9-^rj Wé^^^^ VASSAR COLLEGE LIBRARY GIFT OF Serve*, iii^ SjLajvTiajvvTiiLc.latfiAW ■rm' JOHNA.SEAVERNS •> 9. • -X^ i"^ 1 é/.-v- &k S'y^- / TRAITE D'ÉQUIÏATION f r COURS ELEMENTAIRE DU MKME AUTEUR Dressage méthodique et pratique du Cheval de selle (L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-S" (épuise). Conseils pour le Dressage des chevaux difficiles (L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-.S» 7 fr. » Fausse Route, roman (Dentu, éditeur) 3 fr. 50 L'Homme et l'Animal devant la méthode expéri- mentale, par le D'' A. Xetter, officier de la Légion d'honneur, uiédecin principal en retraite, et V . Musany (Dentu, éditeur) ... .3 fr. 50 Le Cheval en France (Nuucdlc Revue du 1" avril iSàS). Homme ou Singe? (Dentu, éditeur.) 2 fr. » Dressage simplifié du Cheval de selle (L. Baudoin. éditeur) ... , 2 ir. » L'Amazone au manège et à, la promenade (Kothschild. éditeur). SOUS PRESSE : II* partie du Traité d'Équitation, eompriMiuni le Cy^/w siij>éyieiir elle Cours de liante érulc. 1 vol. orne de 80 figures dessinées spécialement pour l'ouvrage pal' Frédéric Kkoamdv (I,. Baudoin, éditeur). r^i'is. — liii|irimerie L. liArC(il> 'M! . '.', iiir Cliii^tiiie; "•» ■ .—- ._ 'A^J/LI ^^-v^-o^. p' F. MUSANY DE LA " FRANCE CHEVALINE » TRAITE D'ÉQUITATION ^ r rOlRS ELEMENTAIRE Avec 78 figures OP.ssrxKF.s si'Kci.vMm F. X r porn r/()TT vraor Par Frédéric RÉGAMEY PARIS LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C' I M P K I M K U R s - K D I T E U R s 30, Rue et Passage Dauphine, 30 1888 Tous droits réservés. ^ AVANT- PROPOS v; 1^ M. Dumaiuc . puis .M. Bnudoin, son successeur, 4:;^ m'avaient plusieurs fois demandé si je ne ferais pas ^ T réimprimer mon Traité élémentaire (V Equitation paru ^ en 187o. Occupé d'autres travaux, j'avoue que je ne me j^ sentais pas le courage de revoir et de corriger ce petit :»> livre, première œuvre de ma jeunesse, où s'étaient ^ glissées beaucoup d'expressions absolument en désaccord >^ avec l'opinion à laquelle je me suis arrêté depuis touchant le (( moral » du cheval et la nature des rapports qui doivent exister entre le cavalier et sa monture (1). Mais, dernièrement, un abonné de la Franco Chevaline 5 me rappela sur un ton d'aimable reproche ces quelques ç lig-nes imprimées à la fm de ma brochure : « Ce cours ^ (( élémentaire n'est que la première partie du Traité ,3 (( complet cV Equitation qui comprendra en outre le cours g « supérieur et le cours de haute école. » "t Je ne pouvais me le dissimuler, l'engagement était formel et, en présence surtout de l'accueil si flatteur que le public avait bien voulu faire à mon premier livre épuisé depuis longtemps, je n'avais pas le droit de manquer à ma parole. (1) Voir Homme ou Shii/r'! (Dontii éditeur). Vm A\ ANT-PKOPOS. Je me suis doue aussitôt mis au travail; j'ai revu et corrigé mou cours élémentaire; j'ai écrit le cours supérieur et le cours de haute école aunoncés et je me présente de nouveau devant vous, chers Lecteurs, en vous faisant toutes mes excuses pour mon long- retard. J'ai glané un peu partout pour composer ma gerlie : Tout enfant j'avais déjà l'amour du cheval. A vingt ans, j'étais un cavalier hardi et très solide, grâce à une puis- sance de jambes peu commune et à une grande sou- plesse de reins; j'avais aussi ce sentiment naturel sans lequel on ne devient pas écuyer, mais je ne connaissais pas encore les tinesses de l'équitation. Ce fut le capitaine Raabe qui le premier m'ouvrit les yeux sur tout ce que j'ignorais, et je n'oublierai certainement jamais ni ses savantes leçons, ni l'amitié toute paternelle qu'il n'a jamais cessé de me témoigner. J'eus ensuite pour maîtres >I. Pellier père et son fils, l'habile directeur de l'Ecole d'équitation du bois de Boulogne. J'eus l'honneur de causer plusieurs fois à cette époque avec le célèbre Baucher et souvent, depuis, avec le comte de Montigny dont on peut dire que rien de ce qui concerne le cheval ne lui est étranger. Je n'ai pas suivi servilement la doctrine de l'un ou de l'autre de ces maîtres ; mais je me suis efforcé d'avoir toujours présents à l'esprit leurs enseignements et ceux que nous ont laissés les grands écuyers du passé. J'ai beaucoup appris aussi par ma propre expérience et par la pratique de chaque jour, et c'est le résultat de quinze années d'études aussi persévérantes que consciencieuses que je publie aujourd'hui. J'ai laissé à mes leçons la forme que je leur avais pri- AVANT-PROPOS. IX mitivement donnée : d'abord, parce que cette forme a été jugée favorablement par les hommes du métier; ensuite, parce que les jeunes professeurs pourront y trouver pour eux-mêmes des indications utiles ; enfin, parce que c'est, à mon avis, dans les cours collectifs que les élèves font le plus de progrès, obligés qu'ils sont d'apporter une attention constante pour conserver leurs distances, régler l'allure de leurs chevaux et exécuter tous les mouve- ments sans se gêner les uns les autres. J'ai essayé de faire ce qui n^existait pas encore : un livre essentiellement pratique, indiquant, pas à pas, la progression à suivre et qui fût à la portée de tous. Ayant toujours constaté que ce qui pèche le plus chez la plupart des cavaliers c'est l'assiette, j'ai attaché dès le début une très grande importance à la bonne tenue du haut du corps et à la fixité des genoux. J'ai pensé que de nombreux dessins intercalés dans le texte en rendraient la lecture moins aride ; mais pour que ces dessins fussent exacts, il fallait, outre une grande habileté de crayon, un tel soin, une telle pa- tience que jusqu'ici on avait reculé devant une pareille tâche. Toutes les difficultés ont été surmontées avec bonheur, grâce au talent si fin et si consciencieux de Frédéric Régamey, le peintre de l'Académie d'Escrime ; je lui en adresse ici mes plus sincères éloges et mes plus vifs remerciments. On me reprochera peut-être de nombreuses répétitions que j'aurais pu éviter facilement; mais il m'a semblé qu'on ne saurait trop insister sur les règles fondamentales ni trop s'attacher à faire comprendre aux élèves pourquoi et comment ils doivent les appliquer. C'est même ce qui m'a donné l'idée de réunir à la fin de chaque leçon les X AVANT-PROPOS. règles, que les élèves y ont apprises (1). Tous les auteurs ont montré l'importance des régies de l'équitation, et tous les bons professeurs les enseignent ; mais elles res- taient souvent confondues dans l'esprit des élèves avec les conseils et les remarques qui les entouraient. J'ai cru qu'il était utile d'en faire un petit recueil à part qui fût en quelque sorte pour l'étude de l'équitation ce qu'est la grammaire pour l'étude d'une langue, et j'appelle de tous mes vœux la création d'une académie d'équitation com- posée de nos hommes de cheval les plus compétents, se donnant pour mission de discuter chacune des règles instituées par les maîtres anciens et modernes et de déterminer celles qu'il convient d'adopter définitivement et celles qu'il faut rejeter ou modifier. Je me propose de signaler dans un prochain volume les préceptes qui me paraissent faux dans chaque méthode. J'espère qu'on ne se méprendra pas sur mon intention, qui n'a rien de pré- somptueux. Je sais que mes écrits ne sauraient être plus que d'autres exempts d'imperfections. Mais je crois qu'il est bon de signaler et de réfuter toutes les erreurs qu'on découvre, afin qu'elles ne se répandent pas et ne devien- nent pas autant d'obstacles à l'unité de l'enseignement : Telle, pour n'en citer qu'une ici, celle de La Guérinière prescrivant de « peser sur l'étrier du dehors pour presser et faire aller « de côté un cheval en dedans », alors qu'il faut au contraire peser davantage sur l'étrier du dedans. En attendant qu'une académie d'équitation soit enfin fondée, je m'estimerai suffisamment récompensé de mes peines si l'ouvrage qu'on va lire fait faire quelques progrès (1) Les règles imprimées en caractères italiques sont celles que je crois avoir innovées. AVANT-PROPOS. XI à un art qui mérite certaincmient d'être placé au premier rang- pour les services qu'il peut rendre au pays et pour les jouissances qu'il procure. Car l'équitation est bien un art, art malheureusement fort négligé aujourd'hui : le cheval entre les jambes du cavalier est un instrument comme le violon entre les mains d'un violoniste, mais combien plus merveilleux pour qui le comprend et sait en jouer ! Ce n'est plus une chose inerte, produisant invariablement le même son sous le même coup d'archet; c'est un être vivant, inca: pable certes de comprendre notre pensée et d'avoir une volonté propre, mais cédant à ses appétits et à ses répu- gnances, recevant des objets qui l'entourent une foule de sensations agréables ou douloureuses, vibrant au moindre contact et qu'il faut, à force de présence d'es- prit et d'habileté, soustraire à toute influence étrangère, posséder tout entier comme s'il faisait partie de nous- mêmes, pour pouvoir développer à notre gré la rapi- dité, la durée ou la splendeur de ses allures, donner à son maintien la noblesse et la grâce, à ses gestes, le rhythnie et l'harmonie que savent obtenir les cavaliers- virtuoses et lui permettre au besoin de révéler sans effort, dans quelque magnifique élan, tout ce que la nature a mis en lui de souplesse et de vigueur. I COURS ELEMENTAIRE ASSIETTE ET POSITION DU CAVALIER TRAVAIL EN FILET 1^^ LEÇON Monter à cheval. — Maniement des rênes. Position du cavalier à cheval. — Premier emploi des rênes et des jambes. — Mettre pied k terre. La tenue du cavalier doit être sévèrement élégante, correcte et appro- priée à l'exercice qu'il va faire. Un vêtement flottant ou même fermé par un seul bouton est peu gracieux et quelquefois gênant. Le veston, la jaquette ou la redingote doit être entièrement boutonnée. Le pan- talon de cheval sera serréaux genoux, suffisamment large des fonds pour que tous les mouvements soient aisés; la botte Cliautilly, seule admise au- jourd'hui, doit avoir des tiges droites, aussi larges du bas que du haut, afin que le pied y entre et en sorte facilement ; je ne sais pourquoi on a adopté les talons bas qui rendent la marche à pied si disgracieuse et si fatigante. Les guêtres serrées à la cheville sont aussi fort laides, sur- tout à la ville ; les leggins seront assez larges du bas et avanceront sur le cou- de-pied. Les leggins et les bottes ne peuvent être portés qu'avec le veston ou la jaquette; la redingote nécessite le pantalon. Le chapeau doit être assez grand pour bien tenir sur la tête; le chapeau haut de forme est aussi peu convenable avec un veston que le chapeau bas avec une redingote; la jaquette se porte avec l'un ou l'autre chapeau, la culotte et les bottes ou le pantalon. Enfin, les gants seront larges, sou- ples, longs de doigts afin que les rênes puissent être tenues fermement; quelques sportsmen montrent avec fierté les durillons qu'ils ont aux mains; pour ma part, je n'ai jamais compris qu'on pût tenir ses rênes avec les mains nues. Pour cette première leçon, on choisira des chevaux froids et bien dressés. Ils seront rangés sur une seule ligne dans la longueur du manège et tenus par des palefreniers. Ils seront sellés en selles an- glaises couvertes; les rênes de bride nouées ensemble sur l'enco- lure. Le Professeur désignera à chaque élève le cheval qu'il devra monter pendant la leçon, et les élèves iront se placer, chacun auprès du cheval 4 TKAITK 1) K(,)UITATI()X. qui lui aura rlé désigm' ; le Professeur leur expliquera ce qu'ils auront à faire pour sauter à cheval, et exécutera lui-même ce qu'il leur aura indiqué ; puis il reprendra l'explication en faisant exécuter les mouve- ments à tous les élèves simultanément, au fur et à mesure des indica- tions qu'il donne. Sauter à cheval. 1. A l'indication : Pri-parcz-voiix à muter à cheval, chaque élève se placera en face de l'épaule eaiiche de son cheval ; il tiendra la cravache dans la main droite, le pommeau sortant du côté du pouce, la mèche en bas ; Vh'. 1. saisira de cette main, avec le pouce et le premier doiel. les rênes du file! à l'endroit où elles sont réunies en- seiidjle par une boucle, et, si elles sont tortillées, il les mettra sur leur plat. Elevant alors la main droite, il ])rendra les rênes de la main ûauche à pleine maiu an- (JOrUS IJI.KMK.NTAlKi;. i) dessous do la innin droile ; puis il descoudra la luaiu uauclie eutr^ouverte, la posera sur le garrot du cheval, et tendra les rênes en les tirant de la main droite et en les laissant glisser dans la main gauche (qui reste immobile), jusqu'à ce qu'il sente également et légère- ment la bouche de son cheval à l'extrémité des deux rênes ifuj. 1). 11 fermera alors la main gauche, et, abandonnant le bout des rênes qu'il tenait de la main droite, et qu'il laissera tomber à droite de l'encolure du cheval, il pas- sera la cravache dans la main gauche ; reprendra les Fiir. t. rênes à pleine main avec la main droite au-dessus et près de la main gauche, la cravache restant dans la main gaucho ; placera la main droite ouverte sur le pommeau de la selle, sans abandonner les rênes qu'il tiendra serrées entre le pouce et le premier doigt, et sai- b TRAITE D EQUITATION. sira enfin de la main gauche, qui tient toujours la cra- vache, une ])onne poignée de crins, haut et près de la racine [afin do ne pas les arracher), l'extrémité des crins sortant du côté du petit doigt {fit/. 2). 2. A l'indication : Sautez à cIieeaL chaque élève, pliant les jarrets, s'élancera vivement en s'enlevant sur les deux poignets ; il se tiendra un instant dans cette position, les hras allongés, le corps droit et la tête Fi^ levée (//y. .3). puis il passera vivement la jamhe droite tendue par -dessus la croupe du cheval sans la toucher et arrivera légèrement en selle. Il ahandonnera alors les crins de la main gauche, quittera de la main droite le pommeau de la selle, mettra dans cette main la cra- vache en la passant entre le corps et le bras, la mèche COURS KLKMKNTAIUE. on bas, vA prendi-a une rêne dans ehaqne main, rcxcé- dant des rênes sortant du côté du pouce (//y. 4). Kijî. 4. Sauter à terre. 3. A l'indication ; Prépare z-vuas à sauter à terre, cliaquc élève passera la rêne g-auche du filet dans la Kijf. o. 8 TRAITE D EQLTTATIOX. main droite, prendra la cravache de la main gauche, en la passant par-dessus le garrot du cheval, la mèche en bas, saisira delà nuiin gauche, à pleine main, une bonne poignée de crins haut et près de la racine, rextrémilc des crins sortant du côté du petit doigt, et placera enfin la main droite, sans lâcher les rênes sur le pommeau de la selle (//>/. Pi). 4. A l'indication : Sautez à terre, chaque élève s'enlè- vera sur les poignets, passera vivement la jand^e droite tendue par-dessus la croupe du cheval sans la toucher, Fiir. C. rapportera la cuisse droite près de la gauche, restera un inslaut dans cette position, le C()rj)S droit, la tète levée (//y. G), et arrivera légèrement à terre, sur la pointe des pieds, en phant un peu les jarrets. ^ COURS ELEME.NTAIRE. Ajuster les étriers avant de monter à cheval. o. A rindication : Ajustez vos clricrs, chaque élève, se tenant en face de l'épaule gauche du cheval, saisit la planchette de Fétrier gauche avec la main droite et la phice sous l'aisselle du ])rasganche en tendant l'étrivière hoi'izontalenient ; le bras gauche s'allonge sur l'étrivière tendue, et le bout des doigts de la main gauche doit toucher le porte-étrivière {/ig. 7); alors l'étrier est ordi- nairement à la hauteur convenable. Fig. 7. Après avoir allongé ou raccourci l'étrivière, le cavaUer passe devant son cheval, et, se tenant en face de l'épaule droite de l'animal, il ajuste l'étrier droit comme il a ajusté l'étrier gauche. S'il y a de nouvelles modifications, le cavalier les fait une fois en selle. 10 TRAITE D EQUITATION Monter à cheval. 6. A rindication : Préparez-vous à monter à clicval, chaque élève se placera en face de l'épaule gauche de son cheval ; il tiendra la cravache dans la main droite, le pommeau sortant du côté du pouce, la mèche en bas ; saisira de cette main, avec le pouce et le premier doigt, les rênes du filet à l'endroit où elles sont réunies ensemble par une boucle, et, si elles sont tortillées, il les mettra sur leur plat; élevant alors la main droite, il prendra les rênes avec la main gauche à pleine main au-dessous de •^ o-.- Vh. «. la main droite; puis il descendra la main gauche entr'ou- verte, la posera sur le garrot du cheval, et tendra les rênes en les tirant avec la main droite et en les laissant glisser dans la main gauche (qui reste immobile), jus- (ju'à ce qu'il sente cgalemenl cl légèrement la bouche COURS KLKMKXTAIKK. 11 (lu cheval à l'extrémité de cliaque rêne (/?y. 8) ; aban- donnant alors le bout des rênes qu'il tenait de la main droite, et qu'il laissera tomber à droite de l'enco- lure du cheval, il passera la cravache dans la main gau- che, reprendra les rênes à pleine main avec la main droite au-dessus et près de la main gauche, la cravache restant dans la main gauche, et placera la main droite ouverte sur le pommeau de la selle sans abandonner les rênes qu'il tiendra serrées entre le pouce et le premier doigt ; il prendra alors de la main gauche l'étrivière gauche près de l'étrier, et, après avoir porté le pied droit Fis. ». un peu en arrière du piedgauche. il engagera ce dernier jusqu'au fond dans l'étrier en l'appuyant à l'avant-bras du cheval [fig. 9); enfin, il sautera sur la pointe du pied droit, de manière à se rapprocher de son cheval, et saisira avec la main gauche, qui tient toujours la cra- 12 TRAITÉ D'ÉQUITATION. vache, une bonne poignée de crins liant et près de la racine, l'extrémité des crins sortant du côté dn petit doig-t ifuj. 10). Fig. 10. 7. A l'indication : Montez à rlicral, le cavalier s'élan- cera vivement dn pied droit et s^enlèvera sur l'étî-ier en tirant fortement les crins à soi, restera nn instant dans cette position, le corps droit, la tète levée, le genou gau- che appuyé sur le quartier de la selle contre le bourrelet [ftg. 11), passera la jambe droite tendue par-dessus la croupe du cheval, sans la toucher, et arrivera légèrement en selle en s'appuyant sur le poignet droit, qui n'a pas bougé. Une fois à cheval, il abandonnera les crins de la main gauche, quittera de la main droite le pommeau de la selle, mettra dans cette main la cravache en la passant entre le corps et le bras, la mèche en bas, et prendra une rêne dans chaque main, Fexcédeut des rênes sortant du côté du ponce; son dernier soin sera de chausser COURS KLEMENTAIRE. 13 l'étriei- droit, oe qu'il devra faire le plus adroitement possible (pour ne pas effrayer le cheval), sans s'aider de Fig. 11. la main et sans penclier le corps ni la tète. Autant que possilde, il recevra, pour cette première fois, l'étrier de la main du palefrenier (1). (\) I.a manière que j'indique ici pour monter à cheval me paraît pré- férable à celle qu'on enseigne habituellement. En effet, dans les ma- nèges, on fait prendre les rênes dans la main gauche, qui saisit ensuite une poignée de crins. Il en résulte que l'élève ne tient pas son cheval, et que, si celui-ci partait, le cavalier serait dans l'impossibilité de le retenir. La méthode que l'on suit dans la cavalerie offre le même in- convénient : le cavalier, pendant qu'il monte à cheval, tient les rênes avec la main droite qui est placée sur la palette de la selle, et l'animal a toute facilité de s'échapper lorsque le cavalier porte cette main en avant sur le pommeau de la selle pour enfourcher son cheval. J'ai voulu remédier à cet inconvénient, qui peut occasionner des acci- 1 i TRAITÉ D'K(^U1TATI0X. Allonger, raccourcir les rênes du filet, les ajuster. Le Professeur enseignera aux élèves les moyens d'allonger et de rac- courcir alternativement chaque rêne du filet, et par conséquent de les ajuster. Au besoin, ces exercices peuvent se faire à pied, au moyen d'une brille accrochée par la têtière à un support quelconque. 8. I^our allon(i<'r la rnic droite^ le cavalier rapprochera les poignets l'un de l'autre, saisira la rêne droite avec le pouce et le premier doigt de la main gauche, à quelque Fi". \±. distance du pouce droit [fki. 12); il entr'ouvrira la main droite et laissera couler la rêne dans cette main en des- cendant la main gauche jusqu'à ce que les deuv pouces dents graves, et je crois y avoir réussi, car, en employant les moyens que j'enseigne, le cavalier ne cesse pas un instant de tenir son cheval pendant qu'il le monte; il peut aussi, en portant le pied droit en ar- rière et ù droite du pied gauche, éviter facilement d'être atteint si l'ani- mal donnait un coup de pied (ce qui d'ailleurs est assez rare), et enfin il évite, en appuyant le pied à l'avant-bras du cheval, de faire tourner la selle au moment où il s'enlève sur l'élrier. COURS ELEMENTAIRE. lo se touchent (//y. l.'{i; la i-ène étant sunisaniineiit allongée, l'élève refermera la main droite et replacera les poi- gnets. !). Pour raccourcir la rèiie droite, l'élève rapprochera les poignets l'un de l'autre et saisira la rêne droite avec le pouce et le premier doigt de la main gauche, de ma- nière que les pouces se touchent (//y. 1'^); il élèvera alors la main gauche, et, entr'ouvrant la main droite, il laissera couler la rêne jusqu'à ce qu'elle soit suffisam- ment raccourcie (///y. 12), refermera la main droite et replacera les poignets. 10. On allonge et Ton raccourcit la rêne gauche sui- vant les mêmes principes et par les moyens inverses. 11. Ou ajuste les rênes du iilet en employant les moyens indiqués pour les allonger ou les raccourcir. Les rênes sont ajustées lorsque le cavalier, tenant les poignets comme il sera indiqué (§§ 28 et 30), sent légère- ment et également la bouche de son cheval à l'extrémité des deux rênes. IG TRAITE D EQUITATION. Croiser les rênes dans la main gauche. 12. A rindication : Cruiscz vos rênes dans la main (jauchej amener le poignet gauche, les ongles en dessous, vis-à-vis du milieu du corps, entr'ouvrir la main, y placer la partie de la rêne droite qui était dans la main droite (//y. 14), refermer la main gauche qui tient ainsi les deux rênes croisées l'une sur l'autre , laisser tomber le bras droil allongé de toute sa longueur, le coude près du corps, la main droite der- rière la cuisse [fiy. lo). Ki-. 15. CULUS ELEMEMAHŒ. Prendre les rênes dans les deux mains. 13. A riiulicatioii : Prenez les rênes dans les deux mains, cnirouvrir la iiuiin gauche, y prendre avec la main droite la partie de la rêne droite qui est dans la main gauche (fie/. W), fermer exactement les deux mains et les replacer devant la ceinture [fiy. 16). FiL'. ir,. Croiser les rênes dans la main droite. 14. On croise les rênes dans la main droite comme il a été prescrit pour les croiser dans la main g-auche et par les moyens inverses, et on les sépare (//V/. 17) ;{ 18 TRAITE D E^tLrr.VTlO.X. comme il a été indiqué pour prendre les rênes dans les deux mains et par les moyens inverses. vk. i: Longueur des étriers. lo. Pour les premières leçons, les élèves porte- ront les étriers un peu plus longs que le point con- venable, atin qu'ils s'habituent à bien allonger les cuisses et les jambes, et que les étriers ne leur servent qu'à réparer plus facilement les déplace- ments qu'ils éprouveront eu subissant les réactions du cheval. 16. Si l'on habituait déjà l'élève à porteries étriers à la longueur convenable^ il prendrait ses points d'appui COURS KI,É.MK.\TAIKE. 19 sur eux, au lieu de serrer et de fixer les genoux. En outre, lorsque les étriers seront plus tard définitivement ajustés, le pied ne devra y Atre engagé que jusqu'au tiers, et le talon devra (Hre descendu plus bas que la pointe du pied ; or, il est facile de comprendre que, les étriers glissant toujours sous le talon les pre- mières fois q\\\m s'en sert, ils se trouveraient tro]) courts, et feraient remonter les genoux s'ils étaient ajustés, comme il sei-a dit i^ 2.'). 17. Si l'on veut, au contraire, dès les premières leçons, faire marcher et trotter les élèves sans étriers, ils se fati- gueront beaucoup et, ne pouvant se maintenir en selle, ils perdi'ont la confiance qui leur est si nécessaire, se rai- diront en cherchant, par tous les moyens possibles, à se cramponner k l(>ur monture, et prendront les positions les plus ridicules et les plus disgracieuses. Il est vrai que la pratique peut corriger plus tard ces défauts, mais il me parait plus profitable pour les élèves de leur donner, dès le principe, de bonnes habitudes qu'ils puissent prendre sans trop d'efforts, et de ne les mettre aux prises avec les difficultés qu'au fur et à mesure qu'ils sont en état de les vaincre. D'ailleurs, en les habituant d'abord à monter avec les étriers un peu longs, il leur sera plus facile, lorsque plus tard ils les porteront au point con- venable, de tenir le talon plus bas que la pointe du pied. 18. Les étriers devront donc être ajustés de manière que, la jambe du cavalier étant bien placée et l'étrier 20 TRAITE I) KQUITATIOX. chaussé au tiers du pied, la pointe du pied et le talon soient sur une liune horizontale {fuj. -18), Fi-. lf<. Rectifier la longueur des étriers. Le Professeur s'assurera s'il y a lieu de rectifier la lùugueur des j'triers, et indiquera aux élèves la manière de les allonger ou de les rae- coureir eux-mêmes. 19. Voiu' alloiujfi' on rnccfnircir rétrier droit, Télève doit d'ahord passer la rêne droite et la cravache dans la main gauche. Il relire alors de la houcle l'excédent de l'étrivière droite et le prend avec la main droite, les doigts en dessous, le pouce en dessus, sans pencher le corps, sans baisser la tète et sans regarder ce qu'il fait; puis, laissant le pied dans Tétrier, mais cessant d'appuyer sur la planchette, il tire l'étrivière avec la main droite et fait sortir du trou de l'étrivière l'ardillon de la houcle, eu ayant soin de tenir le premier doigt sous l'ardillon pour ne pas le laisser tomber ; alors il continue de tirer l'étrivière, si l'étrier était trop long, jusqu'à ce qu'il COURS KLÉMENTAIRE. 21 soit au point convenable, ou la laisse glisser eu appuyant (lu pied sur Tétrier pour le faire descendre s'il était trop court et, lorsque l'étrier est au point voulu, il fait entrer avec l'index l'ardillon dans le trou de Tétrivière et re- passe rextrémité de l'étrivière dans la boucle. L'étrier étant allongé ou raccourci, le cavalier s'assurera que la boucle est bien tout contre le porte-étrivière ; si elle en est à une certaine distance, il la fera remonter en la tirant à soi d'abord et en pesant ensuite avec le pied sur l'étrier. 20. Pour /(llonger ou rarcnui'cir l'r trier gauche, on passe la cravache et les rênes dans la main droite, et l'on procède avec la main gauche de la manière indiquée ci-dessus. Position du cavalier à cheval. 21. Le cavalier doit être placé naturellement à cheval (fiçj. 19), de telle manière que les fesses reposent également sur leurs pointes et bien au milieu de la selle ; elles servent, de base à l'assiette et doivent être également chargées de tout le poids du corps pour en assurer l'aplomb; elles reposeront également sur la selle si le cavalier, sans changer la position du corps, peut facilement ouvrir les cuisses et écarter les jambes en marchant au pas sans perdre l'équilibre. 22. Les cuisses seront bien descendues et tournées sans effort sur leur plat, de manière à adhérer à la selle par 22 \'r' TRAITE D EQUITATION. leur partie interne et à embrasser également le cheval en s'allongeant par leur propre poids et par celui des jambes; elles donneront ainsi une grande solidité au cavalier en lui permettant d'étreindre puissamment sa monture; mais il ne faudrait pas allonger les cuisses avec exagération, ce qui ferait pencher le corps en avant. Fi-. H». 23. L^.s rjpnoïcr seront parfaitement fixés contre les bourrelets de la selle et ne devront jamais bouger, quels que soient les mouvements qu'auront à exécuter les jambes du cavalier ; le pli des genoux sera liant, afin que les jambes puissent agir facilement plus ou moins en arrière sans déplacer les genoux ni les cuisses. 24. Lph jamhes, sans être abandonnées, tomberont naturellement près du corps du cheval, afin que le cava- COURS ELEMENTAIRE. 23 lier puisse les faire agir prompteiiient et sans suipi-ise, et qu'il lui soit l'aeile. en serrant à temps le haut des mollets, de résister à des sauts et à des mouvements brusques . 25. La pointe des pieds tombera sans raideur, et, par conséquent, plus bas que les talons ; elle sera tournée le Fil.'. -20. moins possible en dehors, afin de ne pas ouvrir les genoux ; il ne faudra pas toutefois chercher à la tourner en dedans, ce qui ne pourrait se faire sans effort et, par conséquent, sans raideur. Plus tard, lorsque les étriers seront correctement portés, ils devront être chaussés au tiers du pied et ajustés de façon que, les cuisses étant bien descendues, la pointe du pied soit un peu plus élevée que le talon ; la jandje devra alors être un peu fléchie en arrière (//y. 20), afin que la pointe 24 TRAITÉ D'ÉQUITATION. des pieds ne dépasse pas en avant une ligne verticale abaissée de la pointe des genoux. 26. Les /■('/))s seront souples, mais soutenus. Ce n'est (jue par la souplesse de toutes les parties du corps, mais surtout des reins, que le cavalier pourra être solide en selle, se lier parfaitement à tous les mouvements de son cheval, supporter sans fatigue toutes les allures et amortir considérablement les secousses qui en résultent. 27. Lr hinil du corp^ doit être droit, libre et aisé ; il doit avoir ses points d'appui en grande partie sur les fesses, mais beaucoup aussi sur les cuisses, afm de con- server son assiette par l'équilibre d'abord, et aussi par l'étreinte des cuisses et la fixité des genoux. La poitrine doit être bien ouverte, les épaules effacées et également tombantes ; c'est de cela, en grande partie, que dépend la g-ràce de la position à cheval, et c'est le plus sur indice de la souplesse du corps et des reins, et de l'aisance du cavalier. 28. Les. liras tomberont naturellement et verticalement le long du corps ; les coudes seront près du corps sans y être serrés ; lorsque le cheval est eji marche, les bras ne devront pas remuer sans nécessité en sécartant du corps, ni se laisser balancer en tous sens par les mouvements du cheval. 