îft^*..^- • *% &H - *fc~~«4* ï *#} " Sir " ' '*£& *• ^Harvard Médical Library in the Francis A. Countway Library of Medicine -Boston VERITATEM PER MEDIClXAM QU/EHA/AUS ■5"/ / /lu \\qjuSL y v (A]WaÏ-j \uma/? nS*^" TRAITÉ DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES DES ANIMAUX DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET RUE DE VAUGIRAKD, 9 TRAITE DES PHENOMENES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES DES ANIMAUX Par C. MATTEUCCÏ S U I V I D ÉTUDES ANATOMIQUES SUR LE SYSTÈME NERVEUX ET SUR L'ORGANE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE Par PAUL S A VI PARIS CHEZ FORTIN, MASSON ET C», LIBRAIRES 3— PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE , 1 MÊME MAISON, CHEZ L. MICHELSEN, A LEIPSIG 18 44 Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from Open Knowledge Commons and Harvard Médical School http://www.archive.org/details/traitdesphnoOOmatt A MESSIEURS ARAGO ET DE HUMBOLDT HOMMAGE DE RESPECT DE RECONNAISSANCE ET D'AMITIÉ C. MATTEUCGI. TABLE RAISONNEE DES MATIÈRES. Préface Page xvn PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRE I. Introduction historique, page 4. — Collection des Mémoires de Galvani , 2. — Passage de Swammerdam relatif à la contraction galvanique des muscles, 3. — Citation de Sultzer concernant les sensations produites par l'électricité. — Fait étrange rapporté par Cotugno, 4. — Premières expériences de Galvani, 5. — Ses recherches sur l'électricité atmosphérique , 7. — Electricité animale, 8. — Arcs conducteurs , 9. — Contraction de la grenouille par reploiement des jambes sur les nerfs lombaires. — Expé- riences de Galvani sur la torpille, 40. — Volta, ses travaux, 4 4. — Action électro-motrice, 42. — Découverte de la pile, 43. — Alter- natives voltianes. — Recherches de M. deHumboldt, 44. — Observa- tions de Valli ,4 5. — Ouvrage de Fowler. — Mémoire de Lehot, 4 7. — Étude du courant électrique de la grenouille , par Nobili, 4 8. — Travaux de Marianini , 4 9. CHAPITRE II. Instruments employés dans les recherches élec- tro-physiologiques , 20. — Galvanomètre, 24. — Système asta- tique de Nobili, 22. — Comment on juge de la sensibilité d'un galvanomètre, 23.— -Causes susceptibles de l'altérer, et moyen d'y remédier, 24.— Appareil de M. Rumkorf, destiné à rendre le sys- tème aimanté plus ou moins asiatique , 25. — Limites de propor- tionnalité des déviationsde l'aiguille aux intensités des courants, 27. — Grenouille galvanoscopique , 29. — Électroscope pour l'électri- cité de tension, 30. — Pile à courant constant, 31. — Boussole de tangente, 32. CHAPITRE HI. Méthode a suivre dans l'application du galva- nomètre a l'étude des phénomènes électko-phvsiologiques, 32. IV TABLE KAlSONiNEE DES MATIERES. — Courants développés par l'action chimique de deux solu- tions, 33. — Il faut se mettre à l'abri de celui qui résulte de l'immersion des lames extrêmes de l'instrument dans le liquide des capsules. — Erreurs dues à cette cause, 35. — Disposition à donner aux réophores de platine ,36. — Règles à suivre dans les expériences électro-physiologiques, 38. — Courant obtenu en plon- geant les lames du galvanomètre dans le sang et le sérum, 39. — Les lames devront être maintenues dans un même liquide, 41 . — Courant secondaire de Ritter, 42. — Courant différentiel. — Cou- rants dérivés, 4-3. — Lois de ces derniers , 44. CHAPITRE IV. Conductibilité électrique des différentes par- ties des animaux, 46. — Procédé pour arriver à en déterminer la valeur relative , 47. — Conductibilité plus grande des nerfs dans le sens direct que dans le sens inverse , 50. CHAPITRE V. Courant électrique musculaire chez les animaux vivants ou récemment tués. Manière d'en prouver l'existence, 51. — Ce courant diffère du courant propre de la grenouille. — Con- traction de la grenouille galvanoscopique sous l'influence de muscles de différents animaux, 53. — Appareil propre à prouver l'existence du courant musculaire, et manière de faire l'expé- rience, 55. — Pile de muscles, 56. — Le courant est dirigé de la partie interne du muscle à la surface , 57. — Manière de s'assurer de l'existence de ce courant dans toutes les masses musculaires prises sur des animaux à sang froid ou chaud , 58. — Ce cou- rant est d'intensité variable dans les différents animaux , et il augmente proportionnellement au nombre des éléments muscu- laires disposés en pile, 60. — On ne peut pas l'attribuer à une action exercée sur les lames du galvanomètre ou à une action chimique, 61. — Étude du courant musculaire au moyen de la grenouille galvanoscopique, 63. — Comment ce courant s'affai- blit-il en tenant le circuit fermé? 64. — Il existe chez les animaux vivants, 65. — Il cesse quelque temps après la mort, 67. CHAPITRE VI. Lois du courant électrique musculaire. Ma- nière de procéder à la recherche de ces lois , 67. — La durée du courant musculaire varie chez les différents animaux, 70. — Quelle en est l'intensité primitive? 71. — Influence du rang que l'animal occupe dans l'échelle. — Influence de la masse musculaire, 72. — Influence de la température , 73. - Le courant musculaire TABLE RAISONNEE DES MATIERES. Y n'éprouve aucune modification dans sa direction ou son intensité , quand on altère l'intensité du système nerveux, 70. —Effets des extraits d'opium et de noix vomique, 78. — Action des acides car- bonique, cyanhydrique , etc., 79. -Influence remarquable de l'hydrogène sulfuré , 81 . CHAPITRE VII. Courant propre de la grenouille. Manière de préparer l'animal, 83.— Le courant propre est dirigé des pieds à la tête, 85. — Contractions propres dans les grenouilles disposées en pile, 86. —Expérience avec la grenouille galvanoscopique et le galvanomètre, 87. — La durée du courant propre varie suivant le degré de vitalité de l'animal, 88. — Diminution de la déviation de l'aiguille par suite du développement d'un courant secon- daire, 89. — Expérience curieuse de Nobili, 90. — Contractions obtenues en touchant simultanément des parties non symétriques d'une même grenouille , 91. — Différences d'effets à la clôture et à l'ouverture du circuit , 92. — La superposition de plusieurs gre- nouilles n'augmente pas l'intensité du courant propre, 94. — En quoi consiste l'élément électro-moteur complet du courant de la grenouille, 96. — Phénomènes analogues offerts par les courants résultant d'actions chimiques, 97. — Quelles sont les parties de la grenouille absolument nécessaires à la production de son cou- rant propre, 98. — Variabilité des signes du courant de la gre- nouille, selon le mode de préparation, 401. — Influence de l'ab- lation de la moelle épinière. — Action de l'acide carbonique et de l'oxygène, 402. — Effets de l'eau presque bouillante, 103. — Le courant propre peut s'obtenir par la seule jambe de la gre- nouille, 105. — Les contractions propres augmentent par la réu- nion de deux grenouilles en pile, 106. — Influence de la surface tendineuse des jambes sur les contractions propres, 4 08. — Ac- croissement des signes du courant par l'immersion dans la solution de sel marin. — Effets de la soustraction du sang. — Action de l'ex- trait de noix vomique, 109. — Influence de l'acide sulfhydrique et de la congestion sanguine sur le courant propre, 4 4 0. — Influence du froid, Ml. — Influence de l'état de vie sur l'intensité des con- tractions propres, 4 42. CHAPITRE VIII. Fonction du système nerveux dans le courant ÉLECTRIQUE MUSCULAIRE ET LE COURANT PROPRE DE LA GRENOUILLE, 4 13. — Le nerf n'agit que comme mauvais conducteur, 4 4 5. — VI TABLE RAISONNEE DES MATIERES. Expériences de MM. Pacinotti et Puccinotti sur le cerveau, 119. — Nouvelle méthode d'exécuter ces expériences, 120. CHAPITRE IX. Vues théoriques sur la cause du courant élec- trique musculaire, 123. — Comparaison de l'oxydation des métaux par les acides , et de la réaction du sang artériel sur la fibre musculaire , considérées comme causes du développement de l'électricité , 125.— Double manière d'agir du système ner- veux ;— le courant propre n'existe que dans la grenouille, 126. — Comparaison de ce courant avec le courant musculaire, 127. — Explications du courant propre, 128. CHAPITRE X. Phénomène physiologique produit par un muscle ex contraction. Disposition de l'expérience, 130. — Effets de l'in- terposition d'une lame d'or, etc., 1 32. — Expérience de M. de Hum- boldt, 133. — Opinion de M. Becquerel à ce sujet, 134. — Le cou- rant propre augmente-t-il par la contraction du muscle? 138. — Quelle est l'influence des solutions alcalines? 139. — L'action chi- mique ne saurait suffire à l'explication du phénomène dont il s'agit, 140. CHAPITRE XI. Des poissons électriques, 1 41 . — Torpille et gym- note. CHAPITRE XII. Histoire arrégée des découvertes relatives a la décharge de la torpille, 1 42 . — Muschenbrock ; Walsh ; Gay- Lussac et de Humboldt ; Redi et Lorenzini : Hunter : Geoffroy-Saint- Hilaire ; Galvani , Spallanzani ; John Davy ; Becquerel et Breschet ; Linari ; Matteucci. CHAPITRE XIII. Instruments a employer. Galvanomètre à long fil. — Grenouille galvanoscopique, 144. CHAPITRE XIV. Phéxomèxes généraux de la décharge de la torpille, 14o. — Mouvements présentés par l'animal lui-même, l ï fi. — Régions où la décharge est'sensible. — La torpille ne dirige pas la décharge où elle veut, 1 17. — Distribution de l'électricité sur le corps do la torpille, 1 Î8.— Lois générales de celle distribution, ] ','». Pendanl la décharge, les nerfs qui vont à l'organe ne sont traversés par aucun courant, 154. —Intensité de la décharge de la torpille, I52.— Elle produit l'aimantation, I53. — Effets chimiques de la décharge. —Manière d'obtenir l'étincelle, I54. CHAPITRE \Y. Causes qui influent su; la décharge de la tor- pille. Causes extérieures, 155.— Influence de la masse d'eau TABLE RAISONNEE DES MATIERES. VII et de la température, 1 56. — Étude de la respiration de la tor- pille, sous le rapport de sa fonction électrique. — Analyse de l'air dissous dans l'eau de mer, 158. — La torpille qui donne des dé- charges consomme pins d'oxygène et produit plus d'acide carbo- nique, 160. — Influence de l'oxygène, 161 . — Action des poisons : strychnine, noix vomique, extrait d'opium, 162. — Lésion de la moelle épinière. — Compression des branchies, 163. — Compres- sion des yeux et courant électro-chimique, 164. — Causes inté- rieures, 164. — Influence de l'amputation partielle de l'organe électrique sur la décharge. — Les acides minéraux concentrés et l'eau bouillante détruisent seuls les fonctions électriques, 465. — Effets de la section des nerfs qui se rendent dans l'organe, 4 67. — Atrophie de la substance de l'organe succédant à la sec- tion des nerfs. — La ligature agit comme la section. — L'irritation des nerfs attachés à l'organe , consécutivement à la section , pro- duit encore la décharge , 4 68. — Une portion d'un prisme la donne également, lorsqu'on la coupe. — Influence de l'irritation directe du cerveau, 469. — Quatrième lobe ou lobe électrique, 170. — Expé- riences sur la torpille morte. — Les décharges apparaissent plus fortes que durant la vie, quand on touche le lobe électrique, 474. — L'action de ce lobe est directe. — Effets produits par le courant électrique sur le cerveau et les nerfs de l'organe de la torpille, 472. — Contractions musculaires sans décharge. — Transmission du courant après ligature des nerfs de l'organe, 474. — Action du courant sur ces nerfs, 475. — Mêmes expériences avec les gre- nouilles préparées , 477. — Conductibilité électrique de la substance nerveuse et de celle de l'organe, 478. — Résumé des recherches précédentes, 479. — Conclusions, 4 80. — Tableau comparatif de la contraction musculaire et de la fonction de l'organe électri- que, 181. CHAPITRE XVI. Phénomènes électriques du gymnote, 181. — Citation de M. de Humboldt , 182. — Comparaison delà fonction électrique chez le gymnote et chez la torpille , 485. —Propriétés de la décharge du gymnote , 188. -— Appréciation de l'intensité de la secousse. — Effets des attitudes qu'affecte l'animal quand il produit sa décharge, 4 89. — Comment s'y prend-il pour tuer sa proie, 1 90. — Sensation qu'il doit éprouver. — Touché avec des corps mauvais conducteurs, il ne donne qu'une faible dé- VIII TABLE RAISONNEE DES MATIERES. charge, 191. — Effets physico-chimiques obtenus avec le gym- note, 192. DEUXIÈME PARTIE. Influence du courant électrique sur LES ANIMAUX VIVANTS OU RÉCEMMENT TUÉS, 193. CHAPITRE I. Lois générales des contractions et sensations exci- tées par le courant électrique , 194. — La grenouille employée comme moyen électroscopique , 196. — Effets du courant direct et du courant inverse, d'après Nobili , 197. — Loi générale déduite par Marianini , 1 98. — Manière de faire les expériences , 1 99. — Qu'ar- rive-t-il quand l'action du courant se prolonge sur l'animal vivant, 202. — On peut réduire à deux périodes l'action du courant élec- trique qui excite les nerfs d'un animal vivant , 203. — Excitation du nerf par un mouvement de réflexion. — Observation curieuse due à Valli, 205. — Conséquences de la diminution de vitalité des nerfs sensitifs et moteurs, 206. — Expériences sur les animaux ré- cemment tués, 207. — Préparation de la grenouille pour montrer que le courant électrique n'agit que sur les nerfs, 208. — On doit, d'après les effets produits , distinguer deux périodes de vitalité du nerf, 209. — Comment on obtient la contraction à l'interruption du courant, sans avoir eu celle qui a lieu à l'établissement, ou sans détruire le circuit, 210. — Hypothèse de Marianini relative à l'ac- cumulation de l'électricité dans le nerf. — Objections à cette hypo- thèse, 211. CHAPITRE II. Action du courant électrique pendant son passage a travers les nerfs et les muscles a la fois. Expériences de Muller et de Longet, 212. — Effets de l'extrait de noix vomi- que sur la sensibilité des nerfs , 213. — Conclusions , 21 4. — Con- traction d'un muscle privé de tous les filaments nerveux visibles , 215. — Courant électrique traversant en même temps les nerfs et les muscles, 217. — Différence d'intensité de la secousse éprouvée dans l'un et l'autre bras, lorsqu'on touche les pôles de la pile, 21 8. CHAPITRE III. Action du courant diru;é normalement a la lon- gueur d'un nerf, 219. — Disposition de l'expérience, 220. — Le courant transverse est moins propre à exciter les contrac- tions que le courant Longitudinal , iil. CHAPITRE IV. Causes modifiant l'action du courant électrique -i r les nerfs. -• Alternatives voltianes , ---. — Recherches de TABLE UAISONNEE DES MATIERES. IX Marianini à ce sujet, 225. — Lois des alternatives vollianes, 226. — Différences qu'elles offrent chez les animaux vivants, 227. — Elles résultent uniquement de l'action du courant sur le nerf, 228. — Préparation de la grenouille à ce sujet, 229. — Influence de la direction du courant , 230. — Effets d'un courant fréquemment interrompu, puis rétabli, 232. — Tétanos produit par les passages répétés du courant, 233. — Épuisement qui en résulte pour l'exci- tabilité du nerf. — Appareil de M. Masson, 234. — Courant inter- rompu agissant comme s'il était continu. — Action du courant après la ligature du nerf, 235. — Influence des poisons.— Manière d'instituer les expériences , 238. — Effets produits par l'acide car- bonique, l'azote, le chlore, l'hydrogène sulfuré et l'acide cyanhy- drique, 239. — Après la mort par décharge électrique l'excitabilité est détruite. — Action des extraits d'opium et de noix vomi- que, 240. — Il faut distinguer deux périodes dans cette action, 241 . — Dans la dernière, l'excitabilité du nerf est nulle, bien que la contractilité persiste dans le muscle, 242. CHAPITRE V. Action du courant électrique sur les centres nerveux, 242. — Les effets sur les centres et sur les nerfs ne sont pas les mêmes, 243. — Expériences de Muller, 244. CHAPITRE VI. Action du courant sur les nerfs sensoriaux et grand sympathique. Observations de Volta, 245. — Expérience de Sultzer. — La saveur alcaline lient à l'excitation spéciale des nerfs du goût, 246. — Découvertes de Hnmboldt et Muller con- firmées par l'auteur, 247. CHAPITRE VII. Comparaison du courant électrique avec les autres stimulants. Analogie et différence d'action, 248. — Ré- sumé déduit des expériences, 251 . CHAPITRE VIII. Relation entre le courant électrique et la force nerveuse, 252.— On a cherché inutilement un courant élec- trique dans les nerfs d'un animal vivant. — On n'a pas obtenu de résultat positif, quant à l'aimantation des aiguilles implantées dans les muscles, 253. — Inutilité des tentatives essayées pour produire des courants d'induction , sous l'influence de la contrac- tion musculaire. — Il n'y a pas non plus de courant dérivé, 254. — Objections tirées des propriétés connues des courants élec- triques, 255. — Analogie du courant électrique et de l'action nerveuse, 257. — Les actions mécaniques ou chimiques exercées X TABLE RAISONNEE DES MATIERES. sur un nerf y produisent-elles un courant électrique? 259. — Le fluide nerveux est un mouvement vibratoire particulier de l'éther, 260. — Le courant électrique n'agit qu'en mettant enjeu le fluide nerveux. — Explication, dans cette hypothèse , des lois de l'action du courant électrique sur les nerfs , 262. ' CHAPITRE IX. Usage thérapeutique du courant électrique, 264. — Données sur lesquelles on doit se fonder pour l'application du courant électrique à la cure des paralysies, 265. — Règles à suivre pour la direction qu'il faut donner au courant, et pour la durée de l'application, 267. — Appareil à employer, 268. — Observations de Marianini et de Magendie , 269. — Traitement du tétanos, 270. — La guérison de la cataracte ne saurait être obtenue par le cou- rant électrique , 27 1 . ÉTUDES ANATOM1QUES SUR LE SYSTÈME NERVEUX ET SUR L'ORGANE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE. CHAPITRE Ier. Diverses espèces de torpilles des mers italiennes ET IDÉE SOMMAIRE DE LA STRUCTURE DE LEURS ORGANES ÉLECTRI- QUES. Torpédo Narce , 277. — Torpédo Galvani; — Torpédo Nobi- liana , 278. — Situation des organes électriques; — nerfs qui s'y rendent, 279. — Rapports de situation entre les organes élec- triques et les autres appareils, 280. CHAPITRE II. Soutiens et protecteurs des organes électriques. Modifications du squelette des torpilles, comparées aux autres Tlaïdes, 281. — Cavités où sont logés les organes électriques, 282. CHAPITRE III. Organes électriques. Tégumenl qui les recouvre. — Colonnes hexagonalesi — Substances dont elles sont compo- sées, 283. —Diaphragmes interposés dans la substance des [tris- TABLE RAISOIViNEE DES MATIERES. XI mes, 284. — Disposition des filaments qui constituent la paroi des colonnes ou prismes, 285. — Isolement des prismes entre eux. — Variations de leur forme, de leur hauteur et de leur direction, 287. — Leur nombre est invariable dans les torpilles de la même es- pèce, 288. CHAPITRE IV. Encéphale de la torpille. Hémisphères cérébraux ou première masse encéphalique. — Lobes olfactifs. — Seconde masse encéphalique, 288. — Glande pinéale ou épiphtjse cérébrale. — Lobes inférieurs de Cuvier ou lobules optiques de Serres, 289. — Glande piiuitaire. — Troisième masse encéphalique ou cerve- let, 290. CHAPITRE V. Moelle allongée. Cette partie est la plus impor- tante du cerveau de la torpille, 292. — Sinus rhomboïddl. — Lobes électriques , 294. — Citation de Jacopi. — Structure des lobes électriques, 296. — Globules qui en constituent la sub- stance, 298. — Origine des fibres élémentaires des nerfs électri- ques , 299. — Conclusions du chapitre , 301 . CHAPITRE VI. Nerfs encéphaliques de la torpille , 304 . — Pre- mière, seconde, troisième et quatrième paire. — La cinquième paire se compose de deux parties distinctes. — Volume , origine et distribution de la portion qui se distribue à la partie antérieure de l'organe électrique, 302. — Ouverture remarquable par laquelle les deux portions de la cinquième paire sortent du crâne , 303 Tronc antérieur de la cinquième paire, 304. — Tronc posté- rieur, 307. — Ce dernier contient une partie des nerfs électriques, 308 . — Sixième , septième , huitième paire des nerfs cérébraux , 31 I . — Nerfs électriques de la huitième paire , 31 2. — Les rameaux élec- triques ne prennent aucune part aux renflements ganglionnaires propres aux autres portions des cinquième et huitième paires, 317. CHAPITRE VII. Des nerfs dans l'organe électrique. — Leur trajet, à partir de leur origine jusqu'aux prismes, 318.— Leur distribution dans les prismes, 319. — Rapports des fibres élémen- taires nerveuses avec les diaphragmes. — Procédé d'observation, 320. — Disposition des fibres nerveuses en mailles octogonales, inégales entre elles , 321 . — Chaque diaphragme ne supporte qu'un seul réseau de mailles , 325. — Hypothèses relatives à la structure de ces réseaux, 326. CHAPITRE VIII. Vaisseaux sanguins des organes électriques de Ml TABLE KAISONNEE DES MATIERES. la torpille, 327. — Ramifications artérielles se distribuant sur chaque diaphragme. — Trajet de ces ramifications, 328. CHAPITRE IX. Organes nùcîfères. Leur disposition et leur struc- ture , 329. CHAPITRE X. Appareil folliculaire nerveux. Sa situation. Il est constitué par des séries linéaires de follicules , 332. — Nerfs qui s'y rendent. — Forme , rapports et composition de ces folli- cules, 333.