_. : ES 2 À s sf ( RS TRAIT de par & æ7 cù ME 4. Schlegel. = — 6 e a Docteur en plilosophie, Conservateur du Musee des Pays-Bas membre des Académies el sociétés Savantes de Turin ,de Moscou, de Harlem. de Halle, de Bale ,de Eranefort,de PBalavia ete et par AE À Verster van Wulocrhorst. Chevalier de l'ordre du Lion néerlandais, Officier el lnspecleur des (eue ele. DR nc) Che de A a Te OP de x=opl plnebes. desire et qrasées pau A 1 9 Sanderland, A all Allais et autres artistes el execulées sous la direction de DE AS. A6 FR NÉ 22. NAS CN PAIE DE CA, lo n'etrire 7 CHI Hour | DONS CT So Ve Vrince Ulexandre des Vans D as. N À imraisamn (M 5 LEIDES, Institut Ethoéraphique . | MY A. ARNZetCOMP. | 4 1811. u \ A SA MAJESTÉ GUILLAUME TITI ROI DES PAYS-BAS, SiRE! En daïgnant accepter la dédicace de cet ouvrage, Vorre Masesré a bien voulu manifester S 1 8 l'auguste protection qu'elle accorde à l'art noble et antique de la Fauconnerie, honorée de tout temps par le suffrage des plus grands princes. Elle a en mème temps of[ért aux soussignés l'occasion d'ex- primer ici les sentiments de reconnaissance, de dévouement et du respect le plus profond, dont ils seront à jamais pénétrés envers leur souverain. l'euillez. Sie. agréer ce faible hommage de la part de vos fidèles sujets : H. SCHLEGEL, A. H. VERSTER DE YYULVERHORST. TL 256549 AVANT-PROPOS. L'ouvrage que nous offrons au public, doit son origine à l'établissement de la Société pour la fauconnerie au Loo en Gueldre. Les auteurs, amis, compagnons d'études et tous deux grands amateurs de la chasse, se rencontrèrent, comme d'un commun accord, sur un terrain qui ne leur était connu que par la lecture d'écrits aussi nombreux que peu satisfaisants. En effet, une étude de quelques jours sur les lieux où s'exerce la chasse au vol leur suffisait pour arriver à la conclusion que nos fauconniers hollandais seuls possèdent à fond l'art de la fauconnerte. Son Altesse Royale, feu le prince Alexandre des Pays-Bas et son adjudant, M. le Baron 4. H. Sloct d'Oldruitenborgh, leur ayant fourni tous les moyens pour faciliter leurs recherches, les auteurs se sont plus particulièrement adressés aux fauconniers J. Bots et À. Mollen qui s'empressèrent aussitôt de leur enseigner, pour ainsi dire, l'art qu'ils possèdent en maitres. Durant les séjours réttérés et assez prolongés que l'un de nous a faits au Loo et à F'alkenswaard, il à été à même d'assister à tout ce qui concerne l'éducation et le traitement des oiseaux ainsi qu'à toutes sortes de chasses à l'oiseau, et il a compose, sous les yeux des fauconniers mêmes, les chapitres traitant de l'art de la fauconnerie et de la chasse au vol. Après avoir terminé ces études pratiques, les auteurs ont rassemblé, chacun de leur côté, tous les faits qui ont trait à l'histoire et à la littérature de la fauconnerie: ces matériaux épars ont servi de base aux dernières parties de leur traité que l'un d'entre eux s'est chargé de rédiger dans son ensemble, afin d'obtenir l'harmonie indispensable à un travail de ce genre. Îl sera inutile d'entrer dans des détails sur la manière dont nous avons traité notre sujet ; nous ferons seulement observer qu'en écrivant l'histoire de la fauconnerie, nous avons essayé de démontrer que la connaissance exacte d'un usage aussi remarquable transnus d'un peuple à l'autre, peut servir à jeter du jour sur leur vie, sur les rapports qu'il y a eu entre eux, sur leurs migrations, en un mot sur les points les plus obscurs de leur histoire. Nous avons mis tous les soins possibles pour donner à nos lecteurs, au moyen de figures exactes, une tdée des oiseaux de chasse ainsi que de tout ce qui concerne la fauconnerie, Foilà le but des planches dont cet ouvrage est accompagné. Le frontispice ainst que les deux tableaux représentant le vol du héron ont été composés et exécutés d'après nos indications, sur les lieux de la chasse memes, par M. Sonderland, artiste justement célèbre dans ce genre de travail. Les ustensiles nécessaires aux fauconniers ont été dessinés d'après les objets en usage chez les fauconniers hollandais. Quant aux Jigures des oiseaux de chasse, elles ont été faites sur le vivant par M. JPolf, jeune peintre d'animaux qui a, sans contredit, surpassé tous ses devanciers par une etude profonde de la nature. Un coup d'œil jeté sur notre travail démontrera que nos éditeurs n'ont épargné aucune dépense pour rendre l'exécution de cet ouvrage digne de l'art dont il traite. Du reste, MM. Arnz ont bien voulu nous aider de leurs conseils pour l'arrangement et la composition des planches, et ils se sont ensuite chargés d'en surveiller l'exécution. La partie typographique confiée à M. ten Hagen à La Haye, fournira la preuve que lur ausst n'a rien négligé pour concourir à la täche que nous nous étions proposée. Plusieurs savants enfin, dont nous avons rapporté les noms à leur place, se sont empressés de nous aider de leurs lumières, en nous faisant part de leurs recherches à ce sujet. Puisse la publication de cet ouvrage contribuer à la conservation d'un art dont l'avenir a été, déja plus d'une fois, assez douteux. HS: V. v. W. Digitized by the Internet Archive in 2013 http://archive.org/details/traitedefauconneschl_0 DES TERMES DE FAUCONNERIE. La fauconnerie a, comme la vénerie, des termes qui lui sont propres et qu'il importe de connaitre, pour bien comprendre les écrits qui traitent de cet art. L'étude de ces termes présente des difficultés plus nombreuses qu'on ne le penserait de prime abord. Leur signification ayant quelquefois variée, soit avec le temps, soit suivant les localités, il arrive souvent que le même mot est pris par plusieurs auteurs dans des acceptions diverses. Un grand nombre de ces termes n'étant plus usités aujourd'hui, il faut, pour s'instruire de leur signification, avoir recours aux ouvrages de fauconnerie où aux dictionnaires; les auteurs de fau- connerie se sont cependant peu souciés de donner des définitions précises de ces termes, et les personnes qui ont compilé les dic- tionnaires, n'ayant été nullement au fait de l'art dont nous nous occupons, il arrive souvent qu'elles ont omis quelques-uns de ces termes et donné de plusieurs autres des définitions inexactes, Les différents peuples, enfin, qui ont exercé la fauconnerie, ont ima- giné des termes particuliers à leur langue, et dont il n'existe pas de mots correspondants dans les autres langues. La France ayant eu l'avantage de posséder plusieurs auteurs instruits et distingués qui ont écrit de la fauconnerie, les termes français de cet art sont plus nombreux et mieux connus que ceux usités dans d’autres langues. Le contraire a lieu par rapport à la Hollande où, à lex- ception de la dissertation assez complète de Merula, il n'a jamais été publié de traité sur la fauconnerie. Ce pays a cependant pro- duit de tout temps d'excellents maitres dans cet art, et ces maitres ont imaginé un grand nombre de termes tirés, soit de l'ancien hollandais, soit du dialecte que l’on parlait dans la province qu'ils habitaient, ou empruntés d’autres langues, mais dont presque aucun seul n'a été adopté par les lexicographes de cette nation. +) En anglais, les termes de fauconnerie sont assez bien fixés, sauf quelques-uns qui sont inusités aujourd'hui et que l'on trouve in- diqués dans les anciens livres de fauconnerie anglais. Il existe, dans la langue allemande, plusieurs termes de fauconnerie très- bien choisis; mais la plupart des princes allemands du siècle passé ayant eu à leur service des fauconniers hollandais, quelques éeri- 1) Ceci s'applique même au célèbre dic! re de Kili où il est tout au plus Édt mention d'u rologieum Teutonicae linguae, studio ct ope o, 1777, 40. — 2) C'est purtieul ut la tradue- grossières par rapport à l'emploi des a de fauconnerie. Les termes de faucon de passage et de branchier, par exemple, y sont rendus par Dreck- falke et Dackling, mots tout bonnement emprunté u hollandais trekvalk et taking, où trekken sigui- ire ,trekken doit être rendu par zichen où wandern, et tak par le mot Ast, IL est à regretter que le célèbre philologue Schneider ait indistinetement reproduit, dans son édition de l'oux creur Frédérie, tome IL, p. 126 à 131, tous e traducteur aljemand de cet ouvrage. — 4) En anglais, ticrecl; en aigue latine, — L'usage de distinguer les mâles des oiscaux de ohasse sous Le nom de tiercelet est très- n. Crescentius, cap. IX, p.304, a le pre ier expliqué l'origine de cet usage. 1 étend que à trois jeunes d'une nichée, il n'y a qu'un seul mâle qu’on appelle tiercelet, parce qu’ilest beaucoup plus petit que les femelles vains ont introduit en allemand des termes hollandais dont ils ignoraient jusqu'à la signification. 2) Les fauconniers italiens et espagnols ont eu aussi leurs termes à eux; mais nous n'avons pas cru devoir en faire mention, attendu le peu d'accord qui règne en- tre les écrivains de ces nations par rapport à l'emploi de cestermes. Nous nous sommes en conséquence bornés, dans cet ouvrage, à l'énumération de ces termes, dont la signification a été déter- minée d’une manière rigoureuse; et nous n'avons rapporté que ceux usités par les fauconniers français, ar glais, hollandais et al- lemands, en y ajoutant les termes de fauconnerie latins dont il est fait mention dans l'ouvrage de l'empereur Frédérie. Nous nous reservons de faire connaitre dans le chapitre suivant les termes qui ont rapport aux instruments de fauconnerie. Les oiseaux de chasse sont désignés sous des noms divers, selon le sexe, l'age et quelquefois aussi selon la saison dans laquelle ils ont été pris, ou selon le genre de chasse pour lequel on les em- ploie. Les mäles de ces oiseaux Sappellent tiercelets:3) on dit par conséquent tiercelet de gerfaut, tiercelet de faucon, tierce- let d’émérillon, tiercelet d’autour; mais ce mot de tiercelet ne s'applique ni au male du sacre, ni à ceux du lanier ou de léper- vier, les mâles de ces oiseaux étant désignés sous les dénomina- tions de sacret, de laneret et de mouchet.4) Les femelles des oiseaux de chasse portent simplement le nom de l'espèce à la- quelle elles appartiennent, 5) On appelle niais 6) les jeunes oi- seaux que l’on déniche, et branchiers 7) ceux qui, sortis du nid, savent se percher sur les branches des arbres, sans posséder en- core les moyens de vol nécessaires pour échapper avec facilité aux poursuites du chasseur. Les oiseaux, pris lors du temps de la migration, s'appellent en général oiseaux de passage ou pas- sagers: on dit, par conséquent, lanier de passage, autour de pas- sage, etc. La dénomination de passager est cependant attribuée par excellence aux faucons communs pris lors de l'époque de la migration; mais, en l'appliquant à cette espece, on remplace le plus souvent cette dénomination par celle de pélerin. 8) On distingue encore, sous l’épithète d'antenairesouantannaires,9) et qu'il wa pas au G, Tardif, Jre partie, Sme ehap., p. 59, verso, et Thuan, Lib, 1, p.9, rappor- tent que le noi de tiereelet est donné au mâle par la raison mème qu'il est le seul de son sexe dans la nichée tou- jours composée de tra rec qu'il nait le dernier. Belon , p. L1S, ayant simplement dit: « possible que des oise » on a dit par la suite que les nu x “le Tiereclet a gaigne evst lation francoyse d squ'ils sont d'un tiers plus petits que les Rmelles, s nutur: de proie étaient appelés tiereelets , p qu'à nos jours. — 4) En anglais, sackerel, Innneretetmusket siual à propos répété at en outr ile du gerfaut sous le nom de jerkin; celui de l'émérillon , sous le nom de jack du hober us le nom de robin. — 5) Les femelles des oiscaux de chasse se nommaient autre- fois les formes; mais il parait que ee terme n'a jamais été d'un usage universel. — 6) En anglais, cyesscs; en hollandais, nestling, en and, Nestling;nidasii, chez 1 r Frédéric, — 7) En hollandais, taklingen; ramagii, chez l'empereur Frédéric. — 8) En anglais, simplement passage-hawk; en hollan dais, passagier et aussi pelerijn ou pelgrim; Falco peregrinus, dans les ouvrages de Aiuconnerie en langue latine. — 9) En anglais, lantiner; eu hollandais, lentenier, terme dérivé du mot hollandais lente, ce qui signifie printemps les faucons de passage pris au printemps, des pélerins propre- ment dits ou faucons de passage pris dans les trois derniers mois de l'année. Les oiseaux de chasse portent, durant la premiére année de leur vie, jusqu'à la première mue, lépithète de sors;r) c'est ainsi que l'on dit: un faucon sors, un autour sors, ele. Les oiseaux de chasse âgés de plus d’un an et par conséquent revé- tus de la livrée parfaite, portent l'épithète de hagards,») sils sont pris sauvages dans cet état, et celle de mués,3) si, pris durant la première année de leur existence, ils ont changé de plumage pendant leur captivité. On indique le nombre des an- nées que les oiseaux ont passées en captivité, par le nombre des mues qu'ils ont subies; ainsi, l’on dit: un faucon mué, un autour mué, un sacre mué, si ces oiseaux sont dans leur deuxième an- née; un lanier, un gerfaut de deux, de quatre, de huit mues, si ces oiseaux sont âgés de deux, de quatre, de huit ans. Autrefois on avait aussi l'habitude de désigner les faucons communs de plus d’une mue sous l'épithète de madrés; mais ce terme n'est guère en usage aujourd'hui. Il en est de même des noms de gruyer et de héronnier, que lon donnait aux faucons, selon qu'ils étaient exclusivement dressés pour les vols de la grue ou du héron; ou de ceux de hausse-pieds, de teneur et de tom- bisseur ou attombisseur, que portaient les trois faucons qu'il était d'usage de jeter successivement, quand on volait le héron. Les fauconniers désignent plusieurs parties des oiseaux de chas- se sous des termes particuliers qui ne sont reçus ni dans la langue vulgaire ni dans celle des sciences naturelles. Il importe de con- naitre les suivans: La cire, membrane qui revêt la base du bec des oiseaux de proie, s'appelle en termes de fauconnerie, la cou- ronne du bec.4) Le petit bouton qui se trouve au centre des narines est nommé le frelon. Les griffes ou serres s'appellent doigts, et on distingue le doigt postérieur sous le nom d'avil- lon.5) Le pied porte le nom de main; mais ce dernier terme ne s'applique qu'aux oiseaux de haut vol: on dit par conséquent la main du faucon, le pied de lautour.6) La région du bas-ventre est désignée sous le nom de brayer. 7) Les scapulaires s'appel- lent les mahutes. 8) Les pennes adhérentes à l'avant-bras, s'ap- pellent vanneaux.9) Le nom de pennes 10) proprement dites, est réservé aux dix pennes qui tiennent aux os de la main; mais ces pennes, étant de longueur diverse, chacune d’entr'elles est désignée sous un nom où une épithète particulière. La plus lon- gue de ces pennes se nomme la longue; 11) celles qui la précé- dent portent le nom de cerceaux; 12) ainsi, il n'existe qu'un seul cerceau dans les faucons, où la longue n’est précédée que d’une seule penne, et il y à trois cerceaux chez l’autour et chez l'éper- vier, où la longue est précédée de trois pennes. On se sert des nombres ordinaux pour marquer les pennes qui viennent se ran- 1) Sauri, chez l'empereur Frédéric, En anglais, en hollandais ct en allemand, on emploie l’épithète de rouge pour désigner les jeunes de l'année d aux de chasse. Le 1CON $0r8 $C none par conséquent dans ces langues: the red Falcon, de roode valk, der roche Falke, cie, — 2) En anglais et en hollan- dais huggard. — 3) Enanglais,intermiewed; en hollandais, muiters, — 4) Ce empereur Frédi en alle and, Ring. — 5) En hollandais, aasklaauw; les ftuconn hollandais désignent enco- re le doigt du milicu sous un nom particulier, savoir sous celui de vangklaauw. — 6) Nous ne trouvons pas que ces distinctions aient été adoptées dans d'autres langues. Les Fauconniers hollandais nomment les pics des oiseaux de chasse simplement poo, les serres klaauwen. — 7) En hollandais, brock. Les plumes du brayer s'appellent en hollmdais brockvederen, hez l'empereur Frédérie, bracalne. — 8) En alle- — 0) Vani tes, — 10) Pennae forinsecae, chez lei ges ou pennes primaires des nat and; Flaggen; corales, chez l'empereur Frédér: reur Frédéric ; ce sont les ré- econdaires des nat pereur Frédéric ; ce sont les rémi- calistes, 11 parait qu'autrefois on employait également le mot de outeaux pour désiguer les pennes les plus longues de aile ou lesailesen général ; Arthelouche de Alagonn, par exeraple Jant du faucon saphir, dit: «il a les couteaux plus longs que In queue. » Ce même mot 8 trouve encore d vrage de l'empereur Fréd en par- ans l'ou- mais cet auteur compreud sous le nom de enltelli les pennes pourvues d'une échancrure à la barbe interne; en prenant ec mot duns cette signification , les oiseaux de bus vol nt cinq couteaux, l'émérillon deux et il ne s'en trouverait qu'un seul chez les autres faucons, Nous verrons tout-à-lheure 1Ÿ ger à la suite de la longue; ainsi, lon compte, chez les faucons, depuis la troisième penne, qui est ordinairement appelée la tierce ou quelquefois aussi l'avant-longue, jusqu'a la dixième; chez les oiseaux de bas vol depuis la cinquième jusqu'à la dixième. L'ai- leron 13) est formé par les petites pennes qui sont fixées à los représentant le pouce. Le terme de balair4) a été employé par plusieurs auteurs de fauconnerie pour désigner la queue des oi- seaux de chasse; d’autres écrivains prétendent que ce terme n'est applicable qu'à la queue des oiseaux de bas vol. Les deux pen- nes mitoyennes de la queue s'appellent les couvertures 1), ou simplement les couvertes. On emploie quelquefois le mot de manteau pour désigner l'entre-deux des épaules. Si les oiseaux niais ne sont pas abondamment nourris, l'accroissement suecessif de leurs pennes ne peut se faire régulièrement, et elles offrent alors des lignes transversales semblables à de faibles incisions; les pennes qui présentent cette marque s'appellent pennes af famées. 16) Les taches ou mouchetures dont les ailes et le dos de la plupart des oiseaux de chasse sont ornés, recevaient autre- fois les noms de bigarrures, d'aiglures, d’'émaillures, de ta- velures et d'égalures. Les bandes foncées que l'on apercoit sur la queue des oiseaux de chasse s'appellent ordinairement barres. La partie de l’oesophage que les anatomistes désignent sous le nom de jabot, s'appelle la mulette. On dit d’un oiseau malade, incapable de digérer ses aliments, qu'il a la mulette empelotée. Les excréments des oiseaux s'appellent émeut; 13) rendre les ex- créments se nomme émeutir. 18) En parlant du nid des oiseaux de chasse, on emploie le terme d'aire; 19) ce nom se donne aussi au nid artificiel que lon construit pour ÿ mettre les oiseaux niais. Les termes suivants ont rapport à l'éducation ou au traitement des oiseaux de chasse. On dit ordinairement affaiter 20) les oi- seaux, l’affaitage des oiseaux, au lieu de dresser les oiseaux. La nourriture des oiseaux s'appelle le pât;21) leur donner à manger, s'appelle paitre 22) les oiseaux; les repaitre d'animaux vivants s'appelle leur donner du vif ou gorge chaude; on dit donner à l'oiseau bonne-gorge, 23) demi-gorge,24) quart de gorge, sui- vant la quantité de nourriture qu'on lui distribue. Chaque fois que l'oiseau prend de la chair à son bec, cela se nomme une beccade; lui donner quelques beccades, se dit lorsqu'on ne lui permet de s de prendre que quelques morceaux de chair. Si, par un e nourriture, les oiseaux sont devenus trop gras, trop lourds, on tà- che de les rendre plus maigres, en leur donnant, pendant quel- que temps, moins de nourriture que d'ordinaire; cela s'appelle les essimer, les abaisser, les tenir ferme ou abaisser le corps. Si, au contraire, les oiseaux sont devenus trop maigres, on leur 10° Le] rend alors une nourriture abondante, ce qui se nomme les re- monter, L’aile de pigeon ou de volaille avec ses chairs, dont on que les fauconniers hollandais emploient ce mot de couteaux pour désigner l’aileron. — 11) Lange veder en hollandais. — 12) Le cérceau s'appelle en hollandai seel; chez l'empereur Frédé il porte le non desaxellus. — Pinions, chez les fucon mpinionces, dans l'ouvr de l'empereur hollandais ont transféré e partie le nom de mesken, ce qui siguifie petit con- nent ordinairement l'aileron sous le nom d'aile biturde. — 14) Eu anglais, the — 15) Eu hollandais, dekvederen; cooperturae, chez l' ur F ce, On sait que les nx- turalistes appellent couvertures de Ja queue les plumes qui recouvrent In base de In queue, tant en dessus qu'en dessous, — 16) Pennae affamatae où penn: eorrosae, chez l'empereur Frédérie, La marque dontnous de parler, s'appelle en anglais, hu trace; en hollandais hongermalie; enallemand Lungerim ailleurs. — 17) En anglais, mutes; en hollandais, smeltsel; en alle schmelzen. — 19) En nngla Albert le Grand eepeudant à Grimal, terme dont je ne trouve fit mention nulle part nd, Sehmelz. — 18) En allemand, and, ILorst. — 20) En anglais, Lo ,airy; en hollandais, horst; en alle in; en allemand, abtragen; en hollandais, treinen. Les fauconniers hollandais coinprennent sous lenom de spinnen (spenen?) cette partie de l'éducation des oiseaux qui a pour but de les apprivoiser, en les portant presque continuellement sur le poing. — 21) En hollunda as; en allemand, Gekrôp£ — 22) En hollandais, azen; eu allemand, krôpfen. — 23) En anghis, a gorge; en hollandais, een gocde krop. — 24) En hollanduis, con halve krop se sert pour faire venir les oiseaux sur le poing, s'appelle le ti- roirr); laisser tirer 2) Poiseau se dit, quand on lui permet d'enle- ver quelques beccades du tiroir. Les pilules ou petites pelotes de plumes, d'étoupes ou de coton que l'on donnait autrefois aux ot- seaux pour faciliter la digestion de la chair pure dont on les nour- vit, Sappelaient la cure; on disait en conséquence donner la eure à l'oiseau ou curer Poiseau; armer la cure, était mettre auprès des pillules un peu de chair pour les faire mieux avaler aux oi- seaux. Enter les pennes 3) signifie rejoindre, au moyen d'une aiguille, le bout d’une penne gardée à la penne d'un oiseau, qui a été rompue ou froissée. Siller 4) un oiseau, c’est lui coudre les paupières afin de l'empêcher de voir. Jardiner 5) les oiseaux, c'est les exposer au soleil ou à l'air. On dit porter les oiseaux sur le poing. En faisant partir du poing l'oiseau sur le gibier, on emploie pour les oiseaux de haut vol le terme de jeter 6), pour les oiseaux de bas vol celui de lâcher. On dit aussi, en lichant les oiseaux de bas vol, qu'ils volent poing à fortou de poing en fort. En laissant voler librement les faucons, pour qu'ils sou- ibier, tiennent le chien ou les personnes qui vont à la quête du on dit jeter amont les faucons, les faucons volent d’amontz). Prendre motte se dit, lorsque l'oiseau se pose à terre au lieu de se percher sur un arbre, ce qui se nomme bloquer 8). Ce terme de bloquer s'applique également à l'action de l'oiseau qui, s'étant arrête après avoir remis la perdrix, la tient à son avant Charier 9) se dit de l'oiseau qui emporte sa proie. En langage de fauconnerie, on dit d'un oiseau qui saisit sa proie, qu'il la lie 10) ou qu'il la frappe 11), si c'est un faucon; qu'il Fempiéte, Sil s'agit des oiseaux de bas vol. Pour faire retourner les faucons 2eon aupres de leur maitre, on se sert ou du leurre ou d'un pig allaché à une ficelle: cela Sappelle leurrer Poiseau, le leurrer avec du vif; les fauconniers d'autrefois disaient aussi duire un oiseau au leurre, On ne leurre pas les oiseaux de bas vol; mais ou les réclame, soit avec le tiroir, soit en les appelant simplement de la voix. Les oiseaux captifs dont on se sert pour affaiter Les oi- seaux de chasse, et que lon tient, lorsdes lecons de vol, attachés à une ficelle, s'appellent les oiseaux d'échappe; on dit par consé- quent mettre à l'échappe ou à Fescap un pigeon, une perdrix, un ? ; ” Le: ; coq, un héron, un milan, ete. On ditque Poiseau estassuré, quand il se tient tranquille sur le poing sans se débattre; on ditqu'il vole pour bon, pour dire que son éducation est achevée. Un oiseau de grand travail est un oiseau qui vole supérieurement bien. La fauconnerie 12 )est Part d'affaiteret de gouvernerles oiseaux de chasse; on emploie ce mol également pour désigner, soit la chasse que lon fait avec les oiseaux, soit l'équipage nécessaire pour celte chasse, où même le lieu où Fon tient les oiseaux de el se. La fauconnerie, en prenant ce mot dans Pacception ordinaire, se divise en fauconnerie proprement dite, si ce sont des faucons 1) Tiraturium chez l'empereur Frédéric — 2) En hollandais trekken. — 3) En anglais, impiog; en hollandars, cer veder ainsteken. — 4) Er gousceling, en hollandais, brecuwen eu all nd ,aufbrauen, ciliare, bloire chez vie, — 5) Enanglais, Weathering. — 6) en allemand lite werfen. — 7) Eu anglais, waiting on; en hollandais ganw — 3) En allemand aufhacken —9) En gaie, carrying: is, trossen. — 10) En anglais, Lo bind; en hollan- — Quand on jette plusieurs faucous sur une pièce de gibier, les anconniers anglais et hollandais w'appliquent le de lier qu'au Faucon qui le premier à atteint le gibier, et ils disent de celui qui s'y attache après, qu'il rejoint le premier. Ce terme de rejoindre, en anglais to join, en hollandais in- koppele fal été en gecu Fra ne parait pas avoi — 11) En allemand, sehlngen. — lle Merula, aucien auteur on rei, — 13) Eu anglais, hawking ml, Beize où Falkenbeize. pr en hollindais valkenjagt hollandais, nomme cette chasse vlugtbedry£ En français, on dit également ln chasse du vol. — 14) Les auteurs sont peu d'accord sur les définitions des expressions haute volerie ct basse volerie. d'Are: Nous avons, à cet égard, suivi sia, qui nomme quelquefois In 1 s valerie le vol royal. La plupart des € curé À ins post d'Arenssia comprennent sous le mom de haute volerie la chasse du faucon sur le héron, le canard et les qu'onemploie,etenautou rserie, sil sagitdelaffantage de lautour et de l'épervier. Les faucons étant dressés à revenir au leurre, se nomment oiseaux de leurre; autour et l'épervier étant dressés à revenir sur le poing, se nommentoiseaux de poing. Les oiseaux de leurre sont des oiseaux de haut vol; les oiseaux de poing sont des oiseaux de bas vol. La chasse au vol 13) ou la chasse à l'oiseau est la chasse que lon fait avec des oiseaux dressés sur d'autres oiseaux ou sur quelque autre sorte d'animaux. On divisait autrefois la chasse au vol en haute volerie, c’est à dire, la chasse que lon fait avec les faucons sur le milan et le héron; et en basse volerie, c'est à dire, la chasse que l'on fait, soit avec des oiseaux de haut vol, soit avec des oiseaux de bas vol, au lièvre, aux per- drix, aux canards et à d'autre gibier 14). Voler, en langage de fauconnerie, c’est chasser avec des oiseaux dressés; on dit voler le milan, voler la perdrix, ce faucon a volé le héron, ete. Le substantif vol s'emploie dans le même sens, et l'on dit le vol du héron, le re vol de la corneille, etc.; un vol signifie également l'équipag composé d'oiseaux, d'hommes, quelquefois aussi de chiens, et né- cessaire pour l'exercice d'un certain genre de chasse au vol; on dit par conséquent: Jai un vol pour le milan, un vol pour la corneille, etc.; on dit aussi un vol pour les champs, si l'on entretient des oiseaux destinés expressément pour la chasse des perdrix, et un vol pourrivière, sil s'agit des oiseaux affaités pour le vol des canards ou autres oiseaux aquatiques. On dit la ehasse au faucon, à lautour, à l'épervier, au lieu de dire la chasse avec le faucon, avec l'autour, avec l'épervier. Beaucoup de personnes ignorant que les fauconniers montent à cheval du côté droit, parce qu'ils tiennent loiseau sur le poing gauche, nous ferons observer qu'en terme de manége on dit, monter à cheval en fauconnier, pour dire, monter du côté droit où du pied droit. DES INSTRUMEN' DE FAUCONNERIE. Les instruments et outils dont se servent les fauconniers étant représentés dans notre ouvrage avec la plus grande exactitude, il est inutile d'en donner une description minutieuse, [suffira par conséquent d'en faire lénumération et d'y ajouter les détails ne- ces ires pour connaitre les noms de ces instruments, leurs pro- priétés et leur usage. On comprend sous le nom d’entraves 15) les liens que lon met aux pieds des oiseaux de chasse, pour les empêcher de Senvoler. Ces entravessontde deux sortes, suivant qu'ellessont destinées pour l'autour ou pour les autres oiseaux de proie 16). Elles se composent de deux parties principales, savoir: les jets 17) et la longe 18), et d'une pièce intermédiaire appelée les vervelles 19); mais dans les entraves pour lautour il vient se joindre entre les jets et les ver- velles une quatrième partie accessoire nommée le courtriero), grues, ainsi que celle du gerfaut et du sacre sur leimilin; la basse volerie, au contraire, cat, selon eux la chasse du lanier et du tiercelet de Fucon sur les faisaus, les perdrix, la pie, les cailles, ete. Huber prend très ma ces expressions pour synonymes de celles de haut vol et de bas vol. — 15) En allen nd, Fesseln. — 16) Les entraves pour l'autour sont figurées du côté be de sur le eûté droit de ect planche; on voit celles pour le fu pli ses; en hollandais ,schoenen; 18) C'est le lonsh des ang etla longa de l'empereur Fr nd, Gescl he où Wurffessel; j gveter des Fanconniers hollandais, le Lan nallemand, Wirbel; mn de draal; dans l'ouvrage de l'é 4, SW VE ent cette pièce sous le pereur Frédéric les x velles portent le utroduit dans les dictionnaires fran now de tornettum. — 20) Ce nom de courtrier qui n'a pas € quis, était en usage, suivant les communications orales du vieux van den Henvel, au temps où ee Fm connicr servait à Versailles sous les ordres de Mr, de Forf tenant des chasses du roi Lows AVE I wexiste pas, que je sache, d'autre nom pour ectte pièce. Les fiuconn sous le nom de shortleash, les fanconniers hollandais sous celui de kortyeter, les allemands sous celui de Kurzfessel. et les jets destinés pour celte sorte d'oiseau sont pourvus à leur extrémité inférieure d’un anneau mince de cuivre jaune. Toutes ces pièces varient dans leurs proportions, suivant la taille des oiseaux pour lesquels elles sont destinées. Les jets forment la par- tie supérieure des entraves; ils se composent de deux pièces tout- à-fait semblables: ee sont des courroies de cuir souple que lon attache aux tarses des oiseaux au moyen d'une espèce de nœud particulier. On appelle vervelles deux anneaux attachés Fun à l'autre par une cheville, autour de laquelle ils se tournent; l'anneau supérieur des vervelles est destiné à recevoir lextré- mité inférieure des jets où du courtrier; on passe la longe par l'anneau inférieur, Le courtrier est une bande de cuir, longue de deux pouces environ, el terminée à l'extrémité supérieure par un nœud coulant qui embrasse les anneaux dont sont pour- vus les jets destinés pour lautour. La longe, en forme d’une lanière de cuir de la longueur d'environ trois pieds, sert à attacher les faucons soit aux pereches, soit à quelque autre ob- jet. On appelle filière 1) ou créance, ou quelquefois aussi pour retenir tiens-le bien, la ficelle que l'on attache à la lor l'oiseau lors des lecons de vol qui se donnent en plem air. La sonnette 2) ou le grelot que lon met aux oiseaux est attaché au pied gauche, au dessus des jets, au moyen d'une mince bande de cuir, appelée porte-sonnette, Eu faisant le nœud des jets, on se sert d'un morceau de bois 3) dur, grossièrement taillé en forme d’alène, pour élargir la fente pratiquée dans le cuir et par laquelle on passe l'extrémité pointue des jets; on emploie pour les nœuds du porte-sonnelte un gros fil de fer 4), poiutu par un bout et courbé en cercle par Pautre bout. On dit armer l'oiseau pour dire lui mettre les entraves et la sonnette. Pour empêcher que les oiseaux ne se débattent sur la cage, on leur lie l'aile droite au moyen de la bride5), bande de cuir mince, pourvue au milieu d’une large fente, dans laquelle on introduit la partie supérieure de Paile. Le chaperonG) dont on couvre la tête des oiseaux de leurre, varie de grandeur suivant la taille de l'oiseau pour lequel il est destiné. Le chaperon ordinaire 7) est surmonté d'un panache appelé cornette; le chaperon au contraire dont on se sert pour les faucons nouvellement pris, est sans ornement et fait de cuir plus souple que le chaperon ordinaire: il s'appelle chaperon de rust8). Mettre le chaperon à la tête d’un oiseau s'appelle chape- ronnerg) loiseau; ôter le chaperon Sappelle déchaperon- ner 10) l'oiseau. Il est nécessaire que la forme de bois sur laquelle on fait le chaperon, soit travaillée avec la plus grande précision; car, si le chaperon est trop spacieux, oiseau parvient facilement à l'ôter lui même; sil est au contraire trop étroit, il arrive ordi- nairement qu'il meurtrit la tête de oiseau ou qu'il lui froisse Les plumes. Le leurre 11), nommé quelquefois Le rappel, est une 1) Ena anee;en hollandais, shegdraad, fileria et eredenzia her l'empereur Frédéric. — 2) Bell en anglais; bel en hollandais; en allemand Schelle ou, suivant le teur de l'ouvrage de l'empereur Frédérie, Rolle; cam la ehez l'empereur F 2. La sonnette pour le Ftucon, munie du porte-sonnette, est figuré sur prenière planche, — 3) On voit lt figure de cet instrument sur notre première planche; cest le sehoenpen des Fauconnicrs hollandais, — 4) Cet instrument ent figuré sur la première planche, est appelé par les fanconniers hollandais 1 cr. — 5) La hollandais la sur nôtre premiere p s'appelle en anglais brail; les Fauco alement sous le nom de br dive, brider les ailes. — 6)E Fréd empe xpression de filo ligare alas pour ais, hood ; en hollandais, ka en allemand, Haube où Kappe; capellum chez lPempel e, — 7) En hollandais steckhuif; en allemand Stockhaube, Le cha où ordinaire pour Le Fwucon, vu par derr et par devant est figuré sur notre deuxième planche; on y voit aussi le chaperon pour Le gerfaut représenté de profil. — 8) En anglais, rufthood; reus- huif chez les Ruconnicrs hollandais, Le chaperon de rust pour le Fiucon, vu par derrière et par devant cat figuré sur votre deuxièn he, — 9) En anglais, to hood; en hollandais, ophuiven; en allemand aufhauben, — 10) En anglais, to thood; en hollandais, afhuiven, en allemand, abhauben. — 11) Eu figure ou représentation de pigeon; ou le fait d’un morceau de bois applati, arrondi par devant, fourchu par derrière, revètu de cuir et pourvu sur chacune de ses surfaces de deux ailes de pigeon, rapprochées les unes des autres et collées sur le corps du leurre. Le ruban appliqué à chaque côté du leurre au dessus de sa bifurcation, sert pour acharner 192) le leurre, c’est à dire, pour y attacher un morceau de viande. Le crochet en anneau fixé à la partie antérieure du leurre, est destiné à recevoir la corde, au moyen de laquelle on agite le leurre, et qui, arrangée de telle maniére qu'elle rentre en elle-même, sert en même temps à por- ter le leurre suspendu sur épaule droite, de sorte qu'il pend du côté gauche du corps. Le leurre, tel qu'il est employé aujour- d'hui, diffère un peu, mais non pas d’une manière essentielle, de ceux dont on se servait autrefois, du moins à en juger d'apres les figures qui en existent dans plusieurs ouvrages de faucon- nerie et de chasse. En examinant la planche représentant le faucon blanc, on peut se faire une idée de la forme du gant dont se servent les fauconniers, ainsi que de la manière dont on tient les jets et dont on arrange la longe entre les doigts, quand on porte le faucon sur le poing. La fauconnière 13) est une espèce de gibecière séparée en deux, faite de drap vertel pour- vue d’une ceinture de cuir que Fon attache autour des reins; on la porte au côté droit. L'une des poches de la fauconnière est des- tinée à recevoir la boite au pat, la filière, des entraves, le canif, les pinces et d’autres menus objets dont on peut avoir besoin lors de l’affaitage des oiseaux ou lors de la chasse au vol; l'autre poche, se fermant par le moyen d’un cordon qui en reserre l'ouverture, sert à y mettre les pigeons vivants avec lesquels on leurre les fau- cons. La cage 14) est une espèce de civière à pieds, sur laquelle on attache les faucons pour les porter sur le lieu de la chasse; Fai- de-fauconnier qui porte la cage s'appelle porte-cage 15); le nom de cagier se donnait autrefois aux fauconniers qui portaient des oiseaux à vendre. On se sert d’un linge 16) grossier pour enve- lopper les ailes d’un oiseau nouvellement pris: ce linge dont la sur- face m'occupe guère plus d'un pied carré, est du double plus large à la base que vers le haut, où il forme de chaque côté un large rebord en guise de poche; on a soin d'attacher au centre de la face postérieure du linge deux rubans, longs chacun d'environ un pied et demi. Aprés avoir introduit la partie supérieure des ailes dans les poches dont nous venons de faire mention, et lié les serres avec les rubans, loiseau se trouve garotte de manière qu'en le met- tant à plat sur terre, ilne peut se remuer, On se sert d’une boite de fer-blance pour ÿ mettre la viande finemeut hachée, destinée à la nourriture ordinaire des oiseaux de chasse; c’est la boite au pati3) des fauconniers. Les aiguilles à enter 18) les pennes se font d'acier trempé ; elles sont longues environ d’un pouce, à trois Wanchants et pointues par les deux bouts, afin de pouvoir les in- anglais, Lure, en hollandais, loër, « nd, Federspiel ct quelquefois aussi, Vorloss; loyrum, (e et sine carnibus), chez l'empereur Frédéric. La fgure du leurre se voit sur notre deuxième planche. — 12) En anglais, to bite the Lure, Les fauconnicrs hollandais n'ont pas d'expression propre pour d cette pération. — 13) En anglais, hawkiugbag; en hollandais, valkenierstasch, en allemand, Falkner- tasche. Les fig sque nous avons données de In fauconniére «ur la deuxième planche, sont réduites au ders de Le grandeur naturelle, — 14) En angl hollandais allemand, Cage ou sentant Le vol du Trage. On peut étudier sur notre premier tableun ref 1, quelle est In forme de dé quelle n he les Fiucons et € nt on ki porte, — 15) En anglée, hanvk ; en hollandais, allemand, C valkenzak er. — 16) Eu hollanda L'empereur Frédérie nomme ee e malleolum; on voit par li description qu'il en donne que dé temps ce linge se faisait de mani à envelopper complétement le 44, p. 105 et 106. — 17) En hollandais ps de Puiseau; voir Lib. IL, chape vasbus. On trouve la figure de ect outil sur notre première planche. — 18) Ce puilles sont figurées sur ln première pl he. On voit sur cette même planche la figure d'une p e de faucon ent dont on à séparé les deux parties jointes pour fire voir l'ai guille introduite dans Le tuyau de li penn troduire facilement dans le tuyau des pennes que l'on veut rac- commoder. On met les aiguilles à enter, pour les conserver, dans un aiguillier ordinaire. On emploie des aiguilles à cou- dre ordinaires et du menu fil de coton pour l'opération qui S'appelle siller et dont nous parlerons plus bas. Les pinces et le canifr) servent, les premières à enlever la pointe des ongles et du bec des oiseaux de chasse, le second à émousser le feston du bec des faucons 2). La chambre, dans laquelle se trouvent les per- ches pour les faucons, s'appelle le perchoir 3). L'aile de pigeon dont les fauconniers se servent pour frotter les oiseaux de chasse, porte la dénomination singulière de frist-frast. Pour empêcher que les hérons que l'on emploie lors de laffaitage des faucons, ne puissent se défendre contre les agresseurs, on leur applique à la pointe des deux mandibules une espèce d'étuis jumeaux 4) com- posés de deux tuyaux de sureau, longs environ d’un pouce et unis entre eux au moyen d'un fil de coton. On à l'habitude de rendre la liberté aux hérons sauvages pris par les faucons, après avoir attaché à leurs pieds une plaque de cuivre, sur laquelle sont gravés le nom du maitre des oiseaux qui ont volé, le nom de l'en- droit où la chasse a eu lieu, la date ou simplement l'année dans laquelle le héron a été pris, et le numéro indiquant quel quantième est le héron pris dans Fannée désignée 5). DES OISEAUX DONT ON SE SERT POUR LA CHASSE AU VOL. On peut dresser pour le vol un grand nombre d'oiseaux de proie diurnes et l'on a également fait des essais de ce genre avec d'autres oiseaux, tels que corbeaux et pies-grièches; mais comme ces différents oiseaux ont des propriétés assez diverses, il arrive que l’on ne peut avec succès tirer parti pour la chasse de certai- nes espèces, tandis qu'il y en à parmi celles dont on peul se servir utilement pour cet exercice, qui méritent d'être préférées les uues aux autres, de sorte qu'il n'existe qu'un nombre assez petit d'espèces qui réunissent toutes les qualités nécessaires pour les rendre au plus haut degré propres à cet exercice. Beaucoup de personnes s'imaginent que ces qualités dépendent en grande partie du degré de développement des facultés intellectuelles des espèces ou du courage dont elles sont douces; mais l'observateur attentif ne manquera pas de reconnaitre que ces différences, si toutefois elles existent, offrent des nuances tellement insensibles qu'elles ne méritent pas d'être prises en considération lors du choix des espèces; il s'apercevra que le différent degré de doci- lité de ces oiseaux dépend uniquement du caractère plus ou moins revèche, plus ou moins doux des espèces ou des individus; que le degré de courage qu'ils montrent est souvent plus prononce dans les différents individus d’une même espèce que dans Île nombre total des individus de diverses espèces, et que le courage seul serait une qualité de nulle valeur, si loiseau manquait des armes et des moyens de vol nécessaires pour seconder ce courage. \yant découvert les véritables motifs qui engagent les oiseaux à se soumettre à leur maitre et à lui obéir, on ne tardera pas à S'apercevoir que pour atteindre ce but il ne : t que d’exciter et de satisfaire alternativement leurs besoins et qu'il n'importe nullement d'avoir égard au degré de développement de leurs facultés intellectuelles; enfin on reconnaitra que lon ne peut employer avec succès que ces espèces qui sont à la fois pour- vues de puissants moyens de vol ainsi que de serres propres à saisir la proie, et dont les forces physiques répondent à leur courage; d'où il s'ensuit que parmi les espèces douces de ces qualités, il convient de donner la préférence à celles qui offrent la taille la plus forte. Il résulte de ce que nous venons de dire 1) Les pine et le canif sont représentés sur la première planche, — 2) Cette opération s'appelle en