29. La tête sera droite, dégagée des. épaules et libre de tous ses mouvements, qui doivent être indépendants de ceux du corps. COURS ÉLÉMENTAIKK. lio 30. Le cavalier tiendra une rêne du iilet dans chaque main, l'excédent des rênes sortant du côté du pouce ; les rênes seront légèrement tendues, de manière que le cava- lier sente constammeut la bouche de son cheval; les doigts bien fermés, le pouce allongé sur chaque rêne qui sortira sur la seconde phalange du premier doigt de chaque main ; les poignets seront soutenus devant le corps, à hauteur de la ceinture, et séparés à lo centi- mètres l'un de l'autre, les doigts se faisant face ; la main droite tiendra la cravache, le pommeau sortant du côté du pouce, la pointe dirigée vers le flanc du cheval, der- rière la jambe droite du cavalier. Emploi des rênes et des jambes pour cette première leçon. •}|. Je n'indiquerai pas ici l'usage que les élèves de- vront faire des rênes et des jambes pour manœuvrer leurs chevaux, attendu qu'il ne leur sera encore demandé aucun mouvement ni à droite ni à gauche. En voici la raison : il me semble que c'est un tort d'apprendre aux commençants à se servir de leurs rênes et même de leurs jambes, et de les exercer à aucun mouvement avant qu'ils aient acquis de l'assiette, de la solidité, et même une certaine aisance aux différentes allures, car il en résulte infailliblement qu'ayant surtout à s'occuper de se tenir en selle, l'élève n'agit avec les rênes que par à- coups et avec des mouvements brusques, ce qui offense la bouche du cheval et fait contracter au cavalier lui- 4 20 TRAITÉ D'ÉQUITATIU.N. même de mauvaises habitudes dont il a peine à se cor- riger ensuite ; cela arrive d'autant plus sûrement que c'est précisément au moment où le cavalier doit se servir de ses rênes pour faire tourner son cheval, qu'il lui est plus difticile, ainsi qu'on le verra plus loin (§ 42), de conserver son assiette. 32. Le Professeur se bornera donc à faire comprendre à ses élèves que, pendant toute la durée de la leçon, ils ne devront jamais chercher à prendre un point d'appui sur les rênes, en se raccrochant A la bouche de leurs chevaux, quels que soient les déplacements qu'ils éprou- veront. La bouche du cheval est une partie très sensible, sur laquelle le cavalier agit avec un instrument en fer et par conséquent très dur : il est donc très important de se servir de cet instrument avec beaucoup de finesse, et, comme les commençants ne peuvent avoir cette finesse et que, leurs chevaux étant d'ailleurs très sages et peu ardents, ils n'ont, pour ainsi dire, qu'à les laisser marcher d'eux-mêmes, il faut qu'ils aient les rênes un peu moins tendues qu'elles ne devront Fètre plus tard, se bornant à s'en servir lorsque le Pro- fesseur jugera utile de le leur dire et mettant toute leur attention à le faire de la façon qui leur sera indiquée. Le , Professeur, de son coté, leur enseignera ce qu'ils auront I à faire chaque fois qu'il sera nécessaire, et les élèves apprendront ainsi progressivement à se servir des rênes et des jambes pour marcher, arrêter, partir au trot, se remettre au pas, etc., au fur et à mesure qu'ils auront à exécut'~"^^* I''. -", J^A/^^ N ~ _ Fig. 32. en arrière {fig. 32), poussant, au besoin, son cheval par de petits coups répétés des mollets ou des talons jusqu'à ce qu'il prenne le trot, en employant pour cela graduel- 44 TRAITE D EQUITATION. lement la force nécessaire suivant la sensibilité de l'ani- nial. Dès que le cheval obéit, il desserrera progressivement les jambes et les laissera tomber verticalement et sans force, sans écarter les genoux [fuj. 33). 59. Le Professeur ne fera trotter ses élèves que peu de temps et à un trot très modéré, afin qu'ils prennent peu à peu l'habitude de cette allure et ne perdent pas Fig. 33. leur position. II leur fera toutes les observations néces- saires pour la rectifier lorsqu'elle sera dérangée, s'effor- cera de donner de la confiance à ceux qui en manquent en leur faisant comprendre que c'est presque toujours parce qu'ils emploient trop de force et qu'ils se raidissent qu'ils manquent de solidité. Il ne s'attachera pas trop à COURS ÉLÉMENTAIRE. 45 la bonne position du pied dans l'étrier. Il arrive tou- jours, dans les commencements, que le pied sort de l'étrier ou qu'il s'y enfonce jusqu'au talon : entre les deux inconvénients, le dernier est le moindre ; il faut seulement observer que la pointe du pied ne doit pas être baissée, et que les élèves ne doivent pas trop s'ap- puyer sur les étriers ; qu'ils y enfoncent le pied jusqu'au milieu, peu importe ; mais il faut qu'ils ne prennent sur eux qu'un léger point d'appui et qu'ils s'en aident seule- ment pour rétablir l'équilibre quand il est compromis. Encore doivent-ils, dans ce cas, s'efforcer de reprendre plutôt leur aplomb par la souplesse des reins en se rejetant adroitement du côté opposé à celui vers lequel ils se sentent glisser. Le Professeur veillera surtout à ce que les élèves ne s'accrochent pas aux rênes pendant le trot et, avant qu'ils aient eu le temps de se fatiguer (c'est-à-dire après trois ou quatre tours de manège), ou dès qu'il s'apercevra que la position d'un cavalier est devenue mauvaise, il fera reprendre le pas ou même arrêter. 60, Il est une observation que je crois utile de faire ici une fois pour toutes. Jamais un cavalier ne doit s'accro- cher des mains à la selle pour éviter une chute, attendu qu'il lui devient par là même impossible de diriger ou d'arrêter son cheval. J'ai vu quelquefois (plus rarement il est vrai) des élèves chercher, en pareil cas, à se rattraper au mur du manège ! Il est impossi])le de rien faire de plus mala- droit et de mieux courir de soi-même au-devant d'un 46 TRAITÉ D'ÉQUITATION. accident ; car, outre que les rênes sont encore abandon- nées, il est évident que si l'on cherche, pendant que le cheval court, un point d'appui sur une chose immobile, on ne peut que se blesser les mains, se heurter la tête et tomber. Le moins mal serait, après avoir eu la présence d'es- prit de croiser les rênes dans l'une ou l'autre main, de saisir une poignée de crins avec celle qui se trouve libre. Toutefois, il ne faut user que le moins pos- sible de ce moyen, dont on se fait facilement une habitude et que l'on emploie ensuite au moindre déplacement. 61. A l'indication : Marchez au pas, chaque cavalier devra d'abord assurer sa position en redressant le haut du corps et en pesant fortement sur l'assiette, puis fermer doucement les jambes en arrière des sangles et tirer graduellement les rênes en rapprochant les poignets du haut du corps, sans écarter ni reculer les coudes, jusqu'à ce que le cheval cesse de trotter; alors il reprendra sa position, desserrera progressive- ment les jambes, et rendra doucement la main afin que le cheval ne s'arrête pas. 62. Loin de s'abandonner lorsqu'ils marchent au pas et de négliger leur position, c'est surtout à cette allure que les élèves doivent surveiller leur tenue. En effet, s'ils ont toujours une bonne position lors- qu'ils marchent au pas, il y a des chances pour qu'en- suite, îiu trot, ils la conservent sans trop de difticulté, COURS ÉLÉMENTAIRE. 47 tandis qu'au contraire, s'ils contractent au pas de mau- vaises liabitudes, leur position pendant les allures vives sera encore beaucoup plus défectueuse. Après avoir fait faire plusieurs temps de trot à main droite, le Pro- fesseur fera changer de main au pas dans la largeur du manège (| 54) et fera recommencer quelques temps de trot <à main gauche. Quitter et reprendre les étriers. Les élèves marchant au pas seront exercés à quitter et reprendre les étriers. 63. Pour quitter les étriers, il suffit de soulever un peu la pointe des pieds et de porter le bas de la jambe en arrière. 64. Pour reprendre les étriers, les cavaliers ne devront ni pencher le corps, ni baisser la tête pour regarder ce qu'ils font, ni appuyer les mains sur le pommeau de la selle, encore moins s'en servir pour mettre l'étrier au pied. Ils tiendront, au contraire, le corps droit, la tête directe, les coudes près du corps, les poignets soutenus devant la ceinture, et tâtonneront avec chaque pied jus- qu'à ce qu'ils trouvent l'étrier. 6o. Les étriers doivent toujours se chausser de dehors en dedans, afin que les étrivières soient sur leur plat. Pour reprendre Fétrier de dehors en dedans, il faut 48 TRAITÉ d'ÉQUITATION. lever légèrement la pointe du pied, en ayant soin de ne pas remonter le genou, et tâtonner jusqu'à ce que Ton sente l'étrier avec le dedans du pied. Alors, on donne avec la pointe du pied un petit coup sur la branche de rétrier qui se trouve en arrière {fuj. 34) et on Fis. 34. s'etTorcc d'introduire vivement le pied dans Tétrier, de manière que celle des deux Lranches qui se trouve en avant lorsque Tétrier pend le long du corps du cheval soit à l'extérieur du pied, une fois l'étrier chaussé. Les élèves quitteront les éti'iers run après l'autre, jusqu'à ce qu'ils aient acquis une certaine adresse à cet exercice. Le Professeur pourra leur faire quitter et reprendre l'étrier droit pendant qu'ils marchent à main droite, et les faire ensuite changer de main pour quitter et reprendre l'étrier gauche en marchant à main gauche, afin qu'il puisse voir facilement comment ils s'y prennent. Après avoir fait reprendre les étriers, le Professeur fera faire de nou- veau quelques temps de trot aux deux mains, puis, ayant remis ses élèves au pas, il les accoutumera à différents exercices, dont le but est de les asssouplir et de leur donner de l'aisance h cheval. COUUS ÉLÉMENTAIRE. 4D Assouplissement du cavalier avec étriers. Les élèves seront exercés, en marchant au pas :  allonger et raccourcir successivement chaque étrier, en employant les moyens indiqués précédemment (§§ 19 et 20); A se soulever et se tenir debout sur les étriers, avec les rênes croisées dans Tune ou l'autre main (pour cet exercice ils s'aideront, les pre- mières fois, en prenant une poignée de crins avec la main qui se trouve libre) ; A tourner la tête et le corps en arrière à droite, les rênes élant croisées dans la main gauche, et en arrière à gauche, les rênes étant croisées dans la main droite (pendant ces mouvements, la jambe du côté opposé à celui oîi se tourne le cavalier ne doit pas se porter en avant, mais, au contraire, rester près du flanc du cheval, de manière à empêcher au besoin la croupe de se déplacer) ; A lever et faire tourner le bras droit, puis le bras gauche ; A faire tourner le pied autour de la cheville ; A plier la jambe en arrière sans remonter ni déranger le genou, et à toucher le talon avec la main sans pencher le corps ; A pencher le corps à droite et à gauche pour toucher la pointe du pied avec la main ; A renverser le haut du corps en arrière, de manière que la tête touche la croupe du cheval, etc. Ces exercices pourront se faire d'abord ou place puis en marchant. Lorsque le Professeur voudra terminer la leçon, il fera exécuter un changement de main si l'on est à main droite, afin de remettre les élèves à main gauche, les fera arrêter lorsque le chef de reprise sera arrivé à l'extrémité de l'un des grands côtés, et fera mettre pied à terre. Mettre pied à terre. 66. A l'indication : Préparez-vous à mettre pied à terre, chaque élève passera la rêne gauche dans la main droite (§ 14), prendra la cravache avec la main gauche et, 7 50 TRAITE D EQUITATION. élevant cette main, fera passer l'extrémité de la cravache par-dessus le garrot du cheval, de manière que la mèche soit dirigée à gauche vers le genou du cavalier ; il sai- sira alors de la main gauche, qui tient la cravache, une bonne poignée de crins haut et près de la racine, l'extré- mité des crins sortant du côté du petit doigt ; placera la main droite, qui tient les rênes, sur le pommeau de la selle, et déchaussera l'étrier droit {^p(j. 35). •-■^ vi" - . Fiir. 'il 67. A l'indication : Pied à terre, Télève, s'enlevant sur l'étrier gauche et sur les poignets, passera vive- ment la jambe droite tendue par-dessus la croupe du cheval sans la toucher, rapportera la cuisse droite à côté de la gauche , et restera un instant dans cette position, le corps droit, la tête levée {fuj. 36); pliant alors lu jaml^e gauche, il arrivera légèrement à COURS ELEMENTAIRE 51 terre sur la pointe du pied droit ; enfin, il abandon nern les crins de la main gauche, sortira le pied gauche de rétrier, le placera près du pied droit, puis, quittant de la main droite le pommeau de la selle, il viendra se pla- Fi?. 3(1. cer à la tête de son cheval, en glissant la main droite le long de la rêne gauche, et prendra, de cette main, les deux rênes à quelque distance de la bouche du cheval. 0. sangles, et, au moment où il se dispose à se porter en avant s'il était arrêté, ou à accélérer l'allure s'il était en mouvement, on le retient doucement avec les rênes; ses 7G TRAITÉ D'ÉQUITATIOX. sens sont ainsi éveillés, il est prêt à se mobiliser et cà céder facilement aux sensations nouvelles qui vont lui être transmises par les rênes et par les jambes {fifj. 50). 90. Dans tout effet d'ensemble ou préparatoire, le cavalier doit agir avec tact et justesse, c'est-à-dire qu'il doit se servir de ses jambes avec plus ou moins de force, selon que le cbeval y est plus ou moins sensible, et que ses mains doivent agir (toujours d'après la sen- sibilité de la boucbe de l'animal) de façon à contre- balancer exactement l'effet produit par les jambes. Je m'explique : 91. Supposons le cheval arrêté ; si je veux le préparer à se porter en avant, je fermerai les jambes jusqu'à ce que je sente qu'il se dispose à marcher, et aussitôt je le retiendrai en tendant doucement les rênes sans relâcher les jambes. Si, dans ce cas, mes jambes agissaient plus fortement que mes mains, ou si mes mains agissaient trop tard, mon cheval ferait un mouvement en avant ; si, au contraire, mes mains agissaient trop tôt ou avec plus de force que mes jambes, mon cheval ferait un mouvement en arrière ; mais si mes mains agissent dès que je sens mon cheval se dispot^er à obéir à la pression des jambes, et si l'effet de celles-ci est exactement contrebalancé par l'effet des mains, l'animal restera en place et sera préparé à exécuter le mouvement que je vais lui demander. 92. Si l'on suppose le cheval en marche, les mains et COURS ÉLÉMENTAIRE. 77 les jambes devront agir avec le même accord et la même précision, de façon que le cheval n'augmente ni ne ralentisse son allure quelle qu'elle soit. J'ai cru utile de faire ici les quelques explications qui précèdent, afin de donner aux élèves une idée de l'usage des rênes et des jambes, mais ce n'est que par la suite qu'ils apprendront toutes les diverses manières dont ils devront s'en servir pour conduire leurs chevaux et les ma- nœuvrer dans toutes les directions et à toutes les allures ; de trop nombreux détails surchargeraient maintenant leur mémoire. Chaque fois qu'ils auront à exécuter un mouvement nouveau, le Professeur leur enseignera l'emploi qu'ils devront faire des aides (i), et ils ac- querront ainsi toutes les connaissances et l'adresse nécessaires au fur et à mesure que leur instruction avancera. 93. Désormais les rênes du filet devront toujours être suffisamment tendues pour que les cavaliers ne cessent pas de bien sentir la bouche de leurs chevaux. Emploi de la cravache. 94. J'ai prescrit, jusqu'à présent, la tenue de la cra- vache la mèche en bas, parce que, d'abord, cela est moins gênant pour les commençants et qu'ensuite les élèves, n'étant pas encore très adroits à se servir de leurs jambes comme moyen d'impulsion, pouvaient avoir besoin de donner de petits coups de cravache derrière la jambe droite pour déterminer leurs chevaux à se mettre en mouvement ou à accélérer l'allure. (1) On appelle aides les instruments dont s'aide le cavalier pour faire exécuter au cheval tous les mouvements ; ces instruments sont les rênes, les jambes, les éperons et la cravache. "78 TRAITÉ D'ÉQUITATION. 93. Désormais, les cavaliers sont en état d'utiliser la cravache comme moyen puissant d'impulsion. Ils ne devront s'en servir ainsi que sur l'avis du Professeur et toujours assez énergiquement pour que le cheval en reçoive une vive impression. Exemple : 96. Le cheval est arrêté ; il s'agit de le mettre en mou- vement, les jambes se ferment, le poussent ; le cheval, d'une nature indolente, ne bouge pas : aussitôt la maix DOIT EENDRE ; la cravaclic appliquée vigoureusement der- rière la jambe du cavalier chassera le cheval en avant, et les mains n'auront plus qu'à régler la vitesse de l'allure. Il en est de même pour passer du pas au trot. 97. En employant la cravache de cette manière, on rend sensible aux jambes le cheval le plus froid ; en effet, la pression des jambes étant immédiatement suivie du coup de cravache, ces deux sensations res- tent associées dans le cerveau de l'animal, et bientôt la première suffit à renouveler la seconde qui devient alors inutile, tandis que si l'on ne donnait que de légers coups de cravache, l'animal s'y accoutumerait et y deviendrait aussi insensiljle qu'à la pression des jambes. 98. Or, pour être prêt à employer ainsi la cravache, il faut que le cavalier s'habitue à la tenir dans la main droite, la mèche en l'air et dirigée à gauche : il lui sera alors facile, lorsqu'il voudra s'en servir, de passer la COURS ÉLÉMENTAIRE. 79 rêne droite dans la main gauche et de frapper vigoureu- sement le cheval en allongeant le bras droit de toute sa longueur. 99. Il est très important de rendre la main toutes les fois qu'on se sert ainsi de la cravache pour chasser le cheval en avant. Presque tous les élèves ont tendance, au contraire, à tirer alors sur les rênes. On dirait que, craignant la conséquence du coup de cravache, ils cher- chent déjà à en arrêter l'effet et à retenir le cheval. C'est là agir sans discernement, attendu que l'on empêche ainsi le cheval de partir franchement ; de plus, il arri- vera infaillil)lement, si Fou a affaire à un animal un peu ardent, que, ne pouvant se porter en avant puisque la main le retient, il fera un bond ou lancera une ruade, et alors .... je laisse à deviner ce qui en résultera pour un cavalier novice. L'élève doit d'ailleurs agir avec d'autant plus de confiance que, dans le cas où son cheval ne sup- porterait pas la cravache, même bien employée, avec toute la patience désirable, le Professeur aura dû lui indiquer un autre moyen. Marcher (à main droite). Après avoir fait ces explications, le Professeur mettra les élève.-; en mouvement. 100. A l'indication ; Préparez-vous à marcher, les élèves devront préparer leurs chevaux par un effet d'en- semble (§ 89 et suivants). 80 TRAITE D EQUITATION. 101. A rindication : Marchez, ils augmenteront pro- gressivement la pression des jamljes en arrière des sangles, et, en même temps, ils rendront doucement la main, de façon à diminuer un peu la tension des rênes ifu]. 51) ; une fois le cheval en mouvement, ils repla- ceront les poignets et les jambes par degrés. 102. Si, au lieu d'augmenter progressivement la pres- sion des jambes, l'élève les avait fermées tout d'un coup, ou si les mains avaient abandonné le cheval, celui-ci aurait pu partir trop brusquement ou trop \ ite ; si, en même temps qu'il a fermé les jambes, il n'avait pas rendu doucement la main, le cheval n'aurait pas eu la liberté nécessaire pour se mettre en marche; Si, au contraire, l'animal sent diminuer doucement la COURS ELK.MEMAJRi;. 81 tension des rênes en même temps qu'il est poussé par les jambes, il se portera en avant franchement et sans précipitation. 103. Dans le cas où le elie\al ne céderait pas à la pres- sion des jambes, le cavalier emploiera la cravache, ainsi qu'il a été indiqué § 9o et suivants. I>f Professeur devra s'assurer soigneusement que les élèves se con- forment, pour mettre leurs chevaux en mouvement, aux principes que je viens de donner, qu'ils ne penchent pas le corps en avant, et surtout qu'ils n'abandonnent pas le cheval en rendant la main et qu'ils ne tirent pas les »ènes par petites secousses. Demi-pirouette renversée. .-"Sr , - i^::M-^: . --O ï> -^ 3. Fis. Les élèves marchant à main droite, et se trouvant tous en file sur l'un des grands côtés, le Professeur les fera arrêter et fera exécuter une dcmi'pirouettc renversée. 104. Ce mouvement consiste à faire tourner la croupe du cheval autour de ses épaules qui restent à la même place et servent, en quelque sorte, de pivot, jusqu'à ce que la tête se trouve dans la direction opposée à celle où elle était auparavant. H 82 TRAITE D E(,tLlTATION. 105. Le cavalier, après avoir préparé son cheval par im elfet d'ensemble (§ 89 et suivants), commencera par peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits en tournant et en inclinant un peu le haut du corps à droite sans le pencher en avant, ni baisser la tète; puis il portera doucement les mains à gauche en retenant son cheval sans trop tirer les rênes ; il fermera en même temps la jambe gauche en arrière des sangles, et se servira de cette jambe et, au besoin, du talon pour pousser la croupe à droite [fUj. 53). Dès c[ue les han- ches commencent à céder à la pression de la jamlx- gauche, le cavalier doit, en continuant d'appuyer cette jambe pour que la croupe ne cesse pas de tourner, replacer doucement les poignets devant la ceinture et, vers hi fin du mouvement, les porter un peu à droite. TOURS ÉLÉMENTAIRE. 83 106. A vrai dire, on ne peut pas déterminer telle ou telle position pour les mains pendant la demi-pirouette. On peut seulement dire que, les membres antérieurs du cheval ne devant pas bouger de place, les mains du cavalier doivent agir de manière à ne les laisser ni avan- cer, ni reculer, ni se porter à droite ou à gauche. Si le cheval avance, il fant le retenir en tendant doucement les rênes; s'il recule, il faut, au contraire, les détendre un peu; si ses épaules se déplacent à droite, il faut por- ter les mains un peu à gauche et vice vprsà. Or, il est clair qu'au commencement du mouvement, si le cavalier ne tend pas un peu les rênes en portant les mains à gauche, les épaules du cheval auront tendance à se déplacer en avant et vers la droite lorsque la jambe gauche se fermera en arrière. Au contraire, vers la fin du mouvement, si les mains restaient à ganche, les épaules finiraient par se laisser entraîner dans cette direction, 107. Lorsqu'un cheval n'obéit pas à la pression de la jambe, on doit, au lieu de la laisser contre le flanc en l'appuyant de plus en plus fort, la faire ag-ir par petits coups répétés ou même employer le talon de la même manière pour faire céder les hanches. Il est rare qu'en se servant de ce moyen le cheval résiste en poussant ses lianclies du côté où on le frappe. Cependant, si ce cas se présente, le seul moyen à employer est de tendre la rêne gauche, afin d'amener les épaules du cheval du côté où il jette les hanches. Celles-ci céderont aussitôt en se portant du côté opposé. C'est ce que l'on appelle opposer les épaules aux lianches. 84 TRAITÉ d'É(?UITATIOX. 108. Le Professeur veillera soigneusement à ce que ses élèves n'écartent pas le genou en se servant du talon et conservent le haut du corps bien placé pendant les pirouettes. 11 est à remarquer que les cavaliers ont toujours tendance à pencher la tête et le corps du côté opposé à celui où marchent les hanches du cheval, c'est- à-dire du côté de la jambe avec laquelle ils déplacent la croupe {fKj. ?)l). Il faut, an contraire, tourner le haut du corps et même le pencher un peu du côté vers lequel marche la croupe du cheval et peser davantage sur le genou et l'étrier de ce côté, sans écarter la jambe qui doit être près du flanc pour agir au besoin et régler le mouvement. 109. Les élèves savent maintenant comment ils peu- vent agir avec lune ou l'autre jambe pour déplacer les hanches du cheval à droilo ou à gauche et, par consé- rOURS KLKMRNTAIRE. 85 qiu'iit, pour s'opposer à leurs déplacomonts pendant la mardi e ou r.irivt. Arrêter. HO. A l'indication : Préparez-vous à arrr(er,\es élèves devront augmenter la pression des jambes en arrière des sangles et tendre légèrement les rênes, afin de préparer leurs chevaux sans ralentir l'allure (effet d'en- semble, § 89 et suivants). m. A l'indication : Arrrtrz^ ils pèseront sur l'as- siette en redressant le haut du corps, et, sans déplacer les jambes, ils tendront progressivement les rênes, en r.ipproclianf les poignets du haut du corps {/Ir/. 5o) 86 TRAITÉ D'ÉQUITATION. jusqu'à ce que le cheval soit complètement immobile ; alors ils desserreront les jambes par degrés et rendront doucement la main. 112. Si, au lieu de tendre progressivement les rênes, l'élève les tirait brusquement, cela offenserait la bouche du cheval et le ferait arrêter sur les jarrets. Si, quand il tire sur les rênes, les jaud)es ne restaient pas en arrière des sangles, le cheval pourrait reculer ou ne pas arrêter droit, 113. Si, au moment de l'arrêt, le cheval a tendance à déplacer ses épaules vers la droite, le cavalier devra porter les mains uu peu à gauche pour l'en empêcher, et, comme les hanches ont toujours tendance à se jeter du cAté opposé à celui où l'on amène les épaules, il faudra les contenir en même temps avec la jambe droite. Si, au contraire, les épaules se portent à gauche, on emploiera les moyens inverses. il 4. Si ce sont les hanches qui tendent à se porter à droite au moment de l'arrêt, il faudra les contenir et les ramener à gauche en les poussant avec la jambe droite fermée en arrière des sangles et, au besoin, tendre davantage la rêne droite pour opposer les épaules aux hanches. — Mêmes principes et moyens inverses si les hancbes se déplacent à gauche. 115. Tant que le cheval n'est pas immobile, le cavaher ne doit pas rendre la main, mais au contraire, conserver COURS ELEMENTAIRE. 87 iDUJours un accord parfait entre son action et colle des jaMd)es. Le l*iofcsscur feni tVcquemmcut arrêter et repartir et exigera que ces mouvements soieut exécutés avec de plus eu plus de précision. Pour se remettre en mouvement, on se conformera à ce qui a été prescrit pour marcher, §§ iOO et suivants. Tourner successivement à droite. îi- -5 ^'--° ^■■-' <,«., »i ?1 1 ■ ( 1 V. l'i 5:-= ,./•«' Fi". î>(). 116. A l'indication : Prrparcz-vons i) tourner successi- vement à droite, le chef de reprise préparera son cheval par nn effet d'ensemble (§^ 89 et suivants). 117. A l'indication : Tournez- succcssioenient adroite, il tournera franchement à droite en faisant décrire à son cheval un quart de cercle de trois pas, traversera le manèi^e dans sa largeur par une ligne perpendiculaire sur les deux grands cotés, et se dirigera, sans ralentir ni augmenter l'allure de son cheval, vers le mur du manège qui se trouve en face de lui. Lorsqu'il sera arrivé à deux pas de ce mur, il tournera de nouveau à droite et reprendra la piste à main droite. 88 TRAITÉ D'ÉQLITATJUN. Il sera suivi par tous les autres cavaliers, qui exécute- ront successivement le même mouvement et qui passe- ront exactement sur le terrain où le chef de reprise aura passé. Ce mouvement peut se faire dans la longueur ilu manège, comme l'indique la figure ci-après. VV •6^ ■ ■li^ 'T- • Fii /o. fera sentir un peu plus fort et frappera au besoin, les mains continuant de tendre les rênes et se portant même un peu plus à gauche afin que le cheval ne cesse pas de galoper. 172. Pour obtenir le départ au galop sur le pied droit, il est nécessaire de déplacer un peu les épaules vers la gauche, ainsi que fait le cheval en liljerté quand de lui-même il prend le galop à droite. L'animal étant alors dans une position un peu oblique, son épaule droite se trouve plus en avant que l'épaule gauche, la (I) Beaucoup de cavaliers rendent et reprennent à contre-temps. COURS fiLÉMENTAlRK. 121 haiiclie droite plus en avant que la hanche gauche; les membres du cheval sont donc placés, avant le départ, de manière à entamer l'allure sur le pied droit (§ 162j, dès ([ue l'impulsion sera donnée par le talon gauche. 173. Au moment du départ, les rênes devront être lendues, parce que, si elles étaient tlottantes, le cheval aurait la liberté de prendre le trot, tandis que s'il est retenu et placé par la main du cavalier en même temps qu'il est poussé par les jambes, il s'enlèvera immédiate- ment au galop dès que le talon gauche donnera l'impul- sion. S'il arrive qu'un cheval ne parte pas ou parte à taux, c'est presque toujours parce que le cavalier, après avoir porté les mains à gauche pendant la préparation, les déplace involontairement ou détend les rênes au moment où il tlonne le coup de talon. 17 1. Je prescris d'employer le talon gauche pour faire partir le cheval sur le pied droit : On me dira peut-être : Pourquoi ne pas employer les deux talons comme Tin- diquent plusieurs écuyers? La position étant donnée et le cheval ne pouvant, dites-vous, partir sur le pied gauchcj pourquoi ne pas donner l'impulsion avec les deux jambes également? La raison, la voici : Si l'on emploie les deux jambes, il est certain que le cheval partira juste une fois la position donnée ; mais alors il faudra toujours donner au cheval cette position oblique, c'est-à-dire le traverser, pour obtenir un départ au galop, et ce n'est pas là la perfection. 11 faut que plus tard le cavalier puisse faire partir son cheval au galop en le maintenant aussi droit 122 TRAITÉ d'ÉQUITATION. que possible d'épaules et de hanches. Pour obtenir ce résultat, il me parait très rationnel d'habituer le cheval à partir sur le pied droit quand il reçoit l'impulsion du talon gauche, et sur le pied çauche quand il reçoit l'im- pulsion du talon droit. Pour cela, on le met d'abord, en le traversant un peu, ainsi que nous avons dit plus haut, dans l'impossibilité de partir à faux, et plus tard nous verrons comment le cavalier pourra modifier cette posi- tion préparatoire lorsqu'il aura acquis assez de tact et de justesse dans l'emploi des aides pour manier convenable- ment un cheval finement dressé. 175. Je reviens ici sur une recommandation que j'ai déjà faite : Le cavalier, pendant le galop, doit rester souple, naturel, laisser tomber ses coudes le long du corps et ne pas les porter en arrière ni les écarter. Enfin, il doit se lier aux mouvements du cheval, mais plutôt s'y laisser aller avec abandon que chercher à les suivre en faisant lui-même des mouvements de corps qui seraient fort disgracieux. j7G. Il ne devra pas relâcher les jambes, mais bien au contraire les tenir constamment fermées, la jandjc gauche plus en arrière que la droite, afin d'entretenir l'allure, et continuer de peser davantage sur le genou et l'étrier droits. 177. Le départ au galop est ime des premières diffi- cultés un peu sérieuses que l'élève rencontre. C'est au Professeur à observer, lorsqu'un cheval hésite à partir, COURS ÉI.K.MKXTAIRE. 123 en quoi poche le cavalier et à lui donner les conseils nécessaires. Je ne puis entrei* ici dans tant de détails. Je me contenterai de signaler un fait que j'ai maintes fois observé : Si, lorsque le cavalier veut mettre son cheval au galop, celui-ci part au trot sans se traverser (\), il est clair que le cavalier n'a pas porté suffisamment les mains à gauche en tendant les rênes et ne s'est pas servi assez énergiquement du talon gauche. Mais il arrive souvent aussi que le cavalier porte les mains trop à gauche et qu'il tire trop les rênes ; alors le cheval s'arrête ou marche avec la croupe en dedans du manège, et quelquefois le cavalier, croyant que, s'il n'a pas pu faire partir son che- val en employant les moyens qu'on lui a indiqués, c'est parce qu'il ne les a pas employés avec assez de force, porte les mains encore plus à gauche et frappe plus fort avec le talon gauche, ce qui ne fait que gêner davantage l'animal qui, quelquefois, fait un demi-tour à gauche. Je le répète, le Professeur seul peut apprécier d'où vient le mal et indiquer h^ remède, et cjuelquefois le conseil qu'il devra donner à l'un de ses élèves sera tout différent de celui qu'il donnera à un autre. 