J^j-Pf Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa Iittp://www.archive.org/details/traitdephysiol07burd TRAITÉ DE PHYSIOLOGIE. TOME VIL PARIS. — IMPRIMERIE DE COSSON, y , nie Sainl-Gerniain-des-Piés. TRAITE DE PHYSIOLOGIE CONSIDÉRÉE COMME SCIENCE D'OBSERVATION, PAR G. F. BURDAGH , PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ DE KOEMIGSBERG , avec des additions de MM. les professeurs BAER , MEYEN, MEYER, J. MULLER, RATHKE, VALENTIN, WAGNER, Traduit de l'allemand , ^ur la deuxième édition i PAR A. J. L. JOURDAN, MEMBRE DE Ii'aCADÉMIE ROYAIiE DE MÉDECIME. TOME SEPTIÈME. PARIS , CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE l' ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE KCE DE l'écoie-de-médecine , 13 his. A LONDRES, MEME MAISON, 2ig, KEGENT-STKEET. 1837. DE LA PHYSIOLOGIE CONSIDEREE COMME SCIENCE D'OBSERVATION. ARTICLE III. Influence de Vorganisme sur le mouvement du sang. I. Influence de la vie en général. § 758. Les faits passés en revue jusqu'ici ( § 759-757 ) éta- blissent qu'il y a, entre la substance organique et le sang, un échange de matériaux, qui de toute nécessité suppose des mouvemens, une attraction et une répulsion. Maintenant la question se présente de savoir si cette substance n'exerce pas aussi une influence motrice sur la masse du sang , de telle sorte que son conflit avec lui se manifeste également par at- traction et par répulsion. l°Nous sommes réellement tentés de l'admettre quand nous réfléchissons , d'un côté, que le sang ne se meut point par sa force propre ( § 739 , 740 ) , mais que le cœur et les vais- seaux manquent chez les végétaux et les animaux inférieurs, où cependant le suc vital se distribue aussi dans le corps ( § 661, II, III ) , et que, là oii ces organes existent, ils ne suffisent point à eux seuls pour expliquer complètement la circulation ( §731; 735, III; 736, II; 737 ); d'un autre côté, que les organes ont besoin du sang artériel pour se maintenir et pour déployer leur activité vitale ( § 743), mais que, par la réaction qu'ils exercent sur lui , ils le convertissent ^en sang veineux ( § 75^ ). "" - - - YII. î 2 ACTION DE L ORGANISME SUR lE SANG. 2" Des corps qui ont de T affinité ensemble^ en vertu soit de leur substance, soit de l'état dans lequel ils se trouvent pour le mo- ment ( § 261, 3° ), s'altirent l'un l'autre, phénomène pendant le- quel il est tout naturel que le corps le plus mobile semble être celui qui est attiré, et le moins facile à déplacer celui qui attire. Suivant les circonstances particulières qui peuvent avoir lieu pendant cet effet général, nous donnons aux mouvemens pro- duits les épithètes d'adhésifs, capillaires, magnétiques , électri- ques, chimiques. Les mouvemens dits électriques sont les plus considérables de tous, parce qu'ils embrassent et des déplace- mens visibles et des changemens de composition. Sous l'in- fluence de l'électricité, un hquide contenu dans une substance inorganique poreuse se meut , à travers cette substance, du pôle positif vers le pôle négatif. La substance organique , au contraire , détermine des mouvemens analogues de liquides , même sans que nous l'exposions à l'action de l'électricité excitée par des moyens artificiels, comme l'ont appris les re- cherches de Dutrochet ; elle produit des phénomènes d'en- dosmose , c'est-à-dire qu'elle attire le liquide ambiant dans son tissu ou dans ses cavités, etdevient parla turgide, soit lors- qu'elle ne renferme aucun hquide (1), soit quand celui qu'elle contient est plus dense que celui du dehors , ou se comporte à l'égard de celui-ci comme un alcali envers un acide ; des phénomènes d'exosmose ont lieu, au contraire, c'est-à-dire que le liquide contenu dans la substance organique s'échappe au dehors lorsqu'il est en train de se décomposer , ou quand il a moins de densité que le liquide extérieur , ou quand il se comporte envers ce dernier comme l'acide à l'égard de l'al- cali (2). La substance organique attire donc déjà par elle- même des liquides ; mais s'il y a en elle et hors d'elle deux liquides différens de densité ou de constitution chimique , ils la pénètrent simultanément, dans les deux directions, en vertu de leur attraction mutuelle, de telle manière cependant qu'une (1) L'agent immédiat du mouvement vital , p. 120. — Mémoires pour servir à l'iiistoire anatomique et pliysiologique des végétaux et des ani- maux , t. I , p. 8. (2) L'agent immédiat , p. 123-132» ACTION DE L ORGANISME SUÏÏ LE SANG, Ù des directions, celle du liquide le plus mobile, le plus étendu et le plus faible au plus fixe, au plu^ dense et au plus fort , l'em- porte sur Tautre , et que de là résultent à la fois une endos- mose et une exosmose (1). Maintenant, d'après Dutrochet, l'ascension de la sève dans les plantes dépend essentielle- ment de ce que chaque spongiole radiculaire , tout comme chaque cellule , attire ce liquide par endosmose , et parvient ainsi à l'état lurgide (2). Déjà Prochaska (3) avait dit que, pendant la vie , chaque partie attire les substances qui lui sont nécessaires , que la feuille et la fleur les pompent dans la branche , la branche dans le tronc , le tronc dans la racine , la racine dans la terre , et que c'est la réunion de ces forces qui l'ait monter la sève dans les plantes. Si nous jugeons d'a- près l'analogie, le sang et la substance organique solide doi- vent également manifester par des mouvemens leur affinité réciproque qui se révèle par l'échange mutuel de matériaux ( § 749 ) , et le sang , qui est le plus mobile , doit être attiré par la substance solide. S'il y a entre le sang artériel et le sang veineux le même rapport qu'entre l'électricité positive et l'électricité négative , et si nous sommes fondés à admettre qu'en vertu de sa densité la substance organique solide se comporte comme élément négatif, elle allirera le sang plus liquide qui est animé d'une électricité positive, et repoussera le sang plus condensé qu'anime une électricité négative. 3° Certains phénomènes semblent annoncer que les choses se passent réellement ainsi. Lorsque le sang se coagule dans le corps vivant , par exemple dans une tumeur anévrysmale , la fibrine s'empare du cruor, et il se produit un caillot; mais celui-ci se décolore dans ses couches extérieures, c'est-à- dire sur les points où il enlre en contact avec les parois so- lides , et non avec le sang coulant, d'où il résulte que le cruor pe peut avoir été attiré et absorbé que par ces mêmes parois. Mais nous avons appris que les globules du sang ont une pro- (1) Loc. cit., p. 150-456. (2) Loc. cit., p. 159-172. (3) Versuch einer empirisclien JDarsteîlung des polarischm Natuv*' gesetsesf p. 76s 4 ACTION DE l'oRGANISME SUR lE SANG. pension à s'attirer mutuellement et quelquefois à s'écarter en- suite les uns des autres ( § 739, 1° ) , et nous devons présumer que les parties solides exercent aussi une action analof^ue sur eux. En effet, lesmouvemens libres des globules sortis des vaisseaux ( § 740, 9° ) paraissent reposer uniquement, ainsi que Haller (1) l'établit parmi les résultats de ses recherches , sur ce que le sang est attiré par les parois du tronc vasculaire , de sorte qu'il lui arrive quelquefois de couler régulièrement sur la face externe de ce tronc , comme dans des canaux ; et Koch fait remarquer qu'on ne voit les globules extravasés se mouvoir qu'au voisinage d'une partie solide (2). Leur tendance à agir les uns sur les autres par adhésion et répulsion ne se ma- nifeste point pendant l'état normal de la vie ; il doit donc y avoir , en dehors d'eux , quelque chose qui fasse taire leur propension, et qui les force de marcher dans une direction dé- terminée , uniforme. Cette impulsion réside dans le cœur, qui est l'organe central du système san{>uin; mais, comme le cœur ne peut pas être seul efficace ( § 731 ) , il doit y avoir une seconde impulsion , plus essentielle encore, qui parte du point opposé , de la périphérie du système vasculaire , ou des parties organiques 4° Quand les globules du sang sont empêchés de suivre leur libre cours, ils deviennent fluciuans, se portent tantôt d'un côté et tantôt d'un autre , tantôt s'arrêtent et tantôt marchent avec plus de rapidité. Cette manière de se comporter semble indiquer des inégalités dans l'attraction qu'exercent l'une sur l'autre la substance organique solide et la masse du sang con- tenue dans les vaisseaux. De même , la vacuité des artères après la mort paraît tenir à ce que la substance organique continue encore d'attirer du sang et d'en admettre dans ses capillaires , après que le cœur a cessé d'agir , comme le pen- sent Dutrochet (3) et Schultz (4). Il est très-vraisemblable aussi (1) Opéra minora, t. I, p. 429. (2) Meckel, Archiv fuer Anatomie , 1827, p. 445. (3) Mémoires pour servir à l'histoire anatoniique des ^animaux Ct des végétaux , t. II, p. 194. (4) MecKel , ArcMv fuer Amtomic , 1826 , p, 587. àCTIÔN DE t'oRGANISME SUR tE SANG. 5 que , comme le prétend Schultz , la circulation continue dans les organes, pendant Tasphyxie, quoique les battemens du cœur soient suspendus. Ainsi la cause générale et essentielle de la circulation pa- raît se rattacher au rapport existant entre la substance orga- nique en général et le sang. Les physiologistes de notre épo- que ne sont point éloi,ffnés d'accueillir ce théorème ; mais, à mon avis , ils l'adoptent avec trop de restrictions. Carus s'est borné à émettre un principe général , en disant que Tattractioa et la répulsion agissent dans la circulation du sang , comme partout dans la nature (1). Treviranus dérivait du système nerveux non le mouvement du sang , mais sa force motrice (2). OEsterreicher cherchait la cause de la circulation dans le sang et dans ses relations avec le système nerveux (3). Wedemeyer paraissait disposé à admettre une influence de la vitalité des organes, notamment du système nerveux (4). Baumgœrtner s'est attaché à développer l'influence de ce système ( § 769 ) (5), tandis que Koch (6) et Bon^rden (7) se sont élevés à des vues plus étendues. Raspail (8) fait aussi dépendre la circulation de ce que les parties solides attirent le sang , pour l'absor- ber (*). En disant que cette fonction est déterminée par la vitalité des capillaires, Broussais et sou école reconnaissent explicitement l'influence qu'exercent , en vertu de leur vi- talité , les organes dont ces vaisseaux ne sont que des parties intégrantes. (1) Meckel , Deutsches ArcMv , t. III , p. 414. (2)5ioioj 22 ACTION DE L ORGANISME SUR LE SANG. cutanées (§ 183, I; 247, 3% 7°) chez divers animaux, et, dans Tespèce liumaine, la peau du visage, que la pudeur couvre d'une teinte rouge , ou que la colère rend brillante , en même temps qu'elle y dessine des veines tuméfiées. Le phénomène de la turgescence se déploie même dans le cerveau ; lors- qu'après une plaie de tête , cet organe faisait sailUe à travers l'ouverture du crâne , pendant la vie , on le trouve affaissé après'la mort. Les tumeurs fongueuses de la dure-mère de- viennent également moins saillantes quand l'activité vitale diminue , par exemple à la suite de fièvres aiguës. Au con- traire , on remarque que le cerveau se gonfle et fait plus de saillie à travers les plaies du crâne lorsque la circulation ac- quiert plus d'activité , comme pendant la fièvre , après l'usage de boissons spiritueuses , ou sous l'influence des affections morales (1). Le tissu qu'on appelle érectile, parce qu'il est éminemment susceptible de cette turgescence , a pour carac- tère la possibilité de varier plus que d'autres sous le rapport de la quantité de sang qu'il renferme, aptitude dont il est re- devable tantôt à une plus grande abondance de tissu cellu- laire , tantôt à l'extensibilité ou même à la dilatation réelle des vaisseaux. 4° Hebenstreit (2) considérait la turgescence comme l'effet d'une force vivante particulière , en vertu de laquelle cer- taines parties se déploient et s'épanouissent quand elles vien- nent à être irritées , de manière qu'alors les Hquides pénètrent facilement en elles. Mais l'exaltation de l'aclivité d'une partie solide ne se manifeste que par contraction ; car l'accroissement de la vitalité ne peut consister qu'en ce qu'une chose parvienne à un plus haut degré de ce qu'elle est déjà par sa nature propre , qu'en ce que la contraction augmente dans un organe contracté , ou l'expansion dans une partie dilatée. La turges- cence ne part point des vaisseaux , mais des parties situées hors des vaisseaux ; comme celles-ci représentent la substance (1) Burdach , Vom Baue des Gehirns , t. III, p. 31. (2) Doctrinœ physiologicto de turijore vitali hrevis exfositio, Léipzick, 1795 , in-4°. ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. 25 organique solide , quand leur vie prend plus d'énergie , elles forment un antagonisme plus prononcé avec la substance or- ganique liquide , c'est-à-dire avec le sang, et attirent ce der- nier en plus grande quantité , dans le même temps que les vaisseaux capillaires cèdent et se dilatent. La tension peut aug- menter, d'un côté parce que le sang acquiert plus d'expansion, ou que la vapeur séreuse expansible devient plus abondante dans le tissu cellulaire , d'un autre côté parce que la tonicité des vaisseaux capillaires dilatés et du reste du tissu réagit ; mais la réplétion demeure toujours la cause principale ; car le pénis injecté ressemble au pénis en érection , les oviductes in- jectés se meuvent tout comme les oviductes turgescens (§ 328) et une têle préparée, comme celles que savait si bien injecter Ruysch , offre tous les caractères de la turgescence vitale. La tonicité elle-même (§735,2°) n'est autre chose qu'une forme inférieure , et appartenant à toutes les parties vivantes, de la turgescence vitale : elle dépend de la tension entre le tissu et les liquides qu'il contient , le tissu solide étant distendu par ces liquides , sur lesquels il tend à se resserrer. 5° Nous avons donc un antagonisme entre les parois des Vaisseaux capillaires et le tissu organique qui les entoure : si les premiers ont le dessus , ils se resserrent (§ 736) , et si la vitalité du tissu ambiant l'emporte , ils se dilatent. Il serait possible que certains stimulans agissent avec plus d'énergie sur l'un ou sur l'autre de ces deux élémens. Thomson (1) n'a observé que l'ampliation des vaisseaux capillaires après avoir mis du sel commun en contact avec la membrane interdigitale de la Greno-uille, et que leur resserrement après avoir fait agir de l'ammoniaque sur cette même membrane. Cependant cette différence paraît être déterminée plutôt par l'intensité de la stimulation et par le degré de l'excitabilité : de l'eau chaude appliquée sur la patte d'une Grenouille , ne produisit d'abord, suivant Hastings (2), qu'un resserrement des vais- seaux capillaires ; mais l'action prolongée ou souvent répétée (1) Meckel , Deutsches Arcîiiv , 1. 1, p. 437. (2) Ibid„t.yi , p. 230. 24 ACTION DE l'oRGANlSME SUR LE SANG. de ce liquide en amenait la dilatation , et si l'on appliquait ensuite de la glace, les vaisseaux se resserraient de nouveau; de même, la glace opérait d'abord une constriction, puis une expansion des vaisseaux , après quoi l'eau tiède ou l'essence de térébenthine faisait de nouveau resserrer ces derniers. 6° Comme Thomson et Hastings, Wedemeyer, Œster- reicher (1) et autres ont observé un ralentissement de la cir- culation dans les parties affectées par de forts stimulans. Nous ne pouvons pas le considérer comme la suite de l'ampliation (§ 727, 1») ;"car si le sang s'écoulait par les veines avec au- tant de rapidité qu'il arrive par les artères , les vaisseaux ca- pillaires ne se dilateraient point : il faut donc que la circula- tion soit ralentie primitivement dans les parties turgescentes , et le passage du sang dans les veines rendu plus difficile , ce que nous avons déjà démontré (§ 278, 3°) avoir lieu relative- ment à la verge. Le tissu érectile possède , avec des artères fort peu volumineuses et qui se réduisent en vaisseaux capil- laires très-déliés , de grosses veines qui, s'anastomosant en- semble , forment un réseau très-complexe , offrant de nom- breuses dilatations fixées au tissu celluleux de l'organe (2). De même que le sang s'accumule dans le réseau veineux pendant la turgescence , de même aussi, d'après Lauth , quel- que chose d'analogue jusqu'à un certain point a lieu chez la personne qui rougit : cet anatomiste a trouvé qu'en poussant une injection rouge dans les artères de la face , la peau rou- gissait d'une manière uniforme , mais qu'en faisant passer l'injection dans les veines, les joues devenaient d'un rouge foncé , tandis que le menton , le bout du nez et le front rou- gissaient moins , et que la rougeur se prononçait moins encore sur les autres parties du visage. 1° Lorsque cet état francliit certaines bornes , et devient morbide, il constitue l'inflammation. Ici le sang afflue de tous côtés, même en rétrogradant, vers la partie atteinte d'une excitation anormale , il coule avec plus de lenteur dans cette (1) Darstelluntj der Lehre vom Kreislaufe , p. 64, 129. (2) Weber, Anatomie des Menschen, t. I , p. 446, ACTION DE L ORGANISME SUR lE SANG. 25 partie , et il en distend les vaisseaux, capillaires , qui , admet- tant alors trois ou quatre séries de globules , au lieu d'une seule , deviennent apparens par leur rougeur , d'invisibles qu'ils étaient auparavant : enfin les globules entrent en sta- gnation au centre de la partie enflammée , et s'y collent en- semble , de manière qu'il n'y a plus de limites appréciables entre eux , non plus qu'entre leur masse et le tissu environ- nant , tandis qu'au pourtour la circulation s'accomplit avec plus de rapidité, et les artères battent avec plus de force ; les battemens du cœur et la fréquence du pouls augmentent aussi lorsque l'inflammation est très-considérable sous le point de vue de l'intensité et de l'étendue. ( Les expériences de Thomson , Hastings et autres sur le mode d'action des excitans mis en contact avec les vaisseaux capillaires , ont dévoilé des faits intéressans , mais dont ces auteurs n'ont point toujours tiré des conclusions exactes. (Esterreicher et Kaltenbrunner paraissent avoir été plus heu- reux sous ce rapport. (Esterreicher fait remarquer que la distension des vaisseaux capillaires et des artérioles, qui suc- cède à l'application de légers excitans , tels que l'alcool faible, l'ammoniaque étendue et le sel marin , n'est point le phéno- mène primordial , que l'excitation détermine un conflit plus fort entre la substance et le sang , et que la dilatation des vaisseaux capillaires est uniquement le résultat de l'aflluence d'une quantité plus considérable de sang vers le parenchyme. Il m'est souvent arrivé , en irritant le cœur d'une Grenouille avec une faible pile galvanique , ou même seulement avec la pointe d'une épingle, d'y déterminer une accumulation de sang tout-à-fait locale , qui ne durait que quelques secondes , et qui ressemblait à une tache d'un rouge très-foncé. Quand d'autres substances, comme l'ammoniaque , d'après Thomson, provoquaient des resserremens ou des rétrécissemens des vaisseaux capillaires , ce n'était point là un acte de contraction de la part des vaisseaux vivans , mais seulement un phéno- mène chimique. Une même substance peut , quand elle est étendue, agir comme stimulant et déterminer une congestion, tandis que, lorsqu'elle est concentrée, elle ne produit qu'une action chimique et fait resserrer la partie sur elle-même. Mais û6 ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. les astringens agissent de cette dernière manière, alors même qu'ils sont étendus. Le froid et certaines causes internes solli- citent les vaisseaux capillaires à se vider , parce qu'ils affai- blissent le conflit entre la substance organique et le sang ; on aperçoit ensuite le phénomène connu sous le nom dé chair de poule , parce que les nombreux follicules pileux et sébacés disséminés dans la peau deviennent saillans, comme autant de petits grains, à la surface de cette membrane affaissée. Lors- qu'il y a inflammation , il s'opère , dans les vaisseaux capil- laires, entre la substance organique et le sang, un conflit mor- bide, provoqué par Tirritation, qui paraît constituer l'essence de cette inflammation , qui n'est ni sthénie, ni asthénie , et qui se rencontre dans des états très-différens des forces vitales. D'après les belles recherches de Kallenbrunner, dont l'exac- titude se confirme chaque fois qu'on les répète , il y a d'abord, dans l'inflammation , accroissement de l'afflux du sang vers la partie irritée, et par suite ampliation des vaisseaux capillaires; plus tard , la circulation devient irrégulière dans les réseaux capillaires remplis outre mesure ; enfin elle s'arrête d'une manière complète , et il s'opère une véritable désorganisation , attendu que la condition de laquelle dépend l'organisation d'une partie , c'est-à-dire la répartition de la substance orga- nique en petits courans et en îles de substance solide , est détruite. Le conflit morbide que l'irritation fait naître entre la substance et le sang réagit sur ce dernier en masse , et fait naître en lui la disposition à produire une couenne inflamma- toire quand il est sorti des vaisseaux. Si la partie enflammée a des surfaces hbres , il peut survenir une exsudation de lymphe plastique , qui est susceptible elle-même de s'organi- ser. Mais si cette partie est parenchy mate use, les choses en demeurent à l'aboUtion de toute distinction entre les petits courans et les îles de substance organique , état auquel on donne le nom d'induration. La suppuration s'établit à une époque plus éloignée , et nous n'avons point à nous en occu- per ici ; quand l'inflammation continue , elle se développe au- tour de ce qui a subi une entière désorganisation, et en pro- cure l'élimination. Toute irritation provenant d'une substance qui n'agit poiiit ACTION DE L ORGANISME SUR LE SANG. 2^ d'une manière' cbimique , détermine un afflux du sang; les causes débilitantes produisent le collapsus et Tinanition des vaisseaux capillaires. La plus légère irritation de la conjonc- tive entraîne raccumulation du sang dans les capillaires, sans qu'on puisse expliquer ce phénomène par un mouvement dans les troncs vascuiaires , sur lesquels l'irritation n'agit point ; l'excitation qui prend sa source dans une passion , tantôt fait pâlir la peau , et tantôt produit l'effet inverse , et fait rapide- ment monter le rouge au visage. Toutes les parties érectiles reçoivent plus de sang lorsqu'elles viennent à être irritées. La peau tombe dans le collapsus et devient sèche dès que la réaction vivante entre la substance et le sang diminue dans les fièvres typhoïdes. Tous ces phénomènes ont lieu d'une manière indépendante du cœur. Chez l'embryon , des accu- mulations partielles de sang se manifestent dans divers or- ganes , l'un après l'autre , en raison de leur développement successif; le commencement même de la formation et du cours du sang a lieu au pourtour de la membrane proligère , indépendamment du cœur , par le conflit du sang avec la sub- stance virtuelle. L'explication de ces phénomènes exige seu- lement qu'on admette le conflit / et n'impose pas la nécessité de croire à une force propulsive appartenant en propre au sang lui-même, force dont rien ne prouve l'existence. ) (1) B. Influence sur le courant vers le centre. § 763. S'il est démontré, par les considérations auxquelles nous nous sommes livrés jusqu'ici , que les organes attirent le sang et déterminent son cours dans les artères , il nous reste encore à examiner la cause de son retour au cœur. I. Walther comparaît la circulation avec les mouvemens des corps célestes , et l'attribuait à la loi qui veut que tout mouvement organique soit circulaire , parce qu'un corps cen- tral détermine les corps extérieurs à tourner autour de lui. (1) Addition de J. MuUer. 28 ACTION DE l'oRGANTSME SUR LE SANG. Vend (1), donnant plus de développement à cette idée, pré- tendit que Tellipse est le reflet de la polarité primitive^ ou de l'antagonisme entre Vtm et le tout de la nature ; qu'ainsi la circulation du sang (2) représente l'indifférence de l'unité et de l'infini ; que quand le rayon parvient d'un des foyers de l'ellipse à sa circonférence, il est réfléchi vers l'autre foyer (3) ; qu'en conséquence l'aorte est le rayonnement du foyer arté- riel , du cœur gauche ou solaire , que le sang parvenu dans les capillaires aortiques, qui sont le zénith planétaire du sys- tème vasculaire , subit une réflexion , et revient , par le sys- tème de la veine cave, dans le foyer veineux, dans le cœur droit , d'où l'artère pulmonaire part en irradiant , de même que la veine pulmonaire revient au foyer primitif (4). Mais, comme nous ne trouvons pas de corps central autour duquel le sang tourne , et qu'il ne nous est pas possible non plus de considérer les deux moitiés du cœur comme les deux foyers d'une ellipse que le sang décrirait dans sa révolution , ces sortes de comparaisons ne conduisent à aucun résultat. IL Les divers organes , en tant qu'ils renferment les der- nières ramifications du système vasculaire, comme partie in- tégrante de leur tissu , jouent , par rapport au cœur , le même rôle que la périphérie à l'égard du centre ; dans l'un et l'autre point, il y a une exaltation de la vitalité, dont la portion de la carrière du sang comprise entre eux n'off're qu'un pâle re- flet. La circulation est l'expression permanente du rapport réciproque entre le centre et la périphérie ; en conséquence de quoi elle est accomplie par la vitalité de l'un et de l'autre. 1° La force propulsive du cœur correspond à la force at- tractive des autres organes. Ceux-ci attirent le sang à eux, et comme ce liquide s'y attache lorsque leur vitalité devient plus considérable^ § 762 , 6° ) , comme il perd même alors ses limites bien tranchées et semble éprouver un commence- ment de fusion ( § 763 , 7° ), nous devons présumer que les (1) Die elliptische Blutlahn, p, 32. (2) Loc.cit., p. 38. (3) Loc. cit., p. 52. (4)Xoc. cti.,p. 71. ACTION DE l'organisme StJR LE SANG. Ô^ Organes, en vertu de leur vitalité, admettent le sang dans leur substance et tendent à se réunir avec lui. Mais, dans l'état normal , cette réunion ne s'accomplit pas ; le sang maintient, au contraire , son intégrité ou son indépendance , et de là ré- sulte que la tendance à la réunion demeure continuellement active, précisément parce qu'elle ne se réalise jamais-, les organes ne cessent pas d'attirer des globules du sang à eux , et ceux qui ont déjà été en contact avec eux doivent toujours faire place à de nouveaux. Ainsi l'attraction que la périphé- rie exerce sur le centre pourrait déjà faire refluer le sang des organes, par cela seul que, n'atteignant jamais à son but, elle ne perd jamais non plus son efficacité ou son pouvoir. Mais nous devons aussi attribuer une force répulsive aux organes ; en effet , cette force ne saurait leur manquer , puisqu'ils sont en antagonisme vivant avec le cœur , que celui-ci n'agit pas seulement sur le sang en l'attirant, et qu'il exerce en- core sur lui une action répulsive ( § 723 ). Or le rapport entre les deux forces varie suivant la loi de la polarité, de telle sorte que la force répulsive prédomine sur l'attraction dans le centre, et l'attractive sur la répulsive à la périphérie. 1° Nous avons vu ( § 739, 1° ) que , quand les globules du sang ne sont plus sous l'influence du cœur et des organes, ils s'attirent mutuellement, puisse repoussent, et nous ne pouvons comparer ce phénomène qu'avec les mouvemens qui dépendent du changement de la polarité électrique. Mainte- nant pourquoi les globules du sang ne se comporteraient-ils pas de la même manière à l'égard des organes? Tout conflit repose sur l'antagonisme ; les organes attirent les globules du sang, parce qu'ils sont différens d'eux ; une fois entrés en rap- port avec ces corpuscules, ils les imprègnent de leur polarité, et la conséquence est que, par cela même, ils les repoussent. Ainsi , d'après cette vue , la tendance des organes à s'assimi- ler les globules du sang ne serait point réalisée matérielle- ment, mais elle le serait dynamiquement. Les changemens appréciables aux sens que le sang éprouve alors ont déjà été exposés précédemment ( § 751 ) ; mais, quand bien même il n'en surviendrait aucun , nous n'en serions pas moins fondés à admettre un échange de polarité électrique, et, quoique ce 30 ACTION DE L ORGANISME SUR LE SANG, phénomène ne puisse être démontré avec le secours de nos électromètres , ce n'est point une raison de le révoquer en doute , car il ne nous est pas possible non plus de le mesurer avec l'instrument dans l'attraction et la répulsion des glo- bules du sang , ainsi que dans divers autres phénomènes dont nous ne parvenons à concevoir la production qu'en invoquant la loi du conflit électrique ; d'ailleurs, nous ne sommes point tel- lement emprisonnés dans le cabinet du physicien que nous en soyons réduits à n'aller chercher toute électricité quel- conque que dans nos 'machines électriques. Bonorden (1) et Baumgaertner (2) ont admis déjà, comme nous, une force attractive et une force répulsive par rapport au sang. 2° Le centre et la périphérie agissent donc d'une manière simultanée et harmonique dans la circulation ; le sang que les artères contiennent est poussé par le cœur et attiré par les organes ; celui que renferment les veines est attiré par le cœur et repoussé par les organes. A la périphérie, où le sang et les organes entrent en conflit chimico -dynamique, le mouvement n'est déterminé non plus que par des causes purement dyna- miques ; il est mécanique , au contraire , dans le centre , où la force motrice vitale apparaît au point culminant de son énergie. Mais la question se présente de savoir si le cœur , outre Faction qu'il exerce comme muscle creux, c'est-à-dire comme pompe aspirante et foulante , n'agit pas aussi comme masse vivante sur le sang. Il déploie la force mécanique la plus énergique dans l'impulsion qu'il donne à ce liquide, de sorte qu'à peine pourrions-nous apercevoir quelques traces d'une ré- pulsion dynamique ; mais il serait possible que sa force aspi- rante fût aidée par l'attraction de sa masse , et quelques cir- constances ( 3°, 4°, 6° ) semblent indiquer que la chose a réel- lement lieu ainsi. 3° Barkow a vu le sang veineux s'épancher dans les oreil- lettes, même après qu'elles avaient été ouvertes, et s'arrêter après l'excision du cœur ; aussi admettait-il que ce liquide (4) Meckel , Ârchiv fuer Jnatomie , 1827, p. 554. 1^2} JBeolachtmujen ueher die Nerven wid das Blut , p. 163, ACTION DE l ORGANISME SUR LE SANG. 01 est sollicilé par attraction (1). Les observations de Baumgaert- ner (2) nous apprennent aussi que la marche du sang dans les veines nétait point troublée par !a déchirure ou la section de l'oreillette , quoique beaucoup de liquide s'écoulai de la plaie ; mais ce qui était plus décisif, c'est qu'après la ligature des artères , qui supprimait l'effet de la force a tergo, et après l'ouverture de l'oreillette, qui faisait cesser la force aspirante, le sang continuait de marcher quand l'ouverture n'était pas trop grande , et venait remplir les ventricules , de sorte qu'il n'était pas non plus déterminé par la pression des parois à se porter vers la plaie. 3° La section des veines supprime l'action du cœur sur le courant veineux du sang. Après avoir pratiqué celle de la veine mésentérique , Haller (3) a vu quelquefois le sang, non pas s'écouler de la plaie , mais s'avancer par un mouve- ment de fluctuation vers l'intestin, ou (4) revenir de la plaie et prendre son cours vers le cœur par une autre veine ; même après l'excision du mésentère (5) , il ne sortait pas une seule goutte de sang par la plaie , mais ce liquide revenait sur \uH même et se répandait entre les feuillets du mésentère. Lorsque Kaîtenbrunner (6)avait coupé une petite veine en travers , l'in- fluence prépondérante des dispositions mécaniques (§726, 1° ) faisait d'abord que le sang se portait de tous côtés vers la plaie; mais il ne lardait pas à devenir fluctuant , puis revenait sur ses pas, et s'éloignait de la plaie, en sorte que, depuis celle ci jusqu'à l'orifice de la plus prochaine branche intacte , la veine était vide , ou en grande partie pleine de sang stagnant et coagulé ; de même aussi, quand il s'était contenté de faire une piqûre à un vaisseau plus volumineux (7) , le sang accourait (1) Meckel, Archiv fuer Anatomie, 4830, p. 42, 49. (2) Loc. cit., p. 403. (3) Opéra minora, t. 1 , p. 9S. (4) Loc. cit., p. 445. ■*• (5) Loc. cit., p. 449. (8) Hensinger, Zeitsclirift fiier die organische Physik , 1. 1 , p. 305. — Kaîtenbrunner , Eicperiinenta circa stutiim sanyuinis et vasoruni in in- flammatione , p. 2. (7) loc. cit.^ p. 309. — KalteDbi'umier, loc, cit., p, 4. ^2 ACTION Dt L*ORGANISME SUR LE SAN(Ï. de toutes parts vers la blessure , puis le courant rétrograde cessait ; le liquide devenait d'abord fluctuant , ensuite il re- prenait tout à coup son élan , et recommençait à suivre le cours normal , en passant par dessus la plaie. Enfin , lorsque Baumgaertner (1) avait coupé une veine dans la membrane interdigitale d'une Grenouille, non seulement le sang coulant des radicules veineuses vers le cœur évitait la plaie , et ne passait que par les branches collatérales demeurées intactes, mais encore celui que contenait déjà le vaisseau blessé reve- nait sur ses pas , pour prendre une autre route. 5° Après la ligature d'une veine, le sang se détourne de la branche oblitérée , et s'engage dans les branches collatérales, pour aller gagner le cœur. C'est ce qu'ont vu Haller (2), Spallanzani (3) et Hastings. La même chose arrive aussi tou- tes les fois que l'on comprime les veines cutanées ; car alors ces vaisseaux ne se tuméfient ni^ beaucoup ni d'une manière continue.' II. Influence des fonctions sut le mouvement du sang. K. Influence de la vie végétative. 1. INFLUENCE DE lA RESPIRAIION. § 764. C'est par la respiration que s'opère la conversion du sang veineux en sang artériel. . ; i° Les dispositions diverses de la marche du sang dans le règne animal (§ 693-696) nous montrent ces deux formes du liquide tantôt mêlées ensemble , tantôt distinctes l'une de l'autre , et dans le premier cas accompagnées ou non devais- seaux respiratoires. (1) Benhachtungen ueher die IServen und das Blnt , p, 140. (2) Ofera minora , 1. 1 , p. 90 , 205. (3) Expériences sm la circulation , p. 348. ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. 35 Les vaisseaux respiratoires , c'est-à-dire des vaisseaux par- ticuliers qui conduisent le sang aux organes de la respiration et l'en ramènent, manquent non seulement chez les animaux les plus inférieurs , qui n'ont aucune trace d'un système vas- culaire quelconque , mais encore chez les Insectes et les Crus- tacés. Ici donc les deux formes du sang ne sont point encore séparées l'une de l'autre , et la masse homogène de ce liquide ne fait qu'acquérir une partie du caractère artériel par l'in- fluence de la respiration , comme aussi une partie du carac- tère veineux par celle de la substance organique. Quand on rencontre des vaisseaux respiratoires , ils sont tantôt d'une seule espèce , et tantôt de deux sortes. Le premier cas a lieu lorsque , comme chez tous les Échi- nodermes , ou du moins quelques uns d'entre eux , un seul et même vaisseau conduit le sang aux organes respiratoires et l'en ramène. La portion du sang fluctuant qui est devenue ar- lérieuse dans les organes respiratoires , rentre dans le reste de la masse de ce hquide, et se mêle avec celle qui est devenue veineuse par l'action sur elle de la substance organique. Lorsqu'il y a réellement circulation dans l'organe respira- toire , au moyen de vaisseaux afFérens et efférens , le mélange est total ou seulement partiel. 11 y a mélange total quand il n'existe qu'un seul système artériel dont les branches se répandent aussi bien dans les or- ganes respiratoires que dans tous les autres organes , tandis j qu'un système veineux , également unique , reprend le sang de tous les organes indistinctement , par conséquent ramène au cœur le sang artériel et le sang veineux mêlés ensemble (§695,3°). Un mélange partiel s'opère quand le système vasculaire se partage en deux perlions destinées, l'une aux organes respira- toires, l'autre aureste du corps ; lorsque par conséquent le sang veineux qui revient de cette dernière reprend le caractère artériel dans l'autre avant d'être porté aux divers organes , mais qu'aussi une partie de ce même liquide ne pénètre pas dans l'organe respiratoire , et va gagner directement ou le cœur (§ 695 , 1") ou l'aorte (§ 695, 2°), pour aller de là se distribuer dans le corps. VIL 3 S4 ACTION DE l'organisme SUR LE SANè. Enfin les deux formes du mouvement du sang sont réelle- ment séparées quand les deux systèmes ne communiquent ensemble nulle part ailleurs qu'à leurs extrémités, de sorte que le sang veineux passe des veines du corps, ou du système de laveine cave, dans les artères de la respiration, acquiert la nature artérieuse dans les vaisseaux capillaires de celles-ci , revient ensuite par les veines de la respiration, et pénètre dans les artères du corps , ou le système aortique , qui le distribue aux différens organes. Il peut y avoir ici un seul cœur ou plusieurs, r D ans le cas d'un cœur unique , sa situation varie égale- ment. Tantôt on le trouve entre les veines de la respiration et l'aorte. 11 reçoit alors du sang artériel, qu'il distribue partout le corps, ce qui lui fait donner aussi le nom de cœur général ou de cœur aortique. Le sang qui revient du corps se rend immé- diatement aux organes respiratoires , de sorte qu'un seul et même vaisseau est à la fois veine cave et artère pulmonaire (§695,40). Tantôt le cœur, appelé alors cœur respiratoire , est placé entre les veines caves et les artères de la respiration. Il reçoit donc du sang veineux , qu'il envoie aux organes de la respi- ration , d'où ce liquide , devenu là artérieux , passe dans un tronc vasculaire remplissant à la fois les fonctions de veine respiratoire et d'aorte , qui le distribue dans tout le corps (§695,5°). Quand il y existe deux cœurs , ils sont ou séparés l'un de Vautre , comme chez les Céphalopodes , ou réunis en une masse unique, et alors ils constituent les deux moitiés d'un seul et même organe, comme chez les Oiseaux et les Mammi- fères (§695, 6<^). 2° A ce degré d'organisation , le plus élevé de tous, le cœur n'est plus le point tropical opposé aux vaisseaux capillaires en général; il est devenu un double point de transition, et alors seulement aussi il a pleinement acquis le caractère d'un organe central. 11 attire le sang de toutes parts, et le pousse également de tous les côtés; mais les points tropicaux sont placés à la périphérie , et constitués de telle sorte que cha- ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. 35 cun d'eux n'attire que dans une direction et repousse dans la direction inverse. En effet , les poumons font antagonisme au reste du corps; celui-ci attire le sang artériel , le convertit en sang veineux , et ensuite le repousse ; les poumons , au con- traire, attirent le sang veineux, le convertissent en sang ar- tériel, et le chassent. Ainsi le sang coule , dans un sens , de la masse du corps vers les poumons, en traversant le système de la veine cave , le cœur droit et les artères pulmonaires , puis il va, dans l'autre sens, des poumons au corps entier, en traversant les veines pulmonaires , le cœur gauche et le système aortique. Une décrit donc ici qu'un véritable cercle, et l'on s'exprime d'une manière fort peu exacte quand on parle d'une grande et d'une petite circulation. Treviranus (1) reconnaît que le sang , quand son oxygène lui a été soustrait, se porte vers les'organes de la respiration, et que, lorsqu'il s'est chargé d'oxygène dans ces organes, il est repoussé par eux : mais le mode d'action opposé du reste de l'organisme n'est pas moins essentiel. Reuss attribue la circulation du sang à ce que l'organe respiratoire , comme pôle positif , attire le sang veineux qui est animé de l'électri- cité négative , et repousse le sang artériel, dont l'électricité est positive. Mais, bien que celte hypothèse implique l'admis- sion d'une polarisation négative dans les vaisseaux capillaires du reste du corps , elle ne rend raison que de la forme la plus élevée de la circulation , celle qu'on observe chez les Mammifères et les Oiseaux , et n'explique pas la circula- tion en général , notamment celle qui a lieu chez les ani- maux inférieurs. 3° Si le changement de composition qui accompagne la conversion du sang artériel en sang veineux (§ 751, 752) en- traîne à sa suite un mouvement de ce liquide (§ 758-763) , le changement inverse qui s'effectue dans les organes respiratoi- res doit également être accompagné de mouvemens. Quelques phénomènes qu'on a observés sur des branchies , portent à croire qu'il en est ainsi. Lorsque Haies mettait dans un verre {5) Die Erscheinungen %md Gesetzen des Lehens , t. I, p. 56 ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. de montre , avec quelques gouttes de sang , un lambeau déta- ché de la branchie d'une Moule , il voyait , à l'aide du mi- croscope , le sang se mouvoir avec force dans les petits vais- seaux et aux bords de la branchie ; plusieurs globules étaient repoussés par les orifices des vaisseaux ouverts et attirés par des vaisseaux voisins , tandis que d'autres tournaient sur eux- ïiiêmes et se repoussaient mutuellement , de sorte que Haies crut devoir considérer ces mouvemens comme électriques. Sharpey a vu que, quandii fixait dans de l'eau les branchies cou- pées de têtards de Grenouilles ou de larves de Salamandres, les globules du sang sorti de la plaie, imitant en cela d'autres corps légers qui nageaient dans le liquide , couraient rapide- ment de la base au sommet des branchies , le long de leurs branches, et s'écartaient ensuite sur le côté ; lorsque la bran- chie était libre , elle nageait elle-même , dirigeant en avant la surface de la plaie. Sharpey a observé des courans analogues sur les organes respiratoires de Gastéropodes, de Moules, d'Amphitrites et d'Actinies. Huschke a reconnu , sur des larves de Salamandres , que l'eau exécutait autour des branchies un mouvement analogue à fébullition, tandis qu'elle coulait tran- quillement le long d'autres parties du corps : sur un lambeau détaché des feuillets branchiaux d'une Mulette , l'eau remon- tait le long d'un des côtés, puis revenait sur elle-même en tournoyant (1). Car us a observé que l'albumine liquide dans laquelle nage l'embryon du Limaçon , est attirée du point où se trouve l'organe respiratoire, et repoussée plus loin en avant, d'où résulte un tournoiement , qui paraît produire les mou- vemens de l'embryon (§ 377) dont nous avons donné la des- cription (2). (J'ai vu aussi ces mouvemens sur les lames branchiales des têtards de Grenouilles et des larves de Salamandres, et je me suisconvaincu qu'ils ne sont point dus à un ébranlement prove- nant de l'animal ou d'une partie quelconque de son corps. Les corpuscules contenus dans l'eau se portent perpendiculairement qu'elle n'a pas , comme dans l'état normal , le pouvoir d'aug- menter et de diminuer l'afflux du sang vers les poumons. Il explique ce phénomène en disant que, quand on emploie l'insufflation , l'air contenu dans les poumons devient prédo- minant sur l'air extérieur, et qu'il conserve cette prédomi- nance même après qu'on a cessé de souffler et que les pou- mons se sont affaissés en vertu de leur ressort. Cependant rien ne justifie une telle hypothèse , et il est plus vraisem- blable que, quand on souffle de l'air dans les poumons d'un animal qui vient d'être tué, l'afflux du sang vers ces or- ganes n'augmente pas , comme dans la respiration naturelle , parce que le sang: qui se trouve dans les autres organes n'ar- rive point à acquérir pleinement le caractère veineux, de sorte que , par cela même , l'organe pulmonaire l'attire avec moins de force. 2. INFLUENCE DE lA DIGESTION. § 767. L'influence de la digestion sur la circulation est infi- niment moins considérable et purement sympathique. Suivant Haller (2) , le pouls augmente de dix à douze pulsations par (d) Loc. cit., p. 290. i^) Opéra minora , t. I , p. 186. 56 ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. minute après le repas. Knox a remarqué que la fréquence du pouls était accrue nnr l'ingesiion dans Testomac de sub- stances alimentaires, surloiU tirées du règne animal, que le vin l'augmentait, et Feau-de-vie plus encore (1). D'après les observations recueillies par Nick, le pouls devient plus fré- quent après qu'on a pris des alimens quelconques , les fruits cependant exceptés. Ce phénomène se manifeste surtout après l'usage d' alimens chauds. Il suîîlt déjà de huit à douze cuil- lerées de soupe pour le produire ; un repas ordinaire accroît le nombre des pulsations d'environ une douzaine par minute , et le pouls reste ainsi accéléré pendant deux heures , ou même trois si les alimens sont de digestion diSlcile , après quoi sa fréquence diminue; cinq heures après le repas, il a recouvré le même rhythme qu'avant. Lorsqu'on a pris des alimens froids , sa fréquence ne s'accroît qu'au bout d'un quart d'heure ou d'une demi heure ; elle devient d'autant plus considérable et plus soutenue , que les alimens étaient plus abondans et plus consistans. Si l'on mange froid à un repas ordinaire , le pouls devient un peu plus fréquent avant qu'on sorte de table , mais l'accroissement de sa fréquence n'égale celle qui suc- cède à un repas chaud qu'au bout d'une demi-heure ou d'une heure entière. L'eau froide diminue le nombre des pulsations de deux à quatre pendant un quart d'heure à une demi-heure ; l'effet de In bière froide ne dure point aussi long-temps. Les vins capiteux et l'eau-de-vie rendent le pouls plus fréquent au bout de deux à trois minutes. Le thé chaud augmente les bat- temens de six à douze, mais seulement pendant une vingtaine de minules. Tous ces effets tiennent évidemment à ce que l'estomac, dont les alimens stimulent plus ou moins l'activité vitale, attire aussi à lui une plus ou moins grande quantité de sang, et nous trouvons là un exemple de Tinlluence que l'ac- croissement ou la diminution de la circulation dans un organe peut exercer sur tout l'ensemble de cette dernière fonction. (1) Meckel, Deiitschcs Archiv , t. II, p. 92. ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. 67 B. Influence de la vie animale. § 768. Le système nerveux et le système sanjjuin se cor- resj3ondent manifestement l'un l'autre : tous deux s'étendent dans l'organisme entier, se ramifient dans les divers or^^^anes, et aboutissent à des centres particuliers ; tous deux sont l'ex- pression et l'intermédiaire de l'unité organique , puisque la force s'accumule dans leur point central , d'où elle part en rayonnant , de manière que chaque organe devient partici- pant à la force du tout. Mais tous deux aussi sont en antago- nisme eu égard à leur mode de vie et à leur manière d'agir : dans le système sanguin , il y a mouvement continuel , renou- vellement de matériaux. , prédominance de la vie matérielle extérieure ; dans le système nerveux , au contraire ^ le rapport dynamique et la vie intérieure ont acquis une prépondérance telle , que le mouvement et le changement de matière ne s'a- perçoivent pas du tout. Les deux systèmes sont donc en anta- gonisme de polarité, c'est-à-dire qu'ils représentent la liaison des différens organes , mais dans des directions opposées. Voilà pourquoi il y a un certain accord entre eux ( § 466, 2°); de même qu'on ne trouve souvent pas de véritable sang dans les monstres acéphales humains , de même aussi ce liquide est incomplètement développé chez les animaux sans vertèbres , qui n'ont réellement ni cerveau ni moelle épinière ( § 664, 1°); chez les animaux articulés, dans le système nerveux desquels prédomine le cordon ganglionnaire longitudinal , le cœur af- fecte également la forme d'un utricule ; chez les Mollusques, oii le point central de la sensibilité se resserre en un anneau ganglionnaire, le cœur acquiert aussi une forme plus sphéri- que , et il y a même plusieurs de ces animaux chez lesquels il entoure la fin du canal intestinal , de même que l'anneau ganglionnaire en entoure le commencement. Mais , chez les animaux vertébrés, les organes centraux ont acquis un plus haut degré de développement , et comme l'anneau ganglion- naire s'est élevé à la condition d'un cerveau sphérique, auquel le cordon ganglionnaire s'est subordonné sous la forme de 58 ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. moelle épinière, de même aussi les cœurs utriculaires, deve- mis ici troncs vasculaires, se sont subordonnés à un cœur parfait et vésiculeux. Toutes ces particularités réunies annon- cent, si je ne me trompe, que les deux systèmes constituent les membres opposés, mais par cela même excitateurs et complémentaires l'un de l'autre , de l'organisme animal , aux deux faces duquel ( § 658 , 1°) ils correspondent. Cette ma- nière d'envisager la chose paraît être la plus simple et la plus naturelle ; on s'en écarte plus ou moins toutes les fois qu'on prétend attribuer la domination exclusive au système nerveux, et chercher en lui seul la raison suffisante de la circulation. Une telle opinion repose , à mon avis , sur ce qu'au lieu de concevoir idéalement l'unité qui fait la base de la vie et à la connaissance de laquelle nous cherchons tous à parvenir, on croit pouvoir la trouver dans une partie quelconque. Mais toute partie , quelle qu'elle soit , n'a de force qu'autant qu'elle se trouve liée au tout ; la force de l'une n'est point donnée par une autre , mais chacune se rattache à toutes les autres et est déterminée par elles ; ainsi la sensibilité dépend de la circula- tion , comme la circulation de la sensibilité , ce qui n'empêche cependant pas que chacune de ces directions de la vie ait en elle- même sa force propre. Si , en disant que la circulation dé- pend de la sensibilité , on entend par là un excitement fondé sur un conflit, sur une réaction mutuelle, nous partageons cette manière de voir, avec une certaine restriction néanmojns. En effet, l'antagonisme fondamental, dans l'organisme animal, est assurément celui de sang et de nerfs ; mais il se trouve aussi des antagonismes subordonnés , qui sont également effi- caces, comme par exemple celui de solide et de liquide, en vertu duquel toute partie vivante , même privée de nerfs , entre en conflit avec le sang , et influe sur son cours. Cette vérité n'a été proclamée que par Koch el Bonorden, le pre- mier n'attribuant aux nerfs d'autre influence sur la circu- lation que celle qui appartient à toutes les parties molles (1) , le second disant que chaque organe attire le sang à lui, et que (1) Meckel, ArcUv fuer Avatomie, 1827, p. 452 , 459. ACTION DE t'oRGANISME SUR LE SANG. Sg cette attraction n'est point dépendante du système ner- veux (1). 1. INFLTIEÏÏCÇ DE lA SENSIBILITE. Les expériences peuvent aisément induire en erreur. La sensibilité ne se manifeste point par des phénomènes immédia- tement appréciables , et les mouvemens d'après lesquels on conclut l'état dans lequel elle se trouve , sont déterminés par des circonstances individuelles et momentanées. Qu'on vienne à blesser ou détruire une partie du système nerveux , l'anxiété qui résultera de là pour l'animal , la douleur qu'il éprouvera , les efforts violens qu'il fera pour se mettre en liberté , les convulsions qui s'empareront de lui , le trouble dont sa respi- ration sera frappée , et la perte du sang, apporteront, indé- pendamment de la lésion elle-même , un changement considé- rable dans la circulation. Ainsi Wilson (2) a vu cette dernière cesser, après la simple ouverture du crâne ou de la colonne vertébrale , tout aussi rapidement qu'après la destruction du cerveau ou de la moelle épinière , de sorte qu'il aimait mieux faire ses expériences sur des animaux morts , dont il entrete- nait la circulation à l'aide d'une respiration artificielle. Par- tout les résultats des expérimentations sont difFérens , même contradictoires , sans qu'on puisse découvrir la cause de cette diversité , ni la présumer placée ailleurs que dans la dispo- sition intérieure de la vie. L'interprétation elle-même est vague. Ainsi Legallois (3) , ayant éprouvé que l'irritation des nerfs du cœur n'influe pas sur ses mouvemens , explique le fait en disant que la sensibilité de cet organe est mise en jeu d'une autre manière que celle des muscles qui reconnaissent l'empire de la volonté. Mais, en général, il faut distinguer la cause proprement dite , celle en l'absence de laquelle l'effet cesse absolument , instantanément , et dans tous les cas , des (1) Ibid., p. 541. (2) Ueher die Geseste der Functionen des Lehéns , p. 58. (3) Œuvres, t. I, p. 355. 60 ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. conditions dans lesquelles la force se manifeste. Dans certaines expériences, la circulation se maintient sous l'influence de l'activité nerveuse ; mais , d'un côté , elle ne persiste que très- peu de temps dans les cas de ce genre , et d'un autre côté il y a des circonstances où elle est, soit accrue, soit diminuée par Fexaltation ou la diminution des manifestations de la sensibi- lité ; la sensibilité n'est donc point ce qui la produit , mais ce qui la détermine ; elle en est la condition et non la cause. Du reste , comme le fait remarquer Wilson (1) , l'action du sang sur la sensibilité se déploie plus fréquemment et avec plus d'intensité dans les maladies, que celle de la sensibilité sur le système sanguin. § 769. Quant à ce qui concerne les rapports entre le cœur et la sensibilité , l'histoire littéraire nous offre des opinions extrêmes, comme à l'égard de presque tous les points relatifs à l'hématologie. Ainsi, tandis que Landi, entre autres, pla- çait l'origine des nerfs dans le cœur, parce que cet organe est le premier de tous qui sente et se meuve , et que le calibre de ses nerfs augmente en se rapprochant du cerveau , de même qu'on voit toute chose être moins volumineuse à son origine qu'à une certaine distance , Sœmmerring et Behrends ont prétendu , au contraire , qu'il manque de sensibilité en général , et que les nerfs qu'on y découvre ne lui appartiennent point, mais sont dévolus aux vaisseaux coronaires. Willis s'était eflorcé de démontrer que les batlemens du cœur dépendent de la sensibilhé , mais sa doctrine fut défigurée par les iatromathématiciens ; car Botalli soutenait que les nerfs des oreilleltes sont comprimés et paralysés par les ventricules pleins de sang , et que la déplétion de ces cavités leur rend la liberté , de sorte que la diastole des oreillettes a lieu dans le premier moment , et leur systole dans le second. Une expérience plus large introduisit des opinions flottantes , celle de Senac par exemple , jusqu'au moment où Haller prouva que l'irritabilité est indépendante de la sensibilité , démons- tration qui seule eût suffi pour rendre son nom immortel. (1) Loc. cit., p. 219, ACTION DE L^ORGANÎSME SUR LE SANG. 6i Cependant sa doctrine ne pénétra pas dans tons les esprits , et quand quelques modernes ont voulu replacer les battemens du cœur sous la dépendance de l'innervation , ils ont fait un pas rétrograde, dont le résultat définitif devait cependant être un progrès sensible , parce que la science ne s'arrête jamais et marche toujours en avant. I. Willis avait dérivé le battement du cœur de Tinfluence du cerveau. Mais 1° La dixième paire de nerfs cérébraux , à laquelle cette influence devait appartenir, peut être liée ou coupée , d'après les observations de Bicîiat (1) et de quelques autres physiolo- gistes antérieurs (2), sans que le mouvement du cœur s'arrête sur-le-champ ; les animaux survivent encore deux à dix jours, et l'on n'observe en eux qu'un dérangementde la respiration et de la digestion. 2° Lorsque Carus (3) détruisait l'anneau ganglionnaire des Limaçons , le cœur cessait de battre pendant quelque temps, mais ensuite ses mouvemens reprenaient comme auparavant. Spallanzani (4) , Treviranus (6) et Wilson (6) ont vu sur des Grenouilles , Senac (7) sur des Tortues , Sa- viole (8) sur des embryons de Poulet , Clift (9) sur des Pois- sons , que les battemens du cœur continuaient , sans éprou- ver de changement, après la destruction du cerveau, ou même après que cet organe avait été enlevé du crâne. Le fait a été observé aussi par Zinn et Ent après la destruction du cervelet , auquel surtout Willis avait attribué la détermination des battemens du cœur (10). 3° La persistance des battemens du cœur a été remarquée (1) Rechercties sur la vie et la mort, p. 334. (2) Haller, Elem. physiolog., t. III, p. 4G9. (3) f^on den œussern Lehensbedingungen , p, 84. (4) Expériences sur la circulât., p. 342. (5j Vermisclite Schriften , t. I , p. 104. (6) Ueher die Gesetze der Functionen des Lehens , p. 54, 58. (7) Traité du cœur, t. II , p. 115. (8) Ibid., p. 121. (9) Meckel, Dcutsdies Archiv , t. II, p. 144. (10) Burdach , l^om Baue des GeMms , t. III , p. 422, ÛZ ACTION DE l'organisée SUR LE SANG. par Senac (1) après la section de la moelle épinière. Si l'on coupe la moelle épinière au dessous du grand trou occipital , ces battemens persistent pendant quinze à vingt-cinq minutes chez les Mammifères jeunes et vigoureux, selon Orfila (2), ou du moins, d'après Treviranus (3), peuvent être ranimés par la respiration artificielle. Ils continuaient sans altération lors- que Halier (4), Spallanzani (5) et Fontana avaient, sur des Reptiles ou des Mammifères . pratiqué la section de la moelle épinière aux vertèbres postérieures du cou. 4° Après avoir décapité des Grenouilles , Halier (6) n'a pas remarqué le moindre changement dans les battemens du cœur. Spallanzani a constaté qu'ils persistaient encore pendant cinq heures après la décapitation (7). Wilson (8) a reconnu, sur des Lapins , qu'avec la précaution de prévenir l'hémorrhagie par une ligature serrée autour du cou , ils se rétablissaient au bout d'une minute et demie, de manière que, quand on enle- vait la ligature, le sang jaillissait à trois pieds. On peut les entretenir plus long-temps par le moyen de la respiration artificielle. IL Lorsqu'il eut été démontré ainsi que le mouvement du cœur n'était point déterminé par l'influence du cerveau, Le- gallois alla chercher dans la moelle épinière le principe de vie de cet organe. Toutes les fois qu'après avoir décapité des Lapins âgés d'un à vingt jours, il détruisait la portion ventrale de la moelle épinière , les battemens du cœur se troublaient un peu ; le trouble augmentait après la destruction de la por- tion pectorale , et plus encore après celle de la portion cer- vicale ; dans ce dernier cas , les mouvemens devenaient in- sensibles au bout d'une minute et demie au plus tard; mais (4) Loc. cit., p. 120.5 (2) Toxicologie générale, t. II, P. I, p. 313. (3) Biologie, t. IV, p. 267.1 (4) Elem. physioloy., 1. 1 , p. 465. (5) Exp. sur la circulation , p. 3S8.] (6) Opéra minora , t. I, p. 233. (7) Exp. sur la circulation , p. 333. (8) Loc, cit., p. 67,] ACTION DE l'organisme SUR LE SANG, x 63 la destruction de la moelle entière les abolissait sur-le-champ , et la respiration artificielle ne les ranimait plus ensuite (4). Ainsi , dit Legallois (2) , toutes les parties de la' moelle épi- nière concourent à la force du cœur, ce qui ne peut dépen- dre que des connexions de ses nerfs avec le grand sympa- thique. Si l'on déiruit une partie de ce cordon , on soustrait au cœur une portion correspondante de sa force , et il ne peut plus pousser le sang aussi loin : vient-on alors à res- treindre le domaine de la circulation en liant des artères , la force affaiblie suffit pour accomplir la fonction dans ce cer- cle plus limité ; ainsi la circulation durait plus long-temps après la ligature de l'aorte ventrale dans le cas de destruc- tion de la portion abdominale du cordon (3) , ou après celle des carotides et de la veine jugulaire dans le cas de destruc- tion de la portion cervicale (4) , que quand on n'avait pas pris cette précaution. Il se peut fort bien , comme le fait remarquer Trevira- nus (5), que , dans quelques unes de ces expériences , Le- gallois ait pris un affaiblissement de la circulation pour une véritable cessation de cette fonction, puisqu'il avait adopté pour échelle l'hémorrhagie fournie par une artère. Quand il pré- tend que la destruction de la moelle épinière tue précisément avec la même rapidité que l'excision du cœur, d'un côté l'ob- servation elle-même peut n'être pas parfaitement exacte , et de Tautre le fait ne prouverait point que le principe de vie du cœur a son siège dans la moelle épinière. Mais Legallois a fait l'importante remarque que , quand la circulation était ar- rêtée après la destruction de la moelle épinière , les batte- mens du cœur persistaient encore quelquefois. Pour sauver sa théorie , il comparait ces mouvemens aux convulsions d'un muscle mort ; or on peut objecter qu'un muscle exécute bien des mouvemens convulsifs pendant la destruction de la partie (1) Expériences sur le principe de la vie , p. 84-102. (2) Ibid., p. 149. (3) Ibid., p. 114. (4) Ibid., p. 117. (5) Biologie , X. IV, p. 27S. 64 ACTÎON DE l'organisme SUR LE SANG, centrale de ses nerfs , mais qu'il n'en produit jamais après. Ce qui résulte , au contraire , du fait observé par Le^^allois , c'est que la destruction de la moelle épinière supprime la circulation en tuant les organes et faisant cesser leur antago- nisme vivant avec le sang , mais sans interrompre l'activité du cœur. Enfin Legalîois ne dissimule pas non plus (1) que la circulation persistait quand il coupait tranche par tranche la portion cervicale de la moelle épinière , d'où partent cepen- dant les filets de communication avec les nerfs cardiaques. Il prétend qu'en pareil cas la section agit comme une ligature des arières , chaque destruction partielle de la moelle affai- Llissant un peu la circulation, de manière qu'il suffit d'une force! peu considérable du cœur pour l'alimenter. Cette ex- plication est plus ingénieuse que juste. Elle suppose que les nerfs cardiaques peuvent tirer aussi leur force des filets de communication de la moelle épinière, avec lesquels eux-mê- mes n'ont aucune connexion directe. Ce qui ressort bien plu- tôt du fait, c'est que la destruction de la moelle épinière n'a- néantit la circulation que par la violence de l'opération. Nous en avons la preuve dans les expériences de Wilson sur des Lapins qu'il avait tués d'un coup sur la tête ou stupéfiés avec de l'opium , et qti'il soumettait ensuite à la respiration artifi- cielle. Quand il détruisait rapidement la portion cervicale de la moelle épinière avec une grosse baguette , comme le fai- sait Legalîois, les battemens du cœur devenaient sur-le- champ plus faibles (2) ; mais lorsqu'il se servait d'un fil de fer mince (3) , ou qu'il enlevait la moelle épinière en entier , les battemens du cœur n'éprouvaient aucun trouble, les artères continuaient débattre, et le sang jaillissait d'une ouverture pratiquée à leurs parois. Des observations multipliées mettent hors de doute que le cœur est indépendant de la moelle épinière. 5° Clift (4) détruisit le cerveau et la moelle épinière de (1) /iirf.,p. 12'5. (2) Loc. cit., p. 68. (3) Loc. cit., p. 54-58. v:^ (4) Meckcl , Devtschcs Archiv , t. II , p. ^,40. ACTION DE L*ORGANISME SUR LE SANG. 65 Carpes avec un fil de fer rougi au feu, et vit les battemens du cœur continuer, comme auparavant , pendant trois heures ; ils ne s'arrêtèrent qu'au bout de onze heures. G" Haller (1) et Spallanzani (2) ont détruit la moelle épi- nière sur des Grenouilles , sans que les battemens du cœur en fussent troublés. Wilson (3) a vu ces mouvemens persister neuf heures après l'excision du cerveau et de la moelle épi- nière. Treviranus (4) a remarqué aussi qu'ils persévéraient tandis que la circulation était arrêtée ( par l'effet de la mort des organes). Baumgaertner les a vus également continuer, même pendant douze à vingt-quatre et quarante-huit heures, quelquefois très-faibles à la vérité , mais toujours assez forts pour pouvoir mettre le sang en mouvement , et la circulation ne s'éteignait que parce qu il n'arrivait plus de sang au cœur, c'est-à-dire parce que ce liquide ne circulait plus dans les organes. 7° Les expériences faites sur des animaux à sang chaud ont donné des résultats analogues. Mayer (5) a observé la circu- lation , sur des Mammifères, pendant un quart d'heure entier après la destruction complète de la moelle épinière, Flou- rens (6) l'a vue durer, sur des Lapins , au-delà d'une heure , sur des Canards et des Poules » plus d'une heure et demie , avec le secours de la respiration artificielle ; il a remarqué que , sans l'emploi de celte dernière , elle persistait tout aussi long-temps chez des Chiens nouvellement nés , qu'elle dimi- nuait d'abord à la périphérie , puis peu à peu en se rappro- chant toujours du cœur , de manière qu'ici on reconnaît évi- demment l'influence, indépendante des battemens du cœur, qu'exercent les organes sur le sang , et qui est la cause essen- tielle , la cause proprement dite, de la circulation. Wiltbank (1) Opéra minora, t. I, p. 233. (2) Exp. sur la circulation , p. 342 , 378. (3) Loc. cit., p. 65. (4) Biologie, t. IV, p. 645 , 652. (5) Gehlen , Journal fuer die Chemie und Physik , 1815 , t. ÏII , p. 207. (6) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux , p. 189 , 196. VIL 5 66 ACTION DE l'organisme SUR lE SANG. s'est convaincu aussi que les battemens du cœur persistaient après la destruction du cerveau et de la moelle épinière chez des animaux à sang froid et à sang chaud (1). 8» A peine est-il nécessaire , après tous ces faits , de citer , avec Senac (2) , Wilson (3) et Sarlandière (4) , les monstres humains sans cerveau ni moelle épinière , qui ont un cœur et une circulation. III. Suivant Brachet (5), le nerf grand sympathique est la cause du mouvement du cœur , parce que cet organe cesse de battre après la section des nerfs cardiaques , qui provien- nent des ganglions cervicaux moyen et inférieur. Mais Brachet lui-même fait remarquer que , chez la plupart des animaux sur lesquels il a voulu exécuter cette expérience , la mort avait lieu par hémorrhagie avant la section , et si , dans deux cas , elle ne survint qu'après cette dernière , nous ne pouvons voir là qu'une circonstance accidentelle. Edwards et Vavasseur ayant pris , pour répéter celte expérience , des Chiens ou des Chats nouvellement nés , qui ont la vie plus tenace (§ 524, 6°), virent les battemens du cœur persister après la section des nerfs cardiaques , ou après l'excision des ganglions cervi- caux (6). Haller (7) et Magendie (8) n'ont également jamais remarqué que la ligature ou la section du grand sympathique exerçât d'influence immédiate sur le cœur. IV. Enfin Haller (9) et autres ont vu , chez des Poissons , des Reptiles et des Mammifères, le cœur continuer de battre long- temps encore après que tous ses nerfs avaient été liés ou cou- pés , ou que lui-même avait été enlevé de la cavité pectorale. Le cœur d'un Lapin , que Wedemeyer avait mis hors de toute (1) Gerson , Magasin der auslœndisclien Literatur, t. XII , p. 338. (2) Traité du cœur, t. II , p. 118. (3) Loc. cit., p. 51. (4) Mémoires sur la circulation du sang, p. 12. (5) Rech. expérim. sur les fonctions du système nerveux ganglionnaire , p. 120. (6) Froriep , Notizen , t. XVI , p. 306. (7) Elem. physiolojj., t. I , p. 463.- (8) Précis élémentaire, t. Il, p. 328, (9) Loc. cit., p. 461-472. ACTION DE l'organisme SUR tE SANG. 67 connexion avec le reste du corps , battit encore pendant deux heures (1). Quelques physiologistes , Senac par exemple (2) , se rejettent sur les nerfs qui existent dans la substance du cœur ; mais un pareil raisonnement a tous les dehors d'un véritable subterfuge. En effet le nerf n'a de signification que quand il tient à son système ; sa vie consiste absolument dans le rapport avec l'ensemble , et dépend de ce dernier. A la vérité une branche nerveuse coupée peut encore exciter des mouvemens , mais seulement lorsque , par le fait d'une irri- tation quelconque , elle a reçu une impulsion jusqu'à un cer- tain point analogue à l'action qu'exerce sur elle son organe central. Les extrémités nerveuses périphériques sont , comme les vaisseaux capillaires, incorporées dans l'organe auquel elles appartiennent , et , une fois séparées du reste du système ner- veux , elles ne sont pas plus aptes à provoquer des mouve- mens , ' que les capillaires coupés à déterminer la turges- cence , la chaleur , la nutrition. Wilson a trouvé (3) que quand le cœur recouvrait peu à peu de la force par l'effet du repos , il se remettait à battre ; il serait difficile d'admettre qu'ici c'était la force nerveuse qui le restaurait pendant le repos. Le résultat est donc que le cœur a sa force motrice en lui- même , dans ses fibres musculaires. Sans doute il ne saurait être absolument indépendant, puisque chaque organe ne vit que par la totalité de Torganisrae ; mais l'influence de la sen- sibilité est rompue ici , et l'on voit apparaître dans le cœur , avec le maximum de l'irritabilité, le minimum de la sensibilité, comme l'apprend déjà l'examen de son tissu. § 770. Si la sensibilité n'est point la cause des battemens du cœur, elle pourrait cependant être celle delà circulation. Plu- sieurs physiologistes, qui ont rendu service à la science en dé- montrant Tétroitesse des vues d'après lesquelles cette dernière fonction se trouverait placée sous la dépendance absolue de l'action mécanique du cœur , ont considéré la sensibilité des (1) UntersucJmnyen , p. 59. (2) Loc. cit., p. d32. (3) Loc, cit., p. 67, 68 ACTION DE l'organisme' SUR LE SANG. autres organes comme étant la cause qui la détermine. D'a- près Swan (1) , le cœur nsip;\t que sur la circulation en géné- ral , tandis que la répartition diverse du sang est déterminée par les nerfs des artères. Treviranus (2) dérive la force mo- trice du sang et (3) son aptitude à exciter l'action du cœur , de l'influence immédiate du système nerveux, notamment de la moelle épinière. Cependant, comme nous ne connaissons pas de mouvement spontané du sang (§740), nous ne pouvons point non plus admettre une action de la sensibilité sur lui , qui serait bien plus obscure encore. Selon Merk (4), la circu- lation se rattache en partie au mouvement du sang , qui tend à se rapprocher et à s'éloigner de la moelle épinière et des extrémités périphériques des nerfs , en partie à l'activité du cœur, dépendante elle-même du système nerveux , activité qui fait antagonisme , par expansion , au sang pénétrant dans l'organe, et par contraction, au sang sortant de ce même or- pane. D'après (Esterreicber (5), l'activité de la vie est exprimée dans le système nerveux , et son existence dans le sang ; le sang est déterminé à circuler par la moelle nerveuse , et plus particulièrement par la moelle épinière, comme la terre l'est par le soleil ; mais cet antagonisme se répète en lui , savoir, l'activité, comme expansion, dans le courant artériel , l'existence, comme contraction, dans le courant veineux, et ce ' qui fait qu'après la mort le sang contenu dans les veines coule vers le cœur , c'est que l'existence subsiste encore après l'ex- tinction de l'activité. Après ces espèces d'aperçus généraux , qui tous portent plus ou moins le cachet de l'arbitraire, la doctrine reçut de Baumgaertner l'appui de preuves fondées elles-mêmes sur des faits. 1° D'abord cet écrivain invoque l'histoire du développement (1) An essay on the connection hetween tjic action oftlie heart and arteries , p. 12. (2) Bioloijie, t. IV, p. 272. ( (3) Vermisclite Schriften, t. I , p. 107. (4) Ueher die thierische Bewoguntj , p. 109. (5) Versiicli einer Darstellvny dcr Lchre vom Kreislavfe des Blutes , p. 190-194. ACTION DE l'organisme SUR LE SANG. 69 de l'embryon. Le cerveau et la moelle épinière , dit-il (1) , se forment plus lot que le sang , et déterminent son cours. Le premier mouvement de ce liquide est dirigé vers le dos de l'animal , et les globules du sang (2) prennent déjà cette di- rection avant de commencer à se mouvoir , puisqu'ils se dis- posent en séries linéaires. Les troncs principaux des vaisseaux sanguins marchent parallèlement à la moelle épinière / de même que les branches artérielles suivent les ramifications nerveuses. A la vérité (3), on ne distingue point encore de nerfs quand la circulation commence ; mais on est en droit de pré- sumer que la queue du têtard de Grenouille manifeste de la sensibilité dès avant cette époque. Cependant ce n est là qu'une simple conjecture ; et, en sup- posant que l'observation de Baumgaertner soit exacte[(§f471, Il ) , nous sommes plus fondés à présumer que la [masse orga- nique primordiale peut , en certaines circonstances , se mou- voir , comme il arrive au Polype de le faire , sans que nous apercevions de nerfs ni dans l'un ni dans Fautre. La seule chose que nous reconnaissions , suivant moi , dans l'histoire du développement , c'est que la direction du courant sanguin est déterminée par la vitalité des parties organiques. L'organe central de la sensibiUlé y prend une part considérable , tant parce qu'il possède une vitalité supérieure, que parce qu'il se forme avant toutes les autres parties et constitue la souche de l'animal. Mais ce n'est pas lui seul qui agit comme cause dé- terminante ; lorsque le courant sanguin sort du cœur , il est attiré par les branchies cervicales , qui , en qualité d'organes transitoires et périssables , n'ont certainement point de nerfs ( § 477 , 2° ) , et il se divise en petits courans correspondant d'une manière exacte à ces branchies , courans qui n'envoient quede faibles branches accessoires, d'abord au cerveau, puis, après leur réunion, à la moelle épinière. Comme conducteurs de la vitalité , les vaisseaux et les nerfs en général doivent suivre une marche analogue , déterminée jusqu'à un certain (1) Beohaclitunijen ueher die Nerven tind das Elut , p, 159. (2) Loc. cit., p. 82. (3) Loc, cit., p. 84. 7© ACTION M l'organisme SUR tE SANG. point par la conformation des parties ; mais nous ne trouvons ni une similitude parfaite de distribution , ni rien qui annonce une attraction entre eux. Si , par exemple , l'organe central de la sensibilité forme l'axe de l'animal , les troncs chargés de conduire le sang aux diverses parties devront avoir une disposition correspondante à la sienne ; mais eux et cet organe demeurent séparés. L'aorte l'est de la moelle épinière , chez les animaux vertébrés, par le tronc de la colonne vertébrale, et le vaisseau dorsal du cordon ganglionnaire , chez les ani- maux articulés , par le canal intestinal. Nous trouvons souvent des écarts considérables entre les deux systèmes ; le courant principal du sang destiné aux membres inférieurs passe sur le pubis pour gagner la face antérieure, tandis que le nerf principal se rend à la face postérieure en passant derrière l'os iliaque ; les nerfs cutanés ne sont point accompagnés d'artères qui leur correspondent , et les veines cutanées ne les suivent point pas à pas. C'est aussi une conjecture fort hasardée que de ne faire naître les artères du foie, des reins, etc., qu'après les branches du nerf grand sympathique qui les accompagnent. 2° Baumgaertner (1) convient lui-même que c'est le conflit dynamique de la mère et du fruit qui détermine la circulation, sans nerfs , dans les vaisseaux ombilicaux et dans le placenta. Mais la force attractive que d'autres parties dénuées de nerfs exercent sur le sang, en vertu de leur vitalité, n'est pas moins évidente : ainsi le cartilage , devenu plus vivant , dans l'ossification normale , comme dans l'inflammation , attire le sang et l'admet dans son tissu. Nous ne pouvons , ce me sem- ble , considérer comme satisfaisante que la théorie de la cir- culation qui embrasse aussi la marche de la sève dans les plantes, chez lesquelles il n'y a point de sensibilité. D'après nos vues , la sève se meut par endosmose (§ 768 , 2° ) , et par l'effet de l'antagonisme entre racines et branches , qui se ré- pète à chaque instant dans la paroi supérieure et la paroi inférieure de chaque cellule. Ces circonstances renferment la cause essentielle de la marche de la sève ; mais , de même que (1) Loc. cit., p. 167. ACTION Ï)E l'organisme SUR p SANG. 7I la circulation de l'animal est aidée encore et accomplie par la force mécanique du cœur, de même aussi le monde exté- rieur vient en aide au mouvement de la sève, par la tempé- rature de l'atmosphère (§ 740 ,80). o" Baumgaertner a prouvé , par de nouvelles expériences, dont nous parlerons bientôt (§772 , 3°) , que le système ner- veux exerce de l'influence sur la circulation du sang; mais il n'est pas démontrable que les nerfs seuls aient une telle in- fluence. L'organisme animal ne se compose pas uniquement de sang et de nerfs ; il embrasse encore des substances et des parties diverses , qui toutes ont part à la vie. Précisément parce que l'activité nerveuse est soustraite à nos sens, et ne se donne à connaître que par ses effets sur d'autres organes an- nonçant leur vie au moyen de changemens matériels , il arrive souvent qu'on lui attribue plus que l'observation n'autorise à le faire , ce dont l'histoire du choléra nous a encore donné un exemple dans ces derniers temps. Lorsqu'on fait provenir de l'action des nerfs l'affluence plus considérable du sang vers une partie irritée , on suppose que toute irritation affecte les nerfs , ce qui n'est rien moins que prouvé ; car la réceptivité pour des impressions est une idée plus générale que la sen- sibilité. Toute partie organique , quand elle vient à être ir- ritée , ou quand sa vitalité intérieure s'accroît d'une manière normale ou anormale, attire davantage de liquides, qu'elle ait des nerfs ou qu'elle en soit dépourvue ; pour ne citer ici qu'un seul exemple , nous rappellerons que la feuille ou l'é- corce d'un arbre se tuméfie tout aussi bien que le tissu cel- lulaire d'un animal, dans l'endroit où un Insecte Ta piquée pour y déposer ses œufs ( § 346 , Il ) , et que les liquides affluent vers l'ovaire végétal qui renferme des ovules fécondés (§ 346, 1), tout comme vers les tégumens du bas -ventre chez l'Oiseau qui a terminé sa ponte (§ 346 , IV) , ou vers la matrice des Mam- mifères , après qu'un œuf a été fécondé ( § 346 , V ). § 771. Il était tout aussi mal de nier l'influence de la sensi- bilité sur le cœur, que de la présenter comme la cause des battemens de cet organe. La réalité de cette influence ressort , par exemple , de ce que la fréquence des battemens du cœur diminue pendant un sommeil calme , et de ce que la circu- 72 ACTrON DE l'oRGANISME SUR LE SANG.' lation descend à son minimum lorsque la vie animale passe à l'état latent durant la léthargie des animaux hybernans (§612,1°). I. Si l'on soumet les nerfs cardiaques 1° A l'influence du galvanisme , on ne remarque pas que le cœur s'en ressente, suivant Behrends (1), Fontana , Volta, Valli et Treviranus (2). PfafF et Grapengiesser ont observé le contraire. Humboldt (3) a vu le galvanisme rendre les pul- sations du cœur plus rapides et plus fortes chez des Renards et des Lapins. Fowler (4) , en employant ce moyen d'excita- tion , sollicitait le cœur à battre de nouveau , lorsque, sur des Grenouilles et des Chats , il était déjà tombé dans l'état de repos. Vasalli , Giulio et Rossi ont remarqué , sur des cadavres de décapités (5) et sur des animaux (6) , qu'en armant le plexus cardiaque et la pointe du cœur, on obtenait des bat- temensplus forts qu'en irritant l'organe par des moyens mé- caniques , et que la réceptivité pour le galvanisme s'éteignait dans ses diverses parties , en suivant le même ordre qu'affecte ordinairement l'extinction des phénomènes de la vie dans ces dernières (§718 , 3° ). Wedemeyer a constaté (7) , dans pres- que toutes ses expériences, l'action du galvanisme sur les battemens du cœur. Suivant Autenrieth (8) , le galvanisme ne produit point ici des mouvemens aussi soudains que dans les muscles soumis à la volonté ; mais , quand il agit d'une manière prolongée , dans une chaîne fermée , les pulsations sont plus rapides et durent plus long temps qu'en son absence. Carus (9) a vu le cœur de Limaçons et d'Ecrevisses se contracter cha- (i) Lndwig , Scriptores neurolofjici minores , t. III, p. 2d. (2) Biologie , t. IV, p. 269. (3) Ueher die yereizte Muskelfaser , t. I , p, 342. (4) Abhandlunij ueher thieriscJie Elcktricitœt , p. 107, 109. (5) Neues Journal des anslœndischen medic.-chirurmême aucun concours de la vie. ÎI. Sssence de la circulation. § 775. Le sang est l'élément mobile de l'organisation. Sa marche est l'expression matérielle de sa vie intérieure, ou de (1) Mémoire sur l'existence ti'uH principe propre à caractériser le sang de l'homme et celui des diverses espèces d'animaux ( Annales d'hygiène publique, 1829, t. 1", p. 267). — Nouveau système de chimie orga- nique, par F.-V. Raspail, Favis, 1833, in-S», p. 382. gd RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR LE SANG. son conflit avec les autres parties de l'organisme et avec l'at- mosphère. Comme il est en proie , dans ce conflit, à des mu- tations et à une métamorphose continuelles, il se trouve aussi impliqué dans un mouvement qui ne s'arrête jamais , il coule sans cesse et dans toutes les directions à travers le corps en- tier , il n'exerce qu'en courant son action vivifiante sur les parties organiques, et, quand il vient à s'arrêter tout-à-fait, il perd non seulement sa force , mais même ses qualités phy- siques propres. Si , à un degré inférieur de la vie , il ne pré- sente qu'un mouvement de fluctuation et en quelque sorte de balancement , il n'acquiert sa pleine et entière signification que lorsque , ayant reçu une direction fixe et invariable , il par- court une carrière circulaire partagée en artères et en veines. I- La cause idéale de la circulation est la tendance de la vie à la séparation et à la réunion , à l'analyse et à la syn- thèse, à la pluralité et à l'unité, tendance qui se manifeste dès le début de la vie ( § 474). Si nous voulons rendre notre pensée d'une manière figurée et attribuer ce qui rentre dans ridée de la vie au corps dans lequel la vie se manifeste, nous pouvons dire que le sang a , dans les artères , une tendance de dedans en dehors , et qu'il partage son courant vers la pé- riphérie en une quantité innombrable de branches, afin de s'éparpiller en une infinie diversité de substances et de forma- tions , et de développer librement tout ce qui est en lui ; mais, une fois disséminé ainsi , le sang est saisi de la tendance in- verse vers l'unité , de la tendance du dehors au dedans, et il revient sur lui-même , se réunit , dans les veines , en une masse incessamment croissante , par la fusion successive des diflérens courans, et, chemin faisant, répare les pertes qu'il a subies vers la périphérie , en admettant le suc nourricier , qui le reproduit de nouveau. Par celte tendance de dedans en dehors et de dehors en dedans, la circulation donne dans l'es- pace l'image de la périodicité qui règne dans toute vie ( § 593 ), tout comme cette périodicité elle-même représente une cir- culation dans le temps. Mais le cœur est le centre : placé en regard de la périphérie , il réunit la masse entière du sang dans sa partie veineuse, et l'éparpillé dans sa partie artérielle. IL Maintenant, cette cause idéale de la circulation se réa- RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR lE SANG. 97 lise par des conditions organiques qui amènent immédiate- ment la production du phénomène. l°j La condition la plus générale , celle qui détermine la marche du suc vital dans tous les êtres organiques sans dis- tinction , tient à son affinité pour les parties solides. En trai- tant de la procréation, nous avons appris à connaître des exemples d'attraction mutuelle d'organes , de parties organi- ques et de liquides (§ 239 , 290 , 2° ; 293 , 328 , 2°, S" ) ;>ous les avons comparés , d'un côté avec l'attraction adhésive, ma- gnétique , électrique et chimique,, de corps inorganiques (§ 261 , 3°) , de l'autre avec le penchant animal (§ 240 , 3° ) et humain (§ 261 , 1°) à la réunion avec un autre individu; nous avons trouvé que tous ces phénomènes ont pour condi- tion la différence dans l'identité. Or cette condition est remplie dans le rapport existant entre le sang et les parties solides ; le sang et les solides s'accordent ensemble, quant à l'idée gé- nérale de substance organique ; mais , en leur quahté de li- quide et de solide , d'universel et de particulier , ils forment un antagonisme ; ils doivent donc exercer l'un sur l'autre une attraction mutuelle, mais telle que les parties fixes paraissent attirer. Dans l'électricité, oii nous voyons les plus mobiles, les plus variables elles plus diversifiés de tous les phénomènes dy- namiques, le plus faible n'est pas seulement attiré par le plus fort, mais encore assimilé , imprégné de la polarité homonyme, et ensuite repoussé comme homogène. Or le sang montre réel- lement de l'électricité (§ 663, 5°); le sang artériel paraît être électrisé positivement et le veineux négativement (§ 751, 3°); quand bien même cette différence ne pourrait être démontrée, nous n'en devrions pas moins l'admettre comme indubitable , puisque partout deux corps de même substance, mais de cohésion différente, manifestent une électri- cité contraire quand ils entrent en contact ensemble ; enfin on a quelquefois remarqué , dans les globules du sang sortis du courant de la masse , des mouvemens qui ressemblaient aux mouvemens électriques (§758, 3°), attendu qu'ils étaient attirés ou les uns par les autres (§ 739„ 1°), ou par les parties solides (§ 740 , 9° ). D'après tout cela , nous sommes bien fon- dés à admettre qu une attraction et une répulsion obéissant à VIL «5 ^ 98 RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR LE SANG. la loi de l'électricité déterminent le courant du suc YÎtal par- tout , et que seules elles agissent comme cause déterminante à cet égard, lorsque le suc vital n'est point encore contenu dans un système vasculaire particulier ( § 661, II, III). 2° Chez tous les animaux qui ont du sang , à cette activité pure se joint un appareil mécanique , qui sert de moyen au cours du sang, que ce cours d'ailleurs soit une simple fluctua- tion , ou une véritable circulation. Par la présence de la paroi "vasculaire , le sang se trouve ici avoir acquis une carrière permanente , qu'il suit , et en même temps un point central , c'est-à-dire un cœur, utriculaire , vasculiforme ou vésiculeux, qui , doué de force musculaire', devient l'organe proprement dit de son mouvement. Ainsi la fonction qui , aux derniers de- grés delà vie organique (l''), s'accomplissait exclusivement par une disposition organique générale , a ici un organe spécial (§ 474, 3° ), conjointement avec lequel elle acquiert un carac- tère plus déterminé , une marche plus régulière , et une exis- tence permanente. Dès lors il n'y a plus simplement attraction et répulsion , mais encore action mutuelle de centre et de pé- riphérie ; la périphérie agit sur le sang d'après la loi générale de l'attraction et de la répulsion (1°) ; le centre , au contraire, exerce sur lui une action mécanique par impulsion et aspi- ration. 3° Enfin , dans la forme la plus parfaite , la périphérie et le centre sont doubles; un système vasculaire particulier des organes respiratoires se trouve en face de celui du corps en- tier ( § 764 , 1° , 2° ) , de sorte que le sang acquiert deux points tropicaux , et que le cœur lui offre deux passages , sa moitié droite recevant et lançant le sang veineux , tandis que la gau- che reçoit et pousse le sang artériel. La signification de ces doubles points tropicaux , qui seuls amènent la duplication du cœur, s'exprime de la manière la plus claire dans l'embryon. Le sang , formé dans le cercle vasculaire , coule dans l'inté- rieur de l'organisme , attiré par la souche animale ( §774 , 3° ) , et de là retourne à l'extérieur dans les artères vitellines ou ombilicales. Là , dans Fœuf de l'Oiseau , il subit l'action de l'air, par conséquent du monde extérieur, de la force uni- verselle du monde (§774, III )î dans l'œuf des Mammi- R^ÉSTJMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR LE SANG. 99 fères , au contraire , il y est soumis à celle de la vie mater- nelle ; mais cette différence n'est que relative, car l'embryon des Mammifères trouve son monde extérieur dans le corps de sa mère et son univers dans la vie de cette dernière. Le fait commun est donc que le sang a une tendance à se porter de l'or- ganisme vers le monde extérieur et de celui-ci vers celui-là. C'est donc l'antagonisme d'intérieur et d'extérieur, d'orga- nisme et de monde, d'individualité et de force universelle, qui constitue l'essence de ces points tropicaux. Les différons or- ganes attirent le sang artériel ; en tendant à se l'incorporer, ils lui communiquent leur caractère de spécialité , de sorte qu'il ne peut plus servir de stimulus vivant pour eux , et qu'ils le repoussent comme pôle de même nom. Mais l'atmo- sphère fait antagonisme à ce sang veineux^ l'attire par consé- quent , lui imprime le caractère de l'universalité , en vertu duquel il agit comme vivifiant sur tous les organes , et le re- pousse ensuite. Ainsi le sang est tellurisé d'un côté et aéré de l'autre ; d'un côté il est épuisé par l'individu , de l'autre il est ranimé par l'influence de la force générale de l'univers ; et comme la portion tellurisée a besoin d'aération, comme aussi la tellurisation est un besoin pour la partie aérée, il résulte de là que le sang se trouve engagé dans une circulation conti- nuelle. Alors seulement le cœur acquiert sa pleine et entière signification comme centre, puisqu'il renferme en lui les deux formes du cœur, dans toute leur pureté et à leur plus haut de- gré de développement. Mais cet état de choses révèle aiissi un degré supérieur de la vie totale , notamment de la vie ani- male ; car un antagonisme plus positif avec le monde n'est pos- sible qu'à la condition d'un plus grand développement de l'in- dividualité. Voilà pourquoi nous ne rencontrons cet état de choses que dans les deux classes les plus élevées du règne animal , où le cerveau est organisé d'une manière plus com- plète , et où surtout, comme le fait remarquer Treviranus (1), le cervelet est pourvu d'un arbre de vie (2), (1) Erscheinungen und Gesetze des organischen Lehens , t. I, p, 217^ (2) Comparez Burdacli, Fom Batie des GeUrnS} t. UI, p. 441. 1 00 RESUME DES CONSIDERATIONS SUR lE SANG. m, Comme la vie , partout où elle se déploie d'une ma- nière plus libre , se caractérise par l'unité des parties et par le conflit, la circulation repose aussi, dans cette théorie, sur l'unité organique des diverses parties du système sanguin , de même que sur le conflit organique avec le reste de l'organisme et avec le monde extérieur. Voilà comment , ici également , les divers côtés de la vie , le mécanique (4°) , .le cbimico-dy- namique (5°) et l'idéal (6°) , se présentent à l'état d'unité. 4" La circulation se montre à nous d'abord comme une simple opération mécanique, comme l'écoulement d'un liquide poussé dans des canaux. Lorsque , par exemple , on passe un pinceau sur des vaisseaux capillaires artériels, dans la direc- tion de la périphérie vers les troncs , le sang s'arrête quel- quefois , comme si le battement du cœur avait cessé , et le frottement inverse rétablit parfois, comme le ferait la reprise des battemens du cœur, la circulation déjà stagnante dans les vaisseaux capillaires (1). Lorsque les globules du sang ren- contrent des obstacles dans leur marche , ils tournent sur leur axe , ou se serrent les uns contre les autres , comme feraient d'autres corps nageans (2). Quand ils sont confondus en un caillot , ils obstruent le vaisseau capillaire , et si le battement du cœur augmente , la pression d'arrière en avant les chasse tous à la fois, comme elle ferait d'un bouchon (3). Ainsi, la circulation est déterminée par toutes les circonstances méca- Siiques que nous avons fait connaître précédemment (§ 720-729), 2t de même que l'organisme agit mécaniquement sur le sang (§ 748), de même aussi le sang réagit d'une manière méca- nique sur l'organisme (§746, IV). 5" Mais le mécanisme est le côté extérieur de la vie et le produit d'une activité chimico-dynamique plus profondément située. Les effets des battemens du cœur sont mécaniques, mais ces battemens eux-mêmes consistent en un acte dyna- mique ; et la carrière dans laquelle le sang se trouve lancé n'est que le produit du courant déterminé par l'activité vi- (1) Wedemeyer, Untersuclmngen , p. 204. (2) Ihid., p. 224. (3) Ibid., p. 195. RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR lE SANG. 101 taie, puisque ici également la fonction se crée un organe (§ 474, 3°), pour se manii'ester d'une manière permanente en lui , comme dans son suhstratum ( § 474 , 5° ). Le sang agit d'une manière chimico- dynamique sur tous les organes (§ 746 , 1, II) , et il est à son tour déterminé par eux d'une manière chimico-dynamique (§ 749). Ainsi, sa constitution est diversement modifiée par la qualité et la quantité des ali- mens ingérés , de l'air inspiré et des autres puissances ex- térieures, comme elle l'est aussi par l'énergie ou la fai- blesse , la normalité ou l'anormalité de l'assimilation , de la nutrition , de la sécrétion et de toutes les autres fonctions. De même , la circulation change suivant que les diverses activités et directions de la vie se modifient ; chaque organe la détermine immédiatement dans les vaisseaux qui appar- tiennent à sa sphère , mais agit par cela même sur tout son ensemble , et les choses du dehors manifestent leur influence en exaltant ou abaissant l'activité vitale des organes dans ses rapports avec le sang. Le pouls est autre suivant que l'état du sang , du cœur, des artères et des organes qui reçoivent le sang varie. Il est fort ou faible , suivant que la force du cœur et la tonicité des artères sont plus ou moins considéra- bles ; fréquent ou rare , suivant que le cœur a plus ou moins d'irritabilité , et que le sang est en plus ou moins grande quan- tité ; grand ou petit, selon la quantité et l'expansion du sang , la manière dont se vident les ventricules et l'attraction des organes; mou ou dur, suivant que l'artère est flexible ou ri- gide , relâchée ou tendue spasmodiquement. Or , dans un concours des circonstances extérieures et intérieures , maté- rielles et dynamiques , les plus diversifiées et les plus sujettes à varier, il est impossible qu'aucune d'elles entraîne toujours les mêmes conséquences , puisque les effets sont tantôt inter- rompus, limités ou supprimés , tantôt respectés, par les autres, en raison de l'état instantané. Ainsi , par exemple , Haller (i) a observé la circulation dans l'artère mésentérique de vingt- trois Grenouilles , auxquelles il avait enlevé le cœur, avec le (1) Opéra minora , 1. 1 , p. ; 1 02 RESUME DES CONSIDERATIONS SUR LE SANG, commencement de l'aorte : dans sept cas , la circulation cessa complètement dans l'artère ; dans huit , le sang reflua vers la plaie de l'aorte, jusqu'à ce que l'artère fût entièrement vide; dans quatre , il chemina régulièrement vers l'intestin et ses veines; dans quatre autres enfin, il devint fluctuant, s'avan- çant jusqu'à une certaine distance, puis revenant sur ses pas. En observant les veines mésentériques , sur vingt-deux Gre- nouilles placées dans les mêmes circonstances que les précé- dentes , il vit le sang treize fois conserver sa marche régulière vers le cœur, trois fois rétrograder vers l'intestin , quatre fois suivre les deux directions à la fois dans des branches diffé- rentes , et deux fois devenir fluctuant. Mais quel est l'homme qui possède assez de perspicacité pour pouvoir toujours dé- couvrir pourquoi une même cause produit tel résultat dans un cas , et en détermine un absolument inverse dans l'autre ? Qui auraitja hardiesse de nier des faits vus par des observa- teurs dont on connaît l'exactitude , uniquement parce qu'il ne les aurait pas rencontrés dans quelques expériences ? Qui , enfin , serait plongé assez avant dans le dogmatisme , pour vouloir, en présence de faits semblables , juger toujours la vie d'après la même échelle , et n'en expliquer les phénomènes que par une seule circonstance ? 6° C'est l'idée seule de la vie qui renferme la pleine et entière raison de la circulation. Elle peut la réaliser, parce qu'elle dispose des forces de l'univers, qui, sous sa domina- tion , prennent le caractère de forces organiques ; elle em- ploie aussi les moyens les plus variés pour arriver à son but. Voilà pourquoi la carrière du sang est organisée de manière précisément à concourir au maintien de la circulation ; ainsi , par exemple , il y a des anastomoses qui facilitent et entre- tiennent cette fonction, lorsqu'elle éprouve de la gêne [ou qu'elle rencontre un obstacle momentané , et des valvules qui, interrompant le courant, lui présentent des points d'appui pour assurer la direction normale. Ces dispositions ne sont point des merveilles ni des créations immédiates de l'idée , mais elles résultent de l'organisation elle-même. Dœllinger a vu naître des anastomoses ; de petits courans se détachaient pour cela du courant principal , et y rentraient après un court ira- RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR LE SANG. 1 o5 jet (1) , en sorte qu'ils étaient attirés d'abord par les organes environnans, puis par le courant sanguin lui-même. Il est hors de doute aussi que les valvules se produisent uniquement parce que le sang , qui coule d'une manière saccadée , en- traîne la membrane vasculaire commune avec lui jusqu'à une certaine distance et rallonge. Mais ces dispositions organi- ques ne sont autre chose que des forces générales de la na- ture, attraction et répulsion, impulsion et aspiration, etc., réunies et coordonnées de telle sorte que la vie se trouve réalisée dans leur produit général. La force vitale ne se pré- sente point en personne pour venir au secours de la circula- tion , lorsqu'elle rencontre quelque obstacle ; mais l'activité et l'organisation du système sanguin sont telles qu'elles se ploient à toutes les circonstances qui peuvent survenir, afin d'assurer l'uniformité de la circulation. Ainsi, par exemple, lorsque celle-ci devient gênée , les diverses activités se réu- nissent, et de leur action combinée il résulte que la paroi acquiert plus de force. Plus la masse du sang est considérable , et plus la résistance qu'il rencontre dans son cours est grande , plus aussi le cœur est non pas seulement stimulé , mais encore nourri, de manière que l'épaisseur de ses parois augmente, et que son action devient plus puissante. Dans l'embryon , les deux ventricules ont un même diamètre , et sont égaux sous le point de vue de la force musculaire 5 car le gauche envoie son sang vers la moitié supérieure du corps, et le droit vers l'inlerieure , qui se ressemblent à peu près , eu égard à l'étendue; mais, peu de temps après la naissance, au bout.^ même seulement de quelques jours, d'après Legallois (2), il se développe une inégalité , et le ventricule gauche , qui a une bien plus longue colonne de sang à mettre en mouvement , devient beaucoup plus fort que le droit ; mais si , dans un âge plus avancé , la circulation pulmonaire éprouve un embarras considérable et prolongé , la paroi du ventricule droit devient plus épaisse. De même aussi , dans les vaisseaux, la force des parois se règle sur l'effort du sang ; quand cet effort aug- (1) Denlischriften der Akademie su Muennchen, t. VU, p. 200. (2) œuvres, 1. 1, p. 348. 304 RÉSUMÉ DEâ CONSIDÉRATIONS SUR lE SANG. mente , la nutrition s'active dans la paroi , et lui procure ainsi les moyens d'opposer une résistance plus efficace. Yoilà pour- quoi les artères flexueuses sont plus fortes à la convexilé qu'à la concavité ; dans l'anévrysme variqueux, la veine qui reçoit le courant de sang artériel, acquiert la structure fi- breuse d'une artère ; la grande saphène devient semblable à une artère , vers la cheville interne , par l'effet de la pression du sang chez les sujets qui se tiennent habituellement de- bout (1) ; la station droite de l'homme fait que les fibres de sa veine cave inférieure surpassent en force celles de l'in- férieure , ce qui n'a pas lieu chez les quadrupèdes (2). Ainsi , les phénomènes de la circulation ne nous offrent au- cune spécialité qui domine partout ; on n'y voit qu'une mul- titude de forces qui se déterminent réciproquement , qui s'appellent les unes les autres par un conflit continuel , qui se prêtent un appui mutuel , par le fait même de leur anta- gonisme , et de l'harmonie desquelles résulte la circulation. Le principe de la vie n'est ni dans le sang, ni dans le cœur, ni dans la moelle épinière , ni dans aucun autre organe quel- conque, mais dans le tout. L'étude de la circulation nous procure donc , comme celle du commencement ( § 476 ) et du cours ( § 644 ) de la vie , l'intime conviction que la vie est un déploiement de l'unité en un multiple , et une harmonie de ce même multiple. (d) Meckel , Arcliiv fuer Anatomie, 1828 , p. 338. (2) Marx , Diatribe de structura atque viiâ venarum , p. 27. MÉTAMORPHOSE DU SANG. 105 LIVRE SECOND. De la métamorphose du san b' § 776. Voulant nous procurer un fil qui pût nous servir de guide dans le labyrinthe des phénomènes de la vie végétative, nous avons cherché à découvrir quel pouvait être le point central de cette vie (§ 659 , 2°). Des considérations générales nous Font foit rencontrer dans le suc vital , qui , chez les êtres organisés supérieurs , se présente avec les caractères du sang (§660), et l'étude des propriétés dévolues au li- quide est venue consolider cette théorie ( § 774), qui dirigera nos recherches ultérieures , en même temps qu'elle y trou- vera sa confirmation. Ainsi la vie végétative est pour nous une métamorphose du sang , c'est-à-dire un cercle de phénomènes qui partent du sang immédiatement ou médiatement, et qui y aboutissent. Mais la vie végétative , ou l'ensemble des changemens qui ont lieu dans les corps organisés, sans participation de la conscience ni de la volonté , embrasse des phénomènes matériels et des phénomènes dynamiques. PREMIER EMBRANCHEMENT. Des phénomènes matériels de la vie végétative, § 777. La vie végétative , envisagée sous le point de vue matériel , se manifeste par des formations , ou , en d'autres termes , par des actes qui donnent des produits matériels dé- io6 PHÉNOMÈNES DE LA VIE VÉGÉTATIVE. terminés. Si le sang est le point central des formations , celles- ci se répartissent en deux classes ; les unes procèdent du sang , s'opèrent à ses dépens et reposent sur une décomposi- tion qu'il subit ; les autres se passent en lui-même , réparent les pertes qu'il éprouve dans sa masse et ses parties consti- tuantes , et le créent de nouveau. Ces deux directions de la vie plastique tiennent à ce qu'entre le sang et la substance de l'organisme il y a le même rapport qu'entre le général et le particulier (§ 774, 4°, 5°). En effet , lorsque ce liquide se dé- compose , il se réduit en choses particulières , il périt comme chose générale, au milieu du développement de produits variés, et se résout en formes spéciales différentes les unes des autres; quand il se forme , au contraire , les substances diverses ren- trent dans le sein de l'unité , les différences disparaissent, et les spécialités se pénètrent réciproquement, pour représenter une chose générale. Et comme la vie extérieure n'est partout que l'expression de la vie intérieure , le mouvement du sang annonce aussi , dans ses deux directions , l'antagonisme de ce rapport intime (§ 775 , 1. ) ; le courant artériel ou centrifuge , qui va gagner l'extérieur en se divisant et subdivisant à l'infini, représente , dans l'espace , le déploiement du sang en forma- tions multiples , de même que le courant veineux ou centripète, qui marche vers l'intérieur en réunissant et Confondant pro- gressivement ses innombrables ramifications, révèle la ten- dance à ramener les différentes formes de la matière à la gé- néralité du sang. Ce n'est que dans leur liaison réciproque que ces deux di- rections représentent l'acte de la formation ; mais , avant de les embrasser ainsi d'une manière générale , il faut les consi- dérer chacune à part. Comme elles forment un cercle clos, peu importe, en apparence, l'ordre dans lequel on les examine. Ce- pendant la marche la plus convenable consiste à prendre pour point de départ ce qu'il y a de pkis général , ce qui exige le moins de suppositions, ce qui procure le plus de résultats, c'est- à-dire la décomposition du sang. Cette décomposition a lieu, en effet, de la manière la plus générale, pendant la vie, comme après la mort(§ 665-672) ; à la vérité , elle ne donne pas lieu aux mêmes effets dans les deux cas, puisque dans l'un elle organise NUTRITION ET SÉCRÉTION. 