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VASSAR COLLEGE LIBRARY
GIFT OF
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TRAITE
D'ÉQUIÏATION
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COURS ELEMENTAIRE
DU MKME AUTEUR
Dressage méthodique et pratique du Cheval de
selle (L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-S" (épuise).
Conseils pour le Dressage des chevaux difficiles
(L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-.S» 7 fr. »
Fausse Route, roman (Dentu, éditeur) 3 fr. 50
L'Homme et l'Animal devant la méthode expéri-
mentale, par le D'' A. Xetter, officier de la Légion d'honneur,
uiédecin principal en retraite, et V . Musany (Dentu, éditeur) ... .3 fr. 50
Le Cheval en France (Nuucdlc Revue du 1" avril iSàS).
Homme ou Singe? (Dentu, éditeur.) 2 fr. »
Dressage simplifié du Cheval de selle (L. Baudoin.
éditeur) ... , 2 ir. »
L'Amazone au manège et à, la promenade (Kothschild.
éditeur).
SOUS PRESSE :
II* partie du Traité d'Équitation, eompriMiuni le Cy^/w siij>éyieiir
elle Cours de liante érulc. 1 vol. orne de 80 figures dessinées spécialement
pour l'ouvrage pal' Frédéric Kkoamdv (I,. Baudoin, éditeur).
r^i'is. — liii|irimerie L. liArC(il> 'M! . '.', iiir Cliii^tiiie;
"•» ■ .—- ._
'A^J/LI ^^-v^-o^.
p'
F. MUSANY
DE LA " FRANCE CHEVALINE »
TRAITE
D'ÉQUITATION
^ r
rOlRS ELEMENTAIRE
Avec 78 figures
OP.ssrxKF.s si'Kci.vMm F. X r porn r/()TT vraor
Par Frédéric RÉGAMEY
PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C'
I M P K I M K U R s - K D I T E U R s
30, Rue et Passage Dauphine, 30
1888
Tous droits réservés.
^
AVANT- PROPOS
v;
1^ M. Dumaiuc . puis .M. Bnudoin, son successeur,
4:;^ m'avaient plusieurs fois demandé si je ne ferais pas
^ T réimprimer mon Traité élémentaire (V Equitation paru
^ en 187o. Occupé d'autres travaux, j'avoue que je ne me
j^ sentais pas le courage de revoir et de corriger ce petit
:»> livre, première œuvre de ma jeunesse, où s'étaient
^ glissées beaucoup d'expressions absolument en désaccord
>^ avec l'opinion à laquelle je me suis arrêté depuis touchant
le (( moral » du cheval et la nature des rapports qui
doivent exister entre le cavalier et sa monture (1).
Mais, dernièrement, un abonné de la Franco Chevaline
5 me rappela sur un ton d'aimable reproche ces quelques
ç lig-nes imprimées à la fm de ma brochure : « Ce cours
^ (( élémentaire n'est que la première partie du Traité
,3 (( complet cV Equitation qui comprendra en outre le cours
g « supérieur et le cours de haute école. »
"t Je ne pouvais me le dissimuler, l'engagement était
formel et, en présence surtout de l'accueil si flatteur que
le public avait bien voulu faire à mon premier livre épuisé
depuis longtemps, je n'avais pas le droit de manquer à
ma parole.
(1) Voir Homme ou Shii/r'! (Dontii éditeur).
Vm A\ ANT-PKOPOS.
Je me suis doue aussitôt mis au travail; j'ai revu
et corrigé mou cours élémentaire; j'ai écrit le cours
supérieur et le cours de haute école aunoncés et je
me présente de nouveau devant vous, chers Lecteurs,
en vous faisant toutes mes excuses pour mon long-
retard.
J'ai glané un peu partout pour composer ma gerlie :
Tout enfant j'avais déjà l'amour du cheval. A vingt ans,
j'étais un cavalier hardi et très solide, grâce à une puis-
sance de jambes peu commune et à une grande sou-
plesse de reins; j'avais aussi ce sentiment naturel sans
lequel on ne devient pas écuyer, mais je ne connaissais
pas encore les tinesses de l'équitation. Ce fut le capitaine
Raabe qui le premier m'ouvrit les yeux sur tout ce que
j'ignorais, et je n'oublierai certainement jamais ni ses
savantes leçons, ni l'amitié toute paternelle qu'il n'a
jamais cessé de me témoigner. J'eus ensuite pour maîtres
>I. Pellier père et son fils, l'habile directeur de l'Ecole
d'équitation du bois de Boulogne. J'eus l'honneur de
causer plusieurs fois à cette époque avec le célèbre
Baucher et souvent, depuis, avec le comte de Montigny
dont on peut dire que rien de ce qui concerne le cheval
ne lui est étranger.
Je n'ai pas suivi servilement la doctrine de l'un ou de
l'autre de ces maîtres ; mais je me suis efforcé d'avoir
toujours présents à l'esprit leurs enseignements et ceux
que nous ont laissés les grands écuyers du passé. J'ai
beaucoup appris aussi par ma propre expérience et par
la pratique de chaque jour, et c'est le résultat de quinze
années d'études aussi persévérantes que consciencieuses
que je publie aujourd'hui.
J'ai laissé à mes leçons la forme que je leur avais pri-
AVANT-PROPOS. IX
mitivement donnée : d'abord, parce que cette forme a été
jugée favorablement par les hommes du métier; ensuite,
parce que les jeunes professeurs pourront y trouver pour
eux-mêmes des indications utiles ; enfin, parce que c'est,
à mon avis, dans les cours collectifs que les élèves font
le plus de progrès, obligés qu'ils sont d'apporter une
attention constante pour conserver leurs distances, régler
l'allure de leurs chevaux et exécuter tous les mouve-
ments sans se gêner les uns les autres.
J'ai essayé de faire ce qui n^existait pas encore : un
livre essentiellement pratique, indiquant, pas à pas, la
progression à suivre et qui fût à la portée de tous. Ayant
toujours constaté que ce qui pèche le plus chez la plupart
des cavaliers c'est l'assiette, j'ai attaché dès le début une
très grande importance à la bonne tenue du haut du
corps et à la fixité des genoux.
J'ai pensé que de nombreux dessins intercalés dans
le texte en rendraient la lecture moins aride ; mais pour
que ces dessins fussent exacts, il fallait, outre une
grande habileté de crayon, un tel soin, une telle pa-
tience que jusqu'ici on avait reculé devant une pareille
tâche. Toutes les difficultés ont été surmontées avec
bonheur, grâce au talent si fin et si consciencieux de
Frédéric Régamey, le peintre de l'Académie d'Escrime ;
je lui en adresse ici mes plus sincères éloges et mes
plus vifs remerciments.
On me reprochera peut-être de nombreuses répétitions
que j'aurais pu éviter facilement; mais il m'a semblé
qu'on ne saurait trop insister sur les règles fondamentales
ni trop s'attacher à faire comprendre aux élèves pourquoi
et comment ils doivent les appliquer. C'est même ce qui
m'a donné l'idée de réunir à la fin de chaque leçon les
X AVANT-PROPOS.
règles, que les élèves y ont apprises (1). Tous les auteurs
ont montré l'importance des régies de l'équitation, et
tous les bons professeurs les enseignent ; mais elles res-
taient souvent confondues dans l'esprit des élèves avec
les conseils et les remarques qui les entouraient. J'ai cru
qu'il était utile d'en faire un petit recueil à part qui fût
en quelque sorte pour l'étude de l'équitation ce qu'est la
grammaire pour l'étude d'une langue, et j'appelle de tous
mes vœux la création d'une académie d'équitation com-
posée de nos hommes de cheval les plus compétents, se
donnant pour mission de discuter chacune des règles
instituées par les maîtres anciens et modernes et de
déterminer celles qu'il convient d'adopter définitivement
et celles qu'il faut rejeter ou modifier. Je me propose de
signaler dans un prochain volume les préceptes qui me
paraissent faux dans chaque méthode. J'espère qu'on ne
se méprendra pas sur mon intention, qui n'a rien de pré-
somptueux. Je sais que mes écrits ne sauraient être plus
que d'autres exempts d'imperfections. Mais je crois qu'il
est bon de signaler et de réfuter toutes les erreurs qu'on
découvre, afin qu'elles ne se répandent pas et ne devien-
nent pas autant d'obstacles à l'unité de l'enseignement :
Telle, pour n'en citer qu'une ici, celle de La Guérinière
prescrivant de « peser sur l'étrier du dehors pour presser
et faire aller « de côté un cheval en dedans », alors qu'il
faut au contraire peser davantage sur l'étrier du dedans.
En attendant qu'une académie d'équitation soit enfin
fondée, je m'estimerai suffisamment récompensé de mes
peines si l'ouvrage qu'on va lire fait faire quelques progrès
(1) Les règles imprimées en caractères italiques sont celles que je
crois avoir innovées.
AVANT-PROPOS. XI
à un art qui mérite certaincmient d'être placé au premier
rang- pour les services qu'il peut rendre au pays et pour
les jouissances qu'il procure.
Car l'équitation est bien un art, art malheureusement
fort négligé aujourd'hui : le cheval entre les jambes du
cavalier est un instrument comme le violon entre les
mains d'un violoniste, mais combien plus merveilleux
pour qui le comprend et sait en jouer ! Ce n'est plus une
chose inerte, produisant invariablement le même son
sous le même coup d'archet; c'est un être vivant, inca:
pable certes de comprendre notre pensée et d'avoir une
volonté propre, mais cédant à ses appétits et à ses répu-
gnances, recevant des objets qui l'entourent une foule
de sensations agréables ou douloureuses, vibrant au
moindre contact et qu'il faut, à force de présence d'es-
prit et d'habileté, soustraire à toute influence étrangère,
posséder tout entier comme s'il faisait partie de nous-
mêmes, pour pouvoir développer à notre gré la rapi-
dité, la durée ou la splendeur de ses allures, donner à
son maintien la noblesse et la grâce, à ses gestes, le
rhythnie et l'harmonie que savent obtenir les cavaliers-
virtuoses et lui permettre au besoin de révéler sans
effort, dans quelque magnifique élan, tout ce que la
nature a mis en lui de souplesse et de vigueur.
I
COURS ELEMENTAIRE
ASSIETTE ET POSITION DU CAVALIER
TRAVAIL EN FILET
1^^ LEÇON
Monter à cheval. — Maniement des rênes.
Position du cavalier à cheval. — Premier emploi des rênes
et des jambes. — Mettre pied k terre.
La tenue du cavalier doit être sévèrement élégante, correcte et appro-
priée à l'exercice qu'il va faire. Un vêtement flottant ou même fermé
par un seul bouton est peu gracieux et quelquefois gênant. Le veston,
la jaquette ou la redingote doit être entièrement boutonnée. Le pan-
talon de cheval sera serréaux genoux, suffisamment large des fonds pour
que tous les mouvements soient aisés; la botte Cliautilly, seule admise au-
jourd'hui, doit avoir des tiges droites, aussi larges du bas que du haut,
afin que le pied y entre et en sorte facilement ; je ne sais pourquoi on
a adopté les talons bas qui rendent la marche à pied si disgracieuse et
si fatigante. Les guêtres serrées à la cheville sont aussi fort laides, sur-
tout à la ville ; les leggins seront assez larges du bas et avanceront sur
le cou- de-pied. Les leggins et les bottes ne peuvent être portés qu'avec
le veston ou la jaquette; la redingote nécessite le pantalon. Le chapeau
doit être assez grand pour bien tenir sur la tête; le chapeau haut de
forme est aussi peu convenable avec un veston que le chapeau bas avec
une redingote; la jaquette se porte avec l'un ou l'autre chapeau, la
culotte et les bottes ou le pantalon. Enfin, les gants seront larges, sou-
ples, longs de doigts afin que les rênes puissent être tenues fermement;
quelques sportsmen montrent avec fierté les durillons qu'ils ont aux
mains; pour ma part, je n'ai jamais compris qu'on pût tenir ses rênes
avec les mains nues.
Pour cette première leçon, on choisira des chevaux froids et bien
dressés. Ils seront rangés sur une seule ligne dans la longueur du
manège et tenus par des palefreniers. Ils seront sellés en selles an-
glaises couvertes; les rênes de bride nouées ensemble sur l'enco-
lure.
Le Professeur désignera à chaque élève le cheval qu'il devra monter
pendant la leçon, et les élèves iront se placer, chacun auprès du cheval
4
TKAITK 1) K(,)UITATI()X.
qui lui aura rlé désigm' ; le Professeur leur expliquera ce qu'ils auront
à faire pour sauter à cheval, et exécutera lui-même ce qu'il leur aura
indiqué ; puis il reprendra l'explication en faisant exécuter les mouve-
ments à tous les élèves simultanément, au fur et à mesure des indica-
tions qu'il donne.
Sauter à cheval.
1. A l'indication : Pri-parcz-voiix à muter à cheval,
chaque élève se placera en face de l'épaule eaiiche de
son cheval ; il tiendra la cravache dans la main droite,
le pommeau sortant du côté du pouce, la mèche en bas ;
Vh'. 1.
saisira de cette main, avec le pouce et le premier doiel.
les rênes du file! à l'endroit où elles sont réunies en-
seiidjle par une boucle, et, si elles sont tortillées, il les
mettra sur leur plat. Elevant alors la main droite, il
])rendra les rênes de la main ûauche à pleine maiu an-
(JOrUS IJI.KMK.NTAlKi;. i)
dessous do la innin droile ; puis il descoudra la luaiu
uauclie eutr^ouverte, la posera sur le garrot du cheval,
et tendra les rênes en les tirant de la main droite et
en les laissant glisser dans la main gauche (qui reste
immobile), jusqu'à ce qu'il sente également et légère-
ment la bouche de son cheval à l'extrémité des deux
rênes ifuj. 1).
11 fermera alors la main gauche, et, abandonnant le
bout des rênes qu'il tenait de la main droite, et qu'il
laissera tomber à droite de l'encolure du cheval, il pas-
sera la cravache dans la main gauche ; reprendra les
Fiir. t.
rênes à pleine main avec la main droite au-dessus et
près de la main gauche, la cravache restant dans la
main gaucho ; placera la main droite ouverte sur le
pommeau de la selle, sans abandonner les rênes qu'il
tiendra serrées entre le pouce et le premier doigt, et sai-
b TRAITE D EQUITATION.
sira enfin de la main gauche, qui tient toujours la cra-
vache, une ])onne poignée de crins, haut et près de la
racine [afin do ne pas les arracher), l'extrémité des crins
sortant du côté du petit doigt {fit/. 2).
2. A l'indication : Sautez à cIieeaL chaque élève,
pliant les jarrets, s'élancera vivement en s'enlevant sur
les deux poignets ; il se tiendra un instant dans cette
position, les hras allongés, le corps droit et la tête
Fi^
levée (//y. .3). puis il passera vivement la jamhe droite
tendue par -dessus la croupe du cheval sans la toucher
et arrivera légèrement en selle. Il ahandonnera alors
les crins de la main gauche, quittera de la main droite
le pommeau de la selle, mettra dans cette main la cra-
vache en la passant entre le corps et le bras, la mèche
COURS KLKMKNTAIUE.
on bas, vA prendi-a une rêne dans ehaqne main, rcxcé-
dant des rênes sortant du côté du pouce (//y. 4).
Kijî. 4.
Sauter à terre.
3. A l'indication ; Prépare z-vuas à sauter à terre,
cliaquc élève passera la rêne g-auche du filet dans la
Kijf. o.
8
TRAITE D EQLTTATIOX.
main droite, prendra la cravache de la main gauche, en
la passant par-dessus le garrot du cheval, la mèche en
bas, saisira delà nuiin gauche, à pleine main, une bonne
poignée de crins haut et près de la racine, rextrémilc
des crins sortant du côté du petit doigt, et placera enfin
la main droite, sans lâcher les rênes sur le pommeau de
la selle (//>/. Pi).
4. A l'indication : Sautez à terre, chaque élève s'enlè-
vera sur les poignets, passera vivement la jand^e droite
tendue par-dessus la croupe du cheval sans la toucher,
Fiir. C.
rapportera la cuisse droite près de la gauche, restera
un inslaut dans cette position, le C()rj)S droit, la tète
levée (//y. G), et arrivera légèrement à terre, sur la
pointe des pieds, en phant un peu les jarrets. ^
COURS ELEME.NTAIRE.
Ajuster les étriers avant de monter
à cheval.
o. A rindication : Ajustez vos clricrs, chaque élève,
se tenant en face de l'épaule gauche du cheval, saisit la
planchette de Fétrier gauche avec la main droite et la
phice sous l'aisselle du ])rasganche en tendant l'étrivière
hoi'izontalenient ; le bras gauche s'allonge sur l'étrivière
tendue, et le bout des doigts de la main gauche doit
toucher le porte-étrivière {/ig. 7); alors l'étrier est ordi-
nairement à la hauteur convenable.
Fig. 7.
Après avoir allongé ou raccourci l'étrivière, le cavaUer
passe devant son cheval, et, se tenant en face de l'épaule
droite de l'animal, il ajuste l'étrier droit comme il a ajusté
l'étrier gauche.
S'il y a de nouvelles modifications, le cavalier les fait
une fois en selle.
10
TRAITE D EQUITATION
Monter à cheval.
6. A rindication : Préparez-vous à monter à clicval,
chaque élève se placera en face de l'épaule gauche de
son cheval ; il tiendra la cravache dans la main droite, le
pommeau sortant du côté du pouce, la mèche en bas ;
saisira de cette main, avec le pouce et le premier doigt,
les rênes du filet à l'endroit où elles sont réunies ensemble
par une boucle, et, si elles sont tortillées, il les mettra
sur leur plat; élevant alors la main droite, il prendra les
rênes avec la main gauche à pleine main au-dessous de
•^ o-.-
Vh. «.
la main droite; puis il descendra la main gauche entr'ou-
verte, la posera sur le garrot du cheval, et tendra les
rênes en les tirant avec la main droite et en les laissant
glisser dans la main gauche (qui reste immobile), jus-
(ju'à ce qu'il sente cgalemenl cl légèrement la bouche
COURS KLKMKXTAIKK.
11
(lu cheval à l'extrémité de cliaque rêne (/?y. 8) ; aban-
donnant alors le bout des rênes qu'il tenait de la main
droite, et qu'il laissera tomber à droite de l'enco-
lure du cheval, il passera la cravache dans la main gau-
che, reprendra les rênes à pleine main avec la main
droite au-dessus et près de la main gauche, la cravache
restant dans la main gauche, et placera la main droite
ouverte sur le pommeau de la selle sans abandonner les
rênes qu'il tiendra serrées entre le pouce et le premier
doigt ; il prendra alors de la main gauche l'étrivière
gauche près de l'étrier, et, après avoir porté le pied droit
Fis. ».
un peu en arrière du piedgauche. il engagera ce dernier
jusqu'au fond dans l'étrier en l'appuyant à l'avant-bras
du cheval [fig. 9); enfin, il sautera sur la pointe du pied
droit, de manière à se rapprocher de son cheval, et
saisira avec la main gauche, qui tient toujours la cra-
12
TRAITÉ D'ÉQUITATION.
vache, une bonne poignée de crins liant et près de la
racine, l'extrémité des crins sortant du côté dn petit
doig-t ifuj. 10).
Fig. 10.
7. A l'indication : Montez à rlicral, le cavalier s'élan-
cera vivement dn pied droit et s^enlèvera sur l'étî-ier en
tirant fortement les crins à soi, restera nn instant dans
cette position, le corps droit, la tète levée, le genou gau-
che appuyé sur le quartier de la selle contre le bourrelet
[ftg. 11), passera la jambe droite tendue par-dessus la
croupe du cheval, sans la toucher, et arrivera légèrement
en selle en s'appuyant sur le poignet droit, qui n'a pas
bougé. Une fois à cheval, il abandonnera les crins de la
main gauche, quittera de la main droite le pommeau de
la selle, mettra dans cette main la cravache en la passant
entre le corps et le bras, la mèche en bas, et prendra
une rêne dans chaque main, Fexcédeut des rênes sortant
du côté du ponce; son dernier soin sera de chausser
COURS KLEMENTAIRE.
13
l'étriei- droit, oe qu'il devra faire le plus adroitement
possible (pour ne pas effrayer le cheval), sans s'aider de
Fig. 11.
la main et sans penclier le corps ni la tète. Autant que
possilde, il recevra, pour cette première fois, l'étrier de
la main du palefrenier (1).
(\) I.a manière que j'indique ici pour monter à cheval me paraît pré-
férable à celle qu'on enseigne habituellement. En effet, dans les ma-
nèges, on fait prendre les rênes dans la main gauche, qui saisit ensuite
une poignée de crins. Il en résulte que l'élève ne tient pas son cheval,
et que, si celui-ci partait, le cavalier serait dans l'impossibilité de le
retenir. La méthode que l'on suit dans la cavalerie offre le même in-
convénient : le cavalier, pendant qu'il monte à cheval, tient les rênes
avec la main droite qui est placée sur la palette de la selle, et l'animal
a toute facilité de s'échapper lorsque le cavalier porte cette main en
avant sur le pommeau de la selle pour enfourcher son cheval.
J'ai voulu remédier à cet inconvénient, qui peut occasionner des acci-
1 i TRAITÉ D'K(^U1TATI0X.
Allonger, raccourcir les rênes du filet,
les ajuster.
Le Professeur enseignera aux élèves les moyens d'allonger et de rac-
courcir alternativement chaque rêne du filet, et par conséquent de les
ajuster. Au besoin, ces exercices peuvent se faire à pied, au moyen d'une
brille accrochée par la têtière à un support quelconque.
8. I^our allon(i<'r la rnic droite^ le cavalier rapprochera
les poignets l'un de l'autre, saisira la rêne droite avec le
pouce et le premier doigt de la main gauche, à quelque
Fi". \±.
distance du pouce droit [fki. 12); il entr'ouvrira la main
droite et laissera couler la rêne dans cette main en des-
cendant la main gauche jusqu'à ce que les deuv pouces
dents graves, et je crois y avoir réussi, car, en employant les moyens
que j'enseigne, le cavalier ne cesse pas un instant de tenir son cheval
pendant qu'il le monte; il peut aussi, en portant le pied droit en ar-
rière et ù droite du pied gauche, éviter facilement d'être atteint si l'ani-
mal donnait un coup de pied (ce qui d'ailleurs est assez rare), et enfin
il évite, en appuyant le pied à l'avant-bras du cheval, de faire tourner la
selle au moment où il s'enlève sur l'élrier.
COURS ELEMENTAIRE.
lo
se touchent (//y. l.'{i; la i-ène étant sunisaniineiit allongée,
l'élève refermera la main droite et replacera les poi-
gnets.
!). Pour raccourcir la rèiie droite, l'élève rapprochera
les poignets l'un de l'autre et saisira la rêne droite avec
le pouce et le premier doigt de la main gauche, de ma-
nière que les pouces se touchent (//y. 1'^); il élèvera
alors la main gauche, et, entr'ouvrant la main droite, il
laissera couler la rêne jusqu'à ce qu'elle soit suffisam-
ment raccourcie (///y. 12), refermera la main droite et
replacera les poignets.
10. On allonge et Ton raccourcit la rêne gauche sui-
vant les mêmes principes et par les moyens inverses.
11. Ou ajuste les rênes du iilet en employant les
moyens indiqués pour les allonger ou les raccourcir.
Les rênes sont ajustées lorsque le cavalier, tenant les
poignets comme il sera indiqué (§§ 28 et 30), sent légère-
ment et également la bouche de son cheval à l'extrémité
des deux rênes.
IG
TRAITE D EQUITATION.
Croiser les rênes dans la main gauche.
12. A rindication : Cruiscz vos rênes dans la main
(jauchej amener le poignet gauche, les
ongles en dessous, vis-à-vis du milieu
du corps, entr'ouvrir la main, y placer
la partie de la rêne droite qui était
dans la main droite (//y. 14), refermer
la main gauche qui
tient ainsi les deux
rênes croisées l'une
sur l'autre , laisser
tomber le bras droil
allongé de toute sa
longueur, le coude près du corps, la main droite der-
rière la cuisse [fiy. lo).
Ki-. 15.
CULUS ELEMEMAHŒ.
Prendre les rênes dans les deux mains.
13. A riiulicatioii : Prenez les rênes dans les deux
mains, cnirouvrir la iiuiin gauche, y prendre avec la
main droite la partie de la rêne droite qui est dans la
main gauche (fie/. W), fermer exactement les deux
mains et les replacer devant la ceinture [fiy. 16).
FiL'. ir,.
Croiser les rênes dans la main droite.
14. On croise les rênes dans la main droite comme
il a été prescrit pour les croiser dans la main g-auche
et par les moyens inverses, et on les sépare (//V/. 17)
;{
18
TRAITE D E^tLrr.VTlO.X.
comme il a été indiqué pour prendre les rênes dans
les deux mains et par les moyens inverses.
vk. i:
Longueur des étriers.
lo. Pour les premières leçons, les élèves porte-
ront les étriers un peu plus longs que le point con-
venable, atin qu'ils s'habituent à bien allonger les
cuisses et les jambes, et que les étriers ne leur
servent qu'à réparer plus facilement les déplace-
ments qu'ils éprouveront eu subissant les réactions
du cheval.
16. Si l'on habituait déjà l'élève à porteries étriers à
la longueur convenable^ il prendrait ses points d'appui
COURS KI,É.MK.\TAIKE. 19
sur eux, au lieu de serrer et de fixer les genoux. En outre,
lorsque les étriers seront plus tard définitivement
ajustés, le pied ne devra y Atre engagé que jusqu'au
tiers, et le talon devra (Hre descendu plus bas que
la pointe du pied ; or, il est facile de comprendre
que, les étriers glissant toujours sous le talon les pre-
mières fois q\\\m s'en sert, ils se trouveraient tro])
courts, et feraient remonter les genoux s'ils étaient
ajustés, comme il sei-a dit i^ 2.').
17. Si l'on veut, au contraire, dès les premières leçons,
faire marcher et trotter les élèves sans étriers, ils se fati-
gueront beaucoup et, ne pouvant se maintenir en selle,
ils perdi'ont la confiance qui leur est si nécessaire, se rai-
diront en cherchant, par tous les moyens possibles, à se
cramponner k l(>ur monture, et prendront les positions
les plus ridicules et les plus disgracieuses. Il est vrai que
la pratique peut corriger plus tard ces défauts, mais il
me parait plus profitable pour les élèves de leur donner,
dès le principe, de bonnes habitudes qu'ils puissent
prendre sans trop d'efforts, et de ne les mettre aux prises
avec les difficultés qu'au fur et à mesure qu'ils sont en
état de les vaincre. D'ailleurs, en les habituant d'abord
à monter avec les étriers un peu longs, il leur sera plus
facile, lorsque plus tard ils les porteront au point con-
venable, de tenir le talon plus bas que la pointe du
pied.
18. Les étriers devront donc être ajustés de manière
que, la jambe du cavalier étant bien placée et l'étrier
20
TRAITE I) KQUITATIOX.
chaussé au tiers du pied, la pointe du pied et le talon
soient sur une liune horizontale {fuj. -18),
Fi-. lf<.
Rectifier la longueur des étriers.
Le Professeur s'assurera s'il y a lieu de rectifier la lùugueur des
j'triers, et indiquera aux élèves la manière de les allonger ou de les rae-
coureir eux-mêmes.
19. Voiu' alloiujfi' on rnccfnircir rétrier droit, Télève
doit d'ahord passer la rêne droite et la cravache dans la
main gauche. Il relire alors de la houcle l'excédent de
l'étrivière droite et le prend avec la main droite, les
doigts en dessous, le pouce en dessus, sans pencher le
corps, sans baisser la tète et sans regarder ce qu'il fait;
puis, laissant le pied dans Tétrier, mais cessant d'appuyer
sur la planchette, il tire l'étrivière avec la main droite et
fait sortir du trou de l'étrivière l'ardillon de la houcle,
eu ayant soin de tenir le premier doigt sous l'ardillon
pour ne pas le laisser tomber ; alors il continue de tirer
l'étrivière, si l'étrier était trop long, jusqu'à ce qu'il
COURS KLÉMENTAIRE. 21
soit au point convenable, ou la laisse glisser eu appuyant
(lu pied sur Tétrier pour le faire descendre s'il était trop
court et, lorsque l'étrier est au point voulu, il fait entrer
avec l'index l'ardillon dans le trou de Tétrivière et re-
passe rextrémité de l'étrivière dans la boucle. L'étrier
étant allongé ou raccourci, le cavalier s'assurera que la
boucle est bien tout contre le porte-étrivière ; si elle
en est à une certaine distance, il la fera remonter en
la tirant à soi d'abord et en pesant ensuite avec le pied
sur l'étrier.
20. Pour /(llonger ou rarcnui'cir l'r trier gauche, on
passe la cravache et les rênes dans la main droite, et
l'on procède avec la main gauche de la manière indiquée
ci-dessus.
Position du cavalier à cheval.
21. Le cavalier doit être placé naturellement à cheval
(fiçj. 19), de telle manière que les fesses reposent
également sur leurs pointes et bien au milieu de la
selle ; elles servent, de base à l'assiette et doivent être
également chargées de tout le poids du corps pour en
assurer l'aplomb; elles reposeront également sur la
selle si le cavalier, sans changer la position du corps,
peut facilement ouvrir les cuisses et écarter les jambes
en marchant au pas sans perdre l'équilibre.
22. Les cuisses seront bien descendues et tournées sans
effort sur leur plat, de manière à adhérer à la selle par
22
\'r'
TRAITE D EQUITATION.
leur partie interne et à embrasser également le cheval
en s'allongeant par leur propre poids et par celui des
jambes; elles donneront ainsi une grande solidité au
cavalier en lui permettant d'étreindre puissamment sa
monture; mais il ne faudrait pas allonger les cuisses avec
exagération, ce qui ferait pencher le corps en avant.
Fi-. H».
23. L^.s rjpnoïcr seront parfaitement fixés contre les
bourrelets de la selle et ne devront jamais bouger, quels
que soient les mouvements qu'auront à exécuter les
jambes du cavalier ; le pli des genoux sera liant, afin
que les jambes puissent agir facilement plus ou moins en
arrière sans déplacer les genoux ni les cuisses.
24. Lph jamhes, sans être abandonnées, tomberont
naturellement près du corps du cheval, afin que le cava-
COURS ELEMENTAIRE.
23
lier puisse les faire agir prompteiiient et sans suipi-ise,
et qu'il lui soit l'aeile. en serrant à temps le haut des
mollets, de résister à des sauts et à des mouvements
brusques .
25. La pointe des pieds tombera sans raideur, et, par
conséquent, plus bas que les talons ; elle sera tournée le
Fil.'. -20.
moins possible en dehors, afin de ne pas ouvrir les
genoux ; il ne faudra pas toutefois chercher à la tourner
en dedans, ce qui ne pourrait se faire sans effort et, par
conséquent, sans raideur. Plus tard, lorsque les étriers
seront correctement portés, ils devront être chaussés
au tiers du pied et ajustés de façon que, les cuisses
étant bien descendues, la pointe du pied soit un peu
plus élevée que le talon ; la jandje devra alors être un
peu fléchie en arrière (//y. 20), afin que la pointe
24 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
des pieds ne dépasse pas en avant une ligne verticale
abaissée de la pointe des genoux.
26. Les /■('/))s seront souples, mais soutenus. Ce n'est
(jue par la souplesse de toutes les parties du corps, mais
surtout des reins, que le cavalier pourra être solide en
selle, se lier parfaitement à tous les mouvements de son
cheval, supporter sans fatigue toutes les allures et amortir
considérablement les secousses qui en résultent.
27. Lr hinil du corp^ doit être droit, libre et aisé ; il
doit avoir ses points d'appui en grande partie sur les
fesses, mais beaucoup aussi sur les cuisses, afm de con-
server son assiette par l'équilibre d'abord, et aussi par
l'étreinte des cuisses et la fixité des genoux. La poitrine
doit être bien ouverte, les épaules effacées et également
tombantes ; c'est de cela, en grande partie, que dépend la
g-ràce de la position à cheval, et c'est le plus sur indice
de la souplesse du corps et des reins, et de l'aisance du
cavalier.
28. Les. liras tomberont naturellement et verticalement
le long du corps ; les coudes seront près du corps sans y
être serrés ; lorsque le cheval est eji marche, les bras ne
devront pas remuer sans nécessité en sécartant du corps,
ni se laisser balancer en tous sens par les mouvements
du cheval.
29. La tête sera droite, dégagée des. épaules et libre
de tous ses mouvements, qui doivent être indépendants
de ceux du corps.
COURS ÉLÉMENTAIKK. lio
30. Le cavalier tiendra une rêne du iilet dans chaque
main, l'excédent des rênes sortant du côté du pouce ; les
rênes seront légèrement tendues, de manière que le cava-
lier sente constammeut la bouche de son cheval; les
doigts bien fermés, le pouce allongé sur chaque rêne qui
sortira sur la seconde phalange du premier doigt de
chaque main ; les poignets seront soutenus devant le
corps, à hauteur de la ceinture, et séparés à lo centi-
mètres l'un de l'autre, les doigts se faisant face ; la main
droite tiendra la cravache, le pommeau sortant du côté
du pouce, la pointe dirigée vers le flanc du cheval, der-
rière la jambe droite du cavalier.
Emploi des rênes et des jambes pour cette
première leçon.
•}|. Je n'indiquerai pas ici l'usage que les élèves de-
vront faire des rênes et des jambes pour manœuvrer leurs
chevaux, attendu qu'il ne leur sera encore demandé
aucun mouvement ni à droite ni à gauche. En voici la
raison : il me semble que c'est un tort d'apprendre aux
commençants à se servir de leurs rênes et même de leurs
jambes, et de les exercer à aucun mouvement avant
qu'ils aient acquis de l'assiette, de la solidité, et même
une certaine aisance aux différentes allures, car il en
résulte infailliblement qu'ayant surtout à s'occuper de se
tenir en selle, l'élève n'agit avec les rênes que par à-
coups et avec des mouvements brusques, ce qui offense
la bouche du cheval et fait contracter au cavalier lui-
4
20 TRAITÉ D'ÉQUITATIU.N.
même de mauvaises habitudes dont il a peine à se cor-
riger ensuite ; cela arrive d'autant plus sûrement que
c'est précisément au moment où le cavalier doit se servir
de ses rênes pour faire tourner son cheval, qu'il lui est
plus difticile, ainsi qu'on le verra plus loin (§ 42), de
conserver son assiette.