178. Presque toujours les cavaliers se pressent beau- coup trop et agissent trop brusquement pour partir au galop. Rien, au contraire, ne demande plus de calme et de finesse. Toute la difficulté consiste à ne faire partir le (1) On dit qu'un cheval est traversé quand ses liancfies se portent à droite ou à gauche de la ligne des épaules. 124 TRAITÉ D'ÉQUITATION. cheval que quand il est préparé et dès qu'il e,st préparé. Il faut donc agir sans se presser, lui donner d'abord cette position oblique dont j'ai parlé (§ 172), et, dès qu'il commence à la prendre, on déterminera le départ au galop par un coup de talon. Après quelques} tours de manège, le Professeur feni reprendre le pas. 179. Pour se mettre au pas, les élèves devront redres- ser le haut du corps en pesant fortement sur l'assiette, fermer également les jambes en arrière des sangles, tendre en même temps les rênes en rapprochant les poi- gnets du haut du corps (/?»/. 76). Le cheval ayant cessé Fie. :•".. de galoper, ils rendront doucement la main, de manière à ne pas l'arrêter et ne pas non plus lui laisser prendre le trot. COURS ÉLÉMENTAIRE. 125 Le Professeur fera exécuter un changement de main diagonal au pas, et, après quelques tours de manège à celte allure, il fera galoper à main gauche. Les élèves se conformeront à ce qui a été prescrit pour partir au galop à droite, mais en employant les moyens inverses. Galop en cercle. 180. Les élèves galopant n main droite, le Professent' fera l'inclication : En cercle à droilc nu moment où le chef de reprise anra dépassé de quelques pas le deuxième coin. Le chef de reprise décrira alors en dedans du manège un cercle à droite cjui devra être inscrit entre les deux grands côtés. Il continuera de galoper sur cette ligne circulaire jusqu'à l'indication : Marchez large. Il sera sidvi dans son mouvement par tous les autres cava- liers, qui passeront successivement sur le même terrain que lui. 181. A l'indication : Marchez large, le chef de reprise (juittera la ligne circulaire, se dirigera vers la piste par le plus court chemin et la reprendra à main droite sans interrompre l'alhire. Tous les autres cavaliers exécute- ront successivement le même mouvement. 182. Pour décrire un cercle à droite étant au galop, les élèves se conformeront à ce qui a été indiqué (§ 140) pour exécuter le môme mouvement au trot, en ohservant de soutenir un peu plus de la rêne du dehors, d'agir plus énergiquement avec hi jambe du même côté, qui doit non seulement aider le cheval k tourner et contenir ses 126 TRAITÉ d'ÉQUITATION. hanches sur la ligne circulaire, mais encore entretenir son allure et l'empêcher de prendre le trot. L'animal aura, en outre, d'autant moins de tendance à cesser de galoper que le cavalier suivra mieux le mouvement de Tnllure en se liant moelleusement à son cheval. 183. Pendant tout le temps que le cheval galope en cercle à droite, le cavalier doit avoir l'épaule gauche un peu plus avancée que la droite, de façon à tourner le haut du corps et même à l'incliner un peu vers le centre du cercle [fig. 77) sans toute- fois le pencher en avant ; il pèsera t" ■■ '" •^i-- "• droits davantage sur le genou et l'étrier 184. Pour reprendre la piste, la main tracera la lig'ue à suivre et les jambes entretiendront toujours le galop. 185. Pour galoper en cercle à gauche, mêmes prin- cipes et moyens inverses. Doublé individuel au galop. 186. Le doublé individuel à droite s'exécutera au galop comme au trot, toujours avec cette observation que les mains et les jambes doivent agir comme il vient d'être dit, de manière h contenir les hanches, à enqiê- COURS ÉLÉMENTAIRE. 127 cher le changement d'allure et à diriger le cheval sur la ligne qu'il doit suivre. 187. Le doublé à gauche s'exécutera d'après les mêmes principes et par les moyens inverses. Le Professeur termiuerii la leçou au pas; il fera reculer et reporter les chevaux en avant, et fera mettre pied à terre comme dans la leçon précédente. RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 5^' LEÇON i . Le chevid galope de deux manières différentes. 2. Quand le pied antérieur droit se pose eu avant du pied antérieur gauche, et le pied postérieur droit eu avant du pied postérieur gauche, on dit qu'il galope sur le pied droit. 3. Quand le pied antérieur gauche dépasse le pied antérieur di-oil, et que le pied postérieur gauche dépasse le postérieur droit, il galope sur le pied gauche. 4. Un cheval ne doit jamais être désuni au galop, c'est-à-dire galoper à droite des membres antérieurs et à. gauche des membres postérieurs. 5. Pour tourner à droite au galop, il est nécessaire que le cheval galope sur le pied droit et vice versa. G. Le cheval en liberté déplace ses épaules k gauche pour prendre le galop à droite et vice versa. 7. Pour faire partir un cheval au galop ii droite, le cavalier doit porter les poignets à gauche, stimuler son cheval avec les deux jambes puis déterminer le départ par un coup de talon gauche en pemnt dn- vantafje sur le genou, et l'cHrier droits. 8. Pendant le galop, les mains doivent reudre chaque fois que le> membres antérieurs s'enlèvent, reprendre chaque fois qu'ils reprennent terre et continuer ainsi de rendre et reprendre eu mesure ; les jambes continuent d'agir pour entretenir l'allure, la jamJjc gauche plus fort pendant le galop à droite, la jambe droite pendant le galop à gauche, le cavalier pesant davantage sur le genou et fctricr droits pendant tout Ic temps que le cheval galope à droite, et vice versa. !). Dans le galop en cercle, les mains doivent soutenir et diriger, les jambes doivent entretenir l'allure, la jambe du dehors agissant avec plus de force pour contenir les hanches; le haut du corps doit se tourner et s'incliner un peu vers le centre du cercle. TABLE DES MATIERES Pages. A VAXT- Propos vit COURS ELEMENTAIRE. Assiette et position du cavalier. — Travail en filet. P° LEÇON 3 Sauter à cheval 4 Sauter à terre 7 Ajuster les étriers avant de monter à cheval 9 Monter à cheval 10 Allonger, raccourcir les rènos du filet, les ajuster 14 Croiser les rênes dans la main gauche 1G Prendre les rênes dans les deux mains ]1 Croiser les rênes dans la main droite , . . . 17 Longueur des étriers 18 Rectifier la longueur des étriers 20 Position du cavalier à cheval 21 Emploi des rênes et des jambes pour cette première leçon 25 Mettre les chevaux en mouvement 27 Distance à observer entre les cavaliers 20 Observations 30 Marcher à main droite; marcher à main gauche 36 Arrêter et repartir 37 Changement de main dans la largeur du manège 41 Passer du pas au trot el du trot au pas , 43 Quitter et reprendre les étriers 47 17 1'-»'> TABLE DES MATIÈRES. Pages. Assouplissement du cavalier avec étriers 49 Mettre pied à terre 49 Ih'siimé fh's RÈfiLES contenues dans In l^"^ leçon 52 2« LECox 53 Relever et croiser les étriers sur rencohiro 55 Trotter sans étriers 56 Abattre et chausser les étriers 57 Quitter et reprendre les étriers au trot 57 Passer du trot au galop et du galop au pas 58 Résinné îles riiVîl.KS contenues dans la S*" leçon fiT 3" LEOox on Prendre les rênes de bride et les placer dans la main gauche. . . 69 Impulsion, direction 72 Effet d'ensemble 75 lùiiploi de la cravache 77 ^Marcher (à main droite) 79 Demi-pirouette renversée 81 Arrêter 85 Tourner successivement à droite 87 Marcher en cercle à droite 90 Changement de main diagonal 02 Demi-voile successive 94 Répéter le» mêmes mouvements au trot 93 Passage des coins 96 Jicsmné des RÈGLES eontenncs dans hi 3*' leçon 100 4* EEr.oN 10:i Doublé individuel 10.'{ Volte individuelle lOi Demi-volte individuelle 105 TABLE DE!^ MATIÈRES. 1P>I Cliaiigemeut de main individuel dans la largeur du manège. . . 106 Reculer et reporter les chevaux en avant 107 Bcsitmi- des rkoles enntciiues dans la 4* leçon 113 0° LECO.N IIS Aperçu des principes du galop 11o Passer du pas au galop et du galop au pas 117 (lalop on cercle 12 IJoulilé individuel au galop 120 j Jirsiiiin' drs RiViLF.S ronli'niies dans la o^ Irran 12S Paris. — laipi'inierie 1,. Ualdoi.n et C, 2, rue Cliristine. TRAITE D'ÉQUITATION COURS SUPÉRIEUR — HAUTE ÉCOLE (AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS — ÉQUITATiOX DE COIRSE, Elc. ) DU MEME AUTEUR Dressage méthodique et pratique du Cheval de selle (L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-S" (épuisé). Conseils pour le Dressage des chevaux difficiles (L. Baudoin, éditeur). 1 vol. grand in-S" 7 fr. » L'Homme et TAnimal devant la méthode expéri- mentale, par le D' A. Netter, officier delà Légion d'honneur, médecin principal en retraite, et F. ISIusany (Dentu, éditeur).. . 3 fr .50 Le Cheval en France (Nouvelle Revue du 1" avril 1885). Homme ou Singe? (Dentu, éditeur.) 2 fr. » Dressage simplifié du Cheval de selle (L. Baudoin, éditeur) 2 fr. » L'Amazone au manège et à la promenade (Rothschild, éditeur) . Traité d'Équitation. — Cours élémentaire. 1 vol. in-S" avec 78 figures dessinées spécialement pour l'ouvrage, par Frédéric Régamey (L. Baudoin, éditeur) 4 fr. » Les Règles de l'Équitation. Tirées du Traité d'Équitation. Broch. in-S" (L. Baudoin, éditeur) 1 fr. » Fausse Route, roman (Dentu, éditeur) 3 fr. 50 Taris. — Imprimerie L. Baudoin et C, 2, rue Christine. i^r ._^v V" ^ F. MUSANY DE LA « FRAXCE CHEVALINE » TRAITE D'ÉQUITATION COURS SUPÉRIEUR - HAUTE ECOLE (AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS — ÉQUITATION DE COURSE, Etc.) Avec 122 figures • DESSINÉES SPÉCIALEMENT POUR l'OUVRAGE Par Frédéric RÉGAMEY PARIS LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C« IMPKIMEURS-ÉDITEURS 30, Rue et Passage Dauphine, 30 1888 Tous droits réservés I II COURS SUPÉRIEUR TRAVAIL EN BRIDE On aura soin de ne pas choisir, pour ce Cours, des cJievaux finement mis. Ils seraient gâtés par des cava- liers se servant du mors sans pourvoir obtenir la mise en main, et les cavaliers eux-mêmes se trouveraient embarrassés, parce que les mouvements inhabiles de leurs mMins pourymient provoquer des désordres. Chaque leçon commencera par un te7nps de trot allongé et de galop sans é trier s, les cavaliers conduisant leurs chevaux avec les rênes du filet croisées tantôt dans la 7nain droite, tantôt dans la main gauche. Le professeur fera exécuter au grand ty^ot et au galop les mouvements du cours élémentaire, en faisant ralentir V allure pour les voltes et demi-voltes. Les Cavaliers devront maintenant avoir exactement la même position de corps et de ja^nbes sans étriers qu'avec les étriers, sauf que, sans élyners, la pointe des pieds tombera plus bas que le talon. re LEÇON Tenue des quatre rênes. — Emploi raisonné du mors de bride et du mors de filet pour la conduite du cheval. — Mouvements de deux pistes Avant de faire monter les élèves à cheval, le professeur leur don- nera quelques indications sur la manière de choisir ime selle, de la placer sur le dos du cheval; il leur montrera comment les mors et la Fi?. 78. gourmette doivent être placés [fifi, 78) et leur donnera quelques expli- cations sur l'usage du filet et de la bride. La selle. 188. Un bon cavalier peut monter tant bien que mal sur n'importe quelle selle ; mais pour qu'il monte avec TRAITE D EQUITATION. justesse, il faut que la selle soit faite selon la conformation du cheval et que les lîourrelets aient une bonne direction {fiij. 79). Une selle trop étroite ou trop large du garrot Fi?. 80. blessera le cheval; en outre, si elle est trop étroite, ou si elle est trop remlîourrée devant et pas assez derrière, le siège en sera incliné d'avant en arrière, l'assiette du cava- lier glissera et ses genoux quitteront les bourrelets Fig. 81. Fig. 82. {ficj. 80); il sera obligé de faire à chaque instant, pour reprendre sa place, des mouvements qn'un cheval sus- COURS SUPERIEUR. 5 ceptible no supporte pas sans que son allure en soit dérangée; si les bourrelets de la selle sont trop obliques, les genoux ne peuvent s'y appuyer, la position des cuisses restant régulière (//y. 81), et perdent leur fixité ou, s'ils s'y appuient, il faut raccourcir les étriers et alors les genoux sont forcément remontés (^(/. 82), le cavalier n'enveloppe plus son cheval et perd beaucoup de sa soli- dité et de ses moyens d'action. Le mors de filet et le mors de bride. 189. Le mors du fdet (/if/. 83) agit directement, comme nous avons vu, pour attirer la tête à droite ou à Fig. 83. gauche (§ 119) et faire tourner le cheval; il exerce aussi une action directe de bas en haut pour relever la tête et l'encolure. 190. Le mors de bride (/? dit-il, à l'appui delà rèae sur l'encolure qu'ils ont accordé la faculté (( de faire tourner le cheval. Leur théorie était que le cheval tournait t( à droite par l'appui de la rêne gauche sur l'encolure, quoique la COURS SUPÉRIEUR. 19 208. Pour tournera droite, les cavaliers porteront les deux mains un peu à droite en faisant un mouvement du poignet g-auche, de manière à tendre d'abord douce- ment la rêne droite de bride et à appuyer l'autre rêne sur l'encolure , les jambes agissant comme il a été dit « barre gauche fût plus impressioauée que la droite. Pour admettre un « pareil système, il faudrait donc supposer que la bouche est dépourvue « de toute sensibilité et qu'un mors qui agit sur les barres a moins de a valeur qu'une rêne qui effleure l'encolure. » Pour ma part, j'étais convaincu depuis longtemps que l'opinion critiquée par le comte d'Aure était juste, que l'action du mors produite par la tension de la rêne gauche ne pouvait avoir pour effet de déter- miner le tourner à droite et que la sensation dominante, déterminante, était la pression de la rêne sur l'encolure. Mais comment démontrer cela d'une manière irréfutable ? Pendant que j'y songeais, l'idée me vint de construire un petit appareil permettant de vérifier de quelle manière agissent les rênes et le mors pendant le tourner. Voici celui que j'imaginai et que tout le monde pourra fabriquer comme moi, sans frais, en une demi-heure : Je pris une règle carrée, que je sciai en trois morceaux : l'un, A B, de O^OO de longueur, devant représenter la tète du cheval, l'autre, CD, de 0™09, devant représenter la partie fixe de l'encolure, la troi- sième, D E, devant représenter le corps. .J'assemblai, au moyen de deux petites pointes, les deux parties C D, D E, de manière qu'elles for- massent un angle obtus d'environ 60 degrés; je fis, avec une scie, une rainure, profonde d'un centimètre, à l'extrémité E de la partie D E, où je fis entrer le bout d'une baleine plate, que je fixai avec de la cire à cacheter; je fis de même une rainure à l'extrémité C de la partie C D, et une autre au point H, dans la partie A B, et je reliai le point H au point C par une baleine plate, longue de 0™06, que je fixai de même dans les rainures, avec de la cire à cacheter, et qui devait figurer la partie mobile de l'encolure. Je tordis un morceau de fil de fer en forme de mors de bride 0 P, O'P'; je nouai une ficelle au-dessus de la rainure H, et en attachai les deux extrémités aux parties supérieures 0 0' des branches du mors que je reliai en dessous par une autre ficelle représentant la gourmette; j'attachai les deux extrémités d'une autre ficelle longue de 0™3G, aux 20 TRAITÉ d'ÉÔUITATION. précédemment (§ 121 et siiiv.), c'est-à-dire la jambe gauche plus en arrière et plus fort que la droite. — Lorsqu'on parle de tourner à droite avec la jambe droite, ce ne peut être que pour tourner sur place (pirouette renversée), mais lorsqu'on veut tourner e?i avançant , parties inférieures P P' des branches du mors, pour représenter les rênes; enfin je fis une coche R,à l'endroit ou devait reposer le mors. J'eus ainsi le petit appareil représenté par la figure ci-dessous : o'^ m 0 l)p Fig. 99. Je fis alors tenir par une autre personne la baleine près du point E, et prenant moi-même les rênes, je constatai d'abord qu'il suffit de les tendre pour faire fléchir k volonté le sommet de l'encolure H C, de manière à donner à la tête A B une position plus ou moins verticale, ce qui montre que la mise en main peut s'obtenir d'une façon très simple par la tension des rênes de bride. En portant la main à droite, de manière à faire agir la rêne gauche seule par pression sur l'encolure, je vis : 1° que le mors, bien qu'appuyant plus fortement du côté gauche, ne se soulève pas sensiblement du cùlé droit, maintenu qu'il est par la gourmette ; 2° que tout l'apareil se plie à droite au point E, figurant le mouvement du cheval qui tourne à droite, mais avec le bout du nez A à gauche; COURS SUPÉRIEUR. 21 la jambe droite ne doit agir que pour empêcher le cheval de tourner trop court en pivotant sur les hanches ou de se jeter à droite par des pas de côté. 209. Le cheval doit toujours avoir le nez légèrement tourné du côté de la nouvelle direction, de manière que le cavalier, sans bouger le corps, voie le coin de l'œil de son cheval de ce côté. 30 que non seulement l'appareil se plie à droite, 7nais qu'il se penche sensiblement vers le sol de ce calé. Si, au lieu d'appuyer seulement la rêne gauche sur l'encolure, on commence par faire agir la rêne droite par traction, le bout du nez A se tourne à droite, puis la pression de la rêne gauche fait plier tout l'appareil à droite, scuis que celui-ci se penche vers le sol. Cette expérience concluante, que chacun peut faire comme moi, montre que c'est bien la pression de la rêne sur l'encolure et non l'action du mors sur les barres qui fait tourner le cheval lorsqu'on agit par la rêne contraire seule; elle montre aussi qu'en principe on ne doit pas tourner au moyen de la rêne contraire seule, comme le prescrit à tort Baucher, dans sa MHhode d'équitation basée sur de nouveaux principes (p. 183 et suiv.), attendu qu'on amène ainsi la tête dans une fausse position, et qu'on surcharge considérablement le membre anté- rieur du côté où l'on tonrne, ce qui est une cause d'usure pour ce membre et peut même déterminer une chute, tandis que si l'on se sert des deux rênes, le cheval peut exécuter le mouvement facilement et sans fatigue. Il faut donc, lorsqu'on conduit le cheval avec une seule main, comme font les cavaliers militaires, savoir, par un mouvement de lotation du poignet, faire agir la rêne directe avant la rêne opposée, dans les change- ments de direction. Les remarques faites plus haut, montrent en outre : 4° que la pression d'une rêne sur l'encolure, en portant le poids sur le membre antérieur du côté opposé, peut avoir plus d'effet que la rêne directe pour empêcher les déplacements de l'avant-main ; 2° que la rêne qui agit par pression, ayant une action diagonale d'avant en arrière, est d'une grande utilité lorsqu'il s'agit de placer le cheval pour les pas de côté et le départ au galop. 22 TRAITE D EQUITATION. 210. Si le cheval résiste, il peut être utile de faire intervenir le filet; alors la main droite se tourne de manière à tendre davantage l'une ou l'autre rêne [fig. iûO et 101}. Au besoin, on séparerait les rênes du filet. Fig. 100. Fig. 101. 211. Que l'on se serve ou non du fdet, il faut toujours que la main droite accompagne le mouvement de la main gauche, en se portant du même côté ; il serait très disgracieux de voir les mains s'écarter l'une de l'autre. 212. Il peut être quelquefois nécessaire, en tournant, de raccourcir ou d'allonger une rêne de bride ou une rêne de filet ; il faut alors rajuster les rênes après avoir tourné. 213. Les élèves pourront aussi, avant de tourner, — et plus tard pour les mouvements de deux pistes et le départ COURS SUPERIEUR. 23 au galop — mettre doux doigts de la main droite sur la rêne droite de bride {fuj. 102), qu'ils allongeront un peu : de cette façon, les mains agiront plus efficacement sur chaque rêne et, en décomposant le mouvement en deux temps (1, tension de la rêne directe; 2, pression de la F'K'J Fig. 102. rêne opposée), ils réussiront presque toujours à faire tourner franchement un cheval qui résisterait à Temploi isolé de Tune ou de l'autre rêne. 214. Le Professeur veillera à ce que l'attention que les cavaliers apportent au maniement des rênes, ne leur fasse pas porter le corps en avant ni baisser la tête ; il s'approchera fréquemment de chaque élève pour sur- veiller la manière dont il se sert des rênes et lui don^ nera les conseils nécessaires en exécutant lui-même ce qu'il dit. Arrêts et demi-arrêtSi Le Professeur fera faire de fréquents arrêts et demi-arrêts. 213; Pour arrêter, il suffit^ les rênes étant bien ajus- 24 TRAITE DEQUITATION. tées, de les tendre également en rapprochant le poignet du haut du corps [fuj. 103), de manière à tourner un F»K^ Fis. 103. peu les ongles en dessus : pour rendre la main, replacer doucement le poignet. Les chevaux doivent arrêter avec la tète directe et suffisamment haute. 216. Les cavaliers doivent peser sur Fassiette et rester bien droits en selle au moment de l'arrêt; le Professeur veillera maintenant à ce que le haut du corps ne reste pas en arrière au moment du départ. 217. Le demi-arrêt consiste, après avoir tendu les rênes, comme pour arrêter le cheval, à lui rendre la main, sans desserrer les jambes, avant qu'il s'arrête. COURS SUPÉRIEUR. 23 Il est Ijon de faire im denii-arrôt avant les change- ments de direction et les mouvements de deux pistes dont nons allons bientôt nous occuper. Mouvements individuels. Les cavaliers seront exercés ù : partir successivement au trot le luiuj du mur pour venir se placer à la queue de la reprise, passer successivement de la tête à la queue de la reprise par une demi-volte, passer successi- vement de la queue à la tète de la reprise par un doublé, passer succes- sivement de la tête à la queue de la reprise après deux changements de main, des voltes, demi-voltes, etc. 218. Pendant ces exercices, le cheval qui les exécute étant naturellement porté à rester avec les autres che- vaux, fait souvent quelque résistance pour les quitter ou a tendance à les rejoindre par le plus court chemin. Pour pouvoir le diriger, le cavalier doit bien sentir sa bouche et le pousser sur la main en lui tenant la tête bien droite et en réglant bien son allure : il aura soin, surtout en tournant, de le stimuler avec les jambes, et de faire agir sur l'encolure. la rêne contraire avec assez de force pour déplacer les épaules; en cas de résistance prolongée, il séparerait vivement ses rênes de fdet, tire- rait alternativement la rêne droite et la rêne gauche pour déplacer la tête de gauche à droite, de droite à gauche et ainsi de suite, comme s'il voulait faire marcher le cheval en zig-zag : l'action des rênes n'étant pas suffi- sante pour déterminer des changements de direction, iii même pour déplacer l'encolure, occupera les sens de l'animal et, dès que le cavalier portera franchement les mains à droite ou à gauche , il marchera dans 4 26 x'p TRAITE D'EQUITATION. la nouvelle direction ; mais c'est surtout les jambes qui doivent agir constamment pour entretenir l'impulsion, ce qui obligera le cheval à céder à l'action des rênes. Ces mouvements sont, comme on voit, excellents pour apprendre aux cavaliers à se servir adroitement des aides. Étant de pied ferme, partir au trot. 219. Ce mouvement se fera d'abord après un demi- arrêt, pendant la marche au pas. Le cavalier augmentera la pression des jambes et résistera un instant de la main, puis, le cheval étant léger et prêt à se mobiliser, la pression des jambes augmentera encore et la main rendra imperceptiblement pour permettre aif cheval de prendre franchement le trot. 220. Ensuite, le cheval étant complètement arrêté, le r'j{i .■"'^'S- Fig, lOi. COURS SUPÉRIEUR. 27 cavalier, en le préparant par un effet d'ensemble, fera agir les jambes avec assez de force, tout en résistant de la main jusqu'à ce qu'il sente que le cheval est prêt (/?.-' -■■^-v <^ c<— -c c- •'• «. t-J-4, c c «- - '«^ e- ---« / o . :::?r.:-- -l::^ -='1-- .rr.=- ■<»-t<--« -r-gr:- --»--- Fig. iOO. Les cavaliers marchant au pas à main droite et le chef de reprise étant près d'arriver à l'extrémité de l'un des grands côtés, le Professeur leur fera exécuter une demi-pirouette renversée. 225. A l'indication : Préparez-vous jiour la demi- pirotiette re?iversée , ils prépareront leurs chevaux par un effet d'ensemble. 226. A l'indication : Defm-piro nette , chaque cavalier arrêtera son cheval, portera doucement les mains à gauche en continuant de le retenir sans trop tirer les rênes, tournera un peu le corps à droite en pesant sur le genou et sur l'étrier droits, fera en même temps sentir le talon gauche et en donnera au besoin de petits coups répétés pour faire fuir les hanches, la jambe droite restant près des sangles pour modérer au besoin la vitesse du mouvement {fig. 107). Dès que les hanches com- menceront à céder, l'élève, tout en continuant de faire agir le talon pour que la croupe ne cesse pas de tourner, replacera doucement les poignets devant la ceinture et, 30 TRAITE D EQUITATION. vers la fin du mouvement, les portera un peu à droite (§ 106). La demi-pirouette terminée, il rendra un peu la fR'J Fig. i07. main en fermant les jambes également et tous les chevaux devront se remettre ensemble en marche et suivre la piste à main gauche. 227. Les membres antérieurs du cheval ne devant presque pas bouger pendant le mouvement, les mains du cavalier agiront de manière à ne les laisser ni avancer ni reculer, ni se porter à droite ou à gauche. Si le cheval avance, il faut le retenir en tirant doucement les rênes: s'il recule, il faut, au contraire, les détendre un peu; si ses épaules se déplacent à droite, il faut porter les mains à gauche et vice versa, et, autant que possible, prévenir ces déplacements et les empêcher de se produire. COURS SUPÉRIEUR. 31 Plus le cavalier devient habile, plus ces mouvements de mains deviennent imperceptibles. 228. Si le cheval ne cédait pas à la pression du talon gauche, le cavalier appuierait d'avantage la rêne droite sur l'encolure, ou même tendrait un peu la rêne gauche : les hanches céderaient aussitôt (§ 107); mais il faut avoir soin de maintenir l'encolure aussi directe que possible et pas trop élevée, afin de ne pas surcharger l'arrière-main. 229. Pour que le mouvement soit bien exécuté, il faut arriver à ce que le pied antérieur gauche ne s'écarte pas de sa place. 230. La demi-pirouette à gauche s'exécute par les moyens inverses : c'est alors le membre antérieur droit qui sert de pivot. Demi-hanche, la tête au mur sur le grand côté. ?"*'' <»'' *■'»■' »*-' «»*-' t-y K- Fig. 108. 231. Ce mouvement consiste à faire marcher le cheval de côté , la tète tournée vers le mur, la croupe en 32 ->'t^ TRAITE D'EQUITATION. dedans du manège. Pour qu'il puisse marcher ainsi, il faut qu'il soit placé obliquement par rapport au mur et que les épaules précèdent les hanches dans la direction suivie, afin que, marchant à main droite, les membres gauches puissent facilement passer devant les membres droits {fifj. 109) et vice venà\ si le cheval était placé riw^-js^xr-— Fig. 109. perpendiculairement au mur, les memijres gauches ren- contreraient les membres droits ; il y aurait des à-coups et peut-être des résistances. 232. A l'indication : Préparez -vous pour là demi- hanche la tête au mur^ les cavaliers marchant au pas , à main droite, prépareront successivement leurs chevaux avant d'arriver au commenéement du grand côté. COURS SUPÉRIEUR. 33 233. A rindication : Demi-hanche, le chef de reprise, après avoir passé le coin, augmentera doucement la ten- sion des rênes pour arrêter les épaules, portera les mains un peu à gauche sans détendre la rêne gauche, pèsera davantage sur le genou et sur l'étrier droits, tournera un peu le corps à droite, regardant à droite de l'encolure du cheval et fera agir la jambe gauche pour déplacer la croupe vers la droite. Aussitôt cette position donnée, il portera les mains un peu à droite pour déterminer les épaules dans cette direction, la jambe gauche continuant d^agir par pression ou par petits coups répétés pour que l'arrière-main marche avec la même vitesse que Tavant- main et que le cheval conserve, par conséquent, toujours exactement la même position qu'il avait par rapport au mur en commençant le mouvement, la jambe droite restant près pour modérer au besoin la marche de l'arrière-main. 234, Si les hanches cèdent trop vite, ou si l'avant- main marche trop lentement, il faut diminuer la pression de la jambe gauche, au besoin faire agir la jambe droite et porter les mains un peu plus à droite ; si, au contraire, les hanches ne cèdent pas assez, il faut ralentir, au moyen des rênes, le mouvement de l'avant-main et augmenter l'action de la jambe gauche ; dans tous les cas, l'élève s'appliquera à agir avec assez de tact pour prévenir tout désordre. 23o. Il est important de pousser le cheval sur la main s'il ne s'y porte de lui-même, et de ne pas agir trop fort avec les rênes afin de ne jamais le laisser s'arrêter ni reculer. 5 o 4 TRAITÉ d'ÉQUITATION. 236. Pendant tout le temps que dure le mouvement, le cavalier doit peser davantage sur le genou et sur l'é- trier droits, conserver le corps vertical, un peu tourné à droite et plutôt penché à droite qu'à gauche. 237. L'encolure du cheval doit rester bien droite et assez haute. 238. Tous les cavaHers commenceront successivement le même mouvement en arrivant à l'endroit où le chef de reprise a commencé le sien; ils redresseront de même successivement leurs chevaux au moyen de la jambe droite quelques pas avant d'arriver au second coin. Changement de main diagonal de deux pistes. «;....... .5, c Fig. 110. 239. Dans ce mouvement, le cheval marche exacte- ment comme dans la demi-hanche^ la tête au inur, en suivant un mur imaginaire qui traverserait le manège diagonalement ; les élèves devront donc employer les moyens qui viennent d'être indiqués, en observant seule- ment qu'au moment où le cheval quitte le mur pour COURS SUPERIEUR. 35 exécuter le changement de main diagonal, il se trouve déjà placé, par rapport à la ligne qu'ildoit suivre, comme il devra être pendant toute la durée du changement de main; par conséquent, il faudra, après l'avoir préparé par un effet d'ensemble, porter immédiatement les mains à droite en faisant agir la jambe gauche et, pendant tout le temps qu'il traversera le manège, le maintenir paral- lèle aux deux grands murs. Ce qui rend ce mouvement un peu plus difficile à exécuter que le précédent, c'est que, le mur n'étant pas là pour empêcher le cheval d'avancer, la main a plus à faire pour le contenir et le diriger. 240. Le mouvement terminé, faire agirles deux jambes également et rendre un peu la main pour laisser le cheval marcher droit sur la piste. Demi-hanche, la croupe au mur sur le grand côté. ^ »'^. »"*•. »"•. «!?- t-*-. ^^. »?:-. -'"■--> V '•> '■'^' ""■> ""«^ N-" "^^ Fig. m. 241. Ce mouvement consiste à faire marcher le cheval de côté, la tête tournée vers le dedans du manège et la croupe restant près du mur. 36 TRAITÉ d'ÉQUITATION. 