anglais, coping. — 3) En hollandais, valkenkamer. que lon ne peut se servir pour la chasse au vol des espèces, telles que les milans, les buses, les vautours, qui sont incapables, à cause de la conformation de leurs serres, de saisir une proie agile; que d’autres espèces, telles que les busards, dont les serres sont plus propres à cet usage, ne valent guère mieux que Îles milans et les buses, parce qu'elles ont le vol trop lent; que les espèces qui offrent de puissants moyens de vol, mais dont les serres sont faibles, telles que la cresserelle, le faucon aux pieds rouges etc., sont également peu propres à cet exercice; et que les espèces mêmes qui ont, comme le hobereau, le faucon saphir ele., un vol des plus rapides, ainsi que des serres assez dévelop- pées et propres à retenir une proie, ne peuvent non plus être employées avec succès pour la chasse, parce qu'elles ne savent pas se servir avec avantage de leurs serres pour saisir le gibier. Après avoir fait de nombreux essais pour dresser toutes sortes d'oiseaux de proie pour le vol, on s'est attaché exclusivement à ces espèces qui sont douées au plus haut degré des qualités que nous venons d’énumérer, pourvu toutefois qu'il n'existe pas d’au- tres inconvénients qui empêchent de les employer, comme cela a lieu à l'égard du balbuzard qui ne vit que de poissons, et des aigles de mer qui se nourissent également de poissons ou de proie morte; les aigles proprement dits n'ont été même employés que rarement en Europe, soit parce que ces oiseaux sont trop rares, soit parce qu'ils sont trop lourds pour ètre portés sur le poing, soit parce que le gros gibier auquel on les destine, ne se trouve pas chez nous; certaines espèces enfin, telles que les aigles-autours dont plusieurs peuples de l'Asie se servent avec beaucoup de succès, n'ont jamais été dressées pour la chasse en Europe, autant parce qu'elles n'habitent pas dans cette partie du monde, que parce qu'on a négligé de les y apporter vivantes. On voit par ces détails qu'il ne reste guère parmi Îles oiseaux d'Europe, que les faucons de grande taille, lémérillon, lautour et l'épervier, dont on peut se servir avec succès pour la chasse au vol; aussi sont-ce les oiseaux que l'on désigne plus particulière ment sous la dénomination d'oiseaux de chasse. C’est sur Pusage de n’employer pour le vol que les espèces dont nous venons de 4) En hollandais, reigerpijpen, — 5) On voit lt figure d'une de es plaques sur la première planche de notre ouvrage. parler, que repose la division des oiseaux de chasse en deux clas- ses, qui correspondent à-peu-près aux familles que les naturalistes ont établies sous les noms de faucons nobles et d'autours; car tout le monde sait que Pémérillon appartient au genre des faucons, et que lépervier se rapporte par ses caractères essentiels à lautour. Cette division des oiseaux de chasse en deux classes existe égale- ment chez plusieurs peuples de l'Asie, d'où lon peut conclure que les faucons et les autours ont été regardés de tout temps et chez la plupart des peuples comme les oiseaux de chasse par ex- cellence. Comme ces deux familles d'oiseaux s'éloignent Pune de l'autre par leurs mœurs ainsi que par un grand nombre de signes caractéristiques et notamment par une conformation très-diverse des ailes, comme on les traite d’une manière différente tant en les dressant pour le vol que lors de la chasse même, il s'en est suivi que l’on a imaginé successivement plusieurs dénominations servant à indiquer les différences qui existent entre ces deux fa- milles ou classes d'oiseaux. C'est de li qu'on appelle les faucons «oiseaux de haut vol,» les autours «oiseaux de bas vol:» les faucons sont des oiseaux de leurre, les autours des oiseaux de poing; on g; divise la fauconnerie en fauconnerie proprement dite, si ce sont des faucons que l'on emploie pour la chasse, et en autourserie, si ce sont l'autour et l'épervier; on met ordinairement aux faucons le chaperon, mais on ne le met jamais à l’autour ni à l'épervier; les faucons sont des oiseaux à ailes longues, lesautours sont des oiseaux à ailes courtes; ceux-là enfin ont des yeux de couleur foncée, tan- dis que les yeux sont jaunes dans ceux-ci. Les oiseaux dont on se sert en Europe pour la chasse sont au nombre de dix. Ce sont, parmi les oiseaux de haut vol, le faucon blanc, le faucon d'Islande, le gerfaut, le sacre, le lanier, le lanier alphanet ou tunisien, le faucon et lémérillon; parmi les oiseaux de bas vol, lautour et l'épervier. Ces oiseaux, quoique pour la plupart indiqués par les auteurs de fauconnerie, ont été, du moins en partie, assez imparfaitement connus des naturalistes; leur histoire n'a jamais été traitée d’une manière satisfaisante, et les descriptions qu'on en a données, offrent souvent des lacunes trés sensibles. Ce sont ces circonstances qui nous obligent de trailer de ces oiseaux plus amplement et en naturaliste, et de faire connaitre leur histoire aussi complétement que le permettent nos ressources et l’état actuel de la science. Il est cependant essen- tiel de faire précéder les détails que nous donnerons sur l'histoire des oiseaux de chasse de quelques observations générales relatives à ce sujeL. En jetant un coup-d'œil rapide sur les différents ouvrages qui contiennent des renseignements sur les oiseaux de proie d'Europe, on remarque que ces ouvrages, envisagés d’un point de vue gé- uéral, appartiennent pour ainsi dire à quatre catégories ou écoles diverses. Les auteurs classiques, séparés des écrivains postérieurs sur Phistoire naturelle par les siècles d'ignorance des premières époques du moyen age, font en quelque sorte une école à part; la deuxième école, celle des auteurs de fauconnerie, est contempo- raine de celle que nous nommerons l'école des naturalistes com- pilateurs; on peut enfin désigner la quatrième sous le nom de l'école des naturalistes observateurs. Cette dernière école ne date que du commencement de notre iècle; les Naumann, Meyer et 1) Nous nous réservons de pa de chacun des ouvrages de ftuconnerie en particulier dans la revue bibliographique que nous donnérons à ln fin de notre traité, — 2) De la génération, livre 11, chap. 7 (SD Wolf, Temminek, et en partie déja Bechstein en sont les chefs: ces ornithologistes, n'ayant admis dans leurs ouvrages que les espèces qu'ils avaient pu examiner en nature, ont débarrassé la science de celte foule d'espèces nominales qui avaient été créées par leurs pré- décesseurs; mais comme ils ont négligé de s'appliquer à la criti- que historique, ils sont tombés dans des erreurs inverses, en ce qu'ils ont omis plusieurs espèces trés-distinctes qu'ils n'avaient pas su se procurer, mais qui étaient suffisamment indiquées dans les ouvrages publiés à des époquesantérieures. L'école des naturalistes compilateurs commence par Albertle grand et finit par les ouvrages de Gmelin, de Latham et ceux publiés par d’autres naturalistes vers la fin du siècle passé. Tout en observant les espèces les plus commu- nes en nature, ces écrivains entassaient indistinctement dans leurs ouvrages tout ce qu'ils trouvaient à ce sujet dans les auteurs clas- Le] siques ou dans les écrits successivement publiés, soit par des fau- conniers, soit par des naturalistes; ils se copiaient fidélement les uns les autres, et ils n’osaient retrancher aucune des espèces une fois recues dans le catalogue méthodique; aussi ont-ils porté dans la science, comme nous le verrons par la suite, une con- fusion incroyable. Les fauconniers 1), mieux à même que les naturalistes d'étudier les différentes espèces d'oiseaux de chasse, les ont en effet indiquées presque toutes; mais comme ils n'en ont donné que des descriptions assez superficielles, comme ils ont adopté un grand nombre d'erreurs contenues dans les ouvra- ges des fauconniers arabes qui leur servaient le plus souvent de guide, comme ils partageaient enfin l'erreur générale de ces temps de mettre plus de confiance dans les observations de leurs de- vanciers que dans leur propre expérience, et qu'ils admettaient l'hypothèse peu probable, déjà émise par Aristote 2), que les espèces voisines s'accouplent ensemble pour produire des métis qui se partagent les caractères de leurs parents 3), on ne parvient souvent qu'à force de recherches assidues, à deviner quelles espèces ces auteurs ont eues sous les yeux, et à les distinguer des espèces imaginaires qu'ils adoptaient sur l'autorité de leurs pré- décesseurs. Toutefois l'ouvrage de l'empereur Frédéric IL et en quelque sorte aussi celui de d'Areussia, font des exceptions honora- bles à cette règle générale, comme c’estaussi en partie le cas à l'égard des ouvrages de Belon et de Buffon parmi les naturalistes com- pilateurs. Les ouvrages des trois écoles que nous venons de dé- signer, quoique souvent pleins de lacunes et remplis d'erreurs, étant cependant susceptibles d’être éclairés par la critique, nous les pas rons successivement en revue, lorsque nous traiterons de chaque espèce d'oiseau en particulier, mais il n'en est pas ainsi des auteurs classiques qui ne nous ont laissé à ce sujet que des indications tellement vagues qu'il sera toujours impos- sible de déterminer au juste les espèces dont ils ont voulu parler. Cependant, comme on a emprunté à leurs ouvrages plusieurs noms d'oiseaux de proie, il est nécessaire de dire quelques mois sur les espèces dont les anciens nous ont transmis les noms. Ce ne sont, à proprement parler, parmi les auteurs classi- ques, qu'Aristote, Pline et Elien, qui ont traité celle matière en naturalistes. Aristote désigne le plus souvent les oiseaux de proiesous le nom d'oiseaux à ongles recourbés. Quant aux oiseaux de proie diurnes, il les comprend, à l'exception des genres des 3) Ce sont les Falcones permixti d'Albert le grand ou les falcones mixti des auteurs de fan- connerie qui ont éerit en langue latine, les Faleoni traversi des fauconniers italiens. vautours et des aigles, sous le nom générique d'hierax, quoiqu'il fasse mention parément de deux oiseaux de proie appelés ieti- nosi)et cenchris2}; on à cru reconnaitre dans le premier le milan, dans le second la cresserelle. Aristote ne parait d'abord 3) établir que deux espèces du genre hierax, savoir celle qui fait la chasse au ramier (phassophonos), et puis le spizias ou hierax au pinson, et il nomme séparément l'oiseau appelé trior- ches; mais plus tard 4), il range cet oiseau dans le genre hierax, qui compte chez lui onze différentes espèces. Le tiorches, dit-il, qui est l'ennemi de la grenouille et du serpent et qui mange lun et l'autre5), qui est de la taille de l'ictinos et qui est la seule espéce du genre que l'on voie toute l’année, est le plus fort de tous6); vient ensuite, par rapport à la force, l'aisalon qui fait, conjointement avec le corbeau, la guerre au renard et à l’aigy- pios7); le troisième est le circos qui vit également en guerre avec le renard, parce qu'ils ont l'un et l’autre la même nourri- ture 8). Il dit encore, toujours au méme endroitg), que las- terias, lhierax qui tue le ramier, et le pernes forment trois espèces. Il nomme ensuite les hypotriorches ro) qui se distin- guent par leurs ailes larges 11), le percos et le spizias. L'hierax lisse et Fhierax qui mange la grenouille terminent cette énumé- ration des ois aux de proie dont Aristote n'a donné, comme on vient de le voir, outre les noms, que quelques indications vagues, accompagnées de fables. Quant à Pline, ce qu'il dit des oiseaux de proie, est encore plus insignifiant que les données d’Aristote. Pline 12) nomme , comme l’a fait Aristote, séparément les vautours, les aigles, le milan, le cenehris ouletinnuneulus,etileomprend les autres oiseaux de proie diurnes sous le nom générique d’ac- cipiter 13). Il rapporte que ce genre comprend treize espèces, mais il n'en nomme que trois, savoir: légithus, boiteux d'un pied et du plus heureux présage pour les mariages et les bestiaux; puis le triorches, ainsi appelé du nombre de ses testicules, à qui Phémonoé a donné le premier rang parmi les augures favo- rables, que les Romains appellent buteo, et dont une famille mème a tiré son surnom, lorsque par un auspice heureux un de ces oiseaux fut venu se poser sur le navire du ehef; enfin l'épileos des Grecs, l'espèce qui seule se montre toute l’année 14), ar les autres disparaissent pendant l'hiver. — Élien ne parle des oiseaux de proie que pour rapporter des fables ou pour con- stater à quel dieu était consacrée chacune des différentes espèces. 1 parait comprendre sous le nom générique d'hierax, les oiseaux de proie diurnes ne général 15). Il affirme qu'il en existe une grande quantité d'espèces, mais il n’en indique pas le nombre. Il nomme le cenchris et lhierax des montagnes 16), et ensuite 17) les triorches, les vautours, les cymindis dont parle également Aristote et que lon croitappartenir au genre des chouettes-éper- viers, les aigles, lhierax qui chasse la perdrix (perdicotheras), lhierax aux ailes pointues (ocypteros), le phène et lharpe, lhierax au ramier (phassophonos), Fhierax aux ailes longues ( lanysipteros) et le mermnos. 1) Livre VI, chap. 33 VE, 65 11,153 IX, 13 VII, 16. — 2) Livre VI, chap. L et 2; VIII, 8. — 3) Livre VI, chap. 3. — 4) IX, 86. — 5) IX, 1. — 6) VIN, 3; quelques auteurs, tels que Delon et de Thou, ont pris eet oiseau pour le Fucon; d autres ont cru y reconnaitre In buse. — 7) À en juger d'après le er des Al au intermédiaire entre les aigles et le vautour ads, appelé gypaëte par les naturalistes; — 8) IX, 1 — adrons sur co nom en traitant du hobercau. nom , cet oiseau pourrait bien être le L ». 46, en fait 9) IX, 36. — 10) Probablement gypotr Élien, livre IL, ch preches; nous rev Nous remarquons seulement ici que le texte de ces passages, où Aristote traite des oiseaux de proie, est évidemment très corrompu, — 11) marre igwu, latis alis accipitres, dans l'édition de Schneider, vol. IV, p. 163; la traduction de Camus, tome 1, p. 687, a, comme les autres éditions, rx ir, €est à dire: les éperviers qui ont le corps large. — 12) Livre X, chap. 9. — 13) Ce mot Quant aux noms génériques que portent dans les différentes langues les oiseaux qui répondent à peu près à nos oiseaux de chasse, nous avons vu que les anciens Grecs comprenaient ces êtres sous le nom générique d'hierax, les anciens Romains sous celui d'accipiter. Le motde falco est d'origine plus récente; Firmicus 18) du moins et Servius 19), auteurs du quatrième siécle de notre ère, sont les premiers écrivains dans les ouvrages des- quels il se trouve; ee mot passa après cette époque dans la langue grecque, et il a déjà été adopté par Suidas so), auteur byzantain qui fleurissait probablement au dixième siècle. Le mot ‘ec asterias, ne se trouve latin d'astur que l’on croit dérivé du g pas non plus indiqué avant Firmieus 21). Il est inutile de dire que les noms francais d’autour et de faucon dérivent des mots astur et falco, et que ce premier mot seulement a passé dans les lan- gues nées du latin, tandis que le dernier a été adopté dans la plupart des langues d'Europe. En français le mot d'autour à toujours été réservé à l'espèce d'oiseau qui y porte encore aujourd'hui ce nom; celui de faucon a été appliqué, soit au fau- con commun par excellence, soit au genre entier des faucons, soit aussi aux oiseaux de chasse en général; mais pris dans ce dernier sens, ce mot à souvent éle remplacé, notamment dans le moyen age et dans les écrits des historiens, par celui d'éperv ier, mot corrompu de l'allemand Sperber. Un usage analogue mais différent a prévalu dans les langues d’origine tudesque. En alle- mand, où le nom de Falke a aujourd'hui une signification analogue à celle du mot faucon en français, le nom de Sperber est toujours réservé au véritable épervier, tandis que ce fut celui de Habicht que portaient autrefois, comme le prouvent les anciennes lois allemandes, les oiseaux de chasse en général, Ce mot de Habicht, réservé actuellement en Allemagne à lautour, est pris encore aujourd'hui le plus souvent dans une signification générique plus ou moins restreinte, en anglais, en danois et en suédois, où il est écrit hawk, Hôg et hôk. Dans les ouvrages arabes, les oiseaux de chasse sont ordinairement compris sous le nom générique de sacre ou sakar, et aussi sous celui de bas. Il en est de même dans les ouvrages perses et tures, mais dans cette dernière langue , le mot de sacre est le plus souvent écrit tscha- kir22). Pour les noms que portent les oiseaux de chasse dans les différentes langues des autres peuples de Asie, il entre d'autant moins dans notre plan de nous en occuper que cette matière est susceptible de discussions, dont le développement serait tout à fait étranger à notre ouvrage. On peut consulter à ce sujet lou- vrage du célèbre professeur Pallas23), celui déja cité de Mr. von Hammer et une notice due au savant Quatremére 24). Ces observations préliminaires terminées, nous passerons à l'examen des différents oiseaux dont on se sert en Europe pour la chasse. Nous traiterons d’abord des oiseaux de haut vol, puis de ceux de bas vol, et nous ferons aussi suceinctement mention de plusieurs oiseaux de proie qu'aujourd'hui on n'emploie que- rarement ou presque jamais pour la chasse. correspond au mot hicrax; lun et l'autre ont été rendus en français par le mot épervier, pris dans une acception ique. — 14) On se rappelera qu'Aristote attribue cette particularité au trivr- ches, ee qui a fait penser à G, Cuvier, qu'épileos n'est qu'un autre nom de triorehes; voir Pline edit. de Panckoucke , tome VIE, p. 374. — 15) Livre XI, chap. 4. — 16) Livre Il, chap. 48. — 17) XI1, 4. — 18) Livre V, chap. 7 et 8, p. 138 de l'édition de Bâle, 1533, fol. — 19) Annotat. ad Aeneïd., lib, X — 20) a. Nomen (proprium); ltem, accipitris genus; Suidae Lexicon, gravée et latine 1705, fol., vol, 11, p.577. — 21) L. ce. — 22) Voir l'ouvrage de Mr, de Hummer, intitulé Pesth, 1840, Avant-propos. — 23) Fr 24) Dans sa traduction de l'ouvrage de Makrisi, intitulé Histoire des sultans mamlouks en Égypte, Paris, 1839, tome 1, p. 00 à 05. oographin rosso asiatica, Petrop., 1831, 42., tom. L — DES OISEAUX DE HAUT VOL. Les oiseaux appelés en termes de fauconnerie oiseaux de haut vol, appartiennent sans exception à celte division du genre faucon, que lon a l'habitude de comprendre sous le nom de faucons nobles. Is forment un groupe assez riche en espêces qui sont distribuées sur toutes les parties du globe. Ils ont, comme les autres faucons, la mandibule inférieure tronquée à l'extrémité et pourvue d’une échancrure angulaire qui répond à un feston en forme de dent, dont chaque bord de la mandibule supérieure se trouve pourvu, et qui est quelquefois suivi d'un deuxième feston, ondi et très peu développé. D'une organisation vigoureuse, ils ont le corps ramassé, le cou court et pourvu de muscles assez forts, la tête large par derrière, les serres robustes, les doigts longs, garnis par en-bas de gros tubercules et armés de grands ougles courés et bacérés. Les tarses, recouverts d'écailles qui prennent sur le devant du tarse la forme de petites plaques irrégulières, sont seulement emplumés vers le haut de leur partie antérieure. Le plumage de ces oiseaux est d’un tissu serré, les pen- nes sont raides et très solides. La queue, constamment composée de douze pennes, est de moyenne longueur et tant soit peu arrondie à l'extrémité. Les ailes sont pointues et ne couvrent, lorsqu'elles sont pliées, dans les uns, que deux tiers où trois quarts de la queue, tandis qu'elles s'étendent dans d'autres jusque vers son extrémité, La première rémige est tantôt un peu plus longue, tantôt un peu plus courte que la troisième, mais tou- jours plus courte que la deuxième qui est invariablement la plus lougue de toutes, Cette première penne est fortement rétrécie à la barbe interne près du commencement du dernier quart de sa longueur, et ce caractère s'observe également dans l'émérillon sur la seconde penne. Cette espèce a aussi les barbes extérieu- res de la deuxième et de la troisième rémiges échancrées, tan- dis que dans les autres faucons, la deuxième rémige est la seule qui soit pourvue d'une échancrure sensible à la barbe externe. L'iris de l'œil est toujours d’un brun très foncé. La cire, la mem- brane des yeux et les serres sont dans les adultes d’un jaune plus où moins vif, tirant souvent sur le bleuatre ou sur le ver- datre; dans les jeunes, ces parties sont ordinairement d'un vert bleuatre livide, passant souvent au jaune sur les plaques des doigts. Les faucons ne subissent annuellement qu'une seule mue com- plète, qui a lieu vers la fin du mois de juillet et en aout; cepen- dant on voit souvent se renouveller, à l'approche de l'époque des amours, lorsque le plumage a été endommagé, quelques plumes isolées du cou, de la tête ou des parties inférieures; mais cette mue locale et partielle n'opère pas de changements dans les teintes de l'oiseau. La première mue générale à lieu quand Poiseau à atteint l'âge d'un an, et c'est alors qu'il se revét de la livrée parfaite, qui se distingue ordinairement de celle du jeune àge par des couleurs plus vives et plus agréable- ment disposées. Les mues suivantes ne produisent de changements seusibles à l'égard des teintes que dans le male de lémérillon, et ä un degré inférieur aussi, dans le faucon commun; mais ces chan- gements se bornent en général à ce que les teintes acquièrent plus de vivacité et à ce que les taches des parties inférieures deviennent plus étroites. Au jeune âge, les deux sexes d’une méme espèce sont parfaitement semblables à l'ég rd de leurs teintes; on observe encore la même ressemblance entre les deux sexes, quand ces oiseaux se sont revêtus de leur livrée parfaite, et ce m'est que l'émérillon dont le male présente à l'âge adulte une distribution et des nuances de teintes différentes de celles de la femelle. I n'en est pas ainsi de la taille des deux sexes, le male des faucons étant, comme dans tous les oiseaux de proie, d'un septième où d’un huitième plus petit que la femelle. Le plumage des faucons est sujet à de nombreuses variétés individuelles; mais, abstraction faite des changements produits par l'action de l'air et du jour, ces variétés se bornent à des dif- férences plus ou moins sensibles dans les nuances des teintes el aux modifications que présentent la forme etle nombre des taches dont le plumage est orné. A l'état sauvage, les oiseaux de haut vol se nourrissent exclusive- ment de proie vivante, choisie presque toujours dans la classe des oiseaux; mais lémérillon se contente aussi, faute de mieux, de toutes sortes d'insectes. IS ne savent s'emparer ni des oiseaux qui se tiennent à terre, ni de ceux qui sont perchés sur les bran- chesdesarbres ousurunautre objet quelconque. Doués d'une force extraordinaire, possédant de puissants moyens de vol et des ser- res organisées de manière à pouvoir saisir et retenir avec facilité la proie, les faucons attaquent avec succès les oiseaux les plus agiles, qu'ils prennent constamment au vol, en fondant sur eux obliquementde haut en bas. Ayantsaisi leur proieavec leurs serres, ils l'emportent, et se perchant soit à terre, soit sur un lertre, sur quelque autre objet convenable où même sur un arbre, ils la dépécent aussitôt, la tenant dans leurs serres et enlevant les chairs avec leur bee. Les oiseaux de haut vol vivent isolémentou par paires. Is ne font annuellement qu'une seule ponte. IIS construisent leur aire, soit dans les fentes des rochers, soit sur les arbres ou mème sur des arbrisseaux, soit enfin en pleine terre. Leurs œufs, au nombre de trois à quatre, en forme d'ovale régulier approchant un peu du sphérique, sont d'un blanc verdâtre parsemé ordinai- rement de taches brunes plus où moins nombreuses. Les jeunes, au sortir de l'œuf, sont revêtus d'un duvet blanc, qui Suse et dis- parait à mesure que les plumes elles-mêmes auxquelles il tient, poussent à travers la peau. La première mue générale m'a lieu, ainsi que nous avons dit plus haut, que l'année suivante, et c'est alors que l'oiseau se revêt de sa livrée plus où moins parfaite. Les lieux de séjour choisis par les oiseaux de haut vol, varient sou- vent selon les espèces etsuivant les saisons. Les uns, lors de l'époque dela propagation, habitent les forêts; d’autres préférent les terrains montueux; et il yena, mais ils sont en petit nombre, qui aiment à s'établir dans les plaines couvertes, soit simplement de bruvères, soit de broussailles où d’arbrisseaux isolés. La manière dont ils Sy prennent pour attaquer leur proie, les oblige d'aller la cher- cher dans les lieux découverts, soit sur les clairières des bois, soit le long de la lisière des forêts, soit sur les plaines avoisinantes méme. À l'approche de la saison rigoureuse, la plupart des oiseaux de haut vol ont habitude de changer de séjour: les uns quittent les montagnes ou les forêts pour descendre dans les plaines, où pour fréquenter les lieux cultivés, où les attire l'abondance du gibier; ils approchent alors souvent des habitations, s'établissent même dans les vieilles masures ou sur les tours au milieu des villes, d'ou ils font des ravages parmi la volaille des basse-cours. Certaines espèces, nolammient plusieurs de celles qui habitent en été les contrées froides, émigrent en hiver, pour aller re- chercher des lieux qui leur offrent une nourriture plus facile, passant ainsi la saison rigoureuse dans des pays souvent très dis- tants de leur séjour ordinaire. Quelques espèces ayant en commun certains caractères et S'é- loignant par ces caractères d'autres espèces qui à leur tour se rap- prochent entre elles par certaines marques distinctives, on peut établir, dans la division des oiseaux de haut vol, plusieurs subdi- visions. Nous ne parlerons que de celles qui ont rapport aux espé- ces européennes. La première de ces subdivisions comprend les espèces de grande taille, dont la queue est assez longue pour dépasser notablement les ailes, lorsque celles-ci sont pliées. Leurs serres, quoique robustes et très développées, offrent cependant des doigts proportionellement un peu plus courts que ceux du fau- con commun. Les plumes des parties inférieures du corps sont, pro- portions gardées, un peu plus grandes et d’un tissu moins serré. La tache en moustache qui descend de chaque côté des joues, et qui offre une marque très caractéristique dans la plupart des faucons, est plus étroite et souvent moins apparente que dans le faucon commun, et elle s'efface, dans certaines espèces, avec l'âge plus ou moins complétement. Les taches enfin dont les plumes des flancs se trouvent ordinairement ornées à l’âge adulte, ne prennent jamais la forme de bandes transversales à bords parallèles, comme cela a lieu dans le faucon commun. À cette subdivision appartien- nent, parmi les espèces européennes, le faucon blanc, le faucon d'Islande, le gerfaut, le sacre, le lanier et le lanier alphanet. La deuxième subdivision des oiseaux de haut vol n'a pour représen- tant en Europe qu'une seule espèce, savoir le faucon commun ou ordinaire. Ce faucon, offrant une queue moins longue que les espèces de la premiére subdivision, ses ailes aboutissent presque à l'extrémité de la queue. Ses doigts sont très longs; mais les plumes des parties inférieures sont plus petites et plus raides; les taches enfin dont les plumes des flancs sont ornées dans les vieux, se pré- sentent sous la forme de bandes transversales nettement dessinées. La tache en moustache est beaucoup plus large que dans les autres oiseaux de haut vol. Quoique d'assez forte taille, ce faucon ne surpasse pas en grandeur les plus petites espèces de la première subdivision. L'émérillon forme la troisième subdivision des oiseaux de haut vol. Ise rapproche sous plusieurs rapports de l'épervier. Les ailes de cette petite espèce étant moins longues que d'ordinai- re , elles ne recouvrent, quand elles sont pliées, que les deux tiers antérieurs de la queue. Ce membre est pourvu d’un nombre moins considérable de bandes que celui des autres faucons, et sa bande terminale esttres large. La tache en moustache est étroite et très peu marquee. Le bec est plus comprimé, la tête est plus large et plus ronde que dans les autres oiseaux de haut vol. La troisième rémige est presque aussi longue que la deuxième; mais la première, plus courte que d'ordinaire, ne s'étend pas au delà de l'extrémité de la quatrième. C'est le seul faucon d'Europe qui ait la seconde rémige rétrécie à la barbe interne comme la première, et dont la troisième rémige soil, comme la deuxième, pourvue d’une échancrure à la barbe externe. Le male prend après la mue des teintes différentes de celles de la femelle. Quoique de petite taille, lémérillon est un oiseau téméraire, très courageux, et il met beaucoup d'adresse à Semparer de sa proie qu'il cherche le plus souvent à surprendre, en volant à peu d'élévation du sol le long de la lisière des bois. 9 Nous passerons maintenant à la description des oiseaux de haut vol dont on se sert en Europe pour la chasse. Ce sont le faucon blane, le faucon d'Islande, le gerfaut, le sacre, le lanier, le lanier alphanet, le faucon ordinaire et l'émérillon. DU FAUCON BLANC. Le faucon blanc est de tous les oiseaux de chasse le plus es timé et le plus célèbre. La beauté simple de son plumage, son caractère traitable, sa taille et sa force supérieures à celles de tous les autres faucons, la difficulté de se le procurer, vu qu'il n'ha- bite que les régions du cercle arctique, où il faut aller le chercher à grands frais, tout cela a contribué à lui assigner le premier rang parmi les oiseaux de fauconnerie, et à le rendre d'autant plus précieux que les pays où l'on exerce la chasse au vol, sont éloi- gnés de la demeure habituelle de ce faucon. Cette espèce est facile à reconnaitre à l'âge adulte, par son bec qui est d'un jaune pale, et par la belle couleur blanche qui s des parties supérieures, domine, à l'exception des taches fonce sur toutes les autres régions du corps. La longueur totale de l'oiseau, mesuré depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, est environ de vingt-deux à vingt-trois pouces, (mesure de Paris). Le doigt du milieu, sans son ongle et mesuré depuis la base de sa première phalange, offre un pouce onze lignes à deux pouces. Le tarse, haut de deux pouces quatre à six lignes depuis la plante des pieds, est par devant recouvert de plumes jusqu'à la fin du deuxième tiers de sa longueur. Dans la femelle de cette espèce les ailes portent ordinairement quinze pouces el demi en longueur, et la queue offre neuf pouces et un quart. Les ailes du male sont longues de quatorze pouces à quatorze pouces trois quarts, et la queue est de huit pouces un quart a huit pouces et demi. Dans la premiére année, le faucon blanc ressemble beaucoup aux jeunes des espèces voisines. Les pieds, la cire et la membrane des yeux sont alors d'un bleu verdatre livide, sale et tirant au jaunatre sur la plante des pieds ainsi que sur les plaques dont les doigts sont revètus. Le bec est couleur de plomb foncée pas- sant au noiratre vers son extrémité et quelquefois mèlée de jaunatre à sa base. Les ongles sont noirs. La couleur du fond de la tête, du cou et de toutes les parties inférieures de l'oiseau, est un blanc plus où moins sale et interrompu par des taches longitudinales d’un brun-noirâtre plus où moins foncé. Ces taches cependant offrent une étendue diverse sur les différentes parties de l'oiseau. Elles sont très étroites sur la gorge et les couvertures inférieures des ailes, plus grandes sur le cou, la poitrine, le ventre et sur les plumes des jambes, et trés larges sur les plumes des flancs, où elles prennent souvent le dessus, de sorte que la teinte du fond ne parait que sous la forme de larges bordures ou de taches transversales et orbieulaires. Cette teinte foncée domine également au centre de la nuque, ainsi que sur les parties supé- rieures et postérieures de la région des oreilles, et elle forme, au-dessous de l'angle de la bouche, une tache en moustache médiocrement prononcée. Sur les plumes du dessus de la tête, le blanc forme des bordures plus ou moins sensibles, mais cette teinte prend le dessus sur le devant du front et au-dessus des yeux, où elle forme une large raie surciliaire qui se prolonge, en augmentant en étendue, derrière la région des oreilles, jus- que vers la nuque. La couleur du fond des parties supérieures à partir du cou, est un brun de terre foncé qui passe au noiratre sur les grandes pennes des ailes. Toutes les plumes de ces par- lies ainsi que les rémiges secondaires offrent un liséré d’un blanc sale tirant plus où moins sur le branätre, et elles sont en outre parsemées d'un nombre plus où moins considérable de petites taches claires, assez irrégulièrement distribuées et variant de forme et d'étendue. Les rémiges primaires, à l'exception des trois pre- mières, offrent un liséré fin d'un blanc sale, et elles sont ornées, comme d'ordinaire dans tous les faucons, à la barbe interne, de s bandes transversales claires, qui s'étendent jusqu'à une larg distance de deux pouces de l'extrémité de ces pennes. Les couver- tures inférieures des ailes sont en général d’un brun foncé, et ornées de bordures blanchätres; les moyennes et les erandes cou- vertures offrent des taches claires, qui prennent quelquefois sur les premières la forme de taches orbiculaires, tandis qu'elles sont transversales et disposées par bandes sur les dernières. La queue, beaucoup plus foncée à sa face supérieure qu'à l'inférieure, est ter- minée de blanc sale à l'extrémité, et ornée dans toute sa longueur de taches transversales où bandes d’un blanc sale jaunatre, nuancé où pointillé de brun, et dont le nombre varie de douze à qua- torze. Le premier plumage de cette espèce, tel que nous venons de le décrire, est cependant sujet à de nombreuses variétés mdivi- duelles. Les taches des parties inférieures et de la tête sont quel- quefois plus étroites que d'habitude, et ces individus, dont la teinte foncée est ordinairement assez pale, ont alors les bandes de la queue très prononcées, les bordures des plumes des ailes assez larges, et les ailes parsemées d’un grand nombre de taches claires. Dans d’autres individus, ces taches sont au contraire en très petit nombre. Les bandes de la queue enfin se confondent quelquefois presque totalement dans la teinte du fond; elles sout dans les uns opposées, dans d'autres individus elles sont continues, et leur forme présente des modifications individuelles trés nombreuses. \prés avoir pour la premiere fois changé de plumage, le fau- con blane présente une distribution des teintes très différente de celle des jeunes. La couleur foncée du bec ne se voit alors qu'a sa base et à son extrémité et elle fait place à un jaune pale. Les ongles tirent également sur le jaune couleur de corne; mais les pieds, quoique ordinairement de couleur jaunatre, conservent souvent après la mue la teinte qu'ils offrent lorsque l'oiseau porte encore la livrée du jeune âge. Quant à la couleur du plumage, c'est le blanc qui domine sur toutes les parties de loiseau, et la teinte foncée ne se montre que sur les parties supérieures: sur la tête et le derrière du cou, sous la forme de petites raies lon- gitudinales très étroites; sur le dos et la face extérieure des ailes, sous celle de taches en forme de cœur ou de flèche: enfin, cette teinte foncée occupe également la partie postérieure des rémiges primaires, pour n'y laisser qu'un bord plus ou moins large. Cepen- dant il s'en faut bien que le changement de couleur produit par la mue, ait toujours lieu à un degré aussi parfait que nous venons de le décrire; car on voit souvent des individus qui ont les pen- nes de la queue ornées de quelques taches foncées; dans d'autres toutes les plumes de la poitrine et du ventre offrent au centre de 1) Livre L, chap. 20, p.83. — 2) P. 7, verso, — 3) Partie 1, chap. 20, p. 51 et 52, — 4) De Aueupio, p.03, — >) M appelle cette ile Hirlaudia , mais la description qu'il en denne, se rapporte évideunuent à l'Islande : aussi 10 petites taches longitudinales ou en forme de larmes; l'étendue des taches des parties supérieures varie également suivant les indivi- dus, en sorte que le blanc ne se montre dans quelques individus que sous la forme de larges bordures: enfin celte teinte foncée for- me quelquelois, sur les grandes couvertures des ailes et sur les rémiges , des bandes transversales plus ou moins complètes, mais ordinairement effacées à la moitié antérieure des grandes rémiges. On peut supposer à juste titre que les Anciens m'ont connu ni le faucon blane, ni celui d'Islande; Silen était autrement, ils auraient sans doute fait mention de la couleur tout à fait particulière de ces oiseaux qui du reste ne s'égarent jamais jusque dans le midi de l'Europe. Les naturalistes ainsi que la plupart des auteurs de fauconnerie ayant regardé le faucon blanc et celui d'Islande comme appartenant à la même espèce que le gerfaut de Norwése, ils ont ordinairement compris ces trois oiseaux sous le nom commun de gerfaut ou en latin sous celui de gyrfalco; et ceux qui faisaient des distinctions entre ces oiseaux, les prenaient tout au plus pour des variétés d'une même espèce, variétés qu'ils désignaient par des épithètes empruntées du nom des pays qu'habitent ces oiseaux. Ce sont ces circonstances qui nous obligent de réunir dans le même chapitre les recherches historiques que nous avons faites sur les trois oiseaux dont nous venons de parler. L'empereur Frédéric +) remarque que le plumage des gerfauts est tantôt de couleur tantôt de couleur blanche ou blanchätre, tantôt enfin d'une teinte intermédiaire entre le blane et le gris. Le bec des blancs, ditAl, tire sur le blanchätre; c'est par conséquent le faucon blane, dont ila voulu parler. Quant aux autres soi-disant gerfauts, la deserip- tion qu'il en donne, parait se rapporter à des individus au jeune age de ces oiseaux en général, où au faucon d'Islande à Page adulte. De Franchières 2) rapporte simplement que les gerfauts blancs valent mieux que les autres. D'Arcussia 3) dit que les ger- fauts varient beaucoup par rapport à leur couleur, que les uns sont blancs, les autres semblables au lanier lunisien, et que les meilleurs viennent de Norwége; mais il se borne à indiquer ces différences d’une manière générale, sans mème établir des variétés 4 constantes dans l'espèce. Bélisaire 4) est plus décisif sur ce point. Il constate que les gerfauts apportés de l'Islande 5) sont plus blancs et plus grands que les autres, tandis que ceux de la Norwége, auxquels il croit devoir donner la préférence comme oiseaux de chasse, ne sont pas blancs et sont d’une taille moindre. Le Roy6) remarque que le g faut d'Islande et celui de Norwége ne peuvent se souffrir, et que ces derniers sont méchants même entre eux; mais du reste il comprend, comme Bélisaire et d’Ar- cussia, ces oiseaux sous le nom commun de gerfaut, eti'en donne pas de description. Quant aux naturalistes, ils ont plus ample- ment traité de ces oiseaux, sans cependant obtenir des résultats plus positifs. Albert le grand) accorde à son Gyrfalco le deuxième rang parmi les oiseaux nobles, le sacre en occupe le premier; mais ayant décrit les couleurs, ni de Fun, ni de l'autre, on peut seu- lement juger par les indications sur la taille de ces oiseaux, qu'il a Compris sous ces deux noms les grands faucons du nord en géné- ral. L'ignorance de cet auteur est cependant telle qu'il introduit le faucon blanc pour une troisième fois, sous le nom de Falco albus 8) auquel il assi gne seulement le septième rang parmi les était-ce de 6) Eneye ette ile que l'on apport non seulement les faucons d'Islande, mais aussi les Faucons blancs. — — 7) De falconibus, chap. 5 et 6, p, 179. — 8) Ibid dic française, X, p. 43 chap. 11, p. 183 oiseaux de chasse. I le fait venir du nord, de la Norwége, de la Suède, etc.; après lavoir comparé au lanier qui vole dans les champs à la poursuite des souris, et qui ne peut ètre autre chose que la variété blanchatre de la buse ou de la buse pattue, il dit de ce Falco albus, que c’est sous tous les rapports un véritable faucon, plein d'audace et excellent pour la chasse. On concoit que des in- dications aussi vagues et aussi confuses, fournies par un auteur qui a fait autorité pendant plusieurs siècles, aient dû donner lieu à bien des erreurs, et l'on voit en effet que les naturalistes, ses successeurs, ont adopté ce Falco albus comme espèce différente du Gyrfalco, et qu'ils ont pris le soi-disant Falco sacer d'Albert le grand pour le véritable sacre, Gessner 1) fut le premier à tomber dans cette erreur. Aldrovande 2), après avoir traité du Falco albus d'Albert le grand, donne sous ce nom la descrip- tion et la figure d’un oiseau tout blanc et tacheté de jaune, et qui ne parait avoir été qu'une variété blanchätre de loiseau St. Martin, (Circus cyaneus). Ce même Falco albus d'Albert le grand et d’Aldrovande passa ensuite dans les ouvrages de Wil- lughby 3), de Ray 4) et de Klein 5); il figure, comme variété du faucon commun, dans celui de Brisson 6), qui a porté la confusion à son comble, en citant parmi les synonymes de cette prétendue espèce le Lanarius albus ou Falco albus de Frisch 7), qui n'est encore autre chose que le vieux male de l'oiseau St Martin; les successeurs de Brisson enfin ont, comme nous le verrons plus tard, presque tous suivi l'exemple de ce savant, en rangeant ce prétendu Falco albus parmi les variétés du fau- con commun. Indépendamment de ce Falco albus, les natura- listes ont également adopté comme espèce le Gyrfalco d'Albert le grand. Gessner 8) a principalement composé l'histoire de cet oiseau qu'il nomme Hierofalchus, d'après les notices sur Îles grands faucons du nord tirées des ouvrages d'Albert le grand, de Bélisaire, de Crescentius, etc. Belong) ne parait guère avoir exa- miné en nature les grands faucons du nord, quoiqu'il donne, sous le nom de gerfaut, une très mauvaise figure d'un de ces cause de sa grande faucons; car il rapproche . cet oiseau, à taille, de l'espèce d'aigle que les anciens ont nommée Morphnos, Plancos, Nittophonus ou Anataria, et qui est probablement l'aigle criard , (Aquila naevia); enfin, au lieu de décrire cet oiseau, il dit simplement «qu'il est difficile de le représenter » par le portraict, car il y en à aussi qui sont tannez et madrez » de cendre.» Aldrovande 10) complète lhistoire du Gyrfalco, telle que lavait donnée Gessner, par des détails tirés des ouvrages de Belon, de Carcano et d’autres auteurs, et il donne le premier, sous le nom de Gyrfaleus, une figure un peu reconnaissable du faucon blanc adulte. Willughby 11) et Ray 12) ne font encore que copier Aldrovande par rapport à ce Gyrfalco. Edwards 13) a décrit le faucon blanc au jeune âge, sous le nom de buse cendrée, espèce nominale adoptée par Brisson 14), qui la nom- ma Falco freti hudsonis. Brisson 15) donne encore, sous le nom de gerfaut, une description et une figure du faucon blanc adul- te; il décrit ensuite, comme variété de ce gerfaut, sous le nom de gerfaut d'Islande, un individu adulte du véritable gerfaut de 1) Animalium historiae, liber HI, p. 170. — 2) Ornithologin, livre VII, chap. 9, p. 485 à 497. — 3) Ornithologia, p. 47. — 4) Synopsis avium, p. 14, 0% 7. — 5) Ilistoriae avium prodromus, p. 40 n®. 