32. Le Professeur se bornera donc à faire comprendre
à ses élèves que, pendant toute la durée de la leçon, ils
ne devront jamais chercher à prendre un point d'appui
sur les rênes, en se raccrochant A la bouche de leurs
chevaux, quels que soient les déplacements qu'ils éprou-
veront. La bouche du cheval est une partie très sensible,
sur laquelle le cavalier agit avec un instrument en fer et
par conséquent très dur : il est donc très important de
se servir de cet instrument avec beaucoup de finesse,
et, comme les commençants ne peuvent avoir cette
finesse et que, leurs chevaux étant d'ailleurs très sages
et peu ardents, ils n'ont, pour ainsi dire, qu'à les
laisser marcher d'eux-mêmes, il faut qu'ils aient les
rênes un peu moins tendues qu'elles ne devront Fètre
plus tard, se bornant à s'en servir lorsque le Pro-
fesseur jugera utile de le leur dire et mettant toute leur
attention à le faire de la façon qui leur sera indiquée. Le ,
Professeur, de son coté, leur enseignera ce qu'ils auront I
à faire chaque fois qu'il sera nécessaire, et les élèves
apprendront ainsi progressivement à se servir des rênes
et des jambes pour marcher, arrêter, partir au trot, se
remettre au pas, etc., au fur et à mesure qu'ils auront à
exécut Profes-
seur veillera ■'~"^^* I''. -", J^A/^^ N ~ _
Fig. 32.
en arrière {fig. 32), poussant, au besoin, son cheval par
de petits coups répétés des mollets ou des talons jusqu'à
ce qu'il prenne le trot, en employant pour cela graduel-
44
TRAITE D EQUITATION.
lement la force nécessaire suivant la sensibilité de l'ani-
nial.
Dès que le cheval obéit, il desserrera progressivement
les jambes et les laissera tomber verticalement et sans
force, sans écarter les genoux [fuj. 33).
59. Le Professeur ne fera trotter ses élèves que peu
de temps et à un trot très modéré, afin qu'ils prennent
peu à peu l'habitude de cette allure et ne perdent pas
Fig. 33.
leur position. II leur fera toutes les observations néces-
saires pour la rectifier lorsqu'elle sera dérangée, s'effor-
cera de donner de la confiance à ceux qui en manquent
en leur faisant comprendre que c'est presque toujours
parce qu'ils emploient trop de force et qu'ils se raidissent
qu'ils manquent de solidité. Il ne s'attachera pas trop à
COURS ÉLÉMENTAIRE. 45
la bonne position du pied dans l'étrier. Il arrive tou-
jours, dans les commencements, que le pied sort de
l'étrier ou qu'il s'y enfonce jusqu'au talon : entre les
deux inconvénients, le dernier est le moindre ; il faut
seulement observer que la pointe du pied ne doit pas
être baissée, et que les élèves ne doivent pas trop s'ap-
puyer sur les étriers ; qu'ils y enfoncent le pied jusqu'au
milieu, peu importe ; mais il faut qu'ils ne prennent sur
eux qu'un léger point d'appui et qu'ils s'en aident seule-
ment pour rétablir l'équilibre quand il est compromis.
Encore doivent-ils, dans ce cas, s'efforcer de reprendre
plutôt leur aplomb par la souplesse des reins en se
rejetant adroitement du côté opposé à celui vers lequel
ils se sentent glisser. Le Professeur veillera surtout à ce
que les élèves ne s'accrochent pas aux rênes pendant le
trot et, avant qu'ils aient eu le temps de se fatiguer
(c'est-à-dire après trois ou quatre tours de manège), ou
dès qu'il s'apercevra que la position d'un cavalier est
devenue mauvaise, il fera reprendre le pas ou même
arrêter.
60, Il est une observation que je crois utile de faire ici
une fois pour toutes. Jamais un cavalier ne doit s'accro-
cher des mains à la selle pour éviter une chute, attendu
qu'il lui devient par là même impossible de diriger
ou d'arrêter son cheval.
J'ai vu quelquefois (plus rarement il est vrai) des
élèves chercher, en pareil cas, à se rattraper au mur du
manège ! Il est impossi])le de rien faire de plus mala-
droit et de mieux courir de soi-même au-devant d'un
46 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
accident ; car, outre que les rênes sont encore abandon-
nées, il est évident que si l'on cherche, pendant que le
cheval court, un point d'appui sur une chose immobile,
on ne peut que se blesser les mains, se heurter la tête et
tomber.
Le moins mal serait, après avoir eu la présence d'es-
prit de croiser les rênes dans l'une ou l'autre main,
de saisir une poignée de crins avec celle qui se trouve
libre. Toutefois, il ne faut user que le moins pos-
sible de ce moyen, dont on se fait facilement une
habitude et que l'on emploie ensuite au moindre
déplacement.
61. A l'indication : Marchez au pas, chaque cavalier
devra d'abord assurer sa position en redressant le haut
du corps et en pesant fortement sur l'assiette, puis
fermer doucement les jambes en arrière des sangles
et tirer graduellement les rênes en rapprochant les
poignets du haut du corps, sans écarter ni reculer les
coudes, jusqu'à ce que le cheval cesse de trotter;
alors il reprendra sa position, desserrera progressive-
ment les jambes, et rendra doucement la main afin
que le cheval ne s'arrête pas.
62. Loin de s'abandonner lorsqu'ils marchent au pas
et de négliger leur position, c'est surtout à cette allure
que les élèves doivent surveiller leur tenue.
En effet, s'ils ont toujours une bonne position lors-
qu'ils marchent au pas, il y a des chances pour qu'en-
suite, îiu trot, ils la conservent sans trop de difticulté,
COURS ÉLÉMENTAIRE. 47
tandis qu'au contraire, s'ils contractent au pas de mau-
vaises liabitudes, leur position pendant les allures vives
sera encore beaucoup plus défectueuse.
Après avoir fait faire plusieurs temps de trot à main droite, le Pro-
fesseur fera changer de main au pas dans la largeur du manège (| 54)
et fera recommencer quelques temps de trot <à main gauche.
Quitter et reprendre les étriers.
Les élèves marchant au pas seront exercés à quitter et reprendre les
étriers.
63. Pour quitter les étriers, il suffit de soulever un
peu la pointe des pieds et de porter le bas de la jambe
en arrière.
64. Pour reprendre les étriers, les cavaliers ne devront
ni pencher le corps, ni baisser la tête pour regarder ce
qu'ils font, ni appuyer les mains sur le pommeau de la
selle, encore moins s'en servir pour mettre l'étrier au
pied. Ils tiendront, au contraire, le corps droit, la tête
directe, les coudes près du corps, les poignets soutenus
devant la ceinture, et tâtonneront avec chaque pied jus-
qu'à ce qu'ils trouvent l'étrier.
6o. Les étriers doivent toujours se chausser de
dehors en dedans, afin que les étrivières soient sur
leur plat.
Pour reprendre Fétrier de dehors en dedans, il faut
48 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
lever légèrement la pointe du pied, en ayant soin de ne
pas remonter le genou, et tâtonner jusqu'à ce que Ton
sente l'étrier avec le dedans du pied. Alors, on donne
avec la pointe du pied un petit coup sur la branche
de rétrier qui se trouve en arrière {fuj. 34) et on
Fis. 34.
s'etTorcc d'introduire vivement le pied dans Tétrier,
de manière que celle des deux Lranches qui se trouve
en avant lorsque Tétrier pend le long du corps du
cheval soit à l'extérieur du pied, une fois l'étrier
chaussé.
Les élèves quitteront les éti'iers run après l'autre, jusqu'à ce qu'ils
aient acquis une certaine adresse à cet exercice. Le Professeur pourra
leur faire quitter et reprendre l'étrier droit pendant qu'ils marchent
à main droite, et les faire ensuite changer de main pour quitter et
reprendre l'étrier gauche en marchant à main gauche, afin qu'il puisse
voir facilement comment ils s'y prennent.
Après avoir fait reprendre les étriers, le Professeur fera faire de nou-
veau quelques temps de trot aux deux mains, puis, ayant remis ses
élèves au pas, il les accoutumera à différents exercices, dont le but est
de les asssouplir et de leur donner de l'aisance h cheval.
COUUS ÉLÉMENTAIRE. 4D
Assouplissement du cavalier avec étriers.
Les élèves seront exercés, en marchant au pas :
 allonger et raccourcir successivement chaque étrier, en employant
les moyens indiqués précédemment (§§ 19 et 20);
A se soulever et se tenir debout sur les étriers, avec les rênes croisées
dans Tune ou l'autre main (pour cet exercice ils s'aideront, les pre-
mières fois, en prenant une poignée de crins avec la main qui se trouve
libre) ;
A tourner la tête et le corps en arrière à droite, les rênes élant
croisées dans la main gauche, et en arrière à gauche, les rênes étant
croisées dans la main droite (pendant ces mouvements, la jambe du
côté opposé à celui oîi se tourne le cavalier ne doit pas se porter en
avant, mais, au contraire, rester près du flanc du cheval, de manière à
empêcher au besoin la croupe de se déplacer) ;
A lever et faire tourner le bras droit, puis le bras gauche ;
A faire tourner le pied autour de la cheville ;
A plier la jambe en arrière sans remonter ni déranger le genou, et
à toucher le talon avec la main sans pencher le corps ;
A pencher le corps à droite et à gauche pour toucher la pointe du
pied avec la main ;
A renverser le haut du corps en arrière, de manière que la tête
touche la croupe du cheval, etc.
Ces exercices pourront se faire d'abord ou place puis en marchant.
Lorsque le Professeur voudra terminer la leçon, il fera exécuter un
changement de main si l'on est à main droite, afin de remettre les
élèves à main gauche, les fera arrêter lorsque le chef de reprise sera
arrivé à l'extrémité de l'un des grands côtés, et fera mettre pied à
terre.
Mettre pied à terre.
66. A l'indication : Préparez-vous à mettre pied à terre,
chaque élève passera la rêne gauche dans la main droite
(§ 14), prendra la cravache avec la main gauche et,
7
50
TRAITE D EQUITATION.
élevant cette main, fera passer l'extrémité de la cravache
par-dessus le garrot du cheval, de manière que la mèche
soit dirigée à gauche vers le genou du cavalier ; il sai-
sira alors de la main gauche, qui tient la cravache, une
bonne poignée de crins haut et près de la racine, l'extré-
mité des crins sortant du côté du petit doigt ; placera la
main droite, qui tient les rênes, sur le pommeau de la
selle, et déchaussera l'étrier droit {^p(j. 35).
•-■^ vi" - .
Fiir. 'il
67. A l'indication : Pied à terre, Télève, s'enlevant
sur l'étrier gauche et sur les poignets, passera vive-
ment la jambe droite tendue par-dessus la croupe du
cheval sans la toucher, rapportera la cuisse droite
à côté de la gauche , et restera un instant dans
cette position, le corps droit, la tête levée {fuj. 36);
pliant alors lu jaml^e gauche, il arrivera légèrement à
COURS ELEMENTAIRE
51
terre sur la pointe du pied droit ; enfin, il abandon nern
les crins de la main gauche, sortira le pied gauche de
rétrier, le placera près du pied droit, puis, quittant de
la main droite le pommeau de la selle, il viendra se pla-
Fi?. 3(1.
cer à la tête de son cheval, en glissant la main droite le
long de la rêne gauche, et prendra, de cette main, les
deux rênes à quelque distance de la bouche du cheval.
0.
sangles, et, au moment où il se dispose à se porter en
avant s'il était arrêté, ou à accélérer l'allure s'il était en
mouvement, on le retient doucement avec les rênes; ses
7G TRAITÉ D'ÉQUITATIOX.
sens sont ainsi éveillés, il est prêt à se mobiliser et cà
céder facilement aux sensations nouvelles qui vont lui
être transmises par les rênes et par les jambes {fifj. 50).
90. Dans tout effet d'ensemble ou préparatoire, le
cavalier doit agir avec tact et justesse, c'est-à-dire qu'il
doit se servir de ses jambes avec plus ou moins de
force, selon que le cbeval y est plus ou moins sensible,
et que ses mains doivent agir (toujours d'après la sen-
sibilité de la boucbe de l'animal) de façon à contre-
balancer exactement l'effet produit par les jambes. Je
m'explique :
91. Supposons le cheval arrêté ; si je veux le préparer
à se porter en avant, je fermerai les jambes jusqu'à ce
que je sente qu'il se dispose à marcher, et aussitôt je le
retiendrai en tendant doucement les rênes sans relâcher
les jambes. Si, dans ce cas, mes jambes agissaient plus
fortement que mes mains, ou si mes mains agissaient
trop tard, mon cheval ferait un mouvement en avant ;
si, au contraire, mes mains agissaient trop tôt ou avec
plus de force que mes jambes, mon cheval ferait un
mouvement en arrière ; mais si mes mains agissent dès
que je sens mon cheval se dispot^er à obéir à la pression
des jambes, et si l'effet de celles-ci est exactement
contrebalancé par l'effet des mains, l'animal restera en
place et sera préparé à exécuter le mouvement que je
vais lui demander.
92. Si l'on suppose le cheval en marche, les mains et
COURS ÉLÉMENTAIRE. 77
les jambes devront agir avec le même accord et la même
précision, de façon que le cheval n'augmente ni ne
ralentisse son allure quelle qu'elle soit.
J'ai cru utile de faire ici les quelques explications qui précèdent, afin
de donner aux élèves une idée de l'usage des rênes et des jambes, mais
ce n'est que par la suite qu'ils apprendront toutes les diverses manières
dont ils devront s'en servir pour conduire leurs chevaux et les ma-
nœuvrer dans toutes les directions et à toutes les allures ; de trop
nombreux détails surchargeraient maintenant leur mémoire. Chaque
fois qu'ils auront à exécuter un mouvement nouveau, le Professeur
leur enseignera l'emploi qu'ils devront faire des aides (i), et ils ac-
querront ainsi toutes les connaissances et l'adresse nécessaires au fur et
à mesure que leur instruction avancera.
93. Désormais les rênes du filet devront toujours être
suffisamment tendues pour que les cavaliers ne cessent
pas de bien sentir la bouche de leurs chevaux.
Emploi de la cravache.
94. J'ai prescrit, jusqu'à présent, la tenue de la cra-
vache la mèche en bas, parce que, d'abord, cela est
moins gênant pour les commençants et qu'ensuite les
élèves, n'étant pas encore très adroits à se servir de leurs
jambes comme moyen d'impulsion, pouvaient avoir
besoin de donner de petits coups de cravache derrière la
jambe droite pour déterminer leurs chevaux à se mettre
en mouvement ou à accélérer l'allure.
(1) On appelle aides les instruments dont s'aide le cavalier pour
faire exécuter au cheval tous les mouvements ; ces instruments sont
les rênes, les jambes, les éperons et la cravache.
"78 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
93. Désormais, les cavaliers sont en état d'utiliser la
cravache comme moyen puissant d'impulsion. Ils ne
devront s'en servir ainsi que sur l'avis du Professeur et
toujours assez énergiquement pour que le cheval en
reçoive une vive impression. Exemple :
96. Le cheval est arrêté ; il s'agit de le mettre en mou-
vement, les jambes se ferment, le poussent ; le cheval,
d'une nature indolente, ne bouge pas : aussitôt la maix
DOIT EENDRE ; la cravaclic appliquée vigoureusement der-
rière la jambe du cavalier chassera le cheval en avant,
et les mains n'auront plus qu'à régler la vitesse de
l'allure.
Il en est de même pour passer du pas au trot.
97. En employant la cravache de cette manière, on
rend sensible aux jambes le cheval le plus froid ; en
effet, la pression des jambes étant immédiatement
suivie du coup de cravache, ces deux sensations res-
tent associées dans le cerveau de l'animal, et bientôt
la première suffit à renouveler la seconde qui devient
alors inutile, tandis que si l'on ne donnait que de
légers coups de cravache, l'animal s'y accoutumerait
et y deviendrait aussi insensiljle qu'à la pression des
jambes.
98. Or, pour être prêt à employer ainsi la cravache, il
faut que le cavalier s'habitue à la tenir dans la main
droite, la mèche en l'air et dirigée à gauche : il lui sera
alors facile, lorsqu'il voudra s'en servir, de passer la
COURS ÉLÉMENTAIRE. 79
rêne droite dans la main gauche et de frapper vigoureu-
sement le cheval en allongeant le bras droit de toute sa
longueur.
99. Il est très important de rendre la main toutes les
fois qu'on se sert ainsi de la cravache pour chasser le
cheval en avant. Presque tous les élèves ont tendance,
au contraire, à tirer alors sur les rênes. On dirait que,
craignant la conséquence du coup de cravache, ils cher-
chent déjà à en arrêter l'effet et à retenir le cheval. C'est
là agir sans discernement, attendu que l'on empêche
ainsi le cheval de partir franchement ; de plus, il arri-
vera infaillil)lement, si Fou a affaire à un animal un peu
ardent, que, ne pouvant se porter en avant puisque la
main le retient, il fera un bond ou lancera une ruade, et
alors .... je laisse à deviner ce qui en résultera pour un
cavalier novice. L'élève doit d'ailleurs agir avec d'autant
plus de confiance que, dans le cas où son cheval ne sup-
porterait pas la cravache, même bien employée, avec
toute la patience désirable, le Professeur aura dû lui
indiquer un autre moyen.
Marcher (à main droite).
Après avoir fait ces explications, le Professeur mettra les élève.-; en
mouvement.
100. A l'indication ; Préparez-vous à marcher, les
élèves devront préparer leurs chevaux par un effet d'en-
semble (§ 89 et suivants).
80
TRAITE D EQUITATION.
101. A rindication : Marchez, ils augmenteront pro-
gressivement la pression des jamljes en arrière des
sangles, et, en même temps, ils rendront doucement la
main, de façon à diminuer un peu la tension des rênes
ifu]. 51) ; une fois le cheval en mouvement, ils repla-
ceront les poignets et les jambes par degrés.
102. Si, au lieu d'augmenter progressivement la pres-
sion des jambes, l'élève les avait fermées tout d'un coup,
ou si les mains avaient abandonné le cheval, celui-ci
aurait pu partir trop brusquement ou trop \ ite ; si, en
même temps qu'il a fermé les jambes, il n'avait pas
rendu doucement la main, le cheval n'aurait pas eu la
liberté nécessaire pour se mettre en marche;
Si, au contraire, l'animal sent diminuer doucement la
COURS ELK.MEMAJRi;.
81
tension des rênes en même temps qu'il est poussé par
les jambes, il se portera en avant franchement et sans
précipitation.
103. Dans le cas où le elie\al ne céderait pas à la pres-
sion des jambes, le cavalier emploiera la cravache, ainsi
qu'il a été indiqué § 9o et suivants.
I>f Professeur devra s'assurer soigneusement que les élèves se con-
forment, pour mettre leurs chevaux en mouvement, aux principes que
je viens de donner, qu'ils ne penchent pas le corps en avant, et surtout
qu'ils n'abandonnent pas le cheval en rendant la main et qu'ils ne
tirent pas les ȏnes par petites secousses.
Demi-pirouette renversée.
.-"Sr , -
i^::M-^:
. --O ï> -^ 3.
Fis.
Les élèves marchant à main droite, et se trouvant tous en file sur
l'un des grands côtés, le Professeur les fera arrêter et fera exécuter une
dcmi'pirouettc renversée.
104. Ce mouvement consiste à faire tourner la croupe
du cheval autour de ses épaules qui restent à la même
place et servent, en quelque sorte, de pivot, jusqu'à ce
que la tête se trouve dans la direction opposée à celle
où elle était auparavant.
H
82
TRAITE D E(,tLlTATION.
105. Le cavalier, après avoir préparé son cheval par
im elfet d'ensemble (§ 89 et suivants), commencera par
peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits en
tournant et en inclinant un peu le haut du corps à
droite sans le pencher en avant, ni baisser la tète; puis
il portera doucement les mains à gauche en retenant
son cheval sans trop tirer les rênes ; il fermera en même
temps la jambe gauche en arrière des sangles, et se
servira de cette jambe et, au besoin, du talon pour
pousser la croupe à droite [fUj. 53). Dès c[ue les han-
ches commencent à céder à la pression de la jamlx-
gauche, le cavalier doit, en continuant d'appuyer cette
jambe pour que la croupe ne cesse pas de tourner,
replacer doucement les poignets devant la ceinture et,
vers hi fin du mouvement, les porter un peu à droite.
TOURS ÉLÉMENTAIRE. 83
106. A vrai dire, on ne peut pas déterminer telle ou
telle position pour les mains pendant la demi-pirouette.
On peut seulement dire que, les membres antérieurs du
cheval ne devant pas bouger de place, les mains du
cavalier doivent agir de manière à ne les laisser ni avan-
cer, ni reculer, ni se porter à droite ou à gauche. Si le
cheval avance, il fant le retenir en tendant doucement
les rênes; s'il recule, il faut, au contraire, les détendre
un peu; si ses épaules se déplacent à droite, il faut por-
ter les mains un peu à gauche et vice vprsà. Or, il est
clair qu'au commencement du mouvement, si le cavalier
ne tend pas un peu les rênes en portant les mains à
gauche, les épaules du cheval auront tendance à se
déplacer en avant et vers la droite lorsque la jambe
gauche se fermera en arrière. Au contraire, vers la fin du
mouvement, si les mains restaient à ganche, les épaules
finiraient par se laisser entraîner dans cette direction,
107. Lorsqu'un cheval n'obéit pas à la pression de la
jambe, on doit, au lieu de la laisser contre le flanc en
l'appuyant de plus en plus fort, la faire ag-ir par petits
coups répétés ou même employer le talon de la même
manière pour faire céder les hanches. Il est rare qu'en
se servant de ce moyen le cheval résiste en poussant ses
lianclies du côté où on le frappe. Cependant, si ce cas se
présente, le seul moyen à employer est de tendre la rêne
gauche, afin d'amener les épaules du cheval du côté où
il jette les hanches. Celles-ci céderont aussitôt en se
portant du côté opposé. C'est ce que l'on appelle opposer
les épaules aux lianches.
84 TRAITÉ d'É(?UITATIOX.
108. Le Professeur veillera soigneusement à ce que ses
élèves n'écartent pas le genou en se servant du talon
et conservent le haut du corps bien placé pendant les
pirouettes. 11 est à remarquer que les cavaliers ont
toujours tendance à pencher la tête et le corps du côté
opposé à celui où marchent les hanches du cheval, c'est-
à-dire du côté de la jambe avec laquelle ils déplacent la
croupe {fKj. ?)l). Il faut, an contraire, tourner le haut
du corps et même le pencher un peu du côté vers
lequel marche la croupe du cheval et peser davantage
sur le genou et l'étrier de ce côté, sans écarter la
jambe qui doit être près du flanc pour agir au besoin
et régler le mouvement.
109. Les élèves savent maintenant comment ils peu-
vent agir avec lune ou l'autre jambe pour déplacer les
hanches du cheval à droilo ou à gauche et, par consé-
rOURS KLKMRNTAIRE.
85
qiu'iit, pour s'opposer à leurs déplacomonts pendant la
mardi e ou r.irivt.
Arrêter.
HO. A l'indication : Préparez-vous à arrr(er,\es élèves
devront augmenter la pression des jambes en arrière
des sangles et tendre légèrement les rênes, afin de
préparer leurs chevaux sans ralentir l'allure (effet d'en-
semble, § 89 et suivants).
m. A l'indication : Arrrtrz^ ils pèseront sur l'as-
siette en redressant le haut du corps, et, sans déplacer
les jambes, ils tendront progressivement les rênes, en
r.ipproclianf les poignets du haut du corps {/Ir/. 5o)
86 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
jusqu'à ce que le cheval soit complètement immobile ;
alors ils desserreront les jambes par degrés et rendront
doucement la main.
112. Si, au lieu de tendre progressivement les rênes,
l'élève les tirait brusquement, cela offenserait la bouche
du cheval et le ferait arrêter sur les jarrets. Si, quand il
tire sur les rênes, les jaud)es ne restaient pas en arrière
des sangles, le cheval pourrait reculer ou ne pas arrêter
droit,
113. Si, au moment de l'arrêt, le cheval a tendance à
déplacer ses épaules vers la droite, le cavalier devra
porter les mains uu peu à gauche pour l'en empêcher,
et, comme les hanches ont toujours tendance à se jeter
du cAté opposé à celui où l'on amène les épaules, il
faudra les contenir en même temps avec la jambe droite.
Si, au contraire, les épaules se portent à gauche, on
emploiera les moyens inverses.
il 4. Si ce sont les hanches qui tendent à se porter à
droite au moment de l'arrêt, il faudra les contenir et les
ramener à gauche en les poussant avec la jambe droite
fermée en arrière des sangles et, au besoin, tendre
davantage la rêne droite pour opposer les épaules aux
hanches. — Mêmes principes et moyens inverses si les
hancbes se déplacent à gauche.
115. Tant que le cheval n'est pas immobile, le cavaher
ne doit pas rendre la main, mais au contraire, conserver
COURS ELEMENTAIRE.
87
iDUJours un accord parfait entre son action et colle des
jaMd)es.
Le l*iofcsscur feni tVcquemmcut arrêter et repartir et exigera que ces
mouvements soieut exécutés avec de plus eu plus de précision.
Pour se remettre en mouvement, on se conformera à ce qui a été
prescrit pour marcher, §§ iOO et suivants.
Tourner successivement à droite.
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V.
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5:-= ,./•«'
Fi". î>().
116. A l'indication : Prrparcz-vons i) tourner successi-
vement à droite, le chef de reprise préparera son cheval
par nn effet d'ensemble (§^ 89 et suivants).
117. A l'indication : Tournez- succcssioenient adroite,
il tournera franchement à droite en faisant décrire à son
cheval un quart de cercle de trois pas, traversera le
manèi^e dans sa largeur par une ligne perpendiculaire
sur les deux grands cotés, et se dirigera, sans ralentir
ni augmenter l'allure de son cheval, vers le mur du
manège qui se trouve en face de lui. Lorsqu'il sera
arrivé à deux pas de ce mur, il tournera de nouveau à
droite et reprendra la piste à main droite.
88
TRAITÉ D'ÉQLITATJUN.
Il sera suivi par tous les autres cavaliers, qui exécute-
ront successivement le même mouvement et qui passe-
ront exactement sur le terrain où le chef de reprise aura
passé.
Ce mouvement peut se faire dans la longueur ilu manège, comme
l'indique la figure ci-après.
VV
•6^
■ ■li^ 'T- •
Fii
/o.
fera sentir un peu plus fort et frappera au besoin, les
mains continuant de tendre les rênes et se portant même
un peu plus à gauche afin que le cheval ne cesse pas de
galoper.
172. Pour obtenir le départ au galop sur le pied droit,
il est nécessaire de déplacer un peu les épaules vers
la gauche, ainsi que fait le cheval en liljerté quand
de lui-même il prend le galop à droite. L'animal étant
alors dans une position un peu oblique, son épaule
droite se trouve plus en avant que l'épaule gauche, la
(I) Beaucoup de cavaliers rendent et reprennent à contre-temps.
COURS fiLÉMENTAlRK. 121
haiiclie droite plus en avant que la hanche gauche; les
membres du cheval sont donc placés, avant le départ,
de manière à entamer l'allure sur le pied droit (§ 162j,
dès ([ue l'impulsion sera donnée par le talon gauche.
173. Au moment du départ, les rênes devront être
lendues, parce que, si elles étaient tlottantes, le cheval
aurait la liberté de prendre le trot, tandis que s'il est
retenu et placé par la main du cavalier en même temps
qu'il est poussé par les jambes, il s'enlèvera immédiate-
ment au galop dès que le talon gauche donnera l'impul-
sion. S'il arrive qu'un cheval ne parte pas ou parte à
taux, c'est presque toujours parce que le cavalier, après
avoir porté les mains à gauche pendant la préparation,
les déplace involontairement ou détend les rênes au
moment où il tlonne le coup de talon.
17 1. Je prescris d'employer le talon gauche pour faire
partir le cheval sur le pied droit : On me dira peut-être :
Pourquoi ne pas employer les deux talons comme Tin-
diquent plusieurs écuyers? La position étant donnée et le
cheval ne pouvant, dites-vous, partir sur le pied gauchcj
pourquoi ne pas donner l'impulsion avec les deux jambes
également? La raison, la voici : Si l'on emploie les deux
jambes, il est certain que le cheval partira juste une fois
la position donnée ; mais alors il faudra toujours donner
au cheval cette position oblique, c'est-à-dire le traverser,
pour obtenir un départ au galop, et ce n'est pas là la
perfection. 11 faut que plus tard le cavalier puisse faire
partir son cheval au galop en le maintenant aussi droit
122 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
que possible d'épaules et de hanches. Pour obtenir ce
résultat, il me parait très rationnel d'habituer le cheval
à partir sur le pied droit quand il reçoit l'impulsion du
talon gauche, et sur le pied çauche quand il reçoit l'im-
pulsion du talon droit. Pour cela, on le met d'abord, en
le traversant un peu, ainsi que nous avons dit plus haut,
dans l'impossibilité de partir à faux, et plus tard nous
verrons comment le cavalier pourra modifier cette posi-
tion préparatoire lorsqu'il aura acquis assez de tact et de
justesse dans l'emploi des aides pour manier convenable-
ment un cheval finement dressé.
175. Je reviens ici sur une recommandation que j'ai
déjà faite : Le cavalier, pendant le galop, doit rester
souple, naturel, laisser tomber ses coudes le long du
corps et ne pas les porter en arrière ni les écarter. Enfin,
il doit se lier aux mouvements du cheval, mais plutôt s'y
laisser aller avec abandon que chercher à les suivre en
faisant lui-même des mouvements de corps qui seraient
fort disgracieux.
j7G. Il ne devra pas relâcher les jambes, mais bien
au contraire les tenir constamment fermées, la jandjc
gauche plus en arrière que la droite, afin d'entretenir
l'allure, et continuer de peser davantage sur le genou et
l'étrier droits.
177. Le départ au galop est ime des premières diffi-
cultés un peu sérieuses que l'élève rencontre. C'est au
Professeur à observer, lorsqu'un cheval hésite à partir,
COURS ÉI.K.MKXTAIRE. 123
en quoi poche le cavalier et à lui donner les conseils
nécessaires. Je ne puis entrei* ici dans tant de détails. Je
me contenterai de signaler un fait que j'ai maintes fois
observé : Si, lorsque le cavalier veut mettre son cheval
au galop, celui-ci part au trot sans se traverser (\), il est
clair que le cavalier n'a pas porté suffisamment les mains
à gauche en tendant les rênes et ne s'est pas servi assez
énergiquement du talon gauche. Mais il arrive souvent
aussi que le cavalier porte les mains trop à gauche et
qu'il tire trop les rênes ; alors le cheval s'arrête ou marche
avec la croupe en dedans du manège, et quelquefois le
cavalier, croyant que, s'il n'a pas pu faire partir son che-
val en employant les moyens qu'on lui a indiqués, c'est
parce qu'il ne les a pas employés avec assez de force,
porte les mains encore plus à gauche et frappe plus fort
avec le talon gauche, ce qui ne fait que gêner davantage
l'animal qui, quelquefois, fait un demi-tour à gauche.
Je le répète, le Professeur seul peut apprécier d'où vient
le mal et indiquer h^ remède, et cjuelquefois le conseil
qu'il devra donner à l'un de ses élèves sera tout différent
de celui qu'il donnera à un autre.
178. Presque toujours les cavaliers se pressent beau-
coup trop et agissent trop brusquement pour partir au
galop. Rien, au contraire, ne demande plus de calme et
de finesse. Toute la difficulté consiste à ne faire partir le
(1) On dit qu'un cheval est traversé quand ses liancfies se portent à
droite ou à gauche de la ligne des épaules.
124
TRAITÉ D'ÉQUITATION.
cheval que quand il est préparé et dès qu'il e,st préparé.
Il faut donc agir sans se presser, lui donner d'abord
cette position oblique dont j'ai parlé (§ 172), et, dès
qu'il commence à la prendre, on déterminera le départ
au galop par un coup de talon.
Après quelques} tours de manège, le Professeur feni reprendre le pas.
179. Pour se mettre au pas, les élèves devront redres-
ser le haut du corps en pesant fortement sur l'assiette,
fermer également les jambes en arrière des sangles,
tendre en même temps les rênes en rapprochant les poi-
gnets du haut du corps (/?»/. 76). Le cheval ayant cessé
Fie. :•"..
de galoper, ils rendront doucement la main, de manière
à ne pas l'arrêter et ne pas non plus lui laisser prendre
le trot.
COURS ÉLÉMENTAIRE. 125
Le Professeur fera exécuter un changement de main diagonal au pas,
et, après quelques tours de manège à celte allure, il fera galoper à
main gauche. Les élèves se conformeront à ce qui a été prescrit pour
partir au galop à droite, mais en employant les moyens inverses.
Galop en cercle.
180. Les élèves galopant n main droite, le Professent'
fera l'inclication : En cercle à droilc nu moment où le
chef de reprise anra dépassé de quelques pas le deuxième
coin. Le chef de reprise décrira alors en dedans du
manège un cercle à droite cjui devra être inscrit entre les
deux grands côtés. Il continuera de galoper sur cette
ligne circulaire jusqu'à l'indication : Marchez large. Il
sera sidvi dans son mouvement par tous les autres cava-
liers, qui passeront successivement sur le même terrain
que lui.
181. A l'indication : Marchez large, le chef de reprise
(juittera la ligne circulaire, se dirigera vers la piste par
le plus court chemin et la reprendra à main droite sans
interrompre l'alhire. Tous les autres cavaliers exécute-
ront successivement le même mouvement.
182. Pour décrire un cercle à droite étant au galop,
les élèves se conformeront à ce qui a été indiqué (§ 140)
pour exécuter le môme mouvement au trot, en ohservant
de soutenir un peu plus de la rêne du dehors, d'agir plus
énergiquement avec hi jambe du même côté, qui doit
non seulement aider le cheval k tourner et contenir ses
126 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
hanches sur la ligne circulaire, mais encore entretenir
son allure et l'empêcher de prendre le trot. L'animal
aura, en outre, d'autant moins de tendance à cesser de
galoper que le cavalier suivra mieux le mouvement de
Tnllure en se liant moelleusement à son cheval.
183. Pendant tout le temps que le cheval galope en
cercle à droite, le cavalier doit avoir l'épaule gauche un
peu plus avancée que la droite, de
façon à tourner le haut du corps et
même à l'incliner un peu vers le
centre du cercle [fig. 77) sans toute-
fois le pencher en avant ; il pèsera
t" ■■ '"
•^i-- "• droits
davantage sur le genou et l'étrier
184. Pour reprendre la piste, la main tracera la
lig'ue à suivre et les jambes entretiendront toujours le
galop.
185. Pour galoper en cercle à gauche, mêmes prin-
cipes et moyens inverses.
Doublé individuel au galop.
186. Le doublé individuel à droite s'exécutera au
galop comme au trot, toujours avec cette observation
que les mains et les jambes doivent agir comme il vient
d'être dit, de manière h contenir les hanches, à enqiê-
COURS ÉLÉMENTAIRE. 127
cher le changement d'allure et à diriger le cheval sur la
ligne qu'il doit suivre.
187. Le doublé à gauche s'exécutera d'après les
mêmes principes et par les moyens inverses.
Le Professeur termiuerii la leçou au pas; il fera reculer et reporter
les chevaux en avant, et fera mettre pied à terre comme dans la leçon
précédente.