242. Pour exécuter la demi-hanche^ la croupe aiimur, les cavaliers marchant au pas à main droite, prépare- ront successivement leurs chevaux avant d'arriver au commencement du grand côté ; après avoir passé le coin , le chef de reprise portera les mains un peu à droite, de façon à déplacer les épaules sans détendre la rêne droite, les jambes agissant pour pousser le cheval sur la main, la jambe gauche un peu plus fort pour contenir les hanches ; il pèsera alors davantage sur le genou et sur l'étrier gauches, tournera un peu le haut du corps à gauche et regardera à gauche de l'encolure de son che- val ; la jambe droite commencera à agir pour faire fuir la croupe à gauche, la jambe gauche restant près pour régler le mouvement; les mains, un peu portées à gauche, détermineront les épaules dans cette direction, les rênes suffisamment tendues pour que le cheval ne puisse avan- cer droit devant lui. 243. L'encolure du cheval doit rester haute et aussi droite que possible ; les mains et les jambes agiront comme il a été dit précédemment pour prévenir tout désordre et obliger l'animal à continuer bien régulièrement le mou- vement sans que la croupe s'éloigne du mur, et en con- servant toujours exactement la position oblique qu'il avait en commençant. 244. Tous les cavaliers exécuteront successivement le même mouvement en arrivant à l'endroit où le chef de reprise aura commencé le sien; ils redresseront de même successivement leurs chevaux en portant les mains un COURS SUPÉRIEUR. 37 peu à gauche quelques pas avant d'arriver au second coin. Partir du pas au galop. 24o. Pour partir du pas au galop {fig. 112), les cava- liers devront maintenant traverser leurs chevaux le moins possible. Etant à main droite, ils augmenteront la pres- sion des jambes et la tension des rênes, porteront les Fig. H2. mains un peu à gauche, la rêne droite de bride appuyant sur l'encolure de manière à porter le poids de l'avant- main sur le nombre antérieur gauche en maintenant l'en- colure aussi droite que possible ; la rêne droite du filet sera légèrement tendue ; la position étant ainsi donnée et le cheval étant léger à la main, ils détermineront le départ par un coup du talon gauche en ayant soin de peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits. 38 TRAITÉ d'ÉQUITATION. 246. Dès que le cheval s'enlèvera, la main devra rendre puis reprendre, comme il a été dit § 171, la rêne droite de filet surtout ; les jambes seront constamment fermées, la jambe gauche plus en arrière que la droite, le talon gauche se faisant sentir de temps en temps, au besoin, pour entretenir Fallure, le cavalier continuant de peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits. Le haut du corps, bien droit et plutôt redressé en arrière, se laissera aller au mouvement du cheval et se tournera un peu à droite en passant dans les coins ; la tête sera levée et ne devra pas se balancer ; les coudes resteront immobiles près du corps. Tourner à droite au galop. 247. Pour tourner à droite au galop, le poignet gauche se tournera de manière à tendre d'abord un peu la rêne droite, et à appuyer la rêne gauche sur Tencolure ; les jambes augmenteront leur pression, la jambe gauche surtout , afin d'entretenir l'allure et de contenir les hanches ; le talon gauche se fera sentir au besoin et la rêne droite de filet agira un peu plus fort, le cavalier pesant davantage sur le genou et sur l'étrier droits. Le Professeur fera galoper en cercle à droite, doubler individuellement à droite, faire des voltcs individuelles au galop, et surveillera avec soin la position des cavaliers et l'emploi qu'ils fout des rênes et des jambes. Les mêmes exercices se feront ensuite h main gauche d'après les mêmes principes et par les moyens inverses. COURS SUPERIEUR. 39 Passer du galop au trot. 248. Pour passer du galop au trot, les élèves, après un effet d'ensemble, devront peser sur l'assiette, redres- ser le haut du corps sans desserrer les jambes et tendre les rênes comme pour mettre leurs chevaux au pas ' R.^ Fig. 113. [fifj. 113); dès qu'ils sentiront que le galop va cesser, ils rendront un peu la main, sans cesser de bien sentir la bouche, pour laisser les chevaux prendre le trot. Si un cavalier avait de la peine à mettre son cheval au trot, il devrait se servir du filet en môme temps que de la bride pour faire cesser le galop, puis rendre de la bride et tenir son cheval appuyé sur le filet pendant les premières fou- lées de trot ; ensuite, il reprendrait très graduellement de la bride et rendrait du filet. 249. Si la résistance se prolonge, il faut, en même temps 40 TRAITE D EQUITATION. qu'on tend les rênes, porter les mains un peu à droite, en appuyant davantage la rêne gauche de bride sur l'enco- lure et en tirant un peu la rêne droite du filet, ce qui amène le poids sur l'épaule droite et empêche le cheval de continuer le galop sur le pied droit, puisqu'il se trouve ainsi placé comme pour le galop à gauche. — Pour faire cesser le galop sur le pied gauche, il va sans dire que les moyens sont inverses. Le Professeur fera faire de fréquents départs au galop tantôt à droite, tantôt à gauche. Reculer. 250. Pour reculer, chaCj[ue cavalier, après avoir pré- paré son cheval par un effet d'ensemble, augmentera la pression des jambes sans diminuer la tension des rênes F'^-î '^•' Fie. dl4. jusqu'à ce qu'il sente que son cheval est prêt à se porter en avant {fig. 114). Alors, il résistera de la main en rap- COURS SUPERIEUR. 41 prochant le poignet du haut du corps de manière que le pied qui allait se porter en avant se porte en arrière ; aussitôt ce premier pas obtenu, il rendra un peu {fig.Yia), Fiff. 115. puis reprendra pour obtenir un second pas, et ainsi de suite, rendant après chaque pas. 6 42 TRAITÉ D'ÉQUITATION 251. La tête du cheval ne doit pas être trop haute pendant le reculer, afin de ne pas surcharger le rein et les membres postérieurs qui seraient gênés pour se mou- voir [ficj. 116). 252. Le corps du cavalier doit rester parfaitement droit, plutôt un peu incliné en arrière. 253. Les jambes et les mains agiront pour faire recu- ler le cheval droit ainsi qu'il a été dit précédemment (§ 157), mais en se servant surtout de l'appui de l'une ou de l'autre rêne sur l'encolure. Les jambes doivent rester fermées en arrière afin de contrebalancer l'effet des mains et d^empêcher au besoin le cheval de reculer précipitam- ment. 254. A l'indication : En avant, chaque cavaHer aug- mentera également la pression des jambes en rendant la main et en caressant son cheval. RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 1" LEÇON (1) 1. Lo mors de filet agit directement pour faire tourner la tête du cheval à droite ou à gauche. 2. Il exerce aussi une action directe de bas en haut pour relever la tête et l'encolure. 3. Le mors de bride a une très grande puissance pour arrêter le che- val et faire baisser sa tête. Il sert aussi à le faire tourner à droite ou à gauche, mais en conservant toujours son action directe comme levier, 4. Le mors de filet agit surtout sur les lèvres, tandis que le mors de bride n'agit que sur les barres. 5. Les cavaliers ne sachant pas encore placer la tête du cheval, le mors de bride aura des branches courtes et la gourmette sera assez lâche. 6. Les rênes de bride doivent être tenues dans la main gauche, le petit doigt entre les deux rênes dont l'excédant sort sous le pouce, les rênes également tendues, le poignet arrondi, le petit doigt à la hauteur du coude et plus près du corps que l'index, la main un peu plus élevée que le poignet. 7. Les rênes de filet seront croisées dans la main droite, et l'on tendra au besoin l'une ou l'autre par un mouvement de rotation du poignet. 8. Le cheval devra généralement avoir l'encolure haute et directe et appuyer toujours légèrement sur le mors de bride. 9. S'il baisse la tête, il faudra la lui relever par de petites saccades du filet. (1) Les règles imprimées en caractères italiques sont celles que je crois avoir innovées. 44 TRAITÉ D'ÉQUITATION. 10. Le mors de bride ne doit jamais agir par saccades. H. Il faut donner plus ou moins d'élévation à l'encolure selon la conformation des chevaux. 12. L'étrier ne doit être qu'un accessoire sans importance pour la tenue du cavalier. 13. Les pieds doivent poser légèrement sur les étriers, et y faire de fréquentes battues. 14. Il ne faut engager que le tiers du pied dans l'étrier et appuyer plus fort du côté du pouce, que du côté du petit doigt. 15. La pointe des pieds doit être tournée le moins possible en dehors, 16. Pur suite de la direction oblique que prennent forcément les étri- vières, il est nécessaire pour que le pied pose d'aplomb sur la planchette, que rétrier ait une branche plus courte que l'autre {nouveaux étriers Musany), 17. La rêne directe est celle qui agit par traction du côté ou l'on tourne ; la rêne contraire est l'autre rêne qui agit par pression sur l'encolure. 18. L'action des deux rênes est nécessaire pour tourner correcte- ment. 19. En tournant avec la rêne contraire seule, on amène la tète du cheval dans une fausse position et Von surcharge considérablement le membre antérieur du côté où Von tourne. 20. La pression de la rêne contraire sur Vencolure peut avoir plus d'effet que la tension de la rêne droite pour empêcher les déplacements de Vavant-main. 21 . La rêne qui agit par pression, ayant une action diagonale d'avant en arrière, est d'une grande utilité pour les pas de côté et le départ au galop. 22. Le cheval doit toujours avoir le nez légèrement tourné du côté de la nouvelle direction; au besoin on fait pour cela intervenir l'une ou l'autre rêne du fdet. 23. Les deux mains ne doivent jamais s'écarter l'une de l'autre, 24. Pour faire tourner le cheval avec une seule main, il faut tourner COURS SUPÉRIEUR. 45 le poignet de manière à tendre la rêne du côté où l'on veut tourner, et à appuyer l'autre rêne sur l'encolure, les jambes agissant comme il a été dit. 2o. Pour arrêter, il faut tendre également les rênes en rapprochant le poignet du haut du corps, les ongles en-dessus. 26. Pour rendre la main, on replacera doucement le poignet. 27. Le cheval doit arrêter avec la tête directe et suffisamment haute. 28. Le corps du cavalier ne doit plus rester en arrière au moment du départ. 29. Le demi-arrêt consiste, après avoir tendu les rênes, à rendre la main, sans desserrer les jambes, avant que le cheval s'arrête. 30. Il est bon de faire un demi-arrêt avant les changements de direction et les mouvements de deux pistes. 31. Pour allonger le trot, il faut, après un effet d'ensemble, aug- menter la pression des jambes et ne diminuer la pression des rênes que progressivement après que le cheval a obéi. 32. Dans la demi-pirouette renversée à droite, le pied antérieur gauche sert de pivot et ne doit pas s'écarter de sa place. 33. Dans la demi-pirouette renversée à gauche, le membre antérieur droit sert de pivot. 34. Pendant les demi-pirouettes renversées, l'encolure doit rester aussi directe que possible, et pas trop élevée. 3d. Pour que le cheval puisse faire des pas de côté, il faut que les épaules précèdent les hanches. 36. Pendant les pas de côté, il faut peser davantage sur le genou et sur rétrier du côté où l'on va et tourner un peu le corps de ce côté. 37. Pendant les pas de côté, il est important de pousser le cheval sur la main pour qu'il ne s'arrête ni ne recule ; l'encolure doit rester aussi directe que possible. 38. Pendant le changement de main diagonal de deux pistes, le che- val marche exactement comme pendant la demi-hanche la tête au mur. 39. En partant du pas au galop, il faut traverser le cheval le moins possible. 46 TRAITÉ D'ÉQUITATION. 40. Pour partir au galop à droite, il faut augmenter la pression des jambes et la tension des rênes, porter les. mains un peu à gauche, la rêne droite de bride appuyant sur l'encolure, la rêne droite de filet légèrement tendue, et déterminer le départ par un coup du talon gauche en pesant davantage sur le genou et sur l'étrier droits. 41. Pour partir au galop à gauche, les moyens sont inversement les mêmes. 42. Pendant le galop à droite, la main doit rendre et reprendre à chaque pas, la rêne droite du filet surtout, et le cavalier doit continuer de peser davantage sur le genou et sur l'étrier droits; pendant le galop à gauche, c'est la rêne gauche du filet qui agira, le cavalier pèsera davantage sur le genou et sur l'étrier gauches. 43. La tête du cheval ne doit pas être trop haute pendant le reculer. 2" LEÇON Emploi de l'éperon. — Mouvements individuels. Trotter à l'anglaise. — Saut des obstacles. Emploi de l'éperon. 2oo. Le cheval , être sans volonté , dont tous les mouvements sont toujours déterminés par des sensations physiques externes ou internes, ne saurait en aucun cas commettre de faute; il n'est pas responsable de ses actes; par conséquent, il ne faut jamais le corriger sous pré- texte de lui faire comprendre qu'il a mal fait ; il ne com- prendrait rien du tout, et la surexcitation causée par la douleur ne pourrait qu'amener de nouveaux désordres et faire naître de mauvaises habitudes. 256. L'éperon n'est donc pas un moyen de châtiment ; c'est un stimulant énergique, une aide puissante qui augmente considérablement le pouvoir de la jambe et qui peut ainsi, dans une foule de cas, en produisant une sensation plus ou moins vive, empêcher l'animal de céder à d'autres sensations qui le feraient agir contrairement à la volonté du cavalier. 257. Il ne faut jamais se servir de l'éperon après une 48 TRAITÉ D'ÉQUITATION. résistance ou une défense, mais pendant, ou mieux avant^ afin de la prévenir ou de la faire cesser. 258. Il y a trois manières différentes d'employer l'éperon : le toucher, le presser, le pincer. 2o9. Le toucher consiste, lorsque la jambe ne suffit pas, à donner avec l'éperon de petits coups répétés et plus ou moins forts selon la sensibilité du cheval; cette manière de se servir de l'éperon est la plus usuelle et suffit dans presque tous les cas, même pour triompher des résistances quand le cavalier est assez adroit pour faire en même temps des oppositions de mains qui obli- gent l'animal à exécuter ce qu'on veut de lui. 260. Le presser est Faction d'appuyer progressivement l'éperon jusqu'à ce que le cheval ait cédé à la jambe ; souvent, il réussit moins bien que le toucher, et il est des chevaux qui ne le supportent pas. 261. lie pincer consiste à appliquer vivement l'éperon, qu'on retire aussitôt pour recommencer si cela est néces- saire. C'est un moyen efficace d'impulsion, si on l'emploie juste au moment opportun, c'est-à-dire assez tôt pour empêcher la résistance de se produire, et si la main ne vient pas maladroitement s'opposer au mouvement du cheval. 262. Enfin on peut, très exceptionnellement ^ employer, comme un moyen de contrainte très puissant, le presser COURS SUPERIEUR. 49 énergique des deux éperons au passage des sangles. Il immobilise complètement le cheval {fig. 117), au point que pas un de ses membres ne puisse quitter le sol, quel- quefois même le fait tomber sur les genoux, et, en tout cas, le soustrait absolument à toute influence étrangère. C'est seulement lorsque l'animal est tellement surexcité Ffi^ Fig. 117. qu'on sent qu'on va n'en plus être maitre, qu'un cavalier sûr de lui-même peut paralyser ainsi toute résistance et reconquérir le cheval prêt à lui échapper ; dans ce cas, la pression doit continuer, quoi qu'il advienne, pendant tout le temps que dure la résistance, et cesser progressi- vement après qu'elle a cessé. Ce moyen de domination n'est pas à la portée de tous, il s'en faut, et on peut l'évi- ter si l'on est attentif à prévenir toute cause de désordre. 263. 11 faut avoir bien soin de ne pas faire sentir l'épe- 7 50 TRAITÉ D'ÉQUITATION. ron involontairement et, pour cela, éviter de tourner le talon vers le corps du cheval. » 264. Le pouvoir de la jambe étant, comme je l'ai dit, considérablement augmenté par l'éperon, les jambes du cavalier ne devront plus faire de grands mouvements, ni agir avec force. C'est un peu en arrière des sangles qu'elles devront se faire sentir et que l'éperon devra tou- cher au besoin. 11 n'y a aucune raison pour agir dans aucun cas plus en arrière avec des chevaux dressés. Travail individuel au galop. Les départs au galop s'exécutant maiuteuant avec facilité, les cavaliers seront exercés à : imrtir successivement au ijalop le long du mur pour venir se placer à lu queue de la reprise, passer successivement de la tête à la queue de la reprise par une demi-volte, passeï- successivement de la queue à la tête de la reprise par un doublé, passer successivement de la tête à la queue de la reprise après deux changements de main, etc. 263. Dans ce dernier mouvement, le cavalier, au mo- ment d'achever chaque changement de main , passera au pas pour reprendre la piste , continuera de marcher au pas quelques instants, puis placera son cheval pour le départ sur l'autre pied, et le mettra au galop. Changement de main individuel au galop. 266. Pour changer de main individuellement au ga- lop, les élèves, à l'indication : Changez de main^ tour- neront tous ensemble à droite et traverseront le manège COURS SUPÉRIEUR. 51 eu se dirigeant, chaeiin pour son compte, par une ligne droite, vers le mur opposé. En arrivant à trois pas du mur, ils mettront leurs chevaux au pas, tourneront tous ensemble à gauche pour reprendre la piste à main gauche, placeront leurs chevaux pour le départ à gauche, et repartiront au galop. 267. Les cavaliers resteront alignés en traversant le manège, et régleront Fallure de leurs chevaux sur celle du cheval qui doit se trouver en tête de la reprise à la fin du mouvement. Ils passeront tous ensemble du galop au pas et, après avoir tourné, repartiront tous ensemble au galop sur le pied gauche. 268. Les élèves marchant à main gauche, le même mouvement s'exécute en tournant d'abord à gauche puis à droite. Trotter à l'anglaise. 269. Dans le trot assis, dit trot à la française, le ca- valier, conservant le corps droit et se laissant aller à l'allure du cheval, quitte peu la selle et y retombe à chaque foulée de trot. 270. Dans le t?'Ot enlevé, qu'on appelle trot â f anglaise parce qu'il a été introduit chez nous par les Anglais, mais qui a été singulièrement perfectionné parles maîtres français, le cavalier incline légèrement le haut du corps en avant, rapproche le menton du col en baissant un 52 TRAITE D EQUITATION. peu la tête, relâche le rein et, prenant un ferme point d'appui sur les genoux et un moindre sur les étriers, accentue l'enlever au moment où les fesses quittent la selle, de manière à laisser passer sous lui une réaction sur deux, revient légèrement sur la selle pour s'enlever aussitôt et continue ainsi en suivant le rhythme de l'al- lure. Le Professeur trottera lui-même quelques instants au trot assis, puis prendra le trot enlevé pour bien faire voir à ses élèves comment s'exé- cute le mouvement. Ensuite il leur fera prendre un trot assez allongé et leur dira de conduire leurs chevaux sur le filet, une rêne dans chaque main. 271. Les cavaliers conserveront pendant quelques in- stants le corps droit et trotteront à la française, en comp- F*K1 » \\v« .*^„^^.v^^''- Flg. 118. tant en eux-mêmes un, deux, un, deux, chaque fois qu'ils retombent sur la selle , afin de se rendre compte du COURS SUPÉRIEUR. 53 rliythme des foulées ; puis, arrondissant les reins, incli- nant un peu le corps en avant, baissant un peu la tête, fixant bien les genoux, ils tâcheront de s'enlever en comp- tant un [fiff. 118), et de se laisser retomber en comptant deux {^fuj. 119), et ainsi successivement. r'f^i Fig. 119. 272. Le mouvement du trot à l'anglaise est quelque- fois un peu long" à attraper. Lorsque le cavalier ne réussit pas , il doit se remettre quelques instants au trot à la française, puis recommencer, et ainsi de suite sans se décourager. Dès qu'on sait bien trotter à l'anglaise, cette allure est la plus agréable de toutes et celle que l'on peut continuer le plus longtemps sans fatigue. 273. Il ne faut pas s'aider des rênes pour s'enlever; les mouvements des mains doivent rester complètement o4 TRAITÉ d'ÉQUITATION. indépendants de ceux du corps; pour cela il est nécessaire que les jambes soient bien placées; si les pieds étaient trop en avant, les étriers n'offriraient pas au cavalier les légers points d'appui qui lui sont utiles. 274. Il ne faut pas que les élèves cherchent à s'enlever peu haut; ils retomberaient trop tôt sur la selle, y saute- raient deux fois avant de pouvoir s'enlever de nouveau, et perdraient ainsi la cadence du mouvement. Ils devront donc, surtout dans les commencements, s'enlever le plus haut possible, mais lentement, sans effort violent, sans sauter brusquement sur la selle et rester assez long- temps en l'air pour que les fesses effleurent à peine la selle chaque fois qu'elles y reviennent. 275. Ce qui gêne souvent les débutants pour s^enlever, c'est qu'ils ne fixent pas assez les genoux et pèsent trop sur les étriers. Voilà pourquoi il ne faut commencer à trotter à l'anglaise qu'après avoir beaucoup trotté sans étriers et avoir pris Thabitude de tenir les genoux con- stamment serrés contre les bourrelets de la selle. 276. Le Professeur surveillera avec soin la tenue des élèves : il faut que les épaules ne remontent pas, que le rein ne se creuse pas, que le corps ne reste pas trop droit et ne se penche pas non plus trop en avant, que la tète ne se lève pas : défauts que l'on voit sur une gravure d'un livre anglais (1) dont je donne ici la reproduction 1) Graccfid riding, pur S.-C. Wailo (London, 1859). COURS SUPERIEUR. 05 exacte {fig. 120) et qui est présentée par l'auteur anglais, non comme une caricature, mais comme un modèle d'équitation gracieuse. Fig. 120. Saut des obstacles. 277. Il n'est pas possil)le de former les cavaliers à sauter des obstacles dans un manège. Tout au plus peu- vent-ils y apprendre à sauter au petit galop une barre peu élevée. Aujourd'hui que le goût du cheval se ré- pand dans notre pays et que les jeunes gens sont détour- nés du manège par l'exemple des Anglais, que nous imi- tons beaucoup trop, il est fâcheux qu^ils aient raison sur un point, et qu'ils puissent dire que les Ecoles d'équita- tion ne forment pas de cavaliers d'obstacles. Nous ver- 56 TRAITE D EQUITATION. rons plus tard que du moins les cavaliers qui ont étudié au manège sont les seuls qui puissent devenir par la pratique de bous cavaliers d'obstacles. En tout cas, je crois que les Directeurs d'Écoles d'équitation s'assure- raient la faveur du public et feraient peut-être renaître le goût du manège s'ils ajoutaient à leurs établissements des carrières, c'est-à-dire des pistes assez grandes pour pouvoir y donner de vraies leçons de saut. 278. On disposera, en travers de cette piste, une barre que l'on puisse élever à volonté, selon les aptitudes des chevaux et la force des cavaliers, plus loin une haie, puis une rivière. Les obstacles seront d'abord peu élevés et la rivière peu large. Les cavaliers seront rangés hors de la piste et parti- ront l'un après l'autre. 279. Ils prendront une rêne de filet et une rêne de Fig. 12d. COURS SUPERIEUR. 57 bride dans chaque main, la rône de bride à pleine main, la rèue de lilet entre le médius et l'annulaire, les rênes de filet un peu plus courtes que les rênes de bride {fuj. 121), alin que celles-ci n'interviennent qu'en cas de nécessité pour dominer le cheval qui gagnerait à la main : dans ce cas, on fait agir les rênes de bride en rapprochant les petits doigts du corps, Fig. 122. les ongles en dessus [fuj. 122), puis on rend, puis on re- prend, afin d'avoir le cheval aussi léger que possible, tout en le laissant appuyer franchement sur le mors de filet. 280. Le cavalier mettra son cheval à un galop modéré, en ayant soin de lui tenir l'encolure bien droite et suffi- samment haute. En approchant de l'obstacle^ il assurera 58 TRAITÉ D'ÉQUITATION. sa position en portant le corps légèrement en arrière et mollissant le rein, serrera fortement les cuisses et les genoux, fléchira un peu les jambes en arrière en bais- sant la pointe des pieds sans trop peser sur les étriers. Il stimulera son cheval par des coups de mollets et, au besoin, par le toucher des éperons, mais seulement pour prévenir l'arrêt et l'amener franchement et bien droit sur l'obstacle. Au moment où l'avant-main s'enlève , il r « Rf Fig. 123. rendra la main en avançant les poignets (/?*/. 123), se liera moelleusement au mouvement du cheval en con- servant le haut du corps un peu en arrière pendant le COURS SUPERIEUR. 59 saut {fuj. 124), et reprendra doucement, au moment où les membres antérieurs arrivent à terre {fig. 125), ce qui f-^x Fig. 124. ■cé^ J '-^ Nt^ n^ fy ^ ID ^ ^ ■V.^i't. • ^=W»SÉI f/- M-^tf- - ■"'■■ '■-'' ^=*-r _xit^__ • *=s^ ^^ àk: . ■ Il .-»•->>->> r 'Kl ---Vv Fig. 123. 60 TRAITÉ d'ÉQUITATION. est le meilleur moyen d'empêcher le cheval de gagner à la main après le saut. 281. Le Professeur veillera à ce que les genoux res- tent bien fixés contre les bourrelets, que les pieds ne se tournent pas en dehors, que les jambes ne se portent pas en avant, que les coudes ne s'écartent pas, que la tête ne se baisse pas, et que les mains ne remuent pas sans nécessité. 282. Lorsque les cavaliers sauteront bien, ils ne de- vront plus porter le corps en arrière en arrivant à l'ob- tacle. Il y a des sportsmen qui prétendent que cela est nécessaire pour favoriser l'enlever de l'avant-main. C'est un contresens : ce n'est pas l'enlever de l'avant-main qu'il faut faciliter, mais la projection en avant. C'est donc l'arrière-main qu'il faut soulager au moment de l'enle- ver, puisque dans le saut, comme dans tout autre mou- vement en avant, c'est l'arrière-main qui donne l'impul- sion , les membres postérieurs et les reins agissant comme des ressorts pour projeter la masse. 283. Ce n'est qu'au point de vue de la sécurité du ca- valier qu'il peut être utile de faire une retraite de corps avant le saut, lorsque, par exemple, on monte un che- val susceptible de s'arrêter, ou de se dérober, ou ayant une manière très déplaçante de sauter et que l'on craint de ne pas faire la retraite de corps à temps, c'est-à-dire pendant que le cheval est en l'air. C'est pour cela que je viens de recommander aux débutants de s'asseoir avant COURS SUPERIEUR. 61 le saut, afin d'assurer leur assiette et de ne pas prendre l'habitude de se laisser aller en avant , ce qui est un très grave défaut. 284. Mais pour être vraiment lié à sa monture, le ca- valier doit conserver le corps vertical avant, pendant et après le saut, et par conséquent, par rapport à son che- val, s'incliner légèrement quand l'avant-main s'enlève F'^R.'i Ym. 126. [fig. 126) et se redresser au contraire quand les membres antérieurs vont reprendre terre et que la croupe est en- core en l'air. Ce second mouvement appelé retraite de corps, ne doit pas être plus exagéré que le premier, sous peine de rendre le cavalier fort disgracieux, et plus l'al- lure est rapide, moins les mouvements du corps doivent 62 TRAITÉ d'ÉQUITATION. être accentués, parce que, le saut étant plus allongé, le mouvement de bascule du cheval est moins prononcé. 285. La manière d'aborder les obstacles varie selon les chevaux : les uns ont besoin d'être stimulés, les autres d'être contenus et calmés ; d'autres , si l'on n'y prend garde, tiennent la tête trop haute, ou trop basse, ou de travers, ce qui les gêne dans leur élan, et les em- pêche même de voir l'obstacle. C'est donc au Professeur à dire à chaque cavalier ce qu'il doit faire pour amener son cheval à une allure franche avec la tête directe et suffisamment haute. 286. Rien n'est plus grotesque que les mouvements exagérés de rendre et de reprendre, le corps penché en avant, puis renversé en arrière, qu'affectent beaucoup de cavaliers qui se disent de la nouvelle école. Ces mouve- ments provoquent des mouvements désordonnés de l'en- colure qui deviennent bientôt habituels et finissent par attirer le cavalier, qui n'en peut mais, jusque sur les oreilles et quelquefois jusqu'à terre. Il faut que l'enco- lure, tout en ayant la liberté de s'étendre, soit bien sou- tenue et directe ; c'est pour cela qu'on ne peut songer à sauter des obstacles avant d'avoir acquis assez de sûreté d'assiette et de main pour pouvoir agir avec le tact né- . cessaire. 287. En principe, quelle que soit la vitesse de la course, le cheval ne doit jamais tirer à la main ; il perdrait inutilement ses forces et fatiguerait en vain le COURS SUPÉRIEUR. 63 cavalier. Les chevaux qui tirent ainsi sont, sans excep- tion, des chevaux qui souffrent ou qui ont été mal dres- sés. Beaucoup de sportsmen prétendent que cet appui exagéré sur le mors est nécessaire en course ; mais c'est une grosse erreur dont on reviendra : aussi bien dans les courses d'obstacles que dans les courses au galop et au trot, l'appui doit être très modéré ; l'allure ne peut qu'y gagner sous tous les rapports. 288. Après chaque obstacle, le cavalier doit reprendre son cheval afin d'être parfaitement maître de lui devant l'obstacle suivant ; autrement, la bête surexcitée pourrait franchir bien deux ou trois obstacles, mais ensuite elle serait exposée à tout culbuter. 289. Il faut bien se garder de pousser vite un cheval susceptible de se dérober ; il faut, au contraire, modérer l'allure, tout en se servant des jambes de manière à ame- ner le cheval bien droit sur l'obstacle , puis attaquer au moment où il doit franchir. Il est bon aussi, dans ce cas, de diminuer l'obstacle et de ne pas vouloir obtenir plus que le cheval ne peut faire. S'il est nécessaire de re- prendre du champ, on devra toujours tourner du côté opposé à celui où le cheval s'est jeté, et il ne faut pas revenir trop loin en arrière. Pour obliger le cheval à aborder l'obstacle bien droit, le cavalier le rouieni, au besoin, de la manière indiquée au § 213. Il y a aussi une façon de roule?' en quelque sorte le cheval dans les jambes en lui faisant sentir les éperons alternativement, dont on obtient de très bons résultats. 64 TRAITÉ d'ÉQUJTATION. 290. De même que, pendant le trot, un bon cavalier sait, en modérant au moyen des rênes l'impulsion qu'il donne à son cheval par la pression des jambes, réveiller l'ardeur de l'animal, donner plus d'élévation à ses mou- vements et, par conséquent, le rendre moins sujet à faire des faux pas ; de même, au moment de sauter, il y a un petit mouvement ou plutôt une contraction des poignets qui, coïncidant avec l'action stimulante des jambes ou des éperons, aura certainement pour effet, non pas d'en- lever le cheval, mais d'accroître en hauteur l'énergie de son élan. Or il y a des chevaux avec lesquels il est utile d'avoir recours à ce moyen, ceux par exemple qui ne s'enlèvent pas assez haut et touchent les obstacles. L'épe- ron employé seul, c'est-à-dire sans une légère opposition de main, ne ferait qu'augmenter le train du cheval et le faire sauter plus maladroitement encore. Mais, en règle générale, il faut laisser à l'animal le plus de liberté pos- sible si l'on veut qu'il passe franchement. 291. L'action des mains a donc une très grande im- portance ; il est certain que les sensations exagérées, re- çues par la bouche avant et pendant le saut — soit qu'on abandonne trop lé cheval , soit au contraire qu'on tire trop fort ou trop brusquement les rênes — se transmettent à tout le système nerveux, modifient l'élan ainsi que les mouvements du rein, de l'encolure et des membres pen- dant le saut, qui se fait maladroitement ou avec effort. 