- Forme, position et liaison des différentes séries de follicules, 338. Considérations générales sur la structure et la composition de l'organe électrique de la torpille , 341 . FIN DE LA TABLE DES MATIERES. PREFACE. L'accueil si bienveillant que l'Académie des Sciences a toujours fait aux travaux d'électro- physiologie dont je m'occupe depuis longtemps, m'a fait penser qu'une collection coordonnée de ces mêmes travaux ne serait peut-être pas reçue sans quelque intérêt par les savants qui se livrent à une étude particulière de cette par- tie de la physique et de la physiologie. C'est dans cet espoir que je la publie, Si je me suis étendu, dans les diverses par- ties de cet ouvrage, sur la description peut-être trop minutieuse des instruments et de la ma- nière de faire les expériences électro-physiolo- giques, je dois dire que c'est en vue de la pra- tique médicale. Mon but a été de mettre toute personne à même de répéter ces expériences, et d'y en ajouter de nouvelles. On ne trouvera dans mon écrit aucune ex- b XVIII PRÉFACE. périenee que je n'aie plusieurs fois répétée et confirmée; je n'ai pu surtout manquer de reve- nir sur les expériences antérieurement publiées dans mes différents Mémoires. Si, dans quel- ques cas, je me suis aperçu que je m'étais trompé, ou bien que je n'avais pas fait une étude suffisante du sujet, j'ai eu grand soin d'y remédier, en apportant dans la rédaction du présent ouvrage tous les changements qui m'ont été indiqués par des études plus approfondies. Dans la première partie de cette publication, je me suis occupé de l'existence de l'électricité dans les animaux. Je dois à l'amitié de mon collègue, M. Savi , d'avoir pu joindre à cette même partie un travail anatomique sur la tor- pille, travail très- important et cjui est très-con- sciencieusement fait. La seconde partie con- tient l'étude des phénomènes cpie le courant électrique produit dans son passage à travers les animaux vivants ou récemment tués. Tel est l'ensemble de cet ouvrage, fruit d'études el d'observations persévérantes. Est-il PRÉFACE. XIX besoin de dire que je m'estimerais heureux si j'étais parvenu à faire, sur les phénomènes électro-physiologiques, une théorie assez com- plète pour qu'elle pût prendre place dans la science. Pise , décembre 1843. TRAITE DES PHENOMENES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES DES ANIMAUX. PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRE PREMIER. INTRODUCTION HISTORIQUE. De toutes les découvertes qui ont enrichi la phy- sique clans le dernier siècle, celle de Galvani est sans contredit la plus importante en elle-même, et dans ses applications aux sciences naturelles et à l'industrie. La pile que le génie de Volta sut tirer de la con- traction musculaire excitée dans la grenouille par un arc métallique, est devenue l'instrument le plus puissant de la physique et de la chimie ; le rôle de l'électricité, dans tous les phénomènes, a tellement grandi depuis l'usage de la pile qu'on peut admettre , sans réserve, qu'il n'est pas un phénomène de la na- 1 2 DES PHENOMENES ELECTRO-PHYSIOLOGIQUES. ture inorganique ou organisée clans lequel elle n'intervienne. Personne n'ignore comment se lit la première dé- couverte de Galvani,; tous les traités de physique, tous les ouvrages d'électricité donnent l'histoire de cette découverte avec plus ou moins d'étendue. Aussi aurais-je pu entrer en matière sans cette intro- duction, si la dernière publication, faite par l'In- stitut de Bologne, des ouvrages et des manuscrits de Galvani, ne m'eût donné l'espoir d'ajouter quelque chose de nouveau à ce que tout le monde con- naît déjà. La collection des mémoires de Galvani , et un rap- port sur ses manuscrits fait avec beaucoup de zèle et d'intelligence par M. Gherardi, forment un fort volume in-4", imprimé avec luxe, que l'Académie des Sciences de Bologne vient de faire paraître. J'ai pensé qu'on ne lirait pas sans quelque intérêt ce qu'il y a de plus saillant et de plus neuf dans cette publication, qui non -seulement donne l'histoire complète de la grande découverte de Galvani, mais encore nous met en mesure déjuger, plus convena- blement qu'on ne l'a fait jusqu'ici, le mérite et le caractère de ce savant. Je dois prévenir le lecteur que cette introduction historique ne doit pas s'étendre aux découvertes que Volta et les physiciens qui l'ont suivi, ont faites dans l'élude de l'influencé du courant électrique sur les corps aimantés, et sur tous les autres phénomènes que le courant développe dans son passage. Je n'ai, PARTIE I , CHAPITRE I. 3 et ne puis avoir d'autre but, que d'écrire l'histoire des découvertes faites sur l'électricité animale avant moi. Un passage d'un ouvrage de Swammerdam intitulé : Biblia natures, t. II, p. 849, sur lequel M. Dcméril le premier a attiré l'attention , contient la descrip- tion d'un fait qui est identique avec ceux que Galvani découvrit bien longtemps après. L'ouvrage de Swammerdam a paru vers le milieu du XVIe siè- cle. Voici la description de l'appareil et de l'expé- rience que ce savant fit devant le grand-duc de Tos- cane en 1 GTS. « Soit un tube de verre cylindrique « dans l'intérieur duquel est placé un muscle, dont h sort un nerf qu'on a enveloppé dans les contours « d'un petit fil d'argent , de manière à pouvoir le sou- te lever sans trop le serrer ou le blesser. On a fait « passer ce premier fil à travers un anneau pratiqué « à l'extrémité d'un petit support en cuivre soudé « sur une sorte de piston ou de cloison ; mais le petit » fil d'argent est disposé de manière à ce qu'en pas- ce sant entre le verre et le piston, le nerf puisse être a attiré par la main et toucher ainsi le cuivre. On « voit aussitôt le muscle se contracter. » J'ai rapporté textuellement la traduction faite par M. Duméril du passage de Swammerdam. Évidemment l'expérience est identique à celle de Galvani ; mais la manière dont se fit la découverte par le physicien de Bologne, suffit à prouver qu'il ignorait entièrement l'expérience que nous avons rapportée. Sulzer, dans un ouvrage intitulé : Théorie gêné- 4 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTltO-PllYSIGLOGiQUES. raie du plaisir, \ 767, rapporte une expérience qui prouve évidemment que le courant électrique ca- pable d'exciter des sensations, peut être produit par un arc de deux métaux appliqués convenablement sur un organe des sens. Il s'agit dans cette expérience de toucher la langue avec deux pièces de métal, l'une de plomb et l'autre d'argent ,et d'éprouver une sen- sation particulière toutes les fois que ces deux pièces viennent en contact. Galvani , lors de sa première expérience , faite quelques années après la publication de l'ouvrage de Sulzer , ne pouvait certainement y voir aucune espèce d'analogie avec l'expérience du philosophe allemand : nous verrons tout à l'heure que ce n'est pas avec l'arc métallique que Galvani débuta dans la carrière de ses célèbres découvertes. J'en dirai autant de l'expérience de Cotugno, que quelques historiens ont voulu regarder comme le point de départ de Galvani. Le fait de Cotugno, d'un jeune médecin qui reçut une forte commotion en touchant avec son scalpel le nerf intercostal d'une souris qui l'avait mordu et blessé au bas de la jambe, a été connu à une époque à laquelle , comme je le prouverai, Galvani avait déjà commencé l'étude des contractions excitées dans la grenouille. Il faut ajou- ter encore que le fait de Cotugno était, et est encore pour nous, si étrange, tellement exceptionnel, qu'il ne pouvait ni fixer l'attention d'un expérimentateur, ni engager qui que ce fût à faire des expériences pour l'étudier. PARTIE I , CHAPITRE I. 5 L'Institut de Bologne possède des documents irré- cusables qui déterminent l'époque à laquelle Galvani commença ses premières expériences sur la gre- nouille. En effet, on trouve dans un registre signé parle célèbre Canterzani, secrétaire de l'Académie, les notes suivantes relatives aux dates des mémoires que Galvani avait communiqués : 9 avril 1772, sur l'irritabilité Hallérienne. — 22 avril 1773, sur les mouvements musculaires en a et b' , ou en a b , ou en a' b' , ou enfin en a et la jambe A, ou en a et la même jambe A, on voit se contracter la jambe B. Dans ce cas, le nerf de B est parcouru par le courant, et il faut même , pour que l'expérience réussisse , qu'une portion du nerf de B soit tenue obliquement ou parallèlement à celui de A. Nous verrons par la suite que cela est dû à ce que le courant n'excite pas de contractions, s'il traverse le nerf normalement. Les faits que j'ai découverts ne peuvent donc pas s'expliquer comme ceux de M. de Humboldt dont j'ai déjà parlé. M. Becquerel, avec qui j'ai répété et varié mes ex- périences, après s'être assuré qu'une lame isolante , quoique très-mince, empêche l'action des muscles en contraction sur le nerf posé sur la surface de ces muscles, en a conclu que ces phénomènes ne pou- 13Ï DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. vaient pas s'expliquer sans admettre une décharge électrique dans l'acte de la contraction. Voici comment s'exprime le savant physicien dans une note qu'il a bien voulu me communiquer : (( À l'instant où la grenouille se contracte , il y a « une décharge électrique qui passe dans l'extrémité « du nerf de la jambe , quand cette extrémité pose a sur le muscle, ou n'en est séparée que par une « bande de papier humide; elle se décharge par la « feuille d'or, attendu que celle-ci conduit mieux « l'électricité que le nerf, fait analogue à celui-qu'on « observe en plaçant une torpille dans un étau de « métal que l'on tient à la main. Dans ce cas , la dé- « charge passe dans le métal et non clans la main; « enfin, l'interposition d'une bande de papier glacé « ou isolant doit empêcher le nerf de la jambe d'en « être affecté. « Tous ces effets ne peuvent donc être produits « que par des courants dérivés; dès lors on est porté « à admettre la production d'une décharge électrique (( à l'instant où le muscle se contracte. a Si des expériences entreprises dans une autre ff direction viennent confirmer les conséquences que « l'on tire du fait de M. Matteucci , ce physicien « aura découvert une des propriétés les plus impor- te tantes des muscles sous l'empire de la vie, ou quel- « que temps encore après la mort. » Je tomberais dans des prolixités , toujours inu- tiles, si je voulais décrire tous les efforts que j'ai faits pour parvenir ;i des résultais bien conciliants PARTIE I, CHAPITRE X. 135 dans ces recherches et tels que j'aurai voulu. 11 s'agissait de faire parler le galvanomètre , et de voir avec cet instrument que , clans , la contraction musculaire d'un animal quelconque, il arrive sur la surface du muscle qui se contracte une espèce de décharge électrique qui agit sur les nerfs d'une gre- nouille préparée qui sont posés sur ce muscle. Comme ce phénomène, dû à la contraction du muscle, a lieu sur des animaux qui n'ont pas le courant propre de la grenouille, on pourrait supposer que c'est le courant musculaire qui , dans l'acte de la con- traction, augmente d'intensité et ne peut plus par conséquent circuler entièrement dans les molécules mêmes du muscle où il est développé. Cette supposition serait encore appuyée par un phénomène analogue , qui arrive pour la chaleur : on sait depuis les belles expériences de MM. Becquerel et Breschet, qu'il y a dans la contraction d'un mus- cle un dégagement de chaleur. Mais comment prouver avec le galvanomètre que le phénomène que nous étudions est dû à une dé- charge électrique, et que la contraction produit cette décharge? Les difficultés de l'expérience sont très- faciles à saisir. Il faut commencer par fermer le cir- cuit d'une pile musculaire composée d'animaux vi- vants avec le galvanomètre, attendre que l'aiguille s'arrête à une certaine déviation, et alors éveiller les contractions dans les muscles de la pile par un moyen qu'on ne puisse pas accuser ^d'être capable à lui seul d'augmenter directement le courant électrique 136 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGTQUES. préexistant. Ajoutons encore que , pour n'être pas induit en erreur dans la conclusion qu'on veut dé- duire , il faut que ce moyen ne puisse pas augmen- ter la conductibilité de la pile : en effet, si cela n'était pas, on pourrait toujours supposer que, quand même les contractions seraient suivies d'une aug- mentation de l'intensité du courant, ce second effet serait dû à la meilleure conductibilité de la pile qui laisse ainsi circuler plus facilement le courant mus- culaire. Nous avons vu que, quand même la pre- mière déviation d'une pile musculaire de huit à dix éléments est très-grande, l'aiguille ne se fixe à la fin qu'à un angle comparativement très-petit. J'ai essayé en vain de composer des piles d'un certain nombre d'éléments, avec des pigeons vivants fixés sur une planche, et l'impossibilité de cette expérience est très-facile à comprendre. Avec des piles musculaires de pigeons ou de lapins, telles que nous les avons employées pour démontrer et étudier le courant mus- culaire, il n'est pas possible d'exciter des contrac- tions. Il me restait à tenter l'usage des grenouil- les, mais il fallait pour cela agir avec le courant propre. J'ai cru qu'en parvenant à prouver que ce courant est d'une manière quelconque augmenté par la contraction , on aurait fait un pas clans l'explica- tion du phénomène que nous étudions. Voici donc l'expérience : je prépare une pile de huit ou de dix grenouilles et je ferme le circuit avec le galva- nomètre. La déviation, qui est d'abord de 40°, 50°, etc., s'arrête à 6°, à 8°; quand l'aiguille est presque fixe, PARTIE I, CHAPITRE X. 137 il faut faire contracter les grenouilles. Voilà encore des difficultés. La première idée qui se présente pour faire contracter dans le même temps les gre- nouilles qui composent une pile, c'est de les faire traverser par un courant électrique; mais on ne tarde pas à s'apercevoir qu'une partie du courant de la pile prend la voie du galvanomètre et qu'il faut, par conséquent, abandonner entièrement ce moyen. J'ai tenté de faire contracter les grenouilles en ir- ritant, à peu près dans le même temps pour toutes, leur moelle épinière. J'ai varié cette expérience bien des fois, et je n'ose pas malgré cela affirmer que le résultat auquel je suis parvenu soit définitif. Les grenouilles dont on irrite lamoelle épinière subissent en général des contractions si violentes, qu'il est presque impossible que le circuit n'eu reste pas in- terrompu, auquel cas on voit l'aiguille revenir vers le zéro et osciller ensuite. Toutes les fois que l'in- terruption n'a pas eu lieu, j'ai vu, pendant les con- tractions des grenouilles de la pile, la déviation aug- menter de 2°, de 3° et même de 4°. Un autre moyen auquel j'ai eu recours pour faire contracter les grenouilles d'une pile, a été l'appli- cation d'une solution alcaline sur leurs nerfs lom- baires. J'attends, comme je l'ai déjà dit, que l'aiguille soit fixe avant de toucher avec l'alcali les nerfs des grenouilles, et j'ai soin de ne pas toucher les deux grenouilles extrêmes, dans la crainte que l'alcali puisse parvenir jusqu'aux lames du galvanomètre. Les contractions qu'on obtient par ce procédé ne 138 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. sont pas aussi violentes que celles obtenues par l'ir- ritation mécanique de la moelle épinière, et elles persistent plus longuement. Voici ce que j'ai vu bien des fois : aussitôt l'alcali appliqué, les contractions commencent et l'aiguille, dans le même temps, s'avance de 5°, 6°, et quelquefois de 10° au deLà de l'angle où elle était fixée. Quelques secondes après les contractions cessent, et l'aiguille revient à sa position pour descendre ensuite lentement vers le zéro, comme elle l'aurait fait sans la déviation ex- traordinaire. Il faut avouer que l'apparition de deux phénomènes, c'est-à-dire la production des contrac- tions et la plus grande déviation de l'aiguille, se correspondent exactement. 11 faut dire encore que , si l'on touche les nerfs des grenouilles de la pile avec l'alcali pour une seconde ou troisième fois, les deux phénomène.s ne reparaissent pas. Est-il maintenant bien exact de conclure que le courant propre augmente par la contraction du mus- cle? Peut-on expliquer différemment le résultat de nos expériences? L'alcali appliqué sur les nerfs des grenouilles de la pile peut augmenter la conductibilité des surfaces en contact entre chaque grenouille. On pourrait d'abord opposer à cette interprétation, que l'effet de l'alcali n'aurait pas dû manquer immédiatement à la seconde application. On pouvait encore essayer d'em- ployer des solutions acides ou salines au lieu de l'alcali. Ces solutions, convenablement choisies , doîvenl augmenter la conductibilité des surfaces en PARTIE I, CHAPITRE X. 139 contact entre chaque grenouille ; on sait qu'elles n'excitent pas de contractions. J'ai employé pour cela des solutions d'acide sulfurique , de sel ammo- niac, de sulfate de soucie. Le phénomène que j'ai constamment observé avec ces solutions, quoique très-difficile à expliquer, n'en est pas moins constant. Lorsqu'on applique ces solutions sur les mêmes points où l'alcali est appliqué, et cela avec un pin- ceau ou avec un morceau d'épongé imbibée , il ar- rive le plus souvent que l'aiguille revient vers zéro pour remonter de nouveau après quelques secondes à sa première déviation. Quelquefois l'aiguille ne bouge pas et continue à descendre très-lentement. Ce qui est certain , c'est qu'avec ces solutions acides, ou salines, la déviation n'est jamais augmentée. Je répète que ces résultats sont très-difficiles à expli- quer; mais il n'est pas moins vrai qu'ils peuvent aider à interpréter l'action de l'alcali, indépendam- ment de l'augmentation de conductibilité du circuit. On pourrait encore objecter que l'action de l'alcali est due à une action chimique exercée inégalement sur les nerfs et sur les muscles qui se touchent, laquelle développe un courant qui marche dans le même sens que le courant propre de la grenouille. L'expérience répond contrairement à cette supposi- tion. J'ai préparé deux grenouilles que j'ai disposées en pile sur la planche vernie en faisant plonger les deux extrémités, c'est-à-dire les nerfs d'une part et les jambes de l'autre, dans deux cavités de cette planche. J'ai soin de ne pas faire toucher les gre- 140 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. nouilles ensemble au milieu et de les tenir séparées par un espace de deux ou trois centimètres. Je plonge les lames du galvanomètre dans les deux ca- vités de la planche ; comme le circuit n'est pas com- plet, il n'y a aucune déviation dans l'aiguille. Je prends alors une mèche de coton imbibée d'eau et je ferme le circuit : j'obtiens 5° à 6° de courant propre. J'ôte cette mèche, je retire les lames, je les plonge ensemble pour faire disparaître le courant secondaire, et puis je les remets de nouveau dans les deux cavités de la planche. Alors je ferme le cir- cuit avec la même mèche imbibée d'une solution al- caline, et j'obtiens encore de 5° à G0 de courant propre. Enfin, je répète cette même expérience en employant une mèche imbibée dans de l'eau acidulée et j'ai encore de 6° à 8° de courant propre. Les signes du courant propre augmentent très-probablement à cause de la meilleure conductibilité de la solution acide. En effet, en répétant l'expérience dans l'ordre opposé au précédent, c'est-à-dire en employant d'abord la mèche imbibée dans l'eau acidulée, les derniers signes du courant propre obtenus en em- ployant la mèche imbibée d'eau, sont plus faibles que les premiers. Ces expériences, que j'ai bien variées et confir- mées, prouvent suffisamment que l'action chimique de l'alcali n'est pas suffisante pour altérer les signes du courant propre et ne doit pas intervenir dans l'explication du phénomène étudié. Il y avait encore une expérience à tenter pour nous PARTIE 1, CHAPITRE XI. 141 aider à parvenir à l'éclaircissement de nos conclu- sions, et je n'ai pas manqué de la faire. J'ai aban- donné six grenouilles préparées pendant quatre jours à une température de + 8° à 1 0° c. , et après ce temps je les ai laissées un peu dans l'eau afin de les ra- mollir. Il est inutile de dire que ces grenouilles ne se contractaient plus par le contact de l'alcali. Mais je ne dois pas omettre de faire observer que , surtout en opérant pendant l'hiver, il ne faut pas moins de deux jours pour être sûr que l'action de l'alcali est devenue nulle. J'ai donc disposé les six