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 5^' LEÇON
i . Le chevid galope de deux manières différentes.
2. Quand le pied antérieur droit se pose eu avant du pied antérieur
gauche, et le pied postérieur droit eu avant du pied postérieur gauche,
on dit qu'il galope sur le pied droit.
3. Quand le pied antérieur gauche dépasse le pied antérieur di-oil,
et que le pied postérieur gauche dépasse le postérieur droit, il galope
sur le pied gauche.
4. Un cheval ne doit jamais être désuni au galop, c'est-à-dire galoper
à droite des membres antérieurs et à. gauche des membres postérieurs.
5. Pour tourner à droite au galop, il est nécessaire que le cheval
galope sur le pied droit et vice versa.
G. Le cheval en liberté déplace ses épaules k gauche pour prendre le
galop à droite et vice versa.
7. Pour faire partir un cheval au galop ii droite, le cavalier doit
porter les poignets à gauche, stimuler son cheval avec les deux jambes
puis déterminer le départ par un coup de talon gauche en pemnt dn-
vantafje sur le genou, et l'cHrier droits.
8. Pendant le galop, les mains doivent reudre chaque fois que le>
membres antérieurs s'enlèvent, reprendre chaque fois qu'ils reprennent
terre et continuer ainsi de rendre et reprendre eu mesure ; les jambes
continuent d'agir pour entretenir l'allure, la jamJjc gauche plus fort
pendant le galop à droite, la jambe droite pendant le galop à gauche,
le cavalier pesant davantage sur le genou et fctricr droits pendant tout Ic
temps que le cheval galope à droite, et vice versa.
!). Dans le galop en cercle, les mains doivent soutenir et diriger, les
jambes doivent entretenir l'allure, la jambe du dehors agissant avec
plus de force pour contenir les hanches; le haut du corps doit se tourner
et s'incliner un peu vers le centre du cercle.
TABLE DES MATIERES
Pages.
A VAXT- Propos vit
COURS ELEMENTAIRE.
Assiette et position du cavalier. — Travail en filet.
P° LEÇON 3
Sauter à cheval 4
Sauter à terre 7
Ajuster les étriers avant de monter à cheval 9
Monter à cheval 10
Allonger, raccourcir les rènos du filet, les ajuster 14
Croiser les rênes dans la main gauche 1G
Prendre les rênes dans les deux mains ]1
Croiser les rênes dans la main droite , . . . 17
Longueur des étriers 18
Rectifier la longueur des étriers 20
Position du cavalier à cheval 21
Emploi des rênes et des jambes pour cette première leçon 25
Mettre les chevaux en mouvement 27
Distance à observer entre les cavaliers 20
Observations 30
Marcher à main droite; marcher à main gauche 36
Arrêter et repartir 37
Changement de main dans la largeur du manège 41
Passer du pas au trot el du trot au pas , 43
Quitter et reprendre les étriers 47
17
1'-»'> TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Assouplissement du cavalier avec étriers 49
Mettre pied à terre 49
Ih'siimé fh's RÈfiLES contenues dans In l^"^ leçon 52
2« LECox 53
Relever et croiser les étriers sur rencohiro 55
Trotter sans étriers 56
Abattre et chausser les étriers 57
Quitter et reprendre les étriers au trot 57
Passer du trot au galop et du galop au pas 58
Résinné îles riiVîl.KS contenues dans la S*" leçon fiT
3" LEOox on
Prendre les rênes de bride et les placer dans la main gauche. . . 69
Impulsion, direction 72
Effet d'ensemble 75
lùiiploi de la cravache 77
^Marcher (à main droite) 79
Demi-pirouette renversée 81
Arrêter 85
Tourner successivement à droite 87
Marcher en cercle à droite 90
Changement de main diagonal 02
Demi-voile successive 94
Répéter le» mêmes mouvements au trot 93
Passage des coins 96
Jicsmné des RÈGLES eontenncs dans hi 3*' leçon 100
4* EEr.oN 10:i
Doublé individuel 10.'{
Volte individuelle lOi
Demi-volte individuelle 105
TABLE DE!^ MATIÈRES. 1P>I
Cliaiigemeut de main individuel dans la largeur du manège. . . 106
Reculer et reporter les chevaux en avant 107
Bcsitmi- des rkoles enntciiues dans la 4* leçon 113
0° LECO.N IIS
Aperçu des principes du galop 11o
Passer du pas au galop et du galop au pas 117
(lalop on cercle 12
IJoulilé individuel au galop 120
j
Jirsiiiin' drs RiViLF.S ronli'niies dans la o^ Irran 12S
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1888
Tous droits réservés
I
II
COURS SUPÉRIEUR
TRAVAIL EN BRIDE
On aura soin de ne pas choisir, pour ce Cours, des
cJievaux finement mis. Ils seraient gâtés par des cava-
liers se servant du mors sans pourvoir obtenir la mise
en main, et les cavaliers eux-mêmes se trouveraient
embarrassés, parce que les mouvements inhabiles de
leurs mMins pourymient provoquer des désordres.
Chaque leçon commencera par un te7nps de trot
allongé et de galop sans é trier s, les cavaliers conduisant
leurs chevaux avec les rênes du filet croisées tantôt
dans la 7nain droite, tantôt dans la main gauche. Le
professeur fera exécuter au grand ty^ot et au galop les
mouvements du cours élémentaire, en faisant ralentir
V allure pour les voltes et demi-voltes.
Les Cavaliers devront maintenant avoir exactement
la même position de corps et de ja^nbes sans étriers
qu'avec les étriers, sauf que, sans élyners, la pointe
des pieds tombera plus bas que le talon.
re
LEÇON
Tenue des quatre rênes. — Emploi raisonné
du mors de bride et du mors de filet
pour la conduite du cheval. — Mouvements de deux pistes
Avant de faire monter les élèves à cheval, le professeur leur don-
nera quelques indications sur la manière de choisir ime selle, de la
placer sur le dos du cheval; il leur montrera comment les mors et la
Fi?. 78.
gourmette doivent être placés [fifi, 78) et leur donnera quelques expli-
cations sur l'usage du filet et de la bride.
La selle.
188. Un bon cavalier peut monter tant bien que mal
sur n'importe quelle selle ; mais pour qu'il monte avec
TRAITE D EQUITATION.
justesse, il faut que la selle soit faite selon la conformation
du cheval et que les lîourrelets aient une bonne direction
{fiij. 79). Une selle trop étroite ou trop large du garrot
Fi?. 80.
blessera le cheval; en outre, si elle est trop étroite, ou si
elle est trop remlîourrée devant et pas assez derrière, le
siège en sera incliné d'avant en arrière, l'assiette du cava-
lier glissera et ses genoux quitteront les bourrelets
Fig. 81.
Fig. 82.
{ficj. 80); il sera obligé de faire à chaque instant, pour
reprendre sa place, des mouvements qn'un cheval sus-
COURS SUPERIEUR. 5
ceptible no supporte pas sans que son allure en soit
dérangée; si les bourrelets de la selle sont trop obliques,
les genoux ne peuvent s'y appuyer, la position des cuisses
restant régulière (//y. 81), et perdent leur fixité ou, s'ils
s'y appuient, il faut raccourcir les étriers et alors les
genoux sont forcément remontés (^(/. 82), le cavalier
n'enveloppe plus son cheval et perd beaucoup de sa soli-
dité et de ses moyens d'action.
Le mors de filet et le mors de bride.
189. Le mors du fdet (/if/. 83) agit directement,
comme nous avons vu, pour attirer la tête à droite ou à
Fig. 83.
gauche (§ 119) et faire tourner le cheval; il exerce aussi
une action directe de bas en haut pour relever la tête
et l'encolure.
190. Le mors de bride (/? dit-il, à l'appui delà rèae sur l'encolure qu'ils ont accordé la faculté
(( de faire tourner le cheval. Leur théorie était que le cheval tournait
t( à droite par l'appui de la rêne gauche sur l'encolure, quoique la
COURS SUPÉRIEUR. 19
208. Pour tournera droite, les cavaliers porteront les
deux mains un peu à droite en faisant un mouvement du
poignet g-auche, de manière à tendre d'abord douce-
ment la rêne droite de bride et à appuyer l'autre rêne
sur l'encolure , les jambes agissant comme il a été dit
« barre gauche fût plus impressioauée que la droite. Pour admettre un
« pareil système, il faudrait donc supposer que la bouche est dépourvue
« de toute sensibilité et qu'un mors qui agit sur les barres a moins de
a valeur qu'une rêne qui effleure l'encolure. »
Pour ma part, j'étais convaincu depuis longtemps que l'opinion
critiquée par le comte d'Aure était juste, que l'action du mors produite
par la tension de la rêne gauche ne pouvait avoir pour effet de déter-
miner le tourner à droite et que la sensation dominante, déterminante,
était la pression de la rêne sur l'encolure. Mais comment démontrer
cela d'une manière irréfutable ? Pendant que j'y songeais, l'idée me
vint de construire un petit appareil permettant de vérifier de quelle
manière agissent les rênes et le mors pendant le tourner. Voici celui
que j'imaginai et que tout le monde pourra fabriquer comme moi, sans
frais, en une demi-heure :
Je pris une règle carrée, que je sciai en trois morceaux : l'un, A B,
de O^OO de longueur, devant représenter la tète du cheval, l'autre,
CD, de 0™09, devant représenter la partie fixe de l'encolure, la troi-
sième, D E, devant représenter le corps. .J'assemblai, au moyen de deux
petites pointes, les deux parties C D, D E, de manière qu'elles for-
massent un angle obtus d'environ 60 degrés; je fis, avec une scie, une
rainure, profonde d'un centimètre, à l'extrémité E de la partie D E, où
je fis entrer le bout d'une baleine plate, que je fixai avec de la cire à
cacheter; je fis de même une rainure à l'extrémité C de la partie C D,
et une autre au point H, dans la partie A B, et je reliai le point H au
point C par une baleine plate, longue de 0™06, que je fixai de même
dans les rainures, avec de la cire à cacheter, et qui devait figurer la
partie mobile de l'encolure.
Je tordis un morceau de fil de fer en forme de mors de bride 0 P,
O'P'; je nouai une ficelle au-dessus de la rainure H, et en attachai les
deux extrémités aux parties supérieures 0 0' des branches du mors que
je reliai en dessous par une autre ficelle représentant la gourmette;
j'attachai les deux extrémités d'une autre ficelle longue de 0™3G, aux
20
TRAITÉ d'ÉÔUITATION.
précédemment (§ 121 et siiiv.), c'est-à-dire la jambe
gauche plus en arrière et plus fort que la droite. —
Lorsqu'on parle de tourner à droite avec la jambe droite,
ce ne peut être que pour tourner sur place (pirouette
renversée), mais lorsqu'on veut tourner e?i avançant ,
parties inférieures P P' des branches du mors, pour représenter les
rênes; enfin je fis une coche R,à l'endroit ou devait reposer le mors.
J'eus ainsi le petit appareil représenté par la figure ci-dessous :
o'^
m
0
l)p
Fig. 99.
Je fis alors tenir par une autre personne la baleine près du point E,
et prenant moi-même les rênes, je constatai d'abord qu'il suffit de les
tendre pour faire fléchir k volonté le sommet de l'encolure H C, de
manière à donner à la tête A B une position plus ou moins verticale,
ce qui montre que la mise en main peut s'obtenir d'une façon très
simple par la tension des rênes de bride.
En portant la main à droite, de manière à faire agir la rêne gauche
seule par pression sur l'encolure, je vis :
1° que le mors, bien qu'appuyant plus fortement du côté gauche, ne
se soulève pas sensiblement du cùlé droit, maintenu qu'il est par la
gourmette ;
2° que tout l'apareil se plie à droite au point E, figurant le mouvement
du cheval qui tourne à droite, mais avec le bout du nez A à gauche;
COURS SUPÉRIEUR. 21
la jambe droite ne doit agir que pour empêcher le
cheval de tourner trop court en pivotant sur les hanches
ou de se jeter à droite par des pas de côté.
209. Le cheval doit toujours avoir le nez légèrement
tourné du côté de la nouvelle direction, de manière que
le cavalier, sans bouger le corps, voie le coin de l'œil
de son cheval de ce côté.
30 que non seulement l'appareil se plie à droite, 7nais qu'il se penche
sensiblement vers le sol de ce calé.
Si, au lieu d'appuyer seulement la rêne gauche sur l'encolure, on
commence par faire agir la rêne droite par traction, le bout du nez A
se tourne à droite, puis la pression de la rêne gauche fait plier tout
l'appareil à droite, scuis que celui-ci se penche vers le sol.
Cette expérience concluante, que chacun peut faire comme moi,
montre que c'est bien la pression de la rêne sur l'encolure et non
l'action du mors sur les barres qui fait tourner le cheval lorsqu'on agit
par la rêne contraire seule; elle montre aussi qu'en principe on ne doit
pas tourner au moyen de la rêne contraire seule, comme le prescrit à
tort Baucher, dans sa MHhode d'équitation basée sur de nouveaux
principes (p. 183 et suiv.), attendu qu'on amène ainsi la tête dans une
fausse position, et qu'on surcharge considérablement le membre anté-
rieur du côté où l'on tonrne, ce qui est une cause d'usure pour ce
membre et peut même déterminer une chute, tandis que si l'on se
sert des deux rênes, le cheval peut exécuter le mouvement facilement
et sans fatigue.
Il faut donc, lorsqu'on conduit le cheval avec une seule main, comme
font les cavaliers militaires, savoir, par un mouvement de lotation du
poignet, faire agir la rêne directe avant la rêne opposée, dans les change-
ments de direction.
Les remarques faites plus haut, montrent en outre :
4° que la pression d'une rêne sur l'encolure, en portant le poids sur
le membre antérieur du côté opposé, peut avoir plus d'effet que la rêne
directe pour empêcher les déplacements de l'avant-main ;
2° que la rêne qui agit par pression, ayant une action diagonale
d'avant en arrière, est d'une grande utilité lorsqu'il s'agit de placer le
cheval pour les pas de côté et le départ au galop.
22
TRAITE D EQUITATION.
210. Si le cheval résiste, il peut être utile de faire
intervenir le filet; alors la main droite se tourne de
manière à tendre davantage l'une ou l'autre rêne [fig. iûO
et 101}. Au besoin, on séparerait les rênes du filet.
Fig. 100.
Fig. 101.
211. Que l'on se serve ou non du fdet, il faut toujours
que la main droite accompagne le mouvement de la
main gauche, en se portant du même côté ; il serait
très disgracieux de voir les mains s'écarter l'une de
l'autre.
212. Il peut être quelquefois nécessaire, en tournant,
de raccourcir ou d'allonger une rêne de bride ou une
rêne de filet ; il faut alors rajuster les rênes après
avoir tourné.
213. Les élèves pourront aussi, avant de tourner, — et
plus tard pour les mouvements de deux pistes et le départ
COURS SUPERIEUR.
23
au galop — mettre doux doigts de la main droite sur la
rêne droite de bride {fuj. 102), qu'ils allongeront un peu :
de cette façon, les mains agiront plus efficacement sur
chaque rêne et, en décomposant le mouvement en deux
temps (1, tension de la rêne directe; 2, pression de la
F'K'J
Fig. 102.
rêne opposée), ils réussiront presque toujours à faire
tourner franchement un cheval qui résisterait à Temploi
isolé de Tune ou de l'autre rêne.
214. Le Professeur veillera à ce que l'attention que
les cavaliers apportent au maniement des rênes, ne leur
fasse pas porter le corps en avant ni baisser la tête ; il
s'approchera fréquemment de chaque élève pour sur-
veiller la manière dont il se sert des rênes et lui don^
nera les conseils nécessaires en exécutant lui-même ce
qu'il dit.
Arrêts et demi-arrêtSi
Le Professeur fera faire de fréquents arrêts et demi-arrêts.
213; Pour arrêter, il suffit^ les rênes étant bien ajus-
24
TRAITE DEQUITATION.
tées, de les tendre également en rapprochant le poignet
du haut du corps [fuj. 103), de manière à tourner un
F»K^
Fis. 103.
peu les ongles en dessus : pour rendre la main, replacer
doucement le poignet. Les chevaux doivent arrêter avec
la tète directe et suffisamment haute.
216. Les cavaliers doivent peser sur Fassiette et rester
bien droits en selle au moment de l'arrêt; le Professeur
veillera maintenant à ce que le haut du corps ne reste
pas en arrière au moment du départ.
217. Le demi-arrêt consiste, après avoir tendu les
rênes, comme pour arrêter le cheval, à lui rendre la
main, sans desserrer les jambes, avant qu'il s'arrête.
COURS SUPÉRIEUR. 23
Il est Ijon de faire im denii-arrôt avant les change-
ments de direction et les mouvements de deux pistes
dont nons allons bientôt nous occuper.
Mouvements individuels.
Les cavaliers seront exercés ù : partir successivement au trot le luiuj du
mur pour venir se placer à la queue de la reprise, passer successivement
de la tête à la queue de la reprise par une demi-volte, passer successi-
vement de la queue à la tète de la reprise par un doublé, passer succes-
sivement de la tête à la queue de la reprise après deux changements de
main, des voltes, demi-voltes, etc.
218. Pendant ces exercices, le cheval qui les exécute
étant naturellement porté à rester avec les autres che-
vaux, fait souvent quelque résistance pour les quitter
ou a tendance à les rejoindre par le plus court chemin.
Pour pouvoir le diriger, le cavalier doit bien sentir sa
bouche et le pousser sur la main en lui tenant la tête
bien droite et en réglant bien son allure : il aura soin,
surtout en tournant, de le stimuler avec les jambes, et
de faire agir sur l'encolure. la rêne contraire avec assez
de force pour déplacer les épaules; en cas de résistance
prolongée, il séparerait vivement ses rênes de fdet, tire-
rait alternativement la rêne droite et la rêne gauche
pour déplacer la tête de gauche à droite, de droite à
gauche et ainsi de suite, comme s'il voulait faire marcher
le cheval en zig-zag : l'action des rênes n'étant pas suffi-
sante pour déterminer des changements de direction,
iii même pour déplacer l'encolure, occupera les sens de
l'animal et, dès que le cavalier portera franchement
les mains à droite ou à gauche , il marchera dans
4
26
x'p
TRAITE D'EQUITATION.
la nouvelle direction ; mais c'est surtout les jambes qui
doivent agir constamment pour entretenir l'impulsion,
ce qui obligera le cheval à céder à l'action des rênes.
Ces mouvements sont, comme on voit, excellents pour
apprendre aux cavaliers à se servir adroitement des aides.
Étant de pied ferme, partir au trot.
219. Ce mouvement se fera d'abord après un demi-
arrêt, pendant la marche au pas. Le cavalier augmentera
la pression des jambes et résistera un instant de la main,
puis, le cheval étant léger et prêt à se mobiliser, la
pression des jambes augmentera encore et la main rendra
imperceptiblement pour permettre aif cheval de prendre
franchement le trot.
220. Ensuite, le cheval étant complètement arrêté, le
r'j{i .■"'^'S-
Fig, lOi.
COURS SUPÉRIEUR. 27
cavalier, en le préparant par un effet d'ensemble, fera
agir les jambes avec assez de force, tout en résistant de
la main jusqu'à ce qu'il sente que le cheval est prêt
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Fig. iOO.
Les cavaliers marchant au pas à main droite et le chef de reprise
étant près d'arriver à l'extrémité de l'un des grands côtés, le Professeur
leur fera exécuter une demi-pirouette renversée.
225. A l'indication : Préparez-vous jiour la demi-
pirotiette re?iversée , ils prépareront leurs chevaux par un
effet d'ensemble.
226. A l'indication : Defm-piro nette , chaque cavalier
arrêtera son cheval, portera doucement les mains à
gauche en continuant de le retenir sans trop tirer les
rênes, tournera un peu le corps à droite en pesant sur
le genou et sur l'étrier droits, fera en même temps sentir
le talon gauche et en donnera au besoin de petits coups
répétés pour faire fuir les hanches, la jambe droite
restant près des sangles pour modérer au besoin la vitesse
du mouvement {fig. 107). Dès que les hanches com-
menceront à céder, l'élève, tout en continuant de faire
agir le talon pour que la croupe ne cesse pas de tourner,
replacera doucement les poignets devant la ceinture et,
30
TRAITE D EQUITATION.
vers la fin du mouvement, les portera un peu à droite
(§ 106). La demi-pirouette terminée, il rendra un peu la
fR'J
Fig. i07.
main en fermant les jambes également et tous les chevaux
devront se remettre ensemble en marche et suivre la
piste à main gauche.
227. Les membres antérieurs du cheval ne devant
presque pas bouger pendant le mouvement, les mains du
cavalier agiront de manière à ne les laisser ni avancer ni
reculer, ni se porter à droite ou à gauche. Si le cheval
avance, il faut le retenir en tirant doucement les rênes:
s'il recule, il faut, au contraire, les détendre un peu; si
ses épaules se déplacent à droite, il faut porter les mains
à gauche et vice versa, et, autant que possible, prévenir
ces déplacements et les empêcher de se produire.
COURS SUPÉRIEUR. 31
Plus le cavalier devient habile, plus ces mouvements
de mains deviennent imperceptibles.
228. Si le cheval ne cédait pas à la pression du talon
gauche, le cavalier appuierait d'avantage la rêne droite
sur l'encolure, ou même tendrait un peu la rêne gauche :
les hanches céderaient aussitôt (§ 107); mais il faut avoir
soin de maintenir l'encolure aussi directe que possible et
pas trop élevée, afin de ne pas surcharger l'arrière-main.
229. Pour que le mouvement soit bien exécuté, il faut
arriver à ce que le pied antérieur gauche ne s'écarte pas
de sa place.
230. La demi-pirouette à gauche s'exécute par les
moyens inverses : c'est alors le membre antérieur droit
qui sert de pivot.
Demi-hanche, la tête au mur
sur le grand côté.
?"*'' <»'' *■'»■' »*-' «»*-' t-y K-
Fig. 108.
231. Ce mouvement consiste à faire marcher le cheval
de côté , la tète tournée vers le mur, la croupe en
32
->'t^
TRAITE D'EQUITATION.
dedans du manège. Pour qu'il puisse marcher ainsi,
il faut qu'il soit placé obliquement par rapport au mur
et que les épaules précèdent les hanches dans la direction
suivie, afin que, marchant à main droite, les membres
gauches puissent facilement passer devant les membres
droits {fifj. 109) et vice venà\ si le cheval était placé
riw^-js^xr-—
Fig. 109.
perpendiculairement au mur, les memijres gauches ren-
contreraient les membres droits ; il y aurait des à-coups
et peut-être des résistances.
232. A l'indication : Préparez -vous pour là demi-
hanche la tête au mur^ les cavaliers marchant au pas , à
main droite, prépareront successivement leurs chevaux
avant d'arriver au commenéement du grand côté.
COURS SUPÉRIEUR. 33
233. A rindication : Demi-hanche, le chef de reprise,
après avoir passé le coin, augmentera doucement la ten-
sion des rênes pour arrêter les épaules, portera les mains
un peu à gauche sans détendre la rêne gauche, pèsera
davantage sur le genou et sur l'étrier droits, tournera un
peu le corps à droite, regardant à droite de l'encolure
du cheval et fera agir la jambe gauche pour déplacer la
croupe vers la droite. Aussitôt cette position donnée, il
portera les mains un peu à droite pour déterminer les
épaules dans cette direction, la jambe gauche continuant
d^agir par pression ou par petits coups répétés pour que
l'arrière-main marche avec la même vitesse que Tavant-
main et que le cheval conserve, par conséquent, toujours
exactement la même position qu'il avait par rapport au mur
en commençant le mouvement, la jambe droite restant
près pour modérer au besoin la marche de l'arrière-main.
234, Si les hanches cèdent trop vite, ou si l'avant-
main marche trop lentement, il faut diminuer la pression
de la jambe gauche, au besoin faire agir la jambe droite
et porter les mains un peu plus à droite ; si, au contraire,
les hanches ne cèdent pas assez, il faut ralentir, au
moyen des rênes, le mouvement de l'avant-main et
augmenter l'action de la jambe gauche ; dans tous les
cas, l'élève s'appliquera à agir avec assez de tact pour
prévenir tout désordre.
23o. Il est important de pousser le cheval sur la main s'il
ne s'y porte de lui-même, et de ne pas agir trop fort avec
les rênes afin de ne jamais le laisser s'arrêter ni reculer.
5
o
4 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
236. Pendant tout le temps que dure le mouvement,
le cavalier doit peser davantage sur le genou et sur l'é-
trier droits, conserver le corps vertical, un peu tourné à
droite et plutôt penché à droite qu'à gauche.
237. L'encolure du cheval doit rester bien droite et
assez haute.
238. Tous les cavaHers commenceront successivement
le même mouvement en arrivant à l'endroit où le chef
de reprise a commencé le sien; ils redresseront de
même successivement leurs chevaux au moyen de la
jambe droite quelques pas avant d'arriver au second
coin.
Changement de main diagonal de deux pistes.
«;....... .5, c
Fig. 110.
239. Dans ce mouvement, le cheval marche exacte-
ment comme dans la demi-hanche^ la tête au inur, en
suivant un mur imaginaire qui traverserait le manège
diagonalement ; les élèves devront donc employer les
moyens qui viennent d'être indiqués, en observant seule-
ment qu'au moment où le cheval quitte le mur pour
COURS SUPERIEUR.
35
exécuter le changement de main diagonal, il se trouve
déjà placé, par rapport à la ligne qu'ildoit suivre, comme
il devra être pendant toute la durée du changement
de main; par conséquent, il faudra, après l'avoir préparé
par un effet d'ensemble, porter immédiatement les mains
à droite en faisant agir la jambe gauche et, pendant tout
le temps qu'il traversera le manège, le maintenir paral-
lèle aux deux grands murs. Ce qui rend ce mouvement
un peu plus difficile à exécuter que le précédent, c'est
que, le mur n'étant pas là pour empêcher le cheval
d'avancer, la main a plus à faire pour le contenir et le
diriger.
240. Le mouvement terminé, faire agirles deux jambes
également et rendre un peu la main pour laisser le cheval
marcher droit sur la piste.
Demi-hanche, la croupe au mur
sur le grand côté.
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Fig. m.
241. Ce mouvement consiste à faire marcher le cheval
de côté, la tête tournée vers le dedans du manège et la
croupe restant près du mur.
36 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
242. Pour exécuter la demi-hanche^ la croupe aiimur,
les cavaliers marchant au pas à main droite, prépare-
ront successivement leurs chevaux avant d'arriver au
commencement du grand côté ; après avoir passé le coin ,
le chef de reprise portera les mains un peu à droite,
de façon à déplacer les épaules sans détendre la rêne
droite, les jambes agissant pour pousser le cheval sur la
main, la jambe gauche un peu plus fort pour contenir les
hanches ; il pèsera alors davantage sur le genou et sur
l'étrier gauches, tournera un peu le haut du corps à
gauche et regardera à gauche de l'encolure de son che-
val ; la jambe droite commencera à agir pour faire fuir
la croupe à gauche, la jambe gauche restant près pour
régler le mouvement; les mains, un peu portées à gauche,
détermineront les épaules dans cette direction, les rênes
suffisamment tendues pour que le cheval ne puisse avan-
cer droit devant lui.
243. L'encolure du cheval doit rester haute et aussi
droite que possible ; les mains et les jambes agiront comme
il a été dit précédemment pour prévenir tout désordre et
obliger l'animal à continuer bien régulièrement le mou-
vement sans que la croupe s'éloigne du mur, et en con-
servant toujours exactement la position oblique qu'il avait
en commençant.
244. Tous les cavaliers exécuteront successivement le
même mouvement en arrivant à l'endroit où le chef de
reprise aura commencé le sien; ils redresseront de même
successivement leurs chevaux en portant les mains un
COURS SUPÉRIEUR. 37
peu à gauche quelques pas avant d'arriver au second
coin.
Partir du pas au galop.
24o. Pour partir du pas au galop {fig. 112), les cava-
liers devront maintenant traverser leurs chevaux le moins
possible. Etant à main droite, ils augmenteront la pres-
sion des jambes et la tension des rênes, porteront les
Fig. H2.
mains un peu à gauche, la rêne droite de bride appuyant
sur l'encolure de manière à porter le poids de l'avant-
main sur le nombre antérieur gauche en maintenant l'en-
colure aussi droite que possible ; la rêne droite du filet
sera légèrement tendue ; la position étant ainsi donnée et
le cheval étant léger à la main, ils détermineront le départ
par un coup du talon gauche en ayant soin de peser
davantage sur le genou et sur l'étrier droits.
38 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
246. Dès que le cheval s'enlèvera, la main devra
rendre puis reprendre, comme il a été dit § 171, la rêne
droite de filet surtout ; les jambes seront constamment
fermées, la jambe gauche plus en arrière que la droite,
le talon gauche se faisant sentir de temps en temps, au
besoin, pour entretenir Fallure, le cavalier continuant de
peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits. Le
haut du corps, bien droit et plutôt redressé en arrière,
se laissera aller au mouvement du cheval et se tournera
un peu à droite en passant dans les coins ; la tête sera
levée et ne devra pas se balancer ; les coudes resteront
immobiles près du corps.
Tourner à droite au galop.
247. Pour tourner à droite au galop, le poignet gauche
se tournera de manière à tendre d'abord un peu la rêne
droite, et à appuyer la rêne gauche sur Tencolure ; les
jambes augmenteront leur pression, la jambe gauche
surtout , afin d'entretenir l'allure et de contenir les
hanches ; le talon gauche se fera sentir au besoin et la
rêne droite de filet agira un peu plus fort, le cavalier
pesant davantage sur le genou et sur l'étrier droits.
Le Professeur fera galoper en cercle à droite, doubler individuellement
à droite, faire des voltcs individuelles au galop, et surveillera avec soin
la position des cavaliers et l'emploi qu'ils fout des rênes et des jambes.
Les mêmes exercices se feront ensuite h main gauche d'après les
mêmes principes et par les moyens inverses.
COURS SUPERIEUR.
39
Passer du galop au trot.
248. Pour passer du galop au trot, les élèves, après
un effet d'ensemble, devront peser sur l'assiette, redres-
ser le haut du corps sans desserrer les jambes et tendre
les rênes comme pour mettre leurs chevaux au pas
' R.^
Fig. 113.
[fifj. 113); dès qu'ils sentiront que le galop va cesser, ils
rendront un peu la main, sans cesser de bien sentir la
bouche, pour laisser les chevaux prendre le trot. Si un
cavalier avait de la peine à mettre son cheval au trot, il
devrait se servir du filet en môme temps que de la bride
pour faire cesser le galop, puis rendre de la bride et tenir
son cheval appuyé sur le filet pendant les premières fou-
lées de trot ; ensuite, il reprendrait très graduellement
de la bride et rendrait du filet.
249. Si la résistance se prolonge, il faut, en même temps
40
TRAITE D EQUITATION.
qu'on tend les rênes, porter les mains un peu à droite, en
appuyant davantage la rêne gauche de bride sur l'enco-
lure et en tirant un peu la rêne droite du filet, ce qui
amène le poids sur l'épaule droite et empêche le cheval
de continuer le galop sur le pied droit, puisqu'il se trouve
ainsi placé comme pour le galop à gauche. — Pour faire
cesser le galop sur le pied gauche, il va sans dire que les
moyens sont inverses.
Le Professeur fera faire de fréquents départs au galop tantôt à droite,
tantôt à gauche.
Reculer.
250. Pour reculer, chaCj[ue cavalier, après avoir pré-
paré son cheval par un effet d'ensemble, augmentera la
pression des jambes sans diminuer la tension des rênes
F'^-î '^•'
Fie. dl4.
jusqu'à ce qu'il sente que son cheval est prêt à se porter
en avant {fig. 114). Alors, il résistera de la main en rap-
COURS SUPERIEUR.
41
prochant le poignet du haut du corps de manière que le
pied qui allait se porter en avant se porte en arrière ;
aussitôt ce premier pas obtenu, il rendra un peu {fig.Yia),
Fiff. 115.
puis reprendra pour obtenir un second pas, et ainsi de
suite, rendant après chaque pas.
6
42 TRAITÉ D'ÉQUITATION
251. La tête du cheval ne doit pas être trop haute
pendant le reculer, afin de ne pas surcharger le rein et
les membres postérieurs qui seraient gênés pour se mou-
voir [ficj. 116).
252. Le corps du cavalier doit rester parfaitement
droit, plutôt un peu incliné en arrière.
253. Les jambes et les mains agiront pour faire recu-
ler le cheval droit ainsi qu'il a été dit précédemment
(§ 157), mais en se servant surtout de l'appui de l'une ou
de l'autre rêne sur l'encolure. Les jambes doivent rester
fermées en arrière afin de contrebalancer l'effet des mains
et d^empêcher au besoin le cheval de reculer précipitam-
ment.
254. A l'indication : En avant, chaque cavaHer aug-
mentera également la pression des jambes en rendant la
main et en caressant son cheval.
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 1" LEÇON (1)
1. Lo mors de filet agit directement pour faire tourner la tête du
cheval à droite ou à gauche.
2. Il exerce aussi une action directe de bas en haut pour relever la
tête et l'encolure.
3. Le mors de bride a une très grande puissance pour arrêter le che-
val et faire baisser sa tête. Il sert aussi à le faire tourner à droite ou à
gauche, mais en conservant toujours son action directe comme levier,
4. Le mors de filet agit surtout sur les lèvres, tandis que le mors de
bride n'agit que sur les barres.
5. Les cavaliers ne sachant pas encore placer la tête du cheval, le
mors de bride aura des branches courtes et la gourmette sera assez
lâche.
6. Les rênes de bride doivent être tenues dans la main gauche, le
petit doigt entre les deux rênes dont l'excédant sort sous le pouce, les
rênes également tendues, le poignet arrondi, le petit doigt à la hauteur
du coude et plus près du corps que l'index, la main un peu plus élevée
que le poignet.
7. Les rênes de filet seront croisées dans la main droite, et l'on
tendra au besoin l'une ou l'autre par un mouvement de rotation du
poignet.
8. Le cheval devra généralement avoir l'encolure haute et directe et
appuyer toujours légèrement sur le mors de bride.
9. S'il baisse la tête, il faudra la lui relever par de petites saccades
du filet.
(1) Les règles imprimées en caractères italiques sont celles que je
crois avoir innovées.
44 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
10. Le mors de bride ne doit jamais agir par saccades.
H. Il faut donner plus ou moins d'élévation à l'encolure selon la
conformation des chevaux.
12. L'étrier ne doit être qu'un accessoire sans importance pour la
tenue du cavalier.
13. Les pieds doivent poser légèrement sur les étriers, et y faire
de fréquentes battues.
14. Il ne faut engager que le tiers du pied dans l'étrier et appuyer
plus fort du côté du pouce, que du côté du petit doigt.