292. Pendant le saut, le cavalier doit, selon l'expres- sion du comte de Montignyi « se lier â son cheval jus- COURS SUPÉRIEUR. , Go « qu'aux talons, de manière à s'identifier complètement c< avec le mouvement », et non étendre les jambes en avant pour se recevoir sur les étri'crs, comme font souvent les jockeys. 293. Les doubles et à plus forte raison les triples obstacles doivent être abordés à une allure très modérée, afin que le cavalier reste maître de son cheval et puisse -lui maintenir Fencolure bien droite devant chaque obstacle pour l'empêcher de se dérober. 29 i. Les sauts en largeur sont moins déplaçants que les sauts en hauteur. Ou recommande avec raison de les aborder à une allure plus allongée ; mais il ne faut pas pousser le cheval trop longtemps à l'avance, ce qui lui fut perdre ses forces, ni surtout l'amener à fond de train, 9 66 TRAITE D EQUITATION. car alors il arrive souvent que, n'étant pas dans de bonnes conditions pour sauter, il s'arrête court {fig. 127), se dérobe ou tout au moins est obligé de se ralentir malgré le cavalier pour pouvoir s'élancer. Presque toutes les chutes à la rivière n'ont pas d'autre cause. Lorsqu'il est nécessaire d'employer les éperons ou la cravache , c'est dans les derniers mètres qu'ils doivent agir et au moment de l'élan, afin de prévenir l'arrêt et d'augmenter la vigueur du saut, jamais après sous pré- texte de corriger. 295. Pour se servir de la cravache, il faut passer vive- ^.-^.--^'- --—-:— - --^>-ft.,. " ' » \, , ,v/-iC-, f*F.l ,, .,\„ ,~^-'<- 5^*'' -'/'■' ^» Fig. 128 .--•»»*i_ . l-^ J^-W--*- ment les rênes droites dans la main gauche, qui doit maintenir fermement le cheval droit et , au besoin , le COURS SUrÉRIEUR. &7 rouler de gauche à droite et de droite à gauche , et allonger le bras droit de toute sa longueur [fuj. 128) pour cingler le cheval derrière les sangles, et aussi sur Fépaule, du côté où l'on prévoit qu'il pourrait se dérober. 296. Pour être sûr de faire sauter un cheval, il faut que l'action impulsive venant du cavalier puisse tou- jours être plus forte que l'impression produite par l'ob- stacle sur les yeux de l'animal (§ 82). Si au contraire l'obstacle causait une impression telle que le cavalier ne pût la dominer, le cheval s'arrêterait infailliblement ou se déroberait. Par conséquent, il ne faut jamais vouloir faire sauter à un cheval un obstacle au-dessus de ses moyens. 297. Dans la pratique, on ne saute pas toujours comme on veut, on saute souvent comme on peut; les meilleurs cavaliers ont parfois des déplacements involontaires qui occasionnent de mauvais mouvements de bras, de jambes, de tète et d'épaules ; mais il ne faut pas ériger en règle ce qui ne doit être que l'exception. Il est donc indispen- sable : i° d'apprendre ce qui est correct et ce qui ne l'est pas ; 2° d'être surveillé par un maître c[ui vous signale vos fautes. 298. Il me faut, en terminant, dire un mot sur le port des étriers pendant le saut. J'ai beau vouloir me faire aux idées généralement adoptées ; j'ai beau me dire que l'opinion d'un grand nombre d'hommes de cheval 68 TRAITÉ d'ÉQUITATION. mérite considération, je ne pnis reconnaître la nécessité de chausser les étriers jusqu'aux talons pour sauter. Lu des plus grands dangers que puisse courir le cavalier, c'est d'être traîné par son cheval. Or c'est précisément au moment où une chute est à craindre, qu'il me semble logique de prendre ses précautions contre ce danger (§ 199). Si l'on chausse les étriers, c'est surtout, je crois, par un sentiment d'amour-propre, de peur de les perdre ; mais j'aimerais mieux qu'on eût l'amour-propre de se passer des étriers au besoin, et de les rattraper adroite- ment ensuite. Du reste, si l'on a soin de baisser la pointe du pied, comme je l'ai dit. il y a peu de risque de perdre les étriers. 299. Je blâme aussi l'usase de raccourcir les étriers pour sauter; les genoux étant remontés, les cuisses n'em- brassent plus le cheval avec la même sûreté, l'assiette est reportée en arrière, ce qui fatigue le rein du cheval; enfin si l'on perd un étrier, ou si une étrivière se casse, Féquilibre est compromis. Quand le cavalier est en selle, il y est pour faire de son cheval tout ce qu'on en peut faire : de la haute école ou des courses d'obstacles. La position des jambes doit être invarial)lement celle qu'il aurait sans étriers ; il n'y a que la position de la pointe du pied qui varie (§ 25). De cette façon, qu'il perde un étrier ou les deux, peu importe : quoi cju'il arrive, ses cuisses et ses genoux restent à la même place. 300. Il est bon que les cavaliers s'exercent à sauter sans étriers afin d'apprendre à ne compter que sur les COURS SUPÉRIEUR. 69 g'enoux et sur le liant des reins pour être fermes en selle. 301. La mode nous est venue d'Angleterre de monter sur des selles sans bourrelets ; le seul avantage que j'y voie c'est que si le cavalier sort de la selle, il y rentre plus facilement et qu'il peut ainsi à toutes les allures y voyager plus à l'aise, de l'avant à l'arrière. Des bourrelets peu prononcés suffisent, mais sont néces- saires pour assurer la fixité des genoux. CONSEILS POUR L'EMPLOI DU CHEVAL DEHORS. 302, Maijitenant les cavaliers sont en état de monter à cheval dehors. Ils ne devront pas caracoler ni rechercher leur chevaux pour leur faire exécuter des mouvements de manège, ce qui est de mauvais ton dans les endroits publics comme tout ce qui attire l'attention. Ils monte- ront simplement, mais correctement, en se conformant aux principes qu'ils ont reçus. Les allures au dehors seront modérément allongées et les cavaliers devront s'atta- chera avoir toujours leurs chevaux bien dans la main et surtout dans les jambes, de manière à pouvoir toujours les détourner ou les arrêter promptement. En général on a beaucoup trop de main et pas assez de jambes ; alors l'animal fatigué par l'action incessante ou trop brutale du mors finit par ne plus rien sentir; plus il a la bouche 70 TRAITÉ d'ÉQUITATION. naturellement sensible, plus il arrivera vite à cet état d'insensibilité qui fait dire de lui qu'il a la bouche dure. Il ne faut donc jamais le laisser gagner à la main si peu que ce soit; car un cheval qui commence à gagner la main de son cavalier tire de plus en plus et cesse bientôt d'être dirigeable. Les cavaliers auront recours, au besoin, à des demi-arrêts pour maintenir leurs chevaux à une allure bien réglée. Ils ne passeront jamais trop près de ceux qu'ils croiseront ou dépasseront et éviteront surtout tout ce qui pourrait impressionner ceux que montent des amazones. 303. Pour assurer en toutes circonstances l'équilibre T"^^ Fig. 129. du corps, il faut l'incliner légèrement dans le sens du mouvement qu'exécute le cheval et en sens contraire COURS SUPERIEUR. 71 du déplacement qu'on veut éviter pour soi-même. Ainsi, lorsque le cheval va sur la ligne droite à une allure allon- gée, le corps s'inclinera un peu en avant, et plus l'allure sera rapide plus il s'inclinera [fi(j. 129). Pendant le recu- ler, le cavalier portera le corps en arrière, mais très peu puisque le mouvement se fait lentement. En tournant à droite, il tournera et même inclinera le corps à droite, d'autant plus que l'allure sera plus rapide et le cercle plus rétréci. Si le cheval se cabre {fig. 130), le cavalier ^•'F.1 Fig. 130. se penchera en avant pour ne pas tomber à la renverse ; s'il rue {^fuj. 131), il redressera le corps pour n'être pas lancé en avant. Pendant les écarts, les tête-à-queue, il devra, tout en résistant de la main au mouvement du cheval, se lier à ce mouvement du haut du corps en se 72 TRAITE D EQUITATION. tournant un peu du côté où l'animal se jette, comme si lui-même voulait déterminer le même mouvement. r'Ri Fig. 131. 304. En montant les côtes il vaut mieux galoper que trotter; le cavalier conservera le corps vertical, c'est-à- T'/i^-^^^. >^i^ Fig. i3i. COURS SUPERIEUR.. 73 dire, par conséquent, penché en avant par rapport à la ligue du sol et laissera l'encolure s'allonger un peu {firj. 132) ; si la côte est très rapide il la montera au pas et rendra complètement la main afin de soulager autant que possible les membres postérieurs qui font presque tout le travail. Il prendra même une poignée de crins et portera le haut du corps très en avant en se soulevant un peu sur les étriers. 303. En descendant les côtes il vaut mieux trotter que galoper ; le cavalier exigera l'élévation de l'encolure de manière à soulager l'avant-main : le corps toujours ver- tical sera par là même plus ou moins penché en arrière, i,^r<=. Fig. 133. par rapport à la ligne du sol {^fuj. 133) ; les côtes très rapides devront être descendues au pas et le cavalier fera bien de se reculer sur la selle et de remonter un 10 74 TRAITÉ DEQUITATIOX. peu les genoux; sur des terrains très accidentés, le mieux est de laisser au cheval une grande liberté sans pourtant l'abandonner tout à fait. 306. Au pas, il est bon de temps en temps d'allonger les rênes et de rendre la main pour donner tout repos au cheval. 307. Toutes les fois qu'une résistance quelconcpie se produirait, et surtout pour tourner à droite ou à gauche, le cava'ier séparera immédiatement les rênes du filet en les prenant assez courtes pour qu'elles puissent agir avec la force nécessaire sans que le mors de bride agisse en même temps; alors il faut tirer doucement l'une ou l'autre rêne pour faire tourner la tête, puis rendre un peu. reprendre et ainsi de suite, l'autre rêne appuyant con- stamment sur l'encolure, et les jambes agissant en même temps pour porter le cheval en avant et le faire céder à l'action du filet ; au besoin on fera agir la jambe du côté où l'on veut tourner pour chasser la croupe de l'autre côté comme pour une demi-pirouette renversée, 308. Il est peu de chevaux qui ne soient effrayés par certains bruits ou certains objets qu'ils n'ont pas l'haJji- tude de voir ou d'entendre ; tel cheval qui supportera sans frayeur le passage d'un train ou le l^ruit des tam- bours sera surexcité par une feuille de papier volant sur la route, le claquement d'un fouet, etc. Il ne faut jamais frapper un cheval qui a peur ; cela ne pourrait qu'aug- menter le désordre au moment même et plus tard. COURS SUPERIEUR. 75 309. Règle génémle : il faut toujours s'écartei' de l'ob- jet effrayant ou tout au moins tourner la tête du cheval de l'autre côté (/?^-- Fig. loi. rendra un peu de la main droite pour que le mors de bride agisse seul {firj. 1S5), stimulera doucement son T'«.'« ' Iv X^. Fig. 155. HAUTE ÉCOLE. 107 cheval avec les jambes pour qu'il se porte sur la main sans précipiter l'allure, augmentera en même temps un peu la tension des rênes de bride en serrant simplement les doigts, puis la main gauche restera immobile, les jambes continuant leur pression, et dès que la résistance cessera, c'est-à-dire dès que le menton du cheval se rapprochera de l'encolure (/?^. 156), le cavalier desser- Fig. lo6. rera vivement les doigts, puis il recommencera après quelques pas et ainsi de suite, se contentant d'une seule ilexion chaque fois (§ 349). 3.56. Le cheval bien dressé cédera immédiatement à ces effets de rênes s'ils sont bien employés. Après avoir obtenu successivement plusieurs flexions, l'élève s'effor- cera de maintenir la tête dans la bonne position pen- 108 TRAITE D EQUITATION. clant quelques instants, ce qui s'obtient en rendant après chaque flexion pour reprendre presque aussitôt et plu- tôt en rendant moins qu'en reprenant davantage. Le cheval marchant avec la tête placée, la main ne doit presque pas bouger ; il suffit de serrer les doigts lorsque le cheval résiste et de les desserrer dès qu'il cède — les jambes entretenant l'impulsion nécessaire — pour obtenir cette mobilité de la mâchoire qui fait dire que le cheval goûte son mors. Au commencement, le Professeur ne s'attachera pas trop à la position absolument correcte de l'encolure : le principal, c'est que la tête cède à l'action directe du mors , afin que l'élève se rende bien compte des résultats qu'il obtient. 337. Lorsque l'élève sera parvenu à ramener la tète pendant la marche au pas, le Professeur lui expliquera f^'3 Fig. 157. que la position à donner varie selon les allures : plus elles sont ralenties et cadencées, plus la tête doit se HAUTE ÉCOLE. 109 rapprocher de la verticale ; plus elles sont allongées, plus le nez sera en avant de la verticale, l'encolure res- tant haute. C'est ainsi que l'on fait refluer plus ou moins de poids de l'avant-main sur l'arrière-main et que l'on équilibre le cheval, ce qui constitue tout l'art de l'équi- tation. Dans le trot ou le galop de course, l'encolure doit s'étendre librement sans pourtant se baisser, et alors le cheval doit être mené sur le filet {fifj. 157). Aux allures modérées , l'encolure doit toujours avoir une belle élévation, sortir du garrot droite et fixe jusqu'aux deux premières vertèbres, près de la nuque, qui seules seront un peu fléchies pour permettre de ramener la tête. Si l'encolure s'affaisse, il faudra la relever par de petites vibrations du filet : voilà pourquoi il est utile de tenir les rênes de bride dans la main gauche et les rênes de filet dans la main droite; les deux mains peu- vent alors agir, en quelque sorte, comme sur un piano, où chacune produit des sons différents qui doivent s'ac- corder de manière à former harmonie. RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 1'^ LEÇON 1 . L'élude de la locomotion permet de déterminer à quel moment précis doivent agir les aides. 2. Tout homme de cheval doit connaître les principales lois de la locomotion. 3. Le pas est une allure en quatre temps dans laquelle les pieds se lèvent successivement, — chaque membre postérieur succédant au membre antérieur en diagonale, — et se posent dans l'ordre de leur lever. 4. Pour tous les mouvements que l'on veut faire à droite, étant au pas, il faut saisir l'instant où le pied antérieur gauche va poser à terre, et vice versa, 5. Le reculer doit s'exécuter en deux temps ; les membres en dia- gonale se mouvant simultanément en arrière, chaque bipède diagonal succédant à l'autre. 6. Le trot est une allure en deux temps, dans laquelle les membres en diagonale se meuvent simultanément, chaque bipède diagonal suc- cédant à l'autre. 7. Pour tout ce qui se fait à droite, au trot, il faut saisir l'instant où le bipède diagonal va poser à terre, et vice versa. 8. Au trot, certains chevaux enlèvent plus haut, d'autres moins haut, mais tant que l'allure est régulière, le cavalier peut toujours trotter ù fanglaise. 9. Le galop est une allure en trois temps qui s'exécute, soit sur le pied droit, soit sur le pied gauche ; l'ordre des foulées est le suivant : Dans le galop à droite : i, pied postérieur gauche; 2, pieds posté- rieur droit et antérieur gauche, ensemble; 3, pied antérieur droit. Dans le galop à gauche : i, pied postérieur droit; 2, pieds postérieur gauche et antérieur droit, ensemble ; 3, pied antérieur gauche. HAUTE ÉCOLE. 111 iO. Pour tous les mouvements qu'on veut faire exécuter au cheval pendant qu'il galope, il faut saisir l'instant où va s'opérer la troisième foulée. 41. Pour se rendre compte des mouvements des membres, il suffit, sans pencher ni le corps, ni la tète, de regarder les mouvements des pointes des épaules. 12. L'appui exagéré sur le mors, en quelque circonstance que ce soit, ne peut qu'occasionner une dépense de forces inutile. 13. Le mors à bascule a des effets plus justes que le mors ordinaire. 14. La gourmette doit être ajustée de manière qu'eu tirant les rênes, le cavalier sente la résistance quand les branches du mors font avec lu ligne de la bouche un angle de 4o°. 15. Pour ramener la tète du cheval, il faut résister avec les rênes de bride lorsqu'il veut la lever, et rendre lorsqu'il rapproche le men- ton de l'encolure; bientôt, il suffit de serrer et de desserrer les doigts. 16. La position à donner i la tète varie selon les allures ; plus elles sont ralenties et cadencées, plus la têle doit se rapprocher de la verti- cale ; plus elles sont allongées, plus le nez sera en avant de la verticale, l'encolure restant haute; dans le trot ou le galop de course, l'encolure doit s'étendre librement, sans pourtant se baisser, et alors le cheval doit être mené sur le filet. 17. Aux allures modérées, l'encolure doit toujours avoir une belle élévation, sortir du garrot droite et fixe jusqu'aux deux premières vertèbres près de la nuque, qui seules seront fléchies pour permettre de ramener la tête. 18. Si l'encolure s'affaisse, la main droite devra la relever au moyen du filet, ce qui n'est possible qu'avec la tenue des rênes à la française. 2^ LEÇON Répétition des exercices des leçons précédentes et des mouvements de deux pistes, les chevaux en main. Trot à, l'anglaise. Répétition des mouvements du Cours Supérieur, les chevaux en main. 338. Quand les élèves sauront placer la tète et con- server leurs chevaux en main et légers en marchant au pas sur la ligne droite, le Professeur leur fera répé- ter au pas et au trot les différents mouvements qu'ils ont déjà exécutés dans les leçons précédentes. Pendant ces exercices, il faudra non seulement que la tête soit ramenée, mais encore qu'elle soit un peu tournée dans le sens du mouvement. 3o9. Le mors de filet agira, au besoin, pour placer le bout du nez à droite ou à gauche (§ 210), et le mors de bride ramènera la tête (§ 353). 360. Il n^est plus guère possible d'indiquer dans un livre la manière exacte de faire agir les aides. Le Professeur seul peut faire aux élèves les observations nécessaires, selon les circonstances. 114 TRAITÉ d'ÉQUITATION. 361. Je dirai seulement d'une manière générale que, pour tous les mouvements qui s'exécutent au pas, au trot et au passage avec un cheval finement dressé : chan- gements de direction, pas de côté, etc., il est bon de faire agir les deux rênes de bride directement sur le mors et d'atténuer le plus possible leur appui sur l'enco- lure ; pour cela, il suffit, sans presque déplacer la main à droite ou à gauche, de tourner le poignet de manière à tendre davantage l'une ou l'autre rêne ; au besoin, on laisse glisser un peu une rêne entre les doigts pour que l'autre agisse plus fort et on les rajuste ensuite ; on s'aide aussi de la rêne droite ou de la rêne gauche du filet ; par ces moyens, on évite plus sûrement que le cheval prenne le galop contre le gré du cavalier. 362. Chaque cavalier s'inspirera, d'ailleurs, pour les moyens à employer, des principes qui lui ont été don- nés et sur lesquels je crois avoir insisté suffisamment. 363. L'équitation, en effet, n'est pas une science dont tous les détails peuvent être réglés mathématiquement, mais un art reposant sur des principes dont chacun fait, selon les cas, selon son tempérament, selon l'expé- rience et le tact acquis, l'application qu'il juge la meil- leure. 364. Les mouvements des mains et des jambes de- vront être de plus en plus imperceptibles. Le haut du corps ne devra plus se pencher ni se tourner que juste HAUTE ÉCOLE. 'llo assez pour se lier aux mouvements du cheval, c'est-à- dire très peu, puisque les allures seront cadencées et ralenties. 3Go. Les jambes, un peu fléchies à partir du genou, seront immobiles, constamment en contact avec les flancs du cheval, un peu en arrière des sangles, et lorsqu'elles agiront simultanément ou isolément, ce sera toujours à ce même endroit, le bas de la jambe ne se portant un peu plus en arrière que s'il est nécessaire de faire sentir l'éperon (§ 2o9) ; encore cela dépend-il de la longueur des jambes de chaque cavalier et de la gros- seur du cheval qu'il monte, — et pour faire un travail juste et gracieux, un cavalier ne doit monter que des chevaux proportionnés à sa taille ; Faction de peser davantage sur Fétrier droit ou sur le gauche ne devra être que juste suffisante pour assurer la bonne posi- tion du haut du corps et la parfaite assiette du cava- lier. .366. Dans tous les changements de direction, doublés, voltes, etc., les jambes devront non seulement entre- tenir Falhire et contenir les hanches sur la même ligne que les épaules, mais encore pousser le cheval sur la main, sans quoi la tète quitterait la bonne position; la main de la bride doit agir avec justesse, rendant et reprenant à propos (§ 3oo) de manière à conserver la légèreté de l'appui sur le mors et la mo- bilité de la mâchoire, le filet obligeant l'encolure à rester haute (§ 3.ji), l'une ou l'autre rêne agissant, au 116 TRAITE DEQUITATION. besoin, pour placer le l)out du nez du côté où le che- val tourne. Demi-pirouette renversée. 367. La demi-pirouette renversée s'exécutera comme il a été dit précédemment (§§ 226 et suiv.). C'est main- tenant le membre antérieur gauche qui servira seul de pivot et ne devra pas quitter le sol pendant la pirouette à droite, le memlu'e antérieur droit pendant la pirouette à gauche. L'encolure ne doit pas être trop élevée, afin f'^>d Fig. 158. que les membres antérieurs soient plus chargés que les membres postérieurs, qui exécutent le mouvement ; la tète doit être ramenée et le nez légèrement tourné du côté vers lequel marche la croupe {fuj. 158), c'est-à- HAUTE ÉCOLE. 117 dire à droite pendant la pirouette à droite, à gauche pendant la pirouette à gauche. 368. A l'indication : Demi-piroiiette , les cavaliers marchant au pas à main droite, tendront les rênes, sans relever Tencolure, au moment où le pied anté- rieur gauche arrive à terre, porteront imperceptible- ment les mains à gauche pour fixer le poids sur ce membre antérieur gauche en faisant agir la rêne droite du filet pour placer le nez un peu à droite (§ 210); en même temps, ils pèseront un peu plus sur le genou et sur l'étrier droits, feront sentir la pression du mollet gauche pour déplacer la croupe à droite, Féperon touchant au besoin, la jambe droite restant près du flanc pour régler le mouvement ; vers la fm de la demi-pirouette, ils augmenteront un peu la tension de la rêne droite du filet. •369. Le mouvement terminé, les cavaliers se remet- tent aussitôt en marche pour suivre la piste à main gauche. Derai-hanche, la croupe au mur. 370. Les cavaliers marchant au pas, à main droite, exécuteront la demi-hanche la croupe au mur comme il a été dit précédemment (§ 242), mais en observant que les chevaux doivent rester en main, c'est-à-dire avoir la tête ramenée et que le bout du nez doit être tourné un peu à gauche, ce qui s'obtient au moyen 118 ^'^^ TRAITE D'EQUITATION. de la rêne gauche, au besoin celle du filet. La jambe droite agira au moment où le pied antérieur droit pose à terre pour commencer à déplacer la croupe, la jambe gauche restant près. Le cavalier regardera à gauche de l'encolure de son cheval et pèsera un peu plus sur le genou et sur Tétrier gauches. Volte de deux pistes, avec l'épaule en dedans. ,' 5 ©^ '^^ c»^ ^'^v ^5*v ^* ^v\^'."- / "n"- '^^- "■>, ~-^- »», ç.». Fig. 159. 371. Pendant que les cavaliers exécutent la demi- hanche, la croupe au mur, à main droite, le Professeur leur fera faire une volte individuelle avec l'épaule en dedans. 372. Les membres antérieurs du cheval doivent dé- crire un petit cercle, les membres postérieurs décri- vant un cercle plus grand autour des épaules. Il faut donc que les cavaliers règlent et dirigent le mouvement de l'avant-main, le modèrent, au besoin, en augmentant la tension des rênes, la jambe droite agissant toujours pour accélérer la marche de l'arrière-main, qui a plus de chemin à parcourir. HAUTE ÉCOLE. 119 373. Le nez du cheval doit rester un peu tourné à gauche, c'est-à-dire du coté où vont les hanches ; la tète ne sera pas trop haute, le cavalier regardera à gauche de l'encolure et pèsera un peu plus sur le g"enou et sur l'étrier gauches. 374. La volte terminée, tous les cavaliers doivent se retrouver en même temps sur la piste et continuer la demi-hanche la croupe au mur. Passage des coins, la croupe au mur. Fig. 160. 373. Pour passer les coins, la croupe au mur, à main droite, il faut accélérer le mouvement de l'arrière-main au moyen de la jambe droite et modifier en même temps l'action des rênes de manière à ralentir, sans l'ar- rêter, la marche des épaules comme il vient d'être dit, puisque chaque fois qu'on passe un coin il faut faire exécuter au cheval le quart d'une volte de deux pistes avec l'épaule en dedans. 376. Tous ces mouvements s'exécutent à main gauche 120 TRAITE D EQUITATION. par les moyens inverses : le nez du cheval doit alors être légèrement tourné à droite ; le cavalier regarde à droite de l'encolure et pèse un peu plus sur le genou et sur l'étrier droits. Demi-pirouette ordinaire. C <ï *r < -- .- T'K'J ':':'l ^ (^ V V \i '<>^ - ".\^ Fig. 162. HAUTE ÉCOLE. l21 378. La pirouette ordinaire est plus naturelle que la pirouette renversée, et la preuve, c'est qu'en liberté un cheval pirouette plutôt sur les hanches que sur les épaules. Cependant la pirouette ordinaire est plus dif- ficile à faire exécuter sous le cavalier ; la raison en est que les hanches ont plus de tendance à se jeter du côté opposé à celui où Ton attire les épaules, que les épaules à se jeter du côté opposé à celui vers lequel ou pousse les hanches; et comme, pour faire pirouetter le cheval sur les hanches, il faut diriger les épaules an moyen des rênes, on a quelque peine à empêcher les membres postérieurs de se déplacer en sens contraire. Pour réussir, il faut avoir soin de ne déplacer les épaules qu'après s'être rendu maître des hanches au moyen delà jambe, et continuer de la faire sentir avec la force nécessaire pendant tout le mouvement, sus- pendant au besoin, pendant un instant, la marche de l'avant-main si l'on sentait que la croupe va échapper, et conlinuant le mouvement après s'être de nouveau rendu maître de l'arrière-main. 'J79. A l'indication : Demi-pirouettc , les cavaliers, marchant à main droite, tendront les rênes au mo- ment où le pied antérieur gauche arrive à terre, feront aussitôt sentir la jambe g-auche pour empêcher la croupe de se déplacer à gauche et pour fixer le poids sur le pied postérieur droit, la jambe droite restant près pour régler le mouvement, et agiront avec les mains pour déplacer les épaules à droite. Les rênes devront être assez tendues pour empêcher le cheval 16 122 TRAITÉ d'ÉQUITATION. de gagner du terrain en avant, pas assez pour le faire reculer; vers la fin de la pirouette elles agiront avec moins de force, tandis que la jambe gauche augmen- tera, au contraire, sa pression. 380. L'encolure du cheval doit être haute, la tête un peu ramenée, le bout du nez légèrement tourné à droite. Le cavalier pèsera un peu plus sur le genou et sur rétrier droits et regardera à droite de l'encolure du cheval. 381. Pour que le mouvement soit bien exécuté, il faut arriver à ce que le membre postérieur droit serve seul de pivot et ne quitte pas le sol pendant la demi- pirouette à droite. 382. Le mouvement terminé, les cavaliers se remet- tent aussitôt en marche pour suivre la piste à main gauche. 383. Pendant la demi-pirouette à gauche, c'est le membre postérieur gauche qui sert de pivot; le cavalier pèsera un peu plus sur le genou et sur l'étrier gauches et regardera à gauche de l'encolure. 384. Rien ne rend les chevaux plus légers à la main que les pirouettes ordinaires, de même que rien n'as- souplit mieux rarrière-main que les pirouettes renver- sées. HAUTE ECOLE. 123 Demi-hanche, la tête au mur. 385. Les cavaliers marchant au pas à main droite exécuteront la demi-hanche la tète au mur ijig. 163), r'K"» ..« Fig. 163. comme il a été dit précédemment (§§ 231 et suiv.), mais les chevaux seront en main et tourneront un peu le nez à droite, ce qui s'obtient au moyen de la rêne droite, au besoin celle du filet. La jambe g-auche agira au moment où le pied antérieur gauche pose à terre pour commencer à déplacer la croupe, mais elle se portera le moins possible en arrière. 424 TRAITE DEQUITATION. Volte de deux pistes, avec la croupe en dedans. Fig. 104. 386. Pendant que les cavaliers exécutent la demi- hanclie la tête au mur à main droite, le Professeur leur fera faire une volte individuelle avec la croupe en dedans. 387. Les membres postérieurs du cheval doivent dé- crire un petit cercle, les membres antérieurs décri- vant un cercle plus grand autour des hanches. Il faut donc que les cavaliers contiennent les hanches et les dirigent à droite au moyen de la jambe gauche et accélèrent un peu la marche de l'avant-main au moyen des rênes ; mais cette action des rênes, pour peu qu'elle fût exagérée ou que la jambe gauche n'agit pas avec assez de force, aurait pour résultat de faire échapper les hanches à gauche ; il faut donc rég-ler avec soin les effets des rênes et des jambes pour que la volte s'exé- cute correctement. 388. Le nez du cheval doit rester un peu tourné à HAUTE ECOLE. l2o droite, c'est-à-dire du côté où vont les hanciies; le cava- lier regardera à droite de Tencoliire et pèsera un peu plus sur le genou et sur l'étrier droits. 389. La volte terminée, tous les cavaliers doivent se retrouver en même temps sur la piste et continuer la demi-hanche la tète au mur. Passage des coins, la tête au mur. ^f /'/=' »— > .^. ^''^ "'^' ^.\ » V ^\ \> ^ -'fU- ,e'tf ^,^ ^<>^ * ^'' / '' /' '' '^^' e>'»' ^'^' O't/ Fig. 16o. 390. Pour passer les coins, la tête au mur, à main droite, il faut contenir les hanches et les diriger à droite au moyen de la jambe gauche, et accélérer un peu la marche de Tavant-main en portant les mains à droite comme il vient d'être dit, puisque chaque fois qu'on passe un coin il faut faire exécuter au cheval le quart d'une volte de deux pistes avec la croupe en dedans. 391. Tous ces mouvements s'exécutent à main gauche par les moyens inverses ; le nez du cheval doit alors être légèrement tourné à gauche ; le cavalier regarde à gauche de l'encolure et pèse un peu plus sur le genou et sur l'étrier gauches. 126 TRAITÉ D'ÉQUITATION. Changement de main et contre-changement de main de deux pistes. 392. Le changement de main de deux pistes s'exé- cutera comme il a été dit précédemment (§ 239), les chevaux marchant avec la tête placée et le bout du nez légèrement tourné dans le sens du mouvement. 393. Pour le contre-changement de main de deux pistes [fuj. 166), les cavaliers, marchant à main droite, Fig. 166. quitteront la piste par des pas de côté et se dirigeront diagonalement vers le coin opposé du manège, le nez de leurs chevaux légèrement tourné à droite ; au fur et à mesure que chaque cavalier arrivera au milieu du manège, il fera un demi-arrêt et pèsera un peu plus sur le genou et sur Tétrier gauches au moment où le pied antérieur droit pose à terre, placera en même temps le nez de son cheval à gauche et, faisant sentir la pression de la jambe droite, se dirigera par des pas de côté à gauche vers le second coin du mur qu'il HAUTE ÉCOLE. 127 vient de quitter, puis l'eprendra la piste sans avoir cliangé de main. Le trot enlevé. La haute école, ayant pour objet l'exécution parfaite de tous les mouvements et de toutes les allures, doit par conséquent comprendre le trot enlevé qui est aujourd'hui universellement adopté et qui, parfaitement exécuté, est une des difficultés de l'équitation. 394. Nous avons vu que, dans le trot enlevé ou trot à l'anglaise, le mouvement du cavalier doit être par- faitement en harmonie avec celui de son cheval. 