gre- nouilles précédentes en pile; j'ai fermé le circuit. J'ai obtenu une déviation à peine sensible qui a été pourtant dans le sens du courant propre. J'ai at- tendu que l'aiguille s'arrêtât à zéro avant de toucher avec l'alcali. J'ai répété cette expérience sept fois; dans six je n'ai obtenu aucun mouvement sensible dans l'aiguille du galvanomètre, et dans une seule j'ai eu une déviation de 3° dans le sens du courant propre. Je n'ose pas affirmer que la question soit complè- tement résolue, et je me suis arrêté, ne sachant pas par quelle voie avancer pour la résoudre. CHAPITRE XI. DES POISSONS ÉLECTRIQUES. Nous connaissons cinq poissons qui sont doués du pouvoir de développer l'électricité. Ces poissons sont : le Raja torpédo, le Gymnotus electricus, le Silurus 142 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. electricus, le Tetrodon electricus, le Trichiurus elec- tricus. De ces cinq poissons deux seulement ont été étu- diés avec soin , c'est-à-dire la torpille et le gymnote, et parmi 'ces deux, c'est la torpille qui l'a été da- vantage. C'est donc plus particulièrement sur les phénomènes électriques de la torpille qu'il me sera permis de m' étendre. CHAPITRE XII. DÉCOUVERTES PRINCIPALES FAITES SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE. C'est un fait connu de l'antiquité, que la torpille donne des commotions lorsqu'on la touche encore vivante avec la main. Cette propriété lui a fait donner le nom vulgaire de tremble, poisson magicien, etc. Il est encore connu , parmi les pêcheurs , que la torpille donne la commotion volontairement , pour se défendre ou pour tuer les poissons dont elle veut se nourrir; ils indiquent même la grande force de cette commo- tion, en disant qu'elle est assez considérable pour tuer les meuniers, qui sont les poissons de mer les plus vivaces et les plus hardis de nos contrées. C'est Muschenbroek qui a établi le premier la nature élec- trique de cette commotion. Walsh est le physicien qui , avant la découverte du galvanisme , a le plus étudié les poissons électriques. C'est ainsi que nous lui devons d'avoir découvert, d'une manière certai- nement incomplète , que le dos et le bas-ventre , ou PARTIE I, CHAPITRE XII. 143 les deux faces de l'organe, ont un état électrique contraire. Les recherches de Walsh se trouvent dans le volume 63 (1773) des Transactions de la Société royale de Londres. MM. Gay-Lussac et de Humboldt ont, enfin, mieux que leurs devanciers, décrit les cir- constances principales de la décharge de la torpille. Les Italiens Redi et Lorenzini ont étudié les premiers ce poisson sous le rapport anatomique, et surtout quant à la disposition de l'organe électrique. Ce tra- vail a été poursuivi pour tous les poissons électriques, par Hunter et Geoffroy-Saint Hilaire. Galvani et Spallanzani découvrirent encore l'influence des nerfs du cerveau et de la circulation sanguine sur la décharge de la torpille. Le travail le plus important qu'on ait publié sur la torpille dans ces derniers temps, est dû à John Davy, frère du célèbre chi- miste. C'est à lui que nous devons la découverte de l'action du courant de la torpille sur l'aiguille ai- mantée , de son pouvoir d'aimantation, de son action électro -chimique. MM. Becquerel et Breschet ont aussi, dans l'année 1835, fait des recherches sur la torpille. C'est au premier de ces deux savants que l'on doit des moyens exacts pour étudier ce courant; c'est lui qui a fixé avec précision la direction du cou- rant qui forme la décharge. J'ai imaginé , un an après, d'appliquer au courant de la torpille l'appareil de l' extra-courant de Faraday, pour en tirer l'étincelle ; j'ai fait connaître cet appareil à M. Linari , avec les modifications que j'ai crues nécessaires pour le but en question. Ce savant en lit quelque temps avant 144 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTU0-PHYSI0L0G1QUES. moi l'expérience, et c'est lui qui, avec mon appa- reil, a observé d'abord l'étincelle de la décharge de la torpille. J'ai ensuite continué à faire un grand nombre de recherches sur les phénomènes électri- ques de la torpille. CHAPITRE XIII. DES INSTRUMENTS QUI SONT PRINCIPALEMENT EMPLOYÉS DANS LES RECHERCHES SUR LES POISSONS ÉLECTRIQUES. Je décrirai en deux mots les instruments employés pour l'étude des phénomènes électriques de la tor- pille. L'instrument le plus nécessaire, c'est certaine- ment un galvanomètre à peu près semblable à ceux que nous avons déjà décrits. Un galvanomètre , dont le fil fait six cents tours autour de l'aiguille astique , est déjà très -sensible au courant de la torpille. J'emploie ordinairement un galvanomètre à fil plus long et sur lequel on a passé un vernis. Les deux extrémités du fil du galvanomètre sont en platine; j'emploie souvent très-avantageusement les deux lames fixées aux deux manches que nous avons déjà décrits (fig. 9). Dans tous les cas dans lesquels on se contente de savoir si la torpille a donné la décharge électrique , on emploie la grenouille préparée à la manière or- dinaire, qu'on pose sur le corps du poisson. En voulant étudier l'état électrique d'une petite portion quelconque du corps de la torpille , il est bon d'em- ployer la grenouille galvanoscopique (fty. 4). PARTIE 1, CHAPITRE XIV. 145 CHAPITRE XIV. DES PHÉNOMÈNES GÉNÉRAUX DE LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE. Toutes les fois qu'on prend dans la main une tor- pille vivante , on ne tarde pas longtemps à en res- sentir une forte commotion , qui ordinairement peut se comparer à celle d'une pile à colonne de cent à cent cinquante couples, chargée avec de l'eau salée. Cette force est grandement affaiblie après un certain temps, même en conservant l'animal dans des vases d'eau salée. Ces décharges se succèdent avec une très-grande rapidité , lorsque l'animal est encore tout vivant, et il est toujours impossible de les supporter. Il suffit, pour en donner une idée , de rapporter l'ob- servation suivante , qui est commune parmi les pê- cheurs, et que j'ai vérifiée moi-même. Lorsqu'ils soulèvent les filets et renversent les poissons dans la barque, ils commencent parles laver en jetant des- sus de grandes masses d'eau salée. Eh bien, on s'aper- çoit à l'instant qu'il y a une torpille par la secousse qu'éprouve le bras qui verse l'eau. Si on la prend alors en main pour l'essuyer, les décharges qu'elle donne sont tellement fortes et si rapprochées les unes des autres, qu'il faut l'abandonner, et le bras se trouve pour un certain temps engourdi. Ensuite elle cesse d'en donner; mais on est sûr d'en avoir une à l'in- stant où on la remet dans l'eau. Si on la laisse clans Veau pour quelques minutes, on obtient encore de 10 146 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTllO-PUYSIOLOGIQUES. très-fortes décharges quand on vient à l'irriter de nouveau. Il est certain que le repos rétablit sa fonc- tion électrique. Un fait qui mérite d'être rapporté ici est celui de la diffusion extraordinaire dans un liquide , qui est prouvée par la décharge électrique de la torpille. Tout près des parois d'une grande cuve, large de 1ra,50, et pleine d'eau salée , je tiens avec la main une torpille vivante. À- l'extrémité opposée est suspendue dans l'eau, à peu près au même niveau , une grenouille préparée. Toutes les fois que la torpille se décharge, la grenouille se contracte fortement. Une pile d'une très-grande force ne produirait pas cet effet, surtout si l'on observe qu'une grande por- tion du courant circule par la main, et que toujours une autre grande partie doit circuler par la surface même de l'animal. Des mouvements, quelquefois à peine sensibles, s'aperçoivent dans le corps de la torpille, lorsqu'elle donne la décharge électrique, et quelquefois ces mouvements sont très-grands. Je me suis assuré par une expérience très-simple qu'en effet elle peut se décharger sans qu'il arrive dans son corps aucun changement de volume. J'ai introduit (fig. 26) une torpille femelle, de grandeur médiocre, large de 0"',/l4, dans un bocal plein d'eau salée, et avec elle une grenouille préparée et posée sur son corps. Le bocal était fermé exactement, et portait un tube de verre d'un diamètre très-petit. Après avoir bien lu té le bouchon , j'ai achevé de remplir d'eau Le bocal , de manière que le Liquide s'éleval dans le petit tube. La PARTIE I, CHAPITRE XIV. 147 torpille donnait de temps en temps des décharges par un procédé particulier que je décrirai ensuite; la grenouille, en effet, se contractait; mais le niveau du liquide, dans le petit tube, était immobile. Lorsque l'animal est doué d'une grande vitalité, on ressent la commotion dans quelque point de son corps qu'on le touche. Au fur et à mesure que la vitalité cesse , la région de son corps où la décharge est sen- sible se réduit à celle qui correspond aux organes ap- pelés communément électriques. Je me suis assuré par l'expérience que la torpille n'a pas le pouvoir de diriger la décharge où elle veut et où elle est irritée. Elle se décharge quand elle veut, mais non pas ou elle veut. On avait cru qu'elle pou- vait diriger sa décharge où elle voulait, parce qu'on avait ressenti la commotion dans la partie du corps qui touche la torpille, et parce que le point irrité du poisson est le point où il est touché ; mais voici ce qui arrive. Si les décharges sont fortes, l'animal étant en pleine vie, elles se ressentent partout où la torpille est touchée. Lorsqu'elle est affai- blie, et qu'on vient à l'irriter pour en avoir la dé- charge, ce n'est plus dans tous les points de son corps qu'on la ressent. En effet, j'ai posé plu- sieurs grenouilles préparées sur plusieurs points du corps d'une torpille un peu affaiblie : je l'ai irri- tée avec un couteau à la queue, aux nageoires, aux branchies, etc. Les grenouilles, qui sautaient, étaient, dans tous les cas, celles que j'avais posées sur les or- ganes électriques. 148 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTHOPHYS10LOGIQUES. Au moyen de la grenouille seule , j'ai pu établir quelle était dans la décharge la distribution de l'élec- tricité sur le corps de la torpille. Pour que la gre- nouille ou un corps quelconque soient traversés par le courant électrique de la torpille qui se décharge , il faut toujours qu'ils en soient touchés en deux points différents. Si, par exemple, on prend une grenouille à laquelle on a laissé un seul filet nerveux crural , et qu'ensuite on touche la torpille avec la seule extré- mité de ce nerf, en tenant la grenouille isolée ? on ne voit jamais celle-ci se contracter, tandis que d'autres grenouilles, posées sur le poisson, souffrent de très- grandes contractions. Pour voir la grenouille isolée se contracter par la décharge de la torpille, il suffit qu'elle la touche par deux filets nerveux , ou par un nerf et un muscle , et enfin que deux points de la grenouille touchent deux points de la torpille. Si la grenouille n'est pas soutenue par un corps isolant, mais qu'au contraire elle communique avec la terre, on la voit alors se contracter, quand même elle ne toucherait la torpille que par la seule extrémité d'un filet nerveux. Avec le galvanomètre , la distribution de l'électri- cité est très-aisément déterminée. 11 suffit de prome- ner les lames de platine du galvanomètre sur les dif- férents points de l'organe électrique. Lorsqu'on veut des résultats comparables et exacts, il vaut mieux détruire l'un des organes, ce qu'on fait en le coupant tout entier, ou seulement les nerfs. On fait alors l'expérience sur l'organe laissé intact, sans avoir à PARTIE I, CHAPITRE XIV. 149 craindre que la décharge de l'autre vienne troubler celio de l'organe qu'on étudie. Voici quelles sont les lois générales de cette dis- tribution : 1°. Tous les points de la partie dorsale de l'organe sont positifs , relativement à tous les points de la par- tie ventrale. 2°. Les points de l'organe sur la face dorsale, qui sont au-dessus des nerfs qui pénètrent dans cet or- gane , sont positifs relativement aux autres points de la même face dorsale. 3°. Les points de l'organe sur la face ventrale qui correspondent à ceux qui sont positifs sur la face dorsale, sont négatifs relativement aux autres points de la même face ventrale. Ces trois lois , qui sont établies sur un très-grand nombre d'expériences, expliquent très-bien tous les cas du courant qu'on fait naître en touchant , ou une seule face de l'organe clans deux points différents, ou bien les deux organes à la fois sur la même face, pourvu que les points touchés ne soient pas symé- triques. J'ai encore déterminé de quelle manière le courant se meut dans l'acte de la décharge de la peau exté- rieure à l'intérieur de l'organe. Pour ces expériences, j'ai couvert de vernis mes lames de platine, de manière à en laisser à découvert seulement une bande très- étroite. On coupe l'organe horizontalement, on sé- pare avec une lame de verre les deux faces exté- rieures; ou bien on le coupe verticalement, et l'on y 150 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. introduit plus ou moins profondément les lames de platine. On varie de toutes manières ces dispositions, et le résultat général est toujours le suivant : la lame positive du galvanomètre est toujours celle qui touche la peau dorsale, ou qui est le plus près de cette par- tie, relativement à la lame qui touche la peau ven- trale, ou la partie intérieure de l'organe qui est le plus près de cette peau. On peut faire ces expériences d'une manière encore plus concluante. Je coupe horizontalement à moitié l'organe d'une torpille vivante, et j'introduis une lame de verre vernie pour tenir séparées les deux faces in- ternes de l'organe, formées en le coupant. J'applique les deux lames du galvanomètre sur ces deux faces internes; si la décharge a lieu, je vois l'aiguille du gal- vanomètre dévier dans le même sens que si les deux lames étaient posées l'une sur le dos , l'autre sur le bas-ventre; c'est-à-dire que la lame qui touche la partie interne qui est attachée au dos est le pôle po- sitif, tandis que l'autre est le pôle négatif. La dé- viation n'est que plus faible dans le premier cas. J'ai répété cette expérience toujours avec le même résul- tat, en employant des lames de platine très-petites, afin de recueillir l'électricité appartenant le plus possible aux points touchés. Il était important de bien connaître si , dans l'acte de la décharge, une portion du courant électrique est transmise par les nerfs qui vont à l'organe, et dans quelles conditions cela se fait. L'expérience étail très-difficile. J'ai pour cela isolé le plus pos- PARTIE I, CHAPITRE XIV. 151 sible, sur une torpille très-mince, les quatre nerfs qui pénètrent dans l'organe, en enlevant toutes les parties musculaires et cartilagineuses qui les enveloppent; j'ai tâché d'en découvrir de grandes portions. La tor- pille donnait encore de très-fortes décharges sur l'or- gane préparé. J'ai enfilé un de ces nerfs avec deux lames de platine pointues : il faut que les lames ne touchent que le seul nerf et qu'elles le touchent à la plus grande distance possible entre elles. Sur une torpille un peu grosse , on réussit à tenir ces lames enfoncées dans le nerf à 2 ou 3 centimètres de distance entre elles. On rattache ces deux lames aux extrémités du fil d'un galvanomètre très-sen- sible. L'expérience ainsi disposée, on irrite l'organe de la torpille et on ne tarde pas à en obtenir la dé- charge. Si l'expérience est bien faite, le galvano- mètre ne donne jamais aucun signe de courant. On conçoit que si le nerf était traversé par un cou- rant dans l'acte de la décharge , une portion serait déchargée par les deux lames, et on aurait les signes d'un courant dérivé. C'est là un fait que j'ai plusieurs fois constaté, et que nous verrons être d'une grande importance par la suite. En examinant l'intensité du courant avec le gal- vanomètre, on trouve qu'elle varie avec l'étendue des lames qui touchent les deux faces de l'organe. J'ai voulu examiner encore quelle était la nature du courant de la torpille, lorsqu'on le fait passer pendant plus ou moins de temps par une couche d'eau salée, ou par cette même couche séparée par un diaphragme 152 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. métallique. Le principe général que j'ai découvert est le suivant : lorsque la torpille est douée d'une grande vitalité, au moment où l'on vient de la tirer de la mer, le courant qu'elle donne peut se comparer à celui d'une pile d'un grand nombre de couples, et chargée avec un liquide actif et bon conducteur. A mesure que la vitalité s'affaiblit, le courant de la torpille se rapproche toujours plus de celui d'une pile d'un nombre de couples toujours moindre. Pour m'arrêter à une déviation du galvanomètre qui pût être appréciable, j'ai procédé de la manière suivante : je pose la torpille, à peine tirée de l'eau et essuyée, sur un plat métallique qui est isolé (fig. 27); c'est le plat de l'appareil que je décrirai plus loin et qui me sert à obtenir l'étincelle de la décharge de la torpille. Un autre plat métallique qui a un manche de verre est posé sur la torpille. Des fils de cuivre sont soudés à ces plats et vont se réunir où l'on veut. Pour avoir une déviation fixe, j'irrite la torpille dis- posée, comme nous l'avons dit, de manière ace qu'elle donne huit à dix décharges successives, et je prends la déviation finale à la moitié de l'oscillation. J'ôte en- suite la torpille, je la plonge de nouveau dans l'eau de mer et, au bout de six à huit minutes, je la soumets de nouveau à l'expérience, et ainsi de suite. Sur une torpille femelle très-vivace, large de 0m,18, j'ai fait l'expérience suivante : en établissant un circuit tout métallique, j'ai eu une déviation de 80°. Ce même courant passant ensuite par une couche d'eau salée, longue de 0m,40, trèsnlarge et très-pro- PARTIE I, CHAPITRE XTV. 153 fonde, introduit par des électrodes de platine de 6 centimètres carrés , était à peine affaibli. La même torpille, après quelque temps, m'a donné 50° avec le circuit tout métallique, et 12° avec l'addition de la couche d'eau salée. Le courant d'une autre torpille, déjà faible, me donnait 30° en passant par le fil métal- lique, et 6° en passant par la couche d'eau salée, longue deOm,20, large et profonde de 0m,02, à la moitié de laquelle se trouvait un diaphragme de platine. Cette même torpille encore plus affaiblie m'a donné /12° dans le premier cas, et à peine des traces de cou- rant dans le second cas. Pour étudier encore mieux la nature de la décharge électrique de la torpille , j'ai fait passer cette dé- charge à travers un fil de cuivre roulé en spirale. J'ai introduit dans le spirale une aiguille d'acier. Après la décharge, l'aiguille était très-sensiblement ai- mantée. La direction de l'aimantation prouvait encore la direction du courant du dos au bas-ventre. J'ai ré- pété cette même expérience en variant l'épaisseur du fil tourné en spirale, le diamètre et la longueur de l'aiguille ; j'ai employé à faire ces expériences des torpilles faibles et des torpilles très-fortes. L'aiman- tation a été toujours dans le même sens. Cela me semble prouver qu'il n'existe aucune analogie entre la décharge de la torpille et celle de la bouteille. Les physiciens se rappellent les anomalies trouvées par Savary en faisant aimanter une aiguille par la dé- charge de la bouteille. Le Père Linari a employé la balance électro-magné- 154 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. tique de M. Becquerel pour mesurer l'intensité de la décharge de la torpille. En comparant avec le même instrument cette décharge à celle d'une batterie de neuf bouteilles, qui aurait 94 pouces carrés de sur- face totale armée, il parvint à établir que la décharge donnée par une torpille médiocre était de beaucoup plus intense que celle delà batterie. Le même physicien a obtenu , en faisant passer la décharge de la torpille à travers une couple thermo- électrique, des signes marqués de réchauffement. Les phénomènes de décomposition électro-chi- mique déjà observés par John Davy ont été peu étu- diés par moi. J'exposerai seulement une manière très-simple de les produire. Elle consiste à fermer le circuit entre les deux faces de l'organe, avec une bande de papier imbibée d'une solution très-saturée d'iodure de po- tassium. Deux lames de platine sont interposées entre les surfaces de l'organe et les bords du papier. Après quelques décharges, les indices de la décom- position apparaissent et indiquent la direction con- stante de la décharge de la torpille. L'étincelle électrique de la décharge de la torpille s'obtient très-aisément avec l'appareil que j'ai décrit (fir/. 