15. La pointe des pieds doit être tournée le moins possible en dehors,
16. Pur suite de la direction oblique que prennent forcément les étri-
vières, il est nécessaire pour que le pied pose d'aplomb sur la planchette,
que rétrier ait une branche plus courte que l'autre {nouveaux étriers
Musany),
17. La rêne directe est celle qui agit par traction du côté ou l'on
tourne ; la rêne contraire est l'autre rêne qui agit par pression sur
l'encolure.
18. L'action des deux rênes est nécessaire pour tourner correcte-
ment.
19. En tournant avec la rêne contraire seule, on amène la tète du
cheval dans une fausse position et Von surcharge considérablement le
membre antérieur du côté où Von tourne.
20. La pression de la rêne contraire sur Vencolure peut avoir plus
d'effet que la tension de la rêne droite pour empêcher les déplacements de
Vavant-main.
21 . La rêne qui agit par pression, ayant une action diagonale d'avant
en arrière, est d'une grande utilité pour les pas de côté et le départ au
galop.
22. Le cheval doit toujours avoir le nez légèrement tourné du côté
de la nouvelle direction; au besoin on fait pour cela intervenir l'une
ou l'autre rêne du fdet.
23. Les deux mains ne doivent jamais s'écarter l'une de l'autre,
24. Pour faire tourner le cheval avec une seule main, il faut tourner
COURS SUPÉRIEUR. 45
le poignet de manière à tendre la rêne du côté où l'on veut tourner,
et à appuyer l'autre rêne sur l'encolure, les jambes agissant comme il
a été dit.
2o. Pour arrêter, il faut tendre également les rênes en rapprochant
le poignet du haut du corps, les ongles en-dessus.
26. Pour rendre la main, on replacera doucement le poignet.
27. Le cheval doit arrêter avec la tête directe et suffisamment haute.
28. Le corps du cavalier ne doit plus rester en arrière au moment
du départ.
29. Le demi-arrêt consiste, après avoir tendu les rênes, à rendre la
main, sans desserrer les jambes, avant que le cheval s'arrête.
30. Il est bon de faire un demi-arrêt avant les changements de
direction et les mouvements de deux pistes.
31. Pour allonger le trot, il faut, après un effet d'ensemble, aug-
menter la pression des jambes et ne diminuer la pression des rênes que
progressivement après que le cheval a obéi.
32. Dans la demi-pirouette renversée à droite, le pied antérieur
gauche sert de pivot et ne doit pas s'écarter de sa place.
33. Dans la demi-pirouette renversée à gauche, le membre antérieur
droit sert de pivot.
34. Pendant les demi-pirouettes renversées, l'encolure doit rester
aussi directe que possible, et pas trop élevée.
3d. Pour que le cheval puisse faire des pas de côté, il faut que les
épaules précèdent les hanches.
36. Pendant les pas de côté, il faut peser davantage sur le genou et
sur rétrier du côté où l'on va et tourner un peu le corps de ce côté.
37. Pendant les pas de côté, il est important de pousser le cheval sur
la main pour qu'il ne s'arrête ni ne recule ; l'encolure doit rester aussi
directe que possible.
38. Pendant le changement de main diagonal de deux pistes, le che-
val marche exactement comme pendant la demi-hanche la tête au mur.
39. En partant du pas au galop, il faut traverser le cheval le moins
possible.
46 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
40. Pour partir au galop à droite, il faut augmenter la pression des
jambes et la tension des rênes, porter les. mains un peu à gauche, la
rêne droite de bride appuyant sur l'encolure, la rêne droite de filet
légèrement tendue, et déterminer le départ par un coup du talon
gauche en pesant davantage sur le genou et sur l'étrier droits.
41. Pour partir au galop à gauche, les moyens sont inversement les
mêmes.
42. Pendant le galop à droite, la main doit rendre et reprendre à
chaque pas, la rêne droite du filet surtout, et le cavalier doit continuer
de peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits; pendant le galop
à gauche, c'est la rêne gauche du filet qui agira, le cavalier pèsera
davantage sur le genou et sur l'étrier gauches.
43. La tête du cheval ne doit pas être trop haute pendant le reculer.
2" LEÇON
Emploi de l'éperon. — Mouvements individuels.
Trotter à l'anglaise. — Saut des obstacles.
Emploi de l'éperon.
2oo. Le cheval , être sans volonté , dont tous les
mouvements sont toujours déterminés par des sensations
physiques externes ou internes, ne saurait en aucun cas
commettre de faute; il n'est pas responsable de ses actes;
par conséquent, il ne faut jamais le corriger sous pré-
texte de lui faire comprendre qu'il a mal fait ; il ne com-
prendrait rien du tout, et la surexcitation causée par la
douleur ne pourrait qu'amener de nouveaux désordres et
faire naître de mauvaises habitudes.
256. L'éperon n'est donc pas un moyen de châtiment ;
c'est un stimulant énergique, une aide puissante qui
augmente considérablement le pouvoir de la jambe et
qui peut ainsi, dans une foule de cas, en produisant une
sensation plus ou moins vive, empêcher l'animal de céder
à d'autres sensations qui le feraient agir contrairement
à la volonté du cavalier.
257. Il ne faut jamais se servir de l'éperon après une
48 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
résistance ou une défense, mais pendant, ou mieux
avant^ afin de la prévenir ou de la faire cesser.
258. Il y a trois manières différentes d'employer
l'éperon : le toucher, le presser, le pincer.
2o9. Le toucher consiste, lorsque la jambe ne suffit
pas, à donner avec l'éperon de petits coups répétés et
plus ou moins forts selon la sensibilité du cheval; cette
manière de se servir de l'éperon est la plus usuelle et
suffit dans presque tous les cas, même pour triompher
des résistances quand le cavalier est assez adroit pour
faire en même temps des oppositions de mains qui obli-
gent l'animal à exécuter ce qu'on veut de lui.
260. Le presser est Faction d'appuyer progressivement
l'éperon jusqu'à ce que le cheval ait cédé à la jambe ;
souvent, il réussit moins bien que le toucher, et il est des
chevaux qui ne le supportent pas.
261. lie pincer consiste à appliquer vivement l'éperon,
qu'on retire aussitôt pour recommencer si cela est néces-
saire. C'est un moyen efficace d'impulsion, si on l'emploie
juste au moment opportun, c'est-à-dire assez tôt pour
empêcher la résistance de se produire, et si la main ne
vient pas maladroitement s'opposer au mouvement du
cheval.
262. Enfin on peut, très exceptionnellement ^ employer,
comme un moyen de contrainte très puissant, le presser
COURS SUPERIEUR.
49
énergique des deux éperons au passage des sangles. Il
immobilise complètement le cheval {fig. 117), au point
que pas un de ses membres ne puisse quitter le sol, quel-
quefois même le fait tomber sur les genoux, et, en tout
cas, le soustrait absolument à toute influence étrangère.
C'est seulement lorsque l'animal est tellement surexcité
Ffi^
Fig. 117.
qu'on sent qu'on va n'en plus être maitre, qu'un cavalier
sûr de lui-même peut paralyser ainsi toute résistance et
reconquérir le cheval prêt à lui échapper ; dans ce cas, la
pression doit continuer, quoi qu'il advienne, pendant
tout le temps que dure la résistance, et cesser progressi-
vement après qu'elle a cessé. Ce moyen de domination
n'est pas à la portée de tous, il s'en faut, et on peut l'évi-
ter si l'on est attentif à prévenir toute cause de désordre.
263. 11 faut avoir bien soin de ne pas faire sentir l'épe-
7
50 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
ron involontairement et, pour cela, éviter de tourner le
talon vers le corps du cheval.
»
264. Le pouvoir de la jambe étant, comme je l'ai dit,
considérablement augmenté par l'éperon, les jambes du
cavalier ne devront plus faire de grands mouvements, ni
agir avec force. C'est un peu en arrière des sangles
qu'elles devront se faire sentir et que l'éperon devra tou-
cher au besoin. 11 n'y a aucune raison pour agir dans
aucun cas plus en arrière avec des chevaux dressés.
Travail individuel au galop.
Les départs au galop s'exécutant maiuteuant avec facilité, les cavaliers
seront exercés à : imrtir successivement au ijalop le long du mur pour
venir se placer à lu queue de la reprise, passer successivement de la tête
à la queue de la reprise par une demi-volte, passeï- successivement de la
queue à la tête de la reprise par un doublé, passer successivement de la
tête à la queue de la reprise après deux changements de main, etc.
263. Dans ce dernier mouvement, le cavalier, au mo-
ment d'achever chaque changement de main , passera
au pas pour reprendre la piste , continuera de marcher
au pas quelques instants, puis placera son cheval pour
le départ sur l'autre pied, et le mettra au galop.
Changement de main individuel au galop.
266. Pour changer de main individuellement au ga-
lop, les élèves, à l'indication : Changez de main^ tour-
neront tous ensemble à droite et traverseront le manège
COURS SUPÉRIEUR. 51
eu se dirigeant, chaeiin pour son compte, par une ligne
droite, vers le mur opposé. En arrivant à trois pas du
mur, ils mettront leurs chevaux au pas, tourneront tous
ensemble à gauche pour reprendre la piste à main
gauche, placeront leurs chevaux pour le départ à gauche,
et repartiront au galop.
267. Les cavaliers resteront alignés en traversant le
manège, et régleront Fallure de leurs chevaux sur celle
du cheval qui doit se trouver en tête de la reprise à la
fin du mouvement. Ils passeront tous ensemble du galop
au pas et, après avoir tourné, repartiront tous ensemble
au galop sur le pied gauche.
268. Les élèves marchant à main gauche, le même
mouvement s'exécute en tournant d'abord à gauche puis
à droite.
Trotter à l'anglaise.
269. Dans le trot assis, dit trot à la française, le ca-
valier, conservant le corps droit et se laissant aller à
l'allure du cheval, quitte peu la selle et y retombe à
chaque foulée de trot.
270. Dans le t?'Ot enlevé, qu'on appelle trot â f anglaise
parce qu'il a été introduit chez nous par les Anglais,
mais qui a été singulièrement perfectionné parles maîtres
français, le cavalier incline légèrement le haut du corps
en avant, rapproche le menton du col en baissant un
52
TRAITE D EQUITATION.
peu la tête, relâche le rein et, prenant un ferme point
d'appui sur les genoux et un moindre sur les étriers,
accentue l'enlever au moment où les fesses quittent la
selle, de manière à laisser passer sous lui une réaction
sur deux, revient légèrement sur la selle pour s'enlever
aussitôt et continue ainsi en suivant le rhythme de l'al-
lure.
Le Professeur trottera lui-même quelques instants au trot assis, puis
prendra le trot enlevé pour bien faire voir à ses élèves comment s'exé-
cute le mouvement. Ensuite il leur fera prendre un trot assez allongé
et leur dira de conduire leurs chevaux sur le filet, une rêne dans chaque
main.
271. Les cavaliers conserveront pendant quelques in-
stants le corps droit et trotteront à la française, en comp-
F*K1
» \\v« .*^„^^.v^^''-
Flg. 118.
tant en eux-mêmes un, deux, un, deux, chaque fois qu'ils
retombent sur la selle , afin de se rendre compte du
COURS SUPÉRIEUR. 53
rliythme des foulées ; puis, arrondissant les reins, incli-
nant un peu le corps en avant, baissant un peu la tête,
fixant bien les genoux, ils tâcheront de s'enlever en comp-
tant un [fiff. 118), et de se laisser retomber en comptant
deux {^fuj. 119), et ainsi successivement.
r'f^i
Fig. 119.
272. Le mouvement du trot à l'anglaise est quelque-
fois un peu long" à attraper. Lorsque le cavalier ne réussit
pas , il doit se remettre quelques instants au trot à la
française, puis recommencer, et ainsi de suite sans se
décourager. Dès qu'on sait bien trotter à l'anglaise, cette
allure est la plus agréable de toutes et celle que l'on
peut continuer le plus longtemps sans fatigue.
273. Il ne faut pas s'aider des rênes pour s'enlever;
les mouvements des mains doivent rester complètement
o4 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
indépendants de ceux du corps; pour cela il est nécessaire
que les jambes soient bien placées; si les pieds étaient
trop en avant, les étriers n'offriraient pas au cavalier les
légers points d'appui qui lui sont utiles.
274. Il ne faut pas que les élèves cherchent à s'enlever
peu haut; ils retomberaient trop tôt sur la selle, y saute-
raient deux fois avant de pouvoir s'enlever de nouveau,
et perdraient ainsi la cadence du mouvement. Ils devront
donc, surtout dans les commencements, s'enlever le
plus haut possible, mais lentement, sans effort violent,
sans sauter brusquement sur la selle et rester assez long-
temps en l'air pour que les fesses effleurent à peine la
selle chaque fois qu'elles y reviennent.
275. Ce qui gêne souvent les débutants pour s^enlever,
c'est qu'ils ne fixent pas assez les genoux et pèsent trop
sur les étriers. Voilà pourquoi il ne faut commencer à
trotter à l'anglaise qu'après avoir beaucoup trotté sans
étriers et avoir pris Thabitude de tenir les genoux con-
stamment serrés contre les bourrelets de la selle.
276. Le Professeur surveillera avec soin la tenue des
élèves : il faut que les épaules ne remontent pas, que le
rein ne se creuse pas, que le corps ne reste pas trop droit
et ne se penche pas non plus trop en avant, que la tète
ne se lève pas : défauts que l'on voit sur une gravure
d'un livre anglais (1) dont je donne ici la reproduction
1) Graccfid riding, pur S.-C. Wailo (London, 1859).
COURS SUPERIEUR.
05
exacte {fig. 120) et qui est présentée par l'auteur anglais,
non comme une caricature, mais comme un modèle
d'équitation gracieuse.
Fig. 120.
Saut des obstacles.
277. Il n'est pas possil)le de former les cavaliers à
sauter des obstacles dans un manège. Tout au plus peu-
vent-ils y apprendre à sauter au petit galop une barre
peu élevée. Aujourd'hui que le goût du cheval se ré-
pand dans notre pays et que les jeunes gens sont détour-
nés du manège par l'exemple des Anglais, que nous imi-
tons beaucoup trop, il est fâcheux qu^ils aient raison sur
un point, et qu'ils puissent dire que les Ecoles d'équita-
tion ne forment pas de cavaliers d'obstacles. Nous ver-
56
TRAITE D EQUITATION.
rons plus tard que du moins les cavaliers qui ont étudié
au manège sont les seuls qui puissent devenir par la
pratique de bous cavaliers d'obstacles. En tout cas, je
crois que les Directeurs d'Écoles d'équitation s'assure-
raient la faveur du public et feraient peut-être renaître
le goût du manège s'ils ajoutaient à leurs établissements
des carrières, c'est-à-dire des pistes assez grandes pour
pouvoir y donner de vraies leçons de saut.
278. On disposera, en travers de cette piste, une barre
que l'on puisse élever à volonté, selon les aptitudes des
chevaux et la force des cavaliers, plus loin une haie, puis
une rivière.
Les obstacles seront d'abord peu élevés et la rivière
peu large.
Les cavaliers seront rangés hors de la piste et parti-
ront l'un après l'autre.
279. Ils prendront une rêne de filet et une rêne de
Fig. 12d.
COURS SUPERIEUR.
57
bride dans chaque main, la rône de bride à pleine
main, la rèue de lilet entre le médius et l'annulaire,
les rênes de filet un peu plus courtes que les rênes
de bride {fuj. 121), alin que celles-ci n'interviennent
qu'en cas de nécessité pour dominer le cheval qui
gagnerait à la main : dans ce cas, on fait agir les rênes
de bride en rapprochant les petits doigts du corps,
Fig. 122.
les ongles en dessus [fuj. 122), puis on rend, puis on re-
prend, afin d'avoir le cheval aussi léger que possible,
tout en le laissant appuyer franchement sur le mors de
filet.
280. Le cavalier mettra son cheval à un galop modéré,
en ayant soin de lui tenir l'encolure bien droite et suffi-
samment haute. En approchant de l'obstacle^ il assurera
58
TRAITÉ D'ÉQUITATION.
sa position en portant le corps légèrement en arrière et
mollissant le rein, serrera fortement les cuisses et les
genoux, fléchira un peu les jambes en arrière en bais-
sant la pointe des pieds sans trop peser sur les étriers.
Il stimulera son cheval par des coups de mollets et, au
besoin, par le toucher des éperons, mais seulement pour
prévenir l'arrêt et l'amener franchement et bien droit
sur l'obstacle. Au moment où l'avant-main s'enlève , il
r « Rf
Fig. 123.
rendra la main en avançant les poignets (/?*/. 123), se
liera moelleusement au mouvement du cheval en con-
servant le haut du corps un peu en arrière pendant le
COURS SUPERIEUR.
59
saut {fuj. 124), et reprendra doucement, au moment où
les membres antérieurs arrivent à terre {fig. 125), ce qui
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Fig. 124.
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Fig. 123.
60 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
est le meilleur moyen d'empêcher le cheval de gagner à
la main après le saut.
281. Le Professeur veillera à ce que les genoux res-
tent bien fixés contre les bourrelets, que les pieds ne se
tournent pas en dehors, que les jambes ne se portent
pas en avant, que les coudes ne s'écartent pas, que la tête
ne se baisse pas, et que les mains ne remuent pas sans
nécessité.
282. Lorsque les cavaliers sauteront bien, ils ne de-
vront plus porter le corps en arrière en arrivant à l'ob-
tacle. Il y a des sportsmen qui prétendent que cela est
nécessaire pour favoriser l'enlever de l'avant-main. C'est
un contresens : ce n'est pas l'enlever de l'avant-main qu'il
faut faciliter, mais la projection en avant. C'est donc
l'arrière-main qu'il faut soulager au moment de l'enle-
ver, puisque dans le saut, comme dans tout autre mou-
vement en avant, c'est l'arrière-main qui donne l'impul-
sion , les membres postérieurs et les reins agissant comme
des ressorts pour projeter la masse.
283. Ce n'est qu'au point de vue de la sécurité du ca-
valier qu'il peut être utile de faire une retraite de corps
avant le saut, lorsque, par exemple, on monte un che-
val susceptible de s'arrêter, ou de se dérober, ou ayant
une manière très déplaçante de sauter et que l'on craint
de ne pas faire la retraite de corps à temps, c'est-à-dire
pendant que le cheval est en l'air. C'est pour cela que je
viens de recommander aux débutants de s'asseoir avant
COURS SUPERIEUR.
61
le saut, afin d'assurer leur assiette et de ne pas prendre
l'habitude de se laisser aller en avant , ce qui est un très
grave défaut.
284. Mais pour être vraiment lié à sa monture, le ca-
valier doit conserver le corps vertical avant, pendant et
après le saut, et par conséquent, par rapport à son che-
val, s'incliner légèrement quand l'avant-main s'enlève
F'^R.'i
Ym. 126.
[fig. 126) et se redresser au contraire quand les membres
antérieurs vont reprendre terre et que la croupe est en-
core en l'air. Ce second mouvement appelé retraite de
corps, ne doit pas être plus exagéré que le premier, sous
peine de rendre le cavalier fort disgracieux, et plus l'al-
lure est rapide, moins les mouvements du corps doivent
62 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
être accentués, parce que, le saut étant plus allongé, le
mouvement de bascule du cheval est moins prononcé.
285. La manière d'aborder les obstacles varie selon
les chevaux : les uns ont besoin d'être stimulés, les
autres d'être contenus et calmés ; d'autres , si l'on n'y
prend garde, tiennent la tête trop haute, ou trop basse,
ou de travers, ce qui les gêne dans leur élan, et les em-
pêche même de voir l'obstacle. C'est donc au Professeur
à dire à chaque cavalier ce qu'il doit faire pour amener
son cheval à une allure franche avec la tête directe et
suffisamment haute.
286. Rien n'est plus grotesque que les mouvements
exagérés de rendre et de reprendre, le corps penché en
avant, puis renversé en arrière, qu'affectent beaucoup de
cavaliers qui se disent de la nouvelle école. Ces mouve-
ments provoquent des mouvements désordonnés de l'en-
colure qui deviennent bientôt habituels et finissent par
attirer le cavalier, qui n'en peut mais, jusque sur les
oreilles et quelquefois jusqu'à terre. Il faut que l'enco-
lure, tout en ayant la liberté de s'étendre, soit bien sou-
tenue et directe ; c'est pour cela qu'on ne peut songer à
sauter des obstacles avant d'avoir acquis assez de sûreté
d'assiette et de main pour pouvoir agir avec le tact né- .
cessaire.
287. En principe, quelle que soit la vitesse de la
course, le cheval ne doit jamais tirer à la main ; il
perdrait inutilement ses forces et fatiguerait en vain le
COURS SUPÉRIEUR. 63
cavalier. Les chevaux qui tirent ainsi sont, sans excep-
tion, des chevaux qui souffrent ou qui ont été mal dres-
sés. Beaucoup de sportsmen prétendent que cet appui
exagéré sur le mors est nécessaire en course ; mais c'est
une grosse erreur dont on reviendra : aussi bien dans
les courses d'obstacles que dans les courses au galop et
au trot, l'appui doit être très modéré ; l'allure ne peut
qu'y gagner sous tous les rapports.
288. Après chaque obstacle, le cavalier doit reprendre
son cheval afin d'être parfaitement maître de lui devant
l'obstacle suivant ; autrement, la bête surexcitée pourrait
franchir bien deux ou trois obstacles, mais ensuite elle
serait exposée à tout culbuter.
289. Il faut bien se garder de pousser vite un cheval
susceptible de se dérober ; il faut, au contraire, modérer
l'allure, tout en se servant des jambes de manière à ame-
ner le cheval bien droit sur l'obstacle , puis attaquer au
moment où il doit franchir. Il est bon aussi, dans ce cas,
de diminuer l'obstacle et de ne pas vouloir obtenir plus
que le cheval ne peut faire. S'il est nécessaire de re-
prendre du champ, on devra toujours tourner du côté
opposé à celui où le cheval s'est jeté, et il ne faut pas
revenir trop loin en arrière. Pour obliger le cheval à
aborder l'obstacle bien droit, le cavalier le rouieni, au
besoin, de la manière indiquée au § 213. Il y a aussi une
façon de roule?' en quelque sorte le cheval dans les
jambes en lui faisant sentir les éperons alternativement,
dont on obtient de très bons résultats.
64 TRAITÉ d'ÉQUJTATION.
290. De même que, pendant le trot, un bon cavalier
sait, en modérant au moyen des rênes l'impulsion qu'il
donne à son cheval par la pression des jambes, réveiller
l'ardeur de l'animal, donner plus d'élévation à ses mou-
vements et, par conséquent, le rendre moins sujet à faire
des faux pas ; de même, au moment de sauter, il y a un
petit mouvement ou plutôt une contraction des poignets
qui, coïncidant avec l'action stimulante des jambes ou
des éperons, aura certainement pour effet, non pas d'en-
lever le cheval, mais d'accroître en hauteur l'énergie de
son élan. Or il y a des chevaux avec lesquels il est utile
d'avoir recours à ce moyen, ceux par exemple qui ne
s'enlèvent pas assez haut et touchent les obstacles. L'épe-
ron employé seul, c'est-à-dire sans une légère opposition
de main, ne ferait qu'augmenter le train du cheval et le
faire sauter plus maladroitement encore. Mais, en règle
générale, il faut laisser à l'animal le plus de liberté pos-
sible si l'on veut qu'il passe franchement.
291. L'action des mains a donc une très grande im-
portance ; il est certain que les sensations exagérées, re-
çues par la bouche avant et pendant le saut — soit qu'on
abandonne trop lé cheval , soit au contraire qu'on tire
trop fort ou trop brusquement les rênes — se transmettent
à tout le système nerveux, modifient l'élan ainsi que les
mouvements du rein, de l'encolure et des membres pen-
dant le saut, qui se fait maladroitement ou avec effort.
292. Pendant le saut, le cavalier doit, selon l'expres-
sion du comte de Montignyi « se lier â son cheval jus-
COURS SUPÉRIEUR. , Go
« qu'aux talons, de manière à s'identifier complètement
c< avec le mouvement », et non étendre les jambes en
avant pour se recevoir sur les étri'crs, comme font souvent
les jockeys.
293. Les doubles et à plus forte raison les triples
obstacles doivent être abordés à une allure très modérée,
afin que le cavalier reste maître de son cheval et puisse
-lui maintenir Fencolure bien droite devant chaque
obstacle pour l'empêcher de se dérober.
29 i. Les sauts en largeur sont moins déplaçants que
les sauts en hauteur. Ou recommande avec raison de les
aborder à une allure plus allongée ; mais il ne faut pas
pousser le cheval trop longtemps à l'avance, ce qui lui
fut perdre ses forces, ni surtout l'amener à fond de train,
9
66
TRAITE D EQUITATION.
car alors il arrive souvent que, n'étant pas dans de bonnes
conditions pour sauter, il s'arrête court {fig. 127), se
dérobe ou tout au moins est obligé de se ralentir malgré
le cavalier pour pouvoir s'élancer. Presque toutes les
chutes à la rivière n'ont pas d'autre cause.
Lorsqu'il est nécessaire d'employer les éperons ou la
cravache , c'est dans les derniers mètres qu'ils doivent
agir et au moment de l'élan, afin de prévenir l'arrêt et
d'augmenter la vigueur du saut, jamais après sous pré-
texte de corriger.
295. Pour se servir de la cravache, il faut passer vive-
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Fig. 128
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ment les rênes droites dans la main gauche, qui doit
maintenir fermement le cheval droit et , au besoin , le
COURS SUrÉRIEUR. &7
rouler de gauche à droite et de droite à gauche , et
allonger le bras droit de toute sa longueur [fuj. 128)
pour cingler le cheval derrière les sangles, et aussi
sur Fépaule, du côté où l'on prévoit qu'il pourrait se
dérober.
296. Pour être sûr de faire sauter un cheval, il faut
que l'action impulsive venant du cavalier puisse tou-
jours être plus forte que l'impression produite par l'ob-
stacle sur les yeux de l'animal (§ 82). Si au contraire
l'obstacle causait une impression telle que le cavalier ne
pût la dominer, le cheval s'arrêterait infailliblement ou
se déroberait. Par conséquent, il ne faut jamais vouloir
faire sauter à un cheval un obstacle au-dessus de ses
moyens.
297. Dans la pratique, on ne saute pas toujours comme
on veut, on saute souvent comme on peut; les meilleurs
cavaliers ont parfois des déplacements involontaires qui
occasionnent de mauvais mouvements de bras, de jambes,
de tète et d'épaules ; mais il ne faut pas ériger en règle
ce qui ne doit être que l'exception. Il est donc indispen-
sable : i° d'apprendre ce qui est correct et ce qui ne l'est
pas ; 2° d'être surveillé par un maître c[ui vous signale
vos fautes.
298. Il me faut, en terminant, dire un mot sur le port
des étriers pendant le saut. J'ai beau vouloir me faire
aux idées généralement adoptées ; j'ai beau me dire
que l'opinion d'un grand nombre d'hommes de cheval
68 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
mérite considération, je ne pnis reconnaître la nécessité
de chausser les étriers jusqu'aux talons pour sauter. Lu
des plus grands dangers que puisse courir le cavalier,
c'est d'être traîné par son cheval. Or c'est précisément
au moment où une chute est à craindre, qu'il me semble
logique de prendre ses précautions contre ce danger
(§ 199). Si l'on chausse les étriers, c'est surtout, je crois,
par un sentiment d'amour-propre, de peur de les perdre ;
mais j'aimerais mieux qu'on eût l'amour-propre de se
passer des étriers au besoin, et de les rattraper adroite-
ment ensuite. Du reste, si l'on a soin de baisser la pointe
du pied, comme je l'ai dit. il y a peu de risque de perdre
les étriers.
299. Je blâme aussi l'usase de raccourcir les étriers
pour sauter; les genoux étant remontés, les cuisses n'em-
brassent plus le cheval avec la même sûreté, l'assiette
est reportée en arrière, ce qui fatigue le rein du cheval;
enfin si l'on perd un étrier, ou si une étrivière se casse,
Féquilibre est compromis. Quand le cavalier est en selle,
il y est pour faire de son cheval tout ce qu'on en peut
faire : de la haute école ou des courses d'obstacles. La
position des jambes doit être invarial)lement celle qu'il
aurait sans étriers ; il n'y a que la position de la pointe
du pied qui varie (§ 25). De cette façon, qu'il perde un
étrier ou les deux, peu importe : quoi cju'il arrive, ses
cuisses et ses genoux restent à la même place.
300. Il est bon que les cavaliers s'exercent à sauter
sans étriers afin d'apprendre à ne compter que sur les
COURS SUPÉRIEUR. 69
g'enoux et sur le liant des reins pour être fermes en
selle.
301. La mode nous est venue d'Angleterre de monter
sur des selles sans bourrelets ; le seul avantage que j'y
voie c'est que si le cavalier sort de la selle, il y rentre plus
facilement et qu'il peut ainsi à toutes les allures y voyager
plus à l'aise, de l'avant à l'arrière.
Des bourrelets peu prononcés suffisent, mais sont néces-
saires pour assurer la fixité des genoux.
CONSEILS POUR L'EMPLOI DU CHEVAL DEHORS.
302, Maijitenant les cavaliers sont en état de monter à
cheval dehors. Ils ne devront pas caracoler ni rechercher
leur chevaux pour leur faire exécuter des mouvements
de manège, ce qui est de mauvais ton dans les endroits
publics comme tout ce qui attire l'attention. Ils monte-
ront simplement, mais correctement, en se conformant aux
principes qu'ils ont reçus. Les allures au dehors seront
modérément allongées et les cavaliers devront s'atta-
chera avoir toujours leurs chevaux bien dans la main et
surtout dans les jambes, de manière à pouvoir toujours
les détourner ou les arrêter promptement. En général on
a beaucoup trop de main et pas assez de jambes ; alors
l'animal fatigué par l'action incessante ou trop brutale
du mors finit par ne plus rien sentir; plus il a la bouche
70 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
naturellement sensible, plus il arrivera vite à cet état
d'insensibilité qui fait dire de lui qu'il a la bouche dure.
Il ne faut donc jamais le laisser gagner à la main si peu
que ce soit; car un cheval qui commence à gagner la
main de son cavalier tire de plus en plus et cesse bientôt
d'être dirigeable. Les cavaliers auront recours, au besoin,
à des demi-arrêts pour maintenir leurs chevaux à une
allure bien réglée. Ils ne passeront jamais trop près de
ceux qu'ils croiseront ou dépasseront et éviteront surtout
tout ce qui pourrait impressionner ceux que montent des
amazones.
303. Pour assurer en toutes circonstances l'équilibre
T"^^
Fig. 129.
du corps, il faut l'incliner légèrement dans le sens du
mouvement qu'exécute le cheval et en sens contraire
COURS SUPERIEUR.
71
du déplacement qu'on veut éviter pour soi-même. Ainsi,
lorsque le cheval va sur la ligne droite à une allure allon-
gée, le corps s'inclinera un peu en avant, et plus l'allure
sera rapide plus il s'inclinera [fi(j. 129). Pendant le recu-
ler, le cavalier portera le corps en arrière, mais très peu
puisque le mouvement se fait lentement. En tournant à
droite, il tournera et même inclinera le corps à droite,
d'autant plus que l'allure sera plus rapide et le cercle
plus rétréci. Si le cheval se cabre {fig. 130), le cavalier
^•'F.1
Fig. 130.
se penchera en avant pour ne pas tomber à la renverse ;
s'il rue {^fuj. 131), il redressera le corps pour n'être pas
lancé en avant. Pendant les écarts, les tête-à-queue, il
devra, tout en résistant de la main au mouvement du
cheval, se lier à ce mouvement du haut du corps en se
72
TRAITE D EQUITATION.
tournant un peu du côté où l'animal se jette, comme si
lui-même voulait déterminer le même mouvement.
r'Ri
Fig. 131.
304. En montant les côtes il vaut mieux galoper que
trotter; le cavalier conservera le corps vertical, c'est-à-
T'/i^-^^^.
>^i^
Fig. i3i.
COURS SUPERIEUR.. 73
dire, par conséquent, penché en avant par rapport à la
ligue du sol et laissera l'encolure s'allonger un peu
{firj. 132) ; si la côte est très rapide il la montera au pas et
rendra complètement la main afin de soulager autant que
possible les membres postérieurs qui font presque tout le
travail. Il prendra même une poignée de crins et portera
le haut du corps très en avant en se soulevant un peu
sur les étriers.
303. En descendant les côtes il vaut mieux trotter que
galoper ; le cavalier exigera l'élévation de l'encolure de
manière à soulager l'avant-main : le corps toujours ver-
tical sera par là même plus ou moins penché en arrière,
i,^r<=.
Fig. 133.
par rapport à la ligne du sol {^fuj. 133) ; les côtes très
rapides devront être descendues au pas et le cavalier
fera bien de se reculer sur la selle et de remonter un
10
74 TRAITÉ DEQUITATIOX.
peu les genoux; sur des terrains très accidentés, le mieux
est de laisser au cheval une grande liberté sans pourtant
l'abandonner tout à fait.
306. Au pas, il est bon de temps en temps d'allonger
les rênes et de rendre la main pour donner tout repos au
cheval.
307. Toutes les fois qu'une résistance quelconcpie se
produirait, et surtout pour tourner à droite ou à gauche,
le cava'ier séparera immédiatement les rênes du filet en
les prenant assez courtes pour qu'elles puissent agir avec
la force nécessaire sans que le mors de bride agisse en
même temps; alors il faut tirer doucement l'une ou l'autre
rêne pour faire tourner la tête, puis rendre un peu.
reprendre et ainsi de suite, l'autre rêne appuyant con-
stamment sur l'encolure, et les jambes agissant en même
temps pour porter le cheval en avant et le faire céder à
l'action du filet ; au besoin on fera agir la jambe du côté
où l'on veut tourner pour chasser la croupe de l'autre côté
comme pour une demi-pirouette renversée,
308. Il est peu de chevaux qui ne soient effrayés par
certains bruits ou certains objets qu'ils n'ont pas l'haJji-
tude de voir ou d'entendre ; tel cheval qui supportera
sans frayeur le passage d'un train ou le l^ruit des tam-
bours sera surexcité par une feuille de papier volant sur
la route, le claquement d'un fouet, etc. Il ne faut jamais
frapper un cheval qui a peur ; cela ne pourrait qu'aug-
menter le désordre au moment même et plus tard.
COURS SUPERIEUR.
75
309. Règle génémle : il faut toujours s'écartei' de l'ob-
jet effrayant ou tout au moins tourner la tête du cheval de
l'autre côté (/?^--
Fig. loi.
rendra un peu de la main droite pour que le mors de
bride agisse seul {firj. 1S5), stimulera doucement son
T'«.'«
' Iv X^.
Fig. 155.
