple et que les pseudocelles et autres formations qui apparaissent dans sa substance ne tirent pas leur origine de l'extérieur et ne four- nissent pas le moindre argument pour regarder l'œut comme un or- gane composé de plus d'une cellule. Le développement des œufs des Tubularidés, que beaucoup d'obser- vateurs ont supposé présenter des particularités très spéciales, est essentiellement du même type que celui de l'Hydre ; mais la vésicule germinative reste toujours très petite et difficile à observer. 11 est très instructif d'étudier dans ce type le mode de nutrition de l'œuf. Ce mode de nutrition est actif et ressemble beaucoup à la manière dont un Amibe se nourrit d'autres organismes. Autour de chacun des 26 LŒUF. gros œufs de l'ovaire, on voit un certain nombre de cellules germi- nalives (fig. 3); la limite entre ces cellules et l'œuf n'est pas distincte. Immédiatement auprès du bord de r(Buf, les petites cellules ont com- mencé à subir des changements régressifs, tandis qu'à quelque distance de l'œuf, elles sont entièrement normales (g. c.) [i). PLATYELMINXnES. (10) p. Hallez. Contrihiitiont à l'histoire 7iof.urelle des- Turhcllariés. Lille, 1879. (11) S. Max. ScHUi-TZE. l'.eitruge z. Natiirgrschichte d. Turhellarien. Gi'eifswald, 18JI. (12) C. Th. von Siebold. Helminthologische beitrage [Midlers' At-cinv, 1836). (13) C. Th. von Siebold. Lehrbuch. d. vevgleich. Anat. d. ■wirbellosmi Thiere. Berlin, i848. Trad. franc. Paris, IS.'iO. (14) E. Zeller. Weitere Beitrage z. Kenntniss d. Polystonien [Zeit^clv. f. iviss. Zool. XXVII, 1870). (Voj'. aussi Ed. Van Beneden, n" 1.) Ce groupe dans lequel je comprends les Trématodes, les Cestodes, les Turbellariés et les Némertiens,a joué un grand rôle dans toutes les discussions relatives à la nature et à la composition de l'œuf. Le déve- loppement de l'œuf présente chez la plupart de ses représentants cette particularité que deux organes distincts prennent part à la formation de ce que l'on appelle d'ordinaire l'œuf. L'un de ces or- ganes est désigné sous le nom d'ovaire proprement dit (germigène), l'autre sous celui de viteUavium ou glande vitelline (vitellogène). A l'avenir, le nom d'œuf sera réservé au produit du premier de ces or- ganes. Chez les Trématodes, l'ovaire est un organe impair, en conti- nuité directe avec l'oviducte, dans lequel débouchent les conduits de deux glandes vitellines paires. L'ovaire a la forme d'un sac et présente dans certains cas une lu- mière centrale [Poli/stomion integerriininn). A l'extrémité aveugle de l'organe est situé le tissu germinatif. Cette partie est, d'après la des- cription de la majorité des observateurs, formée d'une masse polynu- cléaire de protoplasma non divisé en cellules distinctes. Qu'il soit en réalité formé ou non de protoplasma indivis, il est absolument certain qu'un peu plus bas dans l'ovaire on trouve des cellules distinctes qui se sont détachées de la masse supérieure et sont formées d'un gros noyau, pourvu d'un nucléole et entouré d'une mince couche de protoplasma. Ces cellules sont les œufs jeunes. Elles prennent d'ordi- naire une forme plus ou moins anguleuse par pression réciproque, et, dans le cas où l'ovaire a une cavité, forment une sorte de revête- ment épithélial au tube ovarique. Elles deviennent de plus en plus (l)Cettedesci'iptioii des œufs des Tubularidés est fondée sur des coupes des gonophures du Tubularia Diescmhnjcmtkemuin. Le D"' Kleiuenberg me fait savoir cependant que l'absence d'une limite distincte entre les cellules germinatives et l'œuf n'est pas oi'di- naire. PLATYELMINTIIES. 27 grosses en descendant dans l'ovaire, et quoique généralement nues sont dans certains cas [Poli/stomum integerrimimi), entourées d'une délicate membrane vitelline. Enfin les œufs passent dans l'oviducte, deviennent libres, et en même temps prennent la forme sphérique. Dans l'oviducte, l'œuf est enveloppé par des éléments remarquables dérivés de l'organe dont nous avons parlé sous le nom de glande vi- telline. La glande vitelline consiste en un grand nombre de petites vésicules pourvues chacune d'un conduit spécial qui débouche dans le canal principal de la glande. Chaque vésicule est limitée par un épithélium de cellules pourvues de membranes à double contour et contenant des noyaux. A mesure que les cellules vitellines vieillissent, des sphérules ré- fringentes se déposent dans leur protoplasma et masquent complète- ment le noyau ou le rendent difficile avoir. Dans le plus grand nom- bre des cas, la sécrétion de la glande vitelline est constituée par les cellules entières du revêtement des acini. Elles entourent l'œuf et autour d'elles se forme une coque ou une membrane. Dans quelques cas (par exemple chez le Polystonnnn inlegerrimum), les cellules vitel- lines conservent leur caractère cellulaire et leur vitalité jusqu'à ce que l'embryon ait acquis un développement avancé. Dans d'autres cas, elles perdent leur membrane et leur noyau, peu après la forma- tion de la coque de l'œuf, et se résolvent en un liquide tenant en sus- pension un grand nombre de granulations vitellines. Une désorga- nisation partielle des cellules vitellines peut aussi avoir lieu avant qu'elles n'entourent l'œuf; dans certaines espèces de Distomum elles se liquéfient complètement avant de quitter la glande vitelline. Il y a ainsi une série complète de passages entre le revêtement de l'œuf par des cellules distinctes et son revêtement par une couche de liquide tenant en suspension des sphérules vitellines. Ni dans un cas, ni dans l'autre, les éléments de revêtement ne prennent aucune part à la formation directe de l'embryon dans l'œuf. Au point de vue phy- siologique, ils jouent le même rôle que le blanc dans l'œuf de la Poule. La coque de l'œuf qui est d'ordinaire formée par la sécrétion d'une glande coquillière spéciale débouchant dans l'oviducte montre quelques particularités dans les différentes espèces deTrémalodes. Chez VAmphistomumsubdavatum elle présente à une de ses extrémités un épaississement percé d'un micropyle étroit. Dans d'autres cas l'une des extrémités se prolonge en un long appen- dice, quelquefois même les deux extrémités sont armées de cette manière. Des opercules et d'autres types d'armature se rencontrent également dans différentes formes. Le mode de développement de l'œuf chez les Cestodes est à très peu près le môme que chez les Trématodes. L'œuf est enveloppé par la sécrétion habituelle de la glande vitelline et une 28 L'ŒUF. coque est toujours formée par ia sécrétion d'une glande coquillicre spé- ciale. Chez les Turbellariés et les Némertiens, il y a de plus grandes varia- tions dans la disposition des glandes génitales femelles que dans les types précédents. Dans la plupart des Rhabdocœles et des Dendro- cœles d'eau douce, ces organes ressemblent dans leurs caractères fon- damentaux à ceux des Trématodes et des Ces- todes. Il existe un ovaire simple ou pair et une glande vitelline paire. La disposition générale des organes est montrée par la figure 1). L'extrémité aveugle des ovaires est d'ordinaire (Ed. van Beneden, etc.) décrite comme formée par une base protoplasmique polynucléaire, mais Hallez (n" 10) a récemment soutenu que même h l'extrémité de l'ovaire, les cellules ger- minatives sont entièrement distinctes et non confondues ensemble. A une ou deux exceptions près, les cellules vitellines sécrétées par le vitellarium conservent leur vitalité jusqu' à ce qu'elles soient avalées par l'embryon après le développement de sa bouche. Celles peu nombreuses qui ne sont pas avalées de cette manière se désagrègent. Ce Fig. 9. — Appureii senitai du sout dcs cellulcs grauuleuses nucléées, et, S:;^,:;f ".Srta: comme l'a montré, le premier, von Siebold, re- schuitze) (*). marquables par les mouvements amœboïdes dont elles sont le siège. La structure des organes génitaux du Pror/ii/nchus et du }facro- stomiim est d'une grande importance pour faire comprendre la nature du vitellarium. Chez le Pi'o?'h)/nchus, il n'y a pas de vitellarium séparé, mais la partie inférieure du tube ovarien le remplace au point de vue fonctionnel comme au point de vue morphologique. L'œuf s'entoure de cellules, vitellines qui, selon Hallez (n° 10), conservent longtemps leur vitalité. Selon Ed. van Beneden, des sphérules vitellines se forment dans le protoplasma de l'œuf lui-même en outre et indépendamment des cel- lules vitellines qui l'enlourent. Chez le Convoluta paradoxa,\n\ vitella- rium spécial est considéré comme faisant défaut, quoique un dépôt de vitellus se f(M'me autour de l'œuf ((ilaparède). Chez le Macrostomwn également, les glandes vitellines sont au plus représentées par une portion inférieure spécialisée du tube ovarien. (*) t. testicule. — ni. caïKil iléféieiit. — v.s. vésiciil — V, \agin. — f/i', {.'lando vitrllino. — rx, ré(i'|if;icl(: cnuiialo minai. ■ /), peni PLATYKLMINTHES. 29 Les œufs en descendant se remplissent de sphérules vitellines. D'après Ed.YanBeneden,cessphérules se forment dans le protoplasma de l'œuf lui-môme; mais ce fait est explicitement nié par Hallez qui les trouve formées parles cellules qui revêtent le tube ovarique qui, au lieu de conserver leur vitalité comme chez le Pro9'hync/ius, se désagrègent et forment une masse granuleuse qui est absorbée parle protoplasma de l'œuf. Chez le Proslomum caledonicum (Ed. van Beneden), les organes géni- taux sont construits sur le même plan que chez les autres Rhabdocœles, mais les cellules qui forment la glande vitelline donnent naissance à des particules de vitellus qui pénètrent dans l'œuf et non aune couche de cellules vitellines entourant l'œuf. Chez les Turbellariés Dendrocœles marins, les œufs se forment dans des sacs séparés épars dans le parenchyme du corps entre les diverticules du tube digestif. Les œufs y subissent leur développement complet sans l'inter- venlion de glandes vitellines. Les ovaires des Némertiens ressemblent plus à ceux des Dendrocœles ma- rins qu'à ceux des Rhabdocœles. Ils consistent en une série de sacs situés des deux côtés du corps entre les prolongements du tube digestif. Les œufs se développent dans ces sacs d'une manière tout à fait normale et dans un grand nombre de cas se remplissent de sphérules vitellines qui apparaissent comme des différenciations du protoplasma de l'œuf. Les membranes protec- *,rices des œufs n'ont pas été suffisamment étudiées. Dans quelques cas(l) il existe deux membranes, l'une interne et l'autre externe. La première revêtant immédiatement le vitellus, est très délicate, l'externe est plus épaisse et hyaline. La constitution des organes génitaux femelles des Trématodes a été bien décrite pour la première fois par Von Siebold (n° 12). Il émit primitivement, quoique sans une très grande confiance, Topi- nion que les vésicules germinatives étaient seules formées dans l'ovaire et que le protoplasma del'œuf était fourni par la glande vitelline. Cette opinion a depuis longtemps été abandonnée, et Von Siebold lui-même (n° 13) a été le premier à reconnaître qu'il se forme dans l'ovaire des œufs véritables avec un corps protoplasmique contenant une vési- cule et une tache germinatives. Les Trématodes n'ont pas cependant cessé déjouer un rôle important dans la formation des opinions cou- rantes sur le développement de l'œuf et ont servi tout récemment de type à Ed. van Beneden pour l'exposition de ses vues générales à ce sujet Son opinion consiste essentiellement à regarder la sécrétion des glandes vi- tellines qui dans la plupart des cas entoure simplement l'œuf comme homo- (I) A mphiponis lacti florins et Nemertes gi-acilis. Mac. Intosh. Monograph of British Nemertmes. Ray Society. 30 LŒUF. logue avec les sphérules vitellines qui remplissent le proloplasma d'un ijrand nombre d œufs : il considère ainsi la partie de l'ovaire où dans la plupart des formes les œufs reçoivent leur provision de particules vitellines comme équi- valente au vitellariuni des Platyelminthes. 11 semble même considérer comme l'état primitif celui représenté chez les Cestodes , les Trématodes, etc., et admet queles types d'ovaire caractéristiques des autres formes sont dérives secondairement de celui-ci par la coalescence de vitellarium originairement distinct avec l'ovaire proprement dit. Cela me paraît être intervertir les rôles. A mon avis, le vitellarium doit être regardé comme l'avaient déjà suggéré Gegenbaur, Hallez, etc. comme une différenciation spéciale du tube ovarique primitivement simple et les cas qui viennent d'être cités du Macrostomimi et du Frorliynclius me paraissent indiquer quelques-uns des degrés de cette différenciation. Chez le Macrosto- mum, les cellules de la partie inférieure de l'oviducte ont simplement pour rôle de fournir une sorte d'aliment à l'œuf sous forme de particules vitellines granuleuses, tandis que chez \e ProHiynchus les cellules vitellines de la partie inférieure du tube ovarique forment à l'œuf un revêtement complet de cel- lules indépendantes. Si cette partie inférieure du tube ovarique venait à se développer en un diverliculum spécial, il se produirait ainsi un vitellarium normal. L'opinion que les sphérules vitellines sont de même nature que les cellules vitellines s'appuie principalement sur le cas du Prostomum cale- donicum où le vitellarium produit ces particules vitellines qui remplissent l'œuf. Les cas du ProHiunchus et du Mavrostornum rendent probable une expli- cation différente de celui du Prostomum caledonicum. Le premier montre spé- cialement que, même lorsque des cellules vitellines normales entourent l'œuf, des particules vitellines peuvent encore se déposer d'une manière indé- pendante dans le protoplasma de l'œuf. L'opinion la plus vraisemblable sur la nature du vitellarium est celle de Gegenbaur, Hallez, etc., suivant laquelle il doit être considéré comme une partie spécialement modifiée du tube ovarien. Dans celte hypothèse, la nature et la fonction des cellules vitellines reçoivent une explication très simple. On doit les considérer comme des cel- lules germinatives primitives telles que celles des ovaires de l'Hydre, du Tubuluiia, etc. qui ne se transforment pas en œufs. De même que ces cellules, elles peuvent dans certains cas [Macrostomutn, Prosto- mum^ etc.), servir directement à la nutrition de Tœuf. Dans d'autres cas, elles conservent leur indépendance et servent à la nutrition tardive de l'embryon. Dans l'un et l'autre cas, elles conservent la faculté possédée normalement par les œufs de former dans leur protoplasma des' granulations vitellines. ÉCniNODERMES. (15) C. K. Hoffmann. Zur Anatomie der Ecliiniden u. Spatangen {Nieclerlcindisch. Archiv. f. Zoologie, L 1871). (16) C. K. Hoffmann. Zur Aiiatoniie der Asteriden (Niederlândisch. Archiv. f. Zoo- logie, IL 1873). ÉGHINODERMES. 31 (17) H. LuDwiG. Beitrage z. Aiiatomie d. Crinoîdeii [Zeitschr. f. wiss. ZooL, XXVIII. 1877j. (IS) Joli. ÎMuLi.ER. Ueber d. Canal in d. Eiern d. Holothurien {Milliers .Irc/Hî;., 1854). (19) C. Sempeu. Holothurien (Leipzig, 18G8). (20) E. Selenka. L'efruchlung d. Eies v. Toxopneustes variegatus, 1878. (Voy. aussi Ludwig (n" 4), etc.) Les œufs des Echinodermes présentent dans leur développement certains points dignes d'intérêt. Les ovaires sont d'ordinaire enveloppés par une dilatation vasculaire spéciale. Chez les Astérides, les Echinides et lesHoloturides, ces orga- nes ont la forme de sacs spécialement entourés dans les deux premiers groupes et probablement le dernier par un sinus vasculaire constitué par une dilatation de l'un des vaisseaux génitaux. Chez les Crinoïdes, ils ont la forme d'un rachis creux complètement enveloppé par un vais- seau sanguin (fig. 11, b). La proximité des ovaires (organes génitaux) avec le système vasculaire chez ces formes a évidemment la même signification physiologique que la proximité des ovaires (organes géni- taux) avec les canaux radiaires des Cœlentérés. Chez les Astérides, les Echinides et les Holoturidcs, les ovaires ont la forme de sacs tapissés par un épithélium de cellules germinatives et les œufs sont formés par l'accroissement de ces cellules qui, quand elles ont atteint une certaine taille, se détachent de la paroi et tom- bent dans la cavité du sac ovarien. Chez le Toxopneustes (Selenka) et très probablement chez les autres formes, quelques-unes seulement des cellules épithéliales se transforment en œufs : les autres subissent des divisions répétées, et, comme dans tant d'autres cas, finissent par être employées à la nutrition des œufs vrais. Dans les œufs presque mûrs de ÏAslerias, Fol a décrit un épi- thélium folliculaire aplati dont l'origine n'est pas connue. Chez l'Holothurie (Semper), la différen- ciation des cellules germinatives non des- tinées à devenir des œufs est poussée plus loin. Elles entourent la grosse cel- lule qui forme l'œuf véritable et lui cons- tituent une sorte de capsule folliculaire. Cette capsule est rattachée par un pé- doncule aux parois de l'ovaire et l'œuf est libre dans sa cavité excepté sur un point presque opposé au point d'attache de la capsule à l'ovaire où il adhère à la paroi capsulaire. Dans la suite, les cellules folli- culaires qui forment la capsule, se confondent ensemble et constituent une membrane définie dans laquelle les noyaux restent seuls distincts. En dedans de la capsule, il se forme autour de l'œuf une zona radiata ---*^ Fig. 10. — OEuf de Toxopneustes carie- fjattis avec les prolongements en forme tle pseudopodes du protoplusma péné- trant dans la zona radiata («?•) (d'après Selenka). 32 L'ŒUF. albiimineuse. Au point où l'œuf s'attache à sa capsule, cette membrane ne peut pas se développer et par conséquent reste incomplète. La per- foration ainsi formée devient le micropyle de l'œuf d'Holothurie qui a été découvert pour la première fois par Joh. Millier. La membrane albumineuse qui vient d'être décrite pour les Holoturides se rencon- tre aussi chez les Astérides (fig. 5) et les Echinides. Dans ces groupes, il n'y a pas de micropyle véritable, bien que chez VOpInolhrix, un pore nutritif perfore la membrane au point d'attache de l'œuf avant le moment où il devient libre (Ludwig). La forma- tion de lazonaradiata a été étudiée par Selenka. Elle est sécrétée par le protoplasma de l'œuf et présente une consistance gélatineuse ; après qu'elle est formée, la couche périphérique du protoplosma de l'œuf, émet des prolongements en forme de pseudopodes qui la traversent pour absorber les matières nutritives de l'extérieur. Ces prolongements sont d'abord larges et irré- guliers, mais deviennent bientôt de plus en plus iins (fig. 10) et acquièrent une disposition régu- Fig. 11. — Coupe transversale lièremeut rayounaute. Ils se rétractent lorsque d une piniiule de C.umatule ^ à répoque de la maturité l'œ.uf cst uiùr, luais laisscut Cependant à la sexuelle (empruntée a j^igmbrane uu aspect finement radié, les stries degenbaur, d après Lud- ' wig) (*). radiaires étant en réalité des pores très fins. Chez les Crinoïdes le rachis génital consiste en un tube dont l'épithélium est formé par les cellules germinatives primitives (fig. llj. Tandis que quelques-unes des cellules s'accroissent et deviennent des œufs, les autres fournissent les éléments d'un épi- théhum folliculaire qui entoure les œufs exactement comme chez les Holoturiens. MOLLUSQUES. Lamellibranches. (21) H. Lacaze-Duthiers. Organes génitaux des Acéphales Lamellibranches (A7i7i. se. nat., 4° série, IL 18j'«). ('22) VV. Flemming. Ueber d. er. Eiitwicklung am Ei d. Teichmuschel {Archiv f. Mikr. Anat., X. 1874). (23) W. Fi.EMMiNo. Studicn iib. d. Entwickl. d. .\ajaden (Sitz. d. k. Akad. Wiss. Wien., LXXL 187.-)). (24) Th. von Hp.ssr.iNG. Einige IJemerkungen, etc. [ZcitsrJir. f. wiss. Zool., V. LS54). (2.^)) H. von Ihehing. Zur Kenntiss d. Eibildung bei d. Muscheln {Zeitsch. f. wiss. Zool. , XXIX. 1877). (*) p, tentacule. — r/, lumière du racliis génital. — w, canal a(|uo-vaseulaire. — «, cordon nerveux. 1)^ vaisseau sanguin situé au-dessus du cordon nerveux et autour du rachis génilaL — c g., canal "énital. — C d., portion dorsale de la cavité générale. — c v., portii>n venti-ale de la cavité générale. MOLLUSQUES. (2G) KEfiER. De infroifu speryn'itozoorum in ovula, etc. Konigshcrfi;. (27) Fr. Leydig. Kleiiiere Mitllieiluug, etc. {MûUer's Archiv. IHiti.) 33 Gastéropodes. (28) C. Semi'er. Beitrage z. Anat. u. PliysioL d. Pulinonateii [Zn/Usch. /'. vïtsf. ZooL, ■V'in. 1857). (29) H. EisiG. Beitrage z. Anat. u. Eiitw. d. Pulmonaten {Zeit. /. irhfi. ZauL, XIX. lsg:)). (30) Fr. Leydig. Ueber Paludina vivipara [Zeit. f. wiss. ZooL, IL I8Ô0). 7nj] Céphalopodes. (31) AL Kolliker. Entwkklungsgeschidite d. Ceplialopodeii. Zurich., 1844. (32) E. Ray. Lankester. On the developniental History of tlie Mollusca {Phil. Trcms., .1875). Lamcilib)'a7iches . Les œufs des Lamellibranches présentent plusieurs points dignes d'intérêt. Ils se développent dans des poches de l'ovaire qui sont tapis- sées par un épithélium germinatif aplati, ou quelquefois (?) par un syncytium. Quelques-unes des cellules de cet épithélium augmentent de volume et deviennent des œufs, mais res- tent attachées aux parois des poches par des pédoncules protoplasmiques. Autour de l'œuf apparaît dans certaines formes (Anodonte, Unio) une délicate membrane vitelline qui est incomplète au point où s'attache le pédon- cule protoplasmique et par conséquent per- forée par un orifice micropylaire (fig. 12). Lorsque l'œuf atteint sa maturité, un espace 'large rempli d'un liquide albumineux apparaît entre l'œuf et la membrane, mais l'œuf reste toujours attaché à la membrane autour du micropyle. Chez le Scrobicularta (von Jhering, 31° 25) la membrane apparaît dès l'abord autour de l'oîuf comme une couche albumineuse dont la partie externe se durcit plus tard en membrane vitelline. Dans cette forme également les poches ovariques étant remplies d'un grand nombre d'œufs, le pédoncule protoplasmi- que devient extrêmement long. Les œufs se détachent enfin par la rupture du pédoncule et la chute de la portion qui en reste attachée à la membrane vitelline. La fonction du pédoncule et du micropyle pendant le développement de l'œuf est sans aucun doute nutritive. Chez l'Anodonte et VUnio, des granulations vitellines semblables à celles qui se déposent dans le protoplasma de l'œuf, se rencontrent Fig. 12. — OKuf de dimensions moyennes A'Anodonta cnmpla- uata (d'après Flemming) (*). (*) tnp, micropyle. — ys, tache gerniinative. Balfour, Embryologie. 3't L'ŒUF. également dans les cellules épithéliales des poches ovariques (Flem- ming, n° 22), et on ne peut guère douter qu'elles ne passent directe- ment de ces cellules dans l'œuf-. Ces cellules semblent par conséquent jouer à peu près le même rôle que les glandes vitellines de certains Turbellariés (Prostomum caledonicinn). Chez le Scrobicularia, les granu- lations vitellines ne se rencontrent pas dans l'épithélium des poches ovariques, mais sont contenues dans le disque dilaté par lequel l'œuf estattaché à la paroi de la poche aussi bien que dans l'œuf lui-même. Lorsque l'œuf se détache, le micropyle persiste comme un orifice qui probablement a pour rôle de laisser pénétrer les spermatozoïdes. La forme et la configaraliou du micropyle sont très variables. Chez l'Ano- donte et YUnio c'est un organe saillant en forme de trompette qui après la fécondation se raccourcit et se réduit à un orifice qui finit par se boncher (fig. 12). Dans d'autres formes c'est seulement une perforation de la membrane vi- telline qui est quelquefois très large. Dans une espèce d'A/'ca que j'ai eu l'oc- casion d'observer à Valparaiso, elle était à peu près égale à la circonférence de l'œuf. Les œufs des Lamellibranches ne sont pas seulement remarquables parce qu'ils possèdent un micropyle, mais aussi par certaines particu- larités du vitellus et de la vésicule germinative. Chez les Moules d'eau douce {i'nio et Anodonte) on trouve d'ordi- naire dans les œufs jeunes et de taille moyenne, un corps lenticulaire particulier, le corpuscule de Keber, situé immédiatement en dedans du micropyle. Il est probablement d'une façon quelconque en rapport avec la nutrition de l'œuf, bien que le fait, qu'il n'est pas toujours pré- sent, montre qu'il ne peut pas avoir une grande importance. Un corps obscur trouvé par Von Jhering dans le voisinage de la vé- sicule germinative dans l'œuf mûr du Scrobicularia est probablement de môme nature que le corpuscule de Keber. L'un et l'autre peuvent être placés dans la même catégorie que le noyau vitellin des œufs de l'Araignée et de la Grenouille. Partout, excepté dans les très jeunes œufs d'Anodonte et (ï Unio, la tache germinative se compose de deux sphères presque complètes réunies sur une faible partie de leur circonférence (lig. 12 fj s). La plus petite de ces sphères a un indice de réfraction plus élevé que la plus grosse et renferme souvent une vacuole; les deux réunies sem- blent être les parties constituantes du nucléole primitif, séparées (bien que non par simple division). Un nucléole de ce caractère n'est pas constant chez les Lamellibranches, mais une séparation semblable des parties constituantes de la tache germinative a été trouvée par Flem- ming chez le Tic/iogonia, où cependant le corps le plus réfringent en- veloppe une partie du moins réfringent à la manière d'une calotte. MOLLUSQUES. 35 Gastéropodes. Les œufs des Gastéropodes se forment comme ceux des Lamellibran- ches, parle développement de cellules épithéliales des acini ou des poches de l'ovaire. Dans les formes hermaphrodites, les œufs et les spermatozoïdes sont produits dans les mômes poches, quelques-unes des cellules épithéliales devenant des œufs, d'autres des spermato- zoïdes. Les œufs se forment d'ordinaire sur la paroi de A la poche, et les spermato- zoïdes dans son intérieur (1) (Pulmonés, fig. 13 A), ou la différenciation des parties peut être poussée plus loin (fig. L3 B). Les a-ufs des Gastéropodes sont excep- tionnels en ce que une membrane vitelline ne se dévelonnf autour d'eux ffUe ^'°' ^^' — Folllrulesde la glande bermaphfodite des Gasléro- ^ ' ^ podes (emprunté ù Gegcnbaur) (*). rarement ou jamais. L'œuf dans son trajet vers l'extérieur s'enveloppe de la sécrétion de la glande de l'albumine, qui se durcit extérieurement en une membrane spéciale. Céphalopodes. Lankester (n" 32) a fait connaître certains faits très intéressants sur la nutrition des œufs de la Seiche pendant leur accroissement. Les œufs se développent dans des poches de tissu conjonctif qui de bonne heure donnent naissance à une double capsule conjonctive pédon- culée. Les cellules de la couche interne de cette capsule prennent bientôt un caractère épithélial et constituent un épithélium folli- culaire défini, tandis qu'entre les deux couches, pénètre un réseau de vaisseaux sanguins. Après l'établissement de ces vaisseaux, l'épithélium folliculaire se replie d'une manière très remarqua- ble (fig. 14). Les replis qui sont vus en coupe sur la fig. 14 ic, pénè- trent dans le corps de l'œuf et le traversent presque complètement. (1) C'est-à-dire que les cellules épithéliales qui se transforment en œufs restent atta- chées à la paroi jusqu'à la maturité tandis que celles (spermospores) qui se transforment en paquets de spermatozoïdes se détachent avant que les divers spermatozoïdes ne soient mis en liberté (Trad.). (*) A, Hélix hortensis. Los œufs {a,a) se développent sur la paroi du follicule et les masses sémi- nales (6) à l'intérieur. — B, yEolidia. La partie testiculaire d'un follicule est entourée à la périphérie de sacs o^ariques (a). — c, canal cflTérent commun. 3G L'ŒUF. De là résulte un accioisscmcnl énornio de la surface nutritive, tapis- sée par répithéiium. Chaque repli est vascularisc dans toute son éten- due, l^ensenible des replis de l'épithélium lolliculaire dessine à la surface de l'œuf un réseau qui ressemble à un ouvrage de vannerie. Pendant que ré- pithéiium folliculaire garde cette disposition, ses cellules ressemblent aux cellules ca- lyciformes d'une muqueuse et déversent leur protoplas- ma métamorphosé dans le corps de l'œuf. Après que ce mode de nu- trition a persisté pendant un certain temps, une transfor- mation a lieu, et les replis disparaissent peu à peu. Cette modification est due à ce que les cellules épithé- liales se détachent des replis pour pénétrer dans le protoplasma de l'Œ'uf et sont assimilées après avoir conservé leur individualité, pen- dant une période plus ou moins longue. Lorsque la résorption des replis épiihéliaux est complète, la surface de l'a'uf reprend un con- tour parfaitement régulier. La capsule de l'œuf se rompt enfin au pùle opposé à son pédoncule et l'œuf tombe dans l'oviducte. Les u'ufs des Céphalopodes, comme ceux des Gastéropodes, sont entièrement nus, ne possédant ni membrane vitelline, ni chorion. La capsule qui se forme autour deux, pendant leur passage dans l'ovi- ducte, est perforée, chez la Seiche, d'un orifice micropylaire. CJIÉTOi'ODES. rig. 14. — Coupe transvei-f;ilc d'un œuf o\aiien do Seiche (d'après Lankcsfcr) (*). (33) Ed. (^LAi'AiiicDK. L(^s Anni'lides Cliétopodcs du golfe deXaples [Mém. de la Société de phys. et d'hist. nal. de Genève, 18C8-9 et 1870). (34j R. EiiLKiis. ])ie Uorsteyncûntter nach systoii. und anat. Uiiicrsiidiungen. Leipzig, 1 804-08. (31)1 L. Selenka. Das Gefasssystem d. Aphrodite aculeala {Niederlundisches Archiv f. ZooL, IL 1873). Les œufs des Chétopodes tirent leur origine, dans la plupart des cas, de groupes spécialisés des cellules épithéliales qui tapissent {')oc, nicinbiMiio caiisulaire rxlcrnc. — 'u\ iiicmln'aMc capsulairc interne avec répithéiium follicu- laire. — bv, vaisf(!aiix saiifçuins on coupe entre les nicinhraiies eitenio et interne de la eajisule. — c, vitcUiis. La coupe montre les replis de la capsuh' interne avec leur épithélium qui pénètrent dans la sulistance de l'œuf pour pourvoir à son alimentation. DlSCOl'llOUES. 37 certaines parties de la cavité du corps, groupes qui constituent un épithélium germinatif (fi;:. 15). Très souvent (Aphrodite, Arénicole), comme cela est si commun dans d'autres types, ces groupes de cellules germinatives entourent des vaisseaux sanguins. Dans quelques cas, l'épitliélium germinatif s'épaissit pour former un organe comp;u.'te auquel les cellules les plus externes forment un revêtement membra- neux plus ou moins bien défini (Oligocliètes, etc.). Les œufs sont formés par l'accroissement, accom- pagné d'autres modifications de ces cellules germinatives. Pendant leur rig-- 15. — Parapodede Tomoptcn>i. — o, oi-oupe , r , , , ,. de collules eerniii)ati\us tapissant la cavité premier développement, les œuls ^,^„.,.,,,,, (,„,pr,„té à cegenbau,-). sont fréquemment entourés par une capsule spéciale qui est souvent pédonculée et pourvue ù son point d'attache d'un large orifice micropylaire. Chez l'Aphrodite et le Polynoe, cette disposition qui est évidemment en rapport avec la nutri- tion de l'œuf, se voit très facilement. L'œuf tombe dans la cavité du corps par la déhiscence de sa capsule ou la rupture du pédoncule. La copsule est toujours définitivement rejetée, mais une membrane vitellinese développe souvent après que Ttrur est mis en liberté dans la cavité du corps. La membrane vitelline du Spi» et d'autres Poly- chôtes est pourvue d'un anneau équalorial de vésicules ampulliformes. DISCOPUOBES. (-36) H. DoiiNi'R. Ueber d. Gattang Brmichiohdeilu {Z'ut. f. wiss. ZooL, XV, 1SG.5). (37) R. Leuckart. Die rneyiscldichcn Parasitan. {'i^\ Fr. Leydig. Zur Anatomie voii Piscicola rjeomelrka, etc. {Zeit. f. uûss. Zoul., l, 1849). (:îi), G. O. Whitman. Embryology of Clepsine {Quart. Joitrn. of. Micr. Se, XVIII, 1878;. L'ovaire des Discophores est formé par une masse de cellules enve- loppées dans un sac membraneux. Chez la Branchiobdelle, dans l'axe central de cette masse est située une colonne de protoplasma nucléé qui produit par bourgeonnement les cellules elles-mêmes. Le déve- loppement de r(ruf se fait par l'accroissement, etc. de l'une des cellu- les périphériques qui finit par rompre la paroi du sac et être mise en liberté dans la cavité générale. Chez la plupart des autres Sangsues (excepté la Piscicole et ses alliés), on rencontre une disposition du môme genre que celle de la Branchiobdelle, mais plus spécialisée. Un ou plusieurs cordons ovu- laires repliés sont libres dans un sac délicat, en continuité directe avec l'oviducte. Chaque cordon ovulaire est formé par un rachis cen- 33 ^ l'œuf. tral (1) et une couche cellulaire périphérique. Les œufs se forment par Taccroissement des cellules périphériques, accompagné d'un dépôt de vitellus nutritif. Le vitellus nutritif semble se former dans le rachis < plus activement même que dans le protoplasma des œufs. Lorsque les œufs sont mûrs, ils tombent dans le sac ovarique. Chez la Piscicole, le développement de l'œuf présente quelques ca- ractères qui lui sont propres, mais ressemble sous certains rapports à celui de la Boncllie îp. 39). Les œufs tirent leur origine des cellules germinatives primitives qui remplissent le sac ovarique. Les noyaux de ces cellules se multiplient et dans chaque cellule une couche péri- phérique nucléce se sépare de la masse centrale qui contient aussi des noyaux, (elle dernière partie se divise ensuite en cellules nombreu- ses, dont l'une forme défmilivement l'd'ur, et le reste constitue une masse de cellules qui le touchent comme chez la Bonellie ifig. 16). Cette masse de cellules finit par disparaître et sert probablement à la nutrition de l'œuf. Les ovaires de la Sangsue semblent appartenir au type tubulaire, en ce que les œufs ne dérivent pas d'une partie de l'épilhélium qui tapisse la cavité du corps ; mais si, comme cela semble probable, les véritables affinités des Sangsues les rattachent aux Chétopodes, le développement d'une enveloppe autour des ovaires doit être de na- ture secondaire. Il faut noter que les (cufs ne dérivent pas, comme dans l'ovaire tubulaire ordinaire, de l'épilhélium revêtant le tube ovarique. GErUYRIENS. (40) Keferstf.in 11. EiiLERS. Zoolof/ische Beitriige. Leipzig, LSCL (41) i;. Semper. Holotliiuicn, 18CS, p. liô. (42) J W. Si'E>GEL. Beitiage z. Kenntniss d. Gepliyreen (Beitriige a. d. zool. Sta- tion z. IS'eapel., L 1879). (43) J. W. Spengel. Anatomische Mittlieilungen iib. Gcplijreen [Tagebl. d. Isaturf. Vers. Munclien, 1877). Chez les Géphyriens, comme chez les Chétopodes, les œ-ufs dérivent des cellules qui revêtent le péritoine et souvent des cellules qui en- tourent des parties du système vasculaire (Bonellie, Tha/assema). Dans un grand nombre de cas (Siponcle, Phascolosome, Echiure), la plus grande partie de l'accroissement de lœuf a lieu après qu'il est mis en liberté dans la cavité générale. Chez le Siponcle, les œufs dans la cavité générale sont entourés par un follicule qui se détache avant qu'ils n'arrivent à la maturité. (1) Le lacliis est décrit j ar \Miitmaii (ii" 3'.)) et d'autres observateurs coninie formé de protoitlasiiia nucléé, mais de nouvelles obseivations sur ce point sont encore néces- saires. GÉPIIYRIENS. 39 Brandt nie l'existence de ce follicule ou plutôt sa nature cellulaire. Les observations de Spengel (n° 43) confirment l'exactitude de l'interprétation originale de Keferstein et Ehlers. Les follicules sembleraient se former après que les œufs sont mis en liberté. Chez le Phascolosome, il n'y a pas de folli- cule (Semper, Spengel). Chez le Phascolosome et le Siponcle, il existe une membrane vitel- line à pores rayonnées [zona radiata) et chez le premier la par- tie externe de cette enveloppe se sépare comme une membrane vitel- line sans structure. La formation de l'une et l'autre de ces membranes parle protoplasma de l'œuf est rendue évidente dans le dernier cas par l'absence d'cpithélium folliculaire. Quekjues observations intéressantes sur l'accroissement et l'origine de l'œuf ont été faites par Spengel. Les œufs dérivent de certaines cellules (cellules germinatives) du revêtement périlonéal du vaisseau ventral super- posé au cordon nerveux. Ces cellules qui sont très distinctes des éléments péritonéaux aplatis qui les entourent, se multiplient par division et forment de petites masses entourées par un follicule de cellules péritonéales et rattachées par un pédon- cule au péritoine. La cellule centrale de chaque masse devient plus grosse cjue les autres qui se disposent autour d'elle comme des éléments colum- naires ; elle n'est cependant pas destinée à devenir l'œuf. Au contraire, quelques-unes des autres cel- lules voisines du pédoncule augmentent de volume, et finalement l'une d'elles se dislingue comme l'œuf par ses plus grandes dimensions et par le caractère de son noyau. Le reste des grandes cellules revient à la même taille que les cellules voisines. L'œuf se sépare alors plus ou moins de la masse des cellules germinatives, augmente rapidement de volume et forme bientôt la partie constituante la plus considérable du follicule (flg. 16 ov). Les autres cellules germinatives sont entiè- rement passives, et quoique, à l'exception de la cellule centrale, elles ne paraissent pas s'atrophier, elles constituent bientôt une proéminence relativement faible à la surface de l'œuf. Le follicule entier se détache enlin parla rupture du pédoncule et l'œuf achève de se développer dans la cavité générale. Il se forme une membrane vitelline et enfin l'œuf est entraîné dans l'oviducte (organe segmen- taire). A ce moment ou un peu auparavant, les cellules du follicule en même temps que la masse germinative qui ne montre nulle part FifT. 16. — Follicule de Jionellie à un stade moyen de développe- ment (d'après Spen- gel) r). .{*) ov, œu^ — fe. épithélium folliculaire aplati 40 . " L'ŒUF. aucune trace d'atrophie, se détachent et l'œuf est abandonné sans- autre revêtement que sa membrane vitelline. NEMATODES. (44) R(i. Ci.APAiiÈDE. De la formation et de la fécondation des œufs cliez les vers Né- niatodes {Mém. de la Soc. de p/u/s. et d'hist. nat. de Genève, XV, IS50). (45) R, Li'UCKART. Die menschUcJien Parasilen. (4G) H. MimK. Ueb. Ei- ii. Samenbildung u. Belruclitiing b. d. Neinatoden [Zeit. f. wiss. Zoo/., IX. 1858). (47) II. INelson. On tbe reproduction oï Ascaris mystax, etc {Phil. Truns. 1852). (48) A. SciiNEiDEu. Monographie d. Nemaioden. Berlin, 18GG. Les organes femelles consistent normalement en deux tubes aveu- gles qui se réunissent avant de s'ouvrir à l'extérieur. Chacun d'eux se- divise en vagin, utérus, oviducte et ovaire. L'ovaire constitue l'extrémité aveugle du tube et est formé par une colonne protoplasmique com- mune tenant en suspension de nombreux noyaux. Le protoplasma se- segmente autour des noyaux dans la partie supérieure du tube, les œufs ne se circonscrivent cependant que très graduellement et, comme leur délimitation commence à la périphérie delà colonne, ils restent attachés par des pédoncules, à un axe central dont une extrémité est libre. Ainsi se constitue un organe en forme de cordon, désigné sous le nom de rnchis, qui consiste en un axe central, et une série d'œufs à demi circonscrits disposés radiairement alentour. Dans la partie infé- rieure de l'ovaire, les œufs s'isolent complètement et forment des cel- lules séparées. Le protoplasma des œufs qui est transparent dans la portion termi- nale de l'ovaire, se remplit un peu plus bas dans la plupart des formes, de sphérules vitellines, sécrétées dans le corps des œufs. Celles-ci conuuencent à apparaître à l'extrémité supérieure du rachis. Dans quelques cas, comme chez le Cumllanus elegans, il ne se forme pas de sphérules vitellines. Chez les Oxyuridés, les œufs se détachent directement du syneylium terminal de protoplasma sans l'intervention d'un rachis, et se forment par conséquent de la mémo manière que chez les Trématodes, etc. L'ori.i;ine de la membrane qui entoure les œufs des iXématodes a été très discutée. Au moment où l'œuf se détache du rachis, il n'existe pas de membrane ; mais il semble néanmoins, d'après les observations de Schneider que la ré- gion dans laquelle il s'est détaché est de consistance moindre que les autres- parties et qu'il y a ainsi là une sorte de micropyle qui disparaît après la fécon- dation. Une membrane vitelline déliciite apparaît alors et autour d'elle se l'orme plus tard une coque qui est d'ordinaire considérée comme due aune sécrétion des parois de Fnténis; mais Schneider et Leuckart ont donné de fortes raisons pour faire croire que c'est en réalité une dillerencialion posté- rieure de la membrane vitelline d'ue à l'activité propre du protoplasma de INSECTES. ii l'œuf. La membrane originairement simple se sépare, en s'épaississant en deux couches. L'externe forme la véritable coque et la fécondation de l'œuf paraît précéder nécessairement sa production. Les parois de l'utérus sécrè- tent souvent une enveloppe albumineuse spéciale autour de la coque. La coque présente dans un grand nombre de cas des ornements en relief ou des prolongements terminaux. INSECTES. (iO) A. Br.ANDT. Ueb. das Ei u. seine Bildungsstutte. Leipzig, 1878, (30) J'. H. Huxi.Eï. On tlie agamic reproduction and niorphology of Apliis {Linnean Trans., XXIL 1858). Voy. auss\ Mmiual avec les dcu\ Cl llulc ^ i)ol lires et le pionucléus femelle < ntouie de stiius radian cs. — OKiiC vivant (emi.i uiiLî a I .jl). CELLULES POLAIRES. 67 Il est cependant parfaitement certain qu'au moment de la maturation de l'œuf, la vésicule germinative subit des transformations particulières qui sont au moins en partie d'un caractère régressif. Ces transformations peuvent commencer longtemps avant que l'œuf n'atteigne la période de maturité ou seulement après qu'il est pondu. Elles consistent dans l'ir- régularité et le peu de netteté du contour de la vésicule germinative, la résorption de sa membrane, la fusion partielle de son contenu dans le vitellus, la disparition du réseau, la fragmentation et la disparition delà tache germinative. La destinée exacte de la tache germinative unique ou des diverses taches lorsqu'il y en a plusieurs est encore obscure. La métamorphose régressive de la vésicule germinative est suivie dans un grand nombre de cas par la conversion de ce qui en reste en un fuseau strié semblable à un noyau qui va se diviser. Ce fuseau se porte à la surface de l'œuf et se divise pour former la cellule ou les cellules polaires de la manière décrite plus haut. La partie qui reste dans l'œuf forme enfin le pronucléus femelle. On n'a jusqu'à présent observé cette série de transformations de la vésicule germinative que dans un certain nombre de cas qui cependant comprennent des exemples de plusieurs divisions des Cœlentérés, des Echinodermes, des Mollusques, de quelques Vers [Turbellariés, (Ze/3^0- plana), l:iémaiodes,iiivudmées, Alciope, Sagitta], d'Ascidieris, etc. Il est très possible, pour ne pas dire probable, que de telles transformations sont universelles dans le règne animal, mais l'état actuel de nos con- naissances ne justifie pas cette affirmation. Chez les Craniotes en particulier, la connaissance que nous avons de la formation des globules polaires est loin d'être satisfaisante. Dans le Petro- myzon, KupfTer et Benecke ont prouvé avec évidence qu'un globule polaire se forme avant la fécondation et un second en rapport avec une protubé- rance spéciale du protoplasma après la fécondation. Une partie de la vésicule germinative reste dans l'œuf à l'état de pronucléus femelle. Chez l'Esturgeon, la vésicule germinative s'atrophie et se fragmente avant la fécondation et plus tard on en retrouve une partie à l'état de masse granuleuse à la surface de l'œuf, tandis qu'une autre partie forme le pronucléus femelle. Chez les Amphibiens, les observations de Herlwig (n° 90) et de Bambeke (n° 77) tendent à montrer qu'après que la vésicule germinative a acquis une situation superficielle au pôle pigmenté de l'œuf, son contenu se mélange en partie avec le vitellus et est en partie rejeté hors de l'œuf à l'état de niasse granuleuse après la fécondation. Une partie reste dans l'œuf et forme un pronucléus femelle. On ne sait pas s'il y a une véritable division de la vésicule germinative comme dans les cas typiques. CEllacher (n°9.j) par une série d'observations scrupuleuses sur l'œuf de la Truite, puis sur celui de l'Oiseau, a démontré que pendant que l'œuf est en- core dans l'ovaire la vésicule germinative subit une sorte de dégénérescence et est enfin rojelée, au moins en partie. Mes propres observations sur les Elas- 68 MATURATION ET FECONDATION DE L'ŒUF. inohranches qui demandent à ûtre élendues et confirmées tendent à montrer que cette parlie peut être la membrane. Ed. van Beneden (n" 78) a fait quelques observations importantes sur le Lapin; voici sa description. Lorsque l'œuf ap- proche de la maturité la vésicule germinalive prend une position excentrique et se fond avec la couche périphérique de l'œuf pour former la lentille cica- triculairc. Puis la tac'.ie germinalive gagne la surface de la lentille cica- triculaire et forme la plaque îiuclcolaire, en même temps la membrane de la vésicule germinalive disparaît, bien qu'elle s'unisse probablement avec la plaque nucléolaire. Le plasma du noyau se réunit alors en une masse définie et forme le corps nucléoplasmique. Enfin la plaque nucléolaire prend une forme ellipsoïdale et devient le corps nucléolaire. Il ne reste alors rien de la vésicule germinative primitive que le corps nucléolaire et le corps nucléo- plasmique, l'un et l'autre situés encore dans l'intérieur de l'œuf. Au stade suivant ou ne peut trouver dans l'œuf aucune trace de la vésicule germina- tive, mais en dehors de lui, près du point où les restes de la vésicule étaient situés auparavant, existe un globule polaire qui se compose de deux parties dont l'une se colore fortement et ressemble au corps nucléolaire et l'autre ne se colore pas, mais est semblable au corps nucléoplasmique. Van Beneden en conclut que les parties constituantes du globule polaire sont les deux pro- duits de la vésicule germinative rejetés. On nous permettra peut-être de penser que de nouvelles observations sur ce point difficile montreront qu'une partie de la vésicule germinative reste dans l'œuf pour former le pronucléus femelle. Pour ce qui est des Invertébrés, on peut appeler l'attention sur les observa- lions de Biitschli (n° 80). Bien que chez le Cacullanus, les globules polaires se forment d'une manière normale, cependant chez les Némalodes en général Biitschli n'a pas pu trouver la modification en fuseau de la vésicule germina- tive mais il établit que la vésicule germinative subit une dégénérescence, son contour devenant indistinct et la tache germinalive disparaissant. La position de la vésicule germinalive continue d'être marquée par un espace clair qui se rapproche peu à peu de la surface de l'œuf. Lorsqu'il arrive en contact avec la surface un petit corps sphériquc, le reste de la vésicule germinative devient visible et enfin est rejeté. L'espace clair disparait ensuite. En dehors des types qui viennent d'être cites et qui très proba- 1,'lement se montreront normaux dans le mode de formation des globules polaires, il y a un grand nombre de types comprenant l'ensemble des Uolifères et des Arthropodes avec ([uelqnes exceptions douteuses (1 et 2), chez lesquels les cellules polaires ne peuvent (1) Le meilleur exemple de ce (}ui semble être une cellule polaire chez les Ai-tliro- podes est un corps récemment trouvé par Grobben (Entwickluiigsgeschichte d. Moina recLiiostris. — Clans. Arbciten, II, 1871)) près de la surface du protoplasma au pôle animal des œufs d'été partliénogénéti(|ues du Moina rectirosl)-is espèce de Cladocère. Ce cori)s se colore fortement par le carmin, mais diffère des cellules polaires normales en ce qu'il n'est pas sépai'é de l'œuf, et son identification avec une cellule polaire doit rester douteuse jusqu'à ce que l'on ait montré qu'il dérive de la vésicule germinative. (2) Henncguy a observé chez ïAscUiis aqnaiicas deux ou quatre globules polaiies libres dans l'espace qui sépare le vitellus du churion, il les a même vus se détacher du vitellus, mais sans pouvoir constater leurs rapports avec la vésicule germinative (Sur î'exisience îles globules polaires dans l'œuf des Crustacés, Bull, de la Soc. philomathi- (^(i'.', 7' série, IV, ISSO) ('/'/•«(:/.). . . ■■•,.■• CELLULES FOLAIUES. 69 pas jusqu'ici être considérées comme ayant été observées d'une ma- nière satisfaisante. Les plus importants des cas douteux parmi les Rotifères el les Arthropodes sont les suivants. Flemming (n" 83) a trouvé que dans les œufs d'été probablement partliénogé- néliques du LacinulariasoduUs la vésicule germinalive approche de la surface et devient invisible et que postérieurement une faible échancrure indique le point où elle a disparu. Flemming pense qu^une cellule polaire est située dans le creux de cette échancrure bien qu'il ne l'ait pas vue d'une manière nette. Hoek(l) croit avoir trouvé un globule polaire dans l'œuf du lialanus halo- noides, mais ses observations ne sont pas complètement satisfaisantes. Biilschli, qui a expressément cherclié les globules polaires dans les œufs des Rotifères, n'a pu en trouver aucune trace, bien qu'il ait vu que quand l'œuf devient mùr, la vésicule germinative se réduit à la moitié de sa grosseur primitive. Dans les œufs purthénogénétiques de VAiihis, il n'u pas non plus réussi à trouver une trace de globules polaires quoique la vésicule germina- tive après que la tache germinative s'est fragmentée approche de la surface et disparaisse. Quel que puisse ôtre le résultat d'investigations plus étendues, il est évident que la formation des cellules polaires suivant le type décrit plus haut est un fait très constant. Son importance est accrue par la découverte faile par Strasburger de l'existence d'un phénomène analogue chez les Plantes. Deux questions relatives à ce phénomène se posent et demandent à être résolues : 1° quelles sont les conditions de son occurrence par rapport à la fécondation? 2^ quelle signification a-t-il dans le développement de l'œuf ou de l'embryon? La réponse à la première de ces questions n'est pas difficile à trouver. La formation des globules polaires est indépendante de la fé- condation et est l'acte final de l'accroissement normal de l'œuf. Dans quelques types, les cellules polaires se forment pendant que i'œuf est encore dans l'ovaire, comme par exemple chez quelques espèces d'Our- sins, chez l'Hydre, etc., mais, dans l'état actuel de nos connaissances, bien plus généralement après que l'œuf a été pondu. Dans certains cas, l'émission des globules polaires précède la fécondation, dans d'au- tres cas, elle la suit, mais rien n'indique qu'alors le processus soit influencé par le contact de l'élément mâle. Chez YAslerins, comme l'ont montré 0. Hertwig et Fol, la formation des cellules polaires peut indifféremment précéder ou suivre la fécondation, fait qui démontre clairement l'indépendance des deux phénomènes. A la seconde des deux questions, il ne semble malheureusement (I) Ziir Entwicklung d. Eutomostrakeii [Niedei-landischer Arckiv. f. /ooln/jie, IIF, p. G2). 70 MATUUATION ET FÉCONDATION DE L'ŒUF. pas possible à présent de donner une réponse qui puisse être regar- dée comme satisfaisante. Les transformations régressives de la membrane de la vésicule germinative qui précèdent la formation des globules polaires peuvent avec beaucoup de probabilité être considérées comme un prélude à un renouvellement d'activité du contenu de la vésicule et sont peut- être rendues nécessaires par la grande épaisseur delà membrane qui résulte d'une période prolongée d'accroissement passif. Cette sugges- tion ne nous aidé cependant pas à expliquer la formation des globules polaires par un processus identique à la division cellulaire. L'expul- sion d'une partie de la vésicule germinative pour former les globules polaires peut probablement être comparée à l'expulsion d'une partie du noyau primitif qui, si nous nous rapportons aux belles recherches de Biitschli, a lieu pendant la conjugaison des Infusoires comme pré- lude à la formation d'un nouveau noyau. Cette comparaison est due à Biitschli et ferait regarder la formation des globules polaires comme aidant d'une manière quelconque bien qu'inconnue le phénomène de la régénération de la vésicule germinative. Des vues analogues sont émises par Strasburger et par Hertwig qui considèrent la forma- tion des globules polaires comme un phénomène d'excrétion ou de rejet de matériaux inutiles. De telles hypothèses, malheureusement, ne nous conduisent pas très loin. Je suggérerais que, dans la formation des globules polaires, une portion des parties constituantes de la vésicule germinative indispen- sables pour qu'elle fonctionne comme un noyau complet et indépen- dant est rejetée pour faire place à l'accès des parties nécessaires qui lui seraient rendues par le noyau spermatique. Mon opinion implique qu'après la formation des cellules polaires, ce qui reste de la vésicule germinative dans l'intérieur de l'œuf (le pronucléus femelle) est incapable de se développer davantage sans l'addition de la partie nucléaire de l'élément mâle (spermatozoïde), et que s'il ne se formait pas de globule polaire, la parthénogenèse pourrait normalement exister. Cette hypothèse serait considérable- ment appuyée s'il venait à être établi d'une manière définitive qu'il ne se forme pas de globules polaires chez les Arthropodes et les Roti- fères, puisque la parthénogenèse ne se produit d'une manière nor- male que dans ces deux groupes. C'est certainement une coïncidence remarquable que ce sont les deux seuls groupes dans lesquels des globules polaires n'ont pas jusqu'ici été observés d'une manière satis- faisante. Il est peut-i^tre possible que la parlie expulsée dans la formation des glo- bules polaires ne soit pas absolument essentielle, et cela semble à première vue résulter du l'ait que la parllicnogcnèse est possible dans des formes où la fé- CELLULES POLAIRES. 71 condation a lieu normalement. La question de rautlienlicilé des observations faites sur ce point est trop longue pour être traitée ici (1 ), mais en admettant, comme nous devons probablement le faire, qu'il y a des cas authentiques de parthénogenèse de ce genre, on n'est pas en droit de considérer comme étabh sans desobservationsplusétenduesquelefaitdu développement dans ces cas rares ne peut pas résulter de ce que les globules polaires ne se sont pas formés comme d'ordinaire et que, lorsque les globules polaires se forment, le développement sans fécondation est impossible. Selenka a trouvé dans le cas du Pnrpiipa lapillus qu'aucun globule po- laire ne se forme dans les œufs qui ne se développent pas, mais il n'en est pas de même d'après les observations de Biitschli chez la Nériline. Les remarquables observations de Greeff {n° 88) sur le développement parthénogénétique des œufs d'Asterias rubens s'élèvent cependant fortement contre cette hypothèse. Greef a trouvé que dans les circonstances normales, les œufs de celte espèce d'étoile de mer se développent sans fécondation dans l'eau de mer simple. Le développement est absolument régulier et normal bien que beaucoup plus lent que dans le cas des œufs fécondés. 11 n'établit pas d'une manière expresse qu'il se forme des globules polaires, mais il ne peut pas y avoir de doute que sa description ne l'implique. La description de Greef est si précise et si circonstanciée qu'il n'est pas aisé de croire qu'au- cune erreur s'y soit glissée; mais ni Hertwig, ni Fol, n'ont pu répéter ses expériences, et il nous es.t permis d'en attendre une nouvelle confirmation avant de les accepter complètement. A la suggestion déjà faite sur la fonction des cellules polaires, je me hasar- derai à ajouter la suivante : que la faculté de former des cellules polaires a été acquise par l'œuf dans le but exprés de prévenir la parthénogenèse. L'explication donnée par M. Darwin (2) des effets préjudiciables de l'auto- fécondation, c'est-à-dire l'absence d'une différenciation suffisante dans les éléments sexuels, s'appliquerait avec beaucoup plus de force aux cas de parthénogenèse. Dans la production de nouveaux individus, deux circonstances sont évi- demment favorables à l'espèce : i^ que le plus grand nombre possible de nou- veaux individus soit produit; 2° que les individus soient aussi vigoureux que possible. La différenciation sexuelle (même chez les hermaphrodites) est certainement très défavorable à la production du plus grand nombre possible d'individus. On ne peut guère douter que l'œuf n'ait en puissance la faculté de se développer par lui-même en un nouvel individu et par conséquent si (1) Les exemples cités par Siebold [PurUienogenesis d. Artlv opoden) ne sont pas en- tièrement satisfaisants. Dans le cas de Hensen, p. 234, la fécondation yurait été pos- sible si nous supposons les spermatozoïdes capables de pénétrer dans la cavité générale par l'orifice ouvert de Toviducte intact, et bien que les exemples d'QEIIacher aient plus de valeur, il semble encore qu'il a difficilement pris toutes les précautions nécessaires spécialement en ce que l'on ne sait pas pendant combien de temps les spermatozoïdes peuvent vivre dans l'oviducte. Pour la mélliode d'observation d'OEIlacher, voyez Zeit. f. wiss. ZooL, XXII, p. 202. Un exemple meilleur est celui d'une Truie donné par Bischoff [Ann. dise, nat., 3' série, II, 1844). Les œufs non fécondés furent trouvés di- visés en segments, mais les segments ne contenaient pas le noyau ordinaire et n'étaient peut-être rien autre chose que des parties d'un œuf réduit en fragments. (2) Darwin, Des effets de la fécondation croisée et directe dans le règne végétal. Trad. fr. Paris, 1877, p. 453. Î2 MATURATION ET FÉCONDATION DE L ŒUF. l'absence de diflerenciation sexuelle n'était pas très préjudiciable à la vigueur du produit, la parthénogenèse se présenterait sûrement d'une manière très constante : et par analogie avec les dispositions qui cliez les Plantes prévien- nent l'autofécondalion, nous devons nous attendre à trouvera la fois chez les Animaux etchez les Plantes quelque artifice qui empêche l'œuf de sedévelop- perpar lui-même sans fécondation. Si mon hypothèse sur les cellules po- laires est exacte, la formation de ces corps joue ce rôle. La reproduction par bourgeonnement ou par fractionnement a probable- ment fait son apparition comme moyen d'accroître le nombre des individus produits, de sorte que la coexistence de la reproduction asexuelle avec la re- production sexuelle doit être considérée comme une sorte de compensation pour la perte de la rapidilé de reproduction due à la parthénogenèse. Chez les Arthropodes et les Hotifères, la place du bourgeonnement a été prise par la parthénogenèse qui peut être d'une occurrence fréquente, bien que non toujours nécessaire comme chez différents Branchiopodes [Ajnis, Limma- dia, etc.) et Lépidoptères {Psyclie helix, etc.); ou d'une occurrence régulière pour la production d'un sexe comme chez les Abeilles, les Guêpes, les Nematvs, etc., ou bien se rencontrer seulement à un certain stade du cycle du développement où tous les individus reproduisent leur espèce par parthéno- genèse, comme chez les Pucerons, les Cécidomyes, les Insectes gallicoles {Neurotenis], etc.], les Daphnies (1). Pans mon hypothèse, la possibilité de la parthénogenèse ou tout au moins sa fréquence chez les Arthropodes et les Rotifères peut être due à l'absence de cellules polaires. Chez tous les Animaux, autant que je le connais, du moins, la fécondation a toujours lieu à un moment (2), mais il y a dans le règne végétal des cas où la parthénogenèse semble pouvoir se représenter pendant une période indéfinie. Un des meilleuis exemples paraît être celui du Cœlebogyne, Eupliorbiacée exotique introduite en Europe, qui produit ré- gulièrement des graines fertiles, bien qu'il ne se montre jamais de fleurs mâles. Les récentes recherches de Sfrasburger ont cependant montré que cliez le Cœlcbogyne et d'autres Phanérogames parthénogénétiques, les en]bryoiis se forment par le bourgeonnement et par le dévelpppement subséquent de cel- lules appartenant à l'ovule. Cela étant le cas, il est^ impossiI)le de dire de ces plantes qu'elles sont réellement parthénogénétiques, puisque les embryons contenus dans la graine d'une fleur qui n'a certainement pas été fécondée peuvent être formés nonpiif le développement de l'œuf, mais par le bourgeon- nement du tissu environnant de l'ovule. L'opinion émise plus liant siu^la natuie des globules polaires ne doit pas cire regardée autrement que comme une hypothèse. (1) M. J.-A. Osbornn a réccMiinieiU montré {Malufc, i sept. 187'.)) que les œufs d'un Coléoptère (('•astroj)liij.'!a raptiani) peuvent parfois se développer, jusqu'à un certain point du moins, sans l'influence du mâle *. (2) Il n'est pas jusqu'ici prouvé d'une manière certaine fpie le Dici/ema qui fait exception en apparence produise de véritables œufs. Si .'-es germes sont de véritables œufs, il fait exception à la rè;;le énoncée. * Il en est il(! inertie d'apri^s JmIkm-I chez un aiilre C.oléopti'r.', ['AJuxus vitis [Comp.reiid. do l'Acad. dfs se, XCIll, 1881, p. 975) (Trud). FÉCONDATION. 73 Fécondation de l'œuf. On est arrivé à une connaissance beaucoup plus certaine des effets de la fécondation que des transformations de la vésicule germinative qui la précèdent, et en outre il semble y avoir une beaucoup plus grande uniformité dans la série des phénomènes qui en résultent. Nous allons reprendre VAs(er/as glacialis comme type. La partie de la vésicule germinative qui reste dans l'œuf après la formation de la seconde cellule polaire se transforme en plusieurs petites vési- cules (fig. 29) qui se réunissent en un seul noj^au clair. Ce noyau gagne peu à peu le centre de l'œuf, et dans le protoplasma apparaissent des stries rayonnant autour de lui comme d'un centre (fig. 30). Ce noyau est appelé ;;ro7;?/c7ti;/s femelle. A B Fig:. division en deux segments. — B, stade de ilivision en quatre segments égaux. — C, stade dans leipud les ([uatrc segments seront divisés par un sillon éfiuatorial en huit segments égaux. — 1), stade dans lequel une seule eouclie de cellules entoure une Cavité de segmentation centrale. — E, stude un peu plus avancé en coupe optique. SEGMENTATION RÉGULIÈRE. 83 Dans d'autres cas, qui cependant sont plus rares que ceux où il existe une cavité de segmentation, il n'y a aucune trace de cavité cen- trale et à la fin de la segmentation, l'œuf l'orme une sphère absolument pleine. Cette sphère pleine est appelée nionila. On la rencontre chez certaines Éponges, un grand nombre de Cœlentérés, quelques Némer- tiens, etc., et chez les Mammifères ; dans ce dernier groupe cependant la segmentation n'est pas absolument régulière. Tous les états inter- médiaires entre une vaste cavité de segmentation et une cavité cen- trale très réduite qui peut être entourée par plus d'une rangée de cellules ont été décrits. La cavité de segmentation présente parfois, comme chez les Sycandra, les Cténophores et V Am-phioxus, la forme d'une perforation axile de l'œuf ouverte aux deux extrémités. Lorsque Ton étudie un peu plus en détail le processus de la segmen- tation régulière, on trouve qu'il suit généralement un rhythme assez bien défini. L'œuf se divise d'abord suivant un plan que l'on peut appeler vertical en deux parties égales (fig. 39 A). Une seconde divi- sion suit la première et a également lieu dans un plan vertical, mais à angles droits avec le premier plan ; chacun des segments primitifs est ainsi divisé en deux moitiés (fig. 39 B). Le troisième plan de segmentation est horizontal ou équatorial et divise chacun des quatre segments en deux, formant ainsi huit segments (fig. 39 C). Au quatrième stade, la segmentation a lieu suivant deux plans ver- ticaux formant des angles de 45" avec les deux premiers plans ver- ticaux; tous les segments sont ainsi divisés en deux parties égales. Au cinquième stade, il y a deux plans équatoriaux, un de chaque côté du plan équatorial primitif, et à la fin de cette période il existe trente-deux sphères de segmentation. Soixante-quatre segments sont formés au sixième stade mais au delà des quatrième et cinquième stades on ne retrouve plus d'ordinaire la régularité primitive. Dans un grand nombre de cas, il est impossible de reconnaître d'une manière nette le type de segmentation qui vient d'être décrit. On peut seu- lement constater qu'à chaque nouvelle segmentation chacun des segments déjà formés se divise en deux parties égales. Il n'est pas absolument certain qu'il n'y ait pas toujours quelque légère inégalité dans les segments formés permettant de distinguer de très bonne heure les pôles animal et végétatif de l'œuf. On rencontre la segmentation régulière dans des espèces de la plupart des groupes du règne animal. Elle est très commune chez les Éponges et les Cœlentérés. Bien que moins commune dans l'état actuel de la science chez les Vers, on la trouve encore dans un grand nombre des types infér rieurs, commue les Nématodes, les Gordiacés, les Trématodes, les JNémertiens (apparemment en règle générale), les Sagitta, les Chœtonotus, quelques Géphy- riens {Phoronis) ; bien que rare, elle se rencontre chez les Chétopodes [Serpula). 84 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. C'est le type ordinaire de segmentation chez les Echinodermes. Parmi les Crustacés elle paraît (pour les premières phases de la segmentation du moins) n'être pas rare dans les formes inférieures et exister même dans le groupe des Ampliipodes (Phronima) . Elle est cependant très rare chez les Trachéates, le Podura fournissant le seul exemple qui me soit connu. Elle est presque aussi rare chez les Mollusques que chez les Trachéates, mais se rencontre chez le Chiton et est très approchée chez quelques Nudihranches. Parmi les Vertébrés elle est presque complètement réalisée chez VAm-phioxus (1). La plupart des œufs qui ont une segmentation parfaitement régulière sont de dimension très faible et contiennent rarement beaucoup de vitellus nutritif; dans la grande majorité des œufs, il existe cependant une quantité considérable de réserve nutritive d'ordinaire sous forme de spbérules vitellincs très réfringentes. Ces sphérules vitellines sont plongées dans le protoplasma de l'œuf, mais dans la plupart des cas ne sont pas réparties d'une manière uniforme, mais moins serrées et plus petites à un pôle de l'œuf que partout ailleurs. Là où les spbérules vitellines sont le moins nombreuses, le protoplasma actif est nécessai- rement le plus concentré, et nous pouvons poser comme une loi géné- rale (2) que la rapidité de la segmentation dans une partie quelconque de l'œuf est, d'une manière approximative, proportionnelle à la concen- tration du protoplasma en ce point; et que la dimension des seg- ments est inversement proportionnelle à la concentration du proto- [dasma. Ainsi, les segments produits dans la partie de l'œuf où les sphérules vitellines sont le plus volumineuses et où par conséquent le protoplasma est le moins concentré sont plus volumineux que les autres segments et leur formation procède plus lentement. Bien que lorsqu'il existe une grande quantité de vitellus nutritif il soit généralement distribué d'une manière inégale, il y a cependant un grand nondjre de cas dans lesquels il n'est pas possible de constater cette inégalité de répartition d'une manière très nette. Dans la plupart de ces cas, la segmentation est cependant inégale, et il est probable (ju'ils ferment des exceptions plus apparentes que réelles à la loi énoncée plus haut. Quoique avant la segmentation le protoplasma puisse être uniformément distribué, dans beaucoup de cas néanmoins, comme chez les Mollusques, les Vers, etc. pendant ou au commence- ment de la segmentation, il se rassemble à un pôle et l'un des seg- ments formés consiste en protoplasma transparent, tout le vitellus nutritif étant contenu dans l'autre segment qui est plus gros. Segmentation inégale. — Le type de segmentation que je vais main- tenant décrire a été appelé par HcCckel segmentation inégnle, terme (1) Chez le Lapin et probablement les autres Mammifères monodelplies la segmen- tation est i)res(iue bien que non entièr(;ment régulière. (2) Voy. I''. M. l?ALrouu. Comparisoii of tlio early stages of development in Vertebrates [Quart. Joia-n. of. Micr. Science, July, 1S7d). SEGMENTATION INÉGALE. 8a que l'on peut avantageusement adopter. Je commencerai par le dé- crire tel qu'il se présente dans le cas typique et bien connu de la Grenouille (1). L'œuf mûr de la Grenouille commune et de la plupart des autres Amphibiens anoures présente la structure suivante. Un hémisphère est de couleur noire et l'autre blanc; j'appellerai le premier, pôle supé- rieur, et le second, pôle inférieur. L'œuf est constitué par du proto- plasma tenant en suspension de nombreuses sphérules vitellines. Les plus grosses sont situées au pôle inférieur, les plus petites au pôle supérieur, (;t les plus petites de toutes dans la couche périphérique du pôle supérieur dans laquelle il existe également du pigment qui déter- mine la couleur noire visible à la surface. Le premier sillon formé est un sillon vertical. Il commence dans la moitié supérieure de l'œuf sur laquelle il s'étend rapidement et s'a- vance plus lentement dans la moitié inférieure. Aussitôt que le pre- mier sillon s'est étendu sur l'œuf tout enlier et a séparé complète- ment les deux moitiés, un second sillon vertical apparaît à angle droit avec le premier et se comporte de la même manière (fig. AO, 4). Le sillon suivant est équatorial ou horizontal (fig. 40, s), il n'appa- Vig. 40. — ^Segmentation de Tceuf de la Grenouille (emprunté 0 Ecker). les numéros placés au-dessus des figures indiriuent le nombre des segments du stade figuré. raît pas au véritable équateur de l'œuf, mais beaucoup plus près du pôle supérieur. 11 s'étend rapidement autour de l'œuf et divise chacun des quatre segments primitifs en deux parties, l'une plus grosse et l'autre plus petite. Ainsi à la fin de ce stade, il existe quatre petits et quatre gros segments. Au point oîi ils se rencontrent apparaît une petite cavité qui est la cavité de segmentation déjà décrite pour les œufs à segmentation uniforme. Cette cavité augmente de dimen- sion dans les stades subséquents, des cellules plus petites for- ment son toit, et des cellules plus grosses son plancher. L'apparition (1) Voyez Remak. Eiilwkklung d. Wirbelthiere et Gôttf,. Enlwicklmxj d. Uiike. 86 L\ SEGMENTATION DE L'ŒUF. du sillon équatorial est suivie par une période de repos, après quoi deux sillons verticaux se succédant rapidement se forment au pôle su- périeur divisant chacun des quatre segments dont celui-ci est composé en deux. Bientôt ces sillons s'étendent au pôle inférieur, et lorsqu'ils sont complets, il existe seize segments, huit plus gros et huit plus pe- tits (fig. 40, 16). Après un temps d'arrêt les huit segments supérieurs sont divisés par un sillon équatorial, et un peu plus tard, un sillon semblable divise les huit segments inférieurs. A la fin de ce stade, il existe par conséquent 1(3 petits et 16 gros segments (lîg. 40, 32). Après que 64 segments ont été formés par des sillons verticaux qui apparaissent symétriquement aux deux pôles (fig. 40, 6 4), deux sil- lons équatoriaux se forment dans l'hémisphère supérieur, avant qu'il n'apparaisse un nouveau sillon dans l'hémisphère inférieur de sorte que la moitié supérieure de l'œuf est formée de 96 segments et l'inférieure seulement de 32. Il n'y a plus aucune régularité dans les stades sui- vants, mais l'hémisphère supérieur continue à se segmenter plus rapi- dement que l'inférieur. En môme temps que le nombre des segments augmente, la cavité de segmenta- tion s'accroît rapidement; et à la fin de la segmentation l'œuf forme une sphère contenant une cavité excen- trique et constituée par deux par- tics inégales (fig. 41). La partie su- périeure qui forme le toit de la cavité de segmentation consiste en cellules plus petites, la partie in- férieure en cellules plus grosses contenant le vitellus nutritif. Le mode de segmentation de l'œuf de la Grenouille est typique pour les œufs à segmentation inégale, et il est digne de remarque que pour ce qui est au moins des trois premiers sillons, la segmentation suit le môme rhythme dans les œufs à segmentation inégale que dans les œufs à segmentation uniforme. Il apparaît deux sillons verticaux sui- vis par un sillon équatorial. Les lois générales qui ont été établies pour la rapidité de la segmentation et la dimemion des segments for- més trouvent un bon exemple dans l'œuf de la Grenouille. La plus grande partie des segments plus petits de l'œuf de la Gre- nouille sont destinés ;\ entrer dans la constitution de l'épiblaste et les segments plus gros à former l'hypoblaste et le mésoblaste. 11. — r.Dupo d'un œuf de Gronouillc fin de la segmentation (*). (*) sg, cavité de segmentation. — //, grosses cellules reniiil cellules du pôle forraatif (épiblastc). de Aitelius nutritif. — ep, petites SEGMENTATION INÉGALE. 87 A quelques exceptions près (Lapin, Lymnée) la majorité des segments plus petits forment toujours l'épiblaste et des plus gros Thypoblaste. L'œuf de la Grenouille est un bon type moyen de la segmentation inégale ; dans beaucoup de cas, la segmentation inégale se rapproche beaucoup plus de la segmentation uniforme; d'autres fois, elle s'en éloigne davantage. Un cas bien connu dans lequel la segmentation se rapproche beau- coup de la segmentation régulière, est celui de l'œuf du Lapin qui a même souvent été pris pour exemple de segmentation régulière. L'œuf du Lapin (1) se divise d'abord en deux sphères presque égales ; la plus grosse et la plus transparente des deux peut, d'après les parties auxquelles elle doit donner origine, être appelée épiblastique, et l'autre sphère, hypoblastique. Les deux sphères se divisent en quatre, puis» par un sillon équatorial, en huit, quatre épiblastiques et quatre hypoblastiques. L'une des dernières prend une position cen- trale. Puis les quatre sphères épiblastiques se divisent avant les quatre hypoblastiques ; ainsi est introduit un nouveau stade dans lequel il y a douze sphères. Il est suivi par un stade de seize et un stade de vingt- quatre. Pendant le stade de seize sphères et les suivants, les sphères épiblastiques enveloppent peu à peu les sphères hypoblastiques qui ne restent visibles à la surface qu'en un poinj seulement. Il n'y a pas de cavité de segmentation. Chez la Pédicelline, genre de Bryozoaire entoprocte, il y a une segmentation subrégulière dans laquelle cependant les deux premières sphères primaires peuvent se distinguer à peu près de la même ma- nière que dans le cas du Lapin. Un type de segmentation inégale très caractéristique est celui que présentent la majorité des Gastéropodes et des Ptéropodes et probable- ment aussi quelques Lamellibranches. On le rencontre également chez quelques Turbellariés, la IJonellie, certaines Annélides, etc. Dans un grand nombre de cas il fournit un bon exemple du type où dans le cours de la segmentation le protoplasma s'accumule à un pôle de l'œuf ou de ses segments pour se séparer comme une sphère trans- parente. Les quatre premiers segments formés par deux sillons verticaux à angles droits sont égaux, mais ils produisent par bourgeonnement quatre segments plus petits, qui dans les stades suivants se divisent rapidement en même temps que leur nombre augmente par l'addition continuelle de nouveaux segments bourgeonnes par les grosses sphères. Les quatre grosses sphères restent visibles presque jusqu'à la fin de la segmentation. Le processus du bourgeonnement par lequel les (0 Van Beneden. Développement embryonnaire des Mammifères [BuU. de l'Acacl. de Belgique. 1874). 88 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. petites sphères se séparent des grosses consiste dans la formation par la grosse sphère d'une proéminence qui s'en détache par constriction. Dans les formes extrêmes de ce mode de segmentation inégale on trouve à la fin de la seconde division deux sphères plus grosses rem- plies de vitellus nutritif et deux plus petites, transparentes ; et dans les stades postérieurs bien que les grosses sphères continuent à pro- duire par bourgeonnement des petites sphères, les deux premières pe- tites sphères subissent seules une segmentation régulière et finissent par envelopper complètement les premières. Tel est le cas qui a été décrit chez l'Aplysie par Lankester (1). Les types que j'ai décrits sont des exemples de segmentation iné- gale; l'œuf du Lapin esta une extrémité de la série, celui de l'A- plysie à l'autre extrémité; l'œuf de la Grenouille est intermédiaire. Les œufs à segmentation inégale présentent de grandes variations, quant à la présence de la cavité de segmentation. Dans quelques cas, comme chez la Grenouille, cette cavité est bien développée; dans d'autres cas, elle est réduite, comme chez la plupart des Mollusques, et il n'est pas rare qu'elle fasse entièrement défaut. Avant d'abandonner ce type important de segmentation, il est bon d'entrer dans un peu plus de détails sur quelque-unes des formes les plus typiques ou sur quelques formes spéciales qu'il présente. Comme exemple du type de la segmentation des Moihisques, on peut choisir la segmentation uormale des Hétéropodes décrite dans ses détails par Fol (2). L'œuf se divise en deux, puis en quatre segments égaux suivant les plans verticaux ordinaires ; chaque segment a un pôle protoplasmique et un pôle vilellin ; le pôle protoplasmique est tourné vers les globules polaires. Dans la troisième division qui a heu dans un plan équatorial, quatre petites cellules ou segments proioplasmiques se détaciient ou plutôt bourgeonnent des quatre gros segments, de sorte qu'il y a quatre petits segments dans un plan et quatre gros segments au-dessous d'eux. Dans la quatrième division, les quatre gros segments seuls sont actifs et donnent naissance à quatre petites et à quatre grosses cellules de sorte qu'il y a en tout huit petites et quatre grosses cellules. Les quatre petites cellules de troisième génération se divi- sent erisuite, formant en tout douze petites cellules et quatre grosses; puis les quatre petites cellules de quatrième génération se divisent, après quoi les quatre grosses cellules en produisent quatre nouvelles petites, de sorte qu'il y a vingt petites cellules et quatre grosses. Les petites cellules forment une calotte enveloppant le pôle supérieur des gros segments. Il est à remarquer que à partir du troisième stade, les petites cellules augmentent en pro- gression arithmétique; c'est là un trait caractéristique delà segmentation typique des Gastéropodes. Dans les derniers stades de la segmentation, les grosses cellules cessent d'en produire de petites de la même manière qu'auparavant. L'une d'elles se (1) Contribution to the developmental history of tlie MoUusca {PliU. trans. 1875). (2) Foi.. Archives de Zoologie expéri7nentale,l\ . 1875. SEGMENTATION INÉGALE. 89 divise d'abord en deux parties inégales dont la plus petite est repoussée en dedans vers le centre de l'œuf. La plus grosse se divise de nouveau en deux et les trois cellules ainsi formées occupent le centre d'une dépression peu accu- sée. Les autres grosses cellules se divisent de la même manière et donnent naissance à des cellules plus petites qui limitent une fossette qui se forme sur un côté de l'œuf. Les petites cellules originelles continuent pendant ce temps à se diviser et forment ainsi une couche revêtant les grosses cellules en lais- sant libre cependant l'orifice de la fossette limitée par leurs derniers produits. Les œufs del'Anodonte et de l'Unio sont d'excellents exemples du type dans lequel la structure de l'œuf est uniforme avant le commencement de la seg- mentation, mais où la portion protoplasmique se sépare de la portion nutri- tive pendant la durée de ce phénomène. Chez rAnodonte(l), l'œuf est d'abord uniformément granuleux, mais, après Fig. 42. — Segmentation de ÏAnodoii piscinalis (d'après Fleraming) (*}. la fécondation, il émet d'un côté une protubérance presque dépourvue de granulations (fig. 42,) . Dans celte protubérance claire et dans les protubérances semblables qui la suivent, le protoplasma n'est pas tout d'abord entièrement dépourvu de vitellus nutritif, mais le devient seulement lorsqu'il se sépare de la partie de l'œuf qui contient le vitellus. 11 nous faut par conséquent supposer que la production des segments clairs est au moins en partie due a ce que des sphérules vitellines servent à former du proloplasma. Bobretslky et Fol ont prouvé avec évidence qu'une telle formation de protoplasma aux dépens de sphérules vitellines peut avoir lieu dans d'autres types. La protubérance se sépare bientôt de la partie la plus volumineuse de l'œuf comme un petit segment formé de protoplasma clair. Un second petit seg- ment clair se détache ensuite du gros segment rempli de vitellus nutritif et en même temps (fîg. 42, 2) le premier petit segment se divise en deux. Ainsi se forment quatre segments, un gros et trois petits, le gros segment étant, comme auparavant, rempli de vitellus nutritif. La continuation de ce pro- cessus de bourgeonnement, d'une part, de segmentation, de l'autre, amène la formation d'un nombre considérable de petits segments et d'un gros (fig. 42, 3). Entre le gros et les petits segments existe une cavité de segmentation. Enfin le gros segment vitellin, qui jusque-là a seulement produit par bour- (1) Flejiming, EiUwickl, d. Najaden. Sitz. d. Akad. Wiss. Wien,\\. 1875. (*) )•, cellules polaires. — v, sphère vitelline. — 1, commencement de la division en deux segments, l'un formé surtout de protoplasilia, l'autre de vitellus. — 2, stade avec quatre segments. — 3, Forma- tion de la blastosphère et de la cavité de segmentation. — 4, segmentation définie de la sphère vitelline. 90 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. geonnement une série de petits segments dépourvus de vilellus, se divise lui-même en deux parties semblables. Ce phénomène se répète (fig. 42, 5) et il se forme enfin un certain nombre de segments vitellins remplis de sphères vitellines qui occupent la place du premier gros segment vitellin. Entre ces segments vitellins et les petits segments est située la cavité de segmentation. La segmentation de l'œuf de ÏEuaxes (1) ressemble à celle de VUnio en ce que des segments clairs se détachent comme des bourgeons de ceux remplis de vitellus, mais présente plusieurs particularités intéressantes. Une modification très particulière de la segmentation ordinaire des Gasté- ropodes est celle décrite par Bobretsky pour la Nassa mutahilis (2). L'œuf renferme une grande quantité de vitellus nutritif, et le protoplasma Fig-. 43. — Segmentation de la Nassa mnlahUis (d'aiirés Bobretsky) (*). est accumulé au pùle formatif près duquel sont placés les globules polaires. Un sillon équatorial et un sillon vertical (fig. 43 A), le premier voisin du pôle supérieur, apparaissent simultanément et divisent l'œuf en trois segments, deux petits présentant chacun un pôle proloplasmique et un gros entièrement formé de substance vitelline. Puis l'un des deux petits segments s'unit complètement avec le gros segment (fig 43 B) et après que la fusion est complète, le gros segment se divise en trois comme la première fois et en même temps le petit segment unique se divise en deux. Ainsi se forment (1) KowAi.EVSKV, Embryologische studien an Wûrmerii und Artliropoden. Me m. Acad. Pélersboiirg, série VII, t. XVI, 1871. (2) BoiiRETSKv, Studien ûber die embryonale Eiitwickelung der Gastropoden. Arc/dv. f. miter. Anatomie, A'III. 1877. (') A. moitié inl'érieiifc divisée en deux segments. — B, l'un de ceux-oi s'est confondu avee le gros segment. — C, quatre petit.s segments ot un gros, l'un des premiers, se confond avec le gros segment. — I), chacun des quatre segments a donné naissance à un petit segment. — E, les petits segments sont arrivés au nombre de trente-six. SEGMENTATION PARTIELLE. 91 quatre segments en partie proloplasmiques et ini segment vitellin (fîg. 43 C). L'un des petits segments s'unit de nouveau avec le gros segment de sorte que le nombre des segments est encore réduit à quatre, trois petits et un gros. Les extrémités proloplasmiques de ces segments sont tournées l'une vers l'autre et au point où elles se rencontrent il se détache quatre petites cellules une de chaque segment (fig. 43 D). Quatre petites cellules se détachent ainsi de nouveau deux fois de suite pendant que les premières restent inac- tives de sorte qu'il vient h y avoir douze petites cellules et quatre grosses. Dans les stades plus avancés, les quatre petites cellules, les premières for- mées, donnent naissance à des cellules plus petites encore, puis les dernières formées se comportent de môme. Les grosses cellules continuent également à donner naissance à de petites cellules et enfin par un processus continu de division et par le bourgeonnement de nouvelles petites cellules qui se détachent des grosses, une calotte de petites cellules vient à recouvrir les quatre grosses cellules qui pendant ce temps se sont serrées l'une contre l'autre (fîg. 43 E). Une cavité de segmentation, de dimensions assez notables, s'établit entre cette calotte de petites cellules et les grosses cellules. Un grand nombre d'œufs, tels que ceux des Myriapodes (t), présentent une segmentation irrégulière, mais qu'il est difficile d'appeler inégale dans le sens où j'ai employé ce mot. Ces cas devraient peut-être plutôt être rangés dans la première catégorie que dans celle-ci. Le type de la segmentation inégale est, somme toute, le plus largement répandu dans le règne animal ; il est difficile de citer un groupe qui n'en présente pas d'exemples. Il se rencontre chez lesPorifères, les Hydrozoaires, les Actinozoaires et les Cténopliores. Chez les Cténophores ce mode de segmentation est absolument typique. Quatre segments égaux se forment d'abord dans les deux premiers stades. Au troisième stade un sillon circonférentiel sépare quatre petits seg- ments des quatre gros. Ce type est aussi largement répandu tant chez les Vers non annelcs (Géphy. riens, Turbellariés) que chez les Vers annelés et est typique chez les Roti- fères. Il semble être très rare chez les Echinodermes [Echinaster Sarsii). Il n'est pas rare dans les premiers stades de la segmentation chez les Crustacés inférieurs. Pour les Mollusques (les Céphalopodes exceptés) il est typique. Parmi les Tuniciers, il se rencontre dans plusieurs formes [Salpa, Molgulu) et parmi les Craniotes il est typique chez les Cyclostomes, les Amphibiens et certains Ganoïdes comme VAclpenser. Segmentation partielle. — Le type de segmentation que nous avons maintenant à examiner est depuis longtemps désigné sous le nom de segmentation partielle. Dans ce type, une partie seulement de l'œuf ap])e\ée dis(/iio [fei'niinatif subit la segmentation, le reste formant d'or- dinaire un appendice de l'embryon nommé sac vitellin. Les œufs appartenant aux deux groupes déjà traités sont souvent réunis sous le (1) Metsciimkoff, Embryologie der doppeltfûssigen Myriapoden (Cliiloguatlia). Zeitschr. f. wiss. Zoologie^ XXIV, 1874. 92 Lk SEGMENTATION DE L'ŒUF. nom d'œufs holohlnstiques par opposition aux (cufs du groupe qui nous occupe dans lesquels la segmentation est seulement partielle el qui pour ce motif, sont dits nii'roJjhjstiqucs. Cette classification est sous beaucoup de rapports très commode en embryologie, mais en réa- lité aucune ligne de démarcation bien nette ne sépare les œufs du groupe actuel de ceux qui appartiennent au groupe qui vient d'être décrit. L'origine et la nature des œufs méroblastiques se comprendront fa- cilement en prenant un œuf à segmentation inégale tel que celui de la Grenouille et considérant ce qui se produirait d'après les lois déjà énoncées, si la quantité de vitellus nutritif qui occupe le pôle vitellin s'accroissait dans des proportions considérables. La figure 44 repré- sentant la segmentation de l'œuf de Poule montre bien ce qui se pro- A B c Fig. 4i. — Tue de face des iiremicrs stades de la segmentation de l'iruf de Poule (d'après Coste) (*). duirait. Il apparaîtrait d'abord un sillon vertical au pôle formatif ou protoplasmique (fig. 44 A, b). Ce sillon s'avancerait peu à peu autour de l'œuf et commencerait à le diviser en deux moitiés ; mais avant de s'être étendu très loin, il atteindrait la partie vitelline de l'œuf; où, suivant la loi exposée plusbaut, il marcberait avec une grande lenteur et si la quantité du vitellus nutritif pouvait être considérée comme infinie relativement à celle du protoplasma, il cesserait complètement d'avancer. Un second sillon vertical se formerait bientôt croisant le premier ;\ angles droits, et, comme lui, ne dépassant pas le bord du disque germiualif (lig. 4i B). Le sillon suivant devrait être équatorial (en fait dans l'auif de Poule, il ne se forme un sillon équatorial qu'après l'apparition de deux nouveaux sillons verticaux). Le sillon équatorial devrait cepen- dant par analogie avec l'œuf de la Grenouille se fonner 7wn à réqua- teur, innis iièsprh du pôle f()}'»tal/f. 11 séparerait par conséquent comme segments distincts (fig. 44 G, c) une petite portion centrale (c'est-à- {*) a, bord du disipu; gerininatil'. — ù, sillon vertical. — c, petit segnicat central. — (/, segment pôriplieri(|ue plus gros. SEGMENTATION PARTIELLE. 93 dire polaire) de chacun des segments incomplets formés parles sillons verticaux précédents. Par la continuation du même processus de segmentation, avec la même alternance de sillons verticaux et équato- riaux que chez la Grenouille, il se formerait évidemment une calotte ou un disque- de petits segments au pùle protoplasmique de l'œuf, en dehors duquel existeraient un certain nombre de profondes gouttières rayonnantes formées par les sillons verticaux (fig. 45) que la grande proportion de sphères vitellines au pôle vitellin a empêchés de s'étendre autour de l'œuf. De là, il résulte évidemment qu'une énorme accumulation de vitellus nutritif au pôle vitellin détermine nécessairement une segmentation partielle. 11 en résulte éga- lement que la partie des œufs méroblastiques qui ne subit pas la segmentation n'est pas une nouvelle cré- ation absente dans les autres cas. On doit au contraire la regarder simplement comme une partie de l'ceuf dans laquelle les sphérules vitellines ont pris un déve- loppement très grand com- parativement au protoplas- ma, dans quelques cas même à l'exclusion complète du protoplasma. Un œuf méroblastique or- dinaire consiste donc en un petit disque, le disque germinatif situé au pôle formatif et constitué principalement par du protoplasma renfer- mant relativement peu de vitellus nutritif. Il se fond peu à peu avec le reste de l'œuf dont il est séparé par une ligne de démarcation plus ou moins nette. Le reste de l'œuf qui en forme presque toujours la plus grande partie consiste d'ordinaire en nombreuses sphérules vitellines plongées dans un stroma protoplasmique très peu abondant. 5. — Vuo de face du disque germiaatif de Vœuf de Poule à un stade avancé de la segmentation (*). Dans quelques cas, comme dans les œufs des Elasmobranches (1), le proto- plasma existe sous forme d'une trame délicate; dans d'autres et peut-èlre dans la majorité des cas, le protoplasma est trop peu abondant pour être mis en évidence, ou peut même faire complètement défaut. Chez cerlains Poissons (1) Voy. ScHUi.TZE, Archiv. f. mikr. Anat., XI et F. M. Balfour, Monorjmph on the deuelopment of Elasmobranch Fishes . (*) c. petites sphères de segmentation centrales. — b, segments plus gros en dehors des premiers. — c, gros segments marginaux incomplètement circonscrits. — e, bord du disque germinatif. 94 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. osseux, comme la Lote, le vitellus est formé par une substance albumincïde transparente et homogène contenant un gros globule au pôle opposé au dis- que germinalif. Dans ce cas le disque germinatif est nettement séparé du vitellus. Chez d'autres Poissons osseux la délimitation entre les deux parties n'est pas aussi nette (1). Dansées cas on trouve au-dessous du disque germi- natif une substance finement granuleuse contenant une proportion consi- dérable de protoplasma ; elle passe peu à peu à une substance très pauvre en protoplasma et riche en sphérules vitellines qui à son tour se continue avec une substance vitelline albuminoïde et homogène. Chez les Klasmobranches, immédiatement au-dessous du disque germinalif, vient une matière finement granuleuse riche en protoplasma qui se continue avec le vitellus normal. L'œuf des Élasmobranches peut avantageusement servir de type pour les Vertébrés. Il est formé par un vitellus sphérique dépourvu de membrane d'enveloppe. Le disque germinatif se distingue à sa surface comme une petite tache jaune d'environ un millimètre et demi de diamètre. Dans le disque ger- minalif apparaît d'abord un sillon qui le divise en deux suivi par un second sillon à angles droits avec le premier. Ainsi après la formation du second sillon, le disque est divisé en quatre champs égaux. De nouveaux sillons continuent à se former et enfin un sillon circulaire équivalent au sillon équa- torial de l'œuf de la Grenouille fait son apparition et sépare un certain nom- bre de segments centraux, des segments périphériques plus gros. Ensuite les petits segments se divisent d'abord plus rapidement que les gros, mais plus tard ces derniers se multiplient également avec rapidité et le disque germi- natif finit par être formé d'une série de segments de dimensions à peu près uniformes. Tels sont les phénomènes que l'on peut observer en regardant parla surface l'a'uf en segmentation, etil est à remarquer qu'il n'existe pas de différence notable entre la segmentation du disque germinalif de l'œuf de la Poule et de celui des Elasmobranches. En réalité la figure du premier (fig. 44) conviendrait parfaitement aux derniers. Lorsque cependant on examine le disque en segmentation par la méthode des coupes, il y a quelques différences entre les deux types et plusieurs traits intéressants qui méritent d'ôtre notés dans la segmentation des Elasmobranches. Dans les premiers stades, les sillons visibles à la surface ne sont rien autre chose que des sillons et ne se rencontrent pas inférieurement de façon à isoler des segments distincts; ils forment en réalité une esquisse superficielle. Ce n'est qu'après l'apparition du sillon équatorial que les segments commencent à s'isoler complètement. Dans les stades suivants, non seulement les segments déjà existants dans le disque germinatif se multiplient par division, mais de nouveaux segments se détachent continuellement du vitellus adjacent et s'ajoutent à ceux qui existent déjà dans le disque germinatif (fig. 46'). Ce fait parmi beaucoup d'au- tres prouve que le disque germinatif n'est qu'une partie de l'œuf caractérisée par la présence de plus de protoplasnia que dans les autres parties qui forment ce que l'on appelle le vitellus nutritif, fendant les derniers stades , de la segmentation, il apparaît dans le vitellus, autour du blastoderme, un (1) Voy. Klein, Observation on llie early development of tlie common Trout. Quart. Journ. Fig. 48. — Segmentation de Xœai d'un Crustacé {Penœus (d après Haeckel). Les coupes montrent le caractère du type de segmentation dans lequel le vitellus est accumulé au centre de Toeuf (*). par Hœckel. Un type de segmentation inégale comparable à celui de la Grenouille se rencontre chez le Gammarus locusta (van Beneden et Bes- sels) où cependant la formation de la masse vitelline centrale ne semble avoir lieu qu'assez tard dans la segmentation. La segmentation inégale s'effectue d'une manière plus irrégulière chez d'autres Crustacés comme diverses espèces du genre Chondracantkus (van Beneden et Bessels) et chez les Myriapodes. Dans tous ces cas, la segmentation finit par la formation d'une couche de cellules entourant une masse centrale de vitellus nutritif. (*) /f, masse vitelline centrale. — 1 et 2, vue de face et coupe du stade dans lecpicl l'œuf est divisé en quatre segments. En 2 on voit que les sillons visibles à la surlace ne s'étendent pas jusqu'au centre de l'œuf. — 3 et 4, vue de face et coupe d'un œuf près de la fin de la segmentation. i.a masse vitelline centrale est très visible en 4. iOO LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. Le caractère propre des œufs centrolccithes à segmentation régulière ou irrégulière est que, iï cause de la présence du vitellus dans l'intérieur de l'œuf, les sillons qui apparaissent à la surface ne se continuent pas jusqu'au centre de l'œuf. Les sphères qui sont ainsi distinctes à l'extérieur sont en réalité unies à l'intérieur. La ligure 48 empruntée à Hseckel montre cette particularité d'une manière diagrammatique. Un grand nombre d'œufs qui dans les stades avancés de la segmen- tation montrent les caractères des véritables œufs centrolécithes pas- sent en réalité dans les pi'cmicrs stades presque par les mômes phases Fig. 49. — (^oupes transversales de l'œuf iVEii.pa(/u)')is Pridcauxii a quatre stades de la segmentation (d'après P. Jlayer) (*). que lus œufs holoblastiques. Ainsi chez V Eupanurus Prideauxii (1) (fig. 49) et probablement dans la majorité dos Décapodes, l'onif se di- vise successivement en deux, quatre et huit segments distincts, et ce n'est qu'après la quatrième phase de la segmentation que les sphères se confondent au centre de Tœ.uf. Ces œufs appartiennent à un type qui est eu réalité intermédiaire entre le type ordinaire de segmenta- tion et celui où il existe une masse vitellinc centrale. VEupaguriis présente une particularité frappante; le noyau se di- vise en deux, quatre et huit noyaux entourés chacun d'une couche mince de protoplasma prolongée en un réseau avant que l'œuf com- mence lui-même à se segmenter. L'œuf avant la segmentation est par conséquent à l'état de syncytium. (1) MAYrn, Zur l'.ntwicklungsyoscliichte der Dekapoden [Jenaische Zeitscliri/t, XT). (*j bl, lilastoderme. SEGMENTATION CENTROLÉGITHE. 101 La segmentation de VAsellus aquaticus (1) est très semblable à celle de ÏEupaguriisi, etc., mais l'œuf se divise dès l'abord en autant de segments (huit) qu'il y a de noyaux. Chez le Gammarus locusta la ressemblance avec la segmentation inégale ordinaire est très frappante et ce n'est qu'après qu'un nombre considérable de segments sont formés qu'il apparaît une masse vitelline centrale. Dans tous ces types, à mesure que la segmentation avance, le pro- toplasma se concentre de plus en plus à la périphérie et enfin une couche blastodermique superficielle de cellules plates se sépare com- plètement du vitellus qu'elle entoure (fig. 49 D, ùl). 'Dans les cas tels que ceux de VEupagui^us, du Penœus,&iQ,.,\Q vitellus central est d'abord presque homogène, mais plus tard il se divise en général paitiellemcnt ou complètement en un certain nombre de Fig, 30. — Segmentation et formation du biastodermc du Chelifa- (d'après Metsehnikoff) (*) sphères distinctes qui peuvent posséder des noyaux et par conséquent être de véritables cellules. Dans un grand nombre de cas cependant, la présence des noyaux n'a pas été démontrée dans ces sphères vitel- lines bien qu'ils existent probablement : encore, tant qu'on n'a pas dé- montré leur existence, il doit rester quelque doute sur la nature de ces sphères vitellines. Il est probable que tous les noyaux qui résultent de (1) Van Beneden, Recherclies sur l'embryogénie des Crustacés {Bull, de VAcad. roy. de Belgique, 2<' série, XXVIII. 1869, p. 54). (') En A, l'œuf est divisé en segments distincts. En B, sont apparues de petites cellules qui forment un blastoderme enveloppant les grosses sphères vitellines. Eo C, le blastoderme s'est divisé en deux couches. 102 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. la division du premier noyau de segmentation ne prennent pas part à la formation du blastoderme superficiel, mais que quelques-uns res- tent dans l'intérieur de l'œuf pour devenir les noyaux des sphères vi- tellines. Chez les Myriapodes (Chilognathes) une forme particulière de segmentation a été observée par ]\Ielschnikofr(l), L'œuf commence par subir une segmen- tation totale parfaitement normale quoique un peu irrégulière. Mais lorsque le processus de la division est arrivé à un certain point, des masses éparses de très petites cellules font leur apparition à la surface des grosses sphères. Ces petites cellules ont probablement pris naissance d'une manière analogue à celle qui caractérise la formation des cellules superficielles du blastoderme dans les types d'oeufs centrolécithes déjà décrits. Elles augmentent rapidement en nombre et finissent par former un blastoderme continu tandis que les gros segments primitifs restent au centre comme une masse vitelhne. Dans les intéressantes Arachnides du genre Chciifer, la segmentation a heu à peu près de la même manière que chez les Myriapodes (fig. 50). Il est évident qu'il ne peut pas exister dans les œufs centrolécithes Fig-. 51. — Quatre stades successifs de la seg-mentation do l'œuf du Tetranychus telariics (d'après Claparède). un type de segmentation exactement comparable h celui des œufs mé- roblastiques. 11 y a cependant dans ce groupe quelques types qui tien- nent ia place des trufs méroblastiques: en tant qu'ils sont caractérisés par la présence d'une grosse niasse de vitellus nutritif qui ne se segmente pas, ou ne se segmente qu'à une période très tardive du développement. Le caractère essentiel de ce type de segmcr tation consiste dans la division (1) Embryologie der doppeltfiissigcn Myriapodcii (Chilogiiatlia) (Zeitschrift fur wis^. Zoologie, \\\\. l^ik). SEGMENTATION GENTROLÉCITHE. 103 de la vésicule germinative dans l'intérieur ou à la surface de l'œuf en deux, quatre, etc., noyaux (fig. 31). Chacun de ces noyaux est entouré par une couche spéciale de protoplasma (fig. 31) qui est en continuité avec un réseau protoplasmique général (non visible dans la fig. 31) qui pénètre l'œuf tout entier. Le vitellus est contenu dans les mailles du réseau de la manière déjà décrite pour d'autres œufs. L'œuf, comme celui de VEupagunis avant la segmentation, est main- tenant un syncytium. Enfin les noyaux qui se sont multipliés par di- vision et sont devenus très nombreux se portent vers la surface de l'œuf, s'ils n'y étaient déjà situés. Ils se détachent alors simultanément ou successivement du vitellus avec le protoplasma qui les entoure et donnent naissance à un blastoderme périphérique entourant une masse vitelline centrale. Un certain nombre de noyaux restent cepen- dant d'ordinaire dans le vitellus qui se segmente très souvent d'une manière secondaire en sphères vitellines. Les œufs des Insectes présentent de nombreux exemples de ce mode de segmentation dont l'œuf du Porlhesia (1) peut être pris pour type. Après la fécondation il consiste en une masse centrale de vitellus qui passe sans ligne nette de démarcation à une couche périphérique de substance plus transparente (protoplasmique). Dans le premier stade observé par Bobretsky, il y avait, dans l'intérieur de l'œuf, deux corps consistant chacun en un noyau entouré par une mince couche de proto- plasma avec des prolongements étoiles. Ce stade correspond à la division en deux, mais, bien que le noyau se divise, la prépondérance du vitellus empêche l'œuf de se segmenter en même temps. Par une division con- tinue des noyaux, il se forme une série de corps épars dans l'intérieur de l'œuf et formés chacun d'un noyau et d'une mince couche de pro- toplasma avec des prolongements réticulés. Après un certain stade quelques-uns de ces corps se portent à la surface de l'œuf, simultané- ment chez le Porthesia ou successivement dans quelques cas, A la surface, le 'protoplasma qui entoure chaque noyau se contracte en un corps cellulaire arrondi distinctement séparé du vitellus adjacent. Les cellules ainsi formées constituent un blastoderme superficiel d'une seule couche de cellules. Beaucoup des corps nucléés restent dans le vitellus, et après un certain temps qui varie dans les différentes for- mes, le vitellus se segmente en un certain nombre de corps polygonaux ou arrondis dans l'intérieur de chacun desquels est l'un de ces noyaux avec son protoplasma. Ce phénomène, désigné sous le nom de segmen- tation secondaire du vitellus, est en réalité une partie de la véritable segmentation et les corps auxquels il donne naissance sont de vérita- bles cellules. (1) BoERETZKY, Ueber die Bildung des Blastoderms der Keimblàtter bei den Insecten [Zeit. f. wiss. Zool., XXXI, 1878. 104 LA. SEGMENTATION DE L'ŒUF. On peut citer d'autres exemples de ce type. ChezlePuceron,Metschnikoff (I) a montré que le premier noyau de segmentation se divise en deux noyaux qui viennent l'un et l'autre se placer dans la couche protoplasmique péri- phérique plus claire (fig. 52, i et 2). De nbuvelles divisions se succèdent et les noyaux enveloppés dans une couche continue de protoplasma se dispo- sent d'une manière régulière et forment un syncytium qui se segmente enfin en cellules définies (fig. 52, 3 et '1), L'existence d'une couche spéciale de protoplasma plus clair a été mise en doute par Brandt. Fig. 52. — Segmentation de VAphis rosx (d'après Melsrhnikofl'). Dans fous les stades, il existe une masse ^itelline centrale entourée d'une couche de protuplasmn. Dans ce protoplasma, deux noyaux sont apparus en i, quatre noyaux en 2. En 3, les noyaux ont pris «ne disposition régulière, et en 4, le protoplasma s'est divisé en un nombre de cellules coluranaires correspondant à relui des noyaux. w, pôle du blastoderme qui ne prend pas part cà la formation de l'embryon. Chez le Tctranychiis telarius, espèce d'Acarien , Claparède a trouvé à la surface de l'œuf un noyau entouré de protoplasma granuleux (fig. 51) qui est sans doute le premier noyau de segmentation. Par une série de divisions toutes superfi- cielles une couche de cellules se forme autour d'une masse vitelline centrale. Le résultat est le même ici que chez les Insectes, mais le noyau avec son proto- plasma granuleux est superficiel dès l'oiMgine. Dans d'autres cas tels que celui delà Mouche commune (2) une couche de protoplasma est décrite comme se constituant autour du vitellus, dans celle-ci apparaissent simultanément (?) à intervalles irréguliers un certain nombre de noyaux autour de chacun des- quels le protoplasma se sépare pour former une cellule distincte. Le type ob- servé par Kowalewsky chez l'Abeille est très voisin. Le développement com- mence ici par l'apparition d'un certain nombre de proéminences protoplas- miques formant chacune une cellule pourvue d'un noyau ; les noyaux ont sans aucun doute été formés par division préalable dans l'intérieur de l'œuf. ils apparaissent au bord du vitellus et sont séparés les uns des autres par de faibles intervalles. Peu après leur apparition une seconde série de corps sem- blables apparaît remplissant les espaces qui séparent les proéminences les premières formées. Ciiez le Gammams flmiatilis de nos eaux douces, le pro- toplasma est décrit comme se réunissant d'abord au centre de l'œuf où sans (1) Metsciinikoff. Embry. Sfud. Iiisocton (Zeil. f. wus. ZooL, XVL 18C0), Mes pro- pres observations sur cette forme concordent sur les points essentiels avec celles de Metsciinikoff. (2) Voyez Wkissmann. Entwicklung. d. Dipteren {Zcitsch. f. wiss. ZooL XII, 18G3 et XIV, 1804) et AuEUBAcn. Organologische Studien. SEGMENTATION CENTROLÉCITHE. 105 aucun doute le noyau de segmentation se divise. Puis des cellules apparais- sent sur de nombreux points de la surface et par des divisions répétées con- stituent un blastoderme uniforme entourant la masse vitelline centrale. Ce mode de formation du blastoderme se rattache de très près à celui décrit par Kowalevsky chez l'Abeille. Entre la segmentation des œufs des Insectes et celle du Penœus il y a plus d'une forme intermédiaire. Le type de V Eupagurus où le premier noyau se divise en huit noyaux avant que l'œuf ne se segmente doit être considéré comme dans ce cas ; mais l'exemple le plus instructif de €e type de transition est celui présenté par les Araignées (1). Le premier phénomène qui s'observe après la fécondation est l'agglo- mération des sphères vitellines en colonnes cylindriques qui finissent par prendre une disposition régulière et diverger en rayonnant autour du centre de l'œuf. Au centre de la figure radiée est une masse proto- plasmique, contenant probablement un noyau, qui envoie des filaments Fig. o3. — Trois stades de la segmentation du Philodromus limbatus (d'après Hub. Liidwifc). protoplasmiques au travers des colonnes vitellines (fig. 53, A). Après une période de repos la figure se divise en deux masses en forme de ro- settes qui restent unies pendant quelque temps par un filament proto- plasmique ; ce filament finit par se rompre (fig. 53, B). La figure radiée seule qui est entourée d'une substance finement granuleuse et non l'œuf tout entier se divise en deux segments. Puis les deux rosettes se divisent simultanément donnant quatre rosettes (fig. 53, G) ; le môme processus se répète avec le même rhythme comme dans une segmen- tation régulière jusqu'à ce qu'il y ait en tout trente-deux rosettes (1) Voyez LuDwiG. Ueber die Bildung des Blastodermsbei deii Spiiinen {Zeit. f. wiss. Zool. XXVI, 187G). 106 LA SEGMENTATION DE L'ŒUF. (fig. 5-4, A). Les rosettes à ce moment deviennent de simples colonnes qui, par pression réciproque, se disposent radiairement autour du centre de l'œuf, qu'elles n'atteignent cependant pas complètement. Lorsqu'il existe seulement deux rosettes, le protoplasma avec son noyau occupe une position centrale dans chaque rosette, mais peu à peu, dans le cours des subdivisions subséquentes, il se porte vers la pé- riphérie et enfin, au stade où il existe trente-deux rosettes, il occupe une position superficielle. Le protoplasma périphérique se sépare alors pour former une couche nucléée (fig. 54, B). Il constitue à proprement parler déjà le blastoderme, les noyaux s'y multiplient rapidement et enfin autour de chacun d'eux se délimite une aire hexagonale oupoly- Fiff. 54. ■ Vue de face et coupe optique d'un stade avancé de la segmentation du Phi lodromus limbntus, Koch. (d'après Hub. Ludwig) (*). gonale de protoplasma, ainsi se constitue un blastoderme d'une seule couche de cellules aplaties. Les colonnes situées à l'intérieur du blas- toderme (fig. 54, B) forment maintenant des masses plus ou moins distinctes qui, selon Ludwig, sont dépourvues de protoplasma. D'après mes propres observations, je suis porté à différer de Ludwig sur la nature des partiel situées à l'intérieur du blastoderme. Mes observations ont porté sur VAgclena labyrinthica et commencent à la fin de la segmentation. A ce moment je trouve une couche superficielle de cellules aplaties entourant un grand nombre de grosses cellules vitellines polyédriques. Dans beaucoup et, je pense, dans toutes les cellules vitellines, il existe un noyau entouré de protoplasma. Il est généralement situé sur un côté et non au centre delà cel- lule vitelline et les noyaux sont si souvent doubles que je ne doute pas qu'ils ne soient en état de division rapide. Il me paraît probable que, au moment où la couche superficielle du protoplasma se sépare. du vitellus, les noyaux se di- visent et qu'un noyau entouré de protoplasma reste dans chaque colonne vi- teUine. Pour plus de détails voy. le chapitre consacré aux Arachnides. Quoiqu'à la fin de la segmentation le protoplasma ait pris une posi- tion superficielle, il faut noter que d'abord il forme une petite masse au centre de l'œuf et ne prend que tardivement une situation périphé- ('} bl, blastoderme. — yk, splièrcs vitellines SEGMENTATION CENTROLÉCITIIE. 107 rique. Il est en outre évident que dans l'œuf de l'Araignée il y a, pour ainsi dire, une tendance à une segmentation complète d'où résulte ce- pendant seulement la disposition des parties constituantes de l'œuf en masses réunies autour de chaque noyau et non une véritable division do l'œuf en segments distincts. II semble très probable que les observations de Ludwig sur la segmenta- tion des œufs des Araignées ne s'appliquent qu'aux espèces dont les œufs sont comparativement petils. A propos de la segmentation de Vœuf dos Insectes et des types alliés, je dois faire remarquer que Bobretsky, aux observations duquel nous devons la plus grande partie de nos connaissances à ce sujet, professe des vues un peu dlfTérentes de celles adoptées ici. Pour lui, les noyaux entourés de protoplasma qui sont produits par la division du noyau de segmentation primitif sont autant de cellules distinctes. Ces cellules sont supposées se mouvoir librement dans le vitellus qui joue le rôle d'une sorte de milieu intercellulaire. Cette opinion ne me paraît pas acceptable. Elle est en opposition avec mes propres obser- vations sur les noyaux semblables des Araignées. Elle ne s'accorde pas avec ce que nous connaissons de la nature de l'œuf et il est impossible de la con- cilier avec ce qui se passe dans la segmentation de types tels que les Araignées ou même VEupagurus auxquels la segmentation des Insectes est pourtant sans aucun doute étroitement rattachée. La plupart des cas, sinon tous les cas dans lesquels il se forme une masse vileUine centrale, se rencontrent chez les Arthropodes ; les œufs centrolécithes sont certainement en majorité dans ce groupe. Chez YAlcyoïiium palmatum, cependant, la segmentation paraît ressembler à celle d'un grand nombre d'Insectes. Une ou deux variétés particulières dans la segmentation des œufs du type qui nous occupe peuvent trouver leur place ici. Celle que je mentionnerai la première est exposée en détail dans l'important mémoire d'Ed. van Beneden et Bessels que j'ai déjà eu si souvent l'occasion de citer : elle est caractéristique des œufs de la plupart des espèces de C/ton'imC'(n(/iUS, genre de Crustacés para- sites. L'œuf se divise de la manière habituelle, mais un peu irrégulièrement en deux, quatre, huit segments qui se continuent avecune masse vitelline centrale, mais après la troisième division, au lieu que chaque segment se divise en deux parties égales, il se divise tout d'un coup en quatre et ensuite la division en quatre reparaît à chaque division successive. Ainsi le nombre des segments aux périodes successives est de 2, 4, S, 32, 128, etc. Dans un autre cas parti- culier dont un exemple (I j est fourni par l'AseWws aquaticus, après chacune des premières divisions, tous les segments se fusionnent et deviennent indistincts, mais à la division suivante il apparaît un nombre double de segments. Quoique, comme il a déji été établi, il ne semble pas possible d'avoir une véritable segmentation méroblastique dans les œufs centrolécithes, il paraît néanmoins probable que les cas apparents de segmentation méroblastique, chez les Arthropodes, dérivent de ce type de segmentation. La manière dont (I) Ed. van Beneden. Recherches sur l'enibryogéiiie des Crustacés {Bull. Acad. de Belgique, XXVIII. 1809). 108 LA. SEGMENTATION DE LŒUF. un type peut passer à l'autre peut s'expliquer peut-être par la segmentation de VAscllus aquaticus. Dans cet œuf, il se forme d'abord de gros segments au- tour d'une masse vitelline centrale, de la manière particulière qui a été mentionnée dans le paragraphe précédent, mais à la fin de la première pé- riode de segmentation, les cellules vitellines produisent de petites cellules qui finissent par former un blastoderme superficiel. Ces cellules n'apparais- sent pas cependant tout d'un coup sur toute la périphérie de l'œuf, mais d'abord seulement sur la surface ventrale et plus tard sur la surface dorsale. Si la quantité de vitellus nutritif renfermée dans l'œuf s'accroissait de ma- nière à rendre la formation des cellules vitellines impossible, et si en même temps, la formation des cellules blastodermiques avait lieu au commence- ment et non vers la fin delà segmentation, une masse de protoplasma avec un noyau pourrait apparaître d'abord à la surface vers le futur côté ventral de l'œuf, puis se diviser delà manière habituelle pour les œufs méroblastiqueset donner naissance à une couche de cellules s'élendant graduellement autour de la surface dorsale. Une segmentation méroblastique pourrait peut-être dériver plus facilement encore du type qui se rencontre chez les Insectes. Il est pro- bable que les cas du Scorpion, du Mijsis, de VOniscus, des Isopodes parasites et de quelques Copépodes parasites appartiennent à cette catégorie; et on peut remarquer que dans ces cas le blastopore serait situé du côté dorsal et non du côté ventral de Tœuf. L'importance morphologique de ce dernier fait apparaîtra dans la suite. Les conclusions de ce chapitre peuvent se résumer brièvement de la manière suivante : 1° Un nombre comparativement faible d'œufs ne renferment que très peu ou pas de vitellus nutritif dans leur protoplasma, et ce qui en existe est distribué d'une manière uniforme. Dans les œufs de ce type, la segmentation est régulière : on peut les décrire sous le nom d'œufs alécithes. 2° La distribution du vitellus nutritif dans le protoplasma de l'œuf exerce une inlluence importante sur la segmentation. La rapidité avec laquelle une partie quelconque d'un œuf se seg- mente varie, toutes choses égales d'ailleurs, avec la quantité relative de protoplasma qu'elle contient, et la dimension des segments varie en raison inverse de la quantité relative de proloplasma. Lorsque la |)ro- portion du protoplamadans une partie de l'œuf est extrêmemcntfaible, cette partie ne se segmente pas. Les œufs pourvus de vitellus nutritif peuvent se diviser en deux grands groupes suivant la disposition définitive du vitellus nutritif par rapport au protoplasma. Dans l'un, le vitellus nutritif, lorsqu'il existe, est concentré au pôle végétatif de l'œuf. Dans l'autre groupe, il est concentré au centre de l'œ^uf. Les œufs appartenant au premier groupe sont appelés œufs télolécithes; ceux du second, centrolécithes. Dans chaque groupe, on peut distinguer plus d'un type de segmen- tation. Dans le premier, les types de segmentation sont au nombre de SOMMAIRE. 