27). Deux feuilles d'or sont appliquées avec de la gomme sur les deux boules métalliques a et b; on tient ces deux feuilles à la distance d'un demi-mil- limètre, et, en agitant légèrement le plat métallique supérieur, on irrite l'animal; dans In même moment les feuilles se meuvent, se rapprochent et s'éloignent PARTIE I, CHAPITRE XV. 155 presque simultanément. On ne manque pas de voir des étincelles très-brillantes éclater entre les feuilles d'or. CHAPITRE XV. DES CAUSES INTÉRIEURES ET EXTÉRIEURES QUI INFLUENT SUR LA DÉCHARGE DE LA TORPILLE. J'entends par causes extérieures celles qui ne dé- truisent pas sensiblement l'organisation du poisson; c'est l'inverse pour les causes intérieures. J'en ferai l'exposition dans deux sections séparées. Première Section. — Causes extérieures. La vie de la torpille se prolonge plus ou moins, suivant : 1°. la masse d'eau de mer dans laquelle on la tient; 2°. la température de cette eau; 3°. enfin, le degré de l'irritation qu'on fait souffrir à l'animal et par laquelle on l'oblige à se décharger très-sou- vent. J'ai réussi à prolonger la vie de la torpille jus- qu'à trois jours dans ma chambre, en réunissant d'une manière favorable à l'animal les trois circon- stances ci-dessus mentionnées. Il faut pourtant ob- server que les causes qui prolongent la vie de la tor- pille ne sont pas les mêmes qui accroissent l'activité de sa fonction électrique. Nous verrons dans cette section que la fonction électrique et le prolongement de la vie de l'animal varient par l'effet des mêmes causes qui agissent d'une manière opposée. Parlons d'abord de la chaleur. 156 DES PHENOMENES ELECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Dans une masse d'eau de mer, haute de presque 1 mètre et contenue dans un vase de 30 centimètres de diamètre, dont la température est à + 18° R., la torpille ne vit ordinairement que cinq ou six heures au plus, en conservant toujours sa force électrique avec une activité plus ou moins grande. Si la tem- pérature vient à s'abaisser, la fonction électrique cesse presque en même temps. J'ai pris deux tor- pilles femelles, pêchées au même instant, et d'une grosseur moyenne. L'expérience a commencé trois heures après que je les avais prises. On les a mises dans des quantités d'eau de mer égales, mais de tem- pérature différente, l'une étant à 18° R. et l'autre à + 4° R. Au bout de cinq minutes, la torpille plongée dans l'eau froide ne donnait plus de décharges électriques quoiqu'on l'irritât, et ne faisait aucun mouvement; cinq minutes plus tard, on ne voyait presque plus de mouvement dans ses branchies : on l'aurait crue morte. L'autre torpille était parfaitement dans son état ordinaire. J'ai retiré la première de l'eau et je l'ai mise avec l'autre. Une dizaine de minutes s'étaient à peine écoulées qu'elle avait déjà sa pre- mière force tout à fait comme l'autre. J'ai répété sur le même poisson quatre fois de suite la même expérience , toujours avec le même succès, si ce n'est qu'il demandait pour se rétablir un temps d'autant plus long qu'on l'avait plus longuement refroidi. Je vis une petite torpille mâle, large de six centimè- tres, transportée de nuit pendant dix heures dans une très-petite quantité d'eau de mer à la température PARTIE I, CHAPITRÉ XV. 157 de + 8° à + I 0° R. ; elle arriva engourdie et presque morte. L'état où je la voyais me la fit retirer de l'eau, et mettre sur une table où tombait un rayon de so- leil levant. Je la vis alors se mouvoir; je la remis dans de l'eau qui était à -f- 16°, et dans un instant, elle me donna la décharge électrique. Elle vécut pen- dant une heure. J'ai étudié l'action du réchauffe- ment sur une autre torpille; c'était une torpille fe- melle de dimension moyenne , et qui n'était pas même très-vivace. Je la mis dans de l'eau de mer que je pouvais échauffer à volonté. A mesure que la température s'élevait, j'avais soin de toucher l'ani- mal. Il ne cessa jamais de donner de fortes décharges électriques. La température était à + 30° R., lorsque l'animal me donna cinq à six décharges électriques plus fortes qu'auparavant , qui durèrent quelques se- condes; après quoi il mourut. J'ai prolongé le séjour d'une autre torpille dans de l'eau à + 2G° R.; elle continua à donner des décharges , mais elle ne tarda pas à mourir. Si l'on a soin de la retirer tout de suite de l'eau chaude jusqu'à + 24° ou 26° R. et de la re- mettre dans de l'eau à + \ 8° R., on parvient à la réta- blir. C'est une expérience que j'ai répétée plusieurs fois. J'ai tenu pendant un certain temps plongée dans de l'eau froide la moitié d'une torpille vivante et par conséquent un de ses organes, tandis que l'autre était dans l'air à + 22° R. Au bout d'une dizaine de minutes on pouvait irriter l'organe refroidi de la torpille, sans en avoir la décharge, ce qui n'avait pas lieu pour l'autre. 158 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. J'ai reçu très-souvent des torpilles qui avaient voyagé de la mer jusqu'au pays où j'étais , pendant des nuits très-froides. Les torpilles arrivaient sans aucun signe de vie, et il était impossible d'en avoir la décharge : exposées au soleil ou dans de l'eau à -+- 25° ou 30° centigrades, je les voyais très-souvent reprendre la vie et la fonction électrique. On peut très-bien expliquer cette action de la chaleur, sans recourir à des causes inconnues ou à des analogies trop éloignées. Les principes établis dans les grands travaux d'Edwards sur la respiration , suffisent pour faire comprendre ce phénomène. Il n'y a qu'à ad- mettre que l'activité de l'action électrique est pro- portionnelle au degré de l'activité de la circulation et de la respiration de l'animal. Le poisson plongé dans l'eau froide a la circulation presque arrêtée à l'instant, et une petite quantité d'air suffit pour en- tretenir son existence engourdie. Dans l'eau chaude, la circulation et la respiration prennent une très- grande rapidité ; mais le poisson doit bientôt mourir par l'effet de la diminution de l'air, dont la quantité n'est plus en rapport avec la nouvelle activité de ces deux fonctions. Avant de commencer l'étude de la respiration de la torpille sous le rapport de sa fonction électrique, j'ai dû procéder à l'analyse de l'air dissous dans de l'eau de mer. Mon appareil était le môme que celui employé par M. dellumboldt, dans son célèbre tia\ ail sur la respiration des poissons. L'analyse de l'air fut faite par la potasse et par la combustion lente du PARTIE 1, CHAPITRE XV. 159 phosphore. J'ai répété plusieurs fois cette analyse , et j'ai observé de grandes différences dans les résultats, suivant les lieux de la mer où l'eau était prise , et suivant la température à laquelle elle était exposée. Je donnerai ici la composition moyenne de l'air con- tenu clans l'eau de mer près de la côte de Cesenatico, prise à -4- 13° R., età un pied au-dessous de la surface. 3500 centilitres d'eau m'ont donné 62,5 dixièmes de pouce cube anglais , équivalant à 1 01 ,87 centimè- tres cubes. La composition pour 100 de ce mélange était 11 d'acide carbonique, 60,5 d'azote, 29,5 d'oxy- gène. Cette composition a été constante, relative- ment à l'oxygène et à l'azote; l'acide carbonique a varié de 0,08 à 0,27. La même eau de mer prise près démon habitation, dans un petit réservoir qui dé- bouchait dans le canal du port , à la température de + 22° R. , m'a donné la composition suivante : 3500 centilitres donnent 45 dixièmes de pouce cube anglais, dont la composition pour 100 du mé- lange est de 1 7,8 d'acide carbonique, 24,4 d'oxygène, 57,8 d'azote. Voyons maintenant quel est le change- ment apporté dans cette quantité d'air et dans sacom- position, par la respiration de la torpille. J'ai faitdeux expériences en choisissant deux torpilles femelles d'une vitalité presque égale et d'une grandeur très- peu différente : l'une de ces torpilles a été plongée dans l'eau dont j'ai donné l'analyse; elle a été tran- quille pendant quarante-cinq minutes, à la tempé- rature de 22° R.; l'autre torpille a été dans la même condition , si ce n'est qu'on l'obligeait continuelle- 160 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTUO -PHYSIOLOGIQUES. ment à donner la décharge. Les ayant retirées de l'eau encore vivantes, j'ai passé tout de suite à l'ana- lyse de l'air contenu dans ces deux masses séparées d'eau de mer. Voici les résultats : Air de l'eau de la torpille qui a donné les décharges. 3500 cent. ontdonné30,5 dixièmes de pouce cube anglais. Compositiou. Acide carbonique. . . 11 30,6 Azote 19,5 69,4 Oxygène . . . des traces 30,5 100 Air de l'eau de la torpille restée tranquille. 3500 cent, ont donné 35,75 dixièmes de pouce cube anglais. Compositiou. Acide carbonique. . . 12,50 37,8 Azote 20,25 59,4 Oxygène 1 2,8 33,75 100 On voit donc que la torpille tourmentée a respiré plus que l'autre. L'oxygène absorbé est à l'azote comme 100 : 59; et à F acide carbonique produit, comme 100 : 37,2. Dans la seconde torpille , la pre- mière proportion est de 100 : 57,50; la seconde de 100 : 45. C'est un résultat bien singulier que PARTIE 1, CHAPITRE XV. 161 de voir la torpille qui a le plus d'action sur l'oxy- gène et l'azote être en même temps celle qui déve- loppe le moins d'acide carbonique. Le premier résul- tat s'explique très-aisément par l'accélération de la respiration et de la circulation de la torpille irritée. Je décrirai encore une expérience qui confirme le principe déjàétabli, c'est-à-dire quel'activité delà fonc- tion électrique est proportionnelle à l'activité delà cir- culation et de la respiration de l'animal. J'ai pris une torpille mâle très-petite , qui était très-affaiblie : à peine de temps en temps la voyait-on opérer le mou- vement respiratoire , et bien difficilement on en ob- tenait une décliarge. J'ai introduit celte torpille sous une cloche pleine de gaz oxygène ; à l'instant même l'animal s'agita, il ouvrit la bouche plusieurs fois, il fit de fortes contorsions, et dans le même temps il me donna cinq à six fortes décharges électriques, puis il mourut. Pour achever l'exposition de mes recherches sur les causes extérieures qui influent sur la décharge élec- trique de la torpille , j'ai encore à parler de l'action des poisons. J'ai pris 3 grains de strychnine, et j'y ai ajouté quel- ques gouttes d'acide muriatique. J'ai introduit le mu- riate dans la bouche et dans l'estomac d'une grosse torpille très-vivante, large de 25 centimètres et longue de 32. Au bout de quelques secondes , la torpille eut de fortes contractions au dos; ensuite, avec ces contractions , il se fit quelques rares dé- charges très-fortes; dix minutes après , les décharges 11 162 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. devinrent plus faibles, mais plus rapprochées l'une de l'autre; enfin les décharges cessèrent et l'animal mourut dans de fortes contractions. Sa vie ne se pro- longea certainement pas plus de dix à douze minutes. J'ai encore préparé , avec 3 grains de morphine et quelques gouttes d'acide muriatique , le muriate de morphine. La torpille que j'ai employée dans cette expérience était encore plus grosse que l'autre, mais elle était moins forte; huit à dix minutes après l'in- troduction du poison, elle commença à donner par elle-même, sans être irritée et sans la moindre con- traction , des décharges extraordinairement fortes ; l'aiguille du galvanomètre était dans une agitation continuelle. Dans dix minutes, elle ne donna certai- nement pas moins d'une soixantaine de ces fortes décharges. Après ce temps les décharges spontanées cessèrent, et il fallait alors, pour les obtenir, irriter l'animal dans la bouche et dans les branchies; il vécut ainsi tranquillement plus de quarante minutes, en donnant toujours des décharges plus ou moins fortes. En introduisant dans l'estomac des torpilles vi- vantes des solutions d'opium ou de noix vomiquc, les effets ne sont pas aussi violents. On voit, quelque temps après l'introduction de ces solutions, les tor- pilles ne donner plus aucun signe de vie : on les di- rait assoupies; retirées de l'eau, il suffit de les loucher légèrement sur un point quelconque de leur corps, pour voir sauter les grenouilles préparées qu'on a couchées dessus. Quelquefois il suffit, pour PARTIE I, CHAPITRE XV. 1G3 voir les signes de la décharge, d'ébranler la table où elles sont posées. C'est surtout avec une solution de noix vomique que l'expérience réussit parfaitement. Je prends pour cela de l'extrait alcoolique de noix vomique , et je le dissous dans l'eau à l'aide de quel- ques gouttes d'acide hydrochlorique. Je verse à peu près une once de cette solution dans F estomac de la torpille, et huit à dix minutes après , elle est déjà dans l'état de surexcitation. Evidemment c'est le même phénomène qui est présenté par les grenouilles soumises à l'action des poisons narcotiques. A l'une de ces torpilles qui était réduite dans cet état , j'ai coupé à la moitié du dos la moelle épinière. Après cette opération , on pouvait toucher la partie du corps au-dessous du point coupé de la moelle sans avoir la décharge. En touchant au-dessus, la dé- charge avait lieu. Cette expérience suffit pour prouver que l'irritation extérieure était transmise du point touché au cerveau par la moelle épinière. C'est le cas de l'action réfléchie découverte par Flourens et par Hall. Parmi les. causes extérieures qui influent sur la décharge électrique de la torpille , il faut mettre en- core l'irritation qu'on produit en elle en la compri- mant dans les différentes parties du corps. Le frot- tement sur les branchies est une des manières les plus sûres d'avoir la décharge , comme l'est encore la compression de l'organe dans le point qui correspond au passage des nerfs. La décharge a presque toujours lieu encore, lorsqu'on plie le poisson de manière à ce 16i DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. que le bas-ventre devienne concave. Enfin la compres- sion des yeux et de la cavité qui est placée au -dessus du cerveau ne manque jamais de donner lieu à de fortes décharges électriques. Si les nerfs qui s'intro- duisent dans cette cavité et qui traversent les muscles de l'œil sont liés ou coupés, cette compression ne produit plus la décharge. Le courant électrique doit être encore placé parmi les causes extérieures qui déterminent la décharge de la torpille. Un courant de trente couples de zinc et cuivre , larges de 5 centimètres , chargés avec une solution nitro-sulfurique, donne lieu à de fortes décharges de la torpille, chaque fois qu'on le fait passer de la bouche aux branchies , à la peau ou dans l'intérieur de l'organe. J'ai prolongé la durée du passage du courant pour voir quel effet était produit lorsqu'il cessait de circuler. Je n'ai rien aperçu dans ce cas. L'application extérieure du courant, telle que je l'ai décrite, soit directement, soit en sens con- traire , produit le même effet. Deuxième Section. — Causes intérieures. J'ai déjà dit que par causes intérieures j'entends celles qui modifient l'organisation. J'en partagerai l'étude entre trois parties du corps de la torpille. 1°. La substance propre de l'organe et les parties musculaires ? cwtilagineus.es, etc., qui le recouvrent et l'environnent , et les vaisseau, v de la circulation du sang, — Je rappelle ici ce que j'ai dit plus haut que, pour mieux étudier ces phénomènes, j'ai toujours eu PARTIE I, CHAPITRE XV. 165 soin de détruire la fonction de l'un des organes ; j'in- diquerai bientôt de quelle manière on peut y par- venir. On peut enlever toute la peau de l'organe , celle du dos ou celle du bas-ventre, sans que la décharge électrique souffre de diminution dans l'intensité. J'ai coupé l'organe à la moitié, soit horizontalement , soit verticalement, j'ai introduit une lame de verre pour séparer les deux tranches coupées, et la décharge électrique continuait encore à se faire. J'ai coupé l'organe de manière à en laisser une moitié attachée à l'autre par une petite tranche : la décharge arrivait encore de l'une à l'autre , pourvu qu'elles communi- quassent encore entre elles par une branche nerveuse intacte. J'ai vu une petite torpille mâle très-vivace, large de 12 centimètres, dont j'ai coupé à plusieurs reprises les trois quarts de l'organe, donner toujours des décharges et chaque fois qu'on recommençait à couper, les décharges arrivaient avec une intensité toujours croissante. Ce n'est que par deux moyens que je suis parvenu à détruire la fonction électrique , en agissant sur la seule substance de l'organe. Ces deux moyens sont le contact des acides minéraux concentrés et la cha- leur de l'eau bouillante. Après avoir enlevé la peau supérieure de l'organe , j'ai mouillé la substance in- terne avec de l'acide sulfurique, et à l'instant j'ai obtenu de fortes décharges. Au bout de quelques mi- nutes, la substance de l'organe est devenue blanche et coagulée. Alors il m'a été impossible d'en tirer de 166 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. nouvelles décharges. Ce même effet est produit par l'acide muriatique. Si Ton plonge dans de l'eau bouil- lante une torpille à laquelle la peau dorsale de l'un des organes a été enlevée , on a , à la première im- pression de la chaleur, des décharges très-fortes. Mais si on prolonge cette immersion pendant quel- ques secondes seulement, la décharge cesse, et la substance de l'organe est encore coagulée. 11 faut faire cette expérience de manière que la torpille ne plonge dans l'eau bouillante que par l'organe qu'on a écorché. C'est ainsi qu'on parvient à la sauver. Opérant de cette manière, il m'est arrivé de faire une observation curieuse que je crois utile de rapporter. Une des torpilles , qui avait perdu la fonction élec- trique dans l'un de ses organes, après avoir été tenue plongée pendant quelques secondes dans l'eau bouil- lante, fut remise dans de l'eau de mer où elle vécut presque deux heures. La substance de l'organe n'était plus ni blanche ni coagulée, elle avait presque repris ses propriétés ordinaires, sans être pourtant devenue capable de donner la décharge. J'ajoute enfin que j'ai coupé en deux ou trois points l'arc cartilagineux qui est sur les branchies, que j'ai détruit complètement la cavité, pleine d'une substance analogue à celle de l'organe qui est au-dessus du cerveau, sans avoir obtenu le moindre affaiblissement dans la force de la décharge électrique. J'ai obtenu le même résultat en coupant tous les muscles et les tendons qui envi- ronnent l'organe. Un «les organes électriques U SIÈGE ET DE LA STRUCTURE DE l'organe DE LA CONTRACTION ET DE LA DÉCHARGE SOUS E QUADRUPLE RAPPORT : Situé immédiatement sous la peau ; Ayant sou siège dans la fibre con- tractile dont l'assemblage constitue un muscle; Exigeant dans sa structure : A. Une substance sut generis ; B. Un nerf proportionnel pro- venant du cordon antérieur de la moelle ; C. Une partie de système vascu- laire également proportionnelle. Toute irritation portée sur uu point quelconque d'un animal vi- vant qui est suivie d'une contrac- tion musculaire, a été transmise par un nerf rentrant, aux cordons posté- rieurs de la moelle épinière , et de là au cerveau, duquel est parti l'acte de la volonté , qui , arrivé à la par- tie correspondante des cordons an- térieurs, a été transmis par le nerf (jui en sort , aux muscles qui se sont contractés. La contraction produit un rac- courcissement et un élargissement proportionnels dans chacune des fibres musculaires , et , par consé- quent, dans le muscle formé par S EFFETS ' 'eur réunion, d'où un gonflement DU MODE ET DES CONDITIONS DE I- \ PRODUCTION NATURELLE. / L AUGMENTENT. DES CAUSES NATU- RELLES OU ARTI- FICIELLES QUI . . . I, AFFAISSENT. I, ETEIGNENT. sous-cutané et un rapprochement de deux points terminaux de ces fibres et de ce muscle; et par suite un mouvement proportionnel de pro- pulsion au contact. A. Sur l'animal vivant. Sa volonté , sa vigueur, son appé- tit , l'état de la respiration et de la circulation, le repos ou l'intermit- tence d'action, la strychnine, l'al- cool , etc. B. Sur l'animal récemment tué. L'irritation mécanique, chimique et électrique du nerf. A. Sur l'animal vivant. La faiblesse de son âge , la fati- gue , la faim, le froid, l'opium, l'alcool dilué. Y). Sur l'animal récemment tué. Le froid . A. Sur l'animal vivant. La section et la ligature du nerf. La section et la ligature des ar- tères. Situé immédiatement sous la peau ; Ayant son siège dans la fibre électrique, dont l'assemblage con- stitue l'organe électrique ; Exigeant dans sa structure : A. Une substance sui generis ; B. Un nerf proportionnel pro- I venant du cordpn antérieur de la moelle ; C. Une partie vasculaire égale- ment proportionnelle. Toute irritation portée sur un :| point quelconque d'une torpille vi- vante, et qui est suivie d'une dé- charge électrique , a été transmise par un nerf rentrant, aux cordons postérieurs de la moelle épinière, et de là au cerveau , duquel est parti l'acte de la volonté, qui, arrivé aux cordons antérieurs , a été transmis , par les nerfs qui en sortent, aux or- ganes électriques qui ont produit la décharge. On ne parvient pas avec l'expé- rience à démontrer, pour la dé- charge de la torpille, un changement de raccourcissement et d'élargisse- ment des parties élémentaires et de l'ensemble de l'organe. Le volume de la torpille entière ne change pas pendant la décharge; ce qui peut très-bien se concevoir, quand même il arriverait pour chaque élément de l'organe électrique ce qui arrive pour la fibre musculaire. A. Sa volonté, sa force, sa vi- gueur, l'état de sa respiration et de la circulation, le repos ou l'intermit- tence d'action, la strychnine, la morphine, la chaleur. B. L'irritation mécanique , chi- mique et électrique du nerf. A. La faiblesse, la fatigue, Le froid, l'opium. B. Le froid. La section ou la ligature du nerf. La section ou la ligature de l'ar- tère ne produit pas immédiatement son effet sur la contraction muscu- laire; et comme la section ou la liga- ture de l'artère ne laisse pas à la torpille une longue vie, il est impos- sible de prouver par l'expérience ce point d'analogie. Traité des Phénomènes élixtro physiologiques , p.igc IS1. PARTIE I, CHAPITRE XVF. 181 nerfs des sens, nerfs moteurs, nerfs de la vie or- ganique. 