6. — 6) Ornithologie, 1, p. 326. — 7) PL. 80. — 8) L. e., p. 66. — 9) Livre IL, chap, 6, p. 04 à 96. — 10) Lib. VII, chap. 3, p. 474 et suiv. — 11) L.e., p.44. — 12) Le., p.13, n°3. — 13) Hist Mat. d'oie. peu connus, Londres, 175 n°, 19, PL 30, fig. 2. — 16) Ibid., p &, pl. 68. — 14) Ornithologie, L, p.356. — 15) Vol. 1, p.370 , PL 31 — 17) Falco islondicus, p. 136, L. Norwége et cette description est également accompagnée d'une figure assez reconnaissable 16); enfin, le jeune d'un de ces trois © grands faucons du nord est décrit dans ce mème ouvrage sous le nom de faucon d'Islande, comme variété du faucon commun 137). Linné, n'ayant donné que des descriptions assez succinetes des oiseaux qu'il indique, soit dans sa faune de la Suède, soit dans son système de la nature, il est souvent difficile de se faire une idée précise des espèces qu'il a eues sous les YEUX; quant aux grands faucons du nord, il n'y a dans ses ouvrages que deux de- scriplions que l'on puisse rapporter à ces oiseaux, sav oir, celles de ses Falco rusticolus 18) et lanarius 19); ces descriptions ce- pendant me semblent faites, la première sur la vieille femelle du véritable gerfaut, la seconde sur le jeune male de cette même espèce. Forster 20) a décrit le jeune du faucon blanc sous le nom de Falco sacer, et on trouve la figure de l'adulte dans la grande Ornithologie italienne 21), sous le nom de Sparviere bianca di Moscovia. Brüunnich 22) décrit sous le nom de Falco islandus trois variétés de grands faucons rapportés de lslande par les fauconniers danois; celui indiqué sous n°. 7, est évidem- ment le vieux faucon blanc; celui indiqué sous n°. 9, est le jeune du faucon blane ou du faucon d'Islande; quant à celui indiqué sous n°. 8, il se pourrait très bien qu'il ait voulu parler de l'adulte du véritable faucon d'Islande. Fabricius a décrit, sous le nom de Falco fuscus 23), le jeune du faucon blanc, et sous celui de Fal- co islandus 24), l'adulte de cette espèce; il fait encore venir du Groenland le Falco rusticolus de Linné 25), mais la description qu'il en donne parait se rapporter au faucon d'Islande adulte, tandis que la phrase diagnostique est tout bonnement empruntée à ouvrage de Linné. Buffon, tout en décrivant les grands faucons du nord, sous le nom commun de gerfaut, est cependant porté à supposer qu'il existe, dans cette espèce du gerfaut, trois races constantes dont la premiére est le gerfaut d'Islande, la seconde le gerfaut de Norwége et la troisième le gerfaut blanc; mais en lisant ce qu'il en dit, on voit évidemment qu'il ne savait distinguer ces trois espèces ou races, ni même s'en faire une idée précise, car S'il les eût connues, il m'aurait certainement gerfauts de pas présumé «que dans les g Norwége, aussi bien £ Du reste, Buffon a publié, sous le nom de gerfaut 27), la figure de que dans ceux d'Islande, il s'en trouvät de blancs 26). » l'adulte du gerfaut de Norwége; sous le nom de gerfaut de Nor- wége 28), la figure d'un jeune individu de cette espèce; sous le nom de faucon d'Islande 29), l'adulte du véritable faucon d’Is- lande; enfin sous le nom de gerfaut blanc des pays du nord 30), l'adulte du faucon blane. Les auteurs qui ont écrit immédia- tement après celte époque, ont en grande partie compilé Phis- toire des grands faucons du nord d’après les indications con- tenues dans les ouvrages des naturalistes dont nous venons de faire l'énumération. Ces écrits offrant peu d'intérêt, nous ne ferons mention que de ceux de Gmelin et de Bechstein, parce que ce sont les ouvrages de ces savants qui ont servi de base aux travaux des ornithologistes qui ont traité l’histoire naturelle des oiseaux d'Europe. Dans Gmelin, les grands faucons du nord 18) Fauna suecica, p.22, n°. 62, et Systema naturae, édit. XII, p.129, n°24. — 19) Fauna auecica p.19, n°.56, et Syst. nat., p. 125, n°. 7. — 20) Philosophienl Transactions, n°. 62, p.382. — 21) Storia nat. degli Uceelli, Florence, fol, tom. 1, PL. 20. — 22) Ornithlogia borealis, 1764, p. 2. — 23) Fauna groenlandien, 1780, 8, p.56, n°. 34b. — 24) Ibid, p.58, n°.35. — 25) Ibid., } — 26) Hist mat. des Oiseaux, 1, p. 241. — 27) Ibid, PL 13. — 28) Planches enlum,, 462. — 29) PI. enl., 210. — 30) Ibid., PL 266: figurent sous huit noms différents. Après avoir indiqué comme espèce le Falco rusticolus de Linné r), auquel Pennant et Latham avaient déjà mal à propos réuni le Falco rusticolus de Fabricius, Gmelin admet le Falco albus d'Albert le grand, d'Aldrovande, de Brisson elc., ainsi que le Falco islandus n°. 7 de Brunnich:; le premier 2) comme variété du faucon commun, le second 3) sous l'épithète d'albus comme variété du Falco islandus n°.9 de Brüm- Y av oir rangé, comme 4), apr nich, qu'il adopte comme espé troisième variété 5), sous lépithète de maculatus, le Falco islan- dus n°.8 de Brünnich. Le Falco candicans de Gmelin 6) est en grande partie fondé sur les figures et les descriptions du véritable faucon blanc, publiées par Aldrovande, Brisson, Buffon, etc.; mais Gmelin admet une variété dans l'espèce, qu'il appelle Falco can- dicans islandicus et qui repose sur le gerfaut d'Islande de Brisson, qui est le véritable gerfaut de Norwége. Quant au faucon d'Islande de Brisson, Gmelin en fait, comme cet auteur, une variété du fau- con commun, toutefois après avoir changé lépithète d'islandus en celle d'arcticus 7). Bechstein, en traitant des grands faucons du nord, a mis la confusion à son comble. Il admet d’abord comme espèce le Falco islandus 8) de Brünnich, avec ses trois variétés qu'il désigne sous les épithètes d'albus, de fuseus et de maculatus. Le Falco candicans de Gmelin figure encore, dans Bechstein, comme une espèce particulière sous le nom allemand de Geyerfalke 9); mais, après avoir cité parmi les synonymes de celte prétendue espéce le Falco fuscus de Fabricius, il y réunit trés mal à propos non seulement le véritable lanier décrit par Buffon d'après Belon, mais aussi le Falco lanarius de Linné, qui est notre gerfaut. Viennent ensuite les Falco rusticolus de Linné et de Fabricius qui sont réunis en une seule espèce 10); enfin les Falco communis albus et arcticus de Gmelin sont admis, dans Bechstein, comme deux variétés du faucon commun 11). Il est évident que les successeurs de Bechstein, ne se souciant guére de ce que lon avait écrit sur ces oiseaux avant Brisson et Buffon, ne pouvaient parvenir à débrouiller ce véritable chaos de doubles emplois de noms, dont l'histoire des grands fau- cons du nord était enveloppée. N'ayant pas été eux-mêmes à portée d'examiner des suites complètes d'individus des faucons blanc et d'Islande, ni du gerfaut de Norwége, et induits en er- reur par la supposition que ces oiseaux ne se revêtent de leur livrée parfaite qu'au bout de trois, quatre où même de cinq ans, ils prenaient ordinairement les individus adultes du fau- con d'Islande pour des individus à l'âge moyen du faucon blane, ils n'adoptaient qu'une seule espèce de grand faucon du nord qu'ils désignaient le plus souvent sous le nom de Falco islan- dicus, et ils rangeaient pêle-mèle, comme synonymes de cette soi-disant espece, les descriptions que leurs prédécesseurs avaient données des trois grands faucons du nord. Il est vrai que Nau- mann à décrit, dans la première édition de son histoire natu- relle des oiseaux d'Allemagne, le gerfaut de Norwége sous le nom de Geierfalke, mais d'ayant eu sous les yeux qu'un jeune individu et s'étant mépris sur les véritables caractères de cette espece, il la raya lui-même du catalogue méthodique dans la D Systena naturac, 13me édition, 1, p. 268, n°, 7, — 2) Ibid., p. 270, n°. 86, — 3) Ibid., p.271, no. S7, 8. — 4) Ibid., p. 271, n°. 87. — 5) n?, 87, . — G) Ibid, p. 275, n°. 101. — 7) lbid., pe 271, n°. 86, &, — 8) Naturgeschichte, 2me & «IL, pe 816, n°. 33. — 9) Ibid., p. 824, n°, 34. — 10) Ibid, p. 844, n°, 38. — 11) Ibid., p. 874 et 877. — 12) Gyrfalco, lib. VII, cap 3, p. 471. — 13) Sparviere bianco di Moscovia, tome L, pl. 20. — 14) Gerfant, vol. 1, p. 370, pl. 30, fg. 2 — 15) Gerfaut blanc des pays du nord, PL ent. 266. 12 seconde édition de son ouvrage. Quant au faucon d'Islande, Mr. Brehm fut le premier à se douter de la différence de cette race avec le faucon blanc, mais c’est seulement de nos jours que cette différence a été établie d’une manière évidente par Hancock. En parcourant d'un coup-d'œil rapide les indications que nous venons de donner sur la synonymie des grands faucons du nord, on voit que l'on ne peut guère rapporter avec cer- titude au faucon blanc que les descriptions et les figures sui- vantes, savoir: celles d'Aldrovande 12), des auteurs de la gran- , de Buffon 15), de Fabricius 16), et de Brünnich 17), lesquelles ont été toutes de Ornithologie italienne 13), de Brisson 14 faites d'après des individus adultes de cette espèce; et celles d'Edwards 18), de Forster 19) et de Fabricius 20), lesquelles ont été faites d'après de jeunes individus. Quant aux auteurs modernes, ils ont presque tous connu et décrit le faucon blane, sans toutefois le distinguer des espèces ou races voisines, et quel- ques-uns, tels que Naumann 21), Audubon 22) et Gould 23) en ont donné de bonnes figures; mais Hancock 24) est le seul auteur qui ait réussi, du moins en partie, à établir les traits distinctifs du faucon blanc et de celui d'Islande. Les fauconniers moder- nes, quoiqu'ils désignent souvent ce faucon à l'age adulte sous le nom de faucon blanc, ne le distinguent pas par l'espèce du faucon d'Islande, et comprennent ordinairement lun et l’autre sous la dénomination générale d'Islandais; quant au nom de gerfaut, ils ne lattribuent jamais à d'autre espèce qu'au vé- ritable gerfaut de Norwége. C'est le meilleur oiseau de fauconnerie et le plus renommé de tous, a ace à des qualités qu'aucune autre espèce ne peut lui disputer. On l'emploie à toutes sortes de vols d'animaux de grande taille, soit mammifères, soit oiseaux, particulièrement pour le vol du lièvre, du milan et du héron. La plupart des voyageurs qui ont parcouru les régions du PUF NL Il F 5 cercle arctique, soit en Amérique, soit dans l’ancien monde, parlent de cet oiseau remarquable al ge adulte par teintes d'un blanc plus ou moins pur; et il parait que cette espèce ne présente aucune différence de forme Ge de couleur dans des localités aussi distantes les unes des autres; du moins, un indi- vidu du Kamtschatka, que j'ai vu au musée de Berlin, ne diffère en rien de ceux tués au Groenland ou dans d'autres parties de l'Amérique boréale, et dont les dépouilles sont conservées dans la plupart des collections. Quoique ces oiseaux soient sédentai- res dans plusieurs localités, ils quittent cependant leur séjour habituel en nombre plus où moins considérable, à l'approche de la saison rigoureuse, afin de se rendre dans des lieux qui leur offrent une nourriture plus abondante; mais il arrive rarement qu'ils se portent, lors de ces courses, jusque vers le cinquantième degré de latitude boréale. Je ne connais point d'exemple qu'on en ait tués sur le continent de l'Europe, et il parait que cette espèce ne fréquente pas même la Scandinavie; du moins, elle est, suivant Mr. Boie 25), inconnue aux habitants de la Norwé- ve. L’Angleterre, au contraire, voit paraitre de temps en temps 16) Falco islandus, landus, n°.7, Ornith. bor ct, nt. 62, p. — 20) Faleo p. 58, nt. 35. — 17) Fall Philosoph. Tran ndrée, pl. leo vec — 19) Ê pe 56, n°, 34, — 21) PL 21, fig. 1, figure de l'adulte. — 22) pl. 366, adulte; PI 196 jeune individu sous le num de Falco labradora. — 23) Birds of Europe, Jerfileon, pl 19, fig. 1, figure dividu adulte tué en Angleterre. — 24) Voyez plus bas à l'article du faucon d'Islande. — 25) Voir aitiele du gerfaut des individus adultes de ce faucon 1), el il visite habituel- lement Plslande 2), quoique les adultes ne se rencontrent qu'en assez pelit nombre, mème dans cette ile si voisine du Groenland 3). Quant à l'Asie, il est difficile, faute de ren- seignements suffisants, de fixer au juste le cadre géographi- que que fréquente le faucon blanc. Pallas 4) rapporte que ces grands faucons habitent toute l'année en grand nombre les chai- nes de lOural et de FAltaï; mais plus tard il remarque que lon rencontre très rarement des individus de couleur blanche par- mi ceux qui fréquentent les montagnes que nous venons de nommer, tandis que ceux de la Sibérie orientale et du Kamt- schatka sont toujours de cette teinte. On voit que ces indica- tions ne sont pas assez précises pour décider si les grands fau- cons qui habitent P'Altaï et lOural, appartiennent en effet à l'es- pèce du faucon blane, ou s'ils forment des races ou espèces diverses, semblables au gerfaut ou au faucon d'Islande 5). Le faucon blanc est assez commun au Groenland, d'où les batiments danois en apportent aujourd'hui fréquemment les dépouilles. Fa- bricius 6) qui à observé ce faucon au Groenland même, consta- te qu'il 3 est commun, tant sur les montagnes les plus reculées de l'intérieur que sur celles qui s'étendent le long des côtes de la mer, et qu'on en voit même sur les petites iles couvertes de glace et éloignées des terres à des distances plus où moins con- sidérables. Lors de époque de la propagation, ces oiseaux se retirent dans l’intérieur des terres, où ils construisent leur aire sur des rochers. Retournant en automne vers les côtes de la mer, ils font la chasse aux ptarmigans, aux oiseaux plongeurs et à toutes sortes d'oiseaux terrestres de petite taille. Un ama- teur d'ornithologie assez expérimenté, Mr. Holboll, danois, qui a fait dix-huit fois le voyage du Groenland, vient de publier quelques notices curieuses 7) sur le faucon blanc; en voici le résumé: Mr, Holbôll observe d’abord que les teintes de cette espèce, assez commune dans toutes les parties du Groenland, sont, selon les individus, assez sujettes à varier, même au jeune age, et qu'il arrive quelquefois que de deux faucons accouplés, l'un offre des teintes très claires, l'autre des teintes plus fon- cées; ce voyageur a même recu une fois d'un même nid qua- tre jeunes, dont les uns étaient d’un brun foncé, tandis que les autres offraient des teintes assez claires et relevées par des taches d’un brun pale. Mr. Holboll croit en outre avoir ob- servé que ce sont particulièrement les faucons provenant des parties septentrionales du Groenland, qui se distinguent par leurs teintes claires, tandis que les parties méridionales produi- sent un plus grand nombre de faucons à teintes foncées. Quant a la couleur des serres, Mr. Holboôll confirme l'observation déja aile antérieurement que ces parties conservent souvent leur teinte bleuätre après que loiseau s'est revêtu de la livrée par- faite. Les jeunes oiseaux, dit Mr. Holboll, muent à ce qu'il parait pendant une grande partie de la saison froide, et il se pourrait très bien qu'ils fussent déjà propres à la propaga- tion Pannée après qu'ils ont vu le jour. Ce voyageur fait sui- vre ces remarques sur les leintes du faucon blanc de quelques 1) Gould, Le. bas à l'article du fi p.32 et Yarrell nm d'islinde, — 3) Thien History of British Birds, London, 1899, vol. L, p.20 et 30. — 2) Voir plus ick, 1827, 80, p. 80. — 4} Zoographia, 27. — 5) Les grands faucons de l'Asie n'ont pas encore été décrits et figurés jusqu'à Reise, Lei ton, | présent d'une manière scientifique. IL est vrai qu'il existe dans l'ouvrage du “6 pub pl. 25, ln fa ; mais ectte figure n'étant pas accompagnée d'une desorip. éral Ulardwicke, qui a par Mr. Gray sous le titre d'Indian Zoology, tome I ation d'un jeune \ de grande taille, appelé Falco cherrug observations relatives à ses mœurs. Celle espèce, ditil, con- struit son aire sur les rochers les plus inaccessibles; sa ponte, qui a lieu au mois de Juin, est de quatre œufs. Cette espèce se nourrit principalement d'oiseaux nageurs, mais elle attaque aussi les plarmigans ou d'autres oiseaux terrestres. Elle fait éga- lement la chasse aux pigeons domestiques, mais elle les pour- suit souvent sans pouvoir les atteindre; c'est alors qu'elle Sap- proche des habitations, où l'on parvient sans grande difficulté à labattre à coups de fusil, car elle n’est guere farouche. Au mois de Septembre, elle vient régulièrement fréquenter les bords de la mer, afin de commencer ses migrations vers le sud, migrations qui durent jusqu'en Novembre, et dont elle ne revient qu'au printemps prochain. Richardson 8) constate que le faucon blanc réside constamment dans les territoires de la baie de Hudson et qu'il a été observé également dans plusieurs autres parties de l'Amérique boréale jusqu'aux côtes de la mer arctique. En hiver, ces oiseaux, notamment les jeunes de l'année, suivent souvent les ptarmigans qui émigrent en par- tie à cette époque de l'année, et alors ils s'égarent quelquefois vers le sud jusqu'au cinquante-deuxième degré de latitude bo- réale. Ce faucon fait aussi la chasse aux pluviers, aux canards et aux oies: mais sa nourriture habituelle, ce sont les plarmigans qui cherchent souvent à éviter ses allaques en plongeant avec précipitation dans la neige, où ils creusent pour senfuir des boyaux d'une longueur assez considérable. I construit son aire dans les fentes des précipices. Mr. Richardson s'étant rendu dans le voisinage d'un des nids de ces oiseaux, fut pendant quelque temps l'objet de leurs attaques. DU FAUCON D'ISLANDE. Le Faucon d'Islande ressemble par sa taille, amsi que par tous les détails de son organisation, au faucon blanc, et les jeu- nes de ces deux races ne paraissent pas non plus présenter des caractères constants, au moyen desquels on puisse les re- connaitre; mais il n'en est pas ainsi, lorsque ces oiseaux ont subi la premiere mue, car, après cette époque, le faucon d'Is- lande se distingue facilement du faucon blane par son plumage beaucoup moins varié de blanc, et par la couleur foncée de son bec et de ses ongles. La description que lon va lire est destinée à retracer la distribution des teintes du faucon d'Islande en livrée parfaite. Le bec est à cet âge d'un bleuätre foncé, passant au noira- tre vers le bout et au jaune à la base du bee. La couleur du fond de la tête, du cou et des parties inférieures de loiseau depuis le menton jusqu'aux couvertures inférieures de la queue, est un blanc plus ou moins pur. Toutes ces parties, à l'ex- ception du menton et de la gorge, sont ornées de taches d’un brun tirant au noiratre couleur de schiste. Ces taches, en forme de fines raies longitudinales sur le devant de la tête et sur le milieu de la région des oreilles, sont beaucoup plus larges sur les autres parties de la tête ainsi que sur les par- lies latérales et postérieures du cou; celles de la région du ion, on ignore si ect individu avait été tué aux Indes où #il y quelque race voisine ait été apporté d'ailleurs; du reste, par sa taille le faucon blane et il se pourrait fort bien qu'il appartint à cette espèce ou à en existe an musée britannique, suivant Gray, List Accipitres, p. 23, un individu té au Nepaul. — 6 )F Naturhistorisk Tidskrift ana groenlnndien, p. 57 et 58. — 7) Voir le Journal danois publié par Mr. Kroyer sous le titre de tome IV, cahier 4ue, p.385 et auiv., Copenhague, 1848, 89 — &) Fauna boreali-amerieann, Birds, p, 27 et 28 jabot et des couvertures inférieures de la queue sont très al- longées mais étroites; elles sont petites et en forme de larmes ou de gouttes sur la poitrine, le ventre et les plumes des jambes ou elles offrent une teinte plus pale ; celles enfin, qui GS: ornent les plumes des flancs, sont plus foncées et plus Par que les autres, en forme de gouttes ou de cœur, où même élargies latéralement de manière à former des taches trans- de yeux el près de l'angle de la bouche, de petites plumes l'ai- versales en guise bandes. On observe sur le devant des des sans barbes, en forme de soies noires; mais il n'existe pas de tache en moustache apparente. La teinte du fond des par- ties supérieures de loiseau est un brun noiratre couleur de schiste tirant sur le gris-rougeatre; mais cette teinte, assez foncée sur le manteau, est beaucoup plus pale tant sur le croupion où elle tire au grisbleuatre, que sur le dessus de la queue, où le brun forme la teinte dominante, comme cela a aussi lieu sur les grandes rémiges. Toutes les plumes de ces parties sout plus où moins largement bordées de blanchätre et ornées en outre de taches de cette mème leinte, mais ces taches offrent des formes assez diverses suivant la région qu'el- les occupent, et elles disparaissent totalement sur les petites couvertures des ailes. On ne voit ordinairement qu'une seule tache claire, peu grande et en forme d'ovale disposé transver- salement, sur chaque barbe des couvertures moyennes de lai- le et des plumes du haut du dos; il en existe plusieurs sur les grandes couvertures des ailes; sur les rémiges du second ordre, elles sont plus larges, marbrées d’une teinte foncée et disposées de manière à former des bandes transversales inter- rompues; elles forment au contraire des bandes assez distine- les g grandes plumes de l'épaule et sur le croupion ou tes sur cette teinte claire üre sur le gris-bleuätre. Les rémiges pri maires sont terminées de blanc, et pourvues, outre les larges taches claires qui ornent comme d'ordinaire les barbes inter- nes, de taches claires marbrées de brun, disposées en manié- re de bandes sur les barbes externes de la moitié antérieure des rémiges, mais qui offrent peu d'étendue et dont la forme est assez irrégulière. La barbe externe de la première rémige est bordée de blanc, mais cette teinte forme vers la partie terminale de la penne une sixaine de taches semi-cireulaires. La queue est terminée de blanc, et ornée dans toute sa longueur, de douze à treize bandes transversales aussi larges que la tein- te foncée qui les sépare, et dont la couleur blanchatre est fortement pointillée et marbrée de brunatre. Ces bandes sont plus nettement dessinées et d’une teinte plus pure sur la face inférieure de la queue, quoique la teinte du fond y soit beaucoup plus pale qu'à la face supérieure. Les grandes couver- lures inférieures des ailes offrent des taches blanchätres trans versales disposées par bandes; les autres couvertures sont or- au milieu de taches foncées loi nées itudinales. Le faucon d'Islande, quoique connu de la plupart des auteurs de fauconnerie et d'histoire naturelle, n'a été distingué que ê de nos jours d’une manière précise. Il est vrai que Buffon en parle comme d'une race particulière, mais nous avons déjà dé- 1) Nouvelle description de l'Islande, trad, française, Paris, 1704, 80 tome 1, p.210, — 2) Prodromus, p. 8 — 3) Lehrbuch, Jenn, 1823, p.43 et euiv.; Isis, 1826, p. 900 et auiv.; Hand P. 65 et suiv.: Iicrofalco groenlandicus et islandieus. — 4) Annals of Natural History, suiv., PL X, fig AàG: Fale groculudicus et islandicus. — 5) Die Wirbelthiere Europas, cndicuns et gyrfalco. 1% montré en traitant du faucon blanc qu'il n'a pas moins con- fondu ensemble ces deux races d'oiseaux. Horrebow 1) est, que je sache, le premier auteur qui ait donné à ce sujet quel- ques indications; mais ces indications sont en partie inexactes el assez vagues, attendu qu'il constate simplement qu'il n'exis- te en Islande qu'une seule espèce de faucon, tantôt blanc, tan- tôt gris blanc, tantôt gris de couleur; que lon trouve même quelquefois dans un seul nid des petits offrant tantôt lune, tantôt l'autre de ces teintes; mais qu'outre ces faucons qui font leurs nids en Islande, il en vient aussi quelquelois en hiver du Groenland , qui sont presque tout blanes et que les faucon- niers appellent «faucons volants» parce qu'ils ne font pas de nid dans le pays. Faber 2) remarque que les faucons blancs sont rares en Islande et qu'ils ne Sy trouvent qu'en hiver. Guidé par ces données de Faber, Mr. Brehm a séparé par l'es pèce le faucon blanc où du Groenland de celui d'Islande; mais en lisant les descriptions qu'il a publiées de ces oiseaux à trois époques différentes 3), on remarquera qu'il se conlre- dit souvent lui-même par rapport aux caractères imaginaires qu'il assigne à ces deux races de faucon. Hancock 4) ayant examiné un grand nombre de faucons tués en été en Islande, el un de ses amis ayant également fait l'observation, lors de son séjour en cette ile, que les faucons blancs ne Sy mon- taient qu'en hiver, a de nouveau laché, toutefois sans con- naitre les travaux de ses devanciers, de démontrer la différence qui existe entre ces faucons; aussi son travail laisse-til peu à désirer, si ce n'est qu'il a attaché trop d'importance aux ea- ractéres tirés de la présence ou de l'absence d'un double fes- ton au bec de ces oiseaux, de la longueur relative de leurs ailes et de leur queue, ainsi que de la disposition des ban- des dont la queue est ornée; caractères qui n'ont paru être purement accidentels. Il en est de même de ceux tirés de la longueur relative des rémiges, et que MM. Keyserling et Blasius 5) ont indiqués comme traits distinetifs de ces deux l'a ces de faucons 6). Quant à nous, nous avons trouvé qu'il existe, entre les faucons dont nous venons de parler, d'au- tres différences que celles qu'offrent leurs teintes à l'âge adul- te. Du reste, le faucon d'Islande à cet âge a été représenté dans plusieurs ouvrages, comme par exemple, dans les plan- ches enluminées de Buffon 7), dans la grande Iconographie des oiseaux d'Allemagne publiée par Wolf et Meyer 8), dans l'ou- vrage de Naumann 9) et dans celui de Susemihl 10), où l’on a donné la figure d’une femelle adulte tuée près de son nid par Faber, en Islande même. com- Le faucon d'Islande, les fauconniers modernes que prennent sous la même dénomination que le faucon blanc, savoir, sous celle de l'Islandais, ressemble, par rapport à ses mœurs el à son caractère, en tout point au faucon blanc; aus si est-il estimé à légal de cette espèce el employé pour les mêmes genres de chasse. Il parait que cette race de faucon est uniquement propre à l'Islande, car je ne connais pas d'exemple qu'elle ait été observée dans d’autres parties du glo- be. On serait même tenté de supposer qu'elle n'émigre point 6) On peut consulter à jet notre Revue critique des oiscaux d'Europe, Leide, 1844, 8°, p. 1 et suiv., ouvrage duns leq ave une discussion des c res établis par Brehm, Hancock, Keyser lin Blasins pour dist e faucon blanc du faucon d'Islande. — 7) PI. 210. — 8) Naturgeschichte der Vogel Deutschlands planche sans numéro, — 0) Naturgeslnchte, nous. édition, pl. 21, fig. 2, — 10) PI 7, fig. | en hiver, vu qu'on n'en à jamais encore observé des individus en Angleterre, contrée que visite même le faucon blanc de temps en temps. Mr. Thieneman est le seul voyageur qui ait fourni des données sur la manière de vivre de ce faucon à l'état sau- vage. Ce savant rapporte 1) que ces oiseaux habitent de préfé- rence en été l'intérieur de File d'Islande. Ils construisent leur aire, composée seulement de rameaux, dans les fentes des ro- chers escarpés et inaccessibles. Leur ponte est de deux à trois œufs, qui sont un peu plus grands que ceux du milan, et dont la couleur ressemble à ceux du hobereau, c’est à dire, qu'ils sont d'un blanc verdâtre, couvert de tous côtés de taches plus ou moins grandes, plus ou moins distinctes, d'un brun tirant sur le roux. À celte époque de l'année, ce sont les oiseaux terrestres ou aquatiques, ainsi que leurs petits, qui offrent à ce faucon une proie facile, afin de pourvoir abondamment aux besoins de sa progéniture ; mais à l'approche de l'hiver, lorsque la plupart des oiseaux ont suecessivement émigré, ce faucon se nourrit presque exclusivement de ptarmigans. Il visite alors les riva- ges de la mer et s'approche souvent des lieux habités pour faire la chasse aux pigeons domestiques. Les oiseaux aquati- ques qui ont l'habitude de plonger, ne craignent guère ses allaques, quand ils sont à nager; mais ils tombent ordinaire- ment au pouvoir de cet ennemi dangereux, quand il arrive qu'il les surprend perchés sur les rochers. DU GERFAUT. Le gerfaut, toujours confondu par les naturalistes, soit avec le faucon blanc, soit avec le faucon d'Islande, ou avec le sa- cre, forme une espèce particulière, qui n'a encore été ebser- vée, lors de l'époque de la propagation, qu'en Norwége. Elle ressemble, par tous les détails de son organisation, ainsi que par les proportions relatives des parties du corps, parfaite- ment aux faucons blane et d'Islande; mais elle est constam- ment d’une taille moins forte, et son plumage parfait est très différent de celui des espèces que nous venons de nommer. La femelle du gerfaut est environ de la taille du male des faucons blanc et d'Islande; le male, au contraire, comme d’or- dinaire plus petit que la femelle, n'égale pas même toujours sous ce rapport la femelle du sacre. I ne porte le plus sou- vent que vingt pouces en lor ieur totale; ses ailes sont longu d'environ douze pouces et demi à treize pouces et un quart; la queue offre sept pouces et deux lignes à sept pouces huit lignes ; le doigt du milieu sans son ongle, un pouce et dix lignes ; le tarse enfin est de deux pouces et trois lignes, et les plumes, dont sa parti » antérieure est couverte vers le haut, OC- cupent un espace d'environ un pouce et trois lignes. Quant aux teintes, le gerfaut s'accorde au jeune âge en tout point avec les jeunes du faucon d'Islande, et la distribution des teintes offre les mêmes variétés individuelles que Pon ob- serve dans la race que nous venons de nommer. Les pieds sont a cét age d'un vert olivatre sale, tirant sur Île jaunatre, no- tamment sur les plaques dont les doigts se trouvent revêtus. La cire et la membrane des yeux sont le plus souvent d’une teinte un peu plus claire que celle des pieds. Revétu de sa livrée parfaite, le gerfaut offre un systéme de 1) Reise, Leipsick, 1827, 80, p. 50 à 83 [S1. coloration très agréable, qui ressemble à celui du faucon com- mun adulte, à cette exception prés que le gerfaut a la nuque ornée de quelques taches blanches, que sa tête et la région des oreilles sont couleur de schiste, que la tache en mous- tache est moins prononcée et moins foncée, que les taches des parties inférieures ne présentent pas une forme aussi dé- cidément transversale que dans le faucon, que les pieds sont de couleur verdätre, et que les teintes en général offrent par rapport à leurs nuances des modifications plus où moins sensi- bles. Du reste, le gerfaut s'éloigne trop du faucon, tant par sa queue plus longue, que par ses doigts plus courts et par les autres caractères propres à la subdivision à laquelle il ap- partient, pour qu'il soit possible de confondre ensemble ces deux espèces. Comparé au faucon d'Islande au plumage par- fait, le gerfaut adulte s'en distingue, au premier abord, outre sa taille moins forte, par la teinte foncée presque uniforme de la région des oreilles et des parties supérieures de la tête, par sa lache en moustache plus prononcée, et parce que les ta- ches foncées des plumes des jambes sont transversales et non pas longitudinales comme dans le faucon d'Islande. Le gerfaut au plumage parfait a les pieds d'un vert olivatre sale, assez pale, et tirant au jaune, notamment sur les plaques des doigts. La cire et la membrane des yeux est d’un jaune verdâtre. Le bec est bleuatre couleur de corne, passant au noir vers la pointe et au jaune à la base du bec. Le dessus et les côtés de la tête sont, ainsi que les parties postérieures et latérales du cou, d'un gris noir bleuätre ou couleur de sehis- LE GE NCELC teinte est un peu plus foncée vers le centre de chaque plume et sur la tache en moustache qui se confond dans la teinte générale de la région des oreilles, dont les parties supérieures et postérieures sont un peu plus claires que les antérieures. On voit, de chaque côté de la nuque, une es- pèce de collier incomplet, formé par quelques rangées de plumes blanchatres et ornées chacune d'une large tache longi- tudinale noirâtre. Toutes les plumes des autres parties supérieu- res de l'oiseau, celles de la face extérieure des ailes, et les ré- miges du second ordre sont couleur de schiste foncée tirant sur le brun; mais cette teinte est interrompue par les tiges noi- res ainsi que par les bordures et les taches d'un gris-bleuatre dont ces plumes sont ornées. Ces taches, constamment de for- me transversale, sont plus larges et plus nombreuses sur les grandes couvertures de laile et sur les rémiges du second or- dre, où elles prennent la forme de bandes plus ou moins com- plètes et souvent pointillées de brun au centre. La teinte elaire dont nous venons de parler, est plus pale et plus sale sur les couvertures supérieures de la queue, et elle 3 prend le des- sus, de sorte que la teinte foncée parait sous la forme de ban- des transversales en forme de croissant. Sur les côtés du crou- pion, la teinte claire tire sur le blanchätre et les bandes trans ve sales sont d'un gris foncé tirant au bleu violet. La couleur du fond des rémiges primaires tire fortement sur le brun-noi- râtre; les taches d'un © 5 is-brunätre dont elles sont pourvues à la barbe externe, se perdent vers l'extrémité de ces pennes, qui offre un fin liséré blanc: les taches au contraire, qui se trou- veut à la barbe interne de ces rémiges, sont assez pales à la face inférieure des ailes, tandis qu à la face extérieure, elles tirent sur le brun-rougeûtre qui change encore au blanc sur les pennes antérieures. Les bandes claires de la queue, dont on compte jusqu'à qualorze où quinze, offrent une teinte plus sale que les taches du dessus du corps, et elles sont couvertes, notamment vers le centre, de nombreuses petites taches con- fluentes d'un brun pale. Ces bandes étant assez larg teinte foncée parait sur la queue en forme de bandes étroites, tantôt continues, tantôt opposées, quelquefois en arc ou en croissant, et plus foncées vers l'extrémité de la queue qui est d'un blanc plus où moins sale. La face inférieure de la queue est comme d'ordinaire beaucoup plus pâle que la supérieure. Les petites couvertures inférieures des ailes offrent des taches longitudinales foncées; les moyennes couvertures sont ornées de taches claires, quelquefois de forme orbiculaire ou ovale, et ces taches prennent une forme transversale sur les grandes couvertures. La couleur du fond des parties inférieures de l'oiseau est un blanc plus ou moins pur, et ornée de taches couleur de schiste foncée tirant sur le brun. Ces taches, en fomre de fines raies longitudinales sur le menton et la gorge, prennent sur le devant du cou et sur les plumes qui recou- vrent la région du jabot, la forme de taches étroites mais d’é- gale largeur dans toute leur étendue; sur la poitrine et le ven- tre, ces taches sont très étroites à la base, mais elles s'é argis- sent vers l'extrémité des plumes pour y paraitre en forme de taches en larmes ou en gouttes; elles offrent une teinte assez foncée sur les plumes des flancs, où elles sont vers le haut en forme de cœur, vers le bas en forme de lozange s'appro- chant plus ou moins parfaitement de celle des bandes transver- sales. Des taches transversales en guise de bandes mais serrées et peu foncées, se voient également sur les plumes des jambes; enfin, les taches des couvertures inférieures de la queue offrent peu d'étendue, elles sont peu nombreuses, en forme de lozange et elles se prolongent souvent le long des tiges en guise de fi- nes raies foncées. Le véritable gerfaut ayant toujours été confondu avec les es- pèces voisines de faucons de grande taille, il est très difficile . I suffira par conséquent de rappeler ce que nous avons dit à ce sujet d'en fixer d'une manière rigoureuse les synonyn à l'article du faucon blane. Belisarius 1) est le premier qui ait indiqué quelques-uns des principaux caractères du gerfaut, en constatant que ce faucon offre des teintes plus foncées et qu'il est d’une taille moins forte que ceux que lon apporte d'Islan- de. Le Roi ») observe à juste titre que les gerfauts de N wége sont méchants, tant entre eux qu'envers les autres faucons. Brisson 3) a décrit et représenté un individu adulte du ger- faut sous le nom de gerfaut d'Islande. Buffon en a donné deux ligures, savoir, celle d’un jeune individu sous le nom de ger- faut de Norwége 4), et celle de l'adulte simplement sous le nom de gerfaut 5). Linné parait avoir décrit le gerfaut femelle à l'âge adulte sous le nom de Falco rusticolus 6), et le jeune mäle sous celui de Falco lanarius 7). Le Falco lanarius de Le des Ois p. 93. — 2) L. &., p. 432 — 8) Vol. I, p. 373, pl. 31. — 4) PL enl. 462. — 5) Ilist. nat . p. 242, PL 13. — 6) F , pe 19, n°. 66. — 7) Ibid., p. 22, n°. 