^?r: r TRAITÉ DE _ THÉRAPEUTiaUE VÉTÉRINAIRE PHARMACODYNAMIE - PHARMACOTHÉRAPIE t^-ï^|vÙ5^ COKBEll. m P R 1 M E U I E CRETE TRAITE D E HERAPEUTIQUE YETERINAIRE PHARMACODYMMIE - PHARMACOTHÉRAPIE M. KAUFMANN Professeur de Physiologie et de Thérapeutique générale à l'École vétérinaire d'Alfort. Membre de l'Académie de Médecine. QUATRIEME EDITION PARIS ASSELIN ET HOUZEAU Libraires de la Société centrale de Médecine vétérinaire PLACE DE l'école-de-médecine 1910 Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from NCSU Libraries http://www.archive.org/details/traitdethrapOOkauf PRÉFACE DE LA QUATRIÈME ÉDITION Le plan général de la précédente édition, reconnu avanta- geux à la fois pour les besoins de l'enseignement et de la pratique, a été conservé dans celle-ci. Louvrage est divisé en deux parties : la première comprend les généralités relatives à l'administration, à l'absorption, à l'élimination, à l'action et aux effets des médicaments; la tieuxième est consacrée à l'étude de la pharmacodynamie, qui est la base indispensable de la pharmacothérapie. Pour l'étude pharmacodynamique. les médicaments ont été divisés en trois grands groupes. Le premier groupe est formé par les agents médicamenteux qui agissent sur la cause mor- bide ; il comprend les antiparasitaires ^ les antiseptiques ou désinfectants et les immimisants. Le deuxième groupe renferme les médicaments dont on utilise principalement l'action locale en thérapeutique ; ce sont les topiques, subdivisés en émollients, astringents, caustiques et irritants cutanés. Le troisième groupe comprend les médicaments qui agissent -surtout après leur absorption et qui modifient les grandes fonctions ; il se subdivise en autant de sous-groupes qu'il existe de fonctions susceptibles d'être modifiées. Nous avons reconnu comme étant les plus importants les modificateurs de la digestion, de la îiutrition,dela sensibilité, des mouvements et des réflexes, de la calorification . des sécrétions, du cœur et des vaisseaux, de la fonction génitale. Dans chacun de ces sous- groupes, on a reconnu des classes qui sont énumérées dans le tableau de la classification de la page 70. VI PHÉFACE. En raison du grand nombre de travaux parus dans ces dernières années sur les matières se rapportant à la thérapeu- tique, le volume de l'ouvrage adù être notablement augmenté. Toutes ses parties ont été largement améliorées et mises au courant des derniers progrès scientifiques et pratiques. On v a introduit la description de nombreux médicaments nouveaux reconnus utiles ou méritant d'être étudiés spécialement en clinique, ainsi que de procédés spéciaux d'administration récemment préconisés, hs. posologie, étant d'une si grande importance et se compliquant par le fait de la diversité des espèi'es animales que le vétérinaire est appelé à traiter, a été l'objet d'une revision particulièrement soignée. Pour venir en aide à la mémoire du praticien, on a cru utile d'intercaler dans les chapitres les formules des préparations les plus usitées. Mais il est bien entendu que le clinicien ne doit pas simplement se contenter de copier ces formules, mais que très souvent il a intérêt à les modifier afin de les adopler aux cas spéciaux, en tenant compte de l'espèce animale, de l'âge, delà maladie, etc. Pour faciliter les recherches et les rendre rapides, on a placé en tète du volume une table mélliodique des matières et à la fin une table alphabétique très complète. On a fait tout le possible pour introduire dans cet ouvrage, sous une forme concise, tout ce qu'il y a d'essentiel à con- naître dans le domaine de la pharmacodynamie appliquée à la médecine vétérinaire. J'ose donc espérer que celte édition rendra des services aux élèves et aux praticiens et sera accueillie favorablement par tous ceux qui s'intéressent aux choses de la thérapeutique, «le la toxicologie et de la biologie générale. M. Kaufmann. 15 Octobre 190ft. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES PREMIÈRE PARTIE Notions générales. DÉFINITIONS. — Matière niiVlicalo. — Plianuacodynamie. — In- dications. — Traitement. —Remède. —Médicament. — Aliment. Poison. — Médication ^ à.4 Absorption et administration des médicaments 4 I. — Absorption et administration par la voie digestive b A. Absorption par la voie digestive i» B. Administration par la voie digestive 7 1° Administration par la bouche 7 A. Gargarisme 7 B. Nouet ou mastigadour 8 G. Aliments médicamenteux '•) D. Éloctuaires ^ E. Bols 9 F. Pilules, granules, capsules 10 G. Boisson médicamenteuse. Tisane 10 H. Breuvages 11 l» Procédé de la bouteille 12 ÎL° Procédé des bridons à breuvage 12 3" Procédé de la seringue 13 4» Procédé de la sonde 14 2° Administration par l'anus 15 Lavements 16 H. - Absorption et administration des médicaments pur la voie respiratoire 1^ A. Absorption par la voie respiratoire 16 B. Administration des médicaments par la voie respiratoire.. 17 lo Fumigations 18 a. Procédé ordinaire -0 6. Procédé de Colin . -1 f. Procédés des fumigations iimlliples 21 2° Inhalations -2 3° Pulvérisations 22 4 ° Injections intratrachéales 22 III. — Absorption et administration des médicaments par la voie génito-urinaire, la conjonctive et le conduit auditif 23 IV. — Absorption et administration des médicaments par le ti.sxu conjonctif sous-cutané et les parenchymes 25 VIII TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. A. Absorption par le tissu conjonctif 2;> B. Aclniinistration par le tissu conjonclil' 2(1 Injections hypodermiques ot intramusculaires 2ti V. — Absorption el administration des médicaments par la peau. 30 A . Absorption par la peau intacte 30 B. Absorption par la peau dépourvue de son épidémie 32 VI. — Absorption et administration des médicaments par les séreuses ■^■^, VII. — Administration directe des médicaments par les l'eines 34 Injections intraveineuses 34 VIII. — Influence du Joie et du poumon sur l'absoi-ption médica- menteuse ' 37 Actions médicamenteuses 41 Action des médicaments topiqiies 41 Action des médicaments absorbés. Électivite médicamenteuse ou toxique 42 Effets physiologiques des médicaments 43 Relations entre les efTets physiologiques, la composition et la structure chimique des médicaments 45 Modifications subies par les médicaments dans l'organisme 47 Causes faisant varier les effets des médicaments 4!» 1" Causes de variabilité inhérentes au médicament 49 1« Quahté du médicament 4!) 2o Préparation, forme, mode dadmiiiistration 30 3° Doses ril 4° Association des médicauîents 51 Incompatibilités 53 2» Causes de variabilité inhérentes à l'animal 57 a. Espèce animale 57 ft. Age 58 c. Taille ou poids o9 d. Race. Tempérament. Sexe 50 e. Idiosyncrasie 59 f. État de l'appareil digestif 60 g. Etat des voies d'élimination Cl h. Etat normal ou pathologique Cl Accoutumance aux médicaments 62 Hyperesthésie médicamenteuse 64 Accumulation médicamenteuse. Imprégnation 65 Tolérance Intolérance 66 Elimination des médicaments 67 Classification 69 DEUXIÈME PARTIE Pliarinacody nantie et pharmacotliérapie. Premier groupe 71 Médicaments agissant sur la cause morbide 71 Antiparasitaires 71 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. IK A. Ectoparasilicides 71 l'oudic insecticide li Tabac et nicotine 72 Staphisaigre 77 Cévadillo 78 Baume du Pérou 78 Péruol 79 Pérugène 79 Baume styra.\ 79 Benzine, benzol 80 Pétroles 82 Sulfure de potasse 83 Sulfure de carbone 85 Quelques préparations ectoparasiticides 86 1° Contre les puces 86 2° Contre les ixodes 87 '^° Contre les poux 87 4° Contre les gales en général 89 B. Anti parasitaires internes. Anthelminthiques 102 Semen-contra. Santonine 103 Écorce de racine de grenadier 105 Rhizome de fougère mâle • 106 Fleurs de kousso ou cousso 109 Kamala 110 Noix d"Ârec 111 Autres anthelminthiques U2 Préparations vermifuges 113 A. Contre la strongilose ou bronchite vermineuse 113 B. Contre les ascarides du cheval 115 C. Contre les ascarides des jeunes chiens 117 D. Contre les ascarides du porc 117 E. Contre l'helminthiase intestinale des agneaux 118 F. Contre le ténia du chien 118 G. Contre le ténia du cheval 120 H. Contre les ténias des oiseaux de basse-cour 121 Antiseptiques 122 Antiseptiques minéraux 134 a. Antiseptiques métalloîdiques 134 Eau oxygénée 134 Peroxyde de zinc 138 Peroxvde de magnésium 138 Chlore 139 Eau chlorée 141 Chlorure de chaux 142 Iode 143 Iodo.sol 146 lodipine 146 Préparations iodées 147 Brome 148 Charbon de bois 149 b. Antiseptiques acides 150 Acide sulfureux. Sulfites 150 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. Acide borique et borate loi Borax, borate de soude 153 c. Bases antiseptiques 154 Chaux 154 d. Sels métalliques antiseptiques lo7 Permanganate de potasse 157 Chlorate de potasse 159 Mercuriaux 160 Bichlorure de mercure 161 Biiodurede mercure 166 Cyanure etoxycyanure de mercure, silico-lluorure de mercun'. 168 Hermophényl 168 Argent et ses composés 169 Nitrate dargent 169 Collargol ou argent colloïdal 173 Sels d'argent à acides organiques 174 Antiseptiques organiques 174 Formol 174 Tannoformi' 177 Ichtyoforme 180 lodolbrme 181 Succédanés de l'iodolorme 184 lodoformosol 184 lodol 184 Sozoïodol 185 Diiodoforme 186 Ldsophane 186 Kurophéne 186 Arislol 186 Dcrmatol 187 Diapiitol 188 Phénol. Acide phénique 188 Aseptol 194 Phénylornif 195 Parachlorophénol 195 Acide picrique 195 Pyoctanines 197 Résorcine 197 Hydroi{uinone et pyrocatéchine 198 Créosote 199 Caïacol :201 Ichtyol 201 Thioi 203 Goudrons 203 1° Goudron végétal 203 2° Goudron de houille 206 3° Huile décade 207 Naphtalan 208 Crésyl ou créoline 209 Crésols 214 Lysol 214 Bacillol 216 TABLE MÉTHODIQU DES MATIÈRES. XI Sol vôol et solutol 216 Naphtalino 217 Napiitol 218 Thymol 220 Salol 222 Chrysarobine 223 Anthrarobino 224 Aniodol 225 Asepsie et antisepsie 223 1" Asepsie chirurgicale 227 1" Stérilisation des instruments 229 2° Stérilisation des matières de pansement 230 3° Désinfection des mains du chirurgien et doses aides. . . 232 4" Désinfection du champ opératoire 233 2° Antisepsie des plaies et des surfaces enflammées et infectées. 233 30 .Antisepsie médicale 238 Immunisation 243 1" Inoculations virulentes ou vaccinations 243 2" Immunisation par les sécrétions microbiennes 245 3" Immunisation par les sérums. Sérothérapie 24o Défense de l'organisme 247 i" Phagocytose 247 2° Pouvoir microbicide du sérum 248 3° Pouvoir antitoxique du sérum 249 Deuxième groupe 251 Médicaments topiques 231 Émollienls. Adoucissants. Protectifs 251 1° liraollients féculents 234 Amidon. Fécule 254 Dextrine 253 Orge. Avoine. Riz 256 2° Émollients sucrés 256 Sucre cristallisable 256 Glucose 257 Miel 257 Mélasse 258 Lait, pelit-lait, lactose 258 Réglisse 260 3° Emollients gommeux 260 4° Émollients mucilagineux 261 Graine de lin 261 Guimauve 263 Lichen d'Islande 263 Mauve 264 Bourrache 264 Bouillon blanc 264 Grande consoude 264 Figuier de Barbarie , 264 '6° Émollients albumineux 263 Albumine ou blanc d'œuf 263 XII TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES. Jaune (l'œuf 2G6 Gélatine 26(i 6° Corps gras et leurs dérivés 267 Huiles grasses 201» Beurres 270 Graisses diverses 270 Savons 271 Glycérine 27S Vaseline 27;; Vasogène 270 Lanoline 277 7" Corps pulvérul(>nts 278 Carbonate de chaux 278 Bismuth (Sels de) 278 Poud re de lycopode 280 Poudre de talc 281 8° Autres corps protecteurs 281 GoUodion 281 Gutta-percha 28S Caoutchouc 284 Poire noire 284 Plâtre 28;; Silicate de potasse 28() Quelques préparations adoucissantes 287 Astringents 290 A. Astringents minéraux 292 Sels de plondj 292 Acétate neutre de plomb 292 Acétate bibasique de plomb 292 Sels de fer 29:i Perchlorure de fer 295 Carbonate de fer 298 Protosulfate de fer 299 Sels de cuivre 301 Sulfate de cuivre 301 Acétates de cuivre 305 Composés de zinc et d'aluminium 307 Zinc métallique 307 Oxyde de zinc 308 Chlorure de zinc 308 Sulfate de zinc ■ 311 Alun 313 B. Astringents végétaux 316 Tanin olïicinal 316 Composés d'acide tannique 322 Acide gallique 322 Produits végétaux tannants 323 Cachou 323 Kino 324 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. XIll Noix de galle 324 Écorce astringente 324 Racine de rataniiia 325 Racines indigènes astringentes 325 Feuilles de noyer et brou de noix 325 Feuilles de busserole 326 Autres feuilles indigènes 326 Fleurs astringentes 327 Fruits astringent* 327 Aigrenioine 327 Préparations astringentes 328 Caustiques 332 Caustiques acides 335 Acide sult'urique 335 Acide azotique 338 Acide chlorhydrique 339 Acide chromique 341 Acide triciiloracétique 342 Caustiques alcalins 342 Potasse caustique 352 Sels caustiques 344 Protochloi'ure d'antimoine 344 Chromâtes de potasse 345 Nitrates de mercure 347 Irritants 348 Substitutifs 348 Résolutifs 34» Révulsifs 352 Rubéfiants 357 Moutarde noire 361 Ammoniaque 367 Essence de térébenthine 372 Essence de lavande . 379 Acide acétique ou vinaigre 379 Vésicants 382 Cantharides, cantharidine 386 Cardol 393 Euphorbe (Gomme-résine d'1 393 Garou 395 Thapsia : 397 Ellébore noir 399 Troisième groupe 402 MODIFICATECRS DES GRANDES FONCTIONS 402 Évacuants gastro-intestinaux , 402 Vomitifs 402 Ipécacuanha annelé 404 Apomorphine 408 Apocodéine 41 1 Émétique 411 XIV TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES. Purgatifs et purgation 419 1° Purgatifs laxatifs i^?, Manne 43;$ Casso oflicinale 434 Huile de ricin 43J> Sels de magnésie 43(1 Citrate de magnésie 436 Sulfate de magnésie 437 Sels neutre de soude 438 Sulfate de soude 438 Autres sels de soude 440 2» Purgatifs cathartiques 440 Protochlorurc fie mercure 440 Séné 443 Rhubarbe 444 Aloès 440 Nerprun purgatif 450 Écorce de bourdaine 450 Écorcc de Cascara sagrada 451 3» Purgatifs drastiques 452 Jalap 452 Bryone 453 Gomme-gutte 455 Scammonée 450 Coloquinte 457 Podopbylline 458 Huile de croton 400 Évacuants intestinaux spéciaux 462 Pilocarpine 463 Ésérine 470 Eséridine 470 Fève de Calabar 477 Arécolinc 478 Chlorure de baryum 481 Muscarinc 483 jModificateurs nK l\ nutrit/on 484 Toniques 484 Toniques analeptiques 486 Ferrugineux 48o Fer métallique 491 Oxyde de fer 492 Sulfure de fer 493 Sels de fer 493 Phosphores 493 Phosphoie . 493 Phosphates de chaux 490 Acide phosphorique 499 Glycérophosphates 499 Lécithine 500 Sels de calcium aOl TABLE MÉTBODIQUE DES MATIÈRES. XV Sels do sodium et de potassium 502 Chlorure de sodium ou sel marin 502 Sérum artificiel 507 Sels de potassium 511 Huile de foie de morue 513 Toniques eupeptiiiues ."ilG Amers 510 Racine de irentiane 516 Ményanthe ou trèfle d'eau 518 Acore vrai 519 Petite centaurée 520 Écorce de saule 520 Houblon 521 Quassia 522 Simarouba 523 Racine de Colombo 523 Condurango 324 Chardon bénit 524 Racine de pissenlit 524 Aromatiques 525 Baies de genièvre 525 Angélique 526 Anis étoile .527 Anis vert 527 Fenouil 528 Cumin 528 Cannelles 528 Poivres 529 Cascarille 530 Camomille romaine 531 Camomille commune 532 Menthe poivrée 522 Toniques né vrosthéniques 533 Quinquina 533 Composés arsenicaux 536 Acide arsénieux 536 Cacodylate de soude 542 Arrhénal 543 Atoxyl 543 Strychnés 544 Noix vomique 544 Strychnine 545 Altérants 556 Mercuriaux 556 Mercure métallique 559 Sulfures de mercure 562 Protochlorure de mercure 563 Bichlorure de mercure 563 Oxyde de mercure 563 Protoiodure de mercure 564 XVI TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. Biiorlure de mercure ."lei Iodés 566 Iode 566 lodosol 566 lodipine 566 lodure de potassium 566 lodure de sodium 571 Ali-alins 571 Carbonate de soude 572 Bicarbonate de soude 57â Carbonate de potasse 574 Acétate de potasse 575 Bitartrale de potasse 575 Tarlro-borate de potasse 576 Arsenicaux 577 Soufrés 577 MoniFicATEuns de la sensibilité 577 Anesfhésie et anesthésiques 577 Anesthésiques généraux 591 Chloroforme 591 Bromoforme 595 Éther sulfurique 595 Anesthésiques locaux ou analgésiques 600 Froid 601 Cocaïne 601 Eucaines 622 Holocaïne 623 Orthoforine 624 Stovaïne 624 Novocaïne 626 Alypine 627 Anesthésine 627 Ciguë odlcinalc 628 Hypnotiques 631 Opium et ses alcaloïdes , 632 Morphine et ses sels 633 Codéine 643 Narcéine 643 Narcyl 644 Dionine 644 Péronine 645 Héroïne 645 Chloral iiydraté 646 Chloralamide 652 Chloralose 653 Hypnal 654 Hypnone 655 Uréthane 656 Sulfonai 657 Trional 658 Véronal 658 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. XVII Paraldéhyde 658 Bromural 660 Modificateurs des mouvements et des réflexes '660 Antispasmodiques 660 Asa fœtida 662 Gomme ammoniaque 663 Valériane 664 Camphre ordinaire 665 Bromure de potassium 669 Bromure de sodium 671 Bromure de camphre 672 Gyaniques 672 Acide cyanhydrique 673 Cyanure de potassium 674 Cyanure de chloral 675 Atropine 675 Belladone 675 Scopolamine 684 Autres alcaloïdes 686 Excitants neuro-musculaires 686 Alcool ou esprit-de-vin 686 Café 690, Caféine ou théine 692 Théobromine 696 Théocine 697 Acide formique et formiates 697 Modificateurs de la calorification 699 Antipyrétiques ou antithermiques 699 Quinine et ses sels 701 Cinchonine 708 Aconit et aconitine 709 Vératrine 715 Antipyrine ou analgésine 720 Antithermine 723 Phénacétine 724 Autres composés de phénétidine 725 Acétanilide ou antifébrine 726 Acide benzoïque 727 Benzoate de soude 728 Pyramidon 728 Acide salicylique et salicylate de soude 729 Autres composés salicylés 735 Modificateurs des sécrétions 735 Diurétiques 736 Sels alcalins 737 Nitrate de potassium 737 Plantes diurétiques 738 Théocine 74O Colchique et colchicine 74I Diaphorétiques et expectorants 744 XVIII TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. Sulfurés "43 Soufre 74o Sulfures d'antimoine 750 Terpine 733 Ammoniacaux 734 Sesquicarbonate d'ammoniaque 734 Chlorhydrate d'ammoniaque 733 Acétate d'ammoniaque 738 Fleurs de sureau 738 Fleurs de tilleul 739 Polygala de Virginie 760 Écorce de panama ou de quillaya 760 Modificateurs du coeur et des vaisseaux 761 Toni-cardiaques 761 Digitale et digitaline 762 Strophantus et strophantine 773 Muguet, convallamarine 773 Genêt, spartéine 773 Coronilline 777 Apocynum cannabinuin 778 Ouabaïo 778 Adonis 779 Scillc maritime 779 Vaso-constricteurs 783 Adrénaline 783 Ergot de seigle 783 Styptol 790 Stypticine 791 Hydrastis canadensis 791 Vaso-dilatateurs . Hypotenseurs 793 Trinitrine 793 Nitrite d'amyle 794 Gui ". 794 Modificateurs de la fonction génitale 794 Utérins 794 Rue 795 Sabine 796 Safran 798 Aphrodisiaques 799 Yumbehoa et yoliinihine 799 Muirapuama 803 FIN DE LA TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. TRAITE DE THÉRAPEUTIQUE VÉTÉRINAIRE PREMIÈRE PARTIE NOTIONS GÉNÉRALES DEFINITIONS La thérapeutique traite des ag-ents modificateurs de l'org-anisme susceptibles d'être utilisés dans le traitement des maladies. Ces ag-ents sont nombreuxetpeuvent être groupés, d'après leur nature, en hygiéniques, chirurgicaux, physiques, mécaniques et pharma- ceutiques. Cet ouvrage est consacré exclusivement à l'étude de ces derniers, c'est-à-dire des médicaments. L'étude des médicaments comprend la matière médicale et la pharmacodgnamie. Matière médicale. — La matière médicale s'occupe spécia- lement de l'histoire naturelle des médicaments, c'est-à-dire de leur provenance, de leurs caractères morphologiques, physiques, chimiques et organoleptiques ; elle permet de reconnaître les drogues et d'apprécier leur pureté, leur qualité, et pour cela est encore appelée pharmacognosie. Pharmacodynamie. — La pharmacodynamie étudie les modi- fications fonctionnelles et organiques que les médicaments pro- duisent sur les êtres vivants, notamment sur l'homme et les ani- maux domestiques. Kalfmann. 1 2 DEFINITIONS, Les connaissances retirées de l'étude pharmacodynamique sont utilisables par le physiologiste pour analyser jusque dans leurs détails les fonctions des cellules, des tissus et des org-anes dont se compose l'organisme vivant; elles sont absolument indispen- sables au clinicien, au thérapeutiste, pour lui permettre de remplir certaines des indications que réclame l'état du malade. L'étude des médicaments au point de vue de leur emploi dans le traitement des maladies constitue \a pharmacothérapie. LxDicATiONs ET TRAITEMENT. — • La première indication que doit chercher à remplir le clinicien consiste à supprimer le plus rapidement possible la cause morbide. Quand ce résultat est atteint dès le début de la maladie, celle-ci est arrêtée dans son évolution et s'amende rapidement. iMais le j»lus souvent la cause ])athûgène, ne [touvant pas êti^e atteinte immédiatement, con- tinue son action sur l'organisme et ne tarde [tas à provoquer des lésions qui s'étendent de plus en j)lus et qui, à leur tour, éveillent dans l'économie malade des l'éactions fonctionnelles de plus en plus nombreuses et compliquées. Ces lésions organiques et ces troubles fonctionnels doivent faire l'objet d'une étude approfondie et minutieuse de la part du clinicien. C'est à l'aide des éléments ainsi recueillis que celui-ci pose les indications à remplir et qu'il institue un traitement. A côté du traitement patliogéniqne^ qui est dirigé contre la cause morbide, doit être institué le plus souvent un traitement des symptômes, traitement ayant pour but de combattre les symptômesd'uneintensité excessive, afin de maintenir les troubles fonctionnels dans une limite compatible avec la vie, d'accroître les forces du malade et d'augmenter ses moyens de défense et de lutte. Tout en combattant autant que possible la cause patho- g-ène, on remédiera donc à la douleur, à la dyspnée, à la fièvre, à l'abattement général, aux convulsions, aux paralysies, à l'auto- intoxication, à la dénutrition, etc., lorsque ces symptômes sont exagérés et menacent l'existence. Remède. — Le remède, c'eslloutce qui sert à guérir, quelle que soit la nature de l'ag-ent employé. Tous les agents thérapeutiques sont des remèdes, qu'ils soient hygiéniques, chirurgicaux, phy- siques, mécaniques ou pharmaceutiques. Les médicaments sont donc des remèdes, mais les remèdes ne sont pas nécessairement des médicaments. L'électricité, la chaleur, les rayons X, les radiations du radium, le massage sont des remèdes quand on DÉFINITIONS. 3 les emploie dans le traitement de maladies, mais ce ne sont pas des médicaments. Médicaments. — Les métlicoments sont, d'après Vulpian, « des substances qui sont administrées pour ramener à l'état normal les fonctions troublées par la maladie ou pour guérir des lésions dont peuvent être atteints les tissus elles organes ». Pour Rabu- teau. le médicament est « toute substance pouvant ramener à l'état normal les fonctions, en ag-issant sur les éléments anato- miquesou sur les bumeurs, ou en éliminant les corps qui sont nuisibles ou étrang-ers à l'org-anisme ». Ces définitions sont excellentes, mais elles peuvent être remplacées par la suivante, qui est plus générale et plus simple : le médicament est toute substance qu'on administre dans le but de guérir. Aliment. — h'ali/nent est toute substance qui est utilisée par Torganisme soit pour réparer l'usure des organes, soit pour four- nir l'énergie nécessaire à la production de la cbaleur et du travail. L'aliment peut devenir un médicament lorsqu'il est spécia- lement ordonné dans le but de guérir : ainsi le jaune d'oeuf, la lécithine, les phosphates, les ferrugineux, etc., tout en étant des principes alimentaires, peuvent, dans certaines circonstances, jouer le rôle de médicaments. Poison. — On donne le nom de poison à toute substance qui, prise en quantité relativement faible, détermine des troubles fonctionnels importants pouvant parfois aboutir à la mort. La plupart des médicaments sont des poisons quand on les donne à doses trop fortes. D'un autre côté, les poisons les plus violents peuvent devenir d'excellents médicaments quandon sait les admi- nistrer à doses suffisamment faibles dans le but de guérir une maladie. La connaissance des doses ou la posologie est donc très importante, surtout pour l'emploi de substances très actives, comme les alcaloïdes, les glycosides, etc. Médication. — Le terme de médication comprend un ensemble de médicaments ou de moyens ayant entre eux certaines relations dans leur origine, leur action ou le but qu'ils remplissent. L'ensemble des médicaments qui ont un principe commun, comme le mercure, le fer. J'iode, etc., forme la médication mer- curielle, ferrugineuse ou iodique, etc. ; ceux qui ont une action analogue comme les divers toniques, les divers calmants, etc., forment la base de la médication tonique ou de la médication calmante, etc. 4 ABSORPTION ET ADMINISTRATION DES MEDICAMENTS. Le terme de médication sert aussi à désigner l'ensemble des moyens pouvant être dirigés contre un élément morbide déterminé. C'est ainsi qu'on dit la médication antiseptique ou désinfectante, la médication antipyrétique, la médication antihydropique, etc. Dans ce dernier cas, le terme médication devient [jour ainsi dire synonyme de traitement. ABSORPTION ET ADMINISTRATION DES MÉDICAMENTS Les médicaments n'ont d'action sur l'oiganisme animal qu'au- tant qu'ils sont mis en contact direct avec lui. En les employant, on peut avoir pour but de produire soit des modifications locales exactement cii'conscri tes aulieu d'application, soitdes modifications g"énérales dans les grandes fonctions. Lorsqu'il s'agit de combattre une maladie locale, externe, con- sistant dans des lésions superficielles, comme une plaie, une tumeur, etc., les médicaments forment des topiques doni le lieu d'application est nettement déterminé par le siège du mal à combatti'e. Dans ces cas, on ne recherche que l'action purement locale capable de modifier les tissus malades ; on évite même autant que possible les modifications fonctionnelles générales qui, dans la circonstance, n'auraient aucune espèce d'utilité au point de vue du but que l'on poursuit. Parfois l'application locale a pour but de provoquer pai- action rétlexe des modifications fonction- nelles en des parties plus ou moins éloig^nées du point d'applica- tion; dansées cas, l'ellet se produit par l'intermédiaire du système nerveux ; c'est ce qui a lieu dans la révulsion, [ruy^/^^-^i^^^ Lorsque la maladie a son siège dans la profondeur de l'orga- nisme, c'est-à-dire dans des parties qui ne sont pas directement accessibles, les médicaments doivent être confiés à la circulation, qui les fait arriver en contact des tissus et organes à impres- sionner. Les médicaments peuvent être administrés et absorbés par la voie digestive, la voie respiratoire, la voie génito-urinaire, la mu- queuse oculaire, la muqueuse auriculaire, le tissu conjonctif sous- cutané, la peau, les séreuses, les solutions de continuité, ou être injectés directement dans les veines. ABSORPTION PAR LA VOIE DIGESTIVE. I. — Absorption et administration des médicaments par la voie digestive. A. — Absorption par la voie digestive. Le tube dig-estif est la voie ordinaire de l'absorption des ma- tières alimentaires et des médicaments. Dans la partie g-astro-intestinale, la muqueuse dig-estive est ad- mirablement disposée pour Tabsorption ; sa surface, recouverte d'un épithélium très mince, est extrêmement étendue par suite de la présence des plis et des villosités. Au contraire, dans la partie antérieure qui s'étend delà bouche au cardia, elle est, en g-énéral, peu propre à l'absorption. Dans la bouche, le pharynx et l'œsophage, l'épithélium est stratitié et épais ; les matières médicamenteuses ne restent ordinairement que peu de temps en contact avec lui. Il n'y a donc à considérer que l'absorption par l'estomac et par l'intestin. a. Estomac. — L'estomac des carnassiers et des omnivores absorbe activement : celui des solipèdes absorbe très peu ; les trois premiers réservoirs g-astriques des ruminants sont impropres à l'absorption; mais celle-ci est active dans la caillette. Ces différences dans l'absorption chez les diverses espèces animales sont nettement établies expérimentalement. Si on fait prendre à un chien, à un lapin, à un porc, une dose toxique d'un sel de strychnine, après avoir lié le pylore ou après avoir coupé les deux nerfs pneumogastriques, on voit bientôt sur- venir des accidents d'empoisonnement et ensuite la mort ; Colin). En répétant la même expérience sur le cheval, on constate que celui-ci n'éprouve nullement les effets toxiques du poison (Bouley et Colin). Perosino (de Turin), en injectant dans le viscère une dissolution de cyanure de fer et de potassium, n'a retrouvé de légères traces du sel dans les urines qu'au bout d'un temps fort long-. Dans l'estomac du cheval, l'absorption est donc fort peu in- tense. Les médicaments n'y sont absorbés qu'avec une extrême lenteur ; dans ces conditions, ils ne peuvent pas s'accumuler dans l'org-anisme à dose suffisante pour produire des effets, car ils sont éliminés à mesure. Bouley et Colin ayant injecté 32 grammes d'extrait alcoolique de 6 ABSORPTION PAR LA VOIE DIGESTIVE. noix vomique délayée dans 300 grammes d'eau tiède directement dans la caiMette d'un taureau, après avoir ligaturé le pylore, ont vu les eiïets du poison se montrer déjà avant la cinquième heure et la mort survenir vers la septième. Chez les animaux dont Testomac absorbe activement (chien, chat, lapin, porc), toutes les substances ne sontpas absorbéesavec la même rapidité ; quelques-unes semblent même être presque réfractaires àrabsorptiong-astrique, comme le curare et les venins des serpents. La rapidité de l'absorption dépend également de l'état de la digestion et de la quantité d'aliments contenus dans l'estomac. En général, l'absorption des médicaments est plus rapide quand l'estomac est vide ou qu'il ne contient que peu de matière alimen- taire. Il arrive aussi que les aliments, par leur nature particu- lière, modifient plus ou moins profondément l'état chimique des médicaments et favorisent ou suspendent et même annihilent l'absorption. b. Intestin. — L'intestin grêle absorbe chez tous les animaux avec une grande activité. Un sel de strychnine produit ses effets après trois ou quatre minutes, si on l'injecte directement dans l'intestin grêle. Le ferrocyanure de potassium se trouve dans le sang' au bout de cinq à six minutes. Le caecum absorbe également très bien chez le cheval. La mort arrivecinquanteminutesaprèsTinjection de 32 grammes d'extrait de noix vomique dans sa cavité (Colin). Le gros côlon et le rectum absorbent avec rapidité. Colin avu la mort survenir chez le cheval une heure dix-sept niiruiles a|»rès l'administration d'un lavement contenant de l'extrait de noix vomique. Certaines préparations nutritives administrées par la voie rectale sont absorbées en quan- tité suffisante pour alimenter l'animal provisoirement. \^' absorption gastro-intestinale o^va de nombreuses variations d'activité, suivant les conditions physiologiques de la digestion et les états pathologiques. Pendant la digestion, l'absorption est beaucoup moins rapide que lorsque l'animal est à jeun. Certaines substances ne sont presque pas absorbées parla voie gastro-in- testinale ; tels sont les venins des serpents, le poison des flèches des Javanais, le curare (Bernard). Sur un chien en digestion, le curare ne produit aucun effetaprès l'administration interne, tandis qu'il peut tuer l'animal si on en administre une forte dose pendant l'état déjeune. t ADMINISTRATION PAR LA VOIE DIGESTIVE. , 7 Certains médicaments éprouvent des altérations ciiimiques dans l'estomac ou dans l'intestin, en présence des sucs dig-esUfs ou en présence de certains aliments, et peuvent perdre leurs propriétés physiologiques et thérapeutiques. Il est nécessaire de tenir compte de ces considérations dans l'emploi interne des médicaments. B. — Administration par la voie digestive. La bouche et l'anus, qui sont les deux orifices naturels de la cavité dig-estive, peuvent être choisis l'un et l'autre pour l'intro- duction des médicaments. 1" Administration par la bouche. C'est par la bouche que les animaux prennent les aliments et les boissons. C'est aussi à cette voie naturelle qu'on songe d'abord lorsqu'on se propose d'administrer les médicaments. Certaines substances médicamenteuses sont prises naturellement, soit seules, soit mélang-ées aux aliments et aux boissons ; mais un grand nombre impressionnant désag-réablement les sens de l'odorat et du g-oùt sont réfusées obstinément. C'est pour administrer ces dernières qu'il y a lieu d'employer quelques artifices ou quelques procédés spéciaux. Les principaux modes d'administration sont : le g-arg-arisme, le nouet ou mastigadour, la boisson médicamenteuse, l'aliment médicamenteux, les bols, pilules, granules et le breuvag-e. / A. — Gargarisme. On donne le nom de g-arg-arisme à tout liquide médicamenteux qu'on fait arriver dans la bouche pour remédier à des altérations locales de lamuqueuse buccale. Ce mot s'applique non seulement à la préparation, mais aussi à ce mode spécial d'administration. Dans l'administration du g-arg-arisme, on doit éviter, autant que possible, la déglutition du liquide administré. En général, celui-ci doit agir exclusivement sur la muqueuse de la bouche et ne pas arriver dans l'estomac et l'intestin. Pourg-argariserla bouche d'un grand animal (solipède, bovidé), un aide produit l'écartement des rnàchoires à l'aide d'un pas- 8 NOUET OU MASTIGADOUR. d'âne ou en tirant la lang-ue au dehors et de côté vers Tune des commissures des lèvres ; l'opérateur introduit alors dans la bouche la canule de la seringue contenant le liquide et dirige le jet dans différents sens pour atteindre les divers points de la mu- queuse. Dans ces conditions, l'animal ayant les mâchoires plus ou moins écartées ne peut pas déglutir; le liquide injecté dans la bouche s'écoule en totalité au dehors. A défaut de seringue, on se contente souvent d'imprégner du liquide médicamenteux un tampon d'étoupe ou de linge, fixé au bout d'un bâtonnet, et de le promener sur les points malades. Chez les petits ruminants, le porc et le chien, l'écartement des mâchoires s'obtient soit en les tirant avec les deux mains, soit en engageant dans la bouche un morceau de bois ou en pressant avec les doigts les joues sous les arcades dentaires. On pousse alors le liquide sur les points malades avec une seringue, ou bien on le laisse simplement couler à leur surface, ou encore on les touche avec un tampon imprégné du liquide médica- menteux. Il faut éviter de trop soulever l'extrémité de la tète pour empêcher l'écoulement du liquide dans le pharynx et le larynx. B. — NoUET ou MASTIGADOUR. Ce mode d'administration consiste à maintenir un médicament solide ou pâteux longtemps en contact avec la muqueuse buccale, en le plaçant dans un nouet ou petit sac de toile fixé solidement dans la bouche. Très employé autrefois par les maréchaux et les hippiatrcs, ce mode d'administration est à peu près com- plètement délaissé aujourd'hui. Chez les solipèdes, on attache solidement le nouet au mors d'un bridon ou d'un filet ; chez les grands ruminants, on ficelle le nouet sur un billot de bois, et, au moyen d'une corde fixée à chaque extrémité, on l'attache aux cornes ou au sommet de la tête comme une têtière. Le médicament, ainsi disposé dans la bouche des animaux, traverse lentement l'enveloppe de toile, sous l'influence du jnâ- chonnement continuel, impressionne la muqueuse et provoque généralement, par action réflexe, une forte salivation. Si les médicaments ont un goût agréable, les animaux en déglutissent une partie ; dans le cas contraire, la presque totalité du médica- ment estrejeléc au dehors. BOLS. C. — Aliments médicamenteux. Un certain nombre de médicaments peuvent être mélangés aux aliments. Pour les faire accepter plus sûrement, il y a toujours lieu de choisir les aliments les plus appétissants. Pour les solipèdes, les g-rands et les petits ruminants, on emploie surtout l'avoine ou d'autres grains, le son. le pain, le lait, etc. L'acide arsénieux en poudre, les ferrugineux, le sulfate de soude, etc., sont généralement mélangés au son légèrement humecté. L'huile de croton est versée dans une incision faite à un morceau de pain. On trouve, dans le commerce, des pains médicamenteux divers, que les animaux prennent très facilement. Pour les carnassiers, les omnivores et les oiseaux, les médica- ments sont incorporés à la viande, à la pâtée, au lait, etc. Ce mode d'administration est surtout avantageux quand on veut poursuivre pendant longtemps une médication, comme cela a lieu pour les médications toniques et reconstituantes et quand on traite des animaux qui vivent en troupeaux comme les moutons, les chèvres, les porcs, les jeunes bêtes bovines, les chiens en meutes et les oiseaux de basse-cour^^ etc. D. — Électu.\ires. Les électuaires sont administrés seulement aux grands ani- maux. Ils peuvent être donnés sur des tranches de pain ou être déposés sur la langue au moyen d'une spatule. Comme ces pré- parations sont à base de miel, de mélasse ou de glycose, les ani- maux les prennent en général facilement, surtout après quelques jours d'administration. E. — Bols. L'administration des bols est plus difficile. Il faut porter ces grosses pilules jusqu'à l'isthme du gosier, afin de provoquer par action réflexe une déglutition immédiate. Il ne faut pas que l'animal les mâche, car en général, à cause de leur saveur amère, les bols seraient rejetés au dehors. Voici comment on opère ordinairement : avec la main gauche. 40 BOISSON MÉDICAMENTEUSE. TISANE. on tire fortement la langue au dehors de la bouche vers la commis- sure correspondante; les maxillaires étant ainsi écartés, le bol, piqué à l'extrémité d'une bag-uette de bois pointue, est porté au contact du voile du palais, où il est déposé à l'aide d'un petit mouvement brusque ; aussitôt, la lang-ue étant abandonnée à elle-même, rentre dans la bouche et dans ce mouvement pousse le bol en arrière; la déglutition se produit aussitôt par action réflexe et emporte le bol vers l'estomac. En opéant ainsi, on n'a jamais à craindre d'accidents de morsure, puisque les mains de l'opérateur restent en dehors de la bouche de l'animal. Il n'en est pas de même si on porte le bol directement avec la main jusqu'au fond de la cavité buccale. Quelques vétérinaires emploient ce dernier moyen; mais il ne faut pas oublier qu'ils s'exposent à être mordus, si la langue vient à s'échapper de la main qui doit la maintenir pendant que le bras est eng-ag-é entre les mâchoires pour porter le bol au fond de la bouche. On évite également tout accident avec les pUulaires. Le pilulaire le plus simple consiste en un cylindre creux, de bois léger, de 56 centimètres de longueur, de 5 centimètres de diamètre, et muni d'un piston comme une sering-ue pour pousser le bol, une fois que finslrument chnrgé est introduit au fond de la bouche. Tous ces procédés peuvent être utilisés ; chaque vétérinaire donne la préférence à celui avec lequel il est le plus familiarisé. Généralement les moyens les plus simples et qui ne nécessitent aucune instrumentation spéciale sont préférés. F. — Pilules, granules, capsules. Ces formes médicamenteuses conviennent parfois chez les petits animaux. Pour les administrer, l'animal est maintenu assis entre les jambes d'un aide; celui-ci ouvre largement les mâchoires et maintient la tête de l'animal élevée; l'opérateur laisse tomber la préparation au fond de la bouche, et l'aide abandonne aussitôt la mâchoire inférieui'o; la déglutition qui survient aussitôt oinporto généralement la pilule, le granule, ou la capsule dans l'œsophage et l'estomac. G. — Boisson médicamenteuse. Tisane. Tout liquide médicamenteux pris naturellement par les ani- BREUVAGES. 11 maux est une boisson. En médecine humaine, c'est une tisane. Ce mode d'administration serait le meilleur s'il pouvait être appliqué à tous les médicaments liquides. Malheureusement on ne peut ainsi faire accepter que ceux qui sont peu sapides et dépourvus d'odeur forte. On parvient cependant à habituer parfois les animaux à certaines boissons sapides ou odorantes en les leur offrant quand ils ont bien soif, d'abord très diluées et en petite quantité, puis en augmentant g-raduellement la dose et l'état de concentration. En vétérinaire, on rencontre avec ce mode d'administration une autre difllculté sérieuse : les animaux, contrairement à l'homme, refusent de boire quand ils n'ont pas soif. Il en résulte que les prescriptions sont le plus souvent bien plus diftlciles à appliquer qu'en médecine humaine. H. — Breuvages. Les breuvages sont des préparations médicinales liquides que les animaux refusent de boire et qu'on ne parvient à leur admi- nistrer que par certains artifices spéciaux. On ne doit pas dépas- ser sensiblement les quantités suivantes en une administration : 1 litre pour les g-rands animaux, 2 à 5 décilitres pour les petits ruminants, 2 décilitres pour les carnivores. EoiH' administrer un breuvag-e aux petits animaux, moutons, chèvres, chiens, etc., il suffit de les asseoir sur le train de derrière, de les maintenir avec les g'enoux, d'élever la tète dans sa partie antérieure et de verser le liquide doucement entre les dents et la joue, après avoir écarté légèrement la commissure des lèvres. Il est important de laisser libre la mâchoire inférieure et de ne contraindre les sujets que le moins possible. Lorsque les animaux serrent fortement les mâchoires et que le liquide versé entre la joue et les molaires ne coule pas vers le fond de la bouche, il est bon d'introduire un petit morceau de bois entre les dents pour provoquer un très léger écartement des maxillaires et faciliter l'écoulement du liquide. Il faut toujours verser avec lenteur pour ne pas gêner la déglutition et éviter que le liquide ne fasse fausse route et provoque la toux et la suffo- cation. Chez les solipèdes, l'administration des breuvages est toujours assez pénible. La tête étant haute, il est difficile, à cause de 12 BREUVAGES. rindocilité et de la force de ces animaux, de lui donner Tincli- naison convenable pour assurer l'écoulement du breuvage vers le fond de la bouche. Aussi a-t-on préconisé divers procédés d'administration. 1° Procédé de la bouteille. — Il consiste à verser le breuvage dans la bouche à l'aide d'une bouteille. On se sert d'une bouteille à verre épais, dont on enveloppe le goulot de linges ou d'étoupes et qu'on introduit ensuite entre les mâchoires dans la région des barres, la tète étant fortement relevée pour que le liquide, versé lentement, descende vers le voile du palais. Le moyen le plus simple et le plus efficace d'élever la tète est de passer une anse de corde autour de la mâchoire supérieure et d'y engager les branches d'une fourche de bois ; on maintient le bout de la tète en l'air, de manière à donner à la cavité buccale une inclinaison oblique, en arrière et en bas. Le breuvage étant versé dans ces conditions gagne lentement le fond de la bouche et est dégluti avec plus ou moins de facilité. La mâchoire inférieure doit toujours rester complètement libre. Avec ce procédé d'administration, le breuvage fait fausse roule dans le tiers des cas chez les solipèdes et détermine divers acci- dents, tels que : la toux, la sufl'ocation, l'asphyxie et la pneu- monie (Goubaux). Il y a donc lieu, dans la pratique, de prendre toutes les précautions voulues pour éviter ces accidents; il faut ne pas trop tendre l'encolure, ne pas trop lever la tète et enfin verser le liquide graduellement et à mesure qu'il est dégluti. Le procédé de la bouteille, défectueux lorsqu'il s'agit des équidés, donne au contraire toute satisfaction chez les grands ruminants. 11 suffit de se i)lacor à droite du sujet, de saisir de la main gauche le mufle par les narines, de lui relever le bout de la tête, d'engager le goulot de la bouteille tenue delà main droite dans lacommissure des lèvres du côté correspondant et de verser rapidement le liquide à administrer ; celui-ci est facilement dégluti et généra- lement sans exciter la toux. 2" Procédé des bridons à breuvage. — Pour rendre l'adminis- tration du breuvage encore plus facile, on a proposé un grand nombre d'appareils construits sur le modèle de la bride et auxquels on donne le nom de bridons à breuvage. ,yvv>5 Wa.L'- Le bridon à breuvage le plus simple consiste en un mors creux percé dans son milieu et en arrière d'une ouverture pour per- mettre au hquide d'arriver dans la bouche; une des extrémités BREUVAGES. 13 est munie d'un embout qui peut se tixer par Tintermédiaire d'un tube de caoutchouc à la douille d'un entonnoir, à une seringue ou à un bock à injection. I.«a tête munie du mors étant élevée et les ^^'mâclioires étant maintenues rapprochées par un lien solide passé fr^ autour des maxillaires, le liquide passe dans le mors sous pres- sion et s'échappe dans la bouche par l'ouverture du milieu. On a apporté un jjerfeclioiinement à cet apf)aieil en fixant perpendiculairement au milieu du mois un tube dont l'extrémité arrive au fond de la bouche (fig-. 1). Dans ces conditions, le liquide, au lieu de pénétrer dans la partie antérieure de la cavité buccale, est porté directement vers le voile du palais, où il provoque aus- sitôt le réflexe de la déglutition. Quand on sait bien manier ces appareils, ils permettent d'admi- nistrer les breuvages sans jKfy^odang;er, sans provoquer de ^-"p^-y- "— ^;^:::;^^^^s>^ toux et sans perdre du W[ ^^ | liquide. 1^^^^^^^ e;rA'::-V^^^*s^^___^^^^ 3^ Procédé de la serin- ^:^es«sS-^-^^^^^^^^'"^'''^ gue. — Ce procédé, préco- W'"'*'^ "^ " nisé par Boulev jeune, *^ consiste à injeclerle liquide ^ '- ^' - "^^^'^ '''^"^• dans la bouche avec une sei'ing-ue ordinaire, en ayant le soin de maintenir les deux lèvres rapprochées l'une de l'autre sur toute leur étendue. Ce mode d'administration, qui semble être le meilleur, a été employé par beaucoup de vétérinaires avec diverses modifications de détail, et il a été expérimenté et reconnu excellent par le professeur Goubaux, qui a fait une bonne étude de l'administration des breuvag-es (Voir Recueil, 1861). Voici le manuel opératoire qui me semble donner les meilleurs résultats : on maintient d'abord les deux mâchoires rapprochées en passant la longe sur le chanfrein et en la ramenant en dessous de Taug-e, où l'on fait un nœud. Au lieu de la longe, on peut aussi lier les deux mâchoires avec un ruban de fil ou une courroie de cuir. Trois aides sont ensuite nécessaires pour clore l'ouverture de la bouche et fermer les lèvres. L'un ferme les lèvres en avant, les deux autres de chaque côté, jusqu'aux commissures. L'opérateur introduit l'extrémité de la canule de la seringue dans la bouche vers l'une des commissures ou l'adapte au mors creux d'un bidon à breuvag-e et fait passer le breuvage vers la base de la langue en 14 BREUVAGES. poussant graduellement le piston. L'animal, ayant les mâchoires rapprochées et la tête dans sa position naturelle, avale aisément le liquide sans pe^'le et sans qu'il fasse fausse route. Dans ce procédé, le point délicat consiste à maintenir les lèvres bien fermées, ce qui est d'ailleurs facile avec de bons aides bien dirigés. On peut aussi avantageusement remplacer les aides à l'aide de l'obturateur buccal de E. Salesses (fig-, 2). Cet appareil ferme her- métiquement la bouche des équidés au moyen de trois pinces garnies de caoutchouc qui agissent à la façon des mains et sans léser ou con- lusiomier la peau. H permet de faire pi^cndre avec la plus grande facilité et sans en perdi-e une goutte les liquides nutritifs ou médicamenteux. 4" Procédé de la sonde. — On emploie une sonde flexi- ble en gomme de 1"',75 de longueur, de 1 centimètre de diamètre extérieur environ, arrondie et percée à l'extré- mité qui doit pénétrer dans l'œsophage de trous à travers lesquels le liquide doitpasser. Aprèsavoirmisunpas-d'àne solide etbien garni pour éviter les plaies contuses des barres, on fait déglutir au patient la sonde préalablement huilée, en suivant la voûte palatine dans son milieu et en la dirigeant vers l'isthme du gosier. Au moment où elle vient à toucher le voile du palais, il se produit un réflexe qui fait que le sujet avale la sonde. On n'a plus qu'à la pousser douce- ment pour en introduire la longueur qu'on veut, puis on place à l'extrémité restée libre un entonnoir dans lequel on verse le breuvage, qui passe ainsi intégralement dans l'estomac. A la place de l'entonnoir, on peut employer aussi une seringue et pousser le liquide. La langue doit rester entièiement libre pen- dant l'introduction de la sonde; en effet, sa traction en dehors de Fie. '2. — Obturateur buccal de Salesses. ./■' ADMINISTRATION PAR L'ANUS. 15 la bouche serait plutôt défavorable en provoquant des mouve- ments susceptibles de faire faire fausse j-oute à l'instrument et de le faire toniber dans la trachée. Avant de faire passer le breuvage, il est indispensable de s'assurer que la sonde est bien dans l'œsophag-e et non dans la trachée. Quand la sonde a fait fausse route et est dans la trachée, les mouvements expiratoires provoquent à son extrémité une expulsion d'air sensible à la main ou à la vue. Cependant parfois, la respiration étant très calme, il est difficile de constater ce courant d'air d'expiration. Le mieux est de s'assurer de la présence de la sonde dans l'œso- phage par la palpalion dans la g-outtière jugulaire du côté g-auche de l'encolure. Ce procédé, préconisé par M. Lesage (1), serait la méthode idéale d'administration des solutions médicamenteuses dans l'es- tomac, chez les solipèdes, s'il n'y avait jamais d'incertitude sur la position exacte de la sonde. Il pourrait devenir dangereux entre des mains inexpérimentées et n'est pas recommandable dans la pratique courante. Chez le chien et autres petits animaux, le procédé de la sonde œsophagienne donne en général d'excellents résultats. 11 est d'une application plus facile que chez les solipèdes. 11 permet de faire arriver à coup sûr le liquide en totalité dans l'es- tomac. Le manuel opératoire est très simple : l'animal debout est maintenu entre les jambes d'un aide, qui en même temps relève la tète; on introduit un petit pas-d'àne dans la bouche pour écarter les maxillaires ; quand l'écartement est suffisant, on pousse la sonde droite vers l'isthme du gosier ; elle entre naturellement dans le pharynx et l'œsophage. Quand elle est en place, on verse le liquide dans l'extrémité évasée de la sonde; il coule immédiate- ment et directement dans l'estomac. Quand l'administration est terminée, la sonde est retirée très facilement. Le pas-d'àne, pour écarter les mâchoires, peut consister en une simple planchette un peu épaisse, percée d'un trou dans laquelle on introduit la sonde. 2° Administratiou par Tanus. On choisit l'orifice anal pour faire arriver directement certains tl) Bull, de la Soc. centrale, 1904, p. 706. -.^^~'^^^- 16 ABSORPTION PAR LA VOIE RESPIRATOIRE. médicaments dans le rectum et la portion postérieure du §ros intestin. La forme solide n'est utilisée que chez l'homme, en pré- I . parations ayant la consistance du suif et qu'on appelle siipposi- '^'^^ toires. En médecine vétérinaire, on fait arriver les médicaments dans le rectum exclusivement sous forme liquide. Les préparations liquides qu'on injecte par l'anus sont appelées lacements ou clystères. En les administrant, on peut avoir pour but de modifier la muqueuse rectale, de ramollir des matières durcies, de provoquer des contractions dans le gros intestin, de déterminer l'absorption de principes nutritifs ou médicamenteux. L'administration des lavements n'oll're aucune difficulté : on les injecte avec une seringue d'étain dont les dimensions sont pro- portionnées au volume des animaux. Il faut,^ le plus souvent, vider préalablement le rectum de son contenu, soit avec la main chez le cheval, soit par des lavements antérieurs, à l'eau, destinés à ramollir et à produire l'expulsion des excréments. La quantité de liquide qu'on doit administrer en un lavement est d'environ 1 à 2 litres chez les grands animaux, d'un demi- litre pour les moyens et quelques décilitres pour les petits. 11 faut, pour ne pas provoquer de mouvements expulsifs, faire l'injec- tion avec lenteur, puis laisser ensuite les animaux dans un repos complet. H. — Absorption et administration des médicaments par la voie respiratoire. A. — Absorption par la voie respiratoire. La muqueuse respiratoire, dans sa partie pulmonaire, est fort étendue, très fine et très vasculaire ; aussi absorbe-t-elle avec une g-rande activité. Elle tient, sous le rajjport de l'absorption, le pre- mier rang- parmi les surfaces libres du cor[)s. Elle est le lieu d'élection pour l'absorption des substances volatiles en général ; elle est ég-alement avantageuse pour les substances liquides ou en solution. Les expériences qui démontrent rénergi(|ue absorption imr- la voie pulmouaire sont nombreuses. Goodwin, Ségalas, Mayeront vu l'eau, injectée dans la trachée sur le chien et le lapin, dispa- raître presque instantanément par l'absorption. Gohier et ses élèves ont pu injecter de 30 à 40 litres d'eau dans la trachée du ^ ADMINISTRATION DES MÉDICAMENTS PAR LA VOIE RESPIRATOIRE. 17 cheval avant d'amener la mort. A l'autopsie, faite immédiatement après, ils n'ont pas trouvé de liquides dans les bronches, toute l'eau avait passé à l'absorption. Colin a pu faire couler lentement 18 litres d'eau dans l'espace de trois heures dans la trachée d'un cheval sans le gêner beaucoup. ,,' . ' ■ - Les vapeurs d'alcool, inspirées avec l'air, fieuvent produire • ffX^rivresse. L'essence de térébenthine inhalée communique rapide- ment l'odeur de violette à l'urine. Les vapeurs d'élher, de chloro- forme, produisent Tanesthésie. Les se/s solubles s'absorbent aussi avec rapidité. Les sels de strychnine produisent la mort en cinq ou six minutes. Le ferro- cyanure de potassium se trouve dans le sang- dix minutes après son injection dans la trachée, chez le chien (Mayer). Colin a retrouvé ce sel dans le sang' de la veine jugulaire, chez le cheval, quatre minutes après l'injection intralrachéale. Le curare non absorbé dans l'estomac et l'intestin est très facilement absorbé parla voie pulmonaire. En petite quantité, les huiles grasses peuvent elles-mêmes être absorbées dans les voies trachéo-bronchiques. Les médicaments sous forme de poudre ne peuvent être absor- bés que s'ils entrent en dissolution. Les particules solides pénètrent quelquefois par elfraction dans le tissu pulmonaire ets'y enkystent ; mais ce n'est pas là une véritable absorption. B. — Administration des médicaments par la voie respiratoire. On peut se proposer de moditier localement la muqueuse nasale ou de produire Tabsorption du médicament par les bronches et le tissu pulmonaire. Pour agir localement sur la muqueuse nasale, on emploie les poudres ou les liquides. Les poudres médicamenteuses sont insuf- flées dans le nez à l'aide d'un soufflet, d'un tube de verre, de bois ou de carton. On peut aussi mettre la poudre au fond d'un petit sac suspendu convenablement autour du nez, dans l'ouverture duquel on force l'animal à respirer. Les mouvements de l'air font voUiger la poussière, qui est ej traînée dans l'appareil respiratoire pendant l'inspiration. C'^^Â^Îm^c^X.o Quand les médicaments sont liquides, on emploie les injections nasales. Elles se font avec la seringue, avec un tube de caout- Kaukmann. 2 18 • FUMIGATIONS. chouc fixé à l'extrémité d'un entonnoir, ou encore à l'aide du tube-siphon de Rey. Celui-ci consiste en un tube de cuir, en forme de siphon. On introduit le petit liout g-arni d'étoupe dans l'une des narines, tandis que l'autre reste libre ; l'opercule de l'instru- ment est fortement appliqué sur les ailes du nez afin d'obtenir une fermeture complète. On verse alors le liquide dans le pavillon tube; il s'écoule dans le nez par la petite branche et monte plus ou moins haut suivant l'inclinaison qu'on donne à l'appareil et la quantité de liquide introduite. Lorsque, au lieud'administrer les médicaments dans le but d'agir localement sur la muqueuse nasale, on veut les faire arriver sur la muqueuse laryngienne, trachéale, bronchique ou pulmonaire, soit pour obtenir leur absorption, soit pour modifier la surface respiratoire, il faut employer exclusivement les médicaments liquides ou g-azeux ; il esttoujours imprudent d'insuffler des poudres dans le larynx ou la trachée, car elles amènent un obstacle méca- nique à la respiration et provoquent la toux. On fait pénétrer les substances médicamenteuses dans les voies respiratoires à l'aide de fumigations, d'inhalations, de pulvé- risations ou d'injections. 1° Fumigations. Les fumigations consistent dans l'emploi de vapeurs ou de substances volatiles médicamenteuses, dégagées à l'aide de la chaleur. Les vapeurs médicamenteuses mélang-ées à l'air étant respirées par les animaux, elles exercent une action locale sur toute la muqueuse respiratoire et en même temps sont en partie absorbées. On les emploie souvent pour calmer la toux, modifier les sécrétions bronchiques, désinfecter le poumon, désodoriser l'air ou pour provoquer la toux lorsqu'il s'agit d'obtenir l'expul- sion des parasites vivant dans les bronches. Les fumig-ations sont sèches ou humides. Les fumigations sèches s'obtiennent en brûlant à l'air certaines substances (ben- join, myrrhe, styrax, huile empyreumatique, goudron, baies de g-enièvre, etc.). Ces substances peuvent être brûlées sur une pelle rougie au feu. Les animaux respirent ainsi l'air charg-é de fumées plus ou moins aromatiques et désinfectantes. Les fumigations humides se j)réparent en projetant dans l'eau bouillante des substances médicamenteuses susceptibles FUMIGATIONS. 19 cFcyL^ Fig. 3. — Appareil funiigatoire de M. Colin. 20 FUMIGATIONS. d'être entraînées par la vapeur (goudron, fleurs de sureau, plantes aromatiques, essence de térébenthine, créosote, nnenthol, terpine, etc.). Pour faire respirer aux animaux l'air médicamenté par la fumigation, on peut procéder de plusieurs manières : a. Procédé ordinaire. — Il consiste à verser de l'eau bouil- lante dans un seau contenant les plantes aromatiques ou les ^^i^f Fig. 4. — Appareil fixe (Schelameur). substances médicamenteuses et à faire arriver les vapeurs dans l'appareil respiratoire du malade à l'aide d'un manchon de toile attaché à la muserolle du licol et coiffant le récipient. On se sert utilement d'un sac au fond duquel est placé le vase contenant le liquide chaud et dans l'ouverture duquel on fait respirer l'animal. Ce procédé présente plusieurs inconvénients : l'eau se refroidis- sant, la fumigation ne peut être que de courte durée ; l'animal est exposé à se brûler les lèvres accidentellement s'il les trempe FUMIGATIONS. 21 dans le liquide ; en outre le vase peut être renversé facile- ment. b. Procédé de Colin. — Colin a imaginé un appareil qui con- siste en un récipient en fer battu chaufFé par une lampe à alcool, le tout enfermé dans un fourneau cylindrique en tôle, muni d une courte cheminée sur laquelle on adapte un manchon en forte toile, doublé de toile cirée, dont l'ouverture supérieure se ilxe à la muserolle. L'appareil Colin présente l'inconvénient d'être facile à rerv\:^rser par le patient et de nécessiter une surveillance continue (fig-. 3). ---^ ^ '■ ^ - ' c. Procédé des fumigations multiples. — Le vétérinaire mili- taire Schelameur a réalisé un dispositif qui supprime les inconvé- nients sig-nalés précé- demment et qui per- met de faire des fimii- gations multiples et .crsâH^^BSàËiiliirJBHK^^ s imultane'es.La. vapeur est fournie par un récipient en tôlechaufPé par une lampe à alcool ; le tout est placé en dehors de l'écurie dans \^jjv>a.^ unepetitearmoire fixée au mur. La vapeur est conduite à travers le mur, par un tube de plomb ou de durite qui débouche à l'intérieur de l'écurie en face de l'animal, puis s'échappe dans un manchon en toile cachou imperméable dont l'ouverture supérieure est fixée autour de la tête du cheval. Le même récipient peut porter trois tubes de dégagement, de sorte qu'il est possible de faire simulta- nément des fumig-ations sur trois chevaux (fig-. 4). Pour répondre à tous les besoins, l'auteur a imaginé aussi un appareil portatif à fumigations multiples, permettant de traiter simultanément jusqu'à quatre malades (fig. 5). Les fumigations appliquées systématiquement aux jeunes chevaux gourmeux ont donné de très bons résultats. ^■■^^'^ T' Fig. 5. — Appareil portatif (Schelameur) 22 INJECTIONS INTRATRACHÉALES. 2° Inhalations. Les inhalations consistent à faire respirer aux malades des vapeurs à la température à laquelle elles se produisent spontané- ment. Elles sont surtout utilisées en vétérinaire pour l'adminis- tration des vapeurs aneslhésiques d'éther et de chloroforme. 3" Pulvérisations. Les pulvérisations consistent à réduire en gouttelettes d'une extrême ténuité, au moyen de pulvérisateurs, des liquides divers. Les pulvérisations intratrachéales de liquides créosotes, phoniques ou térébenthines, à travers un trocart enfoncé dans la ^Jtt^^^' trachée, ont été employées avec grand succès dans le traitement de la bronchite vermineuse des bovins. 4° Injections intratrachéales. Elles se font à Taide de la seringue de Pravaz, à laquelle on adapte une canule piquante plus forte que les canules ordinaires. Avec cette canule, on perfore la trachée en pénétrant de préfé- rence entre deux cerceaux. Quand on perce au milieu d'un anneau, la canule fait parfois envporte-pièce et se bouche par un frag-ment de cartilage. Pour éviter ce petit inconvénient, il est ^j^Cf- préférable de percer la trachée à l'aide d'un petit trocart et d'injecter à travers la canule laissée en place. Voici les règles générales à suivre pour l'application pratique de la méthode au cheval d'après le professeur Lévi (de Pise), qui a fait de cette question une étude complète : « La quantité de liquide que l'on peut injecter dans la trachée en une seule fois est très variable ; en g-énéral on limite la dose à 5 grammes, mais on peut aller jusqu'à 30 grammes. Les quan- tités supérieures à 100 grammes sont tout à fait exception- nelles. « Le liquide devra être préparé de manière que toutes les sub- stances qui entrent dans sa composition se trouvent complète- ment dissoutes ; il est préférable qu'il ait une réaction neutre ou alcaline, quoiqu'un léger degré d'acidité soit sans inconvénient. « On choisit de préférence des médicaments parmi les alca- ABSORPTION ET ADMINISTRATION PAR LA VOIE GÉMTO-URINAIRE. 23 loïdes, par ordre d'importance, les alcoolatures, les teintures, les extraits et les infusions. Pour les sels à base inorganique, on doit choisir ceux qui déploient une action locale moins irri- tante. Les solutions doivent être autant que possible isotoniques. « En règle générale, la dose des médicaments qu'on peut introduire par injections trachéales sera réglée en rapport de 1/10 à 1/20 de la dose ordinaire du même médicament par les voies digestives ; cependant, lorsqu'on fait usage de sub- stances d'une action énergique, il faut s'en tenir aux doses spé- ciales destinées à chacune d'elles. « L'injection peut être faite dans toute la long ueur de la trachée et dans les deux temps de la respiration ; seulement, s'il existe de la dyspnée ou une respiration fréquente ou entrecoupée, il conviendra de pratiquer la ponction à distance du larynx et de pousser le liquide avec lenteur, pour ne pas provoquer la toux, qu'il importe d'éviter, quoiqu'elle soit sans danger. » L'administration intratrachéale offre les avantages suivants : elle est simple et à la portée de tout praticien; l'absorption est rapide; les médicaments ne subissent aucune altération; les elfets sont prompts et certains, il n'y a pas de perte de médicament, et le dosage peut en être rigoureux. Ce mode d'administration ne convient pas pour les substances très irritantes ou incomplètement dissoutes. Les huiles grasses, huile d'olive, huile de pieds de bœuf, sont assez bien tolérées et peuvent servir de véhicule à certaines substances insolubles dans l'eau, comme les essences, la créosote, etc. Lévy a fait usag-e fréquemment de préparations huileuses à la dose de 10 grammes chez le cheval. III. — Absorption et administration des médicaments par la voie génito-urinaire, la conjonctive et le conduit auditif. On administre les médicaments par ces voies que pour agir localement sur les muqueuses malades ; rarement on en recherche l'absorption, le plus souvent même il s'agit de la prévenir pour éviter les empoisonnements. Les médicaments sont administrés par ces voies, en insufflation pour les poudres, en injections pour les liquides, en applications simples pour les pommades, on- guents, etc. 24 ABSORPTION ET ADMINISTRATION PAR LA VOIE GÉNITO-URINAIRE. Chez les grandes femelles, les lavages du vagin et de futérus se font à laide de la seringue ou mieux encore à laide d'irri- g-aleurs spéciaux. Un moyen très simple consiste à employer un tube de caoutchouc qui remplit l'office d'un siphon; une extré- mité plonge dans le liquide à injecter contenu dans un seau, et l'antre est inlioduite dans l'appareil génital. Le tube étant amorcé, il suffit de lever le seau au-dessus du dos de l'animal pour assurer l'écoulement du liquide dans les voies g-énitales. Pour les petites femelles, les injections se font g-énéralement avec la seringue. La muqueuse utérine de toutes nos femelles absorbe active- ment les substances médicamenteuses ; il faut donc prendre des précautions lorsqu'on est appelé à faire des lavages ou des in- jections dans la cavité de l'utérus avec des liquides antisep- tiques contenant des matières toxiques. L'absorption est surtout à redouter peu après la parturition, quand la muqueuse utérine est encore très vasculaire, très congestionnée et offre au niveau des insertions placentaires des ouvertures vasculaires béantes. V^^ La muqueuse vagiimle absorbe assez lentement quand elle est saine, mais elle absorbe activement quand elle est le siège d'une infiammalion. La muqueuse du c;anal de lurètre chez le mâle absorbe assez activement, mais elle absorbe surtout bien quand elle est malade. La muqueuse du prépuce absorbe peu chez le cheval, mieux chez le bœuf et chez le chien. On a discuté beaucoup sur la question de savoir si la muqueuse vésicale absorbe. Des nombreuses recherches faites, il résulte que cette muqueuse n'absorbe pas les poisons aussi longtemps qu'elle reste saine, mais qu'elle absorbe activement quand elle est malade. La cornée et la conjonctive obsorheni lapidement. Il est facile d'empoisonner le chien, le chat, le lapin, etc., par des instilla- tions d'une solution d'acide cyanhydrique ou de strychnine, de cocaïne dans l'œil. Certaines substances très actives ne doivent donc être em- ployées qu'avec prudence en applications ou en instillations sur la conjonctive. La muqueuse du conduit auditif externe absorbe également. Il suffit de verser dans l'oreille d'un lai)in 'S ou 4 centimètres cubes d'une solution de sulfate de strychnine à 1 p. 100 pour ABSORPTION ET ADMINISTRATION PAR LE TISSU CONJONGTIF. 25 voir bientôt l'animal présenter des convulsions et succomber en moins de dix minutes. IV. — Absorption et administration des médicaments par le tissu conjonctif sous-cutané et les parenchymes. A. — Absorption par le tissu conjonctif. Les substances médicamenteuses et toxiques injectées sous la peau sont absorbées rapidement. .rai vu souvent l'injection d'une petite quantité de sulfate de strychnine, en solution àl p. 100, déterminer la mort des cochons d'Inde deux minutes et demie après l'injection. Chez le chien, les accidents mortels se montrent g-énéralement après cinq ou dix minutes ; chez le cheval, après dix à quinze minutes. Un cheval qui reçoit en injection hypodermique 10 millig'rammes de nitrate d'aconitine cristallisé présente des troubles fonctionnels après cinq minutes et meurt après trente minutes. Du ferrocyanure de potassium ou de l'iodure de potassium, injectés sous la peau de la face d'un cheval, se trouvent dans l'urine au bout de huit minutes (Colin) etdans lasalive après quatre minules(Gsell). Ces expériences, auxquelles je pourrais ajouter un grand nombre d'autres, prouvent amplement que l'absorption s'ellectue avec rapidité pai' la voie du tissu conjonctif sous-cutané. Ilya des diirérences dans la rapidité de l'absorption, suivant la nature du médicament, la concentration de la solution, l'espèce animale et la taille. En général, les médicaments facilement diffusibles, en solution concentrée, sont plus rapidement absorbés que ceux quidiiïusent diflicilemenl et qui sont employés en solutions très étendues. Quand le tissu conjonctif est dense ou chargé de graisse, l'absor- ption est plus lente ; quand il est lâche et peu chargé de g-raisse, l'absorption est plus rapide. L'absorption se fait plus rapidement chez les animaux de petite taille, sans qu'on puisse établir une règle fixe. Les substances très irritantes et caustiques sontabsorbées moins rapidementquecelles qui n'ont pas d'action locale violente. Les huiles et les corps gras en général sont absorbés assez lentement par le tissu cellu- laire. L'absorption est ég-alement très rapide lorsque les médicaments 26 ADMINISTRATION DES MÉDICAMENTS PAR LE TISSU CONJONCTIF. solubles sont injectés profondément dans les tissus, par exemple dans les masses tnusculaires. B. — Administration des médicaments par le tissu conjonctif. En choisissant la voie sous-cutanée pour Tadministralion des médicaments, on peut se proposer soit d'agir localement, soit de provoquer l'absorption des médicaments pour obtenir Tappa- rition des effets g-énéraux. Dans le premier cas, le lieu de l'admi- nistration est indiqué par le sièg-e du mal ; dans le second, on doit choisir des points d'élection. Le tissu conjonctif otTre de g-randes variétés suivant les points . de la peau. En règle générale, on doit choisir les régions du corps ; où il est lâche et abondant, comme au poitrail, à l'encolure, sur ■ la région costale, immédiatement en arrière de l'épaule, ù la face interne des cuisses. r,/y,,^^ ,) ; l ..^ Injections hypodermiques et iNTRAMUscuLAiiiES. .\ Autrefois on faisait avec une aig-uilie à séton un g-odet sous- cutané dans lequel on versait le médicament (Tabourin, 18ô2j. Ce procédé est complètement abandonné, car il laisse une voie ouverte aux infections. Aujourd'hui, on possède des sering-ues exactement graduées, à canules fines et pointues, qui permettent de faire, avec la plus g-rande facilité, des injections sous-cutanées ou profondes dans les muscles. A propos de ces injections, il y a lieu d'étudier successivement : 1° la sering-ue ; 2° la technique opératoire ; 3° les solutions à em- ployer; 4" les accidents consécutifs; 5° les avantages et les incon- vénients de la méthode. i° Seringue. — On emploie des sering-ues du type Pravaz. Elles se composent d'un cylindre en verre g-énéralement monté sur mé- ,. tal, dans lequel se meut un piston, et d'un petit ajutage sur lequel \, /) » s'adapte une aig-uille creuse terminée en biseau et pointue. On; "^^ fabrique aujourd'hui des modèles nombreux ayant différentes" dimensions, de 1 à 10 et 20 centimètres cubes, et répondant à tous les besoins de la pratique. La seringue Pravaz ordinaire a une contenance de 1 g-ramme et le piston est en cuir; l'instrument n'est pas stérilisable par la INJECTIONS HYPODERMIQUES ET INTRAMUSCULAIRES. 27 chaleur. Aujourd'hui on préfère, et avec raison, les seringues sté- rilisables. Celles-ci offrent un piston formé soit par un cylindre de verre rod^, soit par des rondelles de moelle de sureau, de caoutchouc spécial vulcanisé, de fibres, d'amiante ou d'autres substances non altérables à la chaleur. Dans tous les modèles perfectionnés, les rondelles dont se compose le piston peuvent être comprimées plus ou moins, à volonté, à l'aide du bouton qui termine la tig^e du piston à l'extérieur, de manière à assurer l'étanchéité parfaite de l'instrument. La seringue complètement en verre et dont le piston est en verre rodé est facile à stériliser et est toujours prête à fonctionner, mais elle est fragile. Les aiguilles ou canules sont en or, en argent, en acier ou en platine n'/c?/>'. Ces dernières supportant mieux le flambage doivent être préférées. Leur diamètre et leur longueur varient suivant les besoins. Chez les petits animaux, dont la peau est fine, on peut faire usag-e d'aiguilles très minces ; mais, chez les g-rands animaux, comme le cheval et le bœuf, dont la peau est dure, il faut faire usag-e de canules plus grosses, fortes et solides. La longueur de 3 à 4 centimètres est celle qui convient le plus ordinairement. Une seringue hypodermique doit être d'une construction soignée, i bien g-raduée et être stérilisable par la chaleur de 125°. Une condition importante, c'est la propreté. L'instrument doit ^^ LyyJ^ toujours être tenu dans un état de propreté parfaite. Après chaque'^ J injection médicamenteuse, la seringue doit être vidée puis lavée d'abord à l'eau à plusieurs repj-ises. Quand on a opéré sur des ^|J^Ccx^o^vt animaux atteints de maladies infectieuses, il faut non seulement bien laver la seringue à l'eau, mais il faut ensuite y passer plu- sieurs fois de l'eau phéniquée, crésylée, de l'alcool ou un autre Uquide antiseptique ou, ce qui vaut mieux encore, la faire bouiUir pendant une demi-heure dans de l'eau ou la stériliser à l'étuve maintenue à environ 110° pendant un quart d'heure. 2° Technique opératoire. — La peau étant nettoyée oudésinfectée s'il y a lieu, on forme un pli en la soulevant entre le pouce et l'index de la main g-auche; on enfonce l'aiguille avec la main droite perpendiculairement à la base du pli ; puis, celui-ci étant abandonné, on maintient l'aig-uille et on pousse lentement le pis- ton. L'injection terminée, on retire l'aiguille en fixant la peau avec la pulpe de l'index gauche, qu'on applique ensuite sur la piqûre pour empêcher une partie du liquide de ressortir. Pour favoriser la diffusion du liquide accumulé au point d'injection, où il forme 28 INJECTIONS HYPODERMIQUES ET INTRAMUSCULAIRES. souvent uno petite tuméfaction, on exerce de légères frictions ou maiaxalions avec la main. Quand de grandes quantités de liquide doivent être injectées sous la peau, on peut employer à la place de la sering-ue Pravaz des appareils divers construits à cet effet (Voir Injections i?itro- veineuses). Parfois il y a avantage à déposer la solution médicamenteuse dans les tissus profonds. Alors il n'est pas nécessaire de former un pli à la peau ; on enfonce la canule perpendiculairement à la surface du tég"ument et on fait arriver la pointe profondément dans les masses musculaires. L'injection intraniusculaire est moins douloureuse que Tinjection sous-cutanée, en outre elle est plus facile et plus expéditive. 3°Solutions à employer. — Les solutions donton se sert doivent être bien tolérées j)ar les tissus. Elles sont faites avec de l'eau dis- tillée pure ou mélangée à la glycérine ou à l'alcool, ou mieux avec du sérum artificiel (chlorure de sodium à 9 p. 1000); elles peuvent aussi être faites avec des huiles vég'étales ou animales. Elles doivent être isotoniques, neutres, ou légèrement alcalines ou Y \ ' acides, limpides, exemptes de moisissures ou de corps en suspen- '^'^ sion quelconques. Lorsqu'une solution est trouble, on doit la rejeter. En général, les solutions non stérilisées s'altèrent assez rapidement par suite de développement de moisissures. Dans la pratique, on ne doit faire usage que de solutions fraîches ou de solutions conservées dans des tubes stérilisés fermés à la lampe. Ces solutions doivent être bien dosées ; leur titre doit être en rapport avec l'activité du médicament. Les substances très actives ■ sont diluées beaucoup, par exemple à 1 p. 500 ou 1 p. 1000, celles qui sont d'une faible activité sont au contraire concentrées pour éviter un trop gros volume. Le volume du liquide à injecter est susceptible de varier avec la taille des animaux et la nature du médicament ; en général on ne doit pas injecter au même point plus de 5 centimètres cubes. Quand la quantité de liquide est plus considérable, il faut faire plusieurs piqûres en des points différents. 4" Accidents consécutifs. — Les injections sont plus ou moins douloureuses. Ordinairement, elles ne provoquent que fort peu de douleur etne sont suivies d'aucune altération locale des tissus. Parfois on voit survenir des accidents inflammatoires plus ou moins graves : nodule, engorgement, abcès, phleg-mon, kyste. INJECTIONS HYPODERMIQUES ET INTRAMUSCULAIRES. 29 décollement de la peau, g-angrène des tissus, infection sep- tique, etc. Les accidents inflammatoires graves tiennent le plus souvent soit à la malpropreté des aiguilles ou de la sering-ue, soit à Talté- ration des solutions, soit à l'emploi de liquides trop concentrés, trop irritants ou trop chauds. Les accidents locaux sont parfois favorisés par l'état du sujet sur lequel on pratique l'injection ; ainsi ils sont plus à craindre sur.-^ ^. ù j les animaux atteints de maladies infectieuses que sur les autres ' malades. Les injections profondes dans les masses musculaires sont en général mieux tolérées et sont moins douloureuses que celles qui sont faites dans le tissu conjonctif sous-cutané. On peut aussi observer parfois des accidents g-énéraux qui sur- viennent lorsque la dose injectée a été trop forte. L'absorption par les tissus étant rapide, il faut être très prudent lorsque l'on injecte des substances toxiques très actives. Quand on ne connaît pas la susceptibilité des sujets, il ne faut débuter que par des doses faibles et même les fractionner surtout chez les petites espèces, chien, chat, etc. 5° Avantages et inconvénients de l'hypodermie. —La méthode hypodermique offre en médecine vétérinaire désavantages nom- breux et importants. Elle est commode, rapide, facile à exécuter même sur les ani- maux indociles ; elle permet un dosage rigoureusement exact, la production d'effets gradtés à volonté, et par elle on évite la perte d'une partie des médicaments. Ceux-ci sont absorbés en totalité et sans éprouver d'altération, comme cela arrive souvent par l'ad- ministration interne. Les inconvénients de laméthode consistent principalement dans les accidents qu'elle peut occasionner. De plus, elle ne permet pas l'introduction des substances qui sont insolubles dans les liquides inoffensifs, de celles qui sont très irritantes, ni de celles auxquelles l'intervention des sucs digestifs est nécessaire. En somme, la méthode des injections hypodermiques ou pro- fondes doit être vivement recommandée. Avec de la prudence et en se servant d'instruments aseptiques et de solutions stérilisées, on évite facilement les accidents signalés, surtout l'infection sep- tique, qui est la plus grave. ^yylM^\!^. 30 ABSORPTION ET ADMINISTRATION PAR LA PEAU. V. — Absorption et administration des médicaments par la peau. La peau est souvent choisie comme surface d'application des médicaments pour remédier à une alîection locale, pour déter- miner des réflexes sur des organes déterminés ; mais elle n'est utilisée que rarement, pour obtenir l'absorption complète des médicaments et la production de leurs effets généraux, La peau peut être intacte ou privée de son épidémie. A. — Absorption par la peau intacte. Si l'on envisage la série animale, on voit que la peau, suivant les propriétés physiques de ses revêtements, fonctionne tantôt comme une membrane des plus perméables, tantôt comme un té- gument presque impénétrable. Entre ces deux extrêmes, il y a une "foule de nuances intermédiaires. Chez le même individu, le tégu- .i/»^ mentn'apaslemême pouvoirabsorbant pour toutes les substances: celles-ci sont absorbées avec plus ou moins de rapidité suivant qu'elles sont gazeuses, solides, liquides ou incorporées aux corps gras. i° Absorption des gaz et vapeurs. — La peau de tous les ani- maux jouit de la propriété d'absorber les gaz. Chez les batraciens et les mollusques, la peau peut suppléer à l'appareil respiratoire et absorber l'oxygène en quantité suffisante pour entretenir l'hématose. Chez nos animaux domestiques et chez l'homme, la peau n'absorbe l'oxygène de l'air qu'à un degré infiniment restreint, et dans aucun cas elle ne peut suppléer à l'appareil respiratoire. Certains gaz délétères sont absorbés très rapidement ; ainsi un lapin ou un oiseau dont le corps est enfermé dans un ballon plein de gaz d'hydrogène sulfuré, la tête demeurant en dehors, périt en dix ou douze minutes (Chaussier et Collard de Mar- tigny). Les vapeurs émises par certains corps passent facilement à l'absorption. Ainsi il résulte des travaux de Guinard et Stourbe, de Linossier, que les vapeurs de gaïacol sont absorbées rapi- dement par la peau. Linossier et Lannois ont montré que l'acide salicylique dégage des vapeurs qui rendent son absorption ABSORPTION PAR LA PEAU INTACTE. 31 par la peau assez rapide. On a beaucoup de raisons de croire que le mercure est également absorbé parla peau, sous forme de vapeurs. 2° Absorption de l'eau et des solutions salines. — La pénétra- tion de Teau et des solutions salines est difficile, car la peau est enduite de matière sébacée non miscible à Teau. Chez nos ani- maux, l'absorption de Teau par la peau intacte est tellement faible qu'on peut la considérer comme nulle dans la pratique. Duriau a constaté que, chez l'homme plongé dans un bain à 20 ou 25°, le poids du corps augmente légèrement. Mais la méthode employée est défectueuse et ne peut conduire qu'à des résultats incertains, car l'augmentation du poids peut être le fait de l'imbi- bition pure et simple de l'épiderme. L'homme et les animaux, domestiques peuvent rester immer- gés pendant un temps assez long dans un bain contenant en dis- solution du sublimé corrosif ou de l'acide arsénieux, ou d'autres substances toxiques, sans éprouver de phénomènes d'empoison- nement. Si cependant la durée du bain est assez longue, l'absorp- tion a lieu ; on retrouve alors la substance dans les urines, et on voit quelquefois apparaître des symptômes d'intoxication. Vestrumb a vu le prussiate de potasse être absorbé en petite quantité par la peau d'un chien, plongé pendant plusieures heures dans un bain par le train de derrière. M. Colin a versé, pendant cinq heures, une dissolution de 4 grammes de cyanure de fer sur la région dorso-Iombaire d'un cheval et a constaté des traces de ce sel dans les urines, après quatre heures et demie. En maintenant sur la peau du ventre d'un chat une dissolution de strychnine, il a vu les pre- miers symptômes d'empoisonnement apparaître après dix heures et la mort après seize heures. La peau des oiseaux, malgré sa finesse et la minceur de l'épi- derme, n'absorbe qu'avec une lenteur extrême les poisons en solution aqueuse placés à sa surface (Colin). 3" Absorption des sels non dissous. — Quand on saupoudre la surface de la peau avec un sel, on constate que ce sel peut être absorbé en petite quantité, car on le retrouve dans l'urine. Rous- sin a trouvé de l'iode dans son urine, les trois jours pendant les- quels il a porté une chemise imprégnée d'iodure de potassium. On a signalé des accidents sur les individus portant des bas et des chaussures teints. Dans ces cas, ce sont les produits sécrétés par la 32 ABSORPTION PAR LA PEAU DÉPOURVUE DE SON ÉPIDERME. ■ j peau qui dissolvent les poisons et favorisent leur absorption. Les :t médicaments insolubles dans les produits de la sécrétion cutanée v restent inertes et ne peuvent pas passer à l'absorption. ') ! 4° Absorption des matières incorporées aux corps gras et à des liquides susceptibles d'adhérer à la peau. — La peau absorbe beaucoup mieux les substances associées aux g-raisses que celles ^ qui sont en dissolution dans Teau. Ainsi l'application de la pom- ' ■ made d'iodure de potassium est suivie, au bout de quelque temps, de l'apparition de riode dans les urines; celle de la pom- made mercurielle donne lieu à la salivation ; la pommade stibiée peut provoquer la nausée et le vomissement; la pommade d'atro- pine produit assez rapidement la dilatation des pupilles. L'absorption présente d'ailleurs des difï'érences suivant la ".- nature de l'excipient g-ras. Il résulte des recherches d'Auber sur '-'•^ ^^t-C' l'homme, d'Adam sur les animaux, que les pommades à l'axonge cèdent à l'absorption cutanée une partie de leur principe actif, tandis que les pommades à la vaseline ne produisent jamais aucun effet g-énéral après leur application sur la peau. Ces der- nières conviennent donc surtout pour le traitement des maladies de peau, lorsque l'on veut éviter l'absorption du médicament employé. En ajoutant à une pommade de la graisse d'oie, de (5\ ^mM-' l'huile d'olive, de l'huile de cèdre, on rend plus facile l'absoTption i du principe actif. Les frictions plus ou moins énergiques favo- risent aussi la pénétration. Diverses substances, miscibles à la matière sébacée, sont très aptes à traverser l'épiderme et à être absorbées ; telles sont l'alcool, les huiles essentielles, le sulfure de carbone, la benzine, l'ammoniaque, etc. En résumé, la peau intacte absorbe bien certains gaz et vapeurs; elle n'absorbe que très peu l'eau et les solutions salines; elle se laisse un peu mieux pénétrer par certains sels en poudre et par les substances incorporées aux corps gras. B. — Absorption par la peau dépourvue de son épiderme et par les plaies. ^.\-r'^. La surface nue que laisse après elle l'application d'un vésica- toire sur la peau absorbe assez facilement les substances médi- camenteuses mises en contact avec elle. Il n'est pas nécessaire d'attendre plusieurs heures pour retrouver dans le sang- ou dans ABSORPTION ET ADMIMSTHATION PAR LES SÉREUSES. 33 les urines lu substance appliquée ; c'est g-énérulement en moins d'une demi-heure que l'absorption est déjà manifeste. Cette méthode de pénétration, appelée endcrmir/ue, est complè- tement abandonnée aujourd'hui à cause de l'irrégularité de l'absorption et des tares qui peuvent résulter d'une plaie. L'absorption par les plaies ordinaires est très variable; sa rapi- dité-dépend de la plaie et delà nature de la substance appliquée. Demarquay a démontré, en 18G7, que toutes les plaies absorbent l'iodure de potassium; que les plaies organisées absorbent plus rapidement que les plaies fraîches et saignantes. Jeannel et Laur , (\ lame ont empoisonne un chien en vingt minutes, en arrosant sa n plaie granuleuse intacte avec 10 grammes d'une solution de sul-' ''-'^ '-'■^'^'^ ' fate de strychnine à 1 p. 100. Ils ont constaté la présence de l'iodure de potassium dans le sang- au bout de quarante minutes, en arrosant une plaie granuleuse d'un chien avec 20 grammes d'une solution d'iodure de potassium à 20 p. 100. Ces mêmes auteurs ont obtenu un résultat entièrement négatif en arrosant une plaie granuleuse d'un chien avec 100 grammes d'eau con- tenant 5 grammes de peptone mercurique en suspension ; ils n'ont pas pu retrouver le mercure dans les urines. En résumé, les plaies }i07i saignantes absorbent rapidement les substances cristalloïdes facilement dilfusibles et peu les colloïdes non dilïusiltles. VI, — Absorption et administration des médicaments par les séreuses. Les séreuses absorbent très rapidement. Six minutes après l'injection de prussiate de potasse dans le péritoine, Lebkuchner a retrouvé le sel dans l'urine. Un lapin succombe en moins de quatre minutes si on lui injecte une dose toxique de strychnine dans le péritoine. Du sang- aseptique qu'on injecte dans le péri- toine disparaît après quelques jours. L'absorption se fait surtout dans ce cas par les lymphatiques, et elle s'exerce même sur les glo- bules entiers qu'on retrouve dans la lymphe du canal thoracique (Lesage). Le passage des globules rougesdansla lymphe prouve des communications directes entre le péritoine et les racines des vaisseaux lymphatiques. Richet a montré qu'on peut anesthésier le chien par l'injection intrapéritonéale d'une solution de chloral et de morphine. Esclauze et Edmond ont utilisé avec succès es Kaifmanx. 3 34 ADMIMSTRATIOX DIRECTE PAR LES VEINES. injections du chloral dans le péritoine chez le cheval pour obtenir le sommeil anesthésique. Ce qui vient d'être dit du péritoine s'applique à toutes les séreuses, plèvres, péricarde, gaine vaginale, synoviales articu- laires et tendineuses. Il faut tenir compte de cette absorption rapide possible des médicaments très actifs pour éviter les intoxications [)ar les injec- tions de liquides dans les synoviales et autres séreuses dans le but de modifier leur état. Les injections intraperifoncales peuvent rendre de grands services en médecine vétérinaire, notamment les injections d'une solution de chloral dans les coliques très douloureuses du cheval (Breton) et dans l'anesthésie. On perfore la paroi abdominale au milieu du flanc gauche à l'aide d'un fin trocart, et, après avoir retiré la tige, on injecte dans la canule laissée en place le liquide médi- camenteux soit à l'aide d'une seringue, soit quand la quantité est forte, à l'aide d'un appareil à soufflerie. Ordinairement ces injec- tions sont inoO'ensives. VII. — Administration directe des médicaments par les veines. Injections intraveineuses. En injectant directement les médicaments dans les veines, on assure leur distribution immédiate dans tout l'org-anisme par l'intermédiaire du sang-, et on hâte l'apparition de leurs effets généraux. Cette méthode, essayée d'abord sur les chiens vers 16G5, à Oxford, fut ensuite employée en médecine humaine. En médecine vétérinaire, l'injection intraveineuse n'est pas encore beaucoup entrée dans la pratique courante, mais elle est employée journellement dans les exj)ériences physiologiques et toxicologiques faites dans les laboratoires. Cette méthode con- stitue un excellent procédé de recherche. Elle permet d'étudier dans toute sa pureté l'action générale d'un médicament ou d'un poison ; car on évite l'apparition des effets secondaires d'origine locale qu'on observe souvent avec les autres modes d'administration. 1" Liquides à injecter. — On ne peut injecter dans les veines que les liquides qui sont dépourvus de propriétés caustiques et ADMINISTRATION DIRECTE PAR LES VEINES. 35 coagulantes trop ûnei-gique et de toute action hémalolytiquc importante. Pour éviter l'altération des globules, on doit faire usagée de solutions isotoniques en dissolvant le médicament dans du sérum physiolog'ique, c'est-à-dire dans une solution de chlo- rure de sodium de 7 à 0 p. 1000. On diminue la causticité et le pouvoir coagulant des médicaments par une dilution convenable. Gomme dissolvant et véhicule, on se sert d'eau, d'alcool ou de g'iycérine. Ces dissolvants ne provoquent par eux-mêmes aucun accident quand on se conforme aux indications formulées par le professeur Bouchard. On devra employer moins de 90 centimètres cubes d'eau, moins de 1",45 d'alcool absolu et moins de 5 centi- mètres cubes de glycérine par kilogramme d'animal. Le titre de l'alcool ne doit pas dépasser 20 p. 100 et celui de la glycérine 50 p. 100. En se conformant à ces prescriptions, on peut admi- nistrer par la voie veineuse tous les alcaloïdes, la plupart des sels et les sérums antitoxiques ou immunisants. 2° Appareils à injection. — Pour les injections intraveineuses, on se sert ordinairement de la seringue système Pravaz. Quand on a à injecter de g-randes quantités de liquide, comme dans les transfusions de sérum artificiel, on emploie des seringues plus volumineuses que la sering'ue Pravaz ordinaire, ou bien on a recours aux appareils construits à cet effet. Ces appareils sont tous construits d'après le même principe : mettre sous pression, à l'aide d'une poire ou d'une pompe, un liquide contenu dans un récipient, de manière à faciliter sa pénétration dans la veine ou les tissus. Le récipient pjeut être un flacon muni d'un bouchon» et portant deux tubes : l'un plong-eant au fond porte à son extré- mité un tube en caoutchouc muni d'une canule piquante; l'autre s'ouvrant immédiatement au-dessous du bouchon et portant à l'extérieur une poire de caoutchouc servant de pompe foulante. Le flacon, le tube de caoutchouc et l'aiguille ainsi que la solu. tion doivent être stérilisés et maintenus à la température de 38° environ pendant l'injection. Un moyen plus simple encore consiste à se servir d'un bock^^ à injections ^(ï\in entonnoir ou d'un vase quelconque stérilisablé présentant un orifice d'écoulement auquel on adapte un tube de caoutchouc muni d'une aiguille. Le réservoir contenant la solu- tion à injecter est porté à un niveau élevé pour donner de la pression. On obtient ainsi un écoulement rég-ulier et plus ou moins rapide suivant la hauteur du réservoir au-dessus de kJ'.OyA'^^ 36 ADMINISTRATION DIRECTE PAR LES VEINES. l'animal. Ces appareils peuvent servir aussi pour les injections sous-cutanées de grandes quantités de liquide. 3° Technique opératoire. — Il est indispensable que les solu- tions injectées soient stériles et que les instruments soient désin- fectés. 11 faut aussi que le liquide soit porté à la tempéralui'e du corps. Chez le cheval et le bœuf, on fait Tinjection dans la veine jugu- laire; chez le chien, à la veine saphène ou à la veine fémorale; chez le porc et le lapin, aux veines de l'oreille. Pour pénétrer dans la veine avec la canule piquante, on fait d'abord g-ontler le vaisseau en arrêtant la circulation par une <'om[)ression en aval, comme pour la saignée. La veine étant bien saillante, on y enfonce Taiguille en traversant la peau oblique- ment. Quand l'aiguille est dans la veine, elle laisse écouler du sang- ; il suffit alors de cesser la compression de la veine, d'adapter la seringue et de pousser lentement le piston. Quand l'opération est terminée, on retire la canule, qui ne laisse aucune trace de son passage. 4° Accidents possibles. — Les accidents qui peuvent se pro- duire pendant Tinjection sont : la mort \mv sijitcojjc ou par intro- duction d'air dnns le sang-. La mort par syncope cardiaque peut survenir quand on injecte trop vite ou en solutions trop concentrées certaines substances qui ag-issent énergiquement sur le cœur et arrêtent ses mouvements. On évite facilement cet accident par une injection très lente. Il y a des auteurs qui recommandent d'injecter dans une petite veine très éloignée du cœur. Évidemment cette précaution peut être employée quand on expérimente, mais elle ne peut pas être observée dans la ])ratique, car il n'est pas facile de pénétrer dans une petite veine sans la découvrir par une incision de la peau. J'ai injecté des centaines de fois des substances médicamenteuses dans la veine jugulaire, et je n'ai jamais observé d'accidents lorsque j'ai injecté avec lenteur. L'introduction de l'air dans la veine est facile à éviter. S"il y a des bulles d'air dans la seringue, il faut incliner celle-ci, pour que ces bulles restent toujours en contact avec le piston, et cesser de pousser, quand tout le liquide est sorti de la seringue. D'ail- leurs les quelques bulles d'air qui pourraient être injectées en même temps que le liquide seraient insuffisantes pour déterminer la mort, surtout chez les g-rands animaux. 11 faut, pour les tuer^ >■ INFLUENCE DU FOIE ET DU POUMON SUR L'ABSORPTION MÉDIC. 37 des quantités d'air assez considérables. Le mieux, c'est de purg-er d'air complètement la sering'ue avant de pratiquer l'injection. On a sig-nalé des accidents consécutifs : ce sont le tlirombus el ia phlébite. Le thrombus ne survient que lorsque la canule est trop volumineuse et que le sang- de la veine peut s'échapper par l'orifice fait à ses parois. Cet accident est extrêmement rare €t facile à éviter. La phlébite pourrait se produire si l'injection était faite avec une sering-ue malpropre ou si la substance injectée était irritante et caustique; je ne l'ai jamais observée à la suite des injections que j'ai pratiquées. Pour éviter les accidents, il est nécessaire d'employer une seringue et des canules convenables, très propres, et d'injecter avec lenteur des solutions étendues et neutres. 5" Avantages. — Jj'injection intraveineuse offre l'avantage de provoquer des effets presque instantanés. Elle a été employée ^"^ïivec grand succès en médecine humaine. Le professeur Bocelli V"''^ (de Rome), notamment, a obtenu de nombreuses g-uérisons dans des cas très g-raves ou désespérés par des injections dans les veines de sels de quinine en solutions neutres, de solution de bichlo- rure de mercure, de préparations arsenicales et ferrugineuses, de strophantine, de sérums anticharbonneux, antidyphtérique, etc. En médecine vétérinaire, elle peut recevoir aussi quelques applications. Elle a été recommandée par Dieckerhoff pour l'administration du chlorure de baryum dans les coliques et du collargol dans la fièvre pétéchiale chez le cheval. Elle est employée souvent pour introduire dans les vaisseaux de g-randes quantités de sérum artificiel, afin de relever la pression quand il y a hypotension à la suite de pertes de sang- graves et dans les maladies infec- tieuses. Les inconvénients qu'elle offre font qu'elle est d'une exécu- tion difficile et peut être accompag-née ou suivie d'accidents graves et même mortels lorsqu'elle est mal pratiquée. VIII. — Influence du foie et du poumon sur l'absorption médicamenteuse. Les médicaments ne sont réellement absorbés que lorsqu'ils sont parvenus dans le sang- artériel et transportés par son inter- médiaire dans le réseau capillaire général, au contact des cellules 38 INFLUENCE DU FOIE ET DU POUMON SUR L'ABSORPTION MÉDIC. organiques. Or, avant d'arriver dans le système artériel, le sang- veineux, qui s'est chargé de molécules médicamenteuses sur Tune des surfaces absorbantes étudiées ci-devant, est forcé de ti-averser le poumon et souvent aussi le foie. En passant à travers ces organes placés sur le trajet des veines, le sang- peut perdre une proportion ' , plus ou moins grande des principes actifs qu'il charrie. Il en chM^ résulte que, dans certains cas, les médicaments elles poisons admi- nistrés même à forte dose ne produisent pas d'elfets appréciables. Le foie, org-ane à travers lequel passe tout le sang- qui revient du tube gastfo-hites/i/ia/, peut agir de trois manières sur les sub- stances médicamenteuses et toxiques. 11 peut les retenir, les modi- fier et les éliminei-. Le foie retient au passage les sels métalliques, en général, et divers alcaloïdes : cuivre, mercure, fer, arsenic, antimoine, phos- phore, nicotine, quinine, morphine, strychnine, vératrine(Roger), antipyrine, cocaïne (Gley), etc. Lorsque ces substances sont absorbées par la muqueuse gastro-intestinale, elles sont plus ou moins complètement arrêtées par le foie, qui les fixe dans son. tissu. L'activité rélentive du foie à leur égard est sous la dépen- '^'*' dance de la fonction glycogénique et est, par conséquent, fort variable. Elle arrête les poisons d'autant plus activement que la proportion de glycogène est plus élevée (Cl. Bernard, Roger). (Juand le foie est privé de glycogène, comme cela arrive après une abstinence très prolongée ou pendant certaines maladies^ il laisse passer complètement toutes les substancees médicamen- teuses et toxiques. Dans ces conditions, les doses, qui d'ordi- naire sont facilement supportées, peuvent provoquer des acci- dents toxiques. Il faut donc tenir compte de l'état du foie dans l'établissement des doses administrées dans les diverses condi- tions pathologiques. En général, chez les jeunes animaux, le foie joue un rôle protecteur supérieur à celui du foie des adultes. Certaines substances ne sont jamais ai'rètées par le foie ; ce sont les sels de potasse, de soude, la glycérine, l'acétone, l'alcool, la digitaline, etc. Ces substances produisent toujours des effets identiques, quelle que soit la voie d'administration. A leur égard, le foie ne joue aucun rôle de rétention. Il peut même arriver que le foie exalte la toxicité de certaines substances d'origine microbienne. Ce fait a été observé par J. Tessier et Guinard ])Ourles toxines diphtéritiques, la pneiuno- bacilline, la malléine, qui, injectées dans une racine de la veine INFLUENCE DU FOIE ET DU POUMON SUR LWBSORPTION MEDIC. 39 porte, tuent à plus faible dose que lorsqu'elles sont introduites dans une autre veine. Quelle est l'action exercée par le foie sur les substances arrê- tées dans son parenchyme? Certaines substances, les sels métalliques en particulier, sont simplement fixées dans sa substance, sans subir de profondes mo- difications. Elles ne séjournent pas là indéfiniment. Le foie 1<3S û^ïjt,^^ cède peu à peu au sang-, à la lymphe ou à la bile. La portion dé- versée dans le sang- et la lymphe ne s'échappant qu'à doses très faibles, la substance a le temps de s'éliminer de l'org-anisme par les reins et autres voies sans que la dose présente dans le sang- artériel devienne dangereuse. La partie cédée à la bile arrive dans l'intestin. Là, une certaine quantité peut repasser à l'absorp- tion et revenir au foie, pour être excrétée encore par la bile; une autre portion peut aussi être détruite dans l'intestin ou être rendue insoluble et expulsée par les excréments. Beaucoup de substances retenues dans le foie sont modifiées profondément et rendues inoffensives; ainsi les sels d'ammoniaque très toxi- ques se transforment en urée dans le foie, substance à peu près inofï'ensive. Le foie n'agit donc pas simplement en diluant la matière toxique dans une plus grande masse de véhicule, mais bien en la re- tenant pendant un temps plus ou moins long- dans son paien- chyme ou en la modifiant au point de vue chimique, de manière à la rendre inotîensive. 11 ne s'agit pas d'une rétention purement passive, le foie agit activement par la vitalité de ses cellules. On comprend ainsi les grandes différences qu'on peut observer dans la puissance protectrice de cet organe, suivant son état d'intégrité -ulU/^ ou d'altération pathologique. Les substances qui n'ont pas passé par le foie ou qui n'y ont pas été retenues doivent passer dans le réseau capillaire pulmonaire avant d'arriver dans l'arbre artériel g-énéral. Dans le poumon, le sang- étalé en une immense nappe très j mince est en contact avec l'air et abandonne facilement ses prin- cipes volatils. C'est là que le sang- perd normalement son excès d'acide carbonique, c'est là aussi que s'échappent les vapeurs, les g-az de toute nature charriés par le sang-. 11 en résulte que, si une vapeur toxique entre dans le sang- par une surface absorbante quelconque, autre que le poumon lui-même, cette vapeur s'échap- pera par l'air de la respiration et ne produira pas ses effets g-éné- 40 INFLUENCE DU FOIE ET DU POUMON SUR L'ABSORPTION MÉDIU. raux sur l'ensemble de l'organisme. Le fait est facile à prouver avec l'aide de l'hydrogène sulfuré. Si on injecte lentement de 3 à 4 milligrammes de H-S en solu- tion aqueuse dans le rectum d'un lapin jjesant 1 kilogramme, on ne voit apparaître aucun phénomène toxique; mais déjà, au bout d'une minute, on voit la réaction caractéristique de H^S dans l'air expiré ; un papier trempé dans l'acétate de plomb se recouvre d'un noir brillant, lorsqu'on le place devant le nez de l'animal (Stokvis). Après cinq minutes, l'élimination cesse. Si on répète cette expé- rience sur un autre lapin de même taille, en injectant seulement 1 milligramme de H^S dans la trachée, on voit aussitôt des convulsions violentes apparaître et parfois l'animal succomber. Ainsi, par la voie pulmonaire, le gaz H-S est très toxique, tandis que par une autre voie il ne produit rien d'apparent à doses trois à quatre fois plus fortes. Cette différence s'explique facilement : Par l'introduction du gaz toxique dans l'appareil respiratoire, on assure sa dissolution dans le sang- pulmonaire et son passag-e dans l'arbre artériel, qui le conduit aux centres nerveux, où il pro- duit ses effets toxiques. Ainsi, lorsqu'un poison volatil existe dans le sang" veineux en quantité mortelle, il ne produit aucun effet si le poumon l'élimine et l'empêche d'arriverau sang- artériel ; mais, aussitôt que ce corps passe dans le sang- artériel par suite d'une insuffisance d'élimination pulmonaire, ses effets funestes appa- raissent. Ce fait explique poinxpioi l'anesthésie par l'éther et le chloroforme est facile lorsque ces liquides sont administrés par inhalation, et fort difficile ou même impossible quand ils sont admi- nistrés par une autre voie. Les vapeurs inhalées avec l'air se dissolvent dans le sang- pul- monaire et arrivent ainsi dans le sang- du cœur gauche, qui les transporte par l'arbre artériel dans tous les tissus. Les vapeurs absorbées sur une autre surface arrivent nécessairement dans le sang- veineux et, au moment où celui-ci passe dans le poumon, les vapeurs s'échappent avec l'air expiré. Dans ce dernier cas, l'anesthésie ne peut donc pas se produire, puisque les vapeurs anesthésiques sont éliminées avant d'avoir passé dans le sang- artériel, qui seul peut les transporter au contact des cellules ner- veuses du cerveau et de la moelle. ACTIONS MÉDICAMENTEUSES. 41 ACTIONS MÉDICAMENTEUSES Les médicaments peuvent exercer et épuiser leur action au lieu d'application ou agir par Tintermédiaire de la circulation sur lensemble de l'org-anisme. Action des médicaments topiques. Localement les médicaments agissent par leurs propriétés physiques ou chimiques. a. Action physique. — Les tissus peuvent être impressionnés par Tétat physique des médicaments : particules anguleuses et pointues, pouvoir absorbant et protecteur, viscosité, pouvoir déshydratant, etc. Ainsi certaines yjo^/rf/'es siliceuses, inertes au point de vue chimique, sont irritantes pour les tissus, unique- ment à cause des aspérités, des pointes qu'offrent à leur surface les particules dont elles sont formées. Grâce à ces aspérités, elles ■excitent mécaniquement les éléments vivants qui sont à leur contact et provoquent les phénomènes de l'inflammation. D'autres fois les poudres, loin d'être irritantes, sont douces, capables d'absorber les liquides et de préserver les surfaces du contact irritant de l'air et des agents extérieurs. Quelques-unes, comme la poudre de bojet, peuvent même être utilisées pour arrêter les hémorrag-ies à cause de la propriété qu'elles ont de former une ^.oLvii^'éroûte solide en présence du sang-. Les corps rjras, en g'énéral, doivent une partie de leur action à leur viscosité; cette propriété peut être utilisée pour faciliter le cheminement de corps étran- gers arrêtés dans l'œsophag-e ou d'autres conduits, pour éviter l'irritation de deux surfaces en contact qui frottent l'une contre l'autre, pour mettre les tissus à l'abri du contact de l'air. L'action laxative de l'huile de ricin n'est qu'une action mécanique. Divers médicaments sont déshydratants et dessèchent les sur- faces. b. Action chimique. — h' action chimique s'exerce fréquem- ment. Elle devient très manifeste pour les caustiques. Tout le monde sait que les acides forts, tels que l'acide sulfurique, l'acide azotique, etc., les sels caustiques tels que le nitrate d'arg-ent, le chlorure d'antimoine ou de zinc, le sublimé, les bases comme la potasse, la soude, ont des affinités chimiques tellement pronon- 42 ACTION DES MÉDICAMENTS ABSORBÉS. cées pour la substance des tissus que ceux-ci sont désorganisés et mortifiés à leur contact. Action des médicaments absorbés. Electivité médicamenteuse ou toxique. Quand une substance médicamenteuse ou toxique est dissé- minée par la circulation dans les divers points de Torganisme, elle arrive au contact de tous les éléments vivants des tissus et des organes. On sait que ces éléments sont très dissemblables, tant au point de vue de leur composition chimique qu'à celui de leur structure et de leur fonctionnement. Certains groupes cellulaires se laissent imprégner par une substance donnée, tandis que d'autres résistent ])lus ou moins énergiquement à Timprégna- tion. La g-rande affinité que manifestent certaines cellules pour une substance toxique ou médicamenteuse constitue Vélectivité. Cette electivité médicamenteuse ou toxique peut être rendue visible à l'œil en faisant absorber aux animaux certaines matières colorantes. Quand un animal est nourri pendant quelque temps avec de la g-arance, les os deviennent rouges, tandis que les autres tissus ■ c>. L , conservent leur coloration normale. Quand on fait à un animal yAAf^ une injection intraveineuse de bleu de méthylène, on voit que seules les fibrilles nerveuses formant les terminaisons périphé- riques sont colorées. L'analyse chimique des ditférents tissus d'animaux empoisonnés montre également que le poison n'est pas uniformément répandu partout, qu'on le trouve accumulé sur- • tout dans certains org-anes, dans certains éléments. L'oxyde de carbone se combine avec l'hémogiobine et se fixe sur les g-lobulcs roug'es du sang-. Chaque médicament ou poison agit donc de préférence sur certains groupes cellulaires. Cette action est tantôt une action physique de simple contact ou d'adhérence, tantôt une action chimique. Dans tous les cas, il se produit des modifications protoplasmiques, mais dont nous ignorons presque complète- ment la nature. Y Sur des coupes du cerveau et de la moelle provenant d'animaux ^- ' ' " maintenus sous l'influence des anesthésiques, on a vu le proto- plasma des cellules ganglionnaires être plus granuleux CI. Ber- nard, Ranke, etc.). On a pensé que cet état granuleux était le résultat de la coaguliition de l'albumine par l'agent anesthésique EFFETS PHYSIOLOGIQUES DES MÉDICAMENTS. U OU le fait d'une soustraction d'eau (Raphaël Dubois). Cet état g-ranuleux du protoplasma des cellules nerveuses a été observé après l'absorption d'alcaloïdes et de substances diverses. Mais de ce qu'on voit cet état granuleux sur les cellules mortes, il ne faudrait pas conclure qu'il existe aussi pendant la vie. Il est fort probable que, sur la cellule vivante, les modifications protoplas- miques engendrées par les médicaments sont moins g-rossières. Ne pouvant examiner les cellules au microscope pendant qu'elles sont encore vivantes, il nous est impossible d'avoir des notions certaines sur les modifications de structure qu'elles subissent sous l'action des médicaments. Chaque médicament et poison produit sans doute des modifications propres, mais en tout cas inconnues pour le moment. Ces modifications disparaissent d'ail- leurs en général assez rapidement, puisque, par l'élimination mé- dicamenteuse, les fonctions redeviennent normales. Effets physiologiques des médicaments. Les actions physico-chimiques exercées par les médicaments sur les éléments vivants des tissus provoquent des modifications organiques et fonctionnelles qui constituent les effets physiolo- giques ou pharmaco-dynamiques. Les tissus vivants réagissent en présence de la substance mé- dicamenteuse ou toxique. Cette réaction peut se manifester par des changements notables soit dans leur; activité nutritive, soit dans leur activité fonctionnelle. Les changements dans l'activité nutritive des cellules se tra- duisent par des augmentations, des ralentissements ou des per- versions. Parfois les cellules se gonflent, se divisent et proli- fèrent; d'autres fois, elles s'atrophient; d'autres fois encore elles subissent des dégénérescences diverses, par exemple la dégéné- rescence graisseuse. Les changements dans l'activité fonctionnelle des éléments anatomiques se traduisent soit par une exaltation, soit par une diminution, soit même par une extinction de Y activité \^vo\)r& de ces éléments. La même substance médicamenteuse ou toxique peut, à certaines doses, produire ces divers changements fonc- tionnels successivement. C'est pourquoi C. Bernard a pu poser la loi suivante : Arant (fctre paralysées et frappées à mort par un agent médicamenteux ou toxique, les cellules commencent 44 EFFETS PHYSIOLOGIQUES DES MFDICAMEiMS. iVahord par être excitées. Cette loi trouve sa plus complète démonstration dans les effets des hypno-anesthésiques. Tout le monde sait que le chloroforme, Téther, avant de para- lyser les centres encéphaliques et médullaires, les excitent au contraire fortement et provoquent une période d'agitation plus ou moins long-ue qui précède la période de sommeil anesthé- sique. Les modifications org-aniques et fonctionnelles provoquées primitivement par une substance médicamenteuse ou toxique peuvent, à leur tour, amener des modifications nouvelles, qui viennent compliquer les effets pharmaco-dynamiques visibles. C'est qu'en effet toutes les parties de l'organisme sont solidaires les unes des autres et agissent les unes sur les autres par l'inter- médiaire soit du système nerveux, soit du sang-. A la suite de l'emploi de topiques^ on voit souvent apparaître des effets éloi- g-nés d'ordre réfiexe, parfois très compliqués. Après l'appli- cation d'un sinapisme sous la poitrine du cheval, on constate deux sortes d'effets : les uns exactement localisés, comme la rougeur, la chaleur, la tuméfaction et la douleur; les autres éloig'nés, d'origine purement nerveuse et réflexe, comme les mo- difications de la respiration, de la circulation, de la thermog-e- nèse, etc. GeleyetL. Guinard ont constaté que l'application d'une solution de spartéine au ving-tième à la face interne des cuisses chez l'homme fébricitant produit, par la voie nerveuse et sans qu'il y ait absorption, un abaissement de la température rectale de 1" à 5°. Le système régulateur de la thermogenèse se trouve donc infiuencé dans ce cas par une action purement réfiexe. Beaucoup d'effets très importants consistent dans les actes nerveux réflexes provoqués par l'action exercée au lieu d'application des médicaments. Les médicaments absorbés produisent également deux sortes d'effets : effets principaux on primitifs et effets secondaires ou dérivés. Les effets principaux dépendent de l'électivité et de la locali- sation du médicament. C'est ainsi que les hypno-anesthésiques agissent d'abord sur les cellules nerveuses encéphaliques et mé- dullaires, provoquent l'ag-itation générale suivie du sommeil anesthésique et de la résolution musculaire. La strychnine se localise dans les cellules des centres réflexes médullaires; elle les excite, eng-endre des convulsions, puis les paralyse et produit RELATIONS ENTRE LES EFFETS PHYSIOLOGIQUES. 45 a mort. L'atropine a une électivité pour les terminaisons périphériques des nerfs glandulaires et des nerfs d'arrêt du cœur; elle les paralyse, supprime la sécrétion et empêche l'arrêt du cœur par action réflexe. Les effets secondaires ou dérivés proviennent non directement du médicament, mais sont une conséquence des effets princi- paux. Ainsi la digitaline localise son action sur le cœur et les vaisseaux; elle tonifie ces org-anes et améliore la circulation; c'est là l'ellet primitif. L'augmentation de la pression du sang- qu'elle détermine dans les artères a pour conséquence une sécré- tion urina ire plus abondante. La digitaline, tout en n'ayant pas d'action directe sur le rein, améliore le fonctionnement de cette g-lande, quand ce fonctionnement a été diminué, par suite d'une mauvaise circulation, d'une insuffisance de pression. Tout en n'étant pas diurétique, elle peut donc devenir diurétique toutes les fois que la diminution de la sécrétion urinaire est liée à un affaiblissement du cœur ou des vaisseaux. C'est là un effet secon- daire ou dérivé qu'on met souvent à profit en thérapeutique. Ces effets principaux ou secondaires seront étudiés avec détail à propos de chaque médicament. Relations entre les effets physiologiques, la composition et la structure chimique des médicaments. En présence des divers corps simples, l'organisme animal réag"it d'une façon différente. Chaque élément chimique produit des effets spécifiques. Divers auteurs avaient cru voir une relation entre l'activité physiologique ou toxique des corps simples et leur poids ato- mique. Mais il est reconnu aujourd'hui que cette relation n'existe pas. Un fait seulement est certain, c'est que les corps de la même famille chimique ont parfois des effets concordants ; c'est ce qui se présente pour l'arsenic, l'antimoine, le phosphore. Pour les corps cofnposés, comme les sels métalliques, c'est tan- tôt l'action de la base, tantôt celle de l'acide qui prédomine. Pour les cyanures, les iodures, les chlorures, les bromures, les arsé- niates de base alcaline, potasse ou soude, ce sont ordinairement les effets de l'acide qui apparaissent. Au contraire, dans les sels métalliques ou sels alcaloïdes, sels de mercure, de cuivre, de 40 f RELATIONS ENTRE LES EFFETS PHYSIOLOGIQUES. plomb, d'arg-ent, de strychine, d'aconititie, etc., c'est toujours la base qui agit ; Teflet de l'acide passe inaperçu. D'expériences comparatives faites avec les chlorures, les bro- mures et les iodures alcalins, Gh. Richet a constaté une relation entre le poids raoléculaii^e et la toxicité. Les composés dont la molécule était la plus lourde étaient les plus toxiques. Mais cette loi n'a pas été reconnue exacte avec d'autres composés. On ne peut donc pas mesurer la toxicité d'une substance en se basant exclusivement sur son poids atomique ou son poids moléculaire. Pour les composés cotnplejces, surtout ceux de la chimie orga- nique la structure chimique exerce une grande influence sur les cllets physiologiques ou toxiques. En g'énéral, les corps à consti- tution homologue ont des effets semblables (Stokvis). Ainsi tous les alcools monoatomiques de la série grasse, alcool amylique, alcool méthylique, alcool propylique, alcool butylique, provoquent le phénomène de l'ivresse; les alcools de la série aromatique sont antiseptiques (benzol, phénol, crésol, phlorol, thymol) ; tous les composés chlorés de méthane, méthane mono- chloré, dichloré, trichloré (chloroforme) et tétrachloré (tétrachlo- rure de carbone), agissent sur le système nerveux central et produisent l'anesthésie et le sommeil; tous les dérivés de l'atro- pine ont la propriété de dilater la pupille (atropine, belladonine, daturine, hyoscyamine, tropéine). On a remarqué que les chang-ements dans l'un des éléments de la molécule d'un corps, que la substitution d'un radical à un autre, peuvent entraîner parfois des changements dans l'action physiolo- gique primitive. Ainsi la plupart des alcaloïdes deviennent cura- risants dès qu'on remplace 1 atome d'hydrogène par le radical éthylique ou méthylique (Fraser, Joly et Cahours). La strychnine est tétanisante, l'éthylstrychnine et la méthylstrychnine, quoi- que ayant la même structure chimique, sont paralysantes. D'autre part, des corps parfaitement isomères peuvent avoir des propriétés très différentes. Dans ces cas, la différence de l'efîet dépend de la place occupée dans la molécule par OH. La métatoluidine est plus active que l'orfho et la paratolui- dine (Wertheimer et Meyer). L'acide salicylique est plus actif que ses deux isomères, l'acide métaoxybenzoïque et l'acide para- oxybenzoïque. Ldi polymérisation, qm cons\Q\.e dans ce fait qu'un corps est fixé un plus ou moins g-rand nombre de fois sur lui-même, a MODIFICATIONS SUBIES PAR LES MEDICAMENTS DANS L'ORGANISME. 47 également une grande importance. Ainsi le paraldéhyde i trial- déhyde) est nettement somnifère, tandis que les mono et dial- déhydes ne produisent pas le sommeil. L'état allotropique apporte également des moditications de l'intensité de l'action des corps ; le phosphore ordinaire est très toxique ; le phosphore rouge ne l'est que fort peu. Modifications sjjbies par les médicaments dans -O'.^jXi/^^^' l'organisme. Pendant que les médicaments agissent sur l'organisme animal, ils peuvent subir des modifications chimiques plus ou moins im- portantes. Ces moditications se produisent soit au point d'appli- cation, soit, après l'absorption, dans le sang- et les divers tissus. 1° Modifications subies au point d'application. — Au contact des surfaces absorbantes : peau, muqueuses, tissu conjonctif, les substances insolubles peuvent devenir solubles et passer à l'ab- sorption. Telestle cas descomposésmercuriels insolubles, comme le calomel, le sulfure de mercure, les composés insolubles de plomb, l'arsenic métallique, etc. Il est démontré que le calomel €n poudre appliqué sur la peau, sur la conjonctive, ou introduit dans l'estomac, se transforme partiellement en un composé mer- curiel soluble qui, pouvant passer à l'absorption, détermine par- fois l'empoisonnement mercuriel. Manouvrier a montré que les composés insolubles de plomb peuvent, lorsqu'ils sont appliqués sur la peau, deveniren partie solubles et provoquer des paralysies locales. L'arsenic métallique déposé sous la peau empoisonne les animaux ; ce corps devient donc soluble. Dans le tube digestif, la salive, le suc gastrique, la bile, le suc pancréatique et le suc entérique constituent des liquides dissol- vants pour nombre de substances insolubles. En présence du suc gastrique, qui, comme on le sait, contient de l'acide chlorhydrique, les carbonates sont transformés en chlorures ; le carbonate de baryte insoluble donne du chlorure de baryum ; le bicarbonate de soude donne du chlorure de sodium ; le soufre doré d'antimoine insoluble, du chlorure d'antimoine ; le calomel, du bichlorure de mercure. Laplupartdessels, des oxydes métalliques, des alcaloïdes trouvent dans le suc g'astrique des conditions favorables à leur dissolution et à leur décomposition. Certains médicaments, insolubles dans le suc g-astrique, se dis- 48 MODIFICATIONS SUIVIES PAR LES MÉDICAMENTS DANS L'ORGANISME. solvent dansla bile ; c'est le cas pour l'acide convolvuliqueet les anhydrides d'acides résineux qui constituent les principes actifs de certains purgatifs d'orig-ine vég-étale. Le phospore trouvedans l'intestin la bile et les g-raisses qui le dissolvent et le rendent soluble et absorbable. Le cinabre, ou sulfure de mercure, malgré son insolubilité dans l'eau, peut devenir en partie soluble, en présence des sucs dig-es- tifs, et être absorbé dans l'intestin. Après l'administration de ce corps, on peut, en elîet, retrouver du mercure dans le foie, les muscles et les reins (Cœnen). Au point d'application, les médicaments non seulement peuvent devenir solubles, mais se modider par dédoublement ou par ré- duction et peut-être aussi par oxydation. On sait que la salive solubilise l'amidon et les substances fécu- lentes en général et les dédouble en lévulose et dextrose. Sous l'influence du suc pancréatique, les g-raisses neutres s'émulsion- nentetse dédoublent en acides g-ras et glycérine. Bon nombre de médicaments subissent dans l'intestin un dédoublement ; ainsi le salol donne de l'acide salicylique et du phénol. Lebétol ounaphto- salol donne de l'acide salicylique et du naphtol ; le benzonaptol se décompose en acide benzoïque et naphtol; lasalicine en saligénine et dextrose. On pourrait multiplier les exemples. Ces dédoublements sont provoqués en partie par les sucs diges- tifs et en partie par les ferments fig'urés. Les processus de réduction s'observent également. Ainsi les sulfates, les sels des oxydes métalliques sont réduits en présence de H-Sdu gros intestin et transformés au moinspartiellement en sulfures insolubles, qui sont expulsés avec les excréments. 2" Modifications des médicaments après leur absorption. — Une fois transportés par l'absorption dans toutes les parties du corps, les médicaments peuvent aussi subir des modifications au contact du sang- et des tissus. L'acide benzoïque et leglycocolle, en se rencontrant dans le foie et les reins, se combinent pour donner de l'acide hippurique ; les divers phénols se combinent dans le foie avec l'acide sulfurique provenant do la désassimilalion alini- miaoïde et forment des ulfophénates qui sont inollensifs et s'éliminent par les urines. Certains médicaments subissent urte oxydation ; ainsi les sulfites en s'oxydantse transforment en sul- fates ; les sels à acides organiques, tels que les tartrates, les ma- lates, les lactates donnent par oxydation des carbonates alcalins ; CAUSES FAISANT VARIER LES EFFETS DES MÉDICAMENTS. 49 la morphine s'oxyde et devient de Toxydimorphine (Landsberg). Les oxydations se font sous l'influence d'une oxydase qu'on a pu extraire des divers tissus animaux (Abelous et Biarnès). L'oxydase serait d'origine leucocytaire (Portier). Les processus de réduction peuvent ég-alement s'observer ; les iodates se retrouvent à l'état d'iodures dans les urines. Certains corps se dédoublent dans le sang- : tel est le cas du chloral, qui donne du chloroforme et de l'acide formique. Enfin des synthèses se produisent : la pyridine se combine à l'ammo- niaque et au radical méthyle pour donner du méthylpyridammo- nium; les telluratesdonnent du mcthylatede tellure; lesséléniates, •des méthylates de sélénium. Nombre de médicaments contractent, avec l'albumine du sang- et des tissus, des combinaisons encore peu connues. Beaucoup •disparaissent rapidement du sang-; ils sont fixés dans certains tissus, où ils séjournent plus ou moins longtemps sous des •formes peu connues. " • ^.^iv-tc-. Certaines substances ne sont modifiées qu'au moment de l'éli- mination ; ainsi l'essence de térébenthine devient de l'essence de violette dans le rein, immédiatement avant de passer dans l'urine. Il y a des médicaments qui sont complètement détruits dans l'org-anisme et ne se retrouvent plus dans les excrétions même sous forme de dérivés: exemple la cocaïne, lesulfonal. Causes faisant varier les effets des médicaments. Une substancemédicamenteuse ou toxique étant administrée, on peut observer des variations nombreuses dans la nature et l'inten- sité des effets physiologiques qui lui sont propres. Ces variations tiennent soit à l'agent administré, soit à l'organisme qui le reçoit. î. — Causes de variabilité inhérentes au médicament. 1° Qualité du médicament. — 11 est évident que, dans laction d'un médicament, la qualité joue un rôle énorme. Est-il besoin do dire qu'en médecine vétérinaire, comme en médecine humaine, on doit rejeter absolument les remèdes de qualité inférieure, altérés ou falsifiés. On ne peut en effet compter sur une action ^^^c>- physiolog-ique et thérapeutique certaine qu'avec des agents KvriMAXN. * SO CAUSES DE VARIARILITÉ INHÉRENTES AU MÉDICAMENT. olfrant toute garantie de pureté, de composition et de provenance. En médecine, comme en piiysique ou en chimie, on ne doit rien négliger pour obtenir des résultats mathématicjuement exacts. Quand on administre une substance, on doit connaître d'avance la nature et l'intensité des ellets qu'elle va produire. Sans ces con- naissances, on s'expose à des surprises désagréables ; on peut devenir la cause involontaire de la mort du malade que Ion traite. La médecine doit devenir scientifique, c'est-à-dire exacte. Or l'exactitude ne sera possible que si nous employons des médica- ments toujours identiques et dont les propriétés sont bien déter- minées. 2'' Préparation, forme, mode d'administration. — Un même médicament peut avoir des ellets variables suivant la nature du véhicule et son état de concentration. L'acide ])hénique en solution aqueuse est plus actif et plus toxique qu'en solution alcoolique, glycérinée ou huileuse. L'acide phénique en solution dans l'eau distillée est très antiseptique, tandis que, dissous dans l'alcool ou l'huile, il ne jouit d'aucun pouvoir antivi- rulent. En solution aqueuse concentrée, le phénol est caustique; il n'est pas caustique en solution glycérinée concentrée (Caries). Tel médicament, qui a un faible degré de concentration, est sim- plement astringent et antiseptique, peut, à concentration forte, devenir très irritant ou caustique ; exemple : le nitrate d'argent, le bichlorure de mercure, etc. La forme liquide est la plus favorable à l'action médicamenteuse. La forme solide pilulaire ralentit l'absorption et, par suite, Jévo- lution des elfets. La pilule peut même parfois ne produire aucun etfet, parce qu'elle est trop compacte et ne se désagrège ]ias. Suivant que l'administration a lieu par une voie ou une auti-e. suivant que le médicament est donné à l'état de concentration faible ou forte, il agit avec une intensité variable. La rapidité plus ou moins grande de l'absorption explique ces ditlerences d'activité. On conçoit que, si le médicament arrive trèsrapidement en grande masse dans le sang, ses effets seront jjrompls et énergiques. Le curare administré à l'intérieur reste sans ellets ; injecté sous la peau, dans le poumon ouïes séreuses, il agit très vite. La même quantité absolue de cocaïne, de strychnine, etc., produira des etîets très différents suivaut le titre des solutions administrées. L'expé- rimentation montre que l'action toxique est en rapport direct avec le titre de la solution. En général, la durée de l'action est en raison CAUSES DE VARIABILITÉ INHERENTES AU MÉDICAMENT. St inverse de rintensité. Si le médicament est absorbé lentement, il .\.'jirfi longtemps, mais ses elîets seront moins intenses. jj^ 3" Doses. — La dose du médicament indue parfois beaucoup non seulement sur l'intensité, mais aussi sur la nature des ell'ets. L'acide chlorhydrique dilué à i p. iOO favorise la fermentation alcoolique produite par le Mycoderma aceti^ tandis que, dilué à. 6 p. 100, il la paralyse (Hirschberg). A très faible dose, l'acide arsénieu.x, l'acide chromique, l'iode, le brome, le sublimé, sont favorables au développement de la levure et activent la fermen- tation, tandis qu'à dose plus élevée ces mêmes substances ont une action d'arrêt surla fermentation (Hug-o-Schultz et Biernacki). D'après Mosso, des solutions très diluées de quelques alcaloïdes- (atropine, morphine, strychnine) exercent une influence favorable sur la g'ermination de quelques g-raines. En solutions plus con- centrées, ces mêmes alcaloïdes retardent ou empêchent la g'ermi- nation. Le curare, avant de paralyser, excite les terminaisons des nerfs moteurs. A très faible dose, l'atropine rétrécit la pupille et la dilate à dose un peu plus forte. A faible dose, la digntaiine i-alentit le cœur ; à dose forte, elle accélère ses battements. En faible quantité, la morphine, l'alcool excitent les fonctions cérébro- spinales ; à dose forte, ces ag-ents les dépriment. Quand la dose est fractionnée, le médicament agit plus fai- blement, mais l'action est continue, ce qui est souvent un avantage. On rechei'che la continuité d'action pour les toniques, les antipy- rétiques, etc. D'autre part, certaines substances n'agissent bien qu'à dose massive : exemple les purg-atifs. La question de dose *jif.û^-'%g't donc importante tant au point de vue do Tintensité que de la nature des ell'ets physiologiques et curatifs. 4'' Association des médicaments. — L'association médica- menteuse peut avoir des ellèls avantageux et des elfets nuisibles,. a. Effets avantageux. — L'association est recherchée dans plusieurs buts : , 1^ Pour corrig-er ou masquer la saveur et l'odeur désag-réables. Ainsi la mauvaise odeur de l'iodoforme disparaît quand on le mélange à l'huile de foie de morue ou à l'essence d'anis. 2° Pour mitiger une action locale nuisible exercée par le médicament sur la surface absorbante, principalement sur la muqueuse g-astro-intestinale. Le sublimé et la quinine sont beau- coup mieux tolérés quand on les associe à l'opium. 52 CAUSES DE VARIAIMI.ITE INHERENTES AU MÉDICAMENT. ^i" Poui" augmcnlor les ellels pur action synergique. 11 y a si/iicrgis>ne lorsque deux substances agissent dans le même sens. Dans ces cas, il peut se faire qu'il y ait simple addition des elFets de chacun des médicaments; mais souvent aussi les ellets sont plus forts que la somme des elfets particuliers et parfois offrent aussi quelques caractères spéciaux. Les substances purgatives agissent généralement mieux lorsqu'elles sont associées ; il en est de même des antiseptiques, des irritants locaux, des anesthésiques et des hypnotiques, etc. Par les associations convenablement faites, l'effet recherché s'obtient plus sûrement, et les chances d'intoxication sont ïno'"dres. \^-,4J.^XJ--Uh Un acide ajouté aux solutions de phénol, de sublimé ou d'autres antiseptiques augmente beaucoup leur pouvoir microbicide. Un coNyre lenfermant de l'atropine, du sulfate de duboisine et de la cocaïne provoque une mydnase plus forte que n'importe quelle substance employée isolément ; un mélang-e d'ésérine et de pilocari)ine pioduit des évacuations intestinales plus sûrement que l'un de ces alcaloïdes piis seul. La morphinisalion préalable favorise singulièrement l'aneslhésie par le chloroforme et l'élher. 4" Pour rendre l'absorption plus facile et plus certaine, on associe au médicament actif un excipient convenable ou un autre médi- cament. La liqueur de Van Swieten dissoute dans du lait est absorbée plus facilement (|ue dans un autre véhicule. L'étlier favorise l'absorption delà plupart des alcaloïdes. 5° Pour assurerla solubilité d'une substance ;benzoate de soude pour la caféine, acide tartrique pour le sulfate de quinine. G° Pour favoriser l'élimination, on associe des substances acti- vant la sécrétion de g-landes. Ainsi quand à un médicament on associe une substance diurétique, il s'élimine plus rapidement par les urines. 7° L'association permet parfois de répondre simultanément à plusieurs indications. Dans la bronchite, on associe souvent le kermès et l'opium; le premier favorise l'expectoration en flui- dijiant la sécrétion ; le second tarit les sécrétions et calme la toux. '■ /- Des thérapeutes autorisés admettent que souvent il est [ilus avantag-eux de faite usage des pi'éparations obtenues avec des pro- duits végétaux que des principes chimiques isolés comme les alcaloïdes, parce que, dans les produits végétaux, divers principes CAUSES HK VARIABILITÉ INIIEKENÏES AU MEDICAMENT. ai sont associés à ces alcaloïdes et modifient avantageusement leur activité. Ainsi, contre la diarrhée, Topium ou le laudanum ag'issent plus efficacement que la morphine ; le semeii-contra est - plus vermifuge et moins toxique que ses substances composantes, " i^-^- -- ■ '-— santonine et huile volatile. Le quinquina est un meilleur tonique '^:>*-Y^ — '^.^aJ-ù- que la quinine. cur^O' ^'En pareilje matière, il ne faut pas être exclusif. f Si en médecine vétérinaire nous avons intérêt, le plus souvent, employer les drogues vég"étales ou leurs préparations g-alé- niques, il est cependant un grand nombre de cas où il est plus avantageux de s'adresser aux principes actifs isolés, parce le dosag'e et l'administration sont jjIus faciles et les effets plus prompts. 6. Effets nuisibles. — Ils consistent dans les incompatibilités . Celles-ci peuvent être chimiques, physiques ou pharmacodyna- miques. Incompatibilité chimique. — H y a incompatibilité lorsque, dans un mélange, les médicaments qui sont associés exercent les uns sur les autres une action chimique réciproque consistant dans des précipitations, des décompositions ou même des explosions. L'action qui peut résulter de ces mélang-es est susceptible de diminuer ou d'annihiler leurs effets ou, au contraire de leur conférer des propriétés dangereuses. Ordinairement l'incompatibilité se traduit par Vinacticité. Quand des sels de fer sont administrés en même temps que du tanin ou une substance qui en contient, il se forme du tannate de fer presque complètement insoluble et dont l'action astrin- gente est presque nulle. Quand à delà farine de moutarde on ajoute du vinaig-re, oncoag'ule la myrosine et on s'oppose à la formation d'essence de moutarde, qui est le principe actif des sinapismes. Les alcalis donnés en même temps que des acides sont neutraUsés et perdent leur action propre. Parfois l'incompatibilité chimique qui aboutit à la formation d'un précipité insoluble n'empêche pas complètement l'action physiologique. On peut même parfois utiliser cette incompati- bilité chimique pour atténuer l'action médicamenteuse immédiate et prolonger sa durée. Ainsi l'association des préparations tan- niques, notamment du quinquina, avec les composés ferrugineux ou les alcaloïdes produit des précipités chimiques insolubles, qui, dans le tube digestif, se solubilisent ensuite lentement et exercent Si CAUSES DE VARIAUILITE INFIÉRENTES AU MEDICAMENT. ■une action l'ailjle mais prolong-ée. Un principe inerte iii vUro peut fort bien devenir soluble et actif au contact des liquides organiques de la muquiHise gaslro-inlestinaie, de sorte que rincompatibilité •chimique n'entraîne pas fatalement l'incompatibilité physio- logique. Le résultat de rincompatibilité peut aussi être la formation d'un produit : toxique ou explosif. Le calomel et l'iodure de potassium déterminent la formation d'un iodure de mercure qui est caustique et très toxique. Le sucre, le charbon, les poudres végétales en général forment des composés explosibles avec les chlorates, les permanganates, les bichromates. Substances incompatibles (1). Acides Ali'filis. lait, (■miilNidiis, en yénéral les siihstances con- tenant de l'albumine. Acétate de ploiiili.. . . l:;au chargée d'acide carbonique, acides, lait, alcalis, infusions végétales contenant du tanin. Acide arsénieux. . . . Eau de chaux (l'orme de l'arsénite insoluble). Acide chlorhydiique. Nitrate d'argent. Acide sull'ui'ique. . . . Sels de plomb, de cliaux. Alcalis végétaux.... Iode, brome, chlore. Alun \lcalis, sels d'argent, plomb, mercure. Ammoniaque .Acides, sels acides, alun, sels de plomb. Antinioniaux Ouinquina, substances à base de tanin, sulfures alca- lins. Borax Aiidcs, Café Sels métalliques . Calomel t'er, zinc, alcalis, sulfures alcalins, chlorhydrate d'am- moniaque et iodure de potassium. Carbonates Sels acides, solution de chaux, de manganèse, d'alu- mine, de fer, de zinc, de sublimé, etc... Chaux Acides, infusions à base de tanin. Chlore Sels de plomb et d'argent. Chlorates lodures. Citrons Ah'alis, eau de chaux, dissolulions luédalliques. Digitale Sels de plomb, de fer, quin([uina, substances contenant du tanin, Émétique Ouinquina et substances à base do tanin. Krgot de seigle \cideà énergiques et alcalis. Ferrugineux Les sels ferriquos ne doivent pas être prescrits avec les substances contenant du tanin. Les sels ferreux peuvent l'être parce qu'ils ne donnent pas de préci- l)ilé avec le tanin (Rabuteau). Gomme Alcool. Iode Matières végétales. Iodure de potassium. Sels uiétalliques, argent, mercure, etc. Ipécacuanha.; Substances contenant du tanin, (1) Tableau extrait du .Manuel de Ihérapeuticiuc du D'' Paii.!Ei\, CAUSES DE VARIAIilLITÉ INHÉRENTES AU MEDICAMENT. od Lochs et lait Acidus. Morphine loilo. chlore, brome. Nitrate d'argent.... Chlore, chlorures, acides, alcools, savons, substance à base de tanin. Employer toujours l'eau distillée. Opium Sels de plomb, d'argent, tie mercure. Quinquina Les sels métalliques (surtout les ferrugineux, à moins qu'il ne s'agisse de sels ferreuxK Ratanhia. tanin Les substances contenant de la gélatine ou de l'albu- mine, la digitale, les antimoniaux, etc. Rhubarbe Les dissolutions métalliques. Séné L'émétique. Sublimé corrosif Les alcalis, sulfures, les mixtures (fer. zinc, cuivrel. Les infusions végétales astringentes. Sulfates Sels de baryte et de plomb. Sulfate de cuivre. . . Sels de fer, de zinc, les alcalins, les sulfures, les borates, savons, l'acétate de plomb et les liqueurs contenant du tanin. Sulfate de magnésie. Alcalis et leurs carbonates, sels de baryte et de plomb. Sulfate de zinc * Alcalis, leurs carbonates et les sulfures alcalins. c Incompatibilité physk^ue. — Elle peut relever de trois phénomènes la nûscjMlité, Vliygroscopie et la précipitation par les véhicules. On doit éviter Tassociation de liquides non miscibles et qui ne peuvent pas donner des émulsions homogènes par une agitation prolong-ée. Il ne faut pas faire entrer dans une prépara- tion solide des poudres hygroscopiques qui attireraient l'humi- dité et en provoqueraient Taltération. Il faut éviter d'ajouter à une solution un autre véhicule qui provoquerait une précipitation: ainsi il ne faut pas ajouter d'eau aux teintures, ni mélanger des teintures ayant des titres alcooliques différents. d. Incompatibilité pharmacodynamique. — Lorque, dans lorg-anisme, une substance empêche ou diminue les elfets d'une autre substance, il y aantag-onismeouantidotisme suivant les cas. Antagonisme. — Dans l'antagonisme, les deux substances coexistent sans agir chimiquement Tune sur l'autre ; elles développent parallèlement leur action ; mais les deux actions étant contraires, elles se neutralisent plus ou moins. Les antago- nistes agissent sur les mêmes organes, les mêmes éléments orga- niques, mais en sens inverse. Tandis que l'une des substances agit comme excitant, l'autre agit comme paralysant. La strychnine et les anasthésiques sont antagonistes. La strychnine excite les «ellules de la moelle épinière et tend à ])roduire des convulsions réflexes; les anesthésiques, au contraire, diminuent l'excitabilité des mêmes cellules médullaires et annihilent le pouvoir réflexe. Le médicament dit antagoniste doit remplir deux conditions : il 56 CAUSES DE VARIABILITÉ INHÉRENTES AU MEDICAMENT. doit ag'ir sur le même élément organique et en sens inverse de la; substance dont il annihile les effets. Quand un poison combat les. effets d'un autre sans agir sur les mêmes éléments, il n'y a pas antagonisme vrai. Ainsi le curare, qui paralyse, n'est pas un antagoniste de la strychnine, qui produit des convulsions, parce que, pour produire la-paralysie, le curare agit surlesterminaisons- des nerfs moteurs et la strychnine, pour provoquer des convul- sions, agit sur les cellules de la moelle. On distingue un antagonisme simple ai un antagonistne réci- proque. Dans l'antagonisme simple, la substance A est capable d'annihiler les ellets de la substance B ; mais cette dernière ne- jouit pas de la même propriété vis-à-vis de A. Dans l'antago- nisme réciproque, les deux substances peuvent s'annihiler réci- proquement. Un cas d'antagonisme simple est olfèrt par l'atropine- et la pilocai'pine. Ce dernier alcaloïde excite les sécrétions, l'atro- pine les supprime, même lorsque l'animal est sous l'influence de iapilocarpine. Quand les sécrétions ont été arrêtées par l'atropine,, la pilocarpine est impuissante aies rétablir complètement. L'atro- pine fait donc disparaître les ellets de la pilocarpine, mais cette dernière n'a pas la pro[)riété de faire disparaître ceux de l'atro- pine. Un exemple d'antagonisme réciproque est donné par l'ésérine et l'atropine. Sous l'influence de l'ésérine, les glandes salivaires paralysées préalablement par l'atropine reprennent leur l'onction sécrétoire, et la pupille dilatée par l'atropine se rétrécit; inverse- ment, la sécréfion salivaire fortement augmentée par l'ésérine cesse sous Tinfluence de l'atropine, en même temps que lapupille se dilate. L'ésérine détruit les eflets de l'atropine, et réciproque- ment l'atropine détruit ceux de l'ésérine. Antidotisme. — Les antidotes sont les substances qui em- pêchent l'éclosion des phénomènes d'empoisonnement ou qui en arrêtent la marche. Ils agissent par suite d'une modification chi- mique qu'ils font éprouver au poison qu'il s'agit de combattre. Ordinairement ils atteignent le poison dans le tube digestif avant son absorption. Le plus souvent, les antidotes ou contrepoisons forment avec la substance toxique des combinaisons insolubles qui la rendent réfractaire à l'absorption; c'est ainsi qu'agit le blanc d'oeuf vis-à- vis des sels métalliques, l'acide tannique vis-à-vis des alcaloïdes et l'essence de térébenthine vieille vis-à-vis du phosphore. D'au- CAUSES DE VARIABILITÉ INHÉRENTES A L'ANIMAL. 57> très fois, le contrepoison forme avec le toxique un composé inoffensif, quoique soluble ; ainsi i'empoisonnementpar les alcalis- caustiques sera combattu par l'administralion d'acides org-aniques ou minéraux dilués formant avec eux des sels inollensifs. Une fois que le poison a passé à l'absorption et qu'il est dissé- miné dans tout l'organisme par l'intermédiaire de la circulation» l'action antidotique est difficile à réaliser. 11 n'y a jusqu'à pré- sent qu'un seul exemple indiscutable d'action antidotique après absorption, c'est celui découvert par Heymans (de Gand) et qui concerne Thyposulfite de sodium et le nitrilemalonique. Le nitril& malonique est très toxique ; après son absorption, il tue rapi- dement les animaux. Or, quelle que soit la quantité de poison^ absorbée, quel que soit le mode d'administration (stomacal^ hypodermique, veineux), quelle que soit la durée et l'intensité de l'intoxication, pourvu que la respiration ne soit pas encore éteinte, on peut faire disparaître comme par enchantement, dans- l'espace de cinq à dix minutes, tous les symptômes d'empoison- nement, par l'injection intraveineuse d'hyposulfite de sodium à dose adéquate à celle du nitrile malonique. iVA}-ïAA/^'^ L'expérience donne des résultats extrêmementsaisissantschez le lapin. Quand, après l'injection de 30 milligrammes de nitrile malonique (dose cinq fois mortelle), l'animal est couché inerte et sur le point de succomber, on peut le ramener à la santé très rapide- ment en lui injectant 50 centigrammes d'hyposulfite de sodium dans les veines. 2. — Causes de variabilité inhérentes à ranimai. Les principales causes tenant à l'organisme sont l'espèce, l àg'e, la taille, la race, le tempérament, le sexe, l'idiosyncrasie, l'état, de l'appareil digestif et des voies d'excrétion. a. Espèce animale. — Une substance toxique ou médicamen- teuse n'agit pas de la même manière et avec la même intensité sur toutes les espèces animales. Il y a, sous ce rapport, des diffé- rences considérables qu'il importe de connaître pour faire un usage rationnel des médicaments en médecine vétérinaire. Pre- nons trois animaux de même àg-e, de même poids, mais apparte- nant à trois espèces différentes : poule, lapin, chien. Injectons sous la peau de chacun de ces animaux la même quantité d'une solution de chlorhydrate de morphine ; nous verrons le chien 58 CAUSES DE VARIABILITÉ INHÉRENTES A L'ANIMAL. tomber rapidement dans le sommeil, tandis que le lapin et la poule ne présenteront rien d'anormal. Si nous aug-mentons la dose prog-n^ssivement, le chien pourra succomber, tandis qu'on ne verra siu- les deux autres animaux que des eflets légers. Des difïérences analog"ues peuvent s'observer avec un g-rand nombre de substances très actives. Ainsi le lapin est fort peu sen- sible à l'atropine, tandis que les carnassiers, en g-énéral, sont fortement influencés par cet alcaloïde. L'apomorphine produit facilement le vomissement chez le chien et l'homme, mais ne provoque pas la moindre nausée chez le porc. La morphine, qui est hypnotique chez l'homme et le chien, produit sur le chat, la chèvre, le porc, le bœuf et le cheval, un effet excitant et convulsivant fort marqué. D'après les recherches de L. Guinard, le chat est tué par la morphine à la dose de 4 centigrammes par kilog-ramme d'animal, tandis que la chèvre peut supporter jusqu'à 50 centig-rammes par kilog-ramme. Les doses toxiques de phénol varient considérablement pour des espèces animales différentes. Tandis que les lapins peuvent supporter cette substance h dose très forte, les chiens, les rats, les chats sont sensibles aux moindres doses. La dig-italine est très toxique pour le chat, tandis que le rat, le crapaud et la couleuvre sont presque insensibles à son action. b. Age. — Dans la même espèce, l'àg-e aune influence sur l'ac- tivité médicamenteuse. On sait combien les enfants sont sensibles à l'opium etàlamor- phine. Une goutte de laudanum suffit parfois pour tuer un nou- veau-né. Guinaid a constaté aussi que les tout jeunes chiens sont beaucoup plus sensibles à l'action de la mor])hine que les adultes. Chez le chat, c'est tout le contraire ; les jeunes chats sont moins susceptibles à l'action de la morphine que les chats adultes (^L. Gui- nard). D'après Frohner, la santonine est près de cent fois plus toxique chez les jeunes chiens que chez les adultes ; ainsi, tandis qu'un chien de dix ans peut supporter l^'"',? de santonine pai'kilo- g'ramme d'animal, un chien âg'é de quelques semaines est tué par 2 centigrammes de la même substance par kilogramme. La strychnine ag-it moins activement sur les jeunes animaux que sur les vieux ; ainsi, pour un \a\nn de cinq jours, il faut dix fois plus de strychnine'pour amener la mort que poui- un adulte (Palckj. Un petit chien de huit jours pesant 025 g-rammes a résisté à 7'"', 7 de sulfate de strychnine, tandis qu'un adulte jiesant CAUSES DE VAHIABILITÉ INHÉRENTES A L'ANIMAL. 59 1 kilogramme peut succomber avec 1 milligramme (P. Bert). Cliose curieuse, la strychnine, qui est moins toxique pour les jeunes, agit cependant sur eux à dose plus faible. Ainsi, Falck a démontré que la dose nécessaire pour provoquer des convulsions caractéristiques chez l'animal nouveau-né ou âgé de quelques jours est beaucoup inférieure à celle qu'il faut chez l'animal adulte. Ces différences dans l'intensité del'action de la strychnine peuvent s'expliquer par la différence dans l'excitabilité réllexe de la moelle chez les jeunes animaux et les vieux. Ceux-ci ont les réflexes moins développés que ceux-là. Par contre, les jeunes résistent mieux à l'asphyxie produite par les convulsions strych- niques que les vieux. c. Taille ou poids de l'animal. — Pour les animaux de la même espèce et du môme àg'e, la taille a une grande influence sur l'intensité de l'action médicamenteuse ou toxique. En rap- portant la dose toxique au kilogramme du poids de l'animal, on peut s'assurer que les petits animaux supportent des doses relati- vement plus fortes que les gros. Ainsi, tandis qu'un petit chien ne sera pas tué par l'injection de 1 niillig-rammo de strychnine par kilogramme, un g-ros chien de même âge sera tué avec 0"^, 75 par kilogramme. Dans la posologie, il est important de se rappeler ces faits et de ne pas augmenter la dose proportionnellement au poids des animaux. Ainsi si, pour un chien pesant 1 kilogTamme, la dose est de n ; pour un chien de 10 kilogrammes, la dose devra être non de 10 n ; mais seulement de 7, 8 ou 0 n, suivant les cas. d. Race. Tempérament. Sexe. — L'inPiuence de la race, du tempérament et du sexe des sujets peut aussi se faire sentir au point de vue de l'action médicamenteuse, mais il n'existe guère de faits précis à ce sujet. On sait que les nègres tolèrent des doses excessives d'alcool, de mercure ou de tartre stibié. J'ai vu certains chiens être peu influencés par des poisons divers donnés à dose toxique, mais sans qu'il m'ait été possible de voir nette- ment l'influence de la race, du tempérament ou du sexe. e. Idiosyncrasie. — Les animaux de même espèce, de même poids, de même âge, de même race, de même sexe et de même tempérament ne réagissent pas également vis-à-vis d'un médi- cament ou d'un poison. Chaque sujet a une impfessionnabilité propre, il réagit à sa façon. Il peut arriver qu'un sujet soit très fortement impressionné par des doses très faibles ou au contraire 60 CAUSES DE VAIUABILITÉ INHÉRENTES A L'aNIMAL. qu'il supporte sans inconvénient des doses très fortes. Le mol idiosyncrasie sert à désigner cet état particulier de l'org-anisnie d'un individu dont la sensibilité à une substance est notablement augmentée ou diminuée. Certains chiens peuvent supporter sans inconvénient des doses- de strychnine ou d'autres alcaloïdes, mortelles pour d'autres su- jets en apparence semblables. Feser a vu les mêmes doses d'ésé- rine produire des elTets à intensité très différente sur les animaux de l'espèce bovine. Les doses de 10 à 20 centigrammes de sulfate^ d'ésérine, ordinairement inofFensives, ont, chez certains sujets^ déterminé une intoxication g-rave. Parfois, après l'administration d'un médicament, ou observe des effets pour ainsi dire opposés à ceux qu'on obtient d'ordinaire. C'est ainsique laquinine, l'antipyrine, le salicylate de soude, etc. ,. qui d'ordinaire produisent un abaissement de températur-e, c'est-à- dire un effet antifébrile et antithermique, engendrent au contraire la lièvre, l'élévation de température. Il peut arriver aussi qu'à côté des effets ordinaires un médicament provoque d'autres elfets- surajoutés. Les iodures, les bromures, l'arsenic, la quinine^ l'antipyrine déterminent parfois une éruption cutanée violente. Ces éruptions cutanées, consécutives à l'administration médica- menteuse, se remarquent surtout dans l'espèce humaine, mais se rencontrent aussi chez les animaux. Ainsi l'action médicamenteuse est souvent augmentée, diminuée ou modihée par l'état particu- her et inconnu de l'organisme désigné sous le nom d'idiosyn- crasie. f. État de l'appareil digestif. — L'état de la digestion ou du jeûne a une grande influence sur l'intensité d'un médicament. Quand l'estomac est plein d'aliments, le médicament est délayé dans une grande masse de véhicule ; son absorption est lente, et les effets sont tardifs et peu accusés. L'animal à jeun non seule- ment absorbe plus vite, mais est en g-énéral plus sensible aux médicaments que lorsqu'il est en dig-estion. Cette sensibilité plus g-rande se montre non seulement avec l'administration interne, mais aussi avec les injections sous-cutanées et autres modes d'administration. Adduco, qui a fait sur ce sujet des recherches spéciales, croit devoir attribuer la différence à l'état plus labile dans lequel se trouve le protoplasma de l'organisme à jeun, *^, Suivant qu'on a intérêt à produire des eflets rapides et intenses/ ou des effets lents et [)rolong-és. il faut donc administrer les médi- CAUSES DE VARIABILITÉ IMIÉRKNTES A L'ANIMAL- 61 •caments pendant la dig-cstion ou pendant létat de jeune. L'acide arsénieux, les ferrugineux, médicaments dont l'action doit être lente, faible et prolongée, sont donnés au moment du repas ou peu après. La quinine, les iodures, etc., la plupart des médica- ments à action rapide doivent être administrés quand l'estomac •est vide. g. État des voies d'élimination. — La plupart des médicaments >et poisons sont éliminés par les urines. Il est donc important de «'assurer de la perméabilité rénale quand on veut faire usag-e de médicaments très actifs, surtout quand le traitement doit être prolongé. Si, par suite de l'abaissement de la pression sanguine ou par suite d'altération du parenchyme rénal, l'élimination est ralentie ou suspendue, il y a danger d'intoxication par accumu- lation du médicament dans le sang-. En séliminant, les médica- ments ag-issent localement sur les voies d'excrétion ; c'est ce qui explique l'irritation rénale, vésicale à la suite de certains traite- ments, l'apparition d'une stomatite, d'éruptions cutanées après l'administration de certaines substances s'éliminant par la salive «t la sueur. h. État normal ou pathologique. — Le médicament n'a pas nécessairement une action identique sur l'organisme sain et malade. Quoique agissant sur les mêmes éléments cellulaires, il p)eut faire apparaître extérieurement des phénomènes différents. Ainsi l'opium est constipant chez Ihomme et l'animal sains et laxatif quand il y a péritonite, colique saturnine. Les antither- miques en général : quinine, salicylate de soude, antipyrine, etc., abaissent facilement la température des malades, tandis que ces substances provoquent plutôt une élévation de la température «hrtz les animaux normaux. L'état de maladie, en modifiant parfois considérablement Taetivitê de l'absorption et de l'élimination, peut influencer de même l'intensité des effets pharmaco-dyna- miques. Dans certaines alfections, il existe des troubles circulatoires locaux et généraux qui retardent l'absorption. Dans ces cas, les médicaments ne produisent que peu d'effets à cause de leur faible absorption. Il peut se faire que, par suite d'une affection morbide, certains organes ou appareils se distinguent par une affinité élective pour le médicament administré et présentent par consé- quent une sensibilité exagérée. L'état d'excitabilité de l'estomac fait que le médicament est tantôt supporté, tantôt vomi. Les pigeons légèrement asphyxiés supportent des doses de strychnine 62 ACCOUTUMANCE AUX MÉDICAMENTS. plus fortes que les pigeons normaux. Par contre, ils sont plu& sensibles à lapomorphine, parce que l'asphyxie exalte la sensi- bilité de l'appareil réflexe du vomissement. Accoutumance aux médicaments. On appeMe arroutumrmce Tadaptation graduelle de Porganisme aux influences infectieuses et toxiques. Pour les médicaments comme pour les toxines microbiennes, il va lieu de distinguer rimmunilé naturelle et l'immunité acquise par l'habitude. Cette dernière seulement constitue Vaecoiffumance, Yassuétiule ou le milhridalisme médicamenteux. L'accoutumance aux médicaments en général dépend nécessai- rement, d'une part, de l'org-anisme animal qui y est soumis, c'est- à-dire du terrain sur lequel elle s'exerce et, d'autre part, de l'agent médicamenteux lui-même et de la façon dont il est administré. L'accoutumance n'est pas la même pour tous les animaux : l'espèce, Tâg^e, la race et d'autres facteurs inconnus ont une influence. La maladie peut aussi agir pour favoriser ou i)Our empêcher l'accoutumance. En g-énéral, les atfections des org'anes d'élimination ou de certaines glandes antitoxiques comme le foie, les corps thyroïdes, les capsules surrénales empêchent l'accoutu- mance. Par contre, la fièvre, les affections du poumon et des bronches favorisent l'accoutumance à certains médicaments comme l'alcool, la digitale, le tartre stibié. Pour arriver à l'accoutumance, il faut administrer le médica- ment à petites doses progressivement croissantes jusqu'à une limite variable, d'ailleurs, au delà de laquelle commencerait rintoh'runce. L'association de plusieurs médicaments peut favo- riseï- ou empêcher l'accoutumance. L'o[)ium administré en même temps que la (|uinine ou le bichlorurc de mercure empêche les troubles gastro-intestinaux que provoquent souvent ces derniers médicaments : la belladone combat l'intolérance iodique, etc. Par contre, l'éther, la cocaïne sont fort nuisibles aux morphinomanes. Pour certains médicaments, l'accoutumance ne peut pas s'établir; c'est ce qu'on constate pour la digitale, le phosphore, le plomb, le mercure, etc. Les médicaments auxquels l'organisme s'accoutume réellement sont surtout ceux ({ui ont une action sur le système nerveux encéphalique, les poisons de l'intellig-ence, l'alcool, l'opium et la ACCOUTUMANCE AUX MEDICAMENTS. Ô3 morphine, le tabac, réther, le chloroforme, le ehloral, lehaschich. Ces médicaments pi'odnisent une forte excitation psychique avec une sorte de bien-être qui les rendent de plus en plus désirables par Thomme. Ces poisons peuvent même, par l'usage, devenir tellement nécessaires au fonctionnement de l'organisme que la suppression brusque peut être intolérable et même s'accompagner d'accidents dangereux. Pour certains médicaments, l'accoutu- mance n'offre pas les mêmes inconvénients ; ainsi les iodures, les bromures peuvent être supprimés sans danger. Dans l'accou- tumance à l'arsenic, à l'alcool, à la morphine, la suppression ne doit avoir lieu que lentement. Rossbach et von Anrep, en accoutumant le chien à l'atropine, ont observé au début : du tremblement, du tressaillement, du -+" vomissement et un état syncopal. Au bout de quelque temps ^y^ d'administration du poison, ces troubles ont disparu, mais les effets physiologiques ordinaires tels que : la dilatation pupillaire, l'accélération du cceur, la diminution des sécrétions ont continué à se montrer. Ij'observation et l'expérimentation démontrent que, par l'emploi prolong-é d'un médicament ou d'un poison, on n'arrive jamais à une immunité complète; toujours l'org-anisme accou- tumé éprouve certains effets et peut môme succomber à l'intoxi- «•ation. L'immunité créée par l'accoutumance n'existe que pour certaines doses du poison. Quand ces doses sont dépassées, l'intoxication a lieu. Elle est d'ailleurs spécifique en ce sens qu'un organisme accoutumé à un poison donné ne l'est pas à l'égard d'autres poisons. Comment expliquer l'accoutumance médicamenteuse? On n'a pas de faits bien pi'écis pour expliquer l'immunité i-elative créée par l'usage des médicaments. Nous savons ((ue les poisons micro- 1 liens font apparaître dfuis le sang- de l'animal inmmnisé des antitoxines susceptibles d'annihiler leur action. L'accoutumance à certains poisons albuminoïdes, d'orig'ine vég-étale ou animale, comme l'abrine, la ricine, le venin de serpent, s'accompag'ne également de la formation d'une antitoxine spécifique. Mais cette propriété antitoxique du sang- ne se retrouve pas t^iez les sujets qui ont reçu des doses répétées d'alcaloïdes, de composés org-a- niques ou inorg-;miques et chez lesquels l'accoutumance s'est établie. Cette dernière innnunité acquise ne semble donc pas être d'orig-ine humorale, mais d'origine cellulaire. Elle semble très analogue à l'immunité innée, qui ne donne pas lieu non plus à -64 HYPERESTHÉSIE MÉDICAMENTEUSE. l'apparition d'une antitoxine dans le sang-. L'accoutumance médi- camenteuse crée des modificalious chimiques physiques et biolo- giques des cellules, modifications qui permettent à ces éléments de résister à l'action des toxiques. On peut admettre que le poison ne peut plus pénétrer la cellule ou qu'il y pénètre et en sort sans provoquer de combinaisons nuisibles, ou encore que la cellule le détruit. Besredka, en étudiant le mécanisme de Taccoutuniance à l'arsenic, a constaté que ce corps fait défaut dans le plasma san- guin et les globules rouges, que les leucocytes l'englobent et l'empêchent de diffuser dans l'organisme. Calmette a vu égale- ment l'atropine s'accumuler dans les leucocytes et disparaître rapidement du plasma et des globules rouges. Il semble donc que l'accoutumance aux poisons chimiques se trouve sous la dépen- dance dedéfenses cellulah^es, surtout des leucocytes. On a constaté que les animaux en état (Xhyperleucocytose jouissent d'une immunité relative contre les poisons, c'est-à-dire qu'ils supportent des doses plus fortes que dans les conditions ordinaires. Hyperesthésie médicamenteuse. Quand il y a augmentation de la sensibilité de l'organisme à l'égard d'une substance toxique ou médicamenteuse à mesure que l'administration se prolonge, on dit qu'il y a intolérance par hyperesthésie médicamenteuse ou toxique. L'hyperesthésie a été observée avec la cocaïne (Gioffredi, Aducco), avec le chlorhydrate d'apomorphine (Gh. Richet), avec certains poisons albumineux comme le venin des actinies ou actino-congestine (Gh. Richet), la papaïne (Pozerski), les sérums, thérapeutiques et préventifs. L'hypersensibilité spécifique acquise pour les poisons albumineux constitue Vanaphyla.rie. Dans ses études sur l'anaphylaxie, Gh. Richet a constaté que l'injection du poison (actino-congestine) provoque, au bout de quelque temps, la formation dans l'organisme d'une substance nouvelle à laquelle il a donné le nom de toxogénine. Cette substance, inoOensive en soi, devient hypertoxique en présence du poison primitif. La preuve certaine de ce mécanisme, c'est que le sérum des chiens anaphylactisés injecté à des chiens normaux rend ceux-ci presque aussi sensibles à l'actiono-congestine que les chiens anaphylactisés. Le sérum des chiens anaphylactisés ACCUMULATION MEDICAMENTEUSE. — IMPRÉGNATION. 65 contient donc de la substance anaphylactisante ou toxog-énine. L'anaphylaxie est importante à connaître pour l'emploi théra- peutique des sérums préventifs et curatifs et de beaucoup de produits d'orig"ine microbienne ou cellulaire. Accumulation médicamenteuse. — Imprégnation. L'accumulation médicamenteuse s'annonce par l'accroissement des effets physiologiques à mesure que l'administration se pro- longe. Elle peut se produire parce que les doses, administrées à des intervalles plus ou moins rapprochés, s'accumulent, ou parce que les premières doses ont élevé la sensibilité des organes sur lesquels se concentre l'action médicamenteuse. Dans le premier cas, l'élimination n'est pas encore achevée quand l'absorption amène dans le sang une nouvelle dose de médicament. L'effet de cette dernière dose s'ajoute donc à une partie de l'effet engendré par les doses antérieures. Les eliets physiologiques peuvent aussi être accrus malgré l'élimination complète des doses ^ dt ~) antérieures, dans ce cas, cela tient à ce que la sensibilité de l'animal est accrue pour le médicament (état anaphylactique ou l'hyperesthésie médicamenteuse). L'action cumulative s'observe surtout avec certaines substances comme la digitaline, l'helléboréine, la strychnine. Lorsque, après avoir cessé l'administration d'un médicament, des effets très appréciables persistent, on dit qu'il y a imprégnation médica- menteuse. 11 semble, dans ce cas, que l'économie a été imprégnée de médicament, que celui-ci s'est accumulé dans les tissus et qu'il dépense ensuite lentement son action en dehors de l'admi- nistration de nouvelles doses. Lorsque l'imprégnation est poussée à ses dernières limites, on dit qu'il y a saturation médicamenteuse. Les effets se continuent alors avec un granddegré d'intensité et durent longtemps. Le médicament peut être tenu en réserve dans un organe. C'est ainsi que, dans certains cas, les pilules, les granules, admi- nistrés pendant plusieurs jours, peuvent rester sans effet appré- ciable, parce que ces préparations, assez compactes et peu dissociables, sont engagées dans un repli de la muqueuse stomacale ou intestinale et échappent à la dissolution. Ainsi accumulés dans les voies digestives, les médicaments peuvent être ensuite dissous, sous l'influence d'une cause favorable et passer à l'absorption au Kaufmann. 5 66 TOLÉRANCE. — INTOLÉRANCE. moment OÙ Ton ne s'y attend pas et produire des effets toxiques. Les recherches de Heg-er, de Rog-er, démontrent aussi que le foie retient au passage un grand nombre de substances actives et ne les cède ensuite que très lentement à la circulation générale ou même les élimine par la bile. Ainsi le foie arrête la moitié environ des alcaloïdes qui le traversent, mais il n'arrête pas les sels de potasse, de soude, la glycérine, l'acétone, etc. Il arrête de la même façon les ptomaïnes ou alcaloïdes animaux, les pep- tones, l'albumine, la caséine, les sels ammoniacaux. Mais le foie ne retient et ne transforme les substances médicamenteuses et toxiques que si la fonction glycogénique reste intacte. Quand, sous l'influence d'une maladie, la fonction glycogénique est compro- mise, on voit les poisons passer rapidement dans la circulation générale et produire parfois des accidents graves. La localisation ou la non-localisation des substances médica- menteuses dans le foie, suivant l'état fonctionnel de cet organe, explique pourquoi les mêmes doses peuvent être tolérées ou into- lérées. Si le foie est sain, il peut arriver que des doses fortes n'aient que des effets modérés; si, au contraire, le foie estmalade, si sa fonction glycogénique est suspendue, les doses faibles peu- vent occasionner des accidents d'empoisonnement. Il n'est donc pas possible de fixer des doses uniformes pour tous les sujets et pour tous les états pathologiques. Tolérance. — Intolérance. Quand, après l'administration des doses ordinaires, les effets développés restent modérés et ne s'accroissent jamais au point de devenir dangereux, on dit qu'il y a. tolérance pour le médicament administré. La tolérance s'annonce par ce fait que le tube digestif supporte parfaitement le médicament et qu'il n'y a ni vomissement, ni diarrhée et qu'après l'absorption les effets restent toujours dans des limites modérées. Quand ces conditions ne sont pas réa- lisées, il y a mtolérance médicamenteuse. L'intolérance consiste dans la manifestation de phénomènes toxiques ou nuisibles à des doses habituellement bien supportées. L'idiosyncrasie individuelle joue un grand rôle dans l'intensité des effets médicamenteux. Ainsi Feser a constaté que l'ésérine, injectée sous la peau à la dose de O'^'",! à 0«',3 chez les animaux de l'espèce bovine, ne détermine habituellement aucun efFet ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS. 67 dangereux; mais que sur certains sujets, et sans que l'on puisse invoquer ni Tàg-e ni le poids des animaux, on constate avec ces mêmes doses des effets d'intoxication. On pourrait citer une into- lérance analogue, survenant sur certains sujets, à la suite de l'administration de la plupart des substances médicamenteuses très actives. L'intolérance peut tenir aussi aux lésions de certains organes d'élimination surtout des reins. Quand l'élimination rénale devient insuffisante, des phénomènes toxiques peuvent se produire. Aussitôt que l'on constate de l'intolérance, il y a lieu de suspendre l'administration ou faire usage de préparations mieux appropriées aux conditions des sujets. Certains médicaments, en circulant dans le sang, peuvent conférer à l'organisme la propriété de tolérer des doses considé- rables de certains poisons. Ainsi, chez l'homme alcoolique, les anesthésiques, l'opium et la morphine ne produisent que peu d'effet. Les animaux atteints de pneumonie supportent beaucoup mieux lémétique et l'alcool que les animaux normaux. Élimination des médicaments. Après leur absorption, les médicaments restent plus ou moins longtempsdans les humeurs et les tissus, puissontrejetéspeu àpeu au dehors par la voie des diverses glandes. En se basant sur la rapidité de l'élimination, on peut diviser les médicaments en deux groupes comprenant : le premier, ceux qui sont retenus longtemps par l'organisme, et l'autre ceux qui sont éliminés rapidement. Parmilesmédicamentsretenus longtemps (organo-dépositoires), il faut citer surtout les sels des métaux lourds et des métaux alca- lino-terreux. Ces sels s'accumulent principalement dans le paren- chyme du foie. Ils sont éliminés surtout par la bile et, lorsqu'ils sont arrivés dans l'intestin, ils subissent une nouvelle résorption au moins partielle. Il s'établit pour ces médicaments, entre l'in- testin et le foie, une véritable circulation à laquelle Cl. Bernard a donné le nom de circulation gastro-hépatique. Cette circulation gastro-hépatique a pour conséquence la rétention prolongée du médicament, qui est résorbé partiellement après chaque élimina- tion. Le foie n'est pas le seul organe où les médicaments se déposent ; ils peuvent également s'accumuler dans les autres organes, comme les os, les muscles, le système nerveux. Dans tous les cas, leur séjour dans l'organisme n'est pas indéfini; ils * ^ S/iX^^^ 68 ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS. sont éliminés de telle sorte qu'après un certain temps on n'ert trouve plus de trace dans le sang- et les tissus. Pour la plupart des médicaments, l'élimination débute aussitôt après leur absorption et s'achève dans un délai relativement court. Ces médicaments (org-ano-décurseurs) ne font pour ainsi dire que traverser l'organisme sans s'y accumuler. Il peut arriver pourtant que ces médicaments, quoique séparés rapidement du sang par les glandes, ne quittent que lentement l'organisme. Cela a lieu lorsque leur élimination se fait par les glandes digestives. Ainsi, les indurés alcalins, les chlorates, qui sont diffusibles et si faciles à éliminer, ne quittent pas immédiatement l'organisme, parce qu'ils sont en partie éliminés par les glandes digestives, princi- palement par les glandes salivaires, puis de nouveau résorbés dans l'estomac et l'intestin. Ainsi, tous les médicaments qui, par suite d'une affinité spéciale pour les glandes salivaires, les glandes gastriques et intestinales, s'éliminent par les liquides digestifs, sont repris au moins en partie par une nouvelle résorption, ce qui prolonge leur action sur l'organisme. La glande la plus importante au point de vue de l'élimination médicamenteuse et toxique, c'est le rein. Cet organe constitue la porte de sortie principale de toutes les substances étrangères à la constitution normale du sang ou des substances normales en excès dans ce liquide. Aussi doit-on veiller à ce que cette glande conserve son intégrité et sa perméabilité. En donnant à un malade dont les reins sont en mauvais état des médicaments très actifs, on s'expose à provoquer l'empoisonne- ment par défaut d'élimination, c'est-à-dire par accumulation. Lapeau^t le poumon constituent également des voies d'élimina- tion importantes, surtout pour les médicaments volatils. La glande mammaire peut aussi éliminer certaines substances, ce qui permet de médicamenter parfois les jeunes animaux à la mamelle par l'intermédiaire de la mère. Cependant, cette voie d'éhmination est, en général, fort peu importante. Après l'administration à la femelle d'alcool, de tartre stibié, de nitrates alcalins, d'atropine, etc., on peut retrouver des traces de ces substances dans le lait. Certains principes purgatifs peuvent aussi passer en petite quantité dans le lait et communiquer leurs propriétés à ce liquide. L'iodure de potassium est éliminé en petite quantité par le lait quand l'administration est prolongée. On n'a jamais trouvé dans le lait ni le salol, ni la morphine, ni ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS. 69 la pilocarpine, ni Tessence de térébenthine même après l'injec- tion hypodermique de ces médicaments. Au moment de l'élimination, les médicaments peuvent ag-ir sur les voies d'excrétion et constituer d'excellents ag-ents modificateurs de ces voies ; ainsi les médicaments balsamiques éliminés par le poumon et le rein ag-issent très favorablement dans les maladies de l'appareil respiratoire et de l'appareil urinaire. La ra/Jïrfî7e d'élimination dépend de la rapidité de l'absorption et de la nature de la substance médicamenteuse. Elle est plus rapide après l'injection hypodermique qu'après l'ingestion. L'iodurede potassium estéliminé complètement vingt- quatre heures après l'injection hypodermique et seulement qua- rante-cinq heuresaprès l'ingestion (Eulenbourg). Leferro-cyanure de potassium, administré à des lapins, était complètement éliminé ving-t-quatre heures après l'injection et seulement soixante-douze heures après l'ing-estion. Beaucoup d'autres auteurs signalent des résultats concordant avec les précédents. Ainsi Erischen, en expé- rimentant sur l'homme pour étudier linfluence de l'état de la dig-estion sur l'absorption et l'élimination, est arrivé aux conclu- sions suivantes : à jeun, le ferro-cyanure de potassium est apparu dans les urines une minute après l'ingestion, tandis que, après l'administration faite immédiatement à la suite du repas, ce sel n'a pu y être décelé qu'au bout de trente à quarante minutes. J'ai fait administrer par la voie stomacale, à deux chiens ayant sensiblement le même poids, du sulfate de strychnine en dissolu- tion à la dose de 0s%02. Le chien qui était à jeun depuis la veille a succombé après quinze minutes ; l'autre, qui venait de faire un bon repas de viande, n'est mort qu'après la cinquante-deuxième minute. CLASSIFICATION Pour rendre l'étude des médicaments attrayante et fructueuse, il est nécessaire de les grouper suivant un certain ordre. Il n'existe actuellement aucune classification irréprochable et répondant à tous les besoins. La disposition des médicaments par ordre alpha- bétique est commode pour les recherches, mais ne constitue pas une véritable classification. Les classifications basées exclusive- ment soit sur la provenance naturelle des médicaments, soit sur leurs qualités org-anoleptiques, soit sur leur composition et 70 ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS. leurs propriétés chimiques ont le grand inconvénient de grouper ensemble des substances dont les effets pharmaco-dynamiques et thérapeutiques sont souvent très dillerents. Pour répondre aux besoins de la pratique médicale, une classification doit, autant que possible, grouper ensemble les médicaments ayant la même action pharmaco-dynamique et les mêmes applications thérapeutiques. Cependant une semblable classification n'est pas à l'abri de toute critique ; car un môme médicament, pouvant avoir des effets physio- logiques et thérapeutiques multiples, devrait logiquement fig-urer dans plusieurs classes. Malgré son imperfection, nous proposons la classification suivante, que nous croyons répondre aux besoins de la pratique vétérinaire. Les médicaments sont divisés en trois g-roupes : le premier comprenant les substances qui agissent sur la cause morbide ; le deuxième, les médicaments dont on utilise surtout l'action locale; le troisième, les médicaments dont l'action se manifeste surtout après leur absorption et apporte des modifi- cations aux g-randes fonctions. Le tableau suivant indique les sub- divisions et les classes qu'on peut utilement reconnaître dans chacun des trois g-roupes. Premier groupe. ( Antiparasitaires. ,,,.. . . , , ... {Antiseptiques. Médicaments agissant sur la cause morbide | Immunisants. • ÉmoUients. \ Astringents. Deuxième groupe. Médicaments dont on utilise surtout l'action , ^ ,■ 11 T • .„„ y Laustiques. \oca.\e. — Topiques f. ., | '^ ^ ' Irritants eu I M^.i;r!„ 1^ i Vomitifs. Moaiiicateurs de l'appareil digestif. tanés. Troisième groupe. Médicaments modifi- cateurs des grandes fonctions, agissant surtout après leur absorption Modificateurs de la nu- trition. Modificateurs de la sen- sibilité. Purgatifs intestinaux. Évacuants spéciaux. ( Toniques. '( Altérants. ( Anesthésiques généraux. } Anesthésiques locaux. ' Hypnotiques. Modificateurs des mouve- 1 Antispasmodiques, ments et des réflexes. ( Excitants. Modificateurs de la calo- rification. Modificateurs des sécré- ^ ExpetJto "ants et sudori- t'0"S- ( fiques. Cardio-toniques. Vaso-constricteurs . Vaso-dilatateurs. Modificateurs de la fonc- ^ Utérins. tion génitale. f Aphrodisiaques. i Antipyrétiques. Modificateurs du cœur et des vaisseaux. DEUXIÈME PARTIE PHARMACODYNAMIEETPHARMACOTHÉRAPIE PREMIER GROUPE MÉDICAMENTS AGISSANT SUR LA CAUSE MORBIDE Antiparasitaires. Les parasites de nos animaux vivent soit à la surface du corps {ectoparasites), soit dans sa profondeur [endopai'asites). Ils appartiennent au règne animal {zooparasites) ou au règ-ne vég-étal {phytoparasites). Quelques-uns tourmentent simple- ment les animaux et les font dépérir; d'autres déterminent par leur présence des maladies plus ou moins graves [tnaladies parasitaires); enfin il en est qui, comme les anophèles, la mouche tsetsé, etc., inoculent par leurs piqûres des maladies virulentes à l'homme et aux animaux. L'indication principale de la médication antiparasitaire consiste à supprimer la cause pathog-ène, c'est-à-dire à détruire les para- sites et leurs germes. Parfois aussi il est nécessaire de traiter les lésions et les troubles secondaires qui se sont développés dans l'org-anisme sous l'action des parasites. A. — Ectoparasiticides. Les médicament sutilisés pour détruire les parasites cutanés, et par conséquent guérir les maladies parasitaires, sont nombreux. Ils appartiennent pour la plupart au groupe des antiseptiques. Les suivants sont les plus employés : acide arsénieux, acide phénique, baume, benzine, benzol, camphre, chaux vive, créo- sote, crésyl, essences diverses, feuille de noyer, goudron, huile empyreumatique, huile de cade, ichtyol, huiles douces, mercure et ses composés, naphtaline, pétrole, pyrèthre, racine d'ellébore noir, soufre et sulfures alcalins, staphysaigre, tabac. 72 TABAC ET NICOTINE. La plupart de ces médicaments, ayant à côté de l'action anti- parasitaire, d'autres actions plus importantes seront décrits dans d'autres classes. (,'■ Poudre insecticide. ),.(^ La poudre insecticide du commerce est obtenue en pilant gTossièrement les sommités fleuries de plusieurs espèces de p!/?H'f/ires, qui croissent dans le Caucase et dans les montagnes de la Perse. Les principales espèces sont : le Pyretlirum roseiu/i et le Pyrethrum carneum. Le principe actif de ces fleurs est constitué par un mélange de plusieurs essences qui sont d'une coloration jaunâtre et qui ont une odeur de camomille ; à ces essences est joint un acide rouge appelé persicine, qui ag-it aussi, et deux autres acides, la persi- céine et la persirétine, qui, d'après Rother, sont inactifs. La poudre insecticide du commerce est souvent falsifiée. Effets et emploi. — Les essences constituent un poison violent pour tous les parasites de nature animale qui pullulent sur lapeau des animaux, tels que poux, puces, mouches, insectes, etc. On répand la poudre sur le corps et on la fait arriver en contact avec les parasites. Pour rende son action plus énerg-ique et plus durable, on la fait pénétrer entre les poils, qu'on peut même humecter préalablement afin de rendre la poudre plus adhé- rente. Les insectes sont d'abord narcotisés, puis tués. On peut aussi faire usage de la teinture de pyrèthre, qu'on pré- pare en faisant macérer 1 partie de poudre dans 6 parties d'al- cool et en filtrant après huit jours. L'infusion aqueuse à 1 p. 10 est également un bon insecticide. Tabac et nicotine. Le tabac est une plante de la famille des Solanées dont les feuilles, après avoir subi diverses manipulations, servent à des usages courants bien connus. D'après MM. Posselt et Reimann, elles ont la composition sui- vante : pour 100 de feuille fraîches, nicotine 0,06, nicotianine 0,01, extractif, gomme, chlorophyle, albumine végétale, gluten, amidon, acide malique, citrate et malate de chaux. Le tabac sec, de La Havane, contient 2 p. 100 de nicotine; les TABAC ET NICOTINE. 73 autres tabacs, de 0,10 à 5,5p. 100. Les feuilles, en brûlant, laissent 24 p. 100 de cendre. La nicotine constitue le principe actif des feuilles de tabac. Son étude nous donnera des notions exactes sur les propriétés physiologiques et les indications thérapeutiques des feuilles de la plante. Nicotine G'"H'''A-. — Dans le tabac, la nicotine n'est pas libre ; elle est combinée avec les acides malique et citrique. Pure, elle forme un liquide oléagineux, incolore, mais se colorant ets'épais- sissant à Tair, d'une forte odeur vireuse, d'une saveur acre et brûlante, d'une densité de 1,048; bouillant à 245°; soluble à la fois dans l'eau, l'alcool, l'éther, les essences et les corps gras; elle est très alcaline et neutralise parfaitement les acides. L'acide sulfurique la colore en rouge, l'acide chlorhydrique en violet et l'acide azotique en jaune orangé. Effets physiologiques. — La nicotine est un poison très violent pour tous les et?'es vivants. Quelques gouttes suffisent pour tuer nos grands animaux et l'homme. Une petite quantité incorporée aux matièresorganiques les préserve de la putréfaction. Les para- sites cutanés sont tués presque instantanément par la nicotine. Sur la peau des animaux, la nicotine et le jus de tabac déve- loppent des elléts irritants locaux très marqués et peuvent pro- duire l'empoisonnement par suite de l'absorption. Les effets toxiques se développent surtout rapidement avec l'alcaloïde pur; ainsi il surfit d'une goutte déposée sur la conjonctive d'un cobaye pour le voir mourir eh une minute. Introduite dans le tube diges- tif, la nicotine agit encore plus vite. Quand la quantité est trop faible pour amener la mort, on voit survenir des vomissements chez les carnassiers et une diarrhée sanguinolente, tenace, chez les grands herbivores. A très faible dose, elle produit de la salivation, mais la diges- tion n'est pas pour cela plus facile et plus rapide. Généralement même, l'appétit est diminué, la digestion est plus lente et la nutrition s'altère chez les fumeurs endurcis. La nicotine augmente l'excitabilité nerveuse et donne une plus grande activité aux contractions musculaires, ralentit les batte- ments du cœur, accélère la respiration, produit la pâleur de la peau et des muqueuses et accroît les contractions péristaltiques de l'estomac, de l'intestin, de l'utérus et engendre une diurèse marquée. 74 TABAC ET NICOTINE. Sous l'influence de fort es doses de nicotine, la respiration devient laborieuse ; les mouvements des côtes sont plus étendus et plus fréquents. On dirait que l'animal est essoufflé. A cette suractivité de la mécanique respiratoire succède un arrêt complet de la respiration. Cet arrêt respiratoire peut n'être que passager; alors on voit la resjiiration reparaître au bout d'une à deux minutes environ ; quand il est définitif, les battements du cœur continuent encore pendant quelques minutes, puis s'éteig-nent g-raduelle- ment jusqu'au moment de la mort. Le cœur ralentit ses battements avec des doses très faibles et les accélère avec des doses fortes. La tension artérielle subit > pendant l'action de la nicotine des modifications variables avec la dose ; à faible dose, la tension artérielle s'élève un peu ; à dose plus forte, elle s'élève d'abord, puis tombe ensuite au-dessous de la normale et arrive à zéro si la dose est toxique. On observe aussi toujours, pendant l'action de la nicotine, un resserrement pupillaire manifeste , jamais cet alcaloïde ne produit lamydriase. Quand les effets deviennent intenses, le corps clignotant se pro- jette au-devant du globe oculaire et en recouvre les deux tiers inférieurs. Pendant le cours de l'empoisonnement, les animaux présentent des convulsions tétaniques violentes. Lésions. — Congestion et inflammation des organes du tube digestif, de l'estomac, de l'intestin, surtout après l'administra- tion interne ; taches ecchymotiques dans le poumon et sur les vals'ules auriculo-ventriculaires du cœur gauche ; vive congestion des sinus et des centres encéphaliques. Antidotes. — Vomitifs, saignées, boissons excitantes et astrin- gentes, café, thé, etc. Mode d'action. — L'efl'et de la nicotine sur la respiration et la circulation ne se produit pas quand on pratique préalablement la section des deux pneumogastriques. Cette expérience, déjà exécutée par Cl. Bernard, démontre que la nicotine modifie ces deux fonctions en agissant sur la périphérie des fibres sensitives du pneumogastrique qui se distribuent dans le poumon et le cœur. Veffet vaso-constricteur, qui est la cause de l'élévation de la tension artérielle, est dû à une excitation centrale des nerfs vaso- constricteurs. En effet, si on détruit le centre vaso-moteur princi- pal, qui est bulbaire, on n'obtient plus d'élévation de la tension artérielle. Les vaisseaux de l'intestin se resserrent énergiquement quand on injecte la nicotine dans la carotide après avoir lié TABAC ET NICOTINE. 7« l'aorte ; or, dans ce cas, la nicotine ne peut ag-ir que sur les cen- tres des nerfs vasculaires de Tintestin. Cette action excitatrice centrale est la principale, mais elle n'est pas la seule : la nico- tine a encore une action directe évidente sur les vaisseaux ; en efTet, quand on injecte une petite quantité de nicotine dans une artère intestinale, on voit les artérioles qui lui font suite se resserrer énergiquement. L'effet vaso-constricteur est donc le résultat d'une action double, à la fois centrale et périphé- rique. Les convulsions tétaniques, qui apparaissent dans l'empoison- nement par la nicotine, sont le résultat d'une excitation portant sur les centres moteurs bulbo-méduUaires. En effet, quand on coupe les nerfs moteurs qui se rendent dans un membre, celui-ci ne participe pas aux convulsions; il n'y a dans ses muscles que de légères contractions fibrillaires. Les convulsions sont donc d'orig-ine centrale. Les légères contractions fibrillaires qui se produisent dans les muscles, dont les nerfs moteurs sont coupés, sont dues à l'excitation périphérique des nerfs mo- teurs, et non à celle des muscles; en effet, après la curarisation, ces contractions ne se produisent plus sous l'influence de la nicotine. Le ralentisseynent du cœur qui succède à l'administration de faibles doses de nicotine est dû à l'excitation intracardiaque des terminaisons ganglionnaires des fibres d'arrêt des pneumog-as- triques; ce ralentissement se produit en effet malgré la section de ces deux nerfs. L'accélération du cœur produite par une forte dose est due à la paralysie intracardiaque des fibres modéra- trices; en etlet, l'excitation électrique du bout périphérique des pneumog-astriques ne ralentit plus le cœur, dont les mouvements sont accélérés par la nicotine. Le resserrement pupillaire do\i être attribué à la paralysie des filets du sympathique qui innervent les fibres rayonnées. Ce qui démontre qu'il en est bien ainsi, c'est que l'excitation du bout céphalique du sympathique ne produit pas la mydriase pendant l'action de la nicotine. Li' hypersécrétion salivaire déterminée par cet alcaloïde dérive de l'excitation de l'élément g-landulaire, et non d'une circulation plus active. Heidenhain a observé que, pendant l'action de la nicotine, l'excitation de la corde du tympan produit une sécré- tion salivaire très abondante, mais sans aucune dilatation vascu- 76 TABAC ET NICOTINE. laire dans la g-lande; il semble donc que la nicotine excite les fibres sécrétoircs et paralyse les fibres vaso-dilatatrices intra- glandulaires. Les inouvcmonta de contraction observés dans r intestin, Tes- tomac et l'utérus, résultent d'une action de la nicotine sur les extrémités terminales des nerfs moteurs de ces organes. Ces contractions ne se produisent pas quand on empêche le sang- d'arriver dans les tissus de ces appareils. Indications et mode d'emploi. — La nicotine pure est un poison trop dangereux pour pouvoir être utilisé en thérapeutique vété- rinaire. Le tabac peut être employé à l'extérieur comme antiparasi- taire externe, quand la peau ne présente pas d'érosion ou de plaies. Le jus de tabac des manufactures, le jus provenant de la macération du tabac avec du vinaig-re, conviennent très bien contre les poux, les puces, les acares des dllférentes gales. Pour ne pas s'exposer aux accidents d'empoisonnement, il faut tou- jours réduire les lotions de tabac à de petites surfaces et empêcher les animaux de se lécher. On emploie les infusions aqueuses de tabac à 5 p. 100, auxquelles on peut ajouter un peu d'alcool pour en aug-menter l'activité. En médecine vétérinaire, on ne l'emploie guère à l'intérieur que chez les ruminants à titre d'excitant des sécrétions digestives et des contractions g-astro-intestinales dans certaines constipations, dans la parésie de la musculeuse de l'estomac et de l'intestin, pour réveiller la rumination. Doses : Doses toxiques [estomac). Tabac en poudre. Nicotine. Cheval 300 gr. V à VI gouttes. Bœuf 500 — Mouton et chèvre 30 à 60 — Chien 4à 8— I à III — Doses thérapeutiques [estomac). Tabac en poudre. Cheval lO à 25 grammes. Bœuf 25 à 50 — Petits ruminants 2 à 5 — Pores 1 à 2 — Carnivores 0", 25 à Os'-.oO STAPHYSÂIGRE. 77 Administration. — Pour les lavements, on emploie les infu- sions de tabac de 1 à 2 p. 100. Autrefois on a conseillé Tinjection dans le rectum de fumée de tabac, mais ce procédé ne présente aucun avantage sur les lave- ments simples du liquide de l'infusion. A rintérieurle tabac se donne en pilules, électuaires, infusions. On peut aussi mélanger les feuilles avec le fourrage pour le cheval et le mouton, mais les autres animaux les refusent. A l'extérieur, on utilise le tabac en poudre, ou les jus obtenus par différents procédés : jus de manufacture ou celui obtenu par macération ou par la mastication du tabac dans la bouche, etc. Dans aucun cas il ne faut employer les infusions sous forme de bains généraux, à cause des dangers d'empoisonnement. Staphysaigre. {Delp/i inium staph isagria.) Cette plante indigène, de la famille des Renonculacées, encore appelée herbe aux poux, fournit ses graines ou samences à la matière médicale. Elles contiennent quatre alcaloïdes : la delphiniiie {(^^'^W^ AzO^), la. staphisagrine (G--H'^-'AzO^), la delphinoïdine (G^^H^^Az'-O'') et la delpliisine (G-''H'*''Az-0'*); une huile grasse et des matières minérales. Tous les alcaloïdes ci-dessus ont sensiblement les mêmes propriétés et peuvent être considérés comme des modifi- cations d'un seul alcaloïde, la delphine, obtenu déjà en 1819 par Lassaigne et Peneuille. Ils sont tous très toxiques. La delphine est un corps incolore qui cristallise en rhombes, presque insoluble dans l'eau, soluble dans 25 parties d'alcool, 12 d'éther et 15 de chloroforme : sa saveur est acre et persistante. Action physiologique. — La staphisaigre et ses divers alca- loïdes sont très toxiques pour tous les animaux et pour les para- sites cutanés. Sur la peau et les muqueuses, leurs préparations sont irritantes et produisent une inflammation. L'absorption des principes actifs peut se faire par toutes les voies, même par la peau si elle offre des excoriations et des plaies. Après leur pénétration dans le sang à dose suffisante, les animaux ont de la salivation, des coliques, des vomissements; la respira- tion se ralentit et s'arrête de temps en temps pour reprendre ensuite; les battements du cœur diminuent de nombre; la tension 78 BAUME DU PÉROU. artérielle s'abaisse ; les animaux montrent d'abord de l'excitation nerveuse, ils crient, se roulent sur le sol; plus tard, ils perdent leurs mouvements volontaires et sont paralysés. ^ j^, La delphine semble porter son action sur le système nerveux ^^""^^ ,i^<' central et ganglionnaire; elle l'excite d'abord et le paralyse y^^''^ ensuite. Usages thérapeutiques. — A l'extérieur, la staphisaigre a été employée avec succès contre les gales sous forme de poudre, de décoction (15 à 30 grammes de poudre pour 100 grammes d'eau), de pommade. Elle est très efficace contre les poux. Avant son emploi, il faut toujours s'assurer de l'intégrité de la peau et prendre toutes les précautions pour empêcher les animaux de se lécher. A Vintérieur, on préfère employer la delphinine. Ses effets se rapprochent beaucoup de ceux delà vératrine et de l'aconitine; elle est indiquée dans les mêmes cas. On l'a employée dans les hydropisies, Vnnasarque, le rhumatisme, les névralgies, les palpitations du cœur, etc. On a constaté qu'elle a une action antifébrile ou hypothermique moins prononcée que la vératrine et l'aconitine. Administration et doses. — La delphinine est administrée en pilules ou en teinture, à la dose de O^^OS par jour en plusieurs fois au chien. Cévadille. H La cévadille est la graine du Sabadilla offîcinarum de la famille des Golchicées, plante bulbeuse du Mexique. Elle contient divers alcaloïdes très actifs : la vératrine, la jervine, la cévadine, etc. ; deux acides : l'acide sabadillique ou cévadique etl'acide vératrique. Elle est employée comme parasiticide sous le nom de poudre des capucins de la même manière que la poudre insecticide. Baume du Pérou. On appelle ainsi le suc de plusieurs arbres de l'Amérique cen- trale, surtout du Myroxylon Pereirse, de la famille des Légumi- neuses, qui est abondant dans l'État de San Salvador. C'est un liquide, épais, rougeâtre ou brunâtre, d'une odeur délicieuse de vanille, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, les essences et les huiles grasses. BAUME STYRAX. 