5°. Le courant électrique qui agit sur le lobe ou sur les nerfs électriques ne produit que la décharge de l'organe, et cette action du courant persiste plus longuement que celle de tous les autres stimulants. G°. Toutes les circonstances qui modifient la fonc- tion de l'organe électrique agissent également sur la fonction du muscle, c'est-à-dire sur la contraction. Je terminerai par la démonstration de cette der- nière conclusion, à l'aide d'un tableau que M. de Blainville a bien voulu rédiger en partant des résul- tats de mes expériences. (Voir le tableau ci-contre.) CHAPITRE XVI. DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES DU GYMNOTE. Avant d'exposer les résultats des observations ré- centes faites en Angleterre par Faraday, et par quel- ques autres physiciens anglais sur un gymnote qu'on a conservé vivant pendant quelque temps à Londres, je crois faire plaisir à mes lecteurs en rapportant ici la description pittoresque que le célèbre baron de Humboldt fait de la pêche de cette aiguille. Le pas- sage que je choisis nous servira en outre dans l'étude que nous allons faire de la fonction électrique de cet animal. « Après trois jours de vaine attente dans la ville 182 DES PHENOMENES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. ( de Calabozo; après avoir reçu une seule anguille, < et même assez faible, nous résolûmes de nous ( transporter nous-mêmes sur les lieux et de faire ( les expériences en plein air, aux bords de ces mares < dans lesquelles les gymnotes abondent. Nous nous rendîmes d'abord au petit village appelé Rastro de Àbaxo. De là, les Indiens nous conduisirent au Cano de Bera, bassin d'eau bourbeuse et morte, mais entouré d'une belle végétation, de la clusia rosea , de Yhymenœa Courbaril, de grands figuiers des Indes , et de quelques mimoses aux fleurs odo- riférantes. Nous fûmes bien surpris lorsqu'on nous dit qu'on irait prendre une trentaine de chevaux à demi sauvages dans les savanes voisines, pour < s'en servir à la pêche des anguilles électriques. ( L'idée de cette pêche, que l'on appelle embarba- ( scar concaballos (enivrer par le moyen des chevaux) ( est en effet bien bizarre. Le mot de barbasco dé- ( signe les racines du jacquinia, du piscidia et de ( toute autre plante vénéneuse, par le contact des- ( quelles une grande masse d'eau reçoit dans un in- ( stant la propriété de tuer, ou du moins d'enivrer et f d'engourdir les poissons. Ces derniers viennent à ( la surface de l'eau quand ils ont été empoisonnés (embarbascado) par ce moyen. Comme les chevaux chassés çà et là dans une mare causent le même effet sur les poissons alarmés, on embrasse, en confondant la cause et l'effet, les deux sortes de pêches sous la même dénomination. « Pendant que notre hôte nous expliquait cette PARTIE I, CHAPITRE XVI. 183 m manière étrange de prendre le poisson dans ce « pays, la troupe des chevaux et des mulets arriva. « Les Indiens en avaient fait une sorte de battue, et en « les serrant de tous les côtés, on les força d'entrer « dans la mare. Je ne peindrai qu'imparfaitement a le spectacle intéressant que nous offrit la lutte des « anguilles contre les chevaux. Les Indiens, munis de « joncs très-longs et de harpons, se placent autour « du bassin; quelques-uns d'eux montent sur les « arbres dont les branches s'élancent au-dessus de (( la surface de l'eau ; tous empêchent par leurs cris « et la longueur de leurs joncs, que les chevaux « n'atteignent le rivage. Les anguilles, étourdies du « bruit des chevaux, se défendent par la décharge « réitérée de leurs batteries électriques. Pendant « longtemps elles ont l'air de remporter la victoire sur « les chevaux et les mulets; partout on en vit de ces « derniers qui , étourdis par la fréquence et la force « des coups électriques, disparurent sous l'eau. Quel- ce ques chevaux se relevèrent, malgré la vigilance « active des Indiens, gagnèrent le rivage, excédés m de fatigue, et, les membres engourdis par la force « des commotions électriques, ils s'y étendirent par « terre tout de leur long. « J'aurais désiré qu'un peintre habile eût pu saisir « le moment où la scène était le plus animée. Ces « groupes d'Indiens entourant le bassin; ces chevaux « qui, la crinière hérissée, l'effroi et la douleur m dans l'œil, veulent fuir l'orage qui les surprend; « ces anguilles jaunâtres et livides, qui, semblables 184 DES PnÉXOMÈNES ÉLECTRO-PHÏSIOLOGIQUES. à de grands serpents aquatiques, nagent à la sur- face et poursuivent leur ennemi : tous ces objets offraient sans doute l'ensemble le plus pittoresque. Je me rappelai le superbe tableau qui représente un cheval entrant dans une caverne , et effrayé à la vue du lion ! L'expression de la terreur n'est pas plus forte que celle que nous vîmes dans cette lutte inégale. « En moins de cinq minutes deux chevaux étaient déjà noyés. Après ce début, je craignais que cette chasse ne finît bien tragiquement. Je ne doutais pas de voir noyés peu à peu la plus grande partie des mulets. Mais les Indiens nous assurèrent que la pêche serait bientôt terminée , et que ce n'est que le premier assaut des gymnotes qu'il faut re- douter. En effet, quand le combat eut duré un quart d'heure, les mulets et les chevaux parurent moins effrayés; ils ne hérissaient plus leur cri- nière : leur œil exprimait moins la douleur et < l'épouvante. On n'en vit plus tomber à la renverse; < aussi les anguilles, nageant à mi-corps hors de l'eau < et fuyant les chevaux au lieu de les attaquer, s'ap- c prochèrent elles-mêmes du rivage. On leur jeta de ( petits harpons attachés à des cordes; le harpon en c accrochait deux à la fois. Par ce moyen, on les tira hors de l'eau sans que la corde très-sèche et assez longue communiquât le choc à celui qui la tenait : en peu de minutes, cinq grandes anguilles ( étaient sur le sec. On aurait pu en attraper une vingtaine si nous en avions eu besoin pour nos expé- PARTIE I, CHAPITRE XVI. 185 (f riences. Plusieurs n'étaient que légèrement blessées « à la queue; d'autres l'étaient grièvement à la tête. « Les Indiens nous assuraient qu'en mettant les « chevaux deux jours de suite dans une mare rem- et plie à? gymnotes, aucun cheval n'est tué le second « jour : il faut à ces poissons électriques du repos « et une nourriture abondante pour produire ou « pour accumuler une grande quantité d'électri- « cité. » Le passage que nous avons rapporté établit d'une manière bien évidente que la fonction électrique du gymnote ne diffère pas de celle de la torpille sous tous les rapports. En effet, il est bien évident, d'après ce que nous avons rapporté de la décharge électrique du gymnote, qu'elle est entièrement soumise à la volonté de l'ani- mal. M. de Humboldt va jusqu'à croire que la dé- charge du gymnote peut être volontairement dirigée sur les différents points de son corps qui sont irri- tés. 11 est pourtant naturel de penser que cette direc- tion volontaire n'est qu'apparente, et peut-être, dans le gymnote, les quatre masses électriques de son or- gane donneront-elles séparément la décharge : cette décharge partielle pourrait produire des effets sem- blables à ceux qu'on obtiendrait si l'animal pouvait réellement avec sa volonté diriger la décharge. De même on trouve pour le gymnote comme pour la tor- pille, que la fonction électrique s'affaiblit par une excitation violente et renouvelée qui force l'animal à donner dans un court espace de temps un grand 186 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. nombre de décharges électriques. Dans cet état, une respiration aisée , une nourriture abondante et le re- pos sont les conditions à l'aide desquelles le gymnote rétablit sa fonction électrique. On a observé surtout que, pour conserver la force électrique du poisson, il faut changer souvent la masse d'eau dans laquelle il vit : observation qui nous amène à conclure, comme nous l'avons fait pour la torpille, que la fonction électrique est tou- jours proportionnelle à l'activité de la respiration et de la nutrition ainsi qu'au degré du repos des muscles de l'animal. L'analogie entre la fonction électrique de ces deux animaux, gymnote et torpille , subsiste encore rela- tivement aux points de leur corps, qui, plus particu- lièrement les excitent à la décharge, lorsque ces points viennent à être irrités. M. de Humboldt dit que les coups les plus énergiques sont lancés par le gymnote lorsqu'il a été irrité aux lèvres, aux yeux et surtout à la peau voisine des opercules des branchies. L'analogie persiste encore entre ces deux animaux relativement aux mouvements musculaires qui quel- quefois ont lieu en même temps que la décharge électrique. De même que pour la torpille, la décharge du gymnote peut être accompagnée de mouvements musculaires très-forts, et quelquefois se produire sans le moindre mouvement dans l'animal. M. de Humboldt a vu le gymnote lancer son coup sans qu'on eût pu remarquer le moindre mouvement dans le pois- son, tandis que, dans un cas, il lui est arrivé de voir PARTIE I, CHAPITRE XVI. 187 un gymnote très-grand et nullement blessé se dé- battre fortement contre lui en courbant son corps comme un serpent, sans éprouver dans le même temps aucune secousse électrique. Je signalerai encore, comme un point très-impor- tant d'analogie entre la fonction électrique du gym- note et de la torpille l'influence qui est exercée sur elle par l'intégrité du cerveau. Nous avons vu qu'il y a dans le cerveau de la torpille un lobe particulièrement destiné à déterminer la décharge : nous ignorons en- core s'il existe dans le cerveau du gymnote un lobe particulier analogue. Le fait est que, d'après les ob- servations de M. deHumboldt, nous savons que les dé- charges du gymnote cessent entièrement lorsque le cerveau a été enlevé, et qu'on ne réussit pas à l'obte- nir, quoique on irrite la moelle épinière. Ce fait me semble d'autant plus important qu'une grande partie des nerfs qui se ramifient dans l'organe du gymnote vient de la moelle épinière. On devrait conclure de là que puisque l'irritation de la moelle épinière n'excite pas la décharge du gymnote , lorsque son cerveau a été enlevé , c'est du cerveau même que doit émaner l'acte de la volonté déterminant la décharge, et qui , dans ce poisson, arriverait dans l'organe par l'inter- médiaire d'un gros rameau nerveux \ composé de la troisième branche delà cinquième paire, et du nerf brachial descendant le long de la ligne latérale, et pas- sant au-dessus de l'organe. (1) Carus, Traité d'Anaiomie comparée, t. I, p. 393. 188 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Nous parlerons maintenant des propriétés de la dé- charge électrique du gymnote, en nous bornant à rap- porter les observations faites par M. Faraday dans ces derniers temps. C'est à l'aide de deux plats métalli- ques réunis aux extrémités du galvanomètre et ap- pliqués sur différents points du corps du poisson, que Faraday est parvenu à déterminer la direction de sa décharge. Les parties antérieures de l'animal sont constamment le pôle positif, et les postérieures le pôle négatif. Le courant est donc toujours dirigé dans le galvanomètre de la tête à la queue. En tou- chant avec les plats collecteurs sûr des points diffé- rents de l'animal, on trouve que les mêmes points peuvent tantôt être positifs, tantôt négatifs, suivant- que les autres points touchés dans le même temps, sont tantôt plus près de la queue , tantôt plus près de la tête. C'est exactement ce qui arriverait avec une pile à colonne , montée avec le cuivre en bas, dans laquelle le milieu est positif vis-à-vis- du premier cuivre, tandis qu'il est négatif vis-à-vis du dernier zinc supérieur. En plongeant les mêmes plats collec- teurs dans différents points de la masse liquide clans laquelle est placé le gymnote , on trouve, en suppo- sant que l'animal décharge ses quatre organes à la fois, que toute cette masse est envahie par le cou- rant électrique distribué en lignes droites et courbes, tout autour des extrémités de l'animal , de la même manière que serait distribuée la limaille de fer autour d'un aimant, dont les pôles occuperaient la même place que la tète et la queue du poisson. PARTIE 1, CHAPITRE XVI. 189 Faraday a tâché de comparer la secousse du gym- note d'une force moyenne, à celle d'une batterie de Leyde chargée à saturation : il a conclu , de ses recherches, qu'on pouvait regarder cette décharge du gymnote comme égale à celle d'une batterie de quinze bouteilles qui avaient en total 3 500 pouces anglais carrés de surface cohibente armée ; avec ces données, et en réfléchissant au grand nombre de coups électriques que le gymnote lance l'un à la suite de l'autre dans un très-court intervalle de temps , on n'est plus surpris des effets produits par la décharge du gymnote, et que M. de Humboldt nous a décrits d'une manière si brillante. Faraday se livre, à ce propos, à une foule de con- sidérations très-ingénieuses sur les effets différents que le gymnote produit, par sa décharge électrique , sur les corps qui sont plongés à ses côtés, suivant la manière dont il dispose son corps. C'est ainsi que la même décharge électrique produira un effet dif- férent suivant que son corps est droit ou concave, ou convexe, vis-à-vis des corps qui sont plongés près de lui. Lorsque le gymnote se courbe de manière à en- tourer le corps entièrement plongé, ce corps se trouve envahi par une plus grande portion du cou- rant, et c'est effectivement ainsi que le poisson en agit pour étourdir et pour attraper sa proie. 11 est inutile de dire que, pour un corps qui toucherait par deux points la tête et la queue du gymnote, sur une même face latérale , la portion du courant qui passe- rait par ce corps serait, au contraire, moindre lors- 190 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. que l'animal est courbé vers les points touchés que quand il est droit. On conçoit encore très-aisément comment le gymnote , avec une décharge constante , peut produire des effets différents et proportionnels à la grandeur du poisson qu'il veut tuer par sa dé- charge. La portion du courant du gymnote, qui tra- verse le corps entièrement plongé près de lui, est d'autant plus grande que le volume de ce corps rem- place une portion plus grande du liquide environnant. Faraday décrit avec détail la manière dont le gym- note, qu'il a étudié dernièrement, s'y prenait pour tuer sa proie. Cette manière est si conforme aux principes théoriques de la décharge du poisson élec- trique qu'il est bon de rapporter l'observation faite par Faraday. Un poisson vivant, qui avait à peu près 5 pouces de longueur, fut jeté dans l'eau où était le gymnote : à l'instant celui-ci se courba autour du poisson de manière à former un circuit dans lequel le poisson était compris et dont la position était un diamètre transversal de ce circuit. Le coup électri- que ne tarda pas, et le poisson, comme frappé de la foudre , resta sans mouvement. Le gymnote rôda un peu autour de sa proie, en ayant l'air de la regarder, puis il l'avala. Un autre poisson , plus petit que le précédent , fut mis avec le gymnote ; ce poisson mon- tra à peine quelques signes de vie et fut avalé aus- sitôt. La forme du circuit que le gymnote décrivit , dans ce cas, autour de sa proie , semblait dévoiler l'intention qu'il avait eue d'augmenter la force de sa décharge , en conséquence des lois de cette décharge PARTIE I, CIIAI'ITUE XVI. 191 dans une masse liquide que nous avons déjà exposées. 11 est très-probable que le gymnote est averti par son instinct de la disposition qu'il doit donner à son corps , afin de rendre la décharge plus ou moins intense. Il faut encore ajouter que la sensation que le gymnote doit éprouver par la portion de la dé- charge qui le traverse, ne peut manquer de l'in- struire de la nature conductrice des corps qui l'irri- tent et qui l'environnent. Il est bien évident que cette portion de la décharge , traversant le poisson électrique , doit être infiniment plus grande lorsqu'il se trouve dans l'air que quand il est dans l'eau. Ce n'est donc pas par hasard que les animaux électri- ques sont tous des poissons. L'observation suivante, qui a été faite encore par Faraday, sur le gymnote , me semble bien prouver la vérité de ces conclusions théoriques. Quand le gymnote est touché et serré avec les mains, il donne toujours un grand nombre de décharges consécutives; mais si, au contraire, on le touche avec des corps mauvais conducteurs, ou bien avec des conducteurs isolés, le gymnote ne donne plus alors qu'une ou deux décharges qui pa- raissent plus faibles en ayant les mains plongées dans l'eau que les décharges ordinaires. On di- rait que le gymnote , sachant n'être pas touché par des corps à travers lesquels sa décharge puisse être transmise, ne la donne pas ou bien la donne plus faible. J'ai fait bien des fois cette même obser- vation sur la torpille, et il me semble plus juste de dire que lorsque ces animaux sont touchés par des 192 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO- PHYSIOLOGIQUES. corps cohibents, ils éprouvent une sensation plus forte par la portion de la décharge qui passe par leur corps et que, par cette sensation, ils sont con- duits à ne plus continuer les décharges. J'ajouterai enfin que tous les phénomènes du courant électrique ont été obtenus par Faraday sur le gymnote. Ainsi, faisant passer la décharge du gymnote par un fil mé- tallique, tourné en spirale , dans l'intérieur de la- quelle on avait mis des aiguilles d'acier, on obtint l'aimantation de ces aiguilles dans la direction vou- lue par la direction de la décharge de la tête à la queue du poisson. Faraday a également obtenu la décomposition chimique en employant l'iodure de potassium, et la direction du courant a été égale- ment prouvée par la position dans laquelle se sont développés les éléments de cette solution relative- ment aux extrémités de l'animal. Enfin, on a obtenu l'étincelle électrique en introduisant, dans le circuit, une spirale électro-magnétique, qui avait dans son intérieur un cvlindre de fer doux. DEUXIEME PARTIE. DE L1NFLUENCE DU COURANT ÉLECTRIQUE SUR LES ANIMAUX VIVANTS OU RÉCEMMENT TUÉS. Toutes les fois que sur un point quelconque du corps d'un animal vivant ou récemment tué on ap- plique les fils métalliques qui sont réunis aux deux pôles d'une pile , on observe un certain nombre de phénomènes dont la nature et l'intensité varient sui- vant la force de la pile, le degré d'excitabilité de l'animal et l'organisation et la fonction de la partie parcourue par le courant électrique. On a générale- ment classé ces phénomènes , afin d'apporter un certain ordre dans leur exposition , en phénomènes chimiques, physiques et physiologiques. Sans trop m'occuper de l'exactitude de cette classification, je me bornerai à faire observer que ce n'est que des derniers que je m'occuperai spécialement dans cet ouvrage. Les effets chimiques et physiques, propre- ment dits, qui sont encore très-peu étudiés, sont bien loin d'offrir le même intérêt que les autres ; du reste, on peut toujours les expliquer en ayant égard à l'or- ganisation des parties animales soumises à l'action du courant et à leur composition chimique. En effet, ces phénomènes se réduisent à un échauffement plus ou moins grand des parties parcourues , à la décomposition de l'eau et des autres sels contenus dans les liquides animaux, à la coagulation de l'al- bumine, etc. 13 194 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Les phénomènes physiologiques , qui forment principalement, comme je l'ai déjà dit ^ mon sujet, consistent dans des contractions musculaires et dans des sensations développées chez des animaux ex- posés à l'action du courant, lorsqu'ils sont encore vivants, ou bien doués d'un certain degré de vi- talité. Dans l'introduction historique, j'ai déjà signalé les découvertes les plus importantes qui ont été faites sur cette partie de la physique. Cela pourra me dis- penser d'entrer dans de nouveaux détails à ce sujet, mon but étant d'exposer les lois électro-physiologi- ques, telles que j'ai pu les déduire, en coordonnant ensemble tous les travaux qui sont restés dans la science. Je n'ai pas manqué de répéter moi-même toutes ces expériences ; et j'ai tâché également de remplir toutes les lacunes que j'ai trouvées. CHAPITRE PREMIER. LOIS GÉNÉRALES DES CONTRACTIONS ET DES SENSATIONS EXCITÉES PAR LE COURANT ÉLECTRIQUE DANS LES NERFS MOTEURS ET SENSITIFS DES ANIMAUX VIVANTS OU RÉCEMMENT TUÉS. Lorsqu'on applique les pôles d'une pile d'un cer- tain nombre de couples sur des parties quelconques du corps d'un animal vivant oit récemment tué , on le voit toujours saisi par des convulsions plus ou moins grandes : ces convulsions sont quelquefois si fortes et si générales qu'on pourrait presque croire que l'animal est rappelé à la vie* On lit encore , dans PAlVniE II, CHAPITRE I. 195 les annales de la science , des expériences faites à l'époque de la découverte de la pile, qui étaient di- rigées dans des vues d'une bien haute prétention. 