62. — p. 22 — 9) Cet individu était un ux, tone 1 4 3) Ornithol. suecica et Skandinavisk Fauna aux, 1, p. 15 elle adulte; il est décrit et figuré “Tidékrif for Ji . pl. 58, fig. 110. — 11) Jait été donné par des Fi us le nom de Falco islandious, , p.352 à 803. — 10) Naturgeschichte, re édit, Nuc 278, pl. 22, fig. 2. — 12) L'individu 0 # qui ont l'habitude d'enlever le ntitulé ge, p. 409 us le journal sut are ete. unné ome 1, p. umann , U par e de ces oiseaux, 16 Nilsson 8) me parait encore reposer Sur un jeune male du ger- faut; et il se pourrait bien que le faucon tué en 1839 en Lap- ponie 9), appartint également à cette espèce. Naumann ro enfin à probablement établi son Falco gyrfaleo d'après une jeune femelle du véritable gerfaut; mais ayant rayé de la nou- velle édition de son ouvrage 11) cette espèce, sur les carac- téres de laquelle il s'était mépris 12), elle fut par la suite omise par tous les naturalistes. Il est vrai que Mr, Gould 13), averti de l'existence de cette espèce par nos fauconniers, qui l'ont distinguée de tout temps, dirigea l'attention des natura- listes sur cet oiseau qu'il ne connaissait pas lui-même en na- ture; mais dans l'impossibilité de donner des renseignements exacls sur cel oiseau, ses SUCCESSeurs m'ont nullement songé a en faire mention, pas même après qu'ils eurent reconnu la différence du faucon d'Islande et du faucon blanc. Ayant vu, dans la fauconnerie de la société d'amateurs établie en Hollan- de, un bon nombre de gerfauts vivants, je me suis empresse d'introduire dans le catalogue méthodique r4) cet oiseau, dont aujourd'hui j'ai ché de prouver la différence avec les espe- ces ou races voisines. Le mot de gerfaut, pris jusqu'a présent, pour ainsi dire, dans une acception générique, vu que l'on comprenait sous ce nom les trois races ou espèces de grands faucons du nord, a été réservé par nous, à l'exemple des fauconniers modernes, pour le véritable gerfaut de Norwége. L'étymologie de ee mot de gerfaut ou plutôt de celui de Gyrfalco, a donné lieu à bien des discussions. L'empereur Frédéric If 15) dit très naïvement: «cet oiseau se nomme Girofalco du grec Hiero, ce qui signi- fie sacré, d’où le mot Gerofalco; ou du grec Kyrio, ce qui signifie seigneur, d'ou le mot Kyrofalco, c'est à dire, faucon ofalco seigneur. Albert le grand 16) veut que le mot de C soit dérivé du latin gyrare (tournoyer), parce que, dit:il, cet oiseau, en poursuivant sa proie avec activité, s'élève en tour- noyant longtemps. Gessner 17) émet l'hypothèse que le mot de Gyrolf Agirone, mots qui signifient l'un et lautre héron. Aldrovan- yrofalcus pourrait dériver du grec Herodias où de Pitalien de 18) s'étend fort au long à ce sujet, mais il regarde toutes ces conjectures comme inexactes; le mot de Gyrfalco est, sui- vant lui, d'origine tudesque et est dérivé de Pallemand Geyer, ce qui signifie «vautour,» supposition adoptée par plusieurs savants, entre autres par Buffon. Belon 19) va plus loin encore en disant:» nous eussions cru, que le Gerfault deust avoir esté plus tost nommé du nom de Vautour (Gyps) et d'un Faulcon (Falco), et qu'on eust dit Gypsfalcus. » Mr. de Hammer 20), ayant trouvé dans des dictionnaires persans que le mäle du faucon blanc s'appelle dans cette langue « Dschoure-bas », est d'avis que le nom allemand de Gerfalke dérive du mot persan que nous venons de citer. Quant à nous, nous ferons observer que les grands faucons du nord, ayant été apportés dès le douzième siècle et probablement encore avant celte époque, du nord de l'Europe et transporté de là et particulièrement des Pays-Bas dans les autres contrées de cette partie du monde Naumann avait cru que cette esp ier, Règne ani al, 1, p.323, alla nt il fit un sous. tait réellement dépourvue. C plus loin encore en assig genre particulier qu'il nomma Hicrofaleo, — 13) Birds of E 0 islandicus. — de tique des oiscaux d'Europe, 1, p. 2, Loologic 2, et Revue cri et I, p. 5 à Ÿ. — 16) Lib. l, € — 10) Chap. 6 p.1#. — 17) P. 60. — 18) Lib. VIL, cap. 3, p. 471. — 19) Livre 11, chap. 6, p.04. — 20) Falknerklee XL 14) Abhandlungen aus dem Gebic ind vel Avant-propos, p jusqu'au Levant 1), il se pourrait bien que ces peuples eux-mé- mes leur eussent imposé le nom qu'ils portent encore aujourd'hui. D'ailleurs, on trouve en hollandais des compositions analogues à celles de gerfaut ou plutôt de «giervalk» comme par exemple celle de cgierzwaluwe» (martinet), de «gierbrug » (pontvolant), ete.; mais dans ces mots la syllabe de «gier» dérive évidemment du verbe «gieren», qui a du reste en hollandais un grand nombre mifications diverses, comme par exemple, celles de pousser de sig des cris aigus, d'accaparer ou d'amasser ardemment toules sortes d'objets, de voler, de se lancer ou de se jeter rapidement et en lravers vers quelque endroit ou d'un côté à l'autre, d'aller à pas chancelants comme des gens ivres, ete. Quoiqu'il en soil, ce mot de gerfaut a éprouvé bien des modifications en passant dans les différentes langues de l'Europe. Certaines ordonnances du roi Christiern HE que j'ai sous les yeux et qui datent du seixième siècle, portent Giervalk ou Gierrefell. Dans les ordonnances de l'empereur Charles V 2) et du comte de Leicester 3), ce mot est écrit en hollandais «geervalk». Merula lui-méme 4) a cgijervalk» et actuellement on écrit en hollandais «giervalk». En allemand où dit, tantôt Gerfalke, comme le porte l'ordonnance de lempe- reur Maximilien 5), tantôt Gierfalke ou Gyrfalke; les naturalistes : écrire Geierfalke. Les au- modernes de cette nation ont preler leurs italiens ont ordinairement « girofalcone », ou quelquefois «zirifalco», comme par exemple l'ouvrage de Mare Paul et d’au- lres ouvrages italiens écrits dans Pancien dialecte vénitien, où le Z'est toujours substitué au G et au C, quand ces consonnes sont suivies des voyelles E et LE L'empereur Frédéric en lati- nisant ce mot, écrit Girofalco, Crescentius Gyrfalco, Albert le grand Gyrofalco, Gessner Hierofalchus; les traductions latines de Mare Paul ont souvent Grifalco. En anglais on dit Jerfalcon, où simplement Jer, et au diminutif, Jerkin, nom employé pour désigner le tiercelet de gerfaut. Le véritable gerfaut n'a été observé jusqu'à présent, pendant l'époque de la propagation, que sur les alpes de li Norwége. C'est évidemment l'espèce que Fr. Boie 6) à rencontrée en 1517, lors de son voyage dans cette contrée, et dont il rapporte qu'elle quitte en hiver les hautes montagnes pour accompagner dans leurs migrations jusque sur les bords de la mer les ptar- inigans, dont elle fait sa principale nourriture. Les habitants de la Norwége ayant assuré à Mr, Boie qu'il n'existe dans leur pays, ni faucons blancs, ni faucons blanchätres, et les faucon- niers apportant jamais de ce pays que le véritable gerfaut, ou ne peut guere douter que tous les grands faucons qui ha- bitent, suivant Nilsson 7), les hautes montagnes de la Norwége el de la Suède, apparliennent à cette espèce du gerfaut. Ce sa- Yant constate que les jeunes de lannée quittent en hiver les montagnes et viennent alors visiter les autres parties de la Suède et mème la Suéde méridionale, Nos fauconniers, en allant pren- dre ces oiseaux, $'établissent toujours sur le plateau de Dovre- field; mais il parail que ce ne sont que les jeunes de lannée qui donnent dans les filets. Cette espèce fréquente même en automne la Hollande, où nos fauconniers prennent de temps eu temps de jeunes individus, d’où lon peut conclure, con- jointement avec lobservation de Nilsson, que les adultes ne 1) Marco Polo, livre 1, chi 50, p. 221, de la traduction de Marsden, — 2) Merula, p. 27. — 3) Ar- chives de l'adininistration forestière à la Haye 4) 15 et 16. — 5) Vou Hummer, Falknerklec “Divers racckende de Houtvesterie,n n6 2, fol. 43. — p. 94 “1 quittent pas à des distances considérables leur demeure habituelle. Les naturalistes ayant négligé d'étudier les mœurs du gerfaut à l'état sauvage, on ne possède point de détails relatifs aux habi- tudes et à la propagation de cet oiseau. En captivité, on observe qu'il diffère beaucoup, par rapport à son caractére, des faucons blanes et d'Islande; il est quinteux et obstiné, revèche et quel quelois méchant au degré d'attaquer les autres faucons de quel- que espèce qu'ils soient, où de fondre, quand on le fait voler en compagnie, sur son camarade, au lieu de poursuivre le gibier. On emploie le gerfaut pour le même genre de chasse que les deux autres grands faucons du Nord; mais le tiercelet de gerfaut est trop pelit et par conséquent trop faible pour le vol du lièvre ou du lapin. Avant de terminer l'histoire de cet oiseau, nous ferons obser- ver qu'il parait exister dans plusieurs parties de Asie des faucons très semblables au gerfaut. À cette catégorie appartiennent les grands faucons de l'Oural et de PAltaï, connus seulement par les indications de Pallas 8), qui se borne à observer que les faucons de ces montagnes ressemblent en tout point au grand faucon du Nord, mais qu'ils offrent ordinairement des teintes plus foncées. On a encore observé dans plusieurs autres parties du monde des faucons qui présentent, à l'âge adulte, des teintes assez sembla- bles à celles du vieux gerfaut, qui ne paraissent pas non plus s'é- loigner de cette espèce par leur organisation, ni par les propor- tions relatives de leurs parties, mais qui ne sont guére d'une taille plus forte que le lanier ou le si re. Tels sont le Falco hypo- leucus, découvert à la Nouvelle Hollande par Mr. Gould, mais dout on ne connait malheureusement qu'un seul individu à l'âge adulte 9); puis un faucon encore inédit du Mexique, dont on voit un individu adulte au musée de Berlin, où l'espèce porte le nom de Falco mexicanus: oiseaux peu connus, mais qui méritent de fixer l'attention des voyageurs naturalistes. DU SACRE. Le sacre des fauconniers est un oiseau d'une taille un peu plus forte que le lanier, et par conséquent intermédiaire, sous ce rap port, entre cette espèce et le gerfaut. Quant à son plumage, il se distingue de ces deux faucons, au jeune âge, par une modifica- tion un peu diverse des teintes, et parce que les deux pennes mitoyennes de sa queue ne sont pas ornées ordinairement de bandes claires; à l'âge adulte, il s'éloigne de tous les autres fau- cons revètus de leur livrée parfaite, en ce que son plumage, sem- blable à celui des Jeunes individus, offre des teintes peu agréa- bles, et n'est orné de taches transversales, ni sur le dessus du corps, ni sur les parties inférieures. Les ailes de la femelle de cette espece sont longues de qua- torze pouces et demi; celles du male n'offrent que treize pouces et demi de longueur, La queue est de huit pouces et trois quarts dans la femelle, et de huit pouces dans le male. Le doigt du mi- lieu enfin porte, dans la femelle, un pouce et onze lignes à deux pouces, dans le mäle, un pouce et huit lignes. Le tarse est em- plumé vers le haut de sa partie antérieure jusqu'à la moitié de sa longueur. La queue dépasse les ailes, lorsque celles-ci sont pliées, d'un pouce et un quart à un pouce et demi. buch, Sehleswig, sous le titre dé 6) Tag 8) Zuographia Mr. Gould 12, p. 809, 810 et 424. — 7) Skandinavisk Fan ux, I, p.9. — — 9) Cet individu est Bguré dans le magnifique e que publie Birds of Australia Les individus dans la première année, quoiqu'ils offrent dans les teintes une distribution semblable en général à celle du jeune gerfaut, s'en éloignent cependant par les détails suivants. La cou- leur du fond des parties supérieures est moins foncée, particulie- rement sur la queue, et elle tire plus fortement sur le brun. On ne voit que quelques taches claires isolées sur les grandes scapu- laires, et ces taches offrent, ainsi que les bordures des plumes, une teinte d'un brun-roux päle couleur de rouille, plus claire sur les bords des rémiges. Il y a plus de blanc à la nuque et à la partie postérieure de la tête où lon voit également des traces d'un brun-roux très pale. La queue est largement bordée de blanc à l'extrémité; on ne voit ordinairement des taches claires que sur les barbes internes des cinq paires de pennes latérales de la queue, et ces taches, au nombre de dix à onze, sont moins larges dans le sens latéral, où quelquefois même en forme d'ovale S'approchant plus ou moins de l'orbiculaire. Les taches des parties inférieures, le plus souvent d’un brun très foncé, sont ordinairement un peu plus étroites que dans le jeune gerfaut, et elles ne se présentent souvent, sur les couvertures inférieures de la queue, que sous la forme de fines raies foncées occupant les tiges des plumes. La région des oreilles est toujours marquée de blanc au milieu et cette teinte domine également sur le devant du front, ainsi que sur la raie surciliaire. Les rémiges n'of- [rent des taches claires qu'à leur barbe interne. Les serres, la cire et la membrane des yeux sont d'un bleu verdatre livide, tirant au jaunatre sur les plaques des doigts. Les teintes du sacre subissent par la mue les changements suivants. La couleur du fond des parties supérieures est plus pale, notamment sur la queue; les bords des plumes sont au con- taire plus larges, d'un roussatre plus vif sur les plumes du dos et des ailes, mais plus pale sur les pennes de la queue et sur les rémiges secondaires. Les plames du sommet de la tête sont également pourvues d’un bord assez large roux-brun pale tirant sur le blanc. La tache en moustache, interrompue par des plu- mes blanchätres, est peu marquée. Le menton, la gorge et les couvertures inférieures de la queue sont d’un blanchätre sale et uniforme, et cette teinte domine également sur les autres ré- gions du dessous du corps, vu que les taches dont elles se trou- vent ornées offrent en général moins d'étendue et une teinte moins foncée que dans les individus au jeune age. Ces taches en forme de gouttes, et assez petites sur la poitrine, le ventre et les plumes des jambes, sont cependant beaucoup plus larges sur les plumes des flancs. Celles qui se voient sur les petites el moyen- nes couvertures inférieures des ailes, offrent une forme longi- tudinale; mais les taches blanches des grandes couvertures sont transversales et disposées par bandes. Les ongles sont comme dans le jeune âge d’un noir uniforme et le bec est d’un bleuitre couleur de corne, passant au noir vers la pointe et au jaunatre à la base du bec. Les serres au contraire, la cire et la mem- brane des yeux tirent plus fortement sur le jaunatre que chez les jeunes individus. Il nexiste dans les ouvrages de l'Antiquité aucune donnée qui puisse nous autoriser à admettre que les anciens ont distingué D P. 64 — 2) Liber VIL, cap. 2, p. 407. — 3) Livre IL, chap. 14, p. 108. — 4) Gessuer, p.64. — 5) L'uiscau décrit par Belon, p. 110, sous le nom de Sacre égyptien, n'est autre chose que le Catharte (Cathartes perenopterus), que Belon et après lui la plupart des naturalistes, même le savant Cuvier, ont tres mal-i-propos pris po [0 s é de: Propos pris pour le vautour sacré des anciens Égyptiens; consultez ce que j'ai dit à ce sujet cette espèce de faucon sous un nom particulier. Les auteurs de fauconnerie, depuis l'empereur Frédéric jusqu'à le Roy, sont tous d'accord que le sacre est une espèce intermédiaire par sa ands faucons du Nord; taille entre le faucon ordinaire et les qu'il habite les parties chaudes de l'Europe orientale, et qu'il se distingue de tous les autres faucons européens de grande taille, par son plumage qui ne subit guère de changements sensibles par la mue. Ces caractères étant en effet propres à celle espece, on ne concoil gucre, comment il est arrivé que les naturalistes, établissant d'abord cette espèce d'après les indications des au- teurs de fauconnerie, l'aient par la suite rayé du catalogue mé- thodique, pour ly introduire de nouveau, peu de temps aprés, aux dépens d’une autre espèce, savoir celle du lanier, qu'ils supprimaient, après avoir conféré ce nom de lanier au sacre. Les naturalistes du moyen âge ayant également contribué à em- brouiller l'histoire du sacre, nous nous voyons obligé de faire succinctement connaitre les erreurs que lon à commises en trai- tant du sacre, où en employant ce nom pour désigner une espèce d'oiseau de proie quelconque. IT parait qu'Albert le grand n'a pas connu le véritable sacre, car l'oiseau dont il fait mention sous ce nom, se rapporte évidemment, comme nous l'avons constaté plus haut, aux grands faucons du Nord. Le Falco sacer 1) de Gessner est, pour ainsi dire, composé de l'espèce douteuse qui porte ce nom chez Albert le grand, et du véritable sacre, dont Gessner à emprunté la description aux ouvrages de Bélisaire et de Guillaume Tardif. Aldrovande 2) ne fait que copier Gessner, en traitant de cet oiseau; mais il ajoute des détails sur le véritable sacre lirés des ouvrages de Carcano et de Belon. Ce dernier orni- sable; thologiste 3) décrit le sacre d’une manière assez reconnais il croit que c'est l'oiseau appellé «triorchis» par Aristote et «buteo» par Pline; il lui confère en outre les noms d'hypotrior- chis et subbuteo, quoiqu'il les applique dans la suite également au hobereau; enfin il admet, comme l'avait fait avant lui Perro- tus 4), que le mot de sacre est traduit du grec «hierax» 5). Aucun des naturalistes anglais, à l'exception de Gould, w'ayant vu le sacre en nature, on concoit qu'ils n'aient pu faire que compiler ce qu'ils avaient lu sur cet oiseau dans les ouvrages de leurs pré- décesseurs. Forster 6) a décrit, sous le nom de Falco sacer, un oiseau de l'Amérique du Nord, qui est évidemment le jeune du faucon blanc. Brisson 3) fait du sacre la dernière de ses douze variétés de faucon. Linné omet le sacre tout à fait. Buffon 8), en traitant de cet oiseau, emprunte à Belon la description que cet ornithologiste a donnée du véritable sacre, et il y ajoute une fi igure faite d’après un individu de la Ménagerie du roi, et qui parait en effet représenter le véritable sacre. Le sacre de Pen- nant 9), de Latham 10), de Gmelin 11) et des autres naturalistes de la fin du siècle précédent, estun mélange des différents oiseaux décrits par leurs prédécesseurs sous le nom de sacre. Huber 12), dont l’ouv ge contient de jolies petites figures des oiseaux de fauconnerie, en a également donné une du sacre, mais il regarde trés mal-à-propos cette espèce comme identique avec le lanier, nom qu'il emploie pour la désigner. Bechstein 13) emprunte sa description du sacre aux ouvre ges de Brisson, de Buffon, de dans l'ouvrage de Susemihl, p. 13 et 16, — 6) Philosophical Transaction, n°, 62, p. 382. — 7) Vol. I p. 246, pl 14. — D) Arctic Il, p. 202 — 11) Vol. 1, p. 273, n°.03. — 12) Observa sur le vol des ciseaux, pl 1, n° 3, fig. 4 — 13) Naturgesch., re éd., vol. 11, p. 208, 2me éd,, p.835 p. 338. — 8) Ilistoire naturelle des oiseaux, tome 1 Loology n°, 06. — 10) Synopsis, vol. 1, part 1, p. 78, n° Pennant, de Latham et de Gmelin, mais induit en erreur par Buffon qui rapproche le sacre du lanier, sans toutefois le regar- der comme de la même espèce; el imitant l'exemple de Pallas qui, en communicant à Pennant la liste des oiseaux de l'empire russe, à transféré le nom de lanier au sacre qu'il avait observé lors de ses voyages, Bechstein suppose que le sacre ne diffère en effet nullement du véritable lanier qu'il croit n'être qu'une va- riété du faucon blane. L'histoire du sacre une fois embrouillée de cette sorte, les naturalistes du commencement de notre siècle pouvaient d'autant moins éclaircir la synonymie de cet oiseau, qu'ils w'étendaient guère leurs recherches jusqu'aux ouvrages et antérieurs à ceux de Latham et de Gmelin, ou de Brisson Buffon, et qu'ils prenaient les ouvrages de Bechstein comme point de départ pour la connaissance des oiseaux d'Europe. \yant reçu, comme MM. Naumann et Temminck, du musée de Vienne, le seul établissement de cette nature où exista à cette epoque le véritable sacre, des individus de cette espèce sous le uom de lanier, ou l'ayant observé eux-mêmes à l'état sauvage, 1); et faisaient figurer le sacre de Belon, de Buffon et de Gmelin, comme Pallas, ils décrivaient le sacre sous le nom de lanier tantôt parmi les synonymes de leur lanier 2), tantôt parmi ceux de leur gerfaut 3). Le sacre étant un oiseau trés rare dans les col- lections et ne se trouvant, que je sache, dans aucun des musées de la France ou de l'Angleterre, il est arrivé que les naturalistes modernes n'ont point ajouté de détails à la connaissance de cet oiseau qu'ils désignaient constamment sous le nom de lanier, et dont ils embrouillaient l'histoire en empruntant des données sur la patrie de cet oiseau aux ouvrages de Linné, de Brünnich et d’autres naturalistes qui ont décrit, comme nous le verrons dans la suite de cet ouvrage, sous le nom de lanier, des oiseaux très différents et du sacre et du véritable lanier. Le sacre à été figuré d'une manière assez reconnaissable sous le nom de lanier, dans les ouvrages de Naumann 4) de Gould 5), et de Susemihl 6). Le mot de sacre, en usage en Europe depuis l'empereur Fré- ar c’est déric [et Marco Polo, est évidemment d’origine arabe; le nom sous lequel on désigne dans cette langue les faucons en général 3). Pallas 8) penche également pour cette opinion. C’est donc à tort que l'on a rendu ce mot en latin par «sacer,» ce qui signifie sacré. Cette erreur une fois admise, on en commit bien- tôt d’autres; on alla même jusqu'à mettre ce nom de sacre en rapport avec le faucon sacré des anciens Égyptiens, dont par- lent un grand nombre d'anciens auteurs 9). Ce mot de sacre n'a guère subi de changements dans les différentes langues où il a été adopté. Les auteurs allemands et anglais ont ordinairement Sacker, mais l'ordonnance de l'empereur Maximilien 10) porte Säkher. Le sacre ayant été souvent confondu avec les espèces voisines, il existe peu de données exactes relativement à la distribution géographique de cet oiseau. Feu Natterer à tué plusieurs indi- vidus de cette espèce, lors de son séjour en Hongrie; et le fau- connier hollandais Mollen, se trouvant en Autriche, il y a une sixaine d'années, au service du prince de Trautmansdorff, nous 1) Naumann, vol. 1, p. 278, pl. 28; Temwinek , Manuel, 2ue édition, 1, p, 20; Pallas, Zoographia, 1, p.330. — 2) Naumann et Pallas, Le. — 3) Temminek, L €. p. 19. — 4) L.e. — 5) PI 20. — 6) PI 7. — 7) Ce Bit constaté, il ext aisé d'expliquer un passage de G. Tardif, lrepartie, chap. 6, p.68, qui rapporte sur la oi des fauconniers arabes qu'il existe trois espèces de suere. Gessner et Aldrovande ont de bonne foi copié ce passige, sans se douter que sacré est un nom générique et qu'il peut par conséquent Fort bien exister Uuis espéces de sacre ct même davantage, — 8) L. €. p. 830. — 9) La note suivante, qui se 19 dit avoir recu des jeunes sacres, enlevés de leur nid, au milieu du mois de Mai, sur les frontières de la Hongrie. Pallas 11) en indiquant le sacre sous le faux nom de lanier, distingue deux variétés de cette espèce, l'une de taille plus forte qui nait sur les monts Oural, l'autre plus petite el trés commune dans les dés variétés, dit-il, émigrent en hiver; du reste, toutes les don- ts de la grande Tatarie. L'une et l'autre de ces nées qu'il fournit sur ces oiseaux, se rapportent à la soi-disant petite variété qui parait en effet ne pas différer du véritable sacre. Cette espèce construit, suivant ce voyageur, son aire sur des arbres où même sur les arbrisseaux qui se trouvent au milieu du désert. Les petits, au nombre de deux à trois, quittent souvent le nid, avant d'avoir acquis le terme de leur croissance, et suivent partout leur mére, en faisant entendre de grands cris. Comme on peut facilement s'en emparer, les habitants du désert vont les prendre à cette epoque, car ces faucons sont très estimés comme oiseaux de chasse, particu- lièrement chez les Calmoucs. On emploie le sacre pour les mêmes sortes de vol que le faucon, et on peut même s'en servir pour le vol du milan; mais le sacret est trop faible pour cel exercice. Cet oiseau cependant n'habitant que l'est de l'Eu- rope et l'Asie occidentale, il arrive rarement qu'on en puisse obtenir pour les fauconneries. Il est bon de remarquer qu'il existe en Nubie et en Abys- sinie un faucon assez semblable au sacre, tant par ses formes que par les proportions relatives de la queue, des ailes, des rémiges et des doigts; mais qui s'en distingue par une taille un peu moins forte, ainsi que par des tarses un peu moins emplumés vers le bas et dont la couleur est dans tous les âges d'un jaune plus où moins vif. Cet oiseau, dont les dépouilles ont été apportées en Europe par MM. Ehrenberg et Ruppell, ainsi que par le prince Paul de Wurtemberg, porte au musée de Berlin le nom de Falco tanypterus 12). La femelle de ce faucon égale par sa taille le male du sacre. Quant aux cou- leurs du plumage, cet oiseau ressemble au jeune age presque en tout point au jeune sacre; comme dans cette espèce, la queue n'est pourvue de taches claires que sur les barbes internes des cinq paires latérales des pennes, les parties postérieures de la tête sont au contraire fortement teintes de brun rougeà- ire, et la tache en moustache est plus prononcée que dans le sacre. À Page adulte, le faucon tanyptère Séloigne beaucoup par son système de coloration, du sacre au plumage parfait ; il ressemble alors plutôt au lanier adulte, à cette exception près que toutes les teintes de son plumage sont beaucoup plus pales, plus ternes et comme décolorées, tandis que la couleur des serres est d'un jaune assez intense. DU LANIER. Le faucon que nous avons introduit dans cet ouvrage sous le nom de lanier, a élé regardé de tout temps, grace aux jolies teintes qui ornent son plumage, comme le plus bel oiseau de fauconnerie. Inférieur par sa taille au sacre, il égale sous ce trouve dans G. Cuvier, le Règne animal, D, p. 324, peut fournir la preuve de ce que nous venons d'u r; elle contient presqu'autant d'erreurs y a de noms; la voici: uierax, hierofalco faucon sacré, sacer, tous noms tenant à l'ancienne vénération des Égyptiens pour certains ojscaux de proie; gerfaut est corrompu d'hicrofileo.n — 10) Von Hammer, Falknerklee, p. 94. — 11) Zoographia tom. 1, p. 381. — 12) Nous nous proposons d'en donner I description et des figures dans la troisième livraison de nos 0 Abhandlungen, » rapport le faucon commun, dont il se distingue non seule- ment par les caractères propres au groupe auquel il appar- tient, mais aussi par la différence assez marquée des teintes. Dans le male, les ailes portent environ douze pouces et un quart en longueur; la queue offre six pouces et dix lignes, et le doigt du milieu, un pouce huit lignes. La femelle a les ailes longues de douze pouces et trois quarts; la queue est de sept pouces et dix lignes, et le doigt du milieu d'un pouce et neuf lignes. Quant à la hauteur du tarse et l'étendue des plu- mes dont il est revêtu vers le haut à sa partie antérieure, cette espéce ne présente pas de différences sensibles avec le faucon commun. Il n'en est pas ainsi de la couleur des serres, de la cire et de la membrane des yeux, ces parties offrant à peu prés les mêmes teintes que dans le sacre. La livrée du lanier au jeune âge ressemble à celle du jeune sacre, tout en offrant les modifications suivantes. Les taches des plumes qui revétent le sommet de la tête étant moins lar- ges, cest la couleur blanchätre des bords des plumes qui domine sur cette partie. La teinte roussatre de la partie pos- térieure de la tête et de la nuque est tant soit peu plus pro- noncée. Les bordures claires des plumes des parties supérieures de loiseau sont moins distinetés, et leur teinte tire moins for- tement sur le brun couleur de rouille que dans le sacre; ces parties sont au contraire ornées de petites taches d'un roux brun très pale, irréguliérement disséminées par-ci par-là, mais dont la forme, létendue et le nombre sont assez sujettes à varier suivant les individus. La couleur du fond de la queue est un peu plus foncée que dans le sacre; mais elle est tou- jours interrompue, tant sur les barbes externes que sur les barbes internes des pennes de la queue, par des taches trans- versales claires disposées en bandes. Le nombre de ces bandes incomplètes est de onze à douze, et leur couleur est absolu- ment semblable à celle des taches des ailes. Les taches des parties inférieures de loiseau sont en général moins larges que dans le sacre. Les petites couvertures inférieures des ailes offrent des taches longitudinales foncées; les moyennes sont parsemées de taches blanchätres, le plus souvent de forme orbiculaire; enfin, sur les grandes couvertures, ces taches clai- res offrent une forme transversale et elles sont disposées par bandes. Revêtu de sa livrée parfaite, le lanier offre, par rapport à ses teintes, de l'analogie avec le faucon et le ge ‘faut adultes, quoiqu'il s’en distingue tout de suite, outre un bon nombre d'autres caractères , par la belle teinte rougeatre dont la nuque et le dessus de la tête se trouvent ornés. Le devant du front et les parties antérieures des freins sont à cet age de couleur blan- chatre, Les plumes des autres parties du dessus de la tête, ainsi que celles de li nuque, sont d’un brun-roux pale, mais elles offrent au centre une tache longitudinale d'un brun noirûtre. Ces taches étant très larg sur les plumes du centre de la nuque, la teinte foncée y occupe un espace assez étendu de forme presque orbiculaire. La tache en moustache est peu lar- ge, mais assez nettement dessinée. Les plumes de la région des oreilles, d'une teinte blanchätre tirant fortement au jaune roug 1) Livre 11, chap. 38, p. 80. — 2) Ibid., chap. 2, p. 74. — 3) Feuillet 75 verso. — 4) Livre 1, chap. 7, p. 3 verso, 20 tre, offrent des taches longitudinales foncées qui prennent le dessus sur les parties postérieures el supérieures de cette ré- gion, de sorte que la teinte du fond y disparait presque totale- ment. La membrane des yeux est entourée de plumes noires, et une raie mal déterminée de la même teinte se prolonge depuis les yeux derrière la région des oreilles pour se perdre sur les côtés de la nuque. La teinte du fond des autres par- lies supérieures de l'oiseau est un brun noirâtre couleur de schiste. Toutes les plumes de ces parties, ainsi que les rémiges secondaires, sont pourvues, outre les bordures, de taches trans- versales claires, qui prennent la forme de bandes sur les sca- pulaires, les grandes couvertures des ailes et les rémiges se- condaires ainsi que sur le croupion, mais qui disparaissent au contraire totalement sur les petites couvertures des ailes. Cette teinte claire est un gris bleuatre, assez vif sur le bas du dos et sur le croupion, plus sale et marbre de brunatre sur les autres parties, et Lirant au brun-roux vers l'extrémité anté- rieure de l'aile. Les rémiges primaires sont, à l'exception des taches claires dont leurs barbes internes se trouvent ornées, d'un brun noiratre et elles offrent un fin liséré blanchätre. La couleur du fond de la queue est plus pale que celle des ailes et interrompue par une douzaine de bandes transversa- les de moyenne largeur et teintes d'un blane sale nuancé de grisbrun; l'extrémité de la queue est blanchatre. Les petites couvertures inférieures des ailes offrent des taches foncées lon- gitudinales; les moyennes sont ornées de taches blanchatres de forme plus où moins régulièrement orbiculaire; sur les grandes couvertures, enfin, ces taches sont transversales et disposées par bandes. La couleur dominante des parties inférieures est un blanc plus où moins fortement nuancé de jaune rougeatre pale. Le menton, la gorge et quelquefois aussi les plumes de la région du jabot, sont d’un blanchätre uniforme; les autres parties inférieures, au contraire, sont ornées de taches d’un brun noiratre. Ces taches sont en forme de cœur sur la poitrine et le ventre; celles qui ornent les grandes plumes des flancs of. frent beaucoup plus d'étendue, et imitent, quoique imparfai- tement, la forme de larges bandes transversales; celles qui oc- cupent les plumes des jambes sont également transversales, mais d'une teinte moins foncée; sur les couvertures inférieures de la queue, au contraire, les taches foncées sont ordinaire- ment longitudinales et assez étroites. L'oiseau qui porte dans notre ouvrage le nom de lanier, est la seule espèce du genre faucon qu'il convienne de dési- gner sous cette dénomination. L'empereur Frédéric 1) décrit ces oiseaux d’une manière assez reconnaissable; il les nomme «lanerii» où claynerii» 2). Ilen est fait mention dans l'ouvrage intitulé le Roy Modus et la Royne Racio 3), où l'espèce est indiquée sous le nom de «lasnier», De Franchières 4) et Guil- laume Tardif5) en parlent également, et on en trouve la des- cription dans le Recueil anonyme des oiseaux de fauconnerie 6). De Thou 7) nomme cette espèce simplement « lanius». D’Ar- cussia l'a fort bien connue, et il la represente dans son ou- vrage 8); enfin, tous les auteurs de fauconnerie postérieurs à ; Ê : : d'Arcussia, parlent de cet oiseau dans les mêmes termes que leurs 5) Première partie, chap. 5, p. 67 verso, — 6) Pag. 115 vero. — 7) Livre 1, p. 19 et 20. — 3) Pn hap. 22 et 23, p. 30 à 42 wière partie, devanciers. [ny a qu'un petit nombre de naturalistes qui aient connu et distingué cet oiseau. Albert le grand a décrit, sous le nom de faucon aux pieds bleus +), un oiseau qui parait en eflet se rapporter au lanier; mais les laniers d'Albert le grand sont, comme nous le verrons plus bas, des oiseaux très dif- férents du véritable lanier. Gessner 2) adopte ce faucon aux pieds bleus d'Albert le grand comme espèce; Aldrovande 3) fait de même, sans se douter de son identité avec le lanier décrit par les fauconniers français et par Belon; ce même fau- con aux pieds bleus” passa ensuite, mais sous un nom diffé- rent. savoir, celui de Falco stellaris 4), dans les ouvrages de Brisson 5), de Latham 6), de Gmelin3) et de Bechstein 8), et il ne cessa de figurer comme espèce particulière que lorsqu'il eût été rejeté par Naumann et énuméré par Wolf 9) parmi les synonymes du faucon commun, exemple imité par Tem- minck 10) et tous les naturalistes suivants. Belon 11) est le pre- mier naturaliste qui ait fait connaitre le lanier sous son véri- table nom et qui en ait donné une description passable; mais la plupart de ses successeurs, n'ayant pas été à même d'exa- ininer cet oiseau en nature, ils se contentaient ordinairement de copier cette description de Belon. C'est sur ce lanier de Belon que sont établis le Lanarius gallorum d'Aldrovande 12), le Lanarius de Willughby 13) et de Ray 14), le Falco lanarius de Klein 15), le Lanarius de Brison 16), à l'exception des sy- nonymes, le lanier de Buffon 13)et le lanier français ou La- nette de Bechstein 18) qui en fait très mal-a-propos une variété de son gerfaut. Il est vrai qu'il existe dans plusieurs ouvrages iconographiques des figures qui paraissent en effet représenter le lanier; mais ces figures sont faites avec si peu de soin que ce n'est qu'avec doute qu'on peut les rapporter à cette espece. \ celle catégorie appartiennent la figure du «Sparviere di Tunis», contenue dans la grande Ornithologie italienne 19), el qui parail représenter le lanier adulte; puis celle du « Spar- viere della specie gentile», qui se trouve dans le même ou- vrage 20), et qui pourrait bien avoir été faite d’après un jeune individu du lanier; enfin, la figure du Falco lanarius de Le- vin 21), faite d'après un individu tué au Lincolnshire, et qui parait encore représenter le lanier dans la première année 22). Il est probable que plusieurs autres naturalistes ont eu égale- ment sous les yeux des individus du véritable lanier; mais ils ont confondu ce faucon avec les espèces voisines. Buffon et Naumann sont de ce nombre; ces deux auteurs ont, à ce qu'il parait, représenté des individus du véritable lanier, tués au commencement de Ja premiére mue, mais ils les ont pris pour de jeunes individus du faucon commun 23). Les autres orni- thologistes des temps modernes ont complétement ignoré le vé- itable Vanier. Ce ne fut qu'en 1829 que Mr. le baron de D Chap. 13, p. 184: de falcone qui habet pedes azurinos. — 2) Lib. IL, p. 73: de falcone cui pedes cucrulei, eyanopoda dixeris. — 3) Livre VI chap. 13, p. 405: de Falcon anopode, — 4) Eberus et au rapport de Gessner, Le. p. 42 et 73, supposé que l' 8 d'Aristote, nom que l'un traduisait en latin par Accipiter stellaris, était l'oiseau nppelé par les allemands «Blaufussn, o'est à dire «pied bleu», on transféra ce nom d'Ac n° 11 nt. 36. — 9) Tachenbuch, 1 p. 123. — 12) Livre VII ion du lnier de Carc piter ou Falco stellaris au faucon aux picds bleus d'Albert le grand. — 5) Vol. 1, p — 6) Synopsis, 1, 1, p. 79. — 7) p. 58, — 10) Manuel, Ie é 10, p. 888. — 13) Livre Il, 05. — S) L.e., — 11) Livre IL, chap p. 838 22 chap. S. Willughby y rapporte — 14) Synopsis, p.16, n°, 13, — 16) Historic avium pr 5. — 16) Pag. 363, n°,16, — 17) Vol.1, p.243. — 1$) Le 1767, fol., vol. 1, pl. 17. — 20) Ibid., pl, 18. — 21) The vol. 1, pl. 1 vol. 2, pl 7, sussi la des ro- p.830. — sus, Lubecae, 1750, p. 48, n° ï Uecelli London History of Dirds impossible d 19) Storia Firenze 1796, fol z Dirds of Great Britain fig. 36. — 22) Quant au Launeret d'Albin, Natural London 1738 cette figure est si abominable qu'il est absolument idée de l'espèce qu'elle doit représenter. — 23) Buffon, PL. enl. 470, sous k mom de £ me édit, PI. 24, fg. 1, p. 287 et 288, sous le non de jeune mäle du Feldegg, amateur passionné de lornithologie, rencontrant le vé- ritable lanier en Dalmatie, en recueillit quatre individus. Ces individus ayant été d'abord regardés par feu Natterer, comme appartenant au faucon pélérinoïde 24), petite espèce très dif- férente du lanier et qui habite la Nubie, nous avons reconnu, en examinant nous-mêmes les individus tués par Mr, de Feldegg, qu'ils ne pouvaient être rapportés à aucune des espèces con- de leur identité avec le véritable lanier des anciens fauconniers, nues des naturalistes; mais, ne nous doutant nullement Nous NOUS SOMINES CTUS autorisés à les décrire comme appar- tenant à une espèce nouvelle, que nous faisions dés lors con- naitre sous le nom de faucon de Feldegg 25). Cette méprise paraitra excusable , quand on réfléchit à combien d'erreurs lap. plication du nom de lanier a donné lieu, et combien d'espèces différentes d'oiseaux on a successivement décrit sous ce nom. Nous trouvons qu'on a fait mention, pour la première fois, du nom de lanier dans l'épitre catalane d'Aquila, de Symache et de Théodose. Il existe, selon ces auteurs, deux espèces de laniers, (laner); une, à tête et à bec gros, aux pieds d'aigle, difficile à dresser pour la chasse, mais qui se fait à cet exer- cice à la seconde année, et devient très bonne à la troisième année, (probablement la buse pattue); l'autre, plus petite et réputée ignoble par tout le monde , (peut-être la cresserelle) 26), Albert le grand 27), tout en se rapportant aux auteurs de l'é- pitre catalane, adopte cependant trois espèces de laniers, (la- narii), qui forment à elles seules la division des faucons ignobles. Deux de ces espèces, dit-il, s'appellent «butherii»; elles sont de la taille du faucon, blanc et noir de couleur, et elles fré- quentent les champs pour faire la chasse aux souris, La troi- siéme espèce, de la taille de Fémérillon, est d’une teinte rousse ; on la nomme en allemand «Suemere» où «Sweimer» 28), et elle a l'habitude de se tenir suspendue sur un seul point dans les airs 29). Ces indications prouvent à l'évidence que les butherii d'Albert le grand sont des buses, probablement la buse com- mune et la buse pattue, et que son Sweimer n'est autre chose que la cresserelle. Les auteurs de fauconnerie italiens ne pa- raissent pas avoir connu le véritable lanier, puisqu'ils s'accor- dent à dire que les laniers (lainieri) sont des oiseaux ignobles et très différents du lanier des fauconniers francais; Belisario constate même qu'on nomme en ltalie ces oiseaux de proie ignobles, «villani», qu'on en trouve, à ce que l'on rapporte, d'excellents pour la chasse en France, mais que ceux de la. lie ne sont bons à rien 30). Revenons aux naturalistes. Les « lanarii» de Gessner 31) sont un mé ange des laniers d'Albert le grand, des villani de Belisario, et du véritable lanier de G. Tardif. Aldrovande 32) parle d'abord des oiseaux appelés lanarii par Albert le grand et villant par Belisario; mais les faucon commun; ee mème individu est beaucoup mieux représenté et sur one échelle plus large dans li es en in folio, XIV, fig, 22. — 24) Cette espéce à première édition de Pouvrage de Naumann, pli dans les Planches coloriées 479 et dans Susemihl der Zoulo I, p. aiv., pl. 10 et 11, n le et le mâle adulte; la femelle adulte a été figurée dans l'ouvrage de Susemihl « Dels ocels hi été décrite et fgurée par Mr. Temminck 25) Schlegel, Abh présentant le jeune 1 3 et gen aus dem Gebietc ete Naturgeschichte der Vügel Europa's, plS bis. — 26) Pag. 189; voici ce passage en original qui son appelatz Flcons sont VIL manicres. Lo primer es appelat laner, del qual son IL al cap et bee mus lo peus ha d'anguila, los quals son afaytats ab gran afayn. Ë pre anyn, et lo tercer noblement. Laltre es de 1 al a tot hom.» — 27) L. « chap. XV, p. 185. — 2$) Eu allen landnis désignent encore aujourd'hui In er restent, la qual es an d'os “Schwimimer,n c'est à di cur; les fauconniers hol elle sous le nom de «£wemmer.» p.177 et VIII, p illarun istic opera avium proprietati nominie 74 — 29) Voyez aussi 181, de lunier roux d'Albert le rapport à ce 30) Le grand, les chap. HI son traité. p. 107 et 108: unum tamen scire possumus u in ref [1 nostra nee anime viribusque pag. 350. volatu valant, — 31) Lib, LL, p cap. 11 oiseaux qu'il décrit sous le nom de lanarii paraissent se rap- porter, Fun r), au busard Montagu, (Circus cineraceus), l'au- te >) qu'il appelle Lanarius albus, au busard saint Martin, (Cireus cyaneus). Dans la suite de son ouvrage 3), Aldrovande introduit à juste litre, sous un nom particulier , savoir, celui de Lanarius gallorum, le véritable lanier décrit par Belon et par G. Tardif. On voit par ces données que le nom de lanier avait dès l'origine deux significations très différentes lune de lautre, l'une spécifique, lorsqu'il s'agissait de désigner le véritable fau- con lanier, l'autre générique, très vaguement employée pour y comprendre plusieurs oiseaux de proie ignobles. L'usage d'em- ployer ce mot dans un sens générique fut encore suivi par Frisch qui décrivit sous le nom générique de Lanarius plu- sieurs espèces d'oiseaux de proie ignobles 4), et par Brisson qui adopta non seulement tous les laniers de Frisch, que nous venons d'énumérer, mais aussi le Lanarius albus d'Albert le grand, toutefois en changeant cette dénomination en celle de Lanarius albicans 5). Linné ayant rejeté le nom générique de Lanarius, il rangea le Lanarius de ses prédécesseurs dans son genre faucon, mais il appliqua le nom de Falco lanarius à un faucon de grande taille de la Suède, qu'il dit être très différent du soi-disant lanier italien, c’est à dire, des laniers des auteurs de fauconnerie italiens, qui ne sont autre chose que les oiseaux de proie ignobles; du reste, la description que Linné a donnée de son Falco lanarius 6), parait être faite d’après un jeune male du gerfaut de Norwége. Il en est de même du Falco lanarius de Nilsson 7 7). Brünnich 8), se souciant peu de ce qui avait été dit du lanier avant lui, prend pour tel Fémé- rillon. Mohr 9) imite Brüunnich sur ce point. Gérardin 10) dé- crit sous le nom de lanier un faucon de petite taille, originaire de la Suisse, et qui parait se rapporter au hobereau. L'oiseau euré par Buffon 11) sous le nom de lanier, est un très vieux male du faucon commun. Huber 12) d'adopte pas le lanier comme espèce, où plutôt il le prend pour le même oiseau que le sacre. Le nom de lanier, ayant été transféré, comme nous lavons constaté en traitant du sacre, à cette espèce par Pallas et par Pennant, cet exemple fut imité par Naumann et Temminck 13) qui décrivaient le sacre d’après nature sous le nom de lanier, et dès lors tous les naturalistes postérieurs s'empres- sérent de suivre cet exemple. On voit par ces dounées que de- puis Linné les naturalistes réservaient constamment le nom de lanier pour dé igner quelque espèce de faucon noble, mais qu'ils étaient peu d'accord sur l'espèce qui devait porter ce nom; aussi ont-ils souvent confondu, parmi les synonymes de cet oiseau, les espèces les plus hétérogènes, de sorte que l'on ne peut guère citer les ouvrages de ces écrivains sans commettre de doubles em- plois de noms 14). NE AU Ilest clair d’après ce que nous venons de constater sur l'ap- plication du nom de lanier à des espèces d'oiseaux de proie très différentes les unes des autres, que les naturalistes ne pouvaient 1) Figuré à la pi — 2)F reus siv& Falco alboci guré à la 381. — 3) Lib. VII, 10, p. us albus 8. Falco albus de Frisch, 488. — 4) Le pl. 7Ù et 80, cap. reus et le (Cireus aneus); son Vultur fusous 8, Lai us et le Vu ur 8. Laniarius medius, pl. 77 et sard des marais, (Circus rufus); cofin, lle, sous le nom de Tinuuneulus alter , 0. 