1 07 et dans l'autre elle désorganise : cependant il y a toujours analogie manifeste dans la manière dont elle s'accomplit. Ses produits sont donc les moyens par lesquels la formation du sang parvient à se réaliser , et dont la connaissance doit nécessairement précéder l'étude de cette dernière. Section première. DE LA NUTRITION ET DE LA SÉCRÉTION. § 778. La décomposition vivante du sang embrasse la nu- trition et la sécrétion. 1° Le mot de nutrition est équivoque ; car on s'en sert pour désigner tantôt l'acte tout entier qui constitue la formation continuelle de substance organique , y compris celle du sang; tantôt seulement le début de cet acte , la susception et l'assi- milation de matières étrangères , et même l'acquisition , non pas seulement immédiate, mais encore médiate, des alimens. D'un autre côté, ce terme ne se rapporte qu'à la conservation de ce qui existe déjà , et exclut la formation de nouvelles parties organiques.; La dénomination de sécrétion n'est pas non plus très-con- venable ; car elle part de l'opinion non encore démontrée que les différentes substances organiques existent formées déjà dans le sang , et n'ont besoin que d'en être séparées pour de^ venir manifestes. Cependant ces deux termes sont consacrés par l'usage et généralement compris. Nous ne les remplacerons donc pas par d'autres qui semblent mériter de leur être préférés, et que nous nous contenterons de mettre en regard d'eux. Ce qu'il y a d'important, c'est de se faire une idée nette de ces deux modes de formation. 2" Les substances qui émanent du sang , peuvent , comme les corps en général , être partagées en solides et li- quides , de sorte que les actes dont nous avons à nous occuper comprennent la formation de solides , ou la nulri- 108 NUTRITION ET SÉCRÉTION. tion , et celle de liquides , ou la sécrétion. Mais , de quel- que importance que soit toujours la forme de cohésion , ce- pendant l'essence d'une substance , organique surtout , ne s'exprime jamais en elle d'une manière si explicite que nous puissions la considérer comme celle de toutes les circonstances qui doit fournir les caractères des divisions premières. En effet , à peine parviendrions-nous à établir une démarcation bien tranchée , dans le règne organique , entre solide et li- quide ; tout sort du sang sous forme liquide, et bien des parties qui plus tard acquièrent de la solidité ;, comme , par exemple, l'enveloppe chrysalidaire , n'ont d'abord , même à l'extérieur, que la forme liquide ; d'autres substances , au contraire , l'u- Fine entre autres, se présentent à l'état liquide chez tel ani- mal , et à l'état solide chez tel autre ; enfin il se forme aussi des solides auxquels manque le caractère organique , et qu'on ne peut par conséquent point ranger au nombre des parties organiques , comme le sable de la glande pinéale. 3° Nous avons donc à chercher quel est le rapport de ces formations avec la vie , pour y trouver un principe^ physiolo- gique de division. Car, si le développement des substances diverses qui procèdent du sang sert à la conservation de l'or- ganisme lui-même , il ne peut produire d'autre effet , sinon que ce dernier enchaîne plus intimement à lui-même ce qui convient d'une manière spéciale à son maintien , et repousse loin de lui ce qui est moins propre à remplir cet office. D'après cela , il y a une série de formations dans lesquelles les substances qui se développent du sang viennent prendre place au milieu de la trame organique , comme substratum permanent de la vie ; elles acquièrent la continuité et la déli- mitation par soi-même ; elles prennent une forme organique, c'est-à-dire spéciale , qui se rapporte à la vie , et en vertu de laquelle non seulement elles maintiennent leur existence , mais encore deviennent organes de la vie , ou servent à l'ac- complissement des actions vitales. C'est ce que nous appelons nutrition^ OU, pour employer un terme plus convenable, /o/- ination organique. L'autre série comprend la formation des substances qui n'acquièrent point une forme organique , mais demeurent ,Ia NUTRITION ET SECRETION. IO9 plupart du temps liquides , et qui , lorsqu'elles se solidifient, prennent une forme inorganique , celle de masses informes 6u de cristaux , de sorte qu'elles n'entrent point dans le do- maine proprement dit de l'organisme. Nous donnons à cette formation le nom de sécrétion , ou mieux de déposition orga nique. Ainsi , les résultats de la formation se répartissent en deux classes , les tissus organiques , qu'on appelle aussi tout sim- plement tissus , et les produits inorganiques , qu'on nomme produits sécrétoires, ou même sécrétions; car ce dernier terme s'emploie également pour désigner et l'acte et son résultat. 4° La nutrition dépose bien les produits qu'elle tire du sang à la périphérie de son domaine, mais elle les incorpore à l'organisme. La sécrétion, au contraire, poursuit l'activité artérielle centrifuge jusqu'à ce que le dépôt se soit effectué à l'extérieur, de sorte qu'elle porte le caractère d'une forme supérieure de décomposition. Ainsi , les deux formations sont en antagonisme l'une avec l'autre , comme l'ingestion et l'é- jection , l'attraction et la répulsion ; mais cette différence est purement relative. La répulsion l'emporte dans la sécrétion , mais n'y règne pas seule; car certains liquides sécrétoires sont tellement emprisonnés par la trame organique , qu'ils en deviennent jusqu'à un certain point des parties intégrantes, servant à l'accomplissement des opérations vitales , après quoi ils repassent dans le sang, tandis que d'autres, qui sont re- jetés au dehors, agissent auparavant d'une manière analogue, et restituent au sang une partie de leur substance. De même, la nutrition n'a pas seulement partout pour effet d'enlever au sang le surperflu de matière organisable , mais encore elle consiste fréquemment en un dépôt de matières excrémenti- tielles, qui, entraînées par la substance organisable , passent avec elle dans la forme organique ; de sorte que la même substance , le phosphate calcaire , par exemple , tantôt est éliminée par la voie des sécrétions , et tantôt se trouve admise dans la trame des organes. 50 Ce que la nutrition et la sécrétion ont de commun en- semble ; consiste en ce qu'elles donnent lieu à la formation 110 PRODUITS MATÉRIELS DE LA VIE VÉGÉTATIVE. de produits spéciaux. Ainsi , les humeurs sécrétées diffèrent de celles qui portent ou acquièrent le caractère de la géné- ralité (lymphe, chyle, sang)^ en ce qu'elles ne sont point' renfermées dans des canaux disséminés eux-mêmes par tout le corps, ou dans un système vasculaire, mais se rencontrent à part, et toujours dans des espaces particuliers. Mais , comme la nutrition et la sécrétion sont des formes d'un acte essentiellement identique , entre lesquelles n'existe qu'une différence [purement relative , nous avons aussi à les envisager sous le point de vue qui leur est commun à toutes deux. PREMIÈRE DIVISION. DES PRODUITS MATÉRIELS SE iL& VIE VÉGÉTATIVE. § 779. 1° Notre projet étant ici, comme partout, non de saisir pour ainsi dire au vol l'essence de l'activité vitale ni de rester ensevelis dans le dédale des phénomènes , mais de chercher à nous rapprocher du but pas à pas et autant que nos forces le permettent, nous considérerons le produit avant de porter nos regards sur l'acte même de la formation. Nous étudierons d'abord la substance des divers produits de la formation , pris chacun en particulier (§ 780-829 ) ; puis nous chercherons , par voie de comparaison, à les envisager d'une manière gé- nérale et dans les qualités qui les distinguent (§ 829-837). •PREMIERE SUBDIVISION. DES PRODUITS DE LA VIE VÉGÉTATIVE EN PARTICUIIER. 2° Le premier pas à faire est donc de peindreles différentes formes de la substance organique , d'après leurs propriétés mécaniques et chimiques, afin de reconnaître dans ces pro- duits ce qui est producteur, c'est-ù-dire la force plastique PRODUITS MATERIELS DE LA VIE VEGETATIVE. 1 1 1 organique. ^L'histologie et Thygrologie, dont nous avons à offrir les résultats, présentent des degrés difFérens de dévelop- pement : car, de même que , dans toute étude quelconque , on commence par la surface des objets avant de chercher à pénétrer dans leur intérieur, de même aussi l'histoire de la forme extérieure des corps organisés a été plus élaborée que celle de leur structure intérieure, cette dernière plus que celle des tissus , et celle des qualités mécaniques des tissus plus que celle de leur composition- Bichat fut le créateur de l'histologie , en assignant des caractères précis à chaque classe de tissus. La méthode d'exposition et de classement qu'il avait introduite a été perfectionnée par Meckel , C. Mayer, Heu- singer, Blainville et Weber. Cependant nous trouvons encore une foule de points obscurs en ce qui concerne les tissus dans les différentes classes d'animaux. Mais , ce qui surtout est resté en arrière , c'est la connaissance de la composition des tissus et des liquides ; car, bien que l'analyse des matières animales soit devenue moins superficielle depuis Fourcroy, plus simple et moins violente depuis Berzelius , les chimistes ne l'en ont pas moins traitée comme une chose fort acces- soire , absorbés qu'ils étaient par l'étude des substances in- organiques et végétales. Nul d'entre eux encore n'a soumis toutes les substances du corps humain à une méthode d'exa- men convenable , uniforme et comparative ; aucun n'a même songé à multiplier les expériences pour découvrir quelles sont les diverses modifications sous lesquelles chaque substance s'offre à nous. La chimie animale, malgré la richesse et l'ex- cellence de ses matériaux , ne consiste qu'en fragmens dé- tachés, et nous sommes encore dans l'attente d'un travail approfondi, exécuté d'après une méthode simple, qui la coor- donne en un corps complet de doctrine. 3° Le soin minutieux que les modernes apportent dans leurs recherches n'aboutit souvent qu'à morceler la science; car, pour peu qu'une chose ne soit pas sur un point telle préci- sément qu elle est sur un autre , on s'empresse de la regarder comme toute particulière ; de sorte qu'on multiplie les tissus et les substances , sans les ramener à un point de vue général , et sans chercher ainsi à reconnaître d'où peut dépendre cette 1 ! Ù. PRODUITS MATERIELS DE tA VIE VÉGÉTATIVE. diversité. Rien , dans l'organisme , n'est unique en son genre et dénué d'analogue ; mais rien non plus n'est partout iden- tique. La même peau diffère de tissu au crâne et à la face, au dos et au ventre , à la paume des mains et à la plante des pieds , au gland et au scrotum ; le sens du goût reconnaît des différences dans les muscles de la langue , de la poitrine , des lombes et de la cuisse d'un même animal , comme aussi dans le même muscle provenant d'animaux divers. Aller à la re- cherche des spécialités , et les distinguer nettement les unes des autres , est l'élément de la science ; mais celle-ci ne fait des progrès qu'autant qu'on saisit ce qu'il y a de commun dans le multiple , pour étudier ensuite comparativement les différences spéciales. 4° En me plaçant sous le point de vue actuel de nos connais- sances , je vais essayer de présenter un système naturel des produits de l'activité plastique, c'est-à-dire des tissus et des sécrétions. Mon but est de saisir le caractère général de ces divers produits, et d'arriver à une image nette et complète de la plasticité organique. Pour y parvenir, je ne me bornerai point à présenter le mode de formation et les rapports vitaux des produits , avec leurs qualités physiques et leurs propriétés chimiques ; je prendrai aussi pour base de classification l'idée qu'on doit se faire d'eux, et qui repose sur le rôle qu'ils jouent dans la vie. Je présenterai ma classification sous les dehors d'un système , parce que c'est le seul moyen de donner une idée claire des choses d'après la liaison qui existe entre elles et leurs rapports mutuels, et je mettrai en usage la méthode dichotomique , parce que tout système non fondé sur des caractères qui s'excluent réciproquement , est arbi- traire. Mais, les limites n'étant jamais aussi tranchées dans la nature que notre esprit les pose , je donnerai un système na- turel, c'est-à-dire un arrangement logique qui exprimera en même temps les affinités , tant parce qu'il signalera les chaî- nons intermédiaires et les points de transition, que parce qu'il fera connaître les séries qui marchent parallèlement les unes aux autres. PRODUITS ORGANIQUES DE LA VIE VEGETATIVE. Il5 PREMIERE SERIE. Dos produits organiques de la vie végétative. Pour avoir un point de départ fixe , j'examinerai d'abord l'organisation humaine (§ 780-797 ) , qui est celle dans laquelle les diverses faces de la vie sont le plus développées et le plus nettement trancliées. Puis je ferai connaître d'une manière sommaire les particularités correspondantes qui se présentent dans la série animale ( § 798-808). J'aurai bien moins de remarques encore à faire sur la substance végétale, qui, avec un tissu homogène , présente une grande diversité , tant dans la composition que dans la configuration extérieure. Du reste , si j'emprunte à l'histoire naturelle les termes de règnes, classes , ordres , etc., pour désigner les coupes que j'ai établies parmi les produits de la vie plastique , c'est uni- quement dans la vue de rendre la construction du système plus facile à saisir. PREMIÈRE SOUS-SÉRIE. I)es produits organiques de la vie végétative chez l'homme. § 780. !<• La vie consiste dans une continuité de formation spontanée et de conflit intérieur. Pour cela, il faut que les orga- nes aient des relations intimes les uns avec les autres , et qu'ils soient variables à un haut degré , afin de recevoir toutes les impressions et de pouvoir se maintenir par une mutation con- tinuelle de leur substance. Mais l'organisme fait aussi partie du monde, à la surface duquel il entre en contact avec la nature inorganique : ses organes doivent donc avoir là un autre caractère , pouvoir résister davantage aux actions mécaniques et chimiques des corps extérieurs, être plus aptes à modérer la propagation de ces impressions au reste de l'or- ganisme, par conséquent aussi êlre moins variables et moins susceptibles d'agir sur les autres organes . en d'autres termes vir. 8 ] i4 PARTIES PRODUITES PAR INTUSSUSCEPTIOK. être moins organiques et vivans , et se rapprocher des corps inorganiques. D'après ces vues, la création des parties organisées, ou la formation organique, se partage en deux règnes, celui des parties qui se produisent par intussusception , et celui des parties qui se forment par juxtaposition simple. CHAPITRE PREMIER. Des parties produites par intussusception. Les parties comprises dans le premier règne sont les sup- ports proprement dits de la vie, et elles communiquent libre- ment ensemble par le moyen du système vasculaire, qui se distribue dans leur intérieur. Recevant ainsi en elles la ma- tière générale de l'organisme, le sang, elles ont une vie pro- pre, qui se manifeste par la productivité. A elles, en effets, se rapporte la nutrition proprement dite, c'est-à-dire qu'elles subsistent par une mutation interne de matière , et croissent , non par addition de nouvelles couches extérieures , mais par le dedans , en quelque sorte par une intumescence , reposant elle-même sur la succion ou l'imbibition. V La vie se manifeste sous deux formes différentes, comme vie végétative et comme vie animale ( § 685 , l*' ) ; les parties produites par intussusception , qui en sont les supports , doi- vent donc se partager aussi en deux classes. ARTICLE I. Des parties qui se 7'appoitent à la 'vie plastique. Lupremière classe des parties produites par intussusception comprend celles qui se rapportent à la vie plastique. Leur caractère consiste en ce qu'elles font servir le sang qui leur arrive , non seulement à leur propre nutrition , mais en- core à la production d'une autre substance, solide ou liquide. SYSTÈME CELLULAIRE. 1 1 5 Elles ne sont donc pas indépendantes, et n'existent point pour elles-mêmes , mais servent à un autre but par leur force plas- tique. Conformément à cette destination , leur action se di- rige dans le sens des surfaces , et par cela même la forme la- mellaire prédomine en elles. Lorsque cette forme est déve- loppée d'une manière bien nette, elles tiennent par une de leurs faces au système vasculaire , qui leur procure les maté- riaux de leur formation , tandis que sur leur face opposée se déploie le produit auquel elles donnent naissance avec le su- perflu de leur propre nutrition. 3° La formation de substance est double à son tour; tantôt elle puise ses matériaux dans l'organisme lui-même , et y dépose son produit ; tantôt elle prend ses matériaux dans le monde extérieur , où elle rejette aussi son produit. Cette classe comprend donc deux ordres, les tissus plas- tiques qui servent au conflit intérieur ( § 781), et ceux qui servent au conflit extérieur ( § 784 ). !• Système du tissu cellulaire. § 781. Le premier ordre embrasse le système dti tissu cel- lulaire. 1° Ce système occupe le dernier échelon de la formation ; il se répand dans l'organisme entier ; en sa qualité de produit organique commun , il fait antagonisme à tous les produits particuliers ; il se dépose à la surface de tous les tissus nour- riciers spéciaux , la plupart du temps même entre leurs élé- mens , ce qui fait qu'il sert de moyen d'union , et en même temps d'isolateur; il n'a point de nerfs, et l'humidité qui y adhère fait de lui le siège principal de la plasticité, notam- ment l'intermédiaire de la nutrition. Il a encore pour carac- tère que son intérieur est clos par rapport au monde exté- rieur , de sorte que le contact soit de l'air ou d'autres corps, soit des produits sécrétoires du système cutané, répugne à sa nature et excite un état inflammatoire ; mais il est intérieure- ment partagé en espaces plus ou moins clos, ou en cellules, qui lui ont valu le nom sous lequel on le désigne , de manière Il6 SYSTÈME CEILtJIAIRE. que son extension par tout le corps est le fait de la contijO^uité et non de la continuité. Sa substance est transparente, inco- lore , extrêmement délicate et molle , cependant extensible et contractile jusqu'à un certain point. Ordinairement il est étendu en surface, ou représente des feuillets simples , dans lesquels on ne peut distinguer d'autres parties élémentaires qui les constituent. Lorsqu'on le fait bouillir dans l'eau , il donne de la gélatine. 2° Le tissu cellulaire se présente tantôt en masse, et tantôt sous la forme de tissus particuliers , ce qui fait que ' l'ordre renferme deux genres. A. Tissu cellulaire proprement dit. Le premier genre comprend les tnasses de tissu cellulaire. Dans ces masses , la forme est vague, et la séparation des cellules incomplète, attendu qu'elles se trouvent situées entre des tissus organiques, aux faces limitrophes desquelles il leur faut s'accommoder. C'est là le tissu cellulaire proprement dit^ divisé lui-même en deux espèces , qu'on appelle atmosphé- rique et parenchymateuse , suivant qu'il occupe ou les inter- stices des organes ou ceux de leurs parties élémentaires. 1. œiSSt] CEUTILAÎRE ATMOSPHERIQUE. La première espèce , ou le tissu cellulaire atmosphérique , porte aussi le nom de tissu muqueux ou tissu plastique. On trouve ce tissu entre les divers organes , dans les espaces qu'ils laissent vides. De cette manière, l'humidité dont il est imprégné forme une sorte d'atmosphère qui enveloppe chaque partie , mais qui , sous la peau , oii il abonde plus que partout ailleurs , entoure la surface entière du système locomoteur. Il accompagne et entoure surtout les nerfs et les vaisseaux dans leur trajet. Comme il est déposé dans des espaces vastes , par conséquent en quelque sorte libre et fort abandonné à lui-même, le degré inférieur d'organisation du système auquel il appar- SYSTÈME CELLULAIRE. II7 tient, fait qu'il n'a point de configuration arrêtée ; il est extrê- mement mou, et d'une consistance qui se rapproche de celle du mucus, très-extensible et facile à comprimer, de sorte qu'il rend possible et facilite tout déplacement des organes entre lesquels il se trouve déposé. Pendant que sa forme est ainsi déterminée et diversement modifiée par les parties entou- rantes , il représente , considéré dans son ensemble , un tissu spongieux de lamelles et de fibres qui se croisent en tous sens, laissant entre elles des intervalles irréguliers ou des cellules de forme et de grandeur inégales. Au lieu d'admettre que ces cellules ont une organisation fixe et régulière , Wolff (1) , marchant à cet égard sur les traces de Bordeu^ prétendait que le tissu cellulaire est une substance amorphe et demi-liquide , à laquelle i sa consi- stance visqueuse et gluante permet de prendre toutes sortes de formes , et de filer entre les doigts , ou de se convertir en bulles , comme l'eau de savon , par l'effet de l'insufflation. Dans cette hypothèse, les formes qu'on lui attribue ne seraient que l'effet d'actions mécaniques. Mais si l'on ne distingue pas bien nettement la structure du tissu cellulaire , c'est parce qu'il a trop peu de consistance ; c'est encore , comme le fait remarquer Weber (2) , parce que ce tissu et la sérosité qui l'imbibe réfractent la lumière à peu près de la même ma- nière, circonstance qui empêche également de voir la struc- ture celluleuse , d'ailleurs incontestable, du corps vitré. Le tissu cellulaire n'est point une substance liquide ; car il ne coule ni ne dégoutte, quand il manque d'appui; on ne voit ja- mais non plus une substance demi-fluide produire, quand on la fait filer entre les doigts , des lames et des fibrilles en- trecroisées, laissant entre elles des interstices, ou, quand on introduit de l'air dans son intérieur , et qu'on la fait sécher ensuite , prendre et conserver la forme de cellules anguleuses, à parois solides. La meilleure manière de constater la texture du tissu cellulaire est d'examiner celui qui se rencontre entre (1) Nova Acta Academice Petropolitanœ, t. VI, p.'2S9 ; t. VII , p. 278 ; t. VIII , p. 269. (2) Anatomie dos Menschcn ^ t. I , p. 235. U8 SYSTÈME CELLULAIRE. la peau et les muscles , mais surtout celui qui , sans être lui- même anormal, se produit par l'effet d'un état anormal, entre les poumpns et la paroi de la poitrine. On peut aussi le re- connaître dans les parties frappées d'œdème , lorsque la sé- rosité accumulée s'est prise en gelée (1), ou convertie en gla- çons par l'action du froid. Enfin on en acquiert une idée nette en ayant égard à la forme correspondante des tissus celluleux ( § 782 ) , dans lesquels elle ne devient plus évidente qu en vertu de leur isolement et de l'opacité de leur contenu. 4° Le tissu cellulaire atmosphérique ressemble aune éponge, dans laquelle les liquides peuvent être chassés d'un point vers un autre. Ainsi , dans le cas d'infiltration , on le voit se débar- rasser, par une incision , de la sérosité qui s'y était accumulée à la suite d'un état morbide. On peut, en introduisant de l'air par une ouverture pratiquée à la peau , l'insuffler sous la sur- face entière de cette membrane; dans cet emphysème ar- tificiel , comme dans celui qui est l'effet d'une maladie , l'air cède à la pression et fuit devant elle. Partout où des vaisseaux, des nerfs et des muscles , entourés de tissu cellulaire atmo- sphérique, pénètrent dans des cavités intérieures, on peut, en faisant une incision à la peau d'une région voisine , pous- ser de l'air ou de l'eau dans ces cavités; ainsi on parvient ai- sément à en introduire par les cuisses dans le bassin , ou par les bras dans la poitrine et même dans les poumons , phéno- nomène sur lequel Portai (1) a appelé l'attention des physio- logistes. Cette facilité de propagation tient en partie à ce que les cellules, formées par des lamelles qui s'entrecroisent d'une manière irrégulière , sont pour la plupart ouvertes de plu- sieurs côtés , en partie à ce que le tissu cellulaire se déchire aisément , surtout dans ses lamelles ; aussi les corps étrangers qui ont pénétré sous les tégumens, notamment les projec- tiles lancés par la poudre à canon , cèdent-ils peu aux mou- yemens qu'on leur imprime, mais changent-ils insensiblement de place , sous l'influence de la pression des muscles ou de leur propre pesanteur , parce qu'ils déchirent le tissu celiu- (1) Coiu's d'anatomie médicale , t. II , p. 4. SYSTÈME CELLULAIRE. 1 IQ laire, qui ne tarde pas ensuite à se cicatriser derrière eux. De même, ce tissu oppose toujours quelque résistance aux li- quides , comme le prouvent et l'écoulement incomplet de la sérosité par une plaie faite à une partie œdématiée, et la cré- pitation qu'on produit en appuyant sur un organe frappé d'em- physème . 5° Les vaisseaux sanguins qui traversent le tissu cellulaire lui donnent des ramifications très-déliées, qui, dans l'état nor- mal, ressemblent à des fibres incolores, mais qui prennent une couleur rouge dans les inflammations, et qu'on peut aussi rendre visibles par des injections. D'après la figure qu'en a donnée Bleuland (1) , ils affectent , généralement parlant , une direction assez droite , et se partagent , sans dimi- nuer beaucoup de diamètre , en branches divergentes , qui , par leurs anastomoses , forment un réseau à mailles plus ou moins rhomboïdales. Berres (2) les représente comme des vaisseaux onduleux , unis , par des ramifications très-déliées, en un réseau qu'il nomme réseau artériel flexueux, et dont il fait une forme particulière de distribution des vais seaux. Il a trouvé le diamètre des vaisseaux d'un réseau de ce genre, dans le plexus choroïde d'un enfant, de 0,0024 à 0,0216 ligne, mesure de Vienne. 6° Mais les feuillets ou filamens du tissu cellulaire parais- sent consister uniquement en une masse homogène; du moins, les élémens mécaniques qu'on prétend y avoir découverts à l'aide du microscope , sont-ils très-problématiques. D'après Heusinger (3) , il se compose en entier de corpuscules arron- dis , qui sont beaucoup plus gros que les globules du sang. Weber (4) , au contraire , n'y a trouvé que des globules isolés, épars , mais plus petits que les globules du sang , et qui ap- partenaient peut-être à la sérosité dont le tissu cellulaire est (1) Icônes anatomico-physiologicœ partium corporis humani et anima- lium , 1. 1, L V. (2) Medicinische Jalirhueclier des œsterreioliisclien Staates. t. XIV, p. 125. (3) System der Histoloyie , p. 125. (4) Anutomie des Menschen , t. I , p. 164. 120 SYSTÈ-ME GELLULAIRE, imbibé. Suivant Krause (1), ce dernier consiste en un assem- blage de fibres b'sses , transparentes, lïexueuses, entrecroisées les unes avec les antres, qui ont depuis 0,00028 jusqu'à 0,00083 ligne de diamètre , et de petites masses irrégulières , tantôt éparses enire les fibres , tantôt rapprochées les unes des autres et presque confluentes , dont le diamètre est de 0,00058 à 0,00384 ligne. 1° Exposé à l'air , il se dessèche rapidement , se resserre sur lui-même , ne jaunit pas comme le tissu scléreux , mais conserve sa transparence, ou, s'il forme plusieurs couches su- perposées , prend une teinte blanche et acquiert l'apparence d'une membrane séreuse. Desséché à la chaleur , il devient cassant et friable. Il a une affinité adhésive pour l'eau , et attire l'humidité de l'atmosphère. Il est totalement ou en grande partie insoluble dans Teau froide ; quand il y demeure plongé pendant long-temps , il se gonfle , passe à la fermentation acide , et subittard la putréfaction, pendant laquelle il dégage moins d'ammoniaque que d'autres matières animales. Dans l'eau chaude , il se condense ; ce n'est qu'après une ébullition prolongée qu'il se dissout , en laissant un petit résidu et don- nant de la gélatine. Plongé dans l'alcool , il se contracte. Les acides et les alcalis concentrés le dissolvent. Exposé à la flamme , il brûle difficilement , et en répandant une odeur moins désagréable que d'autres substances animales ; il donne aussi moins d'huile , d'ammoniaque et de gaz fétides à la dis- tillation ; du reste , il laisse un charbon léger , et qui ne tarde pas à s'incinérer. Il paraît contenir 'moins d'azote et d'hydro- gène que d'autres matières animales. On ne sait point encore positivement quels sont les matériaux immédiats, autres que la gélatine , qu'il renferme ; suivant John (2) , la gélatine y est combinée avec une petite quantité de fibrine et de phosphate calcaire : il paraît contenir très-peu d'albumine. (']) Handhvcli dcr mcnsclilichcn AiuUomic , t. I, p. d3. (2) CkcmiscIiQ Tahcllcu des Thicrrcichs , p. 29, SYSTEME CEtLUUIRE. 121 2. TISSU CELlIJLàIRE PARENCHÏMATEUX. S°La seconde espèce comprend le tissu cellulaire parenchy- mateux. Par opposition au tissu cellulaire atmosphérique , qui occupe de plus grands espaces , entre des organes distincts , et qui par cela même jouit d'une plus grande liberté , le tissu paren- chymateux se trouve englobé dans la texture des organes mêmes , entre leurs parties élémentaires , et par conséquent plus enchaîné. Ainsi on le rencontre entre les fibres des mus- cles , des nerfs et des tissus scléreux ; entre les fibres ou les lamelles du diploé , où il porte le nom de membrane médul- laire ; entre les différentes couches des membranes, par exem- ple entre la tunique muqueuse et la tunique musculeuse ; entre les ramifications des vaisseaux et des nerfs , dans les glandes vasculaires ; entre les ramifications de la membrane muqueuse, des vaisseaux et des nerfs, dans les glandes proprement dites et les poumons ; enfin, entre les divisions grandes et petites des tissus, notamment les faisceaux de ceux qui sont fibreux , et les lobes de ceux qui sont ramifiés. Mais, tandis qu'il'pénètre de cette manière les tissus pourvus d'une vitalité propre ou les tis- sus qui vivent par intussusception, il se réduit à si peu de chose dans ceux d'entre eux où la vitalité arrive à l'un de ses deux extrêmes , qu'à peine l'y reconnaît-on encore , ou que même on n'en aperçoit plus de traces. Ainsi , il s'efface d'un côté dans le cartilage, dont la masse homogène n'a qu'un minimum de vie , de l'autre entre les fibres musculaires du cœur et les fibres médullaires du cerveau , par conséquent dans les or- ganes centraux, où la vie est parvenue'au maximum. Il prend la forme de lames ou de fibres , suivant que l'exigent les par- ties qui l'entourent , et affecte aussi celle de cellules irrégu- lières dans les organes rameux. Mais', au milieu de ces mo- difications, il paraît être partout une^seule et même substance, semblable au tissu cellulaire atmosphérique ; car ce qu'on appelle parenchyme particulier et propre est le résultat du mode spécial de contexture des parties élémentaires dans chaque organe. 122 SYSTÈME CELLULAIRE. B. Organes celluleux. § 782. 1° Le second genre du système du tissu cellulaire (§ 781j 2°) comprend les organes celluleux , dans lesquels la substance ne représente plus une masse confuse de lamelles et de fibres , mais a acquis une forme mieux déterminée. Comme , en leur qualité de formations plastiques (§ 780, 2°), la forme de surface prédomine dans ces parties , et qu'elle y est plus développée que dans les masses de tissu cellulaire placées au dessous d'elles, sous le point de vue de l'organisa- tion, elles affectent la forme de membranes ; mais les mem- branes qu'elles représentent sont, comme les masses dont nous avons parlé précédemment , délicates, minces, incolores, transparentes et simples dans leur texture. D'un autre côté , par cela même qu'elles occupent un rang plus élevé dans leur système , elles constituent des cellules closes , qui sont bien encore très -répandues dans l'organisme, mais qui cepen- dant n'ont pas partout des caractères communs et identiques , comme les masses celluleuses, en présentent au contraire quel- ques uns de spéciaux , et revêlent des formes assez diver- sifiées. De même que les masses celluleuses se divisent en tissu cellulaire libre ou atmosphérique et en tissu cellulaire en- chaîné ou parenchymateux , de même aussi les parties cellu- leuses se partagent en deux familles , celle des vésicules et celle des enveloppes. 1. VÉSICUIES. 2" La première famille est celle des vésicules. La forme fondamentale propre au système du tissu cellu- laire se développe de la manière la plus libre dans les vési^ cules. Comme ce système , en général , a pour caractère de constituer *; un tout clos et de produire dans son intérieur ( § 781 , 1» ) , nous avons ici des cellules fermées , qui ne ren- ferment autre chose que leur propre produit ; attendu qu'elles SYSTÈME CELLULAÏKE. 123 reçoivent le sang des vaisseaux qui se répandent sur leur surface externe et déposent au dedans d'elles-mêmes le li- quide auquel elles ont donné naissance à ses dépens. Les cellules constituent aussi une série dont les premiers chaînons sont libres , et déterminés par eux-mêmes quant à leur forme, tandis que les derniers, appliqués à d'autres par- ties , dépendent jusqu'à un certain point de celles-ci , eu égard à leur configuration , et font ainsi le passage des vésicules aux enveloppes. De là deux genres de vésicules , les adipeuses et les sé- reuses. a. Vésicules adipeuses. o° Le premier genre se compose des vésicules adipeuses. Les vésicules adipeuses sont caractérisées , non seulement par les qualités propres de leur contenu , la graisse , mais en- core parce que toutes sans exception ont des dimensions fort exiguës , se groupent les unes auprès des autres , et spnt réu- nies par du tissu cellulaire en petites masses , agglomérées de même en masses plus considérables , qui , principalement sous la peau, forment une couche à laquelle on a donné le nom de paùnicule adipeux (panniculus adiposus). On les obtient iso- lées, suivant Raspail (1), en déchirant un morceau dégraisse ferme , sans l'écraser, sous un petit filet d'eau , et au dessus d'un tamis à mailles assez larges, ou en laissant séjourner un lambeau de graisse fluide soit dans l'acide nitrique , soit dans la potasse liquide , • ou enfin en laissant dessécher spontané- ment à l'air un flocon de graisse. 4° Les vésicules adipeuses n'ont pas toutes la même gros- seur. Leur volume est évalué de 0,0150 à 0,0199 ligne par Monro (2), de 0,0150 à 0,0300 par Heusinger (3), de 0,0285 (1) Nouveau système de chimie organique , p. 184 , 486 , 187. (2) Ablildung und Beschreibung der Schleimsœcke , p. 62, (3) System der Histologie , p. 131. , 124 SYSTÈME CELLULAIRE. à 0,0420 par Weber (1), de 0,0092 à 0,0454 par Krause (2), de 0,0088 à 0,0211 chez l'enfant, et de 0,0177 à 0,0620 chez l'adulte , par Raspail (3). 5° Elles sont sphériques ou oblongues ; mais quand Ras- pail avait laissé dessécher un flocon de graisse à l'air, il les trouvait aplaties dans les endroits oii elles étaient serrées les unes contre les autres , et offrant , sur la tranche , l'apparence la plus parfaite du tissu cellulaire des végétaux. ; 6° Elles ont des parois minces , transparentes , et sont com- plètement closes. Aussi la graisse n'en découle-t-elle que quand on les écrase , ou qu'on les foit crever par l'action de la chaleur. Dans l'état normal, elle ne peut point se déplacer, comme il arrive à la sérosité qui s'est amassée, ou à l'air qui a pénétré dans le tissu cellulaire. 7° Chaque vésicule reçoit des vaisseaux capillaires, aux- quels elle tient 'comme un grain de groseille à son pédicule , et qui se répandent sur sa paroi. C'est ce que Monro, en par- ticulier, a démontré par des injections. 8° Les vésicules les plus rapprochées les unes des autres et qui tiennent ensemble par leurs vaisseaux capillaires de ma- nière à représenter une sorte de grappe , sont unies , par uii entourage celluleux(§783, 3°), en un petit grumeau, qui lui- même l'est à d'autres, et ainsi de suite , l'entourage celluleux devenant toujours de plus en plus dense et ferme. Dans les interstices que laissent entre eux'; tous ces lobes et lobules, marchent les vaisseaux qui se ramifient sur les vésicules. 9° Les vésicules adipeuses sont toujours situées dans du tissu cellulaire, soit atmosphérique, soit parenchymateux , comme le nerf ou l'os (4). (1) Anatomie des Menschen , t. I , p. 444, (2) Handhucli der manscldichen Anatomie , 1. 1, p. 15. (3) Nouv. syst. de chiiii. organique , p. 188. (4) Béclaid , Additions à l'Anatomie générale de Bichat , p. d64. SYSTÈME CEILULA.IRE. 125 b, yésicules séreuses. 4° Le second genre comprend les vésicules séreuses. Les vésicules séreuses diffèrent des vésicules adipeuses, non seulement par la nature de leur contenu , mais encore par leur grandeur, qui est bien plus considérable , quoique d'ail- leurs elle varie beaucoup. Eiies ne sont point rapprochées les unes des autres et groupées, mais éparses et isolées. Fré- quemment aussi elles se renversent en dedans , ou même sont partagées en cellules par des cloisons. Elles maintiennent l'in- dépendance extérieure des organes ; car elles s'établissent entre ceux qui doivent se mouvoir les uns sur les autres , les séparent , les empêchent de contracter adhérence ensemble , et facilitent leurs mouvemens par la sécrétion qu'elles four- nissent. Ayant ainsi des usages qui se rapportent au méca - nisme , elles sont presque partout en contact avec le tissu sclé- reux ou avec le tissu musculaire. Leur nombre est fort grand, et par conséquent leur surface considérable , en les prenant collectivement. 11° Leurs parois sont minces , transparentes , incolores ou blanchâtres , sans fibres , molles , flexibles , un peu extensi- bles et contractiles. Vues au microscope , elles ressemblent au tissu cellulaire. Par la macération et l'insufflation, elles se ré- duisent totalement en tissu cellulaire ; il n'y a donc point de différence essentielle entre leur substance et celle de ce der- nier ; seulement elle est plus condensée , surtout à la face interne. Aussi donnent-elles une dissolution de gélatine quand on les fait bouillir lentement dans de l'eau, et ont-elles peu de propension à la putréfaction . 12° Leur face externe est raboteuse et unie aux parties voisines par une couche de tissu cellulaire tantôt dense et tan- tôt lâche. C'est par cette face que les vaisseauxleur arrivent et se répandent en elles ; ce sont pour la plupart des capillai- res incolores, mais qu'on peut injecter par les artères, et qui, dans les inflammations , admettent du gang rouge dont la pré- 126 SYSTÈME CELLULAIRE. sence les rend visibles. D'après Berres(l), leur diamètre moyen est de 0,0096 ligne ; les plus fins en ont un de 0,0024 à 0,0036. La plupart d'entre eux se ramifient d'une manière dendritique , et se réunissent en un réseau , dont les mailles sont oblongues et larges. On voit fréquemment des vésicules adipeuses se déposer à la face externe des vésicules séreuses ; ce qui arrive surtout quand ces dernières produisent, en se renversant sur elles-mêmes ou se plissant , deux surfaces si- tuées vis-à-vis l'une de l'autre, car des vaisseaux nombreux parcourent ces sortes de plis. 13° La face interne est lisse , dense , sans vaisseaux per- ceptibles. Les inégalités qu'on prétend y avoir aperçues avec le secours de la loupe , ou après plusieurs jours de macéra- tion (2) , ne sont au moins pas générales et essentielles. 14° Les vésicules séreuses se partagent en deux sous-gen- res , selon qu'elles appartiennent au système animal , ou au système plastique. * Vésicules séreuses des organes de la vie animale. Le premier sous-genre comprend celles qui sont appliquées à des organes de la vie animale , soit périphériques , soit cen- traux. De là deux espèces. ^ t i^ésicules séreuses des organes périphériques de la me animale. Les vésicules séreuses de la première espèce appartiennent aux organes périphériques qui servent au mouvement ou aux fonctions sensorielles. Elles constituent donc deux variétés. A. Capsules S3'noviales. 16" On donne aux vésicules séreuses de la première variété , ou à celles des organes du mouvement , le nom de capsules (1) Medicinisclie Jahrhuecher des œstcrrcicMschen Staates , t. XIV > p. 424. (2) Gendrin , Hist. anat. des inflammations , 1. 1 , p. 46. SYSTÈME CEUULAIRE. 12^ synoviales. Elles sont attribuées au système du mouvement volontaire , mais principalement à la portion scléreuse et su- bordonnée de ce système. Ce qui les distingue surtout, c'est qu'elles sécrètent un liquide épais et visqueux , qu'on appelle synovie , au moyen duquel elles forment des espèces de cous- sins élastiques aux parties qui reposent sur elles et dont elles facilitent ainsi les déplacemens. Elles diffèrent , suivant que les parties entre lesquelles elles sont situées changent de situation les unes à l'égard des autres^ ou dans le sens de leurs surfaces ou dans celui de leur axe. \ a. Capsules synoviales latérales. 16° La première sous-variété comprend les capsules synO" viales Za^eVaZes^ appelées 'àW?,ûhourses muqiteuses .^ qu'on ren- contre entre des surfaces destinées à se déplacer ou à glisser l'une sur l'autre. Ce sont celles qui se rapprochent le plus dn tissu cellulaire atmosphérique , dont on ne les dislingue même que par un examen attentif. On peut les considérer comme des développemens de ce tissu , comme des cellules qui en auraient été pour ainsi dire détachées, et qui se seraient closes de toutes parts ; car lui-même est plus abondant et plus la- melleux partout où s'accomplit un mouvement étendu. 17° Ces réflexions s'appliquent surtout aux bourses mu- queuses sous-cutanées^ dont l'histoire a été perfectionnée prin- cipalement par les recherches de Schreger (1). Elles sont situées dans les couches profondes du tissu cellulaire , entre la peau et la gaîne aponévrotique des muscles. On les trouve plus développées que partout ailleurs dans les points où cette gaîne repose non sur une couche musculaire , mais immédia- tement sur la saillie d'un os , et de préférence au côté des articulations où la peau se tend le plus pendant la flexion. Leur volume varie beaucoup. Les plus petites ressemblent à des vésicules adipeuses isolées et grossies. Quelques unes sont sphériques , d'autres oblongues , la plupart aplaties. On en (1) De htirsis mucosis mhcxitaneis, Erlangue, 1825, in-fol, îaS SYSTÈME CELLULAIRE. trouve^ qui sont divisées en plusieurs comparlimens par des cloisons. 18" A l'égard des autres capsules synoviales latérales, il n'y en a que fort peu qui soient situées entre deux muscles ; car, en général^ elles sont en contact, d'un côté au moins, avec le tissu scléreux ; peu d'entre elles s'appliquent des deux côtés au périoste de deux os qui se touchent pendant le mouve- ment , ou sont placées entre deux tendons ; la plupart se ren- contrent entre le périoste et des muscles ou des tendons. Celles qui sont simples , et qu'on nomme bourses muqueuses pro- prement dites , ou bourses muqueuses vésiculaires , tiennent de près aux bourses muqueuses sous-cutanées , tandis que celles qui se renversent sur elles-mêmes, et qu'on appelle bourses muqueuses vaginales , se rapprochent des vésicules séreuses enveloppantes , puisque leur moitié extérieure ta- pisse la gouttière dans laquelle passe un tendon , et que leur moitié extérieure ou renversée revêt ce tendon lui-même. (i Cirpsitles synoviales articulaires, 19° La seconde sous^viariété coïîï^VQXià. les capsules synoviales articulaires , qui sont situées entre des os mobiles les uns sur autres dans le sens de leur axe. La face extérieure ^et cellu- leuse de ces capsules adhère aux surfaces cartilagineuses qui occupent le bout de chaque os, et sur les côtés auxligamens qui retiennent en place les pièces osseuses articulées ensem - ble. Les vaisseaux sanguins visibles ne se répandent que dans la portion latérale , celle qui tient aux ligamens ; cependant , les inflammations en font apparaître aussi dans celle qui ta- pisse les cartilages articulaires (1). Il arrive fréquemment aux capsules synoviales de former des plis saillans dans leur inté- rieur , qui tantôt renferment , indépendamment de nombreux vaisseaux sanguins , des amas de graisse ayant l'apparence de franges , tantôt revêtent les parties du système scléreux étendues dans l'articulation (cartilages inler-articulaire , (d) Ecclavd , Atlili lions à l'AnalonUe 8*^néi-ale de Bichat , p. 249, SYSliME CELLULAIRE. 129 tendons , ligamens articulaires internes) , et les placent ainsi en dehors de la cavité articulaire proprement dite. B. Vésicules séreuses des organes sensoriels> 2° A la seconde variété se rapportent les vésicules qui appar- tiennent aux organes sensoriels, et qui toutes sont extrêmement délicates. Ici se rangent : la membrane de l'humeur aqueuse, qui est située entre la face postérieure de la cornée transparente et la face antérieure de l'iris, de manière que sa cavité représente la chambre antérieure de l'œil; la membrane, signalée par Ar- nold (1) , sous le nom d'arachnoïde oculaire, dont l'une des moitiés s'attache à l'enveloppe scléreusede l'œil, et l'autre à la choroïde ; la membrane du corps vitré , qui , placée entre le cristallin et la rétine , se renverse sur elle-même à sa face postérieure , représente ainsi un canal dans lequel chemine une branche de l'artère centrale de la rétine , et envoie de là un grand nombre de feuillets très-minces , qui forment une multitude de cellules. De même que cette vésicule , avec son contenu , constitue l'appareil sur lequel la rétine est tendue , de même aussi les petits sacs du labyrinthe , avec ses canaux demi-circulaires et son limaçon , sont des vésicules séreuses , qui servent à l'expansion du nerf auditif. Les vésicules de celte catégorie varient beaucoup , ce qui devait être pour qu'elles fussent enharmonie avec les organes sensoriels auxquels elles se rapportent. Weber(2) assure que la membrane de l'humeur aqueuse de l'œil diffère des autres vé sicules séreuses, même sous le point de vue chimique, attendu qu'elle ne se résout point en gélatine par l'ébullition. tt Vésicules séreuses des organes centraux de la vie animale. 21° La seconde espèce de vésicules séreuses appartenant à des organes de la vie animale , embrasse celles du centre de (1) Aiiatomische u?id physiologische Untersuchungen , p, 33> (2) Anatomie des Menschen , 1. 1, p. 71. VII. 9 IQO SYSTÈME CErXULAIP.Ë. celte vie , ou T arachnoïde du cerveau et de la moelle épi- nière. L'arachnoïde cérébrale et rachidienne , comme l'arachnoïde oculaire, est située entre une membrane scléreuse et une membrane vasculaire. De même que son homonyme et les membranes séreuses des organes de la vie végétative, elle enveloppe par sa moitié interne , qui est réfléchie ; mais elle diffère de ces dernières tant par sa ténuité plus grande , qui la rend plus transparente , et permet fort rarement de voir ou d'injecter ses vaisseaux, que parce que sa moitié interne est unie avec la membrane vasculaire de l'organe qu'elle enve- loppe , et non immédiatement, ou par du tissu cellulaire, avec la substance de ce dernier ; elle ne tient même à la pie-mère que très -faiblement , et seulement d'une manière partielle , de sorte qu'elle peut sécréter par ses deux faces ; enfin sa moitié externe se continue avec l'interne, non pas sur un point unique et par une large expansion , mais sur plusieurs points séparés les uns des autres, et par des enveloppes tubuleuses qu'elle forme aux vaisseaux et aux nerfs qui sortent de l'or- gane. ** Vésicules séreuses des organes de la vie végétative. 22" Tandis que le cerveau et la moelle épinière, comme organes centraux universels , ont des connexions avec le sys- tème vasculaire et les nerfs par un grand nombre de points de leur surface , ces connexious sont limitées à un plus petit espace dans les organes supérieurs de la vie végétative , et les vésicules viscérales , ou ^membranes séreuses proprement dites , qui constituent le second sous-genre des vésicules sé- reuses, ne présentent non plus que sur ce point la transition de leur moitié externe à leur moitié interne; car c'est là seule- ment que se déploie en elles le caractère appartenant au tissu cellulaire almospliérique, d'accompagner des vaisseaux et des nerfs. Au lieu que les divers organes appaitenant à des catégories inférieures soiit entourés de iissu celiulaire atmo- sphérique , ceux qui possè-lenl !;ne vilulité plus l'elevées'enS veloppenl d'une vésicule séreuse , qui les isole par sa double SYSTEME CELLULAIRE. lôl paroi , comme par son contenu , dans le môme temps qu elle les consolide et les unit au reste de l'organisme , en leur ame- nant des nerfs et des vaisseaux. Les membranes séreuses proprement dites diffèrent des autres vésicules séreuses par leur solidité et leur fermeté plus grandes , propriétés qui sont surtout très-prononcées dans la portion pariétale ; elles s'en distin^ofuent aussi par le volume et le nombre plus considé- rables des vaisseaux disséminés sur leur face adhérente. Du reste, elles se résolvent également en gélatine quand on les fait bouillir avec de l'eau. Les unes sont paires ( plèvre et tunique vaginale), les autres impaires (péricarde, péritoine). Leur moitié externe , ou leur portion pariétale, tapisse les cavités dans lesquelles sont situés les organes , et s'attache à des mus- clos ou à des tissus scléreux. 2. ENVELOPPES CELLUIEUSES, § 783. 1° La série précédente nous a présenté une progres- sion du simple , du petit et du délicat, au composé, au grand et à l'épais. La seconde famille des parties celluleuses , com- prenant les eraveZoppes celluleuses^x'à nous offrir un développe- ment analogue, quoique modifié. Les vésicules ont d'abord été des cellules hbres et indépendantes ; puis elles se sont placées entre des parties déterminées , et elles ont commencé à se répéter , soit en produisant des cellules au dedans d'elles- mêmes , soit en faisant pénétrer l'une de leurs moitiés dans l'aiître ; enfin elles ont perdu leur indépendance , en faisant servir leur moitié réfléchie à envelopper des organes supé- rieurs. Au contraire , les enveloppes celluleuses demeurent constamment et dans toute leur étendue subordonnées et en- chaînées à d'autres parties ; ce sont des cellules closes , dont la surface interne se trouve en contact , non point avec leur propre produit sécrétoire , mais avec une autre partie organi- que, à laquelle elles s'adaptent et dont elles prennent la forme. La partie qui leur sort poiîr ainsi dire de moule peut être ou solide ou liquide ; de là deux îribuàdistincies. l32 SYSTÈME CELLULAIKE. a. Enveloppes memlraneuses . %^ La première tribu se compose des enveloppes de par- ties'solides, ou des enveloppes celluleuses, qui entourent certains organes sous forme de membranes , comme le tissu cellulaire atmosphérique enveloppe des groupes entiers d'or- ganes sous celle de masse. Ce sont en quelque sorte des cel- lules bouchées ; leur foce interne n'est point libre , comme celle des vésicules , mais tient à une partie solide , qu'elles isolent, dans le ■ même] temps qu'elles la mettent en connexion avec le reste de l'organisme, et qu'elles sont les intermédiaires de sa nutrition. 3° Le premier genre est constitué par les enveloppes élé- mentaires, qui, semblables aux vésicules celluleuses, sous le point de vue de leur substance , sont extrêmement délicates , transparentes et incolores. Elles renferment en elles les par- ties élémentaires d'un organe , conformément à la forme des- quelles elles représentent des -cellules allongées , lorsqu'elles enveloppent chaque fihre nerveuse, musculaire ou tendineuse, ou figurent des espèces de sphères , quand elles entourent une grappe de vésicules adipeuses ou un lobule de la glande thyroïde, du thymus ou des capsules surrénales. Entre elles se trouve du tissu cellulaire parenchymateux , qui les unit ensemble , et par cela même ne fait qu'un tout des diverses parties élémentaires d'un organe. 4° Les enveloppes d'organes , qui forment le second genre , couvrent la surface d'organes dont les parties élémentaires se réunissent en un tout. Elles diffèrent beaucoup les unes des autres ; car elles sont tantôt simples et délicates , comme des enveloppes élémentaires , tantôt plus lamelleuses , comme des masses de tissu cellulaire , tantôt enfin' denses , fermes et analogues au tissu scléreux. Ainsi , elles forment de minces capsules à des organes plastiques qui ne sont entourés ni d'une vésicule séreuse ni d'une enveloppe scléreuse, par exemple à la thyroïde , au thymus et aux reins succenturiés , comme aussi aux masses graisseuses , autour desquelles on les voit quelquefois devenir plus denses , plus fermes, et même SYSTÈME CELLULAIRE. l35 en quelque sorte scléreuses , notamment dans le creux des mains et à la plante des pieds. Autour des or^janes cylindri- ques , elles figurent des gaines , qui acquièrent surtout une grande force lorsque ces organes jouissent d'une certaine in- dépendance et se trouvent pour ainsi dire à nu , mais qui semblent s'effacer quand ceux-ci passent à d'autres formes. Telles sont la gaine des nerfs , qui est unie à l'enveloppe élé- mentaire , ou névrilemme^ par du tissu cellulaire parenchyma- teux, l'entoure de tous côtés, lui communique une assez' grande solidité , et acquiert une consistance presque sclé- reuse sur les ganglions ; la gaîne celluleuse des artères , qui est blanchâtre , épaisse et ferme , de manière à conserver la forme tubuleuse , même après qu'on en a retiré le vaisseau , qui d'ailleurs est plus dense à sa face interne , celle par la- quelle elle tient à la tunique musculeuse , qu'à sa face externe , où elle se confond peu à peu avec le tissu cellulaire atmo- sphérique , par l'intermédiaire duquel elle se trouve unie aux parties environnantes ; la gaîne des vaisseaux lymphatiques , qui est transparente et tellement mince qu'on peut à peine la séparer de la membrane vasculaire commune, mais qui ac- quiert plus de consistance sur les glandes lymphatiques ; enfin , la couche faisant corps avec le tissu cellulaire atmo- sphérique , qui revêt la surface externe de la couche muscu- laire des membranes muqueuses. Les membranes celluleuses qu'on a admises dans le tissu de certaines parties , par exem- ple entre la membrane muqueuse et la couche musculaire qui l'entoure , sont du tissu cellulaire parenchymateux ; mais quelquefois aussi on a étendu ce nom jusqu'à la membrane muqueuse elle-même. b. Enveloppes tuhuleiises. 5° L'enveloppe des liquides forme le sijstème vasculaire, qui constitue la seconde tribu de cette famille. Autour du suc vital , il se produit , en effet, une paroi , qui le circonscrit de toutes parts , et qui , à l'instar de son cou- rant, représente un cercle fermé de canaux. Ce système l54 SYSTÈME CELLl)LA.IRE. n'est essenliellement composé que d'une membrane délicate, transparente , homogène , semblable , quant à la substance , aux autres parties ceilaleuses, et que l'on connaît sous le nom de membrane vasculaire commune ou générale. On doit la considérer comme une 'longue cellule, ramifiée à l'infini, et qui s'étend par tout le corps ; les replis ou valvules qu'on aperçoit dans son intérieur, annoncent en elle une tendance à se diviser. Des vaisseaux sanguins nourriciers se répandent sur sa face externe. Le système vasculaire se partage en vaisseaux en en tissus vasculaires. j '^ Vaisseaux. 6° Les vaisseaux forment le premier genre de cette tribu. Ce sont des canaux qui , en partie , subsistent comme or- ganes distincts , ou troncs vasculaires , en partie se répandent dans la substance des organes , aux élémens proprement dits desquels ils viennent se joindre. t f^aisseaux lymphatiques. 7° La première espèce comprend les canaux du sang en train de se produire , ou les vaisseaîix lymphatiques , qui eux- mêmes se caractérisent comme vaisseaux incomplètement développés , ou au premier degré de leur formation. C'est en eux que la membrane vasculaire commune est le plus mince et le plus extensible ; aux troncs mêmes elle ne reçoit que peu de soutien d'une enveloppe celluleuse faible , et ne présenie pas de couche musculaire distincte. Elle produit d'innombra- bles valvules, en se renversant sur elle-même ou se plissant, de manière que le vaisseau ressemble à une série de cellules dont les cloisons auraient été percées par le liquide qui le parcourt. Conformément à ces caractères , les vaisseaux lym- phatiques naissent aussi , par des vésicules closes , dans le tissu cellulaire atmosphérique ou périphérique , parcourent de grandes étendues aux surfaces , par paquets les uns à côté SYSTÈME CELLULAIRE. l55 des autres , et ne se réunissent pas d'une manière aussi régu- lière que les racines d'un tronc ; aussi les voii-on peu atig- menter de calibre et diminuer de nombre dans leur trajet , pendant lequel, s'anastomosant partout les uns avec les autres, pour se diviser bientôt après de nouveau , ils forment plutôt des réseaux de conduits étroits et peu difFérens eu égard au diamètre , qui , indépendamment de leur embouchure princi- pale dans les veines , ont encore sur plusieurs autres points des communications directes avec ces dernières. tt Vaisseaux sanguins. 8° Les vaisseaux sanguins , qui forment la seconde espèce ^ sont arrivés , comme leur contenu , à un plus haut degré de développement , et , par cela même , renferment , par anta- gonisme avec les innombrables radicules périphériques des vaisseaux lymphatiques , un point central , le cœur, dans le- quel la couche musculaire , ajoutée à la membrane vasculaire commune , s'est développée en un muscle complet et prédo- minant , et la capsule celluleuse en une vésicule séreuse en- veloppante. Comparées aux vaisseaux lymphatiques , dont elles se rap- prochent beaucoup , les veines ont moins de racines ; il y a moins de valvules dans leurs radicules les plus déliées, et l'on n'en trouve même aucune dans celles qu'elles plongent au milieu de certains organes ; leurs parois ont plus de force , parce qu'il s'y est joint des fibres plus prononcées et une en- veloppe plus épaisse; il n'y a qu'une partie d'entre elles qui marchent le long des surfaces; elles s'anastomosent moins fréquemment, et se réunissent d'une manière plus dendriti- que , de sorte qu'on voit leur calibre aug;meDter et leur nombre diminuer davantage à mesure qu'elles se rapprochent du cœur. Tous ces caractères sont plus prononcés encore dans les artères; le courant impétueux qui les parcourt y rend la membrane vasculaire commune plus ferme , moins transpa- l36 SYSTÈME CELLULAIRE. rente, moins extensible et plus fragile; cette membrane ne se renverse sur elle-même , pour produire des valvules, que dans le voisinage immédiat du cœur, et elle est soutenue par des membranes accessoires plus fortes. En outre , comme les artères marchent à une plus grande profondeur, et qu'elles n'envoient aux surfaces que leurs ramifications les plus dé- liées , elles sont moins nombreuses , elles ont un calibre moins considérable , et elles affectent la forme dendriiique plus que tous les autres vaisseaux. Parties vasculaires. 9° Le second genre de parties comprises dans le système vasculaire se compose des parties vasculaires , c'est-à-dire de celles dans lesquelles les ramifications vasculaires sont un élément non pas seulement accessoire et subordonné , mais essentiel et prédominant. En conséquence , ces parties con- tiennent beaucoup de sang, et , selon que celui-ci y afflue en plus ou moins grande quantité , leur volume varie. Fréquem- ment , elles trouvent des appuis dans des enveloppes tendi- neuses. On les divise en parties vasculaires élémentaires et organes vasculaires. t Parties vasculaires élémentaires. 10° Les parties vasculaires élémentaires , qui constituent la première espèce, n'ont point de limites propres, mais sont associées à des organes cutanés ou à des organes du système nerveux. Elles ne servent donc pas tant à accomplir un acte particulier de plasticité , ou à opérer un changement matériel spécial dans le sang, qu'à entretenir l'activité de la vie ani- male. En vertu de cette annexion au système de la vie ani- male, elles font, quant à l'emploi de lem* sang, exception à ce qui se passe dans le reslc tUi système plastique. SYSTÈME CEUUUIRE. 1^7 A. Membranes vascijlaires. 11" Les memhranes vascttlaires, qui sontla joremière variété ^ entourent des parties sensibles , et se composent de vaisseaux qui , dans la pie-mère cérébrale et la choroïde de l'œil , ne sont unis que par un tissu cellulaire parenchymateux très- délicat , tandis que , dans la pie-mère rachidienne , ils sont soutenus et portés par l'enveloppe celluleuse dense et presque tendineuse de cet organe , et n'atteignent point là leur ter- minaison , mais se rendent à des parties douées de sensibilité. La choroïde oculaire fait le passage aux tissus vasculaires ; car ses vaisseaux, qui se divisent sous des angles aigus^, et qui , marchant à peu près parallèlement les uns aux autres , forment des réseaux déliés et superposés , se partagent d'une manière moins dendritique , conservent à peu près le même calibre , sont extrêmement nombreux , et paraissent se ter- miner en partie dans son propre tissu. D'un autre côté , les vaisseaux du testicule, organe plastique à la vérité, mais doué en outre d'une sensibilité exquise , forment , au dessous de son enveloppe tendineuse , une expansion qu'on peut con- sidérer, avec Cooper (1), comme une membrane vasçulaire, B. Tissu vaseulaire. 12° La seconde variété ^ OU le tissa vaseulaire^ est un en- trelacement de vaisseaux sanguins et de leurs extrémités pé- riphériques. Aussi ce tissu est-il éminemment susceptible de turgescence, ce qui lui a fait donner l'épithète d'érectile, et renferme-t-il des nerfs quand il est parvenu à un haut degré de développement ; de sorte que nous rencontrons ici , dans la série des tissus plastiques , le point où des nerfs commen- cent à devenir apparens. (1) Observations on thc strvcturc and diseases of tlie Tcstis , Londou 1830 , in-4o , fig. — Die Bilduii'j und Sranhliciien des Ilodens, p. 6.] 'l38 SYSTÈME CELtUtAIKE. Les plexus choroïdes du cerveau , formés par le plissement de la membrane vasculaire , sont en quelque manière le pro- totype de ce tissu , dont ils ne se distinguent qu'en ce qu'il sort d'eux des artères qui vont répandre leurs ramifications dans les parties voisines. La choroïde de l'œil se développe en un tissu vasculaire incomplet et privé de nerfs , le corps ciliaire , et en un tissu vasculaire complet et pourvu de nerfs , l'iris. Le corps ciliaire est composé de vaisseaux qui ont environ 0,0180 ligne de diamètre, sont un peu flexueux , s'anastomosent fréquemment ensemble , marchent pour la plupart parallèlement les uns aux autres , de la circonférence vers l'intérieur; puis, conti- nuant d'avancer en faisceaux coniques distincts , forment les procès ciliaires, à l'extrémité libre et interne desquels ils s'infléchissent sur eux-mêmes et reviennent vers la circonfé- rence. Dans l'iris , les vaisseaux arrivans forment au pourtour, en se divisant et s' anastomosant , un cercle à partir duquel ils convergent , en faisceaux parallèles , légèrement onduleux , et semblables à des colliers de perles", vers l'intérieur, où une partie d'entre eux produisent un second cercle ; puis , quand ils ont atteint le bord interne de l'iris, ils s'infléchissent et reviennent à la circonférence. Berzelius (1) soutient que cet organe est un muscle ; mais comme les fibres déliées qu'on y aperçoit ne sont autre chose que des vaisseaux , la fibrine que ce chimiste en a extraite devait provenir du sang contenu dans les vaisseaux , sinon même de la couche fibreuse des artères. Dans les corps caverneux du pénis , des artères grêles se continuent avec d'amples veines , qui représentent un réseau compliqué et à mailles très-serrées. La membrane scléreuse , qui sert d'enveloppe^ à ces corps , envoie à l'intérieur des cloisons , qui forment les cellules tapissées par les veines.' On trouve un tissu analogue dans le clitoris , les petites lèvres de la vulve , les mamelons et la matrice remplie du pro- duit de la conception. (1) Traité de chimie , t. YII , p. 470. SYSTEME CELLtJLâ.lRï:, 1 5^ tt Organes vasculaires, 13° Les organes vasculaires constituent la seconde espèèe des parties vasculaires , celles qui représentent des lacis de vais- seaux ayant des limites à eux , dans lesquels le courant des hu- meurs se ralentit , et oii ces dernières subissent en même temps une métamorpliose matérielle spéciale. On leur adonné le nom de glandes , lorsqu'on n'attachait point encore de sens déterminé à ce terme , qu'aujourd'hui encore on emploie tra- ditionnellement en parlant d'eux. Leur analogie avec les gan- glions nerveux leur a fait imposer par les physiologistes fran^ çais la dénomination plus convenable de ganglions ^sanguins. j4. Ganglions lymphatiques. IB' 14° Les ganglions lymphatiques , OU glandes hjmphatiques , qui forment la première variété^ sont la plupart du temps groupés plusieurs ensemble , surtout dans le tissu cellulaire atmosphérique , et une enveloppe celluleuse assez forte les entoure. Après avoir pénétré dans leurintérieur, les vaisseaux lymphatiques se divisent en une multitude de branches, qui s'entortillent les unes avec les autres, sont unies ensemble par du tissu cellulaire parencliymateux , se croisent avec de grêles vaisseaux sanguins qui viennent s'y joindre, puisse réu- nissent de nouveau , et sortent de l'autre côté du ganglion. Les branches entortillées et recourbées des vaisseaux lym- phatiques présentent l'apparence de cellules sur la coupe transversale de l'organe. Suivant Fourcroy, les ganglions lymphatiques donnent peu de gélatine et beaucoup d'une substance insoluble dans l'eau, qu'il appelle fibrine, avec du phosphate calcaire , du chlorure de sodium et du chlorure de potassium. l40 SYSTÈME CELLULAIRE, B. Ganglions sanguins. 15» Les ganglions sanguins, ou glandes sanguines, seconde variété , sont des lacis de vaisseaux sanguins ramifiés , entre- mêlés de vaisseaux lymphatiques et de tissu cellulaire paren- chymateux. Il n'existe donc qu'une différence purement rela- tive entre eux et les ganglions lymphatiques. Mais , tandis que ces derniers sont fort nombreux , petits , répandus d'une manière presque générale , et partout à peu près égaux , les ganglions sanguins sont en petit nombre , volumineux , con- formés d'une manière particulière , et fort différons les uns des autres. Deux d'entre eux , la rate et la glande thyroïde, reçoivent plus de sang , proportionnellement à leur grosseur, qu'il n'en arrive à d'autres organes. a. Rate. 16° La' rate ressemble aux corps caverneux plus qu'à toute autre partie du corps. Elle a une enveloppe fibreuse , qui en- voie dans sa substance des prolongemens , dont les uns for- ment autant de gaines aux vaisseaux , à leur entrée dans l'or- gane , les autres produisent des cloisons qui descendent de la surface et se fixent aux gaines. Les artères ne se divisent pas peu à peu en ramifications toujours décroissantes, et, au con- traire , elles ne tardent pas à se réduire en petites branches ; les plus gros vaisseaux capillaires sont très-flexueux , les moyens s'écartent les uns des autres en façon de pinceaux, les plus déliés sont longs, filiformes et entrelacés ensemble. Ils se continuent avec les radicules veineuses, dont le plexus forme des cellules anastomosées . Les points de transition entre ces dilatations celluleuses et les branches veineuses cylindriques donnent au tissu un aspect comme troué. La connexion des branches veineuses avec les cellules est évidente ; car on peut faire passer une sonde des premières dans les secondes , et souiller la rate entière en poussant de l'air dans les veines; on SYSTÈME CELLULAIRE. l/fl peut aussi , en ouvrant une cellule, faire parvenir de l'air ou de l'eau dans les autres et dans les veines. La connexion entre les artères et les veines n'est pas moins manifeste ; les injec- tions passent même plus facilement ici des unes auxautresque dans d'autres organes. Les branches veineuses ont un diamètre bien plus considé- rable que celui des branches artérielles correspondantes. La proportion est ici de 5 t 1 , d'après Heusinger (1) , tandis qu'aux membres , elle n'est que de ,2,5 '. 1. Comme , en outre, les parois des veines spléniques sont Irès-liasques et molles, et que leur solidité est à celle des parois artérielles 1*114 (2), il résulte de là que , quand on injecte les artères, après avoir plongé la rate dans de l'eau chaude, la masse passe d'elle- même, suivant Schmidt (3), dans les veines jusqu'à ce que les artères soient complètement vides. La disposition des vaisseaux de la rate fait que ce viscère est susceptible d'éprouver des changemens considérables de volume. On le voit, dans le cours d'une vivisection , entrer en turgescence , se gonfler et durcir quand on lie la veine porte ou la veine splénique (4) , ou quand on trouble d'une autre ma- nière la circulation et la respiration (5). On le trouve aussi dans cet état sur les cadavres des sujets dont une inflammation (6) ou une atrophie (7) du foie a dérangé la circulation hépatique. Au contraire, la rate est petite et flétrie après les hémorrhagies épuisantes et le vomissement. La rate ne reçoit que des nerfs peu nombreux et grêles. Elle abeaucoup de lymphatiques. Les vésicules blanches qu'on y a trouvées quelquefois , même chez des hommes qui avaient joui; d'une bonne santé, mais qu'on rencontre plus fréquem- ment chez les Mammifères, sont encore problématiques. D'a- (1) Veier den Sau und die f^errichfungen der MHz , p. 23, (â) Haller, Etem. physiolog., t. Vî , p. 404. (3) Comment atio de pathologia lienis , p. 18. (4) Haller, Elément, physiolog., t. VI, p. 404. (5) Gendrin , Hist. anatoiii. des inflammations , t. I, p. 206. (6) Andral , Précis d'anat. pathologique , t. II, p. 240. (7) Gendrin , Hist. anat. des inflammations , t. II , p. 426. l42 SYSTÈME CELLULAIRE, près^AssoIant (1), elles sont larges de 0,2 à une ljgne,la plu- part du temps rondes, quelquefois anguleuses, tantôt fort rap- prochées les unes des autres , tantôt éparses , attachées au tissu entourant , et pourvues d'un très-petit nombre de vais- seaux ; elles ne renferment point de cavité dans leur intérieur, et ne laissent échapper aucun liquide quand on les incise. Suivant Heusinger (2), Tair qu'on souffle dans les veines pénè- tre dans ces vésicules , mais une masse plus dense n'injecte que les vaisseaux qui s'y répandent; parmi ceux-ci, les artè- res paraissent ne se distribuer qu'à la surface, et les veines venir de la profondeur (§ 813, 2°). Selon Yauquelin , la substance de la rate'contient beaucoup d'albumine , un peu de fibrine , de la matière; colorante du sang , une petite quantité de matière soluble dans l'eau bouil- lante et un peu soluble dans l'alcool, de l'hydrochlorate d'am- moniaque , du chlorure de^sodium, de la soude et du phos- phate de potasse.J /§. Glande thjroïdet 17° La glande thyroïde ne présente pas de cellules veineuses semblables à celles de la rate ; mais elle se.'.fait remarquer , tant pur la grande quantité de sang quelle reçoit, car ses ar- tères ont autant de diamètre que celles du cerveau (3) , que par les nombreuses anastomoses de ses vaisseaux sanguins , supérieurs et inférieurs , droits et gauches. Il est facile aussi d'injecter ses veines par les artères. Les vaisseaux d'un gros calibre décrivent beaucoup de circonvolutions dans son inté- rieur ; les capillaires , lorsqu'ils fournissent une branche , s'é- cartent un peu du côté opposé, de sorte qu'ils représentent des divisions dichotomiques ; les ramifications les plus déliées marchent à peu près en ligne droite. La glande thyroïde a des vaisseaux lymphatiques considéj'ables , plusieurs branches ner- (d) Recherches sur la rate, p. 41. (2) Loc. cit., p. fâ. (3) Sclircger, Fraijmcnta unatovnca "t physiologica , p. 49, SYSTÈME CELLULAIRE. l^'S veuses , un tissu^cellulaire parenchymateux qui unit ensemble les ramuscules vasculaires, et une enveloppe celluleuse. Elle est susceptible de se gonfler , et augmente de volume quand la veine cave supérieure a de la peine à se vider , notamment dans les efforts violens. D'après Frommherz et Gugert (1) , elle contient de la ptyaline , de la caséine, du mucus , de l'osma- zome, .d€ la graisse , de la fibrine , du carbonate et du phos- phate de potasse , un peu de chlorure de potassium, des phos- phates de chaux et "de magnésie, et des^traces de carbonate j^ calcaire et d'oxide de fer. y. Thymus, 18° Le thymus reçoit de tous les côtés ses vaisseaux , qui sont proportionnellement fort grêles , et dont les ramifications forment , avec le tissu cellulaire parenchymateux , des masses serrées les unes contre les autres, par conséquent anguleuses, mais qui s'arrondissent en arrivant à la surface. Ces masses se réunissent, au nombre d'une douzaine environ, en un lo- bule, dans lequel elles laissent un vide, qui communique libre- ment avec celui du lobule voisin -, mais les lobules sont unis en lobes par du tissu cellulaire, dans lequel se répandent les branches vasculaires. Le thymus paraît êlre susceptible aussi de se gonfler; il serait possible que l'asthme appelé thymique dépendît moins d'un accroissement anormal permanent de ce corps, que de sa tuméfaction périodique. D'après Morin(2), le thymus du Veau contient 0,7000 d'eau , 0,1400 d'albumine, 0,0165 d'osmazome, avec du lactate de potasse et de chlorure de potassium , 0,0600 de gélatine, avec du phosphate de po- tasse , 0,0005 de graisse acide, 0,0030 d'une matière animale particulière, et 0,0300 de fibrine, avec des phosphates de soude et de chaux. (1) Scliweigger, Journal fiier Chemie , t. L ,^p. 491. C2) Journal de chimie iiitcliinle , t. III , p. 45i. f44 SYSTÈME CUTANÉ. (?. Capsules surrénales. 19» Les capsules surrénales Treçoivent à leur 'surface ■ un nombre considérable d'artères grêles , dont les ramifications les plus^ déliées marchent parallèlement, et très-serrées les unes contre les autres, s'anastomosent de distance en distance, par des branches latérales obliques , se dirigent vers l'inté- rieur , et représentent , prises ensemble , la substance exté- , rieure ou corticale , qui, par conséquent, est plus dense, plus ferme , et en apparence composée de fibres convergentes. La substance intérieure est plus lâche , plus molle , plus rou- geâtre ; elle se compose en grande partie de veines , qui for- ment, les unes un réseau de radicules dilatées en manière de cellules et anastomosées ensemble, les autres un tronc cen- tral , dont la lumière a été prise pour une cavité particulière. Déjà Morgagni^avait remarqué qu'on peut, en poussant de l'air par une des veines qui sortent de l'organe , le faire pénétrer dans cette prétendue excavation. Schmidt démontra en outre les orifices des veines qui s'y abouchent (1), et la connexion du vide central avec le système veineux se trouva ainsi bien établie ; mais ce sont Home (2) et J. Muller qui les premiers ont fait voir que les vides ne sont eux-mêmes autre chose que des troncs veineux. Lesveines qui sortent des capsules surré- nales sont moins nombreuses , mais plus 'grosses que les ar- tères qui y arrivent. Du reste, ces organes reçoivent plusieurs filets nerveux, et ils ont une enveloppe celluleuse simple. ÎI> Système cutané. § 784. 1° Le second ordre des tissus plastiques comprend le système cutané. Bichat fut le premier qui apprécia dans toute leur portée les connexions delà peau avec la membrane (1) Diss. de ijlMndxdis suprarenalibus , p. 32(, (2) Meckel , Deutsehes Jrchiv, t. V, p. 262. SYSTÈME CUTANÉ. l45 muqueuse et les glandes. Stimulés par son exemple , quelques uns des partisans de la philosophie dite naturelle , en Alle- magne , Kessler , par exemple (1), considérèrent les glandes comme des ramifications de la peau réfléchie à l'intérieur , opi- nion en faveur de laquelle Tobservation s'est prononcée de- puis. Wilbrand (2), en particulier, s'est attaché à représenter tous ces organes comme ne constituant qu'un seul système* Considéré sous le point de vue de sa substance , ce système nous apparaît comme un développement supérieur de celui du tissu cellulaire. Quand on le met bouillir avec de l'eau , il se convertit presque entièrement en gélatine , et lorsqu'on le fait ramollir dans de l'eau froide , il se résout peu à peu en un tissu lamelleux, de sorte qu'il semble n'être originairement que du tissu cellulaire réduit en couches nombreuses , su- perposées et condensées. Mais il diffère de ce tissu sous plu- sieurs rapports ; en premier lieu , il n'est point subordonné à d'akutres parties , mais représente des organes indépendans , doués d'une activité vitale à eux propre ; puis il ne forme pas des espaces clos , mais se trouve entièrement à décou- vert , ou communique par des ouvertures béantes avec la sur- face extérieure, et constamment entre en conflit avec le monde du dehors ; enfin il ne se compose point de parties séparées , mais forme un tout non interrompu , qui néanmoins varie à l'infini eu égard à sa texture, et présente des modifications spé- ciales dans chaque point de son étendue. Le système cutané ne partage la propriété de former un tout continu qu'avec deux autres systèmes, le vasculaire et le nerveux. Aussi représente-t-il celle des sphères des or- ganes plastiques qui confine aux organes de la vie animale , et prend-il place, dans la série des tissus, entre le système vas- culaire et le système nerveux. Des vaisseaux et des nerfs, incor- porés dans une base de tissu cellulaire modifié et surtout con- densé , en constituent les parties élémentaires essentielles, dont (1) Das Hautsysten in allen seinen F'erzweigungen anatomischfphysiO'» logisch und pathologisch betrachtet , p. 14-30. (2) Grundzuege s%i einem Système der Physiologie des Organimus , p. 263. VII. 10 l46 SYSTÈME CUTANÉ, tantôt Tune et tantôt l'autre a la prédominance. L'une des sur- faces de ce système est fixée immédiatement à des muscles ou à des membranes scléreuses, par du tissu cellulaire, et liée aux autres systèmes organiques par des vaisseaux et des nerfs. L'autre surface est libre; comme siège proprement dit de la vie cutanée, on y découvre des réseaux extrêmement fins de vaisseaux capillaires , avec les extrémités périphériques des nerfs 5 comme limite séparant l'organisme du monde extérieur, elle^est revêtue d'une enveloppe protectrice, produite par de la substance cornée et par du mucus. Le conflit avec le monde extérieur consiste à recevoir du dehors et à éliminer du de- dans; le système cutané accomplit donc l'ingestion et l'éjec- tion. Lorsque son activité est plus développée dans une direc- tion particulière , il forme des prolongemens tantôt saillans au dessus de la surface , les phanères , tantôt plongés au dessous d'elle , les cryptes. Les cryptes sont des organes d'é- jection, tandis que les phanères sont surtout des organes d'ingestion, soit plastique , lorsque la prédominance des vais- seaux les rend absorbans ( villosités ) , soit sensitive , quand la prédominance des nerfs leur imprime le caractère de la vie animale ( papilles). 2° Le système cutané forme , d'un côté , la surface exté- rieure du corps, de l'autre la surface intérieure, ou la paroi, des cavités qui s'ouvrent au dehors (*). Il se partage donc en peau proprement dite et en membrane muqueuse , laquelle , à son tour, se divise en membrane générale , celle des organes digestifs et respiratoires , et productions spéciales de cette membrane, les glandes. Le principe servant de base à la clas- sification de tous ces organes ne peut être puisé que dans le caractère physiologique , en vertu duquel le système cutané tient le milieu entre le système du tissu cellulaire et le système nerveux. Or le système du tissu cellulaire a pour caractère de se rapporter exclusivement à la vie plastique, de se con- centrer à l'intérieur , d'être clos et isolé. Nous aurons donc à examiner celles des formations cutanées qui possèdent la plas- (*) Voyez NoiiteHes !&echei'clies sut l.i striictm'e de la pean , par G. Bresctiet et Roussel de Vauzènie^ Paris 1835, in-S", %, MEMBRANE MUQUEUSE. l47 ticité airpliis haut degré , qui sont situées le plus en dedans, qui sont le plus séparées et le plus spécialisées;, qui par consé- quent aussi ont le plus d'affinité avec le système cellulaire : ensuite nous passerons à celles dans lesquelles les relations avec la vie animale, la situation au deliors,Tuniformité de tex- ture, la réunion et l'universalité se prononcent de plus en plus. A. Membrane oniiqueuse. § 785. Conformément à ce principe , la membrane muqueusâ forme lejjremier sous-ordre des productions cutanées. IS Déjà sous le rapport de son origine elle tient de près au tissu cellulaire , puisqu'elle se] forme à l'état d'une vésicule close î-qui constitue l'intérieur du corps de l'embryon, et qui est le siège principal des opérations par lesquelles l'organisme se développe ( § 417, 8°; 436, 3° ). Nous ne pouvons pas non plus la considérer comme une réflexion de la peau extérieure, puisque celle-ci se produit beaucoup plus tard, et alors seu- lement est mise en communication avec elle par une ouver- ture qui s'effectue tant de dedans en dehors que de dehors en dedans ( § 438, 2° ). Elle représente des organes creux, qui s'étendent dans l'intérieur du corps et s'ouvrent à la surface extérieure , pour accomplir le principal de tous les conflits matériels avec le monde extérieur ; en d'autres termes , elle formela surface interne du corps, par laquelle certaines sub- stances pénètrent du dehors dans l'intérieur ( dans le tissu cellulaire ) , et d'autres se déposent du dedans au dehors. 2° Comme elle tient plus à la vie plastique que la peau , elle se distingue de cette dernière par un tissu plus mou , plus spongieux , plus pénétrable , plus facile à déchirer et plus transparent. Sa couleur est le blanc grisâtre , plus ou moins rouge , suivant l'abondance des vaisseaux sanguins. Efle a peu d'extensibihté et de contractilité. Après avoir été desséchée , elle est mince, lisse et raide. 3° Un tissu cellulaire dense, résistant et dépourvu de graisse, qu'on peut jusqu'à un certain point regarder comme une mem- brane à part , ou comme une enveloppe celluleuse, attache sa face externe à des fibres musculaires ou à des wieim- l48 MEMBRANE MUQUEUSE. branes scléreuses , ou à du tissu cellulaire parenchymateux, ce qui contribue à la rendre plus solide et à entretenir sa ca- vité perméable. 4° En vertu de ses relations intimes avec la vie plastique , elle reçoit un très-grand nombre de vaisseaux sanguins , qui se ramifient dans sa couche de tissu cellulaire , dont les rami - fications déliées pénètrent dans sa substance même, et qui, lorsqu'elle a une certaine épaisseur, y forment des lacis tels que cette circonstance , jointe à la laxité de sa texture , lui permet de se tuméfier à un degré considérable , par exemple dans les inflammations. Les vaisseaux capillaires les plus déliés se répandent immédiatement au dessous de la face interne et libre , de sorte que celle-ci est le siège le plus fréquent des hémorrhagies ; quand ils sont très-développés^ ils forment une couche séparable du reste de la membrane muqueuse , et qu'on appelle membrane villeuse (membrane muqueuse proprement dite , de Bichat ). 5° Les nerfs accompagnent surtout les vaisseaux , et ne de- viennent plus nombreux que sur certains points. Ils appartien- nent en partie au système cérébro-spinal , et en partie au sys- tème ganglionnaire. 6° La surface interne de la membrane muqueuse est rendue brillante par l'humidité qui la couvre. Quand elle se développe davantage , elle prend une apparence raboteuse , due à des saillies séparées par des enfoncemens. JjCS saillies sont tantôt des replis et des valvules , tantôt des excroissances aplaties ou cylindriques ( villosités ou flo- cons ), avec des vaisseaux nombreux et vraisemblablement aussi des nerfs. 7° Les enfoncemens de la membrane muqueuse , appelés cryptes muqueuses ou follicules mucipares , sont également très-riches en vaisseaux , et représentent tantôt des dépres- sions et excavations peu profondes de la substance, tantôt des renversemens et de petits sacs en forme de bouteilles , avec un orifice étroit et un fond qui fait saillie à l'extérieur. 8° La membrane muqueuse se putréfie très-facilement dans l'eau, et s'y résout en une bouillie grisâtre. Les acides la dis- solvent aisément. Elle se resserre d'abord dans l'eau bouil- MEMBRANE MUQUEUSE. l49 lante ; mais , quand rébullition dure quelque temps , elle donne un peu de gélatine, que Ton peut précipiter à Taide du tannin , quoique Berzelius (1) nie le fait. 9° Elle a enfin pour caractère que , surpassant de beau- coup la peau sdus le rapport de l'étendue , elle est, eu égard à la continuité , partagée en difFérens organes et groupes ou systèmes d'organes , et présente les plus grandes diversités dans chacun de ses points. Ici on la trouve épaisse et ferme; là épaisse et molle. Dans telle partie, elle est mince et solide , dans telle autre, mince et délicate. En général^, elle est d'au- tant plus molle ou mince qu'elle occupe une région plus pro- fonde , et d'autant plus épaisse et ferme qu'elle se rapproche davantage de la surface extérieure. Il y a des points, ceux surtout dans lesquels elle olFre de la mollesse et une certaine épaisseur , où elle tient peu aux parties voisines ; ailleurs elle y adhère intimement , ce qui a lieu principalement quand elle est mince et dense. Sur certains points , elle est plus déve- loppée , plus épaisse , plus spongieuse , plus rouge , plus riche en vaisseaux et en nerfs , ainsi qu'en saillies et en enfonce- mens. Dans d'autres, au contraire, elle est plus mince, blan- châtre, et semblable à une membrane scléreuse. Elle pré- sente, en outre, de grandes différences dans la forme^de ses réseaux capillaires. Considérée d'une manière générale, elle se partage en pro- ductions unipolaires ,^qui sont des organes distincts, consacrés uniquement à l'éjection, les glandes, et en productions bi- polaires , qui sont universelles, et accomplissent à la fois l'in- gestion et l'éjection , les membranes muqueuses de la diges- tion et de la respiration. 1. GLAKDES. • § 786. La première famille se compose des glandes. 1° On a donné ce nom aux parties les plus difTérentes les unes des autres , à des replis des vésicules synoviales , parce (1) Traité de chimie , t. VU , p. 143. ^ r5o MEMBRANE MUQUEUSE. qu'ils renferment de la graisse sous forme de grumeaux ( glandes articulaires ), à certaines parties du cerveau qui ont une forme ronde et sont séparées du reste de la masse ( glande pituitaire et glande pinéale ), à des ramifications de la mem- brane muqueuse ( les poumons ) , à des cryptes du système cutané ( glandes mucipares et glandes sébacées ), enfin à des ganglions vasculaires ( glandes lymphatiques et glandes san- guines). Aujourd'hui on entend par glande un organe par- ticulier , formé de membrane muqueuse ,° qui sécrète un liquide spécial dans des espaces totalement séparés les uns des autres , et verse ce liquide , par des canaux, [^sur la sur- face extérieure ou sur la surface intérieure du corps , sans rien recevoir du dehors par ces mêmes] canaux. Les glandes avoisinent les ganglions sanguins , en ce que des vaisseaux se ramifient et s'entrelacent également dans leur intérieur, unis par du tissu cellulaire parenchymateux ; mais elles diffèrent d'eux en ce qu'elles ont pour base des vésicules ou des tubes de membrane muqueuse , sur les pa- rois desquels ^se répandent les vaisseaux sanguins , et d'oii des liquides particuliers sont amenés à la surface du corps. Elles se rapprochent encore davantage des cryptes , entre lesquelles et elles il n'existe guère même qu'une différence relative , de sorte que leurs formes inférieures passent aux supérieures par des nuances presque indiscernables 5 mais elles en diffèrent , d'une manière générale , par leur texture plus complexe et par le caractère spécial de leurs produits sécrétoires. 2° Leur action consistant à former et à éconduire un li- quide , elles se composent d'une portion productive ou plas- tique , et d'un canal excréteur. Quant à son essence , la portion plastique est une cellule close , ou une vésicule, qui produit un liquide aux dépens du sang contenu dans les vaisseaux dont elle est entourée , et le renferme en elle. Nous retrouvons donc ici la forme des vé- sicules celluleuses (§ 782, 2° ) , mais à un degré plus élevé. Le produit d'une vésicule de cette espèce a un caractère tel , qu'un moment arrive où l'organe qui le produit ne peut pas le conserver dans son intérieur, et qu'il est obligé de le MEMBRANE MUQUEUSE. iBj conduire au dehors. Or, comme une harmonie entre l'exté- rieur et l'intérieur se manifeste partout dans la conformation organique (§ 457 , 2°) , la surface se fraie une voie jusqu'à la vésicule pour en recevoir le produit. Cette idée delaformation des glandes est réalisée dans le système génital de la femme. La glande ovarienne se compose d'un certain nombre de vési- cules closes , qui se sont développées dans l'intérieur du sys- tème vasculaire ; un canal excréteur, l'oviducte , s'étend de la surface extérieure vers elle , sans atteindre jusque-là ; quand le produit d'une vésicule a été mûri par.la féconda- tion ; les deux parties s'unissent ensemble , attendu que le ca- nal excréteur est attiré par la vésicule , et celle-ci crevée par son produit mûr. Dans toutes les autres glandes, l'union per- siste durant toute la vie ; la portion plastique consiste en vé- sicules, qui ne sont point entièrement closes , mais s'ouvrent d'un côté dans le canal excréteur, et qui , lorsque celui-ci a le même calibre qu'elles, semblent en être les extrémités en cul-de-sac , mais qui , dans les cas où leur volume dépasse le sien , présentent la forme vésiculeuse d'une manière plus distincte. Cette formation de glandes s'effectue aussi à la fois de de- dans en dehors et de dehors en dedans , mais seulement avec prédominance de l'une ou de l'autre direction. Les glandes spermaliques (testicules) et les glandes urinaires (reins) se développent dans l'intérieur du système vasculaire, et les conduits excréteurs vont à leur rencontre de dehors en de- dans ; mais les limites qui les séparent sont franchies de bonne heure , de manière qu'une pleine et libre connexion devient permanente (§ 449-454). Dans les autres glandes, la forma- tion qui procède du dehors a la prédominance , de manière qu'elles ressemblent à des renversemens en dedans de la membrane muqueuse ( § 439 ) ou de la peau ( § 454 , III ) ; mais la formation qui part de l'intérieur du système sanguin n'est assurément pas non plus sans influence. Que la portion, à proprement parler, plastique, à laquelle nous donnerons le nom de cellule glandulaire , soit une vési- cule close , ou une cellule vésicuhforme , ou seulement une extrémité en cul-de-sac de son canal excréteur, elle a tou- l52 MEMBRANE MUQUEUSE. jours pour caractère essentiel que l'espace où s'opère la sé- crétion est profondément renfermé dans la substance organi- que, que la paroi est largement mise en contact avec les vais- seaux sanguins , et que les surfaces d'une demi-sphère creuse ou d'une sphère entière sont très-rapprochées Tune de l'au- tre (§ 62). La portion plastique est multipliée afin de donner plus de produit , dans les glandes ovariennes pour fournir à une procréation multiple ou répétée , dans les autres glandes pour réunir le produit en une plus grande masse , cas dans le- quel le conduit excréteur commun doit s'étendre jusqu'à cha- que cellule productive, et par conséquent être ramifié. Ces racines , que nous appellerons canaux de sécrétion , et leur tronc, qui est le canal excréteur proprement dit, sécrètent également , puisqu'ils consistent en membrane muqueuse; mais ils donnent la plupart du temps un produit autre que celui des cellules , parce qu'ils diffèrent de ces dernières sous le point de vue de leur structure , comme on en trouve une preuve convaincante dans le système génital de la femme (§ 102, II; 340, 3°). 3° Tant qu'on ignora l'art d'injecter les conduits excréteurs qui se ramifient dans les glandes , et qu'on n'osa point tirer parti de l'analogie des ovaires , qu'on regardait comme des organes uniques dans leur genre , on n'eut que des idées in- certaines sur la structure des glandes. Ainsi, par exemple , Ruysch prétendait que les canaux [de sécrétion naissent des vaisseaux sanguins , et qu'ils en sont des continuations immé- diates , parce que, dans ses belles injections du système vas- culaire, il était parvenu ou à faire disparaître ces canaux, ou à les remplir de la masse qu'il employait. D'un autre côté , Malpighi reconnut le véritable rapport et des culs-de-sac , entourés d'un lacis de vaisseaux sanguins, par lesquels se ter- minent les canaux de sécrétion , et des cellules glandulaires, qu'il désignait sous le nom de grains (acini). Cette disposi- tion a été démontrée , à l'aide de recherches plus approfon- dies, par Duvernoy , Cruikshank et Mascagni sur les glandes mammaires, par Prochaska sur les glandes salivaires (1) elle (1) Bemerliunijen iiebcr dcn Orijanismus des mcnscJilkhea Kœrpers, p. 72. . MEMBRANE MUQUEUSE. l55 foie (1). Lucîe (2) la regarde comme démontrée à l'égard des reins et du foie , et comme vraisemblable , en raison de l'ana- logie , par rapport aux autres glandes. Elle a été constatée de la manière la plus positive , dans ces derniers temps , par Weber (3) sur les glandes salivaires , par Huschke et Rathke sur les reins , par Cooper sur les testicules , par Muller sur les glandes en général. Les recherches approfondies et exactes de Muller ont confirmé que les vaisseaux sanguins qui serpen- tent sur les cellules glandulaires et les canaux excréteurs sont parfaitement clos , qu'ils ont des parois visibles , et qu'aucune communication directe n'existe entre les deux classes d'or- ganes (4). Ceux qui croyaient à une communication immédiate entre les vaisseaux sanguins et les canaux sécrétoires , étaient obli- gés d'attribuer à ceux-ci un calibre bien inférieur à celui des conduits du sang, puisque autrement il n'y aurait pas eu moyen de concevoir comment , au lieu d'une hémorrhagie , c'était une sécrétion qui s'effectuait avec une pareille struc- ture.|0r, en examinant des pièces sur lesquelles ont été in- jectés et les canaux de sécrétion , avec les cellules glandu- laires , par le conduit excréteur, et les vaisseaux capillaires qui se répandent dans les parois de toutes ces^parties, on re- connaît que l'inverse précisément a lieu. Dans la parotide , d'après Weber (5), les canaux de sécrétion avaient 0,0090 li- gne de diamètre , tandis que celui des vaisseaux capillaires n'était que de 0,0030 à 0,0039; dans les reins, le diamètre des premiers était de 0,0166 selon Meckel et de 0,0180 [sui- vant Weber (6) , au lieu que Muller n'en assigne qu'un de 0,0044 à 0,0069 aux vaisseaux capillaires. Muller a trouvé, dans les testicules , le diamètre des canaux de sécrétion de (1) Ibid., p. 77. (2) Gi'undzuege der Lehre von den reproductiven Leiensthœtigkeit des menschlichen Individuums , p. 337. (3) Meckel , Arcliiv fuer Anatomie , 4827, p. 276. (4) JJe (jlandularum secernentium structura penitiori , p. d H. (5) Meckel , Arcldv fuer Anatomie , 4827, p. 277. (6) Anatomie des Menschen, t. I , p. 434. ï54 MEMBRANE MUQUEUSE, 0^0564 ,' et Weber (1) a reconnu que celui des vaisseaux ca- pillaires est seulement de 0,0030 à 0,0035 dans ces organes. 4° Dans les cellules glandulaires et les canaux de sécrétion, la membrane muqueuse est mince , transparente , simple^; dans les conduits excréteurs, elle devient un peu plus épaisse, et sa face extérieure est chargée d'une couche celluleuse ou fibreuse. Nous yoyons donc que, dans son intérieur, aux ex- trémités du système vasculaire , le tissu glandulaire est de na- ture plus celluleuse , et qu'il ressemble à celui des vésicules séreuses , mais qu'en tirant vers l'extérieur, il se rapproche peu à peu des caractères du système cutané. Du reste, la couleur est partout blanche ou grisâtre , excepté dans le foie , oii la bile qui s'attache à la membrane muqueuse lui communique une teinte jaune. 5" Le tissu parenchymateux qui enveloppe les cellules glan- dulaires et les canaux de sécrétion, et qui les unit ensemble, est également d'un gris blanc par lui-même ; à la vérité, il paraît d'un rouge brun dans le foie et brunâtre dans les reins, mais ces teintes ne sont dues qu'à du sang et à de la matière sécrétoire adhérens ; car, lorsqu'on injecte de l'eau dans les conduits excréteurs -et dans les vaisseaux sanguins, ces orga- nes se décolorent peu à peu. 6° Les nerfs sont généralement peu nombreux , et accom- pagnent plutôt les vaisseaux sanguins que les canaux de sé- crétion ; il n'est pas improbable , mais on ne l'a point encore démontré , 'que leur extrémité périphérique aboutit principa- lement aux cellules glandulaires. 7» Les glandes présentent des degrés différens de forma- tion organique , suivant qu'elles possèdent une forme plus'ou moins déterminée et une enveloppe propre , qu'elles-mêmes et les canaux de sécrétion !^sont plus ou moins réunis en un tout , et que les conduits excréteurs sont simplifiés eu égard au nombre , mais diversifiés sous le rapport de la forme. Elles ne se prêtent point à une classification rigoureuse , attendu qu'entre deux coupes qu'on établit, il y a toujours des de- (1) Anatomie des Menschen , t. IV, p. 389. MEMBRANE MUQUEUSE. ' l55 grés intermédiaires qui viennent se placer. Elles constituent plutôt une série qu'un système , mais elles ne forment pas non plus une série continue , dans laquelle toutes leurs qualités se développent d'une manière uniformément progressive. Nous commencerons par celles qui , bien qu'elles soient parvenues au plus haut degré de développement , tiennent cependant de près au système du tissu cellulaire , et nous examinerons ensuite les plus simples , qui font le passage aux cryptes du système général des mem.branes muqueuses. a. Glandes supérieures. Le premier genre comprend les glandes supérieures oit vis- cérales, ' 1° Ces glandes sont indépendantes. Chacune d'elles repré- sente un système particulier d'organes divers, puisque le tronc des canaux de sécrétion , qui n'a qu'un très-faible dia- mètre quand il part de la glande à l'égard de laquelle il joue le rôle de conducteur, se dilate en manière de vésicule , pour produire un réservoir de sécrétion , et se rétrécit ensuite en manière de conduit excréteur. Les glandes viscérales appartiennent à la cavité abdominale. Elles ont une surface égale , parce que leurs cellules et leurs canaux de sécrétion sont réunis sous une forme collective par du tissu cellulaire parenchymateux. Elles sont recouvertes d'une membrane fibreuse et d'une membrane séreuse , ou seulement d'une membrane séreuse. Elles n'ont de connexions avec le système vasculaire et le système nerveux que par un seul point de leur surface , qui est plus ou moins déprimé , et auquel nous donnerons le nom de sillon vasculaire. Elles ne reçoivent guère de nerfs que du système ganglionnaire. I De chaque glande , il ne part qu'un seul canal excréteur, qu'on désigne sous le nom de conducteur, pour le distinguer, et qw , comme tous les canaux de sécrétion et conduits ex- créteurs , consiste en une membrane muqueuse peu déve- loppée , ïïiince et lisse. l56 MEMBRANE MUQUEUSE. Les réservoirs qui viennent ensuite présentent un dévelop- pement plus considérable , soit dans la membrane muqueuse elle-même, quand elle devient plus épaisse , plus spongieuse, et forme des cryptes , soit dans les parties qui les entourent , quand ils s'enveloppent de fibres musculaires et de tissu vas- culaire. Le développement diminue un peu dans le conduit termi- nal , mais reste cependant toujours assez considérable. Parmi ces glandes , le système génital de la femme occupe le premier rang , sous le rapport de sa texture , comme sous le point de vue de son produit. C'est celui de tous qui em- brasse le plus. Sa portion glandulaire diffère de toutes les autres glandes par la clôture de ses cellules , qui la rapproche du système du tissu cellulaire. Son conduit excréteur, au contraire , a une membrane muqueuse tellement développée , qu'on ne peut la comparer qu'à celle du système général des membranes muqueuses. Il partage aussi jusqu'à un certain point.la bipolarité avec ce dernier ; car, bien que l'aptitude à produire dans l'intérieur et la destination d'expulser le pro- duit prédominent en lui , cependant il se distingue de tous les autres systèmes glandulaires en ce qu'il a besoin, pour déployer le luxe entier de sa productivité , de recevoir un objet exté- rieur, mais qui est lui-même un organe vivant , et qui exerce sur lui une impression vivifiante. De même aussi, il diffère de tous les autres organes glanduleux , parce que le caractère de la spécialisation et de la concentration portées au plus haut point, se trouve réuni en lui au caractère le plus développé également de généralité et de direction vers le dehors. Après ce système , viennent le système urinaire et le sys- tème génital masculin , offrant cela de particulier qu'à certains égards le premier, et à certains autres égards le second , oc- cupent un rang plus élevé. Mais , tandis que ces trois systèmes se forment par un dé- veloppement harmonique du dedans au dehors et du dehors au dedans ( § 449 ) , le système biliaire se produit principale- ment de dehors en dedans , comme puUulation de la mem- brane muqueuse générale (§ 439, II); de sorte qu'il est subordonné en quelque sorte , qu'il a jiioins d'indépendance , MEMBRANE MUQUEUSE. 