HAUTE ÉCOLE. 107
cheval avec les jambes pour qu'il se porte sur la main
sans précipiter l'allure, augmentera en même temps un
peu la tension des rênes de bride en serrant simplement
les doigts, puis la main gauche restera immobile, les
jambes continuant leur pression, et dès que la résistance
cessera, c'est-à-dire dès que le menton du cheval se
rapprochera de l'encolure (/?^. 156), le cavalier desser-
Fig. lo6.
rera vivement les doigts, puis il recommencera après
quelques pas et ainsi de suite, se contentant d'une seule
ilexion chaque fois (§ 349).
3.56. Le cheval bien dressé cédera immédiatement à
ces effets de rênes s'ils sont bien employés. Après avoir
obtenu successivement plusieurs flexions, l'élève s'effor-
cera de maintenir la tête dans la bonne position pen-
108
TRAITE D EQUITATION.
clant quelques instants, ce qui s'obtient en rendant après
chaque flexion pour reprendre presque aussitôt et plu-
tôt en rendant moins qu'en reprenant davantage. Le
cheval marchant avec la tête placée, la main ne doit
presque pas bouger ; il suffit de serrer les doigts lorsque
le cheval résiste et de les desserrer dès qu'il cède —
les jambes entretenant l'impulsion nécessaire — pour
obtenir cette mobilité de la mâchoire qui fait dire
que le cheval goûte son mors.
Au commencement, le Professeur ne s'attachera pas trop à la position
absolument correcte de l'encolure : le principal, c'est que la tête cède à
l'action directe du mors , afin que l'élève se rende bien compte des
résultats qu'il obtient.
337. Lorsque l'élève sera parvenu à ramener la tète
pendant la marche au pas, le Professeur lui expliquera
f^'3
Fig. 157.
que la position à donner varie selon les allures : plus
elles sont ralenties et cadencées, plus la tête doit se
HAUTE ÉCOLE. 109
rapprocher de la verticale ; plus elles sont allongées,
plus le nez sera en avant de la verticale, l'encolure res-
tant haute. C'est ainsi que l'on fait refluer plus ou moins
de poids de l'avant-main sur l'arrière-main et que l'on
équilibre le cheval, ce qui constitue tout l'art de l'équi-
tation. Dans le trot ou le galop de course, l'encolure
doit s'étendre librement sans pourtant se baisser, et
alors le cheval doit être mené sur le filet {fifj. 157). Aux
allures modérées , l'encolure doit toujours avoir une
belle élévation, sortir du garrot droite et fixe jusqu'aux
deux premières vertèbres, près de la nuque, qui seules
seront un peu fléchies pour permettre de ramener la
tête. Si l'encolure s'affaisse, il faudra la relever par de
petites vibrations du filet : voilà pourquoi il est utile
de tenir les rênes de bride dans la main gauche et les
rênes de filet dans la main droite; les deux mains peu-
vent alors agir, en quelque sorte, comme sur un piano,
où chacune produit des sons différents qui doivent s'ac-
corder de manière à former harmonie.
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 1'^ LEÇON
1 . L'élude de la locomotion permet de déterminer à quel moment
précis doivent agir les aides.
2. Tout homme de cheval doit connaître les principales lois de la
locomotion.
3. Le pas est une allure en quatre temps dans laquelle les pieds se
lèvent successivement, — chaque membre postérieur succédant au
membre antérieur en diagonale, — et se posent dans l'ordre de leur
lever.
4. Pour tous les mouvements que l'on veut faire à droite, étant au
pas, il faut saisir l'instant où le pied antérieur gauche va poser à terre,
et vice versa,
5. Le reculer doit s'exécuter en deux temps ; les membres en dia-
gonale se mouvant simultanément en arrière, chaque bipède diagonal
succédant à l'autre.
6. Le trot est une allure en deux temps, dans laquelle les membres
en diagonale se meuvent simultanément, chaque bipède diagonal suc-
cédant à l'autre.
7. Pour tout ce qui se fait à droite, au trot, il faut saisir l'instant où
le bipède diagonal va poser à terre, et vice versa.
8. Au trot, certains chevaux enlèvent plus haut, d'autres moins haut,
mais tant que l'allure est régulière, le cavalier peut toujours trotter ù
fanglaise.
9. Le galop est une allure en trois temps qui s'exécute, soit sur le
pied droit, soit sur le pied gauche ; l'ordre des foulées est le suivant :
Dans le galop à droite : i, pied postérieur gauche; 2, pieds posté-
rieur droit et antérieur gauche, ensemble; 3, pied antérieur droit.
Dans le galop à gauche : i, pied postérieur droit; 2, pieds postérieur
gauche et antérieur droit, ensemble ; 3, pied antérieur gauche.
HAUTE ÉCOLE. 111
iO. Pour tous les mouvements qu'on veut faire exécuter au cheval
pendant qu'il galope, il faut saisir l'instant où va s'opérer la troisième
foulée.
41. Pour se rendre compte des mouvements des membres, il suffit,
sans pencher ni le corps, ni la tète, de regarder les mouvements
des pointes des épaules.
12. L'appui exagéré sur le mors, en quelque circonstance que ce soit,
ne peut qu'occasionner une dépense de forces inutile.
13. Le mors à bascule a des effets plus justes que le mors ordinaire.
14. La gourmette doit être ajustée de manière qu'eu tirant les rênes,
le cavalier sente la résistance quand les branches du mors font avec lu
ligne de la bouche un angle de 4o°.
15. Pour ramener la tète du cheval, il faut résister avec les rênes
de bride lorsqu'il veut la lever, et rendre lorsqu'il rapproche le men-
ton de l'encolure; bientôt, il suffit de serrer et de desserrer les doigts.
16. La position à donner i la tète varie selon les allures ; plus elles
sont ralenties et cadencées, plus la têle doit se rapprocher de la verti-
cale ; plus elles sont allongées, plus le nez sera en avant de la verticale,
l'encolure restant haute; dans le trot ou le galop de course, l'encolure
doit s'étendre librement, sans pourtant se baisser, et alors le cheval
doit être mené sur le filet.
17. Aux allures modérées, l'encolure doit toujours avoir une belle
élévation, sortir du garrot droite et fixe jusqu'aux deux premières
vertèbres près de la nuque, qui seules seront fléchies pour permettre
de ramener la tête.
18. Si l'encolure s'affaisse, la main droite devra la relever au moyen
du filet, ce qui n'est possible qu'avec la tenue des rênes à la française.
2^ LEÇON
Répétition des exercices des leçons précédentes
et des mouvements de deux pistes, les chevaux en main.
Trot à, l'anglaise.
Répétition des mouvements
du Cours Supérieur, les chevaux en main.
338. Quand les élèves sauront placer la tète et con-
server leurs chevaux en main et légers en marchant
au pas sur la ligne droite, le Professeur leur fera répé-
ter au pas et au trot les différents mouvements qu'ils
ont déjà exécutés dans les leçons précédentes.
Pendant ces exercices, il faudra non seulement que
la tête soit ramenée, mais encore qu'elle soit un peu
tournée dans le sens du mouvement.
3o9. Le mors de filet agira, au besoin, pour placer
le bout du nez à droite ou à gauche (§ 210), et le mors
de bride ramènera la tête (§ 353).
360. Il n^est plus guère possible d'indiquer dans un
livre la manière exacte de faire agir les aides. Le
Professeur seul peut faire aux élèves les observations
nécessaires, selon les circonstances.
114 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
361. Je dirai seulement d'une manière générale que,
pour tous les mouvements qui s'exécutent au pas, au
trot et au passage avec un cheval finement dressé : chan-
gements de direction, pas de côté, etc., il est bon de
faire agir les deux rênes de bride directement sur le
mors et d'atténuer le plus possible leur appui sur l'enco-
lure ; pour cela, il suffit, sans presque déplacer la main
à droite ou à gauche, de tourner le poignet de manière
à tendre davantage l'une ou l'autre rêne ; au besoin, on
laisse glisser un peu une rêne entre les doigts pour que
l'autre agisse plus fort et on les rajuste ensuite ; on s'aide
aussi de la rêne droite ou de la rêne gauche du filet ;
par ces moyens, on évite plus sûrement que le cheval
prenne le galop contre le gré du cavalier.
362. Chaque cavalier s'inspirera, d'ailleurs, pour les
moyens à employer, des principes qui lui ont été don-
nés et sur lesquels je crois avoir insisté suffisamment.
363. L'équitation, en effet, n'est pas une science dont
tous les détails peuvent être réglés mathématiquement,
mais un art reposant sur des principes dont chacun
fait, selon les cas, selon son tempérament, selon l'expé-
rience et le tact acquis, l'application qu'il juge la meil-
leure.
364. Les mouvements des mains et des jambes de-
vront être de plus en plus imperceptibles. Le haut du
corps ne devra plus se pencher ni se tourner que juste
HAUTE ÉCOLE. 'llo
assez pour se lier aux mouvements du cheval, c'est-à-
dire très peu, puisque les allures seront cadencées et
ralenties.
3Go. Les jambes, un peu fléchies à partir du genou,
seront immobiles, constamment en contact avec les flancs
du cheval, un peu en arrière des sangles, et lorsqu'elles
agiront simultanément ou isolément, ce sera toujours à
ce même endroit, le bas de la jambe ne se portant un
peu plus en arrière que s'il est nécessaire de faire
sentir l'éperon (§ 2o9) ; encore cela dépend-il de la
longueur des jambes de chaque cavalier et de la gros-
seur du cheval qu'il monte, — et pour faire un travail
juste et gracieux, un cavalier ne doit monter que des
chevaux proportionnés à sa taille ; Faction de peser
davantage sur Fétrier droit ou sur le gauche ne devra
être que juste suffisante pour assurer la bonne posi-
tion du haut du corps et la parfaite assiette du cava-
lier.
.366. Dans tous les changements de direction, doublés,
voltes, etc., les jambes devront non seulement entre-
tenir Falhire et contenir les hanches sur la même
ligne que les épaules, mais encore pousser le cheval
sur la main, sans quoi la tète quitterait la bonne
position; la main de la bride doit agir avec justesse,
rendant et reprenant à propos (§ 3oo) de manière à
conserver la légèreté de l'appui sur le mors et la mo-
bilité de la mâchoire, le filet obligeant l'encolure à
rester haute (§ 3.ji), l'une ou l'autre rêne agissant, au
116
TRAITE DEQUITATION.
besoin, pour placer le l)out du nez du côté où le che-
val tourne.
Demi-pirouette renversée.
367. La demi-pirouette renversée s'exécutera comme
il a été dit précédemment (§§ 226 et suiv.). C'est main-
tenant le membre antérieur gauche qui servira seul de
pivot et ne devra pas quitter le sol pendant la pirouette
à droite, le memlu'e antérieur droit pendant la pirouette
à gauche. L'encolure ne doit pas être trop élevée, afin
f'^>d
Fig. 158.
que les membres antérieurs soient plus chargés que les
membres postérieurs, qui exécutent le mouvement ; la
tète doit être ramenée et le nez légèrement tourné du
côté vers lequel marche la croupe {fuj. 158), c'est-à-
HAUTE ÉCOLE. 117
dire à droite pendant la pirouette à droite, à gauche
pendant la pirouette à gauche.
368. A l'indication : Demi-piroiiette , les cavaliers
marchant au pas à main droite, tendront les rênes,
sans relever Tencolure, au moment où le pied anté-
rieur gauche arrive à terre, porteront imperceptible-
ment les mains à gauche pour fixer le poids sur ce
membre antérieur gauche en faisant agir la rêne droite
du filet pour placer le nez un peu à droite (§ 210); en
même temps, ils pèseront un peu plus sur le genou et
sur l'étrier droits, feront sentir la pression du mollet
gauche pour déplacer la croupe à droite, Féperon
touchant au besoin, la jambe droite restant près du
flanc pour régler le mouvement ; vers la fm de la
demi-pirouette, ils augmenteront un peu la tension de
la rêne droite du filet.
•369. Le mouvement terminé, les cavaliers se remet-
tent aussitôt en marche pour suivre la piste à main
gauche.
Derai-hanche, la croupe au mur.
370. Les cavaliers marchant au pas, à main droite,
exécuteront la demi-hanche la croupe au mur comme
il a été dit précédemment (§ 242), mais en observant
que les chevaux doivent rester en main, c'est-à-dire
avoir la tête ramenée et que le bout du nez doit être
tourné un peu à gauche, ce qui s'obtient au moyen
118
^'^^
TRAITE D'EQUITATION.
de la rêne gauche, au besoin celle du filet. La jambe
droite agira au moment où le pied antérieur droit pose
à terre pour commencer à déplacer la croupe, la jambe
gauche restant près. Le cavalier regardera à gauche de
l'encolure de son cheval et pèsera un peu plus sur le
genou et sur Tétrier gauches.
Volte de deux pistes, avec l'épaule
en dedans.
,' 5
©^ '^^ c»^ ^'^v ^5*v ^*
^v\^'."- / "n"- '^^- "■>, ~-^-
»», ç.».
Fig. 159.
371. Pendant que les cavaliers exécutent la demi-
hanche, la croupe au mur, à main droite, le Professeur
leur fera faire une volte individuelle avec l'épaule en
dedans.
372. Les membres antérieurs du cheval doivent dé-
crire un petit cercle, les membres postérieurs décri-
vant un cercle plus grand autour des épaules. Il faut
donc que les cavaliers règlent et dirigent le mouvement
de l'avant-main, le modèrent, au besoin, en augmentant
la tension des rênes, la jambe droite agissant toujours
pour accélérer la marche de l'arrière-main, qui a plus
de chemin à parcourir.
HAUTE ÉCOLE. 119
373. Le nez du cheval doit rester un peu tourné à
gauche, c'est-à-dire du coté où vont les hanches ; la
tète ne sera pas trop haute, le cavalier regardera à
gauche de l'encolure et pèsera un peu plus sur le g"enou
et sur l'étrier gauches.
374. La volte terminée, tous les cavaliers doivent se
retrouver en même temps sur la piste et continuer la
demi-hanche la croupe au mur.
Passage des coins, la croupe au mur.
Fig. 160.
373. Pour passer les coins, la croupe au mur, à main
droite, il faut accélérer le mouvement de l'arrière-main
au moyen de la jambe droite et modifier en même
temps l'action des rênes de manière à ralentir, sans l'ar-
rêter, la marche des épaules comme il vient d'être dit,
puisque chaque fois qu'on passe un coin il faut faire
exécuter au cheval le quart d'une volte de deux pistes
avec l'épaule en dedans.
376. Tous ces mouvements s'exécutent à main gauche
120
TRAITE D EQUITATION.
par les moyens inverses : le nez du cheval doit alors
être légèrement tourné à droite ; le cavalier regarde
à droite de l'encolure et pèse un peu plus sur le genou
et sur l'étrier droits.
Demi-pirouette ordinaire.
C <ï *r <
-- .-
T'K'J
':':'l ^ (^ V V \i '<>^ - ".\^
Fig. 162.
HAUTE ÉCOLE. l21
378. La pirouette ordinaire est plus naturelle que la
pirouette renversée, et la preuve, c'est qu'en liberté
un cheval pirouette plutôt sur les hanches que sur les
épaules. Cependant la pirouette ordinaire est plus dif-
ficile à faire exécuter sous le cavalier ; la raison en est
que les hanches ont plus de tendance à se jeter du
côté opposé à celui où Ton attire les épaules, que les
épaules à se jeter du côté opposé à celui vers lequel ou
pousse les hanches; et comme, pour faire pirouetter le
cheval sur les hanches, il faut diriger les épaules an
moyen des rênes, on a quelque peine à empêcher les
membres postérieurs de se déplacer en sens contraire.
Pour réussir, il faut avoir soin de ne déplacer les
épaules qu'après s'être rendu maître des hanches au
moyen delà jambe, et continuer de la faire sentir avec
la force nécessaire pendant tout le mouvement, sus-
pendant au besoin, pendant un instant, la marche de
l'avant-main si l'on sentait que la croupe va échapper,
et conlinuant le mouvement après s'être de nouveau
rendu maître de l'arrière-main.
'J79. A l'indication : Demi-pirouettc , les cavaliers,
marchant à main droite, tendront les rênes au mo-
ment où le pied antérieur gauche arrive à terre,
feront aussitôt sentir la jambe g-auche pour empêcher
la croupe de se déplacer à gauche et pour fixer le
poids sur le pied postérieur droit, la jambe droite
restant près pour régler le mouvement, et agiront avec
les mains pour déplacer les épaules à droite. Les rênes
devront être assez tendues pour empêcher le cheval
16
122 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
de gagner du terrain en avant, pas assez pour le faire
reculer; vers la fin de la pirouette elles agiront avec
moins de force, tandis que la jambe gauche augmen-
tera, au contraire, sa pression.
380. L'encolure du cheval doit être haute, la tête un
peu ramenée, le bout du nez légèrement tourné à
droite. Le cavalier pèsera un peu plus sur le genou et
sur rétrier droits et regardera à droite de l'encolure
du cheval.
381. Pour que le mouvement soit bien exécuté, il
faut arriver à ce que le membre postérieur droit serve
seul de pivot et ne quitte pas le sol pendant la demi-
pirouette à droite.
382. Le mouvement terminé, les cavaliers se remet-
tent aussitôt en marche pour suivre la piste à main
gauche.
383. Pendant la demi-pirouette à gauche, c'est le
membre postérieur gauche qui sert de pivot; le cavalier
pèsera un peu plus sur le genou et sur l'étrier gauches
et regardera à gauche de l'encolure.
384. Rien ne rend les chevaux plus légers à la main
que les pirouettes ordinaires, de même que rien n'as-
souplit mieux rarrière-main que les pirouettes renver-
sées.
HAUTE ECOLE.
123
Demi-hanche, la tête au mur.
385. Les cavaliers marchant au pas à main droite
exécuteront la demi-hanche la tète au mur ijig. 163),
r'K"» ..«
Fig. 163.
comme il a été dit précédemment (§§ 231 et suiv.),
mais les chevaux seront en main et tourneront un
peu le nez à droite, ce qui s'obtient au moyen de la
rêne droite, au besoin celle du filet. La jambe g-auche
agira au moment où le pied antérieur gauche pose à
terre pour commencer à déplacer la croupe, mais elle
se portera le moins possible en arrière.
424
TRAITE DEQUITATION.
Volte de deux pistes, avec la croupe
en dedans.
Fig. 104.
386. Pendant que les cavaliers exécutent la demi-
hanclie la tête au mur à main droite, le Professeur leur
fera faire une volte individuelle avec la croupe en
dedans.
387. Les membres postérieurs du cheval doivent dé-
crire un petit cercle, les membres antérieurs décri-
vant un cercle plus grand autour des hanches. Il faut
donc que les cavaliers contiennent les hanches et les
dirigent à droite au moyen de la jambe gauche et
accélèrent un peu la marche de l'avant-main au moyen
des rênes ; mais cette action des rênes, pour peu qu'elle
fût exagérée ou que la jambe gauche n'agit pas avec
assez de force, aurait pour résultat de faire échapper les
hanches à gauche ; il faut donc rég-ler avec soin les
effets des rênes et des jambes pour que la volte s'exé-
cute correctement.
388. Le nez du cheval doit rester un peu tourné à
HAUTE ECOLE.
l2o
droite, c'est-à-dire du côté où vont les hanciies; le cava-
lier regardera à droite de Tencoliire et pèsera un peu
plus sur le genou et sur l'étrier droits.
389. La volte terminée, tous les cavaliers doivent se
retrouver en même temps sur la piste et continuer la
demi-hanche la tète au mur.
Passage des coins, la tête au mur.
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Fig. 16o.
390. Pour passer les coins, la tête au mur, à main
droite, il faut contenir les hanches et les diriger à droite
au moyen de la jambe gauche, et accélérer un peu la
marche de Tavant-main en portant les mains à droite
comme il vient d'être dit, puisque chaque fois qu'on
passe un coin il faut faire exécuter au cheval le quart
d'une volte de deux pistes avec la croupe en dedans.
391. Tous ces mouvements s'exécutent à main gauche
par les moyens inverses ; le nez du cheval doit alors
être légèrement tourné à gauche ; le cavalier regarde
à gauche de l'encolure et pèse un peu plus sur le genou
et sur l'étrier gauches.
126 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
Changement de main et contre-changement
de main de deux pistes.
392. Le changement de main de deux pistes s'exé-
cutera comme il a été dit précédemment (§ 239), les
chevaux marchant avec la tête placée et le bout du nez
légèrement tourné dans le sens du mouvement.
393. Pour le contre-changement de main de deux
pistes [fuj. 166), les cavaliers, marchant à main droite,
Fig. 166.
quitteront la piste par des pas de côté et se dirigeront
diagonalement vers le coin opposé du manège, le nez
de leurs chevaux légèrement tourné à droite ; au fur
et à mesure que chaque cavalier arrivera au milieu du
manège, il fera un demi-arrêt et pèsera un peu plus sur
le genou et sur Tétrier gauches au moment où le pied
antérieur droit pose à terre, placera en même temps
le nez de son cheval à gauche et, faisant sentir la
pression de la jambe droite, se dirigera par des pas
de côté à gauche vers le second coin du mur qu'il
HAUTE ÉCOLE. 127
vient de quitter, puis l'eprendra la piste sans avoir
cliangé de main.
Le trot enlevé.
La haute école, ayant pour objet l'exécution parfaite de tous les
mouvements et de toutes les allures, doit par conséquent comprendre
le trot enlevé qui est aujourd'hui universellement adopté et qui,
parfaitement exécuté, est une des difficultés de l'équitation.
394. Nous avons vu que, dans le trot enlevé ou trot
à l'anglaise, le mouvement du cavalier doit être par-
faitement en harmonie avec celui de son cheval.
395 j II est donc inexact de dire qu'il ne faut pas s^en-
lever haut: tout dépend du plus ou moins d'extension
ou d'élévation du trot de l'animal, du plus ou moins
de longueur et de souplesse de ses reins.
396. En s'enlevant plus haut, on peut développer
l'allure, en accroître le brillant. Seulement, le cavalier
ne doit pas s'enlever avec force hors de la selle ; il doit
se laisser enlever par son cheval, et c'est par la lenteur
et non par la vigueur ou la brusquerie avec laquelle
il exécutera son mouvement, qu'il communiquera plus
d'élévation à l'allure.
397. Généralement, plus un cheval enlève haut, plus
beaux sont ses mouvements, et moins il est fatigant à
trotter à l'anglaise, car il est incontestable que le cava-
lier éprouve plus de fatigue à s'enlever fréquemment et
128 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
vite qu'à le faire lentement et à de plus longs inter-
valles.
398. Il ne faut pas confondre le cheval qui enlève
haut avec le cheval dur au trot ; le premier est un
animal à grands moyens dont l'allure est bien déve-
loppée et bien scandée, mais il peut avoir en même
temps beaucoup de souplesse et d'élasticité dans les
mouvements. Le cheval dur à trotter à l'anglaise est
celui qui a perdu cette souplesse, celui qui trotte irré-
gulièrement ou dont les articulations sont courtes et
ne peuvent, par conséquent, amortir les réactions.
399. Le trot enlevé s'exécute forcément, soit sur un
bipède diagonal, soit sur l'autre. Pour ne pas entrer dans
trop de détails, j'ai laissé croire, par les figures placées
dans le § 271, que le cavalier s'étant enlevé au moment
où le bipède diagonal droit quitte terre revient sur la
selle au moment où ce même bipède diagonal droit
touche terre. C'est ainsi, du reste, qu'on a jusqu'à pré-
sent défini le mécanisme du trot enlevé. Mais cette
déOnition n'est pas exacte, attendu que le cavalier
devrait alors rester en contact avec la selle pendant
toute la durée de l'appui du bipède diagonal droit, c'est-
à-dire pendant aussi longtemps qu'il est resté détaché
de la selle, ou plutôt il serait forcé de sauter deux
fois sur la selle avant de s'enlever de nouveau, ainsi
qu'il arrive aux cavaliers qui cherchent à s'enlever le
moins haut possible. Quand le mouvement est bien
exécuté, le cavalier, s'il trotte sur le bipède diagonal
HAUTE ECOLE.
129
droit, commence à s'enlever au moment où ce bipède
diag-onal quitte terre, le cheval étant alors détaché du
sol {fig. 167); continue de s'enlever jusqu'à ce que le
Fig. 167.
Fk. 168.
bipède diagonal gauche achève son appui [fuj. 168);
commence à redescendre pendant que le bipède diago-
nal gauche quitte terre, le cheval étant alors détaché du
Fig. 169.
Fig. 170.
sol {fig. 169); ne touche la selle qu'au moment où le
bipède diagonal droit achevant son appui {fig. 170) se
trouve dans la meilleure position pour subir le choc ; et
s'enlève aussitôt, c'est-à-dire au moment où le bipède
17
130 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
diag"onal droit quitte terre {fuj. 167); tant qu'il fait son
mouvement sans interruption, il continue ainsi toujours
avec le même bipède diagonal. Il résulte de là que le
bipède diagonal sur lequel on trotte se fatigue plus
que l'autre, puiscpie c'est lui qui reçoit chaque fois le
choc, au moment où il achève son appui, ce cjui démon-
tre qu'il est indispensable de pouvoir s'enlever tantôt
sur un bipède diagonal, tantôt sur l'autre. Or on prend
très vite l'habitude de s'enlever toujours sur le même
et, cette habitude une fois contractée, on se trouve mal
à l'aise sur l'autre, ce qui fait souvent croire à tort que
le cheval enlève moins bien sur celui-ci. Tout cavalier
doit donc s'exercer à trotter tantôt sur un l^ipède dia-
gonal tantôt sur l'autre et à changer de l'un à l'autre —
sans pour cela que l'allure du cheval éprouve aucun
changement — ce qui se fait très facilement avec un peu
im_Mi_M
Fi''. 171.
de pratique en se laissant retomber deux fois de suite
au lieu d'une {fig. 171) avant de s'enlever de nou-
veau (1).
(1) 11 y a un autre moyen, qui consiste à s'enlever plus haut et à
laisser passer deux foulées sous soi avant de revenir sur la selle ; mais
HAUTE ÉCOLE. 131
400. Pour s'exercer à s'enlever à volonté sur l'un
ou sur l'autre bipède, il faut trotter pendant quelques
instants à la française, à un trot modéré, en observant
le mouvement des pointes des épaules et s'enlever aus-
sitôt après l'appui du membre antérieur gauche, c'est-
à-dire pendant l'appui du bipède diagonal droit, si l'on
veut trotter sur le diagonal gauche ; aussitôt après l'appui
du membre antérieur droit, si l'on veut trotter sur le
diagonal droit.
401. Le Professeur devra exercer beaucoup plus cha-
cun de ses élèves sur le bipède où il s'enlève plus diffici-
lement, jusqu'à ce qu'il s'enlève aussi facilement sur
Fun que sur l'autre,
402. Alors il les fera trotter toujours sur le bipède dia-
gonal droit en travaillant à main gauche, et vice versa, et
changer de bipède au milieu de chaque changement de
main; on ménage ainsi le membre antérieur du côté
où l'on tourne qui est celui qui fatigue le plus, et l'on
peut passer sans interruption du galop au trot à l'an-
glaise et du trot à l'anglaise au galop, comme on va
voir plus loin.
403. Si l'on prend ces précautions et si le trot enlevé
est bien exécuté, c'est-à-dire si l'on ne cherche pas un
ce moyen est moins gracieux et surtout plus fatigant pour le cheval :
il faut, en effet, s'élancer en quelque sorte hors de la selle, et ensuite
on retombe plus lourdement.
132 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
point d'appui sur les rênes et si l'on n'appuie pas trop
fort sur les étriers, si l'on revient légèrement sur la selle
juste à temps pour l'effleurer à peine avant de s'enlever
de nouveau, cette façon de trotter fatiguera bien moins
le cheval et le cavalier que le trot assis. On peut même
arriver, en serrant fortement les genoux, à faire le mou-
vement assez lentement pour que les fesses ne soient
pas encore revenues sur la selle au moment où se pro-
duit la réaction qui enlève de nouveau le cavalier : alors
c'est seulement le haut des cuisses qui reçoit cette réac-
tion sans que les fesses touchent la selle; le mouvement
continue de se faire ainsi très régulièrement et très
légèrement, les pieds pesant si peu sur les étriers qu'ils
peuvent y continuer les légères battues dont j'ai parlé
(§ 198). Ce trot enlevé perfectionné a été appelé « trot
iMusany » parce que j'ai été le premier à le j)ratiquer
et à le faire connaître ; on comprend combien il soulage
le cheval dont le rein ne reçoit plus aucun choc (1).
(I) Cette façon d'exécuter le trot enlevé, dont j'ai surtout reconnu
les avantages pendant les longues routes que je fais chaque année à
cheval, a donné lieu, dans la France chevaline, à une discussion qui a
duré du 8 septembre 1883 au 9 février 1884, et à laquelle ont pris
part MM. Decarpentry, Maréchal, J. Muller, A. Raux, M. de Felcourt
et A. Guillemin. Elle s'est terminée par un article dont je crois devoir
extraire le passage suivant, malgré les appréciations flatteuses qu'il con-
tient à mon égard, parce qu'il témoigne d'un fait qu'il est impossible
de démontrer dans un livre.
« C'est avec le plus vif plaisir que nous avons vu dernièrement le trot
i< Musany exécuté par M. Musany en personne, sur son excellente et
« vigoureuse jument. Que ceux qui s'étaient imaginé à première lec-
« ture (j'avoue avoir été tout d'abord du nombre) que cette façon de
HAUTE ÉCOLE. 133
404. Si rapide qu'elle soit, quand Fallure est régulière,
c'est-à-dire quand les deux pieds de chaque bipède dia-
gonal posent simultanément sur le sol, le cavalier peut
toujours s'enlever régulièrement ; s'il ne le peut pas, c'est
que l'allure est irrégulière, ce qu'elle devient toujours
quand on veut en exagérer la vitesse.
40o. Lorsqu'un cheval passe du galop à droite au trot,
si le cavalier s'enlève aussitôt à l'anglaise, il se trouve
forcément trotter sur le bipède diagonal gauche, quand
même il aurait l'habitude de trotter toujours sur le
« trotter sans que les fesses touchent la selle doit nécessairement
« amener de la raideur, une position contrainte et disgracieuse, se
« détrompent. Il est vrai que M. Musany est un de ces cavaliers d'élite
« pouvant exécuter facilement une chose difficile. Sans parler de la
« perfection avec laquelle il sait dresser un cheval, nous l'avons vu,
i< par exemple, aller au trot enlevé sans étriers avec une aisance telle
« que celui qui l'aurait vu passer sans regarder le bas des jambes, ne
« se serait pas douté de l'absence de cet auxiliaire de la tenue. Néan-
« moins, je suis persuadé maintenant, malgré mes préventions à cet
« égard, que le trot Musany peut être essayé par tout bon cavalier ordi-
i< naire ayant encore de la souplesse, et qu'avec un peu de persévé-
i< rance il arrivera à le pratiquer aisément.
« Reste à savoir si cette manière procure réellement au cheval une
« moins grande fatigue. M. Musany le croit et ce gentleman n'a pas
« pour habitude de parler à tort et à travers dans le seul but de se
u faire passer pour un novateur. Par conséquent, ne voyant aucune
i< raison pour qu'il en soit autrement, je suis assez porté k le croire.
« Or, il ne me semble pas du tout « secondaire » de savoir de
i< quelle façon on doit se comporter à cheval pour pouvoir faire une
« longue route en fatiguant le moins possible sa monture. Ce n'est
« pas là de la sensiblerie; c'est bel et bien de la pratique, surtout
« au point de vue financier de ceux qui achètent et entretiennent à
« leurs frais des chevaux pour leur service personnel.
« M. DE FeLCOURT. )'
134
TRAITÉ D'ÉQUITATION.
bipède diagonal droit. Cela s'explique tout naturelle-
ment par la locomotion : en effet, lorsque le g-alop
cesse, c'est le membre antérieur droit qui, en j^osant à
terre, accomplit la dernière foulée du dernier pas de
r'R^
Fig. 172.
galop [fuj. 172) ; lorsque le membre antérieur gauche se
porte en avant à son tour, l'allure a cliang-é, le cheval
est au trot. Donc, en passant sans interruption du galop
F'R.I
Fig. 173.
HAUTE ECOLE.
135
à droite au trot à l'anglaise, le cavalier s'enlève au
moment où le membre antérieur gauche se porte en
avant, et par conséquent il trottera sur le bipède dia-
gonal gauche {fifj. 173).
Fig. 174 (1).
406. En passant sans interruption du galop à gau-
che {fifj. 174) au trot à l'anglaise, il se trouvera
■r'B.1
-,-s. I/O-— ^W-
Fig. 175.
(I) Cette figure, ainsi que la figure 172, n'indiquent pas très exac-
136 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
nécessairement trotter sur le bipède diag-onal droit
[fig. 175).
407. An trot enlevé, si l'on a à se servir des jambes ou
d'une jambe, on ne peut le faire qu'au moment où l'on
revient sur la selle; pendant l'enlever c'est impossible ;
donc la jambe ou les jambes ne peuvent agir que par
pressions répétées et non d'une façon continue. Ce
mouvement des jambes s'écartant et se rapprochant
du cheval peut être plus ou moins accentué selon la
longueur et la conformation des jambes du cavalier
et la grosseur du cheval; mais il faut l'atténuer autant
que possible et le seul moyen pour cela consiste à
serrer fortement les genoux et à appuyer très peu sur
les étriers.
408. Lorsqu'on trotte à l'anglaise sur le bipède diago-
nal droit, il est plus facile d'obtenir le départ au galop sur
le pied gauche que sur le pied droit et vice versa. En
effet, le cavalier, faisant son mouvement en même temps
que le bipède diagonal droit, retombe sur la selle pen-
dant que ce bipède diagonal droit est à l'appui; nous
avons vu que c'est à cet instant qu'il faut détermi-
ner le départ au galop à gauche (§ 335) et je viens de
dire que c'est au moment où le cavalier revient ^sur la
selle qu'il peut faire agir les jambes.
tement le passage du galop au trot; mais il m'a semblé que, telles
qu'elles sont, elles rendront ma démonstration plus claire pour les
cavaliers qui ne sont pas versés dans l'étude de la locomotion.
HAUTE ÉCOLE. 137
409. Le Professeur fera exécuter des doublés, des
voltes, des demi-voltes et des changements de main au
trot à l'anglaise en veillant à ce que les cavaliers ne
perdent pas la cadence du^mouvement et se conforment
à tout ce qui vient d'être dit.
J8
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 2." LEÇON
\. La tète du cheval doit, non seulement être ramenée, mais encore
légèrement tournée dans le sens du mouvement.
2. On ne peut indiquer, dans un livre, la manière exacte de faire
agir les aides; le professeur seul peut faire aux élèves les observations
nécessaires.
3. En général, pour tous les mouvements qui s'exécutent au pas, au
trot et au passage, avec un cheval finement dressé, il est bon de faire agir
les rênes directement sur le mors, sans presque déplacer la main à droite
ou à gauche, et d'atténuer le plus possible l'appui de la rêne opposée sur
Fencolure.