18. — 6) Fa n®.17, et Skaudinavisk Fauna, Oise: 2) Forsûg, p. 19, n°. eOauv — 11) Planches enluminées 430. — 12) Observations , pl 1,00 3, fig. 4 {eur à té, pl. 85, le je s Laniarius rufus. — 5) Ornithologie, tome 1, } 7) Ornithologia sue p.44 borealis pl,nt Let 2 Sucre où Lanier, — 1 1 se former qu'une idée assez confuse de la véritable patrie du la- nier. Jean de Franchières, G. Tardif, et après eux la plupart des fauconniers et naturalistes français jusqu'à Buffon, consta- térent que le lanier est un oiseau commun en toul pays, parti- culièrement en France, où il fait son aire sur les arbres élevés des bois. S vrage d'Albert le grand, dont les laniers sont, comme nous oit qu'ils aient puisé ces renseignements dans l’ou- l'avons vu plus haut, des oiseaux très différents du véritable lanier et à la vérité communs par toute l'Europe; soit qu'ils aient répété ce qu'ils avaient lu dans les ouvrages des faucon- niers arabes et grecs, qui avaient tout le droit de dire que le lanier est un oiseau commun en tout pays, C'est à dire, dans les pays qu'habitaient ces fauconniers; soit enfin, que l'on prit dans un sens trop étendu les indications de d'Arcussia qui veut en effet que le lanier se trouve dans le midi de la France: ces erreurs, une fois recues, ne cessérent de se propager el de s'accréditer. Ce füt encore pire, lorsqu'on eüt successivement décrit sous le nom de lanier, le faucon blanc, le gerfaut, le faucon commun, le sacre, l'émérillon et d’autres espèces: dès lors on attribuait tout ce que lon savait sur la distribution géographique de ces oiseaux, au sacre que l'on désigna sous le nom de lanier; on faisait habiter ce prétendu lanier en Hongrie, en Russie, en Tatarie, et même dans l'Amérique du Nord; on soutenait qu'il s'égarait jusqu'en Suède, en An- gleterre, aux iles Far et en Islande: et Sonnini et Vieillot 15) allérent jusqu'à dire que le lanier était autrefois assez com- mun en France, mais qu'il y à disparu pour se retirer dans des contrées plus septentrionales. L'étymologie du mot lanier est non moins obscure que cel- le du mot de gerfaut. Ducange veut qu'autrelois en France, on appelait ainsi les hommes dégradés et lâches. Les auteurs qui ont écrit sur la fauconnerie, sont d'avis que ce mot est dérivé du latin, soit de «lana» (laine), soit de «laniarius», (boucher), et que ces oiseaux ont été désignés sous ce nom, soit à cause de la nature molle et laineuse de leurs plumes, soit parce qu'ils ont l'habitude de déchirer les animaux dont ils se nourrissent; suppositions dont la première est tout au plus applicable aux buses, tandis que la dernière nous parait bien gratuite, vu que l'habitude de déchirer la proie est com- se mune à la plupart des oiseaux de proie diurues. On sait à la vérité fort peu de chose relativement à la dis- tibution géographique, à la manière de vivre et aux mœurs du lanier. Nous avons constaté plus haut que le baron de Feldege a tué, lors de ses excursions en Dalmatie, quatre individus du lanier; il est donc probable que cel oiseau se trouve habituel- lement dans ce pays. Quoiqu'il en soit, il wa été observé que très rarement dans les autres parties de l'Europe, dont il ne parait fréquenter qu'accidentellement les parties tempérées. \ l'exception des trois individus décrits par Buffon, Lewin et Nau- mann, je ne connais qu'un seul exemple que cet oiseau ail de Gmelin figure dans 13) Meyer et Wolf n'ont adopté comme espéce, ni le lanier, mi le sacre; le lin leur ouvrag les synonymes du faucon commun; voir Taschenbuch, 1, p.58. La première édition du Manuel d'Ornithol core conforme, à l'égard de ces deux espèces de Mr. Temminck, p.3 à l'ouvrage de Meye runté les noms et Wolf. — 14) La plupart des ornithologistes modernes ayant latins des oiseaux d'Europe à l'ouvrage de Gimelin, il suffira, pour prouver ee que nous venons de dire de constater que ce € » lanarius de Linné, les Lanarii de apiluteur à réuni sous un seul Gessuer, le Lanar Falco 1 maire d'histoire naturelle, P. gallorum d'Adrovande, et le Tani nant qui est en partie établi d'après le rius de P. Syst Ie édition, p. 276 n°, 25. — 15) Nouveau Diction CA a naturae, is, Déterville, Tome XL, p. été rencontré dans l'Europe centrale 1). Les fauconniers hol- grand nombre de fau- landais, qui prennent annuellement un cons, assurent unanimement m'avoir jamais vu cel oiseau à l'état sauvage. I parait que le lanier fut autrefois assez recherché des fau- conniers, attendu qu'ils en parlent tous dans leurs ouvrages 2). D'Arcuss rapporte qu'il n'est point de meilleur oiseau à la perdrix, quand ia 3), qui à le plus amplement traité de ce faucon, il s'adonne à être bon, et qu'il endure la captivité avec tant de facilité que l'on à gardé de ces individus durant dix-huit à vingt ans: mais, de l'autre côté, cet auteur constate que le lanier est peureux, poltron et d’un naturel vilain. L'abondance des laniers niais, dit cet auteur, vient de Sicile; ils font la plupart leurs aires dans de grands rochers, el parfois aussi au haut de quelque grand arbre; il en vient aussi de la Pouille, lesquels se pren- nent dans les montagnes du pays. Quant au lanier de passage, cel auteur assure qu'on en prend en la Craux d'Arles, mais que les meilleurs viennent de la Craux de Vérone en Lombardie 4). DU LANIER ALPHANET OÙ TUNISIEN, C'est sous ces noms que les anciens fauconniers ont désigné un oiseau qui ne se distingue du lanier que par quelques modi- fications dans la nuance des teintes. Ces modifications, quoique légères, étant à ce qu'il parait constantes, et cet oiseau ne pa- raissant pas se trouver dans les contrées habitées par le lanier, ous avons cru devoir suivre Pesemple des auteurs de fauconne- rie, en traitant séparément de ce lanier alphanet el en lintrodui- sant comme race diverse du véritable lanier. Le lanier alphanet ressemble en tout point au lanier ordinaire, tant par sa taille que par les proportions relatives de la queue, des ailes et des serres, ainsi que par la couleur de la cire, de la membrane des yeux et des serres. Il parait que cette race varie aussi considérablement par rapport à sa taille que le faucon ordinaire. Un jeune mäle de notre collection, qui nous à été envoyé de la Grèce, a les ailes longues seulement de onze pouces el trois quarts; sa queue est de six pouces et trois quarts, et le doigt du milieu n'offre qu'un pouce et demi. Dans une vieille femelle, provenant de l'Ésypte, les ailes portent treize pouces et dix lignes, la queue est de sept pouces et demi, et le doigt du milieu d'un pouce et neuf lignes. Un troisième individu venu de la Grèce, également femelle, mais encore revétu de sa pre- mire livrée, est remarquable par le développement de ses doigts, dont celui du milieu offre presque deux pouces en longueur; les ailes ne portent que treize pouces et demi, mais la queue est de sept pouces et trois quarts. ne parait pas que le lanier alphanet présente, dans la pre- ère année, des différences avec le jeune lanier ordinaire; mais une fois revêtu de sa livrée parfaite, les teintes de son um offrent, comparées à celles du lanier adulte, les mo- I difications suivantes: Les taches foncées de la partie postérieure de la tête et de la nuque sont beaucoup plus étroites et n'oceu- 1) L'individu dont il é'agit a été pris, il ÿ a quelques aunées, près d'Ianau ; il est conservé au musée de Mayence, où je l'ai examiné. — 2) Il existe dans la galerie de peinture à la Haye, un tibleau qui représente le portrait d'un el portant sur Le poing un lineret hagard. Ce portrait, un peu au dessous de la deur nat est peint par le cé iption XLVIL, Auuo Du. MDXXXIIL — 3) Fauoonnerie, Lee pi tie dernière assertion est peu probable IL Holbéin le jeune, et porte l'ins 1, Etati suac D 14) surent un Robertus_ Chesem chap. 82 et 33 auteurs de Étuconnerie it dimement ue se trouve eu parlant du véritable lanier, q qu'en France et janais en Malie 22 ze) pent souvent que la tige des plumes; la couleur roug, atre qui se voit sur ces parties, ÿ domine par conséquent, et comme elle üre fortement sur le brun-roux, la distribution des teintes sur celte partie rappelle en quelque sorte celle que l'on observe sur la tête de la pie-grièche rousse, (Lanius rufus). Le front tire, à l'exception de sa partie antérieure, fortement au brun-noira- tre, el celle teinte s'étend également au-dessus des yeux le long des bords latéraux de la tête; elle occupe en outre les parties supérieures et postérieures de la région des oreilles, et se pro- longe sur le devant de cette partie pour former la tache en moustache, qui est par conséquent plus foncée et plus large que dans le lanier ordinaire. La couleur du fond du dos, des parties postérieures du cou, et de la face externe des ailes, tire plus fortement au brun, et les bordures et taches claires dont les plumes de ces parties se trouvent ornées, sont beaucoup moins apparentes, de sorte qu'elles se confondent plus où moins parfaitement avec la couleur dominante. Le croupion offre des teintes plus sales, et les bandes claires de la queue sont beau- coup moins distinctes que dans le lanier. Les parties inférieu- res de l'oiseau présentent, à partir de la région du jabot, une assez forte nuance de roux-brun pale, qui se prolonge aussi sur les couvertures inferieures des ailes. Les plumes des jam- bes enfin sont souvent de forme longitudinale. Il parait que, ni l'empereur Frédérie, ni les anciens faucon- niers grecs et arabes, n’ont distingué cette race de faucon et qu'ils Pont par conséquent comprise sous le même nom que le lanier; du reste, on ne peut guère douter qu'ils n'aient con- nu cel oiseau qui nous à éle envoyé de la Grèce et de l'Egypte, el qui se trouve probablement aussi dans plusieurs autres parties de l'Afrique septentrionale. Jean de Franchières 5) en fait mention sous le nom de «Tunisien», constatant que ce faucon s'appro- che assez près du lanier et qu'il est nommé Tunisien, parce qu'il vient de Barbarie et de Tunis. La plupart des auteurs de fauconnerie qui ont écrit après lui, rapportent à peu près la même chose. D'Arcussia 6) en donne deux figures; il appelle cet oiseau « Lanier alphanet », nom arabe Sa quoiqu'il affirme que ce nom ail été donné à ce faucon par les Grecs, «pour estre réputé en leur pays le premier oyseau de proÿe, dérivant ce nom de la premiére lettre de leur alphabet. » 1 dit un peu plus haut: «ces oyseaux sont venus premièrement à nous de Barbarie, on les appelle Tunissiens »; puis il ajoute quil en à vu prendre en la Craux d'Arles et que ceux qui viennent du côté de l'Égypte sont plus grands et ceux de Candie plus blonds que les autres 8). Les naturalistes n'ont connu cet oiseau que d'après les données des auteurs de fauconnerie. Gessner 9), ne consultant par rapport à cet oiseau que louvrage de G. Tar- dif, qui l'indique seulement par le nom 10), n'en fait mention que dans les généralités qui précèdent l'histoire des espèces de faucon; il le nomme Falco tunisius. Belon 11) parle seulement du tunisien en traitant du faucon éommun. Le Falco tunetanus d'Aldrovande 12) repose sur les indications données sur cette 6) Livre 1, chap. 8, p. 4 — 6) Fauconnerie, le partie, chap. 23, p. 43 et 44. — 7) Ce non est éerit «Alphaneque» dans le traité de uconnerie espagnol de Federigo Zuniga y Sotomajor; voir Sehnei 107. — 8) J'ai li de douter der, dans son édition de de l'ouvrage de lempereur Frédérie, Il, p l'e de ceux venus de la Gré le midi de la France le 12) Livre VIT, chap. 7, p. 483 «ctitude de ces assertions; du moins, les individus de l'Égypte que nés ne différent en quant à l'observation que le 1 r alphanet se trouve quelquefois d il se pour L fort bien que d'Areussin ait pris des individus du véritable lanier pour — 11) Livre I, chap. 18, pe H7. — nier alphanet, — 0) L. 6, p. 64. — 10) Chap. LL, p. 56 race par Careano el Belon. Il en est de mème du Falco tune- tanus de Willughby 1) et de Ray »). Albin 3) a donné une fi- gure tout à fait méconnaissable d'un faucon qu'il nomme Fau- con de Barbarie, et que ses successeurs ont pris pour leur tunisien. Brisson 4), qui a copié la description du faucon de Barbarie d'Albin, fait de cet oiseau la premiére variété de sa prétendue espèce du Falco peregrinus. Linné 5), ayant rejeté le nom de Falco tunetanus, introduit cet oiseau dans le système sous le nom de Falco barbarus, exemple suivi par Latham 6) et Gmelin 7). Bechstein 8), au contraire, le regarde de nouveau comme une variété du Falco peregrinus, et cette manière de voir ayant été adoptée par Temminek 9) et Naumann 10), il ne fut dès lors plus question dans le catalogue méthodique de ce faucon tunisien ou de Barbarie comme d'une espèce ou race particulière. Quant à nous, nous avons préféré, en introduisant de rechef ce faucon dans le système, de lui conserver le nom proposé par d'Areussia, et de rejeter celui de tunisien ou de faucon de Barbarie, noms empruntés simplement de la ville ou des lieux, d'où l'on envoyait des faucons en Europe. Nous avons recu plusieurs individus du lanier alphanet, tant de la Grèce que de l'Égypte. Ayant d'abord pris cet oiseau pour le lanier ordinaire, nous en avons décrit, en 1843, dans un de nos ouvrages , deux individus venus de la Grèce, savoir, une jeune femelle et un vieux male, comme appartenant à espèce que nous venons de nommer 11). Il ne nous est parvenu aucun détail sur les mœurs et la manière de vivre de cet oiseau, Des oiseaux plus où moins semblables au lanier alphanet ont été observés dans plusieurs parties de PAfrique et de PAsie. A ce nombre appartient d'abord un faucon désigné au musée de Berlin sous le nom de Falco cervicalis 12); il habite la pointe australe de FAfrique et ne parait guère se distinguer du lanier alphanet que par une queue un peu moins longue et pourvue de bandes plus étroites et plus foncées, par les parties inférieu- res du corps teintes à l'âge adulte d'un rougeatre vineux très agréable et orné de petites taches isolées, enfin par la couleur rousse plus intense des parties postérieures de la tête. Les taches ou bandes claires dont le dessus de Poiseau se trouve orné à adulte, sont aussi prononcées que dans le véritable lanier; et le jaune des serres parait être plus pur et plus vif que dans cette espèce et dans le lanier alphanet. On doit encore ranger à la suite du lanier et des races ou espèces semblables, un fau- con de lIndoustan, figuré par Mr. Gray 13) sous le nom de Falco Jugger, oiseau qui parait s'éloigner des espèces ou races voisines du lanier par sa queue d’un gris-brunätre uniforme, par les plumes des jambes teintes de brun foncé, et par ses parties inférieures d'un blanchätre relevé seulement par quelques ta- ches isolées de couleur foncée. DU FAUCON. Les fauconniers ne désignent pas le plus souvent cette espèce sous une épithète particulière, parce qu'elle est la plus répandue du genre et parce qu'elle est celle dont en Europe on se sert ordinairement pour la chasse au vol, En la comprenant 1) Le, p. 47, ant. IX. — 2) L. e., p.14, n°.9,— 3) Nat. Uiet. of irde, Vol. III, pl. 2. — 4) Lo, tome, p.343, — 5) Syst. nat, 12we édit, 1, p.125, n°8. — 6) Synopsis, 1,1, p.72,n°.51. — 7) Le. p.272, it, tome L, p.751 — 0) Manuel, 2me édit, 1, p.23. — 10) Natur 5. — 11) Sehlegel, Abhandlun n°. 8. — 8) 1 turgeschichte hichte, Ze édit, 1, pr I, p. Get 7, nous nous proposons de sous le nom de faucon commun ou faucon ordinaire, nous avons suivi l'exemple des fauconniers hollandais, anglais, alle- mauds et danois, qui ont l'habitude de lui conférer, en la com- parant aux autres espèces du genre, une dénomination analogue; car c'est, comme nous lavons expliqué plus haut, en traitant des termes de fauconnerie, bien mal à propos que les natu- ralistes modernes ont appliqué à cette espece en général Pépi- théte de pélerin, épithète inventée par les fauconniers pour désigner simplement les faucons venant de certaines localités et pris à une certaine époque de leur passage. Le faucon commun s'éloigne sous plusieurs rapports des autres espèces de grande taille d'Europe; car ses doigts sont plus longs; les plumes, particulièrement celles des parties inférieu- res, offrent en général moins d’étendue; la queue enfin étant, proportions gardées, plus courte, elle ne dépasse guere les ai- les, lorsque celles-ci sont pliées. Il s'éloigne encore des espèces dont nous venons de parler, par sa tache en moustache plus grande et plus fortement prononcee, par les taches plus honi- breuses dont ses parties inférieures sont couvertes au jeune âge, enfin, parce que les taches dont les plumes des flancs et des jam- bes sont ornées dans les adultes, offrent plus décidément la forme de bandes transversales que dans les autres faucons. Les faucons communs qui habitent l'Europe, sont assez sujets à varier à l'égard de leur taille. Les males portent quatorze à quinze pouces en longueur totale; les ailes sont, dans ce sexe, longues de onze à douze pouces; la queue n'en offre que cinq et demi à cinq et trois quarts, tandis que le doigt du milieu est d'un pouce et trois quarts environ. La femelle atteint seize à dix-huit pouces en longueur totale; ses ailes portent douze pour ces et trois quarts à treize pouces et demi; la queue est de six pouces à six pouces et demi, et le doigt du milieu de deux pouces à deux pouces et une ligne. Les ongles sont dans tous les âges d’un noir profond; mais les teintes des pieds va- rient beaucoup dans cette espèce suivant l'âg sel elles sont éga- lement sujettes à varier suivant les individus. Le faucon au premier plumage offre une disposition des tein- tes analogue en général à celle du jeune sacre, à cette excep- üon près qu'il a la tache en moustache beaucoup plus pronon- cée; que lon voit moins de blanc à la nuque qui n'offre pas non plus de traces d'une teinte rousse; que les taches des par- ües inférieures sont plus petites et plus serrées, parce que les plumes du faucon ont moins d'étendue que celles du sacre, et que les barbes externes des pennes de la queue sont pourvues de taches claires comme les barbes internes. Les serres, la cire et la membrane des yeux sont d'un vert bleuatre livide et en conséquence très pale; mais celte teinte, élant assez sujette a varier, on trouve rarement deux individus qui se ressemblent parfaitement à cet égard. Le bec est, comme d'ordinaire dans les faucons, d’un bleu sale foncé, tirant au noirâtre vers le bout du bec et passant au jaune à sa base. La couleur du fond des parties supérieures estun brun terne, plus ou moins foncé, un peu plus elair sur la queue et passant au noiratre sur les grandes remises; cette teinte occupe également les parties supérieures publier lt figure du lanicr nlphanet adulte dans la troisième livraison de l'ouvrage que nous venons de citer. — 12) Cet oi le nom de a 6 figuré dans les Planches coloriées 424 « lco biarmieus nom d'un choix peu h Mardwicke, Indian Zod ux, vu qu'il sigaifie « Faucon de la pro vol. Il, pl. 25 e de Perm en Hussie, » — 13) Dan et postérieures de la région des oreilles, et elle forme, sur la partie antérieure de cette région, une tache en moustache beau- coup plus large que dans les autres faucons de grande taille d'Europe. Les plumes des parties supérieures de loiseau sont bordées de roussitre, et celles des ailes, du dos et du croupion se trouvent souvent parsemées, par-ci par-là, de petites taches d'un brun-roux sale et très clair, mais dont le nombre et la forme ne sont non moins sujettes à varier suivant les individus que les nuances de la teinte du fond même. Les pennes de la queue, terminées de blanc, sont ornées sur chaque barbe de dix à onze taches transversales qui offrent la même teinte que les taches claires des ailes, et qui sont disposées en manière de bandes. On observe comme d'ordinaire, sur les barbes internes des rémiges, des taches transversales claires assez larges et ser- rées. Les couvertures inférieures des ailes sont d’un brun foncé; les petites se trouvent pourvues d'un bord blanchätre plus ou moins large; les moyennes offrent des taches blanchätres le plus souvent de forme ovale; dans les grandes, ces taches sont étroites et disposées par bandes. La couleur dominante des parties infé- rieures est un blanc sale, tirant plus où moins au roux-brun pâle, notamment sur la poitrine, le ventre et les flancs. Les plumes de la gorge, pourvues chacune d’une ta- ces parties sont, à partir de che longitudinale d'un brun foncé; ces taches sont en général assez larges, particulièrement sur les flancs; celles des couver- tures inférieures de la queue offrent seules une forme transver- sale. Le blanc des parties inférieures monte sur le milieu de la région des oreilles; il forme de chaque côté du cou plusieurs taches irrégulières et peu apparentes; enfin, d’autres taches de cette teinte se rar sent autour de la nuque pour former une es- pèce de demi-collier assez mal marqué ; le devant du front est également blanchatre. La livrée du faucon offre après la premiére mue une distri- bution des teintes très différente de celle des individus au pre- mier plumage. Les serres, la cire et la membrane des yeux sont alors d'un jaune assez vif. Il ne reste que très peu de blane sur le devant du front, et les taches blanches de la nuque dispa- raissent totalement. La teinte du fond des parties supérieures change au noir bruvatre, Toutes les plumes de ces parties, à partir du cou, sont, ainsi que les rémiges secondaires, ornées de bordures et de taches transversales plus où moins prononcées et d’un gris cendré üirant au bleuatre ; ces taches cependant disparaissent sur les petites couvertures des ailes, tandis que vers le derrière elles deviennent plus larges el se réunissent pour former des bandes; sur le croupion, elles prennent même le dessus, de sorte que la couleur du fond y parait à son tour en guise de bandes transversales étroites. Les bandes claires de la queue, de la même teinte que les bandes des autres parties supérieures, sont au nombre de douze à treize sur les pennes extérieures, et assez serrées, notamment vers la base de la queue, où la teinte du fond forme des bandes très étroites. La queue est terminée de blanc et la bande noire qui borde celte teinte, est un peu plus large que les autres bandes foncées. La face inférieure de la queue est comme d'ordinaire beaucoup plus päle que la supérieure. La teinte du fond du dessous de l'oiseau est un blanc plus où moins sale, ou offrant plutôt 1) Nous errons plus tard que cutte variété a 6té figurée par Aldrovande, pag. 461 1 Qt une faible nuance d'un roux jaunatre, particulièrement pro- noncée sur la poitrine et le ventre, Toutes les parties inférieures, à partir de la gorge, sont ornées de taches d’un noir tirant au brun rougeatre: ces taches, plus ou moins étroites et longitudi- nales sur la région du jabot, sont en forme de cœur ou or- biculaires sur la poitrine, le ventre et les plumes supérieures des flancs; elles sont transversales sur le bas ventre, et elles prennent la forme de bandes transversales sur les couvertures inférieures de la queue, sur les plumes des jambes et sur les grandes plumes des flancs, où elles sont assez larges. Le blanc des parties inférieures monte ordinairement plus où moins sen- siblement sur la région des oreilles, de sorte que la grande ta- che en moustache est plus où moins distinctement séparée de la teinte foncée de la tête; il arrive cependant quelquefois que la région des oreilles est d’un noir uniforme, et c'est alors que la tache en moustache se confond complétement dans cette teinte. Les taches des couvertures inférieures des ailes offrent toutes une forme plus ou moins décidément transversale, Les larges taches blanchâtres qui ornent les barbes externes des rémiges, tirent vers le devant sur le brun rougeatre, Les mues suivantes, c'est à dire celles qui ont lieu lorsque l'oiseau a passé sa deuxième année, nopérent pas des change- ments aussi considérables dans les nuances des teintes que la première mue, La couleur dominante du dessus de Poiseau est cependant à cet âge plus foncée, et les taches où bandes clai- res dont ces parties sont ornées, offrent, ainsi que les bordures des plumes, une teinte plus pure, de sorte qu'elles se déta- chent plus nettement de la couleur du fond. Les taches des parties inférieures, enfin, sont plus petites, les bandes transver- sales plus étroites, et la couleur claire des plumes des flancs et des jambes tire au gris bleuâtre. On observe quelquefois, parmi les jeunes faucons de cette espèce, une variété qui parail constamment présenter des nuan- ces un peu diverses des teintes. Dans ces jeunes faucons, la teinte claire est un roux-brun sale, pale, et tirant au jaunatre sur les côtés du cou. Le plumage des parties supérieures offre des larges bordures de cette même teinte. La membrane des yeux et la cire sont d’un bleu grisätre sale tirant tant soit peu sur le verdatre; le bec est d’un bleu plus foncé passant vers le bout au noirâtre. Les serres, enfin, sont d’un jaune sale très pale. Les fauconniers désignent cette variété sous le nom de «faucon au plumage de cresserelle ». Ces faucons sont, à leur dire, beaucoup plus difficiles à affaiter que les autres faucons, de sorte qu'ordinairement on ne réussit guère à en faire quel- que chose; s'il se trouve au contraire, comme il arrive quel- quefois, des individus qui se prétent à l'instruction, on par- vient alors le plus souvent à en faire d'excellents oiseaux. Ce sont encore les fauconniers qui assurent que ces faucons se revétent, aprés la premiére mue, d'une livrée semblable à celle des autres faucons communs adultes. La variété la plus remarquable parmi les fancons adultes est celle dont les par- lies supérieures sont très foncées, et dont le noir des côtés de la tête se réunit à la tache en moustache, occupant ainsi la plus grande partie de la région des oreilles 1). Les autres variétés que lon rencontre parmi les faucons adultes, se bor- nent à de légères modifications dans les nuances des teintes, et dans la forme et l'étendue des taches des parties inférieures. Le faucon commun étant l'oiseau le plus généralement em- ployé pour la chasse, étant répandu dans presque toutes les parties du monde et offrant de nombreuses variétés tant à lé- gard de sa taille qu'à l'égard de ses teintes, les fauconniers se sont servis depuis les temps les plus réculés de plusieurs épi- thètes pour désigner ces variétés où pour indiquer simplement l'origine des individus qu'ils recevaient 1). C’est ainsi qu'ils ré- servaient l'épithète de pélerin ou faucon de passage aux fau- cons communs qui, nichant dans les contrées froides de l'Eu- rope orientale, viennent visiter les autres pays de cette partie oureuse; les faucons que lon du monde pendant la saison ns, apportait des côtes septentrionales de l'Afrique, recevaient en général le nom de faucons de Barbarie, mais on leur donna le nom de faucons de Tatarie ou simplement de tartarets, lorsque e en Barbarie, venant, com- o ces oiseaux étaient pris de passag me on le supposait, de la Tatarieo); on distinguait ceux qui uichent dans les hautes montagnes de l'Europe, comme dans les Alpes suisses, dans les Pyrénées, sous le nom de faucons de montagne; les faucous dont les teintes offrent des nuances trés foncées, S'appelaient faucons noirs; ceux, enfin, dont la cou- leur des serres et de la cire tire sur le bleudtre, se nommaieut chez plusieurs peuples des pieds-bleus. Cependant, tous ces fau- cons furent ordinairement compris sous une dénomination gé- nérale, soit simplement sous celle de faucon, soit sous celle de faucon gentil, ou en hollandais, en anglais, en danois et en allemand sous celles de «slechtvalk», « slightfalcon », «Slaetfalk » el «Schlechtfalke» 3). L'épithète de gentil ayant été traduite en latin par l'empereur Frédéric, comme plusieurs autres termes de fauconnerie, il est évident qu'il faut prendre ce mot dans l'acception de noble 4) et non pas dans celle du mot laün «genti- lis», mot qui signifiait chez les anciens Romains, soit ce qui étoit issu d’un même famille, soit les étrangers en général, et que les écrivains chrétiens employèrent ensuite pour désigner les payens. Du reste, Bélisaire 5) a déjà traduit le mot de « gentilis » par «generosus » et Gessner 6) par «nobilis», et plusieurs écri- vains allemands ont ensuite désigné le faucon commun sous le nom d'Edelfalke, ce qui signifie faucon noble; aussi lha- bitude de distinguer les oiseaux de proie diurnes en nobles et en ignobles, date-t-elle de très longtemps, puisque cette dis- ünction a déjà été adoptée par Albert le grand comme prin- cipe de classification de ces oiseaux. Quant aux épithètes de «slecht», «schlecht», « slight» où «slaet», qui signifient toutes la même chose, c’est à tort que l'on à pris ces mots dans lac- ception usitée de nos jours, où elles signifient mauvais; il les faut évidemment preudre dans l'acception de simple, sans faste, sans distinction, car c'était la siguification originaire de ces mots dans les langues d'origine tudesque, signification qui s'est conservée dans le mot allemand «schlicht». Plusieurs auteurs de fauconnerie, et ce sont précisément les plus instruits, s'accordent à dire qu'il n'existe qu'une seule es- pèce de faucon commun. L'empereur Frédéric 7) distingue les 1) D'Areussia, p. 6 — 2) leeueil des oiseaux de proie, p. 114. — 3) Plusieurs nat listes allemands modernes, ignorant ln signification re de nf fauc Sehlachtfike, ce qui s à boucher, ct 4 ent le plus souvent pour dé: 18, p. 30, «le ce leur lanier qui est notre 8 — 4) D'Areussia, livre 1, chap dit bon naturel de evst uyseau luy a fiet douner le now de Gentil, n 26 faucons gentils en «gentiles peregrini» et en «gentiles absolute», mais il constate8) qu'il n'ya pas de différence entre ces oiseaux, sauf que les pélerins, nichant dans les régions séptentrionales, naissent à une époque plus avancée de l'année et qu'ils muent plus tard que les gentils proprement dits; il parle ensuite des différentes variétés du faucon commun 9), sans les désigner sous des noms particuliers. D'Arcussia 10) se donne beaucoup de peine pour réfuter ceux qui admettent plus d'une espece de faucon ordinaire. D'autres écrivains de fauconnerie sont d'un avis contraire, mais leurs indications, compilées sur les ouvrages oui-dire, sont peu précises des fauconniers arabes où d'ap et souvent contradictoires. Bélisaire, par exemple, dit que les fauconniers doutent si les gentils appartiennent à la même es- pèce que les pélerins 11); mais il veut qu'il existe deux sortes de pélerins, les uns à teintes tirant sur le noiratre et semblables aux gentils, les autres à teintes plus pales et offrant un joli dessin de taches blanches. De Franchières fait mention du faucon gentil, du pélerin et du faucon tartaret 12), et il se met ensuite à démontrer qu'il ÿ a non seulement plusieurs espèces de faucons gentils 13), mais que les gentils sont très différents des péle- vins 14). Guillaume Tardif 15) distingue le gentil, le pélerin, gner, comme formant des le faucon de passage et le montai espèces particulières de faucon; d'autres, enfin, ont établi des distinctions plus où moins analogues à celles que nous venons de citer. I serait cependant trop long de rapporter ici tout ce que les auteurs de fauconnerie ont débité à ce sujet; ce que nous en avons dit suffira pour prouver qu'ils ont pris le mot d'espèce dans une signification très différente de celle que lon ÿ attache dans la science, et qu'ils ont pris pour espéce tous rnaient SOUS UH Non d D les oiseaux que les fauconniers dési férent quelconque. Voyons maintenant comment les naturalistes Albert de sy sont pris pour faire l'histoire du faucon commun. le grand a embrouillé dès le premier pas lhistoire cel oiseau. Ne sachant le distinguer lui-même en nature, il se con- tente de traduire en latin les épithètes sous lesquelles les fau- couniers avaient lFhabitude de désigner cette espèce suivant l'âge ou suivant les localités qu'elle fréquente, et il ajoute à ces noms les renseignements que lui communiquaient les fau- conniers sur ces oiseaux, où qu'il trouva dans le fragment d’un traité de fauconnerie, connu sous le titre d’épitre catalane. Les jeunes de Pannée du faucon ou le faucon sors étant désignés par les fauconniers allemands sous le nom de faucon rouge, il en faisait une espèce particulière qu'il nomma Falco rubeus 16); il donna le nom de Falco gibbosus 17) au faucon adulte appelé par les fauconniers faucon hagard; son Falco niger 18) n'est autre chose que la variété appelée Kohlfalke à cette époque en Allemagne; les faucons qui habitent les hautes montagnes fi- gurent dans son ouvrage sous le nom de Falco montanarius 19); enfin, les faucons de passage y sont compris sous le nom de Falco peregrinus20). Gessner 21) adopte de bonne foi toutes ces espèces imaginaires de faucons; il reproduit les rensei- gnements fournis à ce sujet par Albert le grand, et il tâche de les compléter par des détails tirés en grande partie des ou- 5) p. 106. — 6) p. 70. — 7) Livre Il, chap. 2, p. 74. — 8) Ibid, chap. 3, p. 76. — 9) Ibid, chap 24 et 25, p. 86 et 87. — 10) Livre 1, chap. 4, p. 6, et chap. 17, p. 28. — 11) p. 101. — 12) Livre L chap. 1, 2 et 8 — 13) Ibid, chap. 15, p. 7 verso. — 14) Ibid., chap. 16. p. 8 verso. — 15) Livre 1, cha P. 56. — 16) Chap. 12, p. 193. — 17) Chap. 9, p. 181. — 18) Chap. 10, p. 183. — 19) Chap. 7, p. 180. — 20) Chap. 8, p. 180, — 21) lag. 68 à 78 vrages de Bélisaire et de Guillaume Tardif, ce qui contribua à embrouiller davantage l'histoire du faucon. On voit en effet fr gurer dans Gessner, à côté des espèces établies par Albert le grand, non seulement le faucon gentil, mais aussi les faucons in- g lermédiaires (mediani) 1) de Bélisaire, que cet auteur 2) décrit comme formant un genre intermédiaire entre les pélerins et les gentils. Belon, qui avait étudié les oiseaux de chasse en nature, posséda des connaissances beaucoup plus exactes sur ces animaux que ses prédécesseurs el surpassa mème sous ce rapport tous les haluralistes postérieurs jusqu d nos temps; cel oruithologiste, le seul qui ait bien distingué le sacre et le lanier, qui nait adopté qu'une seule espèce d'émérillon, n'admet non plus qu'une seule espèce de faucon commun; il en donné même une mau- vaise figure, au dessus de laquelle on lit 3) que le faucon se nomime en € phassophonus hierax »rétuen latin « palum- barius accipiter »; mais il y rapporte à tort le tunisien qui est une race voisine du lanier. Aldrovande décrit d'abord le fau- con sous le nom de Falco peregrinus 4); le Falco niger dont il donne une figure 5) qui représente un mdividu adulte du faucon à teintes trés foncées et à joues noires, ne forme chez lui qu'une variété de ce pélerin; il adopte ensuite, d'après Al- bert le grand et Carcano, le Falco montanus 6), à la suite duquel il range une deuxième espèce de montagnard qu'il nomme Falco leucophaeus 3), mais dont il est impossible de se faire une idée par sa description et par la figure abominable qu'il en donne; viennent enfin le Falco gentilis 8), le gibbosus 4) et ge le rubeus 18), à la suite duquel il décrit deux individus d'un oiseau de proie des Indes orientales 11) difficile à déterminer. Willughby et Ray s'étant contentés de reproduire ce que leurs devanciers avaient débité sur les soi-disant espèces de faucons communs, il n'est pas nécessaire de citer ici leur travail. Nous passerons à Brisson, dont l'ouvrage, d’ailleurs fort recomman- D dable, présente à l'égard de l'histoire du faucon une confu- sion dont on peut à peine se former une idée. Cet oiseau forme chez lui quatre différentes espèces du ger ire épervier. La première qu'il désigne simplement sous le nom de faucon, (Falco) 12), est établie d'après un jeune individu du faucon com- mun; il en donne une description originale et cite comme syno- nyme de cette prétendue espèce lAccipiter fuscus de Frisch 13), figure qui parait plutôt représenter la buse, (Buteo vulgaris). La deuxième espèce, appelée le faucon gentil, (Falco genti- lis) 14), est un mélange du Falco gentilis de Gessner et d'AI- drovande, et de celui de Linné qui a, comme nous le verrons dans la suite de cet ouvrage, décrit sous ce nom lautour. La description qu'il donne de la troisième espèce, savoir, du faucon pélerin, (Falco peregrinus) 15), démontre qu'il réserve ce nom à Fadulte du faucon commun. La quatrième espèce, enfin, est le faucon de montagne où montagner, (Falco montanus) 16). Get te dernière espéce est composée de deux variétés, savoir, du Falco montanarius d'Albert le grand et du Falco montanus d'Aldrovan- de. Brisson admet encore deux variétés de son faucon pélerin, savoir, le faucon de Tartarie, (Falco tartaricus), et le faucon de 1) P. 70. — 2) P.91 et 106. — 3) Livre 11, chap. 18, p. 116 à 118, — 4) Livre VII, e 1p. 1, p. 461. — 5) P.461 — 6) Ibid., chap. 4 , p.470. — 8) Chap. 6, p.481 — 0) Chap.8, de 484. — 10) Chap. 12, p. us Falconibus rubris aliis ndicis, livre VII, chap. 13 P: 404, représentés sur les pag — 12) Vol. 1, p n°. 4. — 13) PI. 74 M5, — 15) P.341,n9,6. — 16) P.35 — 17)P.324. — 18) Ibid. — 19) P. 21) P. 326 1 EN] Barbarie, (Falco tunetanus), qui est le lanier tunisien. Quant au faucon proprement dit de Brisson, cet auteur n'y compte pas moins de douze variétés. La premiére de ces variétés est le faucon sors, appelé par lui Falco hornotinus 13), qu'il regarde comme le jeune de son faucon qui, comme nous venons de le voir, est lui-même établi sur un jeune individu de l'espèce ordinaire; sa deuxième variété est le faucon hagard où bossu, (Falco gibbo- sus) 18), selon Brisson, le vieux du faucon, quoique la descrip- tion qu'il en donne ne porte aucun indice qui puisse justifier ce rapprochement; la troisième variété, appelée le faucon à tête blanche, (Falco leucocephalus) 19), repose sur Poiseau figure par Friseh »0) sous le nom de Vultur subluteus et qui es tout bonnement la buse pattue, (Butes lagopus); sa quatrième variété, nommée le faucon blanc, (Falco albus) 21), présente un mélange du Falco albus d'Albert le grand, qui est le véritable faucon blane, et du Falco albus d'Aldrovande et de Friseh qui m'est autre chose que le busard St Martin (Circus cyaneus); le faucon noir, (Fal- co niger) 22), établi d'après Gessner et Aldrovande, ainsi que d'après le Falco fuscus de Frisch 23) qui est le jeune faucon commun, el d'après le faucon noir d'Edwards 4) de l \mérique du Nord, qui appartient à la race américaine du faucon, figu- re dans louvrage de Brisson comme cinquième variété du faucon; la sixième variété est le faucon tacheté d'Edwards 25). originaire de la baie de Hudson, appelé Falco maculatus par Brisson 26), et qui est la race du faucon commun qui habite PAmérique du Nord; le Vultur pygargus de Frisch 27) qui ne parait pas différer de la buse commune, (Buteo vulgaris), for- me, sous le nom de faucon brun, (Falco fuscus), la septiéme variété 28); viennent ensuite, comme huitième et neuviéme va- riclés 29), le faucon rouge d'Albert le grand et le faucon rouge des Indes d'Aldrovande, dont le premier repose sur le jeune fau- con, le second sur une espèce indéterminable d'oiseau de proie: le Falco italicus de Jonston 30), oiseau qu'il est impossible de déterminer d'après la description succinete de ce misérable com- pilateur, forme sous le nom de faucon d'Italie la dixième vari- été 31); la onzième, appelée faucon d'Islande, (Falco islandi- cus) 32), parait en effet établie d'après le jeune du faucon d'Islan- de où du faucon blanc; enfin, le sacre, (Falco sacer) 33), termine, comme douxième variété, cet assemblage singulier d'espèces ran- gées à la suite Fune de l'autre comme simples variétés du faucon commun. Linné, se souciant peu de démêler ce que ses prédéces- seurs avaient écrit sur le faucon, décrit un individu adulte de cette espèce sous le nom de Falco gyrfalco 34), et n'adopte de toutes les prétendues espèces de faucon commun, indiquées par ses devanciers, que le Falco gentilis 35), auquel il réunit aussi le Falco montanus; cependant, la description originale 36) qu'il donne de son Falco gentilis est évidemment faite d'après un jeune iudividu de lautour. Buffon qui avait la manie de réunir sou- vent sous un seul nom les espéces les plus diverses, ne para d'abord adopter qu'une seule espèce de faucon commun; mais par la suite, il distingue comme espéce particulière le pélerin ou faucon noir 39), qu'il range plus tard 38) parmi les es- 22) P — 23) PL 83. — 24) list. nat. d'oiscaux peu connus, Londres, 1751, vol. [, pl. 4 — 25) L. pl — 26) P. 320. — 27) PL 76. — 28) P. 831. — 29) P. 332 et 333. — 40) Aves D. 19. — 31) P. 830. — 32) Ibid. — 33) P. 837. — 34) a suécien, n°. 64; Syst. nat., 12me, édit p. 130, n°. 