167 et que, par conséquent, il se rapproche des glandes inférieures (;§'789). Quant à ce qui concerne d'abord la portion glandulaire , 1° Les ovaires , les testicules et les reins ont cela de commun ensemble , qu'ils sont pairs , de volume moyen , étroitement renfermés dans des enveloppes scléreuses propres, et pourvus en outre d'une enveloppe cellulaire. Eneflet, les ovaires sont renfermés dans un repli du péritoine ; les testicules sont plon- gés dans un prolongement de cette membrane , qui a pris la forme d'une vésicule séreuse spéciale ; les reins sont couverts d'une couche épaisse de tissu cellulaire, abondamment chargés de graisse , et de plus attachés au péritoine. Le foie , au con- traire , le plus volumineux de tous les organes glandulaires , est impair, dépourvu d'enveloppe propre , et seulement re- vêtu par un repli du péritoine. 2° Les ovaires sont , parmi les glandes de cette catégorie , celles qui ont la texture la plus simple. En effet, leurs cel- lules glandulaires sont closes et isolées ; elles ne tiennent les unes aux autres que par un tissu cellulaire parenchymateux , qui est condensé et mou. Elles ne sont point unies ensemble par des racines rameuses d'un conduit excréteur. Les cellules glandulaires des reins ressemblent , d'après Muller (1) , à de simples culs-de-sac terminaux des innom- brables canaux de sécrétion. Ces derniers , qu'on nomme ici conduits urinifères, décrivent d'abord une multitude de flexuo- sités et de circonvolutions , et constituent de cette manière la substance corticale du rein. Cette substance , qui a une cou- leur de rouge brun , non seulement forme la couche superfi- cielle tout entière de l'organe , mais encore pénètre dans son intérieur, entre les divisions de la substance tubuleuse. D'après Weber, les conduits urinifères ont depuis 0,0195 jus- qu'à 0,0220 ligne de diamètre (2). Ils s'étendent ensuite da- vantage , et forment ainsi la substance médullaire ou tubu- leuse, qui a une apparence fibreuse. Là^, ils se portent en convergeant vers le sillon vasculaire. Pendant leur trajet , ils (1) De glandularum structura, p. 102, (2) Anutomie des Menschen , t. IV, p. 339,j . .,., l58 MEMBRANE MUQUEUSE. vont constamment en se réunissant deux à deux, pour produire chaque fois un petit tube commun , de manière que leur nombre diminue progressivement , et qu'ils acquièrent par là une forme conique. Ils sont réunis , dans la substance tubu- leuse, en faisceaux , qu'on appelle les pyramides de Ferrein , et dont un certain nombre forment ensemble un segment co- nique , riommé pyramide de Malpigln , dont la base et les faces latérales touchent à la substance corticale , tandis que le sommet fait saillie , en^'manière de papille libre, dans le bas- sinet. Les conduits urinaires passent , sous le nom de conduits de Bellini , de la substance corticale dans la base et les faces latérales de ces masses coniques , dont on compte , terme moyen, une quinzaine environ dans chaque rein. Mais ils n'ont point une forme dendritique telle qu'ils s'écartent les uns des autres , comme le feraient des racines , se réunissent sous des angles divers , et donnent naissance à des troncs de plus en plus volumineux -, ils sont, au contraire , parallèles les uns aux autres, se rencontrent deux par deux, sous des angles extrêmement aigus , et produisent ainsi des canaux affectant la même direction qu'eux , qui se comportent ensuite de la même manière. Leur diamètre ne va pas non plus en aug- mentant ; loin de là même , il diminue , au dire de Weber, d'après les mesures duquel les canaux urinifères avaient 0,0195 ligne de diamètre à la base d'une des divisions coni- ques du rein , 0,0160 dans le milieu , et 0,0130 au sommet, ou dans ce qu'on appelle la papille. A l'extrémité et sur les faces latérales de la papille qui termine chaque pyramide , les conduits urinifères se conti- nuent , par une multitude d'orifices non moins petits qu'eux , avec la membrane muqueuse qui tapisse la papille , se réflé- chit à sa base , et forme ainsi autour d'elle une espèce d'en- tonnoir, c'est-à-dire une cavité dont la forme est calquée sur la sienne. Ces entonnoirs , auxquels on donne le nom de ca- lices , et dont chacun embrasse une ou deux papilles , se réu- nissent enfin , comme les branches d'une racine , en un tronc commun , appelé le bassinet du rein. La membrane muqueuse y devient déjà plus prononcée qu'à la surface des papilles , oii elle est encore d'une ténuité extrême. MEMBRANE MtQÎJEUSÈ. iBq Les cellules glandulaires des testicules paraissent , au pour- tour de ces^organes , sous la forme d'extrémités en cul-de- sac et un peu renflées des canaux de sécrétion , appelés ici conduits séminifères. Ces derniers , en effet , ont un peu moins de calibre qu'eux , et demeurent ainsi rétrécis jusqu'à [une certaine distance. Dans le reste de leur trajet, ils ont un dia- mètre de 0,OGOO ligne , d'après Monro. MuUer (1) leur en assigne un de 0,0564 , qui peut être porté jusqu'à 0,1134 par l'injection de mercure. Suivant Lauth (2) , un conduit sémi- nifère a , terme moyen , un diamètre de 0,0648 , et , quand il a été injecté, de 0,0816 ; sa longueur est de vingt-cinq pouces; et , comme on compte environ huit cent quarante de ces con- duits , leur longueur totale s'élève , d'après cela , à dix-sept cent cinquante pieds. Considérés d'une manière générale , ils convergent de la circonférence vers le centre , en se diri- geant vers le sillon vasculaire. Chacun d'eux estflexueux, et surtout plié en zig-zag sur lui-même. Un certain nombre de ces conduits , qui sont placés immédiatement à côté les uns des autres, unis même en partie ensemble comme les ramifications d'une racine , et entourés d'un tissu cellulaire riche en vaisseaux , représentent une substance molle et brunâtre , qui fait toujours corps à part , étant isolée des au- tres masses analogues par des cloisons convergentes, depuis l'enveloppe scléreuse du testicule jusqu'à une autre cloison plus large , pénétrant dans le sjllon vasculaire. Les conduits séminifères se réunissent à cette dernière cloison, sortent ensuite du sillon vasculaire , et se réunissent en sept à dix- huit canaux, ayant 0,1666 ligne de diamètre, qui forment ensemble un plexus. Alors, au nombre de neuf à trente , ils marchent d'abord en ligne droite , puis décrivent des zig-zags de plus en plus grands , de manière à représenter ensemble la figure d'un cône, et, redevenant ensuite plus étroits, ils forment l'épididyntie , dans lequel ils finissent par s'unir en- semble en un tronc commun , le canal déférent. Les divers contours ont , d'après Lauth , une longueur de dix-neuf pieds , (4) Loc.cit.,^,. 107. (2) Fioiiep, Notizen,t. XXXII, p. 307. l6o MEMBRANE MUQUEUSE. en sorte que la longueur totale , à partir des cellules testi- culaires , s'élève à \ingt et un pieds. Les cellules glandulaires du foie sont, d'après MuUer (1), les extrémités en cul-de-sac et simples des conduits biliaires , qui, dans le Lapin , ont 0,0140 ligne de diamètre, et se réu- nissent en rayonnant , comme les brins d'une houppe (2). D'après cela, les cellules glandulaires sembleraient être ici de courts utricules , dont les plus rapprochés les uns des autres s'aboucheraient en commun au commencement d'un conduit biliaire. Dans le reste de leur trajet, les con- duits biliaires qui proviennent de différens points se réunis- sent sous la forme dendritique , qu'on voit ici apparaître pour la première fois dans la série glandulaire^ et ils produisent ainsi des rameaux et des branches qui , avant même de quitter la substance du foie , ont toutes abouti à un tronc commun , le canal hépatique. Communément, lorsque l'on coupe ou déchire la substance du foie , elle semble composée de gra- nulations, qui ont une teinte jaune pâle en dedans et rouge brune en dehors , de sorte qu'on a admis dans cet organe une substance médullaire et une substance corticale. Mais, d'après Weber, cette diversité d'apparence tient uniquement à ce qu'en général le sang abandonne les vaisseaux capillaires déliés qui entourent les cellules glandulaires du foie , et se retire dans ceux d'un plus grand calibre dont la substance avoisinante est parsemée , de manière qu'à travers les tissus on aperçoit la bile dans les cellules , et le sang dans les parties voisines (3). 4° La portion glanduleuse de chacun de ces systèmes reçoit le sang par des branches particulières , qui , immédiatement avant d'y pénétrer, se divisent en plusieurs rameaux; ceux-ci s'y plongent ensuite le long du sillon vasculaire. Les artères des glandes génitales sont des branches de l'aorte, qui se distinguent de toutes les autres par leur lon- gueur, la faiblesse de leur calibre et leur marche flexueuse. (1) Loc. cit., p. 74. "^ (2) Weber, loc. cit., t. IV, p. 306. (3) Loc. cit,> t. IV, p. 304.J MEMBRANE MUQUEUSE. l6l Dans les ovaires, elles répandent des ramifications nombreuses au milieu du tissu cellulaire parenchymateux , et n'atteignent les cellules que par leurs extrémités les plus grêles. Aux tes- ticules, elles se répandent dans les cloisons tendineuses, pour, de là , se porter aux conduits séminifères et à leurs cellules. Les artères rénales sont du nombre des branches les plus volumineuses que fournit l'aorte. Elles ont aussi des parois épaisses , et se font remarquer par la brièveté de leur trajet. Une fois introduites dans le sillon vasculaire , elles se glissent entre les pyramides , pénètrent dans la substance de la glande , et forment , entre la médullaire et la corticale , un réseau ar- qué , d'où partent les ramifications les plus déliées. Le foie ne tire le sang artériel que d'une branche propor- tionnellement assez faible de l'artère cœliaque ; mais en revan- che , il reçoit le tronc de la veine porte , qui se ramifie dans son intérieur. Cette veine égale presque la veine cave, entre le diamètre de laquelle et le sien la proportion varie , suivant Haller (1) , depuis 1 1 1,52 jusqu'à 1 ! 1,12. Ses racines s'em- parent du sang veineux provenant de l'estomac , de l'intestin, du mésentère , de l'épiploon , de la rate et du pancréas. Ses ramifications suivent principalement les canaux biliaires , et présentent pour la plupart une disposition dichotomique , de telle manière néanmoins qu'en général il y a une des deux branches qui l'emporte sur l'autre en grosseur. Les artères se répandent surtout dans le tissu cellulaire parenchymateux et à la superficie , au dessous de l'enveloppe séreuse. Les deux ordres de vaisseaux s'anastomosent ensemble , et aboutissent à des veines communes. Suivant Heusinger, quelques unes des branches de la veine porte se continuent avec les veines hé- patiques, sans se diviser auparavant en branches plus grêles. 5° Dans chacun de ces organes , les vaisseaux capillaires ont un mode particulier de distribution , qui est déterminé en grande partie par la forme des cellules et des canaux de sécré- tion , sans cependant qu'il dépende exclusivement de cette circonstance. Mais , comme les injections passent aisément des (1) Eléments physiolog, , t. YI, p. 488. VU. r r 162 MEMBRANE MUQUEUSE. vaisseaux capillaires dans les canaux de sécrétion , on est ex- posé à prendre ceux-ci pour ceux-là. Dans les vésicules de l'ovaire , les vaisseaux capillaires for- ment une ramification dendritique simple. Suivant Weber (1), le testicule a des capillaires de 0,080 à 0,106 de^ diamètre , qui donnent des branches nombreuses et fort régulièrement disposées , dont le diamètre varie depuis 0,013 jusqu'à 0,016 ligne ; ces branches sont écartées les unes des autres d'une distance égale à leur diamètre ; elles sont placées comme les dents de deux peignes tournés l'un vers l'autre, et chacune se convertit tout à coup en une bandelette plus large , qui affecte la même direction , et se compose de vaisseaux fortement flexueux , ayant 0,0030 à 0,0035 ligne. Dans la substance des reins , les vaisseaux capillaires arté- riels, dont les plus déliés ont , d'après MuUer (2), 0,044 ligne de diamètre , décrivent des courbures peu étendues et s'en- tortillent fréquemment en paquets sphériques , parfois un peu oblongs , qui pendent aux vaisseaux d'où ils partent , comme des baies à leur grappe. Ces paquets ou glomérules ressem- blent à de très-petits points rouges, lorsqu'on les contemple à l'œil nu : leur diamètre est de 0,084 ligne, d'après Mul 1er, ou de 0,080 à 0,106 selon Weber (3). Ils tiennent peu à la substance des reins, de manière qu'on peut les en extraire par une sorte d'énucléation. Millier assure qu'ils sont renfermés dans une membrane , ce qui leur donne l'apparence de petites sphères lisses, et empêche, la plupart du temps, qu'on ne dis- tingue les vaisseaux délicats , et fortement entortillés les uns avec les autres , dont ils se composent. Prochaska (4) croyait avoir trouvé un réseau veineux très-délié , qui les entoure. Suivant Huschke (5) , parmi les branches qui en émanent, les unes se continuent avec des veines , les autres se prolongent, ■ (1) Loc. cit., t. IV, p. 389. (2) Loc. cit.,^. 101. (3) Loc. cit., t. IV, p. 338. (4) Bemerliuncjen ueher don Organisi?iiis des menscldiclien Kœrpefs , p. 79. (5) Zeit$chrift fuer Pliysioloijie , t. IV, p. Id6. MEMBRANE MUQUEUSE. l65 comme artères , dans le réseau qui entoure les conduits uri- nifères. Cependant les glomérules sont plus serrés ^les uns contre les autres et disposés presque en grappe de raisin au pourtour du rein , tandis qu'on les trouve plus isolés dans l'intérieur , et qu'on n'en rencontre pas du tout dans la sub- stance médullaire. Piuysch les avait déjà reconnus pour des paquets de vaisseaux ; mais Malpighi les considérait comme des cellules glandulaires ( acini ) ; de même aussi , l'opinion la plus généralement répandue dans les temps modernes , était que les conduits séminifères en naissent, lorsque enfin Husclîke et MuUer (1) ont démontré qu'ils appartiennent ex- clusivement au système des vaisseaux capillaires , avec les- quels les conduits urinifères n'ont aucune communication à l'aide d'ouvertures béantes. Les vaisseaux capillaires de la substance médullaire des reins marchent parallèlement aux conduits urinifères et à leurs faisceaux , entourent enfin la base de chaque papille , en manière de couronne , et forment ainsi un réseau à la surface de cette dernière. Dans le foie , les ramuscules les plus déliés de l'artère , et surtout ceux de la veine porte , produisent des ramifications et des lacis en forme de pinceaux, de lames ou d'étoiles, qui constituent peut-être les entourages des cellules glandulaires utriculeuses , mais dont la destination n'est cependant pas encore bien connue. Là où les ramifications sont moins serrées les unes contre les autres , on voit les ramuscules les plus déliés partir , en rayonnant comme des étoiles, d'un vaisseau capillaire central ; chaque espèce de vaisseaux sanguins du foie paraît former des faisceaux distincts de cette nature. D'après Czermak et Vivenot (2) , les plus petites ramifications des veines hépatiques ont 0,0038 ligne de diamètre , celles de l'artère 0,0023, et celles de la veine porte sont encore plus déliées -, les lames formées par les artères ont 0,0476 à 0,333 ligne de diamètre , et celles de la veine porte depuis 0,1666 jusqu'à une ligne. {i)Loc. cif., p. 43, 45, 404. (2) Yivenot, Diss. de vasis hepatis , p. 26, l64 MEMBRANE MUQUEUSE. 6" A l'égard des nerfs , ceux de tous ces organes ne pro- viennent que du système ganglionnaire. Le foie seul reçoit en outre des filets de la dixième paire cérébrale, 7° Les ovaires n'ont point été soumis à l'analyse chimique. D'après Frommherz et Gugert (1), le foie contient 0,6179 d'eau, et 0,3821 de substances solides , dont 0,2724 solubles dans l'eau ou dans l'alcool, et 0,1097 insolubles. Les substances solubles dans l'eau étaient de l'albumine, en grande quantité, de la matière caséeuse, de la matière salivaire, de l'osmazome, de la gélatine , du chlorure de potassium et de l'acétate (lac- tate?) de potasse : les autres étaient de la graisse acide (stéarine et oléine, avec leurs acides) , de la fibrine, une ré- sine particulière , du phosphate de chaux , une petite quantité de carbonate calcaire et des traces de fer. La résine particu-' lière, ou résine hépatique, était grenue, d'un jaune brun, sans odeur ni saveur ; elle fondait à la chaleur , et brûlait avec une flamme brillante et fuligineuse ; elle différait d'autres résines animales par son insolubilité dans l'alcool froid et dans l'éther. Cette résine paraît être identique avec la substance analogue au blanc de baleine, qui, d'après Wienholt , se précipite de la dissolution alcoohque d'osmazome, par le refroidissement. Les sels du foie s'élevaient à 0,0100. Braçonnot (2) a trouvé , dans un foie de bœuf , 0^5565 d'eau, 0,1994 de substance insoluble dans l'eau , qu'il regardait comme tissu de vaisseaux et membranes, et 0,2541 de sub- stances solubles dans l'eau, savoir 0,1636 d'albumine, 0,0492 d'une substance analogue à l'osmazome , 0,0316 de graisse phosphorée, 0,0051 de chlorure de potassium, 0,0038 de phos- phate calcaire , avec du fer , et 0,0008 de potasse combinée avec un acide combustible. La substance analogue à l'osma- zome différait de celle-ci en ce qu'elle n'avait pas de saveur salée et piquante ; elle semblait consister en un mélange d'une petite quantité d'osmazome avec une autre substance (ptya- line?) peu azotée , soluble en totalité dans l'eau et peu solu- ble dans l'alcool. (4) Berzelius, Traité de chimie, t. Yll, p. 175. (2) Meckel , Deutsches Archiv , t. V, p. 236. MEMBRANE MUQUEUSE. l65 D'après cela , le caractère chimique du foie semble consis- ter dans une abondance d'albumine non coagulée et d'osma- zome , en combinaison avec de la graisse et de la résine. Cet organe est, après le cerveau, celui qui contient le plus de sub- stance soluble dans Talcool ; l'albumine y prédomine plus sur les autres principes organiques, et on y trouve moins de ma- tière salivaire que dans les autres organes. Mais Berzelius (1) conjecture que la combinaison émulsive d'albumine avec un corps gras provient du liquide contenu dans les canaux de sécrétion , et qui était sur le point de donner de la bile. Une analyse comparative de la bile contenue dans les ramifications les plus déliées des conduits biliaires, et de celle que renferme le tronc du canal excréteur, pourrait seule décider la ques- tion , outre qu'elle conduirait par elle-même à des résultats fort instructifs. Les reins ont été analysés par Gmelin (2), chez l'homme et le Bœuf, par Braconnot (3) , chez les bêtes à cornes , et par Berzelius (4), chez le Cheval. Suivant Gmelin^ l'albumine contenait peu de soufre ; l'éther enlevait de la graisse. L'ex- trait aqueux , dont Gmelin dit que la substance médullaire fournit une quantité supérieure à celle de la substance corti- cale , se comportait , d'après Berzelius , comme l'extrait de viande : il renfermait un acide libre (lactique selon Berzelius, phosphorique suivant Gmelin ) , et donnait de la gélatine qui , au dire de Gmelin , se prenait très-difficilement en gelée. Selon Gmelin, la substance médullaire donnait plus d'extrait al- coolique que la corticale. Le même chimiste pense que la substance insoluble dans l'eau était de la fibrine , qui cepen- dant se dissolvait dans les acides avec moins de facilité que de coutume. Berzehus a trouvé que la substance à laquelle elle ressemblait le plus était la membrane fibreuse des ar- tères ; en conséquence de quoi il la regarde comme de la (1) Traité de chimie, t. VII, p. 178, 179. (2) Tuehinger Blœtter fuer Naturwissenschaften und Arzneizunde ) I , p. 346. (3) Meckel, Deutsckes ArcUv , t. V, p. 242. 4) Traité de cliiraie , t. VII , p. 333. i66 MEMBRANE MUQUEUSE. substance vasculaire. Wienliolt a trouvé, dans la cendre, du phosphate de soude , du chlorure du sodium , du phosphate de chaux et du fer. Suivant Braconuot , le rein contient plus de sels et beaucoup moins d'albumine que le foie. § 788. Les autres organes qui appartiennent à ce système sont des conducteurs, des réservoirs et des canaux excré- teurs. I. Les conducteurs se trouvent placés entre les glandes et les réservoirs. Ce sont des canaux dans lesquels la membrane muqueuse est plus développée , plus dense et moins translu- cide, que dans les cellules glandulaires et les canaux de sécré- tions , outre que , la plupart du temps , elle est revêtue d'une enveloppe celluleuse assez solide et riche en vaisseaux. L'oviducte , uni par des nerfs et des vaisseaux tant avec l'o- vaire qu'avec la matrice , reçoit surtout un grand nombre de ramifications vasculaires , qui le rendent susceptible d'entrer en turgescence ( § 328, 2° ). Au moyen de cette propriéé , il s'applique sur la glande , mais seulement lorsqu'elle a amené le produit d'une de ses cellules à maturité , et qu'elle est sur le point de s'en débarrasser. L'uretère fait corps avec la glande par le moyen de son commencement , le bassinet. Mais la glande verse son produit sécrétoire par d'innombrables ouvertures , hors de sa propre substance , où ce liquide est reçu par le bassinet , comme par une espèce d'entonnoir, La continuité est poussée plus loin entre le Canal déférent et sa glande ; cependant elle n'est point encore complète. En effet, le produit sécrétoire qui sort du testicule passe bien dans les canaux continus , non interrompus \ mais ces canaux sont encore multiples , et ce n'est qu'au dehors de la glande , dans ce qu'on nomme l'épididyme , qu'ils se réunissent en un seul tronc , de manière qu'il y a entre la tête de l'épididyme et le bassinet du rein le même rapport qu'entre le bassinet rénal et le pavillon de la trompe de Fallope. Enfin la séparation entre le conducteur et la glande , et la formation du premier hors de la seconde, ont tout-à-fait dis- paru dans le système biUaire ; le canal hépatique se forme MEMBRANE MUQUEUSE. 167 dans la substance même du foie , par le concours des conduits biliaires. II. Les ovaires et les reins se distinguent en ce que leurs conducteurs aboutissent à un réservoir impair , occupant la ligne médiane du corps. Dans les testicules , les réservoirs sont pairs, mais rapprochés tous deux de la ligne médiane. Enfin, comme le foie est impair et dépourvu de symétrie , son réser- voir offre aussi les mêmes caractères. 1° Tantôt le réservoir fait partie intégrante essentielle du système , et c'est un lieu de passage inévitable , dans lequel le produit tout entier de la sécrétion doit séjourner pendant un laps de temps plus ou moins long. Tantôt , au contraire , il n'est qu'une branche accessoire du conducteur , qui n'y dé- pose pas toute la masse du produit sécrétoire. Sous ce point de vue , la matrice occupe le plus haut rang. Elle est disposée de telle manière , entre les oviductes et le vagin , que les premiers s'ouvrent dans son extrémité supé- rieure, et le second procède de son extrémité inférieure. A la matrice tient de près, sous ce rapport, la vessie, dans laquelle les uretères s'ouvrent, il est vrai , non pas à l'opposé du canal excréteur , mais tout près de lui , de telle sorte néanmoins que chaque goutte d'urine est obligée de tomber dans le réservoir. Au contraire , les canaux déférens et le canal hépatique ne communiquent avec leurs réservoirs qu'à la faveur d'un pro- longement tubuliforme de ces derniers, et sous un angle aigu, tandis qu'ils se continuent en ligne directe avec les conduits excréteurs. Les vésicules séminales et la vésicule biliaire ne sont donc pas des passages , mais des détours dans lesquels le produit de la sécrétion reste en dépôt , tant que le conduit excréteur est fermé ; une fois que celui-ci vient à s'ouvrir , le réservoir se vide , et la glande en fait autant par son con- ducteur. A ces usages différons des réservoirs , qui sont exprimés par le mode d'insertion des conducteurs, se rattache une autre circonstance ; c'est qu'en général il existe un rapport inverse entre les réservoirs et leurs glandes. Les ovaires sont bien plus petits que la matrice parvenue au point culminant de son 100 MEMBRANE MUQUEUSE. développement , tandis que le foie surpasse de beaucoup lé volume de la vésicule biliaire. Ce sont là les deux extrêmes entre lesquels vient se placer la proportion de la vessie au rein. On peut en dire autant des vésicules séminales', qui, si l'on prend en considération leurs circonvolutions et leurs bran- ches , sont infiniment plus grosses , proportionnellement aux testicules , que la vésicule du fiel ne Test par rapport au foie. 2° La membrane muqueuse des réservoirs est , sous le point de vue du degré de développement , en raison inverse des parties qui l'entourent. ' A la matrice, la couche qui l'enveloppe a plus d'épaisseur que partout ailleurs; c'est un tissu érectile ou vasculaire, dans lequel se développent des fibres musculaires. Mais elle- même est tellement délicate et adhérente, qu'on ne peut point la détacher, et qu'on a même nié qu'elle existât. Elle paraît plus pâle encore dans le col que dans le corps de la matrice ; mais elle y forme des plis saillans, et y est pourvue de cryptes muqueuses. A la vessie , la membrane muqueuse n'est entourée que d'une forte couche musculaire. Elle même est assez épaisse *t spongieuse , mais pâle , et ses follicules mueipares sont si petits qu'on ne les aperçoit distinctement qu'avec le secours de la loupe , après avoir injecté les vaisseaux sanguins. Elle forme aussi , indépendamment des contractions de sa couche musculaire , des plis saillans , qui s'étendent des orifices des uretères à celui de l'urètre. Dans les vésicules séminales, elle présente des plis propor- tionnellement plus forts que partout ailleurs , de manière que les réservoirs eux-mêmes ressemblent pour ainsi dire à une série de cellules. Extérieurement , elle est revêtue] d'une en- veloppe celluleuse épaisse et ferme , dans laquelle on ne peut point distinguer de fibres musculaires. A la vésicule biliaire , elle est recouverte d'une enveloppe celluleuse plus mince , avec des fibres faibles ; aussi sa sub- stance propre est-elle plus développée , épaisse , spongieuse, avec de nombreux plis saillans, croisés, réticulés, et des fol- licules mueipares. MEMBRANE MUQUEUSE. 169 4° Dœllinger (1) dit qu'à la matrice les vaisseaux capillaires les plus forts se réduisent , sans division dendritique , en un petit nombre d'autres plus petits , qui , perçant les couches fibreuses, marchent flexueusement entre elles, leur fournissent peu ou presque point de branches , et se partagent enfin en ramifications flexueuses allant plus loin. J'ai remarqué qu'à la membrane muqueuse elle-même ils se terminent par des branches courtes et assez volumineuses, qui s'écartent les unes des autres en directions différentes , à peu près comme celles du chêne. Ceux de la vessie urinaire, au contraire, sont très-grêles, et forment un réseau uniforme , extrêmement serré , avec des mailles fort étroites. C'est à la vésicule biliaire qu'on les trouve le plus rap- prochés les uns des autres dans les plis, où ils s'entrelacent en manière de réseaux. 4° Quelques filets provenant de nerfs rachidiens se joignent aux plexus du grand sympathique dont les ramifications par- viennent aux réservoirs du système génital et du système uri- naire. III. Parmi les canaux excréteurs , celui du système génital de la femme est le plus développé de tous. En effet, le vagin se compose d'une membrane muqueuse épaisse , spongieuse, plissée , et pourvue d'un grand nombre de follicules muci- pares. Comparé à d'autres canaux excréteurs, il aune longueur et une ampleur considérables. H s'ouvre à la surface exté- rieure , et à l'endroit où il se continue avec la peau , il est en- touré de tissu érectile , fort rouge et abondamment parsemé de cryptes. Le système urinaire se trouve à la même hauteur chez l'homme. Ici l'urètre est un organe indépendant, qui reçoit les conduits excréteurs d'autres glandes , et qui a une lon- gueur considérable ; il consiste en une membrane muqueuse fort abondamment garnie de cryptes, et d'un rouge vif vers son extrémité , qu'entoure un tissu vasculaire ou érectile plus (1) Meckel , Deutsches Archiv , t. VI , p. 492, 170 MEMBRANE MUQUEUSE.' développé que'partout ailleurs. Chez la femme , au contraire ; l'urètre est plus simple, plus court, et il s'ouvre dans le vaginjj Les testicules font le passage aux glandes inférieures paires, qui ont aussi des conduits excréteurs pairs ; caries courts con- duits éjaculateurs s'ouvrent d'ordinaire par deux orifices, immédiatement sur les côtés de la ligne médiane de l'urètre , quoiqu'il leur arrive parfois de n'en avoir qu'un seul , qui alors leur est commun. Le canal cholédoque est, comme les conduits éjaculateurs, la courte continuation du conducteur depuis le point où s'ef- f£ctue le passage dans le réservoir, jusqu'à l'orifice béant à la surface de la membrane muqueuse générale. b. Glandes inférieures. § 789. Les glandes inférieures ont pour caractère d'être ac- cessoires à d'autres organes , et par conséquent de recevoir leur sang , non par des branches spéciales des troncs vasculai- res , mais par des ramifications latérales d'artères qui se ré- pandent dans les parties voisines , de quelque nature d'ail- leurs que soient celles-ci , membranes séreuses ou scléreu- ses , membrane muqueuse ou peau , muscles ou organes sen- soriels. De même aussi elles ne reçoivent pas leurs vaisseaux parmi point spécial, par un sillon 'vasculaire , mais par un point quelconque de leur surface. Indépendamment des nerfs qui appartiennent au système ganglionnaire, elles en reçoi- vent aussi quelques uns qui proviennent du système cérébro- spinal. En outre , elles présentent une grande diversité , de sorte qu'il est bien moins possible encore qu'à l'égard des glandes supérieures de les coordonner d'après un principe unique. 1° Les glandes salivaires et le pancréas appartiennent aux organes de la digestion , les glandes mammaires , la prostate et les glandes de Cowper à ceux de la procréation , les glan- des lacrymales à des appareils sensoriels. 2° Le pancréas est situé dans la cavité abdominale. Appar- tenant à l'intestin, il est , co»ime cet organe , impair et non MEMBRANE MUQTJEUSE. I7I symétrique. Ses nerfs sont peu nombreux etgrêles; les plexus du grand sympathique y prennent infiniment plus de part que la dixième paire cérébrale. Les autres glandes de cette catégorie sont disséminées "dans la périphérie animale , situées sous la peau , à une plus ou moins grande profondeur, et symétriques. Elles reçoivent des nerfs cérébraux ou rachidiens , des filets accessoires , qui , de même que les vaisseaux , se répandent dans les parties voisi- nes , de quelque nature qu'elles soient. Les nerfs que leur fournit le grand sympathique sont, au contraire, fort peu considérables. 3° Il n'y a que les glandes salivaires et lacrymales qui soient multiples. Les premières forment un demi-cercle , qui correspond à la mâchoire inférieure, et se compose de trois paires de glandes, voisines les unes des autres , mais un peu différentes sous le point de vue de leur texture. Quant aux glandes lacrymales , la plus volumineuse est si- tuée dans l'orbite, et la plus petite à la paupière supé- rieure. 4° Il semble que , dans toutes ces glandes , les cellules soient vésiculeuses, ou, en d'autres termes, que les canaux de sécré- tion aient un calibre sensiblement inférieur à celui des culs- de-sac qui les terminent. Tel est du moins, d'après Weber (1) , le cas des glandes salivaires , dont les cellules sont d'ailleurs, non pas parfaitement rondes , mais oblongues et un peu an- guleuses. Tel est aussi , selon Muller, celui des glandes sali- vaires (2) , des glandes mammaires (3) et de la prostate (4). Dans cette dernière , les canaux de sécrétion sont serrés les uns contre les autres. Le tissu cellulaire parenchymateux qui les unit est dense , et se rapproche du tissu scléreux. Le tout enfin est entouré d'une enveloppe scléreuse. De là ré- sulte que la glande a un haut degré , tout particulier, de soli- (1) Meckel , ArcMv fuer Anatomie , 1827, p. 276. (2) De (jlandularum structura , p. 51. /5\ r/.ïj -TK AQ (3) Ilid., p. 48. (4) Ibid., p. 47. 172 MEMBRANE MUQUEUSE. dite , que sa surface est uniformément arrondie ou lisse , et qu'elle présente un tissu serré , d'un blanc grisâtre. Dans les autres glandes de même groupe , les canaux de sé- crétion ne sont point aussi parallèles les uns aux autres; ils affec- tent uneforme plusdendritique, et s'écartent davantage en des directions différentes , de sorte que chaque petite branche , avec ses ramuscules et les cellules qui en garnissent les ex- trémités , représente une espèce de grappe , enveloppée de tissu cellulaire parenchymateux , qui la convertit en une pe- tite masse ou en un lobule. Ces lobules se réunissent avec leurs voisins en lobes plus volumineux , de sorte que , en der- nière analyse , la glande entière , entourée d'une enveloppe purement celluleuse , présente une surface inégale , bosselée, et paraît composée d'une multitude de petites masses , ce qui fait qu'on lui donne l'épithète de conglomérée. Le tissu cel- lulaire parenchymateuxconduit les vaisseaux; entre les lobes, où il est plus long , il renferme assez souvent de la graisse, notamment dans les glandes salivaires , mais surtout dans les glandes mammaires. La couleur est le blanc rougeâtre ou jaunâtre. Le tissu , considéré d'une manière générale , est mou ; la [glande sous-maxillaire a des lobules plus volumi- neux et est plus molle que la parotide ; les glandes lacrymales ont des lobules plus petits , et sont un peu plus fermes. La pesanteur spécifique est, suivant Sauvages, de 1007 pour la glande sublinguale ,' de 1043 pour la sous-maxillaire , et de 1034 à 1050 pour la parotide ; selon Muschenbroek , de 1029 pour le pancréas; d'après Schubler (1) de 1012 (1010 à 1014) pour la parotide , et de 1013 ( 1007 à 1020) pour le pancréas. 5° Il n'y a que le pancréas dont on ait fait l'analyse chimi- que. Ce qui le dislingue, au dire de Wienholt, c'est qu'il donne davantage d'extrait aqueux et alcoolique , et contient moins d'albumine et de substances insolubles dans l'eau, que d'autres parties. 6° Les glandes lacrymales tiennent aux glandes supérieures, (i) Uebei' das specifsche Gewicht thierischer Snlstanzen. Tubingue, 1832,in-8°. MEMBRANE MUQUEUSE; 1^3 en ce qu'elles ont une espèce de réservoir d'où pari enfin un conduit excréteur. Mais elles n'ont point un conducteur sim- ple , comme les glandes supérieures ; elles s'ouvrent , par six ou sept orifices , dans la conjonctive oculaire , qui est la plus mince de toutes les membranes muqueuses. Cette membrane est, aux paupières, rouge , riche en vaisseaux et munie de pa- pilles qu'on découvre à l'aide du microscope (1) ; mais , à l'œil, elle est inséparable de la cornée , complètement transparente et incolore, ce qui n'empêche pas cependant qu'elle reçoive des vaisseaux. La conjonctive Iwme un réservoir qui , à la vérité , est ouvert dans son milieu par la fente des paupières, mais qui , chez l'embryon , demeure parfaitement clos pen- dant long-temps ( § 433 , 3° ) ; les larmes qui s'y déposent des glandes , sont conduites , par deux racines , dans le canal ex- créteur, qui lui-même s'ouvre à la surface de la membrane muqueuse de la cavité nasale. Quelques autres glandes offrent aussi des dilatations de leurs conduits excréteurs , qui sont des vestiges de réservoirs. Le pancréas , la parotide , la glande sous-maxillaire et les glandes de Cowper s'abouchent, par des conduits excréteurs simples , avec la surface de la membrane muqueuse générale , à laquelle ils appartiennent; dans la glande sublinguale, la glande mammaire et la prostate , les canaux de sécrétion ne sont plus réunis en troncs communs , et le produit sécré- toire de ces organes s'épanche par plusieurs orifices étroits.] 2. MEMBKANES MUQUEUSES GÉNÉRALES. §790. La Seconde famille comprend les membranes 'mti^ queuses générales , qui ont pour caractère l'universalité. l*» La vie végétative y est de tous côtés en conflit avec le monde extérieur. Elles sont bipolaires , c'est-à-dire qu'elles forment et décomposent du sang, qu'elles reçoivent du dehors (1) Eble]^ Ueber den Bau und die Krankheiten der Bindehmit des Auges, p. 21. 174 MEMBRANE MUQUEUSE, et qu'elles déposent au dehors. Aussi leur substance est-elle plus développée que dans les organes accessoires qui se trou? vent en rapport avec elles. La membrane muqueuse propre- ment dite , appelée autrefois membrane nerveuse, et que Bi- chat nommait tunique celluleuse sous-muqueuse , forme une couche externe , plus ferme et moins colorée , qu'on peut diss tinguer de la couche interne ( membrane villeuse des anciens, muqueuse proprement dite de Bichat ) , qui est formée d'un tissu déhcat , avec un réseau serré^ de vaisseaux capillaires , quoique ces deux couches ne fassent essentiellement qu'un tout. Les vaisseaux capillaires les plus déliés ont à peu près 0,0040 à 0,0060 ligne de diamètre (1) ; ils affectent la forme d'anses dans les villosités ou papilles , comme aussi sur d'au- tres points, où l'on peut remarquer que les artérioles capillaires se continuent par inflexion avec les veinules capillaires (2). Les membranes muqueuses générales ressemblent à la peau sous le point de vue de tous ces caractères ; mais elles en dif- fèrent par la prédominance de la vie plastique , en raison de laquelle elles sont bornées aux cavités plastiques de la tête et du tronc , ce qui ne les empêche pas de présenter une surface bien plus étendue que celle des tégumens extérieurs, au voisinage desquels elles prennent un peu leur caractère. En effet , vers la périphérie , au lieu de nerfs provenant du grand sympathique, elles reçoivent des fîiets du système cé- rébro-spinal ; au lieu d'être couvertes de muscles non soumis à la volonté , elles se garnissent de muscles qui reconnaissent l'empire de cette faculté ; au lieu d'être fixées par du tissu cellulaire et séreux , elles acquièrent un squelette cartilagi- neux et osseux ; enfin , au lieu de villosités vasculaires, elles présentent des papilles sensitives , de manière qu'elles de- viennent à la fois organes de plasticité et organes sensoriels. Elles se partagent en membrane muqueuse respiratoire et membrane muqueuse digestive. Ces deux membranes se croi- sent ou se réunissent dans la région gutturale ; elles sont aussi (1) Webev, Jnatomie des Menschen, t. I , p. 422. (2) Mçdicinischç Jahrhuecher \des oesterreicJtischen Sta&tes, t. XIVj p. 126. MEMBRANE MUQUEUSE. 175 attachées l'une à l'autre dans une étendue considérable , et elles se prêtent un mutuel appui dans leurs mouvemens. a^ Memlrane muqueuse respiratoire. 2° La membrane muqueuse respiratoire constitue le yoremie»' genre. C'est dans cette membrane que s'achève la formation du sang. Née de la membrane muqueuse digestive (§443, 1°; 448 , 1°) , elle offre des ramifications dendritiques, à la faveur desquelles elle multiplie le contact mutuel de Tair et du sang. Par cette forme , comme aussi par la prédominance en elle de l'exhalation , elle se rapproche des glandes. Des cartilages ou des os minces la soutiennent dans toute son étendue et lui servent d'attaches , de manière qu'elle possède un sque- lette propre , qui maintient son canal ouvert, et auquel s'in- sèrent des muscles dilatateurs ou constricteurs. Au point où elle commence , et où elle se divise en deux branches gar- nies de prolongemens libres et lamelleux , elle jouit de la sensibihté et devient le siège du sens de l'odorat. A peine a-telle besoin du secours d'organes plastiques pour accom- plir sa fonction : les organes dans lesquels elle s'étend sont donc , ou des cellules aériennes accessoires pour elle-même , comme les sinus frontaux , sphénoïdaux et maxillaires , ou des sacs à air pour l'organe auditif , comme les trompes d'Eu- stache , la caisse du tympan et les cellules mastoïdiennes. Comme elle reçoit de l'œil le canal lacrymal pour humecter sa surface sensible , et qu'elle-même se continue immédiatement avec la membrane muqueuse de la cavité orale, nous trouvons là une liaison établie entre tous les organes sensoriels de la tête. Dans le nez , elle est épaisse , molle , spongieuse , rou- ^eâtre , riche en cryptes muqueuses, en vaisseaux et en nerfs, et pourvue d'un lacis réticulé de vaisseaux capillaires , dont les mailles sont en partie plus petites que les vaisseaux eux- mêmes. Dans les cavités accessoires , elle devient mince , pâle , pauvre en vaisseaux et en nerfs , et complètement laisse? 176 • MEMBRANE MUQUEUSE. elle finit même par se confondre tellement avec le périoste , qu'on ne peut parvenir à l'en séparer. Au larynx , elle est rouge , assez épaisse , très-vasculaire et pourvue de follicules mucipares. Dans la trachée-artère, elle est d'un rouge pâle , et présente une multitude de petites cryptes muqueuses et de vaisseaux affectant une direction perpendiculaire , dont les branches latérales forment, par leurs anastomoses, des mailles arrondies ou quadrilatères. Enfin, dans les ramifications bron- chiques , qui font la base des poumons , elle devient de plus en plus mince , mais aussi de plus en plus vasculaire et rouge, et , de même que les canaux de sécrétion des glandes , elle se termine par des vésicules , appelées cellules pulmonaires , qui ont 0,0530 à 0,1600 ligne de diamètre selon Weber (1), ou 0,0529 à 0,4599 suivant MuUer (2). Les vaisseaux capillaires s'insinuent entre les globules , et leurs ramifications les plus déliées , qui ont un diamètre de de 0,0040 ligne (3), se rendent aux cellules , sur les parois desquelles elles forment un réseau serré et semblable à un crible. Ainsi , tandis que les troncs vasculaires qui pénètrent dans les poumons surpassent de beaucoup les ramifications des bronches en volume, les capillaires par lesquels il se ter- minent sont vingt à quarante fois plus petits que les cellules pulmonaires. b. Membrane muqueuse digestive. 3° Le second genre comprend la membrane muqueuse di- jgestive. Cette membrane est le premier organe plastique qui se dé veloppe dans la série animale, et pendant la vie de l'individu. Elle représente un utricule étendu de la tête à travers le tronc entier , par lequel passent des substances étrangères , solides et liquides, et elle devient, avec le concours du produit sécré- (1) Meckel , ArcUv fuer Anatomie , d830 , p. 60. (2) Loc. cit., p. 412. (3) Wcber, Anatomie des Menschên , t, I , p. ASôi MEMBRANE MUQUEUSE. I77 toire de glandes qui s'y abouchent, le lieu où commence à se former une substance organique spéciale. La membrane muqueuse est arrivée là au point culminant de son développement, et elle s'y modifie diversement dans les différentes régions. Aux deux extrémités, la cavité orale et le rectum , elle est plus dense et plus ferme : dans l'intérieur, où le travail de formation a son siège principal ( estomac et intestin) , elle est plus molle et plus spongieuse. Le point où elle a la teinte la plus rouge est la cavité orale ; dans le reste de son étendue, elle n'offre qu'une couleur rougeâtre ou blanchâtre. Elle est entourée de muscles qui , dans certaines régions, la renversent en dedans, de manière à ce qu'elle y forme des valvules : à l'intérieur , ce sont des muscles non soumis à la volonté , des muscles membraneux ; mais à la pé- riphérie , ce sont des muscles qui obéissent à la volonté , et qui tantôt sont appliqués sur la paroi , tantôt sont renfermés dans des plis saillans à la face interne , comme au voile du palais et à la langue. Les follicules mucipares offrent la plus grande diversité dans leur développement, de sorte qu'ils se prêtent à une classification particulière (1). Quelques uns sont tellement petits , qu'on ne les aperçoit qu'avec la loupe ou après la ma- cération. La plupart sont peu élevés au dessus de la surface ; on en trouve aussi qui n'arrivent pas jusqu'à elle , et même qui sont enfoncés au point de simuler des prolongemens en forme d'intestin, comme l'appendice cœcal. Le plus grand nombre sont disséminés ; mais il y en a beaucoup aussi qui se rapprochent les uns des autres , et qui alors tantôt forment des espèces de plaques donnant plus d'épaisseur à la mem- brane muqueuse (glandes de Peyer), tantôt constituent des masses sphériques et spongieuses (amygdales). Quelquefois leur orifice est beaucoup plus étroit que leur fond , de ma- nière que la portion rétrécie représente, quand elle a une certaine étendue, un canal excréteur, qui peut même , comme à la langue, appartenir en commua à plusieurs cryptes rap- (1) Haller, EUm, physiolog,, t. II, p. 398. VII. 1 2 178 MEMBRANE MUQUEUSE. prochées les unes des autres. Ainsi , ces follicules tiennent de près aux glandes proprement dites , entre lesquelles et eux il est difficile de tracer une ligne de démarcation bien nette ; on pourrait effectivement regarder la prostate et les ^glandes de Cowper comme des cryptes muqueuses plus développées , si la membrane muqueuse qui reçoit leur produit sécrétoire offrait , dans le reste de son étendue , un développement ana- logue de follicules mucipares. Dans la cavité orale , et surtout à la surface de la langue , la prédominance des nerfs fait acquérir aux saillies le carac- tère de papilles sensitives ; dans l'intérieur , au contraire , celle des vaisseaux les constitue en villosités plastiques. Ces villosités sont plus développées que partout ailleurs dans l'intestin grêle , où elles forment une couche particulière et comme veloutée ; elles sont plus rares , plus écartées les unes des autres, plus courtes et moins prononcées, dans l'estomac et le gros intestin ; elles disparaissent presque entièrement dans le rectum. Les vaisseaux capillaires s'anastomosent, généralement par- lant , sous des angles droits , ce qui fait qu'ils produisent un réseau plus ou moins serré. Comme ils marchent tout le long des papilles et des villosités , à l'extrémité desquelles ils re- viennent sur eux-mêmes , ils forment des anses qui , d'après Berres (1) , sont tantôt simples , et tantôt composées de plu- sieurs anses simples, c'est-à-dire qu'on observe tantôt un seul vaisseau replié en arcade, tantôt plusieurs qui communiquent ensemble de distance en distance. Le diamètre de ces capil- laires est de 0,006 à 0,007 ligne , suivant Berres.~ Dœllinger distingue trois couches dans l'intestin grêle (2). La couche extérieure, immédiatement couverte par la tuni- que musculeuse , se compose d'un tissu propre fort peu abon- dant , et d'innombrables vaisseaux , entassés en plusieurs couches les uns sur les autres. Les artères qui proviennent (1) Medicinische J alirluecher des œsterreichischen Staates , t. XIV, p. 125. (2) De vasis sanguiferis , quœ villis intesHnorum tenuium hominis irutorumque insunt , p. M -17, MEMBKANE MUQUEUSE. I79 de la couche musculaire marchent en décrivant des flexuo- sités , et se partagent dendritiquement en branches , qui s'a- nastomosent ensemble sous la forme d'arcades , d'où naissent des ramifications plus déliées , qui s'entrelacent irrégulière- ment les unes avec les autres. C'est là que les vaisseaux ca- pillaires les plus fins se terminent , en se continuant avec des veines qui marchent parallèlement aux artères. Des branches plus fortes gagnent la couche moyenne. Celle-ci est plus abondamment pourvue de substance propre, et reçoit moins de sang. Ses vaisseaux forment une couche simple ; ils se partagent rapidement , sans former de dendrites ni d'arcades, en branches droites, qui s'anastomosent ensem- ble sous des angles divers , produisant ainsi des lacis dans les mailles desquels on découvre encore d'autres ramifications plus déhées , qui s'entrelacent également les unes avec les autres, et dont presque aucune ne dégénère en veines, la plu- part d'entre elles continuant de marcher vers la couche in- terne. ■ La couche interne , ou membrane'villeuse , reçoit donc, de ces lacis, des vaisseaux qui d'abord marchent flexueusement et en s'anastomosant ensemble à la face externe ; trois à cinq artères pénètrent dans chaque villosilé , se ramifient un grand nombre de fois au milieu de sa substance , mais sans diminuer de diamètre , forment un réseau par leurs anastomoses nom- breuses, et aboutissent communément, vers l'extrémité de la villosité , à une seule veine , qui marche ensuite séparée des artères. Du reste , les dernières ramifications des vaisseaux capillaires dans cette couche ne sont pas des plus déhées qu'on connaisse , et leur calibre n'est point, en particulier , inférieur à celui des capillaires de la couche externe. D'après l'analyse de Wienholt , qui d'ailleurs n'a pas tenu compte des différens tissus accessoires , la membrane villeuse de l'estomac contient plus d'eau, plus d'extrait aqueux etal- coohque , et moins d'albumine et de substance insoluble dans l'eau , que celle des poumons. ibO PEAU. B. Peau, § 791. La peau constitue la seconde famille du système cu- tané. Couvrant le corps entier, elle est par cela même l'organe qui limite Torganisme et qui en exprime l'individualité. Elle absorbe et exhale, comme la membrane muqueuse. Cependant son activité plastique est bien moins développée que celle de celte dernière, parce que l'usage auquel elle sert, celui de pro- téger les parties délicates situées au-dessous d'elle , à dû y faire dominer les conditions mécaniques. En même temps, la vie animale y est plus active ; elle reçoit exclusivement ses nerfs du cerveau et de la moelle épinière , et devient le siège du sens mécanique. Ses nerfs ne sont pas non plus , comme ceux de la membrane muqueuse, de simples ramifications fort courtes des nerfs musculaires sous-jacens ; ils ont plus d'in- dépendance , et constituent de longues branches , qui ne se distribuent qu'à elle. Enfin elle a une fonction plus générale, et offre infiniment moins.de modifications dans les divers points de son étendue. ^ 1° Elle est h\m.0if, ferme , dense , difficile à déchirer, ex- tensible et contractile à un haut degré. Après avoir été ra- mollie par la macération , elle représente la plupart du temps un réseau de filamens et de feuillets entrelacés d'une manière très-étroite , et laissant entre eux des mailles obliques , qui s'étendent de dedans en dehors. On peut donc la considérer comme produite par la condensation d'un tissu cellulaire mé- tamorphosé , tandis que , d'un autre côté , le rôle mécanique qu'elle joue dans l'organisme la rapproche du tissu sclé- reux. 2" Suivant que la fonction purement mécanique ou la sen- sibilité prédomine dans telle ou telle région de la peau, elle varie sous le point de vue de son épaisseur et de sa densité , du nombre de nerfs et de vaisseaux qu'elle reçoit , du déve- loppement des papilles et des cryptes. Ainsi elle est plus épaisse au crâne qu'à la face , au dos qu'à la partie antérieure du tronc, aux membres inférieurs qu'aux membres supérieurs. PEIU. 181 Tandis qu'elle est extrêmement épaisse, dure et presque sclé- reuse , aux talons et à la base des orteils (*) , elle acquiert une grande délicatesse sur les limites des membranes muqueuses, aux paupières , aux lèvres , aux seins , au clitoris , aux nym- phes , au scrotum et au gland ; elle est encore très-délicate à l'oreille externe et dans le conduit au ditif , oii elle se réfléchit sur elle-même comme une membrane muqueuse , mais de- meure fidèle à son caractère , en conservant des follicules cé- rumineux, et s'amincit sur la face externe du tympan, au point d'y devenir transparente. En général , les deux formes du système cutané passent de l'une à l'autre par des grada- tions si insensibles, qu'on ne peut point établir entre elles de démarcation rigoureuse. Ainsi la peau du gland se reconnaît aux follicules sébacés qui la garnissent, quoiqu'à l'instar d'une membrane muqueuse, elle soit renfermée dans une por- tion réfléchie des tégumens communs. De même^ la conjonc- tive oculaire est bien un réservoir constitué par une mem- brane muqueuse , mais un réservoir ouvert et incomplet, qui se continue avec la peau , et qui est muni de follicules sébacés dans les points où il passe à cette dernière. Suivant Krause (1), le diamètre de la peau est de 0,23 ligne aux paupières, et de 1,25 au dos. 3° En dedans, la peau confine à des enveloppes sclé- reuses (gaines aponévrotiques , périoste, périchondre, enve- loppes de tissu vasculaire), mais parfois aussi immédiate- ment à des muscles ou à des glandes (glandes salivaires et mammaires). Lorsqu'elle rencontre soit des glandes, soit, médiatement ou immédiatement , des muscles , on trouve au dessous d'elle du tissu cellulaire plus long et plus ou moins rempli de graisse (pannicule adipeux), dans lequel se ré- pandent les vaisseaux qui lui sont destinés. C'est, au contraire, par un tissu cellulaire court et dense seulement qu'elle tient au périoste , au périchondre et aux enveloppes de tissu vas- culaire. Toutes les fois qu'entre deux points où elle tient peu (*) Voyez Nouvelles Recherches sur la structure de la peau , par G. Bies- chet et Pioussel de Vauzème , Pdiis 1835 , in-S" , fig. (4) Handhuch der menschlicjien Anatoviie , t, I , p. 75. l82 PEAU. aux parties sous-jacentes , elle se trouve fixée par des ban- delettes de tissu cellulaire plus court , elle présente à sa sur- face extérieure des enl'oncemens linéaires, qui se croisent fréquemment, et le long desquels elle présente moins de mo- bilité. Le caractère de la peau varie suivant les points de son épaisseur. On reconnaît ainsi en elle trois couches, qui ne sont cependant pas séparées par des limites bien nettes , mais pas- sent peu à peu de Tune à l'aulre, 4° A sa face interne, la peau est inégale, floconneuse, cel- hileuse et garnie de ramifications vasculaires et nerveuses , entremêlées de vésicules graisseuses. En se rapprochant de Textérieur, elle perd de plus en plus sa texture celluleuse, qui fait place à un tissu dense , dans lequel Eichhorn (1) ad- met, outre des mailles étroites, des cellules closes, pleines d'un liquide albumineux , et où il présume que sont les racines des vaisseaux lymphatiques. 5°^ La couche médiane est absolument dense, sans mailles ni cellules. Les vaisseaux la traversent presque perpendicu- lairement et sans donner beaucoup de branches. Les nerfs ne peuvent être poursuivis que jusqu'à cette couche, dans la- quelle ils se soustraient entièrement aux recherches. 6° La couche extérieure , qu'on appelle le corps papillaire, est mince et rougeâtre ; c'est une sorte de membrane vascu- laire , un tissu délicat et lâche de vaisseaux capillaires entre- lacés , et contenant probablement des nerfs , qu'on ne peut néanmoins pas rendre sensibles à la vue. Les vaisseaux ca- pillaires paraissent sans ramification aucune et sans direction spéciale de leur trajet , s'anastomosant ensemble de tous les côtés , et formant un réseau dont les mailles ne sont pas plus larges qu' eux-mêmes (2). Weber a trouvé leur diamètre de 6,0096 dans la peau du bras (3). Gruikshank croyait avoir aperçu deux couches vasculaires. (1) Meckel, ArcMv fuer Anatomie, 1827, p. 50, 56, 65. (2) Prochasfca, Bemerkungen tiebcr den Organismus des 7)ienschUcJieii Kœrpers , p. 63. (3) Anatomie des Menschen, t, I, p. 411. PEAU. \ 83 7° On trouve ici des papilles , consistant en vaisseaux ca- pillaires qui s'élèvent au dessus de la surface , se replient sur eux-mêmes en manière d'anses , et forment de cette ma- nière des saillies cylindriques, renfermant incontestablement aussi des nerfs. D'après Krause (1), ces papilles ont environ 0,0333 ligne de diamètre, et sont pour la plupart isolées les unes des autres ; quand elles se développent davantage, elles se réunissent plusieurs ensemble ; mais lorsqu'elles sont ar- rivées au plus haut point de développement , elles forment des chaînes de collines, dont la crête est partagée en deux par un enfoncement qui en parcourt la longueur. 8° Les follicules sébacés sont des dépressions dont le fond repose sur les couches profondes ; mais on peut aussi les considérer, jusqu'à un certain point, comme des vides, attendu que leur fond est toujours plus mince que la peau entourante. Lorsque celle-ci se contracte par l'influence du froid , les fol- licules deviennent saillans, ainsi que les capsules pileuses si- tuées au dessous d'eux, et produisent alors le phénomène connu sous le nom de chair de poule. Les vaisseaux capillai- res forment un anneau au pourtour de leur orifice et un ré- seau sur leurs parois. Weber a démontré (2) que ces follicules sont répandus sur toute la peau, à l'exception de la paume des mains et de la plante des pieds ; que seulement ils sont plus petits et plus étroits encore que les bourses muqueuses , mais que, du reste, à l'instar de ces dernières, ils sont tantôt superficiels , notamment dans les points oii la peau est mince et repose immédiatement sur le périchondre , tantôt plus pro- fonds , et en partie semblables à des bouteilles , parfois aussi divisés en cellules , ou réunis plusieurs ensemble pour s'a- boucher dans un conduit excréteur commun (3). Les plus vo- lumineux ont, suivant Krause (4), environ 0,1 ligne de dia- mètre à leur orifice, et 0,2 à leur fond. Ils sont fort développés au voisinage de l'entrée des cavités , à l'anus , au gland , aux (4) Handhiicli der menschlichen Anatomie , t. I , p. 74. (2) Meckel, Arcliiv fuer Anatomie , 1S27, p. 204. (3) Anatomie des Menschen , t. I , p. 409. (4) Handbuch der menschlichen Anatomie, t. I, p. 88, l84 PEAU. petites lèvres, aux grandes lèvres, aux mamelons, aux lè- vres , aux ailes du nez , aux conques de l'oreille , au conduit auditif, mais surtout à Toeil , dans l'endroit où la conjonctive se continue avec la peau , et à l'entrée du vagin, où la peau offre d'ailleurs les caractères d'une membrane muqueuse. La caroncule lacrymale est un composé de plusieurs petits fol- licules sébacés, groupés ensemble, comme des amygdales sont des amas de cryptes muqueuses. Mais les glandes de Meibo- mius sont des follicules allongés en utricules , présentant sur les côtés une multitude de dilatations vésiculeuses ou de cellules qui, d'après Weber (1), ont 0,031 à 0,038 ligne de large, sur 0,069 à 0,076 de long. 9" La peau se putréfie assez tard , et se dessèche aisément sans subir la putréfaction. Plongée dans de l'eau bouillante , elle commence par durcir, puis elle se résout entièrement en gélatine. Le tannin , mis en contact avec sa face interne, qui est la plus poreuse , pénètre dans son tissu et se combine avec elle. Les oxides métallfques contractent aussi combinaison avec cette membrane. Les acides et les alcalis étendus la réduisent en une gelée, qui se dissout ensuite dans l'eau. L'éther en extrait de la graisse. Quand on la brûle , elle laisse un char- bon difficile à incinérer. Suivant Wienholt (2), elle diffère de tous les autres tissus par la grande quantité de substance insoluble dans l'eau qu'elle contient , et par la faible proportion d'extrait alcoolique qu'elle fournit. Séguin prétend qu'elle est composée, en partie, de gélatine pure , qui se dissout dans l'eau bouillante , et forme une combinaison cassante avec le tannin; en partie d'une substance analogue à la fibrine , ferme , extensible , contrac- tile , insoluble dans l'eau et non susceptible de se combiner avec le tannin , qui est plus oxidée que la gélatine , mais que les acides , les alcalis faibles , l'ébullition prolongée et la ma- cération dépouillent d'une partie de son oxygène, et conver- tissent en une autre matière demi-gélatineuse , qui peut se (1) Meckel , ArcJdv fuer Anatnmie , 1827, p. 285. (2) Tuebimjer Blœtter fuer Naturwissenschaften u?id Arzneikunde , t. I , p. 362. OKGANES DE lA. VIE ANIMALE. l85 combiner avec le tannin, sans pour cela perdre sa flexibilité. Suivant Denis (1) , la peau du bras d'une femme de vingt ans donna 0,660 d'eau , 0,266 de gélatine , 0,054 de fibrine et de mucus , et 0,020 d'albumine. ARTICLE II. Des pat'ties qui se l'apportent à la vie animale, § 792. La seconde classe des parties produites par intus- susception comprend celles qui se rapportent à la vie ani- male. 1" Le caractère général de ces parties consiste en ce que le sang qu'elles reçoivent ne sert qu'à leur propre nutrition , et n'est point employé à la formation d'autres produits , de sorte qu'elles jouissent d'une existence plus indépendante que celle des parties qui se rapportent à la vie végétative. Tandis que la forme lamellaire prédominait dans ces dernières , on voit régner ici la forme fibreuse ; car il ne s'agit plus tant d'ac- complir des actes exigeant un certain développement des sur- faces , que de réunir et de lier les parties en un tout. Les parties qui entrent dans cette classe sont des organes immédiats ou médiats de la vie animale. I. Organes immédiats de la vie animale. 2" Lepremier ordre se compose des organes immédiats de la vie animale, de ceux qui servent à cette dernière, non en vertu de leurs qualités physiques , mais en raison de leurs activités vitales propres , et comme ces activités peuvent être ou inté- rieures ou extérieures , il résulte de là que les organes en question constituent deux genres distincts. (1) Journal de Magendie , t. IX, p. iSl. SYSTEME NERVEUX. A. Système nerveux, 3° Le premier genre est celui auquel appartient le système nerveux ou sensitif , organe de la vie animale intérieure, ou de celles des activités vitales qui ne se manifestent point im- médiatement par des phénomènes extérieurs , fournissent le noyau proprement dit de l'existence animale , et représentent par conséquent ce qu'il y a d'essentiel et de dominant dans l'organisme. Le système nerveux a cela de commun avec le système vas- culaire, qu'il se répand également dans le corps entier, en formant un tout continu ; mais la différence consiste en ce qu'il ne manifeste aucun mouvement , ne conduit aucun liquide appréciable aux sens d'une partie dans une autre , et par suite ne se divise point en conducteurs d'un courant centrifuge et d'un courant centripète. 4° La neurine , nom par lequel nous remplacerons le terme équivoque de matière nerveuse, apparaît sous deux formes : comme substance blanche ou médullaire, qui est transparente, et constitue la portion continue du système ; et comme sub- stance grise ou corticale, qui est d'un rouge grisâtre, ou d'une couleur de chair sale, bleuâtre ou noirâtre dans certains points, d'ailleurs translucide , et disséminée cà et là, soit à la sur- face, soit dans les interstisces de la substance blanche. 5° De même que le système vasculaire , le système nerveux renferme en^lui Tantagonisme d'un centre et d'une péri- phérie. Le centre résulte d'une accumulation des deux formes delà neurine en masse volumineuse, dans laquelle le ca- ractère de concentration de la vie à l'intérieur arrive à son plus haut degré de développement. A la périphérie , au con- traire, la neurine est disséminée ; elle se perd dans différens tissus , et entre ainsi en contact et en rapport avec d'autres organes divers. Les nerfs sont les rayons tendus entre le le centre et la périphérie ; composés de substance blanche, et affectant la forme cylindrique , ils offrent de distance en dis- tance des renflemens accompagnés de substance grise , aux- SYSTÈME NERVEUX. 187 quels on donne le nom de ganglions. On les partage en nerfs du cerveau et de la moelle épinière et en nerfs du grand sympathique. Les premiers sont symétriques et communiquent directement d'un côté avec les organes centraux , tandis que de l'autre ils se ramifient dans les parties périphériques. Les autres n'ont de connexions avec les centres que par l'inter- médiaire des nerfs cérébraux et rachidiens ; mais ces con- nexions , qui toutes résultent de filets grêles , sont très-mul- tipliées ; d'ailleurs ils présentent un grand nombre de gan- glions, sont mêlés de substance grise dans leur trajet, ont une couleur plus rougeâtre , et forment plutôt des réseaux non symétriques que des ramifications dendritiques. 6" La neurine, considérée d'une manière générale, est molle et presque pultacée. Elle ne possède que fort peu ou même point d'extensibilité et de contractilité. La substance grise est plus molle encore que la blanche , et presque géla- tineuse. La substance des nerfs du grand sympathique a plus de mollesse que celle des nerfs cérébraux et rachidiens. La pesanteur spécifique de la substance cérébrale est de 1031, selon MuscheniDroek , et de 1034 suivant Schubler ; celle de la substance nerveuse ( provenant du nerf sciatique ) est de 1040. 7° La substance médullaire se compose de fibres, qu'on dis- tingue , tant d'après leur couleur , quand elles traversent de la substance grise , qu'en comparant l'aspect de coupes lon- gitudinales et transversales , et en essayant de la déchirer ou de la racler dans des directions différentes. Là même où sa mollesse ne permet point de la traiter ainsi, et fait qu'elle pa- raît sous les dehors d'une masse complètement homogène, sa texture fibreuse devient manifeste, dès qu'elle a acquis plus de consistance par l'eft'et de la maladie ou par l'influence des réactifs chimiques. La substance grise ne présente que de loin en loin des fibres , qui y sont d'ailleurs moins prononcées. Ces fibres sont également moins sensibles dans le grand sym- pathique que dans les nerfs cérébraux et spinaux- Suivant Fontana, les fibres des nerfs seraient trois fois aussi volumineuses qu'un vaisseau capillaire , et quatre fois autant l88 SYSTEME NERVEUX. qu'une fibre musculaire. Raspail (1) dit qu'elles ont , comme les fibres musculaires, un diamètre de 0,0088 ligne. Selon Ehrenberg (2), le diamètre serait de 0;,0083. Weber l'a trouvé de 0,0015 au bord de la rétine (3). MuUer Tévalue de 0,0049 à 0,00,15, de sorte qu'il n'égalerait même pas celui du vais- seau capillaire le plus grêle. Krause (4) distingue les fibres nerveuses les plus fines, ayant tout au plus 0,0025 ligne de diamètre , et les fibres composées de celles-là , dont le dia- mètre est de 0,0062 à 0,0092. S° La neurine a pour élément mécanique des globules, qui, dans la substance médullaire , sont disposés en lignes , tantôt seulement appliqués les uns contre les autres , comme au cerveau , tantôt renfermés en outre dans une enveloppe cy- lindrique, et formant alors des fibres, comme dans les nerfs. Quant aux globules de la substance médullaire, ils sont accu- mulés en masses, sans nul ordre déterminé. Si l'on en juge d'a- près les recherches de Bauer (5) sur la rétine , ils paraissent perdre peu à peu leur disposition linéaire aux extrémités pé- riphériques des nerfs, et se répandre uniformément sur la surface. Comme l'existence de ces globules dans la neurine est niée par plusieurs observateurs , tels que Hodgkin et Lis- ter, tandis que d'autres, Wenzel et Edwards, par exemple, les admettent , non seulement ici , mais encore dans tous les autres tissus , on pourrait croire qu'ils dépendent d'une illu- sion d'optique , puisqu'une surface bosselée, ou une différence de faculté réfringente peut donner lieu à une apparence de globules dans l'intérieur de parties transparentes; mais cette conjecture est renversée par l'observation de Weber (6) , qui a reconnu que les globules de la neurine se séparent les uns des autres dans l'eau , et nagent alors isolément, ce qui n'ar- (1) Nouv. syst. de ctiiinie organique, p. 220. (2) Poggendorff , Annalen der Physik tind Cliemie , t. CIV, p. 453. (3) Anatomie des Menschen , t. I , p. 269. (4) Handbuch der menschlichen Anatomie , t. I , p. 32. (5) Meckel, Deutsche.i ArcJiiv , t. VIII, p. 291. (6) Anatomie des Menschen , t. I, p. 143; SYSTÈME NERVEUX. 189 rive à aucun autre tissu. Ces globules sont translucides , et ne paraissent blancs que quand il s'en trouve plusieurs accumulés les uns sur les autres. Ils se renflent dans l'eau, mais ne s'y dissolvent pas (1). Ils tiennent les uns aux autres par le moyen d'un liquide transparent, et ils deviennent libres après quelque temps d'immersion dans l'eau , parce que celle-ci s'empare de ce liquide (2). Suivant Bauer (3) , ce dernier contient de l'albumine ; la coagulation lui fait perdre sa transparence ; il est moins abondant et plus visqueux dans la substance médullaire du cerveau , plus copieux et plus jaunâtre dans la substance grise de cet organe , et en plus grande quantité dans la moelle épinière que partout ailleurs. Les globules sont plus petits que ceux du sang. Weber, Prévost et Dumas évaluent leur volume de 0,0014 à 0,0015. Suivant Bauer, la plupart de ceux du nerf optique en auraient un de 0,0050 à 0,0042, mais quelques uns aussi de 0,0060; ils seraient de 0,0030 à 0,0037 dans le cerveau et la moelle épinière ; enfin la substance grise contiendrait les plus petits, et la substance médullaire les plus grands et les plus volumi- neux. Quelques observateurs ont parfois trouvé , outre les glo- bules , de petites masses irrégulières , qui paraissent cepen- dant tenir à ce que , semblables sous ce rapport aux globules du sang ( § 688, 2° ), ceux de la neurine se confondent ensem- ble au moment où l'activité vitale s'éteint. Lorsque après avoir détaché un nerf d'un animal vivant , je le fendais et l'examinais rapidement au microscope, je n'apercevais que des globules égaux et réguliers ; mais , au bout d'une demi- heure , ils étaient plus inégaux , et, de distance en distance , réunis en masses plus volumineuses. Krause (4) a remarqué aussi que les masses irrégulières, d'un diamètre de 0,0038 ligne, qu'il rencontrait fréquemment parmi les globules ayant (1) Ihid., p. 463. (2) Ihid., p. 261. (3) Meckel, Deutsches Jrchiv , t. VIII, p. 292. (4) Handliuch der menschlichen Anatomie , 1. 1, p, 31, 190 SYSTÈME NERVEUX. 0,0012 à 0,0015 ligne de diamètre, paraissaient "provenir d'une fusion de plusieurs d'entre ces derniers. Fontana croyait avoir trouvé , dans ses observations mi- croscopiques , que les ^nerfs consistent en des tubes renfer- mant un liquide transparent , mais ayant des parois inégales et noueuses , et que la substance cérébrale est formée 4e tubes pareils , également remplis d'un liquide transparent , mais lisses à la surface et contournés en manière d'intestin. Tout récemment Ehrenberg (1) a prétendu que les fibres de la substance blanche du cerveau et de la moelle épinière sont des tubes alternativement renflés et rétrécis, comme variqueux ou articulés, qui renferment, non point de la moelle, mais un tout autre suc transparent et non coulant ; que les nerfs des trois sens supérieurs se composent de tubes semblables; mais que les fibres de tous les autres nerfs, quoique se continuant d'une manière immédiate avec les tubes du cerveau et de la moelle épinière, représentent des canaux articulés, cylindri- ques, dont la cavité, bien plus spacieuse, contient de petites particules blanches, arrondies , peu régulières, quelquefois disposées en réseau ou en bandelettes ( § 805 ). 9" Dans les nerfs, chaque fibre est , à ce qu'il paraît, entou- rée d'une enveloppe celluleuse très-délicate ; une autre, un peu plus forte , entoure leurs faisceaux , et une troisième, plus ro- buste encore, entoure tous les faisceaux constituant un cordon nerveux. Cette dernière, appelée gaine nerveuse , unit le nerf avec les parties voisines par le moyen du tissu cellulaire atmo- sphérique , dirige les vaisseaux, et contient souvent de la graisse; le névrilemme,ou l'enveloppe des fibres et des faisceaux de fibres, est maintenu par du tissu cellulaire parenchymateux, qui unit ces diverses parties les unes avec les autres et porte les ramifications des vaisseaux introduits dans l'organe. Au côté ex- térieur du nerf, on aperçoit des bandelettes claires, les unes obliques, les autres transversales, alternant avec d'autres obs- cures , ce qui paraît dépendre de la flexuosité des filamens et faisceaux, qui les place alternativement plus haut et plus bas. (1) Poggendovif , ^nnalen der Physik und Chemie, t. GIV, p. 452. SYSTÈME NEKVEUX. I9I Dans les ganglions , la gaîne nerveuse devient plus solide et presque scléreuse. Au cerveau, elle est remplacée par une en veloppe complètement scléreuse et par une membrane vas- culaire ; mais le névrilemme a disparu, de sorte que les fibres s'appliquent immédiatement les unes sur les autres , tandis que l'excavation centrale est tapissée par une membrane sé- reuse. A la moelle épinière le névrilemme est remplacé par un tissu cellulaire , formé par les nombreux prolongemens de la membrane vasculaire , et dont les canaux flexueux et entre- croisés renferment les fibres et leurs faisceaux. Enfin, aux ex- trémités périphériques des nerfs , il ne reste plus des enve loppes qu'un tissu cellulaire délicat , servant de soutien à la neurine. 10° Les fibres ont une marche très compliquée dans la moelle épinière. Quelques unes se portent entravers; mais la plupart affectent une direction longitudinale , et se prolongent dans le cerveau, où elles s'étendent jusqu'à la surface de sa substance médullaire , tandis que d'autres fibres particulières au cerveau vont d'un point à l'autre du pourtour de la sub- stance médullaire. Dans les nerfs , les fibres paraissent ne pas se diviser et ne point non plus s'unir ensemble. La division tient uniquement à ce que le névrilemme, après avoir enveloppé un certain nombre de fibres pendant une étendue quelconque, n'entoure plus que quelques faisceaux de ces mêmes fibres , d'où résulte une apparence de ramification lorsque la gaîne nerveuse extérieure participe également à celte disposition ; de même les prétendues anastomoses des nerfs ne sont que l'admission dans une enveloppe commune de fibres , de fais- ceaux ou de nerfs , qui jusqu'alors en avaient eu une dis- tincte. Les plexus , dans lesquels des nerfs divers s'anastomosent ensemble , pour ensuite se diviser de nouveau ;, ne font non plus que changer le mode de répartition , réunir des fibres qui jusqu'alors avaient été distinctes, ou en séparer qui étaient unies ensemble. Dans les ganglions, les fibres qui avaient été jusqu'alors unies ensemble , se séparent les unes des autres , au milieu d'un entourage de substance grise. Dans ceux du grand sym- 192 SYSTÈME NERVEUX. pathique , cette séparation a lieu sans direction déterminée , attendu que le ganglion communique de divers côtés avec des nerfs dont les fibres s'étalent , s'entremêlent , se perdent dans la substance grise, et s'y terminent au moins en partie. Dans les ganglions des nerfs cérébraux et spinaux , au contraire , ceux-ci pénètrent par un côté , se partagent en fibres qui traversent la substance grise sans s'écarter beaucoup de la direction longitudinale , et sortent par le côté opposé , où elles se réunissent de nouveau en un cordon nerveux. Enfin , pour ce qui concerne les extrémités périphériques des nerfs , Rudolphi (1) , Prévost et Dumas (2) prétendaient qu'elles forment , dans les muscles , des anses embrassant les faisceaux de fibres. Il est plus certain que les fibres du nerf optique et du nerf auditif se perdent peu à peu en une ex- pansion vésiculeuse , qui consiste en globules uniformément répandus , présente à sa surface interne une couche mince de tissu cellulaire très-délicat , avec des vaisseaux , et est main- tenue tendue par une vésicule séreuse plus intérieure encore ( corps vitré , sac et canaux du labyrinthe). ,, Bogros (3) croyait avoir découvert , par des injections mer- curielles un canal particulier dans l'axe des nerfs. Raspail (4) n'a pu voir aucun vestige de ce canal , en coupant , par tran- ches épaisses de 0,05 ligne, des nerfs desséchés ou traités soit par l'alcool, soit par l'acide nitrique , et les observant au microscope, secs ou humectés avec de l'eau-, il les a même travaillés en tous sens , sans jamais pouvoir .rendre béante la moindre ouverture. Le prétendu canal est, suivant Gen- drin (5), de la substance grise , et d'après Weber(6), un vide existant entre les faisceaux fibreux. 11* Les artères qui vont aux nerfs se répandent d'abord dans la gaîne nerveuse , se partagent en branches ascendan- (1) Grundriss der Physiologie , 1. 1, p. 95. (2) Journal de Magendie, t. III, p. 322. (3) Répertoire général d'anatoniie , t. IV. (4) Nouveau syst. de chim. org., p. 219. (5) Hist. anat. des inflammations , t. II , p. 107. (6) Anatomie des Menschen , t. I , p. 277. SYSTÈME NERVEUX. igS tes et descendantes , et distribuent leurs rameaux au névrl- lemme ; les dernières ramifications sont plus grêles que dans la plupart des autres parties (1) ; elles marchent le long des fibres, parallèlement à elles, s'anastomosent ensemble par des branches obliques, et forment ainsi un réseau, dont les mailles sont assez grandes et surtout de forme allongée. En examinant la tranche du nerf optique injecté , on voit l'artère centrale envoyer de tous côtés des branches qui forment, par leurs anastomoses, un réseau à mailles anguleuses, et finis- sent par produire un anneau au pourtour du nerf. Les ganglions reçoivent plus de vaisseaux que les nerfs. Ces vaisseaux y suivent également une marche en général longi- tudinale ; cependant ils s'y répandent plus en travers que dans les nerfs , sont pour la plupart très-flexueux , et présen- tent de nombreuses anastomoses. L'organe central du système nerveux diffère de tous les au- tres organes par le mode de ses rapports avec le système san- guin. Les vaisseaux qui s'y portent, au lieu de pénétrer sur- le-champ dans son intérieur, se répandent à sa surface en une membrane vasculaire particulière, et n'envoient que des capillaires dans la substance même de l'organe. Ainsi les ar- tères du cerveau , remarquables d'ailleurs parle peu d'épais- seur de leurs parois , qui consistent en membrane vasculaire commune , avec une enveloppe celluleuse , décrivent, de grandes flexuosités dans la pie-mère , et s'y partagent en plusieurs branches, d'égale force, d'abord parallèles, qui, formant avec d'autres de nombreuses anastomoses , entourent le cerveau en manière de réseau. Les capillaires qui en éma- nent pénètrent perpendiculairement dans la substance céré- brale , et s'y partagent en ramifications très -déliées, sans affecter de forme à proprement parler dendritique dans leur division. Ces ramifications , et c'est en cela que consiste la seconde particularité des vaisseaux appartenant aux organes dont nous parlons , ont un diamètre plus petit que celui des globules du sang; Weber (2) leur en assigne un de 1,0030 (1) Webev, Anatomie des Menschen, t. I, p. 271. (2) Anatomie des Menschen, t. I, p. 270. VU. 1 3 194 SYSTÈME NEKYEtIX, ligne dans la plupart des cas , et assure qu'il ne dépasse quelquefois pas 0,0023. D'après Bauer (1) , leur volume n'est qu'égal à la moitié de celui d'un globule du sang , ce qui ne les empêche pas de charrier du sang rouge. Dans la substance grise , les vaisseaux capillaires sont plus abondans , leurs branches ne suivent pas de direction déterminée , et ils fournissent des ramifications extrêmement déliées , qui con- tractent des anastomoses nombreuses les unes avec les autres ; dansla substance médullaire , ils affectent presque tous une direction longitudinale , suivent les fibres , et donnent peu ou point de branches latérales. Berres (2) caractérise la forme de distribution des vaisseaux capillaires dans les nerfs en les pei- gnant comme un plexus allongé , à angles aigus , avec des mailles rhomboïdales , mais dentales anastomoses ont lieu sui- vant toutes les directions dans la siabstance grise. 12° Quant à ce qui concerne les propriétés chimiques , la substance cérébrale n'altère point les couleurs bleues végé- tales ; elle se putréfie rapidement , et elle devient plus ferme sous rinfiuence.de tous les agens qui amènent l'albumine à se coaguler ; broyée avec de l'eau , elle donne une émulsion lai- teuse , qui , avec un peu de graisse et des sels , contient de l'albumine coagulable par la chaleur ou l'alcool. Quand on la fait bouillir dans de l'eau , elle ne donne point de gélatine. Avec les acides, elle fournit une dissolution lactescente. L'a- cide nitrique concentré la charbonne , avec production d'a- cide oxalique et d'ammoniaque. Elle se dissout dans la po- tasse caustique , en laissant dégager de l'ammoniaque , et produit une liqueur brune. Si on la brûle , elle laisse 0,01 de cendres. Cette substance contient, d'après Vauquelin , 0,8000 d'eau , 0,0700 d'albumine, 0,0523 de graisse cérébrale, 0,0150 de phosphore, 0,0112 d'osmazome, et 0,0515 de chlorure de so- dium , de phosphates de potasse , de chaux et de magnésie , (1) Meckel, JDeutsches ArcUv , t. VIII. p. 294. (2) Medicinische Jahrbuecker des œsierreichischen Siaates , t. XIV, p. 263. SYSTÈME NERVEUX^ ig5 avec du soufre ; selon Denis (1) , 0,789 d'eau , 0,073 d'albu- mine, 0,i24 de graisse cérébrale, 0,014 d'osmazome et de sels. L'albumine paraît y être à demi coagulée , d'après l'opi- nion de Vauquelin , et peut-être cet état est-il produit en elle par de l'acide phosphorique. Vauquelin a séparé la graisse cérébrale en 0,0453 de stéa- rine blanche , qui cristallise en lames brillantes par le refroi- dissement de la dissolution préparée avec l'alcool bouillant , et 0,0070 d'élaïne onctueuse, d'un brun rougeâtre, qui reste après l'évaporaliondela liqueur spiritueuse, et exhale l'odeur de la substance cérébrale fraîche. Ces deux formes dégraisse ne sont pas saponifiables par les alcalis. Kuhn et L. Gmelîn ont réduit la stéarine cérébrale en un corps gras lamelleux , appelé par eux cérébrine , qui a une odeur particulière , de- vient jaune , puis brun , au bout de quelque temps , et ne diffère de la cholestérine que parce qu'il contient du phos- phore , et en un autre corps céracé , pulvérulent , qu'ils nom- ment myélocone, qui n'a point d'odeur, demeure toujours blanc , et contient peu de phosphore. Kuhn a extrait , en outre , de la substance cérébrale une graisse saponifiable par les alcalis (*). Le phosphore est combiné avec la graisse , et à l'état simple selon Vauquelin , ce dont Raspail doute (2), présumant que cette substance se trouve bien plutôt à l'état de phosphate d'ammoniaque dans la substance cérébrale. L'albumine et la graisse phosphorée sont en plus grande quantité dans cette substance que dans d'autres organes , et leur'prédominance est caractéristique pour elle. La proportion des sels terreux est extrêmement faible. D'après Sass, la substance cérébrale se compose de 0,5348 (1) Eechevches expérimentales sur le sang , p. 3o. O Outre la stéarine , l'élaïiie et la myélocone, qu'il appelle cholestérine, éléencéphole et cérébvote , Couerbe ( Annales de chimie , t. LVI , p. 164 ) admet encore dans la matière cérébrale deux autres graisses , auxquelles il donne les noms de céphalote et de stéaroconote. (2) Nouveau système de chimie organique ^ p. 226. 196 SYSTÈME NERVEUX. de carbone, 0,1689 d'hydrogène, 0,0670 d'azote, 0,1849 d'oxygène, 0,0108 de phosphore, et 0,0336 de soufre et de sels (1). John dit (2) que la substance grise contient moins de graisse, de l'albumine plus molle , et point de phosphore. D'après Denis (3) , l'élaïne cérébrale y est plus abondante. Elle perd 0,80 par la dessiccation, suivant Hamberger (4) et Gendrin (5), tandis que la dessiccation de la substance médullaire ne lui fait éprouver qu'une perte de 0,68 à 0,72. L'action -de l'acide hydrochlorique lui fait acquérir une transparence gélatineuse. Au dire de Vauquelin, la moelle épinière diffère du cerveau par une quantité plus considérable de graisse , et une moindre d'albumine , d'osmazome et d'eau ; la substance des nerfs , au contraire, par une proportion bien plus grande d'albumine, et plus faible de graisse phosphorée. Lassaigne (6), dont les résultats s'accordent avec ceux-là , a trouvé dans le nerf op- tique 0,7036 d'eau, 0,2207 d'albumine, 0,0440 de stéarine cérébrale, 0,0042 d'osmazome et de chlorure de sodium, et 0,0275 de gélatine , qui appartenaient incontestablement aux envelopppes celluleuses. Les acides dissolvent ces dernières, et durcissent d'abord la neurine , tandis que les alcalis dis- solvent la neurine avant de faire perdre aux enveloppes leur consistance. La substance grise des ganglions diffère de celle du cer- veau, suivant Wutzer, en ce qu'elle est plus soluble dans l'a- cide nitrique et moins dans la potasse. Elle paraît contenir davantage d'albumine et d'osmazome et moins de graisse. Un ganglion du grand sympathique du Cheval était composé , suivant Lassaigne (7) , en grande partie d'albumine , tant (1) De proportionibus quatuor eletnentorum corporum organicorum in cerehro et musculis , p. 27, 40. (2) Chemische Tabellen des Thierreichs , p. 74. (.3) Loc. cit., p. 46. (4) Elément, physiolog., t. IV, p. 22. (5) Hist. anatom. des inflammations, t. II, p. 106. (6) Jom'nal de chimie médicale , t. VI , p. 471. (7) Journal de Magendie, t. I, p. 394. SYSTÈME MUSCULAIRE. I97 coagulée que soluble , avec des traces de graisse , de phos- phate et de carbonate calcaire. Le même chimiste (1) a trouvé dans la rétine 0,9290 d'eau, 0,0625 d'albumine et 0,085 de graisse cérébrale. B. Système musculaire. § 793. Le second genre des organes immédiats de la vie animale comprend ceux dans lesquels cette vie se manifeste par des phénomènes de déplacement , ou les muscles. 1° Les muscles ont pour caractère d'être composés de fibres, qui sont pourvues de nerfs , et qui non seulement possèdent la faculté de se mouvoir spontanément , mais encore peuvent être sollicitées au mouvement par des impressions extérieures, sans qu'aucun changement mécanique ou chimique renferme la cause proprement dite des phénomènes qui se manifestent alors. Conformément à son caractère , en vertu duquel sa vie est tout extérieure et change à chaque instant , le système musculaire ne forme pas un tout cohérent ; c'est un agrégat de parties séparées les unes des autres et isolées tant par le tissu cellulaire servant à la plasticité , que par le tissu scléreux servant au mécanisme , mais qui présentent des diversités in- finies , et qui ne sont nulle part identiques. Berres (2) assigne la forme linéaire comme étant propre au mode de distribu- tion des vaisseaux capillaires du système musculaire , attendu que la plupart d'entre eux s'étendent onduleusement en lon- gueur, et ne s'anastomosent que par un petit nombre de rami- fications transversales. Les muscles se partagent en ceux qui obéissent à l'empire de la volonté , et en ceux qui ne le reconnaissent pas. (1) Journal de chimie médicale , t. VI, p. 738, (2) Medicinische Jahrbxiecher des œsterreichischen Staates , t. XIV . p. 258. 198 SYSTÈME MUSCULAIRE. d, MUSCLES SOUMIS A lA VOIONTÉ, 2° Les muscles soumis à la volonté composent la première espèce. Ils ont une affinité très-prochaine avec le système nerveux , sous l'influence immédiate duquel ils se trouvent, ont des nerfs à la fois volumineux et en grand nombre , et n'en reçoivent jamais que du cerveau et de la moelle épinière. Comme or- ganes de la vie extérieure , ils sont placés du côté de la péri- phérie. Peu d'entre eux s'appliquent à la membrane mu- queuse , suî* la limite qui la sépare de la peau. La plupart sont au dessous de cette dernière, et contribuent à former la paroi viscérale ; ils ont plus de puissance aux membres que partout ailleurs. De ces particularités il résulte aussi que les muscles soumis à la volonté ont un volume considérable , et que ce sont eux qui , de tous les tissus , occupent le plus d'espace. Chacun d'eux s'attache , par ses deux extrémités , à deux parties mobiles , différentes l'une de l'autre sous un rapport quelconque. Du tissu scléreux' sert d'intermédiaire à ces at- taches 5 car , d'un côté , les bouts des fibres des tendons et des muscles s'engrènent l'un dans l'autre , comme deux pin- ceaux qui se pénétreraient réciproquement, et de l'autre ces tendons s'insèrent au périoste ou au périchondre , ou se con- fondent avec eux. Il n'y a qu'un très-petit nombre de muscles qui aboutissent à la peau ou à la membrane muqueuse. 3" La substance musculaire est molle , plus extensible que la plupart des tissus scléreux, moins susceptible de s'al- longer que la fibrine pure et que la peau , moins solide que la peau et le tissu scléreux. Sa pesanteur spécifique est de 1072 ou de 1073 d'après Kapff (1). 4" Le muscle se compose , comme le nerf, de fibres qui sont renfermées dans une enveloppe celluleuse , tiennent en- (1) Untersuchungen ueher dus specifische Gewicht thierischer Sub- stanzen, p. j.0. SYSTÈME MUSCULAIRE. 199 semble par du tissu ceilulaire parenchymateux, et sont unies, par une enveloppe celluleuse , en faisceaux produisant de plus gros faisceaux par le même mécanisme, jusqu'à ce qu'après avoir présenté plus d'une fois cette sorte d'emboîie- ment, le muscle finisse par acquérir une enveloppe celluleuse générale. 5° Par la division simple , on obtient des fibres d'un jaune rougeâtre, qui ne sont pas parfaitement rondes , mais un peu anguleuses. Krause (1) les compare pour la plupart à des prismes tétragones ou pentagones , arrondis sur les angles , et ayant au moins 0,0038 ligne d'épaisseur , sûr 0,0091 de large , et au plus 0,0200 d'épaisseur , sur 0,0312 de large. 6° Une telle fibre peut encore être divisée en fibrilles , et l'on a cherché à pousser la division aussi loin que possible , afin de connaître l'élément mécanique proprement dit du mus- cle. Suivant Weber (2), une fibre aussi déliée qu'un cheveu (environ 0,0240 de ligne) est fissile en treize à dix-huit fi- lamens simples. D'après Krause , elle renferme de huit à cinq cents filamens. Il résulte de là que les évaluations qu'on a données du diamètre des fibrilles élémentaires s'éloignent singulièrement les unes des autres. Il est de 0,0088 , d'après Raspail (3), 0,0033, selon Gendrin (4), 0,0030, suivant Schultze (5). Muys l'évaluait au quart , et Prochaska au cin- quième d'un globule du sang; Fontana au quart du plus petit vaisseau capillaire , Prévost et Dumas à 0,0014, Krause de 0,0009 à ,0,0014. Raspail (6) l'a trouvé de 0,0220 dans le Bœuf, et Muller de 0,0024 à 0,0060 dans le Perroquet. La ténuité des fibrilles ne permet pas d'apprécier si elles ont encore des enveloppes celluleuses , ou si elles sont accolées immédiatement les unes aux autres. Outre que les fibres , à l'état de composition , sont ondu- (1) Handhuch der menschlichen Anatomie , t. I , p. 57. (2) Anatomie des Menschen ^ t. I , p. 386. (3) Hépertoire général d'anatomie , t. III , p. 47. (4) Hist. anat. des inflammations , t. II , p. 188. (5) Systemaiisches Lelirhuch der vergleichendeti Anatomie, 1. 1, p. 122. (6) Nouveau syst. de chimie organique , p. 211. 200 SYSTEME MUSCUMlRE. leuses , on remarque aussi sur les filamens, en les examinant au microscope, des stries transversales, alternativement plus claires et plus foncées , qui semblent provenir de la flexuo- sité des fibrilles. Krause pense que ce sont seulement des plis de l'enveloppe celluleuse d'une fibre, et il leur assigne en général une largeur de 0,0007 de ligne. Quelques physiciens regardent les filamens comme des tubes. Tel est Raspail {]) , qui dit que chaque tube est plein d'une substance non entièrement miscible à l'eau froide^ et conte- nant cà et là des globules isolés , mais que d'ailleurs la paroi est complètement lisse. D'autres voient en eux des séries de globules , comme par exemple Krause , suivant qui les glo- bules ont 0,0006 à 0,0009 ligne de diamètre , sont jaunâtres, parfaitement sphériques , accolés les uns aux autres par un liquide visqueux et clair comme de l'eau , mais assez faciles à séparer. Cependant il paraît s'être glissé ici des illusions d'op- tique , et la seule chose que nous sachions certainement , c'est qu'il existe des filamens sinueux d'une ténuité excessive. 7° Les nerfs pénètrent la plupart du temps dans les mus- cles par leur partie moyenne , et fournissent aux deux extré- mités de ces organes des branches qui marchent entre leurs faisceaux , parallèlement à eux , et dont les ramifications les plus déliées passent en travers sur les fibres , sans pénétrer en elles, ni aller jusqu'aux filamens. Suivant Prévost et Du-i mas (2), elles décriraient une anse, viendraient se réunir aux plexus d'où elles émanent , et s'anastomoseraient avec des fi- lets voisins. 8° Les artères entrent également presque toujours par la partie moyenne des muscles , et sous des angles divers. Elles se divisent dendritiquement dans le tissu cellulaire situé entre les plus gros faisceaux , et les branches qui pénètrent dans l'un de ceux-ci s'y divisent de la même manière ; les ramifi- cations les plus déliées marchent entre les fibres, parallèle- ment à elles, en serpentant un peu (3), et, s' anastomosant (1) Ibid., p, 2J3. (2) Fioiiep , Nolizen , t. "V'T, p. 65, (3) Mcckel, Deutsches ArcUv , t. VI , p. 187. SYSTEME MUSCULAIRE. 201 ensemble par des branches obliques, elles les couvrent d'un réseau à mailles allongées. Les vaisseaux capillaires suivent en très-grand nombre les fibres , mais seulement appliqués sur elles, sans pénétrer dans leur intérieur, ni arriver jus- qu'aux filamens les plus grêles. Du reste , ils ne s'étendent que jusqu'aux limites des tendons , dans lesquels ils ne péné- trent pas. 9° Les fibres, prises isolément, sont d'un rougeâtre pâle ; mais, en masses, elles paraissent, comme les globules du sang , d'un rouge vif. Cette couleur est due à du cruor ; car , ainsi que ce dernier , les muscles prennent une teinte plus claire à l'air, et surtout dans le gaz oxygène , tandis qu'ils de- viennent d'un rouge obscur dans le gaz hydrogène sulfuré. L'eau pure froide enlève promptement la couleur , effet que ne produit point une dissolution de sel. De même , dans les cachexies, où le sang contient trop peu de cruor, les muscles finissent par pâlir également. Mais la rougeur ne dépend point du sang contenu dans les vaisseaux; car elle demeure la même en cas de suspension de la respiration , où le sang prend une teinte plus foncée dans les vaisseaux , et elle ne change pas non plus à la suite d'une hémorrhagie épuisante , tandis qu'alors la peau et la membrane muqueuse pâlissent, parce qu'elles ne sont rouges qu'en raison de leurs vaisseaux san- guins. Il résulte donc de là que la fibre des muscles soumis à la volonté est pénétrée elle-même de cruor , et qu'elle a de l'affinité chimique pour cette substance. 10« Gomme il n'est point possible de débarrasser les fibres musculaires des enveloppes celluleuses , des nerfs des vais- seaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques , l'analyse chi- mique de la substance des muscles ne nous fait point connaître quelle est au juste la nature de cette fibre. L'eau froide donne une dissolution rouge , qui réagit à la manière des acides , et de laquelle la chaleur précipite des flocons rouge-brun de cruor et de l'albumine unie à un acide libre. La portion non coagulable du liquide laisse , par l'évaporation , un extrait jaune brun , que Berzelius nomme extrait de viande ; plus de la moitié de cet extrait est dissoute par l'alcool , et la dis- solution évaporée donne l'osmazome , ou l'extrait de viande 202 SYSTÈME MUSCULAIRE. de Thouvenel , que Berzelius considère comme un composé d'une substance extractive précipitable par le deutochlorure de mercure et le tannin , d'une autre substance non précipi- table, d'acide lactique libre, de lactates (de potasse, de soude , de chaux , de magnésie , et un peu d'ammoniaque ) et de chlorures (de potassium et de sodium). La portion nonso- luble dans l'alcool contient , outre des carbonates et des phos- phates de potasse et de soude, une matière extractive, qui peut être rapportée à la ptyaline , mais qui , selon Berzelius , se partagerait en cinq substances extractives différentes par leur manière de se comporter avec les réactifs. En outre Chevreul (1) a remarqué une substance blanche , cristallisable en cubes, inodore,insipide, sans action sur les couleurs végétales, soluble dans Feau et l'acide sulfurique, insoluble dans l'alcool, donnant de l'ammoniaque et de l'acide hydrocyanique à la distillation, et qu'il nomme créaline. La portion non soluble dans l'eau froide de la substance musculaire est blanche ; par la dessiccation , elle devient d'un gris jaunâtre et facile à pulvériser : l'eau bouillante en extrait de la graisse et de la gélatine , qui pro- vient sans doute du tissu cellulaire, puisque le liquide exprimé des muscles frais ne donne point de gélatine ; la portion qui ne se dissout pasparl'ébullition est de lafibrine, qui se gonfle dans l'acide acétique et se dissout dans l'eau chaude , est so- luble à chaud dans la potasse , précipite par l'acide hydro- chlorique une combinaison non soluble dans l'eau , laisse du phosphate calcaire quand on l'incinère , mais du reste est plus dure , plus friable et plus difficilement soluble dans les acides et les alcalis , que la fibrine du sang. La quantité des matériaux organiques est plus considéra- rable, proportionnellement à celle des matériaux inorgani- ques , que dans les autres tissus. Berzelius a trouvé , dans la chair de bœuf : Fibrine 0,1580 Cruor et albumine 0,0220 Gélatine 0,0190 (1) Joutii. de chimie médicale, t. VIII , p. 548. SYSTÈME MUSCULAIRE. 203 Osmazome 0,0180 Matière salvaire 0,0015 Phosphate de soude 0,0090 Phosphate de chaux 0,0008 Eau 0,7717 Les élémens sont , d'après Sass (1) : Carbone 0,4830 Azote 0,1592 Hydrogène 0,1064 Oxygène 0,1764 Sels 0,0750 L'azote est plus abondant que dans d'autres parties. Du reste, la substance musculaire se comporte, généralement parlant, de la même manière à peu près que la fibrine du sang , avec les alcalis , les acides et les sels métalliques. Quand on la chauffe avec de l'acide sulfurique concentré , qu'on la fait ensuite bouillir long-temps dans de l'eau , qu'on évapore la dissolution neutralisée , et qu'on fait bouillir l'ex- trait ainsi obtenu, on se procure, d'après Braconnot, une sub- stance blanche , de saveur agréable et analogue à celle du bouillon de viande , qui donne des sels particuliers avec les acides, et que ce chimiste a nommée leucine. 11° On compte plus de trois cents muscles , la plupart pairs, dont chacun diffère de tous les autres par le volume, la forme et les connexions , mais qui présentent beaucoup de particu- larités sous le rapport de la contexture et de l'activité vitale. En les appréciant d'après leurs formes principales, on les di- vise en muscles longs ^ qui se trouvent surtout à la colonne vertébrale ; et aux membres , sont les plus complètement développés de tous , et obéissent d'une manière plus explicite aux injonctions de la volonté -, muscles plats , que l'on ren- contre de préférence aux parois viscérales, qui sont plus ou moins membraniformes , et qui agissent fréquemment sans l'influence de la volonté ; sphincters enfin , qui ^ placés à l'o- rifice d'une membrane muqueuse, ont des fibres ^nonentiè- (1) Loc. cit., p. 32. 204 SYSTÈME MUSCULAIRE. rement parallèles, mais entrecroisées çà et là , et se rallient SOUS certains rapports aux muscles que la volonté ne domine point. Mais il s'en faut de beaucoup que cette classification épuise toutes les diversités qu'on rencontre. Ainsi les muscles de la langue se rapprochent des muscles de la vie plastique par leur situation dans un repli de la membrane muqueuse, et par l'inextricable contexture de leurs fibres , tandis que, sous le point de vue de leur mobifité et de l'abondance des nerfs cérébraux qui s'y rendent , ils occupent le premier rang parmi les muscles soumis à la volonté. Les muscles de l'oreille ex- terne et de l'oreille interne appartiennent à la même classe que ces derniers , quant à leur texture et à leurs connexions avec des os et des cartilages ,tandis que leur activité se trouve bien sous la domination de l'âme , mais n'est point déterminée d'une manière immédiate par la volonté. 2. MUSCLES NON SOUMIS A lA. VOIONTÉ. 12° Nous trouvons une plus grande diversité encore dans la seconde espèce , celle des imiscles non soumis à la, volonté ^ ou qui appartiennent à la vie plastique. Sous leur forme la plus inférieure , ces muscles se rallient au tissu scléreux dont nous parlerons bientôt , tandis que , sous leur forme la plus élevée , le caractère du muscle s'ex- prime en eux d'une manière plus complète encore que dans les muscles soumis à la volonté. Leur caractère commun consiste en ce qu'ils sont situés dans la paroi d'une cavité , entre deux membranes , dont l'ex- terne , celluleuse ou séreuse , les unit avec les parties voi- sines, de manière qu'eux-mêmes affectent une forme" plus ou moins membraneuse , et qu'ils ne s'attachent nulle part au squelette osseux. Leurs fibres sont moins parallèles et plus entrelacées : il y a moins de tissu cellulaire entre elles. Ces muscles reçoivent moins de nerfs , et ceux-ci appartiennent surtout au système ganglionnaire. Enfin ils sont plus sollicités à se mouvoir par tout ce qui stimule la membrane interne que par l'influence des nerfs, et leurs mouvemens tendent princi- palement à expulser au dehors le contenu des cavités. SYSTÈME MUSCULAIRE. 2o5 Sous le rapport de la configuration, ils affectent trois formes différentes ; muscles creux , qui sont les plus complètement développés , forment des couches non interrompues de fibres croisées en des directions diverses, et opèrent le mélange du contenu de leur cavité ; muscles annulaires , dont les fibres , prises isolément, forment une portion de cercle, qui sont placés plutôt obliquement qu'en travers dans la paroi d'un canal , et qui , lorsqu'ils agissent , expulsent tout à coup le contenu de ce canal; muscles longitudinaux^ qui s'étendent le long d'un conduit, en font cheminer lentement le contenu, et sont les moins complètement développés de tous. Eu égard à leur situation , on les partage en muscles des vaisseaux et en muscles des membranes muqueuses. a. Muscles des vaisseaux. 13' La première ^variété est constituée par les muscles des vaisseaux. Ces muscles sont étalés à la surface de la membrane vas- culaire commune , partout oii le vaisseau acquiert plus d'in- dépendance et ne fait point , à titre de capillaire , partie in- tégrante d'un autre organe. Ils comprennent ceux dans lesquels la substance musculaire est parvenue au plus haut point de développement . On les partage en trois sous-va- riétés, d'après les trois formes principales de la direction des fibres, et d'après les trois parties principales du système vas- culaire. 