79 Il contient de V acide cinnamique, de la cinnaméine, matière liquide qui tache le papier comme la graisse, de la sty racine et de l'acide benzoïque . Action et emploi. — A cause de son prix élevé, il n'est pas souvent em.ployé en vétérinaire. Il convient surtout : 1° comme antiparasitaire dans la g-ale des petits animaux : chiens, chats, oiseaux. Les acares, sarcoptes, psoroptes sont tués rapidement par ce corps; 2° comme expectorant, diurétique, anticatarrhal dans les affections des voies respiratoires et de l'appareil g-énito- urinaire; 3° comme antiseptique et cicatrisant sur les plaies. A Vextérieur, on l'emploie sous forme de pommades, d'onguents ou de solutions alcooliques à 1 p. iO. A l'intérieur, on le donne en pilules, capsules ou en émulsion. Doses. Cheval et bœuf 10 à 25 grammes. Mouton et chèvre 2 à 5 — Porc 1 à 3 — Chien OeM à 1 — Succédanés. — 1° Péruol. — Produit de synthèse obtenu en combinant l'acide benzoïque avec le benzyl. On l'emploie en solution dans l'huile de ricin (solution à 25 p. 100) contre la gale du chien. D'après Regenbog-en, c'est un bon antigaleux chez les petits animaux. 2° Pérugéne ou baume du Pérou artificiel. — C'est un composé de résine aromatique, d'éthers et de cinnaméine. Il a été recom- mandé contre la gale du chien en solution alcoolique titrée à 5 p. 100, dans l'eczéma et dans le traitement des plaies. Baume styrax. '^pLo-^«xîC Baume presque fluide extrait par compression de l'écorce d'un arbre de l'Arabie et de l'Ethiopie, le Liquidambarorientalis delà famille des Platanées. Il répand une odeur très agréable, est soluble dans l'alcool, 1 ether , le chloroforme et le benzol. 11 con- tient du styrol (G*H^), de la storésine (G^'^H'^'O'), de l'acide cinnamique et de la ciniiaméine. Effets et usages. — Employé en frictions sur la peau de l'homme et des animaux, le styrax n'exerce aucune action irri- tante; sur les plaies, il agit comme léger excitant et antiseptique 80 BENZINE BENZOL. àlafaçon de la térébenthine, cependant avec une moindre énergie. Ce baume tue avec rapidité tous les parasites cutanés. Il ^(Kconvient toutes les fois qu'il faut débarrasser les animaux d'hôteS^; incommodes, surtout dans la gale des petits animaux comme le chien, lechat, les oiseaux de basse-cour ou les oiseaux de cage. C,*^"^' Il tue non seulement les parasites adultes, mais encore les œufs. C'est un antigaleux usité avec beaucoup d'avantages chez l'homme. Il mérite d'être employé en médecine vétérinaire pour les petits animaux de luxe. * A cause de sa consistance semi-solide, on ne peut faire péné- trer facilement les molécules médicamenteuses dans la peau ; pour le rendre plus liquide et plus facile à employer, on le mé- lange avec 1,2, 3 parties d'huile ou d'alcool, ou bien avec du savon vert et de l'alcool dans la proportion de 60 de styrax pour 10 d'alcool et 10 de savon vert. Avant de faire les frictions, on lave et on frotte fortement les animaux avec de l'eau de savon ; on fait ordinairement deux applications à cinq ou six jours d'inter- valle. C'est certainement le meilleur «/i^i'y^rtrasïVa^Ve exteimequon puisse employer chez les petits animaux, à cause de son efficacité, de son odeur agréable et de son prix modéré. Benzine, Benzol. La benzine (encore appelée hydrure de phênyle., benzène, benzol, etc.) provient de la distillation de la houille. C'est un liquide très mobile, limpide, volatil, réfractant fortement la lumière, très inflammable, incolore, d'une odeur vive et péné- trante toute spéciale, d'une saveur acre et amère et d'une densité de 0,88 à 15". Elle est fort peu soluble dans l'eau et la glycérine, mais communique pourtant son odeur à ces deux liquides; elle se dissout facilement dans les alcools, les éthers, les essences, les huiles grasses, etc. Elle dissout le soufre, le phosphore, l'iode, le brome, le chlore, les corps gras, la cire, le caoutchouc, la gutta- percha, le camphre, certaines résines et beaucoup d'alcaloïdes. Effets. — Sur la peau saine de nos différents animaux, la benzine n'exerce qu'une légère action excitante. Mais quand la peau, sur laquelle on l'applique par des frictions, est irritée, enflammée comme cela arrive dans la gale, la benzine produit des effets rubéfiants très énergiques analogues à ceux en BENZINK, BENZOL. 81 gendres par l'essence fie térébenthine. L:i benzine est surtout irri- tante sur la peau, qui est le siège d'allérations pathologiques; le chien et le chat succombent quelquefois à des applications éten- dues. Elle est irritante aussi chez certains chevaux à peau fine et délicate. Souvent elle cautérise légèrement la surface cutanée, qui alors se dessèche, se tanne, puis se recouvre d'exfoliations "(^ ._,-t>^ ^\j^ épidermiques très adhérentes ne se détachant que fort lentement. Introduite dans les voies digestives, la benzine excite et con- gestionne la muqueuse buccale, provoque la salivation; assez souvent elle irrite fortement la peau des lèvres. Lorsqu'elle est pure, elle est déglutie avec difficulté et s'introduil aisément dans les voies respiratoires; il faut donc en surveiller avec soin l'ad- ministration. Arrivée dans l'estomac et l'intestin, elle ne pro- duit aucun effet spécial et, comme les autres astringents, détermine une constipation assez opiniâtre; chez les solipèdes, yJiio^Xt les orpttins ne tardent pas à devenir petits, durs, lisses, et à rw prendre une teinte foncée. Chez le chien, la benzine ne paraît pas provoquer le vomissement. Après son absorption, la benzine produit, à doses modérées, un léger mouvement fébrile de courte durée. L'air expiré acquiert rapidement l'odeur de benzine, et les urines prennent celle de l'essence de violette. Sous son influence, l'assimilation semble favorisée, car, après un usage de quelques jours, on voit les ani- maux prendre de la graisse. A doses plus fortes, elle détermine une accélération considérable du pouls et de la respiration, celle-ci devient en même temps laborieuse ; les yeux sont hagards et les conjonctives sont injectées. Enfin, à doses plus élevées, il y a dé- pression du système nerveux, tremblements musculaires, convul- sions, perte de la sensibilité, abaissement graduel de la tempé- rature rectale jusqu'à la mort. Jamais lai benzine ne produit de contractions tétaniques. La benzine constitue un poison violent pour les différents para- sites ectosoaires et entozoaires qui vivent sur nos animaux ; elle est également antiseptique. Indications thérapeutiques. — A l'extérieur, on utilise sur- tout les propriétés antiparasitaires de la benzine. Elle est indi- quée contre tous les parasites de la peau, tels que les puces, les poux, les ixodes, les tiques, les acares de la gale, la phtiriase du cheval, les tricodectes et dermanysses de la poule, l'achorion du favus, le Tricophyton tonsurans. Kaukmann. 6 S2 PÉTROLES. Lors(|ue la gale est locale, on cou[)e les poils et on nettoie exactement la surface; quand elle est g-énérale, on se contente de faire un ou plusieurs lavages savonneux, de manière à enlever toutes les impuretés du tégument ; puis, lorsque la peau est nette et bien sèche, on la frictionne avec la benzine diluée ou en pommade, et on réitère les applications selon le besoin. Lors- qu'on traite des animaux délicats, on mélange la benzine avec 1, 2 ou 3 parties d'huile, de graisse, de savon vert ou de styrax. Ce dernier corps convient surtout lorsqu'on traite les chats, les petits chiens et les volailles, animaux qui sont très sensibles à l'action toxique de la benzine. A l'intérieur, elle n'est utilisée que comme vermifuge. Rey et d'autres ont publié plusieurs faits qui démontrent les proprié- tés vermicides de cette substance soit chez le cheval, contre les larves d'œstres et l'ascaride lombricoïde, soit chez le chien contre les diverses variétés de ténia. Doses. Doses thérapeutiques. Cheval et bœuf 30 à 100 grammes. Petits ruminants et porc 2à b — Chien là 4 — Doses toxiques. Cheval 700 grammes. Chien 10 — Pétroles. Les pétroles sont des bitumes liquides qu'on trouve au sein de la terre dans diverses contrées, surtout en Amérique et dans le Caucase. On en retire différentes huiles, dont la plus répandue est l'huile de pétrole employée pour l'éclairage. C'est aussi celle qui convient le mieux pour l'usage de la médecine vétérinaire. Elle commence à distiller à -j- i30° et à une densité de 0,800. Effets. — Sur la peau, le pétrole a une action assez semblable à celle de l'essence de térébenthine. Son emploi en simples applications produit peu d'elfet, tandis que les frictions réitérées sur les mêmes points provoquent non seulement une vive irritation de la peau, mais aussi une intumescence du tissu cellulaire sous-cutané à la manière des sinapismes. Cet elîet inflammatoire est surtout très marqué chez les animaux de SULFURE DE POTASSE. 83 l'espèce bovine. M. Mégnin signale comme effet consécutif à cette irritation cutanée une sécrétion épidermique extrêmement abondante, très adhérente à la peau, sur laquelle elle forme une sorte de cuirasse, et qui ne se détache que fort lentement. Sur les muqueuses, l'huile de pétrole agit comme l'essence de térébenthine, c'est-à-dire qu'elle est irritante, mais infiniment moins que sur la peau. Elle provoque les contractions péristaltiques de l'intestin et en g-énéral n'est pas favorable à la digestion. Indications thérapeutiques. — On emploie le pétrole comme antiparasitaire à l'extérieur. 11 est indiqué, comme la benzine, pour détruire la vermine, qui vit sur la peau de nos animaux domestiques. Il convient, dans ces cas, d'agir prudemment, car on a signalé des cas d'empoisonnement sur le cheval et le chien, à la suite de frictions de pétrole faites pour guérir la gale. Martin (1) a rapporté la mort de cinq chevaux survenue à la suite de y ^ frictions faites avec l',5 de pétrole sur chacun par un empirique. Les pétroles bruts sont beaucoup plus toxiques que le pétrole rectifié. On ne doit utiliser que ce dernier. Les lésions observées à l'autopsie consistent surtout en une hyperémie de la vessie et une inflammation rénale. On pourrait l'employer aussi comme révulsif et résolutif à la place de l'alcool camphré ou des pommades mercurielles. A l'intérieur, il est assez dangereux, parcequ'il irrite facilement le tube digestif. Il a des propriétés vermifuges et peut être avantageusement employé chez le cheval, quand on l'associe à l'huile d'olive à parties-égales. Mêmes doses que pour la benzine. Sulfure de potasse. {Foie de soufre. — Pentasulfure de potassium.) Le sulfure de potasse est solide, amorphe, en plaques irrégulières d'une couleur jaune rougeâtre ou jaune verdâtre ; d'une saveur fortement alcaline. Exposé à l'air, il absorbe l'humidité, se ramollit, dégage une forte odeur d'œufs pourris, s'oxyde et se transforme en hyposulfite et carbonate alcalins avec dépôt de soufre libre. Il est très soluble dans l'eau. Sa (1) Progrès vétérinaire, 1892, p. 277. 84 SULFURE DE POTASSE. solution un peu laiteuse et jaunâtre s'altère rapidement à l'air ; les acides minéraux en dég-ag-ent de l'hydrog-ène sulfuré et pré- cipitent le soufre : K-S" +2HG1 = H^S + S* + 2KG1 ; les solutions métalliques la décomposent en donnant naissance à un sulfure coloré et insoluble. Le sulfure de potasse doit être conservé dans des vases parfaitement bouchés ou fermés à la cire. Effets. — Sur la peau, les solutions faibles de sulfure de potassé agissent comme excitantes; les solutions concentrées sont irri- tantes et même caustiques. Ces dernières déterminent une douleur cuisante, dissolvent l'épiderme et provoquent une inflammation. Sur les solutions de continuité et les muqueuses, ces effets irritants sont encore plus prononcés. Ingéré à dose un peu forte, le sulfure de potasse provoque une vive inflammation de la muqueuse digestive, détermine des vomissements chez les carnivores et les omnivores, et des coliques vives avec gastro-entérite chez les herbivores. En présence du suc gastrique acide, le sulfure de potassium laisse déposer du soufre et dégage de l'acide sulfhydrique. Ce gaz est rapidement absorbé, communique au sang une coloration noire, rend la respiration plus difficile quand il est en grande quantité et peut même déterminer la mort par intoxication. Les sulfures alcalins sont aussi absorbés en nature ; ils rendent le sang plus fluide, diminuent le nombre et la force d»s battements du cœur, produisent une grande faiblesse musculaire, une dépression du système nerveux, puis des convulsions si la dose est forte. L'acide sulfhydrique est exhalé par le poumon et la peau. Les sulfures alcahns sont oxydés dans le sang et se transforment en sulfates et sulfites qui sont éliminés par les urines. Le sulfure de potasse constitue un poison énergique pour tous les parasites ectozoaires ; c'est un des meilleurs antigaleux. Indications thérapeutiques. — L'action fortement irritante de ce médicament rend son emploi interne dangereux ; aussi dans la pratique y a-t-on rarement recours. Il peut cependant servir parfois de contrepoison des sels métalliques, car il forme avec eux des sulfures insolubles et non irritants. A l'extérieur, on utilise ses propriétés irritantes, dissolvantes, résolutives, fondantes et antiparasitaires. En solutions à 10 p. 100, il convient pour laver la peau, qui est le siège d'une éruption sèche et douloureuse ; après un certain temps de contact, on enlève le sulfure par un lavage au savon. Pour les éruptions SULFURE DE CARBONE. 85 humides, il ne faut employer que des solutions de 1 à 2 p. 100 ; on l'unit souvent au savon ou à la g-lycérine. Chez le mouton, les lotions ou lavages avec les solutions de sulfure de potasse ne conviennent pas, car elles jaunissent la laine. La pommade de sulfure de potasse à 1 p. 6 ou 8 constitue un l'éfiolutif excellent. On l'a employée avec succès en frictions contre les inflammations articulaires, les eng-org-ements tendi- neux, les exostoses et autres tuméfactions. C'est un antigaleux excellent chez les petits animaux. On l'emploie souvent sous forme de bains. Pour un chien, un bain contient 50 à 100 g-rammes de sulfure de potasse pour 100 litres d'eau. Les lavag-es de la peau avec des solutions de sulfure de potassium trop fortes peuvent être dangereux. Des chevaux g-aleux lavés avec une solution à 10 p. 100 ont montré après une heure des phénomènes alarmants consistant dans une forte excitation, une énorme accélération de la respiration, puis un abattement général. Au niveau des parties frottées, la peau était épaissie et douloureuse. Quelques jours après, l'épiderme s'est exfolié par lambeaux. Administration et doses. — Le sulfure de potasse est toujours donné en solutions faibles, qu'on administre sous forme de breuvages ou qu'on mélang-eavecduson et des poudres vég-étales pour en faire des bols. . .A^t.jy-y) Doses thérapeutiques. Cheval 2 à 5 grammes. Bœui 3 à 6 — Mouton, porc O6'",o0 à 1 gramme. Chien 0.sr,05 à 0&r,oO Doses toxiques. Tube digestif. Veines. Cheval 60 gr. 4 à 8 gr. Chien 10— 7 — Sulfure de carbone. es-'. C'est un liquide incolore, mobile, d'une odeur caractéristique, très volatil et très réfringent, bouillant à -\- 47". Il est soluble dans 500 parties d'eau et très soluble dans l'alcool et l'éther. Il dissout >' Iv^, 86 QUELQUES PRÉPARATIONS EGTO-PARASITICIDES. le soufre, le phosphore, l'iode, les corps gras, le caoutchouc, la chloro{jhylle, etc. Il est très inflammable. Les mélang-es de sa vapeur avec l'air sont fort dangereux et produisent de violentes explosions. En brûlant, il donne de Tacide sulfureux et de Tacide carbonique et dépose en même temps du soufre si la quantité d'air est insuffisante pour l'oxyder complètement. Action physiologique. — L'eau sulfocarbonée à saturation, c'est-à-dire contenant environ 2 g-rammes par litre, est supportée pendant longtemps par les animaux, même à dose assez forte. On constate qu'il désodorise les excréments. Mais, si on force les ani- maux à respirer un air contenant des vapeurs de sulfure de car- bone, ils ne tardent pas a succomber. Après son absorption, le sulfure de carbone altère les globules rouges du sang- en les déformant. 11 s'élimine par le poumon, la peau et les reins ; l'air expiré prend une odeur caractéristique. Il constitue un toxique énerg-ique pour les animaux inférieurs, les insectes et autre vermine. Indications. — Le sulfure de carbone n'est g-uère employé que pour détruire les parasites divers qui infestent les habitations de nos animaux, principalement les poulaillers, les pig-eonniers, les chenils, etc. Lorsqu'il y a beaucoup de vermine, il suffit de déposer dans le local un large vase contenant du sulfure de carbone et de laisser les vapeurs se répandre librement dans l'atmosphère. On ferme hermétiquement toutes les ouvertures, et, après douze heures, on ouvre pour établir un courant d'air qui débarrasse le local d^ vapeurs sulfocarbonées. On fait un lavage quand il n'y a plus d'odeur. Le sulfure de carbone a été utilisé aussi avec succès contre les larves d'oestres fixées surla muqueuse de l'estomac chez le cheval. On enferme 20 g-rammes de sulfure de carbone dans trois capsules de g-élatine, et chaque capsule est incluse dans un bol 0 d'aloès et de poudre de ^noimauve. On administre un bol par jour pendant trois jours consécutifs. Généralement on obtient l'expul- sion de nombreuses larves tuées. Quelques préparations ecto-parasiticides. 1° Contre les puces. — Poudres insecticides à base de fleurs de pyrèthre, de graines de staphisaig"re ou de cévadille. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. 8Î Bain ou lavages sulfureux avec solution suivante : Foie de soufre 1 gramme . Eau 2 lilres. 2" Contre les ixodes. — Toucher les parasites du chien avec un pinceau ou une plume d'oie^inabibée d'un des liquides sui- / Jt, vants : benzine, i^étrole, essence de térébenthine, créoline, phé- l 710/ solution à 5 p. 100, essence d'anis. Désinfecterle chenil pardeslavag-esà l'eau bouillante phéniquée. ^' Renouveler souvent la paille et entretenir une grande propreté. A^ En Amérique, dans les rég-ions où règne la fièvre du Texas, ^ on baigne les grands ruminants porteurs de tiques dans un hquide composé de pétrole rectifié et de fleur de soufre. 3° Contre les poux. — Les poux se montrent sur toutes les espèces domestiques et produisent souvent une véritable derma- tose appelée phtiriase. Cette maladie est facile à guérir chez les mammifères, mais elle est plus tenace chez les oiseaux de basse- cour. Gomme elle est susceptible de se transmettre par conta- gion, la première indication qui s'impose, c'est d'entretenir une g-rande propreté et de désinfecter les locaux, surtout les pou- laillers et pig-eonniers. Pour pratiquer la désinfection, un bon moyen consiste à sau- .^,, poudrer le plafond, les murs et les nids avec de la poussière de ■ chaux vive. Au bout de quelques minutes, les parasites sont tués, ""et on balaie le plancher. On peut aussi désinfecter les locaux avec du sulfure de carbone ou du formol qu'on y fait évaporer après avoir fermé toutes les ouvertures. Quand on suppose l'ac- tion suffisante, on ouvre larg-ement toutes les issues pour aérer et enlever les vapeurs parasiticides. Il faut se rappeler que les vapeurs de sulfure de carbone sont inflammables et qu'il faut éviter de pénétrer dans les locaux avec une lumière quelconque avant que l'aération soit complète. Pour guérir la phtiriase des mammifères, il suffit ordinaire- ment de les soumettre à un bon rég-ime et d'appliquer sur les parties atteintes diverses préparations parasiticides. Les plus employées sont les suivantes : Décoction de tabac. Tabac '^'^ grammes. Eau 1000 - Faites bouillir pendant quelques minutes ; laissez refroidir et exprimez. 88 QUliLQUES PRÉPARATIONS ECT0-PARAS1T1C1DE5. Ce liquide convient surtout cliez le mouton. On en répand quelques gouttes sur les points envahis par les poux. Huile de friture. Convient chez tous les animaux, mais spécialement chez le porc. Solulion saoonneiise de lieiiziite. Benzine 1 Savon vert C Eau 20 Mélangez. Frotter avec cette solution les parties couvertes de poux Linimenl de pétrole. PéiroUî 1 Huile ordinaire 10 Mélangez. Frotter les parties couvertes de poux. Solution de crésyl. Crésyl 25 Eau 1 000 Mêlez . Frotter les parties envahies par les poux. Solution phéniquée. Acide phénique , 5 Eau 100 Dissolvez. Laver les parties envahies par les poux. Macération de staphisaigre. Semences de staphisaigre 1 Vinaigre 20 Laissez macérer. Frotter les parties couvertes de poux. Huile unisée. Essence d'anis 1 Huile 3 En application sur les parties malades. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. Huile beiizolée. Benzol 1 Huile 3 Faire un Uniment. Eli frictions sur les parties envahies par les poux. Mélanf/e de Schleg. Acide arsénieux 16 grammes. Potasse 16 — Eau l',5 Vinaigre l',b Mélangez et dissolvez. Convient contre les poux chez tous les animaux. Vinaigre arsenical (Viborg). Acide arsénieux 30 grammes. Vinaigre 2 litres. Eau distillée 1 litre. Dissolvez. Celte solution agit bien contre les poux. Poudre contre les poux. Poudre de racine de vératre 5 Poudre de semences d'anis 25 Mélangez. Saupoudrer la peau en écartant les poils ou les plumes pour atteindre les poux. 4" Contre les gales en général. — Les affections cutanées dé- signées sous le nom de gales sont produites par des animalcules presque microscopiques qui vivent et se multiplient à la surface de la peau. Ces parasites sont les sarcoptes, les psoroptes, les symbiofes et les demodex. Ils se reproduisent par des œufs. L'indication thérapeutique doit consister à détruire les para- sites ainsi que leurs œufs. On obtient ce résultat par un grand nombre d'agents médicamenteux, qui, à cause de cela, ont reçu les noms d'antipsoi'ifjues, à'antigaleux, à'acaricides. Quelques- uns détruisent à la fois les acares et les œufs ; d'autres n'attei- gnent que les premiers et n'ont pas d'action sur les seconds. Avec ces derniers, une seule application ne suffit pas pour guérir la gale, car quelques jours après les œufs, restant vivants, l Aj^^ 90 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. éclosent, et une nouvelle application devient nécessaire pour tuer les parasites nouvellement formés. Quand la g^ale est généralisée, un certain nombre de prépara- tions, surtout celles qui sont à base de graisses ou de goudron, ne doivent pas être appliquées d'emblée sur toute la surface cutanée. On sait, en effet, que les enduits gras qui s'étendent sur une trop grande surface peuvent amener des accidents mor- tels. Un animal graissé en totalité se refroidit graduellement et ne tarde pas à succomber. Il convient donc de n'appliquer les pré- parations antipsoriques grasses que sur une surface limitée du corps. Quand le traitement est terminé sur une partie, on la lave au savon, et on fait ensuite successivement des applications sur les parties voisines, jusqu'à disparition complète de la maladie. Il ne faut jamais couvrir en une seule fois plus de la moitié du corps avec l'enduit gras acaricide. Les gales sont cojitagieuses non seulement entre individus d'une même espèce, mais encore souvent entre animaux d'espèce différente. Outre le traitement curatif, il y a donc lieu d'instituer aussi un traitement prophylactique. Les animaux atteints doivent être isolés, les locaux et objets contaminés désinfectés. Y>/C^ Les litières, les fimiieçs seront enlevés et arrosés d'un liquide ^ antiparasitaire. Le sol, les crèches et les murs, les boiseries, les objets de pansement, les harnais, etc., seront lavés avec une solution désinfectante. On complète la désinfection avec des ^jv^-' fumigations de chlore ou d'acide sulfureux, et on blanchit les murs avec un lait de chaux. Pour le traitement curatif, on se sert de substances parasiti- cides qu'on applique généralement sur les animaux. Elles sont nombreuses, et leur action est plus ou moins énergique. Dans le tableau suivant, on voit la force de résistance des aeares aux principaux agents antigaleux. On a noté le temps qui s'écoule entre le moment où le parasite de la gale du mouton est mis en contact avec chaque substance et le moment de la mort. Préparations. Durée de la vie. Chloroforme, sulfure de carbone Instantanément. Créosote, benzine, pétrole 1/4 minute. Jus de tabac des manufactures 1/2 — Émulsion de crésyl à 2,5 p. 100 2 1/2 minutes. Solution de potasse caustique à 3 p. 100. 2 1/2 — Solution de phénol à 2 p. 100 2 1/2 — Huile empyrcumatique 4 — V QUELQUES PRÉPARATIONS EGTO-PARASITICIDES. 91 Préparations. Durée de la vie. Baume du Pérou 4 minutes. Essence de térébenthine et pétrole 10 — Goudron 13 — Solution ferro-arsenicale de Tessier 25 — Décoction de tabac ( 1 p. S) 20 — Solution de chlorure de chaux (1 p. 30). . 20 — — de sulfure de potassium (5 p. 100). 25 — — de sublimé corrosif (1 p. 100)... 45 — — alumino-arsenicale de Âlathieu. . 60 — . Savon vert 60 — Huile phosphorée 1 heure. Onguent mercuriel double 4 heures. Décoction d'ellébore noir et blanc (1/16). 36 — La créosote, la benzine, le pétrole, le naphte sont d'excellents anligaleux ; mais ils ne peuvent être utilisés à l'état de pureté à cause de leur action irritante sur la peau. Ils entrent dans la composition de plusieurs préparations acaricides. L'huile de cade V a une odeur désag-réable, salit la peau, les poils, la laine, les har- ^ nais et, à cause de cela, est peu employée. Le sulfure de potasse ^vl^ jaunit la laine et pour cela ne convient pas chez le mouton. ^ Voici les principales préparations antig-aleuses employées dans la pratique : < Pommade soufrée (Codex). ^^oufre sublimé 10 «^-^--^ Axonge ou vaseline 30 Mélangez. Pommade sulfureuse (Codex). Sulfure de potasse 10 Vaseline 300 Pulvérisez finement le sulfure de potasse et mélangez-le à la vaseline de façon à former une pommade homogène. , Pommade d'Helmerich. Soufre sublimé 10 Carbonate de potasse 5 Axonge 40 Contre la g-ale. Le lendemain de l'application, lavag-e au savon et quand la peau est sèche, une deuxième application. Charge antigaleuse. Benzine 30 Huile de cade 10 Coaltar 10 92 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. Savon noir 10 Essence de térébenthine 10 Triturez dans un mortier le savon noir avec le coaltar; ajoutez l'huile de cade: le mélange étant parfaitement homogène, incorporez peu à peu l'essence de térébenthine, puis la benzine. Contre la g-ale chez tous les animaux. Linimenl anli;/alpux. Ichtyol 10 Alcool •j- Éther ^ aa 30 Eau. Solution anllpsorïque. Sulfure de potasse 5 grammes. Eau 1 litre. Avec cette solution, lavez les parties galeuses. Elle ne doit pas être employée chez le mouton, car elle jaunit la toison et rend la laine cassante. Pommade au napklol. Naphlol S Axonge 50 Failes une pommade. Contre la gale. Pommade ichlrjolée. Ichtyol ) ^^ ^Q Eau distillée ) Lanoline 30 Faites une pommade. Contre la gale (Unna). Pommade ichlyo-salicylée . I<;htyol 10 Acide sahcylique 2 L^"o'ine ) ^ 2(, Suif ) Faites une pommade. Contre la gale. Solution crésylée savonneuse. ^'^'y^--; {âa 5 Savon vert ) Alcool ordinaire 50 Avec cette solution, laver les parties atteintes de g'ale. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIOES. 93 Savon soufré. "Fleur de soufre 5 Savon vert 25 t Mélangez. Frotter avec cet ong-uent les parties atteintes de gale. Liniment viennois. S;^"'^''^"--, \ »-aio Fleur de soufre ) Savon vert ^ Alcool. Mélangez intimement. En friction sur les parties galeuses. Pommade crésylée iodoformée. lodoforme 2 Crésyl 2,5 Vaseline 15 Faites une pommade. Badigeonner les parties malades. Spécialement contre la gale des grands herbivores. Solution créosotée. Créosote. 10 Alcool 10 Eau 25 Dissolvez. Dans la gale sarcoptique du cheval, faire deux frictions à quatre jours d'intervalle. Huile créosotée. Créosote 1 Huile 25 à 40 Dissolvez. Faire deux applications à quatre jours d'intervalle dans la gale sarcoptique du cheval. Pommade créosotée. Créosote 1 Axonge 25 à 40 Faire une pommade. Contre la gale sarcoptique du cheval. 94 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITIGIDES. Savon créosote. Créosote 20 Savon vert 100 Alcool 50 Mélangez. Contre la gale sarcoptique du cheval. Pommade au sulfure de potassium. Trisulfure de potassium solide 10 Carbonate de potasse 2 Axonge 300 Faites une pommade. Contre la gale sarcoptique du cheval (Trasbot). Huile de cévadille. Poudre de cévadille 100 grammes. Alun calciné 40 — Fleur de soufre 60 — Huile d'olive 1 litre. Faites digérer pendant deux heures au bain-marie. En frictions sur les parties atteintes de gale sarcoptique chez le cheval. Huile nicolinée. Déchets des manufactures de tabac 100 grammes. Huile 1 litre. Mélangez. Contre la gale sarcoptique du cheval. Liniment antigaleux. Goudron de bois 100 Fleur de soufre 100 Savon vert ) - ann , , , > aa 200 Alcool ) Mélangez. Contre la gale du cheval. Liniment. Pétrole 1 Benzine 1 Huile 1 ou 2 Mélangez. Ce liniment convient contre la gale sarcoptique du cheval. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICÎDES. 95 Liniment an pétrole. Huile de pétrole 1 Huile de lin 1 Mélangez. Contre la gale symbiotique du cheval. Savon au goudron. Goudron 2 Savon vert 1 ou 2 Mélangez. Contre la gale psoroptique du cheval et du bœuf et contre la gale sarcoptique du mouton et du dromadaire. Goudron arsénié. Goudron 400 grammes, Savon vert 200 — Acide arsénieux finement pulvérisé 4 — Mélangez intimement. Cette préparation doit être appliquée plusieurs fois dans la g-ale symbiotique du cheval, quand cette maladie s'accompagne d'hypertrophie des papilles cutanées. Onguent antigaleux . Soufre sublimé 60 Sulfure d'antimoine 30 Euphorbe pulvérisée ^ "a fi Poudre de cantharides ) Axonge ou vaseline 500 Incorporez à froid et faites une pommade. Contre la gale rebelle du cheval. Contre la gale du mouton. Macération de tabac. Tabac des manufactures 200 grammes. Eau i 1 litre. Faire une décoction. Employer le liquide en frictions contre la g-ale psoroptique loca- lisée du mouton. ^ 96 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. Dahi antifjaleux au soufre. Fleur de soufre 25 Chaux vive 12.5 Eau 1 000 Mélangez. Contre la gale du mouton. Décoction d'ellébore. Racine fraîche d'ellébore noir 1 25 grammes. ou racine sèche 60 — Eau bouillante 1 litre. Laissez digérer jusqu'à refroidissement complet. Frotter avec ce liquide les parties atteintes de gaie pso- roptique localisée. Bain arsenical ou bain de Tessier (Codex). Acide arsénieux 1 000 grammes. Sulfate de zinc du commerce 5 000 — Asa fœtida 5 — Eau 100 litres. Faites dissoudre à chaud l'acide arsénieux dans 40 litres d'eau ; dissolvez d'autre part le sulfate de zinc dans 10 litres d'eau froide : placez Vasa fœtida dans un mortier; versez dessus 100 grammes d'eau bouillante et délayez la gomme-résine avec soin; mélangez les deux solutés et ajoutez ce mélange au reste du liquide. Bain pour 100 moutons (Corfex). Le bain arsenical préparé suivant la formule ci-dessus constitue un moyen infaillible pour guérir la gale psoroptique si rebelle du mouton; une ou deux immersions, quand la gale est ancienne, ou simplement quelques lotions quand elle est récente ou locale, suffisent habituellement pour amener la guérison. Emploi. — Tondez la bête à laine. Si les croûtes sont très dures et occupent de larges surfaces, plongez-la dans le bain d'eau savonneuse confectionné avec : ^: ,.../ Savon vert 2 kilos. Eau 100 litres. et frottez les parties atteintes de la gale avec une brosse. Ce bain ramollira, détachera les croûtes et nettoiera la peau. Huit jours après ce bain de propreté, plongez les animaux dans le bain de Tessier de la manière suivante : Servez-vous d'une grande baignoire ou d'un grand cuvier pou- QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. 97' vant contenir 100 litres d'eau au moins, et munissez-vous de deux brosses rudes ; remplissez le cuvier de 50 à 00 litres de la liqueur préparée à la température du corps; placez le cuvier, si c'est en été et par un temps doux, au milieu d'un parc disposé sur un terrain labouré, ou sur tout autre terrain où les moutons ne trou- veront rien à manger. Placez dans un autre parc à côté les moutons galeux préparés à recevoir le bain. Afin que l'opération se fasse vite et avec facilité, quatre hommes sont indispensables. L'un amène les moulons qui vont être baignés; les trois autres font prendre le bain : l'un saisit le mouton par les membres postérieurs, l'autre par les membres antérieurs, le troisième par la tête ; le mouton est ren- versé. L'aide qui tient la tête recouvre les yeux avec les oreilles. Maintenu dans cette position, le mouton est plongé dans le bain de manière que la liqueur le recouvre entièrement et que l'eau le recouvre jusqu'à la tète. L'animal doit être ainsi maintenu tran- quille dans le bain pendant deux minutes, puis retourné et placé sur ses quatre membres dans le fond de la baignoire. Les aides, excepté celui qui tient la tête, frottent doucement le mouton avec la brosse sur toutes les parties du corps, s'attachant surtout aux parties g-aleuses, qui doivent être parfaitement nettoyées. Cette friction doit être opérée dans l'espace de deux à trois minutes. Les brosses et les mains seront ensuite passées en exerçant une forte pression sur toute la surface du corps et des membres, pour faire écouler le plus possible du liquide composant le bain, et le mouton est mis en liberté dans le pare. On passera ensuite à un autre animal amené par le quatrième aide. Le bain de Tessier réussit très bien, mais ce procédé exig-e plusieurs aides et réclame l'emploi d'une substance toxique. Bain de Zundel. Acide phénique brut 1 500 grammes. Chaux vive 3 000 — Carbonate de soude 3 000 — Savon noir 3 000 — Mélangez intimement. La pâte obtenue est délayée dans 200 litres d'eau. Bain pour 100 moutons. Les animaux galeux sont plongés dans ce bain, frottés et bros- sés pendant trois à quatre minutes. Quand la gale est fortement invétérée, on fait un second lavage après cinq à six jours. Kaufmanx. 7 c/ 98 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. Trailamenl mi o'ésyl de Friihner. — Voici la manière de pro- céder. Autant que possible, on tond les moutons avant le traite- ment. Cependant la tonte n'est pas absolument indispensable, car la créoline ne colore ni ne détériore en aucune façon la laine. On frotte ensuite pendant trois à cinq jours les plaques g-aleuses apparentes, surtout dans les environs des reins, du dos et du cou, avec un Uniment de créoline jusqu'à ce que les croûtes ï s'amollissent. Ce linimeiit se compose de 1 partie de créoline^ de 1 partie d'alcool et de 8 parties de savon vert. Ces fric- tions préparatoires constituent une partie intégrante du traite- ment. Ensuite on baigne deux fois les moutons ainsi i)réparés avec une solution aqueuse de créoline. Entre le premier et le deuxième bain, on laisse un intervalle de sept jours. Le liquide qui sert pour les bains consiste en une solution de créoline dans l'eau à 2,5 p. 100 (6', 5 de créoline par 250 litres d'eau pour 100 moutons); on le prépare en versant sim- plement la créoline dans l'eau tiède et en brassant le mélange. Chaque bain dure trois minutes ; après chaque bain, on frotte vivement le mouton sur tout le corps avec des brosses pendant au moins trois minutes, après quoi on le replonge pour un moment dans le bain. Pendant le traitement, il faut éviter toute précipi- tation et veiller surtout à ce que les hommes qui font l'opération s'effectuent selon les règles. Un troisième bain ne devient nécessaire que lorsque les mesures prescrites ont été exécutées d'une manière imparfaite. Le bain de créoline se disting-ue avantageusement des autres bains contre la gale par sa non-toxicité, son bon marché et la sim- plicité de la préparation. Il est d'ailleurs très efficace, n'altère pas la laine, mais est moins expéditif que le bain Tessier. Contre les gales du chien et du chat. lAniinenl de pétrole. Huile de pétrole 1 partie. Huile de lin 1 — Mélangez. Contre la g-ale sarcoptique du chien. Ne pas fi'ictionner àla fois tout le corps, mais seulement la moitié. Alterner. Après six jours laver au savon. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. 99 Pommade à la naphtaline. Naphtaline 15 grammes, Vaseline 75 Essence de thym ^ Essence de javande. ^ ^^ Vif I gouttes. Faites une pommade. ^'iW'-'-'- - ,^ - Elle convient particulièrement au début de la gale sarcoptique chez les chiens d'appartement. Liniment de naphtol. Huile d'olive 100 grammes Naphtol IQ Éther .■;■'■■ 30 _ . Mélangez et dissolvez. Conservez dans un llacon bien bouché. re Gonvieiit pour la gale auriculaire symbiotique du chien. Pai. „ chaque jour une injection de ce liniment dans le conduit auditif externe, que l'on ferme ensuite pendant dix à quinze minutes avec un tampon d'ouate pour éviter l'évaporation de Féther. . Solution de baume du Pérou. Baume du Pérou » Al( • Dissolvez. ^1^00' 3 à 4 Cette préparation convient spécialemont contre la g-ale des chiens d'appartement et des chats. Elle a été employée aussi avec succès contre la g-ale follicullaire du chien par Siedamkrowsky. Glycérine au baume du Pérou. Baume du Pérou.! 1 Glycérine ' ^ Mélangez. Contre la g-ale des oreilles du chat. Solution de styrax. Styrax 2 Alcool _^. ^ Dissolvez. Contre la gale des petits chiens et des chats. 100 QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. Lintment créosolé. Créosote 16 Huile d oh ve 300 Solution de potasse 30 Mêlez la créosote et l'huile, puis ajoutez la solution caustique. Faille deux applications par semaine dans le cas de gale folli- culaire du chien. Le traitennent dure plusieurs mois (Hunting-). Pommade benzolée. Benzine 1 Axonge 4 Faites une pommade. Contre la gale folliculaire (Zurn). Pommade phéniquée. Acide phénique 1 Axonge 30 Incorporez. Contre la gale folliculaire, SoluHoîi sulfureuse. Sulfure de potasse 5 grammes. Eau 1 litre. Dissolvez. Lavez avec cette solution le chien atteint de la gale folliculaire, puis appliquez de la pommade cantharidée à 1 p. 6 (Brusasco). Savon de formyldéhyde. Ce savon, qu'on trouve dans le commerce sous les noms de dermoforme de formolane^ est pâteux ou liquide. En solution à 5 p. 100, ce savon, employé en frictions, guérit la gale sarcoptique du chien et parfois la gale folliculaire localisée (Bass). La gale folliculaire du chien est très rebelle et résiste généra- lement à tous les traitements. On n'obtient la guérison que lors- que la maladie est au début. Outre les préparations indiquées ci- dessus, on peut utiliser les bains sulfureux, ou au sublimé à 1 ou 2 p. 1 000. Ces bains doivent être renouvelés tous les jours et durer chaque fois de quinze à trente minutes. On a préconisé aussi les frictions avec l'essence de genièvre, l'essence de térébenthine, l'huile animale de Dippel. QUELQUES PRÉPARATIONS ECTO-PARASITICIDES. -^401 Contre la gale du porc et du lapin. Préparation anligaleu-te. Essence de térébenthine 8 Fleur de soui're 1 Mélangez . Frotter chez le porc les parties atteintes de gale (Delafond). Glycérine phéniquée. Acide phénique 2 Glycérine 100 Dissolvez. . • Contre la g-ale des oreilles du lapin. Glycérine crésylée. Crésyl 1 ou 2 Glycérine 100 Dissolvez. Contre la g-ale des oreilles du lapin. Huile crésylée. Créolin.- 1 ou 2 Huile 100 Mélangez . Contre la gale auriculaire du lapin. Huile benzolée. Benzine >_ aj, j Huile ) Dissolvez. Contre la gale psoroptique du lapin. Glycérine antipsorique. Acide phénique cristallisé - Glycérine 100 Laudanum de Sydeniiani ' Ta 1 Essence de térébenthine ^ Dissolvez l'acide phénique dans la glycérine, puis ajoutez les autres sub- stances. Contre la gale des oreilles du lapin (André). «02 ANTIPARASITAIRES INTERNES. — ANTIIELMINTHIQUES. Contre la gale des oiseaux de basse-cour. Pommade phéniquée. Acide phonique cristallisé î Axonge 10 Faites une pommade. Contre la gale sarcoptique des pattes des volailles, Pommade créosotée. Créosote 1 Axonge 20 Faites une pommade. Contre la g-ale des pattes des volailles. Huile benzolée. Benzine 1 Huile douce 1 Dissolvez. Contre la g-ale sarcoptique des volailles. Glycérine au goudron. Goudron 5 Glycérine 25 Mélangez. Contre la gale des pattes des volailles. B. —Antiparasitaires internes. — Anthelminthiques. Les parasites internes habitent divers points de l'organisme ; les uns se logent dans la cavité digestive et ses annexes; d'autres habitent l'appareil respiratoire, et quelques-uns envahissent le sang, le tissu musculaire et lès centres nerveux. Les parasites qui habitent les cavités accessibles peuvent être atteints directement par les médicaments parasiticides; mais ceux qui se trouvent dans l'intérieur des tissus sont généralement ré- fractaires à tout moyen de traitement, parce que les molécules médicamenteuses ne leur arrivent que par l'intermédiaire du sang et par conséquent en solution trop faible pour agir efficacement. Nous ne pouvons guère atteindre que les parasites qui habitent le tube digestif et les bronches. SEMEN-CONTRA. — SANTONINE. 103 Les médicaments qui agissent sur les parasites du tube digestif son{appe\és nn(/ie/mint/u'f/nes, vennicides ou vermifuges ; parmi ceux-ci, il en est qui ont une action spéciale sur les ténias, les botriocéphales, ce sont des ténifuges ou ténirides. Principaux vermifuges. Semen-contra et santonine. Écôrce de racine de grenadier et pelletiérine. Rhizome de fougère mâle. Fleurs de kousso. Kamala. Semence d'arec. Picrate de potasse. Semence de courge. Émétique. Chloroforme. Essence de térébenthine. Acide arsénieux. Absinthe. Kersana (Orobc). Thymol. Semen-contra. — Santonine. On appelle semen-contra un mélange de capitules non épa- nouis de plusieurs variétés d'armoises [Artetnisia], qui croissent dans le Levant, surtout au Turkestan. Ce produit a une odeur aromatique forte, rappelant celle de l'absinthe, et une saveur camphrée et amère. Le semen-contra contient : une essence (cinéol) 8 p. 100, une résine, une matière amère, de la cérine, de l'albumine, des sels et enfin de la santojiine 2 p. 100. La santonine H'^C'O*, qui constitue la principale matière active, est cristallisée en prismes quadrilatères, incolores, inodores, amers, soluble dans 5 000 parties d'eau froide, dans 250 parties d'eau bouillante, dans 280 parties d'alcool à 53° à + A7°,5, dans 72 parties d'éther et très soluble dans le chloroforme, les huiles et les essences. Elle a des fonctions acides, neutralise les bases et tepd à former des sels. Elle est amère et très vermi- fuge. Au contact de la lumière, elle jaunit. On peut la transformer en santinoxine C'"H'*0-NOH, qui, tout en étant très vermifuge, n'est pas toxique. Dans le semen-contra, l'huile éthérée ajoute son action vermi- fuge à celle de la santonine. Effets et usages. — Le semen-contra constitue un excellent ver- mifuge pour les vers ronds, surtout les ascarides. Il est em- ployé chez l'homme depuis la plus haute antiquité. En vétérinaire, malgré son efficacité, on ne peut guère l'employer que che? les i04 SEMEN-CONTRA. — SANTONINE. petits animaux à cause de son prix élevé. On doit Tadministrer à jeun; puis, après troix à six heures, on donne un purgatif. Il ne faut jamais faire prendre simultanément le vermifug-e et le pur- gatif ; car, pour que le vermifug-e produise tout son efîet, il est nécessaire qu'il reste pendant environ trois heures en contact avec les vers. Il ne tue les ténias et les oxyures que lorsqu'il est donné à dose très forte, presque toxique. Des doses élevées sont dangereuses ; elles produisent le vomissement, des convulsions, la paralysie et la mort. L'action s'exerce sur le systèmes nerveux central '. encéphale et moelle épinière. Frôhner a constaté que la santonine est cent fois plus toxique chez les jeunes animaux à la mamelle que chez les adultes. Ceux-ci s'accoutument à cette substance et peuvent alors supporter des doses énormes. Chez l'homme, des doses fortes de santonine déterminent sou- vent une altération momentanée des sens; les objets sont vus verts ou jaunes (xantopsie) ; les odeurs ne sont plus perçues (anosmie) ; la parole devient difficile ou impossible (aphonie). A dose toxique, la santonine est convulsivanle; elle produit des convulsions épileptiformes et tétaniques. La mort a lieu par arrêt de la respiration. La santonine absorbée s'élimine lentement par les urines, qui prennent une coloration jaune intense ou rouge plus ou moins sombre qui s'accentue par les alcalis. Une partie semble aussi s'éliminer par la muqueuse intestinale, car on peut provoquer l'expulsion des ascarides par l'injertion hypodermique (Marie ot Dubois). Administration. — On administre la poudre de semen-contra dans un peu d'eau sucrée, ou dans de l'huile de ricin, ou encore sous forme d^électuaire ou de pilules. On peut aussi faire usage de la santonine comme dans la méde- cine humaine ; en tablettes, elle est d'une administration facile, mais est moins efficace que la préparation de semen-contra. Doses. — Les doses internes sont : Santonine. Clicval ot bd'iif 10 à 23 grammes. Mouton et cliùvre 2 à 5 — Porc OBr.50 à 1 gramme. Gros chiens 5 à 12 centigrammes . Petits chiens et chats Ià2 — ECORCE DE RACINE DE GRENADIER. 103 Ces dosos doivent être renouvelées deux ou trois fois dans la journée. Poudre de semen -contra. Clieval et bœuf 100 à 250 grammes. Chèvre et mouton 30 à 100 — - î^orc 10 à 25 — Chien là o — Chat et volailles là 2 — Contre l'oxyure, le semen-contra est administré en lavements à la dose de 2 à 10 grammes pour 100 g-rammes d'eau, chez le^ petits animaux. :; r --.!•• -• Ecorce de racine de grenadier. {Punica granatum.) Le grenadier est un arbrisseau de la famille des Granalacées, qui croit dans l'Europe méridionale, les Indes et en Afrique. Il fournit à la médecine sa racine, dont l'écorce est un ténifug-e puissant. Cette écorce contient un acide tannique particulier, une huile éthérée, de l'acide g-allique et quatre alcaloïdes découverts par Tanret : la pelletiérine C«H*'AzO, Visopelletiérine C«H*^\zO qui est liquide, la pseudo-pelletiéinne C»H» 'Az^O cristallisée et très soluble dans l'eau, et la méthyl pelletier ine C-H*^AzO, liquide soluble dans l'eau. \^a pelletiérine ei Visopelletiérine sont les alcaloïdes actifs de l'écorce de g-renadier. La pelletiérine est une base alcaline liquide, incolore, soluble dans 20 parties d'eau et en toute proportion dans l'alcool et l'éther. Elle se résinifie très rapidement à l'air en s'oxydant et jaunit. On l'emploie surtout à l'état de sulfate ou de tannate de pelletiérine. L'écorce de racine contient une proportion d'alcaloïdes totaux variant entre 0,28 et 0,48 p. 100. Effets et doses. — La racine de g-renadier constitue un excellent nnthelminthique, surtout un bon ténifuge. Dans la médecine de l'homme, cette substance a acquis une g-rande réputation ; mais, à cause de son prix élevé et de sa fréquente falsification, la méde- cine vétérinaire ne l'a pas beaucoup employée. Cette racine offre l'inconvénient d'être un peu irritante pour le tube dig-estif et de provoquer souvent le vomissement chez les carnivores. 106 RHIZOME DE FOUGÈRE MALE. Depuis quelques années, on emploie de préférence les sels de pelletiérine et d'isopelietiérine. Dujardin-Beaumetz ronseille l'administration de 30 centig-rammes d'un mélange de sulfate de pelletiérine et d'isopelletiérine chez l'homme atteint de ver soli- taire. Ce moyen a réussi trente-sept fois sur trente-neuf. Il réus- sirait certainement à cette même dose chez les carnivores tels que le chien et le chat. , Gomme le sulfate de pelletiérine est très soluble et qu'il est absorbé facilement dans le tube dig-estif, il se produit quelquefois^ à dose un peu forte, des troubles nerveux consistant dans une sorte de paralysie. On évite à peu près sûrement l'apparition de ces effets généraux en administrant le tannate de pelletiérine insoluble. On donne le tannate de pelletiérine à la dose 40 centi- grammes chez l'homme et le chien. Le sulfate est employé à la même dose, mais on y ajoute 1 à 2 g-rammes de tanin, La pelletiérine exerce une action paralysante sur les fibres musculaires striées et sur les terminaisons du nerf vag'ue dans le cœur. Chez l'homme, à la suite de l'administration de petites doses, on observe des étourdissements, des troubles de la vue, une sensation de faiblesse dans les jambes, des nausées, des tiraillements dans certains groupes musculaires. Le ténia du chien meurt dans l'espace de dix minutes, quand il est placé dans une solution de pelletiérine à 1/1 000. Les doses de poudre d'écorce de racine sontde I50à200g-rammes pour le cheval, de 20 à 50 grammes chez le chien, de 5 à 10 grammes chez le chat. L'extrait hydroalcoolique se donne à doses quatre fois plus faibles. Une heure ou deux après l'administration, on fait prendre un purg-atif doux pour provoquer l'évacuation des ténias rendus inertes par l'action du vermifug-e. Rhizome de fougère mâle. [Aspulium Filix mas) (Fougères). La foug-ère mâle croît dans les lieux frais. Elle fournit à la matière médicale sa racine ou plutôt son rhisome, qui a une saveur douceâtre et une odeur nauséeuse. La poudre s'altère ù la long-ue et perd ses propriétés vermifug-es ; la racine entière se conserve mieux. RHIZOME DE FOUGÈRE MALE. 107 Composition chimique. — On y trouve comme principes actifs : la filmnrone ou ospidino filicine, susceptible de se décomposer en acide filicique et aspidinine, une essence riche en cinéol, une résine, un acide tannique particulier, de l'amidon, du sucre, une huile grasse, une matière gélatiniforme et des sels. La filmarone se présente sous forme d'une poudre amorphe et semble être le principal principe actif. / Effets. — Le rhizome de foug-ère mâle est le vermifuge indi- g-ène le plus anciennement connu ; il agit surtout contre le ténia. Si ce médicament n'a pas toujours le pouvoir de tuer l'helminthe, il a au moins l'avantage de l'empoisonner momentanément, de le narcotiser, de le détacher de la muqueuse sur laquelle il est fixé et de favoriser ainsi son expulsion. Le ténia placé dans une macé- ration de fougère mâle meurt en moins de quatre heures. Les strongles sont tués rapidement par l'extrait éthéré de fougère mâle. En outre, la racine de fougère n'agit jamais défavorablement sur le tube dig'estif; elle a, au contraire, des effets stomachiques et digestifs prononcés; elle augmente l'appétit, tend à régulariser les fonctions de l'intestin et constitue un bon tonique dans l'anémie et l'inappétence. Elle est aussi réputée comme emménagogue. Emploi. — Comme la poudre de rhizome de fougère mâle s'altère assez vite, il convient, pour obtenir des résultats sûrs, de ne jamais l'employer que fraîchement préparée et de l'adminis- trer à doses fortes. Son prix élevé rend difficile l'emploi de ce médi- cament chez les grands herbivores. Doses. Poudre. Grands herbivores 100 à 230 grammes. Petits herbivores oO à 100 — Porc 20 à 50 — Chien o à Ici — Chat, volailles Oe^, 2 à Os'-.o Ces doses sont administrées le matin à jeun, et trois à six heures après on donne un purgatif pour déterminer l'expulsion des para- sites. Sans cette précaution, leténianarcotisé, mais non pas toujours tué, pourrait de nouveau se fixer sur la muqueuse. Si le lendemain le ténia n'est pas rendu, on recommence une nouvelle administra- tion comme la veille. Gomme purgatif, on emploie de préférence les sels neutres de soude, l'aloès et le séné. 108 RHIZOME DE FOUGÈRE MALE. Dans la pratique, on a reconnu que la poudre, surtout un peu vieille, tout en expulsant le ténia, laisse parfois le scolex dans l'intestin; aussi a-t-on presque toujours recours à Vexlrait éthéré de fougère mâle, à cause de la bonne conservation de cette prépa- ration et de sa plus g-rande efficacité. On peut administrer l'extrait en pilules, en capsules ou plus simplement dilué dans de l'huile d'olive. Il a l'inconvénient d'être d'un prix élevé. Doses de l'extrait éthéré . Porc et mouton 5 à 10 grammes. Gros chien 2à 5 — Petit chien Off'-,.=)0 à 1 gramme. Chat 0s^20 à Os'.SO La poudre est administrée sous forme d'électuaires, de bols, l'extrait sous forme de pilules ou de capsules de gélatine. Ces dernières sont préférables chez les petits animaux. Quelques g-outtes d'éther ou d'alcool semblent aug-menter l'activité de la poudre. Toxicité DE l'extrait éthéré de fougère mâle. — Plusieurs cas d'empoisonnement par l'extrait éthéré de fougère mâle ont été signalés en médecine humaine. Un homme a succombé après avoir pris 45 grammes de cet extrait; un enfant de trois ans est mort après l'administration de S grammes. Dans beaucoup d'autres cas, la mort n'est pas survenue, mais il y a eu des troubles très graves. Les symptômes produits par une dose toxique d'extrait éthéré de fougère mâle consistent, chez l'homme, dans des douleurs abdominales, des vomissements, de la diarrhée, une grande faiblesse générale, des convulsions, de l'albuminurie, de l'amaurose et enfin surviennent la paralysie et la mort. A l'autopsie, on constate une gastro-entérite hémor- ragique, une congestion du poumon, des centres nerveux, des reins. PrÔhner, professeur à l'école vétérinaire de Berlin, a observé aussi plusieurs cas d'empoisonnement chez le chien et les autres animaux. Un petit chien a succombé avec une dose de 2 grammes, un chien de 18 kilogrammes avec 20 grammes, une brebis de 40 kilogrammes avec 25 grammes, une vache de 300 kilogrammes avec 100 grammes d'extrait éthéré de fougère mâle. Roder a vu un chien de forte taille succomber quatorze heures après avoir FLEURS DE KOUSSO OU COUSSO. 109 reçu à l'intérieur 0 grammes d'extrait. Les symptômes observés consistaient dans une surexcitation, des convulsions, une dilata- tion de la pupille, puis dans la paralysie musculaire et la faiblesse progressive des battements du cœur. A l'autopsie, on a constaté les lésions multiples de la gastro-entérite, de la néphrite paren- chymateuse, de la cystite, de l'œdème du poumon et des centres nerveux (1). Il résulte des faits connus que l'extrait éthéré de fougère mâle agit avec une intensité toxique très différente suivant les indi- vidus. Certains sujets n'éprouvent aucun malaise, même avec des doses fortes ; d'autres, au contraire, sont empoisonnés avec des doses relativement faibles. Doses vermifuges de la fllmarone. r Petit 0s'-,2 à Og'-,4 Chien. ) Moyen ÛS'-.S à Ogi-,7 ( Gros 1 gramme . A dose trop forte, la filmarone irrite l'estomac et l'intestia et peut devenir toxique en paralysant les muscles et la respira- tion. On l'administre en capsules ou dans l'huile de ricin. Fleurs de kousso ou cousso. On donne le nom de kousso aux fleurs femelles d'un arbre de la famille des Rosacées, le Brayera anthclminthica ou Hagenia abyssinica., qui croît en Abyssinie. Le kousso a l'aspect des ^ fleurs de tilleul brisées, une couleur blonde ou rouge, une saveur xJ^ d'abord fade, puis acre, et une odeur faible de fleur de sureau' ou de thé qui se développe surtout sous l'influence de l'eau- chaude. Il doit être conservé à l'abri de la lumière. Le kousso doit son activité anthelminthique à la kosotoxbie ou koussotoxine. Celle-ci est une poudre jaune, amorphe, fusible à 76°, ayant pour formule (C^^H^^O^) (Raoult). Elle se dissout facile- ment dans l'alcool, l'éther, le benzol, le chloroforme, le sulfure de carbone, l'acide acétique cristallisable, les dissolutions alcaUnes caustiques ou carbonatées. Lorsqu'on chauffe ses solutions alca- lines, leur couleur passe du jaune au rouge. En solution alcoo- lique, il se produit avec le perchlorure de fer une coloration brun (1) Ueber die Giltiglveit des Filis extractes (Monatsliefle fiir Thierheilkunde, Bd. I, 4e fasc). 110 KAMALA. foncé qu'une goutte d'acide HCl fait disparaître. Sous l'influence de l'ébuUition avec de la baryte, la kosotoxine se décompose en kosine crista/liaable et en acide organique volatil. La koussine du commerce n'est autre chose qu'un mélange de kosine cristallisée ou de kosine amorphe et de matières rési- neuses. Ces deux kosines ont pour formule G"H^°0^ Effets et emploi. — Le kousso est Vanthelminthique le plus énerg-ique ; non seulement il paralyse tous les nématoïdes, mais il lue aussi rapidement tous les ténias. Les propriétés anthel- minthiques du kousso sont connues depuis plusieurs centaines d'années ; mais ce n'est que vers le milieu du xix* siècle qu'on commença a étudier sérieusement ce médicament. Il entrait dans la composition de spécifiques contre le ver solitaire, dont la for- mule était tenue secrète. D'après Kiichenmeister, il tue les vers plus rapidement que tous les autres vermifug-es. Ce médicament détermine quelquefois, chez les animaux auxquels on l'administre, un peu d'agitation, de lég-ères coliques d'ailleurs de très courte durée accompag-nées de borboryg-mes. Il provoque aussi quelque- fois des efforts de vomissement. »^^r^c..- Doses. Poudre. Mouton , 13 à 5§ grammes. ; Agneau 5 à 10 — . " Gros chien 10 à 25 — Petit chien et chat 3 à 5 — Volailles là 2 — On donne deux doses à une heure d'intervalle, et trois ou quatre heures après on administre un laxatif (huile de ricin, calomel). Le kousso présente son maximum d'eiïet lorsqu'il est donné en breuvage^ après infusion dans l'eau, le lait ou dans un bouillon. On pourrait aussi l'employer en électuaire ou en bol. L'extrait hydro-alcoolique se donne à la dose de 3 grammes par jour chez le chien. La koussine, à la dose de 1 à 2 g-rammes, donne aussi de bons résultats chez le chien. !Kamala. Le kaniala est une matière résineuse foui-nie pur les capsules / NOIX D'AREC. m OU fruits d^un arbre de la famille des Euphorbiacées, le Rottlera tinctoria ou Mallolus philippinensis, qui croît dans l'Inde, en ; Chine, aux îles Philippines, etc. Il forme une poudre rouge,'> d'une odeur faiblement aromatique, rappelant celle du cachou et d'une saveur presque nulle. Cette matière est insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool froid, mais soluble dans l'éther, l'esprit-de-vin bouillant et l'eau alcalinisée. Le kamala contient une résine^ une essence, une matière cris- talline, la rottlérine, des matières colorantes et des sels. Larottlérine ou mallotoxine C-"H--0®) forme des cristaux jaunes et semble être le principal corps actif du kamala. Effets. — Ce n'est qu'en 1866 que ce corps a été introduit dans la médecine vétérinaire. Il a des ell'ets analog-ues à ceux du kousso. Cependant, outre l'action vermifuge, il produit aussi un effet évacuant. II ne détermine pas de vomissement. D'après Kûchenmeister, le kamala tue tous les ténias après un contact de une à deux heures, tandis que la racine de fougère met trois à quatre heures, et le kousso une demi-heure pour les tuer. Doses. Poîulre. Gros chiens o à 15 graiu mes. Petits chiens :2 à 5 — Chats 1 à :î — VV Yollailles 0ë^5 à 1 ou 2 — "y Pour augmenter les effets, on le fait macérer deux jours dans (f l'eau-de-vie. On l'administre aussi en suspension dans l'eau, dans le lait, en bols, en électuaire ou en breuvage. Noix d'Arec. La noix d'Arec est l'amande du fruit de l'Aréquier [Ay^eca Catechu), palmier qui croit dans l'Inde et qui atteint une hauteur de 12 à 15 mètres. Elle est demi-sphérique ou ovoïde, aplatie à sa base, ayant près de 2 centimètres de diamètre. Sa surface est d'un brun clair et marquée d'un réseau de nervures anastomosées, dont les principales partent du hile. Elle a une saveur astrin- gente. La noix d'Arec renferme un alcaloïde très actif, ïarécoline, très voisine de la pelletiérine, et des matières inditlérentes telles que l'arécaïne et le tanin. 112: AUTRES ANTHELMINTHIQUES. Effets et emploi. — La noix d'Arec est préconisée comme ténifuge et anthelminthique par Zurn, Deutl, Markg-raff et Fried- berger. Cependant il semble que ce médicament n'offre aucun avantag'e sérieux sur le cousso, la pelleliérine, l'écorce de racine de grenadier, le kamala, la racine de foug-ère mâle, etc. On a en effet constaté que, chez le chien, elle est souvent vomie peu de temps après Tadministration. Quand elle est supportée, les vers sont expulsés de une à cinq heures après. Si, trois heures après l'administration, on n'observe point de défécation, il faut admi- nistrer un purgatif. Glaussen dit avoir obtenu de bons résultats contre les asca- rides chez les poulains de six mois, à la dose de 15 à 28 grammes de poudre. L'arécolineetses sels sont employés à titre d'évacuants (Voir éva- cuants spéciaux). Doses. Poudre de noix d'Arec. Cheval et bœuf 100 à 250 grammes. Poulain :10 à 50 — Chien 10 à 20 — Porc 5 à 15 — Agneau 5 à 10 — Chat 2à 5 — Volailles 2à 4 — Pigeons 0s'',5 à 1 gramme . L'administration a lieu en délayant la poudre dans du lait ou de Teau, en bols, pilules ou capsules. Ténaline. — On donne ce nom à un mélang-e de plusieurs sub- stances retirées de la noix d'Arec : arécaïne, arécaïdine et gua- vine. Ce mélange est exempt d'arécoline et n'est pas toxique, tout en étant anthelminthique. On l'administre au chien en délayant la poudre dans l'eau à la dose de 0»^l à 0s^2 par kilogramme d'animal. AUTRES ANTHELMINTHIQUES. Tanaisie [Tanacetum vulgare, fam. des Composées). — On emploie les fleurs et les feuilles. Outre la tanacétine et l'huile essentielle, on a retiré de cette plante les acides tannique, gal- lique, citrique, une résine, un sucre, de l'acide métarabique et de la pararabine. Les fleurs de tanaisie sont utilisées comme ^ PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 'll^ vermifug-es sous le nom de Barbotine. Doses : grands herbivores, 50 à 100 grammes; mouton et chèvre, 10 à 15 grammes. L'essence de Tanaisie injectée dans les veines produit des effets d'excitation analog'ues à ceux de la rage. Peyraud (1888), a décrit ces phénomènes sous le nom de 7'age tanacétique et a préconisé cette essence pour préserver de la rage. Absinthe [Artemisia absint/iium, fam. des Composées). — Les feuilles et les fleurs renferment une essence, une matière amère Vabsint/tine, du tanin et des sels dépotasse. On l'emploie comme vermifuge, surtout contre les oxyures. Son action est faible. Doses : cheval et bœuf, 20 à 30 grammes; moutons et chèvre, 5 à 10 grammes; porc, 2 à 5 grammes; chèvres, 0^'',5à 1 g-ramme; chat et volaille, 0^%1 à O^^S. Semences de courge de citrouille, de melon. — Ces semences pilées et administrées à la dose de 50 à 60 grammes provoquent l'expulsion du ténia chez le chien. D'après Hœckel, elles doivent leur vertu ténifuge à une résine, la pipérésine. Essence de térébenthine. — Elle est considérée en médecine vétérinaire comme un vermifug-e assez fidèle chez nos g-rands herbivores. On la donne émulsionnée ou mélang-ée à une huile douce à la dose de 50 à 100 g-rammes chez le cheval et le bœuf, à celle de 5 à 15 grammes chez le chien. Chloroforme. — Le chloroforme est un bon adjuvant des divers anthelminthiques dont il augmente l'activité. On l'emploie à l'état d'eau chloroformée. Acide picrique et picrates (Voir Antiseptiques). Teniol. — Nouvel anthelminthique retiré de l'écorce de Mussena abyssinien (Myrsinacées). Kersana {Orobe). — Le kersana du Maroc donné aux solipèdes produit l'expulsion rapide des vers intestinaux. Par contre, il con- stitue un poison violent pour le porc (M""" Du Gast). Préparations vermifuges. A. — Contre la strongilose ou bronchite vermineuse. a. Fumigations sèches au goudron, à l'huile empyreumatique, aux baies de genièvre ; b. Fumigations hutnides à l'essence de térébenthine, au phénol ; c. Injections iîitratrache'ales suivantes : Kaufmann. 8 114 PRÉPARATIONS VERMIFUGES. Huile d'olive ) ^ .«q Essence de térébenthine S Mélanger et ajouter parties égales de la solution suivante : Iode 2 lodure de potassium 40 Eau distillée 100 Injecter le mélange dans la trachée à la dose de 5 à 10 grammes chez le mouton et le veau. Huile d'œilletle. rf.Vr.^f.^ 100 Essence de térébenthine 100 Phénol 2 Huile de cade purifiée 2 Injecter dans la trachée 10 grammes par jour au veau (Éloire). 30 Acide phénique 1 Eau distillée 100 Injecter 5 grammes dans la trachée du mouton. 40 Picrate de potasse 1 gramme. Eau distillée 500 grammes. Injecter au bœuf 200 centimètres cubes de cette solution. 50 Essence de girofle ) ■^ de térébenthine '\ Acide phénique > - on H., j, ■• } aa JO uile d olive Mélangez. Injecter 10 grammes par jour au veau (Krivonogow). d. Pulvérisât ions intratrachéales. Alcool à 450 : 100 Créosote 1 Pulvérisez cette solution dans la trachée du bovin à l'aide d'un pulvérisateur dont le tube passe dans la canule d'un trocart. PRÉPARATIONS VERMIFUGES. H5 B. — Contre les ascarides du cheval. Acide arsénieux en poudre 15 grammes. Faites trente paquets de Os'",bO chacun. Administrer un paquet par jour les trois ou quatre premiers jours ; deux paquets par jour les huit jours suivants et, vers la fin, trois ou quatre paquets par jour. Pour terminer, administrer un purgatif à Taloès. 2» Émétique 20 grammes. x\dminister en quatre fois, dans la journée, en élecluaire avec de la poudre de g-entiane. On y ajoute souvent de Yasa fœtida et de l'huile empyreumatique (elfet inconstant; voir Eînétique). 30 Huile animale de Dippel. de Dippel ) -> an r- 1 *- 'u .u- i aa 50 grammes. Essence de térébenthine \ ° Aloès pulvérisé 30 — Poudre de guimauve et eau Q. S. Faites 4 bols. Administrer les quatre bols en deux jours. 40 Poudre de gentiane ) ^ oa j " , . . J aa 30 grammes. — de valériane ) ° Suie de cheminée 60 — Huile empyreumatique 15 — Sulfure de fer ) ^ |J^ _ Essence de térébenthine ) Farine et eau Q . S. Faites un électuaire. Acide arsénieux en poudre Ss"", 5 Poudre d'aloès 30 grammes. — de grande absinthe 20 — — de guimauve et eau Q. S. Faites 2 bols. Administrer en deux fois dans la journée. G» Essence de térébenthine 100 à 200 grammes. Jaune d'œuf N» 6 Emulsionnez l'essence dans le jaune et administrez. Ii6 PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 70 Crésyl ou créoline 50 grammes. Eau 1 gramme. Administrez en breuvage. 80 Acide arsénieux 3 grammes. Aloès pulvérisé 20 — Savon vert q. s. pour faire 2 bols. Administrer les deux bols dans les vingt-quatre heures. 90 Poudre de seiiien-conlra 40 grammes. Poudre de suie brillante 20 — Miel Q. S. Pour 2 bols. Administrer dans la journée. lO» Santonine 10 grammes. Calomel S — Miel 50 — Faites un électuaire. Administrer au cheval. 110 Santonine 25 grammes. Huile de ricin 500 — F. S. A. Administrer au cheval. 12° Suie de cbeminée tamisée 50 grammes. Aloès des Barbades 30 — Miel ou mélasse ^ ^ ,,, Poudre de réglisse j Faites 4 bols. Les administrer à jeun chez le cheval en deux jours, deux par deux. 13» Aloès succotrin 50 grammes . Calomel à la vapeur 4 — Semen-cont ra , 30 — Miel Q . S. Faites 4 bols. Les administrer à jeun chez le cheval en deux jours, deux par deux. PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 11" Contre les ascarides et les strong-les qui habitent l'intestin du cheval. 14° Poudre de fougère mâle 180 grammes. Huile erapyreumatique 180 — Aloès pulvérisé • • • 23 Sulfure noir de mercure 60 — Gomme arabique 3o — Faites 12 bols. En administrer trois fois par jour. C. — Contre les ascarides des jeunes chiens. 1° > Seraen-contra 5 à la grammes. En suspension dans du lait. Santonine 10 centigrammes. Sucre en poudre 50 — Mélangez intimement. Donner en trois fois à trois heures d'intervalle. 3° Santonine 30 centigrammes. Huile de ricin oO — Mélangez. Une cuillerée toutes les trois heures. Benzine 1 à ~ grammes. En pilules ou dans l'huile. D. — Contre les ascarides du porc. 10 Graines de ricin décortiquées 8 grammes. Mélang-ez à la ration journalière. 20 Benzine 10 à 20 grammes. Dans du son frisé ou en pilules. 118 PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 30 Picrate de potasse 20 à 50 centigrammes. Dans de l'eau farineuse ou une décoction mucilag-ineuse. E. — Helminthiase intestinale des agneaux. 10 / Extrait éthéré de fougère mâle 10 grammes. Huile d'olive 20 — Mélangez. Administrer au mouton atteint de s/rongylose. Racine de tanaisie 15 grammes. Administrer cette dose chaque jour pendant six à sept jours. 30 Picrate de potasse G centigrammes à 1 gramme. Dose journalière, en pilules. Kamala 3à4 grammes. En suspension dans l'eau. Prendre cette dose en deux fois à quatre heures d'intervalle. 5° Kousséinc 20 centigrammes. Sucre 50 — Mélangez. Administrer àl'ag-neau. F. — Contre le ténia du chien. 10 Fleurs de kousso pulv 20 grammes. Miel 50 — Mélangez. Faire prendre au chien dans du lait. Kousso 15 à 30 grammes. Sucre 35 — Mélangez et délayez dans une infusion de tilleul. PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 119 30 Cousséine 5 grammes. Huile de ricin 50 — Préparation moins active que la précédente. Semence de courge N» 15 On administre la poudre et on fait suivre un purgatif. 0° Écorce de racine de grenadier pulv 50 grammes. Eau distillée 2o0 — Faire macérer pendant douze heures, puis faire bouillir jusqu'à réduction du liquide à toO grammes. Administrer en deux fois au chien atteint de ténia. 6° Tannate de pelletiérine 30 centigrammes. Sucre pulv oO — Mélangez. Administrer en une seule fois au chien. Kamala 3 à 5 grammes. En pilules. 80 Poudre de noix d'Arec 5 à 13 grammes. Beurre, q. s. pour faire des pilules. Administrer en une fois. Les ténias se sont rendus après douze à dix-huit heures, si on a le soin de faire prendre de l'huile de ricin (30 grammes), trois heures après l'administration du ténifuge. Sulfure de calcium Ià3 grammes. A la dose de 1 à 3 grammes pour les jeunes chiens et 3 à 5 pour les adultes (Delamotle). 100 Extrait éthéré de fougère mâle 1 à 8 grammes. Faites des pilules ou incorporez dans des capsules de gélatine, Adfninistrer çn une fois. 120 PRÉPARATIONS VERMIFUGES. llo Poudre de noix d'Arec 20 grammes. Kamala 10 — Beurre de cacao, q. s. pour 25 pilules. Administrer les vingt-cinq pilules en une fois au chien de forte taille, et douze pilules au chien de petite taille. Deux heures après, le ténia est expulsé avec la tête. 12° Extrait éthéré de fougère raàle 2Kr,5 Poudre de racine de fougère 5 grammes. Faites dix pilules. Administrer en une fois. 130 Essence de térébenthine 2-4 grammes. Jaune d'œuf N° 1 Émulsionnez. Administrer dans un jour. Le traitement doit être poursuivi plusieurs jours. i4o Extrait éthéré de fougère mâle 5 grammes. Éther 10 — Sirop 40 — 150 Chloroforme 4 grammes. Huile de ricin 50 — Dissolvez. Donner en deux fois. IGo Chloroforme 4 grammes. Huile de croton I goutte . Glycérine 30 grammes. A prendre en une dose (Grœser). G. — Contre le ténia du cheval. 1" Acide arsénieux pulvérisé 2 grammes. Galomel 4 — Poudre de guimauve, q. s. pour faire 2 bols. Administrer les deux bols dans la journée. PRÉPARATIONS VERMIFUGES. 121 20 Camomille 25 grammes. Infuser dans eau 500 — Ajouter : Huile de croton XV gouttes. Mélangez. Donner en deux fois contre les coliques vermineuses. 3° Poudre vermifuge. Sulfure noir de mercure Fougère mâle Gentiane Absinthe Aloés 30 grammes, ââ 8 — Mêlez. Administrer en une seule fois au cheval. Aloès des Barbades Gingembre Huile volatile de corne de cerf Carbonate de soude Sirop simple Pour un bol. Essence de térébenthine Calomel Jaunes d'oeufs Décoction légèi'e de mousse de Corse. F. S. A. Deux breuvag-es pour les solipèdes. 20 grammes. 4 — XX gouttes 8 grammes. Q. S. 100 grammes. 16 — No 2 2 litres. 6° Poudre de fougère Huile empyreumatique. Aloès Asa fœtida Gomme-gutte Faire 2 bols. > aa 32 grammes. ! - 16 - H. — Contre les ténias des oiseaux de basse-cour. 10 Poudre de noix d'arec 2à3 grammes. Faire prendre sous forme de pilules. 122 ANTISEPTIQUES. 2° Poudre de racine de fougère mâle. ... 1 à 3 grammes. Faire prendre en pilules. 30 Poudre de rhizome de fougère mâle J Tanaisie > âa 1 partie. Sarriette ; Mélangez. Faites une décoction avec 300 grammes d« mélange par litre d'eau. Ce liquide sert à faire les pâtonsde farine avec lesquels on nour- rit les poules et les dindons jusqu'à expulsion des vers intes- tinaux. 40 Kamala / -, ,. T.-.X j. r j . j aa 1 partie. Pâtée d œufs durs et de pam ) ' Mélangez. Faites prendre concurremment avec des œufs de fourmis aux faisans atteints du ténia (Mégnin). 50 Noix d'arec fraîche et pulvérisée 1 à 3 grammes. En pilules avec du beurre. 6° Semences de courges. Mélangez la poudre avec les aliments. 70 Décoction d'absinthe. Y faire macérer pendant quelques jours les vesces et les donner ensuite en nourriture aux pigeons atteints du ténia. 2° Antiseptiques. On désigne sous le nom d'antiseptiques tous les agents qui mettent les microbes hors d'état de nu[ro à la santé de l'homme et des animaux (Arloing). On les appelle encore dési7ifecta?its. Pour faire un emploi rationnel de ces agents, il faut connaître leur action : 1" sur les germes morbides ; 2" sur les tissus; 3° sur l'organisme ; 4° sur les produits secondaires (toxines, ptomaïnesj fabriqués par les microbes. 1° Action sur les microbes. — L'action des antiseptiques sur ANTISEPTIQUES. 123 les microbes varie dans son intensité : suivant la substance employée, suivant la nature des g-ermes et suivant que ceux-ci sont placés dans un milieu artificiel ou dans les tissus vivants. Le même ag-ent ne détruit pas avec la même rapidité la vitalité de tous les microbes. Ainsi, dans les solutions très étendues de bichlorure de mercure, la plupart des germes vivants succombent rapidement ; mais il existe cependant certaines formes de micro- organismes qui résistentplus énergiquement et qui peuvent même s'y conserver avec toutes leurs propriétés. Tel antiseptique, qui se montre énergique contre une espèce de microbe, restera souvent inactif ou peu efficace contre une autre espèce. On peut juger du pouvoir antiseptique d'un corps par deux procédés principaux : i° faire agir sur les microbes le corps à essayer et, après un certain temps de contact bien déterminé, ensemencer ces mêmes microbes dans leur milieu de culture ordi- naire, ou bien les inoculer à des animaux sensibles à leurs elfets ; si le milieu de culture reste stérile et si les animaux inoculés restent sains, la puissance antiseptique de l'agent employé est établie ; 2° mélanger l'agent antiseptique avec le milieu de culture et ense- mencer ensuite dans ce milieu les germes, pour voir s'ils s'y multiplient. De nombreuses études sur les antiseptiques ont été entreprises suivant ces deux procédés : elles ont fourni des résultats fort inté- ressants et utiles, mais qui sont incomplets cependant sur bien des points. On y relève même des contradictions assez nombreuses, qui démontrent qu'il n'y a pas d'antiseptique universel pouvant remplir toutes les indications. Chaque agent a ses indications spéciales. Les conditions, en effet, ne sont pas les mêmes lorsque l'agent antiseptique est mis en contact avec les microorganismes, en dehors de l'économie animale, dans des vases inertes contenant des milieux de culture artificiels, ou lorsqu'il exerce son action en présence des tissus vivants. L'antiseptique, mis en contact avec une surface malade, ne se répand pas également partout ; il ne pénètre pas dans tous les points où se sont retranchés les germes, surtout lorsque ceux-ci sont profondément situés et tixés à l'in- térieur d'éléments anatomiques. D'autre part, le taux delà solution active est rapidement modifié, par suite de l'absorption d'une partie de la substance désinfectante, soit par suite de son mélange avec les exsudais pathologiques, soit encore par le fait de sa 124 ANTISEPTIQUES. décomposition en présence des tissus. Le nitrate d'argent, par exemple, ne tarde pas à se décomposer lorsqu'il entre en contact avecles tissus ou avecles produits pathologiques, et son activité microbicide s'atténue rapidement. Il arrive aussi que les microorganismes s'habituent à l'action de certains antiseptiques (Kossiakoff, Trambusti.). 2° Action sur les tissus. — L'action exercée sur les tissus varie suivant la substance antiseptique employée. Un grand nombre de ces agents ont la propriété de coaguler les diverses substances albuminoïdes, ou de les oxyder, de les hydrater et de modifier la vitalité des éléments anatomiques. L'action coagulante et déshydratante exercée sur les liquides organiques modifie le milieu vivant, au point de le rendre impropre à la pullulation des germes. Quand ceux-ci sont englobés dans le coagulum solide, ils sont paralysés mécaniquement dans leur multiplication et, par suite, offrent moins de résistance vis-à-vis des phagocytes et des éléments anatomiques, en g-énéral, surexcités dans leur activité nutritive. Un grand nombre d'antiseptiques agissent aussi sur les vaisseaux ; ils les resserrent à la facondes astringents, diminuent l'afflux sanguin et par conséquent ralentissent l'absorption des produits solubles et toxiques sécrétés par les germes morbides. 3° Action sur l'organisme. — Les antiseptiques sont suscepti- bles d'être absorbés et capables de produire des eflets généraux. Quand ils ont pénétré dans le sang de la circulation générale, ils exercent leur action sur tous les éléments anatomiques en même temps que sur les microbes. Beaucoup sont des poisons énergi- ques pour l'homme et les animaux. Très souvent ils diminuent la force de résistance de l'organisme aux infections. Ainsi Straus et Chamberland ont vu que les animaux chloralisés succombent plus rapidement à l'infection charbonneuse que les témoins, quoi- que in vitro le chlorol s'oppose, môme à très faible dose, au déve- loppement du bacille charbonneux. Les syphilitiques saturés de mercure sont tués rapidement par le pneumocoque, quoique le microbe supporte mal le sublimé (A. Robin). Le même fait a été absorvé à propos de la fièvre typhoïde. Ainsi donc, « en matière d'antisepsie cellulaire, d'antisepsie intérieure, on ne peut pas con- clure du laboratoire à la clinique » (A. Robin). Après leur absorption, certains antiseptiques exercent une action spécifique sur un microbe sans pour cela nuire à l'organisme ani- mal. C'est ainsi que le mercure détruit le Treponema pallidum /v '. ANTISEPTIQUES. 128 guérilla syphilis ; que la quinine tue les hématozoaires du palu- disme et g-uérit la fièvre paludéenne ; que le salicylate de soude g"uérit le rhumatisme articulaire; quel'atoxyl empêche la multipli- cation des tripanosomes, etc. Ainsi un microbe donné peut donc être atteint, lorsqu'il infecte l'organisme, à la condition de faire absorber à dose tolérable un antiseptique spécifique du microbe envisag-ê. 4° Action sur les toxines. — Les antiseptiques peuvent aussi modifier les produits solubles sécrétés par les microbes. Ainsi Viodoforme, qui n'est que faiblement microbicide in vitro, détruit 1 action des toxines microbiennes et constitue pour cela un ag-ent très utile dans la désinfection des plaies. La valeur pratique des désinfectants dépend donc de plusieurs facteurs. Tel ag-ent antiseptique, médiocre m r///*o, peut fort bien être reconnu préférable, dans les cas patholog"iques, à d'autres en apparence plus puissants. Aussi le choix d'un ag-ent désin- ^i-:cctc fectant dépend-il de considérations nombreuses, relatives non seulement à sa valeur intrinsèque comme g-ermicide, mais encore à son mode d'emploi, à la nature des surfaces ou des tissus sur lesquels on l'applique, à la puissance des effets toxiques qui peuvent résulter de son passag-edans le torrent circulatoire, à son prix, à son action sur les instruments, sur les matières de pan- ^^«.iv,.^ sèment, sur les mains du chirurgien. Dans l'emploi des antiseptiques, on devra tenir compte de l'étendue de la surface malade, du pouvoir d'absorption de cette surface, et lorsqu'il s'ag-il de cavités naturelles ou patholog-iques, se préoccuper des accidents locaux ou généraux qui peuvent résulter d'un contact trop prolong-é de l'ag-ent médicamenteux avec des membranes délicates et d'une g-rande puissance d'absorption. Il faudra donc : « dresser un tableau des antiseptiques pour éMf(A/ chaque maladie, oii le médecin puisera suivant les circonstances et ^ suivant les indications, en tenant compte des états frais ou secs, mycéliques ou sporulés sous lesquels se rencontrent les virus » (Arloing). 126 ANTISEPTIQUES. Puissance microbicide des principaux antiseptiques. \jKy Classement d'après Bucholtz, 1876. '-^ ' ', Bactéries cultivées dans un liquide composé de sucre candi, 10 gr. ; tartrate d'ammoniaque, 1; phosphate de chaux, 0,50; eau distillée, 100. EMPECHENT le développement des bactéries. AU DEGRE de dilution suivant. Sublimé Thymol Benzoate de soude. . . . Créosote Essence de thym Carvol ? 1 Acide benzoïque — méthylsalicylique — salicylique Eucalyptol Essence de carvi Salicylate de soude Phénol Quinine Acide suU'urique — borique Sulfate de cuivre Acide chlorhydrique . . . Sulfate de ziiic Alcool 20 000 2 000 2 000 1000 1 : 666 1 1 1 1 1 1 1 1 :7o 1 : 50 500 250 200 200 151 333 133 DETRUISENT le pouvoir de reproduction des bactéries. Chlore Iode Brome Acide sulfureu.Y — salicylique — benzoïque — méthylsalicylique Thymol Carvol Acide sulfurique Créosote Phénol Alcool AU DEGRE de dilution. 1 : 25 000 1 : 5 000 1 :3333 1 :666 1 :312 1 :2o0 1 : 200 1 : 200 1 :200 1 : 161 1 :100 1 :45 1 :25 Tableau Jalan de la Croix ANTISEPTIQUES PROPORTIONS CALCULÉES en poids du corps chimiquement pur. DOSE (, les ba en plein dé dans du Tue. CI TUE cléries vcloppement bouillon. Ne lue pas . DOSE QUI les g des bactérie ment dé\ Tue. .STÉRILISE ernies s complète- eloppées. Ne tue pas. Sublimé 5 805 6 300 1250 431 170 190 116 336 410 64 28 121 30 150 20 » 150 2,66 » >) » » 5 250 Chlore. 22 768 3 720 2 009 2 020 2 550 1548 427 591 410 72 1001 109 60 150 22 ÏÏ2 48 4.4 116 30 208 4 460 4 985 3 353 4 050 2 010 835 820 510 110 1433 212 78 200 42 134 69 6 205 460 250 273 205 550 510 92 40 210 50 200 36 35 200 4 0,8 12 1.18 5,83 Chlorure de chaux Acide sulfureux — sulfurique Brome Iode métallique Acétate d'alumine Essence de moutarde Acide benzoïque Boro-salicylate de soude Acide picrique Thymol Acide salicylique Permanf;;anate de potasse. . . . Acide phi'nique Chlorotormc Borax Alcool Eucalyptol ANTISEPTIQUES. 127 Miquel (1) a classé les antiseptiques d'après la quantité de ehaque médicament nécessaire pour empêcher la putréfaction de se produire dans 1 litre de bouillon de bœuf neutralisé exposé aux g-ermes de l'air. Classement d'après Miquel. Los chiffres qui correspondent à chacune des substances représentent une dose minima capable de s'opposer à la putréfaction de 1 litre de bouillon. a. Substances éminemmenl antiseptiques. Biiodure de mercure 2.5 milligrammes. lodure d'argent 30 — Eau oxygénée 50 — Bichlorure de mercure 70 — Azotate d'argent 80 — b. Substances très fortement antiseptiques . Acide osmique lo centigrammes. — chromique 20 — Chlore 25 — Iode 25 — Chlorure d'or 25 — Bichlorure de platine 30 — Acide cyanhydrique 40 — lodure de cadmium 50 centigrammes. Brome 60 — lodoforme 70 — Chlorure cuprique 70 — Chloroforme 80 — Sulfate de cuivre 90 — c. Substances fortement antiseptiques. Acide salicylique 1&'',00 — benzoïque Igi^JO Cyanure de potassium lg'',20 Bichromate de potasse ls'",20 Acide picrique ds'",30 Gaz ammoniac l8:r,40 Chlorure de zinc l8'',90 Acide thymique 2s^00 Sulfate de nickel 2s^50 Essence de mirbane 2^^,60 Acide sulfurique \ — ^^ff«--. (2à3.r,00 — chlorhydrique i — phosphorique ) Essence d'amandes améres Ssi'.OO (i) Miquel, Annuaire de l'Observatoire de Montsouris, 1884. •128 ANTISEPTIQUES. Acide phénique 3g'",20 Permanganate de potasse Ssr.SO Alun 4b'i',50 Tanin 46^,80 Acide oxalique j — tartrique (Sà bsi'.OO — citrique ) SuUhydrate alcalin 56>-,00 d. Substances modérément antiseptiques. Brorahydrate de quinine 5ff •",50 Acide arsénieux 6Br,00 Sulfate de strychnine 7e'', 00 Acide borique 7er,b0 Hydrate de chloral 9sr,30 Salicylate de soude 10er,00 Sulfate de protoxyde de fer llK',00 Soude caustique 18^^00 e. Substances faiblement antiseptiques. Éther sulfurique 22 grammes. Chlorure de calcium 40 — Borax 70 — Chlorhydrate de morphine 75 — Chlorure de baryum 93 — Alcool éthylique 95 — f. Substances très faiblement antiseptiques. Chlorhydrate d'ammoniaque 115 grammes. lodure de potassium 140 — Chlorure de sodium 165 — Glycérine 225 — Bromure de potassium 240 — Sulfate d'ammoniaque 250 — Hyposullite de soude 275 — ANTISEPTIQUES. 129 Tableau montrant, d'après Koch, les degrés de concentration auxquels diverses substances sont capables d'entraver ou de supprimer complètement le développement des bactèridies charbonneuses dans une solution de viande peptonisèe; les substances qui sont données au plus haut degré du pouvoir microbicide viennent en premier lieu ; les plus faibles à la fin. SIBSTANCES EXPERIMENTEES. Sublimé Essence de moutarde Alcool allylique Arsénite de potasse Thymol Essence de térébenthine. . . Acide cyanhydrique Essence de menthe poivrée Acide chromique — picrique Iode Essence de girofle Acide salicylique Permanganate de potasse . Camphre Eucalyptol Acide chiorhydrique Borax Acide benzoïque Brome Iode Acide phénique — borique Hydrate de chloral Quinine Sulfure de calcium Chlorate de potasse Acide acétique Vinaigre de bois brut Sulfure de sodium Benzoate de soude Alcool éthylique Acétone Sel marin DEGRE de concentration auquel l'accroissement des bacilles a commencé k être entravé. 1 : 1000000 1 : 330000 1 : 160000 1 : 100000 1 : 80000 1 : TbOOO 1 : 40000 1 : 33000 1 : lOOOO 1 : 10000 i : 5000 i : 5000 1 : 3300 1 : 3300 1 : 2500 1 : 2500 1 : 2500 1 : 2000 i : 2000 1 : 1500 1 : 1500 1 : 1250 1 : 1250 1 : 1000 1 : 830 1 : 350 i : 250 1 : 250 1 : 250 Super, à 1 : 250 1 : 200 1 : 100 Super, à 1 : 100 1 : 64 DEGRE de concentration auquel l'accroissement des bacilles a été entièrement arrêté. 1 : 300000 1 : 33000 1 : 10000 1 : 8000 1 : 5000 Super, à 1 : 4000 1 : 1500 1 : 1250 Super, à 1 : 800 1 : 700 1 :800 Super, à 1 : 400 1 : 625 1 : 12 Super, à 1 : 24 Influence du milieu. D après Sattler, la puissance antiseptique d'un agent peut varier suivant le milieu dans lequel il agit. Le tableau suivant démontre nettement ce fait : Dans le bouillon Dans de veau. Acide phénique, prévient tout dévelop- pement de microbes en solution à... 1 : 400 Sublimé 1 : 13300 Azotate d'argent 1 : 1 0000 Iode 1 : 8000 Kaufmanx. le san° 1 : 250 Dans la chair. 1 : 160 1 : 500 1 : 225 i : 225 9 30 ANTISEPTIQUES. Tableau des substances antiseptiques par ordre décroissant d'activité (d'après Fayol}. (Bactéridie charbonneuse.) 1. Vapeur d'eau {110») 2. Iode. 3. Sulfate de cuivre. Antiseptiques très puissants / 4 . Cliloral . 5. Acide benzoïquc. 6. Sublimé. 7. Naphtol. 8. Aseptol. 9. Acide salicylique. . 10. Chlorure de zinc. Antiseptiques moins puissants ' J 1 ' ■ Thymol. 12. Résorcine. 13. Acide phénique. ' 14. Saccharine. l 15. Eucalyptol. Antiseptiques faibles ] 16. Antipyrine. ^ ^ / 17. Alcool. , 18. Salol. Antiseptique très faible 19. Acide borique. Pas antiseptique 20. lodoforme. Tableaux indiquant raction de certaines substances sur le virus du charbon synaptomatique (Arloing, Cornevin, Thomas). 4 Action de substances liquides ou en dissolution sur le virus frais. NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE. Alcool à 90O. — camphré (saturé). phénique à saturation et à 1/200. Glycérine. Ammoniaque, Acétate d'ammoniaque. Sulfate — Sulihydrate — Carbonate — Benzine. Chlorure de sodium (dissol. saturée). Chaux vive et eau de chaux. Polysulfure de calcium (1/5). Sulfate de fer (1/5). — de quinine (1/10). Borate de soude (l'5). Ilyposulfite de soude (1/2). Acide tannique (1/5). lodoforme (dissolut, alcoolique sa- turée), lodoforme en poudre. Silicate de potasse (1/200). Eau oxygénée. Chlorure de zinc. — de manganèse. Essence de térébenthine. Camphre monochloré Cazeneuve (so- lution alcoolique saturée), ilETRUISENT LA VIRULENCE. Acide phénique (solution aqueuse à 2/100). — salicylique (1/100). — borique (1/5). — azotique (1/20), — sulfurique (dilué). — chlorhydrique (1/2). — oxalique (à saturation). Acide salicylique (id.). Soude. Potasse (1/5). Eau iodée. Salicylate de soude (1/5). \'ermanganate de potasse (1/20). Sulfate de cuivre (1/5). Nitrate d'argent (1/1000). Sublimé corrosif (1/1000). Camphre bichloré Cazeneuve (solu tion alcoolique saturée). Chloral (3/100). Acétate daluniine (1/200). Acide picri(]ue (solution saturée). Naphtaline (solution alcoolique à 2/100). Acide benzoïque (2/100). Essence d'eucalyptus (1/8001. — de thym (1/800). ANTISEPTIQUES. 131 B. — Action du gaz ou de substatices ernployés à l'état de vapeurs sur le virus frais. NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE. DÉTRUISENT LA VIRULENCE. Ammoniaque. Acide sulfureux. Chloroforme. Hydrogène sulfuré. Ozone. Brome. Chlore. Sulfure de carbone. Vapeurs d'essence de thym. — — d'eucalyptus. C. — Actions de substances liquides ou gazeuses sur le virus frais. NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE. DÉTRUISENT LA VIRULENCE. Liquides ou solutions. Acide oxalique. Permanganate de potasse. Soude. Gaz ou vapeurs. Chlore. Sulfure de carbone. Vapeurs d'essence de thym. — — d'eucalyptus. Liquides ou solutions. Acide phéniqne (â/lOOL — salicylique (1/1000). Nitrate d'argent (1/1000). Sulfate de cuivre (1/3). Acide chlorhydrique (^1/2). — borique (1/3). Alcool salicylique (à saturation). Sublimé (l/oOOO). Gaz ou vapeurs. Brome. Tableaux indiquant Taction de certaines substances sur le virus du rouget du porc (Cornevin). A. — Action de gaz ou de substances employés à Vétat de vapeurs {■iS heures de contact). NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE. DÉTRUISENT LA VIRULENCE. Vapeurs d'eucalyptol. Acide sulfureux. Chlore. Sulfure de carbone. Hydrogène sulfuré. Chloroforme. 132 ANTISEPTIQUES. B. — Action de substances liquides ou en dissolulion saturée [■iS heures de contact avec égale quantité de virus). NE DÉTRUISENT PAS LA VIRULENCE. DÉTRUISENT LA VIRULENCE. Acide tartrique. Soude. Azotate de potasse. Potasse. Acide borique. Acide oxalique. — tannique. lodure de potassium. Arsenic. Acide sulfurique. Benzine. — thymique. Chlorure de sodium. Sulfate de cuivre. — de manganèse. Nitrate d'argent. — de zinc. Sulfate de fer. Oxalate d'ammoniaque. Acide salicylique. Alcool phéniqué. — phéniqué . Nicotine. Perchlorure de fer. Essence de térébenthine. Borate de soude. Huile camphrée. — phosphorée. Alcool. Glycérine. Ammoniaque. Acétate d'ammoniaque. Permanganate de potasse. Chloral. Sublimé corrosif. Jus de citron. Glycose. Pouvoir désinfectant vis-à-vis du vibrion septique (Tarnier et Vignal). 2 minutes. 1° Bichlorure de mercure à 0,20 p. 1000 en 2° Microbicine à 4 — 3» Biiodure de mercure à 0,25 — 40 Acide phéniqué à 25 — 0° Sulfate de cuivre à 5 — 6» Permang. de potasse à 0,25 — Pouvoir germicide sur les microcoques du pus, microcoques de la septicémie, du « Bacterium terme » (Sternberg). Sublimé 1 : 20000 (Sternberg). Permanganate de potasse 1 : 883 — Iode 1 : 500 — Créosote 1:200 — Acide phéniqué 1 : 100 (Sternberg, Foote). — salicylique 1:25 (Sternberg). Chloral 1:5 — Gréoline 1 : 100 (Foote). Thymol — — ANTISEPTIQUES. 433 Puissance microbicide vis-à-vis du « Staphylococcus pyogenes aureiis » et du « Streptococcus pyogenes albus » (Martens). Iode 1 : 10000 Thymol 1 : oOOO Nitrate d'argent 1 : 1000 Sublimé 1 : 1000 Acide benzoïque 1 • ^00 Acide salicyliijue 1 • 300 Phénol ) 1-100 Perchlorure de fer ) Essence de térébentliine 1 : 50 Chlorure de zinc 1 : 20 Acide borique 1 : 25 Pouvoir germicide vis-à-vis du bacille typhique et du vibrion du choléra (Paul). Subhmé 1:20000 1:10000 Sulfate de quinine 1:800 1:5000 Phénol 1 : 200 1 : 400 Acide chlorhydrique 1 : 100 — Chlorure de chaux 1 : 20 — Sulfate de cuivre — 1 • ^00 Bouchard a étudié le pouvoir autiseptique de dix substances sur dilTérents microbes pathog-ènes. Il SippeMe équivalent antisep- tique la quantité d'une substance qu'il faut ajouter au milieu de culture I mis à l'étuve à37° C.)pour empêcher le développement du microbe ensemencé dans ce milieu. Au-dessous de cette dose, l'antiseptique est inefficace. Le tableau suivant donne les résultats obtenus. SUBSTANCE EMPLOYÉE. ÉOUn ALENT AXTISEPTIOIE VIS-, i-vis : du bacille ty- phique. du Sta- phylococcus aureiis. de la bactéri- die char- bonneuse. du pneumo- coque de Friedlànder. Naphtaline 4 2,5 2,5 0,1 0,1 1 0,8 0,8 0,15 0,15 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 1000 4 : 1000 3,5 : loOO 2 : 1000 0,03 : 1000 0.04 : 1000 0.4 : 1000 0,8 : 1000 0,5 : 1000 0,12 : 1000 0,12 : 1000 4 : 1000 4 : 1000 3 : 1000 0,04 : 1000 0,08 : 1000 1 : 1000 0.8 : 1000 00,8 : 1000 0,12 : 1000 0,15 : 1000 5 : 1000 3,5 : 1000 3 : 1000 0,07 : 1000 0.1 : 1000 1 : 1000 1 : 1000 1 : 1000 0,12 : 1000 0,15 : 1000 lodoforme . ... Salol Sublimé Biiodure de mercure Créosote Acide phénique Acide Ihymique Naphtol-a Naphtol-3 Les antiseptiques étant très nombreux, il est nécessaire, pour 134 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. rendre leur étude plus facile, de la diviser en groupes. En se ba- sant sur leur constitution chimique, on peu! reconnaître les antiseptiques minéraux et des antiseptiques organiques. Antiseptiques minéraux. On peut les diviser en antiseptiques métalloïdiques, acides, basiques ou salins (Manquât), a. Antiseptiques métalloïdiques. Les antiseptiques de ce groupe comprennent les métalloïdes et les composés qui, étant mis au contact des tissus, mettent en liberté un métalloïde antiseptique. Les principaux sont les peroxydes, le chlore, les hypochlorites, l'iode, le brome, le charbon de bois. Peroxydes. Les principaux peroxydes utilisables sont : l'eau oxygénée et les peroxydes métalliques. 1" Eau oxygénée (H^O^). L'eau oxygénée (bioxyde ou peroxyde d'hydrogène), découverte en 1818 par Thénard, est un liquide incolore, sirupeux, inodore, d'une saveur piquante métallique, d'une densité de 1,452, soluble en toute proportion dans l'eau. A son maximum de concentration elle renferme 475 volumes d'oxygène ; mais, sous sa forme com- merciale ou o/y?c/n«/^u Indications thérapeutiques. — Le chlore peut être employé : 1° Comme léger excitant des voies respiratoires quand on fait respirer une petite quantité de g-az mélang-é à beaucoup d'air. Sous cet état, il est un stimulant de la muqueuse et un désinfec- tant léger. Il convient dans les catarrhes chroniques des voies respiratoires, la bronchite vermineuse, etc. 2° Comme désinfectant et antiseptique, toutes les fois qu'il s'agit de détruire un ferment ou un virus. 11 désorganise en efîet ANTISEPTIQUES MINERAUX. IVI la matière organique en s'emparant de rhydrogène et tue les in- finiment petits qui sont les ag-ents des fermentations, de la putré- faction et des maladies infectieuses. Mais, pour que ses effets désinfectants soient certains, il est nécessaire que le chlore ag-isse sous forme de vapeurs concentrées pendant un temps assez long (vingt-quatre heures) et en présence delà vapeur d'eau. Il offre l'inconvénient de détériorer les objets à désinfecter. Pour désinfecter un local dans lequel ont séjourné des animaux atteints de maladies contag-ieuses, ilfaut, après avoir hermétique- ment fermé toutes les ouvertures, faire dégager 1 volume et demi de chlore pour 100 volumes d'air et en même temps de la vapeur d'eau. On n'ouvre que le lendemain pour établir une ventilation. 3" Comme désodorisant, quand on veut rendre inodores des ma- tières qui répandent une odeur infecte, comme cela arrive quel- quefois pour les matières fécales, les plaies g-ang-reneuses, etc. 2° Eau chlorée. La solution aqueuse concentrée de chlore représente un liquide légèrement verdàtre, à odeur de chlore. Elle contient environ 0,4 p. 100 de ce gaz. Exposée à la lumière, elle s'altère assez vite par suite de la combinaison du chlore avec l'hydrogène de l'eau et la formation d'acide chlorhydrique. Il faut conserver ces solu- tions dans des flacons noirs bien bouchés. L'eau de chlore a été employée beaucoup autrefois contre les maladies typhoïdes, les diarrhées infectes, le charbon, la morve, le farcin. Mais l'expérience a démontré que ces différentes maladies ne sont pas guéries par ce remède et sont rarement améliorées. Aussia-t-onàpeu près complètement abandonné l'emploi interne de l'eau chlorée. Nous possédons d'ailleurs, pour l'intérieur, des désinfectants et antiseptiques plus puissants et moins dangereux que le chlore et qui sont d'une administration plus facile. A Vextérieur, l'eau chlorée rend de grands services comme excitant et désinfectant des plaies de mauvaise nature. Il peut remplacer avantageusement, au point de vue du prix et de l'effi- cacité, les acides phénique et borique. Il ne faut pas cependant trop compter sur son action antivirulente contre la rage, la morve, le charbon. Quand on veut détruire sur place un virus inoculé dans les tissus, il faut rejeter l'eau chlorée et avoir recours à des . caustiques plus énergiques et d'une efficacité plus certaine. 142 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. On a conseillé l'emploi de l'eau chlorée comme contrepoison de la strychnine chez le chien ; ce moyen n'a pas encore reçu la confirmation de l'expérimentation et, par conséquent, ne peut pas être employé avec confiance. L'eau chlorée jouit aussi d'une certaine réputation contre les ophtalmies, les conjonctivites, surtout quand ces affections sont de nature parasitaire. 3° Chlorure de chaux. Ca (0C1)2 + Ca (OH-2 + CaC12. (Uypochlorile de calcium.) Se présente sous forme d'une poudre blanche, d'une faible odeur de chlore et d'une saveur acre, très soluble dans l'eau, déliquescente. Il détone avec le sucre. Sa solution est rapide- ment décomposée par l'acide carbonique, qui se combine avec la chaux ; il faut donc conserver ce sel solide ou dissous dans des vases exactement bouchés. Le chlorure de chaux est formé d'hypo- chlorite de chaux, de chlorure de calcium et d'un excès d'hydrate de chaux. Emploi. — Le chlorure de chaux convient sur toutes les plaies de mauvaise nature, les clapiers qui sécrètent beaucoup de pus odorant. Il agit localement comme excitant, léger caustique, désinfectant et antiseptique. Il jouit à peu près des mêmes pro- priétés locales que l'acide phénique. Il est antivenimeux (Gal- mette) et à ce titre peut convenir contre les morsures des vipères, des insectes venimeux. Il est ég-alement antivirulent, mais infi- niment moins sûr que les caustiques. A l'intérieur, on ne l'emploie g-uère, parce qu'il est irritant et qu'il produit facilement des perturbations dans la fonction diges- tive. Il est utilisé en poudre pour désinfecter le sol, les lieux d'ai- sances, les fumiers, les égouts. Il tue rapidement la plupart des microbes. La solution au 1/100 peut être injectée avec succès dans les morsures venimeuses produites par la vipère et autres serpents venimeux (Galmette). ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 143 Iodés. Iode. (l.) Ce métalloïde, très voisin du chlore et du brome, se présente sous forme de paillettes rhomboïdales d'un g-ris d'acier, fragiles, g-rasses au toucher, tachant la peau en jaune et présentant beau- coup d'éclat métallique. Son odeur est caractéristique, sa saveur est acre. Exposé à Tair, il se volatilise lentement, d'où la néces- sité de le conserver dans des vases bien clos. L'eau en dissout 1 p. 7 000; on peut augmenter son pouvoir dissolvant, en y ajoutant de l'iodure de potassium ; ainsi une solution aqueuse d'iodure de potassium à 4 p. 100 peut dissoudre 3 p. 100 d'iode ; l'alcool en dissout 1 p. 10 ; l'éther, le chloroforme et le sulfure de carbone en dissolvent de fortes proportions ; les solutions de tanin, les essences, les corps gras, peuvent aussi dissoudre l'iode. L'iode forme avec l'amidon un composé bleu ; l'iodure d'amidon ; avec l'ammoniaque, il produit une explosion. Il a une grande affinité pour l'hydrogène. L'iode est un élément constant du corps thyroïde. Effets. — L'iode agit comme un poison énergique sur les microbes et les parasites. Il est donc fortement antiseptique et antiparasitaire. D'après Bucholtz, les solutions à 1 p. 5000 arrêtent le développe- ment des cultures des microorganismes ; d'après Koch, ces solutions tuent les spores de la bactéridie charbonneuse après un contact de vingt-quatre heures. L"eau iodée détruit la virulence du char- bon symptomatique frais (Arloing, Cornevin et Thomas) ; les solu- tions à 1 p. 15000 tuent le Bacillus Anthracis (Da vaine); les solu- tions à 1 p. 10 000 détruisent la virulence du pus septicémique. Contre le parasite de Vactynomycose, l'iode agit comme un spéci- fique. Il tue également les divers ectoparasites de nos animaux, les acares des diverses gales et les parasites des teignes. Enfin, en solution aqueuse à 1 p. 500, l'iode agit comme anti- toxique et détruit les toxines diphtérique et tétanique. D'après Wernitz, il arrête également l'action des ferments solubles en solution à 1 p. 1000. Par les injections sous-cutanées d'eau iodée, on peut empêcher 144 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. l'évolution du charbon bactéridien chez les animaux inoculés (Galtier). Appliqué sur la peau intacte, l'iode, sous forme de teinture, produit instantanément une coloration jaune qui disparait rapidement si l'application n'est pas réitérée ; dans le cas contraire, la tache devient permanente, le derme est d'abord excité, puis irrité, et enfin il peut se produire de la vésication. Sur les muqueuses, les séreuses et les tissus dénudés, Vnction irritante est plus énerg-ique et peut aller jusqu'à la produc- tion d'une escarre par suite de son action coagulante sur les substances albuminoïdes. Les tissus irrités sous l'inlluence d'ap- plication de teinture d'iode deviennent le siège d'une exsuda- tion de g-lobules blancs qui détruisent et dissolvent les produits patholog-iques soit par phagocytose, soit par la sécrétion de fer- ments dig-estifs. A rintérieur, l'iode, même à faibles doses, n'est pas long-temps supporté ; il supprime bientôt l'appétit, provoque une gastro- '4/iAK^ entérite et la msiig-reur. Il résulte de cette action irritante sur le ' ^ tube digestif qu'on ne doit administrer l'iode à l'intérieur qu'après l'avoir étendu considérablement avec des liquides mucilagineux ou gommeux. Arrivé dans l'estomac, l'iode se combine avec l'hydrogène et l'oxygène pour former de l'acide iodique et de l'acide iodhydrique, acides qui réagissent ensuite sur les sels alcalins de l'intestin et forment de l'iodure de sodium. Il se forme peut-être une combi- naison de l'iode avec la matière albuminoïde. On ne trouve jamais l'iode libre dans le liquide intestinal ou dans le sang ; ce métal- loïde s'y rencontre toujours combiné. Après une administration un peu prolongée de très faibles doses d'iode par le tube digestif, on constate bientôt une congestion accusée de toutes les muqueuses et de la peau, cette dernière membrane s'échaull'e, se couvre faci- lement de sueur, et quelquefois présente des éruptions pustu- leuses, qui peuvent envahir tout le corps (eczéma iodé); les muqueuses sécrètent en plus grande quantité, il peut même se produire un certain état catarrhal, principalement sur les muqueuses digestive et lespiratoire [stomatite, laryngite); il dimi- nue la sécrétion urinaire. En plus de ces effets sur les membranes tégumentaires, on constate un amaigrissement rapide, une atro- phie des glandes, la résorption de certains produits morbides, la fluidité du sang et la coloration jaune des liquides épanchés dans ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 143 les cavités séreuses. Dans les empoisonnements par l'iode, l'urine renferme de l'hémoglobine. L'élimination de l'iode est 1res rapide. Elle a lieu par l'urine, le lait, la salive, les larmes, la sueur et le mucus nasal et bronchique et même par les œufs chez les poules (Albrecht). L'iode est un agent producteur de mononucléose et un exci- tateur des fonctions du tissu lymphoïde ; les solutions iodo-iodurées déter-mineiit de fortes réactions congestives éosinophiles. Indications. — Emploi. — L'iode est avantageusement em- ployé à l'extérieur : 1° A titre d'antiseptique sur les plaies de mauvaise nature, le crapaud, les abcès purulents, les inflammations de la peau et des muqueuses sous forme d'eau iodée, de teinture diode, de solution de Lug'ol, d'iodosol, liodipine. En lavages désinfectants dans la matrice, on utilise une solution qu'on obtient eu versant 3 à 5 cen- timètres cubes de teinture diode dans 100 centimètres cubes d'eau. Sur les plaies de la bouche, des gencives, on fait des attouchements avec la teinture d'iode. Les plaies, les tistules peuvent aussi être traitées par l'iodure d'amidon, qui remplace avantageusement l'iodoforme (Pécus). On utilise aussi le badig;eoiinag'e de teinture {•^^Kf.s^À.jy^v d'iode pour aseptiser le champ opératoire (Voir Asepsie). 2° A titre d'o/j?«/'asi7a?>e contre la teig-netonsurante, l'eczéma, les g-ales, labronchite vermimeuse et surtout contre Yactinomycose. 3° A titre d'irritant, d' inflammatoire, on emploie la teinture d'iode ou les pommades iodées, l'iodosol, pour obtenir la résolu- tion de tumeurs osseuses, d'engorgements, de tuméfaction des lig-aments, des tendons. On utilise aussi la teinture d'iode, la solution de Lug-ol ou des solutions analogues en injection dans les tumeurs, les kystes, les bourses séreuses, les synoviales ten- dineuses, l'hydrocèle et même la plèvre dans le cas de pleurésie purulente. Dans ce cas, l'iode ag-it à la fois sur les g-ermes patho- gènes qu'il alfaiblit et sur les éléments anatomiques, dunt il excite la vitalité. Contre les varices du membre inférieur chez l'homme, on a obtenu d'excellents résultats par l'injection dans le hqul péri- , lî-^**^' phérique de la veine saphène de 30 à 50 centimètres cubes de la solution iodique suivante : iode, 1 gramme; iodure de potas- sium, le%GO; eau stérilisée, 100 grammes (Schiassi . A l'intérieur, l'iode n'est pas employé en vétérinaire; on pré- fère, pour lusag-e interne, liodure de potassium, l'iodosol ou Kaifmaxx. 10 /y\^ 14C ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. l'iodipine. Cette dernière préparation convient aussi en injection sous-cutanée. DiekerhoO' a préconisé les injections intrali'achéales de solution de liUgol contre la fièvre pétéchialc chez le cheval. Les lésultats obtenus avec ce traitement par d'aulres auteurs n'ont pas toujours été favorables. lODUSOL. L'iodosol est une solution à 0 p. lUO d'iode dans le vasogène (Voir émollients gras). 11 s'émulsioniic facilement dans l'eau. Appliqué sur les tissus, il ne les irrite pas et est absoibé rapidement. Pour V usage externe^ Tiodosolpeul remplacer souvent avanta- g'eusement la teinture d'iode. Les fiiclions sur la peau ne sont par irritantes et peuvent être prolongées longtemps ; elles ne salissent pas les mains et ne tachent pas l'épiderme. Des observa- tions publiées en France par Patrigeon, Goupeau et Roynard, etc., ainsi que par de nombreux vétérinaires étrangers, il semble résulter que l'iodosol est un antiseptique et un cicatrisant puissant pour les plaies anciennes et récciites, flstuleuses, kystiques, indurées, etc., et un hon fondant surles tuméfactions, les engorg-ements, les tumeurs osseuses et les vessigons, etc. A V intérieur., l'iodosol est indiqué dans les mômes cas que riode, sous forme de breuvages, de bols, d'électuaires. On en a obtenu de bons eflets dans les tumeurs actinomycosiques (Blume, Goudeau), la pneumonie, la bronchite (Patrigeon). La dose est de 10 à 20 grammes par jour chez le cheval. lODIPINE. L'iodipine est une combinaison chimique de l'iode avec l'huile de sésame. Dans le commerce, on trouve l'iodipine à 10 p. 100 d'iode et l'iodipine à 25 p. 100 d'iode. Elle se présente sous forme d'un liquide jaune clair, huileux, dont l'odeur et le goût rap- pellent l'huile de sésame. Localement l'iodipine n'est pas irritante ; elle est antiseptique et cicati'isante. L'injection sous-cutanée n'est suivie d'aucun accident local ; l'absorption s'effectue, et l'iode agit sur l'organisme en produisant ses effets ordinaires. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 147 Administrée par la bouciie, l'iodipiiie est facilement supportée par l'estomac ; dans l'intestin, elle passe à l'absorption sans troubler la dig-estion. L'iodipine agit plus lentement que les préparations ordinaires d'iode et d'iodures alcalins ; mais son action est plus prolongée, plus persistante. L'élimination de l'iode se fait lentement par les urines. Elle provoque de Ihyperleucocytose et augmente la force de résistance de l'organisme contre les infections. L'iodipine répond à toutes les indications des iodés en général. Elle a donné de bons résultats, surtout dans VacthiOnii/cose, les maladies des organes resp'watou'es^ la cirrhose du foie (MiUeldorf;. A l'extérieur, en badig-eonnag-e ou en injeclion, elle convient sur les plaies, les fistules, qu'elle déterge et guérit rapidement. Les doses sont en injection sous-cutanée de 40 à 100 grammes d'iodipine à 10 p. 100 et même à 25 p. 100 chez le cheval et le bœuf et de .5 à 10 grammes chez le chien. A l'intérieur on peut donner l'iodopine à dose encore supérieure dans du lait ou du mucilage de graine de lin. Préparations iodées. 1" Teinture d'iode (Codex). Iode 1 Alcool à 950 9 Cette teinture renferme un dixième de son poids d'iode. 2» Teinture d'iode chloroformique. Iode \ Chlorolorme 9 Cette teinture est violette ; elle a le même pouvoir révulsif que la teinture ordinaire, mais produit moins de douleur (Ghassevant). 30 Glycéré d'iode. Teinture d'iode 100 grammes. Glycérine 400 — 4° Pommade iodée. Iode 1 Axonge 15 à 25 148 ANTISEPTIQUES MIiNÉRAUX. 5° Pommade (ïiodiiie de potassium iodée (Codex). lodure de potassium 10 Iode 2 Eau distillée 8 Axonge 80 6" lodure d'amidon. Teinture d'iode 10 Amidon 40 Arrosez l'amidon avec la teintui-e d'iode, passer au pilon et laisser sécher à Tair libre. Cette poudre, d'un beau bleu très foncé, ne tache pas les doig'ts, n'est ni irritante ni toxique, n'a pas de mauvaise odeur, est antiseptique, absorbante, siccative, et remplace avantag-eusement l'iodoforme dans le traitement des plaies (Pécus). Pour faire des injections dans les cavités synoviales ou séreuses, on emploie de préférence les liquides suivants : Solulion de Lugol. Iode 1 lodure de potassium 1 Eau ou glycérine 30 Solution de Guibourt. Iode 1 lodure de potassium 1 Alcool. 10 Eau 30 Autre solution. Teinture d'iode '^ Eau S *^ lodure de potassium, q. s. pour dissoudre le précipité. Brome. ± Br. Le brome est un liquide rouge foncé, très volatil, d'une odeur sulfocante, d'une saveur caustique. Il est soluble dans 40 parties d'eau, très soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'éther, les so- lutions légères de tanin et de bromure de potassium. Il jouit des mêmes proporiétés chimiques que le chlore qui le déplace de ses combinaisons. Il décompose un g-rand nombre de matières orga- niques en s'emparant de leur hydrog-ène ; dans ce cas, il se dégage ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 149 de l'acide bromhydrique, et le brome remplace Thydrog-ène, éliminé pour donner des produits de substitution. A cause de sa g-rande affinité pourl'albumine, il est caustique. Effets. — Sur la peau intacte, le brome employé en frictions, la colore d'abord en jaune, puis l'irrite et produit la vési- cation. Sur les solutions de continuité, il ag-it comme caustique ; il décompose la surface des tissus en leur enlevant l'hydrogène pour former de l'acide bromhydrique. 11 est fortement antisep- tique, antiputride, aiitivirulent Qi désinfectant. Son affinité très g:rande pour l'hydrogène le rend très propre pour amener la dé- sorg-anisation des germes figurés qui constituent la plupart des virus. Les vapeurs de brome, mélangées à 500 fois leur volume d'air, tuent les bactéridies; à 50 fois leur volume d'air, les spores de ce microbe (Koch). Il détruit le virus desséché du charbon symptomatique (Arloing, Cornevin, Thomas) et tous les ferments de dédoublement à 0,2 p. 100 dans l'air humide (Fischer et Rosteman). En inhalation, les vapeurs de brome sont irritantes et toxiques. Emploi. — Le brome en solution très étendue peut toujours remplacer l'iode à l'extérieur sur les plaies, les ulcères, les engor- gements ; il est d'ailleurs d'un prix beaucoup moins élevé. Il est employé aussi en fumigations contre les maladies parasi- taires des voies respiratoires, telles que le croup, la diphtérie, etc. Pour faire ces fumigations, on ne se sert pas du brome pur, qui donnerait des vapeurs trop concentrées ; on fait un mélange de i à 2 parties de bromure, 50 à 100 parties d'eau ou d'eau-de-vie et 1 à 2 parties de brome de potassium. On verse un peu de ce mélange sur un linge ou sur une éponge, et on fait respirer les vapeurs plusieurs fois par jour, chaque fois une demi-heure. Charbon de bois. C. Le charbon végétal se présente en poudre noire impalpable, qui a un pouvoir absorbant considérable. Lorsqu'il est frais, il peut absorber 35 volumes d'acide carbonique, 55 volumes d'acide sulfhydrique, 90 volumes d'ammoniaque, 10 volumes d'oxygène, 7 volumes et demi d'azote, etc. L'absorption d'oxygène donne lieu à une véritable oxydation ; en présence du charbon, la leuco- 150 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. aniline se transforme en rosaniline par oxydation. Il jouit aussi de la propriété de fixer certains principes, qui sont en dissolution dans les liquides, et d'empêcher la putréfaction et les fermen- tations. Sous son action, la bière perd son principe amer, l'huile phosphorée son phosphore, l'encre devient blanche, et les matières en putréfaction sont désodorisées. Le charbon préserve les matières org-aniques de la putréfaction. Effets et usages. — A l'intérieur, le charbon excite mécani- quement la muqueuse digestive, active les sécrétions, les contrac- tions de l'estomac et de l'intestin, absorbe les gaz, mais avec moins d'énerg-ie que lorsqu'il est sec, et s'oppose aux fermenta- tions exag-érées et anormales des matières alimentaires. Il convient dans les atonies digestives, les indig-estions chro- ^,^ niques accompagnées de ballonnement, les V^f)'a'rticulièrement contre les conjonctivites, les brûlures et pour ^ faire des injections antiseptiques dans le vagin et la matrice. Les etfets locaux de l'acide borique sont persistants, de sorte qu'on peut sans inconvénient laisser les pansements plus long- temps en place. On emploie souvent, pour les pansements, de la toile qu'on a fait plonger dans une solution bouillante de 3 par- ties d'acide borique, 2 parties d'acide phénique et 100 parties d'eau. On emploie aussi la pommade boriquée à 1 p. 5 ou la gomme boriquée formée de 1 partie d'acide borique pour 5 de gomrne arabique. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. i53 On l'administre à l'intérieur, à faibles doses, contre les indig-es- tions g-azeuses chroniques et contre l'entérite infectieuse. Préparations. 1° Poudre. Solutions aqueuses à 2-4 p. 100 pour faire des collyres dans la conjonctivite et l'ulcération de la cornée. 2» l'oudre cicatrisante. Acide borique 25 grammes. Créoline Os^.o .3° Glycérine borique'e. Glycérine neutre 120 grammes. Acide borique 80 Sur les plaies et les muqueuses enflammées en solution dans l'eau à 1 p. 10. Borax, borate de soude. NaîBiO^ + lOH^O. (Biborate de soude.) Ce sel est en cristaux blancs, solubles dans 17 parties d'eau froide et très solubles dans la glycérine. Il constitue, comme l'acide borique, un antiseptique puissant et un bon cicatrisant. A l'intérieur, il est plus facilement sup- porté que l'acide borique; il produit une diurèse assez marquée et, d'après quelques auteurs, facilite la dissolution des calculs vésicaux. On le donne à l'intérieur, à la dose de 10 à 20 g-rammes chez le cheval et le bœuf, de 5 à 10 g-rammes chez le mouton et la chèvre, de 1 à 3 grammes chez le chien. Pour l'usage interne, on l'associe généralement aux baies de genièvre ou à d'autres diurétiques. '>a'u\ t«o A l'extérieur, on l'utilise sous forme de solutions à 2-5 p. 100 pour les plaies et les inflammations des muqueuses apparentes. Il faut une solution de borax de 7 p. 100 pour empêcher la putréfaction dubouillon (Miquel). Par contre, une solution à 1 p. 250 tue les bacilles du charbon. Il a donc des propriétés microbicides réelles et peut être considéré comme un antiseptique léger et non irritant. Il convient surtout dans la conjonctivite, la stoma- tite et l'otite, la vaginite, etc. 154 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. c. Bases antiseptiques. Les bases alcalines, potasse, soude, ammoniaque, ont un pou- voir microbicide assez développé, surtout à chaud. Le ling-e les- sivé est stérile. Nous n'étudierons ici que la chaux. Chaux. CaO. {Oxyde de calcium.) On distingue la chaux vive ou anhydre et la chaux éteinte. La première n'est guère employée que pour confectionner certaines préparations caustiques avec la potasse et les composés arseni- caux. La chaux éteinte forme la base de quelques préparations médicamenteuses destinées à l'usage externe et interne. La chaux n'est que peu soluble dans l'eau ; 1 litre en dissout environ i gramme. Pour favoriser la dissolution de la chaux dans l'eau, on peut y ajouter du sucre. Effets. — La chaux à 1 p. 1000 tue le bacille du choléra, le bacille typhique, et, à 1 p. 100, empêche la putréfaction des liquides. Les matières fécales sont désinfectées complètement avec 50 p. 100 de chaux. Quand la chaux entre en combinaison pour former des carbonates, des sulfates, des sels organiques, elle perd son pouvoir antiseptique. Le lait de chaux détruit facilement les insectes et leurs œufs. La chaux éteinte produit sur la peau des animaux une brûlure plus ou moins grave, suivant la durée du contact. D'après Tabou- rin, elle provoque d'abord la tuméfaction de la peau, le soulève- ment de l'épiderme et une vive douleur ; la brûlure est légère si le contact ne s'est pas prolongé au delà de quelques heures; dans le cas contraire, on observe l'escarrification plus ou moins complète de la peau et même des parties sous-jacentes. Ces brûlures se remarquent souvent sur les régions inférieures des membres chez les chevaux employés aux travaux de construction. La chaux vive, pulvérisée et mélangée, à parties égales, avec le goudron de bois et appliquée sur la peau, la tuméfie au bout de vingt-quatre heures, produit des phlyctènes et un peu de suppu- ration ; puis bientôt la peau se durcit, perd sa sensibilité et sa vitalité, puis forme une escarre dure et sèche qui intéresse toute l'épaisseur du derme. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 155 Sur les solutions de continuité, la chaux vive agit comme un caustique énergique, mais elle n'est g-uère employée que mélan- gée à la potasse dans la préparation appelée poudre de Vienne. Le lait calcaire et Tcau de chaux ag-issent comme légers astrin- gents et comme antiseptiques et désinfectants. L'action escarrifiante de la chaux est due à son affinité pour l'eau, l'albumine et la g-raisse. Les tissus sont déshydratés, et leurs éléments albuminoïdes entrent en combinaison avec la chaux et se mortifient; les graisses sont saponifiées. Dans le tube digestif, la chaux, même vive, est loin d'être aussi caustique que le feraient supposer ses efîets extérieurs, ce qui provient évidemment de sa neutralisation partielle par le suc gastrique et par l'acide carbonique contenu dans le tube digestif. Cependant elle est encore dangereuse, puisque Orfila a vu mou- rir un chien en lui donnant 12 grammes de chaux vive ; le tube digestif était enflammé dans divers points de son étendue, mais trop légèrement pour expliquer la mort du sujet. Hertwig l'a administrée aux chevaux et a trouvé que cette substance irrite la bouche, produit de la salivation et du dégoût; beaucoup de sujets refusent de la prendre d'eux-mêmes; enfin, après l'emploi de ce médicament pendant trois à quatre semaines, il a vu mourir plu- sieurs chevaux, dont la fin était précédée d'une respiration très laborieuse, d'engorgements œdémateux, de beaucoup de fai- blesse. Le lait de chaux (1 p. 100) est supporté assez facilement à l'intérieur, mais seulement pendant un temps court; si l'usage en est prolongé, on observe la perte d'appétit, une digestion difficile et de la constipation. Après son absorption, la chaux produit de la diurèse et diminue toutes les autres sécrétions. Après un usage prolongé, elle flui- difie le sang, diminue le nombre des globules rouges, détermine une diminution de volume des ganglions lymphatiques, des glandes, et provoque l'amaigrissement général. La chaux aide à la dissolution des fausses membranes, des matières muqueuses. Elle attaque aussi la carapace chilineuse des parasites qui vivent sur la peau de nos animaux et constitue un antiparasitaire externe assez puissant. L'eau de chaux agit localement comme un léger astringent ; elle tonifie les surfaces et les dessèche. Indications thérapeutiques. — L'action escarrifiante de la chaux vive est utilisée pour modifier la surfacç des ulcères, des ^ 156 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. plaies de mauvaise nalure, etc. Généralement, la poudre de chaux vive est mélang-ée au charbon, à 1 ecorce de chêne ou à d'autres poudres astringentes. L'effet lég'èrement astringent de l'eau de chaux est mis à profit pour tarir les sécrétions patholog-iques. On l'emploie en injec- tions dans le nez, Toreille, le vagin, etc., lorsque la muqueuse de ces conduits est le sièg'e d'une sécrétion muco-purulente; elle est ég-alement utile dans les trajets fistuleux, les clapiers des grands abcès. Le lait de chaux constitue un dessiccatif et un désin- fectant excellent contre le crapaud et le piétin. Dans les maladies croupales, l'eau de chaux favorise la disso- lution des fausses membranes et réprime leur formation. Elle a rendu de grands services en médecine humaine dans le traite- ment de la diphtérie. La réaction alcaline de la chaux a pour effet de neutraliser l'excès d'acidité du suc gastrique. L'eau et le lait de chaux con- viennent donc pour favoriser et régulariser la digestion chez les animaux dont le suc gastrique est trop acide. Ils conviennent aussi pour absorber Vacide carbonique qui se produit dans la fermentation des aliments, surtout dans les cas de tympanite ou d'indigestion gazeuse du rumen. Comme l'eau de chaux tonifie et dessèche un peu les muqueuses, elleestindiquéepour combattre les diarrhées, principalement chez les jeunes animaux. Son action diurétique la fait employer avec succès contre l'hématurie liée à un état anémique. Enfin le chaux est encore indiquée à l'intérieur toutes les fois que les aliments sont trop pauvres en sels calcaires pour suffire aux besoins de la nutrition des os. Elle est employée contre le rachitisme, dans les cas de fractures pour favoriser la formation ducal. Elle doit aussi être donnée aux femelles pleines pour acti- ver la formation du squelette du fœtus. Cependant, comme c'est plutôt l'acide phosphorique qui fait défaut dans les aliments, il vaut mieux administrer de la poudre d'os ou du phosphate de chaux. L'action anti parasitaire de la chaux est utilisée à l'extérieur pour combattre les poux, les puces, les acares de la gale. L'action désinfectante de la chaux peut être utilisée pour laver le sol, les murs des locaux infectés : on peut même maintenir un lait de chaux en contact permanent avec les pieds des animaux atteints de maladies transmissibles. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 157 Doses. — Les doses internes d'eau de chaux sont : Grands ruminants 1 àa litres. Solipèdes 1 4 — Petits ruminants et porc 1/4 à 1 litre. Chien 3 cent, à 1 décil. Préparations. — Principales préparations pharmaceutiques à base de chaux. 1° Linimenl calcaire. Eau de chaux 2bQ grammes. Huile d'olive 32 — Mettez les deux liquides dans un Uacon et agitez jusqu'à ce que le savo- nule soit formé. Convient surtout contre les brûlures. 2" Poudre détersive. Chaux éteinte en poudre flne 1 partie. Charbon de bois pulvérisé 2 parties Mélangez et conservez à l'abri de l'air. 3° Lait de chaux. Chaux éteinte 100 grammes. Eau ordinaire 1 litre. Délayez, conservez dans un vase et remuez avant de vous en servir. 4» Eau de chaux. Chaux récemment éteinte 25 grammes. Eau commune 1 litre. Délayez, passez au filtre ou décantez et conservez à l'abri de l'air. d. Sels métalliques antiseptiques. Beaucoup de sels métalliques sont antiseptiques; mais, comme ils sont en même temps caustiques et astring-ents, nous n'étu- dierons spécialement dans ce chapitre que le permanganate de potasse, le chlorate de potasse, les mercuriaux et les composés d'argent. ^ Permanganate de potasse. MaO^K. Le permanganate de potasse se présente sous forme de petits cris- taux bruns très solubles dans l'alcool, solubles en 15 parties d'eau. Les solutions aqueuses ont une coloration d'un beau rouge vio- let, qui disparait graduellement si on y ajoute des matières 158 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. organiques. Cette décoloration est due à ce que les matières organiques désoxydent le permanganate et le décomposent. Le permang-anate tache en brun la peau et les linges. Pour faire dis- paraître oes taches, on se sert d'une solution d'acide chlorhydrique à 2 p. 100, de sel d'oseille à 3 p. 100, d'une solution concentrée d'acide tartrique ou mieux d'une solution de bisulfite de soude à 10 ou 20 p. 100. Il ne faut pas l'associer à des corps très oxydables, parce qu'il pourrait former des composés explosifs. Effets. — En raison de son g-rand pouvoir oxydant, le perman- ganate de potasse est un antiseptique et un désodorisant éner- gique. Son action n'est que fug-ace à cause de sa décomposition i-apide au contact des tissus et des liquides organiques. Appliqué localement sur les tissus, il est astringent^ irritant ou caustique, suivant le deg"ré de concentration de ses solutions. Au- dessous de 1 p. 1000, il est simplement astringent; de 1 p. 1000 à 1 p. 250, il est irritant; en solution plus concentrée, il est caustique. Le permanganate de potasse est un des meilleurs agents anti venimeux contre le venin des serpents. Indications thérapeutiques. — Le permang-anate de potasse est indiqué : 1° Contre les écoulements muco-purulents du vagin, du canal de l'urèthre, de l'oreille, etc. Des injections avec une solution tiède à 1 p. 1000, 1 p. 2000, 1 p. 3000 ou 4000, désinfectent et désodorisent la muqueuse, puis ar-rêtent l'écoulement; 2° Contre les ophtalmies purulentes. Les irrigations avec une solution de 1 p.»2000 donnent d'excellents résultats (Kalt) ; 3" Comme désinfectant, astringent, cicatrisant et désodori- sant sur toutesles plaies, les fistules, les caries, etc:, principalement quand il y a suppuration avec mauvaise odeur, en solution à 1 p. 1 000 à 1 p. 100 suivant les cas ; 4° Comme désinfectant du champ opératoire, des mains et des instruments dans la chirurg-ie ordinaire et en obstétrique (Voy. Asepsie) ; 5" Comme antiveniîneux, il constitue un antidote sûr du venin de la vipère, si on a le soin d'injecter exactement au point mordu et autour une quantité totale de 1 centimètre cube d'une solution aqueuse a 1 p. 100. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 459 Chlorate de potasse, KCIO-'. Le chlorate de potasse se présente sous forme de petites lames rhomboïdales, incolores et brillantes; il est incolore, inodore, d'une saveur fraîche et légèrement stvptique, soluble dans IG parties d eau froide et dans 2 parties deau bouillante, dans 30 parties de glycérine, insoluble dans l'alcool absolu. Trituré avec des substances organiques, il forme un mélange facilement explo- sible. Avec le perchlorure de fer, la glycérine, rhyposullite de soude, le charbon, le soufre, le sulfure d'antimoine, le chlorate de potasse peut donner également lieu à une explosion. 11 y a donc incompatibilité chimique avec ces corps. Effets physiologiques. — Ce sel en poudre ou en solution n'exerce qu'une action légèrement excitante et antiseptique sur la peau, les muqueuses et les solutions de continuité. Son action antiseptique est due au dégagement d'oxygène et d'acide chlo- rique en présence des tissus. 11 est assez facilement supporté par le tube digestif et est absoibé rapidement par la muqueuse g-astro-intestinale ; il produit un ralentissement du pouls et une diurèse abondante. Sous son influence l'urine, prend une réaction acide, même chez les her- bivores. U est éliminé rapidement en nature par les urines, la salive, les larmes, le lait, la sueur, la bile, le mucus nasal et bronchiquei, Généralement, l'élimination est complète trente-six heures après l'administration. A doses fortes, le chlorate de potasse peut déterminer une intoxication. Il produit un état fébrile marqué, une accélération de pouls et de la respiration, la cong-estion des muqueuses, de la salivation, des convulsions, des douleurs néphritiques, de l'héma- turie et de l'anurie, de la tristesse, la perte des forces et enfin la mort par arrêt du cœur. Les jeunes animaux sont plus sensibles à l'action de ce sel que les adultes. A l'autopsie, on trouve le sang- noir, le poumon et le foie cou- leur chocolat. La coloration noire du sang- est due à l'altération de l'hémoglobine et à sa transformation en méthémoglobine (Marchand). Emploi thérapeutique. — L^ chlorate de potasse convient, à 160 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. // titre d'antiseptique, contre les affections de la bouche, de la gorge, telles que la stomatite mercurielle, la stomatite couenneuse, les aphtes, le muguet, Tangine couenneuse, le croup, etc. On s'en sert aussi avantag-eusementpour laver les plaies, dont il hâte la cicatrisation, et en injection dans les cavités tapissées par les muqueuses pour modifier et tanr les écoulements muco- purulents. '^' A l'intérieur, il agit favorablement sur les fausses membranes, qui se développent dans un conduit quelconque et facilite leur dissolution et leur expulsion. Il a donné d'excellents résultats à l'intérieur contre la bronchite et le cancroïde de la lèvre chez le chat et le cheval. Doses. — On l'utilise en solutions aqueuses de 1 à 4 p. 100. Doses médicainenteufies . Cheval et Lœul" o à 10 graïuaies. Petits ruminants 2 à. 6 — Porc 1 à 4 — Carnivores 0,50 à 2 — Doses toxiques. Cheval 150 grammes. Chien 10 à 12 — Incompatibilités. — Il ne faut pas associer les chlorates et les iodures, car il se forme dans l'estomac de l'iode hbre qui est irri- tant (Rabuteau) et dans l'intestin de l'iodate de potasse toxique (Melsens). Préparations. Garcjarisme (Codex). Chlorate de potasse 10 Eau distillée 250 Sirop de mûres 50 Faites dissoudre le sel dans l'eau et ajoutez le sirop. Glycérolé de chlorate de potasse (Martinet). Glycérine ' 10 Chlorate de potasse 1 Contre les ulcères, la stomatite ulcéreuse. Mercuriaux. Tous les composés de mercurosont antiseptiques et antipara- ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 161 sitaires, mais les plus puissants sont le sublimé, les cyanure et oxycyanure de mercure et le biiodure de mercure. ■^ BiCHLORURE DE MERCURE. IIyG12. [Subliiné corrosif. Chlorure mercuriqiie.) Le sublimé corrosif est un sel cristallisé en prismes très petits, qui forment une poudre blanche, inodore, d'une saveur caustique. Il est soluble dans l'eau ^froide dans la pi^oportion de 1 p. 15 et dans l'eau chaude dans celle de 1 p. 2 ; dans la glycérine àl p. 13,3; plus soluble dans l'alcool, dans l'éther. La solution a une légère réaction acide et se décompose partiellement à la lumière. Les acides chlorhydrique, nitrique, l'acide tartrique et les chlorures alcalins aug-mentent sa solubilité dans l'eau. Il précipite rapide- ment toutes les matières protéiques en s'y combinant. Le coag'u- lum formé est soluble à la fois dans un excès de ce sel, dans l'albumine et dans la solution des chlorures alcalins, y compris le chlorhydrate d'ammoniaque. Il se combine avec le chlorure de sodium pour former HgGFNaGr--l-H'-0. Effets. — Des solutions àl p. 20000 tuent les microorganismes etdétruisent les virus. La solution au Ip. 1000 estsûrementtoxique pour tous les microbes à l'état de bacille et de spores (Voir les ta- bleaux). Il ne faudrait pas en conclure cependant que le sublimé est tou- jours l'antiseptique le plus avantageux. En présence de l'albumine, il se précipite et perd sa vertu microbicide. Il n'empêche la putré- faction du sang- qu'à Ip. 400, et les solutions à 2 p. 1000 ne suf- fisent pas à désinfecter les crachats tuberculeux. D'autres anti- \^^^J\^yf septiques moins puissants peuvent avoir, dans bien des cas, un effet, plus sûr. V Le bichlorure de mercure est de tous les sels caustiques celui qui agit le plusénergiquement. Aussitôt qu'il est mis en contact avec un tissu, il se combine avec ses matières albuminoïdes et le transforme en une escarre. La cautérisation par le sublimé corrosif est prompte, douloureuse, mais n'est pas très profonde : elle suscite toujours une in ft animation considérable, une exsu- dation plastique abondante et une suppuration copieuse. L'escarre est d'abord molle et frag-ile, puis elle devient sèche et g-risàtre en se ressejfrant. Elle ne se détache des tissus qu'avec Kaufmann. 11 V- 162 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. lenteur et à mesure que la suppuration se développe. Les plaies « Ji ^ laissées par la chute de l'escarre ne se cicatrisent que lentement, (^^/^^^ ce qui constitue un certain inconvénient. L'absor|ilion du bichlo- rure de mercure n'est ])as à craindre dans les cas ordinaires ; Tempoisonnement mercuriel ne sur-vient que lorsqu'on applique ce sel sur une trop g-rande surface ou quand on introduit des tro- chisques dans le tissu conjonctif sous-cutané. Dans ce ras, i'es- ^.'oO-^*^ carre est en partie dissoute par les liquides allDumineux en excès, et le sel de mercure devient absorbable. En solutions très étendues, le bichlorure de mercure peut être administré en petite quantité à l'intérieur sans occasionner aucun désordre local. Arrivé dans l'estomac et l'intestin, il forme un chlorure double de sodium et de mercure qui se combine à l'albu- mine. Il est absorbé et produit les effets ordinaires des mercu- riaux. A doses extrêmement faibles, le sublimé excite la nutrition, aug-mente le nombre des globules du sang- ou favorise l'engrais- sement. Mais, aussitôt que les doses sont un peu plus fortes, il produit des effets inverses, c'est-à-dire qu'il amène l'amaig-ris- sement, l'anémie et tous les sig'nes de l'infection mercurielle. Administréàl'intérieur à l'étatde solutions fortes, il désorganise la muqueuse dig'estive et tue rapidement les animaux en produi- sant une g'astro-entérite et une infection mercurielle aig-uë. C'est un désinfectant et un atitiparasitaiî'e très énerg-ique. Indications thérapeutiques. — 1" Comme caustique, le subli- mé corrosif est surtout employé avantageusement dans le trai- tement des caries osseuses, cartilagineuses, tendineuses ou ligamenteuses, dans celles qu'on remarque dans le clou de rue pénétrant, dans le javart cartilagineux, le mal de g-arrot, le mal de taupe, les plaies articulaires, etc. A cause de son action coagu- lante énerg-ique et de l'inflammation intense qu'il développe, ce caustique convient très bien pour obtenir la fermeture des fistules articulaires ou tendineuses. M. Saint-Cyr, quia surtout étudié ce puissant moyen, recommande d'appliquer sur l'orifice de la fistule un emplâtre de poix noire saupoudré convenablement de sublimé corrosif. Quand la fistule est profonde, on y introduit le caustique avec un petit tampon de coton ou une sonde cannelée ; 2" Comme irritant cutané et antiparasitaire, le sublimé est /• •■ indiqué contre les exanthèmes humides de toute nature, les ma- ft'-''-i ladies parasitaires de la peau, telles que : teigne, prurig-o, pity- riasis, gales, contre les eaux aux jambes, le crapaud, etc. 11 faut ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. i&'i toujours se servir de solutions étendues, les appliquer sur une petite surface à la fois et empêcher les animaux de se lécher. Le sublimé est un antig-aleux dangereux et moins efficace que le crésyl. 3° Comme fondant^ il est efficace contre la plupart des tumeurs indolentes, telles que : les tumeurs de l'appui du collier, le çapelet, l'épong-e, les mollettes et vessig-ons indurés, les kystes, les engorgements g-anglionnaires, les exostoses, les ostéosar- comes, etc. ; ^° Comme révulsif énergique^ il est employé sous forme de trochisque contre les boiteries anciennes de l'articulation coxo- ■'(o'i-CU fémorale ou scapulo-humérale ; / 5° Comme destructeur^ pour mortifier rapidement le cordon testiculaire dans la castration avec les casseaux ; G° Comme antiseptique et cicatrisant^ il est employé en solu- tions étendues pour faire les pansements après les opérations chirurgicales ou pour laver les plaies ou les surfaces suppurantes. 7° Com?ne désinfectant^ il est indiqué pour détruire les virus, les ag'ents infectieux, attachés à la surface du champ opératoire, aux instruments et aux mains du chirurgien, ou disséminés dans les locaux où ont logé des animaux atteints de maladies contagieuses. Les solutions à 1 p. 1000 sont très antiseptiques surtout à chaud, mais elles offrent le grave inconvénient d'altérer le tranchant des instruments. Pour la désinfection des muqueuses, surtout de la muqueuse g-énito-urinaire, en obstétrique, il faut n'employer que des solutions très diluées à 1 p. 4000. Les empoisonnements sont à craindre surtout chez les femelles des ruminants. Il y a donc lieu d'être prudent dans l'emploi des injections et des lavages antiseptiques au sublimé dans les voies génito-urinaires. D'ailleurs les injections sont douloureuses et suivies d'efforts ex- pulsifs violents ; 8° Comme irritant astringent^ il peut rendre des services dans les conjonctivites et l'opacité de la cornée, en solution à 0,05 à 0,20 p. 100; 9° Pour l'usage interne, le sublimé corrosif répond aux indica- tions ordinaires des mercuriaux. Préparations. l» Poudre, 2o Pastilles de sublimé de 1 gramme. Les pastilles dans lesquelles entre exactement 1 gramme de sublimé sont 164 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. très avantageuses dans la pratique pour la préparation instantanée de solu- tions antiseptiques et désinfectantes. 3° Papier imprégné d'une dose déterminée de sublimé. Pour obtenir une solution titrée, il suffit de faire tremper dans de l'eau distillée un carré de papier contenant une quantité connue de sublimé. 4" Solutions titrées pour divers usages. Pour l'antisepsie chirurgicale, on fait des solutions à 1 p. 1000, ou 1 p. 2000, ou 1 p. 5 000. — Pour tuer les parasites cutanés, on fait des solutions plus fortes, de 0,5 à 1 p. 100. Solution à i p. 1000. Sublimé 1 Chlorure de sodium 2 Eau distillée 1 000 5» Ouate sublimée. Pour la préparer, on stérilise le coton dans une étuve à vapeur et on le trempe dans une solution formée de : Sublimé 10 Glycérine 500 Alcool 1 000 Eau 1500 Puis on laisse sécher. 60 Collodion caustique. Sublimé 1 Collodion 10 7° Eau phagédénique. ^.^j^P^eri^Crf- Bichlorure de mercure 0e'',40 Eau de chaux 125 Dissolvez le sublimé corrosif dans un peu d'eau distillée, ajoutez la solu- tion à l'eau de chaux et agitez vivement. 8° Eau phagédénique vétérinaire (Lecoq). Bichlorure de mercure 1 gramme. Eau de chaux 10 grammes. Alcool Q. S. 9" Eau phagédénique de Solleysel. Sublimé corrosif i „c . . . ,f . \ 32 grammes. Acide suliurique ^ ° Alcool 250 — Eau de chaux 1500 — Versez doucement l'acide dans l'alcool; faites dissoudre le sel et ajoutez ensuite l'eau de chaux. ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 165 10° Topique fondant de Girard. Biclilorure de mercure 32 grammes. Térébenthine de Bordeaux 380 — Incorporez à froid. 11" Topique fondant de Duthreil. Sublimé corrosif Ifi grammes. Collodion 100 — 12° Liqueur de Chevry. Sublimé 4 grammes. Alcool 32 — 13" Pommade de sublimé corrosif. Sublimé corrosif 64 gra es Huile de laurier 260 Huile d'olive 100 14° Collodion caustique. Collodion 30 grammes. Sublimé corrosif 5 — 10° Trochisques. Formule n° 1. Sublimé corrosif 1 gramme. Amidon 2 grammes. Mucilage de gomme adragante Q. S. Faites une pâte consistante qu'on divise ensuite en petits fragments de forme conique. Formule n° 2. Sublimé corrosif 2 grammes. Minium 1 gramme. Amidon et gomme adragante Q. S. 16° Trochisques simples. Sublimé corrosif en masse, taillé en petits cônes du poids de 2 à 3 grammes au plus pour les grands animaux. 17° Liqueur de Van Swielen. Sublimé corrosif 1 gramme. Alcool à 80° 100 grammes. Eau distillée 900 — 18» Liqueur de Mialhe. Sublimé 1 gramme. Sel marin 2 grammes. Sel ammoniac 2 — Eau distillée 1 litre. 166 ANTISEPTIQUES MINEKAUX. 19° Solution employée en obstétrique humaine : Sublimé 25 centigrammes. Acide borique 1 gramme. Solution alcoolisée (Iccarmin d'indigo. I goutte. Mêlez et réduisez en poudre impalpable. .V. B. — Cette dose est pour 1 litre. Cette solution étant colorée en bleu, on se met sûrement à l'abri des erreurs. 20° Glycéré de chlorure mercurlqxte (Codex). Chlorure mercuriquc 1 Alcool à 90° 10 Glycérine 500 Dissolvez le sublimé dans l'alcool et mélangez le soluté à la glycérine. Administration et doses. — La poudre est appliquée directement sur les parties à cautériser. On la transporte au fond des fistules avec une sonde cannelée. Les autres préparations sont appliquées d'une manière spéciale suivant leur nature. Pour l'usag-e interne et l'injection hypodermique, on fait surtout usage de la liqueur de Van Svvieten ou de celle de Mialhe. lo Doses toxiques. Cheval 8 gr. (estomac) 4 gr. (veines). Bœul 8 — Mouton i — c n o,-«ao.,» i s«;;:^:;7°""'>- 2° Doses thérapeutiques (esfoniac). Grands herbivores Os''.10 à 0^^,30 Porc 06^,01 à 0B^02 Mouton Oe'-.Ol à Os',02 Chien 0sf,00b à Os'-.Ol BlIODURE DE MERCURE. Hgl'-. (lodure merciirique.) Le biiodure est en poudre d'un roug-e-coq^uelicot magnifique, inodore, insipide, presque msoluble dans l'eau froide, soluble dans 130 parties d'alcool à 90". Les chlorures et les iodures alcalins facilitent sa dissolution dans l'eau. Effets et usages. — La pommade de biiodure de mercure produit ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 167 d'abord la vésication, puis l'engorgement de la peau et des parties sous-jacentes, la chute de l'épiderme et des poils. Dans le tube dig-eslif, les ellets irritants de ce sel sont identiques ; aussi ne Temploie-t-on jamais à l'intérieur. A l'extérieur, la pommade de biiodure de mercure est indiquée en frictions pour résoudre les engorgements glandulaires et les tumeurs indolentes, les diverses espèces de dilatations synoviales des gaines tendineuses, des bourses séreuses, les engorg-ements tendineux, les tumeurs osseuses. Cette pommade réussit souvent fT"^ i^ là où le feu et les vésicants ont échoué. Pour éviter les tares qui ji^i-*- ■^'^' '^ pourraient résulter de ces frictions, il est nécessaire de les inter- ' rompre de temps en temps pour laisser calmer rirritation locale. C'est un désinfectant des plus puissants ; il est plus antisep- tique que le sublimé, mais moins toxique aux mêmes doses. Préparations. Pommade de protoiodiire de mercure. Protoiodure de mercure 1 Axonge 8 Pommade de biiodure de mercure. Deutoiodure de mercure 1 Axonge 8 Selon l'exigence des cas, on augmente ou on diminue la pro- portion de sel mercuriel. Pour augmenterles vertus fondantes de ces pommades, on y ajoute de l'iodure de potassium. Ti'aitement du capelef, d'après Payrou. D •• , 1 „ ■ {jyW(/J^o.^^(MJ^ . Biiodure de mercure 1 1 Acide phénique cristallisé 50 Alcool à 90O 2o0 Dissolvez. Badigeonnerquatrejoursde suite la surface de la bourse séreuse avec ce mélange. Ce trailement, qui ne produit que l'exfoliation de l'épiderme sans chute de poils, amène la disparition 'complète du capelet en vingt-cinq jours. I! est propre, simple et efficace [Rep. de police San., 1907). Solution antiseptique. Biiodure de mercure Oer.Sb lodure de potassium 0s'",50 Eau , 1000 pissolve^. 168 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. Cette solution peut être employée aux mêmes usages antisep- tiques et désinfectants que les solutions de sublimé. Cyanure et oxycyanure de mercure. SlLlCOFLUORURE DE MERCURE. D'après M. Chibret, le cyanure et l'oxycyanure de mercure ont une puissance antiseptique six fois plus grande que le sublimé et offrent les avantages suivants : La solution HgOHgCy à 1 p. 1 500 ne précipite que très peu l'albumine et est bien tolérée par les plaies et les muqueuses; l'absorption est moindre qu'avec le sublimé, elle n'attaque que d'une façon insi- gnifianteles métaux usités en chirurgie; acier, cuivre, maillechort, argent ; cette supériorité a été confirmée depuis par divers auteurs. Le silicofluoimre de mercure serait un antiseptique plus éner- gique que le sublimé et dont les propriétés toxiques ne seraient pas à redouter (Haillon, Lefrancet Poupinel). Hermophényl. L'hermophényl est un composé organométallique dont le nom est mercure phénoldisulfonate de sodium et qui contient 40 p. 100 de mercure. C'est une poudre blanchâtre, amorphe, très soluble dans l'eau et dans la glycérine, inodore et peu sapide. Effets et emploi. — Il possède des propriétés bactéricides remarquables sans être très toxique, sans irriter les tissus et sans coaguler les liquides albumineux. En solution à 1 p. 100, il détruit les principaux agents pathogènes après quelques minutes ; les solutions à 1 p. 1000 agissent aussi, mais moins rapidement. Les solutions d'hermophényl même concentrées peuvent être maintenues longtemps au contact des muqueuses, des plaies et de la peau sans provoquer d'irritation. Le savon antiseptique à 1 p. 100 d'hermophényl peut être avantageusement employé pour la désinfection des mains du chirurgien. Les objets de pansement (ouate ou gaze) imprégnés d'hermophényl peuvent rendre les mêmes services que la g-azc iodoformée et le coton salicylé. On emploie avec succès l'hermo- phényl dans la désinfection des plaies anfractueuses et de grande ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 169 étendue ; il est surtout très avantag-eux chez le chien et chez le bœuf, animaux très sensibles à l'intoxication mercurielle. Em- ployé en poudre, il a donné d'excellents résultats dans les clous de rue. Les solutions d'hermophényl conviennent à titre d'anti- septique, dans le catarrhe auriculaire du chien, les conjonctivites, les vag-inites, les lavages de l'utérus. Argent et ses composés. Argent (Nitrate d'). AgAzO^. Ce sel, encore appelé azotate d'argent, pierre infernale, est sous forme de petites lames brillantes, blanches, inodores, caustiques. Chauffé, il fond et peut être couj^ en bâtons (pierre JÊ. o-^^^^ a infernale). Exposé à l'action de la lumière, il noircit et se ^^ décompose partiellement, d'où la nécessité de le conserver dans des flacons opaques. Il est soluble dans son poids d'eau froide, et dans l'eau chaude en plus forte proportion encore; il est insoluble dans l'alcool. Ses solutions aqueuses ont une réaction neutre. Effets. — Le nitrate d'argent est très antiseptique, mais il est difficile de l'utiliser à ce titre en raison de sa causticité, de son action coagulante sur l'albumine, de la facilité avec laquelle il se laisse réduire et de son a/'/î.ni té pour les chlorures. Sur la peau sèche, le nitrate d'argent soHde, en cristaux ou en bâtons, n'a aucun effet, à moins que le contact dure très longtemps. Si la peau est humide ou si on emploie des solutions concentrées, ce sel colore rapidement la surface touchée, en violet, puis en noir. L'épiderme est désorganisé, perd sa vita- lité et tombe au bout de quelques jours en laissant au-dessous un nouvel épiderme. Quand l'action du nitrate d'argent est continue, le derme est mortifié à son tour sui- une profondeur plus ou moins grande, et il en résulte une escarre rétractile noire. Au moment de l'escarrification, ce sel produit une vive douleur. Sur les solutions de continuité et les muqueuses, Vefjfet caustique est encore plus prompt et plus énergique que sur la peau. L'es- carre produite est d'abord molle et superficielle, de couleur blanche avec reflet argentin; puis, à mesure que le caustique con- 170 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. tinue son action, elle devient plus épaisse, plus consistante, et prend bientôt, sous l'influence de la lumière, une coloration vio- lette, puis bistre, et enfin noire. La formation de l'escarre doit être attribuée, d'après les tra- vaux les plus récents, à la grande affinité de ce sel pour l'albu- mine, dont la précipitation rapide forme une couche d'abord blanche, puis violette, puis noire. Ces changements de colora- tion de l'escarre sont dus à la formation de chlorure d'argent, sel qui est très altérable à la lumière. L'escarre est toujours superficielle; elle se détache promptement par petits fragments et laisse une surface qui se cicatrise rapidement. L'inflammation périphérique est toujours modérée et la suppuration presque nulle. Le nitrate d'arg-ent n'est caustique que lorsqu'il est employé solide ou sous forme de solutions concentrées à 1 p. 5 ou 1 p. 10. En solution plus étendue, il est seulement astringent et antisep- tique. Il resserre énergiquement les petits vaisseaux et produit une anémie locale très forte. Des solutions concentrées n'ont pas d'elfet vaso-constricteur local; elles ag-issent à la façon des caus- tiques et des inflammatoires. Le nitrate d'argent coagule rapidement la surface des plaies et des muqueuses sup|)urantes, tarit les sécrétions et hâte la cicatrisation. Introduit dans les voies digestives, dilué et à petites doses, l'azotate d'argent est facilement supporté. Dans l'estomac, il se combine avec l'albumine et perd ainsi une partie de ses effets caustiques. C'est pourquoi son action irritante est moins éner- g-ique dans le tube digestif qu'à la surface du corps. Des solutions qui attaquent l'épiderme ne produiraient aucun elfet escarro- tique sur la muqueuse dig-estive. Dans l'estomac, il se forme aussi du chlorure d'arg-ent. Les solutions étendues produisent sur la muqueuse g-astro-intestinale un eilet astringent et anti- sécrétoire. Quand le nitrate d'arg-ent est administré à doses plus fortes et surtout à l'état solide, il détermine une in/ïamtnafion de la muqueuse et souvent aussi des ulcérations dans les points où les parcelles du caustique séjournent. Pendant son séjour dans le tube digestif, le nitrate d'arg-ent peut passer à l'absorption. Une partie cependant reste insoluble et est rejetée avec les excréments sous forme de sulfure d'arg-ent. La partie absorbée ne produit pas de modifications sensibles sur ANTISEPTIQUES MINÉKAUX. 171 la circulation, In respiration et la calorification, mais agit sur la nutrition et les fonctions 7ierveuses. Après un usage interne un peu prolong-é de ce nnédicament, la peau se colore en violet ou en noir, surtout dans les régions exposées à la lumière ; on observe aussi un amaig-rissement rapide. Si Tadminislration est arrêtée à temps, les animaux reviennent peu à peu à leur état normal, mais la coloration pig-mentée de la peau persiste très longtemps à cause de la lente élimination de Targ-ent métallique déposé dans le tissu du tégument. Si l'admi- nistration continue, Tamaigrissement se prononce de plus en plus, des maladies catarrhales apparaissent, puis arrivent la paralysie de la sensibilité et de la motilité, et enfin la mort. Ce médica- ment atteint assez rayjidement le système nerveux, dont il affai- blit les propriétés vitales. A Tautopsie, on retrouve l'argent dans les os, le pancréas, les plexus choroïdes, les intestins, le foie, les bronches, le cerveau. Antidotes. — Les contrepoisons du nitrate d'arg-ent, encore contenu dans le tube dig-estif, sont le sel marin (Orfila) et le proto- sulfure de fer récemment précipité (Mialhe). Indications. — A l'intérieur, le nitrate d'argent est indiqué : 1° Contre Vépilepsie. Beaucoup de cas de guérison ont été observés. II n'est pas possible, avec l'état actuel de nos connais- sances, de donner l'explication du mécanisme de ces guérisons. Il est vrai que la nature de l'épilepsie est fort peu connue en pathologie vétérinaire ; 2" Pour combattre la diarrhée rebelle et arrêter l'état catar- rhal de la muqueuse gastro-intestinale. Le nitrate d'argent est contre-indiqué quand il y a inflammation aiguë du tube digestif. A l'extérieur, le nitrate d'argent est indiqué : 1° Comme caustique, pour réprimer le bourgeonnement trop actif des plaies, pour détruire les néoplasmes superficiels. Ce caustique n'agissant jamais profondément sur les tissus, ne con- vient pas pour détruire des tumeurs épaisses; dans ce dernier cas, il lui faut préférer les acides minéraux ou le chlorure de zinc; 2° Comme astrifigcîit, en solutions plus ou moins fortes, pour dessécher les plaies, pour les rendre aseptiques, pour modifier leur surface et hâter la cicatrisation. Les plaies atoniques surtout sont modifiées très favorablement par le nitrate d'argent. On s'en sert aussi très avantageusement en injection sur les muqueuses qui sont le siège d'un catarrhe chronique ou dans des fistules 172 ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. difficiles à tarir. Ainsi on l'emploie avec succès contre Yotorrhée, la carie du empilage de la conque; contre le corijza chronique^ Vozène; contre la vaginite QiVurétrite chroniques, Vacrobuslife; contre les maladies cutanées sécrétantes, Vérysipèle grave, les crevasses, les eaux auxjafnbes, le crapaud, etc. Enfin le nitrate d'argent est un remède héroïque contre les maladies inflamma- toires des yeux. Il réussit surtout bien contre les affections de la conjonctive et des paupières. Il n'a aucune action curative sur la fluxion périodique. Préparations. 1° Nitrate d'argejit (pierre infernale). On fait fondre les cristaux de nitrate d'ariçent et on coule le li({uide dans des tubes de verre graissés à l'intérieur. Après refroidissement, le nitrate d'argent est en petits bâtons cylindriques de la grosseur d'une plume à écrire, d'une teinte ardoisée extérieurement, et d'une couleur grise en dedans avec disposition radiée et cristalline. On conserve ces bâtons dans des llucons remplis de graine de lin sèche. 2° Solutions aqueuses titrées à 1/2, 1, 2, 5, etc., p. 100 3° Solution albumineuse Delioux. Nitrate d'argent cristallisé Ob'",oO à o grammes. Blanc d'œuf n° 1 Eau distillée 250 — Sel marin OS'-.oO à o — Faites d'abord l'eau albumineuse et ajoutez successivement, en agitant sans cesse le sel d'argent, puis le sel marin dissous. 4° Pommade de nitrate d'argent. Azotate d'argent 1 A xonge 100 Administration. — Pour Vusage interne, on se sert de solu- tions aqueuses (eau distillée) ou glycérinées ù 1 p. 1000 qu'on administre en lavements ou en breuvag-es. On emploie aussi les pilules, lorsqu'on veut obtenir l'absorption du sel d'arg-ent. On peut l'employer aussi en injections intratrachéales pour combattre le catarrhe bronchique chronique, mais ce procédé ne parait pas donner de bons résultats dans la pratique. PourVusage externe, on se sert surtout du crayon de nitrate d'ar- g-ent ou de solutions aqueuses plus ou moins fortes, suivant les cas. Le crayon suffit presque à tous les besoins externes, mais il faut savoir g-raduer convenablement son action. En touchant légère- ment une plaie, on ne produit qu'un elTet astringent et désinfec- ANTISEPTIQUES MINÉRAUX. 173 tant énergique ; si on touche un peu plus fort, on détermine une lég-ère escarre superficielle, et on obtient une action caustique. Le praticien qui sait bien manier son crayon de nitrate d'arg-ent peut à volonté réprimer le bourgeonnement trop actif ou l'exciter quand il n'est pas suffisant; il peut ainsi régulariser les plaies les plus irrégulières et hâter leur cicatrisation. Les solutions caustiques sont de 5 à 10 p. 100 quand on veut les faire servir à cautériser des néoplasmes ; elles sont à 3 p. 100 quand elles doivent cautériser seulement une surface muqueuse ou une plaie. Pour lœil, on emploie, outre le crayon, des solutions de 1/2 à 2 p. 100. Le crayon sert surtout pour les granulations, les éro- sions, les boursouflements de la cornée, le staphylome, etc.; les solutions faibles pour les conjonctivites simples. Pour les conjonc- tivites purulentes g-raves, on peut employer les solutions jusqu'au litre de 5 p. 100. Pour faire les injections dans le canal de l'urètre, le vag-in, etc., on utilise les solutions de 0,50 p. 100 à 1 p. 100. Les taches noires produites par le nitrate d'argent sur la peau sont facilement enlevées en les lavant avec une solution de sel marin. Ce dernier peut être remplacé par le cyanure de potassium, la permanganate de potasse, une solution ammoniacale ou une solution étendue d'acide chlorhydrique. Doses : Doses thérapeutiques (estomac). Cheval 0,50 à 1 gramme. Bœuf 1 àlg^50 Mouton, porc Osr, jo à Oe', 30 Chien, chat Qgr^ 01 à Osr^ 05 En injection hypodermique, les doses sont moitié moindres. COLLARGOL OU ARGENT COLLOÏDAL. C'est une forme allotropique de l'arg-ent qui se présente sous forme d'une poudre noire, inodore, soluble dans l'eau, dans la proportion de 1 p. 25, mais non dialysable, d'où son nom d'argent colloïdal. Les solutions ont une couleur brun olivâtre ou noirâtre. Ce ne sont d'ailleurs pas des solutions parfaites, mais plutôt des suspensions de particules extrêmement tenues à peine visibles au microscope. Les sels et les acides précipitent le collarg-ol de ses solutions. Celles-ci sont rendues plus stables par l'addition d'en- 174 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. viron i p. 100 d'albumine. La chaleur précipite également le coUarg'ol, d'où la nécessité de faire les solutions à froid. Effets et emploi. — Introduit en thérapeutique humaine par le chirurgien Grédé, ce médicament a fait depuis l'objet de nombreuses recherches. On l'a vanté dans le traitement des maladies infectieuses, médicales et chirurg-icales, chez l'homme et les animaux. DiekerhofI' l'a conseillé en injection intraveineuse à la dose quotidienne de 0k'',50 dans 50 centimètres cubes d'eau chez le cheval atteint de fièvre pétéchiale. Les résultats obtenus par de nombreux praticiens avec ce mode de traitement ont été parfois entièrement négatifs. Ils n'ont pas été meilleurs lorsque le collarg-ol a été employé contre d'autres maladies infectieuses, comme la diarrhée des veaux, la fièvre vitulaire, la fièvre aphteuse, etc. De même le collargol ne peut pas servir utilement au diagnostic de la morve, comme le croyait Diekerhofî. Avec cet ag-ent employé en injection intraveineuse, beaucoup de chevaux morveux ne montrent aucune réaction caractéristique. Sels d'argent a acides organiques. Les comfiosés d'argent à acides organiques comme Vactol ou lactate d'argent, ïitrol ou citrate d'argent, constituent de bons désinfectants. Ils ont un pouvoir microbicide puissant, ne sont ni irritants ni toxiques et combattent efficacement la sécrétion purulente. On les a employés avec succès pour faire des lavag-es antiseptiques dans les voies g-énitales de la vache atteinte de non-délivrance. On emploie des solutions de 1 à 2 p. 1 000. Antiseptiques organiques. Formol. CH^O. (Forinaline. — Fortnaldéhyde. — Aldékyde formique.) Sous ce nom de formol., on préconise une solution aqueuse commerciale de 40 p. 100 d'aldéhyde formique. On le prépare industriellement en oxydant l'alcool méthylique. Il se présente sous forme d'un liquide incolore, sirupeux, à ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 175 odeur piquante. Les vapeurs ne sont pas inflammables. Il coag-ule fortement l'albumine (Trillat). La formaldéhydepeut se combiner avec l'amidon (amy/o/orm?;, avec la dextrine [dextroforme), avec l'ichtyol iichtyoforine) et donner lieu à des poudres qui s'emploient à la place de l'iodoforme. La solution de 0,5 à 2 p. 100 constitue un bon liquide pour conserver les pièces anatomiques et pathologiques. Effets et usages. — De nombreuses recherches faites sur ce corps, il résulte que le formol constitue un antiseptique très puissant comparable au sublimé et qui offre l'avantag-e d'être volatil et moins toxique. On l'a appliqué surtout à la conserva- tion de la viande, du lait et à la désinfection. On doit le proscrire pour la conservation des matières alimentaires, car il n'est pas toujours inofTensif. Dans le crapaud, les eaux aux jambes, des badig-eonnages au formol pur, ou dilué dans l'eau à 1 p. 2 ou 1 p. 4, ont donné d'excellents résultats. Associé au goudron dans les proportions variant de 1/2 à 1/5, le formol rend de grands services dans les traitements des fourchettes pouj^ries, échauf}'ées\ il tarit les sécrétions fistuleuses et les désodorise d'une façon remarquable (Chenotj. — On l'emploie aussi fort avantageusement en solution contre la carie dentaire et les fistules osseuses. D'après Frôhner, laformaline officinale à 40p. 100 est irritante et peut être dangereuse. On ne doit jamais l'administrer à l'in- térieur. D'après plusieurs auteurs, Hammert, Mushold et Zun- bar, le formol ne désinfecte pas à coup sûr les tissus en laine, poils et crins, surtout quand ils sont secs. Quand les microbes sont humectés, les vapeurs d'aldéhyde formique ont sur eux une action nocive plus énerg-ique. Le formol est considéré par beaucoup d'auteurs comme un agent de désinfection de premier ordre en même temps qu'un excellent désodorisa?it. On peut s'en servir utilement en solution de 1 à 2 p. 1 000 pour laver les plaies infectées et pour les pansements en cas de g-ang-rène. D'après les expériences récentes de M. Miquel, le procédé le plus avantag-eux pour la désinfection consiste à ajouter i par- tie de chlorure de calcium cristallisé à 2 parties de solution commerciale concentrée de formol ; la liqueur finale doit avoir 176 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. une densité voisine de 1,20. Cette liqueur sert à imbiler des linges que l'on suspend ensuite dans les placards, les armoires ou petits locaux qu'il s'ag-it de désinfecter. Après ving-t-quatre heures, la stérilisation est complète, il n'y a plus qu'à aérer jusqu'à disparition de l'odeur d'aldéhyde formique. Voici un procédé d'une application facile, qu'on peut utiliser pour la désinfection de g-rands locaux tels que étables, écuries, laiteries, fromag-eries, etc. Pour désinfecter une pièce de 100 mètres cubes, il faut prendre 2 kilogrammes de permang-anate de potasse, 2 kilogrammes de formol du commerce, c'est-à-dire de la solution à 40 p. 100, et 2 litres d'eau, placer le tout dans un récipient à large ouverture en versant d'abord le permanganate puis le mélange formol eau, se retirer en fermant le local à désinfecter, qui aura dû être préa- lablement calfeutré en collant des bandes de papier le long- des joints des ouvertures, pour empêcher le formol de se dégag-er au dehors. Le mélang-e mousse beaucoup ; aussi faut-il un récipient d'au moins 50 litres ou deux de 25 litres chacun pour recevoir le mélang-e de l'ingrédient. Au bout de six heures, la désinfection est achevée. Il suffît alors d'ouvrir les portes pour chasser les vapeurs de formol, ou bien les neutraliser en laissant évaporer de l'ammoniaque. A cause de son action irritante sur la peau, il ne peut pas servir pour désinfecter le champ opératoire. Il est employé beaucoup pour la conservation des pièces ana- tomiques. Formules de solutions de formaline pour la conservation des pièces anatomiques : 1° Solution de Gluge. Eau 1 000 Formaline 750 Nitrate de putassium dO Acétate de potassium 30 2° Solution de lati Harrevell. Eau 1 000 Formaline 100 Sulfate de sodium ) ~ . „ Sulfate de magnésium ) Chlorure de sodium 20 ANTISEPTIMUES ORGAMOUES. 177 En sortant de la solution de formaline, les pièces sont mises dans l'alcool de 85 à 95°. Tannoforme. ,Gi 41909 >CiiH909 ' CH2< Le tannoforme est le produit de la combinaison du tanin avec l'aldéhyde formique. Il s'obtient à l'état d'une poudre blanc rou- g-eàtre, très lég-ère, inodore^ à saveur légèrement astring-ente, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther et les solutions alcalines faibles. La solution a une couleur jaune ou brun rouge. Par l'addition d'une g'outte de perchlorure de fer, il se forme un précipité bleu foncé de tannate de fer soluble dans l'acide chlor- hydrique. Il possède des incompatibilités avec les sels de fer, les alcaloïdes végétaux, les albumineux et les mucilagineux. Effets et usages. — D'après les essais faits en Allemagne par Frohner, Bass, Wuif, en France par Bissauge, etc. , le tannoforme jouit des propriétés combinées de ses deux composants, tanin et aldéhyde formique, et constitue un excellent astringent et un désinfectant puissant. Les plaies saupoudrées avec de la poudre de tannoforme sont désinfectées et cicatrisées rapidement. La suppuration, les sécré- tions morbides sont taries et rendues inodores. D'après Frohner, c'est de tous les médicaments connus actuellement celui qui offre le plus d'avantages dans le traitement des plaies, des ulcérations. Il estavantag-eusement employé aussi à titre d' antiparasitaire externe dans les gales, principalement dans la g-ale des oreilles chez le chien, l'herpès, l'impétigo, le lichen, le pityriasis, le pso- riasis et toutes les inflammations cutanées. En raison de son bon marché, de ïabsence d'odeur et de ses vertus cicatrisajites, il est bien supérieur à l'iodoforme, dont il remplit d'ailleurs toutes les indications externes. A l'intérieur, le tannoforme est peu toxique et manifeste à un haut deg-ré ses propriétés astringentes et désinfectantes, ce qui le fait employer avec avantag-e dans toutes les affections accompa- gnées de diarrhée, de catarrhe et de fermentations anormales du côté du tube digestif. Le tannoforme se décompose dans le canal intestinal en pré- sence des sucs alcalins en ses deux éléments, l'acide tannique, Kaufmann. 12 178 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. qui est un astringent, et Taldéhyde formique, qui est un antisep- tique. Aussi donne-t-il d'excellents résultat dans les diarrhées chez tous les animaux. Il arrête la diarrhée chez les veaux et les chiens à la dose de 1 à 3 g-ranrimes répétée deux à trois fois par jour ; chez le cheval et les grands ruminants adultes, à celle de 20 à 25 g-rammes (Bass, Bissaug-e). Il s'est montré efficace ég-alement contre Vhéma- tiiric chez les bovins à la dose de 20 à 30 grammes par jour. Mode d'emploi. — a. Pour f usage externe, on emploie le tanno- forme : 1° En poudre soit seul, soit mélangé en proportion variable avec l'acide borique, l'alun, le sucre pulvérisé, le talc, l'amidon, le charbon, la poudre de quinquina, le cachou, la colophane, etc. ; 2" En pommades. Formules indiquées par Bissauge : Tannoi'orme 10 grammes. Paraffine 100 — Protecteur antiseptique et cicatrisant. go Tannoforme 5 grammes. Vaseline ou lanoline 25 — Plaies, eczéma, dermatoses. 3° Tannoforme 10 grammes. Beurre de cacao / „ ^ Huile de ricin ) ^" Fistules, javart. 40 Tannoforme 5 grammes. Huile de bouleau 1 gramme. Vaseline 25 grammes. Essence d"eucalyptus OB'", 50. Blépharite. 5° Tannoforme 3 grammes. Huile d'amandes douces 50 — Blanc de baleine 30 — Cire blanche 2 — Eau de roses 2 — Dartres, eczéma. 0° Tannoforme 2 grammes. Savon vert ... 20 — Alcool de lavande 10 — Eczéma, psoriasis. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 179 3" Associé au goudron, à l'huile de cade : 1" ââ 10 grammes. Tannoforme Goudron végétal Dermatoses humides. 2° Tannoforme 10 grammes. Huile de cade 30 — Alcool Q. S. Ezcéma humide. 4° En solution alcoolique ou éthe're'e, glycérinée, ou associé au coliodion : 1° Tannoforme 10 grammes. Alcool 50 — Glycérine 30 — Plaies articulaires. Tannoforme 5 à 10 grammes. Éther Q. S. Coliodion 100 grammes. Sutures, plaies articulaires. 3° Tannoforme 10 grammes . Alcool ou éther Q. S. Brûlures, plaies, kystes. 40 Tannoforme 10 grammes. Alcool 50 — Essence de Wintergreen 3 — Glycérine 10 — Catarrhe auriculaire. b. Pour V usage interne, le tannoforme est donné en potion, breuvage, en suspension dans une infusion froide, dans du vin, dans une décoction d'avoine ou d'org-e; en électuaire mélang-é à la poudre d'écorce de saule, de quinquina et au camphre, en bols, en poudre. Tannoforme 25 à 30 grammes. Poudre de gentiane. . / ... , aa 50 — de qumquma. Excipient Q. S. Pour deux bols (gTands animaux). Entérite, diarrhée. 180. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Tannoforme 20 grammes. Acétate d'ammoniaque 30 — Infusion froide de camomille 1 litre. Hématurie, entérite du bœuf. 30 Tannoforme ) -, .„ «. . „„, ^ ,, Extrait de Colombo ) Poudre de Dower Ogr^SO Sucre blanc 5 grammes. Pour cinq paquets. Un par heure. Diarrhée profuse du chien. 40 Tannoforme ) , .-,,.,. i ' gramme. Acide salicylique ) * En plusieurs fois dans la journée dans la diarrhée et la dysen- terie du chien. 5° Tannoforme 0,50 à 1 grammes. Éther Q. S. Teinture de cannelle 10 grammes. Une cueillerée à café trois fois par jour dans la diarrhée du chien. 6° Tannoforme 1 gramme. Teinture de ratanhia \ -> , „ j ,, { aa 10 grammes. — de cannelle ) " 1 à 5 g-rammes par jour dans l'entérite du chien. 70 Tannoforme 1 gramme. Alcool Q. S. Potion gommeuse. 150 grammes. Aprendreen vingt-quatre heures. Hématurie, néphriteduchien. Ichtyoforme. C'est un thiodydrocarbosulfate de formaldéhyde. Il se présente sous l'aspect d'une poudre fine à grains brillants, presque incolore et insipide, d'une couleur qui varie du brun au vert foncé. Il est insoluble dans l'eau et les dissolvants ordinaires ; il s'émulsionne dans la glycérine. Emploi et doses. — On l'utilise avec succès à l'extérieur comme antiseptique et cicatrisant; à l'intérieur, comme anticatarrhal ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 181 dans les afîections da tube digestif, principalement dans les cas de diarrhée profuse des chiens et des veaux. Le formulaire est le même que pour le tannoforme Les doses thérapeutiques sont d'après Bass : Cheval 13 grammes. Bœuf 20 — Poulain 5 — Veau 0 — Chien 3 — y lodoforme. CHP. Liodoforme a la constitution du chloroforme, mais le chlore est remplacé par l'iode. Il se présente sous forme d'une poudre jaune-citron, formée de cristaux hexagonaux. Il a une odeur forte, caractéristique, s'attachant longtemps aux objets qui en ont été une fois pénétrés. Il est très peu soluble dans l'eau, 1 p. 5000; il est soluble dans 80 parties d'alcool à 90°, dans G par- ties d'éther, dans 7 parties de coUodion, très soluble dans le chlo- roforme, les huiles g-rasses et les essences. Il est volatil. Effets physiologiques. — L'iodoforme agit localement sur les tissus comme anesthésique et antiseptique. Lorsqu'il est mis en contact avec les plaies ou les solutions de continuité, il est lente- ment décomposé et dég-ag-e de l'iode à l'état naissant. C'est à cette production incessante d'une petite quantité d'iode qu'il faut attribuer ses vertus antiseptiques. Une plaie traitée par l 'iodoforme montre dans les liquides qui la recouvrent des iodures alcalins, quoique à ce moment ces iodures fassent défaut dans l'urine. Binz attribue la décomposition de liodoforme aux g-raisses des tissus. En elfet, lorsqu'on dissout de l'iodoforme dans une huile, il y a toujours production rapide d'une petite quantité d'iode. A l'état sec, l'iodoforme se décompose même simplement sous l'influence de la lumière. Dans un liquide alcalin quelconque, j iodoforme se décompose lentement en fournissant de l'iode. Il empêche le développement des microbes du pus, facilite le bourgeonnement des tissus vifs et fait disparaître le prurit et les démangeaisons. Introduit dans l'estomac, il est facilement supporté à doses faibles ; il s'oppose aux fermentations anormales des matières alimentaires et passe en partie à l'absorption. 183 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. A fortes doses, il devient irritant, provoque des vomissements chez les carnassiers et de l'inappétence, la paralysie et la mort chez tous les animaux. Son absorption se fait dans l'intestin à la faveur des matières grasses émulsionnées. Une fois parvenu dans le torrent circu- latoire, il est décomposé; l'iode est mis en liberté et forme avec les alcalis du sang- des iodures qui sont rapidement éliminés par les urines et les autres liquides excrétés. Ses effets généraux sont exactement ceux de l'iode, c'est-à-dire qu'il agit surtout sur la nutrition. Il produit l'amaigrissement progessif, la fluidité du sang, une hypersécrétion des muqueuses et quelquefois des éruptions cutanées. L'iodoforme n'est pas un microbicide très énergique. S'il a une action germicide marquée vis-à-vis du vibrion du choléra, du bacille tuberculeux, etc., il y a beaucoup de microbes qui cul- tivent très bien dans des milieux imprégnés d'iodoforme. L'expli- cation de ses excellents effets dans le traitement des plaies ne doit pas résider exclusivement dans le pouvoir bactéricide. Son action résulte de la mise en liberté d'une façon continue de petites quantités d'iode et de propriétés physiques spéciales. Le fait de la décomposition de l'iodoforme au contact des tissus vivants est hors de conteste, mais on peut discuter encore sur le mécanisme de cette décomposition. Quoi qu'il en soit, l'iode naissant agit comme oxydant, puis se transforme en iodure alcalin. Si l'iodoforme est peu microbicide, il est par contre fortement antitoxique. Mélangé à dose convenable aux toxines diphté- riques, tétaniques ou autres, il les rend inoffensives (Behring, Stchegoleff). Il neutralise puissamment les poisons microbiens qui existent dans les plaies infectées. Indications thérapeutiques. — On l'emploie comme antisep- tique et cicatrisant sur les plaies fraîches et sur celles qui sont déjà le siège d'une suppuration plus ou moins abondante. On en a obtenu d'excellents résultats en chirurgie comme agent de panse- ment. Après les opérations, on saupoudre la solution de continuité de poudre d'iodoforme, et on applique un pansement antiseptique. On prévient ainsi la formation du pus, on calme la douleur. Cette poudre se fixe solidement sur la plaie et met les parties à l'abri de l'air; au contact des tissus, l'iode naissant se dégage constam- ment et agit comme microbicide et antitoxique. Il a été employé M' ^ ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. ^^^^ an5emen? des plaies. On peut se servir des solutions aqueuses d'acide libre et de sels de sodium, d'alu- minium à 2 ou 3 p. 100. 11 est facile aussi d'en imprégner la g-aze ou l'ouate. Dans les cas où l'on a besoin d'une action long-temps prolong-ée, il est préférable de se servir du sozoïodol potassique, en poudre, soit seul, soit mélangé avec du talc ou du sucre de lait dans la proportion de 5 à 10 p. 100. Le sozoïodol mercurique est très antiseptique et beaucoup moins toxique que le sublimé ; il peut être avantageux employé chez les ruminants pour désinfecter les voies g-énitales dans les alfections calarrhales. On peutl'employersousformedepoudre oxidebougies qu'on place dans le vag-in ou dans le fourreau et qui fondent graduellement. Pour les pommades, on emploie le sozoïodol potassique, so- dique, plombique, aluminique à la dose de 5 à 10 p. 100 avec la lanoline. La poudre en nature ou mélangée au sucre de lait sert aussi à faire des insufflations sur les muqueuses enflammées. 186 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. DlIODOFORME. cap. Corps plus stable que Tiodolorme, inodore, insoluble dans Teau, très solublc dans le chloroforme. En médecine humaine, on Ta préconisé dans le pansement des plaies en général. Les résultats sont bons. On l'a employé fort avantageusement en insufflation dans la tuberculose laryng-ée. LOSOPHANE. C6H1^.CH3.0H. [Crésol triiodé.) Corps antiseptique contenant 80 p. 100 d'iode, se présentant en poudre blanche soluble dans l'alcool, insoluble dans l'eau. Étant sans odeur tout en étant antiseptique et légèrement analg-ésique, quelques praticiens le préfèrent à l'iodoforme. EUROPHÈNE. [loihire d'isobuthylofthocrésol.) Poudre légère, jaune, à odeur aromatique, renfermant '28 p. 100 d'iode, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, les huiles, lecoUodion. Elle adhère facilement à la surface des plaies et cède lentement de l'iode, tout en étant dépourvue de toxicité. Cet antiseptique semble avoir une valeur ég-ale à l'iodoforme sans avoir sa mauvaise odeur. On emploie : 1° la poudre d'europhène pur (pour saupoudrer) ; 2° un mélang-e de poudre d'europhène et d'acide borique parties égales ; 3'' l'huile d'europhène à 1 p. 5 ou 1 p. 2 (on fait dissoudre l'europhène dans l'huile d'olive au bain-marie à 60°). Aristol. (Biiodiire de dititytnol). On a donné le nom d'aristol à un composé d'iode et de thymol obtenu sous la forme d'un précipité rouge brun, en versant une ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 187 solution alcaline de thymol dans une solution d'iode iodurée. Ce corps possède les avantages des deux substances composantes sans en présenter les inconvénients. _ <>^i/-6^ L'aristol est une poudre amorphe, acajou, insipide et à peu près inodore contenant 46 p. 100 d'iode, insoluble dans l'eau, la glycérine, l'alcool, soluble dansl'éther et les huiles grasses. Il se décompose à l'air, à la lumière ou la chaleur ; c'est pourquoi ont doit le tenir renfermé dans des flacons bleus et dans un lieu trais. Il possède toutes les propriétés antiseptiques et cicatrisantes de l'iodoforme sans avoir son odeur nauséabonde et sa toxicité. Il ne développe aucune action irritante locale et est très efficace dans les maladies de peau. On obtient d'excellents résultats contre le psoriasis, les mycoses, l'eczéma, la gale, les plaies doulou- reuses, les ulcérations ordinaires, les ulcères épithéliomateux, l'otorrhée. On l'emploie en pommade, ou incorporé à 10 parties de collodion. Dermatol. — Gallate basique de bismuth. (C^H^05B).2(H20). Le corps, découvert par M. B. Fischer, est une poudre jaune amorphe ou cristaUisée, insipide, inodore, insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, rougissant le papier bleu de tournesol, soluble à chaud dans l'acide sulfurique étendu, dans la lessive de soude. Usages. — Antiseptique proposé pour remplacer l'iodoforme. A l'intérieur, on l'administre comme succédané du salicylate de bismuth pour obtenir l'antisepsie du tube intestinal. Le chien peut supporter la dose de 1 à 3 grammes pendant plusieurs jours sans grand inconvénient. Il détermine cependant de la constipation. Des doses de 5 g-rammes produisent une entérite. Des petites doses administrées pendant long-temps peuvent provoquer la formation de calculs intestinaux et une néphrite (Gadéac et Guinard). Dans la diarrhée, on ne doit l'administrer que pendant deux à trois jours à la dose de 1 ou 2 grammes chez le chien. Le dermatol en poudre ag-it très bien sur les plaies, l'eczéma du chien, le catarrhe auriculaire. 188 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Il ne tue pas les bacilles coli communis et pyocyaniques. Hoffmann signale ses propriétés dessiccatives et le recommande contre les affections cutanées humides, eczéma, suppurations cutanées, crapaud. Bass le recommande contre les fistules sécrétantes, les ulcères, l'otite, l'eczéma, l'inflammation de la muqueuse vag-inale. Étant inodore, inoffensifet bon marché, il peut remplacer l'iodoforme. DiAPHTOL. Guinard a donné le nom de diaphtol à l'acide orthoquinoline- métasulfonique préparé récemment par Merck. D'après Guinard, ce corps, peu soluble dans l'eau, jouit de pro- priétés antiseptiques prononcées. A la dose de 1 p. 100, il em- pêche la végétation des BacUlus anfhracis dans le bouillon. Une solution de diaphtolate de soude à 2 p. 1 000 détruit la viru- lence de la bactéridie charbonneuse, du bacille pyocyanique, du bacille pyog'ène fetidus et des streptocoques de l'infection purulente après trente-cinq à cinquante minutes de contact. Administré à l'intérieur, le diaphtol est absorbé grâce à sa transformation en sel alcalin. Il s'élimine sous cette forme par les urines et leur communique un certain pouvoir antiseptique. Chez le chien, il est bien toléré et ne produit pas de phénomènes toxiques, même à forte dose. Gomme ce corps communique aux urines la propriété de se conserver longtemps sans se putréfier, Guinard le i-ecommande de préférence au salol pour obtenir l'antisepsie des voies génito- urinaires. Phénol. — Acide phénique. CnieO. Le phénol offre plusieurs variétés : 1" V acide phénique cristallisé. — Cristaux incolores ou légè- rement rosés, à odeur empyreumatique particulière, fusibles à 35°, solubles dans 50 parties d'eau, en toute proportion dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone, les huiles, la glycérine; 2° Le phénol absolu. — C'est le précédent parfaitement purifié ; il est incolore en petits cristaux détachés, fond à 40"*, a un odeur ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 180 peu prononcée, soluble dans 19,5 parties d'eau froide, trèssoluble dans Falcool, l'éther, la glycérine, les huiles g-rasses. A la long-ue, le phénol même le plus pur prend une coloration rouge ; 3° L'acide phénique liquide. — C'est un mélang-e de 90 parties d'acide phénique et de 10 parties d'alcool ; il se présente sous la forme d'un liquide incolore à odeur d'acide phénique, miscible à 18 parties d'eau; 4° L'acide phénique coloré. — Phénol impur à coloration plus ou moins foncée, à odeur désag-réable. Son prix peu élevé permet de l'employer pour la désinfection des locaux. Effets. — Le phénol précipite l'albumine, propriété qui a une grande importance au point de vue de l'action locale. Les solutions concentrées d'acide phénique sont caustiques et antiseptiques ; elles ont en même temps une action anesthésique locale. Appliqué sur la peau du cheval sous forme liquide ou de pom- made, le phénol produit un gonflement et un durcissement con- sidérable du derme, avec anesthésie locale. D'après Delsol (i), une simple application de l'acide phénique sur la peau de nos animaux domestiques blanchit d'abord l'épiderme, puis celui-ci se crispe et se fendille ; au bout de dix minutes, le derme se con- g-estionne et se tuméfie comme après l'emploi des rubéfiants ; enfin une escarre légère se forme d'abord, puis tombe au boutde quinze à vingt jours, en entraînant les poils; mais l'épiderme se rég-énère, lespoils repoussent, et avec le temps toute trace d'appli- cation irritante disparait. Appliqué sur les solutions de continuité et les muqueuses, ,rt^^ l'acide phénique pur en coagule la surface, les momifie et pro- ^^ ' duit un lég-er effet caustique superficiel ressemblant à celui pro- duit par le nitrate d'argent. Cependant une seule application ne suffit pas généralement pour détruire complètement la vitalité des tissus. Plusieurs applications produisent une escarre véritable, mais qui reste toujours superficielle. Lorsqu'on dépose l'acide phénique sur une grande étendue de la surface cutanée, on peut observer son absorption, qui s'annonce par l'apparition de phénomènes toxiques graves. Ces accidents sont surtout à redouter chez le mouton, le chien et le chat. Après l'injection hypodermique des solutions d'acide phénique (1) Rec. de méd. vét., 1872, p. 532. 190 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. on observe généralement une inflammation locale très vive, une momification des tissus touchés suivie d'une plaie ulcéreuse. Dans ce cas, l'absorption est rapide et l'intoxication à craindre avec de fortes doses. L'acide phénique donné à Vintérieu)\ a dose faible et en solu- tions très diluées, n'influence que peu la digestion : les excré- ments deviennent de plus en plus consistants. A dose forte, le phénol produit toujours une irritation g-astro-intestinale et une intoxication générale. Absorbé facilement par la muqueuse diges- tive, il se combine dans le sang, avec des sulfates, pour former des sulfophénates alcalins, de l'acide carbonique, de Thydroqui- none C^H^O*, de l'acide oxalique G-H^OS produits qui sont élimi- nés par les urines. L'acide phénique est aussi en partie éliminé par les bronches, car l'air expiré prend, après son administration, une odeur de goudron des plus marquées. Pendant son élimina- tion par les reins, il excite la fonction de ces glandes, provoque une diurèse abondante et communique aux urines une teinte brunâtre très foncée due à la transformation du phénol en dihydroxylbenzol, c'est-à-dire en hydroquinoneet pyrocatéchine. L'élimination par les urines est rapide. Au contact de l'air, la coloration brune s'accentue de plus en plus. Les effets les plus saillants produits par l'acide phénique, absorbé en petite quantité, sont : un mouvement fébrile assez intense, mais de courte durée, des contractions musculaires dans la région du coude, du grasset, de la croupe. A la dose de 20 grammes chez les grands herbivores el à celle de 4 grammes chez le chien, l'acide phénique produit rapidement une grande faiblesse, de la stupeur, puis des tremblements musculaires et des convulsions tétaniques ressemblant à celles produites parla noix vomique; enfin des mouvements choréiformes suivis de la t*^-^ ^"^ paralysie du système locomoteur et de la mort. L'acide phénique ''^^^ "^ est, comme on le voit, un poison violent pour les animaux ; il ^-o^^^ agit sur le sang et le système nerveux. Quand l'intoxication se produit à la suite de l'administration interne, on observe une inflammation intense de la muqueuse stomacale et intestinale, des bronches et des poumons. Pendant l'intoxication, le phénol s'accumule dans les centres nerveux en beaucoup plus forte proportion que dans les autres organes. Dans l'emploi interne, l'acide phénique est plus toxique en solution aqueuse qu'en solution glycérinée. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 191 Il est à remarquer que les sulfophénates formés dans le sang- et éliminés par les urines ne sont que peu toxiques pour les animaux. On peut utiliser cette particularité pour chercher à combattre les ellets toxiques de l'acide phénique. Quand ce corps a été absorbé à dose dang-ereuse, il faut, autant que possible, favoriser sa combinaison avec les sulfates, afin de le rendre inof- fensif ; il en résulte qu'on doit administrer aux animaux empoi- sonnés des sulfates et principalement du sulfate de soude. Le sucrate de chaux serait aussi un excellent antidote (Husemann). Les injections intraveineuses d'ammoniaque arrêteraient ég-ale- mentles effets toxiques de l'acide phénique (Baumann). Le phénol jouit de propriétés antiseptiques, antiputiHdes et antiparasitaires . A la dose de 0,5 p. 100, il empêche la putréfac- tion du pus; à la dose de 1,5 p. 100, il s'oppose à la fermentation de l'urine; à celle de 2 p. 100, il conserve intacte l'albumine et la viande. Les fermentations lactique et alcoolique sont arrêtées par l'addition aux liquides de 1 p. 100 d'acide phénique. D'après les recherches d'un grand nombre d'auteurs, les bactéries et les vibrions sont détruits par des solutions de 0,2 à 0,5 p. 100. Les spores des moisissures perdent leur faculté g-erminative dans une solution à Ip. 100; les mycéliums des moisissures sont anéantis .^pi'^^-iM.^i^i^ par des solutions de 1 à 2 p. 100. Le vacciji reste actif avec 1 p. 100 ; mais il devient inactif avec 2 p. 100 d'acide phénique. Le virus du charbon symptomatique perd ég-alement ses propriétés dans une solution d'acide phénique, d'après les recherches de MM. Arloing-, Gornevin et Thomas. Le bacille de la tuberculose est tué après un séjour de ving-t-cinq heures dans une solution d'acide phénique à 5 p. 100. L'acidephénique ne conserve ses propriétés antiseptiques et anti- parasitaires qu'autant qu'il est dissous dans l'eau. Les solutions huileuses ou alcooliques sont à peu près inactives, d'après Koch. L'acide phénique ne détruit pas les g-az qui s'échappent des produits organiques en putréfaction; il n'est pas désodorisant \ mais, en s'opposant aux fermentations, il prévient la formation des mauvaises odeurs. Indications. — L'acide phénique est indiqué : l'' Gomme antiputride, comme antiseptique, pour traiter les plaies suppurantes, les clapiers, les solutions de continuité quel- conques, la non-déUvrance, la métrite chronique, l'eczéma, l'otorrhée, etc. ; 192 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 2° Gomme anlivirulent^ toutes les fois qu'un virus ne peut pas être détruit par les caustiques et qu'il est encore localisé ; il con- vient aussi pour désinfecter les écuries, étables et objets con- taminés par des germes de maladies contagieuses ; 3° Gomme antipédiculaire et antipsorique, pour détruire tous les parasites ectozoaires; 4° Gomme antivermineux. Krœnig a pu g-uérir rapidement la bronchite vermineuse du mouton en injectant dans la trachée 5 grammes d'une solution phéniquée à J p. 100; 5° Gomme calmanl et léger astringent^ on l'emploie en solutions glycérinées étendues contré les brûlures légères ; 6° Gomme caustique, lorsqu'il est en solutions concentrées, contre le javart cartilagineux et les javarts tendineux, etc. Ges mêmes solutions conviennent contre les aphtes des ruminants et les ulcères des pieds dans la fièvre aphteuse. Get acide produisant, au point d'application sur la peau, un gonflement dur, résistant, est utilisé pour guérir les hernies ombilicales à la place de l'acide azotique. Le gonflement inflam- matoire a pour efl'et de réduire la hernie et de produire la ferme- ture de l'ouverture herniaire. A Vintérieur, ses effets astringents et antiputrides le recom- mandent contre l'atonie du tube digestif, contre la diarrhée, la dysenterie, les fermentations anormales. L'acide phénique est indiqué aussi contre les maladies débili- tantes infectieuses, accompagnées de catarrhe des diverses muqueuses : dans la maladie des jeunes chiens, la pneumonie, la bronchite chronique, les écoulements urétraux anciens, etc. En injections sous-cutanées, l'acide phénique en solution à 2p. 100 prévient l'avortement épizootique. L'injection sous la peau de 20 centimètres cubes d'une solution d'acide phénique aux vaches pleines d'une écurie infectée renouvelée trois fois à quinze jours d'intervalle arrête complètementl'avortementépizootique (Rafin). L'administration interne journalière d'une solution de phénol à 1 p. 100 à la dose de l litre à l',5 par vache, pendant cinq à dix jours, prévient également l'avortement (Nuesch). Il est contre-indifjué chez les chats, chez tous les animaux jeunes ou fortement débilités, et chez les animaux de bou-<^^*'^'^ chérie, à la viande desquels il pourrait donner une odeur désa- gréable. Il n'a aucun effet pour arrêter la marche du charbon, de la ANTISEPTIQUES ORGAMQUES. 193 morve, delà rage et d'autres maladies virulentes, quand ces ma- ladies sont déclarées. Administration. — On administre l'acide phénique par la voie dig'estive ou par la voie respiratoire. Par la première voie, on le donne en boisson, en breuvage ou en lavement. En le faisant dissoudre dans une assez g-rande quantité d'eau, on lui enlève sa saveur et son odeur trop prononcées. Pour favoriser la dissolu- tion, on peut employer l'alcool, l'acide acétique ou la glycérine. Pour le faire pénétrer dans les bronches, on met l'eau phéniquée dans une casserole en terre, et on la fait bouillir; on dirige les vapeurs dans les voies respiratoires, à l'aide d'un conduit en toile. On peut ég'alement injecter une solution à 1 p. iOO directement dans la trachée. Préparations. a. Solulio7}s aqueuses 1-2-3 p. 100. Ces solutions sont utilisées comme antiseptiques pour les besoins chirurgicaux, pour laver les plaies purulentes, en injec- tions dans les cavités qui sont le siège d'une suppuration ou d'une décomposition putride. On les emploie aussi en injections hypo- dermiques lorsqu'on veut développer les effets généraux. Pour les inhalations, on emploie les solutions à 0,5 p. 100. b. Pommade phéniquée à 5 p. 100. Antipsorique. c. Savon phénique à 1-10 p. 100. Antipsorique. d. Glycérine phéniquée ^à o p. 100. Antipsorique, brûlures. e. Solution phéniquée alcoolique. Acide phénique 5 grammes. Alcool 250 — Contre l'otorrhée. f. Solution contre la diphtérie des volailles. Acide phénique 5 grammes. Glycérine et eau distillée àâ 75 — Porter le liquide sur les parties malades à l'aide d'un pinceau. Kaufmann. 13 194 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. g. Bain de Zundel contre la gale des moutons. Acide phénique brut \^^,o Chaux vive 1 kilo. Carbonate de soude 3 — Savon nqir 3 — Eau 260 litres. Pour 100 moutons. Durée du bain cinq minutes ; puis frictions énergiques. h. Pour les pansements aseptiques. On utilise l'ouate phéniquée, la gaze phéniquée. Le catg-ut et les fils sont rendus aseptiques en les conservant dans une solution phéniquée à 5 p. 100. Doses. — Les doses thérapeutiques par la voie stomacale sont : Cheval o à 8 grammes. Btjeuf 0 à 15 — Mouton 1 à 3 — Porc Og'-,aO à 2 — Chien 06'-,0o à OS'-,2 Chat 0g'',02 à 0g'',05 Ala vache menacée d'avortement infectieux, on peut administrer à Vintérleur i litre à l',5 d'eau phéniquée à 1 p. 100 par jour pen- dant cinq à dix jours. En injection sous-cutanée, on peut adminis- trer à la vache 20 centimètres cubes d'une solution à 1 ou 2 p. 100. Aseptol. CGH^OH.SOSH. [Acide orthopkénylsulf'ureux ou sozolique (Serrant). L'aseptol s'obtient en laissant en présence, à la température ordinaire, de l'acide phénique et de l'acide sulfurique. Il cristallise en aiguilles déliquescentes et forme avec les bases des sels cristallisables. Il est très soluble dans l'eau, l'alcool et la gly- cérine. Propriétés. — L'aseptol est doué de propriétés antiseptiques énergiques et est préférable à l'acide phénique, non seulement sous le rapport de la puissance microbicide, mais aussi parce qu'il est moins caustique et moins toxique. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 195 Phényforme. Combinaison du phénol avec l'aldéhyde formique. C'est une poudre inodore, de couleur g-ris jaunâtre, inaltérable à l'air et à la lumière, non hygroscopique, insoluble dans l'eau, l'éther, le chloroforme et la benzine ; soluble dans les alcalis et l'alcool. Le phényforme est antiseptique et cicatrisant et peut remplacer riodoforme pour le traitement des plaies. Ce produit est inodore, non toxique, non virulent et coûte moins cher que l'iodoforme. Parachlorophénol. C'est une combinaison du chlore avec l'acide phénique. Il se présente en cristaux blancs peu solubles dans l'eau, facilement solubles dans l'alcool et l'éther. Il est très antiseptique, moins irritant et moins toxique que l'acide phénique. Il peut être employé sur les plaies. Il a été recommandé par Le Dentu pour les besoins chirurg-icaux. Acide picrique. C6H2(Az02)3 0H. Cet acide, encore appelé acide carbazotique, acide trinitrophé- nique, résulte de l'action de l'acide azotique fumant sur l'acide phénique. Il est cristallisé en prismes ou en lamelles jaunes, brillantes, soluble dans 86 parties d'eau à 15°, très soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme. Il est inodore, a une saveur très amère et teint en jaune la peau, les poils, la laine et les tissus. Il précipite fortement l'albumine. L'acide picrique et les picrates font explosion lorsqu'on les chauffe. Effets. — L'acide picrique ag-it comme antiseptique plus puis- sant que l'acide phénique et l'acide salicylique (Sozewitsch). Les picrates sont moins actifs que l'acide libre. En solutions concentrées, l'acide picrique est irritant et déter- mine une douleur cuisante sur les surfaces sensibles et délicates. S'il est dilué dans l'eau à 1 p. 100 et au-dessous, il provoque, après une lég-ère cuisson, une insensibilité presque complète. Il active la production épidermique et la kératog-énèse : A l'intérieur, l'acide picrique est difficilement toléré; il produit facilement une inflammation gastro-intestinale. 