4. Le? aides doivent agir d'une manière imperceptible et l'action de
peser davantage sur un étrier ou sur l'autre doit être juste suf f santé pour
assurer la bonne position du corps et la parfaite assiette du cavalier.
5. Les jambes obligent le cheval à rester en contact avec le mors et
à ne pas sortir de la bonne position.
6. Les mains doivent continuellement rendre et reprendre à propos.
7. Pendant les mouvements de deux pi'stes, la tète doit être ramenée
et le nez légèrement tourné du côté où marche la croupe; lorsque le
mouvement se fait autour des hanches, la tête sera plus haute ; lors-
que le mouvement se fait autour des épaules, elle sera plus basse. Le
cavalier doit regarder du même côté que le cheval.
8. La pirouette ordinaire est plus naturelle au cheval que la pirouette
renversée; cependant, elle est plus difficile à faire exécuter; il faut
commencer par s'emparer des hanches.
HAUTE ÉCOLE. 139
9. Le membre postérieur droit sert de pivot pour la pirouette
ordinaire à droite; le membre postérieur gauche pour la pirouette
ordinaire à gauche.
10. Rien ne rend les chevaux plus légers à la main que les pirouettes
ordinaires; rien n'assouplit mieux l'arricre-main que les pirouettes
renversées.
11. Il est inexact de dire que, dans le trot à l'anglaise, il ne faut
pas s'enlever haut ; tout dépend des mouvements du cheval.
■12. En s' enlevant plus haut, le cavalier peut accroître le brillant de
rallure.
J3. Généralement, plus un cheval enlève haut, plus beaux sont ses
mouvements et moins il est fatigant à trotter à l'anglaise.
d4. // ne faut pas confondre le cheval qui enlève haut avec le cheval
dur au trot.
15. Le trot enlevé s'exécute forcément, soit sur un bipède diagonal,
soit sur l'autre; le cavalier, s'étant enlevé au moment où un bipède
diagonal quitte terre, revient sur la selle au moment où ce même bipède
diagonal achève son appui, s'enlève aussitôt, c'est-à-dire au moment
oi"! ce même bipède diagonal quitte terre et continue ainsi, toujours
sur le même diagonal.
16. Le bipède diagonal sur lequel on trotte se fatigue plus que
l'autre.
17. Il faut trotter, tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre.
18. Ou prend très vite l'habitude de s'enlever toujours sur le même,
et ensuite on se trouve mal à Vaise sur Vautre, ce qui fait souvent croire,
a tort, que le cheval enlève moins bien sur celui-ci.
19. Pour trotter à volonté sur l'un ou sur l'autre bipède diagonal,
il faut regarder le mouvement des épaules du cheval et s'exercer
à s'enlever, tantôt au moment où l'épaule gauche se porte en avant,
tantôt au moment où l'épaule droite se porte en avant.
20. Pour changer d'un bipède à l'autre, sans interruption d'allure,
il suffit de se laisser retomber deux fois de suite avant de s'enlever de
nouveau.
21. // est bon, dans un manège, de trotter toujours sur le bipède dici'
gonal droit en travaillant à main gauche, et vice versa, et de changer
de bipède au milieu de chaque changement de main.
140 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
22. Le trot à l'anglaise, bien exécuté, fatigue moins le cheval et le
cavalier que le trot assis.
23. On peut arriver, en serrant fortement les genoux, à ne pas toucher
la selle avec les fesses lorsqu'on y revient, ce qui fatigue encore moins le
eheval.
24. Tant que le trot est régulier, si rapide qu'il soit, on peut toujours
trotter à V anglaise ; lorsqu' on ne peut pas s'enlever régulièrement, c'est
que l'allure est irrégulière.
2o. Lorsqu'un cheval paise du galop à droite au trot, si le cavalier
s'enlève aussitôt à l'anglaise, il se trouve forcément trotter sur le bipède
diagonal gauche, et vice versa.
26. Au trot enlevé, si l'on a à se servir des jambes, ou d'une seule
jambe, on ne peut le faire qu'au moment où l'on revient sur la selle;
pendant l'enlever, c'est impossible; les jambes ne peuvent agir que par
pressions répétées et non continues.
27. 11 faut atténuer le plus possible l'écartemeut et le rapproche-
ment alternatif des jambes et, pour cela, il faut serrer fortement les
genoux et appuyer très peu sur les étriers.
28. Lorsqu'on trotte à l'anglaise sur le bipède diagonal droit, il est
plus facile d'obtenir le départ (tu galop sur le pied gauche que sur le pied
droit, et Vice versa (I).
(1) Les règles 12, 14, IS, 21, 24, 2.^, 2(3, 28, imprimées en italiques,
peuvent aujourd'hui ne pas paraître nouvelles, mais elles sont bien de
moi, ayant été émises, pour la première fois, dans mon Dressage métho-
dique et pratique du cheval de selle. — Cette remarque s'applique éga-
lement à divers passages de ce Traité d'équitation.
3^ LEÇON
Arrêts et demi-arrêts. — Rassembler. — Passage.
Répétition de tous les mouvements au passage.
Départs au galop sur la ligne droite. — Reculer.
Arrêts et demi-arrêts.
410. Pendant les arrêts et demi-arrêts (§ 21S et suiv.)
qui seront fréquemment répétés, les chevaux ne devront
■p' Kl
Fi;?. 170.
pas cesser d'avoir la tête bien placée, et d'être légers à
la main. Ils devront arrêter bien droits avec l'encolure
142
TRAITE D EQUITATION.
haute {fifj. 176), et se reporter facilement en avant. Les
cavaliers auront constamment les jambes près et déter-
mineront leurs chevaux en avant par une pression des
mollets sans presque déplacer le bas de la jambe. Pour
arrêter il devra suffire de serrer les doigts en tournant un
peu les ongies en dessus, sans presque bouger la main.
4M. Le haut du corps ne devra plus se porter en ar-
rière avant l'arrêt ; les cavaliers devront seulement ne pas
se laisser surprendre par le mouvement du cheval, et se
r'K'i
v--'--*^ v\i^_
Fig. 177.
redresser un peu au moment même de l'arrêt ; ils s'in-
clineront imperceptiblement en avant au moment du dé-
part {fifj. 177). Il en sera de même à l'avenir pour tous
les changements d'allure.
HAUTE ÉCOLE. 143
Rassembler.
412. Le rassembler ne s'applique qu'aux allures ralen-
ties et cadencées et consiste à avoir le cheval bien dans la
main et dans les jambes, prêt à se mobiliser à la moindre
action des aides. Ordinairement, la tête étant bien pla-
cée, l'animal, poussé par les jambes et doucement retenu
par la main, rapprochera les membres postérieurs des
membres antérieurs, baissera les hanches et semblera
ainsi se grandir du devant. Mais il ne faut pas vouloir
imposer aveuglément à tous les chevaux cette attitude
qui convient seulement à ceux dont la charpente est
naturellement bien équilibrée (1). En règle générale,
l'attitude sera bonne du moment que, la tête étant bien
placée, on sentira le cheval toujours parfaitement léger
à la main et prêt à se porter en avant au moindre relâ-
chement des rênes.
(1) Sans parler des chevaux dont l'avaut-main et l'arri ère-main sont
mal proportionnés, dont les membres sont tarés, les aplombs défec-
tueux, etc., il y a des chevaux trapus et tout d'une pièce, ayant l'en-
colure courte, les ganaches épaisses, qui font souvent d'excellentes
bêtes de service pour des cavaliers d'un fort poids et qui conviennent
aussi fort bien au manège pour former les commençants, mais dont ou
ne doit pas, — quoi qu'en ait dit Baucher, — songer à faire des che-
vaux d'école souples et cadencés. La Guérinière enseignait de choisir
et de dresser les chevaux selon leurs aptitudes naturelles et il avait
raison. L'animal qui ne convient pas à un genre de service est souvent
très bon pour un autre ; en voulant le contraindre à faire ce qui est
contraire à sa nature, on fait preuve d'inexpérience et l'on ne peut
réussir qu'à le rendre rétif ou à le ruiner prématurément.
144
TRAITE D EQUlTATIOxV.
Passage.
413. Le cheval marchant au pas avec la tête placée,
il suffit d'aug-menter graduellement la pression des
jambes, et au besoin de toucher légèrement des éperons
tout en résistant moelleusement de la main, pour déter-
ra R^
Fig. 178.
miner ce trot ralenti et cadencé (/?y. 178) qu'on appelle
le passage.
414, Le cheval étant au trot, on obtient le même
résultat en le ralentissant progressivement , tout en le
stimulant avec les jambes pour entretenir la cadence
de l'allure.
HAUTE ÉCOLE. 145
415. Le professeur fera fréquemment passer du pas-
sage au trot, du trot au passage, du passage au pas et du
pas au passage afin d'exercer le tact des élèves.
41G. Dans le passage bien exécuté, les mouvements
sont élevés, souples, lents et très bien rliythmés, les
membres en diagonale se levant simultanément et posant
à terre de même.
417. La tète du cheval doit être un peu plus ramenée
que pendant le trot de manège puisque Fallure est plus
ralentie (§ 357) et le cheval doit être un peu plus assis
sur les hanches , c'est-à-dire que les membres posté-
rieurs doivent s'avancer davantage sous le corps en se
rapprochant des membres antérieurs; ce rapprochement
sera la conséquence toute naturelle de Taccord que le
cavalier saura mettre entre sa main et ses jambes pour
tenir son cheval enfermé dans les aides (§ 412) et cepen-
dant toujours prêt à développer ses mouvements dès
que la main rendrait.
418. Assurément l'élévation et le brillant de l'allure
dépendent beaucoup de la conformation et des moyens
de l'animal, mais ils dépendent beaucoup aussi de l'ha-
Jjileté du cavalier,
419. On peut accroître ce l^rillant par de légères con-
tractions de la main et des pressions de jambes, qui, coïn-
cidant avec le poser de chaque bipède diagonal, stimu-
lent au besoin les deux membres qui se lèvent, et marquent
19
14G TRAITÉ D'ÉQUITATION.
la cadence de lallure; mais il faut que cela soit fait
avec l^eaucoup de justesse pour ne pas produire quelque
désordre et avec assez de finesse pour que la main et
les jambes du cavalier ne semblent pas Jjouger.
420. Le corps du cavalier doit rester parfaitement droit
et la tête levée.
Répétition de tous les mouvements
au passage.
421. Le professeur fera exécuter au passage tous les
mouvements qui ont été faits au pas et au trot, y compris
les mouvements de deux pistes; ils s'obtiendront par les
moyens déjà indiqués, la main et les jambes continuant
de tenir le cheval plus renfermé.
422. Il sera nécessaire, surtout dans les changements
de direction et pendant les mouvements de deux pistes,
que les cavaliers soient parfaitement liés à leurs chevaux,
et n'aient aucun déplacement d'assiette, aucun mouvement
de main ou de jambes involontaire ou trop brusque, pour
que l'allure reste bien régulière et c[ue le cheval ne
prenne pas le galop. Avec les chevaux bien dressés, les
mains et les jambes pourront agir d'autant moins
fort que Vaction de peser un peu plus sur l'un ou sur
l'autre étrier et de tourner imperceptiljlement le haut du
corps du même côté, contribuera à faciliter l'exécution
harmonieuse des différents mouvements.
HAUTE ÉCOLE. 147
Départs au galop sur la ligne droite
i23. Nous avons vu comineut s'exécute le galop
sur le pied droit et sui' le pied gauche, et j'ai dit aussi
que le cheval en liberté déplace ses épaules un peu a
gauche pour prendre le galop sur le pied droit : le mem-
bre postérieur droit s'engageant sous la masse, l'en-
lever s'effectue et le membre postérieur gauche exécute
la première foulée de galop.
424. Il résulte de ce qui a été dit sur le mécanisme
du galop (§ 341) que le membre postérieur gauche et le
membre antérieur droit se fatiguent plus que les deux
autres dans le galop à droite, puisque chacun d'eux
supporte seul, pendant un temps, tout le poids de la
masse, tandis que le postérieur droit et l'antérieur gauche
arrivent toujours à terre ensemble pour supporter le
même poids.
42o. Dans le galoj) à gauche, c'est nécessairement le
membre postérieur droit et l'antérieur gauche qui fati-
guent le plus.
426. Il est donc nécessaire de faire galoper les chevaux
autant sur le pied droit que sur le pied gauche si l'on ne
veut user prématurément un bipède diagonal.
427. Tout bon cavalier devant se préoccuper sans
cesse de répartir régulièrement sur les quatre meml)res
148
TRAITE D EQUITATION.
le poids de la masse et la dépense des forces, un cheval
qui aurait été toujours monté avec soin et habileté ne
devrait pas, à moins d'accident, présenter dans sa vieil-
lesse plus de traces d'usure dans un seul ou deux de ses
membres que dans les autres. Si Ton s'aperçoit par
exemple qu'un membre commence à se fatiguer, on trot-
tera davantage sur l'autre bipède diagonal et on galo-
pera plus souvent sur l'autre pied. Malheureusement
il y a peu de cavaliers qui sachent prendre ces pré-
cautions.
428. Pour partir correctement du pas au galop sur le
F'B-'O
Fk. 179.
pied droit [fig. 179), le cavalier doit, après un demi-arrèt
pendant lequel la rêne droite de filet place le nez à
HAUTE ÉCOLE. 149
droite, donner liiiipulsion, sans détendre les rênes, au
moment où le pied antérieur gauche pose à terre.
Immédiatement après le poser du pied antérieur gauche,
le pied postérieur droit s'avance à son tour sous la
masse et effectue son appui; si l'impulsion est donnée à
ce moment, le membre postérieur g-auche peut exécuter
aussitôt la première foulée du galop sur le pied droit.
La jambe gauche du cavalier agit un peu plus fort que
la droite pour fixer le poids sur le postérieur droit à
l'appui et déterminer le départ, la rêne droite de bride
appuyant en même temps sur l'encolure ; mais ces deux
actions de la jambe gauche et de la rêne droite néces-
sitent si peu de force avec un cheval bien mis, qu'il ne
se traverse presque pas. L'appui de la rêne droite et
son action directe sur la bouche du cheval produisent
seulement une inclinaison de la base de l'encolure à
gauche, qui est suffisante pour que le cheval soit prêt
à partir dès que la jambe gauche agit.
i29. On voit qu'il n'est nullement nécessaire de faire
agir la jambe droite pour attirer le membre postérieur
droit sous la masse, puisqu'il s'y eng-age tout naturelle-
ment après le poser du membre antérieur gauche; toute
la difficulté consiste donc à profiter de cet instant pour
donner l'impulsion ; si l'on agit à un autre moment, il nij
a aucune action des aides cjui soit capable d'attirer le
membre postérieur droit sous la ?nasse, puisqu'il ?ie peut
se mouvoir quà son tour.
430. Pendant la préparation et le départ, le corps du
loO
TRAITE DEQUITATION.
cavalier ne doit l^ouger que pour se tourner impercepti-
blement à droite, au moment où le cheval s'enlève; puis
la main doit rendre et reprendre par un simple mouve-
ment de contraction et de relâchement du poignet, les
jambes continuant leur pression, la jambe gauche sur-
tout pour entretenir Tallure, le haut du corps conser-
vant sa position et suivant avec souplesse le mouvement
du cheval sans trop s'y abandonner; c'est ainsi qu'on
règle l'allure et qu'on la cadence à volonté.
F-R"!
Fi'r. 180.
431. Pour partir au galop sur le pied gauche, les
moyens sont inversement les mêmes {fiij. 180).
432. En galopant sur le pied droit, il faut peser un peu
HAUTE ÉCOLE. 151
plus sur le genou et sur l'étrier droits; en galopant sur
le pied gauche, il faut peser un peu plus sur le genou
et sur l'étrier gauches (1).
433. Pendant le galop, les rênes et les jambes doivent
agir de manière à maintenir le cheval aussi droit que
possible d'épaules et de hanches et, pour cette raison, je
ne saurais trop conseiller de s'abstenir de tous mouve-
ments de deux pistes au galop.
434. Le Professeur fera faire de fréquents arrêts et dé-
parts, et veillera maintenant, au galop comme aux autres
allures, à ce que les cavaliers ne redressent un peu le
corps qu'au moment môme de l'arrêt et le portent imper-
ceptiblement en avant au moment du départ.
Marche en arrière et en avant.
Cesser de reculer.
435. Le cheval étant arrêté bien d'aplomb sur ses
membres, le cavaHer commencera par lui placer la tête
par un effet d'ensemble ; puis il augmentera la pression
des jambes comme pour le porter en avant, et dès qu'il
sentira que le cheval se mobilise (/?r/. 181), il résistera
de la main en serrant les doigts et en rapprochant le
petit doigt du corps afin que le bipède diagonal qui allait
(I) .Voir les explications données plus loin dans VEaamen de la
méthode Dutilh.
152
TRAITE D EQUITATION.
se porter en avant se porte en arrière ; anssitôt ce mou-
vement obtenu, il desserrera les doigts pour rendre un
fRi
Fig 181.
peu sans laisser la tête se déplacer (y?*/. 182), puis re-
r'p.1
Fig. 182.
HAUTE ÉCOLE. 153
prendra en serrant de nouveau les doigts et ainsi de
suite.
436. Le cheval ayant fait quatre ou cinq pas en
arrière, le cavalier le reportera quelques pas en avant,
toujours sans laisser la tête se déplacer, l'arrêtera, le
fera de nouveau reculer quelques pas et l'arrêtera.
437. Il faut que le cheval passe très facilement du
mouvement rétrograde au mouvement en avant et vice
versa. Pour cela, il est nécessaire que le reculer se fasse
régulièrement, c'est-à-dire en deux temps, et que la
tête ne soit ni trop haute ni trop basse (§ 333) .
438. 11 est bon de tendre davantage la rêne droite
pour faire reculer le bipède diagonal droit, la rêne gauche
pour faire reculer le bipède diagonal gauche, et ainsi de
suite, rendant toujours à chaque pas. De même, on peut
faire avancer à volonté l'un ou l'autre bipède diagonal en
appuyant légèrement la rêne droite sur l'encolure pour
charger le membre antérieur gauche et permettre au
membre droit de se porter en avant et vice versa. On
arrive ainsi à faire alternativement avancer et reculer
chaque bipède diagonal, ce qui est une excellente prépa-
ration pour les départs au galop.
439. La main doit toujours agir avec beaucoup de
légèreté. Si le cheval fait quelque résistance pour reculer,
c'est qu'il n'est pas bien équilibré : plus on emploierait
de force, plus il résisterait; il faut donc lui faire faire
20
154 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
quelques pas en avant, puis recommencer en tâchant de
le mieux placer.
440. Pour cesser de reculer, il faudra, après avoir
augmenté la pression des jambes et desserré les doigts
pour arrêter le mouvement rétrograde, desserrer les
jambes aussitôt que le cheval est immobile, afin qu'il
ne se porte pas en avant.
Tourner à droite ou à gauche en reculant.
44 J. Pour tourner à droite en reculant, il suffit de
porter les mains un peu à gauche et d'augmenter la
pression de la jambe gauche, en continuant, cela va
sans dire, de rendre et de reprendre à chaque pas. La
rêne droite doit être un peu plus tendue pour que le
cheval soit plié comme la ligne circulaire sur laquelle il
recule.
442. Pour tourner à gauche, porter les mains à droite
et augmenter la pression de la jambe droite en plaçant
le nez un peu à gauche.
On peut ainsi reculer sur un cercle, faire un 8, etc.
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 3'' LEÇON
1. Pendant les arrêts et les demi-arrèts, les chevaux auront la tête
ramenée, l'encolure haute, seront légers à la main et toujours prêts à
se reporter en avant.
2. Pour arrêter, les cavaliers serreront les doigts en tournant un
peu les ongles en dessus, sans presque houger la main, les jambes
près.
3. Ils ne devront plus porter le corps en arrière avant l'arrêt, mais
seulement au moment même, et ils l'inclineront imperceptiblement en
avant au moment du départ. Il en sera de même pour tous les change-
ments d'allure.
I. Le rassembler ne s'applique qu'aux allures ralenties et cadencées :
il consiste, la tête étant correctement placée, à avoir le cheval bien dans
la main et dans les jambes, prêt h se mobiliser à la moindre action des
aides.
D. Le passage est un trot très ralenti et très cadencé ; à cette allure,
le cheval aura la tête plus ramenée et sera plus assis, le cavalier doit
rester parfaitement droit en selle, la tête levée.
6. Le bipède diagonal droit se fatigue plus que l'autre pendant le
galop sur le pied droit, et vice versa.
7. Il est nécessaire de faire galoper les chevaux aussi souvent à droite
qu'à gauche.
8. Un cheval de selle ne devrait pas, à moins d'accident, présenter
plus de traces d'usure dans un seul ou deux de ses membres que dans
les autres.
9. Pour partir correctement du pas au galop sur le pied droit, il faut,
après un demi-arrêt pendant lequel la rêne droite du filet place le nez
à droite, donner l'impulsion, sans détendre les rênes, au moment où le
156 TRAITÉ d'ÉQUJTATION.
pied antérieur gauche pose à terre. La jambe gauche agit un peu plus
fort que la droite, la rêne droite de bride appuyant en même temps sur
l'encohire, le cavalier tournant imperceptiblement le haut du corps à
droite et pesant un peu plus sur le genou et sur l'étrier droits. — Le
départ sur le pied gauche s'obtient par les moyens inverses.
10. Au galop cadencé, le cheval doit avoir l'encolure haute, la tête
ramenée et le nez légèrement tourné à droite s'il galope sur le pied
droit, à gauche s'il galope sur le pied gauche.
11. Pendant le galop, la main doit rendre et reprendre par un simple
mouvement de contraction et de relâchement du poignet, les jambes
continuant leur pression, le haut du corps restant droit et suivant
avec souplesse le mouvement du cheval sans trop s'y abandonner.
i2. Le cheval doit être aussi droit que possible d'épaules et de
hanches lorsqu'il galope.
13. Pendant le reculer, le cheval doit avoir la tête ramenée, l'enco-
lure peu haute, être léger à la main.
14. Pour reculer, le cavalier, après avoir augmenté la pression des
jambes, résiste de la main en serrant les doigts et en rapprochant le
petit doigt du corps, puis rend et reprend après chaque pas.
15. Il faut que le cheval passe très facilement du mouvement rétro-
grade au mouvement en avant. En l'exerçant à mobiliser en avant ou
en arrière l'un ou l'autre bipède diagonal à la volonté du cavalier, on
le prépare à exécuter facilement les départs au galop.
16. Si le cheval fait quelque résistance pour reculer, c'est qu'il est
mal équilibré.
17. Pour tourner à droite en reculant, il faut porter les mains un
peu à gauche, la rêne droite plaçant le bout du nez à droite, et aug-
menter la pression de la jambe gauche, et vice versa.
4^ LEÇON
Travail au galop, les chevaux en main. — Galop à, faux.
Changement de pied.
Passer du galop au trot, du galop au pas,
du galop à l'arrêt.
443. Pour passer du galop au trot, le cavalier doit,
le cheval galopant sur le pied droit, commencer à ten-
dre les rênes pour modérer l'élan au moment où Tavant-
main s'enlève (U*' foulée); pendant que s'opère la
fR.1
Fig. 183.
deuxième foulée, il redressera un peu le haut du corps
et augmentera encore la tension des rênes en portant
158 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
imperceptiblement les mains à gauche de manière que la
rêne droite, continuant d'attirer le nez à droite, appuie un
peu sur l'encolure, ce qui porte le poids sur le bipède
diagonal gauche [ficf. 183); à la troisième foulée,
c'est-à-dire au moment où le cheval doit changer l'al-
lure, le cavalier, s'il sent que ce changement va avoir
lieu, rendra très doucement et très progressivement
la main, sans toutefois en cesser le soutien, afin de per-
mettre au cheval de prendre le trot, et s'enlèvera aus-
sitôt à l'anglaise, ce qui confirmera le résultat obtenu
en réglant immédiatement la nouvelle allure.
444. Pour passer du galop au pas, les moyens seront
les mêmes, sauf que la tension des rênes devra conti-
nuer jusqu'à ce que le membre antérieur droit ait posé
à terre (troisième foulée), et que la main devra alors
rendre un peu moins, pour que le cheval ne prenne pas
le trot.
443. Pour passer du galop à l'arrêt, le cavalier agira
toujours de la même manière, mais la tension des rênes
devra être plus accentuée au moment de la deuxième
foulée et ne cesser que lorsque le cheval sera complè-
tement arrêté, après la troisième foulée.
Galop à faux.
446. Les cavaliers exécutant bien les départs au galop
sur l'un et sur l'autre pied à volonté, le galop à faux ne
leur présentera aucune difficulté.
HAUTE ÉCOLE. loi)
Pour partir au galop sur le pied gauche étant à main
droite, ils porteront imperceptiblement les mains à
droite, la rêne gauche appuyant sur l'encolure et pla-
çant le bout du nez à gauche, et détermineront le
départ au moyen de la jambe droite, <\u jnoment où le
pied antérieur droit pose à terre.
447. 11 faudra avoir soin de ne pas trop entrer dans
les coins du manège et continuer, surtout en tournant,
de bien soutenir les mains et de faire sentir la pression
des jambes pour que l'allure soit toujours bien souple
et bien cadencée; la rêne gauche devra être suffisam-
ment tendue et appuyée sur Tencolure, et la jambe
droite devra agir avec assez de force pour que le che-
val ne change pas de pied et que son nez reste légè-
rement tourné à eauche ; dans ces conditions seule-
ment il peut facilement tourner en galopant à faux.
448. Le cavalier doit peser un peu plus sur le genou
su
lure.
et sur l'étrier gauches et regarder à gauche de l'enco-
449. Mêmes principes et moyens inverses pour ga-
loper sur le pied droit à main gauche.
Changement de pied.
430. Les cavaliers étant à main droite et galopant
sur le pied droit, le Professeur leur fera faire un chan-
gement de main diaconal.
160 TRAITÉ DEQUITATION.
Us traverseront le manège sans changer d'allure, et
chaque cavalier, successivement, en arrivant à quel-
ques pas du mur, mettra son cheval au pas, puis, une
fois sur la piste, lui fera prendre le g-alop sur le pied
gauche.
4ol. Le Professeur fera ainsi changer de main à
chaque tour de manège, les cavaliers mettant chaque
fois leurs chevaux au pas pendant quelques instants,
au fur et à mesure qu'ils arrivent sur la piste, avant
de reprendre le galop sur Pautre pied.
452. Après avoir fait de cette manière plusieurs chan-
gements de main, ils changeront de pied sans inter-
rompre l'allure. Le moyen consiste tout simplement,
après un demi-arrèt, à faire succéder au jeu des aides
qui détermine et entretient le galop à droite, celui exacte-
ment inverse qui convient pour le galop à gauche et à
faire ce changement au moment opportun, c'est-à-dire au
moment où va s'opérer la 3^ foulée.
4o3. Ainsi, pour le départ à droite, ils ont placé le
bout du nez à droite, puis la jambe gauche a déter-
miné le départ.
Pour le départ à gauche, ils ont placé le bout du
nez à gauche, puis la jambe droite a déterminé le
départ.
Pour passer du galop à droite au galop à gauche sans
interrompre l'allure, ils commenceront par tendre les
rênes pendant que s'opère la deuxième foulée marquée
HAUTE ÉCOLE. 161
par le poser du bipède diagonal gauche, comme s'ils
voulaient arrêter à la troisième foulée, mais un peu
moins fort, et aussitôt ils placeront le bout du nez à
gauche et la jambe droite déterminera le changement
de pied.
454. En même temps, ils tourneront un peu le haut
du corps à gauche et regarderont à gauche de l'enco-
lure ; mais ce mouvement du corps doit être à peine sen-
sible, le cavalier se tournant en même temps que le nez
de son cheval et juste assez pour se lier au mouvement.
453. Au moment où il va faire agir la jambe droite,
le cavalier qui, pendant le galop à droite, pesait un peu
plus sur le genou et sur Fétrier droits, pèsera un peu
plus sur le genou et sur Fétrier gauches, ce qui contri-
buera à faire opérer le changement de pied sans force
et sans déplacement.
456. Il faut avoir soin d'achever le changement de
main diagonal au galop avant de faire le changement
de pied et, pour cela, faire agir la jambe gauche avec
assez de force jusqu'au dernier moment; autrement les
chevaux pourraient prendre l'habitude de changer
d'eux-mêmes avant d'arriver sur la piste.
Demi-pirouette ordinaire au galop.
457. A l'indication : Demi-pirouette, les cavaliers,
étant à main droite et galopant sur le pied droit, feront
21
162 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
un demi -arrêt en augmentant la pression de la jambe
gauche au moment où va s'opérer la 3' foulée et agiront
aussitôt avec les mains pour faire tourner les épaules
autour des hanches, les rênes restant suffisamment ten-
dues pour empêcher le cheval de se porter en avant;
les mains continueront de rendre et reprendre en
cadence pour entretenir l'allure; la jambe gauche et
au besoin l'éperon empêcheront les hanches de se
déplacer à gauche, surtout vers la fm du mouvement.
4o8. Les épaules ayant achevé leur demi-tour à
droite, les cavaliers rendront un peu la main et suivront
la piste à main gauche en galopant à faux.
Volte au galop avec la croupe en dedans.
459. A l'indication : Volte, les cavaliers, étant à main
droite et galopant sur le pied droit, feront un demi-
arrêt en augmentant la pression de la jambe gauche au
moment où va s'opérer la 3*^ foulée et agiront aussitôt
avec les mains pour faire tourner les épaules sur un
cercle, la jambe gauche et au besoin l'éperon poussant
la croupe dans la même direction, les mains continuant
de rendre et reprendre en cadence pour entretenir
l'allure et pour faire décrire aux épaules un cercle plus
grand qu'aux hanches. La volte terminée, les cavaliers
redresseront leurs chevaux en rendant un peu la main
et en diminuant la pression de la jambe gauche.
460. La pirouette ordinaire et la volte avec la croupe
HAUTE ÉCOLE. 103
en dedans sont les seuls mouvements de deux pistes
qu'on puisse sans inconvénient exécuter au galop, parce
que, Favant-main ayant beaucoup plus de chemin à
parcourir que rarrière-main, il n'y a pas à craindre de
traverser les chevaux.
Passade.
461. La passade est une demi-pirouette sur les han-
ches, rapidement exécutée; elle se fait ordinairement à
chaque extrémité d'un grand côté, mais on peut la faire
à n'importe quel endroit du manège.
4G2. Les moyens à employer sont les mêmes que pour
la demi-pirouette (§ 437), mais la jambe du dehors et les
mains doivent agir avec un peu plus de force pour faire
tourner rapidement l'avant-main autour de l'arrière-main
sans que celle-ci se jette du côté opposé ; le cavalier
doit aussi peser davantage sur Fétrier du dedans et tour-
ner un peu plus le haut du corps du même côté, afin
d'assurer l'assiette et de se lier au mouvement.
Le professeur fera faire des demi-voltes avec la croupe en dedans pour
reprendre la piste au galop à faux, des demi-voltes terminées par un chan-
gcment de pied, des contre-changements de main avec deux changements
de pied, enfin des changements de pied sur la ligne droite que l'on pourra
répéter tous les quatre, trois et même deux pas; mais ce dernier tra-
vail échauffant beaucoup les cheyaux, il ne faudra pas le faire durer
trop longtemps.
Les changements de pied au temps, c'est-à-dire h chaque pas de galop,
prouvent incontestablement jusqu'où peut aller le pouvoir d'un excel-
lent cavalier sur sa monture, mais ils constituent une allure absolument
artificielle et forcée et peuvent cooipromettre la régularité du galop.
RESUME DES REGLES
CONTENUES DANS LA 4'= LEÇON
1. Quand on galope à faux, il faut que l'allure soit bien souple, bien
cadencée, l'encolure bien soutenue et que, dans les tournants, le nez
du cheval soit placé du côté opposé à celui où l'on tourne.
2. Le cavalier doit regarder du même côté que le cheval.
3. Le moyen pour changer de pied consiste, après un demi arrêt, à
faire succéder au jeu des aides qui détermine et entretient le galop sur
un pied, celui exactement inverse qui convient pour le galop sur
l'autre pied, et à faire ce changement pendant la deuxième foulée.
4. Le cavalier doit, en même temps, tourner imperceptiblement le
corps <à droite ou à gauche pour se lier au mouvement, et peser davari'
tage sur le genou et sur Vctrier du même côté.
.1. La pirouette ordinaire et la volte avee la croupe en dedans sont les
seuls mouvements de deux pistes au galop qui n aient pas T inconvénient
de traverser le cheval.
La passade s'exécute par les mêmes moyens que la demi-pirouette
ordinaire, mais la jambe du dehors et les mains doivent agir avec un
peu plus de force et le cavalier doit peser davantage sur Vétrier du
dedans.
PARTIE
COMPLEMENTAIRE
RÉSISTANCES ET DEFENSES
L'art du dressage est absolument distinct de celui
de l'équitation dont il procède.
Je n'ai donc pas l'intention d'indiquer ici les moyens
de dresser des chevaux rétifs; je veux seulement dire ce
qu'il faut faire pour éviter les accidents et pour ne pas
aggraver le désordre lorsqu'on monte un cheval qui,
pour une cause ou pour une autre, vient à se défendre.
Tout d'abord, il ne faut jamais le corriger avec
l'intention de lui faire comprendre qu'il a mal fait.
Même et surtout au point de vue du dressage, il faut se
contenter d'être attentif à tout ce qui se produit et s'ef-
forcer de prévoir les résistances assez à temps pour
pouvoir les empêcher : c'est le seul moyen de ne pas
faire naître de mauvaises habitudes ; s'il est nécessaire
d'employer l'éperon ou la cravache, il faut avoir uni-
quement en vue de substituer adroitement certaines
sensations à celles qui provoquent la résistance, et ne
pas oublier que toute sensation exagérée produit infailli-
blement des mouvements désordonnés, lesquels, devenus
habituels, constituent la rétivité.
Les pirouettes renversées et les voltes de deux
168 TRAITÉ DEQUITATION.
pistes sont, dans presque tous les cas, les meilleurs
moyens à employer; en effet, le cheval ne peut se livrer
à aucune défense sans prendre un point d'appui sur le
sol; il faut donc chercher avant tout aie mobiliser; or,
il n'est pas toujours possible d'obliger un cheval à se
porter en avant, tandis qu'on peut toujours le déplacer
latéralement en faisant agir l'une ou l'autre jambe si l'on
sait opposer en même temps les épaules aux hanches.
Lorsqu'un cheval est difficile au montoir^ il faut
le faire tenir par un homme fort et adroit, s'approcher
lentement et sans hésitation de l'épaule gauche, prendre
les rênes dans la main cauche et saisir de cette main
une bonne poignée de crins, mettre vivement le pied à
l'étrier en évitant de toucher le cheval avec la pointe du
pied, s'enlever lestement, arriver très doucement en
selle, prendre immédiatement les rênes de filet sépa-
rées et un peu courtes, chausser l'étrier droit le plus
adroitement possible ou le recevoir de la main du
groom et rendre peu à peu la main en redressant le
haut du corps et en serrant fortement les cuisses et les
genoux.