14° Le cœur, comme muscle creux , ressemble aux autres muscles plastiques par l'intrication de ses fibres, qui sont pour la plupart obliques , presque spirales , dont les unes s'é- tendent en long et les autres en travers , qui enfin se croisent en différentes couches. Mais il diffère d'eux par sa rougeur intense , par la force de sa masse , par l'épaisseur et la fer- meté de ses parois , par l'union de ses fibres avec des ten dons , et par cette autre circonstance qu'une membrane sé- rense spéciale l'enveloppe. En même temps il représente la sub stance musculaire dans toute sa pureté et dans toute sa puissance ; car il renferme moins de tissu cellulaire et de nerfs 206 SYSTÈME MUSCUIAIRE. que les muscles soumis à la volonté ; aussi les surpasse-t-il à l'é- gard de rinlensité et des résultats de sa force motrice , de manière qu'il n'est pas seulement le point central du système vasculaire, mais encore le point culminant du système mus- culaire , qui manque de centre. Les analyses ont constaté qu'il contient plus de fibrine que les autres muscles. Braconnot a retiré d'un cœur de bœuf 0,1820 de fibrine, avec de la graisse et du phosphate cal- caire, 0,0273 de cruor et d'albumine, 0,0157 d'osmazome , 0,0019 de lactate dé potasse , 0,0015 de phosphate de potasse, 0,0012 de chlorure de potassium , et 0,7704 d'eau. Par antagonisme avec les fibres du cœur, celles des artères et des veines sont plus incomplètement développées. 15° Les muscles artériels consistent en fibres annulaires , qui ressemblent , jusqu'à un certain point, au tissu scléreux, mais n'en font point partie , et représentent une forme parti- culière , inférieure, des fibres musculaires (§733). En effet, indépendamment de leur force motrice (§ 734, II ; 735 ,11), ils ont des^' nerfs; leurs fibres tiennent peu les unes aux au- tres , et sont bien plus faciles à séparer que celles du tissu scléreux. Elles sont cassantes, propriété qui n'appartient point au tissu élastique ; elles ont infiniment moins d'extensi- îîilité que ce dernier; car si les artères s allongent beaucoup , c'est par le seul fait de l'écartement de leurs fibres annulaires, et non par une véritable extension de ces fibres. Comme il n'existe pas de tissu cellulaire entre elles , elles ne donnent point de gélatine , non plus peut-être que d'osmazome , par l'ébullition. Si elles sont insolubles dans l'acide acétique , mais très-solubles dans les acides minéraux , et si les alcalis ou le cyanure de potassium ne les précipitent point de la dissolution, ce phénomène paraît tenir à ce que leur sub- stance, comme l'admet Gmelin (1), tient le milieu entre la fi- brine et l'albumine concrétée. Du reste , nous avons déjà posé précédemment ( § 783 , 12° j la question de savoir si la fibrine que l'on extrait de l'iris n'appartiendrait pas aux vaisseaux extrêmement mobiles de cet organe. {\) Handbucli der theoretischcn Chemie , t. II, p. d.068. SYSTÈME MUSCULAIRE. 20'] 16° Enfin, on n'aperçoit sur les veines que des fibres lon- gitudinales rares , rougeâtres , molles , non serrées les unes contre les autres , qui ne présentent manifestement le carac- tère musculaire , soit dans leur texture , soit dans leur com- position chimique , que chez les Mammifères de grande taille. Ces animaux offrent aussi des traces de fibres musculaires sur les troncs de leurs lymphatiques , où partout ailleurs on n'en peut admettre qu'en raisonnant d'après l'analogie. b. Muscles des membranes muqueuses. 17° Les muscles des membranes Tïiuqueuses composent la sc- conde variété. Ils sont pâles , minces , mous , extensibles et contractiles ; du tissu cellulaire parenchymateux les unit à la membrane muqueuse , et , dans les points où celle-ci se rapproche des caractères de la peau , ils touchent eux-mêmes de près aux muscles qui reconnaissent l'empire de la volonté. Ceux qu'on rencontre sur la membrane muqueuse digestive sont composés d'une couche interne de fibres annulaires et d'une couche externe de fibres longitudinales. C'est à l'œso- phage que ces fibres ont le plus d'épaisseur , celles surtout de la couche externe. A l'estomac, elles représentent, par leur entrecroisement, un muscle creux. Dans l'intestin grêle, les fibres annulaires prédominent , et , vers les deux extré- mités , elles forment des valvules saillantes à l'intérieur. Dans le gros intestin, ce sont les fibres longitudinales qui l'em- portent ; elles y sont disposées en trois faisceaux distincts ; mais, vers l'extrémité , elles se trouvent réunies en une cou- che épaisse et uniforme. Suivant Berzelius, la composition chimique de ces fibres est parfaitement identique avec celle des muscles qui obéissent à la volonté. A la surface de la membrane respiratoire ,' on n'aperçoit bien distinctement que les fibres annulaires , qui remplissent les vides laissés par les anneaux cartilagineux ; mais les ra- mifications déliées , celles qui n'ont point de cartilages , sont entourées par elles d'une manière complète. Les fibres Ion- 208 TISSU SCLÉREtX. gitudinales , qui s'étendent d'un cartilage à l'autre , et qui , là où cessent ces derniers , continuent de couvrir les rami- fications les plus grêles des bronches , constituent encore une transition au tissu scléreux. Enfin , pour ce qui concerne les muscles appartenant à la membrane muqueuse glandulaire , ils sont si faiblement développés sur les conducteurs de l'urine , de la bile , du sperme et du fruit , comme aussi sur les conduits excréteurs des glandes dépourvues de réservoirs , qu'on peut les consi- dérer comme des fibres celluleuses ou scléreuses , quoi- qu'ils se contractent d'une manière assez distincte chez cer- tains animaux (§ 329, 1»). Leurs fibres sont plus fortes sur les réservoirs. A la vessie elles ont une assez grande énergie ; elles y sont grisâtres et très-entrelacées ; elles forment une couche interne de fibres annulaires obliques et transversales , et une couche externe de fibres longitudinales. A la matrice , elles ont une teinte de jaune rougeâtre,et sont également, les unes annulaires et obliques , les autres longitudinales ( § 346 , 6° ; 484, 1°). La vésicule biliaire a, suivant Amussat(l), des fibres blanchâtres , obliques et longitudinales , qui s'entrecroisent ensemble. Aux vésicules séminales, on ne fait que présumer leur existence d'après les phénomènes vitaux ( § 282, 6°). Du reste , selon Berres , les vaisseaux capillaires forment un réseau grillé dans les muscles des membranes muqueuses ; leurs branches s'y écartent sous des angles plus droits que dans les muscles soumis à la volonté , en même temps qne leurs ramifications les plus déliées suivent partout les fibres musculaires. II.. Organes médiats de la vîe animale» §. 794. Au second ordre des organes de la vie animale se rapportent ceux qui n'y servent que d'une manière médiate , et que nous comprendrons , avec Blainville, sous le nom col- lectif de tissu scléreux. (1) Archives général*, t. XIII, p. 286. TISSU SCLÉREUX. 209 Ils ont pour caractère une forte cohésion et une grande so- lidité, de manière qu'ils servent au mécanisme, et que leur fixité fait antagonisme avec la substance musculaire , qui a une tendance continuelle à se déplacer. Comme le rapport méca- nique ou de localité prédomine en eux , ils n'ont pas de con- nexions bien intimes avec l'ensemble de l'organisme , et ne jouissent que d'une faible vitalité. En conséquence , ils man- quent de nerfs ; les artères seules qui s'y rendent sont accom- pagnées de quelques nerfs grêles. La putréfaction ne s'em- pare non plus d'eux que tardivement , et ne [les détruit que d'une manière fort incomplète. Ils ont ainsi des rapports d'un côté avec le système épidermatique, et de l'autre avec le sys- tème musculaire ; mais ils ont aussi de l'affinité avec le sys- tème cellulaire, tant parce que celui-ci a des connexions mé- caniques avec l'organisme, en ce sens qu'il sert de moyen d'u- nion et d'enveloppement, que parce que celui qu'on rencontre autour du testicule , autour du cordon spermatique , et sous la peau du scrotum , acquiert une nature scléreuse. Ces organes sont tendineux , ou forment le squelette. A. Tissu tendineux. 2°. Le tissu tendineux _, constituant le premier sous-ordre , a pour caractère d'allier la flexibilité à une solidité extrême , de manière qu'il se prête jusqu'à un certain point aux dépla- cemens des organes limitrophes , tandis que d'un autre côté il apporte à ces déplacemens des bornes au-delà desquelles ils ne sauraient s'étendre. Conformément à sa destination, on le partage en deux fa- milles , celle des connexions et celle des enveloppes ten^ dîneuses. 4. CONNEXIONS TENDINEUSES, 3° Ijxpremière famille comprend les connexions tendineuses ^ au voisinage desquelles on remarque surtout des membra- vu. i4 2 10 TISSU SCLEBEUX, lies synoviales , dont îa sécrétion vient au secours du mé- canisme. Ces connexions peuvent être relatives ou à des muscles ou au squelette, l a. Tendons. 4° Le premier genre se compose des connexions tendineuses appartenant aux muscles , ou des tendons. On trouve des tendons dans les muscles soumis à l'empire de la volonté et dans le cœur. Quelques uns d'entre eux oc- cupent le milieu d'un muscle, de manière que leurs deux ex- trémités s'insèrent à des fibres musculaires. Mais la plupart sont situés entre des muscles et des enveloppes scléreuses. Ces derniers passent fréquemment sur des vésicules synovia- les latérales, ou sur ce qu'on appelle des bourses muqueuses, qui leur servent de base ou de soutien. Leurs deux extrémités s'attachent aux deux tissus avec lesquels ils sont en rapport, de sorte qu'ils établissent une relation réciproque entre les organes enveloppés et les muscles. b. L 5" Le second genre embrasse les connexions tendineuses de pièces du squelette, ou les Ugamens, qui s'attachent, par leurs deux extrémités , soit à des os ou à des cartilages , soit aux enveloppes scléreuses de ces organes. Les ligamens sont ou de simples bandes ou des tubes. * Bandes ligamenteuses. 6° La première espèce est celle des bandes ligamenteuses , qui ne consistent qu'en de simples cordons, et qui compren- nent , à leur tour, deux variétés , les ligamens plats et les li- gamens arqués. TISSU SCLEREtIX. 211 t Ligamens plats. 7° Les ligamens plats ou latéraux unissent ensemble soit deux os voisins, mobiles ou non mobiles l'un sur l'autre, soit un os et un cartilage.^'A cet effet, ils s'étendent le long deja surface des enveloppes qui revêtent ces organes. tt Gaines des tendons. 8° Les ligamens arqués , appelés aussi gaines des tendons , s'étendent, en manière de pont /sur un ou plusieurs tendons, et s'insèrent au périoste par leurs deux extrémités , de ma- nière que les tendons sont renfermés dans une sorte de canal, que tapissent des capsules synoviales réfléchies , ou ce qu'on nomme des gaines muqueuses. Ces ligamens forment la transition à ceux de la seconde espèce.;. '^* Tubes ligamenteux. 9° La seconde espèce comprend les tuhes ligamenteux^ ou li- gamens capsulaires , canaux cylindriques, dont le pourtour des deux bouts embrasse les extrémités articulaires de deux os ou cartilages mobiles l'un sur l'autre , et qui du reste ren- ferment la capsule synoviale de l'articulation , dont les parties latérales s'appliquent à eux. Comme ils concourent avec les parties articulaires du sque- lette à former les articulations , dont ils revêtent les vési- cules synoviales , ils tiennent de près , par cela même , à la famille suivante. 2. ENVELOPPES SCIÉREUSES. 10° A la seconde famille des tissus teudiïieux se rapportent les enveloppes scléreuses. 212 TISSU SCLEREUX. Ces enveloppes sont moulées sur la forme de l'organe qu'elles doivent entourer. Elles y sont attachées d'une manière solide , et envoient fréquemment , dans sa substance ou entre ses parties, des prolongemens qui servent, soit à les mainte- nir en situation , soit surtout à diriger les vaisseaux. Elles ont de l'affinité avec les enveloppes celluleuses. On les partage en deux genres , suivant qu'elles revêtent des organes de la vie plastique ou de la vie animale. a. Enveloppes seléreuses (Vorgayies plastiques. fe 11* Le -premier genre est celui des enveloppes destinées à des organes de la vie plastique , soit centraux, soit périphé- riques. 12° Jj^ première espèce\ ou l'enveloppe scléreuse de l'or- gane central, est celle qui couvre la portion pariétale du pé- ricarde. Elle s'applique donc à une vésicule séreuse envelop- pante , et se continue en bas avec le tendon du diaphragme , en haut avec la gaîne celluleuse des troncs vasculaires. 13° La seconde espèce comprend les enveloppes seléreuses 'qui appartiennent à des organes périphériques de la vie plas- tique , et qui revêtent soit des tissus vasculaires , soit des tis- sus de membrane muqueuse. 14° Quelques organes vasculaires nous présentent une enve- loppe scléreuse envoyant à l'intérieur des prolongemens qui représentent un tissu celluleux , destiné à envelopper et con- solider les ramifications des vaisseaux, notamment des veines. Telle est la rate , où cette enveloppe est mince , et couverte d'une membrane séreuse. Tels sont encore les corps caver- neux, où elle est épaisse , et recouverte en dehors par la peau, en dedans par la membrane muqueuse. 15° Quant à ce qui concerne les organes constitués par la membrane muqueuse, quelques organes glandulaires sont cou- verts d'une enveloppe scléreuse , qui , à la prostate et aux reins, confine à du tissu cellulaire atmosphérique, tandis qu'aux ovaires et aux testicules elle est tapissée par une mem- brane séreuse , et que , dans ces derniers organes , elle en- TISSU SCLÉREUX. 2l3 voie à l'intérieur des prolongemens qui figurent 'autant de cloisons. La trachée-artère et ses ramifications sont tapissées par une enveloppe scléreuse , qui fait corps avec le péri- chondre, b. Enveloppes sclèrewses cf organes de la vie animale, ' 16° Le second genre comprend les enveloppes scléreuses d'organes de la vie animale , soit centraux , soit périphé- riques. 17<»J L'enveloppe scléreuse du cerveau est située entre des os et une membrane séreuse. Elle forme en dedans des plis qui logent des veines , et sert en même temps de pé- rioste. Celle de la moelle épinière est comprise entre le périoste et une membrane séreuse. 18° Les enveloppes d'organes périphériques appartiennent ou à des organes sensoriels ou au système locomoteur. 19° Celle de l'œil confine en dedans à une membrane sé- reuse. En dehors elle est entourée de tissu cellulaire atmo- sphérique , sert de point d'attache à des muscles , et se trouve tapissée en partie par une membrane muqueuse. La sphère partielle qu'elle forme est complétée par la cornée transpa- rente , placée elle-même entre une membrane muqueuse , la conjonctive , et une membrane séreuse , celle de la chambre antérieure. 20° Les enveloppes scléreuses d'organes locomoteurs se rapportent, les unes à des muscles et les autres au squelette. 21° Celles des muscles, appelées gaines musculaires ou aponévroses , maintiennent des parties entières de muscles, et envoient à l'intérieur, jusqu'au périoste , de larges prolonge- mens , qui ^font office de cloisons et de points d'attache pour des muscles. 22"* Celles du squelette portent le nom de périoste et de périchondre. Elles remplissent deux usages différons. D'un côié , elles 'servent ^ comme des enveloppes séreuses, d'in- termédiaire à la nutrition des os et des cartilages qu'elles renferment, attendu qu'elles offrent aux vaisseaux une surface âl4 TISSU SCLÉREUX. sur laquelle ils peuvent s'étaler, et qu'elles envoient dans la substance des organes des prolongemens en forme de gaîne, qui accompagnent les ramifications vasculaires. D'un autre côlé , elles concourent à l'effet mécanique de toutes les con- nexions scléreuses, avec lesquelles elles se confondent à leurs points d'insertion ; de sorte , par exemple , qu'on peut considérer les capsules articulaires comme des continuations du périoste , et regarder celui-ci , avec le périchondre étalé à la surface des cartilages articulaires , comme une enveloppe non interrompue du squelette entier, de même qu'il arrive au périoste, dans l'oreille, de se tendre, conjointement avec d'autres membranes , sur des vides osseux , tels que l'extré- mifé du conduit auditif, la fenêtre ronde, la fenêtre ovale , la base de l'étrier et la lame spirale du limaçon. 3. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE TISSU SCLÉREUX. 23» Le tissu scléreux présente des modifications diverses , suivant la situation qu'il occupe et les usages auxquels il est destiné. Partout il possède un certain degré d'extensibilité et de contractilité. Mais ces propriétés sont moins développées en lui quand il a pour usage d'établir des limites bien tranchées. Elles ne se déploient que par l'effet d'un changement lent et graduel de la nutrition ; ainsi , la dure-mère dans Thydrocé- phale , le périoste dans les exostoses , la capsule scléreuse de l'œil ou des testicules dans le gonflement de ces deux or- ganes, éprouvent un haut degré de distension, et se resser- rent quand la tuméfaction vient à cesser. Toutes les fois , au contraire , que , dans l'état normal , un effort brusque agit sur lui, il cède, soit en s'allongeant , comme font les ligamens jaunes tendus entre les arcs des vertèbres , soit en se prêtant à l'enflure des organes qu'il renferme , comme on le voit à la rate et aux corps caverneux , et revient ensuite sur lui-même, attendu qu'il n'y a point de forces étrangères qui le ramènent dans ses limites primitives. Mais Béclard (1) a eu tort de re- (1) Additions à l'Anatomie générale de Bichat , p. 479. TISSU SCLÉREUX. 21 51 garder comme une espèce à part et distincte du tissu sclé- reux , celui qu'il appelait élastique , et auquel il rapportait aussi la membrane musculaire des artères , des veines , des vaisseaux lymphatiques et des conduits excréteurs. 24° En général, la couleur est blanche , tirant sur le gris, le jaune ou le bleuâtre. Mais, à la cornée, le tissu scléreux devient , comme le tissu de membrane muqueuse , complète- ment incolore et transparent. Les connexions scléreuses, notamment les tendons , ont le brillant de l'argent ou le cha- toiement de la nacre. D'après Béclard , le tissu élastique serait caractérisé par la couleur jaune et le défaut d'éclat; mais les enveloppes élastiques de la rate et des corps caverneux ne sont point jaunes, et les enveloppes non élastiques n'ont également pas de brillant partout où leur surface ne se trouve point tapissée d'une membrane muqueuse. 25° Considéré d'une manière générale , le tissu scléreux se compose de fibres particulières, très-serrées les unes contre les autres et solidement unies par du tissu cellulaire. Chacune de ces fibres peut être divisée en plusieurs filamens parfai- tement cylindriques et un peu onduleux , dont le diamètre est de 0,0030 ligne selon Schultze (1), ou de 0,0015 à 0,0018 d'après Krause (2). C'est dans les connexions scléreuses qu'on distingue le mieux les fibres ; elles sont parallèles les unes aux autres dans les tendons allongés et les ligamens articu- laires, mais irrégulièrement entrelacées dans les tendons étalés en membrane et dans les ligamens des os non mobiles. Elles présentent surtout mie grande intrication et fort peu de développement dans les enveloppes scléreuses ; aussi de- viennent-elles indiscernables dans l'albuginée de l'œil, et disparaissent-elles entièrement dans la cornée transparente ; cependant, comme cette dernière membrane se déchire en lambeaux concentriques après qu'on l'a fait macérer dans des acides étendus , et que ses épaississemens anormaux ont près que toujours une forme annulaire , on peut présumer qu'elle (1) Systemaiisches Lelirhucli der vergleichenden Anatomie, t. I, p. 124. (2) Handbuch der menschlichen Anatoviie , t. I, p. 51. 2l6 TISSU SCLÉREtfX. renferme des fibres disposées en anneau (1). Plusieurs enve- loppes scléreuses, comme l'aponévrose crurale, la dure- mère et la cornée transparente soumise à la macération , se partagent en couches ou feuillets. 26o Les vaisseaux sanguins sont rares et grêles dans les connexions scléreuses. Ils se ramifient un peu dans le tissu cellulaire qui unit les fibres , et suivent la direction de ces dernières. Les enveloppes scléreuses sont traversées par les vaisseaux qui se rendent aux organes qu'elles renferment , et elles leur fournissent souvent des gaines. Plusieurs, comme les gaines musculaires , la cornée opaque , etc., n'ont que peu de vaisseaux. On ne peut démontrer ceux-ci par l'injection , dans la cornée transparente , que quand l'inflammation leur a fait acquérir un plus grand diamètre. Le périchondre et surtout le périoste sont plus riches en vaisseaux , qui s'y ra- mifient d'abord dans toutes les directions , puis en prennent une longitudinale, et envoient leurs branches dans l'os, tandis qu'il ne reste dans l'enveloppe scléreuse elle-même que des ramifications insignifiantes. 270 La pesanteur spécifique d'un tendon était de 1088 à 1093 , suivant Schubler. 28" La dessiccation rend le tissu scléreux dur, cassant , semblable à de la corne , jaune brunâtre et translucide ; mais l'immersion dans l'eau lui fait reprendre les qualités qu'il avait auparavant. D'après Chevreul (2) , les tendons que l'on fait sécher à l'air perdent 0,5687 d'eau , tandis que , dans le vide, leur perte s'élève à 0,6202. Une fois desséchés, ils absorbent en vingt-quatre heures 1,4787, et en huit jours 2,7179 d'eau. Un tendon de Bœuf donna dans le vide 0,5039 de ce liquide , un ligament jaune de vertèbre 0,5567, et un autre ligament 0,7680. Du reste, tout tissu scléreux quel- conque acquiert de l'extensibilité et de la contractihté lors- qu'il s'est saturé d'eau par l'effet d'une macération assez prolongée. Quand on le fait bouillir avec de l'eau, il donne de (1) Gendrin , Hist. anat. des inflammations, t. I , p. 331. (2) Considérations générales sur l'analyse organiqiiî et ses applications , p. 108. TISSU SCIÉREUX. 217 la gélatine ; les tendons sont ceux qui en fournissent le plus ; on en obtient peu ou point des ligamens placés entre les arcs vertébraux , qui , d'après StaufF (1) , donnent une gelée plus analogue à l'osmazome qu'à la gélatine. Ces ligamens ne con- tiennent pas non plus de fibrine qu'on puisse précipiter de la dissolution hydrochlorique par la potasse ou le cyanure de potassium et de fer (2). La fibrine manque également dans les tendons (3) et dans la membrane 'albuginée de l'œil ; mais elle existe dans la cornée transparente (4). B. Tissu squeîettique. § 795. Le second sous-ordre des organes médiats de la vie animale comprend le sq^uelette, qui, en raison de sa dureté et de sa solidité , procure au corps une forme permanente. 1° Le/squelette se compose de cartilages et d'os. 1. CAMUAGE. 2° La première famille est celle des cartilages. Les cartilages ont un certain degré de solidité , qui leur permet de conserver leur forme sans avoir besoin d'appui, et de déterminer aussi celle des parties voisines. Ils peuvent cependant céder un peu à une forte compression ou flexion , c'est-à-dire se distendre par suite d'efîbrts portant sur leur surface ; mais l'élasticité dont ils jouissent les ramène aussitôt à leur forme première. Ils cèdent moins à la traction ou à une distension agissant sur leurs bords. Sous le rapport de la flexibilité , ils tiennent le milieu entre le tissu scléreux et le tissu osseux ; on peut les ployer, ce que les os ne supportent point ; mais ils cassent quand la flexion va trop loin , ce qui n'arrive jamais au tissu scléreux. Ils ont aussi plus de dureté (1) Blainville, Cours de physiologie générale, t. II, p. 141. (2) Berzelius , Traité de chimie , t. YII , p. 492. (3) Ibid., p. 522. {k)IIjid., p. 449. 2l8 TISSU SCLÉREUX. que ce dernier, quoiqu'on puisse les couper. La plupart du temps , ils affectent la forme de disques ou de lames. Leur couleur est blanchâtre , tirant sur le bleuâtre ou le jaunâtre. Coupés en tranches minces , ils sont un peu translucides. Leur pesanteur spécifique est de 1157 à 1161 , selon Kapff. 3° Les cartilages semblent être des masses homogènes; cependant, lorsqu'on les rompt , surtout après les avoir fait bouillir ou macérer, ou les avoir traités par l'acide hydrochlo- rique , on aperçoit plus ou moins distinctement , dans la cas- sure ^ des fibres parallèles à leur plus petit diamètre , et par conséquent perpendiculaires à leurs deux faces : on peut aussi en exprimer une petite quantité d'un liquide clair comme de l'eau. Krause (1) admet , entre les fibres , une substance cartilagineuse plus molle et non fibreuse , avec de nombreux canaux ayant 0,0027 à 0,0011 ligne de diamètre. Ces canaux sont vraisemblablement des vaisseaux sanguins incolores , qui , après la dissolution de la gélatine par Teau bouillante , restent sous la forme de filamens grêles , et qu'on ne peut la plupart du temps point démontrer par les injections.' 4° Ils doivent leur couleur et leur flexibilité à l'eau qu'ils contiennent. La dessiccation les rend jaunes , demi-transpa- rens et cassans. Si on les plonge alors dans l'eau , ils recou- vrent leurs qualités premières. D'après Chevreul, les carti- lages perdent 0,6936 d'eau dans le vide , et absorbent ensuite 2,2050 de ce liquide pendant vingt-quatre heures d'immer- sion. Leur composition chimique varie. Quelques uns d'entre eux, traités par l'eau froide, donnent un peu d'albumine, d'osmazome, de matière caséeuse et de matière salivaire, mais fournissent beaucoup de gélatine par l'ébuUition ; d'au- tres donnent peu ou point de gélatine , et seulement une substance albumineuse. A la première catégorie appartien- nent les cartilages costaux, qui, d'après Frommherz et Gu- gert(2), contiennent, à l'état sec, 0,96598 des substances (1) Handbuch der menschUchen Anatomic , t. I, p. 48. (2) Schweigger, Journal fuer Chemie und Physik , t. L , p. 187. TISSU SCLEREUX. 219 organiques citées plus haut, et 0,03402 de sels (0,02641 car- bonate , sulfate , hydroclilorate , phosphate de soude et sulfate de potasse, 0,00625 carbonate de chaux, 0,00136 phosphate de chaux, phosphate de magnésie et oxide de fer). La se- conde classe comprend les cartilages articulaires, qui, d'après J. Davy (1), contiennent 0,550 d'eau, 0,445 d'albumine et 0,005 de phosphate calcaire. En général , les cartilages ren- ferment une quantité considérable de substance organique, proportionnellement à leurs principes constituans inorga- niques. On les partage en fibro-cartilages et cartilages propre^ ment dits. a. Filro-cartilages. 5° Les fihro-cartiîages consistent en tissu scléreux dont les mailles sont pleines de substance cartilagineuse , ou dont les couches alternent avec des couches de cartilage. Cette texture, qui les rapproche du tissu scléreux , fait aussi qu'ils diffèrent des cartilages proprement dits par une plus grande flexibi- lité et par l'aptitude à être comprimés. Cependant ils ne sont point séparés des cartilages par une ligne de démarcation absolue , et ils ne comptent parmi leurs caractères, ni de pos- séder une texture fibreuse , ni de contenir de la gélatine. 6° Quelques uns d'entre eux servent au mouvement des tendons ; ils s'appliquent , en forme de plaques, sur le périoste à la surface duquel glissent immédiatement des tendons , et produisent des espèces d'anneaux à travers lesquels passent ces organes. 7° D'autres sont destinés à des os , et servent soit à les unir ensemble , soit à faciliter leurs mouvemens. 8° Les premiers adhèrent par leurs deux faces aux os qu'ils unissent ensemble. Les cartilages intervertébraux sont des disques composés d'anneaux concentriques, dans la compo- sition desquels entre un liquide visqueux, qui, à l'instar d' en- Ci) Béclard , Additions à l'Anatoniie générale , p. 173. 220 TISSU SCLERETJX. veloppes scléreiises , envoient une multitude de fibres dans la substance de l'os , et qui permettent aux corps des ver- tèbres de jouer les uns sur les autres. Les disques cartilagi- neux plus solides interposés entre les os du bassin et entre ceux du crâne , établissent des connexions immobiles entre les pièces osseuses. 9° Les cartilages articulaires accessoires forment tantôt le rebord d'une fosse articulaire , qui sert à agrandir cette der- nière et à embrasser la tête de l'os ; tantôt des disques paral- lèles aux surfaces articulaires et entourés par la membrane synoviale, dans l'intérieur de la capsule articulaire, b. Cartilages proprement dits. 10° Les cartilages proprement dits forment toujours la pa- roi d'une cavité , soit avec la peau , soit avec la membrane muqueuse ou des membranes séreuses. Ils appartiennent les uns au squelette , les autres aux articulations. 11° Les cartilages squelettiques sont les parties les plus in- dépendantes du système cartilagineux. Comme tels , il n'y a qu'eux qui soient pourvus d'un péricliondre ou d'une mem- brane propre. Ils donnent aux parties molles situées à leur surface une forme constante et qui ne se prête qu'à de faibles changemens. 12° Il y en a de deux espèces. Les uns appartiennent au squelette proprement dit. Ce sont les parties de ce dernier jusque dans l'intérieur desquelles l'ossification ne s'étend point d'une manière normale pendant l'âge moyen de la vie , et qui entretiennent l'élasticité des parois de la cavité du tronc. Ils sont situés entre la peau et une membrane séreuse. Ici se rangent l'appendice xiphoïde du sternum et les cartilages costaux. Ces derniers , qui ont une forme plate , sont les plus longs de tous , ce qui les rend aussi plus cassans ; mais la ma- cération les réduit en disques accolés les uns aux autres dans la longueur du cartilage , ce qui prouve qu'ils résultent d'un assemblage de fibres transversales. Ils contiennent des vais- seaux sanguins rouges , qui se rendent de leur face interne TISSU SCLEREUX. 221 jusque dans leur centre , et qui alors marchent le long de leur axe. IS» Les autres sont logés sous la peau ( cartilages de To- reille et du conduit auditif ) , ou à la face externe de la mem- brane muqueuse ( cloison du nez, trompe d'Eustache, larynx, trachée-artère et ses ramifications ), ou entre la peau et la membrane muqueuse ( cartilages du nez et des paupières ) , et tiennent tendues ces portions du système cutané : ceux-là sont plus flexibles que d'autres cartilages, et l'on y aperçoit presque toujours des fibres distinctes , mais ils donnent peu ou point de gélatine. 14° Quant aux cartilages articulaires , l'une de leurs sur- faces est intimement unie à l'os , sur les dépressions et les saillies duquel elle se moule , tandis que l'autre , couverte d'une vésicule synoviale , regarde la cavité articulaire. Ils ont une ligne environ d'épaisseur. Ils sont très-blancs, solides et fibreux dans leur cassure. On n'y aperçoit pas de vaisseaux sanguins. § 796. La substance osseuse est caractérisée par sa dureté, qu'accompagne un haut degré de densité et de solidité. La pesanteur spécifique de la tête fraîche d'un fémur était de 1267, celle de la diaphyse de cet os de 1791, celle du tem- poral de 1613 , celle d'un pariétal desséché de 1906 , et celle dumême os soumis à l'action de la machine pneumatique, de 1975 , selon KapfF. La grande résistance dont jouit cette sub- stance lui permet de rendre les formes de l'organisme per- manentes. Elle est disposée en un squelette formant la paroi de cavités qui renferment des organes délicats , ou servant d'attache et de soutien à des parties molles. Ce squelette de- vient surtout le point d'appui qui rend possibles et sûrs tous les mouvemens libres et indépendans. 2° La substance osseuse est une combinaison d'une matière organique et d'une matière inorganique, dont chacune , après l'éloignement de l'autre ;, conserve encore la forme de l'os entier. L'acide hydrochlorique étendu dissout la matière inor- ^22 TISSU SCLÉREUX. ganique , et laisse la matière organique , sous la forme d'un corps jaune brunâtre , transparent, léger, ferme, flexible, élastique, cartilagineux , dont le poids s'élève depuis 0,30 jus- qu'à 0,37 de celui de l'os mis en expérience. Le feu, au con- traire , détruit la matière organique , et laisse un corps ter- reux, blanc, opaque, pesant, dur et cassant, dont le poids est de 0,63 à 0,70 de celui de l'os entier. La première dimi- nue la fragilité de la seconde, et celle-ci la flexibilité de celle-là. Mais toutes deux ensemble donnent à la substance osseuse la constitution qui lui convient ; car elles ne sont pas déposées l'une à côté de l'autre , ou l'une dans les mailles de l'autre, mais elles se contiennent réciproquement et sont unies ensemble d'une manière chimique. En effet, chacune d'elles, prise à part , représente non seulement la forme totale , mais encore la texture de l'os entier , dans lequel l'observation mi- croscopique ne fait apercevoir non plus aucune dislinction de substance. Voilà pourquoi la matière organique se trouve non décomposée encore dans des os qui remontent à plus de dix siècles, pourvu que l'action de l'eau et de l'air n'ait point dé- truit sa combinaison chimique avec les principes conslituans inorganiques. Mais comme la portion cartilagineuse se pro- duit la première ( § 427 ), on peut dire que, dans l'os , elle est chargée de sels terreux. 3° La forme primordiale proprement dite paraît être celle de granulations. Ces granulations, en se plaçant les unes à la suite des autres, forment d'abord des fibres , qui s'appliquent dans des directions diverses, en se serrant tantôt plus et tantôt moins. Lorsqu'une couche superficielle est plus attaquée que les autres par l'eau , l'air, le feu, les acides ou la maladie, elle se dé- tache sous la forme de lamelles , dans lesquelles on recon- naît même encore une texture fibreuse. La substance interne ou celluleuse de l'os est composée de fibres , qui , sur cer- tains points , sont plus larges ou lamelleuses , et se croisent en divers sens , de manière à laisser entre elles des cellules irrégulières, anguleuses, qui s'ouvrent pour la plupart les unes dans les autres. Ce qui couvre les fibres ou tapisse les cel- lules est un tissu cellulaire délicat, la membrane médullaire, dans lequel se répandent ^des vaisseaux sanguins nombreux TISSU SCiEREUX. âio et d'un assez grand calibre, et qui sécrète de la graisse (moelle). Si celte substance a Taspect d'un tissu cellulaire ossifié , la substance extérieure ou corticale , qui est plus condensée , ressemble à une membrane ossifiée. Au moment de son ori- gine, l'os est absolument celluleux; peu à peu seulement les vides se comblent , les fibres se confondent , et il se forme une écorce dense : celle-ci laisse encore apercevoir des fibres à sa surface, et l'on y découvre non seulement quelques grandes ouvertures (trous nourriciers) , par lesquelles des vaisseaux pénètrent jusqu'à la substance ceîluleuse, et du tissu cellulaire s'étend de la membrane médullaire au périoste, mais encore des canaux plus étroits, auquels Béclàrd assigne (1) un dia- mètre de 0,03 ligne ; ces derniers conduits, qui ne sont par con- séquent visibles qu'au microscope, contiennent des vaisseaux sanguins déliés, avec un peu de moelle ; quelques uns d'entre eux vont perpendiculairement de la surface à la substance ceîluleuse, tandis que d'autres suivent une marche oblique ou horizontale, et livrent passage aux ramuscules vasculaires qui appartiennent à la substance compacte elle-même. Du reste, les veines des os marchent séparées des artères', dans des ca- naux particuliers et plus amples de la substance ceîluleuse , oii elles contractent de nombreuses anastomoses ensemble. 4° Les os sont dissous par les acides minéraux à la chaleur de l'eau bouillante. Au feu , ils donnent , par la décomposi- tion de leur matière organique , une vapeur blanche , avec une odeur de graisse, après quoi ils brûlent en répandant une flamme claire. A la distillation sèche, on obtient d'eux de l'eau, de l'ammoniaque, de l'huile empyreumatique, de l'acide gras, de l'acide hydrocyanique , du gaz hydrogène carboné , du gaz hydrogène sulfuré et du gaz acide carbonique. La matière organique , débarrassée des sels terreux par les acides , est plus transparente que le cartilage , et l'eau bouillante la ré- sout plus promptement que celui-ci en gélatine, ce qui la rapproche du tissu scléreux (2). En se dissolvant dans l'eau (1) Additions à l'Anatomie générale, p. 139. (2) Béclard , Additions à l'Anatomie générale , p. 140, 224 TISSU SCLÉREUX. bouillante , elle laisse un résidu fibreux , qui peut bien être de l'albumine coagulé et de la fibrine. L'eau bouillante, sur- tout dans la marmite de Papin , extrait de la gélatine des os ; les alcalis caustiques donnent aussi avec eux une dissolution brunâtre , qui s'accompagne d'un dégagement d'ammoniaque. La graisse ne peut point être séparée des os frais , parce qu'elle se trouve même dans la substance compacte ; elle se rapproche de la surface par l'action de la chaleur. L'eau existe en moins grande quantité dans les os que dans d'autres parties ; c'est elle qui donne du liant à la matière or- ganique, puisque celle-ci devient cassante par la dessiccation. La matière inorganique consiste essentiellement en phos- phate et carbonate calcaires. Vauquelin a trouvé, dans les os, 0,500 de gélatine, 0,370 de phosphate calcaire, 1,100 de carbonate de chaux, 0,013 de phosphate de magnésie et de fer (1). Berzelius a obtenu des os du bassin, 0,3217 de gélatine, 0,0113 de substance insoluble dans l'eau , 0,5104 de phosphate calcaire , 0,1130 de carbonate de chaux , 0,0200 de fluate calcaire, 0,0116 de phosphate de magnésie, 0,0120 de soude et de chlorure de sodium (2). Un radius donna, d'après Denis (3), 0,130 d'eau, 0,278 de gélatine, 0,530 de phosphate calcaire, et 0,062 de carbonate de chaux. Lassaigne (4) a trouvé, dans les os, 0,400 de substance organique , 0,400 de phosphate calcaire, 0,076 de carbonate de chaux, et 0,124 de sels solubles : Gaultier (5), 0,5628 de substance organique, 0,3875 de phosphate cal- caire, 0,0385 de carbonate de chaux, et 0,0112 de phosphate de magnésie. Suivant Thilenius (6), après la combustion de toute la substance organique et l'expulsion de l'acide carbo- nique, le résidu du rocher s'élevait à 0,6872, celui d'un os de membre à 0,6666, celui d'une côte à 0,6337, et celui d'une (1) Blainville , Cours de physiologie générale , t. II , p. 190. (2) Traité de chimie , t. VII , p. 474. (3) Journal de Magendie, t. IX, p. 484. (4) Journal de chimie médicale, t. IV, p. 366. (5) Breschet, Recherches sur la formation du cal, p. 31. (6) Gmelin , Handhv-ch der theoretischen Chemie/t. Il, p. 4361. TISSU SCLÉREtX. 2 12 5 vertèbre du cou à 0,5647 ; un fémur donua 0,2928 de sub stance organique, 0,5975 de phosphate calcaire, 0,0928 de carbonate de chaux, 0,0155 de phosphate de magnésie, et une trace d'acide fluorique et d'acide sulfurique , avec une perte de 0,0014. 5° Les os qui, réunis ensemble par des cartilages , des vé- sicules synoviales et du périoste, forment le squelette, diffè- rent les uns des autres suivant la prédominance de telle ou telle dimension , ce qui entraîne en outre des modifications dans leur substance. Les os longs sont les plus parfaits , ceux qui paraissent les premiers et qui se développent avec le plus de rapidité ; ils ont une écorce compacte, à fibres parallèles, une cavité médullaire dans l'intérieur , des articulations par- faites à leurs extrémités , et les rapports les plus étendus avec les muscles à leurs surfaces. Les os larges servent plutôt de paroi ; ils ont des fibres rayonnées dans leur écorce , et dans leur intérieur un tissu à petites cellules , qui manque entiè- rement lorsqu'ils sont fort minces. Les os courts, qui se rap- prochent de la forme cubique , ont une configuration irrégu- lière; ils naissent tard et se développent lentement; leur écorce est mince , avec des fibres qui se croisent , et la substance cel- luleuse prédomine en', eux ; ils sont peu mobiles et associés en grand nombre les uns auprès des autres , quand il faut que la solidité se trouve unie à une certaine mobilité. La co- lonne vertébrale présente la réunion des trois formes ; car le corps figure un os court, l'arc un os plat, et les apophyses des os longs. En dehors du squelette sont placés les os sésamoïdes ou ostéides, qu'on rencontre dans la substance tendineuse , tenant lieu de périoste. Ils s'ossifient tard , et demeurent celluleux. Les os de l'appareil hyoïdien sont étrangers aussi au sque- lette , et appartiennent à la membrane muqueuse. Une particularité assez générale dans la forme des os, con- siste en ce qu'ils sont plus épais à la circonférence que dans le milieu , par conséquent les larges sur les bords , les longs aux deux bouts , et les courts sur les deux côtés , ce qui les fait paraître en quelque sorte comme des cônes doubles unis par leur sommet. VII, i5 22Q TISSUS STRATIFIÉS. CHAPITRE II. ' Des parties produites par juxtaposition. § 797. Le second règne comprend les parties qui sont com- posées de couches superposées. Le caractère du tissu stratifié consiste en ce que des parties vasculaires et nerveuses le déposent couche par couche , et comme une sorte d'excrément , sur les surfaces terminales de l'organisme. Il n'est mêlé d'aucun autre tissu, ne contient par conséquent ni tissu cellulaire , ni vaisseaux ou nerfs , et n'a point la faculté de se maintenir par une force propre à lui. On doit le considérer comme un produit sécrétoire qui se solidifie à la périphérie de l'organisme , et qui a contracté une liaison organique avec elle. Sa substance , homogène en général, présente, dans ses diverses couches, quelques mo- difications , qui ne sont guère relatives cependant [qu'à la densité. Il est d'ailleurs plus ou moins solide. Quoique dé- pourvu de vie par lui-même , il n'est point réellement étran- ger à l'organisme, à la vie duquel il prend une certaine part, puisqu'il tient encore à lui par des liens organiques. Ce tissu sert à des usages mécaniques ; il protège et isole les organes vivans, restreint l'action des corps extérieurs, borne la com- munication avec l'extérieur , et remplit l'office de conducteur toutes les fois qu'il s'agit d'établir avec le monde extérieur un conflit' qui ne puisse porter atteinte à l'organe garanti par lui. En vertu de ses usages mécaniques , il- se rattache au système scléreux. On trouve des tissus stratifiés à la périphérie sensible et à la périphérie générale. 1. TISSUS STRATIFIÉS DE LA PÉRIPHÉRIE SENSIEIE, 2° La première classe renferme les tissus stratifiés de la pé- riphérie sensible. On ne connaît qu'une seule partie qui rentre dans cette TISSUS STRATIFIES. 22^ classe ; c'est le cristallin , situé au bord de la rétine tendue par le corps vitré. Le cristallin possède les caractères essen- tiels des tissus stratifiés : il n'a ni vaisseaux ni nerfs ; il est composé de couches superposées , et il sert à des usages mé- caniques. Mais il diffère de ses analogues , et se rapproche jusqu'à un certain point des os, en ce qu'il est renfermé dans une poche comparable au périoste et pourvue de vaisseaux, en ce que sa substance se renouvelle , et enfin en ce qu'il remplit Toffice de squelette à l'égard du bord antérieur de la rétine. Intermédiaire, sous tous ces rapports, entre les os et les tissus stratifiés proprement dits , il acquiert encore un ca- ractère spécial, eu égard à sa substance, en raison de la trans parence parfaite dont il jouit. Nul vaisseau ni aucun tissu cel- lulaire n'établit de connexion entre lui et la capsule transpa- rente qui le renferme, de sorte que, quand celle-ci vient à être incisée , elle le chasse au dehors , par sa contractilité , sans qu'aucun déchirement ait lieu. Sa forme est celle d'une lentille. Il se compose de couches concentriques, qui deviennent plus apparentes lorsque lui-même a acquis plus de consi- stance etde l'opacité par une cause quelconque, la dessiccation, Tébullition, l'action de l'alcool, des acides, des sels métalliques, ou une maladie quelconque de la capsule. Parmi ces couches diverses, les internes sont plus denses et spécifiquement plus pesantes que celles de l'extérieur. Le cristallin sert à la vi- sion par la nature de sa substance , sa forme et sa situation , c'est-à-dire d'une manière purement mécanique. Dans cer- tains cas, cette substance subit un changement appréciable, dû sans le moindre doute à l'humeur de Morgagni qui l'entoure et que sécrète la capsule. Ce qui prouve que la lumière pro- duit aussi des changemens en elle, c'est que Weber, en fai- sant tomber une lumière concentrée dans l'œil des animaux vivans , a déterminé une scission du cristallin en segmens co- niques , semblables à ceux qu'on obtient par l'immersion dans l'acide nitrique ou sulfurique {1). Suivant Chenevix, la pesan- teur spécifique de ce corps est de 1079. Il se dissout en grande partie dans l'eau : la dissolution donne, quand on la chau£fe (1) Anatoviie des Menschen , 1. 1 , p. 122. 228 TISSUS STRATIFIÉS. un caillot analogue à celui de l'albumine , qui ] cependant ne forme pas une masse cohérente , comme celui-ci , mais ofFre un aspect pulvérulent ou grenu, comme du cruor desséché , à l'instar duquel également il se dissout dans l'acide acétique , sans laisser de résidu, à moins qu'il n'ait été préalablement des- séché , car alors on obtient pour résidu une combinaison acide insoluble. Berzelius considère cette substance comme étant de nature particulière (1). Hunefeld la croit de Falbumine modi- jBée par oxidation , parce que, suivant lui, elle devient presque entièrement semblable à l'albumine sous l'influence du gaz hydrogène sulfuré, et que, d'un autre côté, l'albumine prend ses caractères par l'action du gaz oxygène, ou par le contact de substances qui lui abandonnent aisément leur oxygène (2). L'albumine est colorée en bleu par l'acide hydrochlorique , sui- vant Caventou ; Bonastre (3) assure que le même phénomène a lieu avec le cristallin, principalement sous l'action de la lumière solaire. La dissolution qui reste après la coagulation de l'al- bumine modifiée réagit faiblement à la manière des acides , et donne par l'évaporalion un extrait jaune, dont l'alcool extrait de l'osmazome , avec du lactate de soude et du chlorure de sodium ; après quoi l'eau enlève encore de la matière sali- "vaire , avec une trace de phosphate, laissant seulement quel- que flocons indissous. Quand le cristallin a été desséché à l'air, il est moins soluble. Lorsqu'on le brûle, il donne 0,005 de cendre , qui se compose de soude , de chlorure de sodium et d'un peu de phosphate calcaire. La proportion que Berzelius (4) assigne aux principes constituans est celle-ci : matière par- ticulière 0,369, osmazome, avec chlorures et lactates, 0,024, matière salivaire , avec une trace de phosphates, 0,013 , sub- stance insoluble 0,024, eau 0,580. (1) Schweigger, Journal fuer Cliemie und Physik, t. X, p. 504, (2) Physiologische Cliemie , t. II , p. 99. (3) Journal de chimie médicale, t. IV, p. 349, (4) Tiaité de chimie, t. YII, p. 457. TISSUS STRATIFIÉS OSSEUX. fiSQ II. Tîssus stratifiés de la périphérie générale. 3» La seconde classe comprend les tissus stratifiés qui ap- partiennent à la périphérie générale. Déposée à la surface du système cutané , la substance de ces tissus contient très-peu d'eau, et ne se rajeunit pas, comme celle des tissus qui s'entretiennent par nutrition ou intussus- ception; elle ne repousse pas ses parties vieillies, pour en créer d'autres à leur place ; mais ses couches superficielles s'usent, se délitent, s'exfolient mécaniquement , tandis que d'autres couches nouvelles se déposent à sa face intefne. Elle change donc de place, et se meut de dedans en dehors, puis- que de nouvelle substance s'applique au côté qui est en rap- port avec l'organisme. On divise ces tissus stratifiés en osseux et cornés. A. Tissus stratifiés osseux. 4° Le premier ordre se compose des tissus stratifiés osseux^ ou des dents. Les dents se rapprochent du cristallin par leur formation, qui a lieu dans des capsules closes, et des os par leur substance ; mais elles diffèrent de l'un et l'autre tissu par la saillie qu'elles font au dehors , et par l'action mécanique immédiate qu'elles exercent sur des corps étrangers. Elle sont les armes de 1% périphérie matérielle, ingestive et assimilatrice. Elles sont produites , sous la surface de la membrane muqueuse , par une papille vasculaire et nerveuse , renfermée dans une capsule, se forment à la superficie de cette papille par un dépôt de substance osseuse , se revêtent d'un émail également déposé par la face interne de la capsule ( § 434 , II ) , croissent par couches stratifiées de bas en haut , percent la capsule, qui se métamorphose alors en périoste de l'alvéole de la mâchoire (§ 543), s'usent par le faitdeleur action mécanique(§543, 6°, 555, 3°; 560, 7°; 587, 2° ), enfin tombent, et sont en partie remplacées par de nouvelles ( § 561 ), Ce qui les distingue 230 TISSUS STRATIFIÉS OSSEUX. essentiellement des os , c'est qu'elles n'ont ni vaisseaux ni tissu cellulaire , sont composées de lames concentriques , ont une cassure conchoide, supportent le contact de l'air, même lorsqu'elles ont été dépouillées de leur émail, et ne périssent point alors, comme le fait un os privé de son périoste. Mais, sous le rapport de la substance , il n'y a entre elles et les os qu'une simple différence de quantité ; car la substance den- taire, et surtout l'émail, contiennent davantage de phosphate calcaire et moins de matière organique , résistent mieux à la putréfaction, sont plus durs, plus denses, plus solides et moins élastiques que la substance osseuse. La substance dentaire , quoiqu'elle ne se produise pas par l'ossification d'un cartilage, contient cependant de la matière organique. Celle-ci, aprèsl'ex- traction des matériaux inorganiques , représente un cartilage conservant la forme de la dent entière ; elle s'élève , suivant Pepys (1), à 0,200, et elle est combinée avec 0,dOO d'eau , 0,640 de phosphate calcaire, et 0,060 de carbonate de chaux. Berze- lius donne pour composition à la substance dentaire, 0,280 de matière organique, 0,643 de phosphate de chaux et de fluorure de calcium, 0,053 de carbonate calcaire, 0,010 de phosphate de magnésie, 0,014 de soude, avec un peu de chlorure de so- dium (2). L'émail est la partie la plus compacte, la plus dure et la plus pesante du corps entier ; il fait feu avec le briquet , se détache de la substance osseuse par la dessiccation à la cha- leur, se brise en fibres qui sont implantées perpendiculaire- ment sur la substance dentaire , et ne laisse que quelques fibrilles de matière organique quand on le dissout dans des acides. D'après l'analyse de Pepys, le phosphate de chaux s'y élevait à 0,78, le carbonate calcaire à 0,06, Teau et la perte à 0,16. Berzelius a trouvé dans l'émail 0,020 de matière or- ganique et d'eau , 0,885 de phosphate de chaux et de fluorure de calcium, 0,080 de carbonate calcaire, et 0,015 de phos- phate de magnésie. Morichini (3) l'a réduit en 0,33 de chaux, 0,30 de substance organique, 0,22 d'acide phosphorique et (1) Meckel , Deutsches Arcliiv , t. III , p. 645. (2) Traité de cliimie, t. YII, p. 477. (3) Gmelin, Handbuch der theoretischen Chemie, t. Il, p. 1360. TISSUS CORNÉS. 25 1 d'acide fluorîque, 0,09 de magnésie, 0,05 d'alumine et 0,01 d'acide carbonique. La dent entière a , suivant Schubler, une pesanteur spécifique de 2192 quand elle est fraîche , et de 2429 quand elle est sèche. Elle se compose, d'après Lassai- gne (1), chez un homme adulte, de 0,29 matière organique, 0,61 phosphate de chaux, et 0,10 carbonate de chaux. B. Tissus cornés. 5° Le second ordre est constitué par les tissus cornés. La substance particulière de ces tissus , qu'on désigne sous le nom de cératine ^ ressemble jusqu'à un certain point à l'al- bumine coagulée; elle est plus ou moins pénétrée de sub- stance grasse , résiste long-temps à la putréfaction , entre en fusion quand on la chauffe , et brûle avec flamme ; les alcalis caustiques la dissolvent, avec dégagement d'ammo- niaque, et la convertissent en une substance savoneuse. Elle est soluble dans l'acide sulfurique et insoluble dans l'acide acétique. Elle acquiert une consistance mucilagineuse dans la machine de Papin , et ne se combine point avec le tannin. Les tissus cornés sont mauvais conducteurs de l'électricité, de la chaleur et de l'humidité , de sorte qu'ils restreignent et modèrent le conflit de l'organisme avec le monde extérieur sous ces divers rapports-. Les uns ont la forme de vésicules, et les autres sont étalés à la surface du système cutané. 1. POILS. 6° Les poils forment le premier genre. Ils se rapprochent des dents en ce qu'ils sont produits au dedans d'une poche située dans l'épaisseur ou au dessous de la peau , naissent sur une base pourvue de vaisseaux sanguins et de nerfs , croissent par des dépôts successifs disposés les (1) Berzelius, Traité de chimie, t. VII, p. 480. 2ÔCL TISSUS CORNES. uns à la suite des autres , et finissent , quand ils ont acquis un© certaine longueur, par percer la poche et apparaître à la surface. Le follicule est un petit sac à parois minces , translucide , long d'une à trois lignes , qui , uni extérieurement à la peau par du tissu cellulaire , est lisse à sa face interne , et ren- ferme quelquefois , outre la racine du poil , un liquide blan- châtre ou rougeâtre. Le fond de la poche , situé ou dans le tissu adipeux sous-cutané , ou dans le tissu de la peau elle- même , est percé par les ramifications déliées des vaisseaux et des nerfs qui passent au dessous de lui. En haut , le folli- cule s'étend jusqu'à la surface extérieure , où il laisse sortir la tige du poil , mais en s'appliquant immédiatement à elle , de sorte que l'ouverture se trouve bouchée , sans néanmoins qu'il y ait de véritable connexion entre son pourtour et les poils. Use trouve là en contact avec l'épiderme.SiHeusinger a bien vu (1), en disant que le poil est placé sous l'épiderme au moment de sa ^naissance , et qu'il ne le perce qu'en pre- nant de l'accroissement , assertion à l'appui de laquelle vient l'observation faite par Leeuwenhoek et Weber (2) , qu'il lui arrive souvent de soulever l'épiderme , en manière de papule, quand il ne peut le perforer, il est clair que le follicule ne peut point être revêtu par l'épiderme, comme le prétend Lauth (3). On ne saurait non plus le considérer comme une portion réfléchie de la peau ; car sa substance diffère beau- coup de celle de cette membrane. |Mais ce qui reste encore indécis, c'est de savoir s'il est clos primitivement, et s'il ne s'ouvre que quand le poil vient à croître. Du reste, il persiste à la chute de ce dernier. La racine elle-même du poil , qui d'ailleurs est libre dans le follicule , forme à son fond un renflement , qu'on appelle bulbe , et qui est mou à l'intérieur , mais dont la consistance se rapproche davantage de celle de la corne à l'extérieur , Heusinger et Béclard ont découvert, dans les moustaches des (1) Meckel, Deutsches ArcMv , t. VII , p. 412. (2) Anatomie des Manschen , t. I , p. 204. (3) Bulletin des sciences médicales , t. XXIV, p. 137. TISSUS CORNis. 233 Mammifères, qui sont les seuls poils dont le développement plus considérable permette de bien observer la texture , un corps conique et mou, le germe du poil (pulpa crinis) , qui repose sur le fond du follicule, oii, comme Ta démontré de- puis Eble (1) , il reçoit des vaisseaux et des nerfs , et fait sail- lie dans la cavité du bulbe : c'est donc cette papille vasculaire et nerveuse qui constitue la partie vivante du poil, dont elle dépose la substance à sa surface. L'analogie permet d'admettre une disposition semblable dans les poils de l'homme, d'autant plus que leur arrachement cause de la douleur et entraîne une petite hémorrhagie. 7° Le follicule pileux s'ouvre la plupart du temps ou tou- jours au fond d'un follicule sébacé , de manière que le poil traverse ce dernier pour arriver à la peau. C'est ainsi que, d'après Eble (2) , les follicules sébacés de la caroncule lacry- male elle-même livrent ordinairement passage à des poils , au nombre de trois à six , qui sont presque toujours blancs , et qui , dans l'état normal , ne s'aperçoivent qu'avec le secours de la loupe. Eichhorn (3) admettait, d'après cela, ^que les folUcules sébacés ne sont autre chose que des follicules pileux. Mais ces deux espèces d'organes sont indépendantes l'une de l'autre ; il y a des follicules sébacés sans poils , par exemple au gland et au mamelon ; de même aussi certains poils sem- blent , par exemple d'après les observations citées plus haut de Leeuwenhoek et de Weber, ne point sortir de follicules sébacés , et ces derniers , comme l'a démontré Weber (4) , ont une tout autre texture que les follicules pileux. Il est donc beaucoup plus vraisemblable que le poil perce la plupart dii temps le fond d'un follicule sébacé , parce qu'il y trouve moins de résistance , la peau étant là moins épaisse que par- tout ailleurs (5). (1) Die Lehre von den Haaren in der gesammten organiscJien^ ^attir, t. II, p. 18,114, (2) Ueber den Bati und die Krankheiten der Bindehaut des Anges , p. 26. (3) Meckel , Archiv fuer die Physiologie , 1826 , p. 409. (4) Meckel , Archiv fuer Anatomie , 1827, p. 203. (5) Weber, Anatomie des Menschen , 1. 1 , p. 204 , 410. 234 TISSUS CORNÉS. 8° La tige du poil , ou la portion saillante hors de la peau ,■ diffère de la racine par une solidité plus grande , et elle re- présente presque toujours un cylindre aplati , en partie creusé d'un côté , de manière que , lorsqu'on la coupe en travers, on aperçoit une surface ovale ou même réniforme. Elle va tou- jours en s'amincissant , et se termine en pointe. Elle ne con- tient ni un canal', ni aucun liquide appréciable. Elle consiste , comme Eble l'a démontré (1) , en une substance extérieure ou corticale , qui est une couche cornée mince et transparente , et en une substance intérieure ou médullaire , qui présente une couleur obscure dans les poils de couleur foncée , et laisse apercevoir des cellules empilées les unes sur les autres, ou une bandelette longitudinale traversée par des feuillets transver- saux. Ces cellules , aperçues déjà par Heusinger (2) , ont, suivant Krause (3), un diamètre de 0;,006 à 0,0015 ligne. Weber (4) regarde la substance du poil comme entièrement compacte, et croit que l'apparence celluleuse tient aux sillons transversaux et obliques de la surface, qui, d'après Krause, ont 0,0008 de ligne de large, et auxquels il arrive fréquemment de marcher en spirale , ou même de se confondre les uns avec les autres. 9° La peau n'est entièrement dépourvue de poils qu'aux paupières , au creux des mains , à la plante des pieds , à la face dorsale des dernières phalanges des doigts, à la face in- terne du prépuce , au gland et au chtoris. Les poils les plus abondans se rencontrent à la partie supérieure et postérieure de la tête , puis au voisinage de l'ouverture des cavités ( barbe, sourcils, cils, poils du nez et du conduit auditif, des parties génitales et de l'anus), dans le creux de l'aisselle, et sur la poitrine. Des poils follets , plus ou moins fins, courts et moins rapprochés les uns des autres , sont répandus sur le reste de la peau. Withof et Jahn (5) ont compté, sur une surface d'une (1) Die Lehre von den Haaren, t. II , p. 22-30. (2) System der Histologie , p. 155. (3) Handbuch der menschlichen Anatomie , t. I , p. 80. (4) Anatomie des Menschen , t. I , p. 197. (5) Eble , Die Lehre von den Haaren , t. II , p. 54. TISSUS COMÉS. à35 ligne carrée , neuf poils au vertex , sept à l'occiput , six sur le devant de la tête , deux au menton , un au pubis , 0,7 à Ta- vant-bras, 0,6 sur le dos de la main, 0,4 à la cuisse. 10° Le diamètre d'un cheveu est, terme moyen, de 0,0400 ligne , selon Weber (1) , de 0,0199 à 0,0300 suivant Rosen- muUer. Au dire de Krausë (2) , son épaisseur est de 0,0222, et sa largeur de 0,0370. Le plus fin avait 0,0133 ligne , d'après Heusinger. Rosenmuller a trouvé le diamètre d'un poil de la barbe de 0,0399 à 0,0480 ; Krause, son épaisseur de 0,0333, et sa largeur de 0,0625. Un poil de favori avait, selon Weber, 0^0302 d'épaisseur et 0,0499 de largeur ; un poil du pubis, suivant Krause, 0,0303 d'épaisseur, et 0,0666 de largeur; un poil du bras, selon Weber, 0,0199 d'épaisseur et 0,0356 de largeur ; un autre poil follet, d'après Krause, 0,0055 d'épais- seur et 0,0071 de largeur. Weberpense que ce qui contribue surtout à faire friser les poils, c'est la forme plate ^ car il a trouvé que l'épaisseur était à la largeur comme 1 t 1,40 dans un poil droit , et comme 1 l 2,22 dans un poil frisé. Il" Plus le poil a sa racine implantée profondément, et plus aussi il est long. En d'autres termes, la longueur de la tige est en raison directe de celle de la racine. 12° Le poil a , d'après Kapff , une pesanteur spécifique de 1333. Il est flexible et élastique. Les poils raides des cils, du nez et de la barbe sont ceux qui possèdent le plus d'élasti- cité. Un cheveu , long de dix pouces , s'allongeait de plus d'un tiers , selon Weber (3) , et quand on ne l'avait allongé que d'un cinquième , il revenait sur lui-même au point de n'avoir qu'environ un dix-septième de plus de longueur qu'avant la traction. Suivant Richter, un cheveu blond, long de six pouces, soutenait près de six onces, et un noir davantage encore , sans se rompre. 13° Le poil est idioélectrique , et possède l'électricité posi- tive. Il attire l'humidité de l'air, devient alors plus long , et se raccourcit par la dessiccation. Bouilli avec de l'eau , dans (1) Anatomie des Menschen , t. I , p. 122. (2) Handbuch der menschlichen Anatomie ^ 1. 1 , p. 82. (3) Loc. cit., p. 200. 236 TISSUS COHNÉS. la machine de Papin , il donne une dissolution de substance animale , qui ne se prend point en gelée , mais qui précipite par la teinture de noix de galle et le chlorure d'étain. L'alcool en extrait de la graisse , de l'osmazome , du lactate d'ammo- niaque , du chlorure de potassium , du chlorure de sodium et de l'hydrochlorate d'ammoniaque. La potasse le dissout, forme une combinaison savoneuse, et dégage de l'hydro- gène sulfuré et de l'ammoniaque. Les acides en opèrent éga- lement la dissolution. Les oxides métalliques se combinent avec lui et le colorent. Les poils mous pourrissent ; ceux qui sont fermes résistent plus long-temps qu'aucune autre partie à la putréfaction ; l'eau et l'air ne les attaquent point. Au feu, ils brûlent très-rapidement, avec flamme. A la distillation, ils donnent plus de soufre que d'autres substances animales, de l'huile empyreumatique , de l'ammoniaque, de l'eau, et un charbon dur et brillant, qui laisse une cendre d'un jaune brun , composée de sulfate , phosphate et carbonate calcaires , de chlorure de sodium et de fer, avec une trace de manga- nèse et de silice. Berthollet a obtenu , par la distillation , 0,2500 d'huile, 0,1555 d'eau, 0,0781 de carbonate d'ammo- niaque, 0,2812 de charbon, et 0,2352 de gaz; Sachs (1), 0,9926 de parties volatiles (gaz acide carbonique , gaz hydro- gène carboné , carbonate d'ammoniaque , huile liquide jaune pâle , brune et noirâtre , et huile concrète jaune ) , et 0,0074 de cendres , composées de 0,0042 chaux , 0,0018 magnésie , 0,0010 silice , 0,0004 fer. C'est la graisse qui donne au poil sa flexibiUté , et qui , de concert avec du soufre , lui procure sa couleur ; aussi les poils des Nègres rougissent-ils avec le temps dans l'alcool, et finissent -ils par y devenir blancs ; aussi verdissent-ils chez les ouvriers des mines de cuivre , parce que Toxide de cuivre donne une dissolution verte avec l'huile. Mais la couleur n'ap- partient point à la stéarine , qui est blanche quand on l'a ex- traite par l'alcool ; elle tient à l'élaine , qui est incolore dans les poils blancs, d'un rouge violacé dans les rouges, d'un (1) Historia naturalis duorum leucœthiopum , p. 21. TISSUS CORNÉS. 25^ gris verdâtre ou d'un noir grisâtre dans les bruns ou les noirs. Il est possible aussi que le soufre , qui existe en si grande quantité , contribue , ainsi que le fer ou le manganèse , à la coloration des poils ; car les poils gris ou d'une teinte claire sont noircis par les oxides de mercure , d'argent , de plomb et de bismuth. 14" Les poils paraissent s'exfolier un peu à la surface, comme l'épiderme. Les écailles qui s'en détachent les rendent rudes au toucher^ quand on les fait glisser entre les doigts de la pointe vers la racine. Gueranger (1) a trouvé, dans les écailles qui se détachent à la racine des cheveux, 0,40 de matières solubles dans l'é- ther (graisse, acide phosphorique et phosphates) , 0,24 de matières soIuIdIgs dans l'alcool ( osmazome , graisse solide , acide phosphorique et phosphate ammoniaco-magnésien ) , 0,06 de matière soluble dans l'eau (gélatine?), 0,15 de ma- tière soluble dans le carbonate de potasse ( albumine coagu- lée), 0,10 de matières solubles dans l'acide hydrochlorique ( substance analogue au mucus , fer et phosphate de chaux) , 0,05 de soufre , avec la perte. ^ 2. TISSUS CORHÉS lAMEIIEUX. 45» Le second genre comprend les tissus cornés quij se produisent aux surfaces, et qui, par conséquent, afTectent une forme lamelleuse , ou les enveloppes cornées. 1 La surface qui les produit offre une organisation ou parti- culière ou commune. a. Ongles, 16" Le premier cas a lieu pour les ongles , qui constituent la première espèce. Les ongles se rattachent aux tissus stratifiés produits dans des follicules , en ce que le repli de la peau dans lequel ils 0) Journal de chimie médicale, t. V, p. 578, a58 TISSUS CORNÉS. naissent, peut être considéré comme le commencement d'un follicule. Ils tiennent le milieu entre les poils et Fépiderme , en ce qu'ils se développent principalement par la racine, comme les premiers, et ne sont qu'en partie formés, comme le second , par la surface qu'ils recouvrent. On peut, jusqu'à un certain point', les considérer comme des filamens cornés , analogues aux poils , qui se sont confondus en une masse épi- dermatique. Ce sont des plaques cornées, translucides, blan- châtres , flexibles et élastiques , étalées sur le dos des dernières phalanges des membres. L'endroit proprement dit où ils se produisent est le pli de la peau enveloppant leur racine ; la peau présente , sur ce point , des papilles riches en vaisseaux , qui sécrètent la substance unguéale. De là, jusqu'à peu près vers le milieu de la longueur de l'ongle , la peau sous-jacente est unie intimement avec le périoste, épaisse, spongieuse, et présente des rangées longitudinales de papilles vasculaires, séparées par des sillons parallèles , qui sécrètent également de la matière cornée. Sur ces points , l'ongle est en contact immédiat avec la peau ; car l'épiderme se réfléchit bien à sa racine , vers le pli cutané ; mais il ne s'y introduit pas , ou ne le tapisse pas réellement, et se réfléchit ^e nouveau pour aller se continuer avec la surface supérieure de l'ongle ; par- venu à l'extrémité de ce dernier, il passe au dessous de lui, mais se perd, à l'endroit où commencent les séries de papilles, dans un tissu mou , qui est placé entre celles-ci et l'ongle , auquel il adhère, et qui paraît être la substance unguéale non encore solidifiée , par conséquent l'analogue du mucus de Malpighi. Il résulte de là que l'épiderme fait corps tant avec la surface supérieure qu'avec la surface inférieure de l'ongle , de sorte que celui-ci tombe quand l'épiderme des doigts ou des orteils se détache. La pesanteur spécifique de l'ongle est de 1,191, selon Kapff. Examinée au microscope , sa substance paraît être non pas entièrement compacte , mais un peu spongieuse , ou par- semée de quelques cellules, dont le diamètre serait de 0,0007 à 0,0018, d'après Krause (1). Quelquefois, les couches de (4)ioe. cif., t.I, p. 78. TISSUS CORNÉS. z5^ l'ongle diffèrent les unes des autres , eu égard à la couleur ou à la densité ; cependant on ne parvient pas pour cela à les séparer. L'ongle offre , en outre, des stries longitudinales, qui sont les copies des papilles cutanées sous-jacentes , et non de véritables fibres ; car on peut le déchirer aisément en tra- vers , après l'avoir fait ramollir. L'ongle croît en longueur, à partir du pli cutané qui con- tient sa racine ; car c'est là qu'on voit paraître le commen- cement de tout nouvel ongle qui se forme. A ce bord radical s'appliquent incessamment de nouvelles languettes , qui font sortir du pli la portion sécrétée avant elles, et la poussent vers le bout du doigt ou de l'orteil. Aussi voit-on les taches blanches , ou autres marques colorées , et même , suivant Astley Cooper, les trous qu'on a pratiqués exprès , s'avancer en deux ou trois mois du voisinage de la racine au bord libre opposé. Etant la partie la plus jeune , la racine est par cela même aussi la plus molle , et eile entoure les papilles du pli cutané , au nombre desquelles correspond celui des excavations qu'elle présente. Mais l'ongle augmente d'épaisseur dans le sens de sa longueur, de sorte que son bord radical est la partie la plus mince, et le bord opposé la partie la plus large; on aperçoit même quelquefois des interruptions dans cet ac- croissement d'épaisseur. On l'explique au moyen de nouvelles couches qui se déposent à la face inférieure , que produisent les papilles cutanées existantes en cet endroit, et qui s'y voient affectant , comme nous l'avons dit , la forme d'une substance molle, en train de s'endurcir. De là vient aussi que l'ongle porte , à sa face inférieure , des stries longitudinales corres- pondantes aux sillons logés entre les séries des papilles. Les ongles se dissolvent dans les acides et les alcalis caus- tiques. Ils sont composés de substance cornée , d'une très- petite quantité de matière soluble dans l'eau par l'ébullition prolongée , et qui paraît être analogue à la gélatine ou à la ptyalinC;, enfin d'un peu de graisse, de phosphate calcaire et de carbonate de chaux. 240 TISSUS CORNÉS. ai b. Membranes cornées. 17*» La seconde espèce d'enveloppes cornées comprend celles des surfaces communes , qu'elles protègent contre les agres- sions du monde extérieur. Ces enveloppes appartiennent ou à la peau ou à la membrane muqueuse. • Épiderme. 18<» Là première variété est V épiderme, qui recouvre le côté extérieur du corps entier. 19"* Suivant toutes les probabilités , l'épiderme se forme par une métamorphose graduelle de la couche supérieure du mucus de Malpighi , situé au dessous de lui. Ce mucus est une substance molle , qui devient plus ferme dans l'eau bouil- lante ou dans l'alcool , mais qui , par la macération , se réduit en un mucus formant un sédiment dans l'eau. Tantôt on lui a attribué une texture cribleuse ou réticulée ; tantôt on l'a représenté comme un réseau vasculaire , ou comme un tissu cellulaire très-délicat, renfermant une substance analogue à l'albumine (1). Cependant il n'est qu'une substance molle , spongieuse , dans laquelle le microscope fait découvrir des grumeaux , que sécrète , sous forme liquide , le réseau vas- culaire superficiel de la peau, et qui très-vraisemblablement se métamorphose en épiderme. La plupart du temps , il ne constitue qu'une couche extrêmement mince , qui , lorsqu'on enlève l'épiderme , demeure adhérente à sa face inférieure , où l'on peut à peine la distinguer. Ce mucus n'est bien appa- rent que chez les Nègres, à cause de la couleur et de l'épais- seur qu'il présente dans cette race ; il le devient aussi , chez les blancs, toutes les fois qu'un état morbide quelconque en accroît la quantité. On a trouvé différentes couches chez le Nègre. Cruikshank n'en admeiiaitque deux , ^l'une inférieure noire, et l'autre supérieure grise j mais'Gaul- (1) Meckel, Jrchiv fuer Anatomie , 4827, p._39. TISSUS CORNÉS. 3^1 tier et Diilrochet (*) en ont distingué trois, qu'Andral (1) a reconnues aussi chez des Européens dont la peau était malade , et qu'on peut considérer comme les différensâges de cette substance. Ce sont : une couche inférieure blanche , qui revêt les papilles de la peau et en efface les inégalités ; une moyenne, qui est le siège proprement dit du pigment; une supérieure, blanchâtre, qui se rapproche du tissu corné', et qui se continue avec le véritable épidémie, 20° L'épiderme se distingue par sa solidité et sa sécheresse. Sa face inférieure , celle qui confine au mucus de Malpighi , est inégale ; l'externe est lisse et plus ferme. Du reste, il est translucide , et , quand le mucus de Malpighi contient un pig- ment noir, il est lui-même noirâtre ou gris. Son épaisseur s'élève à environ 0,0500 ligne. 'En examinant sa tranche au microscope', on aperçoit un tissu spongieux , dont les nom- breuses cellules , irrégulièrement arrondies , ont , d'après Krause (2) , 0,0014 à 0,0142 ligne de diamètre. Lorsque l'épi- derme est épaissi , notamment à la paume des mains ou à la plante des pieds , on parvient à y distinguer plusieurs couches. Wendt (3) a remarqué , sur la coupe perpendiculaire , des stries marquant les limites de ses différentes couches , dont la plus inférieure est la plus molle ; la médian^ représente l'épiderme proprement dit , et la supérieure ou externe est l'épiderme mort et se détachant par écailles. Lorsqu'on en- lève l'épiderme , surtout dans les endroits où il a plus d'é- paisseur, et après l'avoir soumis à la macération , on remarque des filamens qui s'étendent de lui à la peau. Purkinje (4) est celui qui a examiné ces filamens avec le plus de soin. D'après lui , ce sont des canaux qui prennent racine dans la substance de la peau par un renflement en forme de sac clos, traver- sent en serpentant le mucus de Malpighi , et pénétrent ensuite , tordus en spirale , dans l'épiderme , à l'endroit où il forme (*) Mémoires pour servir à l'histoire anatonoique et physiologique des végétaux et des animaux , Paris 1837 , t. II , p. 360. (1) Précis d'anatomie pathologique, t. I, p. 170. (2) Handbuck der menscJiHchen Anatomie , t. I, p. 76. (3;Hecker, Literar.Annaleaderijesammten Heilkundo, t. XXVIT, p. 216. (4) Ibid., p. 230. vn« i6 2l[2 TISSUS CORNÉS. de petites fossettes entre les papilles : du reste , ils sont blan- châtres, transparens , brillans et élastiques; on en compte quarante-cinq à soixante et quinze sur une ligne carrée. Il est clair, d'après cette description , qu'on ne peut point les ranger parmi les vaisseaux, comme le pensait Bichat. Ils paraissent appartenir, quant aux points essentiels , aux folli- cules cutanés , dont leur renflement sacciforme représente le fond, tandis que le reste de leur trajet serait l'orifice allongé en un conduit excrétoire. On ne saurait voir en eux de sim- ples prolongemens de Tépiderme ; car , outre qu'un tissu stratifié ne peut point produire de conduit excrétoire indé- pendant , ils sont parfaitement blancs dans le Nègre , d'après les observations de Sœmmerring (1). D'ailleurs, on n'en dé- couvre aucune trace lorsque l'épiderme s'est détaché à la suite d'un épanchement de sérosité, provoqué par l'application d'une substance épispastique (*). Les pores de l'épiderme, qu'on a cru devoir admettre pour expliquer la transpiration, ne sont point démontrés. Albi- nus(2) avait déjà fait voir que chaque poil perfore l'épiderme, mais que cette membrane ne présente point d'autres ouver- tures. Les meilleurs microscopes ne font pas apercevoir de pores, ce dopt, par exemple, Cruikshank, Humboldt, Mec- kel, Rudolphi et Seiler ont acquis la conviction, et, quand Bichat exphquait cette particularité par la direction oblique des canaux, c'était là une pure conjecture, reposant sur i'hy- polbèse de conduits exhalans : à la vérité , Cruikshank a re- marqué, comme l'ont fait depuis Béclard et Weber, que, quand on a enfoncé une épingle fine dans l'épiderme, le trou ne se voit point avec le secours du microscope ; mais c'est là un effet de l'interférence de la lumière (3). D'un autre côté, (i) Ueler die kœrperliche F'erschiedenheit des Neyers vom Europœer, p. 46 (*) Comparez, au sujet de ces filamens , de la structure de l'épiderme et de sa formation , Breschet, Nouvelles recherches sur la structure de la peau , Paris 1835, in-8», fig., p, 75 et suiv. (2) Acadcm. annotationes , lib, VI , p. 60. (3) Meckel , ArcUv fuer Anutvmie , 1827, p. 198, TISSUS CORNÉS. 243 Béclard (1) a reconnu que, quand on emplit de mercure, jusqu'à la hauteur de deux pieds , un tul)e de verre dont le bout inférieur est fermé avec un morceau d'épiderme, il ne s'échappe pas une seule gouttelette de métal. Les petits en- foncemens qu'on aperçoit entre les séries de papilles à la main , notamment au bout des doigts, et d'où l'on voit suinter des gouttelettes de sueur, ne sont que de simples dépressions de la peau. 21° Quand on a détaché l'épiderme /et qu'on le plonge dans de l'eau chaude , il en absorbe un peu , et se renfle. Sur la peau vivante même, il absorbe à la suite du contact prolongé de l'humidité , par exemple chez les blanchisseuses ou après l'application de cataplasmes, ce cjui le rend ridé et blanc. La dilatation vésiculiforme que lui fait éprouver le liquide épan^ ché au dessous de lui , dans les brûlures, les exanthèmes , les vésicatoires , etc., suppose également une imbibition de sa part. 22° L'épiderme s'exfolie à la surface et se détache en pe ^ tites écailles , qu'on distingue mieux que partout ailleurs au cuir chevelu , mais que l'on aperçoit aussi dans le bain , sur- tout à la plante des pieds. Si l'on racle une partie quelconque avec un couteau , les parties exfoliées se détachent sous la forme d'une poussière grise , après quoi , si l'on continue de gratter , on n'obtient plus de poussière , jusqu'à ce qu'il s'en soit reproduit de nouvelle , ce qui exige un laps de temps de seize à vingt heures. 23° L'épiderme ne se dissout point dans l'eau bouillante ; mais une ébullition prolongée le rend cassant et pulvérisable, parce que l'eau lui a enlevé une partie de ses principes con- stituans. Après une longue macération dans l'eau froide , il se réduit en une sorle de bouillie , sans passer à la putréfaction proprement dite. Il est insoluble dans l'eau ; l'acide sulfurique et les alcalis le réduisent en gelée. Même sur le vivant, il s'empare des acides, des sels métalliques et de divers pigmens végétaux , et acquiert ainsi une couleur qui persiste presque toujours jusqu'à ce que la substance teinte se soit détachée et (i) Additions à l'Anatomie générale , p. 302|] 244 TISSUS CORNÉS. ait été remplacée par une autre nouvelle. Ainsi l'acide sulfu- rique et le nitrate d'argent le noircissent , le chlorure d'or le colore en pourpre , le nitrate de mercure en brun rouge , le carthame en rouge , le rocou en jaune , l'indigo en bleu. Au feu, il entre en fusion, brûle avec flamme et laisse un charbon poreux ; à la distillation , il donne de l'ammoniaque et une huile jaune. D'après John, il est composé de 0,935 de cératine ou d'al- bumine modifiée , 0,050 de substance analogue à la gélatine ou à la ptyaline et [soluble dans l'eau , 0,005 de graisse , et 0,010 d'acide lactique , lactate , phosphate et sulfate de po- tasse , sulfate et phosphate de chaux, enfin un sel ammoniacal, avec des traces de fer et de manganèse (1). **Épithelium. 24° La seconde variété des tissus cornés étalés sur des sur- faces communes, comprend Vépifheîium des membranes mu- queuses. L'épithelium ressemble à l'épiderme ; mais il est plus mince, plus transparent , plus mou , plus humide , et la macération le réduit plus promptement en une masse mucilagineuse. 11 a beaucoup d'analogie avec une enveloppe celluleuse simple , notamment avec la membrane vasculaire commune , et l'on parvient à la détacher de la membrane séreuse parles mêmes moyens qui servent à enlever l'épiderme de la peau , la ma- cération et l'immersion dans l'eau bouillante. Il est bien évi- dent dans la cavité orale, le pharynx et l'œsophage, au cardia, à l'extrémité ilu rectum , au commencement de la cavité» na- sale et à la glotte , sur la conjonctive , au bord des paupiè- res , dans l'urètre jusque derrière la fosse naviculaire , et dans le vagin jusqu'à l'orifice de la matrice. Mais , quoiqu'on ne puisse pas le démontrer dans les parties profondes , tout porte à croire qu'il n'y manque pas , et qu'il y est seule- ment rendu invisible par sa ténuité et sa confusion avec la membrane muqueuse. En effet, le cardia est le seul endroit (1) Gmelin, Handbuch der theoretischen Chemie , t. II, p. 1.365, RÉSUMÉ DES CONSID. SUR LES PROD. ORGAN. ^45 OÙ il présente une limite apparente ; sur tous les autres points, il ne fait que s'amincir peu à peu, et devenir de moins en moins prononcé , jusqu'à ce qu'enfin on ne puisse plus le détacher. Il n'est pas croyable non plus que la subtance organique vivante , par exemple , la surface de l'intestin , qui reçoit tant de vaisseaux et présente tant de villosités , ne soit garantie par rien des agressions mécaniques , et qu'elle entre en contact immédiat avec des corps étrangers. Mais il y a des circonstances aussi où l'épithelium devient réellement visible dans ces régions ; c'est quand elles entrent en contact prolongé avec l'air , comme on peut s'en convaincre dans les anus artificiels et dans les prolapsus de la matrice , avec ren- versement. Hedvs^ig a vu l'épithelium se détacher des villosi- tés intestinales chez un Chien galeux , et Rudolphi a observé le même phénomène sur un Blaireau (1). DœUinger (2) est parvenu à isoler partout cette membrane , quand les parties avaient subi un commencement de putréfaction, La pellicule inorganique très-fine , intermédiaire entre le mucus et l'épi- thelium proprement dit , qui , d'après les observations de MuUer (3) , se détache , comme un gant , des villosités intes-. tinales du Veau et des jeunes Chats, qui même s'enlève spontanément par le seul fait du lavage , n'est évidemment autre chose qu'un véritable épithelium. CHAPITRE III. Résumé des considérations sur les produits organiqties de la ■vie végétative chez l'homme. § 798. Nous venons de passer en revue les parties organi- ques du corps humain disposées suivant un ordre logique , et constituant un système d'antagonismes qui se reproduisent (1) Gru7idriss der Physiologie , t. I, p. 483. (2) De vasis sanguifer-is quœ villis intestinorum tenuiwn hotninis Iru- torumque insunt , p. 21. (3) Handhuch der Physiologie des Menschen , t. I, p. 255. 246 RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS dans des cercles de plus en plus resserrés. Si maintenant nous examinons tout l'ensemble de ces parties , sans les déranger de l'ordre dans lequel nous les avons placées, mais en laissant de côté la classification dichotomique , il nous reste une série continue , dans laquelle chaque membre tient à un autre membre ayant de l'affinité avec lui , et où les différences s'effacent en quelque sorte par des gradations insensibles et des chaînons intermédiaires. Comme chaque série comprend trois anneaux , nous re- connaissons aussi trois classes principales de parties orga-' niques ; celle du chimisme organique ou de la plasticité vitale (§780, 2°-791), celle de la vie purement dynamique ou sensitive (§ 792 , 3°-12° ) , et celle du mécanisme organique (§ 793-797). La neurine qui , surtout comme cerveau , devient l'organe de la vie intérieure , par conséquent le véritable centre et noyau de la vie en général , occupe le milieu dans la série des parties organiques , tandis que les autres servent à la vie ex- térieure , telle qu'elle se manifeste sous le point de vue plas- tique et mécanique , et s'étendent vers les deux extrémités de la série. D'un côté , la neurine se rattache au tissu de la peau (§ 791) et de la membrane muqueuse bipolaire (| 790), qui, étant en conflit immédiat avec le monde extérieur , amène à la vie intérieure , par le moyen de ses nerfs cérébraux et ra- chidiens , des impressions qui lui servent en quelque sorte de nourriture immatérielle , et se développe lui-même en organes sensoriels. D'un autre côté , elle se plonge dans le tissu des muscles soumis à la volonté (§793, 2°), qui, pénétrés de nerfs cérébraux et rachidiens, réalisent dans l'espace les chan- gemens correspondans à ceux de la vie intérieure. La peau et la membrane muqueuse bipolaire , comme in- termédiaires de l'échange mutuel de substance entre l'orga- nisme et le monde extérieur , sont placées en tête des organes plastiques. La perfection de leur texture et la multitude de faces que présente leur vie , diminuent dans les glandes, dont la membrane muqueuse unipolaire, tant par sa texture que par sa destination , qui l'appelle uniquement à déposer au dehors des substances du dedans , se rapproche ;du système SUR LES PRODUITS ORGANIQUES. I^'J du tissu cellulaire , dans lequel tout conflit immédiat avec le monde extérieur s'éteint pour faire place à un simple renou- vellement intérieur de matériaux. Les ganglions vasculaires (§783, 13°-19°) sont les chaînons du système du tissu cellulaire qui tiennent de plus près aux glandes ; aussi les a-t-on rangés parmi elles ; car il ne leur manque, pour être des glandes , qu'une membrane muqueuse qui se ramifie dans leur intérieur et qui s'ouvre au dehors. Ils se continuent de Tautre côté avec les parties vasculaires plus ou moins érectiles (§ 783 , 10°-12°) , qui n'ont guère d'autre caractère distinctif principal que celui d'être constituées par des lacis de vaisseaux ne représentant point des parties pour- vues de limites spéciales. Les vaisseaux simples (§783 , 6°-8°) , qui viennent après, sont , pour les liquides universels de l'organisme , ce que les enveloppes ( § 783 , 2°-4° ) sont pour les organes en parti- culier. Les vésicules séreuses se rattachent d'une part à ces enve loppes par celle de leurs formes qui entoure des organes plastiques (§ 782 , 22° ) , et de l'autre , par les vésicules sy- noviales cutanées (§ 782, 16°), aux vésicules adipeuses (§ 782, 3°) qui , avec un tissu également simple , sont seu- lement plus petites et plus répandues, de manière qu'elles font le passage au plus commun ou au plus général de tous les tissus , à celui qui n'a point encore de forme déterminée, le tissu cellulaire (§ 781 , 2°-8° ). Dans cette sphère plastique , la laxité , la mollesse , la dé- licatesse et la pénélrabilité de la substance ont toujours été en augmentant depuis la peau jusqu'au tissu cellulaire atmosphé- rique. Dans la sphère mécanique , ces mêmes qualités vont en diminuant , au contraire, depuis la neurine jusque vers l'autre extrémité de la série. Comme organes de la mécani- que vivante , du changement de lieu , les muscles occupent le plus haut rang , et , par les muscles soumis à la volonté , qui font antagonisme aux organes sensoriels , ils tiennent de près à la neurine. Le tissu du cœur (§ 795 , 14° ) réunit les qualités des muscles soumis et non soumis à la volonté , et fait le pas- sage des premiers aux seconds. 248 RÉSUMÉ DES CONSID. SUR LES PROD. ORGAN. Le tissu musculaire a une affinité immédiate avec le tissu scléreux. Tandis que les muscles soumis à. la volonté se con- tinuent extérieurement avec les tendons , premier chaînon du tissu scléreux ( § 794 , 4° ) , les muscles qui ne reconnaissent point l'empire de la volonté (§793 , 15°-19° ) se rapprochent de ce même tissu quant à leur substance ; en effet, on a sou- vent considéré comme fibres scléreuses les fibres musculaires tant des artères et des veines, que des conducteurs et réser- voirs formés de membrane muqueuse. Le tissu scléreux passe , par le fibro-cartilage (§ 795 , 5°-9°), au cartilage proprement dit (§795 , iO° ), qui se rattache aux os ( § 796 ) tant par le cartilage osseux que par celui des ar- ticulations. Le tissu stratifié a cela de commun avec cette série de tis- sus scléreux, qu'en vertu de ses propriétés mécaniques, de sa cohésion , il maintient la forme et la situation du mécanisme, et que , par opposition avec le muscle mobile et tendant à changer sans cesse , il entretient la permanence des rapports ayant trait à l'espace. Mais, tandis que le tissu scléreux, uni à l'organisme par des vaisseaux , et se formant lui-même , a d'intimes relations avec le mouvement vivant , le régularise en y mettant des bornes , et est à son tour déterminé par lui, le tissu stratifié n'est qu'apposé à la périphérie de l'organisme, et ne ressent le mouvement vivant que d'une manière indirecte. Le cristallin (§ 797 , 2°) , en raison de ses rapports avec l'or- gane de la vue, présente une disposition toute particulière dans sa substance; mais l'absence des vaisseaux et sa texture lamelleuse lui assignent une place dans le tissu scléreux, qu'il rattache au tissu osseux , attendu que , comme ce der- nier, il est renfermé dans une membrane propre , sert en quelque sorte de squelette , se déplace même par l'effet du mouvement qui part des vaisseaux, et subit un renouvellement continuel de substance , qui, à la vérité , ne s'effectue que du dehors au dedans. Mais les dents (§ 797, 4°) se rallient par leur substance au tissu osseux , et pendant que ces parties épidermatiques, qui s'usent mécaniquement et ne croissent que par des dépôts extérieurs, sortent de leurs follicules, ceux-ci se transforment en périoste des alvéoles. Les poils (§ 797, 6°) ont PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ^49 de commun avec les dents qu'ils se forment dans desfoUicules^ mais leur substance cornée les rapproche des ongles (§ 797 ,16°), qui eux-mêmes font le passage à Tépiderme ( § 797 , 17°). SECONDE SOCS-SERIE. Des produits organiques de la vie végétative dans les autres corps organisés. Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur les différences essentielles que la texture présente chez les êtres organisés autres que l'homme (§799 808), en tant toutefois qu'elles sont connues et qu'elles peuvent offrir ici de l'intérêt. Nous avons dû les passer sous silence jusqu'ici (§780-797), parce que les tissus des êtres organisés inférieurs s'éloignent beaucoup de ceux des êtres organisés supérieurs , de manière qu'il leur arrive fréquemment d'avoir d'autres usages, malgré la ressemblance qu'ils présentent sous le point de vue maté- riel. Comme l'essence des organismes inférieurs consiste en ce que les différentes directions de la vie ne sont point encore développées d'une manière aussi prononcée sous la forme d'antagonisme, en ce que les fonctions ne sont pas encore dis- tinctes les unes des autres et désignées par des caractères particuliers , mais sont confondues ensemble et n'existent pour ainsi dire qu'en germe; de même on voit souvent un tissu réunir en lui les attributions qui, chez des êtres plus élevés en organisation , se trouvent réparties à des tissus di- vers. Les tissus les plus répandus , les seuls même que l'on rencontre aux derniers échelons , sont les analogues des ex- trêmes de notre série, savoir le tissu cellulaire (§799), comme organe de formation intérieure, et répiderme(§808), comme organe de délimitation extérieure. A mesure qu'on monte dans l'échelle des êtres organisés, les antagonismes se multiplient des deux extrêmes vers le milieu de notre série des tissus. Chez les animaux sans vertèbres , ce développe- ment n'a lieu encore que d'un seul côté , de manière que les plus parfaits d'entre eux offrent les tissus affines du système nerveux développés uniquement soit du côté de la plasticité, 55o PRODUITS PLASTIQUES CHEZ~IES AUTRES ÊTRES. soit du côté du mécanisme , savoir, les viscères glanduleux chez les Mollusques et les muscles chez les Insectes. Mais , dans les animaux vertébrés , l'apparition d'un cerveau fait que le développement a lieu avec plus d'uniformité des deux côtés à la fois. Quant à la substance végétale , elle a pour ca- ractères l'uniformité de son tissu , et sa solidité , malgré la grande diversité de sa composition et de sa configuration ex- térieure. !• Tîssu cellulaire. § 799. Le caractère le plus général de la structure organi- que consiste en ce que le corps est délimité en lui-même et contient un liquide. La plus simple expression de ce carac- tère est la forme d'une vésicule ou cellule , renfermant un liquide. Quelques uns des êtres organisés les plus inférieurs, comme les Volvox^ lesAcéphalocystes et les Coniomycètes, sont con- stitués, comme les œufs des animaux supérieurs, par une cellule de ce genre. Une organisation plus compliquée résulte du rapprochement de plusieurs cellules, qui forment alors un tissu. Cette forme primordiale du tissu cellulaire n'est nulle part exprimée plus purement que dans le règne végétal , où la rigidité , qui domine chez tous les êtres appartenant à cette catégorie , la rend permanente. Tout végétal est une aggrégation organique de vésicules transparentes , pleines de suc et placées tantôt à la suite ou à côté , tantôt au dessus et au dessous les unes des autres. Ces vésicules , primordialement rondes , s'aplatissent par le fait de leur application mutuelle , et prennent la forme de dodécaè- dres quand elles sont adossées et stratifiées d'une manière régulière. Ce tissu, consistant en cellules closes, régulière- ment configurées et à parois solides , et qui constitue le corps végétal tout entier, ou du moins en fait la base, diffère beaucoup du tissu cellulaire animal, qui manque de forme arrêtée, et dont les espaces ne sont pas clos; mais la dif- férence tient uniquement à ce qu'il est tissu cellulaire végétal et que , comme tel , ses diverses parties doivent être rigides PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES. 25 1 et closes. Le tissu cellulaire du stipe des Champignons^ dont la substance se rapproche de celle du tissu cellulaire animal, est délicat et semblable à une toile d'Araignée ; après avoir été détaché , il représente une substance visqueuse et mucila- gineuse , comme le tissu cellulaire animal. D'un autre côté , la substance spongieuse des os, qu'on peut considérer comme un lissu cellulaire ossifié , ressemble au tissu cellulaire végé- tal , à cela près seulement que les cellules sont irrégulières et percées , tandis que les vésicules adipeuses prennent jusqu'à la forme dodécaédrique des cellules végétales par leur solidification et leur feulement les unes contre les autres (§782,5"). Le tissu homogène des animaux inférieurs consiste, comme celui de la membrane proligère (§ 342) et de l'embryon en général (§ 417), en granulations qu'on ne distingue qu'avec le secours du microscope. Cette masse primordiale est une substance indifférente , de laquelle , à des degrés supérieurs de développement , sortent des tissus divers. Ce n'est donc point encore du tissu cellulaire, ou du moins c'est , à ce qu'il paraît, du tissu cellulaire non encore développé; car, comme, dans le corps végétal , de nouvelles cellules se forment des granulations comprises entre elles , comme les spores se dé- veloppent en vésicules (§374), comme enfin le coeur lui- même est d'abord plein et ne devient un corps creux que par la liquéfaction de son axe (§ 441), de même aussi les granii- lations de la masse primordiale sont peut-être des germes de cellules , dans lesquels l'antagonisme de paroi solide et de contenu liquide ne s'est point encore développé. La mollesse de la substance des animaux inférieurs , qui est telle que le corps de plusieurs d'entre eux , les Méduses par exemple , se résout promptement en liquide après la mort , vient à l'appui de cette opinion. Le véritable tissu cellulaire n'apparaît dis- tinctement que quand il s'est développé, de cette masse indif- férente, une diversité de tissus ayant des caractères déterminés, parce qu'alors , en sa qualité de masse plastique commune, il fait antagonisme à toutes les parties spéciales. Ainsi il se mon- tre d'abord à l'entour de l'intestin et des troncs vasculaires , mais n'en demeure pas moins fort peu prononcé et peu abon- 2 52 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. dant chez les Mollusques et les animaux articulés ; il n'est complètement développé et abondant que chez les animaux vertébrés supérieurs. (On ne peut pas douter que, déjà pendant la vie, le tissu cellulaire ne soit un composé de fibres très-déliées ; car^ lors- qu'on examine au microscope des lambeaux de ce tissu , par exemple , de celui qui est interposé entre les muscles , on le voit composé de filamens bien distincts, ayant des diamètres di- vers. J'ai trouvé que les filamens provenant du tissu cellu- laire de différentes parties du corps de l'homme , des Mam- mifères et des Oiseaux, avaient, la plupart du temps, un huit- centième de ligne d'épaisseur ; mais que parfois aussi leur diamètre augmentait jusqu'à un cinq-centième, ou diminuait jusqu'à un millième. Ces filamens, d'une teinte foncée sur les bords , se frisaient et se contournaient aisément , et ressem- blaient souvent à des bouts de fil détors. Ils ont de l'analo- gie avec les filamens floconneux d'albumine qui se forment quand on ajoute de l'eau ou de l'alcool à du blanc d'œuf frais. Chez les Reptiles aussi , le tissu cellulaire intermusculaire a la même configuration , et se compose de filamens ayant de- puis un huit-centième jusqu'à un millième de ligne, qui s'entre- croisent , et dans les interstices desquels on remarque de très • petites granulations isolées. Des fibres réunies semblent for- mer des lamelles, et entre les lamelles, comme entre les fi- bres, restent des mailles qui admettent la graisse. Ce tissu reçoit des vaisseaux sanguins , dont cependant les ramifications les plus déliées surpassent toujours en diamètre les filamens solides du tissu cellulaire , mais ont des parois plus minces , plus délicates , ou du moins ne paraissent pas aussi nettement délimitées. On trouve aussi entre elles des granulations isolées, qui sont probablement des globules de lymphe ou de sang , peut-être des noyaux de globules dépouillés de leurs envelop- pes , ou même , suivant les parties d'où provient le tissu cel- lulaire , des granulations de mucus. Ces fibres du tissu cellulaire font la base , non pas à la vé- rité des ditTérens organes du corps , mais de la plupart des organes membraneux;, ou, en d'autres termes, des membra- nes séreuses , fibreuses et muqueuses , de la peau, du périoste , PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 253 probablement aussi les fibres tendineuses des muscles , et les diverses membranes des vaisseaux ne sont que du tissu cellu- laire modifié et plus développé. En effet, toutes ces parties se composent de fibres celluleuses plus ou moins grêles et plus ou moins serrées les unes contre les autres , qui forment , par leur réunion , des couches simples ou multiples. J'en ai examiné un très- grand nombre, notamment chez l'homme, les Mammifères et les Oiseaux, et toujours j'ai trouvé des fi- bres plus ou moins distinctement entrelacées , souvent fort difficiles à séparer et à isoler les unes des autres. Toutes les membranes des artères , depuis la tunique cellu- leuse jusqu'à la plus intérieure , ne présentent que des fibres entrelacées d'une manière plus ou moins serrée, de sorte que, microscopiquement parlant, il n'y a point de différence * 'anchée entre les diverses tuniques. Dans les membranes séreuses, le péricarde , par exemple , les fibres sont fortes , on a de la peine à les séparer par la pression ou la traction avec l'ai- gnille ou les pinces, mais on parvient cependant à les isoler très-nettement; elles forment un tissu très-serré ; leur diamè- tre est d'un trois -centième, d'un quatre-centième ou d'un cinq-centième de ligne. Les fibres des sacs aériens des Oiseaux sont plus délicates. Le périoste est entièrement formé de fila- mens ayant un cinq-centième de ligne de diamètre , mais dont quelques uns aussi sont plus gros et d'autres plus grêles, et qui s'entrecroisent fortement ensemble , laissant apercevoir entre eux des vaisseaux beaucoup moins nombreux, et à pa- rois très-minces , qui ont un diamètre plus considérable. Je trouve le tissu scléreux des tendons des muscles sem- blable en tous points ; ce sont des filamens fort serrés les uns contre les autres , probablement aplatis en rubans , sans élran- glemens , sans rides transversales , semblables à celles qu'on aperçoit dans les muscles; ils semblent tors et contournés lorsqu'on comprime et frotte le tissu entre deux plaques de verre, de manière à obliger les fibres de s'écarter. Je remar- que également ici des vaisseaux marchant en travers , qui se ramifient, ont un calibre considérable, contiennent souvent encore des globules du sang, et présentent un diamètre d'un centième à un deux-centième de ligne. 