11 y eut, à cette époque, des savants tellement hardis qu'ils crurent avoir saisi le principe de la vie , et s'en être emparés, par cela seul qu'ils voyaient les grimaces que le courant électrique produisait dans les muscles faciaux d'un malheureux décapité. Heureusement pour la science, cette espèce d'en- gouement ne dura pas longtemps, et on se mit, au contraire , à l'étude sérieuse des phénomènes élec- tro-physiologiques. Je commencerai par l'exposition de ces phénomènes dans leur généralité. Lorsque c'est une pile de quinze ou vingt couples, au moins, qui produit le courant qu'on fait agir sur un ani- mal vivant, on le voit se contracter, courber son dos, et on l'entend crier. Il faut , pour tout cela, qu'une grande partie de son corps soit parcourue par le cou- rant, et qu'on ait eu soin de faire entrer le courant par un point quelconque du système nerveux. Une fois que ces phénomènes se sont produits au moment où le courant a commencé à passer, on voit l'animal se rétablir dans son premier état, quoique le pas- sage du courant continue; ce n'est que lorsque ce courant est trop fort que les signes de la douleur per- sistent pendant son passage. J'ai entendu , pendant plusieurs minutes , crier un lapin , quoique le cir- cuit fût bien fermé. M. de Humboldt a prouvé sur lui-même que la sensation du courant électrique per- sistait pendant son passage. Si l'on vient à ouvrir le 19 G DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. circuit, à faire cesser le passage du courant, on voit se reproduire au même degré tous les phénomè- nes qui s'étaient produits quand ce courant a com- mencé. En agissant sur les animaux récemment tués, on obtient, dans les premiers instants après la mort, des phénomènes qui ne diffèrent de ceux observés sur l'animal vivant que par les signes de la douleur, qui doivent certainement manquer sur l'animal tué. Parmi les animaux qu'on a soumis au passage du courant , c'est la grenouille qui a été reconnue comme la plus sensible aux courants électriques les plus faibles; cet animal a été toujours employé après l'avoir préparé à la manière de Galvani (fig. 3), que nous avons décrite bien des fois. Nobili a voulu comparer la sensibilité de la gre- nouille, comme moyen électroscopique, à celle des galvanomètres les plus sensibles : il a pu s'assurer que toutes les fois qu'il y a dans la source électro-mo- trice, ou dans le circuit, une portion liquide, la grenouille ne le cède en rien au galvanomètre. Afin de simplifier l'étude de ces phénomènes, il fallait commencer par établir l'action du courant transmis par le seul système nerveux. Nous devons aux tra- vaux de Lehot, de Bellingeri, et surtout à ceux de Nobili et de Marianini, que nous avons déjà cités dans l'introduction historique , toutes nos connais- sances sur ce sujet. Malgré cela nous verrons, en ex- posant avec plus de détails les conclusions qu'en ont tirées ces deux derniers savants, qu'on ne parvien- drait pas à en déduire les véritables lois. Je me suis PARTIE II, CHAPITRE I. 19? donc livré à un grand nombre d'expériences , afin de parvenir à mettre d'accord les résultats obtenus par ces habiles physiciens, et j'espère avoir ainsi établi les véritables lois générales des phénomènes physio- logiques , produits par le passage du courant électri- que sur les animaux vivants ou récemment tués. Nobili , en faisant passer un courant d'un seul couple sur les nerfs lombaires de la grenouille ré- cemment préparée, en a conclu que les lois des con- tractions qui sont excitées par ce courant varient dans les différentes périodes de vitalité du nerf qui se succèdent après la mort de l'animal. Ce physicien a cru qu'il fallait diviser la vitalité du nerf, soumis au passage du courant, en cinq périodes, pendant lesquelles les phénomènes étaient différents. Dans la première de ces périodes , le courant direct ? c'est-à- dire celui dirigé du cerveau aux extrémités des nerfs, produit les contractions dans les muscles inférieurs lorsqu'il commence à passer , et lorsqu'il cesse ces mêmes phénomènes sont produits par le cou- rant inverse, c'est-à-dire par celui qui est dirigé des extrémités des nerfs au cerveau. Dans la se- conde période de la vitalité du nerf, lorsqu'il com- mence à être moins sensible , le courant direct pro- duit les contractions lorsqu'il commence à passer , tandis que ces contractions sont devenues très- faibles à l'instant où ce courant cesse. Le cou rant inverse ne produit plus de contractions lois qu'il entre, et en produit toujours quand il cesse 198 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Dans tous les cas , il n'y a aucune contraction à cir- cuit fermé. La troisième période de la vitalité du nerf commence, suivant Nobili , lorsque les contractions ne se produisent plus que dans deux cas, c'est-à- dire au commencement du courant direct, et à l'in- terruption du courant inverse. Dans la quatrième période, il n'y a plus de contractions que dans un seul cas, c'est lorsque le courant direct commence à passer. Nobili distingue enfin une cinquième et dernière période, dans laquelle l'action du courant sur le nerf est devenue nulle dans tous les cas. En opposition à ces résultats , Marianini a soutenu que le courant électrique transmis par un tronc nerveux bien isolé produit les contractions dans les muscles inférieurs, dans deux cas seulement, c'est- à-dire lorsque le courant direct commence à passer, et lorsque le courant inverse est interrompu. Le même physicien, en répétant sur les animaux vivants, et avec beaucoup plus de soins qu'on ne l'avait fait avant lui, les expériences de Lehotet de Bellingeri, en a conclu que le courant direct produit une sensation lorsqu'il est interrompu, tandis que ce même phénomène est développé par le courant inverse à l'instant qu'il commence à passer. Maria- nini a donc déduit la loi générale de l'action du cou- rant sur les animaux vivants ou récemment tués, qui peut s'exprimer très-simplement par le tableau suivant. PARTIE II, CHAPITRE I. 199 S Lorsqu'il commence à passer Contractions des muscles inférieurs. I Circuit fermé Rien. (_ Lorsqu'il cesse Sensations. Lorsqu'il commence à passer Sensations. Courant inverse. { Circuit fermé Rien. Lorsqu'il cesse Contractions dans les mus- cles inférieurs. La différence entre les résultats de MM. Nobili et Marianini est maintenant bien marquée : il fallait donc recourir à de nouvelles expériences. Une pré- caution très-importante, que l'on a toujours oubliée dans ces expériences, c'était de ne jamais soumettre le même nerf au passage de deux courants en sens contraire l'un après l'autre. En effet, nous verrons par la suite que le passage du courant électrique dans un nerf modifie en quelque sorte son excitabi- lité pour un courant dirigé en sens contraire. Il est donc évident qu'en soumettant le même nerf à l'ac- tion successive de deux courants en sens opposé , on devait toujours avoir des résultats modifiés par l'al- tération dont nous avons parlé. De même, il m'a paru qu'il n'était pas facile sur une grenouille de juger de sa douleur , ce qui était bien plus facile en opé- rant sur des animaux plus élevés dans l'échelle. Voici comment je crois qu'il faut faire ces expé- riences : je fixe sur une planche un lapin par ses quatre pattes, et je lui découvre, aidé par un habile anatomiste, le nerf sciatique sur ses deux cuisses. 200 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Il faut que les deux nerfs soient bien isolés et décou- verts clans une longueur de 3 centimètres au moins. Une telle préparation peut se faire sans trop de souffrance de l'animal et sans produire d'hémor- ragie : en effet, j'ai toujours vu, en conservant le lapin après les expériences , que la plaie se cicatri- sait et l'animal survivait. Au-dessous de la portion isolée de ces nerfs, je fais passer une bande de taf- fetas verni , assez longue pour pouvoir renouveler le plan isolant sur lequel le nerf est posé; j'ai encore soin d'essuyer le nerf avec du papier sans colle, pour être bien sûr qu'il est tout à fait isolé. Quand on a ainsi préparé le lapin, il est très-facile de le soumettre à l'expérience : il ne s'agit plus que de toucher le nerf avec deux fils métalliques qui com- muniquent aux pôles de la pile. Il faut toujours des- tiner un des deux nerfs au courant direct et l'autre au courant inverse : la longueur du nerf comprise entre les deux fils doit être au moins de \ à 2 centi- mètres; enfin, il est bon d'employer du fil d'or ou de platine. Je commence par essayer l'action d'un cou- ple élémentaire, qui peut être de zinc et cuivre ou bien de zinc et platine. Avec le courant de ce couple, en agissant sur un lapin, je n'ai jamais obtenu aucun signe bien marqué de douleur, ni de contractions, dans les muscles supérieurs au nerf irrité. J'ai tou- jours vu les contractions clans les muscles inférieurs, qui avaient lieu dans tous les cas, soit que l'on fer- mat ou que l'on ouvrît le circuit du courant direct, ou de l'inverse. En continuant pendant un certain PARTIE II, CHAPITRE I. 201 temps l'action de ce courant sur les mêmes points du nerf, on trouve que la contraction des muscles inférieurs n'a plus lieu qu'au commencement du courant direct, et qu'à l'interruption du courant in- verse. En agissant avec un courant de dix couples d'une pile à colonne, on a des signes bien distincts de douleur. Les couples que j'ai employés avaient 10 centimètres carrés de surface, et le liquide qui imbibait les cartons était de l'eau légèrement salée. Voici les résultats auxquels je suis parvenu en em- ployant le courant de cette pile, qui ne diffèrent pas de ceux obtenus avec des piles d'un plus grand nom- bre de couples. Au commencement du courant direct, tous les muscles inférieurs se contractent; le lapin crie, tout son dos se courbe, ses oreilles s'agitent; ces mêmes phénomènes se produisent lorsqu'on agit avec le courant inverse, et tous ont lieu à l'instant où ces deux courants cessent. En répétant cette expérience sur plusieurs individus, on trouve en général que les signes de la douleur sont les plus forts dans le cas du courant inverse qui commence, et que les contractions musculaires les plus grandes sont celles qui sont produites par le commencement du courant direct. Le commencement et l'interruption du cou- rant électrique d'une certaine intensité qui agit sur une certaine portion du système nerveux sont donc suivis par les mêmes phénomènes, quelle que soit la direction de ce courant dans le nerf. En continuant 202 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. à agir sur le même animal, on ne tarde pas à s'aper- cevoir que les phénomènes n'ont plus lieu de la même manière. Les variations qui surviennent com- mencent après un certain temps, qui est d'autant plus court que le courant employé était plus in- tense. Il est possible pourtant de reproduire sur le même animal les effets que le courant a produits dans les premiers moments. 11 y a deux moyens pour y réussir , c'est , ou d'abandonner l'animal à lui- même, et de renouveler l'action du courant quelque temps après , ou bien d'employer un courant d'un plus grand nombre de couples que celui dont on s'est servi. C'est ainsi que quand on s'aperçoit que le cou- rant électrique de dix couples ne produit plus les effets que nous avons décrits , il n'y a qu'à redou- bler le nombre des éléments pour obtenir de nou- veau ces mêmes phénomènes. Il ne faut pas croire pourtant qu'on parvienne toujours , en opérant sur le même animal, à obtenir les premiers effets à force d'augmenter l'intensité du courant. Nous verrons par la suite, en rapportant les belles expériences de Marianini , que l'excitabilité du nerf persiste pour un temps d'autant plus court que l'intensité du cou- rant qui l'excite est plus grande. Mais il est temps que nous exposions en quoi con- sistent les différences qui surviennent, dans les phé- nomènes produits par le courant sur l'animal vivant, à mesure que son action se prolonge. Voici ces diffé- rences : lorsque le courant direct est interrompu , PARTIE II, CHAPITRE I. 203 les contractions des muscles inférieurs deviennent plus faibles, tandis qu'elles subsistent pour les muscles du dos, et qu'on a toujours l'agitation des oreilles et très -souvent le cri; quand ce courant commence, les effets sont limités aux contractions des muscles inférieurs. Pour le courant inverse , les contractions des muscles du dos , les battements des oreilles, et presque toujours le cri , ont lieu à son commencement, tandis que les contractions des muscles inférieurs sont à peine sensibles. A l'inter- ruption de ce courant, les contractions des muscles inférieurs subsistent, et celles du clos, des oreilles, et le cri, ont disparu. Il me serait impossible , malgré un très-grand nombre d'expériences, de préciser dans quel ordre commencent à disparaître les phénomènes dont nous avons parlé. On doit donc réduire à deux périodes seulement l'action du courant électrique qui excite les nerfs d'un animal vivant : dans la première période, l'exci- tation du nerf est transmise dans tous les sens, à sa périphérie, comme à son centre, au commencement de l'excitation comme à son interruption, et tout cela indépendamment de la direction du courant dans le nerf; dans la seconde période, l'excitation du nerf se porte vers ses extrémités par le courant direct qui commence , ou par le courant inverse qui est interrompu; au contraire l'excitation du nerf est transmise vers le cerveau lorsque le courant direct est interrompu, ou quand l'inverse commence à pas- 2tH DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. ser. On peut exprimer ces résultats en des termes peut- être plus simples : le courant, clans la seconde période, agit dans le sens de sa direction quand il commence, ou dans le sens contraire à sa direction lorsqu'il cesse. Mais de quelle manière le courant électrique peut- il produire des contractions dans les muscles du dos et de la tête, lorsque ce courant agit sur un nerf qui ne se ramifie pas dans ces muscles? Comment se fait-il qu'en opposition aux idées généralement ad- mises, la contraction musculaire soit produite par l'excitation du nerf en sens rétrograde ? Une expérience très-simple me semble répondre à ces questions. Je prends un lapin parvenu à la se- conde période , et je lui coupe la moelle épinière, en ayant le plus de soin possible de ne pas causer trop d'hémorragie. On peut répéter cette expérience, comme je l'ai fait, sans attendre cette période; de même on peut la varier en coupant la moelle épinière dans des points différents. Dans tous les cas, après que la moelle épinière a été coupée , on arrive toujours aux mêmes résultats : les contractions des muscles supé- rieurs au nerf excité n'affectent plus que les mus- cles inférieurs, au point où la moelle épinière a été coupée, et qui sont compris par conséquent, entre le point excité et le point où la moelle a été coupée; si on coupait la moelle tout à fait à son extrémité, il n'y aurait plus de contraction sur aucun point su- périeur au nerf excité. Les phénomènes produits par le passage du courant électrique se réduisent alors à la contraction des muscles inférieurs, qui a lieu au PAUT1E II , CIIAIMTRE î. 205 commencement du courant direct, et à l'interruption du courant inverse. C'est donc un de ces mouvements qu'on a ap- pelés de réflexion qui est produit par l'excitation du nerf par le courant , au-dessus de ce nerf excité : dans ce cas, c'est l'excitation sensoriale du nerf par- couru par le courant qui, par l'intermédiaire de la moelle épinière, détermine ensuite la contraction. L'excitation du nerf, d'abord centripète, se transfor- me en une excitation centrifuge. Lorsque l'animal est réduit, par l'action pro- longée du courant, à la seconde période que nous avons déjà décrite, on peut découvrir sur cet ani- mal la propriété singulière dont le nerf est doué, et qui consiste à conserver dans certains points la sen- sibilité qu'il a perdue dans les points où le courant a agi. Valli a montré le premier que si l'on fait passer un courant par le nerf d'une grenouille préparée à la manière de Galvani, et que si l'on prolonge l'ac- tion du courant jusqu'à ce qu'il ait cessé d'exciter les contractions, on peut encore, avec le même cou- rant et sur le même animal, obtenir ces contrac- tions , pourvu qu'on agisse sur une portion du nerf plus éloignée du cerveau et plus rapprochée des extré- mités que celle sur laquelle on avait opéré d'abord : il est très-facile de vérifier ce fait , soit sur des gre- nouilles , soit sur d'autres animaux , et on trouve tou- jours que la propriété du nerf, d'exciter les contrac- tions dans les muscles où il est ramifié, par le 206 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTllO-PHYSIOLOGIQUES. passage d'un courant, se retire vers les extrémités du nerf à mesure que sa sensibilité diminue. En agissant avec le courant inverse sur les nerfs des animaux vivants, j'ai trouvé la même loi pour les phénomènes de la douleur et des contractions des muscles supérieurs, qui sont produits par le com- mencement de ce courant inverse. A mesure que la sensibilité devient moindre, il faut que le courant traverse des portions du nerf plus rapprochées du cerveau, et plus éloignées des muscles, que celles sur lesquelles le courant avait commencé à agir. Voici l'expérience : je prends une grenouille très-vi- vace et je la fixe sur une planche, avec des clous, qui traversent ses quatre pattes, le bas-ventre en bas. Je découvre son nerf sciatique en enlevant tous les muscles et l'os de la cuisse. Alors je fais passer le courant d'une pile de quinze couples, dirigé des extrémités du nerf vers le cerveau , et en tenant les deux pôles à la distance de 3 ou 4 millimètres entre eux. Toutes les fois que le courant commence à pas- ser, la grenouille pousse un cri, et j'obtiens ce ré- sultat en touchant dans les différents points du nerf. J'attends cinq minutes et je répète l'expérience, je trouve alors qu'elle crie moins fort ou pas du tout, lorsque le courant traverse des points du nerf, près de son insertion dans la jambe, tandis qu'elle crie toujours si l'on touche le nerf sur des points supé- rieurs. Si on attend encore cinq minutes avant de renouveler l'expérience , on trouve qu'il faut arriver avec le courant près de la moelle épinière pour ob- PARTIE II, CHAPITRE I. 207 tenir les signes de la douleur. Concluons donc, que la portion du nerf qui, à l'introduction du courant électrique direct, excite des contractions dans les muscles, s'éloigne d'autant plus du système central que la vitalité du nerf devient moindre; de même la portion du nerf qui, à l'introduction du courant électrique inverse, excite des sensations doulou- reuses, s'approche d'autant plus du système central que la vitalité du nerf devient moindre. Nous avons exposé jusqu'ici les lois de l'action du courant électrique sur les nerfs d'un animal vivant, parlons maintenant de l'action du courant sur les nerfs d'un animal récemment tué. 11 est inutile de dire que les sensations ou les si- gnes de la douleur ne peuvent avoir lieu sur un ani- mal tué , dans lequel les fonctions du cerveau sont éteintes. En opérant sur des lapins récemment tués, et préparés à la manière déjà décrite, j'ai trouvé, avec le courant d'un seul couple , la contraction dans les muscles inférieurs au commencement du courant direct et à l'interruption du courant inverse. En agissant avec un courant plus fort , on obtient les contractions dans ces muscles, soit au commence- ment, soit à l'interruption du courant , quelle que soit sa direction. Si l'action du courant continue, on finit par obtenir les seules contractions dues au com- mencement du courant direct et à l'interruption du courant inverse. Sur les lapins dans lesquels l'inté- grité du système nerveux a été conservée en les tuant par égorgement, on trouve dans les premiers 208 DES PHÉNOMÈNES ÉLECT110-PI1YS10LOGIQUËS. instants, et avec des courants très-forts, des contrac- tions dans les muscles supérieurs aux points du nerf irrité. C'est particulièrement en opérant sur les gre- nouilles que j'ai apporté tous mes soins pour être bien sûr que le courant électrique n'agissait que sur les nerfs, et qu'il n'y avait pas, comme Marianini l'avait objecté à Nobili , des courants qui allaient dans le même temps directement et en sens inverse, suivant la ramification du nerf. J'ai encore, dans ces expériences, opéré en conservant toujours la même direction relativement à la ramification du nerf sur lequel il agit. Je prends pour cela une gre- nouille préparée à la manière de Galvani , et puis je la coupe à moitié au point où les os des deux cuisses sont attachés , et puis j'étends cette grenouille sur un plan isolant. On peut encore suspendre cette grenouille avec deux fils de soie, auxquels les deux pattes sont liées (fig. 29). On peut enfin séparer tout à fait la grenouille , préparée à la manière de Galvani, en deux demi-grenouilles, qu'on doit sus- pendre avec des fils de soie liés au morceau de moelle épinière et de vertèbre d'où partent les nerfs lom- baires (fig. 30). Je pose les deux extrémités d'un couple voltaïque sur les deux points a et b des nerfs lombaires de la grenouille de la figure 29 : en répétant l'expérience, toujours de la même manière, on est sûr que l'un des nerfs est constamment parcouru par le courant direct, l'autre par le courant inverse. On arrive également au même résultat en opérant sur i>AHTlE Iï, CHAPITRE î. 209 les deux demi-grenouilles de la figure 30 , pourvu qu'on ait soin d'employer le courant , toujours direct pour une, inverse pour l'autre. Avec ces dispositions dans l'expérience , tous les points du nerf sont si bien isolés, et on peut toucher, avec les extré- mités du couple voltaïque , des points du nerf tel- lement éloignés de leur insertion dans le muscle, qu'il est impossible de conserver le moindre doute sur l'existence d'une partie du courant qui, se pro- pageant derrière , vient à parcourir le nerf dans un sens opposé à celui du courant qui circule directement entre les deux extrémités du couple. J'ai varié bien des fois ces expériences , j'ai toujours obtenu les mêmes résultats. Dans la première pé- riode de la vitalité du nerf, on obtient la contraction du membre appartenant au nerf irrité, soit au com- mencement, soit à l'interruption du courant, quelle que soit sa direction. Dans la période suivante, lors- que le nerf est devenu moins sensible , la contraction ne se produit plus qu'au commencement du courant direct et à l'interruption du courant inverse. Parvenu à cette seconde période, il est possible de reproduire encore les phénomènes de la première période : il faut pour cela, ou augmenter l'intensité du courant, ou faire agir le courant primitif sur de nouveaux points du nerf pris vers ses extré- mités. Ces deux moyens suffisent pour un espace de temps qui est toujours d'autant plus court que l'intensité du courant a été plus forte. 