100 deux, la segmentation inégale et la segmentation partielle. Les ca- ractères de ces trois types ont été trop complètement exposés pour que j'aie aies répéter ici. Dans le second groupe, il existe trois types distincts : i° la segmenta- tion égale, 2° la segmentation inégale; ces deux types étant extérieu- rement semblables aux types de même nom du premier groupe; et 3° la segmentation superficielle ; ce dernier type n'a pas d'analogue dans le premier groupe et est caractérisé par l'apparition d'une couche superticielle de cellules autour d'une masse vitelline centrale. Ces cellules peuvent apparaître soit simultanément, soit successivement; leurs noyaux dérivent de la division dans l'intérieur de l'œuf du pre- mier noyau de segmentation. Le tableau suivant montre les rapports des différents types de seg- mentation avec les diverses formes d'œufs. Œufs. Sec/mentation. Alécithes. | régulière. Télolécithes. I f) '''^^^^^' [0) partielle. [a) régulière (avec les segments unis en une ^ , 1 , .,, } masse vitelline centrale). Centrolecitnes. i ,j, . , -, 1 [o) inégale. ' (c) superficielle. Bien que les divers types de segmentation qui ont été décrits pré- sentent des aspects très différents, ils doivent néanmoins être regar- dés comme des manifestations de la même tendance héréditaire à la division, qui diffèrent seulement suivant les conditions dans lesquelles cette tendance se manifeste. Il faut probablement considérer cette tendance comme la répétition embryologique de la phase de révolution des Métazoaires qui a fait tran- sition entre la condition de Protozoaire et la condition de Métazoaire. Des faits rapportés dans ce chapitre le lecteur peut conclure que la simibtude ou la dissemblance dans la segmentation n'est pas un indice sûr des affinités. Dans un grand nombre de cas, il est vrai, un type spécial de segmentation peut caractériser un groupe entier, mais dans d'autres cas des animaux très voisins présentent les plus grandes dif- férences sous le rapport de la segmentation, comme, par exemple, les différentes espèces du genre Gmnmarus. Le caractère de la segmen- tation a une grande influence sur les premiers phénomènes du déve- loppement, bien que naturellement il n'en ait aucune sur la forme adulte. (lOo) E. H.ECKEL. Die Gastrula u. E\{m'c\\m-\g{Jenahche Zeitschrift, IX, 1877). (106) Fr. Leydig. Die Dotterfurchung nach ihrem Vorkommeii in d. Tliierwelt u, n. ihrer Bedeutung. {Oken's Isis. 1848}. PREMIÈRE PARTIE EMBRYOLOGIE SYSTÉMATIQUE PREMIERE PARTIE EMBRYOLOGIE SYSTÉMATIQUE INTRODUCTION Chez tous les Métazoaires, la segmentation est suivie par une série de phénomènes d'où résulte le groupement des cellules embryonnaires en couches ou membranes définies désignées sous le nom de feuillets germiimtifs. Il y a toujours deux de ces feuillets, appelés épibhste (ectoderme) et bypohlaste (entoderme) et dans le plus grand nombre des cas, un troisième feuillet appelé niésoJilastc (mésoderme) s'inter- pose entre les deux. Les organes de l'adulte se constituent par les progrès de la différenciation des feuillets germinatifs. Aussi est-il d'u- sage dans le langage de l'embryologie de parler des organes comme dérivés de tel ou tel feuillet germinatif. A la fin de la partie de cet ouvrage consacrée à l'embryologie systé- matique sont discutées les questions difficiles qui s'élèvent relativement à l'homologie complète ou partielle de ces feuillets dans l'ensemble des Métazoaires ou à la signification que l'on doit attacher aux divers procédés suivant lesquels ils se forment. Quelques mots sur le rôle général que les feuillets sont destinés à remplir et sur les caractères généraux des processus suivant lesquels ils se constituent ne seront ce- pendant pas déplacés ici. Parmi les trois feuillets, l'épiblaste et l'hypoblaste doivent être re- gardés comme primaires. L'épiblaste est essentiellement le tégument prim.itif et constitue le feuillet 'protecteur et sensoriel. Il donne nais- sance à la peau, à la cuticule, au système nerveux et aux organes des sens spéciaux. L'hypoblaste est essentiellement le feuillet digestif et sécrétoire et donne naissance à l'épithélium qui tapisse la cavité digestive et aux glandes qui y débouchent. Le mésoblaste se rencontre dans un état de complet développe- ment seulement chez les formes d'organisation plus élevée que les Coelentérés. Il donne naissance au tissu conjonctif général, au squelette Balfour. — Embryologie. I. — • 8 H4 EMBRYOLOGIE SYSTÉMATIQUE. interne, au système musculaire, au revêtement de la cavité générale aux systèmes vasculaire et excréteur. Il est probablement originaire- ment dérivé de différenciations des deux feuillets primaires et dans tous les groupes pourvus d'une cavité générale bien développée, il se divise en deux couches. L'une d'elles prend part à la constitution de la paroi du corps et est désignée sous le nom de incsoblaste sonin- tiquc, l'autre prend part à la constitution de la paroi des viscères et est désignée sous le nom de mésohlaste splanchnique. Un très grand nombre, pour ne pas dire le plus grand nombre des organes dérivent de parties de deux des feuillets germinatifs. Beau- coup de glandes par exemple ont un revêtement d'hypoblaste enveloppé par une couche méso- blastique. Le caractère de la segmentation a une grande influence sur le mode de formation des feuillets germinatifs, il dépend lui-même surtout, comme on l'a vu dans le chapitre précédent, de la répar- tition du vitellus nutritif. Lorsque la segmenta- tion est régulière et aboutit à la formation d'une blastosphère, les cellules uniformes qui consti- tuent la paroi de la blastosphère se différencient Fia:. 55. — Diagramme d'une i, j-„ • „ <■ -i i , • i i i * j n lastruia (emprunté à Ge- ^ ordmaire en epiblaste et hypoblaste de 1 une genbaui) (*). dcs deux manières suivantes : 1 ° Une moitié de la blastosphère peut s'enfoncer dans l'autre moitié. Ainsi s'établit un hémisphère à deux couches de cellules qui s'allonge bientôt en même temps que son orifice se rétré- cit pour former une pore étroit (fig. 55). La forme embryonnaire ainsi produite a reçu le nom de (jastrula. Le processus suivant lequel elle se forme est désigné sous celui d'invagination cnibolique ou simple- ment d'invagination. Des deux couches qui la constituent, l'interne (c) est l'hypoblaste, et l'externe {d) l'épiblaste; le pore par lequel s'ouvre la cavité tapissée par l'hypoblaste est le blastoporo {a). La cavité elle- même reçoit le nom û'arcJicntLTon {b). 2° Les cellules de la blastosphère peuvent se diviser elles-mêmes par un clivage parallèle à la surface en deux couches (fig. 5G, 3 et 4). Les deux couches sont, comme auparavant, l'épiblaste et l'hypoblaste, et le processus par lequel elles ont pris naissance porte le nom de déla- mination. La cavité centrale ou archentéron (Fj est, dans le cas de la délamination, la cavité de segmentation primitive et non pas une cavité entièrement nouvelle, comme dans le cas de l'invagination. Par la perforation de la vésicule close à double paroi résultant de la déla- mination, il se produit une forme embryonnaire de structure iden- (*) a, blastopore. — 6, archentéron. — c, Iiypoldasle. — /candra raphanus (emprunté à F. E. Schuize) (*). Lorsqu'il est devenu très petit la larve se fixe par la face plane où il est situé, au moyen de prolongements protoplasmisques de l'anneau ex- terne des cellules épiblastiques qui, en même temps que les autres cellules de l'épiblaste deviennent alors amœboïdes. Elles deviennent en même temps plus claires et laissent voir l'intérieur de la gastrula. Entre l'épiblaste et les cellules hypoblastiques qui limitent la cavité de la gastrula apparaît une couche hyaline sans structure qui est plus intimement rattachée à l'épiblaste qu'à l'hypoblaste et dérive pro- bablement du premier. La fi- gure 66 représente le stade gas- trula après la fixation de la larve, 11 semblerait d'après les ob- servations de Metschnikoff (n" 134), y avoir, interposées entre les deux feuillets pri- maires, un certain nombre de cellules mésoblastiques qu'il fait dériver de la partie interne de la masse de cellules granu- leuses. Après l'invagination les cils des cellules hypoblastiques ne se mon- trent plus et sont probablement résorbés, leur disparition coïncide presque avec l'oblitération complète du blastopore, qui a lieu peu après la fixation de la larve. Peu après l'occlusion du blastopore, apparaissent dans la larve des spicules calcaires en forme de baguettes non ramifiées, pointus à leurs deux extrémités. Ils semblent se former sur les cellules méso- blastiques situées entre l'épiblaste et l'hypoblaste (1). La larve lors- qu'elle est fixée s'accroît rapidement en longueur et prend une forme cylindrique (fig. 67, A). Les parois latérales du cylindre sont pourvues de spicules calcaires qui se projettent au delà de la surface et outre les formes non ramifiées, il se développe des spicules à trois et quatre rayons et d'autres avec une extrémité obtuse et un bord dentelé en scie. L'extrémité du cylindre opposée à la surface de fixation est aplatie et bien qu'entourée par un anneau de spicules à quatre rayons en est elle-même dépourvue. A cette extrémité il se forme une perforation étroite s'ouvrant dans la cavité gastrique ; cette perforation augmente (1) MctschnikofT a été le premier à décrire ainsi lo développement des spicules chez le Sycam/ro, mais le professeur Schulze m'a fait connaître dans une lettre qu'il était arrivé au même résultat. (*) La figure montre les cellules épiblastiques amœboïdes dérivées des cellules granuleuses des premiers stades, et les cellules hypoblastiques columnaires limitant la cavité de la gastrula dérivées des cellules ciliées. La larve est fixée par les cellules amœboïdes de la face sur laquelle est situé le bl;>?topore. Balfol'H, Embryologie. I. — '^ 430 rORIFERES rapidement de diamètre et devient un oscule exhalant [os). Une série de pores inhalants se forme également sur les parois latérales du cylindre. Le moment relatif de l'apparition de l'oscule simple et des pores plus petits n'est pas constant pour les différentes larves. Lorsque la cavité centrale de la gastrula de l'Éponge est de nouveau mise en communication avec l'eau extérieure, les cellules hypoblastiques qui la tapissent redeviennent ciliées (fig. 67 B, en) et développent la collerette particulière caractéristique des cellules hypoblastiques des Spongiaires (fig. 64, A//). Lorsque ce stade du développement est irlleint, nous avons sous les yeux une Éponge complètement formée du type que Hœckela fait connaître sous le nom à'Olijnthus. Fig. 67. Jeune Sycandra raphanus pou après le développement des spiculcs (emprunté à l'\ E. Schulze) (*). Lorsque de jeunes exemplaires de Sycnndra se trouvent en contact peu de temps après leur fixation, ils semblent se fusionner temporai- rement ou d'une manière permanente. Dans ce dernier cas, des colo- nies se forment par leur fusion. Parmiles autres Éponges calcaires, la larve de YAscandra contovta (Ilgeckel, n' 126; Ch. Barrois,i)° 122) présente leslade typique d'amphiblastula et il en est probablement de rni^mi; de \' AscMiilra Licbcrkuhnii (Keller, n° 128). Cbez le Leucandra a-^jersa -(Keller, n" 128; Melscliiiikoll', ri° \'.i't) la larve passe par un (*) k, vue de profil. — B, vu» par l'extrémité libre. — os, oscule. — ec, épiblasto. — en, hypoblasle formé de cellules ciliées. L'oscule terminal et les pores latéraux sont représentés sous forme d'espaces blancs ovales. MYXOSPONGIÎS. 131 stade amphiblastula, mais les caractères des cellules de ses deux moitiés ne sont pas à beaucoup prés aussi dilTcrents que cliez le Sycandra. Bien que le plus grand nombre des Éponges calcaires paraissent présenter le même mode de développement que le Sycandra, les recherches concor- dantes de 0. Schmidt (n" 13><) et de Metschnikoff (n° 134) ont montré néan- moins qu'il n'en est pas ainsi pour le genre Ascetta {As.primordialls, As. cla- thrus, As. blanca). Les larves de ces formes ont nne constitution très différente de celles du Sycandra. Elles sont de forme ovoïde et constituées par un seul plan de cel- lules columnaires ciliées; leurs deux extrémités diffèrent seulement en ce que les cellules de l'une sont plus allongées que celles de l'autre. Au pôle où elles sont le plus petites, elles subissent une métamorphose spéciale (Schmidt). L'une après l'autre, elles perdent Icurscils, deviennent granuleuses et pénètrent dans l'intérieur de la vésicule. Là elles se difTérencient en deux formes (Metschnikoff), l'une de cellules plus grosses et plus granuleuses et l'autre de cellules plus petites à protoplasma plus clair. Les cellules de la première forme se renconirent surtout à l'un des pôles. Lorsque la larve est mise en liberté, les cellules situées à l'intérieur de la vésicule se multiplient et remplissent presque la cavité. Après une courte existence libre, la larve se fixe et les cellules épiblastiques perdent leurs cils et s'aplatissent. A une pé- riode plus avancée les grosses cellules granuleuses prennent une disposition rayonnante autour d'une cavité centrale et se distinguent nettement comme cellules hypoblastiques. Les cellules plus petites se placent entre l'épiblasle et riiypoblaste et constituent le mésoblaste. Myxosponges. — Dans ce groupe, YUalisarca a fait l'objet des recher- ches de Carter (n" 123), de Ch. Barrois (n° -122), de Schulze (n° 141) et de Metschnikoff (n° 134). Les œufs se développent dans le mésoblaste et lorsqu'ils sont miirs occupent des chambres spéciales tapissées par une couche de cellules épithéliaies. Schulze a trouvé les spermatozoïdes de ce genre d'Épongé et a montré fjue les sexes peuvent être séparés bien qu'un grand nombre d'espèces d'IJalisarca soient hermaphrodites. La segmentation est, dans ses caractères généraux, régulière et il se forme de bonne heure une cavité de segmentation qui n'est jamais, comme chez les Calcisponges, ouverte aux pôles. Lorsque la larve quitte le parent, elle a la forme d'une vésicule ovoïde constituée par une seule couche de cellules columnaires ciliées. On peut observer de lé- gères différences entre les deux extrémités des larves de la plupart des espèces. L'une d'elles, l'extrémité postérieure, est dirigée en arrière dans la natation. L'histoire postérieure de la larve a été étudiée par Metschnikoff, II a vu que la cavité de la vésicule se remplit peu à peu de cellules méso- blasliques d'un type particulier qu'il appelle cellules en rosette et qui dérivent probablement des parois de la vésicule. Lorsque la métamorphose commence, la larve prend une forme aplatie et des cellules d'une nouvelle forme, des cellules amœboïdes 132 PORIFÈRES. normales apparaissent au milieu des cellules en rosette ; ces nouvelles cellules dérivent également de l'épiblaste. Les larves semblent se fixer par leur extrémité postérieure. Les cils disparaissent graduellement et les cellules épiblastiques s'aplatissent pour former une sorte de cuticule. Pendant quelque temps, la larve reste ainsi formée de deux feuillets concentriques, mais peu à peu se forment des canaux (cham- bres ciliées?) tapissés par des cellules hypoblastiques. Ils apparaissent en forme d'espaces clos limités par des parois de cellules ciliées déri- vant des cellules ainœboïdes et les différentes parties du système de chambres se constituent d'une manière indépendante. Chez VHalisaj'ca po7itica les chambres ciliées se forment avant la fixation de la larve. Le développement n'a pas été suivi jusqu'à la formation des pores qui mettent le système des canaux en communication avec l'extérieur. Les jeunes Éponges à un stade un peu plus avancé ont été étudiées parSchulzeet parCh. Barrois. Elles sont formées par u.ne couche externe de cellules aplaties non nettement ciliées comme chez l'adulte, entou- rant un tissu mésoblastique normal creusé de plusieurs chambres sphé- riques tapissées par des cellules ciliées exactement comme les cham- bres ciliées de l'Éponge complètement développée. Des invaginations irrégulières de l'épiblaste donnent à la jeune Éponge la structure d'un gâteau de cire. Les chambres ciliées à l'état très jeune de l'Éponge sont fermées, mais chez des exemplaires un peuplus âgés elles entrent en communication avec des canaux tapissés par l'hypoblaste et par conséquent indirectement avec le milieu extérieur. Gératosponges. — Parmi les vraies Cératosponges, Barrois et Schuize ont jusqu'à un certain point fait connaître les embryons de deux Aplysi- nides, de la Spongelia et de VEuspowjia. La forme étudiée par Cli. Barrois a reçu de lui le nom de Vcrongia rosea. La segmentation est presque régulière, mais dès l'origine, les segments peuvent se diviser d'après leur coustitulion en deux catégories. A la fin de la segmentation, l'embryon est ovoïde et limité par une seule couche de cellules columnaires ciliées qui peuvent cependant se diviser en deux catégories correspondant à celles observées pendant la seg- mentation . Un certain nombre d'entre elles sont colorées en rouge et forment une masse circulaire définie à l'un des pôles tandis que les autres cellules qui constituent la majeure partie de l'embryon sont d'une couleur jaunâtre pâle. Celles du pôle rouge perdent leurs cils cbez la larve libre, mais le champ qu'elles constituent est entouré par un cercle spécial de longs cils. La parti- cularité la pbis importante de l'embryon dont la connaissance est due à Schuize consiste en ce que la couche de cellules qui le limite n'entoure pas simplement, comme dans les autres embryons d'Épongés, un espace libre, mais l'intérieur de l'embryon est occupé par une masse de cellules étoilées sembla- bles au mésoblasle normal des Éponges adultes. Cette particularité est également caractéristique des embryons de Spon- gelia et d'FAisiiongia. L'embyron des Gumminées {Gummina mimosa) a été observé par Barrois SILICISPONGES. 133 (n" 122) et ressemble aux larves typiques des Éponges calcaires, une moitié étant formée de cellules ciliées allongées et l'autre de cellules granuleuses arrondies. Silicisponges. — Le développement des Éponges siliceuses marines n'est que très imparfaitement connu. Les larves de diiïérenles formes : Reniera {Iso- dyctia),Espena {Desmacidon), Raspailia, Halichoiidriu, Tetinja, ont été décrites. Barrois a montré que l'œuf se segmente régulièrement et que dans les pre- miers stades il existe une cavité de segmentation. Plus tard, l'embryon paraît devenir solide. 11 est constitué par une couche externe de cellules ciliées et par une masse interne de substance granuleuse dans laquelle on ne peut distinguer des cellules séparées. La matière granuleuse se projette à l'un des pôles et forme une proéminence équivalente peut-être aux cellules granu- leuses du Sycandra. Dans certaines formes comme le Reniera, le bord delà proéminence non ciliée peut être entouré par une couronne de longs cils. A des stades plus avancés, la substance granuleuse peut faire saillie aux deux pôles ou môme sur d'autres points. Un caractère remarquable du développe- ment des Silicisponges est l'apparition de spicules entre les cellules ciliées et la masse centrale tandis que la larve est encore libre. Je tiens du professeur Schulze que ces spicules se développent dans des cellules mésoblastiques tandis, que les fi- bres cornées de l'Éponge se développent comme des productions cuticulaires de cellules spéciales du mésoblaste (spon- gioblastes). La fixation de la larve et les métamor- phoses qui l'accompagnent sont décrites de manières trop différentes pour qu'il soit possible d'en donner un exposé sa- tisfaisant. Les auteurs s'accordent en gé- néral sur ce que la fixation a lieu par l'extrémité postérieure où fait saillie la substance granuleuse. Carter en particulier donne une des- cription très précise avec figures de la fixation de la larve de cette manière. Il figure également l'apparition d'un oscule au pôle opposé (t). Une description très complète du déve- loppement de la Spongille a été publiée en russe par Ganin qui en a égale- ment donné un extrait allemand (n" 124). -Larve de Spongille (enipi-unté à G. Schmidt). (I)Keller (no 129) a récemment décrit le développement de VHalichondria [Chali- nula) f'ertiiis. Il a observé une segmentation irrégulière suivie d'une invagination épi- boiique partielle, la niasse interne des cellules restant libre à l'un des pôles et y for- mant une proéminence équivalente à la proéminence granuleuse des larves des autres Silicisponges. La larve libre ressemble à celle des autres Silicisponges en ce qu'elle possède des spicules, etc., et après s'être comprimée latéralement, elle se fixe par l'un des côtés aplatis. A l'intérieur se forme une cavité centrale dans laquelle s'ou- vrent des chambres ciliées et qui postérieurement se met en communication avec l'extérieur par la formation d'un orifice qui constitue l'oscule. 134 PORIFÈRES. L'œuf subit une segmentation régulière et prend la forme d'une morula so- lide ovoïde. Un cpiblaste de petites cellules se différencie de bonne heure et il se forme plus tard un arclienléron au milieu des cellules internes. Celles-ci se divisent ensuite en une couclie liypoblastique tapissant l'arcbentéron et une couche mésoblastique située entre celui-ci et l'épiblaste devenu cilié (fig. C8). A l'extrémité postérieure plus étroile de l'embryon, le mésoblaste s'épaissit et remplit en grande partie la cavité de l'arclientéron. Dans celle partie du mésoblaste se forment des spicules siliceux. La larve se fixe par son extrémité postérieure et en même temps s'aplalit de façon à prendre une forme discuïdale. La cavité arcbentérique presque complètement obliléroe donne naissance à des diverticules (lui forment les cliambres ciliées. Celles- ci ne sont pas en communication directe avec l'extérieur, mais s'ouvrent, si je comprends bien Ganin, dans une lacune du mésoblaste qui postérieurement acquiert un orifice exiérieur, l'oscule primitif. Les autres pores et oscules se forment également comme des orifices conduisant dans la cavité mésoblas- tique qui communique à son tour avec les cliambres ciliées. Schulze a récemment montré que chez le Plakina les canaux inha- lants sont tapissés par répiblaste tandis que les chambres ciliées et les canaux exhalants sont revêtus par l'hypoblaste. Cette disposition est probablement générale chez les Eponges. Il semble que dans l'état actuel et peu satisfaisant de nos connais- sances, les larves des Porilères puisse se diviser en deux groupes ; celles qui ont la forme d'une blastosphère ou d'une morula solide, et celles qui ont la forme amphiblastula. Dans le premier type, le mésoblaste et l'hypoblaste sont formés ou par des cellules dérivées des cellules externes de la blastosphère ou de la masse cellulaire interne; tandis que les cellules externes deviennent l'épiblaste. Ce type de larve qui se rencontre dans la majorité des Éponges est très semblable dans ses caractères généraux et dans son développement à beaucoup de planulas de Cœlentérés. Le second type de larves est tout à fait spécial et quoique dans sa forme complètement développée il soit propre aux Calcisponges chez lesquelles c'est la forme ordinaire, un type larvaire du môme caractère se rencontre peul-ôlre chez d'autres Éponges comme, par exemple, chez les Gunuuinées et chez les Silicisponges où une moitié de l'em- bryon est dépourvue de cils quoique dans le cas des Silicisponges les cellules de la partie ciliée de l'embryon correspondent aux cellules granuleuses de la larve de Sycandra. Les stades pins avancés du développement des larves des Porifères ne ressemblent à rien de ce (jue nous connaissons dans les autres groupes. Peut-être serait-il possible de considérer les Éponges comme des descen- dants dégradés de qnelcpie type d'Ac.tinozoaire pourvu de prolongements de la cavité gastrique ramifiés tel que ÏAIcyoïiiwn, mais il ne me semble pas que l'on ait des preuves suffisantes pour être en droit de le faire à présent-, SILICISPONGES. 435 Je préférerais les considérer plutôt comme un phylum de Métazoaires indé- pendants. Sous ce rapport la larve amphiblastula présente quelques points dignes d'in- térêt. Cette larve conserve-t-elle les caractères d'un type ancestral des Spon- giaires, et s'il en est ainsi, quelle est la signification de sa forme? Il est certes possible qu'elle n'ait aucune signification ancestrale et soit d'apparition se- condaire, mais en admettant qu'il n'en est pas ainsi, il me semble que les caractères de la larve peuvent recevoir une explication plausible en la re- gardant comme une forme de transition entre les Protozoaires et les Méta- zoaires. Dans cette hypothèse on doit considérer la larve comme une colonie de Protozoaires dont une moitié se sont différenciés en formes nutritives et l'autre moitié en formes locomotrices et respiratoires. Les cellules granuleuses amœboïdes représentent les formesnutritives, elles cellules ciliées, les formes locomotrices et respiratoires. 11 n'est pas impossible à priori que le passage des Protozoaires aux Métazoaires puisse s'être effectué par une telle dilTérenciation. Mais si cette hypothèse semble s'appliquer d'une manière très satisfaisante à l'étal libre de la larve d'Épongé, il s'élève dans la suite du développement une difficulté qui semble au premier abord devoir la renverser. Celte diffi- culté est l'invagination des cellules ciliées au lieu des cellules granuleuses. Si les cellules granuleuses représentent les individus nutritifs de la colonie, ce sont elles et non les cellules ciliées qui devraient donner naissance au re- vêlement de la cavité de la gastrula, suivant les vues généralement acceptées sur la morpliologie des Éponges. La suggestion que je serais disposé à émettre pour expliquer ce paradoxe implique unecompréhension entièrement nouvelle de la nature et des fonctions des feuillets germinatifs des Éponges adultes. Cette suggestion est la suivante : Lorsque l'ancêtre libre des Spongiaires s'est fixé, les cellules ciliées à l'aide desquelles il se mouvait auparavant ont dû devenir presque sans fonction. En même temps les cellules nutritives amœboïdes ont eu intérêt à présenter là une surface aussi développée que possible. Ces deux considérations peuvent peut-être donner une explication suffisante de l'invagination des cellules ciliées et de l'extension des cellules amœboïdes à leur surface. Bien que la respiration eût sans doute son siège principal dans les cellules ciliées, il n'est pas probable qu'elle y fût complètement localisée, mais la formation de pores et d'un oscule leur a permis de continuer à remplir cette fonction. Les cellules à collerette qui li- mitent les chambres ciliées ou, dans quelques cas, les canaux radiaires, sont sans aucun doute dérivées de cellules invaginées, et s'il y a quelque vérité dans l'hypothèse émise ici, les cellules à collerette de l'Éponge adulte doivent remplir un rôle surtout respiratoire et non digestif, tandis que les cellules épiblastiques qui dans la plupart des cas tapissent les canaux inhalants jus- qu'aux chambres ciliées doivent servir à l'absorption du nutriment. Les re- cherches récentes de Metschnikofr(n» 134) sur ce sujet montrent que le nu- triment est porté en abondance dans les cellules du mésoblaste qui chez le Sycandra semblent être dérivées des cellules granuleuses, et aussi qu'il est absorbé par les cellules du revêtement des canaux quoique non par les cel- lules épiblastiques superficielles. Sa description n'indique pas nettement si les cellules à collerette absorbent ou non des aliments, mais il observe qu't'//es ne le font pas chez les Silicisponges. 136 PORIFERES. Le professeur Schulze m'a fait connaître dans une lettre qu'il a observé que les cellules à collerette remplissent une fonclion respiratoire, tandis que les cellules dérivées des cellules granuleuses chez le Sycandra sont nutri- tives. Carier (I), au contraire, d'après une observation sur la Spongille, s'est convaincu que les aliments sont absorbés par les cellules qui tapissent les chambres ciliées. S'il vient à être prouvé par de nouvelles observations sur la nutrition des Éponges que la digestion a surtout son siège dans les cellules qui forment le revêtement général des canaux et les cellules mésoblasliques et non pour la plus grande partie dans les cellules ciliées, il est évident que l'épiblaste, le mésoblaste et l'hypolilasle des Éponges ne correspondront pas aux feuillets de môme nom des Cœlentérés et des autres Métazoaires. L'Iiypoblaste invaginé sera le feuillet respiratoire; l'épiblaste et le mésoblaste, les feuillets digestif et sensoriel, la fonction sensorielle étant probablement surtout localisée dans l'épilhélium de la surface et la fonction digestive dans l'épithélium des ca- naux et dans le mésoblaste. Une telle différence fondamentale dans la fonc- tion primaire des feuillets germinatifs entre les Spongiaires et les autres Métazoaires entraînerait nécessairement la création d'une division spéciale des Métazoaires pour le premier groupe. (122) Ch. Barrois. Embryologie de quelques Éponges de la Manclie {Annales des Se. nat. Zool., G" séi-ie, ]1I. 1876). (123) Cabter. Development of the marine Sponges [AmiaU and May. of 7\at. Hist.. 4" série, XIV. 1874). (124) Ganin (2). Zur Entwicklung d. SpongiUa puviatilis (Zoologischer Anzeiger, I (n° 9). 1878). (125) Robert Grant. Observations and Exoeriments on the Structure and Functions ofthe Sponge {Edinbuvgh Phil. J., XIII, XIV. 1825, 1826). (126) E. Haeckel. Die Kalkscliwumme. 1872. (127) E. Haeckel. Studieti zur Gastrœa-Theorie. lena, 1877. (128) G. Keller. Untersuchimgen ûber Anatomie und Entwicklimg sgeschichle et/iige?- Spongien. Base], 1876. (129) C. Keli.er. Studien ûb. Organisation u. Entwicic. d. Chalineen {Zeit. f. wiss. Zool, XXVIII. 1879). (130) LiEBERKUHN. Beitr. z. Entwick. d. Spongillcn. (Mûller's ^rc///y. 1850). (131) LieberkOhn. Neue Beitrâge zur Anatomie der Spongien. (Mûller's Archic. 1859). (132) El. Metschnikoff. Zur Entwiclclungsgeschichte der Kaikschwàmme {Zeit. f. wiss. Zool., XXIV. 1874). (133) El. Metschnikoff. Beitrâge zur Morphologie der Spongien [Zeit f. wiss. Zool., XXVII. 1876). (I3i) i;i, Metschnikoff. Spongiologisclie Studien [Zeit. f. wiss. Zoo/., XXXII. 187i)). (135) Mikluclio Maki.av. Beitrâge zur Kenntniss der Spongien [Jenaisc/ie Zeitschrift, IV. 1868^. (136) O. ScHMiDT. Zur Orientirung iiber die Entwicklung der Schwanime [Zeit. f. WISS. Zool., XXV. 1875). (137) O. ScHMiDT. Nochmals die Gastriila der Kalkscliwamme {Arcliiv fiirmikr. Anal.,. XII. 1876). n38) o. ScHMiDT. Das Larvenstadium von Ascelta primordiuiis und Asc. datlirua {Archivfilrmikr.Anat..\\\.\^11). (1) On the nutritive and reproductive processes of Sponges {Ann. awl Mag. of naU hi.'-'tori/, ser. 5, IV. 1869). (2) Un mémoire russe du môme auteur contient un exposé complet de ses observa- tions avec des ligures. BIBLIOGRAPHIE, 137 (139) F. E. ScHULZE. Ueber den Bau und die Entvvicklung von ST/candra raphanus (Zeit. f. wiss. ZooL, XXV. 187Ô). (140) F. E. ScauLZE. Zur Entwicklungsgescliiclite von Sycandra {Zeit. f. wiss. ZooL, XXVII. 1876). (141) F. E. ScHDi.zE. Untersuclîung en ûb. d. Bau, etc. Die Gattung Halisarca {Zeit. f. wiss. Zoo/., XXVIII. 1877). (142) F. E. SciiuLZE. Untersiicliungen ûb. d. Bau, etc. Die Métamorphose von Sy- candra raphanus {Zeit. f. wiss. ZooL, XXXl. 1878). (143) F. E. ScHULZE. Uatersuchungen u. d. Bau, etc. Die Famille Aplysinidae {Zeit. f. wiss. Zool., XXX. 1878). (14») F. E. SoHULZE. Untersuchungen ii. d. Bau, etc. Die Gattung Spongelia (Zeit. f. wiss. Zool., XXXIl. 1878). CHAPITRE VI CŒLENTÉRÉS (4) Hydroïdes. — Le mode de développement le plus typique des Hy- droïdes est celui dans lequel la segmentation conduit directement à la formation d'une lane ciliée à deux feuillets désignée depuis les obser- vations de Dalyell sous le nom de planula. La planula est caractéristi- que de presque toutes les Hydroméduses à hydrosome fixé y compris les Hydrocoralliaires (Stylaslérides et Millépores) ; les exceptions les plus importantes étant présentées par les Tubulavia et un ou deux autres genres et par l'Hydre d'eau douce. Chez un Sertularien typique, la segmentation est à peu près régu- lière (2) et aboutit, d'après les descriptions ordinaires, à la formation d'une masse cellulaire pleine sphérique. Puis un phénomène de déla- mination se produit, d'où résulte la formation d'une couche superfi- cielle de cellules cubiques ou pyramidales entourant une masse cen- trale pleine de cellules plus ou moins irrégulièrement disposées. L'embryon, dans les cas où il est encore contenu dans le sporosac, commence alors à montrer de légers changements de forme et une de ses extrémités à s'allonger. Bientôt il devient libre et prend rapi- dement une forme cylindrique allongée, tandis que sa surface ac- quiert un revêtement de cils i\ l'aide desquels il se meut lentement. Une cavité centrale apparaît à l'inlérieur et les cellules internes s'a» gencent en un hypoblaste défini. La larve est maintenant une planula et consiste en un sac clos à double paroi. Elle continue pendant quel- (1) I. IIYDROZOAIRES. 1. Hydroraéduses. \ J^^^?^ ^''', I Tracinjnieduses. 2. Siphonophores. ,,, , ■ , „ 3. Acraspèdes. n. ACTINOZOAIRES. 1. Alcyonaires (Octocoralliaires). 2. Zoanthaires ^llexacoralliaires). III. CTÉNOPUOr.ES. (2) Pour la descripiion dôiaillée du développement d'une espf'ce isolée, le lecteur est renvoyé à la description que donne AUman, pour le Laomedia flexuosa (N" 14'J, p. 85 et suivantes). HYDROIDES. 139 ques jours à se mouvoir, puis finit par perdre ses cils et se dilate à une extrémité par laquelle elle se fixe. La base de fixation s'é- largit peu à peu de façon à former un disque qui s'étend et est sou- vent divisé par des fentes en lobes rayonnants. L'extrémité libre se renlle pour former ce qui sera le calice. Sur toute la surface extéi'ieure est alors sécrétée une pellicule déli- cate, le futur périsarc. Une rangée de tentacules fait son apparition autour du bord du renflement antérieur. Ces tentacules, chez les em- bryons des Tubulariés, sont situés un peu en arrière du sommet du corps. Au bout d'un certain temps, le périsarc qui jusque-là a été continu, se rompt dans la région du calice et les tentacules devien- nent entièrement libres. Vers la même période, la bouche fait son apparition au sommet oral. Le développement de VEucope polijstila (fig. G9), espèce d*e Campanu- B fi ^'"/Ç/ m ''■, ''/''■:" \. .' Fig. G9. — Trois stades larvaires de YEucope polijstUa (d'après Kowalevsky) (*). laride, s'écarte, suivant Kowalevsky (n" 138), sur des points assez im- portant, du type ordinaire. Le développement tout entier a lieu après que l'œuf est pondu. La segmentation amène la formation d'une blastosphère à une seule couche de cellules avec une grande cavité centrale (fig. 69, A). Cette cavité, à peu près comme chez VAscetta, se remplit de matériaux non nettement (?) cellulaires qui dérivent des parois de la blastosphère et que l'on doit considérer comme l'hypo- blaste (fig. 69, B). La larve s'allonge et devient ciliée et l'épiblaste s'épaissit à ses deux extrémités et, d'après Kowalevsky, se divise en deux couches. La cavité digestive apparaît comme une fente au (*) A, stade blastosphère avec sphères hypoblastiques se détaohant et tombant dans la cavité cen- trale. — B, stade planula avec hypoblaste solide. — G, stade planula avec cavité gastrique. — ep. péblaste. — hij, hypoblaste. — al, cavité gastrique. i40 CŒLENTEIŒS. milieu de l'hypoblaste (fig. 69, C). Les cils au bout d'un certain temps disparaissent et la larve se fixe par une extrémité. Elle s'aplatit en une forme discoïdale, se divise en quatre lobes et se recouvre d'une cuti- cule (périsarc). Du disque ainsi formé naît le pédoncule qui se dilate à son extrémité libre pour former le calice. Dans les deux groupes (Tabulaires et Hydres) qui font exception en ce qu'ils ne possèdent pas le stade de planula ciliée, l'absence de ce stade peut être rapportée à une abréviation du développement, et en réalité l'embryon passe par un état immobile à deux l'euillels que l'on peut regarder comme représentant le stade planula. Le développement du Tiibularia, qui a été décrit en détail par Ciamician, a lieu dans l'intérieur du gonopliore (i). La segmentation est irrégulière et aboutit à la formation d'une gaslrula épibolique, l'hypoblaste étant constitué . par quatre grosses cellules centrales (2). Puis la larve s'allonge et émet latéralement deux prolongements qui constituent la première paire de tentacules. A ce stade elle ressemble de très près aux larves de certaines Méduses. De nou- veaux tentacules se forment bientôt et une ca- vité centrale apparaît dans l'hypoblaste dont les cellules sont devenues pins nombreuses (fig. 70). I,es tentacules se dirigent vers la région aborale qui est beaucoup plus saillante que la région orale; ils contiennent un axe hypoblastique. L'extrémité aborale continue à s'accroître et les tentacules prennent peu à peu une direction horizontale. Alors apparaît une constriction qui divise la larve en une portion aborale qui for- mera le pédoncule et une portion orale. Au sommet de celle-ci se développe une rangée de tentacules courts, les futurs tentacules oraux. La larve présente à ce stade la forme désignée sous le nom à'Actinula. C'est dans cette con- dition qu'elle sort du gonopliore pour se fixer bientôt après par l'extrémité aborale et se développer en une colonie. Le développement du Mijriothela (AUman, n" foO) suit le type des Tabu- laires. L'œuf entouré par une mince capsule est mis en liberté par la rupture du gonophore puis saisi par les « claspers » caractéristiques de ce genre. Dans les « claspers » il est fécondé et subit le reste de son développement. Après la segmentation, il se forme une cavité gastrique et des tentacules provisoires apparaissent comme une série d'involutions coniques qui plus tard s'évagi- nent. Les tentacules permanents se développeiit en forme de papilles coni- Fig. 70. — Coupe longitudinnle d'une larve de Tubulai'ia me- sembry anthemum encore dans le gonophore. L'extrémité orale est située en bas (*). (1) Ciamician, Ueb. d. fein. Bati. û. d. Entwick. v. Tubularia mesembranthemuni. {Zeit. f. wiss. Znol. xxxii, 187!)). (2) En étudiant la segmentation parla méthode des coupes, il m'a été impossible de reconnaître une gastrula f''piboli()iH) ou une irrégularité telle que celle décrite par Ciamician. Le professeur Klcinenberg me fait connaître qu'il n'a pas été plus heureux. {') ep. épiblast». — hy, hypoblaslo du tentacule. — en, cavité enléiique. TRACIIYMÉDUSES. 141 ques sur une protubérance orale tronquée. Après être devenue libre, la larve mène pendant quelques jours une existence indépendante puis se fixe et perd ses tentacules provisoires. Bien que l'Hydre soit le type le plus simple des Hydrozoaires, son dévelop- pement qui a été complètement étudié par Kleinenberg (n° 161) est sous cer- tains rapports un peu excepîionnel. La segmentation est régulière, mais il ne seformepas de cavité de segmentation. La couche de cellules périphériques se transforme peu à peu en une membrane chilineuse qui est peut-être ho- mologue au périsarcdes formes marines. Entre cette membrane et le germe, apparaît une seconde pellicule. Ces phénomènes s'accomplissent en quatre jours environ qui sont suivis d'une période de repos relatif durant de six à huit semaines pendant lesquelles le développement s'achève. Les cellules du germe se fusionnent d'abord ensemble. Dans l'intérieur du protoplasma apparaît un espace clair, excentrique, qui s'étend peu à peu et forme le ru- diment de la cavité gastrique. La coque externe devient en môme temps moins solide et finit par se rompre et être rejetée par l'expansion de l'em- bryon qu'elle enveloppe. I,a couche la plus externe du protoplasma devient claire et transparente relativement à la couche interne. Telle est la première indication de la division de la paroi de la cavité archentérique en deux couches ou feuillets. Ces couches qui forment l'épiblaste et l'hypoblaste se constituent définitivement par l'appa- rition dans la couche externe claire de cellulesà prolongements conlractiles(l) entre lesquelles les cellules épiblastiques interstitielles se montrent plus tard. L'embryon formant encore un sac clos à double paroi s'allonge, et à l'un des pôles sa paroi devient extrêmement mince puis se perce d'un orifice qui forme la bouche. En même temps que la bouche les tentacules apparaissent comme des diverlicules creux, selon Mereschkowsky , deux tentacules se forment d'abord, puis les autres par paires, l'hyboblaste jusque là à l'état de syncytium Uniforme se divise en celhiles distinctes. La pellicule interne mince qui persiste après la rupture de la membrane externe est en môme temps résorbée. Avec ces transformations l'embryon revêt les caractères de l'adulte. Trachyméduses. — Parmi les Trachy méduses qui, comme il a main- tenantété établi d'une manière satisfaisante, sedéveloppentdirectement sans alternance de générations, l'embryologie a été étudiée chez des espèces appartenant tant aux Géryonides qu'aux Jîginides. Dans tous les types observés jusqu'ici, l'hypoblaste se forme par dé- lamination et il existe un stade planula plus ou moins distinct. Le développement de la Geryonia[Carma7nna) haslata a été observé par Fol (n» 155) et par MetschnikofT (n» 163) (2). L'œuf pondu est enveloppé par une membrane vitelline délicate et par une enveloppe muqueuse. Son pi'otoplasma est formé d'une couche externe granuleuse et dense (1) Ce sont les cellules appelées cellules neurQ-musculaires. Leur nature est discutée dans la seconJe partie de cet ouvrage. (2) Dans la description qui suit je me rapporte à Fol qui diffère sur certains points secondaires de Metschnikoff. U2 CŒLENTÉHKS. et d'une masse centrale de struoture plus sponj^ieuse. La segmentation est complète et régulière, et jusqu'au moment où il existe trente-deux segments, les deux parties constituantes de l'œuf se retrouvent dans chacun d'eux. Une cavité de segmentation apparaît au stade qui pré- sente seize segments et augmente un i)eu de dimensions au stade trente- deux. C'est à ce stade que commence le processus de la délamination. Chacun des trente-deux segments, comme le montre le diagramme (fig. 71), se divise en deux parties inégales. La plus petite est formée presque entièrement de substance granuleuse ; la plus grosse renferme des por- tions des deux sortes de prot(q)lasma. Les trente-deux grosses cellules prennent seules part à la division suivante, et dans chacune le plan de division passe entre le proloplasma Fig. 7). — Figure diafriammati- gpanuleux et le protoplasuia transparent. Les que (te la délamination de t'œuf . i • i • i de 6Vr^o»m (emprunté à foIjC). soixante-quatrc masscs lenticulaires de pro- loplasma granuleux ainsi formées constituent une vésicule épiblastique fermée dans l'intérieur de laquelle les trente-deux masses de protoplasma transparent constituent une vési- cule hypoblastique. La figure 72 montre un embryon à ce stade en coupe optique. La vésicule épiblastique s'accroît ensuite rapidement tandis que la vésicule hypoblasti- que reste à peu près passive et prend une forme lenticulaire. La paroi est en un point en con- tacLimmédiatavec l'épiblaste; partout ailleurs les deux vésicules sont séparées par une large cavité qui se remplit de tissu gélatineux. A cette période des cils apparaissent à la surface et la larve devient une planula. Les transformations suivantes conduisent rapidement à la formation d'une Méduse typique. Dans la région où l'épiblaste et l'hypoblaste sont 'en contact, le premier feuillet s'épaissit et constitue un organe en forme de disque. Le centre de celui-ci devient un peu saillant, s'unit à l'hypo- blaste et se perfore pour former la bouche (fig. 73, o). Le bord du disque s'épaissit en un bourrelet, rudiment du voile (v), qui est entièrement formé par l'épiblaste. A son bord apparaissent six tentacules {t) dans lesquels se continuent des prolongements solides de la paroi de la cham- bre gastrique qui a maintenant pris une forme à peu près hexagonale Fip. 72. — Kmliryon de flert/n- nia après la délamination (d'a- près Fol) (**). (•) es, cavilè de secrnenlation. — a, cndo[dasma. — b, ectoplasma. Les lignes pointillées indi.picnt le trajet des plans di; division suivants. (**) T, épiblastc. — Ay, liyiiuldaste. TR\CnYMÉDUSES. H3 Fig. 73. — r.oupe optique du pôle oral du Geryonia après l'apparition du tissu gélatineux du disque (d'après Fol) (*). Les axes hypoblastiques des tentacules perdent bientôt leur con- nexion avec la paroi gastrique. Jusqu'à ce moment, la larve a gardé une forme plus ou moins sphé- riqueetla cavité de la face inférieure de l'ombrelle ne s'est pas encore développée. Pour la constituer le disque dans son ensemble prend la forme d'une voûte à concavité dirigée en bas. Le re- vêtement de la cavité ainsi for- mée dérive de l'épiblaste du disque. Le mode exact de formation des canaux gastro-vasculaires n'a pas encore été étubli. Il a cependant été déterminé par les rectierclies des frères Hertwig (n" 146) et de Claus (n° 153) que les canaux radiaires et circulaire de ce système sont unis ensemble chez les Méduses adultes par une lamelle hypoblastique de sorte que ces canaux sembleraient être les restes d'une cavité gastrique, primitivement continue. Ce mode de forma- lion est établi dans le cas des bourgeons médusiformes, et il semblerait par conséquent que l'on soit en droit d'en conclure, comme le font remarquer les Herlwig, qu'il se rencontre chez la larve; conclusion qui est confirmée par l'extension primitive de la cavité gastrique jusqu'au bord du disque au moment où ses parois donnent naissance aux axes solides des tentacules. Il est probable que les canaux gastro-vasculaires apparaissent pendant que la cavité gastrique se retire du bord du disque, bien que Fol n'ait pas pu suivre les transformations qui amènent leur formation. Lorsque ces transformations sont achevées, la larve est devenue une Méduse complètement formée, mais elle subit encore une méta- morphose non sans importance avant d'atteindre l'état adulte. Deux espèces d'/Eginides, la Polyxenia leucostijla [j^gineta flavescens) eiVyEginopsis méditer ranea, ont été étudiées par Melschnikod' (n° 163). Dans ces deux formes, la segmentation aboutit à la formation d'une planula allongée à deux feuillets, mais sans cavité centrale. Les deux extrémités s'allongent en deux longs appendices, les rudiments d'une paire de bras dirigés d'abord vers l'extrémité aborale qui contiennent un axe hypoblastique solide (fig. 74). A ce stade la larve ressemble beaucoup à celle du Tubularia. Une cavité digestive se creuse au centre de l'hypoblaste et s'ouvre bientôt par un large orifice oral (m). 11 se forme une seconde paire de bras qui sont d'abord beaucoup plus courts que les premiers, leur formation détermine la symétrie radiaire. En même temps se développent des organes des sens et l'embryon (*) 0, bouche. — y, voile. — t, tentacule. Les parties ombreis représentent le tissu gélitineux. it' \ii CŒLENTERES. tout entier prend les caractères d'une Méduse. De nouveaux tenta- cules apparaissent, le voile et la cavité de l'ombrelle se forment, mais Fig. 74. — Larve de trois jours de Ï.Er/inopsis avec deux tentacules (d'après MetschnikofI) (*). ces phénomènes ne présentent aucun point digne d'une attention spéciale. Siphonopliores. — Le développement des Siphonophores a fait l'objet d'observations d'Hœckel (n° 158) et de Metschnikoff (n° 163). Fig. 75. — Trois stades larvaires de VKpibuUa nurantiaca (d'après Metschnikoff) (**). Les (inifs sont gros et d'ordinaire (excepté chez V Hippopodius) dépourvus de membrane. (') m, bouche, --t. tentacule. (*') .Al, stade plaiiula. - Larve de six jours avec nectocalyce (hcI et tentacule [t). — C, larve un |ieu plus âgée avec cavité gastrique. — e/), épiblaste. — hy, hypoblaste. — so. somatocystc. — vri ncctocalyce. — /, tentacule. — c, grosses cellules vitellines. — po, polypite. SIPHONOPFIORES. 145 Ils sont constitués par une couche périphérique de protoplasma plus dense et une masse centrale spongieuse. Ils subissent d'ordinaire tout leur développement après être pondus. Dans certains cas on a pu les faire développer avec succès par la fécondation artificielle. Comme exemple de Calycophoride, je prendrai V Epibulia aurantiaca, forme alliée aux Diphyes dont le développement a été étudié par MetschnikoCf (1). La segmentation est régulière sans formation d'une cavité de seg- mentation, elle se termine par la formation d'un embryon cilié sphéri- que. Il s'allonge bientôt et ses cellules se différencient en une couche centrale et une couche périphérique, l'hypoblaste etrépiblaste(fig. 75, A). A ce stade, la larve a la forme typique de planula. L'épiblaste est particulièrement épaissi à un pôle que l'on peut appeler pôle oraletsur le côté de ce pôle qui deviendra le côté ventral. Adjacente à cette partie épaissie de l'épiblaste, se différencie une couche mince d'hypo- blaste qui, par opposition à la masse principale des grosses cellules nutritives, constitue le véritable épithélium hypoblastique (fig. 75 B, hy). Sur cet épaississement apparaissent deux saillies (fig. 75 B). Celle située dans la région orale est le rudiment d'un tentacule {(), celle située dans la région aborale, d'un nectocalyce {ne). Le premier s'allonge dans les stades suivants en un prolongement formé à la fois d'épiblaste et d'hypoblaste. La partie centrale du necto- calyce, d'un autre côté, semble dériver d'un épaississement de l'épiblaste dans lequel se creuse plus tard la cavité de la cloche. Entre cette partie et l'épiblaste externe qui forme la couche la plus extérieure du nectocalyce est interposée une couche hypoblastique. Lorsque la for- mation du nectocalyce a atteint un certain point, une cavité, le com- mencement de la cavité gastro-vasculaire primitive de l'adulte apparaît dans l'hypoblaste général entre les couches épithéliale et nutritive, dans le voisinage immédiat de son point d'attache. Cette cavité se prolonge dans le nectocalyce pour former les quatre canaux gastro- vasculaires, tandis que l'hypoblaste à l'extrémité supérieure du nec- tocalyce forme le somatocyste (flg. 75 C, so). La cavité entérique primitive une fois formée s'étend rapidement, surtout dans la direc- tion orale (fig. 75 G), et constitue une large cavité dans la région orale de l'embryon. Au pôle correspondant (fig. 75, po) se forme enfin l'orifice buccal et la cavité de cette région devient la cavité gastrique proprement dite. Cette région de l'embryon peut être appelée le polypite. Le nectocalyce s'accroît avec rapidité et constitue bientôt de beaucoup la partie la plus volumineuse de la larve (fig. 76). La région gastrique vraie ou polypite (fig. 76, po) continue également h (1) Pour l'exposé du développement des Siphonophores, j'emploierai la termino- logie d'Huxley. Balfolb, Embryologie. I. — 10 146 CŒLENTÉRÉS. s'accroître et une bouche se forme à son extrémité. L'extrémité aborale du corps embryonnaire primitif s'atrophie peu à peu. Au point d'union du nectocalyce et du polypite, le cœnosarc se forme et des rudiments d'un second nectocalyce et d'un se- cond polypite sont bientôt visi- bles, tandis qu'un hydrophyl- lium apparaît sous forme d'un bourgeon qui recouvre le pre- mier polypite et le tentacule [liplî). Avec le développement de l'hydrophyllium, le premier segment du Siphonophore, si l'on peut s'exprimer ainsi, est complété. Le second segment dont un rudiment existe déjà dans le second polypite est in- tercalé entre le premier seg- ment et les nectocalyces. Dans le groupe des Physo- phorides, le développement va- rie dans une étendue considé- rable, bien que les variations ne portent pas pour la plupart sur des points très importants. Le type le plus simple observé jus- qu'ici est celui du Slephanomia [Halistemma) pictum. La segmen- tation et la formation d'une planula à deux feuillets (fig. 77) ont lieu de la manière ordinaire. Entre la masse centrale solide des cellules hypoblastiques nutritives et l'épiblasle, vient s'interposer une couche épithéliale hypoblasti- que qui s'épaissit particulièrement au pôle aboral. Puis au même pôle se forme une involution solide de l'épiblaste sur laquelle vient s'appliquer une couche d'hypoblaste. L'organe ainsi constitué est le premier rudiment du pneumatocyste [cp). Au stade suivant, la cavité à air du pneumatocyste se creuse dans l'épiblaste. La cavité gastro-vasculaire apparaît au milieu des cellules hypo- blastiques nutritives qui sont ensuite rapidement résorbées laissant la cavité gastro-vasculaire entièrement limitée parla couche épithéliale d'hypoblaste (fig. 77 B). I''i{j. T(). — I.arvc u\;inc'ée i\' Ji/tilnilia (iHruiiltacakX un grand nertooalycc (d'.ijiros Metschnikofl') (*), (•) M, somntocysfc. — ne, deuxième nectocalyce incomplètement développé. — ApA, hydrophyllium. - po, polypite. — I, tentacule. SIPHONOPHORES. 147 Par ces transformations les organes les plus importants de la larve sont constitués. Une extrémité forme le pneumatophore, l'autre la Fig. 77. — Deux stades du développement du S/ephanomia piclum (d'après MelschnikofT) (*) région orale, le polypite. Entre les deux se montre déjà le rudiment d'un tentacule et un second tentacule va bientôt se former. La bouche apparaît comme une perforation de l'extrémité orale de la larve. Le pneumatophore contient un prolongement de la cavité gastro- vasculaire dont le fluide baigne la couche hypoblastique externe du pneumatocyste. Elle ne présente cependant aucune communication avec la cavité du pneumatocyste qu'elle entoure. Dans les derniers stades du développement la dimension du pneumatophore est consi- dérablement réduite relativement à celle des autres parties de la larve. Le développement du Physophom ne dllfère de celui du Stephanotnia que sur un point important, le développement d'un hydropliyllium provisoire. Celui-ci apparaît sous la forme d'une protubérance du pôle aboral contenant un prolongement de la cavité gastro-vasculaire. Entre l'épîblaste et l'hypo- blaste de la protubérance se dépose du tissu gélatineux et l'hydrophyllium prend ainsi l'aspect d'un organe en forme de large ombrelle enveloppant le polypite. Les deux réunis ressemblent de très près à une Méduse ordinaire, le polypite formant le manubrium, et l'hydrophyllium l'ombrelle. L'hydro- phyllium finit par être rejeté. Un type important de développement des Physophorides est celui du Crys- talloides, genre très voisin de VAgalma. Dans ce type, la plus grande partie de l'œuf au lieu de donner directement naissance au polypite devient une (*) A, slade postérieur a la délamination. — ep, invag-ination épihlastique pour former le pneu- matocyste. — B, stade plus avancé, après la formation de la cavité gastrique dans l'hypoblaste so- lide. — jBO, polypite. — t, tentacule. — pp, pneumatophore. — ep, invagination épiblaslique pour former le pneumatocyste. — hy, hypoblaste entourant le pneumatocyste. 148 CŒLENTÉRÉS. sorte de sac vilellin dont le polypite est un bourgeon secondaire (fig. 78, yk). \:Agalma Savsii est sous ce rapport intermédiaire entre le Crystalloides et le Physophora. L'un et l'autre de ces types sont remarquables par le dévelop- pement d'hydrophylliums provisoires (fig. 78, h.ph), Dans les deux genres le premier se développe comme chez le Thysophora et fonctionne seul pendant une longue période. Les conclusions à tirer de la description qui précède peuvent se résumer de la ma- nière suivante. Dans tous les Siphonophores jusqu'ici ob- servés, le développement a son point de départ dans une planula ciliée à deux feuillets typiques. Le feuillet interne ou hypoblasle est principalement formé de grosses cellules nu- tritives. De ces cellules se dif- férencie secondairement une couche épithéliale hypoblasti- que dont les relations exactes diffèrent un peu dans les divers types. Les cellules imtritives elles-mêmes ne semblent pas se transfor- mer pour constituer les tissus hypoblastiques permanents de l'adulte. Le développement de l'adulte commence par l'épaississement de la couche épiblastique d'ordinaire à un pôle (le futur pôle proximal ou aboral), et la formation à ce pôle d'une série de sortes de bourgeons à la constitution desquels prennent part les deux feuillets de l'embryon et qui deviennent les hydrophylliums, les nectocalyces, etc. La plus grande partie de la région orale de ba planula forme d'ordinaire le po- lypite, bien que dans quelques cas {Crystalloides) elle persiste à l'état de sac vitellin et ne donne que secondairement naissance à un po- lypite. Deux opinions très différentes ont été émises sur la nature des di- verses parties constituantes des Siphonophores, et les partisans des deux théories ont fait appel aux données de l'embryologie pour con- firmer leurs vues. Pour Huxley et Metschnikoff, les différentes parties : nectocalyces, hydrophylliums, hydrocystes, polypites, gonophores gé- nérateurs, etc., sont de simples organes ; tandis que Leuckart, Hseckel, Claus, etc., les considèrent comme autant d'individus distincts formant I''ig. 78. — Larve de Crystalloides (d'après Haeckel) (']. (*) h.ph, hydropliylliuni. — h, liydrocystc. ylc, sac vitellin. /, tenluculc. — pp, pneumalopborc. — po, polypite. — SIPHONOPHORES. 149 une colonie composée. La différence entre ces deux opinions ne repose pas seulement sur la définition de l'individu (1). La question est en réalité celle-ci : ces parties sont-elles dérivées originairement de la modification de zooïdes complets tels que les gonophores et les tro- phosomes des Hydrozoaires fixés, ou bien sont-ce des organes dérivés de la modification des tentacules ou d'autres parties d'un zooïde unique ? La difficulté d'élucider ce point d'après les données de l'embryologie dépend de ce que dans l'ontologie un tentacule et un véritable bour- geon naissent de la même manière, sous forme de saillies papilliformes renfermant un prolongement des deux feuillets germinatifs primaires. La balance des faits me semble néanmoins devoir plutôt nous porter à considérer les Siphouophores comme des colonies, et les vues de Glaus à ce sujet [Zoologie^ trad. franc., p. 203) me paraissent les plus satisfaisantes. La condition la plus primitive est probablement celle où, comme chez le Physophora, il existe de bonne heure un hydrophyllium entourant un polypite (cf. Hœckel et Metsr.hnikofT). Dans cette condition, la larve tout entière peut être comparée à une Méduse unique dans laquelle l'hydrophyllium primitif représente l'ombrelle de la Méduse et le polypite le manubrium. Le ten- tacule qui apparaît de si bonne heure ne doit probablement pas être regardé comme un zooïde modifié, mais comme un véritable tentacule. L'absence d'une couronne de tentacules est en corrélation avec la symétrie bilatérale des Sipbonopbores. Le zooïde primitif d'une colonie de Siphouophores est ainsi une Méduse. Comme le Sarsia ou le Willsia, cette Méduse doit être considérée comme ayant eu la facilité de produire des bourgeons. Les nectocalyces ordinaires par leur ressemblance avec les ombrelles des véritables Méduses sont évidemmentde ces bourgeons du type médusiforme. On peut en dire autant du pneumato- pbore qui, comme l'a fait remarquer Metschnikoff, est identique dans son développement avec un nectocalyce. L'un et l'autre sont constitués par une protubérance solide de l'épiblaste dans laquelle se creuse une cavité, la ca- vité du nectocalyce ou du pneumatocyste. Autour de cette cavité apparaît une double couche d'hypoblaste contenant un prolongement de la cavité gastro-vasculaire, et celui-ci est à sou tour enveloppé par une couche d'épi- blaste qui forme le revêtement de la surface convexe du nectocalyce ou l'épiblaste externe du pneumatophore. Les gonophores générateurs sont évidemment aussi des zooïdes elles hydro- phylliums sont probablement une forme rudimentaire d'ombrelle. Dans un grand nombre de cas {Epibulia, Stephanomia, Halistemma, etc.), Thydrophyl- lium du polypite primitif (manubrium) fait défaut. Alors il est nécessaire de supposer que l'ombrelle du zooïde primitif de toute la colonie a avorté. (1) D'après les expressions employées par Huxley [Analomy of Inverlebrate Ani- mais, p. 149), il me semble possible que sou opposition à l'opinion de Leuckart ait sur- tout trait h la nature de l'individu. ,50 CŒLENTÉRÉS. Leuckart a originellement adopté une vue un peu dinérente en ce qu'il regar- dait le point de départ des Siphonophores comme étant une colonie fixée d'Hydrozoaires qui se serait plus tard détachée et serait devenue libre. Acraspèdes (1). — Le développement embryonnaire de plusieurs for- mes d'Acraspèdesaété étudié par Kowalevsky (n° 1-47) et Claus (nM53). Leurs observations semblent montrer qu'une gastrula par invagina- tion est caractéristique de ce groupe. Parmi les formes à générations alternantes et h forme larvaire fixée, le Chrysaora et le Cassiopea ont été très complètement étudiées. L'œuf du premier subit les premières phases du développement pen- dant qu'il est encore dans l'ovaire; dans le dernier il est retenu dans les appendices buccaux. Une segmentation complète et plus ou moins réo-ulière aboutit à la formation d'une blastula à une seule couche de cellules avec une petite cavité de segmentation. Puis la paroi de la blastosphère s'invagine, donnant naissance à un archentéron (fig. 79 A). lig. 7'J. — Ou.itie stades du ile\floii[jfmeiit du Clinjsaora (d'après Claus) (*). Le blastopore se ferme bientôt et l'archentéron se transforme en un sac clos complètement isolé de l'épiblaste (lig. 79 B). La surface de la larve se couvre en même temps de cils. Le stade larvaire libre ainsi atteint est semblable à la planula ordinaire des Hydrozoaires. Après 'la fermeture du blastopore, la larve s'allonge et une extrémité se rétrécit. La larve se iixe bientôt par cette extrémité rétrccie,et au pôle opposé et plus large apparaît une nouvelle involution de l'épiblaste (fig. 79 C) qui constitue le stomodcTum. Celui-ci entre en communica- (I) Je désigne sous ce, nom le {;;ronpo souvent appelé Discopliores qui renferme les Pélagidcs, les Rliizostomides et l(;s Lucernarides. (*) A, stade gasirula. — B, stade postérieur à la fermeture du blastopore. — C, larve fixée au mo- ment de l'apparition du stomodoeum. — D, larve fixée avec bouche et tentacules naissants. — ep, épi- blasle. —hy. liypoblaste. — st, stomodieum. — m, bouche. — bl, blastopore. ALCYONAIRES. loi lion avec l'archentéron par la résorption de la cloison qui les sépare La relation du stomodfeum avec le blastopore originel n'a pas été déterminée. Au point de fixation se développe un disque pédieux particulier, et autour de la bouche apparaît un repli de l'épiblaste qui donne nais- sance à un disque oral (fig. 79 D). Deux tentacules font d'abord leur apparition, mais l'un est au commencement de beaucoup plus grand que l'autre, bien que celui-ci finisse par le dépasser. Puis une seconde paire de tentacules se forme, donnant à la larve une symétrie qua- driradiée. Quatre nouveaux tentacules se développent entre les quatre premiers, et dans les plans intermédiaires quatre épaississements de l'hypoblaste en forme de bourrelets apparaissent faisant saillie dans la cavité stomacale. Ils la divisent incomplètement en quatre chambres à chacune desquelles correspond un des tentacules primaires: on doit les considérer comme homologues aux mésentères des Actinozoaires. Le nombre des tentacules va s'accroissant un peu irrégulièrement, jusqu'à seize. Tous les tentacules renferment un axe hypoblastique solide. Les éléments musculaires se développent aux dépens de l'épiblaste. Ces transformations amènent la constitution de la forme appelée Ilydrn-tuha ou Scyphislomo (fig. 85). La strobilisation particulière de cette forme est traitée dans la partie du chapitre consacrée à la mé- tamorphose. \.' Aurélia, d'après Kowalevsky, se développe do la même manière que la Cassiopea, et le seul stade du Rhizostome observé est celui dans lequel il a la forme d'une gastrula (probablement invaginée). Chez la Pelagia, l'œuf donne directement naissance à une forme semblable à celle du parent. La segmentation et l'invagination ontlieu à peu près comme chez la Cassiopea, mais la cavité archentérique est relativement beaucoup plus petite et l'espace spacieux qui la sépare de l'épiblaste se remplit du tissu gélatineux qui forme l'ombrelle. Le blastopore semble ne pas se fermer, mais se transformer directement en la bouche. Comme chez la Cassiopea, la larve prend la forme d'une pyramide à quatre faces, la bouche étant située à la base. Puis la pyramide s'aplatit, et aux quatre angles apparaissent quatre tenta- cules qui, en se divisant, en forment huit. L'aplatissement continue jusqu'à ce que la larve ait pris une forme difficile à distinguer de l'Ephyra qui résulte de la strobilisation du Scyphistome fixé des autres Acraspèdes. Alcyonaires. — Chez les Alcyonaires, la segmentation paraît tou- jours aboutir à la formation d'une morula solide qui se transforme en planula par délamination. La cavité entérique véritable se forme par résorption des cellules centrales, mais la portion axiale de la cavité gastrique et la bouche sont formées par invagination de l'épiblaste (1). fl) La Monoxenia Darwinii , espèce d'Alcyonaire simple de la mer Rouge, fait exception à cette règle. La segmentation aboutit à la formation d'une morula (fig. 80 E) 152 CŒLENTERES. Le développement des animaux de ce groupe a été surtout étudié par Kowa- levsky (n° 147); les résultats auxquels il est arrivé ne me sont connus que d'après des extraits allemands des mémoires russes originaux. Chez VAlcyonium palmatum, la fécondation est extérieure. La segmentation l'ig'. 80. — Scginentatidn rt foiiiKilion l;i g;istriil;i clicz la M(i»nxema Dai-winii (d'après Heeckcl) (*). qui secrousG d'une caviié de segmentation et devient une blastula ciliée h, paroi d'une seule couclie de cellules (lig. 80 F et G). Puis il se forme par iiiva;;ination enibolique normale une gaslrula (lig. 80 H, I, K) qui, après avoir nagé quelque temps, se (ixe par son extrémité aborale. {H^cckel, Arabische CoraUen) [Trad.) (•) A, œuf après la disparition de la vôsicule gpi-minativR. — B, œuf avec le premier noyau de sepineiitation. — C, D, K, sogmciitation. — F, G, blastula entière et en coupe. — H, invagination furmant la gastrula. — I, K, gastrula. ALCYONAIRES. 153 revôt un caractère tout exceplionnel. Elle commence par la formation à la surface de l'œuf d'une série de proéminences irrégulières qui se détachent pour former une couche superficielle de cellules épiblasliques. Puis la masse protoplasmique interne se divise en cellules polygonales pour constituer l'hy- poblaste qui semblerait ainsi se former par une sorte de délaniination. Chez la Clavularia crrtssft (n° 168) il se produit une segmentation complote suivie de délamination. La larve de VAlcyonium palwatum s'allonge, devient ciliée et prend ainsi les caractères d'une planula typique. L'hypoblaste central est constitué par une couche externe granuleuse à cellules incomplètement diffé- renciées, l'hypoblaste véritable, et une masse homogène interne creusée de vacuoles. Quelques-unes des larves se fixent, tandis que d'autres se fusionnent et forment une masse volumineuse qui n'a pas été suivie plus loin. L'épiblaste s'invagine à l'extrémité libre de la larve fixée pour former ce que l'on appelle la cavité gastrique, c'est-à-dire la portion axiale de la cavité entérique générale, portion qui semblerait en réalité être une sorte de stomodœum. Autour de la/ cavité gastrique, l'hypoblaste forme huit mésentères circonscrivant huit loges remplies par la substance homogène qui occupait le centre de l'œuf au stade précédent. Il est à présumer, bien que cela ne soit pas établi par l'ob- servation, que par une résorption de l'extrémité aveugle de l'invagination stomodoeale la chambre gastrique est mise en libre communication avec la cavité située entre les mésentères (1). Pendant le stade suivant, le jeune Akyonium acquiert huit tentacules qui apparaissent comme des papilles creuses ouvertes dans les huit loges mésentériques. Pendant ce stade également la substance qui remplit les loges mésentériques est presque complètement résorbée. Entre l'épiblaste et l'hypoblaste se forme une membrane homogène qui pénètre entre les deux couches d'hypoblaste qui constituent les cloisons mé- sentériques. Une couche de cellules du tissu conjonctif destinée à donner naissance au tissu gélatineux abondant (cœnenchyme) dans lequel se dépose- ront les éléments du squelette, se montre du côté externe de cette membrane et par conséquent dérive probablement de l'épiblaste. Chez le Sympodium coralloides, Kowalevsky (n° 108) a montré plus complètement encore que les cellules mésoblastiques étoilées dérivent de l'épiblaste. Il trouve que les spicules calcaires se développent dans ces cellules comme dans les cellules du mésoblaste des Éponges. Les canaux gastro-vasculaires ramifiés du cœnen- chyme sont des diverticules de la cavité entérique primitive. Une couche de muscles circulaires se forme à une période tardive aux dépens de l'épiblaste, mais les muscles longitudinaux des mésentères situés du côté interne de la membrane homogène sont considérés par Kowalevsky comme hypoblastiques. Une planula ciliée avec hypoblaste délaminé se rencontre également chez les Gorgones et le Corallium rubrum. Dans le premier genre, lorsque la larve se fixe, l'hypoblaste est formé de deux couches : une externe de cellules colum- naires et une interne de cellules arrondies ciliées limitant une cavité entéri- que centrale. Kowalevsky pense que la couche interne finit par être résorbée et est homologue à la masse granuleuse interne de V Akyonium. (1) L'extrait allemand est très-obscur pour ce qui a trait à la formation de la bouche. 154 CŒLENTÉRÉS. Zoantliaires. — Parmi les Zoanthaires plusieurs formes ont été étu- diées par Kowalevsky (n° 145) et par de Lacaze-Duthiers (n° 170) dont quelques-unes, d'après le premier observateur, présentent une gastrula par invagination, tandis que dans d'autres cas l'hypoblaste se forme probablement par délamination. Au premier groupe appartient une forme comestible d'Actinie qui se trouve près de Messine, le CeriantJius etpeut-être aussi le Caryophyl- imm. Dans la première de ces formes la segmentation aboutit à la formation d'une blastosphète. Une invagination normale oblitérant la cavité de segmentation se produit ensuite et le blastopore se rétrécit pour constituer la bouche. Les bords de la bouche se recourbent en dedans et donnent ainsi naissance à la cavité gastrique (stomodœum) qui comme chez les Alcyonaires est tapissée par l'épiblaste. En même temps que la bouche se forme apparaissent les deux premiers mé- sentères. Chez le Cerianthus, la segmenlalion est inégale, les premiers stades sont les mômes que chez l'Aclinie qui vient d'ôtre décrite, mais les cellules hypoblastiques donnent naissance à une masse de substance graisseuse remplissant la cavité entérique, qui finit par être résorbée. Dans la majorité des Zoanthaires étudiés jusqu'ici, comprenant des espèces d'Actinia, de Sagartia, ûeBunodes, d'Asù^oùles, d'Astrœa, la seg- mentation qui est souvent inégale (1) et non accompagnée par la for- mation d'une cavité de segmentation, aboutit à la formation d'une pla- nula ciliée solide à deux feuillets. Dans ces formes, la fécondation a lieu dans l'ovaire et les premiers stades du développement sont traversés dans les tissus maternels. Une extrémité de la planula devient un peu ovale et développe une houppe spéciale de cils. A l'autre extrémité une dépression peu accusée apparaît, devient plus profonde et forme une involution tapissée par l'épiblaste. Cette involution est le stomodaeum et devient la cavité gastrique. La véritable cavité entérique, tapissée par l'hypoblaste, est pendant quelque temps remplie de substance vitelline. La larve nage toujours l'extrémité aborale dirigée en avant. Entre les deux feuillets de l'embryon se forme une membrane homo- gène semblable à celle déjà décrite chez les Alcyonaires. Le reste (lu développement de la larve consiste spécialement dans la forma- tion des mésentères, des tentacules et du squelette calcaire. Les observations de de Lacaze-Duthiers ont particulièrement jeté un grand jour sur ce sujet. Chez l'adulte on peut d'ordinaire reconnaître dans les tentacules une (1) Je m'appuie on cela sur l'autorité do Kleinenberg. L'existence d'une segmentation inégale indique probablement une gastrula (^pibolique.o ZOANTHAIRES. 155> symétrie ayant pour base le nombre six. Il y a six tentacules primaires, six secondaires, douze tertiaires, vingt-quatre quaternaires, etc. La môme loi se retrouve dans les cloisons dures du squelette jusqu'au troisième cycle, mais au delà lorsqu'il est possible de le vérifier, il semble y avoir seulement douze nouvelles cloisons dans chaque cycle additionnel. Les observations de de La- caze-Duthiers ont montré que cette symétrie n'est accquise que d'une manière secondaire et est loin de correspondre à l'ordre de développement des parties. Ses observations ont porté sur trois espèces de Zoanlhaires sans squelette, ÏActinia mesembryanthemum, la Sagartia et le Bunodes grmmacea ; ÏAstroides calycularis lui a servi de type pour ses recherches sur le polypier. Nous étudierons d'abord YActinia mesembryanthemitm qu'il a prise pour type. L'embryon libre cylindrique à extrémité aborale dirigée en avant pendant la natation devient d'abord un peu aplati et sa bouche s'allonge, de façon à déterminer une symétrie bilatérale. Deux mésentères font alors leur appari- tion dans un plan transversal par rapport au grand axe de la bouche et divi- sent la cavité entérique en deux loges inégales. Les mésentères consistent en un repli de l'hypoblaste dont les deux lames sont séparées par un prolonge- ment de l'épiblaste. La loge la plus grande est ensuite divisée par deux nou- veaux mésentères en trois, puis une division semblable a lieu dans la plus petite. Le stade où il existe six loges est presque immédiatement remplacé par celui qui en présente huit, deux nouvelles cloisons faisant leur apparition dans la seconde série de loges. L'embryon présente une période de repos marquée au stade où il y a huit loges. Le nombre des loges est porté à dix par la division de celles de troisième formation et à douze par la division de celles de quatrième formation. On remarquera que le nombre des loges croît en progression arithmétique par l'addition continuelle de deux nou- velles loges dérivant allernalivement de la grande et de la petite loges pri- mitives. Les loges de nouvelle formation sont toujours adjacentes aux mésen- tères primitifs. Les stades à six et dix loges sont de très courte durée. Les deux loges primitives sont nécessairement situées aux extrémités du grand axe de la bouche. Lorsque la cavité entérique est divisée en douze loges, celles-ci égalisent leurs dimensions et la formation des tentacules commence. La loi qui régit l'apparition des tentacules est à peu près la même que pour les mésentères, mais elle n'est pas tout à fait aussi rigou- reuse. Un tentacule se développe au-dessus de chaque loge. Le trait le plus remarquable de l'apparition des tentacules est dû à ce que le tentacule qui surmonte la plus grande des deux loges primitives apparaît avant tous les autres et garde longtemps sa prééminence (fig. 81 A). Ce fait ajouté à l'iné- galité des deux loges primitives donne quelques motifs pour considérer comme possible que les Cœlentérés descendent de formes à symétrie bilaté- rale et à faces dorsale et ventrale différenciées. La prééminence du premier tentacule formé n'est pas propre aux Actinozoaires, mais, comme on l'a vu plus haut (p. loi), se retrouve chez le Scyphistome des Ascrapèdes. Après que les douze tentacules sont formés, ils se divisent d'une manière secondaire en deux cycles alternants l'un de six grands, l'autre de six petits tentacules; les deux tentacules appartenant aux deux loges primitives appar- tiennent au cycle des grands tentacules. Les filaments mésentériques ap- paraissent d'abord sur la première paire de cloisons. L'accroissement du 156 CŒLENTÉRÉS. nombre des tentacules et des loges de 12 à 2t a lieu d'une manière très re- marquable et très inattendue. La loi qui régit leur multiplication est énoncée de la manière suivante par de Lacaze-Duthiers. « L'apparition des loges nouvelles est la conséquence, non, comme on l'a cru, de la produc- tion d'une seule loge entre cliacune des douze loges existant déjà, mais de la naissance de deux loges dans chacun des six éléments (loges) du deuxième cycle. » Il résulte de cette loi qu'il apparaît deux tentacules du troisième cycle alternativement dans l'un de deux espaces séparant un grand d'un petit tentacule de l'un des deux cycles déjà existants que l'on peut appeler le premier et le second cycle (fig. 82). Les vingt-quatre tentacules formés de cette manière présentent nécessai- rement d'abord une disposition très irrégulière (fig. 82); mais ils s'agen- Vig. 81. — Deux stades du développement de \'Àctl»ia mescmbryanthcmiim (emprunté à 0. Srhmidt, d'après de Lacaze-Duthiers) (*). cent bientôt régulièrement en trois cycles gradués, deux de 6 et un de 12 tentacules. Le premier cycle des six plus grands tentacules est le grand cycle du fstade précédent ; mais les deux autres cycles sont hétérogènes dans leur origine, chacun d'eux étant formé pour une partie des tentacules appartenant aux douze de dernière formation, pour une autre partie de quelques-uns des six tentacules qui formaient le second cycle au stade pré- cédent. La multiplication se continue ensuite suivant une loi que de Lacaze-Du- thiers énonce de la manière suivante : « Le nombre des loges et plus tard celui des'""tentacules correspondants est porté de 24 à 48 et de 48 à 96 par la naissance d'une paire d'éléments dans chacune des 12 ou 24 loges au- (*) Dans le jeune embryon rilié A, vu de profil, un seul tentacule est développé. — L'eml)ryon B un pou plus développé, vu de face, montre déjà huit tubercules qui formeront les huit [ircmiers tentacules. ZOANTHAIRES. 157 tlessus desquelles se trouvent les plus petits tentacules dont l'ensemble forme le quatrième ou le cinquième cycle. » Puisque après la formation de chaque nouveau cycle la disposition des tentacules redevient symétrique, il est évident que tous les cycles de tentacules de môme dimension, excepté le premier, sont formés de tentacules tout à fait hétérogènes quant à lïige. La larve libre se flxe pendant la période où les tentacules augmentent de 12 à 24. La formation générale des loges est à peu près la même chez le Biinodes et le Sagartla que chez VActinia. Chez les deux types d'Actinozoaires à gastrula embolique, les lois de la formation des tentacutes ne semblent pas ôtre les mêmes que celles qui régissent les formes observées par de Lacaze-Dulhiers. r T Chez le Cerianthus, quatre tentacules se for- ment simultanément à la période où il existe seulement quatre chambres. Chez VArachnitis (Edrmrdsia) la succession des tentacules est, d'après A. Agassiz(n° 16G), la même que chez le Cerianthus. Il y a primitivement quatre tenta- cules et les tentacules les plus âgés sont situés à une des extrémités du grand axe de la bouche, tandis qu'à l'autre extrémité de nouveaux ten- tacules apparaissent constamment par paires. Un tentacule impair se rencontre toujours à l'extrémité de la bouche opposée aux tentacules les plus âgés. Dans les autres espèces à gastrula embolique huit tentacules sembleraient apparaître simul- tanément au stade où il existe huit chambres, bien que sur ce point la description de Kowalevsky ne soit pas très claire. La présence de ce stade semblerait indiquer une grande affinité avec les Alcyonaires. Chez les Aciinozoaires sclérodermés, excepté le Caryophyllium, l'embryon ressemble beaucoup à celui des Malacodermés à gastrula par délamination. Les premiers phénomènes du développement se passent dans l'ovaire, et la larve tombe dans la cavité générale à l'état de planula cihée à deux feuillets. Les lois qui régissent la formation des douze premiers tentacules et des cloisons semblent être à peu près les mômes que pour les Malacodermés. Les parties dures commencent en règle générale à se former après l'appari- tion de douze tentacules, période à laquelle la larve se fixe. En se fixant, la larve devient très aplatie. Les premières parties du polypier qui se forment sont douze cloisons qui s'élèvent simultanément dans des replis de la paroi entérique dans l'intérieur des loges limitées par les mésentères et correspondent par conséquent aux tentacules et non, comme on pourrait le croire, aux mésentères. Chaque cloi- son est formée par la coalescence de trois plaques calcaires qui se forment par des centres de calcification séparés. L'union des trois plaques forme une plaque qui a la forme d'un Y dont la tige est dirigée en dedans et les deux Fig. 82. — Larve d'Actinia mesen- bryanthemum plus âgée, et vue de face au moment où 24 tenta- cules viennent de se former. Les lettres montrent le véritable or- dre de succession dos tentacules, mais e et f sont transposés (d'a- près de Lacaze-Duthiers). 1E)8 CŒLENTERES. branches en dehors (fig. 84). La muraille n'apparaît qu'après la formation des cloisons et est d'abord une sorte de coupe membraneuse complètement distincte des cloisons. La columelle se constitue plus tard encore par la coa- Fig. 83. — Trois stades du ile\el(ippement rie VAstvoides cah/culuris (emprunté à 0. Schmidt, il'aprcs de Lacaze-Duthiers) (*). lescence d'une série de nodules qui se forment dans un axe central entouré parles extrémités internes des cloisons. Après la formation de la muraille, les cloisons se divisent en deux cycles par l'accroissement prédominant de six d'en- tre elles. Par la soudure des cloisons avec la muraille, l'espace intermédiaire aux deux branches de l'Y se remplit de tissu calcaire. La loi de la formation du troisième cycle de cloisons n'a pas été trouvée, de sorte qu'il n'est pas possible de dire si elle suit le rhythme singulier qui règle la formation des tentacules. Toutes les parties squelettales occupent une position intermédiaire àl'épiblaste et à l'hypo- blasle et sont exactement homologues sous ce rapport avec le squelette des Alcyonaires. De Lacaze-Duthiers croit cependant qu'elles déri- vent de l'hypoblaste ; mais, d'après les obser- vations de Kowalevivsky, il ne peut guère res- ter de doute qu'elles ne se forment dans du tissu conjonclif interposé aux deux feuillets et probablement d'origine épiblastique. Une larve singulière appartenant probablement aux Aclinozoaires a été Fig. 81. — Larve d'A.itroides calycu- laris peu ajjrcs sa fixation (d'après de Lacaze-Uuthicrs) (**). (') A, embryon liljrc divisé on douze loges. — B, embryon fixé au moment de l'apparition des douze premiers lentacuh-s. — C, jeune Aslroidcs avec les tentacules dillérenciés en deux cycle.s. (*•) La figure montre le (lévelo|)|iemeiit des cloisons en Y, dans les intervalles des mésentères. La position de ces derniers est indiiiuée par les lignes ombrées. La muraille s'est développée en dehors. GTENOPHORES. i59 décrite par Semper (1), Elle est de forme allongée et présente une bande longitudinale de cils. Elle est pourvue d'une bouche à une extrémité et d'un anus à l'extrémité opposée. La bouche conduit dans un œsophage qui s'ouvre librement dans un estomac pourvu de six mésentères. Le tégument renferme de nombreux nématocystes. Une larve mésotroque vermiforme, pourvue éga- lement de nématocystes et trouvée en même temps, est supposée par Semper être une forme plus jeune de la précédente. Cténophores. — L'œuf des Cténophores est formé d'une couche proto- plasmique externe granuleuse et d'une masse centrale spongieuse ren- fermant des sphérules de matière grasse. Il est enveloppé dans une vé- sicule délicate dont le diamètre est beaucoup plus grand que celui de l'œuf. Cette vésicule paraît être remplie d'eau de mer dans laquelle flotte l'œuf. On peut d'ordinaire obtenir facilement des œufs fécondés en conser- vant les adultes dans l'eau pendant douze à vingt-quatre heures. Les deux principales autorités qui ont observé ces formes, Kowalevsky (n° 147) et Agassiz (n° 172), sont malheureusement endésaccord sur un ou deux points d'importance fondamentale. Il semble cependant que A 4^^^„ Fig. 85. — Cinq stades du développement de VRIi/a roseola (d'après Agassiz) (*). les feuillets embryonnaires se forment par une sorte de gastrula épibo- lique, tandis que la cavité gastrique proprement dite, distincte du sys- tème gastro-vasculaire, est formée par invagination et doit par consé- quent être regardée comme une forme de stomodeeum. Les premiers stades sont très semblables dans tous les types obser- vés jusqu'ici. La segmentation commence par la couche périphérique de l'œuf qui dans son ensemble se comporte comme la couche active et forme une protubérance à un pôle que l'on peut appeler le pôle forma- tif. Le noyau est situé immédiatement au-dessous de cette protubérance. Sur la ligne médiane de la protubérance apparaît un sillon (fig. 85 A) qui devient peu à peu de plus en plus profond jusqu'à ce qu'il divise l'œuf (1) Ueb. einige tropische Larven-formen [Zeit. f. vnss. Zool., xvii, 1867). (*) La couche protoplasmique de rœuf est représentée en noir. 160 CŒLENTÉRÉS. en deux. La couche granuleuse suit le sillon, de sorte qtie, comme l'œuf originel, chacun des nouveaux segments est complètement entouré par une couche de protoplasma granuleux. Chaque segment contient un noyau. Une seconde division semblable, à angles droits avec la pre- mière, donne naissance à quatre segments (fig. 85,B) et les segments ainsi formés se divisent de nouveau en huit (fig. 85, C). Les segments, formés par la division en huit. qui a lieu dans un plan vertical, sont de dimensions inégales, quatre d'entre eux étant beaucoup plus petits que les autres. Les huit segments sont disposés sous forme d'un disque légèrement courbé autour d'un axe vertical, le futur grand axe du corps. L'axe est occupé par une cavité qui, comme la cavité de seg- mentation du Sycandra rap/tanus, est ouverte à ses deux extrémités. Le disque dont la concavité est tournée vers le pôle formatif a quelquefois la forme d'une ellipse (fig. 85, C) et quelquefois d'un rectangle dans lequel les quatre petites sphères occupent les pôles du grand axe. Une symétrie bilatérale est ainsi nettement indiquée dès ce stade. Dans la phase suivante de la segmentation la couche granuleuse qui entoure chaque segment forme de nouveau une protubérance au pôle formatif ; mais, au lieu que chaque segment se divise en deux parties égales, la protubérance protoplasmique seule se sépare de la portion principale du segment. De cette manière il se forme seize sphères dont huit grosses sont constituées principalement par la substance vitelline de la partie interne de l'œuf, et huit petites sont entièrement consti- tuées par le protoplasma granuleux. Les huit petites sphères forment un anneau à la face formative des grosses sphères (fig. 85, D). Les petites sphères se multiplient ensuite très rapidement (fig. 85 E) en partie par division et en partie par la formation de nouvelles cellules dé- tachées des g7-osses sphères, elles s'étendent autour des grosses sphères formant une gastrula épibolique ; ainsi se constitue le feuillet épiblas- tique (fig. 87 A). Pendant ce temps les grosses cellules restent relative- ment passives, bien qu'elles se divisent dans quelques cas plus ou moins irrégulièrement; chez VEucharis, elles se divisent en seize. La cavité de segmentation axiale semblerait être oblitérée pendant cette période. 11 y a une divergence innporlante entre les descriplions d'Agassiz et de Kowalevsky sur la direction de l'envahissement des petites cellules. Selon Agassiz, les petites cellules s'étendent Irùs rapidement vers le pôle for- matif et le recouvrent avant de se rencontrer au pôle opposé. Le contraire a lieu d'après Kowalevsky. Il semble que cette divergence est due à une interversion des pôles de l'embryon par l'un ou l'autre des deux auteurs, puisque selon Agassiz la bouche se forme au pôle formatif, tandis que selon Kowalevsky elle se forme au pôle opposé. Sans cherclier à décider entre ces deux opinions, nous désignerons le pôle où se forme la bouche sous le nom de pôle oral. CTENOPHORES. 16J Fig. 86. — Quatre stades du développement de V Idy a roseola{d' 3iprès Agassiz) {*). La formation de la cavité digestive commence peu après l'envahis- sement de toute la surface de l'embryon par les cellules épiblastiques. Au pôle oral se produit une invagination de lépihlaste (fig. 86, B), qui s'avance vers le pôle opposé. En outre, d'après les figures données par Agassiz et d'après l'explication de ses planches il semblerait qu'une vaste chambre est creusée dans l'hypoblaste h l'extrémité du tube invaginé, qui bientôt s'ouvre dans sa cavité (fig. 86 G). Le tube inva- giné semblerait donner naissance à l'estomac, tandis que la cham- bre située à son extrémité aborale est sans aucun doute l'infundibu- lum qui, d'après la description de Kowalevsky, est tapissé par un épi- thélium aplati. A une période plus avancée les canaux gastro-vascu- laires naissent de l'infundibulum sous forme de quatre poches en- tourées par les grosses cellules centrales aux dépens desquelles elles s'accroissent : ces cellules se sont, à ce moment, disposées en quatre masses et semblent jouer le rôle d'une sorte de vitellus nutritif. Les noyaux de ces grosses cellules d'après Kowalevsky disparaissent et les cellules elles-mêmes se fragmentent en masses de plus en plus petites. La principale difficulté dans cette description empruntée à Agassiz est l'origine de rinfuiidibulum. Dans l'absence d'une description précise à ce sujet, il semble raisonnable de conclure qu'il apparaît comme une lacune creusée daus les cellules centrales et que ses parois sont formées d'éléments dérivés des cellules vitellines (1). Dans cette interprétation le tube digestif des Cténoplîores consisterait, comme chez les Méduses Acraspèdes et les Actinozoaires, en deux portions : une véritable portion liypoblastique consti- tuée par l'infundibulum et les canaux gastro-vasculaires qui en dérivent, et une portion épiblasfique, le stomodœum, formant l'estomac. Les observations de Kowalevsky sur le système digestif ne s'accordent pas entièrement avec celles d'Agassiz. D'après lui, la face orale de l'embryon se creuse d'une cavité tapissée par des cellules plates qui se sépare par une constriclion pour former l'infundibulum qui émet plus tard les canaux ra- diaires. A l'infundibulum conduit un canal étroit tapissé par un épilhélium columnaire qui devient la cavité gastrique. (1) Chun (n" 174) expose brièvement le résultat de ses observations qui s'accorde avec l'interprétation adoptée ici. (*) se, capsule sensorielle. — st, stomodœum . Balfour. — Embryologie. L — ' ' 162 CŒLENTÉRÉS. Pendant que se forme le tube digestif, une série de transforma- lions importantes ont lieu dans d'autres parties de l'embryon. Les rangées de palettes locomotrices apparaissent d'abord près du pôle aboral comme quatre épaississemcnts linéaires de l'épiblaste longitudi- naux et équidistants (fig. 86, D). A la surface de ces bourrelets se dé- veloppent des cils rigides qui se soudent pour former les palettes. Pendant que l'embryon est encore dans l'œuf, les rangées de palettes sont doubles et très courtes. Il y a cbez le Pleurobrachia, environ huit ou neuf paires de palettes à chaque rangée. Chaque double rangée finit par se séparer en deux. Dans toutes les formes, excepté les Eurostomata {Beroe), deux tenta- cules se développent comme des épaississemcnts de l'épiblaste (fig. 87, B, t.). Ils sont situés aux pôles opposés du grand axe transversal de l'embryon. Un prolongement du tissu-gélatineux contractile du corps dont l'origine est décrite plus loin, pénètre, d'après Kowalevsky, dans les tentacules. Le système nerveux central et les otolithes sont formés au pôle aboral par un épaississement de l'épiblaste; mais les détails de leur formation n'ont pas été élucidés complètement. Peut-être convient-il de faire précéder l'exposé de leur développement d'une courte descrip- tion de leur structure à l'état adulte. Cet appareil est constitué chez l'adulte par une vésicule à revêtement cilié située à la bil'urcation des tubes anaux et par certains organes en rapport avec cette vésicule. Une masse d'ololilhes est suspendue au plancher de la vésicule par quatre corps foliacés appelés suspenseurs. Le toit est très délicat et a la forme d'une pyramide à quatre faces. La vésicule s'ouvre par six orifices. Par quatre d'entre eux situés aux quatre angles sortent quatre gouttières ciliées en continuité avec les suspenseurs ; ces gouttières après être sorties de la vésicule otolithique se bifurquent et rejoignent les huit rangées de palettes. Sur les deux côtés les parois de la vésicule sont en continuité avec deux épaisses plaques ciliées à bords renflés en face du centre desquelles sont deux orifices latéraux de la vésicule qui complètent les six orifices. L'eau de mer est poussée dans les orifices latéraux par l'action des cils des plaques. Ces parties se développent de la manière suivante. Dans l'épaissis- semcnt aboral de l'épiblaste, se creuse une cavité dont les parois cons- tituent le rudiment de la vésicule otolithique (fig. 86, B etC,s. c). Le toit de cette cavité est extrêmement mince. De chaque côté apparaît un épaississement cellulaire considéré par Kowalevsky comme le rudi- ment des ganglions nerveux. Ces épaississemcnts paraissent donner naissance aux plaques latérales ciliées. Les otolithes tirent leur ori- gine de cellules situées sur quatre points séparés aux angles des CTENOPnORES. 163 plaques ciliées en face des rangées de palettes (fig. 87, A, ot.). Chez les Pleurobrachia, il y a d'abord seulement une otolithe à cha- que angle. Les otolithes se portent graduellement vers le centre de la vésicule, et y sont fixées, bien que les quatre suspenseurs foliacés n'ap- paraissent que très tardivement. Les otolithes se multiplient pendant toute la vie. Le tissu gélatineux des Cténophores apparaît comme une couche homo- gène entre l'épiblaste et les cellules vitellines et est probablement l'homo- logue de la couche formée dans la même situation chez tous les autres Cœlentérés. Dans cette couche pé- nètrent des cellules anastomosées, dérivées principalement de l'épi- blaste, quoique, selon Chun (n" 174), en partie aussi de l'hypoblaste. Ces cellules semblent être principalement, sinon entièrement (Chun) de nature contractile. Il est probable que la grande masse de tissu gélatineux de l'adulte est une substance intercellulaire dérivée de ces cellules. Toutes ces transformations s'accomplissent pendant que l'embryon est encore renfermé dans la capsule de l'œuf. Pendant qu'elles s'effec- tuent, l'axe oro-anal qui était d'abord très court, augmente beaucoup de longueur (fig. 87), de sorte que l'embryon revêt une forme ovale semblable à celle de l'adulte. Fig. 87. — Deux stades du développement du Pleiirobraclda rhododactyla (d après Agassiz) ('). La période e.xacte où l'embryon sort de l'œuf ne paraît pas être très cons- tante, mais l'éclosion n'a jamais lieu avant que l'embryon n'ait à sa disposition tous les organes de l'adulte. Dans la majorité des types les différences entre la larve qui vient d'éclore et l'adulte sont peu considérables et dans tous les cas la larve aune (orme ovoïde. Chez les Rubanés {Cestiim, etc.) la larve a la forme ovoïde caractéristique et les transformations subséquentes constituent presque une métamorphose. La larve des Lobaires tels que VEucharls, le Bolina, etc., peut à peine se distinguer du FleiirobracJda et subit par conséquent des transformations considérables après la naissance. D'après Chun, VEucharis multkornis encore à l'état larvaire atteint la maturité sexuelle. Le nouveau genre d'Anthoméduses Ctenaria, récemment décrit par Hgeckel, qui a quelques points de ressemblance avec les Cté- nophores, indique probablement que les Cténophores ont plus d'af- finités avec les Méduses qu'avec les Actinozoaires ; mais leur dévelop- {*) ot, otolilhe, — i, lentacule. :04 CŒLENTERES. pement, spécialement la présence d'un stomodreum les rattache (mal- gré l'existence d'un voile rudimentaire chez les Ctenaria) aux Méduses Acraspèdes aussi bien qu'aux Craspédotes, et il est à noter que les Acraspèdes ont des affinités incontestables avec les Actinozoaires. Sommaire et considérations générales. Même à l'état adulte, les formes inférieures des Cœlentérés ne s'élè- vent guère en complexité au-dessus d'une gastrula typique. L'ontogé- nie cependant fait reconnaître avec évidence l'existence d'une forme larvaire, la planula qui se retrouve assez constamment dans tous les groupes excepté les Cténophores. Nous sommes probablement en droit d'admettre que la planula est la répétition d'une forme ancestralc libre des Cœlentérés. La planula, telle qu'elle se présente la plupart du temps, est un organisme cilié à peu près cylindrique, à deux feuillets, pourvu d'une cavité digestive au moins rudimentaire, creusée dans le feuillet interne et généralement ne possédant pas de bouche. Le feuillet externe renferme de nombreux nématocystes. Combien de ces caractères appartenaient à la planula ancestrale? Je pense qu'il n'est pas déraisonnable d'admettre que les deux seuls caractères sur lesquels il ne puisse pas y avoir de doute sont la condition rudimentaire de la cavité digestive et l'absence de bouche. Quelque paradoxal que cela puisse paraître, il ne me semble pas impossible que les Cœlentérés puissent avoir eu un ancêtre dans lequel la cavité digestive était remplacée physiologi- queinent par une masse solide de cellules amœboïdes. Cet ancêtre leur est peut-être commun avec les Turbellariés. La présence constante de néma- tocystes, dans la couche interne de l'épiblaste de ces derniers, s'accorderait avec leur dérivation d'une forme semblable à la planula. En même temps le tube digestif parencliymateux solide de la Convoluta, de la Schizopora et d'autres formes de Turbellariés, quoique très probablement secondaire, trouve peut-être son explication dans cette hypothèse sur leur origine. La planula dans sa condition primitive n'a pas une symétrie bilatérale, mais souvent, comme chez les Actinozoaires, elle s'aplatit sur deux côtés avant de prendre la forme de l'adulte. Peut-être la forme bilatérale de la planula est-elle le point de départ commun des Cœlentérés et des Turbellariés. Sous ce rapport il faut noter le développement spécial unilatéral d'un tenta- cule cliez le Scyphistome et l'Actinie. La planula se rencontre chez le plus grand nombre des formes ses- silcs d'ilydrozoaires, les Tnhulai'idés et l'Hydre exceptés. Elle est éga- lement caractéristique des Trachyméduses et des Siplionophores. Elle se présente aussi chez les Acraspèdes, mais avec un mode d'ontogénie SOMMAIRE. I(j5 exceptionnel qui sera discuté en même temps que les feuillets germi- natifs. Elle est caractéristique tant des Hexacoralliaires que des Octocoral- liaires, mais ne se rencontre pas chez les CLénophores. Chez lesTubularidéset chez l'Hydre, l'abréviation du développement a amené sans aucun doute, l'absence d'un stade de planula libre et l'absence de forme larvaire chez les Cténophores peut, comme on l'a déjà vu, probablement s'expliquer de la même manière. Les Cœlentérés parmi tous les Métazoaires sont caractérisés par la plus grande simplicité dans la disposition de leurs feuillets germinalifs, etpour ce motif un très grand intérêt s'attache au mode de formation de ces feuillets chez eux. On trouve constamment deux feuillets germina- lifs qui correspondent d'une manière générale à l'épiblaste et à l'hypo- blaste. On pourrait présumer que leur mode de formation présente- rait une certaine uniformité ; il n'en est pas ainsi cependant. Dans la majorité des formes peut-être les deux feuillets se différencient par dé- lamination, mais, dans une minorité considérable, ils doivent leur ori- gine à une invagination. La délamination est constante (avec l'exception douteuse des Tubu- laridés) chez les Hydroméduses et les Siphonophores. Elle est peut-être, en général, caractéristique des Actinozoaires. L'invagination par embolie a lieu, dans l'état actuel de nos con- naissances, constamment chez les Acraspèdes et fréquemment chez les Actinozoaires ; l'invagination épibolique est caractéristique des Cténo- phores. Si l'on doit ajouter foi aux observations rapportées plus haut et sur lesquelles est fondé ce sommaire et il n'y a pas de raison pour qu'on ne le fasse pas d'une manière générale, il faut inévitablement en con- clure que de ces modes de développement, l'un doit être primitif et les autres en sont dérivés, car si celte conclusion n'était pas acceptée, il faudrait adopter l'hypothèse inadmissible d'une double origine des Cœlentérés. Ces considérations nous conduisent à deux questions : 1° Lequel est primitif de la délamination ou de l'invagination? 2° Gomment l'un est-il dérivé de l'autre? \\ y a beaucoup à dire, tant en faveur de la délamination que de l'in- vagination, mais il convient de remettre toute discussion delà question au chapitre général sur la formation des feuillets dans tout le règne animal. Les cellules hypoblastiques sont souvent remplies de substance vi- telline, et de là résultent des modifications secondaires du développe- ment. Les exemples les plus importants de ces modifications se ren- contrent chez les Siphonophores et les Cténophores. Dans les formes les plus simples d'Hydrozoaires il n'y a pas de trace 166 CŒLENTÉRÉS. d'un troisième feuillet OU mésoblaste.L'épiblastc est typiquement formé, comme Kleinenberg l'a montré le premier, d'une couche épithéliale et d'une couche de cellules snbépithéliales interstitielles. Les cellules delà première couche se continuent souvent en prolongements musculaires ou nerveux, et celles de la dernière donnent naissance aux nématocystes, aux organes génitaux et dans quelques cas à des muscles (1). Dans im grand nombre de cas parmi tous les groupes de Cœlentérés et constam- ment chez les Cténophores, l'épiblaste est simplifié et réduit à une seule couche de cellules. L'hypoblaste ne subit pas dans la plupart des cas une différenciation de ce genre, mais forme simplement une couche glandulaire, tapissant la chambre gastrique et ses prolonge- ments dans les tentacules ; mais chez les Actinozoaires, il semble donner origine à des muscles, et des faits nombreux ont été signalés, qui tendent à montrer que dans quelques groupes il produit les or- ganes génitaux. Une lame anhiste paraît être toujours interposée entre l'épiblaste et l'hypoblaste. Chez un grand nombre de Cœlentérés, la différenciation de l'épi- blaste est poussée plus loin. Dans beaucoup de formes, il donne nais- sance à un squelette externe dur. Cette formation est très répandue chez les Hydrozoaires où, dans le plus grand nombre des cas, elle se présente sous la forme d'un périsarc corné, et chez les Hydrocoral- liaires (Millépores et Stylastérides) d'un squelette calcaire dur. Le squelette, dans ces formes, quoique ressemblant de très près au sque- lette mésoblastique des Actinozoaires, est, comme l'a démontré Moseley (n° 164), épiblastique. Chez les Actinozoaires, un squelette épiblastique est exceptionnel et, suivant la plupart des autorités, n'existe pas. Tout récemment ce- pendant, Koch (n» 167) a trouvé que le squelette axial ramifié de la plupart des Gorgonidés, savoirdes Gorgonines et des Isidines, est séparé du cœnosarc par un épithélium qu'il croit être épiblastique et auquel sans doute le squelette axial doit son origine. Un cpilhélium semblable entoure l'axe des Pennatulides. Chez les Méduses, l'épiblaste donne aussi naissance h un système nerveux ccnlrnl qui cependant continue à faire partie constituante du feuillet et aux organes des sens spéciaux (2), Une différenciation spéciale de l'hypoblaste se rencontre dans l'axe solide des tentacules. Cet axe remplace les prolongements gastriques qui se montrent chez beaucoup de formes, et les cellules qui le cons- tituent se différencient en un tissu analogue à celui de la corde dor- (1) Les questions relatives aux organes génitaux des Cœlentérés sont discutées dans la seconde partie de l'ouvrage. (2) La diCrérenciation dos systèmes nerveux et mu'^culaire cliez les Hydrozoaires est traitée dans la seconde partie de cet ouvrage. SOMMAIRE. \61 sale, qui a un rôle squelettique et a perdu tout rapport avec la nutri- tion. Cet axe est placé par beaucoup de morphologistes parmi les organes mésoblastiques. Chez tous les Coelentérés supérieurs il s'interpose entre l'épiblaste et l'hypoblaste certains tissus que l'on peut considérer comme repré- sentant le mésoblaste. Les plus importants sont : i° Les diverses couches musculaires distinctes ; 2" Le tissu gélatineux des Méduses et des Cténophores. 3" Le tissu squelettogène des Actinozoaires. Dans la plupart des cas les fibres musculaires sont en rapport avec des cellules épithéliales, mais dans certaines formes, parmi les Mé- duses et chez la plupart des Actinozoaires, sinon chez tous, ils consti- tuent une couche distincte quelquefois séparée de l'épiblaste par une membrane anhiste {/Equeoî'ea, Mitrocoma). Lorsque ces couches mus- culaires sont en dehors de la membrane qui sépare l'épiblaste de l'hypoblaste elles sont évidemment d'origine épiblastique, mais dans quelques cas, chez les Actinozoaires, elles sont adjacentes à l'hypo- blaste et dérivent très probablement de ce feuillet. L'origine du tissu gélatineux est encore entourée d'une grande obs- curité. Il apparaît comme une couche homogène intermédiaire entre l'épi- blaste et l'hypoblaste qui chez les Hydroméduses ne devient jamais cellulaire bien que traversée par des fibres élastiques. Chez les Acraspèdes elle renferme des cellules anastomosées déri- vées en apparence (Claus) surtout de l'hypoblaste, et chez les Cténo- phores elle est riche en cellules musculaires étoilées, pour la plupart d'origine épiblastique, bien que quelques-unes, d'après Chun, provien- nent de l'hypoblaste. En somme il semble probable que le tissu géla- tineux peut être considéré comme un produit des deux feuillets, et il y a des raisons de penser qu'il est dû à un développement énorme de la membrane qui est toujours interposée entre les deux feuillets primaires. Il faut pourtant remarquer qu'une membrane considérée par les frères Hertwig comme équivalente à la membrane qui sépare habituellement l'épiblaste de l'hypoblaste peut d'ordinaire être mise en évidence des deux côtés du tissu gélatineux des Méduses. La couche squelettogène des Actinozoaires est probablement morphologique- ment homologue au tissu gélatineux ; mais les faits que nous con- naissons tendent à montrer que les cellules conjonctives qu'elle ren- ferme sont d'origine épiblastique. Elle donne naissance au squelette des Hexacoralliaires, au squelette spiculaire de VAlcyonium, au sque- lette axial du Corail et au squelette des Hélioporides et des Tubipo- rides. 168 CŒLENTÉRÉS. Alternances de générations. L'alternance des générations est un phénomène commun chez les Hydrozoaires et quelque chose d'analogue a été observé chez la Fungie parmi les Actinozoaires. On ne connaît pas d'exemple de son existence chez les Cténophores, Le grand intérêt qui s'attache à son occurrence chez les Hydro- méduses et les Siphonophores tient à ce que son origine peut être suivie jusqu'à une division du travail dans les colonies de zooïdes si caractéristiques de ces types. Chez les Hydroméduses on peut établir une série intéressante de rapports entre l'alternance des générations et la division des zooïdes en gonophores et trophosomes. Chez l'Hydre, les fonctions génitales et nutritives sont réunies chez le même individu. Les protubérances génératrices ne peuvent pas, comme l'a bien fait remarquer Kleinen- berg, être regardées comme des gonophores rudimentaires, mais doi- vent être comparées aux bandes génitales développées chez les Méduses autour de parties du système gastro-vasculaire. Une condition telle que celle de l'Hydre dans laquelle l'œuf donne directement naissance à une forme semblable au parent, est sans aucun doute primitive bien qu'il ne soit pas aussi certain que l'Hydre soit elle-même une forme primitive. Les relations de l'Hydre et des Tubularides ou des Gampanularides peuvent se concevoir très nettement en supposant que chez l'Hydre la plupart des bourgeons ordinaires ne se sont pas détachés, de sorte qu'il s'est formé une Hydre composée, mais que, à certaines périodes, des bourgeons particuliers ont conservé leur faculté primitive de se détacher et développé ensuite des organes génitaux tandis que les bourgeons ordinaires perdaient leur fonc- tion génératrice. H serait évidemment avantageux pour l'espèce que les bour- geons détachés pourvus d'organes génitaux soient mobiles de façon à la porter aussi loin que possible ; ces bourgeons en conséquence de leur existence libre acquièreraient une organisation supérieure à celle des trophosomes fixés. H est aisé de voir comment, par une série d'étapes telles que celles que j'ai esquissées, une division du tra- vail pourrait s'établir et il est évident que les embryons produits par les gonophores d'organisation élevée devraient donner naissance à une forme fixée qui reproduirait la colonie fixée par bourgeonnement. Ainsi l'alternance des générations serait établie comme un corollaire néces- saire d'une telle division du travail. Pour justifier ces explications, il est nécessaire de passer en revue les principaux faits relatifs à l'alter- nance des générations chez les llydroméduses. ALTERNANCES DE GÉNÉRATIONS. 169 Hydroméduses (1). Dans un grand nombre de cas chez les Tubulari- des,les Sertularides et les Campanularides, il se produit des bourgeons médusiformes qui se détachent et développent des organes sexuels. Ces Méduses se divisent en deux grands groupes, les Ocellata ei les Vesi- culata suivant les caractères des organes sensoriels marginaux. Chez les Ocellata, les organes des sens ont la forme d'yeux et chez les Vesiculata de vésicules auditives (otocystes). Les dernières semblent provenir d'ordinaire de colonies de Campaiiulaires et leurs organes génitaux s'étendent sous forme de bandes repliées le long des canaux radiaires. Allman a considéré ces bandes comme formées de gonophores rudimentaires et a appelé les Mé- duses qui leur donnent naissance blastochémes. Il les regarde comme pré- sentant un type d'alternance de générations compliqué, avec trois au lieu de deux générations dans le cycle. Les frères Hertwig ont donné des raisons qui me paraissent concluantes pour rejeter cette vue et ont démontré que les organes génitaux de ces types ressemblent à ceux des Méduses ordinaires. Dans beaucoup de formes, les bourgeons médusiformes quoique complètement développés ne se détachent pas; qu'ils se détachent ou non on les appelle gonophores phancrocodoniques. Dans d'autres for- mes, des bourgeons qui commencent comme s'ils devaient se trans- former en Méduses, n'atteignent jamais cette condition, mais restent toujours dans un état de développement incomplet Allman leur a donné le nom de gonophores adélocodoniques. Dans tous ces cas deux générations, au moins, s'interposent entre deux périodes sexuelles successives: -1° Un trophosome produit directement par l'œuf; 2° Un gonophore né par bourgeonnement du premier. Dans un très grand nombre de types, les gonophores ne se dévelop- pent pas directement sur la tige de la colonie hydroïde, mais naissent sur des zooides spécialement modifiés ressemblant à des trophosomes rudimentaires qui ont été appelés par Allman hlastostyles. Une série de gonophores se développent d'ordinaire sur les côtés de chaque blastostyle. Les hlastostyles ou restent à nu comme chez tous les Hydroïdes Gymnoblastiques ou Tubulariés ; ou bien comme chez les Hydroïdes Calyptoblastiques (Sertularides et Campanularides), ils sont envel oppés d'un étui spécial appelé gonnngmm qui est formé de périsarc tapissé par l'épiblaste. Dans les formes présentant des hlasto- styles, trois générations s'interposent entre les stades successifs de re- production sexuelle : 1° Le trophosome développé directement de l'œuf; 2° le blastostyle produit par bourgeonnement sur le tropho- some ; 3° les gonophores bourgeonnes par le blastostyle. (1) Pour un exposé complet de ce sujet, le lecteur est renvoyé au beau mémoire d'Allman (n» 149;. 170 CŒLENTERES. Tels étant les faits principaux, pour prouver que la condition de po- lymorphisme existant chez les Ilydromcduses doit trouver son explication dans l'hypothèse émise plus haut, il est encore nécessaire de montrer que : \° les gonophores médusiformes Hhres ne sont en réalité que des trophoso- mes modifiés, ou plutôt que les trophosomes et les gonophores sont, les uns et les autres, des modifications d'un type commun ; et, 2° que les gonophores fixés dits adélocodoniques sont des dérivés rétrogrades des gonophores médusi- i'ormes hbres. Si ces points ne peuvent être établis, il serait possible de maintenir que les Méduses sont des zooides spéciaux développés de novo et non par une modification de zooïdes trophosomes. Démontrer complète- ment ces propositions me conduirait trop loin sur le domaine de l'anatomie comparée pure, et je me contenterai de renvoyer le lecteur à une discussion des Hertwig (n° 146, p, 62) où le premier point me paraît être complètement établi. Quant au second point, je dirai seulement que la structure et le déve- loppement des gonophores adélocodoniques peut seulement s'expliquer en admettant qu'ils sont des formes rétrogrades des gonophores phanérocodo- niques, et que l'opinion contraire faisant dériver les gonophores phanéroco- doniques des gonophores adélocodoniques conduit à une série de conclusions insoutenables. LesTrachyméduses, comme on l'a vu plus haut, se développent directement. Elles sont probablement dérivées de gonophores chez lesquels le trophosome a disparu du cycle du développement. En résumé, trois types de développement se rencontrent chez les Hydroméduses. 1° Pas d'alternance de générations. Forme permanente, un tropho- some sexué. Ex : Hydre; 2° Alternance des générations. Trophosome fixé; gonopliore libre ou fixé. Ex.: Hydroïdes gymnoblastiques et calyptoblastiques etHydro- coralliaires ; 3° Pas d'altemaiice des générations. Forme permanente. Méduse sexuelle. Ex. : Trachyméduses. " Siplionopliores. — CAiez les Sipbonophores, les générations alternent de la mènie manière que chez les Hydroméduses, mais le point de dé- part paraît être une Méduse. Les gonophores peuvent rester fixés ou se détacher. Acraspèdes. — A l'exception des Pélagies et peut-être des Charybdées dont le développement comprend une simple métamorphose, toutes les formes médusaires de ce groupe présentent une forme d'alternance des générations. L'œuf, comme il a déjà été décrit, se développe encore en une forme fixée, le Sicyphisiome qui se multiplie asexuellement par bourgeonnement normal et peut même former une colonie per- manente. La formation des Méduses se5:uées a lieu par une sorte de strobilisa- lion du corps du Scyphistome fixé. W apparaît au-dessous de la bouche une série de conslriclions transversales qui divisent le corps en anneaux ALTERNANCES DE GÉNÉRATIONS. 171 Fig. 88. — Ktats successifs du déve- loppement (le VAiirelia aurita (em- prunté à Cauvet d'après Sars) (*). dont chacun finit par former une Méduse appelée Ephyra (fîg. 88). Chacun de ces anneaux renferme une dilatation de l'estomac et une portion des quatre mésentères rudimentaires décrits avec le développe- ment du Scyphistome. Les sillons qui les séparent devenant plus profonds, les seg- ments deviennent discoïdaux et leurs bords libres émettent huit lobes renfer- mant des prolongements de la cavité gas- trique (fîg. 88, G). La surface inférieure de chaque disque qui formera la future face aborale de la Méduse devient convexe en partie par le développement du tissu gélatineux. Sur la face opposée, il se déve- loppe une couche musculaire. Pendant ce temps, le corps du Scyphistome aug- mente graduellement de longueur et con- tinue à se segmenter de sorte qu'il se for- me sans interruption une série d'Ephyra dont celles qui sont le plus près de la base sont les plus jeunes. Le cercle termi- nal des tentacules propres du Scyphistome s'atrophie peu à peu. Par les progrès du développement, chacun des huit lobes des Ephyra devient bifide à sou extrémité. Les Ephyra atteignant successivement cette condition, se détachent et, par une série de transformations remarquables, constituant presque une métamorphose et accompagnées par un accroissement énorme, atteignent l'état adulte. L'alternance de générations chez les Acraspèdes ne peut pas s'ex- pliquer tout à fait aussi simplement que chez les Hydroméduses, bien que le principe soit probablement le même dans les deux cas. Actinozoaires. — Parmi les Actinozoaires, il se rencontre chez la Fungie un phénomène spécial qui, comme l'a montré Semper (n° 171), est sous beaucoup de rapports analogue à une alternance de généra- tions (1). La larve se développe en une tige nourrice à l'extrémité de la- quelle un polypier cupuliforme ressemblant à l'adulte se forme comme un bourgeon. Ce bourgeon se détache et donne naissance à une Fungie sexuée permanente. La tige nourrice forme un nouveau bourgeon au centre de la cicatrice laissée par le premier. Le nouveau bourgeon se sépare à son tour en laissant une petite portion de sa tige et chacun des bourgeons se comporte de même, de sorte que la tige (1) Voy. aussi Moseley. Notes by anaturalist of the Challenger, p. 524, 525. (*) 1, planula fixée ; — 2, 3, passage à la forme polype; — 4, scyphistome commençant à se stro- biliser ; — 5, complètement sirobiiisé. 172 CŒLENTERES. nourrice finit par prendre un aspect cannelé. Nous avons par consé- quent là, comme chez les Hydroméduses, une forme asexuée, la tige nourrice, produite directement par la larve donnant naissance par bourgeonnement à une forme sexuée, le phénomène présente donc tous les caractères d'une alternance de générations. Il semble cepen- dant possible que la tige nourrice puisse elle-même à la fin devenir sexuée. Cœlentérés en général. (145) Alex. Agassiz. lUustrated Catalogue of the Muséum of Comparative Anatomy at Harvard Collège (n" 11). American Acalephœ. Cambridge, U. S. 1865. (14C) 0. und R. Hertwig. Der Organismus d. Medusœ u. seine Stellung z. Keim- blâltertkeorie. lena, 1878. (147) A. KowALEvsKY. Untersiicliungen ûb. d. EnUvicklung d. Gœlenteraten (Nach. ricliten d. kaiser. Gesell. d. Freimde d. Naturerkenntiiiss d. Antliropologie u. Ethno- graphie. Moscou, 1873 [en russe]). Etrait dans Hoflfman u. Schwalbe. Jahresberickte d. Anat. u. PJiys. 1873. V Hydrozoaires. (148) L. Agassiz. Contribution to the Natural History of the United States of America, IV. Boston, 1802. (149) G. J. Allman. a Monograph of the Gymnoblastic or Tubulurian Hydroids. Ray Society. 1871-2. (150) G. J. Allman. On the structure and development oî Myriothela. {Phil. Trans. CLXV, p. 2.) (151) P. J. van Beneden. Mém. sur les Campanulaires de la côte d'Ostende considérés sous le rapport physiologique, embryogénique, et zooiogique. [Nouv. Mém. de l'Acad. de Bruxelles, XVII. 1844.) (152) P. J. van Dej^eden. Recherches sur l'Embryogénie des Tubulaires et l'histoire naturelle des différents genres de cette famille qui habitent la côte d'Ostende. (Nouv. Mém. de l'Acad. de Bruxelles, XVII. 1844.) (15y) C. Clais. Polypen u. Quallen d. Adria. [Deiik. d. matli.-naturwiss. Klasse der k. k. Akud. d. Wiss. Wien., XXXVIII. 1877.) (154) J. G. Dalyell. Rare an'/ Hemarkable Animais of Scotland. Londres, 1847. (155) H. Fol. Die erste Entwicklung d. Geryonideneies. [Jeiiaische Zeitschrift, VII. 1873.) (15(>) Cari Gegenbaur. Zur Lehre vom Generatîonswechsel und der Fortpflanzung bei Medusen und Polypen. Wurzburg, 1854. (157) Thomas Hi^cks. On the development of the Hydroid Polypes, Clavatella and Stauridia ; \\\\.\\ remarks on the relation betvveen the Polype and the Medusoid, and between the Polype and the Médusa. {Brit. Assoc. Rep. 1861.) (158) E. Haeckel. Zur Entwickhmgsgeschichtc d. Sipho7iophoren. Utrecht, 1869. (15'J) Th. H. IIlxley. Oceanic Hydrozoa. Ray. Society, 1858. (IfiOj Geo. JoHNSTON. A History of British Zo'phytes. Edin. 1838, 2* édition. 1847. (161) N. Kleine?