2 54 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ETRES. Il n'est pas d'organe qui offre , dans un espace plus res- serré , un si grand nombre de fibres du tissu cellulaire mo- difié , que l'œil. La conjonctive se compose de filamens faciles à séparer, faiblement unis ensemble , qui se tordent ou se frisent quand ils sont isolés , et dont la plupart ont un millième de ligne de diamètre ; peu sont plus gros , de manière que leur diamètre s'élève à un cinq-centième de ligne , et peu assez grêles pour que j'estime leur diamètre à près d'un deux-mil- lième. La cornée transparente se montre évidemment aussi composée de filamens analogues ; cependant les siens sont très-déliés , fort serrés les uns contre les autres , et étroite- ment unis ensemble ; ils forment un tissu homogène : pour les apercevoir, il faut prendre des lamelles très-minces de la membrane , et les soumettre à des moyens particuliers de traitement et d'éclairage. Tandis que les fibres de la conjonc- tive produisent un tissu fort lâche , celles de la sclérotique , qui ont très-peu de volume , se croisent et se serrent beaucoup les unes contre les autres , de sorte qu'on a de la peine à en détruire le tissu. Dans le ligament ciliaire , au contraire^ les fibres ordinaires du tissu cellulaire sont molles et faiblement unies. On reconnaît aussi ces fibres dans le cristallin , à côté de l'albumine non fibreuse , qui paraît les constituer. Arnold les a vues , mais il les a prises assez singulièrement pour des vaisseaux lymphatiques , ce qui l'a ramené à l'ancien sys- tème de Mascagni, dans lequel tout se compose, en dernière analyse, de vaisseaux lymphatiques. Cependant leur solidité, leurs bords bien dessinés et obscurs, en un mot, leur as- pect entier, tout se réunit pour prouver qu'elles sont plei- nes , autant du moins qu'il est permis d'affirmer en pareil cas, car^ lorsqu'on examine des filamens si déliés au micro- scope , on éprouve la plus grande difficulté à déterminer s'ils sont creux ou non; les vaisseaux qu'on peut observer en même temps qu'eux ont un diamètre beaucoup plus considé- rable , mais sont bien plus délicats , et présentent des bords bien plus faiblement marqués; comme nous savons^ en outre, que la lymphe contient, en assez grande quantité, des glo- bules dont le diamètre est généralement double ou triple de celui des filamens ordinaires du tissu cellulaire , ceux-ci ne PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ^55 pourraient charrier que du sérum sans globules ; mais il serait bien plus facile à ce sérum d'imbiber les parties si délicates par simple transsudafion , de sorte qu'on ne voit point à quoi pourraient servir de pareils vaisseaux. Mais , outre ce tissu celluhire , qui fait la base des mem- branes, qui enveloppe et unit des organes entiers et leurs parties , je crois devoir distinguer, sous le nom de tissu spon ■ gieux^ un tissu particulier, qui constitue probablement le pa- renchyme propre des organes parenchymateux ou des glandes, après l'enlèvement des vaisseaux , des nerfs , et de tout le sys- tème cellulaire unissant ces dernières parties. En effet , les petits cœcums des glandes sécrétoires et diverses autres par- ties, comme , par exemple , les villosités intestinales, parais- sent consister en un tissu spongieux mou et à petits grains, qu'il est difficile d'étudier et de décrire. Souvent ce tissu est composé de granulations toutes pareilles ; souvent aussi on y aperçoit des grains plus gros , à surface grenue , qui sont pour ainsi dire collés ensemble et en partie confondus. Dans le premier cas , il a l'apparence de la substance vitelline à petits grains qu'on aperçoit après avoir écrasé les gros glo- bules du jaune ; dans l'autre , il ressemble à un agrégat de grains de mucus , serrés les uns contre les autres et en partie confondus ensemble. Ce tissu spongieux semble donc consister en molécules organiques molles , faiblement unies et laissant entre elles de petits interstices , ce qui doit le rendre très- propre à pomper comme une éponge les parties liquides du sang et de la lymphe. Je pense que cette substance spon- gieuse et grenue est quelquefois aussi déposée dans des par- ties membraneuses délicates , à côté des fibres du tissu cellu- laire , ou entre elles. J'ignore si la masse dont se forme l'embryon, et à la- quelle on ne peut imposer de nom qui lui convienne mieux que celui de matière animale grenue , ou de substance plasti- que , est la même chose que la substance grenue dont sont formés les animaux inférieurs , mous et gélatineux , comme les Polypes et les Méduses ; mais , ce qu'il y a de certain , c'est que ces substances animales ont beaucoup d'analogie l'une avec l'autre ; seulement les granulations de celle de 256 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. l'embryon me paraissent être plus uniformes sous le point de vue du volume. Treviranus avait déjà dit de l'Hydre que son corps entier se compose uniquement de globules unis en une masse analogue à de la gelée , et il a même figuré un lambeau de tentacule. Je trouve également la masse du corps constituée par des globules arrondis , dont le diamètre varie d'un trois-centième à un six-centième de ligne, et qu'il est difficile d'écraser. J'ai aperçu aussi , dans la substance du Rhizostoma Cuvieri, une multitude de granulations ayant de- puis un deux-centième jusqu'à un-trois centième de ligne. L'embryon d'Oiseau âgé de quarante-huit heures consiste en une masse de petits grains , qui ressemble absolument au contenu des globules viieliins; car, lorsqu'on écrase ces der- niers , on aperçoit une foule de petits globules ayant environ un millième de ligne de diamètre et au dessous ; il semble donc que la masse de l'embryon soit formée immédiatement par la masse vitelline à petits grains. Les jours suivans, comme il a été dit, toutes les parties consistent en cette masse grenue, de laquelle ne tardent pas à se développer, en très-grand nombre, des grains plus volumineux , qui s'accumulent principalement sur certains points. Dans l'embryon de huit jours , les granu- lations varient de volume ; la plupart d'entre elles sont plus petites que des globules du sang , mais leur bord n'est point aussi nettement dessiné ; çà et là aussi j'ai remarqué , parmi la masse grenue, un tissu fibreux ou strié. Le canal de la moelle épinière ressemble à un tube plein de granulations , dont le volume tantôt égale celui des globules du sang , et tantôt est de moitié plus petit. La même chose a lieu pour la masse des lames vertébrales. Dans un embryon âgé de douze jours , la substance du cerveau, et fréquemment aussi le reste delà masse du corps, étaient composées de granulations oblon- gues, qui se terminaient par des filamens à leurs deux extré- mités , ou paraissaient comme articulées. Je n'ai trouvé au- cune trace de fibres musculaires dans le cœur, qui m'a pré- senté la même substance grenue que l'embryon entier. Il n' avait encore nulle part de substance musculaire formée. Dans l'embryon du dix-septième jour, qui avait déjà des plumes tj'ès-saillantes , j'ai reconnu , si je ne me suis pas trompé, la PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 267 formation du muscle pectoral d'une manière fort intéressante. On aperçoit distinctement la substance plastique grenue, avec ses granulations d'un trois-centième de ligne environ , entre lesquelles se remarquent des fibres longues, de couleur ob- scure , très-déliées , et ayant jusqu'à un millième de ligne de diamètre ; ces fibres m'ont paru parfaitement homogènes et jamais articulées ; souvent il y en avait trois , quatre ou cinq ensemble, sans qu'elles fussent réunies en faisceaux muscu- laires , ce qui était cause que je n'apercevais pas non plus la moindre trace de rides transversales. Il paraîtrait donc que les fibres primitives des muscles poussent au milieu du tissu grenu , et qu'elles le refoulent peu à peu , absolument comme le font les productions morbides à l'égard des tissus dans les- quels elles se développent. Le cristallin se forme de très- bcyine heure ; dès le cinquième jour, son tissu est déjà parfai- tement transparent, homogène et sans nulle apparence de granulations. Au troisième jour, époque à laquelle on décou- vre déjà l'œil , je n'ai point encore vu de pigment noir; mais, le cinquième jour, j'en ai découvert des grains épars et ex- trêmement fins , dont le nombre allait toujours en croissant; ces molécules pulvérulentes ne se réunissaient que fort tard en grains d'un certain volume. Au dix-neuvième jour, j'ai vu les nerfs du plexus brachial formés de tubes remplis de moelle, comme chez l'adulte ; seulement, ces tubes m'ont paru un peu plus grêles , ce qui , du reste , pourrait bien être une erreur d'observation. Il est certain que la masse grenue de l'embryon a de l'analogie avec le tissu spongieux de la sub- stance glandulaire et des villosités intestinales; mais cette dernière paraît être plus homogène , plus poreuse et compo- sée de plus petits grains. ) (1):; II. Vésicules. § 800. Le degré de développement le plus simple et le plus libre du tissu cellulaire est celui qui produit les vésicules du corps animal , contenant de la graisse ou de la sérosité. Ces (1) Addition de R. Wagner. viu 17 258 PRODUITS PLASTIQUES CÏIEZ LES AUTBES ÊTRES. vésicules ressemblent aux cellules vé^ijétales par leur clôture. 1° L'analogie est surtout grande à l'égard des vésicules adipeuses , qui , lorsqu'il existe entre elles des intervalles d'une certaine étendue, comme chez le Cochon, ont une forme arrondie , tandis que , quand elles sont serrées les unes contre les autres et renferment une graisse plus ferme , elles présentent des facettes si nombreuses et si bien dessinées , qu'on serait tenté de les prendre pour des cristallisations ré- gulières (1). (J'ai trouvé, dans des lambeaux du tissu cellulaire sous- cutané et dans le mésentère du Grand-Duc , de belles cel- lules, bien distinctes, plus ou moins régulièrement hexagones, et adossées les unes contre les autres, mais dont les parois cédaient facilement à la pression ^ qui en effaçait plus ou moins les angles ; ces cellules , qui contenaient de la graine, avaient 0,02 à 0,04 ligne de diamètre. Du reste , il arrive aussi quekpiefois à la graisse d'être contenue dans des poches arrondies et closes, doni l'inté- rieur se compose de cellules nombreuses renfermant des gout- telettes graisseuses. C'est ce que j'ai vu surtout dans l'iris de plusieurs Oiseaux, notamment du Grand Duc, chez lequel la belle couleur jaune de la membrane paraît dépendre unique- ment de cette graisse. Ici, les vaisseaux ciliaires eux-mêmes, ou du moins les veines , sont pleins de pareilles poches. Si je ne me suis point trompé dans mes observations , ce fait ex- traordinaire mériterait un examen plus approfondi , et pour- rait devenir d'un grand intérêt pour la théorie de la sécré- tion) (2). Chez les animaux sans vertèbres , c'est dans le corps adi- peux dont les organes digestifs des Insectes et des Arach- nides sont entourés , que les vésicules se prononcent le plus. Cependant elles paraissent y contenir plutôt un liquide chy- leux que de la graisse ; mais , partout où Ton rencontre cette dernière, elle semble être renfermée dans des vésicules closes. A la vérité , chez les Phoques , les Cétacés , quelques Oiseaux (1) Raspail , Nonv. syst. de chimie organique , p. 18S. (2) Addition de R. Wagner. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 2^9 aquatiques et divers Poissons , on parvient à la faire passer d'un lieu dans un autre par la pression, et elle coule en partie par toute plaie faite aux ligamens ; mais il paraît que ces phénomènes tiennent uniquement à ce que , chez ces ani- maux, elle est plus liquide , et Iranssude plus aisément à tra- vers la par@i des vaisseaux. Du reste, le diamètre des vésicules adip*euses est, d'après Raspail(l), de 0,0211 ligne dans le Hanneton, 0,0620 — 0,1107 dans la Brebis, 0,0531 — 0,0620 dans le .Veau, 0,0886^0,1107 dans le Bœuf, et 0,1107 — 0,1461 dans le Cochon. 2° Les vésicules séreuses ne paraissent que dans les points où les organes ont acquis un caractère particulier tellement prononcé , que ce caractère peut s'exprimer aussi par ime délimitation plus rigoureuse. Les plus répandues d'entre elles sont le revêtement de la cavité du tronc qui correspond au péritoine, et , après lui, le péricarde. Lorsqu'elles n'existent point , l'intestin et le cœur sont fréquemment entourés de tissu cellulaire , ou attachés à la paroi du tronc, soit par des fila- mens , soit par des lamelles. Cependant on rencontre aussi des connexions de ce genre chez plusieurs Reptiles et Pois- sons , dans lesquels ces organes sont enveloppés par des vé- sicules séreuses. L'organe digestif des Actinies est attaché à la paroi du tronc par une multitude de feuillets , et , chez les Echinodermes , ce moyen d'union prend déjà le caractère d'une membrane séreuse, qui, chez les Oursins en particu- lier, tapisse la paroi du tronc , et se réfléchit en manière de mésentère, pour envelopper le canal intestinal. Dans les ani- maux articulés , la cavité du tronc n'est point ainsi revêtue d'une membrane séreuse , et les organes digestifs sont tantôt à nu , comme chez les Insectes , tantôt fixés à la paroi du tronc par des filamens et des feuillets , comme chez les An- nelides et les Crustacés. On ne rencontre pas non plus de membrane séreuse revêtant les parois du tronc dans les Mol- lusques inférieurs , et elle ne commence à paraître que chez les Gastéropodes et les Céphalopodes , où cependant elle est (1) Loc, cit., p. 4.85. 26o PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. dépourvue de mésentère. Les Poissons sont , jusqu'à un cer- tain point, dans le cas des Mollusques supérieurs. Quoique l'on rencontre un mésentère cliez eux , il est la plupart du temps incomplet , et une partie du canal intestinal ne se trouve entourée que de tissu cellulaire. Chez les Reptiles et les Oi- seaux , le mésentère est plus constant et plus complet ; mais ce n'est que chez' les Mammifères qu'on voit l'enveloppe sé- reuse des parois du tronc se diviser réellement en péritoine et en plèvre. Un péricarde ne se voit, parmi les animaux sans vertèbres, que chez les Gastéropodes et les Céphalopodes ; mais tous les vertébrés^ sans exception en sont pourvus. Des vésicules séreuses appartenant à des organes sensoriels se rencontrent également , parmi les animaux sans vertèbres , chez les Mollusques supérieurs , mais de plus aussi chez les Crus- tacés, tandis que l'arachnoïde existe chez les Céphalopodes seuls ; cependant elle n'y est 'qu'indiquée , et elle n'a même point encore acquis un développement bien prononcé chez les Poissons. Il n'y a de vésicules synoviales que chez les animaux ver- tébrés. La tunique vaginale ne constitue non plus une mem- brane distincte , que chez ceux d'entre les Mammifères dont les testicules demeurent toujours hors de la cavité abdomi- nale. m. Tubes. § 801. Lorsque la vésicule close s'allonge , elle prend la forme d'un tube , dans lequel le liquide acquiert des relations plus générales avec l'organisme , de manière qu'il doit s'y porter d'un point à un autre. Ces espaces longitudinaux manquent chez la plupart des végétaux acotylédones , oij la dimension en longueur tantôt n'a point acquis la moindre prédominance, tantôt au moins ne Ta point prise conjointement avec celle en largeur, c'est- à-dire dans des cellules accolées les unes à côté des autres. Les autres végétaux ont des méats intercellulaires et des lubes proprement dits. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 26 1 Les premiers sont tout simplement des vides qui existent dans le tissu, et qui n'ont point de parois propres. On les dislingue en ceux qui contiennent des liquides et ceux qui contiennent de l'air. Les premiers se divisent eux-mêmes en méats séreux ou intercellulaires , qui charrient le suc général de la plante ou la sève , entre les couches de cellules , et en réservoirs du suc propre , qui contiennent des sucs vé^^étaux particuliers , et sont produits par la déchirure de cellules , ou par des dila- tations de conduits intercellulaires , que limitent des cellules d'une petitesse toute spéciale. ] Les méats aériens se forment également lorsque les sucs contenus dans des cellules ou des réservoirs viennent à se dessécher, ou sont décomposés par le travail organique , ou enfin dégagent de l'air d'une manière quelconque. Du reste , ils sont clos tant par rapport à l'extérieur, comme les conduits séreux et les tubes proprement dits , qu'à l'égard des tubes aériens. Les tubes proprement dits , ou constitués par des parois propres , se distinguent en ceux qui charrient des liquides et ceux qui charrient de l'air. '' Les premiers sont des cellules allongées ou d'étroits ca- naux fermés et terminés en pointe aux deux extrémités ; on les rencontre déjà chez les végétaux acotylédones. La plupart d'entre eux ont un diamètre supérieur à celui des utricules. Dans les plantes plus parfaites , ils marchent parallèlement ( fibres de l'aubier et du bois ) , ou transversalement ( rayons médullaires ) à l'axe du végétal. Les seconds (vaisseaux spiraux) représentent le plus haut développement du tissu végétal. On n'en trouve aucune trace dans les plantes acotylédones. Ils sont formés de fibres trans- versales, fermées de toutes parts (vaisseaux annulaires), contournées enspirale (trachées), parsemées de points opaques ( vaisseaux ponctués ou poreux ) , étranglées de distance en distance (vaisseaux en chapelet), ou perforées ( vaisseaux en escalier). Ils se terminent en pointe à leurs deux extré- mités , ne sont jamais ramifiés , mais constituent fréquemment des faisceaux, qui se partagent et se ramifient; du reste, ils 262 PRODUITS PIASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. sont toujours entourés de vaisseaux charriant des liquides, et contiennent principalement de Tair dans leur intérieur, quoi- qu'ils paraissent y admettre aussi quelquefois des liquides. Il n'y a point de vaisseaux chez les animaux invertébrés les plus inférieurs (§ 693, I); ici, les liquides parcourent les tissus sans avoir de parois propres , et , chez les Insectes eux-mêmes, ils se répandent encore en grande partie dans des interstices qui ne diffèrent des méats intercellulaires des végétaux , que par l'absence d'une direction linéaire déter- minée. Le système vasculaire des animaux a pour caractères l'unité et la centralisation, tandis que, dans les végétaux, il se compose d'un grand nombre de canaux isolés, sans tronc central. Les animaux sans vertèbres n'ont qu'un système vasculaire sanguin. D'abord , ce système n'affecte qu'une forme longi- tudinale simple et un mode dendritique de division , avec un mouvement de fluctuation du liquide qu'il contient. Tel est le cas de quelques Entozoaires, des Echinodermes et des Annelides (§ 693, II, III, IV). Puis il forme un cercle fer- mé , et dans lequel il n'y a qu'un courant simple , tantôt sans ramifications, comme chez les Insectes (§ 693) , tantôt avec' des ramifications, et par cela même avec un antagonisme plus prononcé entre les artères et les veines, comme chez les Mollusques (§ 693, YIII). Enfin , chez les animaux vertébrés , il y a de plus un em- branchement spécial du système veineux, le système des vais- seaux lymphatiques. Ces vaisseaux ne présentent encore que de faibles indices de valvules chez les Poissons , et ils n'arri- vent à leur développement complet que dans la classe des Mammifères. ÎV. Organes vasculaÎTës< § 802. Les organes vascul^ires, ou ceux qui ne sont es- sentiellement composés que d'un lacis de vaisseaux, appar- tiennent en propre aux animaux vertébrés, et surtout à ceux des classes supérieures de cette série. Les ganglions lympha- PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES, 265 tiques manquent cbez les Poissons, où ils paraissent être remplacés par de simples plexus. Les Oiseaux n'en ont qu'à la région du cou , oii même encore ils sont assez équivoques. On ne les trouve répandus par tout le corps , et bien déve- loppés, que chez les Mammifères. Les ganglions sanguins ont pour prototype des ramifications d'artères qui s'entortillent en manière de paquet, puis se réunissent de nouveau en un tronc continuant sa route vers l'organe auquel il doit porter le sang. Telle est la glande ca- rotidienne des Batraciens ^ qui, d'après Huschke (1) , résulte de la réunion des artères et veines du premier arc branchial (§ 391 , 8° ; 397 , 12" , ]6° ) du têtard ; tel est encore le réseau admirable que l'artère cérébrale forme , chez les Ruminans et les Cochons , et qui a peut-être une origine analogue ; tel est enfin , comme l'assure Rapp (2), un réseau artériel à l'œil des Ruminans et des Chats , au mésentère des Cochons , aux membres du Paresseux et de quelques Oiseaux. De sembla- bles réseaux deviendraient des ganglions sanguins, si le vaisseau qui en sort était de nature veineuse , et non arté- rielle. La rate est le ganglion sanguin le plus répandu. Elle existe peut-être chez tous les animaux vertébrés sans exception. En effet, tandis qu'on la trouve chez tous les autres Poissons, elle manque bien dans la Lamproie, sous sa forme ordinaire; mais elle y a été rencontrée par Rathke (3) sous celle d'un réservoir sanguin étendu tout le long de la cavité abdominale, et composé d'un tissu celluleux de fibres et feuillets lamel- leux , qui reçoit des veines d'une partie de l'intestin , des reins et des organes génitaux , et qui verse le sang dans la veine cave par une série d'ouvertures étroites. Or si le Camé- léon et quelques Ophidiens sont les seuls vertébrés chez les- quels la rate semble ne point exister (4), la question se présente (1) Zeitschrift fuer Physiologie , t. IV, p, 115. (2) Meckei, Archiv fuer Anatomie , 1827, p. 12. (3) Bemerkunyen ueber den innern Bau der Pricke , p. 49, 71. (4) Treviranus , Die Erscheinunijen und Gesetze des oi-Sjanischen Lgr ienslt.I, p. 346. 264 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTTlES ÊTRES. de savoir si elle ne se trouverait point également chez eux sous une autre forme. En général , cet organe est proportionnelle- ment plus volumineux dans les vertébrés supérieurs que dans les vertébrés inférieurs , et la rate de Thomme est plus grosse que celle des autres animaux , quoique cette règle souffre d'assez nombreuses exceptions. Ainsi Heusinger a trouvé la propor- tion entre le poids de la rate et celui du corps entier , de I * 1216 dans la Couleuvre à collier , de 1 ! 800 dans le Din- don , de II 586 dans l'Anguille , de 1 ! 240 dans le Barbeau , et de 1 * 180 chez l'homme (1). Elle est donc , sous ce rap- port , l'inverse du foie (§ 804 ,5°). Du reste, la variabilité de sa forme , aux degrés inférieurs de l'organisation, s'annonce aussi par cette circonstance que, chez certains Poissons et Oiseaux, comme aussi chez les Cétacés, parmi les Mammifères, elle se partage en plusieurs lobes réunis par des vaisseaux , ce qui la fait paraître multiple . Les capsules surrénales existent chez tous les Mammifères. Elles sont proportionnellement volumineuses dans les Ron- geurs , petites chez les Cétacés et les Phoques , de même que chez tous les Oiseaux. Les Batraciens en [sont dépourvus ; mais , d'après Jacobson (2) , on les rencontre dans quelques autres Reptiles , notammentles Ophidiens, où, comme chez les Oiseaux, elles reçoivent leur sang de veines intercostales. II n'y en a point chez les Poissons , à moins qu'on ne veuille , avec Ralhke , en trouver l'analogue dans une portion des reins (§455,1°). Le thymus et la glande thyroïde appartiennent à tous les Mammifères. Le premier diminue partout' à mesure que l'a- nimal avance en âge (3) ; mais , chez les animaux dont la res- piration est peu active , comme les Ruminans , les Insec- tivores, les Pachydermes et les Mammifères aquatiques, sa diminution a lieu avec plus de lenteur que chez ceux de proie et les Solipèdes (4) , quoiqu'il ne soit nullement prouvé (1) Ueher don Bau ufid die f^errichtungen der MHz , p. 49. (2) Bulletin des sciences médicales , t. I , p. 289. (3) Haugsted, Thymi in homine ac per seriem animalium descriptio , p. 107. (4)/.0«^.,p. 427. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ^65 qu'il persiste pendant toute la vie chez les animaux hyber- nans, fouisseurs, plongeurs et aquatiques, comme on T avait admis. Quant à ce qui concerne l'hybernation , Haugsted (1) a confirmé la remarque , déjà faite par Jacobson (2) , que , pendant la durée de cet état , il existe , au col et à la poitrine (§ 612, 3°), un appareil glanduleux, tuméfié et rempli de sucs , qui n'a rien de commun avec le thymus , quoiqu'on puisse le comparer à lui. Cette remarque n'a fait qu'em- brouiller la question , au lieu de l'éclaircir. On a admis un thymus et une glande thyroïde chez les Oiseaux et les Pieptiles , sans y être autorisé par un examen approfondi du tissu. Ainsi Magendie (3) regarde les parties glanduhformes qu'on rencontre dans la cavité pectorale des animaux de ces deux classes , comme des glandes thyroïdes , et celles qu'on trouve au cou, comme un thymus , parce que ces dernières sont plus volumineuses chez l'embryon que pen- dant l'âge mûr. De même Berthold (4) prétend que le thymus et la thyroïde sont confondus en un seul organe chez les Oi- seaux , et qu'il en est de même chez les Grenouilles , oii l'or- gane commun comprend de plus les capsules surrénales. Mais Haugsted (5) fait observer qu'ici on a pris pour ces gan- glions vasculaires , soit des ganglions lymphatiques, soit des grumeaux de graisse. V. Système cutané. § 803. 1° Une condensation de la substance à l'extérieur a lieu chez tous les corps organisés ; mais, aux derniers degrés de l'échelle , il ne résulte point encore de là un organe particulier et distinct, la peau. Ainsi, dans les plantes, toutes les cellules situées à la surface (d) Ibid., p. 34. (2) Meckel , Deutsches Arcliiv , t. III , p. 34. (3) Journal de physiolog. expérim., t. II, p. 189. (4) Fioriep , Notizen , t. XI , p. 121. (5)ioc, ci*., p. 136,142,146. ^66 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. sont plus petites, plus aplaties, plus serrées les unes contre les autres , de sorte que là surtout où il y a un conflit immé- diat avec l'atmosphère , on distingue une couche particulière, qu'on peut considérer comme l'analogue de la peau , mais en même temps de Tépiderme , et qu'on nomme en conséquence cuticule , tandis que , sur les racines , sur les plantes qui vivent dans l'eau , et sur les végétaux acotylédones, qui n'ont pas de trachées aériennes , ou ne dislingue point encore de couche semblable. De même , chez les animaux les plus inférieurs , tels que les Polypes et les Méduses , la peau ne saurait être distinguée, non plus que l'épiderme, du reste de la masse du corps. Ce- pendant elle commence déjà à en différer dans les Holothuries. Elle apparaît ensuite comme couche extérieure et mince de la masse musculaire constituant ou revêtant la paroi du corps, attendu qu'elle n'en est point encore séparée par du tissu cellulaire atmosphérique , et que par conséquent elle est en- core plus ou moins confondue avec elle. C'est ce qu'on ob- serve , en général, chez les Mollusques et les animaux arti- culés. Dans les Poissons, elle est discernable à la vérité , mais mince et appliquée immédiatement sur la masse musculaire , si ce n'est aux articulations des nageoires. Chez lesUrodèles, elle est dense , mais mince , et sohdement fixée aux muscles par un tissu cellulaire rare. Lorsqu'elle est devenue le siège d'un squelette cutané, elle a si peu d'épaisseur, qu'elle res- semble presque à une membrane séreuse, et qu'on ne l'aper- çoit point, à moins d'une certaine attention. Tel est le cas des Astéries et des Oursins , des Insectes et des Crustacés, de quelques Mollusques , de plusieurs Poissons , et même des Tatous et Oryctéropes. La même chose a lieu quand le sys- tème osseux s'applique immédiatement à elle , pour former la paroi du corps , comme chez les Chéloniens. Mais , par antagonisme avec les cas de confusion de la peau , nous en trouvons d'autres de séparation absolue chez les animaux placés au plus bas degré de l'échelle : dans les Ascidies , la peau , qui est épaisse , solide et cependant transparente , ne tient à l'animal qu'autour de la bouche et de l'anus , et ren- ferme, comme le ferait un sac , le corps entouré par la masse PRODUITS PLASTIQUES CHEZ EES AUTMS ÊTRES. 267 musculaire; de même aussi la peau des Anoures est une sorte de manteau étendu sur le corps , auquel il n'adhère que de loin en loin par des vaisseaux , des nerfs et quelques muscles cutanés. C'est aux degrés supérieurs d'organisation seulement qu'un tissu cellulaire placé au dessous d'elle lui forme des limites spéciales, en même temps qu'il multiplie ses connexions avec le reste de l'organisme. L'allongement plus considérable du tissu cellulaire lui procure davantage de mo- bilité chez les Oiseaux que chez les Mammifères, et plus aussi chez ces derniers que chez l'homme. Dans les Oiseaux en général, la peau est mince encore , surtout chez les Pas- sereaux, moins chez les Gallinacés et les Palmipèdes. Parmi les Mammifères, elle est mince chez les Rongeurs, épaisse chez les Tard'igrades , les Ruminans , les Solipèdes et les Pa- chydermes. Des papilles sensitives commencent à se développer à la peau chez les Reptiles. Dans la classe des Mammifères, on les remarque surtout au museau ; maïs , chez les Singes , il y en a aussi au bout des doigts. 2° La peau peut être considérée comme l'organe souche , et la membrane muqueuse comme un embranchement de cet organe , qui sert à la digestion , à la respiration et à la sécrér- tion de sucs particuliers. La plante ne possède point , à ce qu'il paraît , de cavité in- térieure qui s'ouvre au dehors. Elle n'a qu'une surface exté- rieure qui , chez les végétaux les plus inférieurs , accomplit le conflit avec l'extérieur tout entier et sans distinction au- cune , mais qui , chez ceux d'un ordre plus relevé , entre en rapport avec le liquide par les racines surtout , avec l'air par la tige et principalement par les feuilles , tandis qu'à l'inté- rieur l'air et le liquide ne se trouvent que dans des cellules et autres espaces clos. Il n'y a qu'un petit nombre d'animaux des derniers ordres qui manquent d'une membrane muqueuse formant une cavité digestive. Celle , au contraire, qui constitue une cavité respi- ratoire spéciale , n'apparaît que plus tard. Mais même alors que ces deux cavités sont déjà développées , la peau conserve encore, çà et là , les propriétés de ia membrane muqueuse j 26S PRODUITS PLASTIQUES CHEZ tES AUTRES ÊTRES* ainsi , chez les Holothuries , les Mollusques , les Poissons et les Batraciens , elle secrète un liquide analogue au mucus: chez les Nudibranches , chez les Gastéropodes , chez les Tu- bicoles et les Dorsibranches parmi les Annélides , chez la Sirène et le Protée parmi les Reptiles, elle est développée en un organe de respiration analogue aux feuilles des végétaux. L'examen approfondi de ces rapports de forme doit être ré- servé pour les volumes qui traiteront de la digestion et de la respiration. Du reste , nous ne connaissons de leur côté chi- mique que ce qui concerne l'analyse de la vessie natatoire de l'Esturgeon (ichthyocolle) , qui se ^compose, d'après John , de 0,70 gélatine , 0,16 osmazome, 0,07 sels et 0,07 eau, Vï. Organes sécrétoircsi § 804. Chez les végétaux , diverses substances provenant des liquides se déposent, les unes dans des cellules , les autres à la surface extérieure , et il n'existe point d'organes secré- toires spéciaux. Le corps animal secrète également dans des espaces inté- rieurs plus ou moins clos ( cellules § 781 ; vésicules § 782 ; enveloppes § 783 ) , à la surface extérieure ( § 791 ), et de plus à une surface intérieure (§ 785). Mais, en •outre, il existe ici , par suite du développement plus considérable de l'organe cutané , des organes sécrétoires particuliers , consistant en des portions réfléchies de la peau ou de la membrane mu- queuse, qui sont destinées à déposer des substances au dehors et non à s'emparer de substances extérieures. Quand ces portions réfléchies ont peu de profondeur , elles représentent des espèces de fossettes ; plus profondes , elles figurent de petits sacs ; plus allongées encore , elles constituent des ca- naux , qui se ramifient quand ils acquièrent un développement plus marqué , et dont enfin les ramifications, réunies en un tout par du tissu cellulaire parenchyraateux, produisent les glandes proprement dites. Ces formes principales sont diversement modifiées encore par les proportions entre la longueur et la largeur , entre le diamètre des extrémités en cul-de-sac et celui des canaux , PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 269 entre celui du tronc et celui des branches , par le nombre et la direction des ramifications , par le mode de connexion de ces dernières, etc.; mais les différences essentielles des or- ganes sécrétoires se rapportent à leur activité vitale , à la na- ture de leur produit , et au rôle que celui-ci joue dans la vie. Or , dans la série animale , il n'y a point de parallélisme par- fait entre leurs diversités de forme et celles d'essence. Ainsi, chez les animaux inférieurs, les organes sécrétoires supérieurs, ceux par exemple qui produisent la bile et l'urine , se pré- sentent sous les formes imparfaites qu'on ne retrouve , chez les animaux placés au sommet de l'échelle , que dans les or- ganes sécrétoires inférieurs : d'un autre côté enfin, certains or- ganes sécrétoires qui ne consistent qu'en de simples fossettes chez l'homme , sont développés en véritables glandes dans plusieurs animaux. Peut-être même arrive-t-il quelquefois à des organes essentiellement différons de se trouver réunis sous une même forme : Weber présume , par exemple , que le foie est en même temps pancréas dans les Carpes (1) , parce qu'indépendamment des conduits biliaires , cet organe fournit des conduits excréteurs à parois minces et d'un éclat argentin, dont le tronc s'ouvre dans Tïntestin , auprès du canal biliaire. L'étude purement extérieure des organes sécrétoires , sans la recherche des produits qu'ils donnent, nous laisse donc dans l'obscurité à l'égard de leur nature, et alors le moyen le plus sûr encore est de les apprécier d'après la situation de leur orifice. 1° Les follicules cutanés paraissent avoir pour analogues , chez les végétaux , les vides des couches celluleuses super- ficielles, analogues elles-mêmes à la peau, qu'on désigne sous le nom de stomates , et qui, chez les végétaux supérieurs, s'observent dans les parties en conflit avec l'air, c'est-à-dire principalement aux feuilles. En effet , on ne peut point ad- mettre que les stomates soient les entrées des cavités respi- ratoires, puisque les trachées aériennes n'ont certainement pas de connexions avec eux, et que les autres espaces pleins d'air sont produits par la dilatation que les gaz dégagés de la (1) Meckel, Jrchiv fuer Amtomie , 1827, p. 296. 2^0 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ETRES. séve font éprouver aux méats intercallaires , tandis que les stomates présentent une organisation déterminée et primor- diale. Gn ne peut donc voir, dans ces derniers, que des points de la surface qui ne sont pas couverts d'une substance con- densée, etqui, par cela même, ontune aptitude toute spéciale à se laisser pénétrer par des liquides. Chez beaucoup d'Insectes et d'Entomostracés , on voit s'ou- vrir à la surface extérieure de petits sacs ou canaux, qui tantôt ont de simples extrémités en cul de sac , tantôt se ter- minent en vésicules pédiculées , tantôt enfin se ramifient , et la plupart du temps versent un liquide acre ou vénéneux, soit sur les côtés de chaque anneau du corps , comme dans les Iules, soit aux mandibules, comme dans les Scolopendres et les Tarentules , à l'abdomen , comme dans les Coléoptères, les Fourmis , les Abeilles , les Scorpions , ou à la surface du corps. Les Abeilles sécrètent^ la cire dans de peths sacs pla- cés à l'abdomen , sous les écailles. Le suc de la Pourpre , chez les Mures , les Aplysies , les Jantbines et plusieurs autres Gastéropodes, est situé au voi- sinage du rectum et du sac sécrétoire de l'urine. Chez les Poissons , on remarque , le long des lignes latérales du corps, des canaux qui sécrètent une humeur mucilagi- neuse, et l'amènent à la surface du corps par de petites branches s'ouvrant entre les écailles ou même quelquefois à travers leur substance. Il y a aussi des glandes anales chez quelques Poissons cartilagineux. Les Batraciens ont des folhcules cutanés sécrétant une hu- meur muqueuse. Ces follicules , quelquefois assez gros et en forme de bouteilles, sont tantôt isolés , tantôt rangés en sé- ries, ou accumulés, ou serrés les uns contre les autres. Plusieurs Sauriens offrent, à la face interne de leurs cuisses, une rangée de petits sacs , ayant des ouvertures arrondies. Les Geckos en ont de semblables entre les doiglsdes pattes, et les Crocodiles à la mâchoire inférieure , ainsi qu'à l'anus. Dans les Ophidiens , deux utricules s'ouvrent au côté in- terne du cloaque. Chez les Oiseaux, on découvre, à l'extrémité de la queue, les ouvertures des glandes uropygiales , qui reçoivent le pro- PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ItRES. 27 l duit sécrété par des canaux parallèles. La bourse de Fabri- cius s'ouvre dans le cloaque. Chez les Mammifères aussi, les enfoncemens cutanés sont fréquemment développés en canaux simples ou ramifiés, de sorte qu'ils se rapprochent jusqu'à un certain point des glandes proprement dites, notamment par la délicatesse de leurs pa- rois et par le caractère particulier de leurs produits ; d'un autre côté , cependant , ils ressemblent parfaitement à la peau, sous le point de vue de leur texture, et sont même couverts de poils, comme les glandes inguinales des Ruminans, les bourses anales du Blaireau , etc. Ces parties, dont nous de- vons surtout la connaissance aux recherches de Muller et de Tiedemann (1), se rencontrent dans toutes les régions du corps. Les glandes de Meibomius manquent chez les Cétacés, et sont réduites à de simples utricules chez quelques Mammifères , le Chien par exemple. Les Chauve-souris , beaucoup de Ron- geurs, la Taupe entre autres , quelques Ruminans , comme les Cerfs et les Antilopes, Pachydermes ( Éléphans ) et Édentés (Fourmiliers), ont, au dessous des yeux, tantôt plus près du nez, tantôt plus près de l'oreille, de petits sacs, pairs ou multiples, plus ou moins volumineux , et quelquefois divisés en cellules, qui s'ouvrent à la surface de la peau de la face. Quelques Pa- chydermes, Carnassiers et Didelphes, présentent au tronc plu- sieurs petits sacs, qui sont situés soit au dos ( BicotyUs tor- quatus et lahiatus ) , soit à la poitrine ( BiâelpTiis marsupia- îis ) , ou disposés et serrés sur les parties latérales du corps ( Musaraignes, Taupes ). Les glandes anales qu'on trouve chez tous les Carnivores,' divers Rongeurs et plusieurs Didelphes, sont des sacs tantôt pairs ( Chien , Chat ) , tantôt impairs ( Pu- tois, Martre), qui reçoivent le produit sécrété ou par leurs parois mêmes ou par des enfoncemens creusés dans ces pa- rois , et le déposent entre l'anus et la queue , à plus ou moins de distance de l'un ou de l'autre, parfois aussi ( Civette, Mouffette ) entre l'anus et les parties génitales. Les follicules sébacés qui , chez tous les Mammifères , existent sous le pré- puce et entre les lèvres de la vulve , sont surtout très-déve- (1) Traité de physiologie, 1. 1 , p. 451. 2'] 2 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. loppés chez plusieurs Rongeurs ; dans le Porte-musc mâle , c'est un sac impair, situé à l'abdomen , creusé d'enfoncemens sur ses parois , et qui s'ouvre au prépuce ; dans le Castor , chez les deux sexes, ce sont de petits sacs logés sous les té-, gumens du bas-ventre , et qui s'abouchent à la verge ou au clitoris. D'autres sacs sont situés au voisinage des mamelles , à la région inguinale , chez quelques Antilopes , et dans la poche marsupiale, chez l'Opossum. Entre les onglons des Rumi- nans s'ouvrent des follicules sébacés dont les parois sont parse- mées de fossettes. L'Ornithorhynque porte à la cuisse la glande en grappe du venin, dont le canal excréteur traverse l'é- peron. 2° Si la nature des organes sécrétoires aboutissant au canal digestif ressort clairement de leur situation , de leur texture et des qualités de leurs produits, elle n'est point aussi évi- dente chez les animaux inférieurs , oii les divisions du con- duit alimentaire tantôt offrent d'autres dispositions et tantôt manquent entièrement, où les organes creux qui s'ouvrent dans ce conduit ont de la ressemblance avec lui sous le rap- port de lu texture et du contenu , où enfin l'analyse chimique ne vient point à notre secours. Quand ces appendices ont un diamètre assez considérable pour pouvoir admettre des ma- tières aUmentaires , nous les considérons comme des embran- chemens du canal digestif, qui prennent part au travail de la digestion , mais en même temps peuvent fournir des sécré- tions contribuant à l'accomplissement de cet acte. Lorsque , au contraire , ils sont étroits et répandus dans le corps en ma- nière de vaisseaux , nous les regardons comme des conduc- teurs des produits de la digestion , dont les usages se rap- portent à la nutrition. Enfin , lorsqu'ils ne sont ni amples ni fort étendus , nous les déclarons de simples organes sécré- toires , mais sur la nature desquels l'analogie ne nous fournit rien de précis. L'obscurité qui règne sur cet objet est encore accrue par l'inconstance des appendices en question , dont effectivement on ne trouve aucune trace au canal digestif de quelques Crustacés, par exemple de&Idoteaei OnisGus,Vàn- dis qu'Ehrenberg en a déjà trouvé chez plusieurs Infusoires ( Enchelis, Voriicella , etc ), OÙ ils soot nombreux et repré- PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES. 27O sentent de courts canaux terminés par des vésicules ; de même on rencontre des canaux sécrétoires de ce genre chez cer- tains Insectes , dont d'autres fort rapprochés de ceux-là sont entièrement dépourvus. 3° Les analogues des glandes salivaires , qu'on découvre au commencement du canal digestif, ont de l'affinité avec les fol- licules cutanés sécrétant un liquide acre , et Ton ne parvient pas toujours à les distinguer nettement. Dans quelques Holothuries , parmi les Échinodermes , ils affectent la forme de petits sacs qui entourent la bouche. Dans les Siphonostomes, parmi les Annelides, ils ont celle de canaux pairs ; dans les Teredo , parmi les Acéphales , ils figurent de petits sacs pairs 5 tous ces organes aboutissent à l'œsophage. Chez les Mollusques supérieurs , ils ressemblent plus fré- quemment à une ou deux paires d'utricules courts ou de glandes lobulées. Chez les Insectes, on les trouve dans tous les ordres, plus généralement parmi les Lépidoptères, puis parmi les Diptères, les Hémiptères, les Hyménoptères et les Orthoptères, plus rarement dans les autres ordres. Ce sont presque toujours une ou deux paires de canaux simples ourameux, quelquefois terminés par des renflemens en vésicule ou en massue , sou- vent aussi de petits sacs , et ils s'abouchent dans le pharynx , ou dans l'œsophage, parfois seulement tout auprès de l'esto- mac. Chez certains Insectes carnassiers , mais débiles, ils sont développés en organes à venin, ou associés à des organes de ce genre , et, d'un autre côté , l'œsophage a quelquefois un tissu grenu , qui est peut-être formé de petites fossettes sé- crétant de la salive. Dans les Araignées , les organes à venin sont de petits sacs qui s'abouchent dans les crochets dentiformes implantés sur les mandibules. Des organes analogues aux glandes salivaires se rencontrent aussi chez les Scolopendres et les Écrevisses. Dans la classe des Poissons , on n'en voit que chez ceux d'entre ces animaux qui n'ont point de pancréas , et ils afl'ec- tent alors la fovnie de petites verrues disposées en séries ou Yii. 1 8 374 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES. placées sur des saillies Réticulées, à la membrane muqueuse du pharynx. Chez les Batraciens , ils manquent entièrement, ou ne peu- vent être distingués des cryptes muqueuses. A ces cryptes se joignent, chez la plupart des autres Reptiles, des glandes salivairês grenues , en outre ou quelquefois aussi à la place desquelles ' les Serpens venimeux ont des glandes à venin, qui sont entourées d'enveloppes scléreuses spéciales et de muscles , et qui s'ouvrent dans des canaux creusés au centre de dents particulières. Les Oiseaux ont deux à quatre paires de glandes salivairês, consistant soit en petits sacs simples ou en utricules disposés parallèlement les uns aux autres , soit en canaux ramifiés , et s' abouchant par des conduits excréteurs communs ou par plu- sieurs canaux particuliers. Les Oiseaux herbivores sont ceux chez lesquels ces organes ont le plus de développement. Les glandes salivairês paraissent manquer chez les Céta- cés. Elles ont un volume considérable chez les Ruminons, les Rongeurs, lés Édentés , les Marsupiaux et les Pachydermes. 4° On^doit peut-être considérer comme un analogue du pan- créas les appendices fihformes placés au commencement de l'intestin , chez les Écrevisses , les corps'glanduleux situés au devant du foie et s'abouchant dans l'estomac chez quelques Gastéropodes , et les glandes lobuleuses qui paraissent s'ou- vrir dans les conduits biliaires chez quelques Gastéropodes. Le pancréas manque à plusieurs Poissons , dont les uns ont des glandes salivairês , et les autres ( Brochet , Anguille ) en sont privés. Mais, chez la plupart, il représente ce qu'on ap- pelle les appendices pyloriques , prolongemens du canal in- testinal qui ont absolument la même texture que lui, et qui consistent en membrane muqueuse entourée démuselés annu- laires et longitudinaux. Presque toujours ce sont de petits cœcums , qui s'abouchent isolément les uns des autres , et va- rient beaucoup eu égard à la longueur et au nombre ; car on en compte par exemple deux dans T Ammodyte et cent soixante- dix dans le Maquereau. Quelquefois ils se réunissent deux à deux avant leur insertion. Enfin on les trouve aussi ramifiés. Le pancréas prend la forme glanduleuse dans i'Esturgeon, PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 276 l'Espadon , les Raies et les Squales , chez lesquels les rami- fications , unies par du tissu cellulaire , sont revêtues d'une membrane solide, et aboutissent à un conduit excréteur commun, quoique les dernières branches conservent encore un calibre considérable. Le pancréas existe chez les Reptiles et chez tous les ani- maux à sang chaud , sans exception. Celui des Oiseaux , sur- tout herbivores, est fort gros et plus développé que les glandes salivaires. On le trouve quelquefois lobé ou double , fréquem- ment muni de trois conduits excréteurs , qui même présen- tent parfois des dilatations vésiculiformes. Il a aussi deux conduits excréteurs chez certains Mammifères, et , chez d'au- tres , il s'ouvre dans le canal biliaire , qui parfois ofFre une dilatation vésiculeuse à l'endroit oii la jonction s'opère. 5° Le foie est de tous les organes sécrétoires annexés au canal digestif, celui que l'on rencontre le plus souvent dans le règne animal. Chez les Entozoaires , il est indiqué , dans les Strongles , par deux paires de faisceaux floconneux qui garnissent le ca- nal intestinal. il Chez les Echinodermes , il représente un tissu floconneux adhérent à l'intestin dans les Holothuries , de nombreuses vé- sicules tenant à l'organe digestif par d'étroits conduits dans les Astéries, et un appendice cœcal de la portion médiane du canal intestinal dans le Spatangus. Chez les Annelides , il a la forme d'un petit sac dans les Si- pbonostomes ; de deux sacs , dans l'Arénicole ; de cœcums , dans les Néréides et le Amphitrites; enfin deplusieurs paires de canaux, qui ne changent point de diamètre ni de forme, comme dans la Sangsue , ou se terminent en vésicules , comme dans le Sternopsis, ou se partagent en branches, avec des extrémités utriculiformes , comme dans les Aphrodites. Beaucoup d'Insectes , ceux notamment qui n'ont point de vaisseaux salivaires , présentent , à la partie moyenne de l'in- testin , ou à l'estomac , des utricules ou de petits sacs, dont le nombre et le volume varient , et qui sont plus développés que partout ailleurs dans les larves des Coléoptères herbivo- res. Ces utricules se partagent souvent aussi en une multitude 276 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. de canaux grêles , terminés en cul-de-sac , et on les désigne sous le nom de vaisseaux biliaires , par opposition avec les vaisseaux urinaires , dont nous parlerons plus loin (6°). Strauss décrit les vaisseaux biliaires du Hanneton comme étant des prolongemens en anse de l'estomac, dont les extrémités s'ou- vrent dans ce viscère et qui fournissent, sur le côté , des branches dirigées en travers. Le foie des Arachnides paraît être la masse grenue qui en- toure le canal intestinal. Celui des Arachnides trachéennes se compose d'environ trente utricules , la plupart simples, mais en parties aussi ramifiés. Dans le Scorpion , il a plusieurs lo- bes , avec quatre ou cinq paires de conduits excréteurs. Cet organe est plus distinctement séparé du reste du corps chez les Crustacés , et consiste en utricules , les uns simples , les autres rameux , qui sont tantôt séparés les uns des autres, tantôt réunis lâchement ensemble , sous la forme de pinceaux. Dans les Cirripèdes , les Brachiopodes et les Acéphales nus , c'est une masse glanduleuse et formée de canaux , qu'on peut à peine distinguer de l'estomac. Dans les Acéphales tes- tacés et les Pléropodes , il est plus distinct , et généralement verdâtre : il s'ouvre dans l'estomac par une multitude d'ori- fices. Le foie des Gastéropodes est plus séparé encore de l'intestin , "^et représente^ un organe spécial , composé d'un petit nombre de canaux réunis , qui s'abouchent , soit iso- lément les uns des autres ,""soit après s'être 'réunis en deux conduits excréteurs , ou même en un seul offrant une dilata- tion avant d'arriver à l'intestin. Chez les Céphalopodes , cet organe est enveloppé par le péritoine , et il s'ouvre par deux conduits fort courts. Il est rare de trouver le foie des Poissons uni à l'intestin , de manière qu'on en puisse à peine apercevoir le canal excréteur; c'est néanmoins le cas des Lamproies. Tantôt simple , tantôt divisé en plusieurs lobes , il est fréquemment chargé d'une grande quantité de graisse , présente quelquefois plusieurs conduits excréteurs , et possède presque toujours une vésicule biliaire. On observe un conduit biliaire unique , avec une vésicule du fiel , chez la plupart des Reptiles. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 277 Le'foie des Oiseaux a deux lobes , avec des conduits ex- créteurs distincts, dont l'un est généralement pourvu d'une vésicule biliaire. Cette dernière varie beaucoup quant à la forme. Elle ressemble , dans le Toucan , à un long et étroit cœcum , occupant toute la longueur de l'abdomen. Quelque- fois elle manque entièrement , comme chez les Pigeons et les Perroquets. Dans la classe des Mammifères, il n'y a généralement qu'un seul conduit biliaire , qui présente quelquefois une dilatation particulière^ en outre de la vésicule du fiel. Celle-ci manque chez les Passereaux et les Solipèdes, chez les Cerfs et les Cha- meaux , parmi les Ruminans , dans plusieurs Rongeurs , beau- coup de Pachydermes et la plupart des Cétacés. Il lui arrive souvent de ne point exister chez certaines espèces , 'tandis que d'autres espèces du même genre en possèdent une. Généralement parlant], à part les exceptions qui ont lieu chez quelques espèces et individus ou dans un certain temps de la vie, le foie grossit depuis les animaux inférieurs jusqu'aux Mollusques , acquiert son plus grand volume chez ces ani- maux , puis va , dans la série des vertébrés , en diminuant de grosseur et augmentant de densité. Selon Heusinger (^), son poids est à celui du corps entier, comme 1 '. 12 dans le Squale, 1 : 28 dans la Vipère , 1 I 37 dans le Chien , 1 t 45 chez l'homme. Il est surtout plus gros chez les animaux dont les organes respiratoires n'ont pas une grande activité et qui se tiennent dans l'eau, que ^chez ceux qui entrent plus vive- ment en conflit avec l'atmosphère : ainsi il est très-gros , mou et chargé de graisse dans les Cétacés ; il a aussi un volume proportionnel plus considérable chez les Phoques et les Ron- geurs que chez les autres Mammifères ; la proportion entre lui et le corps est, d'après Tiedemann, de 1 : 40 dans la Mar- motte et la Loutre , 1 : 14 dans le Mulot , 1 • 28 dans le Liè- vre, 1 :.35 dans le Renard , 1 *. 37 dans le Chien, 1 : 10-29 chez les Oiseaux Palmipèdes etÉchassiers, 1 '. 35-42 chez les Rapaces. 6° On regarde comme organes urinaires , chez les animaux (1) Ueber den Bau und die VerncTitungen der Mils /p. 18. 578 PROBtJITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. inférieurs , des conduits ou des sacs qui s'abouchent dans la portion terminale du canal intestinal , ou^ même au voisinage de l'anus , et qui contiennent quelquefois un liquide chargé de parties terreuses. Certains Echinodermes et Annelides offrent des parties aux- quelles il est permis d'assigner conjecluralement cette desti- nation. Les organes urinaïres sont même encore en partie équivoques chez les Mollusques ( § 103 , I) ; on y range, chez les Acéphales , le sac à parois épaisses , riche en vaisseaux sanguins, recevant du sang veineux, et s'ouvrant à l'exté- rieur, que Bojanus regardait comme un poumon , et dans le liquide duquel Poli a trouvé beaucoup de parties ^terreuses ; il faut y rapporter aussi la bourse calcaire des Gastéropodes , qui s'ouvre dans la cavité branchiale ou dans le voisinage soit des parties génitales, soit de l'anus, rapprochement que Wohnlich a soupçonné le premier, et dont Jacobson a constaté la justesse par l'analyse chimique. C'est également peut-être dans cette catégorie que rentre la bourse du noir des Cépha- lopodes , qui est située auprès du foie, présente des enfonce- mens dans ses parois plissées, et s'ouvre à l'anus. Les conduits qu'on nomme vasa malpighiana chez les In- sectes , et que l'on avait regardés comme des vaisseaux bi- liaires , ont été rapportés par Herold et Rengger à la classe des vaisseaux urinaires , ce qui s'est trouvé confirmé depuis par les recherches chimiques de Wurzer, Brugnatelli , Che- vreul et John. On les rencontre plus fréquemment que les vaisseaux biliaires,' et tantôt avec, tantôt aussi sans eux; ils sont courts et simples , mais nombreux , ou en petit nom- bre , mais longs , quelquefois ramifiés , parfois aussi terminés par des vésicules ou desutricules , et dans certains cas munis, avant leur embouchure, d'une dilatation qui fait office de réser- voir. Leur insertion a généralement lieu vers la partie inférieure du canal intestinal, parfois non loin de l'anus, mais quelque- fois aussi plus haut , du côté de l'estomac. On les observe également chez les arachnides et chez quel- ques Crustacés. Parmi les animaux vertébrés , les Poissons ont les plus gros reins, ceux aussi dont le tissu est le plus mou. Chez eux. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES, 279 ces organes s'étendent dans presque toute la longueur du tronc , et sont confondus ensemble, quoique cependant cha- que moitié latérale ait son uretère propre , qui ne larde pas à se réunir avec celui du côté opposé en un conduit commun, rarement dilaté en une vessie -, ce conduit s'ouvre derrière l'anus , au bord de l'orifice des organes génitaux. Du reste , ces organes sont composés de canaux droits ou onduleux et contournés , ayant à peu près le même diamètre , qui s'abou- chent quelquefois un à un dans l'uretère; celui-ci parcourt toute la longueur de la glande. De même , chez les Batraciens , les canaux urinaires , qui marchent à peu près en ligne droite , ou parallèlement les uns aux autres , s'ouvrent sur le côté dans les uretères. Ceux-ci s'abouchent à la paroi postérieure du cloaque , de la paroi antérieure duquel part la vessie urinaire, qui est fort grosse. Du reste, c'est ici qu'on voit paraître pour la première fois, dans les reins , les corpuscules de Malpighi , auxquels , sui- vant Huschke, se rendent toutes les artères de la glande, qui reçoit en outre du sang par des veines afl'érentes. Chez les autres Reptiles, les canaux urinaires sont plus contournés, et de chaque lobule rénal sortent des conduits excréteurs dis- tincts , constituant autant de racines de l'uretère, en sorte que celui-ci estrameux à son origine. Les uretères des Chéloniens s'ouvrent dans le cloaque , comme ceux des Batraciens , tandis que, dans les Ophidiens elles Sauriens, ils s'abouchent à l'ex- térieur , sans vessie. Chez les Oiseaux , les reins sont encore assez gros et divisés en plusieurs lobes. Les conduits urinifères , après s'être por- tés de la surface vers l'intérieur, se réunissent en faisceaux coniques , dont constamment trois ou quatre se réunissent en un tronc représentant une racine de l'uretère , qui descend le long de la face antérieure des reins et s'abouche dans le cloaque. Chez les Mammifères, les reins sont plus petits et plus compacts ; les faisceaux des conduits urinifères , avec leurs orifices , sont prolongés en papilles saillantes , et les racines des uretères, qui les embrassent, dilatées en manière d'enton- noirs ou de calices. Chez plusieurs de ces animaux , les Céta- aSo PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ces surtout , les reins consistent en un assemblage de plu- sieurs lobes distincts , et les calices sont également séparés, tandis que, partout où la structure lobuleuse s'efFace , on les trouve réunis ensemble par un bassinet. Du reste , les Monotrèmes se rapprochent des Oiseaux par le mode d'insertion de leurs uretères , qui s'ouvrent dans le cloaque. 7° Il a déjà été parlé ailleurs ( § 47 ) des organes chargés de sécréter les substances procréatrices. Nous n'avons donc plus qu'à dire quelques mots des glandes qui appartiennent aux organes sensoriels. Les glandes lacrymales manquent totalement chez les ani- maux sans vertèbres et les Poissons. Chez les Ophidiens, elles versent les larmes dans un réservoir complet , formé par la conjonctive , et qui se trouve clos , en raison de l'adhérence des paupières. Dans les Chéloniens , elles consistent en utri- cules ramifiés. Chez les Oiseaux et les Mammifères , elles se composent d'étroits conduits ramifiés , qui sont dilatés à leurs extrémités. ; Une seconde glande lacrymale dans chaque œil de tous les Oiseaux et de plusieurs Mammifères , les Ruminans surtout , est celle qu'on désigne sous le nom de glande de Harder. Elle occupe l'angle interne de l'œil, se compose de canaux ramifiés, dont les extrémités présentent des renflemens vésiculeux , et s'ouvre au dessous de la paupière nictitante. La glande nasale est logée , chez beaucoup de Mammifères, où Jacobson l'a découverte , dans le sinus maxillaire ou à la paroi externe de la cavité nasale -, son conduit excréteur s'ou- vre à l'extrémité antérieure du cornet inférieur. Chez les Oi- seaux , où Nitzsch l'a étudiée avec soin , elle est située au des- sus , au dessous ou dans l'intérieur de l'orbite, et son conduit excréteur charrie dans la cavité nasale un liquide analogue aux larmes. Muller assure qu'elle existe aussi chez les Ophi- diens. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES.'; 28 1 VU. Système nerveux. § 805. Il n'y a point de système nerveux dans les Eponges, les Polypes , les Méduses , les Vers vésiculaires , les Cestoï- des et la plupart des animaux désignés sous le nom d'Infu- soires. On ne commence à en apercevoir un que chez les Ro- tatoires et les Échinodermes. 1° Le développement de ce système est annoncé par l'aug- mentation de sa substance et les progrès de sa délimitation. Chez les animaux sans vertèbres , il est plongé au milieu du reste de la masse du corps , et sa portion centrale se trouve attachée au système digestif, tandis que, chez les animaux vertébrés , il est plus considérable et a un organe central plus puissant , outre que des vertèbres et un crâne le séparent bien plus positivement de toutes les autres parties. S*" Aux derniers degrés il a une texture fort lâche. Schultze (1) a trouvé les globules de la neurine d'une même grosseur dans toutes les classes du règne animal ; mais il a reconnu aussi que , chez les animaux inférieurs , ces globules étaient moins abondans , moins serrés les uns contre les autres , et unis en- semble par une masse plus liquide , plus transparente. Chez les animaux sans vertèbres , la neurine est très-molle ; les fila- mens nerveux flottent librement dans leurs vastes gaines communes , marchent parallèlement les uns aux autres , sans que leur névrilemme contracte d'unions multipliées , ou sont même assez difficiles à discerner, par exemple chez les Acé- phales, de sorte que les nerfs ressemblent plutôt à des canaux remplis d'une masse pultacée. 3° Enfin , à mesure qu'on remonte l'échelle animale , on voit se multiplier les antagonismes contenus dans le système nerveux. Aux degrés inférieurs, les substances grise et blanche sont moins distinctes , les ganglions plus rares et plus simples. Chez les animaux invertébrés , la substance grise des ganglions , tantôt n'est accompagnée d'aucune fibre , tantôt n'en offre qu'à la surface , où elles se continuent sans inter- (1) Systemaiisches Lehriuch den vergleichenden 4natomie , p. 120 282 PRODUITS PIÀSTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ruption avec les nerfs , et l'organe central ressemble davan^ tage à ces derniers , étant composé de ganglions et de nerfs qui se succèdent et alternent ensemble d'une manière assez régulière. Leur système nerveux , considéré en général , ne présente pas le même antagonisme de sphères diverses que celui des animaux vertébrés , chez lesquels le cerveau , la moelle épinière et le grand sympathique se placent pour ainsi dire en regard l'un de l'autre , et oii chaque partie du centre a un caractère plus particulier, un mode plus spécial de con- formation, et des rapports plus prononcés avec certains points de la périphérie. (Les nerfs de tous les animaux vertébrés, à l'exception de ceux des sens , et en y comprenant ceux du grand sympa- pathique , m'ont constamment paru composés de la même ma- nière, à quelque partie du corps qu'ils se rapportassent. Chaque nerf contient un certain nombre de filets nerveux ré- unis en faisceaux plus ou moins gros. Ces filets ne sont autre chose que des tubes de névrilème,qui renferment la moelle ner- veuse, sont transparens , minces , mais cependant fermes ; et, quand on les examine au microscope, ils paraissent limités par deux lignes bien nettes , très-rapprochées l'une de l'autre. Les tubes marchent à peu près parallèlement, et, semblent se croiser de temps en temps ; mais jamais ils j^ne se confondent ensemble de manière qu'on en voie deux tantôt s'unir , tantôt se séparer. De toutes les figures connues , celles qu'on doit à Treviranus sont celles qui représentent le mieux la structure. Lorsque les tubes nerveux ont été coupés en travers , on peut en exprimer la moelle nerveuse , qui sort en grumeaux plus ou moins gros ; il m'a été impossible d'apercevoir comment cette moelle est déposée dans les tubes eux-mêmes. Le dia- mètre de ceux-ci m'a semblé à peu près pareil chez des ani- maux divers , moins considérable cependant chez les verté- brés supérieurs et l'homme que chez les Reptiles ; il s'éle- vait , dans la Grenouille à un deux-centième de ligne , parfois à un cent-cinquantième, ou même davantage, et quelquefois aussi moins. Cependant il serait possible que la différence de diamètre tînt en partie à la nécessité où l'on est , pour sépa- rer les tubes les, un^ ^es autres , (Ip partager un neif et de l'é- PRODUITS PtASTIQUES CHEZ lES AUTRES ÊTRES. 283 craser entre deux plaques de verre. J'ai trouvé que le dia- mètre des tubes était d'un deux-centième à un trois-centième de ligne chez le Pigeon , qu'il était à peu près le même , et généralement d'un deux-cent-quatre-vingtième de ligne dans le Lapin , enfin qu'il s'élevait d'un cent-cinquantième à un trois-centième dans les nerfs ciliaires du Bœuf. Il m'a été impossible d'apercevoir bien nettement la struc- ture délicate des nerfs chez les animaux sans vertèbres ; sou- vent ils semblaient être des filamens déliés ; mais , plus fré- quemment aussi , [comme chez l'Ecrevisse , les tubes névri- lemmatiques étaient bien distincts et avaient un centième de ligne de diamètre. Je n'ai jamais pu obtenir une image nette de la structure du cerveau , de la moelle épinière et des nerfs sensoriels , notamment de l'optique et de l'olfactif; quand je soumettais ces parties à une forte pression, leur substance se réduisait sans doute en granulations et globules de diamètres divers , mais souvent aussi j'ai cru reconnaître une structure fibreuse confuse , avec des renflemens ganglionnaires sur le trajet des fibres. La rétine offrait plus de ressources ; beaucoup d'obser- vateurs y avaient aperçu distinctement une structure grenue dans la substance médullaire ; ayant étudié cette membrane sur des yeux très-divers , spécialement de Mammifères et d'homme , je crois pouvoir tomber d'accord avec les obser- vateurs les plus récens , Arnold en particulier. L'œil du Lapin est celui qui m'a paru le plus convenable pour se faire une idée exacte de la structure de la rétine. J'ai cru y trouver la confirmation des vues émises autrefois par Schneider, qui déjà m'avaient paru exactes , mais que d'autres ont attaquées depuis ^ relativement à l'extrémité antérieure de cette mem- brane. J'ai trouvé dans des Lapins blancs , où l'on n'est point gêné par le pigment , qu'en devant , sous le corps ciliaire , la rétine devient tout à coup plus fine et plus transparente , et qu'elle y forme une couronne de petits plis ayant des pro- longemens frangés très-déliés , de sorte qu'eile imite , en cet endroit , la disposition du corps ciliaire de la choroïde. Ces proloagemens s' étendent jusqu'au bord de la capsule cristal- line : derrière la couronne de plis , la membrane est très ■ 284 ï»ROÏ>tJITâ ftASTÏQUES CHEZ lËS AUTRES ÊTRES.' mince, puis elle devient tout à coup plus épaisse, et paraît comme renflée ; ce bord renflé a été pris jusqu'à présent pour l'extrémité de la rétine. La structure des petits plis antérieurs prouve qu'ils appartiennent réellement à la rétine; cari le microscope les montre formés de la même couche de globules que la portion postérieure de la membrane ; seulement les globules sont moins serrés ici ; on les aperçoit jusqu'à la der- nière extrémité des plis ; la base de tissu cellulaire semble être, au contraire, augmentée , et on serait tenté de croire que les globules nerveux se trouvent réellement dans des cel- lules du tissu cellulaire , car ils paraissent entourés de lignes anguleuses et circulaires provenant de la base celluleuse , et celle-ci présente souvent une texture fibreuse et striée , quoi- que l'observation soit ici fort difficile. Les globules nerveux ont un trois-centième de ligne de diamètre , et si l'on en juge d'après l'ombre , autant du moins que le permet la petitesse des objets , ils semblent être composés de sphères aplaties. J'ai trouvé une partie de ces globules plus gros , et d'autres plus petits ; en général , leur volume surpasse celui des glo- bules du sang, qui ont depuis un quatre-centième jusqu'à un cinq-centième de hgne. Quant à ce qui concerne les observations d'Ehrenberg , voici quels en sont les résultats les plus importans. La substance cérébrale ne se compose ni de granulations ni de fibres sim- ples , mais de tubes parallèles ou rapprochés en faisceaux , variqueux ou articulés , c'est-à-dire dilatés d'une manière ré- gulière. Ces tubes convergent vers la base du cerveau , ne sont point réunis par un cément particulier appréciable , et passent dans la moelle épinière , qu'ils forment. Les trois nerfs sensoriels mous (des sens supérieurs) et le nerf grand sym- pathique sont formés de substance cérébrale articulée , qui est entourée de tubes névrilemmatiques ( fibres scléreuses et réseaux vasculaires ) , et les premiers sont la continution im- médiate de la substance du cerveau , tandis que le grand sympathique a une substance mixte ; tous les autres nerfs se composent de tubes cylindriques^, parallèles les uns aux autres, ne s' anastomosant jamais ensemble , et larges d'environ un cent-vingtième de ligne , qui forment des faisceaux entourés PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ^85 de gaines scléreuses et de réseaux vasculaires ; ces tubes cylindriques sont les prolongemens immédiats , mais pour la plupart soudainement modifiés, des tubes cérébraux articulés, et n'acquièrent que comme tels un névrilime scléreux ; ils contiennent une substance médullaire toute particulière , qu'on reconnaît très-facilement en eux , tandis qu'elle n'est jamais discernable dans les tubes cérébraux articulés ; cette moelle nerveuse des nerfs tubuleux manque au cerveau et aux nerfs articulés dont j'ai parlé plus haut , dont le contenu est partout limpide comme de l'eau , de manière qu'on pourrait croire qu'ils renferment de la vapeur ou un liquide. La structure estla même chez l'homme et dans toutes les classes d'animaux ver- tébrés ; chez les animaux sans vertèbres , la substance céré- brale articulée est très-difficile à reconnaître , tandis que la substance tubuleuse prédomine sensiblement , même dans les ganoiions. Beaucoup de terminaisons cérébrales sont pénétrées et en- tourées d'un réseau vasculaire de plus en plus dense, et con- tiennent de gros globules épars, dont le volume est toujours en proportion constante avec celui des globules du sang du même organisme. Aussi Ehrenberg conjecture-t-il que les granu?2 lations ou globules de la rétine et d'autres parties , par exem- ple de l'expansion du nerf olfactif dans le nez, sont des excré- tions du système vasculaire , peut-être même précisément les noyaux mis à nu des globules du sang , de la grosseur relative desquels ils se rapprochent en effet beaucoup. Des observa- tions d'anatomie comparée lui ont appris que , chez les Sala- mandres , les Grenouilles et les Crapauds , les granulations de ces extrémités cérébrales périphériques surpassent de beaucoup en volume leurs correspondantes chez les autres animaux vertébrés et chez l'homme. Ainsi, d'après Ehrenberg, ce n'est pas, comme on l'avait cru jusqu'ici, la couche grenue qui constitue la membrane nerveuse de l'œil , mais bien la prétendue membrane séreuse située derrière cette couche , et que je regarde , avec Arnold , comme un tissu cellulaire délicat , unissant ensemble les granulations, Malgré ces observations , qui sont exposées avec beaucoup de clarté , je n'ai pu me faire une idée bien nette de la struc- 286 PRODUITS PtASTlQUES CHEZ LES AUTRES ETRES. ture du cerveau, j'ai reconnu que la rétine du Bœuf est compo- sée de deux couches , formant pour ainsi dire deux feuillets ; l'inférieure , celle qui regarde le corps vitré , est la couche grenue ; les grains de la rétine se comportent en général comme partout ; je les ai observés et mesurés «n même temps que des globules du sang de Bœuf , dont le diamètre est d'en- viron un quatre-centième de ligne, et descend même au dessous , ^jusqu'à un cinq-centième ; les grains de la rétine sont toujours plus gros , ils dépassent un quatre-centième , et vont même jusqu'à un trois-centième de ligne ; cependant il y en avait aussi quelques uns de plus petits , depuis un cinq- centième jusqu'à un six-centième de ligne. En comparant la pluralité des granulations de la rétine avec celle des globules du sang , j'ai constaté que la proportion entre eux était de 3 ; 4 ; la différence de volume était plus considérable parmi les premiers ; ils étaient beaucoup plus pâles , moins ronds , moins bien circonscrits, souvent plus anguleux, et avaient toujours une apparence grenue. Cette couche de granulations est^extrêmement dense et serrée. Au dessus d'elle , et non au dessous , par conséquent du côté de la choroïde , se trouve une couche de fibres très-serrées les unes contre les autres , mais ne formant qu'un feuillet simple , qu'on ne peut mieux comparer , quant à l'aspect , qu'aux dessins linéaires tracés sur la face palmaire du bout des doigts , surtout lorsqu' après avoir sali ces derniers avec du noir on les applique sur un morceau de papier. Les fibres paraissent marcher toujours distinctes les unes des autres et ne se réunir jamais; elles sont très-distinctes , et n'ont qu'une limite linéaire simple , comme les fibres de tissu cellulaire , au lieu d'une de chaque côté , comme les nerfs tubuleux : ainsi rapprochées , elles semblent fréquemment être , comme les fibres primitives des muscles, articulées en quelque sorte ou plutôt étranglées, mais ce phénomène est probablement une illusion d'optique, pro- duite par l'interférence de la lumière ; il m'était facile d'en bien voir quelques unes au bord d'un lambeau déchiré de rétine , où elles se détachent aisément ; dans ce cas je n'ai pu apercevoir ni une disposition monihforme , ni les renflemens de distance en dislance dont parle Ehrenberg; je les^ ai PRODUITS PLASTIQUES CHEZ lÈS AUTRES ÊTRES. 287 mesurées conjointement avec des globules du sang, et j'ai trouvé qu'elles avaient un volume précisément moindre de moitié , que par conséquent leur diamètre était d'un huit- centième à un neuf-centième de ligne. Voilà ce que j'ai vu à des grossissemens de quatre cents diamètres ; il m'a été im- possible de juger , d'après l'aspect , si j'avais sous les yeux des cordons solides ou des tubes. J'ai trouvé, dans la Grenouille, une couche analogue de ces cordons ou tubes à délimitation linéaire simple , qui étaient serrés les uns contre les autres , et se détachaient aisément ; au dessus ( ou peut être au dessous) de cette couche , étaient épars quelques petits globules très-transparens , 'qui étaient plus grêles que les noyaux des globules du sang , et n'avaient pas non plus l'apparence grenue ; dans les interstices se voyaient des vaisseaux fort beaux et bien distincts , en partie remplis encore de globules du sang entiers. J'ai mesuré et comparé le plus possible des parties que j'avais alors sous les yeux ; les globules du sang avaient un quatre-vingt-dixième à un centième de ligne de diamètre ; ceux de la lymphe du sang de la même Grenouille , un deux-centième à un trois - centième -, les granulations éparses de la rétine , un huit-cen- tième ; les tubes ou cordons nerveux de la rétine , un deux- centième à un deux-cent-cinquantième ; les noyaux de glo- bules du sang rendus visibles par l'eau , un cinq-centième ; d'autres un quatre-centième , très-peu un six-centième. Les noyaux des globules du sang mis à nu par l'immersion dans l'eau pendant ving-quatre heures , étaient de même toujours beaucoup plus gros que les granulations de la rétine , et avaient un tout autre aspect. Mes observations ne sont donc point d'accord avec celles d'Elirenberg ; je trouve , précisément à l'inverse de lui , que les granulations de la rétine des Gre- nouilles sont beaucoup plus petites que celles des Mammi- fères , et que , ni chez les Mammifères ni chez les Grenouilles , elles ne correspondent nullement aux noyaux des globules du sang de ces animaux. Dans les Mammifères, les granulations de la rétine sont en général plus grosses , même de beaucoup, que les globules entiers du sang; car, chez le Lapin et le Bœuf , je trouve qu'ils les dépassent presque tous d'un quart 288 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. environ ; chez la Grenouille , au contraire , les granulations éparses de la rétine sont bien plus petites que les noyaux des globules du sang. Il est clair que de nouvelles observations pourront seules décider la question. Qu'il me soit permis d'ajouter encore un mot à l'égard de la terminaison des nerfs , sur le compte de laquelle on sait que les opinions sont encore partagées. Prévost et Dumas disent avoir vu , sur les muscles abdominaux des Grenouilles , et Rudolphi sur les muscles de la langue de grands Mammi- fères, que les dernières extrémités des nerfs forment des arcades ; suivant Prochaska , elles se confondent avec la sub- stance des parties. En observant les poumons et les nerfs abdominaux de la Grenouille , on voit que les faisceaux ner- veux vont toujours en s' amincissant dans leurs ramifications , et qu'un filament finit par ne plus contenir que deux tubes nerveux : ceux-ci eux-mêmes s'écartent l'un de l'autre , et pâlissent de plus en plus; les doubles lignes délimitantes se perdent , et le nerf paraît se fondre avec le parenchyme ; une fois seulement j'ai cru apercevoir une anastomose en anse entre deux tubes nerveux simples. Les muscles délicats de la poitrine et du ventre des jeunes Lézards me paraissent convenir mieux encore pour ces sortes d'observations ; là aussi j'ai toujours remarqué , avec le secours du microscope , qu'un filet nerveux finissait par n'être plus composé que de deux tubes , qui s'écartaient l'un de l'autre en divergeant , sem- blaient perdre enfin leur névrilemme , devenaient moins per- ceptibles , moins délimités , cessaient même de pouvoir être suivis , et paraissaient se confondre réellement avec la sub- stance ; mais jamais je ne les ai vus former d'anses.) (1) TIII. Muscles. § 806. 1" On ne commence à apercevoir des muscles soumis à la volonté que chez les animaux qui ont un système ner- veux bien distinct. (1) Addition de R, Wagner. PRODUITS PtASTIQttES CHEZ LÉS AUTRES ÊTRES. 289 Au plus bas échelon , les fibres de ces muscles ne sont point encore discernables les unes des autres , et , quand elles deviennent plus prononcées , elles sont plus grossières , et ne se laissent pas réduire en fîlamens si déliés qu'aux échelons supérieurs du règne animal. L'épaisseur de ces fîlamens va- rie, suivant Schultze (1) , entre 0,0030 et 0,0060 ligne. Primordialement , le système musculaire ressemble à une masse motrice périphérique , qui , conjointement avec la peau à laquelle elle est unie d'une manière intime, constitue la paroi du corps , ou représente un sac dans lequel les viscères sont contenus. Ce n'est que peu à peu'qu'on voit se détacher de cette masse des parties segmentées^, offrant des faisceaux musculaires distincts. Les Mollusques se trouvent à cet égard au dernier rang; chez les derniers d'entre eux, notamment les Biphores et les Botrylles , on ne peut point reconnaître de muscles ; chez les Mollusques supérieurs même , ces organes sont très-mous , lâches et confondus avec la peau en une masse confuse , constituant soit le manteau qui couvre la cavité du corps des Acéphales , soit le pied qui supporte le corps des Gastéropodes. Ils ne deviennent un peu plus distincts que dans les parties conformées en manière de membres. Valentin n'a point aperçu au microscope de véritables fibres muscu- laires chez les Limaçons; il n'a vu qu'une masse composée de grumeaux et de globules partiellement disposés en li- gnes (2). La masse musculeuse des Annelides montre déjà des fais- ceaux longitudinaux distincts, qui sont même rougeâtres, quand le sang a une couleur rouge. Chez les Insectes et les Crustacés , les muscles sont plus fermes , mieux délimités , très-nombreux et manifestement fibreux. Au microscope , Valentin a vu , chez les Mouches , des fibres assez épaisses , présentant des stries transversales , parallèles et onduleuses , avec des inégalités ; dans les Lépi- doptères , les Coléoptères et les Névroptères , des stries transversales plus grossières et inégales , avec des filamens (1) Systematisches Lehrhuch der vergleichenden Anatômie , p. 122. (2) Historiœ volutionis systematis muscxilaris prolusio , p. 2. VII. 19 ^gO PRODUITS PtA.STIQl3ES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. plus épais /'inégaux , tantôt parallèles, tantôt anastomosés ensemble ; dans les Crustacés et les Arachnides , des fibres épaisses, cylindriques, des stries transversales minces et n'entourant pas la fibre entière , des filamens très-nombreux.. Dans les Poissons , on retrouve , au contraire , une masse musculaire périphérique intimement unie à la peau , qui se laisse partager en une multitude de faisceaux séparés par des membranes scléreuses , et qu'on ne parvient à diviser en muscles distincts que dans lesj parties ayant la forme de membres. La substance est lâche, peu riche en vaisseaux sanguins , pâle , rouge seulement chez quelques Poissons et dans certains points du corps. Valentin a trouvé les fibres moins épaisses que chez les Crustacés , complètement entourées de stries transversales plus grossières , et composées de filamens fort nombreux et fort grêles. Dans les Ophidiens et les Urodèles , la masse musculaire est encore assez uniformément disposée par couches le long du corps , tandis que , chez les autres Reptiles pourvus de mem- bres , on voit paraître des muscles arrondis , plus distincts , et que même il se développe déjà des muscles cutanés parti- culiers ch€z les Sauriens. D'après Valentin , les fibres muscu- laires des Serpens ont 0,020 ligne d'épaisseur, avec des stries transversales onduleuses et des sillons longitudinaux irrégu- îierSi Elles sont un peu plus minces chez les Batraciens. Les muscles des Oiseaux sont séparés des tendons par des limites mieux tranchées. Ceux des Rapaces sont les plus dé- veloppés, les plus fermes et les plus rouges. Ils ont, d'après Yalentin, des fibres plus grêles que celles des Ophidiens , et les stries transversales , au heu d'être onduleuses , y sont plutôt obliques et comme en spirale. Tandis que les masses musculaires périphériques prédomi- nent encore chez les Cétacés, il n'en reste plus, chez les autres Mammifères pourvus de membres, que des muscles cutanés spéciaux, qui s'étendent du tronc à la tête et aux membres, meuvent les tégumens communs, et sont surtout développés chez les^animaux destinés à voler, ramper, nager, ou dont le corps est couvert de piquans , comme le Hérisson. Chez les animaux de proie et les grands Ruminans , les mus- PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 29 1 des sont d'un rouge vif et fermes ; ceux des Cétacés sont d'un rouge foncé ; ceux des Rongeurs , d'un rouge paie et plus mous. Leur pesanteur spécifique^ s'élevait à 1071 dans le Goclion, 1055 dans le Yeau, et 1075 dans le Bœuf, tandis qu'elle était de 1084 dans la Poule (1). 2° Les muscles plastiques de la membrane muqueuse peu? vent déjà être distingués à l'intestin chez les Echinodermes , les Mollusques et tous les animaux articulés , quoiqu'on ne parvienne pas à les séparer complètement de la membrane muqueuse , ce qui est même encore assez difficile chez les Poissons et les Reptiles. Ceux de l'estomac ne sont nulle part plus développés que chez les Oiseaux granivores , et aussi chez certains animaux invertébrés. ? 3° Lorsqu'il y a un système vasculaire évident , on y dé- couvre aussi une- partie centrale, qui est manifestement mus- culeuse , et qui exécute des pulsations. Comme ce centre affecte d'abord la forme de tronc vasculaire , on voit aussi quelquefois , chez les animaux vertébrés , des fibres muscu- laires analogues à celles du cœur s'étendre sur une partie des troncs vasculaires , notamment des artères dans les Pois- sons et les Reptiles , des veines dans les Reptiles et les Mam- mifères. ( J'ai un grand nombre de fois examiné le tissu musculaire , et j'ai constaté que , chez l'homme , les Mammifères , les Oi- seaux , les Reptiles , les Poissons , les Insectes et les Crustacés , il règne une uniformité fort intéressante à l'égard de la structure et du volume de ses parties élémentaires. La moindre parcelle de ce tissu peut sur-le-champ être distinguée de tout autre tissu quelconque avec le secours du microscope, et jamais je ne l'ai vu passer au tissu cellulaire ou au tissu sclé- reus; le Limaçon est le seul animal chez lequel je n'aie point aperçu de limites aussi rigoureusement tranchées. Les muscles soumis et non soumis à la volonté paraissent se com- porter absolument de la même manière. Le caractère fonda- mental et général est celui-ci ; un morceau de muscle, exa- (1) Kapff ^ Untenuohungen ueher das specifische Gewicht thierischer Suhstmsen , p, 10. aga produits plastiques chez les autres êtres. miné au microscope , se montre d'abord composé d'un certain nombre de faisceaux musculaires distincts , sous forme pris- matique , qui laissent apercevoir ce qu'on a appelé la crispa- tion , c'est-à-dire les flexions géniculées en zig-zag. Ces fais- ceaux varient de diamètre ; je les ai trouvés , dans le Lapin , d'un cinquantième à un quatre-vingtième de ligne ; dans le Hibou , d'un vingt-cinquième à un trente- troisième ; dans la Grenouille , d'un quarantième à un cinquantième et plus ; dans le Bytiscus marginalis ( muscles du thorax ) , d'un vingtième. Ces faisceaux musculaires ont leur surface couverte de très- belles stries transversales fort délicates , telles que les ont vues beaucoup d'observateurs. En y regardant de près , les stries paraissent être réellement des rîdes transversales de la sur- face; l'enfoncement qui en sépare deux l'une de l'autre, est toujours indiqué par une ligne obscure. Ces rides ne contour- nent pas un faisceau en ligne droite ; elles décrivent souvent de petites flexuosités , mais elles sont toujours parallèles. Je ne puis mieux les comparer qu'aux lignes transversales de la face palmaire du bout des doigts ; elles sont très-générale- ment , et chez les animaux les plus divers , séparées par une distance d'un huit centième à un millième de ligne , ce qui s'accorde assez bien avec la mesure de Prévost et Dumas , d'après laquelle elles seraient à un trois-centième de milli- mètre, c'est-à-dire à près d'un sept-centième de ligne les unes des autres. Chaque faisceau paraît être entouré à part de ces lignes transversales , et il ne m'a pas paru qu'elles appar- tinssent jamais à plusieurs faisceaux simultanément. Cest aussi ce qu'avait remarqué Treviranus. Ce ,qui me porte à conclure que les lignes et rides transversales 'sont purement superfi- cielles, et non pas, par exemple , des cloisons qui partage- raient les faisceaux musculaires en lamelles , c'est qu'elles vont en s' effaçant de plus en plus à mesure que l'on comprime davantage les faisceaux, et que , sous une pression qui ne soit pas trop forte^ on ne les distingue bien qu'à un certain foyer du microscope correspondant à la surface du faisceau : en rap- prochant un peu la lentille , on distingue fort bien le faisceau et les fibres longitudinales ou primitives qu'il renferme , mais On n'aperçoit plus les stries transversales ; celles ci paraissent PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES, âg^) donc n'être bien réellement que des dépressions superfi- cielles. Suivant Prévost et Dumas , ces lignes onduleuses provien- draient de la gaîne celluleuse enveloppante. Treviranus , qui a dit beaucoup de choses exactes sur la structure des muscles , n'a point vu les rides transversales chez le Veau ni chez plu- sieurs autres animaux , par exemple , sur les fibres des es- tomacs musculeux d'une Pleuronecte, sur les muscles du ventricule du cœur d'une Grenouille, tandis qu'il les a aper- çues dans le Bœuf, le Homard et l'Abeille, dans les muscles du cou et de la cuisse des Grenouilles. Les muscles des Li- maçons avaient la structure du tissu cellulaire^ et étaient entièrement dépourvus de plis transversaux. Mais j'ai vu ces plis dans le Veau , et partout , à l'exception du Limaçon : ils étaient surtout constamment très-marqués chez les Oiseaux , plus que dans l'homme et les Mammifères. De toutes les figures que nous possédons, celles de Fontana et surtout de Trevi- ranus me paraissent être les plus conformes à la nature , sans cependant donner une idée de la beauté et de l'élégance de la structure. Chaque faisceau musculaire renferme des fibres primitives Irès-délicates , minces, non entièrement parallèles, mais pas- sant un peu au dessus et au dessous les unes des autres. Chez tous les Mammifères et Insectes , chez l'Écrevisse ordinaire, et dans le ventricule du cœur du Limaçon des vignes , ces fibres ont un volume uniformément le même , savoir, environ un huit-centième à un millième de ligne de large , rarement plus. J. Muller les a trouvées d'un cinq-centième à un huit- centième de ligne dans la Grenouille. Je n'ose pas décider la question de savoir si ces fibres déliées , délicates et molles, que je regarde comme les fibres primitives des muscles , sont simples ou étranglées et articulées , ainsi que les a décrites et figurées Prochaska, ou si elles résultent de globules placés à la suite les uns des autres, et doivent être comparées à des colliers de perles. Ce qu'il y a de certain cependant, c'est que, dans aucun cas , elles ne constituent des cordons de globules parfaitement ronds, aussi apparens, même à des grossissemens de deux cents à quatre cents diamètres , que le disent Bauerv 294 Pl^ODUITS PLASTlOtJES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. Home et surtout Mi!ne Edwards , dont les observations sur la structure délicate des parties sont des plus fautives que je connaisse : au contraire , à des grossissemens de trois à quatre cents diamètres, on aperçoit souvent, lorsque les fibres sont réunies en faisceaux , des stries transversales et des impres- sions latérales, comme si elles étaient articulées. Biais ce peut fort bien être là une illusion produite par Tinterférence de la lumière. Il m'est arrivé fréquemment, surtout chez les Insectes, de voir , à l'endroit où les faisceaux musculaires ont été cou- pés, des fibres primitives délicates et molles s'écarter les unes des autres, à peu près comme les fils d'un cordon dont la trame se défait : souvent aussi , il m'a semblé que ces filamens étaient formés de petits globules confondus en manière de cordon. Cependant il pouvait fort bien se faire que ce fût là un simple effet de crispation , semblable à celle qui s'opère dans les faisceaux. Aussi ne déciderai-je pas la question de savoir si les fibres musculaires les plus déliées sont des filamens ou simples ou articulés-, dans le cas où elles affecteraient cette dernière forme, les globules disposés les uns à la suite des autres ne seraient au moins pas aussi gros que l'ont dit plusieurs observateurs. Prévost et Dumas , qui malgré quelques inexac- titudes , dont ils n'ont pas su se garantir , sont du nombre de ceux qui manient le plus habilement le microscope , pensent aussi que les fibres primitives des muscles résultent de glo- bules disposés en séries, et partagent l'opinion de Home , que ces globules eux-mêmes sont les noyaux de ceux du sang. Mais ce qui renverse cette hypothèse, c'est la grande diver- sité du volume des noyaux de globules du sang dans les dif- férentes classes et les différons genres d'animaux, tandis que les fibres musculaires présentent partout le même diamètre. -Weber a parfaitement montré combien il est difficile de dé- crire exactement des filamens très-déliés , accolés les uns aux autres, combien aussi on court risque, en pareille matière, d'être dupe d'illusions , et il a présenté avec autant de préci- sion que de critique la série des opinions émises par les au- teurs. Cependant les observations de Strauss paraissent avoir été négligées en Allemagne ; comme elles sont dues à un ob- PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. SqS serviteur exact , et qu'elles s'éloignent de tout ce qui avait été dit auparavant , elles méritent d'être prises en con- sidération. Strauss (1) a décrit fort au. long et figuré la structure des fibres musculaires du Hanneton : voici en peu de mots le résultat de ses recherches. Les faisceaux muscu- laires prismatiques et non articulés ont un dixième de milli- mètre d'épaisseur; eîles^se composent de fibres primitives déliées et très-sensiblement articulées , qui ont depuis un cin- quantième jusqu'à un centième de millimètre, et qui sont pro- bablement unies ensemble par une substance grasse. Les ar- ticles dont chaque fibre est formée] sont des lamelles quatre fois aussi larges qu'épaisses, coudées de haut en bas dans le milieu, et tirées en un prolongement qui pénètre toujours dans l'enfoncement de la lamelle suivante. Strauss n'a retrouvé ces articles , chez les animaux vertébrés , que dans le Bœuf et dans une espèce d'Aigle ; il n'en a pas bien pu reconnaître la forme dans le Bœuf, tandis qu'il a trouvé que, dans l'Aigle, leur structure ressemblait parfaitement à ce qu'elle est chez les Insectes. Mais, d'après les mesures qu'il donne, les fibres primitives sont à peine d'un tiers à un sixième aussi déliées que celles dont j'ai étudié la disposition dans les muscles du thorax de plusieurs Coléoptères, le Hanneton entre autres. Je présume donc qu'il a pris les faisceaux les plus grêles pour ces fibres primitives, et leurs stries transversales pour les articles , dont je n'ai pu trouver la structure telle qu'il l'a décrite. J'ai dit que la structure des muscles se ressemble extrême- ment chez les animaux les plus divers , qu'elle est très-cons- tante , qu'elle diffère de celle de tous les autres tissus , et que, comme l'avait déjà remarqué Prochaska , les fibres primitives ont à très-peu de chose près le même volume chez tous les animaux. Cette constance de forme se maintient aussi fort long-temps et au milieu de modes de traitement très-variés. Ainsi, par exemple, j'ai encore remarqué les faisceaux mus- culaires et les rides transversales sur de petits morceaux de (1) Considérations", générales sur les animaux articulés , p. 143, PI. II, fig. 23 et 24. 2g6 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. Cochon rôti qui étaient demeurés plongés dans l'eau pendant huit jours. Le Limaçon est le seul animal chez lequel j'aie pu me convaincre que la substance musculaire du pied et des autres muscles n'avait point la structure ordinaire ; je n'ai pas trouvé les rides transversales qui caractérisent à un si haut degré le tissu musculaire ; je n'ai même pas vu de fibres mus- culaires plus grêles , mais seulement des faisceaux blancs , paraissant aplatis en manière de rubans , et ayant depuis un cent-cinquantième jusqu'à un deux-centième de ligne d'épais- seur , tandis que le ventricule du cœur offrait une innombra- ble quantité de faisceaux croisés en tous sens et susceptibles de se contracter avec force , qu'on pouvait réduire à la ma- nière ordinaire en fibrilles musculaires d'un huit-centième à un millième de ligne. Valentin a dit que les rides ou stries transversales des fais- ceaux musculaires ne se voient point aux muscles non sou- mis à la volonté, et qu'on ne les aperçoit même pas au cœur, à l'égard duquel Haller avait avancé le contraire. Cette as- sertion m'a déterminé naguère à entreprendre quelques re- cherches. J'ai trouvé , dans un cœur de Veau, les stries trans- versales bien prononcées , mais beaucoup plus fines et plus délicates , de manière qu'elles n'étaient apercevables qu'à la faveur d'un mode déterminé d'éclairage. Il est bien plus dif- ficile aussi de les découvrir dans la substance du cœur de l'homme que dans celle de ses muscles volontaires ; cepen- dant , avec un peu d'attention , on les y aperçoit , notamment dans les colonnes^charnues des ventricules et dans les réseaux musculaires des oreillettes. Le cœur des Faîco buteo et Cor± vus corone ne m'en a offert que de très-faibles et fort dou- teuses; mais à peine aussi les discernait-on dans les muscles volontaires des individus sur lesquels j'ai opéré. En général, j'ai trouvé que les individus d'une même espèce ont des rides tantôt très-fortes et tantôt très-faibles ; cette différence tien- drait-elle au genre de mort ? Dans les muscles de l'estomac du Falco buteo , les faisceaux étaient fort distincts , mais bien plus grêles qu'ils ne le sont ailleurs dans les muscles soumis à la volonté, car ils avaient un deux-cent-cinquantième de ligne, et ne paraissaient pas susceptibles de se résoudre en PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 2Q') fibres plus déliées ; probablement on doit les considérer eux- mêmes comme des fibres primitives. Je n'ai pu non plus par- venir à me faire une image nette des fibres transversales , quoique je crusse parfois les apercevoir. Les fibres muscu- laires de l'intestin de l'homme semblent aussi n'avoir point de rides transversales et se composer de filamens isolés , non réunis en faisceaux , qui ont environ un quatre-centième de ligne de diamètre , mais ne présentent nullement l'aspect d'un collier de perles. Les rides transversales sont apparentes, mais faiblement, dans les faisceaux du muscle sterno- trachéal du Corbeau et du Hibou ; elles sont moins distinctes encore dans les muscles laryngiens proprement dits de ces Oiseaux. Nulle part je ne les ai vues plus prononcées et plus semblables, à de véritables étranglemens que dans les muscles dorsaux d'un grand Boa conservé dans f esprit-de-vin; les faisceaux d'un centième de ligne de diamètre qui en étaient munis se partageaient en fibres absolument semblables à des colliers de perles et dont les segmens se réduisaient eux-mêmes en globules déliés. Ne serait-il pas possible que la fibre du tissu cellulaire passât à la vraie fibre musculaire par la fibre du dartos , par les fibres musculaires plus isolées des muscles soustraits à l'empire de la volonté ? Une observation faite sur VHolothu- ria pectinata semble autoriser cette conjecture : on trouve, chez cet animal , de forts muscles longitudinaux , qui se con- tractent avec énergie et renversent en dedans l'extrémité orale; ces' muscles ne sont composés que de filamens non ar- ticulés , fort serrés les uns contre les autres , ayant depuis un huit-ceatième jusqu'à un millième de ligne, et ressemblant beaucoup aux filamens du tissu cellulaire. Les fibres de la tunique fibreuse du tronc aortique sont tout-à-fait analogues à celles-là , mais souvent plus fortes encore ) (1). (1) Addition de R. Wagner. SqS PRODtJlTS PLASTIQUES CHEZ tES AUTRES ÊTRES, ÏX. Tissu scléreuz. § 807. Les tissus scléreux et stratifiés ont cela de commun, que les substances organiques ont perdu en eux leur excita- bilité et leur mobilité chimiques, c'est-à-dire qu'elles sont en quelque sorte étouffées par des substances inorganiques. En conséquence, l'activité vitale s' efface plus ou moins en eux, et iis ne sont en relation avec la vie que par leurs qualités physiques ; tantôt ils servent seulement d'enveloppes, et tantôt, lorsqu'ils jouissent d'une certaine rigidité , ils remplissent l'office d'un squelette qui maintient les proportions sans les empêcher de se modifier quand le besoin l'exige, et parcourt les par- ties molles en manière d'axe, ou les entoure d'un] test so- lide, ou enfin remplit à la fois ces deux destinations. Les deux tissus passent fréquemment de l'un à l'autre dans le règne organique , de manière que des parties qui se cor- respondent sous le point de vue de la situation diffèrent sou- vent beaucoup l'une de l'autre sous celui de leur composition, de leur texture et de leurs rapports mécaniques. La seule cir- constance essentielle d'après laquelle on puisse les classer est leur mode de formation , suivant qu'elles se produisent par intussusception ou par juxtaposition. Mais l'histologie pré- sente encore de grandes lacunes à cet égard. Puissent les dé- tails qui vont suivre faire naître des recherches plus appro- fondies sur quelques points couverts d'obscurité ! : i° Le tissu scléreux paraît se manifester d'abord chez les animaux inférieurs , comme un tissu cellulaire métamor- phosé par condensation , et formant dans la cavité du corps des cloisons qui s'étendent de la paroi extérieure aux parties internes. On le voit d'abord apparaître , comme supplément du sque- lette , dans le ligament élastique de la charnière des Bivalves. A un degré plus élevé du règne animal , il lui arrive souvent de remplacer la substance osseuse sur certains points de l'é- tendue du squelette. Ainsi, par exemple, dans les Ptuminans et les Sohpèdes, il complète le rudiment du cubitus et du pé- PRODUITS PlASTIQtES CHEZ tES AUTRES ÊTRES. 299 roné , tandis qiie les os hyoïdes, qui, chez ces animaux s'ar- ticulent avec le crâne lui-même , ne tiennent , chez d'autres animaux et chez l'homme , que par des ligamens aux apo- physes styloïdes , qui peuvent être considérées comme des rudimens de cornes hyoïdiennes prolongées. D'un autre côté, le tissu scléreux a de l'affinité avec le sys- tème musculaire. On ne peut point encore distinguer les ten- dons chez les animaux qui n'ont qu'une simple masse muscu- laire périphérique, et ils ne deviennent perceplibles que quand on découvre déjà des muscles de membres ou d'articles , sé- parés les uns des autres. Chez les animaux dont la cuisse se compose de muscles moins nombreux que ceux de l'homme , l'aponévrose crurale est également plus mince. Il arrive par- fois aussi au tissu scléreux de remplacer , par un accroisse- ment de son extensibihté et de son élasticité des muscles an- tagonistes, ou même des muscles en général. Tel est le cas par exemple du ligament cervical , qui a tant de force dans les Ruminans et les Pachydermes ; tel est aussi , chez les Oi- seaux , celui des ligamens élastiques annexés aux tendons des muscles fléchisseurs des orteils , aux muscles adducteurs des ailes et à la racine des plumes. 2" Les véritables cartilages paraissent n'exister que chez les animaux vertébrés. Dans les Poissons cartilagineux , où ils forment à eux seuls le squelette , leur substance n'est encore qu'incomplètement développée ; car, d'après Chevreul, ils sont composés de 0,9 d'eau et 0,1 d'une matière solide, consistant elle-même en une substance soluble seulementdans une grande quantité d'eau bouillante , non précipitable'par la teinture de noix de galle, non susceptible de se prendre en gelée par l'évaporation et le refroidissement , et plus semblable à du mucus qu'à de la gé - latine , en albumine , en graisse , en chlorures de potassium , de sodium et de magnésium , en phosphates de chaux , de potasse , de fer et de manganèse (1). Les cartilages articulaires , qui suivent pas à pas le déve- loppement de la substance osseuse , sont moins développés (1) Blainville , Cours de physiologie générale , t. II , p. 162. 30O PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. chez les Poissons et plus chez les Oiseaux, que chez aucun autre animal. Des cartilages de squelette cutané apparaissent , chez les Poissons , aux follicules mucipares tubuliformes de la peau. La membrane scléreuse de l'œil contient fréquemment aussi des disques cartilagineux chez les animaux. 8° Dans la série des animaux vertébrés , le développement progressif des os s'annonce , d'une manière générale , par lai diminution de leur nombre, et par l'accroissement de leurs parties terreuses, dont la conséquence naturelle est celui de leur solidité. Chez' les Poissons , les os sont moins solides et n'ont point de cavité médullaire distincte. Chevreul (1) en a retiré 0,365 d'une substance organique plus analogue au mucus qu'à la gélatine , 0,195 d'élaïne , 0,375 de phosphate calcaire , 0,055 de carbonate de chaux , 0,007 de phosphate de magnésie , et 0,008 de carbonate de soudQ, de sulfate de soude et de chlo- rure de sodium. Les os des Reptiles ont plus de soUdité ; l'antagonisme de substance compacte et de substance celluleuse y est plus dé- veloppé; cependant on n'y découvre pas encore de cavités médullaires. Chez les Batraciens , leur substance organique ressemble encore au mucus. Chez les Oiseaux , les os n'ont beaucoup de substance cel- luleuse qu'au crâne ; dans le reste du^corps , ils ne sont com- posés , pour la plupart, que d'une substance très-compacte et de cavités spacieuses , qui contiennent d'abord de la moelle , mais qui la perdent bientôt, et se remplissent d'air, lequel y arrive , dans les os du corps , par des conduits communiquant avec les poumons , dans ceux de la tête , par la trompe d'Eus- tacheetparlenez. Les Cétacés sont , de tous les Mammifères , ceux qui ont les os les plus spongieux, sans cavité médullaire, et les Car- nassiers, au contraire, ceux qui ont les plus solides. Fo-iir- croy et Vauquelin ont trouvé dans les os de Bœuf 0,510 de substance organique , 0,379 de phosphate calcaire, 0,100 de (1) Lw, eit., p. 241. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 5o 1 carbonate de chaux, et 0,OiJ. de phosphate de ma^jnésie : Berzelius (1), 0,3330 de substance organique, 0,5735 de phosphate calcaire , 0,0385 de carbonate de chaux, 0,0205 de phosphate de magnésie , et 0,0345 de soude , avec très-peu de chlorure de sodium. Suivant Ferdinand de Barros la pro- proportion du carbonate au phosphate calcaire est de 0,025 : 0,950 dans le Lion ; 0,024 *. 0,952 dans la Grenouille; 0,053 : 0,919 dans les Poissons ; 0,104 : 0,886 dans les Poules ; 0,193 : 0,800 dans les Brebis. Merat-Guillot établit cette pro- portion de la manière suivante : 1 I 36 chez l'homme, 1 '. 46 chez le Bœuf, 1 ', 52 chez le Cochon , 1 t 54 chez le Cheval , 1 * 55 chez le Lièvre, 1 ', 64 chez le Brochet, 1 '. 90 chez l'Élan et la Carpe, 1 '. 