196 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Après son absorption, il dissout les globules du sang- et produit une teinte ictérique de la peau. Le chien succombe à la dose de 0s'',6. Les symptômes d'empoisonnement consistent dans des vomissements, des convulsions et une diarrhée très forte. Cet acide tue rapidement les vers intestinaux ; il constitue un ant hebninthique puissant, mais un peu dang-ereux et par suite peu recommandable. Comme les picrates alcalins sont moins toxiques et moins irritants, on les emploie de préférence contre les parasites intestinaux. Usages. — Contre l'infection vermineuse des ag-neaux, on admi- nistre l'acide à la dose de Oer,! à Q^%2 et le picrate de potasse à la dose de O^^S à 1 g-ramme par jour sous forme de pilules. Dans l'helminthiase intestinale du porc, on donne le picrate de potasse dans de l'eau farineuse ou dans une décoction mucilagi- neuse à la dose de Q^%2Q à O^^ôO par jour. On a obtenu aussi du succès avec ce corps dans la bronchite vermineuse des bètes bovines en injectant dans la trachée 150 à 200 g-rammes d'une solution à 2 p. 1 000 (Pelers). C'est à l'extérieur que l'acide picrique peut rendre les meilleurs services. Il est utilisé dans les affections de la peau accompagnées d'exsudations et de sécrétions, dans le traitement des eczémas, des dermatites, du crapaud, etc. Dans toutes les affections locales accompag-nées de sécrétions et d'exsudations, l'acide picrique est utile comme dessiccatif et calmant. Il dessèche et désinfecte les plaies et il supprime la suppuration. Chez l'homme, il est préconisé contre l'hyperhydrose plantaire. En solution à 5 p. 100, il supprime la transpiration des pieds ou l'atténue considérablement. C'est surtout dans le traitement des brûlures que l'acide picrique donne d'excellents résultats. Il enlève toute mauvaise odeur, supprime la douleur, désinfecte la surface et active la régénération de l'épiderme. On applique sur la brûlure des compresses de g-aze ou de tarlatane imbibées d'une solution aqueuse d'acide picrique à 1 p. 100. Ce pansement est recouvert d'ouate ou d'étoupes et fixé par des bandes. Mode d'emploi. — Les solutions qu'on emploie varient de 1 p. 100 à 5 p. 100 suivant la délicatesse des tissus. On en fait des bains, des badig-eonnages, des lotions ou des compresses. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 19' Pyoctanines. Ce nom fut donné par Stillin^' à plusieurs dérivés du triphé- nylméthane. On connaît la pyoctanine jaune, la blanche et la bleue. Cette dernière (violetdeméthyle), qui colore fortement les tissus en bleu, a surtout été recommandée comme antiseptique utile dans le traitement des plaies et des surfaces suppurantes. Mais il semble démontré que son emploi ne présente aucun avantage sérieux ni en chirurgie, ni en ophtalmolog'ie. On se sert de la poudre pure ou mélang-ée sur les plaies, les ulcères, de la pommade de 2 à 10 p. 100, des solutions de 1 à 10 p. 1 000. Résoreine. La résoreine est un oxyphénol obtenu par synthèse, en faisant réagir la potasse sur l'acide chlorophénylsulfureux. Elle se présente sous forme de cristaux incolores, qui prennent une coloration roug-eàtre à Tair lorsqu'ils ne sont pas absolument purs. Ils ont une lég-ère odeur phéniquée, sont très solubles dans Teau et l'alcool, la g-lycérine et l'éther et insolubles dans le chlo- roforme. Les solutions aqueuses rougissent à l'air et à la lumière. Effets et emploi. — La résoreine est un antiseptique "^mssoxïi, et à ce titre elle convient en solution à 1 p. 100 sur les plaies cutanées, sur les muqueuses qui sont le siège d'une sécrétion purulente, et pour faire des pansements antiseptiques après les opérations chirurg-icales. En chirurg-ie, on utilise le coton et la g"aze à la résoreine. Sous l'influence de cette substance, l'albumine est coagulée, les plaies suppurantes ou ulcéreuses se couvrent de g-ranulations et se réparent rapidement. Outre l'effet antiseptique, elle développe une action anesthé- siante locale et convient particulièrement contre les maladies inflammatoires des yeux, des mamelles, de l'utérus et du vagin, etc. On a obtenu d'excellents résultats par l'emploi de la pommade à la résoreine dans la conjonctivite, la kératite et les taches de la cornée chez le cheval (Kuffner). 198 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. A l'état concentré, les préparations de résorcine sont lé- g'èrement caustiques et modèrent le bourgeonnement. Sous cette forme, elle coagule la surface des plaies, produit une escarre blanchâtre au-dessous de laquelle se forme une surface rosée bien nette qui tend rapidement à la cicatrisation. A titre de caustique, elle convient contre la nécrose, la diphtérie, les plaies de mauvaise nature, le crapaud, les papillomes, les fibromes, etc. Elle produit aussi d'excellents résultats dans les maladies cuta- nées, le psoriasis, l'érythème, l'herpès, l'eczéma du chien. On rapplique sur les parties malades préalablement lavées au savon, sous forme de solutions de 1 à 10 p. 100 ou de pommade de 5 à 20 p. 100. Elle jouit aussi de propriétés hémostatiques et convient locale- ment surtout pour arrêter les hémorragies capillaires. A l'intérieur, les faibles doses sont facilement supportées et agissent en désinfectant le tube digestif et en empêchant les fer- mentations anormales. Elle a donné d'excellents résultats contre la diarrhée des veaux et contre les affections catarrhales de l'in- testin. Elle est beaucoup moins toxique que le phénol; son élimi- nation se fait par les urines, qui, agitées avec de l'ammoniaque, prennent une coloration verte qui devient bientôt brune. L'urine contenant de la résorcine peut même laisser déposer spontané- ment un précipité bleu. Chez le chien, elle est toxique à la dose de 30 centigrammes par kilogramme d'animal. La mort est précédée de convulsions et de coma. A l'autopsie, on constate une hyperémie pulmonaire comme dans l'empoisonnement par le phénol et des congestions de la rate, du pancréas et du mésentère. Doses. — A l'intérieur, on l'administre généralement sous forme de pilules à la dose de 15 grammes chez les grands ani- maux et de 2 à 4 grammes chez les veaux. Ces doses peuvent être administrées deux ou trois fois dans les vingt-quatre heures. A l'extérieur, on utilise les solutions de 1 à 10 p. 100 et les pom- mades de 10 à 20 p. 100. Hydroquinine et pyrocatkchine. L'hydroquinine et la pyrocatéchine sont des substances iso- mères de la résorcine. Elles ont des propriétés analogues, sont ANTISEPTIQUES ORGANIQUES, 199 antiseptiques mais moins irritantes. On les emploie dans les mêmes cas à l'extérieur en solutions de i à 2p. 100. Créosote. La créosote est un liquide oléag-ineux incolore ou de couleur jaune pâle, d'une odeur de suie, d'une saveur amère, acre et Jlj\^ caustique, qu'on obtient dans la distillation du g-oudron de bois. Elle est peu soluble dans l'eau froide, soluble en toute proportion dans l'alcool, l'éther, la g-Iycérine, les essences, les huiles grasses, l'acide acétique, le sulfure de carbone, etc. Elle dissout à son tour le phosphore, l'iode, le soufre, les corps g'ras, les résines, le camphre, les principes colorants. Cette substance coag-ule immé- diatement l'albumine, le sang- et tous les liquides animaux. La créosote est un mélang-e à parties variables de créosol, de g-aïacol, de crésylol, de phorol, de petites quantités de phénol, etc. Effets physiologiques. — Appliquée pure sur la peau, la créosote y détermine une brûlure ; sur les muqueuses apparentes et sur les tissus dénudés, elle blanchit subitement les surfaces comme le nitrate d'arg-ent ou le beurre d'antimoine et ag-it à la manière des caustiques coagulants ; elle cause peu de douleur et occasionne même assez vite un sentiment d'eng-ourdissement, une véritable anesthésie locale. Etendue d'eau ou d'alcool, la créosote perd ses propriétés escarrotiques, devient un astringent énergique, un hémostatique assez puissant et un l)on antiseptique. Donnée pure à l'intérieur, elle détermine une irritation gastro- intestinale et est assez toxique. Les effets généraux sont presque semblables à ceux produits par l'acide phénique ; excitation suivie de paralysie du système nerveux central. La créosote possède surtout à un très haut degré la propriété de tuer les êtres inférieurs qui vivent en parasites sur le corps de nos animaux ; elle s'oppose aussi énergiquement aux fermen- tations et à la putréfaction. Gomme bactéricide., elle se place avant l'acide phénique (Bouchard). Emploi thérapeutique. — Ses propriétés astringentes et anti- septiques la font employer : 1° A l'extérieur, dans le traitement des plaies suppurantes, des ulcères, des fistules, des nécroses, etc., et à l'intérieur pour com- 200 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. battre les fermentations anormales des matières alimentaires dans l'estomac et l'intestin; contre la diarrhée, la dysenterie, la maladie du jeune âg-e chez le chien ; 2° En inhalation ou en injection intratrachéale, on Tutilise dans les afîections putrides ou parasitaires de l'appareil respira- toire. La bronchite vermineuse des bovins g-uérit facilement en pulvérisant dans l'appareil 1 gramme de créosote dissoute dans 100 g-rammes d'un mélang-e à parties égales d'eau et d'alcool (Scheibel). En médecine humaine, elle est employée avec avantage contre la tuberculose soit sous forme d'huile créosotée injectée dans le larynx, soit à l'intérieur par la voie antérieure et postérieure. 3° Ses propriétés antiparasitaires la font employer contre les différentes gales et les autres parasites de nos animaux ; 4° Enfin comme hémostatique, pour arrêter les hémorragies en nappe. Préparations. — On emploie les préparations suivantes : 1° Eau de créosote. Créosote pure 1 Eau distillée 100 2° Teinture de créosote. Créosote pure 1 Alcool 16 3° Teinture composée de créosote. m *? i ■ ■,"..■ ■ j { Parties égales . Teinture cl iode ) ° Étendez ce liquide des deux tiers de son poids d'eau avant de l'injecter. 4° Linimeyxt de créosote. Créosote 1 Essence de térébenthine 2 Huile d'olive 2 Mettez les trois substances dans une fiole et agitez vivement, 5° Pommade de créosote. Créosote pure 1 Axonge 4 Incorporez. Doses. — A l'intérieur, on donne les doses suivantes : Cheval 2à5 grammes. Bœuf 3à8 — ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 201 Mouton, porc 1 à 2 grammes. Chien 0,05 à Osr.SO Volailles 0,01 à Os'.Oa Ces doses peuvent être répétées deux ou trois fois par jour. L'administration se fait sous forme d'émulsions, de bols, de pilules, d'électuaires. Gaïacol. (07 H» 02). Le gaïacol est un des composants de la créosote. Parfaitement pur, il est cristallisé, fondà28° et bout à 205° (Béhal et Choay),[a une saveur sucrée et brûlante, une odeur de créosote, est soluble dans 60 parties d'eau à 20°, dans son poids de glycérine offici- nale, D = 1,242, très soluble dans l'alcool et l'éther. Mais le g-aïacol du commerce n'est g-énéralement pas pur, c'est même un produit à composition assez variable. Le g-aïacol agit comme la créosote, dont il est un succédané. Il est quatre fois plus antiseptique que le phénol et est beaucoup moins toxique. Dans la tuberculose humaine, il est préféré à la créosote par certains médecins. Sciolla et Bard ont découvert que le badigeonnag-e d'une partie de la peau avec du g-aïacol produit un abaissement énorme de la température interne, effet qu'on peut utiliser dans les pyrexies. Cette action antipyrétique est expliquée en partie par une exci- tation périphérique et une mise en jeu par voie réflexe du système nerveux (Guinard), en partie par l'absorption cutanée du g-aïacol, qui est absorbé à l'état de vapeurs (Guinard et Stourbe, Linossier et Lannois). On a reconnu aussi au gaïacol une action anesthésique locale. On peut donc l'utiliser comme la cocaïne à titre d'anal- gésique. Toutes les vertus du gaïacol se trouvent plus ou moins déve- loppées dans la créosote. Ichtyol. L'ichtyol est un liquide huileux, d'aspect goudronneux, qu'on obtient en distillant une roche bitumineuse du Tyrol riche en débris de poissons fossiles. L'ichtyol est d'un brun foncé, comme le goudron ; il répand une 202 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. odeur de bitume ; il est soluble dans l'eau, dans un mélange à parties égales d'alcool et d'éther, dans le benzol, dans l'huile, dans la vaseline. Effets et usages. — L'ichtyol est un antiseptique et un anti- parasitaire énerg-ique. A l'extérieur, on l'utilise contre la g-ale sarcoptique et l'ec- zéma chronique des chiens. On l'emploie g-énéralement sous forme d'un Uniment à 10 p. 100 ou d'une pommade au même titre. L'application doit être renouvelée pendant deux ou trois jours, et le cinquième jour on lave la rég-ion, ou bien on fait prendre un bain. On en a obtenu de bons résultats contre les inflammations chro- niques des articulations, les contusions, les gerçures des mame- lons, les mammites (Wolff) la kératite (Rabe), la vag-inite infec- tieuse (Rœbiger). A l'intérieur, c'est un antiseptique intestinal. Rabe a eu des succès, en l'administrant au chien par cuillerées à café, sous forme de solution aqueuse à 2 ou 4 p. 100, dans les catarrhes de l'estomac, de l'intestin et la maladie du jeune âge. Lustig- sig-nale aussi ses bons effets dans la fièvre pétéchiale du cheval, lorsqu'on l'administre à la dose de 50 g-rammes. Préparations. Linimenl. Ichtyol 10 Alcool ^ Éther .' \ àa 30 Eau distillée ) Contre la gale, l'eczéma. Pommades. 1° Ichtyol iO Eau 10 Lanoline 30 2" Ichtyol 10 Axonge 1 00 Solutions. Ichtyol 5 i 2 Eau distillée 100 100 100 Pour injections, tamponnements, lavages, etc. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 203 Thiol. C'est un succédané de Tichtyol, qu'on prépare à l'aide de rhuile de g'az du commerce, du soufre et de l'ammoniaque. Il se présente sous l'aspect de petites paillettes brillantes d'un brun noir que l'on pulvérise. La poudre ainsi obtenue est le thiol sec. Le thiol, qui est un mélange de carbures sulfurés et non un corps bien défini, est très soluble dans l'eau, et sa solution à 40 p. 100 représente le t/iiol liquide du commerce. II est antiseptique et a un pouvoir kéralinisant remarquable. Il répond pour l'usage externe aux mêmes indications que l'ichtyol. ^Goudrons. On disting"ue deux variétés : le g-oudron végétal ou le goudron minéral ou coaltar. 1° Goudron végétal ou goudron de Norvège. Le g-oudron de bois résulte de la distillation des pins et des sa- a,v^^ pins. II se présente sous l'aspect d'une masse demi-fluide de cou- leur brune, d'une odeur empyreumatique, d'une saveur acre et désag-réable, ayant une réaction franchement acide. Il est très peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, les essences, les corps gras. Sa composition chimique est très complexe. On y trouve: de l'acide acétique, de l'acétone, de l'alcool méthy- lique, de la créosote, de l'acide phénique, de la naphtaline, de la benzine, de la paraffine, du phlorol, du crésol, du g-aïacol, du benzol, du toluol, du xylol, du styrol, de la poix noire, etc. -f-t^ii, Lorsqu'on soumet le g'oudron à la distillation, on obtient l'huile de g-oudron; celle-ci peut se diviser en huile légère e,l huile lourde. La première est formée surtout d'acétone, d'alcool méthylique, d'essences diverses, de benzine, etc. ; la seconde contient princi- palement la créosote et les acides pyrogénés du goudron. Pour l'usag-e médical, on peut se servir du mélang-e des deux huiles ou les employer séparément; dans la médecine des animaux, il faut préférer l'huile lourde, parce que, en raison de sa richesse en créosote, elle est beaucoup plus active que l'huile lég'ère. 204 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Effets physiologiques. — Appliqué sur la peau intacte, le goudron produit d'abord des effets astriiKjents^ puis, après un contact prolongé, il devient irritant et peut déterminer delà r^^6e- f action et même de la vésication. Ces effets irritants se manifes- tent d'ailleurs avec une intensité variable suivant les sujets, dont les uns sont beaucoup plus susceptibles que les autres. Sur les muqueuses, le goudron agit comme sur la peau. A petite dose, il ne montre que des effets astringents; il resserre les sur- faces et tarit les sécrétions qui y existent. Introduit dans l'estomac, le goudron est favorable à la digestion à dose très faible; ainsi, sous l'action de l'eau goudronnée, on voit l'appétit augmenter; mais, à dose un peu forte, il resserre l'estomac et l'intestin, tarit les sécrétions digestives et produit une consti- pation opiniâtre. vStrf'it/^,-/ Après l'absorption des principes du goudron, il se produit une légère excitation nerveuse et cardiaque, une diurèse abondante et une diminution de toutes les autres sécrétions. Les principes em- pyreumatiques sont éliminés par le poumon et les reins. L'urine prend une coloration un peu plus foncée. Gomme le goudron n'a pas toujours une composition absolu- ment constante, il en résulte que les effets no sont pas toujours les mêmes. On a déjà vu survenirdes phénomènes d'empoisonnement par l'administration de ce produitchez les carnassiers, notamment chez le chat ; les symptômes étaient ceux de l'intoxication par la créosote ou l'acide phénique. Le goudron tue rapidement les divers parasites de nos animaux et s'oppose aussi à la putréfaction et aux fermentations. Il est donc antiparasitaire, antiseptique et désodorisant. Indications thérapeutiques. — L'eau de goudron, ayant la propriété de resserrer les tissus et de tarir les sécrétions, répond à toutes les indications locales des astringents. Le goudron, ayant des effets astringents et antiseptiques très puissants, convient surtout pour les maladies du pied du cheval et du bœuf caractérisées paç le ramollissement delà corne ou des tissus sous-cornés, ou par une sécrétion morbide quelconque. Il / donne d'excellents résultats contre la fourchette pourrie, le (îra- ^ paud et les plaies du pied, etc. On l'emploie pur ou associé à l'al- . , ','- cool, aux graisses, au plâtre, à l'acide borique. ' A cause de ses propriétés antiparasitaires et antiséc?'étoires, on l'utilise avantageusement contre la gale, les dartres, les crevasses^ ^;_ ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 205 les eaux aux jambes, l'eczéma chronique et au très maladies cutanées. a Appliqué sur les plaies, le goudron en modère le bourgeonne- {^_- ment, les dessèche, les garantit contre la vermine, contre les germes de la septicémie et hâte la cicatrisation. -C'^CUi l^'^--''' A l'intérieur, il est indiqué pour accroître V appétit^ pour tonifier l'estomac et l'intestin, pour arrêter la diarrhée, la dysenterie, et pour tuer les vers. Les efTets g-énéraux qu'il développe après son absorption ont pour résultat de combattre la laxité des tissus, les maladies hydroémiques, l'hématurie, les hypersécrétions muqueuses ou mucoso-purulentes de Vappareil respiratoire Qi des voies génito- urinaires. C'est surtout contre les ma/aG?«>scfl^a?'r/m /es chroniques de ces appareils que le g-oudron ag-it efficacement. Administration. — Pour combattre les maladies catarrhales des voies respiratoires, on l'emploie souvent en fumig-ations. On réduit le goudron en vapeurs, soit en y plongeant un fer chaud, soit en le projetant sur des charbons ardents, soit en le chauffant dans un vase ou en le faisant bouillir avec de l'eau. C'est ce dernier procédé qui est le meilleur ; on fait ainsi respirer à l'animal la vapeur d'eau chargée de vapeurs de goudron . Pour rendre ces vapeurs moins irritantes, il convient de neutraliser, avec le carbo- nate de soude, l'acide pyroligneux contenu dans le goudron. Ces fumigations conviennent aussi très bien contre \di pneumonie ver- mineuse, les œstres, \q pentastome ténioïde. Les parasites, il est vrai, ne sont pas tués par les vapeurs, mais ils sont forcés d'émi- grer et de quitter les voies respiratoires. On a conseillé les fumigations de goudron pour désinfecter les étables où sont morts des animaux atteints de maladies conta- gieuses. Mais il est reconnu qu'elles ne sont pas assez actives. II vaut donc mieux employer les vapeurs de chlore, l'acide sulfureux, l'acide hypoazotique ou l'aldéhyde formique, désinfectants infini- ment plus énergiques. A l'extérieur, il faut prendre garde de ne pas appliquer le gou- dron sur de trop larges surfaces à la fois, afin d'éviter la mort par le procédé des enduits cutanés. Doses. — A l'intérieur, le goudron est administré aux doses suivantes : Cheval et bœuf 10 à 20 grammes. Porc, mouton, chèvre 2à 5 — Chien 08^,3 à 1 — Volailles O»',! à 08^,2 206 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Préparations. — Les principales préparations du goudron sont : 1° Eau de goudron. Goudron 100 grammes, Eau ordinaire 1 litre. Laissez en contact, pondant quatre ou cinq jours et décantez. 2° Pommade de goudron (Codex). Goudron 10 grammes. Axonge 90 — Incorporez. Pour donnerplus d'activité àcetteyjreparrt^/on antipsorique, on y ajoute parfois du savon vert, de la potasse, de la pommade mer- curielle, du soufre, des cantharides, de l'ellébore noir ou blanc, du sulfure d'antimoine, etc. En y ajoutant de la glycérine, on rend son emploi plus commode . 3° Topique caustique. Goudron 100 grammes. Sublimé corrosif 60 — Acide arsénieux 30 — Incorporez à froid ou à chaud, selon la consistance du goudron. Charge ou topique de Lebas (Codex). Goudron végétal > - ^25 Axonge S Essence de térébenthine / ,^^ ,„q Teinture de cantharide. \' Faites fondre l'axonge à une douce chaleur ; ajoutez le goudron, retirez du feu et mélangez. 2° Goudron de houille. — Coaltar. Le goudron de houille ou goudron minéral s'obtient dans la dis- tillation de la houille. C'est un liquide épais, d'un noir foncé, d'une odeur forte et d'une saveur acre et désagréable. Le goudron de houille (coaltar) renferme sensiblement les mêmes principes que le g-oudron de bois, mais ce sont les corps irritants et toxiques qui y prédominent. Effets et emploi. — Le g-oudron de houille, ayant une com- position chimique assez analog'ue à celle du goudron de bois, produit sur l'organisme des animaux des effets à peu près iden- tiques, mais plus intenses. C'est un astring-ent local qui peut deve- ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 207 nir irritant ; il est fortement antiseptique et antiparasitaire. A rintérieur, il produit facilement la constipation et un arrêt de la dig"estion. Ses principes actifs sont absorbés rapidementet pro- duisent souvent des effets toxiques. — Il n'est pas employé à l'in- térieur. A l'extérieur, il est indiqué dans les maladies parasitaires cuta- nées et les plaies de mauvaise nature à odeur fétide. Quand on en fait usag'e comme antipsorique, il est prudent de ne l'appliquer que sur de petites surfaces à la fois, car en applications étendues il pourrait amener la mort. Préparations. Poudre désinfectante (Corne). Plâtre de mouleur 100 Goudron minéral 1-2-3 à 5 Cette poudre est très désinfectante. Saponme coaltarée vétérinaire. Savon vert 1 Eau 2 Alcool à 90° ,1 _ Coaltar \ Dissolvez le savon dans l'eau chaude, ajoutez l'alcool et le coaltar, agitez en refroidissant. Poudre désinfectanle. Plâtre de mouleur 100 Noir animal pulvérisé 20 Goudron minéral o Mêlez exactement dans un mortier. Cette poudre n'a pas d'odeur désagréable et est très antisep- tique. Teinture coaltarée. Goudron de houille 100 grammes. Teinture alcoolique de Panama 240 — On emploie de 20 à 40 grammes de ce mélange par litre d'eau pour toutes les plaies. 3° Huile de cade. Obtenue par la combustion incomplète du bois de g-enévrier [Juniperus oxycedrus L.), l'huile de cade est un goudron liquide brunâtre, huileux, à odeur empyreumatique, analogue à celle du goudron de bois, d'une saveur acre et caustique. 208 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Elle a une composition très complexe, voisine de celle du gou- dron de bois. Effets. — Appliquée sur la peau saine, elle ne provoque ni douleurs ni démangeaisons ; sur la peau dépouillée de son épi- derme et les muqueuses enflammées, elle détermine une cuisson lég'ère, mais de courte durée. Long-temps continuée en frictions et en applications, elle produit une éruption papulo-pustuleuse. Elle est antiseptique, antiparasitaire. Les acares de la g-ale et les parasites vég-étaux de la teigne et de l'herpès sont tués par cette huile. Elle ag-it aussi sur les entozoaires, surtout sur les vers du tube dig-estif. Indications thérapeutiques et administration. — A l'exté- rieur, onl'emploieen frictions contre les diverses g-ales etles mou- ches ou autres parasites qui vivent à la surface de la peau de nos animaux. Ses propriétés antiseptiques et astring-entes la font employer aussi contre les g^erçures, les crevasses, les plaies sup- purantes. Malheureusement, son odeur forte et la couleur que cette huile donne à la laine, aux poils et à la peau font qu'on lui préfère souvent d'autres médicaments antigaleux. A rintérieur, elle est astring-ente et anthelminthique. On l'administre soit sous forme d'eau, dans laquelle on fait ma- cérer de l'huile de cade, soit sous forme de pilules ou d'électuaires. Doses. Grands animaux 30 à 50 grammes. Moyens 4 à 8 — Petits O^-'.SO à 2 — Naphtalan. C'est un produit obtenu parla distillation fractionnée du naphte du Caucase associé à du savon. Il se présente sous forme d'un corps mou, presque fluide, d'un brun verdàtre, d'une odeur aromatique. Le naphtalan est «n^ïse/j^i^î^e, antiparasitairc, calmant, anti- phlogistique et sédatif. Il a donné d'excellents résultats contre l'eczéma chronique du chien, les brûlures, les g-erçures et cre- vasses, l'herpès, le psoriasis. Il calme bien ladémang-eaison et fait cesser le grattag-e. On peut l'employer pur en onctions ou associé à d'autres produits : ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 209 Formules. Naphtalan • } r, ,■ ^ i , *^ ,. > Parties égales. Lanoline ) ° 2" Glycérine 10 grammes. Naphtalan 20 — 3° Tanin : 1 gramme. Naphtalan 20 grammes. Naphlol 5 grammes. Soufre précipité 4 — Naphtalan 40 — 5° Précipité blanc 4 grammes, Sous-nitrate de bismuth 4 — Naphtalan 40 — Grésyl ou créoline. Le crésyl ou créoline est un produit retiré du goudron de houille. C'est un liquide brun foncé, sirupeux, à odeur de g*ou- dron, dont la densité varie de 1023 à 1080, qui a un goût aro- matique et un arrière-goût acre. Lorsqu'on verse la créoline g-outte à goutte dans l'eau, elle forme d'abord des nuag-es blan- châtres, qui ne tardent pas à se confondre en une émulsion uni- forme laiteuse ; cette solution ou émulsion dans l'eau possède une réaction légèrement alcaline; la proportion de crésyl qui s'émulsionne le plus parfaitement dans l'eau est de 2,5 p. 100 (Prohner). La créoline est soluble en toute proportion dansl'élher, le chloroforme, l'éther de pétrole, l'alcool absolu; elleestinsoluble dans l'esprit de bois et forme avec la glycérine une émulsion brune et épaisse. Le crésyl est un composé très complexe, obtenu parla sapo- nification du goudron au moyen de la soude et de la résine. Il renferme des crésols, de la naphtaline, de ïanthracène et des bases py indiques. La créoline fut découverte en Angleterre, en 1875, par Jeyes, et ses propriétés furent étudiées d'abord par le professeur Attfield Kaufmanx. 14 210 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. (de Londres). Vers 1887, la compagnie Pearson s'est mise à fabriquer induslrieilemenl ce produit, qui devint presque aussitôt l'objet de nombreuses recherches dans les laboratoires et les hôpitaux de tous les pays. Parmi les travaux les plus remarquables sur les propriétés et l'emploi thérapeutique de la créoline, il faut citerceux de Pruhner {BerliîierA rc/iÏD fur ThiorlieUkiinde^ 1887), d'Esmarch iCentralblatt fiir Bactériologie und Parasifenkunde, 1887), de Biel {Clœmiker-Zeitung , Saint-Pétersbourg-, 1887), de Fischer {Phannnccutische Zeitung, 1887), de Nocard [Recueil de vétérinaire, 1888), etc. Effets. — Localement, la créoline est autiparasifaire, désin- fectante, désodorisante, hémostatiijue et astringente. Après son absorption, elle est peu toxique. Les recherches bactériologiques du professeur Nocard dé- montrent la puissance de cet antiseptique. En émulsion 2,5 à 5 p. lUO, il détruit presque instantanément la bactéridie du charbon (sans spores) et les microbes du choléra des poules, de la morve, de l'araigfnée, de la mammite des vaches et ceux du pus [Streptococcus et Stapliylococcus). Une émulsion à 3 p. 100 détruit en quelques minutes la virulence du bacille tuberculeux. Les spores de la bactéridie du charbon sont tuées en ving-t-quatre heures par l'émulsion de créoline à 5 p. 100 ; le virus du charbon symptomatique a perdu toute sa virulence après dix-huit heures de contact avec une émulsion à 3 p. 100. D'autres expérimentateurs : Forster, Esmarch, Eisenberg, etc., sont arrivés à des résultats analog-ues. La créoline tue plus rapi- dement que l'acide phénique \q bacille typhique, le vibrion du choléra, \q Streptococcus de l'érysipèle, \e M icrococcus aureus , les Staphilococcus pyogenes albus et aureus, le Micrococcus tetra- genus, etc. Elle tue également, mais un peu plus lentement, les spores des divers microorg-anismes. Son action antiseptique et désinfectante est près de dix fois plus forte que celle de l'acide phénique ; elle peut être comparée à celle du sublimé en solution àlp. 1000. La créoline est un des meilleurs désodorisants. Les recherches de tous les auteurs concordent sur ce point. D'après Ed. Nocard, l'émulsion à 2 p. 100 supprime absolument la mauvaise odeur du sang-, de l'urine et des pièces anatomiques en putréfaction. La créoline constitue également un excellent antiparasitaire. Les observations de Frohner, Nocard, Esmarch, Eisenberg-, ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 2H Lichwitz, etc., démontrent delà façon la plus nette que lacréoline agit comme un toxique puissant sur tous les êtres inférieurs. Elle tue rapidement la vermine de la peau de nos animaux : les poux, les puces^ les 7'icins ou ixodes, les mouches, les tnites, etc. ; elle détruit les acares divers qui occasionnent la gale : les sarcoptes, les psoroptes, les dermatophages, les dermatoryktes ; elle s'attaque ég'alement aux parasites d'orig-ine végétale tels que : le tri- chophyton, le faviis, les parasites de la diphtérie des volailles : enfin elle est même vermifuge, puisque Nocard a obtenu sur un chien auquel il avait fait prendre d'un seul coup 250 grammes d'émulsion à 5 p. 100, une expulsion d'une grande quantité d'as- carides et de ténias. La ci'éoline n'attaque pas les tissus, mais elle exerce sur eux une action styptique assez énergique et, par suite, un certain effet hémostatique, qui peut être utilisé dans les hémorragies. Sur les plaies, elle exerce une action siccative et antisécrétoire. Administrée à Vintérieur, la créoline développe dans le tube digestif son action antiseptique et antiputride sur les matières alimentaires. A faible dose et diluée fortement, elle empêche les fermenta- tions intestinales et prévient tout dégagement gazeux. A forte dose, elle peut provoquer de la diarrhée et même du vomisse- ment. Chez le chien, les doses isolées, même fortes, ne sont pas mor- telles ; mais, si on répète les fortes doses, on peut provoquer de l'albuminurie et de l'hématurie. Son innocuité aété reconnue par une foule d'expérimentateurs. Fruhner n'a observé aucun elfet nuisible après l'administration de la créoline à la dose de 250 g-rammes sur la vache, de 100 grammes chez le cheval, de 50 grammes chez le chien, de 25 grammes chez la chèvre et le mouton. A un chien, il a donné chaque jour, pendant quatre semaines, 2 grammes de créoline sans rien observer d'anormal. Il signale une légère amertume du lait chez la vache. Il en a été de même lorsqu'il a employé la créoline en frictions sur la peau ou sous forme de bains. Nocard, en expérimentant la créoline pendant une année à l'école d'Alfort, formule sa conclusion de la manière suivante : « Le crésyl n'est pas toxique ; du moins peut-on en administrer de très hautes doses par ingestion ou par injection intraveineuse aux moutons, aux chiens, aux lapins, sans provoquer d'accidents 212 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. sérieux. — Les recherches faites sur l'homme par Spath, Kortun, Neudorfer, Klamann, etc., ont donné des résultats analogues. Il ne faudrait pourtant pas croire que la créoline soit toujours inolTensive. Dix a observé deux cas d'empoisonnement chez le cheval à la suite de lavag-es cutanés faits contre les poux (1), Hobday a vu les jeunes chiens et chats succomber à la suite de l'administration interne et d'applications cutanées de créoline Jeyès (2). Il est fort probable que la composition de la créoline n'est pas toujours identique ; la proportion de phénols et de crésols peut varier. Emploi thérapeutique. — La créoline est employée : 1° Comme antiseptique chirurgical remplaçant avantag-euse- ment l'acide phénique et le sublimé, corps qui ont l'inconvénient d'être d'un prix assez élevé, d'attaquer les mains et les instru- ments et de provoquer facilement des empoisonnements. La créo- line, outre qu'elle n'exerce aucune action nuisible ni sur les mains et les instruments, ni en général sur l'ensemble de l'économie, a encore l'avantage d'arrêter les hémorragies en nappe, de favoriser le bourgeonnement des plaies, de hâter l'élimination des parties mortifiées ou nécrosées et de provoquer la cicatrisation. D'après Neudorfer, la créoline est l'antiseptique le plus sûr, le plus com- mode, le meilleur marché et le plus inoffensif. Pour la chirurgie, on emploie deux solutions de difï'érente force : l'une à 2 p. 100 et l'autre à 0,5 p. 100. La solution à 2 p. 100 sert à la désinfection des mains, des instruments, ainsi que des parties à soumettre à l'opération. La solution à 0,5 p. 100 est employée pour le lavage des blessures, pour imbiber les tam- pons, pour humecter les bandages, etc. Les émulsions de crésyl étant opaques rendent invisibles les instruments quiy sont plongés ; de plus, elles donnent du glissant aux objets et aux mains du chirurgien. Ces deux inconvénients font parfois renoncer à son emploi comme antiseptique chirur- gical. Sur les plaies et les ulcères, on peut aussi employer l'acide borique mélangé à 2 p. 100 de créoline. 2" Comme antiparasitaire, la créoline est efficace contre les diverses gales de nos animaux, contre la vermine, et cela sans (1) Zeilschr. fur Thirheilkunde, VIII, p. 66. (2) The J. of. comp. Path. and Therap., vol. IX, p. 1. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 213 grand danger d'empoisonnement, contrairement à ce qui arrive avec l'acide arsénieux ou les préparations de tabac. Nocard en a obtenu d'excellents résultats contre la gale sarcoptiquc du chien. Frohner a débarrassé des moutons des tiques qui couvraient leur corps par un seul bain de créoline à 2,5 p. 100. Il en a égale- ment obtenu d'excellents résultats dans la gale du mouton (Voir A n t ip a ra s i t a it'es ) . Contre la teigne tniisurante et le favus, on emploie de préfé- rence des solutions alcooliques de créoline à 5 ou à 10 p. 100; contre les poux, les tiques, les émulsions aqueuses à 3 p. 100. Frohner a aussi employé avec succès des solutions aqueuses de 2 à 5 p. 100 contre la diphtérie des volailles. 3» Gomme désinfectant, astringent et désodorisant, la créoline est indiquée en injections dans les cas de non-délivrance, de métrite, de catarrhe purulent du vagin et des diverses muqueuses. On utilise alors des solutions aqueuses à 0,5 ou 1 p. 100. Cette même solution a été employée par Frohner contre les cystites purulentes, les stomatites ulcéreuses, Votorrhée, etc. Nocard, Reul et d'autres en ont obtenu d'excellents résultats dans le traite- ment du catarrhe auriculaire, des dartres, des rougeurs, des dépilations, etc. (solutions aqueuses de 1 à 1,5 p. 100). Contre Vecréma chronique, Frohner emploie le liniment composé de : créoline et savon vert parties égales, alcool moitié, ou l'alcool créoline à 1 p. 5 et 1 p. 10, ou des pommades à la créoline à 1 p. 10 ou 1 p. 5. Dans la fourchette pourrie et autres affections du pied des solipèdes et des ruminants, on emploie des solutions de crésyl à 5 p. 100. On peut utiliser les solutions de 2 à 5 p. 100 ^^onr désinfecterXes locaux dans lesquels ont séjourné des animaux atteints d'affections contagieuses. C'est un bon désinfectant pour les abattoirs et les marchés d'animaux. Pour désinfecter les mains, on emploie le savon créoline. 4° .4 V intérieur, la créoline est administrée pour combattre lu diarrhée, la dysenterie, les fermentations anormales, les ballon- nements, les indigestions et les catarrhes chroniques, les affec- tions chroniques des reins et de la vessie. On en a obtenu aussi de bons résultats dans le charbon bactéridien chez les bovins à la dose de 50 à 100 grammes. ôP En inhalation, on emploie la créoline à titre de désinfectant 214 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. et d'expectorant dans la bronchite, la pneumonie catarrhale, la pneumonie g-angreneuse, etc. ; 6" En ophthalmologie, on a vanté beaucoup la créoline contre la conjonctivite, les kératites ulcéreuses du chien et du chat, etc., en solution de 0,5 à 1 p. iOO. Doses. — A l'intérieur, la créoline est associée à des poudres diverses et g-énéralement administrée sous forme de pilules, de bols aux doses suivantes : Cheval et bœuf 10 à 25 grammes. Chien Oei',5à2 — Préparations. — Solutions aqueuses, alcooliques, g-lycériques à des titres divers. Pommades créolinées de 1 p. 10 à 1 p. 100. Ouate créolinée. Gaze créolinée, etc. Savon créoline. Liniment créoline. Crésols. CH3CSHiOH. (Crésylols. Acides crésyliques.) On connaît trois variétés de crésol : le para, l'ortho et le méta- crésol. L'industrie fournit actuellement un produit contenant les trois crésols, c'est le cresylol ofJJc'mal. Il est liquide, miscible à l'eau dans la proportion de 1 p. 45. La solution aqueuse n'est pas caustique, mais elle est fortement antiseptique et légèrement analgésique. La solution à 1 p. 100 convient pour les besoins de l'antisepsie chirurgicale et de la désinfection. On emploie aussi le cresylol sodique dissous [Codex] : Cresylol olTicina! 1 000 Soude caustique 1 000 Effectuer le mélange dans un récipient en grès ou en métal. La réaction dégage beaucoup de chaleur et pourrait provoquer la rupture des récipients en verre. On n'emploie pas le cresylol sodique pur; on le dissout dans de l'eau commune dans des proportions convenables. Les crésols forment la base du lysol, du bacillol, du solutol, du solvéol et du sapocai'bol. Lysol. Le lysol s'obtient en faisant bouillir ensemble l'huile de gou- ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 215 dron, une huile douce et du savon de potasse. Sa composition chimique n'est qu'incomplètement connue; mais on sait que c'est un mélange de composés alcalins des divers phénols et de savons gras résineux. C'est un liquide jaune, alcalin, à odeur de goudron, oléagineux et parfaitement soluble dans l'eau. Ses solutions aqueuses sont transparentes, plus ou moins colorées en jaune, suivant leur degré de concentration. Ce corps a conquis une des premières places dans la médication antiseptique en médecine vétérinaire. Effets et usages. — Le lysol en solution à 5 p. 1000 tue les spores du charbon bactéridien en cinq jours ; en solution à 2,5 p. d 000, il détruit en cinq minutes le staphylocoque pyogène, le streptocoque et tous les microbes qui jouent un rôle dans l'infec- tion des plaies (Gerlach). La désinfection des déjections cholé- riques est réalisée en sept heures par l'addition de lysol dans la proportion de 3,5 p, 1000 {Vincent). Cet antiseptique est supé- rieur à l'acide phénique, et il est beaucoup moins toxique que le sublimé. Sa toxicité est presque nulle, puisque Gerlach a pu in- jecter sous la peau du lapin 2 grammes de lysol par jour, pendant quinze jours, sans produire aucun accident sur cet animal. Il a pu prendre sans inconvénient la même dose à l'intérieur. Les essais thérapeutiques entrepris avec le lysol sont très satis- faisants. Une solution à 3 p. 100 a les propriétés d'un savon et peut être employée avec le meilleur succès pour la désinfection des mains et des instruments du chirurgien. Les bistouris et les ciseaux peuvent séjourner pendant des heures dans le lysol sans s'émousser, mais les instruments deviennent glissants, ce qui est un inconvénient. La soie pour sutures et ligatures, le catgut sont stérilisés dans une solution de lysol à 2 p. 100, et cela sans perdre leur ténacité. Appliqué sur les plaies, le lysol les désinfecte sans les irriter. On emploie des solutions de 0,5 à 1 p. 100 contre les affections catarrhales, pour les lavages de l'appareil génital chez les femelles, etc., ces solutions déterminent sur les muqueuses une légère douleur qui disparaît au bout de une à deux minutes. Pour les maladies cutanées, on peut faire usag-e sans aucun inconvénient de solutions à 20 p. 100. Quoique en général inoffensif, le lysol peut devenir toxique dans certains cas : Un cheval frotté sur tout le corps avec une solution de lysol à 3 p. 100, dans le but de détruire les poux, a préseuté, vingt mi- 216. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. nutes après, des phénomènes d'intoxication très graves : agitation, sudation, accélération de la respiration et du pouls, tremble- ments dans tous le corps, incapacité de se tenir debout, urines brunes comme du café (Reinhardt). Plusieurs chevaux ont suc- combé après un lavage pareil (Borchardt). Uthof ayant lavé un cheval tondu atteint de gale sur tout le corps, avec une solution de lysol à 2 p. iOO, a vu survenir des accidents d'empoisonnements : inflammation de la peau les jours suivants, pneumonie, mort. A l'autopsie, on a trouvé de la myocardite, de la néphrite, de l'hépatite hémorragique et de l'œdème pulmonaire. Des poules lavées avec une solution de lysol à 5 p. 100 pour détruire les poux ont succombé (Albuxo). Un perroquet a suc- combé à la suite de frictions de lysol faites dans le but de le débarrasser de parasites cutanés (Schtney). Noack, Môbiu3, Robert ont observé des phénomènes d'empoi- sonnement chez les chiens, frottés sur les deux tiers du corps avec du savon lysolé à 50 p. 100. Bacillol. Ce produit, formé de crésol, est un succédané du crésyl et du lysol. Il est parfaitement soluble dans l'eau, agit localement comme léger irritant et est très antiseptique^ désodorisant, désinfectant et anliparasitaire. Il a donné de très bons résultats en solution à 0,5 p. 100 en injection contre les affections catarrhales infectieuses des voies génitales des femelles. Il paraît supérieur au crésyl dans le traitement de la gale du mouton. Solvéolet solutol. Ce sont, comme le lysol, des dissolutions alcalinisées ou non de divers phénols et principalement des crésylols émulsionnés au moyen de savons oléo-résineux. Les solutions aqueuses sont presque transparentes. En solution à 2 p. 100, ils sont antiseptiques et sont à recom- mander pour l'usage externe, plaies, abcès, otite, vaginite, etc. Ils conviennent également comme agents désinfectants des écuries, des locaux (abattoir). Contrairement au sublimé, ils continuent à agir dans un milieu qui contient de l'albumine. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 217 Pour Maisel, le solutol est moins actif comme désinfectant pour les abattoirs, etc., que le lysol. 11 préfère ce dernier, qui em- pêche même la putréfaction. En Allemagne, les solvéols et solutols sont employés de préfé- rence au phénol et à la créoline. Leurs solutions sont ne?^/res, non irritantes et Xrès antiseptiques. Naphtaline. C'OH». La naphtaline est extraite des huiles lourdes de g-oudron de houille. Elle forme des cristaux minces en tables rhomboïdales brillantes, d'une odeur goudronneuse, d'une saveur acre et aro- matique. Elle est très soluble dans l'eau bouillante, dans l'alcool, l'éther, les huiles grasses, le benzol, les acides acétique, oxa- lique et chlorhydrique, mais elle est insoluble dans l'eau froide. Effets physiologiques. — La naphtaline constitue un toxique assez puissant pour les ferments fig"urés, les microorganismes pathogènes, les champignons et les parasites divers. Elle est donc antiseptique^ désinfectante et antiparasitaire. Appliquée sur la peau, les muqueuses, les plaies, elle ne provoque aucun effet apparent, si ce n'est une action désin- fectante. A l'intérieur, elle n'est que peu absorbée à cause de sa faible solubilité; elle ne produit guère que de la diarrhée. Cependant, si on continue son administration pendant plusieurs mois, elle" peut produire un amaigrissement général et une altération de diverses parties de l'œil. Le cristallin devient opaque comme dans la cataracte (Bouchard et Charrin), la rétine se couvre de petites taches blanches ou jaunâtres et la cornée s'ulcère. Les animaux qui succombent à cet empoisonnement lent montrent aussi les lésions de la néphrite parenchymateuse. La naphtahne s'élimine principalement par les urines et leur communique souvent des ])ropriétés irritantes assez marquées. On croit que la naphtahne produit dans le tube digestif des naphtols et que ce sont ces nouveaux produits qui agissent comme antiseptiques et toxiques. Indications thérapeutiques. — Elle est indiquée : 1° Gomme antiseptique, et cicatrisant sur les plaies suppurantes, les ulcérations diverses, les javarts cutanés, les fistules, l'eczéma chronique; XiJ^'^ \€' 218 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 2° Gomme antiectozoairc^ contre la vermine qui pullule quel- quefois sur la peau de nos animaux telle que : les poux, les puces, les acares, les ricins, etc., ainsi que contre le parasite de la teigne tonsurante ; 3° Gomme vermifuge^ chez le chien ; on obtient souvent l'ex- pulsion des ténias à l'aide de la naphtaline ; 4° Gomme antifermeiilescible et désinfectant du tube digestif, lorsque les matières alimentaires fermentent anormalement, comme cela a lieu dans les indig-estions chroniques caractérisées par du ballonnement, ou dans les diarrhées des jeunes veaux ; 5° Gomme antipyrétique^ et modificateur des voies urinaires et des voies respiratoires, quand elles sont le siège d'inflam- mations catarrhales. Administration et doses. — A l'extérieur, la naphtaline s'emploie sous forme de poudre, seule ou associée à l'alun, à l'acide borique, au sucre, etc. ; sous forme de pommade au cin- quième, au dixième, etc. ; sous forme de Uniment au cinquième, etc. A V intérieur, on l'administre en pilules, en bols, en élec- tuaires, en breuvages à l'huile, à la glycérine, etc. Les doses internes sont : Cheval et, bœuf 5 à 10 grammes. Veau, porc et mouton 2 à 5 — Chien O?',! à 1 Chat el volailles 0",05 à 0ef,2 Les doses toxiques sont chez : Cheval 20 grammes. Chien 2 — Naphtol. CioH7(OH). On distingue les naphtols a et p. Ge sont des dérivés de la naphtaline. TjC naphtol 8, le plus employé, se présente sous la forme d'une poudre blanche, cristalline, à odeur phéniquée, à saveur piquante, très peu soluble dans l'eau (0,2 p. 1000), trèssoluble dans l'alcool, i'éther et les huiles. D'après Anotta, l'acide borique, à saturation dans l'eau, élève au quadruple la solubilité du naphtol. Pour faciliter sa dissolution dans l'eau, on mélange celle-ci à l'alcool. ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 219 On peut dissoudre par litre O^^SS dans l'eau contenant 1 d'alcool p. 1000; 1 gramme dans l'eau contenant 50 d'alcool p. 1000; 2 g-rammes dans l'eau contenant 200 d'alcool p. 1000. Le naphtol a est plus soluble dans l'eau et plus irritant pour les tissus. Effets et emploi. — Le naphtol S est un antiseptique puis- sant (Bouchard) et un bon antiparasitaire (Kaposi).Il suffit d'une solution à 0,5 p. 1000 pour préserver la viande de la putréfaction. En solution à 1 p. 3000, il empêche le développement des mi- crobes de la morve, de la mammite de la brebis, du charbon, du choléra des poules, de la pneumonie, de la suppuration, et il retarde énormément, mais sans l'arrêter complètement, le dévelop- pement du bacille de la tuberculose et du bacille typhique (Bouchard). Le naphtol est seize fois moins antiseptique que le biiodure de mercure, cinq fois plus que l'acide phénique et trois fois plus que la créosote. Ce corps agit aussi énerg-iquement sur les animaux supérieurs. Après l'absorption de doses toxiques, le naphtol produit une vive excitation des diverses muqueuses, excitation qui se mani- feste par des éternuements, des ébrouements, de la salivation, ^^ J^ de la toux, des nausées, de la diarrhée, de la dysurie, etc. (Wil- lenz). A doses plus fortes, on remarque chez le chat et le cheval des convulsions épileptiformes; chez le chien, ces convulsions manquent, mais il se produit chez lui un coma et un abaissement de la température. On observe souvent de la néphrite accompa- gnée d'albuminurie etd"hémog-lobinurie(Cag-ny, Lesage). L'élimi- nation du naphtol se fait par les reins ; on le retrouve dans les urines sous forme de naphtol sulfo-conjug-ué. M. Bouchard n'a jamais obtenu le moindre symptôme d'empoi- sonnement quand il n'a pas fait ing-érer le naphtol au delà de la dose quotidienne de l^*", 10 par kilog-ramme d'animal. On l'emploie à l'extérieur : l" Contre Veczéma, \sigale, etc., en pommade à 1 p. 5 ou en solution alcoolique. Il ne convient pas chez le chat, qui est très sensible à son action ; 2° Contre les plaies, les maladies catarrhales des muqueuses apparentes (vagin, urètre, cavités nasales), sous forme de lotion et d'injections d'eau naphtolée ou de solutions boriques naph- tolées. c^J^ 220 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. A /'intérieur : i° Comme anthetmintliique contre les ascarides et les ténias (Willenz) ; 2<' Gomme antiseptique intestinal dans toutes les maladies accompagnées de putridités intestinales ou qui sont la conséquence d'une infection microbienne par cette voie. Les doses toxiques internes de naphtol p ne sont pas les mêmes chez les diverses espèces animales. Par ing^estion, le chien sup- porte Is^lO par kilog-ramme ; le chat, O^^IS; le lapin, S^^SO. Le cheval peut recevoir une dose de 5 grammes par jour. Préparations. 1» Salicylale de bismuth 7K^bO Naphtol p finement pulvérisé 15 grammes. Mêlez intimement et divisez en 30 paquets. Pour l'antisepsie intestinale et gastrique. Un paquet par jour chez le chien et dix par jour chez le cheval. 2° Eau iiaphlolée. Naphtol p 40 grammes. Alcool à 90° q. s. pour faire 100 centimètres cubes. Ajoutez de cette solution alcoolique 5 ou 10 centimètres cubes dans : Eau bouillante 10 litres . Filtrez après refroidissement. Pour injections désinfectantes dans le vag-in, l'utérus, les cavités nasales, etc. 3° Camphre naphtolé. Naphtol p pulvérisé 10 grammes. Camphre en poudre 20 Triturez jusqu'à liquéfaction du mélange des poudres. Pour onction de la peau sur les parties qui doivent être le sièg-e d'une opération ; pour toucher les éruptions suppurantes, les excoriations, les plaies; pour rendre aseptiques les croûtes et les escarres. Thymol. Gi»H«*0. Le thymol, ou acide thymique, se retire de l'essence de thym. Il ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 221 est solide en cristaux transparents ayant une odeur douce aroma- tique et une saveur piquante et poivrée. Il est peu soluble dans l'eau (1 p. 1200 environ), très soluble dans l'alcool, Téther et la glycérine. Effets. — Le thymol est un antiseptique environ quatre fois plus puissant que le phénol. Il empêche le développement du Staphy- lococcus aiireus et du Bacillus anthracis à 1 p. 3000. A 1 p. 1000 il arrête la putréfaction et la fermentation. La dose de 1 p. 100 empêche l'action de l'émulsine. Localement, le thymol est irritant; ses solutions sont, suivant leur deg-ré de concentration, caustif/ues ou astringentes pour les muqueuses et les plaies. Aprèsl'administration interne, le thymol est rapidementabsorbé puis éliminé par les reins en partie sous forme d'acide thymol- glycuronique, en partie sous celle de sulfate de thymolhydroqui- none. Il est environ dix fois moins toxique que le phénol. Le chien peut en supporter 2 g-rammes. Des doses plus fortes peuvent déterminer de la gastro-entérite, de la néphrite, de l'albuminurie, de l'hématurie, du collapsus, de l'hypothermie, un ralentissement du pouls et de la respiration, et enfin la mort. Les lésions con- sistent dans une cong-estion énorme des poumons et des reins, une dég-énérescence g-raisseuse du foie. Indications. — L'acide thymique étant antiseptique, désodo- risant, dessiccatif et cicatrisant, peut être employé pour le panse- ment des plaies en solution à 1 p. 1000, contre les brûlures^ Vecséma, la stomatite ulcéreuse^ la stomatite aphteuse. Malheu- reusement il a l'inconvénient d'être d'un prix très élevé. A l'intérieur, il a été employé avec succès comme anthelmin- thique contre les oxyures, le Strongylus armatus chez le cheval et contre l'ankylostome duodénal chez l'homme. Mode d'emploi et doses. — A l'extérieur, pour l'usage chirur- gical, pour la désinfection des mains, on emploie la solution de 1 à 4 p. 1000. On augmente la solubihté du thymol par l'addition d'un peu d'alcool ou de g-lycérine. On emploie aussi la pommade de 1 à 4 de thymol pour 200 de vaseline. A l'intérieur, on donne au chien de 0,50 à 2 g-rammes de thy- mol en solution aqueuse ou alcoolique. A cause du prix élevé du thymol, on peut employer en médecine vétérinaire le thym en infusion à la fois pour l'usage externe et interne. 222 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. Salol. C12II10O3. Le salol résulte de la combinaison de l'acide salicylique et du phénol; on l'appelle encore salicylate de phénol ou ét/ier phényl- salicylique. A l'état de pureté, le salol se présente sous la forme d'une pou- dre blanche légèrement amère à odeur aromatique, formée de lamelles cristallines losang-iques fusibles à 42°. Il est insoluble dans l'eau, dans la g-lycérine et les huiles lourdes de pétrole, soluble dans l'alcool (1 p. 10), l'éther (3 p. 1), le chloroforme, la benzine, l'essence de térébenthine, les huiles g-rasses et volatiles. Action physiologique. — Le salol est un antiseptique comme les deux corps (l'acide phénique et salicylique) qui entrent dans sa composition. Après son administration, il est dédoublé en phénol et acide salicylique, sous l'intluence de la salive, du suc pancréatique et du suc entérique. Par ses produits de dédoublement, il entrave la pullulation des microbes, qui produisent les fermentations intes- tinales et les résidus dig-estifs sont ainsi rendus plus ou moins aseptiques. Sur l'animal à jeun, le salol ne subit aucun dédouble- ment (Gley). Après son absorption, le salol produit un abaissement notable de la température et constitue un antitherniique puissant. Il est éliminé par l'urine sous forme d'acide salicylique, d'urate de sali- cyle et de sulfo-phénol. L'urine prend une coloration noire comme après l'administration de l'acide phénique. On peut y déceler facilement la présence de l'acide salicylique et du phénol. On a constaté aussi qu'il accélère ïq?, mouvements lespiratoires et qu'il diminue leur amplitude. Il exerce aussi une action calmante sur le système nerveux et n'est toxique qu'à très forte dose. Indications. — Le salol est indiqué : 1° Gomme antiseptique chirurgical, dans les mêmes cas que l'iodoforme; il olTre l'avantage de ne pas être toxique et de ne pas avoir d'odeur désagréable ; 2° Gomme désinfectant des plaies suppurantes et des muqueuses qui sont le sièg-e d'un catarrhe muco-purulent. Il a produit de bons résultats dans la vag-inite, les ulcérations du col de l'utérus, les conjonctivites, l'otorrhée, la stomatite, l'ozène ; ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. 223 3° A l'intérieur, comme antifei^jnentescible et antiputride, dans les afîections putrides du tube digestif accompagnées de fermen- tations anormales et de ballonnements fréquents : catarrhes, ictère, fièvre typhoïde ; 4° Comme antipyrétique et analgésique, dans le rhumatisme articulaire et musculaire. Il paraît que son administration n'offre pas les inconvénients de l'acide salicylique et du salicylate de soude, qu'il ne fatig-ue pas l'estomac. Frôhner en a obtenu d'heu- reux résultats chez le chien dans le rhumatisme aigu et chronique, dans le lombagx) rhumatismal. Administration et doses. — A l'intérieur, le salol est employé en poudre, en électuaire, en pilules. Doses thérapeutiques de salol. Chien 0gr,2o à 1 gramme. Cheval 15 à 25 grammes. Pour produire un effet antipyrétique et antirhumatismal, ces doses peuvent être données trois ou quatre fois dans les vingt- quatre heures. A l'extérieur, on l'emploie sous forme de Uniment, de poudre, de pommade. On peut aussi l'incorporer au collodion. Poudre à pansements. Salol pulvérisé.. . . , Amidon pulvérisé. I Pommade de Capilan. Salol 4 Cocaïne O^f, 25 Vaseline 50 Cette pommade est recommandée contre les brûlures et toutes les irritations cutanées douloureuses. Chrysarobine. La chrysarobine C''*'H"^^0'' existe dans la poudre de Goa et dans la racine de rhubarbe. La poudre de Goa se trouve dans les cavités dont se creuse le tronc d'un arbre du Brésil, YAîidira araroba, delà famille des Lé- gumineuses Papilionacées. Cette poudre est jaune, inodore, d'une saveur acre et amère, •224 ANTISEPTIQUES ORGANIQUES. soluble dans l'éther, le chloroforme, la benzine et les alcalis dilués ; elle est presque entièrement constituée par .de la chrysarobine. Lorsque cette substance estpurifiée,ellese présente sous forme de cristaux en lamelles, inodores, solubles en petite quantité dans l'alcool et très solubles dans l'éther et les alcalis. Effets. — La poudre de Goa et la chrysarobine pure agissent localement à la façon des irritants. Cette action irritante doit être attribuée à leur pouvoir réducteur considérable et à leur avidité pour l'oxyg-ène. La chrysarobine, en effet, absorbe del'oxyg-ène et se transforme en acide chrysophanique d'après l'équation suivante : G3»H260^ + 40 = 2Ci^HioO^ + SH^O. Chrysarobine. .\cide chrysophanique. A l'intérieur, la poudre de Goa produit rapidement des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des coliques, tous les sig-nes d'une g"astro-entérite et de l'albuminurie. Après son absorption, la chrysarobine est transformée en acide chrysophanique dans le sang-, acide qui est éliminé par les urines, auxquelles il communique une color-ation rouge. Emploi. — La poudre de Goa n'est jamais employée à l'inté- rieur; on l'utilise à l'extérieur dans le traitement des affections de la peau et principalement de V eczéma chronique^ de V herpès tonsu- rant^ de Vherpès circiné, dans le pityriasis, le psoriasis. On l'ap- plique sous forme de pommade. Pommades. 1° Poudre de Goa 2à4 grammes . Axonge 30 — Acide acétique Ià2 — Chrysarobine 10 grammes. Axonge 90 — 3° Chrysarobine 5 grammes. Lanoline 25 — Anthrarobine. L'anthrarobine est retirée de la garance. C'est une poudre d'un blanc jaunâtre, soluble dans l'alcool et la glycérine. En solution ASEPSIE ET ANTISEPSIE. 225 alcaline, elle absorbe l'oxygène avec avidité et se colore en violet sombre. En s'oxydant, elle donne de Talizarine. L an thrarobine colore la peau en jaune, mais ne l'irrite pas. Elle peut être employée comme la chrysarobine dans le psoriasis, l'herpès tonsurant, le pityriasis, etc., sous forme de pommade ou de solution. 1° Pommade. Anthrarobine 10 à 20 grammes. Huile «l'olive 30 à 40 — Lanoline ou axonge, q. s. pour 100 grammes de pommade. 2° Solution. Anthrarobine 20 grammes . Alcool à 60° 80 Aniodol. L'aniodol est une combinaison de triméthanal avec une substance de la série allylique, le tout en solution dans une g-lycérine spécialement distillée. Il existe aussi en poudre. Ce corps aurait un pouvoir batéricide supérieur à tous les autres antiseptiques connus et présenterait en outre l'avantage d'être inodore, incolore, non irritant et non toxique. Il aurait aussi un pouvoir désodorisant de premier ordre ; il ferait dispa- raître complètement l'odeur d'iodoforme. Les plaies sont désinfectées et désodorisées avec des solutions à 1 p. 3000. Pour les mains et les instruments, on emploie une solution à 1 p. 2 000. On peut aussi employer le savon à l'aniodol àl p. 100. Asepsie et antisepsie. L'asepsie, c'est la méthode prophylactique qui consiste à pré- server les tissus sains ou malades du contact des microbes patho- gènes, surtout de ceux qui produisent les accidents septiques. L'asepsie est surtout très importante en chirurgie et en obsté- trique. Tous les accidents d'infection consécutifs aux opérations sai»glantesou aux accouchements laborieux doivent être attribués aux microbes ou à leurs toxines. vclaXv Les germes infectieux viennent tous de l'extérieur. Ils pénètrent dans les tissus avant, penda?it ou après ïinterventïon chirurgicale. Kaufmann. £5 226 ASEPSIE ET ANTISEPSIE. Étant disséminés et déposés sur tous les objets en contact avec l'atmosphère, les germes infectieux existent toujours en plus ou moins grand nombre su)^ la peau, à l'endroit où doit se faire l'opération chirurgicale, à la surface des instruments, sur les inains du chirurgien et enfin sur les objets de pansernent. Rien d'étonnant donc si les accidents de l'infection sont à redouter à la suite des opérations chirurgicales, des lésions traumatiques accidentelles et de la parturition laborieuse. -^ Dans lesopérationssang-lantes ou autres, l'indication essentielle à remplir consiste certainement dans Vasepsie des surfaces. En effet les chirurg-iens ont, depuis longtemps, constaté que, si les mains de l'opérateur et tous ses instruments, ainsi que la peau de la région où se fait l'opération, sont bien lavés, désinfectés, si les pansements sont bien faits, on obtient des plaies propres, à cicatri- sation rapide, régulière, c'est-à-dire des plaies aseptiques. Mais, dans la pratique, il est assez difficile d'empêcher toujours et complètement les germes d'arriver jusqu'à la plaie. En méde- cine vétérinaire, une plaie, parfaitement aseptique au moment de l'opération, est généralement envahie quelque temps après par des microbes divers, provenant de l'air, de la litière et du fumier. Nos opérés sont indociles, dérangent leurs pansements, et par suite les causes d'infection des plaies sont chez eux nom- breuses et agissent presque fatalement. Nous devons donc nous efforcer d'empêcher les germes d'arri- ver jusqu'aux plaies, au moment de l'opération, et chercher à les détruire quand ils s'y sont introduits. On appelle antisepsie la méthode qui consiste à détruire les microbes pathogènes fixés sur un tissu de l'organisme, afin de prévenir leur multiplication et, par suite, d'éviter les accidents locaux et l'infection générale. En médecine vétérinaire, ces deux modes, Vasepsie et Vanti- sepsie, se complètent et doivent être employées ensemble. Elles ne difTèrent pas essentiellement, car toutes les deux ont pour but la destruction des microbes pathogènes ; par l'asepsie, on détruit ceux qui sont fixés surla peau, les objets et les instru- ments mis en contact avec les tissus vifs ; par l'antisepsie, on détruit ceux qui, étant déjà implantés dans un point de l'organisme, menacent de l'envahir. L'asepsie intervient avant et pendant l'opération chirurgicale ou obstétricale ; l'antisepsie intervient surtout après l'opération pendant la période de cicatrisation. ASEPSIE CHIRURGICALE. 227 1° Asepsie chirurgicale. Elle consiste à stériliser le champ opératoire et tout ce qui doit arriver au contact de la plaie : instruments, matières de pansement, mains du chirurgien et de ses aides. La stérilisations obtient par lachaleuretpar les agents chimiques étudiés précédemment. Avant toute chose il y a une règ-le qui s'impose : c'est la pro- preté la plus tninutieuse du chirurgien. Ce.\?i suffit le plus souvent dans la pratique vétérinaire. Pour assurer la stérilisation, on ne doit employer que les instruments simples, entièrement métalliques, autant que possible sans rainures ni cavités étroites et profondes. Action microbicide de la chaleur. — La chaleur élevée et pro- longée constitue l'agent microbicide par excellence. Aucun germe ne résiste à son action. Son intensité microbicide dépend de plusieurs facteurs : 1" de son degré ; 2° de la durée de son action ; 3° de son état hygromé- trique ; 4° de l'espèce de microorganisme; 5° de la forme (mycé- lium ou spores) des microbes. La chaleur humide agit toujours plus énergiquement que la chaleur sèche. Les microbes à l'état de spores résistent mieux qu'à l'état de mycélium. Le tableau suivant, emprunté à Vinay, montre le pouvoir microbicide de la chaleur humide sur les divers microorganismes et virus. Température à. laquelle périssent les microorganismes. (Chaleur humide.) I. — MlCROCOQHES. En 10 minutes. En 1 min. 1/2. Staphylococcus pyogenes aureus 58» 80» — — citreus 62° — — alhus 62» Streptocoque de l'érysipéle 54» Gonocoque 60o Péripneumonie contagieuse >, Micrococcus tetragenus 58» Microcoque de Pasteur 52» Sarcina luta 64» — aurantiaca 62» t2S ASEPSIE CHIRURGICALE. II. — Bacilles. Bacillus anthracis (Ghauveau) 54° Bacille de la fièvre typhoïde 56° — de la pneumonie de Friedlânder. 56° — de la morve (Lof fler). 53° — de la diphtérie (Zarinko) 60° — de la tuberculose (Galtier) 60° résiste pend. 20 min. — — — 71° — 10 — — du choléra asiatique 52° — — nostras 50° — du rouget du porc 58° — de la septicémie de la souris.. 58° Bacillus napolitanus 62° Bacille du choléra des poules 56° Bacillus cavicida 62° — crassus sputigenus 54° — pyocyanus 56° — indicus 58° — prodigiosus 58° — cyanogenus 54° Bacille de l'acide lactique 56° En 1 minute. Bacillus subtilis (Duclaux) : Tyrothris tenuis à 100° (résiste). — filiformis — — distortuâ à 90°-95° — geniculatus à 80» (succombe) . — scaber à. 90°-95o III. — Spores. Au bout de 10 minutes sont détruits Bacillus anthracis 100° — alvei 100° Bacille butylique 100° Bacillus mycoïdes 100° Bacille de la tuberculose (Schill et Fischer) 100° Bacille de la tuberculose (Yersin) 70° — de la fièvre typhoïde, au-dessus de 60° — de l'œdème malin (Gourboulès) état frais 100» — de l'œdème malin (Gourboulès) état sec 120° — de la diarrée verte 100° Résistent pendant quelques minutes. Bacillus subtilis (Duclaux). Tyrothrix tenuis 115° — filiformis 120° — distortus 100o-105° — geniculatus 110° — scaber 105°-110° ASEPSIE CHIRURGICALE. 229 IV. — Virus divers. Sont détruits eu 10 minutes. Vaccine (Carstens et Gœrt) Sa» à 34° Peste bovine (Serainer et Raupacli). . . 55° Clavelée 55° Rage 60° Charbon syni|)toiuatique (Arlnino) 70° (en 2 h. 20 min. — " — — 80° (en 2 h.). — — — 100° (en 20 min.). ^' La clialeure de 120° prolong-ée pendant un quart d'iieure suffit ■> pour tuer tous les microbes, quel que soit leur état (mycélium ou ^ spores). i° Stérilisation des instruments. — Les instruments métal- litiues sont stérilisés par la chaleur. On emploie le llambage, Tautoclave, rétuve sèche, TébuUition. Flambage. — II consiste à promener l'instrument dans la flamme d'une lampe à alcool ou d'un bec de gaz pour briîler tous les germes qui peuvent exister à sa surface. Mais ce procédé simple n'est pratique que pour stériliser un instrument isolé. On rend le flambage pratique en chirurg-ie de la manière suivante : les instruments sont placés dans une boite métallique formant cuvette ; on les arrose d'alcool, qu'on allume. Sous l'influence de la combustion de l'alcool, les instruments sont portés à une tem- pérature très élevée qui les stérilise parfaitement. On les refroidit en versant dessus de l'eau bouillie froide. Celle-ci, au contact des instruments surchaufl'és, se volatilise en partie en produisant un sifflement caractéristique qui est la preuve qu'ils ont été chauffés suffisamment. Le flambag-e ainsi pratiqué convient particulière- ment en médecine vétérinaire. Autoclave de Ghamberland. — C'est une sorte de marmite de Papin, dans laquelle l'eau est portée à 120 ou 130". La vapeur sous pression mouille et pénètre bien tous les objets placés dans l'appareil et par sa haute température les stérilise parfaitement. ' Ce mode de stérilisation est utilisé dans les laboratoires, les écoles vétérinaires, mais n'est g-uère à la portée des praticiens, à cause du prix élevé de l'appareil. Étuve sèche. — C'est une sorte de boîte métallique qu'on peut porter à la température de 140 à 150° à l'aide d'un foyer quelconque. 11 n'y pas de vapeur, c'est l'air sec qui enveloppe les instruments et les désinfecte. Ce procédé de stérilisation, ^■•^ 230 ASEPSIE CHIRURGICALE. très en usage en chirurgie humaine, convient pour les instruments métalliques. Ébullition. — L'ébullition de Teau se fait à nos altitudes à 98 ou 99". Or certains microbes résistent à cette température même prolongée pendant plusieurs heures. On ne peut donc pas compter sur une stérilisation absolue par ce procédé. Cependant, dans la pratique, il donne de bons résultats et paraît suffisant dans la g-rande majorité des cas. On peut d'ailleurs augmenter la puissance sté- rilisante de Tébullition en dissolvant dans l'eau 2 p. 100 de ben- zoate de soude. Cette solution bout à 106° (Roux). A cette tempé- rature, presque tous les germes sont tués après une demi-heure. On a recommandé des liquides dont le point d'ébullition est encore plus élevé, tels que la glycérine et l'huile; mais, outre que ces liquides sont coûteux, leur chauffage est difficile à régler et nécessite des thermomètres spéciaux. On peut donc, dans la pratique vétérinaire, se contenter de faire bouillir les instruments dans l'eau ordinaire ou dans l'eau à laquelle on ajoute du benzoate, ou du borate de soude, ou du chlorure de sodium, afin d'élever son point d'ébullition. Pour évite?' la rouille, on ne doit plonger les instruments dans l'eau que lorsque celle-ci est déjà en ébullition. Après la stérilisation, les instruments sont maintenus pendant l'opération dans un bain d'eau phéniquée à 5 p. 100, ou dans une solution de formol ou simplement dans de l'eau bouillie refroidie. 2" Stérilisation des matières de pansement. — Les fils de lin et les soies peuvent êtres stérilisés à l'autoclave ou soumis à une ébullition prolongée. On peut se procurer dans le commerce des fils et des soies stérilisés qui sont enroulés sur des bobines placées dans des tubes stérilisés et hermétiquement clos. Les fils de catgut sont obtenus avec les boyaux de brebis ou de chat. Après les avoir débarrassés de leur graisse par l'éther et les avoir séchés lentement, on les soumet à l'action des vapeurs d'alcool absolu chauffées à 120° sous pression. On les enroule sur des baguettes de verre. Ces baguettes sont enfermées dans des tubes stériles et bien bouchés. Le commerce les livre tout préparés et stérilisés. h'ouate, Vétoupe, la gace et toutes les matières de pansement de même nature sont fournies aseptiques par l'industrie. Elles sont même souvent imprégnées d'antiseptiques divers, tels que : le sublimé, l'acide phénique, l'acide borique, l'acide salicylique, l'iodoforme, etc. ASEPSIE CHIRURGICALE. 231 En médecine vétérinaire, Touate de tourbe stérilisée par la cha- leur est une excellente matière de pansement. D'après Cadiot et - WaMteuffel, elle est élastique, légère, douce, très absorbante pour les liquides des plaies, d'un prix minime et très facile à conserver. « L'emploi de l'ouate de tourbe permet de combattre les fâcheux effets de la suppuration abondante des plaies. Elle peut rem- placer les drains en raison de son pouvoir absorbant ; elle est supérieure à l'étoupe, à la tilasse, même à la ouate de coton, et s'applique mieux qu'elles sur les plaies. Sa douceur, son élasticité rendent la confection des pansements plus facile et moins dou- loureuse ; ses propriétés hémostatiques sont mises à profit dans les opérations sanglantes, notamment pour celles du pied. Enfin, avec elle, les pansements occlusifs et rares sont possibles » (Gadiot). Éponges. — Elles ne supportent pas la chaleur élevée, elles doivent être stérilisées par des agents chimiques. Voici un pro- . cédé qui paraît donner de bons résultats. Après les avoir battues •• ,9A!-vC*~^ pour les assouplir et briser les coquillages et les graviers qu'elles peuvent contenir, on les lave à l'eau courante; quand elles sont bien propres, on les place pendant douze heures dans une solu- tion de permanganate de potasse à 1 p. 1000. Il faut 20 litres de liquide pour 500 grammes d'épongé. On les lave ensuite à l'eau et, après les avoir exprimées, on les décolore par une solution de bisulfite de soude saturée du commerce, dont on verse 500 cen- timètres cubes dans 20 litres d'eau. On ajoute au liquide 50 centi- mètres cubes d'HGl, et on obtient un dégagement abondant de SO-, qui les blanchit instantanément. Il suffit ensuite de les laver parfaitement et de les plonger pendant quinze jours dans une solution de phénol à 5 p. 100. On les lave ensuite à l'eau filtrée au Ghamberland ou bouillie, pour les débarrasser de l'acide phé- nique en excès. Puis on les conserve dans des bocaux stérilisés. vyOJw-i**' Les éponges étant d'une stérilisation fort difficile et souvent insuf- ^ fisante, le mieux est de ne pas les employer. On les remplace avantageusement par de la gaze ou du coton hydrophyle, qu'il est facile de stériliser à 150° dans une étuve sèche. Drains et sondes. — On doit les choisir en caoutchouc rouge et les stériHser à l'autoclave, c'est-à-dire à la chaleur humide et non à l'étuve sèche. On peut aussi les désinfecter en les plongeant dans une solution de permanganate de potasse à 5. p. 1000 et en décolorant ensuite par le bisulfite. On les conserve ensuite dans une solution phéniquée à 2 p. 100. 232 ASEPSIE CHIRURGICALE. Cuvettes, cristallisoirs. — Après les avoir bien lavés et bros- sés, on les sèche et on les stérilise à l'étuve sèche, soit, à défaut de celle-ci, en y faisant brûler une petite quantité d'alcool. Il faut avoir soin d'incliner la cuvette en différents sens afin que la flamme lèche bien toute la surface. 3° Désinfection des mains du chirurgien et de ses aides. — La désinfection des maii^s doit être très minutieuse, cai' elle est difficile à réaliser. Les lavages à l'eau et au savon ne suffisent pas. Il est en elîet démontré, par les analyses bactériolog'iques, qu'après le lavag-e simple le mieux fait on peut encore obtenir de nombreuses colonies de microbes avec le produit du raclage de la peau et des ongles. Il est reconnu aujourd'hui que la désinfec- tion des mains est à la fois plus importante à réaliser et plus difficile à obtenir que celle des instruments et des objets de pansement. Il est bien établi que le dernier réceptacle des germes se trouve dans le bord libre des ong-les, dans l'espace sous-ong'uéal. Quand le chirurgien a touché des matières septiques, du pus, il ne doit pas opérer avant quarante-huit heures au moins. Terrillon a en effet démontré que, lorsque, après désinfection très sérieuse des mains, on ensemence avec les doigts des tubes de culture, ceux-ci cultivent toujours lorsque les mains ont touché du pus le jour niême ou la veille ; ce n'est qu'au bout de quarante-huit heures que les mains redeviennent stériles. Voici la technique conseillée par Terrillon et Ghaput pour la désinfection des mains : ' 1° Curage des ongles à sec; 2" Lavage au savon, à la brosse et à l'eau bouillie pendant plu- sieurs minutes ; 3° Second nettoyage des ongles. Ce curage des ongles encore humides est beaucoup plus parfait que le curage à sec ; 4° Nouveau lavage à la brosse ou au savon ; 5° Troisième cui-age des ongles ; 6° Stérilisation chimique : a. Les mains sont lavées dans une solution de permaganate de potasse à 1 p. 100. Cette solution n'est nullement caustique, mais elle colore les mains en brun ; 6., Lavage des mains dans une dissolution de bisulfite de soude à 10 p. 100, acidulée pour décolorer le permanganate. Les mains sont alors blanches et douces. ANTISEPSIE DES PLAIES ET DES SURFACES ENFLAMMEES. 233 c. Immersion et brossage dans l'alcool, ou dans le sublimé à 1 p. 1000; d. Lavage ou formol à 1 p. 1000. Cette technique rend les mains blanches, lisses, souples et douces. Les mains des aides doivent être désinfectées avec le même soin que celles du chirurgien. 4° Désinfection du champ opératoire. — En médecine vété- rinaire, il est absolument impossible de préparer la malade dès la veille. On se contente, avant l'opération, de couper les poils ou de raser la peau. Puis on savonne et brosse avec soin, autant que possible avec une brosse stérilisée, du savon stérile et de l'eau bouillie chaude. On enlève le savon avec de l'eau stérilisée, puis onlasèche avec unecompresse, afin de mieux la disposer àladésin- fection chimique. On frotte ensuite la surface d'abord avec de l'éther, puis avec de l'alcool pour enlever les matières grasses ; puis on termine par un lavage au sublimé à 1 p. 1 000 ou du for- mol à 1 p. 1000. On emploiedepuispeu en chirurgie humaine un procédé d'asepsie de la peau très simple et efficace. Après avoir rasé les poils de la région opératoire à sec, on badigeonne à la teinture d'iode toute la surface et la peau environnante, sans aucun lavage préalable. Après suture de la plaie opératoire, on badigeonne encore la ligne de réunion, et on termine par un pansement à la gaze stérile. La guérison par première intention est constante (Grossich). Ce pro- cédé rendra certainement des services en chirurgie vétérinaire. Règles a observer pendant l'opération. — Pendant l'opé- ration, il importe de ne laisser contaminer ni les mains, ni les instruments, ni les appareils et objets de pansement, par des contacts impuî's. On ne doit, sous aucun prétexte, se servir d'instruments déposés sur une table ou qui seraient tombés à terre ou qui auraient été essuyés avec un linge suspect. 2° Antisepsie des plaies et des surfaces enflammées et infectées. Si l'asepsie pouvait être réalisée facilement et complètement, l'antisepsie deviendrait souvent inutile. Mais, en médecine vété- rinaire, nous ne pouvons obtenir ordinairement qu'une asepsie relative. Presque toujours, les plaies ainsi que les surfaces 234 ANTISEPSIE DES PLAIES ET DES SURFACES ENFLAMMÉES. enflammées s'infectent plus ou moins, malgré les précautions aseptiques dont on dispose dans la pratique. Il en résulte que, si l'on veut arriver à supprimer ou à restreindre la puUulation microbienne, chez nos animaux, on doit unir l'antisepsie à l'asepsie. Pour les plaies fortement infectées, l'antisepsie seule donnera des résultats sérieux; pour celles, au contraire, qui sont propres, l'asepsie suffira très souvent. On sait, depuis les recherches de Metchnikoff que, si les tissus ne recèlent qu'un très petit nombre de microbes, l'animal peut se défendre contre eux par les cellules migratrices, les phagocytes. Ce savant a démontré que ces cellules, qui s'accumulent toujours en g-rand nombre dans les points enflammés, ont un goût spécial pour les bactéries, qu'elles absorbent dans leur substance proto- plasmique et dig-èrent, empêchant ainsi leur propag-ation indéfinie dans les tissus. Ce fait nous permet de comprendre pourquoi certaines plaies incomplètement aseptiques se cicatrisent sans suppuration et sans autre complication d'infection, malg-ré l'absence de soins antiseptiques spéciaux. Dans ce cas, les cellules phag-ocytes en dévorant les microbes produisent une asepsie consécutive com- plète. Dans la lutte qui s'engag-e entre les agents infectieux et les leucocytes, la victoire reste aux plus nombreux et aux plus aptes à la lutte. Si les microbes sont rares, ils succombent fatale- ment devant les voraces cellules mig-ratrices, qui les tuent par les antitoxines qu'elles sécrètent et les dig-èrent ensuite; si, au contraire, ils sont déjà très abondants au moment de l'arrivée des phag-ocytes, ceux-ci sontimpuissants pour réaliser l'asepsie, et l'infection micro- bienne se poursuit. , C'est dans ces derniers cas surtout qu'il y a lieu d'intervenir à l'aide des agents antiseptiques. En engourdissant, en affaiblissant ou en détruisant à l'aide de ces ag-ents, les microbes qui ont envahi les tissus,, nous rendons plus facile et plus efficace le rôle de défense dévolu aux phag-ocytes dans l'org-anisme animal. Par l'asepsie et l'antisepsie bien comprises et bien appliquées, nous pouvons empêcher d'une façon certaine la multiplication des microbes dans les tissus, prévenir la suppuration, ainsi que les accidents fébriles et infectieux et assurer une cicatrisation rapide et régulière. ANTISEPSIE DES PLAIES ET DES SURFACES ENFLAMMÉES. 235 Quelques préparations antiseptiques pour plaies, fistules et surfaces infectées. lo Bichlorure de mercure Ià2 grammes . Chlorure de sodium 2 — Eau 1 litre . Dissolvez. Biiodure de mercure 0b',2d lodure de potassium 0s'',50 Eau 1 litre. Dissolvez. 3» Sulfate de cuivre 0«',50 à 1 gramme. Eau 100 grammes. Dissolvez. 4» Acide phénique làS grammes. Eau 100 — Dissolvez. 5» Permanganate de potasse 0a!r,25 à 1 gramme. Eau 1 litre. Dissolvez. 6» Gréoline làS grammes. Eau 100 — Mélangez. 7» Iode 1 gramme. lodure de potassium 1 — Eau 1 litre. Dissolvez. 8° lodoforme 2 grammes . Acide borique 20 — Mélangez. En saupoudrer les plaies. Acide borique 25 grammes . Gréoline 08^,50 Mélangez. Appliquer la poudre sur les plaies. 10" Poudre d'iodo forme. Saupoudrez les plaies. 236 ANTISEPSIE DES PLAIES ET DES SURFACES ENFLAMMÉES. Ce corps se dissout très lentement dans les liquides organiques, dégage de l'iode libre et exerce une action analg-ésique et anti- septique prolongée. Il convient surtout quand les pansements doivent être rarement renouvelés. 110 Clilorure de zinc pur 10 Eau 100 Dissolvez. C'est un des meilleurs destructeurs des microbes de la suppu- ration. Aucun ag-entnelui est supérieur pour la purification d'une région où existent des fistules (Lucas Championnière). A côté de son bas prix et de son efficacité, il est surtout à recommander en médecine vétérinaire. Au lieu de chlorure de zinc pur, on peut employer le produit qu'on appelle désinfectant de Saint-Luc et qui n'est autre chose qu'une solution de chlorure de zinc à 33 p. 100 colorée par des traces de fer. 12^ Oxyde de zinc 50 grammes. Chlorure de zinc 5 — Eau 50 — Faites une pâte. Recommandée parle D' Socin(deBàle) pour recouvrir les plaies. On projette à la surface delà charpie fine ou du coton découpé en petits morceaux pour en augmenter la résistance. 13° Alun calciné pulvérisé 25 Poudre de tan 25 Mélangez. Saupoudrez les plaies. 140 lodoforme 5 Éther 50 Dissolvez. Convient surtout en injections dans les fistules. 15° Acide salicylique 1 gramme. Glycérine 100 grammes. Dissolvez. Bon antiseptique local, peu toxique. ANTISliPSIE DES PLAIES ET DES SURFACES ENFLAMMÉES. 237 Ifio Acide salicylique 1 Poudre d'amidon 5 Mélansez. Saupoudrer les surfaces enflammées. Créosote 25 ' '- Alcool 250 Dissolvez. En injection dans les fistules osseuses. 180 Huile d'olive 500 grammes. Essence de térébenthine 500 — Sulfure de carbone 50 — Soufre en poudre 10 — Mélangez. Badig-eonner avec un pinceau la surface de la plaie (Gagny). Préparations antiseptiques spécialement employées pour laver et irriguer les voies vaginales et utérines infectées. 10 Chlorure de sodium 5 grammes Eau bouillie 100 — Dissolvez. 2° Sulfate de soude 10 grammes. Glycérine 6 — Eau 100 — Dissolvez, 30 Acide phénique 1-2 à 3 grammes. Eau 100 — Dissolvez. 40 Acide salicylique 1 à2 grammes. Eau 1 000 — Dissolvez. 5° Permangan,ate fie potasse 1 Eau :. 1000 Dissolvez. ■ ' '"■ ; - '; ^° ■■■' ■ Sulfate de cuivre ,'."■'. 1 Eau 180 Dissolvez.' ■ \ . . ' ^-•' C'est une des meilleures préparations. 238 ANTISEPSIE MÉDICALE. 70 Sublimé 1 gramme . Chlorure de sodium 2 grammes. Eau 2000 — Dissolvez. Peut devenir dangereuse chez les ruminants par un usage prolongé. 8° Biiodure de mercure Oe',25 lodure de potassium O^.bO Eau 1 litre. Dissolvez. Peut devenir dangereuse chez les ruminants par un usage prolongé. 9° Acide phénique ) - ... Alcool. r' bO grammes. Eau tiède 5 litres. Dissolvez. Faire des lavages des voies génitales dans Tendométrite. 3° Antisepsie médicale. Elle cherche à réaliser la destruction des microbes et de leurs toxines après leur pénétration dans la profondeur de l'organisme. Pour montrer comment il faut la comprendre, je ne puis mieux faire que de reproduire ce qu'en dit le professeur Bouchard. « On ne conteste plus, dit-il, la valeur de l'antisepsie chirur- gicale, mais on oppose à lantisepsie médicale une fin de non- recevoir absolue. On dit que l'agent infectieux étant dans l'anti- mite des tissus, il faudra, pour l'atteindre, imprégner tout l'organisme de la substance antiseptique, qui impressionnera également les cellules du malade et les cellules pathogènes, qui tuera le malade avant de tuer le microbe. « Ce sophisme peut être réfuté par trois arguments : « lo II est des substances inolfensives pour l'organisme qui tuent, je ne dis pas les microbes, mais certains microbes. L'oxy- gène indispensable à l'homme empêche la vie de toute une catégo- rie de ferments ; l'argent, à dose insignifiante pour un organisme animal, arrête le développement d'un Aspergillus. « 2° Il y a des maladies médicales, la dysenterie, la fièvre typhoïde, la diphtérie, etc., où l'agent infectieux est au moins ANTISEPSIE MÉDICALE. 239 pour un temps limité à la surface de certains org-anes et pourrait être atteint localement, sans imprégnation de toute l'économie par la substance antiseptique. « 3° La thérapeutique antiseptique médicale ne se propose pas de tuerie microbe, comme on le répète faussement, elle se pro- pose seulement d'entraver sa pulkilation. En efTel, quand dans les maladies infectieuses la victoire se décide en faveur des g-ermes, c'estquecesderniers se renouvellent incessamment pour que de nouveaux combattants, toujours plus nombreux, succèdent à ceux qui sont usés dans la lutte pour la vie contre les cellules animales. On peut espérer que des modifications peu considérables de l'org-anisme infecté pourraient entraver lapullulation indéfinie de certains microbes qui l'auraient déjà envahi. » Antisepsie gastro-intestinale. — Elle a pour but de s'opposer au développement exagéré des g-ermes nuisibles dans la cavité digestive de nos animaux. A l'état physiolog-ique, le tube digestif est rempli dans toute sa longueur d'innombrables organismes inférieurs et en particulier d'organisme de la putréfaction. Les matières alimentaires tendent donc à s'y putréfier. Mais,, grâce à l'intervention des sucs diges- tifs, le milieu alimentaire est modifié ; il devient moins propre au développement et à la multiplication des germes ; il en résulte qu'à l'état normal les produits putrides engendrés sont peu abondants. Parmi les produits solubles, qui prennent normalement nais- sance dans le tube gastro-intestinal par l'action des microorga- nismes sur les substances albuminoïdes, quelques-uns sont peu connus. Ces produits sont résorbés au moins en partie, puis détruits dans le foie et dans le sang, ou éliminés par les émonc- toires, principalement par les reins, lis n'ont une action réelle- ment nuisible que lorsqu'ils sont produits en surabondance, comme cela arrive lorsque les sécrétions digestives sont arrêtées ou altérées, lorsqu'ils s'accumulent dans les tissus par suite de l'insuffisance de leur oxydation ou de leur élimination. Alors on peut constater de la diarrhée, des coliques, de la dysenterie, des troubles généraux et un véritable empoisonnement de l'organisme. Beaucoup de maladies infectieuses ont aussi leur point de départ dans le tube digestif, parce que les germes pathogènes y sont introduits avec les aliments ou les boissons : exemple, la 240 ANTISEPSIE MÉDICALE. fièvre typhoïde, la dysenterie, la pneumo-entérite infectieuse, etc. D'après M. Bouchard, il se forme dans le tube digestif sain et malade des alcaloïdes d'orig-ine microbienne ; ces bases sont partiellement absorbées par la muqueuse et éliminées par les reins, après qu'elles ont exercé leur action funeste sur toutes les fonctions organiques. Pour débarrasser le tube dig-estif des germes putrides ou autres, ainsi que de leurs produits toxiques solubles, on peut employer les évacuants et les microbicides non toxiques pour l'animal. En médecine vétérinaire, nous obtenons l'évacuation des matières nuisibles contenues dans le tube dig-estif, à l'aide des vomitifs et des purgatifs. Les antiseptiques gastro-iîitestinauxcom^\è{eï\i\dLméà\ç,Ai\or\. Ils doivent offrir certaines qualités qu'on ne recherche pas pour ceux employés cà l'extérieur. Il faut qu'ils ne soient que faiblement absorbés, afin de prévenir l'empoisonnement du sujet et qu'ils n'exercent aucune action irritante locale sur la muqueuse dig-es- tive. C'est pourquoi on s'adresse surtout aux substances inso- lubles, ou tout au moins assez peu soJubles, afin qu'elles puissent traverser le canal intestinal sans être sensiblement absorbées. Les principaux antiseptiques gastro-intestinaux sont le charboii , Viodo forme, le sulfure noir de mercure, \d,naphtaline , \Qnaphtol, le calomel, le salicylate de bismuth, Vacide salicylique, Yhypo- sulfite de soude, la créoline, la quinine et ses sels, le sous-nitrate de bismuth, le salol, le thymol. Quelques préparations antiseptiques gastro-intestinales. Charbon de peuplier finement pul- vérisé 100 grammes. lodoforme 1 gramme. Mélangez. Bouchard a recommandé cette poudre pour combattre chez l'homme typhique la fétidité desselles. Salicylate de bismuth. Administrer cette poudre dans les cas de diarrhée abondante qui accompagne certaines affections infectieuses, comme la fièvre typhoïde. Ce sel est fort instable et se décompose à peu près com- ANTISEPSIE MÉDICALE. 241 plèlement dans l'estomac en acide salicylique et oxyde de bis- muth. 11 a l'avantage de combattre à la fois la fièvre et la diarrhée. Naphtol p 10 grammes. Camphre 4 — Mélangez. Administrer sous la forme d'électuaire dans le cas de diarrhée chez le chevai (Gag-ny). Naphtaline pure o grammes. Sucre blanc 10 — Essence de bergamote 3 — Mélangez et faites 20 paquets. Un ou deux paquets par jour contre la diarrhée infectieuse chez le chien. Salicylate de bismuth \ Magnésie anglaise [ âa 10 grammes. Bicarbonate de soude ) Mélangez et divisez en 30 paquets. Administrer au chien un ou deux paquets par jour dans ses aliments. Salicylate de bismuth j Naphtol p [ aa 10 grammes. Charbon ) Mélangez et divisez en 30 paquets. Administrer au chien deux paquets par jour dans ses aliments. Salicylate de bismuth \ j/ Naphtol a I ^ , ,, \ , f^ ^- . . > aa 10 grammes. -, , s (•_ Craie préparée i ° ~ " ' " Phosphate de chaux ) Mélangez et divisez en 40 paquets. Administrer au chien deux paquets par jour dans ses aliments. Naphtaline en poudre Administrer à titre de désinfectant digestif dans le catarrhe intestinal, la fièvre typhoïde, la pneumo-entérite, la diarrhée, etc. Créoline 0&r,50 Faites 10 capsules. En donner 1 à 2 par jour au chien dans le catarrhe stomacal. Kaufmann. 16 242 ANTISEPSIE MEDICALE. Créoline 50 grammes . Poudre de réglisse 100 — Extrait de réglisse et cire jaune, q. s. pour faire 4 bols. Administrer deux bols par jour au cheval atteint de catarrhe gastro-intestinal. Quinine et ses sels. Ces composés sont antifébriles et antiseptiques gastro-intes- tinaux. Calomel. On l'administre à dose purgative. Il peut être considéré non seulement comme un évacuant, mais encore comme un excellent désinfectant intestinal dans la dysenterie, la fièvre typhoïde, etc. Calomel 0&^05 Sucre .r 0",2 Mélangez. Divisez en 6 paquets. Trois paquets par jour chez le chien atteint de la maladie du jeune âge. Calomel 5 grammes. Poudre de guimauve 100 — Eau, q. s. pour faire un électuaire. Administrer en une fois au cheval atteint d'infiuenza. Calomel 4 grammes. Opium 8 — Poudre de racine de guimauve 30 — Eau Q. S. Faire 2 bols. Administrer dans la journée au cheval atteint de gastro-enté- rite. Calomel 0e>-,05 Opium O^M Sucre Oe',b Mélangez. Administrer au chien atteint de catarrhe intestinal, en plu- sieurs fois dans la journée. Sous-nitrate de bismuth — Ob',5 Sucre 0k'-,5 Mélangez. Pour le chien atteint de catarrhe gastro-intestinal. lEOCULATIONS VIRULENTES OU VACCINATIONS. 243 Sous-nitrate de bismuth 1 gramme. Bicarbonate de soude 5 grammes. Mélangez. Donner par petites prises au chat atteint de diarrhée. Sous-nitrate de bismuth 1 gramme. Poudre de gomme 2 grammes. Mélangez. Faites 6 paquets. Deux par jour chez le chien atteint d'entérite catarrhale. Immunisation. Un microbe pathog-ène ne peut provoquer de maladie infectieuse ou virulente que si l'organisme animal, dans lequel il tend à s'im- planter, offre dee conditions favorables à sa pullulation . Or le ter- rain org-anique est parfois impropre au développement d'un mi- crobe donné; alors l'animal est réfractaireà l'infection que produit ordinairement ce microbe. Cet état réfractaire constitue V immunité. Celle-ci peut être m;?e> ou acquise. L'immunité est innée lorsque l'animal la possède naturellement par hérédité ; elle est acquise lorsqu'il en est privé naturellement, mais qu'on la lui confère par des moyens artificiels. L'immunisation, c'est-à-dire la création artificielle de l'immunité, s'obtient par les moyens suivants : 1" les inoculations virulentes ou vaccinations ; 2° les injections sous-cutanées de produits solubles d'orig-ine microbienne ; 3'' les injections sous-cutanées de sérum provenant d'animaux qui jouissent de l'immunité naturelle ou acquise. 1° Inoculations virulentes ou vaccinations. On sait depuis long-temps c|ue les individus ou les animaux qui g-uérissent de diverses maladies contagieuses sont ultérieurement réfractaires à ces mêmes maladies. A une certaine époque, on inoculait le virus varioleux à l'homme pour le préserver de la variole naturelle, toujours très g-rave. Mais cette inoculation pré- ventive oflrait par elle-même un g-randdang-er, car elle déterminait parfois une variole mortelle. Aussi ne fut-elle que peu apphquée. L'inoculation virulente préventive n'entra définitivement dans la pratique courante qu'après la découverte de la vaccine pai- 1244 INOCULATIONS VIRULENTES OU VACCINATIONS. Jenner, en 1776. Cet illustre médecin anglais a démontré que, si on inocule le virus vaccin (vaccine) pris sur la vache à l'homme, celui-ci, tout en ne contractant qu'une maladie bénigne avec fièvre insignifiante, est cependant préservé ultérieurement des atteintes de la variole. Il est inutile d'insister sur les services immenses que rend journellement la vaccination dans la prophylaxie contre la variole. La grande découverte de Jenner a montré qu'une maladie virulente bénig-ne (vaccine) est capable de préserver l'organisme d'une maladie virulente très grave (variole). Nous n'avions pas d'autre exemple de virus inofîensif, préser- vant de maladies graves, lorsqu'une nouvelle découverte due au génie de Pasteur vint compléter celle de Jenner. Pasteura démontré la nature microbienne des maladies virulentes et trouvé le moyen d'atténuer la virulence des microbes patho- gènes, tout en leur conservant la précieuse propriété de conférer l'immunité aux animaux. Aujourd'hui, nous sommes en mesure de transformer les virus les plus redoutâtes en virus bénins, absolument inofîensifs, et dont l'inoculation rend l'homme et les animaux réfractaires aux maladies infectieuses et virulentes ordi- nairement graves. Ces virus bénins immunisants constituent des vacciîis. 1j' atténuation desi'irus peut être obtenue à l'aide de procédés variables. Le plus souvent, on fait agir sur la matière virulente naturelle ou sur les cultures des microbes pathogènes la chaleur, V oxygène ou les antiseptiques; d'autres fois, on obtient l'atténua- tion en cultivant le virus sur des organismes vivants, qui consti- tuent un terrain peu favorable à son évolution normale ; ainsi le vaccin contre la rage s'obtient par l'inoculation du virus rabique du chien à une série de lapins. En passant par le lapin, le virus rabique s'atTaiblit et constitue après quelques passages un vaccin contre la redoutable maladie. La préparation des virus atténués, des vaccins et des sérums se fait aujourd'hui industriellement dans des laboratoires spéciaux. Les produits immunisants sont livrés dans des flacons, des tubes ou des vases stérilisés. Une note spéciale délivrée par le labora- toire producteur indique leur mode d'emploi ainsi que les doses pour les diverses espèces animales. La vaccination est couramment utilisée pour conférer aux ani- maux l'immunité contre le charbon bactéridien, le charbon IMMUNISATION PAR LES SÉRUMS. — SÉROTHÉRAPIE. 245 symptomatique, la clavelée, la péripneumonie contagieuse, la diphtérie des volailles, le roug-et du porc, la mammite g-angre- neuse des brebis laitières, etc. Parfois l'immunisation s'obtient plus sûrement par un mélang-e de vaccin et de sérum : cette dernière méthode constitue la séro- vaccination. 2° Immunisation par les sécrétions microbiennes. Lorsqu'on sépare par filtration ou autrement le microbe patho- g-ène de son liquide de culture, on constate que l'injection de ce liquide eniièrement dépourvu de g-ermes peut conférer l'immunité. Le microbe n'est donc pas indispensable; ses produits de sécré- tion suffisent pour provoquer dans l'organisme animal la réaction nécessaire à la création de l'immunité. Ce procédé est usité dans les laboratoires spéciaux, surtout pour immuniser les animaux producteurs de sérums thérapeutiques, contre le tétanos, la diphtérie, le rouget du porc, etc. Les produits solubles fournis par les microbes peuvent être utilisés par le praticien comme moyen de diagnostic de certaines affections. Ainsi la ^<^6e?T«//ne,substance extraite des cultures du bacille de Koch, injectée à un animal atteint de tuberculose, même à un très faible degTé,produit une /i///>er^/«erw/e caractéristique, tandis qu'elle ne modifie pas notablement la température chez les animaux non atteints de tuberculose. La malléine^ substance spécifique extraite du bacille morveux, provoque sur le cheval morveux qui la reçoit en injection sous- cutanée de Vhyperthermie, des phénomènes généraux rappelant l'état typhoïde et une tuméfaction locale au point d'inoculation. Sur l'animal normal ou atteint d'une atfection autre que la morve, la malléine ne produit pas ces phénomènes réactionnels. 3° Immunisation par les sérums. — Sérothérapie. Cette méthode consiste à injecter à l'animal qu'on veutrendieré- fractaire aune maladie virulente, ou guérir de cette même maladie, le sérum sanguin provenant d'un animal qui jouit de l'immunité naturelle ou artificielle contre celte affection. Les faits qui ont servi de base à la sérothérapie datent de 1888 et sont dus à Richet 16. 246 IMMUNISATION PAR LES SÉRUMS. — SÉROTHÉRAPIE. et Hôricourt, qui ont annoncé qu'on peut rendre le lapin réfrac- taire à Faction du Slaphylococcus pyosepticus par transfusion du sang- de chien, espèce animale naturellement insensible à l'action de cet ag'ent pathog'ène. Peu après (1890), les mêmes auteurs ont reconnu que le sang- d'un chien tuberculeux a, contre la tubercu- lose, un pouvoir thérapeutique supérieur à celui d'un chien normal. On a appliqué ces faits dans la pratique et créé ainsi Vhématotlié- rapie. Mais Bouchard et Charrin (1890), ayant reconnu que le sérum sanguin avait les mêmes propriétés que le sang- total, on a substitué la sérumthéraine ou sérothérapie à l'hématothérapie. Cette méthode nouvelle s'est imposée à la suite des travaux de Behring- et Kitasato (1890), de Roux (1894). Dès 1890, les deux premiers auteurs ont montré que le sérum des animaux immunisés artiticiellement contre le tétanos ou ladip/itérie rend réfractaires à ces affections les animaux qui le reçoivent en injec- tion, que ce sérum peut neutraliser in vitro la toxine tétanique ou diphtérique, qu'il contient une substance qui agit comme contre- poison, substance appelée par eux antitoxine. Ces faits ont été confirmés à l'Institut Pasteur, et, en 1894. Roux a communiqué au Cong-rès de Budapest le résultat de ses propres recherches et montré les merveilleux résultats pratiques qu'on peut tirer de l'emploi du sérum contre la diphtérie. A la suite de cette communication, la sérothérapie a pris une extension considérable. On sait aujourd'hui que la sérumthérapie peut être appliquée avantageusement non seulement contre les toxines microbiennes, mais aussi contre les venins des serpents (Galmette, Phisalix et Bertrand), contre certaines toxalbumines végétales, telles que l'abrine et la ricine (Ehrlich). Quelques faits autorisent même à espérer de bons résultats par l'emploi de la sérumthérapie contre les empoisonnements en g-énéral. On prépare aujourd'hui sur le cheval un sérum antidiphtérique, d'une puissance antiloxique énorme puisqu'il peut devenir capable d'immuniser jusqu'à 50 000 fois son poids de cobaye contre une injection de culture virulente du bacille diphtérique. Il est inutile ici de décrire les modes de préparationet d'utilisation des sérums patholog-iques. Les laboratoires spéciaux qui se sont créés pour la production de ces sérums donnent le mode d'emploi et les doses à la livraison. Cette nouvelle méthode, pleine d'avenir, est surtout reconnue DÉFENSE DE L'ORGANISME CONTRE LES INFECTIONS. 247 efficace pratiquement contre la diphtérie, le tétanos, la clavelée, le roug-et du porc, la peste, le choléra, la méningite cérébro- spinale et certaines atFections streptococciques. Le jour n'est peut-être pas éloigné où la sérothérapie s'appliquera utilement à une foule d'autres afl'ections d'origine microbienne ou toxique. Défense de l'organisme contre les infections microbiennes. En g-énéral, les microbes ne constituent pas simplement des parasites vivant de la substance de leur hôte ; ils ag-issent aussi et surtout parles toxines, c'est-à-dire par les poisons solubles qu'ils sécrètent. L'organisme animal menacé àliifection doit donc se défendre à la fois contre les microbes et contre leurs toxines. Il se défend contre les microbes par la phagocytose et le pouvoir microbicide de ses humeurs : il réagit contre l'intoxication en produisant des substances antitoxiques. i° Phagocytose. — Elle consiste dans le fait que certaines cellules de l'org-anisme englobent et dissolvent en les digérant les parti- cules étrangères et notamment les microbes. Les cellules douées de la propriété d'incorporer et de dig'érer les microbes sont appelées phag-ocytes. Ce sont surtout, d'après MetchnikofF, les leucocytes, les cellules fixes du tissu conjonctif, les cellules de l'épithélium pulmonaire. Les /e<^cory^e5,g-lobules blancs du sang ou cellules migratrices, possèdent des mouvements amiboïdes qui leur permettent de tra- verser la paroi des vaisseaux et de se déplacer. La sortie des globules hors des vaisseaux constitue \a.diapédèse. On distingue plusieurs variétés de leucocytes : les polynucléaires et les mono- nucléaires. Les premiers sont les uns neutrophiles et les autres, en beaucoup plus petit nombre, éosinophiles ou acidophiles. Les mononucléaires sont désig'nés,suivantleur taille, en grands, moyens et petits ; ces derniers sont encore appelés lyjnphocytes. Les mononucléaires se forment dans la rate et les g-ang-lions lympha- tiques ; les polynucléaires se développent dans la moelle des os. Le nombre des diverses variétés de leucocytes du sang- peut varier beaucoup. Les chiffres qui expriment le nombre de chaque variété dans 1 millimètre cube de sang- constituent ce qu'on appelle la formule hémoleucocylaire ou simplement la iormnXe leucocytaire. Les leucocytes sont très sensibles. Ils sont surtout excités par le 248 DÉFENSE DE L'ORGANISME CONTRE LES INFECTIONS. contact de particules étrang-ères et par les ag-ents chimiques. En présence d'une granulation solide quelconque, les leucocytes éta- lent leur protoplasma à sa surface et l'englobent. G'estainsi qu'ils englobent les microbes qui arrivent à leur contact. Ils sont encore plus sensibles aux agents chimiques ; c'est la chimiotaxie. Certaines substances chimiques attirent les leucocytes : chimio- taxie positive, d'autres les repoussent, chimiotaxie négative. La phagocytose s'exerce à l'état physiologique vis-à-vis de cellules usées qui se comportent comme de véritables corps étrangers ; elle s'exalte dans l'état pathologique et s'exerce contre les microbes qui tendent à envahir l'organisme. Contre les corps étrangers, ce sont surtout les ^ros mononucléaires ou macrophages qui inter- viennent ; contre les microbes, ce sont s\xrlo\xi\es}ioly nucléaires ou microphages qui agissent (Metchnikoff). D'après Metchnikoff, la diapédèse de globules blancs, leur mi- gration dans les cavités et les tissus à travers la paroi vasculaire, est un des principaux moyens de défense de l'organisme. Aussitôt que les agents infectieux ont pénétré dans l'organisme, toute une armée de globules blancs se dirigent vers l'endroit menacé et en- gagent la lutte avec les microbes. Ce sont d'abord les microphages qui passent à travers la paroi des vaisseaux. Les macrophages suivent les microphages et se mêlent en quantité plus ou moins grande aux exsudats. Les leucocytes polynucléaires forment l'avant-garde ; les mononucléaires, l'arrière-garde de la défense organique. Arrivés à l'endroit où se trouvent les microbes envahisseurs, les leucocytes les saisissent à la façon des amibes et les soumettent dans leur intérieur à la digestion intracellulaire. Celle-ci se fait à l'aide des /ermen^s digestifs contenus dans le protoplasma des leucocytes. Ces ferments digestifs, cytases, alexines ou complé- ments, sont des ferments solubles voisins de la trypsine qui se détruisent facilement par un chauffage à 55° à 56°. On admet l'existence de deux cytases principales : la macrocytase, qui digère surtout les éléments d'origine animale, et la microcytase, qui digère plus facilement les microbes. Les cytases ne sortent pas des phagocytes tant que ceux-ci restent intacts. Mais, aussitôt que les phagocytes sont lésés, elles s'échappent de leur protoplasma, diffusent dans le sérum et lui communiquent des propriétés hémolytiques et bactéricides. 2° Pouvoir microbicide du sérum. — Nous venons de voir que DEFENSE DE L'ORGANISME CONTRE LES INFECTIONS. 249 les phag-ocytes ne laissent échapper leur cytase que sous l'in- fluence de causes qui tendent à les altérer. Or, dans la lutte qui s'engage entre les microbes et les phago- cytes, un certain nombre de ces derniers étant lésés, de la cytase est déversée dans le sang*. A partir de ce moment, les microbes sont soumis à deux causes de destruction : d'une part, à l'action phagocytaire des leucocytes intacts et, d'autre part, à l'action dig'érante exercée sur eux par la cytase libre contenue dans la sérosité qui les baigne. L'action phag-ocytaire et le pouvoir microbicide des humeurs sont encore augmentés dans le cas d'immunité acquise par la production de substances appelées fixateurs ou substances sensi- bilisatî'ices.Cess\ihsta.nces, comme les cytases, sont d'origine leu- cocytaire; elles sont élaborées par les phag-ocytes, qui réagissent contre les microbes. Les fixateurs sont des ferments solubles qui ne sont détruits qu'à la température de 65o et qui favorisent d'une façon remarquable l'action bactéricide des cytases. Par eux-mêmes les fixateurs ne sont pas bactéricides : ainsi des bactéries qui en sont impré- gnées peuvent continuer à vivre et à se multiplier; mais ils exercent sur elles une sorte de mordançage qui les sensibilise à l'action digérante des cytases (Bordet). La plupart des fixateurs ne sont capables de se fixer que sur une seule espèce de bactérie ou une seule catégorie de cellules animales, tandis que les mêmes cy- ç>^ tases peuvent attaquer toutes sortes de microbes et toutes sortes de ç cellules animales. Les fixateurs, contrairement auxcytases, passent acilement dans les liquides qui baignent les cellules protectrices ; aussi les trouve-t-on souvent dans le plasma du sang, dans les liquides des exsudais et des transsudats. Ils sont engendrés dans les organes hématopoiétiques, kl rate, les ganglions lymphatiques et la moelle des os. On leur attribue un grand rôle dans la pro- duction de l'immunité acquise et, en général, dans la défense de l'organisme contre les infections microbiennes. 3° Pouvoir antitoxique du sérum. — Le sérum normal et celui des animaux naturellement réfractaires ne détruit pas les toxines microbiennes et les venins ; il n'est pas antitoxique ou ne l'est qu'à un degré insignifiant. Mais le sérum des animaux immu- nisés est fortement antitoxique. Behring- et Kitasato ont montré les premiers (1890) que le sérum des animaux vaccinés contre le tétanos et la diphtérie détruit les toxines tétaniques ou 250 DÉFENSE DE L'ORGANISME CONTRE LES INFECTIONS. diphtériques in vitro et dans le corps de l'animal. Mélangées au sérum d'animaux immunisés, ces toxines peuvent être injectées impunément aux animaux. Elles ne produisent pas plus leurs eflets funestes, si on injecte séparément et à des moments rap- prochés les toxines et le sérum. C'est cette propriété neutralisante antitoxique du sérum qui est utilisée surtout dans la sérothérapie de la diphtérie. Le sérum antidiphtérique a assez de puissance antitoxique pour neutraliser le poison diphtérique dans l'orga- nisme déjà atteint du croup. A quoi est dû le pouvoir antitoxique du sérum ? Les antitoxines sont peu connues. On croit qu'il s'agit de substances de nature albuminoïde sécrétées par les leucocytes et même les cellules org-aniques en g-énéral, sous Tinlluence de l'excitation particulière exercée sur eux par les toxines. Peut-être certains organes jouent-ils un rôle prépondérant dans la produc- tion de l'antitoxine : la rate, d'après Tizzonni et Gantini, les capsules surrénales, d'après Abelous et Lang-lois ? On voit, en effet, le pouvoir antitoxique du sérum aug-menter à mesure qu'on renforce l'immunité par des injections répétées de toxines à dose croissante. Les substances antitoxiques sont différentes des substances bactéricides, car elles résistent à un chaulfag-e à 6.5° pendant ving-t-cinq minutes. Le sérum conserve son pouvoir antitoxique même en présence des antiseptiques. Ces agents ne détruisent l'antitoxine qu'à forte dose. Gomment l'antitoxine empêche-t-elle les effets de la toxine? Le fait que les toxines ne produisent plus leurs effets quand on les mélange préalablement au sérum anti- toxique semble indiquer une véritable action chimique neutrali- sante. Gependant il ne paraît pas que l'antitoxine détruise réelle- ment la toxine, elle ne fait qu'empêcher son action. Si on mélang-e du venin de serpent à des sérums antivenimeux et qu'on chauffe ensuite ce mélang-e à 70°, on constate que le pouvoir antivenimeux disparait, tandis que la toxicité [3ersiste (Galmette, Phisalix et Bertrand). Il n'y a donc pas destruction des toxines du venin par le fait du mélang-e ; les deux substances antitoxines et toxines en présence conservent leurs qualités respec- tives. Roux a montré aussi qu'un mélang-e de toxine et de sérum inoffensif, pour un sujet sain, est capable d'empoisonner un sujet rendu malade par une injection préalable de vibrion septique. Arloing-, dans son étude sur le mécanisme de l'action anti- EMOLLIENTS. ADOUCISSANTS. PROTECTIFS. 251 toxique, conclut également à l'absence d'une neutralisation purement chimique. On admet que Tantitoxine n'altère pas chimiquement la toxine; que les deux substances en présence conservent leurs caractères propres et agissent simultanément sur les tissus organiques, mais dans un sens antagoniste. L'antitoxine rend simplement les cellules org-aniques et principalement les cellules nerveuses impropres à être impressionnées par la toxine. Il s'agit là d'un antidotisme biologique et non chimique. L'antitoxine augmente la force de la résistance de la cellule organique à l'égard du poi- son et renforce ses moyens de défense naturels. Lorsque ces moyens de défense sont trop fortement déprimés, l'antitoxine est impuissante à arrêter les effets des toxines. C'est ce qui a lieu quand l'injection de sérum antidiphtérique est faite trop tardivement. En résumé^ la phagocytose, le pouvoir microbicide et anti- toxique du sérum constituent des moyens de défense normaux de l'organisme. Ils sont mis en œuvre lors d'une invasion micro- bienne ou d'une intoxication. Dans la lutte contre les virus et les toxines, les phagocytes montrent plus de voracité et de puissance digestive et sécrètent en même temps une plus forte proportion de substances bactéri- cides et antitoxiques. On peut admettre que ces propriétés ainsi accrues peuvent se conserver pendant un temps plus ou moins long- dans les cellules organiques et même se transmettre par hérédité. L'immunité naturelle, ainsi que l'immunité acquise, ne seraient qu'une adaptation prolongée de l'organisme à l'état bio- logique dans lequel il est mis par l'exercice de la lutte contre l'infection et l'intoxication. DEUXIEME GROUPE. MÉDICAMENTS A ACTION LOCALE. — TOPIQUES. Emollients. — Adoucissants. — Protectifs. La classe des emollients, adoucissants ou protectifs comprend un grand nombre de médicaments très différents au point de \}(SJ^ 252 ÉMOLLIENTS. ADOUCISSANTS. PROTECTIFS. vue de leur composition chimique et de leurs caractères physiques, ayant tous pour effet de protég'er les tissus sur les- quels ils sont appliqués contre les causes d'irritation et, par suite, favorisant la réparation spontanée des lésions inflammatoires. Ces médicaments n'ont pas d'affinité chimique pour la substance organisée; elles g-arantissent les surfaces en les recouvrant d'une couche protectrice. Ce sont des agents dont l'action est pour ainsi dire passive. Cependant certains d'entre eux peuvent se modifier au contact des tissus et acrpiérirde nouvelles propriétés ; ils peuvent aussi passer à l'absorption au moins en partie et aller , agir au loin soit pendant qu'ils circulent dans le sang, soit au \^ moment de leur élimination. ' 5/)A^^' Appliqués sur une surface organique, les émollients ramol- ^^fA^£^ t;A.y-^ lisent, relâchent les tissus, émoussent la sensibilité et diminuent l'irritabilité. Administrés àl'intérieur, ils adoucissent la muqueuse digestive, diminuent son excitabilité réflexe, rendent les sucs digestifs plus abondants mais moins actifs et favorisent en géné- ral la marche des matières. A doses fortes et quand leur usage se prolonge, quelques-uns peuvent amener un relâchement excessif des voies gastro-intestinales, produire la diarrhée, la diminution de l'appétit, le ralentissement de l'absorption et de l'assimilation et, par suite, l'anémie. Il y a d'ailleurs sous ce rapport de grandes différences suivant les corps envisagés; un grand nombre d'entre eux sont de véritables aliments très nutritifs, pouvant être sup- portés sans inconvénient pendant longtemps. La plupart des médicaments émollients, tout en adoucissant et relâchant les surfaces digestives, produisent aussi un ralentisse- ment de la nutrition générale et une diminution de la respiration, de la circulation et de la calorification. Sous leur influence, les urines sont généralement plus abondantes et acquièrent des pro- priétés adoucissantes pour les voies d'excrétion. Indications thérapeutiques. — Les indications thérapeutiques des émollients dérivent directement deseiïets ci-dessus. < ■ - WcstL Puisque les émollients ramollissent et relâchent les tissus, ils \l sont indiqués dans tous les cas où la dureté trop grande d'un organe compromet son fonctionnement normal ou peut être nuisible à la g'uérison d'une maladie locale. La corne du sabot du cheval, dur- (. û/^-'-' cissant par l'effet de la dessiccation, perd son élasticité normale, comprime les parties profondes sensibles et occasionne desboite- ries. Celles-ci disparaissent souvent sous l'influence des émollients . k^ \Jy*^ ÉMOLLIENTS. ADOUCISSANTS. PROTEGTIFS. 2S3 qui,'en ramollissant la substance cornée, lui restituent son extensibi- lité, sa souplesse et son élasticité. Quand une inflammation légère sièg-e dans les parties sous-cornées, le g-onflement inflammatoire qui se produit comprime les tissus et provoque une douleur d'autant plus vive que la corne opposera une plus grande résistance au g-onflement inflammatoire, il en sera exactement de même quand une inflammation prendra naissance sous une peau épaisse, dure, résistante, ou sous une aponévrose inextensible. Dans tous ces €as, reflet ramollissant et relâchant des émollients a pour consé- quence de faire disparaître les soufl'rances et d'accélérer la réso- lution de l'inflammation. ^S-j^v/^o La propriété qu'ils ont d'adoucir les surfaces et de les rendre plus glissanles les rend précieux pour faire cheminer des corps étrangers arrêtés dans un conduit de l'organisme. Ainsi on administre avec succès de l'huile, du mucilage, pour faire pro- gresser une pomme, une poire, ou un corps étranger quelconque arrêté dans le trajet de l'œsophage. On donne des lavements émol- lients pour ramollir les pelotes arrêtées dans le gros intestin et pro- voquer leur expulsion par le rectum. Quand les eaux de l'amnios s'écoulent trop vite pendant raççouchement, que la surface vagi- nale tend à se dessécher et à s'enflammer, on fait des injections d"eau mucilagineuse. On pourrait multipUer les exemples. Enfin l'action dépressive que produisent les émollients sur la nutrition des tissus, ajoutée à la diminution de la sensibilité qu'ils provoquent, les rend précieux pour combattre les inflammations superficielles très vives et très douloureuses. Quand l'inflamma- tion débute, ils l'arrêtent; quand elle est déjà établie, ils abrègent sa durée et diminuent les souffrances. Ils favorisent la formation des abcès et augmentent la sécrétion du pus sur les plaies et les muqueuses; ils constituent d'excellents maturatifs. Dans les maladies cutanées, ils diminuent le prurit, adou- cissent les surfaces et arrêtent quelquefois les sécrétions patho- logiques. Les émollients combattent directement la constipation, les spasmes intestinaux et l'irritation de la muqueuse gastro-intes- tinale. Ils sont bien indiqués aussi dans tous les cas de fièvre, parce qu'ils diminuent la suractivité des fonctions respiratoire, circulatoire et calorifique. En diluant le sang, en le rendant moins excitant, les émolHents ont une action curative assez puissante sur les maladies internes, surtout les maladies des muqueuses 254 AMIDON. FÉCULE. profondes caractérisées par une g-rande sécheresse ou par une vive douleur. Les émollients sont contre-indiqués localement lorsqu'on veut prévenir Taugmentation de volume d'un org-ane; ils doivent être proscrits également lorsqu'on veut tarir la sécrétion muqueuse ou purulente. 11 ne faut jamais baigner la matrice renversée dans un liquide émoUient, car elle se gonflerait, augmenterait de volume, et sa réduction deviendrait impossible. Lorsqu'une muqueuse ou une plaie sécrète du pus en g-rande quantité et qu'on jug-e le moment venu pour tarir les sécrétions pathologiques, il faut sus- pendre l'usage des émollients. Ceux-ci, en effet, favorisent la sup- puration et retardent par conséquent la cicatrisation. Principaux émollients. — Les principaux émollients sont les suivants : i° Féculents. — Amidon et fécule. Dextrine. Farine de céréales. \ ', ^,VoQ£ê'e perlé. — Avoine. Riz. 2° Sucrés. — Sucre cristallisable. Cassonnade ou sucre brut. Miel. Mélasse. Glycose. Lait. Petit-lait. Lactose. Réglisse. Bet- \ terave. Carotte. Autres racines sucrées. Aç^ 3° Gommeux. — Gomme arabique. Gomme du Sénégal. Gomme ^v / fb^'' adragante. Gomme de Bassora. Gomme du pays. 4° Mucilagineux. — Mucilage. Graine de lin. Racine de gui- mauve. Mauve. Bourrache. Bouiljon blanc. Grande consoude.v; Figuier de Barbarie. Lichen d'Islande. Rhizome de chiendent^ 5° Albummeux. — Albumine. Jaune d'œuf. Coquilles d'œuf. Gélatine. Fibrine. Lait. 6° Corps gras. — Huiles. Beurre. Graisses diverses. Blanc de baleine. Cire. Savon. Glycérine. Vaseline. Vasogènes. Lanoline. 7° Corps pulvérulents. — Carbonate de chaux. Salicylate de bis- muth. Sous-nitrate de bismuth. Poudre de licopode. 8° Autres corps protecteurs. — CoUodion. Gutta-percha. Caoutchouc. Poix noire. Plâtre. Silicate de potasse. 1" Émollients féculents. Amidon. Fécule. CCIIioO"'. L'amidon est retiré des graines des céréales et la fécule de la pomme de terre. DEXTRINE. 255 Lorsqu'on chauffe l'amidon avec de l'eau, il se g-onfle, de sorte que, si la quantité d'eau n'est pas considérable, l'eau est emprisonnée et on obtient Ve?npojs. Lorsque la quantité d'eau est très grande, on obtient l'eau amidonnée. L'amidon a pour caractère de bleuir avec de très petites quan- tités d'iode. Par une ébuUition prolongée, il se transforme en dextrine : la présence d'une petite quantité d'acide sulfurique active cette transformation. Ladiastase de l'orge germée,ladias- tase salivaire transforment l'amidon en sucre à une douce chaleur. Effets et emplois. — L'amidon en poudre est un corps avide d'eau. Appliqué sur une surface humide, il absorbe le liquide et forme une légère croûte protectrice, adoucit la surface et dimi- nue la douleur. Cette propriété absorbante et calmante fait utiliser l'amidon contre les hiflanwiations cutanées prurigineuses et sécrétantes^ contre les diarrhées^ etc. L'empois sert à faire des cataplasmes adoucissants. Mélang-é au plâtre, à parties égales, et g-âché avec de l'eau, l'amidon constitue un bandage contentif pour les fractures. On l'administre sous forme de poudre, d'empois ou d'eau amidonnée. Pour les lavements^ on fait cuire 8 grammes d'amidon dans 500 g-rammes d'eau. Dextrine. La dextrine dérive de l'amidon. Elle est amorphe, lég-èrement jaunâtre, très solubledans l'eau et insoluble dans l'alcool et l'éther concentrés. Elle forme des solutions visqueuses et collantes qui ne sont pas précipitées par le sous-acétate de plomb. Ce dernier " ' caractère la distingue de la gomme arabique. Effets et emploi. — La dextrine est très adoucissante pour les tissus sur lesquels elle est appliquée. Elle convient très bien pour confectionner lesélectuaires ou pour faire des liquides émoUients. Elle sert aussi à préparer des bandages contentifs, que l'on peut enlever ensuite facilement en mouillant les bandes avec de l'eau tiède. Le mélange agglutinatif dont on se sert habituellement est formé de 100 parties de dextrine, 50 parties d'eau et 50 parties d'eau-de-vie camphrée. c^^ 256 SUCRE CRISTALLISABLE. Orge. Avoine. Riz. Ces grains se présentent à l'état de grains entiers ou dépouillés de l'enveloppe superficielle. AvecVorg/e ])erle\ \e gruau d'avoine ou le riz décortiqué^ c'est-à- dire les g-rains débarrassés de l'enveloppe externe, on fait des liquides fort adoucissants en les faisant bouillir un certain temps dans l'eau. Sous l'influence delà cuisson, les g-rains se g-onflent puis éclatent. Quand les grains sont crevés, on laisse refroidir, et on administre le liquide sous forme de breuvag-e ou de boissons. Quand on emploie les grains entiers, il est bon de les faire bouillir d'abord lég-èrement et de jeter le liquide, afin de séparer la matière acre contenue dans Je péricarpe. Les décoctions de grains sont employées avantag-eusement dans toutes les irri- tations gastro-intestinales^ surtout dans la diarrhée. 2' ÉmoUients sucrés. Sucre cristallisable. C12H2201I. Le sucre cristallisé est soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool. Chaulfé à 180°, il fournit un produit transparent appelé sucre d'org-e ; à 220% il se transforme en caramel. Les acides, les fer- ments et un g-rand nombre de sels acides, surtout en présence de la chaleur, transforment le sucre ordinaire en glucose. La fermen- tation le décompose en alcool et en acide carbonique. Il se com- bine avec la chaux pour former un sel insoluble. Effets et emplois. — A l'état de poudre, le sucre cristallisé est lég-èrement excitant pour les tissus. Cette action excitante est due à l'état physique du sucre, dont les particules ang-uleuses ag-issent mécaniquement ; il est, en outre, très hygroscopique et tend au premier moment à déshydrater les surfaces. L'effet vérita- blement émollient suit l'effet excitant. Cet effet est surtout utilisé pour les inflammations de la cornée., de la conjonctive et pour les plaies blafardes. ^ju^éXo La propriété qu'a le sucre de former un sel insoluble avec la chaux le fait utiliser comme antidote contre les empoisonnements par la chaux vive. Administré en petite quantité, il constitue un MIEL. 257 excellent aliment très léger. A doses fortes, il provoque la soif, la diarrhée, puis la purg-ation. D'après Viboi'g", des poules sont purgées par 30 à 45 grammes de sucre et les moutons par '200 grammes ; chez ces derniers, la purg-ation se montre neuf heures après l'administration. Il exerce une action sur les glandes lénales, la muqueuse pulmonaire et bronchique, dont il augmente la sécrétion. Il esi diurétique et expectorant. Glucose ou glycose. Le g'iucose pur ou sucre incristallisable se présente en petites masses mamelonnées, comme les choux-fleurs; il est d'une saveur sucrée qui est deux fois plus faible que celle du sucre ordinaire à poids ég-al. Dans le commerce, le glucose est sous la forme d'un sirop épais, transparent, de couleur blanche ou jaunâtre, ino- dore, de saveur sucrée et collant fortement aux doig-ts comme la térébenthine. Cette variété de sucre réduit les sels métalliques avec une grande facilité. Usages. — Le g-lucose sert à édulcorer les boissons et les breu- vages et entre dans la confection des électuaires et des bols. Comme il précipite les sels de cuivre, de plomb, de mercure, d'argent, etc., il peut servir ^antidote dans les cas d'empoison- nement par ces sels métalli(iues. Miel. Le miel de bonne qualité est solide ou mou ; sa couleur est d'un blanc plus ou moins pur ou d'un jaune plus ou moins foncé; son aspect est grenu, il est onctueux au toucher et collant comme un sirop ; son odeur est aromatique ; sa saveur est sucrée et agréable. Soluble dans l'eau froide ou chaude, ainsi que dans l'alcool faible ; le miel est insoluble dans l'alcool absolu, l'éther, les essences et les corps gras. Exposé à l'air, il s'altère facilement, entre en fermentation et acquiert une saveur aigre due à la pré- sence de l'acide acétique. Le miel renferme trois espèces de sucre : du sucre cristallisable, du glucose et du sucre de fruit; il contient, en outre, une matière sucrée analogue à la niannite, de la cire, un acide libie, un prin- ci|)e aromatique, une matière colorante. Kaifmann. 17 258 LAIT, PETIT- LAIT ET LACTOSE. Effets et indications. — Le miel est très adoucissant pour les tissus. Il ne fait pas g-onfler les parties sur lesquelles il est appli- (|uù; aucontraire, il tend à diminuer leur volume ; il a donc une action résolutive. Sous son influence, les solutions de continuité sorU légèrement excitées et se cicatrisent. A VintPrieur, c'est un aliment très adoucissant à faible dose, et il devient laxatif ù. dose forte. C'est un expectorant et un des meilleui's calmants des voies respiratoires. Ces propriétés le recommandent «Jans tous les cas de fièvre et de phlegmasies internes, surtout des organes respiratoires. Il rend de g-rands services aussi à rexte'rieur, sur les plaies, les parties mortifiées, les crevasses et antres inflammations locales. Il paraît excellent contre les ophtalmies. Doses. Grands animaux .^0 à ±jO f?ranimos. Moyens — 14 à 90 — Petits — 8 à 20 — Ces doses peuvent êti-e répétées plusieurs fois pai* jlel. LAIT, PETIT-LAIT ET LACTOSE, 259 Tl renferme dans les proportions convenables toutes les substances indispensables à l'org-anisme : eau, matière sucrée ou lactose, matière g-rasse ou crème, matière albuminoïdc ou caséine avec trace d'albumine et des sels divers. Le lait est miscible à l'eîm en toute proportion ; il est incoagu- lable par la chaleur, mais coagulable sous l'influence de certains acides, des sels métalliques et des matières tannantes. Exposé à l'air, il s'acidifie assez rapidement par suite de la transformation de Idlactoseen acide lactique sous l'influence des ferments figurés. Usages thérapeutiques. — Il constitue aussi un bon agent thé- rapeutique, d'abord parce qu'il est en général d'une digestion facile et ensuite parce qu'il agit comme adoucissant^ calmant^ diurétique et enfin comme antidote de certains poisons. Il est indiqué : 1° Dans toutes les inflammations du tube digestif, surtout chez les jeunes animaux. Il agit comme topique émollient sur toute l'étendue de la muqueuse gastro-intestinale et en même temps fournit à l'absorption des matières nutritives. 2" Gomme antidote dans les empoisonnements par les sels mé- talliques, les alcaloïdes, le phosphore, la cantharide. Pour com- battre l'action toxique produite par ces deux dernières substances, il faut donner le lait écrémé, car la graisse pourrait les dissoudre et favoriser leur absorption. .; Wi^w cut^vV^^ 3" Comme diurétique, expectorartt , dans toutes les inflamma- tions pulmonaires, bronchiques, rénales et vésicales. Les propriétés diurétiques du lait doivent être attribuées à la lactose ou sucre de lait C'-tr--0" -[-H-0 (G.Sée). Ce médicament peut doncreraplacer le lait, quand ce liquide est mal digéré. On administre la lactose dans des infusions à la dose de 50 à 100 g-rammes par jour chez les petits animaux et à celle de 200 à 300 grammes chez les grands herbivores. Au lieu de lactose pure, on peut avantageusement faire usag-e, en médecine vétérinaire, du petit-lait, qu'on obtient dans la fabrica- tion du fromage. Il est moins nutritif que le lait entier, mais, comme il renferme encore la lactose et les sels, ainsi que de l'acide lactique qui s'y est développé, il a conservé toutes ses propriétés diurétiques. 260 GOMMES. Réglisse. (Gluoji'rh'izd fjlahva L.) Celle ])lanle lég-umineuse croîl dans le [niili do I Europe el fournil sa racine, qui esl jouine, à odeur parlic^ulière el à saveur sucrée. D après Robiquet, elle renferme unjjrincipe sucré, non fernien- lescible, appelé (/hjn/rrhicine, de l'albumine, de l'amidon, de l'asparagine, un [)rincipe oléo-résineux, du ligjieux el des sels. Effets. — Celle racine Irailée par macéi-alion, infusion ou dé- coclion, cède son sucre el ses sels el fouinil des boissons ndou- cissantes el béchiques. La macération et l'infysion sont préférables à la décoction, parce que l'eau bouillante dissout aussi le principe oléo-résineux qui esl acre et amer, ce qui diminue les quidités émollienles de la préparation. La poudre de réglisse sert à la confection des bols, des jtilules et des élecluaires. Doses. Grands animaux îiO à 100 gianmios. l'etits ruminants el porcs lii à 'M\ — (Carnivores 4 à S — 3" Èmolïients gommeux. Gommes. Les gommes sont plus ou moins solubles dans l'eau IVoide ou chaude, qu'elles rendent épaisse, visqueuse el collante aux doigts; elles sont insolubles dans l'alcool, l'élher, les essences el les corps gras. Leur composition chimique les rapproche de l'amidon et du sucre. Sous rinfluence de l'acide azotique el de la chaleui-, elles donnent naissance à de l'acide muciipie; leur dissolution est précipitée par le sous-acétate de plomb. Effets et usages. — Les gommes consliluenl iVcrref/en/s éint>l- lle/its, surtout pour l'usage interne. Le liquide mucilagineux el visqueux qu'elles forment agit localement en couvrant la surface malade d'une couche pi-otectrice, très adoucissiuile. Dans l'estomac, la gomme est partiellement transformée en sucre sous l'influence de la pepsine el de l'acide du suc g'astrique; la plus grande partie. LIN (GRAINE;. 261 n'éprouvant aucune altération, séjourne d'abord dans l'intestin, puis est expulsée avec les excréments. Les solutions à 10 p. 100 conviennent très bien dans les in/Iatnmations gastro-intestt'jiales, dans les (fiurr/iées, les empoisonnements, etc. Lesg-ommesne sont pas absorbées dans le tube dig-estif ; il n'y a que la petite quantité de sucre qu'elles donnent dans l'estomac qui passe à l'absorption. Il n'a jamais été possible, jusqu'à présent, de démontrer le passage direct de la gomme dans le sang-. Il résulte de ce défaut d'absorption que les gommes ne peuvent pas avoir une action énergique sur les muqueuses éloignées du tube digestif sur lesquelles les molécules médicamenteuses ne peuvent arriver que par l'intermédiaire du sang-. Ainsi les gommes admi- nistrées à rintérieur n'agissent que faiblement sur les bronches, les reins, la vessie, etc. Ces matières rendent de grands services dans l'allaitement des jeunes animaux. Mélangées au lait, elles le rendent plus facile à digérer, parce que, dans l'estomac, la caséine, au lieu de se préci- piter en bloc, se précipite lentement et sous forme de petites masses facilement attaquables par le suc gastrique. 11 ne faut jamais associer la gomme au plomb, au fer et autres métaux, qui la précipitent et lui font perdre ses propriétés adou- cissantes. A l'extérieur, les solutions gommeuses, épaisses, sont utiles contre les brûlures, les excoriations, les plaies, la conjonctivite. La g-omme arabique est généralement employée à titre d'exci- pient dans la confection des bols, des pilules et des électuaires. Doses. Grands herbivores 80 à 100 giiuiiiiiL-s. l'elits ruminanls 10 à :2.ï — Porc ri à 10 — Cliion ± h .'i — Chat 0"r.:i k i — Ces doses peuvent être augmentées sans aucun inconvénient. 4° ÉiïioUients mucilagineux. Lin (graine). (Liniim usilatissimuin L.) Les graines de lin contiennent dans leur enveloppe une forte 262 LIN (GRAINE)- pro])orlion do rmicilag'C et, dans leui' pai'tio inlertic, nno huile grasse, siccative, riuiile de lin. Le tourteau qui reste après l'extraction de riiuilc nu contient plus que le mucilag-e et les matières albuminoïdes des graines. C'est le mucilage (|ui communique aux graines de lin et au tour- teau leurs propriétés adoucissantes. Si on en fait une décoction (lOg^rammes par litre d'eau), on obtient une eau fortement muci- lagineuse. Effets et emploi. — Le mucilage est de tous les émollicnts le \Av\s franchement adourissant^ relâchant et calmant. Localement, il ramollit fortement les tissus, les gonfle, les rend insensibles. Dans l'estomac, il subit une fermentation acide qui le décompose en partie et le rend assimilable. Pendant cette fer- mentation, il se forme de l'acide saccharique et de la mucine. La partie non absorbée constitue un enduit émollient pour la mu- queuse dig-estive, qui est ainsi préservée du contact irritant des matières intestinales. La graine de lin ou son mucilage diminue la consistance des excréments et facilite leur évacuation. La partie du mucilag-e qui est absorbée ag-it sur les organes éloigniés tels que : le larynx, les bronches et la muqueuse urinaire, dont l'irritation diminue et dont les sécrétions aug-mentent. Sous l'influence du mucilag-e, les urines deviennent adoucissantes. De très fortes doses de mucilage peuvent devenir irritantes pour le tube dig-estif à cause de la fermentation acide qui s'y développe. Sous l'influence du mucilag-e convenablement administré, les sécrétions catarrhales deviennent plus abondantes, plus faciles et plus fluides. A rextérieur., le mucilage est indiqué comme topique calmant et maturalif. La farine elle tourteau de graine de lin servent à confectionner des cataplasmes adoucissants et calmants qu'on applique sur les régions fortement douloureuses. Pour faire ces cataplasmes, on em[)loie 1 partie de farine pour 3 parties d'eau. La farine doit toujours être de prépara- tion récente; en vieillissant, elle rancit, devient acide et perd en grande partie ses proj)riélés émollientes. A /'«n/f'ru'//?*, il convient contre les irritations des voies dig-estives, urinaires et respiratoires, etc. On emploie Teaii mucilag-ineuse en injections pour faire giisser les corps étrang-ers arrêtés dans LICHEN D'ISLANDE. 263 un point il'un conduit, pour remplacer les eaux de l'amnios dans les accouchements laborieux. Pour faire arriver le liquide muci- la<>ineu\ dans les cavités, on emploie une seringue ou un tube de caoutchouc adapté à un entonnoir ou un bock. Guimauve. ^i^M y'C*^-'^'^^ [Allhea officinalls L.) La racine de guimauve contient du mucilage 35 p. 100, de la gomme, de l'amidon, de l'albumine, de Tasparagine, du sucre, une matière colorante, une substance grasse et des sels alcalins. Emploi et doses. — Traitée par décoction à la dose de lo à ;]0 grammes par litre d'eau, la racine de guimauve fournit un liquide mucilagineux et amylacé constituant des boissons ou des breuvages très adoucissants qui conviennent dans toutes les in- flammations gastro-intestinales, dans les diarrhées, les empoi- sonnements. La poudre entre dans la composition des électuaires, des pilules et des bols. Les doses sont les suivantes : Cheval aO à 100 grammes. Bœuf 100 à i^oO - Mouton l'o à oO — Porc 10 à i'6 — Chien 3 à- 10 — Chat 2à o — Lichen d'Islande. (Cetraria islandica.) Le lichen d'Islande contient une petite proportion d'une ma-- tière amyloïde appelée licliénine, une substance anière, la cétrarine ou acide cétrarique, de la g-omme, du sucre et des sels calcaires. La lichénine bleuit par l'iode et se transfoime dans l'eau chaude en une substance qui se prend en gelée par le refroidis- sement. La cétrarine ou matière amère est très soluble dans l'eau froide et peut être séiJarée facilement de la lichénine, qui y est insoluble. Effets et emploi. — Le lichen d'Islande jouit de propriétés adoucissantes par sa lichénine et de propriétés toniques par sa 264 FIGUIER DE LfAUHAltlE. cétrarine. Il est ti'ès utile dans les alVectionscatarrliales ries voies respiratoires ainsi que dans les diarrhées. On le donne en ])Oudre, en g-elée, en électuaire ou en infusion, f^es doses ordinaii-es sont : Bœiil' el clieval 10 à 50 grain iiios. Mouton et porc 5 à 10 — Cliien là 2 — Mauve. [Malva .si/lves/ris L.) Les feuilles de mauve sont très riches en inu(;ila^o et partant très émoUientes. Cuiteg dans Feau, elles fournissent deux pio- ^^^,<^vi.A^ duils: 1" un liquide verdâtre, doux, mucilagineux, ffu'on emploie en lavements, injections, bains, lotions et fomentations ; 2" une f)ulpe verte, avec laquelle on fait des cata|)lasmes adoucissants et maturatifs d'un usage vulg^aire. Bourrache. ( Borrugo officinuUn . ) Les infusions de feuille de bourrache sont (htioHirnlcs, pcclo- ffi/c.s, s/fdori/i(/ucs cl diurctiqucs. Leureni[iloi est surtout indiqué dans les all'eclions de la poitrine. Bouillon blanc ou molène. {\\-rh(iscuni llidjifilis |>.) Les feuilles et les Heurs sont émollientes et anti.spasmo(Ji(iues. Elles remplacent la mauve et la guimauve. Grande consoude. {Stjmph ylum consolida . ) La racine Iraitéepar décoction fournit un llipiidc émollienl el un |)eu astringent. Elle convient surtout dans la diarrhée, la dysenterie, la [dupait des hémorragies internes et le pissementde sang. Figuier de Barbarie. (CavUis opunlia L.) La tige de cette plante g-rasse, appelée raqiictle, renferme une ALliUMINK OU HLANC H'IECI'' lALliUMEiN). 265 |mlpe veiie, Iriablc, qui est très riche en mucilage. Une de ces t'euilles fendue en deux selon sa longueur cl a|)|)liquée par la face divisée sur une partie entlamniée remplace très avantageuseinent un cataplasme émollient. —Par décoction ou infusion, on obtient un liquide très mucilagineux qui répond a toutes les indications ordinaires des émollicnts. Cette plante constitue en Afrique, où elle croît en abondance, une ressource pour la médecine vété- linaire. 5' Émolhents albumineux. Albumine ou blanc d'œuf (albumen). Propriétés chimiques et physiques. — Cest un liquide visqueux. i transparent, inodore, insipide, plus lourd que Teau et moussant . /i beaucoup par l'agitation en emprisonnant l'air. Soumise à une j douce chaleur, l'albumine se dessèche et forme des plaques trans lucides, jaunâtres, vitreuses, et conserve sa solubilité dans l'eau. Mais à une température supérieure à 70° G., l'albumine se coag'ule entièrement, forme une masse blanche, élastique, complètement insoluble dans l'eau. L'albumine liquide ou desséchée est très soluble dans l'eau, mais elle est précipitée de sa solution par un grand nombre de corps, tels que : l'alcool, l'éther, les essences, la plupart des acides minéraux ou org-aniques concentrés, tous les sels métalliques, etc. Par contre, les alcalis caustiques elles carbonates alcalins dissolvent l'albumine, même lorsqu'elle a été coagulée par la chaleur ou les acides. Les acides acétique, chlorhydrique, phosphorique hydraté, très étendus d'eau, exercent aussi une action tluidifiante sui- l'albumine. On devra tenir compte de ces réactions dans les alliances pharma- ceutiques de cette substance. Dans l'œuf, le blanc constitue environ les deux tiers de la masse totale. Il est composé do 8.5 parties d'eau, de 12 d'albumine et de 2,7 de matière muqueuse, de 0,3 de soude libre, de soufre et de matières salines. Effets et emploi. — Le blanc d'œuf battu avec de leau tiède constitue un liquide très émollient et très nutritif, qui est indiqué dans les in/lainmations des roies gastro-intesti miles : la gastrite, l'entérite, la dysenterie, la diarrhée, etc. La solution albumineuse convient dans le cas d'empoisonnement par les sels métalliques 266 (iÉLAÏlMi. et spécialement i)ar les sels mercui-iois : sciileineni il no Tant pas exagérer la dose, car Texpérience a démontré que le coagiiluin primitivement formé tend à se dissoudre dans un excès d'albu- mine. Le blanc d'œuf sert aussi à Vextéricur comme émollient, dé- fensif et comme moyen de contention dans les cas de fracture. — On applique des solutions aqueuses concentrées sur les brûlures, Térysipèle, les éruptions cutanées, etc. En se desséchant sur la peau, l'albumine forme une sorte de vernis protecteur favorable à la cicatrisation. Comme moyen défensif, on l'utilise sur les entorses, les (tistensions, etc., après l'avoir battu avec de l'alun, de l'alcool camphré, etc. Pour en faire un appareil contentif d'une fracture, on le bat avec l'extrait de Saturne (étoupade de Moschati) ou avec de l'alun, et l'on y trempe les pièces de l'appa- reil avant de les appliquer. En ajoutant de l'amidon au mélange d'albumine et d'alun, on le rend plus épais et plus ag'grlutinalif. Jaune d'œuf. Le jaune d'œuf dissous dans l'eau tiède forme ce que l'on appelle vulgairement un lait de poule ^ préparation adoucissante, pectorale et nutritive. Dissous dans l'huile et émulsionné avec une petite quantité d'eau, le jaune d'œuf est éminemment arfoMc/.s- Hant et convient dans les inflammations violentes des er^trailles, les empoisonnements irritants, etc. ;'■• • L'émulsion de jaune d'œuf dans l'eau est l'excipienl le plus fréquemment employé pour l'administration à l'intérieur du camphre, des résines, des baumes, de la térébenthine, des corps gras, des essences, du phosphore, etc. Mélangé à la térébenthine et à l'huile d'olive, il constitue l'on- guent digestif. Gélatine. La gélatine desséchée se présente sous l'orme dv. phiqucs plus ou moins épaisses; elle est incolore, inodore, insipide, transi)a- rente, dure, flexible et plus dense que l'eau. Dans l'eau froide, elle se gonfle considérablement, mais ne se dissout pas; dans i'eau bouillante, elle se dissout à la longue et par le refroidisse- ment se prend en gelée. La dissolution aqueuse de gélatine est i:OHI'S GliAS KT LliUHS DÉRIVÉS. 267 précipitée par l'alcool, Téther, les essences, le tanin, le sulfate de zinc, le sublimé corrosif, le nitrate de mercure, le chlore, etc. Il faut tenir compte de cette incompatiliilité dans les préparations pliarmaceutiques. Effets et emploi. — La gélatine est émoUiente et hcnwstutique. Une solution de gélatine à 5 p. 100 dans du sérum physiologique fait rapidement coaguler le sang- (Dastre et Floresco). On utihse cette propriété pour arrêter les hémorragies. La gélatine est employée comme hémostatique local en application ou comme hémostatique général sous forme d'injections sous-cutanées de sérum artificiel gélatineux. On a même constaté que l'action hémostatique générale s'exerce ég-alemeut après l'ing-estion par le tube dig-estif. Elle est avantageusement employée localement contre toutes les hémorrag'ies externes en nappe. En injection sous-cutanée, elle donne de bons résultats dans les métrorrag'ies, la dysenterie et les hémorrag'ies qui se produisent dans diverses maladies infectieuses. Les solutions de gélatine doivent toujours être soig-neusement stériliséesparla chaleur pour éviterle tétanos. Pour les applications locales, on emploie les solutions de 5 à 10 p. 100 dans du sérum physiolog-ique. Pour les injections sous-cutanées, les solutions sont à 1 ou 2 p. 100. Les doses sont 100 centimètres cubes de cette der- nière solution chez le cheval et 10 centimètres cubes chez le chien. Administrée à forte dose à l'intérieur, la gélatine provor[ue la diarrhée. La colle forte sert aussi à confectionner des bandages contentifs pour les fractures. 6" Corps gras et leurs dérivés. Les corps g-ras sont insolubes dans l'eau, mais solubles dans l'alcool, l'éther, les essences; ils sont également solubles les uns dans les autres. Les graisses saponifiables se dédoublent sous Tinfluence des alcalis en acides gras particuliers (stéarique, marga- rique et oléique) et en un principe basique, unique, \b. fflycérine. Exposés à l'air, ils absorbent de l'oxyg'ène, s'oxydent, deviennent acides, odorants et irritants; on dit alors qu'ils sont î'ances. Les métaux oxydables s'altèrent à leur contact. Les corps gras sont solides, mous ou liquides; leur couleur, leur odeur et leur saveur varient; leur densité est toujours infé- rieure à celle de l'eau. Ils sont doux et onctueux au toucher. 268 CORPS GFtAS ET LliUKS DFiRIVÉS. rendent g-lissantes les surfaces sur lesquelles on les étend ol communiquent une transparence incomplète aux corps dans les porosités desquels ils ont pénétré, comme on le l'emarquc pour le papier, les étoiles qu'ils tachent profondément. Soumises à l'action de la chaleur, les graisses solides entrent en fusion entre 30 et 60" G. ; elles bouillent généralement entre 200 et 300" et ne lardent pas à se décomposer à une température plus élevée. Les corps gras constituent d'excellents dissolvants pour le soufre, le phosphore, l'iode, le brome, les résines, etc. On peut les tenir en suspension dans l'eau grâce à un jaune d'œuf, à du mucilage ou à de la gomme ; on obtient ainsi des liqueurs blanches opalines appelées émulsions. Les principales graisses solides sont : l'axonge, la graisse de cheval, de bœuf, de mouton, de volailles, la moelle de bœuf, le blanc de baleine, la cire, etc. ^n^é^u/a Les graisses liquides ou huiles contiennent une forte propor- tion d'oléine; ce sont les huiles de pied de bœuf, de poisson, d'olive, d'amandes douces, de sésame, d'arachide, de noisette, «^^^C^ de faine, de colza, de navette, etc. : quelques-unes sont siccatives, , celles de noix, de lin, d'œillette et de chènevis.- . oi v ^ ^^ Effets. — Ap[)liqués sur un tissu, les corps gras le pénètrent peu à peu, le ramollissent et lui donnent de la souplesse. Us diminuent la chaleur, la tension, la rigidité et même la sensibilité dans les cas d'inflammation. C'est surtout quand la surface du tissu ou de l'organe sur lequel on les applique est Yr!« /r sèche, rude au toucher, crevassée, que les elîets émollienls des corps gras sont rapides et salutaires. Mais ils ont le grand incon- vénient de rancir et de devenir irritants au bout de peu de temps. Sur la peau, ils peuvent même provoquei-de la déi>ilation. Ap|ili- qués sur une trop grande surface du tégument, ils déterminent la mort des animaux, comme l'ont démontré les expériences de Bouley et de Fourcault. C'est surtout chez les ruminants, prin- cipalement chez les lamas, les camélidés, que l'application des irorps gras sur une grande surface est dangereuse. Dans le tube digestif, les corps gras produisent des cllcts (|ui varient avec les doses. En petite quantité, ils sont digérés, absor- bés et servent à la luitrition. Ingérés en quantité un peu foilo ou d'une manière suivie, ils échappent en partie à la digestion, causent du dégoût, provoquent le vomissement chez les carni- vores et la purgation chez tous les animaux. i HUILES GRASSES. 260 Après l'absorption, les corps gras servent à entretenir la cha- leur animale et constituent, lorsqu'ils sont un peu trop abondants, des dépôts de graisse dans certaines parties du corps. Adminis- trés seuls, ils ne peuvent pas servir à entretenir la vie. Magendie a, en effet, prouvé que les animaux nourris uniquement avec des coi'psg-ras meurent infailliblement au bout d'un mois en moyenne. Indications thérapeutiques. —L'action adoucissante est utilisée dans les in/htmma/ions sujter/lcielles cbi la peau produites parle frottement, comme l'érythème aux ars, aux aines, etc. l^^as.^^^i - «j|(« propriété que les corps gras possèdent de ramollir les tissus secs, durs, et d'entretenir leur souplesse les fait employer contre les }^: dartres sèches, X^'i crevasses, les gerçures, \a dessiccation du sahof du cheval, etc. Les corps gnis sonl anliparasitaires, parce qu'ils imprègnent le tég-ument des parasites et, en entravant la respiration, pro- duisent facilement leur asphyxie. Les poux sont détruits par quelques frictions d'huile tiède. La propriété qu'ils ont de rendre glissantes et douces les sur- faces sur lesquelles ils sont déposés fait employer avantageuse- ment les corps gras dans les cas d'introduction de matières acres et irritantes dans le tube dig-estif, dans les affections vermineuses, dans le cas d'arrêt de corps étrangers dans l'œsophage, lors de l'existence d'une constipation o^niàtre, de pelotes stercorales, .le bézoards, d'ég-agropiies, de dessèchement des aliments dans le rumen ou le feuillet, etc. Préparations. — Les graisses servent surtout d'excipients dans une foule de préparations médicamenteuses, telles que les pommades, les onguents, lescérats, lesHniments, etc. Huiles grasses. Les huiles grasses sont des corps gras liquides à la température ordinaire. Exposées en l'air, les huiles ne se comportent pas toutes de la même manière : il en est qui absorbent l'oxygène, se résinifient et se dessèchent ; on les appelle siccatives; d'autres qui, dans les mêmes circonstances, s'épaississent tout en restant grasses : on peut les appeler huiles onctueuses. Les huiles grasses se divisent en : huiles animales, huiles végétales et huiles minérales. 270 GRAISSES DIVERSES. Les huiles grasses végétales sont les unes oîirtiteuses : huiles d'olive, d'amandes douces, de sésame, d'arachide, de noi- sette, de faine, de colza, de navette, etc ; les autres sirrafives : huiles d'oeillette, de lin, de noix et de chènevis. hliulle (le lin jouit de propriétés pui'gatives assez prononcées, surtout chez les grands ruminants. Elle a été vantée contre les maladies parasitaires cutanées et contre les chancres des oreilles du chien. Les huiles animales sont l'huile de pieds de bœuf et les huiles de poissons. Elles ag-issent localement comme les huiles végétales. h'huile minérale la plus connue est l'huile de vaseline. Elle ne rancit pas, est très émolliente et |)eut iem|)lacer les graisses d'origine animale et végétale. Beurres. a. Beurre animal. — Le beuire ])réparé avec la crème s'altèi*e facilement à l'air et devient rance par suite de son oxydation et de la formation d'acides caprique et caproïque qui lui donnent son odeur repoussante. b. Beurre de cacao. — Ce beurre est fourni par les semences du Cacaoyer [Theohrona cacao). Il fond à oG"" et ne s'altère que lentement à l'air. c. Beurre ou huile de muscade. — Ce beurre est fourni \mxv le fruit du muscadier [Mgritica moschata). On en fait des frictions résolutives . d. Beurre ou huile de palme. — Ce beurre est extrait du fruil d'un palmier qui croît en Guinée et au Sénégal, VElxis guinecnsis. Ce corps gras se conserve facilement. e. Beurre ou huile de laurier. — Retirée des bois du laurier sauce [Laurus nobilis L.), cette huile est adoucissante et résolu- tive. Elle est employée surtout sous forme de pommade de laurier, dont voici la formule d'après Lebas : Huilo (le laurier |)ui-e 4 f^rammcs. A xon^u :'> — Suif l> — Graisses diverses. Les graisses d'origine animale sont molles, à la température SAVONS 271 ordinaire et fusibles à celle du sang- des mammifères. Les plus employées en vétérinaire sont Vaxonge, la graisne de clierui, celle de voltiille, la moelle de bœuf ei les suifs. Elles sont toutes très émollienfes, reldc/i/rntes et 7-ésolu(ires, mais elles peuvent rancir en vieillissant et devenir alors iiiilantes. 1" Blanc de haleine. — Cette matière, encore appelée sper- maceti, cétine, adipocire, est fournie par les sinus de la tète des cachalots. Elle entre dans la composition de pommades et d'on- guents. 2o Cire [Cera). — - Composition chimique : La cire est formée de deux principes essentiels, la cérine, qui en forme les deux tiers, etia nnjririne, qui constitue l'autre tiers. La cire jaune ren- ferme, en outre, un principe aromatique et une matière colorante. Cette matièr'e entre dans la composition du cérat simple. Ciro jaune l^j giaiiimes. Huile d'olive oTS — Cette préparation est très adoucissante. Savons. On désigne sous le nom de savons les eombinaisonsque forment les acides gras avec les bases alcalines, potasse, soude ammo- niaque, etc. Les savons à la potasse sont demi-solides, mous; les savons à la soude sont durs et solides. En médecine vétérinaire, on emploie surtout les savons à la potasse connus sous les noms de savon noir et de savon vert. Ces savons sont parfaitementsolubles dans l'eau et dansTalcool ; ils sont à réaction alcaline, car ils contiennent un excès de potasse. Effets. — Le savon vert ou noir, appliqué en frictions sur la peau, dissout les matières g-rasses et épidermiques et nettoie parfaitement le tég'ument. L'action dissolvante du savon est en rapport direct de la quantité de potasse libre qu'il contient. En frictions prolongées, il peut irriter la peau. Lorsqu'on le dissout dans l'eau, il se décompose en un sel acide et en un sel basique; c'est celui-ci qui dissout les graisses et l'épiderme et qui rend la peau g"lissante. Introduits dans l'estomac, les savons se décomposent en pré- sence du suc gastrique; il se forme du chlorure de potassium et du lactate de potasse ; les acides gras mis en liberté sont 272 SAVONS. absorbés et oxydés dans le sang-. Ils ne sont que faiblement irritants dans le tube digestif à cause de leur décomposition rapide, mais ils agissent en suractivant les sécrétions et en faci- litant la marche des matières; \\s provoquent des déférât 'nms fréquentes molles et déterminent rapidement la pei-te de rappétil en ralentissant la digestion. Les effets généraux produits après l'absorption sont ceux des carbonates alcalins; ils tluidifient le sang- et sont légèrement diurétiques. Emploi. — -1 l'extérieur, le savon nest guère employé que pour purifier la peau, pour la débarrasser des matières grasses, épithéliales et sudorales. Il est utile dans les maladies cutanées non seulement pour nettoyer le tég-ument, mais aussi parce qu'il excite les papilles du derme et favorise la poussée des poils et de la corne. Il est insuffisant pour détruire les parasites, mais, en rendant la peau propre et Tépiderme plus mince, il permet au substances antiparasitaires d'agir avec plus d'efficacité. Les la- vag-es au savon doivent être énergiques ; c'est le plus souvent une des premières conditions du succès dans le traitement des mala- dies parasitaires cutanées. L'action irritante et résolutive peut être utilisée contre les inflammations chroniques, les eng-org-ements ganglionnaires et glandulaii-es, les épaississements de la peau et les engor- g-ements cutanés ou sous-cutanés. Pour rendre cette action plus énerg-ique, on y ajoute du carbonate de potasse, du sul- fure de potasse, du sulfate d'ammoniaque, de l'ammoniaque, du camphre, de l'iodure de potassium 1 p. 8, de l'iode l p. 20 ou de la pommade mercurielle en quantité égale, etc. Le savon, en neutralisant les acides, combat les brûlures faites par ces corps. Les teintures de savon sont d'excellents résolutifs locaux ; la plus employée se compose de 2 parties de savon vert et i partie d'alcool. A rintérieur, les savons ne sont employés que lors(|u'on n'a pas d'autres alcalins à sa disposition, contre la météorisationchez les ruminants, les constipations accompagnées de coliques, les empoisonnements par les acides. Les lavements au savon sont légèi-ement excitants pour le rec- tum, rendent sa muqueuse plus glissante et favorisent ainsi les défécations. •iLYCÉRINE. 273 Les doses internes sont : Clieval ..'. iO à 30 g la m ni es. B à S — Glycérine. La g-lycérine ronslilue un lii|Liide épais, sirupeux, neutre, inco- lore, inodore, dune saveur sucrée, très solublc dans leau et Talcool, insoluble dans 1 ether, le chloroforme, les huiles et les essences. Elle est très hygiométrique et ne s évapore pas à la tempé- rature ordinaire. La glycérine dissout : le soufre, liodure el le bichlorure de mercure, le phosphore, la vératrine, l'iode, lacide arsénieux, le tanin, l'acide borique, les borates, le sucre de saturne, le chlo- rure de zinc, et constitue par conséquent un véhicule excellent pour l'administration de ces corps. Effets. — La glycérine est antifermenlearlble. niitipnlride et (intipamsitaire. Elle préserve de la putréfaction les matières organiques qu'elle imprègne et est toxique pour certains êtres inférieurs qui vivent en parasite sur nos animaux, tels que les poux, les puces, etc. Appliquée sur les tissus, elle les pénètre facilement, les assou- plit et les adoucit. Sur la peau, elle imbibe Tépiderme, ramoUit les croûtes et préserve les surfaces de la dessiccation, des g-er- çures et des crevasses. A cause de son avidité pour l'eau, la glycérine pure produit une cuisson passag-ère lorsqu'on l'applique sur des plaies ou des issus très fins et délicats. A l'intérieur, elle est facilement supportée à faible dose. A dose forte 50 grammes chez le chien), elle est laxative ; elle peut même devenir irritante quand elle est donnée pure en très grande quantité. Donnée en lavements, elle excite vivement les contractions du rectum et du gros intestin et produit l'expulsion rapide des excré- ments. Après son absorption, elle est décomposée dans le sang- et les Kaufman.n. i8 274 GLYCÉRINE. tissus : en général, il n'est ])lus possible de la retrouver en na- ture dans aucun produit d'excrétion. Elle exerce une action excitante sur le rein et i)rovocjue la diurèse. A forte dose, elle dissout les globules du sang- et produit de Vhrmcxjlohinuric. Indications thérapeutiques. — ^1 l'exlérieur, elle est indiquée pour ramollir les croûtes qui se forment sur la peau, dans l'eczéma et les gales diverses. Comme elle dissout facilement les substances antiparasitaires, telles que le soufre, l'iode, etc., elle est employée mélang-ée à ces substances comme moyen curatif des g-ales et des démang-eaisons produites par la vermine. Elle constitue le meil- leur médicament pour assouplir la peau dans les cas de crevasse, d'indurations superficielles et d'inflammations diverses prurigi- neuses. Elle imbibe les pansements, facilite leur renouvellement, est antiseptique et cicatrisante. La propriété qu'elle a d'exciter l'évacuation des excréments lors- qu'on l'introduit dans le rectum, même àtrès faible dose, la fait em- ployer en lavements contre la constipation, l'obstruction causée par le dessèchement des matièresdans la partie terminale de l'intestin. Ces lavements sont faits avec de petites quantités de glycérine ; ainsi, pour le cheval, il suffit de 5 à iOg'rammes, etchezle chien de J à2g-rammes pour obtenir rapidement des défécations abondantes. Préparations. ■1" Glycéral simple. Glycérine ■Ifi Amidon --,50 Sucre Q. s. pour granulci-. Les granules s'administrent dans un peu d'eau, jiar cuillerées. Poudre de lycopode. La poudre de lycopode, composée de sj»ores du Ijjcojiodiiim davaUim, est utilisée pour poudrer les pilules. Elle pourrait être em[)loyée pour l'usage externe ilans les excoriations et les irrita- tions cutanées prurigineuses. COLI.OniON. 281 Poudre de talc. Le talc est un silicate de mag-nésiuni hydraté. On l'emploie sous forme de poudre. Celle-ci est blanche, onctueuse au toucher, insoluble, inattaquabh; par les acides, difficilement fusible. Sa densité varie entre 2,5 et 2,8. La poudre de talc, étant onctueuse, convient très bien dans rérythème aux ar's, les ad'ections cutanées prurigineuses et sécrétantes. 8° Autres corps protecteurs. Gollodion. LecollodionestunedissûlutiondefulmicotonfC-H'^AzO-jO'"], dans un mélange d'éther 16 et d'alcool 1. Le fumilcoton, encore appelé foton-poudrc, pyroxyline, s'obtient en faisant tremper, au moins pendant un quart d'heure, du coton dans un mélange à parties ég-ales d'acide azotique et d'acide sulfurique. On retire, on lave à grande eau et on fait dessécher. Le collodion ordinaire est un liquide neutre, sirupeux, incolore ou lég-èrement jaunâtre, insoluble dans l'eau, dans l'alcool, et s'enflammant facilement au contact du feu. On peut communiquer au collodion des propriétés nombreuses par l'addilion de substances diverses. On lui donne de l'élasticité par addition de quelques gouttes d'huile de ricin, de glycérine, de térébenthine, de caoutchouc, de glu ; on le rend vésicant par l'addition d'éther cantharidé ; on lui communique des propriétés astringentes avec le sucre de saturne ou des [)ropriétés coagulantes avec le perchlorure de fer, des propriétés antiseptiques avec l'iode, le crésyl, l'acide phénique, etc. Collodion élasiique. Gollodion 10 graiiiiiies. Huile fie ricin 1 irraïunie Collodion élastique d'An^érique. Collodion 3aille sur lesquels on a clarilié la léréb(Mi- Ihine ou le g-alipot. Elle est solide, noire, cassante (|uoique collante aux doigts, d'une odeur spéciale, d'une saveur imière, très fusible et très combustible, soluble dans l'alcool, l'éthor, les essences et les coi'ps gras. Effets et usages. — La poix est exclusivement employée à l'extérieur, comme moyen prolecteiirou comme moyen contentif. Llle adhère forlemoni à la peau lorsqu'on la ramollit légèrement avant de riq)j)iiqucr. I^lcndue sur une toile ou du ruir, la jioix l'LATME. 285 loi-me l'emplàlre de ])oix noire qui est très utile sur les plaies, sur les oonlusions produites pas le collier, la selle. Après avoir bien nettoyé celles-ci, on les recouvre avec de la chai'pie ou de Tétoupe, par-dessus laquelle on applique Teinplàtre qui doit dépasseï' les hords de la plaie de 2 ou lî centimètres. Après huit jours, l'cni- ))liHro se détache par suite de la sécrétion de la phiie ; on le lenouvelle jusqu'à guérison complète. Ce pansement a Favantage lie })ermettre Futilisalion des animaux; mais il a aussi Tincon- vénient (Tètre difficilement enlevé. On peut confectionner un emplâtre moins adhérent avec mélange de poix et de térébenthine à i>arties ég-ales. Lemplàtre de poix noire agit aussi comme résolutif sur les eng'orgements indolents sur lesquels il est appliqué. Plâtre. CaSOi-. Le plâtre est le sulfate de chaux déshydraté par une tempéra- ture de 4- 100 à 180°. Lorsque le gypse est chauflé à -f- -00", il perd la propriété de se durcir avec l'eau. Réduit en poudre, le plâtre estblancou légèrement grisâtre ; sa densité estde 1,87 à 3. Mélangé avec de l'eau, il se combine avec ce liquide et forme en dix ou quinze minutes une masse dure et compacte. Emploi. — Le plâtre sert à confectionner des bandag-es conten- tifs très solides et d'un prix peu élevé. i" .Bandaye simple. — Le membre malade est enduit d'huile, sa surface est rendue rég-ulière avec du coton ou des étoupes maintenus avec une bande humide ; on applique par-dessus luic couche d'une bouillie formée de 2 parties de plâtre et de 1 partie d'eau ; on la régularise avec la main mouillée et on appliciue une bande. La couche de plâtre doit être plus épaisse au milieu que vers les extrémités du pansement. 2" Bandages avec bandes plâtrées. — Des bandes faites avec de la toile, delà gaze, de la flanelle, etc., sont saupoudrées sur leurs deux faces avec du plâtre, puis enroulées ; on les trempe ensuite dans l'eau chaude ; pourfaire pénétrer celle-ci partout, on exprime légèrement et on applique les bandes, en ayant soin de faire recouvrir les tours les uns parles autres pour obtenir un accolemenl général. Pendant qu'on serre les tours de bande, on exprime un peu de liquide plâtré, qu'on a soin de bien étendre partout 286 SlUCATE DE POTASSli. avec la main : le loiil se prend bientùl en une masse compacte. Pour que le |)làlre prenne bien, il taul qu'il soil frais. Ce bandage, très facile à exécuter, peu coûteux, a l'inconvénient d'être lourd, de ne pas être toléré longtemps par les animaux et d'être difficile à enlever. En outre, comme il se durcit d'abord à la surface et seulement plus tard au centre, il en résulte qu'il est souvent trop lâche et qu'il tombe facilement. ?j" Bandaf/e de Beely. — On tremi)e de la filasse dans un liquide fait avec parties égales d'eau et de plâtre, jusqu'à ce qu'elle en soit bien imprég-née ; on la dispose en long' autour du membre nu fracturé, en l'exprimant avec la main, et on l'enveloppe d'une bande. Ce bandage est très solide, assez léger; il est facile d'y tailler des fenêtres et des trous pour passer des rubans destinés à le maintenir fixe. Ces bandag-es peuvent servir non seulement pour les fractures, mais encore pour les luxations, les tuméfactions articulaires, etc. On peut aussi se servir du plâtre, surtout en le mélangeant à du goudron pour les plaies du pied du cheval, en particulier contre le crapaud. Silicate de potasse. La solution officinale de silicate de potasse, ou liqueur des cail- loux, est un liquide incolore ou légèrement opalin, visqueux, de densité 1,282, présentant une réaction alcaline. Cette solution absorbant l'acide carbonique de l'air doit être conservée en, vase bouché. La solution de silicate de potasse sert à faire des bandages pour les fractures, les luxations, les inflammations chroniques et les efforts de tendons. On remploie de la manière suivante : On roule sur le membre atteint d'une fracture, par exemple, une lame d'ouate ou d'éloupe que l'on fixe régulièrement avec une bande de toile ou mieux de tarlatane. Alor-s on applique la bande imprégnée de silicate. L'imprégnation se fait en plong-eant la bande déroulée dans la solution siliceuse. On l'exprime et on la roule à nouveau; dès lors, elle est prête à être appliquée. Le bandag-e est plus léger que celui de plâtre, mais il n'acquiert une rig-idité suffisante qu'après ving-t-quatre heures. l'UKI'MîATlONS AHOUClSSAiNTES. 287 Quelques préparations adoucissantes. Cataplasme de farine de Un. Farine de lin Q. V. Eau ! Q. S. Délayez la farinu dans l'eau froide, de manière à l'aire une bouillie très claire, et faites chauffer, en remuant continuellement, jusqu'à ce que la masse ait pris une consistance convenable [Codex, 1884). Cataplasme de fécule. Fécule de pomme de terre 100 grammes. Eau 1000 Délayez la fécule dans le double de son poids d'eau, ajoutez-y peu à peu en remuant le reste de l'eau portée à l'ébullition. Faites bouillir pendant quelques instants en agitant la masse. Préparez de la même manière les cataplasmes de poudre d'amidon et de poudre de riz. Sachet émollient. ,, , , i ■ ', \ ;îa parties égales. Pulpes de pomme de terre j ' Eau bouillante O.S. Faites une pâte épaisse que vous renfermerez dans un sac de toile pour l'appliquer sur les points malades. Liidmenl siccatif (Pick). Gomme adragante finement pulvérisée. o grammes. Ajoutez par petites portions et en triturant constamment dans un mortier : Eau distillée 100 grammes. Glycérine 2 — F. s. a. Contre les inflammations cutanées. Ce Uniment, qu'on peut préparer à froid ou, mieux encore, à chaud, présente une consistance sirupeuse; il se laisse facile- ment appliquer sur la peau en couche fine et uniforme et s'y dessèche très rapidement en formant un enduit protecteur, solide, fin, lisse, sec, qui ne modifie pas d'une façon appréciable la cou- leur de la peau et qui se laisse ensuite facilement enlever au moyen de lavag-es à l'eau ordinaire. On peut facilement incorporer à ce Uniment des quantités rela- tivement considérables (5 à 10 p. 100) de diilërentes substances médicamenteuses, soit solubles, soit insolubles dans l'eau : huile de cade, goudron, ichtyol, baume du Pérou, chrysarobine, oxyde de zinc, iodoforme, iodol, acide salicylique, pyrogallol, naphtol, résorcine, acide borique, créoline, précipités blanc, jaune ou roug"e de mercure, etc. 288 nKÉl'AHATlONS ADOUCISSANTES. Fonirntalions emollirnlps. Espèces éiiiollientcs 30 graniiiifs. Kau 1000 - Faites bouillir et passez. Lolion éinolUeiilc. Feuilles de mauve i ,. „,.„•„• „ Son de blé » ' ^ Eau i lilres. Faites bouillir et passez avec expression. Lolion amylacée. Ori,'e monde ) „ , .,.. n- i H3 12;) 'Tamnies. Riz S " Amidon . . HO — Eau y> litres. Faites cuire le riz e( l'orge ; passez avec expression et didax ez dans Tamidon. Contre les inllammations cutanées. Linitnenl ailoucissaiil. Racine de guimauve. . . 30 grammes. Huile d'olive 125 — Eau .^00 — Failes bouillir la guimauve jusqu'à réduction d'un tiers, passez, mélangez H l'huile et agitez dans un vase. Lavement émullienl. Espèces éraollientcs 30 grammes. Eau 500 — infusez. Leti espères emolfienles sont représentées par un mélange, à parties égales, de feuilles sèches de mauve, de guimauve, de bouillon blanc, de séneçon et de pariétaire. Lavement adoucin.sant. i'euilles de mauve 100 grammes. Son de froment 1 poignée. Eau o litres. Faites bouillir et passez. Administrer tiède. Lavement ami/lace. ^}^^.\ " i a":' (iO gram Amidon ) " Eau 3 litres. Tiaitez par décoction et passez. Administrer tiède. mes. PRÉPARATIONS ADOUCISSANTES. 289 Lavement huileux. Huile grasse 45O grammes. Décoction de graine de lin 3 litres. Émulsionnez Thuile dans la décoction en agitant vivement le mélange. Administrer tiède. Poudre adoucissante. Réglisse pulvérisée ■ Guimauve ( ^^ ^^ grammes. Gomme arabique 1 Dextrine S ^^ — Mêlez. Boisson adoucissante. Racine de guimauve 125 grammes. Carotte (racine) 25q Miel .'.'.'.'.".'.".'.'.' 500 - ^^" 10 litres. Faites bouillir les racines dans l'eau. Dans les phleg-masies aig-uës. Breuvage amylacé. Riz -, Racine de guimauve S "^^ ^^ grammes. Amidon ' |g Eau ' ' |i g Miel q'c édulcoJl? ^°"'"'' '" "^' ^* ^"""^"'''^ *^*"^ ^'^^"' passez avec expression et Contre les inflammations gastro-intestinales. Breuvage gommeux. ^•^'^trine 125 grammes. Gomme arabique pulvérisée 30 _ Miel. Eau Faites un breuvage pour grands animaux. 60 — 1 litre. Breuvage sucré. Betterave ou carotte 250 grammes. Réglisse 60 — Miel 33 _ Eau ^i g Faites un breuvage pour grands animaux. Breuvage mucilagineux. Racine de guimauve 60 grammes. Grame de lin 15 Miel ....'..', 30 _ Eau, 11 5. Faites un mélange pour grands animaux. Kaufmann. 19 290 ASTRINGENTS. BreuiKige adoucissant et nutritif. Œufs N° 4 Eau 1 litre. Battez les œufs de manière à mélanger intimement le jaune avec le blanc ; ajoutez peu à peu l'eau tiède et passez dans un linge fin. Administrez aux grands herbivores Electuaire gommeiix. Poudre de gomme arabique 60 grammes. Miel Q. S. F. s. a. Astringents. Les médicaments de cette classe sont encore appelés sty- ptlques^i dessiccatifs. On les divise en minéraux et en organiques. Les astring-ents minéraux comprennent les composés de plomb, de fer, de cuivre, de zinc et d'aluminium. Les astring-ents org-aniques ont pour base le tanin et l'acide gallique. Effets. — Localement, les astring-ents produisent sur les tissus : le resserrement, la condensation, la diminution de volume, la constriction vasculaire, la pâleur, rabaissement de la tem- pérature Varrét des sécrétions et la diminution de la sensibilité. Ces nombreux et très importants effets physiolog-iques sont d'autant plus prononcés que les tissus sur lesquels ces médica- ments ag-issent sont plus fins, plus délicats. Quand l'application astring-ente est de courte durée, les effets sont éphémères; ils se dissipent bientôt, et souvent des eifets inverses apparaissent; c'est alors ce qu'on appelle la réaction. La réaction consiste dans le retour brusque du sang- dans les capillaires sang-uins de la partie médicamentée; celle-ci rougit alors, se g-onfle, devient chaude, sensible, et ses diverses sécrétions se réveillent avec activité. La réaction se produit d'autant plus facilement que la durée de l'application des médicaments est plus courte et que les effets passagers provoqués sont plus intenses. Pour éviter le retour de la réaction, il est indispensable d'in- sister longtemps sur l'application astringente. Plus la durée de l'application est longue, moins la réaction a de tendance à se produire. Quand l'action astringente dure trop longtemps, les tissus ASTRINGENTS. 291 deviennent durs, épais, pâles, froids, insensibles et impropres à remplir leurs fonctions: ils sont en quelque sorte tannés. Les effets immédiats des astring-ents dérivent de leurs pro- priétés chimiques, surtout de leur affinité pour les matières albu- minoïdes. Tous les astring-ents coag-ulent l'albumine et la fibrine, et c'est parce qu'ils se combinent avec les substances albumi- neuses des tissus qu'ils provoquent leurs effets de resserrement, de condensation, de constriction vasculaire. Ils sont tous plus ou moins antiseptiques . Introduits dans la bouche, ces médicaments produisent une action resserrante des plus marquées : ils arrêtent la sécrétion du mucus et de la salive, dessèchent la muqueuse buccale, la décolorent et la crispent, rétrécissent le pharynx, l'œsophag-e, et rendent la dég-lutition très laborieuse. Arrivés dans Vestomac, ils sont g-énéralement mal supportés; ils arrêtent la sécrétion du suc gastrique, produisent du dégoût, déterminent la soif, provoquent les vomissements chez les carnivores et rendent la dig"estion laborieuse chez les herbivores. Dans Vintestin, les mêmes efîets se produisent : le mucus et le liquide entérique ne sont plus sécrétés en aussi g-rande quantité, non plus que la bile et le suc pancréatique ; les tuniques de l'in- testin reviennent sur elles-mêmes et, par suite, le calibre de ce conduit diminue ; la marche des aliments se ralentit ; la consistance des excréments aug-mente; les défécations sont retardées. Quand on insiste trop longtemps sur l'usag-e interne des astring-ents, ils arrêtent entièrement la fonction dig-estive, irritent la muqueuse, frappent d'inertie le canal intestinal, déterminent d'abord une constipation opiniâtre, puis la rétention complète des matières fécales, et peuvent déterminer la mort, si l'on ne remédie pas bientôt à ces fâcheux effets par les boissons mucilag-ineuses, les laxatifs, les purg-atifs salins. A dose forte, ils sont irritants et provoquent de la gastro- entérite. Indications thérapeutiques. — Les astringents, en combat- tant directement la tuméfaction, la rougeur, la chaleur et la douleur, conviennent dans tous les cas d'inflammation locale. Leur action resserrante, condensante, les fait employer pour diminuer la laxité et le boursouflement d'un tissu ou d'un org-ane quelconque. Leur action antisécrétoire les rend précieux pour tarir les sécrétions muqueuses, purulentes ou autres. Ils sV / _0" 292 ACÉTATE TRIBASIQUE^E FLOMB. ■ "O lyN '■■- . 'Conviennent pour dessécher les surfaces qui sont le siège d'une sécrétion morbide, exemple : dans les eaux aux jambes, les cre- vasses, la fourchette pourrie, la limace, le piétin, les dartres, cer- tains ulcères, les eczémas humides, etc. Leur action antiseptique s'ajoutant à l'action astringente, ils conviennent dans le traitement des plaies suppurantes, dont ils hâtent la cicatrisation. L'effet vaso-constricteur est utilisé dans les cas d'hémorrag-ies superficielles, dans les contusions, les entorses, les efforts divers des articulations et des tendons, dans les cas d'ecchymoses, de tumeurs sanguines, de varices, d'anévrysmes au début. L'action tonifiante et antisécrétoire les fait employer à l'inté- rieur pour combattre la diarrhée. Astringents minéraux. Sels de plomb. Les composés plombiques sont nombreux ; mais, en médecine vétérinaire, on n'utilise g-uère que les acétates de plomb. 1° Acétate neutre de plomb. (G2II302)2Pb + 3H20. Ce sel, encore appelé sucre de Saturne, est en cristaux blancs ; il est d'une saveur sucrée d'abord, métallique et astringente ensuite. Il se dissout dans 3 parties d'eau froide, dans 2 d'eau chaude et dans 30 parties d'alcool. Les solutions de sucre de Saturne sont précipitées par l'hydrog-ène sulfuré, les carbonates, les sulfates, les alcalis, les matières albuminoïdes; il n'est pas précipité par la mucine. Pour en faire des solutions, il est néces- saire de se servir d'eau distillée ou d'eau de pluie, car l'eau de puits et l'eau de source sont toujours plus ou moins riches en carbonates et sulfates et, par conséquent, décomposeraient en partie le sel de Saturne. 2° Acétate tribasique de plomb. (C2H302)2 PbO.H^O. Ce corps, appelé vulg-airement extrait de Saturne, est un liquide incolore un peu visqueux, d'une odeur spéciale, d'une saveur sucrée d'abord, puis très styptique; il est insoluble dans ACÉTATE TRIBASIQUE DE PLOMB. 293 l'alcool, qui trouble sa solution aqueuse. Quand on le mélange <à Teau ordinaire, il donne un précipité blanc d'autant plus abon- dant qu'elle est plus charg-ée de carbonates, de sulfates, de chlo- rures, etc. Le liquide blanc ainsi obtenu s'appelle eau blanche. L'acétate tribasique de plomb précipite un g-rand nombre de principes org-aniques, tels que la g-omme, l'amidon, l'albumine, la g'élatine, le tanin, etc. Action des sels de plomb. — Localement, les sels de plomb agissent comme astringents. Ils coag-ulent l'albumine des élé- ments anatomiques avec lesquels ils sont en contact, densifient les tissus, tarissent les sécrétions locales et diminuent la sensibilité et la douleur. Ils exercent aussi vxne Vicixonvaso-constrictive éner- g-ique sur les petits vaisseaux, déterminent la pâleur, l'anémie et l'abaissement local de la température. Les effets locaux externes des acétates de plomb, employés en solutions plus ou moins éten- dues, consistent donc dans une action astiniigente, dessiccative et analgési(j[ue. A l'intérieur, les acétates de plomb déterminent à faible dose une constipation plus ou moins opiniâtre, et à forte dose une irri- tation, une gastro-entérite accompag-née de violents spasmes intestinaux et de coliques très vives appelées coliques de plomb. Tous les composés plombiques, 7nême le plomb métallique ., peuvent devenir solubles dans le tube dig-estif et passer à l'absorp- tion. En présence des sucs dig-estif et des aliments, les sels plombiques entrent en combinaison avec les peptones et forment des composés org-aniques peu connus au point de vue de leur constitution chimique, mais qui, dans tous les cas, sont très absor- bables. L'absorption peut aussi s'effectuer sur la muqueuse res- piratoire, les plaies, dans le tissu conjonctif. Dans le tube dig-estif, une partie des sels de plomb administrés se transforme en sulfure de plomb en présence de l'acide sulfhy- drique de l'intestin, et une partie seulement passe à l'absorption sous forme de composés org-aniques solubles. Une fois parvenu dans le sang-, le plomb se fixe sur les hématies, qui le transportent ensuite dans tous les org-anes et le déposent dans les tissus, prin- cipalement dans les os, les reins, le foie, les centres nerveux, les muscles. Là, le plomb fait un séjour très prolong-é; il semble être C\xé chimiquement avec les éléments des tissus et ne s'élimine qu'avec une extrême lenteur. L'élimination s'eflectue par plusieurs voies, principalement par la bile, la salive et les urines. L'admi- 294 ACÉTATE TRIBASIQUE DE PLOMB. nistralion d'iodure de potassium rend plus rapide réiimination de ce métal. Pendant V empoisonnement chronique^ on voit apparaître des modifications fonctionnelles importantes. Il se produit d'abord une g-rande faiblesse musculaire, de la tristesse, de l'inappétence, des tremblements et des convulsions choréiformes, des coliques per- sistantes et très douloureuses, de la constipation alternant avec la diarrhée, une certaine difficulté dans la respiration, le cornag-e chez le cheval, l'abaissement de la température rectale, l'affai- blissement du pouls, le ralentissement des battements du cœur, la diminution de la sensibihté g-énérale, des douleurs rhuma- tismales et enfin l'amaigrissement progressif, qui aboutit au marasme, à la paralysie et à la mort. Lorsque l'empoisonnement plombique se produit avec une grande lenteur, on voit apparaître la sclérose progressive du rein, du foie, des centres nerveux, de l'intestin. Ces différents organes se trouvent alors envahis par une formation exagérée de tissu conjonctif ; ils se rapetissent et deviennent très durs, surtout les reins. A l'analyse chimique, on peut y déceler du plomb. Dans V empoisonnement aigu, les organes précédents subissent une dégénérescence graisseuse. Les symptômes consistent dans des phénomènes de gastro-entérite; il y a des vomissements, de la diarrhée, puis de la constipation, des coliques, ensuite des con- vulsions épileptiformes, enfin la paralysie et la mort. Indications thérapeutiques. — A Vextérieur, les sels de plomb sont indiqués : 1° Gommé astringents analgésiques contre les inflammations cutanées, les brûlures, les plaies, les ulcérations, l'eczéma, le cra- paud, etc. ; 2° Comme astringents et dessiccatifs contre les inflammations catarrhales des muqueuses apparentes; dans la conjonctivite, la métrite, la vaginite, la stomatite, etc.; 3° Contre les ulcérations de la cornée, les sels de plomb doivent être proscrits, car les particules de plomb qui se précipitent à la surface de l'ulcération s'enkystent et amènent des taches blanchefe qui persistent après la cicatrisation. Ils peuvent être employés par contre très avantageusement dans les conjonctivites ordinaires, non accompagnées d'ulcération cornéenne. A l'intérieur^ l'acétate neutre est indiqué : 1° Pour combattre des diarrhées épuisantes et rebelles; PERCHLORURE DE FER. 295 2" Pour arrêter des hémorragies g-astro-intestinales ; 3" On l'a administré quelquefois pour combattre des iiémorragies rénales, pulmonaires, etc. ; mais ce moyen est dang-ereux et doit être abandonné. Administration et doses. — Le sucre de Saturne s'administre en bols, pilules, électuaires, en poudre ou en solutions très étendues. L'extrait de Saturne sert à faire Veau blanche (1 à 2 p. 100), qu'on emploie pour laver les plaies, les contusions, pour faire des injections dans les fistules sur les muqueuses enflam- mées. Doses thérapeutiques (sucre de Saturne). Cheval o à 10 grammes . Bœuf 1 à 5 — Mouton, porc Ob',30 à 1 gramme . Chien 0",02à OsMO Toxicité. — Les g-rands ruminants et les volailles sont les ani- maux les plus sensibles au plomb. Doses toxiques de sucre de Saturtie. Bœuf 50 grammes . Cheval 300 — Mouton 50 — Porc 8 — Chien. 10 grammes. Volailles Sont très sensibles au plomb. Avec les doses précédentes, on détermine l'empoisonnement aig-u. Des doses beaucoup plus faibles administrées rég-ulièrement pendant long-temps déterminent la mort par intoxication chro- nique. Ainsi, Ellenberger et Hofmeister ont vu mourir deux mou- tons après trois mois, en leur donnant tous les jours de Os'', 5 à 3 grammes de sucre de Saturne. Sels de fer. Perchloruke de fer. Fe^Cls + nH^O. Le perchlorure de fer anhydre est solide, en écailles violacées, très hygroscopiques ; il est très soluble dans l'eau, l'alcool et Téther. Ce corps est rarement usité sous cet état : il s'emploie sur- tout sous la forme hydratée. Il constitue alors un liquide sirupeux marquant 20° au pèse-sel de Baume, d'une couleur roug-e brun, 296 PERCHLORURE DE FER. d'une odeur chlorée et d'une saveur acre et astring-ente. Il peut être acide, basique ou neutre ; c'est ce dernier qui doit être pré- féré. Ce liquide contient environ le tiers de son poids de perchlo- rure solide. Avec les matières tannantes, ce sel de fer forme de l'encre; avec les cyanures et les ferrocyanures, il donne naissance à du bleu de Prusse. Il précipite les gommes, le mucilag-e, l'albumine et forme avec ces corps des combinaisons spéciales. Effets physiologiques. — Le perchlorure de fer appliqué sur la peau intacte condense l'épiderme, le resserre, le tanne en quel- que sorte et le rend imperméable. Lorsqu'il est appliqué sur une plaie ou une muqueuse suppurante, il y détermine immédiatement une action coagulante si énerg-ique que le coag-ulum formé res- semble à une fausse membrane ou à une escarre, ce qui fait croire à une action caustique qui n'existe pas. Il ne devient escarrotique sur les muqueuses et les surfaces nues que lorsqu'il est concentré. Il ne produit pas immédiatement de la douleur lorsqu'on l'applique, parce que le perchlorure de fer n'est pas une substance irritante ; mais, au bout de quelques heures et par suite de l'action désorga- nisatrice par coag-ulation qu'il exerce sur les tissus et les sérosités et de la mise en liberté d'une certaine quantité de chlore, il pro- voque une douleur assez vive, quoique peu persistante. Le perchlorure de fer mis en contact avec le sang-, la lymphe, les sécrétions diverses contenant des substances albuminoïdes, exerce sur ces divers liquides une action coag-ulante des plus ènerg-iques. Quand on verse une quantité de perchlorure égale à X gouttes à 45° B. par centilitre de sang, en ayant soin d'agiter le mélange avec une baguette de verre, on obtient un magma solide, qui a la forme d'une pâte noirâtre, granuleuse, mais ferme. Abandonné à lui-même à l'air, ce magma complète- ment imputrescible durcit encore, se dessèche assez rapidement et se réduit facilement en une poudre brune, qui peut se garder indéfiniment. Un excès de perchlorure de fer ajouté au coagulum encore humide le rend d'abord moins solide, et une nouvelle quantité tend à le redissoudre. C'est en 1852 que celte propriété coagulante a été découverte par le D"" Pravaz, de Lyon; elle a été immédiatement appliquée pour arrêter les hémorragies et guérir les varices. Le perchlorure de fer est aussi un agent antiseptique et anti- putride dune assez grande énergie. Les microcoques du pus PERCHLORURE DE FER. 297 sont tués en quinze secondes par une solution à 1 p. 100 (Martens) et le virus rabique perd en deux minutes ses propriétés dans une solution à 2 p. 100 (de Blasi et Russo-Travoli). Il est également antivenimeux, car il précipite le venin des serpents et lui fait perdre sa toxicité. Administré à petites doses à l'intérieur, en solution étendue, il resserre légèrement l'estomac et l'intestin, colore les excréments en noir verdâtre et ne tarde pas à déterminer la constipation. A la dose de 30 grammes, il cause du dégoût chez le cheval et rend la déglutition difficile. - Après son absorption, il comunique au sang une plasticité plus grande en augmentant le nombre des globules rouges. C'est un tonique puissant . Pendant longtemps on a considéré le perchlorure de fer comme hémostatique capillaire après son absorption et comme pouvant agir sur tous les organes parenchymateux. Cette action hémostatique générale n'existe pas; le perchlorure n'exerce plus aucune action coagulante sur le sang après son absorption. h^action hémostatique ne peut donc être que locale, c'est-à-dire se borner aux points touchés directement par la solution. Indications thérapeutiques. — Son action coagulante en fait un hémostatique local des plus puissants. Cependant l'efficacité peut dépendre beaucoup du mode d'application. L'action coagulante du perchlorure de fer est tellement instan- tanée que, si l'on en verse sur les lèvres sanguinolentes d'une plaie, toute la superficie sera à l'instant coagulée; mais le liquide ne pouvant pénétrer jusqu'à l'orifice du vaisseau ouvert, l'hémor- ragie continuera ; il y a donc certaines précautions préliminaires qui sont indispensables à la réussite de l'opération : 1° 11 faut, autant que faire se peut, exercer, à une certaine dis- tance de la plaie, une compression momentanée pour suspendre l'hémorragie; 2° éponger rapidement et aussi complètement que possible; 3° porter alors promptement unbourdonnet de charpie ou d'étoupe imprégné de liquide à l'orifice du vaisseau ou sur la surface sanguinolente dans les hémorragies en nappe, en pres- sant légèrement et en le maintenant un instant; 4° enfin ajouter un autre plumasseau et maintenir encore quelques minutes la compression, afin de donner au caillot le temps d'offrir assez d'adhérence pour ne pas être expulsé par l'écoulement sanguin. Pour faire des injections hémostatiques dans l'épistaxis, la métrorragie, on emploie des solutions à 10 p. 100. 0<^ Ot vvv-tvWv^ 298 CARBONATE DE FER. L'action coagulante est encore utilisée pour fermer les plaies, les fistules articulaires et tendineuses. En solution étendue, son action astringente et antiputride le rend précieux dans le traitement des solutions de continuité g-raves (ex. : fistules, abcès, clapiers, etc.). Son effet antisécrëtoire est utilisé pour guérir les maladies cutanées sécrétantes, les dartres rongeantes et humides, les eaux aux jambes et le crapaud : il est opposé aussi à la diarrhée, à la dysenterie, aux hémorragies intestinales, etc. Gomme nous l'avons déjà dit, le perchlorure de fer ne doit pas être employé comme hémostatique général, à cause de la nullité de ses effets après absorption. "^ A l'intérieur, il est indiqué comme tonique toutes les fois qu'il faut augmenter la plasticité du sang- et relever la nutrition. On l'emploie avantag-eusement dans l'anémie et pendant les conva- lescences des maladies graves. A l'état de grande dilution, il peut être administré à l'intérieur pour combattre les hémorragies gastro- intestinales et les diarrhées. Doses. Cheval 1 à3 grammes . Bœuf 3 à 5 — Mouton et porc Oe^.OS à 08r,50 Chien Os^.Oo à 08r,15 Chat 0?r,01 à OM, 02 On doit donner ce sel en boissons étendues d'une g-rande quan- tité d'eau miellée ou sucrée, en électuaire, en pilules. Préparations. Pommade de perchlorure de fer. Perchlorure de fer 1 gramme. Axonge 32 grammes . Incorporez. . Préparation hémostatique puissante. Perchlorure de fer 1 CoUodion 8 Carbonate de fer. FeCOa. C'est un des composés de fer les plus employés à l'intérieur et PROTOSULFATE DE FER. 299 des plus dig-nes de l'être ; il peut remplacer la plupart des autres avec avantag-e, à cause de sa facilité de dissolution et d'absorp- tion. Il jouit d'une certaine réputation contre lepissement desang. ,a^^ ^ Quand on en fait un usage un peu prolongé, il provoque facile- ment la diarrhée^ que l'on peut d'ailleurs éviter en l'associant à la gentiane. Chez le cheval et les g-rands ruminants, on le donne à la dose de 15 à 90 grammes. On l'administre en bols ou en électuaires. Protosulfate de fer. FeSO^ + THsO. Le sulfate de fer, encore appelé couperose verte, vitriol vert, est soluble dans la moitié de son poids d'eau chaude et dans le double de son poids d'eau froide. Il est décomposé par les sels à base de chaux, de baryte, de plomb, d'argent, de mercure, etc., qui forment avec l'acide sulfu- rique des composés insolubles ; par les oxydes des deux premières sections qui précipitent l'oxyde de fer; par les phosphates et les borates, qui forment des sels de fer insolubles ; par les savons, le tanin. Effets physiologiques. — Ce sel en solutions étendues agit sur l'org-anisme comme un astringent énergique, mais il ne présente aucune particularité notable. A l'état de poudre ou de solutions concentrées, il cesse d'être astring-ent; il devient irritant pour les tissus fins. Introduit dans les voies dig-estives à la dose de 8 grammes chez le chien, ou injecté dans les veines à celle de 1 à 2 grammes, il provoque le vomissement et ne tarde pas à faire périr l'animal après avoir déterminé un abattement général. Le professeur Gohier administra 350 grammes de ce sel à un cheval, 200 grammes à un âne et 100 grammes à un poulain del jfcjiA^ six mois; aucun d'eux ne vomit ni n'urina, mais il y eut quelques nausées. Le lendemain, les trois sujets moururent et, à l'autopsie, on trouva les intestins g-angrenés. Dans l'estomac, le sulfate de fer se précipite, en général, en se combinant avec les matières albuminoïdes ; mais l'acide chlorhy- drique le redissout en partie et le transforme en chlorure de fer, qui est absorbé. Le fer arrive donc dans le sane- à l'état de chlorure de fer. 300 AUTRES SELS DE FER. Avant son absorption, le sulfate ferrique provoque le resserrement delà muqueuse gastro-intestinale et la diminution des sécrétions digestives. Après son absorption, il rend le sang plus plastique, plus riche en globules rouges, et consi\tue un tonique hématique, comme d'ailleurs tous les composés ferrugineux. Pour que ces effets toniques se manifestent, il ne faut l'admi- nistrer qu'à très faible dose, pour éviter son action malfaisante sur la digestion. Le fer s'élimine en partie par les voies urinaires, ainsi que l'ont démontré Gmelin et Tiedeman, en traitant les urines par les réactifs appropriés; mais la plus grande partie est éliminée par la bile. Le vitriol vert est antiseptique : il détruit aussi les mauvaises odeurs qui se dégagent des matières organiques en fermentation et est par conséquent désodorisant. Applications thérapeutiques. — Ce sel répond à toutes les indications ordinaires des astringents, sur les plaies, les muqueuses enflammées. A l'intérieur, il relève la nutrition chez les anémiques ; il est cependant avantageusement remplacé par d'autres prépara- tions ferrées. Son action antiseptique et de'sodorante peut être utilisée pour désinfecter les locaux en temps ordinaire; mais il est insuffisant comme désinfectant en cas d'épidémie. Il est employé en poudre ou en solutions plus ou moins concen- trées, de 1 à 10 p. 100. Doses. Grands ruminants 2 à 5 grammes. Solipèdes 1 à 5 — Petits ruminants et porc Os'.SO àl gramme. Chien et chat Os',01 à 08',05 Autres sels de fer. Le fer forme, avec les acides organiques, des sels qui sont en général très solubles et qui ne présentent que des propriétés astringentes légères. Ils conviennent donc très bien comme astrin- gents internes et toniques, car ils sont absorbés facilement dans le tube digestif. Les principaux de ces sels sont : Vacétate, le lactate, le citrate, \e fannate et\es tartrates de fer {Wo'ir Toniques). SULFATE DE CUIVRE. 