14 210 DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUES. Nous* n'avons plus qu'à exposer quelques observa- tions très-importantes que Marianini a faites en étu- diant la contraction qui se produit à l'interruption du courant. Marianini a prouvé qu'on pouvait obtenir la contraction à l'interruption du courant sans avoir obtenu celle qui a lieu à son commencement. Il est très-facile de concevoir comment il fait l'expérience. 11 faut d'abord préparer la grenouille comme dans la figure 17 : ensuite, au lieu de fermer le circuit direc- tement, on plonge une des extrémités du couple et on tient l'autre avec la main ; tandis que l'autre main est plongée dans la seconde capsule. De cette ma- nière le courant s'établit peu à peu , à mesure que la peau s'imbibe du liquide , et devient plus conduc- trice, et c'est alors, qu'en ouvrant le circuit , on obtient la contraction qui a manqué au commence- ment de l'expérience, à cause de la faible intensité du courant qui pouvait passer d'abord. Marianini s'est également assuré qu'on pouvait obtenir la contraction due à l'interruption du cou- rant sans détruire le circuit, et seulement en détour- nant en grande partie du corps de la grenouille le courant à l'aide d'un meilleur conducteur. Si lorsque le circuit est fermé avec la grenouille préparée et en plongeant les deux extrémités du couple vol laïque dans les deux verres où sont les deux pattes de la grenouille (/?'// trouvant alors en rapport avec l'angle postérieur interne de l'or- gane électrique, tourne derrière cet angle, et envoie la plupart de ses filets nerveux à l'organe lui- même. 5°. Le cinquième tronc (P) , qui va presque entière- ment à l'estomac, présente un renflement ganglion- naire très-gros dans le point où il sépare les autres 31T> ÉTUDE DE LORGANE ÉLECTRIQUE nerfs, et, parvenu au niveau de la dernière cavité branchiale, y donne des filaments nerveux très- minces, dont l'un suit le cinquième arc branchial. G0. Le sixième et dernier tronc (PI. I, R, R; PL III, Q), pourvu aussi d'un renflement ganglionnaire, constitue le nerf récurrent ou latéral. Ce nerf à son issue du crâne se trouve au-dessus du premier tronc de la huitième paire que nous avons décrit, et, passant au-dessus des troncs suivants , se dirige en arrière et parcourt le dos et la queue dans toute leur longueur, à peu près jusqu'à la nageoire caudale. Dans ce trajet, ce nerf se trouve au-dessus des nerfs spinaux dans la région dorsale et à l'exté- rieur de ces nerfs dans la queue. Il est plongé dans une masse musculaire qui se distingue par une cou- leur rouge foncée semblable à celle des muscles splé- niques du cou dans l'homme. Ce nerf donne des fila- ments nerveux très-minces à la masse musculaire qu'il parcourt, et les plus considérables d'entre ceux- ci se dirigent à l'extérieur en parcourant oblique- ment en arrière chaque section musculaire formée par les couches aponévrotiques transversales. Il paraît que ce nerf ne" s'anastomose pas avec les nerfs spi- naux, dont il croise la direction. Vers l'extrémité de la queue , le nerf latéral se sépare en plusieurs fila- ments qui se perdent dans les gaines cellulaires des tendons qui donnent le mouvement à la nageoire cau- dale. D'après tout ce que nous avons dit on peut con- clure : que la cinquième et la huitième paire dans la DE LA TOUPILLE, CHAPITRE Vt. 31 ? torpille, contiennent non-seulement les rameaux nerveux ordinaires , mais encore d'autres rameaux particulièrement destinés à l'organe électrique; que ces nerfs ne prennent aucune part aux renfle- ments ganglionnaires propres en général aux au- tres portions de ces mêmes nerfs. N'oublions pas que le quatrième lobe ou lobe électrique peut, par sa structure intime , être regardé comme une espèce particulière de ganglion , dans lequel les fibres élé- mentaires nerveuses se replient en anses, et se met- tent en rapport avec des globules ou corpuscules ganglionnaires y et se continuent peut-être jusqu'à la moelle allonge. De cette manière les nerfs élec- triques, au lieu d'avoir leurs parties ganglionnaires relatives en dehors de la masse encéphalique, les au- raient réunies à la masse cérébrale même, et situées précisément au-dessus du sinus rhomboïdal. 11 faut remarquer encore que les nerfs de la huitième paire, qui n'ont pas de ganglions , et qui vont aux branchies, se distribuent presque entièrement aux muscles pro- pres de ces branchies mêmes, tandis que les ramifi- cations de la huitième paire qui ont dans leur trajet des renflements ganglionnaires , se portent presque exclusivement à la membrane muqueuse branchiale, et paraissent être, par conséquent, entièrement des- tinées à la respiration. 318 ÉTUDE DE L ORGANE ÉLECTRIQUE CHAPITRE VIT. DES NEUFS DANS L'ORGANE ÉLECTRIQUE. Nous avons vu dans le Chapitre précédent que les nerfs qui vont à l'organe électrique sont : 1". Un gros tronc de la cinquième paire ; 2°. trois des plus grands troncs de la huitième; 3". une petite ramification de la huitième paire. Jacopi avait déjà observé les très-gros troncs de la huitième paire. Carus, le premier, a trouvé la ra- mification de la cinquième paire, et nous avons vu la ramification du quatrième groupe. Nous avons déjà démontré que tous ces nerfs pren- nent leur origine par des fibres élémentaires à double contour répandues dans les lobes électriques, les- quelles, réunies dans un nombre correspondant de fais- ceaux à la partie inférieure de ces lobes, traversent les pyramides latérales en sortant de la moelle allongée. Ces fibres m'ont paru au microscope parcourir, sans subir aucune altération, chacun des faisceaux, et se diviser en plusieurs faisceaux toujours plus minces pour se distribuer enfin dans les différents prismes de l'organe. Il n'y a pas de ganglions sur ces nerfs, et ce fait très-intéressant n'est pas seulement démontré par leur homogénéité et par leur apparence nacrée , mais je m'en suis assuré directement par l'observation microscopique. Le défaut de ganglion dans les nerfs électriques est donc leur caractère constant, et en effet toutes les ramifications de la cinquième paire qui vont aux follicules muqueux, comme celles de DE L\ TOUPILLE, CHAPITRÉ VII. 319 La huitième paire qui sont destinées aux branchies et à l'estomac, et à former le nerf latéral, ont toutes des ganglions. Ces deux premières séries des nerfs de l'organe, après avoir traversé l'enveloppe cartilagineuse céré- brale, et après avoir passé entre les cavités bran- chiales, pénètrent entre le prisme de l'organe élec- trique, se resserrant dans le sens horizontal, et s'étendant dans le sens vertical, sous la forme d'un ruban , de manière à ne pas trop se dilater et à lais- ser la place au prisme de l'organe. Le faisceau se- condaire qui se dirige à droite et à gauche de l'or- gane, a la même forme , et se distribue également en partie en haut et en partie en bas (PI. \,fig. 2), de ma- nière à distribuer ses fibres sur tous les diaphragmes dont les prismes sont composés. Le seul nerf que nous avons vu se détacher du dernier groupe de la huitième paire, n'entre pas immédiatement dans l'or- gane; avant d'y pénétrer, il le côtoie par un espace assez long. Nous avons déjà vu comment les nerfs destinés à l'organe électrique, en pénétrant entre les prismes, parviennent jusqu'à chacun de ceux auxquels ils appartiennent. Il m'a été impossible jusqu'ici de dé- couvrir comment les filaments nerveux passent sur chacun des diaphragmes dont les prismes sont com- posés, mais j'ai vu très-nettement qu'il n'y a pas un seul faisceau nerveux qui pénètre le prisme , et que ce sont seulement les fibres élémentaires de ces nerfs qui s'y distribuent ; et j'ai très-bien observé 320 ÉTUDE 1)E L'ORGANE ÉLECTRIQUE comment ces fibres se comportent. Cette observation est délicate et difficile; aussi je crois devoir décrire la méthode que j'ai suivie pour parvenir à la faire. Ces fibres élémentaires , s' appuyant sur chaque diaphragme du prisme, il faut avoir sur le porte-objet du microscope un de ces diaphragmes bien isolé. Il m'a été presque impossible d'y parvenir, à cause de leur trop peu d'épaisseur et de la substance muqueuse qui les enveloppe : lorsqu'on coupe hori- zontalement une portion de l'organe, la section du prisme n'est jamais plane , mais toujours courbe et gonflée. Il faut donc se contenter d'observer des par- ties d'un diaphragme en prenant une lame très-mince de ces prismes qui contiennent le moins possible de ces diaphragmes. Je coupe pour cela une tranche très-mince et horizontale de l'organe, en suivant un plan parallèle à sa surface ventrale ou dorsale. On ob- tient ainsi une section de chaque prisme qui apparaît comme une espèce d'hémisphère, ce qui est dû à la pression supportée par l'intérieur du prisme; je coupe alors avec une paire de petits ciseaux à lame courbe, un de ces hémisphères, et je le plonge clans de l'eau, où je le laisse pendant quinze à vingt mi- nutes. 11 se gonfle dans ce liquide, et alors je le prends par le bord avec des pinces, et je l'agite forte- ment. De cette manière, les morceaux du diaphragme qui ont été coupés se séparent les uns des autres, et il arrive toujours que quelqu'un se détache, ou en to- talité ou en grande partie. C'est ce morceau détaché que je cherche à porter sur les verres du compresseur DE LA TOUPILLE, CHAPITRE Vil. 321 avec la pointe d'une aiguille, en prenant le soin de ne pas l'amincir, de ne pas le doubler on le plier. En employant un grossissement très-fort , en réglant convenablement la lumière, et en comprimant légè- rement le compresseur , on peut très-bien voir la distribution des fibres élémentaires nerveuses sur les diaphragmes. Ces fibres forment des mailles ordinairement octo- gones, dont les côtés sont, pour chacun, composés d'une seule fibre élémentaire nerveuse, laquelle, en se bifurquant, produit les côtés des mailles voisines (PI. l,fig.<*if,J.). C'est dans l'hiver de 1 8 ri 0 que j'ai découvert ce fait; je l'ai communiqué au congrès de Florence au mois d'octobre de la même année et il a été publié dans les actes du congrès. J'ai eu occasion par la suite de répéter cette même observation que j'ai toujours trouvée exacte; de sorte que je n'ai plus aucun doute sur les mailles nerveuses dont j'ai parlé, et sur la dichotomie des fibres élémentaires ner- veuses, à l'aide de laquelle les mailles sont formées par la ramification successive et par une espèce de soudure d'une seule fibre élémentaire. Les côtés de ces mailles ne sont pas tous égaux entr'eux, pas plus que les mailles elles-mêmes. La fibre élémentaire de ces mailles offre tout à fait la même structure et le même diamètre que la fibre qui forme les nerfs qui vont à l'organe électrique, et qui se ramifient entre les prismes. Il est même très-facile de s'assurer que ces fibres, ne sonl qu'une continuation de celles des 21 322 ÉTUDE DE L'ORGANE ÉLECTRIQUE mêmes nerfs , en observant au microscope une tran- che transverse très-mince d'un prisme, à laquelle soit uni un filet nerveux. On parvient alors très-souvent à suivre les fibres de ces nerfs sur les diaphragmes, et on les voit alors se répandre isolément, se di- visant ou se dichotomisant toujours pour former les mailles. Si on comprime la pièce qu'on observe, on voit le nerf se décomposer en envoyant successive- ment les fibres élémentaires dont il est formé sur tous les diaphragmes le long desquels il marche. Ces fibres élémentaires se détachent ordinairement à angle droit du faisceau, pour pénétrer dans le diaphragme auquel elles sont destinées et sur lequel elles s'éten- dent en mailles. Il est possible, par un faible grossis- sement, d'apercevoir ces mailles, mais il faut toujours que le pouvoir amplifiant soit fort pour que l'on puisse s'assurer qu'elles proviennent des fibres élémentaires à double contour, qu'elles ne se divisent jamais et qu'elles ne font que se ramifier en se bifurquant. Cette observation est, comme nous l'avons déjà dit , toujours très-difficile, et il n'est pas rare d'avoir sur le porte-objet dans le même temps, deux ou trois diaphragmes qui se superposent, ce qui pourrait trom- per l'observateur, et lui faire croire que la division de la fibre élémentaire en deux troncs , est due à un dédoublement d'une fibre; mais cette apparence ne serait que l'effet de la superposition des mailles des deux diaphragmes; ce dont il est très-facile de s' as- surer en changeant légèrement la place de l'objet ou en le comprimant plus ou moins. On est aussi quelq uc DE LA TOUPILLE, CHAPITRE \ll. 323 fois induit en erreur, en voyant que fréquemment ce n'est pas exactement à l'angle de la maille que les deux fibres élémentaires se réunissent en une seule; quelquefois elles marchent séparées et ne sont que simplement rapprochées : mais avec de forts grossissements, on ne tarde pas à voir que ces deux fibres se réunissent en une. 11 est donc prouvé que les fibres élémentaires à double contour sont disposées sur le diaphragme des prismes de l'organe, de manière à former avec leur bifurcation des mailles généralement hexagones. Ces mailles, comme nous l'avons déjà dit, ne sont pres- que jamais toutes égales entre elles : de même, leurs côtés ne sont pas tous égaux : j'avais cru d'abord que cette inégalité provenait de la manière de faire l'observation, mais je me suis assuré du contraire, en observant un diaphragme qui n'était pas com- primé et qui nageait dans une goutte d'eau : toutefois c'est à la compression qu'on doit attribuer les flexuo- sités des fibres élémentaires; car on ne les voit pas ainsi lorsqu'on regarde un diaphragme qui nage dans de l'eau. Quant aux rapports qui existent entre les mailles des diaphragmes les plus voisins, je crois, comme je l'ai déjà annoncé au congrès de Florence, que la disposition de ces mailles est identique, de manière à produire la coïncidence des côtés et des angles de celles qui se trouvent placées soit en dessous soit au- dessus l'une de l'autre (PI. 1, fi g. 3). Il n'est pas toujours facile, et quelquefois même 32 ï ÉTUDE DE l'oKGANE ÉLECTRIQUE il est impossible de faire cette observation surtout avec de forts grossissements, parce qu'il n'arrive que très-difficilement que plusieurs diaphragmes se trouvent placés dans la situation naturelle. Ce n'est qu'en renouvelant plusieurs fois les observations qu'on peut réussir, et il faut que la tranche de l'or- gane qu'on examine ne contienne jamais plus de trois ou quatre diaphragmes. Lorsqu'on a plusieurs fois ré- pété l'observation microscopique de l'organe électri- que et qu'on est parvenu ainsi à se faire une idée nette de sa structure, et à bien distinguer les fibres élé- mentaires nerveuses, même avec de faibles grossisse- ments , on peut voir très-aisément la superposition des mailles des différents diaphragmes. 