161 chez la Vipère. Les divers os d'un même animal varient beaucoup sous le rapport de la ^dureté et de la composition chimique : ainsi , par exemple , les vési- cules osseuses de la cavité tympanique de l'Éléphant, les os du pied de Cheval , etc., se font remarquer par leur grande solidité. On trouve encore , chez les Poissons, des os dénués de toute connexion avec le squelette , et servant de soutiens à la masse musculaire. Ces animaux sont dépourvus de la masse osseuse qui , chez les Oiseaux et les Mammifères , enveloppe le labyrinthe de l'oreille, autour duquel elle forme ce qu'on appelle le rocher. Parmi les os de membranes muqueuses se rangent les arcs branchiaux des Poissons , le larynx osseux de plusieurs Rep- tiles et Oiseaux , et l'os pénien de quelques Mammifères. Les os de tendons. manquent chez les Poissons et les Repti- les. On en trouve dans les tendons des muscles fléchisseurs chez les Oiseaux et plusieurs Mammifères , dans celui du muscle extenseur de l'avant-bras des Chauve-souris , etc. La l membrane scléreuse de l'œil renferme des lamelles osseuses chez quelques Poissons, Sauriens et Chéloniens. Elle présente surtout un anneau osseux complet chez les Oiseaux. Une pièce osseuse analogue , constituant un os cardiaque , se rencontre , au dessous de l'origine de l'aorte, dans le vea- (1) Traité de chimie , t. Vil , p. 474- Ô02 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ £ES AtTRES ÊTRES. tricule gauche du cœur, chez quelques Mammifères herbivo- res , notamment parmi les Ruminans. Le bois du Cerf se résout en gélatine, dans l'eau bouillante, iàvec plus de_^facilité que tous les autres os. Il donne, d'après Mérat-Guillot , 0,270 de gélatine, 0,575 de phosphate cal- caire, 0,010 de carbonate de chaux, et 0,145 d'eau, avec îa perte. Il se forme sous la peau , enveloppé par un périoste, à l'état d'une masse molle , celluleuse et riche en vaisseaux, qui s'ossifie sans prendre les qualités d'un véritable cartilage. Gomme l'ossification s'étend des parties qui entourent les vaisseaux à ceux-ci eux-mêmes , et enfin au périoste , après quoi la peau meurt et s'exfolie (1) , le bois de Cerf, devenu alors une partie exsangue , n'a plus que des connexions mé- caniques avec îe reste de l'organisme , et fait ainsi le passage des os aux tissus stratifiés , parmi lesquels les dents sont ceux qui se rapprochent le plus de lui. ( Les cartilages purs ,fpar exemple ceux des anneaux de la trachée-artère des Oiseaux, coupés en tranches minces, et examinés au microscope , présentent au premier aperçu un tissu celluleux ; mais, en y regardant de plus près , on distin- gue une multitude de figures arrondies et anguleuses, prove- nant de granulations qui ont été enlevées. La portion cartilagi- neuse du sternum de Grenouille offre des îles analogues, entou- rées d'un pourtour obscur, et disséminées dans la partie liorao- gène. Ces îles se comportent , à l'égard de ce qui les entoure , exactement de la même manière que les cellules aériennes, dans les poumons de Salamandres, par rapport aux courans sanguins qui circulent autour d'elles; elles ont un centième à un deux^ centième de ligne. Je ne suis pas certain qu'elles doivent réel- lenient naissance à des granulations arrondies, ovales , oblon- gues ou anguleuses, qui ^se seraient détachées , mais telle est du moins l'apparence des choses, i Le tissu cartilagineux ne «e rencontre que rarement chez les animaux sans vertèbres. On l'observe , par exemple , dans l'enveloppe de VAscidia 'mamillosà. , le squelette céphalique (1) Kapff , tfntersucîmngen ueher das specifischo Gewicht thierischef Suhstanzen, p, 65. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 3o3 des Céphalopodes et les dents des Sangsues. Ce tissu s'offre à l'état de pureté dans les cartilages des oreilles^ du larynx, de la trachée-artère, des côtes et des extrémités cartilagineuses des os. On le trouve uni à des fibres tendineuses , et consti- tuant des fibres ou des cartilages ligamenteux, dans les fibro- cartilages intervertébraux/Gombiné avec de la chaux, il forme la base cartilagineuse de la plupart des os. Le tissa osseux paraît affecter trois formes élémentaires , savoir : a. Le grain osseux , granulation arrondie et dure , ayant depuis un sixième jusqu'à un douzième de ligne de largeur, qu'on rencontre principalement dans le squelette des Poissons cartilagineux. h. La fibre osseuse. c. La lamelle osseuse. Ces deux dernières formes se réunissent pour produire des cellules. La substance compacte des os longs de l'homme pa- raît être composée de fibres , tandis que , dans les E.umi-' nans, par exemple , elle a une structure manifestement la- melleuse. Le tissu osseux ne commence à paraître que dans la série des animaux vertébrés. Il y constitue les parties du squelette in- terne qui entourent le cerveau et la moelle épinière , ou qui servent de soutien aux muscles. On l'y voit aussi se manifes- ter sur des points spéciaux, notamment dans les membranes muqueuses , séreuses et fibreuses , et dans les parties tendi- neuses. Comme exemples de ces ostéides appartenant à l'état normal, nous citerons l'os cardiaque du Cerf et l'os diaphrag- matique du Hérisson. ) (1) _; X. T'ssus stratifiés. § 808. L Le tissu stratifié , considéré d'une manière géné- rale, a pour caractères d'être déposé en couches superposées, par des organes contenant des vaisseaux , de n'avoir que des (1) Addition de R. Wagner, 5o4 PRODUItâ PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. relations d'adhérence avec l'organisme, et de ne servir qu'à des usages mécaniques. Ainsi , la plupart du temps , il présente une certaine rigidité , qui tient ou à ce que la ma- tière organique , notamment l'albumine , prend une forme qui résiste davantage au renX)uvellement des matériaux, et appa- raît comme substance cornée , ou à ce que les principes orga- niques , spécialement la chaux, deviennent prédominans. De là résulte que les parties qu'il constitue sont, chez des ani- maux voisins les uns des autres , tantôt cornées , tantôt cal- caires , tantôt enfin produites par des couches alternatives de substance cornée et de substance calcaire , dont alors la pre- mière forme ordinairement les couches les plus étendues et les plus superficielles. Cette solidification s'opère tant aux li- mites de l'organisme et du monde extérieur, c'est-à-dire au système cutané , que dans l'intérieur, par antagonisme avec les organes doués d'une grande vitalité. Les tissus stratifiés ont beaucoup d'affinité avec le tissu scléreux ; les cartilages et les tendons secs ressemblent à de la corne , et les parties cornées ont l'aspect du cartilage, tant qu'elles ne sont point en- durcies. Leur affinité avec les tissus filés par certains animaux (§ 810) prouve évidemment qu'ils doivent naissance à une ma- tière rejetée au dehors et qui a pris l'état solide. Du reste, en leur qualité de parties périphériques , ils présentent une grande diversité de formes , en sorte que des organes correspondans ont souvent une configuration fort différente chez des animaux voisins les uns des autres. II. Le plus général de tous les tissus stratifiés est l'épi- derme. , Dans les végétaux , l'épiderme ne peut être distingué de l'analogue de la peau (§ 791), que quand la couche superfi- cielle meurt et se dessèche ; car alors elle apparaît comme un tissu compacte, contenant beaucoup de parties terreuses , sou- vent même de la silice , et qui met des bornes au conflit avec le monde extérieur. L'épiderme ne manque sans doute chez aucun animal ; mais on a beaucoup de peine à le distinguer tant chez ceux qui vi- vent dans l'eau , et qui ont une peau molle , sécrétant un li- quide mucilagineux , que chez ceux qui sont pourvus d'une PRODUITS PIASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 3o5 enveloppe tégumentaire cornée ou calcaire. Cependant il ar- rive fréquemment , même alors , qu'on l'aperçoit très-bien , par exemple , dans les coquilles bivalves et univalves , sur les écailles des Poissons, etc. C'est chez les Cétacés et les Pachydermes qu'il a le plus d'épaisseur. Le réseau de Malpighi a pris un développement qui correspond au sien; car, d'après Rapp (1), il forme, chez la Baleine , une couche épaisse de huit à neuf lignes , dans la- quelle saillent]^ en manière de filamens vasculaires , des pa- pilles cutanées coniques et molles, qui ont jusqu'à six lignes de long. III. Ce sont des tissus stratifiés qui constituent le squelette , chez les animaux inférieurs , quand il en existe un , et ce squelette est tantôt intérieur, tantôt extérieur. 1° Le squelette intérieur se compose de soutiens et d'axes. Le squelette des plantes , qui consiste en un assemblage de cellules et de tubes , reste , après l'extraction de toutes les parties solubles par le moyen de dissolvans divers , sous la forme d'une substance blanche comme de la neige , qui se compose de carbone et de terres. Le squelette des arbres et des arbrisseaux s'obtient, sous sa forme primordiale, ou comme charbon , par l'action du feu , qui consume les matériaux or- ganiques. Ces derniers s'élèvent , d'après Rumford , à environ 0,570, savoir 0,090 de carbone, 0,035 d'hydrogène libre , et 0,445 d'oxygène et d'hydrogène dans la proportion néces- saire pour produire del'eauile charbon va jusqu'à 0,430. Sui- vant Prout, la fibre ligneuse en général est composée de 0,50 carbone , et 0,50 oxygène et hydrogène dans;la proportion nécessaire pour former de l'eau , c'est-à-dire à peu 'près 0,45 d'oxygène et 0,05 d'hydrogène.; Les soutiens qu'on trouve entre les parties molles , chez les animaux sans vertèbres, sont quelquefois flexibles, et par cela même analogues au cartilage ; mais leur flexibilité ne tient incontestablement qu'à ce que la masse cornée ou calcaire est moins desséchée et solidifiée. Un axe solide existe bien prononcé dans le Corail , tandis (1) Meckel , Archiv fiter Amlomia , i. V, p. .304. VJI. 20 So6 PRODUFTS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTREâ. que , dans les Madrépores et les Polypiers lamellifères , il pré- sente en même temps des enfoncemens ou cellules , qui le rapprochent du squelette enveloppant. Cet axe est quelquefois calcaire , comme dans les Madrépores et le Corail , que Vogel a réduits en 0,010 de substance animale, 0,505 de chaux, 0,030 de magnésie, 0,275 d'acide carbonique , 0,010 d'oxide de fer , 0,005 de sulfate calcaire , avec une trace de chlorure de sodium , et 0,060 d'eau , avec 0,105 de perte. Ailleurs il «st corné et en partie flexible , comme dans les Antipathes et les Gorgûnia , où la substance cornée se trouve plus ou moins mêlée avec de la chaux ; ou bien il est calcaire , avec des dépôts cornés, espèces de rudimens d'articulations, comme dans VIsis hippuris. Constamment l'axe des Polypes est une substance excrétée , endurcie, disposée par couches concentriques , dont les internes sont les plus anciennes et les plus dures ; il est tantôt uni intimement avec la substance po- lypiaire , tantôt seulement appliqué à cette substance , après la mort de laquelle il reste , comme on le voit dans les Nulli- pores , dont l'origine n'est plus indiquée que par la substance animale mêlée avec la chaux. Chez quelques Oursins , des cloisons calcaires s'étendent du test externe dans la cavité du corps. Parmi les Médusaires , les Porpites et les Velelles ont à la partie supérieure de leur corps un disque corné , ressemblant à du cartilage , dont les couches supérieures ou externes sont les plus petites et les plus anciennes. Un disque analogue se voit, parmi les Annelides, chez l'Aphrodite, à la paroi de la cavité respiratoire; parmi les Gastéropodes, dans les Limaces , les Aplysies , etc. ; parmi les Céphalopodes , dans les Calmars , sous la forme d'une lame cornée , et dans les Seiches, sous celle d'un corps calcaire composé d'une plaque cornée et d'un grand nombre de lames internes unies ensemble par des colonnes courtes et grêles , corps dans lequel John (1) a trouvé 0,83 de carbonate cal- caire, avec quelques faibles traces de phosphate , 0,07 de clilo- (1) Meckel , Deutsohes Anhiv , t. IV , p. 43J. I^ÏÏODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. OO7 rure de sodium et de calcium , et de matière animale solubîe dans l'eau , avec des traces de magnésie , 0,06 de matière ani- male insoluble, et 0,04 d'humidité. Outre ce disque , qui sert de support au corps entier , les Céphalopodes ont encore d'autres soutiens de substance cornée analogue au cartilage , qui forment une capsule autour de l'anneau ganglionnaire , et fournissent des points d'attache aux muscles des bras. La même chose a lieu chez les Insectes et les Crustacés , où , indépendamment du squelette extérieur , on trouve non seulement des prolongemens internes de ce squelette, qui en- veloppent en quelque sorte le cordon ganglionnaire et donnent attache aux muscles des membres , mais encore des lames cor- nées , d'apparence cartilagineuse , qui servent exclusivement à ce dernier usage. Chez les Arachnides aussi , il y a une lamelle analogue , qui sert de couverture au cordon ganglionnaire et d'insertion aux muscles des membres. !2o Un squelette extérieur se rencontre , sous les formes les plus diversifiées , dans toutes les classes d'animaux sans ver- tèbres ) tandis que des animaux très-voisins de ceux qui le présentent , sous le rapport du reste de l'organisation , n'en offrent aucune trace. Ehrenberga signalé, parmi les Infusoires et les Rotaîoires, des familles d'animalcules loriqués, qui mar- chent parallèlement à celles des animalcules nus. De même, parmi les Polypes , les Acalèphes , les Acéphales , les Gasté- ropodes, les Annelides , et jusqu'à un certain point aussi les Echinodermes , les Insectes et les Crustacés , on trouve des différences analogues, annonçant combien ces croûtes sont peu essentielles, et combien elles ont d'analogie avec les for- mations végétales. Nulle part ces formes végétales ne paraissent plus pronon- cées'que chez les Polypes tubifères, où , déposées à la surface du corps de l'animal , elles sont tantôt cornées , comme dans les Tubulaires et les Sertulaires, tantôt calcaires, comme dans les Pennatules et les Salicomia. Dans les Oursins et les Etoiles de mer , on aperçoit , sur la peau , des plaques composées de carbonate calcaire , avec un peu de phosphate , qui sont ou mobiles ou immobiles les unes 3o8 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ETRES. sur les autres , et qui ne présentent ni tissu celluleux ni tissu fibreux. Parmi les Mollusques , les Ascidies d'abord nous offrent un test mou , cartilaginiforme , et couvert d'épiderme , qui adhère fortement à la peau. Quand ce test acquiert plus de dureté , il devient quelquefois corné et translucide , comme dans certaines espèces d'Anomies'; mais le plus souvent il se compose de ^couches cornées , entre lesquelles des sels cal- caires sont déposés , et parfois aussi de couches où la chaux prédomine , comme dans les Cyprœa et P^oluta. Lorsqu'en s'endurcissant , il vient à se détacher davantage du corps , celui-ci se recouvre d'un nouvel épiderme, à travers lequel s'exhale le liquide sécrété qui doit produire de nouvelles cou- ches plus profondes et dont l'étendue augmente à mesure que le corps s'accroît : le pigment est situé dans les couches superficielles de la coquille , au dessous de son épiderme. Les coquilles des Bivalves sont unies ensemble par des char- nières , et les valves multiples des Girripèdes laissent entre elles des intervalles qui leur permettent de se mouvoir. Le Taret possède, outre quelques valves libres aux deux extré- mités du corps, un tube calcaire qui le renferme, et qu'il pa- raît produire au moyen d'un liquide sécrété par lui , auquel se joignent des parties terreuses étrangères. Lorsqu'on extrait la chaux d'une coquille de Limaçon par le moyen de l'acide nitrique , il reste , indépendamment de l'épiderme , un tissu organique dans lequel la terre était déposée (1). Les coquilles d'Huître sont composées , d'après Bucholz et Brandes (2) , de 0,983 carbonate calcaire, 0,012 phosphate de chaux, et 0,005 matière animale insoluble. Vauquelin y a trouvé aussi de la magnésie et du fer. Quelques Annelides se tiennent dans des tubes , qu'ils sé- crètent eux-mêmes , et qui presque toujours alors sont cal- caires , comme chez les Serpules , parfois cependant cornés , comme chez les Spio , ou dont une partie se compose de dé- (1) Spallanzani , Mémoires sur la respiration /p. 185. (2) Berzeliiis, Traité de chimie , t. YII , p. 688. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. ^09 bris terreux ramasses à droite et à gauche , comme chez les Amphilrites et les Terebella. Beaucoup d'Insectes, de Crustacés et d'Arachnides ont un squelette extérieur articulé , plus ou moins épais , qui enve- loppe tant le corps que les prolongemens en forme de mem- bres , et qui est divisé , dans le sens de sa longueur , en plu- sieurs segmens, composés eux-mêmes de deux demi-anneaux. La couche la plus extérieure est un épiderme solidifié , sous lequel on trouve un pigment, puis une couche cornée ou cal- caire, sur une membrane très-mince. Hatchett a extrait du test des Insectes , par le moyen de l'acide hydrochlorique , 0,64 parties de phosphate calcaire et 0,10 de carbonate; le résidu consistait en 0,26 d'une substance analogue au carti- lage. Odier a retiré des élytres de Coléoptères, par l'ébuUi- tion dans la potasse caustique, de l'albumine, une matière soluble dans l'eau et analogue à l'osmazomc , une autre grasse et soluble dans l'alcool , et une troisième insoluble dans l'eau et l'alcool ; il reste une substance insoluble , appelée par lui chitine, qui se dissout dans l'acide sulfurique ou nitrique à chaud , se charbonne à la chaleur , sans entrer en fusion , et ne donne point de produits azotés à la distillation. Le test des Crustacés contient , d'après les recherches de Hatchett , Mé- rat-Guillot , Chevreul et Gœbel , 0,40 à 0,6S de carbonate calcaire, 0,03 à 0,14 de phosphate, 0,17 à 0,44 de substance animale et d'eau ; ^suivant Chevreul , il s'y trouve en outre 0,02 de chlorure de sodium, de phosphate de magnésie et de fer. Enfin, l'épiderme de l'œuf sécrété dans les organes géni- taux femelles se développe , chez quelques animaux sans vertèbres , comme aussi chez des animaux vertébrés , en une coquille cornée ou calcaire (§ 341, 5"), qui représente un squelette extérieur de l'œuf. La coquille de l'œuf de Poule est principalement composée , d'après Vauquelin , de carbo- nate calcaire et de substance animale , avec un peu de phos- phate de magnésie , de phosphate calcaire , de fer et de soufre. Mérat-Guillot indique , comme parties constituantes , 0,72 de carbonate de chaux, 0,02 de phosphate, 0,03 de substance organique , et 0,23 d'eau. 010 rtOBElTS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES EïllES. IV. On Fencontre fréquemment, chez les animaux vertébrés, des parties plates qui fortifient la peau , et qui sont tantôt cornées , tantôt calcaires ou mixtes , qui ont parfois l'appa- rence osseuse , mais ne constituent jamais de véritables os. On doit les rapporter aux tissus stratifiés , comme le sque- lette extérieur des animaux sans vertèbres et des œufs , dont elles représentent les analogues. 3° Les Mammifères et les Oiseaux offrent des callosités sur les points de leur corps qui sont privés de poils ou de plumes. Ces callosités consistent en un épiderme épaissi et une peau de consistance scléreuse, qui contient beaucoup de graisse. Quelquefois elles dégénèrent en substance cornée, comme dans la fourchette et la sole des sabots et des onglons. La peau entière des Eléphans, des Rhinocéros et des Baleines est calleuse , et présente à sa surface une couche de petites lamelles cornées , tandis qu'elle est dépourvue de poils. 4° Des fourreaux corbés se forment sur des os , et persis- tent ensuite , dans des régions de la peau riches en vaisseaux sanguins ; mais ils sont la plupart du temps minces et presque confondus avec le périoste. Ils croissent, soit sans changer de place , et par des couches nouvelles, de plus en plus larges , qui s'appliquent à leur face inférieure , soit en s'allongeant de concert avec les parties qu'ils couvrent , et par des addi- tions successives , qu'ils reçoivent du côté, de leurs racines. Les ongles, qui manquent encore chez les Poissons et les Ba- traciens , apparaissent d'abord au bout de la queue de quel- ques Serpens. Chez les autres animaux vertébrés, ils couvrent les dernières phalanges des doigts. Ils sont ou courts , courbés seulement dans le sens de leur largeur, et en forme d'ongles proprement dits, chez les Singes, le Rhinocéros, l'Eléphant, plusieurs Echâssiers et divers Palmipèdes , ou courts , arqués dans le sens de leur longueur, pointus et constituant des griffes , chez les Carnassiers. Dans certains cas , la dernière phalange est entourée d'un tissu compacte de fibres longitu- dinales , dont la base creuse enveloppe les papilles cutanées sécrétoires , et dont l'ensemble forme les sabots des SoUpèdes et les onglons des Ruminans. Dans d'autres enfin , la dernière phalange est enveloppée d'un cône de substance cornée, PRODUITS PLASTIOCES CHEZ LES AUTRES ETRES. 011 qui constitue l'éperon du pouce de l'aile de certains Oiseaux. Les cornes proprement dites forment un fourreau conique, . enveloppant un cornillon osseux, pendant l'accroissement du- quel la peau ne s'allonge pas , comme elle le fait chez la Girafe , mais se trouve refoulée , et sécrète , par les papilles vasculaires dont elle est garnie , la substance cornée, sous la forme d'un liquide visqueux ; en sorte que les cornes crois- sent , de même que les ongles , par des additions successives faites à leurs racines. On trouve de ces cornes à l'os frontal chez les Ruminans et le Casoar ; au tarse, chez plusieurs Oi- seaux, Gallinacés surtout. John (1) a trouvé, dans la corne de Bœuf, 0,90 de matière cornée , 0,08 de gélatine, 0,01 de phosphate calcaire , de lactate et de phosphate de potasse , de chlorure de potassium , d'un sel ammoniacal , de fer et d'acide lactique, 0,01 de graisse, avec un peu de matière odorante. D'après Berzelius (2) , elle ne donne point de véri- table gélatine quand on la traite par les acides minéraux ; à la distillation sèche, elle fournit beaucoup d'huile fétide, un peu de carbonate d'ammoniaque et une petite quantité d'eau ; lorsqu'on la réduit en cendres, il reste du phosphate calcaire, avec un peu de carbonate de chaux et de phosphate de soude. Du reste , elle contient un peu de soufre. L'enduit corné du bec des Oiseaux et de la mâchoire des Chéloniens tient la place des dents , comme les callosités oc- cupent celle des poils. L'écaillé proprement dite est sécrétée par la peau con- fondue avec le périoste des côtes et du sternum , étalés eux- mêmes en plaques et non couverts de muscles. Elle croît et s'épaissit de dedans en dehors, par des additions successives de nouvelles couches. Suivant Hatchett , elle se compose de substance cornée et de 0,003 à 0,006 de phosphate calcaire , avec des traces de carbonate de chaux, de phosphate de soude et de fer. 5° Les écailles sont des saillies plates , produites, à la face (1) Heusinger, System der Histologie, p. 175. (2) Traité de chimie , t. VII , p. 308. "J12 rnODUlTS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. interne de répiderme , par des dépôts de substance cornée ou calcaire , et qui croissent de dedans en dehors par addition de couches nouvelles. Sous le rapport de leur étendue en superficie , elles ressemblent d'abord à des espèces de pail- lettes éparses , puis elles se rapprochent les unes des autres, séparées par des languettes d'épiderme simple , ou se ser- rent tellement qu'elles ne tiennent plus à la peau que par un bord représentant leur racine , et s'entuilent les unes sur les autres, faisant ainsi le passage aux phanères épidermatiques. Leur épaisseur varie également beaucoup. Lorsque leurs premiers rudimens sont si solides qu'ils ne peuvent être re- jetés , et que cependant des couches nouvelles , de plus en plus larges , viennent continuellement s'appliquer à leur face interne, elles augmentent beaucoup d'épaisseur dans leur centre, qui devient même parfois saillant en forme d'épine. Quand elles ont une force considérable , il leur arrive souvent de contenir de la substance calcaire , surtout dans leurs cou- ches internes, et la peau sous-jacenle devient fort mince; mais, malgré leur analogie avec la substance osseuse , ces écailles calcaires ne sont pas plus de véritables os que le squelette extérieur des animaux sans vertèbres, qui contient'des cou- ches calcaires sous un revêtement corné : la peau ne manque pas non plus , puisqu'elle est l'organe producteur. Ces différentes formes se rencontrent chez les Poissons. Les Anguilles, les Blennies, etc., ont de petites plaques si- tuées dans des enfoncemens de la peau. Les écailles ordi- naires et imbriquées les unes sur les autres , sont couvertes sur leurs deux faces de pigment et d'épiderme : Chevreul dit leur composition plus analogue à celle des os , en ce qu'elles contiennent environ 0,4S de matière organique semblable à celle qui existe dans les os des Poissons, 0,42 de phos- phate et 0,06 de carbonate calcaire, 0,02 de phosphate de magnésie , 0,01 de graisse et 0,01 de carbonate de soude (1). Enfin, les Esturgeons présentent des plaques analogues à des os, qui sont isolées les unes des autres, et les Oslracions , (i) Beizeliiis , Traité de chimie , t. VII, p. 667. PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. O 1 5 des plaques du même genre , mais qui forment une cuirasse cohérente. Des différences analogues ont lieu chez les Sauriens , sous, les écailles cornées desquels il y a fréquemment des couches calcaires. Les écailles sont imbriquées chez les Chéloniens , et plus aplaties chez les Ophidiens. Chez les Oiseaux, les pattes non couvertes de plumes pré- sentent des écailles adhérentes par leur surface entière , ou libres à leur face inférieure. On voit aussi des écailles adhérentes à la queue des Cas- tors , et des écailles imbriquées à celle des Rats , ainsi qu'aux pattes du Hérisson et du Porc-épic. Chez les Edentés , on trouve une cuirasse , qui se compose , dans les Tatous , de pièces osseuses unies en manière de bandes , et chez l'Oryc- térope , d'écaillés cornées , au dessous desquelles sont situées des pièces calcaires. La corne du Rhinocéros doit être considérée comme une écaille d'une espèce particulière. Elle consiste en filamens cornés , agglutinés ensemble , et dont l'ensemble offre une base creuse qui repose sur des papilles cutanées. V. Au nombre des renforcemens longitudinaux de Tépi- derme , se rangent : 1° Les prolongemens simples , qui naissent sans cavité ger- minatrice spéciale , et qui se rattachent aux écailles. Les poils des végétaux sont des prolongemens simples de la substance végétale , produits par une ou par plusieurs cellules rangées à la suite les unes des autres. Tantôt ils sont en rap- port , soit à leur sommet , soit à leur base , avec une cellule sécrétant un liquide particulier ; tantôt ils ne servent qu'à couvrir l'épiderme. Les piquans sont des poils plus forts et devenus rigides. Les épines, au contraire, sont des organes aériens rabougris et endurcis, notamment des branches, des feuilles et des fleurs. De même , les parties cutanées cylindriques ou coniques des animaux sans vertèbres , qu'on nomme poils quand elles sont molles et très-flexibles , soies lorsqu'elles ont plus de raideur, et piquans ou épines quand elles sont totalement inflexibles , sont des prolongemens tantôt de l'épiderme seul , 3l4 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ tES AUTRES ÊTRES. t tantôt en même temps de la couche calcaire ou cornée sous- jacente, et quelquefois aussi de la masse musculaire. Ces parties servent de moyens protecteurs ou d'organes locomo- teurs ; car tantôt ;, ce qui arrive quand elles ne sont que des prolongemens de l'épiderme , elles suivent les mouvemens de la peau ou du squelette extérieur, comme chez les Insectes , où elles sont souvent ramifiées et semblables à des plumes ; tantôt elles sont mises en mouvement par la couche muscu- laire qui s'étend dans la cavité de leur base, comme chez quelques Annelides , les Cirripèdes et les Crustacés ; tantôt enfin elles s'articulent sur le squelette extérieur, comme les épines calcaires de plusieurs Echinodermes. Enfin , il faut ranger ici les lamelles cornées délicates qui sont imbriquées en manière d'écaillés les unes sur les autres, à la surface des ailes des Lépidoptères. 7° Les poils des Mammifères portent le nom 'de duvet lors- qu'ils sont très-fins , mous* et longs ; de coton , quand ils sont 1 âches et de nature grasse ; de soies , quand ils sont raides , et que les vaisseaux et nerfs de leurs germes ont ac- quis un plein et entier développement. On appelle encore soies ceux qui sont raide^ et piquans , ceux qui , à un gros volume , unissent une inflexibilité absolue. Comme les piquans renferment de grandes cellules pleines d'air, qui diminuent de calibre en se rapprochant de la superficie , et que la sub- stance cornée compacte qui en garnit la périphérie semble être déposée par le follicule , ils tiennent de près aux plumes , de sorte que les poils qu'on observe sur des parties du corps non plumeuses de certains Oiseaux , du Casoar, par exemple , peuvent être considérés comme des tiges de plumes sans barbes. 8» La plume est composée d'une partie cornée , cylindrique et plus compacte , le tuyau , qui renferme ce qu'on appelle l'âme , et qui se prolonge supérieurement en une lame deve- nant de plus en plus étroite ; d'une hampe, partie/ormée d'un tissu plus mou et celluleux de substance cornée , que couvre un enduit un' peu plus dense , qui naît par deux jambages de la partie supérieure du tube , dont le prolongement conique couvre sa face convexe , et qui finit par se terminer en pointe ; PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. 3l5 de l'étendard , qui s'impîanle sur la hampe à partir des deux côtés du prolongement supérieur du tube , et consiste en fi- lamens cornés aplatis , des bords latéraux desquels partent d'autres lilamens plus courts ; enfin du germe , qui représente originairement une substance gélatineuse et riche en vais- seaux , communiquant avec la peau par l'ouverture percée à la base du tuyau , sécrète de sa surface d'abord l'étendard , puis ila hampe et le tuyau, ensuite meurt, se dessèche et constitue ainsi l'âme de la plume , c'est-à-dire un utricula ridé , composé de segmens emboîtés les uns dans les autres , et partagé en deux branches , dont l'une passe à la surface extérieure par un trou situé entre le tuyau et la hampe , tandis que l'autre se continue avec la substance celluleuse de cette dernière. VI. Quant à ce qui concerne les tissus stratifiés à la surface de la membrane muqueuse, 9° L'épithelium est plus développé chez certains animaux que chez l'homme. Ainsi , par exemple , dans l'Anguille et le Cyclopterus Lumpiis , d'après Rathke (1) , on peut facilement le distinguer et le séparer de la conjonctive oculaire. Il est possible également , chez l'Ecrevisse , de le suivre dans toute la longueur du canal intestinal , depuis la bouche jusqu'à l'anus. Il forflie des épaississemens calleux ou des plaques cornées, ayant la mollesse du cartilage, sur les lèvres et la langue des Ruminans , et dans l'estomac des Oiseaux grani- vores , de quelques Gastéropodes et de certains Vers. Des plaques cornées en forme de clous revêtent le bout de la langue de plusieurs Oiseaux , tels que le Geai. lO» Chez les animaux sans vertèbres , divers soutiens de la membrane muqueuse ressemblent à des parties d'un sque- lette intérieur ; telles sont les fibres spirales , à ce qu'il paraît cornées , des trachées des Insectes , l'anneau calcaire qui en- toure le commencement du canal digestif des Holothuries , et l'appareil dentaire des Oursins , des Crustacés et de quelques Gastéropodes. 11° Des parties dentiformes , cornées ou calcaires , qui , (1) Meckel , Z)eu^5cZie5 Archiv , t. VII, p. 502. 5l6 PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AUTRES ÊTRES. lorsqu'elles parviennent à un développement plus considé- rable, sont implantées sur un support pareil, et jusqu'à un certain point articulées , se voient au commencement de l'or- gane digestif de plusieurs animaux sans vertèbres , par exemple , dans la bouche ou le pharynx des Echinides , des Cirripèdes, des Céphalopodes, d'un grand nombre de Gas- téropodes et d'Annelides ; ce sont des pièces calcaires dans l'estomac des Ecrevisses, et des saillies cornées dans celui des Insectes. Les gaines cornées des papilles de la membrane muqueuse chez les animaux vertébrés , qui forment des den- telures au pharynx des Ghéloniens , des filamens sétiformes à la langue , au palais et au voisinage du larynx de beaucoup d'Oiseaux, enfin de petits piquans dans l'estomac de l'Orni- thorhynque , ou sur la langue desTlhauve-souris et des Chats, font le passage aux dents proprement dites , développées sous la membrane muqueuse. 12° Nul animal n'a des dents aussi nombreuses , aussi ré- pandues, ni aussi variées, que les Poissons ; dans cette classe, elles affectent la forme de plaques , de dentelures ou de fila- mens flexibles ; elles sont séparées les unes des autres , ou réunies en manière soit de mosaïque, soit de pinceau ; tantôt elles s'implantent dans les mâchoires , et tantôt elles font corps avec les os , ou se meuvent sur eux par le moyen d'une masse scléreuse disposée à leurs racines. Elles sont formées ou de simple substance cornée , translucide et flexible , comme dans les Chœtodon , ou de fibres cornées , imprégnées de chaux , creuses, renfermant les germes et couvertes de fibres plus compactes , comme dans le Loup de mer, ou enfin d'une sub- stance analogue à la matière osseuse et couverte d'émail. Cette dernière constitution est la seule qu'elles présentent chez les Sauriens, dont plusieurs en ont aussi au palais, comme les Ophidiens. Chez les Mammifères , on trouve dans l'Ornithorliynque des dents cornées, composées de fibres creuses à leur base et ren- fermant le germe, dont Lassaigne a extrait 0,995 de substance cornée et 0,005 de substance osseuse. Les fanons de la Ba- leine pendent do la mâchoire supérieure , et se divisent infé- rieurement en une multitude de filamens, de sorte que , prises PRODUITS PLASTIQUES CHEZ LES AIJTUES ÊTRES. 5l'J ensemble , elles représentent une espèce de réseau ; Fauré y a trouvé 0,8715 de substance cornée soluble dans la potasse caustique , 0,0870 de substance mucilagineuse , contenant un peu de gélatine et soluble dans l'eau, 0,0350 de matière grasse soluble dans Talcool bouillant , et 0,0065 d'une ma- tière analogue à la cétine , qui est soluble dans l'éther bouil- lant. Par Tincinération , elles donnent 0,041 de sels , con- sistant en 0,019 chlorure de potassium et chlorure de sodium, 0,011 sulfate de soude et sulfate de magnésie , 0,011 phos- phate de chaux , soufre , fer et silice. Les défenses de l'Éléphant et du Narwhal,demême que les incisives des Rongeurs, croissent continuellement, à l'instar des poils et des ongles : leur germe repose sur une large base, qui ne se revêt point inférieurement d'une racine susceptible de l'étrangler, mais demeure constamment en connexion avec le système vasculaire , et dépose sans cesse à sa surface des couches de substance dentaire, qui l'entourent en façon) de cônes. Chez les Solipèdes , les Ruminans et les Éléphans , entre les couches alternantes de substance osseuse et d'émail, se trouve encore une troisième substance , appelée cément , qui paraît être sécrétée , après la formation de l'émail , par la surface interne du follicule, et qui , dans le Bœuf , se compose , d'a- près Lassaigne , de matière animale 0,4218, phosphate de chaux 0,5384, carbonate de chaux 0,0398 , tandis que , selon Berzelius, l'émail contient, matière animale 0,035, phosphate calcaire 0,850, carbonate de chaux 0,071, phosphate de magnésie 0,030, et soude^0,014. Du reste , au dire de Lassaigne , la quantité de substance animale contenue dans les dents , chez divers Mammifères , varie de 0,26 à 0,31 , celle de phosphate calcaire de 0,59 à 0,72, et celle de carbonate calcaire de 0,03 à 0,10;, tandis que dans les dents des Carpes et des Squales, il y a depuis 0,33 jusqu'à 0,35! de matière animale, 0,49 à 0,52 de phosphate calcaire, et 0,13 à 0,16 de carbonate de chaux (*). (*) Ph. F. Blandin, Anatoraie du système denttiire considéré dans l'homme et les animaux , Paris 4830 , in-8% p. 72 et J93. 3j8 ÎJES SÉCRÉTIONS. SECONDE SERIE. Des sécrétions. § 809. Les produits de la déposition organique (§ 778, 3°), ou les sécrétions, sont sans texture et sans connexions organiques avec le reste du corps. Il n'existe donc de rap- port entre eux et la vie que sous le ' point de vue de leur substance, et leurs propriétés, tant chimiques que physiques, sont , avec l'organisation des parties qui les engendrent , les circonstances sur lesquelles roulent les différences essentielles qu'on remarque entre eux. Gomme les phénomènes de la vie en général , lorsque nous les comparons les uns avec les autres, diffèrent non seulement sous le point de vue de la quantité , et forment une série de degrés de développement , mais encore sous celui de la qua- lité, et manifestent un antagonisme de polarité, de même aussi la classification des produits sécrétoires doit reposer sur ce double principe. Elle doit représenter tant les gradations que les oppositions des sécrétions. Quant aux gradations , nous reconnaissons que les produits sécrétoires s'élèvent peu à peu du caractère général ou^com- munâu caractère particulier, de même que la structure des parties qui les fournissent passe insensiblement aussi du sim- ple au composé. Mais l'échelle des gradations comprend deux séries de sécrétions , attendu que l'antagonisme de polarité se prononce 5 chaque degré. 1° Les sécrétions qui se solidifient , qui acquièrent une forme cohérente, font le passage de la formation organique à la déposition, et se rapprochent des tissus stratifiés, dont elles ne diffèrent que par l'absence des formes et des connexions or- ganiques. On les partage en produits filés et en concrétions. 2° Les produits filés ( § 810 ) n'appartiennent qu'aux ani- maux sans vertèbres. Leur substance sort du corps à l'état li- quide -, mais , comme elle ne tarde pas à se solidifier , les mouvemens volontaires de l'animal lui font prendre une forme déterminée , qui correspond à des usages mécanique^ Des sicRÉTioNË. 3ig divers. Par leur nature analogue à lacortié, et par la destina- tion qu'ils remplissent , ils se rattachent immédiatement aux tissus stratifiés épidermatiques (§ 808 , II). 3° Les concrétions (§ 811) sont répandues dans tout le règne organique, déposées à l'intérieur, entre des parties or- ganiques , soustraites à l'empire de la volonté , terreuses , ossif ormes , et par cela même affines de ceux des tissus stra- tifiés que nous avons désignés sous le nom de soutiens calcai- res (§808 , 1°). 4° Les sécrétions non cohérentes constituent deux séries/^; Celles de la première série ( liquides séreux , vapeurs , mu- cus , salive , suc pancréatique , larmes et lait) sont salées et abondamment chargées d'eau. Elles contiennent des matières organiques qui, comparativement avec celles de l'autre série , ont un caractère plus rapproché de la neutralité. Celles de la seconde série ( pigment, graisse , gaz , smegma cutané, bile, urine, sperme) sont caractérisées par une pré- dominance décidée de principes basiques, notamment de car- bone et d'azote, prédominance qui se manifeste tantôt comme propension marquée à la décomposition , tantôt comme apti- tude prononcée à s'enflammer ou du moins à brûler. 5° Les sécrétions liquides de l'ordre inférieur sont celles qui ont le caractère de communauté, qu'on rencontre dans les parties les plus diverses du corps, qui se produisent sans ap- pareil sécrétoire spécial, dont la composition chimique est simple , et qui enfin ne renferment que des principes géné- ralement répandus. Elles sont, ou renfermées dans le corps, ou déposées à sa surface. 6° Les' premières appartiennent à la plasticité générale , et ont leur siège dans le système du tissu cellulaire.* Étant for- mées dans des espaces cios , oii il n'y a que des vaisseaux ef- férens qui puissent les reprendre, elles parcourent ces espaces, sans parvenir au dehors. Mais les espaces sont ou de simples vides ou des vésicules. La sécrétion interstitielle est, dans la série neutre, la sérosité plastique (§812), et, dans la série basique, le pigment (§813). La sécrétion vésiculaire est , dans la première série , la séro-t 320 DES SÉCRÉTIONS. site vésiculaire (§814), et dans l'autre la graisse (§ 815). Les sécrétions interstitielles avoisinent les concrétions , qui se déposent également dans les lacunes de la substance orga- nique. Ce rapprochement est surtout fondé à l'égard du pig- ment , qui est solide aussi , quoique non cohérent , mais pulvérulent, ou composé de grains microscopiques, ayant même quelquefois une forme cristalline. Du reste, le pigment et la graisse ne constituent pas seulement des couches spéciales, mais sont encore admis en partie dans la substance des tissus stratifiés, qu'elle soit cornée ou calcaire , en vertu de l'affinité qui existe^^entre eux et ces tissus. 7° Les sécrétions superficielles se divisent en volatiles et fixes. Ce qui , dans les sécrétions interstitielles et vésiculaires , était combiné organiquement , se montre à l'état de liberté et sous forme élémentaire dans les sécrétions volatiles. Ici se rangent , dans la série neutre , comme se ralUant à la sérosité plastique et à la sérosité vésiculaire , l'eau à l'état de vapeur ( § 816 ) ; dans la série basique , comme correspondant au pigment et à la graisse , le carbone réduit à l'état volatil par l'oxygène (§817-819). Les sécrétions fixes sont en quelque sorte le résidu des volatiles , et d'un autre côté , comme elles se rassemblent principalement dans des cryptes , elles tiennent de près aux sécrétions spéciales , à celles qui sont produites dans des ap- pareils particuliers. Le système cutané, entant qu'il agit seu- lement comme surface , exhale de la vapeur et du gaz ; en tant qu'il est organisé , il donne des sécrétions fixes , lubri- fiantes , le suc muqueux ( § 820 ) dans la série neutre , et le smegma cutané (§ 821) dans la série basique. La peau exté- rieure exhale davantage de vapeur aqueuse , et par antago- nisme se couvre de smegma carboneux; la membrane mu- queuse , prise en général , exhale surtout du carbone à l'état de gaz , et se couvre d'une couche de mucus , qui contient ; proportionnellement plus d'oxygène. "^ 8° Les sécrétions spéciales sont produites dans des organes déterminés et construits d'une manière pariiculière , puis ame- nées au dehors. Sous le point de vue de Ui^composiiion, elles con SÉCRÉTIONS COHÉUENTES. 321 stituent des modifications spéciales de la substance organique. A la série neutre appartiennent la salive (§ 822), le suc pancréati- que (§ 823), l'humeur lacrymale (§824) et le lait(§ 825). La série basique comprend la bile chargé de carbone (§ 826), l'u- rine riche en azote ( § 827), et la liqueur procréatrice ( § 828 ). Ces trois dernières se distinguent en ce que la spécialisation y est portée au plus haut degré, tandis que les trois premiers liquides , qui sont clairs comme de l'eau , ne contiennent point de substance qui leur appartienne exclusivement. Le lait mar- que le passage des uns aux autres , surtout à cause du sucre qu'il renferme, et fait antagonisme à la liqueur procréa- trice ; tous deux ensemble , comme ayant l'aptitude à vivre ou à vivifier, et revêtant la forme organique , ou nourrissant, font le contraste le plus tranché avec les sécrétions qui pas- sent à l'état solide , mais sans acquérir la vie, et qui occupent l'autre extrémité de l'échelle des sécrétions. CHAPITRE PREMIER. Des sécrétions cohérentes. I. ProdiHts filés. § 810. Il n'y a que quelques animaux chez lesquels on ren- contre des sucs visqueux , produits dans des organes sécré- toires spéciaux, qui se solidifient à l'instant de leur arrivée au dehors, de manière que leur courant devient un filament plus ou moins délié, suivant le diamètre du conduit excréteur, et que les mouvemens de l'animal réduisent en un fil simple ou composé, servant à des usages mécaniques. 1° Les larves des Lépidoptères, des Coléoptères, et de beau- coup d'Hyménoptères, ont, sur les côtés du canal intestinal, ■une paire de longs vaisseaux terminés en cul-de-sac , fort grêles, irès-coniournés sur eux-mêmes, qui, après s'être renflés en vésicules , s'unissent ensemble , s'ouvrent par un orifice fort étroit au dessous de la lèvre inférieure , et laissent échapper là leur liquide visqueux, qui ne tarde pas às'endur VII. 2 1 7 JD22 SÉCR^ITIONS COHÉRENTEâ. cir par le contact de l'air et sert à la construction du cocon (§379,8°). Le plus connu de tous les produits filés est la soie , due à la chenille du Bombyx du mûrier. Elle se compose de filamens cornés, imprégnés d'une substance grasse, qui leur donne de la souplesse. Ces filamens ont à peu près 0,0050 ligne de dia- mètre , et un cocon dont le poids ne s'élève pas à trois grains donne un fil long de neuf cent pieds. La soie se dissout dans la potasse caustique, comme la substance cornée , mais l'acide sulfurique concentré en opère également la dissolution, par suite d'une action prolongée. L'alcool bouillant en extrait une graisse de nature céracée et une substance résineuse. Elle abandonne à l'eau une matière jaune rougeàtre , in- soluble dans l'alcool. D'après Ure , elle est formée de car- bone 0,5069, azote 0,1133, hydrogène 0,0394 et oxygène 0,3404 (1). 2° Chez les Araignées , les organes sécrétoires sont deux paires de canaux contournés , dont chacun possède une mul- titude de conduits excréteurs, qui s'ouvrent, par plus de mille orifices étroits, à la surface de deux papilles situées au devant de l'anus. Ces organes fournissent ^les filamens élas- tiques et visqueux dont se composent la toile proprement dite et l'enveloppe dont l'animal recouvre ses œufs ( § 336, 4° ). D'après Cadet de Vaux (2), la toile d'Araignée contient 0,4466 . de parties insolubles dans l'eau et l'alcool , 0,3320 de matière soluble dans l'eau seulement, 0,1383 de matières solubles dans l'eau et l'alcool , 0,0065 de matières solubles dans l'al- cool seulement , et 0,0766 de carbonates et d'hydrochlorates de soude et d'ammoniaque, de sels terreux et d'oxide de fer. 3° A la surface ventrale, ou à ce qu'on appelle le pied de plusieurs Mollusques bivalves ( Mytilus^ Pinna^ etc. ), se trouve un paquet de filamens capillaires, assez souvent colorés, qui porte le nom de byssus. Suivant Réaumur , Schweigger et Carus (3) , ces filamens sont produits par un suc visqueux (1) Berzelius, Traité de chimie, t. VII, p. 680. (2) John , Chemische Tabellen des Thierreichs , p. 431» (3) Traité d'anat. comparée , t, II, p. 120. i SÉCKÉTIONS COHÉRENTES. 525 sécrété dans une glande particulière ; l'animal s'en sert pour se fixer aux rochers ou au sol. Mais Heusinger (1) regarde le byssus comme une production purement épidermatique. I. Concrétions. § 811. Les dépôts terreux sont bien plus répandus que les produits filés. On les rencontre , sous la forme de cristaux ou de conglomérats , dans les vides que laissent entre elles les parties organiques. 1'^ Le microscope fait découvrir, dans les feuilles et les tiges d'un grand nombre de plantes, surtout parmi lesMonocotyié- do.ies , des cristaux transparens , acidulaires , terminés en pointe à leurs deux extrémités , qu'on désigne sous le nom de raphides. Ces cristaux on leur siège au côté extérieur des parois vasculaires. Raspail (2) en a trouvé dans le Phyfolacca decandra^ la base étiolée des Orchis^ Omithoçjalum , Narcis^ sus, Hyacinthus , sous la forme de prismes à six p^ns^ termi- nés par des pyramides à six faces, larges de 0,0|)15 ligne, longs de 0,0458, et composés de phosphate calcaire. Les tu- bercules d'Iris de Florence, la feuille de Rhubarbe et les tissus âgés de Cactus peruvianùs lui en ont offert d!autres de 0,^091 ligne de large , sur 0,1529 de long ;, composés d'ôxa- laie calcaire, et affectant la forme de prismes rectangles, terminés par une pyramide à quatre faces. On trouve des cristaux de carbonate calcaire dans les Chara. 2° Les Polypes présentent des cristaux aciculaires de silice, mêlée avec une petite quantité de matière organique. Ces cristaux sont, dans les Spongilles , d'après les observations de Raspail (3), des prismes à six pans, larges de 0,0091 hgne et longs de 0,1529, placés entre les cellules. Grant en a trouvé de semblables dans les Gorgones et les Téthyes. Nardo (4) a (1) System der Histologie , p. 244. (2j Nouveau système de chimie organique, p; 520. (3)ioc. ci*.,p. 517. (4) Heusinger, Zeitschrift fuer die organisclie PhysiJi, t. I, p. 67, 324 SÉCRÉTIONS COHERENTES. rencontré , dans l'intérieur des Alcijonium et des Cydonium^ des aiguilles analogues, contenant 0,8 de silice et 0,2 de ma tière animale. Il a remarqué aussi des globules de la même substance dans l'écorce des Cydonium , et il a cru reconnaître que ces globules étaient creux, ainsi que les aiguilles, ce qui tenait sans doute à une illusion d'optique . 3° Spallanzani a trouvé, dans V Hélix vivipara (1), de petits grains cristallins durs, répandus en grand nombre par tout le corps. Ces granulations consistaient en carbonate calcaire, et paraissaient être le superflu de la substance destinée à la formation de la coquille. On peut en dire autant des perles , qui , ainsi que la co- quille sur laquelle elles se produisent, et que la nacre, sont composées de couches alternatives de carbonate calcaire et de substance animale. Il n'est pas certain qu'on doive ranger ici le dard des Li- maçons ( § 277, 3° ) , qui est carré, à cassure terreuse , mais creux , et rempli d'un liquide gélatineux , et que des pro- longemens membraneux fixent à la surface d'une papille char- nue (2). 4° Chez les Écrevisses , après que le test a acquis de la dureté , il se produit, au voisinage de l'estomac , des concré- tions blanches, un peu rougeâtres, et en forme de disque, qu'on appelle yeux d'Écrevisse , et qui disparaissent à l'é- poque de la régénération du test (§ 617, 1% 6°). D'après Mérat- Guillot, ces concrétions sont composées de carbonate calcaire 0,60, phosphate de chaux 0,12, gélatine 0,02 , et eau 0,26 (*). 5° On trouve dans l'organe auditif des animaux vertébrés, ainsi que l'a démontré Huschke (3), un dépôt calcaire, dont l'abondance diminue à mesure que l'on s'élève dans la série (1) Mémoires sur la respiration , p. 274. (2) Heusinger, System der Histologie , p. 247. C) Dulk ( /owrwai fuer praJttische Chemie , t. lïl , p. 309) a trouvé, dans les yeux d'Ecrevisse , substances animales solubles dans l'eau 41,43, substance analogue au cartilage 4,33 , phosphate de magnésie d,30, sous- phosphate de chaux 17,30 , carbonate calcaire 63,16 et carbonate de soude 4.41; perte, 1,07. (SiFvoriep, Notizcn , t, XXXIII, p. 33. — Isis , 1833, p. 675. SÉCRÉTIONS COHÉRENTES. 02^) animale (*). Plus'^ copieux chez les Poissons que partout ail- leurs, ce dépôt y est réuni en trois masses pierreuses. Chez les Reptiles , il produit des cristaux en forme de lancette , ou elliptiques , mais très-nombreux , qui , chez 'les Oi- seaux , chez les Mammifères et surtout chez Thomme , sont plus rares et ne se rencontrent que dans le vestibule , sur sa paroi. Ces cristaux sont plongés dans un liquide blanc , lac- lescenf, composé de carbonate calcaire , avec des traces de phosphate de chaux et de substance organique. Chez les Oi- seaux , ils ont à peu près 0,0050 ligne de long , sur 0,0025 de large. Huschke les croit analogue s au cristallin , parce que leurs couches sont constituées par des fibrilles très-déliées, ayant une forme et une disposition régulières. 6° Les vésicules blanches qu'on observe aux trous inter- vertébraux , ainsi que dans les cavités crânienne et rachi- dienne des Grenouilles, contiennent, d'après Huschke, au milieu d'un liquide blanc , des cristaux semblables à ceux de l'organe auditif. Ces cristaux sont composés de carbonate cal- caire, selon Ehrenberg (1), qui assure qu'on en rencontre aussi à l'occiput des Poissons et des Chéiroptères. 7° Des concrétions propres exclusivement à l'homme sont celles de la glande pinéale, qu'on trouve à l'état normal et constamment chez l'adulte. La surface de cette glande, à l'endroit où elle s'unit avec son pédoncule, et l'intérieur même de sa cavité ou de sa substance , otTrent, pendant les premières années de la vie , une substance molle , visqueuse et jaune , qui commence à durcir vers l'âge de sept ans ( § 541 , 1° ) , et représente alors de petites granulations jaunâtres, translu- cides, les unes arrondies , les autres anguleuses , qui n'offrent pas de forme cristalline appréciable , et qui sont éparses ou réunies soit en séries , soit en petits amas. Ces concré- tions consistent en une substance analogue à celle des os. Suivant Pfaff (2) , on y trouve 0,77 de phosphate calcaire , avec (*) Comp, Breschet , Eecherches anat. et physiolog. sur l'org. de l'au- dition chez les Oiseaux , p. 13 et suiv. (1) Poggendorff , Annalen der Physik und Chemie , t. CIV, p. 468, (2) Meckel , Deutsches ArcUv , t. III , p. 169. S26 SÉROSïTÉ PLASTIQUE. un pçii de carbonate, et 0,23 (Je matière organique. John (1) dit qu elles sont composées de 0,75 de phosphate calcaire , avec des traces de magnésie, et de 0,25 de substance orga- nique (2). CHAPITRE n. Des sécrétions non cohérentes. ARTICLE I. Des sécrétions sans caractère spécial. I. Sécrétions renfermées dans le corps. A. Sécrétions interstitielles. 1. SÉROSITÉ PLASTIQUE. § 812. Un liquide plus ou moins aqueux se dépose dans le tissu cellulaire ou dans les vides que laissent entre eux les di- vers tissus organiques. 1° Le tissu cellulaire atmosphérique est constamment im- bibé d'un liquide séreux incolore, qui y adhère, de manière qu'on parvient difficilement à l'isoler, pour le soumettre à l'exaraen. Mais ce qui atteste qu'il contient de l'albumine , c'est que , d'après Bichat , quand on injecte de l'alcool ou de l'acide nitrique affaibli dans le tissu cellulaire , on trouve ensuite des flocons blanchâtres épars, phénomène qui a lieu également par l'immersion du tissu cellulaire dans l'eau bouil- lante. 2° Le même liquide existe aussi dans le tissu cellulaire parenchymateux et dans celui qui garnit, en plus ou moins grande quantité , les ^enveloppes celluleuses ( § 783 ) ; seule- ment il y présente des modifications spéciales lorsque les (1) Chemische Tabellendes Thierreichs , p. 46. (2) Burdach , ^o??i Baue des Gehirns, t. II , p. 332. SÉROSITÉ PLASTIQUE. "52^ organes eux-mêmes sont doués d'une activité plastique par- ticulière. C'est surtout dans les ganglions vasculaires sanguins que ce liquide revêt des caractères particuliers. La glande thyroïde contient un liquide , qui est blanc jau- nâtre chez les enfans , et seulement séreux chez les adultes. Lalouette croyait y avoir trouvé une liqueur bleuâtre , vis- queuse, et Fallopia une humeur oléagineuse, ce qui tenait probablement à quelque erreur d'observation. Steller dit avoir rencontré dans cet organe , chez le Manati , un liquide lactescent , sucré , et un autre blanc jaunâtre , de saveur à la fois amère et douceâtre. Il a vu également un liquide demi- transparent , blanchâtre et^ coagulable, dans l'organe des Ophidiens que Guvier croyait être la glande thyroïde (1), Le thymus renferme un liquide blanc jaunâtre et visqueux , que Lucee compare à du pus ou à du chyle , et Meckel (2) à celui que contiennent les cotylédons des Ruminans. Ce liquide est coagulable par l'alcool. Home y a vu des globules blancs avec le secours du microscope. Suivant Astley Cooper, il se sépare, comme le chyle, en une partie séreuse et en une autre fibreuse. Heusinger (3) présumait que les vésicules blanches qu'on rencontre dans la rate contiennent un liquide albumineux , parce qu'elles deviennent entièrement blanches sous l'in- fluence de l'alcool et des acides. JMuUer a vu au microscope, dans ce liquide blanc et épais comme de la bouillie , des glo- bules ayant le volume de ceux du sang (4). Le liquide que renferment les capsules surrénales est blan- châtre ou rougeâtre chez l'embryon , d'un jaune rouge ou d'un brun rouge chez l'adulte. Il se coagule par l'action de la chaleur et de l'alcool (5). Sa saveur est un peu salée (6). On (1) Treviranus, Biologie, t. IV, p. 533. (2) Manuel d'anatomie, t. III , p. 548. (3) Ueber den Bau und die Verriclitungen der MHz, p. 42. (4) Jrchiv fuer Anatomie , 1. 1 , p. 88. (5) Schmidt, Comm, de pathologiajienis , p. 30. (6) iitd., p. 50. 528 PIGMENT. ne rencontre pas l'huile liquide que Home (1) prétendait y avoir trouvée. Suivant Gmelin (2), le suc des capsules sur- rénales d'un Cheval rtait d'un roufje foncé et épais; après dix minutes d'exposition à l'air, il se séparait en un caillot rouge foncé, très-mou, paraissant contenir plus de cruor que de fibrine, et en une sérosité rouge, qui déposait encore beau- coup de cruor pendant l'espace de seize heures , après quoi elle devenait jaune , claire et coagulable par la chaleur. A l'évaporation , le caillot donnait 0,3940 , et le sérum 0,1378 de résidu sec , ayant une teinte brune. On s'est beaucoup occupé de découvrir des voies particu- lières pour tous ces liquides. Des conduits excréteurs se por- taient de la glande thyroïde à la base de la langue , selon Duvernoy; dans la trachée-artère ou le larynx, suivant La- louette , Schmidtmueller, White et Uttini ; Marchettis , CoUins et Kœnig en supposaient un de la rate à l'intestin ; Valsalva , des capsules surrénales aux testicules ou aux ovaires ; Dei- dier,,de ces mêmes organes aux reins; Billinger, du thymus » à la glande sous-maxillaire ; Murako , de cet organe aux amygdales ; Martineau , à l'œsophage et à l'estomac, et Ver- celloni, à la trachée-artère. Mais des recherches plus appro- fondies ont démontré que tous ces conduits n'existent point, et que le liquide contenu dans les ganglions vasculaires y est déposé uniquement par le fait d'une sécrétion interstitielle , afin d'être repris ensuite par les vaisseaux efférens. Saint-Hi- laire a vu des vaisseaux se porter du thymus dans les veines sous-clavières , Cooper, dans la veine jugulaire , à son union avec la veine cave , et Hoffmann , dans le tronc thoracique ; c'étaient là, sans le moindre doute, des veines ou des lympha- tiques, qui avaient résorbé le liquide interstitiel. J^ 2. PIGMEM. § 813. Au nombre des sécrétions interstitielles de l'hor^r^ie (1) Lectures on comparative anatomy, t. V, p. 262. (2) Tiedemann çt Gmelin , Recherches expérimentales sur la Ujffestion. 1. 1, p. 243. ' Ç PIGMENT. 029 se range encore une matière colorante noire , ou d'un bleu foncé , qui est déposée dans les vacuoles du tissu cellulaire. A l'exposé des propriétés de cette substance , nous joindrons un aperçu rapide des faits relatifs à la coloration d'autres corps organisés , et dont nous devons le rapprochement aux travaux surtout de Yoigt (1) , de Heusinger (2) et de Ret- zius (3). 1. C'est à la périphérie des corps organiques que se ren- contrent le plus fréquemment les substances colorantes. 1° Ainsi , il est rare d'en trouver dans le tissu cellulaire intérieur des plantes. Elles sont la plupart du temps concen- trées dans les feuilles et aux surfaces largement étalées. La plus répandue de toutes ces substances , chez les végé- taux , est la matière grenue déposée dans des cellules arron- dies , à la surface , sous la peau , quand on peut en distinguer une. Cette matière porte le nom de chlorophylle , parce qu'elle a ordinairement une teinte verte ; mais , comme elle offre aussi d'autres couleurs , la dénomination de chromule , pro- posée par De CandoUe,, mérite la préférence. La chromule^se rapproche de Thuile ou de la cire. Elle est visqueuse, fusible , insoluble dans l'eau , mais soluble dans l'alcool , l'éther et les alcalis. Le plus connu de tous les pigmens végétaux est l'indigo , ou la chromule de certaines plantes devenue bleue par la fermentation et l'addition de substances alcalines. L'indigo se compose d'environ 0,72 de carbone , 0,13 d'azote , 0,03 d'hy- drogène , et 0,12 d'oxygène. 2° Chez les animaux , la matière colorante se rencontre à la surface ou dans l'intérieur des tissus stratifiés périphéri- ques ; de sorte que tantôt elle représente une couche située entre la peau et l'épiderme , tantôt aussi , quand ces mem- branes ne sont pas distinctes l'une de l'autre , elle est con- fondue avec elles , tantôt enfin elle réside dans des dévelop- pemens particuliers des tissus stratifiés. (1) Die Farhen der organischen Kœrper. lena, 1816, in-S". (2) Uîitersuchungen ueher die anomale Kohlen-und Pigmenthildung in dem menschliclien Kœrpar. Eisenacti , 1823 ,]^in-8°. (3) Froiiep , Notizon , t. XV, p. 165. 350 PIGMENT. Les Coraux nous la présentent combinée avec des parties terreuses, dans leur cylindre corné. Chez les Oursins, les Astéries et les Ophiures, elle est éparse à la superficie dii test calcaire. Dans les Holothuries , elle forme une couche spéciale au dessous de l'épiderme. ' De même, chez les Mollusques, on la rencontre tantôt combinée avec de la substance terreuse , dans la coquille calcaire, tantôt constituant, sous l'épiderme, une couche composée de grains , comme chez les Céphalopodes. Danjs la classe des Annelides , elle est également ou con- centrée dans les soies , comme chez les Aphrodites , ou étalée en une couche cutanée grenue, comme dans la Sangsue. On l'observe , chez les Insectes, dans le test corné et dans les écailles pulvérulentes des ailes des Lépidoptères ; chez les Arachnides , sous l'épiderme ; chez les Crustacés , tantôt dans le test , tantôt au dessous de lui , constituant alors une couche particulière , qui est grasse , et qui , d'après Gœbel , se com- pose d'oxygène 0,2258, hydrogène 0,0924 , carbone 0,6818. ( Le pigment bleu des Méduses est si délicat et si intime- ment uni avec les parties, que je n'ai point pu apercevoir sa texture grenue au microscope. Chez les Céphalopodes, le pigment forme des taches jaunes et d'un violet foncé , à bords sini;ieux , qui sont situées immédiatement sous l'épiderme , et consistent en grains réunis , suivant toutes les apparences , par un tissu cellulaire élastique , car les taches peuvent s'é- tendre et se resserrer. ) (1) Dans les Poissons , la substance colorante , qui est douée d'un éclat métallique, et la plupart du temps mêlée avec des granulations noires, se trouve placée sous une membrane mince, aux deux faces des écailles. Chez les Batraciens , elle forme une couche grenue sous l'é- piderme , tandis que , dans les autres Reptiles , elle est unie d'une manière intime avec les écailles et les plaques. Les Oiseaux présentent la manière colorante non seulement formant une couche sous l'épiderme plus ou moins corné des parties dépourvues de plumes , comme le bec et les pattes , (1) Addition de R. Wagner. PIGJIËNT» ÙÔ l mais encore intimement unie avec la substance cornée dans les plumes , au dessous desquelles le mucus de Malpighi est la plupart du temps incolore. La matière colorante rouge des becs et des pattes est de nature grasse , selon Gœbel (1) ; elle se compose, dans le Pigeon, de carbone 0,6902, hydro- gène 0,0874, oxygène 0,2224; et dans l'Oie, de carbone 0^6553, hydrogène 0,0922, oxygène 0,2525. La matière colorante des plumes paraît se détacher quelquefois sous la forme de poussière , par exemple dans le Fsittacus crista- tus (2). Chez beaucoup de Mammifères , il n'y a que le pelage qui soit coloré. Dans ceux dont le poil est noir, le mucus de Mal- pighi prend part aussi à la coloration. Il en est le siège unique chez les Cétacés. 3° Les Nègres ont , au dessous de l'épiderme , qui est d'un gris noirâtre , une couche de petits grains , d'un brun noir , réunis par le mucus de Malpighi. Cette matière colorante, qui résiste avec force à la putréfaction , et que le chlore blanchit, est sécrétée continuellement par la couche vasculaire périphé- rique de la peau , ou ce qu'on appelle le corps papillaire (*). Le pied d'un Nègre , que Beddoes avait rendu blanc parle moyen du chlore liquide , redevint noir au bout de quelques jours. Une portion de peau, de laquelle Marx avait détaché le mucus de Malpighi par le moyen d'un vésicatoire , ne tarda pas à re- couvrer la couleur noire qu elle avait perdue. De même aussi les cicatrices des Nègres redeviennent noires lorsque la couche vasculaire périphérique n'a point été détruite. Il est possible que la teinte des autres races humaines tienne à une matière colorante analogue, d'un jaune brun ou d'un brun cuivreux. Chez les Blancs, le mucus de Malpighi est incolore , de sorte que la teinte du sang contenu dans la couche vasculaire pé- (1) Schweigger, Journal fuer Chemie, t. IX, p. 426. (2) Mectel , Deutsches ArcUv , t. VIII , p. 41. f ) Comparez les intéressantes recherches de Breschet sur les organes de sécrétion et d'excrétion du pigment cutané , qu'il nomme appareil chroraatogène. (Nouvelles recherches sur la structure de la peau, p. 90. ) 332 PIGMENT. riphérique perce plus ou moins , ce qui arrive même , sur di- vers points du corps , chez quelques Mammifères et Oiseaux. La matière colorante des poils paraît être une substance grasse qui , sécrétée par les vaisseaux sanguins des bulbes , pénètre la substance cornée et se combine avec elle , de ma- nière qu'elle ne paraît pas constituer une substance distincte et contenue dans des espaces particuliers. En effet , l'huile extraite par l'alcool bouillant est noire ou rouge, suivant la teinte des poils , et quand ceux-ci deviennent plus foncés pendant la vie , on voit ce changement s'opérer peu à peu de la racine vers la pointe , tandis que le grisonnement, ou la perte de la matière colorante, commence par la pointe , et se porte graduellement vers la racine (1). Si le poil de certains animaux présente des couleurs diverses sur sa longueur , par exemple des anneaux alternativement blancs et noirs, ce phé- nomène tient sans doute , ou à ce que la matière colorante s'est déposée à des époques différentes , ou à ce qu'elle s'est concentrée sur certains points et retirée des alentours. Du reste , les cheveux blancs des Albinos diffèrent des noirs, d'après Sachs (2) , en ce qu'ils donnent moins d'ammoniaque quand on les distille ou qu'on les dissout dans la potasse causti- que. A la distillation, ils fournissent un savon ammoniacal jaune pâle , au lieu d'une huile concrète jaune. Lorsqu'on les brûle , ils laissent moins de cendre ; celle-ci est moins char- gée de chaux , et ne contient pas de fer. IL La matière colorante noire de l'œil (mélanine ou pig- ment noir de l'œil) se trouve dans toutes les classes d'ani- maux où il y a des organes visuels développés. Elle est sé- crétée par un analogue du corps papillaire de la peau , c'est- à dire par la choroïde et ses prolongemens. Plongée dans une substance gélatineuse , qui représente le mucus de Malpi- ghi , elle est plus abondante à la face interne de cette mem- brane , et plus encore à la face postérieure du corps ciliaire , tandis qu'à la face antérieure de ce dernier on n'en trouve qu'entre les plis. Mais le point où elle abonde le plus est la (1) Eble , Die Lehre von den Haaren , t. II, p. 143. (2) Historia naturalis duorum leuccethiopum , p. 21. PIGMENT. 355 face postérieure de l'iris. Cette substance colorante se corn pose également do petits {grelins, dont la plupart ont, d'après Weber (1) 0,0015 ligne de diamètre , mais parmi lesquels il s'en rencontre aussi quelques uns de 0,0063 à 0,0074, de sorte qu'ils sont environ trois fois plus gros que les globules du sang, et quatre fois moins volumineux que les vésicules adipeuses. Suivant Mondini (2) , ils représentent des globules oblongs. On les dit plus gros chez les Oiseaux que chez les Mammifères , transparens chez les Oiseaux de nuit , opaques chez ceux de jour, et elliptiques tant chez les Serpens que chez les Grenouilles. (La couche pigmenteuse de la choroïde consiste en granu- lations rondes ou ovales, quelquefois un peu anguleuses, ayant 0,0025 à 0,0050 ligne de diamètre. Ces granulations sont très-serrées les unes contre les autres. Quand on les écrase, elles se réduisent en très-petits globules, dont le diamètre varie de 0,0005 à 0,0010 ligne. Les globules pa- raissent être réunis en grains par un tissu cellulaire très-dé- licat, et peut-être même aussi renfermer un noyau transpa rent ; mais , une fois qu'on les a isolés par l'écrasement , ils commencent à se mouvoir les uns vers les autres , et à manifester le mouvement mpléculaire de Brown. D'après Schultze (3) on trouve ici , chez les Oiseaux et les Mammi- fères, des corpuscules quadrangulaires , presque sphériques, qui semblent être transparens lorsqu'on les a dépouillés de la matière noire dont ils sont entourés , et qui tiennent ensemble par des saillies partant de chacun de leurs bords. J'ai observé chez tous les Mammifères ces gros grains composés d'autres plus petits. Ils avaient très-distinctement 0,020 à 0,025 ligne de diamètre dans l'œil du Triton , où les petites molécules m'ont paru être déposées autour d'un noyau transparent, comme une sorte d'écaillé ou de valve , dont je ne suis cepen- dant point parvenu à déterminer la forme. La masse transpa- (1) Anutomie des Menschen , t. I , p. 161. (2) Archives générales, t. V, p. 458, (3) SystematiscUes Lehrhuch der vsryleichenden Anatomie , p. 119. 334 PIGMENT. rente /analogue au Cristallin, serait alors le moyen d^union des molécules) (1). On peut détacher cette matière colorante de la choroïde par le lava^je avec de l'eau. D'après L. Gmelin (2) , qui l'a étu- diée sur l'œil du Bœuf et du Veau , elle est d'un brun noir, inodore et douée d'une désagréable saveur douceâtre et salée. A l'état sec , elle conduit l'électricité. Elle ne se dissout ni dans l'eau , l'éther ou l'alcool , ni dans les huiles et les acides faibles. Traitée à chaud par les alcalis , elle donne une disso- lution dans laquelle les acides font naître un précipité. L'acide sulfurique concentré la dissout , en lui faisant prendre une teinte plus foncée encore. L'acide nitrique et le chlore la blanchissent; la potasse lui rend ensuite sa couleur noire. Elle diffère d'autres substances animales en ce qu'elle n'entre pas en fusion quand on l'expose à la flamme , et ne se bour- soufle pas non plus en un charbon spongieux , mais brûle en répandant peu de vapeurs^ avec une odeur végétale , et lais- sant un charbon qui conserve encore la même forme qu'elle. Ce charbon s'élève à 0,45 , de manière qu'elle contient une très-grande quantité de carbone. D'après Hunefeld, il y au- rait 0,01 d'oxide de fer dans la mélanine sèche (3). IIL II y a certains animaux chez lesquels de la matière co- lorante se dépose au voisinage des organes respiratoires , par exemple du pigment noir dans les parois de la cavité pulmo- naire de quelques Gastéropodes. De même aussi, chez l'homme adulte , les glandes bronchiques sont noires ou d'un brun foncé , et les poumons eux-mêmes ponctués , striés où tachetés de ces couleurs. On a cru que cette coloration dé- pendait de particules charbonnées répandues dans l'atmo- sphère, et qui se seraient introduites pendant l'inspiration, et l'on a regardé les stries noires que présentent les pou- nions comme des lymphatiques conduisant les molécules noi- res aux glandes bronchiques. L'absence ordinaire de toute teinte noire dans les poumons des animaux n'est point un ar- (1) Addition de R. Wagner. (2) Schweigger, Journal der Chemie , t. X , p. 507. ^3) Fhysiologische Chemie , t. II , p. 87, PIGMENT. 335 gument qu*on puisse faire valoir à l'appui de cette hypothèse. Pearson (1) , qui l'avait admise , a remarqué la coloration en noir chez un Ane, à la suite d'une péripneumonie , et chez un Chat âgé de dix-huit ans , de sorte que la gêne de la respi- ration et les progrès de l'âge paraissent la déterminer, même chez les animaux à l'égard desquels on ne saurait démontrer qu'ils aient respiré de l'air chargé de particules charbonneuses. D'un autre côté, Becker (2) a démontré que le pigment des glandes bronchiques est contenu , non dans leurs vaisseaux lymphatiques, mais dans leur parenchyme ; de même aussi les stries noires ne ressemblent en rien à des lymphatiques allant des voies aériennes aux glandes bronchiques , et appartien- nent au parenchyme pulmonaire. Nous devons donc présumer, d'après l'analogie , que ce pigment est sécrété par les vais- seaux capillaires des poumons et des glandes bronchiques , d'autant mieux que, d'après les observations de Becker, les glandes lymphatiques de l'œsophage présentent quelquefois aussi la même teinte. Or, comme une quantité considérable de carbone se sépare continuellement du sang dans les poumons, on peut admettre qu'une portion de cette substance , non assez oxidée pour passer à l'état de gaz , se dépose tant dans les voies aériennes que dans le tissu des poumons et des glandes bronchiques. L'homme expiraîit , proportion gardée , moins d'acide carbonique que les animaux ( § 818) , il n'est pas sur- prenant qu'on trouve ce pigment pulmonaire chez lui , surtout quand il avance en âge , et l'on doit aussi en découvrir dans les crachats qu'il rend le matin, puisqu'il expire moinsd'acide carbonique pendant la nuit (§ 6U6 , 8°). D'après les recherches de Pearson (3) , cette matière colo- rante est une substance riche en carbone , qui ne se dissout et ne se décolore point non plus dans l'eau , les alcalis , l'acide nitrique et l'acide hydrochlorique , même à la chaleur de l'é- bullition. L'acide sulfurique seul la dissout , comme il fait à l'égard du charbon de bois. De même que ce dernier , elle (1) Meckel , Deutsches JrcUv , t. III , p. 262. (2) De (jlandulis thoracicis lymphaticis at^ue tliymo , p. 14. (3) Loc. cit., p. 258. 356 PIGMENT. fuse, sur du nitre fondu, en dégageant du gaz acide carbo- nique. Du reste , quand on h fait rougir , elle brûle rapide- ment , en exhalant une odeur animale , dégageant de l'eau , un peu d'huile empyreumatique , de l'acide acétique , du goz hydrogène carboné , parfois aussi des traces d'acide hydro- cyanique , et laisse une cendre rougeâtre ou blanche. IV. La rougeur de la substance grise du cerveau tient au sang contenu dans les vaisseaux ; car elle est plus foncée dans le cas de pléthore , et plus pâle dans celui d'anémie. Cepen- dant il pourrait fort bien y avoir également ici un pigment , dont l'existence [est surtout probable dans la couche gris- noirâtre du tronc cérébral ; cette couche tire sur le violet en arrière et en dedans , sur le brun en avant et en dehors. V. On trouve un pigment noir au cordon ganglionnaire des Sangsues et aux ganglions des Mollusques. Chez les Pois- sons , des couleurs analogues à celles des écailles , la plupart du temps mêlées de petits points noirs, se voient à l'arach- noïde ,au péritoine , dans le tissu cellulaire de certaines veines et au périoste de la colonne vertébrale. On remarque aussi des taches noires sur les membranes séreuses des Batraciens. Chez les Oiseaux , certains points du périoste et des mem- branes séreuses ont la même teinte que les pattes et les becs, et sont , par exemple , noirs chez les Poules noires , rouges chez les Cigognes. Les Mammifères à pelage noir , par exem- ple les bêtes bovines et ovines , présentent aussi un pigment noir à la membrane muqueuse de la bouche , du nez et des yeux. Erhenberg(l) a découvert, chez les Poissons, dans le pigment noirâtre et souvent argentin du péritoine , ainsi que dans la choroïde et l'iris , de petits cristaux pointus , qui n'é- taient point calcaires , mais consistaient en une substance par- ticulière , volatile et soluble dans les acides , l'alcool et les alcalis. VL Aux pîgmens se rattachent les substances qui, chez beaucoup d'êtres organisés inférieurs, dégagent de la lu- mière pendant la vie , non pas toujours , il est vrai , mais seu- lement dans certaines circonstances, qui sont en général assez (1) Poggendorff, Jnnaïen der Physik , t. CIV, p. 469. PIGMENT. 337 peu connues. Treviranus a traité fort au long de ces ma- tières (1). La phosphorescence s'observe, parmi les plantes , chez les Rhizomorphes qui croissent sur les bois pourris dans l'inté- rieur des mines de charbon. Elle a lieu , chez plusieurs Infu soires ; parmi les Polypes , chez les Pennatules ; parmi les Echinodermes , chez les Actinies et diverses Méduses ; parmi les Mollusques , chez les Biphores et les Pholades ; parmi les Annelides, chez les Néréides ; parmi les Crustacés, chez plu- sieurs Brauchiopodes, Isopodes et Décapodes; parmi les In- sectes , chez plusieurs Coléoptères des genres Lampyris, Ela- ter , Scarahœus et Paussus , ainsi que dans les Fulgores. La phosphorescence des Rhizomorphes cesse quelque temps après la mort ; le gaz acide carbonique la détruit ; l'azote et le vide de lamachine pneumatique la suspendent; l'air atmosphérique la rétablit, et le gaz oxygène la rend plus vive. Celle des animaux est , généralement parlant, dans le même cas. On ne peut donc guère douter qu'elle ne dépende d'une sécrétion contenant du phosphore. Des corps solides ou de l'eau, mis en contact avec des Méduses , des Néréides , des Pholades, des Scolopendres phosphorescentes, deviennent lumineux ; et si, même avec le secours du microscope , on n'aperçoit, chez les Scolopendres, aucune matière qui serve de support à la phosphorence ainsi transportée ou transmise , on en découvre une dans les Mé- duses et les Pennatules , où elle constitue une humeur épaisse et visqueuse. Mitchill a remarqué que l'eau dans laquelle des Méduses luisantes s'étaient dissoutes après leur mort, répan- dait une odeur de gaz hydrogène phosphore. La matière phos- phorescente des Taupins a son siège au thorax ; d'après Tre- viranus , elle est grenue , et ressemblé à celle du corps adi- peux. Dans les Lampyres , c'est , suivant Macaire (2) , une substance demi -transparente , d'un blanc jaunâtre, située à la face interne des trois derniers anneaux de l'abdomen , qui devient opaque et cesse de luire par la dessiccation , se coagule par l'action de la chaleur et des acides , brûle en ré- (l)jBîoZo3ie,t.V, p. 82-116. (2) Froriep, Notizen, 1. 1, p. 33. YU. %% 338 SÉROSITÉ VÉSICULAIRE. pandant l'odeur de la corne , et laisse un faible résidu ammo- niacal. Todd(l) la dit grenue et déposée au milieu d'un plexus de filamens nerveux. Garradori (2) assure qu'elle répand une odeur alliacée (*). B. Sécrétions vésicuïaires. 1. SÉROSITÉ Y£SICIIXAIK£. § 814. Une sécrétion de sucs aqueux dans des vésicules réellement closes , ou une sécrétion de sérosité vésiculaire , a lieu manifestement dans quelques plantes. Ainsi les racines et les branches submergées des Utriculaires présentent des poches pleines d'un liquide qui disparaît à l'époque de la floraison et fait place à de l'air. L'extrémité des feuilles du Nepenthes porte un godet contenant une à deux onces d'eau claire et potable , qui se reproduit surtout pendant la nuit. Les feuilles du Sarracenia sont elles-mêmes des réservoirs de ce genre , tandis que , dans le Cephalotus , les feuilles sont accompagnées de cylindres creux aquifères (3). Mais c'est dans les organismes animaux que la sécrétion séreuse s'observe surtout. I. Les parties dans lesquelles elle a lieu de la manière la plus pure et la plus énergique sont les vésicules séreuses si- tuées entre les diverses parties et les parois d'organes senso- riels (§782, 20°), ou d'organes centraux de la sensibilité (§ 782, 21°), comme aus=i entre des organes plastiques et les parois de cavités ( § 782 , 22° ). La face interne de ces vésicules est toujours lisse et humide , et quand on l'essuie , sur un ani- mal vivant , elle ne tarde pas à se couvrir de nouvelle humi- dité. Comme on voit une vapeur s'élever de ces membranes dans les vivisections , et chez les animaux mis à mort par les bouchers , surtout quand le temps est froid , comme il reste , (d) Ibid., t. XV, p. 4. (2) Poggendorff, Annalen der Physik , t. I, p. 205. C) Consultez, sur la phosplioresceuce îles Lampyres, CaxxiiS ^ Analéhkn ur Naturwissenschaft und Heilliunde , p. 169. (3) Agardh, AUgemeine Biologie der Pflwiseni p, 166, .> SÉROSITÉ VÉSICULAIRE. SSq entre'les parois opposées de l'arachnoïde, de la plèvre, du pé ricarde , du péritoine et de la tunique vaginale , des vides qui ne sont pas remplis de liquide , comme enfin ce dernier est plus abondant après la mort que chez les animaux vivans , on admet que la sécrétion séreuse est en partie vaporeuse, à l'instar de l'exhalation qui s'opère à la peau et dans les poumons. De même que le sang a plus d'expansion pendant la vie qu'après la mort (§ 690) , de même aussi les liquides séreux exhala- toires occuperaient alors plus de place , ce qui expliquerait en partie les phénomènes de la turgescence vitale (§762, 3°, 4°). Berzelius rejette toute idée de forme vaporeuse , disant que c'est une vue contraire aux lois de la physique et de la chimie, et qui ne pouvait tenir qu'à ce que la théorie de la tension des liquides n'était point développée à l'époque où elle s'intro- duisit en physiologie (d) : mais cette objection n'a point de valeur , car on ne prétend pas que la vapeur intérieure , dont la force expansive peut être évaluée à une colonne de mer- cure de 1,85 pouce, fasse équilibre à la pression atmosphérique, qui équivaut à une colonne de trente pouces , mais seulement qu'elle remplit les espaces demeurés vides entre les parties solides. Magendie s'est convaincu, en pratiquant des vivi- sections , que , dans l'état normal , il existe , pendant la vie , à la surface extérieure de la moelle épinière et du cerveau , ainsi que dans les ventricules de ce dernier , un liquide sécrété parles vaisseaux situés au dessous de l'arachnoïde [liquor cephalo-rachidicus ) , et dont il estime la quantité depuis deux jusqu'à cinq onces chez l'homme adulte. Avant lui les opinions étaient partagées relativement à l'existence d'un Hquide dans les ventricules du cerveau (2), dans le péricarde, etc., chez les personnes en santé ; des observations multipliées ont appris que la présence de ce liquide est normale , mais que sa quantité varie beaucoup , que tantôt il y en a seulement ce qui est né- cessaire pour humecter la surface de la membrane muqueuse, tantôt , au contraire , on peut le mesurer , que par exemple , dans le péricarde , il s'élève d'un gros à une demi-once , et (1) Traité de chimie , t. VU , p. 140. (2) Buidach , Fom Bme des Gehirns, t, II, p. 264i 34o SÉROSITÉ VÉSICCtAIRE. qu'il s'accumule bien davantage encore dans certains états mor- bides. Nous n'avons aucun moyen de déterminer combien il se sécrète de sérosité pendant un laps de temps donné , toutes les circonstances étant d'ailleurs normales. L'expérience dé- montre que cette sécrétion marche d'une manière très-rapide quand l'activité plastique est mise enjeu par une blessure, ou dans quelques maladies particulières. On a vu cinq à six livres de sérosité s'écouler journellement d'une plaie pénétrante à l'abdomen (1) , et peu de temps suffit souvent pour que l'eau dont on débarrasse un ascitique, à l'aide de la ponction , se reproduise. Les chambres de l'œil d'un Chien ayant été vidées, il s'y rassembla vingt-trois grains d'humeur aqueuse dans l'es- pace de douze minutes (2). On a vu des cas dans lesquels la surface blessée du cerveau laissait suinter continuellement de l'eau (3). Chez des enfans atteints d'hydrocéphale, dont la sé- rosité avait été évacuée avec le trois-quarts, il s'en était repro- duit plus de dix onces en deux ou trois jours. Lizzars, qui, dans l'espace de trois mois , avait retiré peu à peu soixante- seize onces de sérositéde la tête d'un enfant de quatre mois , en trouva encore trois livres dans le crâne après la mort. Outre les liquides des vésicules séreuses, il faut encore ran- ger ici celle des vésicules ovariennes (§ 66)^ qui est le milieu dans lequel se forme le germe d'un œuf. La forte tendance de ces vésicules à produire de la sérosité se manifeste par les énormes congestions de liquides qu'on rencontre fréquem ment dans les ovaires qui sont devenus malades et ont perdu la faculté de former des germes d'œufs. 1° La sérosité vésiculaire est claire comme de l'eau ; lors- qu'elle abonde en principes solides , on y découvre , au mi- croscope , des grumeaux extrêmement petits , que Krimer a trouvés , dans l'humeur du labyrinthe , beaucoup plus petits que les globules du sang, réunis en groupes, et formant des couches inégales (4), D'après Donné , ils sont presque aussi nombreux dans l'humeur aqueuse de l'œil que les globules (1) Hallev, Elément. pJiysiolog.,t. VI , p. 344. (2) iiic?., t. m, p. 172. (3) Buidach', loc. cit., t. III, p. 9. (4) Physiologisch0 Untersuchxmgen , p. 260. , SÉROSITÉ VÉSICCLAIRE. 34 I dans le san^ , mais ils ont tout au plus la moitié de leur vo- lume, et sont transparens, de manière qu'on ne les aperçoit au microscope qu'avec le secours de la lumière artificielle. La sérosité vésiculaire a une pesanteur spécifique de 1006 à 1024. Sa saveur est très-faiblement salée. Quand on y verse des acides, ou qu'on la fait bouillir long-temps, elle donne des flocons d'albumine coagulée. A l'évaporation , elle laisse un résidu composé d'osmazome , de matière salivaire et de sels. Lassaigne a analysé la sérosité amassée dans le. cerveau et la moelle épinière après ] une arachnoïdite chronique et chez deux malades atteints de maladie mentale (1); Mar- cet (2), Bostock (3) , Barruel (4) , Haldat (5) , et Berzelius (6) , celle de l'hydrocéphale ; Marcet et Bostock , celle que ren- ferme la moelle épinière dans le [cas de spina-bifida. L'hu- meur aqueuse et l'humeur vitrée de l'œil ont été analysées par Berzelius (7). Krimer a trouvé de l'albumine et de l'acide carbonique libre dans le liquide du labyrinthe (8). La sérosité de l'hydrolhorax a été examinée par Marcet, celle del'hydro- péricarde par le même , par Bostock dans deux cas , et par Winkler (9), celle de l'ascite par Marcet, Bostock, Brandis (10), Winkler(ll), Schweinsberg , Coldefy-Dorly , Granville et Dublanc , celle de l'hydropisie ovarienne par Marcet et Léo (12), celle enfin de l'hydrocèle par Marcet, Bostock et Wa- gner (13). Les résultats de ces différentes recherches sont réunis (1) Journal de chimie médicale , 1. 1, cah. VI , p. 229 ; t. IV, p. 269. (2) Sctiweigger, Journal fuer Chemie , t. XVII , p. 28. (3) iJic^., t. XXIII, p. 407. (4) Journal de Magendie , 1. 1 , p. 95. (5) Meckel , Deutsclies ArcJiiv , t. VII , p. 59. (6) Traité de chimie , t. VU , p. J 4J . (7) Loc. cit., p. 453 , 459. (8) Physiologische Untersucliumjen , p. 256, (9) Gmelin , Handhucli der theoretischen Chemie , t. II , p. 4390. (10) Schweigger, Journal fuer Chemie, t. XXXI, p. 462. 01) Gmelin, Zoc. cit., t. II , p. 1391. (12) Kastner, Archiv fuer die gesammte Naturlehre , t. VIII , p. 303. (13) Medicinische Jahrbuecher des œsterreichischen Staates , t, XIV, p. 242. 542 SÉROSITÉ VÉSICULAIRE. dans la table suivante , où la quantité des principes constituans est exprimée en cent-millièmes ; les parenthèses indiquent qu'une substance est contenue en tout ou en partie dans la quantité énoncée d'une autre substance. Dans le cerpeûM/ arachnoidite chronique. Lassaigne Dans la moelle épinière du même sujet. Lassaigne Dans le cervetiu d'un aliéné. Lassaigne. . Dans la moelle épinière d'un aliéné. Las- saigne Dans le cerveau • hydrocéphale. Marcet. . Idem -BosTOCK. Idem Barruel. Idem Haldat., Dans la moelle épinière^ spina-bifida. Mar- cet Idem BosTOCK. /r«me«r o^Meuie de l'œil. Beezelius.. . , ffumeur vitrée Beezelius. . . Dans la poitrine ; hydrothorax. Mabcet . Dans le /je'ri'canie j'hydropéricarde.MAKCET. Idem Beezelius. Idem BosTOCK.. Idem. . . I BoSTOCK. Dans \'abdom.en , ascile. Marcet Idem BosTocK Idem Brandis Idem WiNKLER Idem Schweinsberg. . Idem CoLDEFÎ-DoRLY, Idem Granville. . . Idem DuBLANC Dans rocaire," hydropisie. Marcet Idem Léo Dans la tunique vaginale , hydrocèle. Mar- cet Idem „ Winkler. Idem , BosTOCK, Idem Wagner. Idem ; syphilis Wagner. 10086 10082 10067 10066 ioo53 I0I2I 10143 10146 ior3o ioi5o 1024 10240 10200 98750 98000 98733 98564 99080 98600 99000 96500 97800 98100 98400 9-340 96700 95000 92000 96597 90030 93750 95521 93i3o 9463o 94430 90000 70380 97980 y85l7 92000 91250 93.074 95439 > 0 f P» 3- p 0 s 1 1 g 800 trac. 35o iBoo trac 600 47 444 713 88 4^4 801 traces 1 12 664 120 Quoique la proportion des parties constituantes organi- ques les unes à l'égard des autres soit très-variable, cependant il paraît que, généralement parlant, la sérosité de l'œil, puis celles du cerveau et de la moelle épinière , sont les liquides qui contiennent le moins d'albumine , eu égard aux autres matériaux, et la sérosité de la cavité abdominale , celle dans laquelle cette substance prédomine le plus. Après elle viennent l'osmazome et la matière salivaire.La graisse est rare et toujours peu abondante. Le mucus, que Marcet, HaldatetGranvillein- (1) Bm-dach , Vom Baue des GeMrns , t. Il, p. 264. (2) Journal de Magendie , t. YII, p. 76. } (3) Handbuch der tlieoretischen Cheinie , t. II, p. 1390. (4) Journal de chimie médicale , t. XIV, p. 303. 344 SÉROSITÉ VÉSICULAIRE. diquent, peut fort bien avoir été de la matière salivaire, comme il est possible que la gélatine énoncée par Haldat, Dublanc et Winklerait été un mélange de matière salivaire etd'osmazome. Goldef y-Dorly parle encore d'une matière sucrée , et Wagner signale , dans le premier cas , de la cholestérine ; mais l'une et l'autre doivent être considérées comme anormales. Berze- lius a trouvé , dans l'humeur aqueuse de l'œil , 0,0075 , dans l'humeur vitrée 0,0002 de matière salivaire , et dans toutes deux des traces d'osmazome. La sérosité cérébrale lui a of- fert, au contraire, 0,00232 d'osmazome, et seulement 0,00026 de matière salivaire. Barruel y a trouvé 0,00050, Lassaigne, 0,00444, et dans la sérosité rachidienne 0,00447 d'osmazome, sans matière salivaire. Suivant Winkler, l'humeur séreuse du péricarde contenait 0,00972 d'osmazome , avec une trace de graisse, et 0,00139 de gélatine. Il a rencontré dans la sé- rosité du péritoine 0,00630 d'osmazome et 0,00160 de géla- tine ; Brandis, 0,00261 d'osmazome et 0,00234 de matière salivaire, avec des sels; Schweinsberg 0,00100 de graisse, 0,00570 d'osmazome et 0,00310 de matière salivaire^ avec des sels. La sérosité de l'hydrocèle a fourni à Wagner, dans le premier cas, 0,00203 de cholestérine, et dans le second 0,00052 de graisse ; dans le premier 0,00125 et dans le se- cond 0,00124 d'osmazome; dans le premier 0,00315 et dans l'autre 0,02230 de matière salivaire. D'après cela, l'osmazome paraît prédominer surtout dans le cerveau , moins dans le cœur, et moins encore dans la cavité abdominale ; la matière salivaire , au contraire , dans l'œil surtout , puis dans la tu- nique vaginale. La sérosité de l'hydropisie ovarienne a pré- senté une matière particulière , qui a de l'analogie avec la gelée de corne de cerf au moment d'entrer en fusion ; elle ne contient ni gélatine ni albumine , d'après Berzelius (1), tandis que Lassaigne y indique de l'albumine, avec un peu de graisse solide. 4° Les sels s'élèvent, terme moyen, à près de 0,00800. Les chlorures ont généralement la prédominance , surtout dans l'œil , le cerveau et la moelle épiaière , moins dans le péri- (1) Traité de chimie , t. VII, p. 638.; SÉROSITÉ VÉSICUtAiRE. 545 carde ; dans la cavité abdominale, ils ont le dessous. Avec eux, on trouve du carbonate , du phosphate et du lactate de soude, rarement des traces de sulfate de soude ou de potasse. Il ne pa- raît point y avoir de sels terreux dans les humeurs de l'œil. La sérosité cérébrale contient du phosphate calcaire , et de plus, d'après Marcel , du phosphate de magnésie et du fer, en tout 0,00020. Du chlorure de calcium a été trouvé^ en outre, par Winkler et Schweinsbergv, dans le liquide de la cavité abdo- minale, et par Léo dans celui de l'ovaire. C'est sans doute à un commencement de décomposition qu'il faut attribuer que Coldefy-Dorly ait rencontré des traces de soufre et d'acide hydrocyanique , Schweinsberg et Dublanc des vestiges d'am- moniaque, dans le liquide de la cavité abdominale. IL Le liquide contenu dans les vésicules synoviales ( §782, 15° ), ou la synovie, offre des modifications diverses. Celui des bourses muqueuses en présente lui-même. Dans les petites bourses , il ressemble à de la sérosité ordinaire , étant clair comme de l'eau, et contenant peu d'albumine, de manière que les acides et l'alcool n'y produisent qu'un léger nuage. Dans les grandes, il est plus visqueux, d'un jaune rou- geâtre , et forme un nuage dans l'eau bouillante , de même que quand on y ajoute des acides ou de l'alcool (1). La synovie des articulations est limpide, d'un jaunâtre pâle, tirant un peu sur le rouge, visqueuse et filante entre les doigts. Margueron a trouvé dans celle du Bœuf 0,8046 d'eau ; 0,1186 d'une substance fibreuse particulière , qui se séparait d'elle- même, se précipitait, par l'acide acétique ou l'acide sul furique étendu, en filamens blancs, analogues au gluten végétal pour l'odeur , lasaveur et l'élasticité , et solubles dans l'eau froide, communiquait sa consistance visqueuse à la synovie , et parais- sait être une modification de l'albumine ; 0, 0452 d'albumine, que l'alcool précipitait; 0,0175 de chlorure de sodium , 0,0071 de carbonate de soude, et 0,0070 de phosphate de chaux. Vauquelin atrouvé, chez l'Éléphant, outre l'albumine constituant la plus grande partie de la synovie, une substance organique spéciale , non précipitable par la chaleur ou les acides, mais précipitable (1) Monro , Beschreibung der Schleimswcke , p. 4.4. 346 GRAISSE." par le tannin, plus ân'carbonate de soucie, du chlorure de so- dium, du chlorure de potassium, et probablement du phosphate calcaire. John (1) a reconnu que la synovie du Cheval avait une pesanteur spécifique de 1029, qu'elle verdissait les couleurs bleues végétales , et qu'elle contenait 0,928 d'eau , 0,064 d'albumine et 0,008 de matière extractive, avec des hydro- chlorate , phosphate et carbonate de soude et du phosphate calcaire. Lassaigne et Boissel (2) ont trouvé que la synovie de l'homme réagissait à la manière des alcalis , et qu'elle contenait de l'albumine, une matière extractive, de la graisse, de la soude , du chlorure de potassium , du chlorure de so- dium, du carbonate et du phosphate de chaux. Bostock (3) en a obtenu de l'albumine , en partie liquide , en partie demi- coagulée, de la matière extractive et des sels. Gendrin s'est montré trop hardi (4) en concluant des observations de Margueron que la synovie contient de la fibrine dissoute à la faveur d'un excès de soude , et Berzelius (5) a été également trop loin en disant que Margueron a opéré , non sur de la synovie , mais sur de la lymphe. 2. GRAISSE. § 815. La sécrétion vésiculaire carbonée estcelledela graisse. La graisse se trouve renfermée, par gouttelettes isolées, dans des vésicules closes et pourvuesde vaisseauxsanguins (§782, 3°), par la face intérieure desquelles elle est manifestement sé- crétée. Malpighi présuma pendant quelque temps qu'elle se produisait dans des glandes spéciales , et qu'elle était en- levée par des canaux particuliers ; mais plus tard il abandonna cette opinion, qui cependant a été reprise depuis par divers auteurs, notamment par Riegels (6), suivant la théorie duquel (1) Meckel, Deutsches Archiv , t. I , p. 509. (2) Gmelin , Handbuch der theoretischen Chemie , t. II , p. 1388. (3) Meckel , Deutsches Archiv, t. IV, p. 607. (4) Hist. anatoni. des inflammations, t. II, p. 499. (5) Traité de chimie, t. VII, p. 490. (6) De usu (jlandularum suprarenalium. Copenhague, 1790, in-S», GRAISSE. 347 la graisse des reins est sécrétée pai* les capsules surrénales, dont les conduits excréteurs ne peuvent être injectés après la mort par l'unique raison, suivant lui, que de la graisse concrète les obstrue alors. I. Chez l'homme , on trouve de la graisse d'abord sous la peau , oii elle forme communément une couche interrompue sur un très-petit nombre de points, et qu'on nomme pannicule adipeux. Cette couche s'étend d'un côté dans les mailles de la peau, de l'autre entre les muscles et leurs faisceaux. Il y en a toujours autour des muscles de l'œil , au bout des doigts, aux fesses, au mont de Vénus et à la plante des pieds. Elle s'amasse souvent en quantité considérable sur les grands muscles, tels que ceux de la poitrine, du dos et du siège. Plus rare sur les muscles minces et les tendons , par exemple au cou, sur le peaucier et au cuir chevelu, elle manque lorsqu'il n'y a point de muscles sous-cutanés, par exemple aux paupières, aux cartilages de l'oreille , au scrotum , au pénis , au côté su- périeur des articulations et sur la ligne médiane du corps. On en trouve dans les os , surtout ceux de forme cylindrique, où elle prend le nom de moelle. Elle se rencontre aussi au côté externe des portions réfléchies des membranes séreuses , et abonde surtout à celles du péritoine, le mésentère et l'épi- ploon, où elle se dépose de préférence le long des vaisseaux , et produit les appendices épiploïques du gros intestin. On en rencontre au médiastin et au cœur. Il y en a également aux cap- sules synoviales, où elle fait saillie dans la cavité , sous la forme de masses rougeâtres et de prolongemens coniques et fran- gés. L'arachnoïde et la tunique vaginale en sont dépourvues. On en voit enfin aux alentours de quelques organes plastiques, notamment les reins , puis la vessie et le rectum , les glandes salivaires et mammaires. Tandis qu'elle s'enfonce en partie entre les lobules de ces dernières glandes, elle manque en- tièrement dans le tissu cellulaire parenchymateux des autres organes. Chez un homme d'un embonpoint médiocre , elle fait environ le vingtième du corps entier, selon Béclard. 1° Elle est plus ou moins jaunâtre , plus pâle pendant l'en- fance , plus foncée en couleur dans l'âge avancé , onctueuse au toucher, demi-fluide durant la vie , solide après la mort „ 348 GRAISSE." liquide quand la putréfaction commence à s'établir. Elle se solidifie quand la température tombe à quatorze degrés du thermomètre de Réaumur (1). Elle a peu d'odeur et de sa- veur. Sa pesanteur spécifique est d'environ 903. 2° L'eau ne la dissout point. Elle se dissout fort peu à froid, mais en totalité à la chaleur de l'ébuUition , dans l'alcool et l'éther. Le soufre et le phosphore se combinent avec elle. A une forte chaleur, elle brûle avec une flamme claire , donne de l'eau , de l'huile empyreumatique , du gaz hydrogène car- boné , de l'acide carbonique , de l'acide acétique , des acides gras , et laisse un charbon poreux , difficile à incinérer. Il est d'autres circonstances encore où elle se convertit en acides gras; l'action prolongée de l'air atmosphérique suffit pour cela , puisqu'elle la fait passer au rance ; mais la plus puis- sante est celle des alcahs caustiques , de quelques terres et de certains oxides métaUiques , qui, en se combinant avec les acides produits , donnent lieu à des composés salins, qu'on appelle savons. 3° La graisse peut être partagée en deux substances grasses différentes. Quand on l'a dissoute dans l'alcool bouillant , le refroidissement fait séparer une matière solide , nommée stéarine , qui commence à se solidifier au trente-troisième degré de l'échelle réaumurienne , et n'entre en fusion qu'au quarantième. Si, ensuite, on fait évaporer l'alcool, il reste l'élaïne, que ce menstrue avait retenue dissoute, qui conserve encore sa liquidité à trois degrés au dessous de zéro , et qui ne prendla forme solide qu'à une température plus basse. La stéarine paraît contenir moins d'oxygène que l'élaïne. Ces deux substances sont incolores par elles-mêmes ; mais l'eau en extrait une matière colorante. Par la saponification, elles don- nent des acides particuliers , l'acide stéarique , qui est inodore et insipide , et l'acide oléique , qui a une odeur et une saveur de rance -, l'acide margarique paraît n'être qu'un mélange de ces deux acides, ou une modification du stéarique. Il se pro- duit aussi , en même temps que ces acides se forment , un (4) Jansen , Pinguedinis animalis consideratio physiologica et patho- logica, p. 5. GRAISSE. 549 autre acide particulier, que l'on considère comme le principe odorant de la graisse , et , dans l'eau mère du savon , il reste une substance combustible et sucrée , à laquelle on donne le nom de glycérine. Les principes constituans de la graisse humaine sont, d'a- près Chevreul, 0,79000 de carbone , 0,11416 d'hydrogène, et 0,09584 d'oxygène. Saussure et Bérard y admettent de plus environ 0,003 d'azote. 4° Mais la graisse n'est point la même dans les différentes régions du corps. Dans l'orbite , au cœur, à l'épiploon et au- tour des membranes synoviales , elle est plus liquide que partout ailleurs. Celle du tissu cellulaire des mollets conserve encore sa hquidité à douze degrés du thermomètre de Réaur mur, suivant Berzelius (1). La graisse la plus ferme est celle qui entoure les reins ; elle a , en outre, une teinte plus pâle, et porte moins d'odeur que toutes les autres. La moelle , qui ne diffère pas essentiellement de la graisse du tissu cellulaire ordinaire , et qui augmente ou diminue aussi dans la même proportion que cette dernière, est plus huileuse dans les os longs que dans les autres ; elle y a une teinte jaune pâle et une certaine transparence; dans les cellules étroites, notam- ment celles des os courts, elle est plus rouge et séreuse , de manière que Berzelius n'a même point trouvé de graisse du tout dans le liquide provenant d'un corps de vertèbre (2). IL Quant à ce qui concerne les animaux , 1° Les Cétacés , les Amphibies et les Pachydermes sont , parmi les Mammifères , ceux qui ont le plus de graisse sous la peau , et les espèces hybernantes , celles qui en recèlent le plus dans leur épiploon. La graisse la plus ferme , celle qui porte le nom de suif , se trouve chez les Ruminans : ainsi , le suif de Bœuf se fige à trente degrés du thermomètre de Réaumur, et contient, d'après Braconnot, 0,7 de stéarine, avec 0^3 d'élaine ; la moelle des bêtes bovines se fait égale- ment remarquer par sa consistance. Les animaux de proie et les Cochons ont une graisse plus fluide , qu'on nomme sain- (1) Traité de chimie , t. VII , p. 529. (2) Iraité de chimie , t. YXI , p. 486. 55o GRAISSE. doux, et qui ressemble à celle de l'homme, sous le point de vue de la consistance. Le saindoux de Cochon ne se fige qu'à vingt-cinq degrés ; il contient seulement 0,38 de stéarine et 0,62 d'élaïne. La graisse la plus liquide , qui ne se fige point à la température ordinaire , se rencontre chez les Cétacés , qui néanmoins ont en même temps , dans le crâne , une graisse solide , la céline, dont la fusion n'a lieu qu'à trente-cinq de- grés. 6<* Parmi les Oiseaux , ceux qui vivent de matières animales et volent haut ont moins de graisse que les autres ; la graisse des Oiseaux aquatiques est la plus liquide et la plus riche en élaïne. 