301 Sels de cuivre. 1° Sulfate de cuivre. S04CU + 5H20. Ce sel, encore appelé vitriol bleu, couperose bleue, est cristal- iisé en gros prismes obliques d'une belle couleur bleue. Il n'a pas d'odeur; sa saveur est styptique et désagréable. Exposés à l'air,^^j)r^^ ses cristaux se recouvrent d'une poudre d'un blanc verdâtre ; chauffés, ils fondent et se dissolvent dans leur eau de cristallisa- tion, puis se transforment par dessiccation en une poudre blanche anhydre, très avide d'eau. L'eau rend au sulfate sa belle couleur bleue. 11 est insoluble dans l'alcool, soluble dans l'eau, et sa solu- bilité croît rapidement avec la température. Ainsi, à 19°, une partie de sel se dissout dans environ 3 parties d'eau et à 100° la même quantité se dissout dans environ une demi-partie d'eau. Il se com- bine à l'albumine. Effets physiologiques. — Localement, le sulfate de cuivre agit à la façon des caustiques, des astringents, des a?itiseptiqiies et des antiparasitaires. Il n'attaque que difficilement la peau intacte, mais il cautérise assez énerg-iquement la surface des plaies et des muqueuses. L'escarre qui se forme est sèche, brunâtre, bien circonscrite, généralement superficielle, ne se détachant que lentement et presque sans suppuration. La cautérisation par le sulfate de cuivre est accompagnée d'une . ,A- douleur très vive et suivie d'un assez fort eng-orgement inflamma-,^,,i^Lc^-'^'^^ toire. Après la chute de l'escarre, il reste une plaie aseptique de \ bonne nature qui se cicatrise rapidement. Introduit sous la peau sous forme de trochisque, le vitriol bleu détermine l'apparition d'un fort eng-orgement œdémateux et pro- voque une suppuration abondante. Pour éviter la mortification des tissus sur une trop grande surface, ainsi que l'absorption du poison, il faut retirer le trochisque après ving-t-quatre heures. En solutions étendues, le sulfate de cuivre perd ses propriétés caustiques, devient fortement astringent et antiseptique. Il res- serre vivement les petits vaisseaux, anémie les surfaces, arrête les sécrétions pathologiques, désinfecte et tonifie les plaies. Il a des propriétés antiseptiques et antiparasitaires très 302 SULFATE DE CUIVRE. développées. En solution à 1, 2, 3, 4 p. 100, il tue la plupart des microbes pathog-ènes, les ferments figurés, les animalcules de la g'ale et les vers intestinaux. Introduit dans l'estomac, le sulfate de cuivre provoque le vo- missement chez les carnivores, même à faible dose. Ces animaux sont rarement empoisonnés par ce sel, quand il est ing-éré, caries vomissements qui surviennent produisent bientôt son expulsion. A très faible dose, il est assez facilement supporté par les her- bivores; il provoque une certaine constipation. A doses fortes^ il produit chez ces animaux la perte de l'appétit, des nausées, des coliques, de la diarrhée et une gastro-entérite mortelle. Ces acci- dents surviennent surtout avec le sulfate de cuivre administré en bol ou en électuaire. Dans l'estomac, le sulfate de cuivre se combine avec l'albumine et forme un composé soluble dans un excès de liquide albumi- neux. L'absorption peut donc se faire assez vite. Arrivé dans le sang-, il est fixé par les hématies qui le transportent dans tous les tissus et le déposent dans les éléments cellulaires des paren- chymes, surtout du foie, du poumon et du rein, où il peut séjour- ner plusieurs mois. Son élimination est toujours très lente et se fait par labile, l'urine, la sueur et exceptionnellement par le lait. Quand le cuivre a été absorbé en trop grande quantité, il dé- termine M empoisonnement . Les animaux tombent alors dans un grand état d'abattement et de faiblesse; ils maigrissent énormément, présentent de la diarrhée et meurent sans présenter de con- vulsions. D'après les expériences d'Ellenberger et Hofmeister, les faibles \ doses peuvent être supportées pendant longtemps; mais elles ^ J"^ finissent néanmoins par produire un empoisonnement chronique ^ auquel les animaux succombent. Ayant administré journellement à trois moutons la dosede0s'',5 à 3 grammes de sulfate de cuivre, ils ont vu succomber l'un après 52 jours, l'autre après ili jours etlç troisième après 50 jours. Les symptômes observés consistaient dans un «mrtï<7/*<5.çemen^ progressif, de la faiblesse générale, de yjjJ^ V albuminurie, de V ictère, de Vhémoglobinurie et de V hématurie. A^ ;< • A l'autopsie, ils ont trouvé une néphrite hémorragique et parenchymateuse , une dégénérescence graisseuse et ictérique du foie, une dégénérescence graisseuse des muscles locomoteurs et du cœur, une couleur ictérique de tous les tissus et enfin une SULFATE DE CUIVRE. 303 inflammation gastro-intestinale et de l'œdème du poumon. Indications thérapeutiques. — A l'intérieur, le sulfate cuivrique est indiqué : 1° Comme vomitif chez les carnivores. Son action est rapide et toujours plus sûre que celle de l'émétique et de Tipécacuanha ; de plus, il n'affaiblit pas les animaux autant que ces dernières substances. C'est le meilleur vomitif après l'apomorphine; il agit surtout en irritant les extrémités gastriques du nerf pneumog-as- trique ; le vomissement est donc réflexe comme avec l'ipécacuanha ; 2» Comme astringent et anticatarrhal, dans les diarrhées chroniques, les vieux catarrhes bronchiques, l'hématurie, l'albu- minurie ; 3° Comme antidote dans l'empoisonnement par le phosphore. Ce corps se combine avec le cuivre et forme un composé inso- luble. C'est surtout àl'extérieur qu'on peut l'utihseravantag-eusement : lo Pour exciter, tonifier et désinfecter les plaies et les ulcères atoniques à bour^.oi;iiement molasse ou à sécrétion purulente fétide ; . t\ •. 2" Pour détruire les caries osseuses, cartilagineuses ou liga- menteuses et faciUter leur élimination. Il convient très bien contre toutes les maladiesdupiedrécentes ou chroniques, contre le mal de garrot, le clou de rue, la limace du bœuf, le piétin, le crapaud, etc. ; 3° Pour modifier r//î/7ff;«/n«?fon des paupières, de la conjonc- i \ tive ou du globe oculaire. C'est un des meilleurs médicaments à ^^^\^ opposer aux diverses ophtalmies ; il est souvent préférable au nitrate d'argent ; 4° Pour combattre les maladies cutanées sécrétantes, telles que crevasses, eaux aux jambes, fourchette pourrie, crapaud, dartres humides, gale, etc. ; 5° Pour tarir les sécrétions inuco-piwulenfes des muqueuses enflammées, exemples : gonorrhée, otorrhée, ozone, etc. ; et pour arrêter les hémorragies en nappe. 6" Pour désinfecter les ustensiles, les vases, les habitations, les peaux et autres objets contaminés par des virus. Préparations. — Les préparations de sulfate de cuivre varient suivant le but à atteindre. Pour cautériser et désinfecter rapidement une surface enflam- mée, on se sert des cristaux en nature ou du bâton; on touche plus ou moins longtemps les parties. Dans les ophtalmies aiguës ou ,/V*'^ 304 SULFATE DE CUIVRE. chroniques, on passe le cristal sous les paupières. On renouvelle cette cautérisation tous les trois ou quatre jours jusqu'à g-uérison complète. On saupoudre les plaies de mauvaise nature, les ulcères, la fourchette pourrie, etc., avec de la poudre de ce sel. Pour les cas moins graves, on se sert de solutions aqueuses à 10 p. 100, à 5 p. 100, à 2 p. 100, etc. Le sel en nature convient aussi pour désinfecter les matières fécales, les urines. 1" Liqueur de Villate. Sulfate de cuivre 64 grammes. Sulfate de zinc 64 — Extrait de Saturne 125 — Vinaigre J 000 — Dissolvez les sels dans le vinaigre, ajoutez l'acétate de plomb et agitez vivement. L'acide acétique transforme l'extrait de Saturne en acétate neutre de plomb, que les sulfates de cuivre et de zinc décomposent entièrement; il se précipite du sulfate de plomb, et il reste en solution des sulfates et acé- tates cupriques et zinciques. Cette préparation est surtout employée en injection dans les fistules diverses. 2° Liqueur de Villale laudanisée. Sulfate de cuivre J Sulfate de zinc [âa 4 grammes. Laudanum i Sous-acétate de plomb liquide 8 — Vinaigre 32 — Eau distillée 1 250 — En injection sur les muqueuses qui sont le siège d'écoulements. 3° Liqueur de Veyret. Sulfate de cuivre 10 grammes. Vinaigre 80 — Acide sulfurique 12 — Dissolvez le sel dans le vinaigre, ajoutez l'acide sulfurique g-outte à goutte et remuez. 4° Pâte caustique de Payan. Sulfate de cuivre, jaune d'œufs, q. s. pour faire une pâte épaisse. Pour l'usage interne, on emploie des solutions aqueuses à 1 p. 100, ou bien on administre une poudre composée de 1 partie ACÉTATES DE CUIVRE. 305 de sulfate de cuivre et de 5 parties de sucre. Cette poudre con- vient surtout lorsqu'on veut provoquer le vomissement. On en administre une forte piiicée au chien, et on renouvelle au besoin. Doses. 1° Doses toxiques. Estomac. Tissu conjonclif. Veines. Chien ^Ogr. 1 gr. 08'-,02o Cheval » » 6 granuiics Bœul » » 3 — •2° Doses thérapeutiques . Estomac . Cheval et bœuf 2 à 10 grammes. Porc 0"J0 à 0§^30 Chien 0"^0b à O^^IO Chat 0g^02 à Os^0o 3° Doses vomitives. Chien O^MO Chat Os^O= Porc Os'.oO 2° Acétates de cuivre. Les acétates employés en médecine sont l'acétate neutre et la- tate bibasique de cuivre. V acétate neutre de cuivre ou re/v/^'^ (C-H^O-)- Cu,H-0, est so- lide, cristallisé en prismes rhomboïdaux d'un vert bleuâtre foncé, d une saveur styptique et métallique très désagréable. Exposé a l'air, il s'effleurit; chauffé, il perd son eau, se dessèche etdevienl blanc ; calciné, il se décompose entièrement. Très peu soluble dans l'alcool, il se dissout dans cinq fois son poids d'eau chaude et dans une grande quantité deau froide. "Lacétate bibasique ou vert-de-gris (G-H-^0-)- Cu,ri-CuO-+H20, se présente sous forme d'une poudre vert bleuâtre, pâle, inodore, d'une saveur très styptique, inaltérable à l'air et facilement dé- composable par l'action du feu. Insoluble dans l'alcool, le vert-de- gris se dédouble quand on le met en contact avec l'eau; il se forme de l'acétate neutre, qui se dissout, et de l'acétate bibasique, qui, étant insoluble, se précipite sous forme de poudre verte. Pour éviter les répétitions, nous étudierons simultanément les propriétés des deux sels précédents. Effets locaux. — Les deux acétates de cuivre agissent à peu Kaukmann. -0 306 ACÉTATES DE CUIVRE. près de la même manière, mais avec une inégale intensité ; ils forment le chaînon qui unit les astringents aux caustiques, car ils participent à la fois des propriétés de ces deux sortes d'a- gents. En ellet, quand on les emploie à dose légère, pendant un temps très court, et sur des tissus peu délicats, ils agissent à la manière des astring-ents les plus énergiques ; mais, si on les ap- plique sur des tissus mous, sur des surfaces dénudées, pendant longtemps ou à forte dose, ils désorganisent les parties qu'ils touchent et les mortifient comme des caustiques légers. Le sous-acé'ate de cuivre est moins actif que l'acétate neutre. Le vert-de-gris n'agit le plus souvent que par l'acétate soluhle, qui prend naissance par l'intervention de l'eau, des liquides ani- maux, de l'alcool, desprincipes sucrés, du miel, des corps gras, etc. Les acétates cupriques, bien que coagulants, plus énergiques que le sulfate, ne produisent qu'un coagulum mou et moins bien circonscrit ; à quantité égale, ils agissent donc plus profondément que le sulfate : voilà pourquoi la liqueur de Villate, qui contient une forte proportion d'acétate soluble de cuivre, est si efficace, em])loyée en injections, contre les caries osseuses, cartilagineuses ou ligamenteuses, les tistules, les clapiers, etc. Ingérés dans le tube dig-estif à très faible dose, les acétates cu- priques sont inofPensifs et déterminent les effets ordinaires des as- tringents salins ; seulement il est prudent de ne pas trop insister sur leur usage par cette voie, parce que, étant absorbés en partie, ils pourraient, à la longue, déterminer un empoisonnement mor- tel. A dose élevée, ils sont irritants, provoquent le vomissement chez les carnivores et les omnivores, la purgation chez tous les animaux, des coliques intenses, le ballonnement du ventre, une agitation violente, etc. Après l'absorption, ils agissent comme le sulfate de zinc. Le vert-de-gris est mortel pour le cheval à la dose de G4 grammes (Dupuis) ; pour le chien à celle de 1 gramme (Orfila). Préparations. — Les acétates de cuivre n'étant pas emjjloyés à l'intérieur, il sufdtde faire connaître les préparations pour l'usage externe. Les plus importantes sont : i° Onf/uenl Éqyptiac ou oxymellile de cuivre. Vert-de-gris 1 graminc. Vinaigre 1 — iMiel 2 graniines. Mêlez et mettez dans une terrine d'une capacité triple du volume du me- ZINC MÉTALLIQUE. 307 lange, car il y a boursouflement considérable, et faites cuire en remuant sans <:esse jusqu'à ce que la préparalion ait pris une belle couleur rouge de cuivre et acquis une consistance onguentacée. 2° Onguent Égyptiac de Scitaack. Vert-de-gris pulvérisé 4 granmies. Vinaigre 1 yiaiume. Miel 1 — Mélangez intimement les trois substances et laissez fermenter. 3° Pommade Rodier. Sous-acétate de cuivre 1 gramme, Axonge 4 grammes. Miel Q. S. Incorporez à froid. Contre les crevasses, les eaux aux jambes, etc. 4° Onguent vert. Vert-de-gri.s 1 partie. Onguent basilicum 4 parties . Mélangez exactement à froid. 5° Pdte caustique de Gasparin. A''ert-de-gris 100 grammes . Vinaigre Q. S. Faites une pâte épaisse. 0° Solution dessiccative. Acétate neutre de cuivre 10 grammes Eau ordinaire Q. S. Indications. — Les acétates de cuivre ou les préparations ci- dessus conviennent, à l'extérieur, toutes les fois qu'il faut pro- duire un effet astring-ent et antisécrétoire énergique (vieilles plaies, «rêvasses, crapaud, piétin, limace, etc.). L'onguent égyptiac est recommandé dans le traitement des plaies articulaires. Composés de zinc et d'aluminium. Zinc métallique. Zn. On emploie en médecine le zinc métallique en poudre. 11 se présente sous forme d'une poussière très fine, inodore, de couleur d'acier, gris foncé, adhérant très bien aux surfaces et ne les irri- tant pas . 308 CHLORURE DE ZINC. En médecine humaine, on l'emploie avantag-eusement contre les ulcérations, surtout contrôle chancre mou. Après avoir lavé soi- gneusement et asséché le fond de l'ulcération au moyen d'ouate,, on dépose la poudre sur la surface ulcérée, de telle sorte qu'elle recouvre bien toutes les anfractuosités et les inég-alités du fond. On applique ensuite de l'ouate, et l'on renouvelle ce pansement tous les jours (Kopitowski). Oxyde de zinc. ZnO. L'oxyde de zinc, encore appelé fleur de zinc, ou blanc de zinc, est une poudre blanche, soluble dans un million de fois son poids d eau. Il n'est employé que pour l'usag'e externe contre l'eczéma, la" dermatite, l'intertrigo, etc. Il agit alors comme astringent absort)ant et sédatif local. On s'en sert en jioudre à l'état de pureté, ou mélangé à l'amidon ou au sous-nitrate de bismuth. âii 1 Oxvfl c de zinc ) Sous nitrate de bismuth S Poudre d'amidon 2 Mélangez par trituration. On emploie aussi avantag^eusement la pommade à 1 p. 10 à l'axong-e ou à la lanoline. • Chlorure de zinc. ZnCr-i. Ce sel pur est solide, amorphe, demi-transparent, peu consis- tant, incolore, inodore, d'une saveur caustique. Il est très déli- quescent à l'air, très soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Effets. — Appliqué sur la peau intacte, ce sel ou sa solution attaque rapidement l'épiderme et ensuite le derme. L'action des- tructive résulte de sa grande affinité pour l'albumine et de la mise en liberté d'une certaine quantité de chlore et d'acide chlor- hydrique, qui, à l'état naissant, constituent des caustiques éner- g-iques. Sur les plaies et les muqueuses, l'action destructive est encore plus rapide et plus intense : après douze heures, on a une escarre épaisse de 6à 8 millimètres, et après vingt-quatre heures CHLORURE DE ZINC. 309 de 10 à 12 millimètres. Ce sel se diffuse surtout en profondeur ; il réduit le tissu musculaire en une masse molle g-risàtre : il coa- gule le sang-, détruit les fibres nerveuses, mais laisse intacts les tissus fibreux, élastique et osseux. Pendant que l'escarre se forme, ce caustique produit une vive douleur. L'inflammation périphérique est intense. L'escarre grise, solide, devient dure et se détache après sept à neuf heures ; elle laisse une plaie de bon aspect qui se cicatrise rapidement. Le chlorure de zinc constitue pour la chirurgie vétérinaire un caustique précieux ; il ag-it rapi- dement ; son action se localise parfaitement ; il est peu coûteux et laisse toujours une surface aseptique à cicatrisation rapide ; il n'occasionne jamais d'empoisonnement. En solutions faibles (2 à 10 p. 100), le chlorure de zinc ag-it sur les plaies comme astringent et comme antiseptique. Il dessèche les surfaces et tarit la sécrétion purulente. En tant (\\i antiseptique et désinfectant, le chlorure de zinc n'ag-it que faiblement. Ainsi Koch a constaté que des solutions à o p. 100 n'ont pas empêché le développement du Bacillusanthra- ^is après un mois de contact. Les mêmes résultats ont été ob- tenus par beaucoup d'autres microbiologistes, et cela sur les microorg-anismes les plus variés. C'est donc un désinfectant in- fidèle. Indications thérapeutiques. — La chlorure de zinc est indiqué : 1° Gomme caustique, pour détruire les tumeurs de nature squirrheuse ou cancéreuse, les tumeurs lardacées qui se montrent •assez souvent au pli du g-enou chez les ânes et à l'encolure chez les chevaux, les hygromas, les caries, etc. Pour détruire les tumeurs ou des tissus pathologiques, on se sert ordinairement de la pâte de Canquoin composée de : Chlorure de zinc 1 Farine - Eau, q. s. pour ïiùvc une pâte. L'addition d'un peu de glycérine donne plus de souplesse à cette pâte et retarde sa dessiccation. Une couche de cette préparation est étendue à la surface des tissus qu'on veut détruire. Au bout de quelques heures, l'escarri- fication est complète sur une profondeur à peu près égale à l'épaisseur de la couche de pâte appliquée, et il n'y a plus qu'à réséquer les parties mortifiées. S'il reste encore des tissus patho- 340 CHLORURE DE ZINC. logiques, on fait de nouvelles applications jusqu'à leur destruction complète. On peut aussi se servir d'une solution concentrée de chlorure de zinc, par exemple du dùsinfectant de Saint-Luc, qui n'est autre chose qu'une solution de chlorure de zinc impur à 77 p. 100 et marquant environ 100° au densimètre Baume à -|- 1G°. Ce liquide étendu de son volume d'eau convient particulière- ment pour faire des injections dans les fistules où existent des tissus cariés. 2° Gomme astringent, dessiccatif et lég-er antiseptique, le chlorure de zinc en solution étendue, de 2 à 10 p. 100, convient contre les vieilles plaies suppurantes, les fistules de toute nature. Dans ces cas, il est supérieur à tous les autres agents, et il est très apprécié en chirurg-ie humaine. En médecine vétérinaire, M. Cag'ny a obtenu également avec cet agent des guérisons ra- pides de plaies ou de fistules diverses. 11 le considère comme le plus pratique des désinfectants chirurgicaux, à cause de son prix peu élevé et de sa grande efficacité. Pour opérer le lavage des- plaies ou des fistules, on se sert de la seringue ou de l'irrigateur en caoutchouc, ou plus simplement de tampons d'étoupe impré- gnée de la solution. Les pulvérisations de la solution sous forme d'un brouillard sont aussi très efficaces sur les plaies largement ouvertes. 3° Comme désinfectant, le chlorure de zinc a eu autrefois une grande réputation ; mais les travaux des microbiologistes ont montré que son action désinfectante n'est qu'insignifiante. Il faut réserver ce corps pour l'emploi chirurgical et n'en jamais user pour la désinfection (Nocard). 4° On emploie aussi un mélange de chlorure de zinc et d'oxyde de zinc pour confectionner une pâte antiseptique qui peut rem- placer les bandag-es. Cette pâte, préconisée par le professeur Socin (de Bâle), adhère solidement à la peau et rend superflu l'emploi de bandes. Elle se compose de : Oxyde de zinc 50 parties. Eau 50 — Chlorure de zinc 5 à (i — Mêlez intimement. La pâte doit être employée aussi fraîche que possible; il faudra donc la préparer au moment de s'en servii-. Elle sera employée ZINC (sulfate de). 311 dans toutes les circonstances où le chirurg-ien désire, pour une raison ou l'autre, éviter l'emploi de bandes pour maintenir les substances antiseptiques en contact avec une plaie suturée. Après l'opération, aussitôt les sutures achevées et après un dernier lavage antiseptique du champ opératoire qu'on dessèche ensuite exactement, on étend avec un pinceau ou avec une spatule la quantité nécessaire de pâte de Socin sur la plaie suturée et son voisinage immédiat. La pâte se sèche au bout de quelques minutes, pendant lesquelles on lui incorpore quelques minces flo- cons d'otiatepouraug-menter sa résistance; finalement on obtient une croûte solide, fortement adhésive, im{)erméable à l'air et aux liquides, qui assure une antisepsie parfaite de la plaie et, par suite, la réunion par première intention. Après cinq ou six jours, on décolle avec ménagement le petit emplâtre pour découvrir la plaie et enlever les sutures. Cette opération terminée, on fait un no.uvelle application de pâte, qu'on laisse en place jusqu'à ce qu'elle tombe d'elle-même. Zinc 'Sulfate de) S0^Zn.7H-^0. {Couperose blanche, vitriol blanc.) Le sulfate de zinc forme des cristaux blancs. 11 est insoluble dans l'alcool et l'éther. soluble dans 6 parties d'eau froide et beaucoup plus soluble encore dans l'eau chaude. Il coag-ule l'albumine comme l'alun, et le coag'ulum formé ne se redis- sout pas. Effets physiologiques. — Les effets locaux sontdes effets «.s7/*/;i- gents analogues à ceux produits par le sulfate de cuivre, mais ils sont plus faibles. D'après les expériences de Tabouriu sur le chccah les effets du sulfate de zinc sur le tube dig-estif sont essentiellement dilfé- rents suivant les doses. Ainsi donné à petites doses, c'est-à-dire de 4 à 5 grammes, dissous dans i litre d'eau, ce sel se comporte purement et simplement comme un astring-ent fort ; il décolore et dessèche la bouche, augmente la soif, produit la constipation et durcit les excréments. Mais, administré à doses moyennes de 10 à 20 grammes, ses effets sont entièrement différents : la dég-lutition du breuvagre est laborieuse, la bouche devient sèche et pâteuse, l'appétit est diminué et la soif augmentée, la 312 ZINC (sulfate DE). défécation est rare, difficile, et les excréments sont liénéralement durs et coillés ; on remarque souvent des coliques; le ventre diminue de volume et se relève ; il y a parfois des bâillements suivis de nausées et de violents efforts de vomissement ; alors il y a de la salivation, de l'abattement, du hoq^iiej^ des éructations et quelquefois rejet par les naseaux de matières venant de l'esto- mac. Enfin, à doses élevées et toxiques, comprises entre 30 et 40 grammes, les effets, quoique étant de même nature, sont plus intenses et plus rapides. Chez le chien, des doses de 08^'',50 à 2 g-rammes déterminent le vomissemefit sans aucun accident consécutif. Après l'absorption, le sulfate de zinc à faible dose ralentit la circulation et la respiration et augmente la sécrétion urinaire. A forte dose, il produit des nausées, un ralentissement et un affai- blissement des mouvements du cœur, un affaissement profond du système nerveux et enfin la paralysie et la mort. A l'autopsie d'un animal qui a succombé à une dose trop forte de sulfate de zinc, on trouve les lésions suivantes ; ecchymoses disséminées sur la muqueuse de l'intestin grêle et plus encore sur le g^ros intestin ; réduction du calibre de tout le tube digestif ; cœur petit et ecchymose sur l'endocarde; consistance plus grande qu'à l'ordinaire des organes parenchymateux et glandulaires. Indications thérapeutiques. — Le sulfate de zinc est indiqué : 1° Gomme astringent ùi désinfectant iég-er conli-e les inflam- mations catarrhales de la plupart des muqueuses apparentes. On l'emploie confi-e la conjonctivite en solution de i à 5 p. 100 ; contre la vaginite, le catarrhe préputial, l'otorrhée, l'urétrite et chez l'homme contre la blennorrag-ie; 2° Gomme vomitif chez le chien. Le vomissement est rapide, abondant et ne fatigue généralement pas trop les animaux. Son action vomitive est due à l'irritation qu'il développe à la surface de la muqueuse stomacale. Il no faudrait donc pas l'employer quand l'estomac est enflammé. 3° Gomme antidiarrhéi(pic et anticatarrhal. Dansées cas. il convient de n'employer que des doses très faibles. Aîitidotes. — On combat les effets irritants exagérés que le sulfate de zinc peut provoquer dans le tube digestif par l'admi- nistration de lait, de blanc d'œuf, d'eaux sulfureuses, d'eau mucilat'ineuse. ALUN. 313 Doses. Doses vomitives de sulf'ale de zinc. Porc 0?^5 Chien O^M Chat og^o:i Alun. Sulfate d'alumine et de potasse. SO^K^ + A12(80i)3 + 24H20. Les cristaux d'alun renferment 45 p. 100 d'eau de cristallisa- tion. Quand ils sont soumis à une température élevée, ils se bour- souflent considérablement, perdent leur eau, deviennent anhydres et donnent Valun calciné. L'alun cristalisé est soluble dans 10,5 parties d'eau froide, dans 5 parties d'eau chaude et dans I partie d'eau bouillante; il est insoluble dans l'alcool. Il est inodore ■et a une saveur styptique. Certaines substances le décomposent; les principales sont : la potasse, la soude, l'ammoniaque, les carbonates de ces bases, la '^' D'ailleurs, il est facile de démontrer directement que l'acide tannique est antiputride et antiseptique. Il suffit d'ajouter à du sang- putréfié une certaine quantité d'une solution d'acide tannique pour voir l'odeur fétide disparaître. Le sang- acquiert la propriété de se conserver longtemps sans se putréfier. Les bactéries, très mobiles dans le sang- putréfié, sont immobilisées immédiatement par l'acide tannique. On a pu conserver, pendant des mois, des tannâtes d'albumine obtenus en précipitant une solution d'albu- mine pure par cet acide. Une culture de vibrion cholérique peut être stérilisée ou du moins arrêtée dans son développement par une solution de tanin à 2 p. 100 (Cantini). Cette propriété antiseptique doit être attribuée à la grande affinité du tanin pour les matières protéiques et pour l'eau. L'albumine, en se précipitant, entraîne les germes de la putréfac- tion, les eng-lobe et empêche leur multiplication. Des solutions tanniques concentrées enlèvent au ferment de la levure la pro- priété de transformer le sucre en alcool. Le tannag-e des peaux est basé sur la propriété que possède l'acide tannique de rendre le cuir imputrescible. Les effets locaux produits par l'acide tannique sur l'organisme vivant varient suivant la concentration des solutions employées et la durée et le mode d'application. Après l'application de l'acide tannique sur les muqueuses et les TANIN OFFICINAL. 319 plaies, on voit se produire une action ai>tringente énergique. Le tissu se resserre, les liquides qui l'imprrg-nent se coag-ulent. Les solutions concentrées agissent moins profon(iément que les solutions étendues ; car il y a, avec les premières, formation immédiate d'une couche de tannate d'albumine très dense qui s'oppose à la pénétration du reste du liquide. Mitscherlich, après une injection de 15 grammes de tanin dans 45 centimètres cubes d'eau dans l'estomac d'un lapin, mort, a vu qu'après vingt heures le tanin avait à peine pénétré jusqu'à la musculeuse de la paroi stomacale. Des solutions à 10 p. 100 pénètrent au con- traire jusqu'à la séreuse péritonéale dans l'espace d'une heure. L'acide tannique, administré aux animaux, ag-it d'abord locale- ment sur la muqueuse buccale, l'estomac et l'intestin ; il mani- feste ses propî'ie'fe's astringentes en condensant la muqueuse, en arrêtant les sécrétions et en resserrant les voies dig-estives. Il provoque en g'énéral une coJistipation |)lus ou moins opiniâtre. A dose élevée, il arrête même la digestion et détermine des coliques. Pendant son séjour dans le tube digestif, l'acide tannique est absorbé et passe dans le sang-. Il est intéressant de savoir sous ■quelle forme il est absorbé. Il y a deux opinions principales sur le mode d'absorption de cet acide. Certains auteurs pensent qu'il forme des composés solubles dans le tube dig-estif, en se combinant aux matières albuminoïdes, et qu'il est ainsi absorbé sans subir aucune altération ; d'autres prétendent qu'il est décomposé en acide g-allique et g-lycose, et que ce sont ses produits de décompo- sition seulement qui passent à l'absorption. L'expérience parle en faveur de la première opinion. Une solution de tanin intro- duite dans l'estomac n'altère en rien les peptones déjà formées, parce que ces peptones sont en dissolution dans un liquide qui renferme de l'acide chlorhydrique. Les matières albuminoïdes non encore transformées en peptones se précipitent et forment des tannâtes d'albumine. S'il y a un excès d'albumine, les tannâtes d'albumine formés se redissolvent. S'il n'y a pas d'excès d'albu- mine, les tannâtes formés sont transformés par l'effet de la diges- tion en peptones non précipitables. De toute façon, on voit que l'acide tannique est susceptible de devenir absorbable. Dans l'intestin, il rencontre des liquides alca- lins et forme alors des tannâtes alcalins solubles et absorbables. L'acide tannique est donc absorbé par les voies dig-estives à l'état 320 TANIN OFFICINAL. de tannâtes cralbuminoïdes solubles ou à l'état de tannâtes alca- lins. Il ne se décompose pas dans le tube digestif en acide gallique et sucre (Lewin). Après l'absorption, l'acide tannique se retrouve dans le sang- sous forme de tannâtes albumineux et alcalins. Le sang- devient plus roug-e, plus consistant et se coag-ule rapidement lorsqu'il est tiré des vaisseaux. En circulant dans le sang-, l'acide tannique n'est pas décomposé ; il conserve ses propriétés astring-entes et les manifeste sur tous- les tissus. C'est le tissu musculaire qui subit les plus grandes modifications sous son influence. Le muscle perd de son extensibilité, mais son élasticité devient plus parfaite. Les petits vaisseaux, dontles parois renferment beaucoup de fibres musculaires, se rétrécissent, et la pression artérielle devientplus forte. La rate diminue de volume, et son tissu se densifie comme sous l'inlluence de la quinine. Le& nerfs deviennent moins excitables, et toutes les sécrétions sont diminuées. Pendant longtemps, on a admis que l'acide tannique est éliminé sous forme d'acide gallique par les urines ; mais les observations de Gohier et les expériences de Lewin démontrent qu'une grande partie s'élimine en nature. Il est expulsé avec l'urine sous forme de tannâtes alcalins et d'acide tannique libre. On n'a pas pu le retrouver dans la salive, la sueur, le mucus bronchique, le suc pancréatique. Dans certaines circonstances, et surtout chez le chien, une assez grande quantité de l'acide tannique administié se retrouve dans les urines à l'état d'acide g-allique. Emploi thérapeutique . — Localement l'acide tannique répond à toutes les indications des astringents. Il resserre etdensiiie, sans les irriter, les tissus mous et atones; il tarit les sécrétions mor- bides et dessèche les surfaces qui sont le siège d'une sécrétion anormale, les plaies et les muqueuses enflammées . Il agit efficace- ment contre Valonie du tube digestif, les diarrhées épuisantes. Ses propriétés coagulantes le rendent également précieux comme hémostatique local, surtout contre les hémorragies en nappe. C'est un bon antidote contre rcm})oisonnement parles alcaloïdes végétaux, les sels métalliques et l'émétique. Les eiïets astring-ents que ce médicament produit sur tout l'organisme, après son absorption, le rendent précieux pour com- battre Vatonie des org-anes, les lujpersécrétions des muqueuses TANIN OFFICINAL. 32t éloignées, les hémoi'vagies dans les organes parenchymateux. 11 ne faut pas, en ellet, oublier que ce corps, après sa pénétration dans le sang- et la lymphe, conserve ses vertus astring-entes et qu'il les développe dans tout l'organisme, surtout dans les org-anes où Télément musculaire domine. Au moment de son élimination par l'urine, il exerce son action astringente et antisécrétoire sur les reins, la vessie et le canal de l'urètre. Administration. — L'acide tannique, administré en grande quantité, sous la forme de poudre, détermine rapidement une perte d'appétit, une certaine difficulté dans la digestion et même quel- quefois une véritable irritation gastro-intestinale. Pour éviter ces effets irritants locaux sur le tube digestif, il est utile de ne jamais administrer de tanin sous forme de poudre ni de solutions concentrées. Il faut le donner en solutions diluées ou sous forme de tannate d'albumine ou de tannate alcalin, La solution de tannate d'albumine est facile à préparer; il suffit deprécipiter un liquide albumineux parle tanin et de redissoudre le coag-ulum par l'addition d'une nouvelle quantité d'albumine. Ces solutions ont l'avantag-e de pouvoir se conserver longtemps sans altération, et leur saveur astringente est moins prononcée que celle des solutions tanniques pures. On trouve dans le commerce une préparation de tanin et d'albumine connue sous le nom de taniialbine qui a été employée parfois avec succès. On peut aussi transformer l'acide tannique en tannâtes alcalins, en y ajoutant du carbonate de soude. Cette solution doit se pré- parer au moment de s'en servir. On peut encore précipiter une solution albumineuse par l'acide tannique et redissoudre le coag'ulum par le carbonate de soude. En employant cet acide sous l'une des formes que je viens d'indi- quer, il est supporté facilement par le tube dig-estif, et ses effets généraux se développent rapidement. A Vextéineur^ on emploie la poudre, les solutions aqueuses ou glycérinées, les pommades, le collodion tannique. Doses thérapeutiques. Grands herbivores 5 à 15 grammes. Pelits ruminants 2 à S Chien et chat Os'-.O.^ià 08^,23 Volailles Qs'-.Ol à 0sr,05 Kaufmann. 21 322 ACIDE GALLIQUE. Autres composés d'acide tannique. On trouve actuellement dans le commerce beaucoup de prépa- rations à base d'acide tannique, dont quelques-unes peuvent rendre des services soit pour l'usage interne, soit pour l'usag-e externe. Les principales sont les suivantes : le tannocol, combinaison du tanin avec la g'élatine (antidiarrhéique) ; la tannalbine ou tannate d'albumine, poudre jaune (antidiarrhéique) ; le tannai ou tannotartrate d'aluminium, qui est employé en solutions^ g-lycérinées ou en poudre contre les affections des muqueuses ; le tannigène, éther acétique du tanin, ne développe ses effets que dans l'intestin où il est dédoublé ; on l'administre dans les diarrhées ; le tanno-créosoforme, combinaison d'aldéhyde formique, de créosote et de tanin, poudre brunâtre sans odeur ni saveur, insoluble dans Teau et la glycérine, soluble dansTalPool et les solutions étendues de soude et de potasse, non toxi(|ue. Succédané de l'iodoforme, bon cicatrisant des plaies, s"em[)loie à l'extérieur pur ou mélangé à l'amidon ; le tannoforme (Voir AntiseiJtiques) ; Xetannon^ ou tannopine, combinaison du tanin et de l'hexaméthylènetétramine ( urotropine), poudre brune, inodore, insipide, insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, soluble dans les alcalis étendus. Bon antidiarrhéique chez nos animaux (Schindelka). Doses par jour : cheval, 10 à 15 g-rammes ; bœuf, 20 grammes ; veaux, 4 à 8 grammes; chien, 3 à G grammes; volailles, 0«%[ à 0s'-,5. Acide gallique. G6II2(OH)3.GOOH. Au point de vue chimi(iue, l'acide gallique est de l'acide dioxy- salicylique. Il est retiré des noix de galle et se présente à l'état de pureté en aiguilles cristallines satinées, incolores, inodores, d'une saveur amère et astringente. Il est soluble dans les alcalis, la glycérine, l'alcool, moins soluble dans l'eau (i : 100) et presque insoluble dans l'éther. Il ne précipite pas l'albumine, ni le mucus^ ni les alcaloïdes, mais il réduit les sels métalliques; avec les sels de fer il donne de l'encre. Propriétés et emploi. — L'acide gallique est un léger astrin- CACHOU (terre de JAPON). 323 (jent et un antiseplique qui peut être employé à lextérieur et ù Tintérieur. Pour Tusag-e interne, il doit être préféré à l'acide tan- nique parce (|u'il est moins irritant. On remploie contre la diarrhée, la néphrite, la cystite et Turé- trite à la dose de 5 à 15 g*rammes chez les grands animaux ; de 2 à 3 grammes chez les petits ruminants et de 0''''",iO à O^^'^'iS chez les carnassiers. Produits végétaux tannants. Cachou (Terre de Japon). Le cachou est un extrait de V Acacia Catechu, de la famille des Légumineuses, plante qui croit dans Tlndoustan et au Japon. Il se présente sous la forme d'une masse brune ou noirâtre, à odeur aromatique faible et à saveur amère et astringente suivie d'un goût sucré. Il est incomplètement soluble dans l'eau et l'alcool. ■ Il contient de l'acide cachoutUiue ou catéchine et de Vacide cachou-tan?i/(/ue ou tanin du Cachou. •*• Action et emploi. — Le cachou est tonique astringent sans être irritant, et il peut remplacer avantag-eusement l'acide tannique, dont il [)0ssède toutes les propriétés. Il convient surtout pour l'usag-e interne, pour combattre les diarrhées, à cause de sa saveur agTéable et de son action astringente très douce. On peut le faire prendre en poudre ou en électuaire chez les grands animaux. Chez les petits animaux, le vin est d'un emploi commode. Vin (le cachou. Vin rouge 1000 graniiiies. Teinture de caciiuu îiO à 80 — Filtrez après une heure de coidact. Teinture de cac/iou. Cachou 1 graniuie. Alcool à 60" o grammes. Doses : Doses tliérapeutiques par jour. Poudre. Vin de cachou. Grands animaux 13 à 100 gr. Petits ruminanis o à 15 Porcs ;i à lî) Carnivores Os^•j à 1 5 à 10 gr. 324 ÉCORCES ASTKINGEMES. KiXO. Le Kino est le suc naturel desséché du Plerorarpuf^ viarsiipium de la famille des Légumineuses, qui croit sur la côte de Malabar, de rindoustan, à Ceylau et dans Tlndo-tihine. Il contient beaucoup de tanin, est soluble dans l'eau et l'alcool, surtout à chaud. Ses solutions ont une teinte rouge. Il convient dans les mêmes cas que le cachou et est donné aux mêmes doses. NOI.V DE GALLE. On désigne sous le nom de noix de galle une production morbide qui se développe sur les rameaux d'un petit chêne raboug-ri de l'Orient {Quercus lusilanica var. infcctoria)^ sous l'influence de la piqûre d'un insecte, le (Ji/îiijis Gallx tinctorioe. Les noix de galle renferment les principes suivants: acides tan- nique et gallique, environ 70 p. lOU; de la g"omme, de l'amidon, du ligneux, une essence, une matière extractive brune, du sucra et divers sels à base de potasse et de chaux. La noix de galle jouit des propriétés du tanin, quelle peut très bien remplacer à doses égales. ÉcORCES ASTf^INGENTES. h'écorcede chcno eslivcs riche en acide tanniijue ; elle contient aussi de l'acide gallique, de l'acide pectique, du mucilag-e, du ligneux, des sels de potasse, de chaux et de magnésie (Bra- connot). Ses propriétés et ses usages sont ceux de l'acide tannique. Doses. Grands herbivores IS à 50 grniiimos. Pelits ruminants et porc 4 ii 10 — Carnivores là 4 — Volailles là 2 — Les écorces de laplupart de nos orbi'cs indigènes et notamment du marr^onnier d'Inde, du cluitaif)niin\ du frêne, du hâtre, du bouleau, dnc/iarme, de ïaune, etc., jouissent desmèmes proprié- tés que l'écorce de chêne. FEUILLES DE NOYER ET BROU DE NOIX. 325 Racine de ratanhia. Cette racine provient d'un sous-arbrisseau du Pérou, le Kra- nieria triandra, de la famille des Polyg-alacées. La racine de ratanhia contient les principes suivants : acide tannique particulier (acide ratanhia-tannique , rouge kramérique, extractif, matière muqueuse, g'omme. fécule, ligneux, sels alca- lins et terreux. Elle jouit des propriétés ionique ei a^triiKjente du tanin. Doses. Poudre. Cheval 30 grammes. Cliien 1 ào — Cette dose peut être donnée plusieurs fois par jour. Chez le chien, on donne V extrait aqueux à celle de 0f'',5 à 4 g-rammes par jour, la teinture à la dose de 5 à 15 grammes par jour, le sirop de ratanhia à la dose de i à 4 cuillerées par jour. Suppositoire astringent (Barnouvinl. Extrait de ratanhia 1 gramme. Axonge 1 — Cire blanche 2 grammes. Beurre de cacao ls'',oO L'addition de la cire blanche à cette préparation permet d'y introduire une forte proportion d'extrait. Racines indigènes astringentes. Nous trouvons surtout les racines de plantes suivantes : la tor- mentille [Patent illa tornientilta); la benoîte iGeum urhanumh.); laigremoine \Afjrimonia Eupatoria L.) ; la potentille [Poten- tilla anserina L.) ; le fraisier [Fragaria vesca) ; la bistorte [Potygonum Bistorta) ; la grande consoude ' Synjphijtum offici- nale L.); la garance {lîubia tinctorum L.). Feuilles de noyer et brou de noix. Jugions regia [Juglandées]. D'après Braconnot, les feuilles de noyer et le brou de noix contiennent les principes suivants : acides tannique, gallique. 32a AUTRES FEUILLES INDIGÈNES ASTRINGENTES. malique, citrique, une matière résineuse, une liuile essentielle, de la chlorophylle, de l'inosite, de l'amidon, du lig-neux. Effets et emploi. — Les feuilles de noyer et le brou de noix jouissent de propriétés astringentes et toniques très énerg-iques. Ils conviennent surtout contre les maladies gang-lionnnires et lym- phatiques. Ils arrêtent la sécrétion du lait. Cette propriété les fait employer pour tarir le lait chez les femelles qui ont perdu leurs petits, comme la jument, la truie, la chienne et la chatte. Les feuilles de noyer sont également antiparasifaires. Les autres propriétés sont les mêmes que celles de l'acide tan- nique. Feuilles de busserole. (Uva w'si. ) La busserole ou raisin d'ours est un arbrisseau de la famille des Éricacées, qui croit dans toutes les parties montag-neuses de l'Europe. Ses feuilles, employées depuis fort long-temps dans le traitement des maladies des reins et de la vessie, contiennent du tanin, de l'arbutine, de l'éricoline et de l'urson. h'ar/jutine est un glycoside qui, dans l'intestin, se dédouble en hydroquinone et en sucre. L'éricoline se dédouble en sucre et éricinol.L'w/'son est une espèce de camphre. Grâce à la présence du tanin et des glycosides ci-dessus, les feuilles &'Uva Uî'si sont à la fois astringentes^ aîitiseptitjues, amères, balsatniques et diurétiques. Après l'administration des feuilles de raisin d'ours, les urines contiennent à la fois de l'arbutine en nature et de l'hydroquinone. La présence d 'hydroquinone fait que l'urine prend une teinte vert brun, surtout quand elle a une réaction alcaline. Les feuilles s'emploient en décoction à raison de 20 g-rammes pour 100 g-rammes d'eau dans la néphrite et la cystite. Doses. Grands herbivores 20 à 50 graiiitnes. Chien 2à 5 — Autres feuilles indigènes astringentes. Il faut citer celles de chêne [Ouercus robur L.), de la ronce AIGREMOINE. 327 {Bubus fvuticosus L.), du plantain Plantarjn major L.), de l'aune, du frêne, du peuplier, de la vig-ne, etc., les queues de cerise. Fleurs astringentes. Les principales fleurs astringentes sont : les roses de Provins, les fleurs de grenadier (Balaustes), les fleurs du g-enêt à balai {Genista scoparia L.). Fruits astringents. i'^ Airelle mi/rtille {Vaccinium myrtillus). — Éricacées. Les baies de cet arbrisseau contiennent : les acides tannique, malique, citrique, une matière colorante rouge, du sucre, de la mannite et de Tarbutine. Ces baies constituent un astringent interne excellent contre la diarrhée, l'hématurie. Doses. Grands herbivores 00 à 100 grammes. Petits ruminants et porcs 16 à 30 — Carnivores . 8à 16 — 2° Glands de chêne. — Ils sont composés d'acide tannique, d'extractif amer, de résine, d'huile gérasse, de gomme, d'amidon, de ligneux et de sels. La torréfaction aug-mente les propriétés astring-entes de ces fruits et leur communique des propriétés toniques vermifuges ei antiseptiques. AlGREMOlNE. (Agrimonia Eupatoria L.) Plante de la famille des Rosacées, croissant dans les pays à climat tempéré. Toutes ses parties sont employées en médecine. On y trouve une huile essentielle qui leur donne une odeur aromatique agréable et du tanin qui les rend astringentes. On en fait des cataplasmes et des infusions. Al'intérieur, l'aigre- moine convient contre la diarrhée. 328 PRÉPARATIONS ASTRINGENTES. Quelques préparations astringentes. Contre l'eczéma. Oxvdc de zinc ) -. , Sous-nitrate de bismuth S "" ^ gra.nuio. Poudre d'amidon 3 grammes. Mélangez par trituration. Poudre dessiccative (Zundol). Sous-acétate de cuivre i --■ ,„„ .,„,-. aa 100 grammes. Alun calcine ) '^ Flour de tan 300 — Mêlez. Contre la fourchette pourrie. Sachet astringent. Suie tamisée J Tan > an parties égales . Craie j Solution légère d'alun, Q. S. Faites une pâte épaisse, renfermez dans un sac de toile et appliquez. Lotion astringente. Sulfate de fer > aâ GO grammes. Alun cristallisé Sulfate de zinc 30 — Eau 4 litres Dissolvez. Lotion astringente. M 60 Ecorce de chêne 230 grammes. Racine de gentiane Écorce de saule Vinaigre 1/2 litre. Eau 3 litres. Faites bouillir les substances végétales, passez avec expression et ajoutez le vinaigre. Pommade astringente. Onguent égyptiac 240 grammes. Axonge 125 — Sulfate de zinc 30 — Faites fondre la graisse et l'onguent égyptiac dans le même vase, et ajoutez le sulfate de zinc pulvérisé. Contre les eaux aux jambes du cheval. Collgre. Extrait de Saturne / ~ „ ,. , . „, ^ Eau distillée ( aa part.es égales. PRÉPARATIONS ASTRINGENTES. 329 Collyre alumineux. Alun 1 gramme. Eau distillée 100 grammes. Colhjve et injeclion au tanin. Tanin 1 gramme. Eau 100 grammes. La dose de tanin peut être doublée et triplée pour les injec- tions vaginales. Injeclion pour cavités muqueuses. Sulfate de zinc 2o centigrammes. Eau distillée 100 grammes. Laudanum de Sydenham 1 gramme. Injeclion. .-Vcétate neutre de plomb 3 grammes. Eau distillée 150 — Pour injections vaginales, on peut employer deux ou trois fois plus d'acétate. Injecfio?i. Acétate de plomb ) ^ , o ,<• , , • aa 1 gramme. Suliate de zmc ) ° Eau distillée 200 grammes. Il se précipite du sulfate de plomb, et il se forme de l'acétate de zinc qui reste en dissolution. Injection astringente. Feuilles de noyer 20 à 30 grammes. Eau 1 litre. Décoction. Contre l'olorrhée du chien. Acide ci'éosotique 10 grammes. Alcool 200 — Dissolvez. Contre l'otorrhée. Salol 5 grammes. Alcool 200 — Dissolvez. Pour les plaies. Acide benzoïque 2 grammes. Lanoline 20 — Faites une pommade. 330 PRÉPARATIONS ASTRINGENTES. Bveuvaye aslrintfent. Borax 30 grammes. Alun 15 — Petit-lait 2 litres. Miel rosat »)0 grammes. Dissolvez les sels dans le petit-lait et ajoutez le miel rosat. Tisane de cachou. Cachou 10 grammes. Eau bouillante 1 000 — Faites infuser et passez. Teinture de cachou. Cachou I gramme. Alcool à 60" S grammes. Laissez macérer, puis passez. Vin de cachou. Vin rouge 1 000 grammes. Teinture de cachou 50 à 80 — Filtrez après une heure de contact. Tisane de ratanhia. Racine de ratanhia 20 grammes. Eau bouillante 1 000 — Faites infuser deux heures et passez. Élecf nuire aslrinrjenl . Tanin 50 centigrammes. Conserve de roses 5 granunes. Laudanum de Sydenhani V gouttes. Faire prendre au chien, en trois fois, dans les diarrhées chro- niques. Pof.ion astringente. Tanin 50 centigrammes. Eau commune 1 00 grammes. Eau de fleur d'oranger 20 — Teinture de cannelle 2 — Faire prendre par cuillerée au chien, dans les inflammations gastro-intestinales chroniques. Pilules de tanin. Tanin 1 gramme. Conserve de roses Q. S. P(nir 20 pilules, dont deu.K à dix par jour chez le chien. PREPARATIONS ASTRINGENTES. 33i Contre le crapaud. Acide créosotique 5 grammes. Poudre de tan 10 — Mélangez. En application sur les parties malades. Pour les plaies. Antifêbrine 5 grammes . • Poudi-e de tan 10 — Mélangez. Saupoudrez les plaies. Lavement astringent. Borax 60 grammes. Alun cristallisé 30 — Eau de chaux 3 litres. Faites dissoudre les sels dans un peu d"eau et mélangez à l'eau de chaux. Lavement astringent. Écorce de chêne li>o grammes. Noix de galle concassée 60 — Racine de guimauve 30 — Eau 3 litres. Faites bouillir, passez et administrez. Lavement de ratanhia. Teinture de ratanhia } - ^ . , Extrait aqueux ^^ a.i o a 10 grammes. Eau 2oO — Pour petits animaux. Les collutoires et les lotions se font avec des solutions deux à trois fois plus chargées. Boisson astringente. Décoction légère de feuilles de ronces. 10 litres. Alun cristallisé 50 grammes. Borate de soude aO Faites dissoudre les sels dans la décoction, et ajoutez une petite quantité d'amidon pour exciter les animaux à boire. Contre les inflammations chroniques du tube dig-estif chez les grands herbivores. Breuvage astringent. Ecorce de chêne pulvérisée 60 grammes. Alun cristallisé 3 — 332 CAUSTIQUES. Camphre 2 ^'laiiiinos. Eau 2 litres . Faites une décoction avec l'écorce, ajoutez d'abord l'alun, puis le camphre. Dans la diarrhée du bœwf. Sirop de ratanliia. Extrait de ratanhia 2^) grammes. Sirop de sucre 975 — Dissolvez l'extrait dans un peu d'eau et ajoutez le sirop. Doses, chien : 1 à 4 cuillerées à bouche par jour dans la diarrhée. l'Unies contre la diarrhée. Alun 6 grammes. Cachou 12 — Opium 2 — Sirop de roses rouges Q. S. Faites des pilules de 25 centigrammes. Doses : 2 à 6 par jour dans la diarrhée chez le chien. Caustiques. On désig-ne sous le nom de caustiques les corps qui, en se combinant chimiquement avec les matières organiques, produisent la destruction rapide et primitive des tissus sur lesquels ils sont appliqués. La partie mortifiée prend le nom A'escari'e. Après la mortification organique, il se développe une inflammation locale qui a pour résultat l'élimination de l'escarre. Quelquefois le& médicaments irritants, rubéfiants ou vésicants déterminent aussi une mortification des tissus touchés; mais cette mortification n'est pas primitive, elle est lente et secondaire; elle succède toujours à l'inflammation au lieu de la précéder. C'est en ce point que les caustiques et les irritants difterent. Division. — Tous les caustiques détruisent, mortifient les tis- sus; mais ils dillèrent les uns des autres par l'intensité de leur action et par les caractères que revêt l'escarre. Si on prend pour base l'intensité de leur action destructivç, on peut les diviser en caustiques légers ou catliérctiques et en caustiques forts ou escar- rotiques. Cette division n'est pas très rig'oureuse, car la même substance peut se montrer cathérétique ou escarrotique, suivant son deg-ré de concentration et la durée de son application. En se basant sur les caractères de l'escarre, on peut les diviser en caus- tiques coagulants et en caustiques fluidi/iants. Les coagulants CAUSTIQUES. 333 produisent une escarre solide pouvant devenir dure; les tluidi- fiants donnent une escarre molle parfois fluide. Nous les diviserons en caustiques alcalins, caustiques acides et caustiques salins. Effets communs. — Lorsque les caustiques sont appliqués sur des tissus sains ou malades, ils y déterminent une destruction plus ou moins profonde due à une action chimique. Les uns amènent la mortification des tissus en leur enlevant Teau et en les desséchant; les autres en se combinant avec leur matière protéique ou grasse, d'autres en agissant par un mécanisme complexe. Les parties touchées par les caustiques se mortifient; la sensibilité, la circulation, les sécrétions y sont anéanties; elles forment, relativement aux pjarties voisines, un véritable corps étranger qui doit être plus tard éliminé. Cette destruction locale est Teffet primitif, immédiat; elle se produit dans la période rliimique de rescarrification. L'escarrification varie, en intensité et en durée, suivant une foule de conditions inhérentes soit au caustique, soit aux. tissus, soit à rapplicalion. Quelle que soit la nature de l'agent caustique, la durée de son contact avec les tissus, son action destructive s'accompag-ne presque toujours d'une douleur plus ou moins vive. Lorsque le caustique est énergique et l'action destructive rapide, la douleur est de peu de durée ; lorsque le caustique est faible et son action destructive lente, la douleur est vive et dure plus longtemps. Il va sans dire que la douleur est d'autant plus intense que le tissu renferme plus de filets nerveux sensitifs. En g-énéral, la douleur est plus vive sur les tissus sains que sur ceux qui sont altérés par la maladie. Après la formation de l'escarre, il s'établit, au-dessous et au pourtour de cette partie mortifiée, une inflammation plus ou moins vive, qui produit peu à peu l'élimination de cette espèce de corps étranger. La région devient donc douloureuse, tuméfiée et tendue; delà sérosité, puis du pus, se montrent entre la partie morte et les parties vives placées en dessous. Ces phénomènes inflammatoires sont d'autant plus intenses que la cautérisation est plus profonde; quand la cautérisation n'est que légère et super- ficielle, l'inflammation et la suppuratiun sont à peu près nulles. En général, la suppuration détache d'abord l'escarre à la cir- conférence, puis peu à peu l'action se propage vers le centre, et 334 CAUSTIQUES. fini par la détacher entièrement; il est des cas, cependant, où les choses se passent dans un ordre inverse et où la SLi|>puration se montre au centre de l'escarre pendant que la circonférence adhère encore fortement aux parties environnantes; alors on est oblig'é de fendre circulairement la partie morte pour donner écoulement au pus et faciliter l'élimination de l'escarre. Enfin il est des circonstances où, malgré la formation d'une escarre épaisse, il ne se développe aucune infiammation notable et où les parties se dessèchent au lieu de suppurer; on remarque sur- tout cet effet quand on laisse la préparation caustique en contact avec l'escarre comme la pâte de Ganquoin, la pâte arsenicale, etc. (Tabourin). Pendant la période inflammatoire des caustiques, deux acci- dents peuvent apparaître : 1° une fièvre de réaction plus ou moins intense; 2" des phénomènes d'empoisonnement produits par l'absorption d'une partie du caustique. L'escarre formée peut être en partie soluble dans les liquides animaux ; c'est le cas pour les préparations de mercure et de cuivre. L'inMammation consécutive à la formation de l'escarre a pour résultat non seulement d'amener l'élimination de la partie mor- tifiée, mais encore de provoquer la régénération du tissu et la cicatrisation. Cette dernière s'opère plus ou moins vite suivant la nature du caustique, selon les désordres qu'il a produits et selon les tissus. Sur certains tissus pathologiques, il faut produire plu- sieurs cautérisations pour obtenir une cicatrisation définitive. Aussitôt que la cicatrisation est complète, la région revient g-raduellement à son état normal par suite de la résorption de la sérosité épanchée entre les éléments des tissus constitutifs. Indications générales des caustiques. — Les caustiques sont indiqués : 1° Poiu' détruire les tissus pathologiques, les caries, les tumeurs, les venins et les virus; ils sont en général (inthcptiques et désinfectants ; 2" Pour ouvrir les abcès, les kystes, etc., surtout quand on veut obtenir une ouverture béante pendant longtemps et qu'on veut provoquer préalablement une indammation adhésive qui empêche les épanchements dans les cavités splanchniques; exemples : abcès du foie, des reins, de la cavité abdominale, etc. ; 3° Pour empêcher les hémorragies en nappe après certaines opérations, car beaucoup de caustiques sont coagulants; ACIDE SULFURIQUE. 335 4° Pour modiller la surface des plaies de mauvaise nature et d"ulcères malins et obtenir une action antiseptique favorable à la cicatrisation ; 5° Pour provoquer une inflammation substitutive adhésive dans les cas de fistules, de kystes, d"hygTomas, de mal de taupe, etc.; 6° Pour produire une inflammation substitutive dans les ophtal- mies, le chémosis, l'ong-let, le catarrhe nasal, vag-inal, urétral, l'otite, lotorrhée, etc.; 7° Pour obtenir un ellet révulsif énergique et une forte dérivation dans certaines maladies internes, surtout les maladies articulaires. Caustiques acides. Acide sulfurique. C'est un liquide visqueux, d'apparence huileuse, inodore, d'une densité de 1.85. Il se dissout en toute proportion dans l'eau et l'alcool, dont il élève considérablement la température. Il détruit la plupart des matières org-aniques, vég-étales ou animales. lia une grande affinité pour l'eau, avec laquelle il se combine en produisant de la chaleur. Il précipite les sels de plomb à l'état de sulfate de plomb insoluble. Effets. — L'acide sulfurique concentré détruit rapidement les tissus qu'il touche en produisant une douleur très vive et une escarre noire. L'elTet destructeur de cet acide est dû à son affi- nité très grande pour l'eau et à la propriété qu'il a de coag'uler l'albumine. Son affinité pour l'eau est telle qu'il sollicite une partie de l'oxygène et de l'hydrog-ène des tissus à s'unir pour former de l'eau et fait prédominer le carbone, d'où la coloration noirâtre de l'escarre. La cautérisation par l'acide sulfurique est toujours très douloureuse, profonde, et s'accompagne de la condensation et du froncement des parties environnantes ; elle provoque tou- jours une inflammation assez intense. Appliqué sur la peau à l'état de pâte, il durcit le derme et produit de la suppuration sous-épidermique; de plus, il pénètre par imbibition à une assez g-rande profondeur. Après l'avoir appliqué sur la croupe de plu- sieurs chevaux, Tabourin a pu en retrouver des traces sur les tissus qui entourent immédiatement l'articulation coxo-fémorale. L'acide sulfurique très dilué, 1 à 5 p. 1 000, n'est pas caustique 336 ACIDE SULFURIQUE. mais astringent vaso-constricteur. L'eau lég-èrement acidulée par l'acide sulfurique, édulcorée avec du miel, donnée à l'intérieur sous forme de boissons, est rafraîchissante et calme la soif. Mais un excès peut être nuisible à la dig-estion. Indications. — L'acide sulfurique concentré remplit toutes les indications g-énérales des caustiques ; en outre, il est indiqué quand on veut provoquer un engorgement considérable dans le but de réduire les hernies des poulains. D'après Hertwig-, on frictionne la tumeur le matin et le soir, les deux premiers jours ; une fois seulement les jours suivants jusqu'au dixième ou au treizième jour. Ces frictions se font avec un mélang-e à parties égales d'acide sulfurique, d'huile de lin et d'essence de térébenthine. La g-uérison a lieu du sixième au ving-tièmc jour. On a obtenu également d'excellents résultats avec l'acide sulfurique contre Varthrite du grasset chez les ruminants. Pour appliquer le caustique, on se sert d'un petit tampon de ling-e fixé à l'extrémité d'un bâtonnet de bois, t^es vessigons sont rasés d'abord et frictionnés ensuite pendant environ une minute avec l'acide pur placé sur une soucoupe; on doit prendre des précautions pour préserver les parties voisines, comme le (lanc et les mamelles surtout, du contact du caustique. Le lendemain, les points frictionnés sont chauds et douloureux, mais cejtendaut modérément; au bout de quelques jours, la peau est morte, dure et comme tannée; cotte escarre se détache de la circonférence au centre, au bout de quinze à trente jours, sans suppuration et en laissant une cicatrice indélébile (Pauleau). Préparations caustiques. 1° Acide sulfurique pur. "!'> Eau de Rabel. Acide sulfurique 1 Alcool ordinaire 3 Ajoutez l'acide par petites portions dans l'alcool et agitez. 3° Liqueur caustique de Mercier. Acide sulfurique 1 Essence de térébenthine 4 Mettez l'essence dans une terrine placée dans de l'eau froide; ajoutez-y l'acide goutte à goutte, renuiez sans cesse et laissez refroidir avant de rem- ployer. ACIDE SULFL'RIQUE. 337 4" Pâte caustique de l'iasse. Alun calciné 100 grammes. Acide sulfurique Q. S. Pulvérisez très finement 1 alun calcint' et ajoutez peu à peu l'acide pour faire une pâte peu consistante. 0° Caustique safrané de Velpeau. Safran 1 Acide sulfurique 2 Mélangez jusqu'à homogénéité parfaite. 6° Caustique opiacé de SoUe>jsel. Acide sulfurique 300 grammes. Opium brut 32 — Laissez en contact pendant vingt-quatre heures et faites par trituration une pâte homogène. Outre les préparations ci-dessus, le praticien peut en confec- tionner d'autres présentant une action plus ou moins énergique suivant les cas. Pour l'usage interne, on utilise les préparations suivantes : l" Solulivn aqueuse. Acide sulfurique o à 10 grammes. Eau 1 000 — Mettez l'eau dans un vase de verre ou de porcelaine et ajoutez-y peu à peu l'acide en agitant constamment pour opérer le mélange. Il faut édulcorer cette solution avant de s'en servir comme boisson ou breuvage. 2° Solution alcoolique ou eau de Rabel. Acide sulfurique 1 gramme. Alcool à 83° 3 grammes. Mettez l'alcool dans un vase, ajoutez-y peu à peu l'acide, en agitant sans cesse jusqu'à mélange complet. L'eau de Rabel s'emploie à la dose de 10 grammes dans 1 litre d'eau édulcorée avec du miel. L'acide sulfurique fortement dilué (1 à 5 p. 1000) constitue un vaso-constricteur utile dans le traitement des inflammations locales. A l'intérieur, il peut être administré sous forme de breu- vage ou de boissons édulcorées dans les maladies fébriles pour calmer la soif. On le donne aussi pour combattre Y empoisonne- KaI FMA.NX. 22 338 ACIDE AZOTIQUE. ment par les composés plombiques et contre les hémorragies gastro-intestinales. Acide azotique. AzU-i|l. L'acide azotique ou nitrique est un liquide incolore ou jaunâtre, d'une odeur forte et piquante, d'une densité de 1,52 à son niaxinium de concentration, soluble en toute proportion dans l'eau et l'alcool. 11 forme avec l'acide chlorhydrique un mélange très cantique, Veau régale. Il attaque la plupart des matières minérales et désorganise les matières organiques, qu'il colore en jaune par suite de la formation d'acide xanthoprotéique. Effets. — L'acide azotique pur mortifie rapidement sur une grande profondeur les tissus sur lesquels il est appliqué en produisant une douleur très vive et une inflainmatioii péri- phérique consécutive intense. Cet acide désorganise les tissus en leur enlevant l'eau, en décomposant leurs sels, en saponifiant les g-raisses et en coagulant fortement les matières protéiques. L'escarre est d'abord mollasse, souple, élastique, puis devient dure et cornée ; elle a une coloration jaune, due ù l'acide xan- thoprotéique que forme l'acide avec les matières azotées. Le g-onflement inflammatoire périphérique étant toujours considérable, l'escarre inextensible se détache bientôt dans son centre par suite de la formation de pus. La cicatrisation n'est complète qu'après trois ou quatre semaines, suivant l'intensité de l'action caustique. En étendant cet acide d'eau ou d'alcool, on peut diminuer à volonté son action jusqu'au point de le rendre simplement astring-ent. Indications thérapeutiques. — Gomme caustique, cet acide doit être généralement préféré à l'acide sulfurique. Il est surtout indiqué : 1" Pour cautériser les plaies, les ulcères de mauvaise nature, les ulcères calleux du pied, les excj'oissances fongueuses, les épithéliomes, le crapaud. Contre cette dernière maladie, c'est un des meilleurs remèdes. Quand il est convenablement appliqué, il produit une escarre légère qui se détache du troisième au qua- trième jour ; la corne, d'abord molle et de mauvaise nature, ne tarde pas à prendre du corps et de la ténacité sous l'influence de l'application réitérée et méthodique de ce caustique ; ACIDE CHLORHYDRIQUE- 339 2» Pour détruire les verrues, les fies, les poireaux, les néofor- mations diverses ; n ^ 3" Pour réduire les hernies ombilicales chez les jeunes poulains, "b (^H/vo Il est recommandé de couper les poils sur la tumeur herniaire et de frictionner légèrement la surface avec cet acide. Deux frictions faites le premier jour produisent une douleur vive avec inflammation et g-onflement intense. J^a peau se dessèche, se momitîe et tombe par la suppuration. Au moment de la cicatrisa- tion, il y a forte rétraction des tissus, et, après trois ou quatre semaines, la g-uérison est complète (Dayot), Il répond d'ailleurs à toutes les autres indications générales des caustiques. Préparations. — Pin^ ou mélang-é à des substances indiffé- rentes. Acide chlorhydrique. HCl. C'est un liquide limpide, incolore ou jaunâtre, d'une odeur suffocante, pesant 1,21, soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Action. — Cet acide agit moins énerg-iquement que les deux précédents. L'escarre formée est toujours plus superficielle, d'une couleur g-risàtre. La douleur est vive, mais Tinflammation consé- cutive est peu intense. Étendu d'eau dans la proportion d'un tiers environ et appliqué sur la peau, il provoque une chaleur et une douleur très intenses et assez prolong-ées, ce qui en fait un révulsif protnpt et énei^gique. Dilué convenablement, l'acide chlorhydrique est certainement un des meilleurs rafraîchissements. Cet acide joue d'ailleurs dans la digestion un grand rôle physiologique. Il est contenu dans le suc g-astrique de tous les animaux (0,25 p. 100 chez le porc et 0,30 p. 100 chez le chien) et constitue avec la pepsine le dissolvant par excellence des matières albuminoïdes. Le ferment pepsique n'ag-it pas sur les aliments en présence d'un milieu alcalin ou neutre, tandis qu'il acquiert son maximum d'effet dissol- vant en présence de l'acide chlorhydrique. Les solutions d'acide chlorhydrique jouissent, à elles seules, du pouvoir d'attaquer partiellement les matières albuminoïdes et de les transformer en peptones; mais, en présence de la pepsine, la transformation s'opère avec plus d'énergie. L'acide chlorhy- 340 ACIUE CULUKHYUKluUE. drique rend également solubles un grand nombre de sels métal- liques ou terreux qui, sans cela, resteraient insolubles. Si la présence de l'acide chlorhydrique est indispensable à la dig-cstion gastrique, il faut pourtant que la proportion de cet acide ne devienne pas trop forte. On a remarqué, en effet, que, lorsque le suc gastrique renferme plus de 0,50 p. 100 d'acide chlorhydrique, ses propriétés digestives s'affaiblissent. L'acide chlorhydrique dilué s'oppose aussi aux fermentations qui tendent à se produire dans le tube digestif; il rafraichil la bouche et étanche la soif. Administré en trop grande quantité, non seulement il s'oppose à la digestion, mais il diminue encore l'alcalinité du sang et appauvrit ce liquide en sels. En arrivant dans le sang, cet acide se combine avec les bases pour former des sels qui sont éliminés par les reins ; il dissout aussi en partie l'hémoglobine, détermine l'anémie et l'amaigrissement général. Indications. — A cause de son action caustique modérée, il convient surtout pour cautériser les ulcérations des muqueuses, les aphtes de la bouche, du mamelon, du pied, le muguet des agneaux et des veaux, la muqueuse du pharynx danp l'angine couenneuse. ■-/^•■■V'' ' ~ •, "-a ^■'' ••-••... ^-. ^'^-;^ ^^ '■ i-^^ A l intérieur l'acide chlorhydrique, dilué à 2 à 3 p. 1000, à cause de ses propriéiésdigestives et antiseptiques^ convient pour dissiper les dyspepsies dues au défaut d'acidité du suc gastrique, à la trop grande abondance de matières alimentaires ou à des fermentations qui tendent à s'y établir. Dans les cas de fièvre due à une maladie siégeant en dehors du tube digestif, l'acide chlor- hydrique est encore indiqué pour calmer la soif et [)Our favoriser la digestion ; il est en effet démontré que, dans les maladies fébriles, le suc gastrique renferme assez de pepsine, mais qu'il est pauvre en acide chlorhydrique. 11 convient surtout bien chez les *" û'tf>u'>v>-t^v\ ruminants dans le cas di'engouement du feuillet ou dans les cas . ^.^À/^^-)I^^ ballonnement intei-mittent. A cause de son action détersive, il est utilisé avantageusement pour laver la bouche , surtout lorsque la muqueuse est enflammée ou présente des éruptions. Les doses elles préparations sont les mêmes que pour l'acide sulfurique. ACIDE CHROMIQUE. 341 Acide chromique. Cet acide se présente sous forme d'aig-uilles prismatiques d'un roug-e-rubis, sans odeur et d'une saveur caustique. Il est très soluble dans l'eau, et la dissolution est jaune tirant sur le roug-e ; il est soluble dans Talcool ordinaire. L'alcool absolu et l'éther s'enflamment et explosent en présence de l'acide chro- mique, qui est un oxydant énergique et qui brûle toutes les matières org-aniques, lesquelles le ramènent à l'état de sesqui- oxyde de chrome. Effets et emploi. — Les eiïetsde l'acide chromique ressemblent beaucoup à ceux de l'acide azotique. L'acide chromique oxyde plus énergiquement la matière organique et la dessèche plus fortement. Appliqué sur la peau, en poudre ou en solution concentrée, cet acide la dessèche, la colore en jaune, puis en brun et produit une escarre sèche. Sur la peau dénudée, les muqueuses et les plaies, il agit comme un des caustiques les plus énergiques en oxydant fortement les tissus, en coagulant l'albumine et en absorbant l'eau. L'escarre formée est épaisse, dure, sèche et d'une colo- ration brunâtre ; quand elle se détache, elle laisse une plaie d'un très bel aspect qui se g-uérit beaucoup plus vite que celle laissée par les acides minéraux précédents. Cet acide ne détermine que peu de douleur et ne produit qu'une inflammation périphérique insig-nifiante. En solution étendue, l'acide chromique constitue un antisep- tique puissant et un des meilleurs ag-ents antivenimeux contre le venin de la vipère. D'après mes recherches, le venin de la vipère aspic perd ses propriétés toxiques quand il est mélang-é avec une quantité égale d'une solution d'acide chromique à 1 p. 100. Injecté sous la peau des animaux, ce mélang-e de venin et d'acide ne produit aucun etfet local ; les efïets g-énéraux manquent aussi complètement; cependant, siladoseaététrèsforte,ilsapparaissent, mais restent très bénins. J'ai constaté qu'il suffit d'injecter au point de morsure d'une vipère, et à quelque distance autour de ce point, quelques g-outtes de la solution d'acide chromique à i p. 100 pour empêcher l'action toxique locale et générale du venin. Quand, au moment 342 POTASSE CAUSTIQUE. du traitement, une tuméfaction s'est déjà formée, il faut injectera l'aide de la sering-ue de Pravaz IV à V gouttes de la solution dans divers points de la tumeur. L'injection ne détermine par elle-même aucun désordre ni local, nig-énéral. Comme caustique, il est indiqué dans les mêmes cas que l'acide azotique. Ce dernier lui est généralement préféré à cause de son prix moins élevé. Il sert à cautériser les vég-étationsde la bouche, les ulcérations, les cancroïdes, etc. On l'applique pur en quantité strictement nécessaire. Comme astringent et antiseptique, on l'emploie en solution à 5 p. 100 pour dessécher les plaies et hàler leur cicatrisation. Il peut aussi rendre des services dans le traitement des maladies parasitaires et cutanées. Il n'est jamais employé à l'intérieur, parce qu'il est trop irritant pour le tube dig-estif. Préparations. — Poudre et solutions aqueuses plus ou moins concentrées. Il ne faut jamais le mélanger à la glycérine ou à l'alcool, car il forme avec ces corps des composés explosibles. Acide trichloracétique. C^HCl-'O'-!. C'est de l'acide acétique dans lequel 3 atomes d'H sont rem- placés par o atomes de Cl. Il est obtenu en oxydant le chloral par l'acide azotique. Il cristallise ; ses cristaux sont déliquescents. En présence des alcalis, il se dédouble en acide carbonique et en chloroforme. Pur, l'acide trichloracétique est un excellent caustique. Il coag-ule avec intensité les matières albuminoïdes et produit une escarre superficielle solide. En solutions aqueuses à 2 et 5 p. 100, il est antiseptique et convient pour le pansement des plaies de mauvaise nature. Ce corps est avantageusement employé dans la chirurgie vétérinaire. Caustiques alcalins. Potasse caustique. KHO. La potasse est solide, incolore, amorphe, en plaques, en bâtons POTASSE CAUSTIQUE. 3t3 OU en pastilles; elle a une saveur caustique et urineuse. Elle fond sous l'influence de la chaleur et se solidifie après refroidissement. Elle est très avide d'eau et d'acide carbonique; aussi, quand elle est exposée à l'air, la voit-on devenir déliquescente et se trans- former lentement en carbonate de potasse. Elle est également très soluble dans l'alcool. Elle est fortement alcaline, neutralise tous les acides et saponifie les corps g-ras. On doit la conserver dans des fiacons bien bouchés. Effets. — Appliquée sur la peau intacte, la potasse attaque l'épiderme, qui est complètement dissous après deux ou trois heures; puis elle corrode le derme profondément. L'action désor- ganîsatrice est due à son affinité très grande pour l'eau, à la saponification des graisses, à la décomposition et à la dissolution des matières protéiques. L'escarre produite est d'un jaune gri- sâtre, mollasse au centre et plus consistante à la circonférence ; elle est presque toujours plus étendue que la surface sur laquelle la préparation caustique a été appliquée. Cette escarre se détache lentement, d'abord sous l'influence d'une suppuration sanieuse, et plus tard parl'efTet d'une sécrétion purulente de bonne nature. Employée en trochisque, la potasse produit de grands délabre- ments et une suppuration très abondante. En général, la potasse attaque plus facilement et plus profon- dément les tissus secs et indurés que ceux qui sont dénudés et recouverts de liquides. Son absorption est facile sur les diverses voies, mais nullement dangereuse, car elle se transforme en car- bonate de potasse dans le sang. La potasse caustique n'est pas employée à l'intérieur. Indications thérapeutiques. — Ce caustique, à cause de certaines particularités qu'il présente, est indiqué dans des cas spéciaux. Son action s'étendant toujours au delà du point d'application, elle est utilisée pour détruire les tumeurs à base large, diffuse. On l'emploie avantageusement contre les tumeurs squirrheuses, les cors, les durillons, les verrues, les polypes, les cerises, le cham- pig-non, le crapaud, les plaies et les ulcères à fond et à bords indurés, etc. La potasse n'attaque que difficilement les vaisseaux ; elle les respecte généralement au milieu d'autres tissus qu'elle détruit ; aussi convient-elle surtout lorsqu'on veut éviter l'emploi du bistouri pour enlever un tissu morbide vasculaire. Son grand pouvoir dissolvant pour les substances épidermiques la fait employer avantageusement pour détruire peu à peu les 344 PROTOCIILOKURE D'ANTIMOIM':. callosités de la peau et notamment celles qui se montrent au jj^^W^^'*'^ paturon à la suite d'enchevêtrures profondes. En solution forte (à 10 p. 100), elle convient aussi pour laver les parties de la peau qui sont le sièg-e d'eczéma, d'exanthème chronique chez le chien. Préparations. 1° Potasse solide. 2° Potasse en dissolution aqueuse. 3° Poudre de Vienne. Potasse caustique 50 grammes . Chaux vive GO — Mélangez vivement dans un mortier sec et chaud ; renfermez immédiate- ment dans un flacon à large ouverture, bouchant à l'émeri. Pour faire usag-e de cette poudre, on en délaye une certaine quantité dans un peu d'alcool, et l'on fait une pâte consistante qu'on applique sur les parties à cautériser ; elle ne coule pas et ne s'étend point au delà du lieu d'application. 4° Caustique solide Filhos. Potasse 120 grammes . Chaux vive 40 — Faites fondre dans une cuiller de fer, et quand le mélange sera bien homogène, coulez dans une lingotière ou dans des tubes, comme pour le ni- trate d'argent. Il faut préserver les bâtons de l'humidité. Sels caustiques. Protochlorure d'antimoine. SbCP. Ce composé, encore appelé trichlorure d'antimoine., beurre d'antimoine, est solide, cristallin, incolore, demi-transparent et d'aspect g-raisseux. Il est déliquescent et forme avec la vapeur d'eau de l'air un liquide épais, oléagineux. Il est très soluble dans l'eau, mais, lorsque celle-ci est en grande quantité, elle le décom- pose en acide chlorhydrique et en poudre dite d'Algaroth, qui n'est autre chose que de l'oxychlorure antimonique. Effets. — L'action caustique de ce sel est prompte et énergique. Aussitôt qu'il est appliqué sur une muqueuse ou une solution de continuité, on voit la surface blanchir, se crisper, et l'escarre se CHROMATES DE POTASSE. 345 former instantanément. Sur la peau intacte, il agit un peu plus' lentement. L'escarre formée est blanchâtre, mollasse d'abord, mais elle devient ensuite sèche, dure et est nettement circonscrite ; g-énéralement elle est profonde. La douleur produite est toujours très vive, mais dure peu ; l'inflammation consécutive est médiocre et la suppuration est à peu près nulle ; l'escarre se détache d'elle- même au bout d'un temps plus ou moins long-. Les effets caus- tiques de ce sel ressemblent à ceux produits par le chlorure de zinc, mais ce dernier sel laisse une plaie plus nette et plus facile à cicatriser ; aussi, dans lapratique, doit-il être g-énérale ment préféré. Indications. — Le beurre d'antimoine convient surtout pour cautériser les plaies étroites, profondes, sinueuses et anfractueuses qui recèlent un virus ou une matière putride (virus rabique, venins, etc.), pour détruire les caries osseuses ou cartilagineuses, ou les tissus altérés qu'on ne peut enlever avec l'instrument tran- chant. Il a été employé avec succès par quelques praticiens contre le crapaud ancien. Préparations et application. — Ce sel est généralement employé à l'état de pureté, quand il est tombé en déliquescence. Pour l'appliquer, on se sert d'un petit pinceau souple de crins, ou d'un bourdonnet d'étoupe ou de coton fixé à l'extrémité d'une bag-uette de bois; on peut encore en imprégner des boulettes de coton ou de charpie et les appliquer sur la surface à cautériser. Pour ne pas afîaiblir l'action caustique, il faut toujours bien enlever l'humidité de la surface à cautériser; sans cette précaution, le sel se décomposerait en partie au contact du liquide organique, et son action serait d'autant diminuée. Chromâtes de potasse. On connaît le chromate neutre de potasse CrO^K-O et le bic/iro- 7nate de potasse {CrO^y^K^O. Le premier est jaune-citron, soluble dans 2 parties d'eau- froide ; le second est d'un beau rouge orangé et soluble dans 10 parties d'eau froide. Ils sont tous deux prescjuc insolubles dans l'alcool. Effets. — Le bichromate de potasse ag-it comme un caustique puissant. Appliqué pur sur la peau ou à l'état de préparations concentrées, il la coagule et la mortifie rapidement ; elle devient gris jaunâtre et forme une escarre sèche qui ne se détache que 346 CHROMATES DE POTASSE- très difficilement et au bout de vingt à ving-t-cinq jours seule- ment. Le chromate neutre agit un peu moins énergiquement. L'action de ces deux sels se rapproche beaucoup de celle de l'acide chromique. L'engorgement inflammatoire est toujours peu considérable, et les plaies produites par leur action caustique se cicatrisent difficilement. Convenablement dilués, ils agissent simplementcomme irritants cutanés. En frictions sur la peau, ils produisent une inflammation exsudative et ont une action fondante sur les tumeurs. A l'intérieur, ils sont très irritants et produisent rapidement une gastro-entérite, de vives coliques et une soif inextinguible. Ils sont absorbables même quand on les emploie à l'extérieur comme caustiques; aussi ne faut-il pas les déposer sur de trop grandes surfaces. Après leurabsorption, ilsprovoquentdeladyspnée accompagnée d'abaissement général de la température, une accélération consi- dérable du pouls, quelques mouvements convulsifs, bientôt suivis d'une faiblesse générale et d'une insensibilité qui précède la mort. A l'autopsie de chevaux qui ont ingéré du bichromate de potasse, on trouve des ulcérations de la muqueuse buccale, des taches noirâtres dans l'estomac, un enduit hémorragique sur lamuqueuse de l'intestin grêle, la disparition de la muqueuse sur une étendue plus ou moins grande dans le gros intestin. Le péritoine, le pou- mon, le cœur, les reins, la vessie, la rate ne présentent pas de lésions apparentes (Desoubry et Simonnet). Usages et doses. — 1" Gomme caustiques, ils ne présentent aucun avantage; 2° Comme irritants et fondants, ils peuvent rendre des services pour faire disparaître les tumeurs osseuses diverses du cheval et les tumeurs molles articulaires ou tendineuses. Ils ont été recommandés par Fœlen pour réduire les hernies ombilicales chez les jeunes poulains. On fait plusieurs frictions avec la pom- made sur la tumeur herniaire jusqu'à développement d'un engor- gement. Doses toxiques. Tissu conjoiu-lif. Estomac. Lapin 0,05 1 Chien 0,30 3 à 4 Cheval 20 30 On n'en fait jamais usage à l'intérieur, NITRATES DE MERCURE. 347 Préparations. 1° Bichromate de votasse. 2° Solutions diverses. 3" Pommades simples. N° 1. N» 2. Nos. Bichromate de potasse 4 6 8 Axongc 32 32 32 En employant le chromate neutre, on obtient des préparations un peu moins actives. 40 Pommade composée (Schmid). Bichromate de potasse 6 lodure de potassium, 2 Pommade mcrcurielle double 64 Employée comme fondante en frictions. Nitrates de mercure. Le mercure forme avec l'acide azotique de nombreux com- posés : les plus employés sont le protonitrate ou azotate mercu- reux neutre (AzO^)'- Hg-- et le deutonitrateou azotate mercurique neutre (AzO^)- Hg-. Ces deux sels sont solides. Le protonitrate est cristallisé en prismes incolores ; il est décomposé par l'eau en protonitrate acide soluble et en protonitrate basique insoluble qui se dépose en poudre blanche. La deutonitrate est blanc, incris- tallisable et déliquescent. Il est ég-alement décomposé par l'eau en un composé acide soluble, et un composé basique insoluble qui se présente sous forme de poudre jaunâtre appelée turbith ni d'eux. Effets. — Ces deux sels, surtout l'azotate mercurique, sont des caustiques coagulants très énergiques, mais dont l'action est un peu moins profonde que celle du sublimé. Ils sont absorbables et par conséquent doivent être employés avecquelques précautions. Indications. — Ils répondent aux indications g-énérales des caustiques. En outre, ils semblent agir plus favorablement que les autres caustiques sur le cancroïde épithélial de la lèvre du chat. 348 IRRITANTS. Nitrate d'argent, bichlorure de mercure, chlorure de zinc. Voir Antiseptiques et Asti'ingents. Irritants. Les médicaments irritants sont ceux qui déterminent une irri- tation locale sur les points où ils sont appliqués. Cette irritation peut être utilisée dans un but thérapeutique pour combattre cer- taines inflammations. Suivant la nature et le siège de Tinflamma- tion contre laquelle elle est dirigée, l'irritation artificielle provoque une action substitutive, une action résolutive ou une action révulsive. Les irritants comprennent les rubéfiants et les vésicants. l°AcTiON SUBSTITUTIVE SUBSTITUTION. — La subslitutiou est le procédé thérapeutique qui consiste à remplacer une inflamma- tion locale de mauvaise nature parune inflammation artificielle de bonne nature. Elle repose sur des faits d'observation fort anciens. Depuis longtemps, les médecins ont constaté que les inflamma- tions locales chroniques peuvent guérir rapidement par l'appli- cation directe d'irritants. A l'irritation primitive rebelle se substitue une inflammation artificielle, facilement curable. C'est sur ces faits que s'est appuyé Hahnemann, le célèbre fon- dateur de l'homéopathie, pour poser son fameux princif)e théra- peutique : Similia siinilibus curantur. De ce principe, Hahne- mann a fait la base de toute sa thérapeutique. Pour lui, on ne peut guérir un mal quelconque par une puissance morbifique dissem- blable, quelque énergique qu'elle soit; mais la cure est exécu- table au moyen d'une puissance morbifique apte à produire des symptômes semblables et un peu plus forts. Aujourd'hui, le champ de la substitution est beaucoup plus res- treint, et, avec Fonssagrives, on peut dire : que les médicaments substitutifs sont ceux qu'on applique directement sur les plaies et les parties enflammées de la peau et des muqueuses dans le but de réaliser des inflammations à siège choisi, à limites mesurables et à tendances favorables. La substitution peut être réalisée à l'aide des astringents, des caustiques et des antiseptiques. Le choix de l'agent variera avec la nature de la maladie, son in- PRÉPARATiaNS RÉSOLUTIVES. 349 tensité, sa durée et souvent la susceptibilité particulière de rani- mai malade. Mode d'action des substitutifs. — Autrefois, on expliquait d'une manière très simple les effets curalifs obtenus à l'aide de ces médicaments. On admettait qu'ils agissaient en modifiant la nu- trition localement dans la partie médicamentée. Aujourd'hui qu'on connaît mieux la pathog-énie de l'inflamma- tion et des effets topiques des médicaments placés dans le groupe des substitutifs, on peut reconnaître que la substitution consiste surtout en uner/c//o?i f/es/?î/"é'c/«»/e. Si le nitrated'argentestefficace contre l'ophtalmie purulente, ce n'est pas uniquement parce que, en provoquant une inflammation, il modifie la nutrition des tissus de lœil, mais surtout parce qu'il y détruit les microbes pathogènes, ou, autrement dit, parce qu'il les désinfecte {You- Aritiseptigiies). A cette action désinfectante, certainement la plus importante, vient s'ajouter une action modificatrice directe de la nutrition des tissus et de leur vascularisation. 2° Résolution. Résolutifs. — Nous appelons résolutifs ou fondants les topiques irritants qui ont surtout pour effet de faire disparaître les tuméfactions superficielles d'origine inflammatoire, sans faire subir aux tissus aucune transformation morbide consé- cutive. Cette terminaison de l'inflammation s'appelle la résolution. Les principales préparations résolutives employées sont à base de sels alcalins, d'iode, de mercure, de camphre, de cantharides et autres vésicants (Voir ces mots). Préparations résolutives. Pommade liydriodatée. lodure de potassium 1 partie. Eau ^ . Axonge ou vaseline 8 parties . Dissolvez l'iodure dans l'eau, puis incorporez à la graisse. En frictions contre les tumeurs indolentes. Pommade iodurée. Iode 1 partie. lodure de potassium 3 parties. Eau 3 Axonge -'^ Dissolvez l'iode et l'iodure dans l'eau; mtHez à l'axonge. En frictions sur les engorgements chroniques. 3S0 PRÉPARATIONS RESOLUTIVES. Onguent contre les indurations des tetidons. lodure de potassium 2 grammes . Savon vert 15 à 30 — Faites une ou deux frictions par jour. Pommade résolutive. Pommade mcrcurielic 2 parties . Campiire 1 partie. F. s. a. Contre les tumeurs indurées et gangreneuses. Pommade fondante. lodure de potassium 1 gramme. Bichromate de potasse 3 grammes . Pommade mercurielle 05 — F. s. a. Cetle pommade s'emploie sur les eng-org-ements articulaires, tendineux, osseux, etc. Charge résolutive. Poix de Bourgogne 240 grammes Huile grasse K-g 90 - Essence de térébenthine ) Faites fondre la poix dans l'huile à une douce chaleur; ajoutez l'essence en retirant du feu. Charge de LeLas. Goudron végétal 125 grammes. Axonge 125 — Essence de térébenthine 100 — Teinture de cantharide 100 — Faites fondre l'axonge à une douce chaleur, ajoutez le goudron, retirez du feu ; mélangez, en dernier lieu, l'essence de térébenthine et la teinture de cantharide. Charge résolutive. Coaltar 250 grammes . Huile de pétrole lampante 75 — Teinture de cantharide 75 — Mélangez exactement. Onguent ?'e'so/u/(/'(Trasbot). Onguent vésicatoire Lebas > ^ .• , , ° 1111 j aa parties égales. — mercunel double ) ^ ° Mélangez très exactement. PREPARATIONS RÉSOLUTIVES. 3bl Alcool camphré. Camplire 100 grammes. Alcool à 90° î*00 — SaL'on camphré . Savon . ââ 1 gramme. Camphre Alcool 8 grammes. Dissolvez. En frictions contre le rhumatisme. Savon camphré. Savon blanc 90 grammes . Carbonate de potasse 4 — Alcool camphré 250 — Dissolvez, Frictions résolutives. Pommade fondante. lodure de plomb 1 gramme. Axonge 8 grammes, F. s. a. Contre les ganglions de l'auge et les tuméfactions peu doulou- reuses (Reynal). Teinture fondante. Alcool ordinaire 100 grammes. Huile de croton 8 — Mêlez et agitez. Contre les molettes et tumeurs indolentes. Teinture résolutive. Sel ammoniac 15 grammes. Vinaigre fort 125 — Alcool camphré 13 — Dissolvez le sel dans le vinaigre et mélangez avec l'alcool camphré. En frictions contre les tumeurs indolentes. Pommade résolutive. Mercure coulant 16 grammes . Pommade de laurier 24 — Essence de térébenthine 32 — Cantharides pulvérisées 10 — Incorporez le mercure à la graisse, ajoutez la poudre de canlharide et enfin l'essence. Contre les exosloses. Sii'i RÉVULSION. RÉVULSIFS. 3° Révulsion. Révulsifs. — Les révulsifs sont des irritants ou inflammatoires qu'on emploie pour provoquer l'apparition de phleg-masies superficielles, bénignes, destinées à améliorer ou à arrêter par la voie réflexe les maladies inflammatoires qui ont leur siège dans les organes profonds. L'action thérapeutique qui consiste à faire disparaître une in- flammation naturelle, profonde, par une inflammation artificielle, superficielle, c'est la révulsion d'Hippocrate. Dans le langage du père de la médecine, faire révulsion signifiait : arracher le mal, l'attirer au dehors, ou mieux, le transporter vers une partie où sa présence est moins nuisible. La révulsion est basée sur des faits d'observation. En effet, dès les premiers temps de la médecine, on a reconnu que certaines maladies phlegmasiques pouvaient disparaître brusquement au moment où, sur la peau ou sur la muqueuse intestinale, apparais- sait un état congestif accompagné d'une suractivité sécrétoire (crise des anciens) ; qu'elles pouvaient quelquefois changer de place et se transporter d'une région dans une autre région (mé- tastase) ; ou qu'elles s'évanouissaient au moment où une nouvelle maladie envahissait l'organisme. Elle s'appuie aussi sur cet autre fait physiologique, déjà signalé par Hippocrate : Quand deux dou- leurs coexistent dans l'économie animale, la plus forte fait taire la plus faible. Dans la méthode révulsive, le problème à résoudre est le sui- vant : Une maladie grave d'un organe interne étant donnée, produire artificiellement , dans u?i j)oint du corps moins impor- tant, une lésion plus énergique et moins dangereuse, afin d'é- teindre ou d'atténuer la première. On distinguait autrefois la dérivation et la ?^évulsion. La première dénomination était réservée, par Galien, à l'action irri- tante artificielle pratiquée au voisinage de la partie malade, tandis que le terme de révulsion était employé pour désigner l'action irritante qui était exercée sur un point opposé à celui où existait l'organe malade. On a complètement abandonné cette distinction aujourd'hui. Ainsi, dans le remarquable ouvrage de Trousseau et Pidoux, la révulsion et la dérivation sont confondues et forment la médication irritante transpositive. Pour nous, tous ces termes sont synonymes, et nous les emploierons indiflerem- ment l'un ou l'autre. î^a révulsion peut être produite sur la surface cutanée (révulsion RÉVULSION. RÉVULSIFS. 353 externe] , ou sur la surface gastro-intestinale (révulsion interne). Les agents de la révulsion externe sont tous les irritants cuta- nés. Ceux-ci comprennent les rubéfiants et les vésicants. Les révulsifs internes sont les vomitifs et \es pi/rf/atifs. Théorie de l'action curative des révulsifs. — La médication révulsive doit surtout ses effets curatifs à la modification qu'elle imprime à la répartition du sang- dans l'économie animale. Nous savons qu elle a pour action principale d'attirer le sang- à la péri- phérie du corps et de faciliter par conséquent la décong-estion des organes enflammés. Cet effet congestionnant externe et déconges- tionnant interne est dû à deux causes : à l'action directe de l'inflam- mation cutanée et à l'effet réflexe vaso-moteur. Si nous faisons abstraction, pour un instant, de l'action ner- veuse vaso-motrice, et que nous fixions notre attention uniquement sur les conséquences qu'entraîne rinflammation cutanée en elle- même, nous sommes forcés d'admettre qu'une certaine quantité de sang quitte les vaisseaux des organes profonds pour alimenter les tissus externes en voie d'inflammation. 11 y a donc déjà, de ce seul fait, une modification de la répartition du sang, qui est favo- rable à la déplétion et à la décongestion des organes internes. Mais h cette première action, qui reste généralement assez mo- dérée et qui ne peut détourner à l'extérieur qu'une quantité de sang relativement faible, vient s'ajouterreffetnerveux vaso-moteur qui a son point de départaupoint d'application des révulsifs, c'est- à-dire au point même où évolue l'inflammation cutanée créée artificiellement. Sous l'influence de l'excitation des extrémités des nerfs sensitifs de la peau, un double effet vasculaire réflexe se produit ; les vaisseaux des viscères internes se rétrécissent et ceux de la peau, au contraire, se dilatent; il y a, en d'autres termes, effet vaso-constricteur à l'intérieur et effet vaso-dilatateur à l'ex- térieur. Ces deux effets opposés, engendrés simultanément parla même cause, produisent nécessairement une nouvelle répartition du sang de l'économie. La peau, très vasculaire et très étendue, constitue un déversoir très important pour le sang, et une grande quantité de ce liquide peut y être détournée momentanément. Sous l'influence de l'afflux du sang vers la peau et de la constriction des vaisseaux des organes internes, la congestion s'atténue, la nutri- tion pathologique se fait avec moins d'intensité, et l'inflammation diminue nécessairement. La révulsion cutanée produit sur les organes internes le même Kaifm.ann. 23 354 RÉVULSION. REVULSIFS. efîet qu'une forte saignée, mais elle présente le grand avantage de ne pas extraire le sang de l'organisme, mais de le détourner simplement de son cours primitif. Dans la révulsion, il n'y a pas de perte de sang, il va seulement modification de sa distribution ; la quantité totale de liquide nutritif reste invariable, mais, comme la peau en reçoit une quantité plus considérable, il est évident que lesorganes centraux doivent en recevoir une quantité moindre. Le mécanisme de l'action des révulsifs n'est pas purement théo- rique, il repose sur des faits bien constatés dans la physiologie des actions vaso-motrices. Cette nouvelle distribution du sang sous l'action de la révulsion a aussi pour conséquence une déperdition plus grande de chaleur et, par conséquent, un abaissement de la température interne. L'effet antipyrétique vient s'ajouter aux effets vasculaires pour combattre directement la maladie interne. Dans l'état actuel de la science, l'ellet curatif des révulsifs peut donc s'expliquer par la répartition nouvelle qu'ils imi)riment au liquide sanguin. Il est possibleaussi qu'elle amène une modification du milieu sanguin, notamment de la leucocytose et de ses pj^o- priétés bactéricides et antitoxiques. L'inflammation des organes internes est accompagnée d'une accumulation du sang- et de la chaleur à l'intérieur du corps ; l'in- flammation artificielle, créée à l'extérieur par les révulsifs, est accompagnée au contraire d'un afflux du sang à la peau et d'un échaulfement de cette membrane. L'action révulsive combat directe- ment les phénomènes morbides qui caractérisent la maladie interne. Les révulsifs n'agissent donc pas directement sur la cause morbide, mais bien sur les désordres nutritifs et vasculaires que cette cause tend à produire. Ils détournent le sang du foyer inflammatoire, en le dérivant vers des organes superficiels moins importants. Ils méritent donc bien le nom de dérivatifs qu'on leur a donné quelquefois. Lorsque la révulsion a pour siège la muqueuse gastro-intesti- nale, le mécanisme de son action est le même. Dans ce cas, le sang, au lieu d'être attiré dans la peau, est dérivé au contraire du côté de la muqueuse digestive. Et comme cette muqueuse est très étendue et extrêmement vasculaire, la quantité de sang qui y est attirée peut devenir considérable. La révulsion gastro-intestinale est ordinairement accompagnée de la pâleur, de l'anémie et du refroidissement de la peau. RÉVULSION. RÉVULSIFS. 3o5 Indications générales des révulsifs. — Les maladies dans les- quelles les révulsifs réussissent le mieux sont celles qui con- sistent principalement en un état cong-estionnel sans lésions pro- lifératives accusées et sans caractère spécifique. Les révulsifs externes sont efficaces dans les douleurs nerveu- ses, le rhumatisme, les inflammations internes à leur- début, les affections catarrhales des muqueuses, surtout dans l'entérite aig"uë ou chronique du cheval. Les révulsifs internes, qui sont les vomitifs et les purgatifs, sont particulièrement indiqués dans les ang-ines, les bronchites, les mala- dies des yeux, des centres nerveux et dans les afl'ections cutanées. La révulsion externe ou interne montre toute sa puissance au début des maladies, quand il ne s'est encore développé qu'une simple congestion. Les pleurésies, les pneumonies au début, c'est- à-dire quand il n'y a pas encore de lésion locale autre que la con- gestion, avortent très souvent sous l'influence de l'application des révulsifs. C'est aussi par une révulsion énergique qu'on parvient à arrêter des phlegmons profonds au début. Mais, dès qu'une inflammation a amené plus qu'une simple congestion et que déjà il existe un véritable travail de proliféra- tion cellulaire, il est rare que la révulsion puisse arrêter l'évolu- tion de la maladie. Mais, même dans cette période déjà avancée de la maladie, la révulsion peut ne pas être inutile, si elle est puissante et si les lésions inflammatoires ne sont pas encore trop avancées. Combien de fois n'a-t-on pas vu des pleurésies et des pneumonies déjà bien établies céder à l'action d'un large vési- catoire appliqué sur la peau qui recouvre la poitrine ? Si les maladies arrivées à la deuxième période de leur évolution sont rarement arrêtées dans leur marche, au moins voit-on que la révulsion les rend moins dangereuses et abrège leur durée. Dans la période de résolution de la maladie, alors que la fièvre tombe et que l'inflammation s'atténue, la révulsion est encore utile, parce qu'elle favorise la résorption des produits morbides épanchés dans la trame parenchymateuse ou dans le tissu conjonctif. A la fin de la pleurésie, lorsque l'inflammation pleurale a cessé, mais qu'il existe dans la plèvre des fausses membranes et un épanchement liquide, l'application des révulsifs est très utile et hâte la résolu- tion complète de la maladie. Toutes les fois que la révulsion est employée, il faut propor- tionner son étendue et son intensité à l'étendue et à l'intensité de 356 RÉVULSION. REVULSIFS. la maladie. Dans les pleurésies graves, il faut recouvrir une g-rande partie de la poitrine avec de l'ong-uent vésicatoire et quelquefois en renouveler l'application plusieurs fois. Plus la ma- ladie à faire disparaître est étendue et intense, plus la révulsion doit être énergique. Le temps pendant lequel la révulsion doit agir est très variable et en rapport avec la nature de la maladie et avec la période de son évolution. Une simple congestion pulmonaire, une indi- gestion, etc., sont souvent guéries après une révulsion d'un quart d'heure, d'une demi-heure ou d'une heure. Mais, lorsque la pleurésie, la bronchite, la pneumonie, ou toute autre maladie inflammatoire est déjà bien établie, l'amélioration ne se montre guère qu'après douze ou vingt-quatre heures. Si, après ce der- nier laps de temps, aucune amélioration ne se manifeste, il faut seconder les effets de la révulsion par l'administration de médi- caments spéciaux. Dans les maladies chroniques, la révulsion doit être lente et spoliative. Elle sera entretenue soit à l'aide de l'onguent vésica- toire souvent renouvelé, soit à l'aide de la pommade stibiée ou d'un sêton. C'est grâce à la révulsion lente qu'on parvient à résoudre des engorgements chroniques et à diminuer le volume d'organes hypertrophiés parle travail inflammatoire. Le lieu d'application des révulsifs doit varier avec le siège de la maladie à combattre. Dans les angines, dans l'irritation bron- chique ou pulmonaire au début, danscertaines maladies cutanées, dans les congestions cérébrales, les vomitifs, les purgatifs, agi- ront généralement avec plus d'avantage que les révulsifs externes. Cependant cela ne s'applique qu'aux petits animaux, qui vomissent facilement et qui sont purgés rapidement. Chez les animaux herbivores, où le vomissement est très dangereux et la purgation lente, il faut, pour les cas aigus, préférer la révulsion externe. Dans les maladies dont l'évolution est relativement lente, comme les ophtalmies et les congestions cérébrales, les purgatifs donnent les meilleurs résultats chez tous les animaux. Quand on veut déterminer une révulsion externe, il est en g-éné- ral avantageux d'appliquer les révulsifs près du siège du mal ; dans les maladies des voies respiratoires et du cœur, l'application se fait sous la poitrine; dans celles de l'appareil digestif, sous le ventre; dans celles de l'encéphale, le long de l'épine dorsale, sur les côtés de l'encolure, etc. Le siège de la l'évulsion est surtout RUBÉFIANTS. 357 très important à déterminer, quand on veut amener la résolution d'un eng-orgement chronique ou Tatrophie d'un organe; ainsi dans le cas de boiterie, par suite d'une lésion articulaire, on applique le séton ou le feu sur l'articulation malade et non sur un point éloigné. Rubéfiants. Les médicaments rubéfiants, lorsqu'ils sont appliqués sur la peau, ont la propriété de la faire rougir en cong-estionnant le réseau capillaire du derme et de produire la plupart des phéno- mènes locaux de l'inflammation, c'est-à-dire la douleur, la rou- geur, la chaleur et la tuméfaction. La production de ces effets constitue la rubéfaction. Principaux rubéfiants. — La rubéfaction peut être produite par des agents niécanigues : frictions sèches avec une brosse rude ou un bouchon de paille serré; par des agents physiques : chaleur, électricité; par des agents médicamenteux : farine de moutarde noire, l'ammoniaque, les acides minéraux étendus, acide phénique, essence de térébenthine, essence de lavande, vinaig-re, alcool, etc. Effets communs. — Appliqués sur la peau, les médicaments rubéfiants causent du prurit, augmentent la chaleur et la sensibilité, puis déterminent une douleur qui grandit progressi- vement et finit par devenir très vive. Sous l'influence de celte irritation de la peau, le système capillaire du derme s'injecte de sang-, la surface roug-it, se g-onfle et peut devenir le siège de sécrétions accidentelles si l'action des rubéfiants est continuée pendant assez long-temps. Les effets locaux immédiats des rubéfiants consistent donc dans le développement rapide des signes caractéristiques de l'inflammation, c'est-à-dire de la dou- leur, de la rougeur, de la chaleur et de la tuméfaction. Ces divers effets ne sont pas toujours ég-alement marqués: l'un peut prédominer sur les autres, suivant la nature de l'ag-ent rubéfiant employé. La douleur précède toujours les autres effets locaux ; elle ouvre en quelque sorte la série des désordres que les rubéfiants déterminent sur la peau ; elle est donc très constante et se montre rarement isolée. Cependant elle peut prédominer beaucoup sur les autres accidents, comme on le remarque, par exemple, avec 358 RUBÉFIANTS. l'essence de térébenthine, qui détermine toujours une violente douleur chez les solipèdes, tout en ne causant qu'une légère hyperémie à la peau. La rougeur, produite par la congestion sanguine que les rubé- fiants déterminent sur le derme, ne manque i)resque jamais; iu/yyuM'^'-<^ mais elle est souvent masquée par les poils ou la couleur foncée de la peau chez les animaux domestiques. \jdL chaleur esi un effet qui existe toujours et qui est sous la dépendance directe de la rougeur ou de Thyperémie cutanée. Enfin la tuméfaction se manifeste toujours lorsque les rubé- fiants ont été appliqués pendant un temps suffisant et sur des . £• /)jl points de la peau susceptibles de se tuméfier aisément. Néan- "^^^^^^ moins, de tous les rubéfiants, c'est la moutarde qui détermine le g-onflement le plus volumineux et le plus étendu. Les effets précédents sont accompagnés d'une suractivité fonc- tionnelle des glandes de la peau et d'une perte de chaleur plus considérable, par suite de l'augmentation du rayonnement calo- rique de l'animal. Outre ces effets locaux, plus ou moins prononcés suivant la nature du rubéfiant employé, les points de la peau où est faite l'application et la durée de cette dernière, il y a encore dévelop- pement d'effets réflexes importants. Ces effets varient un peu %\}\sQxA\ intensité de l'irritation cutanée. Une excitation faible de la peau produit un resserrement vas- culaire dans tous les vaisseaux du tég-ument cutané. Il en résulte une pâleur plus ou moins grande de la peau, au point excité et même dans les régions éloignées du point excité. On voit aussi se produire une légère accélération du cœur, dont les battements sont plus vigoureux, plus énergiques, le raleiitissement de la respiration, l'élévation de la température rectale, l'abaissement de la température cutanée. Des excitations fortes, comme celles engendrées par les rubé- fiants énergiques, produisent d'abord les mêmes effets que les excitations faibles ; mais bientôt survient une deuxième période pendant laquelle la peau rougit d'abord au point d'application, ensuite dans toutes ses parties; les battements du cœur se ralen- tissent, ainsi que la respiration ; la température cutanée aug- mente, tandis que la température rectale diminue. L'effet le plus important engendré par les révulsifs est la con- gestion cutanée. Cette congestion de la peau est en même temps RUBÉFIANTS. 359 accompagnée d'une anémie des organes internes, comme le démontrent les expériences de Zuizer et les miennes. Zlilzer, ayant appliqué du coUodion cantharidé sur la peau du dos d'un lapin, a vu apparaître simultanément une congestion très vive du tégument, des tissus sous-jacents. et une anémie des organes splanchniques abdominaux. D'après cette observation, les révul- sifs, les rubéfiants ou irritants cutanés, produisent une dilatation vasculaire, une congestion au point d'application, en même temps qu'ils déterminent une pâleur, une anémie des organes profon- dément situés. Mes propres rechei-ches conduisent aux mômes résultats. Ayant enregistré le pouls et la tension artérielle avant et pendant faction de la moutarde appliquée sous la poitrine chez un cheval. j"ai vu la tension s'élever considérablement pen- dant le développement des etlets du sinapisme. Il y avait en même temps, il est vrai, accélération du pouls; mais cette accé- lération des battements du cœur était insuffisante pour expliquer l'augmentation énorme de la tension artérielle. Or j"ai établi d'autre part que, sous rinfiuence du sinapisme, les vaisseaux de la peau se dilatent et amènent une plus grande quantité de sang- dans le tissu du tégument, ce qui devrait produire un abaissement de la tension artérielle. Or, puisque la tension artérielle s'élève malgré la dilatation vasculaire cutanée, il faut bien admettre un resserrement vasculaire interne portant sur les organes paren- chymateux contenus dans les cavités splanchniques. J'ai mis en évidence un aulre fait d'une certaine importance, c'est que les rubéfiants et principalement la moutarde noire déterminent une vascularisation plus grande et un afflux de sang plus considérable, non seulement au point où ils sont appliqués, mais encore sur tous les points de la surface cutanée. Un sina- pisme placé sous le thorax du cheval produit, au point d'applica- tion, une élévation de température de 4 à 5°, et, dans tous les autres points de la peau, une élévation de 2 à 3". Le sinapisme congestionne donc toute la peau, mais plus énergique- ment les points directement atteints par le rubéfiant. C'est là un fait qui permet d'expliquer, en grande partie, les efïets thérapeu- tiques si puissants des révulsifs dans le traitement des maladies inflammatoires internes au début. Sous l'influence de l'application d'un sinapisme, il y a aussi, pendant la période d'excitation, une légère élévation de la température rectale. Mais celle-ci ne s'élève jamais autant que lu température de la peau ; elle revient 360 RUBÉFIANTS. rapidement à son chiffre primitif quand les premiers effets exci- tants du sinapisme sont dissipés, puis s'abaisse au-dessous de la normale. De tous ces faits rigoureusement démontrés, il faut conclure que les révulsifs, en cong-estionnant le derme cutané et en aug-mentant ses fonctions physiologiques, anémient au con- traire les organes profonds. La révulsion cutanée produit sur les -i<2^/^*^^-^ org'anes centraux le môme effet que la saignée, mais elle a le / g-rand avantage de ne pas affaiblir l'ensemble de l'organisme, puisque le sang- reste dans l'appareil vasculaire, où il peut con- stamment servir à la nutrition. La saignée anémie les organes et affaiblit l'animal; la révulsion cutanée congestionne la peau et anémie les organes profonds par action réflexe; elle conserve le sang, la vigueur et la force de résistance du sujet. Dons la révul- sion, il n'y a pas de perte de sang, il y a simplement modification de sa distribution; la quantité totale du sang reste invariable, mais, comme la peau en reçoit une quantité plus forte, il est évi- dent que les organes profonds doivent en recevoir une quantité moindre. On peut résumer de la manière suivante les effets physiolo- giques des révulsifs appliqués sur la peau : congestion cutanée ac- compagnée d'une augmentation considérable de la température de la peau; hypersécrétion des glandes sudoripares et sébacées; exhalation plus considérable; perle plus grande de chaleur par suite d'un rayonnement plus intense; sensibilité plus vive; anémie des organes profonds; diminution rapide de la tempé- rature rectale, ce qui indique une diminution des combustions centrales; diminution rapide du nombre des pulsations et des respirations ; conservation de la totalité du sang et, par consé- quent, conservation complète des forces. C Les effets des rubéfiants persistent pendant un certain temps et disparaissent ensuite insensiblement dans l'ordre suivant : la douleur s'apaise peu à peu, la rougeur et la chaleur diminuent d'intensité, la tumeur s'affaisse et se résorbe insensiblement. C'est toujours ce dernier effet qui est le plus long à s'accomplir. Quand l'engorgement, souvent œdémateux au pourtour, est prononcé, le sang et la sérosité sont repris par l'absorption; mais les désordres survenus dans l'épaisseur de la peau, entre le derme et l'épiderme, ne sont pas réparés par la résorption, et alors cette dernière couche, ainsi que les poils qui la traversent tombent, et la surface se trouve momentanément à nu ; seule- MOUTARDE NOIRE. 361 ment elle reprend bientôt ses prenniers caractères, à l'exception des poils, qui repoussent parfois avec une couleur différente de celle qu'ils présentaient primitivement. Enfin la peau altérée superficiellement reste f[étne pendant quelque temps; mais peu à peu elle revient à son état primitif et reprend ses fonctions senso- rielles, exhalantes et sécrétoires normales. Indications thérapeutiques. — Les agents rubéfiants sont indiqués comme excitants locaux toutes les fois qu'il est néces- saire d'augmenter la circulation et la calorification pour guérir un mal local. C'est ainsi qu'on les emploie contre les engorg-ements indolents, les inflammations chroniques, les paralysies locales, l'atrophie, l'atonie des plaies, les ulcérations, les contusions, etc. Ils sont indiqués aussi pour produire des réflexes sur certains org-anes internes dont la fonction menace de s'éteindre : dans le cas de syncope, dans l'asphyxie, les empoisonnements. Les révulsifs sont surtout très utiles au début des maladies internes. Ils combattent directement les symptômes de la fièvre en produisant une hypothermie centrale. Lorsqu'ils sont appli- qués à temps, ils font disparaître très rapidement les maladies inflammatoires internes au début. ^i-tjAi dc^i^t^e^t^t'éi'^.-c. Moutarde noire. (Sinapis nigra.) La moutarde noire fournit à la médecine ses graines g-lobu- leuses de la grosseur d'une tète d'éping-le, lisses à la surface, roug-es à la maturité, puis violettes, et enfin noirâtres quand elles sont sèches; elles ont une pellicule noire et une anaande intérieure jaune et huileuse. Entières, elles n'ont ni odeur ni saveur; écra- sées et humectées, elles sont d'abord amères, puis deviennent acres et irritantes pour la bouche et le nez. Les g-raines entières sont à peu près inusitées ; réduites en poudre, elles constituent la farine de moutarde. La farine 4e moutarde est d'un vert jaune foncé, parsemée de points noirs provenant des débris de la pellicule d'enveloppe des graines; inodore et insipide quand elle est sèche, cette poudre prend une odeur vive, caractéristique et une saveur chaude et brûlante dès qu'elle est mise en contact avec l'eau. Elle doit donc être conservée à l'abri de l'humidité et dans des vases clos ; dC/it^-i-t^^d^^ 362 MOUTARDE NOIRE. quand elle a vieilli, elle est devenue rance et a perdu une partie de son activité. La farine de moutarde noire doit son activité à un ferment so- luble azoté, la myrosine^ et à un sel de potasse, le myronate de potasse. Ces deux principes n'ont par eux-mêmes aucune action ; mais, lorsque la farine de moutarde est humectée d'eau tiède, la myrosine décompose le myronate de potasse, et il se produit un corps nouveau, Vessence de moutarde^ qui est irritante. La réaction est la suivante : GiOHi609S2AzK + H20 = CCRiaoe + C^RSAzS + SO^KH. Myronate de potasse. Glycose. Essence Bisulfate de moutarde de potasse. Au point de vue chimique, l'essence de moutarde est de l'iso- sulfocyanate d'allyle ou sulfocarbimide allylique G^H° — Az=CS. Pure, l'essence de moutarde est liquide, incolore, d'une saveur acre, caustique, d'une odeur vive, pénétrante et excitant le lar- moiement comme l'ammoniaque; elle est plus lourde que l'eau, soluble en partie dans ce liquide, très soluble dans l'alcool et l'éther ; ses solutions possèdent des propriétés irritantes très prononcées. Cette essence est bien le principe actif de la moutarde à l'état de sinapisme, car, quand cette huile volatile est appliquée pure sous la poitrine rasée d'un chien, elle détermine, au bout d'une demi- heure, une vésicule pleine de sérosité, accompagnée d'un eng-or- gement chaud et douloureux, qui peut être suivi d'une escarre et d'une plaie facile à cicatriser. Si cette essence n'était pas d'un prix trop élevé, on pourrait l'employer en dissolution dans l'alcool pour produire des effets rubéfiants prompts et énerg-iques. Préparations. — La farine de moutarde est employée sous forme de sinapismes, d'eau sinapisée, de vin et de vinaigre sina- pisés, de moutarde en feuilles. On peut employer aussi l'essence de moutarde en solution dans l'alcool. 1° Sinapismes. — Ce sont des cataplasmes que l'on fait en dé- layant 2 parties de la poudre de moutarde dans 1 partie d'eau tiède et qu'on applique sur la peau pour produire une révulsion. Ils doivent être assez consistants et appliqués immédiatement. On peut y mélanger de la farine de lin pour les rendre moins actifs ou des poudres irritantes pour en augmenter l'activité. Pour faire développer à un sinapisme son maximum d'effet, il ne faut employer pour sa confection que de l'eau tiède, c'est-à-dire MOUTARDE NOIRE. 303 à la température de 35 à 40°, et n'ajouter ni acide ni alcali. L'eau trop chaude coagule la myrosine et détruit l'action de ce ferment; les acides et les alcalis arrêtent ég-alement la formation de l'es- sence de moutarde. Pour accroître les effets irritants du sinapisme, on peut y ajou- ter de la poudre d'euphorbe, d'ellébore, de cantharide, de l'es- sence de térébenthine. Si on voulait faire usage de l'ammoniaque, il ne faudrait employer cet alcali qu'un certain temps après l'ap- plication du sinapisme ordinaire, c'est-à-dire quand toute l'essence de moutarde s'est déjà développée. 2" Eau sinapisée. — Elle se prépare en délayant 1 partie de farine de moutarde dans 4 parties d'eau un peu plus que tiède. Elle sert à faire des lotions, des fomentations, des bains locaux, des lavements et des injections sur les muqueuses apparentes. Elle peut se donner en breuvag-es quand elle est étendue d'eau. 3" Moutarde en feuilles (procédé Rigollot). — La farine de mou- tarde dépourvue de son huile grasse est fixée sur un papier fort, non collé, à l'aide d'une lég'ère dissolution de caoutchouc. On emploie ces feuilles surtout chez les petits animaux. On rase la surface, on trempe la feuille sinapisme pendant quelques minutes dans l'eau froide et on la fixe avec un tour de bande. La poudre Rigollot agit aussi fortement que la farine de mou- tarde entière. On en fait des sinapismes à la manière ordinaire. 4° On se sert aussi très avantageusement de l'essence de mou- tarde en solution alcooUque de 5 à 10 p. 100 chez le cheval, de 10 à 20 p. 100 chez les ruminants, de 2 à 5 p. 100 chez le chien. On l'emploie en frictions. Mode d'application. — Les sinapisynes sont appliqués sur le tronc ou sur les membres ; on maintient la pâte en contact avec la peau au moyen d'un bandag-e, ou bien on l'applique à rebrousse- poil de manière que la pâte sinapisante adhère d'elle-même. Pour appliquer les sinapismes sous le ventre ou la poitrine, on se sert d'un porte-sinapisme. 11 se compose de deux pièces. La .^ première est une dossière, allong-ée, en toile, rembourrée de 4^?^^: 5^'^**' manière à laisser un vide dans son milieu et dans le sens de sa longueur, propre à isoler la colonne vertébrale et à éviter toute pression sur elle. La seconde, qui porte le sinapisme, est un carré de toile double, renforcé sur ses bords afin qu'il ne se plisse pas lors de son application sur les parois pectorales. Cette pièce est suspendue à la dossière par trois courroies de chaque côté et par 36i MOUTARDE NOIRE. une courroie-bricole qui passe devant le poitrail pour empêcher le port en arrière de l'appareil. Dans la i)ratique usuelle, on impro- vise un porte-sinapisme en pliant un sac en deux et en attachant aux quatre coins du rectang-le formé des rubans ou des cordelettes. On place le sinapisme sur le sac et on lie les cordelettes en haut de la colonne vertébrale. Il importe, pour éviter les blessures de la peau par suite de la pression qu'exercent les attaches du porte- sinapisme improvisé, de disposer des bourrelets de paille aux points où portent les liens. Effets de la moutarde. — La farine de moutarde, appliquée sous forme de sinapisme sur la peau de nos animaux, produit au point d'application des effets inflammatoires plus ou moins pronon- cés suivant les espèces animales et la finesse de la peau. Eng-énéral, chez le cheval, au bout de quinze minutes, la moutarde produit une douleur cuisaiite que les malades manifestent par leur ag-ita- tion, leurs mouvements désordonnés, l'action de frottei' la partie médicamentée contre les corps environnants et quelquefois de la U44^-4Ù- déchirer avec les dents. La douleur est accompagnée presque immédiatement d'une élévation de température de la région, et, au bout de deux à six heures, on voit nettement un gonflement inflammatoire plus ou moins volumineux. Quelquefois l'oedème n'apparaît pas dans le temps ordinaire, ou même ne se produit pas : c'est lorsque les animaux sont atteints d'affections graves, accom- pag-nées de coma et d'oppression des forces. Après l'apparition de la tumeur, si l'on répète l'application de ce rubéfiant sur le même i/ei^i'^'- point, on est exposé à tarer les animaux ; en elîet, si l'on persiste dans l'application pendant six ou douze heures, le tissu cellulaire s'œdématie, et dés vésicules apparaissent sous l'épiderme ; après vingt-quatre heures, la partie est le sièg-e d'une vésication suppu- rante; enfin, si Ton renouvelait l'application pendant plusieurs Jours sur le même point, on pourrait mortifier la peau et même les tissus sous-jacents à une certaine profondeur. La mortification de la peau est surtout à craindre sur les ré- gions où elle est épaisse effort adhérente aux tissus sous-jacents. Dans les parties où, au contraire, elle est fine, lâche, souple, la mortification cutanée est rare. La diflerence dans les résultats obtenus suivant que la peau est dure; inextensible, ou lâche, souple et fine, s'explique facilement. La moutarde tend toujours à produire un gonflement inflammatoire par suite de l'accumulation de sérosité dans le tissu conjonclif sous-culané. Quand ce tissu MOUTARDE NOIRE. 365 conjonctifest lâche et abondant, quand la peau est fine et souple, elle se prête au gonflement inflammatoire, et la circulation du sang- dans son tissu n'est pas g-ênée ; mais, si le tissu conjonctif est dense, si la peau est adhérente, épaisse et inextensible, le g-onfle- mentinflammatoire qui tend à se produire comprime fortement la peau sus-jacente et y aplatit les vaisseaux au point d'entraver la circulation. La peau ainsi privée de sang perd sa vitalité, se mor- tifie et se g-ang-rène. Après une chute de peau, il reste une plaie suppurante dont la cicatrisation est lente et laisse une trace indé- lébile. Quand le derme n'a pas été atteint sur toute la profondeur, les poils peuvent repousser, mais ils prennent une couleur diffé- rente et affectent une direction anormale ; quand la peau est ulcé- rée sur toute son épaisseur, la surface reste nue, les poils ne repoussent pas; il persiste une tare toujours visible. Les sinapismes n'ag-issent pas avec la même activité chez tous les animaux ; ce sont ceux qui ont la peau la plus mince et la plus sensible qui en ressentent le plus rapidement et le plus énerg-i- quement les effets ; on peut les classer dans Todre suivant: chien, mouton, cheval, bœuf, mulet, âne et porc. En même temps que la moutarde agit localement, on voit se développer des effets réflexes éloignés. La peau s échauffe dans tous ses points de plusieurs degTés ; la température rectale s'élève quelquefois à peine ; d'autres fois, quand l'agitation du sujet est considérable, elle s'élève de 1° à l°^o. Jamais l'élévation de la température rectale n'atteint celle de la température cutanée. Quand l'excitation douloureuse a cessé, on voit la température rectale revenir rapidement à son chiffre primitif et même s'abaisser au-dessous. L'élévation de la température cutanée persiste, au contraire, pendant plusieurs jours. La respiration et le cœur accé- lérés pendant les premiers effets se ralentissent ensuite considé- rablement quand les effets douloureux ont fait cesser l'excitation de l'animal. Il arrive souvent, sur les animaux malades, que la période d'excitation fait défaut; alors les effets antifébriles se pro- duisent d'emblée. Administrées à l'intérieur à forte dose, les graines de moutarde noire entières ne déterminent qu'un léger effet laxatif. A dose faible, elles ne produisent aucun effet appréciable sur le tube digestif, quand elles sont données en électuaire ou en breuvag-e. La farine de moutarde stimule assez fortement le tube dig-estif, quoique avec une énergie infiniment moindre que celle qu'elle 366 MOUTAKDE NOIRE. déploie sur la peau. Elle excite vivement la muqueuse buccale et produit le plyalisme. Arrivée dans Testomac, elle excite ce vis- cère, aug-mente l'appétit, accélère la digestion. Sur l'intestin, elle n'a presque aucun effet; il semble qu'elle ne modifie })as sensible- ment ni les sécrétions ni les contractions péristaltiques (Hertwig", Vog-el). Cependant, d'après les expériences faites par Tabourin, la moutarde agit beaucoup plus activement lorsqu'on la donne en breuvag-e que quand on l'administre en électuaire. Sous la pre- mière forme, la farine de moutarde à la dose de 500 grammes chez le cheval produit une excitation passag-ère avec sueurs g-éné- rales et une irritation gastro-intestinale qui peut devenir dang-e- reuse ; tandis que, sous forme d'électuaire, la même quantité est facilement supportée par un cheval de taille moyenne. Quandl'essence de moutarde est absorbée, elle provoque d'abord un léger mouvement fébrile avec transpiration, puis, lorsque la fièvre s'est apaisée, une diurèse abondante (Hertwig, Tabourin). Effets thérapeutiques. Emploi. — L'effet rubéfiant puissant engendré par la moutarde employée sur la peau de nos animaux domestiques sous forme de sinapisme rend ce médicament pré- cieux, comme révulsif énergique dans les maladies inflamma- toires internes au début. 11 produit une dérivation considérable du sang. La peau s'échauffe et fonctionne avec plus d'activité : les organes internes se décongestionnent par suite d'une con- striction vasculaire réflexe et reviennent plus rapidement à leur état normal. L'effet révulsif s'oppose directement à la fièvre mor- bide en abaissant la température rectale, en augmentant la tem- pérature cutanée, en diminuant le nombre des respirations et des battements cardiaques. L'excitation cutanée provoquée par les applications de farine de moutarde a aussi pour effet de provoquer des contractions et des sécrétions intestinales. L'emploi des sinapismes ou de l'eau sina- pisée est donc indiqué pour combattre les indigestions, les co- liques, les paralysies intestinales, etc. L'expérience démontre que les sinapismes agissent avec une grande efficacité dans les maladies graves des voies digestives, de l'appareil génito-urinaire, des organes respiratoires, dans les affections aiguës des centres nerveux, des séreuses splanch- niques. Les effets irritants locaux favorisent la résolution des engor- gements indolents, des contusions, des ecchymoses, des thrombus, AMMONIAQUE. 367 des mollettes naissantes, des gonflements articulaires légers, des eng'orgements divers. A l'intérieur, la farine de moutarde est indiquée dans le relâche- ment du tube digestif, l'atonie de l'estomac et de l'intestin, l'inap- pétence, l'indigestion chronique. Doses. Cheval 30 à 100 grammes . Bœuf 50 à 200 — Mouton 20 à 50 — Petits animaux 2 à 5 — Ammoniaque. AzH^ dans 10 parties d'eau. L'ammoniaque liquide est une dissolution aqueuse de gaz am- moniac à iOp. 100, qui est limpide, incolore, d'une odeur vive et piquante, provoquant l'éternûment et le larmoiement, d'une sa- veur acre, urineuse, caustique, d'une densité de 0,92 et marquant 22° à l'aréomètre de Baume. Exposée à l'air, la solution s'affaiblit par suite de l'évaporation d'une partie du gaz et par la combinaison d'une autre partie avec l'acide carbonique de l'atmosphère. Pour conserver l'ammoniaque liquide, il faut la mettre dans des flacons bouchés à l'émeri et les placer dans un lieu bien frais. Effets physiologiques de l'ammoniaque. — L'ammoniaque liquide, versée sur la peau, s'évapore rapidement, produit une sensation de froid et ensuite une légère cuisson avec roug-eur ; iMA^ mais, si l'on empêche son évaporalion en imbibant des compresses \ ou des étoupes qu'on recouvre d'une toile cirée ou de coton, ^^^J^^O^a ou si onkrpî'ace dans un verre à boire et qu'on renverse celui-ci 1 sur la peau, l'ammoniaque détermine rapidement la rubéfaction, puis la vésication et ensuite la cautérisation, qui est plus ou moins profonde selon la durée de l'appUcation et la quantité de médica- ment employée. Si on fait une friction sur la peau avec du Uni- ment ammoniacal double, on voit survenir, au bout de douze à vingt-quatre heures, de petites vésicules remphes de sérosité trans- parente d'abord, puis Jaunâtre et même sanguinolente, si la peau est délicate et que la friction a été forte. La douleur qui accom- pagne les frictions est très vive, mais elle est de courte durée ; l'engorgement inflammatoire est rapide, mais peu développé, et 368 AMMONIAQUE. les poils, quand ils tombent, repoussent promptement et sans changement de couleur. Sur les muqueuses et les solutions de continuité, l'alcali volatil produit des effets plus énergiques encore que sur la surface cutanée. Entant que caustique, l'ammoniaque désorganise les tissus en s'hydratant aux dépens de leur eau, en dissolvant les cellules épi- dermiques et épithéliales, en liquéfiant les matières albuminoïdes et en saponifiant les matières grasses; Tescarre qui en résulte est molle, pultacée, grisâtre ou brunâtre lorsqu'elle est imprégnée de sang, analogue à celle que forment les alcalis caustiques. C'est donc un caustique fluidifiant. Lorsqu'on fait arriver le gaz ammoniac qui se dégage d'une disso- lution dans les voies respiratoires d'un animal, on voit se produire, paractionréflexe,la sécrétion des larmes, lasalivation,réternûment, la toux, et enfin, si on insiste, la contraction tétanique des muscles respirateurs, de la dyspnée et des convulsions. Si on soustrait l'ani- mal à temps à l'action du gaz ammoniac, il échappe à la mort ; mais on observe consécutivement une inflammation croupale et même une nécrose partielle de la muqueuse bronchique, buccale, pharyn- gienne et de la conjonctive. L'ammoniaque tend toujours à pro- duire comme effet secondaire une sécrétion pseudo-membraneuse. L'administration de l'ammoniaque par la bouche entraine avec elle des effets très variables selon la dose employée. Ingérée pure, ou trop concentrée, cette substance dissout l'épithélium de la muqueuse digestive, irrite vivement la bouche, le pharynx, l'œso- phage, puis les bronches par les vapeurs qui sont entraînées dans les voies respiratoires avec l'air inspiré, et ensuite l'estomac et les intestins à un degré variable selon les cas ; chez les carnivores, on remarqueparfoisdes vomissementsdematièressanguinolentes, et, chez les herbivores, une purgation très violente. A doses modé- rées et convenablement étendu d'eau, ce médicament détermine seulement une excitation énergique du tube digestif, sans l'irriter vivement; enfin, à doses très petites diluées, l'ammoniaque étant en partie neutralisée par l'acide du suc gastrique ne produit qu'une excitation légère des muqueuses et du côté de l'intestin des contractions plus énergiques et des sécrétions plus abondantes. L'ammoniaque, en se combinant avec les gaz acides du tube digestif, les condense et réduit considérablement leur volume. Avec l'acide carbonique, elle forme du carbonate d'ammoniaque; avec H'^S, du sulfhydrate d'ammoniaque. AMMONIAOUE. 3G9 ATintérieur, il ne faut jamais employer l'ammoniaciue liquide pure, il faut toujours l'étendre d'au moins cinquante fois son volume d'eau ou d'infusion aromatique froide, afin d'éviter l'efl'et irritant et caustique. 'J/is^ - Après r absorption, l'ammoniaque détermine chez tous les ani- maux une exag'ération du pouvoir réflexe se traduisant par une excitation générale : la vivacité du regard augmente, les mou- vements sont plus faciles, la peau s'échauffe, le cœur et le pouls s'accélèrent. Ces effets excitants sont assez fugaces, car ils durent tout au plus deux heures. L'ammoniaque agit comme excitant sur la moelle épinière et les muscles. En effet, après l'injection intraveineuse de cette substance, on voit apparaître un tétanos violent généralisé. Si on coupe un nei f moteur, les muscles correspondants ne sont pas tétanisés, mais on y observe des contractions fibrillaires. Pendant la période d'excitation générale produite par l'ammo- niaque, il y a une augmentation manifeste de la sécrétion sudorale et des sécrétions muqueuses diverses, surtout de la sécrétion bron- chique. Le cœur est accéléré et la tension artérielle est élevée. La respiration, un peu ralentie au début, s'accélère ensuite. Ces effets disparaissent insensiblement à mesure que l'ammoniaque s'élimine. L'élimination se fait surtout par les reins, sous forme d'urée engendrée par synthèse. Pendant cette élimination, il y a une légère excitation rénale, et on observe de la diurèse. Si on insiste sur l'emploi des ammoniacaux, on observe, après un certain temps, une dissolution des globules sanguins, une s^é- ritable cachexie ammoniacale. Cette action chimique poussée trop loin abaisse les fonctions nutritives et peut devenir nuisible; mais, bien dirigée, elle peut contribuer à désagréger, à dissoudre, à fluidifier certains produits pathologiques et à remplir les indica- tions de la médication fondante ou résolutive. Lorsqu'on fait ar- river du gaz ammoniac dans du sang, celui-ci se colore en rouge foncé, puis les globules se désagrègent se dissolvent, et la coloration devient noire : l'ammoniaque produit donc dans le sang d'abord une désoxygénation, puis une dissolution des globules, et enfin une destruction de l'hémoglobine. Cette dernière substance se transforme en hématine. L'albumine du sang se combine aussi avec l'ammoniaque et forme un albuminate ammoniacal qui rend le sang incoagulable. Après l'absorption de doses toxiques, on observe d'abord une Kaufmann. 24 370 AMMONIAQUE. période d'excitation violente, du tétanos, puis survient du coma, de l'insensibilité et de la paralysie. Indications thérapeutiques. — Gomme antiacide et absorbant des gaz, elle rend de grands services dans les indigestions ga- zeuses de tous les animaux, mais principalement des ruminants. Elle se combine avec l'acide carbonique et l'acide sulfhydrique, qui constituent la plusgrande partie des gaz qui distendent le rumen, et réduit considérablement leur volume. Son pouvoir excitant local la fait employer aussi contre les in- digestions ordinaires; en excitant l'estomac, elle ré veille les sécré- tions et les mouvements péristaltiques. L'ammoniaque combat l'ivresse avec le plus d'efficacité. 0 , X/JU-- L'effet excitant général produft par l'ammoniaque après son ^^^^ G absorption indique son emploi dans les maladies internes au début pour réchauffer la peau et dériver le sang- à l'extérieur. En inhalation, l'ammoniaque est recommandée avec raison dans les maladies des voies respiratoires au début; elle dissout le mu- cus et accélère la marche du processus morbide ; elle est indiquée aussi contre les catarrhes chroniques, dont elle abrège la durée en les rendant aigus ; elle réveille la circulation cardiaque et la V respiration dans les cas de syncope et d'asphyxie menaçante. f^c^"^)^^^ A l'extérieur, l'ammoniaque est recommandée pour combattre 'v>vwX'VvLcr~~ les effets des piqûres venimeuses faites par les mouches, les abeilles, le scorpion et la vipère. Cependant j'ai pu constater, et Fontana l'a vu, il y a un siècle, que l'alcali volatil, appliqué loca- lement, n'a aucun effet utile dans les cas de morsures de vipère. En instillations dans l'œil, il modifie favorablement les conjonc- tivites accompagnées d'opacité de la cornée. Ce médicament est en outre indiqué soit seul, soit associé à d'autres substances pour produire la rubéfaction, la vésication. Employé pendant longtemps sous forme de pommade sur des engorgements, on voit se produire un ell'et fondant et résolutif très net. Injecté dans des fistules glandulaires, il provoque une inflam- mation qui obstrue le canal excréteur et détermine l'atrophie de la glande. Administration. Doses. — L'ammoniaque liquide administrée à l'intérieur doit toujours être diluée dans 50 à 100 parties d'eau ou d'infusion froide. AMMONIAQUE. 371 Doses thérapeutiques. Cheval 10 à 15 grammes. Bœuf 15 à 30 — Mouton et chèvre là 2 — Chien II à X gouttes. Chat et volailles I à II — Dans rindigestion gazeuse des ruminants, on peut répéter l'administration à plusieurs reprises et employer concurremment d'autres moyens propres à combattre la tympanite. Doses toxiques. Cheval 30 grammes. Bœuf 70 — Chien 2 — Pour faire respirer l'ammoniaque, on la mélange généralement avec une ég'ale partie d'alcool, et on présente le vase devant les narines de l'animal pour que l'air inspiré entraine une certaine partie de g"az. On y ajoute aussi souvent 10 à 15 p. 100 d'acide phénique. Pour les lavements ammoniacaux, on emploie, pour les grands animaux, 5 grammes par seringue. Pour combattre les inflammations et l'opacité de la cornée dans les affections du g'iobe oculaire, on utilise l'ammoniaque en solu- tion à 3 p. 100. Préparations diverses. 1° Liniment ammoniacal. Alcali volatil 1 partie. Huile d'olive 4 parties . Mélangez dans un llacon bouché à lémeri et agitez vivement. On peut faire plusieurs frictions sur la peau de nos animaux domestiques sans amener d'altérations profondes. 2° Liniment ammoniacal double. Alcali volatil 1 partie . Huile grasse 2 parties. 3° Liniments ammoniacau.v composés. Alcali volatil 1 partie . Huile médicinale 2 parties. 4° Liniment ammoniacal camphré. On remplace simplement l'huile ordinaire par de l'huile camphrée. 372 TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). 5° Pommade de Gondret. Ammoniaque liquide 1 partie kAxonge et suit', de cliague 1 — ^ 6° Sachet excitant. Ciiaux vive . 1 partie . Sel ammoniac 1 — 7° Alcool ammoniacal . Ammoniaque liquide 1 partie. Alcool 2 parties . 8" Eau sédative. Ammoniaque liquide 100 grammes. Alcool camphré 10 — Chlorure de sodium 60 — Eau ordinaire 1 litre . Faites dissoudre le sel dans l'eau; ajoutez la solution à l'ammoniaque et à la teinture de camphre préalablement mélangées . 9° Uniment savonneux ammoniacal. Solution de savon dans 30 parties d'eau; un ajoute 10 parties d'alcool et lii parties d'alcali volatil. Employé en frictions comme résolulif. 10° Liqueur ammoniacale anisée. Ammoniaque liquide 5 grammes. Alcool 24 — Essence d'anis 1 gramme. Cette préparation constitue un excitant général excellent chez les petits animaux. On la donne ù la dose d'une demi-cuillerée chez le chien dans la maladie du jeune âg-e, dans l'atonie du tube dig-estif ou dans les maladies des organes respiratoires. Térébenthine (Essence de). L'essence de térébenthine est obtenue par la distillation des térébenthines. C'est un liquide très mobile, incolore, à odeur forte, d'une saveur acre et chaude, d'une densité de 0,87. Elle est inflammable et brûle avec une flamme fulig-ineuse. Exposée à l'air, elle s'épaissit, TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). 373 se colore et s'oxyde en produisant de lozone. Elle est presque insoluble dans leau, soluble dans lalcool, Téther, les huiles essentielles et les huiles grasses. Elle dissout le soufre, le phos- phore et les résines, le caoutchouc. Effets physiologiques. — Sur la peau de tous nos animaux, l'essence de térébenthine ag-it comme un irritant énergique. En frictions chez les solipèdes, elle détermine, après quelques mi- nutes, une excitation générale très vive; les animaux se secouent, s'ag-itent, cherchent à se frotter, frappent du pied, g-rattent le sol, as-itent la queue, mordent la partie médicamentée et se livrent à des mouvements désordonnés et presque convulsifs. La surexcita- tion est quelquefois telle, surtout chez les chevaux de race dis- tinguée, qu'ils se mettent dans une véritable fureur. La douleur très vive produite par l'essence de térébenthine appliquée sur la peau dure de quinze à trente minutes, rarement plus. Si les frictions n'ont été pratiquées qu'une seule fois, elles ne laissent aucune trace sensible, et tout disparaît avec la douleur; mais, si elles ont été très prolongées ou réitérées, la peau devient chaude, se cong-estionne, se tuméfie, et il se forme de petites vésicules à sa surface. Quand les poils tombent à la suite de ces frictions, ils ne tardent pas à repousser avec les caractères normaux. Chez le bœuf, la douleur produite est moins vive que chez le cheval, mais en revanche les phénomènes inflammatoires locaux sont plus intenses. Sur \es plaies et les tnuqueuses, l'essence de térébenthine est beaucoup moins irritante que sur la peau intacte. Dans le tube digestif, de faibles doses d'essence de térébenthine excitent l'appétit, augmentent les sécrétions des différentes glandes, surac- tivent les mouvements péristaltiques et déterminentun léger effet laxatif. A fortes doses (600 grammes chez les solipèdes, 80 grammes chez les carnassiers), elle irrite assez énergiquement le tube digestif, provoque des vomissements chez les carnivores, des coliques et une forte purgation chez les grands herbivores. L'essence de térébenthine agit comme un poison énergique sur les êtres inférieurs qui vivent en parasites sur nos animaux domes- tiques. Elle tue les poux, les acares, etc., et produit l'expulsion des vers intestinaux. Elle est donc antiparasitaire. Elle exerce la même action toxique sur les micro-organismes et constitue un bon antiseptique. 374 TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). Quand l'essence de térébenthine est absorbée, elle communique aux différentes excrétions une odeur caractéristique; l'air expiré prend l'odeur de térébenthine; il en est de même de l'exhalation cutanée et du lait des femelles ; l'urine coule plus abondamment et acquiert une bonne odeur de vio/efte. Sous l'intluence de cette essence, le sang- devient plus roug-e, rutilant et plus riche en globules blancs (Binz) ; il y a diminution de l'excitation nerveuse, ralentissement du pouls et de la respiration et abaissement de la température rectale. Quand, après son administration, on observe une excitation vive, un pouls accéléré etdur, une respiration pressée, une roug-eur des muqueuses et une élévation de la température, il faut attribuer la production de ces phénomènes à l'irritation locale exercée sur le tube digestif. En émulsionnant convenable- ment l'essence de térébenthine avec de l'huile, un liquide gom- meux ou mucilagineux afin d'éviter l'irritation gastro-intestinale, son administration détermine toujours la diminution de l'activité nerveuse et le ralentissement g-raduel des fonctions ; -jamais on n'observe de surexcitation. L'essence de térébenthine absorbée exerce aussi une action énergique sur te rein. Portée dans cet organe par le sang-, elle s'y transforme en essence de violette et excite vivement la sécrétion rénale ; l'urine coule abondamment et exhale une odeur très ag-réable de violette. A trop fortes doses données d'emblée, ou à faibles doses trop souvent renouvelées, elle irrite la substance rénale, la ramollit, diminue la sécrétion de l'urine et produit de Y hématurie. Après son absorption, cette essence exerce aussi une action exci- tante marquée sur les sécrétions de la peau ; elle ne provoque pas une véritable sudation, mais de la diaphorèse. La plupart des expérimentateurs ont ég-alement constaté une augmentation de la sécrétion lactée sous l'influence de petites doses d'essence de térébenthine. De fortes doses, en altérant la dig-estion et la sécré- tion urinaire, ont pour effet de diminuer la sécrétion du lait. L'essence de térébenthine, administrée par iiihalation chez le cheval à raison de 30 grammes par litre d'eau, ne tarde pas à exercer une dépression nerveuse très nette avec alourdissement de la tète, relâchement des extenseurs, vacillement très accusé du tronc sur les membres. L'abus des inhalations trop fortes peut provoquer chez le cheval une toux violente qui produit la rupture des alvéoles et détermine Vemp/njsème (Schelameur). TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). 375 D'après le D-^ Lévi, de l'Université de Pise, les injections intratrachéales d'une dissolution d'essence de térébenthine dans l'huile d'olive sont facilement supportées par le cheval et pro- duisent des elTets rapides. Les injections sous-cutanées d'essence de térébenthine pro- voquent une vive inflammation locale avec formation d'abcès. Indications thérapeutiques. — A Vextérieur, l'essence de térébenthine est employée comme incitant cutané, comme anti- parasitaire et antiseptique. i° Pour exciter momentanément les forces chez les chevaux faibles qui, étant couchés, refusent de se relever. Des frictions faites sur les membres eng-endrent une vive douleur, qui eng-ag-e les animaux à faire des efforts pour se redresser. 2" Pour engendrer des réflexes sur le tube digestif dans les cas d'indigestions, de coliques. Les physiologistes ont en effet démontré que les excitations vives des nerfs sensitifs du tégument externe engendrent dans le tube digestif des mouvements péri- staltiques intenses et une hypersécrétion glandulaire. C'est en ranimant les mouvements de l'intestin et en réveillant les sécré- tions que les frictions irritantes cutanées agissent pour guérir les coliques, les indigestions. 3° Pour augmenter la chaleur de la peau et suractiver les fonc- tions sécrétoires de cette membrane dans les maladies par refroi- dissement. Les frictions avec cette essence sont surtout très effi- caces chez le cheval. Gomme l'essence pure produit une douleur trop vive, on la mélange à l'alcool pour atténuer son action et pour provoquer simplement un effet diaphorétique ou sudorifique. On se sert souvent du mélange contenant l partie d'essence pour 15 parties d'alcool. --^4° A titre de révulsif, Salenave recommande l'essence de téré- benthine non rectifiée en injection hypodermique dans les alfec- tions de poitrine chez le cheval. On fait trois ou quatre injections de i gramme chacune sous la poitrine. Les abcès qui se forment guérissent facilement sans laisser de traces {Recueil, 1892-1893). 5° En frictions pour obtenir la résolution et la fonte des tumé- factions anciennes, chroniques. On l'associe dans ce but au savon vert, à l'onguent mercuriel dans la proportion de 1 d'essence pour 5 de ces dernières substances. 6' Pour calmer la douleur dans le rhumatisme, les névralgies ou les boiteries indéterminées. Les injections hijpodermiques ont a-76 TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). été quelquefois utilisées dans ce but; mais, comme elles sont très douloureuses et produisent le plus souvent des abcès, il vaut mieux avoir recours aux injections hypodermiques d'éther; cette der- nière substance est très calmante, moins douloureuse, chez le cheval et n'occasionne jamais d'abcès. 7° Comme antiectozoaire^ l'essence de térébenthine est indiquée contre toutes les affections parasitaires de la peau des divers ani- maux. On l'unit généralement à d'autres substances antiparasi- taires, telles que : le savon vert, l'huile de colza, le styrax. On fait trois ou quatre frictions par jour. 8° Comme antiseptique^ elle peut être utilisée pour modifier et désinfecter les vieilles plaies, les caries. A l'intérieur, elle est indiquée : 1° Comme excitant local du tube d ig es t i f dsins les indig-eslions, la paralysie ou l'atonie des parois gastro-intestinales, l'arrêt des sécrétions dig-estives. Elle convient surtout chez les grands herbi- vores, le cheval et le bœuf. On a obtenu des succès nombreux contre les pelotes stercorales, les constipations opiniâtres, l'ob- struction du feuillet, le météorisme chronique, les indigestions produites par le froid, etc. L'essence de térébenthine ne doit pas être administrée dans les cas de météorisation aig'uë, car elle communique son odeur à tous les tissus et rend la uiande inutili- sable en cas de mort de l'animal. 2" Comme vermifuge, elle convient à la fois contre les néma- toïdes et les cestoïdes. C'est un des vermifuges les plus lidèles. Elle produit aussi de bons effets contre les larves d'oestres du cheval et les douyesjdu foie de mouton. Pour obtenir des résultats certains, il convient de l'administrer à fortes doses, plusieurs fois renouvelées ; on peut aussi la donner en lavements huileux con- tenant 1 partie d'essence pour 5 ou 10 parties d'huile d'olive. Dans la bronchite vermineuse du mouton et de la chèvre, elle donne de bons résultats en fumigations. 3° Comme contrepoison du phosphore, elle jouit d'une grande réputation. Dans ce cas, il faut toujours faire usage de l'essence vieille. Celle-ci, renfermant beaucoup d'ozone, forme avec le phosphore un composé insoluble et absolument inoMénsif. Les effets g'énéraux qu'elle développe après son absorption sont utilisés dans un grand nombre de cas : i° La dépression qu'elle produit sur la circulation, la respiration et la température, la rend précieuse dans toutes les maladies TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE), 377 fébriles caractérisées par une grande accélération du pouls et de la respiration et par une élévation de la température rectale. On peut d'ailleurs l'associer dans ces cas au camphre et à la vératrine, substances qui agissent aussi comme antifébriles. 2° L'action antifébrile ajoutée à laclion spéciale qu'elle exerce .sur r'appareil respiratoire pendant son élimination la font em- ployer, avec un grand succès, contre les maladies chroniques du poumon ou des bronches. C'est certainement l'expectorant le plus énergique et le meilleur calmant de l'irritation bronchique. Elle Y^ rend de grands services clans toutes les maladies catarrhales, f ■ croupales, des diverses parties de l'appareil respiratoire. Quand irëxiste des cavernes pulmonaires ou de la g-ang-rène, c'est le re- mède le plus héroïque à cause de la propriété qu'elle a de former de l'ozone. Dans ce cas, on l'administre généralement sous forme d'inhalations. On verse l'essence sur une infusion bouillante dont on fait respirer les vapeurs au malade, ou bien dans l'appareil spé- cial servant aux fumigations. On peut aussi faire inhaler l'essence qui se dég-age d'une dissolution d'essence dans l'éther à 5 p. 100. Ces inhalations communiquent bientôt à l'urine le parfum de la violette; elles doivent avoir une durée de ving-t minutes environ chez le cheval dans la gourme (Schelameur). 3° h'action diurétique très marquée que détermine l'essence de térébenthine la fait employer contre les hydropisies diverses, les exsudations plastiques des séreuses. Elle favorise la résorption des liquides et hâte la désagrégation des exsudats, des fausses membranes. Elle est éliminée par les urines sous forme d'essence de violette. Celle-ci, en agissant sur la muqueuse vésico-urétrale, arrête les sécrétions muqueuses et tarit les écoulements muco- purulents. Elle convient donc pour combattre tous les catarrhes de la muqueuse urétrale ou vésicule, surtout les catarrhes chroniques. Elle ne peut pas être employée contre l'inflammation du rein, parce qu'en irritant le parenchyme de cet organe elle augmenterait la phlegmasie. 4° Veffet diaphoréticiue que produit l'essence de térébenthine pendant son élimination par la peau doit faire recommander son emploi dans toutes les maladies par refroidissement et dans tous les cas où la peau est sèche et froide (pneumonie, pleurésie, courbature accompagnée de fièvre, etc.). ."3° Veffet calmant et hypnotique que provoquent chez le cheval les inhalations d'essence de térébenthine peut être uti- 378 TÉRÉBENTHINE (ESSENCE DE). lise pour atténuer rirritabilité de certains chevaux, difficiles au fer- rag'e, pour diminuer l'excitabilité nerveuse chez les chevaux de pur sang" et chez les sujets très nerveux auxquels on fait subir une opération g-rave nécessitant l'abatag-e. Administration. — Parla bouche, on l'administre sous forme de bols, d'eVec^waî'res confectionnés avec du miel, du jaune d'œuf, du savon et des poudres adoucissantes. On la donne aussi en bî'eu- vages en la délayant convenablement dans une huile grasse, un liquide mucilagineuxou g-ommeux. Parles voies respiratoires, on la donne en fumig-ations en la versant dans une infusion bouillante ou en la mélangeant à l'éther. Les lavements à l'essence se don- nent purs, ou mieux après l'avoir mélang-ée avec de l'huile douce. Ces lavements sont bien supportés, ils stimulent énerg-iquement la partie postérieure de l'intestin dans la constipation, l'atonie du rectum, etc. Généralement un lavement pour les grands animaux contient 20 g-rammes d'essence mélang-ée avec du muci- lag"e de g-raine de lin. Pour les petits, un lavement en contient 1 à 2 g-rammes. Pour les injections intratrachéales, M. Lévi conseille une dissolution de l'essence de térébenthine dans l'huile d'olive, à parties ég-ales. On injecte chaque fois 5, 10, 15 g-rammes de liquide, selon l'intensité de l'affection et les caractères dujetage. A l'extérieur, on l'emploie en frictions, seule ou mélangée à l'essence de lavande, à la teinture de savon, à l'ammoniaque, à l'alcool camphré, à la teinture de cantharides, etc. Doses. Dose toxique. Essence pure. Cheval 1 litre . Doses thérapeuliques . Essence émulsionnée. Cheval 5 à 10 graiiiines. Bœuf 10 à £0 — Mouton et chèvre 1 à o — Porc 0s'-,30 à 3 — Chien OsMO à 1 — Chat Ogr,o.j à 0g'-,30 . Ces doses sont faibles; elles conviennent lorsqu'on veut pro- longer l'administration. Quand on veut ag-ir énergiquement, on peut porter la dose chez le cheval jusqu'à 300 g-rammes ; chez le chien, jusqu'à 20 g-rammes. ACIDE ACÉTIQUE. — VliVJAIGRE. 379 Lairande (Essence de). '' Cette essence est liquide, jaunâtre, dune odeur aromatique forte, assez agréable, d'une saveur chaude et amère comme le camphre, qu'elle renferme toujours en quantité notable. Effets et usages. — Sur la peau, l'essence de lavande a une action excitante assez marquée ; elle provoque cependant diffici- lement une inflammation locale ; elle ne fait pas tomber les poils et ne tare pas les animaux. A l'intérieur, elle excite la muqueuse digeslive et accélère la digestion comme la plante elle-même. Elle convient, en frictions, pour résoudre les engorgements chroniques, les ecchymoses, etc. ; elle est antiparasitaire et est indiquée dans la gale; sur les plaies, elle est excitante et cicatri- sante. A l'intérieur, elle convient pour favoriser la digestion dans les embarras gastriques et les indigestions. Administration et doses. — A l'intérieur, on la donne émul- sionnée dans de la gomme ou du mucilage, à la dose de 30 à 60 grammes chez les gros animaux ; à celle de 8 à 12 grammes chez les petits ruminants et le porc, et à celle de 1 à 2 grammes chez le chien. Acide acétique. — Vinaigre. L'acide acétique se présente sous la forme concentrée (acide acétique cristallisable) ou sous la forme diluée (vinaigre). L'acide acétique cristallisable C-H^O- ou CH^COOH est solide, en cristaux blancs au-dessous de 16°. A une température supérieure, il est liquide, incolore, d'une odeur sufiocante, d'une saveur brûlante. Densité 1,064. Il est soluble en toutes propor- tions dans l'eau, l'alcool, l'éther. Il ne précipite pas l'albumine, mais la gonfle et la rend gélatineuse; il précipite la mueine et empêche la précipitation de la fibrine. Sous l'action du chlore et de la lumière solaire, lacide acé- tique donne naissance à trois composés chlorés : l'acide mono- chloracétique GH^CI, GOOH ; lacidebichloracétique GHCl-, GOOH et l'acide trichloracétique CCPCOOH. L'acide acétique cristallisable n'est jamais employé à l'intérieur à l'état de concentration. 380 ACIDE ACÉTIQUE. — VINAIGRE. Effets. — L'acide acétique étendu ou vinaigre a une action locale en rapport avec son degré de concentration. Appliqué sur la peau par des frictions, le vinaigre fort du com- merce détermine les effets des rubéfiants, surtout quand il est appliqué chaud. Le tégument roug-it et s'enflamme, Tépiderme se gonfle, se ramollit et tombe au bout de quelques jours. Sur les tissus dénudés ou sur les muqueuses, le vinaig-re produit une irritation assez vive, mais passag-ère. Introduit dans les voies digestives, à l'état de pureté et à forte dose, il irrite vivement la muqueuse, g-onile l'épithélium, qui de- vient d'abord blanchâtre, puis brunâtre, œdématie le tissu sous- épithélial, produit une soif intense, des coliques, de la diarrhée et une g-astro-entérite qui peut devenir mortelle. A petites doses et dilué, le vinaigre favorise Taction digestive du suc gastrique, surtout chez les ruminants, et s'oppose à la fermentation des matières alimentaires. Après l'absorption, l'acide acétique s'oxyde dans le sang, forme de l'acide carbonique et de l'eau, produits qui sont éliminés par les reins et par la peau. Pendant cette élimination, il y a diurèse et légère sudation. Après un usage prolongé, ou sous l'influence de fortes doses, le sang devient moins riche en globules; il se produit un amaigris- sement rapide en même temps qu'une diminution de l'activité car- diaque, une certaine difficulté dans la respiration, un abaissement de la tension artérielle et une chute de la tempéi^alure; on trouve alors l'acide acétique en nature dans les produits d'excrétion. Frôhner, ayant administré à une chèvre pesant 20 kilogrammes une solution à .jp. 100 d'acide acétique à la dose de 150 grammes, a vu la mort survenir après vingt-six heures. Les symptômes toxiques étaient les suivants : difficulté de la respiration, sensi- bilité très grande des reins, hématurie, salivation, puis affaiblis- sement général et paralysie consécutive. Les lésions consistaient dans un œdème et une hyperémie du poumon, une inflammation de la muqueuse stomacale et intestinale; des points hémorra- giques dans le gros intestin, du gonflement des plaques de Peyer et enfin une néphrite et une hépatite parenchymateuse. En injections intraveineuses, l'acide acétique dissout les glo- / j A^ bules du sang, dont les débris forment des embolies dans le tissu 34/^^ pulmonaire, engendrent une difficulté très grande de la respi- ration et un grand abaissement de la température. ACIDE ACÉTIQUE. — VINAIGRE. 381 Indications thérapeutiques. — A /Intérieur, le vinaigre rem- plit les mêmes indications que les autres acides. La propriété qu'il a de favoriser la dig-estion gastrique et d'arrêter les fermentations le recommande dans les cas d'indigestion gazeuse, d'obstruction du feuillet, de mêtêorisation périodique, etc. Il est avantageux aussi pour combattre les empoisonnements par les alcalis caus- tiques, parce qu'on le trouve partout et qu'il forme des sels inof- fensifs qui deviennent même légèrement purg-atifs. Dans les maladies intlammatoires, le vinaig-re n'a d'autre effet utile que de calmer la soif et de rendre la bouche moins sèche et moins pâteuse. Employé en lavements, le vinaigre excite les contractions de l'intestin et peut avoir son utilité dans le cas d'obstruction intes- tinale. Les vapeurs de vinaigre, produites eu versant ce liquide sur un corps métallique chaud, agissent comme désinfectantes ; on utilise cette propriété contre les catarrhes infectieux, la pneu- monie gangreneuse, le croup, etc. Ces vapeurs excitent vivement les surfaces muqueuses, ce qui les recommande aussi en inhalation contre les syncopes et l'as- phyxie, etc. Le vinaigre chaud est un rubéfiant, un réi-u/s if précieux contre les maladies inflammatoires internes au début. On trempe un drap dans du vinaigre bien chaud, et on en entoure complètement le corps de l'animal ; par-dessus, on applique une couverture de laine. La peau ne tarde pas à se congestionner, à s'échaulîer; il se pro- duit de la dîaphorèse et une révulsion extériew^e très puissante. On l'associe soit à des teintures, soit à des plantes aromatiques pour faire des applications dans les cas de mammite. L'action désorg-anisatrice du vinaigre sur les cellules orga- niques est utilisée pour exciter etlubréfier les plaies de mauvaise nature, pour détruire les cancroidcs, les papillomes, etc. IL jouit aussi de propriétés antiparasitaires et est employé contre les poux et contre les oxyures du rectum. Les principales préparations à base de vinaig-re sont les sui- vantes : 1° Oxycrat. Vinaigre fort 1 gramme. Eau commune 10 grammes. .- .'^^a-- 57r'.:. iv..^ V 38? VÉSICANTS. £° Oxymel simple. Bon vinaigre 1 gramme . Miel ordinaire 2 grammes . Délayez le miel dans le vinaigre : faites cuire à feu ménagé jusqu'à con- sistance de sirop, et passez dans un linge clair. 11 est employé à la dose de 100 à 200 grammes par litre d'eau ou de décoction émolliente pour faire des boissons ou des breu- vages acidulés et béchiques.j •' l j^(\_ 3" Vinaig Vinaigre de vin 1 gramme. Eau-de-vie ordinaire 1 — Mélangez et dissolvez dans suffisante quantité d'eau, tant pour l'usage interne que pour l'usage externe. Doses. — La quantité d'oxycrat qui peut être administrée aux divers animaux est indiquée par le tableau suivant : 1» Grands ruminants oOO à 1000 grammes. 2° Solipèdes 2S0 à 500 — 3° Petits ruminants et porc 30 à 100 4" Carnivores 5 à 15 — Ces doses peuvent être, selon les exigences des cas, répétées plusieurs fois dans le courant d'une même journée. Vésicants. Les vésicants sont des irritants qui provoquent entre le derme et l'épiderme l'accumulation de sérosité et la formation d'am- poules analog-ues à celles que produisent les brûlures superfi- cielles. Ils ne se disting-uent des rubéfiants que par leur degré d'activité. Principaux vésicants. — Les agents vésicants principaux sont: la chaleur, l'électricité, les acides minéraux concentrés, les alcalis caustiques, plusieurs sels métalliques, l'émétique, l'ammoniaque, certaines essences, certaines huiles g-rasses comme celle de croton tig-lium, l'euphorbe, l'écorce de garou, les racines de thapsia, d'ellébore, et enfin la cantharide, qui est l'ag-ent le plus usité. Effets communs aux différents vésicants. — On disting-ue VÉSICANTS. 383 les elîets immédiats ou primitifs et les effets consécutifs (M. Tabourin). 1° Effets primitifs. — On peut reconnaître dans les effets des vésicants trois périodes distinctes : une de rubéfaction, une de vésication et une de suppuration. a. Durant la première heure de son application, un topique vésicant développe les mêmes efîets qu'un rubéfiant, c'est-à-dire qu'il détermine de la douleur, de la rougeur, de la chaleur, et enfin une tuméfaction plus ou moins intense du derme. h. Après un temps d'application variant beaucoup suivant les animaux, mais qui est compris généralement entre six et vingt- quatre heures, les médicaments vésicants déterminent entre le derme et l'épiderme la production d'une sérosité albumino-fibri- neuse analogue à celle que provoquent les brûlures, et amènent la formation d'ampoules ou phlyctènes caractéristiques. D'abord très petites, nombreuses, disséminées çà et là sans ordre, ces petites vésicules s'agrandissent peu à peu à mesure que le contact du topique se prolonge, et finissent, en s'élargissant, par se réunir en une seule ampoule de l'étendue de l'application vésicante. La sérosité qui les gonfle, d'abord peu abondante et claire, de nature albumineuse, s'épaissit de plus en plus et devient fibrineuse à mesure qu'elle prend de la consistance. Au début, ce liquide tend à transsuder à travers l'enveloppe qui l'emprisonne : mais l'épi- derme s'imbibant de sérosité devient opaque, s'épaissit et forme dès lors une barrière infranchissable aux produits sécrétés, d'autant plus que ces derniers acquièrent de la consistance. c. Si, après le développement des phlyctènes, on se contente d'en évacuer le contenu par une petite ouverture et sans enlever l'épiderme, comme cela se pratique dans ce qu'on appelle un vé- sicatoire volant, les désordres sécréloires cessent bien vite, et la couche épidermique ne tarde pasà se réunir de nouveau au derme. Mais si, au lieu de procéder ainsi, on enlève les phlyctènes de manière à mettre le derme à nu, le contact de l'air sur cette face dénudée, très sensible et vivement enflammée, change le caractère des sécrétions qui ont lieu jusqu'alors, et à la place de la séro- sité on obtient du pus de bonne nature et plus ou moins abondant. En appliquant pendant un certain temps des préparations irri- tantes sur cette plaie accidentelle, qu'on appelle un exutoire, on entretient une suppuration plus ou moins durable ; sans cette précaution, la plaie ne tarderait pas à se fermer en se cicatrisant. 384 VËSICANTS. Tels sont les phénomènes les plus habituels de la vésication sur une peau peu épaisse, comme celle de l'homme, du chien, du mouton, et celle qui entoure les ouvertures naturelles chez les grands animaux. Mais sur la peau épaisse du cheval, du bœuf et du porc, la vésication offre d'autres caractères. D'abord, il faut qu'elle présente une assez grande intensité pour entamer le cuir épais de ces animaux; les cantharides elles-mêmes, ce type admi- rable des vésicants, sont souvent insuffisantes, et il faut presque toujours le secours d'un vésicantescarrotique, comme l'euphorbe, pour amener une action assez énergique. Quoi qu'il en soit, on peut disting-uer deux périodes dans la vésication intense de la peau des grands lie?'blvores. Dans la première, qui dure de un à trois jours, l'épiderme est soulevé par de la sérosité ; celle-ci suinte à travers les tissures qui se forment dans l'épiderme et se concrète sous forme de larmes jaunâtres, comme gommeuses. Dans la seconde période, beaucoup plus longue, la sérosité est remplacée par un pus de bonne nature, quand la vésication est régulière, et par un pus sang'ui- nolent, lorsque la vésication est accompagnée d'une action escarro- tique. En médecine vétérinaire, on n'emploie jamais que des vésica- toires temporaires ou volants. 11 y aurait, en effet, un inconvénient fort g-rave à entretenir un vésicatoire suppurant sur la peau du cheval, pendant quelques jours seulement, car la suppuration finit par altérer sa texture à une certaine profondeur, et, par conséquent, par détruire les bulbes pileux et amener une tare indélébile, ce qu'il faut éviter avec le plus grand soin, pour ne pas diminuer la valeur des animaux. L'épiderme soulevé par la suppuration ainsi que les croûtes doivent être enlevés. • / r ■•^. Indépendamment de ces effets locaux, les vésicants provo- quent souvent, surtout chez les petits animaux, et sur ceux des grandes espèces qui sont jeunes ou irritables, une fièvre de réac- tion plus ou moins intense, mais rarement prolongée, à moins qu'elle ne soit entretenue par l'absorption du principe actif des vésicants, comme on le remarque parfois avec les cantharides. Si, au lieu d'appliquer les vésicants sur la peau, on les intro- duit dans le tissu conjonctif sous-cutané, on obtient des effets qui sont analog-ues au fond, mais qui se présentent sous un tout autre aspect, à cause de la position du point irrité et de la manière tA: VÉSICANTS. 385 dont se déposent les produits exsudés. La présence d'un corps irritant sous le tégument y détermine bientôt une inflammation vive et la formation d'un eng-orgement plus ou moins étendu. La sérosité albumineuse qui se forme, ne pouvant se faire immé- diatement jour au dehors, s'infiltre dans l'intérieur des tissus et leur communique une consistance anormale; mais, quand l'air peut pénétrer dans la plaie, il s'établit une suppuration abondante autour du corps irritant, et les produits sortent à mesure qu'ils se forment, si l'ouverture est déclive. Dès lors la douleur et la fluxion disparaissent, et l'engorgement diminue graduellement, comme s'il fondait sous l'influence de la suppuration. 2° Effets consécutifs. — Les effets consécutifs des vésicants varient un peu selon qu'ils suivent un vésicatoire volant, unvési- catoire fixe ou un trochisque. Il est nécessaire de dire quelques mots de chacun de ces cas : a. Quand on réapplique l'épiderme soulevé parTampoule sur le derme, après avoir évacué la sérosité, ces deux couches de la peau ne tardent pas à se souder entre elles intimement. Cependant cette adhésion n'est jamais que momentanée, et, quand tous les l^hénomènes inflammatoires ont entièrement disparu, l'épiderme recollé s'exfolie peu à peu et finit par disparaître entièrement, souvent en entraînant les poils qui le traversent. Cette chute épi- . , . , . i.c\x dermique est toujours accompagnée d'une vive démangeaison qui porte les animaux à se gratter. }r\ ^<^6^.A/VL- o r^,^v*1LCvv'a.c b. Lorsque l'épiderme a été enlevé et que le derme a été mis entièrement à nu, l'application de nouvelles préparations irritantes provoque la suppuration. Quand celle-ci cesse, la surface dénu- dée tend rapidement à la cicatrisation; la plaie se dessèche, et > les produits qu'elle excrète s'enlèvent par écailles furfuracées jusqu'à ce que l'épiderme soit reformé. Dans quelques cas, les poils qui étaient tombés pendant la vésication repoussent avec leur couleur primitive, et toute trace de lésion disparaît; mais il arrive souvent que la cicatrice reste nue et qu'une tare indélé- bile en est le résultat. Cet accident arrive surtout lorsque l'appli- cation vésicante est restée trop longtemps en place et que le derme a été profondément attaqué parla suppuration. 11 faut évi- ter autant que possible cet inconvénient grave, parce qu'il déprécie les animaux. c. Les trochisques, étant placés sous la peau, laissent rarement des traces visibles, à moins qu'ils ne soient demeurés trop long- Kaifmaxn. 25 OO-T* u^^O- \,.e*-*^ 386 CANTHARIDES. — CANTIIARIDINE. temps en place; dans ce cas, il reste presque toujours des indu- rations du tissu cellulaire ou une adhérence exagérée entre la peau et les parties sous-jacentes. Un phénomène consécutif à l'em- ploi des trochisques, qui se présente assez fréquemment, consiste dans la chute de l'épiderme et parfois aussi des poils de la partie lésée; mais cette dépilation n'est jamais que momentanée. Emploi thérapeutique. — On emploie les vésicants à titre de résolutifs, de substitutifs et de dérivatifs. Comme ag-ents résolutifs et substitutifs, ils favorisent la diapé- dèse, activent la phagocytose qui détruit les microbes patho- gènes et sont en général indiqués contre les engorgements aigus eichroniques, les névralgies, \erhumatisme, les plaies atoniques, de mauvaise nature, etc. Conwie dérivatifs, ils sont indiqués lorsque l'effet doit durer long-temps, et surtout quand on veut provoquer une abondante suppuration pour dégager un org-ane profond. Quand on en fait usag-e pendant longtemps, pour provoquer la suppuration, on fait de la médication spoliatrice, qu'on [)Ourrait encore appeler médi- cation anémiante. La suppuration prolong-ée et abondante adaiblit l'animal ; celui-ci maig-rit, son sang- diminue de quantité, s'appau- vrit en g-lobules; et comme ce fluide tend constamment à se recon- stituer et à reprendre ses caractères normaux, il attire activement les liquides épanchés. Sous l'influence de cette résorption des jjroduits patholog-iques, les engorgements inflamnjatoires dimi- nuent de volume, puis disparaissent. Gantharides. — Gantharidine. Les cantharides [Lytta ou Canlharis vesicatoria) sont des insectes vésicants du groupe des Coléoptères. Elles se montrent vers la fin de mai et le courant de juin sur le frêne, le lilas, le chêne et quelquefois le saule et l'orme, dans la partie méridionale "^ ^"^ de l'Europe, surtout en France, en Espagne et en Italie. ''^^2: ' ''' Desséchées et telles qu'on les trouve dans le commerce, les X^ko^'^'^ ' cantharides sont légères, friables et se réduisent aisément en une poudre grisâtre parsemée de points verts dorés, débris des élytres et des pattes. Entières ou pulvérisées, elles exhalent une odeur forte, désagréable, qu'on a comparée à celle de la souris; leur saveur est d'abord amère, puis chaude et enfin acre. Pour conserver les cantharides sèches, entières, ou en poudre, CANTHARIDES. — CaNTIIARIDINE. 3b7 il est nécessaire de les enfermer dans des vases bien clos et exempts d'humidité. Elles deviennent souvent la pjiîia d'une espèce de mite [Anthreniis tnusœorum) et perdent alors à peu près complètement leur activité. Pour empêcher le développe- ment de ce parasite, il faut placer dans les bocaux à cantharides. un peu de camphre, du carbonate d'ammoniaque ou encore du mercure métallique. D'après Robiquet, les cantharides renferment les principes sui- vants : ca?it/iaridi?ie, huile volatile, huile verte, tnatière noire et matière jaune, les acides forniique, acétique, urique, phospho- rique, des phosphates de chaux et de magnésie. Les cantharides doivent leur activité à la cantharidine et à V huile volatile. La cantharidine (G"^H'-0^) est une substance cristallisée en petites paillettes blanches, micacées, inodores et d'une saveur excessivement acre et irritante. Elle est volatile, insoluble dans l'eau, l'éther de pétrole et le sulfure de carbone, peu soluble dans l'alcool froid, soluble dans 34 parties d'éther, dans 68 parties de chloroforme, dans les essences, les corps gras, la plupart des acides et des alcalis. Elle est sans action sur le papier de tournesol et ne forme pas de sels avec les acides. Avec les alcalis, elle forme des sels cristallisables, des cantharidates. Elle est con- tenue dans les cantharides de bonne qualité dans la proportion de i p. 200 ou 1 p. 250, c'est-à-dire qu'il faut 200 à 250 grammes de cantharides pour obtenir 1 gramme de cantharidine. Effets physiologiques. — Appliquées en frictions sur la peau intacte, les préparations cantharidées déterminent une cong-estion intense, une élévation de la température locale, une forte cuisson et enfin une formation de vésicules par suite de l'accumulation de sérosité entre la couche profonde et la couche superficielle de l'épiderme. La cuisson porte les anitnaux à se gratter, à se frotter aux corps environnants : on doit les mettre dans Vi?npos- sibilité de le faire, en les fixant convenablement. Les vésicules apparaissent en général dans l'espace de six à douze heures. Elles sont d'abord pleines d'une sérosité limpide, citrine, qui devient ensuite trouble et souvent sanguinolente. Le liquide exsudé ren- ferme des sels analogues à ceux du sérum du sang-, de l'albumine, de la fibrine, des globules blancs et quelques globules rouges. Dès que les phlyctènes ont paru, la douleur et le prurit dimi- nuent d'intensité; le derme mis à nu est gonflé, rouge et très 'tf^H^' 388 GANTIIÂRIDES. — CANTHARIDINE. sensible. Si on ne détruit pas les vésicules, elles se dessèchent, forment des croûtes qui tombent après huit ou dix jours en entraî- nant les poils et en laissant une surface épidermique nouvelle, sur laquelle les poils repoussent avec leurs caractères normaux. L'action vésicante produite par les cantharides est intense chez le cheval et le chien, un peu moins prononcée chez les ruminants et lég^ère seulement chez le porc. Pour augmenter leur activité vésicante, on y ajoute de la poudre d'euphorbe, de Thuile de croton tiglium ou du tartre stibié. Si, sur la surface enflammée par l'application de préparations cantharidées, on fait de nouvelles applications, la surface sécrète activement du pus de bonne nature, le derme s'ulcère sur une grande profondeur, les follicules pileux sont altérés ou détruits, la cicatrisation est lente et, lorsqu'elle est achevée, il reste une surface sur laquelle les poils ne repoussent plus et qui représente une tare indélébile. Sur les plaies et les ulcères, les préparations de cantharides activent l'inflammation et modifient favorablement la suppuration. Déposées dans le tissu conjonctif, elles ont une action destructive / ,^v^^/' énerg-ique. Les séU^ns animés par la pommade cantharidée [)ro- duisent des eng-org-ements énormes qui quelquefois se g-an- uÀ^u^ic,-^ g-rènent. 11 faut donc en user avec beaucoup de ménagements. L'action inflammatoire est encore plus prononcée sur les mu- queuses. Quand les animaux lèchent les préparations cantharidées appliquées sur une partie extérieure du corps, la muqueuse buc- cale s'enflamme, devient le siège d'une douleur brûlante; il se produit aussi une forte salivation, une g-rande difficulté de la déglutition, puis surviennent les effets généraux. h" absorption des principes actifs des cantharides peut se faiie par toutes les surfaces, même par la peau. On a constaté en effet que le liquide renfermé dans les vésicules contient de la cantha- ridine. Celle-ci produit rarement des accidents après l'application cutanée, à moins qu'on n'ait fait des frictions trop fortes ou trop étendues. Les accidents d'empoisonnement sont, au contraire, fréquents après l'introduction des cantharides dans le tube digestif, où l'absorption est rapide. La cantharidine s élimine principalement par Vurine et com- munique à ce liquide des propriétés irritantes pour les voies qu'il traverse, c'est-à-dire pour les reins, la vessie et le canal de l'urètre. 7 CANTHARIDES. — CANTIIARIDINE. 389 Administrées à très faible dose, les cantharides activent l'appé- tit, accélèrent la digestion, améliorent momentanément la nutri- tion, augmentent l'excitabilité des organes génito-urinaii'es et produisent une diurèse assez abondante. A doses plus fortes, ces insectes produisent une sensation de brûlure dans la bouche et la gorge, une douleur vive dans la ré- g:ion de Testomac, de la salivation, du ténesme et des défécations hâtives chez tous les animaux, des vomissements chez les carni- vores et les omnivores, de la dysurie, une ardeur brûlante des org-anes sexuels, toujours plus marquée chez les mâles que chez les femelles. A doses très fortes, les symptômes précédents sont plus inten- ses : on observe alors une dysurie quelquefois extrême ; l'urine estrare, sanguinolente et albumineuse ; les testicules se rétractent et leurs cordons sont douloureux; le pénis devient le siège d'un priapisme continu ou intermittent, qui produit quelquefois l'in- flammation de cet organe ; le clitoris se contracte ; la plupart des animaux donnent des signes d'ardeur vénérienne ; les excréments sont rendus fréquemment et sont sanguinolents ; il y a un ténesme atroce. Les animaux sont dans une grande agitation ; la respiration est accélérée, les mouvements du cœur sont plus nombreux et plus forts ; les muqueuses sont rouges, et la tempé- rature rectale est très élevée. Ces phénomènes d'excitation et de fièvre cessent après un certain temps ; puis surviennent des- phénomènes inverses ; un abattement général, une respiration lente, pénible et fétide, un abaissement de la température de la peau, surtout des extrémités ; des sueurs froides exhalant l'odeur de souris, des tremblements musculaires, des convulsions, la paralysie des membres postérieurs chez les chiens, de l'immo- bilité, de l'assoupissement, une station chancelante, puis la chuté sur le soi et la mort sans agitation. Certaines espèces animales n'éprouvent aucun mauvais effet après l'administration de cantharidine ; ce sont: la poule, le héris- son et la grenouille. .4 t'autopsie des animaux qui ont succombé à l'action de la cantharide, on trouve les lésions suivantes : inflammation gastro- intestinale caractérisée par des ecchymoses, une congestion très vive, des vésicules, des ulcérations disséminées sur la muqueuse ; inflammation parenchymateuse des reins; inflammation de la muqueuse de la vessie ; les uretères sont toujours sains ; 390 CANTHARIDES. — CANTHARIDINE. souvent aussi il y a congestion des synoviales articulaires. Antidotes. — Si les cantharides ont été ingérées, il faut hâter leur expulsion en administrant un vomitif chez les carnivores et les omnivores et un laxatif chez les herbivores. En outre, on administrera abondamment des boissons albumineuses, gom.- meuses, mucilagineuses, farineuses, mais non huileuses, parce que les corps gras dissolvent la cantharidine et facilitent son absorption. Quand l'absorption est déjà effectuée et que Tempoi- sonnement se poursuit, il faut employer les mucilagineux et le camphre pour calmer lesorg-anes g-énito-urinaires et des boissons alcooliques pour soutenir les forces des malades. Indications thérapeutiques. — 1° .1 Vextérieur, les prépara- tions cantharidées sont employées pour produire la dérivation, la révulsion, la substitution et la résolution. Gomme dérivatifs et révulsifs, elles conviennent surtout quand on veut obtenir un effet vésicant lent, durable et persis- tant. On les emploie surtout dans les maladies de poitrine, prin- cipalement les pleurésies, les péricardites, les péritonites, les maladies articulaires, etc. Comme substitutifs, on emploie avantageusement les prépa- rations cantharidées en application sur les plaies contuses, les plaies saîiieuses, les plaies articulaires ; on en fait des injections dans les fistules de mauvaise nature; on les applique sur le bour- j^'-^U/Ce £Êle* P*^"^ accélérer et rég-ulariser la poussée de la corne, et sur ««J**«^ ■ '^^^ régions qui sont en voie d atrophie pour rétablir la nutrition normale. Avec des frictions de teinture de cantharide, on obtient aussi de bons résultats dans X alopécie; elles favorisent la pousse des poils. Comme résolutif, la cantharide est employée sur la plupart des tuméfactions chroniques et aiguës, telles que phlegmons, engorge- ments glandulaires, lymphatiques, sanguins, hygromas, tumeurs molles articulaires et tendineuses. On fait aussi des frictions cantharidées contre les douleurs rhumatismales des articulations. A titre d'antigaleux, la pommade cantharidée donne de bons résultats en alternant les frictions avec des bains sulfureux (Brusasco). 2° A rintérieur, les divers effets excitants exercés parla can- tharide sur la digestion, la sécrétion urinaire et l'appareil génital ne trouvent guère d'applications thérapeutiques. On possède en effet d'autres substances qui agissent aussi favorablement surces CANTHARIDES. — CANTHARIDINE. 391 différentes fonctions sans offrir les mêmes dangers. On ne doit g'uère les employer à l'intérieur que pour exciter les fonctions g-énitales chez le mâle indolent et même, dans ce cas, vaut-il mieux faire usage des sels d'yohimbine (Voir Aphrodisiaques). Doses. Doses thérapeutiques. Poudre. Teinture. Cheval Oei-,oO à 2 gr. 10 gr. Bœuf 2 à4— 20- Mouton, porc, chèvre 06^,20 à 0s^60 2 gr. Chien 0gr.05 à OsMO 0&r,25 à 1 — Chat OP',01 à Os'-.Oo Qs^.Qo à O^M Ces doses peuvent être répétées deu.x fois par jour. 'L'administration se fait en pilules, bols, breuvages ou dans des tranches de pain. Doses toxiques. Poudre. Cheval 13 grammes. Bœuf 30 — Mouton 3 — Chien 3à4 — Préparations. 1° Poudre de caniharides. Elle sert de base à une foule de préparations vésicantes. 2° Teinture de canl/taride . Cantharides pulvérisées .50 grammes. Alcool à 70° q. s. Faites par lixiviation 300 grammes de teinture {Codex, 1908.) 3° Huile canfharidée. Poudre de cantharides Ià3 grammes. Huile d'olive 10 — Faites digérer au bain-marie pendant six heures en vase clos, agitez sou- vent, passez et filtrez. 4° Onguent vésicatoire (Lebas). Cantharides pulvérisées, 6 grammes. Euphorbe pulvérisée 2 — Poix noire et poix résine aa 4 — Cire jaune 3 — Huile d'olive 12 — Faites fondre la poix, la résine et la cire ; ajoutez l'huile grasse et incor- porez les cantharides et l'euphorbe en remuant le mélange jusqu'à complet refroidissement. 392 CANTHARIDES. — GANTHARIDINE- 5° Onguent vésicaloire (Codex). Gantharides en poudre demi-fine, tamis n" 15. 600 Euphorbe en poudre 200 Poix noire 400 Colophane 400 Cire jaune 300 Huile de vaseline 1 000 Divisez la cire, écrasez la poix et la colophane; faites fondre ces trois substances à la plus basse température possible ; ajoutez la moitié de l'huile, en remuant continuellement la masse, puis la poudre d'euphorbe. Faites digérer au bain-marie pendant quatre heures en agitant de temps en temps. Passez à travers une tarlatane. Laissez refroidir à demi, ajoutez peu à peu la poudre de cantharide préalablement délayée dans le reste de l'huile, en ayant soin de remuer la masse jusqu'à refroidissement. 6° Onguent vésicatoîre mercuriel. (Onguent résolutif.) Onguent vésicaloire ( ^ „ „ Mercure ( "'* ^ • ^• Éteignez le mercure dans l'onguent vésicatoire et mélangez très exac- tement. 7° Onguent vésicaloire non dépilant (Coculet). Onguent vésicatoire / ^ ... Pommade mercurielle | - 200 grammes. Suie de cheminée 100 — Poudre Je cantharides 15 — Cet ong-uent peut être appliqué plu.sieurs fois sur la même rég-ion sans altérer les follicules pileux.. 8" Pommade cantharidée. Cantharides pulvérisées 32 grammes. Axonge 280 — Cire jaune 64 — Faites digérer les cantharides dans la graisse fondue, passez avec expres- sion et ajoutez la cire pour donner plus de consistance. 9° Pommade vésicanle pour le 6œM/'(Fergusson). Cantharides pulvérisées 125 grammes . Huile de croton tiglium 7 — Essence de térébenthine 31 — Axonge 500 — Mêlez et faites un onguent. 10° Collodion caniharidé. Épuisez dans un appareil à déplacement 25 parties de poudre de cantha- rides avec un mélange de 25 parties d'éther sulfurique et de 5 parties d'alcool ; puis dissolvez dans la liqueur ainsi obtenue 1 partie de fulmi-coton. EUPHORBE (gomme-Résine d'). 393 Cardol. Le cardol est un extrait éthéré et alcoolique des graines de XAnacardium occidentale ei de VAnacardium orien^a/e, plantes de la famille des Térébinthacées qui croissent dans les Indes. Le cardol se présente sous la forme d'un liquide brun épais, à odeur caractéristique, insoluble dans l'eau, mais très solubledans l'alcool, l'éther, la benzine et les huiles grasses. Il jouit de propriétés vésicantes très prononcées. Il présente sur les cantharides l'avantage de ne pas être absorbé et, par con- séquent, de ne pas déterminer d'accidents d'empoisonnement. Euphorbe (Gomme-Résine d'). (Gummi Euphoi'bia.) En pharmacie, on donne le nom d'Euphorbe au suc concrète et desséché de ï Euphorbia resinifei^a (Berg.), plante de la famille des Euphorbiacées qui croît spontanément en Afrique, en Arabie, aux îles Canaries, aux Indes. Dans le commerce, cette substance se présente sous forme de larmes ou de poudre. L'Euphorbe renferme les principes suivants : résine, euphor- bone, essence, cire, malate de chaux, gomme et ligneux. "" La résine ou euphorbine C''^''H '^0* et Veuphorbone G2"H**0^ principes actifs de l'euphorbe, forment environ la moitié en poids de sa masse. Mise en contact avec les dissolvants, la gomme-résine d'Euphorbe cède à l'eau 1/7 de son poids, 1/4 à l'alcool et les 3/5 à l'éther. Effets. — L'euphorbe produit sur la peau du cheval des effets vésicants plus prompts, plus énergiques, mais moins persistants que ceux engendrés par les cantharides. Elle produit, en même temps qu'une action vésicante, un effet escarrotiqae, ce qui expli- que à la fois son action peu prolongée et la destruction fréquente des bulbes pileux. La teinture d'euphorbe détermine une vésica- tion prompte, assez énergique, mais qui n'entraîne jamais la des- truction de la racine des poils ; c'est donc une bonne préparation. Par contre, la pommade et les autres préparations à excipients gras ou résineux altèrent la peau sur une plus grande épaisseur, \ÂC^^ 394 EUPHORBE (GOMME-RÉSINE D')- Aû/f^ détruisent souvent les follicules pileux et exposent à tarer les animaux (Boiteux et Tabourin). Toutefois, en raison même de ses vertus vésicantes exagérées, l'euphorbe convient très bien pour la confection de Tong-uent vésicatoire, qui est destiné à agir sur la peau épaisse et peu sen- sible du bœuf. En outre, lorsqu'on a quelques raisons de craindre l'absorption de la cantharidine, on peut aisément confectionner un excellent vésicatoire avec l'euphorbe et le g-arou, à l'exclusion des cantharides. L'euphorbe, introduite dans le tube digestif, agit comme un XK/yQ^^t ^''■^ éméto-cathartique des plus énergiques chez les carnivores. D'a- 0 près Orfila, le chien meurt dans l'espace de vingt-quatre heures, au milieu des plus vives douleurs avec la dose 12 à 16 grammes; 8 grammes introduits dans le tissu cellulaire delà cuisse d'un animal de cette espèce ont suffi pour amener le même résultat le deuxième jaur, sans avoir déterminé de désordres locaux bien notables. Chez les grands animaux, elle agit comme un violent ^^(S. e-^i^ drastique et produit la mort à la dose de 60 grammes. -^V/ Indications. — A cause de l'action irritante si énergique, l'eu- phorbe n'est pas indiquée à l'intérieur. Tout au plus pourrait-on l'employer sur certaines muqueuses pour provoquer quelques phénomènes réflexes ; ainsi dans l'asphyxie, la syncope, on l'in- suffle dans les cavités nasales pour réveiller par action réflexe le cœur et la respiration. Vallon l'a introduite avec succès dans l'urètre pour provoquer l'émission de l'urine, lors de la réten- tion de ce liquide chez le cheval. .4 l'extérieur, l'euphorbe est employée généralement associée aux cantharides pour provoquer une vésication énergique ayant pour but de produire une révulsion ou la résolution d'un engor- gement local. Il faut toujours faire les frictions avec modération et empêcher les animaux de se lécher. Préparations. 1° Pommade d'euphorbe. Euphorbe pulvérisée 2 grammes. Axongo 32 — Incorporez. 2° llnile ou linimenl d'euphorbe. Euphorbe 15 grammes . Huile grasse 1 kil . Faites digérer pendant huit jours et passez à létamine. GAROU. 395 3° Teinture d'euphorbe. Euphorbe en poudre 2 grammes . Alcool à 70° 20 — Dissolvez. Garou. [Daphne gnidiurn L.)- Le g"arou ou sain bois est un arbrisseau de la famille des Tymé- lacées, qui croit dans le midi de la France. h'éco7'ce est la seule partie employée en médecine, quoique les fruits et les feuilles jouissent aussi de propriétés irritantes. Cette écorce a une odeur faible, un peu nauséeuse, une saveur acre et brûlante. Sa compo- sition chimique est complexe et encore incomplètement connue. Elle contient de la cire, un glycoside, la daphnine, plusieurs résines et sous-résines, une matière colorantejaune. delà g-omme, du ligneux et une matière demi-tluide très acre. On ne sait pas encore exactement quel en est le principe actif, mais on est certain qu'il est insoluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool, l'éther, les essences et les corps g-ras. Effets physiologiques. — Le g-arou, convenablement préparé, constitue, après les cantharides, le meilleur vésicant dont on puisse faire usage dans la pratique vétérinaire. Quoique moins actif que l'euphorbe, il convient mieux pour la confection du vésicatoire, à la condition d'en augmenter la dose. La teinture de garou, bien qu'irritante, ne produit jamais qu'une vésication insuffisante; elle est donc inférieure à celle de cantharide et d'euphorbe. Par contre, une pommade au sixième, un onguent formé dans la même proportion, constituent des vésicants qui ne le cèdent pas en puissance à l'ong-uent vésicatoire, quoique agis- sant un peu plus lentement (Boiteux et Tabourin . Les préparations gérasses de g'arou ne produisent guère, dans les deux premiers jours, qu'une intumescence lég-ère de la peau et un peu de douleur ; mais g-énéralement, le troisième jour, les phlyctènes apparaissent ; elles sont remplies de sérosité albumi- neuse, et l'épiderme est facile à détacher du derme ; puis, vers le cinquième ou le sixième jour, la sérosité est remplacée par une sécrétion purulente de bonne nature qui se prolonge encore quelques jours et se tarit ensuite ; enfin la surface se dessèche peu à peu, l'épiderme s'exfolie, et bientôt la cicatrisation se complète 396 GAROU. par la naissance de poils de même couleur et ne laissant aucune trace de la vésication. Ramollie dans l'eau ou le vinaig-re, l'écorce de g-arou insinuée sous la peau y détermine lentement un eng'org-ement considé- rable et une exsudation séreuse très abondante. Elle ag-it surtout très bien chez les ruminants, où elle est d'un usag-e fréquent; chez le cheval, elle produit des effets exag-érés, et il convient de retirer le trochisque aussitôt que Tengorg-ement s'est développé, autrement la peau s'ulcère et se perfore. Donné à l'intérieur sous forme de décoction, le g-arou est assez facilement supporté par les solipèdes jusqu'à 50 grammes. A la dose de 15 à 30 g-rammes, il excite le tube dig-estif et aug-mente l'appétit ; mais, quand la dose s'élève à 40 ou 50 g-rammes, il déter- mine des coliques, produit un mouvement fébrile assez intense, cause de l'agitation, des mouvements désordonnés et des con- tractions spasmodiques des muscles de la face. Les expériences d'Orfiia font voir que le garou, donné en poudre à des chiens, cause de la salivation, des vomissements, des cri& plaintifs, et amène la mort à la dose de 12 grammes. La poudre, déposée sur une plaie de la cuisse d'un chien, a déterminé la mort de l'animal au bout de vingt-six heures. Indications thérapeutiques. — A Vintéineur, l'écorce de garou a été employée à très faible dose pour augmenter l'appétit et amé- liorer la nutrition dans les maladies lymphatiques anciennes, les tumeurs osseuses, le rhumatisme chronique, les hydro- pisies, etc. A l'extérieur, on l'emploie à titre de véaicant QiA^antipsorique, seule ou combinée à l'action des cantharides, de l'euphorbe, etc. Les ti'ochisques de cette écorce sont d'un usage fréquent dans la médecine du bœuf. Ils conviennent surtout sur les jeunes ruminants, parce qu'ils développent leurs effets peu à peu et sans occasionner beaucoup de douleur. Par contre, il faut éviter d'en faire usage chez les solipèdes, parce que leur action est toujours trop énergique, à moins de prendre la précau- tion de retirer le trochisque aussitôt que l'engorgement s'est développé. Préparations : 1° Teinture de garou. Poudre de garou ^ Alcool ordinaire 5 TIIAPSIÂ. 397 2° Huile de garou. Écorce de garou divisée 1 Huile grasse "^ 8 Faites macérer à une douce chaleur et passez avec expression. 3° Pommade de gavou. Poudi-e de garou 1 Axonge 4 Incorporez. Thapsia. Thapsia garganic.\ L. (Faux fenouil. Faux turbiih, Bou-nefa, Brize.) Cette plante de la famille des Ombellifères, croît abondamment s ur les terrains secs et arides du Tell algérien. On la trouve aussi dans les parties méridionales de l'Espagne, de l'Italie et en Grèce. La racine est la partie la plus usitée et la plus active. Elle doit son activité à une résine qui semble constituée par de l'acide capry- lique C»H»«0% de l'acide thapsique C^H^oQ* et des matières neutres. Cette résine sert à préparer le Sparadrap de thapsia. Effets physiologiques. — Les elTets du thapsia sur la peau du cheval ont été bien étudiés par Souvig-ny et Viardot (1). La décoction de cette racine, appliquée en frictions sur une région, détermine d'abord la rubéfaction de la peau, qui se tuméfie et devient chaude, douloureuse. Au bout de ving-t-quatre heures, la tuméfaction s'étend au tissu cellulaire sous-cutané, et le tégument se recouvre d'un g'rand nombre de petites vésicules pleines d'une sérosité citrine ; bientôt ces petites phlyctènes crèvent, et le liquide qu'elles contiennent se concrète à la surface de la peau, en formant une croûte d'un brun jaunâtre. Enfin la tuméfaction du derme et des tissus sous-jacents se dissipe peu à peu, et, au bout de quinze jours, tout est réparé. Viardot, qui s'est servi surtout de l'huile de thapsia mélang-ée au g-oudron de bois, a obtenu de forts eng-orgements. Quand on y associe l'essence de térébenthine, l'action est très prompte et très énergique. Dans letubedig-estif, le thapsia a des elTets éméto-cathartiques très prononcés. C'est un purg-atif drastique très dangereux; aussi (1) Recueil de mém. et d'obsev. de méd. et d'hyg. vétér. milit., t. XIX, p. 514. 