Au besoin, on pourrait faire placer un torchon autour
des yeux du cheval. Si, pendant qu'on se met en selle,
l'animal se porte en avant, se cabre, etc., l'homme
qui le tient ne devra pas résister brutalement, mais, au
contraire, lui laisser faire un pas ou deux en avant en
s'efforçant seulement de modérer ses mouvements jus-
qu'à ce que le cavalier ait ajusté ses rênes, et alors il
ne devra pas le lâcher brusquement.
RÉSISTANCES ET DÉFENSES. 1G9
Lorsqu'un cheval se serre contre wi mur ou contre,
un autre cheval, il faut, après avoir séparé les rênes
du filet, lui tourner la tète vers le mur ou vers l'autre
cheval en lui pliant, au besoin, l'encolure : cela seul
suffira à faire tourner sa croupe de l'autre côté et,
dès qu'elle commencera à se déplacer, la jambe qui
allait être serrée, renforcée au besoin de Féperon ou
de la cravache, agira pour l'emmener par des pas de
côté, les mains continuant de faire les oppositions néces-
saires.
Lorsqu'un cheval résiste pour tourner à droite, si
tout en pliant l'encolure à droite il jette la croupe à
gauche et s^écarte de la direction par des pas de côté,
ce qui est le cas le plus fréquent, il faut d'abord plier
légèrement l'encolure à gauche, puis, au moyen de la
jambe gauche, déplacer la croupe à droite et graduel-
lement porter les mains à droite ; si, au contraire^ les
épaules se jettent à gauche, il faudra se servir d'abord
de la jambe droite en portant les mains à droite.
Toutes les fois qu'on emploie la rêne directe pour
forcer le cheval à tourner, il faut toujours qu'elle agisse
graduellement, et jamais /)«;• saccades, et que la rêne
opposée vienne aussitôt à la rescousse pour déplacer le
poids de l'avant-main. Dans tous les cas, il est indispen-
saljle de savoir agir au moment opportun. Il est certain
que si l'on porte par exemple les mains à droite au
moment où le pied antérieur droit pose à terre, le cheval
sera gêné pour tourner à droite et que, si l'on a agi avec
force, la résistance inévitable dégénérera en défense,
22
170 TRAITÉ DEQUITATION.
tandis que si l'on porte les mains à droite au moment où
le pied antérieur gauche pose à terre, le mouvement
s'exécutera sans difficulté. Cela explique comment un
cavalier habile peut, dans beaucoup de cas, prévenir et
empêcher les résistances.
Lorsqu'un cheval s arrête court et recule au lieu
clavancer, il faut déplacer les hanches à droite au moyen
de la jamlîe gauche, puis à gauche au moyen de la
jambe droite, et ainsi de suite en avançant chaque fois
de quelques pas; s'il y a plus de difficulté d'un côté
que de l'autre, on continuera du côté le plus facile, fai-
sant faire au besoin quelques voltes de deux pistes avec
Tépaule en dedans et, dès qu'on sentira que le cheval
est prêt à céder à l'action des deux jambes, on atta-
quera par deux petits coups d'éperon en rendant un peu
la main.
Je ne suis pas partisan d'obliger l'animal à continuer
le mouvement rétrograde qu'il avait commencé : cela
conduit presque toujours à une pointe ou à l'accu-
le ment.
Lorsqu'un cheval bondit, il faut assurer l'assiette
en redressant le haut du corps, rendre la main si, en
bondissant, il s'enlève plus du devant que du der-
rière, au contraire lui relever la tête au moment où il
retombe sur le sol s'il détache la ruade, mais surtout
éviter qu'il s'arrête ; si l'on n'a pu prévenir à temps la
défense et la paralyser en pliant l'encolure soit à droite,
soit à gauche, on profitera du premier moment oppor-
RÉSISTANCES ET DÉFENSES. 171
tun pour le faire ; en même temps, la jaml^e du môme
côté déplacera la croupe et fera faire une volte de deux
pistes avec Tépaule en dedans ; pendant cette volte,
l'éperon ou la cravache pourra agir, au besoin ; mais il
faut bien se garder de frapper le cheval avant d'être
maître de la croupe, car cela le ferait ])ondir plus fu-
rieusement. Il faut aussi avoir soin, toutes les fois qu'on
plie l'encolure, de ne pas agir brutalement ou la tenir
pliée trop longtemps, mais, au contraire, de rendre un
peu la main dès qu'on sent l'animal prêt à se reporter
franchement en avant.
Pour empêcher un cheval de se cabrer, il faut, dès
qu'on prévoit qu'il va le faire, déplacer sa croupe à
droite ou à gauche et continuer de lui faire faire des
pas de côté, des voltes de deux pistes avec l'épaule
en dedans ou des pirouettes renversées jusqu'à ce qu'on
sente qu'il est prêt à se reporter en avant, et alors lui
rendre doucement la main ; si l'on n'a pu prévenir
la défense, on penchera le corps en avant en rendant
complètement la main et l'on serrera bien les g-enoux
en portant le bas des jambes en arrière sans toucher le
cheval, de manière que les étriers supportent un peu le
poids du corps. Au moment où les membres antérieurs
vont reprendre terre, on redressera le haut du corps
en ayant soin de ne pas donner involontairement une
saccade sur la bouche, on pincera des deux éperons et
on commencera aussitôt les pas de côté pour prévenir
une nouvelle défense.
Il ne faut jamais pincer des éperons au moment où
172 TRAITÉ d'ÉQUJTATION.
le clieval s'enlève, la douleur pouvant le faire enlever
plus haut et l'exposer à se renverser.
Lorsqu'un cheval rue, il faut redresser le haut du
corps, serrer fortement les genoux, élever la main,
scier même du hridon en tirant alternativement chaque
rêne, faire des pas de côté à droite ou à gauche et éviter
que les épaules s'arrêtent ; ensuite, on sera attentif à
exiger la mise en main et la légèreté avec élévation d'en-
colure, de manière à faire refluer une partie du poids sur
les hanches ; on surveillera le jeu des oreilles et l'on se
tiendra prêt à relever la tête et à déplacer l'avant-main
au moindre indice. J'ai vu souvent de vrais meurs qui
ne pouvaient supporter le moindre attouchement sur la
croupe accepter les tapotements ou la pression de la
main du cavalier, contenus qu'ils étaient par de légers
effets de rênes qui maintenaient leur tête dans la honne
position.
Lorsqu'un cheval est sujet à gagner à la main et o
s'emporter, il faut avoir soin de lui tenir toujours la tête
dans une position convenahle : s'il renverse l'encolure
et porte le nez au vent, il faudra faire agir constam-
ment le mors de hride avec précaution pour lui hais-
ser un peu la tête et l'encolure; s'il s'encapuchonne,
il faudra lui relever la tête avec le filet et faire en
sorte que l'appui sur la bride soit aussi léger que pos-
sible. Dès qu'on sentira que l'animal tire un peu ou
qu'il allonge l'allure plus qu'on ne veut, on le modé-
rera, on le mettra au pas, on fera de fréquents demi-
RESISTANCES ET DEFENSES.
173
arrêts. Si l'on emploie bien ces moyens, un cheval ne
s'emballera jamais : si on l'a laissé gagner à la main, et
qu'il s'emporte, il faut s'efforcer de le retenir dès le début,
car, une fois lancé, il serait trop tard ; si l'on n'a pas
réussi, il ne faut pas tirer constamment les rênes avec
force, car alors, il ne sentirait bientôt plus rien. Règle
générale : plus un cheval a la bouche sensiljle, plus
il arrive vite à cet état d'insensibilité qui fait dire de lui
qu'il a la bouche dure ; on rendra donc, au contraire,
complètement la main de la bride et on se contentera
de sentir légèrement la bouche avec le filet, puis on ren-
dra du filet et on reprendra doucement de la bride et
ainsi de suite, s'efforçant de diriger le cheval s'il y a des
obstacles à éviter : il se laissera d'autant mieux diriger
que l'on emploiera moins de force.
r<^:-
Fig. i84.
Mais le point essentiel pendant tout le temps qu'on
n'est pas maitre de sa monture, c'est de serrer fortement
174 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
les cuisses et les genoux et de renverser le haut du corps
en arrière [fig. 184) , afin que, si le cheval vient à s'abattre
ou à donner dans un obstacle, on ne soit pas lancé en
avant.
Pendant les écarts, les tête à queue^ les pirouettes
malgré le cavalier, il faut, pour n'être pas désarçonné,
se lier au cheval avec souplesse, en tournant le corps
dans le sens du mouvement comme si on l'avait
provoqué soi-même ; puis s'emparer de Fencolure et
commencer aussitôt des pirouettes renversées du coté
opposé à celui où le cheval se tournait (1).
(1) On voit que, pour combaUre les résistances et les défenses quelles
qu'elles soient, il suffit de déplacer le cheval latéralement par des pas
de côté. Voilà pourquoi ma méthode de dressage prescrit les pas de côté
dès le début, afin de se rendre maître tout d'abord de l'arrière-main et,
par conséquent, de l'impulsion puisque l'impulsion vient des membres
postérieurs et du rein. Aucun cheval, je le répète, ne peut résister
à l'action d'une seule jambe lorsqu'on sait opposer convenablement
les épaules aux hanches; lorsqu'il cède facilement à la jambe droite
seule, puis à la jambe gauche, alors, mais alors seulement, on peut
obtenir sûrement le mouvement en avant; à la moindre résistance, on
revient aux pas de côté et l'on dresse ainsi l'animal sans jamais lui
céder et sans avoir recours à la brutalité. J'affirme n'avoir jamais eu
d'insuccès avec cette méthode qui a l'avantage do supprimer tout travail
préparatoire à la longe ou à la cravache.
AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS
Le cours de Haute École qui précède contient tous les exercices que
le cavalier doit savoir exécuter et faire exécuter à son cheval parce
qu'ils sont utiles pour assouplir l'animal et le rendre agréable, à manier.
Tous les autres airs dits de Haute École, ne sont que des tours
d'adresse plus ou moins inutiles, des passe-temps auxquels peuvent se
complaire ceux qui s'adonnent avec amour à l'art de l'équitation.
Comme ces airs sont fort brillants, ils séduisent souvent les jeunes
cavaliers qui veulent les exécuter avant d'avoir fait des études sérieuses,
et il on résulte les plus grands inconvénients pour eux-mêmes qui con-
tractent de mauvaises habitudes et pour leurs chevaux qui sont prompte-
ment ruinés dans leurs allures et deviennent presque toujours rétifs.
Parmi les airs et allures artiflciels, il n'y en a, selon moi, que huit
qui, à la condition d'être parfaitement exécutés, n'offrent point d'incon-
vénient : PiafTer. — Pesade. — Courbette. — Jambette. — Pas espa-
gnol. — Trot espagnol. — Pas Musany. — Révérence.
Piaffer.
De même que le passage n'est qu'un trot très
ralenti et très cadencé, de même le piaffer [fig. 183)
n'est qu'un passage sur place. Il est extrêmement diffi-
cile à exécuter : il faut que la pression des jambes
entretienne la cadence du mouvement et que la main,
sans gêner cette cadence, empêche le cheval d'avan-
cer. Presque tous les chevaux que l'on voit piaf-
fer, même dans les cirques, tréjjignent sur place
176
TRAITE D EQUITATION.
plus OU moins irrégulièrement. Cet exercice est d'ail-
leurs fatigant pour l'animal et risque de compromettre
la régularité de ses allures. Le passage très ralenti me
rrKT
Fig. 185.
parait, dans la pratique, de beaucoup préférable au
piaffer, dont il a tous les avantages sans en avoir les
inconvénients.
Pesade.
Pour bien dresser un cheval à faire la pesade, il
faut d'abord le mettre dans les piliers et, au moyen de
la chambrière, le faire donner dans les cordes jusqu'à ce
que Tarrière-main s'engage sous la masse; alors, pen-
dant qu'un aide, tenant la chambrière, l'empêche de
reculer, l'écuyer tenant d'une main la longe attachée au
caveçon, frappe le poitrail avec la cravache pour faire
AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS.
177
lever ravant-maiii et donne de petits coups sur les canons
pour faire replier les membres antérieurs, supposant au
besoin avec le caveçon à ce que le cheval s'enlève trop
haut. Cela obtenu, il se met en selle, rassemble son
cheval, puis, les jambes pressant un peu en arrière des
sangles, une légère contraction du poignet, aidée les pre-
mières fois du toucher de la cravache à T épaule ou au
poitrail, fait lever Tavant-main, les memljres antérieurs
repliés : on marque ainsi un léger temps d'arrêt (//y. 186) ;
r'R3
r-ig. 186.
puis on desserre les jambes et l'on rend imperceptible-
ment la main pour que les membres antérieurs revien-
nent légèrement à terre.
Il faut éviter avec soin que la pesade dégénère en
cabrer.
23
178 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
Courbette.
Pendant que le cheval exécute la pesade, il suffit
d'une pression des mollets ou du toucher des éperons
pour déterminer un petit saut en avant, les deux membres
postérieurs avançant à la fois dès que les membres anté-
rieurs vont toucher terre.
Les pesades et les courbettes sont des airs fort e^ra-
cieux lorsqu'ils sont exécutés sans efïort.
Jambette.
Pour faire faire jambette à un cheval, il faut
commencer à pied ; on touche un membre antérieur
avec la cravache, puis on donne de petits coups jusqu'à
ce que le membre se lève ; presque toujours le cheval
étend de lui-même le membre en avant et en frappe la
terre avec impatience ; on le caresse et on recommence
avec l'autre membre ; si le membre ne se lève pas
assez, on frappe un peu plus fort et on le soutient en
même temps ; il est même bon de faire poser le pied
sur un escabeau assez élevé : au bout de très peu de
temps, le cheval lève et étend le membre en avant
dès qu'on le touche de la cravache : alors en même temps
qu'il le lève on fait sentir de légères vibrations de la
rêne du filei du même côté, et bientôt il n'est plus besoin
de se servir de la cravache : dès que l'on fait agir une
pêne du filet le membre antérieur du même côté se lève
et s'étend en avant ; on se met alors en selle et, pen-
AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS.
179
tlant qu'on fait lever le membre antérieur droit, on fait
sentir la pression de la jambe gauche [fig. 187) et vice
versa; bientôt cette pression seule de la jambe fait lever
le membre.
7^'R^
Fig. 187.
On peut faire exécuter des pirouettes renversées à
droite, le membre antérieur gauche faisant jambette
et vice versa.
Pas espagnol.
Le cheval faisant bien jambette, il est plus cor-
rect, plus artistique et peut-être plus facile d'obtenir le
pas espagnol en selle qu'à pied; il suffit de faire faire
alternativement jambette à droite et à gauche en pous-
sant doucement le cheval en avant pour obtenir, au
bout d'un temps plus ou moins long, le pas espagnol;
on peut s'aider les premières fois de la cravache que
l'on montre alternativement à droite et à gauche de
180
TRAITE D EQUITATION.
Fencolure pour que les membres se lèvent en mesure.
Ce qui rend l'exécution fort difficile, c'est qu'il faut une
très grande justesse dans l'emploi des aides pour que la
marclie soit régulière {fig. 188), que les membres anté-
■R'ï
Fig. 188.
rieurs se lèvent successivement à la même hauteur, que
les membres postérieurs ne traînent pas et avancent
chacun à son tour régulièrement comme dans le pas
ordinaire, mais en se levant un peu plus haut.
Quand le cheval est dressé, le cavalier ne doit pas
balancer le haut du corps, mais seulement se lier au
mouvement, en restant aussi droit que possible : la
tête du cheval doit rester placée et plus ou moins
haute selon que le mouvement des membres a plus ou
moins d^élévation.
Le pas espagnol est une excellente gymnastique pour
les épaules et développe beaucoup les moyens des che-
vaux qui y sont dressés jeunes.
AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. 181
Trot espagnol.
Le cheva! exécutant bien le pas espagnol, il suffit
de le stimuler, en continuant de lui marquer la cadence
à l'aide des rênes et des jambes pour qu'au bout de
quelque temps il prenne le trot espagnol. Dans cette
allure, les membres en diagonale doivent se lever et
poser à terre simultanément sans qu'il y ait jamais un
mouvement irrégulier. Le cheval reste pendant un temps
'■'•/i.'j
Fig. 189.
complètement détaché du sol {fuj. 189); puis, pendant
l'appui d'un bipède diagonal, l'autre bipède diagonal est
au soutien, le membre antérieur étendu en avant comme
dans le pas espagnol, et l'allure continue ainsi, l'animai
bondissant d'un bipède diagonal sur l'autre avec une
régularité et une cadence parfaites. De même que pour
le pas espagnol, on peut accélérer ou ralentir l'allure,
en accroître ou en diminuer l'élévation à volonté. Ma
182 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
jument Dona Sol exécutait le pas et le trot espagnols
d'une manière très brillante et si régulièrement que
je pouvais la trotter à l'anglaise au trot espagnol. L'en-
colure doit avoir une belle élévation, la tête un peu en
avant de la verticale .
Le trot espagnol est assez fatigant et ne doit être de-
mandé que sur un bon terrain; mal exécuté, il ruine
promptement les membres et les allures.
Pas Musany.
Le cheval exécutant bien le pas espagnol, on peut,
en diminuant graduellement les effets des aides et
r* p.*»
Fig. 190.
en accélérant un peu la marche sans en laisser perdre
la cadence, obtenir artificiellement une allure tout à fait
AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. ISS
semblable à celle que preunent naturellement, surtout
en liberté, certains chevaux très énergiques.
Cette allure {fig. 190) qu'exécute ma jument Hope, et,
à laquelle je me permets de donner mon nom parce que
personne, à ma connaissance, ne Ta exécutée artificiel-
lement avant moi, peut se continuer indéfiniment sans
fatigue, et n'a pas Vair d'être forcée comme le pas espa-
gnol, dont elle diffère autant que le passage diffère du
trot espagnol.
Révérence.
Le cavalier, à pied, prendra d'une main les rênes
de bride et fera baisser la tête du cheval, puis donnant
F'RJJ
Fig. 191.
quelques coups de cravache au passage des sangles, il
obligera le membre du même côté à fléchir en se reçu-
184 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
lant ; passant de l'autre côté il fera faire la même chose
à l'autre membre.
Alors montant à cheval, il ramènera la tête, serrera for-
tement Tune ou l'autre jambe au passage des sangles,
s'aidera les premières fois de la cravache en tendant un
peu les rênes pour faire refluer le poids en arrière et
obtiendra ainsi une sorte de révérence {fig. 191), en
accentuant le mouvement que font quelquefois les che-
vaux pour prendre leur nourriture à terre.
Tous les autres airs et allures ai tificiels, tels que : faire marcher le
cheval debout, le faire galoper en arrière ou sur trois jambes, s'age-
uouiller, marcher sur les genoux, etc., etc., sont absolument contre
nature, par conséquent anti-artistiques et je voudrais les voir proscrits,
même des cirques. Souvent, il faut bien le dire, ces airs que l'on mul-
tiplie à l'inûni sont dus tout simplement à quelque mauvaise habitude
prise par l'animal : ainsi, la plupart du temps, un cheval qui fait le
<( passage en balançant des hanches » serait incapable de passager droit
d'épaules et de hanches; celui qui galope sur trois jambes ne pourrait
pas faire correctement une pirouette ordinaire au galop sans tenir un
membre en l'air comme s'il était malade.
En tombant dans de tels abus, l'équitation savante, bien loin de faire
des progrès, se suicide elle-même. Abus pour abus, je préfère encore
l'ignorance des Anglais qui, s'ils ne savent pas tirer artistiquement
parti des moyens du cheval, du moins ne lui demandent rien qui soit
contre sa nature.
ÉQUITATION DE COURSE
J'ai dit ailleurs (1; que l'art de rentrainement, bien
loin d^être à son apogée, comme la plupart des sportsmeu
semblent le croire, est encore dans l'enfance. Il en est de
même de l'équitation dite de course.
Lorsque les Anglais ont institué les courses de chevaux
de pur sang, ils ont compris que, n'ayant d'autre but
que la vitesse, le jockey devait par tous les moyens pos-
sibles soulager sa monture et favoriser la détente du rein
et des jarrets ; mais les moyens adoptés pour cela sont
très défectueux. On a choisi les jockeys les plus légers,
souvent même des enfants (2) qui, n'ayant pu apprendre
(1) Le Cheval en France {Nouvelle Revue du 1^^ avril 1883).
(2) Les courses n'ont d'autre raison sérieuse d'exister que la produc-
tion et l'amélioration du cheval de pur sang destiné à améliorer les
chevaux de service.
Or, les chevaux de service et particulièrement ceux destinés à la
cavalerie doivent porter un poids assez considérable.
Donc, les courses doivent être réglementées de telle façon qu'elles
permettent de juger les chevaux capables de faire le plus rapidement
possible un trajet déterminé en portant un poids suffisant.
Le cheval le plus vite est incontestablement le meilleur s'il est capa-
ble de porter le poids d'un cavalier ordinaire et de son harnachement ;
j'accorde même que les tares n'ont qu'une importance secondaire. Mais
il ne faut pas sacrifier tout à la vitesse ; car, supposé que l'on réduise
encore le poids des jockeys et qu'on arrive même à faire courir des
24
•186 TRAITÉ D'ÉQUITATIOxN
sérieusement l'équitation, se sont accoutumés à se tenir
tant bien que mal sur une selle et ont acquis, par la pra-
tique seule, une adresse relative dans le métier qu'ils
exerçaient; ils ont raccourci les étriers pour avoir les
jambes mieux soutenues et pouvoir se détacher complè-
tement de la selle ; ils ont penché le buste en avant avec
exagération; l'assiette et l'enveloppe n'existant pas, ils
se sont cramponnés aux rênes pour assurer leur tenue.
Et les nouveaux venus imitant les anciens, il en est résulté
une façon de monter, sans principes, sans règles, mais si
bien consacrée aujourd'hui par la routine, qu'il est géné-
ralement admis qu'on ne pourrait monter autrement en
course.
Or cela est faux. Les principes de l'équitation ne sau-
raient être transgressés ; le jockey qui n'a pas appris à
monter à cheval selon ces principes ne montera jamais
convenablement en course, quelles que soient d'ailleurs
ses dispositions naturelles, tandis qu'un cavalier qui a
étudié sous un bon maître fera promptement un excel-
lent jockey pour peu qu'il ait les aptitudes nécessaires.
Les membres antérieurs du cheval sont faits pour por-
chevaux sans jockeys, la taille et la force diminueraient encore davan-
tage; seule, la vitesse se développerait et Ton aurait ainsi des reproduc-
teurs encore moins capables que ceux d'aujourd'hui de donner de bons
chevaux de service.
Pour relever la production, il faut que les chevaux de course portent
-plus de poids et que le parcours soit plus long; la vitesse en sera un
peu diminuée, mais non pas l'aptitude du cheval à courir vite, au con-
traire. Et les vainqueurs seront réellement des reproducteurs d'élite
parce que tous ceux qui sont impropres à porter du poids seront ainsi
éliminés.
EQUITATION DE COURSE.
187
ter plus de poids que les membres postérieurs, qui ont
surtout pour fonction de chasser la masse en avant. Le
poids du cavalier doit être réparti sur les quatre membres
de manière à les charger conformément au rôle que la
nature leur a assigné, et pour cela il faut que ce poids
repose sur le dos, c'est-à-dire sur la partie du corps qui
fait suite au garrot. Si les étriers sont courts, outre que
l'enveloppe et par conséquent la solidité et la puissance
feront défaut au cavalier, il sera assis trop en arrière et,
quelle que soit la légèreté de son poids, fatiguera consi-
dérablement le rein, ou alors ses jambes placées trop
en avant ne pourront servir à diriger le cheval.
De même que le cavalier en trottant bien à l'anglaise
soulage beaucoup son cheval, de même le jockey au
galop de course, en serrant fortement les genoux pour
T^KI
Fig. 192.
quitter la selle, évite le frottement sur le dos du cheval,
et, par conséquent, le fatigue moins et risque moins de le
blesser. Il doit aussi, à cette allure, incliner le haut du
188
TRAITE D EQUITATION.
corps en avant comme fait un coureur à pied, mais seule-
ment pour se lier au mouvement de sa monture en dépla-
çant son propre centre de gravité proportionnellement à
la vitesse. Avec la position de jambes que j'ai prescrite,
ET QUI NE DOIT JAMAIS VARIER, Ic jockcy pcut quitter la selle
autant qu'il est nécessaire, et incliner le haut du corps
en avant, sans avoir besoin de s'attacher aux rênes
{ficj. 192). S'il se couche sur l'encolure, au lieu de soula-
ger son cheval, il surcharge trop ravant-main(/?(5^. 193),
_^^^
■r^-'h'^
Fig. 193.
ce qui nuit à la sûreté, ainsi qu'à la facilité des mouve-
ments, et par conséquent à la vitesse ; lui-même, en cas
de chute, ne peut manquer d'être violemment projeté en
avant, tandis qu'avec une tenue correcte, il pourrait par
une retraite de corps, rester en selle, ou du moins résis-
ter assez à l'impulsion pour amortir beaucoup sa propre
EQUITATION DE COilRSE.
489
chute, et cela sans porter ridiculement les jambes en
avant pour s'arc-bouter sur les étriers [fig. 194).
Il n'y a aucune raison pour que le jockey soit, en
quelque sorte, pendu aux rênes, sous prétexte de point
iVappid. Prise dans ce sens, Texpression : point d'appui
r^f^i
Fig. 194.
— — ».
est absolument fausse, attendu que le cavalier qui est
porté par le cheval ne peut lui offrir un réel soutien, un
réel point d'appui, par la tension constante des rênes. Il
peut seulement, dans une certaine mesure, lui donner
un soutien momentané en prenant lui-même avec ses
genoux un point d'appui contre les bourrelets de la
selle , en redressant le haut du corps , et en exer-
çant une traction sur les rênes ; mais pour que la
tension des rênes puisse être ainsi augmentée avec effica-
cité, il faut qu'elle n'ait pas été encore portée à son
maximum, il faut que la bouche n'y soit pas devenue
insensible. Il est honteux de penser que des hommes qui
190
TRAITE D EQUITATION.
ne sont pas des sauvages déploient toute la force de leurs
muscles pour agir, avec un instrument en fer, sur la
bouche d'un cheval, lorsqu'ils le font courir. Il en résulte
que l'animal affolé, presque toujours emballé, se dérobe
souvent sans que son cavalier puisse l'en empêcher, et
l'on dit qu'il a delà mauvaise volonté, de l'ambition, que
sais-je ? au lieu de reconnaître qu'il est tout simplement
mal dressé et mal monté.
Dans un manège, où les allures sont cadencées, où le
cheval doit être constamment prêt à exécuter une foule
d'exercices en tous sens à la moindre sensation qu'il
reçoit des aides, il faut donner à la tête une position ver-
ticale et entretenir une très grande légèreté par de con-
tinuels effets de rênes qui rafraîchissent la bouche et
Fig. 195.
empêchent l'animal d'appuyer d'une manière constante
sur le mors; en promenade, où il y a beaucoup moins
d'occasions de varier les mouvements et la direction, la
ÉQUITATION DE COURSE. IDl
main du cavalier a moins à faire et doit agir seulement
de manière à maintenir le cheval suffisamment léger et
toujours parfaitement dirigeable, tout en le laissant
appuyer un peu plus sur le mors {fuj. 19o-) ; en course, où
le cheval donne toute sa vitesse, l'appui sera encore un
peu plus accentué, afin de bien assurer la direction ; mais
le jockey devra faire en sorte de l'empêcher autant que
possible de sortir de la main afin qu'il soit toujours diri-
geable et n'épuise pas inutilement ses forces; et pour cela
il est nécessaire de monter avec une bride complète, et
de faire agir au besoin le mors de bride comme il a été
dit au § 279.
C'est une erreur de croire que le cheval ait besoin
d'un point dappui pour donner le maximum de sa
vitesse. Il est très possible que la plupart des chevaux
de course ralentiraient leur allure si on leur rendait la
main, mais c'est parce qu'ils sont habitués à être mal
montés. Si, comme quelques auteurs le prétendent, ce
point d'appui fictif excitait l'animal à porter son centre
de gravité plus en avant qu'il ne peut aller, il en résulte-
rait infailliljlement une culbute. Un cheval ne peut
donner que la vitesse dont ses organes locomoteurs sont
susceptibles, et ce n'est pas dans un appui exagéré
sur le mors, non plus que dans le rouler, que le cava-
lier doit chercher l'action impulsive : ils ne peuvent
servir qu'à faire dépenser dans une contraction inutile ou
à épuiser par des secousses également inutiles les forces
de l'animal ; le rouler n'est admissilîle que lorsqu'il s'agit
d'empêcher un cheval de se dérober, de faire un tète-à-
queue, ou de s'arrêter; l'impulsion en avant ne doit venir
192 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
que des jambes du cavalier ou de la cravache, les mains
conservant toujours la possibilité de modérer au besoin
cette impulsion, et d'assurer la direction.
Quant à la rigidité de l'encolure, s'il est vrai que cette
rigidité soit nécessaire pour que certains muscles puis-
sent donner tout leur effort, elle sera la conséquence
toute naturelle de l'action impulsive donnée par les
jambes ou la cravache; en tous cas, la tension modérée
des rênes suffira pour maintenir l'encolure directe.
Que, dans la pratique, il arrive quelquefois au meil-
leur cavalier d'être emmené en course par un cheval
énergique, je suis loin de le contester; mais poser en
principe qu'il doive toujours en être ainsi, c'est vraiment
vouloir faire à mauvaise fortune trop bon visage.
Certes, le cheval en course doit avoir la liberté d'éten-
dre son encolure, ainsi que je l'ai dit (§ 3o7), mais il faut
pouvoir l'empêcher de s'encapuchonner, de porter au
vent, de battre à la main, de tenir l'encolure de tra-
vers, etc. Les chevaux qui, montés par de bons cavaliers,
conservent ces défauts ont tous, sans exception des vices
de constitution, faiblesse de rein, souffrance dans les
jarrets, affections internes, etc., qui les rendent plus ou
moins impropres à la reproduction ; et je crois que dans
l'intérêt de l'élevage il est utile de faire la lumière sur
ce point.
Certes le cheval de course n'a pas besoin d'être un
cheval d'école parfait ; mais il faut qu'il ait été suffisam-
ment dressé et assoupli au manège pour pouvoir être
manié en tous sens aux allures modérées ; autrement il
n'est pas étonnant qu'on ne puisse le diriger en course
ÉQUITATION DE COURSE. 193
sans les plus grands efforts, et qu'il soit proniptenient
ruiné par de pareilles épreuves. Tous les maîtres re-
connaissent cette vérité, et leur avis a, ce me semble,
plus de valeur que celui de sporstmen improvisés qui
prétendent abolir les traditions d'un art qu'ils ne con-
naissent pas.
Certes, il n'est pas nécessaire que les jockeys soient
des écuyers de manège de premier ordre ; mais il faut,
du moins, qu'ils aient poussé l'étude de l'équitation assez
loin pour être correctement placés en selle et pouvoir
accorder convenablement les aides ; car plus les chutes
sont redoutables, en raison de la vitesse acquise, plus il
faut savoir se lier, s'identifier avec sa monture.
Je crois nécessaire d'ajouter ici quelques mots à ce que
j'ai dit sur la manière de franchir les obstacles. Au mo-
ment de l'élan, le cavalier doit bien se garder de faire
aucun mouvement qui puisse gêner le cheval ; au moment
où celui-ci se reçoit il ne faut pas lui laisser allonger
l'encolure, ce qui surchargerait l'avant-main; s'il ne
relève pas de lui-même la tête, il faut l'habituer à le faire
en reprenant doucement au moment où les membres
antérieurs arrivent à terre. Cette action des mains n'a
d'inconvénient que si elle a lieu trop tôt, parce qu'alors
elle gêne le mouvement de l'arrière-main et amène le
cheval à se recevoir sur les quatre pieds, ce qui fatigue
considérablement les articulations ; mais, au moment
que j'indique, la croupe est passée et il y a tout avan-
tage à décharger les membres antérieurs. Il va sans dire
que le mouvement d'élévation de l'encolure doit être
d'autant moindre que l'allure est plus allongée.
25
d94 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
A la chasse, lorsqu'on arrive à Timproviste sur un
obstacle, le cheval allonge presque toujours l'encolure
et marque un temps d'arrêt avant de sauter; il faut le
laisser faire. En course, l'allure étant rapide et le cheval
étant habitué à rencontrer à peu près les mêmes obsta-
cles sur tous les hippodromes, le saut est beaucoup moins
déplaçant parce qu'il se fait sans temps d'arrêt et pour
ainsi dire dans une foulée de galop,
La meilleure manière de tenir les rênes pour sauter
en toutes circonstances est celle que j'ai indiquée (§ 279).
Les courses au trot ont pris dans ces dernières années
un très grand développement. Je suis de ceux qui pen-
sent qu'on ne saurait trop les encourager, ainsi que les
courses au galop, si l'on veut améliorer par des repro-
ducteurs d'élite l'élevage de nos chevaux de service et
la remonte de notre cavalerie. Malheureusement, les
abus monstrueux qui se commettent sur les hippodromes,
au point de vue surtout de l'emploi du cheval et de
l'équitation, sont causes que les courses ne donnent pas
les résultats qu'elles devraient donner, et que même des
hommes compétents en contestent l'utilité.
La tenue des jockeys dans les courses au trot est plus
déplorable encore que dans les courses au galop. Les
étriers sont ridiculement courts; l'assiette trop en arrière
gêne le mouvement du rein de l'animal; les jambes
ballottent en tous sens ; les bras s'agitent, les rênes
n'agissent que par saccades brutales : aussi les allures
sont-elles presque toujours détraquées {fig. 196). Le
dressage du trotteur demande infiniment de soins et sa
conduite en course infiniment de tact, puisqu'il faut non
EQUITATION DE COURSE.
195
seulement développer graduellement ses moyens jus([u'à
ce qu'il donne le maximum de sa vitesse, mais encore
f'HI
Fig. 196.
éviter les changements d'allures et les mouvements irré-
g-uliers [fig. 197).
Fig. 197.
196 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
Je ne saurais trop le répéter ; il est indispensable que
les jockeys apprennent ce que la plupart d'entre eux ne
savent pas, c'est-à-dire l'équitation.