- live. Dans le plus jeune stade (fig. 02) le corps était presque cylindrique et divisé en onze anneaux corres- pondant à un nombre égale de diverticules digestifs; il existait deux taches oculiformes. A un stade posté- rieur (fig. 93) le corps était très aplati et se r;ipprochait i.-~l.:u-\i- i\e Pla- naire (probnlileiiu'iit «le Planaria umudata (fl'aprt's Agassizi. Fiif. '.ij. — l.iu-vc de Planaire (pro - balileinonf de Planorm. aiiijn lafa) (d'après Agassiz). Dendrocœles d'eau douce. — Le développement des Dendrocœles d'eau douce a été surtout étudié, par Knappert {n° 186) et Metschni- kofl'(n" 188). Les œufs sont de petites cellules nues très délicates qui, au nombre de 4 à 6 on davantage sont enveloppées dans une capsule ou dans un cocon avec une masse considérable de cellules vitellines dérivées du vitellarium. Les cellules vitellines^présententdes mouvements péristal- tiques et émettent des prolongements amœboïdes. Chaque œuf, lors- qu'il est pondu, s'entoure d'une membrane extrêmement délicate qui disparaît pendant le cours du développement. Les capsules consistent en une enveloppe sphérique et un pédoncule. Le dernier fait d'abord saillie par l'orifice femelle sous l'aspect d'un corps filiforme. Son extré- mité libre se fixe et le reste de la capsule est alors expulsé. 180 PLATYELMINTHES. La fécondation a lieu avant la formation de la capsule. La segnnentation est complète ; l'œuf se divise d'abord en deux segments, puis l'un d'eux se divise, formant en tout trois segments; ensuite viennent des stades avec quatre, huit, seize et trente-deux segments. Les résultats de Metschnikoff sur les stades [(ostérieurs à la segmentation ne sont pas en complet accord avec ceux de Knappert, mais représentent sans doute un progrès de nos connaissances et je les suivrai ici. Ses observations ont été faites sur la Planaria polychroa. Dans le premier stade observé par lui, la segmentation était déjà très avancée, mais il n'existait pas de membrane autour de l'œuf. Plus lard, l'œuf prend plus ou moins la forme d'une cloche ou d'une demi-sphère et renferme dans sa concavité une masse d'éléments vitellins. Il est alors Ibrmé de trois couches concentriques : une couche externe de cellules aplaties, l'épiblaste ; une couche moyenne de cellules fusionnées, lemésoblasteet une masse interne solide de cellules vilellines, l'iiypoblaste. Au pôle supérieur se forme le pharynx protractile (cf. Knappert) qui est pourvu d'une musculature provisoire et d'une lumière. Par ses contractions, )l s'empare des éléments vitellins qui entourent l'embryon et Taccroissement rapide de celui-ci se fait sans aucun doute à leurs dépens. L'embryon perd peu à peu sa forme hémisphérique et prend une forme allongée et aplatie. 11 se couvre d'un revêtement de cils à l'aide desquels il entre en rotation. L'éclosion a lieu le cinquième jour. L'appareil digestif reste longtemps solide, même après qu'il a acquis sa lorme ramifiée. Le pharynx se rétracte aussitôt après que la larve est mise eu liberté ; il perd ses muscles provisoires et acquiert plus tard une mus- culature permanente. Les jeunes après l'éclosion s'attachent au corps du parent dont ils tirent leur nourriture {?). Rhabdocœles. — Le développement de quelques-uns des Rhabdo- ( œles a été récemment étudié par Hallez. Les œufs sont la plupart du temps enveloppés de capsules, un œuf dans chaque capsule. Quelque- fois le développement commence avant que les capsules ne soient pondues, quelquefois seulement après. Chez certaines formes [Meso- slomum)^ il y a des œufs d'été à capsules minces qui se développent dans l'intérieur du parent, tandis qu'à l'automne sont pondus des (eufs d'hiver à capsules dures dont les embryons n'éclosent qu'au printemps. Les œufs des Rhabdoco-les, comme ceux des Dendrocceles d'eau douce, sont enveloppés d'éléments vitellins dérivés du vitellarium. La segmentation a probablement lieu de la même manière que chez le Leiitoplana. Un stade dans lequel il existe quatre cellules égales a été ob- servé par Hallez et il se forme plus tard une gastrula épibolique. L'embryon se revêt de cils pendant qu'il est encore dans la capsule et, selon Hallez, le [itjarynx se forme comme un bourgeon de l'hypoblaste. La trompe du Prostu- inum est due à une invagination épiblastique. NÉMERTIENS. 18t NIlMKRTIENS. Quelques Némertiens se développent sans métamorphose, d'autres avec métamorphose. Le type le plus remarquable du développement des Némertiens à métamorphose est celui dans lequel l'œuf se développe en une forme larvaire particulière appelée l'ilidiiun, dans l'intérieur de laquelle se forme plus tard le Ver parfait. Très voisin de ce type, en est un autre dans lequel le Ver sexué se développe dans une forme larvaire comme le Pilidium, maisoù la larve n'a pas d'existence libre, et est par conséquent dépourvue des appendices caractéristiques du Pilidium. Ce dernier est appelé type de Desov et est propre (?; au genre Lineus. Nous étudie- rons d'abord le Pilidium et le type de Desor (Voy. Barrois, n° 192). Le type de Desor. — La segmentation est régulière et aboutit h. la formation d'une blastosphère creusée d'une vaste cavité de segmen- Fig. 94. stades du iléveloppeiucut du Lirien-i (d'âpres Barrois) (*). tation. La blastosphère se convertit par invagination en une gastrula (fig. 94, A). Le blastopore est bientôt reporté relativement en avant par l'allon- gement en arrière de l'archentéron et , d'après Barrois, forme uni» bouche transitoire. Par l'allongement de la cavité archentérique, l'em bryon prend une forme bilatérale (fig. 95, A), dans laquelle Ton peut distinguer une face dorsale et une face ventrale, la bouche {m) étant située à la face ventrale. (*) A, vue de profil en coupe optique. — B etc., deux stades postérieurs vus par la face ventrale (orale). — ae, archentéron. — se, cavité de segmentation. — hy, liypoblaste. — me, mésoblaste. — fl/), epiblaste. — m, bouche. — st, estomac. .— pr.d, disque prostoniial. — po.rf, di.sque méfastomial. — pr, trompe. IS: PLMYELMINTHES. Immédiatement après l'achèvement de la gastrula, une série de phénomènes remarquables commencent à se montrer dans l'em- bryon. Vu par la face ventrale, il prend une forme pentagonale (fig. 1)4, 13), et l'épiblaste s'invagine sur quatre points de la face ventrale (fig. 05, A), deux en avant {pr. d.) et deux en an-if're {po. d.) de la bouche, et constitue quatre disques épaissis. Bientôt ces disques se séparent du tégument externe qui se referme au-dessus d'eux en une couclie ininterrompue (fig. 94, C).Les disques s'étendent rapidement et les deux prostomiaux d'abord, puis les métastomiaux se soudent, et enlin tous les quatre s'unissent en une pla([ue ventrale continue ; analogue sem- blerait-il à la plaque ventrale des pml)ryons des (-hétopodes et des ri-. !>:i Trois st.-idi'S ilii iifiUfut du Pihdiuui (d^iiuc-^ .MotschiiikolVj (*). aplatie sur laquelle est située la bouche (fig. 96, A et B). Le sommet porte dans un grand nombre de formes un flagellum donnant à la ldv\e l'as- pect d'un casque. Dans d'autres formes, un pa([uet de longs cils rem- place le tlagellum (fig. 97), et dans d'autres encore, le flagellum n'est pas représenté. Lorsque l'invagination est achevée, un lobe se dévcr loppe de chaque côté de la bouche et des lobes moins bien développés peuvent apparaître en avant et en arrière. Une bande ciliée apparaît sur le bord de la face ventale. (') ae, archcntéron. — o<^, (nsophage. — ■■>/, estomac — po.d, di.sque nudastoinial. — es, sar rc^plialiiiuc. aiii, aiiiiiioi). — pr.d, Jiscpic prostouiial. NÉMERTIENS. 18o Deux paires d'invaginations cutanées font alors leur apparition comme dans la larve de Desor, une en avant et l'autre en arrière de la bouche (fig. 96,B,pr. d. eipo. d.), et chacune d'elles par l'occlusion de son orifice d'invagination forme un sac clos dont la paroi externe de- vient très mince et la paroi interne (correspondant à l'invagination tout entière de la larve de Desor) très épaisse. Les parois internes des quatre épaississements que je peux appeler disques se confondent alors, cha- que disque se soudant d'abord avec son homo- logue et les deux paires se réunissant ensuite. Une plaque germina- tive ventrale se consti- tue ainsi, puis s'étend peu à peu, enveloppant l'intestin du Pilidium pour former la peau de la future Némerte. La couche externe mince de chacun des disques suit le développement de la couche interne et forme un revêtement analogue à un amnios pour l'embryon qui se développe dans le Pili- dium (fig. 97, an). Dans la jeune Né- merte vermiforme, il se constitue de chaque côté du corps une di- verticule de l'œsophage (Pig. 97) qui finit par entrer en communication avec l'extérieur, par un canal cilié (1). La trompe se forme comme une invagination creusée au point où les deux disques antérieurs s'unissent en avant. I-isr. 97 — \. pjiiilium aviT une Nemerte assez avancée. — B. ei bryon unir de Aéinerte dans la position qu'il occupe dans Piiidium (d'après Biitschli) (*). (1) Telle est l'opinioadeMetsclinikoff (ir'202), de Leuckart et Pagenstecher (n" 201). confirmée par Uarrois , mais Biitschli (ii* \d'.i) , bien ([ue n'ayant pas observé les pre- miers stades de leur formation, les considère comme des invaginations de la peau de la Némerte. (*) o«, œsophage, —st, estomac. — >. intestin. — pr. trompe. — Ip, fossette latérale. — a»,arani - >i, système nerveux. 186 PLATYELMINTHES. Lorsque la jeune Némerte est arrivée dans le Pilidium à un degni assez avancé de développement, elle se couvre de cils, commence à se mouvoir et enfin devient libre, et mène une existence indépendante, abandonnant son amnios dans le Pilidium qui continue à vivre pen- dant quelque temps. Le système nerveux central (Jîg. OG) se développe ou avant ou après la mise en liberté de la Némerte, selon Melschnikoll' comme un épais- sissement de l'épiblaste, la jeune Némerte est d'abord dépourvue d'anus. Le développement de la Némerte dans le Pilidium est évidemment identique avec celui de l'embryon du Lineus dans le tégument lar- vaire, la formation de l'amnios dans le Pilidium constituant la seule différence importante qui puisse être signalée entre les modes d'ori- gine de la jeune Némerte dans les deux types. Dans l'état actuel de nos connaissances, toutes les formes qui se développent dans un Pilidium, ou suivant le type de Desor, appar- tiennent à la division des Némerliens sans stylets dans la trompe, désignés sous le nom d'Anopla. Développement sans métamorphose. — Le plus grand nombre des Némertiens, y compris tous les Enopla, se développent sans métamor- phose. Les observations qui ont été faites sur ce type ne sont pas très satisfaisantes, mais semblontindiquer que la formation de l'hypoblaste peut avoir lieu ou par invagination ou par dclamination. Des types cliez lesquels la gaslrula est due à une invagination ont été ob- servés par Barrois fn" Wl], Dicck (n^ lOCi) et Hubrecht. Les observations les plus complotes de Barrois ont porté sur YAmphiporus lactiflorcus (de la division des Enopla) et celles de Dieck sur le Cepluilothrix yalathex (de la division des Anopla). Une segmentation régulière est suivie par un stade de blastosphère avec une petite cavité de segmentation. Dans le type de Barrois, les extrémités internes des cellules de la blasfophére se confondent en une sorte de syncy- llum. Une invagination peu profonde a lieu et les cellules qui y prennent part se séparent de l'épiblaste et se confondent avec le syncylium interne de la blastosphère. D'après Dieck, chez le Cephaluthrix, la masse invaginée dis- paraît simplement. Les données de Barrois sur la fusion du syncytium dérive des cellules épi- plastiques avec les cellules invaginées doivent être regardées connne très dou- teuses. La formation des feuillets germinalifs a lieu, d'après Barrois, par la sépa- ration de la masse interne de cellules en mésobiaste et hypoblaste. La trompe dérive, suivant cet auteur, de tissus mésoblastiques. Dieck, au contraire, avec plus de probabilité, décrit la trompe comme formée par invagination. Chez le Cephalothrix un aulie point mérite d'être noté, c'est que l'épiblaste primitif tout entier est rejeté. Peut-être faut-il reconnaître dans ce phénomène la dernière trace d'une métamorphose comparable à celle du type de Desor. Des types à gastrula par dclamination ont été étudiés par Barrois (n° 192) NÉMERTIENS. iS7 el Hoflinaiin (ir^ IDH) qui donnent l'un et l'autre un expose circonstancié de leur développement. La description de Hoffmann est particulièrement digne d'attention, ses observations ayant été en grande partie faites par la méthode des coupes. L'ex- posé dos faits qui suit lui est emprunté. Ses observations ont porté sur le Tetmstemma versicolor et le Tetrastemma semble être le genre où ce mode de développement a été le plus complètement élucidé. Après une segmentation régulière l'embryon forme une masse cellulaire solide dont les éléments périphériques se distinguent bientôt en une couche épiblastique séparée. A ce moment la larve sort de l'œuf et les cellules épiblastiques se couvrent d'un revêlement ciliaire uniforme. A l'extrémité antérieure du corps est un pa- quet de longs cils et à l'extrémité postérieure des soies raides qui dispa- raissent bientôt. La masse interne de cellules est encore complètement uniforme, mais comme la larve s'allonge, les plus externes se disposent en une couche colum- naire constituant le mésoblaste. Des cellules situées en dedans du méso- blaste, les externes deviennent aussi columnaires et constituent les parois de la cavité digestive, tandis que les internes subissent la dégénérescence graisseuse et forment une sorte de vitelkis nutritif. Pendant le reste du dé- veloppement, l'embryon acquiert peu à peu les caractères de l'adulte sans métamorphose et la peau de la larve forme directement la peau de l'adulte. La bouche et l'anus se forment presque simultanément par une rupture cen- trifuge de la paroi entérique. Le système nerveux apparaît comme un épaississement de l'épiblaste que Hoffmann a pu voir sur des coupes. Hoffmann dit également que l'épithélium delà trompe se forme comme un diverlicule de la cavité digestive et que sa gaîne est due à une formation mésoblastique spéciale. Barrois est moins précis que Hoffmann dont il diffère sur cei tains points. Les descriptions données par Hoffmann relativement à la trompe sont impor- tantes si elles sont exactes, mais demandent à être confirmées. Malacobdelle. — Les premiers stades du développement du singulier Né- mertien ectoparasite, la Malacobdelle, ont été étudiés par Hoffmann (n° 199) par la méthode des coupes et son développement paraît être très semblable à celui du Tetrastemma. La segmentation est uniforme et il n'y a pas de trace de cavité de segmen- tation. Au troisième jour après la fécondation, les cellules externes de l'em- bryon s'aplatissent, deviennent ciliées et se distinguent des autres cellules sphériques de l'embryon comme l'épiblaste. Avec l'apparition de cils com- mence la rotation de l'embryon. Au quatrième jour, l'embryon devient ovoïde et, à l'un des pôles, le futur pôle anal, l'épiblaste se sépare des cel- lules internes, donnant ainsi naiss'ance à la cavité générale. Dans cette cavité sont situées un grand nombre de cellules éparses ovales qui bientôt de- viennent étoilées et forment un réseau mésoblastique reliant la paroi du corps aux cellules centrales que l'on peut maintenant appeler l'iiypoblaste, La cavité générale augmente de dimension, séparant l'épiblaste de l'hypo- blaste partout excepté en un point, au pôle oral où, le cinquième jour, apparaît une couronne de longs cils. La masse hypoblastique interne solide se diffé- rencie en une couche cellulaire externe, le véritable épithélium glandulaire 188 - PLATYELMIN'IHES. de la cavité alimentaire et un noyau interne dont les cellules subissent bientôt la dégénérescence graisseuse et servent de vitellus nutritif. Les derniers stades du développement et la formation de la trompe, etc., ne sont pas connus. Considérations générales. — Parmi les types de larves rencontrés jusqu'ici chez les Némertiens, ceux à métamorphose, c'est-à dire le type du Pilidium et le type de Desor, doivent être considérés comme primitifs. Mais, même chez le Pilidium, il y a des indices d'une grande abréviation dans le développement. Le Pilidium lui-même est pro- bablem^ent une forme ancestrale plus ou moins modiiiée, tandis que le développement de la Némerte dans son intérieur doit être considéré comme la représentation très abrégée d'une longue série de change- ments par lesquels le Pilidium s'est graduellement transformé en un Némertien. La formation de la paroi du corps par quatre invaginations épiblastiques est un phénomène embryologique remarquable, auquel il n'est pas aisé de donner une explication satisfaisante, et il est pro- bable que ce n'est qu'un processus d'accroissement secondaire sem- blable à la formation des disques imaginaux chez les larves de Dip- tères ( Voy. le chapitre consacré aux Insectes) qui a eu son origine dans l'abbréviation du développement, à laquelle il vient d'être fait allusion. Le développement du type de Desor est évidemment une simplitîca- tion du type du Pilidium, et ses particularités doivent s'expliquer par le fait que la première forme larvaire n'a pas d'existence libre. Les types sans métamorphose ont sans aucun doute un développement plus sim- plifié encore; ils sont cependant remarquables en ce qu'ils présentent, si l'on peut se fier aux descriptions existantes, des exemples de déla- mination et d'invagination coexistant dans des formes très voisines. TBÉMATODKS. Les (Eufs des Trématodes consistent en un germe ou œuf véritable, enveloppé d'une masse de cellules vitellines qui se désagrègent et sont plus tard résorbées à des périodes variables du développement. Les observations d'Ed. van Beneden (n° 218] et de Zeller (n° 217), etc., ont montré que la segmentation est d'ordinaire complète, mais en général un peu irréguliôre. Malheureusement nous ne savons encore rien sur le mode de for- mation des feuillets germinatifs. Les embryons des formes entoparasi- tes des Distomiens deviennent libres dans un état très imparfait et les œufs sont petits, tandis que chez les Polystomiens le développement est en général presque achevé avant l'éclosion, et les œufs sont gros. 11 convient d'étudier séparément le développement de ces deux groupes. TRÉMATODES. 189 Distomiens. — Les embryons des Distomiens sont pondus ou dans un endroit humide ou plus souvent dans l'eau. Dans le plus grand nombre des genres, les larves subissent une métamorphose compli- quée, accompagnée d'alternances de générations. Mais pour quelques genres ieh que les Holostomum, eic, l'histoire biologique n'a pas en- core été tracée. Le nombre des espèces dont l'histoire biologique tout entière a été suivie est relativement faible; mais on en connaît des fragments suffisants pour nous donner le droit d'exposer certaines généralités qui sans doute se montreront exactes pour une vaste pro- portion des Distomiens. Les larves sont d'ordinaire ciliées (lîg. 97, A), mais quelquefois sont nues. Les formes ciliées sont en général complètenjent couvertes de cils, mais chez le Difitomuin lanceolatum les cils sont limités à un espace situé à l'ex- Irémilé antérieure du corps au centre duquel est une épine médiane. Une tache pigmentaire en forme d'x, quelquefois pourvue d'un cristallin rudimen- taire {Monustomum mutahile), est aussi en général située à la face dorsale. Dans quelques cas il existe une cavité digestive plus ou moins complète- ment développée {Monostomum cupitellum , Amiphistomum siibclavatum), mai?, d'ordinaire on peut seulement distinguer dans l'intérieur de la larve une masse cellulaire transparente entourée par une paroi plus ou moins dis- tinctement délimitée et avec des canaux excréteurs ciliés. Ed. van Beneden a montré que le revêtement cilié se développe pendant que l'embryon est encore dans l'oeuf et longtemps avant que les cellules vi- lellines soient complètement absorbées. Il semblerait que, même avant léclosion, ce revêtement cilié est à un liaut degré indépendant de la masse qu'il entoure. Dans la larve du Monostomum mutahile (fig. 97, A) qui présente un exemple d'un cas extrême de ce genre, il existe à l'intérieur de l'épiderme cilié un ver complètement développé indépendant. Les larves non ciliées sont d'organisation moins élevée que les larves ci- liées et sont revêtues d'une cuticule : leur extrémité antérieure est quel- quefois pourvue d'une plaque circulaire armée de crêtes rayonnantes ou d'épines. Les embryons nageant librement ou rampant, pénètrent dans ou sur le corps de quelque espèce d'Invertébré (accidentellement d'un Vertébré\ d'ordinaire d'un Mollusque, pour y subir le premier stade de leur métamorphose. Ils peuvent, ou rester sur les branchies de leur hôte, ou très fréquemment ils se fraient un chemin dans l'inté- rieur de son corps. Bientôt après que les larves ont atteint une posi- tion convenable, l'épiderme tombe, et il apparaît une seconde forme larvaire développée dans l'intérieur de la première, comme une Né- merte dans l'intérieur de la larve de Desor. Dans le cas du Monostomum vuUabile, le nouveau Ver est, comme il a été établi plus haut, entiè- rement formé dans la larve ciliée au moment de l'éclosion. 190 ■l.ATYKLMiNTHES. Le Ver qui résulte de cette métamorphose présente didereuts carac- tères correspondant à ceux de la larve dont il procède. Si la larve originelle a un tube digestif, il en possède également un et se déve- loppe alors en la forme désignée sous le nom de lîrdic (tig. 98, P. et C). La Rédie a en avant nwQ bouche conduisant dans un pharynx mus- culaire, et de là dans un estomac aveugle. En arrière, le corps se pro- longe en une sorte d'appendice caudal obtus, à l'origine duquel est une paire de papilles latérales. Il y a une cavité périviscérale, et la paroi du corps est traversée par des tubes excréteurs. Si la larve originelle est dépourvue de cavité digestive, la seconde l'orme devient ce que l'on appelle un Sporocrstr. Le Sporocyste est un simple sac allongé muni dune cavité générale centrale; lorsqu'il résulte de la métamorphose d\in embryon cilié, ses parois sont pour- vues de tubes excréteurs, mais ces tubes font défaut chez les Sporo- cystes dérivés de larves non ciliées. Quelques Sporocystes émettent de nombreuses branches qui pénètrent dans les viscères de leur hôte. Les Rédies et les Sporocystes augmentent rapidement de dimension et quelquefois se multiplient pai' division transversale. Dans la suite de leur développement, il arrive de deux choses l'une. Ils peuvent ou développer de nouvelles Rédies ou de nouveaux Sporocystes, par un processus de bourgeonnement interne (fig. 98, Cl, ou bien former dans leur intérieur, par un proces- sus analogue, des larves à longues queuesappelées (U'rciiifcs[iïg. 98, D). Le développement direct des Gercaires est le cas ordinaire, bien que le contraire soit vrai chez le Distoi/tum glo/jfpar util ,m^is\orsqii il n'en est pas ainsi, les Rédies ou les Sporocystes de seconde généra- tion donnent naissance à des Ger- caires. i^es Gercaires tirent leur origine de masses sphériques de cellules situées dans la cavité du Sporocyste ou de la Rédie. L'origine exacte de ces masses est encore un peu obscure, mais d'après Wagener (n» 212), elles dérivent de la paVoi du corps. On doirprobablement les regarder comme des bourgeons internes. ijct.iiiKirplii Distomieiis (cnipi-uiitc :i Huxley) (",. (•) A,larve cilioo de Mow,,to,Mnm mulnhil,: - „, (ÙKunicnt larvaire. - b, ricdi,' doveloppco da.is M.n )ntj7-odac- lylus, sont cependant vivipares. Les jeunes sortent de l'œuf à un état presque parfait, et subissent au plus une légère métamorphose, mais non une alternance de générations. Uuelques-uns cepen- dant {Pofystomwn, Dlplozoon) sont pourvus de cils temporaires, mais le nombre des espèces étudiées est trop petit pour déterminer si la TRÉMATODES. \n cilialion est la règle ou l'exception. Les larves ciliées ont une courte existence libre. Les cils se développent sur des cellules spéciales qui peuvent être disposées en bandes transversales, de la même manière que chez les larves d'un grand nombre de Chétopodes, mais ne sont pas dans les larves actuellementconnues uniformément distribuées. Lorsque les larves libres deviennent parasites, les cellules ciliées disparaissent. Chez le Polystomim integerrimum, qui vit dans la vessie urinaire de la Ranatempomria, les œufs, lorsqu'ils sont pondus, au printemps, tombent dans l'eau. La segmentation est complète et l'embryon lorsqu'il éclot possède la plupart des organes de l'adulte, mais présente certains caractères larvaires frappants. II porte cinq anneaux de cellules ciliées; trois sont situés en avant et sont particulièrement dé- veloppés sur la face ventrale, le troisième étant incomplet sur la face dorsale ; deux sont situés en arrière et particulièrement développés sur la face dorsale. L'extrémité anté- rieure porte une touffe de cils (fig. 99, A). La larve elle-même ressemble un peu à un Gyrodactyle adulte et pos- sède un large disque postérieur armé de crochets et deux paires d'yeux qui persistent à l'état adulte. Après une certaine période d'exis- tence libre, la larve se fixe sur les branchies d'un Têtard. Les anneaux de cellules ciliées disparaissent et quelques-unes des six ventouses de l'adulte commencent à se former sur le disque postérieur (fig. 99, B.) Lors- que la vessie urinaire du Têtard se développe le jeune Polystome suit le tube digestif jusqu'au cloaque et passe dans la vessie où il atteint lente- ment la maturité sexuelle. Lorsque la larve se fixe sur les branchies d'un très jeune Têtard, son dévelop- pement est un peu plus rapide, conséquence d'une meilleure nu- trition à cause de la délicatesse des branchies. Elle atteint alors son déve- loppement complet dans la cavité branchiale, et, quoique plus petite et pourvue d'organes génitaux organisés d'une manière différente de la forme nor- . maie, élabore des produits génitaux et meurt sans passer dans la vessie. (Voy. Zeller, n"» 216 et 2] 7.) fig. 9'J. — Développement du Polystomiim inter/er- rlmum (emprunté à 0. Schmidt, d'après Zeller) (*). (*) A, embryon immédiatement après réclosion. touses, les di'ux postérieures encore très petites. BALFOun. — Embryologie. B, jeune Polystome possédant déjà ses six ven» L — 13 194 PLATYELMINTHES. Les œufs du Diplozoon, forme parasite des branchies des Poissons d'eau douce [Phoximis, etc.), sont pourvus d'un long filament spiral (Zeller, n" 215). 1,'embryon présente cinq espaces ciliés, quatre latéraux et un postérieur. La forme jeune est désignée sous le nom de Diporpa. La maturité sexuelle n'est atteinte qu'après que deux individus se sont unis d'une manière permanente. Ils s'unissent parla ventouse ventrale de chacun d'eux qui se fixe à la papille l'iy. lUU. — IJéveloiipciiii-iil du Diplozoon panitlo.vtim (eiiipiuiité à 0. Scliiiiiilt irapios Zcllei) (*J. dorsale de l'autre individu. Plus tard, ces parties entrent en coalescence et les ventouses ventrales disparaissent. Le Gyi'odadylus, parasite comme le Biplozoon des branchies des Poissons d'eau douce {Gasterosteus, etc.), est remarquable par son mode de reproduc- tion. Il est vivipare, produisant un seul jeune à la fois et, ce qui est plus re- marquabli', le jeune encore renl'ernié dans le parent produit un autre jeune qui lui-môme en produit un troisième, de sorte qu'il peut y avoir à la fois (*) A, coque de l'tt'uf après la sortie de l'embryon. — lî, embryon sortant de l'œuf. — C, Dijiorpa. — D, doux. Diporpa eoujuguées eu un Diplozoon. CESTODES. 195 trois générations emboîtées dans le parent. Il semble probable que la se- conde et la troisième générations sont produites asexuellemenf, les organes génitaux n'élant pas encore développés, tandis que le jeune Gyrodactyle de première génération sort d'un œuf fécondé (Wagener, n° 214). CESTODES. La plupart des anatomistes s'appuyant sur les caractères de l'organisation ont insisté sur les affinités des Gestodes avec les Tréma- todes. L'existence de formes intermédiaires telles que VAmpInlina tend à fortifier cette opinion et les ressemblances frappantes des deux groupes dans la structure de l'œuf et les caractères de la métamor- phose me paraissent rendre tout doute à cet égard impossible. L'œuf mûr est formé d'un très petit germe enveloppé de cellules vitellines, le tout étant entouré d'une membrane très délicate dans la plupart des formes, mais qui dans certains types a une consistance plus grande et est pourvue d'un orifice fermé d'un opercule qui sert à la sortie de la larve. Le premier développement jusqu'à la formation de l'embryon hexa- canthe a généralement lieu dans l'utérus, mais dans les types à coque résistante, il s'effectue après que l'œuf a été pondu dans l'eau. La segmentation (1) est complète (Ed. van Beneden, n"218, Metschni- (1) La formation de l'embryon hexacanthe a été récemment étudiée par Ed. van Be- neden. Cliez le Tsnia serrata et le T. saginata, la segmentation est irrégulière dès le début et le germe se divise en deux cellules : l'une appelée cellule granuleuse dont le protoplasma est rempli de globules réfringents persis- tera sans se diviser jusqu'à la fin de la vie embryonnaire; l'autre, qui seul'' doit former l'en^bryon, se divise eji deux grosses cellules {macromères) qui en produisent de petites (micro- nié7-es). Lorsque lescellules sont arri- vées au nombre de seize, trois d'entre elles, plusgrosses se disposent en une calotte coiffant la masse des autres petites cellules, puis s'étendent de façon à l'envelopper complètement ; leurs contours disparaissent et leur corps cellulaire se remplit d'une sub- stance albuminoide d'où le nom de coM- che albuminogèîie (fig. 101, ni) dontié à cette couche dans laquelle '^'ë est englobée la cellule granuleuse (^). Dans la masse interne se différen- cient encore 3,4 ou 5 cellules qui, s'étendant comme les premières, constituent à l'em- bryon une seconde enveloppe, la couche chithiogè7ie (c/i) sécrétant Venveloppe chithieuse qui peut elle-même se différencier en trois couches. Enfin l'embryon hexacanthe est constitué par deux couches cellulaires ; l'une (e) (*) g, cellule granuleuse, —al, couche albuminogèuo. — ch, couche chitinogène. — e, couche ex- terne de l'embiyou hexacanthe. — i, couche interne de l'embryon hexacanthe. loi. — otufde Txnia serrata après la formation de rembryou hexacauthe (d'après Ed. van Beneden) (*). 196 PLATYELMINTHES. koff, n" 228) et pendant qu'elle s'effectue, les cellules vitellines entou- rant le germe sont peu à peu résorbées, de sorte que la masse des sphères de segmentation augmente de volume jusqu'à ce que, à la fm de la segmentation , elle remplisse presque complètement la coque del'œuf. Gomme Kôllikerl'a, le premier, montré pour leBothriocephalus Sal- monis, les cellules embryonnaires se séparent à la fin de la segmenta- tion en une couche superficielle et une masse centrale. La suite du développement a lieu suivant deux types. Dans les cas où la coque de l'œuf est épaisse et oii l'œuf est pondu avant la forma- tion de l'embryon, il se développe une larve ciliée [Bothriocephalus latus, B. ditremus, Schistocephaius dimo7'phus, Ligulasimplicissima,eic.){i). Le Bothriocephalus latus peut être pris pour type de ces formes. Le développement de l'embryon demande plusieurs mois pour s'achever. La couche ex terne devient ciliée après que la masse centrale s'est déjà développée en un embryon hexacanthe. L'embryon sort de sa coque par l'orifice operculaire et pendant quelque temps nage ra- pidement à l'aide de ses longs cils. L'enveloppe ciliée est enfin rejetée et l'embryon hexacanth e mis à nu. Dans le second type d'embryon, la couche cellulaire externe ne devient pas ciliée. Cette disposition est la plus générale et se rencontre même dans un grand nombre d'espèces de Bothriocephalus. La masse cellulaire centrale se développe, comme dans le premier type, en un embryon à six crochets (rarement quatre) (fig. 102, G), mais la couche superficielle se sépare de la masse centrale et ou disparaît, ou bien constitue {Bothri ocephalus proboscideus) une couche cuticulaire. Entre l'embryon hexacanthe et la couche cellulaire externe se dépo- sent une ou plusieurs membranes épaisses (Ed. van Beneden). Les œufs sont expulsés du tube digestif de l'hôte dans le proglottis et trans- portés dans des situations diverses, sur la terre ou dans l'eau. Ils res- tent d'ordinaire dans le proglottis, enveloppés par leur coque épaisse formée de cellules plus foncées à gros noyaux donne naissance aux trois paires de crocliets; elle entoure presque complètement la masse interne [i) plus pâle, à plus petits noyaux ; qui n'arrive à la surface que sur un espace circulaire très circonscrit. Van Ceneden ne se prononce pas sur les rapports possibles de ces deux couches avec les feuillets primordiaux de la gastrula*. Les descriptions données par Meniez, qui a également observé les premiers phéno- mènes du développement d'un grand nombre de Cestodes sont assez différentes de celle qui précède. Dans certains cas [Tœnia curAimevnia, T. nmUistriata),\\ a vu des globules polaires de forme et de situation ordinaires ; dans d'autres (T^vjiia serrata, T. expansa), il considère comme tels les noyaux de ce qu'il appelle les masses vitellines, éléments qui semblent correspondre à la cellule granuleuse et peut-être à l'une des cellules de la couche albuminogène de van Beneden'*. [Tvad.) (1) Pour la liste des formes de ce genre actuellement connues voy. Willemqes. SuHM (n° 231). * Ed. van Benkden. Roi'licrcht's sur Ic^lévcloppcmcnt ombryonnaire de quelques Ténias [Archives de biologie, H, p. 183, 1881). •* R. MoNiEZ. Mémoires sur les Cestodes (Trav. de l'Inst. zooL, de Lille, III, 1881). [Trad.) CESTODES. 197 jusqu'à ce qu'il soit introduit dans le tube digestif d'un hôte con- venable, ou sont avalés directement après la mort et la décomposition du proglottis. Ils éclosent ensuite après que la coque a été ramollie par l'action des fluides digestifs. Avant d'exposer leur histoire ultérieure il convient de faire remar- quer la ressemblance qui existe entre les premiers stades du dévelop- pement des Gestodes, spécialement dans les cas des larves ciliées, et ceux des Trématodes. Dans les deux cas, il y a une larve ciliée et dans les deux cas dans l'enveloppe ciliée se développe une seconde larve qui est mise en liberté par la chute de cette enveloppe. Ce type de développement a en outre de nombreuses analogies avec celui de la larve deDesor des Némertiens (Voy. p. 181) (Cf. Metschnikoff), et est probablement, comme lui, le tableau abrégé d'une longue histoire. Fig. 102. — Diagrammes de différents stades du développement des Cestodes (emprunté à Huxley) (*). L'hôte dans lequel doit pénétrer l'embryon hexacanthe est rarement le même que l'hôte de la forme sexuée. Les embryons arrivés dans le tube digestif d'un tel hôte y deviennent libres s'ils étaient aupara- vant enfermés dans la coque de l'œuf: ils traversent, probablement à l'aide de leurs crochets, la paroi du tube digestif et sont transportés par le sang ou de toute autre manière dans un point convenable pour y subir leur prochaine transformation. Ce point peut être le foie, les poumons, les muscles, letissu conjonctif ou même le cerveau [Cœnurus cerebralis du cerveau des Moutons). Là ils sont entourés par un dépôt granuleux provenant des tissus environnants qui à son tour est enveloppé d'un revêtement conjonctif. Dans sa cavité est logé l'embryon solide dont les crochets, dans un grand nombre de cas, disparaissent ou deviennent impossibles à mettre en évidence. Dans d'autres formes, comme le Cysticercus limacis, ils restent visibles et marquent alors le pôle antérieur du Ver (fig. 104, A, c). La partie centrale du corps se transforme ensuite en une substance (*) A, r.ysticcrque. — B et C, Cysticerques avec la têteévaginée (B) et imaginée (C). — D, Cœnure. — E et F, Eohinocoque. 11 est très probable que la paroi du kyste ne développe pas directement de» têtes de Tajnia eoninie le représente le diagramme. — G, embryon hexacantlie. 198 PLATYELMINTnES. formée de vésicules claires non nucléées. En même temps, l'embryon augmente rapidement de volume : une cuticule est sécrétée par sa couche superficielle dans laquelle se différencie également une couche externe de fibres musculaires circulaires et une couche interne de fibres longitudinales; en dedans d'elles se forme une couche de cel- lules granuleuses. Avec l'accroissement rapide du corps, il se forme une cavité cen- trale qui se remplit de liquide et l'embryon prend la forme d'une vési- cule. En même temps, un système de canaux excréteurs s'ouvrant quelquefois par un pore postérieur apparaît dans la paroi de la vésicule. L'embryon à ce stade est désigné sous le nom de Ver cyslique ou â'Hydathle et peut être comparé presque en tous points avec le sporo- cyste d'un Trématode (Huxley). Le premier changement important consiste ensuite dans le dévelop- pement d'une tête qui sera la tête du Taenia adulte. Elle se forme dans une involution de la paroi externe de l'extrémité antérieure du ver cystique formant dans sa cavité une saillie papilliforme avec cavité axiale ouverte par un pore à la surface extérieure. La couche de cellules qui constitue la papille se divise bientôt en deux lames dont l'externe lui forme une sorte de membrane de revêtement. La papille elle-même prend alors la forme d'une tête deCestode qui se développe dans une position renversée. Les ventouses et les crochets, lorsqu'il y en a, se forment à la surface de la cavité axiale de la papille qui est la vraie surface externe morphologique tandis que ce qui semble être la surface externe apparente de la papille est ce qui formera l'intérieur de la tête d'abord creuse. Avant que l'armature externe de la tète ne soit établie apparaissent quatre canaux excréteurs longitudinaux en continuité avec ceux du corps de l'hydatide, ils sont réunis par un canal circulaire au sommet de la tête. Le développement n'est pas achevé avec la formation de la tête, mais la papille invaginée continue tout entière à s'accroître en lon- gueur et donne naissance à ce qui plus tard devient une partie du tronc. La papille tout entière se re- tourne et le Gestode se montre alors constitué (dg. 103) par une tête et un tronc non segmenté terminé par Fi^. \o.i — ( i/.sttrrr- „j,g vésicule, le corps du ver cystique. On donne alors eus cellulosx (i-in- ' '■ . priinté il Davaino). à la larvB le uom de Cys/iccn/iic. Le nom de scolex, qui est quelquefois également employé, doit être ap- phqué seulement à la tête et au tronc. La tête diffère surtout de celle de l'adulte en ce qu'elle est creuse. Il y a de grandes varialions dans les dimensions relatives de la tèteet de la vésicule des Cyslicerques. Dans quelques formes, la vésicule est très petite (fig. 104), comme dans le Cysticercus limacis, elle est de taille moyenne cliez le CESTODES. 199 104. — Cysticerque à vésicule raudale petite (*). c .1 M Cysticercus celhilosse (flg. i03) et dans quelques formes est beaucoup plus grande. Les crochets embryonnaires, lorsqu'ils persistent, se trouvent au point de jonction du tronc et de la vésicule (fig. 104, A, c). Quoique la majorité des vers cystiques développent seulement une tête, il n'en est pas toujours ainsi. Un ver cyslique qui se trouve dans le cerveau des Moutons, appelé (Unniirus cerebralb, larve du Tœnia cœimnn^, parasite de l'intestin du Chien, l'ait exception à cette règle. Il apparaît d'abord un groupe de trois ou quatre tôles, puis enfin il s'en déve- loppe plusieurs centaines (flg. 102, D). Elles sont disposées par groupes à un pôle (anté- rieur?) du ver cyslique. Une forme de ver cystique plus compliquée encore, est celle appelée Echinococque, parasite dans le foie, les poumons, etc., de l'Homme et de divers Ongulés domestiques. A l'état adulte, elle porte le nom de Tœniaechinococcus, et vit dans l'intestin du Chien. Le ver cys- lique, dérivé de l'embryon hexacanthe, a d'ordinaire une forme sphérique et est enveloppé par une cuticule très épaisse (lig. 102, E et F, fîg. 105). 11 ne donne pas lui-môme directement nais- sance à des tôtes de Taenia, mais, lors- qu'il est arrivé à une certaine dimension, il se forme à la face interne de ses parois de petites protubérances qui bientôt cons- tituent des vésicules rattachées à la paroi du kyste, par des pédoncules grêles (flg. 102, F et lOo, C) ; l'intérieur de ces vésicules sécrète une cuticule. C'est dans ces vési- cules secondaires que se forment les lèles. Selon Leuckarl, ou elles se développent comme des diverlicules de la paroi de la vésicule sur la face interne desquels se forme l'armature, puis s'invaginenl plus lard et l'estent attachés à la paroi de la vési- cule par un mince pédoncule, ou bien elles se montrent dès l'abord comme des projec- tions p;ipilliformes, faisant une saillie dans la lumière de la vésicule sur le côté externe de laquelle se forme l'armature. Les oli- servateurs récents admettent seulement le second de ces modes de développement. La larve Echinococque, outre ces vésicules produisant des tôles, donne également naissance par bourgeonnement à de (•) A, tête invaginée. — B. tête évaginée. — a, scolex. — 6, vésicule caudale. — c. (dans A) cro- chets de l'embryon. . (**) A, tète ou scolex du Taenia. — (/, crochets. — b, ventouses. — c, cils dans le canal aqniferc. — d, corpuscules réfringents de la paroi du corps. --- B, crochets isolés. — ''. jiorlion Ky^te secon- daire. '■C5-2>°<^ ^»,;iV^\^\ lÛJ. — Echiiincnccus vi'terin'iruiit [emprunté à Huxley) (**). 200 PLAÏYELMINTHES. nouveaux kystes qui ressemblent sous tous les rapports au kyste parent. Ces kystes peuvent se détacher ou à l'intérieur (fig. 105, F), ou en dehors du parent. Ils paraissent dériver, dans la plupart des cas, des parois du kyste parent, mais il y a quelques discordances dans les diverses descriptions du phénomène. Dans les kystes de seconde génération, il se produit des vésicules dans lesquelles se forment de nouvelles têtes. A mesure que le kyste primitif s'accroît, il devient nécessairement de plus en plus compliqué et le nombre des tôtes auxquelles une seule larve peut donner naissance est, de cette manière, presque illimité. Les cysticerques peuvent rester longtemps sans se développer da- vantage, et l'on a des exemples dans l'espèce humaine d'individus in- festés par un kyste d'Echinococque pendant plus de trente ans. Cepen- dant lorsque le cysticerque pourvu de sa tête est entièrement développé, il est prêt à être porté dans son hôte final. Cela a lieu d'ordinaire lorsque la partie de l'animal qui héberge les cysticerques est mangée par l'hôte en ques- tion. Dans le tube digestif de l'hôte final, la capsule de tissu conjonctif est digérée, puis il en est de même de l'appendice caudal vési- culaire, tandis que la tête avec ses ventouses et ses crochets se fixe aux parois de l'intestin. La tête et le tronc rudimentaires qui jusque là ont été creux deviennent solides par le dé- pôt d'un tissu axile et le tronc se divise bien- tôt en segments appelés 77ro//7o///.s (fig. 106, B). Ces segments ne se forment pas dans le môme ordre que ceux des Chétopodes : le plusjeune d'entre eux est celui qui est le plus Fig. 106. - Tetrarhjnchus (em- yojsin de la tête ct Ic plus vieux, cclui qui prunté à G egenbaur, d'après van i i 'i • f i Benedcn) {*). cu cst le plus cloigué. Chaque segment pa- raît être en réalité un individu sexué et est capable de se détacher et de mener pendant quelque temps une exis- tence indépendante. Dans quelques cas, comme chez le Cysticercus fas- ciola7-lSy la segmentation du tronc peut se montrer lorsque la larve est encore dans l'hôte intermédiaire. Les stades de l'évolution des Cestodes peuvent se résumer briève- ment de la manière suivante : 1° Stade à épiderme embryonnaire ou cilié {Bot/wiocep/ialus, etc.), ou encore contenu dans la coque de l'œuf. Ce stade correspond au stade larvaire cilié des Trématodes. 2' Stade d'embryon hexacanthe après la mue de l'épiderme em- bryonnaire. Pendant ce stade, l'embryon est transporté dans la cavité digestive de son hôte intermédiaire, se fraie un chemin dans ses tissus et s'enkyste. (*) A, stade asexué. — B, studo soxué avec proglottis iiiùrs. CESTODES. 201 3° Il se développe pendant le stade enkysté en un ver cystique équi- valent au spoi'ocyste des Trématodes. 4° Le ver cystique encore enkysté développe une tête pourvue de ventouses et de crochets et devient un cysticerque. Dans quelques for- mes [Cœnurus, Echinococcus) la reproduction par bourgeonnement a lieu à ce stade. La tête et le tronc sont désignés sous le nom de scolex. 5° Le cysticerque est transporté dans le deuxième hôte ou hôte per- manent, le tissu qu'il habite étant mangé par lui. La vésicule, reste du ver cystique, est digérée et, par un processus de bourgeonnement suc- cessif, la tête donne naissance à une chaîne deproglottis sexués et reste elle-même asexuée. Ce développement doit être considéré comme une métamorphose compliquée, produite secondairement par les nécessités de l'état para- site, à laquelle est surajoutée une alternance de générations sexuelles et gemmipares. L'alternance de générations a seulement lieu au dernier stade du développement lorsque la tête, dépourvue d'organes génitaux, produit par bourgeonnement une chaîne de formes sexuées dont les embryons, après avoir passé par une métamorphose compliquée, rede- viennent des têtes de Cestodes. Dans les cas du Gœnure et de l'Échinococque, deux ou un plus grand nombre de générations asexuées sont intercalées entre les générations sexuées. Peut-être la production de la tête du Taenia par le ver cystique peut- elle être regardée comme un cas de bourgeonnement. Il y a quel- ques raisons pour comparer le scolex à la Gercaire des Trématodes (Cf. Archigetes). Comme on pouvait le prévoir d'après le caractère de la métamorphose des Cestodes, les deux hôtes nécessaires pour le développement, sont d'ordinaires rattachés par cette relation que l'hôte final fait sa proie de l'hôte intermé- diaire. Un exemple bien connu est fourni par le Cochon dont les muscles peuvent être infestés par le Cysticercus cellulosse qui devient le Tœiiia solium de l'Homme. De même un Cysticerque infestant les muscles du Bœuf devient le . Txnia medioccmellata de l'Homme. Le Cysticercus pisifoimis duLapin devient le Txnia serrata du Chien. Le Cœnurus cerebralis du cerveau du Mouton devient le Tœnia cœnurus du Chien. L'Echinococque de l'Homme et des Herbivores domestiques devient le Tœ^iia echinococcus du Chien. Des vers cystiques infestent non seulement les Mammifères, mais des Ver- tébrés inférieurs, divers Poissons qui font la nourriture d'autres Poissons et des Invertébrés susceptibles d'être mangés par des Vertébrés. Jusqu'ici, à l'exception de V Archigetes, tous les Cestodes connus atteignent leur maturité sexuelle dans le tube digestif des Vertébrés. La règle qui veut que l'hôte intermédiaire ne soit pas le môme que l'hôte final ne paraît pas être sans exception. Redon (1) a montré par des expériences (1) Redon. Expériences sur le développement rubannaire du cysticerque de l'iiomme {Ami. des se, nat., 6' série VI, 1877). 202 PLATYELMINTHES. sur lui-même qu'un Cysticercus cellulosx pris sur un Homme se développe en Taenia solium dans l'intestin d'un Homme. Redon a avalé quatre kystes pris sur le cadavre d'un Homme, et, trois mois après, a rejeté quelques proglotlis et plus tard la tête d'un Taenia solium. On connaît quelques variations importantes du développement typique. La tête ou scolex peut se former sans l'intervention d'un stade cystique. Chez VArchigetcs (Leuckart, n° 227) qui, à l'état de cysticerque, vit dans la cavité générale de divers Invertébrés {Tubifcx, etc.), l'embryon hexacanthe s'allonge et se divise en deux régions, dont l'une forme la tête, tandis que l'autre, avec les six crochets embryonnaires, forme un appendice homologue à la vésicule caudale des autres cysticerques. L'embryon du Tœnia dlifAica donne de même naissance à un cysticerque parasite du pou du Chien {Trichodectes ccmis) sans passer par un état vésicu- laire, mais la vésicule caudale disparaît, de sorte qu'il forme simplement unscolex. Ces cas peuvent, à mon avis, être considérés probablement comme plus primitifs que les cas ordinaires où l'état cystique a été exagéré en consé- quence de la vie parasite. Dans quelques cas, la larve d'un Tœnia mène une existence libre à l'état de scolex. Une forme de ce genre, la larve du Phylloholhrium (I), a été observée par Claparède. Cette larve n'était pas ciliée et manquait de vésicule caudale, elle était sans aucun doute en migration active de son hôte intermédiaire à son hôte permanent. Des formes de scolex dépourvues de vésicule caudale se trouvent dans la cavité du manteau des Céphalopodes et semblent occuper un hôte intermé- diaire dans leur passage de l'hôte du ver cystique à celui de la forme sexuée. L'ArcIdgetes dont il a déjà été parlé, atteint, comme l'a démontré Leuckart (n° 227), la maturité sexuée à l'élat de cysticerque et présente ainsi un exem- ple intéressant de pLcdogénèse. On ne sait pas d'une manière certaine si, dans des circonstances normales, il atteint l'état de maturité dans un autre hôte. A7nphilina. — Les premiers stades de celte forme intéressante ont été étu- diés par Salensky (n» 220) et montrent des affinités très neltes avec ceux des véritables Cestodes. Un tégument embryonnaire provisoire se forme comme chez les Cestodes et il apparaît également des cellules polaires. Dans le tégu- ment provisoire, se forme un embryon à dix crochets. Après l'éclosion, le tégument provisoire est tout d'abord rejeté et la larve alors revêtue d'une couclie de cils très fins devient libre. La suite de la métamorphose n'est pas connue. Turbellariés. (181) Alex. Ar.ASSiz. On llie youni; stages of a fcw Annelids [Planaria nngulata) (Annals Lyceum Nat. Hist. of New York, VIII. 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ZooL, XXII. 1876). (217) E. Zeller. Weitere Beitràge z. Kenntniss d. Polystomen [Zeit. f. iviss. ZooL, XXVII. 1876). Cestodes. (218) Ed. VAN Beneden. Recherches sur la composition et la signification de l'œuf (A/ém. cour. Acod. roy. Belgique, XXXIV. 1868). (219) P. J. VAN Beneden. Les vers Cestoîdes considérés sous le rapport physiologi- que, embryogénique, etc. [Bid. Acad. Scien. Brtixelles, XVll. 1850). (220) T. S. CoBBOLD. Entozoa, Londres. Groonibridge and Son. 1864. (221) T. S. CoBBOLD. Parasites; a treatise on the Entozoa, etc. Londres. Churchill, 1879. (222) T. H. Huxley. On the Anatomy and Development of Echinococcus veterinoi-uni {Proc. ZooL Soc, XX. 1852). (223) J. Knoch. Die Naturgesch. d. breiten Bandwûrmer {Mém. Acad. Imp. Péters- bourg, V, sér. 7. 186.3). (224) F. KiJCHENMEiSTER. Ueber d. Umwandlung d. Finnen Cysticerci in Bandwûrmer (Tsenien) [Prag Yierteljahrsschr. 1852). (225) F. KiiCHENMEisTER. Expérimente ûb. d. Entstehung d. Cestoden. 2' Stufe zu- nàchst d. Coenianis cerebralis. Giinsburg {Zeilsch. klin. Med., IV. 1853). (226) R. Leuckart. Die Menschlichen Parasite?!, I. Leipzig, 1863. Voy. aussi les addi- tions à la fin du l'f et du 2'= volumes. (227) R. Leuckart. Archigetes Sieboldii, ^'ine. geschlechtsreife Cestodenamme {Zeit. f. wiss. ZooL, XXX. Supjilément, 1878). (228) El. Metschnikoff. Observations sur le développement de quelques Animaux {Bothriocephalus proboscideus) {Bull. Acad. Imp. St-Pélersbourg , XIII. 1869). (229) W. Sai.enskv. Ueb. d. Bauu. d. Entwicklungsgeschichte d. Amphilina {Zeit. f. wiss. ZooL, XXIV. 1874). (230) Von Siebold. Burdach's Physiologie. (231) R. von WillemoesSuhm. Helminthologische Notizen {Zeit. f. wiss. ZooL, XIX, XX. XXII. 1869, 70 et 73). CHAPITRE VllI ROTIFÈRES Pour plusieurs raisons, une connaissance complète de l'ontogénie des Rotifères est à désirer. Ils constituent un groupe qui conserve dans son disque rotateur un organe commun aux embryons de beaucoup d'au- tres groupes, mais qui, dans la plupart des autres cas, disparaît à l'état adulte. Dans les caractères des organes excréteurs ils montrent des affinités avec les Platyelminthes tandis que, sous d'autres rapports, ils peuvent se rapprocher des Arthropodes (ex Pedallon ?) L'intéressante Trochosphxra xquatorialis de Semper ressemble beaucoup à une larve monotroque de Polychète. Jusqu'à présent, nos connaissances embryologiques se bornent prin- cipalement à une série d'observations de Salensky sur le Brachionus urceolaris, et à des observations éparses faites sur d'autres formes lar- vaires par Huxley, etc. Dans un grand nombre de cas, les Rotifères pondent des œufs d'été et des œufs d'hiver de caractère différent. Les premiers sont toujours enveloppés d'une membrane mince et subissent souvent leur dévelop- pement dans l'oviducte. Ils éclosent à l'automne. Les œufs d'hiver sont toujours pourvus d'une coque épaisse. Les œufs d'été sont de deux sortes, des œufs plus petits qui donnent naissance à des mâles et des œufs plus gros qui deviennent des fe- melles. Sur l'autorité de Cohn (n° 232), on croit qu'ils se dévelop- pent par parthénogenèse. On ne trouve pas de mâles pendant l'été ; ils semblent être produits seulement par les œufs d'été. Les observations de Cohn, spécialement sur le Conochilus volvox ne semblent cependant pas entièrement satisfaisantes. Huxley (n" 234) est arrivé à conclure que les œufs d'hiver des Lacinularia se développent sans fécondation préalable. Voici les résultats les plus importants des observations de Salensky (n° 236) sur le B)'achionus urceolaris. L'œuf est attaché par un court pédoncule à l'extrémité postérieure du corps delà femelle et subit son développement dans cette position. 11 convient de décrire séparément le développement de la femelle et celui du mâle et de commencer par le premier. 206 ROTIFERES. L'œuf femelle se divise en deux sphères inégales dont la plus petite dans les stades suivants se segmente plus rapidement que la plus grosse. La segmentation se termine par la formation d'une gastrula épiboli- que. La masse cellulaire interne solide dérivée de la grosse sphère con- stitue l'hypoblaste et est plus granuleuse que répiblaste. L'évolution de l'embryon commence par l'apparition à la face ventrale d'une dé- pression au fond de laquelle le stomodœum se forme par invagination. A l'extrémité postérieure de la dépression s'élève une protubérance arrondie qui devient l'appendice caudal ou pied. Immédiatement en arrière de la bouche, il se forme une lèvre inférieure. Sur les côtés de la dépression ventrale sont deux bourrelets qui for- ment les limites latérales du disque rotateur. Ils semblent se réunir à la lèvre inférieure, A un stade plus avancé, la partie antérieure du corps se différencie de la partie postérieure en un lobe préoral et l'hypoblaste est en même temps confiné dans la partie postérieure. Le ganglion sus-œsophagien se forme de bonne heure comme un épaississement épiblastique du côté dorsal du lobe préoral. Les premiers cils qui apparaissent se montrent au sommet du lobe préoral. Plus tard, les bourrelets latéraux du disque rotateur se ren- contrent sur la ligne médiane dorsale de façon à entourer le disque préoral. Ils se revêlent alors d'une couronne de cils à laquelle s'en ajoute postérieurement une seconde ^'C complétant la double couronne ci- liaire de l'adulte. Dans le tronc, l'indication d'une di- vision en deux segments apparaît peu après le développement du lobe pré- oral. Avant cette période le procto- dseum se forme comme une fossette peu profonde immédiatement en ar- rière de l'insertion du pied. Ce der- nier organe devient bientôt pointu et bifurqué. Le tube digestif n'est entièrement constitué que tardivement. Le stomo- dœum (fig. 107) forme la bouche (m), l'œsophage et l'appareil masticateur [nisj. Le mésentéron est formé par la partie médiane de l'hypoblaste dont les parties latérales semblent donner naissance aux grands organes glandulaires latéraux {Id) qui s'ouvrent dans l'estomac et aux ovaires (?) {ov), etc. Le proctodœum (*) m, boviclie. — ms, appareil masticateur. — me, inésentoron. — an, anus. — Id, glande latérale. — ov, ovaire, — t, queue. — tr, disque rotateur. — sg, ganglion sus-resophaiiien. y^-A Fig. 107. — Knihryon de Brarhiumis urceo- laris peu après l'éclosion (d'après Salens- ROTIFÈRES. 207 devient le cloaque et l'anus [an). L'origine du mésoblaste n'est pas connue d'une manière certaine. La cuirasse se forme avant l'éclosion de la larve, qui n'a lieu que lorsqu'elle ressemble de très près à l'adulte. Les premiers stades du développement du mâle sont très semblables à ceux de la femelle et la principale différence entre les deux semble consister en ce que le développement du mâle s'arrête à un certain point. Les larves de Ladnularia (Huxley, n° 234 i sont pourvues d'un petit cercle préoral de cils contenant deux taches oculiformes (1) et d'un pa- quet de cilspéri-anal. Elles ressemblent beaucoup à certaines larves té- iotroques de Polychètes. Salensky a comparé la larve du Bracliionus à celle d'un Mollusque cé- phalophore et plus spécialement à la larve de la Calyptrée sur laquelle il a fait des observations importantes. Le lobe préoral avec la bande ciliée peut sans doute être comparé au voile de la larve des Mollus- ques ; mais il peut également l'être, comme Huxley l'a le premier fait remarquer, au lobe préoral cilié des larves de beaucoup de Vers. H est en outre digne de remarque que le disque rotateur d'un Rotifère dif- fère du voile d'un Mollusque, en ce que les yeux et les ganglions sont situés du côté dorsal par rapport à lui et non, comme pour le voile des Mollusques, dans son intérieur. La larve du Lacinularia paraît faire exception à ce caractère puisque deux taches oculiformes sont décrites comme situées à l'intérieur du cercle de cils. , Plus important pour la comparaison est le pied (queuej qui apparaît -chez l'embryon comme une protubérance située entre la bouche et l'a- nus et sous ce rapport correspond exactement un pied des Mollusques. Si la comparaison de Salensky est correcte, et il y a quelque chose à dire en sa faveur, le pied ou la queue des Rotifères n'est pas une ré- gion post-anale du tronc, mais un appendice ventral, et la segmentation qu'il présente souvent ne doit pas être comparée à une véritable seg- mentation du tronc. Si les Rotifères, comme cela ne semble pas im- possible, ont des affinités avec les Crustacés, il est possible que le pied puisse trouver son meilleur terme de comparaison dans l'épine ventrale spéciale de la larve Nauplius du Lepas fasckularis (voyez le chapitre des Crustacés) qui, dans la disposition de ses épines et dans d'autres points encore, montre aussi une sorte de segmentation. (2:V2) F. CoHN. Ueb. d. Fortpflanzung voii Ràderihiere {Zeit. f. wiss. ZooL, VII. 1850). (233) F. CoHN. Bemerkungen u. Râderthiere [Zeit. f. wiss. ZooL, IX. 1858, XII. 1862). (234) T. H. Huxley. Laciiiularia socialis {Tran:i. of the Microscopiral Socieiç/. 1853). (235) Fr. Leydig. Ueb. d. Bau u. d. systematisclie Stellung d. Râderthiere {Zeit. /'. iviis. ZooL, VI. 1854). (230) W. Salensky. Beit. z. Entwick. von Bracliionus urceolaris [Zeit. /'. wiss. ZooL, XXII. 1872). (237) C Semper. Zoologische Aphorismen. Trochosphsera fequatorialis [Zeit. /'. wiss. ZooL, XXII. 1872). (I) Dans la figure de Leydig (Zei7. f. wiss. Zoo/., JII, 1851), la tache oculifomie est située immédiatement en dehors de l'anneau cihé. CHAPITRE IX MOLLUSQUES (i) Bien que la plupart des caractères importants du développement soient communs à tous les Mollusques, le plus grand nombre des sub- divisions ont cependant en propre des types larvaires bien définis. C'est pourquoi il conviendra de traiter successivement des différentes subdivisions en considérant les caractères larvaires, et de réunir le groupe tout entier pour l'étude du développement des organes. Formation des feuillets et caractères larvaires. ODONTOPilOKES. Gastéropodes et Ptéropodes. — Il y a de grandes ressemblances entre les Gastéropodes et les Ptéropodes sous le rapport des caractères gé- néraux delà larve; mais, comme les œufs des diverses espèces diffé- rent considérablement, sous le rapport de la quantité du vitellus nu- tritif, il en résulte des différences considérables dans le mode de for- mation des feuillets et de la cavité digestive. Les sphères à un stade très précoce de la segmentation (2) se divi- (1) I. ODONTOPHORES. 1. Gastéropodes. a. Prosobranches. h. Opisthobranches. c. Palmonés. (l. Hétéropodes. 2. Ptéropodes. a. Gymnosomes. h. Tliécosomes. 3. Céphalopodes. (i. Tétrabranchianx. h. Dibrancliiaux. 4. Polyplacophores. , h. Scaphopodes. II. LAMIiLlJliUANCHES. a. Dimyaires. h, Monomyaires. (2J Le lecteur ost renvoyé pour la segmentation aux pp. 87-91 et à la description spéciale des différents types. ODONTOPHORES. 209 sent en deux catégories, l'une destinée à former surtout l'hypoblaste l'autre à former surtout l'épiblaste. Suivant que le vitellus nutritif est abondant ou non, les sphères bypoblastiques sont ou très volumi- neuses ou le contraire. Dans tous les cas, les cellules épiblastiques sont situées à l'un des pôles que l'on peut appeler le pôle formatif, et les cellules bypoblastiques au pôle opposé. Lorsque la proportion du vitellus nutritif est très grande, le nombre des sphères bypoblasti- ques est petit. Ainsi, chez l'Aplysie, il y a seulement deux de ces sphères. Dans d'autres cas, où il n'y a qu'une petite quantité de vitellus nutritif, elles peuvent être presque aussi nombreuses que les cellules épiblastiques. Toujours, cependant, comme l'ont montré les premiers, Lankester et Selenka, il se forme une gastrula, ou par invagination normale, comme chez la Paludine (Tig. 114), ou par épibolie, comme chezlàiYassa iJiutabilis {^lig. 11:2,. Dans l'un et l'autre cas, l'bypoblaste vient à être complètement entouré par l'épiblaste. Le bluslopore est toujours siiué au pôle opposé au pôle fonnatif. Dans la grande majorité des cas (Gastéropodes marins, Hétéropodes etPtéropodes), le blastopore se rétrécit peu à peu en un orifice circulaire situé au point où sera la bouche. Ou il se ferme, ou il reste ouvert en ce point d'une manière permanente. Dans quelques cas, le blastopore reste ouvert d'une ma- nière permanente et devient l'anus. Le meilleur exemple authentique de cette particularité est fourni par la Paludlna vivipara, comme l'a montré, le premier, Lankester (n° 263). Dans quelques cas, le blastopore prend, avant de se fermer, la forme d'une fente très étroite et semblerait s'étendre le long de la future ré- gion ventrale du corps depuis la bouche jusqu'à l'anus. Tel semble être, d'après Lankester (n° 262), le cas de la Lymnée ; mais, tandis que Lankester croit que la fermeture procède de l'extrémité orale vers l'extrémité anale, d'autres observateurs maintiennent qu'elle suit une direction contraire. Fol (n° 2-49) a également décrit un type analogue de blastopore. Dans un Gastéropode marin indéterminé à gastrula embolique, observé par moi-même à Valparaiso, le blasto- pore avait la même forme allongée que chez la Lymnée, mais il se fermait bientôt dans toute son étendue excepté à l'extrémité orale, je n'ai pas pu déterminer si celle-ci se fermait ou non. Il est probable que la forme typique du blastopore est la forme allongée observée par Lankester et par moi-même dans laquelle il peut rester une por- tion ouverte indifféremment à l'une ou à l'autre extrémité; et que les diverses modifications décrites plus haut sont dérivées de cette con- dition primitive (1). Avant que le blastopore se ferme ou devienne un des orifices oral ou anal, de nombreux organes embryonnaires très importants font (1) Rabl (n- 208) décrit chez le Planorbe un blastopore de cette forme (lui se ferme à la bouche. Balfour. — Embryologie. ^* ** 210 MOLLUSQUES. leur apparition, mais avant de les décrire, il faut voir ce qui est connu sur le troisième feuillet embryonnaire ou mésoblaste. Ce feuillet a généralement son origme dans un certain nombre de cellules des lèvres du blastopore qui, peu à peu, se portent du côté dorsal et en avant et forment une couche complète entre l'épiblaste et Thypoblasle. Ce mode général de formation du mésoblaste est visible dans la fig. 114 qui représente trois stades du développement de la Paludine. Dans quelques cas, le mésoblaste tire son origine de quelques-unes des sphères de segmentation intermédiaires en dimensions entre les sphères épiblasliques et les sphères hypoblastiques. Tel est le cas de la Nassa mutnhiUs chez laquelle le mésoblaste apparaît lorsque l'épi- blaste ne forme encore qu'une très petite calotte au pôle formatif de l'œuf; alors, les cellules mésoblastiques accompagnent les cellules épiblasliques dans leur extension autour de l'hypobiaste (fig. 112). Dans d'autres cas, l'origine exacte des cellules mésoblastiques est tout à fait incertaine. Les faits observés sont peut-être en faveur de leur dérivation de l'hypobiaste. Il est aussi incertain si le mésoblaste est bilatéralement symétrique à l'origine. D'après Habl, il en est ainsi chez la Lymnée (1). Chez la Paludine, le mésoblaste après avoir atteint l'épaisseur de deux couches de cellules se clive en une lame splanchnique, et une lame somatique, dont la première s'attache à l'hypobiaste et donne naissance aux parois musculaires et conjonctives de l'appareil digestif^ et la dernière s'attache à l'épiblaste et forme les tissus musculaire et conjonctif de la paroi du corps et d'autres organes. Les deux lames restent reliées par des Iractus protoplasmiques et l'espace qui les sé- pare forme la cavité générale (tig. 114). Dans la plupart des cas, il ne paraît pas y avoir une telle délaminalion définie du mésoblaste, mais- ce feuillet revêt la forme d'un réseau irrégulier de cellules interposées entre l'épiblaste et l'hypobiaste. Enfin, certaines de ses cellules forment une couche définie sur les parois du tube alimentaire et constituent le (1) Rabl in°2C8) a récemment décrit avec plus de détails que les observateurs précé- dents l'origine du mésoblaste chez le Planorbe. Il arrive à ce résultat qu'il dérive de la^ postérieure des quatre grosses cellules qui restent distinctes pendant toute la seg- mentation. i*ar la division de cette cellule, il se forme deux initiales du mésoblaste, une de chaque côté de la ligne médiane à l'extrémité postérieure de l'embryon. Chacune d'elles se divise en deux, une antérieure et une postérieure. Par la division des initiales du mésoblaste se forment deux rangées linéaires de cellules méso- blastiques, les bandes mésoblastiques qui sont dirigées en avant et sont divisées trans- versalement en deux parties, une antérieure en continuité avec l'initiale secondaire antérieure et une postérieure en continuité avec l'initiale secondaire postérieure. Si la description de liabl est exacte, il y a une ressemblance frappante entre l'origine- du mésoblaste clicz les Mollusques et chez les Chéiopodes. Il me semble tiès probable que les bandes mésoblasticiues sont formées, comme chez le Lombric, non seulement par les produits de la division des initiales du mésoblaste, mais aussi par des cel- lules dérivées de l'un ou des deux feuillets primaires. ODONTOPHORES. 211 mésoblaste splanchnique, et les autres cellules constituent le méso- blaste somatique. Il nous faut revenir à l'embryon au moment oii le blastopore se ré- trécit. Avant tout, il est nécessaire de définir les termes employés pour désigner les diverses régions du corps et on les comprendra mieux en prenant pour type une larve complètement formée, telle que celle re- présentée dans la figure 108. Je considère la face ventrale comme com- prise entre la boucbe (m) et l'anus qui est très voisin du point [i) dans la figure. Le pied (/") constitue une large protubérance de la face ven- trale. Le grand axe du corps à cette période bien que non nécessaire- ment cbez l'adulte est celui qui passe par la boucbe et la glande co- quillière (shs) : la face dorsale est celle opposée à la face ventrale telle qu'elle vient d'être définie. Avant que le blastopore n'ait atteint sa condition finale, trois or- ganes font leur apparition, qui sont éminemment ca- ractéristiques de la larve typique des Mollusques, ces organes sont le voile, la glande coquilliève et lepied. Le voile est un organe lar- vaire provisoire qui a la forme d'une couronne ci- liaire préorale supportée par un bourrelet de cel- lules souvent disposées en deux rangées; son point le plus ventral est situé immé- diatement au-dessus de la bouche. La figure 108 {v) fait voir sa position typi- que. Il y a des variations considérables dans le mode et le degré de son développement, etc., mais il ne semble faire entièrement défaut dans aucun groupe de Gastéropodes ou de Ptéropodes. Dans un petit nombre de cas individuels, surtout cbez les formes vivipares et les Pul- monés terrestres, on a décrit son absence. Semper (n° 274) ne Tapas trouvé cbez les Vitrina, Bulimus citrinus, Va(jinulus luzonicus ci Palu- dina costata. Il fait très probablement défaut chez VHelix, etc. Dans quelques cas, comme les Limax (Gegenbaur), Neritina (Cla- parède), Plerotrachaea (Gegenbaur), la larve est décrite comme uni- formément revêtue de cils avant la formation du voile, mais les re- cherches de Fol ont jeté beaucoup de doute sur ces descriptions. Dans 108. — DiagraQuiie d'un ombi-yon de Pleurobranchidiurii (emprunté à Lankester) (*). (*) f, pied. — ot, otocyste, — m, bouche. — n, voile. — ng, ganglion nerveux. — ry, splières vi- lellines résiduelles, — shs, glande coquiliière. — i. intestin. 212 MOLLUSQUES. quelques cas, parmi les Nudibranches (Haddon), et les Ptéropodes, il y a un ou deux longs cils au milieu du champ circonscrit parle voile. Chez un grand nombre de Nudibranches (Haddon), il existe une cou- ronne ;)os/-o?a/e plus ou moins complète de petits cils qui appartient au voile. Les cils du voile déterminent la rotation de la larve dans la capsule ovulaire. Dans la plupart des cas [l*alud'ma], des cils se développent sur le pied et sur une aire anale peu étendue. La glande coquillière (invagination préconchylienne des auteurs) apparaît comme un épaississement épiblastique du côté postérieur et dorsal. Dans cet épaississement se forme bientôt une profonde in- vagination (fig. 108, shi), dans laquelle il peut se développer un tam- pon chitmeux {Paludùia, Cyinbulla? etc.), dans les larves anormales, ce tampon chitineux se forme généralement. Le pied est une simple protubérance de l'épiblaste à la face ventrale, protubérance dans la cavité de laquelle se montrent d'ordinaire un certain nombre de cellules mésoblastiques (fig. 109, /'). La forme de larve qui vient d'être décrite a été appelée par Lan- kester larvo frochosphère. Avant de continuer à suivre les transformations extérieures que su- bit la larve, il convient de compléter l'histoire de l'hypoblaste in- vaginé . L'hypoblaste, après son invagination, a la forme ou d'un sac (fig. 109), ou d'une masse solide (lig. 108). Que la bou- che soit le blastopore ou non, l'œsophage permanent est formé de cellules épiblasti- ques, de sorte que l'œsophage et la cavité buccale sont toujours tapissés par l'épiblaste. Lorsque le blastopore reste ouvert d'une ma- nière permanente, la partie externe de l'œ- sophage se développe sous forme d'un bour- relet proéminent autour de cet orifice. Le sac mésentérique lui-même se différen- cie en un estomac adjacent à l'cesophage, un foie s'ouvrant immédiatement en arrière de l'estomac et un intestin. Les cellules des diverticules hépatiques et quelquefois aussi celles de l'estomac peuvent durant la vie embryon- naire sécréter dans leur intérieur des produits albumineux particuliers semblables au vilellus nutritif ordinaire. Le proctodiuum, excepté quand il est formé par le blastopore, appa- raît plus tard que la bouche. Il dérive fréquemment d'une paire de; cellules épiblastiques saillantes situées symétriquement sur la ligne Fig. HKl. — Knibry pode (ciii|ii'iiiité ;'i d'après F.,1) ('). ttTO- ('. cgeiibaur, (*) 0, bouclic. — '•, voilo. quillière. f/, arclion(6roii. — p. pipd. — c, cavité t'énéraio. — .•>. glande co- ODONTOPHORES. 213 médiane ventrale en arrière du pied. 11 finit par former une invagi- nation très peu profonde rencontrant l'intestin. Son orifice est l'anus. L'anus, quoique toujours d'abord médian et ventral, s'ouvre d'or- dinaire plus tard sur le côté droit et dorsal dans la cavité palléale lorsque celle-ci est formée. Dans les cas où l'hypdblaste ne s'invagine pas sons la forme d'un sac, la formation du mésenléron est un peu compliquée et sera dé- crite plus loin. Du stade trochosphère, la larve passe à celui que Lankester a appelé l'ig. 110. — Larves de Mollusques ciplialophores au stade xéligérc (emprunté à Gegenbaur) {'). le stado rclif/cre (fig. 110 et Hl), qui est spécialement caractéristique des Mollusques Gastéropodes et Ptéropodes. La glande coquillière(à partquelfjues exceptions qui seront signalées plus loin) du stade précèdent s'étale formant, une aire discoïde à la surface de laquelle se développe une délicate coquille, tandis que l'é- piblaste des bords du disque s'épaissit. L'aire discoïde est le manteau. Le bord de l'aire et avec lui la coquille s'étendent rapidement surtout dans la direction dorsale. Jusque là, l'embryon a été symétrique, mais chez la plupart des Gastéropodes, la coquille et le manteau s'étendent beaucoup plus du côté gauche que du côté droit; ainsi commence à se dessiner la forme spirale permanente de la coquille. ♦ Le bord du manteau forme une lèvre saillante, séparant le sac vis- céral dorsal de la tête et du pied. Une invagination apparaît, d'ordi- naire du côté droit chez les Gastéropodes, et s'étend plus tard au côté dorsal (fig. HO, B). Elle donne naissance à la cavité palléale ou bran- chiale et reçoit les orifices des organes digestifs, génitaux et urinaires. Chez la plupart des Ptéropodes, elle se forme aussi du côté droit, et d'ordinaire s'étend plus tard vers la face ventrale (fig. 108, c). Les bran- chies, dans les groupes où elles existent, se développent dans la cavité palléale comme des processus solides fréquemment ciliés. Elles sont (*) A, stade précoce et B, stade plus avancé d'un Gastéropode. — C, d'un Ptéropode [Ci/ m bu lia). — t), voile. — c, ciM|iiill('. — p, pied — op. opercule. — /, tentacule. •214 MOLLUSQUES. revêtues par l'épiblaste, et renferment un axe mésoblastique central ; elles deviennent bientôt creuses et contractiles. Le voile, dans les formes les plus typiques, perd sa forme circulaire simple et devient un organe bilobé saillant qui sert d'organe de locomo- tion à la larve après son éclosion (flg. liO, B et G fig. IH). Le degré de développement du voile est très variable; chez les Héléropodes en particulier, il devient très grand, et chez V Atlanta il a six lobes, chaque moitié latérale présentant trois subdivisions. Son bord est d'or- dinaire garni de plusieurs rangées de longs cils, au-dessous sont des cils plus courts qui dirigent les aliments vers la bouche. Il persiste dans un grand nombre de formes pen- dant un temps très long. Dans l'aire du voile apparaissent les tentacules et les yeux (fig. 110, B, fig. 111); les derniers se forment d'ordinaire à la base des tenta- cules. Le pied atteint dans la plupart des fermes des dimensions très considérables. A sa surface posté- rieure et dorsale, l'opercule se développe comme une plaque chi- tineuse qui se forme dans une dé- pression tapissée par l'épiblaste épaissi à peu près de la même manière que la coquille (fig. 110 B et C, np). Dans les formes lar- vaires typiques, il n'est possible de distinguer que la surface antérieure du pied aplatie pour la loco- motion et la région postérieure operculaii'e, mais on rencontre chez les Ptéropodes et les Héléropodes des modifications spéciales du pied qui seront décrites avec ces groupes. Le pied devient souvent richement cilié, et dans son intérieur se développent de bonne heure des oto- cystes (fig. 108, ot). Tous les Gastéropodes et les Ptéropodes ont une forme larvaire pourvue d'une coquille, telle que celle qui vient d'être décrite, à l'ex- ception d'un petit nombre de formes telles que les Limaces, et peut- être quelques autres Pulmonés chez lesquels la glande coquillière se ferme et donne naissance à une coquille interne. La métamorphose qui termine l'état larvaire est très variable dans, les différents groupes, mais toujours elle est accompagnée de la disparition du voile, bien que, dans quelques cas, . des restes de cet organe puissent persister, constituant les lobes subtentaculaires iLymnœus, Lankester) ou les tentacules labiaux {Tergipes^ Nord- I-'ig. 111. — L:ii'\e de Vcrniet au stnde Vi.'ligL'i-o (emprunté à 0. Sclimicit, d'après de Lacaze- Duthiers). ODOiNTOPHORES. 215 mann, Oncidi'um, Joyeux-Laffuie). Chez les Gastéropodes prosobran- ches, à la coquille larvaire est peu à peu surajoutée une coquille permanente qui souvent la remplace, quoique la larve véligère libre puisse avoir une longue existence. Chez un grand nombre d'Opistho- branches, la coquille larvaire tombe chez l'adulte et chez d'autres est très réduite. Lankester, qui a spécialement étudié les premiers stades de ce groupe, a montré que les larves sont presque sous tous les rapports identiques avec celles des Gastéropodes prosobranches. Elles softt toutes pourvues d'une coquille subnautiloïde, d'un pied operculé, etc. La métamorphose n'a malheureusement été observée d'une manière sastisfaisante que dans un très petit nombre de cas. (]hez les Hétéropodes et les Ptéropodes, la coquille embryonnaire est souvent perdue à l'état adulte. Les paragraphes suivants contiennent une description spéciale du développement des divers groupes de Gastéropodes et de Ptéropodes qui complétera l'exposé nécessairement trop rapide des pages pré- cédentes. Gastéropodes. — Comme exemple du développement des Gastéropodes, je donnerai une description détaillée de deux types, la Nassa mutabilis et la Pa- ludina vivipara. '^ Nassa mutabilis. — Cette forme, dont le développement a été très complè- îegmentation de la JVussu- mutabilis (d'après Bobrctsky) ('). tement suivi par Bobretsky (11° 242), servira d'exemple de Gastéropode marin '' (')^^, moitié supérieure divisée en deux segments. — B, l'un de ceux-ci s'est confondu avec le gi'os segment inférieur. — G, quatre petits segments et un gros, l'un des premiers se confond avec le gros segment. — D, chacun des quatre serments a donné naissance à un nouveau petit segment. — ¥., les petits segments sont arrivés au nombre de trente-six. 216 MOLLUSQUES. à vitellus nutritif abondant. La segmentalion a déjà été décrite p. 90, 91, nous pouvons donc prendre le développement à un stade avancé de la segmen- tation. L'embryon est alors constitué par une calotte de petites cellules que l'on peut appeler le blastoderme, reposant sur quatre grosses cellules vitel- lines, dont l'une est beaucoup plus grosse que les autres (fig. 112 A). Les pe- tites el les grosses cellules sont séparées par une cavité de segmentation. Les caractères généraux de ce stade se voient dans la figure 113 A, qui repré- sente une coupe longitudinale passant par la grosse sphère vitelline et une plus petite sphère qui lui est opposée. Le blastoderme est dans la plus grande partie de son étendue formé d'une seule couche de cellules, mais on remar- quera que, près de son bord touchant à la grosse sphère vitelline, sont situées à sa face inférieure deux grosses cellules spéciales {me). Ces cellules sont le commencement dumésoblaste. Aux stades plus avancés, le blastoderme continue à s'étendre au-dessus des sphères vilellines^ et les trois plus petites splières. «"^ A n vitellines l'accompagnent dans son extension, se portant sur les côtés de la grande sphère. Imi même temps, elles donnent naissance à une couche de cel- lules prûtoplasmi(|ues (fig. 113, hy), qui forment une couche épaisse au bord (*) A, stailo où 11' mésolilaslc coriimeiice à se Idi-iiici'. • — li. stiiilc on le vitellus osl a demi enveloppé. On voit riiypobliiste aux lovres du blastopore. — ('., stade ou le l)lastoj)0re est presque fermé. — 1)^ le Ijlastopore est fermé. — cp, épiljlasto. — mi', mésoblasle. — hi/, liypoblaste. — bp, blastopore. — ht, intestin. — st, estomac. — /", pied. — .f//. glande ocxpiillierp. — m. l)ouelie. ODONTOPnORES. 217 du blastoflerme, et par conséquent autour des lèvres du blasiopore. Ces cel- lules constiluent rhvpoblaste. Toute la substance protoplasmique des cellules vitellines est employée dans la formation de l'hypoblaste, ce qui reste de ces cellules persiste comme une masse vitelline. La figure 113 C, représente une coupe longitudinale de l'embryon à un stade un peu plus avancé lorsque le blastopore est devenu très étroit ; la plus grande partie de la face dorsale n'est pas représentée. Deux organes définis sont déjà constitués. L'un est une fossette, tapissée par l'épiblaste épaissi du côté postérieur et dorsal. C'est la glande coquillière [sg). L'autre est le pied (/") qui apparaît comme une saillie ventrale de l'épi- blaste épaissi immédiatement en arrière du blasiopore. L'hypoblaste forme un cercle de cellules columnaires autour du blastopore. Du côté postérieur, ses cellules se sont recourbées de façon à former un tube étroit fm), rudiment de l'intestin. Au stade suivant (fig. 113 D), le blastopore se ferme complètement, mais sa position est marquée par une dépression peu profonde (m) où le stomo- daeum doit se former. I,e pied (/"j est plus saillant et à son bord postérieur se forme l'opercule. La glande coquillière (non représentée dans la figure) s'est étalée et son bord épaissi commence à s'éiendre spécialement du côté dorsal de l'embryon ; une coquille délicate s'est formée. En avant et au-dessus de la bouche, un bourrelet annulaire de cellules ciliées, incomplet cependant du côté doj-sal, donne naissance au voile. De chaque côté du pied apparaît une protubérancede cellules épiblastiques qui constitue un organe rénal provisoire. L'hypoblaste forme alors une membrane complète du côté ventral, limitant une cavité que l'on peut appeler l'estomac (st), qui s'ouvre en haut dans le vitellus. Plus tard, cependant, il existe un intestin complètement clos terminé postérieurement en cœcum (m). La coquille et avec elle le manteau s'accroissent rapidement, et la symétrie primitive est de bonne heure détruite par l'extension de la coquille du côté ^^^ cer gauche beaucoup plus que du côté droit. L'anus se forme bientôt et met l'intestin en communication avec l'ex- térieur. Avec l'extension de la coquille et du manteau, le pied et la tête deviennent nettement séparés du sac viscéral (fig. 114). L'œsophage [m] s'allonge. Les yeux et les sacs auditifs se forment. A mesure que le développement avance, l'asymétrie de l'embryon de- vient plus marquée. L'intestin prend une direction transversale du côté gau- che du corps etl'anus s'ouvre du côté droit et près du pied dans la cavité du manteau qui s'est formée par invagina- tion de l'épiblaste dans cette région. La cavité de l'estomac (fig. m, «0 s'accroît considérablement et se porle du côté gauche du corps, repoussant (*) A pied. — m, bouche. — cev, vésicule céplialiiine. — s/, estomac. g. 114. — Coupe longitudinale d'un embryon avancé de Nasm mutabilis (d'après Bobrct- sky) ('). 218 MOLLUSQUES. le vitellus nutritif du côté droit; le point où elle communique avec l'intestin est reporté vers l'extrémité dorsale postérieure du sac viscéral. Les parois de l'estomac s'étendent peu à peu de façon à rétrécir l'orifice par lequel il se continue avec le vitellus. La partie de sa cavité voisine de l'œsophage devient Testomac véritable ; le reste forme le foie ; son intérieur est rempli d'un li- quide coagulable. Paludine. — LaPaludine(Lankester,n°2G3etBiitsclili,n°2ii)estuneforme vivipare caractérisée par le peu d'abondance de son vitellus nutritif. Les cel- lules del'hypoblaste et de l'épiblaste se distinguent de très bonne heure, mais deviennent bientôt presque de même dimension. Dans les stades plus avancés de la segmentation, les cellules épiblasliques diffèrent des cellules hypoblastiques par l'absence de pigment. La cavité de segmentation, si elle est développée, est petite, lise forme une gaslrula par- Fig. il5. — Quatre stades du développonient de hi l'aliidina riviparn (eiiipruiitc à Biitscldi) (*) faitement régulière (fig. Ho,AetB), qui est précédée par l'aplatissement de l'embryon. Le blastopore est d'abord large, mais se rétrécit peu à peu et eniiu prend une position un peu excentrique . Il ne dtvient pus la bouche, mais l'anus. Lorsque le blastopore est devenu très étroit, des cellules mésoblastiques (B, me) apparaissent autour de lui entre l'épiblaste et l'hypoblaste. On ne sait pas bien si leur disposition est bilatérale ou non, et bieu qu'elles soient colorées comme l'hypoblaste, on ne les a pas vues naître de ce feuillet. Le voile apparaît à peu près en môme temps que le mésoblaste sous forme (*) fp, épiljlaste. — /)//, liypol)lasle. — nir, mésoblaste. -' /il, lilastopur-e. — da'urii. — .s/(, glande C(i(|uillièi'e. — r, valve. — .r. organe exi réleur primitif. ut, stonio- ODONTOPHORES. 219 4'on double anneau de cellules ciliées, vers le milieu du corps (fig. H -i, Bet C, V). Le mésobiasle s'étend rapidement de façon à occuper tout l'espace situé entre l'épiblaste ell'hypoblaste eten même temps se divise en deux couches i^). Peu après, une cavité, la cavité générale, apparaît entre les deux cou- ches (D) qui se soudent alors respectivement à l'épiblaste et à l'hypoblaste pour constituer les lames somatique et splanchnique du mesoblaste. Les deux lames restent rattachées par des Iractus transversaux. Par un changement dans les relations des diverses parties et surtout par l'accroissement de la région postérieure du corps, le voile vient à se placer à l'extrémité de l'embryon opposée au blastopore. Immédiatement en arrière de lui apparaissent deux organes, l'un du côté dorsal, l'autre du côté ventral. Celui du côté dorsal (sh) est une fossette profonde, la glande coquillière en continuité avec une couche d'épiblaste columnaire qui finit près de l'anus. L'autre organe ist) situé du côté ventral est une simple dépression, rudiment dustomodseum. Entre lui et l'anus dorsalemenl placé est une légère proémi- nence, le rudiment du pied. Des deux côtés du corps, entre l'épiblaste et l'hypoblaste et au niveau de la glande coquillière sont situées deux masses de cellules excrétoires, les reins provisoires (D, x). Ce ne sont probablement pas les homologues des organes rénaux provisoires de la Nussa et des autres Pro- sobranches marins. Plus tard, il apparaît dans leur intérieur une cavité ciliée qui probablement communique avec l'extérieur sur le côté du cou. Aux stades postérieurs, le pied s'accroît très rapidement et forme une masse très saillante entre la bouche et l'anus. Un opercule se développe assez tard dans une gouttière peu profonde tapissée par l'épiblaste épaissi. II se développe un tampon ciiilineux provisoire dans la glande coquillière, qui bientôt se retourne. La coquille se forme de la manière habituelle sur la surface retournée de la glande coquillière. I.e bord épaissi de cette partie devient le bord du manteau et se projette bientôt en un pli marqué dans le voi- sinage de l'anus. Avec l'accroissement rapide de lalarve,le mésentéron d'invagination perd de ses dimensions relatives. Des sphérules vitellines se déposent dans sa par- tie centrale, tandis que la partie voisine du blastopore (anus) s'allonge pour former l'inleslin. Le stomodœum augmente considérablement de longueur et s'unit à la partie dorsale du mésentéron qui devient alors l'estomac. La partie du mésentéron qui renferme des sphérules vitellines forme le foie. Avec le développement du sac viscéral l'anus change de position, il passe d'abord un peu du côté gauche, puis est complètement reporté à droite. Le développement de VEntoconcha mirabilis (Joh. Mûller, n" 265), remar- quable Prosobranche parasite dans la cavité générale des Synaptes qui, à l'état adulte, est presque réduit à un sac génital hermaphrodite, mérite une courte description. Elle est vivipare, et l'œuf donne naissance à une larve qui, d'après les caractères bien difficilement suffisants du pied et de la co- quille, est supposée alliée aux Natica. 11 n'y arien de très remarquable dans le développement. Le vitellus nutritif est peu abondant. Le voile, comme on pouvait le prévoir, à cause du déve- loppement vivipare, est petit. Les tentacules ne sont pas situés dans le champ du voile, mais en arrière de lui. La larve possède une coquille semblable à ■celle d'une Natice, une vaste cavité palléale et un grand pied bilobo. 220 MOLLUSQUES. Chez les Purpurn, Biœcimim et Ncritina, un seul des nombreux œufs ren- i'ermcs dans chaque c;ipsule ovulaire se développe. Les autres s'atrophient et servent de nourriture au premier. OpistholDranches. — Une espèce de Pleurobranclddium (Aplysie), observée par l>ankester (n" 239), nous servira de tvpe pour le développement des Opis- lliobranches. L'œuf se divise d'abord en deux segments d'où se détachent de petits segments qui, peu à peu, s'étendent autour des deux gros segments et les enveloppent. Les petits segments forment alors l'épiblasle. Au pôle aboral, l'épiblaste s'épaissit et s'invagine pour former la glande co- quillière ; bientôt après, le voile et le pied se développent de la manière nor- male et un stomodœum apparaît près du bord ventral du voile (fig. 108). Les deux cellules vitellines [ry) restent encore distinctes, mais une véritable cou- che hypoblastique (qui en dérive probablement, bien que cela n'ait pas été démontré) s'établit bientôt. De bonne heure apparaissent à la base du pied des cellules proéminentes qui plus tard s'invaginent pour former l'anus. Des otocystes [ot] se développent dans le pied et les ganglions sus-œsophagiens se forment par une dinerencialion de l'épiblaste [nc]). Plus tard la glande coquillière se retourne et développe une coquille nauli- loïde. La cavité alimentaire se complète, bien que les deux cellules vitellines conservent longtemps leur individualité originelle. Le muscle de la coquille se développe et des corps pigmentés spéciaux se forment au-dessous du voile. Le pied devient saillant et acquiert un opercule. La métamorphose des Tergipes a été plus ou moins complètement suivie par Nordmann et par Schullze (n° 271). Chez le Tergipes Elwardsii observé par le premier auteui-, la larve qui vient d'éclore possède un large voile, des yeux, des tenlacules, un pied al- longé pourvu d'un opercule et un manteau. Au stade suivant, la coquille et l'opercule sont rejetés et le corps s'allonge et s'étire postérieurement en pointe. Plus tard encore, se montre une paire d'appendices branchiaux creusés de diverticules hépatiques. Le voile se réduit ensuite et il se montre deux petits processus qui don- nent naissance aux tentacules labiaux et à une seconde paire de branchies. Une mue a alors lieu et conduit à d'autres transformations qui bientôt donnent à l'animal la forme adulte. Ciiez le Tergipes lacinulatus observé pur Schullze le voile s'atrophie avant la cbute de la coquille et de l'opercule. Pulmonés. — Le développement des Puluionés d'eau douce semble, d'a- près les observations de Lankester sur la Lymnée, être très semblable sur tous les points importants à celui des Branciiiogastéropodes marins. Le voile est cependant moins développé que dans la plupart des formes marines. La glande coquillière, etc., ont le développement normal. Cbezla Lymnée, le blastopore a une forme allongée et les observateurs ne sont pas d'accord s'il se ferme à la bouciie ou à l'anus. Chez les Hélicidés, il se forme une gastrula épibolique. La glande coquil- lière, à en juger par les figures de Von Ihering, a la forme usuelle et il se développe une coquille externe du type larvaire ordinaire. Au-dessus delà bouche est une protubérance ciliée qui s'étend jusque dans la lumière de la bouche; celte protubérance est souvent regardée comme un voile rudi- ODONTOPHORES. 221 mentairc, mais n'a probablement pas cette valeur. Il n'y a pas (l'autre or- gane qui puisse être homologué au voile. Le développement de la Limace présente quelques particularités. Les sphères vitellines (hypoblaste) forment une grosse masse entourée par les cellules épiblastiques. A la place ordinaire, il se forme une glande coquil- lière, mais celle-ci, au lieu de se retourner comme dans les fo^mes ordi- naires, se ferme et dans son intérieur se déposent des plaques calcaires qui donnent naissance à la coquille interne permanente. Le pied s'étend en ar- rière et contient une grosse vésicule contractile provisoire, traversée par des tractus musculaires à contractions rhythmiques. Bien qu'il existe une coquille externe à l'état adulte chez la Clausilie, la glande coquillière se ferme chez l'embryon comme chez la Limace et il se développe une coquille interne en forme de plaque. La coquille est d'abord recouverte dans toute son étendue par un épithélium qui finit par dispa- raître au centre, ne persistant que sur les bords de la coquille; la coquille primitivement interne devient ainsi externe. Il est très difticile de rattacher ce mode de développement de la coquille externe à celui des autres formes. La Clausilie comme la Limace développe un vaste sinus pédieux. Chez la Limace et la Clausilie, des cils se développent de bonne heure et déterminent la rotation de l'embryon, mais on ne sait pas jusqu'à quel point ils donnent naissance à un voile distinct. Hétéropodes. — Les embryons des Ilétéropodes présentent dans les pre- miers phénomènes de leur développement la plus grande ressemblance avec ceux des autres Gastéropodes. La segmentation est conforme au type le plus ordinaire chez les Gastéropodes (Voy. p. 88), et lorsque les cellules vitellines ont cessé de donner naissance à des cellules épiblastiques, elles se divisent vers le pôle nutritif, s'invaginent et limitent un archenléron spacieux. Les cellules épiblastiques du pôle formatif enveloppent peu à peu les cellules vitellines (hypoblaste) et le blastopore se rétrécit de très bonne heure et de- vient la bouche permanente. En même temps que le blastopore se rétrécit, la glande coquillière se forme au pôle aboral et le pied du côté ventral. Le voile apparaît sur le côté dorsal comme un paquet de cils qui s'étend graduellement vers la face ventrale de façon à former un cercle complet immédiatement au-dessus de la bouche. La larve après ces transformations est complètement formée et est repré- sentée dans la figure 109. Dans les stades plus avancés, la glande coquillière se retourne et une co- quille se développe dans toutes les formes, qu'elles possèdent une coquille ou non à l'état adulte. Le pied s'accroît très rapidement et il se forme toujours un opercule à sa partie postérieure. En avant, une invagination bilobée donne naissance à la glande du mucus. Le voile s'élargit et devient bilobé. Quoique le blastopore reste ouvert d'une manière permanente pour for- mer la bouche, l'œsophage est dû à une extension en dedans del'épiblasle. Le rudiment du proclodaeum apparaît sous la forme de deux cellules épiblastiques symétriquementplacéesen arrière du pied qui plus tard sont reportées du côté droit et donnent naissance à une invagination peu profonde qui rencontre le sac du mésentéron. Dans ce dernier organe, les cellules d'une partie de la paroi produisent une substance nutritive particulière et forment un sac nu- •222 MOLLUSQUES. trilif qui deviendra le foie. La partie du mésentéron en rapport avec l'œso- phage épiblastique se délimite pour former l'estomac. Le reste qui s'unit au proctodiL'urn constitue l'intestin. Les particularités d'organisation de l'adulte sont dues à une métamor- phose post-larvaire. L'appendice caudal du Pterotrachœa et da Firoloidwa se forme comme une excroissance sur le bord supérieur de l'extrémité posté- rieure du pied. La nageoire apparaît comme une saillie cylindrique en avant de la base du pied qui lui-même devient comprimé latéralement. Chez les Allantides, il est dans quelques cas d'abord vermiforme, mais dans d'au- tres cas acquiert directement la structure de l'adulte. Le pied embryonnaire lui-même donne naissance, chez les Pterotrachœa, Firoloidœa et Carinaria, à la queue, du côté dorsal et postérieur de laquelle on peut encore voir l'oper- cule chez les jeunes individus. Chez V Atlanta, elle forme la partie postérieure du pied sur lequel l'opercule persiste pendant toute la vie. La coquille embryonnaire est complètement rejetée chez les Plerotrachwa et Firoloidœa, et la coquille est rudimenlaire dans le genre Carinaria. Son atrophie entraîne la réduction de la région du manteau. Le voile est extrêmement développé chez un grand nombre d'Héléropodes. Chez VAtlanta, il a six lobes, chacun des doux lobes latéraux primitifs se prolongeant en trois processus, deux en avant et un en arrière. Comme dans tous les autres cas il s'atrophie dans le cours de la métamorphose post- larvaire. Ptéropodes. — La première forme larvaire des Ptéropodes ressemble beau- coup à celle des Gastéropodes marins. Les sphères hypoblastiques sont d'ordi- naire seulement au nombre de trois à la fin de la segmentation chez les Thé- cosomes et un peu plus nombreuses chez les Gymnosomes. Le blastopore se ferme dans la région orale du côté nu- tritif de l'œuf, et la glande coquillière est située au pôle formatif originel. Le voile, la glande coquillière et le pied ont les rapports ordinaires. Quoique un grand nombre des formes adultes soient symétriques, il se montre de très bonne heure dans la larve une asymétrie qui indique que les Ptéropodes sont des- cendus d'ancêtres asymétriques. Chez les Gymnosomes, il existe un second stade larvaire après la chute de la co- quille, dans lequel la larve est pourvue de trois couronnes de cils (fig. 117). Chez la plupart des formes de Ptéropodes la partie dorsale du corps, couverte Fig. IIC). — Embryon de Cavoihua {HijaJea tridentatn (d'iiprès Fol) (*). (*) /a. bourlic. - sinus contractile, otocyste. a, anus. ■— - h, cœur . estomac. — j, intestin. - — r, .sac rénal. — f, pici .sac nuti'ilir. — inb, manteau. — Kii. pii, épipotics. — f/, coquille. — osi ODONTOPHORES. 223 par le manteau, se prolonge en un sac viscéral comme celui des Céphalo- podes (fig. 116). Le développement du voile varie considérablement dans les différentes formes. Chez les Hyaléides, il est comparativement petit et s'atrophie de bonne heure, tandis que chez le Cymbulia (fig. MO), et les Gymnosomes, il est grand et bilobé, et persiste jusqu'après que le pied a atteint son dévelop- pement complet. Le bord libre du voile est pourvu de longs cils moteurs et sa face infé- rieure de cils courts qui dirigent les aliments vers la bouche. Chez le Ckodora, il y aune houppe médiane de cils au centre du voile comme chez les Lamel- libranches, les Nudibranches, etc. La glande coquillière forme une fossette à l'extrémité aborale du corps, et chez le Cymbulia il paraît se former normalement dans cette fossette un tampon chitineux. La fossette se retourne plus tard, et le bord de l'aire retournée s'épaissit et s'avance graduellement vers l'extrémité antérieure du corps. Sur cette surface retournée se développe une petite plaque qui est le commencement de la coquille embryonnaire dont sont pourvues les larves de tous les Ptéropodes. Le reste de la coquille embryonnaire est sécrété en anneaux concentriques successifs parle bord épaissi du manteau, et s'accroît jusqu'à atteindre le cou (fig. 1 16). La coquille permanente est surajoutée plus tard; d'ordinaire saforme est très différente de celle de la coquille larvaire. La destinée de la coquille embryonnaire est très différente dans les diverses formes. Chez les Hyaléides, l'animal se retire de la coquille larvaire qui est séparée de la coquille perma- nente par un diaphragme. La coquille larvaire se détache alors. Chez les Styliolides, la coquille permanente devient deux fois aussi grande que la coquille embryonnaire pendant que l'animal est encore à l'état d'embryon, mais la coquille larvaire persiste pendant toute la vie. Chez le Cymbulia, il y a une coquille em- bryonnaire et une coqiiille secondaire coexistantes pendant la vie larvaire. Elles sont rejelées en même temps, et remplacées par une coquille per- manente. Chez les Gymnosomes, il se déve- loppe une coquille embryonnaire et une coquille secondaire y est sura- joutée pendant la vie embryonnaire. Toutes deux tombent avant que l'a- nimal n'ait atteint l'état adulte. Après la chute de la coquille, il se déve- loppe trois couronnes ciliées (fig. 117). La première est placée entre le voile et le pied et les deux postérieures sur la partie postérieure allongée du corps. Les couronnes ciliées donnent à ces larves une ressemblance avec les larves Fig. 117. — Lai'ves libres de PneunioJeriiwn (d'a- près Gegenbaur, emprunté à Bronn) (*). (*) Le voile est atrophié dans les deux larves : En A, il existe trois couronnes ciliées et les otocjstes sont visibles; En B, les tentacules avec des ventouses et les épipodes sont développés. — an, anus. 224 .- ■ MOLLUSQUES. des Chétopodes, mais on ne peut douter que cette ressemblance ne soit toute superficielle. La couronne antérieure s'atrophie de bonne heure (fig. \ 17, B), et la seconde la suit de près. 11 est probable que la couronne postérieure ne persiste pas pendant toute la vie, bien qu'elle ait été observée chez des formes dont les organes sexuels étaient complètement développés. La plupart de ces larves n'ont pas été suivies jusqu'à l'état adulte. On les a rapportées aux Pneumodermon, Clio, etc. L'organe le plus caractéristique des Ptéropodes est le pied qui se proloni^e en deux énormes ailes latérales, les épipodes. Ceux-ci se développent à des périodes diflerentes chez les différentes larves, mais sont toujours des expan- sions latérales du pied. Chez les Hyaléides, le pied est de bonne heure visible, et émet bientôt deux prolongements latéraux (fig. 110, jm.) qui se développent avec une extrême rapidité relativement à la portion médiane et donnent naissance aux épipodes. Le pied tout entier devient cilié. Chez les Cymbulides, bien que non chez les autres formes, un opercule se développe a la face postérieure du pied (fig. HO C). Les épipodes appa- raissent tardivement. Chez les Gymnosomes le pied se montre de très boime heure, mais reste petit; les épipodes n'apparaissent qu'à une période très avancée delà vie larvaire. Chez le Pneumodermon et quelques autres Gymnomoses, il se développe à la partie postérieure de la tète des tentacules particuliers avec des ventouses semblables à celles des Céphalopodes (fig. 117 B). 11 n'est pas certain que ces tentacules aient des rapports génétiques avec les bras des Céphalopodes. Céphalopodes. — Les œufs des Céphalopodes sont d'ordinaire pon- dus dans des capsules spéciales formées dans l'oviducte, qui diffèrent considérablement chez les divers représentants du groupe. Dans le cas de l'Argonaute, chaque œu| est enveloppé, une capsule allongée pourvue d'un pédoncule ; les oeufs rattachés par leurs pédoncules constituent des paquets qui sont eux-mêmes reliés entre eux et forment des masses transparentes placées sur le dos de la coquille. Chez le Poulpe, les œufs sont petits et transparents, chacun d'eux est enfermé dans une capsule pédonculée. Chez le Calmar, les œufs sont enfermés dans des cordons géla- tineux allongés en forme de sacs, qui sont eux-mêmes fixés par paquets aux objets sous-marins. Chez la Seiche chaque œuf est enveloppé indépen- damment dans une capsule noire fusiforme fixée à une pierre ou à un autre objet. Dans une forme de Décapode à larve pélagique décrite par Grenacher (n° 280), les œufs étaient enfermés dans une masse gélatineuse à peu près cyUndrique. Chaque masse contenait un nombre immense d'œufs rangés en spirales. Chaque u'uf était enfermé dans une membrane dans l'intérieur de laquelle il flottait dans un albumen incolore. L'œuf lui-même, dans la capsule est une masse granuleuse presque homogène sans enveloppe distincte. Le développement commence par ODONTOPHORES. 225 la ségrégation au pôle étroit de l'œuf opposé au pédoncule de la plus grande partie des matériaux protoplasmiques formatifs (1). Ces matériaux forment un disque équivalent au disque germinatif des œufs mésoblastiques des Vertébrés. Le disque germinatif chez la Seiche et le Calmar ne subit pas cependant une segmentation tout à fait symétrique (Bobretsky, n. 279). Lorsqu'il existe huit seg- ments, deux d'entre eux, adjacents, sont beaucoup plus petits et plus étroits que les autres ; et lorsqu'aux stades suivants de petits segments sont formés par l'extrémité interne des gros, ceux qui dérivent des deux segments plus petits continuent à être plus petits que les autres, de sorte que pendant toute la segmentation un pôle du blastoderme est formé de segments plus petits et le blastoderme présente une symétrie bilatérale (2). La segmentation partielle abou- tit à la formation d'un blastoderme couvrant un pôle de l'œuf, mais contrairement au blasto- derme des Vertébrés, "^^ -g^^|asjBjMîMi«ît,^ tbrmé d'une seule cou- '^ ^0^'^- ^ ^^^^tf" che de cellules. Ce blas- ./ "-'^'^ toderme devient de très ^^^ ' bonne heure épais à son bord de deux ou trois , .,o c > n , a ,■ r ■ /. i Iig. H*. — Coupe du blastoderme d un œuf de Calmar au cellules et les cellules commencement du 4« jour (d'après Bobretsky) (*). inférieures à la surface constituent la couche d'où proviendront le mésoblaste (3) et l'hvpo- blaste (fig. H8, ms). La formation du mésoblaste au bord du blasto- derme est un phénomène équivalent à sa formation aux lèvres du blastopore dans tant d'autres types. La couche externe forme l'épi- blaste. (1) Chez le Poulpe et l'Argonaute (Lankester), aussitôt que la formation du blasto- derme est achevée, la position de l'œuf dans la coque est renversée de telle sorte que le pôle de segmentation se place près du pédoncule. (2) Je ne connais pas la relation de cet axe de symétrie avec l'axe du futur em- bryon. (3) D'après Ussow, le blastoderme avant la formation du mésoblaste se divise nette- ment en trois régions, l'une centrale circulaire de cellules claires, l'autre moyenne annulaire de cellules à protoplasma plus dense (aire opaque) et la troisième périphé- rique formée de segments incomplètement séparés et en cojitinuité avec la couche pro- toplasmiqiie encore indivise qui entoure le pôle nutritif de l'œuf. Le mésoblaste commence à se former, non au bord du blastoderme, mais au niveau de la région moyenne et par division de ses cellules. Il s'étend ensuite vers la périphérie et surtout dans la région centrale tant par la multiplication de ses éléments que par l'addition de nouvelles cellules dérivant de la division des éléments du blastoderme sus-jacent. Ce serait là la seule origine du mésoblaste qui ne recevrait aucun élément formé dans le vitellus nutritif. La membrane péri-vitelline dont il va être question ne serait qu'une couche méso- blastique différenciée (Ussow, Untersuchungen uber die Enlwickelung der Ceplialopo- den. Archiv. d. biologie, II, 1881) (Trad.). Cl 7ns, mésoblaste. — rf, cellule du bord du blastoderme. — c, une des cellules de segmentation. Balfour. — Embryologie. I. — li> 226 MOLLUSQUES. Le blastoderme tout entier ne dérive pas des sphères de segmen- tation, mais, comme l'a découvert Lankester (n. 282), un certain nombre de noyaux apparaissent spontanément dans le vitellus et en dehors du blastoderme qui s'entourent plus tard d'un corps cellulaire. Ils font leur apparition près de la surface, mais non à la surface, s'é- tendant d'abord en une série annulaire au-delà du bord du blasto- derme, mais ils apparaissent plus tard indistinctement sur toutes les parties de l'œuf, lis ne prennent pas part à la formation de l'épiblaste, mais sembleraient, d'après Lankester, aider h la formation de la cou- che inférieure de cellules et aussi d'une couche de cellules aplaties qui finit par envelopper complètement le vitellus et que l'on peut appeler membrane péri-vitelline (yolk membrane). Les cellules de la membrane péri-vitelline font d'abord leur apparition au bord épaissi du blastoderme. De ce point elles s'étendent en dedans sous le centre du blastoderme (fig. 123, m') et avec les cellules épiblastiques en dehors. autour de tout le vitellus, de sorte que bientôt (le dixième jour chez le Calmar) le vitellus est complètement enveloppé par une membrane cellulaire. En dehors de la région germinative, le blastoderme est formé de deux couches, un épiblaste aplati et la membrane péii-vitelline. Dans la région du disque germinatif originel, les cellules de l'épi- blaste deviennent columnaires et au-dessous d'elles est situé un an- neau de cellules qui peu à peu s'étendent vers le centre de façon à former enfin une couche inférieure complète. Au-dessous de cette couche est la membrane péii-vitelline dont il vient d'être parlé. Avant de décrire les transformations ultérieures des divers feuil- lets, il est nécessaire de dire quelques mots des caractères extérieurs de l'embryon. Chez le Céphalopode adulte on doit, pour la compa- raison avec les autres Mollusques, appeler l'espace étroit entouré par les bras qui renferme la bouche, face ventrale; le sommet abo- ral, face dorsale; et ce que l'on appelle d'ordinaire face supérieure, face antérieure; et face postérieure la face d'ordinaire dite inférieure. Dans cette terminologie, le centre du blastoderme originel est le sommet dorsal de l'embryon. Dans les formes typiques à grand sac vitellin, l'embryon tout entier dérive du disque germinatif primitif, la partie du blastoderme qui se continue en une mince couche sur le reste de l'œuf forme un large sac vitellin ventral appendu à la tête de l'embryon. La description suivante s'applique spécialement à deux types qui forment les extrêmes de la série sous le rapport du développement du sac vitellin. Le premier, pourvu d'un large sac vi- tellin, est la Seiche, dont K^olliker dans son mémoire classique (n. 281) a publié une série de magnifiques figures. Le second à sac vitellin pe- tit est la larve pélagique d'un adulte inconnu, décrite par Grenacher (n" 280). ODONTOPHORES. 227- Dans un Jeune blastoderme de Seiche vu par la face dorsale on aperçoit une série d'organes qui sont représentés dans la figure 119 A. Au milieu est une proéminence un peu rhomboïdale qui forme le rudi- ment du manteau {mt) ; à son centre une fossette, la glande coquillière. De chaque côté du manteau se trouve un repli un peu recourbé (/"). Ces replis finissent par se réunir pour former l'entonnoir; ils sont di- visés en deux parties par un petit corps qui forme le cartilage de l'en- lonnoir. La plus petite partie du repli située du côté postérieur donne naissance à l'entonnoir; la partie antérieure devient (Kôlliker) le mus- cle puissant qui rattache l'entonnoir au cartilage cervical. En avant et sur les côtés sont deux corps réniformes, les fossettes optiques (oc) ; Kif,'. II y. — l)eii\ vues de l'are du disque ytriuiu.ail de l;i Seiche (d'après Kôlliker) (*). derrière le manteau on voit deux bourgeons, ôr, rudiments des branchies. A un stade un peu plus avancé des rudiments des deux paires postérieures de bras font leur apparition en dehors et en arrière des rudiments de l'entonnoir. La tête est indiquée de chaque côté par une paire d'épaississements latéraux dont l'externe porte les yeux. L'embryon tout entier devient alors cilié, mais la présence des cils ne détermine pas la rotation habituelle. Un peu plus tard, la se- conde, la troisième et la quatrième paire de bras font leur appari- tion un peu en avant de ceux qui existent déjà. Les portions posté- rieures des rudiments de l'entonnoir se rapprochent et les antérieures rejoignent les rudiments du cartilage cervical. Les branchies com- mencent à être recouvertes par le bord du manteau qui forme alors un repli saillant marqué. A une période un peu plus avancée, on peut voir deux nouveaux rudiments, les invaginations orale (fig. 119 B, m) et anale, dont la dernière est extrêmement peu accusée et apparaît au sommet d'une petite papille que l'on peut appeler la papille anale. Ces invaginations se forment aux deux pôles opposés (antérieur et (*) mt, manteau. — ce, œil. — f, replis de l'entonnoir. — 6r, branchies. — an, portion postérieure de la cavité digestive. — m, bouche. — 1,2, ,1, 4. l>, liras. — p, lobe céphalique. 228 MOLLUSQUES. postérieur) du blastoderme. Peu après, le rudiment de la première paire de bras apparaît très en avant des autres rudiments, sur les côtés de la paire externe d'épaississements cépbaliques (fig. 119 B, 1). La figure 119 B représente une vue delà face dorsale d'un embryon à ce stade. Au centre est le manteau avec la glande coquillière qui fait maintenant une saillie considérable, au-dessus de la surface générale. Goncentriquement avec le bord du manteau sont les deux moitiés de l'entonnoir, la moitié antérieure rejoignant le cartilage dorsal ou cervical et les moitiés postérieures se rapprochant l'une de l'autre. L'invagination orale se montre en m et l'invagination anale immédiatement en avant de an. Les branchies presque recou- vertes par le manteau se voient en br. En p sont les épaississemenls céphaliques et l'œil en oc. Les bras 1 à 5 forment un cercle en dehors de ces parties. L'embryon tout entier, à l'exception des bran- chies, de l'entonnoir et du bord externe du blastoderme, est riche- ment cilié. L'embryon jusqu'à ce moment a eu la forme d'un disque ou d'une cupule reposant à la surface du vitellus. Après cette période il prend rapidement sa forme de dôme permanente et devient séparé en même temps du vitellus par un repli. Le blastoderme s'étend très lente- ment autour du vitellus, et le vitellus tout entier n'est complète- ment enveloppé qu'à un stade beaucoup plus avancé que celui re- présenté dans la figure 119 B. Aussitôt que le blastoderme recouvre le sac vitellin, des cils vibratiles apparaissent à sa surface. Le man- teau s'étend très rapidement et son bord libre se projette bientôt au-dessus de l'entonnoir et des branchies. Lorsque les deux moitiés de l'entonnoir se sont soudées en un tube, il vient à faire de nou- veau saillie au-delà du bord du manteau. Après l'achèvement de ces transformations, l'embryon a acquis net- tement l'aspect d'une Seiche. Trois stades de ces transformations sont représentés dans la figure 1:20. A la face ventrale de l'embryon est attaché l'énorme sac vitellin e.x- terne qui est en continuité avec une division interne située dans le corps de l'embryon. On comprendra facilement les relations géné- rales de l'embryon et du vitellus en se reportant à la coupe longitu- dinale du Calmar (fig. 137). Les bras augmentent graduellement de longueur et la seconde paire passe en avant de la première de façon à être située définitivement tout à fait en avant de la bouche. Les bras viennent ainsi à former un cercle complet entourant la bouche, la seconde paire originelle et non, comme on pourrait le supposer, la première complétant le cercle en avant. La seconde paire forme les grands bras de l'adulte. Lorsque l'embryon a atteint plus ou moins complètement sa forme définitive (fig. 120 G), il augmente rapidement de volume relativement ODONTOPHORES. 229 au sac vitellin. Ce dernier est d'abord quatre ou cinq fois aussi gros que l'embryon, mais au moment de l'éclosion l'embryon est deux ou trois fois aussi gros que le sac vitellin. Le Calmar diffère principalement de la Seiche en ce que le vilellus est de bonne heure recouvert par le blastoderme, et en ce que l'embryon exécute dans la capsule de l'œuf la rotation si caractéristique des autres Mollusques. Chez l'Argonaute, le sac vitellin est plus petit encore que chez le Calmar et le vitellus est de bonne lieure complètement enveloppé par le blastoderme. Fig. 120. — Vues de profil ue trois stades avancés du développement de la Seiche (d'après Kollikcr) (*) Un sac vitellin extérieur bien développé existe pendant le commencement de la vie embryonnaire, mais est complètement rétracté dans le corps avant l'éclosion. Des cils apparaissent de très bonne heure sur le blastoderme, mais disparaissent lorsque le vitellus est aux deux tiers enveloppe.il n'y a pen- dant la vie embryonnaire aucune trace de coquille, mais le manteau et d'au- tres parties du corps se couvrent de paquets particuliers de fines soies. La glande coquillière se développe normalement tant chez le Poulpe que chez l'Argonaute, mais disparaît sans se fermer pour former un sac (l.ankester). • La larve pélagique de Décapode, décrite par Grenacher, qui forme mon second type, doit être mise sous le rapport du développement du sac vitellin en opposition avec la Seiche. La segmentation, comme {*) m, bouche. — i/k, sac vitellin. — oc. œil. — mf, manteau. 230 MOLLUSQUES. chez les autres Céphalopodes, est partielle, mais le blastoderme enve- loppe presque complètement le vitellus avant qu'aucun organe ne soit développé, et il n'existe pas de sac vitellin externe. Un peu avant la fermeture du blastopore vitellin, le manteau se forme comme une légère proéminence du pôle blastodermique de l'œuf, et dès ce stade précoce est caractérisé par la présence de chromatophores. Le bord du blastoderme est cilié. A un stade un peu plus avancé, l'em- bryon devient plus cylindrique, le bord du manteau est indiqué par un repli qui divise transversalement l'embryon en deux parties iné- gales : une région plus petite couverte par le manteau et une région plus grande qui lui est extérieure. Le vitellus est encore à découvert en un point, mais les rudiments de la fossette optique et de deux paires de bras ont fait leur apparition. Les bras les premiers formés sont en apparence les antérieurs et non, comme chez la Seiche, les postérieurs. A un stade plus avancé encore représenté de profil et par la face postérieure dans les figures d21 A etB, des changements considérables h'iji'. 121. — Trois fiiihryoïi.s d'un ('.(■phalopcdo à ties petit aur \itelliii (il'.iprc.s (■.ri'nachi'r) (*). se sont elleclués. Le blastopore vitellin est presque, bien que non en- tièrement, fermé. Le repli palléal {mt) est beaucoup plus saillant et à la face postérieure, au niveau de son bord, se voient les rudiments de branchies {fjr). L'entonnoir se montre sous la forme de deux replis indépendants de chaque côté {inf^ et mp) qui semblent correspondre aux deux divisions des rudiments de l'entonnoir de la Seiche. L'œil a subi des changements (X)nsidérables. Près de chacun des rudiments de l'entonnoir, on peut voir un nouvel organe sensoriel, le sac audi- (*) a, blastopore. — br, lirancliies. — itifi et iiifi, replis postérieur et iiiitérieiir de l'entonnoir. — g.op, ganglion optique ('?). — on, n:\l. — v^k, eorps blanc. — oc, fossette auditive. -- o.