395 j II est donc inexact de dire qu'il ne faut pas s^en- lever haut: tout dépend du plus ou moins d'extension ou d'élévation du trot de l'animal, du plus ou moins de longueur et de souplesse de ses reins. 396. En s'enlevant plus haut, on peut développer l'allure, en accroître le brillant. Seulement, le cavalier ne doit pas s'enlever avec force hors de la selle ; il doit se laisser enlever par son cheval, et c'est par la lenteur et non par la vigueur ou la brusquerie avec laquelle il exécutera son mouvement, qu'il communiquera plus d'élévation à l'allure. 397. Généralement, plus un cheval enlève haut, plus beaux sont ses mouvements, et moins il est fatigant à trotter à l'anglaise, car il est incontestable que le cava- lier éprouve plus de fatigue à s'enlever fréquemment et 128 TRAITÉ d'ÉQUITATION. vite qu'à le faire lentement et à de plus longs inter- valles. 398. Il ne faut pas confondre le cheval qui enlève haut avec le cheval dur au trot ; le premier est un animal à grands moyens dont l'allure est bien déve- loppée et bien scandée, mais il peut avoir en même temps beaucoup de souplesse et d'élasticité dans les mouvements. Le cheval dur à trotter à l'anglaise est celui qui a perdu cette souplesse, celui qui trotte irré- gulièrement ou dont les articulations sont courtes et ne peuvent, par conséquent, amortir les réactions. 399. Le trot enlevé s'exécute forcément, soit sur un bipède diagonal, soit sur l'autre. Pour ne pas entrer dans trop de détails, j'ai laissé croire, par les figures placées dans le § 271, que le cavalier s'étant enlevé au moment où le bipède diagonal droit quitte terre revient sur la selle au moment où ce même bipède diagonal droit touche terre. C'est ainsi, du reste, qu'on a jusqu'à pré- sent défini le mécanisme du trot enlevé. Mais cette déOnition n'est pas exacte, attendu que le cavalier devrait alors rester en contact avec la selle pendant toute la durée de l'appui du bipède diagonal droit, c'est- à-dire pendant aussi longtemps qu'il est resté détaché de la selle, ou plutôt il serait forcé de sauter deux fois sur la selle avant de s'enlever de nouveau, ainsi qu'il arrive aux cavaliers qui cherchent à s'enlever le moins haut possible. Quand le mouvement est bien exécuté, le cavalier, s'il trotte sur le bipède diagonal HAUTE ECOLE. 129 droit, commence à s'enlever au moment où ce bipède diag-onal quitte terre, le cheval étant alors détaché du sol {fig. 167); continue de s'enlever jusqu'à ce que le Fig. 167. Fk. 168. bipède diagonal gauche achève son appui [fuj. 168); commence à redescendre pendant que le bipède diago- nal gauche quitte terre, le cheval étant alors détaché du Fig. 169. Fig. 170. sol {fig. 169); ne touche la selle qu'au moment où le bipède diagonal droit achevant son appui {fig. 170) se trouve dans la meilleure position pour subir le choc ; et s'enlève aussitôt, c'est-à-dire au moment où le bipède 17 130 TRAITÉ d'ÉQUITATION. diag"onal droit quitte terre {fuj. 167); tant qu'il fait son mouvement sans interruption, il continue ainsi toujours avec le même bipède diagonal. Il résulte de là que le bipède diagonal sur lequel on trotte se fatigue plus que l'autre, puiscpie c'est lui qui reçoit chaque fois le choc, au moment où il achève son appui, ce cjui démon- tre qu'il est indispensable de pouvoir s'enlever tantôt sur un bipède diagonal, tantôt sur l'autre. Or on prend très vite l'habitude de s'enlever toujours sur le même et, cette habitude une fois contractée, on se trouve mal à l'aise sur l'autre, ce qui fait souvent croire à tort que le cheval enlève moins bien sur celui-ci. Tout cavalier doit donc s'exercer à trotter tantôt sur un l^ipède dia- gonal tantôt sur l'autre et à changer de l'un à l'autre — sans pour cela que l'allure du cheval éprouve aucun changement — ce qui se fait très facilement avec un peu im_Mi_M Fi''. 171. de pratique en se laissant retomber deux fois de suite au lieu d'une {fig. 171) avant de s'enlever de nou- veau (1). (1) 11 y a un autre moyen, qui consiste à s'enlever plus haut et à laisser passer deux foulées sous soi avant de revenir sur la selle ; mais HAUTE ÉCOLE. 131 400. Pour s'exercer à s'enlever à volonté sur l'un ou sur l'autre bipède, il faut trotter pendant quelques instants à la française, à un trot modéré, en observant le mouvement des pointes des épaules et s'enlever aus- sitôt après l'appui du membre antérieur gauche, c'est- à-dire pendant l'appui du bipède diagonal droit, si l'on veut trotter sur le diagonal gauche ; aussitôt après l'appui du membre antérieur droit, si l'on veut trotter sur le diagonal droit. 401. Le Professeur devra exercer beaucoup plus cha- cun de ses élèves sur le bipède où il s'enlève plus diffici- lement, jusqu'à ce qu'il s'enlève aussi facilement sur Fun que sur l'autre, 402. Alors il les fera trotter toujours sur le bipède dia- gonal droit en travaillant à main gauche, et vice versa, et changer de bipède au milieu de chaque changement de main; on ménage ainsi le membre antérieur du côté où l'on tourne qui est celui qui fatigue le plus, et l'on peut passer sans interruption du galop au trot à l'an- glaise et du trot à l'anglaise au galop, comme on va voir plus loin. 403. Si l'on prend ces précautions et si le trot enlevé est bien exécuté, c'est-à-dire si l'on ne cherche pas un ce moyen est moins gracieux et surtout plus fatigant pour le cheval : il faut, en effet, s'élancer en quelque sorte hors de la selle, et ensuite on retombe plus lourdement. 132 TRAITÉ d'ÉQUITATION. point d'appui sur les rênes et si l'on n'appuie pas trop fort sur les étriers, si l'on revient légèrement sur la selle juste à temps pour l'effleurer à peine avant de s'enlever de nouveau, cette façon de trotter fatiguera bien moins le cheval et le cavalier que le trot assis. On peut même arriver, en serrant fortement les genoux, à faire le mou- vement assez lentement pour que les fesses ne soient pas encore revenues sur la selle au moment où se pro- duit la réaction qui enlève de nouveau le cavalier : alors c'est seulement le haut des cuisses qui reçoit cette réac- tion sans que les fesses touchent la selle; le mouvement continue de se faire ainsi très régulièrement et très légèrement, les pieds pesant si peu sur les étriers qu'ils peuvent y continuer les légères battues dont j'ai parlé (§ 198). Ce trot enlevé perfectionné a été appelé « trot iMusany » parce que j'ai été le premier à le j)ratiquer et à le faire connaître ; on comprend combien il soulage le cheval dont le rein ne reçoit plus aucun choc (1). (I) Cette façon d'exécuter le trot enlevé, dont j'ai surtout reconnu les avantages pendant les longues routes que je fais chaque année à cheval, a donné lieu, dans la France chevaline, à une discussion qui a duré du 8 septembre 1883 au 9 février 1884, et à laquelle ont pris part MM. Decarpentry, Maréchal, J. Muller, A. Raux, M. de Felcourt et A. Guillemin. Elle s'est terminée par un article dont je crois devoir extraire le passage suivant, malgré les appréciations flatteuses qu'il con- tient à mon égard, parce qu'il témoigne d'un fait qu'il est impossible de démontrer dans un livre. « C'est avec le plus vif plaisir que nous avons vu dernièrement le trot i< Musany exécuté par M. Musany en personne, sur son excellente et « vigoureuse jument. Que ceux qui s'étaient imaginé à première lec- « ture (j'avoue avoir été tout d'abord du nombre) que cette façon de HAUTE ÉCOLE. 133 404. Si rapide qu'elle soit, quand Fallure est régulière, c'est-à-dire quand les deux pieds de chaque bipède dia- gonal posent simultanément sur le sol, le cavalier peut toujours s'enlever régulièrement ; s'il ne le peut pas, c'est que l'allure est irrégulière, ce qu'elle devient toujours quand on veut en exagérer la vitesse. 40o. Lorsqu'un cheval passe du galop à droite au trot, si le cavalier s'enlève aussitôt à l'anglaise, il se trouve forcément trotter sur le bipède diagonal gauche, quand même il aurait l'habitude de trotter toujours sur le « trotter sans que les fesses touchent la selle doit nécessairement « amener de la raideur, une position contrainte et disgracieuse, se « détrompent. Il est vrai que M. Musany est un de ces cavaliers d'élite « pouvant exécuter facilement une chose difficile. Sans parler de la « perfection avec laquelle il sait dresser un cheval, nous l'avons vu, i< par exemple, aller au trot enlevé sans étriers avec une aisance telle « que celui qui l'aurait vu passer sans regarder le bas des jambes, ne « se serait pas douté de l'absence de cet auxiliaire de la tenue. Néan- « moins, je suis persuadé maintenant, malgré mes préventions à cet « égard, que le trot Musany peut être essayé par tout bon cavalier ordi- i< naire ayant encore de la souplesse, et qu'avec un peu de persévé- i< rance il arrivera à le pratiquer aisément. « Reste à savoir si cette manière procure réellement au cheval une « moins grande fatigue. M. Musany le croit et ce gentleman n'a pas « pour habitude de parler à tort et à travers dans le seul but de se u faire passer pour un novateur. Par conséquent, ne voyant aucune i< raison pour qu'il en soit autrement, je suis assez porté k le croire. « Or, il ne me semble pas du tout « secondaire » de savoir de i< quelle façon on doit se comporter à cheval pour pouvoir faire une « longue route en fatiguant le moins possible sa monture. Ce n'est « pas là de la sensiblerie; c'est bel et bien de la pratique, surtout « au point de vue financier de ceux qui achètent et entretiennent à « leurs frais des chevaux pour leur service personnel. « M. DE FeLCOURT. )' 134 TRAITÉ D'ÉQUITATION. bipède diagonal droit. Cela s'explique tout naturelle- ment par la locomotion : en effet, lorsque le g-alop cesse, c'est le membre antérieur droit qui, en j^osant à terre, accomplit la dernière foulée du dernier pas de r'R^ Fig. 172. galop [fuj. 172) ; lorsque le membre antérieur gauche se porte en avant à son tour, l'allure a cliang-é, le cheval est au trot. Donc, en passant sans interruption du galop F'R.I Fig. 173. HAUTE ECOLE. 135 à droite au trot à l'anglaise, le cavalier s'enlève au moment où le membre antérieur gauche se porte en avant, et par conséquent il trottera sur le bipède dia- gonal gauche {fifj. 173). Fig. 174 (1). 406. En passant sans interruption du galop à gau- che {fifj. 174) au trot à l'anglaise, il se trouvera ■r'B.1 -,-s. I/O-— ^W- Fig. 175. (I) Cette figure, ainsi que la figure 172, n'indiquent pas très exac- 136 TRAITÉ d'ÉQUITATION. nécessairement trotter sur le bipède diag-onal droit [fig. 175). 407. An trot enlevé, si l'on a à se servir des jambes ou d'une jambe, on ne peut le faire qu'au moment où l'on revient sur la selle; pendant l'enlever c'est impossible ; donc la jambe ou les jambes ne peuvent agir que par pressions répétées et non d'une façon continue. Ce mouvement des jambes s'écartant et se rapprochant du cheval peut être plus ou moins accentué selon la longueur et la conformation des jambes du cavalier et la grosseur du cheval; mais il faut l'atténuer autant que possible et le seul moyen pour cela consiste à serrer fortement les genoux et à appuyer très peu sur les étriers. 408. Lorsqu'on trotte à l'anglaise sur le bipède diago- nal droit, il est plus facile d'obtenir le départ au galop sur le pied gauche que sur le pied droit et vice versa. En effet, le cavalier, faisant son mouvement en même temps que le bipède diagonal droit, retombe sur la selle pen- dant que ce bipède diagonal droit est à l'appui; nous avons vu que c'est à cet instant qu'il faut détermi- ner le départ au galop à gauche (§ 335) et je viens de dire que c'est au moment où le cavalier revient ^sur la selle qu'il peut faire agir les jambes. tement le passage du galop au trot; mais il m'a semblé que, telles qu'elles sont, elles rendront ma démonstration plus claire pour les cavaliers qui ne sont pas versés dans l'étude de la locomotion. HAUTE ÉCOLE. 137 409. Le Professeur fera exécuter des doublés, des voltes, des demi-voltes et des changements de main au trot à l'anglaise en veillant à ce que les cavaliers ne perdent pas la cadence du^mouvement et se conforment à tout ce qui vient d'être dit. J8 RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 2." LEÇON \. La tète du cheval doit, non seulement être ramenée, mais encore légèrement tournée dans le sens du mouvement. 2. On ne peut indiquer, dans un livre, la manière exacte de faire agir les aides; le professeur seul peut faire aux élèves les observations nécessaires. 3. En général, pour tous les mouvements qui s'exécutent au pas, au trot et au passage, avec un cheval finement dressé, il est bon de faire agir les rênes directement sur le mors, sans presque déplacer la main à droite ou à gauche, et d'atténuer le plus possible l'appui de la rêne opposée sur Fencolure. 4. Le? aides doivent agir d'une manière imperceptible et l'action de peser davantage sur un étrier ou sur l'autre doit être juste suf f santé pour assurer la bonne position du corps et la parfaite assiette du cavalier. 5. Les jambes obligent le cheval à rester en contact avec le mors et à ne pas sortir de la bonne position. 6. Les mains doivent continuellement rendre et reprendre à propos. 7. Pendant les mouvements de deux pi'stes, la tète doit être ramenée et le nez légèrement tourné du côté où marche la croupe; lorsque le mouvement se fait autour des hanches, la tête sera plus haute ; lors- que le mouvement se fait autour des épaules, elle sera plus basse. Le cavalier doit regarder du même côté que le cheval. 8. La pirouette ordinaire est plus naturelle au cheval que la pirouette renversée; cependant, elle est plus difficile à faire exécuter; il faut commencer par s'emparer des hanches. HAUTE ÉCOLE. 139 9. Le membre postérieur droit sert de pivot pour la pirouette ordinaire à droite; le membre postérieur gauche pour la pirouette ordinaire à gauche. 10. Rien ne rend les chevaux plus légers à la main que les pirouettes ordinaires; rien n'assouplit mieux l'arricre-main que les pirouettes renversées. 11. Il est inexact de dire que, dans le trot à l'anglaise, il ne faut pas s'enlever haut ; tout dépend des mouvements du cheval. ■12. En s' enlevant plus haut, le cavalier peut accroître le brillant de rallure. J3. Généralement, plus un cheval enlève haut, plus beaux sont ses mouvements et moins il est fatigant à trotter à l'anglaise. d4. // ne faut pas confondre le cheval qui enlève haut avec le cheval dur au trot. 15. Le trot enlevé s'exécute forcément, soit sur un bipède diagonal, soit sur l'autre; le cavalier, s'étant enlevé au moment où un bipède diagonal quitte terre, revient sur la selle au moment où ce même bipède diagonal achève son appui, s'enlève aussitôt, c'est-à-dire au moment oi"! ce même bipède diagonal quitte terre et continue ainsi, toujours sur le même diagonal. 16. Le bipède diagonal sur lequel on trotte se fatigue plus que l'autre. 17. Il faut trotter, tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre. 18. Ou prend très vite l'habitude de s'enlever toujours sur le même, et ensuite on se trouve mal à Vaise sur Vautre, ce qui fait souvent croire, a tort, que le cheval enlève moins bien sur celui-ci. 19. Pour trotter à volonté sur l'un ou sur l'autre bipède diagonal, il faut regarder le mouvement des épaules du cheval et s'exercer à s'enlever, tantôt au moment où l'épaule gauche se porte en avant, tantôt au moment où l'épaule droite se porte en avant. 20. Pour changer d'un bipède à l'autre, sans interruption d'allure, il suffit de se laisser retomber deux fois de suite avant de s'enlever de nouveau. 21. // est bon, dans un manège, de trotter toujours sur le bipède dici' gonal droit en travaillant à main gauche, et vice versa, et de changer de bipède au milieu de chaque changement de main. 140 TRAITÉ d'ÉQUITATION. 22. Le trot à l'anglaise, bien exécuté, fatigue moins le cheval et le cavalier que le trot assis. 23. On peut arriver, en serrant fortement les genoux, à ne pas toucher la selle avec les fesses lorsqu'on y revient, ce qui fatigue encore moins le eheval. 24. Tant que le trot est régulier, si rapide qu'il soit, on peut toujours trotter à V anglaise ; lorsqu' on ne peut pas s'enlever régulièrement, c'est que l'allure est irrégulière. 2o. Lorsqu'un cheval paise du galop à droite au trot, si le cavalier s'enlève aussitôt à l'anglaise, il se trouve forcément trotter sur le bipède diagonal gauche, et vice versa. 26. Au trot enlevé, si l'on a à se servir des jambes, ou d'une seule jambe, on ne peut le faire qu'au moment où l'on revient sur la selle; pendant l'enlever, c'est impossible; les jambes ne peuvent agir que par pressions répétées et non continues. 27. 11 faut atténuer le plus possible l'écartemeut et le rapproche- ment alternatif des jambes et, pour cela, il faut serrer fortement les genoux et appuyer très peu sur les étriers. 28. Lorsqu'on trotte à l'anglaise sur le bipède diagonal droit, il est plus facile d'obtenir le départ (tu galop sur le pied gauche que sur le pied droit, et Vice versa (I). (1) Les règles 12, 14, IS, 21, 24, 2.^, 2(3, 28, imprimées en italiques, peuvent aujourd'hui ne pas paraître nouvelles, mais elles sont bien de moi, ayant été émises, pour la première fois, dans mon Dressage métho- dique et pratique du cheval de selle. — Cette remarque s'applique éga- lement à divers passages de ce Traité d'équitation. 3^ LEÇON Arrêts et demi-arrêts. — Rassembler. — Passage. Répétition de tous les mouvements au passage. Départs au galop sur la ligne droite. — Reculer. Arrêts et demi-arrêts. 410. Pendant les arrêts et demi-arrêts (§ 21S et suiv.) qui seront fréquemment répétés, les chevaux ne devront ■p' Kl Fi;?. 170. pas cesser d'avoir la tête bien placée, et d'être légers à la main. Ils devront arrêter bien droits avec l'encolure 142 TRAITE D EQUITATION. haute {fifj. 176), et se reporter facilement en avant. Les cavaliers auront constamment les jambes près et déter- mineront leurs chevaux en avant par une pression des mollets sans presque déplacer le bas de la jambe. Pour arrêter il devra suffire de serrer les doigts en tournant un peu les ongies en dessus, sans presque bouger la main. 4M. Le haut du corps ne devra plus se porter en ar- rière avant l'arrêt ; les cavaliers devront seulement ne pas se laisser surprendre par le mouvement du cheval, et se r'K'i v--'--*^ v\i^_ Fig. 177. redresser un peu au moment même de l'arrêt ; ils s'in- clineront imperceptiblement en avant au moment du dé- part {fifj. 177). Il en sera de même à l'avenir pour tous les changements d'allure. HAUTE ÉCOLE. 143 Rassembler. 412. Le rassembler ne s'applique qu'aux allures ralen- ties et cadencées et consiste à avoir le cheval bien dans la main et dans les jambes, prêt à se mobiliser à la moindre action des aides. Ordinairement, la tête étant bien pla- cée, l'animal, poussé par les jambes et doucement retenu par la main, rapprochera les membres postérieurs des membres antérieurs, baissera les hanches et semblera ainsi se grandir du devant. Mais il ne faut pas vouloir imposer aveuglément à tous les chevaux cette attitude qui convient seulement à ceux dont la charpente est naturellement bien équilibrée (1). En règle générale, l'attitude sera bonne du moment que, la tête étant bien placée, on sentira le cheval toujours parfaitement léger à la main et prêt à se porter en avant au moindre relâ- chement des rênes. (1) Sans parler des chevaux dont l'avaut-main et l'arri ère-main sont mal proportionnés, dont les membres sont tarés, les aplombs défec- tueux, etc., il y a des chevaux trapus et tout d'une pièce, ayant l'en- colure courte, les ganaches épaisses, qui font souvent d'excellentes bêtes de service pour des cavaliers d'un fort poids et qui conviennent aussi fort bien au manège pour former les commençants, mais dont ou ne doit pas, — quoi qu'en ait dit Baucher, — songer à faire des che- vaux d'école souples et cadencés. La Guérinière enseignait de choisir et de dresser les chevaux selon leurs aptitudes naturelles et il avait raison. L'animal qui ne convient pas à un genre de service est souvent très bon pour un autre ; en voulant le contraindre à faire ce qui est contraire à sa nature, on fait preuve d'inexpérience et l'on ne peut réussir qu'à le rendre rétif ou à le ruiner prématurément. 144 TRAITE D EQUlTATIOxV. Passage. 413. Le cheval marchant au pas avec la tête placée, il suffit d'aug-menter graduellement la pression des jambes, et au besoin de toucher légèrement des éperons tout en résistant moelleusement de la main, pour déter- ra R^ Fig. 178. miner ce trot ralenti et cadencé (/?y. 178) qu'on appelle le passage. 414, Le cheval étant au trot, on obtient le même résultat en le ralentissant progressivement , tout en le stimulant avec les jambes pour entretenir la cadence de l'allure. HAUTE ÉCOLE. 145 415. Le professeur fera fréquemment passer du pas- sage au trot, du trot au passage, du passage au pas et du pas au passage afin d'exercer le tact des élèves. 41G. Dans le passage bien exécuté, les mouvements sont élevés, souples, lents et très bien rliythmés, les membres en diagonale se levant simultanément et posant à terre de même. 417. La tète du cheval doit être un peu plus ramenée que pendant le trot de manège puisque Fallure est plus ralentie (§ 357) et le cheval doit être un peu plus assis sur les hanches , c'est-à-dire que les membres posté- rieurs doivent s'avancer davantage sous le corps en se rapprochant des membres antérieurs; ce rapprochement sera la conséquence toute naturelle de Taccord que le cavalier saura mettre entre sa main et ses jambes pour tenir son cheval enfermé dans les aides (§ 412) et cepen- dant toujours prêt à développer ses mouvements dès que la main rendrait. 418. Assurément l'élévation et le brillant de l'allure dépendent beaucoup de la conformation et des moyens de l'animal, mais ils dépendent beaucoup aussi de l'ha- Jjileté du cavalier, 419. On peut accroître ce l^rillant par de légères con- tractions de la main et des pressions de jambes, qui, coïn- cidant avec le poser de chaque bipède diagonal, stimu- lent au besoin les deux membres qui se lèvent, et marquent 19 14G TRAITÉ D'ÉQUITATION. la cadence de lallure; mais il faut que cela soit fait avec l^eaucoup de justesse pour ne pas produire quelque désordre et avec assez de finesse pour que la main et les jambes du cavalier ne semblent pas Jjouger. 420. Le corps du cavalier doit rester parfaitement droit et la tête levée. Répétition de tous les mouvements au passage. 421. Le professeur fera exécuter au passage tous les mouvements qui ont été faits au pas et au trot, y compris les mouvements de deux pistes; ils s'obtiendront par les moyens déjà indiqués, la main et les jambes continuant de tenir le cheval plus renfermé. 422. Il sera nécessaire, surtout dans les changements de direction et pendant les mouvements de deux pistes, que les cavaliers soient parfaitement liés à leurs chevaux, et n'aient aucun déplacement d'assiette, aucun mouvement de main ou de jambes involontaire ou trop brusque, pour que l'allure reste bien régulière et c[ue le cheval ne prenne pas le galop. Avec les chevaux bien dressés, les mains et les jambes pourront agir d'autant moins fort que Vaction de peser un peu plus sur l'un ou sur l'autre étrier et de tourner imperceptiljlement le haut du corps du même côté, contribuera à faciliter l'exécution harmonieuse des différents mouvements. HAUTE ÉCOLE. 147 Départs au galop sur la ligne droite i23. Nous avons vu comineut s'exécute le galop sur le pied droit et sui' le pied gauche, et j'ai dit aussi que le cheval en liberté déplace ses épaules un peu a gauche pour prendre le galop sur le pied droit : le mem- bre postérieur droit s'engageant sous la masse, l'en- lever s'effectue et le membre postérieur gauche exécute la première foulée de galop. 424. Il résulte de ce qui a été dit sur le mécanisme du galop (§ 341) que le membre postérieur gauche et le membre antérieur droit se fatiguent plus que les deux autres dans le galop à droite, puisque chacun d'eux supporte seul, pendant un temps, tout le poids de la masse, tandis que le postérieur droit et l'antérieur gauche arrivent toujours à terre ensemble pour supporter le même poids. 42o. Dans le galoj) à gauche, c'est nécessairement le membre postérieur droit et l'antérieur gauche qui fati- guent le plus. 426. Il est donc nécessaire de faire galoper les chevaux autant sur le pied droit que sur le pied gauche si l'on ne veut user prématurément un bipède diagonal. 427. Tout bon cavalier devant se préoccuper sans cesse de répartir régulièrement sur les quatre meml)res 148 TRAITE D EQUITATION. le poids de la masse et la dépense des forces, un cheval qui aurait été toujours monté avec soin et habileté ne devrait pas, à moins d'accident, présenter dans sa vieil- lesse plus de traces d'usure dans un seul ou deux de ses membres que dans les autres. Si Ton s'aperçoit par exemple qu'un membre commence à se fatiguer, on trot- tera davantage sur l'autre bipède diagonal et on galo- pera plus souvent sur l'autre pied. Malheureusement il y a peu de cavaliers qui sachent prendre ces pré- cautions. 428. Pour partir correctement du pas au galop sur le F'B-'O Fk. 179. pied droit [fig. 179), le cavalier doit, après un demi-arrèt pendant lequel la rêne droite de filet place le nez à HAUTE ÉCOLE. 149 droite, donner liiiipulsion, sans détendre les rênes, au moment où le pied antérieur gauche pose à terre. Immédiatement après le poser du pied antérieur gauche, le pied postérieur droit s'avance à son tour sous la masse et effectue son appui; si l'impulsion est donnée à ce moment, le membre postérieur g-auche peut exécuter aussitôt la première foulée du galop sur le pied droit. La jambe gauche du cavalier agit un peu plus fort que la droite pour fixer le poids sur le postérieur droit à l'appui et déterminer le départ, la rêne droite de bride appuyant en même temps sur l'encolure ; mais ces deux actions de la jambe gauche et de la rêne droite néces- sitent si peu de force avec un cheval bien mis, qu'il ne se traverse presque pas. L'appui de la rêne droite et son action directe sur la bouche du cheval produisent seulement une inclinaison de la base de l'encolure à gauche, qui est suffisante pour que le cheval soit prêt à partir dès que la jambe gauche agit. i29. On voit qu'il n'est nullement nécessaire de faire agir la jambe droite pour attirer le membre postérieur droit sous la masse, puisqu'il s'y eng-age tout naturelle- ment après le poser du membre antérieur gauche; toute la difficulté consiste donc à profiter de cet instant pour donner l'impulsion ; si l'on agit à un autre moment, il nij a aucune action des aides cjui soit capable d'attirer le membre postérieur droit sous la ?nasse, puisqu'il ?ie peut se mouvoir quà son tour. 430. Pendant la préparation et le départ, le corps du loO TRAITE DEQUITATION. cavalier ne doit l^ouger que pour se tourner impercepti- blement à droite, au moment où le cheval s'enlève; puis la main doit rendre et reprendre par un simple mouve- ment de contraction et de relâchement du poignet, les jambes continuant leur pression, la jambe gauche sur- tout pour entretenir Tallure, le haut du corps conser- vant sa position et suivant avec souplesse le mouvement du cheval sans trop s'y abandonner; c'est ainsi qu'on règle l'allure et qu'on la cadence à volonté. F-R"! Fi'r. 180. 431. Pour partir au galop sur le pied gauche, les moyens sont inversement les mêmes {fiij. 180). 432. En galopant sur le pied droit, il faut peser un peu HAUTE ÉCOLE. 151 plus sur le genou et sur l'étrier droits; en galopant sur le pied gauche, il faut peser un peu plus sur le genou et sur l'étrier gauches (1). 433. Pendant le galop, les rênes et les jambes doivent agir de manière à maintenir le cheval aussi droit que possible d'épaules et de hanches et, pour cette raison, je ne saurais trop conseiller de s'abstenir de tous mouve- ments de deux pistes au galop. 434. Le Professeur fera faire de fréquents arrêts et dé- parts, et veillera maintenant, au galop comme aux autres allures, à ce que les cavaliers ne redressent un peu le corps qu'au moment môme de l'arrêt et le portent imper- ceptiblement en avant au moment du départ. Marche en arrière et en avant. Cesser de reculer. 435. Le cheval étant arrêté bien d'aplomb sur ses membres, le cavaHer commencera par lui placer la tête par un effet d'ensemble ; puis il augmentera la pression des jambes comme pour le porter en avant, et dès qu'il sentira que le cheval se mobilise (/?r/. 181), il résistera de la main en serrant les doigts et en rapprochant le petit doigt du corps afin que le bipède diagonal qui allait (I) .Voir les explications données plus loin dans VEaamen de la méthode Dutilh. 152 TRAITE D EQUITATION. se porter en avant se porte en arrière ; anssitôt ce mou- vement obtenu, il desserrera les doigts pour rendre un fRi Fig 181. peu sans laisser la tête se déplacer (y?*/. 182), puis re- r'p.1 Fig. 182. HAUTE ÉCOLE. 153 prendra en serrant de nouveau les doigts et ainsi de suite. 436. Le cheval ayant fait quatre ou cinq pas en arrière, le cavalier le reportera quelques pas en avant, toujours sans laisser la tête se déplacer, l'arrêtera, le fera de nouveau reculer quelques pas et l'arrêtera. 437. Il faut que le cheval passe très facilement du mouvement rétrograde au mouvement en avant et vice versa. Pour cela, il est nécessaire que le reculer se fasse régulièrement, c'est-à-dire en deux temps, et que la tête ne soit ni trop haute ni trop basse (§ 333) . 438. 11 est bon de tendre davantage la rêne droite pour faire reculer le bipède diagonal droit, la rêne gauche pour faire reculer le bipède diagonal gauche, et ainsi de suite, rendant toujours à chaque pas. De même, on peut faire avancer à volonté l'un ou l'autre bipède diagonal en appuyant légèrement la rêne droite sur l'encolure pour charger le membre antérieur gauche et permettre au membre droit de se porter en avant et vice versa. On arrive ainsi à faire alternativement avancer et reculer chaque bipède diagonal, ce qui est une excellente prépa- ration pour les départs au galop. 439. La main doit toujours agir avec beaucoup de légèreté. Si le cheval fait quelque résistance pour reculer, c'est qu'il n'est pas bien équilibré : plus on emploierait de force, plus il résisterait; il faut donc lui faire faire 20 154 TRAITÉ D'ÉQUITATION. quelques pas en avant, puis recommencer en tâchant de le mieux placer. 440. Pour cesser de reculer, il faudra, après avoir augmenté la pression des jambes et desserré les doigts pour arrêter le mouvement rétrograde, desserrer les jambes aussitôt que le cheval est immobile, afin qu'il ne se porte pas en avant. Tourner à droite ou à gauche en reculant. 44 J. Pour tourner à droite en reculant, il suffit de porter les mains un peu à gauche et d'augmenter la pression de la jambe gauche, en continuant, cela va sans dire, de rendre et de reprendre à chaque pas. La rêne droite doit être un peu plus tendue pour que le cheval soit plié comme la ligne circulaire sur laquelle il recule. 442. Pour tourner à gauche, porter les mains à droite et augmenter la pression de la jambe droite en plaçant le nez un peu à gauche. On peut ainsi reculer sur un cercle, faire un 8, etc. RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 3'' LEÇON 1. Pendant les arrêts et les demi-arrèts, les chevaux auront la tête ramenée, l'encolure haute, seront légers à la main et toujours prêts à se reporter en avant. 