11 faut pour cela prendre une tranche horizontale d'un des pris- mes auquel on ait précédemment, à coups de ciseaux, ôté presque toute la surface du prisme, excepté sur une face à laquelle restent attachés les différents dia- phragmes du prisme. On plonge dans l'eau la pièce ainsi préparée ; ce liquide pénètre entre les dia- phragmes et les dilate, et on réussit alors, même avec de faibles grossissements , à voir les mailles et leur correspondance entre les différents diaphragmes ; il est inutile de dire qu'il faut opérer sur l'organe d'une torpille très-fraîche, et qu'il est bon aussi d'agiter légèrement les morceaux du prisme qu'on a tenus dans l'eau, avant de les observer. En parlant des mailles des fibres élémentaires nous les avons décrites comme si elles faisaient par- tie de la substance même du diaphragme. En effet, DE LA TORPILLE, CHAPITRE VIT. 325 je me suis assuré par l'observation, qu'il n'y a. qu'un seul de ces réseaux sur chaque diaphragme, lequel se voit comme dessiné sur lui , et non pas en saillie sur l'une ou sur l'autre de ses faces. Cette ob- servation m'a fait concevoir l'idée que chaque dia- phragme se composait de deux membranes très- minces, adossées l'une à l'autre, et entre lesquelles se trouverait le réseau nerveux. J'avais déjà émis, dans un autre mémoire, l'idée que chaque prisme de l'or- gane était formé d'un grand nombre de cellules membraneuses superposées l'une à l'autre, compri- mées entre elles, presque soudées et renfermant entre les faces qui se touchent les vaisseaux sanguins et les fibres élémentaires nerveuses. Il est impossible de démontrer directement la réalité de cette supposition, mais ce qu'il est possible de prouver par l'observa- tion, c'est comme, je l'ai déjà dit, que le réseau nerveux n'est pas contenu entre un diaphragme et l'autre, mais que réellement il fait partie du dia- phragme même. Après avoir décrit la distribution clés fibres élé- mentaires dans le diaphragme , ou comme ces fibres leur sont données par les nerfs, qui montent entre les prismes , il aurait été important , en suivant les idées des anatomistes modernes sur la terminai- son de ces fibres, il aurait été important, dis-je, d'étudier comment les fibres élémentaires centri- fuges deviennent centripètes ou vice versa. Les dif- ficultés qui se sont présentées dans l'étude de ce sujet ne me permettent de publier que des résultats 326 ÉTUDE DE LORGANE ÉLECTRIQUE qui ne sont pas, pour moi, suffisamment prouvés par l'observation; et, comme dans ce mémoire, je n'ai d'autre but que d'exposer tout simplement des faits bien constatés, je ne m'arrêterai que très-légèrement sur ce point sur lequel je ne puis guère présenter que des suppositions. Je me borne donc à faire observer \ °. que la structure des réseaux des fibres élémentaires que j'ai trouvées dans le diaphragme de l'organe élec- trique, ne peut être conçue relativement à sa conti- guïté avec les fibres élémentaires des troncs nerveux, que dans une des manières suivantes : ou la struc- ture de ce réseau est due à deux fibres seulement, l'une centripète et l'autre centrifuge; où bien elle est due à plusieurs fibres; 2°. on pourrait concevoir la première de ces hypothèses en admettant que la fibre qui> de centrifuge devient centripète pour chaque diaphragme, en parcourt le périmètre, et dis- tribue dans l'intérieur de ce périmètre, ou sur la sur- face du diaphragme, des ramifications qui composent le réseau; 3°. dans la seconde hypothèse, il faudrait admettre qu'il y a plusieurs fibres élémentaires qui se jettent sur un même diaphragme, et s'anastomo- sent entre elles, formant de cette manière l'espèce de réseau dont il est ici question. Mais je le répète, par l'observation, je n'ai jamais pu bien connaître comment les fibres élémentaires , ou les différentes ramifications nerveuses qui passent à côté des diaphragmes, se comportent avec le réseau de ces cloisons. Il faudrait pour cela pouvoir observer un seul diaphragme qui fût encore attaché à la por- DE LA TOUPILLE, CHAPITRE VIII. 327 lion correspondante de l'enveloppe âponévrôtique de son prisme, afin qu'il fût toujours en relation avec les nerfs, qui se ramifient entre les prismes et qui se distribuent sur les diaphragmes voisins; mais je n'ai pu y réussir. J'ai vu souvent et très-aisément des filaments nerveux pénétrer dans le prisme par trois ou quatre points de son périmètre, ce qui s'accorde- rait avec la seconde hypothèse. Mais dans le doute que ces filaments appartiennent, non pas à un seul diaphragme, mais à plusieurs, je n'ose encore me décider. Je conclurai donc que, bien que la première supposition sur les rapports entre les mailles des fibres élémentaires nerveuses des diaphragmes et des fibres élémentaires des nerfs qui pénètrent entre les prismes, soit plus en harmonie avec les idées que nous avons maintenant sur la terminaison périphérique des nerfs, toutefois, il ne me paraît pas impossible que, dans un organe destiné à des fonctions spé- ciales, les nerfs se terminent d'une manière autre que dans tous les autres cas. CHAPITRE VI II DES VAISSEAUX SANGUINS DES ORGANES ÉLECTRIQUES DE LA TORPILLE. Lorsqu'on observe l'organe électrique sur une tor- pille vivante ou récemment tuée , on a de la peine à distinguer les vaisseaux sanguins, tant, ils sont té- nus, mais si on injecte l'animal avec de la gélatine ou avec du suif coloré au moyen du cinabre , on dé- couvre très-aisément, à l'aide d'une loupe, un grand 328 ÉTUDE DE LORGANE ÉLECTRIQUE nombre de ramifications artérielles qui se distribuent sur chaque diaphragme , toujours en se bifurquant et en conservant sur toute l'étendue de ces cloisons à peu près le même diamètre. J'ai pu compter sur un diaphragme de sept à huit de c?s ramifications vasculairas ; mais ce diaphragme ayant très-peu d'épaisseur et étant presque en con- tact avec d'autres dans la tranche la plus mince de l'organe qu'on puisse couper, on voit toujours en même temps un très-grand nombre de vaisseaux capillaires qui se croisent dans toutes les directions : et, par ces mêmes raisons, il faut conclure que la quantité de ces vaisseaux capillaires qui appartient à l'ensemble de l'organe est immense. La méthode que j'ai employée pour isoler les dia- phragmes, afin de découvrir les fibres nerveuses, est celle à laquelle j'ai eu recours pour observer la disposition des vaisseaux injectés des diaphragmes. Les ramifications artérielles qui donnent à l'organe ses vaisseaux capillaires, parviennent aux prismes électriques en suivant la même route que le nerf et en augmentant de diamètre à mesure que de nou- veaux vaisseaux y aboutissent ; elles parviennent enfin jusqu'aux cavités branchiales, où leur dis- position est très-remarquable. DE LA TOUPILLE, CHAPITRE IX. 329 CHAPITRE IX. DES ORGANES MUCIFÈRES. Quoique ces organes, découverts par Lorenzini et décrits par d'autres savants, n'aient aucune relation connue avec la fonction électrique de la torpille (car on les trouve dans toutes les raies et les squales), jrai pensé qu'il serait de quelque intérêt de les étudier de nouveau, et d'en chercher l'usage. Ces organes sont réunis en quatre masses disposées symétri- quement en deux pour chaque côté de la moitié an- térieure de l'animal; deux de ces masses se trouvent dans le museau, au-devant des narines, et se dis- tinguent en masse supérieure (PI. III, fig. 11, a c) et en masse inférieure; les deux autres sont placées sur le tiers antérieur de l'arcade cartilagineuse de la nageoire en contact de l'organe électrique (Pi. I, fig. 1 , /'. PI. III, fig. 10, 6). Ces organes consistent en groupes de vésicules globuleux (PI. l\\, fig. 15, /y) qui se continuent en forme de tubes, parfaitement cylindriques (T. T) , si ce n'est au point de départ où ces tubes paraissent étranglés. Ces mêmes tubes réunis en faisceaux parcourent un espace plus ou moins long au-dessous de la peau, et débouchent à la peau même, en plusieurs séries, les uns du côté dor- sal, les autres du côté ventral. Toutes les ouvertures de ces tubes forment deux séries (Pi. \,fig. 1, et PI. II, 10 et 10), qui marchent parallèlement entre la li- mite extérieure de l'organe électrique et le bord du 330 ÉTDDE DE LORGANE ÉLECTRIQUE corps de l'animal, et se trouvent l'une sur le dos, l'autre sur le ventre. Nous avons déjà vu quel est le rapport des positions de ces organes et de leurs canaux avec la série in- terne des follicules ganglionnaires, et nous avons déjà vu quels sont les nerfs qui se distribuent dans les organes mucifères; nous n'avons plus qu'à en décrire la structure. Ces organes sont formés de glo- bules ou sphères composées chacune d'une mem- brane qui se continue dans le long tube excréteur, et qui reçoit du côté opposé un filament nerveux consi- dérable (PI. III, fig. 15, ry et 16, r). La membrane qui forme la sphère et qui se continue dans le tube , se continue également sans interruption sur le nerf : l'observation microscopique m'a seulement prouvé que la membrane appartenant au nerf est plus mince que celle de l'ampoule et du tube. Cette membrane est par- faitement diaphane, et je n'ai pu y découvrir que quel- ques vaisseaux sanguins très-cléliés se ramifiant à sa surface. Tous les tubes et leurs globules sont entière- ment remplis d'une matière glaireuse qui a toute l'ap- parence de l'albumine et qui est assez dense, sans avoir aucune viscosité. Chaque globule contient dans son intérieur du côté opposé aux tubes, trois capsules ou vésicules bilobées (PI. III, ftg. 16, c) du côté du nerf autour duquel on voit converger ces vésicules. A l'aide du compresseur, on peut bien s'assurer de cette structure \ car à mesure que la compression augmente on voit d'abord ces vésicules tendues , puis crever et enfin se vider. Ces vésicules inté- DE LA TORPILLE, CHAPITRE IX. 331 rieures n'adhèrent pas à la membrane interne de la sphère, mais elles n'y sont que simplement appuyées, et en effet on les voit changer de place avec la com- pression. Ces vésicules sont liées à la membrane du globule par de petits vaisseaux sanguins et par des ramifications nerveuses (PI. III, fig. 16, d), qui vien- nent du nerf de l'ampoule. C'est avec la compression qu'on parvient à découvrir la disposition que nous avons décrite; lorsqu'on fait crever ces vésicules par ce moyen, on voit les fibres élémentaires nerveuses qui se ramifient et se répandent sur la face interne de chacune des vésicules. J'ajouterai que lorsque la compression est trop forte, on voit d'abord les fibres élémentaires se tendre et retenir en quelque sorte les vésicules (PI. III, fig. 16, d); à la fin, ces fibres se déchirent et on voit sortir par le tube les frag- ments des capsules intérieures. L'humeur qui est contenue dans ces organes s'écoule continuellement sur la peau par l'orifice des tubes , et cela n'arrive pas seulement pendant la vie, mais encore quelque temps après la mort , si le cadavre est conservé dans un lieu humide. Quelle est la composition de celte humeur? quel en est l'usage? Ce sont des questions que je ne puis pas résoudre. 332 ÉTUDE DE LORGANE ÉLECTRIQUE CHAPITRE X. APPAREIL FOLLICULAIRE NERVEUX. Nous ignorons si personne a jusqu'ici fait mention de ce singulier appareil. Nous en avons parlé pour la première fois , en 1 840, au congrès de Florence ; de- puis , nous avons continué à nous occuper du même sujet. Nous avons cherché ce même appareil dans d'autres poissons, comme dans la torpille, mais nous n'avons rien trouvé; enfin nous ne savons pas jus- qu'ici quelle en est la véritable nature, ni quel en est l'usage. Cet appareil se trouve sur le bord autour de la partie antérieure de la bouche et des narines, et s'étend sur la périphérie de la partie antérieure des organes électriques et même sur la moitié antérieure de leur côté externe où il repose sur le cartilage de la nageoire , et sur les membranes aponévrotiques qui en couvrent la surface. Quelques parties de ce même appareil se trouvent du côté du dos, mais la plus grande partie est du côté du ventre. 11 est formé par de grandes séries linéaires de follicules ou de cel- lules membraneuses fermées, à doubles parois (PI. III, fig. 10, 4, 4 et 5, 5; fig. 12 et 13), remplies d'une humeur gélatineuse, et renfermant chacune une petite masse de substance granuleuse amorphe qui a beaucoup de l'aspect de la matière grise amorphe des hémisphères cérébraux. Un rameau nerveux donne des fibres à cette masse granuleuse, tandis DE LA TOUPILLE, CHAPITRE \. 333 que d'autres de ces fibres réunies en faisceaux sortent du follicule, pénètrent la masse grise du follicule contigu et se réunissent avec son nerf. Les nerfs qui se distribuent dans cet appareil vien- nent exclusivement de la cinquième paire et plus particulièrement des branches qui naissent de la portion antérieure de la racine. Chaque follicule (PI. III, fîg. 12, 13) est d'une forme sphéroïdale légèrement comprimée du côté qui adhère au folli- cule voisin, et son diamètre est d'environ une ligne; j'ai trouvé que ces dimensions sont les mêmes dans des torpilles âgées et longues à peu près d'un pied, comme dans une petite torpille qui n'avait que dix pouces de longueur. Ces follicules ne sont jamais libres ou flottants dans l'humeur gélatineuse qui est si abondante dans ces poissons; au contraire ils sont toujours fixés solidement et on dirait que la nature a eu un soin particulier pour les placer sur des expansions aponévrotiques bien fixées , comme celle du museau ou bien sur des rubans tendineux ( /? /• Fibres élémentaires nerveuses, lesquelles se bifurquent , et forment les mailles nerveuses dont chaque diaphragme est rempli. a, a. Diaphragme inférieur, dans lequel paraît le même réseau nerveux, disposé de la même manière. v. Vaisseau sanguin du diaphragme. PLANCHE II. Torpille Narce, Risso , mâle, vue de la partie inférieure , ou du ventre , la cavité abdominale étant ouverte ; une grande partie du tube digestif a été mise à découvert pour faire voir la distribution du pneumogastrique sur l'œsophage et sur l'estomac. La partie inférieure de la colonne vertébrale et de la moelle cérébrale étant enlevée, on distingue la moelle épinière , avec les racines de ses nerfs, et la face inférieure du cerveau tout entier. G, P, t. Glande pituitaire et ses diverses parties. 6. Nerfs de la sixième paire.' 3. Nerfs de la troisième paire. I, Rameau de la cinquième paire qui se distribue sur l'évent. A B F X. Rameaux de la cinquième paire. y. Rameau de la cinquième paire qui se distribue sur les organes folliculo- nerveux, placés à la partie inférieure du museau. 0, D. Organe électrique revêtu de la peau. 0, S. Organe électrique du côté opposé, coupé horizontalement pour mon- trer comment se distribuent dans son intérieur les nerfs de la cinquième et de la huitième paire. II. Canaux mucifères qui s'ouvrent dans la peau du ventre. 10, 10, 10, 10. Ouvertures des canaux mucifères. 12. Canaux mucifères qui vont s'ouvrir sur le dos. E. Évent. N. Narines. 13, 13; 14, 14; 15, 15. Ouvertures par lesquelles passent les diverses séries des organes folliculo-nerveux. A. Anus. 0, P. Ouvertures péritoniales. E, S. OEsophage. S t. Estomac. PLANCHE III. FIGUUE 1. Encéphale et nerfs encéphaliques. 1. Cerveau , ou première masse cérébrale. 11. Seconde masse cérébrale , ou lobes optiques. EXPLICATION DES PLANCHES. 345 III. Cervelet. La partie gauche est entière; à droite on a enlevé la portion supérieure , pour en montrer la cavité qui communique avec le quatrième ventricule. IV. Moelle allongée , et lobes électriques. 1. Nerfs de la première paire , ou olfactifs. 2. Nerfs de la seconde paire , ou optiques. 3. Nerfs de la troisième paire , ou oculo-moteurs communs. 4. Nerfs de la quatrième paire , ou nerfs pathétiques. 5. Nerfs de la cinquième paire, ou nerfs trijumeaux. G. Nerfs de la sixième paire, ou oculo-moteurs externes. 7. Nerfs de la septième paire (ancienne nomenclature), ou nerfs acoustiques ; huitième paire de la nomenclature moderne. 8. Nerfs de la huitième paire (ancienne nomenclature), ou nerfs pneumo- gastriques, dixième paire de la nomenclature moderne. G, P n. Glande pinéale. g. Commissure transversale des pyramides postérieures. A, B, C, D, E, F, G, 1, E, N, X, Z, *, cl, h, k, m, r, diverses ramifica- tions de la cinquième paire. P, Q, R, S, T, U. Ramifications du nerf pneumogastrique. L. Rameau du nerf trijumeau , ou cinquième paire, qui va s'épanouir dans l'organe électrique. U, T, S. Les trois grandes ramifications du pneumogastrique qui vont se distribuer dans l'organe électrique. R. Rameau délié, dont une partie paraît se rendre dans l'organe électrique. Q. Nerf latéral et récurrent , muni d'un ganglion à sa base. P. Rameau qui se rend à l'œsophage et à l'estomac. FIGURE 2. Encéphale vu latéralement. !i ~ei7eau" . JLcs mêmes chiffres indiquent II. Lobes optiques, f les mémeg partics dans les III. Cervelet. fi 3 4 et 5 • suivent- IV. Lobes électriques et moelle allongée. J J v ' n 1 . Nerf olfactif. 2. — optique. 3. — oculo-moteur commun. 4. — pathétique. 5. — trijumeau. 8. — pneumogastrique. e. lobe latéral du cervelet, ou feuillets restiformes. FIGURE 3. Le même encéphale, aussi ouvert longiludinalement et verticalement, auquel on a enlevé les lobes électriques , pour montrer le sinus rhomboïdal , et la face interne de la pyramide postérieure , gauche , avec les ouvertures par lesquelles passent les racines des nerfs qui se rendent à l'organe élec- trique , en parlant du lobe électrique. /. Ouvertures par lesquelles passent les racines des rameaux de la huitième paire , qui se rendent à l'organe électrique. 3 46 EXPLICATION DES PLANCHES. g. Ouverture par laquelle passenl les racines du rameau de la cinquième paire , qui se rend au même organe. FIGLïtE 4. Section longitudinale et verticale de l'encéphale pour montrer les divers ventricules, et la face intérieure du lobe électrique gauche. a. Ouverture supérieure du troisième ventricule. b. Cavité du lobe du milieu du cervelet, communiquant avec le quatrième ventricule. d. Canal qui s'étend vers la glande pituitaire. FIGLUE S. Encéphale vu par la face inférieure, ouvert et écarté dans sa partie posté- rieure , pour montrer comment les lobes latéraux (e) se forment par un repli (h) de la lame qui forme le lobe du milieu. a. Ouverture par laquelle le quatrième ventricule s'étend dans le lobe médian. figure 6, Section verticale et transversale de l'encéphale. M A. Moelle allongée de la pyramide postérieure. L E. Lobes électriques , pour montrer comment le nerf de la huitième paire (8) lire ses libres du lobe électrique (/) , où on les voit comme irradiées. FIGLUE 7. Lobe électrique droit détaché du sinus rhomboïdal , pour montrer les ra- cines des rameaux électriques de la huitième paire (8), et les racines du rameau électrique de la cinquième paire (5), qui pénètrent dans sa sub- stance et latéralement par la face inférieure de ce lobe , qui est celle qui se présente de face. 0, 0. Face latérale interne du lobe électrique. m, m. Fibres élémentaires nerveuses déchirées , lesquelles passent de la moelle allongée dans le lobe électrique. FIGURE 8. Petit fragment du lobe électrique , observé au microscope d'Amici , gros- sissant six cents fois en diamètre. Au milieu de la substance amorphe, d'un gris jaune on découvre un nombre infini de globules («j munis d'un noyau («j» avec point central, et de nombreuses fibres élémentaires ner* veuses (/), à double contour , lesquelles se replient. EXPLICATION DES PLANCHES. 347 FIGURE 0. Portion de ganglion d'une ramification branchiale du nerf tic la huitième paire. /. Fibres élémentaires nerveuses. y. Corpuscules ganglionnaires. FIGURE 10. Préparation de la tête et extrémité antérieure des nageoires, vues par la partie ventrale , pour montrer les appareils folliculo-nervëux et mucijères. Les organes électriques ont été enlevés. Sur la lace antérieure du museau , on a mis à découvert les diverses séries des follicules nerveux du museau. Et à la partie droite, après avoir enlevé aussi celte portion de tunique fibreuse sur laquelle s'appuient les appareils, on voit : Y. Nerf qui envoie les ramifications auxdits follicules. 5, 5, 5. Série postérieure des follicules , posée sur l'arc cartilagineux de la nageoire. 4, 4. Série antérieure des mêmes follicules, posée sur l'extrémité de la nageoire. G. Groupe des follicules mucipares de la nageoire. On voit les tubes mu- cipares qui , partant de ces follicules, s'ouvrent l'un après l'autre à la superficie de la peau. Près du museau, du côté gauche, cette même ligure montre des ouvertures et des tubes mucipares provenant des groupes de follicules placés sur le museau. F. Rameau qui se distribue aux muscles de la bouche. X, a, a, Y. Rameaux qui se distribuent et aux muscles de la bouche , et à l'appareil folliculaire nerveux du museau. Z. Rameau qui se rend aux feuillets muqueux , supérieurs et inférieurs, du museau. d. Rameau qui se rend à la série antérieure de Y appareil folliculaire ner- veux. K. Rameau qui se distribue à la série postérieure du même appareil. r. Rameau qui se rend au groupe des follicules mucipares de la nageoire. 13; 14, 14; 15, 15. Ouvertures par lesquelles passent les séries des feuillets nerveux du museau , qui se rendent sur la face dorsale du museau. N. Cavité nasale droite , ouverte. FIGURE 11. f. e d. Partie supérieure du museau, pour montrer les six séries des appa reils folliculaires nerveux qui proviennent de la partie inférieure du mu- seau même, en passant par les six ouvertures marginales indiquées dans la précédente figure par les n05 13 , 14 et 15. a. b. Follicules mucifères qui envoient leurs tubes (11} vers la partie pos- térieure. 0. OEil. FIGURE 12. Portion de la série postérieure des appareils folliculaires nerveux , com- posée de trois follicules , vue de cùlé cl beaucoup grossie. c, c, Tissu tendineux , appui des follicules. g. Tunique externe du follicule. 348 EXPLICATION DES PLANCHES. /. Tunique interne. a, a. Rameau de la cinquième paire qui envoie les filaments aux folli- cules. b, b, b. Ramifications nerveuses qui pénétrent dans le follicule, et traversent le tissu tendineux. e. Masse granuleuse amorphe, à travers laquelle pénètre le rameau nerveux du follicule. h, i. Filaments fibreux qui s'épanouissent et se courbent dans la mucosité dont les follicules sont entourés. FIGURE 13. Autre portion de la même série vue horizontalement. D. Follicule dans lequel pénètrent deux nerfs , et dans lequel sont deux masses granuleuses. a, a. Rameau delà cinquième paire, qui envoie les filaments b, b, b, aux divers follicules. c, c. Tissu tendineux vu horizontalement. n, n, n. OEillets , ou petites fissures longitudinales , que les filaments ner- veux traversent pour pénétrer dans les follicules. m, m. Tunique cellulaire qui paraît envelopper la série des follicules. FIGUKE 14. Follicule des appareils ci-dessus indiqués , beaucoup plus grand que nature , et légèrement comprimé. c, c. Tissu tendineux, e. Masse granuleuse amorphe. b, Filament nerveux qui traverse le tissu , et pénètre dans la niasse granu- leuse , y jette quelques fibres élémentaires , le traverse , courbé en d ; une petite portion se prolonge jusqu'à e , et sortie de nouveau du follicule, en /, va s'anastomoser avec le nerf du follicule suivant. K. Filament anastomotique envoyé par le nerf qui a traversé le follicule pré- cédent. FIGUHE 15. Groupe de quelques follicules mucifères de l'arcade de la nageoire, beau- coup grossis. n. Rameau nerveux qui envoie aux follicules un nombre de lilaments.égal à celui de ces organes. f, f. Follicules mucifères , d'où partent les tubes mucifères [t, t, t.). c, c, c. Les capsules internes des follicules. FXGUttE 16. Follicule mucifère, beaucoup plus grand que nature, et un peu aplati par le compresseur. t. Tube mucifère. c, c, c. Capsules internes, poussées vers le 'tube, par^l' effet de la com- pression. d. Fibres élémentaires nerveuses , provenant du filament nerveux >•, et allant se répandre sur les capsules. -'/V'/vrv //>■/ su/ nu/ h, Ai D. na K. co n. M Pr t. ' C, - \ d. { r/V/