«, slomodaeuni. — lin, anus. — mt, manteau. — 1, -, ''i f"i 2' <"t 3» paiies de bras. ODOMOPHORES. '2.1 ! tif (ac). L'extrémité ventrale (supérieure dans la figure) du corps forme une protubérance marquée, probablement équivalente au pied des autres Mollusques (voy. p. 2o4), sur les côtés de laquelle on voit les rudiments des bras(l, 2, 3). Aux deux paires déjà formées, s'en est ajoutée une troisième du côté postérieur. Le blastopore est situé du côté antérieur de la protubérance ventrale et immédiatement au- dessus de lui est une invagination {os) qui donne naissance au stomo- dseum. La ciliation du bord du blastopore persiste encore, mais ne détermine pas la rotation de l'embryon. A des stades plus avancés ((ig. 121 C), le blastopore se ferme et la ré- gion recouverte par le manteau augmente de longueur relativement au reste du corps. Les moitiés ventrales de l'entonnoir, chacune en forme de gouttière, se soudent de façon à former un tube unique (inf) de la même manière que chez la Seiche. Un proctodeeum peu profond {an) se forme entre les deux branchies. Les yeux [oc) font saillie sur les deux côtés et les bras s'allongent considérablement. Plus tard encore, une quatrième paire de bras est surajoutée comme un bourgeon des deux bras de la paire postérieure, et avec l'allongement des bras apparaissent les ventouses. La bouche est peu à peu reportée en haut de façon à être entourée par les bras. La ciliation de la sur- face s'étend davantage. Pendant tout ce développement, l'intérieur de l'embryon est rem- pli de vitellus bien qu'il n'existe pas de sac vitellin extérieur. Le sac vitellin interne se divise en trois régions, une région céphali- que, une région cervicale, une région abdominale. La région cervi- cale est la première à être résorbée; la portion céphalique remplit la protubérance ventrale dont il a déjà été parlé. La région posté- rieure vient à être remplacée par le foie qui en remplit exactement l'espace, à mesure qu'il absorbe la substance qui l'occupait. Il convient de compléter l'exposé du développement des Céphalo- podes par une courte histoire de leurs feuillets germinatifs et par une description du manteau, de la coquille et de l'entonnoir plus complète que celle donnée dans les pages précédentes. Nous avons déjà vu que, dans la région du disque germinatif, une épaisse couche de cellules s'interpose entre l'épiblaste et la mem- brane péri-vitelline. Cette couche (iig. 123, m) est principalement méso- blastique, mais contient aussi les éléments qui forment le revêtement de la cavité alimentaire. Ses cellules commencent à se différencier en mésoblaste et hypoblaste après que la glande coquillière est représentée par une fossette assez profonde. Le mode de différenciation se voit dans la figure 122. Du côté postérieur du manteau, au point marqué sur la figure 119B, an, il se forme une cavité entre la membrane péri- vitelline et les cellules mésoblasliques (fig. 122, pdh). Cette cavité est le commencement de l'extrémité anale du mésentéron et les cellu- 232 MOLLUSQUES. les columnaires qui la tapissent constituent Thypoblaste. Le reste des cellules inférieures à l'épiblaste forme le mésoblaste. Le mésentéron s'étend peu à peu jusqu'à rencontrer le stomoda3um (fig. i37). Le Fig. 122. — CouiJé longitudinale verticale d'un embryon de Calmar lorsque la cavité mésentérique commence à se former (d'après Bobretsky) (•). proctodœum est formé par une dépression peu profonde près de la par- tie la première formée du mésentéron. Le mésoblaste donne naissance non seulement aux organes for- més d'ordinaire par cette couche, mais aussi aux centres ner- veux, etc. Le manteau et la coquille. — Le manteau apparaît d'abord comme un épaississement de l'épiblaste à la face dorsale de l'embryon. Le Fig. lii.'f. — Diagramme (Func coupe verticale de la région du manteau d'un embryon de Calmar (emprunté à Lankester) (cette figure est tournée en sens contraire de la figure 122) (*). tégument épaissi avec le mésoblaste sous-jacent forme bientôt une protubérance définie au centre de laquelle apparaît une fossette cir- (*) .^'«1 glande salivaire. — brd, gaine de la radula. — rr, œsophage. — r/.s, sac vitellin. — chs, glande roquillière. — m/, manteau. —;)d/), mésentéron. — j, épaississement épiblastique entre les replis de l'entonnoir. (*) ep, épiblaste. — y, vitellus nutritif. — m, mésoblaste. — m', membrane péri-vitelline cellulaire. — sha, glande Coquilliere. ...... ODONTOPHORES. 233 culaire (fig. 122, chs el 123, s/is). Celte fossette, dont il a été déjà parlé comme de la glande coqiiillière, ressemble beaucoup à la glande co- quillière des autres Mollusques. Le repli qui entoure le bord de cette dépression s'avance en dedans de façon à circonscrire peu à peu un orifice qui ne tarde pas à être complètement fermé; la glande forme ainsi un sac clos tapissé par l'épiblaste qui s"étend dans une direction antérieure (fig. 122 et 137, eUi). Les bords du manteau commencent alors à faire saillie surtout du côté postérieur (fig. 137), et dans la cavité limitée par cette lèvre saillante sont situés l'anus (an), les branchies, etc. La lèvre saillante du manteau est à la fois formée d'épiblaste et de mésoblaste. Le côté antérieur du manteau est tout entier rempli par le sac coquillier allongé {eih) dans lequel la coquille ou plumule est bientôt sé- crétée. On rencontre, dans la comparaison de la glande coquillière des Céphalopo- des avec celle des autres Mollusques, certaines difficultés quo, fera bien com- prendre la citation suivante de Lankester (I), « La position et le mode de développement de la glande coquillière des Cé- phalopodes sont exactement les mêmes que chez les autres embryons de Mollusques figurés dans ce mémoire. Nous sommes par conséquent en droit de conclure d'après les faits embryologiques que le sac de la plumule des Céphalopodes est identique avec la glande coquillière des autres Mollusques. « Mais ici, exemple frappant de l'action réciproque des diverses sources d'information dans la biologie généalogique, la paléontologie vient se met- tre en opposition avec l'embryologie. Je tiens pour certain que si nous ne possédions pas de restes de Céphalopodes fossiles, la conclusion que le sac de la plumule est un développement spécial de la glande coquillière serait nécessairement acceptée. « Mais la considération de la nature de la coquille des Bélemnites et ses rapports avec l'os de la Seiche actuelle apportent un nouveau jour sur ce sujet. En réservant toute opinion arrêtée sur la question, voici brièvement quelle est l'hypothèse que suggèrent les faits connus sur les Bélemnitides. La coquille complète d'une Bélemnite est essentiellement une coquille de Nautile redressée (c'est à-dire une coquille externe héritée d'un parent nau- tiliforme) qui, comme la coquille nautiloïde de la Spirule, a été enveloppée par des prolongements du manteau, et, à la différence de cette dernière, a reçu de ce revêtement de formation récente une addition considérable de matière calcaire. A la face inférieure de la coquille nautiloïde devenue interne, du phragmocône, se sont déposées une série de couches de matière calcaire formant la garde ; au-dessus, la coquille s'est étendue dans la chambre spa- cieuse formée par les replis du manteau de façon à former le pro-ostracum aplati penniforme de Huxley. « Chez les Bélemnites les replis du manteau qui recouvraient ainsi la co- quille cloisonnée originelle, et y ajoutaient de nouvelle substance, ctaient- (1) Development of thePond Snail (Quart. Journ. ofmicr, science, 1874, pp. 371-374}. 234 MOLLUSQUES. ils complètement clos de façon à former un sac, ou restaient-ils en partie ouverts avec les bords simplement contigus? Il n'est pas possible de répon- dre à cette question. « Chez la Spirule, nous avons une coquille originellement externe enve- loppée par le sac palléal, mais non enrichie par lui de nouvelle substance. « Chez le Sptndirostra, espèce fossile des terrains tertiaires, nous trouvons une coquille très semblable à celle de la Spirule, pourvue d'une petite garde de structure lamellaire développée comme chez la Bélemnite (voy. les fig. dans Broun, Klasscn und Ordnungen des Thierreichs). « Chez les Bélemnites, la coquille uauliloïde originelle est petite, comparée à celle du Spiniliroslra. Elle semble atteindre sa plus grande diminution dans le genre de Hu.vley Xipholeuthis. La série Spirula, Spindirofitra, Xipholeuthis, Bitemnites, nous montre donc renvelop|)ement d'une coquille externe par des expansions du manteau (comme chez l'Aplysie), l'addition à cette coquille de matière calcaire sécrétée par les parois du sac qui l'enveloppe, et le chan- gement graduel des proportions relatives du noyau originel (le phragmo- C'uie nautiloïde) et des éléments surajoutés proostracaux et rostraux, tendant à la disparition du noyau, c'est-à-dire de la coquille externe originelle. Si cette vue sur la nature des coquilles des Céphalopodes est exacte, il est évident que la glande coquillière et son tampon n'ont rien de commun avec elles. La glande coquillière doit avoir précédé la coquille nautiloïde ori- ginelle et doit être recherchée sous ce rapport lorsque l'on pourra étudier l'embryologie du Nautile. Maintenant tout prouve la ressemblance intime des Bélemnites avec les Dibranchiaux actuels. Les petits crochets des bras, la poche à encre, les mandibules cornées et la forme générale du corps ne laissent place à aucun doute à ce sujet ; il est plus que probable que les Dibran- chiaux actuels sont des descendants modifiés des Bélemnilides mésozoïques. S'il en est ainsi, la pkimule du Calmar et l'os de la Seiche doivent être rat- tacliés à la coquille plus complète de la Bélemnite. Cela n'est pas difficile si nous supposons que la coquille originellementexterne, le phragmocône, autour de laquelle comme d'un noyau se sont développés la garde et le proostracum, . a fini par disparaître. Les replis enveloppants du manteau restent à l'état de sac et jouent leur rôle, sécrétant la coquille chitino-calcaire des Dibran- chiaux \iva!its dans laquelle on peut reconnaître des parties correspondant au prooshacum et probablenient aussi à la garde de la Bélemnite. S'il en est ainsi, si la plumule du Calmar et l'os de la Seiche correspondent à la coquille entière de la Bélemnite moins le phragmocône, il est évident que le sac qui se déveloi)pe de si bonne heure chez le Calmar et qui semble correspondre à la glande coquillière des autres Mollusques ne peut avoir cette signification. Le sac ainsi formé chez le Calmar doit être considéré comme représentant le sac formé par l'accroissement primitifd'expansions du manteau autour delà jeune coquille nautiloïde des ancêtres Bélemniloïdes et n a par conséquent aucune signification pour le groupe tout entier des Mollusques ; c'est un or- gane spécial appartenant seulement à la tige des Dibranchiaux, semblable mais non nécessairement en connexion génésique avec le repli du manteau dans lequel est cachée la coquille de l'Aplysie adulte et de ses congénères. La plumule des Céphalopodes ne représenterait donc pas le tampon delà glande coquillière. A propos de cotte hypothèse, il est à remarquer que je ODONTOPHORES. 235 n'ai trouvé dans l'histoire embryonnaire des Dibranchiaux vivants aucune trace d'organe représentant le pliragmocôiie ; il est possible, en outre, bien qu'on ne puisse pas attacher grande importance à cette suggestion, que le sac coquillier des Dibranchiaux tel qu'il se montre dans les premiers stades de l'embryon du Calmar, etc., se soit fusionné avec les restes persistants d'une glande coquilliore embryonnaire. Lorsque l'on connaîtra l'embryologie du A'diitilus pompilius, nous saurons probablement avec quelque certitude ce que devient la glande coquillière des Mollusques dans le groupe des Cépha- lopodes. » L'entonnoir. — Les traits généraux du développement de l'enton- noir ont déjà été indiqués d'une manière suflisante. Les replis par les- quels il est formé sont constitués à la fois par l'épiblaste et le méso- blaste. Le mésoblaste de la partie antérieure de chaque moitié de l'entonnoir semblerait donner naissance à un muscle qui va du carti- lage cervical à l'entonnoir proprement dit. Les parties postérieures se rapprochent peu à peu, mais se rejoignent d'abord à la face ventrale. Les deux replis forment d'abord seulement les côtés d'une gouttière ou d'un tube imparfait (fig. 121 G et 134, /f), mais bientôt les bords libres s'unissent, formant un tube parfait, qui ne présente aucune trace de son origine primitive par la coalescence de deux moitiés. Chez le Nautile, les deux moitiés restent séparées d'une manière permanente, mais chevauchent l'une sur l'autre de façon à fonctionner comme un tube. Polyplacophores. — Les caractères extérieurs de l'embryon du Chilon sont connus depuis longtemps par les observations classiques de Loven (n«285), la formation des feuillets et les phénomènes internes du développement ont récemment été élucidés par Kowalevsky (n°284). Les œufs sont pondus en avril, mai et juin, et sont enveloppés d'une sorte de chorion à protubérances calcaires. La segmentation reste régulière jusqu'à la formation de soixante-quatre segments. Les cellules de la moitié formative de l'œuf se divisent alors plus rapide- ment que les autres; il se forme de cette manière une sphère allongée, dont une moitié est composée de petites cellules et l'autre moitié de cellules plus grosses. Elle est creusée d'une petite cavité de segmenta- tion. D'après leur destinée, l'hémisphère de cellules plus petites peut être appelé le pôle antérieur et l'hémisphère de cellules plus grosses le pôle postérieur. Une involution des cellules au sommet du pôle pos- térieur (mais non de l'hémisphère entier de cellules plus grosses) s'effectue alors et donne naissance à l'archentéron. En même temps il se forme un double anneau équatorial de grosses cellules à la limite des deux hémisphères, ces cellules deviennent ciliées et forment le voile. Au sommet du pôle antérieur se montre une touffe de cils ou d'abord un flagellum unique (fig. H6, III et IV). A la période suivante du développement, le blastopore qui, jusque- 236 MOLLUSQUES. là, a eu la forme d'un pore circulaire situé à l'extrémité postérieure du corps, subit une série de changements très remarquables. En même temps que la larve s'allonge, il se porte à la face ventrale et se prolonge en avant, jusqu'au voile, en forme de gouttière. Puis la partie moyenne de la gouttière se transforme en un tube qui s'ouvre extérieurement en avant, et en arrière communique avec l'archentéron. Les parois de ce tube se soudent plus tard, en oblitèrent la lumière et déterminent Fig. 121 (empruntée à Huxley). 1, Chiton Wossnessenskii (d'après Middendorf). n, Chiton disséqué pour montrer: o, la bouehe. — g, le collier nerveux. — ao, l'aorte. — c, le ventricule. — c', une oreillette. — br, la branrliie gauche. — od, l'oviducte (d'après Cuvier). ni, IV, V, Stades du développement du Chiton cinereus (d'après Loven). nécessairement en même temps la fermeture du blastopore. Le tube lui-même est par là converti en une plaque de cellules située à la face ventrale entre l'épiblaste et l'hypoblaste (1). Pendant ces transformations, le mésoblaste fait son apparition. If dérive des cellules latérales et ventrales de rhypoblaste. Après la formation des feuillets germinatifs le développement de la larve progresse rapidement. Il se forme immédiatement en arrière du voile une gouttière transversale qui est particulièrement profonde à la face ventrale; le stomod;cum est dû à une invagination de la paroi (1)11 y a une ressemblance frappante entre les transformations du blastopore chez le Chiton et la formation du canal neurentérique des Chordata ; surtout si Kowalevsky est exact en établissant que les nerfs pédieux dérivent de la plaque ventrale. ODONTOPHORES. 237 antérieure de la partie la plus profonde de cette gouttière. En arrière du stomodaeum, le reste de la face ventrale se développe en un pied aplati. La surface dorsale postérieure au voile constitue le manteau et est divisée par six ou sept gouttières transversales en espaces semblables à des segments que l'on peut appeler les plaques palléales (flg. 124, IV). Ces espaces semblent correspondre à autant de glandes coquillières étalées immédiatementen arrière du voile,les yeux apparaissent comme deux taches noires (fig. 124, IV). Pendant que ces transformations extérieures s'effectuent, l'archen- téron subit aussi des modifications considérables. La région antérieure donne naissance, suivant Kowalevsky, à un sac dorsal (?) dans lequel se forme la radula, tandis que le foie se constitue aux dépens des deux diverticulums latéraux de la même cavité. D'après cet exposé, il semblerait que Kowalevsky considère l'œsophage et le sac de la radula comme dérivant l'un et l'autre des parois de l'arclientéron et non du stomodiieum. Une telle origine de ces organes est sans analogue cliez les Mollusques. La larve éclôt vers cette époque et après avoir nagé quelque temps se fixe parle pied, perd ses organes larvaires, ses cils, etc., et développe la coquille. La coquille se montre d'abord pendant la vie larvaire sous la forme de spicules sur le milieu et les cùlés de la tôle et plus tard sur le milieu et les côtés des plaques palléales post-orales (fig. 124, V). La coquille permanente apparaît un peu plus tard comme une série de plaques calcaires médianes et latérales, d'abord sur la partie postérieure de Taire du voile, et ensuite sur les plaques palléales en arrière. Les trois îlots calcaires de chaque plaque se soudent et donnent naissance aux plaques permanentes de la coquille Les spicules primitifs sont rejetés sur les côtés où ils persistent en partie et sont en partie remplacés par de nouveaux spicules. Le système nerveux se forme pendant la vie larvaire comme quatre cor- dons longitudinaux, deux latéraux, les cordons branchiaux, et deux ven- traux, les cordons pédieux. Des renflements pairs antérieurs des cordons pédieux se rejoignent en avant de la bouche pour former l'anneau œsopha- gien. Les cordons pédieux et leurs dérivés sont considérés par Kowalevsky comme tirant leur origine des parties latérales de la plaque formée par la métamorphose du blastopore. La partie médiane de la plaque est encore visible après la formation de ces parties. La principale particularité de la larve du Chiton (en dehors de la plaque ventrale spéciale) consistedansl'allongementet la segmentation dorsale de la partie postérieure du corps. La situation du voile et ses 238 MOLLUSQUES. rapports avec la bouche sont normaux, la position des yeux en arrière de lui est cependant anormale . L'allongement et la segmentation de la partie postérieure du tronc doivent probablement être considérés comme indiquant que le Ghiton s'est de bonne heure séparé du groupe principal des Odontophores dans une direction propre et non que les autres Odontophores descen- dent de formes ancestrales analogues au Ghiton. La coquille des Mol- lusques, suivant cette opinion, ne doit donc pas dériver de l'une des plaques de la coquille du Ghiton, mais les plaques du Ghiton de la seg- mentation d'une coquille primitivement simple. La segmentation qu'elle montre est une segmentation que toutes les formes larvaires trochosphères semblent avoir eu la faculté d'acquérir. Mais la symé- trie bilatérale du Ghiton, qui est aussi bien marquée que celle des Lamellibranches, indique qu'il représente un phylum primitif des Odontophores. Scaphopodes. — De Lacaze-Duthiers a fait connaître d'une manière complète les caractères extérieurs de la larve propre à ce groupe inté- ressant {n° 286). La segmentation est inégale et conforme au type habituel des Mol- lusques. Lorsqu'elle est achevée, l'embryon prend une forme un peu allongée et à sa surface apparaissent une série de couronnes ciliées transversales. Aussitôt que ces couronnes sont formées, la larve éclôt et se met à nager à l'aide de ses cils. Il se forme en tout six bandes ciliées et en outre une touffe de cils (fig. 125, a) se développe dans une dépression de l'extrémité antérieure. La larve, ainsi constituée, est très différente en apparence des larves décrites jusqu'ici et ses parties sont très difficiles à homologuer, les stades ultérieurs du développement montrent cependant que toute la région du corps occupée parles couronnes ciliées fait partie du champ du voile, tandis que la petite région papilliforme située en arrière est la partie post-vélaire de l'embryon. Gette dernière partie s'accroît ra- pidement et en même temps les couronnes ciliées se réduisent h quatre (fig. 125, 0 qui peu à peu se rapprochent les unes des autres, tandis que la région qui les porte augmente de diamètre. Les couronnes s'unissent enfin en une seule, portée par un bourrelet vélaire sail- lant (fig. 125, 2). Au centre de cette couronne est située la touffe termi- nale de cils sur une proéminence très réduite. Pendant que ces changements s'effectuent dans le voile, la région post-vélaire est devenue de beaucoup la portion la plus considérable de l'embryon, de sorte que le voile forme un disque saillant à l'extrémité antérieure d'un corps allongé. Le manteau est formé par deux expan- sions latérales qui apparaissent près de l'extrémité postérieure, lais- sant entre elles une gouttière ventrale tapissée par des cils; à leur face dorsale se forme une cocjuillc délicate. Les lobes du manteau ODONTOPHORES. 23 y continuent à s'accroître, et pendant que le voile est le siège des chan- gements qui viennent d'être décrits, ils se rejoignent et se soudent sur la ligne médiane ventrale et transforment la gouttière qui les sépare Ijs^cju my Fig. 125. — Quatre stades du développement du Dentale (emprunté à 0. Schmidt, d'après de Lacaze-Duthiers) (*J. en un tube complet, ouvert en avant et en arrière. Un courant d'eau est déterminé dans ce tube par l'action des cils. La coquille qui a d'abord la forme d'un disque, comme la coquille des autres larves de Mollusques, se moule sur le manteau et devient ainsi tubulaire. A (*) 1, embryon avec quatre couronnes de cils vibratiles. — 2, embryon plus avancé, au moment où les deux bords de la coquille se réunissent sur la ligne médiane ventrale. — 3, stade plus avancé : le mmteau recouvre presque complètement le voile, le pied est déjà Développé. — 4, larve immédiate- ment avant la disparition du voile. b, couionnos de cils vibratiles. — a, houppe ciliée antérieure. — s, coquille. — p, pied. — ff, gan- glion pédieux. — o, otocyste. 240 MOLLUSQUES. l'extrémité antérieure du tube palléal qui d'abord ne recouvre pas le voile, se forme le pied. Il apparaît comme une protubérance de la paroi ventrale du corps, s'étend rapidement en avant (fig. 125, 3), devient trilobé (fig. 125, 4) comme chez l'adulte et cilié. Lorsque ces transformations sont achevées, l'aspect de la larve dif- fère principalement de celui de l'adulte par la saillie du voile au delà du bord de la coquille (fig. 125, 4). Mais le voile commence bientôt à s'atrophier et la larve tombe au fond de l'eau . Le tube palléal et la coquille s'étendent en avant et enveloppent complètement le voile qui, bientôt après, achève de disparaître. La bouche se forme du côté ven- tral, du voile à la base du pied, et sur ses côtés apparaissent les tenta- cules particuliers si caractéristiques du Dentale adulte. LAMELLIBRANCUES. Les Larves des Lamellibranches ont d'une manière générale les mê- mes caractères que celles des Gastéropodes et des Ptéropodes. Un stade trochosphère avec un voile, mais sans coquille, est suivi d'un stade véligère avec un voile plus développé encore, une coquille dor- sale et un pied ventral. La segmentation est inégale et d'une manière générale semblable à celle des Gastéropodes, mais le type à quatre grosses sphères vitelli- nes spécialement caractéristique des Gastéropodes n'a été observé que chez le Pisldium et un type de segmentation semblable à celui de l'Anodonte (p. 89) semble être le plus fréquent. Il y a une gastrula embolique ou épibolique, mais les stades ulté- rieurs de la formation des feuillets ont été observés d'une manière si incomplète et dans un si petit nombre de types qu'il n'est pas possible de rien exposer d'une manière générale à ce sujet. Ce que l'on sait à Fig. 12G. — Trois sl;idos du déveluj)i)i'im.'iit du Cardui/ii (d'après Loven) ['). ce propos sera mentionné avec la description du développement des types spéciaux. (*) /(//, LypobKisli'. — 6, pied.. — m, bouclic. — an, aaus. — V, voile. — cm, muscle adducteur iiitério'ur. .AMELLIBRâNCHKS. 241 Le blastopore dans quelques cas se l'erme au point où l'anus {Pisi- dium) et probablement dans d'autres cas la bouche se formera plus tard. Chez l'Anodonte il est décrit comme ne se fermant pas à un point corres- pondant à l'un de ces deux orifices, mais sur la face dorsale ! L'embryon prend une forme un peu ovoïde, et dans les larves marines li- bres il apparaît de très bonne heure en avant de la bouche un voile bien développé. 11 est d'abord représenté d'après Loveu par deux papilles et prend la forme d'un bourrelet circu- laire armé de longs cils. Au centre du champ du voile est d'ordinaire un long flagellum unique (fig 126 B et G). Le voile ne devient jamais bilobé. Aux stades plus avancés, après le développement de la coquille, le voile devient très rétractile et peut être presque complètement caché dans le manteau par l'action de muscles spé- ciaux. Il forme le principal organe de locomotion de la larve libre. Dans quelques formes d'eau douce quin'ont pas d'existence larvaire libre, le voile est très réduit {Anodon, Unio, Cyclas) ou même avorté [Pisidium). Dans ces formes aussi bien que chez le Teredo (fig.127) et probablement d'au- tres fermes marines {Ostrea), le flagel- lum central fait défaut. Loven a sug- géré, quoique sans preuves directes, que les tentacules labiaux des Lamel- libranches adultes sont les restes du voile. Le champ du voile est dans tous les cas le seul représentant de la tête. Dans quelques formes marines un re- vêtementciliaire général apparaîtavant la formation du voile ; chez le Monta- cuta et d'autres types il se développe comme chez beaucoup de Gastéropodes un paquet circum-anal de cils Bai,fouh. — Kmbryologie. j. — (g Fig. 127. — Taret [Teredo) et sa larve (em- prunté à 0. Schmicit d'après de Quatre- fages). — Le voile est bordé de deux rangées de cils vibratiles. Jjiiliiyon (le fisiilitim jiii.sHliiin (cniiiriintL- a ]..in- kester) (*). 242 MOLLUSQUliS. Une glande coquillière apparaît de 1res bonne heure sur la face dor- sale chez le Pisidnim, le Cnclas et rOs/>-ea et probablement chez la plu- part des formes marines (fig. 128, s/îs). Elle a la forme d'une selle et est constituée par des cellu- les non ciliées allongées limitant une gouttière. Elle s'étale et à sa sur- face se forme la coquille qui paraît avoir d'ordi- naire la forme d'une cu- ticule impaire en forme de selle sur les deux cô- tés de laquelle les val- ves se forment plus tard par un dépôt de sels cal- caires. Chez le Pisirliwn, les deux valves sont, d'a- près Lankester, d'abord entièrement indépen- dantes et largement sé- parées ; cet auteur a suggéré, mais non démontré que le ligament de la coquille se dé- veloppe dans la partie médiane de la gouttière de la glande coquil- lère. Les lobes du manteau apparaissent comme des expansions latérales du corps, ils atteignent d'ordinaire une extension considérable avant d'être couverts par la coquille. Chez l'Anodonte et VUnio les lobes du manteau larvaire se forment cependant d'une manière un peu excep- tionnelle et sont dès l'abord complètement recouverts par les valves de la coquille larvaire. Les lobes du manteau larvaire et la coquille chez l'Anodonte et chez l'Unio sont plus tard remplacés par des for- mations permanentes. Les muscles adducteurs se forment bientôt après l'apparition de la coquille. Le postérieur apparaît quelquefois le premier [Mytilus], d'autres fois c'est l'antérieur qui se montre d'abord [Cardium). Le pied se développe de la manière ordinaire comme une proémi- nence située entre la bouche et l'anus. Comparativement avec ce qui a lieu chez les Gastéropodes, il apparaît tardivement et dans un grand iionbre de cas ne devient saillant qu'après que la coquille a atteint des dimensions considérables. Dans sa partie postérieure une paire de glandes du byssus provisoires sont développées par l'épiderme chez le Cyclas et d'autres formes. Dans d'autres cas {Mt/tihis) la glande du ?cp-il'.iére. — ))i. hoiicllp. ;,/,, ,,l ir\ nv. — 1/^ pi, inlo^lin. s/m. pl.iiiHii LAMELLIBRANCHES. 24:i byssus est permanente. La glande du hyssus occupe à peu près la position de l'opercule des Gastéropodes et semblerait probablement correspondre à cet organe. La partie antérieure du pied est d'ordinaire ciliée. Les branchies apparaissent assez tard dans le développement lar- vaire le long de la base du pied de chaque côté entre le manteau et le pied (fig. 120, hr). Elles se développent sous la forme d'une rangée li- néaire de papilles un peu bosselées ; une seconde rangée de papilles se forme plus tard. Les deux rangées donnent respectivement nais- sance aux deux branchies de chaque côté. Les phénomènes ultérieurs du développement des branchies ont été étu- diés par de Lacaze-Duthiers (n° 2S7) chez la Moule. La première rangée de papilles branchiales formée devient l'interne des deux branchies de l'adulte. Les papilles augmentent en nombre d'arrière en avant. Lorsqu'il en existe environ onze, leurs extrémités libres un peu renflées se soudent, les portions basilaires restant séparées par des fentes. Le feuillet réfléchi de la branchie est formé par l'extrémilé libre de la lamelle branchiale qui se recourbe sur elle-même du côté interne et re- vient vers la ligne d'insertion de la branchie. Le feuillet réfléchi n'est pas d'abord formé de filaments séparés, mais d'une membrane continue. Avant que cette membrane n'ait atteint une grande largeur, il s'y forme des perfo- rations correspondant aux fentes intermédiaires entre les filaments du feuillet direct. La branchie externe se développe exactement de la môme manière, mais un peu plus tard que l'interne. 11 commence à en apparaître des rudiments lorsqu'il existe environ vingt papilles de la branchie interne. Ses premières papilles se forment près du bord postérieur de la branchie interne et Je nouvelles papilles viennent s'y ajouter, tant en avant qu'en arrière. Sou feuillet réfléchi est dirigé du côté externe. Chez la Moule les deux parties directe et réfléchie de chacun des filaments delà branchie sont réunies à larges intervalles par des processus extensibles, les « travées interlamellaires » et les filaments successifs sont rattachés par des connectifs ciliés. Dans un grand nombre d'autres types la coalescence des diverses parties de la branchie est poussée beaucoup plus loin. Le maxi- mum de coalescence est peut-être atteint chez l'Anodonte et YTJnio (1). Il semble se développer toujours dans le pied une paire de grosses otocystes, qui correspondent évidemment aux otocystes des Gasté- ropodes. La larve possède souvent des yeux qui disparaissent de bonne heure chez l'adulte. Chez le Montacuta et d'autres types, il se forme une paire de ces organes à la base du voile de chaque côté de l'œsophage, non loin des otocystes, ils sont pourvus d'un cristallin. (l) R.-H. Prc.k. Gills of Lamellibrancli Mollusca (Quart. Journ. micr. science, XVII, 1877). 244 MOLLUSQUES. L'ne rangée d'organos semblables exisic chez la larve du Teredo en avant dn pied. Cardium. — Le CarcUum pijn 711x11 m, dont le développement a été étudié par Loven (n" 2111), peut me servir d'exemple pour les Lamellibranches marins. Les œufs enveloppés d'une capsule assez épaisse sont fécondés dans le cloaque. La segmentation ressemble beaucoup à celle de la Nassa (voy. p. 90) et les petits segments enveloppent peu à peu les grosses sphères hypoblastiques, de sorte qu'il semble y avoir une gastrula par épibolie. Après que l'hypoblasle est enveloppé par l'épiblaste, un côté de l'embryon s'aplatit et se creuse d'une dépression assez profonde (fig. i26A). D'après la description de Loven il me semble probable que la dépression du côté aplati occupe la position du blastopore et que cette dépression elle-même est le stomodceum. A ce stade l'embryon se revêt de cils courts qui déterminent sa rotation dans la capsule de l'œuf. Immédiatement au-dessus de la bouche apparaissent deux petites papilles. Elles se séparent peu à peu et donnent naissance à un bourelet circulaire couvert de longs cils qui entoure l'embryon en avant de la bouche située elle-même à la face ventrale. Cet organe est le voile. A son centre est un long flagellum unique (fig. 126 B). Peu après la coquille se montre comme un organe en forme de selle sur la partie postérieure delà face dorsalede l'em- bryon. Elle est dès l'abord formée de deux valves qui se réunissent en arrière sans trace de cliarnière (fig. 126 C). Les deux valves s'accroissent rapide- ment et recouvrent en partie le voile; au-dessous d'elles les lobes du man- teau se montrent bientôt comme des replis latéraux. La cavité digeslive s'est difi'érenciée pendant ce temps (fig. 126 C). Elle consiste en une bouche [m] et un œsophage cilié dérivés probablement du stomodoeum, un estomac et un intestin dérivés du véritable hypoblaste et un organe hépatique consistant en deux lobes séparés ouverts dans l'es- tomac. L'anus [an) apparaît non loin en arrière de la bouche ; entre les deux orifices est un rudiment de pied très peu développé (6). Le muscle adducteur antérieur (cm) apparaît à ce stade, le muscle postérieur n'étant pas encore difierencié. La larve est alors prête à éclore, mais son développement ultérieur n'a pas été suivi. Ostrea. — Les larves d'Huître figurées par Salenky (n° 293) montrent une grande ressemblance avec celles du Cardium. Le voile est cependant constitué par une simple couronne de cils sans flagellum central. Le proctodseum semble se former après le stomoda'um, et le premier stade figuré est trop avancé pour faire connaître la position du blastopore (1). (I) CliPz VOatrea virr/hiiana' , la segmentation est analogue à celle de la Nassa (p. 90) et aboutit à la formation d'une calotte de cellules épiblastiques entourant une sphère liypoblastique nniriue. Celle-ci finit [)ar se diviser et l'embryon devient discoî- dal, puis par l'invagination des cellules liypoblasiiques prend l'a forme de gastrula eniboli(iue ; une cavité sépare l'épiblaste de l'hypoblaste. Selon Brooks le blastopore (*) W.-K. BnooKS. Development of the ameiican Oyslcr lOsIrra virriiniana) {lirport of tJiP cnni- missionners of fisherirs of Mnrijlond, 18f<0'. LAMELLIBRANCHES. . 245 Pisidium. — Le développement du Pisidiam a été étudié par Lankester (n° 239). L'œuf est revêtu d'une membrane vitelline et se développe dans une poche incubatrice à la base de la branchie interne. La segmentation commence par une division de l'œuf en quatre sphères égales dont chacune, comme chez tant d'autres Mollusques, produit par bour- geonnement une petite sphère. Les stades plus avancés de la segmentation n'ont pas été suivis en détail, mais il en résulte la formation d'une l)las- tosphère. Une invagination se produit alors probablement au pùle inférieur et donne naissance à un sac archentérique. Puis l'embryon augmente rapidement de dimension, le blastoporese ferme et le sac archentérique forme une petite masse attachée en un point aux parois de l'embryon vésiculaire (fig. \ 29, /(?/). Dans l'espace intermédiaire aux parois de l'archentéron et à celles del'embryon apparaissenldes cellules mésoblastiques étoilées dérivées principalement de l'épiblaste bien que probablement aussi en partie de la vésicule hypoblasiique (fig. 129 0, p). La cavité intermédiaire àl'épiblaste et à l'hypoblaste qui contient ces cellules est la cavité générale. La figure 129 représente trois vues de l'embryon à ce stade : A, est une vue de face montrant l'épiblaste ; B, est une coupe optique dans le plan médian montrant l'hypoblaste et quelques-unes des cellules mésoblastiques; G, e^tune coupe optique montrant les cellules mésoblastiques. Il se développe ensuite d'un côté de l'embryon une proéminence qui forme le commencement du pied, et le sac archentérique devient bilobé à son extrémité libre, mais reste atta- ché à l'épiblaste par un pédicule imperforé. L'organe qui apparaît le premier ensuite est le stomodœum. Il se forme comme une invagination épibhistique ciliée qui rejoint l'extrémité libre du sac archentérique, s'y soude et peu après s'ouvre dans sa cavité (fig. 12H, ph). Entre la bouche et le point d'atta- che du pédicule enlérique est situé le pied (/") qui devient cilié. Du côté dorsal du pédicule entérique se montre un groupe en forme de selle, de cellules épiblastiques limitant les bords d'une gouttière {shs), c'est le rudiment de la glande coquillière. serait dorsal, mais il est évident qu'il a pris la glande coquillière" pour le blastopore. Une protubérance transitoire représentant le pied se montre à la face ventrale. Les premiers stades de la segmentation de \'0. edulis * n'ont pas été suivis, il se forme une gastrula embolique comme dans l'espèce précédente, il n'y a pas de cavité de segmentation. Le blastopore persiste pour former la bouche permanenle. Au pôle opposé au blastopore se développe la glande coquillière dont l'orifice est linéaire et transversal par rapport à l'embryon. Derrière la bouche primitive apparaissent une paire de cellules initiales du mésoblaste dont l'origine n'a pas été observée. A un stade plus avancé l'archentéron se différencie en estomac et intestin et l'épiblaste s'écarte de l'hypoblaste formant une cavité générale dans laquelle on voit des cellules méso- blastiques éparses. La glande co(iuillière se retourne et sécrite à sa surface une pla- que chitineuse premicsr indice de la coquille d'abord simple et impaire. Le voile appa- raît dans la région prostomiale sous la forme d'une double couronne de cils au mi- lieu de laquelle un épaississement de l'épiblaste forme les gmglions sus œsophagiens; un épaississement épiblastique ventral dans la région occupée auparavant par le pied est probablement l'origine du ganglion pédieux. L'estomac se divise par un étrangle- ment en deux régions, supérieure et inférieure, entre lesquelles prend naissance l'in- testin ; la division supérieure présente de part et d'autre de grandes iioches rudiments, du foie ( Tvad.). (*) R. HonsT. >olc sur lo développement de l'IIuitrc tOslrro rchilis i Zoolngisclier Anzciyrr, V, 1882). 246 MOLLUSQUES. Le pédicule eulorique, ou l'iulestiii comme on peut mainlenuiil l'appeler, acquiert bietitùt une lumière, mais reste encore imperforé à son extrémité . .-rr'^^''-/'y-^:t /v/"" ^ ■'-;^ir^>"r%tCv.i /.■,-V;',: • :--Ç®if^^ PfS Sî tov'-"''i')'-^.'' >:-fî"v"!- ^;■ V- - , lijr. I:i".l. — Irois Mifs il un einlirvuii de l'i.suhiiiu iiniiiéiliatouiciit uprcs l'occlusiuii du blastopoie (d'api-os Laiikestor) (*). OÙ l'anus doit se former. Au-dessous de l'intestin est placée une masse de cellules, rudiment de l'organe de lîojanus. Elle est décrite comme due à une involution de l'épiblaste. A un stade un peu plus avancé la {glande coquillière s'accroît rapidement et s'étale; sur ses deux côtés apparaissent les rudiments des deux valves qui sont d'abord entièrement distinctes et séparées par un intervalle considérable (fîg. d30). Avant l'apparition des deux valves de la coquille, les lobes du manteau se sont déjà formés sur les côtés du corps. Un peu plus tard les branchies apparaissent comme une série linéaire de petits bourgeons indépendants en dedans des lobes du manteau et en ar- rière du pied (fig. 130 br). Le muscle adducteur antérieur se différencie également à ce stade. La cavité digestive a subi pendant ce temps des changemenls considérables. (*) A. vue de face. — B, coupe opti<(iie dans le plan médian, peu inférieur à la surface. — ej), épiblaste. — iii(\ mésoblaste. - freonnant en aiiparencc de l'Iivpolilasle pour loriner Irv éjcniPtils — C, eouiic optique dans un plan un - /()/, liypoblaste. — p. cellules boui- iju nié^-oblaste. LAMELLlBllANCIIKï^ B ff. 130. — Vue diagrumiiiatiqiie d'iinp larve avancée de Pisidiiim 'emprunté à Lankester) (*). Les lobes laléraux primilils se dilatent beaucoup el deviennent ciliés. Un peu plus tard, leurs parois subissent des nioditicatioiis particulières dotit la nature reste assez obscure, mais qui nie paraissent ôtre de la môme nature .que celles qui se produisent chez un grand nombre de Ptéropodes et de Gastéropodes où les cellules des diverticules hépatiques, auxquels les lobes du Pisidium semblent correspondre, se remplissent de substance albumineuse. Les stades plus avancés du Fisidiuin n'ont pas été suivis. Il est à remarquer que chez le Pisidium il n'y a pas de stade véligère. Cela est pro- bablement dû à ce que le développement a lieu dans la poche incubatrice. Le déve- loppement tardif des otocystes est aussi remarquable. 11 n'existait pas de glande du byssus jusqu'au stade observé. Chez le Cyclas culyculata (Schmidi), la glande du byssus semble aussi faire défaut. Cyclas. — Le développement du Cyclas, tel qu'il est décrit par Von Jhe- ring, dillère beaucoup de celui du Pisidium, et les difl'érences semblent trop grandes pour être expliquées autrement que par des erreurs d'observation. La segmentation du Cyclas est semblable à celle de l'Anodonte (voy. p. 89) et une masse de grosses cellules enveloppées parles petites cellules dotme naissance à l'hvpoblasle. A l'intérieur de cette masse il apparaît une lumière et lamasse entière émet un processus qui se porte vers l'épiblasle, s'y soude et donne naissance à lœsophage et à la bouche, mode de développement de ces parties qui n'a pas d'analogue parmi les Mollusques. V\i voile très rudi- mentaire semblerait, d'après Leydig [n" 290), se développer à l'extrémité cé- phalique. 11 se forme une glande coquillière présentant les mêmes caractères que chez les Gastéropodes. D'après Leydig, la coquille apparaît à la surface dorsale comme un organe simple en forme de selle ; les parties latérales se calcifient et donnent naissance aux deux valves, mais sont réunies au milieu par la portion médiane membraneuse. Des deux côtés du corps, les lobes du manteau se forment comme chez le Pisidium. Très peu de temps après la formation de la coquille, la glande du byssus se développe sous la forme d'une paire de petits follicules sur la partie pos- térieure du pied. Elle augmente rapidement de largeur et constitue une paire de glandes pyriformes dans lesquelles sont sécrétés les fils du byssus qui servent à attacher tous les embryons en un môme point des parois de la poche incubatrice. Le pied est large et cilié en avant. Dans sou intérieur se développent de bonne heure des sacs otolilhiques et des ganglions pédieux. UniO. — L'œuf de l'Anodonte et de YUnio est enveloppé d'une membrane \ilelline délicate dont la surface se soulève en un tube saillant en forme de (') m, bdiichr. — o. anu?. — B. organe de Bojnnns. — mn, mintf.ni — f. pied. 248 MOLLUSQUES. tronipetle perforé à son extrémité (fig. 12), constituant le mici'opyle. Le micropyle disparaît chez VAiiodonta piscinalis lorsque l'œuf est mûr, mais persiste chez l'Unio pendant tout le développement. Les œufs sont portés d'une manière qui n'est pas connue avec certitude dans l'espace intermé- diaire aux deux feuillets des branchies externes de la mère et subissent là leur premier développement. Le pôle animal ou supérieur de l'œuf est situé au pôle opposé au micropyle. La segmentation est inégale (p. 89) et aboutit à la formation d'une blasto- sphère creusée d'une vaste cavité de segmentation. La plus grande partie de la circonférence de l'œuf est formée de petites sphères uniformes, mais le pôle inférieur (par rapport à la segmentation) est occupé par une seule grosse cellule. Les petites sphères deviennent l'épiblaste et la grosse sphère donne naissance à l'hypoblaste et au mésoblaste (1). La grosse cellule unique se divise ensuite en deux, puis en quatre, et enfin en environ dix à quinze cellules. Ces cellules forment une aire spéciale d'élé- ments plus granuleux que les autres cellules de la blastosphère. Presque toutes sont à peu près de même dimension, mais deux d'entre elles (selon Rabl) en contact l'une avec l'autre, mais situées sur les futurs côtés droit et gauche de l'embryon, sont beaucoup plus grosses que les autres. Ces deux cellules passent bientôt dans l.i cavité de la blastosphère, tandis qu'en même temps l'aire des cellules granuleuses s'aplatit, puis s'invagine en un petit sac à orifice allongé transversalement qui ne remplit pas à beaucoup près la moitié de la blastosphère. Ce sac invaginé est l'archentéron. Les deux grosses cellules qui sont situées en contact immédiat avec ce que j'appellerai après Rabl la lèvre antérieure du blastopore, produisent ensuite par bourgeonnement des petites cellules qui forment d'abord une couche revêtant les parois de l'archentéron, mais plus tard se développent en un réseau remplissant toute la cavité de la blastosphère primitive. L'es- pace situé entre ces cellules est la cavité générale primitive. Pendant long- , temps les deux cellules mésoblastiques primitives conservent leur dimen- sion prépondérante (2). A l'extrémité postérieure du corps, à l'extrémité opposée par conséquent aux deux cellules mésoblastiques, sont situées trois cellules épiblasliques pariiculièrement grosses. Chez l'Anodonte et VUnio tumidas, il apparaît à cette période un paquet de longs cils à l'extrémité antérieure du corps. Ces cils déterminent la rota- lion de l'embryon et semblent être le voile. Chez YUaio pictorum ils n'appa- raissent que beaucoup plus tard. Immédiatement après ce stade les changements s'effectuent dans l'em- bryon avec une grande rapidité. D'abord une masse spéciale de cellules mésoblastiques apparaît à l'extrémité postérieure du sac archentérique et s'allongeant transversalement doime naissance au muscle adducteur unique. Lorsque la coquille se ferme plus lard, le muscle s'insère sur ses deux valves. Le blastopore se ferme ensuite, et la petite cavité archentérique s'étend en avant jusqu'à rencontrer l'épiblaste et se détache en même temps (1) L'exposé du reste du développement jiisiiu'à réclosionest emprunté àRabl (n° 292). (2) Dans cet exposé je suis la nomenclature do Rabl. Suivant sa description la partie ventrale du corps est le pôle animal originel ; la partie dorsale, le pôle inférieur; l'extréniilé anlérieurc, le coté mosoblastique de l'orifice d'invaRinatioii. LAMELLIBRANCHES. 2'tO de l'épiblaste dans la région où était situé le blastopore. Au point où elle arrive en contact en avant avec la paroi du corps, il se produit une petite invagination épiblaslique qui s'ouvre dans le sac archentériquo. et forme lu bouche permanente. Pendant que ces transformations s'effectuaient, la coquille s'est formée à la surface dorsale comme une plaque continue en forme de selle;, les deux valves se différencient plus tard dans cette plaque. A la face dorsale elles se rencontrent suivant une charnière en ligne droite. Chaque valve est d'abord arrondie, mais plus tard prend la forme d'un triangle dont la ligne de la charnière est la base. Les valves ne sont pas tout à fait cquilatérales, mais le côté antérieur est moins convexe que le postérieur. A une période plus avancée, un organe en forme de bec se développe au sommet de clia- que valve, de la même manière que le reste de la coquille. Cet organe est situé à peu près à angles droits avec la portion principale de la valve. Il est pointu à son extrémité et porte du côté externe de nombreuses épines qui sont particulièrement grandes sur la ligne médiane (fig. 131 A). Il sert à fixer la larve lorsqu'elle est éclose sur les Poissons sur lesquels elle est pendant quelque temps parasite. La coquille est perforée de nombreux pores. Après que la coquille est formée, il apparaît un nouvel organe appelé la glande du byssus. Elle se déve'loppe par une invagination de l'épiblaste à l'extrémité postérieure du corps : Rabl n'a pas pu déterminer si elle était formée on non par les trois grosses cellules épiblastiques qui existent en cet endroit. Elle constitue plus tard une glande allongée formant trois circonvo- lutions ou à peu près autour du muscle adducteur du côté gauche du corps, mais s'ouvrant sur la ligne médiane ventrale. Elle sécrète un cordon allongé par lequel la larve se suspend après l'éclosion. Pendant quelque temps, la partie ventrale du corps fait saillie en arrière du bord des valves, mais avant que celles-ci ne soient complètement for- mées, il se produit une invagination médiane de la paroi du corps qui obli- tère en grande partie la cavité générale et donne naissance à deux grands lobes latéraux, un pour ciiaque valve; ce sont les lobes da manteau. Avant que les lobes du manteau ne soient entièrement formés, des orga- nes sensoriels spéciaux, d'ordinaire au nombre de quatre, font leur appari- tion sur chaque lobe. Chacun d'eux consiste en une cellule columnaire portant à son extrémité libre une cuticule qui porte elle-même de nombreu- ses soies fines. La cellule et les parties adjacentes sont recouvertes par une membrane délicate perforée pour le passage des soies. Le plus gros et le premier formé de ces organes est situé près de la partie antérieure et dor- sale du manteau. Les trois autres sont voisins du bord libre du manteau (fig. 131 A). Ces organes ont probablement pour rôle de permettre à la larve de reconnaître le passage d'un Poisson dans son voisinage et par conséquent de l'aider à s'y fixer. Lorsque l'embryon est presque mùr il apparaît immé- diatement au-dessous et en arrière du voile de chaque côté de la ligne mé- diane une fossette peu profonde, et les deux fossettes semblent être réunies par un pont transversal médian. Ces organes ont fort embarrassé les diffé- rents observateurs et leur signification n'est pas encore bien nette. D'après Rabl, l'organe médian est l'archentéron un peu bilobé et, dans son opinion, n'est pas réellement en rapport avec les fossettes situées latéralement. Les 2o0 MOLLUSQUES. cils du voile recouvrent ces derniers organes et les l'ont paraître comme si leurs bords étaient ciliés, Habl les regarde comme les rudiments du sys- tème nerveux. Avec le développement de lu coquille, du manteau et des organes des sens, la jeune Moule atteint tout son développement larvaire et est alors désignée sous le nom de Glochidium (lig. 13, A). ■j)(ic{ Si le parent avec des Glocliidiums dans ses brancliies est mis dans U!i bassin avec des Poissons, il rejette bientôt (comme je l'ai observé dans de nombreuses expériences) les larves de ses branchies, et aussitôt les larves se délivrent des membranes de l'œuf, se fixent par le cordon du byssus et suspendus dans celle position ouvrent et ferment continuellement leurs coquilles par les contractions du muscle adducteur. S'il n'y a pas de Pois- sons dans le bassin où sont placées les Moules, les larves peuvent rester longtemps dans les branchies. Avant de passer à l'exposé de ce que l'on sait sur la métamorphose lar- vaire, il peut être bon d'appeler l'attention sur certaines difficultés, considé- rables à mon avis, qui empêchent d'accepter dans toutes ses particularités la description que Rabl donne du développement. Chez tous les Mollusques Gastéropodes, le pôle inférieur ou végétatif de l'œuf est ventral et non dorsal comme Rabl le décrit chez \\jnio. Le blasto- pore chez les autres Mollusques coïncide toujours ou avec la bouche, ou avec l'anus, ou s'étend entre les deux. La face sur laquelle se forme le pied est la face ventrale. Du côté dorsal sont situés : 1° le voile près de la bou- che; 2° la glande coquillière près de l'anus. Chez l'Anodonte, le voile est placé immédiatement au-dessus de la bouche, puis, d'après Rabl, vient le blastopore, et dans la région du blastopore se forme la coquille. Le blaslo- pore occupe par conséquent une position dorsale. En réalité il occupe la position ordinaire de la glande coquillière, et ressemble beaucoup à cet or- gane (qui n'existe pus autrement cliez l'Anodonte et \\jnio). Sans considérer nécessairement les interprétations de Rabl comme fausses, je pense que ces difficultés auraient dû au moins être discutées dans son mémoire. Cela est d'autant plus vrai qu'il n'est pas douteux que Rabl a dans son mémoire sur (*) A, Glocliiilium iniinédiatemcnt a[>res l'éclosidn. — o(/, niusclo udducteur. — i7(, coquille. — li\j, byssus. — s, organes sensoriels. — B, (Uochidium fixé sur le Poisson depuis quelques semaines. — ftr, branchies. — au. i^ otocysle. — /. pied. — n. n. .'.!!), trad. franc., p. 217. 25i- MOI.LUSOURS. Greiuichei-, d'après ses observalionssur le développement des Cépha- lopodes, s'élève fortement contre celte vue et soutient que dans ce groupe il n'existe aucun organe médian comparable au pied et que les bras ne peuvent pas être regardés comme tenant la place du pied, mais sont plus probablement des représentants du voile. La difficulté que l'on rencontre à déterminer les homologie& de ces parties est due surtout à la présence du sac vitellin qui, chez les Cé- phalopodes comme chez les Vertébrés, détermine des modifications con- sidérables dans le cours du développement. Le pied est essentiellement une protubérance de la surface ventrale située entre la bouche et l'a- nus. Chez les Gastéropodes, il n'est pas d'ordinaire rempli de vitel- lus, mais contient unecavité traversée par des cellules mésoblastiques contractiles. Dans ce groupe, le blastopore est un orifice en forme de fente (voy. p. 209) s'étendant sur la région du pied de la bouche à l'anus, le point où il achève de se fermer étant d'ordinaire l'extrémité orale, mais quelquefois l'extrémité anale. Chez les Céphalopodes, la place du pied du Gastéropode est occupée par le sac vitellin externe. Dans les formes normales le blastopore se ferme au sommet du sac vitellin, et les bras se développent des deux côtés de ce sac. Ces con- sidérations semblent conduire à la conclusion que le pied normal des Gastéropodes est représenté chez l'embryon des Céphalopodes par le sac vitellin qui, à cause de l'abondance du vitellus nutritif dans l'œuf, s'est rempli de vitellus nutritif et énormément dilaté. La ferme- ture du blastopore au sommet du sac vitellin et non sur ses côtés oral ou anal pouvait être prévue naturellement d'après la grande ex- tension de celte partie. Le type de larve de Grenacher où le sac vitellin externe peut être con- sidéré comme absent me semble confirmer cette vue. Si le lecteur se reporte à la figure 121, il reconnaîtra entre la bouche et l'anus une pro- tubérance qui ressemble exactement au pied ordinaire des Gastéropodes. Sur les côtés de cette protubérance sont situés les rudiments des bras. Cette protubérance est remplie de vitellus et représente le rudiment du sac vitellin externe de l'embryon typique des Céphalopodes. Le blas- topore, à cause de la moindre proportion du vitellus nutritif, se rap- proche davantage de sa position normale du côté oral de cette proé- minence. Si ces considérations ont la valeur que je leur attribue, la partie impaire du pied des Céphalopodes a été méconnue dans l'embryon à cause de l'accroissement énorme qu'elle a pris en se remplissant de vitellus nutritif, et aussi ;\ cause du fait que chez l'adulte la partie médiane du pied n'est pas représentée. Les bras sont évidemment, comme l'établit Huxley, des prolongements du bord du pied. Grenacher et Huxley sont d'accord pour considérer l'entonnoir comme représentant les épipodos coalescents ; mais (irenacher fait SYSTKME NERVEUX. 255 remarquer que les replis antérieurs qui prennent parti la formation de l'entonnoir (voy. p. 235) représentent les grands épipodes latéraux du pied des Ptéropodes, et les replis postérieurs, la partie dite en fer-à- cheval du pied des Ptéropodes. Développement des organes. L'éplblaste. — Dans la structure générale de l'épiblaste, il n'y a rien qui soit très particulièrement digne de remarque. Ce feuillet donne naissance à tout l'épiderme et à l'épilhélium des organes des sens. Le fait le plus remarquable qui le concerne est négatif, c'est qu'il ne produit pas, au moins dans tous les cas, le système nerveux. L'épiblaste du manteau possède la propriété spéciale de sécréter une coquille, et le tégument du pied a également une faculté plus ou moins semblable en ce qu'il forme l'opercule, et chez certains Lamel- libranches le byssus ; d'autres parties du tégument forment la radula, des soies chez le Chiton et d'autres productions analogues. Système nerveux. — L'origine du système nerveux chez les Mollus- ques est encore entourée de quelque obscurité. C'est l'opinion géné- rale de la majorité des observateurs que les ganglions nerveux des Gastéropodes et des Ptéropodes sont formés par des épaississements de l'épiblaste détachés. Lankester {n° 239) et Fol (n»'241)-2ol) sont l'un et l'autre arrivés à cette conclusion, et Rabl a montré par des coupes que, chez le Planorbe, il y a dans le champ du voile deux épaississe- ments latéraux de l'épiblaste dont les ganglions sus-œsophagiens se détachent plus tard. Les observations sur les ganglions pédieux sont moins précises ; ils sont très probablement dus à des épaississements de l'épiblaste sur les côtés du pied. D'après Fol, le système nerveux des Hyaléacés parmi les Ptéropodes se forme d'une manière un peu différente. Au centre du voile apparaît une aire dis- coïde qui bientôt est presque complètement divisée en deux moitiés. Cha- cune de celles-ci forme, par invagination, un petit sac. Les axes d'invagination des deux sacs se rencontrent en formant un angle à la surface. Les cavités des sacs s'oblitèrent, les sacs eux-mêmes se détachent de la surface, se sou- dent sur la ligne médiane et se placent à cheval sur l'œsophage. Fol a ob- servé un processus semblable chez la Limace. L'origine exacte des ganglions pédieux n'a pas été observée, mais Fol est porté à croire qu'ils proviennent du mésoblaste du pied (1). Une opinion très différente est soutenue par Bobrelzky (n° 242) dont les observations ont été faites par la méthode des coupes. Les ganglions sus- œsophagiens et pédieux se forment d'après cet auteur comme desépaississe- (1) Les ganglions pédieux sont formés parle mésoblaste chez les Gastéropodes pul- monés. (Fot.. Développement des Gastéropodes piilmonés Archiv. de Zoo!, exp., VIIL 1880.1 {Trori.) i:\t] MOLLUSQUES. nuMils locaux indépendants et mal définis de cellules qui sont en apparence inésublastiques. Les deux groupes de ganglions apparaissenî. presque simul- tanément et plus tard que les rudiments des organes auditifs et optiques. Chez les Céphalopodes il ne semble guère rester de doute que, comme l'a le premier montré Lankester, les divers ganglions se for- ment dans des tissus en apparence mésoblastiques. Il y a encore beaucoup de points à éclaircir relativement à leur ori- gine, à moins que des détails à ce sujet ne soient donnés dans le mémoire russe de Bobretzky. Il semble cependant que chaque ganglion se dé- veloppe comme une différenciation indépendante du mésoblaste (à moins que les ganglions optiques et cérébraux ne soient dès l'abord continus) (1). Les ganglions correspondants des deux côtés se réunis- sent plus tard, et les divers ganglions se mettent en relation par leurs cordons commissuraux propres. On voit les ganglions dans les ligures 134, 136 et 137. Chez les Lamellibranches, le développement du système nerveux n'a pas été observe. Los deux points qui sont les plus frappants dans le développement du sys- tème nerveux des Mollusques sont : i° le fait que chez les Céphalopodes au moins, il dérive de tissus en apparence mésoblastiques, et 2° le l'ait que les divers ganglions se forment souvent d'une manière indépendante et ne se relient que plus tard entre eux. Quant au premier de ces points, il est à remarquer que les ganglions sus- œsophagiens et pédieux sont dès l'abord rattachés respectivement aux organes optiques et auditifs, et que ces organes sensoriels sont, dans quelques cas au moins, développés avant les ganglions, il ne semble peut-être pas im- possible que primitivement les ganglions puissent avoir été simplement des différenciations de la paroi de l'organe sensoriel, et leur dérivation appa- rente du mésoblaste est peut-être, en réalité, une dérivation de cellules qui primitivement appartenaient àla paroi de ces organes sensoriels. Les observa- tions de Bobretzky sur le Fusus s'accordent bien avec cette hypothèse. Chez les Ilyaléacés et les autres Ptéropodes où il n'existe pus d'yeux à l'état adulte, Fol trouve que les ganglions sus-œsophagiens résultent d'une paire d'invaginations épiblasliques. Ces invaginations ne peuvent-elles pas être en réalité des rudiments des yeux aussi bien que des ganglions ? Fol décrit également, il est vrai, un mode d'origine semblable pour ces ganglions chez la Limace. Il serait intéressant de posséder de nouvelles observations sur ce sujet. L'origine indépendante des ganglions pédieux et sus-œsophagiens a un parallèle chez les Chétopodes. Les ganglions sus-œsophagiens semblent se développer toujours dans la région du champ du voile. Ce champ correspond au lobe préoral des larves des Chétopodes, au sommet duquel se développe le ganghon sus-œsophagien. (1) D'après Ussow ils sont indépondants. OUGANES VISUELS. 257 L'embryologie confirme ainsi les résultats de l'Analomie comparée sous le rapport de l'homologiede ces ganglions dans les deux groupes. Organes visuels. — Les yeux existent chez la plupart des Gastéro- podes et chez un grand nombre de Pleropodes à l'état larvaire. Bien que leur développement n'ait pas été complètement suivi, il a cepen- dant été clairement montré par Bobretzky et d'autres observateurs qu'ils apparaissent comme des involutions de l'épiderme form.antd'a- 1,1 1 4 Cû.rij C Z' ^■^i^ G.tjj j^.op Fig. J32. — Trois coupes diagramm;i(i(|ues d'yeux de Mollusques (d'après r.ronachor) (*). bord une fossette, puis une vésicule close. La paroi postérieure de la vésicule donne naissance àla rétine, la paroi antérieui'e à l'épithélium interne de la cornée. L'épi- derme externe se continue sans interruption au-dessus de la surface externe de la vésicule. Le cristallin se forme dans l'intérieur de la vési- cule probablement comme un dépôt cuticulaire qui s'accroît par addition de rla. 13:5. — Deux coupes de rœil dua céphalopode en voln 1 „ 1 • T de développement pour montrer la formation de la fos- couches concentriques. Le ^^,,^ .p,;^;,', (,i.,pri, Lankester). pigment se dépose entre les cellules de la rétine. La figure 13:2 B est une représentation diagram- matique de l'œil adulte d'un Gastéropode (l). (1) Pour plus de détails sur ce sujet, le lecteur est renvoyé au chapitre sur le déve- loppement de l'œil. (') A, Nautile. — B, Gastéropode [fJmax ou Hclix). — C, Céphalopode dibranchial. — Pa?, paupière. — Co, cornée. — Co,ep, épithélium du corps ciliaire. — Ir, Iris. — /nt. lut'... Inl'K — Diflérentes parties du tégument. ^ l, cristallin. — i', segment ex.terne du cristallin. — /?, rétine. — Nop, nerf optique. — G.op, ganglion optique. — ,c, couche interne de la rétine. — A'S, couche nerveuse de la rétine. Balfour. — Embrvologie. 1. — 1' 258 MOLLUSQUES. L'œil des Céphalopodes apparaît, comme l'a montré le premier Lan- kester, comme une dépression de l'épiblaste autour de laquelle s'élève un repli (fig. 133 A) qui graduellement s'étend au-dessus de l'orifice de la dépression de façon à interrompre sa communication avec l'extérieur (fig. 133 B). L'épiblaste qui tapisse la région postérieure de la vésicule donne naissance à la rétine, celui de la région antérieure au corps et aux procès ciliaires. Il est important de noter que l'état de l'œil immédia- tement avant la fermeture de la fossette est exactement celui qui est permanent chez le Nautile (fig. 13:2 A). Après l'occlusion de la fossette une couche mésoblaslique pénètre entre ses parois et l'épiblaste externe. Le cristallin se forme en deux segments indépendants. L'interne et le plus grand de ces segments apparaît comme un processus en forme de bâtonnet (fig. 134) se projetant de la paroi antérieure de la vésicule optique dans la cavité de cette vésicule. C'est une formation cuticulaire et par conséquent non cellulaire. Par le dépôt d'une série de couches concentriques, il prend bientôt une forme sphérique (fig. 135,/rne du cristallin. — a et a' , épithélium ta- pissant la chamlire oculaire antérieure. — (jz, grosses cellules épiblastiques du corps ciliaire. — ce, petites cellules épiblastiques du corps ciliaire. — ??!<;, couclie de mésoblaste intermédiaire aux deux larves épiblastiques du corps ciliaire. — a/" et if, replis de l'iris. — rt, rétine. — rt" , coui;he interne de la rétine. — si, bâtonnets. — aq, cartilage équatoriiil. g. 135. — Coupes de l'œil du Calmar en voie de développement à deux stades difléreuts (d'après Bo- bretzky) (*). 260 MOLLUSQUES. C'est là sans aucun doute le mode de formation primitif; mais dans d'autres cas qui peut-être demandent à être confirmés, les sacs sont décrits comme dérivés d'une différenciation d'épaississements solides de l'épiderme ou des tissus sous-jacents. Les otocystessont pourvus d'une otolithe qui, d'après les observations de Fol, se forme d'abord dans la paroi du sac. Chezles Céphalopodes, les organes auditifs se forment comme des fos- settes épiblastiquesà la face postérieure de l'embryon; ils sont d'abord largement séparés (fig. 121, ac). Les orifices des fossettes se rétrécissent, et enfin les fossettes originelles forment de petits sacs tapissés par un épithélium et communiquant avec l'extérieur par des conduits étroits équivalents aux recessus vestibuU des Vertébrés et appelés, du nom de l'anatomiste qui les a découverts, conduits de Kolliker. Les orifices externes de ces conduits se ferment complètement à peu près au même moment que la glande coquillière et les conduitspersistent comme des diverticules ciliés des fossettes auditives. Les sacs auditifs largement séparés se rapprochent graduellement sur la ligne médiane ventrale et sont immédiatement entourés par les ganglions viscéraux (fig. 134, ac). Ils finissent par arriver en contact sur le coté interne de l'entonnoir. Du côté opposé au conduit de Kolliker, il se forme un bourrelet épithélial, la crête acoustique dont les cellules donnent naissance à une otolithe rattachée à la crête par une substance granuleuse. A une période du développement plus avancée, trois régions de l'épithélium de la crête se différencient d'une manière spéciale. Chacune de ces régions est pourvue de deux ou trois rangées de cellules portant sur leur bord libre de nombreuses soies auditives très courtes. Les cellules de chaque rangée sont placées presque àangles droits avec celles de la rangée voisine. Système musculaire. — Le système musculaire dans tous les groupes de Mollusques dérive entièrement du mésoblaste. La plus grande partie des muscles se forme dans le mésoblaste so- matique. Chez presque toutes les larves des Gastéropodes et des Pté- ropodes il existe un muscle fusiforme bien développé attachant l'embryon à la coquille. Ce muscle semble faire défaut chez les Cé- phalopodes. Cavité générale et système vasculalre. — La cavité générale chez les Gastéropodes et les Ftéropodes se forme ou par un clivage défini du mésoblaste ou par l'apparition d'espaces iutercellulaires. Elle se différencie en nombreux sinus qui communiquent librement avec le système vasculaire. Les différents observateurs ont donné des descriptions très différen- tes du mode de développement du cœur chez les Gastéropodes et les Ptéropodes. Il semblerait cependant, dans la plupart des cas, apparaître à l'extré- SYSTÈME VâSGULAIRE. 261 mité postérieure de la cavité palléale comme une masse solide de cellules m ésoblastiques qui plus tard se creuse et se divise en oreillette et ventricule. Ce mode de développement a été établi pour la Naasa d'une manière complète par les observations précises de Bo- brebzky. Chez les Ptéropodes, le cœur se forme (Fol) près de l'anus, mais un peu du côté dorsal par rapport à lui(fig. i 16, h). Le péricarde se difTérencie du méso- blaste beaucoup plus tard que le cœur. Bulscldi donne une description toute différente de la formation du cœur chez la Paludine. D'après lui il apparaît du côté gauche du corps un im- mense sac contractile. Plus tard le volume de ce sac diminue et, en son milieu, le cœur apparaît probablement formé par un repli de sa paroi. Le sac originel semblerait donner naissance au péricarde. A propos du système vasculaire, il faut faire mention de certains sinus contractiles qui se rencontrent fréquemment chez les larves de Gastéropodes et de Ptéropodes. L'un d'eux est situé à la base du pied et l'autre à la face dorsale dans la cavité du manteau, immédiatement au-dessous du voile (1). Le degré de différenciation de ces sinus varie considérablement ; dans quelques formes, ce sont des sacs véritables à parois définies; dans d'autres cas seulement des lacunes traversées par des travées musculaires. On les trouve chez la plupart des Gasté- ropodes marins, des Hétéropodes et des Ptéropodes. Chez la Limace on trouve un grand sinus bien développé situé à la partie postérieure du pied ; il existe également un sinus dans le sac viscéral. La contrac- tion rhythmique du sac vitellin des Céphalopodes semble être un phé- nomène de même nature que la contraction du sinus pédieux de la Limace. Chez la Cnbjpi.rœa (Salensky) il existe en dedans du voile une énorme dilatation céphaliipae provisoire qui ne semble pas être con- tractile. Des vésicules céphaliques semblables, quoique moins mar- quées, se rencontrent chez les Fusus, les Buccinum et la plupart des Gastéropodes marins. Chez les Céphalopodes, le système vasculaire est formé par une série de lacunes indépendantes (?) qui apparaissent dans le mésoblaste et- dont les cellules limitantes donnent naissance aux parois des vais- seaux. Les cœurs branchiaux se forment à peu près au moment de l'occlusion de la glande coquillière. Le cœur aortique (fig. 137, c) est formé par deux cavités indépendantes qui se fusionnent plus tard (Bo- bretzky). La vraie cavité générale apparaît comme une lacune dans le méso- blaste après la formation des principaux troncs vasculaires. (1) Rabl maintient qu'il n'existe pas de sinus dorsal contractile, mais que l'apparence de contraction qui fait croire à son existence est due aux contractions du pied. 262 MOLLUSQUES. Organes rénaux. — Chez les Gastéropodes et les Ptéropodes, il existe des organes rénaux provisoires qui peuvent être de deux sortes et un organe rénal permanent. Of'f/anes rénaux pt'ovisoirps. — Les organes rénaux provisoires con- sistent : ou en une paire de masses externes de cellules excrétrices, ou en un organe interne pourvu d'un canal auquel on ne connaît pas, dans tous les cas, d'une manière certaine, un orifice extérieur. La pre- mière disposition se rencontre surtout chez les Prosobranches marins [Nassa, etc.) où elle a été bien étudiée par Bobretzky. Elle consiste en une masse de cellules située de chaque côté du corps près de la base du pied, non loin en arrière du voile. Cette masse devient très dévelop- pée et au-dessous d'elle on peut voir une couche continue d'épiblaste. Les cellules qui la constituent se fusionnent, leurs noyaux dispa- raissent et elles se creusent de nombreuses vacuoles contenant des concrétions. A un stade plus avancé, toutes les vacuoles se réunissent et forment une cavité remplie par une masse granuleuse brune. L'organe rénal provisoire interne se rencontre chez un grand nombre de Gastéropodes Pulmonés (Lymnée, Planorbe, etc.). Il con- siste en une paire de tubes en forme de V avec une branche pédieuse et une branche céphalique. La première s'ouvre à l'extérieur un peu en arrière du voile ; la dernière est ciliée et s'ouvre dans la cavité gé- nérale chez les Pulmonés aquatiques (Fol). Biitschli et Rabl en donnent cependant des descriptions un peu différentes. Cet organe consiste, d'après la description de Biilschli (n°244), chez les Pul- monés d'eau douce (Lymiiée, Planorbe), en un sac arrondi situé près de la tôte et s'ouvrant par un tube allongé et richement cilié dans le voisinage de l'œil. Du sac se détache un second tube plus court dirigé vers le pied, qui semble cependant se terminer par une extrémité aveugle. Les cellules qui tapissent le sac contiennent des concrétions; on distingue dans la lumière du sac une cellule particulièrement grosse attachée au côté tourné vers l'œil. (]es organes coexistent cliez la Lymnée avec des organes rénaux provisoires du type de ceux des l*rosobranches marins. liabl (u° 2(i.S) a récemment donné de la structure et du développement de cet organe chez le l^lanorbe une description un peu différente. 11 consiste de chaque côté en un tube eu V dont les deux extrémités s'ouvrent dans la ca- vité générale. Une des brancUes est dirigée vers le champ du voile, l'autre vers le pied. Il dérive des cellules de la partie antérieure de la bande méso- blaslique. La grosse cellule mésoI)lasli(jiie (p. 210) de chaque côté se déve- loppe en deux processus, les deux branches du futur organe rénal. Une ca- vité creusée dans la cellule se conlinuc dans chaque branche, et les deux branches du V sont l'ormées par la pertncatiou des parties centrales des cellules mésoblastiques voisines. Chez les embryons de Limace, Gegenbaura trouvé une paire de sacs rénaux provisoires ramifiés dont les parois contenaient des concré- GLANDES GÉNITALES. 263 lions. Ces sacs sont pourvus de conduits dirigés en avant et ouverts sur le côté dorsal de la bouche. Cet organe est probablement de la même nature que l'organe rénal provisoire des autres Pulmonés. Organe rénal permanent. — Suivant l'observateur le plus récent, Rabl (n» 268), dont les descriptions s'appuient sur des coupes figu- rées, l'organe rénal permanent, chez les Gastéropodes, dérive d'une masse de cellules mésoblastiques voisine de l'extrémité de l'intestin. Cette masse est d'abord rejetée un peu du côté gauche, puis s'allonge, se creuse et se soude àl'épiblaste du côté gauche de l'anus (fig. 1 I6,r). Après la formation du cœur l'extrémité interne s'ouvre dans le péri- carde et devient ciliée, la partie médiane devient glandulaire et des concrétions se montrent dans les cellules qui la tapissent; la poche terminale constitue le conduit efférent. Les observateurs antérieurs ont en général fait dériver cet organe de l'é- piblaste : selon Rabl, cela est dû à ce qu'ils ont étudié un stade trop avancé du développement (I). Chez les Céphalopodes, les sacs excréteurs ou organes de Bojanus semblent être des différenciations du mésoblaste(2). Une partie de leurs parois enveloppe de bonne heure les veines branchiales ; la véritable région glandulaire de l'organe semble être formée par cette partie de la paroi. L'épithélium qui constitue la paroi interne de chaque sac est de bonne heure très columnaire. Le développement de l'organe de Bojanus chez les Lamellibranches a été étudié par Lankester. D'après lui il se développe comme une invagination paire de l'épiblaste immédiatement du côté ventral de l'anus. Glandes génitales. — Les glandes génitales des Mollusques semble- raient se développer dans la période postlarvaire, mais nos connais- sances à ce sujet sont extrêmement peu avancées. Chez les Ptéropodes, Yo\ croit avoir prouvé que la glande herniaplirodile dérive de deux formations indépendantes, l'une testiculaire, d'origine épiblas- lique ; l'autre, ovarique, d'origine hypobUislique. Ces vues de Fol me paraissent loin d'être assez bien établies pour être acceptées dans l'état actuel de la science. Les glandes génitales des Céphalopodes semblent être de simples différenciations du mésoblaste. Elles sont d'abord en rapports étroits (1) Dans lin travail plus récent, Fol maintient que le rein, asymétrique dès l'origine, apparaît sur le côté gauche d(! l'anus chez les espèces sénestres et sur le côté droit chez les espèces dextres sous la forme d'un bourrelet de cellules épiblasti(|ucs plon- geant dans la cavité générale. Ce bourrelet se creuse bientôt d'un canal ouvert à l'exté- rieur et, après la formation du péricarde, entre en connexion avec sa cavité (H. Fol. Développement des Gastéropodes puhnnnés. Arddv. de Zool. exp., VIII. 1880). [Trad.). (2) Je m'appuie sur les ligures de Bobretzky. 2(54 . MOLLUSQUES. avec le oœiir aorlique (fig. 137, /t^), mais s'en séparent bientôt com- j)lètement. Tube digestif. — La formation de l'archentéron et les relations de son oridce avec la boncbc et l'anus permanents ont déjà été exposées et ne nécessitent pas de nouveaux détails. On peut traiter l'histoire du développement du tube digestif sous trois chefs pour chaque groupe : le mésentéron, le stomodamm et le proctodœum. Le mésentéron. — Chez les Gastéropodes et lesPtéropodes, le mésen- téron, comme on l'a déjà vu, forme un sac simple qui peut cependant, à cause de la présence du vitellus nutritif, être d'abord dépourvu de lumière. Une portion antérieure de ce sac donne naissance àl'estomac et au foie, et une portion postérieure à l'intestin. Cette dernière portion est la première à se différencier comme telle et forme un tube étroit reliant la dilatation antérieure à l'anus. Pendant ce temps, les cellules d'une grande partie de la portion antérieure du mésentéron subissent des transformations particulières. Elles augmentent de vo- lume et dans chacune d'elles apparaît un dépôt de matériaux nutritifs, qui souvent au moins dérivent de l'absorption de l'albumen dans le- quel Hotte l'embryon. Les cellules du côté dorsal voisines de l'invagi- nation œsophagienne et toutes les cellules du côté ventral ne subissent cependant pas ces transformations. Ainsi se distingue une région an- térieure et ventrale adjacente à l'œsophage qui se revêt complètement de petites cellules et forme restomac véritable. La partie située au- dessus et en arrière de l'estomac est tapissée par de grosses cellules nutritives et forme le foie. Elle s'ouvre dans l'estomac au point d'union du dernier avec l'intestin qui, dans les stades postérieurs, se recourbe un peu en avant et à droite. Plus lard encore, la région hépatique se ramide, le contenu albumineux de ses cellules est remplacé par une sécrétion colorée et elle se transforme directement en le foie de l'a- dulte. L'estomac est d'ordinaire richement cilié. Les diverses modificalions de ce type de développement de la cavité digestive doivent Ctre considérées comme dues à rinfluence perturbatrice du vilellus nutritif, l.à où les cellules hypoblasliques sont primitivement très grosses quoi- que imaginées d'une manière normale, la paroi de la région liépatique estcoii- sidérablemcnl gonilée par le vitellus nutritif (A(///cv/). Dans d'autres cas, chez certains Pléroitodes (Fol, n" 24!)), où l'hypoblasle est plus volumineux encore, une partie des parois arclienlériques se transforme en un sac bilobé ouvert dans la région pylorique dans les parois duquel est amassée une réserve considérable de matériaux nutritifs qui, peu à peu, passe dans lesautres par- ties de la cavité alimenlaire et y est digérée. Le sac nutritif bilol)é, comme l'appelle Fol, finit par être complètement résorbé, bien que le foie dans quelques cas, sinon dans tous, se l'orme comme un nouveau sac dérivaiit de son conduit. Lit formation de la cavité digestive; permanente, lorsque l'iiypoblaste est si TUBE DIGESTIF. 265 développé qu'il n'y a pas de véritable cavité archentéricfue, a étépai'ticulière- ment étudiée par Bohrolzky (n° 242). Cliez une espèce de Fusus, l'h^poLlasle, lorsqu'il est entouré par l'épiblaste, est composé de quatre cellules seulement. Le blastopore reste ouvert d'une manière permanente dans la région orale et l'œsophage se développe autour de lui et lui forme une paroi. Les portions protoplasmiques des quatre cel- lules hypoblasliques sont tournées vers l'orifice œsophagien, et produisent par bourgeonnement de petites cellules qui au blastopore sont en continuité avec l'épiblaste de l'œsophage. Ces cellules donnent naissance en arrière à l'intestin et en avant au sac qui devient l'estomac et le foie. Ce sac reste tou- jours ouvert du côté des quatre grosses cellules vitellines primitives. Les cel- lules de la portion postérieure deviennent de plus en plus grosses et forment le sac hépatique qui remplit la portion gauche et, postérieure du sac viscéral repoussant les cellules vitellines vers la droite. Les cellules qui tapissent le sac hépatique prennent une forme pyramidale, et chacune d'elles se rem- plit d'une masse de substance albuminoïde. Les cellules voisines de l'orifice del'œsophage restent petites, deviennent ciliées et forment l'estomac. Elles ne sont pas nettement séparées des cellules du sac hépatique. Les cellules vitellines restent distinctes du côté droit du corps pendant la vie larvaire et leur substance nutritive est peu à peu absorbée pour la nutrition de l'em- bryon . Une modification de ce mode de développement dans laquelle les matériaux nutritifs sont plus abondants encore et où le blastopore se ferme, se ren- contre chez la Nassa et a déjà été décrite (voy. p. 216). Le stoniodseum. — Le stomoda3um se forme, dans la plupart des cas, comme une simple invagination épiblastique qui rencontre le mésen- téron et s'ouvre dans sa cavité. Lorsque le blastopore reste ouvert d'une manière permanente dans la région orale, le stomodicum est formé par une paroi épiblastique se développant autour de cet orifice. Dans tous les cas, le stomodœum donne naissance à la bouche et à l'œso- phage. A une période postérieure, dans la région orale du stomo- dseum se développent la radula dans une fossette ventrale spéciale et les glandes salivaires qui sont de simples diverlicules. L'œsophage est d'ordinaire cilié. Le proctodxinn. — Excepté lorsque le blastopore devient l'anus per- manent (Paludine), le proctodseum se forme toujours après la bouche. Sa formation est d'ordinaire précédée par l'apparition de deux cellules épiblastiques saillantes, mais il se développe toujours par une invagi- nation très peu profonde de l'épiblaste qui ne donne naissance à aucune partie du véritable intestin. Chez les Céphalopodes, le tube digestif est formé comme chez les autres Mollusques céphalophores de trois portions : un slomodaeum formé par une invagination épiblastique qui produit la bouche, l'œso- 266 MOLLUSQUES. phage et les glandes salivaires, un proctodœum, invagination extrême- ment faible de l'épiblaste, et un mésentéron tapissé par le véritable hypoblaste qui forme la portion principale de l'appareil digestif, l'estomac, l'intestin, le foie et la poche à encre (1). Le mésentéron. — Le mésentéron est d'abord visible à la surface comme un petit tubercule situé du côté postérieur du manteau entre les rudiments des deux branchies (fig. 119B, an). Dans son intérieur, comme l'a le premier montré Lankester, il apparaît une cavité. Cette cavité est, comme chez les Gastéropodes, ouverte dans le sac vitellin et séparée seulement du vitellus lui-même, par la membrane périvitellinedont il a déjà été parlé. Elle est d'abord tapissée par des cellules indifférentes de la couche inférieure du blastoderme qui cepen- dant deviennent bientôt columnaires et forment une couche hypoblas- tique définie (fig. 137, pc^/î). Entre l'épiblaste et l'hypoblaste, est une couche très nettement marquée de mésoblaste. La cavité du mésentéron s'étendant, sa paroi rencontre l'épiblaste, et au point de contact des deux feuillets l'épiblaste se déprime légèrement. En ce point, l'anus se forme à une période beaucoup plus tardive (fig. 137, an). c7is •'S f Fig. \'U'>. — Coupe longitiulinale verticale il'un œuf de Calmai- au moment où la cavité du mésentéron commence à se former (d'après Bobretzky) ('). Du côté ventral du mésentéron primitif, apparaît de très bonne heure un diverticule qui devient la poche à encre (fig. 137, bi). La cavité du mésentéron encore ouverte au vitellus s'étend gra- duellement dans une direction dorsale au-dessus du sac vitellin , mais reste pendant quelque temps en communication avec lui à sa partie ventrale et seulement séparée de la substance du vitellus par la mem- (I) La description qui suit s'applique spécialement au Calmar. (•] (jl.s, glande salivaire. — brd, gaine de la radiila. — oe, œsophage. — ds, sac vitellin. — chs, glande coquillicre. — mt, manteau. — pdh, mésentéron. — x, ôpaississeraent épiblastique entre les replis de i'entor.noir. TUBE DIGESTIF. 267 brane périvitelline. De bonne heure, les parois du mésentéron émet- tent une paire de diverticules hépatiques. En s'étendant, la cavité du mésentéron se dilate à son extrémité dis- taie en une chambre destinée à former l'estomac (fig. 137, mg). Vers ce moment, l'anus est perforé. Peu après, le mésentéron rencontre l'œso- phage et entre en commu- nication avec lui à l'extré- mité dorsale du sac vitellin ; mais au moment où cela a lieu, l'hypoblaste s'est éten- du sur toute la cavité et l'a séparée du vitellus. La mem- brane périvitelline, pendant toute cette période, est en- tièrement passive et ne prend pas part à la forma- tion des parois de la cavité digestive. Le stomodseuni. — Le sto- modœum apparaît comme une invagination épiblasti- que du côté antérieur du blastoderme avant qu il n'existe aucune trace- du mésentéron. Il augmente rapidement en profondeur et peu après la formation de la cavité du mésentéron, sa paroi adjacente au sac vitellin émet un diverticule qui forme les glandes salivaires (fig. 136 et 137, gh). Immédiatement en arrière de l'orifice des glandes salivaires, apparaît sur son plancher un renflement qui devient l'odontophore, et en arrière de celui-ci, une poche de la paroi stomodœale forme la gaine de la radula (fig. 136 et 137, brd). Enfin, en arrière de celle-ci, l'œsophage se continue postérieurement vers la face dorsale comme un tube très étroit qui finit par s'ouvrir dans l'estomac (fig. 137). La portion terminale du rudiment des glandes salivaires se divise (*) os, bouche. — • gis, glande salivaire. — brd, gaine de la radula. — ao, aorte antérieure. ao, aorte postérieure. — ua, branche de l'aorte postérieure se rendant au sac coquillier. — mot, branche de l'aorte postérieure pour le manteau. — - c, cœur aortique. — oe, œsophage. — mg, estomac. an- anus. — bi, poche à encre. — kd, tissu germinatif. — eih, sac coquillier. — vc, veine cave. y.''s ganglion viscéral. — g-pd, ganglion pédieux. — ac, sac auditif. — tr. entonnoir. Fig- 137. — Coupe longitudinale d'un embryon de Calmar (d'après Bobretzky) (*). 268 MOLLUSQUES. en deux parties, dont chacune émet de nombreuses ramifications qui constituent les glandes permanentes. La plus grande partie du diver- ticule primitif forme le canal impair des deux glandes (1). Chez la larve observée par Grenacher, la paroi antérieure des glandes sahvaires apparaissait sous forme de diverlicules latéraux indépendants du plancher de la bouche, près de l'orifice des glandes salivaires postérieures. Le sac vitellin des i'épJialo'podes. — Le vitellus, comme on l'a déjà vu, est de bonne heure complètement enfermé dans une membrane formée de cellules aplaties qui constiluentun sacvitellin défini. Il est, dansles formes les plus typiques de Céphalopodes, divisé en une portion externe et une portion interne, dont la première est probablement une modification spéciale de la partie médiane du pied des autres Mollusques cépijalophoies (voy. p. 2(.i4). A aucune période le sac vitellin ne communique avec le tube digestif. Les deux régions ne sont pas d'abord séparées par une constriction. Dans la seconde moitié de la vie embryonnaire la condition du sac vitellin subit des change- ments considérables. La portion interne augmente rapidement de volume aux dépens de la portion externe, et la dernière diminue très rapidement et est séparée par une constriction de la première à laquelle elle i-este attachée par un canal vitellin très étroit. Le sac vitellin interne se divise en trois portions : une portion dilatée dans la tôte, une portion étroite dans le cou et une portion extrêmement développée dans la région palléale. C'est la dernière portion qui se développe surtout aux dépens du sac vitellin externe. Elle émet à son extrémité dorsale deux lobes qui entourent et embrassent la partie inférieure de l'œsophage. Le passage du vitellus du sac vitellin externe dans le sac interne est probablement dû en grande partie aux contractions du premier. Le sac vitellin externe n'est pas vasculaire et l'absorption du vitellus pour la nutrition de l'embryon ne peut probablement avoir lieu que dans le sac vitellin interne. Le caractère le plus remarquable du sac viteUin des Cépha- lopodes est le fait qu'il est situé du côté du tube digestif opposé aux cellules vitellines qui forment un sac vitellin rudimentaire chez des Gastéropodes tels que les Nassa et les Fusus. Dans ces formes, le sac vitellin est d'abord dorsal, mais plus tard il est reporté du côté droit par le développement du foie. Chez les Céplialopodes, au contraire, le sac vitellin est situé du côté ventral du corps. Ce que l'on sait du développement du tube digestif chez les Poly- placophores a déjà été mentionné. Chez les Lamellibranches (Lankester, n° 239), le mésentéron s'étend de bonne heure en deux lobes latéraux qui forment le foie, tandis que la partie située entre eux devient l'estomac. Chez le Plsidium, l'intesliu dérive du pédicule d'invagination origi- nel qui reste attaché d'une manière permanente à l'épiblaste. Le sto- (I) Cliez le Calmar il n'existu qu'une seule paire de glandes salivaires. BIBLIOGRAPHIE. 269 modœum est formé par l'invagination épiblastique ordinaire et pro- duit la bouche et l'œsophage. Le développement du stylet cristallin et de son sac ne paraît pas être connu. Chez l'adulte, le sac du stylet cristallin s'ouvre dans une partie du tube digestif qui semble appar- tenir au mésentéron. Si cependant le développement venait à montrer qu'ils dérivent en réalité du stomodteum, on pourrait les considérer comme des rudiments de l'organe qui constitue l'odontophore et son sac chez les Mollusques céphalophores, interprétation qui serait d'un grand intérêt philogénétique. Mollusques en général. (238) T. H. Hi'XLEY. On the morphol. of tlie Ceplial. Mollui?ca {Phil. Trcnifs. 1853). (239) E. R. Lankester. On the developmental hlstory of the MoUusca {Phil. Trans. 1875). ^240) H. G. Bronn et W. Keferstein. Die Klassen u. Ordnungen cl. Thierreichs, III. 1862-18GG. Gastéropodes et Ptéropodes. (241) J. Alder and A. Hancock. Devel. of Nudibr. (Ann. and Magaz. nut. 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(**) oe, œsophage. — ae, archentéron. — an.i, invagination anale. — /", repli do l'épiblaste. — f.g, disque cilié. — x, corps problématique dérivé de l'hypoblaste (probablement bourgeon). Balfour. Embryologie. I. — 18 •274 POLYZOAIRES. Pendant que le tube digestif achève de se constituer, il se] forme d'autres organes importants. Le disque sur lequel sont situés les ori- fices anal et buccal se transforme en un véritable vestibule. Sur son plancher, entre la bouche et l'anus apparaît une éminence distincte, portant une touffe de cils (fig. 140 B), qui persiste chez l'adulte. Cette éminence estpeut-être équivalente àl'épistomedes Phylactolœ- mates et à l'organe discoïde du Rliabdopleura que Lankester a com- paré au pied des Mollusques (1). Très peu de temps après la première formation du vestibule, appa- raît au pôle opposé de la larve un épaississement de l'épiblaste qui l*'ig. MO. — Deux stades du développement de la Pédicelline (d'après Hatsehek) (*). s'invagine bientôt et forme une fossette réversible (fig. 139 A et B, /.9). Autour (le son orifice se forme une couronne de cils raides(fig. l'.O,/"^). Cet organe est peut-être équivalent à la glande du cément décrite par Kûwalevsky chez le Loxosome adulte. Je l'appellerai le disque cilié. Les cellules épiblasliques sécrètent de bonne heure une cuticule. Les deux cellules initiales du mésoblaste se multiplient bientôt par division et occupent l'espace situé entre le tube digestif et la paroi du corps. Elles ne se divisent pas en lames somalique et splauchnique, mais donnent naissance au tissu coajonctif interstitiel et aux muscles. (1) Lankestkk, Hcinarks on tlie affuiitiiis of Rliabdopleura [Quart. Journ. i>f micr. scierie, XIV, 187'.). (") I), vestibule. — m, l)ouclie. — /, foie. - h/j. intestin fei'ininal. — a, anus. — an.i, invagination anale. — n///i, conduit du rein. — />/, disque ciiic'. — x, organe dorsal (probablement bourgeon). ENTOPROCTES. 2*5 Le mésoblaste forme également, d'après Hatschek, une paire de ca- naux excréteurs ciliés, situés entre la bouche et l'anus (fig. 140 B, nph). Le développement du système nerveux n'a pas été observé. A un stade relativement avancé du développement se forme autour du vestibule une couronne de longs cils (fig. 140 B, m). Du côté dorsal de l'œsophage {du côté opposé au ganglion de l'adulte) apparaît un organe remarquable formé d'une masse ovale de cellules fixée à l'épiblaste, au sommet d'une petite papille ciliée (fig. 140 A et B,j:). Cet organe sera désigné sous le nom d'organe dorsal {organe .subbuccal de Barrois). D'après Hatschek, il se développe comme une végétation solide des parois hypoblastiques du mésentéron un peu avant que le mésentéron se réunisse à l'œsophage (fig. 139 B, x). Les cellules qui le forment se disposent en un sac qui acquiert un orifice externe à la face dorsale (fig. 140 A, x). A un stade plus avancé, la lu- mière du sac disparaît, mais au point d'union de l'organe avec l'épi- blaste se forme une fossette tapissée de cellules ciliées et susceptible de se retourner en une papille. L'organe lui-même se revêt d'une couche de cellules que Hatschek considère comme mésoblastiques. On rencontre chez l'embryon du Loxosome un organe presque sem- blable [Vogt (n° 302) et Barrois (n° 298;]. Ici cependant, il est double et forme une sorte de disque rattaché aux deux taches oculiformes. Hatschek a émis, à propos de cet organe dorsal, la suggestion ex- trêmement plausible que c'est un bourgeon rudimentaire et que le sac hypoblastique qu'il contient donne naissance à l'hypoblaste du jeune polype développé parle bourgeon. Quoique, à cause du manque d'observations sur la fixation de la larve, cette suggestion n'ait pas reçu une confirmation directe, cependant les relations des organes dorsaux chez la Pédicelline et le Loxosome viennent appuyer fortement l'hypo- thèse de Hatschek sur leur nature. Ces formes, à l'état adulte, se mul- tiplient l'une et l'autre par bourgeonnement ; chez la Pédicelline, il se forme successivement, sur le côté dorsal de la tige, une seule rangée de bourgeons correspondant à l'organe dorsal unique de l'embryon, tandis que chez le Loxosome il se forme deux rangées de bourgeons situées du côté droit et du côté gauche, particularité qui correspolid à la duplicité de l'organe dorsal. On ne sait presque rien sur le mode de fixation de l'embryon ; le peu d'obser- vatious que nous possédons sont dues à Barrois. D'après ces observations, il semblerait probable que la larve, comme cela est habituel chez les Poly- zoaires, ne se transforme pas directement en la forme permanente, mais que, en se fixant, elle subit une métamorphose dans le cours de laquelle seë organes s'atrophient (1). Je serais porté à admettre la suggestion que toute la (1) Mon hypothèse sur la métamorpliose qui a lieu pendant la fixation de la larve implique la supposition que chez le Loxosome, sur la fixation duquel nous ne connais- 276 , POLYZOAIRES. larve libre s'atrophie, tandis que l'organe dorsal seul se développe en la forme fixée (1). Quoique les changements qui se produisent pendant le bourgeonnement ne rentrent pas dans le sujet de cet ouvrage, il peut être bon de rappeler que Hatschek a observé dans ce phénomène le développement du système ner- veux et des organes génitaux. Le système nerveux apparaît comme un épais- sissement impair du plancher épiblaslique du vestibule entre la bouche et l'anus. Au moment où il se sépare de l'épiblaste, le ganglion nerveux contient une cavité centrale qui dans la suite disparaît. Les organes génitaux dérivent d'une paire de cellules mésoblastiques particu- lièrement grosses situées dans l'intervalle de l'estomac et du plancher du vesti- bule. Ces deux cellules entourées d'un revêlement de cellules mésoblastiques aplaties se divisent et forment deux masses cellulaires. A une période plus avancée chaque masse se divise en une partie antérieure et une partie postérieure, la première donnant naissance à l'ovaire, la dernièi^e au testicule. La similitude de ce mode de développement des organes génitaux avec celui observé par Riilschli chez la Sagitta, qui est décrit plus loin (p. 345), est très frappante. ECTOPROGTES. Bien que l'embryologie des Ectoprocles ail été étudiée par un nonfi- bre considérable des naturalistes distingués de ce siècle, il reste en- core un grand nombre de points qui ont grand besoin de nouvelles observations. La nature originelle de l'embryon a été bien interprétée par Grant, Dalyell et d'autres naturalistes, mais ce n'est qu'après qu'Huxley a montré la présence de l'ovaire et du testicule que la véri- table origine sexuelle de l'embryon renfermé dans les ovicelles est devenue un fait établi pour la science. Le mémoire récent de Barrois (n° 298), bien que contenant les résultats d'une grande quantité d'obser- vations et marquant un grand progrès dans nos connaissances, laisse encore dans un état peu satisfaisant beaucoup de points en rapport soit avec le premier développement, soit avec la métamorphose larvaire. On peut distinguer quatre formes larvaires : 1° Une forme larvaire qui, avec de légères modifications, est commune à tous les genres des Ghilostomes (excepté les Membranipora et les Flus(rella) et des Gténostomes ; sons absolument rien, il se forme directement deux bourgeons en rapport avec l'exis- tence de deux organes dorsaux. (1) La larve S(! fixe par le pôle oral, c'est-à-dire par le pourtour du vestibule. Les bords du vestibule entrent ou dégénérescence; le fond persiste au contraire entraînant le tube digestif et la poche cloacale (organe cilié situé entre la bouche et l'anus), se re- tourne et vient se mettre en communication avec une dépression de la face aborale qui va constituer l'ouverture de la los;e. l'resque tous les organes de la larve persis- tent donc chez l'adulte, mais avec des relations complètement inverses à celles qu'elles avaient chez la larve. La glande du pied est formée par la couronne qui entoure le vestibule et non par l'appendice caudal. Selon Hairois l'organe dorsal serait un organe sensoriel propre à la larve et sans imi)oitance morpliolo£;ique (Barrois, Embryogénie des Bryozoaires) (Jowrn. de L'anat. et de la physioL. XVIII, 1882, p. 123). {Trad.) ECTOPROCTES. 277 2" Une larve bivalve de Memlranipora appelée Cyjjhoimutes, dont la véritable nature a d'abord été reconnue par Schneider (n° 322) et la larve très voisine du Flustrella; 3° La larve typique des Gyclostomes dont nous devons la première description complète à Barrois (n» 298) ; ¥ La larve des Phylactolœmates. CMlostomes et Cténostomes. — Comme exemple du premier type de larve, on peut prendre Y Alcyonidium Mytili, du groupe des Cté- nostomes dont Barrois nous a fait connaître l'histoire, plus complè- tement peut-être que celle d'aucune autre forme. La segmentation commence de la manière normale par l'apparition de deux sillons ver- ticaux suivis par un sillon équatorial qui divise l'œuf en huit sphè- res égales. Le slade à huit sphères est suivi, d'après Barrois, d'un stade à seize sphères formé d'une manière remarquable par l'apparition simultanée de deux sillons verticaux tous deux parallèles à l'un des sillons primitifs, de sorte que les sphères de segmentation à ce stade sont disposées en deux couches de huit chacune. Au stade suivant la segmentation a lieu suivant deux nouveaux plans verticaux sembla- bles à ceux du dernier stade, mais i\ angles droits avec eux, et par conséquent parallèles au second des deux sillons verticaux primitifs. A la fin de ce stade, il existe trente-deux cellules disposées en deux couches de seize cellules chacune; vue de face, chacune des couches présente une disposition régulièrement symétrique. Jusqu'au stade à seize cellules, les deux pôles de l'œuf séparés par le plan équatorial de segmentation primitif restent égaux, mais durant le stade à trente- deux cellules, les caractères des cellules des deux pôles subissent des modifications importantes. Al'un des pôles que l'on appellera pôle oral, les quatre cellules centrales deviennent beaucoup plus grosses que les douze cellules périphériques. Les stades qui suivent immédiatement sont encore entourés d'une grande obscurité et ont été décrits d'une manière très différente par Barrois dans son mémoire originel (n" 298) et dans une note posté- rieure (n° 307) (1). Dans cette dernière note, il expose que les trois grosses cellules de la face orale viennent à être enveloppées par la multiplication et l'extension des douze cellules périphériques. Elles sont ainsi reportées dans l'intérieur de l'œuf et s'y divisent en une masse vitelline centrale, l'hypoblaste, et une couche périphérique mésoblastique. Les huit cellules périphériques du pôle aboral se divisent verticale- ment, et comme les huit cellules centrales se divisent transversale- (1) La note (n» 307) a surtout pour objet les transformations que subissent les larves de Chilostomes, mais la similitude des larves des Cténostomes et de celles desChilosto- mes rend pratiquement certain que les corrections qui s'appliquent à l'un des groupes s'appliquent également à l'autre. 278 POLYZOATRES. ment de manière à former une protubérance à la surface aborale, elles constituent autour de l'œuf une couronne transversale de grosses cel- lules qui deviennent ciliées et constituent la bande ciliée principale de l'embryon correspondant à la bande ciliée qui borde le vestibule des larves d'Entoproctes. Elles divisent l'embryon en une région orale et une région aborale. La partie centrale de la protubérance aborale forme un organe que je désignerai sous le nom de disque cilié. Il correspond probablement au disque cilié des Entoproctes. Une inva- gination se produit ensuite à la face orale et donne naissance à un sac ouvert à l'extérieur (fig. 141, st). Barrois, qui considérait primiti- vement ce sac comme l'estomac, préfère maintenant l'appeler le « sac interne ». A mon avis, c'est probablement le stomod?eum. L'embryon est devenu pendant ce temps comprimé latéralement, et à l'extrémité que j'appellerai antérieure du disque oral, il apparaît un organe qui est peut-être homologue à l'organe dorsal de la larve de Pédicelline et est appelé par Barrois l'organe glandulaire. Il a été primitivement considéré par Barrois comme le pharynx (1). La larve, qui a alors acquis tous les organes importants qu'elle est Kis'. 1(1. — Larve lihi-e de V Alfijnnidiiiin mytili ^d'après Barrois) {*). destinée à posséder, devient libre. Elle est représentée dans la fig. 141, la face orale à la partie supérieure. Elle porte deux couronnes de cils, l'une entourant le disque cilié, l'autre formée de plus longs cils insérés sur la couronne de grosses cellules décrite plus haut. Cette cou- ronne est un peu saillante, son bord saillant étant dirigé vers le disque cilié. Jj'organe {ml) est situé sur la face orale au fond d'une gout- tière allongée, en avant de laquelle est un paquet de longs cils ou un flagelluni. Entre cette gouttière et le sac interne apparaissent une paire de lobes. Deux longs llagellums sont aussi développés àl'extré- (1) L'int.i'rpri';iu;ion di's parties dfjs larvGS donnée dans le texte doit être considéiée comme un p(!u conjeclnrulc L'opacité des larves libres est très grande et presque chacun des nombreux auteurs qui ont étudié ces larves est arrivé à des conciusi(jns diflereiitos sur la signification pliysiologiqui' d(!S diirérentes parties. (•) );/,(?), orf;:uic diirsal. -si. stoiiiodiijuin i.'). — .v, disqiiu' eilié. ECTOPROGTES. 2'9 mité postérieure de la face orale, et deux paires, l'une antérieure, l'autre postérieure, de taches oculiformes font également leur appa- rition. Vers l'extrémité postérieure de la face orale, on voit un corps {st.) qui forme le sac interne. Si je ne me trompe pas en le considérant comme le stomodaium, il est probable qu'il ne se soude jamais avec l'hypoblaste invaginé et que la cavité digestive de la larve reste par conséquent d'une manière permanente dans un état imparfait. Repiachoff {n° 318) a fait sur le premier développement du Tendra des ob- pcrvations allentives qui s'accordent sous cerlains rapports avec les résultats auxquels est arrivé l?arrois dans son second mémoire. Ses observations ne sont malheureusement pas poussées jusqu'au développement complet de la larve. L'œuf se divise de la manière normale en deu.v, puis en quatre segments uniformes. Ces quatre segments se divisent ensuite par un sillon équatorial en quatre segments dorsaux et quatre segments ventraux, les premiers cons- tituant le pôle aboral et formant l'épiblaste, et les derniers le pôle oral. Les stades à seize et trente-deux cellules paraissent se former de la même manière que chez YAlcyonidium, mais entre les deux couches de cellules formant les pôles oral et aboral une cavité de segmentation bien définie fait son appari- tion au stade à seize cellules. Au stade à trente-deux cellules, les quatre cel- lules médianes du côté oral, qui sont plus grosses que les autres, se divisent en deux rangées de manière à former un épaississement faisant saillie dans la cavité de segmentation. Par l'apparition d'une lumière dans cet épaississe- ment, il devient l'archentéron qui communique avec l'extérieur par un blas- topore situé au milieu de la face orale. Le blastopore finit par se fermer. Le sac arciientérique de Repiaclioff est évidemment le même organe que les quatre cellules invaginées delà face orale de Rarrois. Mallieureusemenl liepiacboir n'a pas suivi plus loin leur histoire. I^a larve libre nage pendant quelque temps, puis se fixe et subit une métamorphose; mais la manière exacte dont s'elfectue cette méta- morphose est encore très incomplètement connue. Suivant les dernières descriptions de Barrois, la fixation se fait par la face orale (1). Le sac interne s'évagine et forme une plaque qua- dranguiaire par laquelle la larve se fixe. L'épiblaste de la face aborale forme un repli qui se recourbe vers la face orale, et l'enveloppe de sorte que la bande ciliée est transportée dans l'intérieur de la larve. Puis cette bande et toutes les parties de la face orale à l'exception des lobes pairs, entrent en dégénérescence, et forment une masse nutritive ou vitelline. La peau de la larve après ces transformations donne nais- sance à l'ectocyste ou cellule du futur polype. Le futur polype lui- môme paraît dériver en partie des deux lobes dont il a déjà été parlé, (1) Barrois lui-même a soutenu l'opinion contraire dans son premier mémbire, et d'autres observateurs ont fait de même. 280 POLYZOAIHES. en partie d'une invagination dans la région du disque cilié (1). Le premier rudiment distinct du polype apparaît comme un corps blanc qui peu h peu se développe et forme le tube digestif et le lopho- phore. Pendant son développement, Tectocyste s'accroît rapidement, et le vitellus qu'il renferme se sépare des parois et se place dans la cavité générale du futur polype, d'ordinaire en arrière du tube di- gestif en voie de développement. Selon Nitsche (n" 316), il est fixé à un cordon protoplasmique (funicule) qui réunit le fond de l'estomac à la paroi de la cellule. Il n'a probablement (Nitsche, etc.) que le rôle de substance nutritive; mais, selon Barrois, il forme les muscles et spécialement les muscles réfracteurs (2). (1) Les descriptions h. ce sujet sont si peu satisfaisantes et si contradictoires qu'il ne me paraît pas utile de les citer ici ; les dernières descriptions de Barrois même qui contredisent entièrement ses premiers travaux peuvent à peine être considérées comme satisfaisantes. (2) Barrois, dans un mémoire (*) étendu, a récemment exposé en détail et complété les résultats de ses dernières reciierches indiqués seulement dans la note dont il est rendu compte dans le texte (no 307). Il prend pour type la LepixiUa uniconus, h la- quelle s'appliquent particulièrement les faits qui suivent. Après la segmentation fp.277) et la formation d'une gastrula par invagination suivant le mode décrit par Repiachoff (p. 279;, la masse des cellules inva^inées se détache de l'épiblaste et se divise en une masse centrale liypobiastiqne (fig. 142 kjiy) et deux ban- des mésoblasticiues qui se rejoignent du côté postérieur (me). Puis bientôt le mésoblaste se fusionne de nouveau avec l'hypoblaste, la soudure procédant d'arrière en avant, et le tout se résout en une masse de vitellus nutritif qui remplit la cavité générale de la larve (fig. 142 B, v). Les cellules de la couronne se divisent à leur extrémité aborale et donnent naissance à un cercle de petites cellules. Entre ces cellules et la calotte (disque cilié du texte) con- stituée essentiellement par un cercle de grandes cellules radiaires situées au-dessous de l'épithélium, se produit une invagination circulaire qui se montre sous la forme d'un sillon dans la fig. 142 B [p] et ()ul formera la cavité palléale (fig. 142 B et C, fig. 143 A, p). A la face orale, outre le sac [s] à peu près central, il apparaît en avant sous l'épi- blaste une formation glandulaire (fig. 142 B, g) à la rencontre de laquelle s'avance une in- vagination épiblasiique longitudinale constituant la fente ciliée. En avant et autour de celle-ci se différencie un épaississement épiblastique en forme de fer achevai creusé d'une cavité propre. L'ensemble de ces formations constitue Yorgane piriforme (organe dorsal du texte) (fig. 142 C et fig. 143, p). II porte le plumet vibratile. Entre l'organe piriforme et le sac se développent deux petits lobes pairs formés d'une rangée de longues cellules cylindriques que je propose d'appeler d'ajirès leur rôle les myoblastes du pohjpide ^fig. 142 C et fig. I4:i??i). Telle est la structure de la larve libre (fig. 142 C). Elle se fixe par la face orale et i l'aide du sac dévaginé (fig. 143 A, s). En même temps la cavité palléale s'étale et lu face aborale s'étend vers le bas de façon à former tout le tégument externe de la larve pendant que la portion périphérique de la face orale entraînant la couronne s'enfonce en une invagination annulaire dans l'intérieur de la larve (fig. 143 B). Le bord de la face aborale ne tarde pas à se souder à la lame inférieure de la base du sac qui se dé- tache du reste de la face orale. En même temps le bord aboral de la couronne ciliée s'est lui-même soudé au bord de la lame supérieure de façon à former dans l'intérieur de la larve un anneau creux (fig. 143 C) constitué en dehors par la couronne retournée et l'organe piriforme, en dedans par le pédoncule du sac. L'anneau creux tout entier entre en dégénérescence et se résout en globules vi- tellins qui se confondent avec ceux dérivés de l'hypoblaste et du mésoblaste primitifs. (*) J. Barrois. — Mémoire sur la métamorphose des Bryozoaires (Ami. des se. nat,, 6° série, IX, 1880). ECTOPROCTES. 28« En adoptant l'hypothèse déjà suggérée à propos des Ectoproctes, la métamorphose qui vient d'être décrite semblerait être un bourgeon- nement accompagné de la destruction delà larve originelle. Les myoblastes du polypide persistent seuls, s'accroissent et, passant au-dessus des restes de l'organe piriforme, s'unissent en un corps impair. L'épitliélium du polypide se forme par une invagination de la calotte donnant nais- f^3 '^l Fig. 142. — Trois stades Jii développement de la Lepralia unicornis (d'après Barrois) (*]. sance à une vésicule (fig. 143 B et C, po) qui bientôt rencontre le myoblaste unique. Celui ci l'entoure et forme la couche musculaire du polypide. Le pédoncule d'invagination disparaît et le polypide devient libre dans la cavité générale; il se développe plus tard un pédoncule définitif de nouvelle formation qui constitue la gaine tentaculaire. La plus grande partie de la masse des globules de dégénérescence est en fin de compte englobée dans le polypide et prend part à la formation de sa cavité digestive. L'épitliélium externe provenant de la face aborale et de la lame inférieure du sac retourné sécrète une enveloppe cliitineuse et devient l'ectocyste. La partie postérieure de la larve devient la partie antérieure de l'adulte. Les caractères généraux delà métamorphose sont essentiellement les mêmes (**)cbez (*) A, stade avec hypoblaste et mésoblaste distincts. B, stade après la résolution de l'hypoblaste et du mésoblaste en une masse vitelline. C, larve libre. La face aborale (aô) est représentée en haut et la face orale (o) en bas. — c, couronne. — hy, hy- poblaste. — me, mésoblaste. — u, masse vitelline résultant de la fusion de l'hypoblaste et du méso- blaste. — pa, cavité palléale. — s, sac. — g, organe glandulaire. — p, organe piriforme. — m, myo- blaste du polypide. {**) Barrois, loc. cit. {Joiirn. de l'anal, et de la physiol., XXUI, 1882.) 282 POLYZOAIRES. Celte opinion sur la nature de la métamorphose post-embryonnaire sem- ble être celle de Claparède et de Salensky et est confirmée par la description lus autres Ectoproctes. Chez les Cténostomes, le sac est presque atrophié et réduit à une petite masse solide, les cellules de la couronne ont au coniràire une longueur énorme, ce lu développement de la Lepralia unicoriiis (d'aprcs Bai-rcis) (*) (|ui les force à se replier plusieurs fois dans leur invagination. Cliez les Cjclostomes, la couronne n'existe pas, mais elle est représentée par la portion péripliéricine de la face orale et la métamorphose est très semblable à celle des Chilostomes. Enfin la méta- morphose des Phylactolœmates semble également pouvoir se ramener au même type, malgré l'absence complète du sac interne. Dans tous ces derniers cas le développe- ment du polypiile n'a pas été suivi d'une inanièi'e satisfaisante. En résumé, chez tous les Bryozoaires tant Entoproctes qu'Ectoproctes, la métamor- phose consiste dans la fixation par la face orale, l'enfoncement de cette face en dedans de l'embryon et l'extension de la face aborale qui forme toute la paroi de la loge dé- finitive et la division de la force orale en deux parties dont l'une reste adhérente à la base de la loge ou dégénère et l'autre (tube digestif et [loriion centrale du vestibule des Entoproctes, myobhistes du polypide des Ectoproctes) (Giiilostomes) se porte vers le pôle opposé pour se metttrc en relation avec une invagination de la face aborale (calottfs des Ectoproctes, épaississemeni labial des Entoproctes) et former avec elle le polypide. (Trad.) (*) A, l.irM' 011 mnmi'nt de lu lixution. B et C, deux stades plus av:iiicés de la iiiétaniorplidso de la larve en adulte. — ;)a, cavité palléale. -- «, sar. — />,oi-,!,Min! iiirifonnc. — m, niyolilaste du polypide. — jio, polypide. ECTOPROCTES. 283 de Claparède disant que « la formation du premier polype ressemble point pour point » à celle des bourgeons subséquents. Le mode de bourgeonne- ment semblerait cependant présenter certaines particularités en ce que une grande partie de la peau de la larve passe directement dans le bourgeon. Flustrella et Cyplionautes. — Le groupe de formes larvaires sui- vant est celui dont le Cyphonnutcs est le meilleur type connu. Les larves qui le composent semblent au premier abord n'avoir guère de traits communs avec les larves décrites jusqu'ici. Les recherches de Barrois (n" 298) et de Metschnikoff (n° 314) (mais spécialement celles du premier sur le Flustrella hispida dont la larve ressemble beaucoup au Gyphonautes, bien qu'avec une moins grande complexité d'organisa- tion) ont cependant fourni une base satisfaisante pour établir une comparaison générale du Gyphonautes avec les autres larves d'Ecto- proctes. La segmentation et les premiers stades embryonnaires du Flustrella ressemblent beaucoup à ceux é&VAlcyomdium. Il se forme une cou- ronne saillante de grosses cellules divisant la larve en portions orale et aboraie. La portion orale devient cependant bientôt très petite rela- tivement à la portion aboraie et s'aplatit dans le sens vertical de façon à être presque au même niveau que la couronne de grosses cellules. Au stade suivant, l'aplatissement se complète et la couronne de grosses cellules entoure comme le vestibule des Entoproctes un disque oral Fig. lii. — L;ir\e avancée de Flustrella hispida (d'après Barrois) (*). plat. Le côté aboral en forme de dôme constitue la plus grande partie de l'embryon. Au stade suivant, un petit disque, le disque cilié, se forme au milieu (*; m (?), ffouttière au-dessus de l'organe dorsal. — Pli, organe dor&al. — st. stonioJaeum. — s, dis- que cilié à l'extrémité aboraie du corps. 284 POLYZOAIRES. du dôme aboral. La larve devient comprimée latéralement. La couronne de grosses cellules qui constitue maintenant le bord du vestibule se couvre, comme chez la larve de Pédicelline, de cils qui sont particuliè- rement longs en avant de l'organe dorsal. Puis le disque cilié (fig. 144, s) se réduit en dimension, mais porte un cercle de cils sur le bord et une touffe de cils au centre. La princi- pale différence entre cette larve et celle de VAlcyonidmm dépend des petites dimensions du disque cilié et de la situation orale de la cou- ronne ciliée dans la première. H y a des types intermédiaires entre ces formes de larves. Ce stade précède immédiatement la mise en liberté de la larve. La larve libre diffère de la larve renfermée dans l'ovicelle principalement en ce qu'elle possède une coquille de formation cuticulaire consti- tuée par deux valves situées sur les deux côtés de l'embryon. Le disque cilié aboral de dimensions plus réduites encore perd ses cils et vient à être renfermé entre les deux valves de la coquille. La métamorphosepost-embryonnairesuit, autant du moins que nous la connaissons, le cours déjà décrit pour la larve de ÏAlcyonidium. Le Cyphonautes(fig. 143) forme à certaines saisons de l'année un des animaux les plus communs parmi les produits de la pêche pélagique. Il a été décrit pour la première fois par Ehrenberg, mais l'importante découverte de sa véritable nature a été faite par Schneider (n" 3-22) qui a montre que c'est la larve du Membranipora (l'espèce commune C. compressus est la larve du M. pilosa), genre de Bryozoaires chi- lostomes. Les plus jeunes stades de la larve n'ont pas été observes, mais par comparaison avec la larve qui vient d'être décrite, il est facile d établir les relations générales des parties. La larve a la forme d'un triangle i\ sommet aboral, correspondant au sommet du dôme de la larve de Flu^trcUn et à base orale. Elle est enfermée dans une co- quille bivalve dont les deux valves se rencontrent sur les deux côtés, mais sont séparées le long de la base du triangle. Au sommet, il reste entre les deux valves un orifice par lequel peut sortir un disque cilié de même caractère et de même nature que celui des larves précé- dentes. Fig. \A':>. — Cr/p/tnnautes (\a.!-\(i Ae. Membranipora) (d'après llatschek) (*). (*) m, bouche. — a', anus, geon). f.rj, disque cilié. — x, corps problématique (probablement bour- EGTOPROCTES. 