398 THAPSIA. détermine-t-il souvent la superpurgation et la mort des animaux qui en mangent accidentellement. Après l'absorption du principe actif, le thapsia produit, à petite dose, une diurèse très marquée. Les autres efîets g-énéraux sont inconnus. Indications thérapeutiques. — Comme révulsifs vésicant, le thapsia est connu depuis les Romains et les Grecs. Il a ensuite pénétré dans la médecine des Arabes. Depuis, il était tombé dans un oubli profond, en Europe, jusqu'à l'année 1857, où leD'Reboul- laud, médecin en chef des établissements hospitaliers de Con- stantine, essaya et réussit à faire revivre le thapsia comme révulsif pour l'homme; il lui donna la forme de sparadrap ou d'emplâtre. En 1865, il proposa pour la médecine des animaux une teinture irritante qui est beaucoup employée aujourd'hui. Cette teinture a toutes les qualités de la teinture de cantharide et l'avantag-e d'être exempte des inconvénients de celle-ci, notamment des accidents d'absorption causés par la cantharidine (Saint-Cyr). Cojitre les eaux aux jambes, la teinture de thapsia jouit d'une véritable efficacité ; elle est aussi employée avec succès contre les crevasses du paturon et plusieurs affections cutanées de nature herpétique. Pour produire des effets révulsifs, on se sert spécialement de l'huile de thapsia préparée par décoction. Préparations. 1° Teinture de thapsia. Résine de thapsia 1 Alcool à 80° 10 Faites dissoudre à froid et, filtrez. En frictions irritantes, dans les mêmes cas que la teinture de cantharide. 2° Emplâtre de thapsia. Cire jaune 180 grammes. Colophane 150 — Résine élémi 12o — Térébenlhine 50 — Résine de thapsia 85 — Faites fondre la cire, la colophane et l'élémi, et ajoutez successivement la térébenthine et la résine de thapsia. Cette préparation doit s'étendre sur une pièce de toile ou un fort papier pour être appliquée sur les petits ani- ELLÉBORE NOIR. 399 maux; chez les grands herbivores, on peut l'employer à titre de charge irri- tante. Ellébore noir. [Uelleborus nigev.) Cette plante, de la famille des Renonculacées, encore appelée Rose de Noël, Herbe de feu, croît en Suisse, en Italie et en France. On emploie sa racine. Celle-ci a une odeur très prononcée et irritante quand elle vient d'être récoltée, et presque nulle quand elle est sèche. La racine d'ellébore noir renferme les principes suivants: ellé- horine et elléboréine, essence, huile grasse, acide volatil, matière résineuse, cire, principe amer, muqueux, (jallate de potasse et de chaux et sels à base d'ammoniaque. Velle'borine et Yelléboréine sont deux g-lycosides cristallisables qui forment les principes actifs de la racine d'ellébore noir. L'ellé- borine a pour formule G^'^H^-0'' ; elle a une saveur amère très désagréable ; elle est soluble dans l'eau, l'éther et surtout l'alcool. L'elléboréine a pour formule G-^H^^O''^; elle est cristallisée en aiguilles microscopiques, trèshygroscopiques, solublesdans l'eau, moins solubles dans l'alcool et insolubles dans l'éther. Effets physiologiques. — Sur la peau intacte, les diverses préparations d'ellébore noir déterminent d'abord la rubéfaction, puis la vésication. Ce dernier effet est généralement peu marqué sur la peau épaisse de nos animaux domestiques ; ainsi, sur le cheval, on n'obtient qu'une vésication légère et insuffisante. Quand la peau est entamée, le principe peut passer à l'absorption et faire apparaître des effets généraux. Sur les muqueuses et les tissus dénudés, l'action irritante est toujours plus forte et s'accompagne à peu près constamment de l'absorption des principes actifs de l'elléhore, qui déterminent alors le vomissement et la purgation chez les animaux, tels que le porc et le chien (Tabourin). Introduite sous la peau, la racine d'ellébore noir y déter- mine des effets prompts et énergiques. Comme elle est surtout employée chez les ruminants pour animer des sétons et provo- quer l'apparition d'une forte révulsion, il est important de les décrire. D'après Drouard (1), les eng-org-ements produits par cette racine (1) Recueil de méd. vétér., 1837, note des pages 550, 551, 552. 400 ELLÉBORE NOIR. attachée à un séton deviennent énormes au bout de deux ou trois jours ; ordinairement ils suppurent peu et se terminent par réso- lution au bout de quinze à ving-t jours. Le tissu cellulaire qui était en contact avec la racine d'ellébore noir est frappé de mort; il se détache et sort de lui-même par une des ouvertures du séton, quand l'engorgement inflammatoire a presque entièrement disparu; il forme une masse noirâtre de la grosseur d'un œuf de poule ou de dinde et ressemble assez exactement au bourbillon d'un javart. Quand on veut obtenir une suppuration abondante, on doit sca- rifier profondément la tumeur; celle-ci laisse écouler alors une grande quantité de sang. Chez les moutons, les effets sont les mêmes. Sur les solipèdes et surtout les carnassiers, on a à craindre l'empoisonnement pendant le développement des elfets locaux. Administré à l'intérieur, l'ellébore noir détermine le vomisse- ment et la pirrcjation. Chez les herbivores, le vomissement ne peut pas se produire, mais il y a toujours des nausées et des coliques intenses. Chez les autres animaux, il y a le plus souvent vomisse- ment abondant. La purg-ation n'a rien de régulier; souvent elle manque entièrement, quoique les animaux présentent des coliques vives ; lorsqu'elle se manifeste, c'est presque toujours avec une intensité exagérée; il y a alors salivation, agitation, coliques vio- lentes, diarrhée sanguinolente, fétide, amaigrissement rapide, etc. Après leur absorption, les principes actifs de l'ellébore noir agissent très énergiquement sur l'économie animale. Ils déter- minent la mort, même à doses relativement faibles. A la dose de 30 grammes chez le cheval, la racine d'ellébore provoque, deux à quatre heures après l'administration, une inquiétude se tra- duisant par le regard anxieux et par une certaine agitation ; puis survient une irrégularité de la respiration, dont les mouvements sont tantôt ralentis, tantôt accélérés ; le pouls s'accélère et devient petit; puis apparaît la purg-ation, qui cependant n'est pas con- stante. Lors(|ue la purgation se produit, elle est très violente, les matières excrémentitielles se ramollissent, deviennent liquides, sanguinolentes et prennent une odeur infecte ; plus tard, il y a simplement rejet de sérosité et de mucus. En même temps que les troubles précédents se déroulent, on voit apparaître des contrac- tions (secousses) dans les muscles abdominaux et dans les muscles du cou, des tremblements de la queue et une grande faiblesse. Les animaux perdent l'appétit, sont de plus en plus agités, se ELLÉBORE NOIR. 401 jettent sur le sol et se débattent; les muqueuses deviennent cya- nosées, froides, le pouls imperceptible, et la mort arrive g-énéra- lement après quarante ou cinquante heures. Avec des doses variant de 60 à 90 grammes, la racine d'ellébore noir entraîne toujours la mort du cheval; les troubles fonctionnels sont alors plus intenses ; les excréments sont toujours sanguino- lents; les animaux salivent beaucoup; l'encolure est raccourcie par des secousses musculaires ; il y a des nausées et des efforts de vomissement, une expulsion copieuse d'urine, et enfin survient la mort. Les mêmes doses produisent chez les g-rands ruminants des elfets semblables. Les lésions que Ton trouve à l'autopsie consistent toujours dans une inflammation plus ou moins vive du tube dig-estif, dans l'en- gorg-ement sanguin des parenchymes et du cœur, dans la colora- tion noire et l'état fluide du sang-. Emploi thérapeutique. — A Vextérieur, on utilise les effets irritants et parasiticides de l'ellébore noir. On l'emploie sous forme de trochisque chex le bœuf, pour pro- duire un elTet résolutif et dérivatif. Cette racine constitue un antiparasitaire externe excellent contre la gale et la vermine. D'après Tessier, les berg-ers espa- gnols g-uérissent leurs moutons de la gale par des applications d'une décoction faite avec 100 grammes de racine fraîche, ou avec 50 grammes de racine sèche par liti-e d'eau. A rintérieur, on a utilisé l'effet vomitif et diurétique de la racine d'ellébore noir. Hertvvig- l'a employée avec succès contre le vertig-e sous forme d'injections intraveineuses. On en a obtenu ég-alement de bons effets dans quelques hydropisies. h'elléboréine produit des effets anesthésiques locaux. On l'a employée pour produire l'anesthésie de la cornée, de la conjonc- tive, dans les inflammations diverses de l'œil. Elle ne produit aucun phénomène d'irritation consécutif et semble parfois préfé- rable à la cocaïne. Cette anesthésie locale dure une demi-heure, n'occasionne aucun relâchement des paupières et ne produit ni modification de la pupille, ni variation de la pression intra-oculaire. Si elle est absorbée en assez g-rande quantité, elle ag-it comme un poison du cœur. Doses toxiques. Kaufmann. 26 402 VOMITIFS. Doses toxiques d'ellébore noir (estomac). Racines sèches. Cheval et bœuf 60 à 90 grammes. Mouton, chèvre 4 à 12 — Chien 4à 8 — En injection sous-cutanée ou intraveineuse, les doses toxiques sont infiniment moindres. Succédanés de V ellébore noi?' : 1° ellébore vert [Helleborus viridis); 2° ellébore fétide [Helleborus fetidus). TROISIEME GROUPE. MODIFICATEURS DES GRANDES FONCTIONS. Evacuants gastro-intestinaux. Ils comprennent les vomitifs, les purgatifs et les évacuants intestinaux spéciaux. Vomitifs. On appelle vomitifs les médicaments dont l'action principale consiste dans la production de la nausée et du vomissement. Le vomissement est très facile chez les animaux carnivores et omnivores ; il est très pénible et très rare chez les herbivores. Quand il se produit chez ces derniers animaux, c'est toujours un signe grave indiquant l'existence de désordres profonds qui peu- vent compromettre la vie, principalement chez les solipèdes. Les médicaments vomitifs, en tant qu'évacuants, ne doivent donc être employés que chez les espèces animales qui vomissent faci- lement, c'est-à-dire chez les carnivores, les omnivores et les oiseaux. On peut administrer des substances du groupe des vomitifs- aux grands herbivores, mais à la condition de donner des doses non vomitives; alors on utilise d'autres propriétés de ces médicaments. Effets communs. — Un animal soumis à l'action d'un vomitif présente les troubles fonctionnels suivants : 1° une hypersécrétion salivaire, gastrique, biliaire, intestinale, sudoripare, lacrymale et VOMITIFS. 403 bronchique; — 2° de violentes contractions de l'estomac, de l'in- testin, des muscles abdominaux et du diaphrag-me ; — 3° le rejet parla voie antérieure des matières contenues dans l'estomac et les premières portions de l'intestin grêle ; il y a aussi souvent en même temps des évacuations par la voie rectale ; — 4° une congestion de toute la muqueuse dig-estive ; — 5" une accélération du pouls, une élévation de la tension artérielle et de la température rectale. Quand les vomissements ont cessé et que le calme est revenu, on constate souvent un ralentissement du pouls et de la respiration et un abaissement de la température rectale. Emploi thérapeutique. — Quelle que soit la nature du vomitif administré, les efTets ci-dessus se produisent toujours avec une intensité plus ou moins grande. Ces etrets physiologiques com- muns doivent servir de base aux indications thérapeutiques. Les vomitifs, produisant V évacuation des matières contenues dans l'estomac, sont indiqués toutes les fois qu'il y a trouble de la digestion gastrique par suite d'excès d'aliments ou par suite de la présence des matières nuisibles. Ils conviennent notamment dans les empoisonnements lorsque la matière toxique est encore • contenue en totalité ou en partie dans la cavité stomacale. L'effet congestionnel qu'ils déterminent sur la muqueuse gas- tro-intestinale les fait employer comme substitutifs dans les maladies chroniques des voies digestives; comme décongestion- nants et comme dérivatifs dans les maladies des organes respi- ratoires, dans la pneumonie, la pleurésie, la bronchite, etc. ( L' eïïet /uj persécréto i)^e pvoduil une déplétion du système vascu- '• laire, déplétion qui favorise la résorption des produits morbides . ij-'^et leur élimination par la voie des glandes. Cette propriété hyper- '^ sécrétoire les rend utiles dans toutes les maladies inflammatoires des organes parenchymateux, surtout quand ces maladies sont encore à la période de début. En provoquant l'évacuation de la bile, les vomitifs sont indiqués chez les carnivores et omnivores dans l'ictère et les calculs biliaires. La dépression consécutive qu'on remarque sur les grandes fonctions étant accompagnée d'un effet antifébrile est très favo- rable au retour de l'état normal dans les maladies fébriles. Chez les ruminants, les troubles digestifs connus sous le nom de pica sont favorablement influencés par les vomitifs, quoique le vomissement n'ait pas lieu. Division des vomitifs. — On peut reconnaître trois sortes de '404 IPÉCACUANHA. vomitifs en se basant sur les points où se localise leur action élé- mentaire : 1° les vomitifs réflexes, qui produisent le vomissement en irritantl'estomac ou les extrémités gastriques des nerfs vagues ; 2° les vomitifs centraux qui n'ag-issent qu'autant qu'ilssont absorbés et transportés par l'intermédiaire dusang-jusqu'au centre vomitif, sur lequel ils agissent directement; 3° les vomitifs mixtes, qui ag-issent par une action mixte, c'est-à-dire qui excitent à la fois les extrémités gastriques des nerfs vagues et le centre vomitif. Les principaux vomitifs réflexes sont la racine d'ipécacuanha et ses principes actifs la céphaline, l'émétine, le sulfate de cuivre, le sulfate de zinc, etc. Les vomitifs centraux les mieux connus sont : l'apomorphine et ses sels. Le principal vomitif mixte est Témétique. Ipécacuanha annelé. [Cephœlis Ipécacuanha (Rubiac6es).J Cette plante croît dans les forêts du Brésil et de la Nouvelle-Gre- nade et fournit à la matière médicale sa racine vomitive, connue sous le nom d'ipéca. Le mot ipécacuanha est d'origine portug-aise; il est formé dez(petit),joe(au chemin), caa (plante), f7oene(vomitif). Cette racine contient trois alcaloïdes, la psychotrine, la ■céphaéline et Xémétine\ en outre on y trouve de l'amidon, de la résine, de la cire, de la g-omme, un acide g-allique spécial, appelé -acide ipécacuanhique . hdi céphaéline est éminemment voniilice; Vémétine est à la fois vomitive et expectorante, et Vacide ipécacuanhique est surtout untidiarrhéique. La poudre d'ipéca de bonne quaUté ne contient pas moins de 2 p. 100 d'alcaloïdes totaux {Codex, 1908). 'L'émétine C"°H'**Az20* est solide, en poudre blanche, cristalline, inodore, d'une saveur amère, peu soluble dans l'eau (1 p. 1000), facilement soluble dans l'alcool, le chloroforme, l'éther, le sulfure de carbone, les huiles grasses et essentielles. Elle forme des sels : l'azotate n'est soluble dans l'eau qu'à 1 p. 100; le sulfate d'émétine est plus soluble. Effets physiologiques. — L'ipécacuanha agit localement sur les tissus à la façon d'un irritant. Mise en rapport avec la peau dépouillée de son épiderme, elle suscite une inflammation locale IPÉCACUANHA. 405 des plus énerg-iques ; une petite pincée de poudre insufflée dans l'œil d'un chien donne lieu à une phleg-masie oculaire tellement intense que la cornée est quelquefois perforée. Appliquée sur la peau intacte du cheval, sous forme de pommade, elle ne produit qu'une lég-ère vésication. Introduite dans le tube dig-estif, elle est encore irritante, mais à un degTé moindre qu'à l'extérieur. A très faible dose, l'ipéca ag-it sur la muqueuse digestive de tous les animaux comme un tonique astringent et produit la constipation. 11 n'excite pas sen- siblement le péristaltisme du gros intestin et n'augmente pas les sécrétions intestinales; c'est pourquoi il ne purg-e pas. A dose convenable, la poudre d'ipéca détermine le vomissement chez les carnivores, les omnivores et les oiseaux. Ce vomissement s'établit lentement, mais en revanche il dure plus long-temps que celui produit par le tartre stibié ; il n'est d'ailleurs que rarement accompag-né d'un efîet purgatif. Chez les herbivores, de fortes doses d'ipécacuanha déterminent de violents efforts de vomissement, un ptyalisme abondant, de la tristesse, de l'abattement, effets qui ne se dissipent qu'au bout de quelques jours. On a constaté une g*rande différence dans l'activité de ce médicament chez les g-rands herbivores, suivant qu'il est administré sous forme solide ou liquide (Tabourin). A la dose de 50 g-rammes chez le cheval, sous forme de bol, la poudre d'ipéca ne produit qu'un lég-er mouvement fébrile, tandis que la même dose donnée sous forme de breuvag-e produit des efforts de vomissement très violents. Après leur absorption, les principes actifs de la racine d'ipéca- cuanha ag-issent fortement sur la sécrétion bronchique, dont le produit devient plus fluide et plus abondant. C'est donc, à faible dose, un expectorant énergique. Elle active également la sécrétion biliaire et passe pour un cholagogue puissant. Lorsque de fortes doses ont passé à l'absorption par une voie quelconque, on voit apparaître, outre l'effet expectorant, des nau- sées et le vomissement chez les carnivores. Pour produire le vomissement par l'injection hypodermique, intratrachéale ou intraveineuse, il faut des doses plus fortes que si on administre le médicament par la voie buccale. Mécanisme de Vaction vomitive. — L'ipécacuanha produit le vomissement parce que son principe actif irrite directement les extrémités nerveuses sensitives qui se distribuent dans la mu- Vt 406 IPÉCACUANHA. queuse stomacale. Le vomissement est réflexe et a pour point de départ l'excitation des extrémités gastriques des fibres des nerfs vagues. Ce mode d'action de la céphaéline et de Véméthie est établi par un grand nombre de faits : 1° Après la section des deux nerfs vagues, ces alcaloïdes ne pro- duisent plus de vomissement, quelle que soit la voie d'administra- tion; 2° Introduits dans l'estomac d'un animai, l'ipécacuanha produit le vomissement plus vite que quand ses principes sont absorbés par une autre voie. Après l'ingestion stomacale, le vomissement apparaît au bout de trois ou quatre minutes, tandis qu'après l'injec- tion intraveineuse il ne se montre qu'au bout de dix minutes ; 3° L'ipécacuanha mis en contact avec la partie postérieure de la muqueuse intestinale, même à forte dose, ne provoque pas de vomissement. On peut attribuer l'absence de vomissement dans ce cas à ce que l'absorption se fait lentement; les doses d'alca- loïdes qui sont éliminées à un moment donné par la muqueuse gastrique restent trop faibles pour exciter suffisamment les nerfs sensitifs de cette muqueuse. Ces faits démontrent que les principes actifs de l'ipéca n'agissent pas sur le bulbe, mais excitent directement la muqueuse gastrique ; l'excitation transmise au bulbe par la voie des pneumogastriques est, de là, réfléchie et déversée par la moelle et les nerfs moteurs jusqu'à la tunique musculaire de l'estomac et jusqu'aux muscles du vomissement. Le vomissement que produit l'ipécacuanha après l'injection intraveineuse, sous-cutanée ou intratrachéale, s'explique par l'excitation de la muqueuse stomacale au moment de l'élimi- nation des principes actifs par les glandes gastriques. Emploi thérapeutique. — Gomme vomitif, l'ipécacuanha est indiqué chez les animaux jeunes, faibles, surtout quand il faut éviter un effet purgatif consécutif. La purgation qui suit le vomissement avec certains vomitifs aflaiblit beaucoup les ani- maux ; or l'ipéca n'ofl're pas cet inconvénient. Ueffet tonique local que développe la poudre d'ipéca, à faible dose, la recommande dans l'atonie du canal gastro-intestinal, dans les diarrhées épuisantes, les douleurs intestinales, les catarrhes chroniques de l'estomac et la surcharge de la panse chez les ru- minants. On l'unit alors généralement à la gomme, à l'amidon, à la quinine, au laudanum, etc. C'est un bon antidiarrhéique. h'effet expectorant indique l'emploi des préparations d'ipéca à IPÉCACUANHA. 407 dose non vomitive dans les maladies chroniques des voies respi- ratoires, pour rendre le mucus plus tluide, moins adhérent et plus facile à éliminer. Doses. — 1" Doses votnitires : Poudre d'ipéca (estomac). Porc ler.OO à 3s''.50 Chien 0 ,50 3 .00 Cliat 0 ,23 0 ,7.5 On délaye la poudre dans l'eau tiède, et on fait avaler ce breu- vage. Si, au bout de dix minutes, les doses ci-dessus n'ont pas produit d'effet suffisant, on fait une nouvelle administration d'une quantité ég-ale. Êméline [estomac). Chion 0s'-,023 à Off^lO (Gliouppe). Homme Os^001 G ,010 (Bûclilieiiu). 2° Doses non votnitives [expectorantes) : Poudre d'ipéca (estomac). Porc OffMO à 0e>-,30 Chien 0 ,05 0 ,10 Chat 0 ,01 0 ,05 Grands herbivores 5 13 Petits ruminants 2 4 3° Doses toxiques : Émétine. Ciiien 0gr,30 à 0^^,30 (Magendie). Chat 0 ,02 Poudre d'ipécacuan/ia. Cheval „ c c environ 100 orramnios. Bœuf. ' '^ Administration. — Dans les maladies de poitrine, on administre des infusions chaudes dans lesquelles on a fait dissoudre l'ipéca ou rémétine.et on les donne par cuillerées à café, cinq ou six fois dans la journée. L'emploi du sirop d'ipécacuanha est commode et avantag-eux pour les chiens et les chats aux doses de 5 à 10 grammes par jour en plusieurs fois. Sirop d'ipécacuanlia Extrait alcoolique d'ipécacuanha. ... 10 grammes. Alcool à 70° 30 — Sirop simple 1 000 — Dissolvez l'extrait dans une petite quantité d'eau et versez dans le sirop. 408 APOMORPHINE. 20 grammes de ce sirop contiennent 20 centigrammes d'extrait d'ipécacuanha. Apomorphine. L'apomorphine a été découverte en 1868, par Gee et Pierce, qui l'ont obtenue en faisant agir l'acide chlorhydrique sur la mor- phine. En 1869, Mathiessen et Wright ont mis en évidence sa remarquable propriété vomitive. Ce corps se présente sous la forme d'une poudre blanche, amorphe. Exposé au contact de l'air, il se colore rapidement en vert et absorbe de l'oxygène. L'apomorphine est soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, les solutions alcalines, mais peu soluble dans l'eau (1 : 40). Elle forme des sels, le sulfate et le chlorhydrate d' apomorphine, qui jouissent des mêmes propriétés physiologiques et qui présentent le grand avantage d'être facile- ment solubles dans l'eau. Les solutions se teintent en vert au bout de quelques minutes. Cette coloration augmente, mais sans influer en rien sur les propriétés physiologiques du produit. Des solutions aqueuses vieilles de deux ans, qui sont d'un vert foncé, ont conservé presque toute leur activité. Effets physiologiques. — Les effets locaux des sels d'apomor- phine sont nuls. Les injections hypodermiques ne sont pas dou- loureuses et ne produisent habituellement aucun accident local. Par leur absorption., on obtient le vomissement, même à doses faibles, chez les carnivores et les omnivores. Ce vomissement présente les particularités suivantes : 1° il est sûr, quelle que soit la voie d'absorption du médicament; 2» il est très rapide, puis- qu'il apparaît de deux à cinq minutes après l'injection intravei- neuse, hypodermique ou intratrachéale ; 3° il est abondant et n'affaiblit pas sensiblement les animaux ; 4° il est suivi du retour rapide à l'état normal. Le porc est réfractaire à l'action vomitive de l'apomorphine. Les très faibles doses ne produisent pas de vomissement, mais seulement des nausées, de la salivation et un peu d'inappétence. En outre, l'apomorphine active la sécrétion bronchique, rend le mucus plus fluide, Vexpectoration plus facile et plus abondante. Des doses très fortes produisent, outre le vomissement, une excitation générale pendant laquelle l'animal s'agite, se déplace ^0 APOMORPHINE. 409 .«^^ et tourne en manèg-e; puis, survient un affaiblissement du train postérieur qui traîne sur le sol ; enfin il y a paralysie motrice complète. La mort arrive après une accélération de la respiration et du pouls, une diminutioti considérable de la tension artérielle et un abaissement de la température rectale. Chez le cheval, l'injection sous-cutanée de chlorhydrate d'apo- morphine à la dose de 25 centig-rammes peut produire un véri- table empoisonnement qui s'annonce par une très forte excitation g-énérale suivie de faiblesse et de paralysie. La chèvre est très peu sensible à l'apomorphine (Guinard). Les animaux de l'espèce bovine qui reçoivent de 0='",25 à O^^SO de chlorhydrate d'apomorphine en injection sous-cutanée pré- sentent des phénomènes d'excitation énorme ; ils sont comme furieux, ruent, donnent des coups de cornes, salivent; les yeux pirouettent dans les orbites. L'élimination de l'apomorphine se fait surtout par la muqueuse g-astro-intestinale, car dix minutes après l'injection intraveineuse on peut retrouver cet alcaloïde dans les matières vomies chez le chien. 3Jode d'action. — L'apomorphine ne produit pas le vomisse- ment par le même mécanisme que la céphaline et l'émétine. Elle n'excite que faiblement l'estomac, mais elle a une action énergique sur le centre vomitif, situé dans le bulbe rachidien. Ce vomisse- ment n'est pas d'orig-ine réflexe, il résulte de l'action directe du médicament sur le centre bulbaire. Après la section des deux pneumog"aslriques, les sels d'apomorphine produisent le vomisse- ment aussi vite que lorsque ces nerfs sont intacts. L'effet vomitif se fait attendre plus long-temps après l'injection de l'apomorphine dans l'estomac qu'après son injection hypodermique. D'après Bordier, une injection préalable de morphine empêche les effets vomitifs des sels d'apomorphine. L'atropine diminue aussi leur action, mais sans l'arrêter complètement. Indications thérapeutiques. — L'apomorphine et ses sels tiennent le premier rang parmi les vomitifs. Le vomissement étant toujours très sûr, rapide, abondant et facile, on doit choisir ces médicaments dans tous les cas d'empoisonnement lorsque la substance toxique est encore contenue dans l'estomac. Comme son action se porte sur les centres nerveux et qu'elle n'a presque aucun effet direct sur l'estomac, l'apomorphine est indiquée toutes les fois qu'il faut éviter d'irriter la muqueuse stomacale, comme 410 APOMORPHINE. cela arrive lorsque le viscère est enflammé. C'est un vomitif excel- lent chez les animaux jeunes, faibles, débilités, parce que la fatigue consécutive est presque nulle et, dans tous les cas, peu durable. D'après Feser, il n'agit pas comme vomitif sur le porc, même aux doses les plus élevées. L'apomorphine, comme expectorant, est indiquée dans les ma- ladies catarrhales des voies respiratoires, la maladie du jeune âge chez le chien ; mais alors on emploie des doses non vomitives. On la donnera fractionnées en plusieurs fois dans la journée, soit dans des liquides sucrés et par cuillerées, soit en injections hypodermiques fractionnées. On en obtient de bons résultats aussi chez les grands rumi- nants, atteints de pica, de la maladie du lécher, à la dose de 0^',10 à 0«^20 en injection hypodermique. Ce traitement ne réussit pas toujours. Doses et administration. — Les doses hypodermiques vomi- tives de chlorhydrate d'apomorphine sont les suivantes : Gros chien 10 à 50 milligrainmes. Petit chien K à 8 — Chat 20 à 50 — Homme 6à 7 — Amsi deux chiens f\l ront pas avec la mêi ^^^oses un peu fortes, Dans chaque espèce, il y a des susceptibilités individuelles. Ainsi deux chiens de même taille et de même poids ne vomi- ime dose. Il est bon d'employer d'emblée des car il n'y a pas à craindre d'empoisonnement, la dose toxique étant bien au-dessus de la dose thérapeutique ; il en faut environ 2 grammes pour tuer le chien. Pour les injections hypodermiques, on se sert de solutions aqueuses titrées de chlorhydrate d'apomorphine à 1/100, à 1/200 ou 2/100, etc. Doses expectorantes. Clieval et hœuf £0 à 50 miUlgrammes. Mouton et chèvre 5 10 — Porc 10 20 — Ciiien et cliaf 13 — Ces doses peuvent être administrées plusieurs fois dans la journée. Les doses suivantes ne doivent jamais être dépassées chez les ruminants auxquels on injecte le chlorhydrate d'apomorphine contre le pica et les indigestions chroniques (Detchevers) : TARTRATE DE POTASSE ET D'ANTIMOINE. 411 Gros bœuf 0?^20 Petit bœuf 0 43 Petite vache 0 ,12 Veaux 0 .03 Préparation expectorante. Chlorliydrate d'apomorphine 1 à 3 centigrammes. Eau distillée 120 grammes. Acide chlorltydrique V gouttes. Sirop simple 30 grammes. Une cuillerée à bouche toutes les deux heures chez le chien, dans les affections catarrhales des voies respiratoires. Solution vomitive. Chlorhydrate d'apomorplyne 1 centigramme. Eau distillée 1 gramme. Dissolvez. Apocodéine. L'apocodéine est un vomitif moins sur et moins puissant que l'apomorphine ; de plus elle est d'un prix plus élevé. 11 n'y a donc aucun avantag-e à l'employer. Emétique. Tartrate de potasse et d'antimoine. C^H^O'SbK + i^n^o. Le tartrate double de potasse et d'antimoine ou emétique, tartre stibie\ est un sel formé de cristaux létraédriques ou octa- édriques, demi-transparents d'abord, puis devenant opaques en s'effleurissant à l'air, incolores, inodores et d'une saveur acre, désag"réable et nauséeuse. Il est soluble dans 15 parties d'eau froide et dans 3 parties d'eau chaude, insoluble dans l'alcool, l'éther et tous les liquides non miscibles à l'eau. L'émétique est en partie décomposé par les acides, les bases alcalines et leurs carbonates, les sulfures solubles, la plupart des sels métalliques, les savons, les matières tannantes. On doit tenir compte de ces réactions dans les associations de l'émétique avec ces diverses substances. Les solutions aqueuses d'émétique doivent être faites avec l'eau distillée et non l'eau ordinaire; ces solutions d'ailleurs 412 TARTRATE DE POTASSE ET D ANTIMOINE. s'altèrent assez vite par le développement d'une alg-ue, le Siro- crosis stibica. Effets physiologiques. — L'émétique en poudre, en solution ou en pommade, détermine toujours, sur les tissus où il est appliqué, une limitation plus ou moins intense qui peut varier depuis l'inflammation lég'ère jusqu'à la mortification des parties touchées. Appliqué sur la peau de l'homme ou des animaux, l'émétique détermine une inflammation pustuleuse pouvant produire la chute des poils, l'ulcération du derme avec persistance de cicatrices indé- lébiles. Une solution concentrée de tartre stibié, appliquée sur la peau du cheval, fait naitre, dit H. Bouley, « une éruption con- fluente de petites pustules rougeâtres, acuminées, très denses, qui donnent sous les doig-ts la sensation de g-ranulations tuberculeuses et se couvrent à leur sommet d'une croûte très adhérente, à la dernière période de leur développement ». On obtient un résultat analog^ue sur les bovins. Des frictions répétées, au même point,^ avec la pommade stibiée ou d'Autenrieth, produisent d'abord une ve'sication, puis une escarrification et une ulcérât io7i de la peau. Cette inflammation violente ne se borne pas à la surface du tégu- ment, elle se propag-e aux parties sous-jacentes, les désorg-anise profondément et amène toujours une nécrose des tissus, suivie d'une cicatrisation fort lente. Dans le tissu conjonctif sous-cutané^ l'action irritante de l'émé- tique est ég-alement très prononcée, et des sétons animés avec cette substance produisent un eng-org-ement considérable. Mis en contact avec les muqueuses, l'émétique développe éga- lement une inflammation ulcéreuse. Introduite dans l'estomac, sous la forme de poudre ou de solutions concentrées, il produit rapidement une gastrite assez dangereuse, provoque des nausées, des vomissements et de la diarrhée. Pendant son séjour dans l'estomac, le tartre stibié est décomposé en partie par l'acide libre du suc gastrique ; mais une certaine proportion est absor- bée en nature. La plus grande proportion de ce corps, en arrivant dans l'intestin, devient insoluble sous l'influence des bicarbonates alcalins de l'intestin, et une faible partie seulement est absorbée par cette voie. Il se développe souvent, avec des doses fortes, une inflammation pustuleuse sur la muqueuse intes- tinale. L'émétique absorbé s'élimine lentement par plusieurs voies : TARTRATE DE POTASSE ET D ANTIMOINE. 413 par la sueur, le lait et les sécrétions stomacales. Après l'injection hypodermique ou intraveineuse d'émétique, on peut retrouver cette substance dans l'estomac et dans l'intestin; elle est donc éliminée par ces surfaces. Après l'injection intraveineuse ou hypo- dermique, le vomissement se produit, mais il faut des doses un peu plus fortes qu'après l'administration interne, parce que les alcalis du sang le décomposent en partie. 11 résulte des recherches de Baum que l'élimination de l'émé- tique par la mamelle est insignifiante et que le lait provenant de femelles médicamentées avec ce corps peut être consommé sans danger. L'émétique introduit dans l'estomae, ou absorbé en quantité suffisante par une voie quelconque, détermine le vomissement <;hez les carnivores et les omnivores, animaux qui peuvent vomir, et des coliques, des nausées, chez les animaux herbivores. Cause du vomissement . — C'est par un double mécanisme que ie tartre stibié produit le vomissement ; il agit à la fois comme irritant de l'estomac et comme excitant direct du centre vomitif. C'est donc un vomitif mixte. Après la section des deux nerfs pneumogastriques, le vomisse- ment, quoique plus difficile et moins parfait, se produit encore si on fait absorber une quantité suffisante d'émétique. Après l'extir- pation de l'estomac, les efforts de vomissement se produisent ■encore par l'injection d'émétique dans les veines (Magendie). Ce sel fait vomir à plus faible dose quand il est introduit dans l'esto- mac que lorsqu'il est injecté dans les veines. Tous ces faits, par- faitement établis, démontrent que l'émétique a une action double : il irrite directement la muqueuse stomacale et après absorption il agit sur le centre vomitif bulbaire. Viborg prétend que l'émétique ne détermine jamais de nausées ni d'efforts de vomissement chez les solipèdes et les ruminants. Mes observations démontrent le contraire. Sur un cheval, après une injection intraveineuse del gramme d'émétique, j'ai constaté, au bout de quelques minutes, des efforts de vomissement, une grande inquiétude, une dilatation très forte des naseaux et, de temps en temps, un brusque abaissement de la croupe, comme si l'animal éprouvait de fortes douleurs dans le ventre. ^ Généralement l'émétique détermine, outre le vomissement, une action purgative marquée. Celle-ci est surtout forte chez les herbivores, animaux chez lesquels le vomissement n'a pas 414 TARTRâTE de potasse ET D'ANTIMOINE. lieu. Cette purg^ation semble être le résultat de l'irritation de la muqueuse, qui devient le sièg-e d'une hypersécrétion de mucus et de suc entérique; le suc pancréatique et la bile sont égale- ment déversés en plus g'rande quantité, et les mouvements péri- staltiques de l'intestin sont exagérés. Après le passag-e de l'émétique dans le sang-, on voit apparaître des modifications dans presque toutes les fonctions. On constate toujours une exagération de la sécrétion muqueuse des voies respiratoires. La toux devient g-rasse, V expectoration est rendue plus facile. A forte dose, il arrive même souvent que le tartre stibié développe sur les voies respiratoires une véritable inflammation catarrhale. La plupart des auteurs admettent aussi une action diaphoré- tique marquée sous l'influence de l'émétique. Delafond assure avoir observé, sur les bêtes bovines qu'on tenait couvertes pen- dant l'action de l'émétique, « une forte chaleur, une douce moi- teur s'établir à la peau et celle-ci être humectée bientôt d'une sueur abondante ». Chez les animaux qui transpirent difficile- ment, on constate une cong-estion de la peau, ce qui doit entraînei" une exag-ération des sécrétions insensibles ou de l'exhalation cutanée. Chez l'homme, de fortes doses déterminent quelquefois une véritable éruption pustuleuse à la surface du tégument. L'émétique est éliminé principalement parle rein, dont il aug-- mente l'activité sécrétoire. Continué pendant un certain temps, il produit l'inflammation du rein et provoque de V albuminurie. Outre l'aug-mentation des sécrétions intestinale, cutanée et urinaire, on observe, pendant l'action de l'émétique, des modifi- cations remarquables de la circulation, de la respiration et de la calorification. Circulation. — Chez l'homme, les auteurs sig-nalent une accélération et une faiblesse des battements du cœur à la dose de Og'-,10. Chez les animaux, on remarque, avec des doses moyennes, une accélération cardiaque, suivie d'une période de ralentissement considérable avec faiblesse des battements. Ces effets semblent être le résultat de l'action de l'émétique sur les g-ang-lions accé- lérateurs intracardiaques, qui sont d'abord excités, puis paralysés. Le pouls subit les mêmes variations que le jeu du cœur ; il s'affaiblit à tel point ([u'il devient quelquefois presque imper- ceptible. TARTRAÏE DE POTASSE ET D'ANTIMOINE. 415 D'après tous les auteurs, la tension artérielle s'abaisse notable- ment pendant Taction del'émétique. Respiration. — Chez l'homme, on voit que, sous l'influence de l'émétique, la respiration devient petite et qu'elle s'accélère, à la dose de 08', 1. D'après mes propres expériences, l'émétique donné en injections intraveineuses à un chien de 15 kilogrammes, à la dose de 0g'',02, a produit d'abord une accélération passag-ère de la respiration, suivie d'une période de ralentissement. La respira- tion est devenue surtout abdominale. L'administration prolong-ée de l'émétique entraîne toujours un l'ulentissement considérable de la respiration. Voici comment s'exprime Bouley (1), qui a démontré cetelTet sur le cheval : « Nous avons vu des animaux chez lesquels la respiration était tellement ralentie après l'administration de l'émétique que, dans certains moments, les flancs semblaient comme immobiles et qu'il fallait, au commencement de l'inspira- tion et de l'expiration, autant d'attention pour voir se produire le mouvement d'élévation et d'abaissement du flanc qu'il en est nécessaire pour suivre la marche de la grande aig-uille d'une horlog-e dans son parcours d'une minute. » Parfois on ne compte que deux et demie et trois respirations par minute chez le cheval ; mais ces cas sont rares et, dans les circonstances ordinaires, les mouvements de la respiration ne sont diminués que d'un tiers ou de la moitié de leur nombre normal. D'après H. Bouley, ce ralentissement de la respiration, quoique assez constant, manque complètement chez certains sujets et peut même, chez quelques autres, être remplacé par un phénomène inverse, sans qu'il soit possible, le plus souvent, d'en dire la cause. Calorification. — Après un usag'e un peu prolongé, le tartre stibié produit un abaissement marque' de la température rectale; on voit aussi que la peau, les oreilles, les cornes et les extrémités sont plus froides qu'à l'état normal ; la bouche est fraîche si des dérang-ements notables ne sont pas survenus dans le reste de l'appareil dig-estif. Nutrition. — Le tartre stibié, après un certain temps d'admi- nistration, fluidifie le sang- dont le nombre des globules roug-es diminue; la sérosité devient plus abondante et le caillot diffluent (Delafond). En même temps que le sang- s'appauvrit, on voit sur- venir un amaig-rissement rapide et un affaiblissement musculaire (1) Recueil de méd. vélérin., 1846, p. 385 et 386. 416 TARTRATE DE POTASSE ET D'ANTIMOINE. prononcé. La nutrition est altérée, il se produit une dégénéres- cence g-raisseuse du foie et des muscles, de l'albuminurie, de la diarrhée, et si cet état se prolong-e, la mort survient. Pendant cet état typhoïde provoqué par Fémétique, l'arrachement des crins est très facile, d'après les remarques de M. G. Spooner. Effets toxiques. — Les animaux malades sont, en général, plus vivement impressionnés par l'émétique queles animaux sains. Il suffit de doses plus faibles pour produire l'empoisonnement chez les premiers. Les principaux phénomènes qu'on observe après une dose toxique sont : chez les petits animaux, vomis- sements abondants et répétés ; chez les herbivores, évacuations anales fréquentes et de plus en plus fluides, salivation, tristesse profonde, abattement complet, station peu prolongée, marche incertaine et chancelante, mouvements automatiques, branlement continuel de la têle, appui contre la mang-eoire, coliques violentes, refroidissement de la surface du corps et des parties placées en appendice, prostration des forces, adynamie profonde, parfois paralysie du train postérieur, chute sur le sol, puis mort sans convulsions. Lésions. — On trouve les veines gorgées de sang- noir et pois- seux, les bronches remplies de mucosités sécrétées sous l'influence de l'émétique, des ecchymoses et quelquefois des ulcérations sur la muqueuse gastro-intestinale, des ecchymoses sur le poumon et sur l'endocarde. Antidotes. — Les mucilagineux, l'albumine de l'œuf, l'huile, le lait, le savon, et les tannâtes ou les matières tannantes (écorcede chêne, quinquina), qui précipitent l'émétique et le rendent inso- luble. Le sulfure de fer hydraté, en décomposant entièrement l'émétique, peut aussi être employé avec avantage. Si l'usage trop prolongé de l'émétique a plongé l'économie dans une ané- mie profonde, il faut employer les amers, les aromatiques, pour relever les forces. Emploi thérapeutique. — 1° Comme vomitif, l'émétique tient le milieu entre Fipécacuanha et l'apomorphine. Il irrite facilement l'estomac et excite les centres nerveux. On pourra l'employer lorsque ces effets irritants sur l'estomac et les centres nerveux n'offriront aucun inconvénient. Il est indiqué soit comme sub- stitutif, soit comme dérivatif dans les cas d'appétit capricieux et dépravé, de catarrhe gastrique chronique, de fièvre rhumatismale et au début des maladies de l'appareil respiratoire. TARTRATE DE POTASSE ET D'ANTIMOINE. 417 Chez les animaux herbivores, on pourrait utiliser Y effet purgatif que produit l'émétique; mais il est généralement plus avantag^eux d'employer un véritable purgatif. 2° Les effets antifébriles de l'émétique peuvent être utilisés, chez tous les animaux, dans les cas de maladies internes aig-uës. Ce médicament convient surtout dans les maladies des voies res- piratoires, des plèvres, des méning-es, chez les animaux forts et vig-oureux. Son action, fortement débilitante, doit le faire rejeter dans le traitement des maladies non franchement inflammatoires, surtout chez les sujets faibles, épuisés par les fatigues. Pour combattre une maladie fébrile aig-uë, il faut donner l'émé- tique à doses assez fortes et rapprochées ; mais, après cinq ou six doses, il faut suspendre l'administration. Généralement, la fièvre ne s'abaisse sensiblement qu'après deux ou trois jours ; mais alors l'action antifébrile est très marquée, quelquefois même accom- pagnée de prostration. Quand on veut combattre des maladies catarrhales, il ne faut user que de petites doses, qui ont l'avantage d'activer la sécrétion d'un mucus plus fluide, sans amener up affaiblissement notable. Chez les ruminants, il réveille la rumination et peut être avan- tageusement employé toutes les fois que celle-ci est laborieuse. L'émétique jouit aussi ào. propriétés antiparasitaires, ce qui l'a fait employer à l'intérieur comme vermifuge chez les solipèdes. L'action irritante cutanée que produit l'émétique à l'extérieur le fait employer comme vésicant ou rubéfiant, lorsque Ton a à craindre l'absorption de la cantharidine. Gomme dérivatif externe, il convient surtout dans l'inflammation des reins, du cerveau, des articulations, etc. Doses et administration. Doses vomitives. Porc 08^20 à 0sr,50 Chien 0s"-,05 à Os'-Jb Chat 0«r,02 à 0^^,05 Oiseaux de basse-cour Osr,02 à O^r.Ob Ces doses peuvent être données sous forme de poudre ou de solutions. Doses antifébriles et expectorantes. Cheval Oe^u à 2 grammes. Bœuf 2b'. à 5 — Porc, mouton O^^IO à 08'-,20 Chien Osf.OOo à 08^,05 Chat 08r,006 Kaufmann. 27 418 TARTRATE DE POTASSE ET D'ANTIMOINE. Ces doses conviennent dans toutes les maladies fébriles de moyenne intensité. On peut les doubler quand il s'agit de com- battre un état fébrile très intense ou pour réveiller la rumination. A l'intérieur, Témétique est toujours donné en solution étendue sous forme de breuvages ou mieux de boissons. La forme solide doit être proscrite. Doses toxiques (estomac). Clieval et bœuf 2.^ granniies. Mouton et chèvre 4 — Porc 6 — Chien 0^^,20 Chez ce dernier animal, rempoisonnement mortel ne survient que quand on lie l'œsophag'e pour empêcher le vomissement. Une dose de 10 à 15 g-rammes d'émétique administrée en une fois au cheval, à titi'e de vermifuge, peut provoquer un empoi- sonnement g-rave avec les symptômes de la fourbure aiguë. Il ne faut jamais dépasser la dose de 8 grammes en une fois chez cet animal. Un cheval a succombé après avoir reçu 24 grammes d'émétique dans ses boissons dans l'espace de deux jours (Kramer). Un poulain est mort après l'ingestion de 12 grammes d'émétique dans un seau d'eau (Luer). Dans Vascaridiase du cheval, l'émétique administré tous les soirs dans un demi-seau d'eau à la dose de IG grammes par jour pen- dant plus de trois mois à tous les chevaux d'une écurie n'a pas produit d'intoxication, mais n'a pas non plus guéri les chevaux (Cadéac, Journ. de méd. vétér. et de zoot., 1900, p. 221). Moller considère l'émétique comme un anthebninthique inef- ficace et dangereux chez le cheval. Theurer, Fixle, prétendent au contraire que l'émétique administré au cheval à la dose de 12 à 20 grammes dissous dans de l'eau constitue un bon anthelmin- thique parfaitement bien supporté. Préparations. — A Cintér leur, or\ emploie les solutionsaqueuses, le vin émétisé et le vinaigre stibié. Ces deux dernières prépara- tions sont étendues d'eau. Vin émétisé. Étnétique 2 grajnnies. Vin blanc • 1/2 litre. PURGATIFS ET PURGATION. 419 Vinaigre stibié. Émétiquc 4 grammes. Vinaigre 1/2 litre. Pour l'usag-e externe, on emploie des pommades stibiées. Pommades stibiées. Émétique 1 1 1 Axonge 2 3 4 Formules vomitives. Émétique 1 gramme. Eau distillée 100 grammes. Dissolvez. Administrez au chien et au chat une cuillerée à thé tous les quarts d'heure jusqu'à vomissement. Émétique 1 gramme. Ipécacuanha 3 grammes. Miel 1 cuillerée . Mélangez. Administrer au porc pour déterminer le vomissement. Purgatifs et purgation. On donne le nom de purgatifs à un groupe de médicaments qui agissent spécialement sur le canal intestinal et qui, par suite de cette action, déterminent des évacuations abondantes et fré- quentes d'excréments ramollis ou liquides. Ces médicaments pro- voquent toujours, comme phénomène essentiel, une dian^hée passagère plus ou moins intense. Ils font perdre à l'org-anisme une g-rande quantité de substances fluides dans un temps très court et constituent, par conséquent, un des g-roupes les plus im- portants de la grande classe des médicaments évacuants. L'évacuation de matières diarrhéiques, provoquée artificielle- ment par l'administration des purgatifs, constitue la purgation. Conditions organiques modifiant la purgation. — Tous les animaux domestiques sont capables d'éprouver les effets des purgatifs : mais la purgation olfre des caractères spéciaux dans chaque espèce animale. Chez les carnivores et les omnivores {chien, chat, porc), la purgation est facile à produire ; elle est 420 PURGATIFS ET PURGATION. ,rt^ rapide et généralement peu douloureuse. Chez les herbivores, au contraire, elle apparaît difficilement ; elle se déroule avec lenteur et détermine presque toujours des douleurs plus ou moins violentes. Chez les carnivores et les omnivores, l'estomac est petit et resserré pendant l'abstinence; il laisse passer rapidement les purgatifs dans l'intestin ; celui-ci est court, ses parois sont lisses, épaisses et capables de contractions énergiques ; sa surface totale est bien inférieure à celle de la peau ; chez ces animaux, la digestion est de courte durée, et, dans l'intervalle de deux digestions, l'estomac et les premières portions de l'intestin, étant à peu près vides, éprouvent rapidement l'action des purgatifs administrés. Chez les herbivores, la portion abdominale du tube digestif offre une grande complication. Chez les solipèdes, l'estomac est petit et livre un passage facile aux purgatifs ; mais l'intestin grêle est long, les parois sont minces et moins contractiles que chez les carnivores. Arrivés dans le caecum, les purgatifs rencon- trent une grande masse d'aliments, même pendant l'abstinence, €t leur activité diminue en proportion de leur dilution. Enfin, en sortant du caecum, ils pénètrent dans le côlon très long, très bosselé, où leur dilution augmente encore. H y a donc, chez les solipèdes, plusieurs causes d'atténuation de l'activité de ces médicaments. Les dispositions anatomiques surtout sont défavo- rables à la marche rapide des matières. La complication du tube digestif des solipèdes rend bien compte de la lenteur avec laquelle apparaît la purgation et de la difficulté qu'on éprouve pour la provoquer. Chez les ruminants, l'appareil gastrique est divisé en quatre compartiments distincts. Les médicaments administrés tombent dans la panse et le réseau et là se mélangent à une grande quantité de matières alimentaires En général, ils ne parviennent que tardivement dans l'intestin et sous un grand état de dilution ; les effets des purgatifs sont donc lents à s'établir et restent incertains chez les animaux de cet ordre. Ce qui retarde encore les évacuations, c'est la grande longueur de l'intestin. Les dispositions anatomiques de l'appareil digestif influent donc d'une façon très marquée sur les caractères de la purgation chez les différentes espèces animales. Physiologie de la purgation. — Après l'administration d'un PURGATIFS ET PURGATION. 421 purgatif, on voit apparaître successivement un certain nombre de modifications fonctionnelles, que nous allons passer brièvement en revue : La plupart des purgatifs concentrent leur action sur Tinteslin. Quelques-unsn'exercentaucune action spéciale, ni sur lamuqueuse buccale, ni sur l'estomac, et ne produisent leurs effets qu après leur arrivée dans le tube intestinal : tels sont la plupart des pur- gatifs doux (laxatifs et salins). D'autres excitent assez vivement les premières voies digestives et provoquent souvent des vomis- sements chez les carnivores et les omnivores; tels sont : les pur- gatifs irritants. Dans tous les cas, qu'il y ait vomissements ou non, les animaux deviennent tristes, perdent plus ou moins l'appétit et accusent une soif vive. Chez les solipèdes, on observe des bâillements fréquents, des p frissons et de l'horripilation passagère. La peau, ordinairement '^<^''*-^)/ sèche, présente des alternatives de froid et de chaud. Le pouls •■*^;^'^q_[_ j^ est d'abord petit, concentré, inégal et intermittent. Les ^j^*^"^ muqueuses apparentes sont injectées et sèches. Il survient tou- jours des borborygmes plus ou moins intenses et qui sont entendus parfois à distance ; d'autres fois, il est nécessaire d'ausculter la paroi abdominale pour les percevoir. En même temps, les animaux sont inquiets, ils s'agitent, se déplacent fré- quemment, ce qui dénote l'existence de coliques plus ou moins vives. Les animaux se ballonnent souvent un peu; ils regardent leur flanc, se couchent et se relèvent ; en un mot, ils présentent des symptômes de coliques plus ou moins vives. Ils expulsent des vents et relèvent souvent la queue comme pour effectuer la défécation ; l'anus se relâche et se resserre alternativement, ce qui annonce des étreintes vives. Bientôt des excréments sont Cj^i^/^c^ — Chèvre - — Chien 2 — Séné. — .^.^ ... On donne le nom de séné h un mélange de feuilles et de fruits de plusieurs arbrisseaux du genre Cassia, de la famille des Légu- mineuses, arbrisseaux qui croissent dans les pays chauds, comme rÉg-ypte, l'Arabie et TAmérique du Sud, etc. Le séné renferme les principes suivants : le principe qu'on appelait autrefois acide cathartique, et qu'on considère aujour- d'hui comme un giucoside [glucosennlne) contenant de Véniodine et du chrysophanol\ de la cathartomannite, principe sucré; du sennacrol, principe résineux; du mucilag-e, les acides tartrique, oxalique et malique ; des sels. Uémodine est un dérivé de la trioxyméthylantraquinone et le chrysophanol est un dérivé de la dioxyméthylantraquinone. Effets. — Le séné introduit dans le tube digestif excite vive- ment les contractions du canal intestinal. Les mouvements péri- staltiques commencent à s'exagérer sur l'intestin g-rèle, puis se propag-ent successivement sur des parties plus postérieures et chassent rapidement les matières excrémentitielles dans le rec- tum, qui les expulse au dehors en grande quantité. Ces mou- vements péristaltiques énergiques sont accompagnés de bor- borygmes intenses et d'expulsion fréquente de gaz et d'excré- ments par l'anus; il y a aussi souvent des coliques plus ou moins vives. Le séné n'augmente pas sensiblement les sécrétions intes- tinales ; son action consiste essentiellement en une excitation dé la contraction de la musculeuse de l'intestin. C'est donc un ])\jiV- gaiU eccop)'oiique par excellence. Pour obtenir des effets évacuants plus sûrs et plus complets, on l'unit généralement à d'autres pur- gatifs agissant sur les sécrétions, comme le sulfate de soude ou l'aloès. Cette association est avantageuse chez tous les animaux. La purgation produite par le séné n'est jamais suivie de consti- pation, comme cela s'observe avec la rhubarbe. 444 RHUBARBE. Le séné à dose forte excite aussi la musculeuse de la vessie et de l'utérus et peut devenir un abortif indirect. Le séné communique à l'urine une coloration jaune. Les prin- cipes du séné s'éliminent aussi par le lait auquel ils communiquent des propriétés purgatives. Indications. — Le séné est rarement indiqué seul, à cause de sa faible action sur les sécrétions. C'est donc comme adjuvant des autres purgatifs qu'il peut surtout rendre des services. Il est contre-indiqué quand il y a irritation ou inflammation du tube •digestif. Doses. — Les doses thérapeutiques de poudre de feuilles sont : Grands herbivores 123 à 150 grammes. Petits ruminants 30 à 70 — Porc 3 à 1.5 — Chien 4 à 13 — Chat 2 à 3 — Volailles là 2 — Administration. — Le séné ne convient pas sous forme de poudre ou d'électuaire. L'infusion froide administrée en breuvage donne les meilleurs résultats, car l'eau froide dissout les prin- cipes purgatifs sans dissoudre les matières résineuses, qui sont surtout irritantes et provoquent les coliques. On empêche aussi les douleurs abdominales en ayant soin de faire macérer les folli- •cules ou les feuilles dans l'alcool avant de les employer. L'alcool ■enlève les résines et laisse intacts les principes purgatifs. 11 faut ■éviter de traiter le séné par décoction, car l'ébullition altérerait Jes principes actifs. Il faut toujours préparer l'infusion immédia- tement avant de s'en servir, pour éviter la décomposition du principe purgatif, décomposition qui est assez rapide. En ajoutant quelques gouttes d'acide chlorhydrique à l'infusion, on augmente l'activité du purgatif; on la diminue au contraire par l'addition •de bases calcaires. Rhubarbe. La rhubarbe du commerce est le rhizome et non la racine du liheum officinale et du Rheumpalmatum, plante de la famille des Polygonées, qui croissent au Thibet et en Chine. La poudre de rhubarbe est de couleur jaune orangé clair, à saveur amère désagréable, à odeur forte et caractéristique. RHUBARBE. 445- La rhubarbe contient non de Vacide cathartique, comme on le croyait autrefois, mais un glucoside complexe donnant en sfr dédoublant des tanins pat'ticuliers, de Témodine, du chryso- phanol, de la rhéine, de la rhéochrysidine ; elle contient en outre des résines diverses, l'aporétine, la phérétine, Térythorétine, de- Tamidon et des oxalates de chaux. Effets physiologiques. — A faibles doses, la rhubarbe est un eupeplique et un tonique excellent du tube dig-estif. Elle augmente l'appétit, excite la sécrétion des diverses glandes et accélère le travail de la digestion. Après un certain temps d'administration, elle produit la consti- pation à cause de l'action astring-ente exercée par l'acide rhéo- tannique qu'elle renferme. A doses plus fortes, elle rend les défécations plus molles et plus fréquentes, surtout chez les petits animaux; enfin, à doses plus fortes encore, elle détermine une puryation chez la plupart des espèces domestiques. Cette purgation est douce, lente, peu durable et est toujours suivie de constipation. Les excréments prennent bientôt une cou- leur jaune très marquée, ce qui est dû à la fois à la matière colo- rante de la rhubarbe et à la présence d'une plus forte proportion de matière biliaire. Les urines se colorent également en jaune sous l'influence de ce médicament. Le lait acquiert de ïamertume et des propriétés purgatives qui se font sentir sur les jeunes ani- maux qui tètent. Elle semble avoir aussi une action excitante- assez marquée sur la sécrétion biliaire. Indications thérapeutiques. — A faibles doses, la rhubarbe est employée comme tonique du tube digestif dans toutes les affections atoniques de cet appareil, dans l'inappétence, la diarrhée des jeunes animaux. Son action cholagoguelQ. fait employer à dose moyenne contre l'ictère, les hépatites. A doses fortes, elle est utiUsée pour produire la purgation chez les petits animaux; chez nos grands herbivores, son action est trop faible lorsqu'elle est administrée seule. Administration et doses. — Chez nos grands animaux, on l'administre généralement sous forme de poudre, d'électuaire ou d'infusion. Aux petits, on donne de préférence la teinture. On l'associe souvent à l'opium, au carbonate de magnésie, au sulfate de soude, etc. AL le professeur Bagge, de l'école de] Copenhague, ayant 446 ALOES. injecté l'infusion de rhuJDarbe dans la veine jugulaire du cheval, a constaté que l'animal ne tarde pas à rendre des excréments d'abord durs, puis de plus en plus ramollis. On pourrait dotic essayer les injections intraveineuses dans les cas où l'administra- tion par le tube digestif serait impossible. Doses toniques. Cheval b à dO grammes . Bœuf 8 à 15 — Mouton et pore 2 à 5 — Cliien 03'',:)() à 1 gramme. Cliat et volailles O^M à Os^D Doses purgatives. Cheval 250 grammes . Porc 90 à 100 — Chien 1 à 15 — Chat et volaille là 5 — La solution aqueuse ou vineuse se donne aux petits animaux à la dose de X à XXX gouttes à titre de tonique et à celle de une à cinq cuillerées à titre de purg'atif. Aloès. On appelle aloès le suc concret des feuilles charnues de plantes de la famille des Liliacées, qui croissent surtout dans l'Afrique méridionale et qui forment le g-enre Aloe. On distingue suivant leur provenance un grand nombre de variétés d'aloès. Les principales sont : 1° h'aloès socotrin, variété la plus estimée. Il provient des côtes orientales de l'Afrique. Sa couleur est d'un brun roug-eâtre foncé; son odeur est ag-réable et comparable à celle de la myrrhe et du safran mélang-és. Il contient une g-rande quantité de cristaux. Parfois il olîre une coloration assez analogue à celle du foie et reçoit alors le nom (ï aloès hépatique. Cette variété a presque complètement disparu du commerce de la drog'uerie ; 2o h'aloès du Cap provient de l'Afrique australe. C'est Valoès officinal. Il se présente sous la forme de masses d'un brun foncé, avec reflets verdàtres à la surface ; les lames minces sont trans- parentes, d'un roug-e foncé; la poudre d'un jaune verdâtre. Cet aloès a une saveur très amère, une odeur forte, spéciale, peu ag-réable . ALOliS. 447 Celte variété est la seule qui soit communément utilisée. 3° L'aloès des Barbaries, de la Jamaïque ou des Antilles, est en masses solides, opaques, d'un brun-chocolat ou couleur de foie, devenant presque noires à la longue, à cassure terne et cireuse, à odeur rappelant celle de la myrrhe ; formant une poudre d'un jaune rougeâtre. L'aloès est soluble partiellement dans l'alcool, plus soluble dans l'eau chaude, plus soluble encore dans les liquides alcalins, la bile. Dans l'eau tiède, l'aloès du Cap est soluble dans la propor- tion de 86 p. 100, l'aloès des Barbades dans celle de 72 p. 100 ; il est insoluble dans l'éther et le chloroforme. Composition. — L'aloès renferme des glucosides désignés sous le nom générique d\iloï7ies, des résines, des traces d'essence, une matière colorante, de l'acide g-allique et des sels alcalins. Valoïîie, C-'H-°0^ est un glucoside d'oxyméthylanlhraqui- none et constitue le principe actif principal de l'aloès. Elle se présente en cristaux jaunes, est soluble dans l'eau, la glycérine et l'alcool. L'aloès du Cap et l'aloès des Barbades contiennent une aloïne appelée barbaloïne. Elle se dédouble sous l'influence des alcaUs en oxyméthylanthraquinone et un sucre de la famille despentoses. L'aloès du Natal contient la natalo'ine, C-^H^'^O'", variété d'aloïne qui en se dédoublant donne une trioxyméthylanthra- quinone et qui ne possède aucune propriété purg-ative. L'aloès du Natal ne doit donc pas être utilisé pour produire la purg-ation. Effets physiologiques. — Appliqué sur la peau, les muqueuses et les plaies, l'aloès produit un effet excitant, lèg'èrement astrin- gent et cicatrisant ; à l'intérieur, il détermine des effets qui varient selon la dose ing-érée. A dose faible, l'aloès ag'it essentiellement comme tonique et stomachique; il excite l'appétit, aug-mente la tonicité de l'estomac et de l'intestin, favorise la digestion et les évacuations. A doses moyennes, il rend les défécations plus fréquentes et dissipe les (latuosités. A dose élevée, l'aloès constitue un excellent purgatif. Pour que l'action évacuante se manifeste, il faut qu'il soit pris par l'estomac; les injections sous-cutanées, intraveineuses et les lave- ments d'aloès ou d'aloïne ne sont pas suivis de purg-ation. La purg-ation par l'aloès de bonne qualité ne s'établit que lentement, mais elle est sûre. Le porc et les carnassiers sont 448 ALOÈS. purg-és de quatre à six heures après Tadministration ; les solipèdes après dix-huit à vingt-quatre heures seulement, et enfin la pur- gation est rarement complète chez les ruminants, qui rejettent seulement des matières ramollies. Pendant la purg-ation parl'aloès, les animaux sont inquiets, manifestent des coliques et perdent momentanément l'appétit : mais il est rare qu'il y ait superpur- gation dangereuse, même lorsqu'on le donne à doses fortes. Cette drog-ue co7îgestionne et Irrite la muqueuse digestive; elle active les sécrétions intestinales ainsi que les contractions péri- staltiques. L'aloès produit une forte lujperémie des org-anes pelviens et des contractions dans la matrice; il peut déterminer l'avortement même à doses faibles. L'aloès accroît .la sécrétion biliaire (Rutherford) ; c'est un cholagogue énerg-ique. La bile est d'ailleurs nécessaire au complet développement de son action. Ainsi un lavement aloétique ordinaire n'a pas d'action sur le gros intestin; mais, si on y ajoute de la bile, il produit une vive irritation. A cause de sa faible dilï'usibilité, l'aloès est absorbé très lente- ment; on ne peut retrouver les principes actifs dans les sécrétions que ving-t-quatre heures après l'administration. Ces principes s'éliminent par les urines et par le lait. L'urine prend toujours ime coloration brune plus ou moins foncée, et le lait acquiert des propriétés purg-atives. L'aloès augmente aussi parfois la sécrétion urinaire. Chez le cheval, on a parfois observé des symptômes inquiétants après l'administration d'aloès, superpurgation^ coliques très vives, pouls très accéléré et très faible, grande faiblesse générale per- sistante, amaigrissement intense. Indications thérapeutiques. — 11 peut être employé : 1° Localement pour tonifier et cicatriser les plaies, surtout les plaies atoniques; 2° A l'intérieur, comme stomachique et tonique, à faible dose, dans l'inappétence, les digestions laborieuses, la perte de la rumination, le relâchement et l'atonie du gros intestin, etc., etc. ; 3° Comme purgatif, pour vider le canal intestinal dans les cas d'obstruction intestinale par les aliments ou par des vers, etc. ; pour dériver le sang sur l'inteslin et diminuer la pression dans les autres parties du système circulatoire dans des inflamma- tions aiguës des centres tierveux, des organes parenchymateux, tels que le rein et le poumon, dans les maladies avec épanche- ALOES. 449 ments séreux. L'aloès constitue un des meilleurs purg-atifs chez les solipèdes ; 4° Comme cholar/ogue dans l'ictère, l'hépatite ; 5° Comme aphrodisiaque, pour provoquer plus rapidement l'apparition des chaleurs chez les femelles froides. Contre- indications. — L'aloès ne doit pas être employé comme purgatif, sur les animaux pléthoriques, sur ceux qui sont ner- veux, secs, irritables, sur ceux qui sont atteints d'une irritation ou d'une inflammation g-astro-intestinale, ni sur les femelles en état de lactation, ni sur celles qui sont pleines, car il pourrait provoquer l'avortement. Administration. — Chez les ruminants, l'aloès est administré sous forme de breuvages ; chez les solipèdes et les petits ani- maux, on préfère la forme de bols et de pilules. Pendant la purgation, l'animal doit rester à l'écurie et recevoir du barbotage et ])eu de foin; il doit toujours être mis à l'abri des refroidissements. Bols aloétiques. Aloès 23 grammes . Coloquinte pulvérisée 2 — Savon noir O.S. Four un bol {Codex). Administrer au cheval. Doses. Dosés toniques. Doses purgatives. Bœuf o à 10 gr. 40 à 73 gr. Cheval i à 3 — 25 à 30 — Mouton, chèvre 2 à 3 — 13 à 20 — Porc 1 à 2 — 3 à 13 — Chien Osr, i à 05^,3 2 à 3 — Chat 0e',05à 06^,2 0ffr,2 à i — Poules. OsM à 0?r,2 0S''-,3 à 2 — Les doses toxiques sont environ trois fois plus fortes que les doses purg-atives ordinaires. Pour l'usage externe, on utilise ]si poudre et la teinture d' aloès. Teinture d'aloès. Aloès en poudre grossière 100 grammes. Alcool à 60o 300 — Faites macérer en vase clos pendant dix jours en agitant de temps en temps. Passez avec expression. Filtrez {Codex). Kaufmanx. 29 450 ÉGORGE DE BOURDAINE. Nerprun purgatif. ( Ulia )n n îis cal lia rt'ic us. ) Le nerprun est un arbrisseau indigène appartenant à la famille des Rhamnacées, qu'on trouve dans la plus grande partie do l'Europe ei du nord de l'Afrique. Il fournit à la médecine ses fruits connus sous le nom de baies du nerjjrun. Ces baies contiennent la rharmnocathartine, la f'vanguline g'iycoside émodique, la rhamnégiîic, principe amsr cristaliisable, soluble dans l'eau et l'alcool faible, insoluble dans l'éther et l'alcool concentré ; la rhamnine, matière colorante jaune, suscep- tible de se cristalliser; les acides tannique, acétique et malique ; de la gomme, du sucre, une matière albumineuse. La cathartine et l'émodine qui résulte du dédoul)lement de la franguline semblent être les matières actives. Effets et usages. — Les baies de nerprun, administrées en- tières ou écrasées, irritent énergiquement l'estomac el l'intestin et produisent une puî'gation abondante, mais douloureuse. Cette action irritante qui est la cause de la purgation est due à l'émodine qui résulte du dédoublement de la franguline en présence des sucs digestifs. On emploie rarement les baies, on s'adresse surtout au rob et au sirop de nerprun, préparations qui produisent une purg-ation beaucoup plus douce. Chez les porcs et les chiens, qui reçoivent de 50 à 80 g-rammes de baies fraîches de nerprun, il se développe une g-astro-entérite intense qui peut entraîner la mort. Les doses purgatives de sirop de nerprun sont de 1 à 2 cuillerées à soupe chez le chien et de 1 à 2 cuillerées à café chez le chat. Quand on emploie le rob ou extrait, les doses doivent être moitié moindres. Le siî'op de nerprun se fait avec parties égales de suc de ner- prun et de sucre blanc. Ce dernier corps peut être avantageu- sement remplacé par la mélasse, la cassonade, la glucose, le miel, etc. Écorce de Bourdaine. (Rhamnus fvangula. — Rkamnées.) Le Rhamnus frangula, arbrisseau sans épines qui croit dans la ÉGORGE DE GASGARA SAGRADA. 451 plupart de nos bois, fournit son écorce amère et astring-ente. Elle contient Vacide franguliqne, la frangulhie glycoside, qui se dé- double en émodine et rhamnodulcite. Outre les principes anthraquinoniques qui constituent les principes purg-atifs de cette écorce, il existe encore un ferment auquel il faudrait attribuer les symptômes douloureux dus à la drog'ue fraîche; on évite ces symptômes en employant l'écorce vieille ou en détruisant le ferment par l'ébullition. A l'état frais, Técorce de bourdaine est éméto-catliartique. Con- servée depuis quelques mois, et surtout depuis quelques années, elle perd sa propriété émétique mais conserve son action purga- tive. On l'emploie à titre de purgatif chez le chien sous la forme de décoction obtenue avec 10 à 20 grammes d'écorce vieille dans 500 g-rammes d'eau; on laisse réduire à 250 g-rammes, on admi- nistre le liquide par cuillerées jusqu'à production de la purgation. On peut aussi administrer avantageusement le sirop d'écorce de bourdaine par cuillerées à café chez les petits carnassiers. Écorce de Cascara sagrada. {Rhamniis purshiuna. — Rhamnées.] C'est l'écorce d'un arbuste qui croît à la Californie, où elle est connue sous le nom c\' écorce sacrée. Elle contient un principe résineux cristallisera cascarine ou rhamninc qui est en aiguilles prismatiques, d'un jaune-orang-e, inodore, insipide, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, peu soluble dans le chloroforme: de Vémodine, qui est le principe purg-atif, de l'acide chrysophanique, de l'acide oxalique, etc. L'écorce de Cascara sagrada est un médicament très utile pour combattre la constipation ; on l'administre au chien en poudre à la dose de 20 centig-rammes sous forme de pilules. On peut aussi utilement administrer l'extrait tîuide à la dose de 2 à iO grammes par jour chez le chien, ou la teinture à i 5 par l'alcool à 00° aux mêmes doses. On ne doit employer que l'écorce récoltée depuis un an au moins. 432 JALAP. 3° Purgatifs drastiques. Jalap. ) , '// Le tubercule appelé ./«^ajo est fourni par une espèce de liseron, de la famille des Convolvulacées, ÏExogonium Ja/apa ou VIpomœa Purga, qui croît au Mexique. Composition chimique. — On trouve dans la racine de jalap les principes suivants : résine 12 à 10 p. 100, sucre 19, gomme 10, amidon 18, et des matières inertes. La résine constitue la matière véritablement active ; elle renferme un r/lucoside w^^&Xé convol- vuli?ie, ou Jalapiîie, incolore, inodore et insipide, difficilement soluble dans l'eau, mais facilement soluble dans l'alcool et les liquides alcalins. En présence des alcalis, la convolvuline se transforme en acide convolvulique, G■''H^°0'^ qui agit comme purgatif énergique. Effets. — La racine de jalap constitue un purgatif puissant qui irrite l'intestin, le cong-estionne et augmente notablement ses sécrétions et ses mouvements péristaltiques. La convolvuline, qui constitue le principe actif, se dissout dans la bile, dont la sécrétion augmente, et agit alors avec une grande intensité sur rintestin. On voit apparaître d'abord des mouvements péristal- tiques énergiques dans le duodénum et plus tard dans tout l'intestin ; on entend aussi des borboryg-mes intenses. Quelque- fois le jalap détermine des vomissements par suite de l'irritation trop forte de la partie antérieure de l'intestin g-rêle. Généralement la purgation déterminée par cette substance n'est pas suivie de constipation. D'après les expériences qui ont été faites par différents auteurs, le jalap purge bien le chien, le porc et le chat, mais il n'a pas l'action purg-ative bien nette sur le cheval et les ruminants, ani- maux chez lesquels il détermine souvent une gastro-entérite grave. C'est un cholagogue énergique. Indications. — La purgation par le jalap est indiquée surtout, dans l'obstruction intestinale, dans les hydropisies des séreuses ou du tissu conjonctif, dans les maladies aiguës d'org-anes éloignés, telles que celles du poumon, des môning-es ou des centres nerveux, etc. Elle produit un abaissement de la tension artérielle et une dérivation considérable du sang-, qui, étant BRYONE. 453 appelé dans rintestin. arrive en quantité moindre dans l'org-ane malade. Doses et administration. Poudre de racine de jalap. ^,-^J,^. 0 à lo giaiumc-s . Cliien... Û^SoO 4 — Chat 0^S20 0'',5 Volailles 0'^40 1 gramme. C'est g-énéralement sous forme de pilules ou de bols qu'on administre le jalap. On l'unit au savon ou à la graisse. On peut aussi le donner dans un peu d'eau-de-vie. La résine de jalap est de deux à quatre fois plus active que la racine. On la donne à la dose de O^MO à 0g'-,50 chez le chien, comme purg-atif drastique. Chez les petits animaux, on peut aussi avantageusement employer \d.jalapine onconvolvuline en g-ranules dosimétriques à 1 milligramme. Bryone. (Bryonia dioïca L. {Vigne blanche. — Couleuvre'e.) Plante indig'ène de la famille des Cucurbitacées. dont la racine a la forme d'un navet et pour cela appelée vulgairement raci7ie du diable. Cette racine, qui est la seule partie employée en méde- cine, possède une odeur nauséeuse, une saveur acre et caustique et des propriétés éméto-cathartiques énergiques, surtout lors- quelle est récoltée en automne. Elle contient comme principes actifs : la bryonine, la bnjotii- tine, une résine, une huile, de la g-omme et de la fécule. La bryonine est un g-lycoside qui se présente sous la forme d'une poudre amorphe d'un blanc jaunâtre, à saveur d'abord sucrée, puis amère et acre. Elle est insoluble dans l'éther et le chloroforme, mais soluble dans l'eau et l'alcool. La bryonitine est un principe cristaUisé soluble dans l'eau. Effets.— La racine de bryone détermine localement des etVets rubéfiants très marqués. Sur la peau, elle produit de la roug-eur, delà douleur et même la vésication si l'application est prolong-ée. Orfila a vu se développer un phlegmon volumineux et mortel sur 454 BRYONE. le chien après l'application de 10 grammes de i)Oudre de racine de bryone sur le derme dénudé de la cuisse. Introduite dans Testomac, la bryone produit des ellets com- plexes : elle est vomitive, drastique, diurétique et expectorante. A forte dose, elle détermine le vomissement chez les carnassiers et une purgation assez intense chez tous les animaux. Cependant, chez les herbivores, la purgation n'est ni sûre ni régulière. D'après certains auteurs, elle purge bien le bœuf à la dose de 90 grammes; d'après d'autres, on n'obtiendrait la purgation qu'avec 1 kilogramme de racine fraîche et 250 grammes de racine sèche. Elle provoque parfois l'expulsion des vers intestinaux et est par conséquent vermifuge. A fa iljles doses, e\\e excite le tube digestif, augmente l'appétit et produit une sécrétion plus abondante du côté des bronches et des reins. Elle est donc expectorante et diurétique. A doses toxiques, on voit survenir de la superpurgation, le refroidissement du corps, la petitesse du pouls, des crampes et enfin des convulsions tétaniques et de la stupeur. Indications. — Dans la pratique, il ne faut accorder qu'une contiance médiocre à cette racine à cause de l'inconstance de sa composition. On peut cependant l'administrer à doses modérées dans les Jiydropisies^ pour provoquer la résorption des liquides épanchés ; dans les lielminthiases, pour tuer les vers, les œstres qui font maigrir les poulains; dans la pneumonie et la bronchite, pour faciliter l'expectoration. Administration et doses. — Chez les petits animaux, on peut administrer le vin de bryone à la dose de 30 à 100 grammes par jour. Vin de bri/one. Racine de bryone C>Q grammes. Vin blanc 500 — Faire macérer huit jours et filtrer. Chez les grands animaux, on mélange la poudre au barbotage ; ou bien on l'associe à la poudre de gomme, de guimauve et à du miel pour former des électuaires. La dose de poudre est de 25 grammes chez le poulain. La bryonine est administrée au chien à la dose de 0^^02 pour déterminer une purgation abondante et la poudre de bryone à celle de 1 à 2 grammes . GOMME-GUTTE. Gomme-Gutte. C'est une g-omme-résine qui s"écoule de Técorce du Garcinia Morella ou du Garcinia Hanburi/i, arbre de la famille des Glusiacées, qui croît en Cocbinchine, au Siam, au Cambodge. Elle est insoluble dans Teau, mais s"y émulsionne facilement et lui communique une coloration jaune magnifique ; elle se dissout facilement dans l'alcool, l'étber, les essences, et donne des solutions d'un jaune doré ; enfin la potasse la dissout ég-a- lement, en exaltant sa couleur jusqu'au rouge intense. D'après Braconnot et Christisen, la gomme-g-utte renferme : de la résine 80 p. 100, de la gomme 19,50 p. 100, de la fécule et de la cellulose 0,50 p. 100. Laresme est d'une couleur jaune orang-é presque rouge trans- parente, d'une saveur très acre ; elle est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'étber, le chloroforme, le sulfure de carbone, l'essence de térébenthine et la benzine ; elle a été désignée sous le nom diacide cambogique. Ce principe ne devient actif que dans l'intestin au contact des graisses et surtout de la bile. Effets. — La gomme-gutte est un purgatif drastique des plus énergiques ; elle produit une irritation vive de l'estomac et de l'intestin, irritation qui engendre le vomissement et la purgation chez les carnassiers et les omnivores et la purgation seulement chez les herbivores. Elle active aussi la sécrétion rénale et com- munique à l'urine une coloration jaune prononcée. A l'extérieur, elle excite les plaies et provoque leur cicatrisation. Administration et doses. — On l'emploie seule ou mieux associée à d'autres purgatifs pour obtenir la purgation chez nos différents animaux On n'est pas encore exactement fixé sur les doses purga- tives, chez les diverses espèces animales. Les écrits des auteurs renferment des résultats contradictoires ; les uns sont partisans des doses fortes, d'autres ont obtenu de meilleurs résultats avec des doses faibles. L'incertitude dans laquelle on se trouve pour fixer les doses est facilement explicable par la composition VÊU'iable de la gomme-gutte. Tl est certain que toutes les variétés de cette drogue n'ont pas exactement la même composition chimique ; on voit même que, dans une variété, certains échantillons sont plus riches en principes actifs que d'autres. L'incertitude des doses dérive toujours de ce que le médicament employé n'est 456 SCAMMONÉE. pas un principe fixe parfaitement pur au point de vue chimique. Les doses suivantes, indiquées par Hertwig-, ne sont que des moyennes : Grands ruminants 30 à 4o grammes. Solipédes 15 à 30 — Petits ruminants et porc 3 à 4 — Carnivores (i«',Ma. 2 — Volailles 0^%2 à 0«%1 On Tassocie utilement à Taloès pour les herbivores et au calomel pour les carnassiers. Pour éviter la superpurg-ation, on doit donner la gomme-gutte plutôt à doses faibles et renouveler les administrations au besoin. On l'administre sous forme d'émulsion, d'électuaire, degranules, de bol. La poudre de gomme-g"utte, appliquée sur les solutions de con- tinuité du g-arrot, de l'encolure, du dos, et sur toutes les plaies contuses, produit une cicatrisation rapide (Rey). Seammonée. (Co7ivolvulus sca)ntno)iia.) Le Coîivolvu/us scammonia est une plante herbacée de la famille des Convolvulacées, qui croît en Syrie, en Russie et en Grèce. Par des incisions pratiquées sur la racine, on en retire un suc laiteux qui, desséché," forme la gomme-résine, connue dans le commerce sous le nom de seammonée. Compositiou. — Elle renferme de la résine., de la gomme, des sels et des matières terreuses en proportion variable. A cause de Tinconstance dans la composition de cette drog-ue, on lui substitue ordinairement la résine, que l'on peut obtenir parfaitement pure. La résine est en écailles minces, transparentes, jaunâtres, ino- dores, insipides, solubles dans l'alcool et l'éther. Elle contient de la convolvuline ou Jalapine. Effets et emploi. — La seammonée est un purgatif drastique dont les effets se rapprochent de ceux du jalap. Elle n'ag-it qu'à la faveur des sucs alcalins, qu'elle rencontre dans le canal intes- tinal et qui dissolvent la résine et dédoublent la convolvuline. Dans l'estomac, elle reste inerte, parce qu'elle est insoluble dans le suc g-astrique acide. COLOOUINTE. ■*»' Après l'absorption de ses principes actifs dans Tintestin, elle excite la sécrétion urinaire et détermine la diurèse. Elle convient contre la constipation atonique, les affections catarrhales de l'intestin grêle, des voies biliaires, etc. Elle peut aussi favoriser la résorption des épanchements hydropiques. . On ne l'administre g'uère que chez le chien, à la dose de 0»''^50 à i g-ramme en poudre, en pilules, ou dans du lait, ou bien on l'associe avantageusement au jalap ou au calomel. La résine pui-e de scammonée, qui est blanche, se donne au chien à la dose de Og'-,10 k Og',20 en une fois et à celle de 0g^50 à 0g'',60 par jour. Coloquinte. La coloquinte est la pulpe du fruit du Citrullus Colonjnthis de la famille des Cucurbitacées. Cette plante est originaire de la Syrie et du nord de l'Afrique. Elle contient un g-lycoside très actif, la colocynthine, G^^H^^O^^ ; celle-ci se présente sous la forme d'une poudre amorphe, jaune, amère, insoluble dans l'eau et soluble dans l'alcool. On y trouve aussi un autre principe cristallisable, la colocynthitine. Effets et emploi. — La coloquinte constitue un pm^gatif dras- tique très énergique. Elle irrite assez fortement la muqueuse g-as- tro-intestinale et provoque une abondante sécrétion biliaire. Quand les doses sont fortes, on observe de vives coliques, des évacua- tions fréquentes d'excréments ramollis ou liquides, quelquefois sanguinolentes. Elle agit non seulement en provoquant une abon- dante sécrétion liquide sur la muqueuse intestinale, mais encore en accélérant vivement les mouvements péristaltiques. On lui attribue aussi des vertus diurétiques. Elle entre avec l'aloès dans la composition du bol purgatif pour le cheval. Elle est utilisée surtout chez les carnassiers et le porc contre la constipation, l'obstruction intestinale et les hydropisies. Doses. Pondre {Heriwig). Chat et chien 0&'-,05 à 2 grammes. Porc 8 grammes . D'après Viborg-, elle provoque une g-astro-entérite dang-ereuse 458 PODOPHYLLIX. — PODOPHYLLIiNE. à la dose de 180 grammes ch(iz le cheval et de 15 grammes chez le mouton. La colocynthino en solution, injectée sou a la peau h la dose de 0s'",05 à Os'',i, provoque chez le chien un effet purgatif qui dure de six à huit heures(Ellenberger). Chezie cheval, elle déter- mine au point d'injection un eng-org-ement qui s'abcède et ne produit aucune purg-ation bien nette. Il en est de même chez les ruminants. Pour obtenir une purg-ation certaine, il est nécessaire, chez les herbivores, d'administrer la colocynthine dans le tube dig'estif. On la donne à l'intérieur au chien, en g-ranules à la dose de 2 à 3 millig-rammes à répéter deux ou trois fois par jour. La colocynthitine est ég'aleraent très irritante localement, lors- qu'on l'injecte sous la peau, et elle ne produit aucun effet purga- tif par cette voie. Pilules purgatives pour le chien. Aloés 10 graiîiines. Coloquinte pulvérisée ls'',5 Savon médicinal Q. S. Pour 20 pilules. Podophyllin. — Podophylline. On désig'ne sous ces noms un extrait alcoolique résineux fourni par le rhizome et la racine du Podophyllum peltatum, plante de la famille des Berbéridées, qui croit dans les forêts des États-Unis. En Amérique, on emploie cette racine comme purgatif, et on la désig'ne sous la nom d'Ipécacuanha de la Caroline. L'extrait se dissout facilement dans l'alcool, les alcalis, et donne des* solutions d'un brun foncé. Cette racine purg-ative renferme, outre la gomme, l'amidon et les sels de chaux, un principe actif cristallin, la picropodophyl- tine associée à l'acide pic ropodophy Ulque . Leur combinaison a reçu le nom de podo})liyllotoxine. Eifets. — Le podophyllin, connu depuis peu de temps en Europe, tient au point de vue de son énergie purgative le milieu entre le jalap et l'huile de croton tiglium. C'est donc un dras- tique puissant . A faibles doses (Sg-rammes cheval, 0g'",05 à0g'',50 chien), le po- dophyllin peut être supporté longtemps; il détermine simplement PODOPIIYLLINE. 459 de légères évacuations qui ne sont pas douloureuses; cependant le chien et le chat peuvent être impressionnés par les premières doses administrées et offrir des nausées et des vomissements. Les excréments évacués sont d'une coloration jaunâtre due à la matière biliaire et à la matière colorante de la résine. Le podophyllin semble activer notablement la sécrétion de la bile et est considéré comme un cliolagogiie énergique. Les fortes doses déterminent toujours, chez nos dilférents oni- maux domestiques, une purg-ation intense accompag-née de coli- ques violentes, de nausées et de vomissements chez les carnivores et suivie d'un alTaiblissement musculaire considérable. La purg-a- tion est le résultat de l'action irritante exercée par le podophyllin sur le canal intestinal; les évacuations sont rapides, abondantes et liquides. A la dose de 4 à 5 g-rammes, le chien succombe aux suites d'une g-astro-entérite. On avait prétendu que la podophyl- lotoxine pouvait produire la purg-ation rég"ulière lorsqu'on l'in- jectait sous la peau ; mais les expériences d'EUenberg-er ont démontré que l'administration hypodermique de ce produit est dangereuse et produit un empoisonnement fréquemment mortel. Indications. — Le podophyllin convient pourpurg-er les petits animaux qui sont fortement constipés. Il convient aussi comme dérivatif intestinal dans les maladies aiguës ou chroniques d'org-anes éloig-nés. Doses et administration : Podophylline. Doses purgatives. Bœuf 8 à 15 grainiiies. Cheval o à 10 — Porc or, 50 à, 2 — Chien OsMO à Os'-,2o Chat Osi-, 03 à Os^, 04 Ces doses peuvent être renouvelées plusieurs fois si la purga- tion ne se produit pas. On administre la podophylline sous forme de pilules, de bols, d'électuaires. Les injections sous-cutanées, recommandées autrefois, doivent être proscrites à cause de la toxicité du principe actif. On voit en effet apparaître non seulement de la diarrhée, mais encore une 460 HUILE DE CROTON. paralysie du train postérieur et une inflammation de l'intestin et des reins. La podophyUotoxine est environ dix fois plus active que la podophylline. Elle cause moins de coliques et constitue un bon purgatif chez les jeunes carnassiers, à la dose de 5 milligrammes à 1 centigramme. On remploie en solution alcoolique sucrée. Huile de croton. Cette huile est extraite des graines fournies par le Croton tiglium, arbuste de la famille des Euphorbiacées, qui croit aux îles Moluques, à Geylan et aux Indes. L'huile de Croto?i tig/iin/i ou de Tilly est onctueuse, jaunâtre, d'une odeur nauséabonde et d'une saveur excessivement acre. Très soluble dans l'alcool, l'élher, le chloroforme, les essences, les corps g'ras, insoluble dans l'eau, mais s'y émulsionnant facilement par l'intermédiaire d'un jaune d'œuf, d'un mucilage, d'une g-omme, etc. ; elle se saponifie aussi très facilement par l'action des solutions alcalines. Elle renferme de ïacide crotonique (CH'^O-), qui est le prin- cipe actif, de la résine, des acides gras tels que Vacide stéa- rUjue, Vacide oléique, Yaride palmitique, Vacide acétique, Vacide butyrique, etc. Effets physiologiques. — Sur la peau, l'huile de Croton tiglium produit des elTets irritants qui peuvent aller depuis la simple rubéfaction jusqu'à la vésication la plus profonde. Em- ployée en petite quantité mélangée à une huile douce, à de l'axonge, cette huile irrite superficiellement la peau et fait naître, au bout de quelques heures, une simple éruption vésicu- leuse : mais, appliquée en nature, elle attaque la peau profondé- ment et provoque bientôt la formation d'un eng-orgement inflam- matoire considérable accompagné de fièvre de réaction, de perte d'appétit, de tristesse ; enfin, après la chute de l'épiderme et des poils qui ne tarde pas à survenir, la surface dénudée marche rapi- dement à la cicatrisation, mais le plus souvent sans se recouvrir de poils. Outre les effets irritants locaux externes, l'huile de Croton tifjliutn peut produire des effets purgatifs plus ou moins intenses, par suite de l'absorption de son principe actif par la peau et de son mélang-e avec le sang-. Cette huile produit la purg-ation, quelle HUILE DE CROTON. 461 que soit la voie d'absorption à laquelle on la confie; elle purge non seulement lorsqu'elle arrive dans l'intestin, mais encore quand on l'injecte dans les veines, sous la peau, dans la trachée, ou lorsqu'on l'emploie en frictions étendues. Introduite dans l'estomac, l'huile de Croton tiglium constitue le purgatif drastique le plus énergique. Elle provoque la purga- tion en irritant fortement la muqueuse intestinale. Son action purg-ative, même modérée, s'accompagne toujours, surtout sur les chevaux, de tristesse, de perte d'appétit, de coliques, de ténesme, d'une fièvre de réaction très vive. Les évacuations ne se montrent guère qu'après dix-huit, vingt-quatre ou trente-six heures chez les g'rands herbivores ; mais elles sont presque toujours très abondantes, très fluides et durent en moyenne un ou deux jours. Cette huile constitue un bon purgatif pour les animaux de Ves- pèce bovine, qui sont si difficilement purg'és. Elle présente sur l'aloès l'avantage d'agir plus énergiquement, plus sûrement et dans un temps plus court. Si la purgation a été modérée et régulière, les animaux repren- nent promptement l'appétit et se relèvent rapidement de l'état de faiblesse dans lequel ils étaient tombés. S'il y a eu superpur- gation, l'affaiblissement persiste aussi longtemps que la gastro- entérite provoquée par le médicament. L'huile de croton à dose très faible détermine aussi une diurèse abondante, due probablement aux principes résineux éliminés par les reins . Indications thérapeutiques. — On emploie l'huile de croton à l'extérieur comme /r/7'^«n^ cutané, rubéfiant ou vésicant,lors- qu'on veut agir vite et amener une dérivation ou ?'évulsion rapide et intense. A l'intérieur, on l'utilise comme purgatif drastique lorsqu'on veut provoquer une évacuation abondante, dans l'obstruction intestinale produite par des vers, des aliments ou d'autres corps étrangers. On ne l'emploie pas souvent comme dérivatif intestinal dans les hydropisies, les maladies aiguës, car cette huile est trop affaiblissante et trop dangereuse. On lui préfère en général l'aloès, le jalap. 462 ÉVACUANTS INTESTINAUX SPÉCIAUX. Doses : Doses purgatives. Gouttes. IJo'ul ÙS'M à 08'-,80 XV à XXX Maxim. XL Cheval 0s'',30 à 0s^60 X à XV — XX Petits ruminants. Os'MO à 0s'-,20 VlIIàXII — XVIII Porc 06'-,06 à 0eM2 III à VI — V Chien 08^,03 à OsMO I àV — VIII Administration. — Pour administrer cette huile, on l'émul- sionno dans un jaune d'œuf, dans une solution gommeuse ou mucilag'ineuse, ou bien on la dissout dans une autre huile, soit l'huile de ricin, soit l'huile d'olive. Beaucoup de praticiens ajoutent IV à VI gouttes d'huile de croton aux bols ou aux pilules purg-atives d'aloès pour augmenter leur énergie. Quand on emploie l'huile de Croton tiglimn sur la peau à titre de révulsif, on l'applique pure ou mélangée, soit à un corps gras ou une huile essentielle, soit à l'alcool dans la proportion de i p. 10, 1 p. 30-50. Il faut, dans tous les cas, éviter de la toucher directe- ment avec la main, à cause de ses propriétés irritantes; on reten- dra donc avec un pinceau, un tampon d'étoupe très serré ou avec la main recouverte d'un g-ant de peau ou d'une vessie sèche. Le topique suivant est souvent employé {Codex) : Huile de croton 2 grammes. Essence de térébenthine 50 — Huile d'œillette 50 — Mêlez. Appliquer avec un pinceau. Évacuants intestinaux spéciaux. On peut placer dans ce groupe la pilocarpine^ Véseri7n\ Vnrécoline., le chlorure de baryum, la muscarine. Ces substances provoquent des évacuations anales abondantes et fluides, quelle que soit la voie d'administration. Il suffit qu'elles passent dans le sang-, c'est-à-dire qu'elles soient absorbées, pour que les effets évacuants se produisent. Ces médicaments évacuants offrent le très g'rand avantage de pouvoir être adminis- trés par injections sous-cutanées ou même intraveineuse». PILOGARPl.XE. 463 Pilocarpine (G'iHi6Az202). La pilocarpine est Talcaloïde actif des feuilles du jaborandi {Pilocarpus pennatifoUus), abrisseau de la famille des Rutacées, originaire du Brésil méridional. Elle se présente sous forme d'une masse visqueuse, incolore non volatile, peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, ie chloroforme, insoluble dans la benzine. x\vec les acides, elle forme des sels parfaitement cristallisés, très solubles dans l'eau et produisant exactement les mêmes effets pharmaco-dynamiques. Pour l'usage thérapeutique, on préfère les sels ; les plus employés sont: le chlorhydrate et l'azotate de pilocarpine. Le chlorhydrate de pilocarpine renferme, sur 100 parties, 85,07 parties de pilocarpine, et l'azotate en renferme 76,75 parties. Les solutions aqueuses des sels peuvent se conserver long- temps sans subir aucune altération de leurs propriétés physio- log-iques ; comme elles s'alTaiblissent à la longue, il suffit, quand elles sont vieilles, d'en augmenter les doses. Lorsqu'elles sont devenues troubles par suite du développement de g-ermes, il faut ,-^ ^ /wv-^>.>va>l^ les filtrer avant de s'en servir. Elles s'emploient principalement en injections hypodermiques. Effets physiologiques. — Sur la peau, les plaies et les mu- queuses, la pilocarpine ne ^produit pas d'effets locaux appré- ciables chez nos animaux. Chez l'homme, son application sur la peau provoque localement une augmentation très nette de la sécrétion sudorale. Quand on instille dans l'œil d'un animal une goutte d'une solu- tion d'un sel de pilocarpine, on produit la tnyqse ; la pupille com- mence à se rétrécir après dix minutes, et elle est arrivée à son maximum de rétrécissement après vingt ou trente minutes. Cette action myotique dure environ trois heures. Après son absorption, cet alcaloïde jouit de la remarquable propriété d'augmenter considérablement les sécrétions glandu- laires et de provoquer des contractions assez énergiques dans les muscles lisses. Si l'on injecte une dose moyenne d'un sel de pilocarpine dans le tissu conjonctif d'un cheval, on voit survenir, après cinq à dix minutes, une salivation extrêmement abondante et une hyper- 464 PILOCARPINE. sécrétion lacrymale, bronchique, sudorale, sébacée et intestinale, La salive afdue dans la cavité Ijuccale avec une telle abon- dance que l'animal ne peut pas la déglutir en totalité ; une grande quantité s'écoule hors de la bouche vers les commissures des lèvres et tombe sur le sol. La salivation est, de toutes les sécré- tions, la première influencée chez nos animaux domestiques ; de très faibles doses d'alcaloïde suffisent pour la mettre enjeu. Avec des doses très faibles, l'hypersécrétion salivairc est le seul phéno- mène que l'on observe ; les autres g'iandes ne sont impressionnées notablement que par des doses plus fortes. Cette salivation com- mence une ou deux minutes après l'injection intraveineuse ; elle dure plus ou moins longtemps, suivant les doses. Des doses moyennes produisent une salivation qui peut durer deux ou trois heures. Un cheval de taille moy^enne, ayant reçu une injec- tion intraveineuse de 0''',25 de chlorhydrate de pilocarpine, a salivé abondamment pendant trois heures ; la première heure, on a pu recueillir 2 litres de salive ; la deuxième heure, plus de 1 litre et un peu moins à la troisième. La salivation a duré pendant trois heures, et la quantité de salive rendue a pu être évaluée à -4 litres environ. Pour recueillir la salive, on empêche, autant que possible, la dég-lutition en tirant la lang-ue hors de la bouche. Celle qui est recueillie sur le cheval est épaisse, très visqueuse et filante ; elle a une réaction fortement alcahne et ne saccharifie l'amidon qu'avec une extrême lenteur. La sécrétion lacrymale est aussi rapidement mise en activité par la pilocarpine ; elle dure aussi longtemps que la sécrétion de la salive. Les larmes s'écoulent en gouttes claires, mobiles, non visqueuses, soit par le canal lacrymal, soit par l'ouverture des paupières; elles se succèdent avec plus ou moins de rapidité. h''hypersécrétio7i intestinale est considérable pendant l'action de la pilocarpine. Immédiatement après l'injection intraveineuse, nous avons vu, sur le cheval dont j'ai parlé plus haut, une expulsion fréquente de matières excrémentitielles. Les premiers crottins rendus étaient durs, sans mélang-e de liquide ; dans les défécations ultérieures, on a pu remarquer un ramollissement de plus en plus considérable des matières ; après une heure, les défécations étaient fréquentes, très ramollies et accompagnées d'une grande quantité de liquide. Vers la deuxième heure qui a suivi l'injection, l'animal a rendu un véritable jet liquide par l'anus, sans mélange de matières solides; on aurait dit ([ue PILOCARPINE. 465 ranimai rejetait un lavement abondant. On a pu évaluer approxi- mativement à l',5 ou 2 litres la quantité de liquide expulsé par l'anus pendant les trois heures qui ont suivi Tadministration. Les gTOSses g-landes abdominales, dont les produits de sécrétion sont déversés dans l'intestin, sécrètent une grande quantité de liquide. \J hypersécrétion sudorale et sébacée est moins nette chez nos animaux domestiques ; cependant cette hypersécrétion existe, et, chez le cheval, une lég-ère moiteur s'établit à la surface de la peau, mais il n'y a pas de véritable sudation. Il en est de même chez les bêtes bovines. Chez l'homme, on observe une sudation très abondante en même temps qu'une hypersécrétion salivaire. Après les injections sous-cutanées d'un sel de pilocarpine, la sécrétion de la sueur débute toujours au voisinag-e du point d'in- jection, ce qui indique que cette substance excite les extrémités terminales des nerfs g-landulaires. L'atropine tarit la sécrétion sudorale en paralysant les fibres nerveuses intrag-landulaires ; la pilocarpine active cette sécrétion en excitant ces mêmes fibres ; les deux alcaloïdes agissent comme antagonistes; les effets s'annulent réciproquement. Cet antag-o- nisme est très facile à constater sur les pulpes des pattes du chat. Chez cet animal atropine, la sécrétion sudorale est complètement tarie ; si alors on fait une injection hypodermique de chlorhy- drate de pilocarpine sous le bourrelet d'une patte, on voit la sudation commencer bientôt sous ce bourrelet et ensuite plus tard sous les autres. Une nouvelle injection d'atropine fait encore disparaître la sudation. On peut ainsi à volonté provoquer ou tarir la sécrétion sudorale en injectant alternativement de la pilocarpine et de l'atropine. D'après Al. Robin, la sueur sécrétée pendant l'action de la pilocarpine est plus riche en urée et en chlorures. La pilocarpine produit une hypersécrétion muqueuse sur toute la long-ueur de l'appareil respiratoire. L'auscultation de la trachée et de la poitrine permet de constater des râles muqueux qui ne peuvent évidemment s'expliquer que par une accumulation de liquide muqueux dans les voies respiratoires. Sous l'action de fortes doses, la sécrétion bronchique peut devenir tellement abondante qu'il se produit une g-êne respiratoire inquiétante et quelquefois un véritable œdème pulmonaire. La pilocarpine provoque de l'hypersécrétion salivaire, lacry- male, intestinale, biliaire, sudoripare et sébacée, mais elle diminue Kaufman.n. 30 466 PILOCARPINE. la quantité d'urine éliminée. L'urine rendue est plus dense, plus concentrée, et se trouble par le refroidissement. Elle est évacuée fréquemment, mais seulement en petite quantité à la fois. La pilocarpine n'a aucune action galactopoiétujue^ mais le lait sécrété est plus riche en sucre (Gornevin). Outre l'aug-mentation des sécrétions, la pilocarpine provoque encore des contractions très énergiques des muscles lisses de l'estomac, de l'intestin et de la vessie. M. Morat, professeur à la Faculté de médecine de Lyon, a démontré, avec la méthode graphique, que la pilocarpine exag-ère considérablement les mouvements rythmiques de l'es- tomac et de l'intestin, tandis que l'atropine les arrête. Les contractions de la vessie, sous l'influence de la pilocarpine, sont démontrées par ce fait que l'animal expulse fréquemment de l'urine en petite quantité. Le cheval dont j'ai parlé plus haut a rendu de l'urine à plusieurs reprises, mais toujours en petite quantité à la fois ; à certains moments même le liquide s'écoulait g-outte à g-outte par l'extrémité de la verg-e : il y avait une véri- table incontinence urinaire. La circulation subit également des modifications. Pendant l'action de la pilocarpine, le pouls devient d'abord plus fréquent, plus ample ; puis, après un certain temps, il se ralentit notablement et s'affaiblit jusqu'à devenir filiforme et presque imperceptible; enfin il se relève de nouveau graduellement jusqu'au retour à l'état normal. La pilocarpine produit aussi des modifications des températures rectale et cutanée. La te/npe'ratiire rectale s'élève, au début, de quelques dixièmes de degré; mais, vers la fin de l'action, elle baisse depuis plusieurs dixièmes jusqu'à 1°,5. La peau s'échauffe notablement pendant que la pilocarpine agit; cette élévation de la température du tégument peut être souvent constatée à la main, mais encore plus sûrement avec le thermomètre. Cet instrument, placé sous la peau de l'encolure d'un cheval qui a reçu 0s'",25 de pilocarpine dans les veines, a marqué successivement 34°,9, 35°, 35", 1, 35°,3, 36°, 36°,2. Il est resté stationnaire à 34°, 9, pendant la première demi-heure de l'action ; l'élévation a alors commencé et a été à son maximum deux heures après l'injection. Dans le même temps, la tempéra- ture rectale ne s'est élevée que de 38° à 38°, 6. La peau s'est donc beaucoup plus échauffée que le reste de l'organisme: ceci ne peut être expliqué que par une circulation cutanée beaucoup plus active. PILOCARPINE. 467 Quand la dose de pilocarpine administrée est forte, on observe souvent du vomissement chez les carnassiers et même parfois chez le cheval (Frôhner); l'animal perd toujours l'appétit; il a une soif ardente et présente un peu d'abattement et de fatig-ue. Indications thérapeutiques. — 1° A titre de diaphorétique et d' antithermique, la pilocarpine est indiquée au début de toutes les maladies fébriles produites par un refroidissement : angines^ laryrigites, bronchites, pneumonies, pleura-pneumo- nies, pleure'sies, etc. En provoquant un afflux de sang- à la peau, elle échauffe cette membrane, excite sa sécrétion et favorise la déperdition de calorique. 2° L'action hypersécrétoire et évacuante que provoque la pilo- carpine fait employer cette substance pour favoriser la résorption des liquides hydropiques et des sérosités pathologiques. Elle a donné d'excellents résultats dans V immobilité chez le cheval ayant pour cause l'hydrocéphalie aiguë ou chronique, la méningo-encé- phalite. On a publié de nombreuses observations, tant en France qu'à l'étrang-er, qui démontrent que le traitement par la pilocar- pine employée à haute dose et en injection sous-cutanée produit rapidement une amélioration et la guérison complète de l'immo- bilité. Cependant il faut faire remarquer que le traitement reste inefficace lorsque la maladie, au lieu de relever d'une simple hydropisie des ventricules cérébraux, est due à une compression de la substance nerveuse par une tumeur ayant son sièg'e sur les méninges ou la face interne du crâne ou à une altération patho- logique de cette substance. Pour obtenir des effets curatifs rapides dans l'hydrocéphalie, il ne faut pas craindre d'injecter au cheval le chlorhydrate ou l'azotate de pilocarpine à la dose de 0gr,50, 0gr,60, Ogi-,80 0gr,90 ou même 1 gramme (Klemm, Ber- liner Archiv, 1885; Racca, Giornaledi veterinaria militare, 1891 ; Parazols, Revue vétérinaire, 1892, et d'autres). Ddiïisldi méningite cérébro-spinale enzootique, Gorayeff a également obtenu un cas de guérison par l'emploi de la pilocarpine. 3° Dans les néphrites aiguës ou chroniques, la pilocarpine agit efficacement en favorisant l'expulsion des principes toxiques qui encombrent le sang- par les sécrétions salivaire, sudorale et intestinale, sécrétions qui sont fortement activées et suppléent l'élimination rénale. Elle a donné également quelques bons résultats dans la gastro-duodénite (jaunisse) chez le chien (Cozette). 4&8 PILOCARPINE. 4° La pilocarpine a été employée avec succès au début de la .^ . fourbure (Friis, Walther) et dans le rhumatisme f?uisciiJaire iz^r^ â^ '"^^ ^"^^^ ^® cheval (Siedamkrowsky), à des doses variant de 0g'',20 J^y^ _ à 0gr,70 en injection hypodermique. 5° Dans les coliques, les indigestions stomacales et intestinales, dans les obstructions intestinales dues à des pelotes, des calculs, des matières durcies, les sels de pilocarpine, en réveillant le péristaltisme et en activant les sécrétions dig-estives, produisent généralement des évacuations rapides et abondantes. Dans les cas de coliciues chez le cheval, on unit avantag-eusement la pilo- carpine et l'ésérine (0gr,20 de chlorhydrate de pilocarpine et Osi',05 de sulfate d'ésérine). Quand l'intestin offre sur son trajet un obstacle insurmontable à la marche des matières, comme une invag-ination, un volvulus, le traitement à la pilocarpine, ou à la pilocarpine-ésérine, échoue fatalement comme tous les autres traitements médicaux. Chez les ruminants, les sels de pilocarpine sont recommandés dans la surcharge alimentaire, Vengouement du feuillet, Vindi- gestion chronique, la. pare'sie de la panse. 6" En agissant sur la peau, la conjonctive et les glandes de l'œil, la pilocarpine exerce une influence favorable à la guérison de la plupart des maladies cutanées et oculaires. 7° On utilise encore avantag-eusement la pilocarpine contre les maladies chroniques de l'appareil respiratoire. En augmentant la sécrétion bronchique, le mucus se détache plus facilement, et la respiration devient plus facile, plus lég-ère. Dans ces cas, il faut éviter l'administration de doses trop fortes à cause de la produc- tion possible d'un œdème pulmonaire qui pourrait compromettre la respiration. 8° Elle a rendu ég-alement des services pour provoquer l'expul- sion des membranes fœtales dans les cas de non-délivrance. Contre-indications. — Les injections des sels de pilocarpine sont contre-indiquées dans la pharyngite et le tétanos. Dans ces affections, la salive, qui est sécrétée en abondance sous l'influence de la pilocarpine, ne peut être déglutie ; elle pénètre dans les voies respiratoires, les obstrue et peut provoquer l'œdème pulmonaire et l'asphyxie (Rush, Priedberg-er, Hutyra). Administration et doses. — Les sels de pilocarpine sont employés en solution dans l'eau distillée. Pour les injections sous-cutanées, intraveineuses, intratrachéales, on fait des solu- PILOCARPINE. 469 lions à 1 ou 2 p. 100; pour les instillations dans l'œil, on se sert de solutions plus légères, généralement à i p. 200. Pour Tusag-e interne, la forme pilulaire peut aussi être employée, mais elle offre moins d'avantag-e que la forme liquide. Les injections sous-cutanées constituent le meilleur mode d'administration des sels de pilocarpine ; elles sont simples et n'exposent à aucun accident local ; de plus les effets sont rapides, sûrs et peuvent être gradués avec la plus grande facilité. L'injection intratrachéale, outre qu'elle est plus difficile à pra- tiquer, est certainement plus dang-ereuse. L'injection intravei- neuse est inotfensive et peut être employée dans quelques cas, mais il faut agir avec une grande prudence. Doses. — Doses toxiques. — Elles ne sont pas encore bien connues et sont certainement considérables, si on les compare aux doses médicamenteuses. Il ne faut pas dépasser la dose de 1 gramme chez le cheval. Quoique cette dose ne soit pas toxique, elle peut produire un affaiblissement dangereux et un œdème du poumon. Chez un chien de iO kilogrammes, une dose de 08^,05 a produit un abat- tement et une perte d'appétit pendant deux jours. Un chien de 60 kilogrammes succomba avec la même dose à un œdème pulmonaire (Frohner). Doives médicamenteuses. — Pour les injections hypodermiques, on emploie ordinairement les doses suivantes de chlorhydrate de pilocarpine : Cheval OsMO à Og'-.âO Bœuf OeMo à 0y'',30 Chèvre et mouton 0s^02 à 06^,05 Chien Osr.OOo à 0g^02 Chat Os^OOi à 0^^,003 Dans les affections bronchiques ou pulmonaires, il ne faut faire usage que de faibles doses, 0sr,20 au plus chez le cheval, afin d'éviter l'œdème pulmonaire et l'asphyxie. Dans l'immobiUté, l'hydrocéphalie, la méningite cérébro-spi- nale, la dose peut être portée à Os^ôO, 08^,60, 08^,80 et même i gramme. 470 ÉSERINE. Ésérine. C15H21Az302. On donne le nom à' ésérine ou de pliysostigmine à l'un des alca- loïdes retirés de la fève de Galabar, fruit du Physostigmum vene- nosum. Cette plante croît dans les terrains marécag-eux de la région de TAfrique appelée Galabar. L'érésine est solide, cristallisée en lamelles incolores, devenant rosées ou jaunes à l'air, peu soluble dans l'alcool, l'éther et le chloroforme, donnant des sels solubles dans l'eau. On utilise surtout le sulfate et le salicylate d'ésérine. Les solu- tions aqueuses de ces sels se colorent peu à peu en rouge foncé, mais conservent néanmoins assez longtemps leurs propriétés. Effets physiologiques. — Sur la peau, les solutions de continuité et les muqueuses, l'ésérine ne produit aucun effet local si ce n'est sur l'œil. Une g-outte d'une solution à 1 p. 200 instillée dans l'œil d'un animal ou de l'homme détermine le resserrement de la pupille ou la myose. Chez le cheval, l'effet myotique se produit en vingt- cinq ou trente-cinq minutes et en dix à quinze minutes. chez les car- nassiers. Le resserrement pupillaire est localisé à l'œil sur lequel l'instillation est pratiquée; il réduit la pupille à un point quelque- fois à peine perceptible et dure un temps variable suivant les espèces animales, en moyenne de trois à quarante-huit heures. Cet effet myotique se produit nettement chez tous les animaux mammifères, mais il est à peine perceptible sur les oiseaux, les grenouilles et les poissons. Quand la myose est produite, on peut la faire disparaître par des instillations d'atropine. L'atropine fait disparaître la myose produite par l'ésérine, et l'ésérine dissipe la mydriase produite par l'atropine. En employant successivement les deux alcaloïdes, on peut provoquer dans l'iris des mouvements alternatifs de resser- rement et de dilatation . Première expérience. — Al h. 35, une instillation do I à II gouttes de solution aul/20Û" est faite dans l'œil droit d'un chat. A 1 li. 45 (10 minutes après), myose déjà ti-ès nette sur l'œil droit. A 1 h. 50 (après 15 minutes}, myose encore plus forte. A 2 lieures (après 25 minutes), l'effet myotique est à son maximum : la pupille du côté droit a presque complètement disparu, les deux bords de la fente pupillaire ne laissent entre eux qu'une ligne noii'e très mince. La pu- pille a conservé une certaine mobilité sous l'influence d'intensités lumineuses différentes et de l'accommodation; on la voit exécuter de petits mouvements de dilatation suivis de mouvements de resserrement plus prononcés quand ÉSÉRINE. 471 l'animal déplace sa ligne visuelle ou quand on fuit arriver sur l'œil des inten- sités lumineuses différentes. L'œil du côté gauche a sa pupille plus dilatée qu'avant l'instillation faite à droite. A 5 heures (après 3 h. 2a) la myose a dis- paru à peu près complètement. Sa durée a donc été de 3 h. 30 minutes. Deuxième expérience. — A 1 h. 45, instillation d'une goutte de la solution au 1/200'' sur l'œil droit d'un lapin. A 2 heutes (après 15 minutes), légère myose du côté instillé. A 2 h. 10 (après 25 minutes), myose très forte du côté droit; la pupille est réduite à un point. Légère ddatation de la pupille du côté opposé. A 5 heures, diminution du degré de la myose. Le lendemain malin, il n'y a plus de myose à droite, les deux pupilles sont dan? leur état normal. Troisième expérieiice. — A 8 h. 45, on fait une instillation de III gouttes de la solution d'ésérine au l/200<= dans l'œil droit d'un cheval. A 9 heures, aucune modilîcation des pupilles. A 9 h. 20 (après 35 minutes), une très légère myose à droite. A 9 h. 50 (après 1 h. 5), myose très forte du côté droit A 2 h. 46 (après 6 heures), cette myose persiste avec le même degré d'intensité. La myose a persisté le len- demain toute la journée en diminuant graduellement ; elle n'a disparu com- plètement que le surlendemain dans la journée. Elle a donc duré, en tout, au moins 48 heures. Quatrième expérience. — A 2 h. 30, instillation dans l'œil droit d'un mouton de II gouttes de la solution au l/200«. A 2 h. 45 (après 15 minutes), aucune mo- dification des pupilles. A3 heures (après 30 minutes), léger rétrécissement de la pupille droite. A 3 h. 20 (après 50 minutes), myose intense du côté droit. La myose avait disparu le lendemain matin. Elle n'a donc pas persisté plus de 18 heures. Cinquième expérience. — A 2 h. 33, on pratique une instillation de II gouttes d'une solution d'ésérine au 1/200^ dans l'œil droit d'uncoq.A2h. 40 (après 7 mi- nutes), rien. A 2 h. 55 (après 22 minutes), légère myose à droite. A 3 h. 20, légère myose à droite. Le rétrécissement pupillaire a complètement disparu le lendemain matin. Sixième expérience. — Sur une grenouille, on fait une instillation à droite d'une solution au l/200« à 2 h. 23. L'animal a été observé jusqu'à 3 h. 23, sans qu'on ait constaté aucune modification des pupilles. Septième expérience. — A 9 h. 12, instillation de II gouttes d'une solution à l/200e dans l'ceil droit d'une chienne. A 9 h. 25 (après 13 minutes), rien. A 9 h. 35 (après 23 minutes), rien. A 9 h. 45 (après 32 minutes), myose très nette du côté droit. La myose n'a complètement disparu qu'après 36 à 48 heures. La pression intra-oculaire est d'abord augmentée sous Tin- fluence de l'ésérine, puis ultérieurement elle diminue. La myose produite par lesérine instillée dans l'œil est due à la contraction du sphincter delà pupille ; elle est accompag-née d'un trouble de l'accommodation qu'il faut attribuer à l'excitation du muscle ciliaire. Le nerf oculo-moteur commun est excité, et le nerf sympathique est paralysé (Nothnagel etRossbach), Après son absorption, l'ésérine produit des modifications fonc- tionnelles très nettes. Elle active les sécrétions salivaire, intesti- nale, cutanée et bronchique. Tous les animaux (chat, chien, che- val) auxquels j'ai administré cet alcaloïde ont salivé beaucoup, mais moins cependant qu'avec la pilocarpine ; ils ont expulsé des 472 ESERINE. excréments mélangés de beaucoup de liquide dont la réaction était fortement alcaline ; quelquefois même avec des doses fortes, l'anus laissait écouler une assez grande quantité de liquide sans aucun elTort de la part de Tanimal. Le cheval a présenté de la sueur sur différents points du corps. Les animaux qui succombent à l'empoisonnement par l'ésérine ont les bronches encombrées de mucosités, et parfois on observe de l'œdème du poumon. L'hypersécrétion salivaire est due à l'action directe de l'ésérine sur les éléments glandulaires. Quand on a paralysé les nerfs glan- dulaires avec l'atropine, on peut encore provoquer la salivation avec l'ésérine (Heidenhain). L'ésérine augmente aussi la sécrétion urinaire. Elle atteint aussi la sensibilité et la locomotion. Les animaux deviennent tous plus excitables, plus sensibles et offrent des alté- rations des mouvements. Le chat a des contractions saccadées dans son peaucier de la région dorsale ; le chien présente des con- tractions musculaires commençant dans les membres postérieurs ; le cheval a des tremblements musculaires qui s'établissent d'abord dans la région rotulienne et olécranienne. Ces contrac- tions, d'abord localisées aux régions indiquées, s'étendent ensuite sur tous les muscles, et les animaux sont foi-tement agités et secoués dans tout le corps. Quand ces convulsions sont légères, l'animal peut encore se tenir debout; mais, quand elles sont très intenses, il tombe sur le sol et devient incapable d'exécuter des mouvements de locomo- tion. La faiblesse débute dans le train postérieur et gagne ensuite les extrémités antérieures. Pendant que l'animal est couché, ses membres ainsi que ses mâchoires sont fortement agités par des convulsions cloniques et des tremblements continuels. Ces con- vulsions n'ont pas toujours la même intensité, elles sont continues, mais présentent des moments d'exacerbation correspondant à des crises. Si les doses sont toxiques, on voit les convulsions, d'abord vio- lentes, diminuer peu à peu d'intensité et faire place à une para- lysie; la respiration devient difficile, elle se ralentit, puis s'arrête complètement, tandis que le cœur continue encore à battre pen- dant quelques minutes. Les convulsions et les tremblements musculnires engendrés par l'ésérine sont d'origine centrale. En effet, quand on coupe les nerfs moteurs d'un membre, on voit que ce membre ne par- ÉSÉRINE. 473 ticipe pas aux convulsions. L'ésérine ag-it donc à la manière de la strychnine en aug'mentant le pouvoir excito-réflexe de la moelle. A la dernière période de l'empoisonnement, les centres réflexes médullaires sont paralysés ; alors la paralysie envahit aussi les muscles respiratoires. Quand la respiration est arrêtée, on peut prolong-er la vie de l'animal ou même le sauver en entre- tenant la respiration artificiellement pendan', un temps suffisant. L'ésérine produit aussi des contractions très énergiques dans les muscles de la vie org-anique, principalement dans l'intestin, la vessie, la matrice, les bronches et la rate. L'expulsion répétée de matières excrémentitielles, l'apparition des borborygmes, constituent des indices certains de la contrac- tion énergique du gros intestin ; l'incontinence d'urine qui sur- vient indique que la vessie se resserre. On peut s'en assurer en ouvrant le ventre d'un animal qui a reçu de l'ésérine; on voit alors les intestins animés de mouvements très vifs. A l'autopsie d'animaux morts par l'ésérine, on trouve toujours le gros intestin pâle, resserré et dur; la vessie est vide, revenue fortement sur elle-même; la matrice est ég-alement dans un état de contraction manifeste; Bauer a pu constater la diminution du volume de la rate, par suite de la contraction des fibres lisses qui entrent dans sa structure; les muscles et les nerfs moteurs restent excitables un certain temps après la mort. Lésérine ag-it énerg-iquement sur la respiration et la circula- tion. La respiration n'est presque pas influencée par des doses très faibles ; mais aussitôt que les doses s'élèvent, elle s'accélère, puis se ralentit, devient plus difficile, plus pénible et bruyante par suite du spasme bronchique et de l'accumulation de mucosités. Le cœur, peu influencé par des doses très faibles, se ralentit considérablement avec des doses plus fortes. Sur un chien qui avant l'injection avait 100 battements cardiaques à la minute, j'ai vu le nombre tomber à 40 pendant l'action de l'ésérine. Les battements du cœur diminuent de fréquence, et ils aug-- mentent d'énergie comme avec la digitaline. A très faible dose, on a observé chez le chien et le chat une lég'ère diminution de la tension artérielle. A doses plus fortes, il y a toujours élévation notable de cette tension. Quand les deux nerfs pneumograstriques sont coupés sur un animal, l'ésérine produit encore le ralentissement et l'arrêt de la respiration, mais il n'y a plus d'accélération initiale ; elle produit 474 ESERINE. aussi le ralentissement du cœur et Télévalion de la tension arté- rielle. L'accélération respiratoire primitive est donc due à l'action de l'ésérine sur le poumon, tandis que le ralentissement consé- cutif est le résultat d'une action paralysante sur le centre respi- ratoire. Le ralentissement du cœur et du pouls doit être attribué à l'action périphérique, intracardiaque, et non à l'action sur le centre modérateur du bulbe. L'ésérine rétablit l'excitabilité des fibres cardiaques des nerfs pneumoj^astriques quand elle a été abolie par l'atropine. Pendant l'action de l'ésérine, la plus légère excitation portée sur les pneumogastriques suffit pour arrêter les battements du cœur; elle augmente donc l'excitabilité de ces nerfs. L'élévation de la tension artérielle est attribuée à la constriction des petits vaisseaux par suite de l'excitation du centre vaso-moteur et de la forte contraction intestinale. Un fait assez remarquable, c'est que l'ésérine ne produit pas la myose quand elle a été absorbée par une autre voie que la con- jonctive. J'ai toujours constaté sur les mammifères que, pendant l'action g-énéralede la physostigmine, la pupille est plutôt dilatée que resserrée. Cette action mydriatique est probablement d'ori- gine intestinale ; elle semble être l'etTet de l'excitation du système nerveux de l'intestin. D'après l'exposé qui vient d'être fait, on voit que l'ésérine agit comme antagoniste de l'atropine et que ses effets sur plusieurs fonctions ont beaucoup d'analogie avec ceux de la pilocarpine. L'atropine tarit les sécrétions, diminue l'excitabilité réflexe, paralyse l'estomac, l'intestin et la vessie, accélère le cœur par paralysie intracardiaque des fibres modératrices, dilate la pupille après l'instillation et après l'absorption. L'ésérine au contraire augmente les sécrétions, exagère l'excitabilité réflexe, tétanise l'estomac et l'intestin, principalement le gros intestin, la vessie et la matrice, ralentit le cœur par excitation intracardiaque des fibres modératrices, resserre la pupille après instillation, mais pas après absorption. h'hi/perséct'étioji salivaire, intestinale, biliaire et sudoripare est beaucoup plus active avec la pilocarpine qu'avec l'ésérine; celle-ci anémie l'intestin et le tétanise; la pilocarpine exalte ses mouve- ments péristaltiques sans le tétaniser et le congestionne plutôt qu'elle ne l'anémie. L'ésérine produit des convulsions et des trem- blements qui n'apparaissent pas avec la pilocarpine. Celle-ci est aussi moins myotique que l'ésérine. ÉSÉRINE. 475 Indications thérapeutiques. — L'ésérine est indiquée : i" Comme ynyotique, toutes les fois que le resserrement pupil- laire peut être utile à la g-uérison d'une maladie de l'œil. Les instil- lations d'ésérine combinées avec celles d'atropine conviennent pour empêcher les adhérences de l'iris avec les parties voisines enflammées. L'ésérine diminue la tension intra-oculaire etconvient dans toutes les inflammations du g-lobe et surtout de la cornée; 2<* Gomme anémiant et évacuant intestinal, dans les coliques du cheval. Elle donne surtout des résultats remarquables dans les cong-estions intestinales ' DieckerhofT, Nocard, etc.) ; 3° Comme tonique du tube digestif, chez les ruminants princi- palement de la panse et du g-ros intestin dans les cas d'atonie; 4° Comme /iypersécrétoi)'e, dans les cas de constipation opi- niâtre. Associée à la pilocarpine, elle donne d'excellents résultats. 5° Comme excitant des contractions intestinales, dans les cas de paralysie de l'intestin, ou quand il faut provoquer l'expulsion de pelotes, de calculs ou d'autres corps étrangers qui pourraient obstruer la lumière du gros intestin ; 6° On la recommande aussi pour déterminer des contractions de la matrice dans les cas de non-délivrance. Contre-indications. — Les sels d'ésérine peuvent devenir nui- sibles dans les cas suivants : 1° dans les coliques produites par sur- charge alimentaire ou lorsqu'un obstacle mécanique s'oppose à la progression des matières. On a observé souvent, dans ces cas, la rupture des parois de l'estomac ou du gros intestin; 2° dans les affections chroniques du poumon ou des bronches, dans l'emphy- sème, il rend la respiration plus difficile en déterminant un spasme bronchique et en augmentant les sécrétions; on a noté, dans des cas de ce genre, la mort par asphyxie ; 3° chez les femelles pleines, il peut provoquer l'avortement. Administration. — Les sels d'ésérine doivent toujours s'employer en injection hypodermique. Ce mode d'administration convient très bien. Je n'ai jamais vu se produire aucun accident local après les injections sous-cutanées de solutions aqueuses de sulfate ou de salicylate d'ésérine. Les solutions doivent être faites à froid et ne pas être stérilisées par la chaleur. Celle-ci les altère. L'association d'un sel d'ésérine et du chlorhydrate de pilocar- pine est recommandée dans le traitement des coliques du cheval. Les instillations se font avec des solutions à 1 p. 100, 1 p. 300, ou 1 p. 500. 476 ÉSÉRIDINE. Doses. Doses toxiques [injeclions hypodermiques). Gr. Chien de a kilos 0,005 Cliien de 10 à 20 kilos 0,006 Chat 0.003 Ciieval 0,15 Bœuf 0,30 Doses thérapeutiques (injections hypodermiques) . Gr. Gr. Gliieii 0,001 à 0,002 Gliat 0,001 Mouton, chèvre 0,02 0.05 Clieval 0,04 0.10 Bonif 0,10 0,15 On observe des susceptibilités individuelles très différentes ; sur certains sujets, les doses indiquées peuvent produire parfois des effets exagérés. Il convient donc de donner d'abord les doses les plus faibles. Éséridine. C»5H23Az303. h'éséridine est un alcaloïde retiré de la fève de Calabar par P. Bœhringer en 1888. L'éséridinepure se présente en cristaux té traédriques, incolores, peu solubles dans l'eau, très solubies dans le chloroforme, l'alcool, l'éther, le benzol, les éthers de pétrole et l'acétone. Cet alcaloïde ne forme que difficilement des sels avec les acides ; mais ceux-ci facilitent considérablement sa dissolution dans l'eau. Pour la préparation des solutions utilisées dans la pratique, il suffit d'ajouter à l'eau quelques gouttes d'acide sulfurique étendu et de chauffer lég-èrement. La dissolution se fait bien, et les solu- tions ainsi obtenues conservent longtemps leurs propriétés phy- siologiques. Eber conseille de favoriser la dissolution de l'éséri- dine par l'acide tartrique (éséridine 2, acide tartrique 1 et eau distillée, 100). Effets et usages. — Les effets de cette substance ont été bien étudiés par Eber sur tous nos animaux domestiques {Bei'l. Wochenschr., 1888). FÈVE DE CALÂBAR. . 477 L'action de l'éséridine ressemble à celle de Tésérine; mais elle est beaucoup moins toxique. Eber a démontré qu'elle a une action puissante sur l'intestin, qu'elle i)rovoque une sécrétion muqueuse et une diarrhée abondante sans affecter pourtant le système ner- veux aussi fortement quel'ésérine. Elle est six fois moins toxique que cette dernière et, par conséquent, plus facile à manier dans la pratique. Elle est indiquée dans les mêmes cas que l'ésérine : pour pro- voquer les évacuations abondantes, pour exciter l'estomac et l'intestin dans l'atonie, la constipation, etc. ; pour augmenter l'excitabilité de la moelle épinière dans les paralysies, la fièvre vitulaire. C'est le médicament qui agit le plus efficacement sur la pa7'ésie des parois stomacales. On en obtient d'excellents résultats pour obtenii' le retour de la rumination. D'après Eber, son emploi est contre-indiqué dans les maladies de la moelle épinière accompagnées d'excitation, car elle agit sur elle à la façon de la strychnine, mais avec cette différence qu'elle ne produit pas d'effets cumulatifs. On l'administre en injection hypodermique, en solution aqueuse de 1 à 2 p. 100. Doses thérapeutiques [injections hypodermiques). Gr. Gr. Cheval 0,15 à 0,50 Bœuf 0,20 0.60 Porc 0,02 Chien 0,002 0,01 Chat 0,002 Fève de calabar. C'est le fruit de la plante que les habitants du Calabar appellent Eséré, que les botanistes désignent sous le nom de Physostigma venenosum et qui appartient à la famille des Légumineuses. Dans la rég-ion de l'Afrique appelée Calabar, la fève sert comme instrument d'épreuve judiciaire. Quand un homme est accusé de quelque délit, il doit, pour se justifier, subir devant le peuple assemblé l'épreuve de la fève. Celle-ci se prend sous forme de poudre ou d'infusion. Les prêtres, tout à fait puissants en ce pays, règ-lent la dose, qui varie d'une partie de fève à ving-t-cinq fèves. Cette latitude leur permet de modifier à l'avance le résultat de 478 • ARECOLINE. l'épreuve selon leurs vues particulières ou les intérêts de leur veng-eance. La fève doit son activité à des alcaloïdes qui sont : Vésérine ou physostigmine, l'éséridine et la calabarine. Les effets et les indications de l'ésérine et de l'éséridine peuvent être appliqués à la fève de Galabar. Elle ne diffère de ses alcaloïdes que parles doses plus fortes qu'il faut pour produire des effets. Doses. Doses thérapeutiques. Extrait de fève. Cheval 1 à 2 grammes. Chien Os^00o à 0sr,02 L'extrait alcoolique dont les doses viennent d'être indiquées est 10 à 24 fois plus actif que la poudre de fève. Arécoline. C8IIi3AzO-i. L'arécoline est le principal alcaloïde de la noix d'Arec, graine fournie parl'^recfl catechu, palmier des Indes orientales, cultivé à Ceylan et aux îles Philippines. Elle se présente sous forme d'un liquide huileux incolore, ino- dore, soluble en toutes proportions dans l'eau, l'alcool, l'élher et le chloroforme. Elle forme des sels cristallisables, dont le plus employé est le bromhydrate dC arécoline. Ce sel (G^H'-^AzO-HB"") contient 65,08 p. 100 d'arécoline et 34,32 d'acide bromhydrique. Il est en petits cristaux prismatiques, non hygroscopiques, très solubles dans l'eau, peu solubles dans l'éther et le chloroforme. Action physiologique. — L'arécoline n'exerce localement aucune action spéciale sur les tissus. Instillée dans l'œil, la solution aqueuse de bromhydrate d'aré- coline à 1 p. 100 produit, comme l'ésérine et la pilocarpine, une action myotique. — Le myosis devient apparent après deux minutes et atteint son maximum au bout de dix minutes ; il per- siste environ une demi-heure, puis s'atténue graduellement pour disparaître après une heure. Cette action myotique ne se produit que lorsque l'arécoline est appliquée directement sur l'œil. Après son absorption, l'arécoline modifie la plupart des fonc- tions en ag-issant à la fois comme l'ésérine et la pilocarpine. Sécrétions. — L'arécoline est un hypersécrétoire iniissant. A AREGOLINE. 479 très faible dose, elle n'excite que la sécrétion salivaire ; à dose un peu plus forte, elle ag-it sur toutes les glandes digeslives et pro- voque la dilution du contenu intestinal et l'expulsion répétée d'excréments d'abord ramollis, puis liquides. A dose encore plus forte, on observe en même temps de la sudation de Vhypersé- crétion lacrymale et nasale (Maumé, Frohner, Mouquet). Mouvements et péristaltisme. — L'arécoline est un puissant excitant de la contractilité des fibres lisses. A petites doses, elle exalte le péristaltisme intestinal et les contractions des parois de la vessie; il en résulte des défécations et des mictions répétées. L'action laxative est souvent accompagnée de lég"ères coliques, d'éructations et même de nausées. A dose forte, son action exci- tante se propage aux muscles locomoteurs ; elle produit des trem- blements, puis des convulsions tétaniques. Respiration et circulation. — Les petites doses d'arécoline accélèrent les mouvements respiratoires, les fortes doses les para- lysent et les arrêtent. L'action paralysante sur la respiration est surtout à redouter chez les bovins (Graefe) et sur les chevaux de race commune et lymphatique (Frohner), Cet inconvénient fait renoncer à l'emploi de l'arécoline chez le bœuf. Les faibles doses ralentissent le cœur par excitation des fibres modératrices du pneumogastrique; les fortes doses l'accélèrent par suite de la paralysie des mêmes fibres. Après l'emploi de doses un peu fortes, on observe toujours une diminution de la pression sanguine et un abaisseinent de la température. Elimination. — L'arécoline s'élimine en nature par toutes les sécrétions et excrétions. L'élimination est assez rapide, et il n'y a pas d'effets cumulatifs à craindre en espaçant convenablement les administrations. Antidotes. — Le meilleur antidote de l'arécoline, c'est l'atropine. Celle-ci est surtout utile pour combattre les troubles cardiaques et respiratoires . Indications. — 1° Les effets hypersécrétoires et évacuants énergiques du bromhydrate d'arécoline indiquent son emploi dans les coliques des solipèdes. De nombreux vétérinaires signalent ses bons effets dans les coliques, notamment dans celles produites par des surcharges alimentaires, par des obstructions, de la constipation. Beaucoup de praticiens estiment que sa puissance curative est supérieure à celle de l'ésérine-pilocarpine (Frohner, Mouquet, etc.). 480 ARECOLINE. 2° L'arccoline donne d'excellents résultats dans la fourbure aiguë chez le cheval. Frôhner, Eberlein, Konig-, etc., la consi- dèrent comme un remède héroïque contre cette affection, supérieur à Tantifébrine et à la pilocarpine. EUet agit en faisant affluer le sang- des extrémités vers le centre du corps et en favo- risant la résorption de l'œdème inflammatoire du tissu podophyl- eux (Guinard). 3° Elle convient commela pilocarpine pour hâter les résorptions des transsudations et des exsudations, principalement dans Vhy- drocéphatie., dans Vcedème cutané et les phlegmons. Les cas de g-uérison de Vimmobilité par Tarécoline sont nombreux. 4° On a sig'nalé aussi les succès par l'emploi de l'arécoline dans ï hémoglobine mie du cheval (Frôhner, Guillemard, Chig-ot Pichard). 5° L'action excitante sur les fibres musculaires lisses a fait employer l'arécoline avec succès à faible dose pour réveiller les contractions de la matrice chez la vache. 6° Ij'eff'et myotique peut recevoir une application dans les affections oculaires. Contre-indications. — Elle est contre-indiquée dans lapharyn- g"ite, le tétanos, les coliques nerveuses et chez les femelles pleines. Il ne faut employer l'arécoline qu'avec circonspection chez les ruminants et à très faible dose seulement. Il en est de même chez les chevaux lymphatiques ; il faut s' abstenir de son emploi chez tous les animaux atteints d'affections cardiaques. Un cheval atteint d'endocardite chronique a succombé à la dose de 08'',08 de bromhydrate d'arécoline employé en injections sous-cutanées (Wôhner). Administration et doses. — On n'utilise que les injections hypodermiques de solutions aqueuses à 1 p. 100 de bromhydrate d'arécoline. Elles ne sont jamais suivies d'aucun accident local. Doses toxiques. Cheval 08^,25 à Og',50 Bœuf 1 gramme . Chien 0k>-,05 Chat 06^,01 à 0g%02 Lapin 0B^02b CHLORURE DE BARYUM. 481 Chlorure de baryum. BaC12+ 2H20. Ce sel se présente en tablettes cristallines incolores, inodores, à saveur amère, désag-réable, solables dans 1,5 parties d'eau, insolubles dans l'alcool. Effets. — Tous les composés barytiques solubles,et notamment le chlorure de baryum, constituent des poiso?is très énergiques pour les animaux et pour l'homme. Après son absorption, le chlorure de baryum exerce une action élective sur le tissu jnusculaire strié et lisse. A très faible dose, il augmente la puissance de tous les mouve- ments ; mais son action tonique est surtout manifeste sur le cœur et sur la musculeuse de l'estomac et de l'intestin. Sous son influence, les contractions cardiaques dQVienmni plus énergiques, la pression artérielle s'élève comme avec la digitale, le péri- staltisme gastro-intestinal aug-mente, ce qui rend les défécations plus fréquentes. A dose plus forte, le chlorure de baryum agit comme évacuant intestinal puissant. Il augmente alors à la fois les mouvements péristaltiques et les sécrétions intestinales; il produit des évacua- tions abondantes et liquides. Chez les carnivores, on observe souvent des vomissements. Mais là ne se borne pas son action ; parfois on voit survenir de la parésie, même de la paralysie dans les muscles locomoteurs, ainsi que des troubles cardiaques. Les animaux ne peuvent plus se tenir debout et sont incapables de se déplacer; les muscles n'obéissent plus à l'influence de la volonté, ils sont paralysés. Le cœur s'affaiblit, se tétanise et s'ar- rête en systole. Le chlorure de baryum est donc un poisoîi musculaire et sur- tout un violent poisoîi du cœur. Lésions. — Les animaux qui succombent aux effets du chlorure de baryum ne présentent pas de lésions caractéristiques. On a noté souvent de la congestion de la muqueuse intestinale et des mé- ninges, des ecchymoses sur l'endocarde du ventricule gauche. L'analyse chimique permet de retrouver le sel de baryum, dans tous les org'anes, mais en proportion différente; le foie, le rein, le cerveau, la moelle en contiennent le plus. Dans l'empoisonne- Kaufmann. 31 482 CHLORURE DE BARYUM. ment chronique, les os en renferment une assez forte proportion (Linossier). Emploi thérapeutique. — 1° L'action énerg-ique exercée par le chlorure de baryum sur le péristaltis?ne intestinal a été utilisée pour provoquer des évacuations dans les cas de coliques chez le cheval. Dieckerhoff Ta employé le premier en injection intravei- neuse dans le traitement des coliques des solipèdes (1895). Dès les premières minutes qui suivent Tinjection d'une dose de 0s%25 à lg'',25 de chlorure de baryum en solution aqueuse, le cheval présente des évacuations fréquentes et abondantes d'excréments ramollis et liquides ; cette action laxative peut durer de deux à six heures. Quand le chlorure de baryum est administré à l'in- térieur sous forme de breuvag-e, d'électuaire ou de bol, les effets évacuants apparaissent tardivement, après un temps qui varie de une heure à deux heures . Le traitement des coliques des solipèdes par les injections intraveineuses de chlorure de baryum a fait l'objet de nombreuses recherches cliniques dans tous les pays. Pour beaucoup d'auteurs, ce traitement est efficace et sans danger quand la solution employée est suffisamment diluée et injectée à faible dose et lentement (Dieckerhoff, Hutyra, Carrey, Gadiot). Pour d'autres, il est très dangereux et peut occasionner la mort presque fou- droyante des animaux, même avec de faibles doses, de 0g%25 à 08^,80 (Ries, Mollereau, Millier, Roder, etc.). Quand on veut employer le chlorure de baryum, il faut se rappeler que ce sel est un violent poison du cœur et qu'il est, par conséquent, contre-indiqué chez tous les sujets atteints d' affections cardiaques même lég'ères. De plus, les dilîérents sujets n'olïrent pas la même sensibilité vis-à-vis de cette substance. Dans la pratique, il convientdonc de nel'utiliser que chez les animaux dont le cœur est sain et de ne l'administrer qu'à doses faibles, frac- tionnées renouvelées au besoin deux ou trois fois à une demi- heure d'intervalle. L'injection intraveineuse doit toujours être lente, et la solution ne doit jamais présenter une concentration supérieure à 1 p. 20. 2° Dans l'espèce bovine, le chlorure de baryum administré à r/7i^e'r2>«fr a donné quelques résultats favorables dans l'indig-estion, la météorisation, les obstructions, la parésie des viscères, à des doses variant de 5 à 15 g-rammes dissous dans 1 litre d'eau (Fober, Wolf, etc.). MUSCARINE. 483 Doses thérapeutiques. — A C intérieur chez le bœuf, 5 à 15 g-rammes; chez le cheval, 3 à 12 g-rammes. En injection intraveineuse : Chevaux de grande taille 0,40 — de taille moyenne 0,30 — de petite taille 0,20 Les doses peuvent être renouvelées deux ou trois fois, en laissant environ une demi-heure entre les injections. Le chlorure de baryum ne convient pas en injections sous- cutanées ni en injections intratrachéales à cause de son action irritante. Quelques auteurs ont cru voir un antag-onisme entre le chlorure de baryum et la morphine; mais cette action antagoniste n'est pas admise par d'autres (Bezzi). Muscarine. G5Hi5Az03 ou Az (CH3)3.C2H502.0H. La muscarine est l'un des alcaloïdes de VA)na7iita muscaria ou fausse oronge. Elle s'obtient aussi par synthèse en oxydant le chlorure de choline. Elle se présente en cristaux très déliquescents ; elle est soluble en toute proportion dans l'eau et l'alcool, peu soluble dans le chloroforme, insoluble dans l'éther. La muscarine est un poison très puissant. Elle a une action pharmacodynamique voisine de celle de l'ésérine, de la pilocar- pine et de l'arécoline. A très faibles doses, elle excite la sécrétion de toutes les g-landes digestives et même des g-landes lacrymales et des g'iandules de la muqueuse respiratoire. Elle provoque également la contraction des muscles lisses de l'estomac, de l'intestin, etc. EUenberg-er (1887) a obtenu chez les solipèdes un effet évacuant très énergique par l'injection hypodermique de la muscarine à la dose de Og"", 3. Outre la diarrhée due à l'augmentation du péristal- tisme et à l'exagération de la sécrétion des glandes annexées à l'intestin, on observe de la sudation, de la sécrétion des larmes et la production de mucus dans l'appareil respiratoire. A la dose de0g'",4, on observe parfois de l'œdème du poumon et des phéno- 484 TONIQUES. mènes toxiques alarmants. Chez le mouton, la dose de 3 à 8 mil- ligrammes agit énergiquement en augmentant les contractions de la panse. A dose forte, la muscarine détermine de la dyspnée, l'asphyxie et l'arrêt du cœur en diastole. Elle excite d'abord le centre respiratoire et le paralyse ensuite. Cet alcaloïde n'a encore guère reçu d'applications thérapeu- tiques en vétérinaire. MODIFICATEURS DE LA NUTRITION Ils comprennent les toniques et les altérants. Toniques. La médication tonique comprend l'ensemble des moyens qu'on peut mettre en œuvre pour relever les forces vitales déprimées et rendre à la nutrition languissante son activité normale. Elle intervient dans l'atonie, l'anémie, la longueur de la nutri- tion, la débilité et l'affaiblissement général. Ces états morbides peuvent être la conséquence de la misère physiologique qui se produit sous rintluence de conditions alimentaires et hygiéniques défectueuses ou être le résultat d'une maladie quelconque apportant un trouble important dans la nutrition. Dans tous ces cas, il se pro- duit une rupture d'équilibre entre l'assimilation et la désassimila- tion; celle-ci l'emporte, l'animal maigrit, perd de son poids et par suite s'alfaiblit. Pour éviter l'anémie ou pour la combattre efficacement, il faut d'abord guérir la maladie qui la tient sous sa dépendance, puis enrayer la désagrégation organique par une alimentation appro- priée, et enfin exciter la puissance d'assimilation en relevant le fonctionnement du système nerveux. Les moyens hygiéniques sont souvent les plus importants. Ils suffisent généralement^ eux seuls pour faire disparaître l'atonie, la misère physiologique et la faiblesse générale. Il ne faut donc jamais les négliger et se souvenir que même les agents médica- menteux ne peuvent donner de bons résultats curatifs que sur les animaux qui sont placés dans de bonnes conditions hygié- niques et qui reçoivent une nourriture substantielle et abon- dante. TONIQUES. 48b Les malades doivent être placés dans des locaux bien aérés, éclairés, à température modérée, et autant que possible constante. On doit éviter les courants d'air, qui sont très nuisibles, prédis- posent aux alTections aig-uës. Si la saison le permet, les animaux débilités seront laissés en liberté dans une prairie, un enclos ou une cour. Là ils peuvent prendre leurs ébats, se livrer à une gymnastique salutaire et éprouver en même temps les bienfaits de Texcitation de l'air et de la lumière. Le pansag-e doit être bien fait. On sait que les excitations des nerfs cutanés déterminées par l'étrille, la brosse ou le bouchon de paille activent la nutrition g-énérale, favorisent les fonctions sécrétoires de la peau et tonifient par action réflexe le système neuro-musculaire. Le tondag-e bienfait peut aussi puissamment contribuer à rele- ver l'énergie vitale, en favorisant l'action de l'air sur la peau et en diminuant la sudation, tout en régularisant la transpiration cutanée. Il rend en outre les pansages plus faciles. Les médicaments toniques agissent par trois procédés princi- paux. De là leur division en trois groupes : les analeptiques, les eupeptiques et les névrosthéniques. Les toniques analeptiques sont ceux qui apportent au sang- des principes indispensables à la réparation org-anique, c'est-à-dire de véritables éléments alimentaires, tels que le fer, les phosphates, les sels alcalins. Ijes toniques eupeptiques améliorent la nutrition non en four- nissant des matières capables d'entrer dans la constitution des tissus, mais en exerçant une action favorable sur la digestion et l'absorption des aUments. Ils augmentent l'appétit, favorisent la sécrétion des sucs digestifs, rendent ceux-ci plus actifs et accé- lèrent les mouvements péristaltiques. Ils peuvent en outre exer- cer sur le système nerveux une action favorable après leur absorption. Les toniques névrosthéniques agissent en relevant principale- ment les fonctions nerveuses. Ces médicaments peuvent avoir aussi une action favorable sur la digestion; mais toujours leur action principale est exercée sur le système nerveux. Les principaux médicaments toniques sont consignés dans le tableau suivant : 486 FERRUGINEUX. T. ANALEPTIQUES. Médicaments toniques. T. EUPEPTIODES. T. NÉVROSTHÉNIOUES. Ferrugineux. Phosphore et pliospliates. Sels de chaux. Chh)rure de sodium. Clilorure de potassium. Huih^ de foie de morue. Racine de gentiane. Fenouil. Galamus. Petite centaurée. Écorce de saule Amers. ^Houblon. Quassia amara. Colombo. Ményanthe. Charbon bénit. Pissenlit, etc. Baies de genièvre. Anis. Ame7^s aro- \ Cannelle. matiques ■ Cascarille. et épices. f Poivre. Camomille. Labiées et ombellifères Quinquina. Acide arsénieux. Noix vomique. Toniques analeptiques. Ferrugineux. Le fer fait partie constituante de l'organisme animal et joue un très g-rand rôle dans la nutrition ; il se trouve dans tous les tissus, mais principalement dans le foie et le sang. Dans le sang- il est fixé sur les hématies et leur communique la propriété d'absor- ber l'oxyg-ène dans les voies respiratoires et de le céder ensuite aux différents tissus de l'organisme. Le sang- est d'autant plus propre à entretenir la nutrition et la vitalité des tissus qu'il est plus riche en hémoglobine, c'est-à-dire en globules rouges. Or ceux-ci ne peuvent pas exister sans fer ; aussitôt que la proportion de fer devient insuffisante, leurnombre diminue, etil en résulte un défaut d'hématose, un ralentissement delà nutrition, une faiblesse générale et Vanémie. La proportion de fer du sang varie avec lesespèces animales et plusieurs autres circonstances. Le sang- des oiseaux est le plus riche en fer ; vient ensuite celui des carnassiers et enfin celui des herbivores. La totalité du sang d'un homme ne contient pas FERRUGINEUX. 487 3 grammes de fer. Le cadavre d'un homme du poids de 70 kilo- grammes contient 7 à 14 grammes de fer; celui dun cheval de taille moyenne, de 15 à 20 grammes. Ce fer, qu'on trouve dans le sang et les tissus des animaux, est naturellement emprunté aux ali- ments. Voici, d'après Boussingault, la proportion de fer contenue dans les prinpales matières ahmentaires : l'analyse a porté sur 500 grammes de chaque substance : Bœuf 0s'-,0048 Veau 0s'-.00:28 Poisson Ogr.OOlo à 0^^,0042 Lait de vache 0g^0018 Œuf de poule Os'-.OOo? Pain blanc uer,0048 Riz Û6'-,Û01o Haricots 0s^00T4 Lentilles 0sr,0083 Pommes de terre 06^,0016 Avoine 0s^0131 Feuilles vertes de chouï Osr,0039 Les liquides suivants contiennent pour 100 centimètres cubes : Vin (Beaujolais) 0sr,000iû9 Vin blanc (Alsace) Ob-r, 000076 Bière 06^000040 Boussingault a analysé toutes les sécrétions et tous les produits de déchet expulsés par l'org-anisme animal dans les vingt-quatre heures. Il a trouvé que le fer est éliminé dans les proportions suivantes chez les différentes espèces : L'homme élimine en 24 heures Os'',0o de fer. Le chien — 06^,04 Le cheval — Oe<',2Ù Pour que le sang puisse conserver sa constitution normale et servir constamment à entretenir la vie des organes, il faut que la quantité de fer éliminée soit remplacée par une quantité égale venant des aliments ingérés. Or, si on examine la quantité de fer contenue dans la ration journalière, on trouve que le soldat de l'armée française ingère au minimum tous les jours de O^'^.OôQi à 0g'-,078 de fer, le cheval de i?%1010G, à ls^5612 La quantité de fer ingérée par l'homme et les animaux recevant une ration ordi- naire est donc en général plus que suffisante pour réparer les pertes en fer que l'organisme éprouve sous l'influence du mouve- ment dedésassimilation. Il y a cependant des cas où les aliments 488 FERRUGINEUX. sont pauvres en fer et n'apportent à l'organisme qu'une quantité insufflante, pour les besoins de la nutrition ; il est des cas aussi où le fer contenu dans les aliments s'y trouve sous une forme telle qu'il n'est pas absorbé dans le tube digestif ou qu'il n'est absorbé qu'en trop petite quantité. Dans ces deux cas, le résultat final est le même, le sang- s'appauvrit en fer, ses g-lobules rouges diminuent, la nutrition des tissus s'altère et l'anémie ne tarde pas à apparaître. Dans toutes les maladies, l'org-anisme s'appauvrit en fer, soit par suite d'une élimination exagérée, soit par- suite d'une inges- tion insuffisante. Les analyses suivantes, faites sur le sang- de l'homme sain et de l'homme malade, le démontrent clairement (Becquerel et Rodier). Fe?' contenu dans 1 000 grammes de sang. Homme en bonne santé 0,56 Femme — 0,51 Homme atteint de maladies inllammatoires. 0,49 Femme atteinte — — 0,48 Pleurésie 0,4(51 Rhumatisme aigu (4 hommes) 0,452 Anémie (30 individus) 0,366 Chlorose 0,319 On voit aussi, d'après ce tableau, que le sang- de l'homme est, à l'état normal, plus riche en fer que le sang- de la femme. Il est fort probable qu'il en est de même chez les animaux, si on com- pare le sang- du mâle à celui de la femelle. Effets physiologiques des ferrugineux. — Je ne décrirai pas ici les etiels locaux produits par les dilVérents composés ferrug'i- neux ; ces elïets sont étudiés à propos de chaque substance. On n'envisagera ici que les effets généraux, qui sont la conséquence de l'absorption du fer. Absorption. — Les ferrugineux ne sont pas absorbés par la peau intacte, mais ils sont faiblement absorbés par les plaies quand ils sont solubles. En injection hypodermique, les sels de fer très solubles, tels que lecitrate de fer, sont absorbables, mais lescom- posés insolubles ne passent pas dans le sang. Dans le tissu con- jonclif, les sels de fer solubles se transforment en albuminates solubles elabsorbables,et on peut retrouver le fer dans les urines quelques heures plus tard. Les sels très styptiques, par exemple le perchlorure de fer, ne peuvent pas être absorbés par le tissu FERRUGINEUX. 489 conjonctif, parce qu'ils déterminent une destruction locale des tissus en se combinant à leur substance et en formant des com- posés insolubles. Dans la bouche, les sels de fer exercent une action astring-ente énerg-ique ; ils ont une saveur métallique, styptique, accusée. Il y a parfois décomposition partielle du sel ferrique sous l'influence de l'acide sulfhydrique qui souvent est contenu dans la salive, et alors il se forme du sulfure de fer qui, en se déposant sur les dents, leur donne une coloration noire. Dans Testomac, tous les composés ferrugineux, sont rendus so- lubles. en totalité ou en partie. Le fer métallique entre en combi- naison avec les acides du suc g-astrique et produit un dèg-agement g-azeux, cause fréquente d'un ballonnement nuisible. Presque toutes les préparations ferrugineuses sont transformées, dans l'estomac, en chlorure et en lactate de fer, qui restent en dissolu- tion dans le liquide albumineux acide et sont absorbés. Quand la préparation ferrugineuse est administrée à dose un peu forte, la totalité n'est pas rendue soluble et absorbable dans l'estomac ; une certaine quantité se précipite ou reste insoluble, arrive dans Tintestin, irrite la muqueuse et est expulsée ensuite avec les excréments. Il est donc nécessaire, pour obtenir une absorption sûre non accompagnée de troubles digestifs, de faire prendre les ferrugineux aux animaux à doses très faibles et autant que possible à Tétat organique. Les aliments naturellement riches en fer constituent les meilleurs médicaments ferrugineux, car ils contiennent le fer à Tétat de composé nucléo-albumine ferni- gineiLT. forme essentiellement absorbable et utilisable par l'or- ganisme animal. Les préparations feri'ugineuses ordinaires sont utiles aussi, car elles protègent le fer organique des aliments contre certaines actions décomposantes dans le tube digestif. En passant dans l'intestin, le fer se combine en partie avec le soufre de l'acide sulfhydrique pour former du sulfure de fer insoluble qui se précipite sous forme d'une poudre noire et qui communique aux excréments une coloration foncée. Après son absorption, le fer est fixé par le foie et surtout par les hématies, qui, en augmentant leur hémoglobine, acquièrent un pouvoir respiratoire plus considérable. Après quelques jours d'administration de ce métal, on voit que les globules rouges augmentent de volume Qi que leur nombî'e s'accroît notablement. Cette augmentation du nombre des globules rouges se remarque 490 FERRUGINEUX. déjà sur les animaux sains, mais elle est surtout très remarquable sur les animaux anémiques, chez ceux où le nombre des hématies est au-dessous du chiffre normal. Chez ces derniers, on voit que, sous l'influence du fer, les muqueuses prennent, au bout de peu de temps, une coloration rosée, la peau aussi se vascularise, le pouls et les battements cardiaques prennent plus de force, Toeil devient brillant et vif, la calorification aug-mente, les fonctions se régularisent et la nutrition g-énéralc s'améliore. D'après les expériences faites dans notre laboratoire sur les animaux sains, on constate que le fer administré pendant quelque temps s'accumuledans le sang, aug-mente le nombre des globules roug-es et en même temps la quantité d'oxyg-ène contenue dans le sang- artériel. Étant plus oxygéné, le sang- constitue un milieu plus favorable pour la resi)iiation et la nutrition des éléments histolo- g-iques des tissus org-aniques. Dans le foie, le fer joue le rôle d'un transporteur d'oxyg-ène et facilite les combustions, les oxydations lentes dans cet organe (Dastre). On comprend ainsi très bien pourquoi la vigueur aug-mente, pourquoi la calorification et la cir- culation se relèvent sous l'influence des ferrug-ineux. Le fer ne reste pas indéfiniment dans le sang- et les tissus ; il est entraîné par le mouvement de désassimilation, comme d'ailleurs tous les autres principes constituants de la matièi'e organique, et est ensuite éliminé. h'e/uni7iation se fait par toutes les voies, cai* tous les produits de sécrétion renferment du fer, mais en proportions très difle- rentes. Les principales voies d'élimination sont la bile et le g-ros intestin. La bile de tous les animaux contient du fer; elle est une voie universelle d'élimination de ce métal. La proportion du fer de la bile est très variable. En moyenne elle est de 0™g,9 pour 100 cen- timètres cubes de bile (Dastre). Quand on administre du fer, on voit la quantité de ce métal augmenter dans la bile. L'intestin en élimine aussi beaucoup par sa muqueuse, car les matières fécales contiennent une quantité de fer bien supérieure à celle qui est apportée à l'intestin par la bile. De plus le contenu d'une anse intestinale isolée et ne recevant aucun aliment est riche en fer. Une solution de sel de fer injectée dans la jug-ulaire d'un animal |)rovoque une sécrétion intestinale et gastrique riche en fer (Buckheim, Mayer, Cl, Bernard). Le méconium du fœtus contient toujours du fer (Guillemonat). Dans l'urine, on retrouve seize fois moins de fer que dans les fèces (Schmidt). FER MÉTALLIQUE. 491 On s'est demandé pourquoi le fer n'est éliminé qu'en très petite quantité parles urines. On admet que cela tient à la combinaison quecontracte le métal avec les matières albuminoïdesdu sang qui, comme on le sait, ne sont pas expulsées par l'urine. D'après Cl. Bernard, le fer qu'on trouve dans l'urine est combiné à une matière org-anique qu'il croit être de la mucine. Indications thérapeutiques. — D'après les résultats fournis par l'étude physiolog-ique et les recherches cliniques, il résulte que les ferrugineux constituent des agents puissants pour combattre les anémies et certains irices de nutrition. Le fer convient surtout dans toutes les maladies caractérisées par la pauvreté du sang- : dans Vanémie, la chlorose, Vliydro- /}é?nie, la leucémie, etc. Pour obtenir de bons résultats, il est néces- saire de donner en même temps une nourriture riche en azote, car le fer ne peut être utilisé par l'organisme que lorsqu'il peut se combiner avec des matières albuminoïdes. Il est évident que, si la pauvreté du sang' tient à une altération anatomique d'un ou de plusieurs org-anes, le fer ne pourra la g-uérir qu'après la dispari- tion de ces lésions anatomiques. Aussi ce métal ne doit-il pas être employé pendant le cours des maladies aig-uës, mais seulement pendant la convalescence. Les ferrug-ineux ont, en général, le pouvoir de resserrer la muqueuse dig-estive, de tarir les sécrétions, de provoquer la constipation ; ils sont donc indiqués dans les cas d'atonie, de relâchement et de diarrhée. Le fer et ses composés sont contre-indiqués , lorsqu'il existe de la fièvre, c'est-à-dire dans toutes les maladies inflammatoires au début, dans la constipation, la pléthore. Les principales préparations ferrug-ineuses employées en méde- cine vétérinaire sont : le fer métallique, les oxydes de fer, le sul- fure, le perchlorure, le sulfate, le carbonate, le citrate de fer, etc. Fer métallique. Fe. 1° Limaille de fer. — La limaille de fer est une poudre d'un g-ris cendré, inodore, insipide, s'oxydant rapidement à l'air et se dissolvant avec facilité dans la plupart des acides. Elle renferme toujours, outre le fer, de petites quantités de soufre, de silicium, de manganèse, d'arsenic. 492 OXYDES DE FER. 2o Fer réduit. — Le fer réduit s'obtient en désoxydant l'hydrate de peroxyde de fer au moyen de l'hydrogène ; il se présente sous la forme d'une poudre noirâtre qui tache les doigts. Doses et administration. — Le fer en limaille ou réduit est une desmeilleures préparations. Employé comme tonique recon- stituant g-énéral,!! doit toujours être administré à très faible dose et pendant une période de temps assez long-ue. Les fortes doses ont l'inconvénient de fatiguer le tube digestif et n'agissent pas plus vite sur la nutrition que les doses faibles. Il convient de faire l'administration au moment des repas, parce que c'est seule- ment pendant la dig-estion que le suc gastrique est sécrété; or la présence du suc g-astrique est une des premières conditions pour que le fer puisse être rendu absorbable. Il faut donc, autant que possible, mélanger le fer avec les aliments, avec le son, l'avoine ou l'administrer sous forme de bol ou d'électuaire ; c'est dans ces conditions qu'il produit son maximum d'effet. On peut aussi faire dissoudre les poudres ferrug-ineuses dans l'eau des boissons ou des breuvages, dans laquelle on verse quelques gouttes d'acide chlorhydrique pour favoriser la dissolution. On ne doit jamais employer simultanément le fer avec les substances alcalines qui neutraliseraient en partie l'acide du suc gastrique et le rendraient ainsi moins propre à opérer sa dissolution. Les doses sont : Cheval 3 à 5 grammes. Bœuf 5 à 10 — Mouton el porc Oe'-,20 à 1 gramme Chien 0^^,10 à 08:^20 Oxydes de fer. Les oxydes de fer, au nombre de trois, sont : le protoxijde, le sesquioxyde et Voxyde intermédiaire ou oxyde noir. Ces compo- sés deviennent solubles dans l'estomac sous l'action du suc gas- trique. Outre des effets toniques, le fer oxydé jouit aussi de la propriété de neutraliser l'acide arsénieux ; on peut donc l'em- ployer comme contrepoison de cet acide ; c'est surtout le sesqui- oxyde, préparé depuis peu, que l'on doit administrer de pré- férence dans les intoxications arsenicales. Ueau rouillée n'est autre chose qu'un mélange d'hydrate de peroxyde de fer et de carbonate de fer en suspension dans l'eau. C'est une bonne préparation et bon marché. PHOSPHORE. 493 Sulfure de fer. C'est une poudre d'un jaune brun qui se transforme au contact de Tair humide en oxyde de fer et en soufre. Effets et emplois. — Le sulfure de fer, produit à la fois les effets du fer et ceux du soufre. Dans l'estomac et l'intestin, il donne naissance à une assez grande quantité d'acide sulfhydrique et peut produire le dégoût. Cependant, à faible dose, le dég-ag-e- ment d'acide sulfhydrique ne devient pas nuisible. Il convient pour les jeunes chevaux atteints de maladies lymphatiques. Sels de fer. La plupart des sels de fer ont été étudiés à propos des astrin- gents. Ils constituent tous des toniques puissants. Pour les petits animaux, on utilise avantageusement les sels à acides organiques : le lactate de fer contenant sur 100 parties 19,44 parties de fer, le citrate de fer contenant 18 p. 100 de fer, Voxalate de fer con- tenant 38,8 p. iOO de fer, le tartrate de fer et de potasse conte- nant 21,0 p. 100 de fer. Ces sels sont mieux supportés que ceux à acides minéraux. Phosphores. On utilise en thérapeutique le phosphore et ses composés, dont les principaux sont : les phophates, les g-lycérophosphates, la lécithine et la nucléine. Phosphore. P. Le phosphore se présente sous deux formes : phosphore ordinaire, phosphore amorphe. Le phosphore ordinaire ou officinal absorbe facilement l'oxy- gène et luit à l'obscurité. Il s'enflamme à l'air sous l'influence de frottements légers. Il est peu soluble dans l'eau, un peu plus dans l'acool et l'éther, plus encore dans les essences, les huiles grasses, et très soluble dans le sulfure de carbone. Il est très toxique. Le phosphore amorphe ou rouge se présente sous la forme 494 PHOSPHORE. d'une poudre rouge, soluble dans le sulfure de carbone. Il n'est pas toxique. Effets physiologiques. — Les solutions de phosphore em- ployées en frictions sur la peau sont très irritantes ; elles déter- minent une vive douleur, une forte roug-eur et une inflammation ulcérative plus ou moins violente. L'huile phosphorée à 2 ou 3 p. 100 est un irritant cutané énergique plus dang-ereux que la teinture de cantharides; la douleur est plus vive, et l'absorption du phosphore est à craindre. Sur les plaies et les muqueuses, son action irritante est encore plus prononcée; l'inflammation qui en résulte est de mauvaise nature et d'une guérison difficile et longue. Administré à doses très faibles, il est supporté par la muqueuse stomacale, et il stimule même la digestion. A dose un peu plus forte, 1 gramme chez les grands herbivores, il est très irritant, provoque des coliques et de la diarrhée. A 2 grammes, il tue les grands herbivores au bout de quelques jours. Dans l'estomac, il se transforme en partie en acide phosphoreux, en acide phospho- rique et en hydrogène phosphore ; il dégage beaucoup de chaleur en s'oxydant. Dans l'intestin, il se dissout à la faveur de la bile et des graisses. Son élimination se fait surtout par les urines sous forme d'acide phosphorique et par l'air expiré, qui prend l'odeur phosphorée et devient lumineux à l'obscurité. L'absorption de très faibles doses de ce corps détermine une prolifération abondante des cellules parenchymateuses, surtout dans le tissu osseux (Binz). Après quelques semaines de son administration, le tissu spongieux de l'os se transforme en tissu compact. Sur un animal en voie de développement, les os pren- nent plus vite de la consistance, par suite de la transformation rapide des cellules cartilagineuses en cellules osseuses. Chez un animal complètement développé, la cavité médullaire de l'os disparaît et celui-ci prend une consistance égale sur tous les points de sa coupe. Cette néoplasie s'observe souvent chez les personnes qui travaillent dans les fabriques d'allumettes. J\^O^L\T\o A doses plus fortes, le phosphore produit rapidement une intoxication aiguë, la dégénérescence graisseuse des organes paren- chymateux : du foie, du rein, du cœur et des muscles du tronc. Cette dégénérescence graisseuse, qui s'observe dans tous les cas d'intoxication par le phosphore, s'explique par l'affinité très , ■ PHOSPHORE. 495 grande du phosphore pour l'oxygène, par la formation d'ozone, qui agit comme agent de dédoublement sur les matières albuminoïdes des éléments anatomiques. Pendant ce dédoublement des matières protéiques, une grande quantité de graisse est mise en liberté; ne pouvant pas être oxydée immédia- tement, elle forme des gouttelettes qui remplissent les éléments anatomiques. Pendant l'action du phosphore, l'élimination de l'acide carbonique est diminuée au moins de moitié ; celle de l'urée ou des produits azotés urinaires est, au contraire, trois fois plus considérable fBauer, Voit, etc.). Il y a donc diminution des oxydations et augmentation de la destruction albuminoïde. La g-raisse qui résulte du dédoublement de l'albumine, n'étant pas brûlée, s'accumule, d'où dégénérescence graisseuse des organes. Indications thérapeutiques. — L'action incitante locale pro- duite par le phosphore est utilisée à /'extériew contre les para- lysies locales, les atrophies, les douleurs rhumatismales ; mais il faut se souvenir que ces frictions peuvent devenir dangereuses. A Vintétneur, il est indiqué toutes les fois qu'il faut augmenter la compacité des os ou améUorer leur nutrition ; dans le rachi- tisme, dans le ramollissement des os, dansl'ostéomalacie, dans la tendance aux tnaladies osseuses, dans les cas de fracture pour favoriser la formation du cal, et dans les cas de développement insuffisant du squelette. On a aussi retiré un certain avantage de l'administration du phosphore dans la leucocythémie. Kassowitz, ayant étudié l'action du phosphore sur la nutri- tion des os, conclut de ses expériences que ce corps est le médicament spécialement indiqué pour'combattrele rachitisme. Il conseille de l'administrer à dose très faible. Degive (1) con- sidère le phosphore comme un agent précieux dans toutes les affections typhoïdes et adynamir/ues de nos animaux domes- tiques. Il prescrit l'huile phosphorée, chez le cheval, à la dose quotidienne de 2 à 3 grammes, associée dans un électuaire à la gentiane (30 grammes), àl'anis vert (30 grammes) et à la créosote (1 à 2 grammes). L'huile qu'il emploie est composée de i partie de phosphore sur 50 parties d'huile d'olive. Autrefois, on faisait usage du phosphore contre toutes les ma- ladies nerveuses : lépilepsie, le tétanos, la chorée, la fièvre vitu- laire, les paralysies g-énérales, etc. ; mais cet emploi était purement ^1) Annales belges de médecine vétérinaire, 1882, p. 179. 496 PHOSPHATES DE CHAUX. • empirique et ne reposait sur aucune connaissance scientifique ; aussi n'a-t-on obtenu que de rares succès. Préparations. l» Huile phosphorée à 1 p. 100 2° Glycérine phosphorée à I — Pommade phosphorée àl — Doses. Doses thérapeutiques de phosphore. Cheval ' 40 à 50 milligr. Bœuf 10 à 50 — Mouton i , . t. „ > 1 a 5 — Porc > Chien Omg,o à 2 — Chat 0"ig,5 à 1 — Doses toxiques. ... , i lgï',50 dans l'estomac. Cheval î «„,. oia i i ( 0&r,20 dans les veines. Chien O&r.lO à 0g^30 dans l'estomac. Porc OëMO à 0er,30 — A Vintérieur, on donne l'huile ou la g-lycérine phosphorée, dans un liquide mucilagineux ou sous forme d'électuaire ou de pilules . Les antidotes du phosphore sont : les vomitifs, les purg-atifs et Vessence de térébenthine vieille. On combat Tinflammation locale parles mucilag-ineux, les g-ommeuxetles féculents. Il faut exclure absolument les corps qui dissolvent le phosphore, tels que les corps gras, le lait et les œufs. Phosphates de ch.\ux. On connaît trois phosphates de chaux : 1° le phosphate tribasique de chaux (P0*)2Ga^; 2° le phosphate neutre ou bibasique (PO^)^ Ga-H^ -1-4H-0; 3° le phosphate acide ou mono- basique (PO'')-PPCa. Le phosphate de chaux tribasique se trouve àl'étatnaturel dans la terre vég'étale, dans presque toutes les plantes, dans les os, les dents, la chair, la corne et autres productions épidermiques de tous les animaux. Il forme la base des minéraux que Ton désig^ne sous les noms de phosphorites, tl'ostéolithes, de coprolithes. Il s'obtient en traitant les cendres d'os par l'acide chlorhydrique. PHOSPHATES DE CHAUX. 497 fillranl en précipitant pai' rammoiiiaquc. Le [)liosp!iatG basique de cliaiix est une poudr-e hlanche ainorplie insoluble dans l'eau, mais soluble dans les acides même faibles. Le phos[)hate neutre ou Oibasif/ue n'existe qu'en [letite quan- tité à l'état naturel. On le prépare artificiellement en versant une solution de phosphate neutre de soude dans une solution de chlo- rure de calcium. Il se présente sous la forme d'une poudre blanche, cristalline, insoluble dans l'eau, mais soluble dans les solutions acides. Le phosphate acide de chaux ou phosphate monocalcique est très répandu dans la nature ; il paraît indispensable à la formation des cellules \ivantes. Il s'obtient en traitant les cendres d'os par l'acide sulfurique. Dans la réaction, il se forme du sulfate de chaux qui se précipite et du phos[)hate acide de chaux qui reste en disso- lution. Ce [ihospliate est déliquescent et très soluble dans l'eau. Action physiologique. — Le phosphate tribasique de chaux joue un rôle physiologique très important. Il forme la plus grande partie des substances minérales des os de nos animaux et entre partout pour une certaine proportion dans la constitution des matières albuminoïdes de l'org-anisme ; il ligure au nombre des éléments des licithines, des nucléines, etc. ; c'est le phosphate de chaux qui communique aux os leur dureté et leur résistance. Des animaux privés d'aliments pliosphatés ne tardent pas à montrer des altérations du squelette ; on voit survenir un ramollissement des os, le rachitisme et l'ostéomalacie. Les animaux puisent les phosphates dans leurs aliments. Les substances vég-étales ainsi que les matières animales dont ils se nourrissent sont généralement assez riches en phosphates de chaux. Pour apprécier la valeur nutiitive des ahments, il est nécessaire d'y dosernon seulement l'azote, les matières grasses et hydrocarbonées, mais encore l'acide phosphorique, qui consti- tue l'un des éléments les plus importants. Le phosphate de chaux en combinaison org-anique est beaucoup mieux digéré et absorbé que les phosphates purs administrés sous forme de médicaments. Cependant les phosphates tribasique et neutre de chaux, quoique insolubles dans l'eau, sont suscep- tibles de passer en partie à l'absorption parce qu'ils se dissolvent dans le suc g-astrique acide (Neubauer). D'après Bouchard, tous les phosphates peuvent passer à l'absorption, même le phosphate tricalcique. Ce sel se dédoublerait dans le tube dig-estif en chlo- Kaufmax.n. 32 498 PHOSPHATES DE CHAUX. rure de calcium et acide pliosphorique sïinissant à la glycérine, qui résulte du dédoublement des graisses ])Our former de l'acide glycéro-phosphorique. Cependant cette absorption n'est pas admise par plusieurs expérimentateurs ; ainsi pour Sanson, Weiske, etc., le phosphate de chaux soluble ou insoluble n'est pas absorbé et se retrouve en totalité dans les excréments. D'a- près ces auteurs, il n'y aurait donc aucun avantag-e à administrer des phosphates de chaux artificiels dans le but d'améliorer la nutrition générale. En admettant que les phosphates soient absorbés dans le tube digestif, peuvent-ils servir à la nutrition des éléments anato- miques, ou bien sont-ils éliminés simplement sans jouer aucun rôle utile dans la nutrition? Les faits cliniques semblent prouver l'utilité de l'administration des phosphates. Ils sont eupeptlques, favorisent la consoliddtion des fractures et donnent de bons résultats dans le rachitisme. Si certaines expériences tendent à prouver leur élimination par les urines aussitôt après leur absorption, il n'en est pas moins vrai qu'ils exercent une action favorable sur la nutrition générale. En tout cas, leur administration n'est jamais nuisible. Indications thérapeutiques. — Les phosphates de chaux exercent localement sur la muqueuse digestive une action légère- ment astringente et tonique. Le phosphate de soude constitue un assez bon purgatif chez le chien, à la dose de 50 g-rammes. Ils sont indiqués : 1" comme eupeplif/ues, pour réveiller l'appé- tit, combattre les diarrhées ; 2° Dans les maladies osseuses caractérisées par une diminution de la consistance des diverses pièces de squelette, rachitisme, ostéomalacie ; 3° Dans les fractures^ pour favoriser la formation du cal et la consolidation des pièces osseuses ; 4° Dans Vanéniie, la faiblesse générale, la convalescence à la suite de maladies g-raves, dans le pica, la maladie du lécher; 5° Pendant la grossesse et Y allaitement, pour favoriser la for- mation du squelette du fœtus ou du nourrisson ; 6" Après le sevrag-e pour favoriser la croissance des jeunes animaux. ^^J^îTy Pour obtenir de bons résultats, il est nécessaire de donner aux animaux, en même temps que des phosphates artificiels, des ali- ments très nutritifs et de facile digestion, riches en phosphates. GLYGÉROPHOSPHATES. 499 En médecine vétérinaire, on donne le plus souvent la poudre d'os. Il faut la mélang-er aux aliments pour permettre au suc gastrique d'exercer sur elle son action dissolvante. Doses. Bcmif 2o-S0 f,'i'aimMOS. Clieval 10-25 — Veau \ Poulain j Vovc , 5-lo — Gliùvro \ Moiifon ; Cliit'ii 0(?'.5 à5 — Poule Os'',oO à 1 gramme. Pigeon 0s'-,50 à 1 — Acide phosphorique. PhOiH3. L'acide phosphorique ordinaire ou orthophosphorique est le seul employé. Sous sa forme officinale , c'est une solution mar- quant 1,35 au densimètre et contenant 50 p. iOO d'acide phos- phorique trihydraté correspondant à 3G^'',2 d'acide anhydre. Cette solution ne coag-ule pas l'albumine. Effets et usages. — Ingéré en solution diluée et à petite dose, il rafraîchit la bouche, calme la soif et favorise la dig-estion. Après son absorption, il se transforme en phosphate de soude dans le sang-, produit un lég-er abaissement de température et un ralentissement du pouls. Pur ou en solution concentrée, l'acide phosphorique est irritaîit comme les acides minéraux concentrés, produit une gastro- entérite et en plus une dégénérescence g-raisseuse du foie, des reins, des muscles. Cet acide est indiqué comme rafraîchissant cupeptique^ et léger antifébrile, en solutions très diluées dans toutes les maladies fébriles. On l'a recommandé aussi contre le rachitisme et l'ostéo- malacie. On l'administre dans les boissons, sucrées ou non, à la dose de 3 à 5 grammes d'acide officinal par litre d'eau. Glycérophosphates. Glycérophosphate de chaux. — Il s'obtient en chauffant en- 500 LÉCITHINE. semble du phosphate bicalcique, de l'acide phospliorique et de la g-lycérine. C'est une poudre iég-ère, blanche, soluble dans 20 parties d'eau froide, moins.soluble dans l'eau chaude. La solution aqueuse est neulre. L'alcool précipite le sel de sa solution aqueuse. Les dissolutions aqueuses sont très altérables, parce qu'elles sont rapidement envahies par des moisissures. Il constitue un excellent ton'K/uo slifnula?it et reconsliluanl. On l'emploie de préférence aux phosphates, parce qu'il esl beau- coup plus facilement assimilable. Les doses sont de 1 gramme par jour chez les petits animaux et de 10 g-rammcs chez les gi'ands herbivores. Glycérophosphatcs de potasse et de soude. — Ils se pi'ésentent sous forme de liquides sirupeux, alcalins au tournesol, neutres à la pliénolphtaléine. Jusqu'ici on n'a pas i)U les faire cristalliser. Ils remplissent les indications générales des phosphates. Comme le glycérophospliale de chaux, ils sont assimilables. On les donne aux mêmes doses. Glycérophosphates de fer. — S'obtient en paillettes d'un jaune verdàtre se dissolvant lentement dans l'eau froide et rapidement dans l'eau chaude. Pendant la dissolution à chaud, le sel se dé- compose. Il faut donc dissoudre à froid dans 4 ou 5 parties d'eau. Ce sel appoite à la nutrition à la fois de l'acide phosphorii^ue et du fer sous une forme très assimilable. C'est un excellcnl tonique qu'on administre aux mêmes doses que le glycérophos- phate de chaux. LÉCITHINE. C'est un composé qui résulte de la combinaison de l'acide glycérophosphorique avec la choline et l'acide stéarique. Elle existe dans le jaune d'œuf, le lait, un grand nombre de tissus, cerveau, foie, hématies, spermatezoïdes, capsules surrénales, etc. La lécithine est extraite du jaune d'œuf qui la contient dans la proportion de Oà 8 p. 100. Elle se présente sous l'aspect d'une masse jaune brunâtre, translucide, de consistance résineuse ou sous celle d'une poudre blanche cristalline. Elle est insoluble dans l'eau, mais s'y gontle, soluble dans l'alcool, le chloroforme, la benzine, le sulfure de carbone, l'élhcr et les huiles; elle contient environ 4 p. 100 de phosphore et 1,80 p. 100 d'azote. La chaleur de rébuUition la décompose. SELS DE CALCIUM. 501 Effets et usages. — Dans le tube digoslil", sous rintluence du suc i)aiHTéalk[ueoi» des ferments, lalécilliine subit une décom- position, en acides gras, acide glycérophosphoriquc et clioline, produits qui sont ensuite absorbés. Elle semble exercer' chez les jeunes animaux une action stimu- lante sur le processus de multiplication des éléments cellulaiies, sur la nutrition et la croissance. Les animaux qui la reçoivent soit ù l'intérieur, soiten injectionssous-cutanées, augmentent de poids, éliminent par les urines une plus forte quimtité d'urée et d'azote total, mais une quantité moindre do phos{)horc (Desgrez, AliZalcy). D'après G. Carrière, elle aug-mente aussi le nombre des hématies et la teneur du sang- en hémoglobine. En médecine vétérinaire, la lécilhine n'a donné jusqu'à présent que des résultats thérapeutiques incertains. Son prix est élevé, et elle n'est que peu employée. On préfère avec raison admi- nistrer directement les jaunes d'œufs d'où elle est extraite et qui constituent d'excellents aliments riches en lécithine. Sels de calcium. Le calcium, comme le fer, le phosphore, est un élément normal de l'organisme. Il se trouve dans tous les tissus, dans tous les liquides, soit à l'état de sels (fluorure, phosphate, carbonate, sulfate, chlorure), soit à l'état de combinaisons organiques, prin- cipalement avec la substance albuminoïde. Le calcium est apporté à l'organisme par les aliments et les boissons. Chez les jeunes animaux, il faut, dans l'alimentation, un excès de calcium pour servir à la formation des tissus, principalement du tissu osseux. Le calcium s'élimine en partie par les urines, en partie par les excréments. Chez les herbivores, les sels de calcium s'éliminent surtout à l'état de carbonates; chez les carnivores, à l'état de phosphates. Toutes les irritations intestinales, quelle que soit leur orig-ine, sont accompag-nées d'une exag-ération de l'élimination des sels de chaux par la muqueuse intestinale. Le calcium joue un rôle physiologique très important; il doime aux os leur solidité et leur résistance, exerce une action sédative sur les centres nerveux, favorise le phénomène de la coagula- 502 SELS DE SODIUM ET DE POTASSIUM. tion des liquides organiques, principalement du sang et de la lymphe, et semble avoir une action antitoxique dans certains états morbides. L'insuffisance des sels de calcium dans l'alimentation, leur non- absorption ou leur mauvaise utilisation sont des conditions qui favorisent les ramollissements osseux. On sait que le sang- décal- cifié reste incoag-ulé, tandis que la coagulabilité reparaît par l'addition de sels de chaux. A. Froin a montré que l'administra- tion de sels de calcium ou de magnésie supprime les crises téta- niques consécutives à l'ablation des parathyroïdes et la cachexie consécutive à l'extirpation des thyroïdes. Il pense que cette action est due à ce que les sels de calcium et de mag'nésium neutra- lisent l'acide carbonique et facilitent son élimination (.4c. des Se, 14 juin 1909). En médecine humaine, on a signalé plusieurs cas de g-uérison de la tétanie infantile par l'administration de sels de calcium. Ces sels, administrés à l'intérieur, ont également donné de bons résultats dans diverses alfections cutanées. Sels de sodium et de potassium. Sel marin, Sel geinlme. Ce sel, que tout le monde connaît, a une réaction alcaline ; il est soluble dans 3 parties d'eau, 5 parties de g-lycérine et insoluble dans l'alcool. Effets physiologiques. — Le chlorure de sodium est an/isep- ti(/ne ; il prévient la décomposition des matières org-aniques et empêche la pullulation des microbes. C'est son pouvoir antisep- ti<[ue et son innocuité qui le font employer pour la conservation des denrées alimentaires. En poudre ou en solution concentrée, ce sel détermine une irrilation et de la douleur sur la peau, les muqueuses et les plaies. Injectée sous la peau, la solution sd/in'c'e de cJilonirc de sodium provoque l'apparition d'un œdème volumineux, qui, après avoir persisté quelques jours, diminue ensuite, puis disparaît sans laisser de traces. Ingéré en quantité convenable, le sel marin excite le travail digestif, aug-mente l'appétit ; c'est un des meilleurs eupeptiques. SEL MARIN, SEL GEMME. 503 Dans l'estomac, il favorise la t'ormulion de l'aciiJe chlorhydrique et rend la peptonisation plus rapide et plus complète. 11 se trouve dans toutes les parties de l'organisme et représente à lui seul la moitié des sels contenus dans le corps. Il existe surtout dans les liquides organiques; on n'en trouve que des traces dans les éléments figurés tels que les hématies, les fibres muscu- laires et les cellules en g-énéral. Dans le sang- et la lymphe, le chlorure de sodium joue un rôle physique très important; c'est le régulateur de la pression osmo- tique, il augmente les courants endosmotiques, attire dans les vaisseaux les liquides situés en dehors de leur cavité ; il ag"it, d'après Liebig', comme une pompe aspirante. Les liquides de la digestion contenus dans la cavité intestinale sont attirés dans les vaisseaux par le chlorure de sodium contenu dans le sang- et la lymphe. En se basant sur ce rôle physique du chlorure de sodium, on peut aussi expliquer les échanges nutritifs qui se font entre les éléments anatomiques et les liquides nourriciers. Les éléments cellulaires produisent dans leur intérieur des produits acides qui s'échappent de leur substance, parce qu'ils sont attirés par le Kquide alcalin et salin qui sert de milieu à ces éléments. La cellule org-anique, pouvant ainsi se débarrasser constamment de ses produits de dénutrition, est toujours en état de fonctionner. La saturation du milieu nutritif ne peut, d'ailleurs, jamais se produire à cause de la circulation qui, en transportant constamment ces produits dans les glandes excrétrices, provoque leur élimination. Il en résulte que la concentration moléculaire du plasma sang-uin se trouve remarquablement fixe. Toutes les analyses démontrent que le sang- contient toujours sensiblement la même proportion de chlorure de sodium, quelle que soit la quantité ing-érée. Si la dose ing-érée devient trop con- sidérable, il n'y a pas absorption de la totalité du sel, parce que, aussitôt que le liquide intestinal en contient une plus forte proportion que le sang-, il tend à se produire un courant osmo- tique, qui marche du sang- vers la cavité intestinale (exosmose). Ing-éré à forte dose, le sel marin est purgatif. De plus la soif inter- vient et fait que les animaux ing-èrent beaucoup d'eau, ce ([ui ramène la concentration à la normale. Quand on prive les animaux pendant long-temps de chlorure de sodium [(léchloruration). on voit ciuele sang- conserve pourtant, à 504 SEL MARIN, SEL GEMME. peu près, la même proporlion de ce sel. Celui-ci est retenu dans lesunn',il n'est plus éliminé qu'en petite quantité par Icsurines. 11 joue aussi un rôle chimique important, car il sert à former l'acide chlorhydrique du suc gastrique et les sels biliaires^ qui opèrent la transformation des matières alimentaires. Si le manque de chlorure de sodium dans les aliments est trop persistant, on voit se produire des troubles dans la nutrition. Ainsi Forster a con- staté que les animaux complètement privés de ce sel finissent pai- avoir du dég'oût pour les aliments, qu'ils perdent l'appétit, qu'ils ont des vomissements et qu'ils contractent une paralysie générale, à laquelle ils succombent. Les animaux herbivores qui ne trouvent pas une assez forte proportion de sel dans leurs aliments contractent Thabitude de lécher les murs, de manger de la terre, de rechercher les sources salées. Kemmerich a nourri un chien pendant dix-sept jours avec des aliments dépourvus de chlorure de sodium, auxquels il a ajouté du chlorure de potassium, et il a trouvé que, dans ces conditions, les sels alcalins du sang sont composés de 90,3*.) p. 100 de sels de sodium et seulement de 3,01 p. 100 de chlorure de potassium. Dans l'urine du même chien, il a trouvé au contraire 94,94 p. 100 de chlorure de potassium et seulement .5,00 p. KXl de sels de soude. Cette expérience prouve qu'il y a économie de chlorure de sodium quand ce sel n'arrive qu'en faible quantité dans le sang et qu'au contraire le chlorure de potassium est éliminé rapi- dement. Boussingault, dans ses expériences sur l'influence du sel marin sur la nutrition, est arrivé aux conclusions suivantes. Le sel de cuisine qu'on ajoute aux aliments des herbivores n'a aucune influence sur la production de la viande, de la graisse et du lait ; /t/j^jfif/jJ r, mais les animaux sont plus vigoureux, plus pétulants et ont le poil plus luisant. On voit donc que le sel de cuisine est utile, puis- ([u'il communique aux animaux une santé meilleure. Le tableau suivant de Voit indique ({ue le chlorure de sodium a pour efl'et d'augmenter Véliminalion de l'azote par les urines, sous forme d'urée. .Srtw.v ingestion d'eau. Vit. Ur. Gr. Gr. Quantité de sel ingéré 0 S 10 20 Quantité d'urine rendue 935 048 1042 1284 Urée 108,2 1011,1 109.0 112.6 SEL MARIN, SEL GEMME. 505 Avec ingestion d'eau. Gr. Gi-. Gr. Gi-. Ouanlité do sol inprôré 0 3 10 ^0 Ùrin." ivn.l.io 8:!8 8^)8 987 11:24 frûo iDii 110 112 113 Ce tableau fait voir aussi que le sel de cuisine augrnente la sécrétion urinaire et accélère le mouvement de désassimilation des albuminoïdes. Élimination. — Le chlorure de sodium est expulsé avec tous les produits de sécrétion ; on trouve ce sel dans l'urine, la sueur, le mucus, les larmes et les excréments. A l'état normal, la quan- tité éliminée journellement est exactement égale à la quantité absorbée; mais, à l'état pathologique, le bilan des entrées et des sorties du NaCl ne se balance plus. Souvent les sorties sont infé- rieures aux entrées. Dans les maladies aig-uës, en général, l'éli- mination de chlorure de sodium diminue beaucoup; il y a réten- tion de ce sel ; il s'accumule dans les exsudais pathologiques et les épanchements. Il y a au contraire augmentation de l'élimina- tion, (|uand les maladies sont en voie de résolution, comme pen- dant la période de déclin de la pneumonie, de la pleurésie, de la péritonite, et à la période de résorption des épanchements dans les hydropisies. Effets toxiques. — Des doses très fortes irritent la muqueuse digestive, produisent une gastro-entérite, des coliques, des vomissements, de la diarrhée, des convulsions, puis de la para- lysie et la mort. Chez les animaux à sang froid, l'empoisonnement par le chlo- rure de sodium est accompagné d'une opacité du cristaUin qu'on attribue à la soustraction d'eau déterminée par le sel. Indications thérapeutiques. — Le chlorure de sodium, étant un élément indispensable., doit être donné normalement avec les aliments pauvres en sels alcalins, surtout aux animaux herbivores, qui en sont d'ailleurs très friands. ;,wVU;j^. Comme médicament, il est indiqué contre ïhémoptisie, car, quand il est introduit dans l'estomac, il détermine par action réflexe une vaso-constrirtion dans le poumon. C'est un contrepoison excellent du nitrate d'argent, qu'il préci- pite à l'état de chlorure d'argent insoluble. A dose modérée, c'est un stimulant digestif très utile chez les grands animaux qui ont l'appétit dépravé. Administré réguhère- 506 SEL MARIN, SEL GEMME. ment ù dose un peu forte, il produit la diarrhée, augmente la diurèse et hâte la résorption des produits pathologiciues, des liquides épanchés et favorise la dissolution des fausses membranes. Il est donc indiqué dans Thydrothorax, la pleurésie, la péiilonile, mais seulement quand ces maladies sont à leur [)ériode de déclin. C'est un assez bon vomitif chez les carnassiers. Les lavements au chlorure de sodium activent les mouvements péristaltiques de Fintestin et hâtent les défécations. Les bains d'eau salée accélèrent les mutations nutritives, les oxydations intra-org-aniques et conviennent dans les cas d'auto- intoxication. Les injections sous-cutanées ou interstitielles de solutions salées fortement hypertoniques de 10 à 20 p. 100 ont donné quelques bons résultats dans la luxation de la rotule, le vessigon rotulion chez le bœuf, la hernie ombilicale, les boiteries de l'épaulo. Dans ces cas, le sel agit comme irritant local et produit un engoi- gement. Plusieurs vétérinaires ont traité avec succès les hernies ombi- licales du cheval par les injections sous-cutanées d'une solution saturée de chlorure de sodium au niveau de la tumeur herniaire. Doses. — Les doses ordinaires sont : Cheval 30 à 60 «l'anni'os. BuHil' aO à -100 — Mouton cl clièNi'i' 10 à lo ■ — Poic u à 15 — Chien 4 à 8 — Glial... là 3 — A l'extérieur, on emploie des solutions isotoniques de ce sel pour laver les plaies, pour faire des compresses, des lotions sur les tissus contusionnés (Voir plus loin, Srrum artificiel). Pour un lavement, on emploie 50 grammes de sel chez les grands herbivores et une cuillerée à café chez les petits animaux. Dans un bain, pour le chien, on peut dissoudre 1 kilogramme de ce sel. Pour faire vomir les petits animaux, on leur fait prendre le chlorure de sodium à la dose de une ou doux cuillerées à café. C'est plutôt en adjuvant des autres vomitifs; on a recours à ce moyen quand on n'a pas d'autres vomitifs à sa disposition. Pour la purgation, on doit toujours lui préférer le sulfate de soude. Contre-indications. — Le sel marin est nuisible chez les animaux malades on état de rétention chlorurée. Il aggrave les œdèmes, SÉRUM ARTIFICIEL OU SOLUTION PHYSIOLOGIQUE. 501 les hydropisies, chez les cardiaques, les cirrhotiques, les néphré- tiques. Dans ces cas, il faut faire la déehloruration en donnant aux ani- maux des aliments privés de sel. La déehloruration est également favorable à Faction des iodures et des bromures (Richet et Tou- louse). Sérum artificiel ou solution physiologique. La pression osmotique du plasma et du sérum sang-uin est isotonique à celle des éléments figurés du sang- et des cellules des tissus vivants. Or la pression osmotique du plasma ou du sérum sang-uin doit être rapportée exclusivement aux substances cristalloïdes : sels, sucre, qui s'y louvent en dissolution. Connaissant la valeur de la pression osmotique du sérum par la détermination du point de cong'élation, il est facile de préparer des solutions salines qui ont la même pression osmotique, c'est-à-dire des liquides qui lui sont isotoniques. Le sel marin représente à lui seul les deux tiers des molécules salines en solution dans le plasma ou le sérum sanguin. Il est contenu dans ce liquide dans la proportion moyenne de Op. i 000. Aussi les physiologistes ont-ils, depuis long-temps, préparé des solutions de NaCl, dans le but de conserver aux globules sang-uins leurs caractères normaux en dehors de l'organisme. Déjà, en 1872, Malassez a proposé la solution de chlorure de sodium à 7 p. 1 000 pour diluer le sang- dans la détermination du nombre des glo- bules. Depuis, on a reconnu que cette solution est trop faible et que, pour avoir un liquide complètement isotonique avec le sérum san- g-uin, il faut porter la proportion de sel marin à 9,5 p. 1000. Cette solution constitue la solution physiologique ou le sérum artificiel. Dans ce liquide, les globules du sang- et les cellules animales conservent leur volume, leur forme et tous les caractères nor- maux. Mais ce sérum artificiel, constitué exclusivement deau et de NaCl, n'est pas un milieu nutritif suffisant pour assurer la vie prolongée des éléments cellulaires qui y sont plongés. On peut s'en assurer facilement en se servant de ce sérum pour les circulations artificielles dans le cœur isolé des mammifères. On constate que les battements du cœur ne tardent pas à s'éteindre lorsqu'on fait cir- culer à travers le muscle cardiaque isolé une semblable solution. 508 SÉRUM ARTIFICIEL OU SOLUTION rilYSIGLOniQUE. C'est pourquoi les physiologistes ont abandonné l'usag-e de la solution ordinaire au cliloi'ure de sodium ])Our la remplacer par des liquides à composition plus complexe, qui possèdent une minéralisation et une concentration moléculaire très voisines de celles du plasma ou du sérum sanguin et qui, tout en étant iso- toniques, sont nutritifs et entretiennent intact pendant long-temps le jeu du cœur isolé. Le plasma sanguin normal conlient environ 1 p. 1000 de glucose et 8,50 p. 1 000 de sels. D'a|)rès Schmidt, les sels se répartissent ainsi : (Milonirc (lo .sodiiiiii 5. G ]). 