27. — 35) Syst nat, p. 120 13. — 36) ni suecien 58, — 37) list. nat. des aux, tome L, p — 38) L. e., p. 268; ln figure de cet oiseau, PL ent. 409, représente un fau- con jeune \ teintes très pêces étrangéres , el il admet dans ces espèces plusieurs variétés, savoir, dans l'espèce du faucon, le faucon à tête blanche de Brisson 1) qui, comme nous l'avons vu plus haut, nest autre chose que la buse pattue, et puis le soi-disant faucon blanc 2), dont nous avons déjà fait mention en traitant du véritable fau- con blanc, et que Buffon présume n'être qu'une variété de l'es- péce commune produite par l'influence du climat; quant à la prétendue espéce du pélerin, Buffon croit qu'il convient peut- être d'en rapprocher comme variétés le tunisien et le faucon de Tartarie 3). I serait fastidieux de rapporter ce que Pennant, Latham, Gmelin et autres naturalistes contemporains ont écrit sur les soi-disant espèces où variétés du faucon, dont nous venons de parler; ces auteurs, se copiant Fun Fautre et se contentant d'entasser péêle-mêle et sans critique toutes les indications qu'ils trouvaient dans les ouvrages de Linné, de Brisson et de Buffon, ils n'ont absolument rien ajouté à la connaissance de eet oiseau. Où peut se faire une idée de la confusion qui règne dans leurs ouvrages par celui de Gmelin, qui n'a fait d'autres changements aux travaux de ses devanciers que celui d'imposer au faucon une nouvelle dénomination, savoir, celle de Falco communis 4). L'histoire du faucon embrouillée de cette manière par les natu- ralistes de cabinet, il devenait de plus en plus difficile de voir clair dans ce chaos de synonymes entassés sans discernement: aussi les ornithologistes observateurs se trouvaient-ils bien embar- rassés toutes les fois qu'il s'agissait de concilier les données des compilateurs avec les faits obtenus par l'étude de la nature. Ce ne fut que peu à peu que l'on s'enhardit à constater qu'il n'existe en Europe qu'une seule espèce de faucon commun, mais en établissant cette espèce d'une manière plus où moins précise, on n'adopta que quelques synonymes empruntés de Brisson, de Buffon, de Linné, de Latham et de Ginelin, et on rejeta tou- tes les indications fournies par les naturalistes antérieurs, sans méme les soumettre à la crilique. Bechstein, un des premiers qui ait fondé ses études sur Fobservation de la nature, et que l'on regarde à juste titre comme le créateur de l'histoire na- turelle des oiseaux de l'Europe centrale, attacha cependant trop d'importance aux travaux de ses prédécesseurs pour qu'il ait pu s'affranchir de leur autorité, et quoiqu'il ail compil 5 avec assez de discernement, il a encore contribué à embrouiller histoire du faucon commun. Cet oiseau figure en effet dans ses ouvrages sous plusieurs dénominations. Bechstein adopte d'abord comme espèce le pélerin, Falco peregrinus3), et il y rapporte cinq variétés, savoir, le faucon de Barbarie, puis le faucon noir auquel il conserve le nom de Falco communis ater, proposé par Gmelin6), ensuite le faucon tacheté de Brisson on Falco communis naevius de Gmelin 3), le faucon de Tartarie, et enfin, le pélerin de l'Amérique du Nord. La deuxième espèce de fau- con commun, énumérée par Bechstein, est son Falco abietinus8), déja antérieurement décrit par lui, dans la première édition de son ouvrage 9), sous le nom de Falco subbuteo major: cette soi-disant espèce, d'abord également adoptée par Naumann 10), est établie d'après des individus de petite taille du faucon com- 1) Mr. de Buffon, p. 257, parait être spécifique, ou tout au n dit de cet oiseau ractère des picds couverts de plumes jusqu'aux on- l'indice d’une race constante et qui fuit raci à part dans l'esph 257. — 3) Le. p arieuse qui wa pas besoin de commentaire, — 2) L. e., p. n°, 86. — 5) à 0 p.745 à 754. — G) Syst nat 5, — 7) lbid., p. ; = 9) L p Je édit, IV, p. 125. — 11) L p. 546, — 12) Ibid, p.71 — 13) Nous nous croyons suffisamment justifié par ce que nous venons de dire sur la mun. La troisième espèce est le Falco gyrfalco de Linné, que Bechstein désigne sous le nom allemand de Schlechtfalke 1 à A la suite de ces prétendues espéces vient se ranger, dans lou- vrage de Bechstein, le Falco communis 12), composé, à l'ex- ceplion du sacre, des onze variétés du faucon introduites par Brisson, et dont deux, savoir, le faucon noir et le faucon tachete, avaient déjà 61G dounces par Bechstein comme variétés de sol pélerin. Meyer et Wolf, Temminek et tous les autres natura- listes qui ont écrit aprés eux, sont d'accord pour n'adopter qu'une seule espèce de faucon commun, à laquelle ils réser- vaient assez mal à propos le nom de pélerin ou Falco pere- grinus 13); les prétendues variétés méme de cette espèce furent successivement banuies des méthodes, et ce ne fut que le soi- disant Falco albus d'Albert le grand dont quelques auteurs, en- tre autres Naumann et Gloger, conservérent le souvenir, en le faisant figurer dans leurs ouvrages comme variété accidentelle du faucon, quoique aucun naturaliste n'ait encore pu se van- ter d'avoir vu des variétés blanches ou, en d'autres termes, des albinos du faucon commun. Cette espèce ayant été repre- sentée dans la plupart des traités d'Ornithologie, on n'a qu'à choisir parmi les nombreuses figures qui en existent, et qui sont pour la plupart assez reconnaissables. Ayant déjà fait connaitre les noms divers sous lesquels on a l'habitude de désigner le faucon commun, il nous reste seule- ment à observer à cet égard que cet oiseau est connu dans plu- sieurs parties de l'Allemagne sous le nom de faucon aux pieds bleus, où plutôt simplement sous celui de pied-bleu, «Blaufuss». du lanier, Il est vrai, et nous Favons démontré en traitant que c'est cette espèce el non pas le faucon commun, qui à été indiquée sous ce nom de faucon aux pieds bleus par Al bert le grand et par plusieurs autres naturalistes; mais le plus grand nombre d'écrivains, qui ont fait mention des soi-disant pieds-bleus, ont évidemment compris sous ce nom le faucon commun, où tout au plus la variété de cette espèce dont la couleur des serres tire sur le bleuatre. Stumplius, par exem- ple, constate, at rapport de Gessner 14), que les pieds-bleus se trouvent dans beaucoup d'endroits de la Suisse, qu'ils ÿ nichent sur les rochers escarpés près des eaux et qu'on enlève les jeunes du nid pour les affaiter; on lit encore dans Fordonnance sur la fauconnerie de Fempereur Maximilien 15), que le proviseur en Autriche avait la faculté de commander des pieds-bleus 16) dans and les campenents des fauconniers, dont il existait un assez £ nombre dans les différentes provinces des états autrichiens. Or, on sait que le lanier n'habite, ni PAlemagne, ni la Suisse, et qu'il ne s'égare que très rarement dans l'Europe centrale; ce passage de l'ordonnance de l'empereur ne peut pas non plus s'appliquer au sacre, car l'empereur devait bien connaitre cette spéce, dont il recevait annuellement douze individus de Pile de Chypre17), et qu'il faisait dénicher en Pologne 18). Flem- ming 19) et Doebel 50) emploient constamment le nom de pied-bleu pour désigner le faucon commun, et Naumann 21) rapporte que dans le duché d’'Anhalt-Cothen, ce nom du fau- le nou de Falco communis et en p.2 — lé) Le de Blau- p. 102 — 19) Der vollkommenc deut- igerpraktika 150, — 21) ture du faucon, d'avoir rétabli hlechtfalke pour désiguer cette esp ui de voir notre Revue critique des e de Mr U Plabfus, — 17) L édit. aux d'Europe — 15) Dans l'onvra von Hammer, intitulé Falkuerklee, p. 94. — 16) Ce nom fus y est de ce. p. 94. — 18) Belisarins 1749, fol., 1 chap. 117; U, p sche Jäger, 2 1746, 1 geschichte, 2e édit, L, p Loiprig Neucrofinetc p. 77 285 19. — 20) Leipaig, fol chap. 124, et p. 104, chap: con est encore en vogue de nos jours. I est fait mention dans plusieurs anciens écrits hollandais d’un faucon appelé «blaet »; mais ce mol n'est qu'une contradiction du nom hollandais de «blaauwvoet» 1), ce qui signifie pied-bleu, et le faucon dont il Sagit doit évidemment être rapporte au faucon commun et nou pas au lanier, comme Pa fait Merula 2). Nous en trouvons la preuve dans une ordonnance de l'empereur Charles Quint, datée du »2 septembre 1539 3), où ilest dit que les faucon- 5 d'apporter à la fauconnerie de La Haye, niers étaient obl avant de les vendre, tous les faucons et pieds-bleus (blaeten), qu'ils avaient pris dans le pays. Ce même nom de «blaet», mais écrit d’une manière différente, savoir, blade, se trouve encore dans un décret du comte Leicester 4), proclame en 1586 le prix des oiseaux de chasse pris, soit dans le but de fix dans les environs de La Haye, soit dans d'autres parties de la Hollande; il n'y est fait mention que de quatre espêces d'oiseaux, savoir, le gerfaut, le faucon, le pied-bleu et l'autour. Le lanier w'ayant jamais été observé en Hollande, il est évident que l'oiseau appelé cblade» ne peut avoir été autre chose qu'une variété du faucon commun, et cette supposition est d'autant plus probable que les prix fixés pour ce blade et le faucon commun sont à peu près les mêmes dans le décret dont nous venons de parler. Les fauconniers danois d'autrefois faisaient des distinctions analogues: ils comprenaient, au rapport de Brunnich 5), le faucon commun en général sous la dénomination de «Slaetvalk»; mais ils réservaient le nom de «Blaaefugl » oiseau bleu) à la variété du faucon à cire bleuatre; et celui de «Guulbek» (bec jaune) à la variété à cire tirant sur le jaune verdätre. Le faucon commun a été observé, à l'exception de lPislande, dans la plupart des pays d'Europe. Il se trouve, suivant les observations des ornithologistes anolais, dans toutes les parties du royaume de la grande Bretagne 6). Nilsson 7) rapporte qu'il habite les contrées moutueuses de toute la Scandinavie, no- lamment les parties septentrionales de cette presqu'ile. I niche en France et en Allemagne, et il a été observé dans plusieurs parties du midi de FEurope, comme par exemple, en Halie, ou lous les naturalistes depuis Aldrovande jusqu'à Savi en font metilion, en Sardaigne et dans les iles voisines, où il est, sui- vant Kuster8), très commun, notamment le long des côtes de li mer, et en Grèce, où il se trouve toute l'année, quoiqu'en petit nombre 9). Cette espèce fréquente également, suivant Rup- pellro), l'Égypte, la Nubie et PAbyssinie, et nous en avons exa- ininé deux individus, male et femelle, rapportés de la Nubie au musce de Berlin par MM. Hemprich el Ehrenberg, el qui sout en tout point semblables à ceux de l'Europe. Pallas 11) rapporte que le faucon commun n'habite en Russie que les rives escarpées qui s'étendent le long des bords du cours in- févieur du Wolga, mais qu'il est répandu dans toute la Rus- sie asiatique depuis les monts Oural jusqu'au Kamtsehatka et aux iles Kouriles, et depuis PAHaï jusqu'aux bords de la mer glaciale; qu'il uiche dans toute létendue de ces terres, mais 9. — 2) Le, chap. VU, p. 18. — 3) Ibid, chap. M, p. 27. — fürestière, déposés à In Iaye, 1 w. 2, fol. 43, — 5) Ornith. bor ouvrages de Dewick, de Selby, de Sie VW. Jardine ete. et avant tout, celui de Varrell, a ey of Brit. Birds, vol. L, p. 87. — 7) Scundin. Fauna, Oiseaux, 1, p. 18. — 8) Isis 1835, p. 210. — 9) Von der Mühle, Beitrage, pe 13. — 10) Neue Wirbelthiere, Oiseaux, Francfort 1835, fol, p. 44 qu'il quitte ces contrées à l'approche de Fhiver pou ny re- tourner qu'au printemps suivant. Ce faucon se trouve encore au Japon, d'où Hous VeNONs d'en recevoir deux individus, Fun jeune, Fautre adulte, mais qui ne se distinguent en rien de ceux de l'Europe. Il en est de même, suivant Mr. Holboll 12 de ceux qui habitent le Groenland. Outre ces faucons exotiques absolument identiques avec le faucon commun, il existe encore dans plusieurs autres parties du monde des faucons semblables au nôtre, mais qui varient, soit constamment, soit individuellement, d'une manière plus ou moins sensible par leurs teintes où par leur aille. Mr. Gould a découvert à la Nouvelle Hollande, et nos voyageurs ont rap- porté de Java et des Moluques des faucons communs remar- quables, à l’âge adulte, tant par la couleur foncée de la région des oreilles et des parties supérieures d l'exception du croupion, que par la teinte d'un brun roussatre sale, qui orne les parties inférieures dont les taches sont assez prononcees et nombreu- ses 13); mais d’autres individus, obtenus des possessions Néer- landaises dans les Indes, n'offrant point ces particularités et ne se distinguant en conséquence par aucun caractère essentiel du faucon commun d'Europe, nous nous eroyons d'autant moins autorisés d'admettre cet oiseau comme espece qu'il existe el Europe, ainsi que nous l'avons constaté plus haut, une variete analogue, du moins par rapport aux teintes foncées de la région des oreilles et du dos. Il en est de même des faucons communs qui habitent PAmeérique du Nord, dont Edwards 14), Wil- son 15), Audubon 16) et Richardson 17) ont donné des figures et des descriptions; qui ont également été observés au Para- guay 18) et même jusqu'au détroit de Magellan 19), et qui pa- raissent souvent présenter des différences de couleur analogues a celles observées dans les faucons CONMAMIUNS de la Malaisie el de la Nouvelle Hollande; mais parmi lesquels il y en a égale- ment qui ressemblent en tout point au faucon commun, tel qu'il se trouve en Europe 20). I nous reste à faire mention d'un faucon rapporté en grand nombre du Cap de Bonne Espérance par les VOYageurs néerlandais, ainsi que par les naturalistes lais et franca ang MM. Smith et Verreaux. Ce faucon, qui res- semble parfaitement au faucon commun, tant par son organi- sation que par les proportions relatives de ses parties et qui, soit au jeune âge, soit à l'age adulte, n'offre pas non plus des dif- férences sensibles par rapport à la distribution des teintes, s'en éloigne au contraire constamment par sa taille moins forte, de sorte que la femelle de ce faucon du Cap n'égale en grandeur que le male du faucon commun d'Europe, tandis que le male du faucon du Cap uent sous ce rapport le milieu entre le ho- bereau et le male de notre faucon commun. On doit s'étonner à juste titre que les naturalistes modernes, si avides de créer des espèces noux elles, aient négligé d'élever au rang des espèces celte race africaine du faucon commun que nous désignerons simplement sous le nom de faucon commun du Cap. I est cependant bon de remarquer qu'il faut se garder de confondre ce faucon du Cap avec une espèce analogue mais différente, 11) Zuographia, L, p. 828. — 12) L. c., p. 388. — 13) C'est le Falco melan ys, décrit et figure sous ce nom, par Gould, dans son magnifique ouvrage intitulé «The Birds of Aus aliar, (planche « nunéro). — 14) L.e., Tome, pl. 3et4: Faucon noir et Faucon tncheté. — 15) PL 76. — 16) PL 16 — p. 23. — 18) Azara, Voyages 8, 1809, tome LIL, p. 95, — 19) Voyez Gould, the Birdx a l'article «Pe grine Faleunn. — 20) Nous avons examiné un individu semblable dans les galeries du musée de Berlin So rapportée par MM. Rüppell et Éhrenberg, de Dongola et de la Nubie. Ce joli faucon, décrit et figuré par Mr. Femminck 1), sous le nom de faucon pélerimoïde et récemment introduit à lort2) parmi les oiseaux d'Europe, ressemble par sa taille au faucon commun du Cap, si ce n'est que la femelle, à peine plus forte que le male, offre toujours des dimensions beau- coup moins considérables que la femelle de celte race africaine du faucon commun. Au jeune âge, le plumage du faucon péleri- noïde présente des teintes semblables 4 celles du faucon Com- mun: mais elles sont en général beaucoup plus pales, el loutes les parties claires tirent un peu sur le brun rougeatre, Les teintes du plumage des adultes rappellent celles du faucon cervi- cal, à cette exception près que la teinte du fond des parties inférieures est plus sale et tirant au jaune rougeitre, et que ces parties sont ornées de taches foneées plus nombreuses. Du reste, cet oiseau se distingue du lanier et de toutes les espéces voisines de ce faucon, par sa petite taille et sa queue beaucoup plus courte, cette partie ne portant guère que cinq pouces à cinq pouces et demi en longueur, tandis que les ailes w'offrent qu'environ dix à onze pouces. Le faucon commun choisit ordinairement, pour ÿ établir son aire, les fentes des rochers escarpés; mais quelquefois on la lrouve aussi sur des arbres élevés, tels que pins ou sapins. Elle est simplement construile de rameaux, disposes sans art, com- me cela a lieu de la plupart des oiseaux de proie. La ponte est le plus souvent de trois œufs de forme arrondie, et qui sont d'un gris jaunatre ou d'un jaune rougeatre parsemé de ta- ches brunes où brun rougeätres. Les petits éclosent au bout de lois semaines et sortent souvent du nid avant que le plumage ail acquis son développement complet. A cette epoque de lan- née, ces oiseaux aiment le voisinage des forêts où ils passent lement la ouil, perchés sur des arbres. À l'approche de la saison rigoureuse , ils quittent ordinairement leur demeure ha- bituelle, soit pour se répandre dans les plaines et s'établir dans des lieux d'une nature quelconque, pourva qu'ils puissent ; lr'ouver de quoi subsister. soit pour émigrer complétement quand ils ont passé l'été dans des régions froides. En Europe, ce sout particulièrement les grandes plaines, qui s'étendent le long des côtes septentrionales de PAllemagne et des Pays-Bas, que ces faucons passagers visitent lors de leurs migrations en automne; ils y passent quelquefois même l'hiver, etils les tra- versent de rechef, du moins en partie, au printemps suivant, quand ils retournent aux lieux qui leur servent de séjour d'été. I parait qu'il y a certaines lois qui président à ces migrations; car nos fauconniers ont observé qu'en automne ce sont les adul- tes des deux sexes qui arrivent les premiers, que ceux-ci sont suivis des jeunes males, et que ce sont les jeunes femelles qui lerminent le passage; au printemps, au contraire, le nombre des facons qui passent par ce contrées est beaucoup moins considérable, et alors on ne prend guère que de jeunes femel- les, et rarement de jeunes males où des adultes des deux sexes. Ou conçoit du reste que la régularité de ces migrations soit modifiée par abondance ou le défaut de gibier dans certaines localités, par le lemps et particulièrement par les vents. Le faucon commun se nourrit de toutes sortes d'oiseaux de taille 1) Planches euloriécs 479. 30 moyenne, par exemple, de canards, de faisans, de perdrix, de pigeons, de courlis, de bécasses, ete. il se nourrit aussi d'oiseaux de petite taille, tels que bécassines, grives, allouettes, ete. et à défaut de mieux, il se contente même de faire la chasse aux corneilles, aux choucas, aux geais el aux moueltes. Ce sont par- ticuliérement les pigeons qui se trouvent eXposces à Ses attaques, el en hiver il Sétablit souvent, afin d'obtenir cette proie favo- rite, au milieu des villes et des villages, sur des tours où d'autres édifices élevés, d'ou il répand jouruellement la terreur parmi cette volaille, jusqu'a ce qu'un coup heureux mette un terme à ses déprédations. Dans l'Amérique du Nord, il se nourrit, sui- vant Wilson, de préférence de canards, et Richardson observe que dans les réoions boréales de cette partie du monde, c’est presque exclusivement le canard à longue queue (Anas glacia- lis), auquel il fait la chasse. Dans l'ile de Java, au contraire, il choisit, selon le récit de nos voyageurs, le plus souvent les coqs sauvages comme objet de ses attaques. Après s'être rendu mailre de sa proie, il va chercher pour la dépecer un point quel- conque peu élevé dans les champs; mais alors il arrive souvent qu'à l'approche des buses où des milans, il abandonne sa proie à ces oiseaux d'ailleurs si liches; phénomène trés curieux que lon ne parvient à expliquer qu'en supposant que le faucon craint des allaques, que par suite de son organisation il ne sait pas repousser, lant que ses agresseurs se üennent à terre. Le faucon commun est l'oiseau le plus généralement employe en Europe pour la chasse au vol, non seulement à cause de ses excellentes qualités, mais plus partieuliérement parce qu'on peut se le procurer plus facilement et en plus grand nombre que les autres faucons de grande taille. On l'affaite pour toutes sortes de vols d'oiseaux, comme, par exemple, pour le vol de la corneille , de la pie, de la perdrix, du canard, CLCeS mais ilue peut guère être employé pour le vol du milan, et en l'affai- tant pour celui du héron, on ne doit choisir que les passa- gers à Fexception de leurs tiercelets. Les faucons niais que lon fait voler d'amont sout excellents pour les vols de la perdrix, du canard, de la corneille, de la pie et d’autres oiseaux de taille moyenne. DE L'ÉMÉRILLON. L'émérillon est le plus petit des oiseaux de chasse. Il se distingue des autres faucons nobles d'Europe et en général des oiseaux de ce genre, par un grand nombre de caractères, qui le rapprochent en quelque sorte des éperviers. Le male de l'émérillon porte environ onze pouces en lon- gueur totale, la femelle douze pouces. Les ailes offrent dans le mäle huit pouces, dans la femelle huit pouces et demi. La queue du male est longue de quatre pouces et trois quarts, celle de la femelle de cinq pouces et un quart. Les ailes, lors- qu'elles sont pliées, ne s'étendent avec leur pointe que jusqu'à la fin du deuxième tiers de la longueur de la queue. La deu- xiéme rémige qui n'est guère plus longue que la troisième est, comme la première, pourvue à la barbe interne d'une échan- crure profonde. La troisième rémige est pourvue, comme la deuxième, d’une faible échancrure à la barbe externe, La pre- mière rémige est d'égale longueur avec la quatrième. La tête 2) Susemihl, die Vügel Europas PL 9, p. 89 et 40. est plus large et plus ronde que dans les autres oiseaux de haut vol, et le bee est plus comprimé que d'ordinaire, Les serres sont assez développées et de couleur jaune, ainsi que la cire et la membrane des yeux. Au jeune àge, l'émérillon est sur les parties supérieures d'un brun foncé avec des reflets grisâtres, et üirant au noiratre sur les rémiges. Toutes les plumes de ces parties sont bordées de d'une raie brun rougeatre pale, et leurs tiges sont marqué noirâtre. Les plumes du dos et des ailes offrent en outre des taches transversales, dont celles des grandes peunes des ailes out une teinte plus vive que les autres. La queue est ornée de six bandes étroites d’un brun-roux blanchätre, et sa pointe est terminée d'un bord blanc. Les parties inférieures de l’oiseau, à partir du cou, sont d'un blanc sale tirant plus ou moins sur le brunâtre, mais toutes les plumes de ces parties sont marquées de larges taches longitudinales d’un brun-roux terne; ces taches, cependant, sont étroites et plus pales sur les plumes des jambes et sur les couvertures inférieures de la queue. La gorge est d’un blanc pur; on voit également du blanc sur le devant du front et sur la région des oreilles. La raie surci- liaire est très apparente et d'un blanc brunâtre; elle s'étend le plus souvent jusqu'à la nuque qui est ornée d'un demi-collier blanchätre, teinte seulement interrompue par les taches fon- cées des plumes. La femelle, quand elle a pris le plumage parfait, ressemble aux jeunes, à cette exception près que la teinte du fond des parties supérieures est couleur de schiste, et que les bandes claires de la queue sont d'uu gris blanchatre pale nuancé de brunätre et finement pointillé de gris-noiratre. La cire et la membrane des yeux sont souvent d'un bleuatre pale. Le male, après la première mue, diffère beaucoup des jeunes et de la femelle adulte. À cet âge, il a les parties su- périeures d'un gris foncé couleur de schiste tirant sur le bleu- tre, Les raies noires des tiges des plumes sont très apparentes. Les bandes claires des pennes des ailes sont blanchätres et les couvertures inférieures des ailes sont parsemées de taches blan- ches, le plus souvent orbiculaires. La queue, bordée de blanc à l'extrémité, offre une bande noire terminale très large et sept bandes noires étroites, qui s’effacent souvent à la partie supérieure de la queue. Le menton et la gorge sont blancha- tres; les plumes du devant du front, de la raie surciliaire et de la région des oreilles sont d’un blanc tirant sur le brun-roux el marquées de raies étroites longitudinales noiratres. La tache en moustache est très peu apparente. Les couvertures inférieu- res de la queue sout d'un blanc grisatre tirant sur le brun el ornées de raies étroites longitudinales d'un brun noiratre. Le collier et toutes les parties inférieures de Foiseau depuis la gorge jusqu'a lanus sont d’un brun-roux jaunatre, marqué de taches longitudinales d'un brun foncé, étroites sur les plu- mes des jambes, plus larges sur les autres parties et notam- ment sur les flancs, où elles prennent souvent une forme trans- versale, Ces taches cependant deviennent beaucoup plus étroites après la deuxième mue et les parties inférieures offrent alors lement des teintes plus vives el plus pures. 1) Lib. IL, cap. 2, p. 74. — 2) Fou et 76 verso, — 3) Livre 1, ehap. IX, p. 4 verso, — 4) Première bartie, chap. 4, p. 57. — 5) Iicrac , livre 1, p. 24: Faleo pumilus. — 6) Premiére partie, chap, 28, p.89, — 7) Liber X, cap. 1 lus. — S) Livre LL, chap, 20, p. 120. — 9) Le, chap. 13 — 10) Le, chap. 15, p. 184 31 L'émérillon se trouvant tant en Grèce qu'en Ttalie, on ne peut guére douter que les anciens n'aient connu cet oiseau, mais il n'est nullement prouvé que l'espèce qu'ils ont désignée sous le nom d’Aesalon, soit en effet, comme on le croit assez généralement, identique avec l'émérillon. Les écrivains qui se connaissent en matière de fauconnerie, tels que l'empereur Fré- déric 1), l'auteur pseudonyme de l'ouvrage intitulé le Roi Modus et la Reine Racio 2), de Franchières 3), Tardif 4), de Thou 5), d'Arcussia 6), et même Crescentius 7), Belon 8) et Merula 9), ne font toujours mention que d'une seule espèce d'émérillon. Il m'en est pas ainsi des naturalistes qui, induits en erreur par l'exemple d'Albert le grand, ont adopté pendant plus de cinq siécles deux espèces d'émérillon, erreur qui n'a presque été relevée que de nos jours. Ce savant, après avoir décrit l'éméril- lon sous les noms de Falco parvus, Mirle où Smirlin 10), fait mention à la fin de son traité 11), d'une espèce de faucon qu'il appelle Falco lapidarius où Celon, noms dont le dernier parait ètre corrompu du grec Aesalon, tandis que le premier n'est qu'une traduction de l'allemand «Steinfalke», dénomination sous de lAlle- magne, Gessner 12) applique à lémérillon le nom grec d'Aesalo; laquelle on désigne l'émérillon dans plusieurs partie il en donne la figure, mais plus tard 13) il reproduit ce qu'Albert le grand a dit de son Falco lapidarius, qu'il nomme Lithofalcus et qu'il croit être l'oiseau appelé Rochier par les Savoyards. Aldro- vande 14) imite Gessner en tout point. Ce même Lithofalco, tou- jours regardé comme une espèce distincte de l’émérillon, mais ordinairement associé au Dendrofalco qui est le hobereau , figure encore dans les ouvrages de Willoughby 15), de Ray 16) et dans ceux de la plupart des autres ornithologistes du siècle passé. Frisch 13) représente la jeune femelle de lémérillon, mais il désigne très mal à propos cette espèce sous les noms de Den- drofalcus où Smerlus, attribuant, au contraire, au hobereau, ceux de Lithofalco où Aesalus. Brisson 18) donne, d'après natu- re, une description du sordisant Rochier, qui est évidemment faite d’après un vieux male de lémérillon; mais dans la suite de son ouvrage 19), il introduit l'émérillon comme espèce parlicu- lière, quoique l'oiseau qu'il décrit sous ce nom, paraisse plutôt se rapporter à la cresserelle, supposition confirmée en quelque sorte par Brisson même, attendu qu'il cite la planche 89 de l'ouvrage de Fr sch, comme représentant trés exactement son émérillon; or, l'oiseau figuré sur cette planche de Frisch sous le nom de Cenchris, n'est autre chose que la cresserellette. Buf- fon est le premier qui se soit douté de l'identité du rochier et de l'émérillon: il laisse cependant subsister cette espèce normi- nale de rochier, dont il donne une figure 20) qui représente le vieux mâle de lémérillon. Établissant ensuite 21) Fémérillon d'après la femelle et le jeune male de cette espèce qu'il alf- firme être le véritable émérillon des fauconniers, il tombe, en trailant de cet oiseau, dans une erreur nouvelle, en”"ce qu'il dit exister en Europe, indépendamment du véritable émérillon, une autre espèce d'émérillon décrite par Brisson et figurée par Frisch sous le nom de Cenchris; cette préten- due espèce cependant est fondée, comme nous venons de le 11) Ibid, chap. 24, p. 197. — 12) L.e., lib. III, p.43 et 44. — 13) Ibid., p. 74. — 14) L. e., p. 955 427 et 402. — 15) Ornith., p.47. — 16) Synopsis, p. 14,n° 8. — 17) L.e., pl. 87. — 18) L.o.. tome l p. 349. — 19) Ubid., p. 382. — 20) Hist. mat, Oiseaux, tomel, p. 286, et Planches enluminées 447. — 21) Mist. mat, Le, p pl. 19, et Planches enlum. 468 démontrer, sur la cresscrelle et la cresserellette. Gmelin 1), un des hommes les plus ignorants qui se soient mélés d'écrire sur l'histoire naturelle, énumère d’abord comme espèce le rochier sous le nom de Falco lithofalco »); puis le Falco aesalon3), qui est un mélange du véritable émérillon et de lémérillon de Brisson où du Cenchris de Frisch; enfin, il fait mention de lémérillon de Buffon comme d'une variété de lémérillon, à laquelle il donne le nom de Falco aesalon falconariorum 4). Bechstein ne parait pas avoir connu le vieux male de Fémé- rillon, à Pépoque de la publication de la première édition de son ouvrage 5); quant à la prétendue espèce de rochier, il en parle également, mais je ne concois guére comment il a pu regarder cet oiseau comme élant fondé sur l'épervier agé de deux ans. Meyer et Wolf), ayant observé les changements qu'éprouve par la mue le plumage du male de Pémérillon, il ne fut question depuis cette époque que d'une seule espèce d'éemérillon d'Europe, à laquelle on réservait ordinairement le nom de Falco aesalon, quelquefois aussi celui de Falco li- thofalco. Nous observons encore que l'émérillon à été indiqué par Brunnich 3) et Mohr8) sous le nom de Falco lanarius, par Pallas 9) sous celui de Falco regulus, par Savigny 10) sous le nom de Falco smirillus, et par Meyer et Wolfr1) sous celui de Falco caesius. Les meilleures figures de cette espèce out été publiées par Meyer et Wolf, par Naumann 12), par Nilsson 13) et par Gould 14). L'émérillon s'appelle en anglais «merlin», mais le tiercelet de cette espèce est souvent désigné par les fauconniers anglais sous le nom de «jack». En hollandais, cette espèce portait, du temps de Merula 15), le nom de «merlijn,» mais aujourd'hui les fauconniers lui donnent le nom de «smelleken», mot qui est évidemment le diminutif du nom de Schmirl que porte lemérillon en Allemagne conjointement avec ceux de Merlin, de Steinfalke et de plusieurs autres. Les fauconniers français ont de tout temps compris celle espèce sous le seul nom d'émérillon. L'émérillon a été observé dans presque toutes les parties de l'Europe, depuis lislande et la Scandinavie jusqu'en lalie el en Grèce, Il se trouve également dans la Basse-Egypte, où Il habite, suivant Pallas 18), la Russie tempérée et la Sibérie occiden- 7). il a été vu et tué par Savi 7 gny 16) et Ruppell 1 tale; Strickland 19) l'a observé dans les environs de Smyrne, el lPémérillon vit mème dans les parties boréales du Nouveau Monde 20); mais dans les Etats-Unis de Amérique du Nord il est remplacé par une espèce différente, appelée le faucon des pigeons 21) qui lui ressemble par la taille, mais s'en distingue par un bec un peu moins comprimé à la base, par sa queue pourvue seulement de quatre bandes qui sont assez larges, et par quelques modifications dans la distribution des teintes du plumage. L'histoire naturelle de Fémérillon à été entourée de plusieurs erreurs qui n'ont été écartées que de nos jours. Pres- que tous les naturalistes constatent que cet oiseau n'habite en été que les contrées les plus froides de l'Europe, comme par exemple, Fislande et la Laponie, qu'il ÿ construit son aire 1) On doit s'étonner à juste titre que Linné ait totalement omis l'éméri oiseau commun en Seundinavie et assez bien décrit et Bguré par les devanciers du grand naturaliste suédois. — 2) Syst, nat, p.278. — 3) Ibid., p. 284. — 4) Ibid. — 5) Naturgeschichte, 1701, 11, p. 328. — 6) Vôgel Deutsch- lauds, 16m cahier, planches sans numéro, — 7) Ornith. borcalis, p. 1, n° 1 et 2. — 8) Forsog, p. 10 n° 35. — ©) Voyage, tome Il, append,, n° 13. — 10) Deser. de l'Égypte, tome 23, p. 279 et 280. — Le, et Toschenbuch, 1, p. 60, n° 12. — 12) PI. 27. — 13) Ulwmin, Fig., pl. 41. — 14) Bivds of 32 sur des rochers, et qu'il ne visite les autres parties de l'Eu- rope que pendant l'époque de la migration. Quoiqu'on ne puisse nier qu'en été ces oiseaux se retirent en grande partie dans les régions septentrionales que nous venons de nommer, il n'en est pas moins vrai qu'il en reste des individus dans plusieurs parties de FEurope pour y nicher. Tel est, par exem- ple, le cas par rapport à la grande Bretagne 22); nos faucon- nicrs assurent avoir observé cet oiseau en été sur les bruyé- res de la province hollandaise de Gueldre, et le comte von der Müble 23) Fa trouvé dans toutes les saisons en Grèce; il affirme positivement qu'il ÿ est commun en été et qu'il y niche. D'un autre côté, il parait que cette espèce ne construit jamais son aire, comme l'ont avancé presque tous les naturalistes, ni sur des rochers, ni sur des arbres. Latham 24) a déjà observé qu'elle niche à terre; Yarrell 25) dit la même chose, et le faucounier van den Heuvel nous assure avoir recu, lors de son séjour dans le comté de York en Angleterre, des émérillons niais enlevés d'un nid qui se trouvait placé dans les bruyéres touf. fues. La ponte de l'émérillon est ordinairement de quatre à cinq œufs semblables par leur couleur à ceux du hobereau, quoiqu'ils soient plus petits. L'émérillon est le plus cour: parmi les faucons de petite taille; son vol est souvent assez bas, notamment lorsqu'il s'agit de surprendre sa proie qui con- siste en toutes sortes de petits oiseaux; au besoin, il se contente aussi d'insectes, comme hannetons, sauterelles, ete., et en autom- ne, il fait même assez souvent la chasse aux campagnols; quel- quefois cependant, il attaque aussi de grands oiseaux, et Nau- mann Pa même vu fondre sur des oies sauvages; mais il pa- rait qu'il est porté à cet acte plutôt par un exces de courage et de témérité, que par le désir de se rendre maitre d’une proie dout la taille est tout à fait disproportionnée à ses forces. L'émérillon est le seul des faucons de petite taille d'Europe qui soit estimé comme oiseau de chasse; encore ne fait-on jamais usage pour cet exercice du tiercelet de cette espece. Comme il est d'un caractère doux et familier, on parvient souvent à laffaiter en très peu de temps et on lui épargne mème pa cette raison lusage du chaperon. On peut employer cet oiseau pour le vol de toutes sortes d'oiseaux de petite taille; mais c’est particuliérement au vol de lalouette qu'on affaite aujour- d'hui cette espèce. Autrefois, on se servait aussi d'un émérillon pour faire mieux monter les faucons destinés au vol du héron 26, jetant à la fois et les faucons et lémérillou. Au rapport du fauconnier Guillaume, on faisait même voler la grue à ces pe- tits oiseaux 27), et d'Arcussia 28) dit à ce sujet: « Les Tures esti- ment beaucoup cest oyseau, et le dressent à preudre la grue. Ils en feront voler trente ou quarante en compagnie, chose qui se pratique en la fauconnerie du grand Seigneur, » DES FAUCONS D'EUROPE QUE L'ON N'EMPLOIE PAS POUR LA CHASSE AU VOL. Outre les oiseaux de haut vol dont nous venons de faire l'histoire, l'Europe nourrit cinq autres espéces de faucons, peu Europe, pl. 24. — 15)L.e., chap. XIII, p p. 44 — 18) Z 5. — 18) Deser. de hia, 1, p. 337. — 19) Proc pe. Le. — 17) Wirbelthiere, Oiseaux Lool. Soc., 1836, p. 07. — 20) Fauna gs of the bor. am, Oiseaux, p. — 21) Cest le Falco coluubarius de Forster, Phil. Trans, n° p. 382, et de Wilson, tome 11, p. 107, pl. 15, fig. 3, et le Falco temerarius d'Audubon, pl. 75 et 02. — 22) Yarrell, Le. 1, p.50. — 23) Beitrâge, p. 14. — 24) Synopsis, tome L, part. 1, p. 106, — 25) Le. — 26) De Thou, Le. p, 24, — 27) Albert le grand, Le. — 28) Fauconne Le partie, chap. 28, p. 50 ct ou nullement propres pour la chasse, mais dont nous nous proposons de traiter succinctement, tant parce qu'il en est fait es de fauconnerie, que parce mention dans la plupart des ouvra qu'il importe de savoir les distinguer des autres oiseaux de haut vol. Deux de ces espèces, savoir, le hobereau et le faucon saphir, appartiennent par leur organisation aux faucons nobles; mais elles forment dans ce groupe une petite subdivision earacté- risée par la longueur des ailes qui dépassent, lorsqu'elles sont plices, plus ou moins sensiblement Pextrémité de la queue. Ces oiseaux sont d'une taille moins forte que les autres fau- cons d'Europe, à l'exception de l'émérillon; ils ont la tête ronde et large comme lémérillon, et leurs parties supérieures sont, à l'âge adulte, d'une teinte foncée uniforme. Etant d'un natu- rel peu féroce, et ne sachant, lorsqu'ils sont réduits en capti- vité, se servir utilement de leurs serres pour saisir avec facilite leur proie, ils sont peu propres à l'exercice de la chasse. Les trois autres espèces sont la cresserelle, la cresserellette et le faucon à pieds rouges. Ces oiseaux forment le groupe des faucons ignobles. Ils ont les doigts courts et des tubercules aux doigts peu saillants; incapables, par cette raison, de saisir des oiseaux au vol, ils sont de nulle valeur comme oiseaux de chasse. Ces faucons ignobles forment encore deux petites subdivisions vaturelles, dont Pune renferme le faucon à pieds rouges, l'autre les cresserelles. Le fau- con à pieds rouges à les ailes aussi longues que la queue, qui est pas pourvue de bandes à l'age adulte; la premiére rémi- ge, la seule qui offre une forte échancrure à la barbe inter- ne, est du moins aussi longue que la troisième; enfin, les tein- tes de cette espèce sont trés différentes de celles des autres faucons. Les cresserelles ont le plumage peu serré; leurs ailes n'atteignent pas l'extrémité de la queue, qui est assez longue et un peu en éventail; ce n'est, comme d'ordinaire, que la première rémige qui se trouve fortement échanerée à la barbe interne, mais cette rémige n'est pas même tout à fait aussi lon- gue que la quatrième, tandis que la troisième égale presque la deuxième en longueur. En volant, ces oiseaux ont Fhabi- tude, en guettant leur proie, de se tenir souvent, pendant un espace de temps plus ou moins considérable, suspendus sur un seul point dans les airs, battant des ailes et ayant la queue étendue en éventail. Nous passerons maintenant à un examen plus détaillé des cinq espèces de faucons dont nous venons de parler. LE HOB£REAU. — De la taille de lémérillon, le hobereau s'en distingue au premier aspect, par la longueur de ses ailes qui, lorsqu'elles sont pliées, dépassent tant soit peu Fextrémité de la queue. Il ressemble sous ce rapport au faucon saphir qui S'en éloigne cependant assez par sa taille plus forte, par sa queue plus longue, et par les teintes uniformes de son plu- mage, Sa tache en moustache étant très grande, de couleur noire el aussi prononcée que dans le faucon commun, on a l'habitude de comparer le hobereau à cette espèce et de dire qu'il en est en quelque sorte le diminutif. Le hobereau a la tête aussi large et aussi ronde que lémérillon. Ses ailes portent en longueur totale dix pouces à dix pouces et trois 1) Liber 1, cap 4) Cap. 24, p. 17. — 6) Liber HI, p. 74. — 6) Livre 11, chop. 19, p. 110. — 7) De avibus, p. 74 — 2) Le Moy Modus, p. 76. — 3) De Franchiéres, p. 4 verso. — liber 11, cap. 14 quarts. La première rémige, échancrée à la barbe interne, dé- passe la troisième. La queue offre cinq pouces à cinq pouces et un quart de longueur. Les serres sont grèles, mais assez dévelop- pées et de couleur jaune, comme la cire et la membrane des yeux. Le doigt du milieu, sans son ongle, est long d'un pouce el trois à quatre lignes. Le male en plumage parfait ne se dis- tingue de la femelle adulte que par sa moindre taille. À cet âge, les parties supérieures de l'oiseau sont couleur de schiste fon- cé, tirant sur le brun noirätre, Les parties supérieures de la région des oreilles et la tache en moustache qui est trés gran- de, sont d’un noir plus où moins profond. Les bandes de la queue, au nombre de douze environ et d'un brun-rougeatre pale, ne sont visibles que sur la barbe inférieure des pennes. Les taches transversales des rémiges primaires offrent la même tein- te. Le dessous de la queue, beaucoup plus pale que le dessus, tire au blanchätre. Le bas-ventre, les couvertures inférieures de la queue et les plumes des jambes sont d'un brun-roux tres vif. Le devant du front et une raie qui S'étend au dessus des yeux sont blanchätres. La gorge, le devant du cou, et la partie inférieure de la région des oreilles sont d'un blanc pur; cette teinte, qui occupe également la base des plumes de la nuque, y parait sous la forme de deux taches claires. Les plumes du jabot, de la poitrine, du ventre et des flancs, ainsi que les petites couvertures intérieures des ailes, sont blanchätres et pourvues chacune d'une large tache longitudinale noiratre. Le premier plamage diffère de celui des adultes par des teintes moins vives, par les bordures d'un brun ferrugineux très pale, dont les plumes des parties supérieures sont pourvues, el parce que le blanc des parties inférieures tire sur le brun-roux jaunatre. Il arrive souvent qu'à cet âge, la couleur du fond des parties supérieures est très foncée. L'empereur Frédéric, qui ne parle qu'en passant des fau- cons de petite taille, fait mention, outre lémérillon, d'une espèce qu'il appelle «ubletus» 1); on ne peut guére douter qu'il n'ait voulu désigner sous ce nom le hobereau, cette es- pèce étant de tous les faucons nobles de petite taille a plus connue après lémérillon, On trouve la description et des figu- res du hobereau dans la plupart des traités de fauconnerie francais; mais il parait que cet oiseau portait au quatorzième siècle le nom de hové2), et au quinzième celui de hobier 3). Belon, Brisson et Buffon ont hobreau, mais d'Arcussia écrit hobereau, comme on le fait actuellement. Albert le grand désigne évidemment cette espèce sous la dénomination de Falco arborealis 4), traduction de Fallemand «Baumfalke», nom que porte le hobereau encore aujourd'hui en Allemagne. Gessner 5), en donnant d'après nature une description et une figure du hobereau, traduit ce nom de Falco arborealis en grec, en dé- signant cette espèce sous le nom de Dendrofaleus. Belon 6) emprunte à Aristote la dénomination grecque d'un oiseau ap- pelé « hypotriorches », el Pattribue au hobereau, conjointement avec celle de «subbuteo»; mais cet hypotriorches d'Aristote, mot que Turner) à cru devoir rendre par Subbuteo 8), parce que Pline 9) constate que les Romains appelaient le Triorchis des Grecs Buteo, est un oiseau dont on ne parviendra jamais 8) Turner attribue ce nom au vring-tail des Anglais, qui n'est autre chose que la femelle ou le jeune de l'oiseau Saint-Martin € U appelé Soubuse por Buflon, et conuu dans les catalogues méthodiques sous le non de Cirous eyancus. — Ÿ) Lib. X, cap. 0 à déterminer l'espèce, parce que Aristote a négligé d'en don- ner la description 1). Aldrovande 2) imite l'exemple de Be- lon, en décrivant et en figurant le hobereau sous le nom de Sabbuteo, ce qui ne l'empêche pas d'énumérer dans la sui- te 3), comme espèce particulière, le Falco arborealis d'Albert le grand. Ray 4) fait aussi mention du Subbuteo et du Den- drofalco comme de deux espéces distinctes. Frisch 5) en don- nant une bonne figure de l'adulte du hobereau, lui attribue très mal à propos les noms de Rochier, Lithofalco où Esalon. Brisson 6) a le premier réuni au hobereau le Falco arborealis d'Albert le grand ou le Dendrofalco de Gessner, mais il em- ploie ce dernier nom pour désigner l'espece. Linné 5), ayant suivi cet exemple, préfère cependant le nom de Falco subbuteo à celui de Dendrofalco, et à dater de cette époque, le hobereau figure dans tous les écrits des naturalistes, sous la dénomination latine de Falco subbuteo. Ilexiste, dans les différents ouvrages d'histoire naturelle, un grand nombre de figures plus où moins bonnes du hobereau; nous nous bornons à citer celles conte- nues dans les ouvrages de Buffon 8), de Borkhausen 9), de Nau- mann 10) et de Gould 11). Le hobereau porte en anglais le nom de «hobby.» En Alle- ne, il est assez iéralement connu sous celui de Baum- falke; cependant, la plupart des naturalistes allemands moder- nes ont eru devoir suivre l'exemple de Naumann, qui a con- féré à cette espéce le nom allemand de Lerchenfalke, ce qui signifie faucon aux alouettes. Les fauconniers hollandais se ser- vent indistinctement, pour désigner le hobereau, des noms de «boomvalk» et de «molliet»; mais ce dernier mot est évidem- ment corrompu de «baillet», usité du temps de Merula 12). Le hobereau à été observé dans presque toutes les parties tempérées de l'Europe; il habite aussi la grande Bretagne 13) et la Suède méridionale 14), mais il ne se trouve, ni en Islande, ni dans le nord de la Scandinavie. Ilest commun en Hollande, en France et en Allemagne; les naturalistes italiens en font men- tion comme d'un oiseau généralement eonnu dans leur pays; Kuster 15) lénumère parmi les espèces de la Sardaigne, et le comte von der Muble 16) constate qu'en Grèce il est commun en hiver, mais qu'en été il habite de préférence la Ramélie. Les voyageurs hollandais et Mr. Smith ont recueilli des individus de cette espèce au Cap de Bonne Espérance ; Pallas dit qu'elle se trouve en abondance dans toute la Russie et la Sibérie jus- qu'au Kamtsehatka 17), et le musée britannique 18) en possède un individu originaire de la Chine 19). En été, le hobereau ha- bite de préférence les peuts bois, où il établit son aire sur les arbres élevés et près de leur cime. Les œufs, au nombre de trois a quatre, sont d’un blane sale, recouvert de tous côtés par des taches de forme assez diverse, plus ou moins distinctes ou la- vées, et d’un brun rougeatre. 1] quitte, en hiver, les contrées froides et tempérées de l'Europe, et c’est alors qu'il fait de 1) Gessner, p. 48 £ cet oiseau sous le nom de «subbuteon, suppose avec assez de fon- dément q L convient de lire Gy au lieu d'Ilypotrio ches, parce que la mposition de ee est tout à fait DT que. On peut dire la mème chose du mot latin wsubbuteon. — 2) Lib. V, cap. 8, p. 373 Lib. VII, 0. 