285 Le côté oraloubasilaire est entouré par un bord cilié un peu sinueux qui se continue autour des extrémités antérieure et postérieure du disque oral. Il est sans doute équivalent à la couronne ciliée des autres larves. La larve porte à la face orale deux orifices enfermés l'un et l'autre dans un lobe spécial de la couronne ciliée. Le plus grand des deux conduit dans une dépression que l'on peut appeler le vestibule et est situé du côté postérieur de la surface orale. Le plus petit, situé du côté antérieur, conduit dans une cavité qui semble être (Hatschek) équivalente au bourgeon rudimentaire ou organe dorsal des autres larves. La partie profonde du vestibule conduit dans la bouche (m) et l'œsophage; celui-ci se continue jusque près du sommet de la larve, s'y recourbe sur lui-même, se dilate en un estomac; le rectum se dirige parallèlement à l'œsophage et s'ouvre par un anus (a), à l'extré- mité postérieure du vestibule. Un organe pair particulier est situé de chaque côté presque au-dessus de l'estomac. Sa nature est un peu dou- teuse. Il était regardé comme musculaire par Claparède (n» 309), opi- nion qui, comme l'a montré Schneider, est certainement une erreur. Allmann (n° 305) le considère comme hépatique ; pour Hatschek, c'est un épaississement de l'épiderme. A côté de ces organes est un petit corps regardé par Claparède comme un muscle accessoire. Il est situé dans la position normale du ganglion des Bryozoaires, et l'on peut par conséquent peut-être le considérer comme de nature nerveuse. Allmann fait remarquer sa ressemblance avec un ganglion bilobé, mais n'est pas porté à le considérer comme tel. La constitution des parties renfermées dans la cavité antérieure {x) est un peu obscure. Les descriptions les plus complètes que l'on en ait sont celles de Schneider et d'Allmann. La cavité semble être tapissée par une masse de corps sphériques en connexion avec lesquels est une saillie lingui- forme qui peut être projetée en dehors de l'orifice. Dans cet organe est un corps strié, Schneider donne une bonne figure de l'organe entier. La similitude générale du Gyphonautes et des autres larves est rendue évidente par cette description et la figure qui l'accompagne. Par la présence d'un anus, d'un vestibule et peut-être d'un système nerveux, elle montre clairement une organisation beaucoup plus com- pliquée que celle de toutes les autres larves de Bryozoaires, à l'excep- tion de celles des Entoproctes. La métamorphose post- embryonnaire du Gyphonautes, admirable- ment observée par Schneider, a lieu de la même manière que celle des autres larves et est accompagnée par la dégénérescence des or- ganes larvaires et la formation d'un corps clair qui donne naissance au tube digestif et au lophophore du polype fixé. La coquille larvaire prend part à la formation de l'ectocyste du polype. 286 POLYZOAIRES. CyclOStomes. — Nous devons i Barrois la description de beaucoup la plus complète du développement des Cycloslomes, mais il est difficile d'éta- blir jusqu'à quel point on peut accepter ses interprétations. Les larves difle- rent très considérablement des larves normales des (^hilostomes et des Cté- nostomes, différence due surtout à l'énorme développement du disque cilié. Les observations de Barrois ont porté sur les larves des trois genres Phalan- gella, Crisia et Diastopora qui se ressemblent de très près. L'œuf est extrêmement petit. La segmentation, autant qu'elle a été observée, est régulière (I). Pendant la segmentation, l'accroissement est très rapide, et il finit par se former une blastophère beaucoup plus grosse que l'œuf ori- ginel. La blastophère s'aplatit et se transforme en une gastrula en se recour- bant à la façon d'une coupe. L'orifice de la gastrula est décrit comme per- sistant pour former la bouche permanente qui occupe une position terminale et centrale. 11 se forme autour de la bouche un épaississement annulaire trans- versal qui correspond probablement à la couronne ciliée des larves précé- dentes, et le corps de la larve devient cilié en avant de cette couronne. L'ex- trémité ahorale de la larve s'épaissit et s'étend en une potubérance allongée qui correspond probablement au disque cilié. La couronne devient en même temps plus saillante et forme une gaine cylindrique polir le disque cilié. Au moment où la larve sort de la cellule maternelle, elle a la forme d'un ton- neau avec une légère constriction médiane séparant l'extrémité orale de l'ex- trémité aborale. Au centre delà face orale est située la bouche conduisant dans un estomac spacieux, tandis que l'extrémité aborale est formée par le disque cilié renfermé dans sa gaine. La surface tout entière est alors ciliée. Barrois ne décrit aucun organe équivalent au bourgeon ou organe dorsal, mais sous les autres rapports, si le disque cilié est réellement équivalent dans les deux formes, une comparaison générale entre les deux formes telle qu'elle vient d'être indiquée semble tout à fait permise. La fixation et le développement subséquent de la larve ont lieu de la manière normale. Phylactolsemates. — Le développement des Bryozoaires phylactolœ- males a été étudié par Metschnikoir(n'' 313) qui décrit les œufs comme subissant une segmentation complète dans une poche incubatrice particulière développée sur les parois du corps du parent. Après la seg- mentation, les cellules de l'embryon se disposent en deux couches autour d'une cavité centrale. L'embryon forme alors le kyste bien connu qui donne naissance à une colonie par un processus de bour- geonnement. , (l) D'après les nouvelles observations de Barrois, la segmentation n'est régulière, qu'en apparence et les cellules glissent de bonne heure tes unes sur les autres, de manière à coiisiituer une sorte de gastrula épibolique ; l'œuf est de bonne heure constitué par une couche épiblastique et une masse liypoblastique libre dans l'inté- rieur. La masse liypoblasticiue s'atrophie et l'œuf prend l'aspect d'une grosse blasto- splitre. Une invagiiiaiioa semblable à celle d'une gastrula donne naissance non pas à l'archentéron, comnK' l'auieur l'avait cru d'abord, mais au sac interne (Barrois, loc. cit. Journ.de l'unat. et de la phystoL, XVIII, 1S8'2) [Trad.). GÉNÉRALITÉS SUR LES LARVES. 287 Considérations générales sur les larves des Bryozoaires. Les différentes formes d'embryons des Bryozoaires sont représentées dans les figures I40B, 141, 144, et 14o dans des positions que je regarde comme identiques, et la figure 146 représente ce que l'on pent con- sidérer comme le schéma d'un Bryozoaire à l'état de larve. Dans toutes les larves il existe une couronne ciliée qui sépare une face orale d'une face aborale et semble être homologue dans toute la série. Chez l'adulte, elle est probablement représentée par le lophophore. La bouche est tou- jours située sur la face orale, il en est de même de l'anus chez les larves d'Entoproctes et le Gy- phonautes. Il semble ainsi que le Cyphonautes, bien qu'étant la larve d'un Ectoprocte, est lui- même Entoprocte, fait qui tend à montrer que les Entoproctes sont les formes les plus primitives. Chez toutes les larves, excepté peut-être celles des Cyclostomes, il existe du côté antérieur delà bouche, chez les Entoproctes du côté oral et l'^ig-. W). — magnmmv chez les Ectopoctes du côté aboral de la cou- SV'*;'' '^' """^ '''''''"' ronne ciliée, un organe auquel est attaché exté- rieurement un plumet de longs cils. Cet organe a été reconnu dans toute la série, d'après l'opinion d'Hatschek, comme organe dorsal ou bourgeon rudimentaire; mais il faut se rappeler que cette interpréta- tion est de nature purement hypothétique. Du côté aboral de la couronne ciliée existe chez toutes les larves un organe qui a été appelé le disque cilié, qui est probablement homologue dans toute la série. 11 persiste peut-être chez l'adulte du Loxosome pour former la glande du cément, maisnon dans les autres formes. Les Bryozoaires présentent à l'état adulte une organisation simple et presque certainement dégradée; il est par conséquent, plus que d'or- dinaire, nécessaire de s'adresser à leurs larves pour déterminer leurs affinités, et diverses suggestions plausibles ont été faites pour l'inter- prétation des caractères des larves. Lankester (1) a émis l'opinion que les larves sont essentiellement semblables à celles des Mollusques. Il compare la couronne ciliée prin- cipale au voile, mais a ingénieusement suggéré qu'elle ne représente pas l'anneau vélaire simple de la plupart des larves de Mollusques, mais un anneau plus étendu dans le sens longitudinal dont les bran- chies des Lamellibranches sont supposées par lui être les restes et (1) LanlcRster, Remarks on ihe affiiiities of Wiahdopleuva {Quart. Journ. micr. Science, XIV, 1874). (*) ï/(, bouche. — an, anus. — st, estomac. — s, disque cilié. 288 POLYZOAIRES. auquel les larves d'Echinodernes à bande ciliée continue forment un parallèle. 11 trouve le pied dans l'épistome des Phylactolsemates et le disque du lîhabdopleura, situés l'un et l'autre entre la bouche et l'anus, et par conséquent dans la position du pied des Mollusques. La protubérance particulière située entre la bouche et l'anus chez la PédiceUine (voy. fig. J 40 B) et le Loxosome est probablement le même organe. Enfin il identifie mon disque cilié qui, comme on l'a vu plus haut, est peut-être équivalent à la glande du cément du Loxosome adulte à la glande coquillière des Mollusques. Les interprétations de Lankester sont très plausibles, mais cependant elles me semblent soulever des objections considérables. Absolument rien ne prouve chez les Mollusques l'existence d'une couronne ciliée longitudinale telle qu'il la suppose avoir existé, et Lankester est empêché de regarder la couronne ciliée des Bryozoaires comme équivalente au simple anneau vélaire des Mollusques parce que sa glande coquillière est située au centre et non, comme elle devrait l'être, du côté postérieur de la couronne ciliée. Une autre objection qui se présente à moi est la ciliation invariable de la glande coquillière de Lankester, ciliation pui ne se rencontre jamais chez les Mollusques. Il me semble que l'on obtient une comparaison plus satisfaisante entre les larves des Bryozoaires et celles des Mollusques en rejetant l'opinion qui fait du disque cilié la glande coquilhère et en regardant la couronne ciliée comme équivalente au voile. Ce mode de compa- raison a été adopté par Hatschek. Mais la larve cesse alors d'avoir aucun caractère spécial de Mol- lusque (excepté peut-être l'organe que Lankester a identifié au pied) et ressemble seulement à une larve de Mollusque au même point qu'elle ressemble à une larve de Polychète. Le disque cilié est, dans celte hypothèse, situé au centre de l'aire du voile ou du lobe préoral et par conséquent dans la position dans laquelle on voit sou- vent une touffe de cils chez les Lamellibranches et d'autres larves de Mollusques ainsi que chez les larves de la plupart des Chétopodes. C'est en outre en ce point que le ganglion sus-œsophagien se forme tou- jours chez les Mollusques et les Chétopodes comme un épaississement de l'épiblasle (lig. i47), de sorte que l'épaississement de l'épiblaste dans le disque cilié des Bryozoaires est peut-être un rudiment du ganglion sus-œsophagien qui s'atrophie entièrement chez l'adulte après que la lixation s'est efl'ectuée dans la région de ce disque. La comparaison entre la larve d'un Bryozoaire et celle d'un Cliéto- pode acquiert une grande force en prenant comme types le Mitraria (fig. \M) et le Gyphonautes. La similitude entre ces deux formes est si frappante que je suis porté à considérer sans aucun doute les larves BIBLIOGRAPHIE. 289 des Bryozoaires comme des trochosphères semblables à celles des Ghétopodes, des Rotiteres, etc., qui sont fixées à l'état adulte par l'extré- mité du lobe préoral (1). La fixation de la larve par son lobe préoral n'est pas plus extraor- Kig. 147. — Deux stades du développement de la Mitraria (d'a[iies Metsclinikoll') (*). dinaire que la fixation d'une Balane par sa tête, et après ce mode de développement, l'atrophie du ganglion sus-œsophagien n'a rien que de naturel. 11 y a un fait important qui mérite d'être noté dans le développe- ment des Bryozoaires, c'est que, si l'hypothèse admise dans le texte sur le mode de développement de la larve en adulte est acceptée, les Bryo- zoaires montrent d'uae manière constante le phéno^nhie d(; Calte7iiance des généralioiis. L'œuf donne naissance à une forme libre qui no devient jamais sexuée, mais produit par bourgeoimemeut la forme sexuée fixée. POLYZOAHIES EN GÉNÉRAL. (2'JS) .f. D.VRROis. Recherches sur L'enibrijologU; de^: Bryozoaires. \À\\e, 1S77. ENTOPROCTES. {•2D9) B. lÎATSCiirK. Embryonalentwickhing u. Kiiospung d. Pedicellnia ecJtinatu iZeilsckrifl far tuiss. Zool , XXIX. 1877». (1) La larvii cIh Mitra'ia e-t firriirée avp.c la surface abora'e en Iiauf, et non en bas coniniB dans la lij,iii-e du Cypliniianti'.s. La bundt^ ciliée est ai.ib.si diagramnialicale- nient iiidi'iuéo en no.r pour la rendre plus distincte. (*) m, bouflio. — an, anus. — si/, ganglion siis-resophagien. — br, soies provisoires. — pr.b, bandit ciliée préorule. B.\i,Foun, Embryologie. I. — 10 290 POLYZOAIRES. (300) M. Salensky. Études sur les Bryozoaires entoproctes (Ann. scien. nat., C* sér. V. 1877). (301) O. ScHMiDT. Die Gattung Loxosoma [Archiv f. mik. Anat., XII. 1876). [Wl) C. Vof.T. Sur le Loxosome des Pliascolosonies [Archives de Zool. expér. et yénér. V. 1876). (303) C. VoGT. Bemerkungen zu D' Hatschek's Aufsatz iib. Embryonalentwicklung u. Kiiospung von Pedicellina echinata (Zeit. f. wiss. Zool,, XXX. 1878). ECTOPROCTES. (30i) G. J. Allman. Monograph of freûi wnter Pob/zoa. Ray Society. (305) G. J. AiXMAN. On tlie structure of Cyplionautes (Quart. J. of micr. Se, XII. 1872). (3(lG) G. J. Ai.LMA.N. On tlie structure and development of the Phylactolaematous Polyzoa [Journal of the Linnean Society, Xl\, n" 77. 1878). (307) J. Barrois. Le développement d. Bryozoaires Chilostonies [Comptes rendus de l'Acad. des se, 23 sept. 187H). (308) E. Claparède. Beitràge zur Anatoniie u. Entwicklungsgeschichte d. Seebryozoen [Zeit. fur wiss. Zool.. XXI. J871). (309) E. Clapabède. Cyplionautes [Anat. u. Entwick. wirhell. Thiere. Leipzig, 18G4). (310) R. E. Grant. Observations on the structure and nature of Flustrae [Edinburgh new Philosoph. Journal, 1827). (311) B. Hatschek. Embryonalentwicklung u. Knospung d. Pedicellina l'chinata (Description du Cyplionautes). [Zeit. f. wiss. Zool., XXIX. 1877.) (312) T. H. Huxley. Note on the reproductive organs of the Cheilostome Polyzoa [Quart. Jour, of Micr. Science, IV. 18î)6). (313) L. JoLiET. Contributions à l'histoire naturelle des Bryozoaires des côtes de France [Archives de Zoologie Expérimentale, VI. 1877). (314) E. Metschnikoff. Ueber d. Métamorphose einiger Seethiere [Gôttingische Nachrichten, 1800). (315) E. Metschnikoff [BhU. de l'Acad. de Sr-Pétersbourg, XV. 1871, p. 507). (316) H. NrrscHE. lieitràge zur Kenntniss d. Bryozoen [Zeit. f. wiss. Zool., XX. 1870). (317) W. RicpiACHOFF. Zur X'aturgeschiclite d. chilosiomem Seebryozoen [Zeit. f. wiss. Zool., XXVI, 187G). (318) W. Repiachoff. Ueber die ersten Entwicklungsvorgànge bi-i Tendra zostericola [Zeit. fiir wiss. Zool., XXX. 1878. Supplément). (319) W. Repiachoff. Zur Kenntniss der Bryozoen [Zoologischer Anzeiger, n° 10, I. 1878). (320} ^\ . Repiachoff. Bemerkungen ub. Cyplionautes [Zoologischer Anzeiger, II. 1879). (321) M. Sai.enskv. Untersuchung an Seebryozoen [Zeit. fur wiss. Zoo/., XXIV. 1874). (322) A. Schneider. Die Entwicklung u. syst. Stellung d. Bryozoen u. Gephyreen [Archiv f. niikr. Anal., V. 18U9). (32.3) Smitt. Om Hafsbryozoernas utveckling ocli fettkroppar. [Aftrijck ur ofvers. af Kong. Vet. Akiid. Fiirli. Stockholm, 1865). (324) T. lliNCKs. Britisk marine Polyzoa. Van Vooist, 1880. |Voy. aussi les travaux de Farre, Hiiicks, Vuii Benedeii, Dalyell, Nordmann.] CHAPITRE XI BRACHIOPODES (I) Les observations qui ont été faites sur l'histoire embryologique des Brachiopodes ont jeté beaucoup de lumière sur la position systéma- tique de ce groupe un peu isolé. Développement des feuillets. Ce que nous savons sur les premiers stades du développement des Brachiopodes est presque entièrement dû à Kowalevsky (2) (n°326). Ses recherches s'éten- j^ ^^ dent à quatre formes : XArgiope^ la Terebratula, la Terebratulina et le Thecidium. Le premier dé- veloppement des trois premières suit un même plan et celui de la Thécidie un second plan. Chez VArgiope que l'on peut prendre pour type du premier groupe, les œufs sont trans- portés dansles oyiductes(organes segmentaires) où ils subissent les premières phases de leur développement, La segmentation aboutit à la formation d'une blastosphère qui se trans- forme en gastrula par invagination. Le blasto- pore se rétrécit peu à peu et enfin se ferme, en même temps la cavité archentérique se di- vise en trois lobes (fi^. 148 A), un médian {me) et deux latéraux [pv). Puis ces lobes se séparent complètement et le médian forme le mésentéron tandis que les deux (0 ... ,. (, a, Rlivnchonellides. I. Articules. ] . ,r- ak . i-^ I 0, rerébratuliaes. / n, Lingulides. II. Inarticulés. | 6, Craniades. ( c, Disciiiides. (•2) Le mémoire de Kowalevsky est malheureusement écrit en russe. L'exposé de ses recherches donné ici est tiré de l'inspection de ses figures et d'un extrait publié dans le Jahresbericide de Hoffmann et Schwalbe pour 1873. (*) A, fin du stade gasti'iiUi. — B, stade après la division de la larve en trois seg-nicnts. — il, blas- toporo. — me, mésentéron. — pv, cavité générale. — 6, soies provi.soires. Fig. 148. — Deux stades du développement de VArgiopi (d'après Kowalevsky) ('). 192 BRACHIOPODES. latéraux forment la cavité générale ; leurs parois externes forment le mésoblasle somalique et leurs parois internes le mésoblaste splan- chnique (fig. 148 B). L'embryon s'allonge ensuite et se divise en trois segments successifs (fig. 148 B) qui sont d'ordinaire, bien que sans raisons suffisantes (voy. Thecidium), regardés comme équivalents aux segments des Ghélopodes. Chez la ïhécidie, les œufs sont très gros et le développement a lieu dans une poche incubaLrice spéciale, dans la valve ventrale. Les embryons sont attachés par des suspenseurs aux deux cirres des bras qui sont immédiatement voisins de la bouche. La segmentation est presque régulière et il se développe une très petite cavité de segmen- rig. 149. — L.trvc d'Arç,iopo \U3 pir la fare venti'ale vempruiité à 0. Schmidt, d'après Kowalevsky). talion. Il n'y a pas d'invagination, mais les parois de la blastosphère produisent par bourgeonnement des cellules qui bientôt forment une masse solide centrale entourée par une couche externe, l'épibhiste. Dans cette masse centrale apparaissent trois cavités qui constituent le mésenléron et les deux moitiés de la cavité générale. Des parois distinctes se diflerencieiit autour de ces cavités. Le corps (de Lacaze- Diithiers, n" 327) se divise bientôt en deux segments dont le postérieur est le i)lus petit. La partie postérieure du grand segment antérieur se sépare ensuite en un nouveau segment, et enfin la partie antéiieure se divise en deux segments dont l'antérieur est le plus petit. L'embryon est ainsi divisé en quatre segments dont les deux antérieurs réunis paraissent (1) correspondre au segment céphalique de VAryiopc ; mais ces segments se foi'mcnt, non comme chez les Chétopodes et (1) Il est, h noter qnn les lifiurcs de Kowalcvsky n'iiKliiiueiit en anciiiie façon q'i'il soii d'accord avec de I.acaze-Dutliiois suus hî rappori de la huccesbioii des segments. ARTICULÉS. 293 autres formes vraiment segmentées par l'additidn de nouveaux seg- ments entre le segment le dernier formé et l'extrémité non segmentée du corps, mais par l'interpolation de nouveaux segments à l'extré- mité céphalique du corps comme chez les Cestodes, de sorte que le segment postérieur est le plus âgé. En admettant l'exactitude des observations de de Lacaze-Duthiers (I), le mode de formation de ces segments me paraît rendre probable qu'ils ne sont pas identiques avec les segments d'un Rhéto- pode. A l'extrémité antérieure de chaque embryon est attaché un suspenseur. Avant l'établis- sement des quatre segments, l'embryon tout entier est cou- vert de cils vibratiles, et deux, puis quatre yeux rudimenlaires se développent sur le segment antérieur du corps. Histoire de la larve et du dé- veloppement des organes de l'adulte. Articulés. — Les observations (le Kowalevsky et de Morse nous ont donné une histoire à peu près complète de la métamor- phose larvaire de quelques Arti- culés, tandis que les recherches (le Fritz Millier, Brooks, elc, nous ont fait connaître quel- ques-uns des stades avancés de l'histoire des Inarticulés. Nous avons laissé l'embryon de VArgiope, qui peut servir de type m.. ,^0. _ L,,,,e dUr^iop-- u,, peu plus av.ncT.. pour les Articulés (flg. 14S B), à 'l»'*'"' *''"^e r.-préscnté dans la figure précédeute. , . -Il' ^"" P'"' '*' f'ice dorsale (emprunté à 0. Schmidt, 1 ctatd organisme trilobé pourvu ,i ,,pics ivowaievskjo. d'un mésentéron clos et d'une cavité générale divisée en deux compartiments latéraux. Sur le segment médian du corps, apparaissent deux replis, l'un dorsal et l'autre ven- tral, destinés à former les lobes du manteau ; le lobe ventral porte deux paires de paquets de soies ifig. 148 B et 149). Les soies en même temps que les replis palléaux s'accroissent considérablement et ressemblent en apparence aux soies provisoires d'un grand nombre de larves de (1) Kowalevsky dans ses figures représente le pénultième lobe comme non cilié 294 BRACHIOPODES. Chélopodes (fig. 167 et 168). Sur le bord postérieur du manteau appa- raissent des cils. Le segment antérieur ou céphalique prend la forme d'une ombrelle dont le bord porte une couronne de longs cils, tandis qu'ailleurs il est pourvu d'un revêtement de cils courts. Deux paires d'yeux font également leur apparition sur sa face antérieure (flg. 150). Après avoir nagé quelque temps, la larve se fixe par son lobe posté- rieur et se transforme graduellement en l'adulte. Le lobe postérieur m "TT \;£^ / -'^-fel; v:>0 Deux stades du développement de Wrgiope., montrant rcxtcnsion de au-dessus du lobe céiihalique (d'après Kowalcvsky) (*). replis palléaux lui-même devient le pédoncule. Après la fixation, les lobes du manteau se recourbent en avant (fig. 151 A, m) et enveloppent le lobe céphali- que. Les valves de la coquille se forment à leur surface externe comme deux plaques chitineuses délicates (fig. 151 B). A un stade un peu plus avancé, les soies provisoires sont rejetées et remplacées par les soies permanentes entourant le bord du manteau. Le lobe céphalique se loge dans la valve dorsale de la coquille, et la bouche se forme près (*) m, repli palléal. — me, mésentéron. —/)(/, ))édoncule. — b, soies provisoires. ARTICULÉS. 295 da sommet du lobe céphalique, immédiatement au-dessous des taches oculiformes, par une invagination épiblastique. Les muscles perma- nents se constituent par la transformation des muscles déjà existants dans l'embryon. Autour de la bouche apparaît un cercle de tentacules qui dérivent de la couronne ciliée représentée dans la figure 150. Le cercle de tentacules est obliquement placé et la bouche est située près de son côté ventral. Les tentacules paraissent former un petit cercle post- oral comme celui du Phoronis [Actinotj^ocha), leur nombre augmente peu à peu à mesure que la larve avance en âge. Les observations de Morse (n"^ 328 et 329) sur la Terehratulina septentrio- nalîs nous ont fait connaître quelques-uns des stades avancés du dévelop- pement des Térébratulides. Le point le plus intéressant des observations de Morse sur les stades avancés est la description de la transformation graduelle du disque qui porte le petit cercle de tentacules en les bras de l'adulte. Les tentacules, au nombre de six, forment d'abord un cercle autour du bord d'un disque porté par le lobe dor- sal du manteau; à leur centre est la bouche. Dans les stades ultérieurs des spicules calcaires se développent sur les tentacules. Lorsque l'embryon est très avancé, les tentacules commencent à prendre une disposition en fer à cheval qui présente une ressemblance frappante quoique probablement acci- dentelle avec celle des tentacules du lophophore des Bryozoaires d'eau douce. Le disque portant les tentacules se prolonge en avant en deux protubérances, les extrémités libres des futurs bras. Par ce changement de configuration du disque, les tentacules forment deux rangées, une sur le bord antérieur et une sur le bord postérieur du disque et enfin deviennent les cirres des bras. La bouche est située entre les deux rangées de tentacules, au point où les deux bras du lophophore se rejoignent en arrière. La bouche était le centre primitil du cercle de tentacules avant qu'ils aient pris la forme de fer à cheval. En avant de la bouche est une lèvre. Les bras augmentent considérablement Je longueur chez la Terehratulina adulte; chez la Tliécidie, le disque oral conserve la forme de fer à cheval, tandis que chez VArgiope, la disposition circulaire embryonnaire des tentacules n'est dérangée que par l'apparition de sinuosités marginales. La coquille apparaît sous la forme de deux plaques chitineuses qui plus tard se calcifient. Elle subit dans les différents genres des chan- gements de forme considérables pendant son accroissement. Quelques points peuvent être notés relativement aux états larvaires des autres Articulés. La larve trilobée de la Terehratulina septentrionalis ^orle une touffe spéciale de cils au sommet du lobe antérieur. Les bras semblent apparaître chez la Terehratulina caput serpentis comme deux saillies des côtés de la bouche sur lesquelles se forment les tentacules. Il ne semble pas se former de soies provisoires dans les embryons lobés de 296 BRACHIOPODES. la Thécidie et delà Térébraluline, mais eliesapparaissentplus fard sur le bord du matileau chez la dernière. Le troisième lobe de la Thécidie donne nais- sance aux lobes dorsal et ventral du manteau. Inarticulés. — Les premiers stades du développement des Inarticu- lés ne sont pas connus, et dans les stades les plus jeunes qui aient été observés, la coquille est déjà développée. Les jeunes larves pourvues de coquilles diffèrent cependant de celles des Articulés en ce qu'elles nagent librement et que le pédoncule n'est pas développé. Une de ces larves, décrile par Krilz Millier (n» 33!), est très probable- ment celle de la Biscina radiata. Elle ressemble dans ses traits généraux à une larve d'Articulé peu après le développement des lenlacules. II existe cinq paires de longues soies provisoires, toutes, excepté les plus postérieures, por- tées par le lobe veiiiral du nianleau. Des soies plus courles sont aussi porlées par le bord du lobe dorsal, la boucije esl placée sur le côté ventral d'un lobe oral proiraclile. Elle est incomplèlement entourée par quatre paires de tentacules qui forment un appareil de natation. Une histoire plus complète du développement de la Lingule a été récemment donnée par Brooks (n° 325). La larve la plus Jeune qu'il ait observée esl envelop- pée par deux valves presque semblables, en lorme de plaques recouvrant les deux lobes du manteau. La bouche est siiuée au centre d'un disque attaché à la valve dorsale sur le bord duquel est un cercle de tentacules ciliés. La position générale du disque et ses rapports sont montrés par la fig. 152 qui repré- sente une coupe diagrammatiquc verticale et longi- tudinale de l'embryon. Avec l'accroissement de l'embryon, le nombre des tentacules augmente, les nouvelles paires se formant toujours entre le tentacule dorsal impair et les ten- tacules voisins. Les tentacules sont creusés d'une cavité axiale qui, à la différence des tentacules des Bryozoaires, ne communique pas avec la cavité périviscérale. Avec l'aug- mentation du nombre des tentacules, les parties latérales du disque tentacu- laii'e se développent pour former les deux bras latéraux de l'aduKe tandis que le bord dorsal forme le bras pololouué, impair. Ces transformations n'ont lieu qu'après la lixation de la larve. La lixation de la larve n'a pas été observée, mais le pédoncule dont il (*) a, extrémité «les vulves. — b, éiKiississiniiciil marginal ilu iiiatilciui, - c, manteau. — d, tenta- oiilc .lorsal médian. — c, lo|)lio|ilioic. — /; Icvrc. — 7, |j,iiicii(!. - /,, ,Mvité palléale. — i, cavité générale. — k, p:iroi de l'œsophage. — /, (es„phM,<,'e. — m, rliamljre hépatique de restomac. — II, ehamhre in(estiii:il(î d.,' I\ stomac. — (/, intestin. — y, -anglion ventral. — r, muscle postérieur. — s, valve dorsale de la coquille. — /, valve venlr.ile. KIr. 152. — niafrrariniK' iriine i-iMipi! loiigitudinale d'un endjryon av;incé de Lin- .i-'ule (d'après lirooks) (*;. DÉVELOPPEMENT DES ORGANES. 297 n'existe pas de Irace dans les stades jeunes se développe comme un simple prolongement de l'extrémilé postérieure du corps pendant que la larve est encore libre. 11 avait déjà atteint une très grande longueur dans la plus jeune larve fixée observée. Développement des organes. La cavité digeslive après la fernnoture du blastopore forme un sac clos qui est plus tard mis eu communicatiou avec l'extérieur par rinvaginalion stomodœale. Le foie est formé par une paire de diverti- cules dorsaux du tnésentéron. D'après les observations de Brooks sur la Lingule, il paraîtrait que le mésentéron primitif forme l'estomac de l'adulte seulement et que l'intestin en dérive sous la forme d'un cor- don plein, qui finit par atteindre le tégument en un point où se forme l'anus. Chez les Articulés, le mésentéron est aveugle et il n'existe pas danus. La formation de la cavité générale par une paire de diverticules ar- chentériques a déjà été décrite. Sa paroi somalique chez la Lingule devient ciliée et sa cavité remplie d'un fluide chargé de corpuscules comme chez un grand nombre de Chélopodes. Elle envoie enfin dans chacun des lobes dorsal et ventral du manteau une paire de prolonge- ments en forme de cernes qui communiquent avec la cavité générale par de larges orifices ciliés. QuelquesobseiTalions incomplètes de Brooks sur le développement du système nerveux chez la Lingule montrent qu'il apparaît dans l'embryon comme un anneau entourant i'a>sophage avec un ganglion sous-œsophagien ventral (fig. 152, q), deux ganglions latéraux et deux otocystes dorsaux. Le ganglion ventral est formé par un épaississement de l'épiblaste avec lequel il reste en continuité pendant toute la vie. Le reste de l'anneau dcriv(» du ganglion ventral sous la forme de deux cordons qui peu à peu se rejoignent du côté dorsal de l'œsophage. Observations générales sur les affinités des Brachiopodes. La larve de l'Argiope comme l'ont remarqué un grand nombre d'observa- teurs, a sans aucun doule des affinités intimes avec celles des Chétopodes. Hlle ressemble, pour préciser, à une larve mésotroque de Cliétnpode avec (les soies provisoires (voy. le chapitre suivant). Les observations de de l.acaze- Duthiers tendent à prouver que les lobes de la larve ne sont pas de vérita- bles segments, et il est cerlain que le mésoblaste ne se segmenle pas chez l'embryon comme il devrait le faire, si ces lobes étaient de véritables seg- ments. Si cette opinion est exacte, la larve doit èti-e comparée à une larve de CJiétopode non segmentée. Chez la Rhynchonelle, cependant, on trouve chez l'adulte l'indication de deux segments dans les deux paires d'organes seg- mentaires. 298 BRACIIIOPODES. Bien que le Brachiopode à l'état de larve ressemble à une larve mésotro- que de Chétopode, il ne paraît pas ressembler aux larves trochosphères dé- crites jusqu'ici, ou aux larves plus typiques des Chétopodes en ce que la couronne de tentacules qui probablement, comme on l'a vu, dérive de la cou- ronne ciliée représentée dans la fig. i'6\, e?:l post-orale et Don préorale. Le cercle de tentacules est comme la couronne ciliée de l'Actinolroque (larve du Phoronis) parmi les Géphyriens. Bien qu'il y ait, sans aucun doute, une ressemblance frappante entre le disque tentaculaire d'une larve de Brachio- pode et le lopliophore d'un Bryczoaire, ressemblance qu'ont fait remarquer Lankester, Morse, Brooks, etc., leur homologie est rendue, à mon avis, très douteuse parle fait que le lophophore est préoral cliez les Bryozoaires (t) et post-oral chez les Brachiopodes. L'opinion de Morse que les Brachiopodes sont des Chétopodes tubicoles dégradés ne repose jusqu'ici sur aucun fait embryologique défini. Le déve- loppement du cercle tentaculaire aussi bien que son innervation par le gan- glion sous-œsophagien nous empêche, comme l'a fait remarquer Gegenbaur, de le comparer aux tentacules des Chétopodes tubicoles. (32.-)) \\. K. Brooks. Development of Lingula (Cliesapeake Zoological Lahoratory, identifie BesitUs of Vie Session of 1878. Baltimore, J. Murpliy and Co.j. (326) A. KowALEVSKY. Développement des Biacliiopodes. Protocole de la première session des seciions réunies d'anatomie, de plijsiologie et d'anatomie comparée ù la réunion des naturalistes russes h Kasan,en 1873 (en russe). (327) H. de Lacaze-Duthiers. Histoire de la Thécidie {Atm. scien. nat., 4' sér., XV. 18G1). (328) Morse. On the Early Stages of Terebratulina septentrionalis [Mem. Boston Soc. Nat. History, II. 18G9 ; An7i. and Mag. of Nat. Hist., 4' sér., VIII. 1871). (32!)) IMoRSE. On tlie Embryology of Terebralulina [Mem. BostOJi Soc, Nat. History, m, 1873). (.■!30) Morse. On the Systematic Position of the Brachiopoda (Proceedmgs of the Boston Soc. of Nat. Hist., 1873). (331) Fr.rrz Mûli.i:r. Beschreibung einer Brachiopoden Larve {Mûller's Archiv, 1800). (1) Chez les Bryozoaires ectoproctes, on pourrait croire que le cercle tentapulaire cilié est post-oral, mais les faits embryologiques rappelés dans le ciiapitre précédent me paraissent démontrer que celte opinion est insoutenable. CHAPITRE XII CHÉTOPODES (1) Formation des feuillets germinatifs. La plupart des Chétopodes pondent leurs œufs avant le développe- ment; les Oligochètes les pondent dans des cocons ou sacs formés par une sécrétion du tégument. Quelques Polychètes marines les portent avec elles pendant le développement : YAutolytus cornutus possède à la face ventrale un sac spécial dans lequel ils éclosent; chez le Spi- rorbis Pagenstecheri, ils se développent dans l'intérieur du tentacule operculaire, et chez le Spiroi'bis sphillum dans le tube du parent. Un petit nombre de formes [Eunice sanguinea^ Syllis vwipara, Nereis diversicolor) sont vivipares. Le type de développement le plus primitif observé jusqu'ici chez les Chétopodes est peut-être celui de la Serpule (Stossich. n° 357) (2). Une segmentation régulière aboutit à la formation d'une blastophère avec une cavité de segmentation centrale. Une invagination du type nor- mal se produit ensuite. Le blastopore se rétrécit bientôt pour devenir l'anus permanent, tandis que l'hypoblaste invaginé forme une faible saillie à lumière imparfaitement développée qui est loin de 7'emplir la ca- vité de segmentation (fîg. 153, A). L'embryon qui, pendant ce temps, s'est entièrement revêtu de cils vibratiles, prend alors plus ou moins la forme d'un cône, au sommet duquel est l'anus, et dont la base forme le ru- diment d'un grand lobe préoral. Le sac digestif s'étend en avant, puis se recourbe sur lui-même presque à angle droit et rencontre une inva- gination stomodieale de la face ventrale à quelque distance de l'extré- mité antérieure. Le tube digestif se différencie bientôt en trois régions, l'œsophage, l'estomac et l'intestin; avec ces transformations, la larve qui, pendant qu'elles s'effectuaient, est sortie de l'œuf, revêt les caractères d'une (1) I. Achètes [Polygordius). IL Polychètes. ' Sédentaires. Errantes. III. Oligochètes. (2) Les observations de Slossicli ne sont pas partout satisfaisantes. 300 CHÉTOPODES. larve typique d'Annélide (fig. 133 B). En avant est un grand lobe préo- ral, sur les côtés duquel apparaissent bientôt les taches oculiformes. l'ifr. lyS. \)fu\ .--f.-uli's (lu développement de la Serpule (d'après Stossicli) (*). La cavité de segmentation primitive persiste comme un large espace situé entre le tube digestif recourbé et la paroi du corps et est tra- versée par des libres musculaires reliant ces deux parties. Le chorion originel paraît servir de cuticule et est traversé par les cils. Les transformations ullérieures de celte forme larvaire ne présentent pas (le caracicres d'une importance générale. Une vésicale particulière qui, dans des cas anormaux, est double se forme près de l'anus. S'il était démentie qu'el'e est largement répandue chez les Cliétopodes, on pourrait peut-être la regarder comme homologue aux vésicules anales des Gépliyriens. La Serfiule est l'un des r.ires Chélopodes actuellement connus, chez, lesquels la segmentation est entièrement régulière (1). Dans les autres formes, elle est plus ou moins inégale. La formation des feuillets a été beaucoup [)lus complètement étudiée chez les Oiigochètes que chez les l^olychètes.et (iuoi(jn(', malheureusement, le développement soit très abrégé dans le premier groupe, il doit cependant nous servir de type ; (ità moins (juc le contraire ne soit indiqué, les descriptions qui suivent s'appli(iucnt aux Oiigochètes. La segmentation est presque régulière chez le /jonhrinin r/r/z/r/o/a (Kowalevsky) et aboutit à la formation d'une blastosphère aplatie, dmit un des côtés esthypoblasticiue etl'autrcépi- (1) Siiiv.int, WillcinuisSalmi, le TcreheUides strœinii est aussi caractérisé par vmo sc;;iniiiUaiion réguliùrc [' j /H, Loiicli". — an. ;inu«. — ni. arcliriitéron. FORMATION DES FEUILLETS GEKMINATIFS, 301 bhistique, les cellules hypoblastiques se distinguant facilement des cellules épiblasliques par leur aspect plus clair. Il s'effectue une inva- gination par laquelle l'hypoblasle est enveloppé par l'épiblaste, et il se forme une gastrula à deux feuillets h peu près cylindricjue. L'orifice de celte gastrula s'étend d'abord sur tout ce qui deviendra la surface ventrale du futur Ver, mais se rétrécit peu à peu en un pore, la bouche permanente, situé près de l'extrémité antérieure. La cavité centrale de la gastrula est tapissée par des cellules hypoblastiques, mais l'orifice oral qui conduit par un passage étroit dans la cavité gastrique est tapissé par des cellules épiblasliques. La segmentation du Lumbricus trapezoides (Kleinenberg, n° 341) et du Cricdriliis fHalscliek, n° 33fi) est plus inégale et plus irrcgulière que celle du Lumbricus agricola elle mode d'invagination est intermédiaire entre l'épibolie et l'embolie. L, é[iil)l:istc. — )((,<;, bande niésoblastiipie. — /iij, lijpol)!,; 302 CHÉTOPODES. Dans tous les types d'Oligochètes, à l'exception de VEuaxes, où le blastopore se ferme complètement, le blastopore devient la bouche ou coïncide avec elle. Chez la Serpule, il est décrit (Stossich), comme nous l'avons vu, comme coïncidant avec l'anus, particularité confirmée par les descriptions semblables de Willemœs-Suhm (n° 358). 11 est néces- saire, ou de supposer une erreur de la part de Stossich ou d'admettre que l'on a chez les Chétopodes un cas comme celui des Gastéropodes dans lequel un blastopore en forme de fente, s'étendant tout le long de la surface ventrale, peut se réduire à un pore situé, dans quelques formes, à l'extrémité orale, et dans d'autres formes à l'extrémité anale. Jusqu'ici, nous n'avons parlé que de deux des feuillets germinatifs, l'épiblaste et l'hypoblaste. Avant que l'invagination de l'hypoblaste ne soit achevée, le mésoblaste fait son apparition sous la forme de deux bandes ou traînées s'étendant longitudinalement sur toute la longueur de l'embryon. On les appelle d'ordinaire traînées germinatives (germi- nal streaks), mais pour éviter l'ambiguité de ce terme, elles seront dé- signées sous le nom de bandes mésoblastiques. Leur origine, et leur développement ont été très complètement étu- diés par Kleinenberg(n° 3H), chez le Lumhricus ti-apezoïdes. Elles appa- raissent dans cette espèce un peu avant le stade gastrula, sous la forme de deux grosses cellules situées à la surface du blastoderme et que l'on peut appeler les initiales du mésoblaste. Ces cellules sont situées une de chaque côté de la ligne médiane à l'extrémité postérieure de l'em- bryon. Elles s'enfoncent bientôt et sont recouvertes par l'épiljlaste (lig. 155, A, m), pendant qu'il apparaît sur leur côté interne et antérieur une rangée de petites cellules (ws). Ces rangées de cellules forment le commencement des bandes mésoblastiques, et dans les stades suivants, elles s'étendent de chaque côté du corps (fig. 15oB, ?//s) jusqu'à atteindre les côtés de la bouche. Leur extension en avant se fait surtout aux dépens des cellules épiblastiques susjacentes, mais les deux initiales du mésoblaste situées à leur extrémité y prennent probablement part également. Chaque bande mésoblastique est à l'origine formée d'une seule rangée de cellules, mais bientôt devient plus épaisse d'abord en avant et comprend deux, trois ou un plus grand nombre de rangées cellulaires. De ces faits il résulte que les bandes mésoblastiques ont, chez le Lumbricas trapezoïdes au moins, dans une large mesure, une origine épiblastique. D'abord, les deux bandes mésoblastiques se terminent en avant sur les côtés de la bouche, mais plus tard leurs extrémités antérieures s'étendent du côté dorsal aux dépens des cellules épiblastiques voi- sines et se rejoignent au-dessus de la bouche, formant ainsi une com- missure mésoblastique dorsale. Les bandes mésobhistiques se portent bientôt de la position latérale qu'elles occupaient d'abord vers la face ventrale. Elles ne se rejoignent FORMATION DlîiS FEUILLETS GERMINATIFS. 303 cependant pas sur la face ventrale pendant quelque temps, mais for- Fig. l'ôS. — trois couiic's de l'œuf du Lumbricus trapezoWes en voie de développement (d'après Kleinenberg) (*). ment deux bandes, une de chaque côté de la ligne médiane ventrale (fig. 155 C). Les descriptions données d'ordinaire de l'origine et du développement des bandes mésoblastiques difTèrent un peu de celle qui précède. Pour Kowa- levsky (n° 342) et Hatschek (n" 339) elles s'accroissent chez le Lumbricus riibellus et le Criodrilus uniquement aux dépens des initiales du mésoblaste. Kowalevsky, en outre, admet que chez le L. rubcllus, les initiales du méso- blaste originelles dérivent de l'hypoblaste. Dans quelques formes comme le Lumbricus agricola, les iniliaiies du mésoblaste n'existent pas. Chez VEuaxes, l'origine des bandes mésoblastiques présente un certain intérêt en ce qu'elle montre les relations des bandes mésoblastiques des Ché- topodes avec le mésoblaste des autres formes. Pour rendre intelligible l'ori- gine du mésoblaste dans cette forme, il est nécessaire de dire quelques mots sur la segmentation. Par un processus de segmentation un peu anormal, l'œuf se divise en quatre sphères dont l'une est plus grosse que les autres et occupe une posi- tion correspondant à la future extrémité postérieure de l'embryon. Les trois plus petites sphères donnent naissance de leur côté dorsal, par une sorte de bourgeonnement, à de petites cellules qui deviennent l'épiblaste ; et l'épi- (*) A, coupe horizontale et longitudinale d'un embiyon au moment ou il se divise en deux em- bryons au stade gastrula. Elle montre les initiales du mésoblaste et les bandes mésoblastiques qui en procèdent. — B, coupe transversale montrant les deux bandes mésoblastiques largement séparées. — C, coupe transversale à un stade plus avancé montrant les bandes mésoblastiques qui se sont rap- prochées de la ligne médiane ventrale et se creusent d'une cavité générais (pp)- — >'is, bande méso- blastltpie. — m', mésoblaste. — al, archentéron. — pp. cavité générale. 304 CIIÉTOPODES. blasle dérive aussi en partie de la grosse cellule postérieure en ce que cette cellule produit par bourgeonnement une petite cellule qui se divise elle- même en deux. L'antérieure des deux cellules ainsi formées continue à se subdiviser et est incorporée dans l'épiblaste ; la postérieure se divise seule- ment en deux qui forment les deux initiales du mésoLluste. Le reste du méso- blaste est formé par la continuation de la division des trois plus petites des grosses cellules prmiitives et forme d'abord une couche continue entre la calotte dorsale d'épiblaste et les quatre plus grosses cellules qui, après avoir donné naissance àl'épiblasleet au mésoblaste, constituentl'hypoblaste. Comme l'épiblaste s'étend au-dessus de l'iijpoblaste, la lame mésoblasiique disparaît dans la région médiane et le mésoblaste reste comme un bourrelet cellulaire au bord de la coupe épiblastique. Il constitue en réalité un épaississementdes lèvres du blastopore. En arrière, l'épaississement est complété- par les deux initiales du mésobUiste. La figure lo4 montre l'apparence du mésoblaste surutie coupe. Pendant quel'épiblasle accompagné par le mésoblaste continue às'éten- dre autour (le l'iiypoblaste, le blastopore prenduneformeovaleet le mésoblaste revêt l'apparence de deux bandes formant les côlés de l'ovale, L'épiblaste s'étend sur l'hypoblasle plus rapidement que le mésoblaste, de sorte que quand le blastopore se ferme à la face ventrale, les bandes mésoblasliques sont encore à une certaine dislance sur les côtés de la région ventrale. Chez VEua.res, le mésoblaste appaïaîl d'une manière très semblable à celle de quelques Gastéropodes comme la Nassa (voy. p. 216) et de certains Vers comme la Boiiellie, etc. Comme on l'a vu dans le chapitre des Mollusques, l'origine du mésoblaste chez le l'iaitorbe (p. 210) est très semblable à celle du même feuillet chez le Loml)ric. llatscliek a montré que chez le Volygordiiis le mode d'origine du méso- blaste est rundamenlalement le même que chez les Oligochètes. Outre le mésubUiste qui dérive des bandes mésoblasliques il existe d'autres formations mésobhistiques chez les larves d'un grand nombre de Polychèles sous la forme de fibres musculaires qui traversent l'espace inter- médiaire à la paroi du corps et à la paroi de la cavité entérique avant la formation de la cavité générale permanente. Ces fibres ont déjà élé décrites cbcz l'embrjon de Serpule et sont probablement représentées par des cellules étoilées dans la région côplialique (lobe préoral) des Oligochètes. Ces cellules sont probableoienl de la même nature que les cellules amœboïdes des larves (lesÉchinodernu's, de quelques Mulhisqucs et d'autres types. La forme larvaire. On ne rencontre pas do véritables formes larvaires chez les Oligo- chètes où lo développement est abrégé. Elles existent cependant dans la majorité des Polychètes marines. Elles présentent une grande diversité de caractères dne à la dilTé- rence de (lis[)osition des bandes eiliées. (3n peut faire dériver d'une ma- nière i)lus ou moins satisfaisante la plupart de ces formes d'nne forme larvaire telle que celle de la Serpule (tig. 133 B) ou du l'olij- f/urdùis (!ig. lùO); et le retour constant de cette forme chez les Ghéto- LA FORME LARVAIRE. 305 podes, joint au fait qu'elle présente de nombreux points de ressem- blance avec les formes larvaires d'un grand nombre de Rotifères, de Mollusques et de Géphyriens, semble montrer que c'est une forme pri- mitive ancestrale commune à tous ces groupes. Les caractères importants de cette forme larvaire sont ; 1° la divi- sion du corps en un grand lobe préoral et une région postorale relati- vement petite, conlenant la plus grande partie du tube digestif, et 2" la présence d'un tube digestif recourbé, divisé en stomodœum (œso- phage), estomac et intestin, et ouvert par une bouche située à la face ventrale, et un anus près de l'extrémité postérieure du corps. On peut y ajouter la présence fréquente d'un ganglion au sommet du lobe pré- oral et d'une grande cavité entre la paroi intestinale et la peau, reste de la cavité de segmentation ; cette cavité est d'ordinaire traversée par des tractus musculaires dont l'un, réunissant le sommet du lobe préo- ral et l'estomac ou l'œsophage, est très communément présent (fig. 156). La disposition des bandes ciliées présente des variations considéra- bles, bien que dans quelques cas elle soit constante dans de vastes groupes. Chez les Chétopodes, il existe une bande ciliée préorale lar- gement répandue qui occupe la même position que la couronne qui se rencontre constamment chez les larves de Mollusques, de Rotifères, etc. Dans un grand nombre de ces formes, la bande est en réalité dou- ble, l'orifice de la bouche étant placé entre les deux couronnes qui la constituent (fig. 156). La meilleure introduction à l'étude des formes larvaires des Chétopodes sera l'histoire des transformations d'une forme typique dans son passage à l'état d'adulte. Dans ce but on ne peut choisir de meilleur exemple que l'intéressante larve du Polijgordius (Agassiz, n° 332; Schneider, no3o2; et Halschek, n« 339), découverte pour la première fois par Loven qui la crut être la larve d'un Chétopode ordinaire. Sa véri- table nature a été reconnue par Schneider. A un stade très jeune, la larve a la forme d'une sphère aplatie (fig. Ib6) avec une légère saillie conique à l'extrémité postérieure. A l'équateur sont situées deux bandes ciliées parallèles (I) entre lesquelles est placée la bouche du côté ventral (m). La bande ciliée la plus apparente est constituée par une double rangée de cils et est située en avant de la bouche. La bande plus étroite postérieure à la bouche semble faire défaut dans l'espèce amérfcalne. me^-'^^y^^P^ Fig. 156. — Larve de Polygordius (d'après Hatschek) [*). (1) Ces deux couronnes ne sont d'abord pas entièrement fermées du côté dorsal he. — sg, ganglion sus-œsopha; o/, estomac. Balfour. — Embryologie. (*) m, bouche. — sg, ganglion sus-œsophagien. — nph, néphride. — nie,p, bande mésoblastique o)!, auus. — ol, estomac. L — 20 306 CHETOPODES. La bouche conduit dans un œsophage et celui-ci dans un estomac globu- leux {ol) qui est en continuité avec un rectum terminé par un anus {an) placé à l'extrémité de la saillie conique postérieure. Le tube digestif entier est cilié. Dans la larve de la forme américaine, il y a autour de l'anus un anneau qui ne se développe que plus tard dans la forme observée par Hats- chek. La position des bandes ciliées et le tube digestif nous permettent de diviser l'embryon en trois régions : une région préorale limitée par la bande ciliée antérieure, une région gastrique dans laquelle est situé l'estomac embryon- naire, et une région abdominale formée par la portion postérieure conique qui, par son allongement subséquent, donne naissance à toute la portion segmentée du futur Polygordius. A l'extrémité antérieure du lobe préoral est situé le ganglion sus-œsopha- gien {sg) formé de bonne heure (remarqué pour la première fois par Agassiz), et en connexion avec lui une paire d'yeux et un système de nerfs ramifiés. Le ganglion est indiqué extérieurement par une couronne de cils. L'épiderme larvaire porte une cuticule délicate et est séparé par un inter- valle considérable des parois du tube digestif. L'espace intermédiaire repré- sente une cavité générale provisoire qui est plus tard remplacée par la cavité générale permanente formée entre les deux lames du mésoblaste. On ne sait Kip:. 157. l''ig. 15,s. Ti^'. )o!l. Fig. 157 à 159. — Larves de Poli/i/ordius (d'après Al. Agassiz). quand le remplacement a lieu dans la tête; ce phénomène s'effectue proba- blement de très bonne heure. Le mésoblaste existe sous la forme habituelle de deux bandes (me,p) (traînées germinatives) qui en avant seconlinuent en deux bandes musculaires qui se portent au travers de la cavité générale embryonnaire jusqu'à l'extrémité antérieure du lobe préoral. Une autre paire de bandes contractiles se porte de la même région du lobe préoral à l'œsophage. Il n'y a pas de trace de la chaîne nerveuse ventrale. L'organe le plus remar- quable de la larve est un organe excréteur pair [tiph] découvert par Hatschek. (Hatsche.k) et rappellent la première condition des larves des Échinodermes avec un champ cilié pré-oral et un champ post-oral. LA FORME LARVAIRE. 307 C'est un canal cilié communiquant avec la cavité générale d'abord par ur), puis par plusieurs orifices en entonnoir el présentant à l'extérieur un orifice l'ig. 160. — Larve de Poii/gordius (d'après Al. Agassiz). situé en arrière. Il est situé immédiatement en avant de la bande latérale du mésoblaste et est parallèle à la bande contractile qui en part et dorsal par rapport à elle. Il occupe par conséquent une position antérieure à la région seg- mentée du Polygordius adulte. Les transformations par lesquelles cette singulière forme larvaire passe à l'état adulte se comprendront facilement en exa- minant les figures 157 à 162. Elles consis- tent essentiellement dans l'allongement de ce qui a été appelé la région abdominale du corps et l'apparition d'une segmenta- lion dains le mésoblaste, les segments se formant d'avant en arrière et chaque nou- veau segment s'intercalant entre l'extré- mité anale du corps et le dernier segment. A mesure que la portion postérieure du corps s'allonge l'estomac s'étend dans son intérieur et donne naissance au mé- sentéron de l'adulte (flg. io7-lo9). Pen- dant longtemps la portion antérieure Hg. lei. — Loive dez-o/yf/onims (dapics sphérique et dilatée de la larve reste très ^'- Agassiz). grande et consiste en un lobe préoral et une section post-orale. Les deux réunies peuvent être regardées comme con- stituant la tête. A un stade relativement tardif, une paire de tentacules naît de l'extrémité Fig. 102. — Larve de Pohjrjordms (d'après Al. Agassiz). antérieure du lobe prcoral (fig. 160) et enfin la tête devient relativement réduite comparativement au corps et donne naissance à la tête simple du 308 CllETOPODES.. Ver complètement développé (fig. 162). Les deux bandes ciliées disparaissent, la postérieure, la première. La bande ciliée de l'extrémité postérieure du corps s'atrophie également, et immédiatement en avant d'elle se développe la couronne de protubérances en forme de verrues qui sert à l'adulte à se fixer. Sur les côtés delà tête se forme une paire de fossettes ciliées rencontrées également par Hutschek chez l'embryon du Criodrilus et caractéristiques d'un grand nombre de larves de Chétopodes, mais persistant à l'état adulte chez les Polygordiiis, les Saccocirnis, les Polyophthalmiis, etc. Ce sont peut-être les mômes organes que les fossettes ciliées des Némertiens. Pendant les transformations externes qui viennent d'être décrites, parlés- quelles le Polygordius atteint la forme adulte, une série de transformations internes ont également lieu, qui sont pour la plupart les mêmes que chez les autres Chétopodes et n'exigent pas une description détaillée. Les systèmes nerveux (1) et musculaire se développent exactement de la manière normale. La division du mésoblaste en somites n'est pas indiquée extérieurement. Les organes les plus dignes de remarque sont les organes excréteurs. Les points essentiels du développement du Polygordius qui vient d'être décrit sont : i" l'allongement graduel et la segmentation corres- pondante de la partie post-céphalique du corps; 2° la réduction relative du lobe préoral et la conversion de ce lobe réuni à la région orale en la tête, et 3° l'atrophie des bandes ciliées. La transformation de la larve en adulte se fait en réalité par l'intercalation d'une région segmentée entre une grande portion du corps primitif portant la bouche et une petite portion portant l'anus (2). Le mode général de développement des lar- ves de Chétopodes ne diffère de celui qui vient d'être décrit que dans des détails qui sont ce- pendant sans doute souvent d'une grande im- portance. L'histoire des larves peut être traitée sous trois chefs : 1° la forme de la larve non seg- mentée primitive, 2" la disposition des cils sur la larve non segmentée et sur la larve aux stades Fig. 163. — LaivG cie]i'/,y/- plus avaucés ; ct 3° les caractères de la métamor- /orfoce (d après Al. Agas- pjjQgg g^ \q développement des organes externes permanents. Des larves semblables à celle du Polygordius, avec un lobe préoral très développé, sont largement répandues chez les Annélides. Une forme presque identique est celle du Nephiys scolopcndroides (Clapa- rède et MetschnikofT, n" 33(i) ; celle du Phyllodoce (fig. 163) est aussi très semljlable et celle du Saccocirrus (Metsclniikoff et Claparode, n° 336, pi. XIII, (l)La structure de la chaîne ventrale do l'adulte demande de nouvelles recherches. ('1) Pour l'opinion de Semper sur l'intercalation des segments dans la région céphu- lique, voy. la note de la page 313. LA FORME LARVAIRK. 309 fig. \), forme très primitive alliée de très près au Pohjgordius, appartient évidemment au même type. Un grand nombre d'autres formes larvaires telles que celle du Spio faliginosus (Metschnikoff et Claparède, n° 336), de la Tcrebella, delaiVerme, etc., se rapprochent aussi de très près decette forme. D'autres formes semblables en réalité paraissent très différentes h. première vue, mais cela est surtout dû au fait que leur lobe préoral n'atteint jamais un développement considérable. Sa petitesse, bien que n'ayant évidemment aucune signification morphologique importante, détermine une apparence très différente de la larve. Un bon exemple de forme larvaire à lobe préoral petit est fourni par la Capitella qui est figurée par Claparède et MetschnikofI' (n" 336, pi. XVK, iig. 2). Le développement imparfait du lobe préoral est aussi en général ca- ractéristique des Oligochètes. La persistance d'un lobe préoral relativement grand pendant aussi longtemps que chez le Pohjgordius est très rare. La disposition des cils dans les larves de Chétopodes a servi à en éta- blir une classification. Bien qu'une telle classification n'ait pas de va- leur morphologique, les termes qu'elle a fait inventer sont commodes. Les termes employés le plus ordinairement sont ceux d'atroques, nionotroques, lélotroques, polylroqucs, niésotroques. Les larves poly- troques peuvent encore se subdivi- ser en polytroques proprement dites, nototroques, gastérotvoques et amphitvoques. Les larves atroques renferment des formes (fig. 153) dans lesquelles la larve porte d'abord un revête- ment uniforme de cils qui, bien que pouvant disparaître plus tard en certains points, ne se réduit pas à une série de bandes définies. Les larves monotroques ou cé- phalotroques sont des larves chez lesquelles il ne se développe qu'une couronne ciliée préorale simple (fig. 164, B). Chez les larves télotroques il existe une couronne préorale, et une couronne post-orale, c'est-à-dire périanale (fig. 164, A), la dernière a quelquefois la forme d'une houppe périanale. Les larves polytroques sont des larves segmentées présentant sur leurs segments des couronnes ciliées complètes ou incomplètes, d'or- dinaire une seule couronne par segment en tre les deux couronnes télo- troques caractéristiques. Lorsque ces couronnes sont complètes, les Fig. 164. - Deux larves de Chétopodes (em- prunté à Gegenbaiirl (*). « (*) 0, bouche. — i, intestin. — a, anus. — y, bande ciliée pré-orale. — iv, bande ciliée péri-anale. 310 CHÉTOPODES. larves sont polytroqiies proprement dites, lorsque ce sont seulement des demi-couronnes elles sont ou nototroques ou gastérotroques. Quelquefois il y a des demi-couronnes dorsales et ventrales qui ne se correspondent pas, les formes qui présentent cette disposition sont dites amphitroques. Chez les larves mésotroques, il existe une ou deux couronnes au milieu du corps et les couronnes télotroques caractéristiques font défaut. Les larves ne continuent pas ordinairement à appartenir au même groupe à tous les âges. Une larve peut commencer par être mo- notroque, puis devenir télotroque et de là passer à une forme poly- troque, etc. Les formes atroques doivent être regardées comme des larves qui ne dépassent jamais le stade primitif de cilialion uniforme qui, dans d'autres cas, peut précéder celui où les cils forment des couronnes définies. Elles perdent d'ordinaire leurs cils de bonne heure, comme dans les cas de la Serpule et des autres larves décrites plus loin. Les larves atroques ne sont pas communes. L'histoire suivante d'une larve (probablement du Lrimbriconereis) d'après Claparède et Mets- chnikoff (n" 336) servira d'exemple de leur histoire générale. Dans le premier stade observé, la larve a une forme sphérique, le lobe préoral n'étant pas bien dislinct. Dans l'intérieur est une cavité digestive glo- buleuse. Les cils forment une large bande centrale laissant libre un espace étroit au sommet du lobe préoral et aussi un espace circumanal. Au sommet du lobe préoral est placé un paquet de longs cils, un paquet de cils marque également l'aire anale. Comme l'âge de la larve augmente, elle s'allonge et le paquet de cils an- térieur est résorbé. Le canal digestif se divise en pbarynxet intestin. Le pre- mier s'ouvre (?) par la bouche au milieu de la bande ciUée centrale, le der- nier dans le paquet de cils anal. Des soies indiquant la segmentation se for- ment successivementdans l'aire annulairenonciliée postérieure. Les cils dis- paraissent après la formation de deux segments. .. Chez le Lombric dont l'embryon devrait peut-être se ranger parmi les lar- ves atroques, les cils (Kleinenberg) revêtent i'épiblaste sur un espace ven- tral intermédiaire aux deux cordons mésoblastiques et se continuent en avant pour former un cercle autour de la bouche. Les larves monolroques possèdent seulement l'importante couronne ciliée préorale mentionnée plus haut. Dans le plus grand nombre des cas, ce sont des formes transitoires destinées à devenir bientôt télotro- ques, et dans ces cas elles ont d'ordinaire une forme plus ou moins sphérique divisée en deux moitiés presque égales par une couronne ciliée. Dans des cas rares {Polynoe, Dasi/chûue, etc.), les caractères monotroques ne disparaissent pas jusqu'à la chute des cils de la larve. Les formes télotroques (dont les ligures 158, 1G4, etc., montrent des LA. FORME LAKVAIRE. 311 exemples) peuvent commencer par être monotroques, ou avoir dès l'origine le caractère télotroque, ou bien dériver de formes atroques. Le dernier mode d'origine est probablement le mode ancestral. Leur mode de développement trouve un bon exemple chez la Terebella ne- biilosa (Milne-Edwards.n" 347). L'embryon est d'abord une masse ciliée pres- que sphérique. Une extrémité s'allonge un peu, perd ses cils, acquiert du côté dorsal deux taches oculiformes, et constitue un lobe préoral (fig. iCo, i). / L'allongement continue à l'exlrémilc opposée, et près de celte extrémité se l'orme un espace étroit dépourvu de cils (fig. 165, 2). La larve a alors les mômes caractères que la larve atroque d'Eu- nicide décrite plus haut. Elle consiste en un lobe préoral non cilié, suivi d'une large bande ciliée en arrière de laquelle est un espace annulaire dé- pourvu de cils, et en arrière encore un paquet de cils pèri-anal. L'espace an- nulaire dépourvu de cils est, comme chez la larve d'Eunicide, la région qui se segmente. Elle s'allonge bientôt et se divise en deux segments ; un troi- sième et un quatrième, etc., segments non ciliés s'interposent successivement immédiatement en avant du paquet péri-anal; et après qu'un certain nom- bre de segments se sont formés, il apparaît sur quelques-uns des derniers de petits tubercules pourvus de soies isolées (les nolopodes) (Qg. 105, 3), qui se forment d'avant en arrière comme les segments. La bouche, l'anus et l'intestin deviennent pendant ce temps très visibles. La bouche est située en arrière de la bande ciliée, et l'anus au centre du pa- quet de cils péri-anal. La bande ciliée antérieure se resserre alors et ses cils deviennent plus longs. Elle passe inlerieurement tout à fait en avant de la bouche et constitue en réalité une couronne préorale bien marquée, tandis que les cils postérieurs constituent une couronne péri-anale également bien marquée. La larve a alors acquis tous les caractères d'une véritable larve télotroque. Un nombre relativement faible de larves de Chétopodes seulement restent lélotroques d'une manière permanente. La Terebella nebulosa, déjà citée (mais non la Terebella conchilega) en est une. Le Polygor- dius, le Saccocirrus et le Capitella sont d'autres exemples du même (*) 1, larve (!ont le lobe préoral commence à se diCTéreneier par l'absence de cils vibraliles. — 2, larve plus âgée commençant à se segmenter. — Z, larve présentant déjà des notopodes avec des soies. Fig. 165. — Trois stades du développement do la Terebella nebulosa (emprunté à 0. Schmidt, d'après Milne-Edwaros) (*). 312 CIJETOPODES. cas, bien que dans la dernière forme toute la surface ventrale devienne ciliée. La majorité des formes originellement télotroques deviennent po- lytroques. Dans la plupart des cas les couronnes ou les demi-couronnes ciliées des formes polytroques sont situées à égale distance une pour chaque seg- ment. Elles sont particulièrement saillantes dans les larves qui nagent à la surface de l'eau et dans des cas rares persistent chez l'adulte. Dans quelques cas (par exemple, Nerine, Spw), les demi-couronnes ventra- les, au lieu d'être disposées par segments, sont distribuées un peu irré- gulièrement sur les segments, de sorte qu'il ne semble pas y avoir une 'correspondance nécessaire entre les couronnes ciliées et les segments. Cela est en outre montré par le fait que les couronnes ciliées ne pré- cèdent pas la véritable segmentation, mais se développent après l'éta- blissement des segments et semblent ainsi plutôt être adaptées d'une manière secondaire aux segments qu'en être la première indi- cation. Chez la plupart des larves polytroques, les couronnes sont incom- plètes de sorte qu'elles rentrent dans les catégories des Nototroques ou des Gastérotroques. La larve de YOdontosyiUs est un exemple des premières et celle du Mage- lona des dernières. Les larves de .Nerine et de Spio, déjà citées comme exemples d'une disposition non segmentaire des demi-couronnes ciliées ventrales sont l'une et l'autre des formes amphitroques. Comme exemple de forme polylroque à couronnes ciliées complètes, on peut citer VOphnjotrocha puerilis. Cette forme découverte par Claparède et Mets- cluùkofT développe une couronne ciliée complète sur chaque segment et la couronne préorale, bien que d'abord simple se divise plus tard en deux. Celte forme est en outre exceptionnelle en ce que les couronnes ciliées persistent chez l'adulte. Le peu d'importance du caractère des couronnes chez les formes polytro- ques est montré par les faits tels que l'absence de ces couronnes chez la Terebella nebutosu est la présence de demi-couronnes dorsales chez la Tere- bella conckileya. Les formes mésotroques sont les plus rares des larves de Chétopodes, et sembleraient être propres aux Cluetoptérides. Leur caractère le plus frappant est la présence d'une ou de deux couronnes ciliées complètes qui forment une ceinture au corps entre la bouche et l'a- nus. Le corps tout entier est en outre couvert de cils courts. L'anus occupe une situation nettement dorsale, tandis que de son côté ventral se projette en arrière une papille particulière. L'absence totale des bandes typiques préorale et périanale se- LA FORME LARVAmE. 313 Fig. iG6. — Larve dt; PhyUndocc vue par la face ventrale (d'a- près Al. Agassiz). pare très nettement les larves mésotroques de tous les types pré- cédents. Un caractère d'un grand nombre de Chétopodes est la présence d'un paquet de cils ou d'un flagellum unique au sommet du lobe préoral. La présence d'une formation sem- blable est caractéristique des formes larvaires d'un grand nombre d'autres groupes (Turbellariés, Nc- mertiens, Mollusques, etc.). Le mode de multiplication des segments a été suf- fisamment étudié dans les paragraphes qui précè- dent (1). En dehors de la formation des segments, la méta- morphose larvaire consiste dans l'atrophie des couronnes ciliées provisoires et d'autres organes provisoires et dans la formation des organes de l'a- dulte. La grande diversité de nature des appendices des Chétopodes rend impossible de traiter cette par- tie de l'histoire de leur développement d'une manière systématique. Le mode de développement des appendices n'est pas constant, de sorte qu'il est difficile de tirer des conclusions sur la forme primitive dont les types existants d'appendices sont dérivés. Dans un grand nombre de cas les rudiments primitifs des pieds ne montrent pas d'indication d'une divi- sion en notopode et neuropode, tandis que dans d'autres cas {Tere- bella, fig. 163, 3 et Nerine, fig. 167), le notopode se développe d'abord et plus tard le neuropode d'une manière tout à fait indépendante. Dans un grand nombre de cas, les soies apparaissent avant qu'il ne se montre aucun autre rudiment des pieds (par exemple, chez le Lumhri- coney^eis), tandis que dans d'autres cas le contraire a lieu. Les branchies sont d'ordinaire les dernières parties à se montrer. (1) Semper (ii" 35.^) a insisté sur ce que certains des segments antéripurs apparte- nant à ce qu'il appelle la région céphaliqtie par opposition au tronc s'intercalent entre le tronc et la tête. Le fait général fondé sur des observations de bourgeonnement qu'il met en avant ne peut pas être discuté ici. Mais le cas spécial qu'il cite (fondé sur les observations de Milne-Edwards (n" 347) de l'intercalalion des segments céplialiques portant les branchies chez la Terébelle me paraît absolument injustifié d'après les des- criptions mêmes de Milne-Edwards ; il a été clairement prouvé qu'il n'est pas fondé par les observations soigneuses de Claparède sur la Terebella conchilega où les seg- ments en question ont été montrés exister dès l'origine. Fig. 167. — Larve de Nerine avec soies pi'O- visoires (emprunté à Al. Agassiz). 31^ CHÉÏOPODES. Le mode de développement des pieds ne diffère pas seulement con- sidérablement dans les différents types, mais aussi la période où ils se forment. L'apparition des soies peut fournir la première indication extérieure de la segmentation et les rudiments des pieds peuvent n'ap- paraître qu'après qu'un nombre considérable de segments sont établis d'une manière définie. Un très grand nombre de larves de Chétopodes sont pourvues de très longues soies provisoires (fig. 167 et 168). Ces soies sontd'ordi- Vig. 168. — Kmbryon de Chiitapodc fs iirovisoires (t'iii|iruiité u Agassiz). naire situées sur les côtés de la partie antérieure du corps, immédiate- ment en arrière de la tète et aussi quelquefois sur les parties posté- rieures du corps. Dans quelques cas (fig. 168), elles forment les seuls appendices du tronc. Alexandre Agassiz a fait remarquer que des soies de cette forme quoique ne se rencontrant pas à l'état adulte chez les Chétopodes actuels sont caractéristiques des formes fossiles. Des soies de ce genre se rencontrent chez les larves analogues à celles des Ché- topodes de certains Brachiopodes [Ai-giope, fig. 146-151). On est porté à croire que les longues soies provisoires qui naissent de la région orale sont des appendices sétiformes transmis par les an- cêtres non segmentés des Chétopodes actuels. Claparède a divisé les larves des Chétopodes en deux grands groupes, les Métachètes et les Pérennichèles, suivant qu'elles possèdentou non des soies provisoires. Pour ce qui est de la tète et de ses appendices, il a déjà été établi que la tèle est primitivement formée du lobe préoral et de la région péristomialc. Les faits embryologiques sont opposés à l'opinion qui considère la région préorale comme représentant un segment, ou composée de seg- ments équivalents à ceux du tronc. La région embryonnaire péristomialc peut, d'un autre côté, être regardée dans certains sens comme le premier segment. Ses relations exactes avec les segments postérieurs sont souvent plus ou moins modifiées chez l'adulte. La région préoralc est chez la plupart des larves limitée postérieurement par la couronne ciliaire déjà décrite. Du côté dorsal du lobe préoral, en avant de celte couronne, sont placés les yeux, et il peut porter un nombre variable d'appendices (jui forment les antennes ou tentacules céphali- LA FORME LARVAIRE. 315 ques. Le nombre et la position de ces derniers sont très variables. Ils apparaissent comme de simples saillies naissant quelquefois par paires, et d'autres fois alternant sur les deux côtés. 11 y a souvent un tentacule médian impair. Le développement du tentacule médian chez les Térébelles où il existe un grand nombre de tentacules semblables est assez remarquable pour mé- riter une remarque spéciale (voy. Milne-Edwards, Claparède, etc.). Il appa- raît longtemps avant tous les autres tentacules comme un simple prolonge- ment antérieur du lobe préoral contenant nue cavité parenchymateuse qui communique librement avec la cavité générale péri-viscérale. Il se délimite bientôt en partie à sa base du lobe procéphalique. mais continue à s'accroître jusqu'à ce que sa longueur égale la moitié de celle du reste du corps. Une figure très caractéristique de la larve à ce stade est donnée par Claparède et Metschnikoff, pi. XVII, fig. E. Le tentacule ressemble d'une manière frap- pante à la trompe larvaire du Balanoglossits, et il n'est pas aisé de se refuser à admettre que ce sont des organes homologues. Une autre formation céphalique qui mérite d'être notée, est l'appareil branchial des Serpulides. Chez le Dasychone (Sabella) l'appareil branchial apparaît (Claparède et Metschnikoff, n° 333) sur le côté dorsal du lobe préoral, immédiatement en avant de la couronne ciliée, comme une paire d'ex- pansions aliformes membraneuses. Chacune d'elles se divise ensuite en deux rayons, puis de nouveaux rayons commencent à se former du côté ventral des deux paires qui existent déjà. Un axe cartilagineux se forme bientôt dans ces rayons et après qu'il est formé de nouveaux rayons naissent irrégulièrement du squelette cartilagineux. Chez le Spirorbis spirillum, comme l'a observé Alex. Agassiz, le tentacule branchial droit (fig. 109, <) apparaît le premier, puis le gauche et plus tard le .^^ , ^ , . . . ° . , , , l'i<î. 16!). - Larve de i>îiw6(.s tentacule operculaire unpair qui couvre le tentacule (emprunté à ai. Agassiz) (*). droit primilif. Le troisième et le quatrième tenta- cules se forment successivement sur les deux côtés et se ramifient rapide- ment aux stades suivants. Quant aux organes des sens, on peut noter que les yeux, ou au moins les taches pigmentaires céphaliques, sont généralement plus nombreux chez l'embryon que chez l'adulte et qu'ils existent d'ordinaire chez les larves des Sédentaires bien que faisant défaut chez les adultes de ces formes. Les Annélides sédentaires passent ainsi par une stade larvaire où elles ressemblent aux Errantes. Des vésicules auditives paires d'un caractère provisoire ont été trou- (*) Le premier tentacule impair (/) est représenté sur le côté droit. En arrière deli couronne ciliée pré-orale est le largo collier. 316 CHÉTOPODES. vées du côté ventral du corps dans le quatrième segment en arrière de la bouche chez la larve de Terebella conchilega (Claparède). Mitraria. Une forme larvaire particulière de Chétopode désignée sous le nom de Mitraria et dont la métamorphose a été décrite pour la première fois par Metschnikoff, mérite une description spéciale. Cette forme (fig. 170, A) malgré son apparence étrange peut aisément être ramenée au type larvaire normal. La bouche {vi) et l'anus (a/i)(fig. 170, A) sont très rapprochés et situés dans Fig. 170. — Deux .stackstlu développement de la Mitraria (d'après Metschnikoff) (*). un vestibule dont le bord porte une couronne ciliée simple ou lobée. La forme du corps est un peu conique. La cavité du vestibule forme la base du cône et le sommet porte un paquet de cils [sg). Une paire de lobes (6r) portent des soies provisoires. Le tube digestif est formé par les trois parties nor- males, œsophage, estomac et intestin. Pour comparer cette larve aune larve de Chétopode ordinaire, il faut sup- poser que le tube digestif est recourbé d'une manière anormale de sorte que la surface ventrale post-orale est .réduite au petit espace situé entre la bouclic et l'anus. La ])aude ciliée qui entoure le vestibule n'est rien autre chose que la bande préorale ordinaire portée par le bord très étendu du large lobe préoral. Le sommet de la larve est l'extrémité antérieure du lobe préoral qui porte le paquet de cils ordinaire. Les deux lobes avec soies provisoires sont en réalité dorsaux et non postérieurs. L'exactitude de cette interprétation est démontrée d'une manière évidente par la métamorphose. Le premier changement consiste dans l'involution d'un repli du seg- (*) in, bouche. — an. aiiu.» ciliée pré-orale. ;lion siis-œsophagicn. — br, soies provisoires, —pr.h, bande FORMATION DES ORGANES. 317 ment entre la bouche et l'anus, vers l'intestin, qui en môme temps s'allonge rapidement et forme l'axe d'une saillie conique qui se seg- mente et, par conséquent, se montre comme étant le rudiment du tronc (fig. 170, B). Par cette élongation du tronc,'le lobe préoral et la couronne ci- liée prennent une apparence qui ne diffère pas beaucoup de celle des mêmes organes chez le Folygordius. Au sommet cilié du lobe préoral une paire d'é- paississement de l'épiblaste donne] naissance aux ganglions sus-œsopha- giens [sg.). Dans la suite de la métamorphose, le lobe préoral et la couronne ciliée se réduisent graduellement et enfin s'atrophient de la manière normale pendant que le tronc s'allonge et acquiert des soies. Les saillies dorsales à soies provisoires persistent quelque temps, mais finissent par disparaître. Le jeune Ver développe alors un tube et prend le caractère d'un Chétopode tubicole normal. Formation des organes. Excepté pour un petit nombre d'organes, nos connaissances sur l'or- ganogénie des Chétopodes reposent sur des observations faites sur les Oligochètes. L'embryon des Oligochètes est de forme plus ou moins sphérique, mais il s'allonge bientôt, et en se segm.entant prend un caractère ver- miforme distinct. La face ventrale est cependant, pendant un temps considérable, visiblement convexe, relativement à la face dorsale. La bouche à situation ventrale est entourée par une lèvre bien dis- tincte, et en avant d'elle est situé un petit lobe préoral. L'épiblaste. — Les cellules épiblastiques, au commencement du stade gastrula, prennent une forme très aplatie et, lorsque l'invagina- tion est achevée, forment un revêtement de cellules plates épaissies seulement dans le voisinage des bandes mésoblastiques(fig. 155, B et G). Chez les Polychètes du moins, les descrip- tions de plusieurs observateurs sembleraient ^^^ xe»*?S^^fcv indiquer que la cuticule dérive du chorion. ^^^^^^^k Il est difficile d'accepter cette conclusion, cc~M mais elle demande de nouvelles observations. Système nerveux. — L'organe le plus im- portant qui dérive de l'épiblaste est le sys- tème nerveux dont l'origine épiblastique a été d'abord établie par Kowalevsky (n° 342). fî-. i-i. — coupodeiatéte d'un Ti 1' . /«\ /Tri • 1 nofi\j 1 jeune embryon de Lumbricus Il dérive (1) (Klemenberg, n" 341) de deux L^e^-o,*. (d'après Kieiuen- formations tout d'abord entièrement distinc- l'erg) (*)• tes; le rudiment sus-œsophagien etle rudiment de la chaîne ventrale. Le premier apparaît sous la forme d'un épaissis- sement dorsal impair de l'épiblaste à l'extrémité antérieure de la tête (1) Pour plus de détails, voy. le chapitre général sur le système nerveux. (*) '^■(Ji ganglion céphalique. — ce, portion céplialique do la cavité générale. — x, œsophage. 318 CHÉTOPODES. {ilg Ail, c.ff) qui envoie, en bas et en arrière, deux prolongements à la rencontre de la chaîne ventrale. Cette dernière se forme par deux épais- sissements indépendants de l'épi- blaste, un de chaque côté du sillon ventral (fig. 172, v. g). Ces cpaississe- ments se réunissent bientôt au-des- sous du sillon sur la ligne médiane, et après s'être différenciés en ganglions disposés par segments et portions in- terganglionnaires, se séparent de l'é- Fig. 172 _ roupo dune partie de la paroi pijjlasle. LC gaUgliOU SUS-œSOphaglcn ventrale du tronc n un embryon de /-«»ion- ^ o o i o eus tmpczoides {d'après Kieinenberg) (*). et la cliaîne veutrale sout l'un et l'au- tre entourés par le mésoblaste soma- tique. La réunion des deux parties du système nerveux central a lieu relativement tard. Le mésoblaste. — C'est à Kowalevsky (n» 342) et à Kieinenberg (n" 341) que nous devons surtout nos connaissances r,ur l'histoire du mésoblaste. Les phénomènes fondamentaux qui se produisent, sont la division du mésoblaste en lames somatique et splanchnique, limitant la cavité générale et la division transversale du mésoblaste du tronc en somites distincts. Le premier phénomène commence dans la commissure mésoblasti- que céphalique où il détermine la formation de deux cavités pourvues d'une mince couche somatique et d'une épaisse couche splanchnique (lig. -171, ce), et de là s'élend graduellement en arrière dans le tronc (fig. ioo, C, pp). Dans le tronc cependant, la division en somites précède le clivage du mésoblaste. Le premier phénomène commence lorsque les bandes mésoblastiques forment de larges colonnes entièrement sé- parées l'une de l'autre, ces colonnes se fragmentent successivement d'avant en arrière en corps déforme à peu près cubique au centre des- quels apparaît bientôt une cavité. La cavité de chaque somite est limi- tée par quatre parois, une externe, la paroi somatique qui est la plus épaisse, une interne, la paroi splanchnique qui est la plus mince et des parois antérieure et postérieure. Les parois antérieure et postérieure adjacentes des somites successifs se réunissent pour former les dis- sépiments transversaux de l'adulte qui plus tard deviennent très minces et sont perforés sur de nombreux points pour mettre en com- munication les différents compartiments de la cavité générale. Les so- mites, bien (luc d'abord confinés à un espace restreint du côté ventral s'étendent graduellement de façon à rejoindre leurs congénères en haut et en bas et à former des anneaux complets (fig. 172) dont la lame splanchniciiie {sp) se soude à la paroi entérique et la lame somatique C) m, muscles longitudinaux. — so, mésol)l:istc somatique. — .vp, mésoblaste splanohni((uo. — hy, iiypoblastc. — Vg, chaîne nerveuse ventrale. — vv, vaisseau ventr il. FORMATION DES ORGANES. 319 (so) à l'épiblaste. Chez le Polygordius et probablement aussi chez le Saccociiinis et d'autres formes, les cavités des somites des deux côtés restent indépendantes, et les parois qui les séparent constituentles mé- sentères dorsal et ventral. Les deux cavités de la commissure cépha- lique s'unissent du côté dorsal, mais s'ouvrent du côté ventral dans le premier somite du tronc. Les masses mésoblasliques de la tôfe ne doivent probablement pas être regardées comme formant une paire de somites équivalents à ceux du tronc, mais comme formant la partie mésoblastique du lobe préoral dont il a été tant parlé dans les pages précédentes. Les observations de Kleiiieuberg ont cependant une grande importance en ce qu'elles montrent que les cavités cépbaliques sont simplement une portion antérieure de la véritable cavité générale. La lame splanchnique de la cavité céphalique donne naissance à la musculature de l'œsophage. La lame somatique des somites du tronc devient la musculature de la paroi du corps et la couche péritonéale externe de la cavité générale. La première partie du système musculaire qui se forme d'une manière définie est la bande ventrale des muscles longitudinaux qui apparaît de chaque côté du système nerveux en contact avec l'épiderme (fig. 172, m). On n'a pas suivi la formation qui se fait plus tard des mus- cles circulaires en dehors de ceux-ci. La lame splanchnique des somites du tronc donne naissance aux pa- rois musculaire et conjonctive du mésentéron et aussi aux parois des troncs vasculaires. Le vaisseau ventral se forme d'abord (Kowalevsky) comme une masse cellulaire pleine qui, plus tard, devient creuse. Le vaisseau dorsal chez le Lombric et le Cviodrilus est décrit par Kowa- levsky et Vejdovsky, comme formé par la coalescence de deux vais- seaux latéraux, particularité qui doit probablement s'expliquer par l'extension tardive du mésoblaste dans la région dorsale. Il reste encore quelque doute sur le feuillet d'où dérivent les sacs où se développent les soies et les organes segmentaires. Les sacs des soies sont considérés par Kowalevsky (n° 342), comme des invagina- tions épiblastiques, mais sont décrits par Halschek (n" 339) comme des produits mésoblastiques. Pour le développement des organes seg- mentaires, le lecteur est renvoyé au chapitre consacré spécialement à l'appareil excréteur. Chez les Polychètes marines, les organes génitaux sont sans aucun doute des produits mésoblastiques, puisqu'ils se .forment d'ordi- naire aux dépens de l'épithélium péritonéal, et spécialement des parties de cet épithélium qui couvrent les troncs vasculaires. Le tube digestif. — Chez le Lombric, la cavité entérique se forme au stade gastrula. Chez le Ci'iodrilus, l'hypoblaste n'a d'abord pas de ca- 320 CHÉTOPODES. vile, mais il ne larde pas à s'en établir une. Chez VFiiaxes, au con- traire, où il existe une véritable gastrula épibolique,le mésentéron est d'abord représenté par une masse solide de cellules vitcllines, c'est-à- dire bypoblastiques. La résorption des cellules centrales détermine la formation d'une cavité. Le protoplasma des cellules vitellines qui ta- pissent cette cavité s'unit en une couche polynucléaire continue, con- tenant par intervalles des masses de vitellus. Ces masses sontpeu à peu résorbées et la paroi protoplasmique du mésentéron se résout alors en un épithélium glandulaire cylindrique semblable ù celui des autres types. Chez le Lombric et le Criodrilus, le blastopore persiste pour former la bouche ; mais chez VEuaxes, il se forme une nouvelle bouche ou plu- tôt un stomodccum par une invagination de l'épiblaste entre les extré- mités antérieures des deux bandes mésoblastiques(l). Cette invagina- tion de l'épiblaste forme l'œsophage permanent; et chez le Lumhicus trapezoïdes et le Criodi-ilus où l'orifice buccal est d'abord tapissé par l'hypoblaste, l'épiblaste s'infléchit bientôt de façon à revêtir la région œsophagienne. Le mésoblaste splanchnique de la région céphalique enveloppe plus tard l'œsophage, et quelques-unes de ses cellules péné- trant entre les cellules épiblastiques voisines forment une épaisse pa- roi à cette partie du tube digestif, les cellules épiblastiques originelles étant réduites à une mince membrane. Cette paroi mésoblastique est nettement séparée de la paroi musculaire externe qui est aussi formée de mésoblaste splanchnique. L'anus est une formation tardive. Alternances de générations. Parmi les Chétopodes, un grand nombre de formes montrent le phé- nomène des générations alternantes qui, de la môme manière générale que chez les Cœlentérés, est déterminé secondairement par le bour- geonnement ou la fragmentation. Le processus de la fragmentation consiste essentiellement dans la division d'une forme parente en deux zooïdes par la formation entre deux vieux anneaux, d'une zone de scission qui se diflerencie en une zone anale en avant, qui forme la région anale du zooïde antérieur, et en arrière en une zone céphalique qui forme la tête et quelques-uns des segments suivants du zooïde postérieur. La zone anale peut, par ac- croissement et segmentation successive, donner naissance à un nom- bre indéfini de nouveaux segments. Chez le Prolida Dysteri, comme l'a montré Huxley, il y a une simple (1) Le blastopore se ferme chez le Pohjgordius flavo-capitiatus et le Saccocirrus pnpilloccrcus (Hei'Iaciioif. Zur Kiilwicklungsgeschiclile des l'ulijgordius flavocapitlatus und Saccocirrus jiapillucercus {Zuotog. Aiizeiy IV, 1881) {Trad.). ALTERNANCES DE GÉNÉRATIONS. 321 division en deux de la manière qui vient d'être décrite. La reproduction sexuelle n'a pas lieu en môme temps que la reproduction par fraction- nement, mais les deux zooïdes produits sont absolument semblables et se reproduisent sexuellement. Chez les formes d'eau douce Naïs et Chxtogaster, un phénomène plus ou moins semblable a lieu. Par un processus continu d'accrois- sement des zones anales et la formation de nouvelles zones de scission dès que quatre ou cinq segments sont formés en avant d'une zone anale, il se produit des chaînes complexes de zooïdes adhérents, for- més chacun d'un petit nombre de segments. Aussi longtemps que le processus du fractionnement continue, il ne se développe pas de pro- duits sexuels, mais les chaînes finissent par se fragmenter, les individus qui en dérivent cessent de bourgeonner, et après avoir développé un nombre beaucoup plus considérable de segments qu'à l'état asexué, se reproduisent sexuellement. Les formes qui sortent de l'œuf reprodui- sent de nouveau les phénomènes du bourgeonnement, etc., et le cycle se continue ainsi (1). Il est jusqu'ici difficile de décrire ces phénomènes comme des cas d'alternances de générations. Le processus est cependant dans cer- tains types plus différencié. Chez le SyUis (de Quatrefages) le frac- tionnement a lieu, la forme parente se divisant en deux individus, dont le postérieur seulement après s'être détaché développe des organes sexuels. Le zooide antérieur asexué continue à produire par fraction- nement de nouveaux zooïdes. Chez la Myrianide également, où il se Fig. 173. Myrianide asexuée portant à sa partie postérieure une série de six individus produits par bourgeonnement (emprunté à 0. Sciimidt, d'après Milne-Edwards). forme une chaîne de zooïdes (fig. 173), les éléments sexuels semblent ne se former que chez les individus produits par bourgeonnement. Les cas de la Syllh et de la Myrianide semblent être des exemples (1) La reprodiiclion par bourp,eonnement et la formation des produits soxuels clie- vauclicnl jusqu'à un certain point. BALfoun. — Embryologie. I. — 21 322 CIIÉTOPODES. authentiques d'alternances de générations, mais un meilleur exemple encore est fourni par VAvtobjtus (Krohn, n° 343 et Agassiz, n° 333). Chez VAutolytus cornutus, l'individu parent (fig. 174 A) produit direc- Vig. 174. — Autolytus cornutiis {*), (emprunté à 0. Schiiiidt, d'après Al. Agassiz). tementpar l'œuf, acquiert environ quarante à quarante-cinq segments, puis se fractionne, la zone de scission étant située à peu près entre le treizième et le quatorzième anneau, et donne naissance à un nouveau zooïde postérieur. Celui-ci, après s'être complètement développé ou en un mâle ou en une femelle, se détache de l'individu parent dont il diffère d'une manière très marquée. Les mâles (B) et les femelles(C) sont en outre très différents les uns des autres. Chez le zooïde femelle, les œufs sont portés dans une sorte de poche où ils subissent leur développement et donnent naissance à des individus parents asexués. Après réclusion des jeunes, la femelle meurt. L'individu asexué, après avoir donné naissance par bourgeonnement à un individu sexué, s'allonge de nouveau et produit, par bourgeonnement, un second zooïde. 11 ne développe jamais d'organes génitaux. L'iiistoire des espèces du genre Nercis présente certaines particidarités très curieuses qui n'ont pas jusqu'ici été élucidées d'une manière complète. Comme l'a, le premier, montré Malmgren, les exemplaires^asexués de diver- ses espèces de Nereis peuvent acquérir les caractères du genre Hcteronereis, et atteindre la maturité sexuelle. La métamorphose de la Nereis Dumcrilli a été étudiée par Claparède qui est arrivé à certaines conclusions très remarquables. 11 a montré que cette espèce présente deux générations sexuées distinctes de la forme Nereis et deux générations sexuées dislincles de la forme Hetcronereis. Une des formes Nereis sexuées, caractérisée par sa petite taille, est dioï- que, l'autre, découverte par MetsclniikofT, est hermaphrodite. Des deux formes Heteroncreis sexuées, dioïques toutes les deux, l'une est (*) A, tète lie l'individu asexué. — li, lèie du mâle prêt à so séparer de l'individu asexué. — C, têtft de la femelle. BIBLIOGRAPHIE. 323 petite, et nage à la surface de la mer, l'autre est plus grande et halnte le fond. Les relations de ces diverses générations n'ont pas été établies ; mais Cla- parède a établi le passage de grands exemplaires asexués de la forme Nereis à la grande forme Hetei'onereis. (332) Alex. Agassiz. On the young stages of a few Annelids {Aimais Lyceum Isat. Hist. ofNew York, Mil. I8G6). (333) Alex. Ag.4SSiz. On the embryolog^- of Autnli/tus cornutus and alternations of générations, etc. [Boston Journal of Nat. History, VII. 185!J-G3). (33 i) W. BuscH. Beobachtiingen û. Anat. u. Entwick. ciniger wirbelloser Seethicre, 1851. (335) Ed. (".LAPARÈDE. Beoboc/itiingen il. Anat. u. Entwick. wirbelloser Thiere an d. Kiiste von Normandie. Leipzig, 18(i3. (336) Eli. Ci.APAitÈDE u. E. Metschnikoff. Beitrage z. Kenntniss iib. Entwicklungs- geschlclite d. Cliaetopoden [Zcit. f. iri\s. Zool , XIX. 1809;. (337) E. GiîiBE. Untersuchungen iib. Entwicklung d. Annelide?i. Konigsberg, 1844. (338) B. Hatschek. Beitrage z. Entwick. u. Morpliol. d. Anneliden {Sitz. d. k. Akad. Wiss. Wien, LXXIV. 1876. (339) B. Hatschek. Studien iiber Ent\vicklung«geschichte der Anneliden. {Arbeite?i ans d. zoolouischen Institute d. Viiwersitut Wien. von C. Clans, III. 1878.) (3'fO) Th. -H. HuM.EY. On hermaplirudite and fis>iparoiis species of tubicolar Anne- lidse [Protula). [Edinburgh New Phil. Journal, I. 1865.) (341) N. Kleinenberg. The development of the Earthworm Lumbricus trupezoïdes [Quart. J. of Micr. Science, XIX. 1879.) Sullo iviluppo del Lumbricus trapezoïdes. INapoii, 1878. (342) A. KowALEVSKY. Embryologische Studien an Wurmern u. Arthropoden [Mém. Acad. Pétersbourg, 7* sér., XVI. 1871). (343) A. Krohn'. Ueber die Ersclieinungen bei d. Fortpflanzung \on Sgllis proliféra u. Autolijtus prolifer [Arcbiv f. Naturgesch. 1852J. (344) I!. Lel'Ckakt. Ueb. d. Jugendzustànde ein. Anneliden, etc. (Arclnv f. Nalur- gesc/i. 1855). (345) S. LovÉN. Beobachtungen û. die Métamorphose von Anneliden (Wiegniann's Archiv, 1842). (346) E. Metschnikoff. Ueber die Métamorphose einiger Seethiere [Mitraria) [Zeit. f. wiss. Zool., XXI. 1871). (347) H. Milne-Edwards. Recherches zoologiques, etc. [Ann. se. natur., 3'= sér. III. 1845). (348) J. MiiLLER. Ueb. d. Jungendzustànde einiger Seethiere. {Monats. d. k. Akad. Wiss. Berlin, 1851.) (349) Max. Muller. Ueber d. weit. Entwick. von Mesotrocha sexoculata {Miiller's Archiv, 1855'. (350) De Quatrefages. Mémoire s. l'embryogénie des Annélides [Ann. se. natur. 3« sér., X. 1848). (351) M. Sars. Ziir Entwicklung d. Anneliden [Archiv f. Naturgeschichte,\l. 1845). (352) A. Schneider. Ueber Bau u. Entwicklung von Polijgordius [Miiller's Archiv. 1868). (353) A. Schneider. Entwicklung u. System. Stell.d. Bryozoen u. Gephyreen (Mitraria) [Archiv f. mikr. Anat., V. 1869). (354) M. ScHULTZE. Ueb. die Entwicklung von Arenicola piscatorum u. anderer Kie- mei(WÛrmer. Halle, 1S56. (355) C. Semper. Die Verwandschaftbeziehungen d. gegliederten Thiere. [Arbeiten d. d. zool.-zool. /??situiie de muscles se fortifie peu h peu et se transforme en le système nuisculairo permanent. Hathke au contraire dit qu'il est provisoire et qu'il est remplacé par les muscles dérivés des soinite-, mésoblastiques. Il est possible de supposer qu'en réalité il s'incorpore dans le dernier système. (■.') Morpholoçiischcs .Inhrbuch, IV. p. G7(j. Il dit en outre que le tube est « fein- verzweigt uiid netzfurmig vciastelt », mais il n'est p:is clair si c'est d'après ses propres observat'ons. DÉVELOPPEMENT DES ORGANES. 331 est porté, d'après ses propres recherches, à croire qu'ils s'ouvrent sur le côté. Ils contiennent un liquide clair. Chez YHlrudo, LeuckarL(n° 362) a décrit trois paires d'organes sem- hlahles dont il a complètement fait connaître la structure. Ils sont situés dans la partie postérieure du corps et chacun d'eux commence par un renflement d'où part un tube contourné qui se dirige en arrière dans une certaine longueur, puis il se retourne vers l'avant pour se re- courber sur lui-même et s'ouvrir à l'extérieur. La partie antérieure se résout en une sorte de réseau labyrinthiforme. Les véritables organes segmentaires se rencontrent dans un certain nombre de segments et, d'après Whitman, se forment aux dépens de groupes de cellules mésoblastiques. Leur origine demande cependant de nouvelles observations. Wliitman a décrit chez la Clepsine, de chaque côté du corps, une double rangée de cellules colossales comme dérivées des bandes mésoblastiques. Ces cellules (fig. 17o, B) qu'il appelle cellules segmentaires sont situées vis-à-vis des parois des cloisons. La rangée interne est décrite comme en rapport avec les organes segmentaires. Leur rôle final est inconnu, mais Whitman suppose que ce sont les cellules-mères des testicules. Le tube digestif. — Le tube digestif est primitivement constitué par deux parties : le stomodseum épiblastique (qui forme la bouche, le pharynx et l'œsophage) et le mésentéron hypoblastique. L'anus se forme très tard comme une simple perforation immédiatement au- dessus de la ventouse postérieure. Chez la Clepsine oii la gastrula est épibolique, le rudiment du mé- sentéron est d'abord formé des trois sphères vitellines dont la surface se différencie, comme il a déjà été décrit, en une couche hypoblastique véritable entourant une masse vitelline centrale. Le sac du mésentéron ainsi formé est étranglé par les cloisons mésoblastiques en une série de lobes, la partie postérieure forme un tube étroit et d'abord très court s'ouvrantà l'anus. La région lobée forme l'estomac sacculé de l'adulte. Les sacculations de l'estomac, par leur mode d'origine, correspondent nécessairement aux segments. Chez l'adulte cependant le lobe antérieur est en réalité double et a deux divisions pour les deux segments qu'il remplit tandis que le lobe postérieur qui, comme chacun le sait, s'étend en arrière parallèlement au rectum, est composé de cinq diverticules segmen- taires. En rapport avec le stomodaîum, se développe un pharynx pro- tractile. ChezVBv'udo et la Nephelis le mésentéron a dès l'origine la forme d'un sac. Les changements ultérieurs sont à peu près les mêmes qne chez la Clepsine. Chez V Hirudo le diverticule postérieur de l'estomac 332 DISCOPHORES. est d'abord impair. Les mâchoires se forment h peu près en même temps que les yeux comme des saillies de la paroi de la cavité buccale. (359) 0 BuTSCHLi. Eiitwickluiigsgeschiclitliche Beitràge {Nephelis). [Zeit. f. wiss. Zool.,XUX. 1877.) (3C0) E. GnuBE. Untersuchungen ùb. d. Entwicklung d. Amieliden. Kônigsberg, 1844. (361) C. K. Hoffmann. Zur Entwicklungsgeschichte d. Clopsineen [NiederUind. Àrchiv f. ZooL, IV. 1877). (3G'2) R. Leuckart. Die menschlichen Parasiten [Hirudo), I, p. 686 et seq. (3G3) H. Rathke. Beit. z. Eutwichlungsgesch. d. Hirudiiieen. Leipzig, 1865. (364) Ch. Robin. Mém. sur le développement emlivyogcnique des Hirudinécs. Paris, 1875. (365) C. 0. Whitman. Embryology of Clepsine [Quart. J. of micro. Science, XVIII. 1878). [Voy. aussi C. Semper (N" 355)r et Kowalevsky (N" 342) pour des observations isolées.] CHAPITRE XIV GÉPHYRIENS (l). Il convient pour l'exposé de l'embryologie de diviser les Géphyriens en deux groupes : les Géphyriens nus et les Géphyriens tubicoles formés par le genre Phoronis. GÉPllYRIEiNS NUS. Segmentation et formation des feuillets. Une gastrulaépibolique ou embolique est caractéristique des Géphy- riens et le blastopore parait dans quelques cas au moins {Phascolosoma, Thalassema) devenir la bouche. Bonellie. — Chez la Bonellie (Spengel, n° 370) la segmentation est inégale, mais complète et, comme chez un grandnombre de Mollusques, etc., l'œuf présente avant qu'elle ne commence un pôle protoplasmi- qne et un pôle vitellin distincts. L'œuf se divise d'abord en quatre segments égaux formés chacun des mêmes parties constituantes que l'œuf originel, puis un sillon équatorial sépare au pôle animal quatre petites cellules entièrement formées de protoplasma. Ces cellules se placent bientôt dans les intervalles des grosses sphères. Celles-ci pro- duisent de nouveau quatre petites cellules et les huit petites cellules se divisent. Puis par la continuation de la division des petites cellules existantes et la formation de nouvelles petites cellules par les grosses sphères, il finit par se former une couche de petites cellules qui enve- loppent les quatre grosses sphères laissant seulement un blastopore étroit au pôle végétatif de l'œuf (fig. 177 A). Les grosses sphères con- tinuent à donner naissance à des cellules plus petites qui cependant ne prennent plus une position superficielle, mais restent en dedans de la couche de petites cellules et donnent naissance à l'hypoblaste (fig. 177 B). Les petites cellules deviennent l'épiblaste et au blastopore elles se recour- (1) ^ „ . , . (1. Inermes. I. Géphyriens nus. ;,^^_^^^_ II. Géphyriens tubicoles {Phoronis). 334 GÉPIIYIUEÎSS. bent en dedans (fig. 177 B) et donnent naissance à nne couche de cellules qui paraissent s'étendre en une lame ininterrompue entre l'épi- Fij;. 177. — ■ Gastrula épiboliquc de la lionellii! (il après Spengcl) (*). blaste et l'hypoblaste et former le mésoblaste. Le blastopore se ferme alors, mais sa position par rapport aux organes définitifs de l'embryon n'a pas été déterminée. Chez le Phascolosome (Selenka, n° 369), l'œuf enveloppé d'une zona radiata poreuse se divise en deux sphères inégales, dont la plus petite se divise ensuite en deux, puis en quatre. Une invagination a lieu, qui est intermédiaire entre les types embolique et épibolique. Les petites cellules, dont le nombre augmente par l'addilion d'éléments dérviés de la grosse sphère, se divisent et s'étendent autour de la grosse sphère. Celle-ci, pendant ce temps, se divise également, et les petites cellules qui en résultent forment, d'une part, un petii sac ouvert par le blastopore, d'autre part, remplissent la cavité de segmentation et for- ment le mésoblaste et les globules du sang. Le blastopore devient la bouche permanente. Formes larvaires et développement des organes. Chez les Géphyriens armés, la larve a généralement [Thalassenia, Echinrus) les caractères d'un trocbosphère et se rapproche beaucoup de la forme typique caractéristique de la larve du Pohjgordius et sou- vent désignée sous le nom de larve de Lovén. Chez la Bonellie, cette forme larvaire est moins parfaitement conservée. Echiure. — Chez l'Echinre (Saleusky, n° 3G8; Hatschek) la plus jeune larve connue a tous les caractères de la trocbosphère typique (fig. 178). Elle est divisée en un lobe pré-oral et une région postorale de dimensions {*) A, stade où 1(!S (niatre cellules liyp(>l>lasti<|ues scinl presipie eompletenieiit enveloppées. — B, staile après que le mésoblaste a eoniineucé à se Iniriiei- jiar uji repli des lèvres du blastopore. ep, épiblaste. — me, mésoblaste. — ^/, blastopoïc GÉPHYIUENS NUS. 335 l'ig. 178. — Larve d'Écliiure (d'après Salensky) à peu près égales, tandis que la partie qui devient le tronc est extrême- ment petite. Une'double couronne ciliée sépare les deux portions du corps, comme chez la larve du Polygordius : la bouche [m) s'ouvre entre ses deux élé- ments. Le tube digestif se di- vise en un stomodœum à ori- fice ventral, un vaste estomac et un intestin court ouvert par un anus terminal [an). L'œsophage est rattaché au sommet du lobe préoral par la bande contractile ordi- naire, et à l'insertion de cette bande est un épaississement de l'épiblaste qui probable- ment représente le rudiment du ganglion sus-œsophagien. Il existe un organe excréteur provisoire sous la forme d'un tube cilié situé immédiatement en avant de la région du tronc et semblable à celui du Pobjgordius . La larve, en avançant en âge, s'accroît considérablement, et il se développe une paire de bandes mésoblastiques qui se divisent en somites, tandis que les tubes excréteurs deviennent arborescents et forment un réseau. La métamorphose est accompagnée par la perte de la faculté de nager, et consiste dans l'accroissement de la région post-orale du tronc et dans la réduction simultanée du lobe préoral qui persiste cependant d'une manière permanente et forme la trompe cylindrique de l'adulte. Il se creuse de bonne heure à sa face ventrale une gouttière qui se ter- mine en arrière à la bouche. Les couronnes ciliées disparaissent peu à peu pendant la métamorphose. Les plus importants des changements externes ultérieurs sont l'ap- parition précoce autour de l'extrémité anale du corps d'un cercle de soies et l'apparition d'une paire de soies ventrales dans la région anté- rieure. Le cercle antérieur de soies caractéristiques de l'Échiure adulte n'apparaît qu'à une période tardive. Des transformations internes, la première est la disparition de la segmentation et des organes sécréteurs provisoires, et la formation des sacs respiratoires anaux. Avec l'accroissement de la partie posté- rieure du tronc, l'intestin s'allonge et devient pelotonné. Bonellie. — L'embryon de la BoneUie encore dans l'œuf conserve une forme sphérique et acquiert une bande ciliée équatoriale en arrière de laquelle s'en forme bientôt une seconde plus étroite, pendant qu'en (*) m, bouche. — an, anus. — sg. ganglion sus-œsophagien (?). 336 ' ~ GÉPnYRlENS. avant de la première apparaît une paire de taches oculiformes (fig. 179 A). L'embryon, après son éclosion, s'allonge rapidement,' Fig. 179. — Trois stades du déveloiipeiiicnt île la Bonellic (d'après Spongel) (*). s'aplatit dans le sens dorso-ventral et se revêt complètement de cils (fig. 179 B). D'après Spengel, il ressemble, à cette période, par sa forme et ses mœurs, à un Turbellarié rhabdocœle. La partie intérieure est cependant un peu renflée et présente une indication de lobe préoral. Pendant ces transformations, la formation des organes aux dépens des feuillets embryonnaires a fiit des progrès importants. L'épiljlasle se revêt d'une cuticule superficielle qui dérive peut-être direc- tement de la membrane vitelline. Le système nerveux se forme également probablement aux dépens de l'épiblaste. Le ganglion sus-œsophagien en forme de bande est la première partie du système nerveux qui se forme et paraît dériver indubitablement de l'épiblaste. Le cordon ventral apparaît un peu plus tard, mais les premiers stades de sou développement n'ont pas été suivis d'une manière satisfaisante. 11 est eu continuité avec la bande sus-œsopliagienne qui entoure complètement l'œsophage sans mon- trer aucun renflement dorsal spécial. Après que le cordon ventral s'est complètement séparé de l'épiblaste, une masse fibi-euse centrale se diffé- rencie à son intérieur tandis que les parties latérales sont formées de cel- lules ganglionnaires. Dans la disposition de ces cellules, il possède des caractères indiquant qu'il est formé de moitiés symétriques. 11 ne présente cependant pas des renflements ganglioiniaires. Le mésoblaste, bien qne d'abord très mince, se diflerencie bientôt en une lame s[ilanchnique et une lame somatique, ces deux lames ne sont toutefois pas distinctement séparées par une caviié générale. La lame soma- (*) A, larve iioiirvuo de deux bandes eiliées et de deux taches oculiformes. — H, larve complètement dcvidoppee vue parla face dorsale. — ('., jeune lîonellie femelle vue de prolil. )il, tcdte digestif.— m, bouche. — n, tube exereleur |)ro\isoire. — s, crocliet ventral. — an.v, vési- cule anale. GÉPHYRIENS NUS. 337 tique augmente rapidement d'épaisseur, et s'élargit sur les côtés pour former deux bandes réunies dans les régions dorsale et ventrale par des bandes étroites plus minces. L(?s parties externes de chacune de ces bandes se différencient en une couche externe circulaire, et une couche interne longitudinale de fibres musculaires. Dans le lobe préoral, le mésoblaste prend un caractère un peu vacuolaire. Les cellules hypoblastiques forment une couche complète autour des qua- tre cellules vitellines dont elles dérivent (fig. 175, B, al), mais il n'existe d'a- bord pas de cavité digestive. L'oesophage apparaît pendant cette période comme un diverticule de l'hypoblaste d'abord solide, puis plus tard creux dirigé vers l'épiblaste. La métamorphose de la larve en Bonellie femelle adulte commence par la conversion d'un grand nombre de cellules mésoblastiques indifférentes en corpuscules du sang et l'introduction dans la cavité générale d'une grande quantité de liquide qui sépare les lames splanch- nique et somatique du mésoblaste. Le liquide est considéré par Spen- gel comme étant de l'eau de mer introduite par deux poches anales dont le développement est décrit plus loin. La cavité générale est tapissée par un péritoine, et il s'établit bien- tôt des vaisseaux distincts formés par des replis du péritoine. Ainsi se forment trois troncs, deux latéraux et un médian dans le lobe préoral (trompe) et dans le corps un tronc ventral au-dessus du cordon ner- veux et un tronc intestinal ouvert antérieurement dans le tronc ven- tral. Les vaisseaux paraissent communiquer avec la cavité générale. Dans le cours de ces transformations, les deux bandes ciliées dispa- raissent, la postérieure d'abord. Les cils qui couvrent la surface générale s'atrophient, à l'exception de ceux de la face ventrale du lobe préoral. Ce dernier devient plus saillant, les cellules mésoblastiques étoilées qui remplissent son intérieur deviennent contractiles, et il donne naissance à la trompe (fig. 179, G). Au point où la protubérance œsophagienne a rencontré l'épiblaste à un stade antérieur se forme la bouche (fig. 175, m), et bien qu'elle se forme après l'atrophie de la bande ciliée antérieure, il n'en est pas moins évident qu'elle est en puissance située en arrière de cette bande. La lumière du tube digestif s'établit par la résorption des restes des quatre cellules centrales. L'anus se forme du côté ventral de l'extrémité postéiieure du corps, et près de lui les poches dont il a déjà été question, se développent aux dépens de lextrémité du tube digestif (tig. 175, G, un. v). Ce sont d'abord de simples poches aveugles, mais plus tard elles s'ouvrent dans la cavité générale (1). Elles forment les poches anales de l'adulte. Lorsque la bouche se forme, il existe un appendice particulier du tube digestif qui se prolonge dans le lobe préoral, et qui paraît s'atrophier peu de temps après. (1) Le fait que ces poches sont des diverlicules du tube digestif paraît exclure !a possibilité de leur honiologie avec les tubes excréteurs des Platyelminthes et des Ro- tifères. Balfodr. — Embryologie. 22 338 GÉPHYRIENS. Après la formation de la bouche, il se développe du côté ventral, et un peu postérieurement par rapport à elle : 1° en avant une paire de tubes qui sem- blentôtredes organes d'excrétion provisoires, et disparaissent bientôt (fig. 175, C, se) ; 2° en arrière d'eux une paire de soies (s) qui persistent chez l'adulte. La formcition de l'organe excréteur (?) permanent (oviducle et utérus) n'a pas été suivie. L'ovaire apparaît de très bonne heure comme une différenciation de l'épithélium qui tapisse le vaisseau ventral. Les larves qui deviennent les petits mâles parasites subissent une métamorphose très différente et beaucoup moins complète que celle des larves qui donnent les femelles. Elles se fixent à la trompe d'une femelle adulte et perdent leurs bandes ciliées. Dans le mésoblaste apparaissent des cellules germinatives qui forment des masses sphé- riques, et, comme les masses germinatives de l'ovaire de la femelle, consistent en une cellule centrale entourée d'un épithélium. La cellule centrale devient très grosse tandis que les cellules périphériques don- nent naissance aux spermatozoïdes. Il se développe chez les larves une cavité générale dans laquelle les masses spermatiques sont mises en liberté. Il ne se forme ni bouche ni anus, les transformations ultérieures n'ont pas été suivies. Les mâles larvaires passent dans l'œsophage de la femelle, où sans doute ils vivent quelque temps et atteignent probablement leur matu- rité, bien que la poche séminale de l'adulte ne se trouve pas chez un grand nombre des mâles qui vivent dans l'œsophage. Lorsqu'ils sont mtirs, les mâles quittent l'œsophage et pénètrent dans l'utérus. Phascolosome. — Des cils apparaissent chez le Phascolosome (Se- lenka, n° 369) pendant que l'œuf est encore en voie de segmentation. Après que la segmentation est achevée, ils forment immédiatement en arrière de la bouche une bande définie qui divise la larve en deux hémisphères, l'un préoral, l'autre postoral. Il se forme bientôt une bande ciliée préorale près de la bande postorale et il apparaît une touffe de cils au sommet du lobe préoral. La larve a alors les caractères d'une trochosphère, mais diffère de la trochosphère typique en ce que la partie post-orale de la couronne ciliée équatoriale est plus importante que la partie préorale et aussi en ce qu'il n'existe pas d'anus. La métamorphose commence de très bonne heure. Le tronc s'allonge rapidement et le lobe préoral devient relativement de moins en moins apparent. La zona radiala forme la cuticule de la larve. Il se forme sur le tronc trois paires de soies dont la paire postérieure apparaît la première, puis la paire antérieure et enfin la paire moyenne, ordre de succession qui prouve clairement qu'elles n'ont aucun rap- port avec une véritable segmentation. Les tentacules se développent entre les deux parties de la couronne GÉPHYRIENS TUBICOLES. 339 ciliée, et enfin le lobe préoral, contrairement à ce qui a lieu chez les Géphyriens armés, disparaît presque complètement. L'anus apparaît assez tard à la face dorsale, et le cordon nerveux ventral se forme comme un épaississement uniforme sans ganglions de l'épiblaste ventral, GÉPHYRIENS TUBICOLES. La larve du Phnronis était connue sous le nom à' Actinotrocha long- temps avant que ses relations avec le Phoroms fussent établies par Kowalevsky (n° 372). Une segmentation complète aboutit à la formation d'une blastosphère qui est suivie par une invagination dont l'orifice selon Kowalevsky, persiste pour former la bouche (1). Il est d'abord terminal, mais par le développement d'un grand lobe préoral il prend une position ventrale. L'anus se forme plus tard à l'extrémité posté- rieure du corps. La plus jeune larve libre observée par MetschnikofT (n" 373) était moins développée que la larve la plus âgée trouvée par Kowalevsky. Elle appartient probablement à une espèce différente. Le corps est uniformément cilié (fig. 180, A). Il existe un grand lobe préoral con- tractile, et le corps se termine en arrière par deux appendices. La bouche {m) est ventrale, et l'anus [an) dorsal et non terminal, comme dans la larve de Kowalevsky. Le tube digestif est divisé en stomodseum, estomac et intestin. Les deux appendices de l'extrémité postérieure du corps sont les rudi- ments de la première paire des bras si caractéristiques de l'Actino- troque complètement développée. Une seconde paire de bras appa- raît ensuite du côté dorsal de la première, et la région où est situé l'anus se développe en un appendice spécial. De nouvelles paires de bras continuent à se former successivement du côté dorsal et en avant et constituent bientôt un cercle post-oral oblique complet (fig. 180, B). Ils sont couverts de longs cils. Une couronne ciliée très apparente se forme également autour de l'appendice anal. A la période où il existe cinq paires de bras, il apparaît du côté ventral de l'intestin une membrane délicate qui s'unit en avant au mésoblaste somatique. Celte membrane est le rudiment du futur vaisseau ventral. Le mésoblaste somatique exisle môme avant cette période sous la forme d'une couche dé- licate de fibres musculaires circulaires. Lorsque six paires de bras sont formées, il apparaît du côté ventral im- médiatement en arrière du cercle, des bras, une involution (fig. 180, C,iy) (1) Kowalevsky dit que ce que j'appelle la bouche est l'anus, mais la suite de sa des- cription montre qu'il a confondu la bouclie et l'anus chez l'embryon et que l'orifice qu'il considère comme l'anus est en réalité la bouche. 3i0 GÉPHYRIENS. qui intéresse à la fois l'épiblaste et le mésoblaste somatique. Cette involution s'enfonce daftis la direction de l'intestin et, augmentant con- sidérablement de longueur, devient en même temps très repliée. Lorsqu'elle a atteint tout son développement, la période critique de Fig. 180. — Série de stades du déveIo|ipenieiit de l'Aclinotioque en Phoronis (d'après Metschnikoff) (*). la transformation de l'Actinotroque enPho7'07ns est atteinte et s'effectue en un espace d'environ un quart d'heure. L'involulion ventrale se re- tourne (fig. 180, D)commese retournerait un doigt de gant qui aurait été repoussé dans la main du gant. Lorsque l'évagination de l'involution a atteint un certain degré, le tube digestif y pénètre et en môme temps le corps de la larve se contracte violemment. Lorsque l'évagination est complète, elle forme (fig. 180, E) un long corps conique contenant (*) A, jeune larve. — B, larve après la formation de la couronne de tentacules post-orale. — ('., larve avec le commencement de l'invagination qui va former le corps du Phoronis. — D, invagina- tion en partie retournée. — li, invagination complètement retournée. — m, houclic. — an, anus. — ", invagination pour former le corps du Phoronis. BIBLIOGRAPHIE. 341 la plus grande partie du tube digestif et consliliiant le corps du jeune Phoronis. L'appendice anal originel persiste du côté dorsal comme une petite papille (fig. 180, E, an). Pendant que ces transformations se sont effectuées, le lobe pr^oral s'est beaucoup contracté et en partie rétracté dans le stomodaeum. En même temps les bras se sont recourbés en avant de façon à former un cercle autour de la bouche. Leurs bases s'épaississent beaucoup. La métamorphose s'achève par la rétraction complète du lobe préoral dans l'œsophage et par la chute des extrémités des bras dont les bases persistent et forment l'anneau circumoral de tentacules qui constitue cependant plutôt un lophophore qu'un cercle complet. L'anneau cilié périanal disparaît également, et l'appendice anal se rétracte dans le corps du jeune Phoronis. Il y a alors trois troncs vasculaires longitu- dinaux réunis en avant par un vaisseau circulaire qui se prolonge dans les tentacules. Considérations générales. Le développement du Phoronis est si différent de celui des autres Géphyriens, que de nouvelles observations sont nécessaires pour mon- trer s'il est réellement un véritable Géphyrien. En dehors de sa méta- morphose spéciale, l'Actinotroque est une forme larvaire très intéres- sante en ce qu'elle est dépourvue de couronne ciliée préorale, et que les tentacules de l'adulte dérivent d'une véritable couronne post-orale prolongée en appendices qui forment les bras. Les autres Géphyriens présentent dans leur développement une similitude évidente avec les Chétopodes normaux. La formation de somites comme chez les Chétopodes, chez la larve de l'Échiure, tend à prouver que les Géphyriens sont un phylum de Chétopodes modifié et sous certains rapports dégénéré. GÉPHYRIENS NUS. (3G61 A. KowALEvsKY {Sitz. d. zool. Ahth. d. III. Versam. russ. Natui-f. {Thalassema.) {Zeit. f. wiss. Zool., XXII, p. 284. 1872). (3G7) A. Krohn. Ueb. d. Larve d. Siptmculus nudus nebst Bemerkungen, etc. {Mùtler's Archiv, 1857.) (368) M. Salensky. Ueber die Métamorphose d. Echiurus {Morphologisches Jahr- buch, II). (3G9) E. Selenka. Eifurchung u. Larvenbildung von Phascolosoma elongatum {Zeit. f.wiss. Zool., XXV, p. 1. 1875). (370) J. W. Spengel. Beitrâge z. Kenntniss d. Gephyreen [Bonellia] [Mitlheil. a. d. zool. Station z. Neapel, I. 1879). GÉPHYRIENS TUBICOLES (aCTINOTROQUE). (371) A. Krohn. Ueb. Pilidium u. \c\inotrochdi {Miiller's Archiv, 1858). 