7° Les Reptiles ont peu de graisse. Ceux chez lesquels Oïi en rencontre le plus , sont les Serpens , et , pour la plupart d'entre eux , avant qu'ils s'engourdissent : elle est contenue presque tout entière dans la cavité abdominale , et on en voit peu sous la peau. Les Batraciens en sont totalement dépourvus sous leurs tégumens , et n'en ont que dans le ventre , notam- ment avant le sommeil d'hiver, 8° Chez les Poissons , elle est très-blanche et coulante , déposée dans plusieurs plis du péritoine et autour des ap- pendices pyloriques , mais en général répandue la plupart du temps dans le corps entier, même dans le crâne , où elle est un peu plus ferme. D'après Blumenbach , les Raies et le Ca- bliau n'ont presque point de graisse , si ce n'est dans le foie. 9° Parmi les animaux sans vertèbres , les Insectes et les Arachnides ont , à leur canal intestinal , dans ce qu'on appelle le corps adipeux , un mélange blanc et lactescent de graisse et d'un hquide albumineux. On trouve également de la graisse chez les Crustacés et les Mollusques. Il y en a moins chez les Annelides. Les Polypes et les Radiaires en sont dépourvus. 10° Les huiles grasses des végétaux ressemblent parfaite- ment à la graisse , quant aux pi^opriélés essentielles. Elles se composent aussi de stéarine etd'éhiine. On les trouve pures ou mêlées avec d'autres substances , dans des cellules de forme arrondie. Elles abondent surtout dans les organes qui doivent servir d'embryotrophe , l'endosperme et les cotylédons : elles sont plus rares dans les péricarpes. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELIES VAPOREUSES. 55 1 11« En sa qualité d'embryotrophe animal, le jaune a de l'analogie avec les huiles végétales. Sécrété par les vésicules de Tovaire, après le liquide séreux , il est d'abord albumi- neux , mais devient peu à peu une combinaison émulsive et lactiforme de graisse et d'albumine (§65, 340, 1°). II. Sécrétions qui se répandent à la surface du corps. § 816. Les sécrétions superficielles se partagent en volatiles et/ixes. A. Sécrétions superficielles volatiles. ] Les sécrétions superficielles volatiles , vapeurs et'gaz , sont presque entièrement élémentaires , ou identiques avec les substances organiques simples. Mais , si nous n'avons pas à signaler en elles des qualités particulières, leur proportion n'est point sans intérêt , attendu que nous pouvons la déter- miner d'une manière plus précise que celle des autres sécré- tions. I 1. SÉCRÉTIONS VAPOREUSES. Tous les corps organiques perdent continuellement de leur poids , sans néanmoins éprouver de déchet apparent , lorsqu'ils ne prennent point de nourriture; il doit donc s'échapper d'eux des substances volatiles, qui passent dans l'atmosphère. Mais le corps organique absorbe autant de gaz qu'il en exhale ; sa diminution de poids ne peut donc dépendre que de l'évapo- ration de son eau. Cette vaporisation d'eau , qu'on a nommée transpiration insensible , parce qu'ordinairement les vapeurs ne frappent point le sens de la vue , a lieu dans tout le règne organique. I. Lorsqu'on couvre des plantes d'une cloche de verre , des gouttes d'eau se déposent sur la paroi de cette dernière. Les végétaux perdent aussi de leur poids dès qu'ils commencent à absorber moins d'eau, et , quoique la rosée en général soit due à une précipitation de l'humidité atmosphérique ,"Jes 552 SÉCRÉTIONS SUPERFICIEItES VAPOREUSES. gouttes que Ton remarque , au lever du soleil , sur les feuilles , par exemple des Graminées , paraissent être en partie de l'eau exhalée , qui n'a pas pu se dissoudre dans l'atmosphère fraî- che et chargée de vapeurs. Les réservoirs de liquides aqueux, dont sont pourvues certaines plantes (§ 814), épanchent de temps en temps leur contenu , et Murray (1) confirme ce qui avait été dit de l'existence, dans les contrées tropicales, d'arbres ( Cœsalpinia phiviosa ) dont les feuilles laissent dégoutter de l'eau , même quand il n'a pas plu depuis plu- sieurs mois. 1° En général, la quantité de l'eau qui s'évapore est très- considérable, attendu que les plantes n'ont presque pas d'autre voie pour se débarrasser de leurs matières excrémentitielles. Elle est plus abondante sur les points où existent des stomates, c'est-à-dire surtout aux feuilles, et particulièrement, comme l'a fait voir L.-G. Treviranus (2) , à leur face inférieure , où ces sortes d'organes sont en plus grand nombre. Si l'on met une feuille sur l'eau , la page inférieure touchant au liquide , elle demeure fraîche plus long-temps , parce que son exha- lation se trouve diminuée. Les plantes aquatiques ne présen- tent de stomates qu'à la page supérieure de leurs feuilles étalées sur l'eau, et celles de leurs feuilles qui sont submer- gées n'en ont point du tout. Mais ces ouvertures aboutissent toujours à des espaces contenant de l'air, sur les parois des- quels s'opère l'exhalation aqueuse. D'après Haies, un He- ïianthus annuus , dont la tige et les- feuilles présentaient une surface de cinq mille six cent seize pouces carrés , transpira en douze heures de jour vingt onces ou trente-quatre pouces cubes d'eau. Dans le même laps de temps, et sur une surface de même développement , la transpiration fut de 0,0116 pouce cube pour un Chou pommé, de 0,0052 pour un pied de Vigne, de 0,0048 pour un Pommier, de 0,0041 pour un Citronnier. Un Poirier, pesant soixante et onze livres huit onces , exhala en dix heures quinze livres et huit onces, par conséquent 0,216 de (1) Froriep, Notizen , t. XXX , p. 209. (2) F^ermischte Schriflen, t. I , p, 174, SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. 55d son poids. Burnett (1) prit une'feuille de Soleil pesant trente et un grains, et la plongea dans de Teau , qu'il avait couverte d'une couche d'huile, pour empêcher l'évaporation : en quatre heu- res, à ce qu'il assure, l'eau diminua de vingt-cinq grains , mais la feuille n'augmenta que de quatre et demi ; de sorte qu'il s'en était évaporé vingt et demi. D'après Schubler, la quantité de l'exhalation est moins déterminée par celle d'eau contenue dans la plante , que par l'âge de celle-ci , sa force de végétation , sa délicatesse et ses autres particularités ; les plantes à feuilles grêles, molles, pleines de suc, transpirent beaucoup ; les feuilles des arbres de nos forêts exhalent en vingt-quatre heures la moitié de leur poids , et une prairie fournit souvent deux fois plus de vapeur qu'une surface d'eau de même étendue qu'elle ; les feuilles coriaces , par exemple celles des Conifères , contiennent autant et parfois même plus d'eau que celles qui sont molles , et cependant elles transpirent moins ; les feuilles épaisses et charnues des plantes grasses le cèdent également aux feuilles minces, sous ce rapport, malgré la grande quantité d'eau qui imprègne leur tissu. Quand il n'y a point de stomates , l'exhalation se fait par toute la sur- face indistinctement, et même avec beaucoup de rapidité, dans les plantes phanérogames et cryptogames qui vivent sous l'eau , lorsqu'on les tire de leur élément , pour les exposer à l'air ; elle s'opère lentement , au contraire , dans les Fucus , les Mousses , les Lichens, ainsi que dans les pétales , les fruits charnus et les tubercules. 2" Le liquide transpiré est de l'eau chargée d'un peu de substance végétale. Il a , surtout quand on l'a conservé pen- dant quelque temps , la saveur et même l'odeur de la plante , et il est susceptible de subir la putréfaction. Senebier a trouvé , dans le liquide exhalé par un pied de Vigne, 0,00046 d'une substance analogue à la gomme et à la résine, avec du carbonate et du sulfate de chaux. En outre, certaines plantes, par exemple le Chanvre, le Tabac , le Sumac , l'Upas , exhalent des vapeurs acres et narcotiques. Le Chenopodium vulvaria dégage de i'amnio- (1) Froiiep ,NoUsçn> t. XXïX, p. ,291. VII. â3 554 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES* Iliaque , d'après Chevallier ; le Bictamnus alhus , selon Saus- sure , une huile volatile , dont la vapeur prend feu à l'ap- proche d'une bougie allumée , etc. IL Une exhalation aqueuse a lieu chez tous les animaux. Les parois d'une cloche sous laquelle on met un animal se couvrent de gouttes d'eau au bout de quelque temps, phé- nomène que Spallanzani (1) a observé sur des Limaçons, Rengger (2) et Treviranus (3) sur des Insectes. On reconnaît aussi cette exhalation à la perte continuelle de poids qu'é- prouve un animal qui ne prend point de nourriture , comme il arrive à ceux qui s'engourdissent pendant l'hiver ( § 612, 6"), et, quand un homme reste assis tranquillement sur une ba- lance très-sensible , on remarque qu'à chaque minute il de- vient plus léger, sans avoir aucune évacuation visible. 3° Plusieurs physiologistes ont observé la quantité de leur transpiration journalière. Pour cela , ils se sont pesés de temps en temps , avec l'attention de déduire le poids tant des ah- mens et boissons qu'ils prenaient, que des excrémens et urines qu'ils rendaient , mais surtout en ayant égard à l'influence du moment de la journée (§ 606, 5°) et à l'époque de l'année (§ 619, 5°). Terme moyen, la transpiration d'un homme, pendant vingt -quatre heures , est évaluée , par Sanctorius , à cinq livres ; par Rye , à cinquante-neuf onces ; par Gorter, à quarante -neuf ; par Hartmann , à guarante-six ; par Dodard et Boissier, à trente-trois; par Keil, à trente et une (4). Li- ning (5) a calculé , après des observations continuées pendant plusieurs années , que sa transpiration s'élevait , terme moyen , dans l'espace de vingt-quatre heures, à 54,78 onces, de sorte que la proportion entre elle et le poids de son corps , évaluée également , terme moyen , à cent soixante-six livres , était (1) Mémoires sur la respiration , p. 187. (2) Fhysioloyische Untersuchunyen ueher die thierische Haushaltung der Insekten, p. 38. (3) Zeitschrift fuer die Physiologie , t. IV, p. 7. (4) Haller, Elément, physiolog., t. V, p. 62. (5) Philosoph. Transact., 1743, p. 508. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. 355 de 1 • 48 (1). Suivant les observations de Martins (2) , elle était journellement de quarante-six onces. Stark observa son poids par rapport à des expériences diététiques qu'il se proposait de faire sur lisi-niême; sa transpiration fut de six cent cin- quante-cinq onces en trois cent cinquante-cinq heures de jour, et de cent quatre-vingt-seize onces en cent quatre-vingt-dix heures de nuit , ce qui fait pour vingt-quatre heures trente- neuf onces : et comme au commencement de ses expériences il pesait cent soixante et onze livres, la proportion de sa perspiration insensible au poids de son corps était de 1 ! 70. Dalton (3) a calculé sa transpiration journalière comme reste du poids de sa nourriture , déduction faite de son urine et de ses matières fécales , et il a trouvé d'après cela qu'il trans- pirait trente-sept onces et demie en mars , et quarante-quatre en juin. Par des expériences faites avec soin et continuées pendant onze mois , Séguin (4) a constaté , avec la balance , que sa transpiration variait entre onze et trente-deux grains à la minute , ce qui donne un terme moyen de dix-huit grains , et, par conséquent, vingt-cinq mille neuf cent vingt grains de France, = 22606 grains de Prusse, — 47,09 onces, en vingt- quatre heures. La proportion était donc de 1 ; 64 pour un poids du corps de cent soixante livres, et de 1 ; 57 pour un autre de cent soixante et dix livres. Nous sommes d'autant plus fondés à regarder ces proportions comme ayant lieu ordinairement, qu'elles tiennent à peu près le milieu entre celles de Lining et de Stark. Van Marum (5) a trouvé qu'en une demi-heure, une petite fille de sept ans transpirait cent quatre-vingts grains , un petit garçon de huit ans quatre cent trente, et un autre de neuf ans trois cent quatre-vingt-quinze , terme moyen de quatre expériences. Ces observations auraient eu besoin d'être ré- pétées plus souvent, pour qu'il fût possible d'en tirer un (1) Ihid., p. 493. (2) Ahhandlungen der Schwedischen Akademie, t. XJj^^, 197. (3) Froriep , Notizen , t. XXXVI , p. 225. (4) Meckel, Deutsches Arcliiv , t. III, p. 607. (5) Poggendorff , Annalen der Physiji, 1. 1 , p. 97. 356 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. résultat certain. Cependant celui qu'elles donnent n'est point invraisemblable. En effets elles établissent que la transpira- tion pendant vingt-quatre heures a été , chez Poids du corps. Proportion. La fille , de 8640 grains 49 livres =: 1 1 43 Un garçon 20640 57 = 1 ! 21 Un autre garçon. . 18960 53 =1:21. D'après cela , la proportion entre la transpiration et le poids du corps serait pius considérable chez les enfans de sept à neuf ans que chez les adultes , et chez les sujets mâles que chez ceux de l'autre sexe. Edwards a observé et indiqué en grammes la transpiration de Grenouilles (1), de Crapauds (2), de Salamandres, de Poissons (3) , de Lézards (4) , de Couleuvres à collier (5) , de Cochons d'Inde (6) , de Souris (7), de Moineaux (8). La perte de poids que l'animal éprouvait à l'air, pendant qu'il ne recevait pas de nourriture , variait suivant les heures , et était communément plus forte pendant la première ; plus l'animal demeurait long-temps renfermé, plus aussi cette perte diminuait ; un intervalle de six heures fut celui qui parut convenir le mieux pour obtenir un terme moyen. Tre- viramis donne en grains la perte de poids qu'éprouva un Ho- mard renfermé (9) ; Spallanzani a fait de même (10) pour des Limaçons qu'il avait exposés à l'air. Réservant quelques discussions pour un autre lieu , nous allons donner seulement ici un aperçu des résultats. (1) De l'influence des agens physiques sur la vie, p. 883, 585, 588, 589,590. (2)/èi(i.,p. 586. (3) lUd., p. 605. (4) lUd., p. 608. (5) Ihid., p. 611. (6)/6îc?.,p. 637. (7)/6i£^.,p.638. (8) Ihid., p. 639 (9) Zeitschrift fuer Physiologie, t. IV, p. 9- (10) Mém. sur la circulation; p. 137. SECRETIONS supeupicieiles vapoueuses. 557 1 Homard .... 4 Cochon dinde. 4 Lézards. . . . 2 Crapauds . . . 8 Moineaux . . . 4 Souris 4 Grenouilles . . 2 Salamandres. . Limaçons . . . . 1 Loche 1 Idem lAble 1 Idem Par heure. 48 6 6 11 6 6 6 11 15 4 1/4 3 21/2 3 Transpi- ration. 0,4 14,37 0,38 4,40 14,20 2/1I5 12,40 2,70 252 1,M5 0,49 0,30 0,30 En 24 heures. 0,2 57,48 1,52 9,60 56,80 9,66 49,60 5,98 403 Poids du corps. 6,70 727,90 15,16 90,20 202,55 29,10 144,50 15,05 610 14,72 6,22 5,23 3,58 Propor- tion, :33 :i2 :9,97 "9,39 •3,56 :3,oi !2,91 :2,55 •1,51 Si ces Poissons avaient pu vivre vingt-quatre heures à l'air et transpirer dans la même proportion, leur transpiration au- rait été au poids de leur corps comme 1 \ 2,33 — 1 °. 1,45, La détermination de la transpiration sous Feau est bien plus vague encore , puisqu'il faudrait ici faire entrer en ligne de compte la quantité d'eau avalée et absorbée. La perte en poids , chez une Couleuvre à collier, s'éleva , dans l'espace de huit jours , à 27,5 grammes , ce qui fait par jour 3,928 gram- mes ; le poids du corps étant de 103,5 grammes, la proportion entre ce poids et la transpiration journalière fut donc de 1 '. 26. Chez une autre Couleuvre , pesant 173,2 grammes , la trans- piration ne fut que de 4,2 grammes pendant une semaine, ce qui donne 0,6 par jour et une proportion de 1 ' 288 , eu égard au poids du corps. m. Une partie de la transpiration émane des organes respiratoires. L'haleine devient visible par un temps froid , et des gouttelettes d'eau s'amassent sur une glace tenue devant la bouche. Magendie ayant placé une seringue dans la trachée- artère d'un animal , qu'il avait coupée en travers , tira des organes de la respiration des vapeurs qui devenaient visibles 558 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES» ' au froid (1) ; Paoli (2) en a également vu , chez des hommes , sortir par une ouverture pratiquée àla trachée-artère. i Rien de semblable ne s'observe chez les Oiseaux, même quand le temps e3tfroid(3).Les Cétacés, aucontraire,quandils expirent, lancent par leurs évents une vapeur humide, qui, chez la Baleine, s'élève en une colonne haute de plusieurs toises (4). La transpiration des Insectes semble avoir lieu principalement dans les trachées, attendu qu'elle ne peut être que très-faible à travers les enve- loppes cornées qui couvrent le corps ; aussi continue-t-elle alors même qu'on enduit le corps entier d'un Insecte avec de la gomme ou de l'huile, enménageant seulementles stigmates (5). 4° La quantité de la transpiration pulmonaire chez l'homme, pendant vingt-quatre heures , a été très-diversement évaluée. Lavoisier, supposant que l'air atmosphérique produit de l'eau et de l'acide carbonique dans les poumons , par la com- binaison de son oxygène avec l'hydrogène et le carbone du sang , la calculait d'après la quantité d'oxygène qui disparais- sait dans l'atmosphère , après avoir déduit celle de ce gaz qui avait été employée à la production de l'acide carbonique. En procédant ainsi , il la fixa , dans ses premières expériences , qui étaient encore imparfaites, à trois cent trente-sept grains. Plus tard , il l'évalua à onze mille cent quatre-vingts grains , et enfin à treize mille sept cent quatre grains de France , = 11952 grains de Prusse , = 24,9 onces. En expirant dans une vessie , Menzies recueillit tant d'eau , qu'elle se serait élevée à six onces en vingt-quatre heures. Des expériences analogues ont procuré à Gruikshank cent vingt-quatre grains anglais par heure, ou deux mille neuf cent soixante-seize pour vingt-quatre heures , = 3164 grains de Prusse, = 6,59 onces. Abernethy (6) a expiré , en une heure, trois gros d'eau dans (1) Noiiv. bulletin de la Soc. philomatique , t. II , p. 254. (2) Gei-soii , Magasin der auslœndiscken Literatur, t. VIII, p. 129. (3) Tiedemann , Zoologie , t. II , p. 543. (4) Scoresby, Tagehuch einer Reise auf den fVallfischfang, p. 184, 192. (5) Rengger, Physiologische Untersuchungen ueher die thierische Haus- haltung der Inseckten , p. 38. (6) Chirurgische und physiologische f^ersuche , p, 138. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. SBq un verre , ce qui fait, pour vingt-quatre heures, quatre mille trois cent vingt grains anglais, = 4594 grains de Prusse, =■ 9.57 onces. Mais comme, lorsqu'on expire dans une vessie ou dans un verre , l'air que contient ce réservoir ne tarde pas à se saturer de vapeur aqueuse , ce qui restreint l'exhalation pulmonaire , Séguin a employé un moyen plus sûr : il se mit dans un sac de taffetas ciré , exactement collé autour de la bouche , de manière qu'il ne pouvait pas se perdre de transpiration cu- tanée , tandis que l'exhalation pulmonaire se déposait tout entière dans l'atmosphère. La diminution du poids de son corps sur la balance lui faisait donc connaître à combien s'é- levait cette dernière. Il trouva que sa quantité moyenne était de sept grains par minute, ce qui donne dix mille quatre- vingt"pour vingt-quatre heures , = 8791 grains de Prusse , = 18,31 onces. Haies était déjà parvenu auparavant à un résultat analogue en expirant dans un vase clos , mais qui contenait de la cendre de bois sèche pour absorber l'eau exhalée. Cinquante expi- rations lui procurèrent ainsi dix-sept grains d'eau , ce qui , en admettant vingt respirations par minute, donne neuf mille sept cent quatre-vingt-douze grains anglais pour vingt-quatre heures, '=■ 10413 grains de Prusse, =21,69 onces. Dalton a trouvé , dans des expériences faites sur lui-même , qu'en vingt-quatre heures , il expirait vingt onces et demie avoir du poids. Nous pouvons donc évaluer la moyenne de l'exhalation pulmonaire, en vingt-quatre heures, de dix-huit à vingt onces. Au reste , comme l'évaporation doit être d'autant plus con- sidérable que la surface offerte à Tair par les poumons a plus d'étendue , que par conséquent la respiration est plus pro- fonde et plus rapide , cette circonstance , à part même d'autres encore que nous laissons de côté , ne peut manquer de liûre varier beaucoup la quantité. Ainsi, il était possible qu'un homme, que Bichat fît expirer dans un vase entouré de glace et de sel marin, exhalât jusqu'à deux onces d'eau dans l'espace d'une seule heure. 560 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. 5° La vapeur pulmonaire de l'homme contient des sub- stances animales volatilisées. Suivant Abernethy (1) , réduite à l'état liquide, elle n'était pas parfaitement limpide , et donnait , par l'acide hydrochlo- rique , un précipité qui avait de la peine à se dissoudre dans la potasse. Cette eau verdissait les couleurs bleues végétales au bout de quelques jours ; elle laissait à Tévaporation un résidu d'odeur empyreumatique, qui ne contenait point de sels. Elle devenait également trouble et fétide quand on la conservait dans un jflacon bouché (2). CoUard de Martigny (3) dit qu'elle se compose d'eau 0,907, d'acide carbonique 0,090 et de substance organique 0,003. Mais on conçoit que sa composition n'est pas toujours la même. Cruikshank n'y a pas trouvé d'acide carbonique, Bi- chat n'a pas vu les acides y faire naître de précipité , et jadis Gorter n'en avait obtenu aucun résidu par Tévaporation. L'eau exhalée parles Insectes a, suivant Rengger, une mau- vaise odeur et une saveur désagréable. IV. La transpiration cutanée devient visible au froid , par exemple, en été , lorsque l'on plonge la main dans de la glace pilée. A une forte lumière solaire, elle produit aussi une lé- gère ombre sur un mur blanc. Il arrive même quelquefois , lorsqu'elle est très-copieuse , qu'on la voit à la température ordinaire de Fair. 6° La quantité de la transpiration cutanée a été observée , sur des membres , par Cruikshank , Abernethy (4) et Ansel- mino(5). Cruikshank a obtenu trente grains d'eau, en une heure, de sa main plongée dans un cylindre de verre ; il se tenait tran- quille pendant l'expérience , son pouls battait soixante-cinq fois par minute , et la température de l'air était à soixante- Onze degrés du thermomètre de Fahrenheit. Comme la surface (1) Chirurgische und physiologische Fcrsuchc , p. 139. (2) Berzelius , Traité de chimie , t. VIT , p. 103. (3) Journal de Magendie , t. X , p. 144. (4) Loc. cit., p. 133. (5) Zeitschrift fuer Physiologie , t. II, p. 321. SÉCnÉTlONS SCPElîPICÏELtES VAPOREtfSES. 56 1 de sa main était un soixantième de celle de son corps entier, il résulterait de là que sa transpiration aurait été de 'dix -huit cent grains anglais par heure et de quarante-trois mille deux cent grains en vingt-quatre heures, = 45942 grains de Prusse, =j95 onces. Le soir, à une température de soixante-deux degrés du thermomètre de Fahrenheit, sa main ne donna que douze grains en une heure , ce qui réduirait la transpiration du corps entier à dix-sept mille deux cent quatre-vingts grains en vingt-quatre heures , = 18376 grains de Prusse , = 38 onces. Aberneîhy obtint de sa main et d'une partie de son avant- bras , présentant ensemble une surface de cent huit pouces carrés , trente grains d'eau , pendant une heure , la tempéra- ture extérieure étant de soixante à soixante-dix degrés du thermomètre de Fahrenheit. Cette surface n'étant qu'un vingt- cinquième de celle de son corps entier , il résulterait de là que sa transpiration cutanée aurait été de sept cent cinquante grains anglais par heure , et de dix-huit mille grains en vingt- quatre heures, = 19112 grains de Prusse, =39,87 onces. Anselmino a trouvé que son bras transpirait environ une demi-once d'eau dans l'espace de six heures. Or , en admet- tant que la surface du bras fût un dixième de celle du corps entier , la quantité d'eau exhalée par toute la superficie du corps , en vingt-quatre heures , aurait été de vingt onces. Séguin a observé immédiatement la quantité totale de sa transpiration cutanée, séparée de l'exhalation pulmonaire, en se renfermant dans un sac de taffetas ciré qui ne lui lais- sait de libre que la bouche. La quantité moyenne était de onze grains par minute , et en conséquence de quinze mille huit cent quarante grains pour les vingt-quatre heures , = 1381 grains de Prusse , = 28^78 onces. Dalton expirait , d'après son calcul , vingt onces et demie d'eau , et comme la perspiration prise en masse s'élevait à trente-sept onces et demie , il ne restait que dix-sept onces pour la transpiration cutanée. Mais Dalton comprenait encore dans l'eau expirée dix onces d'acide carbonique, et dans l'eau transpirée une demi-once de ce même acide , en sorte que la peau aurait fourni seulement six onces et un quart d'eau, ce 362 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES VAPOREUSES. qui fait un fâcheux contraste avec les observations exactes et rigoureuses qui ont été rapportées plus haut. Il est possible que Cruikshank évaluât trop haut la transpi- ration cutanée , et qu'Abernethy restreignît trop la perspira- tion pulmonaire. Le rapport de celle-ci à celle-là était de 1 : 14 d'après le premier, et de 1 * 9 suivant le second. Cette proportion, considérée en elle-même, est fort invraisemblable ; car, quoique l'exhalation de gaz prédomine dans les poumons, et celle d'eau à la peau, la différence ne peut point être aussi considérable sous le rapport de l'évaporation que sou^ ce- lui du dégagement de gaz, puisque les poumons surpassent de beaucoup la peau en ce qui concerne la délicatesse du tissu , l'abondance du sang et l'énergie de l'activité vitale. Il paraît donc que, comme la méthode employée par Séguin était la plus rigoureuse, le résultat de ses expériences est aussi celui qui se rapproche le plus de la vérité. Or elles nous apprennent que l'exhalation aqueuse des poumons était à celle de la peau dans la proportion de 8791 : 13815 = 1 : 1,57. Maintenant, si l'exhalation d'acide carbonique à la [peau ( § 818 , III ) est à celle de ce même acide dans les poumons comme 350 ; 23450 =zl'. 67, la perspiration cutanée entière est à la perspiration pulmonaire comme 14165 '. 3224 1= 1 1 2,27 , et cette différence sera compensée par l'activité incompara- blement plus grande de l'absorption, d'air surtout , dans les poumons. En évaluant la surface de la peau à quinze pieds carrés , chaque pouce carré exhalera 6,39 grains d'eau dans l'espace de vingt-quatre heures. 7° L'eau qu'Abernethy avait obtenue , en recueillant sa " transpiration cutanée (1), était claire et insipide. Elle n'alté- rait point les couleurs bleues végétales. L'acide hydrochlo- rique ne la troublait pas non plus. Soumise à l'évaporation, elle laissait un peu de résidu ayant une saveur faiblement sa- lée. Elle différait donc de l'eau exhalée dans les poumons par le sel qu'elle contenait , et parce qu'elle ne devenait point alcalescente lorsqu'on la conservait. (l),Xoc. cit., p. 133. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 365 Anselmino a obtenu , de la transpiration de son bras ,' un liquide inodore et insipide , ni acide , ni alcalin , et non sus- ceptible de passer à la putréfaction. Quand la peau s'était trouvée bien sèche, ce liquide n'était composé que d'eau et d'acide carbonique. En toute autre circonstance , il contenait un peu d'acétate d'ammoniaque , et de plus , quand la peau avait été mise en contact avec le verre , une grande quantité de chlorure de sodium. L'odeur spécifique que répand la transpiration des divers animaux et des différons individus , et que les animaux savent bien apprécier, puisqu'elle leur permet de suivre à la piste , prouve qu'il se volatilise aussi des substances organiques en même temps que l'eau. 2. SÉCRÉTIONS GAZEUSES. § 819. Tous les êtres organisés exhalent des gaz , qui cons- tituent le second genre de leurs sécrétions volatiles. I. Cette exhalation a lieu sur les points qui ne sont en con- tact qu'avec le milieu dans lequel vit l'être organisé , par conséquent avec l'atmosphère on avec l'eau contenant de l'air. La comparaison des gaz contenus dans ce milieu avant et après le contact, nous apprend quels sont les gaz qui se sont dé- gagés du corps organisé. 1° Ici se rangent surtout les organes respiratoires , c'est-à- dire ceux que leur structure et leur texture rendent pro- pres à mettre la substance organique en contact immédiat avec l'air libre ou avec Tair répandu dans l'eau. La respira- tion est un échange mutuel de substances entre le corps or- ganique et le milieu extérieur ; et comme l'ingestion et l'é- jection, l'absorption et l'exhalation, s'y trouvent liées par d'in- times connexions , on est dans l'usage de les étudier ensem- ble. Cependant il n'y a qu'une diiférence purement relative entre l'exhalation de gaz et la sécrétion des liquides, puisque la seconde est toujours déterminée, quoiqu'à la vérité d'une manière indirecte, par l'ingestion qui l'a précédée. En outre, l'expiration dure encore quelque temps après que l'inspira- 364 SÉCRÉTIONS SUPÉnFICIEtLES GAZEtJSES. tion ne peut plus avoir lieu ; nous en avons la preuve dans les observations recueillies par Carradori et Buffon , qui ont vu des Grenouilles tenues plongées sousTeau de manière à rendre toute inspiration impossible, expirer encore de l'air, qui s'éle- vaitdeleur bouche sous la forme de bulles. Comme notre objet est actuellement de passer en revue toutes les sécrétions, nous devons donner place ici à l'expiration de gaz, qui est une vé- ritable sécrétion; plus tard nous examinerons l'inspiration, et enfin l'essence de la respiration en général, 2° Chez les êtres organiques les plus imparfaits, la surface du corps exhale des gaz, à défaut d'organes respiratoires, qui n'existent point encore. Chez les Poissons, les Batraciens et les Sauriens , la peau partage cette fonction avec les organes de la respiration , de manière à y prendre quelquefois autant et même plus de part qu'eux. Chez l'homme, sa participation se réduit à peu de chose. Lorsqu'on se met dans le bain, ou qu'on tient sa main sous du mercure , il monte d'abord des bulles provenant de l'air qui adhérait à la peau et que ces liquides en détachent ; mais, après quelque temps de séjour, on voit peu à peu se dégager d'autres bulles , dues à des gaz qui ont été exhalés par la peau. Cette exhalation n'a pas lieu constamment, selon CoUard de Martigny (1), ce qui fait qu'elle a été niée par Klapp , Gordon et Woodhouse (2), IL Dans des cavités qui sont accessibles à l'air extérieur , mais qui contiennent en même temps des substances étran- gères introduites du dehors ou des humeurs sécrétées , on trouve de l'air, qui peut provenir de l'extérieur, ou avoir été, soit dégagé par les substances que la cavité recèle , soit même sécrété, en partie ou en totalité , par les parois de cette der- nière, et sur le compte duquel nous nous apesanlirons peu, à cause de l'incertitude dont son origine est couverte. 3° Les organes respiratoires des Holothuries , de plusieurs Mollusques et des larves de quelques Insectes ont des con- nexions avec le canal intestinal. Il y a même divers Poissons (d.) Journal de Magendie, t, X , p, 165. (2) Meckel , Deutsches Archiv , t. lU , p. 608, SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 365 chez lesquels ce dernier semble encore prendre une certaine part à la respiration (1). L'origine de l'air qu'on rencontre dans les organes digestifs, chez les Mammifères , est très-équivoque. D'un côté , les ali- mens contiennent une plus ou moins grande quantité d'air at- mosphérique , et fournissent , quand ils viennent à être dé- composés par l'acte de la digestion , différens gaz qui font que certaines substances sont plus venteuses et d'autres moins : Chevillot a égalementobtenu du chyme, hors du corps animal , les mêmes gaz qu'il avait trouvés dans le canal diges- tif (2). D'un autre côté , nous savons que le météorisme sur- vient toutes les fois qu'il y a tendance à la décomposition de la substance organique , dans les fièvres bilieuses et putrides, dans la gastrite et l'entérite ; qu'une anse vide d'intestin , em- prisonnée dans une hernie étranglée , se boursoufle d'air ; qu'il y a des cas même où, sans nulle trace de tendance des humeurs à se décomposer, et sans que le sujet ait fait usage d'alimens venteux , il s'accumule beaucoup d'air dans le canal intestinal ; que les coliques dites venteuses ne sont pas rares par exemple après le refroidissement des pieds ou la suppres- sion des exanthèmes, et que les malades atteints d'hypochon- drie ou d'hystérie sont presque continuellement tourmentés par des vents, dont l'émission les soulage. Lobstein (3) assure que la frayeur , à la suite d'un repas copieux, détermine le dévelop- pement soudain d'une grande quantité de gaz, et que les vents rendus par le bas exhalent une odeur spécifique avant un accès dégoutte. Dans une épidémie de choléra, Sydenham a observé quelques malades , qui , avec les autres symptômes nerveux de l'affection, ne présentaient qu'une émission abondante de vents par le haut et par le bas , sans vomissemens ni diarrhée, et il a même désigné cette nuance de la maladie sous le nom de choléra sec , pour indiquer qu'elle n'est accompagnée que d'une sécrétion de gaz. On a remarqué que les gaz rendus par le bas exhalent une forte odeur d'hydrogène sulfuré chez (l)Ilatlike, Beitrcege zut Gescldchte der Thierwelt , t.ll, p. 56. (2) Magendie, Précis élémentaire , t. II, p. .117. (3) Tiaité d'anatomie pathologique , 1. 1 , p. 157. 366 sÉciiiéTioNS superficielles gazeuses. les personnes qui ont fait usage de frictions avec le soufre. Enfin , Magendie et Girardin , ayant tiré du corps d'un Chien une anse vide d'intestin , qu'ils entourèrent de deux ligatures et qu'ensuite ils firent rentrer dans l'abdomen , la trouvèrent pleine de gaz au bout de quelques heures. Si ces faits suffisent pour attester la possibilité d'une sécrétion de gaz dans les organes digestifs , cependant les argumens contraires ne per- mettent pas que nous insistions davantage ici sur le sujet lui- même , dont nous aurons d'ailleurs à parler plus^ amplement lorsque nous traiterons de la digestion. 4° La vessie vide se remplit d'air venant du dehors , de manière que les hommes chez lesquels les muscles abdomi- naux ont acquis un grand développement , eu égard à la force (par exemple les ventriloques), peuvent expulser volontaire- ment cet air. Mais il y a aussi des cas où Ton voit sortir de la vessie , soit en urinant, soit en allant à la selle, des gaz qui ont vraisemblablement été sécrétés par elle (1). De même aussi l'air peut pénétrer du dehors dans la ma- trice (§ 357, 6°). Il s'y en développe assez fréquemment, chez les femmes en couches , par la décomposition d'une par tie du placenta qui est demeurée dans cet organe , ou par celle des hquides sécrétés. Mais la tympanite utérine s'ob- serve quelquefois aussi dans des circonstances étrangères à celles-là ; à la suite d'affections morales , on voit tout à coup , et sans cause appréciable , la matrice être distendue peu à peu par des gaz qui se sécrètent dans son intérieur. L'analogie permet d'admettre, comme une chose probable, que des gaz sont sécrétés dans les cavités communiquant avec les voies aériennes ; mais cette communication elle-même ne permet pas de le démontrer. J. Davy (2) a trouvé , chez un pbthisique , deux cent vingt-cinq pouces cubes d'air dans un des sacs de la plèvre : cet air consistait en 0,92 d'azote et 0,08 d'acide carbonique ; il s'était introduit dans la plèvre à la fa- veur d'une caverne purulente du poumon , et la disposition valvulaire de l'orifice ne lui permettait pas de sortir par la voie (1) Traité des maladies venteuses , par P. Baumes, 2" édition, Paiis d837,in-8o. (2) Philos. Tmns,> 1823, p. 496. SÉCRÉTIONS SUPEUFICIELLES GAZEUSES. 367 de'gaz acide carbonique avaient été exhalés par 'les poumons ou par le sac pleuréal. Chez un autre homme, à !a suite d'une chute sur la poitrine et d'une toux violente , il s'était fait , dans les poumons , deux petites fissures , à travers lesquelles une certaine quantité de Tair inspiré passait dans la cavité de la plèvre. J. Davy recueillit les quantités suivantes de gaz, tant dans les quatre paracentèses auxquelles le malade fut soumis, qu'à l'ouverture de la poitrine faite sous l'eau , après la mort (1) : Pouces Acide cubes. Azote. carbonique. Oxygèue. Première opération. . . 25 0,930 0,070 0 Seconde 20 0,900 0,075 0,025 Troisième 35 0,884 0,060 0,055 Quatrième 40 0,880 0,080 0,040 Ouverture du corps. 170 0,825 0,160 0,015 Ce même observateur a trouvé, dans l'air que contenaient les poumons sains de trois autres cadavres , 0,848 à 0,867 d'azote; 0,083 à 0,125 d'acide carbonique, et 0,020 à 0,050 d'oxygène (2). Le gaz renfermé dans le sinus maxillaire et le sinus frontal d'une Brebis qui venait d'être mise à mort (3), lui présenté; 0,820 à 0,865 d'azote, 0,095 à 0,138 d'oxygène, et 0,042 à 0,045 d'acide carbonique , à l'égard duquel tout porte à croire qu'il avait été sécrété dans ces cavités, et non qu'il provenait des poumons. Il serait très-possible aussi que les parois des sacs aériens qui, chez les Oiseaux, communiquent avec les poumons, fus- sent non pas seulement des réservoirs , mais encore des orga- nes complémentaires de la respiration , et que la membrane des os , qui avait d'abord sécrété de la graisse , ne fournît plus, quand l'air y aurait accès, que des gaz dont la sécré- tion détruirait en partie son précédent produit. III. Il y a dans le corps organisé des espaces clos 1" Qui se remplissent d'air lorsqu'ils viennent à perdre le (1) Ibid., p. 512 ; et d824 , p. 257. (2)ioc. ctï., 1824,p. 264. (3)Loc. df., 1823,p. 514. ' 368 SÉCRÉTIONS SUPERFICIEItES GAZEUSES. de l'expiration. On se demande si ces dix-huit pouces cubes liquide qu'ils renfermaient , sans pouvoir s'oblitérer. C'est de cette manière qu'il se développe , dans le cœur et à la base des troncs artériels , un peu d'air, qui se trouve poussé tantôt d'un côté et tantôt de l'autre (§ 709 , 6°, 7°). De même aussi les parois d'un ,espace clos qui jusqu'alors avaient été appliquées l'une contre l'autre , mais qu'on écarte en y soufflant de l'air, sécrètent des gaz , comme le prouve l'analyse chimique de ceux qu'on a trouvés en pareille circon- stance. Ainsi J. Davy (1) introduisit du gaz hydrogène dans le sac pleuréal de deux Chiens ; au bout de quelque temps , ce gaz était remplacé par de l'azote , qui avait nécessairement dû être exhalé par la membrane séreuse. Nysten (2) fit passer , à plusieurs reprises , six à sept pouces cubes d'air atmosphéri- que dans les veines jugulaires d'un Chien : il entendait le bruit de cet air à chaque battement du cœur; l'animal se remettait parfaitement au bout d'une ou de quelques minutes ; la mort ayant été causée enfin par une trop grande quantité d'air, le gaz qui existait dans les cavités cardiaques droites se trouva contenir 0,11 d'acide carbonique. 6° Les accumulations morbides de gaz dans des espaces clos prouvent la possibilité d'une sécrétion gazeuse dans ces mê- mes espaces. L'emphysème du tissu cellulaire dépend fré- quemment , sans doute , de ce qu'il a pénétré de l'air par une plaie, ou de ce que les humeurs ont subi un commencement de décomposition, par exemple dans des cas de gangrène ou de contusion ; mais souvent aussi on le voit survenir tout à coup, sans cause appréciable , ou après la disparition de la gale , après la morsure d'un Serpent , etc. Divers auteurs , Laennec entre autres , témoignent que des congestions d'air peuvent avoir lieu dans divers sacs séreux , sans que ces poches offrent aucune solution de continuité par laquelle le gaz se soit intro- duit, sans qu'il y ait eu épanchement d'aucun liquide propre à le produire , tandis que les symptômes de la maladie attestent que le dégagement du gaz ne s'est point opéré uniquement (1) Loc. cit., p. 505. (2) Recherches de pliysiologje , p. 16. silCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 669 après la mort. J. Davy (1) a trouvé , dans les deux médiastins d'un cadavre, des vésicules pleines d'un gaz composé d'azote 0,81), oxygène 0,07 et acide carbonique 0,04; l'état normal de toutes les parties d'alentour lui acquit la conviction que ce gaz avait été sécrété; cependant il présume que l'oxygène provenait du dehors, et qu'il s'étail introduit par inadvertance pendant le cours de l'opération. Le même chimiste a trouvé, chez un sujet atteint de phthisie pulmonaire , la surface des poumons présentant, au dessous de lapièvre, des bulles d'air, semblables à celles qui , d'après les observations de Baillie , sont quelquefois sécrétées dans celte maladie ; ce gaz était composé d'azote 0,883 et d'acide carbonique 0,167., Enfin, Davy ('2) confirme qu'il est commun de rencontrer de l'air, sans aucune trace de putréfaction , dans les vaisseaux san- guins des cadavres (§ 715). 7° Des phénomènes analogues s'observent même dans l'é- tat normal. Quelques Lézards et Crapauds ont la faculté de se gonfler par une sécrétion de gaz entre la peau et les mus- cles, faculté qui se rattache peut-être aux bulles d'air qu'on a fréquemment trouvées dans les vaisseaux sanguins de ces animaux (§ 715,2° )• C'est surtout la vessie natatoire des Poissons qui mérite de fixer notre attention. L'air qu'elle renferme consiste en azote, oxygène et acide carbonique. Les proportions de ces trois gaz varient non seulement chez les diverses espèces , mais encore chez les différens individus d'une même espèce. En général , c'est l'acide carbonique qui abonde le moins , et la proportion de l'oxygène, par rapport à l'azote , est moins con- sidérable chez les Poissons d'eau douce que chez ceux d'eau salée. Fourcroy n'a trouvé, chez les Carpes, que de l'azote et du gaz acide carbonique ; mais Humboldt et Provençal y indiquent, terme moyen, 0,877 d'azote, 0,0é2 d'acide car- bonique, et 0,071 (quelquefois 0,107 d'oxygène). Ces deux derniers expérimentateurs n'ont jamais trouvé moins de 0,01 (4) Loc. cit., p. 513. (2) Loc. cit., p, 507. VII. 370 SÉCRÉTIONS SEPERFICIELLES GAZEUSES. d'oxygène chez les Poissons d'eau douce ; il y en avait0,013 à 0,024 dans l'Anguille, et 0,092 à 0,096 dans la Tanche. D'a- près Confighachi, la vessie natatoire des Poissons vaseux con- tient moins d'oxygène et plus d'acide carbonique que celle des autres Poissons. Erman(l) a trouvé 0,058 d'oxygène dans la Brème , et 0,099 dans la Perche ; sur soixante et dix-neuf Poissons , il n'y en eut qu'un seul dont le gaz de la vessie na- tatoire contînt moins d'oxygène que l'air atmosphérique. La quantité de l'oxygène s'élève, selon Vauquelin, à 0,05 dans le Brochet, la Lote et la Perche; suivant Biot, de 0,0 à 0,87 dans les Poissons de mer. Conligliachi a trouvé jusqu'à 0,40 d'oxygène chez ces derniers ; Delaroclie (2) en a également rencontré une quantité considérable, qui s'élevait jusqu'à 0,919 chez un individu de Trigla cuculus , mais qui d'ailleurs variait beaucoup dans la même espèce, puisqu'un Congre, par exemple , en fournit 0,008 seulement^ et un autre 0,870, c'est-à-dire au>delà de cent fois plus que le premier. Hum- boldt a trouvé, chez YExocœtus volitans (3), 0,94 d'azote, 0,04 d'oxygène et 0,02 d'acide carbonique. D'après les recherches faites par Delaroche (4) , la vessie natatoire est un sac parfaitement clos chez la plupart des Poissons de mer, chez tous les Jugulaires, tous les Thora- ciques et quelques Abdominaux , par conséquent chez la ma- jeure partie des Poissons. Là donc aussi elle est évidemment un organe de sécrétion gazeuse, qui se développe du canal intestinal , à l'instar des poumons , mais s'en sépare tout à fait (§ 448), et qui, sans entrer en conflit immédiat avec l'eau aérée ou l'atmosphère , exhale d'abord de l'air en dedans, pour le réabsorber ensuite , de même que les vésicules sé- reuses exhalent de la sérosité , qu'elles repompent plus tard. Chez les autres Poissons qui sont pourvus d'une vessie nata- toire , celle-ci conserve des connexions immédiates avec l'œ- sophage, par un canal aérien spécial, et elle paraît également (1) Poggendorff, Jnnalender Physik , t. XXX, p. 132. (2) Annales du Muséum, t. X, p. 211. (3) Reise in die ^quinoctialyeyenden , t. I , p. 309.^ (4) Loc. cit„ p. 198. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 671 sécréter de l'air ;, mais celui-ci peut être chassé à Texlérieur par des mouvemens volontaires de ranimah*). En effet, il est fort improbable que l'air arrive dans la vessie par le canal , qui souvent offre une ouverture fort étroite et entourée d'un sphin- cter, de manière qu'on ne parvient à faire passer l'air de l'œso pliage dans la vessie qu'avec beaucoup de peine , après avoir lié l'intestin , et qu'on ne rencontre non plus jamais d'eau dans cette poche. L'air que celle-ci renferme ne saurait être celui que les Poissons viennent humer de temps en temps à la surface de l'eau , car ces animaux ne montent point à la sur- face pendant Fliiver , et beaucoup d'entre eux ne quittent ja- mais le fond , quoiqu'il y ait beaucoup de gaz dans leur ves- sie , que Configliachi a également trouvée remplie chez des Poissons qu'il avait empêchés pendant des mois entiers de venir à la surface. On voit quelquefois ces animaux expirer de l'air et vider leur vessie natatoire quand ils veulent s'en- foncer , mais leur ascension ne peut plus se faire ensuite qu'autant que l'organe s'emplit de nouveau , en sorte qu'il y a pour eux non seulement absence de nécessité , mais même impossibilité d'y introduire de l'air, quand ils se présen- tent à la surface. Il -faudrait donc alors que l'air mêlé avec l'eau se séparât d'elle dans l'œsophage , pour aller gagner la vessie natatoire ; mais la vessie de Tanches que Humboldt et Provençal avaient tenues plongées dans de l'eau chargée de gaz hydrogène, ne contenait pas d'hydrogène, quoique celui- ci soit infiniment plus facile à séparer de l'eau que le gaz oxygène. D'ailleurs , on explique bien mieux les nombreuses différences du contenu gazeux de cette poche, en l'attribuant aux variations que les états divers de la vie font subir àja sé- crétion. Le seul argument qui semble s'élever contre la sé- crétion gazeuse , admise déjà par Needham , dans les vessies natatoires pourvues d'un canal aérien, c'est que ces dernières n'offrent pas comme les autres un tissu vasculaire composé de vaisseaux parallèles , serrés les uns contre les autres , et for- 0 Consultez , sur le mécanisme de l'enflure volontaire duFahaka {Te* trodon physa ) , Geoffroy Saint-Hilaire 5 dans la Description de l'Egypte f t. XXIY, p. 185. 372 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. mant des masses , des stries ou des villosités d'un ro\i^,e dé sanjy à la face interne. Mais, outre que la famille des Murènes présente une vessie nafatoire de ce genre , qui a cependant un conduit aérien , robjection repose sur l'hypothèse que le tissu en question a seul la faculté de sécréter des gaz. Or, les faits allégués plus haut attestant que la peau et toutes les au- tres membranes possèdent également cette faculté, une vessie natatoire quelconque devra pouvoir remplir aussi le même office, puisque constamment elle reçoit des vaisseaux sanguins, qui se distribuent dans son tissu. Mais si , quand il y a un canal aérien , elle se débarrasse par là du gaz en excès qu'elle contient , lorsque ce canal n'existe pas , elle doit résorber l'air qu'elle a sécrété, et alors elle n'est plus seulement un organe expiratoire , comme dans le pre- mier cas, mais elle représente un organe respiratoire intérieur complet , ce qui fait qu'elle est munie d'un tissu vasculaire particulier. Delaroche a remarqué des vaisseaux d'une couleur plus pâle, qui se répandaient en divergeant du tissu vasculaire rouge sur les renflemens de la membrane in- terne de la vessie natatoire et se terminaient en cet endroit ; ne seraient-ce point là des vaisseaux qui ramènent l'air? Nous aurons plus tard à revenir encore sur la vessie nata- toire des Poissons , considérée dans ses rapports avec le mou- vement. La même chose aura lieu pour les vésicules de plu- sieurs Méduses. L'air contenu dans ces vésicules paraît égale- ment n'être que sécrété, et l'animal semble l'expulser de son corps lorsqu il veut s'enfoncer dans l'eau , car les orifices sont pourvus de muscles sphincters et se ferment sur-le champ, à l'instar lie valvules, quand on a chassé l'air par la pression. D'ailleurs, chez des Méduses voisines, notamment les Velelles et les Porpites, le disque corné ou calcaire contenu dans la masse du corps renferme également des cellules aérienes. 8° Les plantes n'exhalent pas seulement de l'air , elles en contiennent encore à Tétat libre , dont une partie a été absor- bée par elles dans l'atmosphère, et conduite, d'après Bron- gniart , par les stomates, dans les trachées , tandis que l'autre s'est dégagé e de la substance végétale elle-même. Des espaces remplis d'air ^ el provenant ou de cellules ou de méats inter- SÉCRÉTIONS StJPEÏÏFiCIEttES GAZEUSES. 375 -cellulaires, se rencontrent clans la tige des Graminées et des Ombellifères , dans la moelle des arbres et arbrisseaux , dans les pétioles de certaines plantes aquatiques, dans les gousses de diverses légumineuses , etc. Leur formation est due soit à la disparition du suc qui remplissait auparavant leur place, et qui a été remplacé par de Tair à mesure qu'il se desséchait , ou qui même en a déjjagé par l'eflet de sa décomposition, soit à la production préalable de vides, qui attirent ensuite l'air de Talmosphère ou de la substance végétale , et s'en remplissent. Comme l'absorption de l'eau prédomine beaucoup sur l'éva- poration dans les plantes grasses, ces végétaux n'offrent point non plus d'espaces pleins d'air. L'air contpnu dans les légumes du Baguenaudier , dans les utricuies du Fucus vésiculeux et dans les follicules de Vylsclepîas syriaca, ressemblait complè- tement à l'air atmosphérique, selon De Candolle(l), quand ces organes y étaient demeurés pendant quelque temps exposés, mais changeait , eu égard à la proportion de l'acide carboni- que et de l'oxygène , lorsque ces mêmes parties avaient été tenues sous Teau , soit à l'ombre, soit aux rayons du soleil; D'après Saussure , l'air contenu dans des cosses de pois qui venaient d'être cueillies, se composait d'azote 0,792, oxy- gène 0,193 et acide carbonique 0,015. Dutrochet a trouvé dans les cavités pneumatiques du Nénuphar Jaune, différentes proportions d'oxygène et d'azote, de manière que le premier était plus abondant dans les feuilles , et le second dans les racines (2). L'air contenu dans les trachées renferme , dans le C/usia rosea, suivant Humboldt , 0,14, et dans les Malva arborea et Cucurhita pepo , selon Bischoff, 0,085 d'oxygène de plus que l'air aimosphérique ; mais Focke a trouvé (3) , dans un Potiron cueilli avant le lever du soleil, 0,987 d'azote et 0,013 d'acide carbonique. § 818. Tous les corps organisés exhalent du gaz acide car- Ci) Physiologie végétale", 1. 1 , p. 418. (2) Mémoires pour servir à l'histoire anat. et physiol. des végétaux et des animaux , t. I, p. 340. (3) Viss. de respiratione veijetahilium , p. 21. " ^ 374 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES, bonique par celles de leurs surfaces qui sont en contact avec l'air atmosphérique. I. La quantité de ce gaz que les organes respiratoires de l'homme et des animaux exhalent pendant un laps de temps donné , dans l'état normal , ne peut être évaluée que d'une manière approximative. Elle varie suivant la température, la pesanteur et la composition de l'atmosphère , mais plus en- core en raison des modifications particulières que peut offrir l'organisme. Une influence considérable est exercée à cet égard non pas seulement par l'âge et le sexe , le volume du corps ^ la structure de la poitrine et l'ensemble de la con- stitution , mais encore par l'état passager et la proportion respective des diverses activités vitales, déterminés soit par des influences physiques ou morales, soit par la périodicité aux différentes époques du jour et de Tannée. Ajoutons en- core que l'expiration dans un réservoir clos , à laquelle on a recours lorsqu'on veut faire des expériences sur l'air expiré, présente plus de difficultés et exige de plus grands efl'orts c[ne celle à l'air libre , et qu'en se livrant à ces efforts on court le risque de dépasser la mesure ordinaire. Nous voulons con- naître le résultat de la respiration naturelle ; mais cette fonc - tion s'exerce d'une manière purement instinctive , sans que notre conscience en soit informée , sans nul concours de notre volonté, tandis que, dans les expériences, l'attention est tendue, la volonté se fait sentir, et l'intelligence vient porter le trouble dans les opérations de l'instinct. Du reste , la dé- composition de l'air n'est point sans difficulté , et il peut ai- sément se glisser des erreurs, soit quand on le transvase d'un récipient dans un autre , soit même quand on l'analyse. En- fin les expériences de ce genre ne peuvent durer que fort peu de temps sur l'homme et les animaux à sang chaud , et ce- pendant on est obligé , pour établir les comparaisons néces- saires , d'en étendre par calcul le résultat à des périodes plus longues , ce qui fait qu'une erreur , minime dans le principe, devient énorme par multiplication. Après avoir signalé ces difficultés , nous allons faire connaître les résultats des expé- riences. i" Et d'abord nous rapporterons ceux qui sont relatifs à SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 5^5 l'expiration de F homme. Ces résultats varient beaucoup , sui vant qu'on expire lentement ou rapidement l'air qu'on a inspiré, puisque celui-ci se charge d'une quaniité plus ou moias con- sidérable d'acide carbonique selon qu'il séjourne plus ou moins long-temps dans les poumons. Ainsi la première portion d'air qui sort par l'expiration est moins chargée , d'un côté parce qu'elle a été inspirée la dernière , de sorte qu'elle n'est restée que fort peu de temps en contact avec les organes res- piratoires, d'un autre côté parce qu'elle provient seulement de la trachée-artère et de ses branches, et non de la profon- deur des poumons. Jurine a trouvé (1), dans la première portion d'air chassée par une forte expiration, 1,01, dans la seconde 1,05, dans la troi- sième 1,16, et dans la quatrième 1,59 pouce cube d'acide carbonique ; quand cet acide s'élevait à 0,06 dans la respira- tion ordinaire , il montait à 0,11 après trente secondes de sus- pension de la respiration. Dans une expiration naturelle , la première portion conte- nait , selon Allen et Pepys (2) , 0,035 d'acide carbonique , et la dernière 0,095. Abernethy (3) rendait, par une expiration ordinaire , douze pouces cubes d'air, contenant un huitième =^ 1,5 de pouce cube d'acide carbonique; tandis que Jurine (4) expulsait, par une forte expiration de quarante pouces cubes, quatre pouces cubes de cet acide. Après s'être accoutumé à respirer aussi librement dans son appareil qu'à l'air libre, H. Davy trouva , dans plus de vingt expériences, que son expiration naturelle donnait 12,75 pouces cubes d'air, contenant 0,094 =1,2 pouce cube de gaz acide carbonique. Or, comme il se trouvait déjà 0,0078 = 0,1 pouce cube de ce gaz, dans la même quantité d'air at- mosphérique inspiré, les organes respiratoires en avaient (1) Rapport de l'air avec les êtres organisés , t. Il , p. 272. (2) Philos. Trans., 1808, p. 259. (3) Chirunjische und physiologische Versuche , p. 140. (4) Rapport de l'air avec les êtres organisés , t. II , p. 272. 576 SÉCRÉTIONS StPETlFlCIEttES GAZEUSES. ajouté 0,086 = 1,1 pouce cube (1), ce qui, avec l'habitude qu'avait Davy de respirer vingt six à vingt-sept fois par mi- nute, donnerait à peu près vingt-neuf pouces cubes par mi- nute , quoique l'auteur lui-même n'en indique que 26,6. Dans une expiration extrêmement forte , de 98,7 pouces cubes d'air, celui-ci contenait 0,0^5 ~ 4,5 pouces cubes d'a- cide carbonique , ce qui, déduction faite de 0,7 pouce cube déjà existant dans l'air inspiré , donne 3,8 pouces cubes (2). En faisant plus d'efforts encore , il expira cent trente-neuf pouces cubes d'air, contenant 0,043 = 6 pouces cubes d'acide carbonique , dont cinq provenaient des organes respiratoires, puisque l'air inspiré en contenait déjà un (3). Enfin , quand il avait inspiré pendant une demi-minute par le nez , et expiré quatorze à quinze fois par la bouche , dans son récipient, il trouvait dans ce dernier cent soixante et onze pouces cubes d'air, contenant 0,82 r:; 14 pouces cubes d'acide carbonique, de sorte que celui-ci s'élevait à un pouce cube par chaque respiration , et à vingt-huit pouces cubes par minute (4). Nysten (5) fit respirer, pendant une demi-minute ,f trois hommes bien portans par un tube muni de deux bras sus- ceptibles d'être fermés à l'aide de robinets, qu'on ouvrait alternativement pour permettre , l'un d'inspirer dans l'atmo- sphère , l'autre d'expirer dans une vessie. Un homme robuste , vîf et à large poitrine , expira pendant ce laps de temps 2910 centimètres cubes ■=. 162,642 pouces cubes (prussiens), contenant 0,055 — 160,05 centimètres cubes =8,945 pouces cubes (prussiens) d'acide carbonique; comme il y avait dans l'air, avant la respiration, 0,005 = 14,55 centimètres cubes =0,813 pouce cube (prussien) d'acide carbonique, la quantité réellement expirée de cet acide était de 8,132 pouces cubes. (1) Physioloyisch chemische Untersuchungen ueher das Athmen, p. 102. (2) Ibid., p. 101. (3) Loc. cit., p. 100. (4) Loc. cit., p. 103. (5) Rechercties de physiologie, p. 190. sécnÉTlONâ SUPERFlCIEtlES GAZEUSES. 5']'^ Un autre homme , de tempérament irritable , d'une consti- tution faible et à poitrine étroiîe, expira 2650 centimètres cubes = d48 ponces cubes d'air, contenant 0,050 = 132,50 centimètres cubes — 7,405 pouces cubes d'acide carbonique , dont 0,740 pouce cube provenaient de l'air inspiré , et 6,665 pouces cubes des or^janes respiratoires. Enfin , une femme de moyenne taille , d'une bonne consti- tution et d'un tempérament vif , expira 2668 centimètres cu- bes =^149, H5 pouces cubes d'air, contenant 0,0475 = 026,75 centimètres cubes = 7,084 pouces cubes d'acide carbonique, dont il provenait 0,745 pouce cube de l'air inspiré , et 6,339 des organes de la respiration. Ainsi, dans l'espace d'une minute, un homme robuste ex- pira 16,264, un homme faible 13,330, et une femme 12,678 pouces cubes de gaz acide carbonique , qui s'était développé par le fait de la respiration. Du reste, Nysten (1) a trouvé que , quand le mouvement respiratoire était devenu diCScile par suite d'une maladie , que ce fût une péripneumonie ou une phthisie pulmonaire , une hydropisie de poitrine ou une ascite , il se formait moins d'acide carbonique. La quantité de ce gaz expirée pendant une demi-minute, en cas de phthisie pulmonaire, fut, chez un sujet qui avait beaucoup de peine à respirer, de 75,9 centimètres cubes — 4,242 pouces cubes (2), et , chez un autre dont la respiration était moins pénible , de 155,4 centimètres cubes = 8,685 pouces cubes (3) ; dans une fièvre adynamique, avec respiration gênée, de 67,25 centi- mètres cubes = 3,788 pouces cubes (4); dans une fièvre bi- lieuse, avec respiration lente, de 215,2 centimètres cubes = 12,027 pouces cubes (5); dans une pneumonie, de 106 centimètres cubes= 5,924 pouces cubes (6). D'après Allen et Pepys , un homme inspira en onze minutes , (1) Loc. cit., p. 200 , 212. (2) Ibid., p. 198. (3) Ibid., p. 497. (4) Ibid., p. 494. (5) Ibid., p. 493. (6) Ibid., p. 195. 378 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. dans trente-huit fortes respirations , 3460 pouces cubes d'air atmosphérique , et expira 3437 pouces cubes d'air contenant 0,085 = 292, M5 pouces cubes d'acide carbonique; celui-ci s'élevait donc à 26,558 pouces cubes par minute. En respi- rant à sa manière ordinaire , dix-neuf fois par minute , cet homme expira, dans l'espace de onze minutes, la même quantité d'acide carbonique , ce qui fait , pour une expiration de 16,5 pouces cubes d'air, 1,3978 pouce cube d'acide car- bonique (1). Allen et Pepys admettent que cette expérience donne la proportion normale , parce que son résultat s'accorde avec ceux des expériences publiées par Davy; mais, comme l'expérience fut faite dans un moment oii le thermomètre de Fahrenheit était à cinquante degrés et le baromètre à 30,4, ils ont calculé que , dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire le thermomètre étant à soixante et le baromètre à trente, la quantité de l'acide carbonique s'élèverait par minute à 27,45 pouces cubes. A cela , nous répondrons que , si l'on voulait se permettre des corrections pour arriver à la proportion normale , il faudrait avoir égard non seulement au thermo- mètre et au baromètre , mais encore aux autres conditions de la vie , qui exercent une influence bien plus importante. D'ailleurs, Allen et Pepys n'ont point pris en considération la quantité ordinaire d'acide carbonique que contient l'air atmosphérique. Or, si cette quantité est de 0,005, elle s'é- lève , pour les 3437 pouces cubes d'air expirés en onze mi- nutes, à 17,185 pouces cubes, c'est-à-dire à 1,562 pouce cube par minute ; de sorte qu'eu admettant même la correc- tion précitée , la quantité d'acide carbonique expirée par minute serait de 26,88 pouces cubes, et non de 27,45. Le même homme expira une autre fois avec plus de ra- pidité, ce qui donna, en vingt-quatre minutes et demie, 789,76 pouces cubes d'acide carbonique , c'est-à-dire 32 pouces cubes par minute (2). Un autre homme expira en cinq minutes et demie 3311 pouces cubes d'air, avec 0,085 =281,45 pouces cubes d'acide (1) Philos. Trans., 1808, p. 254. (2) Ibid., p. 257. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 379 carbonique, dont la quantité était par conséquent de 51 pouces par minute (i). Enfin, après une inspiration naturelle, il fut expiré avec beaucoup d'effort, en une seule fois, 204 pouces cubes d'air, contenant 0,095 — 19,38 pouces cubes d'acide carboni- que (2). Menzies (3) expira à la fois 40 pouces cubes d'air, conte- nant 0,050 = 2 pouces cubes d'acide carbonique. Comme il respirait dix-huit fois par minute , il admit , pour ce laps de temps, 36 pouces cubes d'acide carbonique , ce qui est in- contestablement trop, puisque une expiration ordinaire ne donne pas plus de quarante pouces cubes d'air. La quantité relative d'acide carbonique contenue dans l'air fourni par une expiration , est évaluée par Coutanceau (4) de 0,075 à 0^077; par Prout (5), terme moyen, à 0,0345; par Apjohn (6), à 0,036, ce qui ne nous apprend rien sur la quantité absolue. La quantité d'acide carbonique expirée dans l'espace de vingt-quatre heures a été estimée , par Lavoisier et Seguin (7) , d'abord à deux livres cinq onces et quatre gros , puis , plus tard (8) , à 44930 pouces cubes =: 8584 grains français — 15894 pouces cubes —9243 grains prussiens, contenant 2820 grains français de carbone; par Menzies (9), à 53840 pouces cubes ^i 3,9697 livres troy ; par Bostock (10), d'après Davy, à 31680 pouces cubes = 17811 grains anglais — 29015 pouces cubes = 16873 grains prussiens; par Allen et Pepys(ll), à 39534 pouces cubes — 18683 grains anglais = 36209 pouces cubes =:= 21057 grains prussiens , contenant 5363 grains an- Ci) Ibid., p. 256. (2) Ihid., p. 259. (3) Ci-ell , Chemische Annalen , 4794 , t. II , p. 33. (4) Révision des nouvelles doctrines chimico-physiologiques , p. 285. (5) Schweigger, Journal fuer Chemie , t. XV, p. 47. (6) Medicinisch-cMrurgisehe Zeitung , t. XXV,. 30. (7) Hist. de l'Acad. des sciences, 1789, p. 577. {8)IHd.,n90, p. 609. (9) Creîl , Chemische Annalen , 1794 , t. II , p. 33. (10) Versuch ueler das Athemholen , p. 96. (11) Philos. Trans., 1808 , p. 265. 38o SÉCRÉTIONS SUPEliFICIEIlEg GAZEUSES. glais de carbone ; par Dalton (1) , à 2,8 livres poids de troy = 17151 grains = 29492 pouces cubes prussiens ; par Jurine, à 34560 pouces cubes français — 38317 pouces cubes prus- siens. Toutes ces évaluations sont fort incertaines , puisque la respiration n'est pas toujours , durant les vingt-quatre heures, telle quelle a éié pendant Texpérience. Cependant les variations en sens inverse qu'elles présentent, établissent peut-être une sorte de balance ; car si , dans l'état de calme , on ne fait point des inspirations si profondes que pendant' une expérience , l'expiration dans un espace clos est en re- vanche plus difficile qu'en plein air, et, dans la vie ordinaire, on exécute de temps en temps des expirations plus profondes que les autres. De même, si l'on respire moins en dormant que pendant la veille (§ 606 ,8°), d'un autre côté l'homme éveillé respire plus aussi quand il se remue que quand il reste tranquille. Si donc nous réunissons les observations qui vien- nent d'être rapportées, nous pouvons fort bien considérer comme moyenne de la quantité d'acide carbonique exhalée à chaque expiration 1,4 pouce cube prussien, ce qui donne, par minute , le nombre des respirations étant de vingt , 28 pouces cubes , par heure 1680 , et pour vingt-quatre heures 40320 pouces cubes = 23448 grains, contenant 6483 grains de carbone. Berzelius (2) trouve une telle quantité invrai- semblable , parce que la nourriture journalière en introduit à peine autant dans le corps , outre qu'une autre portion en- core de carbone s'échappe par d'autres sécrétions. Mais la question de savoir d'où le carbone provient en si grande abondance peut être mise ici de côté, puisqu'elle nous oc- cupera ailleurs, et nous devons plutôt consulter l'analogie avec les animaux pour apprécier l'évaluation qui vient d'être donnée. 1° Collard de Martigny (3) est le seul qui ait entrepris de faire des observations sur la quantité d'acide carbonique que les animaux exhalent par leurs poumons : au moyen d'un tube plongé dans la trachée-artère de Lapins et de Cochons d'Inde, (1) Froriep , Notizen , t. XXVI , p. 229. (2) Traité de chimie , t. VII , p. 100. (3) Journal de Magendie , t. X, p. 153. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 38i il força ces animaux d'inspirer dans l'air et d'expirer dans uit \ase clos. Voici quels furent les résultats de ses expériences : En une heure. Ponces cubes. il) Lapin, 1 heure après avoir mangé, donna, en 11 minutes, 0,279 litre = 15,5933 pouces cubes d'acide carbonique 2) Lapin, 6 lieures après avoir mangé, donna, en 14 minutes, 0,198 litre = 11,0662 pouces cubes d'acide carbonique 3) Lapin , une heure et demie après avoirmangé, donna, en 9 minutes, 0,301 litre = 16,8228 pouces cubes d'acide carbonique 4) Lapin , après avoir manjjé , donna, en 11 minutes, 0,288 litre = 16,0963 p£>uces cubes d'acide car- bonique 5) Lapin, 8 heures après avoir mangé, donna , en 12 minutes , 0,193 litre = 10,7868 pouces cubes d'acide carbonique 6) Lapin , 1 heure après avoir mangé, donna, en 12 minutes, 0,374 litre = 20,9029 pouces cubes d'acide carbonique. 7) Lapin, 1 heure après avoir mangé , donna, en 13 minutes, 0,311 litre = 17,3818 pouces cubes d'acide carbonique 8) Lapin, 3 heures après avoir mangé, donna , en 15 ntiinuies , 0,239 litre, = 13,3577 pouces cubes d'acide carbonique Ainsi des Lapins donnèrent en 97 mi- nutes 122,0078 pouces cubes d'a- cide carbonique 1) Cochon d'Inde, depuis 8 heures sans nourriture, donna, en dix mi- nutes, 0,201 litre = 11,2339 pou- ces cubes d'acide carbonique, . . 85,05 47,42 112,15 87,79 83,95 104,31 80,22 53,43 75,46 67,40 En -vingt- quatre heures. 2041 2138 2691 2107 1294 2508 1925 1282 1811 1617 1186 661 1565 1225 752 1458 1119 745 1053 940 382 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. IL L'exhalation d'acide carbonique par la peau est consi- dérable chez les animaux sans vertèbres et chez les vertébrés à sang froid. Spallanzani (1) a trouvé que des Écrevisses, auxquelles il avait coupé les branchies , exhalaient encore de l'acide car- bonique , bien qu'en moindre quantité. Une Couleuvre à col- lier (2), qui avait exhalé 0,04 de cet acide, dans l'espace de sept heures, en donna, dans le même laps de temps, 0,01 après la ligature de trachée-artère , et 0,02 après celle de la trachée-artère et de l'œsophage. Des Grenouilles (3) qui, à l'état d'intégrité, avaient exhalé 0,065 à 0,070 d'a- cide carbonique en neuf heures , donnèrent , dans le même espace de temps, 0,040 à 0,065 de cet acide après qu'on leur eut enlevé les poumons. Des Salamandres n'en donnèrent guère moins après l'excision de ces organes (4), et en four- nirent autant (5) , ou même plus (6), que quand elles jttuis- saient de toute leur intégrité. Edwards (7) a également observé la persistance de cette exhalation, chez les Grenouilles, après l'occlusion des voies aériennes. Lorsque les organes respiratoires sont plus développés , la peau y prend moins de part, sans cependant cesser totalement d'y contribuer. Elle a été observée, chez l'homme, par Milly (8), Cruîkshank, Abernethy (9j, Jurine, Wurzer (10), Gollard de Martigny (11), Mackensie et Ellis (12). (1) Rapport de l'air avec les êtres organisés , p. 123. (2) Ihid., p. 221. (3) Ihid., p. 393. (4) Ihid., p. 311. (5) Ihid., p. 315. (6) /iirf.,p. 316. (7) Influence des agens physiques sur la vie, p. 12. (8) Hist. de l'Ac. des sciences, 1777, p. 361. (9) Chirurgische und physioloyische f^ersuche , p. 408. (10) Gunther, Darstelluny ainiger Resuhate , die aus der Anwendung der pneumatischen Chemie aufdie praktische Arzneikunde hervorgehen, p. 50. (H) Journ. de Magendie, t. X, p. 165. (12) Meckel , Deutsclies Arckiv , t. III , p. 609. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 383 Abernetliy introduisit sa main, à travers du mercure , dans une cloche en verre pleine d'air atmosphérique. La main ex- hala , en cinq heures , un volume d'acide carbonique presque égal à celui d'une once d'eau ; une autre fois , en neuf heures, plus d'un volume égal à celui d'une once d'eau (1) ; cette fois une partie de l'acide avait été résorbée. Dans d'autres expé- riences, 011 la résorption n'eut point lieu (2), la main exhala , dans l'espace d'une heure , au moins trois gros en volume. La surface de la main étant à celle du corps entier comme 1 1 38,5, ce dernier aurait donc exhalé , dans l'espace d'une heure , un volume d'acide carbonique équivalent à 115,5 gros d'eau ; si l'on ne compte que 2 gros pour la main , l'exhalation du corps entier aurait été l'équivalent de 77 gros d'eau (3). Or si, d'après les poids et mesures anglais , une once d'eau occupe 1,9013 pouce cube, il résulte de là, dans le premier cas, par heure, 27,45 pouces cubes anglais, et, pour vingt-quatre heures, 658,8 pouces cubes ^=- 603 pouces cubes =■ 350 grains prus- siens ; dans le second , par heure , 18,3 pouces cubes anglais , et pour vingt-quatre heures 439,2 pouces cubes 402,08 pouces cubes = 244 grains prussiens. Milly (4) recueillit dans un bain, pendant l'espace de deux heures , et au moyen d'un entonnoir ayant huit pouces de dia- mètre, une quantité d'acide carbonique équivalente à une demi-pinte = 26,5 pouces cubes; il avail eu soin de frotter la peau auparavant, de manière qu'ici une surface cor- respondante de légumens , excitée par la chaleur et le frotte- ment , avait dégagé une très-grande quantité de ce gaz. IIL La quantité de gaz acide carbonique qu'exhalent la peau et les poumons simultanément , ressort des expériences dans lesquelles on a tenu pendant quelque temps des animaux dans un vase clos , pour examiner ensuite l'air que renfermait le récipient. On doit prévoir qu'ici^ le même air étant inspiré et expiré à plusieurs reprises , les poumons et la peau pris (l)ioc. ci*., p. 117. (2>ioc. cit., p. 124. (3) Loc. cit., p. 136. (4) Loc. cit., p. 223. S84 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. ensemble donneront à peine plus d'acide carbonique que les poumons seuls dans les expériences précédenles ( 2° ) de CoUard de Martigny, où l'animal inspirait toujours de l'air frais. Du reste , si les résultats de ces expériences diffèrent beaucoup les uns des autres à l'égard d'une même espèce d'a- nimal, la cause doit se rattacher en partie à des erreurs d'ob- servation ou de calcul. Cependant nous ne pouvons pas omettre de relater celles mêmes dont le résultat nous paraît incertain. Une autre cause tient à la différence de volume des individus d'une même espèce. Malheureusement il n'y a qu'un très- petit nombre d'expérimentateurs qui aient eu égard à cette circonstance. Treviranus le premier a fait voir combien elle était importante, et il est arrivé à d'intéressans résultats en comparant le poids du corps de différens animaux avec la quantité d'acide carbonique exhalée par eux (1). Il a calculé combien de pouces cubes de cet acide s'échappaient, dans l'espace de cent minutes , en supposant le poidi» du corps de 'cent grains. Comme il paraît plus convenable de prendre une période naturelle pour mesure , et de comparer le poids du corps avec celui de l'acide carbonique exhalé, j'ai donné, dans la dernière colonne du tableau suivant, la proportion entre le poids de l'acide carbonique exhalé en vingt-quatre heures et le poids du corps de l'animal; lorsque ce dernier n'est point indiqué par l'observateur, j'ai renfermé entre deux paren- thèses l'évaluation , qui n'est alors donnée que sous forme conjecturale. Les calculs ont été faits en poids et mesures de Prusse ; mais, pour qu'il fîit possible de rectifier les erreurs, s'il s'en était ghssé quelques unes, j'ai noté les quantités signalées par les observateurs eux-mêmes. Quelques décimales ont été laissées de côté pour éviter de multiplier les chiffres , quoi- qu'elles aient été prises en considération dans les calculs. (1) Zeitschrift fuer Physiologie , t. IV, p. 22. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 385 Chiens. 1. LeGALLOIS (1). Un Chien d'un à deux mois, pe- sant 2713 grammes = 44548 grains, donna , en 132 minu- tes , de 41720 centimètres cu- bes = 5331 pouces cubes, 9,12 pour cent = 212 pouces cubes, d'acide carbonique. . 2. (2) Un Chien d'un à deux mois, pesant 9 17 grammes = 15057 grains, donna, en 180 minutes , de' la quantité pré- cédente , 7,65 pour cent = 178,389 pouces cubes d'acide carbonique 3. Desprez (3). Deux'Chiens de quatre à cinq semaines donnèrent , en 102 minutes , 4,018 litres=: 224,580 pouces cubes d'acide carbonique , par conséquent l'un d'eux (à 20,000 grains). . . . 4. Id. (4). Un Chien de sept à huit mois donna , en 102 minutes , 2,777 litres = 155,216 pouces cubes. . 5. Ib. (5). Un Chien de cinq ans donna , en 91 minutes , 3,768 litres = 210,607 pou- ces cubes. . . . . . 6. Edwards (6). Trois En 24 heures. 96,667 Pouces cubes. 2320 Grains. Rapport au poids du corps. 1339 33 59,463 66,053 91,304 138,862 1427 1585 2191 3332 829 18 921 (i:2i) 4274 1937 (1) Œuvres , t. II , p. 65 , n" 4. (2) Ibid., no 6. (3) Annales de chimie , t. XXVI , p. 356. (4)jriid.,p. 355. (5) i6ic^.,p.354. (6) De rinfluence des agens physiques sur la vie, p. 644. VII. 2D 386 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES, Chiens d'un à deux jours' ne donnèrent, terme moyen, en cinq heures , chacun pas plus de 17,86 centilitres = 9,982 pouces cubes ( attendu que , comme il résulte de Fexpé rience suivante, une résor- ption considérable eut lieu pendant ce laps de temps trop long), ce qui fait pour l'un d'eux 7. Id. Trois Chiens d'un à deux jours donnèrent , en deux heures , terme moyen , chacun 14,86 centilitres = 8,305 pouces cubes. . . . Chats. 1. LeGALLOIS (1). Un Chat , pesant 634 grammes = 10410 grains , donna , en trois heures de 41720 centimètres cubes ■=. 2331 pouces cubes d'air ,7,40 pour cent=172,559 pouces cubes d'acide carbo- nique 2. Id. (2). Un Chat , pesant 737 grammes = 12101 grains, donna, en trois heures, 6,20 pour cent de la quantité pré cédente = 144,576 pouces cubes . 3. Desprez (3). Un Chat, âgé de plus de deux ans (pe- sant 24,000 grains) , donna, 1,996 4,752 48,192 47,916 99,669 27 57,96 57,519 1380 1156 802 672 1 : 13 i : 18 (1) Loc. cit., p. 64, no 4. (2) Ibid.,n°^. (3) Loc, cit., p. 356. SECpTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 387 en 95 minutes , 2,060 litres = ^^5,140 pouces cubes. . . Lapins. 1. LeGALLOIS (1). Un Lapin , pesant 997 gram- mes = 16371 grains , donna, en trois heures , de la quan- tité précédente d'air 7 ,03 pour cent = 163,931 pouces cu- bes d'acide carbonique. . . 1,Id. (2). Le même donna, le lendemain , en trois heu- res, 6,16 pour cent=143,644 pouces cubes 3. Id. (3). Un Lapin, pesant 947 grammes — 15550 grains, donna , en trois heures, 6,56 pour cent — 152,971 pouces cubes 4. Id. (4). Un Lapin , pe- sant 1840 grammes = 30213 grains , donna , en trOis heu- res, 8,55 pour cent=:199,376 pouces cubes 5. Id. (5). Un Lapin, pe- sant 1175 grammes — 19293 grains , donna , en 190 minu- tes, 6,81 pour cent= 158,801 pouces cubes 6. Desprez (6). Six jeunes Lapins , âgés de quinze jours, donnèrent, en 125 minutes, En une ', En 24 heures. Rapport heure. ^' — " y „ ^ , au poids Pouces cubes. Pouces cubes Grains. du corps. 72,720 1745 1014 (1 : 23) 54,643 1311 762 1 : 21 47,881 1149 668 1 : 24 50,990 1213 711 1 : 21 66,458 1595 927 1 : 32 50,147 1203 699 1 ! 27 (1) Loc. cit., p. 63 , n" 1. (2) /Wd!„ n" 2. (3) Ihid., n° 4. (4) Ibid., TOPl.\ {^) Ihid., w 11. (6) Loc, oit., p. 352.1 388 SECRETIONS SUPERFICIEtlES GAZEUSES. 2,955 litres = 165,165 pou- ces cubes, c'est à-dire chacun. 7. Id. (1). Un Lapin, âgé de plusieurs années, donna, en 96 minutes , 3,076 litres = 171,928 pouces cubes. . . 8. Berthollet(2). Un La- pin absorba , de 28,912 déci- mètres cubes d'air, en 210 minutes, 3,35 pour cent = 0,968 décimètre cube ; il resta donc 27,944 décimètres cubes = 1561,892 pouces cu- bes d'air, avec 11,70 pour cent = 182,741 pouces cubes "d'acide carbonique. . . . 9. Id. Un Lapin absorba, en trois heures , de la quantité précédente, 2,70 pour cent — 1,069 décimètre cube; il resta 27,843 décimètre cu- bes ^=z 1556, 24 pouces cubes d'air, avec 9 pour cent = 140,061 pouces cubes d'acide carbonique 10. ''Id. Un Lapin absorba, en 220 minutes, 2,42 pour cent = 0,699 décimètre cu- be; il resta 28,213 décimè- tres cubes — 1576,92 pouces cubes d'air, avec 11,56 pour cent = 182,291 pouces cubes d'acide carbonique. . . . 11. Id. Un Lapin absorba, (1) Loc. cit., p. 351. (2) Mémoires de physique de la Société d'Avciieil , t. II , p, 461. SECRETIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. en 226 minutes, 2,S3 pour cent = 0,731 décimètre eu be; il resta 28,181 décimè- tres cubes = 1575,13 pouces cubes d'air, avec 13;,82 pour cent = 217,682 pouces cubes d'acide carbonique. . . . 12. Id. Un Lapin absorba , en 150 minutes, 3,02 pour cent =0,873 décimètre eu be ; il resta 28,039 décimé très cubes = 1567,20 pouces cubes d'air, avec 10,77 pour cent = 168,765 pouces cubes d'acide carbonique. . . 13. Brodie (1) , ordinaire ment jusqu a . . . . . . Cochons d'Inde. 1. LeGAL- LOis (2). Deux Cochons d'In de, pesant chacun, terme moyen , 403 grammes — 6617 grains, donnèrent, en 182 minutes, 6,27 pour cent de la quantité précédemment indi quée, par conséquent l'un d'eux 73,104 pouces cubes d'acide carbonique. . . . 2. Id. (3). Deux Cochons d'Inde , pesant chacun, terme moyen , 607 grammes = 9967 grains , donnèrent , en trois heures, 8,36 pour cent, par 57,791 1387 67,506 1620 50 56 1200 1344 24,000 578 ~, 806 942 697 781 536 1 ! 19 (1) Schweigger, Journal fuer Chenue , t. XV, p. S5. (2)Œu\res,t. ÏI,p. 60, n" 1. (3) Mi., n" 5. SECRETIONS SCPERFICIEtlES GAZEUSES. 5§8 conséquent l'un d'eux 97,472 pouces cubes. ..... '6. Id. (1). Deux Cochons d'Inde, pesant chacun, terme moyen, 647,5 grammes = 10632 grains , 'donnèrent , en trois heures, 9,10 pour cent, par conséquent l'un d'eux 106,105 pouces cubes. . . 4. Desprëz (2). Trois [Co- chons d'Inde adultes donnè- rent, en 114 minutes, 2,558 litres = 142,975 pouces cu- bes, par conséqiientrun d'eux (pesant 8060 grains). . . 5. BERTHOLLET.;Un Coclion d'Inde absorba , de 28,912 décimètres cubes d'air, en 90 minutes , 0,69 pour cent = 0,199 décimètre cube ; il resta 28,713 décimètres cubes = 1604,864 pouces cubes d'air, avec 5,53 pour cent = 88,749 pouces cubes d'acide carbonique ...... 6. Id: Un Cochon d'Inde absorba, en quatre heures , de la même quantité d'air, 2,18 ponr cent =0,630 déci- mètre cube ; il resta 28,282 décimètre cube = 1580,78 pouces cubes d'air, avec 16,54 pour cent = 103,383 pouces cubes d'acide carbonique. . En une heure. En 24 heures 32,490 35,368 25,083 1 <•• y 'i',\ ;■)!: 59;^ 'ixiq 25,845 779 848 602 1419 :--JJUL l 3o3 yjs ^ ijj'.ii:; — âom 3mo >î 620 453 493 350 îôunob pinoi.n, )CÏ .(oj 360 ïi ^oc Rapport au poids du corps. 1 : 22 21 (1 : 22) 1.D ! j99«b 9bÎ0£'b , dbtiVh c gfiifiig (i)Ilid.,n°l. (2) Loc. cit., p. 353. .2 00 ^.hsSi (5> SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. V 391 7. U. Un Cochon d'Inde absorba, en 270 minutes 2,88 pour cent = 0,832 dé- cimètre cube; il resta 28,080 décimètres cubes = 1569,49 pouces cubes d'air, avec 9,31 pour cent=146, 119 pouces cubes d'acide carbo nique. ...... 8. Id. Un Cochon d'Inde absorba , en quatre heures , 2 pour cent = 0,578 décimè- tre cube; Ù resta 28,334 décimètres cubes = 1583,691 pouces cubes d'air, avec 5,85 pour cent = 92,645 pouces cubes d'acide carbonique. . 9. Id. Deux Cochons d'Inde absorbèrent , en 210 minutes , 54 pour cent = 0,445 déci- mètre: cube; il resta 28,467 décimètres cubes =1591,120 pouces cubes d'air, avec 9,87 pour cent = 157,043 pouces cubes d'acide carbonique , c'est-à-dire pour un. . . , 10. Allen et Pepys (l).Un Cochon d'Inde donna , en 25 minutes, 15,5 pouces cubes anglais 11. Id. Un Cochon d'Inde donna , en 25 minutes, 17,05 pouces cubes anglais . . . 12. Id. Un Cochon d'Inde donna,'en une heure, 53 pou- ces cubes anglais .... (1) ruios. Trans., 1809 , p. 414. 592 SECRETIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 43. Edwards (1). Trois jeu- nes Cochons d'Inde donnè- rent, en 102 minutes, terme moyen, chacun 21,47 centi- litres =: 11,999 pouces cubes. Souris. 1. H. Davy (2). Une Souris (pesant 280 grains)] donna , en 55 minutes , étant, sur un morceau de fromage , 2 pouces cubes anglais. . . 2. Id. (3). Une Souris, dans les mêmes circonstances , donna, en 60 minutes, 2,1 pouces anglais Pigeons. 1. DespREZ (4). Trois Pigeons donnèrent , en 92 minutes , 2,452 litres — 137,051 pouces cubes d'acide carbonique, par conséquent un (pesant 3840 grains). . . 2. Allen et Pepys (5). Un Pigeon donna, en 09 minutes, 3580 pouces cubes anglais. . Hibou. Desprez (6). En 85 minutes, 1,601 litre Moineaux. V.iLAVOISIER (7). Un Moineau ( pesant 430 grains) avait respiré, en 55 minutes, 31 pouces cubes d'air, et absorbé 1/60 de cet En une heure. 7,058 1. 2.308 29,79^ 28,512 70,225 169 47,95 55,39 715 684 1685 98 27,885 32,212 (1 : 10) 415 (1 : 9) 397 980 (1) Influence des agens physiques sur la vie, p. 644. (2) Physiologisch-chemische Untersuchungen ueher das Athmen, p. 106, (3) iôid., p. 110. (4) Loc. cit., p. 357. (5) Philos. Trans., 1829 , p. 279. (6) Loc. cit., p. 358. (7) Hist. de l'Acad. des sciences , 1777, p. 188. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES air : il resta 30,484 pouces cubes d'air, avec i/Q = 5,08 pouces cubes d'acide carbo- nique. 2. Edwards (1). De sept Moineaux , en mai , à 20 de- grés de température, chacun, terme moyen , donna , en 122 minutes, 19,86 centilitres = 11,099 pouces cubes 3. Id.^Be cinq Moineaux, en juin , à la même tempéra- ture , chacun , terme moyen , donna , en 65 minutes , 14,51 centilitres = 8,109 pouces cubes 4. Id. (2). De trois Moi- neaux , en octobre , à 15 de- grés de température , chacun, terme moyen, donna', en 135 minutes , 19,73 centilitres = 11,027 pouces cubes 5. Id. De dix Moineaux, en novembre , à la même température , chacun , terme moyen, donna, en 117 mi- nutes, 21,23 centihtres = 11,860 pouces cubes Loriots (3). De dix Loriots , chacun (pesant 550 grains) donna, terme moyen, en 15 minutes, 5,98 centilitres = 3,342 pouces cubes. . . . . 7,485 4,900 179 11' 6,085 13,368 104 68 146 320 84 186 (i:3) (l)Loc. ci*., p. 645. (2) Loc. cit.. p. 646. (3) Loc. cit., p. 647. 3^4 sÉc^liiô^â iffiEfeiciELtEs gazeuses. En une heure. Pouces cubes. En 24 heures. Rapport au poids du Grains. Pouces cubes. corps. Grenouilles. 1. Id. (1). De six Grenouilles , en juin, à 27 degrés de température , dans l'espace de 24 heures, cha- cune donna, terme moyen, „ «^ ^ 5,24 centilitres 0,1220 2,9228 1,7032 2. Id. De trois Grenouilles, en juin , à 18 degrés de tem- pérature , chacune donna , en 24 heures , terme moyen , 2,57 centiUtres 0,0598 ll,4364 0,8353 3. Id. En octobre, à 14 degrés de température, 2,44 centilitres. : 0,0568 1,3637 0,7930 4. Treviranus (2). Une jeune Grenouille, pesant 40 grains , donna , à 14 degrés , en 17 heures (y compris deux depuis sa à mort) 0,37 pouce cube |0,0241 10,5791 0,336 5. Id. (3). Une jeune Gre- nouille , pesant 72 grains, donna , à 13 — 15 degrés , en cinq heures trois quarts ,0,35 , pouce cube 0,0674 1,6195 lo,9418 6. MULLER (4). Une Gre- nouille, pesant 440 grains, donna, en 6 heures, 0,66 pouce cube 0,1219 2,9270 1,7022 7. Id. Une Grenouille , pesant 655 grains , donna, en 6 heures , 0,63 pouce cube. . 0,1164 2,7940 1,6248 8. îd. Une Grenouille, pe- 1 : 119 :i:76; i:i^^3 1:403 (1) Loc. cit., p. 648. , (2) Zeitschrift fuer Physiologie , t. IV, p. 21. (3) Ibid., p. 22. (4) Handbuch der Physiologie , 1. 1 , p. 293. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. SqS sant 1260 grains , donna , en 6 heures , 0,88 pouce cube. . Crapauds, 1. TreviraNUS. Un Crapaud , pesant 795 grains, donna, en 45 minu- tes , à une température de 17 degrés, 0,10 pouces cubes. . 2. Id. Le même donna , à 15 degrés , en 6 heures, 0,88 pouces cubes Tanches. 1. PROVENÇAL et HuMBOLDT (1). Trois Tanches donnèrent, en 5 heures un quart , 26,7 centimètres cu- bes = 1,4922 pouce cube, chacune 2. Id, Sept Tanches don- nèrent ^ en 6 heures, 89,9 centimètres cubes = 5,0247 pouces cubes-, donc une. , . 3. Id, Sept Tanches donnè- rent, en 8 heures et demie, 132 centimètres cubes = 7,3775 pouces cubes; donc une. . . 4. Id. Une Tanche donna^, en 17 heures, 27,9 centimètres cubes = 1,5593 pouce cube. 5. Id. Trois Tanches don- nèrent, en 7 heures et demie, 40,7 centimètres cubes = 2,2748 pouces cubes , donc chacune , . . . 6. Id, Trois Tanches don- nèrent, en 5 heures, 92,7 centimètres cubes = 5,1813 pQU,ce&,cUt)e§^ donc une. . . 0,4239 0,0917 0,1011 0,3454 2,975 2,2015 2,426 8,290 1,7300 1,2803 1,4108 4,8211 (1) Mémoires de la Soc. d'Arcueil, t. II, p. 378. 096 SECRETIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 7. I<^/Deux Tanches don- nèrent, en 7 heures, 62,5 centimètres cubes = 4933 pouces cubes; donc une. . 8. Id. Si nous prenons la moyenne de ces observations, une Tanche (en évaluant son poids à 2880 grains) donne. Hyménoptères. TreVIRA- NUS (1). 1° Trois Abeilles, pe- sant chacune . terme moyen , 1,3 grain, donnèrent, à dl degrés , dans Tobscurité , en 3 heures, 0,06 pouce cube; donc une 2. Deux Abeilles, au soleil, à 22 degrés , au milieu d'un mouvement vif, donnèrent, en deux heures et demie, 0,09 pouce cube ; donc une. 3. Une Apis lapidaria , pesant 10 grains, donna, à 12 degrés , à l'ombre , en 24 heures, 0,45 pouce cube. ; 4. Une Apis lapidaria donna, à 15 degrés, en 4 heures , 0,40 pouce cube , . 5. Trois Apis lapidaria donnèrent, à 16 degrés, en 3 heures, 0,40 pouce cube; donc une 6. Deux] Apis terresfris , pesant chacune 4 grains , al- ternativement à la lumière à 23 degrés , et à l'ombre à 15 , donnèrent, en 187 minutes , 0,26 pouce cube ; donc une. En une heure. Pouces cubes. 0,2495 En 24 heures. Pouces cubes. 5,988 3,860 0,1773 0,4789 0,4989 1,6609 1,1826 1,1098 Grains. 3,4825 2,2452 0,1031 0,2785 0,2901 1,5475 0,6977 0,6454 Rapport au poids du corps. i:i282 1 :i2 1:34 1 : 6 1:14 1 :6 (1) Loc, cit., p. 6. SECRETIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. ^97 7. Une ''Apis terrestris, pesant 6,7 grains, donna, à 9-12 degrés , en 48 heures , 0,43 pouce cube 8. Deux Apis muscorum y pesant chacune 4,5 grains , donnèrent, à 15-17 degrés, pendant lanuit^ en 10 heures, 0,34 pouce cube 9. Les mêmes donnèrent, à 15 degrés , au jour, en 12 heures , 0,43 pouce cube ; donc une Diptères. TREVIRANUS (1). Cinq Syrphus nemorum, pe- sant chacun un grain, don- nèrent, à 16 degrés, en 9 heures , 0,13 pouce cube ; donc chacun Hyménoptères. TrevJRA- NUs. 1. Trois Papillons du chou , pesant chacun 0,73 grain , depuis 28 heures sans nourriture, donnèrent, à 15 degrés, en 7 heures un quart, 0,069 pouce cube ; donc cha- cun. . . . ^ 2. Trois Papillons du chou, pesant chacun 0,83 grain, sur le déclin de la vie, donnèrent, à 14-17 degrés , en 18 heures 35 minutes, 0,06 pouce cube ; donc chacun 3. Un Mars, pesant deux grains, depuis trois jours sans nourriture , donna à midi , à En une heure. Pouces cubes. En 24 heures. Pouces cubes. Grains. Rapport au poids du corps. 0,2383 0,4523 0,4767 0,0768 0,0844 0,0286 0,1386 0,2630 0,2772 0,0446 0,0490 0,0166 i:48 i:i7 i:i6 1:22 1:14 i:5o (1) Loc, cit., p, 10. SECRETIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. En une heure. Pouces cubes. 13 degrés, en 340 minutes, 0,18 pouce cube 4. Le même donna le soir, en une heure et demie ,0^025 pouce cube. ....... 5. Uïie Chenille du Chou, pesant 9,5 grains , donna , 14 degfés , en 11 heures un quart, 6,10 pouce cube, . 6. SoRG (1). Trente Che- nilles de Pieris Brassicœ don- nèrent , en 18 heures , 4 pou- ces cubes ; donc chacune . . Libellules. TrevIRANUS(2). 1. Une Libellule , pesant 3 grains, donna, à 17 degrés, en 16 heures, 0,11 pouce cube 2. Deux Libellules , pesant chacun 3 grains , donnèrent , à 16 degrés, en 19 heures et demie, 0,24 pouce cube; donc une Coléoptères. 1. SORG (3), Un Bousier donna , en 34 heu res, 0,1 pouce cube. . . . 2. Id, (4). Quatre Scarabées nasicornes donnèrent , en 39 heures, 1,5 pouce cube ; donc un 3. Id. (5). Trois Cerfs-vo- lans donnèrent, pn 22 heures, 8 pouces cubes ; donc un En 24 heures. Pouces cubes. Grains. Rapport au poids du corps. . . . 0,8452 . . . 0,4434 0,4915 0,2579 0,2365 0,1777 0,1829 0,1637 0,0705 0,2307 1,0990 0,6344 0,1375 1 1 0,1033 0,1063 •4 •69 1 : 28 0,0952 1 0,0440 0,1341 131 '^.^M (1) Disquisiiiones pTiysiologïcœ circa respirationem insectorum et verj mium, p. 80, (2) Loc. cit., p. 14. (3) Loc. cit., p. 23. (4) Loc. cit., p. 26. (5) Loc. cit., p. 28. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. ^99 En une heure. — Pouces cubes. 4. Treviranus(4). Dix-sept Hannetons , pesant chacun un grain, donnèrent, à 13-15 degrés, en 20 heures, 044 pouce cube ; donc chacun. . 5. Id. Un Carabe , pesant 3 grains, donna, à 11-15 de- grés , en 22 heures et demie|, 0,10 pouce cube 6. SoRG (2). Vingt-deux Carabes dorés donnèrent , en 14 heures , 1,5 pouce cube ; donc chacun 7. Treviranus (3). Un Ca- rabe doré , pesant 10 grains , donna, dans la nuit, à 16 de- grés, en 12 heures, 0,15 pouce cube 8. Id. Deux Carabes dorés, pesant 7,5 grains;, depuis deux jours sans nourriture , donnèrent, dans la nuit , à 14 degrés, en 12 heures, 0,065 pouce cube ; donc chacun . . 9. Id. Deux larves de Ca- rabe doré , pesant chacune 16 grains , "donnèrent , à 17 de- grés , en 19 heures , 0,15 pouce cube ; donc une. . . . Cloportes. Id. (4). Un Clo- porte , pesant un grain , don- na , à 11-15 degrés, en 23 heiifes et demie , en remuant toujours, 0,04 pouce cube. .| (1) Loc. cit., p. 16. (2) Loc. cit., p. 12. (3) Loc. cit., p. 15; (4) ioc, cit., p. 17. £n 24 heures. Pouces cubes. Grains. Rapport au poids du corps. 0,0109 0,1182 0,2142 0,3326 0,0720 0,1050 0,0452 0,0063 0,0687 0,1245 i: 158 1 ! 43 0,1934 i:s|| 0,0419 0,0610 0,0263 1 ! 179 1 : 262 1-38 4oO SÉCRÉTIONS StfPERFICIEttES GAZEUSES. Il- Vers. Td. 1. Une Sangsue de cheval, pesant 19,5 grains, donna, à 16 degrés, en 21 heures ,0,9 pouce cube. . . 2. Deux Vers de terre, pesant chacun 51 grains, don- nèrent, à 15-16 degrés, en 18 heures, 0,09 pouce cube ; donc chacun Limaçons. Id. (1). 1. Qua- tre Limaces , pesant chacune 161 grains, donnèrent, à 16 degrés, en 10 heures, 0,83 pouce cube ; donc chacune. . 2. Deux Limaces, pesant chacune 214 grains , depuis deux jours sans nourriture, donnèrent , en 4 heures trois quarts , 0,18 pouce cube ; donc chacune 3. Une limace, pesant 125 grains , donna , à 14-15 de- grés, en 80 heures trois quarts , 1,75 pouce cube 4. Un, Limaçon, pesant 36 grains , donna , à 11 degrés , en 43 heures, 1,02 pouce cube. 6. Un Limaçon , pesant 48 grains, donna, à 13-16 degrés, en 21 heures etun quart, 0,46 pouce cube 6. Trois Planorbes , pesant chacun 35 grains , donnèrent, en 17 heures , 0,15 pouce cube ; donc chacun En une En 24 heures. Rapport heure. — . - . au poids Pouces Pouces du cubes. cubes. Grains. corps. 0,1140 0,0665 0,5521 0,5041 0,5766 0,6312 0,5760 0,0782 0,0663 0,0386 0,3211 0,2931 0,3353 0,3670 0,3349 0,0454 1 : 294 i:i32i 1 :50i 1 : 730 1 : 372 1 :i43 1 : 770 (1) Loc. cit., p. 18. SÉCRÉTIONS StJPËKFlCIÏlLtES GAZEUSES. 4oi D'après cette table, l'exhalation de gaz acide carbonique proportionnelle au volume du corps est très-considérable chez les Lépidoptères, les Hyménoptères et les Oiseaux, faible chez les Grenouilles et les Crapauds , très-faible chez les Limaçons, les Vers et les Poissons. Nous avons admis précédemment que l'homme exhale , en vingt-quatre heures , environ 23450 grains d'acide carbonique par les poumons , et environ 350 par la peau , ce qui fait en tout à peu près 23800 grains. Si nous évaluons le poids du corps à 150 livres , la proportion de cette quantité d'acide carbonique sera de 1 1 48, tandis que, d'après le tableau qui précède , elle a été au moins de 1133 chez les Mammifères qu'on a observés dans l'intention de la connaître. Il semble, à la vérité, que les petits animaux exhalent proportionnellement plus d'acide carbonique que les gros , de sorte qu'il serait très-possible que la proportion de cet acide fût plus faible chez les gros Mammifères que chez les Chiens , les Chats , etc. : cependant la différence ne saurait être considérable , et l'analogie nous porte à admettre qu'il n'y a point d'exagération quand on évalue l'exhalation jour- nalière d'acide carbonique , chez l'homme , à environ 40900 pouces cubes, ou 23800 grains. D'après cela, l'exhalation de la peau serait à celle des poumons dans la proportion de i:66. Le caractère de l'espèce animale et le volume du corps des individus'ne sont point les seules circonstances ;qui influent sur la quantité d'acide carbonique exhalée ; d'autres encore , dont nous parlerons plus loin (§ 841) , jouent manifestement un rôle sous ce rapport. Mais il n'en reste pas moins , chez les mêmes animaux observés par les mêmes expérimenta- teurs , des différences dont on ne découvre point la source dans les circonstances extérieures. Nous voyons ici , comme partout, que la vie ne peut point devenir un problème mathé- matique , qu'elle change de direction et de caractère d'une manière qu'on ne saurait soumettre au calcul et qu'on ne peut évaluer que d'une manière générale les quantités qui se rapportent à elle. IV. Toutes les parties végétales qui ne contiennent point de matière verte , par conséquent les racines , les vieilles écor- VII. 26 402 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. ces d'arbre , ies fleurs , les fruits colorés aulrement qu'en vert , ies graines , les tubercules et les ognons , enfin les plantes entières sans matière verte , comme les Champignons et les Lichens , exhalent continuellement du gaz acide carbo- nique. Lespartie's vertes , au contraire, tant qu'elles végètent avec vigueur, ne. donnent de ce gaz que dans l'obscurité ; elles en fournissent aussi au soleil lorsque leur végétation diminue, ce qui arrive également aux plantes malades , aux fruits verts quand ils mûrissent , aux tiges et aux feuilles , quand elles se fanent , soit qu'alors elles changent de couleur, soit qu'elles conservent celle dont elles étaient pourvues auparavant. § 819. i° BerthoUet et CoUard de Martigny ont observé une exhalation d'azote dans toutes celles de leurs expériences qui ont été rapportées plus haut. Desprez (1) a fait la même re- marque dans toutes les siennes , au nombre de plus de deux cents. Elle s'est offerte aussi à Lassaigne et à Yvart (2) sur des Souris et des Cochons d'Inde. Des observations antérieu- res avaient fait admettre par les uns que l'azote de l'air at- mosphérique est absorbé dans l'acte de la respiration , par d'autres , qu'il ne subit aucun changement. Mais ces contra- dictions apparentes disparaissent devant le fait , constaté par un certain nombre d'expérimentateurs, que l'azote atmosphé- rique , tantôt augmente , tantôt diminue , tantôt enfin ne subit ni augmentation ni diminution. Tels sont Nysten (3) , ^Du- long (4) , Edwards (5) et Treviranus (6) , qui ont fait cette observation dans la plupart de leurs expériences. Nous trouvons les indications numériques suivantes à l'é- gard des quantités d'azote exhalées; les quatre dernières ne donnent que des termes moyens. (d) Annales de chemie, t. XXVI, p. 349. (2) Journal de chimie médicale , t. VIII , p. 273, (3) Recherches de physiologie , p. 230. (4) Journal de Magendie , t. III , p. 51, (5) Influence des agens physiques , p, 422, (6) Zeitschrift fuer Physiologie , t. IV, p. 33, SECRETIONS SUPEUFICIELLES GAZEUSES. 4o3 » 95- •a 5"o Animaux qui ont servi aux observai ions. a o II Litres. c c 3 r! 03 2 o P-"^ 5.0-2 ri ^ o3 ai rti 9j a ol Un Lapin, 96 0,829 28,959 i:3,7 6 jeunes Lapins. 125 0,432 4,931 1:6,8 w 3 Cochons d'Inde. 114 1.066 10,453 1:2,4 fD 1 Chien. 91 1,373 50,599 1-2,7 -O 1 jeune Chien. d02 0,765 25,452 1:3,6 i < 2 jeunes Chiens. 102 1,097 18,033 1:3,6 >i» 1 Chat. 95 0,524 18,497 1 = 3,9 ■^ 3 Pigeons. 92 0,740 8,626 1-3,4 1 Hibou. 85 0,627 24,737 1*2,2 \ 1 Lapin. 11 0,059 1,799 1*4,7 / Idein. 14 0,032 0,766 1*6,1 n o 1 Idem. 9 0,063 2,347 1:4,7 03 \ Idem. 11 0,031 0,945 1:9,1 = ex ] Idem, 42 0,040 0,279 l':19,8 "^ „ l Idem. 12 0,067 1,872 1:5,5 s£ Idem. 13 0,021 0,541 1:44,8 99 Idem. 15 0,038 0,849 1=6,2 3-. 1 petit Cochon d'Inde. 10 0,027 0,905 1:7,4 ' \ 1 jeune Chien. 299 0,024 0,276 1:6,5 ' Idem. 299 0,040 0,115 1:49,0 Idem. 301 0,006 0,069 1:28,4 Idem. 120 0,006 0,178 1:24,3 M 1 Idem, 120 0.027 0,760 1:5,4 \ i jeune Cochon d'Inde. 106 0',021 0,664 1=10,7 j Idem. 103 0,005 0,485 1:38,0 S- \ Idem. 97 0,021 0,736 1:9,4 ^, 1 Moineaux en mai. 122 0,044 0,384 i;i4,l Oa 1 Idem en juin. 65 0,043 0,701 1:406 f Idem en octobre. 435 0,014 0,370 1:13,2 1 Ide7ii en novembre. 117 0,0001 0,002 i:2123 \ Loriots. 15 0,0005 0,111 1:119 (1) Annales de chimie , t. XXVI , p. 351. (2) Journal de Magendie , t. X , ?• 153. (3) Loc. cit., p. 644. 404 SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEtSES. Suivant Treviranus (1), la quantité de l'azote expiré s'est élevée , chez 2^ "^ Pouces >-5 a-' 1-5 5. eu? Heures. cubes. rtion le l'acide ;que. UnCrapaud. 3/4 0,18 i:o,55 Idem. 6 1,52 l'0,57 3 Abeilles. ' ■ 3 0,04 i:i,5 2 Abeilles. 2 1/2 0,02 1:4,5 1 Apis mur aria . 24 0,d8 1:2,5 1 Afis terrestris. 48 0,11 1:3,9 1 Apis muscorum. 22 0,23 1:3,3 6 Syrplies. 9 0,08 1:1,6 1 Chenille du chou. 11 'J/4 0,08 1:1,2 3 Papillons du chou. 7 V4 0,144 1:0,47 1 Libellule. 46 0,11 1:1,0 2 Libellules. 19 1/2 0,42 1:0,57 2 Larves de coléoptères. 19 0,07 1:2,1 17 Hannetons. 20 0,22 1:0,63 1 Carabe. 22 1/2 0,14 1-0,71 1 Cloporte. 23 V2 0,06 1:0,66 1 Sangsue de cheval. 21 0,14 j:o,64 2 Vers de terre. dS 0,08 1:1,1 2 Limaces. 4 3/4 0,81 1:0,22 1 Limace. 80 3/4 0,50 1:3,5 1 Planorbe. 17 0,11 1:1,3 Mais déjà auparavant Spallanzani avait observé les mêmes phénomènes dans ses nombreuses expériences. Il avait remar- qué que du gaz azote s'exhale quelquefois ; ce fait s'était offert (d) Loc. cit., t. IV, p. 6-23. SÉCRÉTIONS SUPERFICIELLES GAZEUSES. 4^5 à lui d'abord chez les Limaçons (1) , puis chez des Vers (2) , des Insectes (3) , des Reptiles , des Oiseaux (4) et des Mammi- fères , enfin chez l'homme (5) ; il ayait reconnu que , dans d'autres cas , l'air expiré contient la même quantité d'azote que l'air atmosphérique , mais que parfois on en trouve moins. Voici les résultats de quelques unes de ses observations : AZOTE ACIDE K ci 3 S- C o (=; EXPIEE. CARBONIQUE EXPIRÉ. ' © c n s:" © 3 O w n c c o © O 3 a. Ci © n en n en «S- S 3- 3 a» 1 Couleuvre (6). 1 Lézard (7). 1 Grenouille (8). 1 Grenouille (9). 1 Loir (10). 21 40 60 9 37/60 237,80 39,63 59,45 29,71 396,38 S 2 3 9 8 1,0632 0,0443 0,0996 0,1494 1,7723 2 12 11/2 dO 6 1/2 8 0,3322 0,0332 0,3322 0,1079 1,7723 i:o,3i i:o,75 i:3,33 i:o,72 1-1 Azote absorbé. 1 Tortue (dl). 1 Moineau (12). 1 Cliauve-souris (13) 14 5/60 11/60 59,45 39,64 36,64 12 3 3 0,3986 0,0646 0,0614 5 4 0.4078 0,0318 1-1,66 1:1,33 (1) Mémoires sur la respiration , p. 231. (2) Rapport de l'air avec les êtres organisés, t. I, p. 7. (3) Ibid., p. 17. {4)/&id., t. II,p. 15. (5) Ibid., p. 29. (6) JM£^.,t. I,p. 198. (7)/62c?.,t. I,p. 289. (S)/Wd.,t.I,p. 365. (9) J6i(^.,t. I,p. 393. (10)/6i(i., t. n,p. 222. (Il)i6?;rf.,t. 1, p. 278. (\2)Ibid., t. Il, p. 12. (13) /&t£^., 1. 11, p. 128. 4o6 SÉCRÉTIONS SUPERFIClEItES GAZEUSES. D'après cela , l'exhalation de l'azote n'est point proportion- nelle à celle du gaz acide carbonique , et Ton n'aperçoit pas de circonstance permanente qui la détermine. Des six jeunes Chiens dont Edwards étudia la respiration ,' il yen eut cinq qui accrurent la quantité de l'azote , tandis que l'autre , toutes choses égales d'ailleurs , la diminua , en deux heures , de 0,68 centilitre. Des six Moineaux qu'il observa au mois de mai , cinq l'accrurent et un la diminua. De dix Moineaux mis en expérience au mois de novembre , un l'augmenta, et neuf la diminuèrent. La même chose eut lieu pour dix Loriots. Sur douze Grenouilles , sept l'accrurent et cinq la diminuèrent. Dans les expériences de Treviranus , tandis que quatre Li- maces diminuèrent l'azote atmosphérique de 0,025 pouce cube dans l'espace d'une heure, deux l'augmentèrent ensuite d'environ 0,190 pouce cube durant le même laps de temps ; et de deux Limaçons , l'un le diminua de 0,003 en une heure, l'autre l'accrut de 0,007 pouce cube. [Spallanzani a observé l'exhalation d'azote par des Limaçons mêlés avec d'autres , quand ils étaient sur le point de mourir. Nysten (1) a trouvé , sur trois [sujets bien portans, qu'un homme robuste et à large poitrine n'altérait point la propor- tion de l'azote atmosphérique par sa respiration pendant l'es- pace de trente secondes , qu'un autre homme faible et à poi- trine étroite expirait pendant le même laps ^de temps 13,25 centimètres cubes d'azote , et qu'une femme bien constituée en exhalait 6,71 centimètres cubes. Il fit respirer le même air à treize malades pendant une demi-minute (2) ; la proportion de l'azote resta la même dans une fièvre adynamique mor- telle , dans une pneumonie mortelle et dans une phthisie pul- monaire ; elle fut accrue , dans la phthisie pulmonaire , une fois de treize centimètres cubes , et une autre fois de cin- quante-deux ; dans la fièvre adynamique , une fois de vingt , et une autre fois de cinquante-sept centimètres cubes. Le seul résultat que nous puissions tirer de ces observa- tions est donc , que , suivant des circonstances qui nous échap- (1) Recherches de physiologie , p. 190. , (2) Loc. cit., p. 193. SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. 4^7 pent encore , il y a tantôt exhalation et tantôt absorption d'a- zote , outre les cas dans lesquels ni l'une nil'autre n'a lieu. 2° Ingenhouss et Trousset ont remarqué une exhalation de gaz azote par la peau humaine. Abernelhy , ayant tenu sa main sous du mercure, en obtint de l'air qui se composait d'à peu près un tiers d'azote et deux tiers d'acide carbonique (1). Collard de Martigny (2) a trouvé que sa peau exhalait quel- quefois de l'acide carbonique pur, et ordinairement de l'acide carbonique et de l'azote, mais dans des proportions très- variables. 