11, p. 491. — 4) S 14 et 15, et dans Willughby, Ornithol., p. 47 et 49. — 35) PL 86, — 6) Vol. 1, p. 375 n°. 20. — 7) Fauna su a, n°, 59, et st. nat., 12me édit,, L, p. 127, n°. 14 — 8) Planches euluminées 432. — s numéro). — 10) 1.26. — 11) Birds of Europe, pl. 22. — 12) Chap — 14) Nilsson, Skandin, Fauna, Oiseaux, 1, p. 21. — 15) lsis be 13 — 17) Zoographia, 1, p. 432, — 18) List of the Sp British Museum, Accipitres, London, 184$, 8, p. 26. — 10) Les Indes 0) Vogel Deutschlonds, (plane 13, p. 24 — 13) Yarrell, 1 o., p 1835, p 210. — 16) Ucitr Birds int iens of lection of tlu tales, la Nouvelle Hola ct même l'Amérique méridionale produisent des faucuns assez voisins du hobereau par leur taille, par leurs ailes très longues et en général par les proportions relatives de préférence la chasse aux alouettes qu'il a l'habitude d'accom- alement d'autres paguer lors de leurs migrations. Il se nourrit oiseaux de petite taille, particulièrement d'hirondelles, et on le voit souvent poursuivre ou preudre toutes sortes d'insectes, soit à défaut d'autre nourriture, soit par prédilection pour ce genre de chasse, soit lorsqu'au jeune âge il n'a pas encore acquis assez de dextérité pour attraper les oiseaux qui forment sa proie favorite. Le hobereau est le plus doux et le plus familier des oiseaux de proie d'Europe; il s'apprivoise facilement, surtout quand il a été enlevé du nid, et son éducation ainsi que son alfaitage ne demandent que peu de soins. Excellent voleur, cette qualité et celles que nous venons d’énumérer le rendraient très précieux pour la chasse au vol, S'il était doué d’un caractére plus féroce et plus sanguinaire, et s'il savait se servir avec plus de dextérité de ses serres. Réduit en captivité, où il ne peut exercer ses forces comme à l'état sauvage, on ne parvient pas méme à lui faire vo- ler des alouettes qu'il sait cependant fort bien attraper, lorsqu'il se trouve en pleine liberté; aussi arrive-t-il souvent qu'au lieu de poursuivre le gibier, il s'amuse à faire la chasse aux hannetons, aux sauterelles où à d'autres insectes qu'il rencontre dans les airs. Ne pouvant être employé avec succès que pour le vol des oiseaux sillés où d'échappe, ce faucon n'est nullement estimé aujourd'hui, et on ne le voit jamais chez les fauconniers. 1 parait cependant que d'autres peuples en font encore usage ; car Pallas 20) constate que les Calmouks se servent de cette espèce comme oiseau de chasse, et on voit par une notice publiée récemment par Mr. Drummond Hay 21), que ce petit faucon est fort en honneur chez l'empereur de Maroc. Quoi- que les anciens fanconniers aient fait peu de cas du hobe- reau comme oiseau de chasse ), et qu'ils w'en aient souvent fait mention qu'en passant, ce faucon n'en a pas moins acquis une certaine célébrité, parce que c'était l'oiseau choisi de pre- férence par la jeunesse 23), par les oiseleurs 24) et en général par des personnes, dont le rang et les moyens ne leur per- mettaient pas d'entretenir des fauconneries; de là probablement l'usage qui existe dans quelques provinces de la France, de donner le nom de hobereau aux petits seigneurs où aux gentils- hommes de campagne qui font de la chasse une affaire de profit plutôt que de plaisir 25). LE FAUCON Saruir, — Îl existe en Syrie, en Grèce, en Sardaigne et probablement aussi dans plusieurs autres parties du midi de l'Europe, un faucon ressemblant au hobereau par ses ailes qui dépassent la queue, mais qui est d’une taille plus forte, et dont le plum: e offre une teinte brune, uniforme et foncée dans les adultes, plus claire dans les jeunes. Ce faucon, décou- vert seulement il y a quelques années et décrit par le profes seur Gené 26) de Turin, comme espéce nouvelle, sous le nom de Falco Eleonorae, n'a pas été inconnu aux anciens faucon- leurs parties dont les _ te: € de celles du hoberean, de sorte qu'elles 1,p. 893 — 21) Proccd. of the Zool. s du phüvage s'éloign offrent des ea êres constants et faciles à saisir, — 20) Ze Soe., 1840, p. 133. — 2 p. 43 et 44. — 23) Gace de | 2) Voyez entre autres d'Arcussia, Conférence des Fiuconniers, ontième journée , Vigr par exemple, raconte 1 son poème sur la fau- connerie, que dès l'âg de neuf ans il portait des hobereaux aux champs et qu'à douze ons on lui fit dresser un faucon. — 24) Les oiscleurs d'autrefois se servaient d'u à dressé à voler d'amont au de nt plutôt couvrir du filet que de s'exposer aux attaques de leur ennemi le plus redoutable; cons: W he, Ub, Il, art. 14, cap. 9, p. 49; Klein, Prodromus, p. 49, et Dochel, IL, chap. 173, p. 211. — 25) Vuir Bufon, Mist, nat. des oiseaux, tone 1, p. 278. — 26) L'institut, 7 Novembre, 1839, Memorie d, Acad. d, Torino, du chien quétant, pour prendre des alouettes qui, blotties 1840, tome Il, p. 41, pl. 1 et 2; un jeune individu mâle de cette espèce est figuré d. Fauna italica du prince Ch. Bonaparte, vol, 1, pl. 24 niers. Arthelouche de Alagona 1) l'appelle Faucon Saphir, et en parle dans les termes suivants: «Le Faucon saffir se cognoist à «ce qu'il a les couteaux plus longs que la queue, et a les signes semblans au Pelerin, sinon qu'il est plus petit.» D'Arcussia 2) le nomme Faucon Tagarot; voici ce qu'il en dit: «Je vous pour- «rois discourir du naturel des Faucons Tagarots: mais pource- «que bien rarement on en recouvre, ce ne serait que gaster «du papier: et d'ailleurs je ne leur ay jamais veu faire chose “qui mérite d'estre recitée, pourcequ'ils ont le corps fort pe- «tit à proportion de leurs ailes: ce qui fait qu'ils craignent «fort le vent. Toutesfois il se peut faire, qu'aux pays, ou il n’en «fait pas tant, ils peuvent mieux faire qu'ils ne font au nostre. «Aucuns ont pris des Falquets 3) pour des Tagarots, et se «sont trompez. Cest oyseau est aisé à discerner d'avec les au- «ires, pour avoir le vol extremement long, la main grande, «et verte où bleuëé comme celle d’un Lanier, et la tête grosse, «Quant à sa nature, touchant les purgalions, il est comme le «Tiercelet de Faucon, sinon qu'il est encores moins robuste, «combien qu'il soit quelque peu plus grand.» C'est évidem- ment le faucon, apporté du nord de PAfrique, dont parle sure, Diais qu il désigne mal Huber 4) et dont il donne la fi ä propos sous le nom d'Alèthe, nom employé avant Jui par d'Arcussia pour désigner un autour des iles Acores, dont nous parlerons plas bas. Ce faucon, dont on ne peut guère tirer parti pour la chasse, se distingue facilement du hobereau par sa taille plus forte, par sa queue proportionnellement plus longue et par les tein- tes de son plumage. La femelle porte quinze pouces en lon- gueur; ses ailes sont longues de douze pouces et demi, la queue offre six pouces et dix lignes. Le tiercelet est comme d'ordi- naire plus petit, ses ailes ne portant que onze pouces, la queue que six pouces en longueur. Le doigt du milieu de cette espèce est long d'environ un pouce et trois lignes. La queue est pour- vue de quatorze à quinze bandes transversales d’un brun rou- geatre très pale, qui S'effacent ordinairement sur la barbe externe des peunes. Les jeunes sont d'un brun foncé, avec les plumes du ventre et de la poitrine bordées de brun rouge. Le front, la gorge, là partie antérieure du cou et les plumes des pieds sont d’un brun rougealre clair, et pourvus de taches longi- tudinales foncées, qui prennent la forme transversale sur les jambes. La tache en moustache est peu distincte. Les adultes la de une offrent, à l'exception des bandes claires queue, teinte uniforme d'un brun-noir grisatre D). Ce faucon observé, lors de l'époque de la propagation, sur les côtes rocailleuses de la Sardaigne, y poud ses œufs dans les excavations naturelles des rochers, sans construire de nid proprement dit. Ces œufs, au nombre de trois, ressemblent par leurs teintes à ceux du hobereau, mais ils sont un peu plus grands 6). LA CResseRELLE. — Cette espèce de taille un peu plus forte que le hobereau, est connue de tout le monde. Elle à la troi- sièéme rémige presque aussi longue que la deuxième, et la pre- mière d'égale longueur avec la quatrième. Ses doigts sont peu Fa ar d'Areuss 1) P. 89, — 2) le partie, chop. 26, p. 52 et 59. — 3) Le Faucon appelé quetn est le Faucon à pieds rouges, décrit par cet auteur même à ln page 41 de In conférence des Fauc ri. — 4) Observations, p.15, fig. 6. — 5) On a observé dans certaines iles de la Mer Rouge ct au Sénégal un Étucon semblable au Faucon saphir par l'ensemble de son organisation et par sea teintes, mais dont ln queue est proportionnellement plus courte et dont lt taille n'est pas plus forte que celle du hobervau; c'est le 39 développés, celui du milieu w'offrant qu'environ un pouce en longueur. Les serres sont de coule jaune, ainsi que la cire et la membrane des yeux. Les ongles sont noirs. Les ailes, lorsqu'elles sont pliées, n'atteignent pas jusqu'à Pextrémité de la queue; elles portent en longueur neuf pouces et un quart à neuf pouces et rois quarts. La queue, longue de six pou- ces à six pouces et demi, est large et en forme d'éventail. Au jeune age, la couleur dominante des parties supérieures est un brun rougeatre sale et peu foncé, interrompu sur la tête par des taches noiratres longitudinales; sur le dos et les ailes, de larges taches transversales de cette même teinte. La queue, blanchätre à l'extrémité, offre, outre une bande terminale très large, dix à onze bandes noirätres beaucoup plus étroites. Les rémiges sont noiratres, bordées de blanc et pourvues à la barbe interne de taches transversales claires. La teinte du fond des parties inférieures, beaucoup plus pale que celle du des- sus de l'oiseau, tire au blanc, notamment sur la gorge, sur le bas ventre, et sur les couvertures inférieures de la queue, el les plumes de ces parties sont, à l'exception des dernières, pour- vues de taches longitudinales d’un brun noirätre, le plus sou- vent trés larges, et en forme de lumes sur le ventre où sur les plumes des jambes, où elles sont assez petites. La tache en moustache n'est pas très fortement marquée. La femelle adulte ne se distingue des Jeunes que par des teintes plus vives. Il n'en est pas ainsi du mäle, dont la livrée parfaite est très jolie et assez différente de celle de la femelle adulte et des jeunes. \ cet age, il a le dessus et les côtés de la tête, les parties postérieures du dos avec les couvertures supérieures de la queue, ainsi que la queue même, d’un beau gris-cendré. La large bande noire de la queue est très marquée, mais les autres bandes out disparu. Le dessous de la queue est blanchätre. Les ré- miges sont, à lexception de leurs taches claires, d’un brun- noir. Le manteau est d’un brun-roux couleur de canelle, et orné de taches noires en larmes où en cœur. Enfin, la teinte des parties inférieures de Poiseau est plus pure et tirant au atre, et is-roug les taches qui ornent ces parties, sont peti- tes, longitudinales sur la poitrine, en forme de gouttes où de larmes sur le ventre et sur les flancs. Il est évident que les anciens Grecs et Romains ont dû connaitre celle espèce commune dans leurs pays, mais on ignore sous quel nom ils Font désignée. Plusieurs naturalistes ont cru reconnaitre dans cet oiseau le Cenchris dont Aristote, Pline et Elien fout mention, et ils ont également rapporté à cette espèce le Tinnunculus de Columelle 3) et de Pline 8), quoique ces auteurs se soient bornés à dire, en parlant de leur Tinnunculus, que c'est un oiseau qui niche dans les édi- lices et qui défend les pi cons en épouvantant les éperviers. Nous avons déjà constaté plus haut, en traitant du lanier, qu'Albert le grand indique la cresserelle sous le nom de «ru- beus lanarius » 9) que lon appelle en allemand, dit-il, Swei- mer 10) etSwemere 11). Gessner 12) donne une figure originale quoique tres peu reconnaissable de la cresserelle qu'il déerit sous le nom de Tinnunculus accipiter, se doutant fort peu dans les Plar 1On Falco conculer de Temminek, qui & e figur loi) lib, VHI, — 8) Tome me de Pancko te de G. Cuvier, riées 390. — 6) Genë de l'édit livre ré rustici relative à cet is me 36p-197. — voyez aussi la u; elle est conten — Ÿ) De falconibus, cup. 8, p. 180. — 10) Ibid, Le. — 11) Ibid volume, p. 40: 12) Le. p. 58 de l'identité de cette espèce avec le Lanarius rubeus d'Albert le grand, dont il parle dans la suite de son ouvrage 1) en Belon ») représente également traitant des soi-disant lanie la cresserelle, et indique trés bien la différence qui exisle en- ire les couleurs du plumage du male et de la femelle. Aldro- vande 3) décrit cet oiseau sous le nom de Tinnunculus ou Ceuchris; il en donne les figures du male 4) et de la femelle 5), mais l'oiseau qu'il décrit ensuite 6) sous le nom de Tinnun- culus faemina altera et dont il donne la figure 7), est évidem- res ment la cresserellette. L'ouvrage de Frisch contient trois fig de la cresserelle, savoir, celle du vieux mäle, sous les noms de «Tinnunculus verus ou Cercerelle » 8), celle du jeune mâle sous les noms de «Tinnuneulus alter seu Laniarius rufus, La- nier, Faucon roux»g), et celle de la femelle sous les noms de «Falco rufus, Faucon roux» 10). Brisson donne, sous le nom de cresserelle où Tinnuneulus, une description détaillée des deux sexes de cette espèce 11), qu'il décrit ensuite une deuxième fois sous le nom d'Épervier des alouettes où Acei- piter alaudarius 12), et une lroisième fois sous celui d'Emérillon où Aesalou 13). Linné 14) indique la cresserelle sous le nom de Falco tinuunculus. Buffon donne plusieurs bonnes figures 15) de cette espèce, dont il fait l'histoire dans son grand ouvrage 16). D'après les indications de Buffon, Gmelin fait de l'épervier des alouettes de Brisson une variété de la cresserelle; c’est son Falco tinnuneulus alaudarius 15). Bechstein 18) décrit à la suite de la cresserelle, sous le nom de Falco brunneus, un faucon qui ne diffère en rien de cette espèce commune. Depuis celle époque, tous les naturalistes sont d'accord qu'il in'existe en Europe, outre la cresserellette, qu'une seule espèce de cres- serelle, savoir, la cresserelle ordinaire, à laquelle on réservait unanimement le nom latin de Falco tinnuneulus. En France, cel oiseau est généralement connu sous le nom de cresserelle; en Angleterre, sous ceux de «Kestril» et de « Windhover»: mais en Allemagne, il porte un grand nombre de noms divers, comme par exemple, ceux de Thurmfalke, de Rüuttelgeier, de Wannenweher, de Schwimmer, ete, Les fauconuiers hollandais le désignent ordinairement sous le nom de «zwemmer», tou- tefois en prononçant «zwemer ». Ce faucon dont on trouve des représentations plus ou moins fidèles dans presque tous les traités d'Ornithologie, est répan- du, à l'exception de l'Islande et des parties les plus septentrio- nales de la Scandinavie, par toute l'Europe, et y est compté au nombre des oiseaux de proie les plus communs et les plus généralement connus. Il se trouve, suivant Rüppell 19), en abondance en Éey pte, en Nubie et dans PArabie pétrée; nous en avons reçu un individu du Sénégal et un autre pris en mer près du Cap de Bonne Espérance. I habite enfin, selon Pallas 20), toute la Russie et la Sibérieor). La cresserelle émi- gre en hiver et elle quitte même, à cette époque, du moins eu grande partie, les contrées chaudes de l'Europe, comme par exemple, la Russie méridionale 29) et la Grèce 23). En été, 1) Ibid, p. p. 358. — 75. — 2) Livre II 5) Ibid., p. 36 chap. 28, p. 124 à 127. — 3) Liber V, cap. 6, p. 366. — 4) Ibid. — 0) Ibid., p. 861. — 7) Ibid., p. 360, — 8) PI. 84. — 9) PL 8 10) PL 88. — 11) Ornithol., tome 1, p. 303, n°, 27. — 12) Ibid, p. 879, n°. 22. — 13) Ibid., p 385. — 14) Syst x, n°, 16, — 15) Planches enluminées 401 et 471. — 10) Iliet. nat, des oiseaux, tome 1, p. 280, pl. 18. — 17) Syst. nat., p. 270. — 1 807, n°, 31. — 19) Neue Wirbelthiere, 0 r que le Japon nat, edit tn. 1, p. 127 Naturgeschichte, p. 4. — 21) IL est bon les de l'Asie, PAustralie et PAfrique produisent un bon ux, p. 44. — 20) Zoographia, 1, p de les parties mérid muubre de races ou d'espèces voisines de lt eresserelle, qui ne s'en distinguent souvent que par des 36 elle s'établit, soit dans de petits bois, soit sur de vieilles masu- res, sur des tours où même sur des rochers. Elle se sert souvent d'un nid de corneille abandonné pour ÿ pondre ses œufs dont le nombre est ordinairement de quatre ou de cinq, quelque- fois même de six 24) ou de sept 25), et qui sont d’un blanc üirant plus ou moins sensiblement sur le brun jaunatre el lache- tés en tout sens de brun où de brun rougeître. Elle fait de préférence la chasse aux campagnols qu'elle cherche à décou- vrir en volant au dessus des champs où des prairies, S'arrélant de temps en temps pour se tenir suspendue sur un même point dans les airs, et pour tomber sur sa proie dès qu'elle laper- coit. Elle se nourrit aussi d'oiseaux de petite taille, de repti- les, d'insectes et de vers. oiseau que l'on peut affaiter pour la La cresserelle est un chasse au vol comme les autres faucons de petite taille, mais qui n'est nullement propre à cet exercice, ses serres étant trop agilité. peu développées pour qu'il puisse saisir sa proie avec D'Areussia 26) cependant dit que le roi Louis XII entretenait des cresserelles pour le vol de la chauve-souris; Willughby 27) préteud qu'en Angleterre on affaitait cette espèce pour le vol des petits oiseaux et même pour celui des perdreaux , el Gloger 28) constate qu'en Silésie on a fait récemment des essais avec celle espèce; nus quiconque connait la nature de cet oiseau doutera du succès des expériences faites peut-être uniquement par eu- riosilé ou par des personnes qui ont une idée très imparfaite de la chasse au vol. LA CRESSERELLETTE. — Celle espèce, assez voisine de la cres- serelle, mais d'une taille un peu moins forte, s'en distingue au premier coup d'œil par ses ongles d'un blanc plus où moins ts un peu plus courts. Ses ailes sont lon- pur et par ses dois gues de neuf pouces à neuf pouces et demi; la queue porte en longueur cinq pouces et trois quarts à six pouces et un quart. Les jeunes des deux sexes et la femelle adulte ne différent de la cresserelle que par la couleur des parties supérieures qui est un peu plus pale, el par celle des parties inférieures qui tire un peu sur le rougeatre. Le mäle en plumage parfait offre des teintes plus vives que le mäle adulte de la cresserelle. I a les parties supérieures d'un brun-rouge couleur de brique uni- forme; les parties inférieures tirent au gris rougeatre, et les taches du ventre et des flancs sont plus petites et de forme presque orbiculaire. La cresserellette habite lAsie mineure 29) et la Grèce 30); mais elle visite, lors de ses migrations, de temps en temps lltalie, et régulièrement l'Égypte et la Nubie 31). Le musce britannique 32) en possède un individu tué en Espagne. Elle nourrit se de sauterelles, de lézards et de taupes 33), et elle établit son aire de préférence sous les toits des habitations 34). Elle niche aussi en Styrie, d’où nous avons recu des jeunes r'esSeIN- individus enlevés de leur nid. Du reste, cette espèce ble par ses habitudes à la cresserelle. On trouve la première indication de cette espèce dans l'ouvra- asibles dis les teintes; nous en avons indiqué les principales dans lico 45 ut 46, note, et dans la Faune du Japou Von der Mühle, Be e. — 26) Fauci modifications plus où 1 nocographie des oiscaux d'Europe que j . — 22) Pallas, Le. ) Note communiquée par Mr. Bruch de à p. 200. — 27) Ornithol art. XV, p. 50. — 28) Ilkmdbuch, p. 44. — 29) Strick land, Proceedings of the Zoological Sc S36, p. 97. — 30) Von der Mühle, lcitrge, p. 16. — 31) Rüppell, Neue Wirbelthiere, p. 44 — 32) List, Le, p 2. — 33) Von der Mühke, 34) Suicklaid et von der Mühle, Le. Oiseaux, p. Setsui 16. — 24) le ‘LP e, p- crie, Sommaire de la lon, p. fauconnerie du roi ve d'Aldrovande 1). Elle a été ensuite figurée par les auteurs de la grande Ornithologie italienne ») et par Frisch 3). Mr. Nalterer 4), ayant observé cette espèce en Autriche et en lalie, la désigna sous le nom de Falco xanthonyx, nom changé plus tard par Schinz 5) en celui de Falco tinnunculoides. Naumann 6) la ensuite appelée Falco cenchris, et Roux 7) et Savi 8) Falco tüinnuncularius. On voit des figures plus ou moins exactes de cet oiseau dans les ouvrages de Naumann 9), de Gould 10), de Susemihl r1) et dans l'Expédition de Morée 12). ut que l'on n'a jamais fait usage pour la chasse de Il pa cette espèce de faucon, qui est de toutes celles d'Europe la moins puissante et la moins propre à être employ ée à cet exercice. cox à mieps Rouges. — Ce petit faucon que l'on ap- pelle aussi Faucon Kobez offre une distribution des teintes très agréable et tout à fait particulière. Il est de la taille de là cresserellette. La queue porte en longueur cinq pouces à cinq pouces et un quart; les ailes sont de neuf pouces à neuf pouces el demi, et atteignent ou dépassent même, lorsqu'elles sont plices, l'extrémité de la queue. Il n'y a que la première ré- mige qui soit profondément échancrée à la barbe interne, et cette rémige égale en longueur la troisième. Les serres, aussi faibles que dans la cresserellette, sont, ainsi que la cire et la membrane des yeux, de couleur rouge de minium dans les adultes, et d'un jaune rougeatre dans les jeunes. Les ongles sont d'un jaunatre pale passant vers la pointe au brun-grisatre. Le doigt du milieu ne porte en longueur qu'environ un pouce. Les males au plume parfait sont d’une belle couleur de schiste tirant au bleuatre, plus foncée sur la tête et sur le dos, el passant au gris blanchätre sur la face externe des rémiges antérieures. Les plumes des jambes, la région de Fanus et les couvertures inférieures de la queue sont d'un brun-roux assez vif. La queue est d'un noir mat uniforme. La femelle adulte a le dos, les ailes et le dessus de la queue d'un cendré bleuätre foncé et orné de taches transversales ou bandes noiratres. Les rémiges sont noiratres et pourvues à la barbe interne de taches blanchätres en forme de bandes transversales. La bande ter- minale de la queue est beaucoup plus large que les autres ban- des de la queue, qui sont au nombre de huit à neuf; elles offrent toutes une couleur noiratre. La face inférieure de la queue est blanchatre. La gorge, le devant du front, et les parties antérieures et latérales du cou sont d’un blanc tirant au brun-roux pale. Cette dernière teinte occupe toutes les autres parties inférieures de l'oiseau, et elle n'est interrompue que par les raies longitudinales noiratres qui ornent le milieu des plumes, et qui prennent sur les flancs la forme de taches, tandis qu'elles disparaissent totalement sur les plumes des jambes el sur les couverture inférieures de la queue. On voit du noir au dessous des ÿeux et près de l'angle de la bouche, mais la tache en moustache est peu apparente, Les jeunes ressemblent à la femelle adulte, mais ils ont toutes les teintes plus pales; les bandes des parties supérieures sont moins apparentes et les plumes de ces parties sont bordées de brun couleur de rouille; 1) Oruithologia, vol. 1, lib. 6, p. 300 et 861, sous le nom de Tinnuneulus f4 mina altera. — 2) Storin degli uccelli, pl , Ge. 67, sous le nom de Falco tinnunculus ruderum. — 3) PL 89, sous le nom de 2 Ceuchris, — 4) Voir Naumann, 1, p. 323, r pe 31 — 6) Le, p. 818. — 7) Ornith. provençale, p. 60, pl. 41; Faucon er 1, p. 49. — 9) PL 29. — 10) Dirds of E , pl 27. — 11) Die Vo 12) Zoologie, Atlas, pl. 2 et 3 — 13) Conférence des fauconn ) Voyez Tewminck, Man édit, 1, e. — 8) Ornitologia tuse 1 Europas, pl. 12. — rs, onzième journée, p. 41 et 42. — 14) Syatema naturac, 12e édition, p. 129, n°. 23. — 15) Le mäle adulte pl. 46, sous le nom de «Falco enfin, les taches des parties inférieures offrent plus détendue, et les bandes foncées de la queue sont au nombre de one à douze. D'Areussia 13) est le seul auteur de fauconnerie qui ait fait mention de cette espèce. Il la nomme Falquet, et décrit assez bien un individu apporté à la cour de Louis XIE «Personne ne connaissait cel oiseau que Fon ne tardait de dresser, mais qui, porté sur les lieux où sexercait le vol de la corneille avec des faucons, s'enfuya de peur aussitôt qu'on avait laché.» Cette espèce, inconnue des naturalistes avant Linné, à été in- diquée par ce savant sous le nom de Falco vespertinus 14); les auteurs de la grande Ornithologie italienne lont figurée un an aprés 15); Beseke 16) la ensuite décrite sous le nom de Falco rufipes. Buffon 13), ayant recu un male adulte de ce faucon, le regarde comme simple variété du hobereau. On trouve des figures plus où moins exactes de ce faucon dans les ouvrages de Buffon, de Wolf et Meyer 18), de Naumann 19), de Gould 0), de Susemihl2r)et dans plusieurs autres lraités d'ornithologie, où cette espèce porte ordinairement le nom que Beseke lui à conféré. Le faucon à pieds rouges habite la Sibérie 22) et les parties chaudes et tempérées de l'Europe orientale; il visite, lors de ses migrations, lltalie 23) et la France méridionale 24), et s'égare de temps en temps dans les autres parties de PAllema- gne25) et de la France, et même jusqu'en Angleterre 26). Il en existe dans le musée britannique 23) des individus origi- naires de l'Égypte et du Nepaul. Pallas dit qu'il est trés com- mun dans la Russie méridionale, qu'il y fréquente de préfé- rence les plaines et les champs situés dans le voisinage des EAUX, qu'il se nourrit d'insectes aquatiques et d'araignées, el qu'il se sert souvent des nids abandonnés de pies ou de choucas pour y pondre ses œufs qui sont au nombre de deux et dont les teintes rappellent celles des œufs du hobereau. Le comte von der Mühle28) rapporte que cette espèce ne niche que rarement en Grèce, mais qu'elle visite ce pays par troupes nombreuses à l'époque de la mig ation. Il ajoute qu'elle se nour- rit d'insectes, el que son vol rappelle en quelque sorte celui des cresserelles. Savi, qui a observé cette espèce en Toscane, dit qu'elle aime à choisir, afin d'épier sa proie, un point quelconque plus où moins élevé du sol, et qu'elle fait plus particulièrement la chasse aux sauterelles. Naumann et Meyer rapportent à peu près la même chose. DES OISEAUX DE BAS VOL. Les oiseaux que lon comprend en Europe sous le nom d'oiseaux de bas vol, sont lautour et l'épervier. Ces oiseaux, quoique très différents entre eux par leur taille, se rappro- chent cependant par tous leurs caractères essentiels , de sorte qu'ils ont été placés par les naturalistes dans une même famille appelée la famille des autours. Ils se distinguent des oiseaux de haut vol par un grand nombre de caractères, notamment par leurs ailes courtes et arrondies, par leur bec à bords dé- barletta crina © piombina,» la femelle adulte, pl 48, sous celui de «Falco barletta ce a,n et le jeune mäle, pl. 47, sous celui de « Falco barletta mis ia — 16) Vôgel Kurlands, p. 13, pl 3 et 4. — maturelle des oiseaux, tome 1, p. 278. — 18) Histoire nat. 2) Pallas hp. 53. — 24) Noux, Ornithologie provençale, 1, 1,p. 815 à 317. — 26) Gould, Le., et Yarrell, L, p. 45. — 27; List, Le. sans numéro. — 19) PL 2S, — 20) Pl. 23. — 21) PI. 13, — Loograpl — 25) Nan p. 27. — 28) L. c., p. là pourvus par devant d'un feston angulaire et d'une échancrure, par leurs tarses élevés et couverts par devant ainsi que par derriére de larges plaques, par l'iris de l'œil qui est constam- ment d'un jaune plus ou moins intense, par le défaut d’une membrane nue entourant Pœil et par plusieurs autres marques distinctives moins saillantes, ainsi que par leurs habitudes et leur manière de vivre. Les ailes des oiseaux de bas vol, lorsqu'elles sont pliées, ne recouvrent guère plus de la moitié antérieure de la queue. Les grandes pennes de laile offrent des proportions très diverses de celles que lon observe dans les oiseaux de haut vol. Dans l'autour et Fépervier, ce west pas la deuxième mais la qua- triéme penne qui est la plus longue; la troisième tient le milieu entre la cinquième et la sixième, la deuxième est intermédiaire par rapport à sa longueur entre la sixième et la septième, et la premiére ne s'étend avec son extrémité que jusque vers l'extrémité de la neuvième. Les cinq premières de ces pennes sont toutes rétrécies à la barbe interne depuis la moitié de leur longueur jusqu'a la pointe, et on observe une forte échanerure aux barbes externes de la deuxième et des suivantes jusqu'à la sixième de ces rémiges. Les tarses des oiseaux de bas vol, plus élevés que ceux des faucons, ne sont emplumés que pres de leur articulation avec la jambe, sur le devant et vers les côtés; ils offrent des écailles plus larges, plus régulièrement disposées, et qui sont remplacées par devant et par derrière par des plaques très développées. Leurs doigts son assez longs, nolamment ceux de lépervier, et garnis en bas de tubercules comme dans les faucons. Ils ont la tête plus petite que les oiseaux de haut vol, et plus applatie en dessus. Leur bec, fortement crochu, est assez comprimé et pourvu sur le bord de la mandibule supérieure d'un seul feston, très sensible mais arrondi et placé plus en arrière que dans les faucons; les bords de la mandibule inférieure woffrent pas d'échancrure apparen- te. Leurs yeux plus petits et dont l'iris est toujours d'un beau jaune, ne sont pas encadrés d'une membrane nue comme ceux des oiseaux de haut vol. Is ont la queue longue et ornée d'un petit nombre de bandes foncées assez larges. Leurs na- rines, en forme de fente ovale et oblique, sont dépourvues d'un bouton au centre. Leurs plumes, enfin, offrent en géné- ral une forme plus obtuse, notamment les couvertures scapu- laires, tandis que celles de la nuque et de la partie postérieure de la tête sont plus où moins pointues; celles, enfin, qui forment les parties foncées du corps, sont toujours de cou- leur blanchätre depuis la base jusque vers le milieu de leur longueur. Les oiseaux de bas vol sont rusés, courageux et téméraires au plus haut degré, et ils surpassent tous les autres oiseaux de proie par leur caractère féroce. On peut les comparer sous ce rap- port au tigre, tandis que le caractère des faucons offre plutôt de lanalogie avec celui du ion. Leur vol n’est, ni aussi vite, ni d'aussi longue durée que celui des faucons, mais ils savent en revanche exécuter les mouvements les plus variés et les plus rapides, ce qui les met à même de chasser dans les bois ou dans quelque autre lieu planté d'arbres, de poursuivre leur proie jusque près de ses réduits, et de la saisir, soit au vol ou à la course, soit lorsqu'elle est perchée quelque part ou qu'elle se tient blottie à terre. Hs ont habitude de voler bas, afin de pou- voir plus facilement surprendre leur proie qui consiste, sui- vant leur taille, en oiseaux petits ou de moyenne grandeur et en mammifères. Il parait qu'ils construisent leur aire constam- ment sur des arbres. Les oiseaux que les naturalistes ont rangés dans la famille des autours sout nombreux, et ils s’'éloignent le plus souvent d'une manière sensible des deux types de cette grande divi- sion, savoir, lautour et lépervier d'Europe. Quelques-uns ap- pelés les aigles-autours, dont nous dirons quelques mots plus bas, ayant les tarses emplumés jusque vers la base des doigts, rappellent, par cette particularité et souvent aussi par leur forte taille, les aigles proprement dits; d'autres se rapprochent par leurs doigts courts et leurs ongles peu crochus des buses ou des oiseaux de proie ignobles en vénéral; d’autres encore, tout en offrant le mème caractère, ont les tarses assez allongés, et il y en a même, tel que le Messager ou Secrétaire, qui sont aussi haut montés sur leurs jambes que les échassiers; mais, à juger de la conformation de leurs serres, il parait que la plupart des oiseaux de la famille des autours, à l'exception des aigles-autours, de la grande harpie et des espèces qui se rap- prochent de lautour et de l'épervier d'Europe, sont peu pro- pres à la chasse au vol. DE L'AUTOUR. L'autour étant parmi les oiseaux de proie d'Europe de grande taille la seule espéce dont les ailes soient si courtes qu'elles ne recouvrent que la moitié de la queue, il est facile de recon- uailre cet oiseau au premier Coup d'œil. La femelle de lautour atteint une longueur totale d'environ vingt-deux pouces, mais le male n'a le plus souvent que dix-neuf pouces de longueur. Les ailes de la femelle portent en longueur treize pouces et demi, la queue dix pouces, le tarse trois pouces et cinq lignes, le doigt du milieu deux pouces. Dans le male, les ailes sont longues de douze pouces el demi, la queue offre neuf pouces, le tarse trois pouces et le doigt du milieu un pouce et neuf lignes. Où voit par ces données que l'autour, tout en offrant des ailes plus courtes, égale par sa taille les plus grands faucons. Il a les doigts aussi longs que ces derniers, ils sont aussi très robustes, mais les tubercules à leur base sont moins saillants. L'autour a l'iris de l'œil d’un jaune intense, qui tire même sur le jaune orange dans les adultes; la cire et les pieds sont également d'un jaune, pale dans les jeunes, plus vif dans les adultes. Le bec est d’un bleu noiratre. Les ongles sont noirs et fortement courbes; celui du doigt externe est petit, ceux du pouce et du doigt du milieu sont au contraire très vigoureux. On observe entre le doigt ex- terne et celui du milieu une membrane qui réunit ces doigts à leur base. La queue, un peu arrondie à l'extrémité, est ornée de cinq à six bandes foncées. La teinte du fond des parties inférieures de lautour est dans les jeunes de Fannée d'un blanchatre tirant, à l'exception de la gorge, plus où moins sensiblement sur le roux jaunätre ou sur le brun couleur de rouille pale. Toutes les plumes de ces parties sont pourvues de taches longitudinales d’un brun foncé, très étroites sur la gorge, plus ou moins larges sui les autres parties notamment sur les flancs et prenant vers l'ex- trémité des plumes une forme lancéolée. La couleur du fond du dessus est un brun plus ou moins foncé, mais toujours plus clair sur la tête et le cou, dont les plames sont pourvues de bords d'un brun jaunâtre clair. Il en est de même de celles du crou- pion. Les plumes des autres parties supérieures offrent ordinai- rement un liséré plus pale. Les pennes de Faile sont d'un brun noiratre entre-coupé par des bandes marbrées de blanc ou de grisätre; on observe des bandes semblables sur le croupion. Les bandes foncées de la queue sont assez prononcées et plus ou moins distinctement séparées lune de l'autre par des bandes ana- logues d’un brun jaunatre pale marqué de petites taches ou mar- brures d’un brun noirätre. Du reste, les teintes de lautour au jeune âge, quoique assez semblables dans les deux sexes, pré- sentent de nombreuses variétés individuelles, sans que leur distribution en général subisse pour cela des modifications sen- sibles. Lorsque l'autour, après la mue, s'est revêtu de sa livrée par- faite, ce qui a lieu vers la fin de l'été dans la deuxième année de son existence, son plumage offre alors une distribution des tein- tes très diverse de celle qu'on observe dans les indis idus au jeune age. Les parties supérieures sont alors d’un brun fuligineux noiratre tirant plus ou moins sur le gris bleuâtre. On voit au- dessus de l'œil une raie blanche assez marquée qui se prolonge en arriére pour occuper toute Fétendue de la nuque et des par- uies postérieures de la tête, mais les plumes blanches qui pro- duisent ce dessin, sont pourvues à leur pointe d'une tache fon- cée. La teinte dominante du dessous de l'oiseau est un blane plus où moins pur; toutes les plumes de ces parties ont leur tige teinte de brun noir et elles sont ornées en outre, à l'excep- üon de celles de la gorge et des couvertures inférieures de la queue, de raies transversales ondulées, assez serrées et d’un brun noir. La queue est terminée par un liséré blanc et ses bandes noirätres se confondent souvent sur leurs bords avec la teinte du fond. Le male adulte ne se distingue de la vieille femelle, outre sa taille moins forte, que par des raies fon- cées plus étroites et plus serrées, par le blanc des parties inférieures qui est plus pur, par la couleur plus foncée de la tête, ainsi que par la belle teinte d'un cendré bleuatre foncé, dont le dessus de l'oiseau est orné, teinte qui s'efface cepen- dant plus ou moins complétement après la mort, pour se chan- ger en brun-gris fuligineux. Comme l'autour est un oiseau facile à reconnaitre et le seul du genre qui existe en Europe, il s'en faut b *aucoup que son his- loire soit aussi embrouillée que celle des faucons. Le mot d'au- lour vient, ainsi que nous l'avons remarqué plus haut, du latin l'art de la fauconnerie, on s'aperçoit qu'ils sont en grande partie © cette chasse au printemps; d'abord, parce 2) Ce n'est ordinairement qu'en cas de besoin que | ne qu'il n'arrive dans cette saison qu'un petit nombre de faucons retournant vers le nord-est, ct ensuite sous le nom de «Habichtsstossn. axaire de les instruire suffisament pour lt haute vo qu'alors il ne reste guère le temps — 3) Nous avons fait représenter sur le titre de notre ouvrage cet appareil connu en Allen remplis de détails sur les maladies véritables ou imaginaires des oiseaux de chasse, ainsi que sur les moyens de guérir ces maladies. Se copiant les uns et les autres sans remonter à la source d'où provenaient les secrets de l'art prétendu de traiter les oiseaux malades, et imbus de préjugés dont ils ne savaient pas S'affranchir, les auteurs de ces écrits attachèrent la plus hau- le importance à celte science obscure, à ce nombre infini de remèdes dont linefficacité se montre toutes les fois qu'il s'agit de les appliquer. Plus éclairés que leurs ancêtres et guidés uni- quement par l'expérience, les fauconniers de nos jours ont to- lalement rejeté ces fausses pratiques, inventées par les peuples orientaux et dont la connaissance nous a été transmise par les écrits où traditions des fauconniers arabes; ils ont réduit Part de traiter les oiseaux de chasse aux éléments les plus simples; ils ont reconnu qu'il n'existe pas de remèdes sûrs pour réta- blir la santé des oiseaux atteints d’une maladie sérieuse, et au lieu de prendre des peines inutiles pour les guérir, ils tâchent plutôt de prévenir ces maladies, en mettant tous les soins possi- bles à conserver la santé des oiseaux. (e dans le choix et la juste mesure des aliments que lon doit à des points les plus essentiels pour atteindre ce but, réside distribuer aux oiseaux de chasse. Le pat ordinaire dont on se sert pour les nourrir, consiste en viande de bœuf fraiche dont où a retranché les parles tendineuses et membraneuses ainsi Aux oiseaux de bas vol, on donne cette vian- que la grai de simplement coupée en morceaux plus où moins gros qu'on g; mais si elle est leur fait dépecer en les mettant sur le poing; destinée pour les faucons, on la hache au point de former une espèce de patée, et on a soin d'y mêler quelques œufs fre savoir, le matin à sept heures et l'après midi à cinq heures, On donne aux oiseaux niais le pat deux fois par jour, et on leur permet d'en prendre chaque fois à leur gré; mais il est bon de leur présenter une où deux fois par semaine, au lieu du pat ordinaire, soit des pigeons vivants, soit des corneilles où des choucas récemment tués. Quant aux oiseaux de passage, ou en général à l'égard des oiseaux adultes, il suf- fit de les paitre une seule fois par jour; mais il est néces- saire d'observer certaines règl »s par rapport à l'heure où on les repait et à l'égard de la quantité de nourriture qu'on leur présente chaque fois. On donne aux oiseaux de passage nou- vellement pris le pat, le matin à dix heures, et on leur per- met en outre de prendre quelques beccades d'un morceau de chair, tant à la suite de leur repas ordinaire qu'au moment de les remettre à la perche, apres les avoir portés sur le poing depuis quatre heures jusqu'a onze heures du soir. On cesse ce régime dès que commencent les lecons qui ont pour but d'accoutumer oiseau à sauter sur le poing. Dés ce moment on Jui donne le pat à une heure de Paprès midi; cependant, cette règle ne Sapplique d'une manière aussi rigoureuse ni à l'autour, ni à l'épervier. Les oiseaux de chasse ne sachant pas, à l'état sauvage, se procurer tous les jours une proie nouvelle el étant en conséquence obligés de passer quelquefois, après Sèlre repus, des journées entières sans prendre de nourriture, il est essentiel de varier de temps en temps la quantité de pat qu'on leur donne chaque fois. C'est le samedi qu'on choisit ordinairement pour leur donner bonne gorge, ce jour étant A] suivi de celui du repos, où on ne leur distribue que demi- gorge. Durant l'époque de la chasse, où ne repait les oiseaux qu'on emploie pour CeL exercice qu'au moment qu'ils ont vo- lé; mais il faut encore modifie régime ce a l'égard du ger- faut et des faucons blanc et d'Islande. Ces oiseaux de grande taille digérant leur proie moins vite que les autres espéces, on ne peut les employer pour la chasse successivement pendant voree Île deux jours; on leur donne par conséquent bonne gore jour qu'ils ont volé et demi-gorge le jour suivant. Comme on repait de pigeons, pendant les époques de laffaitage et de la chasse, les oiseaux toutes les fois qu'ils ont volé ou fait leur lecon, ils avalent d'eux-mêmes la quantité de plumes né- cessaire à la digestion des aliments; mais lorsque aprés ces époques on ne les nourrit que de viande de bœuf, il est ne- cessaire de leur donner, au moins deux fois par semaine, soil quelque oiseau vivant, soit la peau d'un oiseau encore cou- verte de ses plumes; on donne de préférence une peau où des poils de lièvre ou de lapin, aux espèces de grande taille des- tinées à la chasse de ces quadrupèdes, tels que le gerfaut, le faucon blane et le faucon d'Islande. Il y a plusieurs autres points qu'il convient d'observer pour conserver la santé des oiseaux. Quand il fait beau temps, on doit les jardiner, c'est à dire, les exposer à l'air tous les jours, après qu'ils ont rejeté la pelotte. À cet effet, on porte à l'air les oiseaux niais perchés sur les blocs; mais, pour les oiseaux de passage, on établit dans un jardin ou dans un autre lieu convenable des mottes de gazon hautes d’un pied, sur les- quelles on place les faucons chaperonnés, les attachant à l'aide de la longe à de petites fourchettes de bois fichées dans le sol. Il est également essentiel de faire prendre de temps en temps des bains aux oiseaux de chasse. À cet effet, on les porte, l'aile gorge, sur