100 — (lo polassiuiii 0,2C — Carbonate do sodium 1.53 — l'dosphalo de sodiiuu 0.27 — — ({(' calcium ' 0,30 — do magnc.siiiiii 0.22 — Sulfate do |i()tassiiiiu 0.28 — 8,46 p. 100 Les sériuns (irtlficieh utilisés actuellement en physiologie sont surtout les suivants : Sohtlion de Locke. Cliiniiiic do sodium 9 f^Tnuuuos. — de calcium 0k'-,20 — do potassium 0Kr,20 Garboaalc do sodiuu» 0k'',20 Glucose 1 i^i'amuio. Eau lOOOJ^Mamuii-s. ^ériim de Ilédon et Flcig. Cliloruro do sodium 60', 5 — d(^ potassiuui 0sr,3 — i\i' calcium Os^2 Suilali' do magnésium Oe''.3 Bicarboiialo de sodium 1 gramme. Glycérophosphate de s »dium 1 — Glucose 1 — Eau dislilloo Q. S. p. 1000. c. e. Ces sérums, beaucouj) plus avantag-eux que le sérum ordinaire ou chlorure de sodium à 0,5 p. 1000, devraient être employés, de préférence, comme ag-ents thérapculiqucs. Pour bien saisir les ajj[)lications thérapeutiques des solutions SERUM ARTIFICIEL OU SOLUTION PHYSIOLOGIQUE. K09 salines physiologiques, il faut exaniiiicr leur action sur l'orga- nisme animal. Effets des injections intraveineuses de sérum physiologique. — Le sérum physiologique étant isotonique et neutre n'exerce aucune action nuisil)le sur les éléments (igurés du sang, ni sur les cellules des tissus. Injecté dans les vaisseaux, il se mélange inti- mement au sang et augmente par conséquent la masse de liquide en circulation. Mais bientôt l'action régulatrice de la composition du sang entre en jeu, le rein sécrète plus abondamment et rejette une quantité de, liquide exactement équivalente à celle qu'on injecte (Dastre et Loye, 1888 et 1889). Le corps de l'animal se com- porte comme un vase troi)-plein ; le liquide s'échappe par le rein à mesure qu'il est injecté, à la condition que la vitesse de l'injec- tion ne dépasse pas une certaine limite. Ces injections ont donc une nclion diurétique puissante. Sur les animaux sains, qui ont une pression sanguine normale, l'injection intraveineuse de sérum ne modifie pas la pression artérielle (Dastre et Loye) ; mais, si la pression esl au-dessous de la normale, elle est ramenée à sa valeur normale (Delbet, 1896). Sous l'intluence des injections salines, la température de rani- mai s'élève, et ses réflexes s'exaltent, ce qui est dû à une aetion stimulante ou dijnamogénique marquée sur le système nerveux central (Roger). Indications thérapeutiques. — Les sérums physiologiques rele- vant la pression artérielle lorsqu'il y a hypotension sont indiqués en injection intraveineuse ou sous-cutanée dans tous les cas patho- logiques où la pression sanguine est inférieure à la normale et où il y dépression des forces, coMapsus. (^Qs'm\Qc[xous stimulent immé- diatement toutes les activités organiques, rendent au système vasculaire et nerveux le tonus qui leur manque, activent l'éhmina- tion par les émonctoires des déchets de la nutrition et des toxines et augmentent les oxydations intra-organiques. La médication sérothérapique massive, comme l'appelle Landouzy, fait merveille contre les hémorragies graves, qu'il s'agisse d'hémorragies trau- matiques ou de pertes sanguines quelconques (épistaxis, enté- rorragies, métrorragies), contre la dépression ciiculatoire et nerveuse dans les maladies infectieuses : maladies typhoïdes, paraplégies infectieuses chez le cheval, ictère grave du chien (Bouchet, Cozette), coryza gangreneux du bœuf (Péricaud), mala- die du jeune âge chez le chien (Parent), éclampsie, auto-intoxica- :ho sérum âkïificiel ou solution physiologique, tions d'orig-ine digestive et autres, anhumatosie (Portet), diar- rhée des jeunes bovins (Imming-er), pneumonie infectieuse (Desoubry), pleurésie du clieval (Brocheriou). Dans tous ces cas pathologiques, les injections de sérum [thysio- logique agissent non par un simple lavage ou lessivage du sang, mais bien en relevant la pression artérielle, en tonifiant les vais- seaux et le système nerveux, en améliorant la circulation dans tous les organes et, par suite, en activant la sécrétion dépurative du côté du rein et autres émonctoires. Il est absolument inutile d'injecter dans les vaisseaux ou de l'aire absorber par le tissu conjonctif ou par toute autre voie une quantité de liquide physiologique supérieure à elle qui est néces- saire pour faire cesser V hypotension. Les quantités de liquide en excès seraient plutôt nuisibles, comme le démontrent les recher- ches de Dastre et Loye (1889), de Lejars (1897), Aussitôt que la tension normale est rétablie, ramélioration qui survient dans le fonctionnement de tous les organes communique à l'organisme une résistance nouvelle aux agents morbifiques. On a recommandé les injections de solution physiologique dans les intoxications par les poisons médicamenteux comme les alca- loïdes; mais ici encore elles ne sont réellement utiles qu'autant qu'il y a hopentension artéinelle. Contre-indications. — Elles sont toujours contre-indiquées quand le rein est malade et remplit mal son rôle dépurateur. Doses de sérum à injecter. — Les quantités de sérum à injec- ter dans les veines ou sous la peau sont fort variables ; elles dépendent de l'état de dépression de la circulation. Chez le cheval, chez le bœuf après des hémorragies graves, on peut injecter jusqu'à 5 litres de liquide en une seule fois. Dans les cas ordi- naires, où la dépression vasculaire est peu accusée, 1 à 2 litres suffisent. Chez le chien, les doses varient do 100 centimètres cubes à 1 litre (Bissauge). On ajoute quelquefois avantageusement au sérum des alcaloïdes qui assurent une action tonique spécifique sur le cœur, les vais- seaux et le système nerveux, comme la spartéine, la strychnine. Desoubry utilise avec succès chez le cheval la solution suivante contre la pneumonie infectieuse : Glilorurc (1(! sodium 9 fj;raiiimcs. Sulfalo de spartéine 0k'',025 Sulfate (le strychnine Os'",01 Eau slérilisée 1 litre. SELS m POTASSIUM. 511 Manuel opératoire. — La solution physiologique doit être stérilisée et portée à la température de 38 à 40». L'injection se fait avec la seringue, l'appareil de Dieulafoy, l'appareil de Potain ou simplement à l'aide d'un bock à injections ou d'un autre réci- pient quelconque maintenu à une certaine hauteur pour donner la pression. Le tube de caoutchouc qui relie l'appareil à l'aiguille qui pénètre dans la veine doit être parfaitement {)urgé d'air, et le tout doit être stérilisé. Pour les injections hypodermiques; de sérum, les appareils sont les mêmes. Sels de potassium. Le potassium est pour l'org-anisme un élément aussi indispen- sable que le fer, le phosphore, le calcium et le sodium. Les composés potassiques existent normalement en forte pro- portion dans tous les tissus de l'org-anisme. Ils font partie consti- tutive de la matière vivante des éléments histolog-iques au même titre que l'albumine, la graisse, le fer, etc. Les sels de potasse sont plus abondants que les sels de soude dans les éléments solides des tissus; par contre, ils sont moins abondants dans les liquides qui servent de milieux nutritifs aux éléments cellulaires. Ainsi, dans le plasma sanguin, ce sont les sels de soude qui pré- dominent, tandis que dans les éléments fig-urés du sang-, c'est-à- dire dans les g-lobules, on trouve beaucoup plus de sels de potasse. La fibre musculaire est ég-alement très riche en potas- sium. Les sels de potasse sont indispensables à la nutrition ; ils ne peuvent pas être remplacés par les sels de soude. Gela ressort très nettement des expériences de Kemmerich. Cet expérimenta- teur a nourri deux jeunes chiens en parfaite santé avec la même quantité de viande privée de ses sels par l'ébullition. Aux ali- ments du chien A, il a ajouté des sels de potasse; à ceux du chien B, il a ajouté le même poids de sels de soude. Après ving-t- six jours de ce régime, les dilférences survenues chez les deux chiens étaient les suivantes : le chien A avait augmenté de poids de 2085 grammes; le chien B n'avait augmenté que de 810 gr., il y avait donc une diiVérence de 1275 grammes en faveur du chien A. Celui-ci était vif, intelligent, vigoureux, bien musclé; le chien B était, au contraire, dans un très mauvais état; il était 512 SELS DE POTASSIUM. li'ès faible, restait couché, ne pouvait ])i'e.S(]ue jilus marcher; ses . . , .^ . yeux avaient perdu leur écjat, et l'appétit avait diminué. Pour bien faire ressortir Tinfluence dih'érente des sels de potasse et des sels de soude, Kemmerich, continua rexpéricncc, mais en ren- versant les con(htions, eest-à-diic ([u"il donna des sels de potasse au chien B et (Jessels de soude au chien A. Après un temps égal, le chien B avait aug-menté de 1850 grammes, tandis que le chien A n'avait augmenté que de 530 gj-ammes; tous les autres résultats étaient ég'alement renversés. Des nombreuses recherciies faites par Kemmerich sur le rôle comparatif des sels de potasse et de soude, on peut conclure que les premiers servent surtout à la formation des éléments anato- miques dos tissus, principalement du tissu musculaire, tandis que les seconds ne semblent avoir aucun r(Mc direct dans la genèse des tissus, mais qu'ils servent à la constilulion (Ui niihcu nutritif dans lequel vivent les éléments fig-urés. A faible dose, les sels de potasse agissent sur Torganisme comme des toniques, c'est-à-dire qu'ils favorisent l'appétit, l'assimi- lation et le fonctionnement g-énéral de l'org-anisme. A doses fortes, données pendant un certain temps, ils augmentent notablement l'alcalinité et la tluidité du sang-, ralentissent le pouls, activent les diverses sécrétions, surtout la sécrétion urinaire, augmentent les oxydations et la désassimilation, produisent l'amaigrissement et l'anémie. Ces elléts altérants ont pour résultat d'acUver la ré- sorption interstitielle et celle des liquides épanchés dans les cavités séreuses. Les sels alcalins s'éliminent surtout par les urines. Dans les conditions normales, l'urine est toujours plus riche en sels de soude qu'en sels de potasse. Dans les cas de fièvre, les sels de /" jjr^^' potasse l'emportent sur les sels de soude; quelquefois même ces J.4iL^^i 7 derniers disparcdssent à peu près complètement de l'urine. Pen- dant l'état fébrile, la quantité de sels de potasse éliminée est trois à quatre fois plus considérable qu'à l'état normal. Ces dilférences indiquent que la lièvre est toujours accompagnée d'une destruc- tion de la matière org-anisée, c'est-à-dire des fibres musculaires, des cellules et des hématies. Quand les sels de potasse s'accumulent dans le sang, soit parce qu'ils y afiluent en trop grande abondance, s>nl parce qu'ils ne sont pas éliminés, ils ne tardent pas à i)roduire des etièts toxiques. D'après les expériences de l^^alcU et de Hermann, lés HUILE DE FOIE DE MORUE. 513 sels de potasse sont cinquante-trois fois plus toxiques que les sels de soude. Les sels de potasse, injectés dans les veines, paralysent rapi- dement le cœur et tout le système musculaire. Les sels de soude, au contraire, administrés aux mêmes doses, ne produisent aucun elVet appréciable sur les grandes fonctions, c'est-à-dire sur l'innervation, la motilité, les contractions car- diaques et la calorification. Un sel de potasse injecté dans les veines à la dose de 1 à 2 grammes tue le chien ; administré à l'in- térieur à la dose de 100 grammes à une vache, il la fait périr. A v-^tf^-Y/e-c^V ces doses employées dans les mêmes conditions, un sel de soude ne produit aucun effet visible. Emploi. — Pour produire une action toniuf 10 à 2;i — Mouton ul porc 2 à 5 — Cliion Os.,30 à 0Kr,50 On l'administre sous forme de bols, de pilules, d'elecluaires, en grains entiers ou en infusions aqueuses ou vineuses. Les autres espèces de poivres possèdeni sensiblement les mêmes propriétés que le poivre noir. hepoivre cubèbc est moins irritant et porte son action surtout sur les organes génitaux et urinaires, dont il taril les écoule- tnenls morbides. Il est administré aux mêmes doses, Gascarille. On donne ce nom à l'écorcedu Croton Cascarilla ouC Eluthe' CAMOMILLE ROMAINE. 531 ria, arbre de la famille des Euphorbiacées, qui croît aux Antilles. Elle contient une essence aromatique amère, Vessc/ice de casca- rillc, une substance cristallisée en aiguilles prismatiques, la cascariUine, peu soluble dans l'eau, plus soluble dans l'alcool et Téther; de Tacide benzoïque et des matières inertes. Effets et usages. — La cascarille agit comme tonique (iiner, comme antiputride, comme eupeptique et stimulant. Elle est utile dans l'atonie du tube digestif, dans les diarrbées. Associée à la rhubarlie et au fer, la poudre de cascarille est employée comme tonique et reconstituant. D'après Fellenberg-, elle active- rait considérablement la sécrétion du lait et serait galactopoié- tique. On ne l'administre guère que chez les petits animaux à la dose de 2 à 4 grammes par jour. Camomille romaine. {Anthémis nohilis L.) Cette plante, de la famille des Composées, fournit à la n)atière médicale ses Heurs à odeuraromatique, qu'on emploie desséchées. Elles contiennent de l'acide anthéniique découvert par Pattone, deVa?ilhéiniJie, base alcaloïdiquecristallisable soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et l'éther, de l'essence de camomille, de l'acide tannique, plusieurs substances amères, une matière grasse, de l'albumine, de la g-omme et des sels. Yt' essence de camomille fraîchement préparée est un liquide d'un bleu ou vert azuré. Conservée pendant un certain temps. surtout à la lumière, elle prend assez rapidement une coloration brunâtre ou jaunâtre par suite de son oxydation. Effets et usages. — Localement, les préparations de camo- mille sont excitantes, antiseptiques et cicatrisantes. Introduites dans le tube dig-estif, elles sont stomachiques, toniques, anti- venteuses et antispasmodiques. Après l'absorption des principes actifs, la camomille excite légèrement toutes les fonctions et aug-mente la tonicité générale de l'organisme ; elle est en outre antipériodique et antispasmo- dique. On l'emploie à l'extérieur pour résoudre les engorgements indolents, surtout les eng-orgemenlstesticulaires, les ecchymoses, les contusions, pour exciter et désinfecter les plaies de mauvaise nature. 532 MENTHE POIVRÉE. A l'intérieur, elle convient pour favoriser la digestion, pour combattre les indigestions, les douleurs intestinales, la diarrhée, le relâchement g-astro-intestinal. C'est également un excelleut tonique pour relever la nutrition dans l'anémie et la faiblesse g-énérale. On l'administre sous la forme d'infusion à raison de 10 à 30 grammes de fleurs pour 1 litre d'eau. On la donne aussi en poudre à la dose de 30 à 40 grammes chez les grands animaux et de 2 à 5 grammes chez les petits. Pour ces derniers, on emploie souvent l'essence de camomille à la dose de I à III g-outtes avec de l'huile, du sucre, etc. Camomille commune. {Malricarla cliainoniilla.) Les fleurs contiennent une huile essentielle qui est d'un bleu foncé, une matière résineuse et un principe amer. Elles sont surtout employées en Allemagne comme Ioniques et antispasmodiques. Mêmes doses que pour la camomille romaine. Menthe poivrée. [Metit/ia piperila (Labiées).] Cette plante est cultivée en France et surtout en Angleterre. Elle a une odeur fine, très pénétrante et une saveur piquante, acre et aromatique, qui laisse dans la bouche une sensation de fraîcheur agréable. Les feuilles renferment une huile essentielle, un princijie amer, une matière résineuse, du tanin. L'essence de menthe est liquide, d'une couleur jaune verdàtre, claire, transparente, d'une consistance lég-èrement huileuse, d'une densité de 0,80, soluble dans l'alcool. A 0" elle abandonne des cristaux de menthol C'^H-oO. Effets et emploi. — La menthe est stomachique et antispasîno- dique; elle convient, comme la camomille, contre les indig-estions, les coliques, les douleurs provoquées par les crampes de la vessie et de l'utérus. Le menthol est souvent employé chez l'homme contre la mi- QUINQUINA. 533 g-raine, les névralgies. C'est aussi un bon antiaeptiqup utilisé en poudre contre le coryza. A forte dose l'essence de menthe est toxique ; elle paralyse la moelle et le centre respiratoire. La menthe est donnée aux mêmes doses que la camomille romaine. Toniques névrosthéniques. Quinquina. On désig-ne sous le nom de quinquina une écorce exotique fournie par des arbres appartenant au g-enre Cinchona, de la famille des Rubiacées, qui croissent spontanément dans les mon- tagnes de l'Amérique méridionale, notamment au Pérou, en Bolivie, dans les grandes Cordillères, et qui sont actuellement cultivés dans l'Inde. La poudre d'écorce de quinquina a été connue successivement sous différents noms. Les Européens l'appelaient d'abord la poudre de la Comtesse, parce qu'elle avait guéri la comtesse de Ginchon, vice-reine du Pérou, d'une fièvre opiniâtre. Plus tard, elle reçut le nom de poudre des jésuites, parce que ces relig-ieux la distribuaient aux malades. Enfin le cardinal du Lug-o, en ayant introduit l'usag'e à Rome, le nouveau médicament y fut connu sous le nom de poudre du cardinal. Pendant long-temps on fît usage du quinquina sans en con- naître l'origine botanique; mais, en 17 40 environ, deux savants français, de la Condamine et Josepli de Jussieu, firent connaître les arbres qui fournissent la précieuse écorce et leur donnèrent le nom général de Cinchona. Aujourd'hui, l'histoire du quinquina est à peu près complètement éclairée. L'écorce de quinquina contient : 1° Les alcaloïdes principaux sont les suivants : Quinine C^oiI2iAz^02 Quinidine G-'OH-^^Az^O^ Cinchoninc G'^H^Uz^O Cinclionidine GisH^Uz^O Quinaniine CisH^^Az-^O^ 2» Les acides quinine, quinotannique et quinovique, unis aux 534 QUINQUINA. alcaloïdes précédents et en partie à la potasse, à la chaux et à la magnésie ; 3° Le rouge cinchonique soluble et le î'ouf/e insoluble; 'iO Une matière colorante jainie ; des principes résineux et bal- samiques; 5° Des matières grasses, de Tamidon, du ligneux, delà g'omme, de Taricine, etc., des sels minéraux et jiarliculièrement des sels de chaux. Les espèces officinales d'écorce de quinquina sont : n. Le quinquina jaune ou calisai/a, fourni par le Cinchona Calisaya do Wcddel. Il contient principalement de la quinine, do la quinidine et de la cinchonine; l). Le quinquina rouge, provenant du Cinr/tona succirubra. Les alcaloïdes principaux sont la quinine, la cinchonine et la cinchonidine. Les principes qui communiquent aux quinquinas leurs propriétés physiolog'iques et thérapeutiques sont : la quinine et la cincho- nine. Les autres alcaloïdes, ainsi que les diverses substances qu'on rencontre dans le quinquina, y sont contenus en quantité trop faible pour produire des elVets notables. La proportion de quinine et de cinchonine varie suivant les espèces de quinquina, suivant leur mode de récolte, levu' conser- vation, etc. r/est ainsi que la proportion de quinine peut varier de 3 à 50 p. 1000 suivant les échantillons; il en est de mémo de la cinchonine. Effets. — Localement, la poudre de quinquina agit comme un tonique, un astringent et un antiseptique léger. Son action tonique et astringente locale est prononcée ; elle est due aux prin- cipes qui accompag-nent la quinine et la cinchonine et surtout aux matières tannantes que contient l'écorce. Celte action tonique se manifeste surtout dans l'appareil digestif relâché et alonique. Les animaux supportent bien l'écorce, même à dose relative- ment forte. Cependant, si la médication est prolong'ée à forte dose, le quinquina produit une diminution de l'appétit et une certaine g'ène dans la digestion. T^a poudre de quinquina rég-ularise la nutrition, aug-mente la tonicité des org'anes, diminue les sécré- tions ; mais son action sédative sur le cœur et la température est peu prononcée. C'est pourquoi ou doit lui substituer les sels de quinine quand il s'agit de pi^ovoqucr une action antit/ierntique et antifc'brile. La poudre exerce une action foitifianle i)lus mar- QUINQUINA. 535 quée sur le système nerveux et la nutrition g'énérale que la qui- nine. Indications. — Les préparations faites avec l'écorce de quin- quina sont spécialement indiquées : lo Gomme stomachiques et toniques du tube dig-estif dans l'inappétence, la diarrhée chronique, les indig-estions chroniques; 2° Gomme toniques généraux dans l'hématurie, la fièvre pété- chiale, la néphrite, la cystite, l'hydroémie, etc. ; 3° A Vextérieu7\ comme cicatrisants^ astringents et antisep- tiques sur les plaies suppurantes. Préparations. — Les principales préparations officinales sont : la poudre de quinquina, la teinture de quinquina au cin- quième, le vin de quinquina, l'extrait aqueux et l'extrait alcoo- lique de quinquina. Ge dernier doit contenir 10 p. 100 d'alcaloïdes totaux et l'extrait aqueux G p. 100. Vin de quinquina officinal. Quinquina en poudre 23 grammes. Alcool à, 60" 75 — Acide chlorhydrique dilué 2 — Faites macérer pendant vingt-quatre heures, puis ajoutez : Vin rouge 900 grammes. Faites macérer pendant vingt-quatre heures. Filtrez. Administrations et doses. — On donne la poudre de quinquina sous forme d'éiectuaire ou de breuvage. Le breuvage se fait en faisant une décoction aqueuse à laquelle on ajoute quelques gouttes d'acide chlorhydrique ou un liquide alcoolique. Doses thérapeutiques. Poudi'c. Cheval 10 à 20 grammes. Bœuf 20 à oO — Mouton et chèvre 5 à 15 — Chien 2 à 8 — Chat 1 à 2 — La teinture se donne aux petits animaux (chien, chat) à la dose de V à XX gouttes, l'extrait aqueux à la dose de 0-%25 à 1 gramme. Incompatibilités. — Dans les préparations de quinquina, il faut éviter les alcalis, les bromures, les iodures, les phosphates alca- lins^ le benzoate de soude, la caféine, le tanin, l'antipyrine, etc. /^ 536 ACIDE ARSÉNIEUX. Composés arsenicaux. Acide arsénieux. As203. Cet acide, vulgairement encore appelé arsenic, se présente , ç^ sous sa forme officinale en une poudre blanche, cristallisée, inodore, ^jaÂ'i»"^ /d'une saveur fade d'abord, puis styptique et nauséeuse, soluble ^Ç)' dans 82 parties d'eau froide, dans 10 parties d'eau bouillante, dans 140 parties d'alcool, dans 5 parties de g-lycérine. La présence de l'acide chlorhydrique aug-menle beaucoup sa solubilité dans l'eau. Effets physiologiques. — L'acide arsénieux eët un antiputride énergique dont l'efficacité est démontrée dans la momification des cadavres et la conservation des pièces anatomiques et zoolo- g-iques. Les fermentations, dues à des g-ermes fig-urés, sont sus- pendues par la présence de l'acide arsénieux; mais ce corps n'a aucune action sur les ferments solubles, et il ne s'oppose pas , complètement au développement des moisissures, f---- ■ i^-j-^â-^-^mm/u Sur la peau intacte, l'acide arsénieux n'agit que très lentement; après ving-t-quatre heures, la peau se sèche, se racornit et se j^Usse autour du point attaqué ; puis une escarre brune, épaisse, se forme et tombe après quelques jours. Dans le tissu conjonctif, l'acide arsénieux produit une vive dou- leur, un engorgement inflammatoire très volumineux, la gan- gTène de la peau et des tissus touchés ; souvent aussi ces phéno- mènes locaux sont accompagnés d'une absorption dang-ereuse du poison. D'après Hertwig', il suffit de 4 g-rammes d'acide arsénieux, appliqué sur les plaies fraîches du cheval et du bœuf, pour ame- ner la mort; 30 centig^rammes produisent le même effet sur le mouton et 10 à 20 centigrammes sur le chien. r La cautérisation produite par l'acide arsénieux se dislingue de celle produite par les véritables caustiques : elle est lente, la dou- leur est très vive et ])rolongée, l'escarre est grise, très adhérente et d'une élimination, difficile ; le gonflement inflammatoire est très intense. Elle n'est pas le résultat de la soustraction d'un élément simple ou composé, ni do la coag-ulation de l'albumine, mais la conséquence de l'inflammation ulcérative. L'acide arsénieux dillere des vrais caustiques en ce qu'il n'agit t^' ACIDE ARSÉNIEUX. S»37 que sur les tissus vivants ; il est sans action sur les tissus morts, tandis que les acides, les alcalis, les sels caustiques détruisent indilVéremment les tissus morts ou les tissus vivants. V Sur les muqueuses, l'action irritante se développe avec une grande intensité. Quand on donne l'acide arsénieux en poudre ou en solutions concentrées, on remarque la perte de l'appétit, la sécheresse de la bouche, des vomissements chez les carnivores et les omnivores, des coliques chez les herbivores et une diarrhée infecte à odeur alliacée, parfois sang-uinolente. Si les animaux meurent, on trouve, à l'autopsie, tous les sig-nes dune vive inflam- mation f/astro-intestinale, des ecchymoses dans le cœur, et une dégénérescence graisseuse du foie, du cœur, des reins el des centres nerveux. En g-énéral, les cadavres des animaux empoi- sonnés par l'acide arsénieux se putréfient moins facilement et ont de la tendance à se momifier. Chez les ruminants, l'administration prolong-ée de l'acide arsé- nieux en poudre peut être suivie de la perforation de la panse, accident qui entraîne fatalement la mort de l'animal. Administré à faibles doses, l'acide arsénieux exerce sur le tube digestif une excitation légère favorable aux transformations djg'estives. Dans ces conditions, ce corps peut être supporté pendant très long-temps chez la plupart des animaux ; il est absorbé lentement et produit des effets généraux très remar- quables. Il se localise d'abord et surtout dans les globules blancs, les reins et le foie, puis dans les muscles, les os, la substance nerveuse. Son élimination de l'organisme se fait par les différentes voies: intestin, bile, urine, lait, peau, sueur, poils. Elle est assez rapide. A la suite de l'administration d'une dose unique, elle est complète en trois jours. Elle est lente lorsqu'il s'ag-it des faibles doses répétées ; alors elle peut durer jusqu'à cinquante jours après la cessation de l'administration. Sous l'influence de faibles doses d'acide arsénieux, les herbi- vores et particulièrement les chevaux acquièrent de la vig-ueur et ^ La/u^o^^ / de l'embonpoint, leur appétit aug-mente, ils ont le pouls plus fort ,/vj,,^^^^^t;^/ et les muqueuses plus colorées; la peau est chaude et les poils -^j, prennent un brillant remarquable, le regard est vif, les mouve- ments sont plus prompts et plus énerg-iques, la respiration est plus facile, plus légère. Ces effets tonic/ues favorables sont connus depuis bien long-temps. Les montagnards du Tyrol font, paraît-il, o38 ACIDE ARSÉNIEUX. un usage courant de Tacide arsénieux pour augmenter leur puis- sance respiratoire et leur force musculaire; les jeunes gens en consomment souvent pour se donner plus d'embonpoint, pour rendre leurs formes plus arrondies et leur teint plus frais. Il y a des éleveurs qui donnent de l'acide arsénieux à leurs animaux quand ils les soumettent à rengraisscment. On a constaté aussi que les femelles, qui reçoivent de l'acide arsénieux à petites doses, eng-endrent des produits plus forts, plus vig-oureux, et dont les os sont plus durs. Gomme l'arsenic s'élimine en partie par le lait, il en résulte que les petits à la mamelle reçoivent de l'arsenic avec le lait, et on les voit augmenter rapidement de poids, acquérir des tissus fermes et des os très compacts. L'action tonique peut s'interpréter par le fait d'une stimulation do la vie élémentaire ou par l'amélioration du processus de nutrition. Les recherches de Gornevin établissent que, chez les rumi- nants, l'acide arsénieux n'exerce aucune action favorable sur l'eng-raissement. L'org-anisme, qui consomme journellement de petites quantités d'ai-senic, s'habitue bientôt à cette substance et peut alors sup- porter des doses considérables sans éprouver le moindre malaise. Les hommes et les animaux arsénicojjhages ne sont pas impres- sionnés par des doses qui sont toxiques pour d'autres animaux non habitués à ce poison. Sous l'influence de doses faibles d'arsenic, la respiralUm se ralentii et devient plus/V/cZ/e; il se produit aussi une diminu/ion du nombre des pulsations et un abaissement de température évalué de 0",5 à i". On note souvent une diminution du nombre des hématies en même temps qu'une augmentation de leur matière colorante. On a admis que l'arsenic devait diminuer les oxydations et, par ■ \^^ni.h^' conséquent, agir comme un aliment d'éjpargne ; l'expérience a confirmé cette idée; ainsi Schmidt et Stlirzwag-e ont constaté une diminution de l'exhalation de l'acide carbonique pendant l'admi- y • nistration d'arsenic et une notable diminution de la quantité '^*leurales, sous-péricar- diques et sous-endocardiques, des foyers hémorragiques dans le poumon, la rotule et les reins. Mécanisme de son action. — La strychnine porte son fiction sur la substance g-rise des centres encéphalo-rachidiens, dont elle aug-mcnte l'excitabilité réflexe. Ce qui prouve que les convulsions sont d'origine centrale, c'est qu'on peut empêcher un membre de participer aux convulsions tétaniques en coupant ses nerfs moteurs. Si on empêche le sang- d'arriver dans un membre par la lig-ature de ses vaisseaux, on voit que les convulsions strych- niques se produisent aussi bien dans ce membre que dans les autres parties du corps irriguées par le cour.'mt sanguin. C'est surtout sur la moelle que porte l'action excitante; en efl'et, en enlevant le cerveau à une g-renouille, on voit(|ue, si on lui injecte un peu de strychnine sous la peau, les convulsions tétaniques se produisent comme sur une grenouille qui a son cerveau. Un lapin dont la moelle est coupée en arrière du buli)e, qui reçoit de la strychnine, éprouve seulement des convulsions dans les membres STRYCHNINE. ool et le tronc, mais pas dans la tête. Si on coupe toutes les racines rachidiennes sensitives à un animal, on voit que la strychnine ne produit plus de convulsions tétaniques; mais, si on laisse seule- ment une ou deux racines intactes, le tétanos se produit. Cette expérience démontre que la strychnine aug-mente le pouvoir excito-réflexe des centres médullo-bulbaires et que l'excitation sensitive la plus légère produit dans ces centres un ébranlement tel qu'ils entrent tous en activité, pour exciter les nerfs moteurs du système musculaire. Le ralentissement du cœur avec des doses faibles est attribué à l'excitation du centre modérateur bulbaire, et l'accélération avec des doses fortes est due à la paralysie de ce centre. L'élévation de la tension artérielle, observée pendant l'action de la strychnine, n'est pas due aux convulsions; car on peut em- pêcher celles-ci avec les anesthésiques et le curare et voir se produire néanmoins l'auiimentation de la pression artérielle. Il semble qu'il y a surtout excitation du centre vaso-constricteur bulbaire; en elTet, la destruction de ce centre empêche eng-énéral cette élévation de la tension. Antidotes. — Si les vomitifs et les médicaments tannants n'ont pas empêché l'absorption d'une dose toxique de strychnine, il faut avoir recours aux anesthésiques et principalement auc/iforal, qu'on emploie en injection intraveineuse. Après de nombreuses expériences comparatives, Oré (de Bordeaux) est arrivé aux conclusions suivantes : 1° le chloral est V antagoniste de la strych- nine quand il est employé en injections intraveineuses. La dose de Os^jOl de strychnine, administrée par voie hypodermique, tue toujours un chien de 10 kilogrammes. La mort n'arrive pas si on a le soin d'anesthésier l'animal par des injections intravei- neuses de chloral aussitôt que les etîets convulsifs se montrent. Pendant l'anesthésie, il n'y a pas de convulsions tétaniques; la respiration se fait rég'uiièrement, mais les accès reparaissent au moment du réveil. Pour rendre ces crises du réveil moins dan- gereuses, il suffit de maintenir l'animal longtemps sous l'action anesthésique ; la strychnine, s'élirainant insensiblement, ne se trouve plus dans l'organisme en quantité suffisante pour tuer au moment du réveil. Oré a sauvé des chiens qui avaient reçu une dose toxique de strychnine par huit injections intravei- neuses successives du chloral. Moi-même, dans les démonstra- tions expérimentales, j'ai pu, par trois au quatre injections de 5o2 STRYCHNINE. chloral, prolonger la vie d'un chien pendant trois heures, après qu'il eût reçu une dose de strychnine rapidement toxique pour un autre chien de même poids servant de terme de comparaison. Il est à peu près certain que, si j'avais insisté sur l'emploi de rancsthésiquc, j'aurais sauvé l'animal. Indications thérapeutiques. — La strychnine est indiquée : 1° Gomme tonique général et surtout comme tonique du tube dig-estif. Elle convient dans certaines inappétences causées par un état catarrhal du canal intestinal, dans certaines diarrhées rebelles. Elle fait disparaître assez rapidement les hypersécrétions intestinales et les relâchements atoniques de la musculeuse de l'estomac et de l'intestin ; 2° Gomme excitant nerveux^ dans les paralysies qui ne sont pas produites par des désordres matériels considérables. Elle réussit bien quand ces paralysies sont rhumatismales ou suc- cèdent à un refroidissement et qu'il n'y a pour ainsi dire que des désordres fonctionnels soit dans les cordons nerveux, soit dans la moelle. Les paraplégies, les paralysies du pénis, de la vessie, des sphincters, sont toujours améliorées par la strychnine, quand elles succèdent à un épuisement nerveux simple ou à une congestion; mais elles résistent à la strychnine, quand elles ont pour cause une congestion trop violente accompagnée d'hémorragies capil- laires ou une tumeur qui comprime la moelle ; 3" Gomme excitant respirateiu\ dans les cas de pousse, de jjronchite chronique. On remarque qu'à très faible dose la strychnine régularise la respiration, rend l'hématose plus facile et fait disparaître le soubresaut caractéristique de la pousse. La strychnine est toujours conlre-indiquée dans les paralysies qui succèdent à une compression des centres nerveux par une tumeur quelconque, dans les méningites, dans les cas d'hémor- ragies ou d'infiltration séreuse des centres nerveux, dans les cas de rupture ou d'ébranlement de la substance nerveuse succé- dant à un choc. Administration. — On doit se servir des sels de strychnine à cause de leur facile solubilité dans l'eau. Pour déterminer très exactement la dose, ces sels sont employés sous forme de solu- tions titrées à 1 p. 50, à 1 p. iOU, à 1 p. 200, à 1 p. 500, etc. On peut aussi se servir des pilules ou des granules contenant des doses parfaitement connues de strychnine. On ne doit faire STRYCHNINE. 553 usage de ces dernières que lorsque les injections hypodermiques des solutions ne peuvent pas être employées. Ces solutions sont absorbées par toutes les voies ; mais la voie hypodermique est plus sûre. Les accidents locaux sont nuls, l'absorption est rapide, les effets sont prompts et peuvent être gradués à volonté. La voie hypodermique est celle que Ton doit toujours préférer pour les sels de strychnine; les autres voies olTrent toutes des inconvénients plus ou moins graves ; l'injection intratrachéale est plus difficile à réaliser et peut exposer à une inflammation bronchique ou pulmonaire ; les voies stomacale et rectale sont peu sûres à cause de l'irrégularité de l'absorption ; les applications cutanées ne laissent passer à l'absorption qu'une quantité trop faible de strychnine et exposent à des pertes énormes de médicament et quelquefois à des empoisonnements. Doses des sels de strychnine (injection hypodermique). Doses toxiques. Pour 1 kilogramme Strychnine, de poids vif. MiUigr. Homme 0,40 Lapin 0.60 Chat 0,75 Chien 0,75 Coq 2,00 Doses ioxiqiies (pour un sujet). Gr. Gr. Cheval 0.20 à 0,30 Bœuf 0,20 à 0,40 Porc 0,01 à 0,05 Chien 0,005 à 0,02 Doses thérapeutiques (pour un sujet). Gr. Gr. Cheval 0,05 à 0,10 Bcuf 0,05 à 0,15 Porc 0,002 à 0,005 Chien 0,001 à 0,003 Préparations de noix vomiques. 1» Poudre. On obtient cette poudre en râpant les g'raines avec une râpe à sucre ou une lime à bois, ou mieux en les faisant ramollir à la vapeur d'eau, les écrasant dans un mortier et les desséchant ensuite dans une étuve ou au soleil. 554 STRYCHNINE. 2° Exlruii de noix vomique alcoolique (Coili'x). Cet extrait sec contient 10 p. 100 d'alcaloïdes totaux. 3° Teinture de noix vomique (Codex). Extrait de noix vomique 7.81 Alcool à 70» Q. S. Faites dissoudre l'extrait dans 100 yranniies d"aleooi ru chaiiffaut légère- ment ; laissez refroidir et ajoutez le nouvel alcool de la(;on à obtenir 500 grammes de teinture. Elle renferme lS'',u62 d'extrait sec, et 0er,2o d'alca- loïdes totaux p. 100. Doses des préparations de noix vomique. Poudre. — Gomme la proportion des alcaloïdes est très variable, suivant la provenance de la noix vomique, il en résulte qu'il n'est pas possible d'indiquer des doses parfaitement exactes; les chiffres suivants n'indiqueront qu'une moyenne : Doses toxiques (poudre). Cheval 20 à 30 grammes. Bœuf 20 à 3;; — Porc 4 à 6 — Chien O^r.iiO à 1 gramme. Chat OsMO à Og^.^O Doses thérapeutiques. Cheval 2 à 10 grammes. Bœuf b à 20 — Mouton et jKjrc 1 à 3 — Chien 0sr,0o à 0B^2b Chat ogr,oi à ogr.o;; Teinture. — La teinture et l'extrait de noix vomique ne s'emploient que chez les petits animaux. Chien, teinture X à XX gouttes; extrait, 0''',02 à 0s%05. Préparations toniques diverses. Poudre corroborante {Benion). Cannelle, de Chine pulv 150 grammes. Cingembrc en poudre ijOO — Gentiane > ~ ... . . aa .ju — Anis vert 1 Carbonate de fer 250 — Pulvérisez finement, passez au tamis et mélangez exactement. Une cuillerée à café mêlée, matin et soir, à la pâtée de ving-t dindonneaux. STRYCHNINE. 555 Gentiane pulvérisée 20 gramiui's. Écorce de saule pul v ) ~^ . ,, _ Tan \ , , ,,v Houblon pulvérise > -^ ^. _ V/^ Canioinille S Noix vomique râpée 1 gramme . Miel 300 grammes. Faites un éleotuaire. Chez les grands herbivores, contre la cachexie, les hydropisies, la diarrhée, la faiblesse générale. Dans l'anémie. Poudre de racine de gentiane ."JO grammes. — de semences de cumin 100 — Chlorure de sodium 2.10 — Mélangez. Une cuillerée dans du barbotage chez les jeunes herbivores faibles. Sulfate de fer 2o grammes. Chlorure de sodium oOO — Poudre de semences d'anis oO — Mélangez. Une cuillerée dans du barbotage chez le cheval anémique. Sulfate de fer / - .. ..„ ,. r. u . j . . aa a grammes. Carbonate de potasse > Gomme arabique et eau q. s. pour faire pilules n° 25. Une pilule par jour chez le chien. Bol. Carbonate de fer 20 grammes. Poudre de gentiam? oO — Farine de froment 12o — Eau miellée Q. S. Faites quatre bols. Administrer deux par jour au cheval. Bol. Sulfate de fer y .^ g giam.nes. Aloes ^ Cannelle jmlv l^i — Miel Q. S. Faites deux bols. Administrer un par jour au cheval. 556 MERCURIAUX. Noix vouiique pulvérisée 1 giainiue. Carbonate de fer 1 — Poiulrc de gentiane 20 grammes. Miel 200 grammes. Faites un électuaire. Administrer au cheval. Diarrhée, anémie. Acide arsénieux pulvérisé 1 gramme. Carbonate de fer 1 — Quinquina 20 grammes. Mélange/ et faites trois paquets. Un paquet par jour au cheval, dans du son frisé. Altérants. On place dans ce groupe des médicaments très hétérog'ènes, dont l'efTet est en quelque sorte inverse de celui des toniques. Ces agents modifient profondément la nutrition des éléments vivants, favorisent la désassimilation, fluidifient le sang- et dimi- nuent l'activité des grandes fonctions. En topiques, ils amènent localement la fonte des engorgements et sont pour cela encore appelés fondants, résolutifs. Les principaux médicaments altérants sont les mercuriaux, les iodés, les alcalins et les arsenicaux. Mercuriaux . Les médicaments mercuriels sont les uns solubles dans l'eau, les autres insolubles. Les premiers sont irritants et caustiques pour les tissus qu'ils touchent ; les seconds n'ont presque aucune action locale. Tous produisent des effets généraux parce qu'ils sont susceptibles d'être absorbés. Les vapeurs de mercure métal- lique sont facilement absorbées par la muqueuse pulmonaire. Les sels mercuriels solubles se combinent avec l'albumine pour former des composés solubles dans les liquides organiques; les composés insolubles deviennent d'abord solubles à la faveur des réactions chimiques qui se produisent dans Tcstomac et l'intestin et ensuite sont absorbés par le même mécanisme que les sels solubles. D'après Mialhe (1843), tous les sels mercuriaux se trans- forment en bichlorure de mercure avant d'être absorbés. Selon MERCURIAUX. SS7 Voit (1857), les composés mercuriels, quels qu'ils soient, se trans- forment dans le tube dig-estif en un chlorure double de mercure et de sodium qui se combinerait avec Talbumine pour former un composé soluble. Quoi qu'il en soit de l'état sous lequel ils sont absorbés, il semble démontré parles recherches de Merg-et que, dans le sang-, il y a toujours réduction des composés mercuriels et production de mercure métallique infiniment divisé par l'action de l'hémoglobine. Le mercure s'accumule dans l'org-anisme ; il se fixe de préfé- rence dans certains org-anes : foie, reins, muscles, cerveau. L'élimination s'effectue par toutes les voies, par l'urine, la surface intestinale, la salive, le lait, la sueur, la bile, le pus et même la peau. Pour une seule dose, elle est complète au bout de ving-t-quatrc heures ; mais, après un traitement mercuriel prolongé, elle est lente et n'est parfois achevée qu'après plusieurs mois. Lorsque les mercuriaux sont donnés à très faibles doses, les effets ne se montrent qu'après une administration soutenue pen- dant un certain temps. L'administration prolongée de faibles doses peut donc produire la saturation mercurielle de l'orga- nisme. C'est au moment où le mercure est accumulé en assez forte proportion dans le sang et les organes que l'on voit apparaître nettement les effets de ce métal. On observe d'abord les modifications de la fonction digestive. La salivation est presque toujours le premier symptôme de la saturation mercurielle ; les animaux ont la bouche humectée par une salive claire, filante, qui est déglutie quand elle n'est encore que peu abondante, mais qui ne tarde pas à s'échapper par les commissures des lèvres et à tomber en longs filaments sur le sol. L'hypersécrétion salivaire est accompagnée et même parfois pré- cédée de stomatite et de gingivite. Il y a rougeur, infection de la muqueuse buccale et tuméfaction des gencives. On constate aussi une diminution de la sécrétion du lait et un arrêt des sécrétions purulentes. Si, à ce moment, on suspend l'ad- ministration des mercuriaux, la salivation diminue d'abord, dis- paraît ensuite, et la muqueuse buccale reprend graduellement ses caractères normaux. Si, au contraire, on insiste sur leur usage, la sécrétion salivaire ne fait qu'augmenter; la muqueuse buccale s'épaissit et s'ulcère; les gencives se ramollissent, les dents se déchaussent ; les amygdales, les ganglions de l'auge, les paro- tides se gonfient et deviennent douloureux ; la bouche exhale une 558 MERCURIAUX. odeur très fétide ; l'appétit disparaît ou est considérablement diminué; la déglutition des aliments est difficile ; la partie intra- abdominale du tube digestif est le siège d'un catarrhe semblable au catarrhe buccal, et on observe une diarrhée fétide qui se pro- nonce de i>lus en plus et qui épuise rapidement l'animal. En même temps que ces altérations du tube digestif se déve- loppent, on voit apparaître un amaigrissement et un affaiblisse- ment progressifs, une raideur des articulations due à la diminu- tion de la sécrétion synoviale, des tremblements convulsifs de tout le corps [tremblement ?nercu)nel) et enfin le marasme et la mort. Il faut encore signaler comme symptômes de Vinfertion ou cachexie mercurielle certaines autres altérations qui ne se pro- duisent qu'à un moment plus ou moins avancé de l'empoisonne- ment. La respiration est gênée, difficile et souvent accompagnée de toux; les battements du cœur sont faibles et tumultueux; le pouls est petit et mou ; le sang devient pauvre en éléments solides, d'où résulte l'anémie progressive ; la peau offre souvent une érup- tion pustuleuse; les femelles pleines avortent; des œdèmes et des infiltrations se montrent à la tète, aux membres, au fanon, sous le ventre ; les narines donnent écoulement à un liquide muooso- purulent ; les urines sont fétides et jaunes ; les plaies prennent une teinte plombée, puis noire, et se dessèchent bientôt ; toutes les solutions de continuité saignent au moindre contact et ont beaucoup de tendance à la gangrène. A V autopsie, on trouve généralement les lésions suivantes : inflammation plus ou moins vive du tube digestif, sang fluide et séreux ; épanchements séreux dans les plèvres et le péricarde ; inflammation du poumon quelquefois avec formation d'abcès; chairs décolorées, organes glanduleux et parenchymateux ramollis, os fragiles. Quand les mercuriaux sont donnés à doses fortes, les eflets ci-dessus apparaissent très vite, puis se déroulent avec inten- sité et une grande rapidité. L'empoisonnement aigu ne diflère de l'empoisonnement chronique que par l'intensité et la rapide évo- lution des symptômes. L'intoxication mercurielle ne se produit pas avec la même facilité chez tous les animaux ; on peut placer ceux-ci d'après leur degré de susceptibilité décroissante dans l'ordre suivant : oiseaux, chat, mouton, bœuf, chien, porc et solipèdes. Antidotes. — On combat les effets des mercuriaux par le lait, MERCURE MÉTALLIQUE. Sr^O le blanc d'œuf, le sulfure de fer hydraté, qui rendent insoluble la partie contenue encore dans le tube digestif. Les vomitifs et les purgatifs sont usités aussi pour les expulser. Quant aux moyens pour combattre l'infection mercurielle, il n'y en a point qui soient spécifiques; on recommande le soufre, le quinquina, le chlorate de potasse, l'acide phénique. Indications thérapeutiques. — .1 rextérieur, les mercuriaux sont indiqués en frictions, pour opérer la fonte de certains engor- gements indolents siégeant principalement sur les g-landes, les articulations, les tendons et les os. Ils sont tous des antiparaftitaii^es énerg-iques et conviennent pour détruire les poux, les acares de la gale, etc. Quelques-uns sont caustiques et fortement antiseptiques. Sur les tuméfactions aig-uës, les préparations mercurielles ont une action analgésique puissante, en même temps qu'un effet 7'ésolutif énergique. A rintérieur, les mercuriaux sont relativement peu usités en médecine vétérinaire. Leur action altérante ne peut être avanta- g-eusement utilisée que dans les maladies caractérisées par une exsudation considérable, comme dans la métro-péritonite, l'ar- thrite suraig-uë, le rhumatisme articulaire, l'entérite couen- neuse, etc. Dans ces maladies, ils empêchent la formation des fausses membranes ou provoquent la résorption des produits plastiques épanchés. Chez l'homme, les mercuriels sont les meilleurs agents anti- syphilitiques. Mercure métallique. H g. Ce métal liquide s'oxyde légèrement au contact de l'air et assez rapidement au contact des acides forts. Il émet des vapeurs, mais en faible quantité. Sous l'influence d'un courant électi'ique, des quantités infinitésimales de mercure peuvent entrer en dissolu- tion. Ces solutions métalliques sont encore appelées ferments métalliques (A. Robin et Bardet). Le mercure constitue la base de plusieurs préparations phar- maceutiques, dont les principales sont : 560 MERCURE MÉTALLIQUE. 1» Pommade mercurielle faible (onguent ijris] (Codex). Mcrcuro 1 Axongc 3 F. S. A. 2° Pommade mercurielle double (onrjuent mercuriel ou napolilain). Mercure Axongo , F. S. A. 3" Pommade mercurielle prussienne. Mercure ^2 Suif ^ Âxonge ^ ^' Éteignez le mercure dans le suif fondu et ajoutez ensuite la graisse. Elle est plus" consistante que les précédentes et convient mieux par les temps cliauds. Effets. — Le mercure métallique émet des vapeurs qui sont facilement absorbées par la peau et par les voies respiratoires ; elles déterminent, plus ou moins rapidement, les phénomènes généraux des mercuriaux que nous avons fait connaître plus haut. Introduit sous forme liquide dans le tube digestif, le mei'cuie métallique est inoffensif ; il arrive rapidement dans les parties postérieures de l'intestin sans subir aucune altération et est éli- miné en nature par le rectum avec les excréments. Les accidents mercuriels ne se montrent que lorsque le métal demeure trop long-temps dans la cavité intestinale, par suite de l'existence d'un obstacle infranchissable. Alors il y a absorption des vapeurs mcr- curielles et des composés solubles (jui se forment avec les liquides dig-estifs. Pendant l'administration du mercure liquide, il y a à craindre l'introduction de ce métal dans les voies respiratoires ; on peut même dire que cet accident est presque inévitable, et j'ai vu plu- sieurs fois sur des chiens le mercure administré tomber dans le larynx et produire la mort. Les différentes pommades mercurielles employées en frictions sur la peau déterminent, au point d'application, une lég-ère rou- teur, une élévation de la température, une lég-ùre intumescence et une diminution de la cohésion des tissus. Les préparations ré- cemment préparées sont infiniment moins actives que celles qui MERCURE MÉTALLIQUE. 561 ont vieilli; cette différence tient à Tétat d'oxydation plus ou moins avancée du mercure. L'absorption se fait assez facilement par la peau, et il n'est pas rare de voir apparaître des effets généraux, à la suite des frictions faites sur le tégument. On n'est pas encore fixé sur la forme sous laquelle le mercure est absorbé par la peau; t[uelques-uns croient qu'il i)énètre à l'état métallique dans le tissu du derme ; d'autres pensent qu'il se forme d'abord des oxydations et des composés solubles ; enfin il y en a qui admet- tent qu'il pénètre sous forme de vapeurs par les voies respira- toires seulement. Les symptômes de l'empoisonnement sont exac- tement ceux décrits plus haut. Indications. — Autrefois on conseillait l'emploi du mercure métallique pour désobstruer l'intestin dans les cas d'invagination, de volvulus ou de pelotes ; on pensait que par son poids il ame- nait la désobstruction. Ce moyen n'est nullement à recommander; car, outre que le plus souvent il est impuissant à faire disparaître l'obstacle, il présente l'inconvénient d'être très dangereux, à cause de l'introduction du métal dans les voies respiratoires pen- dant l'administration et de la production des distensions intesti- nales, qui sont souvent suivies de rupture de cet organe. Ce moyen doit être banni de la médecine. À Les pommades mercurielles sont fondantes, résolutives et con- viennent contre toutes les inflammations cutanées ou sous-cuta- nées, qu'elles soient aiguës ou chroniques (engorgements gan- glionnaires, phlegmons, érysipèle, etc.). Elles calment la douleur en ramollissant les tissus et en leur permettant de se gonfler ; elles augmentent aussi les résorptions locales. Pour obtenir des effets certains, il est nécessaire de les employer avec persévérance et de les unir quelquefois à des irritants plus énergiques, par exemple au vésicatoire. Aussitôt qu'on remarque quelques effets généraux indiquant une absorption, il faut suspendre les frictions, pour les recommencer après que tout danger d'intoxication à dis- paru. Il ne faut jamais perdre de vue la susceptibilité particulière de certaines espèces animales, telles que les oiseaux, les chats, les chiens et les ruminants. On faisait usage autrefois de la pommade mercurielle contre les inflammations de la conjonctive, de la cornée, de l'iris, etc. ; mais l'insufflation de poudre de calomel est toujours préférable. On a vanté les frictions de pommade mercurielle contre lamam- mite chez la vache; mais elles sont dangereuses. On ne doit em- Kaufmann. iîd 562 SULFURES DE MERCURE. ployer que des pommades faibles, en y adjoig'nant du savon vert ou de Taxong-e et empêcher absolument les animaux de se lécher. Ses propriétés antiparasitaires énei"giques sont utilisées pour détruire les poux, les trichodectes, les acares de la g-ale. 11 ne faut en user qu'avec prudence chez les ruminants et les carnassiers. On ne doit jamais em[)loyer en frictions plus de 60 grammes de pommade mercurielle double chez le cheval, 30 grammes chez les grands ruminants et 2 à 4 grammes chez le chien. Il faut toujours empêcher les animaux de lécher la partie médicamenlée. Doses toxiques. — Les expériences de H. Bouley ont fait voir que le cheval meurt au bout du huitième jour, à la suite de fric- tions cutanées, faites avec 120 grammes de pommade mercurielle double dans les vingt-quatre heures. Lafosse n'a pas constaté d'effets généraux chez le bœuf en faisant une friction sur le garrot avec 04 grammes de pommade; il a observé des effets toxiques assez g-raves avec 100 grammes. Melde a vu survenir l'empoisonnement chez une vache portant une petite tumeur à l'épaule qu'on a frottée pendant huit jours avec de la pommade mercurielle à la dose de 30 à 40 grammes en tout. Lamoureux a observé l'empoisonnement d'une vache traitée d'un eczéma à la mamelle par l'application de 40 grammes de pommade mercurielle. Barbe signale aussi Tintoxication à la suite d'appli- cations locales de pommade mercurielle dans la mammite chez la vache. La dose toxique pour les petits ruminants n'est pas déterminée; mais on sait que ces animaux sont très susceptibles ; ainsi on a vu mourir des agneaux parce qu'on frottait les brebis qui les allaitaient avec l'onguent gris. Pour les autres animaux domestiques, les doses toxiques restent encore à déterminer. Sulfures de mercure. On connaît deux sulfures de mercure distingués par leur couleur différente. 1° Sulfure noir Hg-S {protosulfure ^ sulfure mercureux, éthiops minéral). Il est en poudre noire, inodore, insipide, insoluble dans l'eau, volatil et décomposable par la chaleur, qui le chang-e en mercure et sulfure rouge ; 2° Sulfure rouge HgS, bisulfure ou sulfure mercurique OXYDE MERCURIQUE. 563 {cinabre^ vermillon). En masse, il est d'un roug-e violacé, et on rappelle cinobre\ réduit en poudre, il est d'un beau rouge et reçoit le nom de vermillon. 11 est inodore, insipide, insoluble, volatil. Effets et usages. — Ces deux sulfures sont moins irritants localement que la pommade mercurielle. A r intérieur^ ils sont rendus difficilement solubles, déterminent la diarrhée, mais ne produisent que rarement des accidents g-énéraux. On doit se servir do ces sulfures, de préférence chez les rumi- nants, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur, à cause de leur toxicité peu prononcée. On en fait des pommades pour l'extérieur; et, à l'intérieur, on les donne en électuaires ou en bols. Protochlorure de mercure. Voir Purgatifs. Bichlorure de mercure. Voir Antiseptiques. Oxyde mercurique. HgO. [Oxyde jaune de mercuve. — Précipite rouge.) Cet oxyde est solide, en poudre jaune ou rouge suivant qu'il est obtenu par précipitation ou par voie sèche. L'oxyde rouge et l'oxyde jaune sont inodores, d'une saveur acre et presque inso- lubles dans l'eau. Effets. — x\ppliqué sur la peau intacte, l'oxyde roug-e de mer- cure l'irrite lég-èrement; sur les plaies et les muqueuses, il est plus irritant et même légèrement caustique. Il a une grande affinité pour l'albumine et coag'ule la surface des tissus vifs. .1 V intérieur, cet oxyde est irritant et rapidement toxique. Emploi. — A V extérieur, on utilise la propriété coag-ulante et légèrement caustique du précipité rouge pour modifier les plaies de mauvaise nature et activer le bourgeonnement. Lorsque les plaies ou les ulcères ont des bords indurés, l'oxyde de mercure produit un bon elfet fondant sur le tissu malade. 564 rsilODURE DE MERCUHE. Il est caiti2)arasit(n?'e, antipsorlque et donne de bons résullats sur les dartres ulcérées, les eaux aux jambes, l'herpès lichénoïde. Ses légers eirets irritants et antiseptiques en font un médi- cament précieux contre les maladies des paupières, de la conjonc- tive, des voies lacrymales, de la cornée. Les principales préparations que l'on emploie sont : i° La poudre. ■ H" l'onimade d'oxyde de mercure jaune. Oxyde fie mercure jaune 1 Vaseline 19 3° Z,a pommade de Ujon. Oxyde rouf,'e de mercure porphyrisé. 1 graiiime. Onguent l'osat 11) grammes. 4° La pommade du Be'genl. Oxyde rouge de mercure 4 grauuaes. Acétate neutre de plonih '..... 4 — Camphre Oer.30 Beurre frais ou axonge 7:2 — î>° La pommade de Desaull. Oxyde de mercure \ Oxyde de zinc / ~. , ,, ■' , o , > ;ia 4 griimmes. Sucre de Saturnin ( Alun calciné ) Bichlorure de mercure Osf.fiO Axonge 3^ — lodures de mercure. Protoiodure de mercure. Hg^I^. Ce sel, d'un jaune verdâtre, n'est pas employé à V intérieur. A rextérieur, on en fait des pommades que l'on emploie en frictions ; mais, en général, elles ne sont pas assez actives chez nos grands animaux. BlIODURE DE MERCURE. HgP. Le biiodure ou iodurc mercurique est en poudre d'un rouge- coquelicot magnilique, inodore, insipide, peu solublc dans l'eau miODURE DE MERCURE. fifi^ froiJe, plus soluhle dans lalcool, les corps gras, ainsi que dans les solutions de ciilorures et d'iodures alcalins. Effets et usages. — La pommade de biioduie de mercure produit d'abord la vésication, puis l'engorg-ement de la peau et des parties sous-jacentes, la chute de l'épiderme et des poils. Dans le tube dig-eslif, les edets irritants de ce sel sont intenses, aussi ne l'emploie-t-on jamais à Tintérieur. A l'extérieur, la pommade de biiodure de mercure est indiquée en frictions pour résoudre les engorgements glandulaires et les tumeurs indolentes, les diverses espèces de dilatations synoviales articulaires et tendineuses, les engorgements tendineux, les tumeurs osseuses. Cette pommade réussit souvent là où le feu et les vésicants ont échoué. Pour éviter les tares qui pourraient résulter de ces frictions, il est nécessaire de les interrompre de temps en temps pour laisser calmer l'irritation locale. C'est un désinfectant des plus puissants, mais il est rarement employé dans la désinfection des plaies à cause de son action irritante et de sa toxicité. Préparations. Pommade de proloiochire de mercure. Protoioduic di^ iiiiTciirc 1 Axunyr 8 Pommade de biiodure de mercure. Deutoiodurt' de iiicrcuii' 1 Axonyï' 8 Selon l'exig-ence des cas, on augmente et on diminue la pro- portion de sel mercuriel. Pour augmenter les vertus fondantes de ces pommades, on y ajoute de Tiodure de potassium. Pour obtenir une solution antiseptique, on ajoute à 1 litre d'eau 50 centigrammes d'iodure de potassium et 25 centigrammes de biiodure de mercure. Chez l'homme, on emploie contre la syphilis le sirop et les solutions aqueuses. Sh'op. Biudurc, de Hy O.iiO lodure de putassiuiri 2a Eau distillée 2o Sirop de sucre OiiO Ciiaque cuillerée abouche lenl'eriiie Ob'", 01 de biiodure et 1 ^'raimue d'io- dure de potassium. )66 lODURE DE POTASSIUM. Solution pour injections hypodermiques profondes. Biiodure de mercure Oe'',lO lodure de sodium Oe'',10 Eau distillée 10 grammes . Cliatjuc centimètre cut)e contient Os'-.Ol de biiodure de mercure. Iodés. Ils comprennent l'iode, l'iodosol, l'iodipine, l'iodure de potas- sium, riodure de sodium, les iodures de mercure, Tiodure de plomb. Iode, lodosol, lodipine. Voir Antiseptiques. lodure de potassium. Kl. Ce sel est en cristaux cubiques d'un blanc opaque et laiteux, d'une légère odeur d'iode, d'une saveur acre et alcaline. A l'air il s'altère; une partie de l'iode est déplacée par l'oxy- gène, ce qui lui communique une teinte jaunâtre. 11 est très soluble dans l'eau, qui en dissout son poids; il est moins soluble dans l'alcool, qui n'en dissout qu'un douzième. La solution aqueuse d'iodure de potassium peut dissoudre une assez forte proportion d'iode. L'iodure de potassium est décomposé par l'eau chlorée, les hypochloriles alcalins, les acides minéraux. Effets physiologiques. — Localement, l'iodure de potassium n'est que peu irrit.mt. 11 est très rare de voir apparaître une inflammation notable sur la peau, sur les muqueuses et sur les tissus dénudés, aux points d'application de ce sel ou de ses préparations. ^ A la surface cutanée, les iodures éprouvent une décomposition partielle mettant de l'iode en liberté. Cet iode libre peut être absorbé par la peau et provoquer une diapédèse abondante de leucocytes dans le tissu cellulaire sous-cutané, les muscles et autres tissus. Dans l'estomac, l'iodure ne produit pas d'irritation marquée, et il peut être supporté longtemps par les animaux. On n'a jamais observé d'iode libre dans l'estomac, après l'administration d'io- ÏODURE DE POTASSIUM. 567 dure de potassium, ce qui conduit à admettre que ce sel ne subit aucune décomposition dans ce viscère (Pelikan). L'absorption de ce sel est rapide, car, quelques minutes après l'administration, on retrouve l'iode dans les urines. 11 est démontré que riodure de potassium ou de sodium se décompose partiel- lement dans le sang- et que de l'iode est mis en liberté. En effet, Liebreiclit et Issersohn ont observé qu'après l'injection hypoder- mique d'iodure de potassium l'iode apparaît dans les urines avant le potassium ; ce n'est que plus tard que ce métal est éliminé, et son élimination continue quand celle de l'iode est déjà terminée depuis un certain temps. Après l'injection d'iodure de fer, l'iode s'élimine par l'urine, le fer par l'intestin. Pouchet a montré que la décomposition de l'iodure s'opère sous l'influence des diastases oxydantes. Les tissus à réaction acide tels que l'estomac et les reins, l'écorce cérébrale, sont ceux dans lesquels cette décomposition des iodures se fait le plus faci- lement. L'iode ainsi mis en liberté se fixe sur la matière albumi- noïde et donne naissance à des produits dans lesquels l'iode se trouve à Vétat dissimule. Action sur la nutrition. — Pendant que l'iodure de potassium circule dans le sang-, il se produit une mise en liberté lente et con- tinue d'iode à l'état naissant, d'où résu Ite une désintégration rapide des matières albuminoïdes. Cette décomposition des iodures se continuant dans les tissus, on observe assez rapidement, par la mé- dication iodurée, une action atrophiante puissante sur certains organes, surtout les ganglions lymphatiques, le corps thyroïde, les mamelles, les testicules, organes qui montrent une grande affinité pour l'iode et dans lesquels ce corps se retrouve en plus forte proportion. Ces organes glandulaires diminuent surtout beaucoup de volume quand ils sont hypertrophiés. D'autres organes aussi diminuent de volume, mais d'une manière peu marquée : ce sont la rate, les prostates, les ovaires, l'utérus. L'iodure de potassium, ainsi que tous les iodés, constitue un désassimilateur des matières albuminoïdes des tissus. Il exerce une action élective sur le tissu lymphoïde des gangfions, dont les éléments sont excités; il provO(|ue une surproduction de cellules lymphatiques et une mononucléose abondante sur les séreuses. Cette action est très importante au point de vue de la défense de l'organisme contre les infections. Ce sel favorise V élimination du mercure et du plomb fixés dans les parenchymes. Il augmente 568 lODURE DE POTASSIUM. aussi l'élimination d'azote, d'acide phosphorique et des chlorures, et il augmente la résorption des produits pathologiques. Action .sur la circulation. — L'iodure de potassium augmente la force et la fréquence des battements du cœur. Au début de son action, il élève la pression sang-uine ; plus tard, il la diminue par suite de la vaso-dilatation. Le cœur étant tonifié pendant que la pression sanguine est diminuée, les ondées sanguines lancées dans les artères sont plus volumineuses, d'où résulte un pouls plus fort et plus ample. L'iodure de potassium favorise dou- blement l'action du cœur : en le tonifiant par l'élément potas- sium et en diminuant la résistance à vaincre au moment des systoles par suite de la vaso-dilatation produite par l'élément iode. Action sur la respiration. — L'iode et les iodures ont aussi une action marquée sur la respiration. Ils aug-mentent le nombre des mouvements respiratoires, déterminant une hyperémie et une hypersécrétion broncho-pulmonaire qui a pour conséquence la liquéfaction des exsudats visqueux et leur plus facile expulsion. Ils favorisent donc l'entrée de l'air dans les alvéoles pulmonaires et facilitent l'hématose. A dose élevée, ils peuvent devenir nui- sibles en provoquant dans le poumon une congestion intense avec tendance aux hémorrag-ies. Éiifninatio/i. — L'élimination de l'iodure de potassium se fait par la salive; l'urine, le lait, le mucus bronchique, la bile, la sueur, les œufs ; elle est généralement complète ving-t-quatre heures après l'administration. Action sur les sécrétions. — L'iodure produit assez souvent une diurèse marquée, il diminue la sécrétion lactée. Par un usage prolongé de ce sel, certaines muqueuses s'en- flamment et sécrètent abondamment : telles sont la conjonctive, la pituitaire, la muqueuse buccale, la muqueuse pharyngienne et la muqueuse bronchique (iodisme chronique). On observe ég-alement souvent une éruption cutanée avec prolifération épidermique intense, surtout chez les bovins. Indications thérapeutiques. — L'iodure de potassium est surtout indiqué pour produire la diminution de volume des organes g-landulaires hypertrophiés, pour activer la résorption des exsudats morbides, pour amener la fonte de certains engor- g-ements et pour dissiper une obésité trop prononcé'^. 1° Ce sel est un remède héroïque contre le goitre quand celui-ci lODURE DE POTASSIUM. 569 est dû à une hyperplasie du corps thyroïde ; il réussit moins bien quand le goitre résulte de kystes thyroïdiens; 2° Il produit de bons résultats contre les engorgemenlK lympha- tiques chroniques ou aig-us, les tumeurs. Dans ces cas, on peut l'employer à la fois à l'intérieur et à l'extérieur. On l'a administré avec succès dans le traitement du champignon chez le cheval à la dose de 10 g-rammes par jour en deux fois (Thomassen); 3" Il hâte la fX'sorpfion des Hquides et des fausses membranes qui existent dans les cavités séreuses enflammées comme l'arach- noïde, la plèvre, le péritoine, le péricarde. Il hâte aussi la j'éso- lution de la pneumonie, de la bronchite et des autres maladies catarrhales. Chez l'homme, il agit bien contre l'asthme et chez le cheval contre la pousse; 4° Il convient pour faire maigrir les animaux trop bien nourris; mais le meilleur moyen que l'on peut employer, c'est de les faire jeûner et de leur administrer des sels purg-atifs ; 5° L'iodure de potassium est un spécifique contre Yactinomy- cose, surtout contre la langue de bois (Thomassen, 1885). 0° En injection dans la mamelle par l'ouverture des trayons, la solution d'iodure à i p. 100 donne d'excellents résultats contre la fièvre vitidaire (De Bruin). Schmidt-Kolding- recommande d'in- jecter en même temps de l'air et de faire un massage de la mamelle. Plus récemment on a reconnu que les injections d'air pur ou d'oxyg-ène dans les trayons donnent les mêmes résultats favorables ; 7° Dans les empoisonnements par les sels métalliques (mer- cure, plomb), il est utile pour favoriser l'élimination des métaux déposés dans les parenchymes ; 8° Gomme antitoxique, l'iodure donne aussi de bons résultats dans les maladies infectieuses en général, le tétanos, la cirrhose hépatique du cheval, la fluxion périodique. On lui attribue aussi une certaine action immunisante contre la fièvre aphteuse; 9° C'est le meilleur médicament à opposer aux scléroses, qui dans certaines atïections tendent à envahir divers organes, notam- ment les centres nerreux, la moelle, le foie, etc. ; 10° Comme dëpresseurdela c',l à Ok',20 Gomme il y a une grande différence dans la susceptibilité des animaux pour l'iodure de potassium, il est toujours utile de com- mencer avec les doses faibles et d'interrompre de temps en temps l'administration pendant un jour ou deux. Préparations. — Pour l'administration interne, pour les injec- tions sous-cutanées ou intratrachéales, l'iodure de potassium s'em- ploie en solutions. Pour bien conserver les solutions, on y ajoute avantag-eusement un peu d'hyposulfite de soude, qui empêche la mise en liberté de l'iode et qui n'a pas d'efl'ets nuisibles. ,1 Cexti'rieur., on emploie les préparations suivantes : Pommades iodées et lodurées. 1° lodurc (le jiotassium 1 Axonge 4 • 2° lodure de potassium 2 Iode 1 Axonge 8 3" Iode 1 Savon vert 10 Alcool 5 ALCALINS. 571 40 Iode 1 Graisse li Poiniiinde mercariello 2li Glycérine iodée. Iode 1 lodui'c du potassium. , , ;i Glycérine 20 Pour les injections intratrachéales., M. Lévy recommande la formule suivante : Iode 2 graiiiiiies. lodure de polassiuiu 10 — Eau distillée 100 — On commence par injecter 2 grammes de cette solution, dilués dans 3 grammes d'eau distillée ; on augmente ensuite graduelle- ment de 2 grammes la dose de la solution, tous les deux ou trois jours, en diminuant en même temps la quantité d'eau de dilution jusqu'à ce qu'on ait atteint 20 grammes de solution pure. Quand on observe de la fièvre, il suffit de suspendre les injections pen- dant deux ou trois jours, et tout rentre dans l'ordre. Ce procédé d'administration peut devenir dangereux si les injections ne sont pas faites avec le plus grand soin. lodure de sodium. Nal. Ce sel agit comme l'iodure de potassium ; il est encore mieux supporté par le tube digestif et est infiniment moins toxique. Après son absorption, il agit uniquement par l'iode qui entre dans sa composition; le métal sodium n'exerce pour ainsi dire aucune action, car il est incomparablement moins actif que le métal potassium, qui, lui, agit énergiquement sur le système ner- veux centj-al. Il n'y a lieu d'administrer de préférence l'iodure de sodium que lorsqu'il faut poursuivre le traitement iodique .^r^v pendant très longtemps. Les doses sont les mêmes que pour l'iodure de potassium. Alcalins. Les composés alcalins de potassium, de sodium, de calcium, 572 CARBONATE DE SOUDE. de mag-nésium sont tous plus ou moins altérants. Les suivants sont principalement employés. Carbonate de soude. Na^GOS. Le carbonate de soude est cristallisé en prismes rhomboïdaux qui s'effleurissentà l'air; il est inodore, de saveur alcaline, soluble dans 2 partiesd'eau froide et dansl partie d'eau chaude. Effets. — Ce sel existe à l'état physiologique dans le sang-, auquel il communique en g-rande partie son alcalinité. Il se transforme facilement en bicarbonate et sert à opérer le transport de l'acide carbonique des tissus au poumon, où il est ensuite éliminé pendant la respiration. Le carbonate de soude dissout la mucine et constitue par con- séquent un anticatarrhal comme l'ammoniaque. Sur la peau, les solutions concentrées dissolvent les matières grasses et épidermiques et peuvent produire un érijthème et même une corrosion plus ou moins profonde. Sur les muqueuses, l'action dissolvante s'exerce avec la même intensité ; aussi ne doit-on faire usag-e à l'intérieur que de solutions étendues. Dans l'estomac, le carbonate de soude est décomposé, il se forme du chlorure de sodium, et il y a dégag-ement d'acide car- bonique. Avec des doses faibles, celte action neutralisante exercée sur le suc g-astrique ne ralentit pas la dig-estion; au contraire, l'acide carbonique libre, en excitant la muqueuse, produit une suractivité sécrétoire. Si des fermentations acides se produisent dans l'estomac malade, le carbonate de soude neutralise les acides eng-endrés et arrête ces fermentations. Quand il y a sécrétion muqueuse trop abondante, ce sel, en fluidifiant le mucus, favorise son élimination et rend les muqueuses plus propres à l'absorption. Il exerce une action stimulante sur le rein, dont la sécrétion est activée, l'urine des carnivores devient alcaline sous son in- fluence. Il a aussi la propriété d'augmenter la sécrétion biliaire. Indications thérapeutiques. — Ce sel est indiqué : 1° Comme le carbonate d'ammoniaque, pour diminuer la trop g-rande acidité du suc g-astrique, lorsque cette acidité est nuisible à la dig-estion ; 2" Pour augmenter V alcalinité an sanget hâter les résorptions interstitielles, ainsi que les résorptions des fausses membranes UICARBONATE DE SOUDE. 573 OU des liquides patiiologiques. Sous ce rapport, ce sel est plus actif que le chlorure de sodium ; mais il est moins actif que le carbonate d'ammoniaque ; S'^ Pour fluidifier le mucus dans les affections catarrhales chro- niques ou à la fin des maladies catarrhales aiguës, pour favoriser l'élimination du mucus ; 4» Pour aug'menter la séo'é/ion biliaire dans les affections du foie et dans les cas d'obstruction du canal cholédoque ; 5" Gomme diurétique ; quand on veut produire une déplétion du système sanguin et une résorption de liquides pathologiques, ou quand il faut produire la dissolution et l'expulsion d'un cal- cul siég-eant dans les reins ou dans les uretères ; G" Pour chang-er la nature du lait qui s'altère dans les mamelles et pour aug'menter la sécrétion lactée; 7° Gommé antidote des acides. 8° .1 Vextérieur. il convient pour dissoudre et ramollir l'épi- derme, les croûtes, pour exciter et nettoyer la peau dans l'eczéma chronique et autres affections externes. Emploi et doses. — On doit éviter les doses trop fortes ; il vaut mieux faire des administrations plus fréquentes avec des doses faibles. Chi'val 8 à 10 grauiiiies. Bfpuf 10 à 25 — Mouton, cliùx rc 1 ii — Pore 1 2 — Chien Os'MO à 0s>-,2 Cliat Os'-,0o à Ob-'-,10 On l'administre sous forme d'électuaire, de boisson ou de breuvajge. Bicarbonate de soude. NaHCOs. Le bicarbonate de soude ou sel de Vichy est moins soluble dans l'eau que le carbonate neutre ; sa solution s'altère par l'action de la chaleur et forme du sesquicarbonate de soude. Effets et emploi. — Ce sel agit comme le carbonate, mais il est beaucoup mieux toléré. Il n'irrite pas le tube digestif, même à forte dose, et est pour cela le plus souvent préféré pour l'usagre interne. 574 CARBONATE DE POTASSE. Dans l'estomac, il donne naissance à unegrande quantité d'acide carbonicfue, qui agit très favorablement sur les sécrétions et les contractions du viscère. Dans l'intestin, il fluidifie les matières, dissout le mucus et détermine un léger effet laxatif. Ce sel a une aidion stimulante marquée sur la sécrétion biliaire et la sécrétion urinaire. Il sti/nule la fonction uropoiétique de la cel- lule hépatique et accroît le rapport azoturique, ce qui indique une meilleure oxydation des matières albuminoïdes. 11 exerce aussi une action manifeste sur la glycogénie hépatique \ sous son influence, la fonction (jlycoso fixatrice du foie augmente, ce qui amène une diininution de V élimination du sucre par les urines chez les diabétiques. II est indiqué dans les mêmes cas que le carbonate; il convient surtout dans le diabète et toutes les fois qu'on veut faire un usage prolongé des alcalins sans amener l'irritation du tube digestif. Doses. Cheval 2o à 50 grammes. Bœuf 50 à 100 — Mouton, chèvre 5 à 10 — Pore 2 à 5 — Chien Os'-,o à 2 — Chat, volailles 0s'",2 à 1 gramme Carbonate de potasse. K2C03. Le carbonate de potasse se dissout en toute proportion dans l'eau ; il est insoluble dans l'alcool concentré; les acides le dé- composent. Effets. — Ses effets se rapprochent beaucoup de ceux du car- bonate de soude. Cependant le sel de potasse a une saveur plus désagréable, est plus irritant pour la muqueuse digestive et est plus difficilement supporté. Par contre, à cause de sa diil'usibilité plus grande, ce sel produit une diurèse plus marquée et exerce une action dissolvante plus énergique sur les urates. Indications. — .1 Vextérieur, le carbonate de potasse con- vient pour nettoyer la peau dans le cas de gale, de dartres, de crevasses, d'eau aux jambes, etc. A l'intérieur., il doit être préféré aux sels de soude quand on veut provoquer une diurèse abondante et une résorption très BITARTRATE DE POTASSE. 575 active des liquides épanchés ou des produits patholog-iques. Il ne convient pas quand le tube digestif est malade. Doses. — Le chien meurt avec 8 grammes ; les g-ros herbi- vores avec 100 grammes. Doses médicamenteuses. Grands ruminante 10 à 20 grammes. Solipèdes 3 à 10 — Petits ruminants cl porcs. .. . 1 à 2 — Chiens 0b''',2o à 0s>',3 On l'administre sous forme de boissons ou de breuvag-es en solutions très diluées. Les principales préparations de ce sel sont les suivantes : 1° Solution détersive. Carbonate de potasse. ... 1.5 à 30 grammes. Eau ordinaire 1 litre. j 2° Lessice de cendres. Qjt/^^'^'^C' Cendres de bois 1 poignée. Eau7. 1 litre. On fait bouillir les cendres peadanl (juelques licures et on filtre. 3° Pommade alcaline. Carbonate de potasse 1 gramme. Axonge 4 grammes. Acétate de potasse. C2H302K. L'acétate de potasse forme un sel blanc très déliquescent, très soluble dans Teau, soluble dans 2 parties d'alcool. Ce sel se transforme dans le tube dig-estif et dans le sang- en carbonate de potasse, dont il produit les effets. Il est préféré à ce dernier quand on veut provoquer la diurèse et obtenir un effet résolutif g-énéral. Bitartrate de potasse. C4HSK0C. Ce sel, connu sous le nom de crème de tartre insoluble, se présente sous forme de cristaux; il est incolore, inodore, d'une sateur faiblement acide, insoluble dans l'alcool et trè.'Spcu soluble 576 TARTRO-BORATE DE POTASSE. dans l'eau froide (1 p. 200), plus soluble dans l'eau chaude, un septième environ. Effets. — Le bitartrate de potasse, en arrivant dans l'intestin, se transforme en carbonate de potasse, passe à l'absorption et provoque la diurèse. L'acide tartrique est transformé en acide carbonique dans l'intestin et dans le sang*. A haute dose, tout l'acide absorbé ne peut pas être oxydé; il ag-it alors comme fluidifiant du sang. Le bitartrate de potasse, étant peu soluble dans le tube diges- tif, agit mécaniquement sur la muqueuse ; il provoque des con- tractions péristaltiques, active les sécrétions et détermine un lég-er effet purgatif. Les recherches de Boieldieu ont prouvé qu'il provoque une abondante sécrétion de bile et qu'il constitue un bon cJiolagogue. Indications. — Gomme le prix de ce sel est élevé et qu'il fau- drait des doses considérables pour amener la purgation chez nos grands animaux, on ne l'utilise guère qu'à titre de purgatif chez les petits. Il est indiqué pour produire la diurèse et pour entretenir la berté du ventre dans les inflammations chroniques du tube digestif ou dans les aflections du foie. On le donne aux doses suivantes : Cheval 15 à 30 grammes. Bœuf 30 il 100 — Mouton 15 à 25 — Porc 10 à 15 — Ciiien 1 à 1' — Chat 0B'',5 à 1 — A cause de l'insolubilité de ce sel, on l'administre générale- ment sous forme de bols, pilules, électuaires, ou bien on le mé- lange avec les aliments. Tartro-borate de potasse. CmiOSKNa + 2(CiH'^0''KB). Ce sel ou crème de tartre soluble est sous forme de poudre blanche, inodore, très acide et soluble dans 2 parties d'eau à la température ordinaire. Effets. — A doses élevées, la crème de tartre soluble est luxa- ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. 577 tive ; en petite quantité, c'est un excellent rafraîchissant qu'on emploie principalement dans la fièvre bilieuse, la jaunisse, l'enté- rite, les alfections cutanées. Comme ce médicament est d'un prix assez élevé, on ne l'emploie que rarement. On donne la dose suivante : Poulains GO à 7o grammes . Grands herbivores 50 à 100 — Arsenicaux. Voir Acide arsénieux aux Toniques. Soufrés. Voir Sudorifiques. MODIFICATEURS DE LA SENSIBILITÉ Anesthésie et anesthésiques. L'anesthésie, c'est-à-dire la suppression passagère de la fonc- tion sensitive, peut être générale ou locale. D'après Cl, Bernard, on appelle anesthésiques généraux (av privatif; ouab-qaiç, sensibilité) les substances qui, étant absorbées suppriment la sensibilité, la faculté d'éprouver de la douleur, qui amènent ainsi la résolution des muscles et par suite l'immobilité de l'homme et des animaux, qu'elles plong-ent dans une sorte de sommeil. L'anesthésie locale diffère de l'anesthésie générale en ce qu'elle n'amène pas le sommeil et qu'elle ne supprime la sensibilité que dans une partie restreinte du corps, celle qui est le siège de l'excitation douloureuse. Les chirurgiens trouvent dans les anesthésiques le moyen d'éparg-ner de la douleur aux patients et de les immobiliser pen- dant les opérations. Historique. — De tout temps, les chirurgiens s'étaient préoc- cupés de supprimer la douleur, et dès la plus haute antiquité on avait essayé divers moyens pour atteindre ce but. Les Assyriens comprimaient le cou des enfants qui subissaient la circoncision. Kaufmanx. 37 578 ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. Les Chinois frottaient, il y a 2000 ans, la partie à anesthésier avec une plante de la famille des Urticées. Chez les Grecs et les Romains, on employait, paraît-il, la pierre de Memphis (carbonate de chaux) broyée dans du vinaigre pour obtenir une certaine insensibilité du membre à opérer. On a utilisé aussi avec plus ou moins de succès l'administration des sucs de certaines plantes narcotiques : opium, morelle, jusquiame, mandragore ou bella- done, cig"uë, laitue vireuse, chanvre indien. L'ivresse alcoolique constituait ég-alement un moyen capable de produire Tobtusion des sens. En 1784, un chirurgien ang-lais insensibilisa les membres en comprimant leurs nerfs. En 1837, Liégeard pratiquait une compression circulaire totale du membre à opérer pour en obtenir l'anesthésie. Mais tous ces moyens étaient insuffisants pour amener une véritable anesthésie ; quelques-uns étaient même fort dangereux. En 1790, Davy, en respirant du protoxyde d'azote, constata que ce gaz a la propriété de détruire la sensibilité. Le premier pas était fait dans la découverte des agents anesthésiques. En 1842, un médecin d'Athènes employa le premier l'éther pour supprimer la douleur ; mais ses observations, n'ayant pas reçu une publicité suffisante, passèrent inaperçues. La con- naissance définitive des propriétés anesthésiques nous vient d'Amérique. En 1846, Jackson et Morton ont réalisé l'anesthésie générale sur l'homme par des inhalations d'éther. Cette nouvelle méthode, essayée d'abord dans les hôpitaux américains, a donné des résultats merveilleux ; elle s'est répandue ensuite rapidement en Angleterre, en France et dans tous les pays d'Europe. Une fois en possession de ce moyen merveilleux pour supprimer la douleur dans les grandes opérations chirurgicales, on s'est mis à la recherche d'autres anesthésiques. En 1847, Flourens essaya le chloroforme sur les animaux et obtint, avec cette nouvelle substance, des effets anesthésiques encore plus rapides et plus énergiques qu'avec l'éther. Simpson, chirurg'ien d'Edimbourg, ayant eu connaissance des expériences de Flourens, employa le premier le chloroforme sur l'homme, et cela avec un plein succès. L'emploi chirurgical du chloroforme se répandit aussitôt, et cette nouvelle découverte excita une sensation presque aussi vive que celle de l'éther. Depuis on a découvert un grand nombre d'autres substances anesthésiques. ANESTIIÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. ÎÎ79 Les principaux anestiiésiques g-énéraux connus actuellement sont les suivants : chloroforme, éther sulfurique, chloral, pro- toxyde d'azoteau gaz hilarant, bromure d'éthyle (G^H^Br), chlorure de méthyle (C'^H'Gl), chlorure de méthylène (G-H^Gl-), tétra- chlorure de carbone (G^H^), chlorure d'éthyle (G*H^G1), chlorure d ethylène (G'-'H'GP), chlorure d'éthylédène (G2H3G12),méthylchlo- roforme (G^H'GP), chlorure d'éthylédène monochloré (G^H^Gl), acétate d'éthyle ou éther acétique (G'^H^O*), benzoate d'éthyle, amylène (G^H'"), hydrure d'amyle (G*«H"GI), aldéhyde (G^H^O), sulfure de carbone (GS-). Immédiatement après sa découverte, l'anesthésie chirurgicale a été appliquée avec succès par les vétérinaires à tous les animaux. Mais on ne tarda pas à remarquer que la chair des sujets anes- thésiés par l'éther ou le chloroforme conserve toujours un goût insupportable qui empêche d'utiliser la viande pour la boucherie, si l'animal vient à mourir pendant l'opération. On a renoncé très vite, d'une façon absolue, à l'anesthésie du bœuf et du mouton. Aujourd'hui on continue à anesthésier parfois le chien et le cheval. Cependant Xhippophagie étant entrée dans nos mœurs, nous sommes forcés de restreindre beaucoup l'emploi de l'anes- thésie générale dans la chirurgie des solipèdes. D'autre part, chez ces animaux, l'emploi des méthodes d'anesthésie générale préco- nisées présente des inconvénients se manifestant au réveil. Les sujets restent assoupis pendant un certain temps ; ils sont exposés à faire des chutes maladroites et de se blesser pendant les efforts qu'ils font pour se relever. En vétérinaire, l'anesthésie locale, qu'on réalise si facilement aujourd'hui grâce à la cocaïne et ses succédanés, peut avantageu- sement remplacer l'anesthésie générale dans un grand nombre de cas. Elle est moins dangereuse et ne modifie pas les qualités alimentaires et marchandes des viandes des animaux opérés; ce sont là deux avantages appréciables. Propriétés générales des anesthésiques. — Universalité d'ac- tion. — L'action des anesthésiques est très générale ; elle s'exerce sur les animaux, sur les plantes et sur tous les éléments vivants. Les anesthésiques arrêtent les mouvements des feuilles chez la sensitive, ceux des anthères de certaines fleurs (épine-vinette) ; ils abolissent les mouvements des cilsvibratiles et rendent inertes les êtres unicellulaires, quels qu'ils soient : amibes, infusoires, microbes, cellules. o80 ANESTHESIE ET ANESTHESIQUES. Résistance variable des éléments vivants. — Tous les éléments anatomiques \dvants qui constituent les corps des animaux supé- rieurs sont atteints par l'action des anesthésiques, mais à des deg-rés divers ; quelques-uns, comme les éléments nerveux, perdent très vite leur vitalité, même avec des doses faibles ; d'autres résis- tent plus longtemps et ne sont atteints qu'à doses plus fortes. Nécessité du contact de l'agent anesthésique avec les CELLULES. — Pour que les ag-ents anesthésiques puissent mani- fester leur action sur des éléments vivants, il faut qu'ils arrivent directement au contact de leur substance. Les cils viliraliles ne perdent leurs mouvements que si les cellules épithéliales ciliées sont imprég-nées par les molécules anesthésiques : les mouve- ments des feuilles de la sensitive ne sont aboHs qu'à partir du moment où les vapeurs anesthésiques sont transportées par la sève, dans les éléments anatomiques spéciaux qui produisent ces mouvements ; un animal ne devient insensible que lorsque la substance anesthésique sera arrivée au contact des cellules nerveuses de l'axe encéphalo-rachidien qui tiennent sous leur dépendance la sensibilité. Or, chez les animaux supérieurs et chez l'homme, les molécules anesthésiques ne peuvent parvenir au cerveau, sièg'e des percep- tions, que par l'intermédiaire du sang- artériel. Il faudra donc d'abord assurer la dissolution des substances anesthésiques dans le sang- artériel, c'est-à-dire le sang- rouge. Nécessité de l'absorption par le poumon. — Pour les anesthésiques volatils, tels que l'éther et le chloroforme, les molécules médicamenteuses ne peuvent arriver dans le sang- artériel qu'après leur administration par la voie pulmonaire. Si, en effet, ces corps sont confiés à toute autre voie, ils seront d'abord absorbés par les veines et par conséquent arriveront dans le cœur droit. De là, le sang- veineux se rend dans le pou- mon, où il se dépouille de son acide carbonique ainsi que des autres principes volatils et, par conséquent, des vapeurs anesthé- siques d'éther ou de chloroforme qu'il peut contenir. Ces vapeurs s'échappent dans l'air des poumons et des bronches et sont rejetées au dehors . Il en résulte qu'à sa sortie du poumon le sang*, qui est devenu artériel, ne contient plus de vapeurs anesthésiques ou n'en contient plus qu'une petite quantité très faible, insuffi- sante pour impressionner au deg-ré convenable les éléments nerveux centraux encéphaliques. ANESTIIÉSIE ET ANESTIIÉSIQUES. 581 La grande volatilité de Téther, du chloroforme, du protoxyde d'azote, etc. , est une condition qui impose leur administration i)ur le poumo7i lui-Jtiême. Les anesthésiques gazeux ou volatils, en pénétrant dans le poumon avec Tair inspiré, se dissolvent dans le sang- comme l'oxygène et sont fatalement entraînés par ce liquide, puis répartis dans tous les points de l'organisme. Les recherches de Nicloux, de Tissot {Soc. de biol., 1907), montrent que, dès le début de l'inhalation, les vapeurs anesthé- siques se dissolvent dans le sang, que la quantité augmente graduellement dans ce liquide, que les tissus, surtout le tissu nerveux, en fixent une certaine proportion, que Tanesthésie se produit lorsque les éléments du centre nerveux ont subi un certain degré d'imprégnation sensiblement fixe pour un anesthé- sique déterminé. Lorsque l'administration cesse, les vapeurs anesthésiques s'éliminent rapidement, leur proportion diminue d'abord dans le sang, puis dans les tissus, et le réveil survient quand les éléments du centre nerveux se sont dépouillés d'une quantité suffisante d'anesthésique. Pendant l'établissement de l'anesthésie, le sang po''te les agents anesthésiques au contact des éléments vivants des tissus, et pendant la période de réveil il enlève aux tissus les anesthésiques dont ils sont imprégnés et les transporte dans le poumon, où ils sont éliminés avec l'air expiré. La surface pulmonaire si étendue et si fine offre une égale perméabilité pour les gaz qui tendent à s'échapper du sang et pour ceux qui tendent à s'y dissoudre. Elle constitue à la fois une excellente voie d'absorption et d'élimination. Elle absorbe les principes volatils qui lui arrivent par l'air inspiré et élimine par l'intermédiaire de l'air expiré ceux qui lui parviennent par l'in- termédiaire du sang. Modifications fonctionnelles produites par les anesthé- siques. — Pendant les premiers moments de l'inhalation de va- peurs anesthésiques (éther et chloroforme), les animaux s'agitent, se débattent, crient et gémissent. Cette période de l'action anes- thésique, appelée période d'agitation ou d'excitation, dure un temps généralement très court. Après deux à dix minutes, la per- ception des sensations s'éteint, l'agitation se calme, les mouve- ments réflexes cessent, et les animaux tombent alors dans un sommeil profond accompagné d'une résolution musculaire com- plète ; c'est la période d'anesthésie confirmée. A ce moment, les 582 ANESTllÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. fonctions cérébrales et médullaires sont abolies; il n'y a plus ni perception, ni sensation, ni mouvements volontaires, ni mouve- ments réflexes de la vie animale. La vie de relation est éteinte. L'animal est étendu inerte ; ses membres sont flasques et retombent sans résistance lorsque, après les avoir soulevés, on les abandonne. Les fonctions vég-étatives {circulation et respiratio?i) subsistent seules et entretiennent la vie vég'étative. C'est le moment marqué pour l'intervention chirurg-icale. Si l'inhalation continue, la vie végétative va bientôt s'éteindre à son tour; le cœur s'arrêtera ainsi que la respiration. Alors c'est V empoisonnement g é7iér al Qi la mort. L'issue fatale arrive d'autant plus vite que la quantité de vapeurs inhalées est plus considé- rable. L'action des anesthésiques s'exerce d'abord sur la substance grise du cerveau et de la protubérance, puis sur la moelle et enfin en dernier lieu seulement sur le bulbe racliidien. L'anesthésie est généralement accompagnée d'une assez forte salivation, de toux, de râles se produisant dans la trachée, quel- quefois de nausées, de vomissement chez les carnivores. 1° Période d'excitation. — Au moment de l'inhalation, les vapeurs anesthésiques se trouvent d'abord en contact avec la membrane muqueuse des cavités nasales, du larynx, de la trachée et des bronches. Cette muqueuse, très riche en terminaisons nerveuses sensi- tives, est excitée par les vapeurs anesthésiques, il en résulte : 1" des sensations désagréables, auxquels l'animal cherche à se soustraire par des mouvements de défense volontaire ; 2" des actions purement réflexes portant sur la respiration, la circula- tion, les sécrétions, etc. Pendant l'agitation défensive à laquelle se livide l'animal dès le début de l'inhalation, on note ordinairement un ralentissement ou un arrêt plus ou moins prolongé des mouvements respiratoires, un ralentissement ou un arrêt plus ou moins durable des battements du cœur, une constriction spasmodique des petits vaisseaux dans toutes les parties de l'organisme. Cette constriction vascu- laire réflexe a pour conséquence le maintien de la pression arté- rielle à son niveau primitif ou même l'augmentation de cette pression malgré le ralentissement ou l'arrêt passager des batte- ments cardiaques. Le ralentissement réflexe de la respiration et des battements du ANESTHESIE ET ANESTHESIQUES. 583 cœur au début de l'inhalation peut aller quelquefois jusqu'à l'arrêt complet et définitif. A ce moment, deux accidents mortels peuvent donc survenir; la syncope respiratoire, appelée syncope larijngo-réflexe ow primitive, et IsiSf/ncope cardiaque primitive. Ces deux formes de syncope sont dues à l'irritation qu'exercent les vapeurs anesthésiques sur les extrémités nerveuses sensitives qui se distribuent dans la muqueuse nasale et laryngienne. En effet, elles ne se produisent plus si on fait inhaler les vapeurs anesthésiques par une ouverture pratiquée à la trachée en évi- tant de les faire arriver en contact avec la muqueuse des pre- mières voies aériennes (P. Bert),ouen injectant les anesthésiques directement dans les veines (Arloing-), et elles se montrent encore si, par un dispositif approprié, on fait arriver les vapeurs anesthésiques exclusivement sur les muqueuses nasale et laryn- gienne sans les faire arriver dans la trachée, les bronches et le poumon (Recherches personnelles inédites). Quand linhalation est bien dirigée et que l'on évite les syn- copes respiratoire et cardiaque d'origine réflexe, l'anesthésie s'éta- blit graduellement. Mais, avant d'être complète, il persiste une certaine agitation générale secondaire due à l'excitation directe des éléments nerveux centraux par les molécules anesthésiques qui leur arrivent par l'intermédiaire du sang. Il faut se rappeler, en elfet, que tous les éléments vivants, avant d'être paralysés dans leurs fonctions, présentent une période de surexcitation plus ou mois longue, plus ou moins marquée suivant les circonstances (Cl. Bernard). L'arrivée des anesthésiques dans les centres nerveux a donc pour premier effet de les surexciter passag'èrement. Cette surex- citation se manifeste chez l'homme par le désordre dans les idées, le délire, les rêves et les hallucinations, que traduit une loquacité excessive. Chez les animaux, elle s'annonce par des cris incohérents, des gémissements, des plaintes, des mouve- ments désordonnés, etc. De cette surexcitation directe des cen- tres nerveux peut naître un second péril. Si le bulbe rachidien est trop fortement excité, il ralentit les battements du cœur par l'intermédiaire du pneumogastrique et peut même déterminer, dans certains cas, la syncope cardiaque secondaire. Quand cet accident se présente, la respiration continue encore pendant un certain temps. Cette syncope cardiaque bulbaire secondaire se distingue de b84 ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. celle qui arrive dès les premières inhalations. Celle-ci est le résul- tat d'une action réflexe ; celle-là, d'une action directe de l'anes- thésique sur la substance du bulbe. C'est cette forme de syncope qui se produit le plus souvent chez le chien et les autres animaux quand l'inhalation est trop brusque et fait arriver aux centres nerveux un sang- trop riche en principes anesthésiques. Alors l'excitation est rapidement remplacée par la paralysie de la substance du bulbe. 2° Période d'anesthésie confirmée. — Après la phase d'ag-ita- tion, survient l'abolition progressive des fonctions des centres ner- veux. Les hémisphères cérébraux sont les premiers centres paralysés. Cette paralysie abolit les phénomènes de conscience, de perception sensorielle et détermine le sommeil et le î^epos. Le sommeil reconnaît pour cause une modification spéciale des éléments nerveux corticaux par la substance anesthésique qui les imprègne. Quelques auteurs ont voulu faire intervenir une cause de nature vasculaire : la congestion ou l'anémie du cerveau. Mais Cl. Bernard a démontré que ni la congestion ni l'anémie ne sont des conditions suffisantes du sommeil anesthésique. L'un ou l'autre de ces phénomènes vasculaires peut se montrer suivant l'agent anesthésique employé, mais ils no jouent qu'un rôle très secondaire dans la production du sommeil anesthésique. Toutes les formes de sensibilité ne sont pas éteintes du même coup. C'est la sensibilité générale, la sensibilité à la douleur qui disparait d'abord, puis les dill'érentes formes de la sensibilité tac- tile, ensuite la vue et l'ouïe. La disparition de la sensibilité générale n'a pas lieu simultané- ment partout ; c'est d'abord la peau des membres et du tronc qui devient insensible, puis celle de la face, puis la muqueuse nasale et enfin la conjonctive. A mesure que l'insensibilité s'accentue, on voit les réflexes devenir moins accusés, et, au moment où la résolution muscu- laire est établie, ils ne persistent que dans certains points spé- ciaux. On peut donc apprécier la marche de l'anesthésie en explorant, au point de vue de la sensibilité et des réactions réflexes, succes- sivement la peau des membres, celle du tronc, les narines, les commissures des lèvres, la conjonctive. Les derniers mouvements réflexes qu'il est [)0ssible de provo- quer pendant l'anesthésie poussée à ses dernières limites sont : le ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. 585 réflexe oculo-palpéhral^ le réflexe labio-mentoiuiicr ou ultitnuni 7'é/lexe de Dastre. Lorsque l'attouchement de la cornée ou de la conjonctive re- couvrant la sclérotique et les paupières ne donne lieu à aucun mouvement des paupières (suppression du réflexe oculo-palpé- bral), on juge que Ton a atteint le degré extrême de l'anesthésie qui ne doit pas être dépassé. Lorsque, après la disparition du réflexe oculo-palpébral, on excite chez le chien la muqueuse de la gencive supérieure au niveau des incisives, on provoque encore souvent un mouvement localisé dans la lèvre inférieure. Cette lèvre est tirée en avant par une secousse brusque, de manière à recouvrir plus complètement la base des incisives inférieures (Dastre). Pendant la période d'anesthésie confirmée, la circulation et la respiration subissent aussi des modifications importantes. Circulation. — Le bulbe rachidien, excité d'abord, ralentit le jeu du cœur par Fintermédiaire des pneumogastriques ; plus tard, le centre modérateur cardiaque est paralysé et le cœur s'accélère. A ce moment, les réflexes modérateurs cardiaques ne peuvent plus se produire ; les syncopes par arrêt réflexe du cœur sont de- venus impossibles ; les battements cardiaques sont réguliers et énergiques; le pouls est serré et plein, la pression artérielle reste élevée. Mais, si l'imprégnation anesthésique se poursuit, on voit à un moment les battements du cœur s'affaiblir, le pouls s'accélérer, devenir petit et mou, et la pression artérielle s'abaisser. Ces effets sont dus à la paralysie progressive des éléments nerveux accélé- rateurs et des nerfs vaso-moteurs. Ils annoncent la mort pro- chaine par intoxication complète du bulbe. Dans ce cas, l'arrêt respiratoire précède de quelque temps l'arrêt du cœur {syncope tertiaire de Duret). ^ Respiration. — La respiration se ralentit pendant l'anesthésie et devient surtout abdominale. La force expulsive du thorax est diminuée de moitié et même des deux tiers, et V e^ori expiratoire est très notablement atténué (LangloisetRichet). Par contre, l'ef- fort inspiratoire n'est pas sensiblement modifié, l'animal peut donc inspirer à travers une colonne de mercure normale, tandis qu'il ne peut pas expulser l'air dans l'expiration. Une conséquence pratique découle de ce fait. Il faut éviter le plus léger obstacle à l'expiration. Un obstable imperceptible pour 586 ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. l'animal normal sera infranchissable pour celui qui est anes- Ihésié. La respiration peut s'arrêter de trois manières : par l'excitation réflexe du bulbe par la voie nasale et laryng-ienne (arrêt respira- toire, laryngo-réfle\e) ; par l'excitation directe exagérée suivie de paralysie des centres nerveux (syncope secondaire respira- toire), et par l'imprégnation anesthésique lente complète qui amène la paralysie du bulbe (syncope tertiaire ou apnée toxique). Température. — Pendant le sommeil anesthésique, la tempé- rature rectale diminue toujours et d'autant plus que le sommeil dure plus longtemps. Il n'est pas rare de voir la température tomber de 1 et 2° ou plus au-dessous de la normale. Yeux et pupille. — Pendant l'anesthésie confirmée, les yeux sont renversés en haut et en arrière, et ils ont leurs axes diver- g-ents {strabisme). La pupille reste généralement contractée et immobile; elle ne se dilate que lorsque l'intoxication mortelle est imminente. La dilatation se fait alors très brusquement. L'anes- thésie très prolong-ée s'accompag-ne aussi d'une diminution de la tension du globe oculaire. lîésumé. — En analysant la manière dont les fonctions diverses s'éteig'nent, on arrive à cette conclusion, à savoir que les anes- thésiques exercent une action sur tous les éléments anatomiques, sur tous les tissus, sur tous les organes, mais que cette action ne se fait pas sentir partout avec la même rapidité ni avec la même intensité. Les éléments nerveux sont les premiers afl'ectés, et ils le sont dans l'ordre de leur hiérarchie fonctionnelle. Les phéno- mènes s'éteig'nent en effet dans l'ordre suivant : 1° Suspension des fonctions des lobes cérébraux. Perte de la volonté et des jjo'ceptions conscientes ; 2° Suspension des fonctions de la moelle et de la protubérance en tant que centres réflexes de la vie animale. Résoh/tio/i muscu- laire', 3" Suspension des fonctions du bulbe en temps que centre exci- tateur et régulateur des mouvements respiratoires et cardiaques. Cessation de la respiration, puis de la circulation. Dans la pratique de l'anesthésie, il importe d'éviter l'appa- rition de la troisième période; il faut ménager les inhalations de façon à conserver le sommeil et la résolution musculaire sans porter une atteinte grave à la respiration et à la circulation car- diaque. ANESTHÉSIE ET ANESTIIÉSIQUES. o87 Accidents de l'anesthésie. Moyens de les combattre et de les prévenir. — Les accidents mortels qui peuvent survenir pendant l'anesthésie sont déjà indiqués précédemment. Ce sont : 1° les syncopes primitives (respiratoire et cardiaque) ; 2° les syncopes secondaires (respiratoire et cardiaque) ; 3° la syncope respiratoire ou apnée toxique . Nous avons fait connaître le mécanisme de la production de ces accidents ; il nous reste à indiquer les moyens de les combattre ou de les prévenir. Quand une syncope respiratoire se produit, il faut immédiate- ment pratiquer la respiration artificielle en pressant méthodique- ment sur les parois thoraciques pour imiter la respiration natu- relle. Aussi longtemps que le cœur bat, on a presque la certitude de ranimer le sujet en prolong-eant la respiration artificielle pen- dant un temps suffisamment long. J'ai souvent fait revivre des chiens qui paraissaient morts, en pratiquant la respiration pendant dix minutes ou un quart d'heure. Contre les syncopes cardiaques, nous sommes à peu près dé- sarmés ; le seul procédé vraiment rationnel consiste dans l'élec- trisation du seg-ment cervico-dorsal de la moelle dans le but de ranimer l'action des accélérateurs cardiaques. D'après M''^ Ro- binovitch, les excitations électriques rythmiques, surtout avec le courant Leduc, la cathode étant appliquée en avant de la région dorsale et l'anode sur les reins, réveillent rapidement la respira- tion et le jeu du cœur chez le chien en état de syncope respira- toire ou cardiaque causée par le chloroforme ou l'électrocution [Soc. de bioL, 1908). Malheureusement ce moyen n'est pas tou- jours à la portée du praticien. Quand cet accident se produit, le praticien peut ici encore essayer avec quelque chance de succès la respiration artificielle. Il est plus rationnel de prévenir ces accidents que de les com- battre. Voici quelques règ-les g-énérales qui permettront de les éviter : 1° Faire usage d'anesthésiques purs. Cela s'applique surtout au chloroforme, qui renferme souvent des acides chlorés très irri- tants ; 2'' Opérer sur des animaux à jeun ; 3° Écarter tout obstacle à la respiration et à la circulation de l'air dans les voies aériennes; 4" Faire arriver dans le poumon non pas l'anesthésique à l'état déconcentration, mais l'anesthésique mélangé à l'air pur; 588 ANESTHESIE ET ANESTHÉSIQUES. 5° Éviter d'administrer des doses massives. Donner de petites doses à la fois et interrompre l'adminislration de temps en temps; 6" Diminuer l'excitabilité du bulbe et du pneumogastrique ])ar l'injection hypodermique préalable de sulfate d'atropine cl de chlorhydrate de morphine ; 7o Surveiller avec soin la marche de l'anesthésie en exj)lorant le réflexe oculo-palpébral et en surveillant la respiration et la circulation ; 8° Cesser les inhalations aussitôt qu'un arrêt respiratoire ou cardiaque est imminent. Pratique de l'anesthésie. Éthérisation. Chloroformisation. — En tant qu'anesthésiques, l'éther et le chloroforme ne sont administrés que par la voie pulmonaire, c'est-à-dire par inhala- tion. L'absorption ainsi que l'action de la vapeur anesthésiante sont rég-Iées par sa tension partielle dans l'atmosphère respirée par l'animal et non par sa quantité absolue. Cette loi, découverte par Paul Bert, a conduit à la méthode des mélanges litiges. Procédés des mélanges titrés. — Avec un mélange déterminé d'air et de vapeur anesthésiante, l'org-anisme absorbe l'anesthé- sique jusqu'à ce que la tension de la vapeur dans le sang* soit égale à sa tension dans l'atmosphère offerte. A partir de ce moment, le sang- et les tissus saturés n'empruntent plus rien à l'atmosphère anesthésiante; l'état de saturation ne fait que s'en- Iretenii". Paul Bert a démontré que, pour le chien, on obtient l'anesthésie tranquille et complète en quatre ou cinq minutes, avec un mélange de 10 grammes de chloroforme dans 100 litres d'air. Ce mélange titré à 10 p. 100 peut être respiré impunément pendant deux heures et entretenir pendant tout ce temps une anesthésie parfaite. Cette méthode des mélanges titrés donne une anesthésie idéale; celle-ci s'établitrégulièrement, sans excitation, sans complication, sans danger d'accidents de syncope. Malheureusement, elle nécessite l'emploi d'appareils spéciaux encombrants cl coûteux. L'appareil le plus commode est celui imaginé par R. Dubois. On l'emploie dans quelques é(-oles vétérinaires; mais son usage ne pourra guère se généraliser dans la pratique. Procédé ordinaire. — Les animaux étant convenablement fixés, on place, devant l'ouverture des cavités nasales et de la ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. 589 bouche, des compresses ou des étoupes imbibées de chloroforme, d'éther ou d'un mélange de ces deux liquides. Il ne faut jamais faire arriver le liquide anesthésique directement en contact avec la muqueuse des voies aériennes, surtout si Ton fait usage du chloroforme, car ce corps exerce une action irritante. On recouvre rextrémité antérieure de la tête d'un ling-e qui concentre les vapeurs ancsthésiques au-devant des voies respiratoires. A l'inspi- ration, l'air traverse la cavité limitée par le linge et se mélange avec la vapeur anesthésiante avant de pénétrer dans l'appareil respiratoire. On peut aussi faire respirer l'animal dans une sorte de muselière en cuir ou en métal, au fond de laquelle sont w *■ 3 ménagées des ouvertures permettant l'entrée de l'air. Une petite éponge, de l'étoupe ou de l'ouate placée dans la muselière reçoit le liquide anesthésique, qu'on verse goutte à goutte. Pour éviter les accidents, il y a lieu de rappeler qu'il ne faut apporter aucune gêne à la respiration. Le chien doit pouvoir respirer librement, non seulement par \p les narines, mais encore par la bouche. M. Guinard a remarqué que, si l'on obture la bouche en liant les mâchoires avec une mu- selière, on a presque toujours des accidents pendant lachlorofor- misation. L'une des causes les plus fréquentes d'accidents mortels réside dans ce fait que, par suite d'une vieille routine, on lie les mâchoires du chien et qu'on l'empêche ainsi de respirer par la bouche. Aussi conseille-t-il la fixation des mâchoires sur un mors qui les tient écartées et qui permet la respiration librement par la bouche. Les petits chiens, les chats, les lapins peuvent être anesthésiés par un procédé très simple, qui consiste à les enfermer sous une cloche de verre contenant une petite éponge imbibée de chloro- forme ou d'éther. Aussitôt qu'on voit l'animal chanceler, on le retire pour l'opérer rapidement. L'anesthésie obtenue ainsi ne dure que quelques minutes ; on peut cependant l'entretenir plus longtemps par des inhalations ordinaires consécutives. Les chats sont très sensibles au chloroforme, et ils meurent souvent pendant l'anesthésie ordinaire. M. Guinard a obtenu de bons résultats chez cet animal par la méthode mixte, morphine, chlo- roforme. Procédé mixte, — L'anesthésie mixte consiste à associer les ancsthésiques à des narcotiques dans le but de rendre l'anesthésie plus rapide, plus régulière et inoffensive. nOO ANESTHÉSIE ET ANESTHÉSIQUES. Le procédé de Dastre et Morat : atropine, morphine et chloro- forme, donne d'excellents résultats et devrait être préféré à tout autre moyen d'anesthésie chez le chien. D'après ces auteurs, on procède de la manière suivante : dix minutes avant l'opération, on injecte sous la peau de l'animal un demi-centimètre cube par kilogramme d'animal de la solution suivante ; Clilorhydrate de morphine 0p>',20 Sulfate d'atropine 0g^020 Eau distillée 10 ffraniines. Puis on fait respirer le chloroforme; 2 ou 3 grammes de chlo- roforme suffisent pour une anesthésie parfaite de deux heures de durée. J'ai essayé ce procédé bien souvent et je n'ai eu qu'à m'en louer. Cependant je trouve les doses de morphine et d'atropine trop élevées. Je préfère la solution suivante, employée par Aubert chez l'homme : Chlorhydrate de morphine 10 rcntigraïaines. Sulfate d'atropine 5 luilligraïunies. Eau distillée 10 graniines. De quinze à trente minutes avant l'opération, on injecte 2 cen- timètres cubes de la solution sur le chien de taille moyenne. Les avantagées de ce mode d'anesthésie sont les suivants : i° suppression de l'agitation du début à cause de l'action som- nifère de la morphine ; 2° suppression des accidents de syncope cardiaque, puisque l'atropine annihile la fonction d'arrêt du pneu- mog-astrique ; 3" sommeil plus rapide; A" économie de l'anesthé- sique, puisqu'il faut de ving-t à trente fois moins de chloroforme. L'anesthésie mixte présente un inconvénient chez le chat; M. Guinard a constaté que la morphine produit chez cet animal une surexcitation énorme. Celle-ci, il est vrai, disparaît pendant l'anesthésie, mais elle se montre de nouveau au réveil ; malg-récet inconvénient, c'est encore le meilleur procédé d'anesthésie chez cet animal. Remarque. — Le mouton et la chèvre ne doivent jamais être anesthésiés par le chloroforme, parce qu'ils succombent fatale- ment à une broncho-pneumonie consécutive à l'anesthésie. CHLOROFORME. 591 Pour les animaux de l'espèce bovine, le meilleur agent anesthé- sique semble être l'alcool administré à l'intérieur, soit dilué à 40 ou 45°, soit sous forme de rhum, cog-nac, eau-de-vie (Voir Alcool). Anesthésiques généraux. Chloroforme. CHC13. Le chloroforme est un liquide très limpide, incolore, d'une odeur de pomme de reinette, d'une saveur fraîche, sucrée, peu soluble dans l'eau (1 p. 100), très soluble dans l'alcool et l'éther, bouillant à -|- 61° G., ayant une réaction neutre. Au contact de la lumière et de l'air, le chloroforme pur s'altère facilement ; il devient acide et prend une odeur brûlante, désagréable, par suite de la formation d'oxychlorure de carbone et d'acide chlorhydrique. Pour empêcher son altération, il faut le conserver dans des flacons bleus complètement pleins et bien bouchés, ou bien v ajouter 1 p. 100 d'alcool, d'éther et de toluène. Le chloroforme pur est neutre, ne se trouble pas par leau avec laquelle on Tagite ; il ne produit aucune coloration par l'addi- tion d'acide sulfurique concentré, et il ne précipite pas par le nitrate d'argent. Il dissout un grand nombre de corps, tels que le soufre, le phosphore, l'iode, les corps gras, les résines, beaucoup d'alca- loïdes, le caoutchouc, etc. Effets physiologiques. — Le chloroforme agit comme un toxique assez énergique sur les être inférieurs; il enraye les fermenta- tions eng-endrées par des ferments figurés et s'oppose à la putré- faction. Il est donc antifermentescible et antiseptique. Il paralyse aussi certains parasites qui vivent sur l'homme ou les animaux et est par conséquent antiparasitaii^e. Localement ., le chloroforme est irritant. Sur la peau, les plaies et les muqueuses, il produit la vésication, l'inflammation et même la mortification, quand on l'empêche de s'évaporer. A Vintérieur, il est moins bien supporté que l'éther : à dose forte, il irrite l'estomac, détermine des coliques, des nausées, des vomissements et produit une g-astro-entérite. Les inhalations de vapeurs de chloroforme produisent d'abord 592 CHLOROFORME. une excitation générale très énergique, pendant laquelle l'animal crie, se débat avec violence. Après cette période d'excitation, qui est due principalement à l'action irritante qu'exercent les vapeurs de chloroforme sur la muqueuse nasale, buccale, laryngienne et quiduredetrois àdix minutes, survientune perte de rintelUg^ence, des mouvements et de la sensibilité, avec conservation des fonctions vég^étatives : c'est la période (Vanesthésie confirmée. Enfin, si l'anesthésie continue, on voit s'éteindre successivement la respiration^ la circulation ; enfin la mort survient. Le chloro- forme agit d'abord sur les cellules nerveuses corticales de l'encé- phale, puis sur celles do la moelle qui président aux réflexes et aux actions chimiques; ensuite sur les cellules nerveuses respi- ratoires du l)ulbe ; puis surles nerfs du cœur ; enfln sur les cellules terminales nerveuses des muscles striés. Pendant l'excitation initiale, la pupille est dilatée : elle est con- tractée pendant la période d'anesthésie confirmée, et elle se dilate subitement à l'approche de la mort. L'état de la pupille nous renseig-ne sur les progrès de l'anesthésie ; aussitôt qu'elle com- mence à se dilater, il faut cesser les inhalations. La sensibilité se conserve en dernier lieu dans la conjonctive, qui recouvre la sclérotique et les paupières, tandis qu'avec l'éther elle est plus long"temps conservée dans la cornée. Le chloroforme communique aux battements du cceur une énerg-ie plus grande ; les courbes prises dans le cœur sont plus élevées et plus brusques pendant la période anesthésique ; ce n'est qu'à l'approche de l'empoisonnement complet que les battements ducœur s'affaiblissent. Administré avec précaution, le chloroforme produit souvent, au début, une lég-ère action vaso-dilatatrice et une vive excitation cardiaque. La première, très fug-ace, est bien- tôt remplacée par une action vaso-constrictive accompagnée de systoles cardiaques plus énergiques. Le chloroforme expose le moins aux hémorragies en nappes ; c'est un anémiant, un vaso-constricteur. Il faut se rappeler que, pendant la chloroformisation, il peut se produire chez tous les animaux une syncope respiratoire ou cardiaciue mortelle. A la suite d'une chloroformisation prolongée ou après l'injec- tion sous-cutanée répétée de fortes doses de chloroforme, on voit se produire une dég-énérescence graisseuse dans les org-anes parenchymatcux notamment, dans le cœur, le foie et les muscles du squelette. CHLOROFORME. 593 Le chloroforme s'élimine en nature; une petite quantité semble cependant se décomposer dans l'organisrae et donner naissance à de l'oxyde de carbone (GO), Les injections sous-cutanées de chloroforme sont suivies d'une inflammation locale douloureuse, qui se dissipe g'énéralement sans laisser de traces. L'action du chloroforme se manifeste non seulement sur les animaux, mais encore sur les vég-étaux ; ainsi Cl. Bernard a démontré que, si on fait aljsorberdes vapeurs de chloroforme par une sensitive, elle perd ses mouvements et tombe dans un état anesthésique comme les animaux. Si l'action anesthésique se prolonge, la plante peut même succomber. Indications thérapeutiques. — Le chloroforme est peu employé à Vin(érieur\ à c^use de son action irritante sur la mu- queuse dig-estive. Très dilué dans de l'huile de ricin ou sous forme d'eau choroformée, il peut cependant être utile dans les cas de coliques, dans les affections vermineuscs, dans l'éclampsie de la chienne. A V extérieur, on n'utilise pas ses propriétés irritantes, parce qu'on a d'autres substances qui agissent mieux. On s'en sert surtout en inhalations pour produire l'anesthésie ; celle-ci est rapide et plus durable qu'avec l'éther, mais elle est quelquefois plus dangereuse; aussi l'inhalation doit-elle être sur- veillée soigneusement. ; ,,^ (:^^.6<-c1aM^C\avvca.\Xc - Le cheval, le chien, le porc et les Tolailles supportent généra- lement assez bien la chloroformisation ; mais le mouton, la chèvre et le chat succombent ordinairement. Le chloroforme même le mieux purifié produit chez les petits ruminants une broncho- pneumonie mortelle. Il ne faut donc jamais les "chloroformer. Quant au chat, il est tellement sensible au chloroforme qu'il suc- coml)e parfois pendant rinhalation. Pour éviter les syncopes cardiaques et les syncopes respira- toires, il est toujours bon d'avoir recours à l'anesthésie mixte. Celle-ci consiste à ne faire les inhalations le chloroforme que lorsque l'animal est déjà légèrement hypnotisé par une injection préalable de sulfate d'atropine et de chlorhydrate de morphine. Ces deux substances diminuent l'excitabilité du bulbe et du pneumog'astrique et préviennent les arrêts respiratoires et car- diaques. L'anesthésie par le chloroforme doit être préférée à celle obtenue K.u:fmaxn. 38 S94 CHLOROFORME. par l'éther sur les malades qui ont une insuffisance mitrale ou une insuffisance aortique et toutes les fois qu'on veut éviter, pen- dant les opérations, les hémorragies en nappes. On obtient ordinairement les meillcar.s résultats en employant un mélange à parties égales de chloroforme et d'éther. Les inhalations de chloroforme et l'administration interne donnent ordinairement d'excellents résultats dans Véclampsle des chiennes. Sur les chevaux méchants, excitables, difficiles à ferrer, de faibles inhalations de chloroforme faites sur les animaux debout suffisent souvent pour les calmer et les rendre maniables. Les injections hypodermiques étant irritantes eng-endrent une inflammation substitutive ou dérivative utile dans certaines ne'vra/f/ies; cependant, dans la plupart des cas, les injections hypodermiques de morphine donnent de meilleurs résultats. Doses. Doses anesthésiques en inhalation. Cheval 40 à 100 grainines. Bœuf 50 à 100 — Porc 20 à 100 — Chien 5 à 15 — Avecl'anesthésie mixte, atropine-morphine, il faut une ([uantité de chloroforme moindre. Chez le cheval, lachloroformisation, ordinairement inoflénsive, peut parfois être accompagnée ou suivie d'accidents graves. On a observé même avec des doses ordinaires des syncopes mortelles, l'asphyxie, des vomissements, le cornag'e et la pneumonie gangre- neuse. On évite généralement ces accidents par une anesthésie peu profonde et peu durable. Contre les vers, contre les coliques et l'éclampsie, on le donne à l'intérieur., mélang-é à l'huile de ricin ou à l'huile d'olive, à par- ties ég-ales, aux doses suivantes : Doses internes de chloroforme. Cheval et hanif 2o à uO graiiuiies. Mouton, (.'hèvrc 5 10 — Cliien Os'-,;) à 4 — Chai Os',25 à 1 graiiiine. Dans les douleurs intestinales des petits animaux, on recom- mande le glycérolé de chloroforme suivant : ÉTHER SULFURIQUE (ÉTHER ORDINAIRE). 595 Chloroforme pur 1 gramme. Glycérine neutre 15 grammes. Mélangez. Administrer par cuillerée dans de l'eau. ' Eau cidoroformée. Chloroforme officinal o grammes. Eau distillée 1000 — Faites dissoudre par agitation et conservez dans un flacon soigneusement bouché. 100 grammes d'eau chloroformée renferment Osr,bO de chloroforme. Bromoforme. CHBrS. Le bromoforme est l'analog-uedu chloroforme. C'est un liquide incolore, d'une odeur agréable et d'une saveur sucrée rappelant le chloroforme. Il a une densité de 2,13 et se volatilise moins facilement que le chloroforme. Insoluble dans l'eau, il se dissout facilement dans l'alcool et l'éther. Avec les alcalis, il se décompose en bromure et en formiate alcalin d'après la réaction suivante : GHBrâ 4- 4K0H = 3BrK + CHO.OK + âH^O. Bromoforme. Potasse. Bromure Formiate Eau. de de potassium. potasse. Le bromoforme possède les mêmes propriétés physiologiques que le chloroforme ; comme lui, c'est un antiseptique, un anes- thésique général, un irritant et même un caustique. En inhalation, il peut être employé à titre d'anesthésique ; mais comme il est plus dangereux que le chloroforme, on ne l'utilise pas d'ordinaire. Il combat avantag'eusement la toux dans les affections bron- chiques. Éther sulfurique (éther ordinaire). C'est un liquide limpide, très mobile, incolore, d'une odeur suave, très volatil, très inflammable, bouillant à 36" ; soluble dans 10 parties d'eau, ti^ès soluble dans l'alcool et lesgraisses. L'éther sulfurique constitue un excellent dissolvant pour le brome, l'iode. 596 ÉTHER SULFURIQCE (ÉTMER ORDINAIRE). le soufre, le phosphore, le bichlorure de mercure, les corjiS gras, les essences, les résines, le camphre. Il doit être conservé dans des flacons bruns bien bouchés placés dans un lieu frais. Effets physiologiques. — La grande volatilité deTéther commu- nique à ce corps la propriété de déterminer un froid plus ou moins vif lorsqu'on le verse ou qu'on le pulvérise sur la peau. Le froid occasionné par l'éther est surtout intense lorsqu'on le pulvérise sous forme de vapeurs ; dans ces conditions, on voit d'abord se produire une excitation locale ; celle-ci disparaît ensuite, la région s'anémie, se refroidit de plus en plus el enft7i s'anesthé- sie. Sur les plaies, les pulvérisations occasionnent d'abord une douleur vive; mais bientôt l'anesthésie sui'vient et on constate que les plaies pâlissent. Par les pulvérisations on peut, en insistant, produire la congélation des tissus et leur mortification. Après la cessation des applications, une réaction plus ou moins forte survient. Administré à Vintérieur, l'éther excite d'abord la muqueuse buccale et provoque une forte salivation. Parvenu dans l'estomac, il se vaporise immédiatement, car il est à une température supé- rieure à son point d'ébullition. Ses vapeurs distendent l'estomac, produisent des borborygmcs bruyants dans l'intestin et des expul- sions g-azeuses fréquentes par l'anus. Cl. Bernard a constaté que, chez les lapins, l'éther, en se réduisant en vapeur, peut distendre l'estomac au point d'en déterminer la rupture. A forte dose, 500 grammes chez le cheval, l'éther provoque des nausées, des efforts de vomissement et du ballonnement. A dose modérée, il détermine une excitation de la muqueuse dans toute l'étendue du tube digestif, excitation qui a pour con- séquence une sécrétion abondante des sucs qui s'y déversent. On trouve la muqueuse gastro-intestinale rouge et lubréfiée par d'abondantes sécrétions ; le pancréas est rouge et turgescent comme pendant la dig'estion, et sa fonction sécrétoire est nota- blement augmentée. L'éther augmente aussi la rapidité de l'absorption dans le tube dig'estif ; ainsila strychnine ou la nicotine, administrées en même temps que l'éther, causent plus rapide- ment la mort des animaux que quand ces i)oisons sont donnés seuls. L'absorplion de l'éther parles voies digeslives est rapide; mais, comme après son mélange avec le sang, il est transporté dans le poumon, il s'écbappe en grande partie par l'air espiré, et le sang artériel qui se rend aux centres nerveux reste privé d'éther ÉTHER SULFURIQUE (ÉTIIER ORDIXAIRE). 597 OU n'est chargé que de très faibles quantités de ce corps. Aussi est-il très difficile d'obtenir Tanesthésie par l'absorption dig-estive. Lorsque Ton veut produire ianesthésie, il est nécessaire de faire respirer l'éther avec l'air, en suivant les indications ordi- naires de Tanesthésie (Voir Anesthésie). L'aneslhésie par inhalation d'élher se produit en cinq ou six minutes chez le chat, en huit ou quinze minutes chez le chien et les autres animaux. La durée de la période d'excitation varie avec la quantité d'éther inhalée et la susceptibilité des sujets. Elle est toujours plus longue qu'avec le chloroforme. Dans l'anesthésie par l'éther, la sensibilité persiste dans la zone de distribution du nerf trijumeau quand elle a déjà disparu par- tout ailleurs. La cornée transparente conserve la dernière sa sen- sibilité; celle-ci disparait sur la conjonctive du globe oculaire et des paupières avant de disparaître sur la cornée. G"est donc la cornée que l'on devra explorer pour s'assurer du degré d'anesthé- sie ; quand cette membrane n'est plus excitable, quand son attouchement ne provoque plus la fermeture des paupières, il faut arrêter les inhalations, car on est près de Tempoisonnement complet de l'animal. Pendant l'anesthésie par l'éther, les animaux ont souvent des rêves érotici^ues ; on les voit entrer en érection, exécuter des mou- vements du bassin et pousser des hennissements ou des cris caractéristiques. -W^W c . - Quand l'inhalation a introduit dans le sang' artériel une trop forte dose d'éther, on voit, après disparation comi»lète de la sen- sibilité, survenir l'arrêt de la respiration, puis Tarrèt du cœur. L'éther arrête toujours la respiration avant le cœur. 11 faudra donc, dans l'anesthésie par ce corps, surveiller surtout la respi- ration et suspendre les inahalations aussitôt que cette fonction menace de s'éteindre. Quand, malgré toutes les précautions, il y a arrêt respiratoire, il faut pratiquer la respiration artificielle jusqu'au retour de la respiration naturelle. L'éther n'a pas la même action sur la circulation artérielle à tous les moments de l'anesthésie. Au début, c'est-à-dire pendant la période d'excitation, il élève la pression veineuse et la pres- sion artérielle. Ce premier effet est dû à la constriction brusque des petits vaisseaux dont le sang- est déversé dans les gros troncs. Après ce premier etfet, qui est passag-er, on voit les devw pressions baisser, puis la pression veineuse remonter graduellement, tandis 598 ÉTHER SULFURIQUE (ÉTHER ORDINAIRE). que pendant le même temps la pression artérielle s'abaisse. Cet écartement angulaire des deux courbes représentant les tensions artérielle et veineuse est dû à une dilatation graduelle des petits vaisseaux pendant Tanesthésie confirmée. Le sang- traversant facilement dans les capillaires se répand en a])ondance dans les veines ; la pression doit donc augmenter dansces vaisseaux, tandis qu'elle doit diminuer dans les artères. L'éther produit toujours une accélération du cœur et un abais- sement de la température reetale. T^a chute de la température est proportionnelle à la durée de Tanesthésie et surtout à son degré; elle est due surtout à la diminution des oxydations, comme le prouvent les analyses des gaz de larespiration et des gaz du sang- faites par M. Arloing. h'injection hypodermique d'éther n'est pas suivie d'anesthésie. Immédiatement après l'injection, l'animal est agité ; il a des ébrouements ou des éternuements fréquents : il secoue la tête, remue les mâchoires comme s'il mâchait ; il offre des bâillements ; desborborygmes fréquents s'entendentdans l'abdomen ; la bouche est humectée de salive ; la respiration s'accélère considérablement ainsi que le pouls ; la température rectale s'élève, et quelquefois l'animal manifeste une ardeur génésique non équivoque. J'ai observé quelquefois, immédiatement après l'injection, un abais- sement de la température rectale d'un dixième de degré, suivi ensuite d'une élévation beaucoup plus considérable. Les effets d'excitation disparaissent en général de quinze à vingt minutes après l'injection hypodermique. Toutes les fonctions reviennent graduellement à leur état normal, sans que l'animal présente le moindre signe d'anesthésie. L'éther introduit sous la peau se transforme en vapeurs, celles-ci se répandent dans le tissu conjonctif et produisent une tumé- faction crépitante qui persiste encore quand tous les effets géné- raux de l'éther ont disparu. Je n'ai jamais vu survenir aucun accident local consécutivement à ces injections hypodermiques d'éther sulfurique. F. Forg-eot a observé sur les chevaux de demi-sang et de pur sang, au point d'injection, une plaque cutanée qui était le siège d'une sécrétion sudorale persistante pendant plus d'un mois. Après la disparition de la sudation, les poils avaient pris chez les chevaux de robe alezan clair une teinte plus foncée que celle des régions voisines [Soc. centr., 190G). ÉTHER SULFURIQUE (ÉTFIER nnOINAIREl. 509 L'administration de l'éther par le rectum, soit sous forme liquide, soit sous forme gazeuse, n'est jamais suivie d'anesthésie complète chez nos animaux. Gag-ny a pourtant pu obtenir une certaine anesthésie en associant à l'action de l'éther celle du chloral et du chlorhydrate de morphine. Les essais que j'ai faits sur les chiens et les lapins m'ont démontré que l'administration de va- peurs d'éther par le rectum peut occasionner des distensions et môme des ruptures intestinales. Ce mode d'administration ne me semble donc pas pouvoir donner un bon résultat dans la pratique. Indications thérapeutiques. — .1 V extérieur, l'éther employé en pulvérisations convient pour produire Yanesthésie locale par réfrigération rapide des tissus superficiels (Richardson). A Vintérieur, il est indiqué pour exciter la digestion, activer les sécrétions et augmenter les mouvements péristaltiques dans les cas d'indigestion, de météorisation, de coliques chez le cheval. Il agit à la fois comme stimulant et comme anti- spa.'onoflique. En inhalations, c'est l'anesthésique le plus inoffensif pour les animaux adultes. 11 ne convient jjas aussi bien pour insensibiliser les jeunes, car il produit souvent chez eux des arrêts respiratoires dangereux. L'anesthésie par l'éther doit être préférée chez les sujets emphysémateux, chez ceux atteints d'affections chroniques du poumon, dont la conséquence est une dilatation du cœur droit et de ses orifices, chez ceux qui ont des anévrysmes. L'éther ne convient pas quand on veut opérer sur les testicules du mâle, parce qu'il détermine des contractions du crémaster quelquefois difficiles à vaincre. Gomme le chloroforme, il communique à tous les tissus une odeur désagréable. Il ne faut donc pas l'utiliser chez les ani- maux de boucherie. D'après plusieurs auteurs, l'éther constitue l'anesthésique de choix pour le cliat. Les injections hypodermiques d'éther sont indiquées pour exciter les fonctions respiratoire et circulatoire chez les animaux fortement déprimés par la maladie, le surmenage ou dans les em- poisonnements par certains alcaloïdes. Il convient aussi pour distinguer la mort apparente de la mort réelle. Dans la mort appa- rente, les mouvements respiratoires se rétablissent très vite et prennent de l'ampleur après l'injection sous-cutanée d'éther. Il faut se rappeler que les vapeurs d'éther s'enflamment faci- 600 FROID. lement au contact d'une flamme et constituent durant la nuit un dang-er d'incendie. Doses [estomac). Cheval 13 à 30 grammes . Bœuf 20 à 50 — Mouton, clièvre, porc 5 à 10 — Chiéii 0i=-'-,50 à 4 — Chat O^'.SO à 1 gramme. Inhalations {aneslhésie). Grands herbivores 100 à 150 grammes. Chien 10 à 50 — Cliat 10 à 30 Injections hypodermiques. Grands herbivores 10 à 30 cent, cubes. Porc et mouton 5 à lO" — Chien là 2 — Formule. Éther 15 grammes. Huile de ricin 150 — Mélangez. Administrer cette dose au cheval atteint de coliques. Au besoin, renouveler l'administration après deux heures. Anesthésiques locaux ou analgésiques. L'anesthésie locale ou analgésie consiste dans l'insensibilisation d'une partie restreinte du corps. Elle est précieuse pour la pratique des petites opérations, parce que le sujet conserve intactes ses fonctions nerveuses générales et qu'il n'est privé de sensibilité que dans la région opératoire. Les principaux agents d'anesthésie locale utilisables en méde- cine vétérinaire sont : le froid, la cocaïne, les eucaïnes, l'holo- caïne, l'orthoforme, le gaïacol, la stovaïne, la novocaïne, l'alypine, la cig-uë officinale, l'anesthésine. Froid. La réfrig'éralion constituait pendant long-temps le seul procédé courant d'anesthésie locale. COCAÏNE. 601 On sait que le froid intense, appliqué localement, détermine un léger engourdissement des tissus avec diminution, puis perte de la sensibilité. Mais son action reste toujours superficielle ; elle ne dépasse pas l'épaisseur de la peau et, par conséquent, ce procédé ne peut convenir que pour la pratique des opérations superfi- cielles. Les procédés de réfrig-ération sont nombreux. On peut appli- quer sur la partie à anesthésier de l'eau froide, de la glace, des mélang-es réfrigérants ou des liquides très volatils, comme l'éther, le bromure de méthyle, le chlorure de méthyle, dont l'évaporation rapide détermine un froid intense. Ces moyens sont rarement employés en médecine vétérinaire; ils pourraient cependant rendre des services dans beaucoup de cas. luéther et le chlorure de méthyle sont pulvérisés a l'aide de l'appareil de Richardson. Le premier de ces corps fournissant des vapeurs inflammables ne doit jamais être employé au voisi- nage d'une lampe ou d'un feu. Le chlorure de niéthi/le n'est liquide à la température ordinaire que s'il est soumis à une forte pression. A la pression ordinaire, il bout à — 33°. Pour s'en servir, on l'enferme dans un siphon à parois métalliques très résistantes. Le jeu d'une vis permet de le faire écouler par un petit orifice, sous forme d'un jet pulvérulent. Le liquide ainsi divisé en gouttelettes extrêmement fines s'éva- pore aussitôt et produit un froid intense, capable de cong-eler la partie qui reçoit le jet. Cocaïne. G'^H'^'AzO'\ La cocaïne est le principe actif principal des feuilles de la coca [Erythroxijloii coca), arbrisseau cultivé depuis un temps immé- morial dans plusieurs contrées de l'Amérique du Sud, notamment au Pérou, au Brésil, en Bolivie et dans la République Argentine. C'est un alcaloïde qui cristallise en prismes à quatre ou six pans, incolore, amer, peu soluble dans l'eau (1 p. 700 à 12°), assez soluble dans l'alcool et très soluble dans l'éther, déviant à gauche la lumière polarisée. Avec les acides, la cocaïne donne des sels cristallisables qui offrent l'avantage d'être très solubles dans 602 COCAÏNE. l'eau. Le plus employé de ces sels est le chlorhydrate de cocaïne^ que, dans la pratique et par abréviation, on désigne ordi- nairement sous le nom de cocaïne. En raison de sa faible solubilité dans l'eau, la cocaïne n'est pas directement utilisée pour les besoins de la médecine et de la chi- rurgie ; on préfère le chlorhydrate de cocaïne, qui est très soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool, dans l'éther, le pétrole, la benzine, le benzol et letoluol. La cocaïne est peu stable; elle se décompose dans diverses conditions, notamment quand on la chauffe avec des acides ou des alcalis. Elle se dédouble en donnant de Vergonine, de Vacide bensoïque et de ï alcool méthylique : C'JraïAzOi + 2H^0 = C9H'iA/03 + CTIGO^ + «PO Cocaïne. Kcgoiiiiie. Acide Alcool beii/.oïque. méthylique. Elle est considérée comme de la méthylbenzoylecg-onine. Pendant longtemps, la cocaïne a été retirée exclusivement des feuilles de coca ; aujourd'hui on la prépare aussi par synthèse. Dans les feuilles de coca, elle fut isolée pour la première fois en 1855 par Gaedeke sous le nom d'érythroxyline et obtenue à l'état de pureté en 1859 par Niemann, qui lui donna le nom de cocaïne. Préparations. — Pour les besoins de la médecine et de la chi- rurgie, on emploie le chlorhydrate de cocaïne sous forme de solutions aqueuses et de pommades. Les solutionii aqueuses ordinaires s'altèrent rapidement. Au bout de trois à quatre jours, elles perdent déjà de leur qualité, puis finissent bientôt par devenir à peu près inactives. Si l'on veut assurer à ces solutions une conservation indéfinie, il est nécessaire de les stériliser et de les conserver en ampoules de verre hermétiquement fermées. La stérilisation des solutions se fait par la chaleur à la température de 100°, ou même 120°. A cette température, le chlorhydrate de cocaïne parfailement pur n'est altéré que dans une proportion négligeable. Les solutions doivent en outre être parfaitement neutres ; en effet, lorsqu'elles sont franchement acides, leurs propriétés anes- thésiques sont atténuées ou masquées en partie. Les pommades cocaïnisées conservées perdent ég-alemcnt de leur activité. On a constaté que l'altération des pommades faites COCAÏNE. 603 avec la cocaïne est plus rapide que celle des pommades Inites avec le chlorhydrate de cette base. Action physiologique. — Le chlorhydrate de cocaïne exerce sur l'organisme animal une double action : action locale et action g-énérale. n. Action locale, — iSi Ton dépose directement sur un tissu vivant quelconque une solution de chlorhydrate de cocaïne, on voit se produire, après quelques minutes, une modification dans les manifestations vitales de ce tissu. A dose extrêmement faible, elle excite le fonctionnement des éléments touchés et exalte leurs propriétés physiologiques ; à dose plus forte, elle ralentit leur fonctionnement et diminue leur excitabilité, et enfin, à dose forte, elle arrête pendant un temps plus ou moins long- toutes les mani- festations vitales et plong-e les éléments dans Tétat anesthésique ou de mort apparente. La cocaïne agit sur le protoplasma : c'est un poison protoplas- mique; voilà pourquoi elle modifie l'activité de tous les tissus, de tous les éléments anatomiques au contact desquels elle est portée. Elle exerce son action aussi bien sur le protoplasma végétal que sur le protoplasma animal. Son intensité d'action dépend de la nature des éléments vivants et de sa dose. Une solution donnée de chlorhydrate de cocaïne n'ag-ira pas avec la même rapidité et la même intensité sur tous les éléments vivants qui entrent dans la constitution du tissu touché parla solution. Certains éléments, très sensibles à l'action de la cocaïne, comme les terminaisons périphériques des nerfs sensitifs, pourront être paralysés et anes- thésiés, tandis qu'à ce même moment d'autres éléments, comme les fibres musculaires, n'auront encore éprouvé aucune modifica- tion fonctionnelle notable; ceux-ci ne seront influencés que plus tard ou avec des doses plus fortes. Chez les animaux supérieurs, le phénomène le plus saillant et le plus important que produit l'application locale de cocaïne, c'est la diminution rapide et même la suppression de la sensibilité dans les surfaces touchées par le médicament, c'est-à-dire une anest/iésie, une analgésie locale plus ou moins complète. Les terminaisons périphériques des nerfs sensitifs sont les éléments les plus sensibles à l'action paralysante exercée par la cocaïne ; ce sont ces extrémités qui sont le plus fortement et le plus rapide- ment atteintes. Cette remarquable propriété anesthésiante qu'exerce locale- e04 COCAÏNE. ment la cocaïne a été sig-nalée la première fois en 18C2 par Schrofl", qui, ayant appliqué de la cocaïne sur la iang-ue, a pu voir la muqueuse de celle-ci devenir insensible sur toute la surface touchée par le médicament. Depuis il a été établi par de nombreux expérimentateurs et cliniciens que, par l'emploi de la cocaïne, Tanesthésie locale peut être obtenue sur toutes les muqueuses, sur fous les tissus vifs et même sur la peau quand on a le soin de la débarrasser préalable- ment de son épiderme soit par un vésicatoire, soit par amincisse- ment mécanique. Bientôt on a constaté un autre fait important, c'est que, appliquée sur un point du trajet d'un tronc nerveux, elle abolit passagère- ment l'excitabilité et la conductibilité des fibres en ce point. Il en résulte que, pendant l'action de la cocaïne, le tronc nerveux se comporte comme s'il était coupé, c'est-à-dire que la continuité physiologique de ses fibres est interrompue au niveau de l'appli- cation de la cocaïne. Les excitations périphériques ne peuvent plus se transmettre aux centres, et les excitations partant des centres ne peuvent plus arriver aux terminaisons périphériques. 11 y a donc paralysie sensitive et paralysie des mouvements volontaire et ré/lexe dans toute la zone de distribution périphé- ricjue du nerf cocaïne sur un point de son trajet. L'action paralysante s'exerce aussi sur les centres nerveux, cerveau, moelle, \)i!iv V application locale de la solution cocaïnée. La cocaïne suspend l'activité de tous les éléments vivants au contact desquels elle est portée à dose suffisante; elle agit aussi bien sur les terminaisons motrices que sensitives, sur les nerfs périphériques de toute catég-orie, sur les centres nerveux, sur les éléments musculaires, glandulaires, sur les cellules épithéliales vibratiles, sur les g-lobules blancs, sur le protoplasma vég-étal, sur les microbes, etc. (François Franck). 1° Ad ion sur l'œil. — L'application de chlorhydrate de cocaïne en solution aqueuse à la surface du globe oculaire ne produit ni douleur, ni irritation, ni modification de l'acuité visuelle, quelles que soient la force de la solution et la quantité employée. Après l'instillation dans l'œil de quelques g'outtes d'une solution de chlorhydrate de cocaïne de 2 à 3 p. 100, on constate successive- ment quatre phénomènes : 1° l'insensibilité de la surface du globe et de la face interne des paupières ; 2" la pâleur de la conjonctive; î)" le relèvement de la paupière supérieure avec une légère COCAÏNE. 605 exophtalmie; 4» la dilatation de la pupille sans que ceUe-ci perde la faculté de réagir à la lumière et de s'accommoder. Dans l'œil, ianesthésic se manifeste en premier lieu sur la cor- née, puis successivement sur la conjonctive du globe, de ia face interne des paupières et de la membrane nictitante. Vers le bord des paupières, l'insensibilité est toujours moins marquée que sur le reste de la conjonctive; elle s'étend aussi aux voies lacrymales. En renouvelant l'instillation plusieurs fois, l'anesthésie peut atteindre les parties profondes de l'œil, la sclérotique, les muscles du globe et le sphincter irien, ce qui rend possibles certaines opérations qui ordinairement sont fort douloureuses et qui néces- sitent l'anesthésie générale, telles que l'opération de la cataracte, l'extraction de corps étrangers, l'énucléation du globe oculaire. Il est à remarquer que les solutions à 2 ou 3 p. 100 sont aussi actives localement que les solutions plus fortes. L'anesthésie de la cornée et de la (^onjonctive commence cinq minutes après l'instillation ; elle augmente et devient complète de la dixième à la quinzième minute; elle dure au moins dix minutes, puis décroît et cesse. Mais on peut l'entretenir et la faire persister en renou- velant les instillations toutes les cinq minutes. L'anesthésie se produit non seulement sur l'œil sain, mais aussi sur l'œil dont la conjonctive est enflammée. La conjonctive aneslhésice par la cocaïne a perdu la sensibilité tactile, la sensibilité douloureuse ainsi que ia sensibilité thermique ; son excitation ne donîie lieu à aucun réfîexe. La mydrieise qui accompagne constamment l'anesthésie locali- sée commence à se montrer dix minutes environ après l'instilla- tion; elle aug-mente graduellement, atteint son plus fort degré en moins d'une heure et persiste toujours plusieurs heures. Il est à remarquer que jamais la mydriase n'atteint son degré maxi- mum après l'instillation de chlorhydrate de cocaïne et q^ue la pupille continue à réagir à la lumière et à la convergence des yeux. Avec des instillations d'ésérine, on peut empêcher l'effet mydriatiqiiie de la cocaïne d'apparaître ou le faire disparaître quand il existe déjà. L'action mydriatique ne se produit pas chez les gallinacés et les pigeons. La cocaïne produit toujours* la pâleur de la conjonctive par suite de l'action vaso-motrice locale. En «nème temps, la tension oculaire paraît diminuée. 606 COCAÏNE. 2" Action sur la muqueuse buccale. — Le chlorhydrate de cocaïne appliqué directement sur la muqueuse buccale anesthésie celle-ci aux points touchés par le médicament (Schroll', 1802). La sensibilité g-énérale, la sensibilité tactile et gustative de la langue sont complètement abolies par le chlorhydrate de cocaïne en solutions plus fortes que 0 p. 1000, tandis que la sensibilité thermique reste intacte. Les solutions très faibles à 3 p. 10 000 augmentent la sensibilité gustative. 3° Action sur le pharynx, le larynx^ les cavités nasales^ roreille, le canal de l'urètre, le rectu?n. — Le chlorhydrate de cocaïne exerce également sur les muqueuses des cavités nasales, du pharynx et du larynx son action anesthésique et analgésique. Pour le pharynx et le larynx, on se sert de solutions de chlor- hydrate de cocaïne à 5 p. 100, 10 p. 100 et même 20 p. 100. Après plusieurs badigeonnages avec l'une de ces solutions, on obtient une anesthésie qui dure de cinq à dix minutes. Sur les autres muqueuses, conduit auditif externe, canal de l'urètre, rectum, on emploie les injections ou les badigeonnages à l'aide d'un pinceau de solutions à 4 p. 100 de chlorhydrate de cocaïne. 4° Action anestliésiante locale exercée par les injections dans les tissus. — Le chlorhydrate de cocaïne injecté sous la peau, ou dans le derme, ou dans un parenchyme quelconque, paralyse tous les éléments vivants avec lesquels il arrive en contact. Les éléments nerveux sensitifs étant les plus sensibles à son action sont les premiers atteints, de sorte que l'anesthésie ou l'analgésie localisée est le phénomène le plus précoce et le plus saillant. Par l'injection de quelques g'outtes d'une solution aqueuse de chlor- hydrate de cocaïne à 1 ou 2 p. 100 dans l'épaisseur du derme cutané ou d'une muqueuse, on provoque l'apparition d'une anes- thésie localisée au point d'injection. Elle apparaît quelques minutes après l'injection et peut durer environ dix minutes, temps suffisant pour nombre de petites opérations. Si l'injection est faite dans le tissu conjonciif sous-cutané ou sous-muqueux, l'anesthésie apparaît encore dans la partie de la peau ou de la muqueuse sus-jacente, mais elle est un peu plus tardive et est moins durable. Dans ce cas, l'absorption enlève assez rapidement une partie du sel'de cocaïne, et des phénomènes généraux peuvent apparaître, même des symptômes d'intoxi- cation, si la quantité injectée est forte. Les solutions portées à la GOCAÏiNE. 607 température du corps ou même à 50" G. agissent plus vite et jtro- duisent une insensibilité plus forte. Sur le cheval, j'ai constaté que le chlorhydrate de cooaïne en solution à 1 ou 2 p. 100, injecté sous la peau, dans le tissu con- jonctif, provoque souvent, en même temps que Tanesthésie locale, une sudation locale abondante. Cette sudation peut persister plu- sieurs heures. Nerfs. — L'injection de cocaïne le long- d'un tronc nerveux abolit passag'èrement les propriétés physiolog"iques du nerf dans les points touchés par la solution et amène par conséquent Tanes- thésie régionale. Dans ce cas, Tanesthésie frappe aussi bien les tissus superficiels que les tissus profonds. Moelle. — Lorsqu'on porte la solution cocainée au contact de la moelle épinière ou des racines rachidiennes postérieures par injection sous-arachnoidienne ou épidurale, on observe des phénomènes de paralysie passag'ère dans toute la partie du corps située en arrière du point d'injection. Ces phénomènes sont dus à l'action locale paralysante exercée par la cocaïne sur les parties touchées par le médicament. b. Action générale. — Lorsque, après son absorption, le chlor- hydrate de cocaïne est disséminé dans l'organisme par l'intermé- diaire de la circulation, on voit apparaître diverses modifications fonctionnelles qui présentent quelques particularités propres à chaque espèce animale. Chien. — Sur le chien de 10 kilog^rammes environ qui reçoit en injection sous-cutanée ou intraveineuse une dose de 6 centigrammes de chlorhydrate de cocaïne, on observe con- stamment les phénomènes suivants : L'animal, s'il est à l'attache, commence à piétiner sur place, tournant tantôt à droite, tantôt à gauche, comme préoccupé et inquiet. S'il est en liberté, il marche précipitamment en tous sens, avec des mouvements de tète effarés, tournant tantôt dans un mouvement de manège, tantôt courant droit devant lui, sans jamais s'arrêter, sans un instant de repos. En même temps qu'il se meut ainsi d'une façon incessante, il présente un certain deg-ré d'analg-ésie aux extrémités des pattes, mais non de la conjonctive oculaire. L'inteUigence est conservée. Des doses foi-tes de cocaïne provoquent également des défécations multiples. Chat. — Le chat est très sensible à l'action de la cocaïne. En en injectant 0^'',04 sous la peau d'un chat de ^''^,330 en solution 608 COCAÏNE. à 5 p. 100, on voit apparaître une accélération respiratoire, de Tagilation, de lamydriase, de ia salivation, des tremblements et des secousses musculaires surtout dans la région du cou et de la tête, des hallucinations se traduisant par de l'agitation, le reg-ard fixe, l'action de happer dans l'air avec les mâchoires, de frapper avec les pattes de devant, des mouvements de fuite et des accès de peur. A dose plus forte encore, le chat montre les phénomènes pré- cédents ])lus accusés et, en outre, des convulsions épileptiformcs et une dilatation pupillaire extrême (Fischer). Cobaye. — Lapin. — Chez le cobaye, le lapin, une dose moyenne de chlorhydrat/e de cocaïne injectée sous la peau du dos donne iiew à une hyperexcitabihté générale qui potasse l'animal, soit spontanément, soit au moindre bruit, et sans la plus légère excitation périphérifjue, à se mettre en mouvement avec une brusquerie, une violence comme irré- sistibles ; et cependant on constate en même temps un degré notable d'ana/ffésie aux extrémités des pattes, surtout des pattes ])0stérieurcs. A dose plus forte, cette sorte d'excitabilité et d'impulsion motrice devient extrême ; l'animal, inquiet, le reg-ard fixe, s'élance subitement en avant et fuitd'ime course rapide et comme afToléc, puis est pris d'accès conviilsifs, avec opisthotonos et rejet par la bouche de petites quantités de liquide verdâtre ; souvent il expulse aussi de l'urine. Chèvre. — Chez la c)hèvre pesant environ 17 kilogrammes, l'injection sous-cutanée ûe 0e'",O2 de chlorhydrate de cocaïne en solution à 5 p. 100 provoque rapidement une vive agitation; l'animal se déplace constamment et crie, puis survient de la parésie qui l'empôche de se tenir debout; enfin se produisent des convulsions tétaniques et cloniques dans les membres, de l'opisthotonos, de la salivation, du nystagmus, de la mydriase. Ces effets, après avoir atteint leur maximum pendant la première heure, diminuent ensuite et disparaissent à peu près complètement deux heures après l'injection. Vache. — Sur une vactoe de 275 kilogrammes, après l'injection sous-cutanée de 2 à 3 grammes de chlorhydrate de cocaïne, Fis- cher a vu apparaître de la salivation, une extrême agitation avec îMarche irrésistible, des mouvements de la queue, de l'expulsion d'urine et d'excréments^ des trcinblements et des COCAÏNE. r,09 secousses musculaires dans le Ironc, de la dilatation pupillaire, du nystagmus, une accélération considérable de la respiration et du pouls, qui est devenu dur et difficile à compter, de la frayeur et une élévation de la température. Des doses plus fortes provoquent en outre des convulsions téta- niques violentes et la mort. Cheval. — Des doses voisines de Og',30 de chlorhydrate de cocaïne injectées sous la peau ne provoquent sur le cheval de taille moyenne qu'une lég-ère excitabilité g-énérale, se traduisant à l'écurie par des trépignements, des déplacements plus fré- quents, quelques mouvements de balancement de la tête et de l'encolure, un port plus élevé de la tête ; en liberté, par un besoin de marcher : la tête est portée haute, l'œil est plus vif, les oreilles se meuvent dans tous les sens, l'animal a une attitude plus fière, des mouvements plus vifs et plus faciles. Souvent on voit se pro- duire un peu de sudation localisée au point d'injection, parfois une lég^ère salivation. Ces effets disparaissent g'raduellement envi- ron deux heures après l'administration. A doses plus fortes, voisines de 1 gramme, en injection hypo- dermique, le chlorhydrate de cocaïne provoque déjà, après dix minutes, une certaine excitation g-énérale qui va en augmentant et pendant laquelle le cheval éprouve un besoin impérieux de se mouvoir; les allures sont plus vives, plus relevées, la démarche est plus disting-uée, l'œil est vif et brillant, les oreilles sont dressées et se meuvent au moindre bruit; l'animal est plus impressionnable, chasse vigoureusement les mouches et présente le plus souvent delà sudation localisée d'abord aux points d'injec- tion, puis gagnant les passages des sangles, le flanc et la partie inférieure de l'encolure; de la salivation apparaît aussi parfois, et des tremblements musculaires se montrent dans les muscles des membres, surtout au grasset et dans la région olécranienne. D'ordinaire l'animal s'effraie facilement; on l'entend faire des soufflements caractéristiques quand il est à l'écurie; dehors, quand il est en marche, il va droit devant lui et aborde les obstacles avec une grande assurance. La pupille est ordinairement plus ou moins dilatée et immobile; elle ne se modifie plus sous l'influence des variations d'éclairage. Cette immobilité de la pupille semble commencer avec l'excitation générale et durer autant qu'elle. Souvent aussi l'animal rend des crottins et présente de la saliva- tion. Pendant la période d'agitation, le cheval a le pouls accéléré KaukiMann. 39 610 COCAÏNE. ainsi que la respiration ; celle-ci devient parfois pénible au point que l'animal a de l'essoufflement. La température s'élève toujours notablement. Aux doses de 4 à 5 g-rammes en injection sous-cutanée, le chlorhydrate de cocaïne provoque chez le cheval des effets encore plus violents ; l'agitation devient extrême, le besoin de se porter en avant est tel que l'animal s'emporte et ne peut être arrêté que très difficilement. Les tremblements et les secousses musculaires se g-énéralisent et, à un moment, les mouvements sont mal assurés ; il se produit de l'ataxie qui amène la chute de l'animal. Celui-ci, en outre, salive abondamment et est couvert de sueur sur tout le corps. La mydriase est très accusée, et la pupille est immobile. A des doses encore plus élevées, on voit apparaître en plus des convulsions tétaniques et la mort. Après l'administration interne, les elfets sont identiques, mais il faut des doses plus élevées pour les provoquer. Le cheval de taille moyenne de 500 kilogrammes supporte 5, 6 et même 10 g-rammes de chlorhydrate de cocaïne. En résumé, de l'ensemble des observations et des expériences faites par les divers auteurs, il résulte que, chez tous les animaux à sang- chaud, oiseaux, rong-eurs, carnivores, g-rands et petits ruminants, solipèdes, le chlorhydrate de cocaïne produit des effets généraux identiques se traduisant par de l'hyperexcitabilité cérébrale, des impulsions motrices, un besoin irrésistible de se mouvoir, des tremblements et des secousses musculaires, de la frayeur, des hallucinations, de l'accélération de la respiration et du pouls, de la salivation, de la sudation, de l'élévation de la température rectale, de l'expulsion d'excréments, de la mydriase avec immobilité de la pupille, des convulsions épileptiformes et enfin la mort quand la dose est suffisamment élevée. Lorsque l'animal résiste, les effets s'atténuent rapidement et, après quelques heures, tout est rentré dans l'ordre. 1° Action sur les centres nerveux. — Lacocaïne absorbée porte d'abord son action sur les cellules des centres nerveux encéphalo- rachidiens. A faible dose, elle excite pour ainsi dire exclusivement l'acti- vité des fonctions psychiques et intellectuelles, tout en aug-mentant lég'èrement tous les réflexes. Chez l'homme, surviennent de la g-aieté, de la loquacité, une facilité et une promptitude très g-rande COCAÏNE. 611 des opérations intellectuelles avec une sensation générale de bien- être. Chez les animaux, on note d'ahoïxi des phénomènes de gaieté, une plus grande légèreté dans les mouvements; chez le cheval notamment, la tête est portée haute, les yeux sont vifs, les oreilles mobiles et la démarche est plus facile, plus relevée, plus élé- gante. En même temps, les réflexes sont augmentés ; une excitation sensitive quelconque produit une réaction plus vive qu'à l'ordi- naire ; on note aussi une légère accélération de la respiration et du cœur. L'homme accuse souvent une respiration plus aisée. Tous ces effets doivent être attribués à une action légèrement excitante exercée sur les éléments des centres nerveux, cerveau, bulbe et moelle épinière, par les très faibles doses de cocaïne. A doses moyennes et fortes, l'excitation cérébro-spinale est plus intense ; il se produit alors de l'inquiétude, de la frayeur, des hallucinations, des impulsions motrices irrésistibles, et enfin des convulsions épileptiformes, puis des spasmes tétaniques. Des recherches physiologiques, il résulte que la cocaïne agit sur toutes les parties des centres nerveux, encéphale et moelle, mais que Voction cérébrale domine et qu'à ce titre elle mérite d'être classée parmi les poisons corticaux. Elle agit d'abord sur les fonctions psychiques en les exaltant d'abord, puis en les para- lysant si la dose est forte. 2° Action sur les muscles. — Chez l'homme et tous les animaux, la cocaïne favorise le travail musculaire. Ce fait est démontré par plusieurs auteurs, notamment par U. Mosso et Ferré. Or, dans les mouvements musculaires, deux sortes d'organes inter- viennent : les centres nerveux et les muscles. Nous savons déjà, par ce qui précède, que les centres encé- phalo-médullaires sont stimulés. Mais cette stimulation centrale n'exclut pas une action stimulante périphérique directe sur les muscles. Cette action excitante directe sur les muscles est démontrée par une expérience de U. Mosso sur la grenouille curarisée. Par le curare, on supprime l'intervention du système nerveux ; or, sur une grenouille curarisée, la cocaïne à faible dose produit nettement une amplitude plus grande des contrac- tions provoquées par des excitations portées directement sur le muscle. Donc l'amélioration du travail musculaire sous l'influence de la cocaïne chez l'animal normal doit être attribuée à la fois à une action centrale portant sur l'encéphale et la moelle et à une action périphérique portant sur les muscles. 612 COCAÏNE. 3° Action sur In température et In thermogenèse. — La cocaïne augmente toujours la température rectale. Chez le chien, le chat, la vache, le cheval, la température peut s'élever à 40, 41" et même plus. En même temps que l'animal s'échaufl'e, la produc- tion calorifique s'accroît (Gh. Richet). L'élévation de la température et Thyperproduction de chaleur sont attribuables en grande partie, mais non exclusivement, aux contractions musculaires, car elle se produit à un certain degré sous l'influence de la cocaïne, sur les animaux curarisés et dont les mouvements sont paralysés. Il est extrêmement probable que la cocaïne est détruite en grande partie dans le foie. ^° Action sur les sécrétions. — A forte dose, la cocaïne aug-mente la sécrétion salivaire et la sécrétion sudorale. Les animaux bavent et parfois se couvrent de sueur. La sudation est particulièrement marquée chez le cheval. Elle débute au point d'injection de la cocaïne, ce qui semble indiquer une action localisée, et ensuite elle apparaît sur tout le corps par suite de l'action générale. Cette g'énéralisation de la sudation est la conséquence de l'absoi'ption du poison et de son action excitante sur les centres sudoraux du bulbe et de la moelle épinière. La salivation semble due aussi à une action centrale plutôt qu'à une action périphérique. En ce qui concerne la sécrétion urinaire^ on n"a jusqu'à pré- sent que des faits contradictoires. D'après les expériences faites sur l'homme et le chien, la cocaïne à dose modérée ralentit la sécrétion urinaire et la supprime comi)lètement à dose massive. Chez le cheval cocaïne, il n'y a qu'exceptionnellement expulsion d'urine. 5" Éliminntion. — Dans l'org-anisme animal, la cocaïne est détruite. Cette destruction est complète chez les herbivores et leur urine n'en contient pas de trace ; elle est incomplète chez les carnassiers et on en retrouve environ 5 p. 100 de la quantité administrée. La décomposition de la cocaïne a lieu dans tous les tissus. Si, après avoir serré dans une ligature le membre d'un lapin, on injecte à son extrémité digitale une dose toxique de cocaïne, on ne voit se produire aucun phénomène d'empoison- nement si on n'enlève la ligature q'uaprès une heure et demie ; mais, si on l'enlève plus tôt, on observe une certaine action, mais COCAÏNE. 613 d'autant plus atténuée que Tenlèvement de la lig-ature est plus tardif. Donc, au contact des tissus, la cocaïne perd ses propriétés toxiques (Kohchardt). Le foie a un pouvoir antitoxique puissant vis-à-vis de la cocaïne. Cet alcaloïde est 2,5 fois moins toxique lorsqu'il est injecté dans la veine porte que lorsqu'il est introduit dans une veine de la circulation g-énérale (Gley, Eon du Val). Quelques auteurs admettent que la cocaïne se dédouble dans l'organisme en ecgonine, acide benzoïque et alcool ; mais le fait n'est pas bien établi. 6° Lésions produites par V intoxicatio7i cocaïnirjiœ. — Les animaux, quelle que soit l'espèce à laquelle ils appartiennent, montrent, après l'intoxication cocaïnique aiguë, les lésions macroscopiques de l'asphyxie. Le cœur gauche est presque vide de sang, tandis que le cœur droit est fortement distendu ainsi que toutes les veines. Il y a toujours une hyperémie veineuse des reins et surtout du foie, qui est souvent plus volumineux qu a l'état normal. Ordinairement les lésions macroscopiques n'ollrent donc rien de caractéristique. Cependant Ehrlich a vu, sur des souris soumises à l'intoxi- cation cocaïnique aiguë, des lésions du foie : hypertrophie, colo- ration pâle, anémique, avec des taches congestives et quelques foyers de nécrose, cellules hépatiques en dégénérescence vacuo- laire, cellules des voies biliaires et celles des vaisseaux sanguins, en dégénérescence g-raisseuse. Dans l'intoxication chronique, on observe sur le foie des lésions microscopiques à siège anatomique bien limité. Ces lésions por- tent exclusivement sur les cellules endothéliales vasculaires du foie qui sont en voie de dégénérescence graisseuse. Au niveau des autres organes, rein, pancréas, intestin, poumon, on n'observe aucune lésion. La cocaïne exerce donc une action élective sur les cellules endothéliales vasculaires du foie. D'après Daddi, il existe aussi des lésions microscopiques dans les centres nerveux dans l'empoisonnement chronique, mais non dans l'empoisonnement aigu par la cocaïne. Il signale la disparition de la partie chromatique du protoplasma des cellules nerveuses et une atrophie variqueuse précoce. Les lésions du cerveau sont les plus accusées ; elles sont moindres dans le cer- velet, la moelle épinière et les ganglions intervertébraux. Indications. — Les applications de la cocaïne en médecine 614 COCAÏNE. vétérinaire sont basées sur son action locale ou sur son action g-énérale. 1. Applications basées sur l'action locale. — Les efîets locaux développés par la cocaïne peuvent être utilisés en méde- cine, en chirurg-ie et dans le diag-nostic du sièg-e de certaines boiteries. 1° Applications médicales. — A titre d'analgésique et de vaso-constricteur local, la cocaïne convient dans les inflammations des muqueuses de la peau et des tissus superficiels. Les appli- cations locales de préparation de chlorhydrate de cocaïne ont donné des résultats favorables dans les ophtalmies aiguës, la photophobie, le blépharospasme (Brusasco), l'iritis (Schlampp), la kératite ulcéreuse et en général dans les alFections oculaires très douloureuses, dans le coryza, la pharyngite, la mammite, les g-erçures des trayons, les maladies de la peau, surtout l'eczéma aigu, les brûlures. Contre la mammite et la gerçure de trayons, on applique avec succès sur les parties malades le liniment suivant : on met 1 à 2 décigramtnes de chlorhydrate de cocaïne dans 30 centimètres cubes d'eau de chaux; on ag^te jusqu'à disso- lution, puis on fait le liniment avec 20 grammes d'huile d'olive. 2° Applications chirurfficales. — En chirurgie vétérinaire, l'anesthésie locale à la cocaïne peut parfois être avantageu- sement substituée à l'anesthésie générale par le chloroforme ou l'éther. Il y a lieu d'éviter autant que possible l'absorption complète de l'alcaloïde, dont l'action générale est convulsivante et non anesthésiante. A. Petites opérations diverses. — L'instillation de quelques gouttes d'une solution de chlorhydrate de cocaïne à 2 ou ;> p. 100 dans l'œil permet d'obtenir une anesthésie suffisante pour ^.r/r«/rc des corps étrangers implantés sur un point quelconque de la con- jonctive, du globe ou des paupières, pour cautériser des ulcéra- tions.1 pour gratter des lésions., pour tatouer la cotyiée et même T^oxxY pratiquer l'opération de la cataj'acfe. Pour les autres muqueuses, muqueuses buccale, nasale, uré- trale, vaginale, etc., l'anesthésie qu'on peut obtenir par des applications locales de solutions ou de pommades cocaïnées permet également de nombreuses interventions chirurg:icales superficielles •.cautérisations., enlèvement de petites végétations., de petites tumeurs, etc. La cocaïne a fait son enti-ée dans la ehiruriîic oculaire chez COCAÏNE. 615 rhomme en 1883, grâce à Karl Koller. Les vétérinaires Tont appliquée peu après et, aujourcriiui, elle est fréquemment utilisée. B. Opérations courantes. — Injections intradermiques^ sous- cutane'cs et interstitielles. — Dans les opérations à pratiquer sur la peau ou sur des tissus profonds, les simples applications de pommades et de solutions cocaïnées sont insuffisantes; elles ne produisent aucun effet anesthésique (P. Bert). Si l'on veut pro- duire rinsensibilité du tégument de manière à pouvoir pratiquer les opérations de la chirurgie courante, il faut employer non les simples applications externes, mais les injections dermiques, sous-cutanées ou interstitielles. Pour ces injections, il convient de prendre certaines précautions afin de restreindre autant que possible la pénétration de la cocaïne dans la circulation et sa dillusion dans l'organisme. L'intoxication cocaïnique peut être évitée en employant la cocaïne à dose faible, en solutions étendues, et en restreig-nant l'absorption par les injections traçantes et par l'application de la lig-ature élastique. En chirurg-ie humaine, on connaît trois procédés principaux : a. Procédé de Reclus. — Le procédé étudié et répandu en France par Reclus consiste à injecter la solution à 1 ou 2 p. 100 dans le derme et non dans le tissu oonjonctif sous-cutané; à faire cheminer Taig-uille de la seringue dans l'épaisseur du derme et parallèlement à sa surface, tout en poussant régulièrement le piston; à n'avancer que lentement la pointe de l'aiguille, de manière que la goutte de solution qui s'échappe de l'extrémité ait le temps d'imbiber les tissus et de les anesthésier. Une fois la traînée cocaïnée déposée dans le derme, il suffit d'attendre trois à quatre minutes, et l'on peut inciser avec le bistouri ou cautériser avec le cautère sans provoquer aucune douleur. b. Méthode de Schleich. — Dans les différents tissus qui doivent être incisés, on pratique des injections de solutions très diluées : de Os^SO à 1 gramme de chlorhydrate de cocaïne pour 1000 centimètres cubes d'une solution de chlorure de sodium à 0,2 p. 100. Grâce à l'état de forte dilution, on peut injecter de grandes quantités de liquide, et le champ opératoire peut être ainsi infiltré de solution cocaïnée., ce qui [)ermet d'obtenir une anesthésie très étendue et sans accident d'intoxication cocaïnique. c. En vétérinaire, les règles indiquées ci-dessus sont moins strictement appliquées qu'en chirurgie humaine. Les animaux étant moins sensibles que l'homme à l'action toxique de la 616 COCAÏNE. cocaïne, les vétérinaires peuvent se contenter le plus souvent des injections sous-cutanées ou interstitielles de solutions de chlor- hydrate de cocaïne de 2 à 4 p. 100, en évitant d'atteindre la dose toxique. On a employé avec succès ces injections dans Furétrotomie l'ablation de tumeurs (Labat), l'énucléation de l'œil, pour empêcher la douleur pendant la cautérisation au fer rouge des mollettes, des exostoses, des ellorls de tendons, etc., pour faciliter la castration (Boisse), l'ovario-hystérectomie chez la chienne. G. Injections de cocaïne sur le trajet des nerfs. Anesthesie régionale. — Lorsque la solution cocaïnée est injectée sur le trajet d'un tronc nerveux, on obtient une anesthesie qui se répand dans toute la rég-ion innervée par les terminaisons périphériques sensitives de ce tronc. Dans ce cas, Tanesthésie ne reste pas loca- lisée au point d'injection; elle devient rég-ionale. La cocaïne paralyse tous les tissus qu'elle touche. Quand elle est déposée sur un point du trajet d'un nerf, elle paralyse à ce niveau les fibres nerveuses au contact desquelles elle arrive. Cette paralysie est exactement localisée au point où la cocaïne est déposée sur le nerf; elle équivaut à une section temporaire de celui-ci. Le nerf, ayant perdu ainsi son excitabilité et sa conductibilité au point exact où il est imprég-né de cocaïne, se comporte temporairement comme s'il était coupé à ce niveau. En conséquence, s'il s'ag-it d'un nerf sensitif, les excitations doulou- reuses exercées sur les terminaisons périphériques du nerf envi- sag-é ne pourront pas être transmises aux centres nerveux, puis- que le nerf a perdu la conductibilité au niveau du point d'appli- cation de la cocaïne. En vétérinaire, cette méthode d'anesthésie régionale a été utilisée d'abord en Amérique, poui' faciliter l'action opératoire dans la névrotomie plantaire, le javart cartilagineux (Lean, James, Rayen, de Jong-, Thomassen, Deysine et Vidron) ; puis elle a été appliquée au diagnostic des boiteries. De tout temps, les vétérinaires se sont trouvés en présence de certaines boiteries dont le siège était difficile à déterminer par suite de l'absence de lésions visibles extérieurement sur les diverses régions des membres du cheval. Du manque d'un moyen permettant d'arriver à un diag-nostic précis résultait fréquemment une divergence d'opinions entre les pi-aliciens sur le sièg-e d'une même claudication. Aussi la question du diagnostic des boiteries COCAÏNE. fi 17 du cheval a-t-elle, depuis long-temps, fait l'objet des méditations des praticiens. Dès 1885, époque à laquelle les propriétés anesthésiantes locales de la cocaïne étaient connues, H. Bouley a conseillé les injections sous-cutanées de chlorhydrate de cocaïne dans la région du paturon pour éclairer le diagnostic de certaines claudica- tions. En 1890, plusieurs vétérinaires ont publié dans V American Veteri7iary Review des faits précis se rapportant au diagnostic du sièg'e des boiteries par l'injection d'une solution de chlorhy- drate de cocaïne le long- des nerfs plantaires (1). En Europe, les injections de cocaïne ont été employées ég-ale- ment dès 1890 comme moyen de diagnostic différentiel des boi- teries ; mais ces injections, au lieu d'avoir été faites sur le trajet des troncs nerveux, ont été faites dans le tissu conjonctif ou dans l'épaisseur des tissus de la rég-ion qu'on soupçonnait être le siège de la boiterie [Maris (1890), Fenwick, Hoffmann]. En 1891, j'ai recommandé les injections de cocaïne sur le trajet des iierfs dans le diag-nostic différentiel des boiteries dans la deuxième édition de cet ouvrage. En 1892, MM. Nunn et Blenkipoop; en 1897, Dassonville; en 1899, Deysine et Vidron ; en 1901, Udriski et depuis de nombreux auteurs ont publié des observa- tions cliniques relatives à cette précieuse méthode de diag-nostic des boiteries chez le cheval. Manuel opératoire . — Des recherches faites par les divers auteurs, il résulte que pour les injections diag-nostiques il faut : lo Faire usage d'une solution de chlorhydrate de cocaïne à 3 ou 4 p. 100, fraîchement préparée avec de l'eau stérilisée et chauffée à 40° C. environ ; 2° Injecter sur le trajet d"un nerf plantaire 5 centimètres cubes de la solution, ce qui représente une dose absolue de cocaïne de 15 à 20 centigrammes. Lorsqu'il s'ag-it d'anesthésier un tronc ner- veux plus volumineux, comme le nerf sciatique ou le nerf médian, on peut injecter 10 centimètres cubes de la solution ; 3° Pratiquer l'injection au point d'élection de la névrotomie, qu"il s'agisse des nerfs plantaires, du médian, du cubital ou du sciatique ; 4o Bien nettoyer préalablement la région ou même la désinfec- ter si cela paraît nécessaire. D'ordinaire, une g-rande propreté suffit pour éviter les accidents d'infection. (1) LiAUTAiiD, BuJl. de la Soc. cenlr. de méd. vrl.. 30 déc. 1907. p. '.i'J'J. 618 COCAÏNE. Effets consécutifs. — Lorsque la boiterie a son sièg'e dans la zone de distribution périphérique du nerf cocaïne, les effets se manifestent généralement entre cinq et quinze minutes. Si on fait alors trotter Tanimal, on constate la disparition de la boiterie. La durée de l'insensibilité varie de trente minutes à une heure et même deux heures. Lorsque l'injection a été faite sur le trajet des nerfs plantaires, on voit souvent se produire un engorgement du boulet qui disparaît au bout de trois à quatre jours sans laisser de trace. Cet engorgement n'oftre donc aucune gravité. Accidents consécutifs. — Les injections de cocaïne pratiquées dans un but diagnostique peuvent parfois devenir la cause d'acci- dents graves. La région insensibilisée temporairement, n'étant plus le point de départ des sensations douloureuses tactiles et thermiques, ne fournit plus à l'animal les renseignements dont il a besoin pour proportionner les efforts et les percussions au degré de résistance des tissus. Alors la sensibilité et la douleur ayant disparu, le membre malade se met à fonctionner comme s'il était sain ; les percussions du pied sur le sol sont même plus vio- lentes que normalement, parce que la cocaïne qui passe à l'absorp- tion agit comme excitant neuro-musculaire général et commu- nique plus d'ampleur, plus d'énergie aux mouvementslocomoteurs. Il n'est donc pas étonnant de voir se produire des déchirures, des ruptures tendineuses et des fractures des rayons osseux. Ces accidents se produisent d'ordinaire sur des tissus déjà plus ou moins altérés par l'inflammation et, par conséquent, moins résis- tants qu'à l'état normal; mais ils peuvent même s'observer en dehors de toute altération histologique appréciable par suite de l'exagération des percussions du pied malade sur un sol dur (Desoubry, Heimann, Eberlein, Becker, Coquot, etc.). II est sage, après le diagnostic du siège de la boiterie, de lais- ser l'animal en repos complet jusqu'à disparition absolue de l'anesthésie et retour de la sensibilité et, par conséquent, de la boiterie passagèrement disparue. Quelques vétérinaires ont observé des faits semblant indiquer que les injections de cocaïne et de chlorhydrate de morphine sur le trajet des nerfs peuvent exercer parfois une action curative sur la boiterie (Pécus, Spissu). On a ég-alement exprimé la crainte que la méthode des injec- tions de cocaïne soit utilisée par des marchands malhonnêtes ])Our tromper l'acheteur en cachant une boiterie. L'action de la COCAÏNE. 610 cocaïne étant de' courte durée, environ d'une demi-heure, ce moyen ne peut g-uère être utilisé couramment en foire; mais, dans une écurie de marchand, il pourrait parfois être employé avec succès. Le vétérinaire a]ipelé à examiner un cheval mis en vente devra donc toujours avoir à l'esprit la possibilité d'une manœuvre desti- née à cacher une boiterie et, par suite, faire l'examen avec un soin minutieux, et, s'il a le moindre doute, ne conseiller l'achat qu'après essai ou après plusieurs visites. D. Injection sous-arachnoïdienne de cocaïne. — En expérimen- tant sur le lapin et le chien, Bier, en 1898, a constaté qu'on peut produire une anesthésie complète de l'abdomen et des membres postérieurs en injectant une solution de cocaïne dans le canal rachidien au niveau de la région lombo-sacrée. Cette méthode a été utilisée par de nombreux chirurg-iens chez l'homme pour des opérations importantes. Elle a été appliquée ég-alement en chirur- gie vétérinaire Baldoni, Saccani, Guillé et Sendrail, Gajevvski, Polomski. Convenablement utilisée, cette méthode peut rendre quelques services pour certaines opérations portant sur le train postérieur et sur l'abdomen, telles que : laparotomies, kélotomies, castra- tions, ténotomies, réductions de fractures et de luxations, opéra- tions de pied, sur le rectum, les organes génilo-urinaires ou, l'ova- riotomie, les neurotomies, les cautérisations, etc. II. Applications basées sur l'action générale. — 1" Comme excitant dans les maladies adynamiques. — La cocaïne est un des meilleurs excitants connus. A dose modérée, elle produit une action excitante qui s'exerce sur tous les tissus de l'org-anisme, mais principalement sur le système nerveux central encéphalique et médullaire. A ce titre, elle peut recevoir des applications thérapeutiques toutes les fois que l'organisme se trouve dans un état de g-rande dépression, que le système nerveux est affaibli, que la sensibilité est diminuée, que la température est tombée au-dessous de la normale, qu'il y a un état g-rave avec adynamie et prostration des forces. Dans tous ces cas, la cocaïne, en exci- tant les centres nerveux, ranime l'activité des diverses fonctions et relève rapidement les forces. Dans la chorée du chien, la cocaïne peut rendre des services en supprimant au moins tem- porairement les secousses choréiformes, comme l'a observé Hobdav. 020 COCAÏiNE. 2" Comme oxciUnit dynamogénique dans les sports. — En dehors des applications thérapeutiques, la cocaïne peut aussi être utilisée comme puissant agent dynamogénUjite chez l'homme et les animaux à l'état normal. Elle jouit en eflet de la propriété <ï augmenter passagèrement la puissance musculaire. Les résultats obtenus par l'expérimentation sur l'homme et les animaux démontrent que la cocaïne à faible dose augmente dans une proportion importante la puissance musculaire ainsi que la résistance à la fatigue; qu'à dose forte elle diminue au contraire la contraction des muscles. Le cheval qui, pendant une épreuve sportive, se trouve sous l'influence excitante d'une dose convenable de cocaïne, 0,20 à 0,40, est mis en possession du maximum de sa puissance musculaire et est rendu capable de fournir une vitesse plus grande pendant les quelques minutes que dure l'épreuve. Toutes les préparations pharmaceutiques et drogues utilisées par les entraîneurs dans le but d'accroître passagèrement la puissance musculaire du cheval mis en course [doping) sont à base de cocaïne. Le but poursuivi ne peut être atteint que si l'excitation neuro-musculaire provo- quée par la cocaïne reste légère et coïncide exactement avec le temps de la course. Si la dose administrée est trop forte, si l'absorption est avancée ou retardée, et si l'excitation se produit trop tôt ou trop tard, la puissance musculaire, au lieu d'être augmentée, est diminuée. Suivant la manière dont elle est utilisée, la cocaïne peut donc f'aDoriser ou gêner les actions locomotrices. Il est à craindre que la propriété excitante de la cocaïne ne soit utilisée pour tromper sur la valeur réelle d'un cheval mis en vente. En eflet, elle exalte les diverses sensibilités et provoque sous les moindres excitations des réactions motrices plus faciles et plus amples. Le cheval cocaïne est plus excitable, il éprouve un besoin irrésistible de se mouvoir; il porte la tête haute, a les yeux brillants, les oreilles mobiles ; il a des attitudes plus belles, des mouvements locomoteurs plus relevés. Cet alcaloïde peut donc être employé par des marchands peu scrupuleux pour donner passagèrement à un cheval mou, ou usé, les apparences d'une bête pleine de force et de vigueur. Doses. — Doses mortelles. — Les doses de chlorhydrate de cocaïne nécessaires pour tuer, par injection hypodermique., nos princi|)aux animaux domestiques, ont été déterminées méthndi- GOGAINR, 02 1 quement par M. Fischer. Dans son excellent travail, cet auteur donne les chidres suivants indiquant en niiiligranimes la dose mortelle pour 1 kilogramme de poids corporel : Grenouille 4:20 iiiilligraiiiiiies. Pifj:eon (iO — Poiilo 120 — Cobaye 4."» — Lapin IGii — Chat 30 — Chi.'n 35 — Ghè\re la — Vaehe 18 — Cheval 18,5 — Les doses mortelles pour un animal de taille moyenne sont : Le clioval do 500 kilograninies !)&'',2d La vache de 500 kilogrammes 9 grammes. La chèvre de 20 kilogrammes., 0g''.30 Le chien de 12 kilogrammes 0e'",42 Le chat de 3 kilogranmies Osi'.OS Le lapin de 2Kp,5 0s'-,41 Le cobaye de Q^s,Q 0s^027 Ces chiffres expriment les doses qui, d'ordinaire, tuent les ani- maux par la voie sous-cutanée. Mais il ne faudrait pas les consi- dérer comme absolus. Tous les individus de la même espèce ne sont pas également sensibles à Taction de la cocaïne. Certains sujets succomberaient avec des doses plus faibles, d'autres résisteraient à des doses un peu plus fortes. Mais, dans la pratique, on ne doit administrer que des doses bien inférieures. Lorsque le chlorhydrate de cocaïne est administré à l'intérieur par la voie buccale, les doses mortelles sont plus élevées. Ainsi j'ai fait prendre à un cheval à jeun, de 500 kilog-rammes, une dose de 10 g-rammes dans un demi-seau d'eau; il a montré une très grande surexcitation avec sudation abondante, mais, après cinq heures, tous les troubles avaient disparu. Un autre cheval en pleine digestion a reçu, immédiatement après son repas, 15 grammes de chlorhydrate de cocaïne dans un seau d'eau ; il n'a montré qu'une lég^ère excitation. Jusqu'à présent la dose mor- telle après ingestion n'a pas été déterminée d'une façon précise; elle doit varier suivant que le cheval est à jeun ou en digestion. Doses f/iérapcutif/i/es. — Des effets assez intenses, mais passa- gers, se produisent d'ordinaire après l'injection hypodermique, 622 EUCÂÏNES. avec les doses de 1 à 2 grammes chez le cheval et les bêtes bovines de taille moyenne, de 0g'',20 chez la chèvre, de Og'',10chez le chien, de Og'',02 à 0g'',04 chez le chat, de 0g%08 à Og%10 chez le lapin. Ordinairement ces doses peuvent être réduites de moitié; les efîets sont encore très suffisants. Intoxication chronique. — Hijpei^esthésie médicamenteuse. — Par l'usag-e journalier de cocaïne, la sensibilité de l'animal vis-à-vis de cette substance aug-mente. Il en résulte qu'il n'est pas possible d'observer l'accoutumance. Ce fait a été nettement constaté chez le chien par Aducco, par Gioflredi. Tandis que chez un chien normal il est nécessaire, pour faire apparaître des convulsions, d'injecter sous la peau 2 centig-rammes par kilog;-ramme d'animal; on obtient ces mêmes convulsions avec des doses beaucoup plus faibles chez des chiens qui ont reçu depuis un certain temps jour- nellement de la cocaïne. L'accoutumance ne se produit pas par l'usag'e ; on observe au contraire une exag-ération croissante des effets. Il se produit par l'usag-e un véritable empoisonnement chronique caractérisé par de l'inappétence, de l'amaigrissement, de la dépression g-énérale des forces, par des convulsions toutes les fois qu'on administre une nouvelle dose, même faible. On voit aussi apparaître des lésions cutanées à forme papuleuse et ulcé- reuse . Eucaïnes. Ci9H27AzOi. HGl. H20. Ce sont des bases préparées par synthèse qui, en se combinant aux acides, donnent des sels cristallisés solubles dans l'eau. On distingue l'eucaïne A et l'eucaïne B. Cette dernière seule est utilisée sous forme de chlorhydrate ou mieux d'acétate. L'eu- caïne A est fort toxique et non employée. Le chlorhydrate d'eucaïne B est cristallisé, soluble dans l'eau, l'alcool, l'élhcr, le chloroforme, la benzine, inaltérable par l'air et par l'ébullilion. C'est un analgésique de la môme puissance que le chlorhydrate de cocaïne, mais cinq fois moins toxique. On utilise l'acétate d'eucaïne en solution aqueuse à 2 p. 100. IV à V g'outtes de cette solution suffisent pour obtenir l'anesthésie du globe oculaire. On peut stériliser les solutions d'acétate d'eucaïne B sans avoir à craindre l'amoindrissement de son activité médica- menteuse. Elle offre l'inconvénient de dilater les vaisseaux et de HOLOGAÏNE. 623 faciliter les hémorrag-ies sur les plaies. En associant la cocaïne et J'eucaïne, on évite la vaso-dilalation et on assure l'analg'ésie. Les solutions peuvent être stérilisées à rautoclave sans subir aucune altération. On les conserve en tubes scellés. Elle remplit toutes les indications analg-ésiques etanesthésiques locales de la cocaïne. Mode d'emploi. Chlorliydrate d'eucaïno 1 gramme. Eau distillée bouillie îiO grammes. Chlorhydrate de cocaïne ) ^. ,, > 20 centigrammes. — d eucaine ) " Eau distillée bouillie 20 grammes. Sol>ilio)i Legrand. Gélatine 2 grammes . Chlorure de sodium 70 centigraniines. Phénol neigeux 10 — Chlorhydrate d'eucaïne 70 — — de cocaïne 30 — Eau distillée Q. s. pour 100 c. c. Onguent pour l'aneslkésie des muqueuses et des plaies. Chlorhydrate d'eucaïne d gramme. Huile d'olive 2 grammes. Lanoline 9 — Holocaïne. C'8H22Az202. L'holocaïne résulte de l'action de la phénacétine sur la para- phénétidine. Cette base se présente en gTOs cristaux transparents, fusibles à — HT», insolubles dans l'eau. Le chlorhydrate se dis- sout dans l'eau dans la proportion de 2,5 p. 100. Les solutions s'altèrent facilement. L'holocaïne est plus toxique que la cocaïne et l'eucaïne. Elle a des propriétés analgésiantes très prononcées. Pour les opérations chirurg-icales, les injections d'holocaïne n'ont aucun avantag-e sur celle de cocaïne ou d'eucaïne. Mais il en est autrement quand il s'agit de l'œil. On a trouvé à l'holocaïne un pouvoir analg-ésique supérieur à celui de la cocaïne pour l'œil enflammé. Elle anes- thésie parfaitement .la conjonctive, mais ne produit pas de dila- tation de la pupille, pas de paralysie de l'accommodation. En 624 STOVAÏNE. médecine humaine, certains opiitalmolog'istes regardent Tholo- caïne comme médicament de choix pour l'extraction des corps étrangers de la conjonctive et de la cornée. Elle est particulière- ment utile lorsque la conjonctive est enflammée. On l'associe généralement à la cocaïne. Formule ih' aoliilion. Chlorhydrate d'holocaïnc 5 fcntif^rninmes. — (lo coraïni' 10 — Eau distilli'i' 10 ^'laiiiiiios. Instiller II à V aoiiltcs dans l'œil. Orthoforme. C'est un éther méthylique de l'acide paraamidométaoxyben- zoïque. Il constitue une poudre blanche légère, cristalline, lim- pide, inodore, soluble dans la glycérine, très peu dans l'eau, assez faiblement soluble dans les acides. Le chlorhydrate d'orlhoforme cristallise bien, est acide et très soluble dans l'eau, mais ses solutions sont fortemenl irritantes. Effets et usages. — L'orthoforme a été préconisé comme anes- thésiquc locale énergique dénué de tout pouvoir toxique. Le chien de taille moyenne peut en supporter 6 grammes par la voie stomacale et 3 grammes par voie hypodermique. Localement il anesthésie bien les surfaces, mais est légèrement irritant sur les tissus délicats ; aussi ne peut-il être utilisé en chirurgie oculaire. L'orthoforme donne de très bons résultats sur les crevasses, les ulcères, les brûlures. C'est un bon topique des plaies, quelles qu'elles soient : il est difficilement résorbé et à peu près dépourvu de toxicité. Il n'est pas employé à l'intérieur. A l'extérieur et sur les muqueuses accessibles, l'orthoforme est appliqué en poudre. Stovaïne. On désigne sous le nom de stovaïne le chlorhydrate du diméthyl- aminobenzoïlpentanol découvert par Fourneau en 1004. Elle cristallise en petites lamelles brillantes, très solubles dans l'eau et dans l'alcool. Ses solutions aqueuses peuvent être stérilisées sans inconvénient dans l'autoclave à 115°. STOVAÏNE. 625 Effets. — Localement elle provoque Vnnesthésie et Y analgésie comme la cocaïne, mais à un deg'ré un peu moindre. Elle ne produit pas de vaso-constriction locale et est un peu irritante. Appliquée sur un nerf,elle produit sa section physiolog'ique comme la cocaïne. Elle présente sur cette dernière Tavantag-e d'être de quatre à cinq fois moins toxique. Après son absorption, elle ag-it comme tonique du cœur et fait sentir son action sur le système nerveux : les hémisphères cérébraux, le cervelet, la moelle et le bulbe. A dose toxique, elle produit des convulsions qui s'accompag-nent des troubles des sens, d'hallucinations, d'incoordination motrice et d'anal- gésie généralisée. Elle est sans action sur les vaisseaux (Pou- chet et Chevalier). Emploi et administration. — La stovaïne est employée comme anesthésique local. A ce titre, elle remplit toutes les indications du chlorhydrate de cocaïne et offre l'avantage d'être beaucoup moins toxique. Reclus dit que c'est un admirable anesthésique local qui lui a permis de pratiquer sur l'homme plus de 2000 opé- rations avec une sécurité parfaite. En vétérinaire, elle a été em- ployée avantageusement et recommandée par Udriski. Elle est de plus en plus substituée à la cocaïne. Pour les injections sous-cutanées, sur le trajet des nerfs ou dans le canal rachidien, on emploie des solutions de 1 à 2 p. 100. On emploie avantageusement un mélang-e de chlorhydrate de cocaïne et de stovaïne. En injection, on peut donner une dose de 0^'",20 à 0s%50 et même i gramme et plus chez le cheval. La dose toxique de stovaïne en injection hypodermique est de •0^'',15 par kilogramme de poids vif chez le chien. Préparations. Badlgeonnages. Stovaïne 5 à 10 graïuines. Chlorure de sodium 5 à 10 — Eau distillée q. s. pour 100 cent, cubes. Pour anesthésier une muqueuse. Collutoires. Stovaïne Os^20 Glycérine 20 grammes . Kaufmann. 40 626 NOVOCAÏNE. Pommade . Stovaïne Oer,20 Baume du Pérou 1 granune. Lanoline 20 grammes . Contre la g'erçure du mamelon. Solulioîis. 1° Stovaïne 1 gramme . Eau distillée q. s. pour 100 cent, cubes. Pour toutes les opérations. 90 Stovaïne 08^,50 Chlorhydrate de cocaïne Ob'",oO Sérum physiologique q. s. pour 100 cent, cubes. En ophtalmologie, en chirurg-ie générale et pour le diagnostic des boiteries, Stovaïne Oe-'.IO Chlorhydrate de cocaïne Oe^lO Adrénaline solution à 1 p. 1 000 II gouttes. Sérum physiologique 10 cent, cubes. Dose pour anesthésierun nerf dans le diag-nostic des boiteries. Dose toxique. — Chat et chien, environ 18 centig-rammes par kilogramme en injection sous-cutanée ou sous-péritonéale (Calcineacu). Novocaïne. La novocaïne a été découverte par Uhfelder et Einhorn. C'est le chlorhydride de paraminobenzoyléthylaminoéthanol. Elle est cristallisée en aig'uille blanche très soluble dans l'eau, et ses solu- tions, qui sont neutres, peuvent être stérilisées par l'ébullition sans subir aucune décomposition. Effets et emploi. — Localement, elle est anesthésique sans jamais produire d'irritation des tissus. L'action anesthésique et analgésique est au moins ég'ale à celle de la stovaïne, et sa toxicité est deux fois moindre que celle de cette dernière et plus de six fois moindre que celle de la cocaïne. Grâce à la faible toxicité jointe à l'action anesthésique puissante,. ANESTHESINE. 627 la novocaïne peut être avantag-eusement substituée à la cocaïne, à la stovaïne et à la coca-stovaïne. Reclus a pu pratiquer des amputations des membres sans dou- leur en anesthésiant les tissus à l'aide d'injections locales de novocaïne . Elle peut rendre de grands services en vétérinaire soit pour anesthésier les surfaces douloureuses, soit en injection pour pra- tiquer diverses opérations et pour diagnostiquer le siège des boiteries. On emploie des solutions à 0,5 à 2 p. 100 avec II à V gouttes d'une solution d'adrénaline à 1 p. 1000. Pour anesthésier un tronc nerveux, il suffit de 10 centimètres cubes de la solution de novocaïne à 0,5 p. 100 etde V g-outles de la solution d'adrénaline. La dose toxique de novocaïne en injection sous-cutanée est de 0gr,25 par kilog-ramme de poids vif chez le chien. Alypine. C'est le chlorhydrate de benzol-tétraméthyldiamino-éthyldimé- thylcarbinol. Elle est cristallisée et très soluble dans l'eau. Les solutions aqueuses peuvent être stérilisées par l'ébullition sans altération et sans diminution de l'action anesthésique. Les solu- tions à 2 et 4 p. 100 se conservent assez longtemps; mais celles, qui sont plus étendues moisissent assez vite. L'alypine est un bon anesthésique local, mais il est plus toxique,, plus irritant que la stovaïne et ne possède aucune propriété par- ticulière permettant de la préférer à cette dernière substance ou à la novocaïne. Anesthésine. C'est l'éther éthylique de l'acide p.