3° Suivant Saussure, les fleurs de certaines plantes parais- sent exhaler aussi de l'azote. B. Sécrétions superficielles fixes. § 820. Avec le système cutané et ses cryptes apparaît le rudiment d'un organe sécrétoire spécial , et les sécrétions qui se produisent là font le passage de celles qui ont un caractère commun ou général à celles qui en revêtent un spécial. Là aussi cesse l'analogie entre les sécrétions végétales et les sé- crétions animales. La plante n'a qu'une sécrétion interstitielle (811, l"-, 812; 813 , l"»), une sécrétion vésiculaire (§ 814 ; 815, 10° ) , et une sécrétion superHcielle^' volatile (§ 817 , 8° ; 818 , IV; 819 , 3°) , qu'on puisse comparer à celles des ani- maux ; mais elle n'a ni sécrétions spéciales ni cavités sécré- toires qui s'ouvrent à l'extérieur. Les sécrétions fixes de la surface animale se partagent en ^ celles de la membrane muqueuse et celles de la peau. 1. SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. I. A la surface interne et libre des membranes muqueuses adhèrent et une humidité épaisse qu'on appelle mucus et un liquide aqueux que nous appellerons suc muqueux. (4) Chirurgische und physiologische Fersuche ,'^'Ç. 108. (2) Loc. cit,, p. 164. 4o8 SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. Le suc muqueux est évidemment un analogue de la tran- spiration aqueuse (§ 816). Le liquide aqueux qui se sécrète à la membrane muqueuse des poumons , et dans lequel se dissout à chaque instant de nouvel air , qui le vaporise , ne peut s'évaporer que fort peu dans les cavités formées par les autres membranes muqueuses, où l'air ne change point autant, et il est par conséquent obligé de s'y produire sous forme li- quide ; mais il doit avoir en même temps une constitution par- ticulière , et correspondante à la nature de la membrane mu- queuse. On peut donc le considérer comme une sueur des membranes muqueuses , puisque la sueur proprement dite n'est elle-même autre chose que la portion de vapeur cutanée dont l'air atmosphérique ne se charge point. En même temps que ce suc , la surface qui le sécrète four- nit aussi le mucus. L'un et l'autre produits sont ordinairement mêlés ensemble , par exemple le suc gastrique avec le mucus stomacal^ le suc intestinal avec le mucus intestinal. Mais il y a des points aussi où l'on ne rencontre tantôt que l'une et tantôt que l'autre forme , comme par exemple à -la membrane muqueuse du nez , même dans l'état de santé , mais plus en- core dans le coryza , puisque cette membrane fournit tantôt un liquide séreux et tantôt une mucosité épaisse. 'Seulement il est impossible que le mucus ait, au moment de sa sécrétion, la consistance visqueuse dont nous le voyons revêtu ; car il n'a pas d'autres organes producteurs que le tissu des vaisseaux sanguins et de la membrane muqueuse elle-même , qui est imperméable à un liquide [si épais et si visqueux. Nous de- vons donc admettre qu'il était primordialement liquide et coulant , et que c'est seulement par la perte d'une partie de son eau qu'il a acquis de l'épaisseur. Ainsi le mucus pulmo- naire n'est évidemment que le résidu de l'évaporation , ou un précipité de substances qui n'ont pas pu accompagner l'eau quand elle s'est volatilisée dans l'air. Lorsqu'un liquide a été sécrété dans les enfoncemens de la membrane muqueuse, il est obligé de s'y accumuler et d'y séjourner pendant quelque temps : les parties dont il se compose doivent alors se séparer les unes des autres ; les pius liquides s'écoulent ou se réduisent en vapeurs ; mais le reste s'épaissit, et n'est expulsé que par une SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. 4^9 action plus énergique de la couche musculeusesous-jacente. Ainsi les cryptes sont le siège principal de la formation du mucus , mais non l'unique. En effet , la quantité du mucus n'est point toujours en raison directe du nombre ou du volume des cryptes , et il y a beaucoup de points couverts de mucus , par exemple au canal intestinal , où l'on n'aperçoit pas de ces excavations. De cette manière , la surface entière delà mem- brane muqueuse sécrète , tant par les points où elle est lisse et unie, que dans ses phanères et cryptes , un liquide qui con- tient un mélange de substances plus ou moins solubles , et qui, en adhérant à elle , se sépare en mucus et suc muqueux , avec cette différence que , partout où la membrane muqueuse se dessine en villosités , elle produit un liquide ayant pour des- tination d'agir à l'extérieur et d'être bientôt éloigné, tandis que quand elle se creuse des fossettes, elle en forme un plus spé- cialement destiné à rester dans le lieu même. La différence entre le mucus et le suc muqueux consiste donc en ce que le second contient davantage d'eau et moins de substances so- lubles dans l'eau , notamment d'albumine , tandis que l'autre est plus riche en eau et contient une substance non soluble dans ce véhicule. En conséquence , le mucus est épais , gluant , filant entre les doigts et d'un blanc grisâtre. On y aperçoit , au micros- cope , des grumeaux qui ont 0,0013 à 0,0020 ligne de dia- mètre selon Weber (1), 0,0023 à 0,0038 d'après Krause (2) , et qui peuvent être partagés en granulations de 0,008 à 0.,00d2 ligne de diamètre. A l'air, il perd son eau, et se dessèche en une lamelle cassante , qui a le brillant du vernis. Il se mêle d'autant moins à l'eau , qu'il a plus d'épaisseur. Quand il est très-épais , il ne fait qu'absorber ce liquide et se gonfler. Il est précipité par l'acétate de plomb , ne se coa- gule pas à la chaleur, ne se dissout ni dans l'alcool ni dans l'acide acétique , est soluble dans la potasse caustique , d'où les acides le précipitent ensuite , entre en fusion et se bour- soufle au feu , brûle en répandant l'odeur de la corne , et (1) Anatomie des Mensclien, t. I , p. 93. (2) Handbvxli dor menschlichen Anatomie , t. I, p. 88, 4l6 SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. donne à la distillation du carbonate d'ammoniaque , avec de l'huile empyreumatique. Outre le mucus proprement dit et de l'eau , il contient de la soude , du chlorure de sodium , du chlorure de potassium et des traces de phosphates de soude et de chaux. Sa constitution , notamment sa miscibilité avec l'eau et sa solubilité dans les acides et les alcalis , varient sui- vant les membranes muqueuses qui le produisent. IL Au premier rang se place le suc muqueux sécrété dans l'estomac et le canal intestinal , ou le suc gastrique et le suc intestinal ; liquide auquel le rôle qu'il joue dans la digestion donne une importance toute spéciale , eu égard à la conser- vation de soi-même , à tel point que sa production trop abon- dante entraîne un affaiblissement extrême. Nous ne trouvons pas ce suc à l'état de pureté : il est mêlé avec les produits des organes sécrétoires annexés au canal intestinal. 1° D'après cette circonstance , il nous est impossible de déterminer, quand nous trouvons une masse quelconque de liquide aqueux et muciiagineux dans l'estomac et l'intestin , à combien s'élève la quantité qui a été sécrétée par ces or- ganes , et combien il en faut rapporter à la salive avalée et au suc pancréatique versé dans l'intestin. Cependant Mon- tègre est allé trop loin (1) , en disant que le liquide qu'on rencontre dans l'estomac , chez les personnes à jeun , se corii- pose uniquement de salive avalée , opinion que partage aussi à peu près Schultz (2). En effet;, l'analyse chimique ne dé- montre pas cette identité ; d'ailleurs , la saUve et le suc pan- créatique sécrétés pendant qu'on est à jeun, ne sont point assez abondans pour pouvoir se répandre sur le canal intestinal entier et s'y accumuler, sans être résorbés , en quantité semblable à celle qu'on rencontre ou qu'on trouve indiquée par les auteurs. Les sujets pris tout à coup de diar- rhée , par exemple à la suite d'un refroidissement , et sans que la sécrétion salivaire ait augmenté , perdent souvent des quantités très-considérables de suc intestinal en peu de temps. Morgagni , par exemple , assure avoir évacué lui-même , en (1) Expériences sur la digestion de l'homme , p. 43. (2) De alimentorum concoctione expérimenta nova , p. 104. SJÈCRÉTIONS MUQUEUSES. 4*1 pareil cas , jusqu'à seize onces d'un liquide presque aussi clair que de l'eau , dans l'espace de douze heures (1). Les cholériques rendent bien davantage encore de sérosité , qui n'a pu être sécrétée que dans l'intestin. Lorsqu'on ouvre l'in- testin d'un Chien vivant, et qu'on l'essuie avec une éponge, il faut moins d'une minute , suivant Magendie, pour voir i-e- paraître la même quantité de suc intestinal , et l'on peut ré- péter aussi souvent qu'on veut l'expérience , sans que le ré- sultat varie , jusqu'au moment où l'inflammation se déclare. Haller (2) fait remarquer que la surface exhalatoire de l'in- testin surpasse en étendue celle de la peau , et que ses artères ont un calibre supérieur à celui des artères rénales : aussi , tout en ayant égard à la mollesse du tissu des intestins et à la chaleur de la cavité abdominale, évalue t-il à huit livres la quantité de suc abdominal qui se sécrète chez l'homme dans l'espace de vingt-quatre heures. Quant à la quantité du suc gastrique , Spallanzani (3) en rendait, le matin à jeun, plus d'une once, à la suite d'un vomitif; mais Pinel pouvait en rendre spontanément depuis quelques onces jusqu'à une demi-livre le matin , après avoir avalé seulement une gorgée d'eau ou une bouchée d'aii- mens (4). Il n'est pas rare que, dans l'état de maladie, le vomissement en évacue plusieurs livres (5). Prout exprima plus d'une demi-once de suc gastrique du contenu de l'es- tomac d'un Chien, qui n'avait pris que des alimens secs (6). Schultz (7) pense que la panse des Ruminans n'est pas propre à fournir une sécrétion abondante , à cause de l'épitheliunl dense qui la recouvre , et qu'elle ne sert guère que de réser voir à la salive avalée; mais elle contient une quantité con- sidérable de liquide , qui suffit même , chez le Chameau et le (1) De sedib. et causis morh., lib, XXXI, art. 9. (2) Elément, physiolog., t. VII , p. 36. (3) Expév. sur la digestion. Œuvres , t. II , p. 654. (4) Magendie , Précis de physiologie, t. II, p. 11. (5) Haller, Elément, physiolog., t. VI, p. 301. ; (6) Schweigger, Journal fuer Physik, t. XXVIII, p. 227. (7) De alimentormi concoctione , p, d04. 4l2 SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. Lama ^ pour apaiser au besoin , pendant quelque temps , la soif de plusieurs hommes. Spallanzani a trouvé trente-sept onces de suc gastrique dans la panse et le bonnet d'une Brebis qui avait été deux jours sans recevoir de nourri- ture (1). Une Corneille (2) lui en fournit , dans l'espace d'une heure, quatre-vingt-seize grains imbibant des morceaux d'épongé qu'il avait fait avaler à cet animal , et un Aigle (3) en vomissait six gros par jour, avec des tubes qu'il avait également été contraint d'avaler. ; 2° Le suc gastrique de l'homme , comme l'a surtout re- marqué Montègre (4) , est un liquide incolore, imparfaitement clair, un peu grisâtre , très-peu visqueux , moussant lorsqu'on l'agite , dans lequel nagent des flocons muqueux gris , qui se déposent par le repos , de manière qu'ensuite la liqueur de- vient aussi limpide que si on l'avait filtrée. Celui des Chevaux est , d'après Tiedemann et Gmelin (5) , d'un jaune pâle , et il a une pesanteur spécifique de 1005. Brugnatelli (6) repré- sente le suc de la panse des Brebis comme un liquide légè- rement trouble , jaunâtre , d'une saveur douce , avec un ar- rière-goût amer et salé. Celui des Oiseaux est également plus ou moins jaunâtre, un peu trouble , amer et salé. 3° Ce qui a été dit plus haut (§ 817^ 3° ) des gaz contenus dans les organes digestifs , s'applique jusqu'à un certain point aux propriétés chimiques du suc gastrique. Ces propriétés peuvent dépendre des alimens qui ont été pris, ou être déî terminées par une modification spéciale que la digestion im- prime à l'activité de l'estomac (§ 85^, 2°). On doit donc analyser ce suc à jeun ; cependant , même alors, une erreur peut très-facilement se glisser, puisqu'il reste souvent encore un peu de chyme dans l'estomac , à une époque où l'on sup- (1) Loc. cit., p. 556. (2) Loc. cit., p. 481. (3) Loc. cit., p. 610. (4) Exp. sur la digestion , p. 20. (5) Recherclies expérimentales sur la digestion , t. I , p. 106. (6) Bcitrœije su don Chemischen Annaleii von Crcll , t. I, cah. IV, p. 69. SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. 4l^ pose que le viscère est entièrement vide 'depuis long-temps déjà. Quoiqu'on ait trouvé le suc gastrique tantôt neutre , tantôt acide ou alcalin, la plupart des observateurs s'accordent à dire qu'il est neutre ou alcalin chez les animaux à jeun. Haller le dit alcalescent , parce que , suivant Rast , ayant été tiré de l'estomac vide de Brebis et de Mulets , il verdissait le sirop de violette et faisait légèrement effervescence avec les aci- des (1). Spallanzani (2) a trouvé que celui qu'il avait vomi et celui des Oiseaux carnivores n'était point acide. D'après Scopoli (3) , celui des Corbeaux est alcalin , et celui des Corneilles neutre. Carminati l'a trouvé alcalin chez les ani- maux herbivores, ainsi que chez les Chiens et les Chats à jeun. Brugnatelli (4) et Werner (5) ont rencontré un liquide neutre dans la panse des Ruminans. Chez les Insectes , ce suc est alcalin, d'après Ramdohr, Treviranus (6) et Rengger (7). Thénard a trouvé neutre celui que Pinel rendait à jeun , et Monlègre (8) a remarqué que le sien l'était également dans certains cas. Du reste, on doit noter que , dans plusieurs de ces observations , la neutralité indique seulement l'absence d'un acide à l'état de liberté , et qu'on n'a point examiné si la liqueur réagissait à la manière des alcalis. Selon Tiedemann et Gmelin (9) , le suc gastrique des Chiens et des Chevaux à jeun rougit peu ou point le tournesol ; chez un Chien auquel on avait enlevé un lambeau du nerf pneumogastrique au cou (10), il n'exerçait point de réactions acides, et, chez une Brebis, qui mourut plusieurs heures après qu'on eut recueilli sur elle le suc pancréatique, il était fortement alcalin. Enfin, (1) Elément, physiolog., t. VI , p. 143. (2) Loc. cit., p. 696. (3) Ibid., p. 698. (4) Loc. cit., 1. 1, cah. IV, p, 69.'| (5) Sctierer, Allgemeiner Journal der Chemie, t. VIII, p. â&. (6) Biologie, t. IV, p. 355.J (7) Physiologische Untersuclmngen Zfeher die Jnsekten, p. 8. (8) Exp. sur la digestion , p. 22 , 25. (9) Rech. exp. sur la digestion , p. 93. (10) iWd., p, 340. 4l4 SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. Schultz (1) a prouvé de la manière la plus péremptoire , par des observations faites sur des Chiens, des Chevaux et des Grenouilles, que le suc gastrique et le suc intestinal sont alcalins par eux-mêmes , c'est-à-dire à jeun. Nous regardons comme non démontrée l'opinion émise en même temps par lui , que cette alcalescence provient de la salive. 4° Scopoli a reconnu , dans l'estomac du Corbeau , et Schultz (2) dans la panse des bêtes ovines , que l'alcali libre du suc gastrique était de l'ammoniaque. 5° Parmi les 0,019 ou 0,020 parties de substances solides contenues dans le sup gastrique de l'homme , Chevreul (3) a trouvé , en matières organiques , de la ptyaline et beaucoup de mucus. Suivant Montègre (4), ce suc ne tarde pas , comme la salive , à se putréfier, et il subit d'autant plus rapidement celte espèce de décomposition , qu'il contient davantage de mucus. Macquart (5) avait indiqué de l'albumine , de la gé- latine et même de la résine , comme figurant parmi les prin- cipes constituans du suc gastrique des Ruminans. Tiedemann et Gmelin , dans toutes les analyses qu'ils en ont faites , y ont trouvé , avec le mucus , de la matière salivaire , peu ou point d'albumine, quelquefois de l'osmazome, dans certains cas aussi de la résine et de la graisse , et, chez les Oiseaux, une substance analogue à la matière caséeuse. Les nids d'Oiseaux de la Chine , pour la construction des- quels l'Hirondelle de Java emploie son suc gastrique , se ra- mollissent dans l'eau chaude et s'y dissolvent en partie ; ils donnent une combinaison savoneuse avec les alcalis , et se dissolvent dans les acides aiïaiblis et dans l'ammoniaque avec plus de facilité que ne le fait l'albumine coagulée. Ils sont com- posés , selon Home (6) , d'une substance tenant le milieu entre la gélatine et l'albumine ; suivant Doebereiner (7) , (1) De concoctione alimentorum , p. 63-66, (2) Loc. cit., p. 46. (3) Magendie , Précis de physiologie , t. II , p. il. (4) Exp. sur la digestion , p. 42. (5) John , Chcmische Tahellen des Tkierreichs , p. 85, (6) Meckel , Deutsches Archiv , t. IV, p. 137. (7) Berzelius , Tiaité de chimie , t. YII , p. 663. SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. 4^5 d'un mucus qui a beaucoup d'analogie avec la substance du squelette des Poissons cartilagineux. 6° Du chlorure de sodium et de l'hydrochlorate d'ammo- moîîiaque ont été remarqués dans toutes les analyses du suc gastrique , notamment par Garminati , Brugnatelii , Macquart, Chevreul, Prout, Gmoiin et Schuliz. Après ces sels, celui qu'on a rencontré le plus fréquemment était le phosphate calcaire ; on a vu moins souvent le phosphate ou le sulfate de potasse , le chlorure de calcium ou le sulfate de chaux , le phosphate de magnésie , le fer et le manganèse. IL Le suc instestinal contient beaucoup de mucus au com- mencement du duodénum, ainsi que dans la portion pylorique de l'estomac, moins dans le reste de l'intestin grêle, une très grande quantité dans le cœcum ; moins dans le colon , et davantage dans le rectum. Tiedemann et Gmelin se le sont procuré pur en exprimant l'intestin , dans les points surtout où il a y beaucoup de cryptes. Le suc ainsi obtenu sur des Chiens, était épais, blanchâtre , et doué d'une saveur salée ; il ne pa- raissait point agir sur le tournesol : dans le cœcum , il était d'un gris rougeâtre et d'une saveur salée : il rougissait un peu le tournesol ( probablement pendant la digestion ) ; dans le reste de l'intestin grêle , il était jaunâtre et sans réactions acides (1). Le suc intestinal du Cheval (2) contenait du mucus, de l'albumine , de la matière salivaire , de l'osmazome , une matière analogue à la substance caséeuse,' rougissant par le chlore et le chlorure de mercure, et une matière azotée, res- semblant à l'acide urique , d'ailleurs beaucoup de chlorures et de phosphates , peu de sulfates , du carbonate alcaUn , du phosphate et du carbonate de chaux et de magnésie. GmeUn (3) indique de la manière suivante la proportion des principes constituans du suc gastrique et intestinal d'un Che- val qui n'avait pris aucune nourriture depuis trente heures : (1) Rech, expér. sur la digestion, p. 101. (2) Ibid., p. 111. (3) Handbuch der theoretischen Chemie , t. II, p. 1434.] 4i6 SECRETIONS MUQUEUSES. Cu t) CL" c'a s aj s O 99 (b^O B 3 t-^ n a «* 3 g s Z s n O B O* 3 Pesanteur spé- cifique . . . . 1005 1019 1015 1012 1012 1012 Résidu sec de l'évaporation. 0,0164 0,0341 0,0334 0,0131 0,0132 0,0134 Principes con- "j stituans de ce résidu Solubles dans l'alcool. 0,239 0,347 0,090 0,150 0,154 0,211 dans l'alcool aqueux. 0,304 0,328 0,297 0,224 0,266 0,272 dans l'eau. 0,429 0,253 ',0,491 0,554 0,415 0,491 Insolubles. . . 0,038 0,049 0,048 0,035 0,082 0,014 Cendres .... 0,017 0,011 0,008 0,009 Les substances solubles dans l'alcool étaient'de la graisse, de la résine , de l'osmazome , des acétates de potasse et de soude , des chlorures de sodium et de potassium ; il s'y joignait encore , dans l'estomac , de l'acide acétique ; dans l'intestin , une substance analogue à la matière caséeuse, précipitable par les acides seulement, et provenant peut-être du suc pan- créatique ; enfin, dans l'intestin grêle, du carbonate alcalin. Les substances solubles dans l'alcool aqueux étaient de l'osma- zome, et des chlorures de sodium et de potassium , plus, dans l'intestin grêle , de la matière salivaire et une substance ana- logue à l'acide urique ou à Toxide cyslique. Les substances solubles dans l'eau étaient de la ptyaline , avec des chlorures de sodium et de potassium; plus, dans l'intestin grêle, de de l'acétate , du phosphate , du sulfate et du carbonate alca- lins. Les substances insolubles étaient du mucus, de l'albu- mine coagulée et du phosphate calcaire ; plus, dans l'intestiu, de la magnésie , du fer et du manganèse. . SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. 4^7 Schultz a trouvé le suc intestinal neutre ou alcalin dans tous les points de l'étendue du tube , chez les animaux à jeun (1). Tiedemann et Gmelin (2) ont remarqué que le mucus in- testinal des Chevaux a beaucoup d'analogie avec l'albumine coagulée , et qu'il ne diffère d'elle que par une solubihté moins prononcée. Suivant Berzelius (3), il n'est soluble qu'en petite quantité dans les acides ; il se dissout facilement dans les alcaUs , mais il en est précipité par les acides ; après avoir été desséché, il ne redevient pas mucilagineux dans l'eau, si ce n'est quand on ajoute de l'alcali à cette dernière. IV. L'excrétion pulmonaire , ou le suc muqueux sécrété par les voies^aériennes , est , d'après Pearson (4) , un peu épaisse , demi-transparente, bleuâtre le matin (§813, III), la plupart du temps mêlée de masses transparentes et opaques, dans les- quelles ;, au moyen d'une dilution convenable, on aperçoit des globules , qui sont beaucoup plus gros , mais moins nom- breux, que ceux du sang. Ce suc surnage d'abord l'eau, mais il tombe ensuite au fond , en dégageant des bulles de gaz. Sa sa- veur est salée; il se comporte à la manière des substancesneu- tres ;*à cinquante-cinq degrés du thermomètre de Réaumur, il se partage en un caillot et un liquide lactescent. Le caillot est de l'albumine, donnant, avec de l'eau , un mélange plus épais que celui qui résulte de l'albumine du sang ; l'alcali y est neutralisé de manière à ne point agir sur le curcuma. En outre, il contient des sels. Plus il est épais , moins les sels solubles y sont abondans. Ses principes constituans sont, terme moyen, à peu près, eau 0,9368, albumine 0,0600, chlorure de so- dium 0,0020, potasse 0,0006, phosphate de chaux 0,0005, ammoniaque, probablement combinée avec de l'acide phos- phorique, 0,0001, un phosphate', qui est vraisemblable-' ment celui de magnésie, un sulfate, une matière vitrifiable et du fer. V. Quand on renverse les paupières, on voit un liquide sé- (1) De concoctione alimentorum , p. 38. (2) Rech. expérim. sur la digestion , t. I , p. !Î01. (3) Schweigger, Journal fuer Chcmic , t. X , p. 495 ; t. XII , p. 334. (4) Philos. Inuis , 1S09 , p. 313. 4l8 SÉCRÉTIONS MUQUEUSES. reux s'écouler de la conjonctive qui les tapisse, et comme la cornée devient alors sèche , ainsi qu'il arrive après la perte des paupières , l'humidité de l'œil paraît provenir plutôt de la conjonctive palpébrale que de l'oculaire (1) , quoiqu'il soit incontestable que cette dernière fournit également une cer- taine quantité de sécrétion. VI. Le liquide nasal, que sécrète la membrane muqueuse du nez , et qui est mêlé avec le suc muqueux des yeux , ainsi qu'avec l'humeur lacrymale, contient, d'après Berzelius (2), 0,9337 d'eau, 0,0533 de mucus, 0,0030 d'osmazome, 0,0056 de chlorures de potassium et de sodium, 0,0035 de matière salivaire, avec une trace d'albumine et de chlorure de so- dium, enfin 0,0009 de soude, combinée, d'après Fourcroy, avec de l'acide carbonique , qui peut avoir été fourni par l'expiration (§ 817,i3°). Le mucus nasal diffère du mucus intestinal , suivant Berzelius , en ce qu'il est transparent et plus soluble dans les acides , se dissout^plus lentement dans les alcalis , redevient transparent et visqueux quand on le plonge dans l'eau après l'avoir fait sécher, enfin devient jaunâtre et puriforme quand on le fait à plusieurs reprises alternativement sécher et ramollir dans l'eau. VIL Le suc muqueux de la vésicule bihaire a été quelque- fois rencontré en masses de huit à neuf onces, dans des cas où le canal cystique était devenu imperméable soit par la présence d'un calcul biliaire , soit par l'oblitération de ses parois. En pareille circonstance, il était presque toujours limpide comme de l'eau. Brugnatelli l'a trouvé alcalin , albu- mineux et visqueux, comme delà synovie ;Stœrk, épais comme du blanc d' œuf ; Gline, égal en consistance à delà gélatine (3). Dans un cas de ce genre, la vésicule biliaire contenait, d'après Leur et et Lassaigne (4), près de six onces d'un liquide séreux. (l)Eble, Ueher den'Bau und die Kfanliheiten der Bindehaut des Auijes , p. 31 ,49. (2) Traité de chimie , t. VII , p. 463. (3) Voigtel, Handbuch der patholo(jischen Anatomie , t. III, p. 87. (4) Reclierches physiologiques et chimiques pour servir à l'histoire de la digestion , p. 72. SÉCRÉTIONS CUTANÉES. ' 4^9 D'après les recherches de Berzelius , le mucus de !a vési- cule biliaire est plus transparent que celui des fosses nasales, insoluble dans les acides, plus facile à dissoudre dans les alcalis, et précipitable par les acides. Après avoir été dessé- ché , il se ramollit de nouveau dans l'eau , sans s'y répandre autant qu'il le fait à l'état frais. VIII. Le mucus de la vessie urinaire est soluble dans l'a- cide acétique et l'acide hydrochlorique ; il se dissout dans les alcalis , dont les acides ne le précipitent plus ensuite. Après la dessiccation , il se ramollit dans l'eau , mais sans redevenir mucilagineux. IX. Le suc muqueux des autres membranes muqueuses, notamment des conduits excréteurs des glandes, est sécrété en trop petite quantité , dans l'état normal, pour qu'on puisse l'étudier pur. Nous ne connaissons bien que l'embryotrophe secondaire, sécrété dans l'oviducte des Oiseaux ( § 340, 3"), ou le blanc d'œuf ( § 464, 2° ). Ce liquide, incolore, épais, visqueux, réagit à la manière des alcalis. Il contient 0,800 d'eau , 0;,155 d'albumine et 0,045 d'osmazome, de matière sa- livaire , de carbonate de soude et de sels. 2. SÉCRÉXIOKS CXITAMÉES, , § 821. Les substances fixes sécrétées dans le tissu de la peau et dans les cryptes portent à un plus ou moins haut de- gré le caractère de matières riches en carbone. I. La surface entière de la peau fournit un liquide qui non seulement pénètre et imbibe , mais encore enduit et recouvre les parties épidermatiques. 1° Ce liquide (smegma , sevum cutaneum) est ce qui rend l'épiderme de l'homme luisant , et empêche l'eau de se répan- dre uniformément à sa surface. On peut l'enlever avec du pa- pier gris , qui se couvre ainsi d'une tache de graisse, et il rend trouble l'eau qu'on emploie pour se nettoyer. Quelquefois il s'amasse, soitparce qu'il est sécrété en plus grande abondance, soit par l'effet de la malpropreté , de manière à produire ou des croûtes ou des couches d'une substance onctueuse , grasse 420 SÉCRÉTIONS CUTANÉES. et fortement "odorante. On croyait autrefois , et Blainville (1) admet encore aujourdlmi, qu'il doit naissance à de la graisse Iranssudée ; mais on le rencontre au cuir chevelu, au pénis , au scrotum , où il n'y a point de graisse sous la peau , et il est parfois abondant chez les personnes maigres. Bichat supposait sans nul fondement qu'il est sécrété par des vaisseaux exha- lans particuliers. Les follicules sébacés sont le lieu propre- ment dit de sa formation ; mais comme il se rencontre aussi sur des points où l'on ne peut apercevoir aucun de ces folli- cules , nous devons admettre , ainsi que nous l'avons fait pour la sécrétion muqueuse , que la peau possède par elle- même la faculté de sécréter ce liquide , mais que les cryptes le produisent en plus grande abondance , le conservent pen- dant quelque temps , et le perfectionnent ou le concentrent. Lorsqu'on triture le smegma cutané avec de l'eau , on ob- tient une émulsion. Cette substance ne fond point à la chaleur, comme de la graisse , mais s'y comporte de la même manière que l'albumine , c'est-à-dire qu'elle se boursoufle , brûle en répandant une odeur de corne , et laisse beaucoup de char- bon. Celle qu'Esenbeck (2) a examinée , et qui avait été trouvée accumulée dans un follicule sébacé agrandi , ne se coagulait point par l'ébullition , et précipitait tant par les acides que par le deutochlorure de mercure et le tannin. Elle donna 0,242 de stéarine, 0,126 d'osmazome, avec des traces d'élaïne, 0,116 de matière salivaire, 0,242'd'albumine, mêlée, àjce qu'il paraît , avec de la matière caséeuse , 0,200 de phosphate et 0,021 de carbonate calcaires , 0,016 de carbonate de magné- sie , 0,037 de perte , avec une trace d'acétate de soude et de chlorure de sodium. Elle contenait donc fort peu de matières volatiles et une quantité 'proportionnellement très-considéra- ble de matériaux organiques fixes. Frommherz et Gugert ont trouvé, dans le vernis caséeux de l'embryon (§ 426 ,2°), une graisse particulière, analogue à la cholestérine , et de la matière salivaire , ou plutôt , d'après (1) Coms de physiologie générale , t. III , p. 251. (.2) Kastner, Jrchiv fuer die (jesavmie Nalurlchre , t. XII , p. 460. SÉCRÉTIONS CUTANÉES. 421 Berzelius (1), de l'albumine. Peschier (2) y a rencontré une graisse butyreuse , avec du soufre et une ^substance précipi- table par la noix de galle et le nitrate d'argent , qu'il considère comme une modification de la gélatine. 2° Quand on commence à suer , on ivoit manifestement les premières gouttelettes sortir des enfoncemens de la peau : aussi a-t-on donné à ces derniers le nom de trous sudoriieres, et la sueur elle-même a-t-elle été considérée , notamment par Treviranus (3) et par Eichhorn (4), comme une sécrétion toute particulière. Eichhorn regardait comme des canaux sudorifères les filamens blancs qu'on remarque entre la peau et l'épi - derme , et croyait qu'ils démontrent l'existence de véritables pores à l'épiderme. Cependant , quand bien même ces fila- mens seraient des canaux ( § 797 , 20° ) , ils ne peuvent ni sé- créter eux-mêmes , puisqu'ils n'ont point de vaisseaux san- guins , ni recevoir une sécrétion quelconque par des voies ouvertes , puisque leur fond est en cul-de-sac ; leur contenu ne pourrait donc s'y être introduit que par transsudation ; par conséquent ils ne dispenseraient point d'admettre cette der- nière , ils ne feraient que la reporter 'de la surface à des par- ties plus profondes , et les pores n'en demeurent pas moins de simples dépressions ou enfoncemens» Mais la sueur, consi- dérée sous le point de vue de son origine , ne peut être que l'exhalation aqueuse de la peau passée à l'état liquide parce que l'atmosphère n'a pas pu la dissoudre en totalité. Ainsi elle se produit toutes les fois que l'air ne peut point arriver à la peau , comme lorsqu'on couvre une partie de celte dernière avec un morceau de taffetas ciré , ou quand ;on tient la main plongée dans du mercure (5) , mais plus ordinairement lorsque la perspiration est trop abondante pour que l'air puisse la dissoudre toute entière, comme on le voit chez les hommes et les animaux échauffés par la course , qui suent , en même (1) Berzelius , Traité de chimie , t. Vil , p. 322. (2) Journal de chimie médicale, t. IV, p. 557. (S) Biologie, t. IV, p. 197. (4) Meckel, ArcMv fuer Anatomie, dS26, p. 445. (5) Abernethy , Chirurgische 2md physiologische f^ersuche, p. 100. ] 422 SÉCRÉTIONS CUTANÉES. temps que leur corps est enveloppé d'une atmosphère vapo- reuse. Les Batraciens ne suent point, parce que la perspira- tion n'est point accrue chez eux par un échauffement intérieur, qu'elle n'est déterminée que par la constitution de l'atmo- sphère , et qu'il y a par conséquent toujours harmonie parfaite entre elle et la faculté dissolvante de cette dernière. Les Oiseaux ne suent pas non plus , parce qu'ils exhalent beau- coup plus de gaz que d'eau. Certains Mammifères, les Chiens par exemple, sont dans le même cas, parce que réchauffement a pour principal effet , chez eux , d'accroître la perspiration pulmonaire. Il y a aussi des hommes qui n'entrent jamais en sueur. Enfin nous ne pouvons admettre un organe- sécrétoire spécial pour la sueur , qui, partout où on la rencontre , n'est qu'un phénomène purement accidentel. Mais, partout aussi oiî un accroissement de sécrétion la provoque , la sueur sort d'abord des follicules sébacés , parce qu'au fond de ces or- ganes la couche cutanée est plus mince et d'un tissu moins dense ; de même , dans les plantes , l'exhalation aqueuse n'a lieu la plupart du temps que par les stomates , quoiqu'à l'air elle se fasse aussi par des points dans lesquels on ne remarque aucun organe semblable (§ 816 , 1° ). C'est au creux de l'ais- selle et autour de la région pubienne qu'on sue le plus , d'un côté parce qu'il y a là beaucoup de follicules sébacés , et d'un autre côté parce que ces régions du corps sont celles sur sur lesquelles l'atmosphère peut le moins agir ; car la sueur est tout aussi abondante au milieu de la paume des mains et de la plante des pieds , oii il n'y a point de follicules sébacés. Enfin , quand la sécrétion aqueuse de la peau devient plus abondante , la proportion des substances solides qu'elle con- tient augmente aussi (§ 816 , 7°) , et comme le liquide traverse les follicules sébacés, puis s'étale à la surface de la peau, il doit se mêler avec le smegma cutané , et subir un changement de composition , en sorte que la sueur , telle que nous pou- vons la recueillir, porte un caractère différent de celui qui ap- partient à la transpiration ordinaire. Thénard a trouvé , dans la sueur adhérente à un gilet de flanelle qu'il avait porté pendant soixante et dix jours , des chlorures de potassium et de sodium , de l'acide acétique , un SÉCRÉTIONS CUTANÉES. 42^ peu de phosphates de chaux et de fer, et une trace de sub- stance organique. BerzeUus (1) a reconnu , ^dans des gouttes de sueur recueillies sur le front, de l'osmazome , de la matière salivaire, de Tacide lactique, de l'hydrochlorate d'ammoniaque et beaucoup de chlorure de sodium. La sueur qu'Anseîmino recueillait avec des éponges , dans une étuve , était un liquide trouble , de saveur salée , exhalant une odeur particulière , susceptible de subir la putréfaction , qui consistait en 0,9860 de parties volatiles , eau avec acétate d'ammoniaque et une substance ayant l'odeur de Ja sueur , et ;0,0140 de parties fixes au feu. Ces dernières se composaient de 0,0041 de ma- tières solubles dans l'alcool pur ( osmazome , acide acétique et acétates), 0,0066 de matières solubles dans l'alcool aqueux ( osmazome , chlorure de sodium et chlorure de potassium ) , 0,0030 de matières solubles dans l'eau seulement (matière salivaire , sulfate et phosphate de soude) , et 0,0003 de ma- tières insolubles dans l'alcool et l'eau (phosphate et carbonate de chaux, avec des traces de fer). La sueur de la tête , des aisselles , de la région pubienne et de la plante des pieds varie d'odeur , et présente par conséquent une composition différente , en raison de la nature du smegma sécrété sur ces divers points de la surface du corps. Chez les enfans , elle a une odeur moins prononcée et plus aigre ; la sueur des per- sonnes à cheveux blonds et roux n'exhale point la même odeur que celle des individus à cheveux bruns. On a remarqué aussi qu'elle avait une odeur particulière dans quelques races hu- maines, par exemple chez les Nègres et les Caraïbes (2). La sueur des Chevaux contient, [d'après Anselmino, des chlorures de sodium et de ; potassium , des] sulfates de soude et de potasse, du phosphate et^du carbonate de , chaux, du phosphate de magnésie en quantité considérable , du fer, de l'albumine , mais point d'urée , que Fourcroy et Vauquelin disaient y avoir rencontrée. 3» Le smegma cutané est surtout abondant ^au cuir che- velu , et il paraît se répandre tout le long des cheveux, (1) Traité de chimie , t. VII , p. 324. (2) K.œler, Diss. de odore per cutem spirante , p. 44. 4s4 sicIiiTIONS CUTANÉES. dont il enduit la surface et pénètre la substance , comme il fait à l'égard de l'épiderme. De là résulte que les cheveux deviennent des conducteurs de ce smegma, et en quelque sorte des organes excrétoires. En effet , ils déposent une matière grasse chez l'homme en santé et plus encore dans les états morbides. C'est à celte excrétion que se rapportent, suivant Heusinger (1) , les ouvertures qu'on remarque à l'extrémité des piquans du Porc-épic , les poils blancs de la bourse du Musc , les soies dorsales du Cochon , etc. En général , cette excrétion paraît être considérable thez les animaux. Elle est fort abondante , par exemple , dans la laine des Brebis , oii elle porte le nom de suint. Ce suint est blanc , jaune ou rou- geâtre. Il contient une graisse saponifiée par un alcali , sui- vant Vauquelin, une substance d'odeur particulière, qui donne de l'ammoniaque par la combustion , du carbonate calcaire , de l'acétate de potasse , et une trace de chlorure de potas- sium. 4° Une sécrétion grasse analogue est très-répandue dans le règne animal. C'est à elle que le test corné des Insectes doit son brillant , et certains Coléoptères exsudent une substance grasse. Chez les animaux qui vivent'dans l'eau , ou à l'humi- dité , la surface du corps est couverte d'un enduit mucilagi- neux , de sorte que la peau semble avoir acquis la nature d'une membrane muqueuse. Mais, quoique la peau extérieure n'offre ses caractères propres parfaitement développés que chez les animaux qui vivent à l'air libre , cependant l'humi- dité ne détruit pas en totalité ceux qui lui sont particuliers , et ne fait que lui donner une sorte de ressemblance exté- rieure avec les membranes muqueuses. Ainsi , chez les Mam- mifères aériens , son produit sécrétoire n'est point de la ma- tière sébacée pure , mais un mélange de cette dernière avec des substances albumineuses ; or la même chose a lieu chez les animaux aquatiques , avec cette seule différence qu'ici les produits albumineux prédominent. Quoique la sécrétion à laquelle on donne le nom de mucus cutané, uniquement [d'a- près sa consistance, n'ait point encore été examinée d'une (1) Meckel , Deutsches Jrchiv , t. Vil , p. 413. : SÉCRÉTIONS CUTANÉES. 425 manière rigoureuse , cependant quelques circonstances indi- quent qu'on ne doit pas la considérer comme du mucus pur. Les Mammifères qui vivent dans l'eau marquent les points de transition ; chez la Loutre , qui ne va à l'eau que pour cher- cher sa nourriture , les follicules sébacés sont nombreux et sécrètent abondamment un smegma exhalant l'odeur d'huile de poisson, qui enduit les poils , tandis que, chez les Cétacés, dont la vie entière s'écoule dans l'eau, la peau est sans cryp- tes et donne une sécrétion mucilagineuse , mais évidemment grasse. Le mucus cutané des Salamandres et des Crapauds est une bouillie épaisse , de couleur lactescente , consistant en un amas de globules microscopiques ; suivant Rosa (1) , elle forme , dans l'alcool , des gouttes qui ressemblent à de la cire ou à du suif. L'enduit gluant des Poissons , qui , d'a- près Schultze (2), se comporte comme le liquide visqueux des Limaçons observé par Nasse (3), c'est-à-dire se coagule par les acides, la chaleur et l'alcool , et contient par conséquent de l'albumine , le mucus cutané du Ver de terre , qui teint les doigts en jaune , le suc visqueux et blanc sale des Holo- thuries , etc., contiennent peut-être aussi de la matière grasse, mais en très-petite quantité , et comme enveloppée. IL Après le cuir chevelu , les régions de la tête qui , chez Thonarne , fournissent la sécrétion la plus abondante , sont les alentours des organes sensoriels. 5° Le cérumen des oreilles, que les cryptes du conduit auditif sécrètent sous la forme d'un liquide jaunâtre , qui s'é- paissit ensuite , est d'un jaune orangé ; il a une saveur acre et amère ; la chaleur le fait entrer en fusion et en dégage une odeur aromatique ; il graisse le papier. On y trouve (4) une graisse soluble [seulement dans l'éther, une matière exlractive jaune , très-amère et soluble dans l'alcool , que Vauquelin comparait à la résine biliaire, de l'albumine et (1) Meckel, Deutsches Archiv, t. II, p. 625. (2) Systematisches Lehrbuch der vergleichenden Anatomie , p. 435. (3) Ibid., p. 624. (4) Berzelius , Traité de chimie, t. VII, p. 465. 426 SÉCRÉTIONS CUTANÉES. une matière extractive aqueuse , avec des lactates de soude et de chaux. La chassie , sécrétée par les glandes de Meibomius et la caroncule lacrymale, n'a point encore été analysée. 60 Les enfoncemens plus ou moins développés en manière de glandes , à la peau de la face , chez plusieurs Mammifères , donnent un liquide épais et gras, brunâtre et semblable au cérumen des oreilles chez l'Éléphant , noirâtre chez les Cerfs et les Antilopes , d'odeur alliacée dans la Marmotte , et d'odeur musquée chez les Chéiroptères, Le liquide sécrété à la mâchoire inférieure du Crocodile répand une odeur analogue. L'occiput des Batraciens présente des amas de cryptes fournissant un liquide qui a l'odeur d'ail dans le Crapaud sonnant , et celle du jasmin dans la Salamandre. III. Il se sécrète un peu de smegma cutané sous l'extrémité libre des ongles de l'homme. La matière fétide qu'on trouve entre les onglons des Brebis, contient, d'après FeneuUe (1), une substance huileuse, de l'osmazome , du mucus , du carbonate de soude , du chlorure de sodium, du carbonate et du phosphate de chaux, et une trace d'acide. Les orteils des Geckos sécrètent un liquide plus mucilagi- neux. Peut-être faut-il ranger ici le suc acre et brûlant que lais- sent transsuder les tentacules des Actinies et des Méduses. IV. Dans l'espèce humaine , on trouve , à la couronne du gland , chez l'homme , une matière sébacée blanchâtre , ayant l'odeur du pus , qui devient semblable à du fromage en se desséchant , et aux parties génitales de la femme, un smegma qui porte également de l'odeur. Les cryptes de cette région du corps , beaucoup plus dé- veloppées chez différons Mammifères, sécrètent des substances parlicuUères , comme le musc , le castoreumi, la civette , qui contiennent principalement de la graisse , une huile volatile , de la résine et de l'ammoniaque , unis à de l'albumine , de (1) Heusinger, Zeitschrift fuer die organische Physik , t. II , p. 353. SÉCRÉTIONS CUTANÉES. 4^7 l'osmazome , des sels neutres et de la chaux. Un smegma blanchâtre , jaunâtre ou brun , gras et fétide , se trouve aux parties génitales et à l'anus d'autres animaux , notamment des Rongeurs , des Carnassiers et des Marsupiaux. Chez les Oiseaux , les glandes anales et la bourse de Fa- bricius donnent une sécrétion onctueuse , qui répand parfois une odeur forte. Des organes analogues , situés au cloaque des Serpens, fournissent une liqueur fétide , jaunâtre ou verdâtre. Y. Le smegma jaunâtre contenu dans les enfoncemens cutanés des Crapauds ;, a été examiné par Pelletier (1) et J. Davy (2). Il a une saveur amère , acre et brûlante, et réagit fortement à la manière des acides. Outre une graisse très- amère et une substance organique soluble seulement dans l'eau chaude , il contient un acide volatil , en partie libre et en partie combiné. Nous trouvons là le passage aux sucs acides et acres qui sont dardés par certains Insectes. La substance grasse, qui est voilée par l'acide dans ces liquides, semble se manifester quelquefois d'une autre manière ; ainsi , on extrait des Four- mis une huile grasse, en même temps que de l'acide, et, chez les Abeilles , la sécrétion de la cire paraît avoir des rapports avec la sécrétion du liquide limpide comme de l'eau que fournit la bourse à venin. On doit rapprocher des sécrétions cutanées grasses l'encre charbonneuse des Seiches , qui , d'après Prout , se compose d'un pigment analogue à celui de l'œil , avec un peu de ma- tière mucilagineuse et de sels, surtout terreux. Enttn , nous pouvons considérer comme analogues les sucs visqueux qui exsudent chez un grand nombre de plantes , et qui sont tantôt de nature céracée , comme ce qu'on appelle la fleur de certains fruits , tantôt résineux , comme dans beau- coup de bourgeons, ou acides , comme dans les pois-chiches , mais dont la plupart n'ont point encore été soumis à l'analyse chimique. (1) Meckel , Deutsches Archiv , t. YI , p. 466. (2) Philos. Truns,^ 1826 , p. 127. 428 SALIVE. AE.TICLE II. Des sécrétions revêtues d\in caractère spécial, I. Salive. § 822. La salive est sécrétée par les glandes appelées sali- vaires ; car on en trouve dans l'intérieur de ces organes quand on les dissèque : on la voit quelquefois aussi , pendant la vie , jaillir de leurs conduits excréteurs, ou en suinter quand une plaie les a divisés. Comme on peut se la procurer aisément, et en quantité suffisante , chez l'homme bien portant , nous la connaissons mieux que toute 'autre sécrétion quelconque du corps humain. C'est surtout Mitscherlich (1) qui a contribué à en éclaircir l'histoire, ayant eu occasion de la recueillir pure et exempte de mélange avec les autres sécrétions de la ca- vité orale , chez un homme dont l'orifice du canal de Stenon était oblitéré , et sur la joue duquel s'ouvrait une fistule li- vrant passage au liquide qui provenait directement de la glande parotide. 1° Nuck estimait à une livre la quantité de salive qui se sécrète ordinairement dans l'espace de vingt-quatre heures. Cette quantité peut être beaucoup plus considérable dans les cas de blessures des glandes salivaires et autres états mor- bides (2). L. de Buch (3) , ayant éprouvé , sans cause appré- ciable , une salivation qui persista pendant six mois , perdait chaque jour une livre de salive , dont peut-être avalait-il au- tant , et sa santé n'en reçut aucune 'atteinte. Une 'parotide sécrétait , d'après Mitscherlich (4) , dans l'espace |de vingt- quatre heures, soixante-cinq à quatre-vingt-quinze grammes = 1067 à 1559 grains prussiens. Or, si les parotides pèsent (1) Bust, Magasin fuer die gesammte Heilkunde , t. XXVIII, p. 491. (2) Haller, Elem. physiol., t. VI , p. 59. (3) Scherer, Allijemeines Journal der Chemie, t. V, p. 110. (4) Loc. cit., p. 502. SALIVE. 429 neuf gros , les glandes sous-maxillaires cinq et les sublin- guales trois (1) , et si leur sécrétion correspond à leur poids , si , par conséquent , la salive d'une parotide est à la masse totale de la salive comme 1 1 3,77, celte masse sera , par jour, de 4030 grains = 8,39 onces, à 5889 grains = 12,26 onces, c'est-à-dire , terme moyen , de dix onces. Schultz (2) dit que la parotide d'un Cheval , dont on avait coupé le conduit ex- créteur, donna , en vingt-quatre heures , cinquante-cinq onces et sept gros ; mais , comme la blessure avait stimulé l'activité vitale, nous ne pouvons pas conclure de là que, dans l'état nor- mal , la sécrétion totale de la salive s'élève à dix livres en vingt-quatre heures chez le Cheval (3). 2"» La salive est claire comme de l'eau , avec une légère nuance bleuâtre. Siebold (4) la compare à de l'eau dans une livre de laquelle on aurait ajouté une goutte de lait. Il évalue sa pesanteur spécifique à 1008 , Gmelin (5) à 1004 , Mitscher- lich de 1006 à 1008. Elle est un peu visqueuse ; elle file, sui- vant Siebold , comme une dissolution de gomme dans qua- rante parties d'eau ; aussi ne se congèle-t-elle point si fa- cilement que l'eau, et se couvre-t-elle d'une écume abondante lorsqu'on l'agite, de même que quand on la fait bouillir. Celte consistance est due surtout à du mucus mélangé avec elle , qui , par le repos , forme un dépôt floconneux , et qu'on peut aussi séparer par la filtralion , après quoi le liquide est parfaitement clair, la plupart du temps un peu jaunâtre, et ne file plus entre les doigts. Ce mucus ne provient pas des follicules mucipares de la cavité orale seulement ; car Mit- scherlich (6) a reconnu que la salive qui coulait de la'fistule parotidienne , déposait aussi du mucus par le repos, 'mais n'en donnait tout au plus que 0,0007, et en abandonnait même (1) Haller, Elem. physiolog., t. VI, p. 446. (2) De alimentorum concoctione ex'perimenta nova , p. 57. (3) Loc. cit., p. 403. (4) Historia systematis salioalis , physiologice et patJiologice consi- derati , p. 45. (5) Tiedeinanii et Gineliii , Recherches expéiimentales sur la digestion , t.I,p. 5. (6) Loc, cit., p. 508. 43c» SALIVE. lentement encore un peu après avoir été filtrée. Il paraît donc que ce mucus est sécrété dans la glande elle-même , que ce soit d'ailleurs ou dans le conduit excréteur, c'est-à-dire dans le tronc des canaux de sécrétion , comme le présume Mit- scherlich , ou dans ces derniers eux-mêmes , à leur extrémité terminée en cul de-sac. Suivant Siebold (1) , les grosses glandes salivaires donnent une salive plus claire et plus coulante ; les petites , au contraire , un liquide trouble et visqueux , de manière que celles-ci se rapprocheraient davantage des fol- licules mucipares , tant par leur produit que par leur struc- ture. On doit probablement rapporter au mucus les grumeaux arrondis , très-transparens , qui s'aperçoivent au microscope. D'après Weber (2), le nombre de ces grumeaux n'est pas toujours le même , et leur volume varie aussi beaucoup , la plupart d'entre eux étant plus gros que des globules du sang , et leur diamètre moyen s'élevant de 0,004 à 0,005 ligne. On y remarque quelquefois , dans le centre , une tache figurant une sorte de noyau ; ils se renflent et se divisent rapidement dans l'eau , où souvent ils prennent l'apparence de mûres. 3° Montègre (3) a toujours trouvé sa propre salive neutre ; mais celle d'autres personnes lui a paru quelquefois acide. Suivant Tiedemann et Gmefin , ce liquide est presque toujours faiblement alcalin, souvent neutre, jamais acide chez les sujets qui se portent bien. D'après Mitscherlich (4) , la salive qui se rassemble dans la bouche est la plupart du temps neutre, très-souvent douée d'une légère acidité, et plus rarement alcaline ; celle qui découlait de la fistule parotidienne (5) était complètement acide dans l'état ordinaire , et alcaline tandis que le sujet mangeait. L. de Buch a remarqué que sa salive exerçait une réaction acide faible. Suivant Schultz (6) , elle (4) Loc. cit., p. 44. <2) Anatomie des Menschen, t. I, p. 464. (3) Expériences sur la digestion, p. 28. (4) Loc. cit., p. 496. (5) Ibid., 505. (6) Pealimentorum concoctione, p, 56, SALIVE. 43» est constamment alcaline chez la plupart des hommes , neutre le matin chez quelques uns , et habituellement acide chez un très-petit nombre. Quand elle est naturellement neutre , ou qu'on l'a neutralisée au moyen de l'acide acétique , ou enfin qu'elle exerce des réactions acides , si on l'abandonne à elle- même dans un endroit frais , elle acquiert , au bout de seize à vingt-quatre heures , des propriétés alcalines , dues à un développement d'ammoniaque , sans que Schultz ait pu aper- cevoir en elle aucun autre signe de décomposition. La salive fraîche , mise sous le récipient de la machine pneumatique , dégage une grande'quantité d'air et se gonfle beaucoup. Exposée à l'air libre , elle se trouble, dépose des flocons, et ne tarde pas à subir la putréfaction; elle répand alors une odeur, qui est d'abord purement ammoniacale, mais qui devient ensuite très-fétide. Elle ne se trouble que faible- ment par la chaleur de l'ébullition. Elle se mêle avec l'eau, mais non d'une manière complète. Les acides y font naître un léger précipité. Les alcalis n'y produisent point de chan- gement appréciable, mais en dégagent assez souvent une odeur ammoniacale. Les nitrates de plomb , d'argent et de mercure , le deutochlorure de mercure et l'acétate de plomb y déterminent^des précipités. L'alcool qu'on verse dans de la salive fraîche y occasione un trouble à peine sensible ; mais , dans celle qu'on a filtrée , il donne lieu à un précipité qui se redissout en partie lorsqu'on fait chauffer la liqueur. La tein- ture de noix de galle agit de la même manière. Ajoutée à l'amidon , la salive en favorise la fermentation spiritueuse. â*" ^Nous allons donner, d'après Berzelius (1) , Gmelin (2) et Mitscherhch (3) , l'indication des principes constituans de la salive, rangés par classes : (1) Traité de chimie, t. VII , p. 157. (2) Tiedemann et Gmelin , Recherches expérimentales sur la digestion , t.I,p.7. (3) Loc, cit., p. 515. 4^2 SALIVE. Berzelius. Gmelïn. Mitscherlicl» . Eau 0,9929 0,9886 0,9832 Matières solubles dans l'alcool. . 0,0026 0,0040 0,0073 Matières solubles dans l'eau seu- lement. '. 0,0031 0,0025 0,0053 Matières insolubles dans l'alcool et dans l'eau . 0,0014 0,0049 0,0042 Des matières solubles dans l'alcool , il y en avait , d'après Gmelin, 0,0039 solubles à froid, et 0,0001 à chaud seule- ment; selon Mitscherlich , 0,0044 solubles dans l'alcool aqueux seulement, et 0,0029 solubles aussi dans l'alcool anhydre. Les proportions de l'eau et des parties constituantes solides étaient , d'après Guibourt (1) , de 0,9944 et 0,0056 dans une salivation périodique , sans nul autre état morbide ; selon Thomson (2) , de 0,9929 et 0,0071 dans une salivation mer- curielle ; suivant Leuret et Lassai^jne (3), de 0,9900 et 0,0100. Tiedemann et Gmelin (4) les évaluent à 0,9881 — 0,9910 et 0,0119 — 0,0090; Mitscherlich (5) à 0,9832 — 0,9854 et 0,0368 — 0,0146 dans la salive parotidienne ; Brande (6), à 0,9820 et 0,0180 ; Bostock (7) , à 0,9800 et 0,0200. Gmelin a obtenu du résidu de la salive évaporée 0,219 de cendres : quand le résidu s'élevait 0,0104 de la salive , celle- ci contenait par conséquent 0,0023 de substance inorganique et incombustible , et 0,0081 de substance organique. Brande y admet 0,0020 de principes inorganiques et 0,0160 de ma- tériaux organiques ; Bostock 0,0010 des premiers et 0,0190 des seconds. (1) Journal de chimie médicale, t, IX, p. 497. (2) Gmelin, Handhuch der theoretischen Chemie , t. II, p. 4398. (3) Recherches physiologiques et chimiques pour servir à l'histoire de la digestion , p. 34. (4) liecherches expârimentales sur la digestion , t. I, p. 14. (5) Loc. cit., p. 514. (6) Meckel , Deutsches Arcliiv , t. II , p. 299. (7) John, Chcmische Tuhellen des Thierrcichs , p. 27, SALIVE. 455 5° A l'égard des principes constituans considérés en parli- culier, on donne le nom de matière salivaire , ou de ptyaline , à la substance organique de la salive évaporée à siccité qui ne se dissout que dans l'eau et n'est point soluble dans l'alcool. D'après Berzelius, elle entre pour 0,0029 dans la salive. G° La matière organique insoluble dans l'eau et l'alcool est du mucus. Suivant Mitscherlich, ce mucus est soluble dans la potasse , d'où les acides le précipitent ; l'acide acétique le gonfle et le rend transparent, mais sans le dissoudre ; l'acide hydrochlorique et l'acide sulfurique ne font que changer sa couleur. 7° Les autres principes constituans organiques sont dési- gnés par Bostock, Thomson, Leuret etLassaigne, sous le nom vague de mucus. Ces observateurs , ainsi que Fourcroy et Vauquelin, admettaient aussi, dans la salive, de l'albumine, dont les recherches des modernes n'ont point constaté la pré- sence; Gmelin regarde seulement comme possible qu'elle soit combinée , à l'état de coagulation , avec le mucus. Berze- lius admet de rosmazome,'qui, unie avec du lactate de soude, ferait 0,0009 de la salive ; Gmelin considère cette substance comme constituant la portion soluble dans l'eau et l'alcool , et en distingue seulement une graisse soluble dans l'alcool^ ainsi qu'une matière brune, cristalline , soluble dans l'eau, qui se dépose par le refroidissement de la dissolution alcoolique préparée à chaud , et qui est peut-être de la matière caséeuse. Mitscherlich distingue une matière extractive (osmazome) rougeâtre , déliquescente à l'air , et soluble tant dans l'eau que dans l'alcool anhydre , ainsi qu'une autre substance jau- nâtre , non déliquescente , . et soluble seulement dans l'eau et l'alcool aqueux, qui est peut-être de la ptyaline devenue soluble dans l'alcool aqueux par sa combinaison avec la pre- mière substance extractive. Selon Guibourt, la salive ne con- tient point d'osmazome complète , mais seulement la portion azotée de cette substance , ou sa matière odorante , mais il y entre de l'albumine devenue mucilagineuse par son mélange avec du mucus soluble. 8° Quand la salive contient de Talcali libre , cet alcali , au VII. 28 434 SALIVE. dire de Mitscherlich, est de la soude, probablement combinée avec le mucus , dont elle opère la dissolution , parce qu'il se précipite du mucus quand la salive attire l'acide carbonique de l'air, ou qu'on y verse de l'acide sulfurique , qui s'empare de sa soude. Cette dernière s'élève à 0,0002 selon Berzelius , et depuis 0,0015 jusqu'à 0,0017 suivant Mitscherlich. L'am- moniaque , que Schultz admettait , d'après Fourcroy , paraît ne point exister encore dans la salive fraîche. 9° On trouve du chlorure de sodium et du chlorure de po- tassium dans la dissolution alcoolique et aqueuse des substan- ces extractives et parmi les sels solubles des cendres. Ils s'é- levaient à 0,0009 d'après Thomson , 0,0017 selon Berzelius, 0,0018 suivant Mitscherlich. Berzelius, Guibourt et Mitscher lich ont trouvé du lactate de soude, dont la proportion est éva- luée à 0,00118. Gmelin présume seulement qu'il y a de l'acé- tate de soude. Il a rencontré , ainsi que Guibourt , du phos- phate et du sulfate alcalins. 10° Le phosphate calcaire est principalement combiné avec le mucus, et s'élève à 0,00017 selon Mitscherlich. Gmehn admet également du carbonate de chaux , du phosphate et du carbonate de magnésie. Il y a aussi 0,00015 de silice, suivant Mitscherlich. 11° Juch (1) supposait que la salive contient du phosphore, parce qu'il se produit de l'acide hydrocyanique pendant la distillation. D'après Gmelin , la graisse de cette humeur se- rait combinée avec du phosphore , et la dissolution alcoolico- aqueuse de l'extrait de salive contiendrait de l'acide sulfo- cyanique ; mais Berzelius pense que cet acide a fort bien pu se produire par l'effet de l'ébullition avec l'alcool. Gmelin (2) et Mitscherlich (3) disent aussi que la salive fraîche donne , avec le chlorure de fer, la couleur rouge foncé que le pre- mier de ces chimistes considère comme signe de l'existence de l'acide sulfo-cyanique , et que Treviranus (4) regardait (1) Siebold , Hi'storia systematis salivalis , p. 47. (2) Loc. cit., p. 6. (3) Loc. cit., p. 513. (4) Biologie > t. IV, p. 331. suc PANCRÉATIQUE. 4^5 comme une réaction indiquant celle de son acide hémalique ; mais Scluil(z(l)a îrouvé que cette coîoraiion provient unique- ment des acétates qui existent dans la salive. 12" Siebold prétend (2) que la salive des animaux carnas- siers est salée et un peu acre , celle des animaux herbivores , douce et légèrement sucrée. Gmelin a trouvé;, chez le Chien, comme chez la Brebis , les principes constituans dominans , la matière salivaire , l'osmazome , le mucus et les sels. Chez les Oiseaux, la salive est très-mucilagineuse ; elle a surtout dans les Pics une viscosité qui la rend très-propre à engluer les Insectes. Celle des Poissons est un peu épaisse aussi. Chez plusieurs Reptiles^et Insectes, elle est tantôtâcre et brûlante, tantôt vénéneuse, sans âcreté sensible. Rengger assure que celle des Chenilles réagit à la manière des acides (3). II. Suc pancréatique. § 823. Le suc pancréatique a été analysé par Mayer (4) sur un Chat , chez lequel il s'était accumulé dans un réservoir ana- logue à la vésicule biliaire; par Leuret et Lassaigne (5) sur un Cheval , à l'ouverture de l'abdomen duquel ils le recueil- lirent dans une bouteille de gomme élastique ; par Tiedemann et Gmelin (6) sur un Chien et une Brebis, qui le leur avaient fourni à l'aide du même procédé. 1° Magendie a remarqué , sur des Chiens, qu'à peine cou- lait-il , dans l'espace d'une demi-heure , une goutte de suc pancréatique par le canal excréteur de la glande. Cependant Graaf et Schuyl (7) en ont recueilli deux à trois en huit heures ; Tiedemann et Gmelin en ont même obtenu deux gros et demi , (1) Loc. eit., p. 61. (2) Historia systematis salivalis , p. 65. (3) Physiologische Untersuclmngen ueber die tJiierische Haushaltung der Ins élite 71 , p. 8. (4) Meckel, Deutsches Archiv , t. III , p. 170. (5) Recherches physiologiques et chimiques pour servii- à l'histoire de la digestion, p. 103. (6) Recherches expérimentales sur la digestion, 1. 1 , p. 24. (7) Haller, Elem. physiolog., t. V.Ï , p. 446é 436 suc PANCRÉATIQUE. en quatre heures. Les mêmes observateurs ont vu , sur une Brebis , qu'il en coulait une goutte toutes les quatre à cinq se-; coudes , et l'animal leur en fournit cinquante et un scrupules dans l'espace de cinq heures. Leuret et Lassaigne en ont obtenu d'un Cheval trois onces en une demi-heure. 2" Ce liquide est clair comme de l'eau , avec une teinte de blanc bleuâtre , un peu visqueux et filant , de saveur faible- ment salée. Mayer y a remarqué quelques flocons blancs. 3° Sylvius et Dippel y avaient admis un acide libre ; mais cette hypothèse avait été renversée par Brunner et autres (1). Le suc pancréatique, examiné par Mayer, Magendie, Leuret etLassaigne, réagissait à la manière des alcalis. Tiedemannet Gmelin prétendent que , dans le principe , il est faiblement acide , et qu'il ne commence à devenir alcalin qu'au bout d'un certain laps de temps , lorsque l'animal souffre davantage. 4° La proportion des principes constituans était à peu près la suivante : Chien. Brebis. Eau 0,9128 0,9600 Matières solubles dans l'alcool . . 0,0364 0,0151 Matières solubles dans l'eau seulement. 0,0154 0,0028 Albumine , avec peu de sels . . . 0,0354 0,0221 Dans le Cheval^ la proportion de l'eau s'élevait à 0,991. Des 0,0872 de parties solides contenues dans le suc pan- créatique du Chien , il y en avait 0,0800 de substances orga- niques combustibles et 0,0072 de substances inorganiques non combustibles. 5° L'albumine est coagulée par les moyens ordinaires. Elle existe en quantité considérable. Gmelin n'a point trouvé le mucus que Leuret et Lassaigne indiquent. 6» La substance organique soluble dans l'alcool était de l'osmazome et une matière particuUère , prenant une teinte rouge par le chlore , mais impossible à isoler , de sorte que la nature en est problématique. (1) Ilaller, Elcm. physiolog., t. VI, p. 447, LARMES. 4^7 7*' Les propriétés de la matière soluble dans l'eau seule- ment se rapprochaient davantage , d'après Gmelin , de celles de la substance caséeuse que de celles de la matière salivaire. En effet, l'évaporation répétée la rendait insoluble : elle était précipitable non seulement par les acides , mais encore par les sels des métaux pesans, et le nitrate de mercure la préci- pitait en rouge. Il y avait peu ou point de matière salivaire proprement dite. 8° L'acide libre était de l'acide acétique ou de l'acide lac- tique. 9° Les sels , dont la quantité s'élevait plus haut chez le Chien que dans la Brebis, étaient du carbonate, de Thydror chlorate, du phosphate et du sulfate de soude , avec peu de potasse, du carbonate et du phosphate calcaires. Leuret et Lassaigne indiquent du chlorure de sodium , du chlorure de potassium, du phosphate de chaux, et une trace d'oxide de fer. lo" Chez les Poissons , le suc pancréatique se distingue par sa consistance et sa viscosité. III. Iiarmes. § 824. Les larmes sont un liquide clair comme de l'eau , inodore et de saveur salée , qui exerce une réaction alcaline faible. Suivant Fourcroy et Vauquelin , elles contiennent 0,99 d'eau et 0,01 de substance solide, qui, après l'évaporation, reste sous la forme d'une masse jaunâtre , extractiforme, non complètement soluble dans l'eau, composée de matière orga- nique (mucus), soude, chlorure de potassium, phosphate de soude et phosphate de chaux. Lorsque les larmes se sont épaissies à l'air par l'effet de l'évaporation, les alcalis les ra- mènent à leur état primitif de liquidité. Les acides s'emparent de la soude des larmes fraîches, et dissolvent celles qui ont ac- quis plus de consistance. L'alcool précipite des flocons blancs; le chlore, des flocons jaunes, qui ressemblent à l'extrait des larmes et sont insolubles dans l'eau. Berzelius admettait au- trefois (1) que les larmes diffèrent des autres sécrétions sé- (1) Schweigger, Journal fuer Chemie , t. X , p. 379. 438 tAIT. reuses en ce qu'elles contiennent une substance particulière', distincte de l'albumine , non coagulable par les acides ou la chaleur, mais susceptible , comme le mucus nasal , de s'épais- sir, par l'évaporaiion libre au grand air, en un mucus jaune et insoluble. i IV. lait. § 825. Le lait contient de la graisse ( § 520, 8" ), de la ma- tière caséeuse ( § 520, 1 ) , de Fosmazome , avec un peu de matière salivaire ( § 520, 12°), du sucre de lait (§ 523,13°), de l'acide lactique ( § 520 , 14° ) , des sels solubles dans l'al- cool ( lactates de potasse , de soude, d'ammoniaque, de chaux et de magnésie, chlorure de potassium et chlorure de sodium ), d'autres solubles dans l'eau seulement ( sulfates et phos- phates de potasse et de soude), d'autres enfin insolubles dans l'eau et l'alcool (phosphates de chaux et de magnésie, avec des traces d'oxide de fer ). En analysant le lait de deux femmes, Meggenhofen (1) obtint : Eau 0,8835 0,7893 Extrait alcoolique ( beurre , acide lactique, etc. ) 0,0881 0,1712 Extrait aqueux 0,0129 0,0088 Matière caséeuse 0,0147 0,0288 Phosphatede chaux et de^magnésie 0,0008 0,0019 Payen a trouvé dans le lait de deux autres femmes (2) : Eau 0,8600 0,8560 Graisse 0,0516 0,0520 Extrait aqueux , avec sucre de lait 0,0762 0,0793 Matière caséeuse et sels inso- lubles 0,0018 0,0025 L'humeur prostatique et celle des glandes de Cowper ( § 115 ) (1) Zeitschrift fuer Physiologie , t. III, p. 274. (2) Journal de Chimie médicale , t. IV, p. 118, BILE. 439 se refusent à tout examen approfondi. On assure que la pre- mière contient de l'albumine. , V. Bile. § 826. La bile est formée dans le foie, et en partie versée immédiatement dans l'intestin , en partie conduite dans la vé- sicule biliaire, d'où, elle passe dans le canal intestinal. Sur les cadavres, on la trouve dans les conduits biliaires du foie , et , en appuyant sur cet organe , on peut la faire couler tant dans la vésicule que dans l'intestin , de même que la compres- sion de la vésicule l'oblige à tomber dans le canal alimen- taire. Lorsque, pendant la vie, un point quelconque des or- ganes qui la charrient vient à devenir imperméable, il se ma- nifeste une tuméfaction, soit entre ce point et le foie , soit dans le foie lui-même (J). 1» Dans les vivisections on voit , de temps en temps, envi- ron deux fois par minute , chez les Chiens, d'après Magendie^ une goutte de bile couler du canal biliaire dans l'intestin. Aussi Graaf a-t-il recueilli six grains de ce liquide en huit heures sur un Chien ,^et Keildeux gros en une heure sur un Chien de grande taille, faits d'après lesquels Haller (2) pense qu'on peut admettre que la sécrétion biliaire s'élève à envi- ron vingt-quatre onces en vingt-quatre heures, chez l'homme, évaluation évidemment trop forte pour ce qui concerne l'état normal. Gomme le chyme est acide , et que cet acide est neu- tralisé par la bile , Schultz (3) calcule la quantité^sécrétée de la bile d'après celle du chyme produit et d'après celle de la bile nécessaire , en vertu de ses expériences , pour neutraliser l'acide de ce dernier. En procédant de cette manière, on trouve qu'un gros Chien sécréterait par jour trente-six onces, et un Bœuf trente-sept livres et demie de bile. Or si le Bœuf avait (l)Haller, Elément, physiolog., t. VI, p. 578. — Froriep, ISotisen, t. XII , p. 7. (2) Elément, physiolog., t. VI , p. 604. (3) De alimentorum concoctione , p. 107. 440 BILE. autant de salive que le Cheval , comme le pense Schultz (1) , c'est-à-dire dix livres , il résulterait que ces deux sécrétions seules égaleraient , en vingt-quatre heures , la masse totale du sang, 2° La bile est un liquide vert jaunâtre et amer ; celle qu'on trouve dans les conduits biliaires est plus claire , plus jau- nâtre , plus liquide et lïioins amère ; celle que contient la vé- sicule, plus verdâtre , plus épaisse et plus amère. Elle a une odeur fade, toute particulière, et une pesanteur spécifique de 1020 à 1027. En l'examinant au microscope , on y découvre, d'après Weber (2) , des globules ronds et elliptiques , de vo- lume divers, en général fort peu volumineux, plus petits même que ceux qui existent dans le lait et le mucus. 3° La bile réagit à la manière des alcalis. Cependant , comme le fait remarquer Schultz (3) , ce n'est qu'au bout de quel- ques minutes qu'elle ramène au '^bleu le papier de tourne- sol rougi. Elle est décomposable à un haut degré, s'altère à l'air avec une grande promptitude, y devient en très-peu de temps fétide et d'un jaune brun , mais ne passe que plus tard à une décomposition complète. A la chaleur , elle ne se coa- gule point. Lorsqu'on la chauffe doucement, elle donne un liquide clair comme de l'eau , qui a une odeur fade toute spé- ciale , ne subit aucun changement de la part des réactifs , mais ne tarde point à se putréfier ; ce produit exhale quel- quefois l'odeur du musc, quand la distillation a duré long-temps; il se trouble par le refroidissement, et précipite par l'acétate de plomb. Le résidu est un extrait brun verdâtre foncé , qui a une saveur amère et en même temps un peu douceâtre , at- tire l'humidité de l'air , se dissout presque en entier dans l'eau et l'alcool , se boursoufle et fond à la chaleur , brûle avec une flamme claire , et laisse un charbon poreux , diffi- cile à incinérer. Les acides faibles et les acides forts en pe- tite quantité font naître un précipité de mucus dans la bile ; si ensuite on ajoute un acide fort en plus grande quantité, il (1) Loc. cit., p. 103. (2) Anatomio des Menschen, 1. 1, p. 163. (3) Loc. cit., p. 69. BILE. 44* se précipite de la résine biliaire , en flocons d'un vert foncé , et le reste de la liqueur donne par l'évaporation des sels, qui consistent en soude et chaux combinées avec l'acide dont on s'est servi. La bile est miscible avec l'eau. Les alcalis et leurs sels ne font que la rendre plus liquide. Les terres alcalines et leurs sels forment avec elle des savons insolubles. Les sels métalliques se combinent avec ses parties organiques , don- nant lieu ainsi à un précipité savoneux et d'apparence rési- neuse. L'alcool précipite le mucus et dissout les autres sub- stances organiques. 4° L'analyse de la bile , commencée dans les temps mo- dernes par Cadet et Fourcroy (1) , a été poussée plus loin par Thénard , Berzelius (2) , L. Gmelin (3) ,» Frommherz et Gugert (4). Comme les produits varient suivant la manière dont le liquide a été traité , ce qui n'a pas empêché de donner les mêmes noms à quelques uns d'entre eux , nous ne pou- vons point passer sous silence les méthodes analytiques em- ployées. Thénard commença par précipiter le mucus à l'aide des aci- des, puis il sépara les matières organiques au moyen du sous- acétate de plomb. Berzelius n'eut recours qu'à l'acide sulfu- rique, lorsque l'alcool et l'éther^ne suffisaient point pour opé- rer le départ. Gmelin s'est servi de tous les réactifs dans une opération très-compliquée , et comme son analyse de la bile de Bœuf passe pour la meilleure que possède aujourd'hui la chimie animale , nous en donnerons le précis dans le tableau suivant : L Substances insolubles dans l'alcool, a. 1. Insolubles dans l'eau bouillante ; mucus et sels. 2. Solubles dans l'eau, p A. Solubles dans l'alcool bouillant : matière caséeuse ou analogue. (1) Hist. de l'Acad. des se. , 1767, p. 471 ; 1769 , p. 66, (2) Traité de chimie , t. V, p. 216. (3) Recherches expérimentales sur la digestion, t. I , p. 43. (4) Poggendorff , Journal fuer Chemie und Physik, t. L , p. 68, 442 BILE. y B. Insolubles dans Talcool bouillant : matière sali- vaire ou analogue. IL Substances solubles dans l'alcool. 1. Solubles dans l'éther. S ki Susceptible de cristalliser : cholestérine. e B. Demeurant liquide : acide oléique. 2. Insolubles dans l'éther ; solubles dans l'eau. '' A. Précipitation par l'acétate de plomb neutre, et addition de sulfide hydrique. , a. Le précipité avec le sulfate de plomb ; A. Soluble dans ralcool. a. Insoluble dans l'éther. ç AA. Insoluble dans l'alcool : analogue à l'al- bumine coagulée. BB. Soluble dans l'alcool. v) aa. Seulement dans l'alcool chaud ; ana- logue à la gliadine. bb. Soluble aussi dans l'alcool froid. 0 AA. Insoluble dans l'eau ; résine bi- liaire. i BB. Soluble dans l'eau; picromel, acide cholique. b. Soluble dans l'éther. AA. Insoluble dans l'eau. X aa. Soluble dans l'éther ; acide stéarique. bb. Insoluble dans l'éther. "k AA. Insoluble da-ns l'eau, résine biliaire. {A BB. Soluble dans l'eau ; picromel, avec un peu de résine biliaire et d'aspa- ragine biliaire. BB. Soluble dans l'eau. V aa. Déposé ; résine biliaire, avec un peu de picromel. Ç bb. Demeuré liquide; picromel, avec un peu de résine biliaire et d'acide cholique. B. Insoluble dans l'alcool. 0 a. Cristallisant : acide cholique. BILE. 443 7î h. Demeurant liquide ; picromel, avec un peu de résine biliaire et d'acide cholique. h. Le liquide débarrassé du sulfate de plomb , évaporé; P A. Insoluble dans l'eau : résine biliaire. B. Soluble dans l'eau, évaporé ; ç a. Liqueur ; acide hydrochlorique , acide sul- furique et matière animale ( peut-être de l'osmazome). b. Extrait. T AA. Soluble dans l'éther : résine biliaire u BB. Insoluble dans l'éther : picromel, ré- sine biliaire , acide cholique et matière animale ( peut-être de l'osmazome ). B. Non précipité par l'acétate de plomb neutre. a. Précipitation par le sous-acétate de plomb , et addition de sulfide hydrique. A. Le précipité, avec le sulfure de plomb, et bouilli dans l'alcool. ? a. Insoluble dans l'eau : résine biliaire. X -&. Soluble dans l'eau : picromel , avec ré- sine biliaire, acide cholique et aspa- ragine biliaire. B. La liqueur , évaporée , se séparant en ^ a. Liquide : asparagine biliaire. h. Masse résinoïde. « AA. Insoluble dans l'eau : résine bi- liaire. «« BB. Soluble dans l'eau : asparagine bi- liaire. pp h. Non précipité par le sous-acétate de plomb : picromel et sels. Berzelius (1) , tout en vantant cette analyse , la meilleure à ses yeux que nous ayons , avoue qu'elle mène dans un laby- rinthe oii Ton a de la peine à se retrouver, et que la compo- (1) Traité de;chimie , t. YII , p. 181. 444 ^i^^- sition de la bile est probablement plus simple que ne semblent l'indiquer les résultats analytiques. En effet, il faudrait que la bile fût un corps tout-à-fait inerte dans l'organisme vi- vant , pour qu'après avoir été mêlée avec des sels de plomb' et de l'hydrogène sulfuré , après avoir été bouillie et évaporée à plusieurs reprises avec de l'eau , de l'alcool et de l'éther , elle eût encore les mêmes principes constituans organiques que ceux auxquels elle doit le rôle spécial qu'elle joue pen- dant la vie. L'analyse que Frommherz et Gugert ont donnée de la bile humaine est un peu plus simple , et par cela même plus ad- missible. En voici le précis : I. Insoluble dans l'alcool. 1. Insoluble dans l'eau bouillante. A. Insoluble dans l'acide'acétique ; mucus. B. Soluble dans l'acide acétique , matière colorante. 2. Soluble dans l'eau bouillante, évaporé ; A. Insoluble dans l'alcool bouillant; ptyaline. B. Soluble dans l'alcool bouillant ; matière caséeuse, avec cholestérine. II. Soluble dans l'alcool, évaporé ; 1. Soluble dans l'éther ; cholestérine. 2. Insoluble dans l'éther. A. Non précipité par le sous-acétate de plomb ; pi- cromel. B. Précipité par le sous-acétate de plomb. a. Soluble dans l'eau; l'osmazome. h. Insoluble dans l'eau , bouilli avec de l'alcool et évaporé ; A. Soluble dans l'eau ; acide cholique. J5. Insoluble dans l'eau ; a. Soluble dans l'éther ; résine biliaire, acide margarique , acide oléique. p. Insoluble dans l'éther ; osmazome. Nous pouvons partager les matériaux constituans de la bile en communs ou généraux , spéciaux et problématiques. BILE. 445 I. Quant à ce qui concerne les premiers : 5° L'eau s'élevait, dans la bile humaine, à 0,9090 selon Thénard , 0,9000 d'après Frommlierz et Gugert ; dans la bile de Bœuf, à 0,8750 suivant Thénard , 0,9044 d'après Berze- lius , et 0,9151 selon Gmelin. 6° Ce qui est précipité de la bile fraîche soit par les acides minéraux étendus , soit par l'acide acétique , ou reste sans se dissoudre quand on traite l'extrait de bile par l'alcool, et qui s'élevait à 0,382 dans la bile humaine selon Thénard, à 0,0030 dans celle de Bœuf suivant Berzelius, est, comme l'a prouvé ce dernier (1) , un mucus tout-à fait semblable à celui de la vésicule biliaire , et qui se trouve dissous dans la bile au moyen de la soude. Fourcroy et Thénard l'avaient considéré comme de l'albumine. Schultz (2) pense que le précipité brun qu'on obtient en saturant la bile avec de l'acide acétique , forme la partie es- sentielle de cette humeur, que c'est la matière biliaire pro- prement dite. 7» L'osmazome, qui, d'après Berzelius, formait, avec le lactate de soude et le chlorure de sodium, 0,6074 de la bile, restait , sans se précipiter, dans la dissolution alcoolique de l'extrait de bile , quand on ajoutait de l'acide sulfurique. 8° La matière caséeuse se précipite , par le refroidissement , de la dissolution alcoohque préparée à chaud, et l'on peut ensuite la redissoudre dans l'eau. 9» La matière salivaire reste après que l'alcool bouillant a extrait la matière caséeuse de la partie de l'extrait de bile qui est insoluble dans l'alcool froid. 10° Il y a déjà long-temps qu'on avait remarqué une substance grasse combinée avec de l'alcali, et qu'en conséquence on avait considéré la bile comme un liquide savoneux. Cette graisse saponifiée s'extrait au moyen de l'éther, soit de la bile fraîche et épaissie , soit de la matière biliaire précipitée par l'acide sulfurique et débarrassée ensuite de cet acide. En évaporant le liquide éthéré, elle se sépare en acide stéarique, qui cris- (4) Schweigger, Journal fuer Chemie und Physik, t. X , p. 488. (2) Loc.cit., p. 75. 44 6 BILE. tallise sous la forme de feuillets , et en acide oléique , qui reste constituant une huile d'un jaune pâle. 4° Outre la soude , qui s'élève, dans la bile 'humaine , à 0,0051 selon Thénard , dans celle de Bœuf à 0,0050 d'après le même, ou à 0,0041 suivant Berzelius, on trouve du chlo- rure de sodium , de l'acétate ou du lactate , du phosphate et du sulfate de soude , du phosphate de chaux et des traces de fer. Les sels s'élevaient, suivant Thénard, à 0,0090 dans le Bœuf , à 0,0041 chez l'homme. Schultz (1) nie l'existence de l'alcali libre dans la bile , et pense que la réaction alcaline est une propriété qui appartient à la matière biliaire elle-même , attendu qu'elle est produite aussi par la dissolution alcoolique de l'extrait de bile , qui ne peut cependant point contenir d'alcali fixe , attendu encore qu'il passe peu d'ammoniaque quand on distille la bile , et que cette dernière coagule le lait , tandis qu'un alcali libre empêche la coagulation. Mais la salive, qui est alcaline, coa- gule également le lait (2), et, si la soude est combinée chi- miquement avec les principes constituans essentiels de la bile , elle peut passer aussi avec eux dans la dissolution alcoo- lique. II. Les parties constituantes essentielles et caractéristiques de la bile se dissolvent dans l'alcool. Ce sont : 12° La malière biliaire , telle que Berzelius l'a mise à nu. Lorsqu'on a séparé le mucus de la bile fraîche au moyen d'un acide faible ou de l'alcool , ou quand on a dissous l'extrait de bile dans de l'alcool, l'acide sulfurique détermine un pré- cipité verdâtre , qui se compose des substances grasses et de la matière biliaire passée à l'état acide , ce qui l'a rendue ana- logue à une résine et insoluble dans l'eau. La graisse mêlée avec elle est enlevée par l'éther, et l'acide sulfurique par le carbonate de potasse, la baryte oul'oxidede plomb , après quoi il reste la matière biliaire pure , qui retient cependant encore un peu du réactif neutralisant dont on s'est servi. A l'état sec , celte matière est cassante ; elle a une saveur amère , avec un (1) Loc. cit., p. 73. (2) Loc. cit., p. 55. BILE. 44? arrière-jffoût douceâtre ; elle attire l'humidité de l'air, se dis- sout dans l'eau en toutes proportions , et produit ainsi un li- quide qui ressemble à de la bile fraîche. Elle brûle comme l'extrait de bile, et , à l'instar de ce dernier, elle estjsoluble dans l'alcool. L'acide acétique ne la précipite point. Les acides minéraux forment avec elle des combinaisons peu solubles , qui se précipitent en masses d'un vert foncé , ressemblent à une résine molle, ne sont solubles que dans l'alcool, et le deviennent dans l'eau quand on les débarrasse de l'acide libre, ou qu'on ajoute de l'acétate de potasse , dont l'alcali se com- bine avec l'acide minéral et l'acide acétique avec la matière biliaire. Celle-ci est soluble dans les alcalis. Les oxides mé- talliques la décomposent et la précipitent. Elle ne donne point d'ammoniaque , et , par conséquent , ne contient point d'azote. Dans la bile de Bœuf, elle s'élevait, conjointement avec la graisse, à 0,0800 d'après Berzelius. 13° La graisse biliaire (cholestérine), qu'on a rencontrée d'abord dans des calculs biliaires, mais dont Ghevreul (1) a démontré aussi l'existence dans la bile , est séparée des acides gras qu'a extraits l'éther par la cristallisation ou par la diges- tion avec delà potasse. Elle n'a ni odeur ni saveur, cristallise en lames blanches et brillantes, diffère de tous les autres corps gras en ce qu'elle ne fond qu'à quarante-sept degrés du thermomètre de Réaumur, se dissout un peu dans l'alcool , n'est point saponifiable par la potasse caustique , et ne con- tient pas de phosphore , comme la graisse cérébrale. Elle se compose de Saussure. Chevreul. Carbone 0,84068 0,85095 Hydrogène . . . 0,12018 0,11880 Oxygène 0,03914 0,03025 IIL Nous considérons comme principes constituans problé- matiques de la bile , d'abord les substances qui apparaissent par le traitement avec les sels métalliques , et qu'on ne peut mettre en évidence d'aucune autre manière. Les deux prin- (1) Journal de Magendie, t. IV, p. 258. 448 BILE. cipales matières qui appartiennent à cette catégorie sont la résine biliaire et le sucre biliaire ou picromel , découverts par Thénard; les autres l'ont été par Gmelin. Aucune de ces substances n'a la propriété de contracter avec les acides mi- néraux une combinaison peu soluble. 14° La résine biliaire , que Thénard avait précipitée par le sous-acétate de plomb, s'élevait, dans la bile de Bœuf, à 0,0300 , et , dans la bile humaine , à 0,0373 ; elle était solide , verte , amère ; elle se dissolvait un peu dans l'eau , d'où l'acide sulfurique la précipitait ; elle était soluble aussi dans l'alcool et les alcalis , et précipitable du premier par l'eau , des autres par les acides. Gmelin , en analysant la bile , a trouvé cette résine dans le pré- cipité produit par l'acétate de plomb neutre , comme portion insoluble dans l'éther et l'eau ( 6,>), mais mêlée aussi avec les substances solubles dans ce menstrue (f*,v,Ç) et insolubles dans l'alcool ( 77 ) , de même que dans la portion insoluble dans l'eau de la liqueur débarrassée du sulfure de plomb (p), et mêlée également aux parties solubles dans l'eau (t,u) ; il l'a rencontrée encore dans le précipité déterminé par le sous- acétate de plomb (9), ^mais plus abondamment que partout ailleurs dans la portion insoluble dans l'eau de la liqueur évaporée (w). Elle était brune, cassante à froid, molle à chaud , fusible à la chaleur ; elle brûlait avec une flï^mme vive et une odeur aromatique ; elle se dissolvait dans l'acide ni- trique , et en était précipitée par l'eau ; les acides hydrochlo- rique et acétique ne la dissolvaient point ; elle formait , avec la potasse, un savon soluble dans l'eau; elle se dissolvait très-peu dans l'éther, et fort bien dans l'alcool , d'où l'eau la précipitait. Gmelin convient qu'elle existe probablement sous un autre état dans la bile , et que c'est seulement par suite des diverses manipulations qu'on lui fait subir qu'elle perd une partie de sa solubilité (1). 15° Cadet, Bochaute et Fourcroy, avaient admis dans la bile du sucre de lait ou une substance sucrée analogue à (1) Tiedemann et Gaiclhi , Recherches expéiimentalcs sur la digestion , t. i,p. as. BILE. 449 celle-là. Thénard retira de la résine biliaire précipitée de la bile de Bœuf par le sous-acétate de plomb , une substance soluble en totalité dans l'eau , d'une saveur douce et ama- rescente , donnant par l'évaporation un extrait jaune clair, qui avait la consistance d'une térébenthine épaisse , se dissolvait dans l'alcool , était insoluble dans l'éther, et se précipitait de sa dissolution aqueuse par les sels de fer. Cette substance reçut de lui le nom de picromel. Elle s'élevait à 0,0754 delà bile, et Thénard présumait que c'était elle qui mettait la résine biliaire à l'état soluble dans cette humeur. Chevallier a trouvé, dans la bile humaine , 0,025 de picromel. L'esquisse que nous avons donnée prouve qu'il n'est point encore entièrement débarrassé de résine biliaire, avec laquelle Gmelin l'a en effet trouvé uni dans plusieurs opérations (fA,Ç,7r,Tj,x) ; le plus pur lui a été fourni par la liqueur de laquelle les autres substances avaient été séparées par l'acétate de plomb et le sous-acétate de plomb (pp). Le sucre biliaire (picromel) ainsi obtenu est sans odeur et fortement sucré , avec un peu d'amertume ; il cristallise en grains , fond à la chaleur, brûle avec flamme , en répandant une odeur à la fois aromatique et cornée , et ne passe point à la fermentation ; il est insoluble dans l'éther, très-solulDle dans l'eau et l'alcool : il n'est point précipité de sa dissolution aqueuse par les sels de fer, mais seulement par l'acide nitrique (Frommherz et Gugert disent qu'il ne l'est point non plus par les acides). D'après Thomson (1), le pi- cromel serait composé de carbone 0,531, hydrogène 0,022 et oxygène 0,447 ; mais Gmelin dit que le sucre biliaire donne de l'ammoniaque à la distillation sèche , ce qui annonce qu'il contient de l'azote. 16° L'acide cholique a été obtenu par Gmelin , soit mêlé avec du sucre biliaire {'J , ^ , '^^ ■, -^ , x) ■> soit pur et constituant la partie cristallisable de la portion insoluble dans l'alcool du précipité déterminé par le sous-acétate de plomb (o). Il cris- tallise en aiguilles blanches ; sa saveur est très-sucrée , puis un peu acre et amarescente ; il fond à la chaleur , brûle avec flamme , en répandant d'abord l'odeur de la corne, puis une (1) Schweigger, Journal fuer Chemie und Physih, t. XXVIII , p. ISS- VU. 29 45d BILE. r , odeur aromatique , fournit une huile empyreuniatique , avec de l'ammoniaque , et laisse un charbon qui brûle aisément , en donnant peu de cendres. Peu soluble dans l'eau, il l'est beaucoup dans l'alcool ; les acides minéraux le dissolvent , et l'eau le précipite de ces dissolutions. Il forme , avec les alca- lis , des sels très-sucrés et très-solubles dans l'eau, de laquelle les acides le précipitent. C'est un acide plus fort que l'acide urique ; car il rougit davantage le tournesol , et il a plus d'af- finité pour les bases salifiables. 17° Une substance que Gmehn a obtenue de la bile traitée par le sous -acétate de plomb {^^ olv) , et qu'il appela d'abord asparagine biliaire , puis plus lard (1) taurine , cristallise en colonnes ; elle est inodore et insipide ; elle n'a de réactions , ni acides , ni alcalines ; elle brûle sans laisser de résidu , et donne une huile brune , une eau acidulé et de l'ammoniaque; elle se dissout dans l'eau , est presque insoluble dans l'alcool, et se dissout aisément dans les acides nitrique et sulfurique. Lorsqu'on a précipité de la bile fraîche par l'acide hydro- chlorique , évaporé la liqueur , et séparé la masse résineuse du liquide acide , la taurine se prend en cristaux au sein de ce dernier. 18° La substance que Gmelin a extraite du précipité pro- duit par l'acétate de plomb neutre , en laissant refroidir; la dissolution préparée avec l'alcool bouillant (>î) ,' et qu'il dé- signe sous le nom de gliadine biliaire , pourrait^bien aussi , d'après Berzelius, être de la matière caséeuse. 19° Gmelin admet une matière odorante particulière , parce que le résidu de l'évaporation du liquide acide dont le sous- acétate de plomb a séparé la résine biliaire , le picromel et la taurine , répand , lorsqu'on le brûle , une odeur d'abord de corne et ensuite d'urine. IV. D'autres substances problématiques sont : 20° Une seconde matière odorante ,: admise par Gmelin ^ qui donne quelquefois une odeur de musc à l'eau qu'on ob- tient en distillant la bile. 21° Les matières colorantes dont l'existence est supposée . (1) Handbuch der theoretischen Chemie , t. II, p» lOllé BILE. 45 1 d'après les changemens de couleur qiie subit la bile. Suivant Gmelin (1) , le brun biliaire est insoluble dans l'eau , peu so- luble dans l'alcool, et très-sol uble dans la potasse ; dans l'a- cide nitrique , il devient sur-le-champ vert , en peu de se- condes bleu , puis violet , ensuite rouge , et enfin il repasse au jaune ; mais le vert biliaire est du jaune biliaire métamor- phosé , soit par de l'acide ou de l'alcali libre , soit par l'ae- lion de l'air. Il est encore douteux que la substance qui a été extraite , par Frommherz et Gngert, de la portion de la bile insoluble dans i'alcool , en la traitant par l'acide acétique étendu , fût une matière colorante pure. 22° On doit regarder aussi comme problématique l'albumine, qui , d'après les conjectures de Gmelin , constituerait la por- tion de la dissolution aqueuse d'extrait de bile qu'on rie peut plus dissoudre dans l'alcool après avoir enlevé la résine bi- liaire et la graisse parl'éther ( ^) ; car l'albumine aurait dû ici être dissoute auparavant dans l'alcool , et d'ailleurs la bile , quand on l'a débarrassée de son mucus par l'acide acétique, ne précipite point , suivant Berzelius (2) , par le tannin ou le cyanure de potassium. 23° Il a été admis aussi, dans la bile, de l'acide hydrocya- nique par Treviranus (3) , du soufre ou du sulhde hydrique par Cadet , Vogel et John (4). V. D'après Gmelin, la bile des Chiens, comparée à celle des Bœufs, est plus riche en sucre qu'en résine. Celle des Oiseaux est la plupart du temps épaisse et mucilagineuse ; celle de l'Oie contenait du mucus, de la matière salivaire , de la résine biliaire , du sucre biliaire , de la graisse acide , et une substance particulière , acide , peu soluble dans l'eau , devenant liquide à la chaleur ; la potasse précipitait de celle des Poules une maùère verte, soluble dans l'eau. La bile des Grenouilles et des Couleuvres est très-coulante, et préci- pite des flocons verts quand on y verse de la potasse. (1) Loc. cit., t. II, p. 1158. (2) Schweigger, loc. cit., t. X, p. 488. (3) 5zoZo(/îe, t. IV, p. 436. (4) Chcvmche Taàellen des Thierreichs; p, dQ^ 452 URINE. Berzelius a trouvé dans la bile d'un grand Serpent des Indes Orientales , une substance analogue à la matière biliaire des Mammifères , mais non précipitable par les acides et les al- calis , non réductible en résine et en sucre par l'acétate de plomb , une matière précipitable par le carbonate de potasse, une substance peu soluble dans l'eau et insoluble dans l'al- cool , de la matière colorante , de la ptyaline , de l'albumine , de la graisse acide et des sels , mais , ni cholestérine , ni mucus. La bile des Poissons n'est, d'après Gmelîn, ni acide, ni alcaline ; elle a une saveur douceâtre , avec un arrière-goût amer; elle est épaisse, et contient jusqu'à 0,19 de parties solides , avec beaucoup de mucus, et sans graisse. Dans plu- sieurs espèces de Cyprins , la potasse précipite une substance d'un brun verdâtre , cristallisée , douceâtre , avec un arrière- goût fort amer , soluble dans l'eau et l'alcool , insoluble dans l'éther , et contenant peu ou point d'azote. La bile des Insectes est brunâtre et âpre ; celle des Monocles un peu épaisse , jaunâtre ou jerdâtre ; celle de l'Ecrevisse épaisse , brune et amèrè. VI. Urine. § 827. L'urine est formée dans les reins , et elle trouve une voie libre depuis les bassinets jusqu'à l'orifice extérieur de l'urètre. Les bassinets en contiennent dans les cadavres, et l'on peut aussi en exprimer des papilles rénales. Quand on lie les uretères sur un animal vivant , ils se tuméfient au dessus de la ligature , et demeurent vides au dessous d'elle , ainsi que la vessie. Lorsqu'on les coupe , l'urine se répand dans la ca- vité abdominale. Des expériences de ce genre ont été faites dans l'antiquité déjà par Galien , et dans les temps modernes par Mayer (1) : toujours elles ont donné les mêmes résultats ; seulement, lorsque l'on n'avait pas eu^ soin, de^commencer par (4) Zeitschrift fner Physiologie ^ t. II, p. 267, URINE. 453 vider la vessie d'une manière complète , il s'opérait encore une émission d'urine après la ligature des uretères. 1° Généralement parlant, l'urine coule sans interruption des reins dans la vessie , où elle s'amasse , pour être évacuée à des époques plus ou moins éloignées et en quantité plus ou moins considérable. Lorsqu'il existe soit'une plaie à la vessie\ soit une fistule urinaire , ce liquide suinte continuellement , et dans l'anomalie qu'on a si improprement appelée exstro- phie de vessie , ou quand on ouvre celte poche sur un animal vivant , on voit l'urine tomber goutte à goutte des uretères dans son réservoir à des intervalles de quelques secondes, qui , suivant Blandin , coïncident la plupart du temps avec les inspirations. Boissier évalue la quantité d'urine rendue en vingt-quatre heures à vingt-deux onces, Hartmann à vingt'huit, Prout à à trente-deux , Robinson à trente-cinq , Gorter à trente -six , Keil à trente-huit , Rye à trente-neuf, Bostock à quarante, Sanctorius à quarante-quatre , Stark à quarante-six , Dalton à quarante-huit et demie , Haller à quarante-neuf , Lining de cinquante-six à cinquante-neuf. 2° L'urine rendue depuis peu a une couleur ambrée ou une teinte de jaune brunâtre pâle. Elle est claire et transparente. Elle répand une odeur particulière, qui n'est point dés- agréable , et qui se dissipe par le refroidissement. Elle a une saveur répugnante, salée et amère. Chossat estime sa pesan- teur spécifîcpe de 1001 à 1038, Cruikshankde 1005 à 1033 , et Prout de 1010 à 1015. Dans ses expériences faites sur des hommes bien portans et de moyen âge , à l'heure de midi , et pendant les mois de septembre , octobre et novembre , qui sont ceux pendant lesquels la quantité de l'urine est la moyenne de celles qu'on rencontre durant les diverses saisons de l'année , Gregory (1) a trouvé pour extrêmes de la pesan- teur spécifique 1005 et 1033 , ce qui donne par conséquent une moyenne de 1019. Chez deux personnes, dont l'urine fut examinée pendant cinquante jours de suite, la moyenne était de 1024 et 1025. (1) Sammlung auserlesener Abliandlungen , t. XL , p. 181. 454 URINE, L'urine qui vient d'être rendue rougit ordinairement le tournesol. Cependant ce phénomène n'a point toujours lieu , et Houelle avait déjà dit qu'en f,énéral l'urine se comporte comme un corps neutre à l'égard des couleurs bleues végétales. 3° L'urine subit des changemens 'pendant le long trajet qu'elle parcourt. Celle que l'on exprime des papilles rénales Qàt plus trouble que celle qu'on rencontre dans le bassine^. C'est surtout pendant son séjour dans la vessie qu'elle éprouve des modifications ; plus elle y reste , plus les émissions sont séparées par de longs intervalles , plus aussi elle est concen- trée , et plus elle a de pesanteur spécifique ; aussi l'urine que l'on rend le matin , en s'éveiiiant , est-elle la plus saturée de toutes. Slehberger (1) a trouvé, chez un jeune garçon affecté d'exstrophie de la vessie, que l'urine qui suintait des uretères avait des réactions alcalines , et l'on se demande d'après cela si la réaction acide que manifeste ordinairement l'urine ren- due d'une manière normale, ne serait pas le résultat d'une modification survenue dans la vessie. 4° Après sa sortie du corps Turine change avec une grande rapidité. Il lui arrive fort souvent de devenir trouble , en se refroidissant , et de se charger d'un nuage , qui gagne peu à peu le fond du vase , où il produit enfin un sédiment rouge , formé d'acide urique : la réaction acide cesse , et le liquide acquiert l'odeur appelée , à proprement parler, urineuse , qui est due à la conversion de l'urée encarbonate d'ammoniaque: plus tard il se dépose des sels , notamment du phosphate am- moniaco-magnésien, sous forme tantôt d'une couche mucilagi- neuse et tantôt de peùts cristaux ; le carbonate d'ammoniaque augmente à tel point , par les progrès de la putréfaction , que l'urine fait effervescence avec les acides ; il se sépare de Thy- drochlorate d'ammoniaque, puis du chlorure de sodium , enfin des phosphates de soude et d'ammoniaque , et il finit par ne plus rester qu'un hquide brun et fétide , ayant la consistance du sirop. 5° Soumise à l'ébuUition , l'urine ne se coagule point. Lors- qu'on l'évaporé , elle abandonne d'abord du mucus , puis une {i)\Zeitschrift fuer Physiologie, t. II, p, 49. URINE, 455 poudre rouge , composée d'acide urique et de sels. Distillée ^ une douce chaleur, elle donne un liquide clair, incolore, qui est presque insipide, et qui ne réagitni comme acide ni comme alcali, mais qui exhale l'odeur urineuse , et qui passe à la pulrélaction : il reste un liquide épais, trouble, d'un brun rougeatre , qui a une saveur répugnante , saiée et amère. A une chaleur plus forte, il passe une dissolution fétide de carbonate d'ammoniaque , d'acétate et d'hydrochlorate une huile empyreumatique , et sur la fin un peu de phosphore. L'acide oxalique donne lieu à un précipité d'oxalate de chaux ; les autres acides ne troublent pas la liqueur sur-le-champ , mais y déterminent, au bout de quelque temps , un précipité d'acide urique. Les alcalis précipitent du phosphate de chaux, et dégagent de l'ammoniaque. Le chlorure de barium donne du sulfate de baryte, le nitrate d'argent du chlorure d'argent, l'acétate de plomb du sulfate et du phosphate de pioi^b. 6" L'urine variant à l'mfini suivant les individus et selon les temps , noiis devons nous borner à essayer d'obtenir une éva- luation approximative de la proportion moyenne de ses prin- cipes constituans. Gruikshank (1) a obtenu de trente-six onces d'uripe ^35 grains = Q,0309 de substance solide. Berzeiius (2) en a trouvé 0,0670, et Wackenroder (3) en admet 0,0700 chez Thomme adulte. Nysten (4) a trouvé , dans un litre d'urine aussi saturée que possible , celle qu'on nomme vulgairement urine du sang , quarante grammes de substance solide, et dans la plus aqueuse, 5,56 grammes seulement. La moyenne serait donc d'environ vingt-trois grammes, et la proportion de 0,0225, en admettant qu'un litre d'urine, à 1022 de pesanteur spécifique, pesât 1020 grammes. Suivant Gruikshank, dont l'évaluation paraît être celle qui se rapproche le plus de l'état normal, trente-six onces d'u- (1) John , Chemisclie Tahellen des Thierreichs , p. 15. (2) Traité de chimie , t. YII, p. 393. (3) Schweigger, Journal fuer Chomie , t. LXVIÎ , p. ^lO. (4) Fieclierciies de piijsiologie et de chimie palhologiques, p, 242. 456 URINE. rine, rendues en vingt-quatre heures, entraîneraient au dehors cinq cent trente-cinq grains ou environ neuf gros de substance solide , ce qui s'accorde aussi avec l'estimation deBostock (1). La perte journalière de substance solide par l'urine serait, d'a- près Wackenroder, de vingt gros, suivant Berzelius de dix- neuf, et selon Nysten de six et demi seulement. La proportion des principes constituans inorganiques aux matériaux organiques , est de 1 \ 20 selon Fourcroy et Vau- quelin , de 1 : 4 d'après Bostock ,';de 1 I 2,6 ( 1844 : 4856 ) suivant Berzelius, de 1 : 0,69 (315 : 220) d'après Cruikshank. En prenant pour normale la proportion de 1 1 3, la perte jour- nalière de substance inorganique par l'urine serait de deux gros et un tiers , et celle de substance organique de six gros et deux tiers. Maintenant si, comme le dit Berzelius, le mucus, l'os- mazome , la matière salivaire , l'acide lactique et le lactate d'ammoniaque , pris ensemble , sont aux substances caracté- ristiques ( urée et acide urique) dans la proportion de 1 ! 1,78 ( 1746 t 3110 ), l'urine entraîne journellement hors du corps quatre gros et quatre quinzièmes de ces substances spéciales. L'acide urique s'élève à 0,0010 selon Berzelius ( 0,0015 d'après Coindet ), et l'urée à 0,0301. Donc la perte journa- nalière du premier serait d'environ un septième de gros , et celle de la seconde de quatre gros et un septième. Berzelius range les principes constituans de l'urine en trois classes, sous le rapport deleur solubilité. Celles qui sont so- lubles dans l'eau et l'alcool (urée 0,03010, chlorure de sodium 0,00445 , hydrochlorate d'ammoniaque 0,00150 , osmazome, acide lactique et lactate d'ammoniaque ) , entrent, en y com- prenant la matière salivaire , pour 0,05319 dans l'urine ; celles qui ne sont solubles que dans l'eau ( phosphate de soude 0,00294, phosphate d'ammoniaque 0,00165 , sulfate de soude 0,00316, sulfate de potasse 0,00371 ) font ensemble 0,01M6, sans la matière salivaire qui s'y joint ; enfin celles qui sont insolubles dans l'eau et l'alcool ( acide urique 0,00100, mucus (1) Meckel, Dotitschcs Archiv, t, IT, p. 667. URINE. 457 0,00032, phosphates de chaux et de magnésie 0,00100, silice 0,00003 ) ne s'élèvent qu\à 0,00235. 70 On obtient l'urée en dissolvant dans ralcool ( d'après Rouelle ) l'urine évaporée ou l'extrait d'urine , évaporant la dissolution ( d'après Fourcroy et Vauquelin ), dissolvant le résidu sec dans de l'eau chaude, ajoutant de l'acide oxalique, dissolvant dans l'eau bouillante l'oxalate d'urée qui se préci- pite en cristaux par le refroidissenrient , séparant l'acide oxali- que parle moyen du carbonate calcaire, et dissolvant l'urée qui reste dans l'alcool , pour la débarrasser des sels mêlés avec elle (1). A l'état de pureté, cette substance n'a ni couleur, ni odeur , ni saveur. Elle cristallise en aiguilles , en prismes ou en feuil- lets. Sa pesanteur spécifique est de 1350. Elle fond et com- mence à se décomposer à une chaleur médiocre , en donnant du carbonate d'ammoniaque, et laissant de l'acide cyanu- rique , qui se décompose lui-même si l'on augmente le feu. Elle est très-soluble dans l'eau , et attire l'humidité de l'air ; elle se dissout un peu moins facilement dans l'alcool. Elle s'unit tant avec les acides qu'avec les bases , mais sans les neutraliser. A chaud, les acides s'emparent de l'ammoniaque à laquelle elle donne naissance , et dégagent de l'acide carboni- quCj tandis que les alcalis s'unissent avec ce dernier et mettent l'ammoniaque en liberté. La proportion de ses principes con- stituans est indiquée de la manière suivante : 0 w w ^ tn 2' sa 5" 0 s 5 elin oy. p.