342 GÉPHYRIENS. (372) A. KowALEVSKY. Sur l'anatomieet le développement du Phoronis; Pétersbourg, I8C7. 2 pi. En russe; Voy. Leuckart's liericht, 1866-67. (373) E. Metsciinikoff. Ueber d. Métamorphose einiger Seethiere (Actinotrocha). (Znt. f. wiss. Zool., XXI. 1871.) (374) J. MuLLER. Bericht ub. ein. Tliierformen d. Nordsee {Mûller's Archiv, 1846). (375) An. Schneider. Ueb. d. Métamorphose d. Actinotrocha branchiata (Mûller's Arch. 1862). CHAPITRE XV CH/ETOGNATHES, MYZOSTOMIENS ET GASTÉROTRICHES Le présent chapitre a pour objet trois petits groupes isolés qui n'ont de commun que l'obscurité de leur position systématique. CH^TOGNATHES Les découvertes de Kowalevsky (n° 378) confirmées par Biitschli (n" 376), sur le développement de la Sagitta^ bien que n'ayant fait faire aucun progrès, à nos connaissances, sur la position systématique de cette forme remarquable, sont néanmoins d'une grande valeur pour les problèmes plus généraux de l'embryologie. Le développement commence après que les œufs sont pondus. La segmentation est uni- forme et produit une blastosphère formée d'une seule couche de cellu- les columnaires. Une invagination a lieu, dont l'orifice se rétrécit pour Hg. 18). — Trois stades du développement de la Sagitta (A et C d'après Biitschti ; B, d'après Kowalevsky). Les trois embryons sont représentés daas la même position (*). former un blastopore situé au pôle de l'embryon opposé à celui au- quel la bouche apparaît plus tard (fig. 181, A). L'archentéron simple (*) A, stade de gastrula. — B, stade postérieur; l'archentéron primitif commence à se diviser en trois parties dont les deux latérales sont destinées à former le mésoblaste. — C, stade plus avancé; l'invagination buccale {b) est en continuité avec la cavité digestive et le blastopore s'est fermé. — m, bouche. — al, tube digestif. — ae, archentéron. — bl.p, blastopore. — pv, cavité périviscérale. — sp, mésoblaste splanchnique. — so, mésoblaste somatique. — (je, organes génitaux. 344 CH^ETOGNATRES. se divise bientôt en avant, en trois lobes communiquant librement avec la cavité encore unique en arrière (fig. 181, B).Les deux lobes la- téraux sont destinés à former la cavité générale et le lobe médian, le tube digestif de l'adulte. Une invagination a bientôt lieu au pôle de l'embryon opposé au blastopore et forme la bouche et l'œsophage (fig. 181, B et C, m). Au stade gastrula, il se forme une masse paire destinée à donner naissance aux organes génitaux. Elle apparaît comme deux grosses cellules hypoblastiqucs à noyaux très visibles qui se détachent bientôt du reste du feuillet et pénètrent dans la cavité archentériqiie où elles se divisent, une moitié de chacune, formant l'ovaire et l'autre moitié le testicule, et se sépare bientôt comme une masse ou probablement une paire de masses en liberté dans la cavité de l'archentéron (fig. 181, A, ge). Lorsque la cavité archentérique primitive se divise en lobes, le rudiment génital est situé à l'extrémité postérieure du lobe médian de l'archentéron, dans la position représentée dans la figure 181, C, ge. L'extrémité postérieure de l'embryon s'allonge alors et l'embryon doit se replier dans l'œuf; lorsqu'il éclôt, il ressemble assez à l'adulte pour être reconnaissable comme une jeune Sagitta. Avant l'éclosion, diverses transformations importantes s'effectuent. Le blastopore disparaît après avoir été reporté à la face ventrale. La portion médiane de la région trilobée de l'archentéron se sépare de la partie postérieure impaire et forme un tube aveugle en arrière, mais ouvert en avant par la bouche (lîg. 182, A, al). Il constitue le tube digestif permanent, qui est formé d'une invagi- nation épiblastique pha- ryngienne et d'une portion hypoblaslique postérieure, dérivée de l'archentéron primitif. L'anus paraît ne se former que relativement tard. Après la séparation de la cavité digeslive, le reste de l'archentéron est formé en avant de deux cavités qui s'ouvrent librement en arrière dans une cavité unique (fig. 182, A). Lensemble de ces cavités constitue la cavité générale et ses parois, le nusoblaste. La partie antérieure paire se Fis. 182. Deux vues d'un onibiyon avancé (le Sayitta (d'après Biitschli) ('). (*) A, vue par la face dorsale. - • B, vue do profil. — 7n, liouclie. — al, tube digestif. — vff, ganglion ventral (épaississcment de l'opiljlastcj. — c.pv, portion céplialiiiiie de la cavité générale. — «o, sonia- topleure. — 5;j, splanchnopleurc. — (/e, organes génitaux. CH^TOGNATOES. 345 divise en une section céphalique et une section somatique (fig. 182, A et B). La première constitue une paire de cavités distinctes (c. pv) dans la tête, et la dernière, deux cavités ouvertes librement dans la portion impaire postérieure. A l'union des cavités paires avec la cavité impaire sont situés les organes génitaux {gé). Les parois internes de chacune des cavités paires forment le mésoblaste splanchno-pleurique et la paroi externe de l'ensemble le mésoblaste somatique. Les parois internes des cavités postérieures s'unissent au-dessus et au-dessous du tube digestif etforment les mésentères dorsal et ventral qui divisent la cavité générale en deux compartiments chez l'adulte. Avant l'éclo- sion de l'embryon, le mésentère se continue en arrière, de façon fi di- viser de la même manière la partie caudale primitivement impaire de la cavité générale. Du mésoblaste somatique du tronc dérive la couche unique de mus- cles longitudinaux de la Sagitta et une partie du revêlement épithé- lioïde de la cavité générale. La limite antérieure de la région du tronc de la cavité générale est marquée chez l'adulte par la division du mé- sentère en deux lames qui se recourbent en dehors pour rejoindre la paroi du corps. La région céphalique de la cavité générale semble s'atrophier et ses parois se transformer dans le système compliqué de muscles qui existe dans la tête de la Sagitta adulte. Par la présence d'une partie de la cavité générale dans la tête, l'em- bryon de la Sagitta ressemble au Lombric, aux Araignées, etc. Le rudiment génital de chaque côté se divise en une partie anté- rieure et une partie postérieure (fig. 182, ge). La première constitue l'ovaire et est située en avant de la cloison qui sépare la queue du corps, et la dernière, dans la région caudale du tronc, forme le testicule. Le système nerveux dérive de l'épiblaste. Il existe un épaississement ventral (fig. 182, B, v. g) dans la région antérieure du tronc et un épais- sissement dorsal dans la tête. Les deux sont d'abord continus et, en devenant séparés de l'épiblaste, restent unis par de minces cordons. Le ganglion ventral est beaucoup plus saillant pendant la vie em- bryonnaire que chez l'adulte. Sa position et sa proéminence précoce chez l'embryon indiquent peut-être qu'il est l'homologue de la chaîne ventrale des Chétopodes (1). (376) 0. BuTSCHLi. Zur Enlwirklungsgeschichte der Sagitta {Zeitsdirift f. wiss. Zoot., XXIII. 1873). (I) Langerhans a récemment fait des observations importantes sur le système ner- veux de la Sar/itta et identifie le ganglion ventral aux ganglions pariéto-splanchniciues des Mollusques; il a trouvé une paire de nouveaux ganglions dont le développement est inconnu et qu'il appelle ganglions sous-œsophagiens ou pèdieux. Les faits embryo- logiques ne paraissent pas être favorables à ces interprétations. 346 GASTÉROTRICHES. (377) C. Gegen'baur. Ueber die Entwicklung der Sagitla {Abhand. d. naturforschenden Gesellscliaft in Halle, 1857). (378) A. KowALEVSKY. Embiyologische Studien an Wûrmern u. Arthropoden [Mém. Acad. Pétersbourg, 1' sér., XVI, n" 12. 1871). MYZOSTOMIENS Le développement de ces singuliers parasites des Crinoïdes a été étudié par Metschnikoirvn" 380), Semper (n° 381) et Graff (n" 379). La segmentation est inégale et paraîtrait être suivie d'une invagination épibolique. La couche externe de cellules (épiblasle) se couvre de cils, et la couche interne se transforme en une masse vitelline centrale non cellu- laire (?). A ce stade, la larve éclôt et commence à mener une existence in- dépendante. Au stade suivant observé par MetschnikofT, la bouche, l'œso- phage, l'estomac et l'anus étaient développés, et il existait deux paires de pieds. Dans ces pieds se montraient des soies analogues à celles des Chétopo- des qui, dans la paire postérieure n'étaient que de simples stylets fins sans crochets terminaux. La portion papilliforme du pied n'est d'abord pas déve- loppée. Les nouveaux pieds se forment successivement comme les segments des Chétopodes, et l'estomac ne devient dendriforme qu'après que tous les pieds (5 paires) sont formés. Par le revêtement ciliaire primitif réuni à une indication ultérieure de segmentation, par la formation des pieds et des soies, la larve des Myzosto- miens se rapproche des Chélopodes, et le groupe doit probablement être regardé comme un type primitif des Chétopodes spécialement modifié à cause de ses mœurs parasites. (379) L. Graff. Das Geiius Myzostoma. Leipzig, 1877. (380) E. Metschnikoff. Zar Enlvvickluiigsgescliicbte d. Myzostomum {Zeit. f. luiss. ZooL, XVI. 180G). (381) C. Sempeh. Z. Anat. u. Entwick. d. Gat. Myzostomum (Zeit. f. wiss. ZooL, IX. 1856), GASTÉROTRICHES Quelques observations de Ludwig sur les œufs d'hiver de Vlchthydium larus montrent que la segmentation est totale, et en apparence régulière. Elle aboutit à la formation d'une morula solide. L'embryon présente une cour- bure ventrale, et les appendices fourchus caudaux apparaissent de bonne heure comme des formations cuticulaires. Lorsque l'embryon quitte l'œuf, il a presque atteint l'état adulte. Les cils ventraux apparaissent quelque temps avant l'éclosion. (382) II. LuuwiG. Ueber die Ordiiuiig Gastrotricba Metschn. [Zeit. f. wiss. ZooL XXVI. 1870). CHAPITRE XVI NÉMATHELMINTHES ET ACANTHOCÉPHALES INÉMATHELMIINTHES (1) Nématodes. — Bien que les œufs de divers Nématodes aient été au nombre des premiers comme des plus fréquents objets de l'observation embryologique, leur développement n'est encore qu'imparfaitement connu. Les formes vivipares et les formes ovipares sont communes les unes et les autres et dans les formes ovipares, les œufs sont d'ordi- naire enveloppés d'une coque dure. La segmentation est totale et presque régulière quoique les deux premiers segments soient souvent inégaux. Les relations des sphères de segmentation avec les feuillets germinatifs ne sont cependant établies d'une manière satisfaisante que chez le CucuUanus elegans, forme parasite de la Perche (2), par les recherches de Biitschli (n° 383). Le premier développement de l'embryon de cette espèce s'effectue dans le corps du parent, et l'œuf est enveloppé d'une membrane déli- cate. Après l'achèvement des premiers stades de la segmentation, l'em- bryon prend la forme d'un disque plan et mince formé de deux couches de cellules (fig. 183, A etB). Les deux couches de ce disque donnent res- pectivement naissance à l'épiblaste et à l'hypoblaste et à un certain stade le feuillet hypoblastique cesse de s'accroître, tandis que l'ac- croissement du feuillet épiblastique continue. De là il résulte que les bords du disque se replient vers le côté hypoblastique (fig. 183, D). Ce reploiement détermine la formation d'une gastrula de constitution remarquable qui a la forme d'un cylindre creux à deux couches de cellulesprésentantd'un côté une fente incomplètement fermée (fig. 183, (1) ( Ascarides. Strongylides. I. Nématodes. ) Trichinides. Filai'ides. Mermithides. Anguillulides. II. Gordiacés. III. Chaetosomides. (2) Le développement des œufs de V Anguillula aceti est, d'après Hallez, semblable h celui des œufs du CucuUanus. 348 NÉMATHELMINTHES. E, bip). Celte fente est un blastopore, elle se ferme par la coalescence des deux bords, l'occlusion commençant en arrière pour s'étendre peu à peu vers la partie antérieure. En avant, le blastopore ne se ferme Fig:. IS3. — Divers stades du développement du Ciirullanns elegans (emprunté à Biitschli) (*) jamais complètement et persiste pour former la bouche permanente. L'embryon après ces transformations a un aspect vermiforme qui de- vient plus net à mesure qu'il s'allonge et se recourbe (fig. 183, F). L'hypoblaste de l'embryon donne naissance au tu e digestif et se divise bientôt en une région œsophagienne (fig. 183, F, a) formée de cellules granuleuses et une région postérieure formée de cellules claires. Le mésoblaste (fig. 183, we), selon Biitschli, dérive de cer- taines cellules hypoblastiques spéciales entourant la bouche et de là s'étend en arrière vers l'extrémité postérieure du corps. D'après les recherches plus récentes de Gotte, le mésoblaste de Biitschli est le commencement de l'anneau nerveux tandis que deux initiales du mé- soblaste sont constituées à une période antérieure par des cellules hy- poblastiques situées près de l'extrémité postérieure du corps. Lejeiinc Cucullan éclôt pendant qu'il est encore dans les conduits génitaux de son parent et se distingue par la présence d'une remar- quable queue filiforme. Sur la face dorsale est un appareil perforant provisoire en forme de papille conique. Le corps est déjà enveloppé (*) A, vue de fane de remhryon aplati à un stade précoce de la segmentation. — B, vue de profil d'un embryon un peu plus avancé en coupe optique. — C, embrvon aplati à la fin de la segmentation. — D, eml)ryon au commencement du stade sastrula. — E, embryon dont le blastopore est réduit à une sini[)le fente. — K, embryon vermiforme après la division du tube digestif en œsophage et por- tion glandulaire. — )/!. bouche. — ep, épiblaste. — hy, hypoblaste. — me, mésoblaste. — œ, œso- phage. — bl-p, blastopore. GORDIACÉS. 349 d'une cuticule solide. A cet état, la larve quitte son parent et l'hôte de celui-ci, et mène quelque temps une existence libre dans l'eau. Sa métamorphose est décrite plus loin (1). Les œuls des Oxyurides parasites des Insectes prennent, selon Galeb (n°386), à la fin de la segmentation, la forme d'une blastosphère. 11 se forme alors par délamination une couche interne. On ne voit pas bien à quels organes celte couche interne donne naissance, puisque le tube digestif tout entier est décrit comme dérivant de deux bourgeons qui se forment aux extrémités opposées du corps et s'accroissent vers l'intérieur jusqu'à se rencontrer. Organes génitaux. — L'étude du développement des organes géni- taux desNématodes a conduit à quelques résultats intéressants. Dans les deux sexes, les organes génitaux dérivent (Schneider, n° 390) d'une seule cellule. Cette cellule s'allonge et sesnoyaux se multiplient. Après avoir pris une forme un peu columnaire, elle se divise en une couche de revêtement superficielle et une portion axiale. Chez la femelle, la couche superficielle ne se développe d'une ma- nière distincte que dans la partie moyenne de la colonne. Dans le cours de la suite du développement, les deux extrémités de la colonne de- viennentles extrémités aveugles de l'ovaire elle tissu axial qu'elles con- tiennent forme le tissu germinatif de protoplasma nucléé. La couche superficielle donne naissance à l'épithélium de l'utérus et de l'oviducte. Le tissu germinatif qui est d'abord continu s'interrompt dans la partie moyenne (où la couche superficielle donne naissance à l'utérus et à l'oviducte) et se limite aux deux extrémités aveugles du tube. Chez le mâle, la couche superficielle qui produit l'épithélium du canal déférent se forme seulement à l'extrémité postérieure de la co- lonne originelle. Sous les autres rapports, le développement a lieu comme chez la femelle. GordiacéS. — L'œuf du Gordius subit une segmentation régulière. D'a- près Villot (n° 391), il forme à la fin de la segm-eulation une morula qui se divise en deux feuillets par délamination. L'embryon est d'abord sphérique, mais devient bientôt allongé. La tête se forme par une invagination à l'extrémité antérieure. Elle con- siste en une portion basilaire armée de trois couronnes de stylets, et une trompe conique armée de trois grands stylets. Lorsque la larve devient libre, la tête s'évagine tout en restant rétractile. Vers le moment où fem- (I) Chez la Trichina spiralis, la segmentation est régulière et aboutit à la formation d'une sphère blastodermique qui s'aplatit bientôt en une plaque comme chez le Cu- oUlanus. La gastrula se forme de la môme manière que dans cette espèce, mais le blastopore se ferme entièrement et la bouche apparaît plus tard comme une dépression de l'épiblaste, dans le renflement céphalique claviforme de l'embryon, qui se met en rapport avec le mésentéron (J. Ciiatin, Développement de l'ovule de la Trichine spi- rale. {Mémoires de la Société de biologie, 1881) (Trad.) 350 NÉMATHELMINTHES'. bryon éclot il se forme un tube digestif complet avec un orifice oral à l'ex- trémité de la trompe, et un orifice anal, ventral et subterminal. Il se divise en œsophage et estomac, et une grosse glande s'ouvre dans sa cavité à la base de la trompe. Le corps présente de nombreux plis transversaux qui lui donnent une apparence annelée. Métamorphose et histoire biologique. Nématodes. — Bien que baucoup de Nématodes aient une exis- tence libre et une histoire biologique simple, le plus grand nombre des genres connus sont cependant parasites et subissent une métamor- phose plus ou moins compliquée (1). D'après les caractères de cette métamorphose, on peut les diviser en deux groupes (qui ne correspon- dent aucunement aux divisions naturelles), savoir, ceux qui ont un seul hôte et ceux qui ont deux hôtes. Chacune de ces divisions princi- pales peut encore se subdiviser en deux. Dans le premier groupe à hôte unique, les cas les plus simples sont ceux oïl le parasite sexué adulte pond ses œufs dans le tube digestif de son hôte d'où ils sont transportés à l'extérieur. L'embryon, encore dans l'œuf, s'il rencontre une chaleur et une humidité suffisantes, com- plète son développement jusqu'à un certain point et, s'il est alors avalé par un individu de l'espèce chez laquelle il est parasite à l'état adulte, il est mis en liberté sa coque se dissolvant sous l'action du suc gastri- que et se développe directement en la forme sexuée. Leuckart a établi expérimentalement cette métamorphose dans le cas du Trichocephalus affinis, de VOxyurus ambigiia et de VHeterakis vermimlaris. Les Oxyurides de la Blatte et de l'Hydrophile ont une histoire biologique sem- blable (Galeb, n» 386) et il est presque certain que la métamorphose des parasites humains. Ascaris lumbrlcoides et Oxyurus vermicularis, est de cette nature. Une métamorphose un peu plus compliquée est commune dans les genres Asccn^is ciStrongylus. Dans ces cas, la coque de l'œuf est mince et l'embryon devient libre en dehors du corps de l'hôte et mène pen- dant une période plus ou moins longue une existence indépendante dans l'eau et la terre humide. Pendant celte période il augmente de taille et quoique non sexué ressemble d'ordinaire beaucoup à la forme adulte du genre Rhabditis, genre libre d'une manière permanente. Dans quelques cas, la larve libre devient parasite d'un Mollusque d'eau douce, mais sans pour cela subir aucune modificalion. Elle pénètre enfin dans le tube digestif de son hôte propre et y devient sexuée. (1) Les faits suivants sont surtout empruntés au magnifique traité de Leuckart (n° 388). NÉMATODES. 331 Comme exemples de cette forme de développement étudiée par Leuckarl on peut mentionner le Bochmhis trigonocephaliis, parasite du Chien, et VAsca- ris acuminata de la Grenouille. Le Bochmiu^ duodenale, parasite de l'homme, subit la même métamorphose que le D. trigonocephalus . Une remarquable modification de ce type de métamorphose se rencontre chez l'Ascam {Rhabdonema) nigrovenosa, qui à son état de complet dévelop- pement est parasite des poumons de la Grenouille (Metschnikoff ; Leuckart, n° 388). Les embryons traversent les premiers stades de leur développe- ment dans le corps du parent. Ils ont la forme typique àuRhabditis, et après la naissance passent dans le rectum de la Grenouille. De là ils arrivent à l'extérieur, et vivant alors ou dans la terre humide, ou dans les fèces de la Grenouille, se développent en une forme sexuée, mais sont beaucoup plus petits qu'à l'état adulte. Les sexes sont distincts, et les mâles se distinguent des femelles par leur plus petite taille, leur queue plus courte et plus ar- rondie, et leur corps plus grêle. Les femelles ont des ovaires pairs avec un très petit nombre d'oeufs, mais le testicule du mâle est impair. La fécon- dation a lieu de la manière ordinaire, et à l'été, il se développe dans chaque femelle environ quatre embryons qui brisent bientôt leurs capsules ovu- laires et deviennent libres dans l'utérus. L'activité de leurs mouvements détermine bientôt la rupture de la paroi de l'utérus, et ils arrivent dans la cavité générale. Les viscères de la mère se réduisent à une substance fine- ment granuleuse servant à l'alimentation des jeunes qui continuent à vivre renfermés dans le tégument maternel. Les larves finissent cependant par deve- nir libres et quoique différant sous beaucoup de rapports du parent qui leur a donné naissance, ont cependant la forme de Rhabditis. Elles vivent dans l'eau ou dans la boue, et quelquefois deviennent parasites des Gastéropodes aquati- ques; jamais cependant elles ne subissent des transformations importantes à moins d'être enfin avalées par une Grenouille. Elles pénètrent alors par la trachée dans les poumons, et là se développent rapidement en la forme adulte. On n'a pas trouvé de mâles dans les poumons de la Grenouille, mais il a été montré par Schneider (n° 390) que les prétendues femelles sont en réalité hermaphrodites, la môme glande donnant à la fois naissance aux spermatozoïdes et aux œufs ; les spermatozoïdes se développent les pre- miers (1). Le trait le plus remarquable de celte histoire biologique est le fait qu'au stade correspondant à l'état larvaire libre des formes précédentes, les larves de celte espèce deviennent sexuées et donnent naissance à une se- conde génération larvaire libre qui se développe en la forme adulte en rede- venant parasite dans l'hôte originel. Elle constitue un cas un peu exceptionnel d'hétérogamie dans le sens donné à ce mot dans l'introduction. Parmi les Nématodes qui n'ont qu'un seul hôte se range un curieux para- site du blé. Cette forme appelée Anguillula scandens habite à l'état adulte les épis de blé dans lesquels elle pond ses œufs. Après l'éclosion, les larves s'enkystent, mais deviennent libres à la mort de la plante. Elles habitent alors la terre humide, mais finissent par arriver aux épis du jeune blé où elles atteignent leur maturité sexuée. (1) Leiiclcart ne paraît pas être édifié sur l'hermaplirodisme de ces formes, et main- tient qu'il est tout à fait possible que les œufs puissent se développer par parthéno- genèse. 3S2 NÉMATIIELMINTHES. Le second groupe des Nématodes parasites à deux hôtes peut se sub- diviser en deux groupes suivant que la larve a une existence libre avant de pénétrer dans son premier hôte ou hôte intermédiaire ou bien y arrive lorsqu'elle est encore dans l'œuf. Dans la plupart des cas les formes larvaires vivent dans des capsules de tissu conjonctif spéciales ou sont quelquefois libres dans les tissus de leurs hôtes intermédiaires, mais les adultes, comme dans les cas des autres NémaLodes parasites, habitent le tube digestif. L'histoire biologique du Spiroptera obtusa peut être citée comme exemple de Nématode à deux hôtes chez lequel l'embryon est porté dans l'hôte intermédiaire pendant qu'il est encore dans l'œuf. L'adulte de celte forme est parasite de la Souris, et les œufs sortent du tube digestif avec les matiè- res fécales, et peuvent se rencontrer fréquemment dans les granges, etc. Si un de ces œufs est mangé par un Ver de farine (larve de Tenebrio), il passe dans la cavité générale de cette larve et y subit la suite de son développe- ment. Au bout d'environ cinq semaines, il s'enkyste entre les corps adipeux du Ver de farine. Il subit alors une mue, et si le Ver de farine avec ses parasites vient à être mangé par une Souris, les parasites sortent de leur kyste et se développent en la forme sexuée. Comme exemples d'histoires biologiques dans lesquelles un état libre in- tervient avant le parasitisme chez l'hôte intermédiaire, on peut choisir le CucuUanus elegcms et le Dracunculus. Le CuculUmus clegans adulte est parasite du tube digestif de la Perche et d'autres Poissons d'eau douce. C'est une forme vivipare, et les jeunes après la naissance tombent dans l'eau. Puis ils deviennent parasites du Cyclope pénétrant par la bouche dans le tube diges- tif, et de là dans la cavité générale. Ils subissent bientôt une mue dans le cours de laquelle l'œsopliage se divise en un pharynx musculeux et un véritable œsophage glandulaire. Puis ils augmentent rapidement de lon- gueur et à une seconde mue acquièrent une cavité buccale en forme de gobelet se rapprochant de celle de l'adulte. Ils ne s'enkystent pas. Le déve- loppement du Ver ne va pas plus loin tant qu'il reste dans le Cyclope, mais si le Cyclope vient à être avalé par une Perche, le Ver subit une nouvelle mue et atteint rapidement la maturité sexuelle. Les observations de Fedschenko sur le Dracunculus medincnsis (I) qui est parasite du tissu conjonctif sous-cutané de l'Homme, sembleraient montrer qu'il subit une inétamorpliose très semblable à celle du CucuUanus . Il y a en outre une ressemblance frappante entre les larves des deux formes. Les larves du Dracimculus tombent dans l'eau, et là pénètrent dans la cavité générale d'un Cyclope en perçant le tégument mou entre les anneaux à la face ventrale du corps. Dans la cavité générale, les larves subissent une mue et continuent leur développement, mais sans dépasser un certain point quelque longtemps qu'elles restent dans le Cyclope. La suite de leur liistoire est inconnue, mais prul)al)letnent que l'hôte suivant est l'Homme chez le- quel la larve arrive à maturité. A l'état adulte on ne connaît que des femel- (1) Voy. D. P. Mason, Ou tlie development of Filaria sanguinis hominis {Journal of tlie Linnean Society, xiv, n" 75). NEMATODES. 353 les de Dracunculus, et divers 'auteurs ont émis l'opinion que ces femelles apparentes seraient en réalité hermaphrodites comme VAscaris nigrove- nosa, chez lequel les organes mâles arrivent à maturité avant les organes femelles. Un autre très remarquable parasite de l'Homme appartenant au même groupe que le Dracunculus est le Filaria sanguinis hominis ou Filaria Ban- crofti (I). La forme sexuée est dans les climats cliauds parasite dans les tissus de l'Homme, et produit des multitudes de larves qui passent dans le sang et sont quelquefois rejetées avec l'urine. Les larves n'achèvent pas leur déve- loppement dans le sang, et ne tardent pas à mourir si elles ne sont pas transportées dans un hôte intermédiaire. Quelques faits, à peine suffisants il est vrai, ont été mis en avant pour prouver que, si le sang d'un malade infesté de ce parasite est sucé par un Moustique, les larves achèvent leur développement dans le tube digestif du Moustique, passent par un stade de repos plus ou moins complet, et enfin augmentent considérablement de volume, et à la mort du Moustique tombent dans l'eau. De l'eau, elles passent probablement directement ou indirectement dans l'intestin de l'Homme, et de là elles se fraient un chemin dans les tissus cù elles sont parasites et attei- gnent la maturité sexuelle. La fameuse Trichina spiralis a une histoire biologique différente de celle des autres Nématodes connus, bien qu'il ne soit guère possible de douter que cette forme doive être rangée sous le rapport de son histoire biologique avec les formes les dernières décrites. Le trait propre de l'histoire de la Trichine est que les embryons mis en liberté dans le tube digestif en tra- versent les parois, pénètrent dans le tissu musculaire et s'y enkystent, mais d'une manière générale ne sortent pas du tube digestif d'un hôte pour s'en- kyster dans un hôte différent. Il arrive souvent cependant que cette migra- tion a lieu d'une manière accidentelle, et l'histoire biologique de la Trichina spiralis devient alors presque identique à celle de quelques-unes des formes du troisième type. La Trichine est parasite chez l'Homme, et chez le Porc, et aussi chez le Rat, la Souris, le Chat, le Renard et d'autres formes qui s'en nourrissent. On apu l'introduire artificiellement chez diverses espèces d'Her- bivores (Lapin, Cochon d'Inde, Cheval) et même chez des Oiseaux. La forme sexuée iiabite le tube digestif. La femelle est vivipare et produit des myriades d'embryons qui naissent dans le tube digestif de leur hôte, dont elles percent les parois et, suivant les lignes du tissu conjonctif, arrivent dans les muscles. Là les embryons qui sont nés dans un état très imparfait se développent rapidement, et enfin atteignent un état de repos dans un espace enveloppé par le sarcolemme. En dedans du sarcolemme se déve- loppe pour chaque larve (1) un kyste résistant qui après quelques mois se calcifié ; et après l'atrophie du sarcolemme s'entoure d'une enveloppe de tissu conjonctif. La larve peut vivre dans son kyste un grand nombre d'an- nées, jusqu'à dix ans et plus, sans subir aucun développement, mais si la chair infectée est à la fin mangée par une espèce convenable (par exemple la chair du cochon par l'Homme), l'état de repos de la larve cesse et la matu- rité sexuelle est atteinte dans le tube digestif du nouvel hôte. (1) Ou quelquefois pour un groupe de larves. On eu a observé jusqu'à sept dans le même kyste (J. Chatin) [Trad.). Balfour. — Embryologie. I. — 23 354 ACANTHOCÉPHALES. Gordiacés. — La larve libre du Gordius déjà décrite pénètre d'ordinaire dans une larve de Chironorne où elle s'enkyste. Le Chironome élant mangé par un poisson {Phoxinus lœvis ou Cobitis barhatula) (Villot, n° 39), la larve pénètre dans la paroi de l'intestin du second liùfe, s'y enkysle de nouveau et V reste quelque temps à l'état de repos. Enfin, au printemps, elle sort de son kyste et arrive dans l'intestin d'où elle sort avec les foeces. Arrivée au dehors elle subit une métamorphose graduelle dans le cours de laquelle elle perd sa structure annelée, et son armature céphalique, s'allonge, ac- quiert son cordon nerveux ventral et avec le développement des organes géni- taux perd la plus grande partie de son tube digestif (t). On a souvent trouvé déjeunes exemplaires de Gordius dans divers Insectes carnivores terrestres, mais la signification de ce fait n'est pas encore élucidée. (383) O. BiiTscHi.i. Eniwickhingsgescliichte d. Cncullanus elpgans [Zeit. f. wisj. ZooL, XXVI, 1S7G;. (38i) T. S. CoisnoM). Entozoa. Londies, Groombridge and Son, 18r;4. (385) T. S. CoBi!OLi>. Parasites: A Treutise on the Entozoa of Mail and Animais. Londres, Cliiirchill, 1879. (38G) O. Galeb. Organisation et développement des Oxyuridés, etc. (Ardiives de Zool. expér. et génér., VII. 1878). (387) B. Leuckart. Wit^michiingen iib. Trichina spiralis. 1' édit. Leipzig, 18GG. (388) R. Leuckart. Die menschliclien Parasitm, II. 1,S7G. (389) H. A. Pagenstfxhkr. Die Tridnnen nach Versuche?! dnrgcstelit. Leipzig, ISCâ. (390) A. Schneider. Monographie d. Nemaloden. Berlin, I8GG. (391) A. Villot. Monographie des Dragoneaux (Gordiacés) [Archives de Zool. expé. et gén., IIL 1874). ACANTHOCÉPHALES Les Acanfhocéphales semblent être toujours vivipares. Au moment de la fécondation, l'œuf est une cellule nue, et il subit à cet état les premières phases de la segmentation. La segmentation est inégale (Leuckart, n" 393), mais il n'a pas été bien établi s'il y a ou non une gastrula épibolique. Avant que la segmentation ne soit achevée, il se forme autour de l'œuf des membranes protectrices épaisses qui sont d'ordinaire au nombre de trois, la moyenne élant la plus forte. Après la segmentation les cellules cen- trales de l'œuf se fusionnent pour donner naissance à une masse granu- leuse; les cellules périphériques forment un peu plus tard un syncytium plus transparent. A l'extrémité antérieure de l'embryon apparaît une cuticule superficielle portant en avant une couronne de crochets. L'embryon est alors rejeté de dl'inteslin e i'hôte vertébré dans lequel vit son parent avec les excréments. Puis il est avalé par un hôte inverté- bré (2). (1) Villot a depuis modifié sa description originelle et admet maintenant que la larve- n'habite ([u'un seul liùio, Auipliibien, Poisson ou Insecte. Elle s'enkyste dans ces hôtes, mais plus tard vit en liberté dans lein- tube digestif et enfin passe à l'extérieur. (1) h'Ecliniorliyncus pndeus, qui à l'état adulte est parasite d'un grand nombre de Poissons d'eau douce, passe son état larvaire dans la cavité générale du Gammarus pulcx. VEdi. augiistulus parasite de la Perche se rencontre à l'élat larvaire dans la cavité générale de VAsellus aquaticm. VEch. gigas, parasite du Porc d'après Schneider (n" 394), passe sa vie larvaire chc/: les Vers blancs. ACANTHOCÉPHALES. 3o5 Dans l'intestin de l'Iiôte invertébré, la larve se débarrasse do ses membra- ne^ et se montre avec une forme allongée un peu conique, se terminant antérieurement par un disque oblique tourné légèrement vers la face ven- trale et armé de crochets. Entre ce disque et la masse granuleuse déjà décrite comme formée par les cellules centrales de l'embryon est un corps solide assez visible. I.euckart suppose que ce corps peut représenter un pharynx rudimentaire sans fonction, tandis que la masse granuleuse est à son avis un intestin également rudimentaire et sans fonction. La paroi du corps est formée d'une couche interne semi-tluide, entourant J'inlestin rudi- mejitaire s'il est tel, et d'une couche externe plus solide située immédiate- ment en dedans de la cuticule. L'Echinorhynque adulte se forme dans le corps de la larve par un remar- quable processus de développement, et le tégument est la seule partie de la larve qui passe à l'adulte. Chez Y Echinorhyncus proteus, la larve reste mobile pendant la formation de l'adulte, mais cliez d'autres formes la métamorphose a lieu pendant une période de repos. Les organes de l'adulte se différencient aux dépens d'une masse de cellu- les qui paraît être un produit de la masse granuleuse centrale de l'embryon, et est appelée par Leuckartle noyau embryonnaire. Le noyau embryonnaire se divise en quatre groupes de cellules disposés en série linéaire dont l'a- vant-dernier est le plus gros, et se différencie de très bonne heure en une couche péripliérique et une masse centrale formée de deux corps dis- tincts. La couche périphérique de ce segment s'étend en avant et en arrière, et embrasse les autres segments à l'exception de l'extrémité antérieure du premier qui reste à découvert. L enveloppe ainsi formée donne naissance au mésoblaste splanchnique, et au mésoblasle somatique du Ver adulte. Des quatre groupes de cellules qu'elle eiîtoure, l'antérieur donne naissance à la trompe, le suivant au ganglion nerveux, le troisième formé de deux corps aux organes génitaux pairs, et le quatrième aux conduits génitaux. Cet en- semble complexe s'allonge rapidement, et en même temps la membrane d'enveloppe se clive en deux couches, dont l'externe forme la paroi muscu- laire du corps (mésoblaste somatique), et l'interne la gaine musculaire de la trompe et l'organe appelé ligament génital qui enveloppe les organes génitaux. La couche interne peut être appelée mésoblaste splanchnique mal- gré l'absence d'intestin. La cavité située entre les deux couches du méso- blaste forme la cavité générale. Les différentes parties de l'adulle continuent à se différencier à mesure que l'ensemble augmente de dimensions. Les masses génitales montrent de très bonne heure des traces de différenciation en testicules et ovaires. Chez le mâle, les deux masses génitales restent sphériques, mais chez la femelle elles s'allongent : le rudiment des conduits génitaux se divise dans les deux sexes en trois sections. Les transformations les plus remarquables sont cependant celles que subit le rudiment de la Irompe. A son intérieur il se forme une cavité, mais la paroi qui limite l'extré- mité antérieure de cette cavité disparaît bientôt. Pendant ce temps le corps de l'adulte remplit complètement le tégument de la larve auquel il se fixe bientôt. Puis le rudiment creux de la trompe se retourne et forme à l'extré- 356 NÉMATHELMINTHES. mile du corps une papille immédiatement adjacente au tégument larvaire. Cette papille avec le tégument larvaire qui la recouvre constitue la trompe permanente. La cuticule larvaire originelle est rejetée ou à ce moment ou plus lot et il se développe une nouvelle cuticule. Les crochets de la trompe sont formés par des cellules de la papille qui se développent au travers du tégument larvaire en protubérances coniques et se coiffent à leur sommet d'un crochet cliitineu.v. Le reste du tégument larvaire forme la peau de l'a- dulte et plus tard développe dans sa couche la plus profonde le singulier plexus vasculaire si caractéristique des Acanthocéphales. Les appendices antérieurs ovales de la couche subépilhéliale de l'adulte appelés lemnisques sont des expansions du tégument larvaire. L'Echinorhynque, après l'achèvement de ces transformations, a en réalité atteint l'état adulte, mais chez la femelle les ovaires subissent à cette période des changements remarquables en ce qu'ils se fiagmentent en un grand nombre de masses spliériques qui sont situées dans la lumière des ligaments génitaux et pénètrent aussi dans la cavité générale. Le jeune Ecliinorhynque n'atteint la maturité sexuelle qu'après être arrivé chez son hôte permanent qui se nourrit de son hôte larvaire. (392) R. GnEEFF. Untersucliungen û. d. Bau u. Entwicklung des Echin. miiiarhis [Archiv f. Natttrgesch. 18Ci). (3!);JJ H. Leuckaut. Die menschikhen Parasitpn. H, p. 801 et seq. 1876. (394) An. ScHNEiuEii. Ueb. d. Bau d. Acanthocephalen [Archiv f. Anat. u. P/it/s. 1868). (395) G. R. WAUEMîn. Beitriige z. EnlwicklungxçjeschicJite d. Eingeweidewiirmer, HaarU-m, I8(!ô. CHAPITKE vWi! TRACHÉATES PROTOTRACIIÉATES. Les remarquables observations de Moseley (n" 396) sur le Peripatus capensis ont mis en lumière d'une manière incontestable les affinités Fig-. 184. — Peripatus capciisif; :kIuIIi'. (.riiinlciir naliiiclle [(.■iinirunlr ;i Bloseloy). de cette forme avec les Arthropodes trachéates; et ses nombreux ca- ractères primitifs tels que la distribution uniforme des orifices tra- -^' Fig. 185. — Deux stades de développement du Peripatiis capensis (d'après Moseloy) (*). chéens, la segmentation incomplète des membres, la divergence des cordons nerveux ventraux à ganglions imparfaitement différenciés, et les néphridia (organes segmentaires) (1), donneraient à son embryo- (1) F. M. Balfour. On certain points in the Anatoaiy oî Peripatus capensis {Quart. Joiirn. of micr. Science, XIX. 1879). (*) A, stade le plus eune observé, avant l'apparition des pattes. — B, stade plus avancé, après le dé- veloppement des pattes et des antennes. — Les deux figures représentent la larve comme elle se mon- tre dans l'œuf. — 1 et "2. premier et second appendices post-oraux. 358 TRACIIEATES. logie un intérêt tout particulier. Malheureusement, Moseley n'a pas pu, faute de matériaux, étudier le développement d'une manière aussi complète (|ue l'anatomie. L'embryon le plus jeune qu'il ait observé était déjà en partie segmenté d'une manière distincte et enroulé dans l'œuf (fig. 18o A). Les lobes procéphaliques ressemblent d'une manière générale à ceux des Arthropodes, et diffèrent du lobe préoral des Ché- topodes et des Discophores ; ils ne sont pas séparés par une constric- tion transversale des segments suivants. Les trois feuillets embryon- naires sont ditférenciés, et l'intérieur est rempli d'une masse brunâtre, le reste du vitellus qui est probablement enfermé dans une paroi intestinale distincte et présente des lobes correspondant à la segmen- tation du corps. L'invagination buccale n'existe pas et seulement deux paires de légères saillies représentent les rudiments des deux appen- dices post-oraux antérieurs. La paire unique d'antennes se forme au stade suivant et ensuite les autres appendices post-oraux qui se dévelop- pent successivement d'avant en arrière un peu plus tard que les segments auxquels ils appar- tiennent. La partie postérieure de l'embryon, se déroule et l'embryon tout entier est plié en deux dans l'œuf (fig. 185 B). La bouche apparaît comme un orifice en forme de fente entre les lobes procéphaliques et au- dessous d'eux; de chaque côté et un peu en ar- rière d'elle se développe un appendice, la pre- mière paire poslorale (fig. 186, i), tandis qu'en avant et en arrière se forment les lèvres supé- rieure et inférieure. Ces deux appendices se tour- nent ensuite en dedans vers la bouche, et leurs bases sont peu à peu enveloppées par deux pro- cessus de la région procéphalique (fig. 187, m). L'ensemble de ces organes prend part à la forma- tion d'une sorte de cavité buccale secondaire qui à une période postérieure se complète par la coalescence au-dessus de la bouche des processus de la région procéphalique qui recouvrent le labre et s'étendent en arrière jusque près de l'ori- gine delà seconde paire d'appendices post-oraux. Les antennes deviennent de bonne heure articulées et de nouveaux articles continuent à s'y ajouter pendant toute la vie embryonnaire; chez l'adulte, il y a en tout trente articles. Il me semble probable (bien ig. 18i-y()n (le Peripaliis capennis un peu plus âgé que nliii représenté en A dans la iiguro ISJi, déroulé (d'a- près Moseley) (*). (*1 1. antenne. — o, liouelie. intestin. — c, lobe procéphalique.— 1,2, 3, etc., appendices PROTOTRACIIÉATES. 3o9 que M. Moseley adopte l'opinion contraire), d'après le développement tardif des processus pairs des lobes procéphaliques qui donnent nais- sance à la lèvre circulaire de l'adulte, que ce ne sont pas de véritables appen- dices. La paire qui suit les antennes est par conséquent la première paire post-orale. C'est la seule paire d'appen- dices qui soit en rapport avec la boucbe. A leurs extrémités il se forme une paire de griffes semblables à celles des pattes ambulatoires (fîg. 188). Les appendices de la paire suivante qui sont les plus grands de l'embryon sont les papilles orales. Elles sont surtout remarquables parce qu'elles contiennent les canaux des glandes de la glaire qui s'ouvrent à leur base. Elles sont dépourvues de griffes. Les appendices suivants se divisent incomplètement en cinq articles ; deux griffes se forment comme des revêtements cuticuiaires des papilles dans des pocbes du tégument aux extrémités des articles terminaux. l'ig-. 187. — Tète d'un embryon de Perl- jiatiis ;i un stade avancé du développe- ment vue par la face ventrale (*). J'ai pu faire quelques observations sur la structure interne des embryons, sur des spécimens qui m'ont été fournis par M. Moseley. Ces observations sont limitées à quelques stades, J'un un peu antérieur, deux autres un peu postérieurs à celui de l'em- bryon représenté dans la figure 185 H. L'épiblaste est formé d'une couche de cellules columnaires épaisse de deux rangées de cel- lules à la face ventrale excepté sur la ligne médiane où se voit une gouttière très nette et où l'é- piblaste est beaucoup plus mince (fig. 189). Les cordons ventraux se for- ment comme deux épaississe- meuls épiblastiques indépen- dants: dans mon plus jeune stade ces cordons sont à peine séparés de l'épi- blaste, mais dans les stades plus avancés sont tout à fait indépendants (fig 189, V. n), et en partie entourés par le mésoblaste. Téle d'un emtryon de /'erijmtus (em- prunté à Moseley) (**). bou- (*) Epaississement de l'épiblaste du lobe procéphalique pour former le ganglion sus-resopliagien l, m, processus du lobe procéphalique s'étendant au-dessus du premier appendice post-oral. — o, b che^— e, œil. — 1 et 2, première et seconde paires d'appendices post-oraux. l") La figure montre les mandibules et près d'elles les invaginations épib'astiques qui se développent en ganglions sus-œsophagiens. Les antennes, la cavité buccale et les papilles orales sont aussi re- présentées. 36(1 TRACHEATES. Sp ni' Kig. 180. — Coupe du tronc d'un embryon de Peripaius. L'embryon .iuf|uel est empruntée la prép:iration est un peu plus jeune que celui représenté dans la ligure (*). Les ganglions sus-œsophagiens se forment comme des épaississements de l'épil)l;iste du coté ventral des lobesprocéphaliques,en avant du stomodœum. On les voit en /, dans la figure 187. Les épaississements des deux côtés sont d'abord indépendants. A une pé- riode un peu plus avancée, l'épi- blaste s'invagine dans chacun de ces lobes. Les orifices de ces in- vaginations s'étendent de la ca- vité orale en avant, on les voit dans la figure 188 (1). Leurs ori- tices se ferment et les parois des invaginations constituent une grande partie des ganglions sus- œsophagiens de l'embryon. Des invaginations épiblasiiques semblables prennent part à la formation des ganglions sus-œso- phagiens des aulres Trachéales. Elles sont décrites plus loin pour les Insectes, les Araignées et les Scorpions. La position des ganglions sus-œsophagiens à la face ventrale des lobes procéphaliques est la même que chez les autres Trachéates. Le mésoblasie est formé chez les plus jeunes de mes embryons de cellules éparses dans l'espace assez vaste qui sépare le mésenléron de l'épiblaste. Il y a deux bandes mésoblastiques distinctes du côté externe des cordons nerveux. Dans les stades plus avancés, le mésoblaste se divise en lames so- matique et splanchnique distinctes, très minces l'une et l'autre ; mais les deux lames sont réunies par des tractus transversaux (fig. I8U). Deux cloi- sons longitudinales spéciales divisent la cavité générale en trois comparti- ments, un médian [me) contenant le mésenléron, et deux latéraux {le) con- tenant les cordons nerveux. Cette division de la cavité générale persiste, comme je l'ai montré ailleurs, chez l'adulte. Une division semblable se ren- contre chez quelques Cliétopodes comme le Pohjgordius. Je n'ai pas pu reconnaître une division du mésoblaste en somites, et je suis persuadé qu'il n'en est pas ainsi dans les stades quej'ai observés. La cavité générale se prolonge dans les membres comme chez les em- bryons des Myriapodes, des Araignées, etc. Dans le lobe procéphalique est une section bien développée de la cavité générale qui est située au-dessus et en avant du rudiment des ganglions sus- œsophagiens. Le tube digestif est formé d'un mésenléron (fig. 189), d'un stomoda^um et d'un proctodaium. La paroi du mésenléron est formée dans les stades que (I) Cette figure est empruntée à Moseley. Les invaginations épiblastiques sont repré- sentées très exactement, et quoiqu'il n'en fasse pas mention dans le texte du mémoire, Moseley me fait savoir qu'il a depuis longtemps reconnu les homologies de ces replis avec ceux de divers autres Trachéates. (*) sp.m, mésoblaste splanchnique. — x.m, nu''Soblaste somatique. — me, chambre médiane de la cavité générale. — le, chambrelatéralc. — i'.7i, cordon nerveux ventral. — m'/, mésenléron. PHOTOTRACHÉATES. 361 j'ai observés par une seule couche de cellules avec particules vitellines et en- toure une lumière sans vitellus. L'extension en avant du mésentéron est re- marquable. Le stomodaeum au premier stade est une simple fossette qui rejoint le mé- sentéron, mais ne s'ouvre pas dans sa cavité. Au stade postérieur, l'orifice externe de la fossette est compliqué par les formations déjà décrites. Le proc- lodœum est une fossette médiocrement profonde située près de l'extrémité postérieure du corps. L'existence d'un système trachéen (I) est en elle-même presque suffisante pour démontrer les affinités du Peripatus avec les Trachéates, malgré la pré- sence des nephridia. Les caractères embryologiques des lobes procéphaliqiies, des membres et des griffes mettent cette conclusion au-dessus de toute dis- cussion. Sile lecteur compare la figure du. Peripaiua avec celle d'un embryon de Scorpion (fig. 214 A} ou d'Araignée (fig. 2f8 C), ou mieux encore avec les figures données par Melschiiikoff (n° 399, pi. XXI, fig. 11) il pourra s'édifier sur ce point. Les homologies des appendices antérieurs ne sont pas très faciles à déterminer, mais comme il ne me paraît pas y avoir de faits suffisants pour prouver l'avortement d'aucun des appendices antérieurs, on peut provisoirement regarder les premiers appendices post-oraux entourés par les lèvres comme équivalents aux mandibules et les papilles orales à la première paire de mâchoires, etc. Moseley émet quelques doutes sur les homologies des appendices et hésite à considérer les pa- pilles orales comme équivalentes aux deuxièmes paires de mâchoires (parce qu'elles portent les orifices des glandes muqueuses qu'il com- pare aux glandes sétigères des Chenilles), ou aux griffes venimeuses (quatrième appendice post-oral) des Chilognates (à cause des glandes à venin qu'il considère comme pouvant être les homologues des glandes muqueuses). Les arguments en faveur de l'une ou de l'autre de ces vues ne me parais- sent pas concluants. Il y a chez les Trachéates des glandes qui s'ouvrent dans diverses paires d'appendices antérieurs telles que les glandes venimeuses dans les chélicères (mandibules) des Araignées et chez les Insectes ; il semble exister une glande appartenant à la première paire de mâchoires qui pour- rait être comparée à la glande muqueuse du Péripate. Pour les raisons déjà énoncées, je ne considère pas les processus des lobes céphaliques qui for- ment les lèvres comme une paire de véritables appendices. (396) H. N. Moseley. On thc Structure and Development oi Peripatus capensis. P/tU. Trahis. CLXIV, 1874. (I) Les spécimens montrant les trachées que je dois à Moseley d'avoir eu entre les mains suffisent pour ne laisser aucun doute dans mon esprit sur l'exactitude générale de sa description du système trachéen. 362 TRACHÉATES. MYRIAPODES (1). Cliilognathes. — Les premiers stades du développement des Chilo- gnaUies ont été observés par MetschnikofT et Stecker, mais leurs des- criptions sont si contradictoires qu'il est presque impossible de les concilier. D'après Metschnikoff qui a observé les quatre espèces suivantes : Slrongylosoma Guerinii^ Polydesmus cnmplanatus^ Polyxeniis lagurus et lulus Monelelei, la segmentation est d'abord régulière etcomplète, mais lorsque les segments sont encore assez gros, la segmentation régulière fait place à l'apparition à divers points de la surface de nombreuses petites cellules qui forment un blastoderme continu. Le blastoderme s'épaissit à la face ventrale et forme ainsi une pla- que ventrale (2). (1) I. Chilognathes (Millipèdes). II. Chilopodes (Centipèdes). (?) Les observations de Stecker (11° 400) ont été faites sur les œufs de Vlulus fascia- lus, de Vlulus- fœtidus, du Craspedosoma marmoraliim, du Pohjdesnws compkmatiis et du Strongylosoma pallipes et, quoique faites par la méthode des coupes, laissent encore quelques points très obscurs et ne me paraissent pas mériter beaucoup de confiance. Les deux espèces d'Iulus et le Craspedosoma ont, selon Stecker, un déve- loppement presque identique. L'œuf avant la segmentation est constitué par deux substances, une substance protoplasmique centrale et une substance deutoplastique périphérique. Il se divise d'abord eu deux segments égaux, et, en même temps, une partie du protoplasma central se porte à la surface comme deux segments fluides clairs. L'œuf se compose ainsi de deux segments vitellins et de deux segments proto- plasmiques. Puis les deux premiers se divisent en quatre et il se produit deux nou- veaux segments protoplasmiques. Les quatre segments protopiasmiques constituent alors le pôle animal ou supérieur de l'œuf et occupent la position de la future plaque ventrale. Les segments vitellins forment le pôle inférieur qui est cependant dorsal par rappoit au futur animal. Les segments protoplasmiques se luultiplient par division régulière et se disposent en trois rangées dont les deux externes s'étendent rapide- ment au-dessus des segments vitellins. Une vaste cavité de segmentation existe dans l'intérieur de l'œuf. Il paraîtrait, d'après la description de Stecker, que les segments vitellins (hypoblaste) s'invaginent ensuue régulièrement de façon à entourer une ca\ité gastrique ouverte à l'extérieur par un blasiopore; mais il est difficile de croire qu'une gastrula typique telle que celle représentée par Stecker ait réellement place dans le cycle du développe- ment des (.hilognathes. Le mésoblaste est dit dériver principalement de l'épiblaste. Ce feuillet dans la ré- gion de la future plaque ventrale se nduit à deux rangées de cellules dont l'interne par la division de ses éléments donne naissance au mésoblaste. Le développement du Polijdrsinus et du StroNijijlosuma ne diffère pas beaucoup de celui de Vlulm. Le protoplasma occupe dès l'abord une position superficielle au pôle supérieur. La seg- mentation commence au pôle inférieur où le vitellus nutritif est surtout présent ! La gastrula est semblable à celle de Vlulus. Le mésoblaste se forme chez le Polydesmus comme une couche de cellules séparée de l'épiblaste. mais chez le Stro)igijlosoma comme un produit des lèvres du blastopore. Stecker, malgré tout ce qu'if dit dans son mémoiie de l'origine épiblasti(iue du mésoblaste, conclut à la fin en disant que les deux feuillets germinalifs primaires ont part à la formation du mésoblaste qui ap- paraît par un proct .^sus de division cellulan-e endogène I On peut remarquer que la fermeture du blasiopore a lieu, d'après Stecker, du côté dorsal de l'embryon. MYRIAPODES. 363 Les sources de renseignements les plus importantes pour l'embryolo- gie générale des Chilognalhes sont les mémoires deNewporl (n° 397) et de Metschnikofï"(n° 39S). Le développement du Strovgylosoma peut être pris comme exemple typique pour le groupe; et l'exposé qui suit s'applique, à moins d'indication contraire, à l'espèce deStrongylosouia observée par MetschnikofF. Après la segmentation et la formation des feuillets, la première formation observable est un sillon transversal dans l'épaississement de l'épiblasle, à la face ventrale de l'embryon. Ce sillon se creuse rapide- ment et détermine une courbure ventrale de l'embryon (fig. 190 A, x) at fJ-^ pjo-. 190. — Trois stades du développement du Stronfjijlosoma Giierinii (d'après JletschnikotF) (*). qui apparaît beaucoup plus tard chez VIulus que chez le Strongylosoma et le Pulyxenus. Une paire d'appendices qui deviennent les antennes apparaît peu après la formation du sillon transversal, et les trois paires d'appendices suivantes se montrent bientôt successivement. Toutes ces parties se forment dans la portion repliée de l'épaississement ventral du blastoderme (fig. 190 B). L'épaississement ventral s'est creusé pendant ce temps d'un sillon longitudinal, mais il n'a pas été déterminé si ce sillon est en rapport avec la formation du système nerveux, ou s'il est équivalent au sillon mésoblastique des Insectes et en rapport avec la formation du mésoblaste. Peu après l'apparition des trois paires d'appendices postérieures aux antennes, il s'en ajoute deux nouvelles paires et en même temps se forment les invaginations orale et anale (fig. 190 G). En avant de l'orifice oral se développe une lèvre supérieure. La partie préorale de la plaque ventrale se développe en les lobes procéphaliques bilobés, dont l'épiblaste a principale- ment pour rôle de former les ganglions sus-œsophagiens. Le chan- gement le plus important qui a lieu ensuite est la segmentation du (*) A, embryon du onzième jour avec commencement de la flexion ventrale [x). — B, embryon avec trois paires d'appendices post-oraux. — C, embryon avec cinq paires d'appendices post-oraux. — ys, plaque ventrale. — at, antennes. — l-o, appendices post-oraux. — x, point de flexion de la plaque \entrale. 364 TRACHÉATES. corps de l'embryon (fig. 191 A), dont le trait le plus essentiel est la division du mésoblaste en somites. Les segments se forment succes- sivement d'avant en arrière et s'étendent bientôt à la région posté- rieure aux appendices. Avec Tapparition de la segmentation, les ap- pendices commencent à prendre leur forme permanente. Les deux paires antérieures d'appendices post-oraux deviennent les mâchoires et la partie de l'embryon qui les porte ainsi que les antennes se sépare du tronc pour former la tête. Les trois paires suivantes s'allongent et prennent une forme adaptée à la locomotion. En arrière des trois paires de membres existantes, s'en développent trois nouvelles paires dont tes deux antérieures a/ipartiennenf à un seul segment primitif. Pendant ces transformations des appendices, l'embryon subit une mue d'où résulte l'existence d'une membrane cuticulaire dans la membrane ovulaire unique (chorion de Metschnikoff). Sur cette cuticule se déve- -j^:$^ Fig. l'.ll. — Deux stades du développenu'iit du S//o>(r/(//o.<;o//((( Ciucrinii d'après Jletschiiikolf) (*). loppe une papille dentiforme dont le rôle est d'aider à l'éclosion de l'embryon (fig. 191 A). Chez le Folyxcnus il existe une membrane cuticulaire comme chez le Strongylosoma, mais elle ne porte pas de saillie deiiliforme. Dans la môme forme, des cellules amœboïdes se séparent de bonne heure du blastoderme. Ces cellules ont été comparées aux membranes embryonnaires des Insectes décrites plus loin. Chez l'iw/ws, il existe au moment de l'éclosion rfei<.r membranes cuticulaires,. l'interne est très développée et entoure l'embryon après l'éclosion. Après s'être débarrassé du chorion, l'embryon à'iulus y reste rattaché par une membrane sans structure qui est probablement l'externe des deux membranes cuticulaires. * A, embryon du dix-sopticnif jour déjn scgiiieiitd'. — B, embryon aussitôt après réclosioii. MYRIAPODES. 365 Lorsque l'embryon du Strongylosoma éclôt (fig. 1916), il paraît exister neuf segments post-céphaliques. Le second ne. semble pas (d'après la figure de MetschnikofT, 191 B) porter une paire d'appen- dices ; le troisième et le quatrième sont pourvus chacun d'une seule paire de membres fonctionnels; le cinquième porte deux paires de membres rudimentaires qui sont enveloppés dans un seul sac et non visibles sans préparation et par conséquent non représentés dans la figure. Le sixième segment a une seule paire d'appendices, mais il s'en développe plus tard une seconde (1). Vlulus, au moment où il quitte le chorion, est imparfaitement segmenté, mais est pourvu d'antennes, de mandibules et de mâchoires et de sept paires de membres dont les trois premières sont beaucoup plus développées que les autres. La segmentation s'établit bientôt nettement et la tête devient distincte du tronc ; chacun des trois segments antérieurs du tronc porte une seule paire de membres très visible (MetschnikofT) (2). Chacun des segments suivants portera deux paires d'appendices. Au moment où la cuticule embryon- naire interne est rejetée, la larve paraît être hexapode comme le jeune Stron'jylosoma, mais il y a en réalité quatre paires d'appendices rudimentaires en arrière des trois paires fonctionnelles. La dernière se montre seulement à la surface après la première mue post-embryonnaire. Le Pauropus (Lub- bock) est hexapode à l'état jeune. A la mue suivante il acquiert en plus deux paires d'appendices et une nouvelle paire apparaît dans la suite à chaque mue. Il paraît y avoir huit segments post- oraux chez Vlulus au moment de l'éclosion. D'après Newport, de nouveaux segments se forment pendant la vie post-embryonnaire, dérivant d'unblastème situé entre le pénultième et l'anté-pénultième anneaux. Ils apparaissent par groupes de six aux mues successives jusqu'à ce qu'ils aient atteint le nombre définitif. Un état hexapode fonctionnel mais non réel paraît être d'une manière générale caractéristique des Ghilognathes au mo- ment de l'éclosion. Le caractère anatomique le plus intéressant des Ghilognathes est le caractère de duplicité de leurs segments (les pattes à l'exception des trois ou quatre premières ou davantage), les systèmes circulatoire, respiratoire et nerveux montrent cette particularité. Les observations de Newport et de Metschnikoff n'ont pas jeté autant de lumière qu'on (1) Bien que la larve en apparence hexapode du Strongylosoma et d'autres Ghilo- gnathes ait une ressemblance frappante avec quelques larves d'insectes, il n'est pos- sible d'établir entre eux aucune comparaison réelle, même en admettant que les trois appendices fonctionnels sont homologues dans les deux groupes, parce que l'embryo- logie prouve clairement que l'insecte hexapode est dérivé d'un ancêtre à appendices nombreux par l'atrophie de ces appendices et non d'une forme larvaire hexapode avant le développement du nombre complet des appendices de l'adulte. (2) Newport dit cependant qu'il existe une paire de membres sur le premier, le second et le quatrième segments post-oraux, mais que le troisième segment est apode, et cela est sans aucun dout'^^ le cas de l'adulio. 366 TRACIIEATES. anrail pu l'espérer, sur la nature des segments doubles, mais il paraît probable qu'ils ne dérivent pas de la fusion de deux segments primi- tivement distincts, mais d'une division postérieure incomplète de chacun des segments primitifs en deux dont chacun acquiert une série complète d'organes. Chilopodes. — Jusqu'à présent on n'a étudié le développement que d'un seul type de Chilopodes, le Geop/nlus. La plupart des formes pon- dent leurs œufs, mais la Scolopendreestvivipare. La segmentation paraît ressemblera celle des Chilognalhes et, lorsqu'elle est achevée, il existe un blastoderme entourant une masse centrale de cellules vitellines. Le blastoderme s'épaissit bientôt dans la région ventrale. Il se divise en nombreux segments qui continuent à se former successivement aux dépens delà partie postérieure non segmentée. Les antennes sont Tes pre- miers appendices qui apparaissent et sont bien développées après l'ap- Fig-. 102. — Deux stades du développement du Geop/HÏw* (d'après MetscbnikofT) (*). parition des dix-huit premiers segments (fig. 192 A). Les appendices post-oraux se forment un peu plus tard et successivement d'avant en arrière. Comme l'embryon s'allonge et que de nouveaux segments continuent à se former, sa partie postérieure se recourbe vis-à-vis de la face ventrale de la partie antérieure et acquiert un aspect sembla- ble à celui de beaucoup d'embryons de Crustacés ((ig. 192 B). 11 se forme de ({uarante à cinquante segments pendant que l'embryon est encore dans l'œuf. Les appendices restent longtemps inarticulés. Le quatrième appendice post-oral qui devient le crochet venimeux se re- connaît de bonne heure à sa plus grande dimension ; il se forme sur le troisième anneau post-oral une épine temporaire destinée à crever la membrane de l'œuf. Il ne semble pas, d'après les figures que donne Mctsclinikoff du GeO' philus, qu'aucun des segments antérieurs soit dépourvu d'appendices, el (*) A. cml)ryon du div-scjiliénie jour déjii se'jiuenté. — B, eniljryoïi aussitôt après réclosion. MYRIAPODES. 367 il est très problable que Newport s'est trompé en supposant que l'embryon ;i un segment sans appendices en arrière de celui qui porte les crochets ve- nimeux et qu'il se fusionne avec celui-ci. 11 me paraît aussi assez douteu.v que la troisième paire d'appendices post-oraux, c'est-à-dire ceux situés en avant des crochets venimeux, puissent être considérés comme faisant partie de la plaque basilaire. La plaque basilaire est en réalité le segment des cro- chets venimeux et peut se fusionner plus ou moins complètement avec les segments situés en avant et en arrière de lui, et ce dernier ne porte quelque- fois pas une paire d'appendices {Lithobiiis, Scutigera). Le Géophile au moment de la naissance a une forme arrondie comme celle des Ghilognathes. Le jeune du Lithobius naît avec seulement six paires de membres. Observations générales sur les homologies des appendices des Myriapodes. La principale difficulté sous ce rapport est l'homologie de la troisième paire d'appendices post-oraux. Chez les Ghilognathes adultes, il existe en arrière des mandibules une plaque qnadrilobée qui est d'ordinaire regardée comme représentant deux paires d'appendices, c'est-à-dire la première et la seconde paire de mâchoires des Insectes. Les observations de Metschnikoff semblent cependant montrer que celle plaque ne représente qu'une seule paire d'appendices qui cori'es- pond évidemment à la première paire de mâchoires des Insectes. La paire d'appendices située immédiatement en arrière de cette plaque est ambula- toire mais tournée vers la tête ; elle est chez l'embryon la première des trois paires de pattes fonctionnelles avec lesquelles la larve est née. Est-elle équivalente à la seconde paire de mâchoires des Insectes, ou à la première paire de pattes de ces animaux? En faveur de la première opinion sont les faits : \° que chez les embryons des Insectes, la seconde paire de mâchoires ressemble quelquefois plus aux pattes que les mâchoires vraies, de sorte que l'on peut supposer que chez les Ghilognathes un état ambulatoire primitif de la troisième paire d'appendices a été conservé ; 2" que si l'on adoptait la seconde alternative, il faudrait supposer la disparition d'une paire d'appen- dices et que si les Insectes descendent de formes rattachées aux Myriapodes, il serait surprenant de trouver toujours chez les premiers une paire d'appen- dices absente chez les derniers. Les arguments que l'on peut faire valoir en faveur de l'opinion contraire ne me paraissent pas avoir beaucoup de valeur, de sorte que l'on peut admettre provisoirement l'homologie des appendices en question avec la seconde paire de mâchoires. La troisième paire d'appendices post-oraux des Chilopodes peut probable- ment aussi être considérée comme équivalente aux mâchoires, bien qu'elle ait la forme de pattes et ne soit pas rattachée à la tète. Le tableau suivant montre les homologies probables des appendices. 368 TRACnÉATES. SEGMENTS. CHILOGAATHES [StrotKiylosQina au moment de la naissance.) CHILOPODES [Scolopendra adulte.) Région préoralo. Antennes. Antennes. V segment piist-oral. Mandibules. Mandibules. '2'^ )' 11 Premières mâchoires (pla- que quadrilobée chez l'a- dulte, mais une seule paii'C d'appendices chez l'em- bryon). Premières mâchoires. Palpe et partie médiane bilobces. 'S' Probablement équivalent au segment qui porte la î' paire de mâchoires chez les Insectes. 1" paire de pattes ambula- toires. Appendices en forme de pattes avec parties basi- laires en contact. i" segment post-oral. (?) Apode. (brochets venimeux. 5' » » 2'' paire de pattes ambula- toires. I" paire do pattes ambula- toires. 6« 3« 2'' » >' » » 4* et ."»' » » (rudimentaires). :]« « » 8<' ;la 7*" paire se développe plus tard dans ce segment). 4*^ « » 0"^ Apode. [)" >' » 10« Dernier segment do l'em- bryon . (i* » » Les feuillets germinatifs et la formation des organes. Le développement des organes et l'origine des feuillets germinatifs chez les Myriapodes sont imparfaitement connus : les Myriapodes paraissent cepen- dant être très semblables aux Insecles dans cette partie de leur développement et la question générale des feuillets sera traitée plus complètement à propos de ce groupe. INSECTES. * 369 La plus grande partie du blastoderme donne naissance à l'épiblaste qui fournit la peau, le système nerveux, le système trachéen, le stomodaeum et le proctodœum. Le mésoblaste apparaît en rapport avec l'épaississement ventral du blas- toderme, mais les détails de sa formation ne sont pas connus. Metsch- nikoff décrit un sillon longitudinal qui apparaît de très bonne heure chez le Strongylosoma et qui est peut-être équivalent au sillon mésoblastique des In- sectes et ainsi en rapport avec la formation du mésoblaste. Le mésoblaste se divise en une série de corps en forme de protovertèbres, les somites mésoblastiques, dont les cavités forment la cavité générale et les parois, les muscles et probablement le cœur. Ils se prolongent (Metschnikoff) dans les pattes, mais les prolongements se séparent plus tard des masses principales. Le mésoblaste splanchniqiie se forme, d'après Metschnikoff, indépendamment des somites, mais ce point demande de nouvelles observa- tions. L'origine de Thypoblaste reste incertaine, mais il est probable qu'il dérive en grande partie au moins des segments vitellins. Chez les Chilognathes, le mésentéron se forme dans l'intérieur de la masse des segments vitellins de sorte que les segments vitellins qui ne prennent pas part à la formation du tube digestif, sont libres dans la cavité générale. Les Chilopodes contrastent fortement avec les Chilognathes pour les relations des segments vitellins avec le tube digestif, puisque la plus grande partie du vitellus est chez eux contenue dans le mésentéron. Le mésentéron est d'abord un sac clos, mais il finit par entrer en communication avec le stomodaeum et le proctodieum. Les tubes de Malpighi sont des diverticules de l'extrémité aveugle du dernier. (397) G. Newport. On the Organs of Reproduction and Development of the Myriapoda. (Philosophical Transactions, 1841.) (398) E. Metschnikoff. Embryologie der doppeltfussigen Myriapoden (Gliilognatha). (Zeit. f. wiss. ZooL, XXIV. 1875). (399) E. Metschmkoff. Embryologisclies ûbei- Geophilus {Zeit. f. wiss. ZooL, XXV. 1875). (400) Anton SxEcivEn. Die Anlage d. Keimblatter bel den Diplopoden (Archiv f. mil:. Anatomie, XIV. 1877.) INSECTES (1). La formation des feuillets embryonnaires chez les Insectes n'a pas (1) . . (1. Collembola. 1. Aptères | 2. 'fhysanoures. , . î 10. 0. vrais (Blatta, Locicsta, etc.). 11. Urthopteres... ^20. 0. pseudonévroptères (Termes, Ephemera, Libellula). i 1. H. hétéroplères [Ciniex, Notonecta, etc.). III. Hémiptères 2. H. liomoptères [Aplds, Cicada, etc.). ' 3. H. parasites (Pediculus, etc.). ( 1. D. vrais (Musca, Tipula, etc.). IV. Diptères | 2. D. aphaniptères (Pu/ex, etc.). ( 3. D. piipiparcs [Braiibi, etc.). V MévrontèrPS ^ 1. N. planipennes (A///rme/eo?i, etc.). V. .NevropLeres... ^ .^ ^^ trichoptères {Phnjganea, etc.). VI. Coléoptères. Balfour. — Embryologie. 24 370 TRACHÉATES. été suivie en détail dans un grand nombre de types (1) ; mais, comme dans tant d'autres cas, quelques-unes des études les plus complètes que nous possédions sont dues à Kowalevsky (n° i\Q>). Le développe- ment de l'Hydrophile a été observé par lui plus complètement qu'au- cune autre forme et servira de type de comparaison avec les autres formes . La segmentation n'a pas été suivie, mais appartient sans aucun doute au type centrolécithe (Voy. p.9!»-108). Lorsqu'elle est terminée, il existe une couche cellulaire uniforme entourant une masse vitelline centrale. Ces cellules, dans le premier stade observé, étaient plates du cùlé dorsal, mais columnaires sur une partie de la surface ventrale de l'œuf où elles forment un épaississement que l'on peut appeler pl;i(/ue rentruJc. A la partie postérieure de la plaque ventrale appa- raissent deux plis séparés par un sillon. Ils forment un organe au- quel on peut donner le nom de ijoutticvc r/crniinative (fig. 193, A, gg). Les cellules qui forment le plancher de la gouttière sont beaucoup plus allongées que celles des autres parties du blastoderme (fig. ll)i,A). Les deux plis qui la limitent se rapprochent peu à peu d'abord à l'ex- Irémité postérieure, puis dans la région médiane, d'où le rapproche- ment s'étend graduellement en arrière et en avant (lîg. 193, B et C\ VII. Lépidoptères. ( 1. H. aculéés {Apî5,B. Tout le corps de l'embryon est formé par la plaque ventrale et ne comprend aucune partie de l'amnios ou de l'enveloppe séreuse. L'histoire générale des stades suivants peut se résumer brièvement. Les appendices apparaissent comme de très petits rudiments à la fin du dernier stade, mais deviennent bientôt beaucoup plus saillants (fig. 197, A). Ils sont formés par des prolongements des deux feuillets et apparaissentapeupressimultanement.il y en a en tout huit paires d'appendices. Les appendices antérieurs ou antennes (at) naissent des lobes procéphaliques et les autres appendices des segments suivants. La der- nière paire d'appendices embryonnaires qui dispa- raît de très bonne heure se forme en arrière de la troisième paire des futurs membres thoraciques. Des invaginations épiblastiques paires qui se montrent comme des fossettes dans les segments postérieurs dans la fig. 107, A, donnent naissance aux trachées. Le système nerveux est formé par deux épaississements latéraux de l'épi- blaste, un de chaque côté de la ligne médiane ventrale. Ces épaississements finissent par se séparer de la peau qui, entre eux, s'invagine sur la ligne mé- diane (fig. 206, G). Les deux bandes nerveuses sont en avant en continuité avec les ganglions sus-œsophagiens qui sont formés par l'épiblaste des lobes procéphaliques. Ces plaques s'étendent peu à peu autour du côté dorsal de l'embryon et immédiate- ment en arrière d'elles apparaît une invagination buccale en avant de la- quelle se développe une lèvre inférieure (fig. ]dl,ls). Un proctodœum se forme à l'extrémité postérieure du corps un peu plus tard que le stomodeeum. Les cellules mésoblastiques se divisent •;. 197. — Deux stades du développement de y Uyilrophilus piceus (emprunté à Ge- genbaur, d'après Kowalevsky) (**). C) pc.l, lobe procéphalique. ('*) /, labre. — at, antenne. — md, mandibule. — ))(./', màelioire de la prcniieie pair mâchoire de la deuxième paire. — p'tP'iP", pattes. — • a, anus. 374 TllACIlÉATES. en deux bandes, une de chaque côté de la ligne médiane (fig. 206, A) el se clivent en lames somatique et splanchnique. La masse vitelline cen- trale ver? le stade représenté dans la figure 196 commence à se frag- menter en sphères viteilines. L'hypoblaste se forme d'abord du côté ventral à la jonction du mésoblaste et du vitellus et s'étend peu à peu pour former un mésentéron en forme de sac enveloppant le vitellus (fig. 202, al). L"amnios et la membrane séreuse conservent quelque temps leur constitution primitive mais deviennent peu à peu plus minces à la face ventrale où elles paraissent finir par se rompre. La plus grande partie en disparaît, mais l'enveloppe séreuse joue dans la fermeture des parois dorsales un rôle qui n'est pas encore bien connu. Il est décrit à la page 379. Les lames mésoblastiques forment le cœur au point où elles se rejoignent sur la ligne médiane dorsale (fig. 20:2, C. //t). Le mésoblaste somatique donne naissance aux muscles et au tissu conjonctif, et le mésoblaste splanchnique à la partie mus- culaire de la paroi du tube digestif qui accompagne l'hypoblaste dans son développement autour du vitellus. Le proctodœum forme le rec- tum et les tubes de Malpighi (L), et le stomodccum, l'œsophage et le proventicule. Les deux portions épiblastiques du tube digestif finissent par entrer en communication avec le mésentéron. Le développement de l'Hydrophile est un bon type du développe- ment des Insectes en général, mais il est nécessaire de suivre avec un peu plus de détails l'histoire comparative des différentes parties qui ont été brièvement décrites pour ce type. Les membranes embryonnaires et la formation des feuillets. Tuus les Insectes ont à la fin de la segmentation un blastoderme formé d'une seule couche de cellules entourant une masse vitelline centrale (jui d'ordinaire contient des noyaux, et chez les Podurides se divise dans la segmentation ordinaire en cellules viteilines distinctes. La première formation définie est un épaississement du blastoderme qui constitue une plaque ventrale. La plaque ventrale occupe des situations très différentes par rapport au vitellus dans les diflorents types.'Chez la plupart des Diptères, des Hyménop- tères et (?) des Névroptères (Phnjgaiiea) elle forme d'abord un épaississement qui occupe presque toute la surface ventrale de l'œuf et dans un grand nom- bre de cas s'étend par son accroissement postérieur non seulement sur toute la face ventrale mais sur une partie considérable de la face dorsale en apparence {Chhononats, Sinmlia, Gryllotalpa, etc.). Cliez les Coléoptères, autant qu'on la connaît, elle commence par un épaississement moins étendu ou de la partie centrale [bunacia) ou de la partie postérieure {Eydrophilus) (1) C(3 fait ii"a pas été démontré iiour l'IIydropliile. INSECTES. 375 de la face ventrale et s'clend peu à peu dans les deux directions gagnant la face dorsale en arrière. Membranes embryonnaires. — Dans la plupart des Insectes, il se dé- veloppe des enveloppes embryonnaires comme celles de l'Hydro- pliile. Le mode typique de formation de ces membranes est représenté dia- grammaticalement dans la figure 19S, A et.B. Un repli du blastoderme Fig. 198. — Coupes diagraniraatiques longitudinales d'un embryon dlnsectc a deux stades différents pour montrer le développement des enveloppes embryonnaires (*). apparaît autour du bord de la plaque ventrale, ce repli, comme le repli amniotique des Vertébrés supérieurs est formé de deux lames, une externe, la membrane séreuse et une interne, le véritable amnios {am). Les deuxlames s'étendent de façon à recouvrir la plaque ventrale et enfin se rejoignent et entrent en coalescence de sorte que la plaque ventrale est recouverte d'une double membrane. En même temps (fig. 198, B) le point d'où naît le repli est reporté vers le dos par l'extension dorsale des bords de la plaque ventrale qui donnent nais- sance au tégument dorsal {d. i). Ce processus continue jusqu'à ce que la face dorsale tout entière soit recouverte par le tégument. L'amnios se sépare alors du tégument dorsal;, et l'embryon est enveloppé de deux membranes, une interne, l'amnios, et une externe, la membrane séreuse. Dans la figure 198, B, l'embryon est représenté au stade qui précède immédiatement la fermeture de la face dor- sale. Après l'aciièvement de ces transformations, l'amnios et la membrane {*) En A, les replis amniotiques ne se sont pas complètement rencontrés de façon à recouvrir In plaque ventrale. Le vitcllus est représenté comme divisé en cellules vitoliincs. En B, les côtés de la plaque ventrale se sont étendus de façon à compléter presque entièrement le tégument dorsal. Le mésentéron est représenté comme un sac clos rempli de cellules vitellines. — am. amnios. — se, enveloppe sé- reuse. — vp, plaque ventrale. — d.i, tégument dorsal. — • me, mésentéron. — st. stomodseum. — ani, proctodœum. )76 TRACIÏÉATES. séreuse sont l'un et l'autre très minces et difficiles à séparer. L'am- nios paraît être résorbé d'ordinaire avant l'éclosion; mais à l'éclosion les deux membranes, si elles existent, sont ou résorbées ou déchirées et rejetées. Ce mode de développement des enveloppes embryonnaires a été surtout établi par les recherches de KoAvaJevsky (n" 416) et de Graber (n° 412) pour divers Hyménoptères (Apis), Diptères [Chironomus], Lépidoptères et Coléop- tères [Melolontlia, Linn). On connaît des variations considérables dans le développement des mem- branes d'enveloppe. Lorsque le repli qui donne naissance aux membranes vient de se former, il y a, comme on le voit dans la figure 198, A, une communication parfaite- ment libre par laquelle le vitellus peut passer entre l'amnios et la membrane séreuse. Un tel passage du vitellus entre les deux membranes a lieu chez l'Hydrophile et la Donacia : chez les Lépidoptères, le vitellus s'introduit par- tout entre les membranes, de sorte que dans cette foi^me la plaque ventrale est dès l'abord enfouie dans le vitellus et enfin, lorsque le tégument dorsal est refermé, l'embryon est enfermé dans une enve- loppe complète de vitellus situé entre l'amnios et la membrane séreuse. Pendant la formation du tégument dorsal le sac vi- tellin externe communique par un canal ombilical à situation dorsale avec la cavité vîtellîne située à l'intérieur du corps. Après la rupture de l'amnios, l'embryon se nourrit aux dé- pens du vitellus contenu dans le sac vitellin externe. Chez les Hémiptères et les Libellulides, la plaque ven- trale est aussi enfouie dans le vitellus, mais d'une manière un peu différente de celle des Lépidoptères qui ressemble davantage à une exagération de ce qui a lieu chez l'Hydro- phile. Chez les Libellulides [Caloptcryx) il se forme d'abord (Brandt, n° 403) un pe- tit épaississement ventral et postérieur du blastoderme peu étendu (fig. 190, A). La partie postérieure de cet épaississement se replie de façon à faire dans l'intérieur du vitellus une saillie (fig. 190, H) qui consiste en deux lames, une (*) L'embryon «.'St rcprésenlii lUnis la coiiiii' do l'œuf. — A, embryon avec plai|ue \eiitr:ile. B, commencement dr l'involution de lu phuiue ventrale. C, involiifion de la plaque ventrale achevée. — ;n-, pluquo ventrale, — fj, bord de la plaque ventiale. — (!»i, ainnios. — su. enveloppe .séreuse. embryon INSECTES. 377 antérieureet une postérieure, continues au sommet de l'invagination. Laforma- tioiT tout entière qui est complètement plongée dans le vitellus augmente rapi- dement de longueur et se dirige vers l'extrémité antérieure de l'œuf (fig. i 99, C). La lame antérieure reste épaisse et donne naissance à la plaque ventrale (jis), la postérieure («m), au contraire, devient très mince et forme une enveloppe cor- respondant à l'amnios des types ordinaires. Le reste du blastoderme enve- loppant le vilelkis (se) forme l'homologue de la membrane séreuse des autres types. La face ventrale de la plaque ventrale est tournée du côté dorsal, si l'on conserve la nomenclature employée dans les cas ordinaires, et l'extré- mité céphalique est située au point d'origine des replis. L'histoire ultérieure du développement présente encore quelques particu- larités. L'amnios est d'abord (fig. 199, C) en continuité avec l'enveloppe sé- reuse seulement du côté pos- térieur de sorte que l'enveloppe séreuse ne forme pas un sac continu, mais a un orifice près de la tête de l'embryon. Chez les Hémiptères parasites cet orifice i^Melnikow, n° 422) reste permanent et permet à l'em- bryon de se retourner après qu'il a atteint un certain stade du développement de sorte que le vitellus enfermé dans l'en- veloppe continue formée par l'amnios et l'enveloppe séreuse constitue un sac vitellin à la face dorsale. Chez les Libellu- lides cependant et la plupart des Hémiptères, la soudure des deux parties de la membrane séreuse a lieu de la manière ordinaire de façon à la trans- former en un sac complète- ment clos (fig. 200, A). Après la formation des appendices, une fusion a lieu entre l'amnios et l'enveloppe sé- reuse sur un espace étroit près de la tète de l'embryon. Au milieu de cette aire s'effectue une rupture et la tête de l'embryon puis le corps sortent peu à peu par le passage ainsi formé (fig. 200, B et C). L'embryon subit dans ce phénomène une rotation complète et est rétabli.dans une position identique par rapport à la coque de l'œuf, à celle des embryons des autres ordres d'In- sectes (fig. 200, C). Comme les enveloppes embryonnaires se rompent au point où elles se sont soudées en une seule, le vitellus ne s'échappe pas, dans le cours du proces- Fig. 200. — Trois stades du développement du Calopteryj. (d'après Brandt) (*). (*) L'embryon est représenté dans la coque de l'œuf. — B et C, montrent le retournement do l'em- bryon. — .se, enveloppe séreuse. — am. amnios. — ab, abdomen. — v, extrémité antérieure de la tête. — at, antennes. — md, mandibule. — mx^, mâchoire de la première paire. — inx^, mâchoire de la deuxième paire. — p'—p^, les trois paires de pattes. — œ, œsophage. 378 TRACnÉATES. sus qui vient d'ùlre décrit, mais est report; à la face dorsale de l'embryon dans une sorte de sac vitellin formé des restes de l'amnios et de l'enveloppe séreuse. Les parois du sac vitellin ou pren- nent part à la formation des parois dorsales du corps, ou plus probablement sont ré- tractées dans l'intérieur du corps et enfermées parles pa- rois dorsales développées aux dépens du bord de la plaque ventrale. Chez l'Hydrophile et pi'oba- blenient aussi chez les Phry. ganides il y a dans la ferme- ture de la face dorsale cer- taines particularités remar quables. Les observations les plus complètes à ce sujet ont été faites par Kowalevsky (n° 41 G), mais Dohrn Fig. 201. — Trois stades larvaires de l'Hydrophile, vus p.ir la face dorsale, montrant le recouvrement graduel de la face dorsale et la formation de l'organe dorsal particu- lier {dn) (d'après Kowalevsky) (*). Fig. :;02. — Trois coupes transversales d'embryons avancés d'Hydrophile (* (n° 408) a, avec quelque probabilité, émis des doutes sur les interprétations (*) f/o, organe iloj-sal. — al, antennes. (**) A, coupe de la partie postérieure du corps au môme âge fpic dans la figure 197, A. — B, coupe do l'embryon au même âge que la (igurc 197, C. — C, coupe d'un embryon un peu plus avancé. — rfo, plaque dorsale. — un, chaîne nerveuse ventrale. — al, méscntéron. — hl , cœur. Les grands espaces vides latéraux sont des parties de la cavité générale. INSECTES. 379 de ce savant. D'après Dolirn, la partie de l'enveloppe séreuse qui couvre la face dorsale s'épaissit et donne naissance h une plaque dorsale parti- culière qui est représentée vue de face dans la figure 201, A, do. et en coupe dans la figure 202, A, do. Les parties ventrales de l'amnios et de la mem- brane séreuse ont été rompues ou ont disparu. Pendant que la plaque dorsale se forme le mésoblaste et un peu plus tard les parties latérales de l'épiblaste de la plaque ventrale s'étendent peu à peu vers le côté dorsal et entourent la plaque dorsale dont la paroi paraît s'être repliée de façon à former d'abord une gouttière, puis un canal. Les stades de ce développement sont représentés vus de face dans les figures 201, B et C, et en coupe dans la figure 202, B, do. Le canal est plongé dans la partie dorsale du vitellus, mais pendant quelque temps, il reste ouvert par un orifice arrondi en avant (fig. 201, C). La formation tout entière est appelée canal dorsal. Elle paraît s'atrophier sans laisser de traces. Le cœur, lorsqu'il est formé, est situé immé- diatement au-dessus d'elle (i). Chez les Podurides, les membranes embryonnaires paraissent être au moins imparfaites. Metschnikoff dit dans son mémoire sur le Géophile que chez quelques Fourmis on ne trouve pas de véritables membranes embryon- naires, mais seulement des cellules éparses qui tiennent leur place. Chez les Tchneumonides, l'existence de deux membranes embryonnaires est très dou- teuse (2). Formation des feuillets embryonnaires. — La formation des feuillets a été étudiée sur des coupes pa^Ko^valevsky (n" 416). Hatschek (n° 414), et Graber (n° 412), etc. D'après leurs recherches, il paraîtrait que la formation du mésoblaste a toujours lieu d'une manière très semblable à celle de l'Hydrophile. Les caractères essentiels du processus semblent être (fig. 194 et 195) qu'il se forme sur la ligne médiane de la plaque ventrale une gouttière et que les côtés de cette gouttière en se refer- mant simplement comme les parois de la gouttière médullaire des Vertébrés convertisssent la gouttière en un tube qui bientôt devient solide et forme une masse ou une plaque de cellules situées en de- dans de l'épiblaste ; ou que les cellules de chaque côté de la gout- tière s'étendent au-dessus d'elle et se rejoignent sur la ligne médiane formant une couche située en dehors des cellules qui tapissaient la gouttière. Le premier de ces processus est le plus ordinaire, et chez les Muscides les dimensions de la gouttière sont très considérables (Graber, n° 4H). Dans les deux cas, le processus est fondamentalement le même et détermine la division de la plaque ventrale en deux (1) D"après Kowalevsky, Tliistoire de la plaque dorsale est un peu différente. Il croit qu'après la résorption de l'amnios, la plaque ventrale s'unit avec la membrane séreuse et que la dernière donne directement naissance aux téguments doi'saux, tandis que la partie épaissie s'invagine pour former le tube dorsal déjà décrit. (2) Chez les Cynipides [Rhoditex, Biorhiza), le repli amniotique est foi'mé d'une seule couche de cellules et il n'existe par conséquent pas d'enveloppe séreuse; com- plètement formé l'amnios est excessivement mince dans toute son étendue excepté dans la région céphalique où il est épaissi (Weissmann, loc. cit.). [Trud.) 380 TRACHEATES. feuillets (1). Le feuillet externe ou épiblaste est une lame uniforme^ formant la partie principale de la plaque ventrale (fig. lOo, B, ep). 11 est en conlinuitc à son bord avec l'amnios. La couche interne ou mé- soblaste constitue une plaque indépendante de cellules situées en de- dans de l'épiblaste (fig. 195, B, me). Le mésoblaste se divise bientôt en deux bandes latérales (2). L'origine de l'hypoblaste est encore en discussion. On se souvient (Voy. pp. 103, 104) qu'après la segmentation il reste, dans le vitellus un certain nombre de noyaux et qu'une segmentation secondaire du vi- tellus finit par avoir lieu autour de ces noyaux et donne naissance à une masse de cellules vitellines qui remplissent l'intérieur de l'em- bryon. Les figures 196 et 208 représentent ces cellules d'une manière diagrammatique et il est probable qu'elles constituent l'hypoblaste véritable. La suite de leur histoire est donnée plus loin (3). Formation des organes et leurs relations avec les feuillets germinatifs. Les segments et les appendices. — Un des premiers phénomènes du développement est l'apparition de lignes transver- sales indiquant la division en segments (fig. 203). Les lignes transversales semblent être détermi- nées par des sillons superficiels peu profonds, et aussi dans un grand nombre de cas, par la divi- sion des bandes mésoblastiques en somites sépa- rés. La ligne la plus antérieure limite un segment préoral qui bientôt donne naissance à deux ailes latérales, les lobes procéphaliques. Les autres seg- ments sont d'abord à peu près uniformes. Leur nombre ne paraît cependant pas être très constant. Dans l'état actuel de nos connaissances, ils ne dé- passent jamais dix-sept, et ce nombre est probable- ment le nombre typique (fig. 20') et 201). i?-. 20S. — l-niiii-yon d'/Iydrop/iilus pi- reiis, vu |).-ii' l:i iiioc v(!iitralL' (d'api'èsKo- wak-vskv) (*). Chez les Diptères leur nombre semble être d'ordinaire de quinze, bien qu'il puisse être de quatorze seulement. Chez les Lépidoptères (1) Ticliomirotr (ii" 450) nie l'existence d'une véritable invagination pour former le mésoblaste et alllrnie également que des cclhihjs mésoblastiques peuvent se séparer de l'épiblaste sur d'autres ])oints que la ligne médiane ventrale. ^(2) La plaque ventrale se replie chez le Rhoiiites en une gouttière transversale qui d'après ^Vcissmann serait l'iioniologue de la gouttière longitudinale des autres Lisectes. Cependant (îlle disparaît bientôt sans paraître prendre aucune part à la formation du mésoblaste. Ce feuillet dérive au contraire, au moins en partie, des cellules vitellines, spécialement de celles situées dans la région antérieure du coriis [Trud.]. (3) Voy. la note de la page 370. (')pc.l, lobe i)roc(;i)liaIi(iuo. INSECTES. 381 €t chez l'Abeille il paraît y avoir seize segments. Ces variations et d'autres n'affectent que le nombre des segments qui forment l'abdomen de l'adulte. Les appendices apparaissent comme des expansions en forme de poches de l'épiblaste et du méso- blaste, leur nombre et l'ordre de leur apparition sont sujets à des variations considérables dont la signification n'est pas encore expliquée. En règle générale, ils apparaissent après la segmentation des parties du corps auxquelles ils appartiennent. Il se forme toujours une paire d'appendi- ces qui naissent des lobes latéraux de la région procéphalique, ou de la li- mite entre ces lobes et la partie mé- diane ventrale de la même région ; ces appendices sont les antennes. Elles ont chez l'embryon une situation net- tement ventrale comparativement à celle qu'elles occupent chez l'adulte. Dans la partie médiane ventrale de la région procéphalique apparaît le labre (fig. 204, /s). Il est formé par la coalescence d'une paire de proéminences très semblables à de véritables appendices, mais il est probable qu'elles n'ont point cette valeur (1). Les antennes elles-mêmes peuvent difficilement être considérées comme ayant la même valeur morphologique que les appendices sui- vants. Elles sont plutôt équivalentes aux processus pairs des lobes préoraux des Chétopodes. Des trois premiers segments post-oraux naissent les mandibules et les deux paires de mâchoires et des trois segments suivants, les trois paires d'appendices thoraciques. Dans un grand nombre d'Insectes (cf. Hydvophilus) un certain nombre d'appendices de la même nature que les antérieurs se montrent sur les segments abdominaux de l'em- (1) Si ces formations sont équivalentes à des appendices, elles peuvent correspondre à l'une des paires d'antennes des Crustacés. D'après une figure donnée par Fritz Mûller de la larve de Calotermes [Jenuische Zeitschrift XI, pi. II, fig. 12), il paraîtrait qu'elles sont situées en avant des vraies antennes et correspondraient par conséquent dans cette hypothèse à la première paire d'antennes des Crustacés. Dûtsclili (n° 405) décrit dans V Abeille une paire de proéminences situées en avant des mandibules qui finissent par se réunir pour former une sorte de sous-lèvre ; elles ressemblent jusqu'à un certain point à de véritables appendices. Fig. 204. — Deux stades du développement de VHi/drophilus piceus (emprunté à Ge- genbaur, d'après Kowalevsky) (*). (') /.ç, lalire. — at, antenne. — md, mandibule. — mx, niàc'ioire de la première paire. — /;, mâ- choire de la deuxième paire. — p',/<",p"', pattes. — a, anus. 382 TRACHEATES. bryon, fait qui montre que les Insectes sont descendus d'ancêtres qui possédaient plus de trois paires d'appendices ambulatoires. Chez l'Abeille, d'après Bûtschli (n"40o), tous les segments abdominaux sont pourvus d'appendices qui restent toujours à un état très rudimentaire. Au moment de l'éclosion il n'en reste pas de trace non plus que des appendices Ihoraciques. Ctiez les Hyménoptères phytophages, la larve est pourvue de neuf à onze paires de pattes. Chez l'embryon des Lépidoptères, il paraîtrait, d'après les figures de Ko- walevsky, y avoir des rudiments de dix paires d'appendices post-thoraciques. Chez Jes chenilles de ce groupe, il y a au plus cinq paires de pieds rudimen- laires de ce genre (fausses pattes) savoir : une paire sur les 3% 4% 5* et 6' et sur le dernier anneau abdominal. Les embryons de l'Hydrophile (fig. 191), de la Mante, etc., sont aussi pourvus d'appendices additionnels. Chez divers. Thysanoures il existe sur un plus ou moins grand nombre de segments abdo- minaux (fig. 2 Ml), des proéminences que l'on peut regarder probablement comme des pieds rudimentaires. 11 est très douteux que tout ou partie des appendices Je diverses formes en rapport avec les derniers segments de l'abdomen appartiennent à la même catégorie que les pattes. Leur absence ordinaire dans l'embryon ou tout au moins leur apparition tardive me paraît s'opposer à ce qu'on les regarde comme tels ; mais lUilschli pense que chez l'Abeille les parties de l'aiguillon sont en rapport génétique avec les appendices du pénultième et de l'anlépéimltième segmenta abdominaux, et cette vue est jusqu'à un certain point appuyée par les observations plus récentes (Kra-pelin, etc.), et si cette opinion est vraie pour l'Abeille, il faut la considérer comme exacte également pour les autres cas. Quant à l'ordre d'appurilion des appendices, les observations sont encore trop rares pour permeltre d'établir aucune généralisation. Dans un grand nond)re de cas. Ions les appendices apparaissent à peu près au même moment, par exemple chez l'Hydrophile, mais il n'est pas certain que cela soit vrai pour tous les Coléoptères. Chez l'Abeille, selon Biilschli, les appendices appa- raissent simultanément, mais d'après Kowalevsky, les appendices buccaux ap- paraissent d'abord, puis les antennes, et plus tard les appendices tiioraciques. Chezles Diptères les appendices buccaux se forment d'abord et simultanément avec eux, ou un peu plus tard, les antennes. Cliez les Hémiptères et les Libellulides, les appendices thoraciques sont les premiers à se former et la seconde paire de mâchoires fait son apparition avant les autres appendices céphalitjues. L'Iiistoirc des transformations des appendices embryonnaires pendant le passage à l'èlat adulte est en dehors du cadre de ce traité, mais il est à noter que les màciioires delà deuxième paire sont relativement très grandes chez l'embryon et qu'il n'est pas rare {Lihellula, etc.) qu'elles ressemblent plus aux appendices ambulatoires qu'aux appendices masticateurs. La nature exacte dos ailes el leurs rapports avec les autres segments est encore très obscure. Kilos apparaissent comme des appendices dorsaux fo- liacés sur le second et le troisième segments thoraciques et sont sous beau- coup de rapport semblables aux branchies trachéennes des larves d'Ephé- INSECTES. 383 mérides et de Phrygaiiides (fig. 20o, A) dont Gegenbaur et Lubbock les suppo- sent être des modifications. Le caractère incontestablement secondaire du système tracliéen clos des larves à branchies tracliéen- nes s'élève contre celle vue (i). Frilz Millier trouve que chez les larves du Calo- termes rugosus , espèce de Termite, des appendices dor- saux particuliers semblables existent sur les deux seg- ments thoraciques anté- rieurs. Ils sont dépourvus de trachées. L'antérieur s'atro- phie et le postérieur acquiert des trachées et donne nais- sance à la première paire d'ailes. La seconde paire d'ailes est formée de petits prolongements du troisième segment thoracique comme ceux des deux autres seg- ments. Frilz Millier conclut de ces faits que les ailes des Insectes dérivent de prolon- gements dorsaux du corps fi non équivalents aux appen- dices ventraux. On ne voit pas bien quelle était la fonction primitive de ces appendices. Fritz Miiller suggère qu'ils peuvent avoir servi d'organes respiratoires pendant le pas- sage d'une existence aquatique à une existence terrestre lorsque les ancêtres des Termites vivaient dans des habitations humides, fonction pour laquelle seraient bien constitués des appendices creusés de canaux sanguins. L'affinité incontestable des Insectes et des Myriapodes jointe à la découverte du sys- tème trachéen du Peripatus par Moseley est cependant presque fatale à la vue qui fait dériver directement les Insectes d'ancêtres aquatiques non pour- vus de trachées. Mais bien que cette suggestion de Frilz Millier ne puisse iî? \) — Organes de la respiration aquatique des In- sectes (emprunté à Gegenbaur) (*). (1) La présence chez quelques larves d'Éphémérides de branchies trachéennes in- sérées sur la base des niâciioires de la première paire [Oligoneuria) et des pattes de la première paire [Jolin) [*} et par conséquent ventrales, me paraît être aussi une objec- tion considérable contre i'homologie proposée par Gegenbaur et Lubbock {Tvad.). (*) A.Vaïssière. Recherches sur l'organisation des larves des Ephéméridcs [Ann.des Se. iiat., 6' sér., XIU, IS82).' (*) A, partie postérieure du corps de la larve d'Ephemera vulgata. — a, troncs trachéens longitu- dinaux. — 6, tube digestif. — c, branchies trachéennes. — d, appendices plumeux de la queue. — B, larve A\Eschna graudis. — a, troncs trachéens longitudinaux supérieurs. — b, leur extrémité antérieure. — c, portion postérieure se ramifiant sur le proctodaeum. — o, yeux. C, tube digestif de la même larve, vu de profil. — a, 6 et c, comme en B. — d, tronc trachéen inférieur. — c, anastomoses transversales entre les troncs trachéens supérieur et inférieur. 384 ' TRACIIÉATES. être acceptée, il est encore possible que les processus découverts par lui, aient été l'es premiers rudimeiils des ailes, qui servaient d'abord d'organes de pro- pulsion pour un ancêtre aquatique des Insectes qui ne possédait pas encore la faculté de voler. Le système nerveux. — Le système nerveux dérive entièrement de l'épiblasle; mais il faut considérer séparément le développement des régions pré-orale et post-orale. La portion post-orale, c'est-à-dire la chaîne ventrale de l'adulte, apparaît sous la forme de deux épaississements longitudinaux de l'épi- blasle, un de chaque côté de la ligne médiane (fig. 206, B, vn) qui plus tard se séparent de la couche superficielle tégumentaire et de- viennent les deux moitiés longitudinales de la chaîne ventrale. Elles ne se difîérencient qu'à une période assez avancée en ganglions et con- nectifs. Entre ces deux cordons nerveux embryonnaires, il y a d'abord un léger sillon qui bientôt devient une gouttière profonde (fig. 206, C). A ce stade a lieu la dilVérencialion des éléments latéraux en ganglions et connectifs, et d'après Hatschek (n° 414), la gouttière médiane se transforme au niveau des o-an-lions en un canal dont les parois se fusionnent bientôt avecles épaissis- sements ganglionnaires des cordons latéraux et les i^éunissent sur la ligne médiane. Entre les ganglions, au contraire, la gouttière médiane s'atrophie en se transformant d'abord en un cordon solide, situé entre les deux bandes nerveuses, qui disparaît sans donner naissance à aucune partie du système nerveux. Il est probable que Hatschek s'est trompé à propos de la participa- tion d'un élément médian à la formation de la chaîne ventrale et que les apparences qu'il a décrites sont dues à une rétraction des tissus. L'absence dun élément médian chez les Araignées peut être démontrée avec beaucoup de certitude et, comme on l'a déjà vu, cet élément n'existe pas chez le Peri- jkUus. Selon Hatschek, l'élément médian est résorbé dans l'anneau mandi- bulaire et les deux cordons latéraux de cette partie donnent naissance aux commissures œsophagiennes tandis que le ganglion sous-œsophagien est formé par la fusion des ganglions des deux segments maxillaires. La portion préo-rale du système nerveux est entièrement constituée par le ganglion sus-œsophagien. Il est formé, d'après Hatschek, de trois parties : d'abord et surtout d'une couche séparée de la partie interne épaissie du lobe céphalique de chaque côté, puis d'un prolongement antérieur des cordons latéraux, et enfin d'une fossette tégumentaire invaginéc de chaque côté près du bord dorsal des antennes. Cette fos- sette est d'abord pourvue d'une lumière qui s'oblitère plus tard pen- dant que les parois de la fossette se transforment en véritable cellules ganglionnaires. Les deux ganglions sus-œsophagiens restent séparés du côté dorsal jusqu'à la lin de la vie embryonnaire. Les trachées et les glandes salivaires. — Les trachées, comme Biits- INSECTES. 385 chli l'a montré le premier (n" 405), se développent par des invagina- tions de l'épiblaste, indépendantes et disposées par segments (fig. 200 htf Fig. 206. — Trois coupes transversales de l'embryon à' Hijdrophilus piceus (d'après Kowalcvsky) (*;. B et C, st). Leurs orifices sont toujours situés en dehors des appen- dices du segment lorsque ces appendices existent. Bien que chez l'adulte on ne trouve jamais de stigmates dans l'espace situé entre la tête et le prothorax (1), chez l'embryon et chez la larve, il peut se développer des invaginations trachéennes dans tous les seg- ments thoraciques (et peut-être dans les trois segments qui portent les pièces buccales) et dans tous les segments abdominaux à l'excep- tion des deux postérieurs. Chez l'embryon des Lépidoptères, selon Hatschek (n» 41 4) il y a quatorze paires de stigmates appartenant aux quatorze segments situés en arrière de la bouche, (1) Chez le Smynthurus, genre de Collembole, il n'existe selon Lubbock que deux stigmates situés sur la tête. (*) A, coupe transversale de la larve représentée dans la flgure 200, A. B, coupe transversale d'un erabi-yon un peu plus âgé dans la région d'un des stigmates. C, coupe transversale de la larve représentée dans la figure 200. B. un, chaîne nerveuse ventrale. — am, amnios et membrane séreuse. — me, mésoblaste. — me.s. méso- blaste somatique. — hy, hypoblaste (?) — yk, cellules vitellines (hypoblastc véritable). — st, stigmate trachéen. Balfour. — Embryologie. 2o 386 THACHEATES. mai?, d'après TichomirofT, l'observation de Hatscliek est inexacte en ce qui a trait aiix premiers segments post-oraux. Les deux derniers segments sont dépourvus de stigmates. Chez les larves de Lépidoptères de même que chez celle.sd'un grand nombre d Hyménoptères, de Coléoptères et de Diptères, il existe des stigmates sur tous les segments post-céphaliques à l'exception du second et du troisième thoraciques et des deux derniers abdominaux. Chez l'Abeille, il y a, d'après Kowulev^ky (n» 416), onze paires d'invaginations tra- chéennes, mais, d'après Biitschli (n° 405), il n'y en a que dix, le prothorax en étant dépourvu. Chez l'Abeille, ils apparaissent simultanément et avant les appendices. Les extrémités aveugles des invaginations trachéennes se réunissent souvent {Apis)c\\ un canal longitudinal commun qui forme la trachée connective longitudinale. Dans d'autres cas [Gryllotalpa, Dohrn, n° 408), elles restent distinctes et chaque trachée possède un système de ramifications propre. Le développement des trachées appuie fortement l'opinion à laquelle Moseley a été conduit par ses observations sur le Peripatus^ opinion qui consiste à les considérer comme des modifications de glandes cu- tanées. Les glandes salivaires et séricigènes sont des formations épiblasli- ques qui par leur mode de développement ressemblent beaucoup aux trachées et ont peut-être une origine semblable. Les glandes salivaires se forment comme des invaginations épiblastiques paires, non comme on pourrait le prévoir du stomodicum, mais de la plaque ventrale postérieure à la bouche du côté interne des mandibules. Indépendantes d'abord, elles finissent par s'unir en un canal commun qui s'ouvre dans la bouche. Les glandes séricigènes apparaissent du côté interne de la seconde paire de mâchoires chez l'Abeille et les Lépidoptères et forment des glandes allongées qui s'étendent dans presque toute la longueur du corps. Elles sont très semblables de structure et de déve- loppement aux glandes salivaires et n'ont de rôle que pendant la vie larvaire. Elles ressemblent aux glandes muqueuses des papilles orales du Peripai.iis auxquelles Moseley les a comparées. Les glandes mu- queuses du PeripaUm sont peut-être les organes homologues de la pre- mière paire de mâchoires de la présence desquelles chez les In- sectes il semble y avoir (juclques preuves. Mésoblaste. — On a vu que le mésoblaste est divisé dans la région somatique en deux bandes latérales (fig. 200, A). Ces bandes dans un grand nombre de formes, sinon dans toutes, se divisent en une série de somites correspondant aux segments du corps. Dans chacun d'eux apparaît une cavité, origine de la cavité périviscérale qui le divise en une plaque somatique en contact avec l'épiblaste et une plaque splaii- chni(iue en contact avec Thypoblaste (fig. 206). Entre les segments, le mésoblaste est continu sur la ligne médiane ventrale. Quand les INSECTES. 387 appendices se forment, le mésoblaste se prolonge dans chacun d'eux et yest creusé d'une cavité centrale. Selon Metschnikoff, ces cavités sont en continuité, comme chez les Myriapodes et les Arachnides, avec celles des somites; mais, d'après Hatschek (n° 414), elles sont indépen- dantes de celles des somites et communiquent avec le vitellus. La suite de 1 histoire du mésoblaste est très imparfaitement connue dans ses détails et la description la plus complète que nous possédions est celle de Dohrn (u° 408) pour le Grijllotalpa. 11 paraîtrait que le mésoblaste s'étend du côté dorsal autour du vitellus et l'entoure plus tôt que l'épiblaste. Chez le Gryllotalpa, il forme une membrane pulsalile. Lorsque l'épiblaste s'étend du côté dorsal, la partie médiane dorsale de cette membrane s'isole en un tube qui forme le cœur. En même temps, l'espace libre entre la membrane pul- satile et le vitellus s'oblitère, mais il reste entre les somites des passages transversaux par lesquels le sang passe de la partie ventrale du corps à des orifices correspondants de la paroi du cœur. La plus grande partie de la membrane donne naissance aux muscles du tronc. Du côté ventral, les bandes mésoblastiques se rejoignent bientôt sur la ligne médiane. Les cavités des appendices s'oblitèrent et leurs parois mésoblasti- ques forment les muscles, etc. Les cavités des différents somites mésoblasti- ques cessent ainsi d'être circonscrites d'une manière distincte. Le mésoblaste splanchnique suit l'iiypoblasle dans son développement et donne naissance au tissu conjonctif et aux parties musculaires des parois du tube digestif. La paroi mésoblastique du proctodaeum se forme probablement indépendamment des somites mésoblastiques. Dans la tête, le mésoblaste est décrit comme formant une masse médiane ventrale qui ne s'étend pas dans le lobe procéphalique bien qu'elle prenne part à la formation des antennes et de la lèvre supérieure. Le tube digestif. — Le tube digestif des Insectes est formé de trois portions distinctes (fig. 198) :un mésentéron ou portion moyenne fmej, un slomodœum (s/) et un proctodaeum {onj. Le stomodseum et le proc- todeeum sont des invaginations de l'épiblaste landis que le mésentéron est tapissé par l'hypoblaste. Les trois portions sont d'ordinaire nette- ment distinctes chez l'adulte, les dérivés de l'épiblaste étant revêtus de chitine. Le stomodaeum constitue la bouche, l'œsophage, le jabot et le proventricule ou gésier, lorsque ces organes existent. Le mésentéron forme l'estomac et présente quelquefois à son extrémité antérieure (Orthoptères, etc.) des diverticules pyloriques; il se termine postérieu- rement, immédiatement en avant des tubes de Malpighi. Ces derniers débouchent dans le proctodœum qui comprend toute la région qui s'étend de leur insertion à l'anus. , L'invagination orale apparaît presqu'en même temps que la première formation des segments, à l'extrémité antérieure de la gouttière inter- médiaire aux cordons nerveux latéraux, et l'invagination anale se forme un peu plus tard à l'extrémité postérieure de la plaque ventrale. 388 TRACHÉATES. Les tubes de Malpighi apparaissent comme deux paires de diverti- cule^ de l'épiblaste du proctodxum, on ne sait s'ils sont d'abord solides. L'accroissement subséquent qui a d'ordinaire lieu dans leur nombre est dû à des ramifications d'abord pleines des tubes originels. Les parois glandulaires du mésentéroii sont formées par l'hypoblaste, mais l'origine exacte de ce feuillet n'a pas été établie d'une manière com- plète dans tous les cas. Chez l'Hydrophile, d'après Kowalevsky (n° 416), il se forme comme deux lames détachées des niasses mésoblastiques latérales qui s'étendent peu à peu autour du vitellus et son mode déformation semblerait être le môme chez l'Abeille. Tichomiroff (ii° 420) confirme Kowalevsky sous ce rapport et établit en outre que ces deux masses se rejoignent d'abord du côté ventral et beaucoup plus tard du côté dorsal. Chez, les Lépidoptères, au contraire, Hatschek a trouvé que l'hypoblaste apparaît comme une masse médiane de cellules polygonales à la partie antérieure de la plaque ventrale. Ces cellules se multiplient en absorbant la substance du vitellus et s'étendent peu à peu autour de lui. Dohrn (n° 408) croit que les cellules vitellines dont on a déjà vu l'origine, donnent naissance aux parois hypoblasliquesdu mésentéron, et cette opinion paraît être partagée par Graber(n° 412) bien que ce dernier auteur soutienne que quelques-unes des cellules vitellines dérivent par bourgeonnement du blastoderme (I). Par analogie avec les Araignées, je suis porté à accepter l'opinion de Dohrn et de Graber. 11 me paraît probable que les observations de Kowa- levsky doivent s'interpréter en supposant que les plaques hypoblastiques qu'il croit L'Ire séparées du mésoblaste sont en réalité séparées du vitellus. 11 convient d'ajouter quelques détails à ce qui a déjà été dit sur l'origine des cellules vitellines. Comme on Ta vu plus haut, le vitellus central se frag- mente aune période qui n'est pas constante dans les dillerentes formes en masses polygonales ou arrondies dans chacune desquelles on a, dans un grand nombre de cas, démontré l'existence d'un noyau, bien que dans d'autres cas, ce noyau n'ait pas été vu. Il est probable cependant que les noyaux existent toujours et que ces masses doivent par conséquent être re- gardées comme des cellules. Elles constituent les^cellules vitellines (2). La périphérie du vitellus est fragmentée en cellules tandis que le centre est encore tout à fait homogène. Les parois hypoblastiques du mésentéron paraissent se former d'abord sur les côtés (fig. 205 B et C, liy), puis elles se rejoignent du côté ventral (fig. 2(J:2 A et B), et enfin ferment le mésentéron du côté dorsal. Le mésentéron est d'abord un sac clos indépendant à la fois du sto- (1) L'opinion do, Graber sur ce point peut probablement trouver son explication en supposant (lu'il a pris le passage des cellules vitellines dans le blastoderme pour un passage de cellules blastodermi(iues dans le vitellus. Le premier phénomène se produiti souvent, comme je l'ai observé, chez les Araignées, et par conséquent probablemon aussi chez les Insectes. (2^ Voy. la note, p. 3*0. INSECTES. 389 modœum et du proctodfeum, et chez l'Abeille, il reste dans cet état jusqu'après la fin de la vie embryonnaire. Les seuls organes glanduleux du mésenteron, sont les tubes pyloriques qui existent assez souvent et sont de simples diverticules de son extrémité antérieure. Il est pos- sible que dans quelques cas, ils puissent se former in st^w autour des parties latérales du vitellus. Dans un grand nombre de cas, le vitellus tout entier est enfermé dans les parois du mésenteron, mais, dans d'autres cas, comme ctiez le. Chironomus et le StmuZm (Weismann, n" 430 ; MetschnikofF, n° 423), une partie du vitellus peut rester entre la paroi ventrale du mésenteron et la plaque ventrale. Chez le Chironome, la masse de cellules vitellines extérieure au mésenteron prend la forme d'une traînée médiane et de deux traînées latérales. Quelques unes des cellules vitellines, ou avant la formation du mésenteron, ou biei dérivant des parties de vitellus extérieures à cet organe passent dans les organes en voie de développement (Liolirn, n° 408) et servent de cellules nu- tritives. Elles forment aussi les globules sanguins et les éléments du tissu conjonclif. Des cellules vilellines de ce genre peuvent être comparées aux corps particuliers décrits par Ueichenbach chez l'Ecrevisse, qui forment le méso- blaste secondaire. Des cellules semblables jouent un rôle important dans le développement des Araignées. Organes génitaux. — Les observations sur le développement des organes génitaux sont assez peu nombreuses. Chez les Diptères, certaines cellules iippelées cellules du pôle sont décrites par Metschuikoff (n" 423) et par Leuc- kart comme leur donnant naissance. Ces cellules chez le Chironomus et la Musca vomitoria (Weissmann, n» 430) apparaissent à l'extrémité postérieure de l'œuf avant toutes les autres cellules du blastoderme. Elles se séparent bientôt du blastoderme et se multiplient par division. Dans l'embryon pro- duit par la larve vivipare de la Cecidomyia il y a d'abord une cellule du pôle unique qui finit par se diviser en quatre cellules qui viennent ù être enve- loppées par le blastoderme. Elles se divisent ensuite en deux masses qui, d'après Metschuikoff (n" 423), s'entourent de cellules embryonnaires indif- férentes (I). Leur protoplasma se fusionne alors et leurs noyaux se divisent pour constituer les ovaires larvaires dont les tuniques sont formées par les cellules enveloppantes. Chez YAphis, Metschuikoff (n» 423) a observé à un stade très précoce une masse de cellules qui donnent naissance aux organes génitaux. Ces cellules sont situées ù l'extrémité postérieure de la plaque ventrale, et à l'exception d'une des cellules qui doime naissance à une masse verte accolée au corps adipeux, le protoplasma des diverses cellules se fusionne en un syncytium. Vers la fin de la vie embryonnaire, le syncytium prend la forme d'un fer à cheval. La masse se divise ensuite en deux et la couche périphérique de ■chaque partie donne naissance à la tunique, l'extrémité postérieure forme un conduit d'abord plein, le tube ovulaire. Les masses elles-mêmes forment les germigènes. L'oviducte est dû à la coalescence des canaux des deuxgermi- gènes. (I) Ce point demande de nouvelles observations. 390 TRACHEATIiS. Canin fait dériver les organes génitaux chez le Plahjgnster (Voy. p. 392) de rextrémilé postérieure do la plaque ventrale près du proctodœum ; tandis que Suckow décrit les organes génitaux comme des diverlicules du procto- dccum. D'après ces deux séries d'observations, les organes géuilaux paraissent avoir une origine épiblastique, origine qui n'est pas incompatible avec leur dérivation des cellules du pôle. Chez les Lépidoptères, les organes génitaux existent dans les périodes avancées de la vie embryonnaire sous la forme d'organes pairs distincts, un de chaque côté du cœur, dans le huitième segment post-céphalique. Ce sont des corps elliptiques émettant un conduit à leur extrémité postérieure chez la femelle, dans la région moyenne chez le maie. Les tubes ovulaires ou séminJlëres sont des diverticules des corps elliptiques. Dans d'aulres Insectes, les stades avancés du développement des organes génitaux ressemblent beaucoup à ce qu'ils sont chez les Lépidoptères et ces organes sont d'ordinaire distinctement visibles dans les stades avancés de la vit; embryonnaire. On est probablement en droit d'affirmer, malgré les observations de Mets- chnikofl' citées plus haut, que les niasses génitales originelles donnent nais- sance à la fois aux glandes génitales proprement dites et à leurs conduits. 11 semble aussi certain que ks glandes génitales des deux sexes ont une origine identique. Types spéciaux de larves. Certaines des formes d'Hyménoptères qui déposent leurs œufs dans les œufs ou dans les larves d'autres Insectes présentent des modifications très- sin^Liuhères dans leur développement. Le Platyyaster qui pond son œuf dans les larves de Cécidomyes est peut-être celle de ces formes dont le développe- ment est le plus remarquable. Il a été étudié spécialement par Canin (u" 410) auquel est emprunté l'exposé qui suif. Les premiers stades ne sont malheureusement qu'imparfaitement connus et les interprétations présentées par Canin ne pai'aissent pas toujours entière- ment satisfaisantes. Après la ponte, l'œuf est enfermé dans une capsule qui se prolonge en un pédoncule (fîg. 207, A'. Dans son intérieur apparaît bientôt un corps sphérique unique regardé par. Canin comme une cellule (fig. 203, B). Au stade suivant trois corps semblables se montrent dans le vitellus, dérivés sans aucun doute du premier (fig. 207, C). Le corps central présente des caractères un peu diflérents des autres, et, selon Canin, donne naissance à Vembryon tout entier. Les deux corps périphériques se multiplient par division et se mon- trent bientôt comme des noyaux plongés dans une couche de protoplasma ifig. 20/, D, E, F^. La couche ainsi formée sert d'enveloppe à l'en.bryon et est regardée par Canin comme équivalente à l'amnios (membrane séreuse ?) des autres embryons d'insecles. Dans la cellule-embryon apparaissent de nou- velles cellule.