- amidobenzoïque. Elle se yjrésente sous forme d'une poudre blanche, insipide et inodore, difficilement soluble dans l'eau froide, un peu mieux soluble dans l'eau chaude, très facilement soluble dans l'alcool^ l'éther, le chloroforme, l'acétone, les graisses et les huiles ; elle se laisse incorporer dans toutes sortes de pommades. Usages. — En thérapeutique humaine, on a souvent avantag'eu- sement utiUsé l'anesthésine à la place de la cocaïne pour les usag-es externes. Goldbeck {Deufsch. th. Wosch., 1908) en a 628 GIGUE OFFICINALE. obtenu d'excellents résultats dans l'otite externe très douloureuse du chien et les plaies chez le cheval. L'oreille étant bien nettoyée, il afait couler chaque jour dans le conduit auditif quelques gouttes d'une solution composée de : anesthésine, 3,0 ; alcool rectifié et eau distillée, âliôO. Pour les plaies, il a fait usag-e d'une poudre composée d"anesthésine, d'acide salicylique et de talc, ou de pommade à base d'anesthésine et d'acide salicylique. Ciguë officinale. La g-rande cig"uë ( Coniuni ?naculatum) est la seule officinale. Elle exhale une odeur spéciale très désagréable, comparable à celle de l'urine de chat, a une saveur amère, acre et nauséeuse. En médecine, on n'utilise que les fruits, dont on fait un extrait, l'extrait de ciguë . La cig-uë renferme dans ses feuilles et surtout ses fruits une essence, de l'amidon, des sels alcalins et plusieurs alcaloïdes : la conicine, la méthyl et l'éthylconicine et la conhydrine. Conicine (C^H^'^Az?). — Cet alcaloïde, encore appelé cicutine, conine, se présente sous la forme d'un liquide incolore, huileux, d'une odeur désagréable de souris, d'une saveur acre, d'une den- sité de 0,885, peu soluble dans l'eau (1 p. 90), très soluble dans l'alcool et l'éther, le chloroforme, la benzine, le pétrole. La cicu- tine a été découverte en 1827 par Gieseke, qui l'a retirée de la grande ciguë. Hugo Schiiri'a préparée depuis par synthèse. Elle bout à 156° et distille à 212°. Au contact de l'air, elle se résinifie et s'altère en se transformant en ammoniaque. Elle se combine avec les acides pour former des sels assez fixes, mais difficilement cristallisables. Le bromhydrate est le plus employé; il est stable, bien cristal- lisé et non déliquescent, soluble dans 2 parties d'eau et d'alcool et contient 61 p. 100 de conicine. La méthylconicine et Véthylconicine sont douées de propriétés convulsivantes, au lieu de posséder comme la conicine des pro- priétés paralysantes La conhydrine (G*H'''AzO) est un alcaloïde cristallisable bien moins toxique que les précédents. Effets physiologiques. — Les préparations de ciguë ou de bromhydrate de conicine appliquées sur les tissus dénudés et les muqueuses ne sont pas irritantes ; elles diminuent au contraire CIGUË OFFICINALE. 629 la sensibilité Qi calment la douleur. Elles ont une action locale anesthésiante et analg-ésiante très nette. Administrées à Vintérieur, ces préparations provoquent à dose un peu forte le vomissement chez les carnivores et les omnivores, du ptyalisme, de la météorisation et des coliques chez les herbivores. La conicine absorbée agit très énergiquement chez Thomme et les carnivores ; elle agit plus modérément chez les herbivores. Il parait que les chèvres peuvent consommer de grandes quantités de feuilles de ciguë fraîche sans éprouver aucun accident. A faible dose, laplante administrée pendant longtempsdiminue l'appétit, amène l'atrophie du testicule et des mamelles, ralentit la nutrition, augmente le mouvement de désassimilalion et de résorption, rend les animaux anémiques et cachectiques, puis produit le marasme, la paralysie et la mort. Si on arrête à temps l'administration, l'organisme revient insensiblement à son état normal. Quand les animaux reçoivent d'emblée une forte dose de ciguë, on voit apparaître les phénomènes suivants : salivation, nausées, vomissements, ballonnement du ventre, agitation anxieuse, accé- lération du pouls, accélération et difficulté de la respiration, mydriase, exophtalmie, grincements de dents, bâillements fré- quents, puis mouvements spasmodiques des mâchoires, trem- blements et convulsions successivement dans les muscles des membres postérieurs, puis des membres antérieurs, du cou et de la colonne vertébrale ; difficulté extrême de la locomotion, chute sur le sol, paralysie et flaccidité des membres postérieurs d'abord, puis des antérieurs ; diminution de la sensibiUté, difficulté de plus en plus grande delà respiration, qui devient labiale chez le chien ; petitesse extrême du pouls, qui bat très vite; abaissement de la température rectale ; puis arrêt de la respiration et du cœur, relâ- chement des sphincters et mort. D'après ce tableau symptomatologique de l'empoisonnement par la ciguë, on voit que la cicutine agit sur les mouvements volontaires, la respiration, le pouls et la sensibilité générale. La diminution de la sensibilité ne survient qu'à un degré déjà avancé de l'empoisonnement ; les troubles locomoteurs se montrent au contraire dès le début. La gêne des mouvements produite par la cicutine doit être attribuée à l'action paralysante exercée par cet alcaloïde sur les 630 CIGUË OFFICINALE. extrémités terminales des nerfs moteurs. En effet, l'excitation électrique appliquée sur ces nerfs ne produit aucune contraction ■dans les muscles, tandis que ceux-ci se contractent encore éner- g-iquement par l'excitation directe de leur substance. La cicutine est ■donc un poison des nerfs moteurs, comme le curare. La difficulté de la respiration est due simplement à la paralysie progressive •des nerfs moteurs des muscles respirateurs. L'accélération du cœur est due à la paralysie intracardiaque des fibres modératrices du pneumogastrique. La conicine se détruit partiellement dans Torg-anisme et s'élimine assez rapidement par la sueur, la salive, les larmes et surtout en forte proportion par les urines. Lésions. — A l'autopsie des animaux morts empoisonnés par la ciguë, on trouve souvent une irritation et une congestion très vive du tube digestif et du foie ; quelquefois des ecchymoses dans le poumon, sous la plèvre ; le cœur est toujours rempli d'un sang- noir; les centres nerveux sont congestionnés. Antidotes. — Les meilleurs antidotes sont les vomitifs et les solutions tannantes administrés immédiatement. Quand l'absorp- tion du principe actif est complète, rien ne peut enrayer la marche de l'empoisonnement. Indications thérapeutiques. — La ciguë, à cause de sa toxicité et de l'inconstance dans l'intensité de son action suivant son état de conservation, n'est plus guère employée à l'intérieur. On l'utilise encore pour l'usage externe : 1° comme calmant.^ anal- gésique local, dans certaines inflammations douloureuses super- ficielles et dans les dartres et autres maladies cutanées pruri- gineuses ; 2° comme fondant, pour faire résoudre certains engorgements squirrheux des testicules et des mamelles. Doses. Doses toxiques (tube digestif). Ciguë fraîche. Ciguë sèche. Extrait. Cheval Environ 2 kil. 200 gr. » Bœuf Id. 250 » Mouton, eliùvre Dose inconnue. Chien .. 10 08^,50 à 08f,60 En injections intraveineuses, il suffit d'une infusion de 2 grammes de ciguë sèche, de 4 grammes d'extrait, pour produire des effets très prononcés chez le cheval. La conicine est toxique pour le chien à la dose de 0s'",05 par kilogramme d'animal en injections sous-cutanées. HYPNOTIQUES. 631 l" Teinture de ciguë. Feuilles sèches de ciguë 1 gramme. Alcool ordinaire 5 grammes. Épuisez. 2° Huile de ciguë. Feuilles sèches ou poudre de ciguë. . 1 gramme. HuiUe grasse 2 grammes. Faites macérer. 3» Pommade de ciguë. Extrait de ciguë 1 gramme. Axonge * grammes. Incorporez à froid. 4° Emplâtre de ciguë (Codex). Extrait de ciguë 25 grammes. Elémi purifié 2o Emplâtre diachylon gommé 30 — Faites fondre la résine et l'emplâtre à une douce chaleur ; incorporez l'extrait de ciguë. 50 Cérat de ciguë. Extrait de ciguë 1 gramme. Gérât simple 6° Solution aqueuse de bromlvjdrate de coniciw. Bromhydrate de conicine 2à4 grammes. Eau distillée 100 — Hypnotiques. Les hypnotiques ou somnifères provoquent le sommeil. Ils agissent surtout sur les hémisphères cérébraux, dont ils dimi- nuent l'activité fonctionnelle. Pendant le sommeil hypnotique, la plupart des réflexes sont conservés ; ils sont même parfois exag-érés. C'est en cela qu'ils diffèrent des anesthésiques g-éné- raux. Les principaux médicaments hypnotiques pouvant rendre des services en médecine vétérinaire sont : l'opium et ses alca- loïdes narcotiques, le chloralose, l'uréthane, le sulfonal, la paral- déhyde, Thynal, l'hypnone, le bromal hydraté, le chloral, le chloralamide. 632 OPIUM ET SES ALCALOÏDES. Opium et ses alcaloïdes. L'opium est le latex desséché qui sécoule des incisions pra- tiquées à la surface des tètes du pavot somnifère [Papaver soni- niferum). Il est préparé surtout dans les pays orientaux et fait Fobjet d'un commerce important avec les contrées occidentales. h'opium de Smyrne constitue l'opium officinal. Il se présente en masses plus ou moins dures dont l'intérieur est d'une teinte qui varie du marron clair au brun rougeâtre. Il présente une odeur forte et vireuse, une saveur amère, acre, nauséeuse. L'opium renferme un grand nombre d'alcaloïdes, dont les principaux sont les suivants : la morphine, la codéine, la thé- baïne, la papavérine, la narcotine et la narcéine; de Vacide méco- nique OW'0'% de la méconine G*"H'"0'S de l'acide lactique, des huiles volatiles, des matières extractives, du caoutchouc, de la g-omme, des sulfates de chaux et de potasse. L'opium doit son activité aux alcaloïdes que nous venons d'énu- mérer, surtout à la morphine, qui constitue l'alcaloïde principal. Les bons opiums contiennent en moyenne, pour 100 parties environ la proportion d'alcaloïdes suivante : Morphine 10 p. 100 Narcotine 6 — Papavérine 1 — Codéine 0,3 — Théhaïne 0,15 — j Narcéine. 0,02 — L'opium officinal desséché à -f- 60" doit renfermer au minimum 10 p. 100 de morphine. Il doit en outre fournir 42 p. 100 d'extrait aqueux; celui-ci doit renfermer la totalité de la morphine, c'est-à-dire 20 p. 100 au minimum (Codex). Au point de vue de la nature des effets physiologiques qu'ils déterminent, les alcaloïdes de l'opium se divisent en deux g-roupes : 1° les alcaloïdes calmants et soporifiques, qui sont la morphine, la codéine et la narcéine; 2° les alcaloïdes toxiques et convulsivants, qui sfcnt la thébaïne, la papavérine et la narcotine. L'opium manifestant surtout les effets de la morphine, on fera connaître les indications, les préparations et les doses à propos de cet alcaloïde. MORPHINE ET SES SELS. G33 Morphine et ses sels. G''Hi3Az03. La morphine est ralcaloïde le plus important de l'opium ; elle a été découverte en iSlG par Serturner (de Hanovre). C'est une substance blanche, inodore, amère, crislalhsant en prismes rhomboïdaux. Elle est presque insoluble dans l'eau froide, so- luble dans 500 parties d'eau bouillante, dans 205 parties d'alcool froid à 90" ; très soluble dans les dissolutions alcalines et les acides étendus, elle est insoluble dans l'éther, le chloroforme, la benzine et légèrement soluble dans les huiles. Combinée avec les acides, la morphine donne des sels dont le plus employé est le chlorhydrate de morphine. Ce sel est cris- tallisé en longues aiguilles incolores ; il est inodore, soluble dans 24 parties d'eau à+ 15°, dans 50 parties d'alcool à yO» et dans la glycérine. Les sels de morphine produisent les mêmes effets physio- logiques et thérapeutiques que la morphine ; ils possèdent en outre l'avantage d'être très solubles dans l'eau et dans l'alcool ; c'est pourquoi on doit toujours leur donner la préférence. En vieillis- sant, les solutions aqueuses s'altèrent par la formation d'oxymor- phine inactive. Effets physiologiques. — Sur \q. peau intacte, l'opium, la mor- phine et ses sels ne déterminent aucun effet appréciable. Ce n'est que quand l'application est de longue durée et consiste en fric- tions que les préparations morphinées engourdissent légèrement la sensibilité locale. Sur le derme dénudé, sur la surface des plaies, les sels produisent une douleur très vive, mais cette hyper- esthésie disparaît rapidement et fait bientôt place à une anes- thésie locale plus ou moins complète. Dans le tube digestif, les préparations morphiniques excitent d'abord localement les sécrétions. On voit d'abord de la saliva- tion ; mais bientôt survient un eflet inverse, c'est-à-dire la séche- resse de la bouche, une difficulté de la déglutition et un happe- ment de la langue au palais. Dans l'estomac, les mêmes elfets se produisent : après une légère excitation locale survient un arrêt des sécrétions et des contractions gastro-intestinales. Le chlorhydrate de morphine, injecté sous forme de solution dans le tissu conjonctif sous-cutané, produit d'abord un peu de 634 MORPHINE ET SES SELS. douleur, qui disparaît bientôt et est remplacée par une diminution de la sensibilité dans la rég-ion avoisinantle point d'injection. Si l'injection est faite sur le trajet d'un nerf sensitif, on constate que toutes les parties périphériques dans lesquelles se distribuent les branches de ce nerf sont beaucoup moins sensibles ; il y a pro- duction d'une anesthésie locale, ou plutôt d'une sorte d'eng-our- dissement dans la zone de distribution du nerf. Après Vabsoj'ption de la morphine ou de ses sels, on voit que i'action principale n'est pas la même dans toutes les espèces animales. Chez le chien, le lapin, le cobaye, la morphine est nettement hypnotique et soporifique. Chez le cheval, l'âne, le bœuf, le chat, le mouton, le porc et la chèvre, la morphine agit comme excitant ■et non comme hypnotique. Les effets pharmaco-dynamiques de cet alcaloïde ont fait l'objet de nombreux travaux, parmi lesquels je dois citer tout particuliè- rement ceux de L. Guinard [Thèse de Lyon^ 1898). Les elTets généraux apparents provoqués par la morphine chez diU'érentes espèces peuvent se résumer comme suit: Chien. — Avec une dose moyenne d'environ Os^^OS en injection, le chien présente d'abord un peu d'agitation, de la salivation, parfois des nausées, des défécations, de l'inquiétude; ensuite son train postérieur s'affaiblit ; puis il ne tarde pas à se coucher et à s'endormir. Pendant ce sommeil, les fonctions des centres nerveux sont simplement engourdies^ car l'animal endormi entend et sent parfaitement. Si l'on fait du bruit autour de lui, si on le pince, il se réveille brusquement, jette autour de lui un regard hébété, puis se rendort. Parfois, après une excitation un peu forte, il se relève brusquement, fuit comme un automate inconscient dans une direction quelconque, puis se couche et se rendort de nou- veau. Pendant le sommeil, les sécrétions digestives sont souvent sus- pendues, ainsi que le péristaltisme intestinal ; l'animal a des rêves, des hallucinations qu'il manifeste par des cris, des aboie- ments. Le sommeil dure cinq à six heures au plus. Au réveil, l'animal reste hébété et conserve encore pendant une journée environ une faiblesse de train postérieur, ce qui rend sa démarche hyénoïdo. A doses très fortes, la morphine produit une narcose profonde, puis des convulsions précédant la mort. MORPHINE ET SES SELS. 635 Cheval et ane. — (Juand on injecte sous la peau d'un cheval de taille moyenne environ 40 centig-rammes de chlorhydrate de morphine, on voit apparaître une forte excitation nerveuse. Le cheval ne peut rester immobile ; il se déplace continuellement et manifeste le besoin de marcher, jusqu'à l'épuisement de l'action I médicamenteuse. A ce moment, il est un peu abattu et déprimé, (T mais nullement en narcose. A dose plus forte, la morphine produit une excitation encore plus violente ; l'animal pousse fortement au mur quand il est attaché ; abandonné en liberté, il marche ou trotte avec raideur /i|^^i_,_ droit devant lui jusqu'à ce qu'il rencontre un obstacle qui l'arrête; ' V' il continue à s'ag'iter ainsi sans trouver un moment de repos. L'excitation s'accompag-ne de salivation, de sudation et de raideur des mouvements locomoteurs. On voit aussi que le cheval, quoique excité vivement, est moins sensible aux diverses excitations ; on peut le pincer, le piquer, sans qu'il paraisse s'en apercevoir. Mais à aucun moment on ne voit se produii-e de l'hypnose. On a signalé des nausées et des elforts de vomissements sur les chevaux ayant mangé depuis peu. Bovins. — Après l'injection sous-cutanée de 25 à 50 centi- grammes de chlorhydrate de morphine sur un animal détaille moyenne, on note successivement des mâchonnements, de la sali- vation, puis des phénomènes d'excitation générale. L'animal marche et piétine sans cesse, il beugle, ses mouvements pré- /^^^J^^jJ^ti. sentent une certaine raideur, et il a parfois des tremblements musculaires et des ballonnements du ventre. A aucun moment de l'action de la morphine, il n"y a de ten- dance au sommeil; on constate simplement que le sujet est abruti et paraît indifférent à tout ce qui se passe autour de lui. A mesure que l'action s'épuise, il y a peu à peu retour à l'état normal. Avec des doses plus fortes, la surexcitation devient extrême et dure plus longtemps. Le lendemain encore le sujet est triste, abattu et faible. Chat. — Chez cet animal on ne constate pas de narcose ; il y a toujours surexcitation g'énérale plus ou moins accusée, quelles que soient les doses administrées. Les phénomènes consistent dans de l'inquiétude, des déplacements continuels, des hallucina- tions, des grondements, de la frayeur, une sorte d'ivresse avec engourdissement de l'intelligence. A dose forte, ces phénomènes 636 MORPHINE ET SES SELS. sont exagérés, des convulsions se produisent, puis succèdent la faiblesse, la paralysie et la mort. Porc. — Cet animal est peu sensible à la morphine. Les fortes doses déterminent chez lui des manifestations excitantes sans narcose. Chèvre. — La chèvre est très résistante à la morphine. Même avec des doses fortes, 5 à 10 centigTammes par kilogramme d'ani- mal, rintelligence reste intacte, mais il y a de rinquiétude, du mâchonnement, des bêlements plaintifs. |? ,^ Jr Quand la dose n'est pas mortelle, l'animal se rétablit assez vite. A dose mortelle, les tremblements musculaires généralisés s'ajoutent aux phénomènes précédents, puis apparaissent des convulsions, qui ensuite s'affaiblissent avant la mort. Mouton. — Le mouton est moins résistant que la chèvre ; mais les symptômes sont sensiblement les mêmes. Examinons de plus près la principale modification imprimée par la morphine aux g-randes fonctions: Fonctions nerveuses. — La morphine agit d'abord sur les centres nerveux. Comme on vient de le voir, cette action se traduit chez certaines espèces par une période d'excitation suivie d'une période de sommeil; chez d'autres, par une période de surexci- tation seulement. Chez toutes les espèces, les doses toxiques- provoquent en plus une période de convulsions précédant la mort. Les effets somnifères et d'excitation simple ont une origine cérébrale et résultent de l'action exercée par la morphine sur les éléments nerveux des hémisphères cérébraux. Quant aux effets convulsifs, l'analyse ijhysiolog-ique démontre qu'ils sont d'orig-ine bulbo-médullaire. D'après L. Guinard, on peut résumer les affinités électives de la moi-phine sur les différentes parties du système nerveux central comme suit : La morphine porte d'abord son action sur la substance g-rise des hémisphères cérébraux. Là elle détermine, au début, des effets d'excitation qui disparaissent bientôt et sont suivis de la période de dépression et de sommeil dans les espèces qu'elle nar- cotise, ou qui persistent en s'exag-érant dans les espèces pour lesquelles elle n'est pas un hypnotique. Chez les animaux décérébrés, l'ag-itation et les effets excitants du début de la morphinisation n'apparaissent plus. 11 y a donc MORPHINE ET SES SELS. 637 incontestablement une électivité cérébrale. Les faits expérimen- taux démontrent qu'ensuite la morphine atteint les cellules ner- "veuses du bulbe et de la moelle ; les nausées, les vomissements, les mâchonnements sont d'origine bulbaire ; enfin les convulsions sont à la fois d'orig-ine bulbaire et médullaire. Circulation. — Chez tous les animaux, la morphine renforce la puissance des contractions cardiaques. Cette action tonique sur le cœur s'exerce non seulement pendant l'excitation, mais encore pendant le sommeil. De plus, à forte dose, elle ralentit toujours le jeu du cœur. A dose forte, elle ralentit le cœur d'abord, puis l'accélère ensuite. A dose toxique, elle accélère le cœur après l'avoir passagèrement ralenti et produit un affaiblissement pro- gressif de ses contractions. On observe ordinairement, surtout chez le chien, des irrégularités dans le rythme : intermittences, association de deux systoles, systoles avortées. Dans la circulation artérielle, la morphine produit également des modifications importantes. Le pouls subit les mêmes variations de force et de rythme que le cœur. Il devient ordinairement bigéminé. L'influence sur la pression du sang dans les artères n'est pas la même après l'injection intraveineuse et l'injection hypoder- mique. Après cette dernière, la tension s'élève pendant la période •d'agitation et s'abaisse lég'èrement pendant la période de som- meil. A la suite de l'injection intraveineuse, il se produit immé- diatement un abaissement notable de la tension artérielle. Les recherches hémodromographiques montrent que, chez le chien, la vitesse du sang augmente au début du sommeil et diminue géné- ralement ensuite. La diminution de vitesse provient surtout de la paralysie des vaso-moteurs. En elfet, lorsqu'on coupe l'oreille d'un cochon d'Inde morphine, elle ne saigne pas, et cependant elle est rouge. Respiration. — Sous l'influence de la morphine, la respiration se ralentit en général et devient irrégulière. Cependant, chez les animaux qui ne peuvent pas être hypnotisés par la morphine, on observe souvent une accélération respiratoire. Une ânesse qui a reçu ls'f,75 de chlorhydrate de morphine en injection sous-cu- tanée a montré une très forte accélération respiratoire. Température. — La température rectale s'élève pendant la •période d'excitation et diminue pendant le sommeil. La diminu- tion est d'autant plus forte que le sommeil est plus profond et plus 638 MORPHINE ET SES SELS. prolong-é (jusqu'à 3 et 4°). L'abaissement de ta température rectale pendant le sommeil morphinique doit être attribué à deux causes : 1° à la diminution des oxydations, comme le démon- trent les analyses des g-az du sang et de Fair expiré (L. Guinard) ; 2° à la plus forte déperdition de chaleur par la peau ; celle-ci en effet s'échaud'e pendant l'action de la morphine. Sécrétions. — La morphine ag-it énergiquement sur les sécré- tions. Chez le chien, le bœuf, la chèvre, le mouton, le porc et le chat, elle produit une forte salivation, qui persiste pendant toute la durée. Chez le chien, elle apparaît au début, puis disparaît pen- dant le sommeil produit par des doses faibles. Elle augmente la sécrétion sudorale, et il n'est pas rare, après son absorption, de voir couler la sueur en abondance chez les solipèdes. L'hypersécrétion salivaire et sudoripare semble être d'origine centrale. Toutes les autres sécrétions sontdiminuées, et l'urine estsécrétée en quantité moindre. Yeux et pupilles. — Pendant le sommeil provoqué par la mor- phine, les pupilles sont contractées, et les deux yeux sont en stra- bisme interne. Si l'on réveille le chien ou si on le pince, la pupille se dilate aussitôt, les yeux se redressent et le strabisme cesse; en même temps le cœur bat plus vite. Cette expérience nous apprend que les actions réflexes sur le cœur et sur la pupille persistent malgré la narcotisation ; elle nous apprend aussi que la contrac- tion de la pupille, qu'on attribue à l'action de l'opium ou de la morphine, n'est en réalité que l'effet du sommeil et du strabisme interne, et non celui de la morphine elle-même. Péristaltisme intestinal. — Chez le chien, on observe fré- quemment, au début de l'action de la morphine, l'expulsion d'ex- créments. Ces défécations sont dues à une suractivité du péri- staltisme gastro-intestinal et s'observent surtout avec les doses faibles. Mais, pendant le sommeil, les mouvements péristaltiques disparaissent ainsi que la sécrétion. Les doses fortes peuvent exercer d'emblée une action paralysante sur l'estomac et l'intestin. La disparition du péristaltisme et des sécrétions explique les effets constipants et antispasmodiques de l'opium et de la mor- phine. Elitnination. — La morphine s'élimine par l'urine, la sueur, mais non par le lait. L'élimination est lente, car elle se prolonge plusieurs jours après la cessation de l'administration. Avant de MORPHINE ET SES SELS. 639 s'éliminer, la morphine est fixée sur les centres nerveux et le foie (Calvet), organes dans lesquels on peut la déceler chimiquement. Avant de s'éliminer, une partie de la morphine se transforme dans le sang- en morphétine ; une autre partie s'oxyde et devient de Voxydimorphine. Toxicité. — Il y a une grande différence dans la résistance qu'offrent les divers animaux à l'action toxique de la morphine. D'après L. Guinard, les doses toxiques moyennes de morphine par la voie hypodermique sont : 65 milligrammes par kilogramme chez le chien. 7 — le cheval. 9 — làne. 15 — le bœuf. 40 — le chat. 200 — le porc. 400 — la chèvre. Les jeunes animaux ainsi que les enfants sont beaucoup plus sensibles à la morphine que les adultes (L. Guinard). JMoRPHixiSME. — Il n'existe que chez l'homme, qui fait un usage journalier de la morphine. Au début de l'usage, elle lui procure des sensations agréables; plus tard celles-ci ne peuvent plus être obtenues qu'avec des doses de plus en plus fortes. On cite des morphinomanes qui sont arrivés à en prendre jusqu'à 5 g-rammes et plus par jour, doses qui seraient toxiques pour un homme sain. Il y a donc accoutumance graduelle à ce poison par l'usag-e. Indications thérapeutiques. — Le chlorhydrate de morphine est indiqué: 1° Pour obtenir un sommeil narcotique et, par conséquent, une anesthésie plus ou moins prononcée lorsqu'on veut pratiquer une opération chirurgicale. Chez le chien, l'insensibilité obtenue par l'injection hypodermique de 0^'",01 à 0s'',02 de chlorhydrate de morphine permet de faire un grand nombre d'opérations sans avoir recours aux anesthésiques ordinaires. Mais il n'en est pas de même chez les solipèdes, les ruminants, le porc et le chat, animaux qui, après l'injection de morphine, présentent une période d'excitation sans narcose consécutive. La morphine seule n'est pas à recommander à titre d'anesthésique chirurg-ical chez les g-rands herbivores, le porc et chez le chat; 2° Pour rendre l'action des anesthésiques ordinaires (éther, 640 MORPHINE ET SES SELS. •chloroforme, chloral) plus prompte et plus durable. A titre d'ad- juvant des anesthésiques, la morphine peut rendre des services chez tous les animaux. Chez les solipèdes, on emploie la dose de 0s'",25 à 1 gramme en injection hypodermique, une demi-heure au moins avant l'administration des anesthésiques ordinaires. Chez le chat, M. Guinard recommande d'injecter, ving't minutes avant l'anesthésie par le chloroforme, O^^OOS par kilogramme d'animal ; 3° Comme analgésique généiml chez les chevaux méchants à la dose de 0°'',3 à 08'',5 pour faciliter l'examen et l'exploration des parties malades et aussi pour faciliter l'abatage. Les chevaux morphines, quoique excités, sont moins sensibles aux attouche- ments et deviennent indifférents à ce qui se passe autour d'eux. La morphine ne doit être employée que sur les animaux à jeun ; 4" Comme analgésique local, dans les cas de douleurs névral- giques, dans le rhumatisme, le lombag-o. On l'injecte sous la peau au voisinag-e des points douloureux ou sur le trajet du nerf de la région ; 5° Comme calmant^ dans beaucoup de maladies inflammatoires internes, pneumonie, pleurésie, bronchite, dans les coliques con- gestives très douloureuses, les empoisonnements, la périto- nite, etc. C'est un bon calmant de la toux et de la douleur ; G" Comme hypnotique, chez le chien contre les maladies ner- veuses convulsivantes, telles que l'encéphalite, la méningite, le tétanos, etc. Siedamgrotzky a obtenu d'excellents résultats avec ce médicament dans l'éclampsie des chiennes nourrices; 1° Comme antisécrétoire et calmant, dans la bronchite catar- rhale, la laryngite, les inflammations gastro-intestinales, la diar- rhée rebelle^ l'hémorragie intestinale, la dysenterie. Dans ces cas, on doit administrer de préférence les préparations opiacées à l'intérieur ; 8° Comme antispasmodique , contre les contractions cloniques du diaphragme, les spasmes intestinaux douloureux, les contrac- tions utérines exagérées ; 9° Comme antidote, dans l'empoisonnement par la strychnine. Préparations d'opium et de morphine. 1° Poudre d'opium. 2° Extrait thébdique. .L'extrait du Codex (1908) renferme 20 p. 100 de morphine. MORPHINE ET SES SELS. 641 3° Laudanum de Sydenham (Codex). Opiuiu choisi 100 grauunes. Safran incisé 50 — Extrait de cannelle de Ceylan 1 gramme. Essence de girofle 1 — Alcool à 300.77..; 1 000 grammes. Faites macérer en vase clos pendant dix jours en agitant de temps en temps, puis passez, exprimez et filtrez. Un g-ramme de laudanum correspond à 10 centigrammes de poudre d'opium ou à 5 centig-rammes d'extrait et doit contenir 1 centigramme de morphine. 4° Teinture d'opium (Codex). Extrait d'opium 5 grammes Alcool à 70° 9o — Laissez en contact en vase clos jusqu'à dissolution. Filtrez. Elle renferme 1 p. 100 de morpliine. 5o Sirop d'opium (Codex). Extrait d'opium 2 grammes. Eau distillée 8 — Sirop simple 990 — Faites dissoudre à froid l'extrait dans l'eau distillée et mélangez le soluté avec le sirop. 20 grammes de ce sirop contiennent 4 centigrammes d'extrait d'opium. 6° Sii'op diacode (Codex). Sirop d'opium 230 grammes. Sirop simple 750 — Mêlez. 20 g-rammes de ce sirop contiennent 1 centigramme d'extrait d'opium. 7° Sirop de chlorhydrate de morphine (Codex). Chlorhydrate de morphine 06^,50 Eau distillée 10 grammes. Sirop simple 990 — Dissolvez le sel dans l'eau distillée et mélangez la solution au sirop. 20 grammes de ce sirop contiennent 1 centigramme de chlor- hydrate de morphine. Kaufmann. *' 642 MORPHINE ET SES SELS. 8° Solutions pour injections hypodermiques . Chlorhydrate de inorpliine 1 ou 2 grammes. Eau 50 — Administration et doses. — Les préparations à base d'opium sont administrées à Fintérieur. Il en est de même des sirops de chlorhydrate de morphine. Les premières conviennent surtout pour combattre la diarrhée et les affections du tube digestif. Les solutions aqueuses des sels de morphine sont surtout employées en injections sous-cutanées, intratrachéales ou intra- veineuses. Dans l'établissement des doses avec les diverses pré- parations d'opium, il faut tenir compte de leur richesse en morphine. Elle est indiquée dans le tableau suivant : 1 gramme d'opium contient 10 centigr. de morphine. 5 centigrammes d'extrait aqueux — 1 — 1 gramme de laudanum de Sydenham.. — 1 — 20 grammes de sirop diacode — 1 — 20 grammes de sirop de morphine — 1 — Chlorhydrate de morphine. Injections hypodermiques . Doses toxiques. Cheval 3à5 grammes. Bœuf 5à8 — Petit chien Oçr,i Gros chien 1 Oiseaux Très peu sensibles à la morphine. Doses thérapeutiques. Cheval Oer.SO à 06^,50 Bœuf Og^r.SO à 1 gramme. Chien Ob'^Ol à 0^^,05 Préparations opiacées. Doses thérapenUiiques moyennes [à l'intérieur). Poudre d'opium. Extrait d'opium. Teinture d'extrait d'opium. Laudanum de Sydenham. Cheval Bœuf 10 15 1 0,50 0,10 5 8 0,50 0,25 0,05 K''- 50 100 10 5 1 g''- 50 100 10 5 1 Petits ruminants ' Chien...... Chat AUTRES ALCALOÏDES DE L'OPIUM OU DÉRIVÉS. 643 Autres alcaloïdes de l'opium ou dérivés Codéine C'^H^'AzO^ + H-O. — La codéine se présente sous forme de cristaux volumineux à saveur amère ; elle est soluble dans 00 parties d'eau à 15°, plus soluble dans l'alcool et l'éther, le chloroforme, la benzine, le sulfure de carbone, l'alcool amylique. Elle forme avec les acides des sels très solubles dans l'eau, dont le plus employé est le phosphate (G'^H^'Az^^, PO^H' + 2H20). Cet alcaloïde produit sensiblement les mêmes effets que la morphine, mais son action est au moins cinq fois plus faible et son prix beaucoup plus élevé. Ilrésulte des recherches de Frôhner [Afonatschr. f. prak. Thiei'- heil^ 1893) que la codéine n'olfre aucun avantage sur la morphine chez nos animaux domestiques, excepté contre la toiix^ qu'elle calme plus sûrement. Les doses de phosphate de codéine sont de 0^'', 05 chez le chien, de 1 g-ramme chez le cheval. (Sirop de codéine Codex). Codéine pulvérisée 0g'",20 Alcool à 60° 5 grammes. Sirop simple préparé à fi'oid 95 — Faites dissoudre dans l'alcool; ajoutez le soluté au sirop de sucre et mélangez avec soin. 20 grammes de ce sirop contiennent 4 centigrammes de codéine. Une cuillerée de soupe toutes les trois heures au chien pour calmer la toux. Pou?' injeclions hypodermiques. Phosphate de codéine 1 gramme. Phénol neige ) - „„ .... Menthol.... i aa 25 mdhgrammes. Eau distillée de laurier-cerise 20 grammes. Injecter au chien 1 centimètre cube pour calmer la toux. Narcéine G'^^H-'AzO* -1-3H^0. — La narcéine est fort peu soluble dans l'eau, insoluble dans l'éther, soluble dans l'alcool et dans une solution légère de potasse. La narcéine présente, entre tous les alcaloïdes de l'opium, l'ac- tion somnifère la plus pure, la plus dégagée de toute autre action 644 AUTRES ALCALOÏDES DE L'OPIUM OU DÉRIVÉS. physiolog'ique. Elle est beaucoup moins analg-ésique que la mor- phine. Elle ne diminue pas la sécrétion urinaire, n'arrête pas les sécrétions digestives, n'entrave pas la digestion, mais produit un peu de constipation. C'est un bon calmant de la toux. Potion. Narcéine 23 centigrammes. Benzoate de soude 50 — Sirop 500 — Une cuillerée à soupe toutes les trois heures au chien contre la toux. Narcyî G^sH^'AzO'HGL. — C'est le chlorhydrate d'éthylnar- céine. Il se présente en aig-uilles soyeuses incolores, est soluble dans 120 parties d'eau à 15°, plus soluble encore dans l'eau addi- tionnée de benzoate de soude, soluble dans l'alcool et le chloro- forme, peu soluble dans l'éther, la benzine et l'éther de pétrole. Il possède un pouvoir analgésique marqué et a donné de bons résultats dans le traitement de la toux. On l'administre soit par la voie buccale, en sirop, à la dose moyenne de O^^Oô par jour chez le chien, soit par voie hypoder- mique en solutions à 1 p. 100, à la dose de 2 centimètres cubes. Dionine C^^'H^^AzO'Cl.H^O. — C'est le chlorhydrate d'éthyl- morphine. Elle est en poudre blanche, cristalline, inodore, de saveur amère, assez désag-réable, très soluble dans l'eau (1 p. 7). Localement elle n'est pas irritante. Après absorption, elle est hypnotique, sédative et analg-ésique. Elle est utilisée contre la toux. On la donne aux petits animaux à la dose de 2 à 3 centi- grammes. Sirop. Dionine 08^,20 Sirop simple 260 grammes. Une demi-cuillerée à bouche au chien quatre fois par jour. Injection hypodermique . Dionine 06^20 Eau distillée 20 grammes . Stériliser. Injecter 1 centimètre cube au chien. AUTRES ALCALOÏDES DE L'OPIUM OU DÉRIVÉS. 645 Collyre. Dionine 08^,50 Eau distillée 10 grammes . Donne d'exellenls résultats contre Tulcération de la cornée. Pérom'neC'^H'SAzO'CHsOGH^HCl.— La péronine ou chlorhy- drate de benzoylmorphine est une poudre blanche, légère, de saveur désagréable, légèrement soluble dans l'eau, insoluble dans le chloroforme et l'éther. Au point de vue de son action, elle se place entre la morphine et la codéine. En solution à 1 à 2 p. 100, elle produit l'anesthésie de la muqueuse oculaire par instillation. Elle est d'un prix plus élevé que la morphine et agitavec moins d'activité. En vétérinaire, elle noIFre aucun avantage spécial. Héroïne. — L'héroïne ou éther diacétique de la morphine est une poudre blanche, cristalline, très peu soluble dans l'eau. Ses sels sont plus solubles, et on utilise surtout le chlorhydrate d'héroïne. Effets et emploi. — L'action g'énérale de l'héroïne est assez semblable à celle de la morphine; elle narcotisele chien, le lapin, le cobaye, et excite le cheval, l'âne, la chèvre et le chat. D'après les expériences de L. Guinard, elle est toujours plus toxique que la morphine; elle est moins hypnotique et plus convulsivante; elle agit moins sur le cerveau etplus surles centres bulbo-médullaires. Les fortes doses sont très convulsivantes chez toutes les espèces. Chez le cheval, la dose de 0^'',5 en injection sous-cutanée produit une très forte excitation générale. On l'utilise comme sédatif de la toux eicomme narcotique chez le chien. Dose narcotique. Petit chien Oe^OaS Gros chien 0g^060 Polio7i. Héroïne 5 centigrammes. Alcool à 90° Q. s. pour dissoudre. Sirop simple 150 grammes. Une cuillerée à soupe quatre fois dans vingt-quatre heures chez le chien contre la toux, dans la bronchite, l'asthme. CHLORAL HYDRATÉ. Chloral hydraté. C2ci3H0.n20. Le chloral, découvert en 1832 par Liebig-, se présente sous deux états : 1° anhydre (G^GPHO), c'est un liquide incolore, d'as- pect oléagineux, d'une saveur acre et brûlante, d'une odeur vive et pénétrante; 2° hydraté [C?CX^YiO,WO), il est solide, formé de cristaux blancs d'aspect saccharoïde. h'hydrate de chloral est le seul employé en médecine. Il émet des vapeurs à la température ordinaire et a une odeur vive péné- trante, rappelant celle du melon. Il est solubleà la fois dans l'eau, l'alcool, l'éther, le chloroforme, la benzine, les huiles essentielles. Sa solution aqueuse doit avoir une réaction neutre et ne doit pas se troubler par le nitrate d'argent. En présencedes bases alcaUnes ou de leurs carbonates, le chloral se transforme en choroforme et formiate alcalin d'après l'équation suivante : C2HC130 4- KHO = GHK02 + CHCP. Chloral. Potasse. Formiate. Chloroforme. Effets physiologiques. — L'hydrate de chloral s'oppose énerg-iquement aux fermentations et à la putréfaction. Les matières animales peuvent être conservées indéfiniment sans altération putride dans une solution aqueuse concentrée de chlo- ral hydraté. C'est donc un antiputride puissant. Localement, le chloral ag-it comme un irritant plus ou moins énerg-ique, suivant laconcentration de ses solutions ; il peut devenir vésicant et caustique. Si on applique une solution au cinquième de chloral hydraté sur une plaie, il se forme une escarre mince, peu adhérente. Injectées dans le tissu conjontif sous-cutaiié, les solutions d'hy- drate de chloral déterminent de la douleur, de l'inflammation, et quand elles sont concentrées, elles produisent la nécrose et la mortification des tissus touchés. Dans le tube dig-estif, le chloral est également plus ou moins irritant, suivant son état de concentration. Dilué fortement dans un liquide g-ommeux ou mucilag-ineux, il est assez facilement supporté partons les animaux; mais, en solution à un titre supé- rieur à 1 p. 15, il est irritant., produit des nausées, des vomisse- ments, des coliques et quelquefois une gastro-entérite. CHLORAL HYDRATÉ. 647 L'absorption du chloral se fait rapidement par toutes les voies. Arrivé dans le sang-, il se décompose en partie et s'élimine par les reins soit en nature (M"* Tomascevvich), soit sous forme d'acide urochloralique(Musculus et Mering-). L'élimination se fait aussi en partie par le poumon et la peau. L'air expiré prend l'odeur de chloral ainsi que les produits de l'exhalation cutanée. Après son absorption, le chloral ne tarde pas à produire un sommeil profond, qui ressemble beaucoup au sommeil physiolo- g-ique. Au réveil, les animaux reprennent immédiatement leur état normal et leurs mouvements. A doses plus fortes, le chloral produit l'anesthésie complète. Pendant le sommeil, la pupille est très resserrée et insensible ; elle se dilate quand l'anesthésie est poussée trop loin. Quand le sommeil chloralique est lég^er, les animaux conservent les réflexes et ils ressentent, quand on les excite, une douleur vague qu'ils manifestent par des cris ; mais, si le sommeil est profond, les réflexes disparaissent, et la sensibilité est complètement abolie. Gomme avec les anesthé- siques ordinaires, l'action réflexe disparait en dernier lieu dans la conjonctive et la cornée. Au début, le chloral accélère un peu la respiration, mais la ralentit ensuite pendant l'anesthésie et même l'éteint si l'absorp- tion devient trop intense, par suite de la paralysie du pouvoir moteur du bulbe et de la moelle. Le cœur se contracte avec plus d'énergie au début; puis les battements s'affaiblissent pendant l'anesthésie, et les contractions systoliques sont moins brusques (Arloing-). Au début, il y a ralentissement passag-er du cœur; de trente, le nombre tombe à ving-l-huit par seconde chez le cheval ; plus tard, il y a accélé- ration, et on voit le nombre des battements du cœur s'élever à quarante-huit. S'il y a des intermittences avant l'administration, elles disparaissent sous l'influence du chloral. Le chloral diminue toujours la tension artérielle ; il augmente la vitesse du cours du sang-. Il resserre légèrement les petits vaisseaux au début de son action, mais les dilate ensuite et pro- duit la congestion des parenchymes, des muqueuses, de la peau. Les plaies saig-nent toujours abondamment pendant l'anesthésie chloralique. Le chloral produit aussi un abaissement de température quel- quefois très prononcé (2 à 3°). Il est dû, comme avec les autres anesthésiques, à la diminution des combustions intra-org-aniques 648 CHLORAL HYDRATÉ. comme le prouvent les analyses des g-az de la respiration et celles des g-az da sang- (Arloing-) ; le rayonnement plus consi- dérable par la peau vient encore s'ajouter à cette première cause de refroidissement. Pendant le sommeil chloralique, la régulation de la température est supprimée. L'animal à sang" chaud se comporte alors comme un animal à sang- froid. II s'échauffe ou se refroidit avec le milieu ambiant. Il provoque aussi fréquemmenl V/iemoglobbiurie, surtout sur les animaux anémiques et sur ceux qui sont à jeun. Cette hémo- g-lobinurie est due à l'action destructive qu'il exerce sur les glo- bules roug-es du sang-. En g-énéral, elle se dissipe rapidement après le réveil. Mode (Taction du chloral. — Liebreich, en 1869, a trouvé les propriétés anesthésiques du chloral, en partant de cette idée théorique que ce corps doit se décomposer dans l'organisme en chloroforme et formiate alcalin, en présence des alcalis du sang-. Cet auteur, après avoir constaté expérimentalement l'action anesthésique, a admis que le chloroforme se dég-ag-e constam- ment pendant que le chloral circule, et que l'anesthésie est pro- duite non pas directement parle chloral, mais par le chloroforme qui prend naissance. Cette théorie a été admise d'abord par beau- coup de physiologistes et de cliniciens; mais elle est aujourd'hui abandonnée. Richardon, Demarquay, Vulpian, Labbé et Goujon, ont rapporté des faits qui prouvent que le chloral conserve son individualité propre et qu'il agit en tant que chloral sur les élé- ments nerveux. Cependant une petite partie de chloral se décompose dans l'org-anisme et donne naissance à du chlorofornie, qui peut être retrouvé dans le sang-. Mais la petite quantité de chloroforme ainsi produite est absolument insuffisantepour expliquer les elTets hyp- notiques instantanés qu'on observe après l'injection intraveineuse. Le chloral a donc une action hypnotique propre. Récemment, Esclauze et Edmond, à l'aide d'une réaction nouvelle très sensible, ont constaté que, pendant l'anesthésie au chloral, tous les tissus contiennent du chloral, tandis qu'on ne peut y déceler le chloro- forme. Emploiclinique du chloral. — Le chloral est utilisé en chirurgie comme anesthésique général. Pour les exercices de chirurg-ie pratiqués dans les écoles vété- rinaires et les vivisections, le chloral employé en injection intra- CHLORAL HYDRATÉ. 649 veineuse donne une anesthésie rapide et parfaite. Mais l'injection intraveineuse ne doit pas être utilisée dans la clinique ordinaire à cause des accidents qu'elle entraîne infailliblement, à savoir : la phlébite, l'oblitération de la veine, les abcès, la nécrose des tissus. Pendant l'injection, les accidents à craindre sont Varrêt du cœur par suite d'une pénétration trop vive, et Varrêt de la respi- ration, quand on dépasse la dose anesthésique. On évite le pre- mier accident par la lenteur de l'injection et le second en surveil- lant soig-neusement l'établissement de l'anesthésie. Aussitôt que celle-ci est arrivée au degré convenable, on doit suspendre les injections, pour les recommencer quand le réveil tend à se produire. Le chloral a l'inconvénient d'augmenter les hémor- ragies en nappe sur les plaies. Dans la pratique ordinaire, on doit, pour obtenir une action hypnotique et anesthésique, administrer le chloral par les voies digestives. Dans ce cas, l'absorption étant assez lente, il faut pré- parer les animaux au moins une heure avant l'opération. Il est rare qu'on puisse obtenir ainsi une anesthésie parfaite, mais on détermine un fort émoussement de la sensibilité. Si on injecte du chlorhydrate de morphine sous la peau en même temps qu'on administre le chloral à l'intérieur, on obtient une insensibilité plus grande. Chez le cheval, la dose anesthésique à l'intérieur est d'environ 100 grammes. A cause de son action fortement irritante, le chloral ne peut pas être utilisé en injections sous-cutanées et intratrachéales. Gadéac et Malet recommandent l'emploi simultané du chloral et du chlorhydrate de morphine pour anesthésier légèrement le cheval. Le chlorhydrate de morphine est injecté sous la peau, et le chloral est administré en lavement environ une demi-heure plus tard. Frohner ne trouve aucun avantage à l'emploi combiné du chloral et du chlorhydrate de morphine ; d'après lui, on n'obtient jamais qu'un léger affaiblissement de la sensibilité. Pour obtenir une véritable anesthésie chez le cheval, on peut combinerlechloral avec le chloroforme. Sur un animal légèrement chloralisé, le chloroforme agit plus vite et à dose plus faible. En 1889 [Soc. de bioL), Richet a proposé pour les opérations chirurgicales surle chien l'injection directe de lasolution de chloral dans le péritoine (35 centigrammes par kilogramme d'animal). On obtient ainsi une anesthésie complète sans menace de syncope ftS6 CHLORAL HYDRATÉ. et sans accidents inflammatoires, si toutes les précautions asep- tiques sont bien prises. Ce procédé a été appliqué au cheval par Esclauze et Edmond. Il résulte de leurs recherches que les injections intrapéritonéales de chloral chez le cheval sont sans danger, qu'elles sont suscep- tibles, suivant la dose, de produire Tanesthésie complète ou sim- plement un assoupissement très marqué du sujet. La dose est de 80 à 50 grammes de chloral en dissolution dans 200 à 500 grammes d'eau bouillie. L'injection intrapéritonéale de chloral a été employée avec succès par Breton {Soc. centrale de méd. ve'te'r., 1907) pour com- battre la douleur excessive qui accompagne les coliques et pour éviter les mouvements désordonnés, les attitudes anormales, les chutes avec leurs conséquences funestes. Le chloral est encore indiqué comme antispasmodique ou anti- convulsivant dans les maladies nerveuses accompagnées d'agi- tation, de convulsions (épilepsie, tétanos), dans le renversement du rectum, de l'utérus, pour éviter les efforts expulsifs. Il est alors administré à l'intérieur. Il constitue \e,ïne\\\e,\iT antidote de la strychnine. Si les animaux empoisonnés par cet alcaloïde sont maintenus un temps suffisant sous l'influence de Fanesthésique, l'élimination de la strychnine se fait, et, au moment du réveil, l'animal pourra résister. J'ai constaté dans mes expériences l'efficacité de ce moyen pour enrayer l'action de la strychnine. Administration et doses. — Pour l'injection intraveineuse, on fait usage de la solution au 1 p. 5 (ne jamais l'employer dans la pratique). A antérieur^ il faut faire usage de solutions étendues au minimum à 1 p. 15 et ajouter de la gomme ou du mucilage. Les doses internes, calmantes, sont : Bœuf et cheval 50 à 100 grammes. Porc, mouton, clièvrc 5 à 10 — Chien ûsr,50 à 5 — Chat 0s^30 à 1 gramme. Pour les lavements, on emploie des solutions mucilagineuses. On compte généralement 30 à 40 grammes de chloral par seringue chez les grands animaux. Dans le tétanos, on administre trois ou quatre lavements par jour. CHLORAL HYDRATÉ. 651 Pour les injections intrapéritonéales , on emploie des solutions stérilisées à 1 p. 10, à 1 p. 15 chez le cheval. Les solutions faibles à 1 p. 20 de chloral peuvent aussi être avan- tag-eusementemployées en injection dans certaines cavités, comme le vag-in et la matrice, pour arrêter les hémorragies, pour désin- fecter la muqueuse et en diminuer la sensibilité. Les doses internes anesthésiques sont : Chien 4 gi-. en moyenne. Porc 10 grammes. Cheval 100 à 150 grammes. Doses toxiques. Petits chiens 8 à 12 grammes. Gros chiens 10 à 15 — Chat 4 à 8 — Porc 20 — Cheval 200 à 300 — Les doses toxiques rapportées aukilog-rammede poids corporel sont d'après Falck : Injection Injection Ingestion, intraveineuse, hypodermique. Lapin 0g^35 lS'M3 lei-,30 Chat 0sr,31 0s'-,40 1 gr. Chien 0&r,23 l&i-,20 1 — Formules. Lavement de chloral. Hydrate de chloral 4à5 grammes. Jaune d'œuf n» 1 Lait 300 — Mêlez. Pour deux lavements chez le chien. Potion calmante. Chloral hydraté 10 grammes. Chlorhydrate ' de morphine Qs'^,20 Gomme arabique 20 — Eau distillée 250 — F. S. A. Administrer une cuillerée toutes les trois heures au chien qui tousse. 652 CHLORALAMIDE. Solution pour injection inlrapéritonéale. Hydrate de chloral 30 à 50 grammes. Eau bouillie 500 — Injecter dans le péritoine chez le cheval, pour l'aneslhésie chi- rurg-icale, pour calmer la douleur dans les coliques graves. Ghloralamide. G3IPAzC!!'0^. Le chloralamide est obtenu par l'action de la formiamide sur le chloral. Il se présente sous forme de cristaux brillants, blancs, un peu amers, inodores, solubles dans 10 parties d'eau froide, dans- 1,5 d'alcool à 90°. Il se dissout plus facilement dans l'eau chaude, mais il ne faut pas élever la température au-dessus de 60" sous peine de voir le chloralamide se décomposer. Les acides dilués n'ont aucune action sur lui, tandis que les alcalis le décomposent facilement. Effets et usages. — Localement, le chloralamide n'est pas caustique, mais il peut devenir irritant à forte dose pour les mu- queuses sur lesquelles on le dépose. Ses effets physiologiques ont été bien étudiés sur le chien par Schmitt (de Nancy), par Mairet et Bosc (de Montpellier). Administré à l'intérieur sur le chien, à dose faible (15 à 33 centigrammes par kilogramme d'animal) ou à dose moyenne (50 à 75 centig-rammes par kilogramme d'animal), on observe, après cinq minutes, de l'inquiétude, de l'égarement, des g"émissements, des cris et un besoin de mouvement. Cette ag"itation dure une heure, puis apparaît une période de somno- lence et de sommeil. Ce sommeil est lég-er, cède à la moindre excitation, est entrecoupé de plaintes et dure de deux à trois heures. Au réveil, l'animal présente une nouvelle période d'exci- tation avant de revenir à la normale. Outre l'action hypnotique, le chloralamide produit une hypothermie de 2°, 5 à 5°, de la diarrhée, quelquefois des selles sang-uinolentes, des vomissements, de la salivation, une congestion de la peau et des muqueuses. A dose toxique (1 g-ramme et au-dessus par kilog-ramme du poids de l'animal), les effets sig-nalés avec les doses faibles et moyennes sont plus accentués, et il s'y ajoute une altération ma- CHLORALOSE. 653 nifeste des g-lobules du sang-. Ceux-ci sont décomposés d'abord en une série de petites g-outtelettes très réfring-entes, puis ces g-outtelettes disparaissent, et i'iiémoglobine est complètement dissoute. A Tautopsie des animaux qui succombent, on trouve le cœur dilaté, l'endocarde roug-e vineux ; les poumons offrent de nom- breux points hémorragiques; l'estomac et l'intestin sont cong-es- tionnés, ainsi que les centres nerveux. Cet hypnotique est inférieur au chloral et ne présente sur celui- ■ci aucun avantag-eréel. On l'a utilisé parfois pourcombattre l'exci- tation nerveuse et les convulsions chez le chien à la dose de 1 à 3 grammes (Prôhner). Chloralose. CSHi'CPOs. Le chloralose est une combinaison de la glucose avec le chloral. de corps, découvert par M. A. Heffter en 1889, a été bien étudié par MM. Hanriot et Richet. Il se présente sous forme d'aig-uilles fines, blanches, solubles dans l'eau surtout à chaud, dans l'alcool, l'éther, peu soluble dans le chloroforme et presque insoluble -dans les pétroles. Sa saveur est amère et désagréable. Chauffé €n présence des alcalis, il s'altère, mais il ne se décompose pas sous l'action des acides. Action physiologique. — Le chloralose ne jouit pas de pro- priétés antiseptiques, etil n'est pas irritant pour les tissus. Si l'on injecte dans les veines d'un chien 4 centig-rammes de chloralose par kilog-ramme d'animal, on voit, au bout de quelques minutes, i'animal être pris fie vertig-e; il titube, ne peut plus se tenir debout, pousse des cris et est en proie à une excitation violente. A cette période, les fonctions de l'encéphale sont notablement abaissées, l'animal est atteint de cécité psychique, il ne reconnaît plus les objets, ne s'effraie pas des menaces qu'on lui fait, il n'y a plus de clignement réflexe à l'approche de l'œil d'un objet menaçant. Dans cet état, l'animal a conservé sa sensibilité visuelle, puisque les réflexes de l'iris persistent et qu'il peut progresser sans se heurter aux obstacles; c'est la compréhension qui est abolie, il ne peut plus distinguer la nature de l'objet ou de l'obstacle. A la dose de 5 à 7 centigrammes par kilogramme en injec- tion intraveineuse, de 25 à 40 centigrammes par ingestion, à 654 HYPNAL. l'action excitante succède une action Injpnotique très accentuée. Le chien prend une démarche hésitante, ses muscles sont raidis et deviennent le sièg^e de frémissements fibrillaires ; les mouvements sont difficiles, l'animal se couche et s'endort. Pen- dant le sommeil, les réflexes, au lieu d'être diminués, sont au con- traire exag-érés; ainsi le moindre attouchement provoque un soubresaut g-énéralisé, presque une convulsion strychniforme. La pression artérielle n'est pas abaissée comme avec le chloral. Les doses toxiques provoquent un sommeil profond, et pen- dant ce sommeilla mort survient par arrêt de la respiration. Le chloralose ne produit pas d'abaissement notable de la tem- pérature. Gomme l'a fait voir Gh. Richet, laction physiolog-ique du chloralose est remarquable par les effets opposés qu'il déter- mine sur le cerveau et la moelle; tandis qu'il engourdit le cer- veau, ilstimule la moelle. A certains points de vue, ilse rapproche du chloral, à d'autres de la strychnine; c'est avec la morphine qu'il a le plus de ressemblance. Les doses sont indiquées dans le tableau suivant dressé par MM. Hanriot et Gh. Richet : EN MILLIGRAMMES ET PAR KILO d'animal, Dose active miniiiia Dose hypnotique. . . . Dose mortelle INJECTION INTRA- VEINEUSE. Chiens. 20 50 128 INJECTION STOMACALE. Chiens. 150 250 600 Cliats. Oiseaux. 10 15 50 Il est facile de voir que le chloralose ag-it ^lus énerg-iquement sur les oiseaux et le chat que sur le chien. On l'administre au chien en cachets de 10 centig-rammes répétés de demi-heure en demi-heure jusqu'à 40 à 60 centigrammes. Hypnal. C13H15C13Az202. L'hypnalestun composé de chloral etd'antipyrine ou, plus exac- tement, c'est du monochloralantipyrine. Ce corps est en cristaux blanchâtres, un peu amers, inodores, HYPNONE. 655 solubles dans 13 parties d'eau, assez solubles dans Téther et le chloroforme, très solubles dans l'alcool. En présence des acides, l'hypnal se dédouble en chloral et en antipyrine. Ce dédouble- ment a lieu dans l'estomac, ce qui fait que rhyi)nal agit à la fois comme le chloral et l'antipyrine, c'est-à-dire qu'il est cabnant, hypnotique, antiseptique et antiféhrile. Un gramme d'hypnal contient 45 centigrammes de chloral et 65 centigrammes d'anti- pyrine. On l'emploie à la place du chloral et aux mêmes doses comme calmant et soporifique. Hypnone. C6H5 — CO — CH3. Ge composé, souvent appelé acétophénone, est le inéthylbenzoyle ou méthylphénylacétone. On l'obtient en distillant ensemble et à sec de l'acétate et du benzoate de chaux. L'hypnone est un Uquide incolore, très mobile, d'une densité de 1,032. Lorsqu'on le soumet à une température de 4 à 5°, il se prend en masse et forme des cristaux transparents en grandes lames. Sa saveur est très prononcée, son odeur est très vive et rappelle celle de l'amande amère et de la fleur d'oranger. Il est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, la glycérine, l'huile d'amandes douces, le chloroforme, la benzine et les essences. Effets physiologiques. — L'hypnone, introduit en thérapeu- tique humaine par Dujardin-Beaumetz à titre d'hypnotique, a été récemment étudié sur les animaux par Frôhner. Cet auteur a obtenu un fort état hypnotique et une résolution musculaire con- sidérable sur des chiens, à la dose de 0s'',25 à 2 grammes. Chez le cheval, l'administration de 80 grammes a produit une démarche chancelante, une flexion involontaire des articulations des membres et une chute sur le sol. Cet état a cessé après trois heures, et il n'en est résulté aucune altération de la santé. Avec la dose de 200 grammes, les effets, quoique plus prononcés, furent de même nature, mais il n'y eut jamais de sommeil véritable. La dose toxique est en moyenne de 1 g-ramme par kilogramme du poids de l'animal. Sous l'influence de ce corps, l'air expiré prend une odeur caractéristique d'hypnone, et toutesles parties du corps ont cette même odeur. Indications et doses. — L'hypnone est avantageusement em- €56 URETHANE. ployé chez le chien atteint de maladies nerveuses, dans lesquelles il y a une surexcitabilité exag-érée ou des mouvements désor- donnés. On l'administre à l'intérieur sous forme d'émulsion, de i)ilules ou. mieux en capsules de g-élatine aux doses suivantes: Doses Ihérapeutiqiies. Gros chiens 06r,50 à 2 grammes . Petits chiens 08'-,25 à Os'.SO Uréthane. C3H"'Az02. L'uréthane ou éthyluréthane est le carbamate d'éthyle. On l'obtient en chauffant un excès d'alcool en présence de l'urée. C'est un corps blanc cristallisant en larges lames transparentes, d'odeur assez faible, doué d'une saveur fraîche, trèssoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Action physiologique. — L'uréthane n'exerce aucune action locale sur les tissus. Après son absorption, ce corps produit, à dose convenable, un assoupissement et même un véritable sommeil pour ainsi dire nor- mal. C'est donc un puissant hypnotique. Cependant son action somnifère ne semble pas se produire chez le cheval. Avec des doses de 50, 100, 200 et même 400 g-rammes, Frôhner n'a pu observer chez les solipèdes qu'une obtusion des sens, unediminution de l'excitabilité etune démarche chancelante. Ordinairement, l'hypnose se manifeste très bien chez le chien; cependant quelques sujets (surtout les vieux chiens) paraissent peu sensibles à son action. A dose toxique, l'uréthane produit d'abord une excitation g-ènérale de courte durée, puis un sommeil profond pendant lequel la respiration se ralentit prog-ressivement, la disparition des réflexes, un abaissement de température pouvant être de 10°, l'affaiblissement des mouvements du cœur et enfin la mort par asphyxie. Indications thérapeutiques. — L'uréthane est indiqué dans toutes les maladies nerveuses caractérisées par une g-rande ag-i- tation et de l'hyperexcitabilité. Frohner en a obtenu de bons résultats chez le chien, dans les convulsions qui accompagnent la SULFONAL. 657 maladie du jeune âge, dans le vertige, l'épilepsie et autres mala- dies convulsi vantes. Le sommeil obtenu peut durer de une à sept heures suivant les doses administrées et lasusceptil)ilité individuelle. Goze (de Nancy) a montré aussi que l'uréthane est un antago- niste de la strychnine. Il faut des doses quintuples de strychnine pour produire des accidents convulsifs chez les animaux soumis à l'influence de l'uréthane. Doses et mode d'emploi. — L'uréthane s'administre en poudre ou en solution aqueuse. On peut corriger sa saveur avec du sucre. Doses thérapeutiques. Gros chien 5 à 20 grammes. Petit chien 2à 5 — Doses toxiques. Chien de taille moyenne bO grammes. Sulfonal. Ce corps, découvert par Baumann (de Fribourg), est, au point- de vue chimique, un diëthylsulfone-diméthyhnéthane. Il se pré- sente sous forme de tablettes cristallines, incolores, inodores et insipides, solubles dans 500 parties d'eau froide et 15 parties d'eau bouillante, dans 250 parties d'une solution de chlorure de sodium à 2 p. 100, plus solubles dans l'alcool, peu solubles dans l'éther. Il n'est attaqué par aucun agent oxydant. J^ Action et emploi. — Ingéré à la dose de 2 grammes, il produit chez le chien des désordres ataxiques suivis bientôt d'un sommeil profond et calme. Il ne produit d'ailleurs aucun effet fâcheux immédiat ou consécutif et ne modifie pas la pression san- guine (Desoubry). C'est donc un bon hypnotique qu'on pourrait utiliser dans les névroses caractérisées par de l'agitation et de i'hyperexcitabilité. On l'emploie aussi avantageusement pour émousser la sensibilité chez les chevaux excitables avant les opérations chirurgicales (Cagny). Au cheval, on le donne à la dose de 20 grammes dans un peu d'avoine cuite, chaude et salée, une heure avant l'opération. On l'administre au chien à la dose Kaifmann. 4'2 658 PARALDÉHYDE. de 2 grammes sur de la viande, dans du lait ou en suspension dans de l'eau. Quand l'animal est sous l'influence de l'eflet tiypnotique du sulfonal, il est facile d'obtenir l'anesthésie complète avec une petite quantité de chloroforme. Trional. Cl «11188^08. Le trional ou diéthylsufone-éthylmélhylméthane cristallise en tables prismatiques brillantes, à saveur amère; soluble dans 320 parties d'eau froide, dans 14 parties d'alcool, dans 12 parties d'éther et dans 1 partie de chloroforme ; insoluble dans la g-ly- cérine, mais soluble dans les huiles, dans l'huile d'olive dans la proportionde 3,5p. 100 à 15°, dans l'huile d'amandes douces dans celle de 2,15 p. 100; dans le beurre de cacao dans celle de 5 p. 100 à la température de 15°. C'est un succédané du sulfonal. Il se détruit totalement dans l'org-anisme et on ne le retrouve pas dans l'urine. On l'administre à l'intérieur à la dose de 1 à 3 grammes chez le chien. Véronal. Le véronal ou diéthylmalonylurée est un corps incolore cris- tallisé, d'une saveur légèrement amère, peu soluble dans l'eau chaude (1 p. 12). Le véronal forme des sels alcalins très solubles. A la dose de 0s'',25 à 0^,30 par kilogramme chez le chien, il produit après une à deux heures, un sommeil qui peut durer qua- rante-huit heures (Spann, Albrecht, Gokob). Il peut être employé dans l'éclampsie, les maladies nerveuses des petits animaux. Paraldéhyde. Le paraldéhyde est une modification polymérique de l'aldéhyde C^H^O. Il forme un corps cristallisé au-dessous de-f 10°; à une température supérieure, il se liquéfie et constitue un liquide incolore, à odeur fortement aromatique, à saveur brûlante, soluble dans 8 parties d'eau froide, très soluble dans l'alcool et dans l'éther. PARALDÉHYDE. 659 Il est inflammable. A la lumière, il se dédouble assez facilement ; il faut donc le conserver dans l'obscurité. Effet et emploi. — Introduit en thérapeutique en 1883, par Cervello, le paraldéhyde a été étudié depuis parles médecins de tous les pays, et chez nous principalement par Masius, Dujardin-i Beaumetz et Desnos. En médecine vétérinaire, les travaux de Frôhner sont les plus remarquables. Cet expérimentateur a constaté que le paraldéhyde agit sur le chien comme un puissant hypnotique, mais qu'il n'a pas la même action sur le cheval. Chez les solipèdes, il ne pro- duit pas dliypnose. Il détermine une grande faiblesse, une colo- ration jaune des muqueuses, exerce une action dissolvante éner- gique sur les globules roug-es du sang- et produit rapidement l'agiobulie et l'hémoglobinurie. Cette altération du sang- doit être attribuée à son pouvoir réducteur considérable et à son affinité pour l'oxyg-ène. Si on mélange, en dehors de l'organisme, du paraldéhyde et du sang-, on voit que celui-ci perd sa couleur roug'e, qu'il devient brun et donne au spectroscope les bandes de l'hémo- g-lobine réduite. En examinant ce mélang-e au microscope, on voit que les globules rouges sont déformés et en voie de désagré- gation. Cette action dissolvante sur les globules s'exerce chez tous les animaux, mais avec une intensité variable. Chez le chien, Vhypnose apparaît avant que les altérations globulaires soient très prononcées ; mais celles-ci se poursuivent après la narcose, et on voit apparaître souvent une hémoglobinurie consé- cutive. Le paraldéhyde s'élimine rapidement par le poumon ; aussi l'air expiré exhale-t-il une odeur caractérique de ce produit. Il possède aussi des propriétés antiseptiques. Dans les solu- tions à 2 p. 100, la viande est préservée de la putréfaction pendant plusieurs mois. On dit aussi qu'il est un antagoniste très remarquable de la strychnine. Ce nouveau médicament hypnotique n'aura probablement jamais un grand succès en médecine vétérinaire à cause de son action dissolvante sur le sang. Chez le chien, la dose toxique est de 3 à 4 grammes par kilo- gramme d'animal et chez le cheval de 1 à 2 grammes par kilo- gramme de poids vif. La dose hypnotique chez le chien de taille moyenne est de 10 à 2.5 grammes à l'intérieur. 660 ANTISPASMODIQUES. Bromural. On donne le nom de bromural au monobrome isolvalériany- lurée. C'est une poudre blanche, cristalline, d'aspect soyeux, d'un g-oût légèrement amer, très peu soluble dans l'eau froide, plus soluble dans l'eau chaude, l'éther, l'alcool, l'huile et les solutions alcalines ; elle a une très légère odeur d'acide valérianique, elle fond à 149° et est inaltérable à l'air; sa solubilité dans l'eau est de 3?'-,79 p. 100 à 15". Effets et emploi. — D'après van denEeckhout, le bromural est un agent hypnotique à effets rapides pour le chien. Administré à dose thérapeutique, il ne détermine aucun phénomène secondaire nuisible. Il exerce son effet électif sur le cerveau et laisse la moelle et le bulbe intacts. On peut le donner à l'intérieur à la dose de 1 à 2 grammes chez le chien. MODIFICATEURS DES MOUVEMENTS ET DES RÉFLEXES Antispasmodiques. Les antispasmodiques sont les agents capables de s'opposer aux convulsions, aux spasmes. Les convulsions consistent dans des contractions musculaires anormales et involontaires ; elles sont le résultat de l'augmenta- tion de l'excitabilité d'une des parties composantes du système neuro-musculaire sous l'influence d'une cause irritante. L'excita- tion provocatrice des convulsions porte rarement son action direc- tement sur le tissu musculaire ; presque toujours elle agit sur le système nerveux et est transmise indirectement aux muscles. Les convulsions ont tantôt pour siège les muscles de la vie animale, tantôt ceux de la vie organique. Elles sont toniques ou cloniques, partielles ou générales. Comme les convulsions ont pour origine une excitation anor- male du système nerveux, il est évident que les moyens antispas- modiques doivent agir sur ce dernier système. Les causes irritatives capables d'engendrer les convulsions sont nombreuses et à siège très variable. Elles agissent soit sur les cordons nerveux moteurs (contractures directes), soit sur les ANTISPASMODIQUES. Q6t, nerfs sensitifs (contractures réflexes), soit sur la moelle (contrac- ture spinale), soit sur le bulbe (convulsions générales épilepti- formes), soit enfin sur la substance grise corticale (épilepsie corti- cale). Les convulsions peuvent donc avoir une orig-ine nerveuse, spinale, bulbaire ou corticale. Gomme causes périphériques des convulsions, il faut sig'naler :, l'inflammation des cordons nerveux (névrites), les vers intesti- naux, l'éruption dentaire, les traumatismes, les tiraillements de filets nerveux, les excitations vives des org-anes des sens, etc. Dans une série d'expériences mémorables, Brovvn-Séquard a démontré qu'après la section du nerf sciatique chez le cochon' d'Inde il est possible, au bout d'un certain temps, de provoquera; volonté des crises convulsives en excitant certains points de la peau du cou ou des parties voisines (zone épileptog-ène). Cette épilepsie expérimentale présente ceci de remarquable : c'est qu'elle peut se transmettre héréditairement . Les causes convulsives qui agissent sur les centres encéphalo- rachidiens peuvent ég-alement être nombreuses et variables; il faut citer les intoxications par certains poisons à action central© (alcaloïdes convulsivants, essences diverses, toxines d'orig-ine microbienne), la cong-estion, l'anémie, les hémorragies, les tumeurs, les lésions traumatiques des couches corticales du cer- veau au niveau ou au voisinag-e de la zone motrice, les irritations électriques (Fr. Franck), mécaniques ou chimiques de ces mèmesj parties. Les convulsions ayant une origine et des causes variables, la médication antispasmodique doit mettre en œuvre des moyens différents suivant les cas. Cependant, comme les causes qui les provoquent nous échappent fréquemment, il faut toujours dimi-; nuer l'hyperexcitabilité générale du système nerveux par l'admi- nistration des médicaments appropriés. Les principaux médicaments antispasmodiques sont : l'asa fœtida, la gomme ammoniaque, la valériane, le camphre, le bro- mure de potassium, le bromure de sodium, l'acide cyanhydrique, la belladone et l'atropine, la scopolamine. On peut y ajouter les naédicaments hypnotiques et hijpnoanesthésiqiies (Voir ces médi- caments). .^ 662 ASA FŒTIDA. Asa fœtida. L'asa fœtida est une g-omme-résine fétide venant de l'Orient fournie par la racine de plantes ombellifères : Ferula Asa fœtida et Narthex asa fœtida^ qui croissent dans les provinces monta- gneuses de la Perse, du Turkestan et de l'Afg-hanistan. Dans le commerce, Tasa fœtida se présente sous la forme de masses amorphes, plus ou moins roug-e brunâtre, assez con- sistantes, formées d'une matière g-ommeuse et de larmes, d'abord blanchâtres, puis roug-eâtres quand elles ont subi le contact de l'air ; l'odeur en est vive, fétide, alliacée ; sa saveur est amère, acre et repoussante. Il est très soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther le vinaig-re et le lait. La composition de l'asa fœtida est encore incomplètement connue. On y trouve une essence soufrée et azotée semblable à l'essence d'ail, de la résine verdâtre et amère et de la gomme. Effets. — Appliqué sur les tissus fins ou dénudés, l'asa fœtida ag-il comme lég-er excitant local. Dans le tube dig-estif, il excite les sécrétions, produit une sen- sation de chaleur dans l'estomac, relève l'appétit, accélère la dig-estion et dissipe les flatuosités intestinales. A fortes doses, 2G0 grammes et plus, chez les solipèdes, il détermine des efTets évacuants et purgatifs (Tabourin). L'absorption des principes actifs se fait rapidement. On con- state, après l'ingestion de doses un peu élevées, une légère accé- lération de la respiration et de la circulation, une augmejitation des diverses sécrétions, surtout de la sécrétion de l'urine. Cette légère stimulation disparaît bientôt et se trouve remplacée par un état apathique accompagné de somnolence et d'une légère obtusion des sens. L'élimination est rapide, elle se fait par la plu- part des sécrétions, qui prennent son odeur caractéristique. Indications. — L'asa fœtida est indiqué : 1" Pour exciter V appétit^ augmenter la tonicité du tube digestif, faciliter la digestion; 2° A titre de styptique contre la diarrhée chez le cheval (Trasbot) ; 3° Pour calmer les douleurs intestinales dans les coliques qui résultent d'un spasme de la musculeuse des voies digestives et de la vessie ; GOMME AMMONIAQUE. ^63 4o Pour fortifier le système nerveux général et diminuer son excitabilité dans Tépilepsie, la chorée, etc. "' . . 50 Pour soutenir les forces et relever la nutrition chez les ani- maux atteints de maladies infectieuses, telles que la ma adie du ieune à^e chez les chiens, la cachexie aqueuse des moutons, les bronchites et pneumonies chroniques, etc. 11 modifie avanta- g-eusement la sécrétion bronchique ; 6° Pour prévenir Vavortemcnt ; 70 Son odeur désagréable le fait employer dans la préparation du bain arsenical contre la gale du mouton ; avec la teinture, on frotte les régions malades qu'on veut préserver des morsures ou du léchag-e. . , L'asa fœtida ne doit pas être utiUsé chez les animaux de bou- cherie, car il rend la viande inutilisable. Administration et doses. - Cette drogue répugne a la plu- part des animaux à cause de son odeur désagréable. Aux rumi- nants, on la donne en breuvages mucilagineux ou gommeux; aux chiens avec du lait, et aux chevaux en pilules ou bols. Pour les lavements, on fait dissoudre Tasa fœtida dans du vinaigre, ou dans un hquide alcoolique. La teinture d'asa fœtida est une bonne préparation. Les animaux peuvent supporter des doses fortes; mais il vaut mieux faire usage de doses faibles et les renouveler plus souvent. Les doses habituelles d'asa fœtida ou de teinture sont : Cheval 1^ àSOgrammes. Bœuf 20 a50 - Ces doses sont faibles; elles peuvent être données plusieurs fois x\r\ p 1 011 r* En lavements, on administre les doses suivantes : grands her- bivores, 10 grammes par lavement. Petits ruminants et porc, 4 grammes ; chien, 1 à 2 grammes. Gomme ammoniaque. Cette drogue est constituée par le suc laiteux concrète qui s'écoule de la tige d'une ombellifère croissant en Libye et en Perse, le Dorenia ammoniacum. » 664 VALERIANE. Elle se présente sous forme de larmes blanches, laiteuses, jaunissant avec le temps, possédant une odeur spéciale aroma- tique, une saveur acre et amère. On y trouve une essence sul- furée, une matière résineuse roug^eàtre, transparente, fondant à 45°. Soumise à l'action d'une faible chaleur la gomme ammo- niaque se ramollit. Elle est partiellement soluble dans Teau, l'alcool, Télher, les huiles. Triturée avec de l'eau, elle forme une émulsion. Effets et emploi. — La gomme ammoniaque a des effets qui la rapprochent de la térébenthine. Elle est expectorante, diuré- tique et antispastnodique. C'est un excellent modificateur des sécrétions bronchiques. On l'administre en breuvage, potions ou pilules. On sert aussi à fabriquer un mastic pour réparer les brèches du sabot chez le cheval en la faisant fondre à une douce chaleur avec 2 parties de gutta-percha (Defay). Valériane. (Valeriana offtcinalis L.). C'est une plante de la famille des Valérianées, à tig-e fistuleuse, haute de 1 mètre environ, à feuilles opposées, pétiolées, ailées, à folioles lancéolées. La racine est la seule partie employée en médecine. Elle a une odeur faible quand elle est fraîche, mais devenant très prononcée, fétide comme l'urine de chat, quand elle est sèche ; sa saveur est amère et acre. L'odeur de cette racine est très recherchée par les chats. On ne doit pas la conserver plus dun an, car elle perd promp- tement ses propriétés. On trouve dans cette racine une essence (essence de Valériane) 1 p. 100; un acide, Vacide valérianique ou isovalérianique, un glycoside, un alcaloïde (la chatinine), de la fécule, du tanin, etc. Les préparations de valériane doivent leurs propriétés antispas- modiques non à l'acide valérianique, mais à Vessence et à des éthers du bornéol, parmi lesquels se trouve le valérianate de bornyle (Brissemoret) et probablement à des principes actifs qui nous échappent encore (Pouchel). Effets physiologiques. — Localement, la valériane est légère- ment astringente et tonique. CAMPHHE ORDINAIRE. 665. Dans le tube digestif, elle agit comme stimulant, stomachique et vermifuge. Après l'absorption des principes actifs, la valériane agit sur le système nerveux. A faible dose, elle est stimulante du cerveau ; à dose forte, elle produit de la dépression. Les hyperesthésies et les convulsions cloniques disparaissent par l'aclion de cette substance. Son action se porte sur tous les centres nerveux encéphaliques et médullaires. Fraîche, la racine de valériane détermine un ralentissement du nombre des battements cardiaques avec augmentation notable de leur amplitude, une légère diminution de la tension artérielle^ Elle favorise donc le travail du cœur et constitue un toni-car- diaque. Elle n'exerce pas d'action marquée sur la respiration. Alais elle accroît nettement la sécrétion ur inaire. Indications. — Elle est utile dans les maladies nerveuses, l'épi- lepsie, les convulsions épileptiformes, la chorée, le tétanos, les coliques avec spasmes intestinaux. Si elle ne guérit pas toujours ces maladies, elle a du moins l'avantage de diminuer leur gra- vité et de soulager le malade. Elle est indiquée aussi pour calmer les hyperesthésies des organes génitaux et urinaires et pour faire cesser les spasmes intestinaux. Préparations et doses. — On emploie en poudre, en infusion^ en teinture, en huile. Avec la poudre, on fait des bols, des pilules, des électuaires. L'infusion produit le dégagement de l'essence volatile et est peu active. La teinture (au 1/5) convient pour les petits animaux. Pouchet recommande de préparer une alcoolature avec de la racine fraîche qui est beaucoup plus active que la racine sèche. Poudre. Teinture. Cheval Ib à 50 gr- 20 à 50 gr. Bœuf 30 à 100 " 30 à 60 Mouton et porc 5 à 10 5 à 10 Chien Oer.bO à 3 X à XXX gouttes. Cliat 0s^2o à 1 Vài XX gouttes. Ces doses peuvent être répétées deux ou trois fois par jour. Camphre ordinaire. C'-HicQ. Le camphre ordinaire ou du Japon est une essence concrète qui '666 CAMPHRE ORDINAIRE. s'écoule des incisions que l'on pratique dans le tronc du Laurus camphora de la famille des Lauracées. On peut aussi l'obtenir en chauffant avec de l'eau les racines, les tiges, les rameaux des •camphriers, dans de grands vases recouverts d'un chapiteau de terre garni intérieurement de paille de riz. Le camphre se volati- lise et se sublime sous la forme de g-rains irréguliers g-ris jau- Hiâtre, qu'on rassemble dans des tonneaux. On a ainsi le camphre brut qu'on raffine en Europe. Le camphre pur est blanc, d'une odeur caractéristique et d'une saveur amère. Il est presque insoluble dans l'eau, qui n'en prend •que 2 p. 1 000. Les bicarbonates aug-mentent sa solubilité. 11 est très soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, les essences; les huiles et les g-raisses ordinaires. Il s'émulsionne et se dissout en partie dans le jaune d'œuf, le lait, la crème et l'eau mucilagi- neuse. Effets physiologiques. — Le camphre constitue un poison vio- lent pour les êtres inférieurs ; c'est un antiseptique, un désinfec- tant et un antiparasitaire puissant. Appliqué en solution sur une partie extérieure du corps, le ■camphre produit, à cause de sa g-rande volatilité, une réfrig-éra- tion assez marquée avec anesthésie locale. En frictions, il excite la peau, l'échauffé, la congestionne et peut même produire une lég-ère inflammation, mais peu durable. Déposé dans l'œil, il occa- sionne une douleur vive et une congestion de la conjonctive. Sur la muqueuse buccale, il produit une roug-eur, une saveur brûlante, de la salivation, une sécrétion abondante de mucus. 11 commu- nique à l'émail des dents une fragilité extraordinaire. Dég-luti, il détermine sur la muqueuse du pharynx, de l'œsophag-e et de l'estomac une sensation de chaleur et de picotement. 11 augmente la soif et produit souvent le vomissement chez les carnivores, le météorisme et des coliques chez les herbivores. Plus le camphre •est divisé par un véhicule, et moins il est irritant pour le tube digestif. Quand il est administré en grumeaux, il enflamme et •ulcère la muqueuse stomacale aux points où les particules de camphre séjournent. L'absorption du camphre est très rapide; il est transporté par le sang dans toutes les parties du corps. Pendant son séjour dans l'organisme, une partie s'oxyde. Il s'élimine en nature par la peau, l'air expiré et par les urines sous forme d'acide campho-glycuronique et d'acide ura- CAMPHRE ORDINAIRE. 667 mido-compho-g-lycuronique. On peut en déceler des traces dans le lait. Les faibles doses de camphre (5 g-rammes chez le cheval et 0s'",20 chez le chien) déterminent une excitation des centres nerveux. Les animaux sont plus vifs, disposés aux mouvements ; ils portent la tète plus haut et ont les yeux plus brillants. Avec les fortes doses (100 g-rammes chez le cheval, 5 g-rammes chez le chien), les animaux sont fortement surexcités ; ils entrent dans une véritable fureur. Le pouls est très accéléré, il se produit des tremblements, des convulsions cloniques ayant quelque analogie avec des convulsions épileptiformes. Puis l'excitabilité nerveuse s'épuise, il survient une abolition complète de la sensibilité et de la motilité. Sous l'action du camphre, la température rectale subit un abais- sement notable. La chute de la température est surtout très marquée chez les animaux qui sont atteints d'une maladie fébrile. Il constitue un bon excitant du cœur, dont il augmente l'énerg-ie des contractions. Il produit aussi l'annihilation des fonctions g-énératrices, c'est un des meilleurs anaphrodisiaques . Le camphre est serfa^//" à faible dose, excitant à dose moyenne et convulsivant à forte dose. Les cadavres des animaux, morts à la suite de l'absorption de camphre, dég-ag-ent une odeur caractéristique ; la muqueuse dig-es- tive est vivement enflammée; l'encéphale et la moelle épinière sont congestionnés, et leur vaisseaux sont gorg-és d'un sang- noir incoag-ulé ; les uretères et la vessie ont leur muqueuse ecchy- mosée. Antidotes. — Pour s'opposer à la marche de l'empoisonnement par le camphre, on emploie les vomitifs, les boissons émollientes, le café noir, les potions vineuses et de l'éther étendu d'eau. Indications. — Ses propriétés antiseptiques q\. antiparasitaires sont mises à profit pour désinfecter les tissus, où il tend à se pro- duire une fermentation putride, pour détruire les parasites qui vivent sur la peau de nos animaux ou la vermine qui ronge le ling-e. Son action excitante locale^ puis anesthe'siante, le fait employer contre les accidents locaux superficiels tels que heurts, chocs, distensions peu graves, engorgements douloureux des testicules, des mamelles, contre la piqûre des abeilles, contre les douleurs rhumatismales. 668 CAMPHRE ORDINAIRE. Il est indiqué en. poudre sur les plaies pour exciter leur surface et empêcher la sécrétion purulente. Les efïeis excilants (/énéraux rerideni son emploi très rationnel dans les fièvres putrides, les empoisonnements qui allaiblissent le système nerveux central et le cœur. C'est un des meilleurs excitants cardiaques ; il relève raclivité du cœur quand cet org-ane est très aU'aibli et menace de s'arrêter. Dans la pneumo- nie infectieuse, Frôhner l'emploie avec succès à forte dose à l'état d'huile camphrée, qu'il injecte sous la peau à la dose de 100 à 250 grammes par Jour. Ses effets sédatifs ei antithertniques sont utilisés dans toutes les maladies fébriles et septiques. Il jouit aussi de [iVo\)v\Q\.és expectorantes qui le rendent très utile dans les maladies catarrhales chroniques, des bronches et du poumon. Dans le satyriasis, la nymphomanie et les affections des voies génito-urinaires, le camphre produit aussi de bons résultats, car il est anaphrodisiaque . Il est contre-indiqué chez les animaux de boucherie à cause de l'odeur qu'il communique à la viande. Administration et doses. — Le camphre peut être admi- nistré : 1° par la voie dig-estive en bols, pilules ou en émulsion dans un jaune d'œuf ou un liquide mécilagineux ; 2° par la voie sous-cutanée sous forme d'huile camphrée, d'eau-de-vie cam- phrée. L'huile camphrée employée en injections sous-cutanées offre un inconvénient; elle peut provoquer chez le cheval un engorge- ment persistant du tissu conjonctif sous-cutané apparaissant parfois seulement plusieurs mois après l'injection. Les principales préparations sont : la poudre, la dissolution aqueuse, l'eau éthérée camphrée, la teinture de camphre, le vinaigre camphré, l'huile camphrée et la pommade camphrée. La teinture dé camphre concentrée ou alcool camphré est composée de 100 camphre et 900 d'alcool à 98° [Codex). L'eau-de-vie camphrée ou teinture de camphre faible se com- pose de camphre 100 et alcool à 00°, 3900 (Codex). C'est celte dernière qu'on emploie pour l'injection hypoder- mique. Elle est parfaitementsupportée et ne produit jamais d'acci- dent local. BROMURE DE POTASSIUM. 669 Doses thérapeutiques. Camphre Huile camphrée (1 : 10) Eau-de-vie ;, en camphrée eu injectiou l'intéiieur. injection hypodermique. hypodermique, gr. gr. g'"- Solipèdcs 58r,a à 15 30 à oO 50 à 100 Chien Os^ 10 à 2 2 à 4 5 à 10 Chat 0 à 08^5 0K^5 à 2 1 à 5 Bromure de potassium. KBr. Le bromure de potassium est solide, en cristaux cubiques, incolore, inodore, d'une saveur acre et alcaline, crépitant au feu, très soluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool. Le chlore met le brome en lil)erté, et il se forme du chlorure de potassium. Effets physiologiques. — Les ed'ets locaux du bromure de potas- sium sont à peu près nuls. Dans le tube digestif, ce sel dilué convenablement peut être supporté par tous les animaux ; il ne devient irritant pour la muqueuse qu'en solutions très concentrées. En injections hypodermiques, il produit une tuméfaction locale douloureuse suivie d'un abcès. Dans l'estomac, à faibles doses, le bromure de potassium ne produit aucun chang-ement apparent dans les fonctions. A doses moyennes, 3 g-rammes chez le chien et 30 g-rammes chez le cheval, il développe des etlets généraux très marqués. Il porte principalement son action sur le système nerveux encéphahque, dont il déprime les fonctions ; il survient de l'hébétude, de la tendance à l'assoupissement, de la faiblesse musculaire, une diminution marquée des actions réflexes, une anesthésie plus ou moins prononcée des 7nuqueuseseide ]a.peau, de latitubation, etc. En outre, on observe constamment l'impuissance ou l'anaphro- disie. Le bromure de potassium agit électivement sur les centres nerveux ; c'est un hypnoanestliésique et un sédatif ^wssimi par son élément brome. Il a également une action marquée sur la circulation ; il produit unediminution considérable des battementsducœur,qui deviennent en même temps plus faibles ; le pouls est ralenti, intermittent et petit ; les muqueuses pâlissent par suite du resserrement des petits vaisseaux. A forte dose il arrête le cœur en diastole. Cette action sur le cœur doit être attribuée à l'élément potassium. 670 BROMURE DE POTASSIUM. Sous son influence, la température rectale s'accuse ordinairement d'une façon marquée. Par un usage trop prolong-é, il se produit un empoisonnement chronique (bromisme). On voit alors les facultés cérébrales se déprimer de plus en plus, la faiblesse g-énérale et l'amaigrisse- ment augmenter en même temps qu'il se développe un catarrhe du côté des bronches et de la conjonctive et qu'il se produit de l'albuminurie, de l'hématurie. A l'autopsie des animaux morts de bromisme, on constate de la myélite parenchymateuse et une altération des cellules g'anglionnaires cérébrales. Ce sel subit dans le sang- une double décomposition aboutissant à la formation de bromure de sodium et de chlorure de potas- sium. Il est éliminé rapidement par toutes les voies d'excrétion; à l'état de bromure de sodium, ce sel se trouve dans Xurine, dans le lait, dans la sueur, la salive, les fèces, la bile. Pendant son élimination par les glandes cutanées, il est probablement décomposé en partie ; du brome devient libre et agit comme irri- tant sur la peau ; on a en effet observé quelquefois, après l'admi- nistration de bromure chez le chien, le chat, le cheval, la produc- tion d'un impétigo exanthémateux. Indications thérapeutiques. — Autrefois on employait le bro- mure contre la morve, le farcin, le rachitisme, etc. ; mais, depuis qu'on connaît mieux ses effets physiologiques, on sait qu'il ne peut avoir aucun effet curalif sur ces maladies. Ce sel est indiqué dans les maladies nerveuses caractérisées par de l'hyperesthésie, du délire et de l'agitation : épilepsie, tétanos, priapisme, empoisonnement par la strychnine, etc. lo Dans l'épilepsie, le bromure a produit de nombreux cas de guérison chez l'homme ; on l'a aussi employé avec succès sur les animaux, principalement sur les chiens. Sur les chiens qui sont sous l'influence du bromure, l'excitation électrique des centres psycho-moteurs reste sans effet, et il est impossible de provoquer sur eux l'épilepsie expérimentale ; 2" Dans le tétanos du cheval, ce médicament n'a pas réussi. (Vogel de Stuttgard), l'a essayé sur neuf chevaux tétaniques à la dose de iOO à 200 grammes pas jour sans enrayer la maladie. Il adonné quelques résultats favorables sur le chien; 3° Le bromure, en diminuant la sensibilité des organes g-énitaux, calme les ardeurs génésiques ; c'est Vanaphrodisiaque le plus sûr ; BROMURE DE SODIUM. 67i 4" En injection intraveineuse à la dose de 10 à 15 grammes chez le cheval, le bromure de potassium peut rendre de grands services à titre de calmant et de décongestionnant intestinal dans les coliques. Administration et doses. — On l'administre à l'intérieur, sous, forme d'électuaire ou de solution aqueuse. Doses pour le tube digestif. Cheval et bœuf 20 à 50 grammes. Porc, mouton 2 à 5 — Chien 0s^50 à 2 — Chat 0s'-,20 a 0^^,50 Poule Og^20 à 08^,50 Ces doses peuvent être administrées plusieurs fois dans la Jour- née. Chez le cheval, on peut arriver à en administrer 250 grammes par jour, et chez le chien de 5 à 10 grammes : mais il ne faudrait jamais donner ces dernières doses en une seule fois, car elles pourraient être toxiques. Pour les injections intraveineuses, on utilise les solutions aqueuses à 1 p. 20 à la dose de 100 à 150 centimètres cubes chez le cheval dans la congestion intestinale. Bromure de sodium. NaBr. Ce sel est moins toxique que le précédent ; il n'agit pas sur le cœur et les muscles, mais il a une action sédative marquée sur les centres nerveux. Il résulte des expériences de Rabuteau que le bromure de so- dium est une substance qui diminue la sensibilité, sans agir d'une manière appréciable sur la motilité ; c'est un agent modérateur réflexe, tandis que le bromure de potassium est un médicament qui agit à la fois sur le système nerveux, sur le cœur et sur Vap- pareil locomoteur. A cause de sa moindre' toxicité, de son électivité sur les centres nerveux, il est préféré au bromure de potassium lorsque les doses administrées doivent être fortes et le traitement prolong-é. Il répond en somme aux mêmes indications et s'emploie aux: mêmes doses et même à des doses supérieures. -672 CYANIQUES. Bromure de camphre. Camphre monobromé. CioHioBrO. C'est un corps solide, cristallisé en beaux cristaux transparents, itrès soluble dans l'alcool et l'éther, à peu près insoluble dans l'eau, dégag-eant une odeur de camphre. On a reconnu à cette substance des propriétés sédatives très marquées : diminution des battements du cœur, abaissement de la température, action hypnotique, etc A doses fortes, il pourrait devenir convulsivant ; on le considère comme un excellent sédatif et calmant pouvant être avantageusement utilisé dans les néphrites aiguës très douloureuses. On l'administre au chien à la dose de 0s'',50 à 1 g-ramme. Gyaniques. Les cyaniques comprennent tous les produits contenant de l'acide cyanhydrique ou capables de lui donner naissance par le dédoublement d'un de leurs principes. Beaucoup de plantes ren- ferment, dans certaines de leurs parties, des glycosides qui sont susceptibles de se dédoubler sous l'influence des diaslases hydro- Usantes et de donner naissance à l'acide cyanhydrique, appelé encore acide prussique. Parmi ces produits végétaux à acide cyan- hydrique, il faut citer le Pliaseolus lunntus ou pois du Gap, les feuilles de laurier-cerise, les amandes amères, les fleurs et les feuilles du pêcher, les fleurs et fruits du sorbier, les semences de lin, les fleurs et les semences d'aubépine, les néfliers du Japon, les fleurs de groseiller, d'ancolie, les feuilles de sureau, etc. Le g'iycoside cyanhydrique le plus répandu est l'amygdaline C^''H^''AzO*^ Sous l'influence deVémulsineon sy7iaptase, ferment hydrolisant, il se dédouble en glucose, essence d'amandes amères et nitrile formique ou acide cyanhydrique : C2»H27AzOii + H20 = C^HCO -f 2(C6H'206) + CAzH. Amygdaline. Essence Glucose. Acide d'ainaudes cyanhydrique. amères. Les cyaniques utilisés en médecine sont l'acide cyanhydrique, Je cyanure de potassium, le cyanure de chloral. ACIDE CYANHYDRIQUE. 673 Acide cyanhydrique. CAzU. Anhydre, c'est un poison extrêmement violent, il est inusité. On n'utilise que les solutions diluées suivantes : 1° Veau distillée de laurier-cerise [Codex] doit contenir 100 milligrammes d'acide prussique pour 100 grammes de liquide; c'est donc une solution à 1 p. 1000. 2° Le soluté officinal d'acide cyanhydrique [Codex, 1008) contient 2 p. 100 d'acide cyanhydrique. Effets. — L'acide cyanhydrique est un poison pour tous les animaux et même pour les végétaux. II n'ag-it pas sur les animaux en état de sommeil hibernal ou de sommeil anesthésique, mais les tue au réveil si l'élimination n'a pas eu le temps de s'elfectuer. En raison de sa grande volatilité, il s'absorbe facilement par toutes les voies et agit avec une grande rapidité. ' ' Après l'administration d'une dose non mortelle, on observe une accélération des mouvements respiratoires, qui deviennent spasmodiques et dyspnéiques, une accélération des battements du cœur et du pouls, une coloration violacée des muqueuses, une diminution générale de la sensibilité à la douleur, des trem- blements, un abaissement de la température rectale. Ces etîels, quand ils restent modérés, se dissipent en une demi-heure environ; quand ils sont forts, les animaux peuvent rester étoui'dis plusieurs heures. L'analyse physiolog'ique démontre que l'action de l'acide cyanhydrique s'exerce d'abord sur les centres nerveux (respira- toire, vaso-moteur, convulsif, inhibiteur du cœur), sur les glo- bules rouges du sang-, dont l'hémoglobine forme avec cet acide un composé dans lequel l'oxyg-ène est plus tixe et moins facile à utiliser pour la respiration des tissus. La diminution des échanges res[iiratoires explique l'abaissement de la température. Usages. — L'acide cyanhydrique est un analgésique local qu'on a parfois utilisé avantageusement en solution à 2 p. 100 pour calmer les douleurs superficielles, le prurit qui accompag-ne les dartres, les crevasses, les eaux aux jambes, les eng-org-ements des mamelles et les affections cutanées diverses. Mais, en raison de sa grande toxicité, il faut lui substituur d'autres calmants locaux. A rintérieur, en solution à 1 p. 1000, c'est-à-dire sous Kaufmann. 43 674 CYANURE DE POTASSIUM. forme d'eau de laurier-cerise, l'acide cyanhydrique peut rendre des services à titre de sédatif contre la toux, la laryng-ite chro- nique du chien. On le considère également comme un bon antipyrétique^ parfois supérieur à l'antipyrine (Frohner). Doses. — L'eau distillée de laurier-cerise s'administre aux doses suivantes à l'intérieur : Cheval et bœuf 10 à 50 grammes. Chien 06^5 à 3 — Chat 0s'',20 à 1 gramme. Cyanure de potassium. CAzK. Ce sel pur est en cristaux blancs exhalant une odeur d'amandes amères; il a une saveur alcaline, acre ou amère. Exposé à l'air; il en attire l'humidité et l'acide carbonique, se chang-e en carbo- nate de potasse en laissant dég-ag'er des vapeurs prussiques. Il est très soluble dans l'eau et l'alcool étendu, mais peu soluble dans l'alcool absolu. Les solutions sont très altérables à l'air; elles ne doivent être préparées qu'au moment de s'en servir. Effets physiologiques. — Le cyanure de potassium produit les mêmes effets que l'acide cyanhydrique, à l'intensité près. Ce corps se décompose dans l'org-anisme et produit un dég-agement d'acide cyanhydrique. C'est un calmant^ un anesthésique local sur la peau et les muqueuses. Après l'absorption, il ag'it sur la respiration, le pouls et le système nerveux à la manière de l'acide cyanhydrique, mais avec une intensité bien moindre. Indications. — Il est indiqué dans les mêmes cas que l'acide cyanhydrique et doit lui être préféré parce qu'il est plus facile à obtenir et à conserver. Doses. Doses toxiques {estomac). Cheval 4 à8 grammes . Chien 08r,20 à Os^.SO Homme Os'MO à 0g'-,25 Doses thérapeutiques [estomac), Grands animaux O^r.SO à 1 gramme. Chien 08',03 à O^MO Chat... Og^Ol à Og',03 ATROPINE. 67^ Préparations. — Pour l'intérieur, des solutions à l p. 500.. Pour les injections hypodermiques, des solutions à 1 p. 200. Pour l'usage externe, en solution à i p. 100 ou en pommade à 1 p. 20. Administration. — A l'extérieur, on l'emploie en lotions, en applications, en frictions avec la pommade. Il faut surveiller l'emploi externe pour éviter les empoisonnements par suite de l'absorption du sel. Pour le faire absorber, on peut l'administrer par le tube digestif, sous la forme de breuvages, d'électuaires, de lavements ; dans le tissu conjonctif sous-cutané, sous forme de solutions titrées. Les njections hypodermiques sont généralement préférées. Cyanure de chloral. CC13G0H.CAzH. C'est une combinaison très stable du chloral avec l'acide cyanhydrique. 11 se présente sous forme d'une poudre cristalline très soluble dans l'eau. 11 a été expérimenté sur les animaux par Frôhner. Les effets sont identiques avec ceux développés par l'acide cyanhydrique. Il faut 0gr,5 de cette substance en injection sous-cutanée pour tuer un chien de taille moyenne. Les doses thérapeutiques sont de 08^,02 pour les petits chiens et de Os^l pour les gros. Les solutions titrées à 10 p. 100 conservent pendant très long-- temps leur activité première, et il ne survient jamais aucun accident local après les injections hypodermiques. A cause de son inaltérabihté, ce corps sera peut-être appelé à remplacer complètement l'acide cyanhydrique et le cyanure de potassium. Atropine et belladone. 1° Atropine. CH^SAzOS. Cet alcaloïde, découvert par Brandes, isolé de la belladone par Geig-er et Hesse, préparé aujourd'hui également par syn^ thèse, est soHde, en cristaux blancs soyeux et prismatiques, ino- dore, d'une saveur amère et nauséeuse, peu soluble dans l'eau, 676 ATROPINE, mais bien soluble dans l'alcool et l'éther, le chloroforme. Com- binée avec les acides, l'atropine forme des sels cristallisables et très solubles dans l'eau. Le sulfate datropine est le plus employé. Effets physiologiques. — Effets locaux. — Le sulfate d'atro- pine appliqué sur la peau intacte détermine, après un certain temps, une légère diminution de la sensibilité et un arrêt local delà s écre't ion de la sueur {Auberl). Sur les plaies et les muqueuses fines, l'atropine produit d'abord une douleur cuisante assez vive, une irritation, de la cong-estion ; puis, au bout de quelques minutes, la douleur disparaît, et il se produit une anesthésie locale plus ou moins complète. Une goutte d'une solution aqueuse de sulfate d'atropine, instillée dans l'œil d'un animal, détermine d'abord une irritation accompag-née de douleur et de sécrétion des larmes; l'animal cherche à se frotter l'œil, dont la muqueuse rougit; après deux ou trois minutes, la douleur a disparu et, après dix minutes, on observe chez le chien une dilatation de la pupille correspondante. ha, mydriase^ d'abord lég-ère, augmente insensiblement, et après ving-t-cinq minutes elle est g-énéralement arrivée à son maximum ; alors l'iris n'est plus représenté que par une bandelette circulaire extrêmement étroite. La mydriase se produit facilement chez les carnassiers et chez l'homme ; elle apparaît plus lentement chez les herbivores, et enfin elle ne se produit pas chez les oiseaux. Chez le chien, le chat, la mydriase arrive à son maximum en ving-t ou ving-t-cinq minutes , chez l'âne, le cheval et les ruminants, ce n'est qu'après trente-cinq à quarante-cinq minutes. Si l'instil- lation se fait sur un seul œil, on voit que la pupille de l'œil opposé se contracte à mesure que celle du côté instillé se dilate. Cette constriction de la pupille opposée est due à l'efTet réflexe produit par la plus g-rande quantité de lumière qui tombe au fond de l'œil atropine. La mydriase provoquée par l'atropine est accompagnée d'une augmentation de la pression intra-oculaire. La mydriase peut persister plusieurs jours. On peut provoquer alternativement la dilatation et le resser- rement delà pupille par des instillations alternatives d'une solu- tion de sulfate d'atropine et d'une solution de sulfate d'ésérine. Ce dernier alcaloïde a, en efï'et, la propriété de produire la myose, c'est-à-dire le resserrement pupillaire, et de faire cesser les effets mydriatiques de l'atropine. En général, la myose produite par ATROPINE. 677 Tésérine disparaît plus facilement avec Tatropine que ne disparaît la mydriase atropinique sous l'intluence de l'ésérine. La pupille dilatée par l'atropine est immobile, elle ne se modifie plus sous Tinfluence de dilFérentes intensités lumineuses;' et Taccommodation de l'œil devient impossible. La mydriase dure de deux à huit jours après l'instillation. Elle se produit encore sur un œil, quand on a préalablement coupé le nerf sympathique du côté correspondant; mais elle s'établit plus lentement, comme j'ai pu m'en assurer souvent sur des chiens. Chez le lapin, la mydriase est toujours plus lente à s'établir, quelquefois même elle est à peine visible. Cet animal ne convient donc pas pour déceler l'atropine dans un liquide que l'on soupçonne contenir cet alcaloïde. Dans la médecine légale, il faudra donc toujours avoir recours au chat ou au chien pour s'assurer de la présence de l'atropine dans la matière provenant du cadavre d'un homme ou d'un animal empoisonné. La mydriase est le résultat d'un effet local de l'atropine sur l'œil, quoique cette substance puisse encore produire la mydriase après son absorption par toute autre voie. En effet, la mydriase se fait toujours sur l'œil dans lequel l'instillation est faite, jamais sur celui du côté opposé. Si on enlève un œil sur une g-renouille, la mydriase se produit encore s'il est humecté avec une solution d'atropine. Fleming- a remarqué que la dilatation de la pupille commence d'abord au point où la goutte est déposée ; si celle-ci est placée sur un des points de la circonférence de l'iris, on voit la dilatation commencer en ce point, et elle se produit seulement plus tard dans les autres. La présence de l'atropine a été constatée dans l'humeur aqueuse (Ruyter) ; cette substance arrive donc en contact avec l'iris. Ag-it-elle sur les fibres circulaires en les para- lysant ou sur les fibres rayonnées? Agit-elle directement sur l'élément musculaire ou sur les nerfs de l'iris? Ce sont des questions encore incomplètement résolues. D'après les travaux les plus récents, elle paralyse les fibres nerveuses motrices du muscle constricteur de l'iris (oculo-moteur). En effet, après l'atro- pinisation, l'excitation de l'oculo-moteur commun ne produit plus de resserrement pupillaire. De plus, j'ai remarqué que, lorsque la mydriase est incomplète, l'excitation du bout cépha- lique du sympathique produit les effets dilatateurs ordinaires, ce qui indique l'intégrité des fibres nerveuses dilatatrices du dia- phragme irien. 678 ATROPINE. Elle n'agit donc pas sur les fibres rayonnées, mais sur les fibres circulaires. Le système constricteur étant paralysé, le système dilatateur agit seul, de là la dilatation de la pupille. Il esf assez difficile d'expliquer pourquoi la mydriase ne se produit pas chez les oiseaux. D'après la plupart des micrographes, l'iris de ces derniers ne contient que des fibres circulaires striées et pas de fibres radiées, et c'est peut-être à cette différence de structure qu'il faut attribuer la dilférence des effets sur la pupille. Effets généraux. — Quand l'atropine est arrivée dans le tor- rent circulatoire, elle produit des modifications dans presque toutes les fonctions. La mydi^iase se produit sur les deux yeux^ avec une égale intensité ; il en résulte que la vue est obscurcie et la pression intra-oculaire aug-mentée. Sécrétions. — Elle tarit toutes les sécr lions ou les diminue considérablement, à l'exception de la sécrétion urinaire. La bouche devient sèche, la dég-lutition est bientôt rendue impossible, les aliments se dessèchent dans l'estomac et l'intestin. Les sécrétions salivaire, gastrique et intestinale sont donc taries sous l'influence de l'atropine. Les aUments n'étant pas digérés agissent comme des corps étrangers irritants sur la muqueuse gastro-intestinale, et il se produit souvent des nausées et des vomissements chez les carnassiers et des coliques chez les herbivores. L'atropine tarit les sécrétions des glandes en paralysant les extrémités intraglan- dulaires des nerfs sécréteurs. Ce fait est facile à vérifier sur la glande- sous-maxillaire du chien. Cl. Bernard a démontré que la corde du tympan renferme les fibres excito-sécrétoires de celte glande et qu'il suffit d'exciter ce cordon nerveux dans son bout glandulaire pour provoquer immédiatement une abondante sécré- tion de salive et une congestion du tissu de la glande. Sur un ani- mal atropine, l'excitation du bout périphérique de la corde du tympan reste sans effet sur la sécrétion, mais produit encore l'effet vaso-dilatateur ordinaire, comme l'a démontré le premier Heidenhain, et comme j'ai pu m'en assurer plusieurs fois. L'action antisécrétoire de l'atropine est donc due à la paralysie des nerfs sécréteurs et non à un ralentissement de la circulation dnns la glande. La sécrétion urinaire n'est pas influencée par l'atropine. Circulation. — A très faible dose, l'atropine produit d'abord un ralentissement des battements du cœur chez l'homme et le ATROPINE. 679 lapin, puis bientôt une forte accélération de ces battements. Chez le chien, l'accélération se produit immédiatement sans être pré- cédée d'une période de ralentissement. Le ralentissement observé chez l'homme et le lapin est toujours de courte durée, tandis que l'accélération consécutive persiste longtemps. Chez nos g-rands animaux domestiques, l'accélération du pouls est aussi le phéno- mène le plus saillant et le plus durable. Le pouls en même temps devient plus petit, plus difficile à percevoir, et les battements du cœur sont moins énerg-iques. L'accélération considérable du pouls sous l'influence de l'atro- pine doit être attribuée à la paralysie intracardiaque des fibres modératrices du pneumog-astrique. En effet, tout le monde sait que l'excitation du bout périphérique du pneumog-astrique pro- duit le ralentissement ou l'arrêt des battements du cœur dans les conditions physiolog-iques, tandis qu'après l'atropinisation la même excitation n'influence plus le cœur et ne ralentit plus ses battements. On admet g-énéralement que l'atropine produit un abaissement de la tension artérielle. D'après les graphiques manométriques que j'ai pris sur le chien, la tension artérielle reste normale avec des doses moyennes. Il est probable que les auteurs qui sig-nalent un abaissement de tension ont fait usage de doses fortes. Géné- ralement les muqueuses sont congestionnées ; il semble donc y avoir une dilatation vasculaire périphérique, et, si la tension se maintient normale, c'est parce que le cœur bat plus fréquemment. Respiration. — La respiration est toujours accélérée sous l'in- fluence de l'atropine par suite d'une excitation du centre respira- toire. Les mouvements sont plus nombreux et aussi plus amples. Cet alcaloïde est un des meilleurs toniques respiratoires. Il a aussi la propriété de diminuer V excitabilité des extrémités intra- pulmonaires du pneumog-astrique. Tube digestif. — L'atropine arrête les )nouvements péristalti- ques de l'estomac et de l'intestin. Cet ellet paralysant sur les fibres musculaires lisses a été nettement mis en évidence, au moyen de la méthode graphique (Morat). Pendant l'action de l'atropine, à dose un peu forte, les contractions rythmiques dans l'estomac et l'intestin cessent complètement, et il n'est plus possible de les réveiller même par l'excitation électrique du nerf moteur qui se distribue dans la musculeuse g-astro-inteslinale. Les efl'ets para- lysants exercés par l'atropine sur les muscles lisses des parois 680 ATROPINE. g-fistro-intestinales disparaissent sous rinfluence de la pilocar- pine; cette dernière substance est un antagoniste de Vatropine; elle exalte les mouvements péristaltiques et les sécrétions de Testomac et de l'intestin. A dose très faible, Tatropine, au lieu de paralyser l'estomac et l'intestin, excite, au contraire, les contractions péristaltiques de ces viscères et produit des évacuations Elle diminue aussi l'exci- tabilité des extrémitée nerveuses sensitives de la muqueuse g-astro- intestinale et peut, par conséquent, faire disparaître le spasme intestinal, quia pour orig-ine une irritation de la muqueuse. Sphincters. — L'atropine semble aussi avoir pour efïet de reldcher les sphincters en diminuant leur tonicité. Depuis long-- temps, les médecins et les accoucheurs admettent que l'anus, le col de la vessie et de la matrice se laissent dilater facilement sous rinfluence de l'atropine. Cet effet est surtout très marqué quand ces sphincters sont le siège de contractions spasmodiques. L'a- tropine paralyse le système constricteur de l'iris, la musculeuse de l'estomac et de l'intestin, et il est probable que la même action paralysante s'exerce sur les fibres circulaires des différents sphincters. Évidemment, après la paralysie de ces sphincters, l'ouverture qu'ils circonscrivent ne se dilate pas activement, mais elle offre moins de résistance aux causes qui tendent à la dilater. Système nei^veiix. — De faibles doses d'atropine produisent une excitatioîi g-énérale et une aug-mentation de la sensibilité ; des doses plus fortes eng-endrent d'abord une période d'excitation pendant laquelle les animaux se déplacent et s'agitent, puis une période de calme pendant laquelle il y a diminution de la sensi- bilité et apparition d'un état de somnolence qui est cependant entrecoupé par des cris et des rêves pénibles. Les herbivores sont fortement agités au début ; ils sont en proie à des halluci- nations etprésentent des tremblements musculaires des coliques; leschevaux poussentaumurcomme dans le cas de ver tige, et après ils montrent passagèrement les symptômes de l'immobilité. Température. — Les doses faibles produisent aussi une élé- vation de la tempéiature rectale pouvant atteindre 4°. Des doses fortes élèvent d'abord la température, mais l'abaissent ensuite de 1 k 3°. Élimination. — L'atropine est éliminée rapidement par les reins. On a pu produire la mydriase par l'instillation de l'urine provenant d'animaux morts empoisonnés par cet alcaloïde. Chez ATROPINE. 681 les herbivores, une partie plus ou moins notable subit dans Torg-anisme des transformations et l'urine ne contient que fort peu d'atropine en nature. Effets toxiques. — Des doses toxiques d'atropine produisent : 1° Une dilatation pupillaire extrême avec trouble dans la vision; les animaux buttent contre les objets qui se trouvent sur leur passage ; 20 Une exaltation de l'ouïe qui ne s'éteint que dans le coma ; 3° Une cong-estion très forte des muqueuses; 4° Une g-rande excitation, pendant laquelle les animaux sont très sensibles ; puis survient une diminution de la sensibilité et de- la motilité, des tremblements musculaires, des convulsions et enfin une paralysie sensitive et motrice complète. Le pouls est très accéléré, petit, puis il devient même imper- ceptible. La peau des extrémités subit un refroidissement considérable;, les sphincters se relâchent ; la respiration s'éteint et la mort sur- vient au milieu des convulsions. Certains animaux peuvent consommer de g-randes quantités de feuilles fraîches de belladone sans éprouver de malaise ; tels sont les escarg-ots, les pig'eons, les lapins, même les chèvres et les moutons. Nourris pendant une semaine avec ces feuilles, ces ani- maux ne sont pas incommodés. Chose curieuse, leur viande man- g-ée par des carnassiers ou l'homme peut occasionner des accidents- d'empoisonnement. A l'autopsie des animaux qui succombent sous Tinfluence de l'atropine, on ne trouve aucune lésion caractéristique ; les centres- nerveux sont quelquefois congestionnés, et les g-ros vaisseaux contiennent du sang- noir Antidotes. — Il faut d'abord employer les vomitifs ou les pur- gatifs pour faire rejeter le poison non absorbé. Si l'absorption est déjà effectuée, on conseille le café ou les excitants. Je crois qu'il vaudrait mieux lui opposer la pilocarpine et l'ésérine, alcaloïdes- dont les effets sont exactement inverses. Indications thérapeutiques. — Localement, les préparations belladonées et les sels d'atropine sont indiqués : 1° Pour diminuer la douleur dans les inflammations cutanées ou sous-cutanées, quelle que soit leur nature ; 2° Pour tarir les hypersécrétions et diminuer le prurit dans certaines maladies cutanées, dans l'otorrhée, etc. ; 682 ATKOPINE. 3° Pour produire la mydriase, quand on veut examiner le fond du globe oculaire ou pratiquer des opérations sur le cristallin; 4° Alternativement avec Tésérine, pour provoquer des mouve- ments de resserrement et de dilatation de l'iris afin d'empêcher les adhérences de cette membrane avec le cristallin ou avec des produits pathologiques dans certaines ophtalmies; 5° Pour calmer la douleur et diminuer les hypersécrétions dans toutes les ophtalmies, excepté dans l'ulcération de la cornée et le glycome. Dans ce dernier cas, les instillations atropinées seraient nuisibles, car elles augmentent la tension intra-oculaire. A antérieur^ ou en injection sous-cutanée, l'atropine est indiquée : i° ^o\xv diminuer V excitabilité des nerfs d'arrêt du cœur dans l'anesthésie parle chloroforme ou l'éther. Quelques minutes avant de faire respirer les vapeurs anesthésiques, on pratique une injec- tion sous-cutanée de sulfate d'atropine. Chez le chien, la dose d'un demi-milligramme à 1 milligramme suffit pour diminuer considérablement l'excitabilité du pneumogastrique et pour mettre à l'abri des syncopes cardiaques. Dans la pratique, on a tout avantage à faire précéder l'emploi des anesthésiques d'une injection hypodermique d'atropine et de chlorhydrate de mor- phine. Ce procédé d'anesthésie mixte est toujours sans danger ; 2° Pour diminuer les hypersécrétions intestinales dans les cas ■de diarrhée opiniâtre ; 3° Pour diminuer la tonicité et l'état de contraction des sphinc- ters anal, vésical et du col de la matrice. Dans les accouchements laborieux dus à un spasme du col, on introduit dans l'ouverture du col Veponge préparée, que l'on trempe préalablement dans l'extrait de belladone. L'éponge, en se gonflant, dilate le col, dont l'excitabilité et la contractilité sont diminuées par la préparation belladonée; 4° Pour diminuer les contractions spasmodiques de l'intestin, de l'utérus, de la vessie, quand ces contractions sont trop éner- giques et produisent des coliques vives ; 5° Pour diminuer l'excitabilité bronchique et laryngienne au début des maladies de poitrine quand la toux est très douloureuse ; 6" Pour tonifier la respiration, tarir la sécrétion muco-puru- lente et dessécher les bronches à la fin des bronchites, des pneu- monies catarrhales; 7° Cette substance s'éliminant par les urines chez le chien, BELLADONE. 683 est très bien indiquée pour calmer rinflammation et la douleur dans les néphrites (Trasbot). Préparations et doses. — On emploie le sulfate d'atropine sous forme de solutions aqueuses fraîchement préparées et titrées à 1 : 500 — 1 : 200 — 1 : 100 — 2 : 100, etc., selon les cas. L'administration peut se faire par injections hypodermiques. On peut aussi avantag-eusement administrer des potions, des gra- nules ou des pilules contenant une quantité bien déterminée d'alcaloïde. Doses thérapeutiques en injection hypodermique . Sulfate d'atropine. Cheval et bœuf 05^.025 à O^M Porc Osr.Ol à 06^,03 Ghiea Os'-,001 à Offr.Ol Chat et volailles 0g^002 à 0g^005 Doses toxiques. Sulfate d'atropine. Cheval O^S-^O Bœuf 08^.50 Chien 1 gramme . Lapin 1 — 2° Belladone. (Alropa belladona L.) La belladone est une plante indigène de la famille des Sola- nées, dont le fruit est une baie qui ressemble à une cerise noire. Toutes les parties de cette plante sont actives; les baies et la racine sont plus actives que les feuilles. La belladone renferme un alcaloïde prédominant, Vat7'opine, une petite quantité variable d'ailleurs d'hyoscyamine, de méta- tropine, de belladonine, de l'albumine, de la gomme, de la chlo- rophylle, de la cellulose, des sels de chaux. La proportion d'atropine contenue dans la belladone est très variable, selon le terrain sur lequel la plante a vég-été, l'état de sécheresse de l'année, le moment de la récolte et la manière dont elle est conservée. En administrant de la belladone ou des préparations faites avec cette plante, le clinicien ne sait jamais exactement l'intensité des effets qu'il va obtenir; il s'expose à donner des doses trop fortes et à déterminer des effets exag-érés, 684 SCOPOLAMINE. OU des doses trop faibles et n'obtenir aucun effet, et cela avec les mêmes quantités de médicament. En médecine, comme dans les sciences positives, on doit constamment chercher à obtenir l'exactitude parfaite ; il faut qu'on puisse graduer mathématique- ment les effets, et pour cela il faut pouvoir doser exactement les principes actifs que l'on administre. Pour éviter les nombreux inconvénients qui sont attachés à l'administration directe de la belladone, il vaut mieux faire usag-e de son principe actif, c'est- à-dire de l'atropine. Les effets physiolog-iques et thérapeutiques de la belladone sont d'ailleurs les mêmes que ceux de son alca- loïde. Préparations et doses. — Les principales préparations de bella- done sont : la poudre de feuilles, l'extrait qui est entièrement soluble dans l'alcool à 70° et donne avec l'eau un soluté troublé. Teinture à 1 : 10. — Huile belladonée à 1 : 2. — Pommade de belladone à 1 : 10, La belladone entre dans la composition du baume tranquille, de la pommade de peuplier, etc. Doses thérapeutiques. Poudre de feuilles. Cheval et bœuf 13 à 30 Mouton 8 à 15 Extrait. Poir 4 à 8 — 1 — Oei',20 à Opr.SO Chien OB'", 30 à 0gr,20 à Os^SO Cheval et bœuf.. . Chien Doses toxiques. Poudre de feuilles. 123 à 130 13 Extrait. » 2 grammes. Scopolamine. C'-H2'>AzOi. La scopolamine ou hyosciiie est un alcaloïde qui se trouve avec i'hyoscyamine dans plusieurs plantes de la famille des Solanacées : Scopolia atropo'kles et Se. Japonica., Duboisia myoporotdes. On l'emploie à l'état de hromhijdrate de scopolamine. Ce sel se présente sous la forme de cristaux incolores, de saveur SCOPOLAMINE. 685 amère et brûlante; il est facilement soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme. Effets et emploi. — La scopolamine a une action analogue à celle de l'atropine. Comme cette dernière, elle produit la mydriase, accélère le cœur par paralysie du pneumogastrique, arrête les sécrétions de la salive et de la sueur et paralyse le péristaltisme intestinal. Elle dillére de l'atropine en ce qu'elle n'accélère que peu la respiration; en ce que son action mydriatique est plus puissante et plus rapide et qu'elle produit une forte vaso-dilata- tion du côté des reins. Pendant l'action de la scopolamine, les animaux, surtout le chien et le cheval, sont très agités ; ils présentent une certaine hyperes- thésie auditive en même temps qu'un affaiblissement de la vue. Chez l'homme, une dose supérieure à i milligramme est dan- gereuse; un chat a résisté à 0°'",6 (Robert), un cheval a présenté des phénomènes graves avec Ob'",! et un autre est mort avec 0gr,25 (Frôhner). ; Chez l'homme, le bromhydrate de scopolamine à très faible dose produit une légère action hypnotique; mais cette action ne s'observe pas chez les animaux. Cependant, chez ceux-ci comme chez l'homme, l'anesthésie chloroformique se fait bien plus vite après une injection préalable de scopolamine. On l'emploie comme mydriatique dans les mêmes cas que le sulfate d'atropine, mais en solutions plus faibles 1 ou 2 p. 1000. Frohner a combattu avec succès l'asphyxie chloroformique chez un cheval en imminence de mort par une injection hypodermique de Oor,iO de bromhydrate de scopolamine ; le cœur et la respi- ration très affaiblis ont repris de la force. Dans les cas de ce genre, la scopolamine semble devoir être préférée à l'atropine; elle constitue un stimulant énergique du cœur. La scopolamine favorisant l'action du chloroforme, on emploie avantag-eusement Vanest/ie'sie mixte par la scopoknniîie-chloro- forme. Par cette méthode d'anesthésie, on se met presque entiè- rement à l'abri des syncopes cardiaques. Doses. — On emploie le chlorhydrate de scopolamine en solu- tion aqueuse à 5 p. 1000. Doses internes. Cheval et bœuf 0,01 à 0,05 Chien 0,005 à 0,01 686 ALCOOL OU ESPRIT DE VIN. En injectlo7i hypodermique. Cheval ^,02 Chien 0,005 Autres alcaloïdes. L'hyoscyamine, alcaloïde tiré de VHyoscyamus niger, la DUBOisiNE retirée du Duboisia myoropoïdes, Teumydrine ou mélhylo-nitrate d'atropine obtenue par synthèse, agissent sensi- blement comme l'atropine, mais n'offrent aucun avantage parti- culier en thérapeutique vétérinaire. Excitants neuro-musculaires. On appelle excitants., stimulants ou sthéniques lesmédicsLments qui relèvent l'activité nerveuse et l'énerg-ie musculaire. Ils sont employés pour combattre l'adynamie ou la dépression des forces. Les excitants comprennent les sels ammoniacaux, les alcoo- liques, les épices et matières aromatiques, le café et la caféine, le maté, la noix vomique et la strychnine, la coca et la cocaïne, la noix de kola, la coque du levant et la picrotoxine. La plupart de ces médicaments se retrouvent dans d'autres classes. Alcool ou esprit de vin. C2H50H. L'alcool vinique ou éthylique est un liquide incolore, d'une den- sité de 0,95 à 15°, très volatil, inflammable, soluble dans l'eau en toute proportion, ég-alement soluble dans l'éther, la glycérine, les huiles. C'est un excellent dissolvant d'un g-rand nombre de corps insolubles dans l'eau (iode, soufre, phosphore, alcaloïdes, cire, etc.). Il possède une grande affinité pour l'eau. Le mélang-e d'eau et d'alcool s'échauffe et diminue de volume. L'alcool déshy- drate les tissus, coagule et précipite l'albumine. Effets. — Versé sur la peau, l'alcool concentré, en s'évaporant, produit une sensation de froid qui est accompag-née d'un resser- rement vasculaire, d'une pâleur plus ou moins prononcée et d'une diminution de la sensibilité. Si on empêche l'évaporation, l'alcool provoque une irritation et une inflammation locale d'au- ALCOOL OU ESPRIT DE VIN. 687 tant plus prononcées qu'il est plus concentré. Sur les plaies et les muqueuses, l'effetirritant est encore plus marqué ; sur ces sur- faces, l'alcool produit une douleur brûlante très vive, une escar- rification superficielle par suite de la soustraction d'eau aux tis- sus et de la précipitation de l'albumine et du mucus. Il dessèche- fortement les surfaces et les rend réfractaires à la putréfaction, car il est antiseptique. A Vintérieu7% l'alcool concentré constitue un poison violent; ainsi un cheval succombe avec 250 grammes d'alcool absolu. A l'autopsie, on trouve une violente irritation du tube digestif et tous les signes de l'asphyxie. Ualcool étendu d'eau excite les tissus sans les irriter. Sur les plaies et les muqueuses, il tarit les sécrétions et resserre un peu leur surface à la manière des astring-ents. A Vintérieur, il est excitant pour l'estomac et l'intestin; il réveille les contractions périslaltiques et active la sécrétion de& sucs digestifs. Cependant l'effet eupeptique ne se produit qu'à faible dose ; aussitôt que les doses sont suffisantes pour produire l'ivresse, la digestion est arrêtée ou considérablement ralentie. Si, sur un chien à fistule gastrique, on injecte dans Testomac une petite quantité d'alcool dilué, on voit le suc gastrique couler en abondance ; mais, si on injecte de l'alcool fort ou une grande quantité d'alcool dilué, la sécrétion gastrique s'arrête. Après l'absorption, l'alcool en petite quantité produit une exci- tation générale de l'organisme ; les yeux sont plus vifs, les oreilles- se dressent et la tête est portée haut ; les mouvements sont plus faciles, plus énergiques et les animaux montrent plus de vigueur et une plus grande gaieté. Chez l'homme, on observe que les fonctions cérébrales sont plus vives, en outre que l'inteUigence est plus ouverte et la parole plus facile. Les principales fonctions sont toutes activées ; le cœur bat plus vite et plusfort ; la respiration est plus fréquente; la température de la peau s'élève sans qu'il y ait élévation importante de la température rectale, les oxy- dations sont accrues, les quantités d'oxygène absorbé et d'anhy- dride carbonique éhminé sont augmentées. Souvent aussi on observe une abondante diurèse. Ces phénomènes d'excitation se dissipent assez vite quand de nouvelles doses d'alcool ne sont pas- administrées. A fortes doses, l'alcool produit d'abord les effets ci-dessus avec plus d'intensité; mais bientôt succède la période de l'ivresse. ■688 ALCOOL OU ESPRIT DE VIN. caractérisée par une faiblesse musculaire qui fait trébucher l'animal lorsqu'il marche et qui, en se prononçant de plus en plus, le force au décubitus ; ce décubitus n'est pas calme, car le sujet se livre souvent à des mouvements désordonnés aux- quels succède cependant parfois un coma profond et une anes- thésie g"énérale plus ou moins complète. Dans l'espèce bovine, cette anesthésie peut être utilisée dans un but chirurgical ou obstétrical. Le pouls et la respiration, accélérés pendant la période d'exci- tation, se ralentissent beaucoup pendant la période d'ivresse, la température rectale s'abaisse, tandis que la température de la peau aug-mente. Il serrible que, pendant l'ivresse, le sang- se porte surtout vers la peau, qui se couvre souvent de sueur. L'abaissement de la température rectale s'explique encore par le ralentissement du mouvement de dénutrition, la diminution des oxydations; en effet, il y a un affaiblissement de l'exhalation de l'acide carbonique et.de l'excrétion de Vurée. Pendant l'ivresse, les animaux et l'homme se refroidissent facilement; tout le monde ~sait qu'en hiver la mort par refroidissement n'est pas rare chez l'homme ivre. L'alcool entraîné par le sang se fixe et s'accumule d'abord dans divers org-anes parenchymateux, l'encéphale, le foie et les muscles, puis il est en partie oxydé et transformé en aldéhyde, acide acétique, acide oxalique, acide carbonique et eau; une petite quantité cependant échappe à l'oxydation et s'élimine en nature parle poumon, le rein et parfois par les mamelles. L'air expiré prend l'odeur d'alcool chez les personnes ivres. Cette éli- mination en nature de l'alcool aug-mente avec la dose administrée. L'alcool administré peut passer du sang- de la mère à celui du fœtus à travers le placenta. En dehors de toute ingestion d'alcool en nature, il y a dans l'org-anisme des animaux de petites quantités d'alcool qui pro- viennent des matières hydrocarbonées des tissus. Ainsi il existe dans le foie une certaine transformation du g-lycogène en alcool et acide acétique (Béchamp et Estox). Lépine admet égale- ment que la fermentation g-lycolytique est accompag-née de for- mation d'alcool dans le sang-. On considère l'alcool comme un aliment thermog-ène pouvant remplacer en petite quantité une certaine proportion de ma- tières hydrocarbonées ou de g-raisses de la ration. L'alcool est ALCOOL OU ESPRIT DE VIN. 689 susceptible d'éparg-rier les hydrates de carbone et les graisses et de favoriser l'eng-raissement. Les lésions dans Tempoisonnement aigu par l'alcool consistent dans une forte cong-estion, de la surface du cerveau, desméning-es du poumon, des bronches, de la trachée, de la muqueuse gastro- intestinale. Dans l'alcoolisme chronique, le foie est le siège d'une cirrhose, d'une dég-énérescence g-raisseuse des cellules. On remarque les mêmes lésions, dans la rate, le rein. Indications thérapeutiques. — .4 Vextérieur, l'alcool plus ou moins concentré sous forme de teintures diverses constitue un excitant, un ruhéfianl utile pour produire la résolution d'eng"or- g-ements chroniques, d'ecchymoses, de contusions, etc. A Vintérieur, il convient en petite quantité dans tous les cas où il faut faciliter la digestion ; dans les dig'estions pénibles, les coliques, les indig-estions, l'arrêt de la rumination. Il convient aussi, à faible dose, à titre d'excitant g-énéral, pour relever les forces et l'activité nerveuse et cardiaque dans la convalescence, dans l'anémie, dans les maladies infectieuses, dans les empoisonnements par les narcotiques. A faible dose, il excite la fonction g-énitale et constitue un bon aphrodisiaque. Il est indiqué aussi comme antifébrile à forte dose. Dans les cas de fièvre, l'alcool constitue un antithermique, un aliment d'é- pargne de premier ordre. En s'oxydant, il empêche la destruc- tion des graisses et des matières albuminoïdes des tissus et, par conséquent, il épargne l'organisme animal. On l'utilise aussi quelquefois comme narcotique ou hypnoaiies- thésique pour produire la résolution musculaire et l'insensibilité. Chez les ruminants, surtout chez les bovins, l'alcool constitue un bon anesthésique pour les besoins de la chirurgie ou de l'ob- stétrique. On l'administre à l'intérieur dilué à 40 à 50° ou sous forme d'eau-de-vie, de rhum, de cognac, etc. Doses et préparations. — On ne doit donner l'alcool à l'inté- rieur qu'après l'avoir étendu de beaucoup d'eau. Ou bien on peut administrer des liquides alcooliques faibles, tels que l'eau-de-vie faible, la bière ou le vin . Kaiifmann. 690 CAFÉ. Doses toxiques [alcool pur). Giieval 230 grammes . Grands ruminants SîiO à 500 — Chien 30 à 40 — Ciiat 25 — Doses thérapeutiques excitantes. L'alcool doit être dissous dans l'eau et ne pas marquer plus de 50°. Cheval 50 à 150 grammes. Bœuf 100 à 300 — Mouton et porc 30 à 00 — Chien, chat là 10 — Pour produire un effet excitant général, il est prudent de ne pas donner ces doses en une seule fois ; il vaut mieux les fraction- ner, car il y a des animaux qui sont beaucoup plus sensibles à l'alcool que d'autres. Dans les maladies fébriles, lorsque la température rectale est très élevée, on doit toujours donner ces doses en une fois, répéter l'administration toutes les deux ou trois heures jusqu'à production ■de l'effet, car les animaux malades supportent des doses beaucoup plus fortes que les animaux sains. De plus, l'effet hypolher inique ne se produit nettement qu'à dose massive. Doses aneslhésiques chez les bovins, à l'intérieur (Hess). (Eau-de-vie, rhum, cognac ou alcool à 40 à 50°). Bœuf de 600 à 800 kilogrammes 2 à 3 litres. — de 400 à 000 — .... 1 à 2 — — de 200 à 400 — O'.S à li,5. Petits ruminants 300 ce. Café. On donne ce nom au fruit du caféier, plante de la famille des Rubiacées, qui croît surtout dans l'Afrique orientale. Le même nom s'applique à l'infusion qu'on prépare avec des grains de café torréfié. Le café est devenu pour nous un véritable aliment. Sa consom- mation, déjà très g-rande, augmente tous les ans. On ne prépare pas l'infusion de café avec des g-rains verts, mais bien avec les grains ayant subi l'action d'une chaleur intense qui CAFÉ. 691 fait brunir leur surface. L'infusion ainsi obtenue est aromatique et d'un goût infiniment plus agréable que celle qu'on obtiendrait avec les grains verts ; elle jouit aussi de propriétés physiologiques un peu différentes. Le café vert a la composition moyenne chimique suivante : Caféine 0,2 à 0,8 p. 100 Légumine !•' — Sucre et goiiuue •••j — Huile grasse et essentielle 13 — Sels minéraux (K. Na, Mg, Pli, Cl) 7 — Acide cafétannique î> — La substance qui communique au café vert ses propriétés physiologiques, c'est la caféine. L'infusion de café torréfié doit ses propriétés non seulement à la caféine, mais encore à une essence aromatique, la caféone, qui se forme au moment de la torréfac- tion. Pendant cette dernière opération, le café perd de son poids (de 4/8 à 1/4), et il s'appauvrit un peu en caféine. L'infusion de café torréfié agit beaucoup plus énerg-iquement sur l'homme et les animaux que Tinfusion de café vert. L'alca- loïde, la caféine, n'est donc pas le seul principe actif du café tor- réfié. Une infusion de café torréfié renfermant seulement 08^,4 de caféine agit aussi énergiquement que lg^5 de caféine pure : si l'on injecte dans les veines d'un lapin une infusion de café torréfié qui renferme 0g'',04 de caféine, l'animal meurt rapide- ment après avoir présenté des tremblements, des convulsions et l'arrêt du cœur en systole, tandis qu'une dissolution de 0^^,05 de caféine pure injectée ne produit presque aucun etfet. L'infusion de café ag-it énerg-iquem^ent sur les mouvements péristaltiques de l'intestin, tandis que la caféine seule ne modifie pas sensiblement ces mouvements. Le marc de café est très pauvre en caféine, et cependant il agit encore énergiquement sur les animaux. Le prin- cipe aromatique produit par la torréfaction est appelé caféone. C'est la caféone qui produit l'activité de l'intellig-ence, l'accélé- ration du cœur, l'aug-mentation de la tension artérielle, l'accélé- ration de la respiration, l'énergie des mouvements péristaltiques de l'intestin, l'expulsion d'une plus g-rande quantité d'urine et une excitation nerveuse g-énérale. L'homme, à cause de l'usage continuel qu'il fait du café, jouit d'une grande tolérance. Les ani- maux sont relativement beaucoup plus sensibles à l'action de cette substance. Ce n'est pas, comme on l'a cru pendant long- 692 CAFÉINE OU THÉINE. temps, un aliment d'éparg-ne, car il détermine une excitation g-énérale et une élimination plus forte d'azote. Emplois et indications. — L'infusion de café est indi- quée : 1° Dans tous les cas où il y a dépression nerveuse : débilité, état comateux, empoisonnement; 2° Pour faire disparaître l'ivresse produite par des liqueurs alcooliques ; 3° Dans les maladies chroniques des muqueuses des voies respi- ratoires, surtout les maladies catarrhales; 4° Pour provoquer la diurèse et favoriser la résorption des épanchements hydropiques; 5° Pour combattre la constipation et l'atonie intestinale ; 6° Contre l'indig-eslion ou pour faciliter la digestion quand elle est laborieuse. A l'extérieur^ le café en poudre est un bon antiseptique et astringent pour les plaies. Mélang-é à l'iodoforme, il ôte à ce corps son odeur désagréable. Doses. — Les doses ne sont pas nettement indiquées. Pour les grands herbivores, la dose de 50 grammes dans 1 litre d'eau bouillante suffit généralement. On peut d'ailleurs augmenter considérablement les doses sans occasionner aucun empoison- nement. Caféine ou théine. CSjIiOAziQ-^. La caféine est le principe actif du café vert, du thé, de la noix de kola, du maté, du guarana. Les grains de café en contiennent environ 1 p. 100, les feuilles de thé 2 à 3 p. 100, la noix de kola 2 p. 100, la pâte de guarana 6 p. 100, le maté 0,50 à 1,5 p. 100. Cette substance, découverte en 1820 par Runge, est une trimé- thylxanthine C°H(CH^)^Az*0' ; elle se présente à l'état de pureté sous la forme de cristaux blancs, en aiguilles très fines, lég-ère- ment amers. Elle est peu soluble dans l'eau froide 1 : 75, et l'alcool 1 : 150, mais très soluble dans l'eau chaude, le chloro- forme (1 : 9j. Le salicylate de sodium et le benzoate de sodium facilitent sa dissolution dans l'eau. La caféine peut être obtenue aujourd'hui par synthèse. CAFÉINE OU THÉINE. 693 Effets physiologiques. — La caféine et ses sels n'ont aucune action sensible sur la peau. Sur les muqueuses, cet alcaloïde dé- termine une légère excitation qui active la circulation et les sécré- tions. Dans la bouche, elle produit une légère hyperémie de la m aqueuse et une sécrétion sali vaire plus abondante. Il est probable qu'à doses convenables les mêmes elléts locaux se produisent dans l'estomac et l'intestin. L'absorption de la caféine est très rapide dans le tube digestif, le tissu conjonctif sous-cutané et les bronches. On peut l'admi- nistrer par l'une ou l'autre de ces voies selon les exigences des cas. Les effets g'énéraux se traduisent par des modifications dans presque toutes les fonctions. a. Sensibilité et ffiotilité. — ■ x\ussitôt que la caféine a pénétré dans le sang- en quantité suffisante, on constate une augmen- tation de la sensibilité générale et des sensibilités spéciales. Les animaux sont excités ; les mouvements sont plus faciles plus vifs et le travail musculaire est favorisé. On observe aussi une respiration plus légère. A dose forte, la caféine aug-mente considérablement le pouvoir réflexe de la moelle et produit parfois des convulsions tétaniques comme la strychnine. Cet eifet est surtout facile à constater sur la g-renouille verte. On le produit aussi sur les mammifères en administrant de fortes doses. Le cheval qui reçoit 0^,50 de caféine en injection sous-cutanée ou intraveineuse prend une attitude plus fière, relève la tête, dresse les oreilles et leur fait exécuter des mouvements dans tous les sens; il mâche comme s'il avait des parcelles alimentaires dans la bouche ; ses yeux deviennent vifs et brillants ; sa démarche d'abord facile devient raide ensuite, puis apparaissent des contractions cloniques dans certains muscles surtout dans les masséters. Si l'on pique l'animal, il réag-it vive- ment, ce qui prouve que la sensibilité, le pouvoir réflexe ont aug-menté. En même temps, les naseaux se dilatent et la physio- nomie prend une expression hérissée. Les effets sont sensiblement les mêmes sur le chien. Des doses de 1 à 2 g-rammes en injections hypodermiques produisent chez cette espèce une surexcitation considérable, des mouvements de déplacements continuels ; les yeux deviennent vifs et brillants, parfois des désirs vénériens évidents se manifestent. Les mâles ont des érections et se lèchent la verg-e. Cette excitation dure 694 CAFÉINE OU THÉINE. environ deux heures ; elle est à son maximum trois quarts d'heure après l'injection. Les effets excitants ou excito-moteura sont le résultat de l'action exercée par la caféine sur les centres réflexes médullaires et sur l'appareil musculaire. b. Sécrétions. — Pendant la période d'excitation, la muqueuse buccale est rouge et la salive coule en abondance par la commis- sure des lèvres. Les sécrétions dans les parties abdominales du tube dig-estif sont ég-alement aug-mentées, car l'animal rend fré- quemment des matières excrémentitielles très molles ou mélan- g-ées avec beaucoup de liquide. La peau roug-it, s'échauffe, et sa sécrétion sudorale est activée. Souvent on observe aussi une diurèse marquée qui est en g-rande partie le fait d'une augmen- tation de la pression sanguine. On doit admettre également une excitation directe de l'épithélium rénal. c. Circulation et respiration. — A dose physiologique, la caféine produit chez le chien une accélération du pouls ; elle donne aux battements du cœur une énergie plus grande et déter- mine en général une constriction des petits vaisseaux. Cependant la vaso-constriction ne porte pas sur tous les organes ; ainsi les vaisseaux du rein se dilatent, et cette glande augmente de volume sous l'influence de la caféine. Les effets sur le pouls et la tension varient avec les doses; des doses faibles et moyennes produisent une accélération du pouls et une élévation de la tension artérielle; les doses fortes, en injection intraveineuse, produisent une accé- lération du pouls avec abaissement de la pression artérielle ; avec des doses très fortes, il y a ralentissement du pouls, arythmie et abaissement considérable de la tension artérielle jusqu'au moment de la mort. La respiration subit les mêmes modifications que la circulation cardiaque ; comme celle-ci, elle s'accélère ou se ralentit suivant les doses. d. Température. — La caféine élève la température rectale sur le chien ; à la dose de 2 grammes, elle peut s'élever au- dessus de 40°. Avec des doses faibles, l'élévation est peu consi- dérable. e. Muscles. — Les muscles de la vie animale et ceux de la vie organiques se contractent avec plus d'énergie sous l'influence de la caféine. Les animaux ont des mouvements locomoteurs très vifs. Quand la dose est trop forte et qu'il y a véritable empoison- CAFÉINE OU THÉINE. 695- nement, les muscles striés perdent leur excitabilité ; ils devien- nent rigides et la courbe de la secousse s'allong-e considérablement comme avec la vératrine. A dose modérée, cet alcaloïde excite Ténerg-ie de contraction de tous les muscles de la vie organique de l'économie; il tonifie le muscle cardiaque et le muscle utérin, vésical, intestinal, et resserre les petits vaisseaux de la plupart des org-anes. f. Nutrition. — La caféine n'est pas une substance d'épargne ;. elle aug-mentela dénutrition, détermine une forte élimination de matières azotées par la voie urinaire. Rabuteau avait admis un etlet inverse, c'est-à-dire une diminution de l'élimination de l'urée, de l'acide urique et des urates. Indications. — La caféine ou ses sels remplissent les mêmes indications g'énérales que l'infusion de café torréfié. Cependant l'alcaloïde pur ag-it plus favorablement dans certaines maladies accompagnées d'épanchements hydropiques, d'œdèmes, dans l'anasarque. Dans ces cas, on associe souvent l'action de la caféine à celle de la digitale ou de l'alcool pour relever l'énergie des con- tractions cardiaques, favoriser la diurèse et hâter les résorptions interstitielles. Elle est considérée comme un cardio-sthénique, un diurétique et un antihydropique excellent, quand la digitale est mal supportée. A cause de ses effets vaso-constricteurs, on a conseillé son emploi f)Our arrêter les hémorragies de la matrice. Mais, dans la pratique, on n'en a pas obtenu de bons effets ; elle agit peut- être sur les vaisseaux de l'utérus comme sur ceux du rein en les dilatant; en tout cas, il convient d'être prudent dans son emploi chez les femelles pleines. Jacoulet [Recueil, 1904) rapporte une observation qui tend à établir que la caféine chez la ju- ment pleine, à la dose de 0sr,50 en injection hypodermique, peut provoquer l'avortement et consécutivement une hémor- ragie utérine. En raison de son action sur le système nerveux et les muscles moteurs, la caféine est utilisée parfois comme excitant nerveux musculaire dans l'entraînement, les sports [doping). Son action excitante sur les muscles de la vie organique peut être utilisée pour favoriser le péristaltisme stomacal et intestinal dans les cas d'indigestion, pour augmenter la puissance de con- traction de la matrice et favoriser l'accouchement quand il y a pérésie ou faiblesse des parois utérines; pour tonifier les fibres 696 THÉOBROMINE. musculaires pulmonaires et bronchiques et faciliter la respiration dans les cas d'œdème du poumon. Administration. — Doses. — A Vinlérieui^ on administre la caféine sous forme de potion sucrée, de g-ranules, de pilules. Les doses toniques sont: Clieval et bœuf o à 10 graiiiines. Gros chien 0(''^;^ à 2 — Petit chien Os'-.l à 08^,5 Pour les injections hypodermiques , on emploie les doses environ dix fois plus faibles ; mais on peut les répéter plusieurs fois dans la journée. Cheval Oer,r)0 à 1 graiume . Chien ogr,0.j à O^MO Doses toxiques (Fruhner). Cheval et bœuf 100 grammes . Chèvre et porc 10 — Chien 5 — Solutés de caféine pour injection liypodermiqiie. NM Caféine 28^,50 Benzoate de sodium 3si',50 Eau distillée bouillie et froidie Q. S. pour obtenir 10 centimètres cubes de soluté (Codex). Un centimètre cube renferme 25 centigrammes de caféine. Caféine 4 grammes. Salicylate de sodium 3 — Eau distillée bouillie et refroidie Q. S. pour obtenir 10 centimètres cubes de soluté. Un centimètre cube de ce soluté renferme 40 centigrammes de caféine {Codex). Théobromine. G6H2(CH3)2Azi02. La théobromine est une diméthylxauthine, c'esl-ù-dire l'homo- log"ue inférieur de la caféine. Elle est retirée surtout du cacao, qui ACIDE FORMIOUE ET FORMIATES. 697 on conlient de 0,5 à 1 p. 100, et se présente sous forme de cris- taux blancs, de saveur lég-èrement amère, insoluble dans Teau, soluble dans l'alcool. Elle peut devenir soluble dans l'eau à la faveur des benzoates, des salicylates et des cinnamates alcalins. On donne le nom de diurétine à un salicylate de soude et de théobromine, et celui à'agurine à la combinaison de la théobromine et de l'acétate de soude. Ces composés sont très solubles dans l'eau. Effets et usages. — La théobromine agita la façon de la caféine, mais avec une intensité moindre. Elle est moins toxique, ag-it moins énerg-iquement sur le système nerveux, sur le système musculaire et le système circulatoire. Mais c'est un diurétique plus puissant que la caféine. Elle agit comme vaso-dilatateur des vaisseaux du rein et comme excitant direct de l'épithélium rénal. Elle s'élimine par les urines à l'état de monométhylxanthine. A titre de diurétique , elle est indiquée à la place de la caféine dans toutes affections cardiaques ou autres, accompag-nées d'hy- dropisie, d'œdème, excepté dans celles qui sont d'origine rénale. Les doses sont celles de la caféine. La théobromine, la diurétine et l'agurine sont toujours admi- nistrées à l'intérieur. Ces derniers composés, quoique solubles, ne sont pas injectés sous la peau à cause de leurs propriétés irri- tantes. L'ag'urine se donne au chien à l'intérieur à la dose de 1 à 5 grammes par jour, au cheval à celle de 10 grammes. Théocine. La théocine est une diméthylxanthine synthétique, obtenue avec la théophylline, principe contenu dans les feuilles de thé. Jacob {D. T. W., 1903) et Albrecht [Woch. f. Tliiercli., 1905) l'ont avantageusement utiHsée comme diurétique chez le chien à la dose de O^^.S à 1 gramme par jour. Acide formique et formiates. L'acide formique (CH'-O-) est un liquide incolore, d'odeur forte et piquante, soluble dans l'eau et l'alcool. Il existe en assez forte proportion à l'état libre dans les fourmis rouges, les aiguillons des 698 ACIDE FORMIQUE ET FORMIATES. g-uêpes et dans plusieurs végétaux : l'ortie, les fruits du tamarin, ceux du Sapindus saponaria, les aiguilles du pin, etc. On la ren- contre chez rhonnme et les animaux à Télat combiné et en petite proportion seulement dans le sang, l'urine, la sueur, la rate, le pancréas, le thymus, le muscle, le cerveau. Effets et usages. — Pur ou concentré, l'acide formique est un irritant local énergique qui produit sur la peau une rubéfaction rapide. Il possède des propriétés antiseptiques assez développées. A cause de sa non-toxicité, on l'emploie avantag'eusement en so- lution aqueuse à 1 [>. 100 comme antiseptique et cicatrisant. Il donne d'excellents résultats sur les plaies, les fistules, les cavités des abcès, les muqueuses enflammées. Administrés à r intérieur en petite quantité, l'acide formique et les formiates augmentent l'appétit, facilitent la digestion et excitent favorablement les fonctions nerveuses et motrices. Il résulte des recherches de Clément et de Huchard sur l'homme sain et malade que les formiates accroissent la force musculaire dans des proportions considérables au point de la quintupler ; qu'ils augmentent la résistance à la fatigue; ({viûs suppriment la douleur qui accompagne celle-ci; qu'ils augmentent l'activité cérébrale^ produisent un certain bien-être, plus d'aisance et plus de force dans les mouvements. Cette action toni-neuro-musculaire serait durable et persisterait pendant huit à dix jours après la cessation de l'administration. A dose très faible, les formiates tonifient le cœur et les vais- seaux, augmentent la pression artérielle et rendent la respiration plus légère, plus aisée. A dose forte, les effets sont inverses ; on observe une diminution de la tension artérielle, un ralentissement des oxydations et un abaissement delà température rectale. Les formiates alcalins ne sont que peu toxiques; il faut plus de 1 g-ramme de formiate de sodium par kilog-ramme d'animal pour tuer le chien en injection intraveineuse (Arloing) et environ 60 grammes à l'intérieur pour un chien de taille moyenne. Dans l'organisme, les formiates sont en partie oxydés et transformés en carbonates. La partie non oxydée s'élimine en nature par les urines et la sueur. Cette élimination peut durer quatre à six jours. Ils provoquent une augmentation rapide et notable de la sécrétion urinaire sans irriter les reins. Les formiates les plus employés sont les formiates de sodium, de potassium, de fer et de lithine. ANTIPYRÉTIQUES OU ANTITHERMIQUES. 699 On peuten administer jusqu'à 20 grammes par jour en plusieurs fois aux grands herbivores et i g-ramme au chien. D'après Garri- gues, les doses très faibles donnent les meilleurs résultats. Jusqu'ici les propriétés toniques neuro-musculaires des for- miates n'ont pas été utilisées en médecine vétérinaire. En médecine humaine, la renommée de ces composés s'est d'ailleurs beaucoup amoindrie. A titre de rabé/iant, on peut employer en frictions une solution contenant : acide formique, 2; alcool, .35, et eau, 13. Pour le lavage des plaies, les solutions de 0,5 à 1 p. 100 sont antiseptiques et cicatrisantes. MODIFICATEURS DE LA CALORIFICATION Antipyrétiques ou antithermiques. Dans les maladies fébriles, il arrive souvent que l'excès de tem- pérature menace de devenir un phénomène morbide très dange- reux pour le malade. Nous savons, en effet, que les mammifères ne tardent pas à succomber si leur température intérieure se maintient pendant quelque temps au-dessus de 42° G. Examinons le mécanisme et les causes de la fièvre. A l'état normal, la température est maintenue à un degré sensi- blement fixe chez les animaux à sang chaud. Cette fixité de la température intérieure est assurée par le système nerveux qui règle à la fois la production et la déperdition de calorique. La fièvre apparaît quand, par suite d'un affaiblissement du système nerveux, la déperdition de chaleur reste inférieureà la production^ c'est-à-dire que la régulation est devenue défectueuse. Dans la fièvre, la production de chaleur est toujours aug-men- tée. Ge fait est établi par les résultats de toutes les recherches physiolog-iques et cliniques. G'est ainsi qu'on observe toujours une augmentation dans les échanges respiratoires et dans l'élimination azotée urinaire; une forte et rapide diminution du poids du corps, c'est-à-dire un amaigrissement intense. La déperdition de chaleur, tout en aug-mentant dans la fièvre, reste inférieure à la production. Il en résulte une rétention de calorique qui amène une élévation de la température centrale. L'animal sain règle sa température suivant les besoins. Quand, sous l'influence d'une cause d'échauffement quelconque, la tempe- 100 ANTIPYRÉTIQUES OU ANTITHERMIQUES. rature tend à s'élever, il se produit immédiatement par action nerveuse une déperdition de chaleur plus grande par la peau et le poumon. Quand, au contraire, l'organisme est soumis aux causes de refroidissement, le système nerveux entre immédiatement en fonction pour aug-menter les oxydations et pour diminuer la déperdition de chaleur. Dans les deux cas, la température inté- rieure ne varie que dans des limites fort étroites. Mais, dans les cas de fièvre, la régulation est affaiblie; le sys- tème nerveux ne lutte qu'imparfaitement contre les causes d'échauffement ou de refroidissement. Il en résulte que l'animal fébricitant, ayant à lutter contre ces causes, se montre constam- ment déprimé et inférieur à l'animal sain. Cette plus grande impressionnabilité aux causes d'échauffement et de refroidisse- ment tient à la faiblesse relative du système nerveux. Pendant la fièvre, la production de chaleur est aug-mentée comme nous l'avons dit ; et il résulte des recherches expérimen- tales que c'est surtout dans le foie et les reins que se produit l'excès de chaleur. Mais il ne suffit pas de savoir qu'il y a exag-ération des oxyda- tions et insuffisance de la rég-ulation ; il faut encore rechercher les causes directes de ces altérations fonctionnelles. Il est démontré aujourd'hui que la fièvre est le résultat de Vi?i- troduction dans le sang de matières nuisibles. Ces matières, mélang-ées au liquide nutritif, vont agir sur tous les éléments org"aniques, mais principalement sur les centres nerveux prési- dant h la régulation thermique. Les matières capables de provoquer la fièvre, appelées ma- tières pyi'étogènes^ sont g-énéralement des toxines sécré- tées par les microbes qui envahissent les plaies ou les tissus. On peut, en effet, provoquer artificiellement une fièvre, en injec- tant dans les veines d'un animal des liquides de culture de microbes pathog-ènes entièrement dépourvus de microbes par la filtration. Cependant, certains cas de fièvre ne peuvent pas s'expliquer par les sécrétions pathogènes d'origine microbienne, telles sont les fièvres traumatiques. Dans ces cas, on admet que, par suite d'un trouble du système nerveux et des tissus, il se forme dans l'org-anisme même des substances pyrétog'ènes analog-ues à celles qui prennent naissance pendant le développement des microbes. Les cellules vivantes de l'org-anisme auraient ainsi des propriétés QUININE ET SES SELS. 701 analogues à celles des organismes inférieurs, qui, en somme, sont également des cellules (Hayem). Indications à remplir dans les maladies fébriles. — La fièvre, comme nous venons de le voir, est le plus souvent un état secon- daire résultant de la pénétration dans le sang- de toxines fabri- quées soit par des microbes, soit par les éléments des tissus malades. Ces produits solubles alTaiblissent le système nerveux et le rendent impropre à maintenir une rég-ulation thermique nor- male; ils déterminent aussi une destruction rapide de la matière org-anisée et produisent la consomption. Les indications à remplir sont donc les suivantes : 1° Combattre C infection toutes les fois que cela est possible, afin de prévenir la formation des toxines qui provoquent la fièvre ; 2° réveiller les sécrétions afin d'éliminer les substances nuisibles accumulées dans le sang-; 3" exciter et tonifier le système nerveux affaibli ; 4° combattre directemeîit l'excès de production de cha- leur et favoriser sa déperdition par le rayonnement; 5° s'opposer à roxy dation et à la désagrégation trop intense de la matière org-anisée. Ces indications sont plus ou moins faciles à remplir à l'aide des agents dits anlifébriles ou antipyrétiques, dont les principaux sont : la quinine, l'antipyrine, le pyramidon, l'acétanilide, la phé- nacétine et ses succédanés, l'acide salicylique, le salicylate de soude et leurs succédanés, l'acide benzoïque, l'aconit et l'aconitine, la vératrine. Dans la médication antithermique, on peut aussi utiliser par- fois très avantag-eusement : les bains froids, les enveloppements humides, les rubéfiants, les vésicants, les sudorifiques, ag-ents qui tous aug-mentent la déperdition de chaleur par la peau. Quinine et ses sels. La quinine est le principal alcaloïde des écorces de quinquina. Elle se présente sous la forme d'hydrate de quinine cristallisée (C-''H2^Az20'- + 2H-0). Elle se dissout dans 1670 parties d'eau à + 15°, dans 902 parties d'eau h 100° ; elle est beaucoup moins soluble dans l'alcool, le chloroforme. L'éther en dissout son pro- pre poids. Elle se dissout aussi dans les huiles, les essences, la benzine, etc. La quinine s'unit aux acides pour former des sels dont les plus employés en médecine vétérinaire sont : le sulfate 702 QUININE ET SES SELS. basique ou officinal de quinine et le chlorhydrate basique de quinine. Le sulfate officinal ou basique {C'^W^z^O^Y^O'W -^^W-O) s'obtient en cristaux formant des aiguilles prismatiques. Il con- tient 16,18 p. 100 d'eau, 74,31 de quinine, se dissout dans 570 parties d'eau à -f- 15° et dans 30 parties d'eau bouillante ; il est plus soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther et dans le chloroforme. Celui du commerce est souvent impur; il peut être mélang-é de cinchonine, de salicine, de sulfate de chaux, d'acide borique, etc. Le chlorhydrate de quinine basique G-°H-''Az^O-,HGl-f 2H^0 est cristallisé. Il contient, pour 100 parties, 81,71 de quinine, 9,22 d'acide chlorhydrique et 9,08 d'eau. Il se dissout dans 25 par- ties d'eau à 15°, dans 18,5 à 25°. Ces deux sels, étant plus solubles dans feau que la quinine, sont g'énéralement préférés pour l'usag'e médical. Il faut préparer les solutions au moment même de l'administration, car, conser- vées, elles s'altèrent par le développement de moisissures. Les sels de quinine étant précipités de leur solution par l'acide tannique, il y a lieu d'éviter de les associer avec des matières tannantes. Effets physiologiques. — La quinine et ses sels s'opposent aux fermentations et à la putréfaction. Une solution à 2 p. 100 empêche la putréfaction, les fermentations vinique, lactique et butyrique. Elle détruit avec énerg-ie la vitalité des ferments figu- rés des levures et des protozoaires et se transforme à leur contact en quinidine et dihydroxylquinine. Elle exerce une action spéci- fique sur V hématozoaire du paludisme. Son action sur \es fer- ments diastasiques est nulle; ainsi elle n'empêche pas la produc- tion d'acide cyanhydrique quand on met en présence l'émulsine et l'amyg-daline et ne s'oppose pas à la transformation de l'ami- don en sucre, sous l'influence de la ptyaline. La quinine n'a pas d'action sur les spores vég-étales, moisis- sures, champig-nons, algues. Elle est beaucoup plus toxique pour les protozoaires que pour les animaux mammifères. Effets locaux. — Les effets locaux sur la peau sont à peu près nuls. Sur les muqueuses et les tissus nus, tous les sels de quinine ag"issent comme irritants. Ils ont une saveur amère et, quand ils sont introduits dans la bouche, ils provoquent la sécrétion sali- vaire par action réflexe. La saveur amère est encore perceptible QUININE ET SES SELS. 703 dans des solutions à i p. 10000. Dans l'estomac, les petites quan- tités de sels de quinine sont facilement supportées et ne s'oppo- sent pas à la digestion; elles peuvent même la favoriser; mais des doses massives produisent souvent chez les carnassiers des nau- sées et des vomissements et chez les herbivores delà diarrhée. Ce sont là des effets dus à l'action irritante locale des sels de quinine. A la suite des injections sous-cutanées, on voit souvent se déve- lopper une tuméfaction et parfois de la nécrose; ces injections ne constituent donc pas un bon mode d'administration pour les sels de quinine. La muqueuse respiratoire jouit d'une tolérance assez grande vis-à-vis des solutions très diluées, des sels de quinine. Cependant on ne peut pas recommander les injections intratrachéale dans la pratique. Effets généraux. — Quand le médicament est introduit dans l'estomac, l'absorption commence déjà dans ce viscère, et elle se continue dans l'intestin, mais avec moins d'activité. En effet, dans l'intestin, on trouve des conditions qui tendent à s'opposer à l'absorption, car les acides de la bile et les alcalis des sucs intesti- naux forment des composés peu solubles avec la quinine. Cepen- dant, en g-énéral, quand on emploie de faibles doses, cet alcaloïde est complètement absorbé, et les excréments n'en renferment plus de traces. Après son administration par la voie digestive, les elfets généraux se manifestent habituellement au bout de quinze à trente minutes. U élimination des sels de quinine a lieu à i)eu près par toutes les voies d'excrétion. On a retrouvé de la quinine dans l'urine, le lait, le mucus bronchique, la bile, la salive, les larmes. C'est surtout par l'urine que l'élimination a lieu. Elle commence environ une demi-heure après l'ing-estion et est achevée après quarante-huit heures environ. Pendant son séjour dans l'économie, la quinine se localise spécialement dans le foie et la rate. Celle qui est éli- minée diffère en partie de la quinine ordinaire. D'après certains auteurs, elle se retrouverait dans les urines à l'état de quinidine, d'après d'autres à l'état de dihydroxylquinine (C-^H'^Az^O'). Les effets généraux déterminés par ces sels varient beaucoup d'intensité et même de nature, selon la dose ingérée. Avec des doses faibles et moyennes, on observe, d'après la plupart des au- teurs, chez les animaux sains, une accélération du cœur et une augmentation de la pression artérielle. Avec des doses fortes. 704 QUININE ET SES SELS. on obtient, aa contraire, un ralentissement du cœur et un abais- semejit de la tension artérielle. D'après MM. Sée et Bochefontaine {C. R. de V Institut, 1885), on peut constater deux périodes dans son action : 1° la période ini- tiale, pendant laquelle il y a accéle'ratioîi du pouls ei élévation de la tension artérielle; 2° la période d'état se caractérisant par le ralentissement du pouls accompagné de rabaissement de la ten- sion artérielle. Voici les symptômes qui apparaissent chez les animaux si on administre des doses très rapprochées. On doit distinguer deux périodes : une d'excitation et l'autre de sédation. Pendanl la. preinière période, les animaux sont excités, s'agitent et se déplacent sans cesse; un mouvement fébrile se déclare, car on remarque la fréquence dans le pouls et dans la respiration, la roug-eur de la conjonctive, l'augmentation de la chaleur cutanée, l'élévation de la température rectale, etc. Cet état d'excitation dure environ deux heures en moyenne. Durant la période de sédation, le mouvement fébrile se ralentit sans que, du reste, la circulation et la respiration tombent au- dessous de leur rythme normal; l'agitation fait bientôt place à un calme complet, et l'on remarque même un peu de tristesse et de coma, car les animaux tiennent la tête abaissée vers le sol et semblent indifférents à ce qui se passe autour d'eux ; les chevaux appuient le bout de la tête au fond de la mangeoire. La chaleur de la peau a notablement baissé, les pupilles sont dilatées et il ne tarde pas à se produire une diurèse abondante. Enfin on re- marque aussi des tremblements musculaires, qui se manifestent d'abord dans les régions antérieures, mais qui peuvent se géné- raUser dans toutes les parties du tronc et des membres. Un fait sur lequel tous les observateurs semblent s'accorder, c'est que la quinine produit plus facilement un ralentissement du pouls chez les animaux fiévreux que chez les animaux sains. Sous l'action des préparations quiniques, il se produit en géné- ral un abaissement notable de la température rectale. Cet elfet, peu prononcé sur les animaux sains, devient très net et très ma- nifeste chez les animaux chez lesquels il y a hypcrthermie mor- bide. Dans certaines maladies fébriles, l'abaissement de tempéra- ture produit par la quinine peut atteindre jusqu'cà 3°. C'est surtout dans les maladies générales, infectieuses, que cet abaissement est le plus prononcé. Cette diminution de la température est due QUININE ET SES SELS. 705 au ralentissement des oxydations. Il y a en effet une élimination moindre d'acide carbonique par le poumon et la peau; en même temps il y a diminution de l'absorption de l'oxygène. Sous l'ac- tion de la quinine, l'activité nutritive des éléments anatomiques des tissus diminue manifestement; les hématies deviennent plus volumineuses et retiennent l'oxygène avec une énerg-ie plus g-rande ; l'oxyhémog-lobine devient une combinaison plus fixe, elle cède moins facilement son oxygène aux tissus. On comprend ainsi facilement pourquoi il y a production d'une moindre quan- tité de chaleur et abaissement de la température animale. Non seulement il ya une moindre oxydation et une diminution dans la production d'acide carbonique, mais il y a aussi \ine dimi- nution généraledelanutrition. Celle-ci est accusée par une élimi- nation plus faible de principes azotés, soufrés et phosphores. On a constaté que l'azote éhminé par l'urine diminue dans la pro- portion de 25 p. 100, les acides soufrés dans celle de 40 p. 100. La quinine a donc pour effet d'épargner l'organisme ; elle empê- che sa destruction rapide en ralentissant la nutrition et en dimi- nuant les oxydations. D'après Bock, un chien qui reçoit des doses non toxiques de quinine épargne à son organisme 57 grammes d'albumine par jour. A cause de cette diminution dans les destructions organiques, la quinine agit comme une substance d'épargne ; comme un agent antidéperditeur, elle em- pêche l'organisme sain de produire toute l'activité dont il est capable et elle prévient la désagrégation rapide de l'organisme malade. Elle agit donc comme débilitant sur l'organisme sain et comme fortifiant sur l'organisme fiévreux ; elle modère l'activité de l'un et conserve l'énergie de l'autre. La quinine agit aussi sur les globules blancs du sang ou leu- cocytes. A forte dose, elle diminue leur nombre et leur volume, puis elle ralentit et même supprime leurs mouvements amiboïdes.' A petites doses, au contraire, la quinine augmente l'activité des leucocytes. La quinine jouit aussi de la propriété de déterminer une dimi- nution du volume de la rate. Cette diminution de volume est d'autant plus appréciable que la rate est plus hypertrophiée. Cette réduction de volume se produit encore après la section des nerfs de l'organe, ce qui semble indiquer que la quinine agit directement sur les éléments propres de cet organe, surtout sur les éléments musculaires, dont elle augmenterait la tonicité. En KaIFMANN". i" 706 QUININE ET SES SELS. effet, sous son influence, le tissu de la rate devient plus ferme, plus compact. Laquininese localise surtoutdans le foie ;ellesemble mêmesedé- truire danscet org-aneen se transformant enquinoïdine. Quoiqu'il en soit, sous son influence, la sécrétion biliaire est notablement aug^mentée.La quinine est un des cholagogues\es plus énerg-iques. Les préparations quiniques aug-mentent en g-énéral nettement la sécrétion urinaire. Des doses fortes de quinine produisent quelquefois Vamaurose et la surdité. Ces accidents ont été observés un g-rand nombre de fois chez Thomme, après Tadministration de fortes doses. Le sens du toucher peut aussi subir un affaiblissement. Ces effets sont dus à l'action paralysante qu'exerce la quinine sur les centres nerveux et les nerfs. Indications thérapeutiques. — La quinine est un spécifique contre la malaria ou fièvre palustre. Elle tue l'hématozoaire du paludisme à dose très faible, comme l'a montré Laveran. Il suffit de mélang-er au sang- qui renferme des éléments parasitaires une goutte d'une solution même très faible d'un sel de quinine pour voir ces éléments prendre aussitôt leurs formes cadavériques. Elle convient chez les animaux dans toutes les maladies à hémato- zoaires : malaria, hémog'lobinurie, fièvre du Texas. Ij' action excitante exercée par la quinine à très faible dose sur les phag"0cytes explique aussi la disparition rapide des hémato- zoaires du sang. Comme tonique., elle convient dans toutes les maladies accom- pagnées d'une atonie, d'un relâchement du tube dig-estif. Dans ce cas, on emploie de préférence le quinquina. Comme médicament d'épargne, elle est indiquée dans toutes les maladies inflammatoires rapidement débilitantes ; en épar- gnant l'organisme, elle conserve les forces et augmente la résis- tance à la maladie. Comme antifébrine, elle est indiquée dans toutes les maladies caractérisées par une fièvre intense. Pour produire un abaisse- ment rapide et prononcé de la température, il faut faire usage de fortes doses. Aussitôt que la température tend à remonter, on fait une nouvelle administration. On a obtenu des succès nom- breux dans les pneumonies très aiguës, la fièvre pétéchiale, l'in- fluenza ou fièvre typhoïde, la fièvre puerpérale, la septicémie, la pyoémie, etc. Dans ces maladies, la quinine produit un abais- QUININE ET SES SELS. 707 sèment de température beaucoup plus rapide que l'acide salicy- lique. Lorsque les lésions org-aniques qui produisent la fièvre sont très étendues, comme dans la pleurésie, la péritonite, la quinine ne produit pas toujours un abaissement de la température. L'action paralysante qu'elle exerce à haute dose sur les globules blancs la rend précieuse contre la leucémie. Elle diminue le volume de la rate et des g-anglions lymphatiques. Doses thérapeutiques. Chlorhydrate ou sulfate de quinine. Comme tonique. Comme antipyrétique. Cheval 2 à 5 gr. 10 à 20 gr. Bœuf 3 à 6— 13 à 25 — Mouton Osr.S àl— 2 à 5 — Porc 08',2 à 08^,5 2 à 4 — Chien Ob^Oo à O^MO 0s^25 à IR'.S Chat 08^,01 0B^15 Administration . — En dissolution dansles breuvag-es lég-èrement acidulés ou dans les lavements, en électuaires, en bols, en pilules. ^oxxvV injection hypodermique, an se sert des sels solubles tels que le sulfate, le bisulfate, le chlorhydrate, le citrate, le valéria- nate, en solution plus ou moins concentrée. Pour les injections intratrachéales peu employées, mais cepen- dant recommandées par Lévy, on emploie chez le cheval des doses qui varient de 10 à 50 centigrammes d'un sel de quinine dissous dans 5 à 10 grammes d'eau distillée. Équivalents thérapeutiques des sels de quinine d'après Boymond. Hydrate Acétate Chlorhydrate basique . . . Lactate basique Bromhydrate basique... Valérianate basique Sulfate basique Sulfovinate neutre Arséniate Bromhydrate neutre , . . Sulfate neutre (bisulfate) lodhydrate acide Tannate ALCADOIDE p. 100. 8o,72 84,3 81,71 78,26 76,60 71,06 74,31 71,20 69,38 60,67 59,12 53,95 22,60 1 GRAMME d'eau dissout sel de quinine. 0,00059 0.00059 0,046 0,097 0,022 0,029 0,0017 0,303 » 0.158 0,113 » 0,0012 renfermant quinine anhydre. O.OOOo 0.0003 0,0388 0.0750 0,0168 0,0220 0,0012 0,215 ») 0,0958 0,0608 » 0,00028 Pour 1 gr. de quinine anhydre il faut don- ner : 1,15 1,18 1,22 1^27 1,30 1,31 3,34 1,39 1,44 1,64 1,69 1,78 1,42 708 ACONIT ET ACONITINE. GiNCHONINE ET SES SELS. La cinchonine G'*H--Az-0 ne diffère de la quinine que par un atome d'oxygène en moins. Elle forme des cristaux prismatiques solubles dans 3 800 parties d'eau, dans 140 parties d'alcool et dans 370 parties d'éther. Les sels, qui sont le sulfate et le chlor- hydrate de cinchonine, sont plus solubles que ceux de quinine. Les elfets physiologiques et thérapeutiques des sels de cincho- nine se rapprochent beaucoup de ceux de la quinine. Cependant des convulsions plus ou moins énergiques ont été observées chez les animaux soumis à rinfluence de la cinchonine. Elle semble donc être plutôt convulsivante. Jusqu'à présent la cinchonine et ses sels n'ont pas reçu d'appli- cations en médecine vétérinaire. Aconit et aconitine. L'aconit [Aconit uni Napellus L.) est une plante indigène de la famille des Renonculacées qui fournit à la médecine ses feuilles et ses racines. Ces parties doivent leur activité à la présence d'un alcaloïde très toxique, Vaconitine; elles contiennent en outre, comme principes moins actifs, de la napelline, alcaloïde bien défini, l'isoaconiline, l'aconine, l'homonapelline et une matière résinoïde, acre, non encore isolée. La racine est la partie la plus riche en principes actifs ; elle contient de 0,53 à 1,23 p. 100 d'alcaloïdes suivant sa provenance, puis viennent les fleurs, les g'raines, les fruits et enfin les feuilles. Les feuilles contiennent environ six fois moins d'alca- loïdes totaux que les racines. La racine d'aconit possède une saveur d'abord douceâtre, puis acre, suivie d'une sensation de fourmillement et d'eng'ourdisse- ment très persistante de la nmqueuse buccale. Les effets biologiques provoqués par l'administration de prépa- rations de feuilles ou de racines d'aconit napel so^t identiques à ceux produits par l'aconitine ou ses sels. h'aronitiîie (C"H^AzO") est le principal alcaloïde de VAconi- tum Napellus. Elle est solide, cristallisée ou amorphe. L'aconitine cristallisée pure forme des cristaux rhombiques, inco- lores, inodores, déterminantsurlalangue un picotementparticulier ACONIT ET âCOMTINE. 709 très persistant. Elle se dissout dans 4431 parties d'eau à 22° : dans 37 parties d'alcool à 00°, dans 03,9 d'éther, dans 5,5 parties de benzine. Elle est très soluble dans le chloroforme. Avec les acides, l'aconitine forme facilement des sels cristalli- sables etsolubles dans l'eau. On utilisesurtout le nitrate d'aconit. Celui-ci se présente en cristaux anhydres, incolores, inodores, déter- minant sur la lang-ue le picotement particulier de l'aconitine. Il contient 91,10 p. 100 d'aconitine et 8,90p. 100 d'acide azotique. Il est soluble dans l'eau; les solutions aqueuses sont neutres au tournesol. L'aconitine amorphe, isolée en 1833 par Geigeret Hesse, n'est pas un produit parfaitement définidans sa composition ; elle est un mélang-e de plusieurs substances à activité variable. Les effets de l'aconitine amorphe varient avec sa provenance ; il y a donc lieu d'être très prudent dans son administration. Elle se présente sous la forme d'une poudre d'un blanc jaunâtre, peu soluble dans l'eau pure, mais se dissolvant dans l'eau acidulée lég-èrement par l'acide azotique. L'aconitine ainsi que le nitrate d'aconitine sont extrêmement toxiques même à très faible dose. Effets physiologiques. — 1° Action locale. — Localement, l'aconitine est irritante, puis anesthésiante. Sur la peau, une pommade à l'aconitine, employée en frictions, produit d'abord une sensation de picotement, de brûlure, puis une diminution de sensibilité. Sur l'œil, les applications d'aconitine déterminent une vive douleur et une dilatation de la pupille. Introduit dans la bouche, cet alcaloïde produit d'abord une sensation d'amer- tume très prononcée, puis une sensation de brûlure aux lèvres, à la langue, au palais et enfin une abolition de la faculté gustative. La muqueuse rougit fortement et se couvre quelquefois de petites vésicules. La déglutition devient souvent difficile. Dans l'estomac et l'intestin, l'aconitine irritela muqueuse, détermine des nausées, des coliques, des vomissements chez les carnivores. Les mouvements péristaltiques s'exagèrent, les sécrétions sont activées, et il y a souvent rejet de matières diarrhéiques abondantes par l'anus, en même temps qu'il y a vomissement. Introduite dans le tissu conjonctif ou déposée sur une plaie, l'aconitine produit une douleur vive et assez persistante, mais il survient ensuite un engourdissement de la sensibilité. Elle ne 710 ACONIT ET ACONITINE. donne jamais lieu à des accidents inflammatoires locaux impor- tants. Action générale. — Laconitine s'absorbe facilement par toutes les voies. Après son absorption, elle modifie la plupart des fonctions. Circidatùm. — Sous son influence, le pouls, d'abord un peu accéléré, se ralentit bientôt considérablement et devient plus mou. Les pulsations sont d'abord irrégulières, intermittentes, puis elles se rég-ularisent complètement, à mesure que les etîets se prononcent. Les battements du cœur sont moins énergiques et les pulsations cardiaques moins faciles à percevoir. Mes tracés démontrent que la tension artérielle s'abaisse notablement par suite du ralentisse- ment des battements du cœur et de la dilatation vasculaire péri- phérique. Avec des doses faibles d'aconitine, la peau et les muqueuses rougissent et sécrètent activement; la bouche se remplit de salive, l'œil est humecté par des larmes, et les narines laissent écouler des g-outtes d'un liquide clair comme de l'eau. L'urine est sécrétée en plus g-rande quantité ; il y a diurèse très marquée. . Respiration. — La respiration est encore plus énerg-iquement modifiée que la circulation. A faible dose, les mouvements respiratoires diminuent de fré- quence, mais leur amplitude augmente. Généralement, l'inspira- tion et l'expiration, tout en étant amples, sont brèves et brusques. A chaque mouvement, les côtes se soulèvent énergiquement, et la quantité d'air introduite dans le poumon est augmentée. Le rythme respiratoire est peu modifié avec des doses très faibles ; il y a pourtant bientôt une légère tendance aux arrêts respiratoires passagers. Avec des doses un peu élevées, le rythme respiratoire se modifie considérablement. On voit que deux ou trois respira- tions se succèdent régulièrement, puis qu'il y a une pause plus ou moins longue suivie d'une nouvelle série de respirations régu- lières. La pause respiratoire se fait toujours en expiration.^ c'est- à-dire que la poitrine, arrivée au maximum de resserrement, reste à peu près immobile pendant quelques secondes avant de subir une nouvelle dilatation. Il semble que l'aconitine excite l'activité du centre expiratoire ou diminue l'activité du centre inspiratoire. Le ralentissement de la respiration produit par cet alcaloïde est attribué par la plu- ACONIT ET ACONITINE. 'TU part des auteurs à une action directe sur le centre respiratoire. Température. — L'aconitine produit toujours un abaissement de la température rectale avec aug-mentation de la température cutanée. Sur lechienj ai vu la température, prise dansle rectum, tomber de 38°, 5 à 36°,7, après l'injection sous-cutanée de 06^001 daconitine cristallisée; sur le cheval, de 37°,4 à 37M après plusieurs injections intraveineuses de faibles doses. Sensibilité et motricité. — Sous l'influence de l'aconitine, la sensibilité devient d'abord plus vive, surtout dans la zone de dis- tribution du nerf trijumeau où il se produit des fourmillements, des picotements. Cette hyperesthésie de la face et de la muqueuse buccale est traduite chez les animaux par des mouvements de la langue et des mâchoires ; souvent aussi ils se g-rattent le museau et les commissures des lèvres avec leurs pattes. Dans une deuxième période de son action, l'aconitine diminue la sensibilité consciente ou douloureuse, elle produit un effet analgésique. La motilité, peu influencée par des doses très faibles, l'est beaucoup par des doses plus fortes ; les animaux présentent des tremblements musculaires, de contractions fibrillaires suc- cessivement dans les muscles olécraniens, les muscles du grasset, puis dans tout le corps. Sécrétion urinaire. — L'élimination de l'aconitine se fait par toutes les sécrétions, mais principalement par la sécrétion uri- naire. Les reins sont excités par le passage de l'aconitine et sécrè- tent plus activement. Quand l'administration se prolonge, surtout lorsque les doses ont fortes, il y a d'abord diurèse, mais celle-ci cesse bientôt par suite de l'inflammation des glandes, et il se pro- duit de Vanurie. L'élimination de l'aconitine est rapide ; cet alca- loïde ne s'accumule pas dans l'organisme. Intoxication. — Quand les doses administrées sont toxiques, on constate une exagération de tous les phénomènes décrits plus hauts et l'apparition d'un certain nombre de troubles nouveaux. Voici les effets qu'on observe chez le chien. Si l'injection se fait sous la peau d'une auisse, l'animal accuse immédiatement une vive douleur au point d'injection; il maintient le membre relevé et ne l'appuie que légèrement sur le sol; quel- quefois il le tient constamment en l'air. Après quelques moments, il est inquiet, agité, se déplace fréquemment ; sa pupille est dilatée ; les muqueuses rougissent, se congestionnent; il ouvre la gueule et avec ses pattes antérieures cherche à se gratter le 712 ACONIT ET ACONITINE. palais comme pour se débarrasser d'un corps étranger qui serait arrêté dans le pharynx; il relève fortement la queue, salive, rend des urines généralement en grande quantité ; la respiration est accélérée; les mouvements deviennent ensuite incertains, et l'appui se fait sur le membre où Ton a fait l'injection ; on voit quelquefois l'animal se précipiter en avant et se gratter fortement la gueule avec ses pattes ; des vomissements se produisent ensuite à plusieurs reprises ; ils sont difficiles, douloureux; l'animal pousse des cris plaintifs et rend des excréments diarrhéiques abondants. Les vomissements douloureux continuent, les pupilles sont forte- ment dilatées; le cœur, d'abord très ralenti, s'accélère ensuite; puis il y a arythmie entre les oreillettes et les ventricules. La res- piration est très laborieuse et lente ; les mouvements des côtes sont très amples; puis survient la paralysie motrice, un affai- blissement de la sensibilité générale et des sens. Entin la respi- ration s'arrête complètement, le cœur continue encore à battre pendant quelques instants et la mort arrive. L'intelligence est conservéeintactejusqu'à la dernière période de l'empoisonnement. Sur les solipèdes, on observe des mouvements des mâchoires, de la salivation, des contractions fibrillaires des muscles olécra- niens, de la croupe, puis de tout le corps; des douleurs intesti- nales accusées par des piétinements, des coups de pied sous le ventre et en arrière avec les membres postérieurs ; des contrac- tions intenses et douloureuses des muscles de la région cervicale inférieure, de l'hyoïde et de l'abdomen ; une augmentation de la sensibilité, une expulsion répétée de crottins; d'abord une con- gestion des muqueuses, puis une grande pâleur ; une diminution du volume des artères; quelques petits cris au moment de la contraction des muscles de l'encolure et de l'abdomen ; des nausées; de la raideur musculaire dans les membres postérieurs, une démarche vacillante ; une respiration laborieuse, et enfin la paralysie motrice, respiratoire et sensitive. Les animaux à sang chaud meurent toujours par suite de l'arrêt de la respiration, c'est-à-dire par asphyxie. Chez les ani- maux à sang' froid, la mort n'arrive pas par asphyxie, mais est le résultat delà paralysie complète de la motricité et de la sensibilité ainsi que de l'affaiblissement du cœur. Sur ces derniers animaux, les nerfs moteurs deviennent inexcitables, mais le muscle conserve son excitabilité, quoiqu'elle soit affaibUe considérablement. Lésions. — Les lésions qu'on trouve à l'autopsie consistent ACONIT ET ACONITINE. 713- dans des ecchymoses sur la muqueuse digestive, sur la plèvre et le poumon, sur l'endocarde du cœur gauche, principalement ver& les points d'insertion des cordag-es et dans les auricules. Le foie est d'une coloration acajou foncé et gorg-é de sang- ; les cellules hépatiques ont un aspect trouble et granuleux. La vessie est resserrée et vide; le cœur est dur, principalement le ventricule gauche. Les muqueuses bronchique, trachéale, laryng-ée sont hyperémiées. Indications thérapeutiques. — L'aconitine constitue un médi- cament très précieux comme antipyrétique et antifébrile, au début de toutes les maladies inflammatoires internes, surtout de celles de l'appareil respiratoire. L'aconitine, en abaissant la tension artérielle, remplace la saig-née ; en échauffant la peau et en la congestionnant, elle favorise la sudation, la respiration et la transpiration cutanées; en abaissant la température rectale, elle s'oppose directement à la fièvre ; en activant la sécrétion urinaire, elle hâte l'expulsion des produits de déchets et des produits pathologiques résorbés ; en ralentissant la respiration et le jeu du cœur, elle s'oppose à l'asphyxie et aux hémorragies paren- chymateuses qui surviennent quand les battements du cœur sont trop précipités et que la respiration est trop accélérée. Ce médi- cament est donc bien indiqué dans la congestion des centres- nerveux, les pneumonies, les bronchites, les pleurésies et en général dans les maladies fébriles. L'observation clinique confirme pleinement les données théo- riques ci-dessus. Ainsi tous les cliniciens signalent les propriétés- antithermiques de l'aconitine, dans les maladies fébriles les plus diverses. D'après eux, les préparations d'aconit et d'aconitine, administrées au débutdes maladies fébriles aiguës, ramènent rapi- dement la température à son chin"re normal. Schaak a préconisé, dès 1850, la teinture d'aconit àl'intérieur, dans le but de diminuer la fièvre qui accompagne les inflammations des organes parenchy- mateux, Vogel a obtenu,par l'injection hypodermique d'aconitine, des succès dans les cas de fourbure intense chez les chevaux trop' nourris. Le professeur Lévi (de Pise) signale ses bons efl'ets dans la fièvre typhoïde du cheval. Enfin M. Gsell considère avec raison l'aconitine comme le roi des antipyrétiques et la recommande « dans toutes les affections irritatives, quelle que soit leur nature, pyrexies, inflammations internes et externes, congestions actives,, fièvres continues, symptomatiques ou traumatiques, etc. ». 714 ACONIT ET ACONITINE. Elle convient aussi dans les cas de douleurs nerveuses et rhu- matismales à cause de sa propriété anesthésiante et analgésicnite sur les nerfs sensitifs, principalement sur le nerf trijumeau. Il ne faut jamais l'administrer quand les reins sont enflammés, car elle aug-menterait l'irritation de ces organes, A r extérieur^ on pourrait aussi utiliser les préparations d'aconit et d'aconitine contre les maladies parasitaires cutanées, mais en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter l'empoi- sonnement, soit par absorption, soit par ingestion. En raison de la grande toxicité des préparations d'aconit et d'aconitine, leur emploi en tant qu'antiparasitaires ne peut être recommandé. Manière de combattre les accidents d'empoisonnement. — L'aconit a déterminé souvent des empoisonnements chez le cheval, le bœuf, le mouton et les autres animaux qui ont mangé de cette plante. Des empoisonnements accidentels ont aussi été observés chez l'homme. Pour combattre les effets toxiques, les vomitifs sont naturelle- ment indiqués chez les animaux qui vomissent facilement et chez l'homme; mais chez les herbivores, à cause de l'impossibilité du vomissement, il faut administrer immédiatement des réactifs capables de précipiter l'aconitine non absorbée, par exemple le tanin ou l'iodure de potassium. En outre, les huiles purgatives sont indiquées pour provoquer des évacuations rapides par l'anus. On relèvera les forces du malade parles infusions ou les teintures aromatiques. La respiration artificielle, pratiquéeconvenablement, peut souvent prévenir l'issue fatale sur les animaux d'expé- riences; malheureusement il n'est guère possible d'avoir recours à ce moyen dans la pratique ordinaire de la médecine vétérinaire. Préparations. — On fait avec la feuille l'alcoolature d'aconit : avec la racine, l'extrait d'aconit et la teinture d'aconit. Alcoolature [feuilles). — i gramme d'alcoolature, soil LUI gouttes, correspond à 0g%000i8 d'alcaloïdes. Teinture d'aconit [racine). — 1 gramme renferme Os'', 0005 d'alcaloïdes [Codex). Sirop d'aconit. — Teinture de racine d'aconit, 25. Sirop simple, 975. Mêlez. — 20 grammes de ce sirop ou une cuillerée à soupe contiennent 50 centigrammes de teinture de racine d'aconit ou 0«^ 00025 d'alcaloïde [Codex). Extrait d'aconit. — Il doit renfermer 1 p. 100 d'alcaloïdes [Codex). VÉRATRINE. 715 Solutio7is aqueuses titrées de sels d'aconitine à 1 p. 1 000, 1 p. 2 000. Administration et doses. — Toutes les préparations ci-dessus peuvent être administrées à l'intérieur. On emploie les sels d'aco- nitine, principalement le nitrate d'aconitine en solutions titrées ou en pilules. Les solutions doivent être généralement préférées à cause de leur facile administration et de leur rapide absorption. Les voies d'absorption à recommander sont surtout : le tissu conjonctif sous-cutané, la trachée et l'intérieur des veines. Les injections hypodermiques me semblent suffire à tous les besoins ; elles sont faciles à pratiquer, ne produisent aucun accident, et l'absorption se fait rapidement. Les injections trachéales peuvent aussi rendre des services, mais sont en général plus dangereuses que les injections hypodermiques. Les injections intraveineuses sont trop dangereuses pour mériter d'être recommandées. L'aconitine éianiextremefnenf toxique, il faut érite?^ les erreurs (le dose. Cheval et bœuf. Chien Cheval et bœuf Poudre estomac. 100 5 Doses toxiques. Extrait Teinture Nitrate daconitine estomac . trachée ou tissu (tissu conjonctif) conjonctif. trachée. 15 à 20 gr. 15 gr. 10 milligr. 0s^l à 0sr,o XX gouttes. 2 — Doses thérapeutiques. Poudre estomac. 2-5 gi Extrait Teinture NUrate d'aconitine estomac. tissu conjonct. tissu conjonctif. Ogf,10 à 0sr,50 1 gr. 1 à 3 milligr. Chien '. Ogr.l à'oér.SO o'si-,02 à 0gr,05 Ob^I à 0-^,5 1/10 à 1/2 milligr. Vératrine. C3"n53AzOii? La vératrine est un alcaloïde retiré des semences de la céva- (\\\\Q{Sahadilla of/ichiarumBrand, ou Schœnocaulon officinale), plante bulbeuse de la famille des Liliacées, abondante au Mexique, au Venezuela. Ces semences réduites en poudre possèdent une saveur acre. Celle-ci est employée depuis longtemps comme antipa- rasitaire sous le nom de poudre des capucitis.VMes contiennent encore d'autres alcaloïdes : la cévadine C^-H'^\zO' et la Jervine C2^H"Az02. La proportion d'alcaloïdes totaux y est d'environ 716 VÉRATRINE. de 0,7 p. 100. La vératrine est contenue aussi, mais en très petite proportion seulement, dans la racine d'ellébore blanc {Veratrum album). Dans cette racine, c'est la jervine qui domine. La vératrine officinale est un mélange de plusieurs alcaloïdes. Elle se présente sous forme d'une poudre blanche, amorphe, piquant fortement le nez lorsqu'elle est inhalée et déterminant l'éternuement, d'une saveur amère et très acre, insoluble dans l'eau, à laquelle elle communique cependant une réaction alca- line et une saveur brûlante, soluble dans 4 parties d'alcool à 90° et dans 2 parties de chloroforme. Elle se combine avec les acides et donne naissance à des sels incomplètement cristal- lisés, dont le plus employé est le sulfate de vératrine, qui est faci- lement soluble dans l'eau. Le nitrate de vératrine est mieux cristallisé ; mais, comme il est presque insoluble dans l'eau, il n'est pas utilisé pour les injections hypodermiques. La vératrine cristallisée beaucoup plus active que la vératrine officinale n'est pas officinale. Effets physiologiques. — Sur la peau, la vératrine produit une douleur cuisante, de la chaleur Qi de la rougeur. Appliquée sur la muqueuse buccale, elle a une saveur brûlante et amène par action réflexe une salivation abondante. Sur la muqueuse nasale, elle est très irritante, provoque Téternuement et la toux. A l'intérieur, les petites doses produisent une hyperémie de la muqueuse g-astrique, aug-mentent l'énergie des contractions des- parois de l'estomac, stimulent l'appétit ; dans l'intestin, les eftets sont les mêmes, les mouvements péristaltiques sont surtout consi- dérablement accrus. Des doses un peu plus élevées produisent des effets de même nature, maisplus intenses. L'estomac et l'intestin sont irrités; les mouvements péristaltiques sont surtout considérablements accrus; on voit apparaître des douleurs très vives dans le ventre, des coliques accompagnées d'une grande ag-itation, de la salivation, puis des efforts de vomissements et quelquefois des défécations d'abord normales, puis molles et diarrhéiques. La vératrine est arbsorbée facilement par toutes les voies : elle détermine toujours une vive douleur au point où elle est absorbée. D'après mes propres expériences, on observe les phénomènes suivants, lorsqu'on emploie la vératrine ou ses sels en injection hypodermique. VÉRATRINE. 717 Immédiatement après l'injection, l'animal manifeste des sig-nes d'une vive douleur ; le chien crie, cherche a se mordre au point d'injection ; le cheval est vivement agité, il frappe le soi avec ses membres antérieurs et souvent cherche à atteindre le point d'in- jection avec les dents. Environ dix minutes après l'administration apparaissent les effets généraux ; le chien salive et fait de fré- quents mouvements de mastication et de dég-lutition ; il cherche à se gratter le g'osier avec ses pattes ; puis il vomit souvent avec violence et rejette d'abord des matières alimentaires, ensuite du mucus spumeux. Les ellorts de vomissement se renouvellent fréquemment et peuvent durer pendant plus de deux heures. Les solipèdes montrent ég-alement de la salivation et de vio- lents efforts de vomissement, mais chez ses animaux cet acte ne peut pas s'effectuer. Chez le bœuf, les efforts sont quelquefois suivis de vomissement véritable, surtout quand les animaux ont mang'é du fourrage vert. On observe aussi fréquemment, chez tous les animaux, une expulsion copieuse de matières fécales, d'abord molles, puis de plus en plus fluides. La salivation est aug-mentée ainsi que les sécrétions intestinales. L'urine est rendue souvent avec une grande abondance ; elle est toujours parfaitement claire, sans aucune coloration. Chez les solipèdes, on voit apparaître, dix ou quinze minutes après l'injection hypodermique, une sudation abondante ; les g-outtes de sueur ruissellent sur le corps et tombent en abondance sur le sol. Les phénomènes précédents sont toujours accompag-nés de tremblements musculaires, localisés d'abord vers la région du coude et du grasset et se g-énéralisant ensuite sur tout le corps. Au début de l'action, VexcitabiUté des animanx est considérable- ment augmentée, surtout chez les solipèdes, qui se défendent souvent des dents et des pieds, lorsqu'on veut les approcher pen- dant qu'ils sont agités. A l'agitation succède bientôt un état de calme relatif ; les animaux s'affaiblissent, les mouvements deviennent difticiles, ils ne peuventplus se tenir debout, se laissent tomber en décubitus et ag-itent leurs membres sans but déterminé. Il n'y a pas paralysie des mouvements, mais seulement incoordi- nation et faiblesse. Cette pseudo-paralysie peut s'expliquer facilement par l'action qu'exerce la vératrine sur la secousse musculaire. Il est démontré 718 VÉRATRINE. que cet alcaloïde, tout en aug-mentant d'abord la hauteur de la secousse, allong-e considérablement la période de relâchement, le muscle se raccourcit facilement, mais il ne se relâche que dif- ficilement et avec une grande lenteur. Ce phénomène tient à une modification de la fibre >nusculai)'e, car elle se produit avec l'ex- citation directe du muscle comme avec l'excitation indirecte et aussi après l'empoisonnement préalable par le curare. La vératrine absorbée modifie aussi la respiration, la circulation et la calorification. La respiration est toujours accélérée au début; elle est plus profonde et semble plus laborieuse ; puis elle offre des arrêts complets plus ou moins durables suivis de mouvements respira- toires rapides ; enfin, si la dose absorbée est considérable, la res- piration se ralentit, puis s'arrête complètement, le cœur continuant à battre. Les mouvements respiratoires ne s'exécutent pas comme dans les conditions normales ; l'inspiration est forte, brusque et est suivie immédiatement d'une expiration également brusque: il semble qu'il n'y a plus de modération dans ces mouvements, qui sont extrêmement violents et comme saccadés. Le pouls se ralentit sous l'influence de la vératrine, il devient plus faible et intermittent ; le cœur semble battre avec moins d'énergie. La tension artérielle peut s'élever pendant la période d'excitation, mais s'abaisse ensuite notablement d'après mes gra- phiques. Si on anesthésie l'animal avec du chloral avant de lui injecter de la vératrine dans les veines, on voit la respiration s'accélérer, le cœur se ralentir et la tension artérielle s'abaisser notablement. La vératrine produit sur les vaisseaux une action constrictive et détermine la pâleur des muqueuses. L'effet vaso-constricteur devrait déterminer une élévation de la tension artérielle, et cepen- dant c'est le contraire que l'on observe. C'est que le cœur est affaibli et qu'il n'envoie que des ondées de petit volume dans le système artériel. Elle produit un abaissement très marqué de la température rectale. Sur un chien de 12 kilogrammes, j'ai vu celle-ci tomber de 39 à 30°, après l'injection hypodermique de 3 milligrammes de sulfate de vératrine. Elle a, en outre, une action calmante très nette sur le système nerveux sensitif. Après les premiers mouvements d'agitation, les chiens tombent dans un léger engourdissement. VÉRATRINE. 