Le cavalier correctement placé en selle comme je
l'ai dit se trouve dans les meilleures conditions pour
obtenir tout de son cheval, et les règles prescrites pour
l'emploi des aides trouvent leur application aussi bien
en course, en chasse ou à la guerre, qu'à la promenade
et au manège.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
Depuis que la première partie de cet ouvrage (Cours
Elémentaire) a été publiée, on m'a demandé pourquoi,
contrairement à tous mes devanciers, je tiens tant à ce
que le cavalier ne se préoccupe pas des facultés intellec-
tuelles du cheval. Sans examiner longuement ici une ques-
tion que j'ai traitée ailleurs (1), je répondrai qu'en admet-
tant que le cheval serait capable de comprendre ce qu'il
fait, on ne pourrait néanmoins s'adresser à son intelli-
gence que par l'intermédiaire des sensatio?îs jjh/siques;
par conséquent, même dans ce cas, ma méthode d'équita-
tion et de dressage, entièrement basée sur l'emploi des
sensations, serait aussi rationnelle qu'aucune autre, tandis
que si, comme j'en suis convaincu, Tanimal est incon-
scient, les méthodes qui enseignent qu'il faut tirer parti
de son intelHgence et lui faire apprécier, à l'aide de châ-
timents et de récompenses, ce qu'il doit ou ne doit pas
faire doivent nécessairement conduire souvent à de faux
résultats.
Pour rester sur le terrain des certitudes, il faut donc
réformer le langage dont on s'est servi jusqu'à présent :
(I) Voir Homme ou Singe? (Dentu, éditeur).
ly8 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
Quand je dis qu'un cheval (( cède à la pression » de la
jambe gauche en déplaçant ses hanches à droite, je dé-
finis très exactement un fait ; si l'on dit qu'il « comprend »
ou qu'il « sait )) qu'il doit déplacer ses hanches, on
affirme une chose qui, tout au moins, n'est pas démon-
trée.
J'ai entendu souvent des cavaliers militaires dire :
« Mon cheval est mieux traité que moi » . Partant de cette
idée, quelques-uns d'entre eux sont enclins à se venger
sur l'animal de certaines punitions qu'on leur inflig-e et
qu'ils attribuent à son entêtement ou à sa malice. Il im-
porte d'enseigner à tous que, contrairement aux doctrines
saugrenues de Darwin et consorts, il y a une différence
essentielle entre l'homme et l'animal ; que celui-ci n'est,
en aucun cas, responsable de ce qu'il fait, tandis que
l'homme doit se soumettre à ses devoirs, réfléchir à
l'avance aux conséquences de ses actes et, par consé-
quent, en accepter la responsabilité.
A défaut d'intelligence, on met en avant Vimtinct.
Mais qu'est-ce exactement que l'instinct? Et qu'est-ce
que l'intelligence? L^instinct (de insthiguere, exciter,
pousser) est l'impulsion qui meut les organes. Ceux-ci
ne sont donc pas libres de se mouvoir d'un côté ou d'un
autre; ils cèdent fatalement à une excitation qui les
pousse. Mais, d'où vient cette impulsion, cette stimulation
soi-disant mystérieuse? On ne l'a jamais dit. Or, elle n'a
rien de mystérieux ; elle est conforme à des lois physiques
connues : elle est j)roduitc par les sensations.
L'intelligence (de inter^ parmi, légère, choisir) est la
faculté, que l'esprit seul possède, de choisir librement
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 199
entre plusieurs idées, plusieurs actes à accomplir, d'ac-
cepter ou de refuser ce qui lui est proposé. — -Mais, dira-
t-on, il n'y a peut-être là qu'une question de mots sans
aucune importance au point de vue de la pratique de
Téquitation.
Il me sera facile de démontrer que cette opinion serait
inexacte :
Tous les maîtres, en effet, disent que, lorsqu'on ren-
contre des résistances, il faut savoir discerner celles qui
proviennent de « l'ignorance » ou du « manque de con-
fiance » de l'animal de celles qui résultent d'un « mau-
vais' vouloir manifeste », qui sont « préméditées ». Ce
n'est que dans ce dernier cas, d'après eux, qu'il faudrait
corriger et toujours énergiquement ; si l'on corrigeait
dans le premier cas, on exaspérerait l'animal qui se ré-
volterait de plus en plus contre des exig'ences injustes
et deviendrait bientôt tout à fait rétif.
Or, selon moi, les résistances ne sont jamais prémé-
ditées, ne proviennent jamais de mauvais vouloir, puis-
qu'elles sont toujours causées fatalement par des sensa-
tions physiques, apparentes ou cachées.
Donc, si mon opinion sur ce point est juste, toutes
les fois qu'on corrige l'animal avec la conviction que sa
résistance est volontaire, préméditée, on ne peut réussir,
de l'aveu même de mes contradicteurs, qu'à le rendre
rétif.
D'un autre côté, tous les maîtres sont d'accord pour
recommander la douceur et la patience dont ils recon-
naissent que les cavaliers et les dresseurs manquent gé-
néralement.
200 TRAITÉ D'ÉQUITATION.
Mais, toutes les fois que les cavaliers ont recours à la
brutalité, ils ne manquent pas craffirmer qu'ils ont eu
raison de le faire, parce que le « mauvais vouloir du
cheval était manifeste » .
Il est probable qu^ils auraient plus de patience et
resteraient plus maîtres d'eux-mêmes, s'ils savaient
que l'animal iiest jamais volontairement coupable^ quil
cède toujours à des sensations physiques et quhme sensa-
tion exagérée, telle que celles produites par de violents
coups d'éperons ou de cravache ou par Inaction brutale
du mors, ne peut causer que des mouvements désordonnés
qui deviennent vite des habitudes.
Voilà ce que j'avais à répondre pour ma justification.
J'ai divisé mon Traité d'Equitation en trois parties :
Dans la première partie : Travail en bridon, les com-
mençants acquièrent de l'assiette. Sans tenir compte de
l'opinion de ceux qui voudraient qu'on laissât chaque
cavalier prendre la position qui lui est la plus commode
selon sa conformation, j'ai donné les règles qui prescrivent
la tenue la plus correcte et la plus favorable à tous les
exercices. Ces règles ne sauraient être subordonnées au
manque d aptitudes physiques de certains cavaliers. En
ce qui concerne les régiments de cavalerie, c'est affaire
aux conseils de revision de n'y admettre que des hommes
pouvant monter à cheval correctement. Du reste, les ca-
valiers qui seraient moins avantag-eusement conformés
que d'autres doivent néanmoins s'eff'orcer de se rappro-
cher le plus possible de la tenue qui leur est indiquée
comme tj'pe. Je pense même qu'il ne faut pas craindre
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 201
tVexagérer, au début, les attitudes qui doivent, selon les
mouvements et les allures dn cheval, assurer l'équilibre
du cavalier. Les élèves apprennent encore, dans le Cours
Élémentaire, à se servir des rênes du bridon et des
jambes pour la conduite de leurs chevaux; peu importe
qu'ils exagèrent ces mouvements des mains et des jambes;
l'essentiel est que le professeur puisse bien voir ce qu'ils
font et qu'eux-mêmes se rendent compte des sensations
qu'ils doivent produire pour déplacer l'avant-main ou
l'arrière-main à droite ou à gauche, porter le cheval en
avant, l'arrêter, le faire reculer et déterminer les chan-
gements d'allure. Quant à la tenue correcte de la tête
et de l'encolure du cheval, je pense qu'il ne faut pas
être trop exigeant avec des commençants; l'attention
qu'ils y apporteraient puirait souvent à leur propre ténue.
Dans la seconde partie : Travail en bride^ les élèves
apprennent à se servir convenablement des quatre
rênes et à accorder de mieux en mieux les aides pour la
conduite du cheval, sans qu'il soit question de mise en
main. Les professeurs, familiarisés avec les difficultés de
l'équitation, sont quelquefois trop enclins à oublier leurs
propres débuts et à exiger trop tût ce que des cavaliers
novices *ne peuvent encore exécuter. Des explications
prématurées produisent souvent de la confusion dans
l'esprit des élèves et peuvent môme les décourager. Il
suffit que l'encolure ait une élévation suffisante, que la
tête soit directe sur la ligne droite, un peu tournée du
côté des changements de direction, et que les cavaliers
apprennent surtout à opposer judicieusement les épaules
aux hanches.
26
202 TRAITÉ D'EQUITATION.
Enfin, dans la troisième partie : Haute Écolcj tous les
mouvements du cheval et du cavalier deviennent par-
faitement réglés et harmonieux, les effets des rênes et
des jambes de moins en moins visibles.
Je n'ai pas craint de revenir souvent sur les mêmes
choses en modifiant peu à peu les premières indications
données. C'est ainsi qu'il faut, selon moi, procéder dans
les leçons, très graduellement, répétant sans cesse ce
qui a été déjà dit, pour faire comprendre l'enchaînement
de la méthode et compléter l'instruction des élèves au
fur et à mesure que les progrès accomplis les rendent
plus capables d'employer des moyens plus justes.
Je me suis efforcé de montrer que, quelque mouvement
qu'on veuille obtenir, il faut savoir profiter, pour faire
agir les aides, de l'instant où la position des membres du
cheval lui rend l'exécution facile. Ce principe une fois
posé, il vaut peut-être mieux s'habituer à sentir le mo-
ment favorable que de regarder le mouvement des
épaules, ce qui ferait souvent agir trop tard.
J'ai indiqué dans mon livre tous les mouvements sim-
ples, laissant au professeur le soin de les entremêler, de
les combiner de manière à en composer des figures de
manège variées et d'alterner fréquemment les allures,
ce qui nécessite de la part des cavaliers un travail de
plus en plus juste et serré. La brochure du comman-
dant Dutilh, intitulée : Méthode progressive applicable an
dressage da cheval de troitpe^ d'officier et d'amateur^
sera un excellent guide à consulter sur ce point.
Les cavaliers qui ont suivi le Cours Élémentaire et
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. :>03
le Cours Supérieur sont en état de monter assez con-
venablement dehors ; ceux-là seuls qui savent exécuter
correctement tous les exercices contenus dans le Cours
de Haute École pourront obtenir tout ce qu'ils vou-
dront d'un bon cheval, le monter partout sans elTort et
avec élégance, goûter, en un mot, toutes les joies que
procure à ses adeptes Tart de l'équitation; seuls aussi
ils pourront apprécier les différents systèmes des maîtres.
Le travail auquel on exerce dans le manège les cava-
liers et les chevaux n'est pas un but, mais un moyen;
si l'on fait, par exemple , des pas de côté et des pi-
rouettes, c'est pour que le cavalier puisse, dehors,
empêcher son cheval de se jeter à droite ou à gauche
en le contenant au moyen de Fune ou de l'autre jambe
agissant d'accord avec la main, ou l'empêcher de se
serrer contre son voisin, le détourner promptement d'un
obstacle, l'obliger à s'arrêter droit et à rester immobile
en place, etc., etc. Plus le cheval sera fin aux aides
et le cavalier habile, plus celui-ci sera assuré d'être
maître de l'animal en toutes circonstances, de pouvoir
le faire passer près des objets qui l'effrayent, lui faire
quitter, à un moment donné, ses voisins, etc., sans
avoir recours à la brutalité qui presque toujours en-
gendre de graves désordres et de mauvaises habitudes ;
plus aussi il sera capable de faire faire à son cheval la
plus grande somme de travail sans épuiser ses forces.
L'engouement que nous avons .encore pour tout ce
qui vient d'Angleterre a faussé chez nous l'art équestre.
Cet art n'existe pas chez nos voisins par l'excellente
raison qu'ils ne veulent pas l'apprendre et qu'ils n'ont
204 TRAITÉ DEQUITATIOX.
pas de maîtres pour l'enseigner, si ce n'est, jusqu'à
un certain point, dans les Ecoles militaires dont ils
dédaignent les préceptes. Ils se croient de naissance les
premiers cavaliers du monde ; ils montent uniquement
par routine, sans se rendre compte de rien, et les ou-
vrages qui se publient chez eux sur l'équitation, ou-
vrages que j'ai pris la peine de lire, prouvent, de la
part de ceux qui les ont écrits, une ignorance complète
des principes les plus élémentaires.
Qu'on ne s'y trompe pas, ils n'ont aucune notion du
mécanisme des allures ni de l'emploi raisonné des aides;
ils se figurent que le cheval goûte son mors quand le cava-
lier rend et reprend, à tort et à travers, par de grands
mouvements de main; de là, les mouvements extravagants
des jockeys et de leurs imitateurs ; avec une assurance
imperturbable, les cavaliers anglais croient, en gesticu-
lant beaucoup, montrer qu'ils ont de l'aisance en selle.
Grâce à des efforts persévérants, auxquels je crois
pouvoir dire que je ne suis pas resté étranger, le jour
viendra bientôt, sans doute, où l'on reconnaîtra la né-
cessité de combiner les connaissances nouvelles avec
celles que nous ont laissées nos vieux Maîtres français,
si dédaignés depuis longtemps. De cette combinaison
naîtront les véritables progrès.
L'équitation correcte sera d'ailleurs toujours le pri-
vilège d'un très petit nombre de cavaliers, de ceux-là
seuls qui voudront é.tudier avec persévérance, sans se
laisser illusionner par la réputation facile qu'ils auront
pu acquérir grâce à la souplesse et à la hardiesse du
jeune âge.
OBSERYATIOiNS GÉNÉRALES. 205
Notre Ecole française prescrit la bonne position de
la tète et de l'encolure avec appui léger sur le mors.
Cette position, qui varie selon le genre de travail qu'on
exige, sert à harmoniser tous les mouvements et à bien
régler les allures, à grandir le cheval, à lui donner un
maintien convenable dans tout ce qu'il fait et à corriger,
dans la mesure du possible, ses mauvaises dispositions
naturelles.
Ceux qui font de la haute école comme on doit en
faire ont toujours leurs chevaux en avant des jambes:
si cadencée, si ralentie que soit l'allure, la bouche du
cheval est toujours en contact avec le mors, pendant
les mouvements sur place comme pendant tous les au-
tres, et il est toujours prêt à se porter franchement en
avant à la moindre pression des jambes, comme il est
toujours prêt à céder à toutes les actions des rênes.
C'est là ce qui constitue r^M///é;T qu'il vaudrait mieux,
je crois, appeler I'harmonie équestre.
Le poids du corps du cheval et celui du cavalier sont
supportés par les quatre membres de l'animal et doivent
être répartis convenablement sur ces quatre membres
selon la nature des mouvements et la vitesse des allures,
de manière qu'il puisse faire le meilleur usage possible
de ses forces. C'est au moyen de la position donnée à la
tête et à l'encolure et de l'attitude prise par le cavalier
que se fait cette répartition du poids. Quand l'encolure
et la tète sont placées comme on a vu dans le Cours Su-
périeur (§ 206), le cheval est dans son équilibre naturel
et, s'il n'est ni en avant ni en arrière de la main, il peut
céder à toutes les actions simples des aides; lorsque, aux
206 TRAITÉ D EQUITATION.
allures cadencées, la tête est ramenée (§ 413 etsuiv.),
l'animal acquiert une souplesse et une légèreté bien plus
grandes et obéit beaucoup plus facilement à des aides
beaucoup plus fines.
Dans la pratique, cet équilibre ne saurait être un résul-
tat scientifique, mathématique, mais bien un résultat
artistique, car il est évident que le cavalier, en selle,
ne peut se rendre mathématiquement compte de la ré-
partition du poids et des forces, ni faire un emploi ma-
thématique des aides, mais seulement apprécier artis-
tiquement l'harmonie et la légèreté des mouvements
de son cheval et le degré de force avec lequel doivent
agir les aides.
Quant à la position du cavalier, je ne saurais trop
blâmer la tendance actuelle à porter les étriers courts,
ce qui place le poids trop en arrière, fatigue beaucoup
le rein du cheval, nuit à la vitesse et use promptement
l'arrière -main. L'équilibre du cavalier est d'ailleurs
absolument distinct et indépendant de celui du cheval;
et c'est seulement quand les deux sont réunis, quand un
cheval fin aux aides et bien équilibré est monté par
un cavalier sachant se lier gracieusement à tous les
mouvements de sa monture, c'est seulement alors que
V harmonie équestre existe.
L'élévation de l'encolure avec la tête ramenée est la
position qui convient pour qu'un cheval bien conformé
soit gracieux et agréable à manier aux allures modérées.
Bien loin de le fatiguer, elle le soulage, au contraire,
car il n'acquiert plus de grâce et d'énergie que parce
qu'il a plus d^iisance. Les cavaliers qui, par ignorance,
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 207
prétendent laisser toute liberté à leurs chevaux pour ne
pas les fatiguer, les fatiguent bien davantage et les
usent plus vite. L'homme qui pratique la gymnastique
n'a-t-il pas plus d'aisance et de résistance en exécutant
les mouvements correctement que celui qui voudrait
faire les mêmes exercices sans avoir appris à tirer parti
de ses forces? De même, chez le cheval, la bonne posi-
tion de la tète, la décontraction de l'encolure et de la
mâchoire indiquent la souplesse et la décontraction de
toutes les parties du corps et de tous les muscles qui
peuvent alors dépenser avec moins de fatigue toute
l'énerg-ie dont ils sont capables. Ce qui le prouve, c'est
que le cheval dont la tète et l'encolure sont placées est
beaucoup moins sujet à forger, à se donner des atteintes
et à faire des faux pas (1).
Les cavaliers militaires sont obligés de conduire leurs
chevaux avec une seule main; mais cela n'est qu'un pis
aller. Je suis, pour ma part, de l'avis de M. Jules Pellier
à qui j'ai souvent entendu dire
qu'il n'avait pas trop de ses
deux mains pour manier son
cheval et que s'il en avait une
troisième, elle lui serait sou-
vent fort utile. La manière
qu il enseigne de tenir les
quatre rênes dans la main gauche, lorsqu'on monte un
(1) Dans les nombreux voyag-es que j'ai faits à cheval, j'ai toujours
exigé la mise en main au trot et au galop; je m'en suis fort bien trouvé
et il est bon de noter que mon cheval porte 100 kilos.
208 . TRAITÉ D'ÉQUITATION.
(îheval mis, est d'ailleurs la plus gracieuse et la plus
pratique; elle consiste à placer les rênes du filet en-
semble sur les rênes de bride, l'extrémité sortant du côté
du petit doigt {fî(j. 198). On peut ainsi très facilement
alterner les effets du filet et ceux de la bride et séparer
les rênes selon les besoins.
On a souvent le tort de trop rechercher les chevaux
afin de les faire stepper et de leur donner le plus de
brillant possible ; alors, l'animal, mal équilibré, ne
marche haut que du devant; l'arrière- main surchargée
trame, le rein se fatigue et bientôt les allures se détra-
quent. D'autres cavahers et même des écuyers ont le tort
non moins grave de trop baisser l'encolure. Le grand
talent consiste non seulement à rendre le cheval aussi
brillant que possible, mais surtout à harmoniser par-
faitement les mouvements de l'avant-main et ceux de
l'arrière-main.
La régularité des allures est la première qualité
d'un cheval. Dès que l'animal commence à ne plus
faire les enjambées égales, à trottiner, à traquenarder,
à se désunir ou à changer de pied au galop, soyez
sûrs qu'il y a tout au moins fatigue et que, s'il n'y
a pas encore de tares, elles sont sur le point de se
montrer. Je n'ai jamais vu d'exception à cette règle.
Non seulement par les allures on peut juger les
moyens d'un cheval, mais c'est elles qui fournissent les
indices les plus sûrs sur sa condition générale. Aussi, le
moindre changement qui s'y manifeste doit-il attirer
l'attention. Et par le mot allures, je n'entends pas seu-
lement les mouvements des membres, mais également
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 209
le maintien de tout le corps et notamment de l'encolure
et de la tête. Alors môme que l'on croit constater un
progrès, alors que les gestes paraissent plus baillants,
il ne faut pas se hâter d'en conclure que l'animal est
plus vigoureux, plus ardent, plus souple ; il faut s'assu-
rer, au contraire, qu'il n'est pas surexcité par une gène, une
souffrance quelconque, laquelle donne à ses mouvements
ce relief inaccoutumé. De même s'il secoue la tête, s'il
tire à la main, hésite à appuyer sur le mors, tient l'en-
colure trop haute ou trop basse, etc.
Je ne saurais trop le dire : les allures sont tout le
cheval ; or, combien y a-t-il de sportsmen qui daignent
s'occuper de l'étude de la locomotion, à laquelle des
maîtres français se sont consacrés tout entiers et dont
eux, dans leur ignorance, contestent l'utilité?
Qu'ils se disent donc qu'ils sont loin d'être arrivés au
sommet des connaissances hippiques, et qu'ils étudient
encore et beaucoup. Ils verront que parmi tant de choses
qu'ils ignorent, il en est un grand nombre dont un
homme de cheval ne saurait se passer.
Assurément, ceux qui n'ont jamais monté à cheval
n'apprendront rien dans les livres. Mais les livres gar-
dent les enseignements des Maîtres, répandent les con-
naissances que ceux-ci ont acquises par la pratique et
l'expérience : ils sont donc fort utiles — à ceux qui
savent lire.
Depuis longtemps on réclame pour l'art de Féquitation
la protection du Gouvernement.
« La France, à toutes les époques, — a écrit le
« comte d'Aure, — s'est fait un devoir d'encouraeer
27
210 TRAITÉ d'ÉQUITATION.
« les arts : Téquitation, plus que tous les autres, était
(c autrefois largement soutenue ; alors, tout en compre-
« nant que l'étude de l'équitation entraîne à des dépen-
<( ses dont sont exempts les autres arts, notre pays sen-
« tait combien il était important de propager un savoir
« d'où pouvaient émaner la force de notre cavalerie et
« le débouché de nos productions chevalines. Aujour-
(( d'hui les industries de toute nature, les arts les plus
(( futiles reçoivent de larges encouragements du Gouver-
« nement, l'équitation reste seule abandonnée, livrée à
(( la merci de l'industrie particulière, n'offrant que des
« chances de ruine à ceux qui veulent s'en occuper
(( sérieusement, n
Il faut bien reconnaître que le goût des choses hippi-
ques est encore fort peu répandu dans la masse de la
population française. Et comment en serait-il autrement
quand on n'enseigne même pas dans les écoles l'existence
de ces choses? On cite aux enfants les noms des savants,
des peintres, des sculpteurs de l'antiquité et de tous les
pays; et les noms des Pluvinel, des La Guérinière, des
Dupaty de Clam, des d'Abzac, des Baucher sont par-
faitement ignorés du public, et la signification des termes
employés dans le langage hippique est plus ou moins
estropiée dans tous les dictionnaires !
Encore une fois, l'équitation est un art, et si elle
devient un simple métier pour beaucoup de gens qui
n'ont rien de commun avec des artistes, n'en est-il pas
de môme de tous les autres arts? A côté des Meyerbeer,
des Rossini, des Gounod, n'y a-t-il pas des joueurs de
trombone et de clarinette qui font de la musique dans
OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 211
les baraques de la foire ? Mais, est-ce que les Maîtres que
j'ai nommés plus haut n'étaient pas de grands artistes?
Est-ce que de nos jours encore, le comte de Montigny,
le général L'Hotte, Mackenzie-Grieves, le lieutenant-
colonel Gerhardt, Jules Pellier, Rensing" père, le capi-
taine Raabe, pour n'en citer que quelques-uns, n'ont
pas des tempéraments d'artistes, dans la plus haute
acception du mot? Est-ce que, plus peut-être qu'aucun
autre, l'art de l'équitation n'élève pas l'esprit, la raison,
le jug-ement de ceux qui s'y adonnent et qui, ayant con-
stamment à étudier les meilleurs moyens de soumettre à
toutes leurs volontés un être vivant qui agit infaillible-
ment selon les sensations qu'il reçoit, apprennent ainsi
chaque jour à réfléchir et à se dominer eux-mêmes ?
Et à notre époque où la plupart des artistes deviennent
des commerçants, n'est-ce pas peut-être l'art de l'équita-
tion qui a conservé le plus d'adeptes fervents et désinté-
ressés?
Sans m'ocçuper ici des encouragements matériels à
donner à l'industrie chevaline et aux établissements
hippiques — qui ont tant besoin d'être protégés par
une administration compétente, — - je souhaite que l'on
s'occupe enfin d'unifier les principes de l'enseignement
et qu'une Académie d^équitation soit rattachée au Minis-
tère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
EXAMEN CRITIQUE
DU DRESSAGE DU CHEVAL DE GUERRE ET DU CHEVAL
DE CHASSE
SUIVANT LA MÉTHODE DU COMMANDANT DUTILH (i)
La brochure intitulée Méthode progressive applicable au
dressage du cheval de troupe, d'officiers et d'amateurs, publiée
en 1877 par le commandant Dutilh, ne peut guère, malgré sa
réelle valeur, être lue avec fruit que par les anciens élèves
de l'auteur; elle est en quelque sorte pour eux un mémento des
leçons qu'il leur donnait à l'école, et ne peut guider utilement
ni les amateurs, ni même les officiers qui n'ont pas suivi son
cours.
Un élève du commandant Dutilh, qui, avec une trop grande
modestie, garde l'anonyme, a eu l'excellente idée de développer
cette méthode, d'en exposer plus complètement les principes,
et s'est acquitté de cette tâche difficile avec tant d'habileté
qu'il y a certes autant de mérite dans son œuvre que dans
celle conçue par l'ancien Écuyer en chef de l'École de cava-
lerie, lequel fut un praticien et un professeur de premier
ordre.
Ce nouvel ouvrage, que je me propose d'examiner ici, est
extrêmement intéressant pour qui aime le cheval et l'équita-
tion. Je l'ai lu, pour ma part, de la première ligne à la der-
nière, et il m'a vivement captivé. Le style en est très clair, les
explications très savantes. Peut-être a-t-il pourtant le défaut
(I) Berger-Levrault et C^, éditeurs, 1888.
214 exa:\ien critique
opposé à celui du commandant Dulilh, c'est-à-dire entre-t-il
trop minutieusement dans une foule de détails : vouloir pres-
crire une manière particulière d'agir dans chacun des cas qui
peuvent se présenter et donner par le menu l'explication de
tous les effets des aides sur le mécanisme animal, présente de
réels inconvénients, attendu qu'il est impossible de tout pré-
voir; que, selon le tempérament et les dispositions naturelles
des chevaux et des hommes, d'autres moyens peuvent souvent
convenir mieux que ceux qu'on indique et qu'en les analysant
on s'expose à commettre des erreurs, sinon au point de vue
équestre, du moins au point de vue de l'application de cer-
taines lois scientifiques.
Le livre dont je m'occupe est d'ailleurs rempli d'une foule
de remarques très judicieuses et très utiles qui n'ont pu être
faites que par un très habile écuyer sachant se rendre compte
de tout ce qu'il faisait et de tout ce qu'il observait, et constam-
ment préoccupé d'étudier les moyens les plus propres à pro-
duire les résultats que doit se proposer tout dresseur intelli-
gent.
J'ai vu avec satisfaction que, sur plusieurs points (1), les
idées du commandant Dutilh et les miennes sont semblables
et que la manière adoptée par l'auteur du livre qui vient de
paraître, pour tracer pas à pas la marche du dressage, a beau-
coup d'analogie avec celle que j'ai choisie moi-même et qui,
à ma connaissance, n'avait jamais été employée auparavant.
Je vais maintenant discuter les préceptes du commandant
Dutilh, ne donnant, comme toujours, mon avis que pour ce
qu'il peut valoir et laissant aux hommes compétents le soin
d'apprécier mes critiques.
(I) J'ai notamment, dans mes articles publiés par la France chevaline
en 1877 et dans mon Dressage du cheval de selle, signalé l'inutilité des
flexions et assouplissements à pied et les excellents effets des assouplis-
sements faits eu marchant. C'est à cheval et non à pied que le cavalier
peut avoir le plus de puissance et de justesse dans ses moyens d'action.
DE LA MÉTHODE DUTILH. ,215
Tout d'abord, je constate avec regret qu'il est encore tenu
compte ici de la protendue intelligence du cheval, comme dans
tous les ouvrages publiés antérieurement; que l'emploi des
aides y est considéré comme un langage qu'il faut arriver à
faire comprendre au cheval {passim), alors que, selon moi, il
n'a d'autre effet que de produire les sensations qui doivent
déterminer physiquement les mouvements qu'on se propose
d'obtenir.
Dans la première leçon, il est dit : « On habitue l'animal à
« se laisser loucher, seller, brider, puis on lui donne la leçon
<' du montoir. Nous n'insisterons pas sur tous lés soins à
« prendre à ces débuts, ni sur la patience et la douceur qu'il
(( faut y apporter. Tout cela est particulièrement décrit dans
« l'ouvrage que nous suivons (page M). »
Or, dans l'ouvrage du commandant Dutilh, il n'est question
que des précautions à prendre les premières fois qu'on selle
et qu'on monte le jeune cheval; il n'est rien dit des moyens à
employer pour le préparer à ces premières exigences, l'habi-
tuer à se laisser approcher, lever les pieds, panser, ferrer,
conduire en main, etc. Il est vrai que ces indications sont plu-
tôt utiles aux éleveurs qu'aux dresseurs et que le cheval de
troupe, lorsqu'il est livré à la remonte, est déjà plus ou moins
domestiqué, souvent même a été déjà monté ou attelé, tant
bien que mal. Quoi qu'il en soit, je considère le premier dé-
bourrage comme ayant une importance capitale pour la suite
du dressage, et je ne crains pas d'affirmer que tous les défauts
qu'on attribue au mauvais caractère des animaux proviennent
uniquement des premières sensations qui ont créé des habi-
tudes.
Les indications données pour monter le poulain sont très
bonnes. Seulement, jef préférerais, avant de mettre le poids
d'un homme sur le dos d'un animal qui est supposé n'avoir
encore rien porté, l'habituer à porter un poids d'abord léger,
que l'on augmenterait graduellement, et à se mouvoir sous ce
poids. Cette première préparation est, selon moi, presque
216 , EXAMEN CRITIQUE
indispensable pour éviter la fatigue des articulations et les
premières résistances sous le cavalier. On sait, en effet, que la
plupart des poulains bondissent comme des fous les premières
fois qu'on les sangle et qu'on les monte, ce qui n'a pas d'autre
cause que la sensation produite par un fardeau auquel ils ne
sont pas encore habitués.
La méthode du commandant Dutilh prescrit, comme pre-
mier emploi des jambes, de les fermer pour porter l'animal en
avant (p. 13), et ce n'est qu'après avoir fait marcher et arrêter
fréquemment qu'il demande les demi-tours sur les épaules,
ayant pour but d'inculquer la connaissance de l'effet isolé et
combiné des aides inférieures (p. 14).
Or, il me paraît préférable, ainsi que je l'ai répété souvent,
de commencer par faire ranger les hanches à droite et à
gauche, à pied, au moyen de la cravache et, une fois en selle,
de faire agir chaque jambe isolément pour les pas de côté,
avant de vouloir porter le cheval en avant par la pression
simultanée des deux jambes. En effet, il n'est pas possible
d'obliger le jeune cheval à se porter ainsi en avant si pour une
cause quelconque il s'arrête, bondit, recule, se cabre, etc.,
tandis qu'aucun cheval ne peut résister à l'action d'une seule
jambe, renforcée au besoin par de petits coups de cravache,
si l'on sait adroitement opposer les épaules aux hanches. Et
dès qu'il a ainsi cédé à l'action de chaque jambe en rangeant
les hanches à droite et à gauche, on sera toujours maître du
mouvement en avant. Je pi'éfère, pour ces premiers exercices,
demander quelques pas de côté avec 1 épaule en dedans sur
des voltes, plutôt que des demi-tours sur les épaules pendant
lesquels le cheval pourrait avoir tendance à reculer, surtout
s'il est placé contre un mur, ainsi que le reconnaît l'auteur
quelques lignes plus loin, en disant que cette faute est très
fréquente (p. 16).
« Lorsqu'en dépit des précautions prises, le cheval cherche
« à se coucher sur la botte du cavaliei", l'instructeur le prend
ce par la rêne du côté de la jambe qui se ferme et lui pince
DE LA MÉTHODE DUTILH. ^17
< sévèrement les côtes par deux ou trois petits coups de cra-
c< vache secs et énergiques (p. 10). »
Si l'on a, comme je viens de le dire, commencé par faire
ranger les hanches à pied, la résistance ne se produira pas et,
en tout cas, le cavalier pourra agir seul en opposant les épaules
aux hanches et en faisant lui-même agir la cravache.
« Cet emploi de la cravache par l'instructeur n'a de raison
« d'être que si la punition infligée avec elle suit immé-
« diatement l'action non écoutée de la jambe du cavalier
« (p. 10). »
Voilà précisément où conduit la croyance à l'intelligence du
cheval. Selon moi, il n'y a pas lieu à'infliger une punition
pour n'avoir pas écouté ; il faut simplement produire une sen-
sation plus vive, puisque la première ne suffit pas et il faut
avoir grand soin que cette sensation soit proportionnée à la
sensibilité du cheval et juste suffisante pour déterminer le
mouvement; si au lieu d'agir ainsi, on se sert de la cravache
avec l'intention de punir, il en résultera nécessairement
quelque désordre. Le meilleur moyen, à mon avis, est presque
toujours de répéter les petits coups secs de cravache, sans
même frapper de plus en plus fort, mais sans interruption, ']us-
qu'à ce que l'animal cède.
La méthode Dutilh insiste beaucoup sur ces demi-tours et les
fait répéter souvent, alors que je pense, au contraire, qu'une
fois que l'animal est suffisamment accoutumé à céder à chaque
jambe et qu'on est ainsi devenu maître de déplacer la croupe
et de produire le mouvement en avant, c'est-à-dire après
quelques exercices, il faut pendant assez longtemps s'abstenir
de tous mouvements de deux pistes.
Du reste, l'auteur s'occupe avec raison d'obtenir de bonne
heure des allures franches avec appu'i constant sur le mors de
bridon et une bonne direction de la tête et de l'encolure sur la
ligne droite et dans les tournants; mais il insiste peut-être un
peu trop sur cet appui (p. 37j, qui ne doit pas, en somme,
être exagéré : il admet qu'aux allures rapides, « le cheval vient
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218 EXAMEN CRITIQUE
« prendre sur la main un appui particulier qui l'aide à donner
c( son maximum de vitesse; c'est un soutien que le cavalier
« offre à l'avant-main pour lui permettre de subir, sans crainte
« de chute, en quelque sorte, la vigoureuse poussée qui lui
« est communiquée par la détente des membres postérieurs
« (p. 38), » Il semble ainsi partager une opinion fort accré-
ditée parmi les jockeys et, selon moi, erronée. Il doit y avoir,
en effet, aux allures rapides, un rapport plus ferme entre la
main du cavalier et la bouche du cheval, afin de bien assurer
la direction; mais cela ne constitue nullement un soutien pour
l'animal, et ce n'est pas la tension exagérée des rênes qui peut
l'aider à donner plus de vitesse.
Le commandant Dutilh a parfaitement compris qu'il n'y a
pas lieu d'assouplir le jeune cheval par toutes sortes de
flexions: « J'ai toujours été étonné, disait-il, d'entendre beau-
<( coup d'hommes s'occupant de chevaux ne parler sans cesse
« que d'assouplir. Je ne puis les comprendre quand il s'agit
(c de jeunes chevaux. J'ai presque toujours trouvé le jeune