2. Pour arrêter, les cavaliers serreront les doigts en tournant un peu les ongles en dessus, sans presque houger la main, les jambes près. 3. Ils ne devront plus porter le corps en arrière avant l'arrêt, mais seulement au moment même, et ils l'inclineront imperceptiblement en avant au moment du départ. Il en sera de même pour tous les change- ments d'allure. I. Le rassembler ne s'applique qu'aux allures ralenties et cadencées : il consiste, la tête étant correctement placée, à avoir le cheval bien dans la main et dans les jambes, prêt h se mobiliser à la moindre action des aides. D. Le passage est un trot très ralenti et très cadencé ; à cette allure, le cheval aura la tête plus ramenée et sera plus assis, le cavalier doit rester parfaitement droit en selle, la tête levée. 6. Le bipède diagonal droit se fatigue plus que l'autre pendant le galop sur le pied droit, et vice versa. 7. Il est nécessaire de faire galoper les chevaux aussi souvent à droite qu'à gauche. 8. Un cheval de selle ne devrait pas, à moins d'accident, présenter plus de traces d'usure dans un seul ou deux de ses membres que dans les autres. 9. Pour partir correctement du pas au galop sur le pied droit, il faut, après un demi-arrêt pendant lequel la rêne droite du filet place le nez à droite, donner l'impulsion, sans détendre les rênes, au moment où le 156 TRAITÉ d'ÉQUJTATION. pied antérieur gauche pose à terre. La jambe gauche agit un peu plus fort que la droite, la rêne droite de bride appuyant en même temps sur l'encohire, le cavalier tournant imperceptiblement le haut du corps à droite et pesant un peu plus sur le genou et sur l'étrier droits. — Le départ sur le pied gauche s'obtient par les moyens inverses. 10. Au galop cadencé, le cheval doit avoir l'encolure haute, la tête ramenée et le nez légèrement tourné à droite s'il galope sur le pied droit, à gauche s'il galope sur le pied gauche. 11. Pendant le galop, la main doit rendre et reprendre par un simple mouvement de contraction et de relâchement du poignet, les jambes continuant leur pression, le haut du corps restant droit et suivant avec souplesse le mouvement du cheval sans trop s'y abandonner. i2. Le cheval doit être aussi droit que possible d'épaules et de hanches lorsqu'il galope. 13. Pendant le reculer, le cheval doit avoir la tête ramenée, l'enco- lure peu haute, être léger à la main. 14. Pour reculer, le cavalier, après avoir augmenté la pression des jambes, résiste de la main en serrant les doigts et en rapprochant le petit doigt du corps, puis rend et reprend après chaque pas. 15. Il faut que le cheval passe très facilement du mouvement rétro- grade au mouvement en avant. En l'exerçant à mobiliser en avant ou en arrière l'un ou l'autre bipède diagonal à la volonté du cavalier, on le prépare à exécuter facilement les départs au galop. 16. Si le cheval fait quelque résistance pour reculer, c'est qu'il est mal équilibré. 17. Pour tourner à droite en reculant, il faut porter les mains un peu à gauche, la rêne droite plaçant le bout du nez à droite, et aug- menter la pression de la jambe gauche, et vice versa. 4^ LEÇON Travail au galop, les chevaux en main. — Galop à, faux. Changement de pied. Passer du galop au trot, du galop au pas, du galop à l'arrêt. 443. Pour passer du galop au trot, le cavalier doit, le cheval galopant sur le pied droit, commencer à ten- dre les rênes pour modérer l'élan au moment où Tavant- main s'enlève (U*' foulée); pendant que s'opère la fR.1 Fig. 183. deuxième foulée, il redressera un peu le haut du corps et augmentera encore la tension des rênes en portant 158 TRAITÉ d'ÉQUITATION. imperceptiblement les mains à gauche de manière que la rêne droite, continuant d'attirer le nez à droite, appuie un peu sur l'encolure, ce qui porte le poids sur le bipède diagonal gauche [ficf. 183); à la troisième foulée, c'est-à-dire au moment où le cheval doit changer l'al- lure, le cavalier, s'il sent que ce changement va avoir lieu, rendra très doucement et très progressivement la main, sans toutefois en cesser le soutien, afin de per- mettre au cheval de prendre le trot, et s'enlèvera aus- sitôt à l'anglaise, ce qui confirmera le résultat obtenu en réglant immédiatement la nouvelle allure. 444. Pour passer du galop au pas, les moyens seront les mêmes, sauf que la tension des rênes devra conti- nuer jusqu'à ce que le membre antérieur droit ait posé à terre (troisième foulée), et que la main devra alors rendre un peu moins, pour que le cheval ne prenne pas le trot. 443. Pour passer du galop à l'arrêt, le cavalier agira toujours de la même manière, mais la tension des rênes devra être plus accentuée au moment de la deuxième foulée et ne cesser que lorsque le cheval sera complè- tement arrêté, après la troisième foulée. Galop à faux. 446. Les cavaliers exécutant bien les départs au galop sur l'un et sur l'autre pied à volonté, le galop à faux ne leur présentera aucune difficulté. HAUTE ÉCOLE. loi) Pour partir au galop sur le pied gauche étant à main droite, ils porteront imperceptiblement les mains à droite, la rêne gauche appuyant sur l'encolure et pla- çant le bout du nez à gauche, et détermineront le départ au moyen de la jambe droite, <\u jnoment où le pied antérieur droit pose à terre. 447. 11 faudra avoir soin de ne pas trop entrer dans les coins du manège et continuer, surtout en tournant, de bien soutenir les mains et de faire sentir la pression des jambes pour que l'allure soit toujours bien souple et bien cadencée; la rêne gauche devra être suffisam- ment tendue et appuyée sur Tencolure, et la jambe droite devra agir avec assez de force pour que le che- val ne change pas de pied et que son nez reste légè- rement tourné à eauche ; dans ces conditions seule- ment il peut facilement tourner en galopant à faux. 448. Le cavalier doit peser un peu plus sur le genou su lure. et sur l'étrier gauches et regarder à gauche de l'enco- 449. Mêmes principes et moyens inverses pour ga- loper sur le pied droit à main gauche. Changement de pied. 430. Les cavaliers étant à main droite et galopant sur le pied droit, le Professeur leur fera faire un chan- gement de main diaconal. 160 TRAITÉ DEQUITATION. Us traverseront le manège sans changer d'allure, et chaque cavalier, successivement, en arrivant à quel- ques pas du mur, mettra son cheval au pas, puis, une fois sur la piste, lui fera prendre le g-alop sur le pied gauche. 4ol. Le Professeur fera ainsi changer de main à chaque tour de manège, les cavaliers mettant chaque fois leurs chevaux au pas pendant quelques instants, au fur et à mesure qu'ils arrivent sur la piste, avant de reprendre le galop sur Pautre pied. 452. Après avoir fait de cette manière plusieurs chan- gements de main, ils changeront de pied sans inter- rompre l'allure. Le moyen consiste tout simplement, après un demi-arrèt, à faire succéder au jeu des aides qui détermine et entretient le galop à droite, celui exacte- ment inverse qui convient pour le galop à gauche et à faire ce changement au moment opportun, c'est-à-dire au moment où va s'opérer la 3^ foulée. 4o3. Ainsi, pour le départ à droite, ils ont placé le bout du nez à droite, puis la jambe gauche a déter- miné le départ. Pour le départ à gauche, ils ont placé le bout du nez à gauche, puis la jambe droite a déterminé le départ. Pour passer du galop à droite au galop à gauche sans interrompre l'allure, ils commenceront par tendre les rênes pendant que s'opère la deuxième foulée marquée HAUTE ÉCOLE. 161 par le poser du bipède diagonal gauche, comme s'ils voulaient arrêter à la troisième foulée, mais un peu moins fort, et aussitôt ils placeront le bout du nez à gauche et la jambe droite déterminera le changement de pied. 454. En même temps, ils tourneront un peu le haut du corps à gauche et regarderont à gauche de l'enco- lure ; mais ce mouvement du corps doit être à peine sen- sible, le cavalier se tournant en même temps que le nez de son cheval et juste assez pour se lier au mouvement. 453. Au moment où il va faire agir la jambe droite, le cavalier qui, pendant le galop à droite, pesait un peu plus sur le genou et sur Fétrier droits, pèsera un peu plus sur le genou et sur Fétrier gauches, ce qui contri- buera à faire opérer le changement de pied sans force et sans déplacement. 456. Il faut avoir soin d'achever le changement de main diagonal au galop avant de faire le changement de pied et, pour cela, faire agir la jambe gauche avec assez de force jusqu'au dernier moment; autrement les chevaux pourraient prendre l'habitude de changer d'eux-mêmes avant d'arriver sur la piste. Demi-pirouette ordinaire au galop. 457. A l'indication : Demi-pirouette, les cavaliers, étant à main droite et galopant sur le pied droit, feront 21 162 TRAITÉ d'ÉQUITATION. un demi -arrêt en augmentant la pression de la jambe gauche au moment où va s'opérer la 3' foulée et agiront aussitôt avec les mains pour faire tourner les épaules autour des hanches, les rênes restant suffisamment ten- dues pour empêcher le cheval de se porter en avant; les mains continueront de rendre et reprendre en cadence pour entretenir l'allure; la jambe gauche et au besoin l'éperon empêcheront les hanches de se déplacer à gauche, surtout vers la fm du mouvement. 4o8. Les épaules ayant achevé leur demi-tour à droite, les cavaliers rendront un peu la main et suivront la piste à main gauche en galopant à faux. Volte au galop avec la croupe en dedans. 459. A l'indication : Volte, les cavaliers, étant à main droite et galopant sur le pied droit, feront un demi- arrêt en augmentant la pression de la jambe gauche au moment où va s'opérer la 3*^ foulée et agiront aussitôt avec les mains pour faire tourner les épaules sur un cercle, la jambe gauche et au besoin l'éperon poussant la croupe dans la même direction, les mains continuant de rendre et reprendre en cadence pour entretenir l'allure et pour faire décrire aux épaules un cercle plus grand qu'aux hanches. La volte terminée, les cavaliers redresseront leurs chevaux en rendant un peu la main et en diminuant la pression de la jambe gauche. 460. La pirouette ordinaire et la volte avec la croupe HAUTE ÉCOLE. 103 en dedans sont les seuls mouvements de deux pistes qu'on puisse sans inconvénient exécuter au galop, parce que, Favant-main ayant beaucoup plus de chemin à parcourir que rarrière-main, il n'y a pas à craindre de traverser les chevaux. Passade. 461. La passade est une demi-pirouette sur les han- ches, rapidement exécutée; elle se fait ordinairement à chaque extrémité d'un grand côté, mais on peut la faire à n'importe quel endroit du manège. 4G2. Les moyens à employer sont les mêmes que pour la demi-pirouette (§ 437), mais la jambe du dehors et les mains doivent agir avec un peu plus de force pour faire tourner rapidement l'avant-main autour de l'arrière-main sans que celle-ci se jette du côté opposé ; le cavalier doit aussi peser davantage sur Fétrier du dedans et tour- ner un peu plus le haut du corps du même côté, afin d'assurer l'assiette et de se lier au mouvement. Le professeur fera faire des demi-voltes avec la croupe en dedans pour reprendre la piste au galop à faux, des demi-voltes terminées par un chan- gcment de pied, des contre-changements de main avec deux changements de pied, enfin des changements de pied sur la ligne droite que l'on pourra répéter tous les quatre, trois et même deux pas; mais ce dernier tra- vail échauffant beaucoup les cheyaux, il ne faudra pas le faire durer trop longtemps. Les changements de pied au temps, c'est-à-dire h chaque pas de galop, prouvent incontestablement jusqu'où peut aller le pouvoir d'un excel- lent cavalier sur sa monture, mais ils constituent une allure absolument artificielle et forcée et peuvent cooipromettre la régularité du galop. RESUME DES REGLES CONTENUES DANS LA 4'= LEÇON 1. Quand on galope à faux, il faut que l'allure soit bien souple, bien cadencée, l'encolure bien soutenue et que, dans les tournants, le nez du cheval soit placé du côté opposé à celui où l'on tourne. 2. Le cavalier doit regarder du même côté que le cheval. 3. Le moyen pour changer de pied consiste, après un demi arrêt, à faire succéder au jeu des aides qui détermine et entretient le galop sur un pied, celui exactement inverse qui convient pour le galop sur l'autre pied, et à faire ce changement pendant la deuxième foulée. 4. Le cavalier doit, en même temps, tourner imperceptiblement le corps <à droite ou à gauche pour se lier au mouvement, et peser davari' tage sur le genou et sur Vctrier du même côté. .1. La pirouette ordinaire et la volte avee la croupe en dedans sont les seuls mouvements de deux pistes au galop qui n aient pas T inconvénient de traverser le cheval. La passade s'exécute par les mêmes moyens que la demi-pirouette ordinaire, mais la jambe du dehors et les mains doivent agir avec un peu plus de force et le cavalier doit peser davantage sur Vétrier du dedans. PARTIE COMPLEMENTAIRE RÉSISTANCES ET DEFENSES L'art du dressage est absolument distinct de celui de l'équitation dont il procède. Je n'ai donc pas l'intention d'indiquer ici les moyens de dresser des chevaux rétifs; je veux seulement dire ce qu'il faut faire pour éviter les accidents et pour ne pas aggraver le désordre lorsqu'on monte un cheval qui, pour une cause ou pour une autre, vient à se défendre. Tout d'abord, il ne faut jamais le corriger avec l'intention de lui faire comprendre qu'il a mal fait. Même et surtout au point de vue du dressage, il faut se contenter d'être attentif à tout ce qui se produit et s'ef- forcer de prévoir les résistances assez à temps pour pouvoir les empêcher : c'est le seul moyen de ne pas faire naître de mauvaises habitudes ; s'il est nécessaire d'employer l'éperon ou la cravache, il faut avoir uni- quement en vue de substituer adroitement certaines sensations à celles qui provoquent la résistance, et ne pas oublier que toute sensation exagérée produit infailli- blement des mouvements désordonnés, lesquels, devenus habituels, constituent la rétivité. Les pirouettes renversées et les voltes de deux 168 TRAITÉ DEQUITATION. pistes sont, dans presque tous les cas, les meilleurs moyens à employer; en effet, le cheval ne peut se livrer à aucune défense sans prendre un point d'appui sur le sol; il faut donc chercher avant tout aie mobiliser; or, il n'est pas toujours possible d'obliger un cheval à se porter en avant, tandis qu'on peut toujours le déplacer latéralement en faisant agir l'une ou l'autre jambe si l'on sait opposer en même temps les épaules aux hanches. Lorsqu'un cheval est difficile au montoir^ il faut le faire tenir par un homme fort et adroit, s'approcher lentement et sans hésitation de l'épaule gauche, prendre les rênes dans la main cauche et saisir de cette main une bonne poignée de crins, mettre vivement le pied à l'étrier en évitant de toucher le cheval avec la pointe du pied, s'enlever lestement, arriver très doucement en selle, prendre immédiatement les rênes de filet sépa- rées et un peu courtes, chausser l'étrier droit le plus adroitement possible ou le recevoir de la main du groom et rendre peu à peu la main en redressant le haut du corps et en serrant fortement les cuisses et les genoux. Au besoin, on pourrait faire placer un torchon autour des yeux du cheval. Si, pendant qu'on se met en selle, l'animal se porte en avant, se cabre, etc., l'homme qui le tient ne devra pas résister brutalement, mais, au contraire, lui laisser faire un pas ou deux en avant en s'efforçant seulement de modérer ses mouvements jus- qu'à ce que le cavalier ait ajusté ses rênes, et alors il ne devra pas le lâcher brusquement. RÉSISTANCES ET DÉFENSES. 1G9 Lorsqu'un cheval se serre contre wi mur ou contre, un autre cheval, il faut, après avoir séparé les rênes du filet, lui tourner la tète vers le mur ou vers l'autre cheval en lui pliant, au besoin, l'encolure : cela seul suffira à faire tourner sa croupe de l'autre côté et, dès qu'elle commencera à se déplacer, la jambe qui allait être serrée, renforcée au besoin de Féperon ou de la cravache, agira pour l'emmener par des pas de côté, les mains continuant de faire les oppositions néces- saires. Lorsqu'un cheval résiste pour tourner à droite, si tout en pliant l'encolure à droite il jette la croupe à gauche et s^écarte de la direction par des pas de côté, ce qui est le cas le plus fréquent, il faut d'abord plier légèrement l'encolure à gauche, puis, au moyen de la jambe gauche, déplacer la croupe à droite et graduel- lement porter les mains à droite ; si, au contraire^ les épaules se jettent à gauche, il faudra se servir d'abord de la jambe droite en portant les mains à droite. Toutes les fois qu'on emploie la rêne directe pour forcer le cheval à tourner, il faut toujours qu'elle agisse graduellement, et jamais /)«;• saccades, et que la rêne opposée vienne aussitôt à la rescousse pour déplacer le poids de l'avant-main. Dans tous les cas, il est indispen- saljle de savoir agir au moment opportun. Il est certain que si l'on porte par exemple les mains à droite au moment où le pied antérieur droit pose à terre, le cheval sera gêné pour tourner à droite et que, si l'on a agi avec force, la résistance inévitable dégénérera en défense, 22 170 TRAITÉ DEQUITATION. tandis que si l'on porte les mains à droite au moment où le pied antérieur gauche pose à terre, le mouvement s'exécutera sans difficulté. Cela explique comment un cavalier habile peut, dans beaucoup de cas, prévenir et empêcher les résistances. Lorsqu'un cheval s arrête court et recule au lieu clavancer, il faut déplacer les hanches à droite au moyen de la jamlîe gauche, puis à gauche au moyen de la jambe droite, et ainsi de suite en avançant chaque fois de quelques pas; s'il y a plus de difficulté d'un côté que de l'autre, on continuera du côté le plus facile, fai- sant faire au besoin quelques voltes de deux pistes avec Tépaule en dedans et, dès qu'on sentira que le cheval est prêt à céder à l'action des deux jambes, on atta- quera par deux petits coups d'éperon en rendant un peu la main. Je ne suis pas partisan d'obliger l'animal à continuer le mouvement rétrograde qu'il avait commencé : cela conduit presque toujours à une pointe ou à l'accu- le ment. Lorsqu'un cheval bondit, il faut assurer l'assiette en redressant le haut du corps, rendre la main si, en bondissant, il s'enlève plus du devant que du der- rière, au contraire lui relever la tête au moment où il retombe sur le sol s'il détache la ruade, mais surtout éviter qu'il s'arrête ; si l'on n'a pu prévenir à temps la défense et la paralyser en pliant l'encolure soit à droite, soit à gauche, on profitera du premier moment oppor- RÉSISTANCES ET DÉFENSES. 171 tun pour le faire ; en même temps, la jaml^e du môme côté déplacera la croupe et fera faire une volte de deux pistes avec Tépaule en dedans ; pendant cette volte, l'éperon ou la cravache pourra agir, au besoin ; mais il faut bien se garder de frapper le cheval avant d'être maître de la croupe, car cela le ferait ])ondir plus fu- rieusement. Il faut aussi avoir soin, toutes les fois qu'on plie l'encolure, de ne pas agir brutalement ou la tenir pliée trop longtemps, mais, au contraire, de rendre un peu la main dès qu'on sent l'animal prêt à se reporter franchement en avant. Pour empêcher un cheval de se cabrer, il faut, dès qu'on prévoit qu'il va le faire, déplacer sa croupe à droite ou à gauche et continuer de lui faire faire des pas de côté, des voltes de deux pistes avec l'épaule en dedans ou des pirouettes renversées jusqu'à ce qu'on sente qu'il est prêt à se reporter en avant, et alors lui rendre doucement la main ; si l'on n'a pu prévenir la défense, on penchera le corps en avant en rendant complètement la main et l'on serrera bien les g-enoux en portant le bas des jambes en arrière sans toucher le cheval, de manière que les étriers supportent un peu le poids du corps. Au moment où les membres antérieurs vont reprendre terre, on redressera le haut du corps en ayant soin de ne pas donner involontairement une saccade sur la bouche, on pincera des deux éperons et on commencera aussitôt les pas de côté pour prévenir une nouvelle défense. Il ne faut jamais pincer des éperons au moment où 172 TRAITÉ d'ÉQUJTATION. le clieval s'enlève, la douleur pouvant le faire enlever plus haut et l'exposer à se renverser. Lorsqu'un cheval rue, il faut redresser le haut du corps, serrer fortement les genoux, élever la main, scier même du hridon en tirant alternativement chaque rêne, faire des pas de côté à droite ou à gauche et éviter que les épaules s'arrêtent ; ensuite, on sera attentif à exiger la mise en main et la légèreté avec élévation d'en- colure, de manière à faire refluer une partie du poids sur les hanches ; on surveillera le jeu des oreilles et l'on se tiendra prêt à relever la tête et à déplacer l'avant-main au moindre indice. J'ai vu souvent de vrais meurs qui ne pouvaient supporter le moindre attouchement sur la croupe accepter les tapotements ou la pression de la main du cavalier, contenus qu'ils étaient par de légers effets de rênes qui maintenaient leur tête dans la honne position. Lorsqu'un cheval est sujet à gagner à la main et o s'emporter, il faut avoir soin de lui tenir toujours la tête dans une position convenahle : s'il renverse l'encolure et porte le nez au vent, il faudra faire agir constam- ment le mors de hride avec précaution pour lui hais- ser un peu la tête et l'encolure; s'il s'encapuchonne, il faudra lui relever la tête avec le filet et faire en sorte que l'appui sur la bride soit aussi léger que pos- sible. Dès qu'on sentira que l'animal tire un peu ou qu'il allonge l'allure plus qu'on ne veut, on le modé- rera, on le mettra au pas, on fera de fréquents demi- RESISTANCES ET DEFENSES. 173 arrêts. Si l'on emploie bien ces moyens, un cheval ne s'emballera jamais : si on l'a laissé gagner à la main, et qu'il s'emporte, il faut s'efforcer de le retenir dès le début, car, une fois lancé, il serait trop tard ; si l'on n'a pas réussi, il ne faut pas tirer constamment les rênes avec force, car alors, il ne sentirait bientôt plus rien. Règle générale : plus un cheval a la bouche sensiljle, plus il arrive vite à cet état d'insensibilité qui fait dire de lui qu'il a la bouche dure ; on rendra donc, au contraire, complètement la main de la bride et on se contentera de sentir légèrement la bouche avec le filet, puis on ren- dra du filet et on reprendra doucement de la bride et ainsi de suite, s'efforçant de diriger le cheval s'il y a des obstacles à éviter : il se laissera d'autant mieux diriger que l'on emploiera moins de force. r<^:- Fig. i84. Mais le point essentiel pendant tout le temps qu'on n'est pas maitre de sa monture, c'est de serrer fortement 174 TRAITÉ d'ÉQUITATION. les cuisses et les genoux et de renverser le haut du corps en arrière [fig. 184) , afin que, si le cheval vient à s'abattre ou à donner dans un obstacle, on ne soit pas lancé en avant. Pendant les écarts, les tête à queue^ les pirouettes malgré le cavalier, il faut, pour n'être pas désarçonné, se lier au cheval avec souplesse, en tournant le corps dans le sens du mouvement comme si on l'avait provoqué soi-même ; puis s'emparer de Fencolure et commencer aussitôt des pirouettes renversées du coté opposé à celui où le cheval se tournait (1). (1) On voit que, pour combaUre les résistances et les défenses quelles qu'elles soient, il suffit de déplacer le cheval latéralement par des pas de côté. Voilà pourquoi ma méthode de dressage prescrit les pas de côté dès le début, afin de se rendre maître tout d'abord de l'arrière-main et, par conséquent, de l'impulsion puisque l'impulsion vient des membres postérieurs et du rein. Aucun cheval, je le répète, ne peut résister à l'action d'une seule jambe lorsqu'on sait opposer convenablement les épaules aux hanches; lorsqu'il cède facilement à la jambe droite seule, puis à la jambe gauche, alors, mais alors seulement, on peut obtenir sûrement le mouvement en avant; à la moindre résistance, on revient aux pas de côté et l'on dresse ainsi l'animal sans jamais lui céder et sans avoir recours à la brutalité. J'affirme n'avoir jamais eu d'insuccès avec cette méthode qui a l'avantage do supprimer tout travail préparatoire à la longe ou à la cravache. AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS Le cours de Haute École qui précède contient tous les exercices que le cavalier doit savoir exécuter et faire exécuter à son cheval parce qu'ils sont utiles pour assouplir l'animal et le rendre agréable, à manier. Tous les autres airs dits de Haute École, ne sont que des tours d'adresse plus ou moins inutiles, des passe-temps auxquels peuvent se complaire ceux qui s'adonnent avec amour à l'art de l'équitation. Comme ces airs sont fort brillants, ils séduisent souvent les jeunes cavaliers qui veulent les exécuter avant d'avoir fait des études sérieuses, et il on résulte les plus grands inconvénients pour eux-mêmes qui con- tractent de mauvaises habitudes et pour leurs chevaux qui sont prompte- ment ruinés dans leurs allures et deviennent presque toujours rétifs. Parmi les airs et allures artiflciels, il n'y en a, selon moi, que huit qui, à la condition d'être parfaitement exécutés, n'offrent point d'incon- vénient : PiafTer. — Pesade. — Courbette. — Jambette. — Pas espa- gnol. — Trot espagnol. — Pas Musany. — Révérence. Piaffer. De même que le passage n'est qu'un trot très ralenti et très cadencé, de même le piaffer [fig. 183) n'est qu'un passage sur place. Il est extrêmement diffi- cile à exécuter : il faut que la pression des jambes entretienne la cadence du mouvement et que la main, sans gêner cette cadence, empêche le cheval d'avan- cer. Presque tous les chevaux que l'on voit piaf- fer, même dans les cirques, tréjjignent sur place 176 TRAITE D EQUITATION. plus OU moins irrégulièrement. Cet exercice est d'ail- leurs fatigant pour l'animal et risque de compromettre la régularité de ses allures. Le passage très ralenti me rrKT Fig. 185. parait, dans la pratique, de beaucoup préférable au piaffer, dont il a tous les avantages sans en avoir les inconvénients. Pesade. Pour bien dresser un cheval à faire la pesade, il faut d'abord le mettre dans les piliers et, au moyen de la chambrière, le faire donner dans les cordes jusqu'à ce que Tarrière-main s'engage sous la masse; alors, pen- dant qu'un aide, tenant la chambrière, l'empêche de reculer, l'écuyer tenant d'une main la longe attachée au caveçon, frappe le poitrail avec la cravache pour faire AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. 177 lever ravant-maiii et donne de petits coups sur les canons pour faire replier les membres antérieurs, supposant au besoin avec le caveçon à ce que le cheval s'enlève trop haut. Cela obtenu, il se met en selle, rassemble son cheval, puis, les jambes pressant un peu en arrière des sangles, une légère contraction du poignet, aidée les pre- mières fois du toucher de la cravache à T épaule ou au poitrail, fait lever Tavant-main, les memljres antérieurs repliés : on marque ainsi un léger temps d'arrêt (//y. 186) ; r'R3 r-ig. 186. puis on desserre les jambes et l'on rend imperceptible- ment la main pour que les membres antérieurs revien- nent légèrement à terre. Il faut éviter avec soin que la pesade dégénère en cabrer. 23 178 TRAITÉ D'ÉQUITATION. Courbette. Pendant que le cheval exécute la pesade, il suffit d'une pression des mollets ou du toucher des éperons pour déterminer un petit saut en avant, les deux membres postérieurs avançant à la fois dès que les membres anté- rieurs vont toucher terre. Les pesades et les courbettes sont des airs fort e^ra- cieux lorsqu'ils sont exécutés sans efïort. Jambette. Pour faire faire jambette à un cheval, il faut commencer à pied ; on touche un membre antérieur avec la cravache, puis on donne de petits coups jusqu'à ce que le membre se lève ; presque toujours le cheval étend de lui-même le membre en avant et en frappe la terre avec impatience ; on le caresse et on recommence avec l'autre membre ; si le membre ne se lève pas assez, on frappe un peu plus fort et on le soutient en même temps ; il est même bon de faire poser le pied sur un escabeau assez élevé : au bout de très peu de temps, le cheval lève et étend le membre en avant dès qu'on le touche de la cravache : alors en même temps qu'il le lève on fait sentir de légères vibrations de la rêne du filei du même côté, et bientôt il n'est plus besoin de se servir de la cravache : dès que l'on fait agir une pêne du filet le membre antérieur du même côté se lève et s'étend en avant ; on se met alors en selle et, pen- AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. 179 tlant qu'on fait lever le membre antérieur droit, on fait sentir la pression de la jambe gauche [fig. 187) et vice versa; bientôt cette pression seule de la jambe fait lever le membre. 7^'R^ Fig. 187. On peut faire exécuter des pirouettes renversées à droite, le membre antérieur gauche faisant jambette et vice versa. Pas espagnol. Le cheval faisant bien jambette, il est plus cor- rect, plus artistique et peut-être plus facile d'obtenir le pas espagnol en selle qu'à pied; il suffit de faire faire alternativement jambette à droite et à gauche en pous- sant doucement le cheval en avant pour obtenir, au bout d'un temps plus ou moins long, le pas espagnol; on peut s'aider les premières fois de la cravache que l'on montre alternativement à droite et à gauche de 180 TRAITE D EQUITATION. Fencolure pour que les membres se lèvent en mesure. Ce qui rend l'exécution fort difficile, c'est qu'il faut une très grande justesse dans l'emploi des aides pour que la marclie soit régulière {fig. 188), que les membres anté- ■R'ï Fig. 188. rieurs se lèvent successivement à la même hauteur, que les membres postérieurs ne traînent pas et avancent chacun à son tour régulièrement comme dans le pas ordinaire, mais en se levant un peu plus haut. Quand le cheval est dressé, le cavalier ne doit pas balancer le haut du corps, mais seulement se lier au mouvement, en restant aussi droit que possible : la tête du cheval doit rester placée et plus ou moins haute selon que le mouvement des membres a plus ou moins d^élévation. Le pas espagnol est une excellente gymnastique pour les épaules et développe beaucoup les moyens des che- vaux qui y sont dressés jeunes. AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. 