-^ par un processus de formation endogène (fig. 207, D, E). Il semble probable que Canin a pris des noyaux pour des cellules dans les premiers stades, qu'il se forme un blastoderme comme chez les autres Insectes et que celui-ci se divise d'une manière non expliquée en une couche superfi- cidlc qui constitue l'enveloppe séreuse et une couche profonde qui forme INSECTES. 391 l'embryon. Quoi qu'il en soit, le corps de l'embryon se montre bientôt dif- férencié en une couche épiblastiquede cellules columnaires et une couche hy- poblastique de cellules plus arrondies. Plus tard, l'embryon s'accroît rapide- ment jusqu'à ce qu'une constriction transversale profonde de la face ventrale le divise en une région antérieure céphalothoracique et une région poslé- -^wviS"^- Fig. 207. — Série de stades du développement du Platygaster (emprunté à Lubbock. d'après Ganin). eure caudale (fig, 207, F). Le céphalothorax s'élargit et près de son extrémité antérieure, apparaît une invagination qui donne nnissaiiceà la bouclie et à l'œsophage. Du côté ventral du céphalothorax se forme d'abord une paire d'appendices en forme de griffes de chaque côté de la bouche, puis une paire postérieure d'appendices près de l'union du céphalothorax et de l'abdomen et enfin une paire de coui-tes antennes coniques en avant. En même temps l'extrémité postérieure de l'abdomen devient bifide et donne naissance à un appendice caudal en forme de fourche; un peu plus tard quatre sillons apparaissent dans la région caudale et la divisent en segments successifs. Pendant que ces transformations s'effectuaient dans la forme générale de l'embryon, l'épiblaste a donné naissance à une cuticule, et les cellules hypoblastiques se sont différenciées en un axehypoblastique cen- tral, le mésentéron, et une couche concentrique de mésoblaste dont quel- ques cellules forment des muscles longitudinaux. Avec ce stade finit ce que l'on peut regarder comme le développement embryonnaire du Platygaster. L'embryon se débarrasse de l'amnios et se montre comme une larve que ses caractères très-remarquables ont fait appeler par Ganin, larve cyclopienne. Ganin a décrit les larves de trois espèces qui sont représentées dans la figure 208, A, B, G. Ces larves diffèrent singulièrement du type hexapode ordi- naire soit larvaire, soit adulte. Elles sont formées d'un bouclier céphalotho- racique avec les trois paires d'appendices {a, hf, Ifg), dont le développement a déjà été décrit et d'un abdomen de cinq segments dont le dernier porte les appendices caudaux un peu variables. Le système nerveux n'est pas encore développé. 392 TRACHÉATES. Les larves se meuvent dans les tissus de leur hôte au moyen de leurs griffes. Le premier état larvaire fait place à un second dans lequel les caractères sont très diflorents; lepassage du premier au second état est accompagnéd'une mue. La mue commence à l'extrémité caudale et le dernier segment tout entier est rejeté. La mue s'étendant en avant, la queue perd sa segmentation et devient fortement comprimée, les appendices du céphalothorax sont rejetés, et l'embryon tout entier prend une forme ovale sans distinction nette en régions J'ig. i08. — Sene de stades du développement du Plati/ijasU'i- (emprunté à Lubijock, d'après Gunin) (*). distinctes et sans la moindre trace de segmentation (fig. 208, D). Des transfor- mations internes qui s'effectuent pendant la chute de la cuticule, la première est la formation par invagination d'un proclodœum {gh) dont l'extrémité aveugle arrive en contact avec le mcsentéron. Peu après, il apparaît sur la face ventrale un épaississcment épiblastique qui produit principalement la chaîne'' nerveuse ventrale; cet épaississement se continue en arrière avec l'épiblaste invaginc pour former le proctodœum et en avant se prolonge de chaque côté en deux lol)os procéphaliques dans lesquels il 5 a aussi des épais- cspèees de Plat y ;j aster. — D, deuxième stade larvaire. — (*) A, H, ('., larves cyelopiennc"; de trois H, troisième stade larvaire. mo, bourhc - „, antenne. - /,•/■, pultos à croehets. - lf„, pattes latérales. - f, branehes de la Mueue. _ ul, levrc inférieure. -- dkf, œsophage. - ijsae, ganglion sus-œsophagien. - 6,™, plaque epiblastique ventrale. - hn, musth-s latéraux (on 1), glnndes salivaircs). - ,,ls, proctodœum. - Ua, organes génitaux. - nul man.libules. - „;,, eonduits des glandes salivaires. - sp (en E). glan.les saliva.rcs. - mis, estomae. - - ,•,/, int..stin. - rw, reetum.' - «o, anus. - tv, traehées. - /A', corps adipeux. INSECTES. 393 sissemenls de l'épiblaste (gsae) qui donnent naissance aux ganglions sus-œso- phagiens et peut-être à d'autres parties. Vers la fin de la seconde période larvaire, les muscles (/m) se disposent par segments et indiquent ainsi la division en segments qui devient apparente dans la troisième période larvaire. Le troisième et dernier stade du Platygaster [Rg. 208, E), pendant lequel il reste encore dans les tissus de son hôte, ne pré- sente pas de caractères très particuliers. Le passage de la seconde à la troi- sième forme est accompagné d'une mue. Si remarquables que soient les larves qui viennent d'ôtre décrites, il ne peut, à mon avis, y avoir aucun molif, étant données leurs mœurs parasites, pour les considérer comme ancestrales. Métamorphose et Hétérogamie. Métamorphose. — La plupart des Insectes naissent dans une condi- tion où ils diffèrent considérablement de leurs parents. Le degré de ■cette différence est sujet à de grandes variations, mais en règle géné- rale, les larves subissent une métamorphose très nette avant d'attein- dre l'état adulte. L'histoire complète de cette métamorphose dans les divers ordres d'Insectes exige beaucoup trop de détails zoologiques pour être traitée dans cet ouvrage ; et je me bornerai à quelques ob- servations sur les caractères généraux, sur l'origine de la métamor- phose, et sur les phénomènes histologiques qui se produisent pen- dant son occurrence (1), Chez les Aptères, la larve ne diffère de l'adulte que par le nombre de facettes de la cornée et des articles des antennes. Chez la plupart des Orthoptères et des Hémiptères, les larves diffè- rent des adultes par l'absence d'ailes et par quelques autres points. Les ailes, etc., se développent graduellement dans une série de mues suc- cessives. Chez les Éphémérides et les Libellulides cependant, la méta- morphose est plus compliquée en ce que la larve possède des branchies trachéennes provisoires qui sont rejetées avant la mue finale. Chez les Ephémérides, il y a d'ordinaire un grand nombre de mues; les bran- chies trachéennes apparaissent après la seconde mue et les rudiments des ailes lorsque la larve est arrivée à peu près à la moitié de son déve- loppement. La vie larvaire peut durer très longtemps. Dans tous les autres groupes, d'Insectes, c'est-à-dire les Diptères, les Névroptères, les Coléoptères, les Lépidoptères et les Hyménoptères, la larve passe, à quelques exceptions près, par une période de repos pendant laquelle elle est désignée sous le nom de pupe, avant d'at- teindre l'état adulte. Ces formes sont appelées les Ilolomeiahola. (1) Pour un exposé systématique de ce sujet, le lecteur est renvoyé à Lubbock (n" 4-20) et :\ Graber (n» 411). Il trouvera dans VVeissmann (n"s 430 et 431) une descrip- tion détaillée des transfoi-mations internes qui accompagnent la métamorphose. 39i TRACHÉâTES. Chez les Diptères, les larves sont apodes. Chez les Mouches vraies (Masci- dcs), elles sont dépourvues de tôle distincte et les mâchoires sont rempla- cées par des crochets. Chez les Tipulides, il existe au contraire une tète bien développée avec les appendices normaux. Les pupes des Muscides sont im- mobiles et renfermées dans la peau de la larve qui se dessèche et leur forme un étui ovoïde résistant. Chez les Tipulides le tégument larvaire est rejeté au stade depupe et, dans quelques cas, les pupes continuent à se mouvoir. Les larves des Névroptères sont des formes hexapodes voraces. Lorsque la larve se transforme en pupe tous les organes externes de l'imago sont déjà constitués. La pupe est souvent enfermée dans un cocon. LUe est d'ordinaire immobile, quelquefois cependant elle commence à se mouvoir un peu avant la mise en liberté de l'imago. Chez les Coléoptères il y a une tiès grande variété dans les formes larvaires. En général les larves sont hexapodes et ressemblent à des Insectes aptères. Mais quelques larves herbivores, comme celle du Hanneton, ressemblent beau- - coup à de véritables chenilles et certaines larves vermiformes apodes (Cwrcw/io) ressemblent aux larves d'Hyménoptères. La pupe est immobile, mais laisse voir toutes les parties du futur Insecte. Les larves les plus intéressantes parmi les Coléoptères sont celles du Sitaris, espèce de Méloïde (Fabre, n" 409). Elles sortent de l'œuf à l'état de larves hexapodes actives qui s'attaclient au corps d'Hyménoptères par lesquels elles sont transportées dans des cliambres remplies de miel. Là elles dévorent l'œuf de l'Hyménoptère, puis subissent une mue dans laquelle elles perdent leurs appendices fonction- nels, n'en conservant que des rudiments, et deviennent vermiformes. Elles se nourrissent de miel et après une nouvelle mue se mettent en pupe. Chez les Lépidoptères, la larve a la forme bien connue de chenille. Les che- nilles ont de fortes mâchoires adaptées à la trituration des tissus végétaux et absolument différentes des appendices buccaux de l'adulte ; elles portent trois paires de pattes thoraciques articulées et un nombre variable (d'ordinaire cinq) de paires de pattes abdominales rudimentaires appelées fausses-pattes. La larve subit de nombreuses mues et les organes externes de l'adulte, tels que les ailes, etc., sont formés sous l'exosquelette chitineux avant le stade de pupe. La pupe chez quelques papillons de nuit est enveloppée d'un cocon et appelée chrysalide. Les Hyménoplères présentent des variations considérables dans les carac- tères de leurs larves. Chez les Porte-aiguillons, un grand nombre d'Entomo- pliages, les Cynipides, etc., les larves sont des vers apodes incapables d'aller à la recherche de leur nourriture, mais chez les Siricides ce sont des formes hexapodes comme les Chenilles, qui sont quelquefois môme pourvues de faus- ses pattes. Chez quelques Entomophages, les larves présentent des caractères très remarquables qui ont déjà été décrits dans un paragraphe spécial (Voy. pp. 3110-03). Avant d'entrer dans la considération de la valeur des diverses formes larvaires qui viennent d'ôtre ])rièvement énumérées, il est nécessaire de dire quelques mots des modifications internes qui se produisent pendant la durée de la métamorphose. Dans les cas les plus simples, tels que ceux des Orthoptères et des Hémiptères où la métamorphose INSECTES. 395 est réduite à la formation graduelle des ailes, etc., dans une série de mues, les ailes apparaissent d'abord comme deux replis de l'épiderme au-dessous de la cuticule sur les deux segments thoraciques posté- rieurs. A la mue suivante ces replis sont revêtus par la cuticule de nouvelle formation et se montrent comme de petites saillies. A cha- cune des mues successives, ces saillies deviennent de plus en plus proéminentes par l'accroissement qu'a pris l'épiderme dans l'in- tervalle précédent. L'apparition d'organes tels que les ailes entraîne nécessairement des modifications internes dans la disposition des mus- cles, etc., du thorax, modifications qui marchent />»a?7' passa avec la formation des organes qui les déterminent. Les caractères de la méta- morphose dans des formes telles que les Ephémérides diffèrent seulement de ce qui vient d'être décrit en ce que des organes pro- visoires sont rejetés en même temps que se forment les nouveaux organes. Dans le cas des Holometabola, les phénomènes internes de la méta- morphose sont de nature beaucoup plus lemarquable. Les détails de nos connaissances à ce sujet sont surtout dus à Weissmann (n"* 430 et 431). Les larves des Holometabola ont pour la plupart un mode de vie très différent de celui des adultes. Une série de transitions entre les deux formes est impossible, car les formes intermédiaires se- raient pour la plupart incapables de vivre. La transition de l'état lar- vaire à l'état adulte est par conséquent plus ou moins soudaine et a lieu pendant l'état de pupe immobile. Beaucoup des organes externes de l'adulte sont cependant formés avant le stade de pupe, mais ne sont pas visibles à l'extérieur. Le mode de métamorphose holométaboli- que le plus simple peut trouver un exemple dans le développement de la Corel/ira plu7nico}'nis, espèce de Tipulide. Cette larve, comme celles des autres Tipulides, est dépourvue d'appendices thoraciques, mais avant la dernière mue larvaire et par conséquent peu avant le stade de pupe, il se forme certains organes appelés par Weissmann disques imaginaux {histoblastcs deKlinckeld'Herculais). Ces disques imaginaux sont chez le Corethra simplement des invaginations de l'épiderme. Il y a dans le thorax six paires de ces formations, trois dorsales et trois ventrales. Les trois ventrales sont attachées aux terminaisons des nerfs sensilifs et les membres de l'imago se forment comme des bourgeons de ces organes qui en augmentant de longueur prennent une forme spirale. Dans l'intérieur de ces bourgeons se forment les muscles, les trachées, etc., des membres, que Weissmann croit (sans preuves suffi- santes, il me semble) dériver d'une prolifération des cellules du névri- lemme. Les ailes sont formées par les deux disques imaginaux dor- saux postérieurs. L'hypoderme de la larve forme directement celui de l'imago. L'état de pupe de la Coi^ethra estrelalivement très court et les chan- 39ft TRACHEATES. gements qui ont lieu dans les organes internes pendant sa durée peu considérables. Les muscles abdominaux de la larve forment pour la plupart sans changement, ceux de l'imago, tandis que les muscles thoraciques spéciaux, des ailes, etc., se développent directement pen- dant la fin de la période larvaire aux dépens des cordons de cellules déjà formés dans l'embryon. Chez les Lépidoptères les transformations pendant le passage de l'état larvaire à l'état adulte ne sont pas beaucoup plus considérables que chez la Corelhra. Des disques imaginaux semblables donnent nais- sance, pendant les dernières périodes larvaires, aux ailes, etc. Les trans- formations internes sont un peu plus considérables pendant l'état de pupe qui est lui-même plus long. Des modifications importantes ont lieu et de nouvelles formations apparaissent en rapport avec le tube digestif et les systèmes nerveux et musculaire. Les transformations qui ont lieu dans les Mouches vraies (Muscides) sont beaucoup plus compliquées que chez la Corethra ou les Lépidop- tères. L'abdomen de la larve de Musca se transforme directement en l'abdbmen de l'imago, comme dans les types précédents, mais l'épi- derme tout entier et les appendices de la tête et du thorax sont dérivés des disques imaginaux qui se forment en dedans et (autant qu'on le connaît du moins) indépendamment de l'épiderme de la larve ou de l'embryon. Ces disques imaginaux sont de simples masses de cellules en apparence indifférentes qui, pour la plupart, apparaissent à la fin de la vie embryonnaire et sont attachées aux nerfs ou aux trachées. Ils augmentent de dimension pendant la vie larvaire, et pendant l'état de pupe relativement long ils s'unissent pour donner naissance à un épiderme continu d'où les membres se détachent comme des prolon- gements. L'épiderme de la partie antérieure de la larve est simplement rejeté et ne prend pas part à la formation de l'épiderme de l'adulte. 11 y a une paire de disques céphaliques imaginaux et six paires de disques tlunacitiues. Deux paires, l'une dorsale et l'autre ventrale, donnent naissance à chaque anneau thoracique el à ses appendices. 15icn que, comme on l'a vu plushaul, aucun fait n'ait été produit pour montrer que les- disques imaginaux de la Mouche dérivent de l'épiblaste embryonnaire, néanmoins leur mode d'accroissement et leur destinée prouvent sans l'ombre d'un doute qu'ils sont homologues aux disques imaginaux de la Corethra. Leur première origine mériterait bien de faire l'objet de nouvelles recherches. La métamorphose des organes internes est plus frappante encore que celle des organes externes. Il se produit une destruction totale ou partielle de tous les organes internes à l'exceplion des organes géni- taux. Pour le tube digestif, les tubes de Malpighi, le cœur et le système nerveux central, la destruction n'est que partielle et a été appelée par Weissmann histolyse. Les cellules de ces organes subissent la dégé- INSECTES. 39" nérescence graisseuse, les noyaux seuls persistent dans quelques cas. L'espèce de plasma qui résulte de cette dégénérescence conserve la forme des organes et est destiné à reconstituer les organes corres- pondants de l'imago. Les trachées, les muscles et les nerfs périphé- riques et une partie antérieure du tube digestif sont entièrement détruits. Ils semblent se reformer aux dépens de cellules granuleuses dérivées de l'énorme corps adipeux (1). (1) De nouvelles recherches sur le développement post-embryonnaire des Insectes ont été publiées par Kunckel d'Herculais (1), par Ganin (2) et par Viallanes (3). Le premier a montré que chez la Volucelle les histoblastes (dis- ques imaginaux du texte) sont toujours rattachés à l'hypoderme (épiderme) du tégument par un pédicule et paraissent par conséquent en dériver directement. Ces formations sont au nombre de 24 ; 20 à la partie antérieure du corps, 4 à la partie postérieure. Parmi les premiers, quatre paires spéciales sont destinées à former les antennes, les yeux, le labre et la lèvre inférieure, et deux paires, l'une ventrale, l'autre dor- sale, à constituer chacun des segments du thorax, la paire ventrale donnant naissance aux pattes et à la portion sternale des téguments, la paire dorsale aux appendicesdorsanx(cornesstigmatifères, ailes ou balanciers) et à la partie dorsale des téguments. Enfin les quatre histoblastes de l'extrémité de l'abdomen sont l'origine de l'armure génitale. Dans ce type les histoblastes des yeux et des antennes sont séparés dès l'origine tandis que chez la Mouche (Weismann, Ganin, Viallanes) ils dérivent d'une paire de disques, unique tout d'abord, qui se divise plus tard en deux. Chez la Mouche, les recherches de Ganin faites par la méthode des coupes ont montré que, comiue l'avait déjà signalé Weismann, les disques imaginaux dérivent de l'hypoderme des trachées ou du névri- lemme. Au début ils consistent dans un épaississe- mentdeces membranes constitué par du protoplasma renfermant de nombreux noyaux. Plus tard dans cette masse apparaît une fente semi-lunaire qui la divise en deux lames, l'une provisoire destinée à dis- paraître, l'autre essentielle qui seule prendra part à la formation des organes nouveaux. Celle-ci se divise elle- même en deux couches, l'une externe (par rapport à l'axe de la larve), épiblastique, l'autre interne, méso- blastique. La figure 205 empruntée à Viallanes montre la structure d'un disque imaginai complètement développé. Les observations de cet auteur confirment en général celles de Ganin, mais elles tendent à montrer que les globules du sang de la larve peuvent prendre partà la formation du mésoblaste des disques imaginaux. La laïue provisoire du disque disparaît et la partie centrale de l'épiblaste se déve- loppe pour former le membre, sa partie périphérique constitue le téguiuent correspon- (1) KiJNCEEL d'Hbrcdlais. Recherches sur l'organisallon et le développement des Volucelles, l" partie. Paris, 1875. (2) Ganin. Matériaux pour Thistoirc du développement post-embryonnaire des Insectes [Travaux de la société des médecins et des naturalistes russes de Varsovie, 1876). L'exposé des résultats de ce mémoire écrit en russe est tiré du résumé publié dans le Jahresberichte de Hoffmann et Scliwalbel (3) Viallanes. Reclierches sur l'Iiistologio des Insectes et les phénomènes histologiques qui accom- pagnent le développement de ces animaux {Annales des sciences naturelles 0« série, XIV, sous presse). (*) e, épiblaste. — m, mésoblaste. — fp, lame provisoire. Fig. 209. — Coupe d'un disque imagi- nai de Mouche (d'après Viallanes) (*). 398 TRACHEATES. Les phénomènes du développement des Muscides revêtent incontestable ment un caractère assez surprenant. Laissant pour le moment la question de dant et va se souder à ses congénères pour limiter la cavité du corps. Les stigmates et h!S principaux troncs trachéens de l'imago se forment par invagination de. l'épi- blaste des disques : quelques-unes des trachées dérivent cependant directement de celles de la larve. Les tendons sont également constitués par des enfoncements tabu- laires de l'épiblaste dans la lumière desquels se fait un dépôt de chitine. D'après Gaiiin, le mésoblaste des disques imaginanx serait l'origine unique de tous les muscles et des nerfs péri[)hi>riques de l'imago. Tous les tissus larvaires à l'excep- tion du système nerveux et de l'épitliélium intestinal sur lesquels nous reviendrons plus loin, seraient détruits par dégénérescence et. serviraient seulement de matériaux nutritifs pour la formation des tissus nouveaux. Weismann, qui n'attribuait aux disques imaginaux d'autre rôle que la formation de l'épiblaste de l'imago, avait cependant déjà vu au milieu des tissus larvaires détruits par dégénérescence des corps probléma- tiques qu'il appelait boules h noyaux (Koi-ncheukugeln). C'étaient des sphères formées, d'une substance granuleuse revêtue d'une membrane et renfermant des noyaux dans leur intérieur; les unes étaient giosses, les .-lutn^s petites. Weismann pensa que les" secondes étaient un état moins avancé du développement des premières. Comme aucun caractère ne permettait de distinguer les éléments renfermés dans les boules à noyaux des cellules embryonnaii-es qui commençaient à former les jeunes muscles, il émit l'hypothèse que les muscles pourraient dériver de ces éléments ju-oblématiques. Canin, qui ne retrouva que les petites boules à noyaux, les considéra comme un prodidt de la fragmentation de la substance contractile des muscles et ne leur attribua aucun rôle important. Viallanes au contraire a suivi la formation des petites et des grosses boules à noyaux et a constaté que c'étaient des formations distinctes dérivant les unes des muscles, les autres du corps adipeux. Quelques-uns des muscles de la larve disparaissent par dégénérescence, mais la plus grande partie se détruisent par un processus spécial ; les noyaux musculaires proli feront des éléments cellulaires qui se muliiplient à leur tour et devant l'envahissement desquels la substance contractile se i ésorbe. Ces éléments à divers états de leur évolu- tion ne sont autre chose que les p'^tites boules à noyaux de Weismann. Les éléments du corps adipeux de leur côté subi-sent l'évolution suivante; dans leur protoplasma apparaissent d'une manière qui semble simultanée un grand nombre de granules composés d'une partie centrale qui se colore par le carmin et d'une bordure périphérique qui reste incolore. La cellule adipeuse remplie de ces formations est la grosse boule à noyaux de Weismann. A un moment donné elle se désagn'-ge et les éléments qu'elle contenait se dispersent dans la cavité générale. Comme W'ismann Viallanes constate qu'aucun caractère physique ne permet de distinguer les éléments ainsi produits des cellules embryonnaires qui forment les muscles des ailes et que tout semble indiquer qu'elles en sont l'origine. Pour le développement des autres muscles les observations de 'Viallanes confii-ment celles de Ganin. Viallanes a également suivi l'Iiistulyse des trachées et des glandes salivaires, ces formations homologues (Voy. p. ;$86) se résorbent exactement de la même manière, leurs éléments prolifèrent de telle sorte qu'elles arrivent à n'être plus ([ue des tubes chitincux entourés de nombreuses cellules embryonnaires comme au moment de leur première formation. Plus tard, ces cellules se dispersent dans la cavité du corps de la pupe et se mélangent aux autres éléments. En somme la destruction des tissus larvaires est une évolution régressive, un retour à l'état embryonnaire. Dans l'abdomen, h part les disques de l'armure génitale signalés par Kiinckel il n'existe pas de disques imaginaux proprement dits. Mais Canin a vu que dans chai|ue seg- ment l'hypoderme de la larve s'épaissit sur quatre points différents, deux dorsaux et deux ventraux oii ses grandes cellules se nuil.iplient et passent à l'état embryonnaire. Puis chacun de ces épaississemenis se dédouble en deux couches dont l'externe épi- blasli(iue forme l'hy|)oderme de l'imago et l'interne mésoblasti(iue, les muscles, etc. D'après l'auteur russe la transformation en cellules embryonnaires s'étend dans la suite à tout le reste de l'hypoderme. D'après les observaiioiis de Viallanes au contraire une fois ces épaissis^ements formés tout le reste de l'hypoderme larvaire entre en dégénériiscence et plus tard est remplacé par les produits do l'extension des épaississe- INSECTES. 399 l'origine du stade de pupe sur laquelle je reviendrai, on admettra dans tous les cas que pendant le stade de pupe, la larve subit une série de transforniii- tions qui, si elles avaient eu lieu lentement et par degrés, auraient impliqué dans un cas tel que celui de la Mouche, un renouvellement complet quoique graduel des tissus. Tel étant le cas, les cellules des organes communs à la larve et à l'imago ne seraient pas, dans le cours naturel des choses, les mêmes cellules que celles de la larve, mais leurs descendantes. Nous pour- rons par conséquent nous attendre à trouver dans la conversion rapide des organes de la larve en ceux de l'adulte quelques condensations, pour ainsi parler, du processus de division cellulaire ordinaire. De telles condensations sont probablement représentées dans l'histolyse par les organes internes, et dans la formation des disques imaginaux pour les organes externes, et je pense que de nouvelles recherches montreront que les disques imaginaux des Mus- cides dérivent de l'épiblaste de l'embryon. Ces considérations sont loin d'ex- pliquer toutes les intéressantes observations de Weismann, mais il faut, je crois, en chercherTexplication dans cette direction. Des phénomènes plus ou moins parallèles à ceux observés chez les Insectes se rencontrent chez les Plalyelminlhes et chez les Echinodermes. Les quatre invaginations discoïdulesde la peau d'un grand nombre de larves de Némer- tiens (p. 182) qui donnent naissance à la paroi somatique permanente de laNémerte peuvent être comparées aux disques imaginaux. Le rejet subséquent de la peau du Pilidium ou de la larve de Desor est un phénomène compara- ble à la résorption d'une partie du tégument larvaire de la .Mouche. La for- mation d'un tégument indépendant dans la première forme larvaire des Disto- miens et des Cestodes peut être comparée à la formation en apparence indé- pendante des disques imaginaux chez la Mouche. Le fait que dans le plus grand nombre des cas, il est possible de cons- tater une connexion intime entre le milieu d'une larve et son organisa- tion, prouve de la manière la plus claire que les caractères du plus grand nombre des formes larvaires d'Insectes existantes doivent leur origine à des adaptations secondaires. Quelques exemples feront comprendre ce point. Dans les types de métamorphose les plus simples comme chez les Orthoptères proprement dits, la larve a exactement les mêmes mœurs que l'adulte. La forme de chenille est revêtue par les larves phytophages chez les Lépidoptères, les Hyménoptères et les Coléoptères; lorsque la larve n'a pas à aller à la recherche de sa nourriture, elle prend la forme apode vermiforme. L'existence de cette forme apode est particulière- ment remarquable chez les Hyménoptères, en ce que des rudiments ments. Ces épaississements doivent être considérés comme des disques imaginaux incomplètement diflférenciés de répibla-~te. Gaiîin a suivi la métamorpliose du tube digestif. Le tube digestif de la larve dis- paraît entièrement, mais quelques-unes des cellules de chacune de ses trois parties, niésentéron, slomodaeum et proctoclœum persistent et se multiplient pour constituer l'é- pithé iuni des parties correspondantes du luhe digestif de l'imago. Quant au système nerveux, les transformations liistoli tiques dont il est le siège ne sont que très imparfaitement connues, nous aurons à y revenir à propos du développe- ment des yeux (Voy. le 2* volume) {Trad.). 400 TRACHEATES. des appendices Ihoraciques et abdominaux existent chez l'embryon et disparaissent chez la larve (1). Le cas de la larve de Sitm'is décrit plus haut (p. 394) fournit une autre preuve très frappante de l'adap- tation de l'organisation de la larve à ses mœurs. De là il résulte que le développement des formes telles que les Or- thoptères proprement dits, est plus primitif que ce- lui des formes holométaboliques, conclusion qui s'accorde avec le fait que les données de l'ana- tomie et de la paléontologie montrent dans les Or- thoptères un groupe d'insectes très primitif. Ces arguments s'appliquent probablement avec plus de force encore au cas des Thysanoures, et il semble probable que ce groupe est aUié de plus près qu'aucun autre, aux ancêtres aptères primitifs des Insectes (2). Les caractères des appendices buc- caux dans ce groupe, la simplicité de leur méta- morphose et la présence d'appendices abdominaux (fig. 210), tout est en faveur de cette vue qui trouve encore un argument dans la ressemblance de l'a- dulte avec les larves des Pseudonévroptères, etc. Les Thysanoures et les GoUembola ne doivent ce- pendant pas être regardés comme appartenant à la véritable souche ancestrale des Insectes , mais comme des parents dégénérés de cette souche, de même que l'Amphioxus et les Ascidiens sont des parents dégénérés de la souche ancestrale des Vertébrés, et le Peripatus, de celle des Trachéales. Il est probable que toutes ces formes ont pu conserver leurs caractères primitifs à cause de leur état dégénéré qui les a empêchés d'entrer en compé- tition dans la lutte pour l'existence avec leurs parents mieux doués. Bien que d'une manière générale il soit évident qu'on ne peut s'at- tendre à ce que les formes larvaires des Insectes jettent beaucoup de lumière sur la nature des ancêtres de ce groupe d'animaux, il me paraît cependant probable que des formes telles que les chenilles des Lépidoptères ne sont pas absolument dépourvues de signification à cet égard. 11 est facile de concevoir que même une forme larvaire se- condaire peut avoir été produite par le prolongement d'un des stades embryonnaires, et la ressemblance générale d'une chenille avec le (1) Chez les Cynipides cependant il n'existe des membres Ihoraciques ou abdomi- naux h aucune période du développement (Weismanin, loc. cit. —Beitr. z. Anat. u. Emb. ah festgabe J. Henle, Hoiin, 1S82) (T>ad.). (2) Brauer et Lubbuck (n" 421) ont fait remarquer les caractères primitifs de ces formes spécialement des Campodiens. Fig. 210. — Moitié an térieure de Campo dea /"m^i'/îs (emprun- tée à Gegenbaur d'après Palmer) (*) (*) n, antennes. — p, pattes. — p', pattes post-thoraciques rudimenlaircs. — s, stigmates. INSECTES. 401 Pe7ipatus et la conservation, par elle, des appendices post-thoraciques sont des faits qui paraissent venir à l'appui de cette hypothèse sur l'origine de la forme de chenille. Les deux points les plus obscurs qui restent à traiter à propos de la métamorphose des Insectes, sont : 1° l'origine de l'état de pupe immo- bile, et 2° la fréquente dissemblance entre les appareils masticateurs de la larve et de l'adulte. Il sera commode de traiter ces deux points ensemble, et l'on trou- vera à ce sujet quelques remarques importantes dans Lubbock, (n° 420). En s'appuyant sur les considérations déjà indiquées, on peut con- sidérer comme certain que les Insectes sans état de pupe et à organi- sation larvaire très ressemblante à celle de l'adulte ont précédé les groupes holométaboliques existants. La métamorphose de ces derniers groupes a, par conséquent, eu pour point de départ quelque chose comme ce qui se passe chez les Orthoptères. Supposons qu'il soit de- venu avantageux pour une espèce que la larve et l'adulte se nourrissent d'une manière un peu différente ; une différence dans le caractère de leurs pièces buccales se serait bientôt manifestée ; et comme un type de pièces buccales intermédiaire serait probablement désavantageux, la transition de la forme larvaire à la forme adulte des pièces buccales tendrait à se concentrer en une seule mue. A chaque mue ordinaire, il y a une courte période de repos, et cette période de repos devien- drait naturellement plus longue à la mue importante dans laquelle la transformation des pièces buccales s'effectuerait. De cette manière pourrait avoir apparu un état de pupe rudimentaire. L'état de pupe, une fois établi, pourrait facilement devenir un facteur plus important dans la métamorphose. Si la larve et l'imago continuaient à diverger l'une de l'autre, l'importance des transformations qui s'effectuent à l'état de pupe, s'accroîtrait d'une manière continue. I) serait pro- bablement avantageux pour l'espèce que la larve ne possède pas d'ailes rudimentaires sans fonction, et la constitution des ailes en tant qu'organes externes serait par conséquent remise à l'état de pupe. Il en serait probablement de même pour les autres organes. Les Insectes traversent d'ordinaire l'état de pupe pendant l'hiverdans les climats froids et pendant la saison sèche sous les tropiques, ce stade servant par conséquent à la protection de l'espèce pendant la période inclémente de l'année. Ces faits s'expliquent aisément en supposant que l'état de pupe a été secondairement adapté à jouer dans l'éco- nomie de l'espèce un rôle différent de celui auquel il doit son origine. Hétérogamie. — Les cas d'alternances de générations qui se rencon- trent chez les Insectes rentrent tous dans le chef défini dans l'Introduc- tion sous le nom d'hétérogamie. L'hétérogamie chez les Insectes a été rendue possible par l'existence de la parthénogenèse qui, comme en l'a BALFOun, Embryologie. I. — 26 402 TRACFIEATES. VU dans l'Introduclion, a été acquise par sélection naturelle et a déter- miné la production de générations de formes parthénogénéliques par lesquelles est efl'ectuée une économie évidente dans la reproduction. La parthénogenèse sans hétérogamie, se présente dans un grand nom- bre de formes. Chez les Abeilles, les Guêpes, un Hyménoptère téré- brant, le IS'ematus ventricusus, les œufs non fécondés donnent naissance à des mâles. Dans deux genres de Lépidoptères {Psyché et Solenobia) les œufs non fécondés donnent naissance principalement, sinon uni- quement à des femelles. L'hétérogamie ne se présente dans aucun de ces types ; mais chez le Psyché et le Solenobia on ne trouve qu'acci- dentellement des mâles, de sorte qu'une série de générations dans les- quelles des œufs non fécondés produisent de jeunes femelles, est suivie par une génération produisant h l'aide d'œuf fécondés des jeunes des deux sexes. 11 serait intéressant de savoir si les femelles non fécondées ne donneraient pas naissance après un certain nombre de générations, à la fois à des mâles et à des femelles: les analogies rendent cette occurrence probable. Dans les cas de véritable hétérogamie, la parthé- nogenèse est devenue propre à certaines générations qui diffèrent par leurs caractères extérieurs des générations qui se reproduisent par voie sexuée. Les générations parthénogénétiques se montrent d'ordi- naire lorsque la nourriture est abondante, tandis que les générations sexuées apparaissent à des intervalles qui sont souvent déterminés se- condairement par la saison, le degré d'abondance de la nourriture, etc. Un cas très simple de cette nature, se rencontre, si nous pouvons nous en rapporter aux recherches récentes d'Adler et de Lichlenstein(l),chez certains Insectes gallicoles (Gynipides). Ils ont trouvé que la femelle de la forme appelée Spalhegaster baccariim, dans laquelle les mâles et les femelles sont abondants, produit une galle caractéristique, sur certaines feuilles dans lesquelles elle dépose ses œufs fécondés. Les œufs de ces galles donnent naissance à une forme ailée et en appa- rence adulte qui n'est pas cependant le S/vithegaster^ mais une espèce décrite comme appartenant à un genre distinct et appelé Neuroterus ventricularis. On ne trouve que des femelles de Neurotei'us et elles pondent des œufs non fécondés dans des galles particulières d'où naît \g Spalhegaster baccarum. Là, nous avons un cas véritable d'hétérogamie, les femelles qui se reproduisent par parthénogenèse étant différentes de celles qui se reproduisent par voie sexuée. Un autre type intéres- sant d'hétérogamie est celui qui est depuis longtemps connu chez les Aphidiens. A l'automne, les femelles pondent des œufs fécondés qui donnent naissance au printemps fi des femelles qui se reproduisent par voie parthénogénéti(iue et vivipare. Les femelles vivipares diffèrent toujours des femelles qui pondent des œufs fécondés. Les organes gé- (l) LiciiTENSTEiN, PetUcs uoiivelks entomologiques, mai 1878. INSECTES. 403 nitaux sont nécessairement constitués d'une manière différente, et les œufs des femelles vivipares sont beaucoup plus petits que ceux des femelles ovipares, comme cela est en général le cas dans des formes vivipares et ovipares voisines; mais en outre les premières sont d'ordi- naire aptères, tandis que les dernières sont ailées. Le contraire a cepen- dant quelquefois lieu. Un nombre indéfini de générations de femelles vivipares peut être obtenu en les gardant artificiellement h une tempé- rature élevée et leur fournissant une nourriture abondante; mais dans les circonstances naturelles, les femelles vivipares produisent à l'au- tomne des mâles et des femelles qui pondent des œufs à coque résis- tante et conservent ainsi l'espèce pendant l'hiver. L'hétérogamie des Coccides, voisins des Aphides est à peu près la même que chez ces derniers. Dans les cas des Clieinnes et du Phylloxéra^ les générations parthénogénétiques pondent leurs œufs de la manière normale. Nous devons à Balbiani la connaissance de l'histoire complète du Phylloxéra qiiercus (n° 401). Des femelles aptères pondent pendant l'été des œufs qui se développent parthénogénétiquement en femelles ap- tères qui continuent à se reproduire de la même manière. Les œufs qui sont pondus à l'automne cependant, donnent naissance, en partie, à des formes ailées et en partie à des formes aptères. Ces deux formes pon- dent des œufs de deux grosseurs qui se développent respectivement les plus petits en mâles très petits, les plus gros en femelles dépourvues d'organes digestifs. Les œufs fécondés pondus par ces formes donnent probablement naissance aux femelles parthénogénétiques. Un cas remarquable d'hétérogamie accompagnée de paedogénèse a été découvert par Wagner chez certaines espèces de Cecidomyia [Mias- to)-), genre de Diptères. La femelle pond un petit nombre d'œufs dans l'écorce des arbres, etc. Ces œufs se développent pendant l'hiver en larves dans lesquelles les ovaires se forment de bonne heure. Les œufs se détachent dans la cavité générale entourés parleurs follicules et s'ac- croissent aux dépens de ces follicules. Ils commencent bientôt à subir un véritable développement, et après leur éclosion restent quelque temps dans la cavité générale du parent et se nourrissent de ses vis- cères. Ils sortent enfin de la peau vide du parent et reproduisent de nouvelles générations de larves de la même manière. Après plusieurs générations les larves subissent au printemps suivant une métamor- phose et se développent en la forme sexuée. Un autre cas de paedogénèse est celui des larves de C hb^onomus qui, comme l'a montré Grimm (n° 413), pondent des œufs qui se dévelop- pent en larves exactement de la même manière que les œufs fécondés. 404 TRACIIÉATES. (401) M. Balbiani. Observations s. la reproduction d. Phylloxéra du Chêne {A7i. Se. Nat., 5« série, XlX. 18Î4). (402) E. Bessels. Stndien û. d. Entwicklung d. Sexualdrusen bei den Lepidoptera {Zeit. f. wiss. ZooL. XVII. 18G7). (403) Alex. Bbandt. Beitràge zur Entwicklungsgeschichte d. Libellulida n. Hemiptera mit bosonderer Berucksichtigung d. EmbryoïialliuUen derselben [Mé?n. Acad. Péters- /jourg, 7« série, XIII. 1869). (404) Alex. Brandt. Ueber das Ei u. seùie Bildungsstatte. Leipzig, 1878. (405)0. BiJrscHLi. Zur entwicklungsgeschichte d.Biene {Zett. f.wiss.Zool.,XX. 1870). (40G) H. Dewitz. Bau u. Entwicklung d. Stachels, etc. [Zeit. f. wfvs. Zuol., XXV et XXVIII. 1875-1877). (407) H. Dewitz. Beitràge zur Kenntniss d. Postembryonalentwicklung d. Gliedmassen bei den Insecten [Zeit. f. wiss. ZooL, XXX. Supplément. 1878). (408) A. DoHitN. Notizen zur Kenntniss d. Insectenentwicklung [Zeit. f. loiss. ZooL, XXVI. I87G). (409) M. Fabre. L'hypermétamorphose et les mœurs des Méloides {An. Se. Nat. 4« série, VII. 1857). (410) Gaivin. Beitràge zur Erkenntniss d. Entwicklungsgeschichte d. Insecten {Zeit. f. wiss. ZooL, XIX. 18B9). (411) V. GiiABER. Die Insecten. Miinchen, 1877. (412) V. Graber. Vorlauf. Ergeb. ûb. vergl. Embryologie d. Insecten [Arehiv f. mikv. Anat., XV. 1878). (413) O. V. GuiMM. Ungeschlechtliche Fortpflanzung einer Chironomus Art. u. deren Entwicklung aus dem unbefruchteten Ei {Mcm. Acad. Pétersboiirg, 187(1). (414) B. Hatschek. Beitràge zur Entwicklung d.Lepidopleren {JenaischeZeitschrift,\\). (415) A. KoLLiKER. Observationes de prima insectorum genèse, etc. {Anii. Se. Nat., 2"^ série, XX. 18i3). (41(i) A. Kovvalevsky. Embryologische Studien an Wurmern u. Arthropoden {Mêm. Ac. imp. Pétersiourg, 7° série, XVI. 1871). (417) G. Kr.AEPELiN. Unlersuchungen ub. d. Bau, Mechanismus u. d. Entwick. des Stachels d. bienartigen Thiere {Zeit. f. wiss. ZooL, XXIII. IS'IS). (418) G. KiPFFER. Faltenblatt an d. Embryonen d. Gattung Chironomus {Arch f. mikv. Anat., II. I8GG). (419) H. Leuckart. Ziir Kenntniss d. Ge7ierationswechsels u. d. Parthénogenèse h. d. Insecten. Frankfurt, l858. (420) LuBBOCK. Origin and Metamorphosis of Insects. 187'). (421) LiBBocK. Monograph on Collembola and Thysannra. Ray Society, 1873. (422) Mei.nikow. Beitràge z. Embryonalentwicklung d. Insecten {Arehiv f. Natur- geschichte.WW. 1809). (423) E. Metschnikoff. Embryologische Studien an Insecten {Zeit. f. wiss. ZooL, XVI. 18C.G). (424) P. Meyer. Outogenie und Phylogenie d. Insecten {Jenaische Zeitschrift, X. 187G). (426) Fritz Muller. Beitràge z. Kenntniss d, Termiten {Jenaiscke Zeitschrift, IX. 1875). (42G) A. S. Packard. Embryological Studies on Diplex, Perithemis, a^nd the ïhysanu- rous gcnus Isotoma (Mem. Pealodij Acad. Science, I, 2. 1871). (427) SucKOW. Geschlechtsorgane d. Insecten. {Heusinger's Zeitschrift f. organ. Physik, II. 182H). (428) Ticni).MmoFF. Ueber die Entwicklungsgeschichte des Seidenwiirms {ZooL/gischer Anzeiger, II. Jahr. n" 20 (Communication provisoire). (429) Aug. Weismann. Zur Embryologie d. Insecten {Arehiv f. Anat. und Phys. 18G4). (430) Aug. Wei.s.\iann. Entwicklung d. Dipleren {Zeil. f. wiss. ZooL, XIII et XIV. Leipzig, 1803-4). (•'i31) Aug. Weismann. Die Métamorphose d. Coreihra pliimicornis {Zeit. f. wiss. ZooL, XVI. ISGGj. (432) N. Wagner. Beitrag z. Lelire d. Fortpflanzung d. Insectenlarven {Zeit. f. wiss. ZooL, XIII. 1800). (43:i) Zaddach. Unlersuctiwigen iib. d. Bau n. d. Entwicklung d. G lieder thiere. Berlin, 185i. ARACHiNIDES. 405 ARACUNIDES (1). Le développement de plusieurs des divisions de ce groupe impor- tant a été suivi ; et il conviendra de traiter d'abord séparément de l'histoire particulière de chacune de ces divisions, puis de consacrer ensuite un paragraphe spécial au développement des organes pour le groupe tout entier. Scorpionides. — Le développement embryonnaire a toujours lieu dans le corps de la femelle du Scorpion. Chez le Buthiis, il s'effectue dans des protubérances en forme de follicules des parois de l'o- vaire. Chez le iS'co?'/>zo, le développe- ment commence aussi pendant que . -ôwa-r. l'œuf est encore dans le follicule ; ^^^ \. mais, lorsque le tronc commence à j \ se segmenter, l'embryon passe dans M ~M le tube ovarien. La principale auto- ^î| "^^ rite pour le développement des Scor- '" pionides est Metschnikoff (n° 434). , Au pôle de l'œuf dirigé vers le tube i' ovarique, se difiérencie un disque ' / germinatif qui subit une segmen- tation partielle (fig. 211, è/). Il se forme ainsi un blastoderme cupu- liforme d'une seule couche de cel- lules qui s'épaissit bientôt au centre et se divise en deux feuillets. Le feuillet externe est l'épiblaste, l'in- terne, le mésoblaste. Au-dessous du mésoblasteapparaissentplus tard des cellules granuleuses qui forment le commencement de l'hypoblaste (2 Fig. 211. — OEufde Scorpion avec le blasto- derme déjù formé montrant la segmentation partielle (d'après Metschnikoff) (*). Pendant la formation du blastoderme, il se constitue autour de l'embryon une enveloppe cellulaire dont l'origine est douteuse bien que Metschnikoff la considère comme dérivée probablement du blastodernrie et homologue à l'amnios des Insectes. Elle devient double dans les stades plus avancés (fig. 213). (1) ' I. Scorpionides. i2. Pédipalpes. I. Arthrogastres. •■ 3. Psi^udoscorpionides. 1 4. Solifnges. \ 5. Phalangides. Çl. Tétrapneumones. (2. Dipiieumones. III. Acariens. (2) L'origine des cellules hypoblastiqaps, si ces cellules sont telles, est obscure. Metsclinikoff les fait dériver avec doute des cellules blastodermii|ues ; d"après mes re- cherches sur les Araignées, il me paraît plus probable qu'elles se forment dans le vitellus. (*) 6/, blastoderme. II. Aranéides. tOG TRACHEITES. 212. — Trois vues de face de la plaque ventrale l'embryon de Scorpion (d'après Metschnikoff) (*). Pendant la différenciation des trois feuillets embryonnaires, le dis- que gerniinatif devient un peu pyriforme, l'extrémité pointue étant dirigée en ar- rière ; cette extrémité est un épaississement spécial équivalent peut-être au cumulus primitif des Arai- gnées. Le disque germi- natif continue à s'étendre graduellement au-dessus du vitellus, mais l'aire pyri- forme originelle est plus- épaisse que le reste et est limitée en avant et en ar- rière par un sillon peu pro- fond. Elle constitue une de formation correspondante à la plaque ventrale des autres Trachéates. Elle se creuse bientôt d'un sillon longitudinal peu profond (fig. 212, A) qui plus lard, devient moins distinct. Elle est ensuite divisée en trois parties par deux lignes transversales (1). Dans les stades suivants, l'anté- rieure de ces trois parties se dis- tingue comme lobes procépha- liques et devient bientôt un peu plus large. De nouveaux segments s'ajou- tent d'avant en arrière et la plaque ventrale tout entière augmente rapi- dement de longueur (fig. 212, B). (1) La destinée exacte des trois segments originels reste assnz obscure d'après les données deMetschnikofl'. Il croit cependant que le segment antérieur forme les lobes procéphaliques, le segment postérieur pro- bablement le telson et les cinq segments caudaux adjacents, et le segment moyen, le reste du corps. Cette vue ne me paraît pas entièrement satisfaisante parce que, par analogie avec les Araignées et les autres Arthropodes, les nouveaux somitcs devraient se former par une segmentation continue du lobe postérieur. {') A, avant la division en segments. — U, après la formation de cini| segments. — C, après le com- mencement de la formation des appendices. (")c/y,el]élicères. — pd. pédipal[)cs. —pl-;j*, appendices ambulatoires, —ah, pnst-abdomen (queue). l'ig. 213. — Kmliryou de Scorpion assez avancé enveloppé dans ses membranes (d'après Met- sclinikolT) (**). ARACHNIDES. 407 Lorsque dix segments sont formés, les appendices apparaissent comme des prolongements pairs des neuf segments postérieurs (fig. 212, G). Le second segment porte les pédipalpes, les quatre seg- ments suivants, les quatre pieds ambulatoires et les quatre segments postérieurs, des appendices provisoires plus petits qui disparaissent plus tard à l'exception peut-être des seconds. Le segment antérieur situé immédiatement en arrière des lobes procépbaliques, est très petit et ne présente pas encore de rudiments des chélicères qui ne s'y forment que plus tard. Il paraîtrait, d'après les figures de Metschnikoff, se développer plus tard que les autres segments post-buccaux présents pe Fig. 2U. Ti-ois stades du dévoloppement du Scorpion. Les embryons sont représentés redressés (d'après Metsciiniitofr) (*). à ce stade. La queue encore non segmentée devient très saillante et fait un angle de 180° avec le reste du corps sous la face ventrale duquel elle est recourbée. Lorsque douze segments sont formés d'une manière définie, la région procépbalique est distinctement bilobée, et dans la gouttière médiane qui s'étend à sa surface s'est formé le stomodfcum (fig. 214, A). Les chélicères (cA) apparaissent comme de petits rudiments sur le premier segment post-oral et les cordons nerveux sont distinctement diffé- renciés et renflés en ganglions. A l'état embryonnaire, il y a un gan- glion pour chaque segment. Le ganglion du premier segment, celui qui porte les chélicères, est très petit, mais incontestablement post-oral. (*j c/(, cliélicères. — pd, pédipalpes. — pl-;j*, appendices ambulatoires. — pe, peigne. — «^ stig- mates. — ■ ab. post-abilomen (queue). 408 TRACHÉATES. A ce stade, par une extension à laquelle prennent part les trois feuillets embryonnaires, le vitellus est complètement enveloppé parle blastoderme. C'est un fait remarquable qui n'a que peu d'analo- gues et seulement chez les Arthropodes que la situation du blasto- pore, c'est-à-dire du point où les membranes embryonnaires se ren- contrent en enveloppant le vitellus, h la face dorsale de l'embryon. Les relations générales de l'embryon vers ce stade sont montrées dans la figure 213 où l'embryon renfermé dans sa double membrane cellulaire est vu de profil. Cet embryon est à peu près du même âge que celui représenté par la face ventrale dans la figure 21 i, A. On peut facilement comprendre la nature générale des transforma- tions ultérieures en considérant les figures 21-4, B et C, mais quelques points sont i\ noter. Une lèvre supérieure ou labre se forme comme un organe impair sur la ligne intermédiaire aux lobes procéphaliques. Les pédipalpes prennent la forme de pinces avant d'être articulés, et les chélicères acquièrent aussi de bonne heure leur forme caractéristique. Des appendices rudimentaires apparaissent sur les six segments situés en arrière des pattes ambulatoires, cinq d'entre eux sont visibles sur la figure 213, ils persistent seulement sur le second segment où ils semblent former les peignes. Le dernier segment abdominal, c'est-à- dire le plus voisin de la queue, ne porte pas d'appendices provisoires. La queue embryonnaire est divisée en six segments y compris le telson (fig. 214,C,fl6). Les poumons (s/) se forment par des invaginations paires dont les parois deviennent plus tard plissées, sur les quatre derniers segments pourvus de membres rudimentaires, et en même temps que disparaissent ces membres. Pseudoscorpionides. — Le développement du C/te/c/er a été étudié par Metschnikoff (ii" 43(5), et bien que (excepté en ce qu'il possède des trachées au lieu de sacs pulmonaires) il semble être très voisin du Scorpion, il en diffère cependant d'une manière frappante par son développement. Les œufs après être pondus sont portés par la femelle altactiés au premier anneau de l'abdomen. La segmentation (V. p. 102) est intermédiaire entre les types de segmentation complète et superficielle. L'œuf formé principalement de vitellus nutritif, se divise en deux, quatre, huit segments égaux (fig. 2f o, A). A la surface de ceux-ci apparaissent alors un ou plusieurs segments clairs et enfui une couche celUilaire complète se forme autour des splières vitellines cen- trales (fig.2i;),B) qui plus tard s'agglomèrent en une masse centrale. Les cellules superficielles forment ce que l'on peut appeler un blastoderme, qui bientôt se divise en deux feuillets (fig. 2i5, C). Il apparaît alors une seule paire d'appen- dices, les pédip;ilpes (fig. 210, A, pd), tandis qu'en môme temps l'extrémité an- térieure de l'embryon se développe en une saillie proboscidiforme remarqua- ble, une lèvre supérieure temporaire (cacbée dans la figure derrière le pédi- pulpe), et l'abdomen {ah) se recourbe en avant vers la face ventrale. La larve après avoir subi une mue éclôt à cet état très rudimentaire, mais reste encore ARACHNIDES. 109 attachée à son parent. Après son éclosion, elle s'accroît rapidement et se remplit d'une substance transparente particulière. La première paire depattes ambulatoires se forme en arrière des pédipalpes, puis les trois paires sui- vantes en môme temps que les chélicères apparaissent en avant comme de petits rudiments. Il ne se montre pas encore de signes extérieurs de seg- mentation, mais le système nerveux se forme vers cette période. Les gan- glions sus-œsophagiens sont particulièrement distincts et pourvus d'une cavité centrale, probablement formés par invagination comme chez les autres Arachnides. Dans les stades suivants (fig. 216, B), quatre paires d'appendices provisoires (visihles sous la forme de petits tubercules en «5) apparaissent en arrière des pieds ambulatoires. L'abdomen se recourbe en avant de façon à atteindre presque les pédipalpes. Dans les stades suivants (fig. 216, C) la Fig. 213. — Segmentation et formation du blastoderme du Clielifer (d'après MetschnikofT) (*) forme adulte est peu à peu atteinte. L'énorme lèvre supérieure persiste quel- que temps mais s'atrophie plus tard et est remplacée par un labre normal. Les appendices situés en arrière des pieds ambulatoires s'atrophient et la queue se redresse peu à peu pour prendre sa position finale. La segmenta- tion et l'accroissement graduel des membres n'exigent pas une description spéciale, et la formation des organes, autant qu'on la connaît, s'accorde avec les autres types. La segmentation du Chthonius paraît être semblable à celle du Chelifer (Stecker, n» 437). Phalangides. — Nos connaissances sur le développement des Phalangi- des sont malheureusement bornées aux stades avancés (Balhiani, n" 438)- (*) En A, l'œuf est divisé en segments distincts. — En B, sont apparues de petites cellules qui forment un blastoderme (6/) entourant les grosses sphères vitellines. — En C, le blastoderme est divisé en deux couches. 410 TRAGHÉATES. Ces stades ne paraissent pas cependant différer d'une manière très considéra- ble de ceux des Araignées vraies. Aranéides. — Les œufs des véritables Araignées sont ou pondus dans des nids construits spécialement pour eux, ou portés par les femelles. Des espèces appartenant h un grand nombre de genres : P/iolcus, Epeira, Lycosa, Clubione, Tegmaria, et Agelena ont été étudiées par Claparède (n" 442), par Balbiani (n° 439), par Barrois, (n" 441) et par moi-même (n" 4401, et la très grande similitude de leurs embryons ne laisse guère de doute sur le fait qu'il n'y a pas de l'ig. 216. — Triiis sliides du déveloii|icmL'iit du C/iclifcr (d'après Mctsclinikofl) {'). variations considérables dans le développement chez les divers repré- sentants du groupe. L'œuf est entouré d'une membrane vitelline, délicate, envelop- pée à son tour par un chorion sécrété par les parois de l'oviducte. Le chorion est recouvert de nombreuses proéminences arrondies, et présente quelquefois une ornementation correspondant aux aires des cellules qui l'ont formé. La segmentation a déjà été décrite d'une manière complète (p. 106). Lorsqu'elle est achevée, l'œuf est enveloppé d'un blastoderme formé d'une seule couche de grandes cellules aplaties entourant un vitellus divisé en gros segments polygonaux ; chaque segment est composé de grosses sphérules vilellinos, et renferme un noyau entouré par une couche de proto- (*) p'J, pédipalpos. — ab, abdomen. — an.i, invagination anale. — cit, rhélicères. :. ^ ARACHNIDES. 4H ./ .^'^^Mm?>. So %. H i' »Wô plasma dont les prolongements étoiles réunissent les sphères vitel- lines. Le noyau entouré de la plus grande partie du protoplasma de chaque cellule vitelline, paraît en général être situé non au centre, mais sur un côté du segment vitellin. La description suivante du développement des Araignées s'applique plus spécialement à ÏAgelena labyrintliica, espèce qui a fait le sujet de mes recherches personnelles. La première différenciation du blastoderme consiste en ce que les cellules de presque tout un hémisphère deviennent un peu plus co- lumnaires que celles de l'autre hémisphère, et sur une aire peu éten- due près d'une extrémité de l'hémisphère épaissi, deviennent plus co- lumnaires encore que partout ailleurs et disposées en deux couches : Cette aire forme à la surface de l'œuf, une protubé- rance découverte primitivement par Ciaparède et appelée par lui le cuniiihis primitif. Au stade suivant, les cellules de l'hémi- sphère épaissi du blastoderme deviennent plus columnaires en- core et une seconde aire, ratta- chée d'abord au cumulus par une traînée blanchâtre, fait son apparition. Il est à remarquer que le blastoderme, quoique épais de plus d'une cellule sur une grande partie de la surface ventrale n'est pas divisé en deux feuillets distincts. La seconde aire se montre comme une tache blanche et devient bientôt plus distincte tandis que la traînée qui la relie au cumulusr disparaît. Elle est représentée vue de face dans la figure 218. A. Bien que mes observations sur ce stade ne soient pas entièrement satisfaisantes, il me paraît cependant probable qu'il y a un bourrelet longitudinal épaissi du blastoderme s'étendant du cumulus primitif à la large aire blanche. La coupe représentée dans la figure 217^ que je crois être oblique, passe par ce bourrelet à son point le plus saillant. Les noyaux des cellules vitellines, aux stades qui viennent d'être décrits, se multiplient rapidement, et il se forme dans le vitellus des cellules qui rejoignent le blastoderme ; il n'est cependant pas douteux que la multiplication des cellules du blastoderme ne soit due surtout à la division des cellules blastodermiques originelles. Au premier stade que j'ai pu observer ensuite, à la place de l'hé- 217. — Coupe de l'embryon d'Agelcna labyrinthica (*). {*) Cette roupc e>t einiiruiitée à un embryon du même àg'c que celui représenté dans la figure A, la plaque ventrale est à la partie supérieure. Sur la plaque ventrale on voit un épaississement en forme de carène qui donne naissance à la principale masse du mésoblaste. yA, vitellus divisé en grosses cellules polygonales dans plusieurs desquelles on voit les noyaux. 412 TRACnÉATES, misphère épaissi du blastoderme, est une plaque ventrale bien déve- loppée avec un lobe procéphalique en avant, un lobe caudal en ar- rière et une région intermédiaire creusée d'environ trois sillons trans- versaux qui indiquent une division en segments. Cette plaque est dans toute son étendue épaisse de une ou plusieurs couches de cellules, et les cellules qui la constituent se divisent en deux feuillets distincts : un épiblaste columnaire superficiel et une couche plus profonde de cel- lules mésoblastiques (fig. 221, A). Dans cette dernière couche on remarque plusieurs très grosses cellules qui sont en train de passer du vitellus au blastoderme. L'identification des organes visibles dans le stade précédent avec ceux visibles dans le stade actuel est très liypothé- tique, mais il me paraît probable que le cumulus primitif existe encore comme une légère saillie visible dans les vues de face sur le lobe cau- dal, et que l'autre plaque épaissie persiste et forme le lobe procépha- lique. Quoi qu'il en soit, la signification du cumulus primitif paraît être qu'il est la partie du blastoderme, qui la première est formée de deux rangées de cellules (1). Toute la partie du blastoderme extérieure à la plaque ventrale est constituée par une seule rangée de cellules épithéliales aplaties. Le vitellus conserve sa constitution originelle. A ce stade, l'épiblaste et le mésoblaste sont difî'érenciés d'une ma- nière distincte, et il faut chercher l'homologue de Thypoblaste dans les cellules vilellines. Ces cellules ne sont cependant pas entièrement hypoblastiqucs, puisqu'elles continuent pendant la plus grande partie du développement à donner naissance à de nouvelles cellules qui s'unissent au mésoblaste. Le blastoderme de l'Araignée ressemble alors à celui d'un Insecte (excepté par l'absence de l'amnios), après l'établissement du méso- blaste et le mode de formation du mésoblaste dans les deux groupes est très semblable en ce que l'épaississement longitudinal du méso- blaste représenté dans la figure 217 est probablement l'homologue de la gouttière mésoblastique du blastoderme des Insectes. La plaque ventrale continue à s'étendre rapidement, et à un stade un peu plus avancé (fig. 218, B), il y a six segments interposés entre les lobes procéphaliques et caudal. Les deux antérieurs {ch et pd), sur- tout le premier, sont moins distincts que les autres et il est probable que tous deux, ou au moins l'antérieur, se forment plus tard que les trois segments suivants. Ces deux segments sont les segments des chélicères et des pédipalpes. Les quatre segments suivants appar- tiennent aux quatre paires de pattes ambulatoires. Les segments for- ment des bandes transversales saillantes séparées par des sillons transversaux. A ce stade une gouttière peu marquée s'étend le long (1) Divcrsfis opinions ont été émises par Claparède et Balbiani sur la position et la signilication du ciumilus primitif. Elles sont discutées dans mon mémoire (n" 440). AlUCHNIDES. 413 de la ligne médiane ventrale, celte gouttière est surtout déterminée parce que la plaque mésoblastique originellement simple s'est divisée dans toute l'étendue de la plaque ventrale, excepté peut-être les lobes procéphaliques, en deux bandes, une de chaque côté de la ligne médiane (fig. 221, B). Les segments continuent à se multiplier par l'addition continue de nouveaux segments entrele dernier formé et le lobe caudal. Les premiers rudiments des membres font leur apparition au stade à neuf seg- Fig. 218. — Quatre stades du développement de l'Agelena labyrinthica (*). ments. Les pédipalpes et les quatre pattes ambulatoires apparaissent d'abord, le développement des chéliccres, comme celui du segment auquel elles appartiennent, est en retard. Les membres apparaissent comme de petites protubérances au bord des segments. Au stade où ils se forment, la région procéphalique est devenue bilobée et les deux lobes dont elle est composée sont séparés par une dépression peu profonde. Par un allongement continu, la plaque ventrale vient à former (') A, stade où la plaque ventrale est très imparfaitement différenciée. — /Jï'.c, cumulus primitif. — B, œuf vu de profil après la division de la plaque ventrale en six segments. — ch, segment dos chélicères imparfaitement séparé du lobe proréplialique. — pd, segment des pédipalpes. — C, plaque ventrale sujiposée déroulée après l'établissement du nombre complet des segments et des appendices. — st, stomodœum entre les deux lobes pré-oraux. En arrière des six paires d'appen- dices permanents, on voit quatre paires d'appendices provisoires. — D et E, deuv vues d'uu embryon au même stade, supposé déroulé. — E, vu de piolil. — st, stomodaeum. — ch, chélicères : on voit sur leur côté interne le ganglion qui leur appartient. — pd, pédipalpes. — pr.p, appendices provisoires. 414 TRACHÉATES. autour de l'œuf un anneau équatorial presque connplet, les lobes pro- céphaliques et caudal étant seulement séparés par un espace très étroit, la région dorsale de l'embryon non développée. Cette disposi- tion est représentée en coupe longitudinale dans la figure 222. A cet état l'embryon peut ôtre décrit comme présentant une flexion dor- sale. A ce stade (fig. 218, c) les segments et les appendices ont atteint leur nombre définitif. Il y a en tout seize segments (y compris le lobe caudal). Les six premiers portent les appendices permanents de l'a- dulte, les quatre suivants sont pourvus d'appendices provisoires et les six derniers n'en portent jamais. Les faits qui méritent en outre d'être notés dans ce stade sont : 1" l'apparition d'une dépression peu profonde, le rudiment du stomodœum entre la partie posté- rieure des deux lobes procéphaliques; 2° l'apparition d'espaces soulevés du côté interne des six segments appendiculés antérieurs. Ce sont les rudiments des ganglions ventraux. Il est particulièrement digne de remarque que le segment des chélicères, comme les seg- ments suivants, est pourvu de ganglions, et que les ganglions des ché- licères sont entièrement distincts des ganglions sus-œsophagiens dérivés des lobes procéphaliques ; enfin 3° la forme pointue du lobe caudal. Chez le Pholcus (Glaparède, n" 442) le lobe caudal forme un organe saillant qui, comme le lobe caudal du Scorpion, se recourbe en avant sous la face ventrale de la partie du corps qui le précède immédiatement. Chez la plupart des Araignées, on ne trouve pas de lobe caudal saillant de ce genre. Pendant que l'embryon conserve en- core sa fiexion dorsale, des changements considérables s'effectuent dans sa constitution générale. Les appendices (fig. 218, D et E) de- viennent imparfaitement articulés et se dirigent vers la région interne de façon à se rapprocher sur la ligne médiane. Dès le stade précédent, le tégument ventral entre les rudiments des ganglions est devenu beaucoup plus mince et a ainsi divisé la plaque ventrale en deux moitiés. Au stade actuel, les deux moitiés de la plaque ventrale sont encore plus séparées, et il y a du côté ventral un large espace couvert seulement d'une couche épiblastique délicate. Cette disposi- ti(jn est représentée vue de face (fig. 218, D) et en coupe (fig. 221, C). Le stomodanim [st] est beaucoup plus visible et est limité en avant par une lèvre supérieure saillante et en arrière par une lèvre inférieure moins marquée. La lèvre supérieure devient moins visible dans les stades plus avancés et doit peut-être être comparée à la lèvre supé- rieure provisoire du Chclifer. Chaque lobe procéphalique est alors marqué par un sillon semi-circulaire profond. La période du développement qui suit est caractérisée par le chan- gement graduel de la fiexion de l'embryon qui de dorsale devient ventrale, accompagnée par la division du corps en abdomen et cépha- lothorax et l'apparition graduelle des caractères de l'adulte. ARACHNIDES. 415 Le changement dans la flexion de l'embryon est déterminé par l'allongement de la région dorsale qui jusqu'ici était à peine déve- loppée. Cet allongement augmente l'étendue de la face dorsale entre les régions procéphalique et caudale, et par conséquent détermine nécessairement l'écartement de ces deux lobes; mais, comme la plaque ventrale ne diminue pas de longueur en même temps et que l'em- bryon ne peut se redresser dans la coque de l'œuf, il s'incurve néces- sairement du côté ventral. S'il n'y avait qu'une petite quantité de vitellus nutritif, cette flexion déterminerait une courbure de l'embryon tout entier et rendrait naturellement la face ventrale de l'embryon concave. Mais, l'ig. 2i9. — Deux stades avancés du développement de l'Aje/tf/îa labyrinthica {*]. au lieu de cela, la flexion est d'abord limitée aux deux bandes qui for- ment la plaque ventrale. Ces bandes, comme le montre lafigure219, A, acquièrent une véritable flexion ventrale, mais le vitellus forme une saillie, une sorte de sac vitellin, comme l'appelle Barrois (n° 441), dis- tendant le mince tégument qui sépare les deux bandes. Ce sac vi- tellin est représenté vu de face dans la figure 219, A et en coupe dans la figure 224. A une période plus avancée, lorsque le vitellus est en grande partie résorbé, la véritable nature de la flexion ventrale de- vient très visible, puisque l'abdomen de la jeune Araignée encore dans l'œuf est tout entier recourbé de façon à s'appliquer contre la face inférieure du thorax (fig. 219, B). {•) A, embryon vu de profil an stade où le vitellus fait une énorme saillie à la face ventrale. L 'anj^lc des lignes d'insertion des appendices permanents et provisoires mesure la flexion ventrale. — B, embryon presque prêt à éclore. L'abdomen qui n'a pas complètement acquis sa forme per- manente est pressé contre le côté ventral du thorax. — pr.l, lobe procéphalique. — pd, pédipalpes. — en, chéliceres. — cl, lobe caudal. — jor.p, appendices provisoires. 416 TRACHÉATES. Le caractère général des changements qui ont lieu pendant cette période du développement est montré dans les Qgures 219, A et B re- présentant deux de ces stades. Dans le premier, il n'y a pas encore de constriction entre le futur thorax et l'abdomen. Les quatre paires d'appendices provisoires ne montrent pas de signes d'atrophie, et l'extension de la flexion ventrale est montrée par l'angle formé par la ligne de leur insertion et celle des appendices antérieurs. Le vitellus a déterminé une tension énorme du tégument entre les deux moi- tiés de la plaque ventrale, comme le montre le fait qu'à un stade un peu antérieur à celui qui est figuré, les membres se croisaient sur la ligne médiane ventrale, tandis qu'à ce stade ils sont loin de se ren- contrer. Les membres ont acquis tous leurs articles et les pédi- palpes portent une lame tranchante sur leur article basilaire. La face dorsale entre le lobe caudal saillant et les lobes procépha- liques forme plus d'un demi-cercle. Les tergums sont complètement formés et les limites qui les séparent, surtout dans l'abdomen, sont indiquées par des lignes transversales. Une grande lèvre inférieure limite alors le stomodseum, et la lèvre supérieure est un peu atro- phiée. Au stade plus avancé (fig. 219, B), la plus grande partie du vitellus est rentrée dans l'abdomen qui est alors, jusqu'à un certain point, séparé du céphalothorax par une constriction. Les appendices des quatre somites abdominaux antérieurs ont disparu et le lobe caudal est devenu très petit. En avant de lui sont situées deux paires de mamelons fileurs. Une cuticule délicate est formée qui est bientôt rejetée dans une mue. Acariens. — Le développement des Acariens, qui a été surtout étudié par CIaparède(n"446),eslparliculièrement remarquable par l'occurrence fréquente de plusieurs formes larvaires se suivant l'une l'autre après des mues suc- cessives. La segmentation (Voy. p. 104) se termine par la formation d'un blastoderme d'une seule couche de cellules entourant une masse vitelline centrale. Une plaque ventrale se différencie de bonne heure comme un épaississement du blastoderme dans lequel s'observe bientôt une segmentation peu distincte. Chez le Myobici, Acarien parasite de la Souris commune, la plaque ventrale est divi- séeparcinqélranglements en six segments (fig. 220, A) dont les cinq antérieurs donnent bientôt naissance à des appendices pairs (fig. 220, 13). Ces appendices sont les chéliccres (c/i),lespédipulpes (pJ) et les trois premières paires de pattes (p'-p-"*). Du côté dorsal des cliélicères, un épaississement saillant, la plaque ventrale, paraît correspondre aux lobes procéphaliques des autres Araclnàdes. La partie du corps située en arrière des cinq segments primitifs qui portent des appendices paraît se diviser au moins en deux segments. Chez les autres Acariens, les mêmes appendices que chez le Myobia, se formeni, mais la seg- mentation antérieure de la plaque ventrale n'est pas toujours très évidente. Cliez le My.bia, l'embryon subit deux mues pendant qu'il est encore dans la coque primitive de l'œuf. La première est accompagnée par ia disparition ARACHNIDES. 417 totale en apparenee dt'S trois aiipendkes pédi formes, et la coalescence complète des deux appendices giiatliiforiiies en une trompe (fîg. 220, C). Les pieds repa- raissent avant la seconde muo. L'embryon est ainsi entouré par trois mem- A Fig. 220. — Quatre stades successifs du dévoloii|ienieiit du Myobia musciiU (d'après Claparède) (*).^ branes successives :1a coque de l'œuf originelle et deux membranes cuticu- laires (fig.220, D). Après la seconde mue, les appendices prennent leur forme définitive et l'embryon sort de l'œuf à l'état de larve hexapode. La quatrième paire d'appendices apparaît dans une métamorphose post-embryonnaire. La trompe forme les palpes rudimentaires de la seconde paire d'appendices, et deux stylets allongés représentant les chélicéres. Dans la Mite du fromage [Tyroglyphm), l'embryon subit deux mues qui ne sont pas accompagnées par les changements singuliers qui s'observent chez le Myobia, les chélicéres et les pédipalpes se fusionnent cependant pour former la trompe. La première forme larvaire est bexapode et la dernière paire d'appendices se forme dans une mue subséquente. Chez YAtax Bonzi, forme parasite de VUnio, le développement et la méta- morphose sont plus compliqués encore quecliez le Myobia. La première mue a lieu avant la formation des pattes et peu après la division de la plaque ven- trale en segments. Les cinq paires antérieures de membres se développent de la manière ordinaire dans l'intérieur de la membrane cuticulaire qui résulte de la première mue. Ils subissent une différenciation considérable, les chélicéres et les pédipalpes se rapprochant à l'extrémité antérieure du corps et les trois pattes ambulatoires devenant articulées et armées de griffes. Il se forme en même temps un œsopliage, un estomac et un anneau nerveux circum-œsophagien. Lorsque la larve a atteint ce stade, la coque primitive de l'œuf se divise en deux valves et tombe, mais l'embryon reste renfermé dans la membrane cuticulaire détachée à la première mue. Cette membrane cuticu- laire est appelée par Claparède le deutovum. Dans le deutovum, l'embryon (•) jl — s^, segments post-oraux. — ch, chélicéres. — pd, pédipalpes. — pr, trompe formée par la coalescence des chélicéres et des pédipalpes. — pi — p-, appendices ambulatoires. Balfûuh. — Embryologie. !• 27 418 TIUCIIÉATES. subit de nouveaux changemenls : les chélicères et les pédipalpes se fusion- nent et forment la trompe ; il apparaît une cavité spacieuse avec des globules sanguins, et le tube digestif renfermant le vitellus se constitue. La larve commence alors à se mouvoir, rompt la cuticule dans laquelle elle est enfermée et devient libre. Elle ne reste pas longtemps active, mais pénètre bientôt dans les branchies de son hôte, subit une nouvelle mue et devient immobile. La membrane cuticulaire de la mue qui vient de s'effec- tuer se gonfle par l'absorption de l'eau et devient sphérique. Des changements particuliers ont lieu dans les tissus, et les membres sont, comme chez le Myobia, presque résorbés, persistant seulement comme de petits tubercules. La larve nage sous la forme d'un corps sphérique dans sa coque. Puis les pieds se développent de nouveau et il s'en forme une quatrième paire. La trompe donne naissance inférieurement aux palpes (les pédipalpes). La larve redevient libre et entre autres changements, les chélicères se développent de la trompe. Une nouvelle mue accompagnée d'unepériode de repos intervient, entre cette seconde forme larvaire et l'état adulte. Les changements dans les appendices qui paraissent communs aux Aca- riens, en général, sont le développement tardif de la quatrième paire de pattes, d'où résulte l'occurrence constante d'une larve hexapode et la fusion précoce des chélicères et des pédipalpes pour former une trompe dans laquelle on lie peut reconnaître de trace des appendices originels. Dans la plupart des cas, il se développe plus tard des palpes et des stylets de forme variable en connexion avec la trompe qui, comme ou l'a vu dans les descriptions qui pré- cèdent, sont considérés comme correspondant aux deux appendices embryon- naires originels. Histoire des feuillets germinatifs. C'est un fait remarquable que chacun des groupes d'Arachnides étudiés jusqu'ici a une forme de segmentation diflerenlc. Les types du Chelifer et des Araignées sont de simples modifications du type centrolécilhe ; celui du Scorpion, bien que méroblaslique en apparence, doit probablement être regardé comme dérivant également de ce type (Voy. p. 108 et 4U8). Le premier développement commence chez le Scorpion et les Araignées par la formation d'une plaque ventrale, et il n'est guère douteux que le C/ielifer ne possède une formation homo- logue, (pioique très probablement modifiée à cause du peu de déve- loppement du vitellus nutritif et de la précocité de l'éclosion. L'histoire des feuillets et leur conversion en organes a été étudiée chez le Scorpion (Metschnikoff, n° 44) et chez les Araignées et l'on a trouvé une très grande ressemblance entre ces deux types. Je prendrai le dernier groupe comme type, et appellerai sim- plement l'attention sur les quelques points dans lesquels les deux groupes diffèrent. L'épiblaste. — L'épiblasle, outre (ju'il domie naissance à la peau (hypoderme et cuticule) fournit aussi les éléments du système ner- ARACHNIDES. 419 veux et des organes des sens, des sacs respiratoires, du stomodaîum et du proctodfcum. A la période où le mésoblaste est établi d'une manière définitive, l'épiblaste est formé d'une seule couche de cellules columnaires dans la région de la plaque ventrale, et de cellules plates sur les autres par- ties du vitellus. Le premier changement a lieu lorsqu'il existe environ six segments; l'épiblaste de la plaque ventrale devient un peu plus mince sur la ligne médiane que sur les deux côtés (fig. 221, B). Dans les stades suivants, le contraste entre les parties médiane et latérales devient plus marqué encore, de sorte que l'épiblaste est finalement constitué par deux bandes latérales épaissies qui se rejoignent en avant dans A ylc '"^U: m c ^*"*attujijfl«»«»' u»»"' Fig. 221. — Coupes transversales de la plaque ventrale de ^ Aijclrna lahyrinthica, à trois stades difl'érents (*). les lobes procéphaliques et en arrière dans le lobe caudal et sont partout ailleurs reliées par une couche très mince (fig. 221, C). Peu après, les appendices commencent j\ se former, les premiers rudi- ments de la chaîne nerveuse ventrale apparaissent comme des épais- sissements épiblastiques du côté interne de chacune des bandes la_ térales. Les épaississements de l'épiblaste des deux côtés sont entiè. rement indépendants, comme on peut le voir dans la figure 221, C, vn, prise à un stade un peu postérieur à leur première apparition. Ils se développent d'avant en arrière, mais, ou dès l'origine ou au moins de très bonne heure, cessent de former des épaississements uniformes (*) A, stade après la formation d'environ trois segments. La plaque mésoblastifjiie n'est pas encore divisée en deux bandes. B, stade à six segments (fig. 2t8, B). Le mésoblaste est divisé en deux bandes. C, stade représenté dans la ûg. 218, D. Les cordons nerveux ventraux eonimenrent à se former comme des épaississements de l'épiblaste et les membres sont appirus.— op. épiblasto. — me, mé- soblaste. — me.s^ somite mésoblastique. — vn, chaîne nerveuse ventrale. — yk, vitellus. 4t>0 TIIACIIEATES. pour constituer une série linéaire de renlleinenls, les futurs gan- glions, lallacliés par des cpaississemenls très courts et moins sail- lants de répibiaste (^(ig. 218, C). Les rudiments de la chaîne nerveuse ventrale restent longtemps en continuité avec l'épiblaste, mais peu après la formation de la face dorsale de l'embryon ils s'en séparent et constituent deux cordons indépendants dont la structure histolo- gique est la même que chez les autres Trachéates (fig. 224, vn). Les chaînes ventrales sont d'abord composées d'autant de ganglions qu'il y a de segments. Les ganglions de la paire antérieure apparte- nant au segment des chélicères sont situés immédiatement en arrière du stomodaîum et sont aussi indépendants l'un de l'autre que les autres ganglions. En avant ils touchent les ganglions sus œsophagiens. Lorsque le sac vitellin est formé avec la flexion ventrale de l'em- bryon, les deux cordons nerveux sont largement séparés (lig. 224. vn), dans la région moyenne. A une période plus avancée, au stade re- présenté dans la tigure 211), B, ils se rapprochent de nouveau sur la ligne médiane ventrale, et des commissures délicates se forment, réunissant les ganglions des deux côtés, mais il n'y a ni à cette pé- riode ni à aucune autre de trace d'une invagination médiane entre les deux cordons, telle que llatschek et d'autres observateurs ont essayé de l'établir pour divers Arthropodes et Chétopodes. Au stade représenté dans la ligure 219, A, les ganglions nerveux existent encore dans l'abdomen bien qu'on ne puisse en distinguer qu'environ quatre. A un stade postérieur, ces ganglions se fusionnent en deux cordons continus reliés cependant par des commissures qui correspondent aux ganglions originels. Les ganglions des chélicères se sont complètement fusionnés au stade représenté dans la figure 215, B avec les ganglions sus-œsopha- giens et forment une partie de la commissure œsophagienne. La commissure œsophagienne est cependant complétée du côté ventral par les ganglions des pédipalpes. Les ganglions sus-œsophagiens se forment, indépendamment des cordons ventraux, comme deux épaississements des lobes procépha- liques (fig. 223). Les épaississements des deux lobes sont indépendants et chacun d'eux est de bonne heure limité par un sillon semi-circu- laire (fig. 218, D) naissant de la lèvre supérieure. Chaque épaississe- ment finit i)ar se détacher de l'épiblaste superficiel, mais auparavant les deux gouttières deviennent plus profondes, etlorsque les ganglions se séparent de l'épiblaste, les cellules (|ui tapissent les gouttières s'invaginent, se délachenl de la peau et font partie intégrante des ganglions sus-œsopliagicns. Au slade représenté dans la iigure 21'.), B, les ganglions sus-œsophagiens sont coinplètenienl détachés de l'épiblaste et sont constitués par les parties ARACHNIDES. 42t suivantes : i° une portion dorsale formée de deux lobes hémisphériques constitués surtout par le revêtement invaginédes gouttières semi-circulaires ; la lumière originelle de la gouttière persiste encore sur le côté externe de ces lobes; 2" deux niasses centrales, une pour chaque ganglion, formées de tissu puncliforme et rattachées par une commissure transversale ; 3° un lobe ventral antérieur ; 4" les ganglions originels des chélicères qui forment les parties ventrales des ganglions (1). Les derniers stades du développement du système nerveux n'ont pas été étudiés. Le développement du système nerveux chez le Scorpion est presque iden- tique à celui des Araignées, mais MetschnikofF croit, bien que sans pro- duire des faits satisfaisants, que le tégument médian intermédiaire aux deux cordons nerveux prend part à la formation de la chaîne ventrale. II existe dans les ganglions sus-œsophagiens des gouttières semblables à celles des Araignées. Le mésoblaste. — L'histoire du mésoblaste jusqu'à la formation d'une plaque ventrale sous-jacente à la plaque épaissie de l'épiblaste a été déjà exposée. La plaque ventrale est représentée dans la ligure 221 , A. On voit qu'elle est formée principalement de petites cellules, mais 'v«»>^ "v-C ' ^ *| iki Fig. 222. — Coupe longitudinale d'un cuiliryon d'Ai/rtnna labyrintldca (*). quelques grandes cellules se montrent, pénétrant du vitellus dans la plaque. Pendant une période considérable de la suite du développe- ment, le mésoblaste est limité à la plaque ventrale. (1) Pour plus de détails, voy. mon Mémoire, n° 440. (*) Cette coupe est faite sur un embryon du même âge que celui représenté dans la figure 218, C et est menée un peu en dehors de la ligne médiane de façon à montrer les relations des somites méso- blustiques avec les membres. Dans l'intérieur on voit les segments vitcllins avec leurs noyaux. — 1-16, segments. — pr.l, lobe procéphalique. — do, tégument dorsal. 422 TRACFIEATES. Le premier changement important a lieu lorsqu'il existe environ six somites, le mésoblaste se divise alors en deux bandes latérales vues en coupe dans la figure 221, B, qui se rejoignent cependant en avant dans les lobes procéphaliques et en arrière dans le lobe caudal. Très peu de temps après, ces bandes se fragmentent en parties correspondant en nombre aux segments, dont chacune se divise en deux lames qui limi- tent une cavité (fig. 222 et 225, A). La lame externe somatique est plus épaisse et accolée à l'épiblaste, la lame interne splanchnique, plus mince et dérivée principalement sinon entièrement [Agelena] de cellules qui prennent leur origine dans le vitellus. Ces formations constituent les somiles mésoblastiques. Dans les segments qui por- tent les appendices, la lame somatique de chacun d'eux, avec un pro- longement de la cavité, se continue dans l'appendice (fig. 221, C). Puis- que la cavité des somites mésoblastiques est une partie de la cavité gé- nérale, tous les appendices contiennent des prolongements de la cavité générale. Il ne se forme pas seulement une paire de somites mésoblastiques pour chaque segment du corps, mais aussi pour les lo- V .,--^;^ \ ,-.... ^^ M--^ r I''ig. 2i3. — C(Hi{)e dos lobos procéphaliiiucs d'un embryon d'Ac/c/eHa labyriiilhicaO- bes procéphaliques (fig. 223). Les somites mésoblastiques de ces lobes se constituent un peu plus tard que ceux des véritables segments, mais en didcrent seulement en ce que les somites des deux côtés sont réunis par un pont médian de mésoblaste non divisé. Le développe- ment d'un somite pour les lobes procéphaliques est semblable à ce qui a été décrit par Klcincnbcrg pour le Lombric, mais ne doit pas nécessairement être considéré comme indiquant que les lobes procéphaliques forment un segment équivalent aux segments du tronc. Ils sont plutôt équivalents au lobe préoral des larves de Ghéto- podes. JA)i-sque la face dorsale de l'embryon est constituée, il se forme une couche épaisse de mésoblaste au-dessous de l'épiblaste. Cette couche ne dérive pas de l'extension du mésoblaste des somites, mais des cellules qui prennent leur origine dans le vitellus. Les premières traces de cette couche se montrent dans la figure 222, do, et elle est com- (*) La roiipo osl praliriiioc sur vui l'iidjrj lu inrmi' àsi' . i„„ L (/. btoniatopoues. > \p. Ciimacés. \/'. Edi'iophtlialnies. ,,, n ■ A l "• Eacopépodes. ,, -' ., III. Copepodes. ) ^ ^ i Pctiasites. i b. Branchiures. 1 a. Thoraciques. ,,,„■•• 1 ' '''• Abdominaux. IV. Cirripedes. j '•. Apodes. ( '/. Rliizocépliales. V. Ostracodes. f2) L'importance diî l'iiistoirc larvaire des Crustacés réunie à l'ignorance relative où nous sommes sur la formation d(!s feuillets m'a forcé à m'écarter un peu du plan gé- néral de cet ouvrage et à renvoyer l'exposé do la formation des feuillets après celui des formes larvaires. PHYLLOPODES. 431 Le nom de Naiiplius a été appliqué t\ certaines formes larvaires de Co- pépodes (fig. 247) par 0. F. Millier qui les croyait des animaux adultes. Ce nom est aujourd'hui étendu i un très grand nombre de larves qui ont en commun certains caractères définis. Elles sont pour- vues (fig. 22G, A) de trois paires d'appendices, les deux paires d'an- tennes et les mandibules futures. La première paire d'antennes [an^), est uniramée, et a surtout une fonction sensorielle ; la seconde paire d'antennes (on'^} et les mandibules [md) sont des appendices natatoires biramés ; les mandibules ne possèdent pas la future lame tranchante. Les mandibules du Nauplius représentent en réalité le palpe. Les deux appendices postérieurs portent l'un et l'autre sur leur article basilaire des tubercules en forme de crochets [qui servent à la mastication. Le corps dans la plupart des cas, n'est pas segmenté et présente en avant un seul œil médian. 11 y a une grande lèvre supérieure et un tube digestif formé d'un œsophage, d'un estomac et d'un rectum. L'anus s'ouvre près de l'extrémité postérieure du corps. A la face dor- sale, de petits replis de la peau représentent souvent le commence- ment d'un bouclier dorsal. Une particularité très frappante du Nau- plius, d'après Claus et Dohrn, est le fait que la seconde paire d'an- tennes est innervée par un ganglion sons-œsophagien. Ou rencontre avec plus ou moins de fréquence dans tous les groupes de Crustacés une forme larvaire présentant ces caractères. Dans la plupart des cas, elle n'est pas exactement conforme au type qui vient d'être décrit, et les divergences sont plus considérables chez les Phyllopodes que dans la plupart des autres groupes. Les caractères du Nauplius dans chaque cas sont décrits dans la suite. Phyllopodes. — Pour les Phyllopodes, on peut prendre comme type rig. 226. — Deux stades du développfimciit de VAjjiis cancriforuiis (d'après Claus) (*). le développement de VApus cancrifo7'mis (Claus, n° 454). L'embryon au moment où il sort de l'œuf (fig. 226, A) est de forme un peu ovale et rétrécie en arrière. Il présente à son extrémité postérieure une (*) A, stade Nauplius au moment de reclosion. — B, stade qui suit la première mue. — an^ et an^, première et deuxième paires d'antennes. — tivJ, mandilHiles. — mr. mâchoires. — /, lalire. — //•, or- gane sensoriel frontal. — f, queue bifurquée. — s, segment. 432 CllUSTACÉS. légère cncocbc en forme de Y, au summel de laquelle est situé l'anus. Le corps, conlraii-ement à celui du Nauplius typique, est déjà divisé en deux régions céphalique et post-céphalique. Du côté ventral de la '.•é"ion céphalique, existent les trois paires d'appendices normales. En avant, sont les petites antennes antérieures {an^), sous la forme de simples liges inarticulées portant à l'extrémité deux soies mobiles. Elles sont insérées sur les côtés de la grande lèvre supérieure ou labre (/). En arrière sont les antennes postérieures énormément déve- loppées qui constituent le principal organe de locomotion de la larve. Elles sont biramées, étant formées d'une portion basilaire qui porte à son extrémité et du côté interne une forte épine en forme de crochet, d'une branche interne inarticulée, avec trois soies, et d'une grosse branche externe, imparfaitement divisée en cinq articles avec cinq longues soies latérales. L'organe en forme de crochet attaché à cette paire d'appendices semblerait indiquer qu'il servait de mâchoires chez quelque forme ancestrale (Claus). Ce caractère paraît être uni- versel chez les embryons des véritables Phyllopodes et est constant chezles Copépodes, etc. La troisième paire d'appendices ou mandibules {md) est attachée an-dessous, et très près de la lèvre supérieure. Elles sont encore dépourvues de lames tranchantes et se terminent par deux courtes branches portant l'interne, deux et l'externe, trois soies. A l'extrémité antérieure de la tête, est l'œil impair typique. Sur la face dorsale existe déjà un rudiment du bouclier céphalique, continu en avant avec le labre (/) ou lèvre supérieure, dont la dimension extra- ordinaire est caractéristique des larves des Phyllopodes. La région post-céphalique qui devient plus tard le thorax et l'abdomen, renferme au-dessous de la peau, des rudiments des cinq segments antérieurs du thorax et de leurs appendices et s'écarte sous ce rapport, d'une ma- nière importante de la forme typique du Nauplius. Après la pre- mière mue, la larve (fig. 2-26, B), perd sa forme ovale, surtout par l'allongement de la partie postérieure du corps et l'extension latérale du bouclier céphalique, qui, en outre, recouvre maintenant complète- ment la tête, et a commencé à s'étendre en arrière, de façon à re- couvrii' la région thoracique. A la seconde mue, il apparaît sur son côté une glande du test rudimentaire. Dans la région céphalique, deux petites papilles (/?•) existent alors en avant de la tête, près de l'œil iini)air. (À; sont des organes sensoriels, et on peut les appeler les papilles sensorielles frontales ; Clans a montré (|ii'elles ont quelque importance phylogénétique. Les trois paires d'appendices du Nau- plius ne sont pas beaucoup motliliées, mais une lame tranchante rudi- mentaire s'est formée sur l'article basilaire de la mandibule. Il existe alors une glande ouverte ;\ la base de l'antenne, qui est probablement écpiivaleiite à la glande verte (jui se rencontre souvent chez les PHYLLOPODES. 433 Malacostracés. En arrière des mandibules ont apparu une paire de protubérances simples qui forment les rudiments de la première paire de mâchoires {mx). Dans la région thoracique, de nouveaux segments se sont sura- joutés en arrière, et les appendices des trois segments antérieurs sont très distinctement formés. La queue est nettement bifurquée; le cœur se forme à la seconde mue et s'étend alors jusqu'au sixième segment thoracique : les chambres postérieures se surajoutent successivement d'avant en arrière. Dans les mues successives que la larve subit, de nouveaux segments continuent à se former à l'extrémité postérieure du corps et des membres apparaissent sur les segments déjà formés. Ces membres représentent probablement la forme primitive d'un type d'appendices des Crustacés qui est important pour l'in- terprétation des diverses parties des ap- pendices des Malacostracés. Ils consistent (fig. 227j, en une portion basilaire (prolo- podite d'Huxley) et deux branches. La por- tion basilaire porte deux saillies du côté interne. Du côté externe est attaché un sac branchial à direction dorsale {b-) (épi- podite d'Huxley). La branche externe(ea:), (exopodite d'Huxley) , est formée d'une seule plaque avec soies marginales. La branche interne (endopodite d'Huxley), est quadri-articulée, et le bord interne des trois articles proximaux porte une saillie semblable à celle de l'article basilaire. A la ti'oisiôme mue, plusieurs caractères nouveaux apparaissent dans la région céphalique qui devient plus proéminente aux stades suivants. En premier lieu, les yeux pairs se forment de chaque côté et en arrière de l'œil impair, puis la seconde paire de mâchoires se montre tout en restant encore très rudimentaire. La glande du test est bien développée et s'ouvre à la base de la première paire de mâ- choires. Le bouclier dorsal s'étend graduellement en arrière, jusqu'à ce qu'il recouvre tous les segments qu'il doit protéger. Après la cinquième mue, les appendices du Nauplius s'atrophient rapidement. La seconde paire d'antennes est particulièrement réduite et le palpe mandibulaire (la partie primitive nauplienne de la man- dibule) se contracte en un simple rudiment qui finit par disparaître complètement tandis que la lame grandit d'une manière correspon- dante et devient dentée. L'état adulte n'est atteint que graduellement et après un très grand nombre de changements de peau successifs. (*) ex, exopodite. — en, endopodite. — br, appendice br.inchial (épipoditel. La portion basilaii-e qui porte les deux saillies proximales n'est pas nettement séparée de Tendopodite. Balfoup. — Embryologie. 1. — 28 Fis. 227. — Appendice typique de Pliyllopode (emprunté à Claus) (*). 434 CRUSTACES. Le principal point intéressant dans le développement qui vient d'être exposé, est le fait que la forme Nauplius primitive se trans- forme graduellement en la forme adulte sans métamorphose spé- ciale (I). Le Bnmcfiipus, comme VApus, éclôt sous la forme d'un Nauplius un peu modifié qui diffère cependant de celui de VApus en ce que la région postérieure du corps ne présente pas d'indication de segments. Il subit une métamor- phose très semblable, mais à aucune période de sa métamorphose ne pos- sède de bouclier dorsal; la deuxième paire d'antennes n'avorte pas, et chez le mâle est pourvue d'organes de préhension qui sont peut-être des restes des crochets embryonnaires si caractéristiques de celte paire d'anteimes. La larve de VEsthcria lorsqu'elle éclùt a la forme d'un Nauplius, avec une grande lèvre supérieure, une queue bifurquée et un œil unique. 11 y a deux paires d'appendices natatoires fonctionnels, la deuxième paire d'antennes et les mandibules. La première paire d'antennes n'a pas été observée et il ne se dé- veloppe pas de manteau dorsal destmé à former le test. A la première mue les antennes antérieures apparaissent comme une paire d'organes en forme de moignons et il se -forme également un petit bouclier dorsal. Des rudiments de six ou sept paires d'appendices se développent de la manière ordinaire et contiiment à augmenter de nombre dans les mues successives; le test se développe rapidement. Le point le plus intéressant dans le développement de celte forme est la très grande ressemblance d'une jeune larve avec un Cladocère adulte typique (Claus). Cette ressemblance apparaît dans la forme du test qui n'a pas atteint toute son extension antérieure, les antennes de la première paire rudimentaires, les grandes antennes locomotrices de la seconde paire qui diffèrent cependant des organes Correspondants des Cla- docères par la présence des crochets larvaires typiques. L'abdomen môme ressemble à celui des Daphnies. Ces caractères indiquent peut-être que les Cladocères sont dérivés de quelque forme de Phyllopode comme VEsthcria par un processus de métamorphose régressive. Les antennes postérieures chez YEstheria adulte sont de grands appendices biramés, et servent à la natation; quoique ayant perdu le crochet embryonnaire, elles couservent encore à un plus haut degré que dans les autres familles de Phyllopodes leurs caractères Nauplicns. La forme Nauplius des Phyllopodes est caractérisée par plusieurs particularités délinies. Son corps est distinctement divisé en une ré- gion céphaliqne et une région post-ccphalique. La lèvre supérieure est extraordinairement grande, relativement beaucoup plus que dans les stades plus avancés. La première paire d'antennes est d'ordinaire rudimentaire, et quehiuefois môme absente, tandis que la seconde paire est exceptionnellement grande, et semblerait capable de jouer le rôle non seulement d'un organe de natation, mais encore d'un organe de mastication. Le bouclier dorsal est presque ou entièrement absent. | (1) Rien ne paraît connu sur la manière dont il se fait que plus d'un appendice est j) porté par cliaciin des segments du on/iènio au vingtième. D^s recherches sur ce point seraient intéressantes sous le rapport de la signilication de la division en segments. MALâCOSTRACÉS. 435 Cladocères. ~ La dérivation probable des Cladocères d'une forme sem- blable à ÏEstheria a déjà été mentionnée, et on pouvait prévoir que le déver loppement serait semblable à celui des Phyllopodes. Le développement de la majorité des Cladocères s'effectue cependant dans l'œuf et les jeunes, lorsqu'ils éclosent, sont très semblables aux parents, mais dans l'œuf ils passent par un stade Nauplius (Dohrn). Une exception à la règle gé- ^ nérale est cependant fournie par les œufs d'hiver du Lepto- dora, une des familles les plus primitives des Cladocères. Les œufs d'été se développent sans métamorphose, mais Sars (n°46i) a découvert que la larve sort de l'œuf d'hiver sous la forme d'un Nauplius (fig. 228). Ce Nauplius res- semble beaucoup à celui des Phyllopodes. Le corps est al- longé et outre les appendices Fig. 228. — Larve ^Nauplius (lu Leptodora hyalina, née de normaux du Nauplius montre ''* '^ ^'''"''^'' (cnprunté à Broon, d'après Sars) (*). six paires de bourrelets, in- dications des futures pattes. Les antennes antérieures sont comme d'ordinaire petites, les secondes grandes et biramées, mais les épines masticatoires, ca- ractéristiques des Phyllopodes, font défaut. Les mandibules sont dépourvues de lame tranchante. Il existe une grande lèvre supérieure et un œil impair. L'état adulte est atteint de la môme manière que chez les Phyllopodes après la troisième mue. MALACOSTRACES. La taille et l'imporlance des diverses formes comprises dans le groupe des Malacoslracés, ont fait que l'attention s'est portée sur leur embryologie, plus que sur celle d'aucune autre division des Crustacés, et l'interprétation exacte de leurs formes larvaires soulève plusieurs des problèmes les plus intéressants de l'embryologie tout entière. La majorité des Malacostracés passent par une métamorphose plus ou moins compliquée; chez les Nébaliadés, les Gumacés, quelques- uns des Schizopodes, quelques Décapodes [Astacus, Gecarcinus, etc.), et les Edriophthalmes, cependant la larve en sortant de l'œuf a à peu près la forme de l'adulte. Contrairement aux groupes inférieurs des Crustacés, la larve Nauplius est rare, mais s'observe chez un Schizo- pode [Euphausia, fig. 231), quelques-unes des formes inférieures de (*) rt/ii, antenne de lu première paire. — an^, antenne de la seconde paire. f, article caudale bifurqué. md, mandibule. — 436 C H LISTAGES. Décapodes {Penxus, fig. 233), et peut-être aussi, bien que le fait ne soit pas démontré, chez quelques Stomatopodes. Dans la majorité des Décapodes, la larve sort de l'œuf sous une forme appelée Zoé, (fig. 229). Cette forme larvaire est carac- térisée par la présence d'un grand bouclier céphalotho- racique armé d'ordinaire d'é- pines latérales, antérieures et dorsales. Les segments cau- daux sont bien développés, quoique dépourvus (rap/iendl- ces, et la queue qui sert à la natation est d'ordinaire bifur- quée. Les six segments thora- ciques postérieurs sont au contraire ruditnentaircs ou nexislent pas. Il y a sept pai- res antérieures d'appendices représentés séparément dans la figure 221!, les deux paires d'anlennes [Al. I et At. Il), qui ne servent ni l'une ni Fig. 229. — Zoé de Tlda polita (d'après Claus) (*). fxA 1 ^ n en / 4 ^-^f\' md Fig. 230. — Apiioiidiccs d'une Zoé de Ci-abc ('*) l'autre i\ la natation ; les mandibules sans palpe (me?); deux paires de mâchoires bien développées {mx 1 et mx 2) et deux ou quelquefois (Macroures) trois paires de pattes-mâchoires natatoires biramées, [mxp 1, et mxp'-l). Deux yeux composés, latéraux, pédoncules, coexis- tent avec un œil nauplien médian. Le cœur a, dans la plupart des cas, seulement une ou deux(nrachyures) paires d'orilices. (*) ni.r/)2, patte-niàrlioire de la dcnxiemo paire. (**) At. 7, antenne de la première paire. — At. Il, antenne de la seoonile jiaire. — md. mandibule (sans palpe). — mx.\ — m.r.t, mâchoires de la première et de la deuxième paire. — m.rp.i — mxp.:, pattes-mâchoires de la première et de la seconde paire. — ex, exopodite. — en, endopodite. SCniZOPODES. 437 La larve Zoé bien que typiquement développée chez les Décapodes n'existe pas toujours [Astacus et Homarus), et quelquefois se présente sous une forme très modifiée. Elle apparaît sous un aspect très altéré dans l'ontogénie de quelques-uns des autres groupes. Les deux formes de Malacostracés, parmi celles étudiées jusqu'ici chez lesquelles le tableau phylogénétique est le mieux conservé dans l'ontogénie sont VFuphausia parmi les Schizopodes et le Penxus parmi les Décapodes. Schizopodes. — L'Euphausia sort de l'œuf (MetschnikofT, n°= 408-9) sous la forme d'un vérilable Nauplius, avec seulement trois paires d'appendices, les deux postérieures biramées et le corps non segmenté. La seconde paire d'an- tennes n'a cependant pas les dimensions colossales si communes dans les types inférieurs. La bouche existe, mais l'anus n'est pas développé. Fijx. 231. — Nauplius A' Euphausia (emprunté i Claus, d'après MetschnikofT) {*). Après la première mue, trois paires de protubérances, les rudiments des deux mâchoires et des premières pattes-mâchoires se montrent en arrière (*) Le Nauplius est représenté un peu avant une mue et, outre les appendices naupliens proprement dits, on voit des rudiments des trois paires suivantes. — OL, lèvre supérieure. — UL, lèvre inférieure. — Md, mandibule. — Mx' et Mx" , des deux paires de mâchoires. — Mf , première patte-mâchoire. 438 CRUSTACÉS. des appendices naupliens (fig. 231). En même temps il apparaît un anus entre les deux branches delarticle caudal bifurqué rudimentaire, et en avant un œil impair et une lèvre supérieure. Après une nouvelle mue (fig. 231), une lèvre inCorieure (U. L.) apparaît comme une paire de saillies très semblables à de vé- ritables appendices, il se développe également un bouclier céphalo-thoracique délicat. Plus tard encore apparaît lalame tranchante de la mandibule et le palpe (appendice nauplien) se réduit considérablement. Le bouclier céphalo-tho- racique s'étend sur la partie antérieure de l'embryon et présente sur son bord, une denticulation caractéristique. 11 y a aussi deux papilles frontales très semblables à celles déjà décrites chez les larves de Phyllopodes. Des rudiments d'yeux composés font leur apparition et bien qu'il ne se surajoute pas de nouveaux appendices, ceux qui existent déjà continuent à subir de nouvelles différenciations. Ils restent cependant très simples, les pattes-mùchoires sont très courtes et ressemblent un peu à des appendices de Phyllopodes. Jusqu'à ce stade, la queue est restée rudimentaire et courte, mais après une nouvelle mue (Ciaus), elle s'allonge considérablement. En même temps le bouclier céphalo-thoracique acquiert une courle épine dirigée en arrière. La larve présente alors une forme à laquelle Claus a donné le nom de Protozoœu (fig. 232 A). Très peu de temps après, la région qui suit immédiatement les segments déjà formés devient indistinctement segmentée, mais la queue ne pré- Fig. -S-ii. — Larves d' Eiiphausiii. vues tic iirulil (tl'apfos Claus) (*) sente pas encore de trace de segmentation. La région du thorax proprement dit est bientôt divisée en sept segments très courts tandis qu'en môme temps la région caudale alors allongée est divisée dans le nombre normal de segments (fig. 232 B). A ce stade, la larve est devenue une véritable Zoé, quoi- que différant de la Zoé normale parla segmentation de la région tlioracique *). La seconde paire d'appendices thoraciques (p^) est fixée au premier segment libre et le rudiment d'une troisième paire fait saillie sur le second segment libre. La première paire d'antennes s'est allongée par l'addition de nouveaux articles et continue à augmenter de longueur dans les mues suivantes jusqu'à ce qu'elle ait atteint son développe- ment adulte complet et forme alors le principal organe de locomotion. La seconde paire d'antennes est très réduite et a perdu l'une de ses branches. Les deux branches des mandibules sont réduites à un simple palpe et la lame a acquis toute son importance. Les mâchoires et les appendices suivants ont considérablement augmenté de dimensions, tous sont biramés, mais les deux branches ne sont pas encore arti- culées. L'état adulte est atteint graduellement après une série de mues successives dans lesquelles de nouveaux segments et de nouveaux appendices se forment et de nouveaux articles se surajoutent dans les appendices déjà présents. Parasites. — Les premiers stades du développement des Copépodes pa- COPÉPODES. 459 rasites ressemblent beaucoup à ceux des formes libres, mais, comme on pouvait s'y attendre d'après les modiflcations singulières de la forme de l'a- dulte, ils présentent un grand nombre de caractères secondaires. Dans les cas connus une larve Nauplius plus ou moins modifiée est d'ordinaire conservée. Le développement de l'Achthcres percarum, espèce de Lernéopode parasite dans la cavité buccale, etc., de la Perche commune peut être pris comme exemple du mode de développement de ces formes. La larve sort de l'œui sous la forme d'un Nauplius très simplifié (fig. 249, A). Son corps est ovale et A z att' Fig. 2i9. Stades successifs du développement de V Achiheres percanan (emprunté d'après Claus) (*). porte seulement les deux paires antérieures d'appendices du Nauplius toutes deux à l'état rudimentaire de tiges inarticulées. L'œil médian existe et l'on observe également une papille sternale particulière sur laquelle s'ouvre un canal spiral rempli d'une substance glutineuse qui est probablement dérivée d'une glande qui disparaît lors de l'achèvement du canal. La fonction proba- ble de cet organe est daider plus tard à la fixation du parasite à son hôte. Sous le tégument du Nauplius sont visibles un certain nombre d'appendices qui deviennent fonctionnels après la première mue qui a lieu quelques heures après l'éclosion du Nauplius ; la larve passe alors de ce stade Nauplius rudimentaire à un stade correspondant au stade Cyclope des formes libres (*) A, stade Nauplius modifié. — B, stade Cyclope. — C, stade avancé d'un embryon mâle. — D, fe- melle à l'état de maturité sexuelle. — E, mâle à l'état de maturité sexuelle. — a/1, première paire d'antennes. — at^, deuxième paire d'antennes. — md, mandibules. — mx^ mâchoires. — pm^, paire externe de pattes-mâchoires. — pm-, paire interne de pattes-mâchoires. — pi, première paire de pattes. — p'i, deuxième paire de pattes. — z, organe frontal. — i, intestin. — o, œil larvaire. — b, corps glandulaire. — f, organe de tact. — nv, ovaire. — f, tige portée par les pattes-mâchoires coalescentes. — g, glande cémentaire. — rs, réceptacle séminal. — n, système nerveux. — te, testi- cule. — V, canal déférent. 460 CRUSTACES. (fio-. 24!» A). Au stade Cyclope, le corps de la larve est allongé et pourvu d'un large bouclier céphalo-thoracique et de quatre segments postérieurs libres dont le dernier porte une queue bifurquée. Il existe alors huit paires d'appendices savoir: des antennes (deux paires), des mandibules, des mâchoires, des patles-màchoires et trois paires de pattes natatoires. Les appendices du Nauplius sont très modiiîés. La première paire d'antennes est triarticulée et la seconde biramée. La branche externe est la plus longue et porte à son extrémité une soie en forme de griffe ; la larve se fixe à l'aide de cette paire d'à ppendices. Les mandibules sont petites et en rapport avec la bouche proboscidiforme. La paire de mâchoires unique est petite et pourvue d'un palpe. Les pattes-mâchoires (pm' el pm-) sont considérées par Claus comme un appendice simple primitivement biramé, mais apparaissent de bonne heure comme deux formations distinctes (1) dont l'externe et la plus grande d evient le principal organe de fixation de la larve. L'une et l'autre à ce stade sont des appendices simples bi-articulés. Les deux paires anté- rieures de pattes natatoires ont la constitution typique et consistent en un protopodite portant un exopodite inarticulé et un endopodite. La première paire est fixée au céphalo-thorax et la seconde (p-) au premier segment tho- racique libre. La troisième paire est très petite et fixée au second segment libre. La bouche est située à l'extrémité d'une sorte de trompe formée par des prolongements des lèvres supérieure et inférieure. Le tube digestif est très simple et l'anus ouvert entre les branches de la fourche caudale. Entre ce stade et le premier connu ensuite, il est possible qu'il y ait un ou plusieurs stades intermédiaires. Quoi qu'il en soit la larve au premier stade observé (fig. 249, C) est déjà parasite dans la bouche de la Perche et a pris un aspect vermifornïe [allongé. Le corps est divisé en deux régions, l'une anté- rieure non segmentée et l'autre postérieure formée de cinq segments dont l'antérieur est le premier segment thoracique qui au stade antérieur était confondu avec le céphalo-thorax. La queue porte une fourche rudimentaire entre les branches de laquelle s'ouvre l'anus. Les pattes natatoires ont dis- paru de môme que l'œil et le canal spiral de l'organe frontal embryonnaire. Les divisions externes de la patte-mâchoire ont subi les modifications lesplus im- portantes et se sont soudées par leurs extrémités où elles forment un organe d'où naît une tige allongée (/) par laquelle la larve est fixée à la bouche ou aux branchies de son hôte. Les antennes et les mâchoires ont presque acquis leur forme définitive. Le système nerveux consiste en des ganglions sus et sous- œsophagiens dont les derniers émettent deux troncs latéraux. A ce stade les mâles et les femelles peuvent déjà se distinguer non seulement par certaines différences dans les organes génitaux rudimentaires, mais aussi par le fait que la branche externe des pattes-mâchoires est beaucoup plus longue chez la femelle que chez le mâle et s'avance au delà de la tôte. L'état adulte est atteint à la mue suivante. Les pattes-mâchoires externes du mâle (fig. 2'i9, E, pm-j se sé|)arentde nouveau ; chez la femelle (fig. 249, D), elles restent soudées et développent une ventouse. Le mâle a seulement un cinquième de la longueur de la femelle. Dans les deux sexes, l'abdomen est très réduit. (1) Van Beneden (no 50G) dans les genres observés par lui trouve que les deux pattes- mâchoires sont en réalité des paires d'appendices distinctes. CIRRIPÈDES. 461 Dans les genres Anchorella, Lernaeopoda, Brachiella et Hessia, Ed. van Bene- den a montré (n" 506) que l'embryon quoique passant par un stade crypto- nauplius dans l'œuf est déjà à l'éclosion au stade Cyclope. Branclliures. — Les singuliers parasites du genre Argulus dont les affi- nités avec les Gopépodes ont été démontrées par Claus (n° 511) éclosent au stade Cyclope et ne possèdent point de stade nauplius. Au moment de l'éclo- sion la larve ressemble beaucoup à l'adulte dans sa forme générale. Ses appendices sont cependant très voisins de ceux d'un Copépode larvaire typi- que. Le corps est constitué par un céphalo-thorax et une région libre en ar- rière Le céphalo-thorax porte à sa face inférieure les antennes (deux paires), les mandibules, les pattes-mâchoires et la première paire de pattes Ihora- ciques. La première paire d'antennes est triarticulée, mais l'article basilaire porte un crochet. La seconde paire est biramée, la branche interne terminée par un crochet. La mandibule porte un palpe, mais celui-ci est complètement séparé de la lame tranchante (1). La mâchoire, d'après Claus, paraîtrait faire défaut. Les deux divisions typiques des pattes-mâchoires des Copépodes existent, une division externe et antérieure plus grande et une autre postérieure in- terne, plus petite. La première paire de pattes thoraciques est, comme c'est l'ordinaire chez les Copépodes, attachée au céphalothorax. Elle n'a pas le caractère typique biramé des Copépodes. Il ya en arrière du céphalo-thorax quatre segments libres, dont le dernier se termine en une fourche. Trois d'entre eux portent des appendices qui sont rudimentaires à ce stade lar- vaire précoce. A la face dorsale existent des yeux pairs et un œil impair médian. Entre l'état larvaire et l'état adulte intervient une série de mues. CiRRIPÈDES. Les larves de tous les Cirripèdes, à une ou deux exceptions près, sortent de l'œuf à l'état de Nauplius. Les Nauplius diffèrent un peu dans les différents groupes et les stades post-naupliens présentent des variations considérables. Il convient de traiter successivement de l'histoire larvaire des quatre sous-ordres, les Thoraciques, les Abdominaux, les Apodes et les Rhizo- céphales. Thoraciques. — Les larves aussitôt écloses quittent les lamelles ovigères de leur parent et sortent par un orifice du manteau situé près de la bouche ; pendant ce passage la coquille du parent est ouverte et les mouvements des pieds cirriformes cessent. (1) 11 ne semble pas impossible que les appendices considérés par Clans comme les palpes niandibulaires puissent représenter en réalité la mâclioire qui autrement sem- blerait être absente. Ce mode d'interprétation rapprocherait bien davantage les appen- dices de VAvgicLus de ceux des Copépodes parasites. Il ne semble pas incompatible avec l'existence des mâclioires en stylet découvertes par Claus chez l'adulte. 462 CRUSTACÉS. Les stades larvaires commencent par un Nauplius qui, quoique re- gardé par Claus comme ressemblant beaucoup au Nauplius des Gopé- podes (fig. 250 et 251 A) a certainement des caractères propres très maïqués et sous quelques rapports se rapproche du Nauplius des Phyllopodes. 11 est, dans le plus jeune stade, déforme à peu près trian- gulaire et recouvert du côté dorsal par un bouclier dorsal très délicat et difficile à voir, se prolongeant latéralement en deux cornes coniques très particulières (fig. 2o0_, Ib) qui sont les formations les plus caracté- Fig. 250. — Larve .Nauplius de Lepas fascicularis vue de profd (*). ristiques du Nauplius des Cirripèdes. Elles sont en rapport avec une masse glandulaire dont la sécrétion sort à leur sommet. En avant, le bouclier dorsal a la même extension que le corps, mais en arrière, il le dépasse légèrement. Un œil impair est situé sur la face ventrale de la tête, et immédiate- ment en arrière de lui s'insère une lèvre supérieure plus ou moins con- sidérable (l/j) qui ressemble plutôt au labre des Phyllopodes qu'à celui des Copépodes.La bouche et l'anus sont présents l'un et l'autre, et l'extrémité p ostérieure du corps est légèrement bifurquée dans quel- (1) L'Alepns sfjua/icola, d'après Koren et Danielssen, fait exception à cette règle et sort de l'œuf avec six paires d'appendices. (') oc, œil. — At.\, antenne de la première paire. — A/. 2, antenne de la seconde paire. — md, mandibule. — Uj, lahre. — an, anus. — me, niésentéron. — d--y), épine dorsale. — c.sp, épine caudale. — Vp, épitie ventrale. — lli, cornes latérales. CIRRIPÈDES. 