719 La vératrine produit aussi une contraction énergique de la vessie et quelquefois une incontinence urinaire. La mort arrive g-énéralement par l'arrêt de la respiration. Pour sauver les animaux, il suffit souvent de pratiquer la res- piration artificielle jusqu'au moment où la respiration normale revient. Sur les animaux morts à la suite d'un empoisonnement par la vératrine, on trouve les lésions suivantes : l'estomac, l'intestin et la vessie sont resserrés. La muqueuse stomacale au voisinage du pylore, la muqueuse de l'intestin grêle sont fortement conges- tionnées. Le foie, les reins offrent aussi de la congestion. Le liquide de l'estomac et de l'intestin grêle ne semble pas con- tenir le principe actif lorsque la vératrine a été injectée sous la peau ; car je n'ai pas réussi à empoisonner des petits animaux avec ce liquide. La vératrine ne s'éliminerait donc pas par la voie digestive. D'après Prévost, cet alcaloïde s'élimine en nature par les urines ; celles-ci, injectées sous la peau de grenouilles, les font périr avec les symptômes de l'empoisonnement par la véra- trine. Indications thérapeutiques. — 1° Le sulfate de vératrine con- stitue un des meilleurs anti fébriles ou antipyrétiques. Non seu- lement ce sel abaisse notablement la température et diminue le jeu du cœur et de la respiration, mais il a encore la précieuse propriété de produire une action analgésiante et calmante très marquée, ainsi qu'une constriction générale des petits vaisseaux et une anémie des parenchymes. Son administration sera donc indiquée dans toutes les maladies accompagnées de /terre et de douleur. Elle conviendra surtout dans la pneumonie aiguë, la bronchite, le rhumatisme, la congestion des centres nerveux. 2° Comme analgésiant, le sulfate de vératrine convient dans les boiteries rhumatismales chroniques, la fourbure, les coliques. 3° Comme tonique des fibres musculaires lisses et déconges- tionnant, il pourrait aussi trouver son emploi dans les atonies du tube digestif, la parésie de la panse, la surcharge alimentaire chez les ruminants, dans les affections catarrhales chroniques de l'intestin. Il provoque la rumination et à ce titre peut avoir un emploi fréquent chez les animaux ruminants. 4° On l'a conseillé pour établir le diagnostic différentiel entre la mort apparente et la mort réelle (Cagny). Mais l'examen minu- tieux de la pupille et du cœur fournira toujours un moyen plus T20 ANTIPYRINE OU ANALGESINE. sûr. Dans ce cas, je préférerais de beaucoup les injections hypo- dermiques d'une petite quantité d'éther sulfurique, corps qui a la propriété de rendre immédiatement les mouvements respiratoires plus rapides et plus forts. 5° Gomme vomitif, le sulfate de vératrine donne de bons résul- tats chez le porc à la dose de 20 à 30 millig-rammes en injection liypodermique. Doses et administration. 1° Doses toxiques de vératrine ou de sulfate de vératrine. Injection Ingestion, hypodermique. Cheval 0sr,40 1 à 3 grammes . Bœuf 0er,2o 1 à 3 — Chien 0sr,2 0sr,05 à 0^,25 Chat Osr.OÛD Oer.OOo Lapin OB'.OOo Ok',03 2o Doses thérapeutiques. Injection hypodermique. (Sulfate de vératrine.) Cheval O&r.Ol à 0gr,05 Bœuf Ogr.Ol à 0gr,05 Porc 08r,02 à Og'-.OS Chien moyen Oer.OOi Chat 0^0005 Chez le cheval, on ne doit jamais dépasser la dose de Os^lO et chez le chien de Os^OOS. Antipyrine ou analgésine. C'iII'^Az-iU. L'antipyrine, découverte par Knorr de Niirnberg-, est en beaux cristaux incolores, en forme de colonnes, ou en poudre cristalline presque blanche, d'odeur à peine marquée, de saveur lég-èrement amère, fusible à 114". — L'antipyrine est soluble dans moins de 1 partie d'eau froide, dans environ 1,5 d'alcool, dans 1 partie de chloroforme et dans 50 parties d'éther. La solution aqueuse à 1 p. 100 donne un abondant précipité blanc par le tanin; 2 centimètres cubes de la solution addition- née de II g-outtes d'acide chlorhydrique fumant passent au vert, et si l'on porte graduellement le mélange à Tébullition, de nou- velles g-outtes d'acide donnent une coloration rouge; une solu- ANTIPYRINE OU ANALGÉSINE. 721 tion à 2 p. 100 est colorée en roug-e foncé par le perchlorure de fer; le mélang-e passe au jaune clair par une addition de X gout- tes d'acide sulfurique concentré. La solution aqueuse à 2 p. 100 est neutre, incolore ou lég-èrement jaune; elle n'est pas précipi- tée par rhydrog-ène sulfuré; sa saveur est faible. L'antipyrine augmente la solubilité dans l'eau du chlorhydrate Itasique de quinine et d'autres composés organiques. Effets. — L'antipyrine jouit de propriétés nombreuses et importantes. Localement, elle est un peu irritante pour les muqueuses et les tissus vifs, et elle provoque une vaso-constriction très nette. Elle est lég-èrement antiseptique, antiputride et retarde l'action de certaines diastases. Elle agit comme hémostatique et comme anesthésique local. A rintérieur, les doses modérées sont facilement supportées ; les doses fortes déterminent quelquefois une irritation plus ou moins vive de la muqueuse gastro-intestinale et provoquent des nausées et des vomissements chez l'homme et les animaux carni- vores. Son absorption est rapide par toutes les voies. Garrara, en examinant le contenu du tube dig-estif d'un chien, mort deux heures après avoir pris 15 grammes d'antipyrine, n'y trouva plus qu'une petite quantité de la substance ingérée. Quand on pratique une injection hypodermique sur un animal, on peut déceler la présence de l'antipyrine dans les urines, après un temps qui varie de dix minutes à une demi-heure. Elimination. — L'élimination de l'antipyrine commence aus- sitôt après l'absorption, mais elle dure assez long-temps. Elle se fait surtout par les urines, qui prennent une belle coloration roug-e sous l'influence du perchlorure de fer. Quand un chien a été sou- mis pendant quelque temps à la médication antipyrique, on con- state qu'après la suppression du traitement les urines donnent encore la réaction caractéristique de l'antipyrine pendant deux ou trois jours. L'urine est émise en moindre quantité et est moins riche en urée. Action sur la te?npérature. — Pendant que l'org-anisme est sous l'influence de l'antipyrine, l'effet le plus remarquable qui se déve- loppe est un abaissement prononcé et durable de la température rectale. Cet effet hypothermique a été découvert par Filehne (d'Erlang-en) sur l'homme malade. Si on donne, toutes les deux heures, 2 g-rammes d'antipyrine à un malade, on constate qu'après Kaufmann. 46 722 ANTIPYRINE OU ANALGÉSINE. la première dose la température commence à s'abaisser; cet abais- sement atteint son maximum quatre ou cinq heures après le com- mencement de la médication, et il peut durer de sept à ving-t heures. On voit souvent la température baisser de 2°. Cet eflet hypothermique se développe non seulement chez les animaux malades, mais encore chez ceux qui sont sains. Cepen- dant, chez ces dernie/'s, la chute de la température reste généra- lement faible ; sur le chien sain, j'ai vu la température tomber de 38°,9 à 38", 5 et même 38°; chez le cheval, de 38<>,7 à 38", 2; chez le lapin, de 40° à 37° après une injection hypodermique de 1 g-ramme d'antipyrine. . L'effet antipyrétique doit être attribué à une diminution de production de chaleur par suite du ralentissement des oxydations intra-org-aniques. On a vu que l'urée diminue dans l'urine, et les recherches de Sawadowski établissent querantii)yrine détermine toujours une diminution de l'absorption d'oxygène et de l'élimi- nation d'acide carbonique. On a voulu expliquer l'abaissement de la température par la production d'une dilatation vasculaire périphérique et un refroidissement plus intense par suite de l'exag-ération de la déperdition de chaleur par la peau ; mais cette manière de voir doit être abandonnée, attendu qu'on observe la même chute de température quand on enveloppe l'animal dans du coton ou de la laine et qu'on empêche le rayonnement cutané. Action sur Je système nerreiix. — L'antipyrine exerce aussi une action calmante sur le système nerveux central. Elle diminue la sensibilité à la douleur et abaisse le pouvoir réflexe de la moelle. Action sur la circulation. — A faible dose, l'antipyrine ne modifie pas la circulation. Mais, à dose forte, elle détermine une vaso-constriction et une augmentation de la pression artérielle. A dose toxique elle paralyse le cœur et les vaso-moteurs, d'où chute de la pression. Action sur les sécrétions. — L'antipyrine ralentit toutes les sécrétions. En diminuant la sécrétion urinaire, elle entrave plus ou moins la dépuration organique et provoque des difficultés de la miction. Elle agit fortement comme antigalactopoiétique et diminue la sécrétion lactée. Elle n'exerce aucune action nuisible sur les hématies. Emploi thérapeutique. — A rextérieur, l'antipyrine est appli- ANTITHERMINE. 723 quée sur les plaies pour arrêter les hémorragies capillaires (en solution à 5 p. 100). L'action analg-ésique locale qu'elle exerce la fait employer en injection hypodermique pour calmer certaines douleurs à siège bien limité. A Vintérieur ou en injection hypodermique, on l'administre comme antipyrétique, antifébrile, dans toutes les maladies accompagnées d'une forte fièvre, principalement dans la fièvre typhoïde, la fièvre muqueuse, la pneumonie, la pleurésie, la péri- tonite, le rhumatisme articulaire, la fourbure. Ses propriétés sédatives la font employer aussi avantageusement contre la migraine, les névralgies chez l'homme, contre les coliques du cheval en injection hypodermique d'une dose de 5 à 10 grammes en solution à 1 p. 20 et dans les maladies nerveuses chez tous les animaux. Elle a produit de bons effets contre la polyurie et la glycosurie. A cause de son prix élevé, on utilise surtout ce produit chez les petits animaux. Administration et doses. — L'administration se fait par la bouche sous forme de breuvages, de bols, de pilules, d'électuaires. En injection hypodermique, on utilise des solutions à 1 : 10 à i : 20 ; plus concentrées, elles pourraient développer des abcès. Pour les injections intratrachéales, les mêmes solutions sont em- ployées. L'antipyrine n'a qu'une faible toxicité. Le chevalet le bœuf résistent à la dose de 300 grammes, le mouton à celle de 25 grammes, le chien à celle de 20 grammes. Doses thérapeutiques. Injeclion Estomac. hypodermique et trachéale. Cheval 15 à 20 gr. 5 gr. Bœuf 15 à 25 — 5à7 Mouton et chèvre 5 à 10 — 3 gr. Chien là 3 - 0".50 Chat 0«'.50 O^MO Antithermine. CHH>*Az202. On désigne ainsi le corps qui résulte de la combinaison de l'acide lévulinique ou acétopropionique avec la phénylhydrazine. L'antithermine est en cristaux luisants, durs, craquant sous la 72t PHÉNACÉTINE ORDINAIRE. dent, incolores, à saveur lég-èrement brûlante, à peu près inso- lubles dans l'eau. Lesacides minéraux dédoublent l'antithermine en ses composés, l'acide lévulinique ou acétopropionique et la phénylhydrazine. Ce corps a été introduit en thérapeutique en 1887 par Nicot. Il lui a reconnu des propriétés mititliej^miques analog-ues à celles de l'antipyrine. L'antithermine étant d'un prix très élevé ne peut pas être uti- lisée couramment en médecine vétérinaire. Phénacétine ordinaire. C'0Hi3AzO2. La phénacétine, qu'on appelle encore acétopliéiiétidine, est l'amide acétique de l'amidophénétol. Elle forme une poudre blanche, cristalline, inodore, à saveur lég-èrement amère, soluble seulement dans 1 500 parties d'eau à 15", dans 18 parties d'alcool à 95°, mais plus soluble dans l'eau cjiaude, la g-lycérine, très soluble dans le chloroforme et l'acide lactique. Effets. — La phénacétine, dont la constitution est semblable à celle de l'antifébrine, a aussi des propriétés antipyrétiques très analog-ues. Chez l'homme, à la dose de 0g%5 à 0g'",75, toutes les trois ou quatre heures, on obtient une apyrexic qui dure g'énéralemenl cinq heures. Après ce temps, la température remonte malgré l'administration rég"ulière du médicament. Au bout de quelques jours, il se produit une telle accoutumance qu'on peut porter la dose de phénacétine à 8 g-rammes par jour. Ces doses considé- rables amènent souvent de la cyanose et de la méthémoglo- binurie. D'après les expériences faites sur les animaux par Hinsberg', Kast, Frôhner, la phénacétine à la dose de O""", 2 à O?'", 5 produit chez le chien atteint d'une fièvre intense un abaissement de tempé- rature de 2", qui dure en moyenne quatre heures. En même temps on observe un ralentissement du pouls, de la respiration et un effet analgésique. A dose plus élevée, on observe de la dyspnée, des vomissements, de la méthémog-lobinurie, conséquence de l'al- tération du sang-. Dans le tube dig-estif, la phénacétine est absorbée en nature; AUTRES COMPOSÉS DE PHÉNÉTIDINE. 725 mais elle subit ensuite dans le sang un dédoublement et s'élimine parles urines sous forme de phénétidine. Pour déceler cette sub- stance dans l'urine, on additionne ce liquide de II à III gouttes d'acide chlorhydrique et de la même quantité d'une solution au centième d'azotate de soude, puis on ajoute une solution de napbtol a jusqu'à forte réaction alcaline. Il se produit alors une superbe teinte roug-e qui vire au violet par l'adjonction d'acide chlorhydrique. Cette urine renferme beaucoup de sulfates et, quoique ne contenant pas de glucose, elle est fortement réductrice. La phénacétine est un bon antag-oniste de la strychnine; les animaux phénacétinisés supportent d'énormes doses de cet alcaloïde. Indications thérapeutiques. — En résumé, la phénacétine semble être un antipyrétique utile et un bon analgésique. On l'administre dans toutes les maladies fébriles dans lesquelles la température s'élève beaucoup. Elle donne particulièrement de bons résultats dans le rhumatisme et les névralg-ies. On l'associe au sucre, à la g-omme arabique et on la donne sous forme de poudre, de pilules, de bols ou d'électuaires. Les doses sont : Cheval et boiaïf 10 à 20 yranimes. Chien 0«f,2o à 1 gramme. Autres composés de phénétidine. A côté de la phénacétine, on doit sig-naler les composés sui- vants : La LACTOPHÉNiNE, combinaisou de la phénétidine avec l'acide lactique, ayant des propriétés hypnotiques et antipyrétiques., est employée avec succès chez le chien atteint de la maladie du jeune âge à la dose de 0^',."3 à 1 g-ramme. Le ciTROPHÈNE, combinaison de la phénétidine avec l'acide citrique, qui est beaucou[) plus soluble dans l'eau que la phénacé- tine et la lactophénine et qui peut être donné comme ajitipy?'é- tique analgésique au chien à la dose de 2 à 5 grammes par jour en potion et par cuillerée. La MALAGiNE, combinaisou de l'aldéhyde salicylique avec la paraphénétidine, qui a une saveur douce et constitue un bo7i antirhumatismal à la dose journalière de 1 à 4 g-rammes chez le chien. 726 ACÉTANILIDE OU ANTIFÉBRINE. Le PHÉNOCOLLE, qui est une combinaison de la phénétidine et du g-lycocolle, est très soluble dans l'eau et constitue un bon anti- pyrétique chez le chien à la dose de 0*'''',5 à 1 g-ramme sous forme de chlorhydrate de pliénocoUr. Acétanilide ou antifébrine. C8H9AzO. C'est un dérivé de l'aniline qui se présente en lamelles rhom- boïdales incolores et inodores. Sa saveur est amère et légèrement piquante. L'acétaniline est soluble dans 200 parties d'eau froide, dans 3,5 d'alcool à 00°, facilement soluble dans l'éther et le chlo- roforme. L'antifébrine, chaulï'ée avec du nitrate de mercure, donne une belle coloration verte. Cette réaction permet de déceler cette substance dans l'urine. Le liquide est agité avec du chloroforme; celui-ci évaporé laisse un résidu sec qui est traité par le nitrate de mercure (Ivon). Effets et emploi. — L'antifébrine est un antiputride, un anti- septique assez puissant, et, à ce titre, sa poudre est appliquée avec avantag-e sur les plaies suppurantes. A r intérieur, l'acétanilide Jouit de propriétés hypothermiqiies et anii/'ébriles très puissantes. Elle est facilement supportée par l'estomac et abaisse rapidement la température fébrile. Frôhner, Hoffmann, Bietsh, Cadéac et Guinard, etc.. l'ont essayée chez nos animaux domestiques, et il ressort de leurs recherches que l'anti- fébrine est en vétérinaireun antipyrétique très précieux, beaucouj) plus puissant que l'antipyrine. On l'emploie avec avantage chez les grands animaux dans toutes les maladies fébriles, surtoutdans la pneumonie, linfluenza, la g-ourme, etc. Elle provoque dans la g'énéralité des cas un abaissement marqué de la température. En liaison de son prix peu élevé et de la puissance de son action, l'antifébrine peut être substituée à l'antipyrine dans la médecine des grands animaux. Elle a donné aussi d'excellents résultats contre le rhumatisme et contre les douleurs névralgiques et contre la fourbure chez le cheval. Mais, dans cette dernière mala- die, elle semble inférieure àTarécoline et à la pilocarpine. A forte dose, elle diminue la proportion d'hémoglobine du sang- et produit la cyanose. Frohner a étudié le degré de toxicité de l'antifébrine sur le ACIDE BENZOÏQUE. 727 cheval, le bœuf, la chèvre, le mouton et le chien. Voici les sym- ptômes observés chez les herbivores à la dose de 1 gramme d'anti- tebrine par kilogramme et chez les carnassiers à celle de un demi-gramme par kilogramme de poids vif. Une heure environ après l'administration survient la paralysie motrice du train postérieur, un abaissement de température rec- tale pouvant atteindre près de 4° ; puis apparaissent une accélé- ration énorme du pouls et de la respiration, des tremblements généraux, de la salivation, de la tympanite chez les ruminants, de l'entérite croupale ; l'urine prend une couleur brune presque noire. Au spectroscope, on ne peut déceler dans cette urine ni hémoglobine, ni méthémoglobine. Quand lesanimaux succombent, on trouve une inflammation des voies digestives et une hyperémie du cerveau. Administration et doses. — On l'administre à l'intérieur sous forme de poudre, de bols, de pilules, d'électuaires ou de breu- vages. Les doses thérapeutiques sont : En une dose. l'ar jour. Grands herbivores... 20 à 50 gr. oO à 100 gr. Mouton et chèvre 2 à 5 — 5 à 15 Chien 0«r,25 à 1 — 0«',5 à 2 — Ciiat Osf.l à 08^,25 0er,25 à 1 — On peut arriver à donner sans danger 300 grammes d'antifé- brine par jour aux grands herbivores et 10 grammes au mouton. On l'associe souvent pour l'usage interne à la poudre de gui- mauve, au sucre, à la gomme arabique ; pour l'usage externe, à la poudre d'écorce de chêne. Acide benzoïque. CHfiOi. 11 est retiré du benjoin, dont il est le principe actif. Pur, il se présente sous forme d'aiguilles cristaUines, blanches, inodores, trèssolubles dans l'alcool, solubles dans 12 parties d'eau bouillante et dans 375 d'eau à 17^ Il peut se dédoubler en benzine (G'H'^) et acide carbonique (G02). Les benzoates alcalins sont très solubles, le benzoate de chaux l'est un peu moins, et le benzoate de plomb est presque insoluble. 728 PYRAMIDON. Action et emploi. — L'acide benzoïque constitue : 1° Un antiseptique assez puissant ; en solution à 1 p. 1000, il empêche, d'après Bucholtz, le développement des microcoques et des bactéries. On l'emploie à l'extérieur en solution alcoolique ou en pommade pour désinfecter les plaies et hâter la cicatrisation : 2° Un stimulant et un antifébrile facilement supporté par l'estomac et utile dans le rhumatisme articulaire et toutes les maladies accompagnées de fièvre; 3° Un c?^^^?'e7^ç'Wf puissant ayant une action directe sur le rein, organe dans lequel cet acide se transforme en acide hippurique. Il donne de très bons résultats contre la cystite catarrhale, la pyéhte ; 4" Un expectorant, un eupnéiciue utile dans toutes les affec- tions du poumon et des bronches : bro-nchites et pneumonie chro- niques. Doses. — On le donne sous forme de poudre ou de pilules : Dose. Par jour. Cheval et bœuf 2 à 5 gr. 50 à 100 gr. Chien e^M à Oe^S 2 à 8 — Beuzoate de soude. C«H^COONa + H^U. Ce sel forme des cristaux aiguillés, incolores, légèrement efflo- rescents, solubles dans 2 parties d'eau à -\- 15°, dans 24 parties d'alcool àOO", dans 9 parties de glycérine. Il favorise la dissolution delà caféine dans l'eau. Ce sel a les mêmes propriétés et les mêmes emplois que l'acide benzoïque et le salicylate de soude. Pyramidon. C13H1603. Le pyramidon ou diméthylamino-antipyrine est en cristaux lamelleux, brillants, incolores et inodores et presque insipides. Il est soluble dans environ 10 parties d'eau froide ; très soluble dans l'alcool, la benzine, le sulfure de carbone ; très peu soluble dans l'éther éthylique et l'éther de pétrole. La solution aqueuse additionnée de perchlorure de fer officinal dilué dans 10 parties d'eau prend une coloration violette, qui devient ensuite ocreuse ACIDE SALIGYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. 729- Le pyramidon est incompatible avec les gommes [Codex). Le pyramidon produit sensiblement les mêmes eiïets que lan- tipyrine. Il agit sur le sysièmo: nerveux comme analgésique et il abaisse la tetïipérature plus fortement que l'antipyrine. En médecine humaine, on admet qu'il est trois fois plus actif que l'antipyrine et que son action est plus douce, plus lente, plus régulière. Il diffère de l'antipyrine en ce qu'il suractive la nutrition au lieu de la diminuer, en ce qu'il augmente les combustions, les oxydations. Il n'exerce aucune action vasculo-cardiaque, il n'affaiblit pas la sécrétion urinaire. Ce médicament pourrait rendre des services chez les petits animaux. Chez le chien, on peut en donner jusqu'à 1 gramme dans les vingt-quatre heures comme analgésique et antipyrétique. Potion. Pyramidon 1 gramme. Sirop simple 25 grammes . Eau distillée 75 — Donner au chien par cuillerée à soupe dans les vingt-quatre heures. Acide salicylique et salicylate de soude. L'acide salicylique ou orthoxybenzoïque, CA^O^ -+- H^O, existe à l'état de combinaisons dans les sommités fleuries de la spirée ulmaire ou reine des prés [Spirea ulmaria). On peut aussi le pré- parer avec la salicine (G'-H*'0'), glycoside de l'écorce des saules et des peupliers. Aujourd'hui on le prépare industriellement par ynlhèse en fixant les éléments de l'acide carbonique sur le phénol sodé. Pur, l'acide salicylique se présente sous forme d'aiguilles blanches cristallines, inodores, à saveur d'abord douceâtre, puis acide et désagréable. Il est soluble dans 500 parties d'eau à 15°, dans 3 parties d'alcool à 90°, dans 3 parties d'éther, moins soluble dans la glycérine, les solutions alcalines et l'huile. Le salicylate de soude C"H^0^Na4- H^O est le sel le plus em- ployé. Il renferme 77,53 p. 100 d'acide salicylique et se présente en aiguilles incolores, inodores, à saveur à la fois salée et sucrée. 730 ACIDE SALICYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. Il est soluble dans son poids d'eau froide, peu soluble dans l'al- cool et insoluble dans l'éther. Le salicylate de soude favorise la dissolution de la caféine dans l'eau et sert à préparer des solutions de cet alcaloïde pour les injections hypodermiques. Le perchlorure de fer produit avec une solution d'acide salicy- lique ou le salicylate de soude une coloration violette. Incompatibilités. — Avec l'antipyrine, le salicylate de soude donne rapidement une masse visqueuse et molle ; avec l'iodure de potassium, il met de l'iode en liberté. Effets physiologiques. — Pouvoir antiseptique. — L'acide salicylique libre a une action antiseptique^ antifermentescihle et antiviimleiite marquée ; mais le salicylate de soude n'a aucun pouvoir antiseptique. L'acide salicylique à 10 p. 1000 empêche la putréfaction delà viande, du lait et des matières org-aniques en général. Autrefois on l'employait pour la conservation des ali- ments; mais ayant reconnu qu'il diminue la valeur nutritive et que son administration peut être nuisible, on a interdit son emploi. L'acide salicylique non seulement s'oppose à la pullulation des g-ermes fig-urés, il jouit aussi de la propriété d'af/'aiblir Vactivité des ferments so/ub/es, mais sans les détruire complètement. Action locale. — Localement l'acide salicylique est irritant. Sur la peau intacte, il détruit la couche cornée de l'épiderme, qui s'exfolie. Lorsque l'application topique est prolong-ée, l'action kératolytique peut atteindre lacouclje profonde de l'épiderme. On voit survenir alors une prolifération très active des cellules épi- dermiques profondes qui ont échappé à son action destructrice. Sur les plaies, les muqueuses, l'acide salicylique exerce une action irritante pouvant se traduire par une mortification superfi- cielle, des ulcérations, des hémorrag-ies. Dans le tissu conjonctif, il produit une vive douleur et une inflammation ulcérative long'ue à se cicatriser. Le salicylate de soude est beaucoup moins irritant que l'acide salicylique. A Vextérieur, ce sel convenablement administré est assez faci- lement supporté, tandis que l'acide salicylique produit des nau- sées, des vomissements, des coliques et de la diarrhée. A faible dose, le salicylate de soude excite même favorablement la sécrétion du suc g-astrique et la fonction motrice de l'estomac. ACIDE SALICYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. 731 \GTiON GÉNÉRALE. - Absorptiou ct élimination. - L'acide salicvlique est rapidement absorbé par toutes les voies, même par la peau saine, lorsqu'il est en solution ou en suspension dans les g-raisses . Le salicylate de soude, donné à l'intérieur, se décompose en partie dans l'estomac, en présence de l'acide chlorhydrique du suc gastrique; mais l'acide libéré repasse à l'état de sel alcalm dans l'intestin et dans le sang-. Après sa dissémination dans les ti^^sus par l'intermédiaire du sang-, le salicylate de soude subit de nouveau une décomposition partielle, et il s'élimine en partie a l'état de salicvlate de soude et en partie à l'état d'acide salicy- lurique, combinaison du g-lycocolle avec l'acide salicylique. L'élimination est rapide, elle s'elfectue par toutes les sécrétions, salive, bile, etc., mais surtout par l'urine. Elle commence en g-éne- ral peu après l'administration et est achevée en moyenne dans une période de quarante-huit heures. On a constaté qu'elle est plus rapide chez les herbivores que chez les carnivores. Lorsque Je rein est malade, l'acide saUcylique est éliminé moins vite, et dans ce cas on a pu constater sa présence dans l'économie pendant huit jours après la cessation de l'administration. Sécrétions — En s'éhminantpar le rein, le salicylate de soude exerce une action excitante sur l'épithélium du tube urinitere et produit une augmentation de la sécrétion urinaire. Mais cet eflet diurétique ne se manifeste qu'avec les faibles doses. Quand 1 admi- nistration est trop souvent renouvelée, ou lorsqu'on donne d em- blée une dose exagérée, le rein est irrité, enflammé, et il peut se produire de l'albuminurie et même de l'hématurie . Les petites doses ne modifient pas notablement les qualités de l'urine ; on a sig-nalé une augmentation de l'acide urique et des matières extractives ; ce qui semble prouver que les résidus non complètement oxvdés sont éliminés plus facilement. La sécrétion biliaire est augmentée sous Tinfluence du salicy- late de soude . Température.— Chez les animaux sains, les doses thérapeu- tiques de sahcvlate de soude ne modifient pas la température ; mais chez ceux qui sont atteints de maladies fébriles et particu- \\QVQmeniAerhumatismeaiguarticulaireoumusculaire.i\e^ercQ une action antipyrétique remarquable en abaissant fortement la température. On peut voir la température diminuer de 1 a ^°. Circulation et respiration. - Chez les animaux sains, le sali- 7:^2 ACIDE SALICYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. cylate de soude à faible dose ne modifie pas notablement la cir- culation et la respiration ; mais il diminue la fréquence du pouls et de la respiration chez ceux qui sont atteints de fièvre. On admet qu'il abaisse la pression sanguine. A dose très forte, il paralyse le système nerveux central, pro- duit une chute énorme de la pression artérielle, un ralentisse- ment puis un arrêt du cœur. Le salicylate de soude n'a pas d'action nuisible particulière sur les g-lobules du sang. 11 produit une hyperleucocytose, modère les mouvements amiboïdes des leucocytes et n'a pas d'influence sur les hématies. Il semble ressortir des observations cliniques que le salicylate de soude prédispose aux hémorragies des surfaces muqueuses et que parfois il peut avoir une action abortive. Fonctions nerveuses . — A dose thérapeutique, le salicylate de soude n'exerce aucune action spéciale sur le système nerveux. A doses fortes, il provoque d'abord des vomissements, de la saliva- tion, de l'inquiétude, de Tag-itation, des convulsions, puis de la paralysie. Il excite donc d'abord l'axe bulbo-médullaire et le paralyse plus tard, mais sans qu'il y ait d'action spéciale sur la sphère sensitivo-motrice des hémisphères cérébraux. Chez les animaux atteints de rhumatisme, il ag-it comme anal- gésique puissant. Le salicylate de soude employé en injection sous-cutanée à haute dose détermine de la dyspnée, de l'irrég-ularité et de la faiblesse du pouls, de la tristesse, de la dilatation pupillaire, des vomissements, de la faiblesse du train de derrière, des convul- sions et une exagération énorme des réflexes. Indications. — 1" Comme antiseptique et désinfectant local des plaies et surtout des muqueuses,qui sont le siège d'une inflam- mation, d'une infection, d'un état catarrhal. On emploie avanta- geusement les solutions aqueuses d'acide salicylique à 2 p. 1 000 sur la conjonctive et pour faire des lavages de lacavité utérine chez la vache. Ces solutions, toutenétantdésinfectantes, ont l'avantage d'être inodores, non irrritantes et non toxiques. Dans l'otorrhée du chien, on fait usage de solutions alcooliques de 1 à 3 p. 100. En raison de son pouvoir désinfectant, l'acide salicylique (non le saHcylate de soude) constitue un agent des plus précieux pour combattre la diarrhée des jeunes animaux à la mamelle, notam- ment la diarrhée des veaux. Dans les inflammations de la peau, dermatites, interli-igo,. ACIDE SALICYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. 733 eczéma, etc., une [)Oudre composée de 3 parties d'acide salicylique, •de 10 parties d'amidon et de 87 parties de poudre de talc, donne de très bons résultats. Dans le crapaud, l'acide salicylique pur en poudre appliquée sur les parties malades bien mises à nu amène assez rapidement la g-uérison. 2'' Gomme antiparasitaire externe contre la teigne faveuse et la teigne tonsurante en solutions alcooliques à 5 à 10 p. 100, contre la gale sarcoptique du chien en solutions huileuses. 3° Comme kératohjtique dans toutes les ad'ections cutanées accompagnées d'un épaississement et d'un durcissement de l'épi- derme : cors, durillons, etc. • t_/. i \ 4° Comme antiseptique et calmant local contre les mammites sous forme de pommade ou de Uniment. 5° Gomme ajitipyrétique, on administre lesalicylatedesoudede préférence à l'acide salicylique dans toutes les maladies fébriles. Toutefois, dans les infections pyoémiques etseptiques, son effet antifébrile est incertain (Feser et Friedberg-er). 6° Gomme antirhiunatismal, le salicylate de soude constitue un véritable spécifique. Il agit très efficacement dans le rhumatisme articulaire ou musculaire aig-u et chronique, avec ou sans lésions cardiaques. Dans ces affections, il abaisse la fièvre, calme les dou- leurs et prévient les endocardites. 7° Le salicylate de soude, en s'éliminant par les urines, peut exercer une action désinfectante et anticatarrhale utile dans les cystites et les inflammations catarrhales des voies urinaires. Administration. — Le salicylate de soude est administré au cheval sous formes d'électuaires, de bols; aux ruminants, sous forme de solutions en breuvag-es ; au chien, en pilules ou en solu- tions. L'acide salicylique libre s'administre en breuvage dans la diarrhée des veaux. Doses. — Les doses thérapeutiques d'acide salicylique libre et ■de salicylate de soude sont : Une dose. Par jour jusqu'à : Cheval 10 à 50gr. 100 gr. Bœuf 20 à 75 — 150 - Veau 1 à 5 — 10 — Mouton et chèvre 1 à 5 — 10 — Agneau Os'.S à 1 — 2 — Porc 2 à 5— 10 à 25 — Gros chien 1 à2 — 4à8 — Petit chien 08r,2o à 1— 2à 4 — Chat O^M à 08^,25 Og^o à 2 — Volaille O^M à 0e^2 O^'.S à 1 — 734 ACIDE SALICYLIQUE ET SALICYLATE DE SOUDE. Dans \di pneumonie contagieuse du porc, Bicciarelli a obtenu des succès en administrant jusqu'à 25 grammes de salicylate de soude par jour chez des animaux pesant environ 90 kilogrammes (// nuovo Ercoluni, 1904). Doses toxiques. — Les grands herbivores peuvent supporter les doses dépassant 250 g-rammes. En injection sous-cutanée, le chien meurt avec 08', 20 par kilog-ramme de poids vif. La mort est précédée de nausées, de vomissements, de tremblements muscu- laires, de faiblesse du train postérieur et enfin de convulsions générales suivies de paralysie des muscles respirateurs. Préparations. 1° Solution aqueuse. Acide salicylique 1 gramme . Eau distillée 500 grammes . 2° Solutions alcoolisées ou boriquées. En ajoutant à l'eau qui sert à dissoudre l'acide salicylique, une certaine (juantité d'alcool ou d'acide borique, on peut obtenir des solutions plus con- centrées (2 p. 100). 3° Collodion salicylé. 4° Glycérine salicylée. 5° Contre la diarrhée des jeunes veaux. Acide salicylique 2e'',5 Acide taunique 2Br,o . 1 \ ,, , ,. . , 11 \ Camomille 10 ..aXAA-* ' Inlusion de camomdle. \ ., a- a ..V^vW^'"'^^^ '^^" "' vJ En deux fois à quatre heures d'intervalle (Frôhner). 6° Contre le rhumatisme articulaire chez les ruminants. Salicylate de soude 25 grammes. Eau 1 litre . Cette dose peut être administrée toutes les trois heures jusqu'à cessation de la lièvre. 7" Pommade salicylée. Acide salicylique 10 grammes. Vaseline blanche 100 — Cette pommade convient contre la mammite, les affections cutanées prurigineuses, contre Totorrhée et le chancre auriculaire chez le chien (Nocard). Dans Totorrhée, on introduit tous les jours au fond du conduit auditif une petite quantité de pommade, gros comme un pois ou un haricot. — \- MODIFICATEURS DES SÉCRÉTIONS. 735 Autres composés salicylés. Salicylate de phényle ou salol (Voir Antiseptiques). Salicylate d antipyrine ou salipyrine (C*'H*2Az^0,G'H''0^'). — Le salicylate d'antipyrine est en paillettes incolores, inodores, de saveur amère puis sucrée. Il est soluble dans 200 parties d'eau à -+- 15° ; il t>e dissout mieux encore dans Talcool, l'éther ou le chlo- roforme. Il ag-it comme antipyrétique et peut être employé chez le chien à la dose de 2 grammes par jour contre le rhumatisme aigii ou chronique et les douleurs névralg-iques. Salicylate de méthylb ou éther méthylsalicylique(G*H"0^). — C'est un liquide incolore, mobile, à odeur forte et très persis- tante, d'une densité de 1,1819 à + 16°. Il est peu soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool et dans l'éther. Sa solution aqueuse est colorée en violet par le perchlorure de fer dilué. Petit [Recueil, 1903, p. 610) a obtenu d'excellents résultats de l'usage externe du salicylate de méthyle dans le traitement des eiîorts de tendon, des distensionsligamenteuses chez le cheval etdes douleurs rhumatismales chez le chien. On en fait des frictions une ou deux fois par jour. Il a l'avantag-e d'agir vite, d'être inofîensif et de ne jamais tarer les animaux. Gutzialzky (1906) a guéri un cheval atteint de rhumatisme musculaire par des injections sous- cutanées de 5g-rammes de salicylate de méthyle par jour. Aspirine (G^H^O.G^H^O.GOOH). — G'est une combinaison d'acide acétique et d'acide salicylique. Elle forme des cristaux en aig-uilles incolores, solubles dans 100 parties d'eau. Elle se dis- sout facilement dans les alcalis étendus et s'y décompose au bout de quelques minutes en ses deux composants. Elle agit exactement comme l'acide salicylique et le salicylate de soude. MODIFICATEURS DES SÉCRÉTIONS Ils comprennent les hyposécrétoires et les hypersécrétoires.he type des hyposécrétoires, c'est V atropine (Voy. p. 674). Les hypersécrétoires comprennent les diurétiques, les sudori- fiques et les expectorants. 736 DIURÉTIQUES. Diurétiques. Les diurétiques activent la sécrétion urinaire. C'est principale- ment par cette sécrétion que Torg-anisme se débarrasse des pro- duits de déchets non volatils engendrés par le mouvement nutritif général, des poisons absorbés à la surface g-astro-intestinale, des toxines produites par les microbes qui envahissent les tissus dans les infections, et même des principes normaux contenus en excès dans le sang-, comme Teau, le sucre, les sels alcalins. En activant la sécrétion urinaire, les diurétiques favorisent donc la dépuration sang'uine, assurent la composition normale du milieu intérieur, aug-mentent la force de résistance de l'organisme à l'auto-intoxi- €ation et à tous les empoisonnements en général, quelle que soit d'ailleurs leur origine. Dans les états morbides, il est d'autant plus important que la sécrétion urinaire conserve toute sa puissance qu'alors la dénu- trition est plus active, que les poisons ou toxines engendrés sont déversés dans le sang en quantité plus grande. Les diurétiques produisent la diurèse par un mécanisme va- riable. Les uns tonifient le cœur et les vaisseaux, augmentent la pression artérielle et par suite activent mécaniquement la filtra- tion rénale ; d'autres ne modifient pas sensiblement la pression «anguine, mais activent directement la fonction rénale, en agis- sant soit sur les cellules excrétrices des canaux urinifères, soit sur les nerfs fonctionnels en rapport avec ces cellules. En se basant sur leur mode d'action, on peut donc diviser les diurétiques en deux groupes principaux : les diurétiques directs ^t les diurétiques indirects. Les diurétiques directs excitent directement la fonction de l'epi- thélium rénal. Ils comprennent les sels de potassium, diverses plantes, les essences balsamiques, diverses résines, lacantharide, le calomel, les acides très dilués, notamment l'acide azotique l'urée, la lactose, la scoparine, la caféine, la théobromine, la théocine. Les diurétiques indirects agissent surtout en modifiant la circu- lation générale et rénale ; ils comprennent tous \q?, cardio-toniques Voir ce groupe). NITRATE DE POTASSIUiM. -/37 Sels alcalins. Tous les sels des métaux alcalins sont plus ou moins diuré- tiriues. Les plus actifs sont les nitrates. Nitrate de potassium. AzO^K. Le sel de nitie, ou salpêtre, est incolore, inodore, d'une saveur fraîche, piquante, avec arrière-g-oût amer, soluble dans 4 parties d'eau froide et 1 partie d'eau bouillante, presque insoluble dans l'alcool. Il existe en assez forte proportion dans diverses plantes. Effets. — Appliqué sur la peau, les muqueuses et les plaies, le sel de nitre est plus ou moins irritant, suivant la délicatesse des tissus et la concentration des solutions. D'après Orfila, il produit une inflammation intense quand il est déposé dans le tissu con- jonctif sous-cutané. Introduit dans les voies dig-estives en petite quantité et très étendu d'eau, le salpêtre n'exerce aucune action particulière sur la dig-estion; à doses moyennes, il irrite la muqueuse digestive et cause du dég"OÛt ; à doses fortes, il détermine une inflamma- tion g-astro-intestinale, une superpurgation et une intoxication g-énérale. Quand ce sel est administré en petite quantité., il est absorbé rapidement parla muqueuse dig-estive et ne tarde pas à produire une expulsion copieuse d'urine, h'action diurétique est de courte durée et, pour l'entretenir, il faut administrer des doses fréquem- ment renouvelées. Par un usag-e trop prolongé, on peut voir appa- raître une iî^ritation des voies urinaires et une fluidification du sang-. Le nitrate de potasse exerce aussi une lég-ère action dépres- sive?>\yc la circulation et la respiration : le nombre des battements du cœur et des respirations diminue légèrement; le pouls est petit, mou, intermittent: le cœur bat avec moins d'énergie, la température cutanée s'abaisse et les muqueuses pâlissent. .4 doses toxiques, ce sel produit, outre l'irritation g-astro-intesti- nale, des tremblements, des convulsions, des attaques tétaniques, la dilatation de la pupille, puis la paralysie des mouvements volontaires et des contractions du cœur. A l'autopsie, on trouve, chez les animaux qui ont succombé à Kaufmann. 47 738 PLANTES DIURÉTIQUES. Tempoisonnement par le sel de nitre, une irritation du tube dig-estif et des voies g-énito-urinaires; le sang- veineux est rouge^ mais incoag-ulé; le cœur et les autres parenchymes sont flasques. Indications et doses. — Les propriétés dépressives que ce sel exerce sur la circulation, la respiration et lacalorification, ne peu- vent pas être utilisées en pratique pour combattre les états fé- briles, car à dosesfaibles la dépression produite est trop lég'ère, et à fortes doses les effets sont trop intenses et peuvent devenir dan- gereux. Ce médicament est surtout indiqué comme diurétique^ quand on veut favoriser les résorptions et amener la diminution des épan- chements dans les séreuses ou la disparition de certains eng'org-e- ments chroniques. 11 est toujours contre-indiqué, quand il y a inflammation du tube digestif ou de l'appareil g'énito-urinaire. Or. combat les effets toxiques de ce sel avec les mucilag'ineux et les excitants. On le fait prendre dans les boissons. Doses Ihérapeuliques. Cheval 8 à 15 grammes. Bœuf 10 à 25 — Mouton et porc 2 ào — Chien 0«',20 à Os'.oÛ Chat et volailles O^M à 0?^20 Le nitrate de sodium ou salpêtre du Chili jouit des mêmes propriétés diurétiques que le nitrate de potassium, mais il est moins toxique que ce dernier. Plantes diurétiques. Un grand nombre de plantes excitent la sécrétion urinaire. Les suivantes sont les plus employées. Bardane [Arrtiuin Lappa L.). — Cette plante, de la famille des Synanthérées, est encore appelée vulgairement glouteron, herbe aux teigneux. Ses feuilles et sa racine sont les parties habituellement employées en médecine. On y trouve du sucre, de l'amidon, du mucilage, un peu de tanin, une matière amère, de Tinuline, une matière céro-oléagineuse verdâtre et une forte proportion de carbonate et de nitrate de potasse. PLANTES DIURÉTIQUES. 739 Le feuilles et la racine de bardane sont employées comme diiuuHiques. On fait infuser de 20 à 25 g-rammes de racine ou de feuilles dans 1 litre d'eau bouillante, et on obtient, après décan- tation, un liquide très diurétique, qu'on peut administrer seul ou après l'avoir associé à d'autres substances ayant les mêmes pro- priétés. .4 rextérieur, la décoction est employée en lotions sur la peau pour apaiser le prurit occasionné par les dartres et l'eczéma. Broyées et appliquées sous forme de cataplasmes sur les ulcères anciens, ces feuilles déterg-ent leur surface et activent le dévelop- pement des bourgeons charnus. Pariétaire [Parietaria officinalis, Urticées). — Cette plante, qui croit sur les vieux murs, les rochers et les décombres, ren- ferme du mucilage et du nitrate de potassium. Elle est très diurétique . On emploie la plante entière en décoction à raison de 10 grammes par litre d'eau. Ce liquide édulcoré avec du miel est donné en boisson aux grands herbivores à raison d'environ 2 litres par heure. Pour augmenter encore la diurèse, on peut y ajouter 1 à 2 grammes de nitrate de potassium par litre. Généralement la diurèse s'établit dès le premier jour. Spirée ulmaire {Spirea uhnariœ, Rosacées). — Cette plante, encore appelée 7'eine des prés, croit le long- des fossés dans les prairies humides. Ses sommités fleuries renferment une essence (hydrure de salicyle), une matière colorante Jaune, un hydro- carbure et une matière cristallisée offrant l'apparence du camphre. L'infusion faite à raison d'une forte poig-née par 10 litres d'eau est à la fois diurétique et sudorifique. Sabline [Arenaria rubra, Caryophyllées). — Cette petite plante, qui croit dans les champs sablonneux de l'Europe, est surtout très abondante en Algérie. Elle a une odeur de foin coupé et contient un principe résineux a7'omatique à odeur de benzine et une forte proportion de se/s alcalins. C'est un bon diurétique à la dose de 10 grammes par litre d'eau en infusion. Bourrache {Borrago officinalis, Borraginées). — Cette plante contient du mucilage, de la résine, des sels alcalins et beaucoup de nitrate de potasse. Les feuilles sont très diurétiques et émollientes. Les fleurs sont sudorifiques et pectorales. Bugrane ou arrête-bœuf [Ononis spinosa, Légumineuses). 740 THÉOCLNE OU TflÉOPHYLLINE. — La racine, seule partie employée, contient une résine, un gly- coside, Yononme, un principe amer et de Vamidon. Elle est diurétique et s'emploie en infusion à la dose de 50 à 100 grammes par jour chez les grands herbivores. Racine de chiendent {Agropyrum repens, Graminées). — Le rhizome contient du sucre, de la triticine, matière gom- meuse qui peut se transformer en sucre, une matière r/omftieuae asotée, des malates et de la tnannite. Excellent diurétique. Racine d'asperges [Asparagus officinalis, Asparaginées). — Elle contient de Vasparagine, de la coniférine, une résine jaune et de la man?iite. Cette racine est employée comme diurétique. Baie de genièvre. — \o'\r toniques amers. Théocine ou théopliylline. C«H*Az302. C'est un isomère de la théobromine quiest obtenu par synthèse. Elle se présente en poudre blanche cristalline, inodore, de saveur amère et désagréable, soluble dans 179 parties d'eau froide et 85 parties d'eau à 37°, dans les solutions alcalines et acides. Le cinnamate de soude aide à sa dissolution dans l'eau. Effets. — La théocine a une action générale semblable à celle de la caféine ; mais elle est moins toxique, moins convulsivante. De même que les autres bases xanthiques, elles'éliminepar l'urine assez rapidement à l'état de ,8-monométhylxanthine. Elle ne modifie pas notablement ni le travail du cœur ni la pression san- guine. Elle provoque une diurèse très abondante, en excitant directement les éléments rénaux. Elle a un inconvénient, c'est d'être irritante pour l'appareil digestif. Usages. — Ce puissant diurétique est recommandé dans les maladies cardiaques avec phénomène de stase, dans l'ascite, les alfections rénales compliquées d'anasarque, dans l'artériosclérose. Son action serait d'autant plus intense qu'il existe des œdèmes ])lus considérables. On l'adminislre au chien à la dose deO'^S à 1 g-ramme par jour dans du thé léger. COLCHIQUE ET COLCHICINE. 741 Colchique et colchicine. Le colchique d'automne [Colchicuin autumnale L.) est une plante bulbeuse de la famille des Liliacées Colchicées, qui croît en grande quantité dans les prairies humides. Toutes ses parties sont actives et vénéneuses. En médecine, on fait usage seulement de la semence (convention internationale). Les semences ainsi que le tubercule de colchique contiennent un principe alcaloïdique, la colchicine (0,05p. 100), etdes matières indilférentes, telles qu'une huile g-rasse, de l'albumine, de la g-omme, du sucre. La colchicine (G^-H'^'AzO ') est un alcaloïde qui se présente sous la forme de ciistaux orthorhombiques ; elle est inodore, d'une saveur très amère, lentement et peu soluble dans l'eau, la g-ly- cérine, très soluble dans l'alcool et l'éther éthylique et se com- binant avec les acides pour former des sels difficilement cristal- lisables. Les solutions noircissent rapidement à la lumière. Elle est très toxique. Préparations. — On emploie Vextrait de colchique etla teinture de colchique. Cette dernière se fait avec 100 g-rammes de poudre de semence et quantité d'alcool suffisante pour 1000 grammes de teinture. Elle renferme deux fois moins de principes actifs que la teinture de colchique du Codex de 1884. Effets physiologiques. — Sur la peau intacte, la colchicine n'a pas d'action marquée ; <à l'intérieur, elle est irritante. Dans la bouche, elle développe une saveurfortement amère etproduitune sensation de brûlure et de la salivation. Arrivée dans l'estomac, elle irrite la muqueuse, produit du dégoût, des nausées etdes vomis- sements. EUea la même action irritante sur l'intestin et détermine des coliques, du ténesme et de la diai-rhée souvent sanguinolente pouvant durer plusieurs jours. Les effets généraux sont toujours lents à se produire, proba- blement à cause de la lenteur de son absorption. La plupart des auteurs signalent une diminution du nombre des battements du cœur; cependant Rossbach, quia fait une étude sérieuse de celte substance, dit que le cœur n'est pas sensiblement infiuencé. La tension artérielle reste normale: elle ne s'abaisse que vers la fin de l'empoisonnement. Des doses thérapeutiques ne modifient pas la respiration ; des 742 COLCHIQUE ET COLCHICINE. doses fortes produisent un ralentissement de cette fonction qui s'éteint avant le cœur. Elle provoque généralement une diurèse abondante. D'après Mairet et Gombemale, elle ne serait diurétique qu'à dose très faible (2 à 3 millig-rammes chez l'homme). Elle aurait aussi une action cholagogue très nette, d'après Rutherford. A fortes doses, le système nerveux est d'abord excité, puis paralysé ; la sensibilité est atteinte la première. h'élimination se fait principalement par les urines. Cette élimi- nation est lente, et des effets cumulatifs sont à craindre par l'ad- ministration répétée. D'après Jacobi, elle s'oxyderait partiellement dans l'économie en donnant naissance à de l'oxycolchicine. Elle semble s'éliminer aussi en partie par le lait. On a vu se produire des intoxications colchiciques sur des enfants qui rece- vaient du lait de chèvres ayant mangé des feuilles et des graines de colchique. Voici les résultats des deux expériences faites, l'une sur le chat, l'autre sur le lapin, avec la colchicine de Merk : 1° A 2'', 15, on pratique sur un cliat une injection hypodermique de 1 centi- mètre cube d'une solution au 1/100, c'est-à-dire Oe^01. Jusqu'à 5 heures on observe plusieurs défécations; les matières rendues sont d'abord dures et sèches, puis molles et liquides; l'animal vomit des matières spumeuses et il est un peu triste. La mort survient pendant la nuit et le lendemain matin le cadavre est en rigidité. A l'autopsie, on trouve, dans l'estomac et le duodé- num du sang mêlé à des mucosités épaisses, la muqueuse est congestionnée et fortement ecchymosée. Dans le jéjunum et l'iléon, il y a un peu de sang, mais la muqueuse est normale, ce qui indique que ce sang provenait des parties antérieures, La muqueuse rectale offre aussi uelques ecchymoses, mais beaucoup moins étendues que celles de l'estomac et du duodénum. Les reins sont hyperémiés à la surface et au voisinage de la ligne de réunion de la substance corticale avec la substance médullaire. Lecœur droit est gorgé de sang; le ventricule gauche est dur et ne contient presque pas de sang; pas d'ecchymoses sur l'endocarde. Le sang est noir et en partie coagulé. Le foie présente quelques lignes de congestion ; la vésicule biliaire est remplie de bile. 2° A 9 heures du matin, on pratique sur un lapin une injection hypoder- mique de 2 centimètres cubes de la solution au 1/100, c'est-à-dire 0er,02. Jusqu'à 11 heures, on n'observe rien d'anormal. De 11 heures à 3 heures, l'animal rend plusieurs fois des excréments; les premiers rendus sont normau.x, ceux rendus après sont mous, non disposés en boule. Le lapin est triste, abattu, et ne se déplace que lorsqu'on l'excite vivement; il a 40 res- pirations par minute. L'expiration est brusque, saccadée; il y a discordance des mouvements respiratoires, thoraciques et abdominaux. Vers 5 heures, même état; les oreilles sont froides et pâles. 11 m'est impossible de prendre exactement le nombre des pulsations. La mort survient pendant la nuit. A l'autopsie pratiquée le lendemain matin, on trouve l'estomac plein d'aliments secs, entourés d'une épaisse couche de mucus; la muqueuse offre (juelques ecchymoses et des arborisations vasculaires. La muqueuse de l'intestin grêle est congestionnée, mais il n'y a pas de sang ni dans 1 estomac ni dans l'in- COLCHIQUE ET COLCHICINE. 743 testin. Les reins sont hypercmiés, et l'un d'eux offre une ecchymose à sa sur- face. Le l'oie offre des zones de congestion, l'as de bile dans la vi-sicule. Le cœur est gorgé d'un sang noir coagulé, l'as d'ecchymoses sur l'endocarde. Les poumons sont fortement congestionnés et ecchymoses, surtout en arrière et en bas. La vessie est vide et fortement contractée. Ces deux expériences, et un grand nombre d'autres quil est inutile de rapporter, démontrent que la colchicine ag-it surtout sur la muqueuse de restomac et de f intestin grêle, même quand elle est absorbée par la voie sous-cutanée, h'/iyperémie rénale indique qu'elle irrite cette giande. Les ruminants étant les animaux les plus exposés à être empoi- sonnés parle colchique qu'ils mangent avec les autres herbes, il est utile de donner les symptômes de cet empoisonnement. Les vaches qui ont reçu en nourriture des feuilles de colchique ont offert les symptômes suivants: inappétence, inrumination, grin- cement de dents, ptyalisme, borborygmes, coliques, regards dirigés vers le flanc, tremblements, hématurie, suppression du lait; respiration courte, difficile; pouls accéléré, petit, intermit- tent, température élevée de 1 à 2° G. ; muqueuses pâles : peau sèche, froide ; poils ternes; diarrhée abondante, fétide; matières alvines d'un vert grisâtre. Pour combattre l'empoisonnement par le colchique, on a recours aux huileux et aux mucilagineux. Indications thérapeutiques. — Chez Ihomme, les préparations de colchique administrées à l'intérieur en petite quantité consti- tuent des agents antiçjoutteux puissants. En vétérinaire, la colchicine n'est guère indiquée que comme diurétique dans les diverses hydropisies. Il est vrai qu'on l'a employée quelquefois contre les météorisations chez les ruminants, la fluxion périodique chez le cheval, les arthrites rhumatismales chez les porcs et les oiseaux, mais avec un résultat variable. \j ac- tion anesthésiante de la colchicine sur les extrémités des nerfs sensitifs pourrait recevoir quelques applications contre les névral- gies, les rhumatismes: mais nous possédons d'autres substances (vératrine, etc.) qui conviennent mieux. Doses et administration. 1° Doses toxiques. Injections hypodermiques (colchicine). Chat Ogr,002 par kilo, d'animal. Chien Osr.OOS — Porc 0?^030 — Lapin Osf.OlO — 744 DIAPHORÉTIQUES ET EXPECTORANTS. 2° Doses thérapeutiques {par télé) (colchicine). Cheval 0gr,02 à 0er,06 Bœuf 0sr,02 à Os'.Oe Chien Os^000o à Os^OOl Lacolchicine doit toujoursêtre administrée en solutionsaqueuses ou g-lycérinées à 1 p. 100 ou 1 p. 200, en injections hypodermiques. La voie trachéale peut également être utilisée, mais il n'y a géné- ralement aucun avantage à la préférer à la voie hypodermique. Il faut suspendre l'administration aussitôt que Ton constate de la diarrhée ou des phénomènes nerveux . La teinture de semences de colchique contient 0,70 p. 1000 de colchicine. Doses thérapeutiques à l'intérieur. Poudre. Teinture. Cheval 3 à o gr. 6 à 10 gr. Bœuf 5 à 8 6 à 15 _ Porc et mouton Og^.lO à Isr.oO Og'.SO à 2 — Chien Qs^Oo à 0sr,30 X à XXX gouttes. Diaphorétiques et expectorants. Les diaphorétiques ou sudorifiques activent la sécrétion sudo- rale, échauifent la peau en y appelant le sang- par suite d'une vaso-dilatation, aug-mententla déperdition de chaleur par Tévapo- ration et le rayonnement et diminuent par conséquent la tempé- rature interne. Ils sont donc indiqués dans toutes les maladies fébriles consé- cutives à un refroidissement, à une infection, à une intoxication ; car ils abaissent la fièvre et provoquent l'élimination par la peau des poisons qui ne peuvent s'échapper par le rein devenu insuf- fisant. Les expectorants aug-mentent et modifient la sécrétion bron- chique, facilitent l'expectoration, diminuent l'irritation des voies aériennes, calment la toux et rendent la circulation de l'air plus facile. Ils conviennent dans toutes les maladies des bronches et du poumon, surtout quand la toux est pénible et l'expectoration diffi- cile. La plupart des médicaments diaphorétiques sont en même temps expectorants. SOUFRE. 745 Les principaux sont les suivants : les sulfurés, les ammonia- caux, l'essence de térébenthine, la terpine, le terpinol, le jabo- randi et la pilocarpine, les fleurs de sureau, les fleurs de tilleul, le poiygala de Virginie, Técorce de panama, le bouillon blanc, les pétales de coquelicot, les fleurs de mauve, la racine d'aunée, la lichen d'Islande, l'anis, le fenouil, le cumin. Sulfurés. Ils comprennent le soufre et les sulfures d'antimoine. Soufre. En médecine, on n'emploie que le soufre sublimé ou /leur de soufre. Sous cet état, le soufre est une poudre d'un beau jaune- citron. Il est inodore, insipide, d'une densité de 2,45, insoluble dans l'eau, légèrement soluble dans l'alcool, l'éther, les corps g-ras, les essences, les huiles pyrogénées ; un peu plus soluble dans les solutions des sels alcalins ; très soluble dans le sulfure de carbone et la benzine. Mis en contact avec des composés métal- liques, le soufre donne naissance à des sulfures insolubles. Le soufre sublimé renferme souvent de l'acide sulfureux, de l'acide sulfurique et de l'arsenic. Des lavag-es à l'eau lui enlèvent les acides, et des lavag-es dans une solution ammoniacale le dépouillent de l'arsenic. Le soufre est un élémentindispensable à laconstitution normale de l'org-anisme, car il fait partie de la molécule albuminoïde des tissus. On trouve des composés soufrés dans la bile (taurine, acide taurocholique), dans les urines (sulfates, sulphophônates), dans la peau (cystine), dans l'intestin (hydrogène sulfuré). Effets physiologiques. — Les diverses préparations de soufre n'ont aucune action sensible sur la peau ; mais elles jouissent de la propriété de tuer rapidement les parasites qui vivent à sa sur- face. Le soufre est un parasificide excellent, surtout quand il est combiné avec des alcalins. Ing'éré en petite quajitité, le soufre agit comme un léger s^i- tnulant du tube dig-estif; il augmente l'appétit, accélère la dig-estion, communique après quelques jours, auxmatières excré- mentitielles, une teinte plus foncée et une odeur d'acide sulfhy- drique très nette. 746 SOUFRE. ,1 doses rnoijennes, il augmente les mouvements périslaltiques de l'intestin, hâte les défécations, rend le ventre libre et com- munique aux excréments une coloration noire et l'odeur sulfhy- drique à un deg-ré très prononcé. A fortes doses, le soufre agit comme un laxatif énergique, qui ne dérang-e pas notablement l'appétit, si le traitement n'est pas trop prolongé. Enfin, à dose exagérée, la fleur de soufre irrite vivement le tube digestif et détermine une superpurg-ation qui peut devenir mortelle. Outre l'action locale sur l'appareil dig-estif, le soufre produit des effets g-énéraux qui résultent de son absorption. Or, comme il est insoluble, il doit éprouver dans le tube digestif des modi- fications qui ont pour effet de le rendre soluble et absorbable. Dans l'estomac acide, le soufre reste intact, il est transporté en nature dans l'intestin, où il rencontre les liquides alcalins. Là, il se combine, en certaine proportion, avec les bases alcalines et forme des sulfures de sodium, de potassium et de calcium, qui sont solubles. En même temps, il y a dégagement d'acide suif- hydrique, car les excréments ont une forte odeur d'oeufs pourris. Une partie du soufre ingéré est donc absorbée dans l'intestin sous forme de sulfures alcalins et d'acide sulfhydrique, mais la plus grande partie est expulsée en nature avec les excréments. Les produits soufrés solubles, arrivés dans le sang, déterminent une légère excitation générale ; le pouls est plein et accéléré ; la respiration est plus fréquente ; la peau est chaude et les muqueuses sont injectées. En outre, on remarque que l'air expiré et la trans- piration cutanée exhalent une forte odeur d'hydrogène sulfuré. Sous l'influence de cette élimination d'acide sulfhydrique par le tégument cutané, on voit que la transpiration insensible et la sécrétion sébacée soîit notablement augmentées : la peau, sans se couvrir de sueur, devient plus souple, plus humide, plus grasse. Sur les animaux blancs, elle prend un aspectsale, et les pansages deviennent plus difficiles. L'acide sulfhydrique éliminé par le poumon excite légèrement les sécrétions bronchiques, rend le mucus plus fluide, moins adhérent, facilite l'expectoration et rend la respiration plus légère. Pendant que les sulfures alcalins et l'acide sulfhydrique cir- culent dans le sang et les tissus, une certaine quantité de soufre est oxydée ; il se forme des sulfites et des sulfates alcalins qui sont SOUFRE. 747 éliminés par les reins. Leur présence est facile à constater dans l'urine, qui n'est d'ailleurs pas sécrétée en plus g-rande quantité qu'à l'état normal. L'acide sulfhydrique éliminé par la peau provient surtout de la décomposition des sulfures alcalins en pré- sence des acides de la sueur ou de la matière sébacée ; celui qui est éliminé par le poumon provient surtout directement de l'ab- sorption intestinale. Si l'absorption des principes sulfureux se continue pendant un certain temps, on voit apparaître des effets altérants ; le sang- devient plus fluide, moins coagulable et plus noir; les hématies perdent la propriété d'absorber l'oxygène ; il se produit un amaigTissement considérable, une résorption très active des pro- duits épanchés, une diminution du volume des glandes et des g"an- g-lions lymphatiques. Enfin, si la médication continue, l'amaigris- sementse prononce de plus en plus ; il se produit un affaiblissement extrême et enfin une asphyxie lente qui entraîne la mort. 1^^^ aa/v" Effets toxiques. — Le soufre administré d'emblée à dose toxique produit rapidement de la tristesse, la perte de l'appétit, des coliques vives avec expulsion fréquente d'acide sulfhydrique par l'anus et d'excréments fluides à odeur repoussante, un alTaiblis- sement général qui se prononce de plus en plus, une accélé- ration considérable du pouls et de la respiration : le pouls devient plus petit et misérable, la respiration devient laborieuse; les muqueuses prennent une coloration violette ; le sang est noir et fluide, les sécrétions exhalent une forte odeur d'acide sulfhy- drique ; puis il y a chute sur le sol, refroidissement des extré- mités, couleur bleuâtre des muqueuses, et la mort survient sans convulsions. Lésions. — A l'autopsie, on trouve les lésions suivantes : inflammation vive de la muqueuse gastro-intestinale, qui est quelquefois g-angrenée dans plusieurs points ; sang- noir, diftluent, qui eng-org-e tous les viscères parenchymateux ; poimion et cœur couverts d'ecchymoses; caillots fibrineux dans le système de la veine porte, dans la rate et le foie ; odeur très forte d'acide sulf- hydrique dans tous les tissus, ce qui rend la viande inutilisable pour la consommation. Indications thérapeutiques. — A l'extérieur, les préparations soufrées sont indiquées comme antiparasitaires, atitipsoriques, dans la gale, les dartres et les autres éruptions de nature para- sitaire. 748 SOUFKE. .4 l' intérieur^ le soufre est indiqué dans beaucoup de cas: i° Comme purgatif léger. Lorsque le soufre employé est très pur, la purg-aliou ressemble à celle produite par l'huile de ricin ; elle est douce et sans coliques. C'est un purg-atif laxatif qui mérite d'être employé souvent; 2" Gomme antidote, dans l'empoisonnement par des owdes métalliques, tels que ceux de plomb et de mercure : 3° Comme expectorant, dans toutes les maladies catarrhales des voies respiratoires produites par un refroidissement, telles que : pneumonie, bronchite, laryngite, etc. On obtient surtout d'excellents ell'ets avec ce médicament chez les herbivores. Sol- leysel le nommait Vatni du poumon ; 4» Comme sudorifique ou diaphorétique, dans toutes les mala- dies où il est utile d'activer les fonctions cutanées et d'appeler le sang" à la peau. Il convient surtout dans les rhumatismes et les ma- ladies éruptives anciennes. En g-énéral, celles-ci sont traitées à la fois par une administration interne et des applications externes ; 5° Gomme altérant et fondant, il convient surtout chez le cheval dans les cas d'eng-org-ements g-landulaires et g-ang-lion- naires et d'épanchements divers. Il est indiqué chez tous les animaux pour faciliter la résorption des lésions chroniques du poumon ou des cavités séreuses. 6» Gomme vermifuge, il peut aussi rendre des services. Il ne tue pas les parasites du tube dig-estif, mais il provoque souvent leur expulsion en exagérant les mouvements péristaltiques ; 7° Gomme microbicide dans la diphtérie des volailles : on le fait prendre à l'intérieur et en même temps on dépose de la poudre sur les lésions locales. Pour l'usage externe, on emploie les préparations suivantes: Pommade soufrée. Fleur de soufre 1 gramme. Axonge 3 grammes. Incorporez à froid. Pommade d'Helmerich. Soufre sublimé 2 grammes. Carbonate de potasse 1 gramme. Axonge 8 grammes. Incorporez à froid. Pour obtenir une préparation plus active, on peut remplacer le carbonate de potasse par la potasse caustique. On y incorpore aussi le sel marin, le sel ammoniac, les cantharides, etc. Contre la g-ale de tous les animaux. SOUFRE. "49 Huile soufrée. Fleur de soufre 8 grammes. Jaune d'œuf N» 1. Huile grasse 250 grammes. Incorporez le soufre dans le jaune dœuf et ajoutez l'huile peu à peu en remuant sans cesse jusqu'à homogénéité parfaite du mélange. Contre toutes les affections cutanées. Baume de soufre. Soufre sublimé 32 grammes. Essence de térébenthine 230 — Mélangez les deux substances, faites di^-éier à une assez forte chaleur, laissez déposer et décantez; l'essence prend une teinte brune. Contre les affections psoriques. Mélange de M. Schaack. Fleur de soufre \ Essence de térébenthine ^ àâ 1 partie. Huile de cade ^ Mélangez les trois substances dans un tlacon et agitez. Contre les affections g-aleuses et dartreuses. Pommade antipsorique de M. Ch. Bernard. Fleur de soufre 1 gramme. Huile de cade 2 grammes. Essence de térébenthine 2 — Axonge 3 — Faites fondre l'axonge, et, au moment où elle commence à se figer, incor- porez avec beaucoup de soin le soufre; puis ajoutez successivement l'huile de cade et l'essence, et continuez à remuer jusqu'à refroidissement complet; sans cette précaution, le soufre se déposerait et la pommade ne serait pas homogène. Pour l'employer, on nettoie la peau avec soin et on applique la pommade sur les rég-ions atteintes de gale ou d autres affections herpétiques. Le succès est constant. Pommade sulfuro-tannique. Soufre 8 grammes. Acide tannique 2 — Laudanum 1 gramme. Axonge 32 grammes. Incorporez à froid. Contre toutes les affections cutanées. On peut rem- placer le laudanum par 2 grammes de teinture de cantharides. Les préparations sulfureuses n'ont aucune action curative sur les eczémas et les éruptions cutanées humides. - 750 SULFURES D'ANTIMOINE. Administration et doses. — Pour l'usage interne, on emploie le soufre sous forme de bols ou d'électuaires, ou mieux mélangé au son ou à la farine. On peut aussi l'administrer en suspension dans l'eau. Lorsque le soufre est administré comme expectorant, diapho- rétique ou fondant, il faut le donner aux doses suivantes et conti- nuer l'administration pendant un certain temps : Doses expectorantes. Cheval . 10 à 20 grammes. Bœuf l.-i à 50 — Porc. . "1 ào — Chien 0s'',30 à 1 graimne. On peut l'associer aux sels alcalins, chlorure de sodium, sels ammoniacaux, aux poudres vég'étales, à l'essence de térében- thine, au fer, à l'arsenic. Pour produire la purg-ation, il faut employer du soufre parfaitement pur, c'est-à-dire préalablement lavé, aux doses suivantes : Doses purgatives. Cheval 200 à 300 grammes. Bœuf 250 à 400 — Mouton 50 à 100 — Porc 15 à 30 — Chien 10 à 30 — Chat 2à 5 — Ces doses doivent être administrées en une fois. Le soufre employé en inhalation est très actif pour détruire les parasites du poumon. On fait respirer à l'animal les vapeurs qui se dég-ag-ent d'un mélang-e de g-oudron 5 et soufre 1 qu'on verse sur des pierres très chaudes, mais non rouges. Sulfures d'antimoine. Les sulfures d'antimoine sont : le protosulfure, le pentasulfure, l'oxysulfure. 1° Protosulfure ou trisulfurk d'antimoine (Sb^S^). — Ce composé se rencontre à l'état naturel dans beaucoup de mines, où il est mélang-é de sulfure de plomb, de fer, d'arsenic et de cuivre. On l'appelle alors antimoine cru. Pour l'usage médical, on prépare le protosulfure d'antimoine S-ULFURES D'ANTIMOINE. 751 pur par les deux procédés suivants : par voie sèche en chaullanl ensemble dans un creuset de Tantimoine et du soufre ; par la voie humide, en faisant passer un courant d'hydrog-ène sulfuré dans une solution d'émétique ou de Irichlorure d'antimoine. Pulvérisé, le protosulfure d'antimoine est d'un brun orangé ou d'un jaune orang-é suivant son mode de préparation ; il est ino- dore, insipide, insoluble dans l'eau, soluble dans les alcalis, avec lesquels il forme des sulfures doubles. 2" Pentasulfure d'antimoine (Sb^S^). — Ce composé s'obtient en traitant par l'acide sulfurique le sulfo-antimoniate de soude. Le pentasulfure d'antimoine est amorphe, jaune, orang-é, inso- luble dans l'eau, l'alcool, mais soluble dans les solutions alcalines et les sulfures alcalins en donnant des sulfures doubles. Le soufre doré d'antimoine n'est pas du pentasulfure d'anti- moine, mais un mélang-e de ce sulfure et de protosulfure. On l'obtient en traitant par l'acide chlorhydrique les eaux mères qui résultent de la préparation du kermès. ^~ 3° OxYSULFURE d'antimoine OU KERMÈS. — Le kermès minéral est une poudre amorphe, d'une couleur brun-chocolat, inodore, d'une saveur légèrement astringente et métallique. Exposé à l'air, ce composé s'altère, devient jaunâtre et farineux. Il est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther et les essences ; il est soluble dans les solutions alcalines et celles des sulfures alcalins ; les acides le décomposent en dégageant de l'acide sulfhydrique. Le kermès étant souvent falsifié dans le commerce, il peut être avantageux pour le vétérinaire de le préparer lui-même. Il y a plusieurs procédés de préparation, mais celui de Cluzel, dont la description suit, me parait être le meilleur : ( Sulfure d'antimoine pulvérisé 1 partie. Prenez : < Carbonate de soude cristallisé 22 parties. ( Eau de rivière 250 — Faites bouillir pendant une heure dans une marmite de fonte, filtrez la liqueur bouillante et versez dans des terrines chaudes. Après le refroidisse- ment, recueillez le kermès qui s'est déposé, lavez-le à l'eau froide et séchez-le avec soin. Effets physiologiques. — Ces différents composés sulfurés d'antimoine produisent sensiblement les mêmes eflets. Pour des raisons économiques, il est presque toujours avantageux, dans la pratique de la médecine vétérinaire, de choisir de préférence 752 SULFURES D'ANTIMOINE. le soufre doré dantimoine, dont le prix est modéré et qui est moins souvent falsifié que le kermès minéral. Localement, ils ag-issent sur les tissus comme des poudres inertes. Ing-érés à faible dose, ils sont assez facilement supportés par l'estomac ; à dose forte, ils provoquent souvent des vomissements chez les carnivores et le porc et de la purg-ation chez les herbi- vores. En présence du suc g-astrique acide et des sucs intestinaux alcalins, les sulfures d'antimoine sont décomposés et rendus en parties solubles et absorbables. Sous l'inlluence de l'acide chlor- hydrique de l'estomac, il se forme des chlorures doubles de potassium et d'antimoine solubles, avec dég-ag'ement d'une cer- taine quantité d'acide sulfhydrique. Après l'absorption et leur mélang-e avec le sang-, les sulfures d'antimoine font apparaître les effets combinés du soufre et de l'antimoine. Sous leur influence, [la peau s'échaufle, se conges- tionne, sécrète plus activement et élimine une partie de l'acide sulfhydrique formé ; les sécrétions du poumon, des bronches et des parties supérieures des voies respiratoires deviennent plus fluides, plus abondantes; il y a expectoration plus facile', la toux est plus g-rasse et moins douloureuse. Généralement, il se produit aussi un ralentissement du pouls et de la respiration, ainsi qu'un abaisse- ment léger de la température rectale. Comme tous ces composés altèrent la dig-estion à forte dose, il convient de ne les employer qu'à dose faible, surtout chez les carnassiers. Indications thérapeutiques. — Localement, les composés sul- furés d'antimoine ne répondent à aucune indication. A rintérieur, leurs propriétés expectorantes et sudorifiques les rendent utiles dans toutes les maladies catarrhales des voies respiratoires: pneumonie, bronchite, laryngite, etc. Ils activent les sécrétions de la peau, amènent le sang- et la chaleur dans cette membrane ; ils rendent la toux moins douloureuse, plus g-rasse et facilitent l'expectoration. Cependant, comme ces composés sont peu solubles, peu absorbables, il y a presque toujours avantag-e à s'adresser à l'émétique ou à la pilocarpine. A cause de leur action excitante spéciale sur le tég-umenl cutané et de l'élimination de l'acide sulfhydrique, par celte voie, ils sont encore indiqués dans les maladies cutanées éruptives. Administration et doses. — L'administration se fait g-énérale- TKRPIiNE. TS3 ment sous forme de pilules, de bols ou d'éle(îluaires. Les dos(is doivent toujours être faibles : on ne doit guère dépasser celles (jui sont indiquées dans le tableau suivant et qui sont les mêmes pour les trois sulfures : Cheval ■) à 10 grammes. Bœuf 8 ;i 1.T — Mouton 3 k '.'} — Porc 2 à 4 — Chien O^MO à Osr,50 Chat 0s^05 à 0?MO Ces doses peuventètre administrées deux ou trois fois par jour. Les faibles doses, administrées souvent, ont l'avantage d'être sup- portées facilement par le tube digestif et de maintenir l'organisme sous l'influence contirmelle des etfets. Terpine. C10H20G2-|-H2(). La terpine officinale, ou clsterpine, se présente sous forme de cristaux prismatiques à base rhombe, blancs, très brillants, ino- dores, doués d'une saveur faiblement aromatique, solubies dans 350 parties d'eau à -t- 15°, dans 32 parties d'eau bouillante, dans 7 parties d'alcool, dans 100 parties d'éther, très solubies dans l'es- sence de térébenthine. Quand on fait bouillir sa solution aqueuse, surtout après l'avoir acidulée légèrement, la vapeur d'eau entraine du terpinol., mé- lange complexe à odeur de jacinthe qui résulte de l'éthérification de la terpine. Effets et usages. — La tei-pine n'étant pas irritdiile est facile- ment supportée à l'intérieur. Après son absorption, qui est rapide, elle exerce une action calmante sur le système nerveux, modifie la sécrétion bronchique et produit une ceviSixnQ diii rèse . Elle s'éli- mine par les urines sous forme de terpinol et leur communique l'odeur de jacinthe. A très faible dose, elle active la sécrétion bronchique, fluidifie le mucus etrend l'expectoration plus facile. A dose plus forte, elle dessèche la muqueuse des voies respiratoires, tarit les sécrétions catarrhales et calme la toux. L'action sur les voies respiratoires est surtout très rapide quand on l'emploie en fumigations. Kacfmann. 48 754. SESQUICARBONATE D'AMMONIAQUE. La terpine est indiquée dans le traitement de toutes les bron- chites catarrhalps. Chez les petits animaux, on peut l'administrer à l'intérieur en pilules, ou en solution alcoolique ou g'iycérinée à la dose de 30 à 40 centigrammes [)ar jour. Chez les solipèdes, les fumig-ations sont préférables. Schelameur a employé des fumig-ations avec un plein succès sur les jeunes chevaux atteints de bronchite catarrhale d'orig-ine g-ourmeuse. Il recommande des fumigations de ving"t minutes ; avec terpine, 10 g"rammes ; alcool, 20 grammes; et eau, 500 grammes; ou encore avec terpine, 10 grammes ; essence de térébenthine, 10 grammes, et eau, 500 grammes. Ces quantités de solutions suffisent pour fumig-er dix chevaux. Ammoniacaux. En raison de leur volatilité, de leur facile dissolution dans l'eau et de leur g-rande diffusibililé, les composés ammoniacaux sont absorbés facilement. Ils constituent tous des excitants diffusibles qui activent la sécrétion bronchique, la sécrétion sudorale et la sécrétion urinaire. Ils sont donc diaphorétiqiies, expectorants et diurétiques. Les ammoniacaux utilisés sont : l'ammoniaque, le carbonate, le chlorhydrate et l'acétate d'ammoniaque. Ammoniaque. — Voir Vésicants. Sesquicarbonate d'ammoniaque. Le sesquicarbonate d'ammoniaque se présente en cristaux formant des aiguilles incolores, d'une odeur ammoniacale assez vive, d'une saveur caustique. Ce sel est très volatil à la température ordinaire. A l'air, il passe à l'état de bicarbonate (AzH*CO*H) plus fixe : aussi doit-on le conserver dans des vases bien clos et tenus dans un lieu frais. Il est soluble dans cinq fois son poids d'eau froide ; il est moins soluble dans l'alcool. A la chaleur, il se vola- tilise et se décompose en partie. Effets et usages. — Les elTets du carbonate d'ammoniaque sont de même nature que ceux produits par l'ammoniaque liquide ; mais ils sont moins prononcés, moins énerg-iques, de sorte que ce corps convient mieux pour l'usage interne prolongé. CHLORHYDRATE D'AMMONIAQUE. 755 Adminislvé à faible dose, il excite Tappétit, favorise la digestion et produit, après son absorption, une faible excitation générale, une diminution de la plasticité du sang", une élévation de la tension artérielle, une action diurétique et expectorante marquée. A dose forte, il irrite le tube digestif et peut môme déterminer une g-astro-entérite, des vomissements, des coliques et enfin des convulsions générales et la mort. A l'intérieur, ce sel est indiqué pour réveiller le système ner- veux déprimé par une maladie, un empoisonnement narcotique, les morsures de serpents venimeux; pour exciter le tube dig^es- tif; pour favoriser V expectoration dans les maladies des voies respiratoires. A l'extérieur, on pourrait l'appliquer à titre de résolutif. Administration et doses. — On le donne sous forme de pilules, délectuaires, en mélung-e avec le sel ordinaire ou encore mieux en solutions très étendues. Doses tfiérapeutiques. Cheval 10 à 30 grammes. Bœuf 20 à 30 — Porc, mouton 1 à3 — Chien 08r,20 à 1 gramme. Doses toxiques. Cheval 80 grammes. Chien 10 — Chlorhydrate d'ammoniaque. AzHiCl. Encore appelé sel ammoniac ou chlorure d'ammonium, ce corps est en cristaux cubiques ou octaédriques qui absorbent facilement l'humidité de l'air, d'où la nécessité de le conserver dans des vases bien clos. Il est soluble dans 3 parties d'eau froide et dans 1 partie d'eau tiède. Il faut éviter de l'associer aux acides forts et aux oxydes solubles, car ces corps le décom- posent. Effets. — ,1 l'extérieur, ce sel est à peine irritant chez nos animaux. A l'intérieur, il n'est pas irritant à faible dose, mais il provoque une inflammation lorsqu'il est concentré ou donné à dose élevée. Dans ce cas il boursoufle l'épithélium de la muqueuse, avec laquelle il est mis en contact, peut même le dissoudre et pro- 7n6 CIlLOKllYDRATb: D'AMMOMA(jUE. voque une îibondanle sécrétion de mucus. L'inflammation qu'il produit dans l'estomac et l'intestin, lorsqu'il estdonné à forte dose, est souvent mortelle. Après son absorption, il ag-it par l'intermédiaire du sang sur toutes les muqueuses, dont il aug-mente manifestement la scct'é- tion de mucus. Les cellules muqueuses s'exfolient, se dissolvent et se liquéfient plus facilement. C'est principalement dans les voies respiratoii-es que l'hypersécrétion muqueuse est très pro- noncée. Le mucus bronchique non seulement est plus abondant, mais il est encore plus liquide, plus fluide, ce qui favorise son élimination. On admet aussi que, sous son influence, les cils vibi-a- tiles activent leurs mouvements et contribuent au rejet des pro- duits bronchiques. Le sel ammoniac actire la sécrétion urinaire el provoque ime expulsion d'urine double de celle de l'état normal. Cette uiine est toujours très riche en urée. Celle-ci résulte de la Iransfoi- mation de l'ammoniaque et de la décomposition des albuminoïdes dans le foie. Le jeu du cœur, le pouls et la température centrale et cutanée ne sont pas sensiblement modifiés par des doses ordinaires du médicament. Si l'admini.stralion du chlorhydiate d'ammoniaque se fait sans discontinuité pendant un certain temps, on voit survenir la perte de l'appétit et des signes d'une irritation gastro-intestinale; le sang s'appauvrit et se fluidifie, les muqueuses pâlissent, puis apparaît la maigreur et une grande faiblesse. On a vu des ani- maux péril' après douze ou quinze jours d'une administration continue de ce sel. Des doses mortelles d'emblée i»rovoquent des convulsions tétaniques et une très g-rande excitation générale. A l'autopsie d'animaux morts à la suite de l'intoxication pio- duite par ce sel, on tiouve le sang- incoagulé, liquide et noir, les muqueuses couvertes d'une couche épaisse de mucus, principa- lement les muqueuses respiratoire et urinaire. Emploi thérapeutique. — Ce sel convient bien pour favoriser la sécrétion muqueuse quand il y a un état catarihal avec mucus trop consistant et adhérent. On en obtient d'excellents résultats dans la période de sécrétion de la pneumonie, de la bronchite, de la maladie du jeune âge chez le chien, etc. Il ne faut pas l'em- ployer au début des inflammations des voies respiratoires, car il aug^menterait l'irritation au moment où les muqueuses sont sèches. CHLORHYDRATE U'aMMONIAQUE. 11 est surtout bien indiqué, d'après Vog-el, quand, à l'auscultation, on entend des l^ruits de sifflement qui indiquent que le mucus est adhérent, épais et d'une élimination difficile. A cause de Ynrtwn excitante qu'il exerce sur la muqueuse digcstive, on l'emploie avec succès contre les affections calar- rhales de l'estomac et du duodénum, principalement dans l'indi- g-estion chronique du feuillet. On utilise l'eifet altérant que produit le sel ammoniac après quelques jours d'administration, contre les enr/orr/emcnts, les faniears ganglionnaires, les hypertrophies des orgajit's paren- rhymateax. etc. Comme ces états pathologiques sont toujours long-s à g-uérir, il faut suspendre, de temps en temps, la médica- tion ammoniacale. Dans la pratique, on évite d'employer ce sel plus de cinq ou six. jours consécutivement. A l'extérieur, cesiux\ fondant indiqué contre les eng-orgements, les contusions, les écrasements. Hertwig- recommande, contre les tuméfactions rebelles, la pré- paration suivante : Pétrole lo Teinture de cantharide ]5 Sel ammoniac : 80 Savon vert 120 Le sel ammoniac est encore utilisé pour préparer des mélanges réfrigérants qui remplacent la glace. Ils sont composés de : o ^e ammon.a.-. _ ^^,, ,,^^„,,,„i^^,. t Sel ammoniac. 8 Su l.de soudo. / ,,^ j^ ) \ 3 Sol de nitre. oSeldendre. ^ / 22 Eau. f *' ''^^u. 'fi Eau. 12 Vinaigre. Doses. Doses toxiques. Chien (inj. sous-cutanée) .... (i grammes. Chien (estomac) 8 — Mouton :25 à 80 — Cheval oOO — Doses //lércipeu/iques {estomac). Ghc\à\ 8 àl5 grammes. Bœuf 10 à^O — Mouton 2 ào — l^orc 1 à 4 __ Chien Os'-.SO à 0?',oO Chat OsMO à 0sf,30 758 SUREAU (FLEURS DE). Aux grands animaux, on peut faire prendre dans une journée de 30 à 40 grammes, et aux petits de 3 à 5 grammes, en solutions étendues de 1 à3 p. 100. Il serait (iangereux de continuer l'admi- nistration plus de cinq à six jours. Acétate d'ammoniaque. C2H302. AzH^ Préparé chimiquement pur, ce sel encore apppelé esp?'it de Mindererus est blanc, en longues aiguilles déliquescentes, de saveur fraîche, piquante, et soluble en toute proportion dans Teau et l'alcool. Les pharmaciens le préparent en solutions con- tenant 15 p 100 de sel. Cette préparation perd facilement son activité; il est nécessaire delà conserver dans des flacons bouchés à rémeri. Les acides, les bases alcalines et la plupart des sels métalliques la décomposent. Effets. — L'acétate d'ammoniaque n'est pas irritant pour les tissus, ce qui le rend précieux pour l'usage interne. Arrivé dans l'estomac et l'intestin, il se transforme en carbonate d'ammo- niaque, qui est rapidement absorbé. Mélangé au sang, il détermine une excitation légère, se traduisant par une petite accéléi^ation du pouls, une éléoation de la tension artéi'ielle, une diurèse irès marquée, une expectoration plus facile, ainsi que par une trans- piration cutanée très manifeste. Indications et doses. — Il est indiqué dans les affections des voies respiratoires et des autres muqueuses. Doses. Grands herbivores 100 à 2o0 grammes. Petits ruminants et porc... 30 à .50 — Carnivores 3 à 10 — Ces doses peuvent être répétées plusieurs fois par jour. Jaborandiet Pilocarpine Voir Évacuants intestinaux spé- ciaux). Sureau (Fleurs de). {Samhui-vs iiif/ra !>.). Le sureau est un arbrisseau de la faniillo des Ca[»rifoliacées, bien connu de tout le monde. En médecine, on emploie ses FLEURS DE TILLEUL. 759 fleurs, qui se présentent sous la forme de larges ombelles blanches, d'une odeur un peu forte et d'une saveur amère. Lorsque les fleurs sont sèches, elles sont jaunâtres et ont une- odeur aromatique ag-réable. Il est important de les sécher lente- ment et de les conserver ensuite dans des vases bien fermés. Les fleurs de sureau contiennent : une essence fixe fortement odorante, du taniti, du mucilage, de la résine et de l'albumine. Effets physiologiques. — L'infusion de fleurs de sureau exerce localement une action excitante lég'ère sur les tissus. Dans l'esto- mac, cette préparation chaude excite les fonctions digesfives, puis cède rapidement le principe actif à l'absorption. Après son administration, on voit survenir une légère excitation générale, surtout une élévation de la température cutanée et une augmen- tation delà sécrétion sudoripare. Il esttrès difficile de déterminer- une véritable sueur chez nos animaux domestiques avec l'infusion de fleurs de sureau. Pour réussir chez le cheval, il faut que la température de l'écurie soit élevée et ([ue l'animal soit forte- ment couvert. Malgré l'absence de sudation visible, il semble démontré, par l'observation, que l'infusion chaude de fleurs de sureau a pour effet d'augmenter' la sécrétion insensible et l'exha- lation cutanée. D'ailleurs, ce remède a le grand avantage de ne jamais être nuisible aux animaux et de pouvoir être utilisé avant l'arrivée du vétérinaire. Indications thérapeutiques. — Localement, l'infusion de fleurs de sureau est indiquée à cause de sa propriété lég'èrement excitante, pour laver les plaies, les tissus œdématiés, engorgés, enflammés. Elle est surtout utile comme collyre. Afintérieur, elle estindiquée contre l'indigestion simple, contre les maladies inflammatoires au début, surtout celles qui ont pour cause un refroidissement. Elle congestionne et échauffe la peau. Préparations. — Les fleurs de sureau s'emploient toujours sous forme d'infusion, de fumig-ation. Pour l'usage interne, on en met 15 grammes par litre. On peut y associer- le camphre, les ammoniacaux, etc. Fleurs de tilleul. [Tilia europea.) Les fleurs de tilleul contiennent, comme les Meurs de sureau, une essence, du tanin, du sucre et de la gomme. 700 ÉCORCK DE PANAMA OU UE QUILLAYA. On les emjjloic en infusion ou en décoction légère, à titre de calmant et de sudorifique dans les mêmes cas que les fleurs de sureau. Polygala de Virginie. Lepolygnla de Virginie est la racine du Polygdla Seiirt/a, qui croit dans TAmérique du Nord. Cette racine a une odeur faible- ment nauséeuse, une saveur acre qui provoque la salivation ; elle irrite la muqueuse piluitaire. Composition. — On y trouve de la sént'gine, de Tacide polyga- lique, une r('si/ir, une essence, une hirile gimsse et du sucre. La sénegineesi identique avec \^ saponine ou sapotoxine; elle peut se dédoubler en glycose et sapogénine. Effets et emploi. — Localement la racine depolygala de Virg-i- nie est irritante. Administrée à l'intérieur, elle détermine facile- ment une inflammation catarrhale de Testomac; à doses très faibles, elle est tolérée et ag-it sur la muqueuse respiratoire, dentelle augmente la sécrétion du mucus et rend celui-ci plus fluide. Elle est nettement expeclorante et convient dans les bronchites, les pneumonies, lorsque lemucus est épais, adhérent, et que l'expec- toration est difficile. On l'administre ordinairement en infusion à la dose de 2 à 5 grammes chez les ])etits ruminants et le porc, à celle de 0^'',5 à le'-,5 chez le chien et à celle de 0s%2 à 0§'',5chez le chat. Écorce de panama ou de quillaya. Cette écorce est foui-nie par la Quillaija smegjuadei'mos, arbre (lu Chili, de la famille des Rosacées. Elle contient de la sapotoxine et de V acide ciuillaja ique, de la lactosine. La sapotoxine est une poudre blanche, amorphe, soluble dans Teau, insolubhi dans l'alcool et l'éther. La solution aqueuse mousse fortement par l'agitation. Elle peut se dédoubler en g-ly- cose et sapogénine. L'acide quillajaique est une poudre blanche, amorphe, soluble dans l'eau et l'alcool, insoluble dans l'éther. Sa solution mousse aussi dans l'eau. L'écorce de panama est un expectornnt puisxouL employée MÉDICAMENTS TONI-CARDIAQUES. 761 comme succédané du polyg-ala. A dose forte, elle détermine la paralysie des muscles et du cœur. On l'emploie en décoction à raison de 5 grammes pour 100 gr. d'eau et à la dose d'une cuillerée toutes les deux ou trois- heures chez le chien atteint d'une maladie catarrhale des voies respiratoires. MODIFICATEURS DU CŒUR ET DES VAISSEAUX Médicaments toni-cardiaques. Ces médicaments sont dirigés contre la dépression circulatoire, liée à des lésions portant sur la pompe cardiaque. Les maladies du cœur sont nombreuses et assez fréquentes chez nos animaux domestiques. Le plus souvent les lésions siègent sur les valvules, les orifices artériels et auriculo-ventricu- laires; elles produisent alors invariablement soit Y insuffisance. soit le rétrécissement. Aujourd'hui le diagnostic de ces lésions est relativement facile, grâce aux bruits de souffle qu'on perçoit à l'auscultation. Quels que soient d'ailleurs la nature et le siège de l'altération patholog-ique, que la lésion amène l'insuffisance ou le rétrécisse- ment de tel ou tel orifice, le jeu du cœur peut i ester normal, ou bien il peut être accru ou diminué. Lorsque les systoles ventriculaires sont normales — eusysto- lie — la circulation générale n'est pas troublée notablement, la nutrition se maintient dans un état satisfaisant. Tl suffit alors de soins hygiéniques, de repos et de moyens calmants. Si le jeu du cœur est accru — liypersystolie — et si la tension artérielle est anormalement élevée, il faut encore des calmants et des vaso-dilatateurs tels que : le chloral, l'iodure et le bromure de potassium, la morphine, etc. Mais, si les contractions cardia- ques sont faibles, si les ondées lancées dans lesartèressont petites, si la tension artérielle reste au-dessous de son degré normal - hyposysfolie, asystolie — il faut avoir recours aux médicaments qu'on appelle des toniques cardiaques. Dans rhyposystolie, le jeu du cœur est affaibli, la c[uantité de sang- lancée dans les artères est insuffisante pour maintenir la tension artérielle à son degré normal. 11 en résulte une circulation capillaire lang-uissante dans tous les tissus et une accumulation de "62 DIGITALE ET DIGITALINE. sang' dans les veines. Cette stase sanguine veineuse produit secondairement Taltération de la nutrition de tous les tissus, la diminution de leur tonicité, l'exsudation séreuse et le ralentisse- ment de l'excrétion urinaire. Le défaut d'élimination rénale en- traîne l'accumulation des produits de dénutrition et une sorte d'empoisonnement lent qui affaiblit graduellement le malade et le plonge bientôt dans l'anémie la plus profonde. Des épanche- ments hydropiques peuvent ensuite se montrer dans les parties déclives du tronc, des membres et dans les cavités séreuses. Dans les cas de ce genre, l'indication principale doit consister à augmenter l'énergie des systoles cardiaques, afin d'accroître le débit du sang et de relever la pression artérielle. Agents de la médication toni-cardiaque. — Les agents toniques • lu cœur sont : la digitale et son principe actif la digitaline, le strophantus et la sti-opliantine, la convallaria et la convallama- rine, la caféine, l'adonidine et la spartéine, le bromure de potas- sium, le tabac et la nicotine. Digitale et digitaline. On connaît plusieurs espèces de digitales. La seule employée en médecine est la dig-itale pourprée [Digitalis purpurea L.), encore appelée gant de Notre-Dame, de la famille des Scrofula- riacées. Elle croît dans presque toute l'Europe et dans les îles du nord de l'Afrique ; elle habite les bois et les collines, dans les terrains secs, incultes et siliceux. On la cultive aussi comme plante orne- mentale dans les jardins. Les feuilles sont les seules parties employées en médecine vétérinaire. Elles doivent être recueillies pendant la deuxième période de végétation de la plante, au moment où elle va tieurir. C'est alors qu'elles sont le plus riches en principes actifs. Sèches, elles ont un parfum assez agréable rappelant celui du thé et de certaines pâtisseries. Composition. — On a isolé des feuilles de digitale trois glyco- sides : la diyitaline. la digitaléine et la digitonine . La DIGITALINE pure, cristallisée, encore appelée dig-itoxine (C^'H^"0'°i, a été obtenue pour la première fois par Nativelle. Ses cristaux d'un blanc nacré sont insolubles dans l'eau, la ben- zine, le sidfure de carbone; ils sont très solubles dans le chloro- DIGITALE ET DIGITALINE. 763 forme, solubles dans 43 parties d'alcool à 90" et très lég-èrement solubles dans les huiles g-rasses. La dig-italine est le principe le plus actif de la dig-itale. Sous Tinfluence des ag-ents hydrolysants, elle se dédouble en un sucre, le diyitoxosc, et en digitoxigénine. Les dig-italines amorphes d'Homolle et Quévenne et d'autres ne sont pas des dig-italines pures, mais des mélanges, en pro- portions variables, de digitaline, de digitaléine et de digitonine. La DIGITALÉINE (G^^H^^O'^) cst un g'iycoside non cristallisé, blanc, insoluble dans le chloroforme, soluble dans l'alcool, peu soluble dans l'eau ; sa solubilité dans l'eau est aug-mentée par son mélange avec la dig-itoxine.Sous l'influence des agents hydroly- sants, elle se dédouble en dextrose, digitalose et digita/igénine. Elle est fort active, mais beaucoup moins cependant que la dig-italine. La DiGiTONiNE (G"^"H**0'^) est un glycoside du g-roupe des saponines, pouvant cristalliser, mais se présentant d'ordinaire sous forme amorphe. Elle est très soluble dans l'eau ; cette solu- bilité aug-mente avec les impuretés. Elle favorise la solubilisation dans l'eau de la dig-italine et de la dig-italéine. Les agents hydro- lysants la décomposent en dextrose, galactose eidigitogénine. A côté de ces glycosides, on a sig-nalé dans la dig-itale une substance très toxique, voisine de l'ouabaïne; un composé rési- neux, la digitène; un composé phénolique, la digiflarone\ des acides : digitalique, antirrhinique, digitaléique, tannique ; de l'amidon, des matières mucilagineuses et colorantes, un ferment oxydant azoté. Préparations. — Les formes pharmaceutiques de digitale ordi- nairement utilisées sont la poudre de feuilles, les infusions, le sirop, la teinture, le vin de digitale composé et enfin la digitaline cristallisée. Les extraits aqueux et alrooliques ne doivent pas être utilisés à cause de l'inconstance de leur composition. La poudre de digitale a une odeur aromatique agréable rap- pelant un peu celle du thé et une saveur amère. Elle s'altère assez facilement: aussi doit-on la conserver dans un endroit sec, en vase clos et à l'abri de la lumière, et la renouveler assez souvent. Vin fusion se prépare en versant 250 grammes d'eau bouillante sur 20 à 50 €s«-ntig-rammes de poudre de feuilles de digitale et en maintenant le contact pendant une demi-heure à 70». On filtre 764 DIGITALE ET DIGITALINE. ot on édulcore. On l'administre par cuillerées aux petits animaux. La riKicéralion consiste à faire macérer la poudre dans Teau froide pendant douze heures, à filtrer et k édulcorer. Le sirop de digitale se compose de teinture de digitaline. 50 grammes, et sirop simple, 950 grammes. Mêlez \('nd('x). 20 grammes de ce sirop renferment 1 gramme de teinture de digitale et sont équivalents à 10 centigrammes de poudre. La teinture de digitale s'obtient en traitant par j)ercolation 100 grammes de poudre par la quantité d'alcool à 70° suffisante pour obtenir 1000 grammes de teinture {Codex, 1908}. Un gramme de teinture équivaut à 10 centigrammes de poudre de digitale. Le rin de digitale co/nposé s'obtient avec : Feuilles sèches de digitale, poudi'e demi- fine, tamis n" 5 10 grammes. Squames de scille l.o Baies de genièvre loO — Acétate de potassium sec 100 — Vin blanc 1800 — Alcool à 90° 200 — Laissez macérer pendant dix jours. Vingt grammes de ce vin correspondent à 10 centigrammes de digitale et renferment 1 gramme d'acétate de potassium. La digitaline cristalliséeélnnt d'un prix très élevé ne peut guère être utilisée que chez les petits aniniiiux. On emploie le soluté au millième. L gouttes de ce soluté pèsent 1 gramme et contiennent 1 milligramme de digitaline cristallisée. Effets physiologiques. — Localement les préparations de digi- tale et de digitaline sont irritantes. Appliquées sur la peau, sous forme de pommade ou d'une préparation qui reste adhérente, elles produisent une inflammation du derme; celui-ci devient douloureux, se tuméfie, rougit, s'échauffe et se couvre d'une exsudation séreuse. L'intensité de l'inflammation provoquée est en rapport avec la concentration de la préparation et avec la finesse de la peau. Loi-sque le tégument est dépourvu de son épi- derme, et (|ue la préparation est appliquée directement sur le derme l'inllammation locale est plus rapide et plus intense. Introduites dans la bouche, les préparations digitaliques pro- duisent une sensation d'amertume, font rougir la muqueuse buc- cale et déterminent de la salivation. Dans l'estomac, elles DIGITALE ET DIGITALINE. 765 irritent rapidement lu muqueuse, j)rovoquent des douleui's, des nausées, des vomissements et de la diarrhée. ISi les doses sont faibles et si les préparations sont données sous l'orme diluée, les ellets d'irritation g-astro-intestinale peuvent être nuls ou insignifiants. Sur la conjonctive, elles produisent une cuisson très vive et une congestion intense. Les solutions de digi- taline à 1 p. 1000, ou les infusions de dig-itale injectées dans la trachée des animaux produisent facilement de la toux et une congestion pulmonaire aux points où l'absorption s'effectue. Le cheval et l'âne supportent beaucoup mieux ces injections que le chien. Injectée sous la peau, dans le tissu conjonctif, la digitaline et les liquides digi taliques déterminent une douleur vive et produisent un phleg'mon plus ou moins volumineux. Ghezle chien, ce phlegmon se résorbe lentement; chez le cheval et l'âne, il s'abcède souvent; parfois aussi il laisse un noyau induré qui ne disparaît qu'après plu- sieurs mois. L'inflammation locale qui suitl'injection hypodermique de dig-italine retarde l'absorption et provoque un état fébrile plus ou moins prononcé. Lorsqu'on injecte la solution de digitaline dans le tissu musculaire, on observe à peu près les mêmes effets que lorsque le médicament est déposé dans le tissu conjonctif sous-cutané. Après leur absorption, les principes actifs de la digitale produi- sent des modifications fonctionnelles, dont les plus importantes portent primitivement sur la circulation et secondairement sur la sécrétion urinaire. Les préparations galéniques de digitale doivent leur activité aux g-lycosides qui y sont contenus, surtout à la digitaline et à la digitaléine. Orces deux g-lycosides agissent à peu près de la même façon, à l'intensité près. On peut donc prendre pour type l'action de la digitaline cristallisée; elle résume assez exactement celle de la digitale. Action sur le coeur. — A très faible dose, la digitaline déter- mine chez tous les animaux un ralentisxemimt du cœur, c'est-à-dire Kxne diminution dunombre de ses battements. Ce ralentissement, quelquefois très prononcé, chez le chien et le mouton, l'est beau- coup moins chez l'âne et moins encore chez le cheval. On voit, à l'état de santé, le nombre des battements du cœur diminuer de dix à quinze par minute chez le chien, de trois à cinq chez les solipèdes. Ce ralentissement dure un temps variable, mais cepen- dant assez long- : de six à douze heures. A mesure que les effets de 766 DIGITALE ET DIGITALINE. la dig-italine se dissipent, on voit le nonribre de pulsations i-evenir à l'état normal, sans qu'il y ait accélération consécutive. Quelque- fois on observe, après l'administration, une lég-ère accélération primitive du cœur qui précède le ralentissement^ c'est lorsque la dig"italine irrite localement les tissus au point d'absorption et déter- mine par action réflexe une certaine excitation. Quand l'absorption se fait sans irritation, le ralentissement est toujours primitif avec de faibles doses. Chez les solipèdes,il arrive souvent qu'après l'in- jection hypodermique de digitaline en solution il y a accélération continue du cœur sans ralentissement ni primitif, ni consécutif, GetelTet accélérateur est dû, dans ce cas, à la (ièvre de réaction que détermine le développement d'un phlegmon au point d'injection. Chez le chien, le ralentissement des battements du cœur se j)roduit très nettement après les injections hypodermiques ou intramus- culaires. A dose moyenne, la digitaline produit successivement deux modifications inverses sur le nombre des battements du cœur. Après l'absorption sans irritation locale, elle agit d'abord en ralentissant le cœur. Ce ralentissement a une durée inversement proportionnelle à la dose employée. Après un certain temps, ce ralentissement disparaît et fait place à Yaccélération du cœur, dont l'intensité est directement proportionnelle à la dose. Les fortes doses produisent d'abord un certain ralentissement du cœur, mais très passager ; puis elles déterminent une accélé- ration très forte et très durable. Avec des doses très fortes, il n'y a pour ainsi dire pas de ra- lentissement initial ; il y a immédiatement une accélération qui dure très longtemps et qui est suivie, si l'animal doit mourir, d'un ralentissement avec arythmie. En résumé, la fréquence des battements cardiaques se modifie comme suit : Avec faibles doses : i-alentissement des battements du cœur, puis retour insensible à l'état normal. Avec doses moyennes : ralentissement du cœur, puis accéléra- tion et enfin retour à l'état normal. Avec fortes doses : ralentissement très passager ; accélération de longue durée, puis retour très lent à l'état normal. Avec doses très fortes : accélération ininiédiate très forte ; ra- lentissement et arythmie précédant la mort. La digitaline, en même temps qu'elle modifie le nombre des DIGITALE ET DIGITALINE. 767 battements du cœur, agit aussi en aug-menlant Véncrfjie du muscle cardiaque. A chaque systole, les contractions auriculaires et ventriculaires sont plus énergiques et les ondées sang-uines déplacées sont plus volumineuses. Dans mes expériences cardio- graphiques, j"ai toujours constaté que, pendant l'action de la digitaline, les courbes indiquent une augmentation de pression intracardiaque systolique considérable. Les deux bruits normaux du cœur deviennent plus intenses, plus nets. La pulsation car- diaque est plus facilement perceptible. La digitaUne constitue un tonique puissant du cœur. Elle ne produit l'airaiblissement du muscle cardiaque qu'à dose trop forte et seulement dans la deuxième période de son action. Ces faits ont été entièrement confirmés récemment par les beaux travaux de François-Franck. Sous l'influence de la digitaline, on voit aussi souvent se modifier le rythme des battements du cœur. Sur des animaux à l'état de santé, tout en ralentissant le cœur et en augmentant la force de ces contractions, la digitaline produit aussi des inter- mittences en général réguhèrement espacées. Pendant le ralen- tissement produit par des doses moyennes, on constate que les battements du cœur sont accouplés deux par deux ou trois par trois et qu'entre deux séries il y a un arrêt assez long. Ces modifications du rythme n'existent que pendant le ralentissement du cœur; quand cet organe est accéléré, les battements sont régulièrement espacés, il n'y a aucune intermittence. Circulation artérielle. -- La digitaline modifie aussi la circulation artérielle. Pendant qu'elle agit, la tension artérielle augmente notablement; les artères sont plus dures, plus pleines. Le pouls se modifie comme le cœur; il est plus vigoureux, plus fort, souvent intermittent pendant la période de ralentissement: il devient régulier et plus petit pendant la période d'accélération; pendant l'empoisonnement et peu de temps avant la mort, il est misérable et fortement intermittent. Quand on enregistre le tracé du pouls pendant la période du ralentissement, on obtient souvent le pouls bifjéminé ou trigémind, c est-à-dire deux ou trois pulsa- tions accouplées. La vitesse du sang dans les artères diminue sous l'action de la digitale, comme le démontrent nettement mes graphiques hémo- dromographiques. Respiration. — La respiration se modifie à peu près dans le même sens que la circulation pendant l'action de la digitaline. 768 DIGITALE ET DIGITALINE. Avec les faibles doses, les mouvements se ralentissent; avec les fortes doses, ils s'accélèrent. Avec les faibles doses, on remarque une diminution de l'exhalation de l'acide carbonique, par consé- quent un ralentissement des oxydations et des phénomènes de dédoublement. Température. — A faible dose, la digitaline absorbée sans pro- voquer d'irritation locale provoque un abaissement de la tempé- rature rectale. Celle-ci s'abaisse généralement de 4 10 à 5/ 10 de degré sur les animaux sains. Si son absorption est accompagnée d'une irritation locale, on voit au contraire se produire une élé- vation plus ou moins forte de la temi)érature i-ectale. Sécrétion uhinairb. — Des nombreuses expériences que j'ai faites, il ressort que la digitaline ne produit pas à^eff'et diuré- tique sur les animaux sains. C'est un ellet inverse que l'on observe, c'est-à-dire une diminution de la sécrétion. Quoique la quantité d'urine sécrétée soit moindre pendant l'action de la digitaline, il arrive quelquefois que la quantité d'urée éliminée €St plus forte; c'est lorsque la digitaline irrite localement les surfaces sur lesquelles elle est absorbée. Quand l'absorption se fait sans irritation locale, il y a à la fois diminution d'urine et diminution d'urée. La digitale, étant reconime non diiu'étique à l'état normal, elle peut cependant, dans certains cas, produire la diurèse. Dans certaines lujdropisies, la digitaline est diuréti(iue. Mais elle produit la diui-èse par une action secondaire, en améliorant la circulation troublée et non en agissant spécialemetit sur le rein. La dig-italine relève la pression sanguine en aug-mentant le travail du cœur et en produisant une constriction des artérioles; on sait que l'aug-mentation de la pression est une condition favorable pour la sécrétion urinaire. Système nerveux et musculaire. — La digitale exerce tou- jours une ac^^o;^ affaiblissante oxxparésiante sur le système mus- culaire de la locomotion . Les expériences de laboratoire démontrent qu'elle diminue l'excitabilité des muscles, et l'observation clinique indique que les sujets traités par les préparations de dig-itale sont faibles et se fatig-uent sous l'intluence du moindre exercice. Des faits d'expérimentation et d'observation il ressort que la digitaline a une action stimulatrice des plus marquées sur les contractions utérines et les contractions péristaltiques de l'intestin. DIGITALE ET DIGITALINE. 769 Élimination. — On ig-nore ce que devient la dig-italine absorbée. Elle se transforme certainement, car on ne la retrouve dans aucune excrétion. En tout cas son élimination est très lente, comme le prouvent les cas d'intoxication qu'elle a provoqués. 11 en résulte que les doses successives absorbées s'ajoutent les unes aux autres, s'accumulent et produisent brusquement des accidents toxiques. On a reconnu qu'il est imprudent de continuer la médication digitalique au delà de trois jours consécutifs. Intoxication. — Si la digitale est administrée à dose toxique au cheval, on observe, six à huit heures après l'administration, des symptômes importants : tristesse, perte d'appétit, excitation g-énérale, coliques, douleurs intestinales, accélération considérable du pouls et de la respiration, dilatation de la pupille, battements du cœur très forts et accompagnés de bruits spéciaux, tels que le tintement métallique, le frémissement vibratoire et le bruit de souffle, émission d'urine. Après douze à seize heures, abatte- ment considérable, pouls ralenti, irrégulier, intermittent et faible, choc du cœur toujours fort, irrégulier, respiration irré- g-ulière, entrecoupée, peau froide surtout aux extrémités, abaisse- ment de la température rectale, puis mort généralement dans un calme complet. Chez le chien, une dose toxique produit après son administration des vomissements, de l'agitation, des g-émis- sements plaintifs, une diminution du nombre des pulsations d'abord, puis ensuite une augmentation de ce nombre, faiblesse, décubitus prolong'é, diarrhée, puis mort ou retour g-raduel, mais lent, à l'état normal. Lésions. — Les principales lésions sont les suivantes : conges- tion et inflammation de l'intestin, ecchymoses sous-muqueuses et sous-séreuses, poumons enflammés, taches ecchymotiques nom- breuses sous la plèvre, mousse sanguinolente dans les bronches, sang- noir et incoag'ulable, ecchymoses au-dessous du péricarde et dans l'endocarde, valvules épaissies, tissu musculaire du cœur plus foncé et parsemé d'ecchymoses ; cong-estion des centres nerveux. Antidotes. — Il n'y a aucun contrepoison de la digitale. I faut combattre l'irritation gastro-intestinale par des mucilagineux et injecter de faibles doses d'atropine sous la peau pour combattre l'arythmie du cœur et l'arrêt de ses battements. Mécanisme des actions. — Le ralentissement du cœur et du pouls doit être attribué à l'excitation du système nerveux modé- Kalfma.nn. 49 770 DIGITALE ET DIGITALINE. rateur cardiaque. L'innervation modératrice est fournie par le nerf pneumog-astrique, qui relie le cœur au centre modérateur bulbaire, et par le système nerveux intracardiaque. Ces deux systèmes sont excités pendant la période de ralentissement pro- voquée par la dig-italine. En elfet, après la section du nerf pneumo- gastrique au cou, l'action ralentissante est diminuée, mais elle ne disparaît pas complètement, résultat qui prouve que la dig-italine agit à la fois sur le centre modérateur bulbaire et sur l'appareil modérateur intracardiaque. L'accélération qui survient secondairement avec les doses fortes de dig-italine est due à la perte ou à la diminution de l'exci- tabilité des extrémités périphériques des nerfs vag-ues (Kauf- mann, 1881). Quand le pneumogastrique est devenu inexcitable sur son trajet et a perdu son action frénatrice sur le cœur, on peut voir subsister une certaine action frénatrice de l'appareil modérateur intracardiaque. François-Franck a montré en effet que les irritations endocardiaques peuvent provoquer le ralen- tissement ou l'arrêt du cœur malgré l'inexcitabililé des fibres des pneumog'astriques. Les modifications du rythme cardiaque, provoquées par les faibles doses de dig-italine ou par les fortes doses au début de l'action, c'est-à-dire pendant la période de ralentissement, dépendent ég-alement du système nerveux modérateur. En effet, aussitôt que ce système est paralysé, les intermittences cardiaques disparaissent. L'arythmie qui succède à la période d'accélération doit être attribuée à l'excitation du système nerveux accélérateur, aussi longtemps que ce système reste excitable, et enfin à l'action exercée directement sur le muscle cardiaque dans la dernière période de l'intoxication. L'effet toni-cardiaque de la dig-italine doit être attribué à l'action exercée directement sur les fibres musculaires cardiaques. L'augmentation d'énergie des contractions apparaît pendant la phase de ralentissement et se maintient pendant la phase d'accé- lération. Elle est donc indépendante des systèmes nerveux, modérateur et accélérateur. L'action toni-cardiaque est donc directe et musculaire. L'aug-mentation de la tension artérielle résulte à la fois de l'action toni-cardiaque et de l'action vaso-constrictive. Les ondées lancées dans les artères par les contractions ventriculaires sont plus amples, fait démontré par les tracés cardiographiques DIGITALE ET DIGITALINE. 771 et sphyg'mographiques, et la contraction des petits vaisseaux qui oppose une résistance plus g-rande à l'écoulement périphérique du sang- est démontrée parla diminution de la vitesse du courant sang-uin, constatée avecl'hémodromog'raphe. Indications thérapeutiques. — La digitale est indiquée : 1« Cotnine tonique cfn'dio- vase nia ire dans les maladies du cœur et des vaisseaux, accompagnées d'une dépression de la tension artérielle et d'un affaiblissement des contractions cardiaques. Dans les affections valvulaires du cœur, la dig-itale n'est pas toujours indiquée. Elle est contre-indiquée tant que la tension artérielle se maintient forte, tant que le cœur est suffisant pour compenser par l'énerg-ie de ses systoles le mauvais état de ses orifices. Mais, lorsque le cœur faiblit, lorsque la compensation devient insuffisante, lorsque la pression artérielle subit une dépression, la digitale doit être prescrite. L'insuffisance de l'action du cœur est révélée par l'état du pouls, qui devient irrégulier, fréquent, petit ; l'artère est facile à déprimer ; les urines deviennent plus rares ; souvent de l'œdème apparaît dans les membres ou les parties déclives du tronc. C'est à cette période hyposystoiique que la digitale donne de merveilleux résultats. Sous son influence, le pouls se rég-ularise, prend de la force et de l'ampleur; l'artère devient moins dépressible, ce qui est l'indice d'une aug-mentation de la pression sang-uine ; la diurèse abondante s'établit et les œdèmes se dissipent. Les palpitations nerveuses simples sont ég-alement justiciables du traitement digitalique. Dans les diverses affections qui réclament l'emploi de la digitale, il ne faut l'administrer qu'avec réserve et pendant un temps limité. Il faut commencer par de petites doses; cesser ou diminuer l'administration au bout de quelques jours, et se g^uider soit pour l'interruption, soit pour la reprise, sur l'état du pouls et particulièrement sur son deg-ré de résistance; la perte d'appétit, l'intermittence du pouls, la faiblesse musculaire, sont des signes qui indiquent impérieusement la suppression du traitement. Toutes les expériences que j'ai faites me démontrent qu'il faut repousser l'emploi de doses fortes de digitaline ou de dig-itale. 2° Comme antifébrile, dans toutes les maladies caractérisées par une élévation de la température et une forte accélération du pouls et de la respiration. En ralentissant le pouls, en resserrant les petits vaisseaux, en abaissant la température, en facilitant la 772 DIGITALE ET DIGITALINE. diurèse, la dig-italine s'oppose aux phénomènes principaux de la fièvre. On en a obtenu d'excellents résultats dans les diverses pneumonies aig-uës, la pleurésie, les maladies typhoïdes, etc. 3° Comme diurétique^ dans les hydropisies de toute nature, anasarque, ascite, hydrothorax, hydropéricardite. Ce sont surtout les épanchements séreux dépendant d'une insuffisance du cœur qui sont améliorés rapidement par les préparations de digitale. 4° Comme vaso-constricteur, on l'a conseillée contre la métror- ragie et les hémoptisies. Mais l'action antihémorragique étant assez lenteà s'établir, il est préférable dans ces cas de s'adresser à d'autres agents. 5° Comme moyen de diagnostic de fa péricardite traumatique chez les ruminants. D'après Gmelin, l'injection intraveineuse de 2 à 5 centig-rammes de digitaline amorphe dans la veine jug-u- laire d'un grand ruminant atteint de péricardite traumatique provoque, en quelques minutes, des bruitsanormaux de frottement, de bouillonnement, de clapotement très caractéristiques, qui n'apparaissent pas dans la péricardite non traumatique. Doses. Doses thérapeutiques. Poudre de feuilles de digitale. 'l'einliire et -— ~ m — ■ ~- sirop Digitaline. Doses fortes. Doses faibles. de digitale. Solipèdes et grands ruminants..^ 2 -5 gr. 1 -2 gr. 10 -50 gr. 0?^005-0",010 Mouton, chovre, porc. Os'.bO-l — 0gr,10-0",30 1-10 — 0B^002 Chien O^MS-Os^SO 08f,05-0sM0 0s^.5-3 — Osf.OOi Chat 0K'-,0o-0sr,10 0s^01-0g^05 Osr,2o 08f,000D Ces doses peuvent être administrées deux fois par jour. Doses toxiques. Poudre de digitale. Digitaline. Cheval, bœul' 2'.i grammes. O^r.lo Chien 5 — 0s^02 Chat 2 — 0er,01 Administration. — La meilleure voie d'administration est la voie dig-estive. A cause le l'action irritante, on ne doit pas admi- nistrer directement la digitale sous forme de poudre. Il y a avan- tage à employer l'infusion, l'eau de macération de la poudre de dig-i- tale, le sirop, la teinture, le vin. Ces liquides édulcorés doivent être étendus pour ne pas provoquer d'irritation g-astro-intestinale et donnés en breuvage, ou en boisson, ou en cuillerées, suivant STROPIIANTUS ET STROPHANTINE. 773 les espèces animales. On a remarqué que la macération des feuilles de digitale a une action diurétique plus marquée que l'infusion. Strophantus et strophantine. Le strophantus est un arbrisseau de la famille des Apocynées, qui croît dans l'est de l'Afrique équatoriale. On en connaît au moins dix-huit variétés, dont les deux principales sont le Stro- phantus hispidus et le S. Kombé. Les fruits ou semences sont utilisés par les nèg-res pour empoisonner les flèches. Ils les écrasent dans un peu d'eau et en font une pâte. En 1869, Fraser a isolé des semences de Strophantus hispidus, un glycoside, la strophonti7ie ou inéine, qui a pour formule Q;iijji8Qi2 ya\q cristallise en aig-uilles blanches ; sa saveur est fort amère. Elle se dissout dans 40 parties d'eau à -\- 18" ; dans 13 parties d'alcool à-|- 1^°- Elle est solubledans lag-lycérine, inso- luble dans l'éther, le chloroforme, le sulfure de carbone, la benzine. La strophantine ne doit pas être confondue avec un glycoside très voisin connu sous le nom d'ouabaïne et aussi sous celui de strophantine (G^«H''*^0'^j. Les semences ou g-raines de strophantus ont une odeur peu prononcée ; leur saveur, d'abord douce, devient bientôt extrê- mement amère. Elles contiennent en moyenne 10 p. 1000 de strophantine. Préparations. — On emploie pour l'usag-e médical : 1° la poudre de strophantine du Codex au centième ; elle sert à faire des pilules ; 2° la teinture de semences à 1 p. 10 [Codex, 1908). Action physiologique et usages. — A très faible dose, la stro- phantine augmente la force de contraction du cœur et diminue le nombre de ses battements. A dose forte, elle provoque l'arrêt du cœur en systole. C'est un des poisons cardiaques les plus violents; en solution à 1 p. 6000000, elle arrête les battements du cœur de la grenouille (Praserj. Elle est environ 1 500 fois plus active que la dig-italine. La teinture de strophantus a été expérimentée sur les animaux malades par Frôhner (de Berlin). Il lui reconnaît à peu près les' mômes propriétés qu'à la dig-itale. C'est un tonique cardiaque puissant qui ralentit et rég-ularise les mouvements du cœur, 774 STROPHANTUS ET STROPHANTINE. élève la pression sanguine et produit une diurèse marquée moindre pourtant que celle produite par la dig-italine. Elle ag-it plus vite que la dig-itale et n'a pas d'effet cumulatif. Son action s'épuise plus rapidement, ses effets sont donc moins durables. Elle n'a pas d'action vaso-constrictive et n'augmente pas les résis- tances à l'écoulement périphérique du sang-. On en a obtenu d'excellents résultats dans les maladies valvulaires du cœur, dans l'hydrothorax, l'hydropéricardite, l'ascite, la respiration labo- rieuse et pénible, dans la néphrite interstitielle chronique. Dans cette dernière maladie, l'albuminurie diminue considérablement sous son influence. Souvent les préparations de strophantus sont substituées avantageusement aux préparations digitaliques, sur- tout dans les cas où l'hypertension artérielle constitue un danger. Si les animaux reçoivent des doses toxiques de strophantus, on observe comme avec la dig-itale deux périodes dans son action sur la circulation. Dans la première, il y a ralentissement du pouls et élévation de la tension artérielle ; dans le deuxième, le pouls est très aecéléré et la tension s'abaisse. En outre, on remarque les symptômes de gastro-entérite : vomissement, co- liques, diarrhée, convulsions, stupéfaction. Administration et doses. — La teinture est la préparation de strophantus la plus estimée. Pour l'administrer, on l'étend d'eau, de sirop ou bien on la mélange avec des poudres pour faire des électuaires. On donne cette teinture aux doses suivantes : Cheval 10 à 2."J grammes. Chien X à XXV gouttes. La dose de 100 grammes administrée en une fois à un cheval n'a donné lieu à aucun phénomène d'empoisonnement. On évalue la dose toxique de teinture à Os'jS par kilogramme d'animal. La strophantine est plus dangereuse à manier que la teinture de strophantus. Il faut débuter avec des doses très faibles, un dixième de milligramme chez le chien et 1 milligramme chez le cheval. L'administration doit se faire exclusivement par la voie stomacale, car les injections hypodermiques de strophantine sont très irri- tantes localement et peuvent déterminer un œdème avec mortih- cation des tissus. Regenbogen (1904) dit avoir pu injecter sous la peau sans production d'abcès consécutif la strophantine pure à la GENÊT. — SPARTÉINE. "^"^^ dose de 2 à 3 milligrammes au cheval et à celle de un quart de milligramme au chien. Muguet. — Convallamarine. Le mug-uet [Convallnria majalis) est une plante à rhizome, de la famille des Liliacées. Elle contient dans toutes ses parties deux g-lycosides : la convallariiie et la convallamarine. Le premier est en prismes rectangulaires, insoluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool ; le second est amorphe, amer, très soluble dans l'eau, l'alcool, insoluble dans l'éther et le chloroforme. La convallarine est plus abondante dans les feuilles et les ra- cines et la convallamarine domine dans les tig-es et les fleurs. Effets et usages. — A dose faible, la convallamarine aug-mente l'énergie des contractions cardiaques etlesrég'ularise ; elleabaisse légèrement la pression artérielle. Ses effets sur le cœur se rap- prochent de ceux de la digitaline. Elle constitue un tonique, un régulateur du cœur et en même temps un diurétique. Elle ne s'accumule pas, car elle s'élimine rapidement. On ladministre chez Thomme dans les palpitations, les aryth- mies, la dyspnée, le rétrécissement mitral, l'insuffisance mitrale, les hvdropisies. Avec la fleur de ConvaUaria, on fait des infusions à 1 p. 100, qu'on donne par cuillerées. On emploie aussi Textrait aqueux à la dose de 0g^50 à 2 grammes par jour chez le chien. La convallamarine peut s'administrer chez les petits anmaaux en injection hypodermique à la dose de Og%01, ou à l'intérieur en pilules ou en solutions sous forme de potion à celle de Og'-,0o a Os"-. 20 par jour. La convallarine a une action différente de celle de la convalla- marine. Elle est irritante et constitue un purgatif drastique et un irritant du rein. Elle n'est pas employée à l'état isolé. Dans la plante son action s'afîaibht avec le temps. Ce qui fait préférer la plante conservée. Genêt. — Spartéine. Les fleurs et les g-raines du genè{k\i^\Q\s[Spartium scoparium], de la famille des Légumineuses, renferment deux alcaloïdes 7'6 GENET. — SPARTÉINE. la sparléine et la scoparine, découverts Tune et Tautre par Stenhouse, et une essence. La SPARTÉINE G'^H"-'"'Az^ se présente sous forme d'une huile incolore, épaisse, très amère, fort peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther, le chloroforme, d'une odeur d'aniline. Cet alcaloïde se combine avec les acides pour former des sels cristal- lisés, dont le plus employé est le sulfate de spartéine G'°H-'''Az- SO^^H- -j-'^H-O. Il est très soluble dans l'eau en formant une solu- tion à réaction acide au tournesol. La scoPARiNE C="H--0'" cristallise en houppes jaunes; elle est soluble dans l'eau et l'alcool et constitue le principe diurétique principal du genêt. L'essence est également diurétique. Effets physiologiques. — Localement, la spartéine n'exerce aucune action irritante sur les tissus: maison constate que des badig-eonnages avec des solutions à 1 p. 20 de sulfate de spartéine sont suivis d'un abaissement marqué de la température rectale. Après son absorption, elle ag'it énerg-iquement sur le cœur. Sous son influence, le cœur régularise et ralentit ses mouvements, aug"mente l'énergie de ses contractions; les petits vaisseaux ne semblent pas se resserser à la périphérie, caria pression arté- rielle reste stationnaire. On attribue cet effet tonifiant sur la circulation cardiaque à une action bulbo-myélitique, à laquelle viendrait s'ajouter aussi une certaine action sur l'appareil gan- g-lionnaire du cœur. A forte dose, elle produit d'abord une hyperexcitabililé réflexe, puis elle paralyse les centres nerveux et amène la paralysie et l'asphyxie. La spartéine s'élimine rapidement par les urines, mais elle semble ne pas avoir d'action diurétique. On ne remarque jamais de phénomènes d'accumulation. Lorsqu'on veut obtenir la r/«?//'t'.sé', il faut employer la scoitarine ou les préparations de fleurs. Indications thérapeutiques. — Le sulfate de spartéine est indiqué : 1° Comme tonique cardiaque dans les mômes cas que la digita- line, c'est-à-dii'e quand il faut relever la force du cœur et du pouls et régulariser le rythme cardiaque. On a obtenu d'excellents résultats dans l'arythmie du cœur, dans l'aflaiblissement du myocarde, dans les altérations des ori- fices artériels du cœur lorsque le pouls est petit et l'artère vide. CORONILLINE. 777 On peut même le prescrire dans l'hypertension, car il n'aug-- mente pas la pression artérielle, il ne produit pas de vaso-con- striction comme la digitaline. 2° Comme diurétique, dans les hydropisies d'origine cardiaque. Quoique la spartéine ne soit pas diurétique chez les animaux sains, elle peut le devenir chez les malades dont l'état hydropique est la conséquence du mauvais fonctionnement du cœur et de l'insuffisance de la circulation capillaire. Dans ces cas, la spartéine agit comme la digitaline. D'ailleurs, quand on veut provoquer surtout la diurèse, il est bon d'employer les infusions de fleurs de genêt. Outre la spartéine, celles-ci contiennent la scopcwiîie, et l'essence, substances très diurétiques. 3° Comme agent capable d'e'vite?' la syncope cardiaque primi- tive dans Vaiiestliésie. On injecte sous la peau une solution de morphine contenant de la spartéine (3 centigrammes de sulfate de spartéine pour 1 centig-ramme de chlorhydrate de morphine) chez le chien. Doses et administration. Sulfate de spartéine. Cheval 1 à5 grammes. Chien Osr,0o à 0?^, 10 Ces doses doivent être fractionnées pour être administrées dans une journée. Le sulfate de spartéine se donne en poudre, en pilules, en solu- tion sucrée en granules dosés à Og'',01. Voici la formule proposée par Houdé : Sulfate de spartéine Oêr.SO Sirop décorées d'amandes amères.. . . 300 grammes. Une cuillerée à bouche de sirop renferme 2 centigrammes de principe actif. Administrez par cuillerées à thé aux petits ani- maux. Les fleurs de genêt s'administrent sous la forme d'infusion. Coronilline. C'H'^os. Ce glycoside isolé de la (joronilla scorpiotdes par MM. Schlag- 778 OUABAIO. denhaufen et Reeb en 1884, jouit des mêmes propriétés g-éné- rales que la dig-italine. En médecine vétérinaire, ce corps a été étudié au point de vue physiologique par M. Desoubry, dont Je rapporte ici les conclu- sions. A dose très faible, la coronilline ralentit les mouvements du cœur, resserre les petits vaisseaux et aug-mente la pression artérielle. A dose forte, elle ralentit le cœur d'abord, l'accélère ensuite et dilate les vaisseaux. La coronilline tonifie la fibre cardiaque et excite le système nerveux modérateur du cœur. Quand les doses sont trop élevées, le système nerveux modérateur est paralysé après avoir été excité. On donne ce glycoside dans les mêmes cas que la digitaline, à la dose de 1 centig-ramme à l'intérieur, chez le chien de taille moyenne. Apocynum cannabinum. [Chanvre du Canada.) C'est une plante de l'Amérique du Nord, où elle porte le nom à'Indian henip. Le rhizome, très employé, a des propriétés diuré- tiques, éméto-cathartiques et surtout cardio-toniques. On en a extrait deux principes voisins de la dig-italine : Yapocynine et Yapocijnéine. Uapocynine est amorphe, très peu soluble dans l'eau, faci- lement soluble dans l'alcool et l'éther. Elle est très toxique. Uapocynéine est cristallisée, soluble dans l'eau et moins active que l'apocynine. L'apocynine a une action pharmacodynamique voisine de celle de la digitahne à doses thérapeutiques. Elle augmente Ténerg-ie des systoles cardiaques et diminue leur nombre ; elle élève la pres- sion sanguine et provoque la diurèse. A dose forte, elle produit des eilets inverses. On administre la poudre de racine d'apocynum à la dose de 10 centigrammes à 1 gramme par jour chez le chien et la teinture à celle de 1 à 8 grammes. Ouabaio. C'est l'extrait aqueux du bois et surtout des racines d'un arbre SCILLE MARITIME. 779 appelé. icoA«;i/Ai; Gustave BARRIER Diri rieur et Professeur d'Aiiatoraif,' il l'hlciile nationale vétérinaire d'AU'ort Mciiibio de l'Aradéinie de médecine et de la Sooicté roiitralc de médecine vétérinaire Gabriel PETÎT l'nif'esseiir d'Anatomie pathologique et d'iiiftol'i^if à racole nationale vétérinaire d'Alfort Membre de la Société anatomiqiie et de la Sdciéti centrale de médecine vétérinaire OSTEOLOCtIE Un hcaw votittnc gi'uitd iwS «>*• S9 fiffut'f» Prix : 3 Frîtiics HISTOIRE L'SCOLiS D'ALFORII PAR MM. A. RAILLIET et L. MOULÉ PUOFESSKim A L Kr.UI.E MliMBIllî I>E l'académie de MEDECINE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DU MÉDECINE VÉTÉRINAIRE VRCHIVISTE DK LA SOCIETE (.ENTRAI, 1 UE MÉDECINE VÉTÉRINAlRi: Un beau volume grand in-8 colombier de 830 pages Avec 92 figurés dans le texte Prix : 20 francs MUNIIH PIUTIIIIÎE DE DISSECTIONS ilË J!IIOLOIill des Aspirants au P. C. N. et aux Certificats de Licence (Zoologie^ Analomie comparée, etc.) PAR J. CHAINE Maître de conférences à la Faculté di's Sciences de Bordeaux Un volume petit in-8o de XI- 275 pages avec 159 figures originales Cartonné. — Prix : 5 Francs *• ; ' • y * -. . .; . . :■ ' '' Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. 3 Eléments de Glinipe vétérinaire AFFECTIONS ET MALADIES DU CHEVAL F. BRETON i. E. LARIEUX l'.\-ClH'f ries travaux du ('.linii|nc ,"i l'iM/dlr ■rAlfnil | ^ï■tél•il];lil■^ rn i''' Vôtn'inaire à Paris | an l'if léiiiuent d'Artillorir TTn. -voliame isetit iia-S — Cartonixé — IFrisc ■ B francs miii iî LES mmii mwm du chiîai PAR L-. MORISOX. vi';tkri.\aire major au 5" rkgimknt d'artillerie Ouvrage couronné par la mocicté nationale fl'AgrlouIture / (/ rohuiic petit in-S de 472 page>i, avec i9 figures dans le texte. — Prix : 6 francs ÉLÉMENTS DE DIAGIVOSTK] CLINIQUE (SÉMIOLOGIE MÉDICALE] par le Professeur MALKMUS Ul-: l'ÉCOLL \ Éri:HlNAlKK DE HANOSRI-: TRADUITS SUR LA TROISIÈME ÉDITION ALLEiïl AN D E Par A. MONVOISIN CHEF DE TRAVAUX A l'ÉCOLE \t:TÉRINAIRE d'aLFOHT Préface de M. le Professeur MOUSSU 1 vol. petit in-8 de xl — 2G8 pai;es avec 83 liy. dans le texte dont 10 en couleari Cai'tonné. — Fr-isc : 5 fi-a,xics (IPHTALMULOUE VÉTEKINAIR!^ U COMPARÉE PAR f.E D E. NICOLAS VÉTÉRINAIRE EN l"-'" AU DÉPÔT ME REMdNTI-: Ii'aLENÇON MEMBRE CORRESPONUANT DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE 1 volume petit ln-8 - Cartoimé - Avec 165 figures daus le texte et 9 plaucties eu couleuis liors texte — Prix : 10 îr. VADE-MECUM DU VÉTÉRINAIRE C 0 M P R E .\ A \ T Des Notions sur l'Art de formuler L'Examen des principales formes pharmaceutiques (Collyres, Injections Inlra-nianmiaires, Lavage du Sang, etc.) Le Formulaire thérapeutique L'Etude pratique des grandes médications iAnéslhésique.s, Aniisepliques, elc. Les Vaccinations et Séro-vaccinations La Sérothérapie (Sérums minéraux, Sérnins organiques) Le Mémorial" thérapeutique La Conduite à tenir dans les Mala.dies contagieuses (Emiiloi de la.Mallnne ci ileiaTiilfeiïiiliue! Les Notions nécessaires dUrologie. etc. La Loi du 31 Juillet 1905 sur les vices rédhibitoires. Pau h. IVIOLLEREAU VLTÉRIX AIRE, M E M B U E DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIKE CH. PORCHER PROFESSEUR A L ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON E. NICOLAS PROFESSEUR A l'École vétérinaiFiE de tqulouse TROISIEME EDITION Entièrement revue et augmentée Un oetit uolume in-16 île Xll-3i2 pages, imprimé sur papier très mince, relié en peau Prix: ^ francs 'i Librairie ASSELINetHOUZEAU, place de rEcole-de-Médecine. Des MALADIEsTdu BÉTAIL Par g. moussu PROFESSELl! A l'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE D'aLFORT DOCTEIR EN MÉDECINE, DOCTEUR ÈS-SCIENCES DEUXIEME EDITION Un Volume grand in-S" de 898 pages, arec 270 figures dans le texte et 10 planches en chromotjjpûgrajihie, lu plupart dessinées par G. NICOLET Bibliothëciiire à l'Ecole d'Alfort Cartonné. — Farine : ±6 f3?gi3r)LCS LES ALIMENTS DU BÉTAIL PAR P. DECHAMBRE PROFESSEUR DE ZOOTECHNIE A I/ÉCOLE NATIONALE D AGRICULTURE DE GRIGNOiN ± -vol. ixi-lS d-e X:"V"I — 580 p>a,g-es CARTONNÉ — PRIX ! 8 FRANCS LES ALIMENTS DU CHEVAL CALCUL DU TRAVAIL ET DE LA RATION — ORIGLNE DES ALIMENTS SUBSTITUTIONS — ALTÉRATIONS ET INTOXICATIONS ALIMENTAIRES — EXPERTISES P. DECHAMBRE Professeur de Zootechnie à l'Ecole Nationale d'Agriculture de Grignon 1 vol. in-S" de 455 2oages, arec une carte et 4 graphiques dans le texte, cartonn> PRIX : 6 FRANCS E. CUROT Médecin - Vétérinaire , Directeur de la cavalerie des Equipages du commerce à Paris Le Sucre et l'Alimentation du bétail PAR ALQUIER OÉNIEUR-AGRONOME PRÈS LES TRIBUNAUX D rOIRE DES RECHERCHE: 15*'' DES ViilTURES A PA Crraxid. in-S d.e 90 isages avec 3 tableaiax. — I=rix: : 3 francs i INGÉNIEUR-AGRONOME CHIMISTE EXPERT PRÈS LES TRIBUNAUX DE LA SEINE ATTACHÉ AU LABORATOIRE DES RECHERCHES ALIMENTAIRES DE LA G''' C,^" DES VdlTURES A PARIS Gomment nourrir au Haras et à l'Entraînement? ED. CUROT Médecin Vétérinaire Lauréat de la Société Nationale d'Agriculture Officier d'Académie Officier du Mérite agricole PAUL FOURNIER (Ormonde) Ancien chef de travaux de physiologie Rédacteur au Sport unirenel Uliislré A la Dépêche de Toulouse Glic\alicr du Mérite Agricole IJra. •vol-u.iïi.e g-rarj-d. iaa-S d.e X:"V — B80 p>a,g-es PRIX : 20 FRANCS Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. 5 TRAITÉ DE THÉKAPEITIÔUE CIIIRLRGICALE DES ANIMAUX DOMESTIQUES Par P.-J. CADIOT et J. ALMY, professkurs a l'école d'alfort nettjcicm^ Edition 2 forts volumes grand in-8°, avec 590 figures dans le texte la plupart dessinées par G. NICOLET, bibliothécaire à l'École d'Alfort Prix : »S Francs. P.-J. CADIOT ~~ ÉTUDES DE PATHOLOGIE & DE CLINIQUE RECHERCHES EXPÉRIMENTALES iO leçons et 160 observationn cliniques Kystes dentai-rcs. — Sinusites et néoplasmes des sinus. — Affections des cornets. — Traitement chirurgical du cornagc chronique. — Paralysie radiale. — Traitement de l'éparvin. — Opération du clou de rue. — Ncvrotomies. — Sarcomatose. — Affections du cœur. — Pneumonies. — Tuberculoses. — Ilémo- irlobinurie. — Diabète. — Goitre exophtalmique. — Eczéma. — Tumeurs. IJu beau volume grand iii-8°tle 620 pages avec 63 figures (dont 4 planches en couleurs) LA PLUPART DESSINÉES PAR G. HICOIjET, BibUo Ihècaire à l'Ecole d'Alfort MÉDECINE ET CHIRURGIE CANINES PREMIÈRE PARTIE ]yLÉD£:ci3srE cj?^3sri3sr:E: I. Maladies de l'appareil digestif. — II. Maladies de l'appareil respiratoire. — III, Maladies de l'appareil circulatoire. — IV. Maladies de l'appareil urioaire. — V. Maladie des organes génitaux. — VI. Maladies du système nerveux. — VIL Maladies du sang. Maladies de la nutrition. — VIII. Maladies infectieuses: — IX. Maladies de la peau. — X. Affections de l'œil et de ses annexes. — XI. Affections de l'oreille. — XII. Affections chirurgicales diverses. DEUXIÈME PARTIE OI=ÉIÎ,A.XIOIsrS l'ie.J^TIQTTÉES STJI?, LE CHIEOST ADDENDA Reproduction. — Parturition. — Elevage et alimentation. — Age DEUXIÈME ÉDITION Un volume petit in«8° de 310 pages avec 51 figures (dessinées par G. Nicolet) Cartonnage souple. — Frise B foranacs PRÉCIS DE MÉDECINE OPÉRATOIRE VÉTÉRINAIRE PAR Alph. DEGIVE DIRliCTELR ET PROFESSEUR A. LECOLE YÉTÉRIiNAIRE DE, CLREGHEM MEMBRE DE l'académie ROYALE DE.MÉDECINK DE BELGIOLE 1 vol. in-8 de 658 pages, y compris un atlas de 52 planches, comprenant 720 figures. CARTONNÉ — PRIX : 10 FRANCS MANUEL D'OBSTÉTRIOUE VÉTÉRINAIRE ~ PAR O. liKKRUlV Médecin- Vétérinaire à PERCY (Manche) Lauréat de la Société Centrale de Médecine Vétérinaire Un petit vol. in-18 de i220 pages Ouvrage couronné par la Société Centrale de Médecine Vétérinaire (Prix Paugoué 1902) PRIX : 2 FRANCS 50 0 Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. "TRAITÉ LÉGISLATION COMMERCIALE ET DE MÉDECINE LÉGALE VÉTÉRINAIRES PAR II. V. GAI.TIKU PROFESSEUR DE POLICE SANITAIRE A L'ECOLE VETERINAIRE DE LYON 2'ne Édition, entièrement remaniée UN VOLUME IN-8" DE 718 PAGES, PRIX : 10 FRANCS TRAITÉ DES MAL\DIi:S CONTAi.ïEUSES ET DE LA POLICE SANITAIRE DES ANIMAUX BOMESTIQUES PAU M. V. GALTIER Professeur de Police sanitaire à TEcole vétérinaire de Lyon 3me Édition, revue et corrigée UN VOLUME IN-8» DE 1,280 PAGES AVEC 126 FIGURES DANS LE TEXTE Prix : 20 Francs MANUEL DE POLICE SANITAIRE CONTENANT UN ABRÉGÉ SOMMAIRE IIF.S PRIN'CIPADX CAUACTÈRKS DES MALADIES CONTAGIEUSES Pau V. GALTIER Professeur de police sanitaire à l'Ecole Vétérinaire de Lyon DEUXIÈME ÉDITION, AUME^TÉE DES LOIS. DÉCRETS ET R^;(il.E11E^TS .NOIYE.UA (N.ivml.io \m 1 volume petit in-8 de 640-^80 pages. — Prix : 7 francs L'ABATTOIR MODERNE VKTÉraNATRE DÉLÉCUI': ADJOINT DU SERVICE VÉTÉRINAIRE SAMTAIIiE DIC LA SKINK Ouvraee «ouronm- par la «ocicté nationale d'Agricultiiio vi par l'A«*adéniîe de Médecine Vn volume grand iu-So de 4S7 pagrs ace 90 plam ri fioures da„s le le.vir Cartonné. — Pmx : 12 Imiaivcs ASSURANCE DES CHEVAUX CONTRE LES ACCIDENTS & LA MORTALITÉ KTUDE TECHNIQUE ET jNIÉDIGO INÉGALE l'M! ED. eu ROT MFDECIN-VÉTKRINAIRE, I.ADRi:\T DE I.A SUCIEÏIi NATIONALE d'aGRICULTURK Ol'FICIKR DU MÉRITE AGRICOLE, OFEICIER U ACADEMIE Un volume in -18 de XVI-280 pages. - Prix : 3 Francs ,î . 1l"> / •• Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de rÉcole-de-Médecine 7 ÉLÉMENTS par F. LAULANIÉ Direcleur et in-ofesseui- do Pliv.siologie à l'École natiotuilo vélérinaire de Toulouse Ou\rage cotiroaiié par l'Académie des sciences ; /'/(' Lai/lj^tj:k: PAR MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DK MÉDECINE VÉTÉRINAIRE ANCIEN PRÉSIDENT DE LA SO'CIÉTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE PRATIQUE Un volume in- 18 de 540 pages, cartonné Prix : 6 francs ïî -Y- G- 1 È nsr E DU CHEVAL DE GUERRE Guide pratique et raisonné DE L'ENTRETIEN DES ÉQUIDÉS MOTEURS et de ceux de l'armée en particulier Par T. CHAIfiUIM, vétérinaire priacipal de 2" classe On beau oolume in- 18 de 408 pages aoec figures dans le texte, cartonnage souple. Prix : o francs LES MALADIES DES MAMELLES CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES Par P. LEBLANC PROFESSEUR A l'ÉCOLE VÉTÉli INAIRE Dl". I.YON UN VOLUME IN-18 DE 250 PAGES AVEC 39 FIGURES DANS LE TEXTE PRIX : 3 FRANCS c: rî. TU z: iB X-. THOiSMEMfE EiHTiOJX Par F. PEUCH, professeur à l'École Vétérinaire de Lyon Un volume iii-8" avec figures dans le texte, carionné. — Prix : 14 Francs PREMIERS SECODRS El CAS D'ACCIDEITS ET DE MALADIES SDBITES Par R. BISSAUGE Médecin- Vétérinaire à Orléans, Secrétaire du Conseil d'hygiène, Inspecteur suppléant des abattoirs d'Orléans Un petit volume in-18 de 82 pages. — Prix : 1 fr. 50. Librairie ASSELIN et HQUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecinc. 9 DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL ET DES PRINCIPAUX MAMMIFÈRES DOMESTIQUES par F.-X. I^KlSBRt: PROFESSEUR A I.'kCOI.E NATIONALE VÉTÉIUNAIRE DE LYON Un volume grand in-S" de ioo pngc^ arec 2S0 figures dann le texte CARTONNÉ. — PRIX ! 10 FRANCS PRÉCIS DU PIED DU CHEVAL ET DE SA FERRURE AVEC APPENDICE SUR LA FEUHURE DU MULET, DE L'ANE ET DU BŒUF PAR F. PEUCH & X. LESBRE, Professeurs à l'École Vétérinaire de Lyon lu vrtlume iii-8* de 500 pajies avec ;'t28 ligures dans le texte, cartonné. — PRIX : 8 Francs ÉLÉMENTS D'HISTOLOGIE et de TECHNIQUE MIGROSGOPItUE par F.-X. I.ESBRt: PROFESSEUR A l'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON Avec la collaboration de V. BALL, E. FORGEOT, G. MAROTEL et A. RABIEAUX CHEFS DE TRAVAUX A LA MÊME ÉCOLE (Deuxième édition, entièrement refondue, 'l'i " Cotcrs élémentaire d'Anatomie générale avec Notions de Technique histologiqur de S. ARLOING, revisé et publié par F. X. LESBRE") Un volume grand in-8" de 630 pages, avec 467 figures dans le texte PRÉCIS DE L'INSPECTION DES VIANDES A l'usage des Inspecteurs, des Candidats Inspecteurs, des Médecins et Vétérinaires militaires, des Economes Par L. PAUTET Ancien Répétiteur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, Vétérinaire-Sanitaire du département de la Seine DEVXiÈlME ÉlMMTiOIV revue et ttugtnenléc .A.-vec 89 Fig-axares, ciessiïiées d.'a-ï52?ès 3n.a,t-u.r>e Par J. PERTUS. Vétérinaire-Sanitaire du déparlement de la Seine Un volume in-18 de l^!^^ pages, cartonné. — Prix : 8 fr. LES VIANDES INSALUBRES Par Louis VILLAIN, Vétérinaire délégué du département de la Seine . Un volume in-18 de 104 pages. — Prix: » francs 10 Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. AUREC-GIO, "Vétérinaire principal de l'Armée ALBUM-GUIDE de rinspection Sanitaire des Viandes .90 Planches, // compris les vues et plaiix des nbiUloirs, tijpes de 1 90o et 1906 ILLUSTRÉES DE 922 FIGURES dont 3^7 en couleurs (procédé spécial), 575 en noir, groupées par espèces animales Traitant de l'étude des Régions et Organes sains et malades des Animaux de boucherie, de la Basse-cour, des Poissons, les Maladies coloniales ■ Prix de l'exemplaire : 25 fr. 75. — (Formai iii-4" Jésus, av DES VIANDES SAINES et des Lésions des Maladies rendant les Viandes insalubres ^ DONT l'achat est AUTORISK pour l'ARMÉE DE TERRE {Décision Minist. du /" Mars lUOt) et pour la MARINE [Décision Minist. du i8 Avril 1901) ÉDITION de 1906 L'ouvrage est composé de trois tableaux dont deux en couleurs avec légendes et un tableau-notice explicatif PRIX : 5 fr. 75 franco à domicile ABATTOIRS MODERNES (Français et Etrangers) Plans, Aménagements et Appareils pour servir de guide aux communes rurales et urbaines dans rÉdification de leurs Abattoirs , par appllcailoii de la loi du 8 Janvier 1905, sur l'inspeciion sanitaire des Tueries ei Abaitoirs Prix de l'exemplaire ; 5 fr. "^5 franco. — Format in-4" Jésus) -— ^ ^. -\ BIOGRAPHIES VETERINAIRES Par L.-G. NEUIYIANN PROKi:SSi:UR a I.'ÉCOI-E VKTKRINAIRE de lOl'I.Ol !^E 42 [lurtrails d siiiés par rauleiii'. — In beau \oIhiiip iii-8 de iiiO iiaiies. cai'kiii souiile, leaiielies wwiv m^M-Jx! ■» >wii-m-Li-Jmui.^«-*r Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. 11 SE COMPOSANT CHACUN D'UNE FEUILLE IN-PLANO ET COMPRENANT !" Les Formes extérieures et l'Anatomie élémentaire du Cheval, 8 figures dont 6 coloriées, avec explication , 2 50 2» L'Age des Animaux domestiques, 42 figures noires, avec explication 1 50 3° Les Tares et les Défectuosités du Cheval, 50 figures noires, avec explication | 50 4» L'Anatomie élémentaire, les Maniements et les Coupes de boucherie du Bœuf, 10 fignr?s,tlont 6 coloriées 2 50 5° La Ferrure du Cheval, du Mulet et du Bœuf, 59 figures noires, avec explication. Par P. MEGNIN, ancien vétérinaire militaire | 50 6" Les principalesraces de Chiens et les maladies dont ils sont généralement atteints, 30 figures avec texte, par E. WEBER, vétérinaire à Paris 2 • Tableau des principales races et robes de chevaux, 1 5 figures coloriées, dessinées par Albert ADAM, et une notice explicative '. ( > «0 Tableau synoptique des Signes rabiques et du Traitement de la Rage, par BOURREL, vétérinaire à Paris, -2 figures représentant la rage furieuse et la rage mue du chien. | 50 Chaque tableaa se vend séparément et, inand il est collé sar toile.il coûte 1 franc de plas. AGENDA DU VÉTÉRINAIRE-PRATICIEN CONTENANT 1° FORMULAIRE THÉRAPEUTIQUE 1 '2° PROCÉDÉS ANESTHÉSIQUES Alcaluldes, Posologie | à employer chez, les animaux domestiques Par M. Cil. ^> OKCHEK,, Profe>seur à l'École vétérinaire de Lyon 3° MÉMORIAL THÉRAPEUTIQUE Par M. ^ETJCH, Profes.seur honoraire à l'École vétérinaire de Lyon ET COMME PRINCIPAUX RENSEIGNEMENTS : 1° Le Personnel du Ministère de L'AonicuLTunE (Direction de l'Agriculture) ; — 2° Les. KcoLEs VÉTÉRINAIRES d'Alfort, de Lyon et de Toulouse; avec le Programme d'admission dans ces mêmes Ecoles ; — 3° Le Programme pour l'admission à l'emploi d'aide vétérinaire stagiaire à l'Ecole de cavalerie de Saumur; — 4" Les Ecoles d'agriculture de Grignon, Rennes et Mont- pellier et I'Institut agronomique ; — 5° Les Haras et Dépôts d'Etalons; — 6" Le Service d'Inspection vétérinaire du département de la Seine; — 7" La Liste des Vétérinaires du département de la Seine ; — 8° La Liste des Vétérinaires civils de France, par ordre alpha- bétique et par département ; — 9" La Liste des Vétérinaires militaires. Le tout précédé d'un Calendrier à 23ours par page, sur lequel on peut inscrire ses visites et prendre des notes prix, franco DE PORT, DANS TOUTE LA FRANCE ET L'ALGÉRIE 1 " Cartonné à l'anglaise 2 fr. .''1 Arrangé de façon à pouvoir être mis dans uue trousse ou portel'euille 2 NOUVEAU DICTIONNAIRE PRATIQUE SE Médecine, de Chirurgie et d'Hygiène Vétérinaires PAR H. BOULEY Membre de l'Institut, [nspecleur (jénéral des Ecoles vétérinaires de France , CONTINUÉ PAR André SANSON Professeur à V Ecole d'Agriculture de Grignon et à l'Institut agronomique TRASBOT et NOCARD, Professeurs à l'École vétérinaire d'Alfort 23 Volumes in-8", dont un Volume de supplément Le prix du Volume est de 7 fr. 50 c. rendu franco dans toute la France et l'Alfférie. ETUDE SPÉCIALE DU SABOT DU CHEVAL ET DES ALTÉRATIONS UNGUÉALES Par J.-B. DELPÉRIER MÉDECIN VÉTÉRINAIRE, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE Un volume in-8° cartonné avec 180 figures intercalées dans le texte 3 12 Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. vv: MÉDECINE VETERINAIRE PUBLIÉ A L'KCOLE DALFORT Avec le concours d'un grand nombre de Prolesseurs ei de Vétérinaires praliciens Civils et Prix de l'abonnement partant toujours du 15 Janvier Polir l'iiris, SdiiP, Simuc fl-iiisc. .. . Il l'r. 50 | l'oiir les autres Départfiiieiiis 10 fr. » | l'uiir l'iDiiin postale . 17 Ir Le Recueil de Médecine oétérinaire parait les 15 et 30 de chaque mois h' I (lu 30 ciinlifiil IN KVTKiNso Ic Bullelin des séances de la Sociélc ceiilialc de illi-defiiio véléiiiiaiic Annuaire de la Société centrale de Médecine vétérinaire rotligé et publié à l'occasion du Cinquanlenaire de la Société (18/i4-189/i). 1 vol. iu-8", cart. 189i. 5 fr. ARLOINCi. — Leçon» sur la tubercu- lose et certaines sep«icén«ies pro- fessées à la Facalté de médecine de Lyon et recueillies par le D"" J. Courmcnt, pré- parateur du cours de. niédeciiic expérimen- tale. 1 volume in-8 de viit-512 pages avec 52 fig. dans le texte. 1892 12 fr. ARLOIX'C:, CORXEI'IIV, professeurs" à l'Ecole vétérinaire de Lyon et THOMAS, vétérinaire. — Le cliarbun synipio- niatique du bœuf I Charbon bactérien, charbon essentiel de Chaberl, charbon em- physémaleux du bœuf). — Pathogénie et inoculations préventives. Deuxième édition revue et augmentée, 1 vol. in-8 de vi-280 pages, avec 1 planche en cliromoli- ihograpliie. 1887 7 fr, AUREGCàlO. — Les Chevau.v du Nord de l'Afrique. 1 fort vol. in-4 de 512 p., avec planches et canes 1803 11 fr. AUREtiiCilO.— Mélangeshippiques illustrés. A travers riîlevafte etIesCavaleries «le l'Europe. — Missions et voyages d'étudt.'S de 1880 à 1905. 1 vol. in-8" 3 fr. BÉI^IO^. — Traité complet de l'éle- vage et des maladies de la chèvre. 1 vol. in-i8, avec tig. cart. 1878... 3 fr. BOULEY (H). — La nature vivante de la contagion. — Contagiosité de la tuberculose. — Leçons de pathologie comparée faites au Muséum d'histoire natu- relle, 1882-1883 — 1 beau vol. in-8.. 8 fr. BOURliÈS, vétérinaire militaire. — IVotice sur le Soudan français et le Tonkin (Climalolodie, Aperçu de f Agriculture, Animaux domestiques, Hygiène des équidés d'importation. Pathogénie). In-8 de xii- 160 pages avec 2 tracés 1893 5 fr. BOURBIER, vétérinaire sanitaire du dépar^ tement de la Seine. — De l'hygiène et ( l'inspection de la volaille, du gibi de ier et du poisson, an point do vue de l'alimen- taiion. 1 vol.in-18 de 292 pages, 1883. 3 fr. BOURRIER. — Le porc et les pro- duits de la chiircutei-ie (Hygiène, Inspection, liéglemcntation ) 1 vol. in 18 de \ii-580 pages. 1887 5 fr. IIROCIIERIOU, vétérinaire militaire, Se t*<»tliérapie et '1 hoiaeentèsc. Traite- ment de 1,1 pleurésie aigiie chez le chevaL ln-8" de 80 p. et planciies, 1901. Prix 2 fr.SO. BUTEL (G.), vétérinaire à Meaux. — La tuberculose des animaux et la phti- sie humaine. In-8, 1887 2 fr. 50 CAIIIOT, professeur à l'Lcole vétérinaire d'Alfort. — Traitement chirurgical du cornagc chroni(|ue. In-8 avec 18 figures dans le tiïxtc, 18'Jl 2 fr. tJADIOT. — l>e la castration du cheval cryptorehîdc. In-8 avec 11 fig. dans le texte, 1893 2 fr. CADIOT. — De Tovariotomlc chez la jument et chez la vache. In-8 avec 11 figures dans le texte, 1893. . 2 fr CADIOT. - B.a tuberculose du chien. In-8 avec l6 figures dans le texte 1893 2 fr. CIIAROIV (P)'— Elude sur le cornagc clironiquc. Li-8, 1886 3 fr. C'UEKIER. — DeTatrcphie du cous- sinet plantaire, de ses causes, de ses conséquences et de son traitement. In-8, 1887 1 fr. 50 CIIOMEL (U'j, vétérinaire militaire. — Histoire du corps des vétérinaires militaires en France. In 8 de 350 pages, 1887 6 fr. IHOMEL (C. !. - Les Actualités médi- cales et vétérinaires en 1902. 1 br. de 40 pages 1 fr. 2"> IHOMEL (C). — Les Actualités médi- cales et vétérinaires en t003. 1 br. de 58 pages 1 fr. 25 JJ^ Librairie ASSELIN et HOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. i:î 1 HOMEI. (,. — Les Ac-tiinlltos iiii-di- eales el vt-térinaîres en l!liTEI\. — L'Hydrothérapie appliquée à la luédecinc des ani- mau.Y. ln-8. 1884 2 fr. 50 KALFMA!\IV. -- Les A'ipércs de France. — Morsures. — Traitomont. — 1 v. in-18 curt., avec l pi. en coul., 1893. 2 fr. 30 KUHX (Julius) (de Halle. — Traité de l'alimentation rationnelle des bêtes bovines, d'après les données de la science et de la pralhjue. Traduit de l'allemand sur la 11" édition, avec annotations par H. PiAQLET, professeur à l'Institut agricole de Ge uhloux (Belgique), et A. Sciioll, vétéri- naire, directeur de l'Abattoir municipal de Gembloux. 1 vol. in-8 de 450 pages avec 64 ligures dans le texte, 1901 s fr. LAQVERRIERE (A.). — La Mort par les courants électriques indus- triels, étudiée spécialement chez le chev:d. In-s" de 32 pages 1 fr. LECLl'ER, vétérinaire sanitaire. — La Fièvre Aphteuse, sa prophylaxie et les moyens rationnels de l'éviter. In 8°, 1901. Prix " j fr. LERM.AT. — Les i^ionnets du Vétéri- naire, avec illustrationsde Marcel Pic\Li.r 1905. Prix 1 ff. 0 LEYH (Frédéric), professeur à l'Ecole vété- rinaire de Stuttgart. — Anatomie des animaux domestiques, traduite de l'allemand sur la 2' édition, par Auguste Zii.\DEL, avec additions et notes par Saint- 14 Librairie ASSELIN etHOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine. Yves MÉNàBD, vétérinaire. 1 beau vol. in-8, cartonné avec 255 fig. intercalées dans le texte, 1871 13 fr. LEZÉ, ingénieur dos Arts et Manufactures, professeur h l'Ecole nationale d'Agriculture de Grignon. — Pi-i-paratioM et illatii- ration des caillés «le li-oinagcrie. — 1 vol. in-18 de 116 pages, 1905 2 fr. NAGIVE. — Traité d'agriculture pra- tique et d'hygiène vétérinaire gêné raie. 4« édit. augm. et refondue, avec la collaboration de C. Baîllet, direct, hono- raire de l'Ecole vétér. de Toulouse. 3 vol. grand in-18, avec figures intercalées dans le texte, 1873-1883, cart. à l'anglaise. 25 fr. Tome I*' (prix 7 Ir.), Tome II (prix 9 fr.) Tome III, contenant l'hygiène vétérinaire, paru en 1883 9 fr. Nanael de Maréchalerie, rédigé par les soins de la Commission d'hygiène hippique. 1 vol. in-32 avecfig. dansletèxte, 1876. 1 f. 25 ra.t.RC'IIAL, vétérinaire militaire. — Des \iandes de boucherie conservées par le froid et de leur usage dans l'armée. 1 vol. in-8 de 157 pages, avec 3 cartes en couleurs, 2 pi. 1895 3 fr. inOREL (D' A.), vétérinaire sanitaire de la Seine. — Des Clos d'équarrissage . Industrie, lujgièiie publique et profession- nelle, police sanitaire, législation. — Un volume in-8" de 130 pages avec planches et figures. 1897 3 fr. 50 MOUSïilJ (D"), professeur à l'École vétéri- naire d'Alfort. — Recherches sur les fonctions thyroïdienne et parathy- roïdienne. Gr. in-S" de 76 pages avec figures, 1897 3 fr. rVICOLAS (D'), vétériiiairi' militaire. — Les maladies inflammatoires du tratns uvéal chez le cliewal. 1 vol. in-8 de 132 pages avec 18 figures dans le sexte /i fr. PELLERirV. vétérinaire, ancien répétiteur de clinique à l'Ecole d'Alfort. — De la névrotomie médiane dans le traite- ment de kl nerf-lérure et de la périos- tose du houlet In-8" avec planches 1895 2 fr. PEU< U et TOUSSAIIVT, professeurs à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. — Précis de chirurgie vétérinaire, comprenant ranatomi.0 chirurgicale et lu médecine opé- ratoire, 3' édition complètement refondue, avec la collaboration de MM. Cadkac, pro- fesseur à l'Ecole vétérinaire de Lyon et MoxTANÉ, professeur à l'École vétérinaire de Toulouse 28 fr. PRÉVOST (Gaston), vétérinaire à Besan- çon. — Protozoaires et Fièvre aphteuse, ln-8 de 92 pages, avec planche, 1904 -5 l'r- PUPIER Eugène). — De l'unité de la tnitcreulose humaine et de la tuber culose animale. {Elude critique et exp'- riinenlale. ln-8 de 320 pages, 1903.. 5 fr. R.l^UET, ingénieur agricole, professeur d'hygiène à l'Institut agricole de Gcmbloux (Helgique . Conditions d'hygiène si réaliser dans la production du lait. In 8 de 77 pages, 1902 1 fr.50. RAQUET. — Les soins de la peau chez les animaux, in-8" de 32 pages. Prix 1 fr. 50 RAQUET. — Notes d'Aviculture extraites du cours de zootechnie, in-4, de 173 pages, avec nombreuses figures hors texte, 1 906 3 fr. REVEL, vétérinaire départemental à Rodez. — Le rouget du porc et son traite- ment (vaccination pastorienne) . 'v In-8. 1891 2 fr. v ROLLAND (E.) de Toulouse . — Nouveau guide pour rexamen pratique de l'ceil fluxionnaire chez le cheval. — In-8 avec 4 planches, 1892 3 fr. RLfBAT, professeur à l'École Vétérinaire de Cufeghem -Bruxelles. Précis d'ana- tomie top«tgraphique du Cheval. 1 vol. in-8" de 364 pages. Prix 6 fr. SAINT-CTR, ancien professeur î\ l'Ecole vé- térinaire de Lyon —Traité d'obstétrique vétérinaire ou étude sur l'accouchement normal et laborieux de nos principales fe- melles domestiques. 2" édition, revue et considérablement augmentée, aveclacolla- \ boration de M. Violet, professeur à l'École '' vétérinaire de Lyon. 1 fort vol. grand in-8, ■ avec 149 figures dans Je texte. 1888. 18 fr. : SAINT-CYR Traité de l'exploration 7 de la poitrine chez les animaux do- mestiques. 1 vol. in-18 cartonné, avec - 60 figures dans le texte. 1879 5 fr. SAVRE, vétérinaire à Lormes. Médecine vétérinaire. — L'Agriculture et l'Ele- vage dans le IVIorvan, considérés dans leurs rapports avec l'iiématurio bovine. Un vol. iu-18 de 80 pages 1 on SERVOLES, docteur en médecine et vété- rinaire principal de l'armée. — La flèvre typho'ïde chez le cheval et chez l'homme. — Etude de pathologie com- parée. 1 vol. in-8. 1883 8 fr. VAN DE VENNE, ingénieur agricole. — Le sucre, la mélasse et les fourra ges mélasses dans l'alimentation du bétail. 1 vol. in-8 de 116 pages, avec un avant-propos par M. le Professeur Raql'et (de l'Institut agricole de Gembloux , 1903 1 fr. 50 VISEUR, médecin-vétérinaire. — Récit»* et Pensées. 1 vol. in-8, nombreuses illus- trations et une eau forte de A. MAVrtin (Grand Prix de Rome), 1906 4 fr i Librairie ASSELIN etHOUZEAU, place de l'Ecole-de-Médecine 15 DROGUERIE TORIMIRI REIULT Ali La plus ancienne (Fondée en i840) La plus répondue Charles PELLIOT et Fils, Successeurs J. ROUSSEL, DOCTEUR EN PHARMACIE, CHIMISTE-EXPERT PRES DES TRIBUNAL X DIRECTEUR DES LABORATOIRES BUREAUX, MAGASINS, USINE ET ENTREPOT t2, Rue ARMA^O-CARREL, à MO^TRElIL■SOlS ROIS (Seine) (Nelii's f'vrr Paris par Iclcphone prfrc'j COMMISSION EXPORTATION SPÉCIALITÉS RECOMMANDÉ liS ANTIPSORIQUE RENAULT, pour chevaux el pour chiens. BORBORINE RENAULT, antiseptique, cicatrisant. . BOUGIES ANTISEPTIQUES, contre l'avortement épizootique. CAPSULES FRANÇAISES, pour la destruction des œstres du cheval. CONES BALSAIVIIQUES, ANTISEPTIQUES, pour fumigations et ^désinfection des écuries. CRÉSILINE RENAULT, antiseptique puissant. ELIXIR VITALIS, contre pneumonie infectieuse, typhoïde, anasarque. FEU RÉSOLUTIF RENAULT, remplaçant le fer rouge. HELVETIA, contre la diarrhée des veaux. KA-TE-KU, contre le tœnia du chien. lYlANGOBOR, nouvel antiseptique utérin, non irritant, non caustique. mOUTARDE RENAULT, puissant révulsif. ONGUENT DE PIEDS, de Hevid. PHILACTER, contre l'indigestion et la constipation des Bovins. POIYIIYIADE, CONTRE LES MAMMITES. TOPIQUE RENAULT, cicatrisant, ptiputride. VÉRAGOTINE contre l'emphysème et les aiTections des bronches. VERIVIIFUGE UNIVERSEL, pour la destruction des vers et ascarides. VIRIDINE, contre les crevasses du paturon. Z Y IVIOGÈ NE, ferments purs, contre la gourme et la maladie du chien. Dépôt du FIL VIRULENT et du VACCIN-POUDRE de 0. Thomas (Voir page 31) CATALOGUE GÉNÉRAL ILLUSTRÉ Adressé sur Demande 10 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 CONDITIONS GÉNÉRALES /" Franco «le port et d'emballage si ['(Etida jinlvérisé le kilog. Axongc puritiée (variable). Badiane Baie.s de genièvre ... — — — pulvéri_sées. . . . -— — de laurier. — Balance Roberval, force 500 gr la série de poids (enivre) Balance Roberval, force 1 kilog la série de poids(cuivre) Bande à séton la pièce Bandes aggluiinalives. Baume d'arcirus le kilog. — du commandeur.... le litre, — Fioravenli — — ncrval le kilog. — Opodeldocli le flacon — tranquille le litre. Belladone pulvérisée le kilog. Benzine rcciilice — -- parfumée — Benzoatc do lithine le kilog. — de soude — Benzonaphtol — Beurre d'antinjoine concret.. . — — — — liquide, Ickil Bicarbonate de soude pulv. saturé — Biiodure de mercure — Bichromate de potasse — Bocaux pour pharmacie Boites en bois pour onguents^ — à réactifs. Bol béchique la pièee — diurétique — 32 2 « 2 50 2 50 25 50 — h — 1 — 1 10 25 II 75 2 60 2 50 1 25 1 75 20 ■1 12 11 10 1) 10 » 5 » » 60 36 » I 50 II n 1) " 1) 60 1) 60 à Montrenil-sous-Bois (Seine). Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, foncée en 1840 17 fr c. » 60 n 60 1) 60 1 20 II » 30 n U 00 5 » 2 50 60 » 3 » 5 50 10 » 'i » 10 1) 6 1) 10 .1 " " 1 50 1 75 1 60 1 50 • 20 1 25 — 3 Bol purgatif anglais la pièce — tonique — — vermifuge '. . . . — Borax pulvérisé le kilog. Bouchons Bromure de camphre le kilog. — de potassium — — de sodium — Bryone pulvérisée — Calome — Cacliou pulvérisé — Café torréfié, mélange d'amateur' — Catomcl à la vapeur — Camomille en (leurs.. — Camphre raffiné — Cannelle de Chine pulvérisée... — Cantliarides de Russie pulvéri-éc — Caoutchouc pour irrigations et ligatures. Capsules en porcelaine Carbonate d'ammoniaque. . . le kilog. — de Inr — — do magnésie — — de potasse — — do soude cris* — Casseaux. . . . — Catgut le flacon Caustique de Vienne le kilog. Cérat du Codex — Cévadillc en poudre — Charge résolutive — Charpie — Ghloral hydraté — Chlorate de potasse cristallisé.. — Chlorhydrate d'aiiinioniaque. — de cocauie le gr. — de morphine — Chlorliydrophosphate de chaux pàtc le kil. Chloroforme pur — — anesthé~-ique — — aiiestlipsiqiic cii ampoules — Chlorure de chaux sec , . — — de zinc desséché — — — liquide — Chrysoforme Ciguë pulvérisée Cire hianche végétale — 6 » — jaune — 5 " Coaltar pulvérisé — 1 » Coca (feuilles) — 5 •> Codéine pure le gramme 1 » CoUodion iodol'ornié le litre 10 » CollyreRENAULTconlrelaflu\ionpériodique.le flacon 5 » Coriandre. '. . . le kilog.' 1 ■> Coton hydrophile toutes divisions. . . — 3 » — piiéniqué — ... — 4 » — au sublimé — . . — .i » — iodoformé — ... — l/i » Couperoseblanche (sulfate de zinc — » 7(i — bleue . . — » 80 — verte — .... — » 25 Crayons antijavart (voir page 23). Crème de tartre pulvérisée., le kilog. 3 50 — — soluhle — 4 » — — — paillettes — 5 » Créosote de houille.. le litre 5 » — de hêtre — 12 » ('résiline Renault. Crocus pulvérisé (scories'., le kilog. 2 » » 00 » 00 3 50 6 » 16 « 60 1 100 3 Cumin de Malle le kilog. — — pulvérisé... — Cyanure de potassium pur — Dermatol (sous gallate de bismuth; — Dextrine — Digitale en poudre — Kau d'Alibour le litre — de chaux » — — de Cologne extra. — — contre le piétin le flacon — de cuivre le litre — dentifrice. — — distillée — — de fleurs d'oranger — — de .lavel — — de Rabel — — de mélisse spiri tueuse. ... — — oxygénée 12 vol . . — — de roses — — sanitaire — sédative — — de-vie allemande — — camphrée, bon goût. — — de lavande ambrée — — vulnéraire. — ficorces (le racine de grenadier pulvérisées le kil. Élixircalmantcontreles coliques, le Mire — do garus — — ])ai'égorique — Embrocation blanclie fco-anul. le flacon — — — iol/2_ — fimétique pulvérisé le kilog. Emulsion d'huile de foie de nioru?.lelitre Encre noire — Entonnoirs l'-pongf's Eprouve! tes Ergotine le kiiog. Espèces a mères — — aromatiques — — diurt'ti()nes — — émollientes — ^ vermifuges — — vulnéraires — Esprit de nitre le litre Essence d'aspic fine . — — — ordinaire — — de bercamotle — — do citrons — — de girofle — — de lavande line. — — de menthe anglaii^e. ... — 1 — de Poriiigal — — de romarin — — de roses le gramme — de rue le litre — de Sabine — — de térébenthine — — pour thermocautère ... — — pour zoo-cauièrc — — de thym blanche. .... . — — — rouge — Essuie-mains (grands) la douz. — (petits) — ftther acétique. . — — sulfurique rectifié.. Eti(|uettcs de tous genres. fr . c. 2 n 2 50 12 .) ^2 Il 1 n 3 » 1 50 » liQ 6 50 1 25 » 75 6 50 n 20 1 50 » 30 3 » 6 i> 1 n 1 II 1 50 1) 50 6 11 3 ■1 6 * li 50 4 50 ti >i 6 11 6 11 2 50 1 50 li 50 50 12 30 1) 30 1) 30 M 20 n 2'i ,) 15 11 1 50 24 » 18 ■ 1 50 1 50 1 50 18 II 16 n 6 50 4 50 4 •1 — 2 50 42, rue Armand-Carrcl, à Montreuil-sous-Bois (Seine). l8 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1 840 Ir. c. 1 50 1 ao 1 30 3 50 20 M 12 » 1 50 6 > 8 ,) loO •1 1 n 20 » 12 n 50 1) 16 n 50 H 1 20 H 60 1 » » 60 1 50 n 70 1 )) 3 50 25). 8 1) 2 50 3 50 3 50 » 50 — '4 2 50 Étoupes n" 1 le kilog. — — par 10 — — — — 25 — Euphorbe pulvérisé . . • — Extrait de belladone — — de coca (fluide) le litre — — — dose pour un litre de vin — — de genièvre le kilog. — de gentiane — — gommeux d'opium — — de Javel concentré.... — — de iusquiame — — de kola fluide) le litre — de noix vomiaues . .!e kilog. — de quinquina gris.... — — de ratanliia (sec) ...... — — de Saturne — Farine de lin — — de moutarde — Fécule , . - enouil (semences) — Fenugrec entier — — en poudre. — Fer dialyse — Ferrures en caonteliouc voir p. Feu résolatif Renault . . le litre — — — le flacon Ficelle blanche fine le kilog. — rose — — Fleur de soufre. — Fleurs pectorales — — de Pyrcthre en poudre Fluorure de sodium — Formaldéhyde — — par 10 kilog. ... — — — 25 — . . . — Fougère mâle pulvérisée — Gaïacol liquide — Galanga pulvérisé — Gaze hydrophile le mètre — phéniquée — — salolée — — au sublimé — — à l'iodoforme — Gentiane, racine coupée. , . le kilog. — pulvéï'isée — Gingembre blanc pulvérisé — — gi'is — .... — Glycérineblanche officinale (hausse)— — blonde — Glycérophosphate de chaux ... — Gomme arabique blanche .... — — — — pulv. — Goudronliquide — — par fût de 80 kil. env. — Gouttes amères de Baume. . le litre Graine de lin le kilog Graisse à voitures — Granules médieamenteuxtousdosagt^ Guimauve pulvérisée le kilog. Gutta-percha en plaques., ... — Helvetia, spécifique de la diar- rhée du veau et du poulain . la boîte Houblon (fleurs) — Huile d'amandes douces le litre — de cade commune .... — __ — de genévrier ... — 1 70 1 50 3 » 30 1) 3 » n 30 1) 35 0 50 » 35 » 80 n 80 » 90 3 » 2 50 3 25 2 50 16 1) 3 I) 4 » » 70 0 50 12 » . » 60 I) 80 sag f.a. 1 50 12 n » 75 3 50 6 • 1 H 1 75 Huile de camomille camphrée. le litre — camphrée — — de canthariJes — — cévadille — — de croton tiglium — — empyreumatique — — jusquiame — — de laurier pure — — de lin — — d'olives surfine douce. . . — — — — par 15 litres — de pied de bœuf le litre — de foie de morue brune. — — de ricin — — de vaseline blanche .... — — — blonde — Ichtyol le kilog. Ichthyoforme — lodotliyniol — Instruments de chirurgie Iode le kilog. lodoforme — loduredc potassium — — de plomb — — de mercure (bi) — — de sodium — Ipéca pulvérisé — Jalap pulvérisé — Journaux vétérinaires Jus de tabac lelitre Kamala le kilog. Ka-te-Ku, tœnifuge japonais. le paquet Kermès minéral pur le kilog. Kola (noix) ; . — — granulée — Kousso pulvérisé — Lactose pulvérisée — Lactophénine — Laudanum de Sydenliam... lelitre — de Rousseau — Librairie Liqueur utérine de Garamija. le litre — de Fowler — — de goudron — — — le flacon — de van Swieten .... le litre — de Villatte — Li nimen t ammoniacal camphré — Litharge pulvérisée le kilog. Lycopode tamisé — Magnésie calcinée légère.. . . — — — lourde ... — — carbonisée — Manne en sorte — — en 1 armes — Marrons d'Inde en poudre — — — — par 10 kilog IHédicaments divisés Mélasse de betterave le kilog, — de canne^ — Mercure — Miel de Bretagne — Mixture contre les capelets. .le flacon Morphine (chlorhydrate)., le gramme Mortier de 250 gr. , avec pilon — de 500 gr. — — de 1000 gr. — Mouches de Milan la douzaine II 3 6 4 12 1 3 3 1 3 3 2 1 1 2 1 42 150 36 50 34 " 40 n 28 • 34 n 36 » 30 1) 32 5 » R « 1 » 8 I) 1) 50 5 1) 4 50 G 10 n 2 40 100 N 20 » 20 » 1) l> 8 .) 1 50 1 25 » 60 1 » 1 75 2 B 1 20 10 n 3 50 4 50 t » G )) 10 » 1 25 1 15 1) n )i 40 u 60 8 » 1 25 i 50 1) 60 5 50 7 » 8 50 » 75 42. rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine). Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 Mousse de Corse le kilog. IMonf arde Renault la boite — — par25bilfs — _ _ —50 — — _ _ —100— - Moutarde noire le kilog. Muscades — Naphtaline raffinée en poudre. — Naphtol eu poudre — Nitrate d'argent fondu ou c" . . le gr. — acide de mercure. ... le kilog. — de pilocarpine le gramme — de potasse le kilog. Noix d'arec pulvérisée — — de kola — — — vomiques râpées — — — pulvérisées.... — Odeurs pour le mouchoir. . le flacon Onguent d'althœa le kilog. — basilicum — — chaud résol. fondant. — — — — avec sublimé — citrin — — contre les ardeurs — — — les crevasses . . — — — la gale des chevaux — — — — chiens — — — — moutons — — — le piétin.. ..... — — du duc — — égyptiac — — fondant Girard — *— de laurier — — mercuriel double — — — simple — — belladone — — de la mère — — de pieds, jaune — — — de Hévid. — populeum — — — belladone.. — — de Roydor — — spécial pour bovins., le pot — de Solleysel le kilog. — populeum camphré. . . — — — saturné. ... — — rouge — — styrax — — vésicatoire — — — mercuriel ... — — — anglais... — — — Rey — Opium titré, à 10 "/„ de morphine — Oranger — — (feuilles) . — Ouate de tourbe, en paquets de 250 et 500 grammes — Oxyde de fer — — de zinc sublimé — Panama (bois de quillaya) — Papier blanc — — bleu — Pastilles de baume de lolu. ... — — de borate de soude. . . — — de chlorate de potasse — — de kermès — — de menthe anglaise. . . — — de réglisse — 50 25 20 15 10 » 12 » n 60 6 n M 15 10 1) 1 50 1 » 5 1) U 50 1 50 2 50 1 50 3 » 2 » 8 u 8 » 3 50 3 » û I) h H a » 4 » 4 » 3 ,) 3 1) 5 H 3 l> 6 50 3 50 2 50 3 » 5 » 1 1) 5 M 4 » 3 1) 10 .) II » 7 » 7 50 24 II 10 II 70 » 10 11 2 )) 1 50 1 » 2 n « 90 1 M 1 » 3 » 3 1) 2 50 3 » Pastilles de Vichy le kilog. — comprimées. Patins en «'aouteliouc. Pepsine amylacée le kilog. Peptone sèche — Peptonate de fer — Perchlorure de fer — Permanganate de potasse — Pharmacies vétérinaires. Phosphate dechaux pour bestiaux le kil. — — — par 50 — Pierre divine — — de Knaup, en poudre. . . — Pinceaux (blaireau) la douz. Plantes aromatiques le kilog. Poivre blanc — — long — — noir — Poix blanche — — noire — — résine — Poclictte niicroçirapliîqne. Pommade antidartreuse Renault, le pot — aubi-ioduredemereure . . le kilog. — belladonée — — camphi'ée — -^ épispastique verte. . — — rouge fondante .... — — — — .... le pot — au goudron le kilog. — d'Helmerich — — au précipité rouge. . — — soufrée — — stibiée le pot Potasse caustique en plaques, le kilog. Poterie. Poudre adoucissante Renault, la boite appétissante Renault.. — béchique Renault — cordiale le kilog. cynophile Renault. . le paquet désinfectante le kilog. diurétiqi e Renault. . . la boite contre l'agalaxie — contre l'hématurie .... - engraissante Renault, .la boîte gallinopliile — — procréative Tienault .. . — purgative Renault — — tonique et fortifiante . . — — utérine Renault — — vermifuge Renault .... — Précii)ité blanc le k ilog. — rouge pulvérisé. . . — Produitsalinientaires pour bestiaux, chevaux, chiens, volailles, etc. Produits spécian.x. Quina Renault le flacon Quinquina gris pulvérisé... le kilog. — jaune — — — rouge — .... — Réglisse pulvérisé — Rhubarbe de Chine pulv — Ruban à sétons la pièce Rue pulvérisé le kilog. Sabine pulvérisé Salicylate de soude amorphe. . — — — cristallisé. — 19 t'r. c. o 50 12 1, 10 » 8 » 1 50 3 » n 75 .) 60 3 50 2 50 2 50 2 II 7 „ 6 1) 6 n » 80 * 70 » 40 1 50 10 n 4 11 4 11 6 » 20 s 1 50 2 50 3 II 6 » 3 11 4 n 6 11 2 n 2 II 2 11 1 80 )i 50 1 1) 2 11 2 11 •> II 1 II 1 50 1 50 2 11 2 » 2 » 2 50 10 M 10 11 < 75 4 5 50 8 > II 90 8 11 1 50 2 50 •> 10 42, rue Armand-Carrel, Montreuil-sous-Bois (Seine). 20 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 Safran du Gàtinais le kilog. 100 1) Salol — 10 i|2 Santonine , vaiiablei — » Savon ài'acidepliéniqiie, le pelit moreeau » 50 — — — le ïros — 50 antiseptique, la boîte de 250 gr. 80 — arsenical de Becœur. . . le kilog. » — blanc do Marseille (hausse) - 2 3 — au goudron. .. le petit morceau 50 — — ... le gi-os — 50 50 — — ... le gros — 50 — vert le kilog. 60 — — par baril d'cnv 10 kil.le k. cO Savons antiseptiques niédiea nicnteux. Seigle ergoté le kilog . 6 50 — — pulvérisé — K Sel de nitre en poudre — 1 » — ammoni'ic en poudre .... — 2 » — gemme — 2 5(1 — d'oseille — — purgatif déshydraté blancoucoloré • 50 — — — — en divisions u 00 — de Saturne le kilog. 2 „ — de sedlitz granulé — !)■ — de tuitre — 1 ■J5 Senien-contra grabulé — :i • Séné en feuilles — 2 5n Seringue Pravux. Silicate de potasse li — de tohi 2 Soufre doré d'antimoine. . . le kilog. 50 Sous-nitrate de bismuth — 20 » Spatules » » Spécialités en (lép«»t. — de la maison. Staphysaigre pulvérisé. . a . . .le kilog .3 » 10 ■1 Suc de rés'isso pur — .3 50 Sulfate de cuivre — so — de fer — '>5 — de magnésie — J 50 » TiO — 'le potasse — ■ iiO — de quinine — )) — de soude.. ., .... — '>0 — — coloré ou divisé par 250 et 500 grammes. » AO — — coloré ou divisé par 50 et 100 grammes. » fiO — en 'iftcs de 100 kilog. » 15 Sulfate de zinc le kilog. » 70 Sulfure d'antimoine pulvérisé.. — — de potasse . . — — — liquide 50"/,, — Tan pulvérise — Tannin h l'éther — — à i'alcool — Tannofoi'uie. Merk, la boite de 25 gr, Tapioca du Brésil le kilog Teinture d'aloès le litre — d'aconit le litre — d'arnica — — de belladone — — de coca .' — — de cantluirides — — do colchique — — d'euphorbe — — de digitale — — deajentiane — — d'iode • . — — de kola le litre — de jusquiame — — de mars tarlari.sée.. . — — de myrrhe — — (le noix vomiciue. . . . — — d'opium — — de quinquina gris. . . — — de scillc — — de valériane — — utérine deCaramija. le flacon — — le litre Térébenthine ordinaire. . . le kilog. — de Bordeaux. .. . — — de Venise — Terpine on poudre — Thé mélangé supérieur . — — noir — — — perlé fin — Théobromine — Tiierinomètres » Tilleul (lieu rs; aV'ic bractées, le kilog. U TrchuciiPt pour petites pes(''os 12 Trousses Renault pour injections. Vanille fine le gramme » Vaseline blancheextr'a .... le kilog. — — boriquce .... — — — iddoforniée . . — — blonde .1 — — noire — — rouge — Verdet pulvérisé — Vin de gontiane le litre. — Malaga — — Madère — — de quinquina au bordeaux — — — au malaga. . . Vinaigre scillitiquo — — de toilette — — d'Orléans — Yohimbioe vétérinaire Knoll. le gramme Zoo-cautère. 2 n 1 „ 1 » 1 » 8 » 1 25 î. 1 80 3 50 !i i> 3 50 k » 5 » 10 » 5 » k 5U II 'i n 8 u U 50 U n 0 » 5 5C 4 n 16 » 0 » II II h » 2 25 8 n 1 25 ^ 25 3 )) 6 "iii 10 )i 8 n ,s » 120 ., 10 50 I) 50 50 ]vxE:iz>io/v3Vi:E:rsnrs idix/iseis Droguerie Vétérinaire Renault Aîné Volv le Cdtaloi/iw (jeinh-iil illitstrr qui vient de paraître et qui est adressé, sur demande, à tous les "Vétérinaires. Zi2. rue Aririand-C:n-rel, à !\loiitreuil-sous-Bois (Seine . Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 21 Alcaloïdes Purs en Tubes : Arséniatede strychnine. .. Tube de 10 centigr. 0 10 Aconitine cristallisée — 10 Bromhydrate d'aréroliiie. — 5 Caféine cristallisée — lu Chlorhydiate de cocaïne. . — lu — morphine — 10 pilocarpiiii' \ératrine. . 0 .50 0 50 0 20 0 30 0 i?> 0 55 0 Vu 0 50 0 ?5 0 .-'.0 Chloniic (le liarymn Tifbe de -'3 centigr. 0 20 Uipir.almc amorphe Ilyosciauiine cristallisé!. . Nitrate de pilocarpinc rodûphylliuc Salicyl:ito d'i-séiine Sulfaie d'aconiliiic — d'alropine — d'ésérine — de strychnine. ... — de vératiinc Véi-atrine m _ 0 50 5 — 0 -ib m — 0 :!o 10 — 0 25 10 — 0 60 10 — 0 80 10 — 0 iO 10 . — 0 60 10 — 0 20 M — 0 .'iO 10 — 0 :îO AMPOULES TITRÉES DRAGÉES — GRANULES — PILULES PRODUITS Sl'ÉCIAlX RECOMMANDÉS (Pour la liste complète, voir notre CATALOGUE GÉNÉRAL illustré) ANTIPSORIQUE RENAULT SPÉCIFIQUE DES AFFECTIONS CUTANÉES DES ANIMAUX DOMESTIQUES Le grand flacon pour cheval. ... 2 fr. d Le petit flacon pour chien 1 50 Marqué 4fr. » — 3 50 Le meilleur cicatrisant Émet de l'oxyijénc -^- Vivifie les tissus— Favorise le boiiiyeonxoitcnl D'un emploi facile — D'un prix modique La Boite-soufflot ... 1 fr., au pul)lic 2 tV. | Par 25 boîtes 0 fr. 80 BOUGIES ANTISEPTIQUES Contre l'avortement épizootique et les maladies de la matrice chez la vache La boite de 10 bougies 2 fr. TJrL m.od.e d.'em.i3loi d.é-ba,illé a,ccom.ïDa,gne dia-crfU-e ÎDOîte POUR LA DESTRUCTION DES ŒSTRES DU CHEVAL Action certaine, sans irritation de la muquCLise stomacale et intestinale La Ijoîte 2 fr. », Par 25 boites 1 >> 80 ' Prix marqués : 3 franc; Par 50 boîtes 1 » 60 j Ix'l. rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine}. 22 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 CAUSTIQUE RENAULT Spccififj/tte infftîiiible tltt Cfftptiutl Guérison rapide et certaine de la Crapaudine par simple application au pinceau, sans pansements Le llar.on avec pinceau 2 fr. — Prix marqué iî fr. ANTISEPTIQUES Brûlant lentement et sans flamme, produisant une fumée abondante contenant des principes antiseptiques non irritants LA BOITE DE lO CONES 2 FRANCS. — AU PUBLIC 3 FR. 50 CRAYONS ANTI-JAVART RENAULT Cicatrisants, Antiseptiques Guérissent rapidement : javarts, clous de rue, tumeurs fistuleuses, etc., etc Xje flacon. d.e 5 crayons avec mode d'emploi — n" 1 (au sublimé) 2 fr. » — n° 2 (à l'iodoforme)..... 2fr.30 CRÉSILINE RENAULT Ambrée, Parfumée ANTISEPTIQUE ET MIGROBIGIDE Produit concenlrê doiuianl dilué dans /'eau îine nitahinn blanche parfumée DOSES ET MODES D'EMPLOI : Cabinets, eaux l'i ordures ménagères, 20 graniinys pour un litre d'eau. Toilette, Vaporisation 10 — — — Animaux, troupeaux 10 — — — En flacon de 1(0 grammes le flacon « 7;> — 300 — — 1 2i) En bidon gratis de 1 ou 2 kilos le kilog. J 71> _ _ 4 on 5 — ( — 16» — — 8 ou 10 — — 1 i>(> — — 25 kilos — . 1 ai» En fût perdu de 50 — — 1 10 — -- 100 — — i » — — 200 — — » 90 CRÉSILINE RENAULT MAUQUE DÉPOSÉK C0NF0r.MÉMK\T A I.A I.OI IProc3-Tjj.it atxitiseij-ticïxxe de g-x-a-ncie efficacité DÉSINFECTANT - DÉSODORISANT - WIICROBICIDE Moyen flacon, 0 l'r. 7o. — Grand flacon, 1 fr. 2(). — Remise, 40 "/„ El) fût de 200 kil le kil. (1 GO 1 En bidon de i et 5 kil le kil. ' 1 — de 100 — — O OS — «w»ww—»i—p—%iiM 11111^1 jti I Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 2H ^ELIXIR VITALIS Stimulant, Excitant général. Fébrifuge Relève l'énergie du Cœur tout en modérant ses contractions CONTBlî Aitétnie, Pueitntoitie, Vyphaidc, AMagarque, Xéphrite, etc. l'iix (lu Flacon : 2 Francs! — Prix marqué : 4 Francs DONNE ET CONSERVE AUX CHEVEUX FORCE ET VIGUEUR Prix de la Bouti'ille 'i fr. 50. — Prix marqué... » francs — de la 1/2 Bouteille.. I fr. 50, — — ...» fr. 50 FEU RESOLUTIF RENAULT Adopté par plusieurs Ecoles Vétérinaires Françaises et Etrangères Pour le vétérinaire le flacon 2 fr. 50 — — le litre 8 fr. » Enooi franco, sur demande, de la Brochure Se inéfier d.es con.trefa,çons oix imita,tion.s SpécifiQue infûilllùle DE LA DIARRHEE DES VEAUX & DES POULAINS La boîte de 5 paquets 0 75 Prix marqué 1 50 EXPULSION INFAILLIBLE ET IMMÉDIATE du Ténia du chien par l'eniplui du KA-TE-KU Le Paquet 0 fr. i>0 ?i2, rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine; 24 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 FUMO-BALSAM Baume Pectoral Canadien contre les affections des voies respiratoires très recommandé contre la Bronchite vermineuse S'cjiiploie fil vaporisation^ mOlé à de l'caii bouillante on évaporô an baiii-marie le pot I l>. 7i> I par 1 2 pois 1 fr. o(» Pi'i\ marciiié T ',i fr. iîO LUSOLINE RENAULT IDésinfectsii:x-t solTjilDle '"T— '- — ( M A p. 1,1 r r, 1 1 1': p n s k e ) ^ V.n tut perdu do 200 kilogi' h'' kilogr. 1 » — de 100 — — I 10 — de 50 — — I 20 En bidon gratis de 25 — — 1 40 — do 8 et 10 kilogr. . — I lU) — de ^, et 5 — — I 60 — do 1 kilogi- — I 7.1 LYSOL Bidon de 1 litre 2 fi'. » — 5 — le litre 1 80 _ 10 - — 1 73 (Vases en siis.) MiLXrCarOBOR LE PLUS PUISSANT ANTISEPTIQUE UTÉRIN l>é<^o«lori!!iaiB( wans |»ai*eil 3^'irritarLt ïsas la. m.ixq["u.e-u.se d.e l'TJtér-u.s et du. "Vagin llcniimiiaiidé diiiis la Noii-Délivranee. les Van'iiiites, .Mi'ii'iies, etc. La Boîte ul 10 Doses pour 10 Injectioins : 1 Fk. 25. — Maroiék : 3 Fr.\N( s MOUTARDE RENAULT PRÉPARÉE POUR L'USAGE VÊTÉRENAIRE Déshuilée par une méthode spéciale. — D'action prompte et sûre l^ boîte I 2u I Par 50 boîtes 1 \'6 PRr 25 boîtes 1 '20 | —100 — 110- C'haf|ne hoile contient 500 grammes net de moutarde ' 'i2, rue Ariiiaiid-Carrcl, à Montreuil-sous-Bois (Seine). Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 ONGUENT DE HÉVID I_ie 2:Yieille\,\ir cies OiaQ-u-eiats de !Fiecis APPROUVÉ ET ADOPTÉ Par les Ecoles vétérinaires d'Alfort, de Lyon, de Toulouse, de Belgique, de Hollande et le Ministère de la Guerre Par fût de 160 à 170 kil. environ Par caisse coiuenant 1 boîte do 50 kil... — — 2 boites de 25 kil . . — — 30 boîtes de 1 kil.. . — 00 boîtes de 500 "r.. .'. le. kilog. I fr. K» - 1 3a • — 1 40 lii caisse 48 » — (j« NOTA- — L'Onguent de HÉVID est expédié franco en gare destinataire lorsqu'il fait partie d'une commande de Droguerie atteignant au moins 50 francs SE MÉFIER DES CONXREF/^ÇONS OU IMITATIONS PASTILLES COMPRIMÉES VÉTÉRINAIRES Oxycyanure de mercure tn tubes de lo pastilles, dosées à Ogr. 50 le lnhe » 7o Permanganate de potasse à Ogr. 50 le kilo. 10 fr. — — — en tubes de 10 pastilles le tube. » 30 Sublimé corrosif à 0,25 ceiiligr le kilo .10 » — — — — en tubes de 10 pastilles le luJ>e. » 30 — — à 0,50 — le kilo. 12 ') — — — — en lubes de 10 pa. Prix marqué 3 fr. '> Le petit flacon I fr. 2i> — — 4 fr. » Sans désignation particulière, nous mettons toujours le Grand Flacon qui convient aux Indigestions Chroniques ainsi qu'aux cas aigus .'i2, rne Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine) 26 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 et hvQÉi rouR BŒUFS, MOUTONS, PORCS, VACHES, etc. La Boîte le kilogr. 1 » Par 5 kilog. — 10 — — 25 — — 50 — — 100 — » 80 » 75 » 65 » 62 » 60 Envoi franco, sur demande, de la brochure relative à la POUDRE ENGRAISSANTE Poudre UÉchique renault La Boîte de 10 paquets 2 " Marquée 4 — adoucissante à l'A conit RENA UL T La Boîte de 10 paquets 2 » — 4 " — - antiJjronchïQue à la Terpine La Boîte de 10 paquets 2 » — 4 > — galactogène RENAULT La Boîte de 10 pa(|uets i îîO — 3 ;>(► — calmante des Fureurs utérines La Boîte de 500 grammes excitante pour faire témoigner La Boite de 500 grammes I ;>0 - 3 iît» I -ÎO - 3 iJt» procréatioe pour faire retenir La Boîte de 500 grammes 1 iîo — 3 ;;(» Utérine RENAULT , La Boîte de 10 paquets 2 POMMADE CONTRE LES MAMMITES N" 1 . Belladonée-opiacèe le pot 1 i50 Marqué 3 SO N" 2. lodurée-camphrée — 1 50 — 3 50 Par 2o pots : 1 fr. 25 le pot ^2, rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine) Droguerie vétérinaire RENAULT aine, fondée en 1840 PRODUITS ALIMENTAIRES POUR Chevaux, Chiens, Gibiers, Moutons, Porcs, Vaches, Veaux, Volailles, etc. Farine de biscuit pouf Ixasse-cour cii sac de 100 kilos. 34 fr. les 100 k. — — à t'aifo pondre. — — 40 • — — — spratt pour volailles — - 64 — — LacLa-i'arine pour veaux — — 56 — — Mélasse Picoline, 37 à 40 •/o sucre, en sac de .50 k. {H. P.) par 100 kilos. 15 — — — — — — — 1,000 — 14 50 — Nourrilnre spéciale et complète de spratt poui faisans et gibier e;i .:ac de J 00 kilos .64 — — Pain condensé pour volailles — — 34 — — — spécial pour chiens à la farine de viande Liébii;' et au phosphate de chaux — — 36 — — — k la viande d-e budle pour ciiiens — — 36 — — — il veaux — — 75 — — Poudre engraissante et hygiénique pour bestiaux.. — — 60 — — Viande fibrine pour gibier — — 60 — — — fme pour volailles — — 55 — — . Viande américaine boucanée pour chiens et porcs . — — 42 — — Pour 50 kilos, augmentation d<' 2 francs par 100 kilos. — 25 — — 5 — — LES PRIX S'ENTENDENT FRANCO GARE PARIS (Paiemeni à 30 jours sam escompte .'i2, rue Armand-Carrel, à .Montreuil-sous-Bois (Seine) 28 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 NOUVELLE FABRICATION SOIGNEE Borique — Glycérine — Goudron — Naphlol — Phéniqué — Soufre — Sublimé - Thymol — Vaseline. Lsi ca.OTj.za,i2ae : 5 fr-stn-CS. Pour 6 douzaines assorties 10 °/o de remise. de M. Ph. heu, vétérinaire à Marines (Seine-et-Oise) Contre la toux des bêtes bovines I_.a. t»oîte de 120 talalettes : C3 fr. SO TALLIANINE POUR INJECTIONS INTR A- VEINEUSES La TALLIANINE est un véhicule absolument inoffensif qui tient en dissolutiun plusieurs fois si- volume d'ozone. Le traitement par la TALLIANINE est indiqué dans les maladies de poitrine, franches et infectieuses, l'influcnza et la fièvre typhoïde scuis toutes Icnrs formes et toutes 'localisations, la gri|)pe, la cong'cstion pulmonaire, l'emphysème pulnjonaire, l'anhématosie on coup de chaleur (hmtlaiioH de l'homme), l'asphyiie par intoxication on par submersion, l'anasarque et toutes les maladies par altération du sanp: pour les chevaux forcés en coui'ses ou de toutes autres façons, et pour tous les états dys|inéiques et pyrétiques au début La TALLIANINE iiest vendue qu'en boites contenant 6 ampoules de verre jaune de 10 centim. cubes L.A- SOITE : ±B Fi^^A^HSTOS SERINGUE SPECIALE POUR INJECTIONS DE TALLIANINE avec aiguilles en 'plaliiie iridié inoxydables : 16 francs TANNAX^SINE VÉTÉRINAIFIE l/Ca,rQ:"U-e d-éposée Par 125 gr le kilo 50 fr. | Par 2a0 gr le kilo 45 fr. TANNOFORME Profliiit oMemi par la coMensain k la Fonaldélijje sur llcWe laiinipe I.a boîte de '25 grammes : 1 fr. 25 /i2, nie Annan d-Garrel, à Montreuil-sous-Bois (Seino) Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 2.» DESTRUCTION RADICALE Prix de ta boite... 4 Ir. 25 — Prix, marqué .. . 3 franc». PLUS DE CHEVAUX POUSSIFS m Guérison radicale et rapide PAR L'EMPLOI DU Slt^OP BASE d'Alcaloïdes constitutifs DES PRINCIPES ACTIFS DB La Farine de Marrons d'Inde Pt^lX DU FliiiCOl^ : 2 FR 50 Prix marqué : 5 francs Fi'anco de port, à partir de lOllaeous. 42, rue x\rmand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine) ";0 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 VIRIDINE G reen- Mixture des Vétérinaires Américains SPECIFIQUE DES AFFECTIONS CUTANEES Guérit rapidement les plaies superlicielles ou profonde;- Très recommandé contre les crevasses du paturon ou autres PRIX DU FLACON AVEC PINCEAU : I FR. 50 ANTI-GOimiMIE COMPOSÉ RATIONNEL DE FERMENTS PURS ET SÉLECTIONNÉS Conforme aux dernières découvertes de la Physiologie médicale ('uratif cl picvcittif des Affections causées par une assimilation incomplète on '/i'rc(/uHére MALADIE du CHIEN. GOURME des Jeunes CHEVAUX Diarrh(!^G aigtle ou chronique, Furoncle, Eczéma ET TOUTES AFFECTIONS CUTANÉES La boîte 2 lï. )>. — Marquée 4 fr. » La 1/2 — 1 fr. 2o. — — . ." 2 fr. i»0 i^OTJie LES -À."crTieES sféci-A-lités de la Droguerie Vétérinaire RENAULT Aîné Consulter le Tarif Général Illustr*' /42, rue Armand-Carrel, à Monireuilsous-Bois iSeine) Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1 840 ;U La Droi-ueric l*Eî¥AUIiT Aîné est Uéfioi-iitaire Dl FIL VIRULENT DE 0. THOMAS COXTRK LK Charbon symptomatique MÉTHODE BREVETÉE EX TOUS PAYS La Vaccination par ie FIL VIRULENT est LA PLUS SURE, en raison de la permanence de liramunité du Fil introduit de haut en bas, sous la peau, à la partie médiane de la queue. LA PLUS COMMODE, l'introduction du Fil à l'aide de l'aiguille porte-vaccin, modèle Thomas, se faisant rapidement et avec facilité. LA MOINS COUTEUSE, une seule vaccination étant généralement nécessaire. Les Vétérinaires pratiquant habituellement la vaccina- tion préventive à faide du Fil Virulent ne font qu'.une application annuelle, de Novembre à Février. LE FIL VIRULENT de 0. Thomas est scientifiquement préparé à laide d'appareils brevetés; chaque Fil pour une vaccination contient 0 sr. 014 de Vaccin. ont été ttviUifjMées à Vaitte ft%* Fit Vin'uient Les prix ci-dessous sont exclusivement pratiqués pour les Vétérinaires diplômés et pour la consommation française Piix de la boîte de 10 vaccinations ;{ l'r. ({(► — de l'aiguille porte-Vaccin 8 fr. » — — seule 1 fr. 2o Expédition franco accompagnant une commande de médicaments 42. rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine] :)2 Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 ARMOIRES-PHARMACIES Modèles RENAULT Aîné à casiers développants 'I Avec socle formant armoire pour réserve de médicaments CBS S frstaacs Avec socle formant armoire pour réserve de médicaments SSS f1ra.3n.cs Envoi i'ranc'o. huv «leiiiaiide. de la lirooliure illiD^trec . BANDES AGGLUTINATIVES POUR PANSEMENTS Son emploi peut être d'une grande utilité à Messieurs les Vétérinaires Militaires en manœuvres, en raison de l'inaltérabilité de son principe adhésif. Nous vendons la bande agglutinative en trois largeurs : N° 1 (3 centimètres) les cent mètres 6 fi". N" 2 (4 — ) — 7 fr. N° 3 (6 — ; — 3 fr. Tenir de préférence ces bandes an frais. BOITES A RÉACTIFS en noyer ou en chêne ciré, avec couvercle ou sans couvercle Envoi du lat'if sur tlctntintle MICROSCOPE de l'Institut Pasteur de Lille Construit spécialement pour les Laboratoires de Travaux Pratiques de Bactériologie et pour les Laboratoires industriels Ce Microscope réunit tous les perfectionnements des grands modèles. Le mécanisme de la platine mobile et celui du condenseur sont simplifiés, mais les dispositions d'éclairage et les systèmes opti(|Ues sont les mêmes i|ue dans le modèle construit snr les indications df M. le D' RoLx. Statif avec éclairage Abbé, diaphragme iris et boîte sans objectifs ni oculaires, ni revolvers 10() fr. INlicroscope complet avec objectifs n"" ^, 8 à sec \ Immersion homogène 1/12 / .^p^ , Oculaires n'"- 1,3 } '***^ "'• Revolvers pour 3 objectifs \ Tous les Microscopes sont contrôlés aoant l'envoi par M. ROUSSEL, Directeur de notre Laboratoire PHARMACIES PORTATIVES Modèles RENAULT Aîné Modèle no l 40 fr . | j Modèle n" 3 BB Ir. Modèle n» 2 BO fr. |i Modèle n° /i TB fr. Envoi franco; sur demande., de la brochure illustrée /i2, rue Armand-Carrcl, à Montreuil-sous-Bois (Seine) Droguerie Vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 3;] FERRURESen CAOUTCHOUC DEVANT No 1 No 2 No 2 bis No 3 No 3 bis No 3 ter No i No 4 bis No 4 ter No 5 No 5 bis No 5 ter la paire FERS FRANÇAIS En caoutchouc No 6 la paire No 6 bis - No e ter — No 7 — No 7 1 45 1 75 1 75 2 50 2 50 -2 50 3 . 3 » - 3 No 1 No 2 No 3 No 4 No 5 No 6 No 7 bis — ARRIÈRE la paire. 3 50 3 50 3 50 4 > 4 » 1 80 2 25 2 75 2 90 3 25 3 50 3 75 TALONS REUCLER En caoutchouc No 1 Petits, la paire ] \o -2 — — . . . . i i\o 3 - - .'.'..'.{ .\o 4 — — ( No 5 — - ] No 6 Grands — / 2f.25 la paire CROISSANTS FRANÇAIS En caotitchouc No 2 Petits, la paire .... No 3 - — .... No 4 — — .... No 5 - — .... No 6 Grands — .... 2 25 2 25 2 25 2 25 2 25 Le « SAGITTAIRE », nouveau talon quadrillé. Tous les numéros, la paire 1 fr. 75 PATINS ÉLASTIQUES DARJUILLE Numéros 1,2,3 4, k 1/2 Prix, la paire 3 fr. 50 4 fr. 50 5 fr. 5o TALONS ÉLÉVATEURS LACOMBE 6 fr. 50 No 1 faible lO centimètres de longueur, la douzaine 2 fr. 50 No 2 fort 12 — — — 4 fr. » PROTECTEURS LACOMRE La douzaine : G fr. SO FODRCHETTES A TALON LACOMRE La paire : S fr. » FOLRCHETTES ARTIFICIELLES LACOMBE La. paire : 2 fr. 50 PROTECTEURS POOR PINCE La douzaine: 9 fr. 5 0 PI^EUIMATIQUES BOURGOIN N°» 1 devant la paire 2 — 2 — et arriére — 3 — — _ 4 _ — — 5 — — _ 6 - — — 2 25 — 2 75 — 3 25 — 4 25 — 4 50 TALOIVKETTES BOURGOIN N'" 1. la paire 1 » — 2. — 1 10 — 3. — 1 25 N'"'4. la paire 1 60 - 5. — 1 75 - 6.- - 2 » Remise de 5 "/o par 25 paires. — Remise de 10 "/o /><«'• 50 paires. PATINS PNEUMATIQUES ANGLAIS TALBOT (modèle et marque déposés) CIIOI2C IDES -JE> JiL.T X IST S En raison de l'élasticité latérale des jambages d'une forme spéciale, ira patiu de numéro déterminé peut, dans certaines limites, être employé avec des ferrures de dimensions assez différentes, tout en prenant avec eux un contact parfait ; lorsque la différence n'atteint pas plus de deux ou trois millimètres il est préférable de prendre le numéro le plus fort. Le patin se fixe de la même manière que les caoutchoucs en usage, avec plus de facilité même, la sou- plesse de la collerette permettant mieux la perforation des clous. Nos la paire Nos la paire S 25 6 pour pieds de devant et arrière.. .. 5 50 3 — — et arrière. . . . 3 75 6 . 4 — — — .... 4 50 S — — — .. 6 50 — — 4 75 9 — — — 7 • Pour 10 paires assorties 10 «/o de remise. 25 — 15 o/„ — 50 20 o/o — !i2, rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine) Droguerie vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 Pour la désinfection des Locaux conlaminés par les maladies contagieuses (Ecuries, Étaliles, Bergeries, etc.; on IV ! F, appareil est en cuivre roiifje, enduit intéiTeuremeiit à ht gntta-perrba 60 PRIX I L'appareil monté sur chariot à 2 roues.' '. 80 SONDE VAGINALE " LA PRATIQUE Solid.e — T^ra^-ticiuLe — lOori HVUsiarclaé Tube caoutchouc exti-a fort doublé toile, ratiule bois jî fr. — — — — - métal.... 7 fr. j>(> à piston extensible supportant 120 degrés à la stérilisation sèche ou humide Seringue de 1 gramme en boîlc bois. 0 » 1 Seringue de 5 grammes en boîte bois. 10 — 2 — — . 7 iîO — 10 — — . 12 — 3 — — . 8 » — 12 — — . 14 ' — 4 — — . 9 » 1 — 15 — — . lt> Il est donné 2 aiguilles, 3 piston^ et 3 jeux de rondelles de rechange. THERMOMÈTRES G ON T RO L E S Petit modèb' étui métal 2 fr. 2") Moyen — . — 8 Grand — bois 2 iîO Modèle spécial avec loupe étui métal <> TROUSSES EN MAROQUIN Pour Injections hypodermiques (Modèles RENAULT Aîm';) Contenant une seringue avec deux aiguilles, des flacons pour liquides dissolvant ou à injecter, une mesure et des tubes pour doses d'alcaloïdes Petit modèle : 28 francs — Grand modèle : 38 franc? Ces trousses, d'un volume très réduit, sont faciles à placer dans la poche .'i2, rue Armand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine; Droguerie Vétérinaire RENAULT aine, fondée en 1840 35 ZOO-CAUTÈRE NOLVEAU CAUTERE VETERINAIRE Mise en marche simple et rapide f\ Le Ministre de la Gruerre a décidé, sur la proposition du Comité technique de la cavalerie, que le JBoo -Cautère présenté par la Droguerik Renault aîné sera réglementaire pour le service des infir- nieries vétérinaires des corps de troupe à cheval, des écoles militaires et des établissements de remonte. Envoi franco, sur demande, de (a brochure avec prix. /(2. rue Arinand-Carrel, à Montreuil-sous-Bois (Seine) Droguerie vétérinaire RENAULT aîné, fondée en 1840 ACCESSOIRES ET APPAREILS DIVERS Boîtes en carton et en bois (dilcs du Tyiol) Etiquettes gonun,ées — Caoutchouc pour ligatures Pots faïence et porcelaine avec ou sans couvercle Verrerie : Flacons plats ou ronds — Bouchons assortis Gasseaux droits et courbes Appareil d'Evers — Lance-poudre Mors à breuvage Declaude — Pesso-Thermo Declaude Seringues pneumatiques pour lavage des plaies fistuleuses Sondes trayeuses de toutes dimensions (depuis 0 fr. C>0) Appareils et Accessoires pour la Photographie Librairie — Ouvrages Vétérinaires — Journaux Microscopes Accessoires pour la Micrographie RENSEIGNEMENTS GRATUITS pour Vente et Achat de Clientèles PLACES D'AIDES, REMPLACEWENTS Tableaux des Analyses : Lait, Eau, Vin, Urine parj. RoussKi. TABLEAU DE MÉDICATION DOSIMÉTRIQUE Tableau des injections hypodermiques offrr/s (/racù'uscmeiit à nos Cltcnts, tioi/s les i<)i(jno)is, sur demandr, à leur coniniandc de médicnniei^ts DEMANDER LE TARIF GÉNÉRAL ILLUSTRÉ Li'J.'yS Imp. iVUuLDE, DouMENC et Cie, 144, rue de Rivoli, Pai'i'-'.