181 Trot espagnol. Le cheva! exécutant bien le pas espagnol, il suffit de le stimuler, en continuant de lui marquer la cadence à l'aide des rênes et des jambes pour qu'au bout de quelque temps il prenne le trot espagnol. Dans cette allure, les membres en diagonale doivent se lever et poser à terre simultanément sans qu'il y ait jamais un mouvement irrégulier. Le cheval reste pendant un temps '■'•/i.'j Fig. 189. complètement détaché du sol {fuj. 189); puis, pendant l'appui d'un bipède diagonal, l'autre bipède diagonal est au soutien, le membre antérieur étendu en avant comme dans le pas espagnol, et l'allure continue ainsi, l'animai bondissant d'un bipède diagonal sur l'autre avec une régularité et une cadence parfaites. De même que pour le pas espagnol, on peut accélérer ou ralentir l'allure, en accroître ou en diminuer l'élévation à volonté. Ma 182 TRAITÉ d'ÉQUITATION. jument Dona Sol exécutait le pas et le trot espagnols d'une manière très brillante et si régulièrement que je pouvais la trotter à l'anglaise au trot espagnol. L'en- colure doit avoir une belle élévation, la tête un peu en avant de la verticale . Le trot espagnol est assez fatigant et ne doit être de- mandé que sur un bon terrain; mal exécuté, il ruine promptement les membres et les allures. Pas Musany. Le cheval exécutant bien le pas espagnol, on peut, en diminuant graduellement les effets des aides et r* p.*» Fig. 190. en accélérant un peu la marche sans en laisser perdre la cadence, obtenir artificiellement une allure tout à fait AIRS ET ALLURES ARTIFICIELS. ISS semblable à celle que preunent naturellement, surtout en liberté, certains chevaux très énergiques. Cette allure {fig. 190) qu'exécute ma jument Hope, et, à laquelle je me permets de donner mon nom parce que personne, à ma connaissance, ne Ta exécutée artificiel- lement avant moi, peut se continuer indéfiniment sans fatigue, et n'a pas Vair d'être forcée comme le pas espa- gnol, dont elle diffère autant que le passage diffère du trot espagnol. Révérence. Le cavalier, à pied, prendra d'une main les rênes de bride et fera baisser la tête du cheval, puis donnant F'RJJ Fig. 191. quelques coups de cravache au passage des sangles, il obligera le membre du même côté à fléchir en se reçu- 184 TRAITÉ d'ÉQUITATION. lant ; passant de l'autre côté il fera faire la même chose à l'autre membre. Alors montant à cheval, il ramènera la tête, serrera for- tement Tune ou l'autre jambe au passage des sangles, s'aidera les premières fois de la cravache en tendant un peu les rênes pour faire refluer le poids en arrière et obtiendra ainsi une sorte de révérence {fig. 191), en accentuant le mouvement que font quelquefois les che- vaux pour prendre leur nourriture à terre. Tous les autres airs et allures ai tificiels, tels que : faire marcher le cheval debout, le faire galoper en arrière ou sur trois jambes, s'age- uouiller, marcher sur les genoux, etc., etc., sont absolument contre nature, par conséquent anti-artistiques et je voudrais les voir proscrits, même des cirques. Souvent, il faut bien le dire, ces airs que l'on mul- tiplie à l'inûni sont dus tout simplement à quelque mauvaise habitude prise par l'animal : ainsi, la plupart du temps, un cheval qui fait le <( passage en balançant des hanches » serait incapable de passager droit d'épaules et de hanches; celui qui galope sur trois jambes ne pourrait pas faire correctement une pirouette ordinaire au galop sans tenir un membre en l'air comme s'il était malade. En tombant dans de tels abus, l'équitation savante, bien loin de faire des progrès, se suicide elle-même. Abus pour abus, je préfère encore l'ignorance des Anglais qui, s'ils ne savent pas tirer artistiquement parti des moyens du cheval, du moins ne lui demandent rien qui soit contre sa nature. ÉQUITATION DE COURSE J'ai dit ailleurs (1; que l'art de rentrainement, bien loin d^être à son apogée, comme la plupart des sportsmeu semblent le croire, est encore dans l'enfance. Il en est de même de l'équitation dite de course. Lorsque les Anglais ont institué les courses de chevaux de pur sang, ils ont compris que, n'ayant d'autre but que la vitesse, le jockey devait par tous les moyens pos- sibles soulager sa monture et favoriser la détente du rein et des jarrets ; mais les moyens adoptés pour cela sont très défectueux. On a choisi les jockeys les plus légers, souvent même des enfants (2) qui, n'ayant pu apprendre (1) Le Cheval en France {Nouvelle Revue du 1^^ avril 1883). (2) Les courses n'ont d'autre raison sérieuse d'exister que la produc- tion et l'amélioration du cheval de pur sang destiné à améliorer les chevaux de service. Or, les chevaux de service et particulièrement ceux destinés à la cavalerie doivent porter un poids assez considérable. Donc, les courses doivent être réglementées de telle façon qu'elles permettent de juger les chevaux capables de faire le plus rapidement possible un trajet déterminé en portant un poids suffisant. Le cheval le plus vite est incontestablement le meilleur s'il est capa- ble de porter le poids d'un cavalier ordinaire et de son harnachement ; j'accorde même que les tares n'ont qu'une importance secondaire. Mais il ne faut pas sacrifier tout à la vitesse ; car, supposé que l'on réduise encore le poids des jockeys et qu'on arrive même à faire courir des 24 •186 TRAITÉ D'ÉQUITATIOxN sérieusement l'équitation, se sont accoutumés à se tenir tant bien que mal sur une selle et ont acquis, par la pra- tique seule, une adresse relative dans le métier qu'ils exerçaient; ils ont raccourci les étriers pour avoir les jambes mieux soutenues et pouvoir se détacher complè- tement de la selle ; ils ont penché le buste en avant avec exagération; l'assiette et l'enveloppe n'existant pas, ils se sont cramponnés aux rênes pour assurer leur tenue. Et les nouveaux venus imitant les anciens, il en est résulté une façon de monter, sans principes, sans règles, mais si bien consacrée aujourd'hui par la routine, qu'il est géné- ralement admis qu'on ne pourrait monter autrement en course. Or cela est faux. Les principes de l'équitation ne sau- raient être transgressés ; le jockey qui n'a pas appris à monter à cheval selon ces principes ne montera jamais convenablement en course, quelles que soient d'ailleurs ses dispositions naturelles, tandis qu'un cavalier qui a étudié sous un bon maître fera promptement un excel- lent jockey pour peu qu'il ait les aptitudes nécessaires. Les membres antérieurs du cheval sont faits pour por- chevaux sans jockeys, la taille et la force diminueraient encore davan- tage; seule, la vitesse se développerait et Ton aurait ainsi des reproduc- teurs encore moins capables que ceux d'aujourd'hui de donner de bons chevaux de service. Pour relever la production, il faut que les chevaux de course portent -plus de poids et que le parcours soit plus long; la vitesse en sera un peu diminuée, mais non pas l'aptitude du cheval à courir vite, au con- traire. Et les vainqueurs seront réellement des reproducteurs d'élite parce que tous ceux qui sont impropres à porter du poids seront ainsi éliminés. EQUITATION DE COURSE. 187 ter plus de poids que les membres postérieurs, qui ont surtout pour fonction de chasser la masse en avant. Le poids du cavalier doit être réparti sur les quatre membres de manière à les charger conformément au rôle que la nature leur a assigné, et pour cela il faut que ce poids repose sur le dos, c'est-à-dire sur la partie du corps qui fait suite au garrot. Si les étriers sont courts, outre que l'enveloppe et par conséquent la solidité et la puissance feront défaut au cavalier, il sera assis trop en arrière et, quelle que soit la légèreté de son poids, fatiguera consi- dérablement le rein, ou alors ses jambes placées trop en avant ne pourront servir à diriger le cheval. De même que le cavalier en trottant bien à l'anglaise soulage beaucoup son cheval, de même le jockey au galop de course, en serrant fortement les genoux pour T^KI Fig. 192. quitter la selle, évite le frottement sur le dos du cheval, et, par conséquent, le fatigue moins et risque moins de le blesser. Il doit aussi, à cette allure, incliner le haut du 188 TRAITE D EQUITATION. corps en avant comme fait un coureur à pied, mais seule- ment pour se lier au mouvement de sa monture en dépla- çant son propre centre de gravité proportionnellement à la vitesse. Avec la position de jambes que j'ai prescrite, ET QUI NE DOIT JAMAIS VARIER, Ic jockcy pcut quitter la selle autant qu'il est nécessaire, et incliner le haut du corps en avant, sans avoir besoin de s'attacher aux rênes {ficj. 192). S'il se couche sur l'encolure, au lieu de soula- ger son cheval, il surcharge trop ravant-main(/?(5^. 193), _^^^ ■r^-'h'^ Fig. 193. ce qui nuit à la sûreté, ainsi qu'à la facilité des mouve- ments, et par conséquent à la vitesse ; lui-même, en cas de chute, ne peut manquer d'être violemment projeté en avant, tandis qu'avec une tenue correcte, il pourrait par une retraite de corps, rester en selle, ou du moins résis- ter assez à l'impulsion pour amortir beaucoup sa propre EQUITATION DE COilRSE. 489 chute, et cela sans porter ridiculement les jambes en avant pour s'arc-bouter sur les étriers [fig. 194). Il n'y a aucune raison pour que le jockey soit, en quelque sorte, pendu aux rênes, sous prétexte de point iVappid. Prise dans ce sens, Texpression : point d'appui r^f^i Fig. 194. — — ». est absolument fausse, attendu que le cavalier qui est porté par le cheval ne peut lui offrir un réel soutien, un réel point d'appui, par la tension constante des rênes. Il peut seulement, dans une certaine mesure, lui donner un soutien momentané en prenant lui-même avec ses genoux un point d'appui contre les bourrelets de la selle , en redressant le haut du corps , et en exer- çant une traction sur les rênes ; mais pour que la tension des rênes puisse être ainsi augmentée avec effica- cité, il faut qu'elle n'ait pas été encore portée à son maximum, il faut que la bouche n'y soit pas devenue insensible. Il est honteux de penser que des hommes qui 190 TRAITE D EQUITATION. ne sont pas des sauvages déploient toute la force de leurs muscles pour agir, avec un instrument en fer, sur la bouche d'un cheval, lorsqu'ils le font courir. Il en résulte que l'animal affolé, presque toujours emballé, se dérobe souvent sans que son cavalier puisse l'en empêcher, et l'on dit qu'il a delà mauvaise volonté, de l'ambition, que sais-je ? au lieu de reconnaître qu'il est tout simplement mal dressé et mal monté. Dans un manège, où les allures sont cadencées, où le cheval doit être constamment prêt à exécuter une foule d'exercices en tous sens à la moindre sensation qu'il reçoit des aides, il faut donner à la tête une position ver- ticale et entretenir une très grande légèreté par de con- tinuels effets de rênes qui rafraîchissent la bouche et Fig. 195. empêchent l'animal d'appuyer d'une manière constante sur le mors; en promenade, où il y a beaucoup moins d'occasions de varier les mouvements et la direction, la ÉQUITATION DE COURSE. IDl main du cavalier a moins à faire et doit agir seulement de manière à maintenir le cheval suffisamment léger et toujours parfaitement dirigeable, tout en le laissant appuyer un peu plus sur le mors {fuj. 19o-) ; en course, où le cheval donne toute sa vitesse, l'appui sera encore un peu plus accentué, afin de bien assurer la direction ; mais le jockey devra faire en sorte de l'empêcher autant que possible de sortir de la main afin qu'il soit toujours diri- geable et n'épuise pas inutilement ses forces; et pour cela il est nécessaire de monter avec une bride complète, et de faire agir au besoin le mors de bride comme il a été dit au § 279. C'est une erreur de croire que le cheval ait besoin d'un point dappui pour donner le maximum de sa vitesse. Il est très possible que la plupart des chevaux de course ralentiraient leur allure si on leur rendait la main, mais c'est parce qu'ils sont habitués à être mal montés. Si, comme quelques auteurs le prétendent, ce point d'appui fictif excitait l'animal à porter son centre de gravité plus en avant qu'il ne peut aller, il en résulte- rait infailliljlement une culbute. Un cheval ne peut donner que la vitesse dont ses organes locomoteurs sont susceptibles, et ce n'est pas dans un appui exagéré sur le mors, non plus que dans le rouler, que le cava- lier doit chercher l'action impulsive : ils ne peuvent servir qu'à faire dépenser dans une contraction inutile ou à épuiser par des secousses également inutiles les forces de l'animal ; le rouler n'est admissilîle que lorsqu'il s'agit d'empêcher un cheval de se dérober, de faire un tète-à- queue, ou de s'arrêter; l'impulsion en avant ne doit venir 192 TRAITÉ D'ÉQUITATION. que des jambes du cavalier ou de la cravache, les mains conservant toujours la possibilité de modérer au besoin cette impulsion, et d'assurer la direction. Quant à la rigidité de l'encolure, s'il est vrai que cette rigidité soit nécessaire pour que certains muscles puis- sent donner tout leur effort, elle sera la conséquence toute naturelle de l'action impulsive donnée par les jambes ou la cravache; en tous cas, la tension modérée des rênes suffira pour maintenir l'encolure directe. Que, dans la pratique, il arrive quelquefois au meil- leur cavalier d'être emmené en course par un cheval énergique, je suis loin de le contester; mais poser en principe qu'il doive toujours en être ainsi, c'est vraiment vouloir faire à mauvaise fortune trop bon visage. Certes, le cheval en course doit avoir la liberté d'éten- dre son encolure, ainsi que je l'ai dit (§ 3o7), mais il faut pouvoir l'empêcher de s'encapuchonner, de porter au vent, de battre à la main, de tenir l'encolure de tra- vers, etc. Les chevaux qui, montés par de bons cavaliers, conservent ces défauts ont tous, sans exception des vices de constitution, faiblesse de rein, souffrance dans les jarrets, affections internes, etc., qui les rendent plus ou moins impropres à la reproduction ; et je crois que dans l'intérêt de l'élevage il est utile de faire la lumière sur ce point. Certes le cheval de course n'a pas besoin d'être un cheval d'école parfait ; mais il faut qu'il ait été suffisam- ment dressé et assoupli au manège pour pouvoir être manié en tous sens aux allures modérées ; autrement il n'est pas étonnant qu'on ne puisse le diriger en course ÉQUITATION DE COURSE. 193 sans les plus grands efforts, et qu'il soit proniptenient ruiné par de pareilles épreuves. Tous les maîtres re- connaissent cette vérité, et leur avis a, ce me semble, plus de valeur que celui de sporstmen improvisés qui prétendent abolir les traditions d'un art qu'ils ne con- naissent pas. Certes, il n'est pas nécessaire que les jockeys soient des écuyers de manège de premier ordre ; mais il faut, du moins, qu'ils aient poussé l'étude de l'équitation assez loin pour être correctement placés en selle et pouvoir accorder convenablement les aides ; car plus les chutes sont redoutables, en raison de la vitesse acquise, plus il faut savoir se lier, s'identifier avec sa monture. Je crois nécessaire d'ajouter ici quelques mots à ce que j'ai dit sur la manière de franchir les obstacles. Au mo- ment de l'élan, le cavalier doit bien se garder de faire aucun mouvement qui puisse gêner le cheval ; au moment où celui-ci se reçoit il ne faut pas lui laisser allonger l'encolure, ce qui surchargerait l'avant-main; s'il ne relève pas de lui-même la tête, il faut l'habituer à le faire en reprenant doucement au moment où les membres antérieurs arrivent à terre. Cette action des mains n'a d'inconvénient que si elle a lieu trop tôt, parce qu'alors elle gêne le mouvement de l'arrière-main et amène le cheval à se recevoir sur les quatre pieds, ce qui fatigue considérablement les articulations ; mais, au moment que j'indique, la croupe est passée et il y a tout avan- tage à décharger les membres antérieurs. Il va sans dire que le mouvement d'élévation de l'encolure doit être d'autant moindre que l'allure est plus allongée. 25 d94 TRAITÉ d'ÉQUITATION. A la chasse, lorsqu'on arrive à Timproviste sur un obstacle, le cheval allonge presque toujours l'encolure et marque un temps d'arrêt avant de sauter; il faut le laisser faire. En course, l'allure étant rapide et le cheval étant habitué à rencontrer à peu près les mêmes obsta- cles sur tous les hippodromes, le saut est beaucoup moins déplaçant parce qu'il se fait sans temps d'arrêt et pour ainsi dire dans une foulée de galop, La meilleure manière de tenir les rênes pour sauter en toutes circonstances est celle que j'ai indiquée (§ 279). Les courses au trot ont pris dans ces dernières années un très grand développement. Je suis de ceux qui pen- sent qu'on ne saurait trop les encourager, ainsi que les courses au galop, si l'on veut améliorer par des repro- ducteurs d'élite l'élevage de nos chevaux de service et la remonte de notre cavalerie. Malheureusement, les abus monstrueux qui se commettent sur les hippodromes, au point de vue surtout de l'emploi du cheval et de l'équitation, sont causes que les courses ne donnent pas les résultats qu'elles devraient donner, et que même des hommes compétents en contestent l'utilité. La tenue des jockeys dans les courses au trot est plus déplorable encore que dans les courses au galop. Les étriers sont ridiculement courts; l'assiette trop en arrière gêne le mouvement du rein de l'animal; les jambes ballottent en tous sens ; les bras s'agitent, les rênes n'agissent que par saccades brutales : aussi les allures sont-elles presque toujours détraquées {fig. 196). Le dressage du trotteur demande infiniment de soins et sa conduite en course infiniment de tact, puisqu'il faut non EQUITATION DE COURSE. 195 seulement développer graduellement ses moyens jus([u'à ce qu'il donne le maximum de sa vitesse, mais encore f'HI Fig. 196. éviter les changements d'allures et les mouvements irré- g-uliers [fig. 197). Fig. 197. 196 TRAITÉ d'ÉQUITATION. Je ne saurais trop le répéter ; il est indispensable que les jockeys apprennent ce que la plupart d'entre eux ne savent pas, c'est-à-dire l'équitation. Le cavalier correctement placé en selle comme je l'ai dit se trouve dans les meilleures conditions pour obtenir tout de son cheval, et les règles prescrites pour l'emploi des aides trouvent leur application aussi bien en course, en chasse ou à la guerre, qu'à la promenade et au manège. OBSERVATIONS GÉNÉRALES Depuis que la première partie de cet ouvrage (Cours Elémentaire) a été publiée, on m'a demandé pourquoi, contrairement à tous mes devanciers, je tiens tant à ce que le cavalier ne se préoccupe pas des facultés intellec- tuelles du cheval. Sans examiner longuement ici une ques- tion que j'ai traitée ailleurs (1), je répondrai qu'en admet- tant que le cheval serait capable de comprendre ce qu'il fait, on ne pourrait néanmoins s'adresser à son intelli- gence que par l'intermédiaire des sensatio?îs jjh/siques; par conséquent, même dans ce cas, ma méthode d'équita- tion et de dressage, entièrement basée sur l'emploi des sensations, serait aussi rationnelle qu'aucune autre, tandis que si, comme j'en suis convaincu, Tanimal est incon- scient, les méthodes qui enseignent qu'il faut tirer parti de son intelHgence et lui faire apprécier, à l'aide de châ- timents et de récompenses, ce qu'il doit ou ne doit pas faire doivent nécessairement conduire souvent à de faux résultats. Pour rester sur le terrain des certitudes, il faut donc réformer le langage dont on s'est servi jusqu'à présent : (I) Voir Homme ou Singe? (Dentu, éditeur). ly8 TRAITÉ D'ÉQUITATION. Quand je dis qu'un cheval (( cède à la pression » de la jambe gauche en déplaçant ses hanches à droite, je dé- finis très exactement un fait ; si l'on dit qu'il « comprend » ou qu'il « sait )) qu'il doit déplacer ses hanches, on affirme une chose qui, tout au moins, n'est pas démon- trée. J'ai entendu souvent des cavaliers militaires dire : « Mon cheval est mieux traité que moi » . Partant de cette idée, quelques-uns d'entre eux sont enclins à se venger sur l'animal de certaines punitions qu'on leur inflig-e et qu'ils attribuent à son entêtement ou à sa malice. Il im- porte d'enseigner à tous que, contrairement aux doctrines saugrenues de Darwin et consorts, il y a une différence essentielle entre l'homme et l'animal ; que celui-ci n'est, en aucun cas, responsable de ce qu'il fait, tandis que l'homme doit se soumettre à ses devoirs, réfléchir à l'avance aux conséquences de ses actes et, par consé- quent, en accepter la responsabilité. A défaut d'intelligence, on met en avant Vimtinct. Mais qu'est-ce exactement que l'instinct? Et qu'est-ce que l'intelligence? L^instinct (de insthiguere, exciter, pousser) est l'impulsion qui meut les organes. Ceux-ci ne sont donc pas libres de se mouvoir d'un côté ou d'un autre; ils cèdent fatalement à une excitation qui les pousse. Mais, d'où vient cette impulsion, cette stimulation soi-disant mystérieuse? On ne l'a jamais dit. Or, elle n'a rien de mystérieux ; elle est conforme à des lois physiques connues : elle est j)roduitc par les sensations. L'intelligence (de inter^ parmi, légère, choisir) est la faculté, que l'esprit seul possède, de choisir librement OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 199 entre plusieurs idées, plusieurs actes à accomplir, d'ac- cepter ou de refuser ce qui lui est proposé. — -Mais, dira- t-on, il n'y a peut-être là qu'une question de mots sans aucune importance au point de vue de la pratique de Téquitation. Il me sera facile de démontrer que cette opinion serait inexacte : Tous les maîtres, en effet, disent que, lorsqu'on ren- contre des résistances, il faut savoir discerner celles qui proviennent de « l'ignorance » ou du « manque de con- fiance » de l'animal de celles qui résultent d'un « mau- vais' vouloir manifeste », qui sont « préméditées ». Ce n'est que dans ce dernier cas, d'après eux, qu'il faudrait corriger et toujours énergiquement ; si l'on corrigeait dans le premier cas, on exaspérerait l'animal qui se ré- volterait de plus en plus contre des exig'ences injustes et deviendrait bientôt tout à fait rétif. Or, selon moi, les résistances ne sont jamais prémé- ditées, ne proviennent jamais de mauvais vouloir, puis- qu'elles sont toujours causées fatalement par des sensa- tions physiques, apparentes ou cachées. Donc, si mon opinion sur ce point est juste, toutes les fois qu'on corrige l'animal avec la conviction que sa résistance est volontaire, préméditée, on ne peut réussir, de l'aveu même de mes contradicteurs, qu'à le rendre rétif. D'un autre côté, tous les maîtres sont d'accord pour recommander la douceur et la patience dont ils recon- naissent que les cavaliers et les dresseurs manquent gé- néralement. 200 TRAITÉ D'ÉQUITATION. Mais, toutes les fois que les cavaliers ont recours à la brutalité, ils ne manquent pas craffirmer qu'ils ont eu raison de le faire, parce que le « mauvais vouloir du cheval était manifeste » . Il est probable qu^ils auraient plus de patience et resteraient plus maîtres d'eux-mêmes, s'ils savaient que l'animal iiest jamais volontairement coupable^ quil cède toujours à des sensations physiques et quhme sensa- tion exagérée, telle que celles produites par de violents coups d'éperons ou de cravache ou par Inaction brutale du mors, ne peut causer que des mouvements désordonnés qui deviennent vite des habitudes. Voilà ce que j'avais à répondre pour ma justification. J'ai divisé mon Traité d'Equitation en trois parties : Dans la première partie : Travail en bridon, les com- mençants acquièrent de l'assiette. Sans tenir compte de l'opinion de ceux qui voudraient qu'on laissât chaque cavalier prendre la position qui lui est la plus commode selon sa conformation, j'ai donné les règles qui prescrivent la tenue la plus correcte et la plus favorable à tous les exercices. Ces règles ne sauraient être subordonnées au manque d aptitudes physiques de certains cavaliers. En ce qui concerne les régiments de cavalerie, c'est affaire aux conseils de revision de n'y admettre que des hommes pouvant monter à cheval correctement. Du reste, les ca- valiers qui seraient moins avantag-eusement conformés que d'autres doivent néanmoins s'eff'orcer de se rappro- cher le plus possible de la tenue qui leur est indiquée comme tj'pe. Je pense même qu'il ne faut pas craindre OBSERVATIONS GÉNÉRALES. 201 tVexagérer, au début, les attitudes qui doivent, selon les mouvements et les allures dn cheval, assurer l'équilibre du cavalier. Les élèves apprennent encore, dans le Cours Élémentaire, à se servir des rênes du bridon et des jambes pour la conduite de leurs chevaux; peu importe qu'ils exagèrent ces mouvements des mains et des jambes; l'essentiel est que le professeur puisse bien voir ce qu'ils font et qu'eux-mêmes se rendent compte des sensations qu'ils doivent produire pour déplacer l'avant-main ou l'arrière-main à droite ou à gauche, porter le cheval en avant, l'arrêter, le faire reculer et déterminer les chan- gements d'allure. Quant à la tenue correcte de la tête et de l'encolure du cheval, je pense qu'il ne faut pas être trop exigeant avec des commençants; l'attention qu'ils y apporteraient puirait souvent à leur propre ténue. Dans la seconde partie : Travail en bride^ les élèves apprennent à se servir convenablement des quatre rênes et à accorder de mieux en mieux les aides pour la conduite du cheval, sans qu'il soit question de mise en main. Les professeurs, familiarisés avec les difficultés de l'équitation, sont quelquefois trop enclins à oublier leurs propres débuts et à exiger trop tût ce que des cavaliers novices *ne peuvent encore exécuter. Des explications prématurées produisent souvent de la confusion dans l'esprit des élèves et peuvent môme les décourager. Il suffit que l'encolure ait une élévation suffisante, que la tête soit directe sur la ligne droite, un peu tournée du côté des changements de direction, et que les cavaliers apprennent surtout à opposer judicieusement les épaules aux hanches. 26 202 TRAITÉ D'EQUITATION. Enfin, dans la troisième partie : Haute Écolcj tous les mouvements du cheval et du cavalier deviennent par- faitement réglés et harmonieux, les effets des rênes et des jambes de moins en moins visibles. Je n'ai pas craint de revenir souvent sur les mêmes choses en modifiant peu à peu les premières indications données. C'est ainsi qu'il faut, selon moi, procéder dans les leçons, très graduellement, répétant sans cesse ce qui a été déjà dit, pour faire comprendre l'enchaînement de la méthode et compléter l'instruction des élèves au fur et à mesure que les progrès accomplis les rendent plus capables d'employer des moyens plus justes. Je me suis efforcé de montrer que, quelque mouvement qu'on veuille obtenir, il faut savoir profiter, pour faire agir les aides, de l'instant où la position des membres du cheval lui rend l'exécution facile. Ce principe une fois posé, il vaut peut-être mieux s'habituer à sentir le mo- ment favorable que de regarder le mouvement des épaules, ce qui ferait souvent agir trop tard. J'ai indiqué dans mon livre tous les mouvements sim- ples, laissant au professeur le soin de les entremêler, de les combiner de manière à en composer des figures de manège variées et d'alterner fréquemment les allures, ce qui nécessite de la part des cavaliers un travail de plus en plus juste et serré. La brochure du comman- dant Dutilh, intitulée : Méthode progressive applicable an dressage da cheval de troitpe^ d'officier et d'amateur^ sera un excellent guide à consulter sur ce point. Les cavaliers qui ont suivi le Cours Élémentaire et OBSERVATIONS GÉNÉRALES. :>03 le Cours Supérieur sont en état de monter assez con- venablement dehors ; ceux-là seuls qui savent exécuter correctement tous les exercices contenus dans le Cours de Haute École pourront obtenir tout ce qu'ils vou- dront d'un bon cheval, le monter partout sans elTort et avec élégance, goûter, en un mot, toutes les joies que procure à ses adeptes Tart de l'équitation; seuls aussi ils pourront apprécier les différents systèmes des maîtres. Le travail auquel on exerce dans le manège les cava- liers et les chevaux n'est pas un but, mais un moyen; si l'on fait, par exemple , des pas de côté et des pi- rouettes, c'est pour que le cavalier puisse, dehors, empêcher son cheval de se jeter à droite ou à gauche en le contenant au moyen de Fune ou de l'autre jambe agissant d'accord avec la main, ou l'empêcher de se serrer contre son voisin, le détourner promptement d'un obstacle, l'obliger à s'arrêter droit et à rester immobile en place, etc., etc. Plus le cheval sera fin aux aides et le cavalier habile, plus celui-ci sera assuré d'être maître de l'animal en toutes circonstances, de pouvoir le faire passer près des objets qui l'effrayent, lui faire quitter, à un moment donné, ses voisins, etc., sans avoir recours à la brutalité qui presque toujours en- gendre de graves désordres et de mauvaises habitudes ; plus aussi il sera capable de faire faire à son cheval la plus grande somme de travail sans épuiser ses forces. L'engouement que nous avons .encore pour tout ce qui vient d'Angleterre a faussé chez nous l'art équestre. Cet art n'existe pas chez nos voisins par l'excellente raison qu'ils ne veulent pas l'apprendre et qu'ils n'ont 204 TRAITÉ DEQUITATIOX. pas de maîtres pour l'enseigner, si ce n'est, jusqu'à un certain point, dans les Ecoles militaires dont ils dédaignent les préceptes. Ils se croient de naissance les premiers cavaliers du monde ; ils montent uniquement par routine, sans se rendre compte de rien, et les ou- vrages qui se publient chez eux sur l'équitation, ou- vrages que j'ai pris la peine de lire, prouvent, de la part de ceux qui les ont écrits, une ignorance complète des principes les plus élémentaires. Qu'on ne s'y trompe pas, ils n'ont aucune notion du mécanisme des allures ni de l'emploi raisonné des aides; ils se figurent que le cheval goûte son mors quand le cava- lier rend et reprend, à tort et à travers, par de grands mouvements de main; de là, les mouvements extravagants des jockeys et de leurs imitateurs ; avec une assurance imperturbable, les cavaliers anglais croient, en gesticu- lant beaucoup, montrer qu'ils ont de l'aisance en selle. Grâce à des efforts persévérants, auxquels je crois pouvoir dire que je ne suis pas resté étranger, le jour viendra bientôt, sans doute, où l'on reconnaîtra la né- cessité de combiner les connaissances nouvelles avec celles que nous ont laissées nos vieux Maîtres français, si dédaignés depuis longtemps. De cette combinaison naîtront les véritables progrès. L'équitation correcte sera d'ailleurs toujours le pri- vilège d'un très petit nombre de cavaliers, de ceux-là seuls qui voudront é.tudier avec persévérance, sans se laisser illusionner par la réputation facile qu'ils auront pu acquérir grâce à la souplesse et à la hardiesse du jeune âge. OBSERYATIOiNS GÉNÉRALES. 205 Notre Ecole française prescrit la bonne position de la tète et de l'encolure avec appui léger sur le mors. Cette position, qui varie selon le genre de travail qu'on exige, sert à harmoniser tous les mouvements et à bien régler les allures, à grandir le cheval, à lui donner un maintien convenable dans tout ce qu'il fait et à corriger, dans la mesure du possible, ses mauvaises dispositions naturelles. Ceux qui font de la haute école comme on doit en faire ont toujours leurs chevaux en avant des jambes: si cadencée, si ralentie que soit l'allure, la bouche du cheval est toujours en contact avec le mors, pendant les mouvements sur place comme pendant tous les au- tres, et il est toujours prêt à se porter franchement en avant à la moindre pression des jambes, comme il est toujours prêt à céder à toutes les actions des rênes. C'est là ce qui constitue r