463 ques formes, mais se termine dans d'antres comme le Lepas fasckularis en nne épine allongée. L'antérieure des trois paires d'appendices (/1<^) du Nauplius est uniramée et les deux postérieures (Ai^ et md] sont biramées. Les protopodiles de l'une et de l'autre portent de forts cro- chets comme ceux des Nauplius des Copépodes et des Phyllopodes. Dans quelques Nauplius, comme celui du lialanus, les appendices sont d'abord inarticulés, mais chez d'autres Nauplius, comme celui du Le/jas fasciciilaris^ l'articulation est bien marquée. Chez le Lepas fasciculmis, le premier Nauplius libre est enveloppé dans un tégument larvaire qui est rejeté au bout de quelques heures. Les Nauplius de tous les Thoraciques subissent un grand nombre de mues avant que le nombre de leurs appendices augmente ou que la segmentation du corps n'apparaisse. Pendant ces mues, ils augmentent de dimension et la partie postérieure du corps, la future région thoracique et abdo- minale devient relativement plus longue. Il apparaît aussi sur les côtés de l'œil impair, deux corps coniques qui correspondent aux organes sensoriels frontaux des Phyllopodes. Pendant leur développement les différentes larves subissent des transformations de degré très variable. Chez le Balamis les transformations consistent pour la plus grande partie dans la segmentation complète des appendices, l'extension et la plus grande distinction de bouclier dorsal qui forme une plaque trian- gulaire un peu obtuse, très large en avant, avec les cornes antérieures très longues et deux courtes épines postérieures. La queue s'étire aussi en une longue épine. Chez le Lepas fascicularis les changements dans l'aspect du Nauplius sont très considérables à cause du grand développement des épines de son bouclier qui, jointes à sa taille énorme, en font une forme très remarquable. Dohrn (n» 520), qui a été le premier à la décrire, l'a ap- pelé Archizoœa gigas. Le bouclier dorsal du Nauplius du Lepas fascicularis (fig. 250) est un peu hexagonal, et sur le milieu de la face dorsale se développe une épine extrêmement longue [d. sp) semblable à répitie dorsale d'une Zoé. L'extrémité postérieure du bouclier se continue aussi eu une longue épine caudale (c. sp) entre laquelle et l'épine dorsale sont quelques appendices en forme déplumes. De son bord naissent outre les cornes frontales primitives trois paires prin- cipales de cornes, une paire antérieure, une latérale et une postérieure et en outre des cornes plus petites. Toutes ces saillies, à l'exception des épines dor- sale et postérieure, sont creuses et perforées à leur extrémité et comme les cornes frontales primitives renferment les canaux de glandes situées sous le bouclier. A la face inférieure de la larve est situé l'œil impair {oc) de chaque côté duquel s'insèrent les organes sensoriels frontaux bi-articulés. Immé- diatement en arrière d'eux est l'énorme lèvre supérieure (Ib) qui recouvre la bouche (1). Sur les côtés de la lèvre sont les trois paires d'appendices du (1) AVil!emoes-Suhm (n" 530) dit que la bouche est située à l'extrémiid libre de la 464 CRUSTACES. Nauplius qui sont très caractéristiques, mais ne présentent pas de particu- larités importantes. En arrière le corps se continue en un long processus ventral spiniforme {\'p) homologue à celui des autres Nauplius plus nor- maux. A la base de ce processus apparaissent dans les mues successives de grandes épines mobiles paires qui finissent par être au nombre de six paires. Ces épines donnent à la région dans laquelle elles sont situées un aspect seg- menté, c'est peut-être à des formations semblables qu'est due l'apparence de segmentation des figures de Spence Bâte. L'anus est situé sur le côté dorsal de cet appendice ventral et entre lui et l'épine caudale du bouclier. Le fait que l'anus occupe cette position paraît indiquer que l'appendice ventral est homologue à la fourche caudale des Copépodes sur le côté dorsal de laquelle l'anus s'ouvre si souvent (1). De l'état de Nauplius, la larve passe en une seule mue à un état ab- solument différent appelé stade Cypris. Pendant les dernières mues du Nauplius, cependant sont apparus en quelque sorte pour préparer ce stade des rudiments de plusieurs nouveaux organes qui sont plus ou moins développés dans les difTérents types. En premier lieu, un œil composé se forme de chaque côté de l'œil médian. Secondement, il ap- paraît en arrière des mandibules une quatrième paire d'appendices, la première paire de mâchoires, et en dedans de celles-ci, une paire de petites saillies, qui sont peut-être équivalentes à la seconde paire de mâchoires et donnent naissance à la troisième paire de pièces buccales de l'adulte (appelée quelquefois lèvre inférieure). En arrière de ces appendices sont en outre formés les rudiments des six paires de pieds. Sous la cuticule de la première paire d'antennes, on peut voir immédiatement avant la dernière mue, les antennes quadriarticulées du stade Cypris, avec le rudiment d'un disque sur le second article, par lequel la larve devra se fixer. Avec le passage de la larve au stade Cypris libre, une métamorphose très complète est effectuée. Les yeux médian et pairs existent comme auparavant, mais le bouclier dorsal est devenu une coquille bivalve, dont les deux valves sont réunies sur leurs bords dorsal, antérieur et postérieur. Les deux valves sont en outre maintenues en place, par un muscle adducteur situé immédiatement au-dessous de la bouche. Des restes des cornes latérales persistent encore. Les antennes antérieures ont subi la métamorphose déjà indiquée ; elles sont quadriarticulées, les deux articles basilaires, étant allongés et le second article pourvu d'un discpic adhésif, au centre duquel est l'orifice du canal de la glande dite lèvre supérieure et que l'œsophage la traverse. D'après l'examen de quelques spéci- mens de ce Nauplius que je dois h Moseley, je suis porté à croire que c'est h\ une er- reur et qu'un sillon de la surface de la lèvre supérieure a été pris par Sulim pour l'œso- phage. (1) L'extrême dévelopiiement des épines du Lepas fascicularis doit probablement s'expliquer comme une adaptation secondaire protectrice et n'a pas de connexion gé- nétique avec l'armature assez semblable de la Zoé. CIRRIPÈDES. 462 antennaire ou cémentaire qui est une masse granuleuse située du côté ventral de la région antérieure du corps. La glande apparaît (Yillemœs- Suhm), pendant le stade Nauplius dans la grande lèvre supérieure. Les deux articles distaux des antennes sont courts et le dernier est pourvu de poils olfactifs. La lèvre supérieure démesurée, la seconde paire d'antennes et les mandibules ont disparu, mais une petite papille for- mant le commencement des mandibules de l'adulte se développe, peut- être à la base des mandibules du Nauplius. La première paire de mâchoires s'est transformée en petites papilles ; et la seconde paire persiste probablement. Les six paires postérieures d'appendices se sont développées en pattes natatoires biramées fonctionnelles qui peuvent faire saillie en dehors de la coquille et servent à la locomotion de la larve. Elles sont composées de deux articles basilaires et de deux branches portant des soies natatoires, bi-articulées l'une et l'antre. Ces pattes ressemblent à celles des Copépodes, et fournis- sent le principal argument de Claus et des autres au- teurs qui considèrent les Girripèdes et les Copépodes comme très voisins. Claus les considère comme repré- sentant les cinq paires de pattes natatoires des Copé- podes, etlesappendicesgé- nitaux du segment qui leur fait suite. Entre les pattes natatoires, sont de délicates lamelles chiti- neuses dans les intervalles desquelles se développent les pieds cirri- formes de l'adulte. L'appendice épineux ventral du stade Nauplius est considérablement réduit quoique d'ordinaire tri-articulé ; il disparaît complètement après la fixation de la larve. Outre la glande antennaire, il existe du côté dorsal du corps, au- dessus des pattes natatoires, une masse glandulaire paire particulière dont l'origine n'a pas été bien éclaircie, mais qui est peut-être équi- valente à la glande du test des Entomostracés. Elle fournit probable- ment des éléments à la coquille dans les stades plus avancés (1). Le stade Cypris libre n'est pas de longue durée, et la larve à cet état ^1) 11 y a beaucoup de confusion à propos de la glande du test et de la glande an- tennaire. J'ai suivi la description de Willemoes-Suhm. Claus cependant regarde ce que j'ai appelé la glande antennaire comme la glande du test et dit qu'elle ne s'ouvre que tar- diviiment dans les antennes. Il ne décrit pas clairement son orifice ni l'organe que j'ai appelés la glande du test. (*) A. Nauplius du Balanus balano'ides (d'après ?p. Batc). — B, stade de pupe du Lcpas australis (d'après Darwin), n, apodèmes antennaires. — t, glande antennaire avec conduit débouchant dans l'antenne. Formes larvaires des Tlioraciques (emprunté à Huxley) (*). Balfoijr. — Embryologie. I. — 30 466 CRUSTACÉS. ne prend pas de nourriture. Il fait place à un stade, appelé stade de pupe (lig. :^31, B), dans lequel lalarve se fixe, tandis que, au-dessous du tégument larvaire, se développent les organes de l'adulte. Ce stade mérite bien son nom, puisque c'est un stade de repos pendant lequel il n'est pas pris (ralimeuls. La fixation se fait par la ventouse des antennes, et la glande cémentaire {() fournit la substance agglutinalivc à laide de laquelle elle s-'effeclue. Alors commence la métamorphose régres- sive d'un grand nombre d'organes en même temps que procède la for- mation des nouveaux organes de l'adulte. Les yeux disparaissent peu à peu, mais l'œil nauplien persiste quoique à un état rudimentaire, et les articles terminaux des antennes, avec leurs poils olfactifs, sont rejetés. La coquille bivalve tombe dans une mue, à peu près en même temps quelesyeux, la peau qu'elle recouvre persiste et constitue le manteau. Le processus caudal s'atrophie. Au-dessous des pattes natatoires et entre les lamelles chitineuses déjà mentionnées, se forment les pieds cir- rifcrmes; et lorsque leur formation est achevée, les pattes natatoires sont rejetées, et remplacées par les pattes permanentes. Chez les Lé- padidés, où la métamorphose au stade de pupe a été le plus complè- tement étudiée, la partie antérieure du corps avec les antennes, s'étend peu à peu en un pédoncule allongé dans lequel pénètrent les ovaires qui se sont formés pendant le stade Cypris. A la base du pédoncule est la bouche saillante dont les appendices atteignent bientôt un dé- veloppement plus élevé qu'au stade Cypris ; à sa partie antérieure se forme une grande Jèvre supérieure. Au-dessus du manteau et entre lui et la coquille, se développent chez les Lépadidés, les valves provisoi- res de la coquille. Ces valves sont chitineuses, et ont une structure fenestrée, due à ce que la chitine se dépose autour du bord des diffé- rentes cellules épidermiques (hypodermiques). Ces valves chez les Lé- padidés « représentent dans leur forme, leur dimension et la direction de leur accroissement, les valves conchiformes qui se formeront au- dessous et autour d'eux ». (Darwin, n" 319, p. 129.) Quel que puisse être chez l'adulte le nombre des valves, il n'y a pas plus de cinq valves provisoires, savoir les deux scuta, les deux terga et la carina. Elles sont relativement beaucoup plus petites que les valves permanentes et sont par conséquent séparées par des intervalles membraneux considérables. Elles persistent souvent longtemps sur les valves calcaires permanentes. Chez les ISalanides, les valves embryonnaires sont membraneuses et ne che- vauchent pas, mais ne présentent pas la structure fenestrée particulière des valves primordiales des Lépadidés. La chute du tégument de la pupe et la conversion de la pupe en adulte sont accompagnées d'un remarquable changement de position. La pupe a le côté ventral parallèle et adjacent à la surface de l'objet sur ecpiel elle est fixée, tandis que le grand axe du corps du jeune Cirri- CIRRIPÈDES. 4(57 pcde est presque à angle droit avec la surface de fixation. Ce change- ment est en rapport avec la mue des apodèmes antennaires (n), qui laissent une encoche profonde à la face ventrale, en arrière du pédon- cule. Le tégument chitineux du Cirripède suit cette encoche, mais se redresse avec la mue du tégument de la pupe, la partie posté- rieure de la larve se recourbant vers la région dorsale. C'est cette flexion qui détermine le changement de position de la larve. Outre la remarquable métamorphose extérieure subie pendant le stade de pupe, une série de changements internes non moins considé- rables ont lieu tels que l'atrophie des muscles des antennes, un chan- gement de position de l'estomac, etc. Abdominaux. — Chez les Alcippides la larve sort de l'œuf à l'état de Nauplius et ce stade est suivi par un stade de pupe ressemblant beaucoup à celui des Tiioraciques. Il y a six paires de pattes thoraciques natatoires (Dar- win, n" 519). La première et les trois dernières persistent seules chez l'adulte, la première se recourbant en avant pour se mettre en rapport avec la bouche. 1-e corps conserve en outre en partie sa segmentation et le man- teau ne sécrète pas de valves calcaires. Le très remarquable genre Cryptophialus dont le développement est décrit par Darwin {n" ol9) dans son mémoire classique, n'a pas de stade Nauplius libre. L'embryon est d'abord ovoïde, mais acquiert bientôt deux appendices antérieurs probablement la première paire d'antennes et une protubérance postérieure, l'abdomen. A un stade plus avancé, la protubérance abdominale disparait et les saillies antennaires dans lesquelles les véritables antennes sont alors visibles, sont reportées vers la face ventrale. Puis la larve passe au stade Cypris, pendant lequel elle vit en liberté dans la cavité du manteau de son parent. Elle est enveloppée dans une co- quille bivalve et les antennes ont la structure normale chez les Cirripèdes. il n'y a pas d'autres appendices vérita- bles, mais en ariùère, trois paires de soies sont attachées à un abdomen ru- dimentaire. 11 existe des yeux compo- sés pairs. Pendant le stade de pupe qui suit, la larve se transforme en adulte, mais la métamorphose n'a pas été suivie en détail. Chez le Kochlorine, forme découverte par Noll (n» 326) et très voisine du Cryptophialus, les larves trouvées dans le manteau paraissent représenter fT. 2ï2. — Stades du développement des Rhizocéphales (emprunté à Huxley d'après Fntz Muller) (*). (*) A, Xnupliiis de la Sacculina purpurea toi/astcr paf/Hi'i, adulte. II, III, IV. Les deux paires d'antennes et les mandibules. — cp, carajjace ricure du corps. — b, orifice génital. — c, appendices radiciformes. B, stade Cypris du Lernoiodiscus porcellanœ. — C,Pel- a, extrémité anté- 468 CRUSTACÉS. deux stades larvaires semblables à deux des stades larvaires décrits par Darwin. Rhizocépliales. — Les Rhizocépbales, comme on pouvait le prévoir d'après leur parenté intime avec VAnelasma squuUcoIa parmi les Tlioraciques, subis- sent un développement qui diffère beaucoup moins de celui des Tlioraciques que celui dn Cryptophiulus et du. Kochlorine. La Sacculine sort de l'œuf à l'état de Nauplius (fig. 252, A) différant du type ordinaire surtout par le grand développement de son bouclier dorsal ovale (cp) qui surplombe de beaucoup le bord du corps, mais porte les cornes sternales typiques, etc., et par l'absence de bouche. Les stades Cypris et pupe de la Sacculine et des autres Rhizocépbales (fig. 2o2, B) sont très semblables à ceux des Thoraciques, mais les yeux pairs font défaut. La fixation a lieu de la manière ordinaire, mais la suite de la métamorphose aboutit à la disparition des appendices thoraciques et en général à des changements régressifs (1;. OSTRACODES. Nos connaissances sur le développement de ce groupe remarquable sont en- tièrement dues aux recherches de Claus. Quelques formes de Cythere sont vivipares et dans les formes marines qui constituent le genre Cypridlna l'embryon se développe dans les valves de la coquille. Le djpris fixe ses œufs aux plantes aquatiques; ses larves sont libres et leur développement est assez compliqué. Le développement tout entier s'achève en neuf mues dont chacune est accompagnée par des changements plus ou moins importants dans la constitution de la larve. 3/x' S}L ^ rig. 2.';:î. — Itcuv stuilrs du .léveloiipenuMit du Cupri^ (emprunté k Clauss) (*). Au premier stade libre, la larve a les caractères d'un véritable NaupUus à trois paires d'appendices (fig. 253, A). Le Nauplius présente cependant une ou deux particularités secondaires très marquées. En premier lieu, il est coni- (1) Rhizothoracidés. — I.e l.nuva Gerardiœ, pour letiuel M. de Lacaze-Dutliicrs a créé le si'uupe des liliizotlioracidt's, sort de l'œuf à l'état de Nauplius typique avec un grand rostre (lèvre supérieure'.') qui s'étiuid jusque jirès de l'extrémité anale (de La- CAZE-DuTHiEns, Arcli. de zoo/oy, e.rp., VIII, 18T.)) [Trad.). {*i A, proniier stade (Nauplius). — U, di'uviciui' st:ul(>. k'.y, prcmièi'O et dcuxièrno |)airo (riinlciiiii's. - Mil, ni:inilMiulni l)air(! de niùclioirc. — /'", pieiniore paii'i' di' pattes. — .S'.)/, luuscK . — OL, lalu'f. — M,r' . pi'cniière adducteur des vahes. OSTRACODES. 469 plètement enveloppé dans une coquille bivalve complète, ne différant de la coquille de l'adulte que sur des points non essentiels; il existe un muscle ad- ducteur de la coquille (S. M). Puis, le second et le troisième appendices, bien que servant à hi locomotion, ne sont ni l'un ni l'autre biramés, et le troisième porte déjà un rudiment de la future lame mandibulaire et se termine par une soie en forme de crochet dirigée en avant. La première paire d'antennes est en outre très semblable à la seconde et sert à la progression. Ni l'une ni l'autre des paires d'antennes ne subit des modifications considérables dans les métamorphoses suivantes. Le Nauplius possède un seul œil médian, comme chez le Cypris adulte et un tube digestif complètement développé- Le deuxième stade (fig. 2b3, B) commence avec la première mue et est surtout caractérisé par l'apparition de deux nouvelles paires d'appendices, la première paire de mâchoires et la première paire de pattes, la seconde paire de mâchoires ne se développant que plus lard. La première paire (Mx) a la forme de lames foliacées, recourbées, plus ou moins semblables aux appendices des Phyllopodes, mais ne présentant pas d'exopodite à ce stade. r- /■'■■■■ Fig. 2o4. — Stades du développement du Ci/pris (emprunté à Claus) (*). La première paire de pattes {f") se termine par une griffe recourbée et sert à l'animal à se fixer. A ce stade les mandibules portent des lames complètement développées et ont en fait atteint leur forme adulte consistant en une forte lame dentelée et un palpe quadri-arliculé. Pendantle troisième et le quatrième stades, les mâchoires de la première paire acquièrent leur plaque branchiale pectinée (épipodite) et quatre lames; et au (*) \, quatrième .«fade. — B, cinquième stade. il/.r', ])remière paire de mâchoires. — JIx'", deuxième paire de mâchoires. — f", première paire de pattes. — L. foie. 470 CRUSTACÉS. quatrième slade (fig. 2o4, A), la seconde paire de mâchoires [mx") apparaît comme une paire de plaques recourbées semblables à la première paire à sa première apparition. La bifurcation de la queue est indiquée au quatrième stade par deux soies. Au cinquième stade (fig. 254, B) le nombre des articles de la première paire d'antennes augmente et les mâchoires postérieures développent une lame et deviennent des appendices ambulatoires quadri-ar- ticulés terminés en crocbet. La fourche caudale devient plus distincte. Fi", io.ï. — i-ixiemc sîailc ilii yaux, FORMATION DES FEUILLETS GERMINATIFS. 479 c/bcl Décapodes. — Nous devons hBrobretsky (n° 472) d'avoir ouvert cette ligne d'investigations où ses recherches ont été suivies et étendues par celles de Hœckel, de Reichenbach (n° 488) et de Mayer (n° 482). La segmentation est centrolécithe et régulière (fig. 236, A) et aboutit à la formation d'une couche uniforme de cellules lenticulaires entourant une sphère centrale de vitellus dans laquelle, en général, toute trace de la division en colonnes présente aux premiers stades de la segmentation a disparu ; chez le Palémon, cependant, les colonnes restent longtemps distinctes. Les cellules du blastoderme sont d'abord uniformes, mais çXiÇ,7.\ AUacus ,X Eu- pagarus et la plupart des Déca- podes deviennent bientôt plus co- lumnaires sur un espace limité et forment une plaque circulaire. Ou la plaque entière s'invagine tout d'un coup {Eupagia'iis, Palœmon, fig. 258, A), ou bien son bord s'in- vagine en une gouttière à peu près circulaire plus profonde en avant qu'en arrière, dans l'intérieur de laquelle le reste de la plaque forme une saillie centrale qui ne s'invagine qu'à une période un peu plus avancée {Astacus, fig. 236, B et G). Après l'invagination de cette plaque, le reste des cellules du blastoderme forme l'épiblaste. Le sac invaginé paraît être l'ar- chentéron, etson orifice, le blastopore. La bou.che finit par se former (1), et le sac lui-même constitue alors le mésentéron. Chez l'Écrevisse, l'archentéron s'étend peu à peu en avant, son ori- fice est d'abord large, mais se rétrécit d'une manière continue et finit par se fermer. Très peu de temps après il se forme un peu en avant du point où la dernière trace du iilastopore a disparu une nouvelle inva- gination épiblastique, qui donne naissance au proctodseum et dont l'orifice persiste comme l'anus définitif. Le proctodaîum (fig. 237 A, hg) est bientôt mis en communication avec le mésentéron [mg). Le stomo- (l) Bobretzky décrivit d'abord l'invagiiiation comme restant ouverle, mais il est depuis revenu sur cette opinion [Zeit. f. wiss. ZooL, XXIV, p. 186). (*) A, stade IVauplius. B, sladc postérieur à l'absoi-ption du vitelUis nutritif par les ecUuIet liypo- blastiques. La face ventrale est tournée en liaut. /(/, stomodaeum. — hg, proctodaum. — an, anus. — m, Ijouche. — mg, ni(5scntéron. — abd, ab- domen. — /(, cœur. ^ fs. "J.J7. — Deux coupes longitudinales de l'embryon {\'Astaciis (emprunté à Parlier d'après Bobretzky) (*). •180 CRUSTACÉS. divum ifg) se forme au même stade que le proctodieum. Il donne naissance à l'œsophage et à l'estomac. Les cellules hypoblastiques qui forment les parois de l'archentéron s'accroissent avec une rapidité remarquable aux dépens du vitellus, dont elles absorbent et digèrent les sphérules à l'aide de leurs pseudopodes comme des Amibes. Elles deviennent de plus en plus longues et enfin, après avoir absorbé le vitellus tout entier acquièrent une forme presque exactement sem- blable à celle des pyramides vitellines pendant la segmentation (fig. 257, B). Elles entourent la cavité du mésentéron ; leurs noyaux et leur protoplasma sont situés vers l'extérieur. Les cellules du mésentéron, près de son point d'union avec leproctodœum, diffèrent de ce qu'elles sont ailleurs en ce qu'elles sont presque plates. Chez le l'alxmon (Bobretzky), l'invagination primitive (flg. 2o8, A) a des dimensions beaucoup moindres que chez XAstacus et apparaît Fis'. 238. — Deux stades du déveloiipemcnt du rulémon \us en coupe (iraprès Boljretzky) (*) avant que les cellules du blastoderme se soient séparées des pyramides vitellines. Les cellules qui sont situées au fond de Tinvaginalion pé- nètrent dans le vitellus, s'y multiplient et l'absorbent tout entier formant une masse solide hypoblastique dans laquelle les limites des différentes cellules semblent d'abord n'être pas distinctes. Leblastopore, pendant ce temps, se ferme. Quelques-uns des noyaux se portent alors à la périphérie de la masse vitelline ; les cellules auxqu'^lles elles ap- partiennent deviennent peu à peu distinctes et prennent une forme pyramidale (lig. iriS, B, litj)^ leurs extrémités internes se perdant dans une masse centrale de vitellus, dans l'intérieur de laquelle il existe d'abord des noyaux qui disparaissent bientôt. Le mésentéron se cons- titue ainsi comme une couche de cellules plongeant dans une masse vitelline centrale. Uuclques-unes des cellules hypoblastiques voisines du (*) A, stade gastrnla. B, rouiie longitudinale à un sladi' avancé. — In/^ rf/, rliainc nerveuse MTjtiali'. — //(/. pix^ctuda'uni. - lypolilaste. — xjj, ganglion sus-œsojiliagien. — 'it, stipiumlii'iun. FORMATION DES FEUILLETS GERMINATIFS. 481 point d'union du proctodœum et du mésentéron s'aplatissent et dans leur voisinage apparaît une lumière. Le stomodceum et le proc- todseum se forment comme chez l'Écrevisse. La figure 2o8, B, montre les positions relatives du proctodeeum, du stomodseum et du mésentéron. Quoique le processus de formation de l'hypoblaste et du mésentéron soit essentiellement le même chez l'Écrevisse et le Palémon, les différences entre ces deux formes sont cependant très intéressantes en ce que le vitellus est extérieur au mésentéron chez l'Écrevisse, mais enfermé dans le mésentéron chez le Palémon. Cette différence dans la position du vitellus est rendue possible par le fait que les cellules hypoblastiques invaginées du Palémon ne forment pas d'abord une couche continue entourant une cavité centrale comme cela a lieu chez l'Écrevisse. Le mésoblaste paraît être formé de cellules dues à un bourgeonne- ment delà paroi antérieure de l'archentéron {Astacu.'<, 11g. 256, D) ou en général de ses parois latérales [Palsemon). Elles font leur première apparition peu après que l'invagination de l'hypoblaste a commencé. Les cellules mésoblastiques sont d'abord sphériques et peu à peu s'étendent surtout dans une direction antérieure à partir de leur point d'origine. D'après Ueichenbach, il se forme chez l'Écrevisse au stade Nauplius un cer- tain nombre de cellules particulières qu'il appelle « cellules mésoblastiques secondaires ». Sa description n'est pas très claire et très satisfaisante, mais il semble qu'elles se forment (fîg. 2b6, F) dans les cellules hypoblastiques par une sorte de développemeul endogène et quoique présentant d'abord certains caractères particuliers elles cessent bientôt de pouvoir être distinguées des autres cellules mésoblastiques. Vers la fin de la période nauplienne, les cellules mésoblastiques secon- daires se réunissent sur la ligne médiane ventrale en un cordon adjacent à l'épiblaste, bifurqué autour de la bouche et s'étendant en avant jusqu'à Texlrémité des lobes procéphaliques. Ce cordon cellulaire disparaît bientôt et les cellules mésoblastiques secondaires cessent de se distinguer des cellules primaires. Reicbenbach croit, sans preuves bien évidentes, que ces cellules ont un rôle dans la formation du sang. Forme générale du corps. — L'épaississement ventral de l'épiblaste ou plaque ventrale en continuité avec la plaque imaginée forme la première indication de l'embryon. Il est d'abord ovale, mais bientôt s'allonge et s'étend en avant en deux lobes latéraux, les lobes procé- phaliques. Sa symétrie bilatérale est, en outre, indiquée par un sillon médian longitudinal. Puis l'extrémité postérieure de la plaque ventrale se soulève en un lobe distinct, l'abdomen, qui chez VAstncus est d'abord situé en avant du blastopore encore ouvert. Ce lobe augmente rapide- ment de dimension et à son sommet est situé l'étroit orifice anal. Balfour. Embryologie. I. — 3i ■i82 CRUSTACÉS. Il forme bientôt un abdomen bien marqué recourbé en avant sur la région antérieure (lig. io8, B eti2o'J, A et B). Sundéveloppement précoce en une saillie distincte, fait qu'il ne renferme pas de vitellus et con- traste ainsi très fortement avec les régions antérieures thoracique et céphali(iue du corps. Dans la plupart des cas, cet appendice correspond au futur abdomen, mais dans quelques cas (Cuirassés), il paraît com- prendre une partie du thorax. Avant qu'il ail atteint un développement considérable, trois paires d'appendices se forment dans la région cé- phalique, deux paires d'antennes et les mandibules, ainsi commence une A /// nid 7ncl-- m ijj' Fig. l'ri'). — Deux stades du déveloiiiiement du Pulémon période appelée stade nauplien (fig. 259, A). Ces trois appendices se forment presque simultanément, mais les derniers paraissent se montrer un peu avant les deux autres paires [ Hobretsky). Labouche est située un peu en arrière de la première paire d'antennes, mais nettement en avant de la seconde. Les autres appendices dont le nombre, au moment de l'éclosion, est très variable chez les divers Décapodes (Voy. le dé- veloppement larvaire), se développent successivement d'avant en arrière (fig. 2o9, B). Le vitellus nutritif, dans la tète et la région thoracique, se réduit peu à peu en quantité avecl'accroissement de l'embryon et au moment de l'éclosion, la disparité de dimension entre le thorax et l'abdomen a cessé d'exister. Isopodes. — Les premières phases de développement des Isopodes ont été étudiées à l'aide de Coupes par Bobretzky (n° 498) et par BuUar (n° 499) et présentent des variations considérables. Lorsqu'il st pondu, l'duif est entouré d'un chorion, mais peu après le commen- cement de la segmentation (Ed. van Beneden et Bullar), il apparaît une seconde membrane qui est probablement une membrane larvaire. Dans toutes les formes, la segmentation est suivie par la formation d'un blastoderme entourant complètement le vitellus et épaissi sur (') A, stade N'aiiplius. — B, staile avee liuit paires d'appendices. ', A, vg), mais est bientôt divisée par une série de constricLions en autant de ganglions qu'il y a de paires d'appendices ou de segments (fig. 260, B, vg). 11 apparaît ou du côté ventral [Onlscus), ou au centre [Asfaciis, Palœ- mon), des deux moitiés de chaque segment ou ganglion, un espace rempli do substance finement ponctuée qui est le commencement de laporti(jn counnissurale des cordons nerveux. Le tissu commissural devient bientôt continu dans toute la longueur delà chaîne ventrale et se prolonge aussi dans les ganglions sus-œsophagiens. Après la formation du tissu commissural, le reste des cellules de la chaîne forment les véritables cellules glanglionnaires. Les ganglions se séparent ensuite peu à peu et les cellules se locabsent dans les gan- glions (|ui finissent par n'être réunis que par une double bande du tissu commissural. Le tissu commissural ne donne pas seulement nais- DÉVELOPPEMENT COMPARATIF DES ORGANES. t89 sance aux cordons longitudinaux qui réunissent les ganglions succes- sifs, mais aussi aux commissures transversales qui réunissent les deux moitiés des ganglions individuels. Les ganglions d'ordinaire, sinon toujours, paraissent correspondre d'abord en nombre aux segments et leur nombre plus petit si souvent chez l'adulte est dû à la coalescence de ganglions originellement dis- tincts. Organes des sens spéciaux. — On sait relativement peu de choses sous ce rapport. Les yeux composés se développent par la coalesence de deux formations, épiblastiques l'une et l'autre; une partie de l'épiblaste superficiel des lobes procépbaliques et une partie des gan- glions susœsophagiens.La première donne naissance aux lentilles cor- néennes, aux cônes cristallins et au pigment ambiant, les derniers aux rhabdomes et aux cellules qui les entourent. Entre ces parties est interposé un pigment mésoblastique. On ne sait presque rien sur le développement des organes auditifs et olfactifs. Organe dorsaL — Dans un grand nombre de Malacostracés et de Bran- chiopodes, il se développe aux dépens de l'épiblaste un organe spécial dans la région antérieure dorsale. Cet organe a été appelé l'organe dorsal. Il paraît être de nature glandulaire, et est d'ordinaire très déve- loppé chez l'embryon ou la larve, et disparaît chez l'adulte; mais chez quelques Branchiopodes, il persiste pendant toute la vie. Dans la plu- part des cas il est impair, mais dans quelques cas, un organe pair paraît prendre sa place. Diverses hypothèses ont été émises sur sa nature. Il n'est guère dou- teux qu'il soit glandulaire et il est possible que ce soit un organe rénal provisoire, bien que, à ma connaissance, on n'y ait pas en- core trouvé de concrétions. Son développement a été éludié très complètement étiez les Isopodes. Chez le Cymothoa (Bullar, n» 409) il apparaît à la face dorsale, dans la région qui deviendra plus tard le premier segment thoracique, un épaississement linéaire impair du blastoderme. Cet épaississement for- me bientôt une plaque circulaire dont le centre s'invagine de façon à ne communiquer avec l'extérieur que par un orifice étroit (fig.|2Gl); en même temps il s'attache à la membrane de l'œuf. L'organe dorsal reste dans cet état jusqu'à la fin de la vie larvaire. montrant l'organe dortal (enipiunté à Bullar). 490 CRUSTACES. Chez VOniscus (Dohrn, ï\° 500; Dobretsky, n° 408) il apparaît de très bonne heure une plaque dorsale de cellules épaissies. Ces cellules se fixent sur leur bord à la membrane ovulaire interne et peu à peu se séparent de l'embryon avec lequel elles ne restent enfin en rapport que par une colonne cellulaire creuse (fig. 2G0 A, do). La plaque originelle s'étend ensuite peu à peu sur la membrane ovulaire interne et constitue une bande transversale en forme de selle de cellules aplaties qui entoure l'embryon excepté sur la face ventrale. Chez les Amphipodes, les cellules épiblastiques restent attachées sur un petit espace à la face dorsale de la première dépouille larvaire lorsque celle-ci est formée. Cette plaque de cellules souvent appelée appareil micropylaire forme un organe dorsal équivalent à celui deVÛ7iiscus. 11 se perfore à une période plus avancée. On retrouve une formation peut-être homologue dans les embryons d'Eiiphausia, de Cwna, etc. Chez un grand nombre de Brancbiopodes il existe un organe dorsal. Son développement a été étudié par Grobben cliez le Moina. 11 persiste à l'état, adulte chez le Branchipiis, le Liinnudia, YEsthcren, etc. Chez les Copépodes on trouve quelquefois un organe dorsal chez l'embryon • Grobben au moins croit avoir rencontré un organe de cette nature chez l'em- bryon du Cyclops serndatus. In organe pair qui paraît être de même nature a été rencontré chez VAscllus et le Mysis. Chez VAscllus (Rathke, n° oOl ; Dohrn, n° uOO ; Van Beneden, n° 497) ces organes apparaissent sous la forme de deux masses cellulaires de cliaque côté (lu corps, immédiate- ment en arrière de la région des lobes procé- phaliques. Chacun d'eux devient trifolié et se re- courbe vers la face ven- trale. Chaque lobe se creuse d'une cavité, et enfin les trois cavités se réunissent en une cavité trilobée ouverte dans le vilellus. Cet organe finit par devenir si grand qu'il rompt la membrane de l'œuf et fait saillie sur les côtés de l'embryon (lig. 262). Quoique formé avant les appendices, il n'atteint son dévobippemcnt complet que longtemps après que ceux-ci sont bien constitués. Chez le -Mysis, il apparaît pendant le stude ^auplius comme une paire de cavités tapissées par des cellules columnaires qui s'atrophient de très bonne heure. Diverses tentatives ont été faites pour identifier des organes d'autres em- bryons d"Arîhropodes aveclorgane dorsal des Crustacés, mais le seul organe tiens motitiMiil l'oigaiio E. Vaii Jiciu'(lon). iiiiMaliiiiic d'un riiilii'yiiii iVA.srltiis iti/iia- doisal [lair (t'iii]iniiité à liulhii-, d'aïu'CS DÉVELOPPliMliNT COMPARATIF DES OUGANES. 491 semblable qui ait été décrit en est un qui se trouve chez l'embryon de la Linguatule (Voy. chap. xix), mais il n'y a pas de motifs pour croire que cet organe soit réellement l'homologue de l'organe dorsal des Crustacés. Le Mésoblaste. — Le mésoblaste dans les types observés jusqu'ici dérive des mêmes cellules que l'hypoblaste et apparaît comme une couche de cellules un peu irrégulière entre l'épiblaste et l'hypoblaste. Il donne origine aux mêmes parties de l'organisme que dans les autres formes, mais il est à remarquer qu'il ne se divise pas chez la plupart des Décapodes et des Isopodes (et nous ne savons rien sur ce point dans les autres formes) en somites, au moins avec la même netteté qui est habituelle chez les Annélides et les Arthropodes. Non seule- ment il en est ainsi, mais il n'y a pas d'abord de division marquée en lames splanchnique et somatique avec une cavité générale inter- posée. Quelques-unes des cellules se diiTérencient pour constituer les muscles des parois du corps et des membres, et d'autres cellules, d'or- dinaire disposées en couche très mince, les muscles du tube digestif. Dans la queue du Palmmon, Bobretsky a remarqué que les cellules qui forment les muscles du corps étaient imparfaitement divisées en masses cubiques correspondant aux segments, qui, cependant par l'absence d'une cavité centrale diffèrent des somites mésoblastiques. Chez le Mysis, d'après Metschnikoff, le mésoblaste se fragmente en somites distincts. De nouvelles recherches à ce sujet sont nécessaires, La cavité générale a la forme de sinus sanguins irréguliers creusés en- tre les organes internes. Cœur. — L'origine et le développement du cœur et du système vasculaire ne sont que très imparfaitement connus. Chez les Phyllopodes [Branchipiis], Claus a montré (n" 4o4) que le cœur se forme par la coalescence des parties latérales du mésoblaste des plaques ven- trales. Les chambres se forment successivement, à mesure que les segments auxquels elles appartiennent sont établis, et les chambres antérieures sont en pleine activité que les chambres postérieures ne sont pas encore formées. Chez VAstucus et le Pahonon, Bobretsky a trouvé qu'à un stade antérieur à l'apparition définie du cœur, on peut voir à la place qu'il doit occuper une masse solide de cellules mésoblastiques et regarde comme probable que le cœur dérive de cette masse. Lorsqu'on peut reconnaître pour la première fois l'existence du cœur et avant qu'il n'ait commencé à battre, il a la forme d un sac ovale à parois délicates séparé du mésentéron par une couche du mésoblaste splanchnique. Sa cavité est remplie d'un plasma particulier qui remplit aussi les diverses cavités du mésoblaste. Autour de lui se forme bien- lot un sac péricardique et les parois du cœur s'épaississent considérable- ment. Quatre bandes en partent, deux qui se dirigent vers la face dorsale et se tixent aux téguments et deux autres vers la face ventrale. Le cœur est aussi rattaché au tégument dorsal par une bande médiane de cellules. Les artères 492 CRUSTACÉS. principales se développent comme des prolongements directs du cœur. Les observations de Dûhrn sur VAsellns confirment l'iiypothèse'que le cœur dérive d'une masse mésoblastique solide en ce qu'il a pu observer le creusement de la masse sur l'embryon vivant (Cf. développement du cœur chez les Araignées). Quelques-unes des cellules centrales (noyauv de Dolirn) deviennent des glo- bules du sang. La formation de ceux-ci n'est du reste pas, d'après Dohrn, •limitée au cœ'ur, mais a lieu in situ dans toutes les parties du corps (antennes, appendices, etc.). Les globules se forment comme des noyaux libres et ont leur origine primordiale dans le vitellus qui d'abord communique librement avec les cavités des appendices. Tube digestif. — (liiez ÏAstacus, la formation du mésentéron par inva- gination et rai)soiption du vitellus par les cellules de l'hypoblaste a déjà été •décrite. x\près l'absorption du vitellus, le mésentéron a la forme d'un sac dont les parois sont formées de cellules extrêmement allongées, les pyrami- des viteliines, à la base desquelles est placé le noyau (fig. 2o7, B). Ce sac- donne naissance à la portion du corps intermédiaire entre l'abdomen et l'estomac et au foie. La paroi épithéliale de ces deux parties est formée par les portions externes des pyramides contenant les noyaux et le protoplasma sé- parés du vitellus en une couche de cellules épitliéliales plates. Le vitellus se fragmente ensuite et forme une masse de substance nutritive remplissant la cavité du mésentéron. La différenciation du foie et du tube digestif proprement dit a d'abord lieu à la face ventrale, et commence près du point où finit le proctodœum pour s'étendre en avant à partir de ce point. Il se forme ainsi du côté ventral du mésentéron une couche de cellules épithéliales qui bientôt se soulève en une série de replis longitudinaux dont un médian est très apparent. Le repli médian en s'unissant à un repli correspondant du côté dorsal donne naissance au véritable mésentéron, elles replis latéraux forment des cylindres hépatiques parallèles qui, en avant, ne sont pas séparés de la cavité digestive. Les parties latérales du côté dorsal du mésentéron donnent de même naissance à des cylindres hépatiques. Les pyramides viteliines de la partie antérieure du mé- sentéron qui se projettent en avant en une paire de diverlicules de chaque côté de l'estomac ne se transforment en cylindres hépatiques qu'après l'éclo- sion de la larve. Le proclod;eum s'ouvre de très bonne heure dans le mésentéron, mais le stonioda'um reste clos jusqu'à ce que la différenciation de l'intestin moyen soit presque achevée. Le proctodî.eum donne naissance à la partie abdomi- nale de l'intestin, et le stomodœum à l'œsophage et à l'estomac. L'appareil masticatoire commence de très bonne heure h. se montrer dans le dernier sous la forme d'un épaississement dorsal de l'épithélium. Le mésentéron primitif chez le Palémon se différencie en intestin moyen permanent et en foie, suivant un processus semblable d'une manière générale, à celui de rAi<((c7is, quoique beaucoup moins compliqué. Une couche distincle de cellules se sépare de la partie externe des pyramides viteliines, etdonnenais- sanceaurevèlementglandulairetantdel'inteslin moyen quedufoie. La différen- ciation de cette couche commence en arrière, et l'intestin moyen connnunique de très bonne heure librement avec le proctodifum. Les parties latérales du mésentéron primitif se ditl'erencient en quatre ailes dirigées deux en avant DÉVELOPPEMENT COMPARATIF DES ORGANES. 495 et deux en arrière qui, après que le vitellus qu'elles contiennent est résorbé, constituent le foie. La partie médiane devient simplement le mésentéron. L'evlrémité stomacale du stomodœum arrive en contact avec le mésentéron près du point où celui-ci se continue dans les diverticules hépatiques, et quoi- que la paroi de séparation soit de bonne heure très mince, la libre communi- cation ne s'établit pas avant que le vitellus ne soit complètement résorbé. Le lube digestif des Isopodes est constitué principalement, sinon entière- ment, par le proclodéTeum et le stomod;Bum qui, tous deux, apparaissent avant toute autre partie de l'appareil digestif comme des invaginations de l'épiblaste qui s'enfoncent graduellement dans l'intérieur de l'embryon (fig. 263). Chez VOniscus, le foie se forme comme deux disques à la surface du vitellus, de Fig. 2(j:j. — Deux coiijies longitudinales du l'embryon d'Oniscus murariim (d'après Bol)rct/.ky) (*). chaque cùté de la partie antérieure du corps. Leurs parois sont formées de cellules cubiques dérivées des cellules vitellines dont l'origine a été décrite à ia page 483. Ces deux disques prennent peu à peu la forme de sacs (fig. 263, B, /() librement ouverts du côté interne dans le vitellus. Pendant que ces sacs continuent à s'accroître, le stomodseum et le proctodœum ne restent pas passifs. Le stomodgeum, qui donne naissance à l'œsophage et à l'estomac de l'adulte, montre bientôt une dilatation postérieure destinée à devenir l'esto- mac, du cùté dorsal de laquelle se forme une proéminence bien marquée, la première trace de la future armature stomacale (fig. '248, B, zp). Le pr'octo- dœum {pr) s'accroît beaucoup plus rapiden)ent que le stomodœum, et son extrémité, adjacente au vitellus, devient extrêmement mince ou même perd sa paroi. Dans les premiers stades, il était entouré par les cellules vitellines, mais dans la suite de son accroissement, les cellules vitellines sont peu à peu réduites en nombre et paraissent se retirer devant lui, à tel point qu'on est conduit à conclure que la fin de l'accroissement du proctodseum a lieu aux dépens des cellules vitellines. Les sacs hépatiques se remplissent d'une substance granuleuse sans trace de cellules ; leur paroi postérieure est en continuité avec les cellules vitel- lines, et leur paroi antérieure est située immédiatement en arrière de l'esto- mac. Le proctodoeum s'étend en avant d'une manière continue jusqu'à (*) nf. stomodîtiim. — pr, proctodajum. — / 508 SOMMAIRE DU DÉVELOPPEMENT DES ARTHROPODES. yeux simples que des yeux composés de la plupart des Arthropodes. La conclusion que les Crustacés et les Trachéates appartiennent à deux phylums distincts est confirmée par la considération de leur déve- loppement. Ils ont, sans doute, en commun, une segmentation centro- lécithe, mais, comme on l'a déjà fait remarquer, la segmentation n'est pas un guide sûr pour les affinités. Chez les Trachéates, l'archentéron ne se forme jamais, dans l'état actuel de nos connaissances, par invagination (1), tandis que chez les Crustacés l'invagination est son mode d'origine ordinaire, et sans doute primitif. La formation du mésoblaste chez les Trachéates est en rapport avec un épaississement médian de la plaque ventrale. La plaque mésoblastique impaire ainsi formée se divise en deux bandes, une de chaque côté de la ligne médiane. Chez les Araignées et les Myriapodes, et probablement chez les In- sectes, les deux plaques de mésoblaste se divisent ensuite en somites dont la cavité se continue dans les membres. Chez les Crustacés, le mésoblaste dérive d'ordinaire des parois de l'invagination qui donne naissance au mésentéron. Il ne se clive, pas en deux bandes distinctes, mais forme une couche de cellules éparses entre l'épiblaste et l'hypoblaste et ne se fragmente pas d'ordinaire en somites, et dans les quelques cas où des somites ont été rencontrés, ils ne ressemblent pas à ceux des Trachéates. Le proctodœum se forme d'ordinaire chez les Crustacés avant et ra- rement après (2) le stomoda?um. Le contraire est vrai pour les Trachéates. Chez les Crustacés, le proctodccum et le stomodgeum, particulièrement le premier, sont très longs et forment d'ordinaire la , plus grande partie du tube digestif, tandis que le mésentéron est d'or- dinaire court. Chez les Trachéates, le mésentéron est toujours considérable et le proctodieum est toujours court. La dérivation des tubes de Malpighi du proctodœum est commune à la plupart des Trachéates. On ne ren- contre pas chez les Crustacés de semblables diverticules du procto- dœum. (1) La description de Stecker d'une invagination chez les Chilognathes ne peut pas être acceptée sans nouvelle confirmation (voy. p. 'M>2). (2) Il en est ainsi dans le cas du Moina (Grobben). CHAPITRE XX ÉCHINODERMES (l) L'histoire du développement des Échinodermes, se divise naturelle- ment en deux parties : 1° Le développement des feuillets germinatifs et des systèmes d'organes, et 2° le développement des appendices lar vaires et la métamorphose. Développement des feuillets germinatifs et des systèmes d'organes. Le développement des systèmes d'organes ne présente pas de va- riations importantes dans les limites du groupe. Holothurides. — Les Holothuriens ont été très complètement étu- diés (Selenka, n° 563), et peuvent nous servir de type. La segmentation est presque régulière, quoique dans ses dernières périodes et dans quelques cas un peu plus tôt, une diflerence se mon- tre entre les pôles supérieur et inférieur de l'œuf. A la fin de la segmentation (fig. 267, A), l'œuf a une forme presque sphérique et est constitué par une seule couche de cellules columnai- res entourant une petite cavité de segmentation. Le blastoderme est un peu épaissi au pôle inférieur l'œuf subit une rotation déterminée par l'action de fins cils vibratiles. Une invagination fait alors son apparition au pôle inférieur (fig. 264, B), et en même temps, des cellules qui s'invaginent il se détache des cel- lules amœboïdes qui doivent former le système musculaire et le tissu conjonctiX. Ces cellules ont très probablement une origine bilatéralement symétrique. Ce stade représente le stade gastrula, qui est commun à tous les Échinodermes. Le sac invaginé est l'archentéron. Pendant qu'il s'accroît, un côté de l'embryon s'aplatit, et l'autre devient plus convexe. Sur le côté aplati, se forme une nouvelle invagination dont (I) I. Holothiirides. II. Astérides. m. Ophiurides. l\ . Échinides. V. Crinoides. 510 ÉCniNODERMES. l'oiifice devient la bouche permanente, l'orifice de la première invagi- nation persistant comme l'anus permanent (fig. 264 A). Fig. 26". — Deux stades du développement de YHolothuria tubulosa vus en coupe optique (d'après Selcnka) {*). Ces changements nous permettent de donner des noms définitifs aux diverses parties de l'embryon. Il est à noter, d'abord, que l'embryon a pris une forme nettement bilatérale. Nous appellerons face ventrale la face plus ou moins concave qui s'étend de la bouche jusque près de l'anus. L'anus est situé à l'extrémité postérieure. La face convexe opposée à la face ventrale est la face dorsale qui se termine en avant en une éminence préorale arrondie. On remarquera dans la figure 268, A, que outre l'invagination anale primitive, il existe une vésicule {v p.). Cette vésicule est formée directe- ment par un étranglement de Tarchentéron primitif (fig. 269, Vpv.), et est appelée par Selenka vésicule vaso-péritonéale. Elle donne nais- sance au revêtement épithélioïde de la cavité générale, et au système aquo-vasculaire de l'adulte (1). Dans les parties actuellement dévelop- pées, nous avons les rudiments de tous les organes de l'adulte. Les invaginations orale et anale (après la séparation de la vésicule vaso-péritonéale) se rejoignent et s'unissent, un étranglement indi- quant leur point de jonction (fig. 268, B). La première forme la bouche et l'd^suphage ; la dernière, le reste du tube digestif (2). (1) L'origine de la vésicule vaso-péritonéale n'est pas exactement la même dans toutes les espèces. Chez VFIololliKria tubulosa elle se sépare de l'extrémité cœcale de l'ar- chenléron dont le reste s'étend alors vers l'invagination orale. Chez le Cucianaria l'archentéroii se bifurque (fig. 2G9) et une de ses brandies forme la vésicule vaso- péritonéale et l'autre la plus grande partie du méscntéroii. (2) 11 paraît y avoir (luehjue incertitude sur le degré oii l'œsophage larvaire dérive de l'invagination stomoda;ale. (*) A, stade lilastoplièrc à la fin de la se^iiienlation. — R, stade gastrula. mr. niicropyle. - /;//, hypoblaste. — //, clioiidii. — s. c, oavité de segiiieiitalion. — ///, hlaslodcrnic. — cp, épiblaste. — ins, cellules ainielioides der-ivées de rii\ p uljlaste. — a.o, arcl:ciitéroii. HOLOTHURIDES. bit La vésicule vaso-péritonéale subit une série de phénomènes remar- quables. Après s'être séparée de l'archentéron, elle se place sur le côté gauche de celui-ci, s'allonge dans une direction antéro-postérieure et dans son milieu émet un diverticulum étroit, qui rejoint la face dor- sale du corps où il s'ouvre à l'extérieur (fig. 2G8, B, p.). Ce diverticule devient le canal madréporique et son orifice, le pore dorsal. La vésicule vaso-péritonéale se divise ensuite en deux, une vésicule antérieure (fig. 2C8, B, w. v), de laquelle dérive l'épithélium du système aquo-vasculaire et une vésicule postérieure (fig. 2G8, B, p.v.) qui. Fig 268. — Trois stades du développement de V Holothuria iubulosa, vus de profil en coupe optiuue (d'après Selenka) (*). donne naissance au revêtement épithélioïde de la cavité générale. La vésicule antérieure (fig. 268, G, w. v) devient quinque-lobée, prend une forme de fer à cheval et s'étend autour de l'œsophage (fig. 277, iv. v. r.). Les cinq lobes forment les rudiments des prolongements du système aquo-vasculaire dans les tentacules. Les autres parties du système aquo-vasculaire se développent comme des expansions de la vésicule originelle. Cinq d'entre elles, alternant avec les diverticules primitifs, forment les cinq canaux ambulacraires qui envoient des diverticules dans les pieds ambulacraires ; un sixième donne naissance à la vési^ cule de Poli. Les autres parties de la vésicule originelle forment le cercle aquo-vasculaire. Nous devons supposer que le canal madréporique finit par perdre ses rapports avec l'extérieur de façon à flotter librement dans l'inté- (*) m, bouclie. — oe, œsophage. — si, estomac. — • i, intestin. — a, anus. — Le, bande ciliée longi- tudinale. — v.p, vésicule vaso-péritonéale. — p.v, vésicule périlonéale. — p.r, vésicule péritonéale droite. — p.l, vésicule péritonéale gauche. — ■ iv.v, vésicule aquo-vasculaire. — j), pore dorsal du système aquo-vasculaire. — ms, cellules musculaires. '—MB 512 ÉCniNODERMES. rieur du corps, bien que la marche de ce phénomène ne paraisse pas avoir été suivie. La vésicule postérieure originelle s'étend rapidement et se divise en deux (fig. 268, C pi etpr) qui entourent les deux côtés du tube digestif et se rencontrent au-dessus et au dessous de lui. La paroi externe de chacune d'elles se soude à la peau et la paroi interne au tube digestif et au système aquo-vasculaire; dans les deux cas, les parois restent séparées des parties adjacentes par la couche de cellules amœboïdes dont il a déjà été parlé. La cavité des vésicules péritonéales devient la cavité générale permanente. Là où les parois des deux vésicules se ren- contrent du côté dorsal, il se forme souvent un mésentère suspendant le tube digestif et divisant longitudina- lement la cavité générale. Dans les autres parties, la paroi commune des deux sacs parait être résorbée. Les cellules amœboïdes dérivées des cellules invaginées se disposent en une couche autour de tous les or- ganes (fig. 269). Quelques-unes restent amœboïdes, s'attachent à la peau et font partie de la couche sous-épithé- liale ; c'est dans ces cellules que se forment les spicules calcaires de la larve et de l'adulte. Selenka affirme que la musculature de la paroi du corps et du tube digestif dérive également de ces cellules mais, l'opi- nion de Metschnikoff qui soutient que les parois des vésicules périto- néale, donnent naissance aux muscles et que les cellules amœboïdes ne prennent pas part à leur formation est plus probable. Le développement du système vasculaire n'est pas connu, mais la décou- verte faite par Kowalevsky et confirmée par Selenka que sur la paroi du système aquo-vasculaire se développent des corpuscules identiques à ceux contenus dans les vaisseaux sanguins, indique que ce système se développe probablement en rapport avec le système aquo-vasculaire. Les observations de Hofl'mann et de Perrier sur la communication des deux systèmes cbez les Ecbinides conduisent à la même conclusion. Quoique rien de bien précis ne soit connu sur le développement du système nerveux, Metschnikofl' suggère qu'il se développe peut-être en rapport avec les bandes épiblastiques épaissies qui sont formées par la métamorphose des bandes ciliées de l'embryon et accompagnent les cinq vaisseaux radiaires (Voy. p. ol9). En tout cas, sa con- dition cliez l'adulte ne laisse pas de doute sur sa dérivation de l'épiblaste. Fig. 2G0. — Coupe longitudinale d'un em- Lrvon du Cncnmaria doUolnm à l;i fin du (|uafrieni(' jour ('). (') Xpiu vésicule vaso péritonéale. — MK , niésentéron. — Bip. l'td, blastopoi-e, pi-DcfodiiHim. ASTÉRIDES. ol3 De cette description, ou peut tirer les conclusions générales sui- vantes : i° Le stade blastophère est suivi d'un stade gastrula. 2° L'orifice de la gastrula forme l'anus permanent, et la bouche est due à une nouvelle invagination. 3° Le mésoblaste dérive entièrement des cellules invaginées, mais de deux manières : (fl). Sous la forme de cellules amœboïdes éparses, qui forment les muscles et le tissu conjonctif (y compris le derme) de la paroi du corps et du tube digestif. {b). Sous la forme d'une portion de l'archentéron qui se sépare et donne naissanceaurevètement épithélialde la cavité générale etdu sys- tème aquo-vasculaire. 4» L'œsophage dérive d'une invagination de l'épiblaste et le reste du tube digestif de l'archentéron. 5" Les systèmes d'organes de l'embryon forment directement ceux de l'adulte. Le développement de la Synapte s'écarte, comme on pouvait le prévoir, très peu de celui de l'Holothurie. Astérides. — Chez YAsterias, les premiers stades du développement sont conformes à notre type. Il se détache cependant de l'archentéron deux diver- ticules vaso-péritonéaux bilatéralement symétriques. Ces diverticules donnent naissance au revêtement de la cavité générale et au système aquo-vasculaire ; mais il y a quelques divergences d'opinions sur les transformations qu'ils su- bissent. Agassiz (n° 543) soutient que les deux vésicules prennent part à la formation du système aquo-vasculaire, tandis que selon Metschnikofffn" o60) le système aquo-vasculaire dérive entièrement de la partie antérieure de la vésicule gauche plus grande que l'autre ; la vésicule droite et la partie posté- rieure de la vésicule gauche forment la cavité générale. La description de MetschnikofT me paraît la plus probable. La partie antérieure de la vé- sicule gauche après s'être séparée de la postérieure se développe en une rosette à cinq lobes (fig. 280, i) et un canal madréporique {h) ouvert à l'exté- rieur par un pore dorsal. La rosette ne paraît pas s'étendre autour de l'œso- phage comme dans les cas décrits plus haut ; mais celui-ci disparaîtrait et il se reformerait un nouvel œsophage qui percerait la rosette et mettrait l'ancienne bouche en communication avec l'estomac. L'anus larvaire persiste proba- blement excepté dans les cas où il n'y a pas d'anus chez l'adulte (1). (1) Chez YAsterina gihbosa dont le développement a été très complètement suivi par H. Ludwig, une seule vésicule vaso-péritonéale se sépare de rarchenléron et émet plus tard du côté gauche un diverticule qui s'isole en une vésicule aquifère. Le canal du sable qui part de celle-ci s'ouvre d'abord non à l'extérieur mais dans la cavité, péritonéale qui communique elle-même avec l'extérieur par le pore dorsal. Cette dispo- sition qui rappelle ce qui s'observe chez les Crinoides adultes, persiste longtenip jusqu'à ce que le canal du sable se mette directement en rapport avec le pore dorsal. L'anus larvaire disparaît de très bonne heure, le stomodaîum lui-même se détache du mésentéron et se résorbe pendant que se développe un œsophage de nouvelle formation, diverticule de la partie antérieure du mésentéron. Il ne perfore ci-pomlaiit pas la BALFoun, F.mbi'yologie. 1- -JJ oU ÉCllliNODERMES. Ophiurides. — Le premier développement des Ophiurides n'est pas aussi complètement connu que celui des autres tjpes. La plupart des espèces ont une larve libre, mais quelques-unes {Amphiuni) sont vivipares. Les premiers stades des larves libres n'ont pas été décrits, mais j'ai moi- même observé chez VOphiothrix fragiUs que la segmentation est uniforme et est suivie par l'invagination normale. L'orifice de cette invagination persiste sans doute comme anus larvaire et il y a probablement deux diverticules de l'arclienléron qui lorment les vésicules vaso-péritonéales. Chacune d'elles se divise en deux parties, l'une antérieure située près de l'œsophage, l'autre postérieure près de l'estomac. L'antérieure du côté droit avorte, celle du côté gaucbe devient la vésicule aquo-vasculaire, communique de bonne heure avec l'extérieur et entoure l'œsophage qui, comme chez les Holothuriens, de- vient l'œsophage de l'adulte. Les vésicules postérieures donnent naissance au revêtement de la cavité générale, mais, d'après Metschnikoff, sont d'abord solides et ne se creusent que plus tard d'une cavité, la cavité générale per- manente. L'anus disparaît naturellement puisqu'il manque chez l'adulte. Dans le type vivipare les premiers stades sont imparfaitement connus, mais il semble que le blastopore disparaît avant l'apparition de la bouche. Le développement des corps vaso-péritonéaux a lieu comme chez les larves libres (1). Ecliinides. — Les Echinides (Agassiz, n' oVl\ Selenka, n° o64) présentent Ijiuiuicrs stades du de\rlc)i)i]cmL'iit du Slnimjyloccnlrotus, vus de profil (emprunté à Agassiz) {*). une segmentation régulière et une invagination normale (fig. 270 A). Les ros(!tt('. aquifèrc qui l'entoure graduellement comme chez les Holothuries (a) [Trad.). (1) D'après Apostolidès le tube dif^estif se formerait chez VOpJiiothri.c vevskolor et VAinp/iiura squuuuitn non par invagination, mais par une sorte de délamination et seu- lement après qui! le mésoblaste s'est ditrérencié et a formé les premières ébauches du squelette larvaire. Deux vésicules aquifères, dont l'une avorte, auraient nue origine analogue et indépendante; il n'existerait pas de vésicule péritonéale. [h) {Trad.). n) 11. l.Li>\Mi;. i:Mt«i,khui-sgcsrluclitn ilei- Astcrina ,/il,hosa. (Zeltsr/ir. f. iriss. Ziml., XXXVII. 1 -8::). il,) N. Apostoi.ii)KS. AïK.UHuii' ol dfVf ln|,|„..„uMil des Oi.hhircs (Arch. dv zoul. r.rp., X, ISSi). :•; fi. anus (blastopore). - (/, estomac. — (.•sopliag,, - ,_■, rectum. - w, vesieule vaso-perituneale, V. liourrclct cilié. — r, baguette calcaire. GRINOIDES. oi'ô cellules mésoblastiques amœboïdes apparaissent en deux masses placées laté- ralement et forment les parties ordinaires. L'archenléron s'étend en avant et se recourbe du côté ventral (fig. 270, B). Il se divise en trois chambres ffig. 270, C) dont les deux postérieures (d et c) forment l'estomac et l'intestin ; l'antérieure forme l'œsophage et donne naissance aux vésicules vaso-périto- néales. Ces dernières se développent comme une paire de diverticules Deux stades du développeiueut du Utronyylocentrotus (emprunté ù Agassiz) [']. (fig. 271, A), mais se séparent en une snde vésicule bicorne qui plus lard se di- vise en deux. La vésicule gauche se divise ensuite comme chez les Astérides en sacs péritonéal et aquo-vasculaire, tandis que la vésicule droite forme le sac péritonéal droit. Une invagination orale (fig. 271, B) du côté ventral aplati vient à la rencontre du mésentéron après qu'il est séparé de la vésicule vaso- péritonéale. L'anus larvaire persiste de même que la bouche larvaire, mais le mode d'établissement de la rosette aquo-vasculaire semble indiquer que l'œsophage est résorbé et remplacé pur un œsophage de nouvelle formation. Crinoïdes. — VAntedon (Comatule), le seul Crinoïde étudié jusqu'ici (Gôtte, n° 549) s'écarte sur quelques points non sans importance du type or- dinaire des Echinodermes. Le blastopore est situé sur le côté aplati de la blastosphère ovale et non, comme d'ordinaire, à l'extrémité postérieure. Le blastopore se ferme complètement et ne forme pas l'anus permanent. L'archenléron donne naissance au revêtement épithélioïde de la cavité géné- rale et du système aquo-vasculaire ; mais ces parties n'apparaissent pas comme un diverlicule simple ou pair de l'archentéron, mais comme trois diverti- cules distincts qui ne se forment pas simultanément. Deux d'entre eux se forment d'abord et deviennent la future cavité générale, mais leurs cavités restent distinctes. Originellement ils apparaissent comme deux diverticules latéraux, mais le droit prend une position dorsale et émet un prolongement dans le pédoncule (fig. 272, rp') et le gauche prend une position ventrale puis orale (fig. 272, rjj). Le troisième diverticule de l'archentéron donne naissance à la vésicule aquo-vasculaire. Il entoure d'abord la région du futur œsophage et forme (*) A, Jeune larve \ue par la face dorsale, vaso-péritonéale. — r, baguette calcaire. B, Jeune larve vue par la l'ace buccale. ■ a, anus. — d, estomac. — o, œsophage. — w, vésicule .Sffi ÉCUINODERMES. i?-' ■■1. — r.uupc longitudinale d'une larve A'Autcdon (emiu-unté à Carpcnter, d'après Giitte) (*). ainsi le cercle aquo-vasculairc. La paroi de ce cercle s'élend alors vers la paroi du corps, de façon à divi- ser la vésicule péritonéale orale (gauche) en deux vésicules dis- tinctes, une antérieure et une postérieure représentées dans la figure 273, /p' et Ip. Avant que cette division soit achevée, le cercle aquo-vasculaire se con- tinue en avant en cinq prolon- gements, les futurs tentacules (flg. 227), qui font saillie dans la cavité de la vésicule orale (/p). Lorsque l'espace périlonéal oral est complètement divisé en deux parties, l'antérieure se dilate (tig. 273, Zp } considérahlement et forme un large ves- tibule à la partie anté- rieure du corps. Ce ves- tibule se met ensuite en communication avec le mésentéron par un ori- fice (flg. 273, m) et sa paroi antérieure finit par se rompre. Par cette rupture le mésentéron est mis en communica- tion avec l'extérieur par l'orifice (m) et les tenta- cules du cercle aquo- vasculaire font eux- mômes librement saillie à l'extérieur. Telle est la description que donne Gotte de l'espace préoral du corps, mais, comme il le fait lui-même re- marquer, elle nous force à admettre que le revê- tement du diverlicule dérivé de la cavité di- gestivc primitive devient une partie du tégument externe. Cette occurrence est si extraordinaire que de nouvelles observations me paraissent nécessaires avant de l'accepter. -—7/.' if — -^ Fipr. 27:i. — r.o\ipe lonnitudinalo du ealyee d'une larve pentacri- nnïdc avancée à'AntrtUjn, avec vestibule fermé (ciu[irunté à Carpcnter, d'après Gotte) (*') ire. — Jp, vésicule péi-itonéale gnuche (orale). — ■lit di' la \ésicule péritonéale droite dans le pédon- {*) id, mésentéron. — wi\ errcle a.pio-v rp, vésicidc péritonéale droite. — rji' . piolu cule. — si, pédoiu'uK'. ('*) ai\ épitliéliuui du vestibule oral. — ;/(. b. nu lie. — »/, mésentéron. — an., rudiment de l'anus licriuancnt. — Ip. iiarlie postérieure du sae péritiuié.il gauehe (oral). — lp\ partie antérieure du sae péritonéal gauclle (oral). — wr, eercle aquo-vaseulairc. — t, tentacule. — mt, mésentère. — rp. sae péritonéal droit. — rjj', prolongement du sac péritonéal droit dans le pédoncule. — r", toit du vestibule Iciitaeulaire. CfUNOIDES. :j17 La formation de l'anus esl tardive. Sa position paraît être la môme que celle du blastopore et est indiquée par une papille du méscntcron se fixant à la peau sur le côté ventral (fig. 273, «?*). Il sera situé dans un espace inter- radial sur le disque oral de l'adulte. Le cercle aquo-vasculaire n'a pas de communication directe avec l'extérieur, mais la place du canal madréporique des autres types paraît être prise chez la larve par un tube simple condui- sant de l'extérieur dans la cavité générale ; son orifice est situé sur une des plaques orales (Voy. p. 534) dans le premier espace interradial du côté droit de l'anus; et un diverticule correspondant du cercle aquo-vasculaire s'ouvre dans la cavité générale (Voy. p. 513, note). La ligne de jonction des vési- cules péritonéales droite et gauche forme chez la larve un mésentère annu- laire séparant la partie orale de la partie aborale de la cavité générale. Chez l'adulte (1), la portion orale de la cavité générale larvaire devient la parlie ventrale de la division circum viscérale de la cavité générale, et les canaux ventraux des bras et du disque ; tandis que la portion aborale forme la parlie dorsale de la division circumviscérale de la cavité générale, les canaux dorsaux des bras et la cavité de la plaque centro-dorsale. La distinction primitive entre les portions de la cavité générale larvaire est en grande partie détruite et les divisions axiale et interviscérale de la cavité générale de l'adulte sont des formations tardives. Les points les plus importants de l'histoire embryologique qui vient d'être exposée, sont les suivants : 1° La blastophère est d'ordinaire allongée dans la direction de l'axe d'invagination, mais chez la Comatule, elle s'allonge transversalement par rapport à cet axe. 2° Le blastopore devient d'ordinaire l'anus permanent, mais il se ferme à la fm de la vie larvaire (l'adulte étant dépourvu d'anus) chez les Ophiurides et quelques Astérides ; chez la Comatule, il se ferme de très bonne heure et un nouvel anus se développe au point où il était placé. 3" La bouche larvaire devient toujours la bouche de l'adulte. 4° L'archentéron donne toujours naissance à des diverticules qui forment la membrane péritonéale et le système aquo-vasculaire. Chez la Comatule, il y a trois de ces diverticules, deux pairs qui forment les vésicules péritonéales, et un impair qui forme la vésicule aquo-vascu- laire. Chez les Astérides et les Ophiurides, il y a deux diverticules ; dans le dernier groupe, les deux se divisent en une vésicule péritoné- ale et une vésicule aquo-vasculaire, mais la vésicule aquo-vasculaire droite s'atrophie. Chez les Astérides, au contraire, il se forme une seule vésicule aquo-vasculaire qui dérive de la vésicule vaso-péritonéale gauche. Chez les Échinides et les Holothurides, il y a une seule vési- cule vaso-péritonéale. 5° La vésicule aquo-vasculaire s'étend autour de l'œsophage larvaire (l)Voy. P. H. Cabpenteb. On tlie genus Actinometra [linnean Traris, '^^ sér. Zoo- logy, 11*= part. 1, 1879). n I s EGIIINODERMES, chez les Holothurides, les Ophiurides et la Gomatule ; dans ces cas l'œsophage larvaire passe à l'adulte. Dans d'autres formes la vésicule aquo-vasculaire forme un cercle qui n'entoure pas l'œsophage (Astéri- des et Echinides) ; alors il se forme un nouvel œsophage qui perfore ce cercle. Développement des appendices larvaires et métamorphose. Holothurides. — La jeune larve de Synapte à laquelle J. Miiller a donné le nom d'Auriciilaria (fig. 275), est sous beaucoup de rapports la forme la plus simple des larves d'É- A g chinodermes. A quelques excep- tions près, le type Auricularia est commun à toutes les Holothuries. L'Auricularia est (fig. 274, A et fig. 27o) bilatéralement symétri- que, présentant une face ventrale aplatie et une face dorsale con- vexe. L'anus (an) est situé près du pôle postérieur et la bouche {m) vers le milieu de la face ventrale. En avant de la bouche est une saillie considérable, le lobe pré- oral ; entre la bouche et l'anus un espace plus ou moins concave suivant l'âge de l'embryon, inter- rompu par un bourrelet cilié un peu en avant de l'anus. Un bourrelet Fifr. 271. — A, lar\e frHolutliuride (rAstéi-ide (*). Pig'. 275. — Hgiirc's diagramniutiquos l'oprésentaiit l'évolution d'une Auricularia à iiartirile la forme la plus simple des larves d'iicliinodennes {emprunté à Miiller). — La ligne noire représente la bande ciliée, la partie ombrée est le côté oral de la couronne, la partie claire le côté aboral (*'). cilié semblable existe à la face ventrale du lobe préoral immédiate- ment en avant de la bouche. Les bourrelets oral et anal sont réunis par deux bandes ciliées latérales, le tout formant une bande continue au centre de laquelle est située la bouche (lig. 27o) et qui peut par con- séquent être regardée comme une couronne entourant complètement le (*) m, bouche. — ut. estom; ciliée pré-orale. ('*)»i, buuchc. — an, .iriii unis. — l.r, bande ciliée longitudinale primitive. — pr.c, bande LARVES DES HOLOTHURIDE?. 519 corps en arrière de la bouche, ou plus naturellement comme une cou- ronne longitudinale. L'Auricularia bilatérale provient d'une gaslrula un peu allongée et uniformément revêtue de cils. La gastrula s'aplatit du côté oral et en même temps les cils se développent particulièrement sur les bourre- lets oral et anal, puis sur le reste de la bande ciliée, tandis qu'ils se résorbent partout ailleurs ; ainsi est constituée une Auricularia parfaite. Le cercle aquo-vasculaire dans la larve complètement développée a déjà considérablement progressé dans son extension autour de l'œ- sophage (fig. 277, W.V.7'.). La plupart des larves d'Holothu- rides dans leur passage de la forme bilatérale d'Auricularia à la forme radiai re de l'adulte passent par un stade où les cils forment autour du corps une série de couronnes transversales, d'ordinaire au nom- bre de cinq. Les figures 276,277 et 278 montrent les stades de cette métamorphose, La bande ciliée primitive à un certain stade de la métamorphose se fragmente en portions séparées (fig. 276) toutes situées à la face ventrale. Quatre d'entre elles (fig. 277, A et B) se disposent sous forme de couronne anguleuse autour de la bouche qui, à cette période, est très saillante. La direction des autres portions de la bande primitive de longitudinale devient transversale (fig. 277, B) et elles finissent par former des couronnes complètes (fig. 277, C) au nombre de cinq. La couronne médiane se développe la première (fig. 277, B) et est constituée par les parties dorsales de la couronne primitive. Puis se développent les deux couronnes posté- rieures et enfin les deux antérieures dont l'une paraît être en avant de la bouche (fig. 277, C). Le développement ultérieur de la bouche et du bourrelet cilié qui l'entoure est encore un peu obscur. Il semble d'après Metschnikoff (n" 560), qu'une invagination de l'œsophage a lieu entraînant le bour- relet cilié circumbuccal. Ce bourrelet finit par former le revêtement des cinq expansions tentaculaires du cercle aquo-vasculaire (fig. 279 1, et peut-être forme aussi le système nerveux. (*) m, bouclie. — st, estomac. — a, anus. — p.u, division gauche de la cavité péi-iviscérale encore en connexion avec le système aquo-yasculaire. — w.v.r. cercle aquo-vasculaire qui n'a pas encore complètement entouré l'œsophage. — l.c, partie longitudinale de la bande ciliée, —pr.c, partie prè-orale de la bande ciliée. [■"ig. 271'). — Larve complètement développée de Synapte (d'api'ès Meischnikotr) (*). .^20 ÉGHINODRRMES. L'orifico de l'invagination œsophagienne est d'abord situé en arrière de la couronne ciliée antérieure, mais vient à être en avant et à occuper Fig. 277. — Trois stades du développement de la Syiiapte ; A et B vus par la faro ventrale et C de profil (d'après Metschnikoff) {*). une position presque terminale quoique encore un peu ventrale (fig. 278). Aucune description n'a été donnée du processus de ces phénomènes, mais, d'après Metschnikoff (dont Miiller diffère sur ce point), la bouche reste toujours ouverte. Les phénomènes ultérieurs de la métamorphose ne sont pas considérables. Les bandes ciliées disparaissent et il se forme autour de l'œsophage un anneau calcaire de dix pièces ; cinq am- bulacraires et cinq interambulacraires. 11 se développe ainsi un sque- lette calcaire provisoire. Dans ce cas, tous les systèmes d'organes de l'embryon passent direc- tement à l'adulte. La niélamorphose de la plupart des Holothurides est semblable à celle qui vient d'être c'écrite. Chez le Cuciimaria (Selenka), il n'y a cependant pas de stade Auricularia et le stade à ciliatioii uniforme fait place à un stade à cinq bandes ciliées transversales et deux calottes ciliées, l'une préorale et l'autre anale, babouche est d'al)ord située à la face ventrale en arrière de la calotte ciliée préoralc, mais cette calotte est peu à peu résorbée et la bouche prend une position terminale. Chez le rsoliims (Ko\valevslvj) il n'y a pas de stade embryonnaire cilié et l'état (*) m, bouche. — Of, œsophage. — /ii>. ynnn (!,• la cavité périviscérale. — ivv, vaisseau longitudinal du système aiiuo-vasculairo. — p, pori' d(iis;il iln système ai|uo-vaseulairc. — cr, couronne ciliée lormée autour de la bouche par des parties de la bmide riliée primitive, LARVES DES ASTÉRIDES. ^21 adulte est atteint sans même une métamorphose. Il paraît y avoir cinq plaques entourant la bouche, qui se développent avant toute autre partie du squelette et sont regardées par P. H. Carpenter (n"o48) comme équivalentes aux cinq plaques orales des Crinoïdes. L'état larvaire à bandes ciliées est souvent désigné sous le nom d'état de pupe et à cet état, les larves des Holothu- riens vrais se servent pour ramper de leurs pieds ambulatoires em- bryonnaires. Fig. 27S. — Stade avancé du dévcloppomont do la Synapte (d'après Metschnikoff) (*). Astérides. — La forme de larve d'Astéride la plus commune et la plus complètement observée est une forme libre appelée Bi- piniiRrin . Cette forme, en passant de- l'é- tat sphérique à l'état bilatéral, subit des transformations à peu près identiques à celles de l'Auricularia. Les cils se limi- tent de bonne heure à un bourrelet oral et un bourrelet anal. Le bourrelet anal s'étend graduellement vers le dos et finit par former une couronne post-orale longitudinale complète (fig. 279, A) : le bour- relet oral s'étend également vers le dos et forme également une cou- ronne préorale complète (fig. 279, A) entourant un espace laissé en blanc dans ma figure. La présence de deux couronnes au lieu d'une distingue laBipinnaria de l'Auricularia. Les deux larves sont représentées côte à côte dans la figure 274 et il est évident que les deux bandes de la Bipinnaria sont équivalentes, comme l'a fait remarquer Gegenbaur, à la bande unique de l'Auricularia divisée en deux. Ontologiquement cependant, les deux bandes de la Bipinnaria ne paraissent pas dériver d'une bande uni- que. A mesure que la Bipinnaria devient plus âgée, une série de bras se développent le long des deux bandes ciliées (fig. 279, C), et dans un grand nombre de cas, il se forme trois bras spéciaux sans rapports avec les bandes ciliées et couverts de papilles. Ces bras sont appelés bras bra- chiolaires, et la larve qui les possède IJrachiolaria{iig. 279, D). En général on peut distinguer les bras suivants (fig. 279, C et D) : sur la cou- ronne postérieure (selon la nomenclature d'Agassiz) une paire médiane anale,' (*) La figure montre la cavité vestibulaire avec les tentacules rétractés, les bandes ciliées, le système aquo-vasculaire, etc. — p, pore dorsal du système aquo-vasculaire. — /)'", paroi de la cavité péri- viscérale. — »(«, cellules amœboïdes. )22 ÉCniNODERMES. une paire dorsale anale et une paire ventrale anale, une paire dorsale orale et un bras antérieur dorsal impair ; sur la couronne préorale, une paire orale ventrale et quelquefois (Millier) un bras ventral antérieur impair. Fie-. 279. — Figures diagramniatiques représentant fliverses formes de larves d'Astérides. A,B.r,, Bipinnaria. — D, Brachiolana (emprunté à Millier) {*). Les trois bras brachiolaires se développent comme des prolongements de la base du bras dorsal impair et des deux bras oraux ventraux. Le degré de dé- veloppement des bras varie avecles espèces. Les changements par lesquels la Bipinnaria ou la Brachiolaria se transforme en une Étoile de mer adulte sont beaucoup plus compliqués que ceux qui ont lieu chez les Holothurides. Nous devons surtout leur connaissance précise à Alex. Agassiz (n° 543). Le développement de l'Étoile- de-mer s'effectue tout entier à l'extrémité postérieure de la larve près de l'estomac. Du côté droit et dorsal de l'estomac et en dehors de Vespace péritonéal droit se forment cinq baguettes calcaires disposées ordinairement en forme de pentagone un peu irrégulier. La surface sur laquelle elles se déposent, a une forme spirale et constitue, avec ses baguettes calcaires, la face dorsale ou abactinale de la future Étoile-de-mer. Près de son bord dorsal, c'est-à-dire embryonnaire, est situé le pore dorsal du système aquo-vasculaire (canal madréporique) et près de son bord ventral, l'anus. Du côté gauche ventral de l'estomac est la rosette aquo-vasculaire dont le développement a été décrit à la page 513. Elle est située sur la face actinale ou ventrale de la future Étoile-de-mer et est en rapport avec la vésicule péritonéale gauche. Metscbnikoff (n" :j(iO) et Agassiz (n° :j43) ne sont pas entièrement d'accord sur la constitution de la rosette aquo-vasculaire. Le premier la décrit et la (•) I,es lignes noires représentent les bandes ciliées et les parties ombrées l'espace intermédiaire aux bandes préorale et postorale. — m, bouche. — an, anus. LARVES DES ASTÉRIDES. 52.1 figure comme une rosetle complètement close, le dernier dit que « elle ne forme pas une courbe complètement close, mais est toujours ouverte, for- mant une sorte d'arc ou de croissant tordu. » La rosette aquo-vasculaire a cinq lobes auxquels correspondent des replis du tégument larvaire ; chaque lobe correspond à une des pla- ques calcaires développées sur le disque abactinal. Le plan de la surface actinale ^ < rencontre d'abord celui de la surface abac- tinale sous un angle aigu ou presque droit. Les deux faces sont séparées par toute l'épaisseur de l'estomac. L'aspect général de la larve, vue par la face ventrale après le développement de la rosette aquo-vas- culaire («) et du disque abactinal (A) est représenté dans la figure 280. Par les progrès du développement, la face abactinale devient un disque solide et défini, les spicules calcaires originels forment des plaques plus ou moins bien définies et de nouvelles plaques se déve- loppent plus près du centre du disque dan^ une position interradiaire. Plus tard encore, il apparaît une plaque calcaire centrale à la face abactinale qui est ainsi formée d'une plaque centrale entourée d'un cercle de cinq plaques interradiaires, puis d'un second cercle de cinq plaques radiaires. Le disque abactinal s'étend aussi en cinq prolonge- ments courts séparés par cinq encoches peu profondes. Ces prolonge- ments sont les rudiments des cinq bras, et chacun d'eux correspond à un des lobes de la rosette aquo-vasculaire. Il se forme autour de l'ori- fice du canal aquo-vasculaire un dépôt calcaire qui devient la plaque madréporique (1). Vers ce stade a lieu la résorption des appendices larvaires. Toute la partie antérieure de la larve avec le grand lobe préoral n'a, jusqu'ici, subi aucun changement, mais à ce moment elle se contracte, est résorbée et complètement rétractée dans le disque de la future Étoile-de-mer. La bouche larvaire est portée au centre du disque actinal. Dans les larves observées par Agassiz et par Metschni- koCf, rien n'était rejeté, mais tout était résorbé. (1) La position exacte de la plaque madréporique par rapport aux plaques abactinales ne semble pas avoir été déterminée. On aurait pu prévoir qu'elle serait placée sur une des plaques interradiaires primaires, mais il ne semble pas en être ainsi. La position de l'anus est également obscure. V\^. 280. — Larve Bipinnaria d'un Astéride (emprunté à Gejfenbaur, d'après Millier) (*). (*) 6, bouche. — a. anus. — h, canal madréporique. — !, rosette ambulacraire. — c, estomac. — d.Q-e, etc., bras de la Bipinnaria. — A, disque abactina. u jeune Astéride. 524 ÉCIlINOnERMES. D'après Mûller, Koren et Danielssen, il n'en est pas de même dans la larve qu'ils ont observée, mais une partie de la larve est rejetée et vit quelque temps d'une manière indépendante. Après la résorption des appendices larvaires, les faces aclinale et abaclinale de la jeune Étoile-de-mer se rapprochent par l'aplatisse- ment de l'estomac ; elles perdent en môme temps leur forme spirale et deviennent des disques plans qui s'adaptent l'un à l'autre. Chacun des lobes de la rosette du système aquo-vasculaire devient un des ca- naux aquo-vasculairesradiaires: il se divise d'abord en cinq lobes dont chacun forme un pied ambulacraire rudimentaire, et de chaque côté du lobe moyen, s'en développent deux nouveaux et ainsi de suite. Le lobe terminal médian forme le tentacule de l'extrémité du bras et l'œil se développée sa base. Le développement du système aquo-vasculaire marche d'accord avec celui des bras, et les pieds ambulacraires sont supportés à leur base par un dépôt de matière calcaire. Tout le sque- lette calcaire de la larve passe directement à celui de l'adulte, et il se forme bientôt des épines sur les plaques de la face abactinale. Les plaques radiaires originelles avec les épines qu'elles portent sont gra- duellement repoussées endehors avec l'accroissement des bras parl'ad- dition de nouvelles rangées d'épines entre la plaque terminale et celle qui la précède. De là, il résulte que les plaques radiales originelles persistent à l'extrémité des bras en rapport avec les tentacules impairs qui forment la terminaison des canaux aquo-vasculaires radiaux. On a vu plus haut que, selon Metschnikoff (n" oôO), il se forme un nouvel œsophage qui perfore le cercle aquo-vasculaire et rattache l'estomac originel à la bouche originelle. Agassiz (n° 343) soutient que le cercle aquo-vasculaire s'étend autour de l'œsophage primitif. Il dit: « Pendant la résorption de la larve, le long lesophage se raccourcit et se contracte, amenant l'orifice buccal de la larve au niveau de l'orifice de l'œsophage, qui formera la bouche véri- table de l'Étoile-de-mer. » Metschnikoff croit que l'anus primitif disparaît ; Agassiz, qu'il persiste. Cette discordance dépend peut-être de ce que ces auteurs oui fait leurs observations sur des espèces difTérentes. 11 n'est pas douteux que tous les organes de la larve, à l'exception peut-être de l'œsophage et de l'anus (lorsqu'il manque chez l'adulte), forment directement les organes correspondants de l'Astérie, et que la partie préorale du corps et les bras de la larve sont résorbés et non rejetés. Outre le type l?ipinnarien de larve d'Astéride, Millier (n" oOi), Sars, Koren et Danielssen (n° lî'M) et d'autres observateurs ont décrit une série d'autres formes qui sont cependant très imparfaitement connues. La forme la mieux connue est celle découverte par Sars chez YEchlnaster Sarsii, et it's larves plus ou moins semblables observées dans la suite par Agassiz, Busch LARVES DES ASTÉRIDES. Hi'ô Millier, Wyville Thomson, etc., d'une autre espèce à'Echinaster et de VAstcra- cantkion. Ces larves sortent de l'œuf avec une forme ovale et sont uniformé- ment ciliées. Le corps émet quatre prolongements (un seul prolongement dans le type d'Agassiz) par lesquels les larves se fixent. Chez VEchinaster, les larves sont fixées dans la concavité ventrale du disque de la mère, entre les cinq bras où il se forme une poche incubatrice temporaire. La partie principale du corps forme directement le disque de la jeune Astérie et les quatre prolonge- ments sont situés à sa face ventralg et fixés au cercle aquo-vasculaire ; ils finissent par s'atrophier complètement. On sait peu de chose sur la structure interne ; jusqu'à la formation de la bouche permanente après que le dévelop- pement de la jeune Astérie est assez avancé, l'estomac n'a pas de communi- cation avec l'extérieur (1). Un second type anormal de développement est présenté par l'embryon du Ptcraster miliaris décrit par Koren et Danielssen (2). Les larves, au nombre de huit à vingt, se développent dans une poche particulière de la face dorsale du corps. Les premiers stades ne sont pas connus, mais dans les derniers, le corps tout entier prend une forme pentagonale, la bouche étant située sur un bord du disque. Plus tard, l'anus se forme sur le côté dorsal d'un bras op- posé à la bouche. L'estomac est entouré par un cercle aquo-vasculaire d'où le canal madréporique se rend à la face dorsale, mais ne s'y ouvre pas. A un stade plus avancé, la bouche et l'anus embryonnaires disparaissent pour (1) La larve voisine de ÏAsterina gibbosa est uniformément ciliée, et sort de l'œuf avec une forme à peu près ovale, mais le pôle supérieur (opposé au blastopore) ne tarde pas à se développer en un appareil locomoteur formé de deux lobes dirigés à peu près à angle droit, par rapport au corps de la larve. Cet organe, appelé par Ludwig organe larvaire [larvenorgan) et qui représente les appendices décrits dans le texte chez les larves ù' Echinaster ou Ôl Asteracaiithion paraît être l'homologue des bras brachiolaires : lors de la formation de la jeune Astérie, il s'atrophie graduellement et se résorbe. Les disques actinal et abactinal se développent comme à l'ordinaire sur les faces gauche et droite de la larve sous forme d'arcs dont les extrémités se rapprochent de façon à former un cercle complet. Le disque abactinal renferme dès l'origine onze plaques calcaires, savoir une centrale, cinq radiales et cinq interradiales, le disque actinal pré- sente une paire de plaques vertébrales ou ambulacraires à la base des deux premiers ambulacres encore sans ventouses. Plus tard se développent sur le disque abactinal des plaques intermédiaires, et sur le disque actinal les plaques interradiales inférieures, (odontophores de Viguier) et les plaques adambulacraires. Ils se soudent d'abord par l'extrémité des bras. Il est à remarquer que les points où se ferment les deux disques ne se correspondent pas ; tandis que le disque actinal se ferme dans l'interradius qui porte l'anus définitif et où disparaît l'organe larvaire, et que l'on peut appeler l'interra- dius antérieur, le disque abactinal se ferme dans l'interradius situé immédiatement à gauche et qui renferme le pore dorsal ; la plaque interradiale de cette région entoure le pore dorsal et devient la plaque madréporique. Après la constitution de la jeune Astérie, l'œsophage définitif se met en communication avec l'extérieur au centre du disque actinal et l'anus définitif se forme dans la région indiquée plus haut et qui parait correspondre au point occupé primitivement par l'anus larvaire. L'anneau central et les cinq troncs branchiaux du système nerveux se développent comme des épaissis- sements de l'épiblaste qui s'isolent bientôt ; un œil apparaît de bonne heure à l'extré- mité de chacun des bras porté par le renflement terminal du tronc nerveux. Le cercle oral du système vasculaire se creuse dans le mésoblaste (ou peut-être est un reste de la ca- vité de segmentation 1) et n'a aucune communication avec le système aquifère (*J. [Ttad.). ("2) L'exposé suivant est emprunté îi l'extrait donné dans le Thierreichs de Bronn, (*) H. Ltuwic loc. cit. {Zcit. f. wiss. ZuoL, XXXVII, 188:2) 526 ÉCHINODERMES. tHre remplacés par une bouche et un anus permanents dans les positions normales. l'ne troisième forme très curieuse sous certains rapports, est une larve vermilorme décrite par Mùller, qui ne possède pas de bandes ciliées. La face dorsale de la très jeune larve est divisée par des constrictions transversales en cinq segments. A la face inférieure du premier est un disque à cinq lobes, chaque lobe portant une paire de pieds ambulacraires. A une période plus avancée, trois segments seulement sont visibles à la face dorsale, mais la face ventrale a pris un aspect pentagonal. Les stades plus avancés ne sont pas connus. Ophiurides. — La larve complètement développée des Ophiiuides est appelée /'hitriis. Elle commence par présenter la forme ordinaire plus ou moins sphérique ; de là, passe à une forme ressemblant beau- coup à celle de l'Auricularia avec une face dorsale convexe et une face ventrale plane. Bientôt cependant elle se distingue par le dévelop- Fig. i«l. — Figures diagcaniniatiqiies montrant révolution du Plutéus d'un Opliiuride à partir de la larve d'Échinoderme la plus simple (emprunté à Miiller) (*). pcment d'un lobe post-anal et l'absence de lobe préoral (lig, 281, B). Le lobe post-anal forme le sommet un peu arrondi du corps. En avant de la bouche et entre la bouche et l'anus se développent les bourrelets ciliés anal et oral qui bientôt se continuent en une cou- ronne ciliée longitudinale unique. En même temps le corps se pro- longe en une série d'appendices situés le long des bandes ciliées qui se continuent jusqu'à leur extrémité. La couronne ciliée primitive ne se fragmente jamais en deux ou plusieurs couronnes. Il se développe d'or- dinaire une autre couronne ciliée à l'extrémité du lobe post-anal. Les bras sont disposés sous forme de cercle autour de la bouche et sont tous dirigés en avant. (*) Le ^sq^lclette calcaire n'est pas représenté. — m. Ihiui-Iic. — tt», anus. d', bras latéraux. — e', bras postérieurs. — y', bras antéro-latéraux. il, bras antérieurs. LABVES DES OPHIURIDES. o27 Les premiers bras qui apparaissent sont deux bras latéraux qui d'ordinaire restent les plus apparents (fig. -281 , B et C, d'). Une seconde paire se développe sur les côtés de la bouche et on peut appeler ces bras buccaux ou antérieurs (C, d). Puis il se forme une paire venirale et postérieure aux bras latéraux, les bras postérieurs (D, é) et enfin une paire située entre les bras latéraux et les bras antérieurs constituant les bras antéro-latéraux (D, (j). L'aire concave située entre les bras forme la plus grande partie de la face ventrale du corps. Dès avant l'apparition des bras et avant la formation de la bouche, on voit deux baguettes calcaires qui se rejoi- gnent en arrière au sommet du lobe post-anal et se continuent comme un axe calcaire dans chacun des bras à mesure que ceux-ci se forment suc- cessivement. Ces baguettes sont re- présentées dans leur complet dévelop- pement dans la figure 282. Les points importants qui distinguent une larve Pluteus de l'Auricularia ou de la Bipinnaria sont les suivants : 1° La présence du lobe post-anal à l'extrémité postérieure du corps. 2" Le peu de développement du lobe préoral. 3° Le squelette calcaire provisoire des bras de la larve. Le développement des bras et du squelette provisoire présente des va- riations considérables. La présence des bras latéraux est cependant un caractère distinctif du Pluteus des Ophiurides. Les autres bras peuvent manquer complètement, mais les bras latéraux ne font jamais défaut. La formation de l'Ophiuride permanent a lieu à peu près de la même manière que chez les Astérides. Kig. :!S2. — L;ir\c rluteus d'un Ophiuride (onipruntéù Gegonbaur d'après iMiillcr) (*). 11 se forme (fig. 282) du côté droit et dorsal de l'estomac un ^disque abac- tinal supporté par des plaques calcaires d'abord au nombre de cinq seule- ment et occupant une position radiaire (I). Le disque n'est d'abord pas symétrique, mais le devient au moment de la résorption des bras larvaires. Il se continue en cinq prolongements, les cinq futurs rayons. Les cinq plaques radiaires originelles persistent comme les segments terminaux des bras de (1) On ne sait pas s'il se développe des plaques interradiales comme choz VAsterias. Elles semblent se rencontrer chez VOphio/ifiolis hellis, Agassiz, mais n'ont pas été re- csnnues dans d'autres formes (Voy. Carpkmter, n" 5i6, p. 369). (*) A, rudiment du jeuuc Opliiurido rieurs. d' , bras latéraux. — , orifiec dorsal du canal in;tdrépoiiipR'. — e' , bras postérieur. — e' , bras antérieur. — e'", bras aiitéro-iiileriii' (les autres lettres comme dans la ligure prérédentc). LARVES DES ÉCIIINIDES. 531 risée par la forme arrondie du lobe anal. Les baguetles calcaires ne sont pas Ireillissées. Cliez le Pluleus des Spatangoïdes, il y a (fig. 279) autour de la bouche cinq paires de bras dirigés en avant et sur le lobe anal trois bras dirigés en arrière ; un de ceux-ci est impair et porté par le sommet du A Fig. 287. — Larves Je Stroinjylocenlrottis vues de profil et par la fac^ dorsale (emprunte a Ag l*) lobe anal. Tous les bras renferment des baguettes calcaires [qui, pour les bras postérieurs, antéro-Iatéraux et le bras impair du lobe anal, sont Ireil- lissées. 11 ne se développe pas d'épaulettes ciliées. Des larves vivipares d'Echinides ont été décrites par Agassiz (1). Le développement de l'Oursin permanent a été surtout observé par Agassiz et par Metschnikofl". Dans le Pluteus de YEchinus lividus, la première indication de l'adulte apparaît après le développement des trois premières paires de bras sous la forme d'une invagination du tégument du côté gauche entre les bras posté- rieur et antéro-latéral ; le fond de l'invagination est en contact avec la vési- cule aquo-vasculaire (fig. 287, B, iv'). La base de cette invagination devient très épaisse et forme le disque ventral du futur Oursin. Les parties qui rat- tachent ce disque au tégument externe deviennent au contraire minces et par le rétrécissement de l'orifice externe d'invagination et l'extension du disque épaissi forment à celui-ci une enveloppe appelée par Metschnikoff l'amnios. La vésicule aquo-vasculaire adjacente au disque développe cinq prolonge- (l) Pour les Échinides vivipares (Voy. Agassiz. Proceed. amer. Acud., 1875). (') e' , bras antéro-Iatéraux. — v' , épaulettes ciliées. — w', iavayiDition pour former le disque de Oursin (les autres lettres comme dans la Ogure précédonte). 532 ÉCHINODERMES. ments formant autant de pieds ambulacraires qui repoussent la suiface du disque invnginé en un même nombre d'appendices. L'orifice externe de l'inva- f^inalion du disque ne se ferme jamais, et, après le développement des pieds ambulacraires, commence à redevenir plus large; et l'amnios à s'atrophier. iiiiljlciriiiriit tluvcloppet' ilu StroïKji/ldceiitriilii.s ((■miiruiile à Agassiz) (*). Les pieds ambulacraires font maintenant saillie par l'orifice de l'invagina- tion. La surface dorsale et droite du Pluteus qui s'étend de façon à embras- ser l'anus et l'oritice du canal madréporique forme la face abactinale ou dor- sale du futur Oursin (fig. '288, «).Ce disque s'adapte à la face acliiiale invaginée qui se développe sur le côlé gauche du Pluteus. Sur le cùlé droit de la larve (*) La fifnirc montre le disque abactinal_tlu jiiinc (hii>in entourant l'ostoniac laivaire (les lettres comme dans les figures jirécédcntes). LARVES DES ÉGHINIDES. fi:J'5 (dorsal du futur Oursin) apparaissent deux pédicellaires et plus tard se forment des épines qui présentent d'abord une disposition annulaire autour du bord du disque primitivement plan. Pendant que ces changements s 'effectue ni et que les deux faces du futur Oursin se modèlent graduellement de façon à Fig. 2S9. — Trois stades du développement de YAntedon (Coraalule) (emprunté èi Lubbock, d'après Thomson) (*). prendre la forme d'un jeune Oursin, les bras du Pluteus avec le squelette qu'ils renferment s'atrophient peu à peu. Leur forme devient irrégulière, leur squelette se divise en petits fragments et ils sont peu à peu résorbés. (*) A, larve immédiatement après l'éclosion. — B, larve avec rudiments des plaques calcaires. — G, larve pentacrinoïde. 534 ECllhNODERMES. Le cercle aquo-viisciilaire est complot dès l'origine, de sorte que, comme chez VAsterias, il est perforé au contre par un œsophage de nouvelle formation. D'après Agassiz, les cinq premiers tentacules ou pieds ambulacraires se dé- veloppent en les canaux radiaires et forpient les tentacules terminaux impairs exactement comme chez l'Asfer/rts (1). Le Spatangus ne diffère dans son déve- loppement de VEcliinus qu'en ce que l'orifice de l'invagination qui forme le disque ventral se ferme complètement et que les pieds ambulacraires ont à traverser l'épiderme larvaire de l'amnios qui est rompu par là et plus tard rejeté. Crinoïdes. — La larve de VAntedon, encore dans Fœuf, prend une forme ovale et acquiert un revêtement cilié uniforme. Avant l'éclosion ce revêtement uniforme est remplacé par quatre bandes ciliées trans- versales et une touffe de cils à l'extrémité postérieure. A cet état, la larve sort de l'œuf (fig. 289, A) et devient bilatérale par l'aplatissement de la face ventrale. Sur la face aplatie apparaît une dépression ciliée cor- respondant à la position du blastopore maintenant fermé (Voy. p. 515). La troisième bande ciliée se recourbe en avant pour passer au-devant de cette dépression (fig. 290). En arrière de la dernière bande ciliée, il existe une petite dépression de fonction inconnue située aussi à la face ventrale. L'extrémité postérieure de l'embryon s'allonge pour former le rudiment de la future tige et une nouvelle dépression marquant la position de la future bouche fait son apparition à la partie antérieure et ven- trale. Pendant que les bandes ciliées ont encore leur développement complet, le squelette calcaire du futur calyce fait son apparition sous forme de deux rangées de chacune cinq plaques formées d'un réseau de spicules (fig. 289, B et 290). Les plaques du cercle an- térieur sont appelées orales, celles du cercle postérieur, basales. Les premières entourent le sac péritouéal gauche, c'est-à-dire anté- rieur fvoy. p. 515), les dernières, le sac droit, c'est-à-dire postérieur. Les deux rangées de plaques ne sont d'abord pas tout à fait trans- versales, mais forment deux cercles obliques, l'extrémité dorsale étant m%. 7M Fig. 290. — L;irvr li'Ai.tpdoiiayec les rudiments liii .siiuclettc cal- caire (emprunté k Carpcnter, d'après Thomson) (*). (1) GôttG (n" 549) appuvé par his observations plus anciennes et sur certains points très erronées de .Millier et de Krolin a émis l'Iiypotiièse que les canaux radiaires de& l'^cliiiiides et des Hololliurides sont de nature différente de ceux des Astérides et des Opliiurid(;s. ("il, pl.iipio tcrminaKî n IV-xti-'jmilcJ de la tige, ///, position du blastopoi-e. ■i. phupics Itasalt' or, placpies I.ÂUVES DES GKINOIDES. Î35 en avant de l'exti-émilé ventrale. Bientôt ils deviennent transversaux, et la face orale, originellement un peu ventrale, est portée au centre de l'aire entourée par les plaques orales. Par le changement de position de la face ventrale originelle relative- ment à l'axe du corps, la symétrie bilatérale de la larve fait place à une symétrie radiaire. Pendant que se forment les premiers éléments du calice, le squelette de la tige se constitue également. La plaque terminale se forme la première, puis les articles de la tige d'abord au nombre de huit. La plaque centro -dorsale se forme d'après Thomson comme l'article su- périeur de la tige (1). La larve après l'achève- ment de ces phénomènes est représentée dans la figure 289, B et d'une manière un peu plus diagrammatique dans la figure 290. Après la formation de ces éléments du squelette, les bandes ciliées s'atrophient et bientôt après la larve se fixe par la plaque ter- minale de sa tige ; elle passe alors au stade pen- tacrinoïde. La larve à ce stade est représentée dans les figures 289, Cet 291. De nouveaux articles s'ajoutent à l'extrémité supérieure de la tige près du calyce et un nouvel élément, les plaques radiales fait son apparition sous la forme d'un cercle de cinq petites plaques entre les plaques basales et les plaques orales et en alternance avec elles (fig. 289, B et 291). Le toit du vestibule oral (Voy. flg. 273 etp. 516) s'est rompu et labouche s'est ainsi ouverte à l'extérieur. Au- tour de la bouche sont cinq lobes pétaloïdes supportés chacun par une des plaques orales (fig. 289, C). Dans leurs intervalles, cinq tenta- cules ramifiés et très contractiles qui étaient auparavant renfermés dans le vestibule font maintement saillie; ils indiquent la position des futurs canaux radiaires et sont des diverticules du cercle aquo- vasculaire. A la base de chacun d'eux se forme bientôt une paire de Fig. -291. — Jeune larve penta- crinoïJo d'Aiiicdon (em- prunté à Carpenter, d'après Wyville Thomson) (*). (1) Gotte (no 549), au contraire, soutient que la plaque centro-dorsale se développe par la coalescence d'une série de baguettes d'abord indépendantes qui apparaissent en même temps que les plaques basales et près de leur bord inférieur, et (ju'elle est par conséquent semblable par son origine aux plaques basales. (') \, plaque terminale de la tige. ■ dialt's. — or, iliaques orales. cd, plaque centro-dorsale. — 3, placpaes basales. — 4, plaques 536 ÉCHINODEKMES. lenlaniles additionnels. Chaque lentacule primaire correspond à l'une des placiiies radiales. Celles-ci occupent par conséquent, comme leur nom l'implique, une position radiale, tandis que les plaques basales et orales sont interradiales. Outre les tentacules radiaux contractiles, il se forme bientôt dix tentacules non contractiles qui sont aussi des di- verticules du cercle aquo-vasculaire, deux dans chaque interradius. Dans le cours de la suite du développement l'espace équatorial situé entre les plaques orales et les plaques basales s'étend et donne naissance à un large disque oral dont les côtés sont formés par les plaques radiales appuyées sur les plaques basales ; au centre sont situées les cinq plaques orales, chacune avec son lobe spécial. L'anus qui se forme du côté ventral au point où était le blastopore (voy. p. 517) s'entoure d'une plaque anale qui occupe une position interradiale à la surface du disque oral entre les plaques orales et les plaques radiales. Sur la plaque orale de l'interradius voisin est situé l'orifice d'im entonnoir unique conduisant dans la cavité géné- rale et considéré par Ludwig comme équivalent à l'orifice du canal madréporique(p. 517) (1). Les bras naissent du bord du vestibule, entraînant avec eux les pro- longements tentaculaires du cercle aquo-vasculaire. Il se forme bientôt deux rangées additionnelles de plaques radiales. La larve pentacrinoïde pédonculée se transforme par la résorption du pédoncule en Antedon adulte. Le pédoncule est remplacé fonc- tionnellement par une série de courts cirrbes naissant de la plaque centro-dorsale. Les cinq plaques basales se soudent en une seule plaque appelée la rosette, et les cinq plaques orales disparaissent, quoi- que les lobes sur lesquels elles étaient placées persistent. Dans quel- ques formes pédonculées telles que le lîhizocrinus, VHyocrinus, les plaques orales sont conservées d'une manière permanente. Les bras se bifurquent à l'extrémité de la troisième radiale, et la première radiale devient chez VAntedon rosacea (mais non chez toutes les espè- ces àWnledon), cachée de la surface par l'extension de la plaque cen- tro-dorsale. Outre l'entonnoir unique présent chez la jeune larve, il s'en forme un grand nombre de nouveaux conduisant dans la cavité générale. Ces entonnoirs sont regardés par Ludwig comme équiva- lents à autant d'orifices du canal madréporique, et il se développe des diverticules du cercle aquo-vasculaire qui leur correspondent. (1) Je n'ai pas essayé de discuter les homologies des plaques des larves d'Écliino- dermes parce que les crltéi-iums de cette discussion sont encore douteux eux-mêmes. Le lecteur peut consulter îi ce sujet les mémoires de F. H. Carpenter (n" 548). Carpen- ter essaye de fonder ces liomologies sur les relations des plaijues avec les vésicules périlonéales primitives et je suis porté à croire que cette méthode de traiter les liomo- logies est la véritable. Ludwig (n" f).'j!)) en regardant l'orifice du canal madréporique comme un point fixe est arrivé ù des résultats très différents. COMPARAISON DES LARVES DES ÉCHINODERMES. 537 Comparaison des larves des Echinodermes et conclusions générales. Dans une comparaison des divers types de larves des Echinoder- mes, il faut distinguer entre les formes libres et les formes vivipares ou fixées. Un examen très superficiel suffit à montrer que les formes libres se ressemblent beaucoup plus entre elles que les formes vivi- pares. Nous sommes par conséquent en droit de conclure que dans les formes vivipares le développement est abrégé et modifié. Toutes les formes libres sont presque semblables dans leurs pre- miers stades après la formation de l'archentéron. La face située entre la future bouche et l'anus s'aplatit, et (excepté chc7A'Antedon,\e Cucu- maria, le Psolinus, etc., qui en réalité ont un développement abrégé comme celui des formes vivipares) un bourrelet cilié se forme en avant de la bouche et un autre entre la bouche et l'anus. Cette forme larvaire représentée dans la figure 283, A, est le type d'où dérivent toutes les formes de larves d'Echinodermes. Dans tous les cas, à l'exception de la Bipinnaria, les deux bourrelets ciliés s'unissent bientôt et constituent une seule couronne ciliée lon- gitudinale post-orale. Les larves dans la suite de leur développement subissent divers changements, et dans les stades plus avancés, on peut les diviser en deux groupes : 1° La larve Pluteus des Echinides et des Ophiurides. 2° Les types Auricularia (Holothurides) et Bipinnaria (Astérides). Le premier groupe est caractérisé par le développement d'une série de bras entourant plus ou moins la bouche et supportés par des tiges calcaires. La bande ciliée persiste pendant toute la vie lar- vaire dans son état primitif de bande longitudinale simple. Il existe un lobe préoral très petit et un lobe oral au contraire très dé- veloppé. L' Auricularia et la Bipinnaria se ressemblent par la forme, par le développement d'un grand lobe n préoral, et par l'absence de sque- lette calcaire provisoire, mais dif- fèrent en ce que la bande ciliée est simple chez l'Auricularia (iig. 292 A) et double chez la Bipinnaria (fig. 292, B). larve d'Bolothuride. d'Asteride (*). B, larve (*) »i, bouche. — st, estomac, ciliée pré-orale. a, anus. — le, bande ciliée longitudinale primitive. — pi'.c, bande 538 ÉCIIINUDERMES. • La larve Bipinnaria montre une grande tendance à développer des bras sans squelette, tandis que chez l'Auricularia la bande ciliée longitudinale se fragmente en une série de bandes ciliées transversales. Cet état est dans quelques cas atteint directement, et les larves qui sont dans ce cas se rapprochent évidemment des larves d'Antedon chez les- quelles l'état uniformément cilié fait place à un état avec quatre bandes transversales dont l'une est préorale. Toutes ou presque toutes les larves d'Echinodermes ont une symé- trie bilatérale, et comme tous les Echinodermes revêtent définitive- ment une symétrie radiaire, le type bilatéral doit nécessairement faire place au type radiaire. Dans le cas des Holothurides et de VAntedon et en général des types vivipares, ce changement s'effectue plus ou moins complètement pendant l'état embryonaire ; mais chez les types Bipinnaria et Plu- teus, la symétrie radiaire ne devient apparente qu'après la résorption des appendices larvaires. C'est un fait remarquable qui semble vrai pour les Astérides, les Ophiurides, les Echinides et les Crinoïdes que le côté dorsal de la larve ne forme pas directement le disque dorsal de l'adulte, mais que le côté dorsal et droit forme la face dorsale ou abactinale, le côté ventral et gauche devenant la face acti- nale ou ventrale. Il est intéressant de noter à propos des larves d'Echinodermes que les divers types de larves existants ont dû se former après la diffé- renciation des groupes actuels d'Echinodermes ; autrement il serait nécessaire d'admettre l'hypothèse impossible que les différents grou- pes d'Echinodermes sont descendus séparément des divers types de larves. Les divers appendices spéciaux, etc., des différentes larves ont par conséquent une signification purement secondaire, et leur atro- phie au moment du passage de l'état de larve à l'état adulte, qui n'est rien autre chose qu'une métamorphose compliquée, s'explique facilement. A l'origine, sans doute, la transition de la larve ù l'adulte était très simple comme elle l'est encore chez la plupart des Holothurides, mais les larves développant divers appendices provisoires, il est devenu nécessaire qu'ils soient résorbés dans le passage à l'état adulte. 11 devait évidemment être avantageux que leur résorption fût aussi rapide que possible, la larve entrain dépasser à l'état adulte étant dans une condition très défavorable. La métamorphose rapide que nous rencontrons chez les Astérides, les Ophiurides et les Echinides dans le passage de l'état larvaire à l'état adulte a sans doute été dé- terminée par cette raison. Malgré la diversité des appendices provisoires possédés parles larves des Echinodermes; il est possible, comme on l'a vu plus haut (p. 537), de reconnaître un type de larve dont toutes les formes existantes sont BIBLIOGRAPHIE. 539 des modifications. Ce type ne me paraît pas avoir d'affinités proches avec celui des larves d'aucun groupe décrit jusqu'ici. Il présente sans doute certaines ressemblances avec la trochosphère des Ghétopodes des Mollusques, etc., mais les différences entre les deux types sont plus frappantes encore que les ressemblances. La larve d'Echinoderme diffère d'abord de la trochosphère par le caractère de la ciliation. L'une et l'autre commencent par être uniformément ciliées, mais tandis ([ue la couronne préorale est presque invariable et qu'une couronne péri-anale est très commune chez la trochosphère, ces couronnes sont très rares dans les larves d'Echinodermes, et même lorsqu'elles exis- tent (couronne préorale de la Bipinnaria et paquet péri-anal de VAntedori) ne ressemblent guère aux formations plus ou moins simi- laires de la trochosphère. Les deux bourrelets ciliés (fig. 284, A) com- muns à toutes les larves d'Echinodermes qui se continuent plus tard en une couronne longitudinale n'ont encore été trouvés dans aucune trochosphère. Les bourrelets ciliés transversaux des larves d'Holothu- rides et de Grinoïdes sont sans importance dans la comparaison des larves trochosphères avec les larves d'Echinodermes puisque dételles couronnes se développent souvent d'une manière secondaire (Cf. le Pneumoderme et le Dentale parmi les Mollusques). Les deux types diffèrent encore par le caractère du lobe préoral. Quoique l'on trouve souvent un lobe préoral chez les larves d'Echi- nodermes, il n'est jamais le siège d'un ganglion important (sus-œso- phagien) et d'organes des sens spéciaux, comme c'est invariablement le cas dans la trochosphère. On n'a trouvé dans la trochosphère rien d'analogue aux vésicules vaso-péritonéales des larves d'Echinodermes, et l'on n'a pas davantage trouvé dans les larves des Échinodermes les organes excréteurs carac- téristiques de la trochosphère. La larve qui se rapproche le plus de celle des Echinodermes est la larve du Balcmoglossus décrite dans le chapitre suivant. (542) Alex. Agassiz. Revision of (he Ediini. Cambridge, U. S. 1872-7^. (543) Alex. Agassiz. INorili American Startishes {Memoirs of the Muséum of Compa- rative Analomy and Zoology at Harvard Collège, V, n° 1. 1877) (originellement publié en 18g4). (544) J. Barrois. Embryogénie de VAsteriscus verruculatus {Journal de l'Anal, et de la Phijs. 1879). (54â) A. Baur. Beitrage zur Naturgescliichte d. Stjnapta digitata. {Nova act. acad. L. C. nat. cur., XXXI, 186'.). (546) H. G. BnoNN. Klassen u. Ordnungen etc. Strahlent/u'ere, II. 1860. (547) W. B. Cakpenteu. Besearches on the structure, physiology and development of Antedon {Phil. 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Les bandes ciliées ont la même forme générale que chez la Bipinnaria ; il y a une bande préorale et une bande post- orale longitudinale, qui se rejoignent presque au sommet du lobe préoral (fig. 294). Une bande contractile rattache l'œsophage au sommet du lobe préoral, et il existe un diverticule(fig. 293, W) du tube digestif di- rigé vers la face dorsale. Des cellules contractiles sont éparses entre la paroi du corps et l'intestin. Au stade suivant (fig. 295, A) il se développe une bande transversale très apparente post-orale formée d'une seule rangée de cils, et les bandes originelles deviennent plus sinueuses. Ce qui était au stade précé- dent un diverticule du tube digestif est devenu une vésicule indépen- dante ouverte par un pore à la face dorsale (fig. 295, A, iv). Le cordon contractile est maintenant inséré s-ur cetle vésicule. Au point où ce cordon rejoint le sommet du lobe préoral entre les deux bandes ciliées antérieures s'est formé un épaississement de l'épiblaste (un ganglion?) sur lequel sont placées deux taches oculiformes (fig. 294, oc et fig. 295, A). Une échancrure profonde entame la face ventrale delà larve. La larve devenant plus âgée, les bandes ciliées originelles deviennent plus sinueuses, et il se forme (chez la larve de la IMéditerranée) une seconde bande transversale entre la bande transversale primitive et (*) w, vésicule dite aiiuo-vasciilaii'O se développant coniuic un diverticule du iiiésetiléron. — m, bouche. • — an, anus. 542 ENTÉROPNEUSTES. Fig. Î9i. — Jeune Tornaria (d'après Millier) i l'anus. La vésicule aquo-vasculaire se prolonge' en deux cornes, une de chaque côté de l'estomac. 11 se forme également une vésicule pul- satile ou cœur (flg. 293 B, ht) qui d'après Spengel (n" 572) dérive d'un épaississement de Tépiderme. Elle s'enveloppe plus tard d'un péri- carde et se loge dans une dépres- sion de la vésicule aquo-vasculaire. Deux paires de diverlicules situés l'un derrière l'autre naissent (Agas- siz, n" 568) de la région gastrique du tube digestif. Les deux parties de chaque paire forment des com- partiments aplatis qui, réunis, con- stituent une enveloppe complète aux parties adjacentes du tube digestif. Les deux parties de chaque paire se fusionnent et for- ment ainsi un cylindre à double paroi autour du tube digestif, mais leurs cavités restent séparées par une cloison dorsale et ventrale. Enfin (Spengel) la ca- vité du cylindre antérieur forme la région de la ca- vité générale située dans le cou de l'adulte, et celle du cylindre postérieur (fîg. 2'J3B, c) le reste, delà cavité générale. Les cloi- sons qui séparent les deux moitiés de chacune persis- tent à l'état de mésentères dorsal et ventral. La transformation de la Tornaria (fig. 293, A) en Da- lanoglossus{[ig. 295, Bj, s'ef- fectue en (juelques heures et consiste principalement en certains chan- (*) III, lioiiclie. — an, anus. — iv, vésicule aquo-vasculaire. — oc, taches oculifornics. — ce, cordon contractile. (*•) l.cs lignes noires repré.scntent les bandes ciliées. m, bouche. — an. anus. — br, fente branchiale. — lil, cœur. — c, cavité générale entre les laines so- niati(|ue et sjilancliiiiipiedu iiiésoblaste. — w, vésicule aquo-vusciilaire. — v, vaisseau sanguin circulaire. .^W Deux stades du développement de la Tornaria (d'après Metsclinikoll) (**). ENTËROPNEUSTES. .■;43 gements de configuration et en la disparition de la bande ciliée lon- gitudinale. Le corps du jeune Balanoglosms (fig. 295, B) est divisé en trois régions, la région proboscidienne, le cou et le tronc proprement dit. La région proboscidienne est formée par l'allongement du lobe préoral en un corps ovale portant les taches oculiformes à son extrémité et pourvu de forts muscles longitudinaux. Le cœur {ht) et la vésicule aquo- vasculaire sont situés près de sa base, mais le cordon contractile rattaché à la dernière n'existe plus. La bouche est située du côté ventral à la base du lobe préoral, et immédiatement en arrière d'elle est le cou. Le reste du corps est plus ou moins conique et est encore ceint de la bande ciliée transversale de la larve qui est située au mi- lieu delà région gastrique dans l'espèce méditerranéenne, mais dans la région œsophagienne dans l'espèce américaine. Le corps tout entier, y compris la trompe, acquiert un riche revête- ment ciliaire. Un des caractères les plus importants du Balanoglossus adulte con- siste dans la présence d'organes respiratoires comparables aux fentes branchiales des Vertébrés. Les premières traces de ces formations se montrent distinctement pendant que la larve est encore à l'état de Tornaria comme une paire de poches dérivant de l'œsophage chez l'espèce de la Méditerranée et quatre paires chez l'espèce américaine (flg. 296, 6r). Chez la Tornaria de la Méditerranée, les deux poches rencontrent le tégument du côté dorsal, et chez le jeune Balanoglossus (flg. 295, B, br) s'ouvrent à l'extérieur sur la face dorsale. Dans l'espèce américaine les quatre premières poches n'ont pas d'orifices externes avant la formation de nouvelles poches. Celles-ci continuent à se former tant chez l'espèce américaine que probablement chez l'es- pèce méditerranéenne, mais la conversion de ces poches simples en l'organe branchial compliqué de l'adulte a été étudiée seulement, par Agassiz, (n" 568) dans la première. Il semblerait d'abord que la structure des fentes branchiales de l'adulte est beaucoup moins compliquée dans celle-ci que dans l'espèce méditerranéenne. Les poches simples du jeune deviennent très nombreuses. Elles sont d'abord circulaires, puis deviennent ellip- tiques et la paroi dorsale de chaque fente se plisse, dans la suite il se forme de nouveaux replis qui augmentent beaucoup la complexité des branchies. Les orifices externes ne se forment que relativement tard. (*) m, bouche. — «;!, anus. — br, fente branchiale. — ht, cœur. — W, vésicule aquo-vasculaire. an Fig. 29G. — Stade avancé du développement du Ba- lanoglossus avec quatre fentes branchiales(d'après AI. Agassiz) (*). tj44 ENTÉROPNEUSTES. Nos connaissances sur le développement des organes internes dues surtout à At^assiz sont encore imparfaites. Le système vasculaire apparaît de bonne lieure sous la forme dun vaisseau dorsal et d'un vaisseau ventral, terminés en pointe l'un et l'autre et en apparence aveugles à leurs deux extrémités. Les deux cornes de la vésicule aquo-vasculaire qui au stade Toinaria reposait sur l'estomac, s'étendent maintenant autour de l'œsophage et forment un cercle vasculaire antérieur qu'Agassiz décrit comme se mettant en rapport avec le C(rur, quoiqu'il communique, encore avec l'extérieur par le pore dorsal et semble entrer en rapport avec le reste du système vasculaire. D'après Spengel (n° 572) le vaisseau dorsal se met en rapport avec le cœur qui per- siste pendant toute la vie dans la trompe : la cavité de la vésicule aquo-vascu- laire forme la cavité de la trompe de l'adulte et son pore persiste comme un pore dorsal (et non ventral comme ou le décrit généralement) communiquant avec l'extérieur. Les taches oculiformes disparaissent. La Tornaria est une forme larvaire très intéressante puisque sa structure est intermédiaire entre la larve des Échinodermes et le type trochosphère commun aux Mollusques, aux Ghétopodes, etc. La forme du corps, surtout la forme de la dépression ventrale, le caractère de la bande ciliée longitudinale, la structure et la dérivation de la vési- cule aquo-vasculaire et la formation des parois de la cavité générale par des diverticules gastriques sont tous des caractères qui indiquent une connexion avec les larves des Echinodermes. D'un autre côté, les taches oculiformes situées à l'extrémité du lobe préoral (1), la bande contractile qui rattache l'œsophage à ces taches oculiformes (fig. 2U4), les bandes ciliées postérieureset l'anus terminal sont tous des caractères de trochosphère. La persistance du lobe préoral pour former la trompe est intéres- sante comme tendant à montrer que le Balanoglossus est le représen- tant survivant d'un groupe primitif. (567) A. AGASSiz. Tornaria {Â7i7i. 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