les bords bridée et après leur avoir donné bonne d'une rivière où d’un étang dont les eaux sout limpides; on les attache sur le sol à l'aide d'une filière lice à la longe; on leur ôte le chaperon, puis on se retire à une petite distance. On laisse à l'oiseau, après s'être baigné, le temps nécessaire pour s'éplucher et se sécher; mais dès qu'il commence à se mon- trer inquiet, on s'approche de lui avec précaution, on le prend sur le poing, on lui remet le chaperon et on le porte chez soi. S'il s'agit de baigner les oiseaux niais, on peut aussi se servit à cet effet d’un vase très spacieux d'argile ou de bois. Durant l'époque de l'affaitage, on baigne les oiseaux tous les huit jours; mais on ne les baigne qu'une fois dans l'espace de trois semaines, dès qu'ils sont affaités au point de voler pour bon. Le traitement des oiseaux de chasse, lors du temps de la varde ordinairement, mue, exigeant beaucoup de soins, on ne 5 à l'approche de cette époque, que les espèces rares ou Îles in- dividus dont on a pu apprécier les bonnes qualités. Dès qu'ils commencent à changer de plumage, on les met trois où qua- tre ensemble dans des appartements spacieux; on y place des blocs pour qu'ils puissent se percher; on leur ôte les entraves, les sonnettes et le chaperon; on leur distribue tous les jours une nourriture abondante; on les baigne souvent; en un mot, ou tâche de favoriser par des soins assidus le développement des nouvelles plumes et d'entretenir la santé de ces précieux oiseaux, Si les oiseaux hérissent les plumes, S'ils tremblent, c'est un signe qu'ils deviennent malades, ce qui arrive le plus sou- vent durant l'époque critique de la mue. I faut alors redoubler de soins et les nourrir, au lieu du pat ordinaire, de pigeons vivants; c'est à cela que se borne la science pharmacologique des fauconniers modernes, et cette panaceée tient lieu de tous ces nombreux remèdes employés autrefois par leurs confrères. Les fauconniers ont des procédés aussi simples qu'ingénieux pour remédier aux accidents qui arrivent au pennage des oiseaux. Si une penne se trouve rompue ou froissée, on la coupe pour en séparer la partie détruite, que l'on remplace par une penne correspondante de la même espèce d'oiseau, par conséquent absolument semblable et coupée de manière qu'elle se joigne parfaitement à l'autre penne. Après avoir trempé préalablement l'aiguille à enter dans une solution de sel ou dans du vinaigre, on la fixe d'abord dans la nouvelle penne, et puis on lattache à celle qui tient à l'oiseau, que lon fait prendre sur le poing par une deuxième personne lors de cette opération. Nous ne parlerons pas des blessures que peuvent recevoir les oiseaux de chasse; si elles sont légères, elles guéris- sent d'elles-mêmes; si, au contraire, elles touchent aux parties nobles, ou si l'oiseau s'est rompu l'aile, la cuisse ou la jambe, la guérison, si elle a lieu, est ordinairement de nature à ren- dre l'oiseau de nulle valeur pour la chasse. Il arrive souvent que les oiseaux sont incommodés par la vermine. On se sert, pour les en débarasser, d'une infusion de tabac mélée avec de l'eau-de-vie. Après avoir mouillé de ce liquide le bec, la nuque, les jointures de l’aile, le croupion et les pieds des oiseaux, on fait sortir, au moyen de la fumée de tabac, la vermine qui ne tarde pas à mourir, dès qu'elle a touché aux endroits mouillés par ce liquide. Comme il faut avoir soin de ne pas endommager le pennage de l'oiseau, il est nécessaire de se faire seconder par deux aides, lors de la première partie de cette opération qui s'appelle laver loiseau, lun pour mettre et retenir loiseau sur un coussin posé sur une table, Pautre qui est placé au côté gauche pour tenir les ser- res de loiseau. Deux personnes suffissent pour exécuter l'autre partie de l'opération qui s'appelle fumer l'oiseau; lune, se pla- cant devant, l'autre derrière Poiseau que lon a attaché sur la perche. On se sert, à cet effet, d'une pipe de terre cuite dont on a enlevé la moitié du tuyau; aprés Pavoir remplie de tabac léger et en avoir enveloppé d'étoupes le fourneau, on allume la pipe et prenant alors le fourneau à la bouche, on A6 chasse la fumée par le tuyau que l'on introduit entre les plumes. Nous avons déja dit plus haut qu'on a l'habitude d’émous- ser les ongles et le bec des oiseaux nouvellement pris; cette opération se répêle ordinairement trois fois par an ou toutes les fois que les parties dont nous venons de parler se sont dé- veloppées au point de pouvoir infliger des blessures trop pro- fondes, soit à la main du fauconnier, soit aux hérons destinés pour les lecons d'affaitage ou auxquels on veul rendre la liberté, soit enfin à d’autres faucons, s'il arrive que ces oiseaux S'al- taquent entre eux, au lieu de poursuivre le gibier. Le cabinet destiné pour les oiseaux de chasse doit être plus ou moins spacieux, suivant le nombre d'oiseaux que lon se propose d'y enfermer. Les fenêtres de ce cabinet sont pour- vues de volets que lon ferme à l'approche de la nuit, pour ne les ouvrir le jour suivant que quand les oiseaux ont rejeté la pelotte. Ce cabinet est garni des deux côtés de perches placées à une distance des murs de trois à quatre pieds et à une hauteur de cinq pieds du sol que lon couvre à cet endroit d'une couche épaisse de sable. Ces perches sont d'un diamètre d'environ deux pouces et demi, couvertes en dessus de paille et revêlues de linge grossier où de flanelle; au dessous de ces perches est suspendu un linge, large environ de deux pieds, afin d'empécher que les oiseaux, en volant et revolant, ne s’entortllent autour de la perche. En mettant plusieurs oiseaux sur une perche, il est essentiel de les éloigner les uns des autres à peu près à deux pieds de distance. Les perches des- tinées pour les oiseaux niais, pour les oiseaux malades ou en général pour tous les oiseaux lors de l'époque de la mue, s'appellent blocs; ce sont des billots hauts d'un pied, plus larges à la base qu'en dessus où ils offrent un diametre d'en- viron neuf pouces, et pourvus au centre d'un crochet en an- ieau par lequel on passe la longe en attachant le faucon sur garnit ces blocs de le bloc; on g gazon, lorsqu'il s'agit d'y mettre les oiseaux niais. Chaque oiseau a son nom particulier 1) indi- qué sur une étiquette que l'on attache aux perches. Le cabinet où lon enferme les faucons sert en outre de lieu de dépôt pour les divers outils et instruments de fauconnerie. Quant aux oiseaux de bas vol, au lieu de les enfermer dans des ca- binets, on établit leur perche dans un lieu quelconque où ils sont à l'abri de la pluie, et l’on préfère même les lieux fré- quentés, afin qu'ils prennent habitude de voir continuellement des hommes et des chiens. DE L'ÉDUCATION ET DE L'AFFAITAGE DES OISEAUX DE CHASSE. L'art d’affaiter les oiseaux de chasse a été de tout temps re- gardé comme une science digne de captiver l'attention et qui atteste au plus haut deg 5 le pouvoir que l'homme exerce sur les animaux 2). Si l’on peut appeler l'art de dresser le chien 1) L'usage de donner des noms en; il existait déjà, com a le verrons plus td, du temps de l'empereur Fr ait mention de plus rs fau célèbres et va particuli ut tout blane que possédait Louis XI. Voici quelques n ont successivement appartenu au «hawking clubin Cesar, Napolé vf Wellington, Oliver Cromwell, Chassé, Sultan, Due Rocket, Bulldog, Prine , Loë, dans d'Arcussia entre of Orange, anion, Firebrand met ete. — On trouve autres les noms suivants pour la chasse un triomphe obtenu par homme sur les ani- maux, l'art de dresser les oiseaux ‘pour le même but doit au premier abord exciter bien davantage létonnements; car, dans le premier cas, il s'agit d'un animal domestique doué dun la Perle, le Corse, Borrasque, le Glorieux, le Réul,la Damoiselle, le Fousque, la Baronne, le Gentilhomme, ete. — 2) Liuné lui-mème, après avoir dit dans son Système de ln nature, 12me édit, 1, p. 127: «Ars capiendi Falconcs Columba et Lanio, institue wzllas, Ardeas, Avieulas, ete. propriis artificibus € in luxuriom magnatun, ridenda etian à matulton, ajoute plus bas: «Faleonorin ars ad aucupium ét venatum instruendi Falconcs transit in n Scien naturel docile et de linstinet de sociabilité, tandis que dans le second cas on a affaire à des animaux nouvellement réduits à la captivité, qui occupent parmi les êtres organisés une pla- » chien, et dont le caractère ce beaucoup moins élevée que est sauvage, farouche et insociable. En réfléchissant cependant sur les motifs qui engagent Fun et Fautre de ces animaux à obéir à la volonté de leur maitre, on Saperçoit que ces mo- üifs sont de nature très diverse, quoiqu'il paraisse exister une grande analogie entre les effets obtenus dans lun et l'autre eas. Il suffira, pour justifier cette observation, de mettre en paral- lle le chien et les oiseaux de chasse, et d'examiner de plus près les dispositions et les facultés intellectuelles dont ces ani- maux sont doués. Le chien vivant en compagnie, soit à l'état prunitif, soit lorsque de la domesticité il est retourné à l'état sauvage, doué de lin- stinet de sociabilité et d'une espéce de prédisposition à S'atta- cher à l'homme, et s'habituant facilement à une nourriture tirée du règne végétal, est de tous les animaux celui que l'homme a choisi de préférence pour compagnon. Nous le voyons en effet comme tel depuis l'époque la plus reculée de histoire des peuples. Dissemblable du chat qui, vivant solitairement à Pétat sauvage et ne possédant l'instinct de sociabilité qu'à un degré assez inférieur, s'attache plutôt aux habitations qu'à l'homme mème, le chien est devenu l'animal domestique par excellence, et il a lié son existence à celle de homme; s'assujetissant com- plétement à la volonté de son maitre, il développa successive- ment toutes ces qualités que nous admirons dans cet inté- ressant animal, et perfectionna ses facultés intellectuelles au point de surpasser sous ce rapport tous les autres animaux. De temps immémorial vivant et se propageant dans la domesti- cité, transplanté d’une région à une autre, dans les contrées les plus diverses, dans des pays dont la surface a éprouvé par la main de l'homme tant de changements qu'en échappant de l'es- clavage il ne pourrait plus subsister à l’état sauvage, et s'étant habitué de bonne heure à toutes sortes d'aliments, le chien a successivement subi d'innombrables modifications, et il s'est for- mé dans l'espèce primitive de cet animal un grand nombre de races plus où moins différentes les unes des autres. L'homme continuellement occupé à cultiver ces qualités du chien qui pouvaient lui être utiles, a aussi de son côté contribué à chan- ger la nature de cet animal. Observant que de tous les sens du chien, lodorat est celui qui contribue le plus à seconder cet instinct naturel qui le porte à chercher et à poursuivre le gibier, l'homme a formé successivement les diverses races des chiens de chasse, parmi lesquelles le chien d'arrêt occupe le premier rang, parce que c’est la race dont l'éducation a été portée au plus haut degré de perfection. En examinant les dispositions naturelles des oiseaux dont on se sert pour la chasse, on trouve précisément le contraire de tout ce que nous venons de dire du naturel du chien. Ces ani- maux occupent comme les oiseaux en général, parmi les êtres organisés, une place moins élevée que le chien et la plupart des autres mammifé res, et s'ils surpassent le chien par | a $ fection de leur organe visuel, celui de lodorat joue au contraire ande per- un rôle tout-à-fait subordonné. Ces oiseaux ne sont pas doués , NE ; d'une prédisposition à Sattacher à lhomme, et n'en sentent pas vi non plus le besoin. Chaque individu, pris isolément, possédant les moyens de pourvoir à son existence, ces oiseaux ménent toujours une vie solitaire, et Sils se réunissent par couple, ils n'y sont poussés que par l'instinct de propager leur espèce et non par celui de la sociabilité. Doués d'une force extraor- dinaire et se nourissant exclusivement de proie vivante, ces êtres ont le caractère sanguinaire, Vorace et sauvage, Nuisibles à lhom- me, puisqu'ils viennent enlever les animaux qui lui sont utiles, ils sont continuellement exposés à des poursuites de tout genre: au lieu de se rapprocher de lhomme, il le fuient et leur naturel insociable, loin de diminuer, prend au contraire un caractère farouche. Ne se propageant jamais dans la captivité, leur race entière reste libre, et les individus isolés que lon parvient à apprivoiser, ne servent l'homme, ni par attachement, ni de leur propre mouvement, et ils ne tardent pas à retourner à létat sauvage dès qu'ils sont contraints où qu'ils ont l'occasion de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins. Rendus à la liberté, ils savent, n'importe où ils se trouvent, se procurer de quoi sub- sister; les changements artificiels opérés sur la surface de la terre ne sont pas pour eux des obstacles qui les empèchent de re- prendre leurs habitudes primitives; au lieu d'être, pour ainsi dire, attachés au sol comme le chien, ils vivent dans un élément qui ne met aucune borne à leurs excursions, et ils sont pour- vus des moyens de se transporter en peu de temps d'un point à un autre et d'aller à la recherche des lieux qui leur offrent les conditions nécessaires à leur existence, Il résulte de ces observations que n'étant pas doués de ces qualités que l'homme à cultivées dans le chien pour en faire un animal domestique docile et obéissant, les oiseaux de chasse ne sont pas non plus susceptibles d'être instruits au moyen de celte espèce d'éducation intellectuelle que lon donne au chien d'arrêt, et qu'il n'est d'autre moyen pour les faire obéir à leu maitre et agir selon sa volonté, que de tirer parti de celui de leurs peuchants innés qui est le plus prononcé chez eux, eest à dire, leur voracité. Les oiseaux de proie avalant à la fois une grande quantité d'aliments qui les rendent pour quelque temps pesants et incapables de faire de nouvelles poursuites, Fhomme a trouvé dans cette manière de vivre lindication des moyens gouverner à son de pouvoir g gré ces animaux; il les a soumis à sa puissance, en réglant leur passion dominante au point que, rendus à la liberté, ils n'en ont pas tout de suite la conscience, et ils se laissent entrainer par le besoin de satisfaire leur avidité à se jeter sur le gibier qu'on leur indique, à poursuivre des animaux auxquels ils ne font jamais spontane- ment la chasse, et même Jusqu'à se laisser reprendre par leur maitre, lorsque celui-ci vient à leur présenter leur nourriture favorite. Résumant ce que nous venons de dire sur le chien et les oiseaux de chasse, on voit que le chien sert son maitre par attachement; il lui obéit de son propre mouvement où poussé par la crainte de la punition; il suit son maitre partout, le préfère à tout autre et ne le quitte jamais de sa propre volonté; en poursuivant le gibier, il agit par instinet, el dès que le gibier est tué, il va le chercher et l'apporte à son maitre, sans jamais jouir d'une récompense quelconque; enfin, une fois dressé pour la chasse, il n'oublie plus les lecons qu'on lui a don- nées, et si, entrainé par son penchant, il les oubliait un in- stant, il suffit de les lui rappeler pour le faire rentrer aussitôt dans son devoir. L'oiseau de chasse, au contraire, n'a point d'attachement pour Phomme où pour son maitre; il ne lui obéit jamais de son propre mouvement, el en servant: à son plaisir, il croit dans le fait ne pourvoir qu'à ses propres besoins; des punitions exercées Sur lui ue produiraient pas le moindre effet; il s'enfuit aussitôt qu'il a joui de sa liberté pendant quelques heures; en poursuivant les animaux qu'on lui fait prendre, il est moins poussé par linstinet que par la conscience qu'il a d'obtenir, après les avoir pris, de quoi salisfaire à son appé- tit; il ne relourne jamais de son propre mouvement auprés de son maitre qui, pour le reprendre, est obligé de Fattirer vers fui en lui présentant sa nourriture favorite; enfin, il ne retient les leçons qu'on lui donne qu'autant qu'on les lui fait exercer. Dès qu'il arrive qu'il a passé quelques jours à l'état de liberté, il faut lui faire répéter ces mêmes leçons, avant de pouvoir s'en servir pour le vol; et un intervalle plus considé- rable, comme par exemple, l'époque de la mue, suffit pour lui faire tout oublier, de sorte qu'il faut recommencer de nou- veau son éducation, si apres celle époque on veut encore l'em- ployer pour la chasse. Cette dif une fois reconnue, il s'ensuit nécessairement que pour affaiter ce entre les dispositions du chien et de l'oiseau les oiseaux de proie il faut employer des moyens très différents de ceux mis en usage pour dresser les chiens à la chasse. Quant à l'éducation du chien de chasse, tout dépend du choix de l'individu; il est de nulle valeur, sil n'a pas le nez fin; en le dressant, il importe d'abord de lui apprendre à apporter le gibier et à obéir aux ordres de son maitre qui doit le gui- der par la voix; comme il recherche le gibier par instinct, il s'agit seulement de réprimer les penchants naturels qui le portent à dévorer le gibier où à le poursuivre sans en avoir recu lordre. Quant aux oiseaux de chasse, il n'existe pas de signes pour reconnaitre le naturel des individus; en les affai- tant pour la chasse, il est d’abord essentiel de corriger leur caractère sauvage et farouche, en les portant presque conli- nuellement sur le poing et en les habituant à la société de l'homme et à celle des animaux; dès qu'ils sont apprivoisés, les premières lecons ont pour but de les forcer par la faim à venir auprès de leur maitre, lorsque celui-ci leur présente le pat; en les dr ant pour le vol, il faut toujours leur faire faire cet exercice quand ils sont à jeun, et les récompenser chaque fois qu'ils ont volé en leur distribuant leur nourriture; enfin, il est urgent d’affaiter chaque individu sur la seule espèce de gibier qu'il est destiné à voler. On voit par ces indications générales que l'affaitage des oiseaux de chasse repose sur des principes assez simples et que lon peut parvenir en peu de temps à apprendre la théorie de cet art. Cependant, sil s’agit de mettre en pratique cette théorie, on s'aperçoit bientôt qu'il faut une longue expérience avant d'obtenir constamment le résultat désiré, et qu'il n'est pas moins difficile d’affaiter les oiseaux pour le vol que de les gouverner quand ils ont été lâchés sur le gibier. De là vient que cet art ne peut guère être exercé que par des fauconniers de profession, à moins que : k É d à l'on ne veuille courir le risque de gâter ou de perdre les oiseaux. AS Cependant ce n'est pas la seule science de dresser et de gou- verner les oiseaux qui constitue le bon fauconnier. Il doit réunir encore d'autres qualités pour mériter cette épithète. I faut avant tout que le fauconnier se voue corps et ame à sa profession , qu'il ne s'adonne à aucun vice, qu'il s'occupe de ses oiseaux avec un soin particulier qui doit même, en cas de nécessité, l'emporter sur les soins reclamés pour sa propre personne; qu'il réfléchisse sans cesse à ses occupations, afin d'inventer ces mille et mille petits procédés, ces artifices sans nombre que pour mener à bien toute affaire quelconque, il faut savoir ap- pliquer dans chaque cas particulier. Indépendamment de ces qualités, le fauconnier doit avoir une constitution robuste, ca- pable de résister à la fatigue, une patience à toute épreuve, et celte flexibilité de caractère qu'exige le commerce avec des hommes de toutes les classes de la société. Enfin, il ne faut avoir de prédilection pour aucune des quatre principales bran- ches de Part de la fauconnerie, savoir, celles de prendre les faucons, de les traiter, de les affaiter et d'exercer la chasse, à moins que les fauconniers d’une même compagnie ne convien- nent mutuellement de partager entre eux ces différentes oc- cupalions. Nous jugeons à propos, avant de terminer nos observa- tions générales sur l’affaitage des oiseaux de chasse, de dire quel- ques mots des soi-disant signes extérieurs des oiseaux, signes au moyen desquels on prétend pouvoir juger des qualités ou du caractère des individus. Les fauconniers d'autrefois, imitant l'exemple de leurs confrères arabes, ont tous sans exception parlé fort au long dans leurs ouvrages de l'importance du choix des individus. Suivant leurs propres expressions maintes fois transcrites et reportées d'un livre à un autre, il ne faut choisir gros, le cou que le faucon qui a « la tête ronde, le bec courtet fort long, la poitrine nerveuse, les mahutes larges, les cuisses lon- gues, les jambes courtes, la main large, les doigts déliés, allongés et nerveux aux articulations, les ongles fermes et recourbés, les ailes longues. Le pennage doit être brun et d'une pièce, c'est à dire, de même couleur; la bonne couleur des mains est vert d’eau; cenx qui ont les mains et le bec jaunes et le plumage semé de ta- ches, sont moins estimés que les autres, etc.» De nos jours, où la science de la fauconnerie a été dépouillée des préjugés, des pratiques superstitieuses qui l'ont défigurée pendant des siècles, on m'attache plus la moindre importance à ces indications; guidé uniquement par lexpérience, on à reconnu que les soi-disant différences individuelles de forme n'existent pour la plupart que dans imagination et qu'elles ont, si elles existent, aussi peu d'influence sur le caractère de lPoiseau que les diversités présentées par la couleur de leur plumage; on sait que les qua- lités des oiseaux et leur caractère individuel ne peuvent être étudiés que lors de l'affaitage, et que ces différences individuel- les de caractère, quoique souvent assez sensibles, sont rarement de nature à rendre l'oiseau de nulle valeur pour la chasse. Nos fauconniers, en choisissant les oiseaux, ne font attention qu'à leur âge, donnant la préférence aux jeunes individus, parce qu'ils sont plus traitables que les vieux que l'on tue, dès qu'on a pu se procurer le nombre requis des jeunes de l'année. Le plus souvent, on tue également ces derniers après la saison de la chasse, lorsqu'ils entrent dans la deuxième année de leur rt age, et on ne garde ordinairement pour les faire muer en es- clavage que les espèces très rares où les individus dont on a pu apprécier les bonnes qualités. Quant au choix des différen- tes sortes d'oiseaux de proie, ilest clair qu'il dépend de l'espèce de chasse pour laquelle on se propose de les employer et de la possibilité de se procurer ces oiseaux. Cependant on préfère le plus souvent les oiseaux de passage aux niais; car lous les oiseaux perdent de leur force dans l'esclavage, et bien plus en- core ceux qu'on à élevés à Pétat captif. L'affaitage des oiseaux de proie reposant, comme nous l'avons démontré plus haut, sur certains principes invariables, il s'en- suit qu'il ÿ a une méthode générale de dresser les oiseaux applicable à tous; cette méthode cependant subit de nombreu- ses modifications, soit suivant les espèces que l'on se propose d'instruire, soit suivant que les individus ont été pris à Fétat sauvage ou enlevés de leur nid, soit enfin suivant la chasse pour laquelle on les destine. Nous nous proposons, afin de facili- ter Pétude de cet art dificile, de traiter successivement des méthodes particulières d’affaitage employées dans les divers Cas que nous venons de signaler. Il convient cependant avant d'entrer dans quelques détails sur laffaitage proprement dit des oiseaux de chasse, de parler de l'éducation des oiseaux niais, c'est à dire, de la manière de traiter ces oiseaux depuis l'époque qu'ils ont été enlevés du nid jusqu'à celle où ils ont acquis leur développement complet et où ils sont en conséquence propres à être instruits pour le vol. I n'y a qu'un système d'éducation commun à tous les oiseaux uiais. Les points principaux qu'il convient d'observer en trai- lant ces oiseaux, sont de leur distribuer une nourriture abon- dante et de la meilleure qualité; d'avoir soin qu'il règne la plus grande propreté dans leur réduit, et de les laisser jouir aussi longtemps que possible de leur liberté; en un mot, de faire tout ce qui peut contribuer à favoriser le développement complet de leurs plumes et l'exercice de leurs forces physiques. L'aire artificielle qui leur sert de réduit se compose d'un grand panier de quatre à cinq pieds de profondeur, posé horizon- talement dans un lieu retiré d'un jardin, à la portée de la main, sur les branches d'un arbre, et dont l'ouverture soit tournée vers le sud. On revêt ce panier en-dessus de gazon pour empêcher que la pluie ne pénètre dans l'intérieur, garni a cet effet d'une couche épaisse de paille. Le couvercle de ce panier est arrangé de manière qu'il offre un plan horizontal en forme de table. Observant, quant à la manière de les nour- rir, les règles que nous avons indiquées en parlant du traite- ment des oiseaux de chasse en général, les oiseaux niais ne larderont pas à se développer en peu de temps au point de quitter leur aire, de se percher sur les branches des arbres ou sur les toits des habitations, et d'entreprendre peu-à-peu des EXCUFSIONS plus ou moins lointaines, dont ils retournent tou- jours spontanément, pourvu qu'on leur distribue réguliérement une nourriture abondante. On leur laisse exercice de cette li- berté jusqu'à ce qu'ils commencent à pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, en faisant la chasse à des oiseaux ou à d'autres animaux; c'est alors le moment de s'en emparer, ce qui se fait ordinairement au moyen des filets, avec lesquels on prend les laucons passagers. Si lon veut laisser jouir de leur liberté les n9 oiseaux niais qui ont déja volé, avant de recommencer leur affai- tage, il est essentiel attacher à chacun de leurs pieds un gros grelot massif de plomb, afin de les empêcher d'aller eux-mêmes à la recherche de leur proie; il faut aussi avoir soin de fixer, sur la table adaptée à leur réduit, au moyen d'un clou, le pat qu'on leur donne, car sans celte précaution, ils emporteraient ce pät et iraient le dévorer dans quelque autre lieu; habitu- de propre à la plupart des faucons et qu'il convient de répri- mer de bonne heure pour ne pas s'exposer, lors de la chas- se, à voir le faucon charier, c’est à dire, emporter le gibier. Les faucons niais n'étant pas employés pour la haute volerie, leur affaitage est beaucoup plus simple et moins difficile que celui des faucons passagers, dont nous nous proposons de trai- ter avant d'entrer dans quelques détails sur laffaitage des oiseaux niais. Aussitôt que le faucon de passage nouvellement pris a été porté à la maison, on le place dans une chambre obscure, où on le laisse jusqu'au lendemain attaché sur un bloc revêtu de gazon; il ne faut pas oublier de lui ôter le chaperon cette première nuit, pour qu'il puisse rejeter la pelote. IL Es d'abord de Faecoutumer à recevoir la nourriture de la main du fauconnier. À cet effet, on le prend, la main recouverte du gant, sur le poing et on lui présente un morceau de viande qu'on lui laisse dépecer pièce par piéce. Quelques jours suf- fissent pour l'apprivoiser au point qu'il prend le pat avee avidite et dès ce moment on à soin de couper la viande dont on le nourrit en morceaux plats et oblongs, mais pas trop grands, pour qu'il puisse les avaler facilement. Si loiseau s'agite avec gs, on lui bride trop de force lorsqu'on le prend sur le poing l'aile et on cherche à le rendre soumis en lui mouillant les plumes par des jets d'eau ou en le plongeant même dans un vase d'eau froide, On ne le déchaperonne pas un seul instant durant cette premiere partie de l'éducation et on ne lui pre- sente pendant cette époque qui dure quatre à cinq jours, sui- vant le caractère plus ou moins fier de l'oiseau, ni des plu- mes ni des poils, parce qu'il ne saurait rejeter la pelote, ayant la tête couverte du chaperon. Aussitôt que l'oiseau s’est habi- tué à prendre avidemment le pat qu'on lui présente et à se tenir tranquillement sur le poing, on le place sur la perche et on échange le chaperon de rust contre le chaperon ordi- naire que l'on a soin d'ôter chaque nuit, afin que l'oiseau puis- se rejeter la pelote; car apres cette cpoque on Jui presente de temps en temps des pigeons ou d’autres animaux encore couverts de plumes ou de poil. On tâche ensuite de corriger son naturel farouche, en le portant sur le poing deux fois par jour, le matin et l'après midi, chaque fois plusieurs heures de suite, d'abord dans la chambre, puis à l'air et dans des lieux fréquentés; on lui Ôte aussi de temps à autre le chaperon, lui donnant quelques beccades quand on le lui remet, et on lac- coutume peu-a-peu à prendre, la tête découverte, le pat ordi- naire ou à dépecer les morceaux de viande qu'on lui présente. Pendant cet exercice on le frotte de temps à autre avec une aile de pigeon, car les oiseaux n'aiment pas qu'on les touche de la main. L'ayant ainsi traité pendant une huitaine de jours, on peut commencer les lecons préliminaires d'affaitage, sans que l'on cesse pour cela de porter journellement les faucons sur le poing. Il est même essentiel, pour empêcher que les oiseaux ne reprennent leur caractère farouche et pour prévenir qu'ils nue deviennent trop gras, de les porter sur le poing deux fois par jour, pendant toute année; durant la saison de la chasse où les oiseaux sont portés journellement aux champs sur leur cage, cet exercice ne se répète que si, durant plusieurs jours de suite, on est empêché, soit par le mauvais temps, soil par d’autres circon- stances, d'aller à la chasse On choisit l'heure de midi pour donner à loiseau les pre- miéres lecons d'affaitage qui consistent à lui apprendre à sauter de son plein gré sur le poing de son maitre. On le place à cet effet sur le dossier d’une chaise, on entortille le bout de la longe autour du petit doigt de la main gauche couverte du gant, et on tient un morceau de viande dans la main droite; après avoir ôté à l'oiseau le chaperon que lon retient par le petit doigt de la main droite, on rapproche les mains l'une de l'autre, on se place tout près de l'oiseau et on cherche à Pinviter à venir se placer sur le poing, en lui présentant le pat el en sifflant. L'oiseau s'étant posé sur le poing de celui qui Pin- struit, on lui permet de prendre quelques beccades, on le re- place ensuite sur la chaise et on le fait venir de nouveau sur le poing; cet exercice se répète de suite quatre ou cinq fois par > à Poiseau à la fin jour, et on à soin de donner bonne go de la lecon. Augmentant de jour en jour la distance, on finit par détacher la longe et par accoutumer le faucon entière- ment libre a franchir toute la longueur de la chambre pour venir se placer sur le poing du fauconnier. Après avoir répété ces exer- cices pendant quinze jours ou trois semaines, on commence une nouvelle série de lecons, en faisant prendre au faucon dans la chambre un pigeon attaché à une filière. On tient, durant ces premières lecons, le faucon à la longe, mais par la suite on attache une créance à la longe, et on lui permet de poursuivre le pigeon dans toute étendue de la chambre, linvitant à fondre sur le gibier par un cri uniformément ré- pété 2). Comme il est nécessaire de laisser manger au faucon le pigeon, des qu'il l'a pris, il s'ensuit que lon ne peut exer- cer celte leçon qu'une seule fois par jour. Ce n'est que lors qu'il parait formé à cet exercice, ce qui arrive au bout de lois à quinze jours, que commencent les lecons en plein air. Le premier jour, on le porte l'avant midi à la campagne pour lui faire prendre un bain; de retour à la maison, on choisit l'heure de midi pour lui ôter le chaperon, le faire sauter sur le poing et lui donner bonne gorge, après quoi on le laisse tranquille jusqu'au lendemain. Porté de nouveau à Fair, on répète les leçons sur le pigeon, qu'on fait voler au bout d'une filière, d'abord de très près, ensuite de plus en plus loin, jusqu'à une distance, enfin, de vingt pas, et on finit mème par augmenter cette distance en faisant courir à toutes jambes la personne qui tient la filière à laquelle le pi- geon est attaché. Deux à trois semaines suffissent pour cet exercice, mais on ne donne au faucon, dans la deuxième moitié de cet espace de temps, qu'une lecon tous les deux 1) I arrive quelquefois que les fancouniers, trop paresseux pour porter les faucons tous les jours, vréférent les placer sur la cage suspendue au plafond d'une chambre, de sorte qu'en balançant cett les oiseaux éprouvent un mouvement continuel; mais cette manière de t ux est dés er les oi vée par tous les bons Fruconuie et ne s'exerce plus a dans plusieurs ouv fruconnerie que, pour apprivoiser le faucon, on avait autrefois l'habitude de le placer dons un grand cerceau dé bois, suspendu quelque part, etque l'on ne cessait d'agiter pendant plusieurs jours et plusieurs jours, changeant en mème temps son régime, de sorte qu'on lui distribue bonne gorge quand il a volé, et demi-gorge le jour suivant qui est employé à répéter les leçons qui ont pour but d'apprendre à l'oiseau à sauter sur le poing. Les faucons passagers étant ordinairement dressés pour le vol d'animaux de grande taille, il est essentiel de prendre au lieu d’un pigeon une poule attachée à une filière dont la longueur ne doit pas surpasse: quinze à dix-huit pieds. Après quatre à quinze jours consacrés à cet exercice, on remplace la poule par un coq et on répète successivement cel exercice Jusqu'à ce que le faucon y soit parfaitement assuré, c’est à dire, jusqu'à ce qu'il attaque le coq, sans se laisser déconcerter par les cris et les gestes de cel oiseau, ce qui n'a souvent lieu qu'au bout de deux, de quatre, quelquefois même de six semaines; il s'entend de soi- même que lon repait le faucon chaque fois qu'il a attaqué le coq, en lui présentant un pigeon vivant. On emploie ensuite quinze jours pour répéter toutes les leçons qu'on à succes- sivement données au faucon, soit en plein air lorsqu'il fait beau temps, soit dans les cours des habitations ou même dans la chambre quand il fait beaucoup de vent ou de la pluie. \pres cette époque, on répète encore pendant quinze jours les lecons de vol sur le pigeon, avec cette différence qu'on laisse le faucon entièrement libre, tandis que le pigeon reste attaché à la créance. Ces lecons terminées, il est nécessaire d'instruire en commun les deux faucons qui sont destinés à voler ensemble. On leur fait d'abord voler le pigeon attache à la créance; ensuite on attache aux pieds du pigeon une ficelle longue d'environ vingt pieds, et qui lempèche de prendre l'essor où de voler avec trop de vitesse; à chaque lecon sui- vante, on enlève une partie de la ficelle, de sorte qu'a la fin elle n'a plus qu'environ cinq pieds de longueur. Dès que les faucons sont accoutumés à voler en compagnie et à se laisser reprendre quand on les leurre avec du vif, on peut regarder comme terminées les lecons que nous venons de décrire et dont l'exercice à occupé un espace de temps de quatre à cinq mois; alors on peut commencer les lecons de vol sur lespèce de gi- bier pour laquelle les faucons sont destinés. Nous nous proposons de traiter premièrement de l'affaitage des faucons pour le vol du héron. On n'emploie pour cette chasse que le faucon blanc, le faucon d'Islande, le gerfaut et le faucon passager, à l'exception de son tiercelet. Il faut d'abord tâcher de se procurer des hérons. On prend ordinairement ces oiseaux en appliquant sur leur nid, vers le soir, un nœud coulant; se ca- chant ensuite sous le vent, à une distance de vingt pas de l'arbre sur lequel le nid du héron est placé, et tenant de la main le bout libre de la ficelle qui fait partie du nœud coulant, on le reserre dès que le héron s'est perché sur son nid. Cet oiseau étant pris, on l’enferme dans un lieu obscur après lui avoir sillé les yeux: cette opération consiste à passer, au moyen d’une aiguille à cou- dre, un fil fin par la paupière inférieure de chaque œil et à tordre sur le sommet de la tête les deux fils, de manière que les paupières soient levées si haut qu'elles couvrent parfaitement nuits de suite, sans permettre à l'oiscau un instant de repos. Cependant tous nos fanconniers assurent que ces moyens violents, au lieu d'apprivoiser les oiscaux, cont pueraicut au contraire à les rendre plus hes et qu'en privant loiscau de sommeil on affaiblirait en même temps ses forces physiques ct on à sa santé, dire que l'on parvi anglais se serveut de linterjection «halo, hallow, pour attirer le À au moyen de ce traitement dance, c’est frire un conte difficile à eroir — 2) Les faucouniers hollandais et le globe de l'œil. Les hérons refusant presque toujours de pren- dre de la nourriture lorsqu'ils sont en esclavage, il faut les ÿ con- traindre, en mettant tous les jours quelques morceaux de viande dans leur gosier el en y versant un verre d'eau; il est même né- cessaire pour empécher que le héron ne rende les aliments qu'on lui a fait prendre de cette manicre, de lui serrer légèrement la partie supérieure du cou au moyen d’un gros fil. On choisit pour les premières leçons de vol sur le héron une prairie ou quel- que autre plaine située dans le voisinage des habitations. Après y avoir porlé les faucons et le héron, lun des fauconniers place, en metlant le genou gauche en terre, le héron sur le sol; il le déssille, lui applique les étuis à la pointe du bec, lui couvre la tête d'un mouchoir et le retient ainsi, de telle sorte qu'il ne peut se remuer, L'autre fauconnier se tient debout derrière le premier, un peu du côté gauche, et derrière Jui se place un troisième fauconnier portant, ainsi que le second, un faucon sur le poing, afin que les lecons puissent se suc- céder sans interruption. Le tout étant disposé comme nous venons de le décrire, le premier fauconnier lâche le héron qui se trouve attaché à une longue filière; le second fauconnier déchaperonne aussitôt le faucon que l’on tient également attaché à une filière et il le jette; celui-ci ne tarde pas à se précipiter sur le héron, et dès qu'il l'a lié, les fauconniers accourent le plus vite possible pour lui présenter un pigeon vivant qu'on Jui fait dépecer sur le héron même. On observe pendant ces le- cons, à l'égard de la distance à laquelle on fait voler le hé- ron, les mêmes règles que dans les leçons de vol sur le pigeon. Au bout de quinze jours, on répète ce même exercice deux à trois fois sur un terrain découvert assez étendu, comme par exemple, une bruyère; on laisse alors le faucon voler librement ét au lieu de tenir le héron à la filière, on lui attache sim- plement à Fun des pieds une ficelle longue d'environ vingt pieds, et destinée à empêcher le héron de monter trop haut dans les airs. Dans les deux ou trois leçons suivantes, on fait voler deux faucons de compagnie sur le héron qui est égale- ment tout à fait libre pendant cet exercice. Les jours suivants, on se rend l'après-midi dans une bruyère pour attendre les hérons qui, retournant de la pêche et s'étant gorgés de pois- sons, s'acheminent lentement et à des hauteurs peu considéra- bles vers les bois qui leur servent de retraite; en jetant dans les premiers jours les faucons aux hérons dont le vol est peu élevé et successivement à ceux qui volent plus haut, on viendra bien- tôU à bout d'assurer les faucons pour ce vol. Cette série de lecons de vol sur le héron n'étant terminée qu'au bout de deux mois et étant précédée de quatre à cinq mois de lecons pré- paratoires, il s'ensuit qu'il faut à peu près un espace de six à sept mois pour affaiter complétement les faucons pour le vol du héron. L'affaitage des faucons sur le milan se fait absolument de la mème manière que laffaitage du faucon sur le héron, avec cette différence cependant que l'on met à l'escap, durant la dernière série des lecons, un milan au lieu d'un héron. Les meilleurs oiseaux pour ce vol sont les faucons blanc et d'Islande, le ger- faut et le sacre; on y emploie aussi, mais avec moins de chances de succès, le sacret et le faucon de passage. Lorsqu'on veut affaiter des faucons pour le vol du lièvre ou du lapin, il est nécessaire de les instruire d'abord à voler le pigeon, le poulet et le coq, absolument comme on fait avec les faucons destinés pour le vol du héron où du milan. Cet affaitage préparatoire terminé, on prend une peau de lièvre remplie de foin que lou fait trainer par la chambre au moyen d'une ficelle, tandis que l'on jette le faucon qui est attaché à la créance. Dès que l'oiseau à parfaitement compris ces lecons, on les répète à la campagne, faisant trainer la peau de lièvre d'abord doucement, puis rapidement par une personne qui court à toutes jambes, el à la fin, par un piqueur monté à cheval, qui emporte le lièvre en partant au grand galop; il est inutile de dire qu'on laisse voler librement le faucon pendant ces dernières lecons. On recommence ensuite loute celle série de lecons, en remplaçant la peau de lièvre par un lièvre privé et élevée en domesticité, et en finissant par laisser courir le lièvre libre- ment. Le faucon commun, le sacre et le tiercelet de gerfaut étant trop faibles pour le vol du lièvre, on n'y emploie que les faucons blane et d'Islande, ainsi que le gerfaut. Ces grandes espèces cependant sont, à cause de leur force, capables plus que toutes les autres d'emporter le gibier qu'elles ont pris; pour prévenir cet inconvénient, il est nécessaire de leur ap- prendre à venir, en les attirant avec le leurre, sur une planche placée sur le sol et sur laquelle est attaché un morceau de viande, et de répéter cet exercice à la campagne toutes les fois que ces oiseaux retombent dans le défaut dont nous ve- nons de parler. Il faut par cette mème raison, en leur don- nant des lecons de vol sur le pigeon, attacher toujours une ficelle aux pieds de ce dernier. Quant aux faucons niais, il s'en faut de beaucoup que leur affaitage soit aussi long, aussi pénible que celui des faucons passagers, non pas seulement par la raison que, élevés en capti- vité, et moins farouches que les faucons pris à l'état sauvage, ils sont plus facilement apprivoisés, mais aussi parce qu'on ne peut les employer, du moins dans la première année, à la haute volerie. La principale différence entre l'affaitage des faucons de passage el celui des faucons niais, consiste en ce qu'on ne leurre jamais ces derniers avec du vif, mais toujours avec le leurre même; que lon n'emploie pour les instruire que des pigeons et jamais le poulet ou le coq; enfin, qu'on leur apprend à vo- ler d’amont, c’est à dire, au-dessus des fauconniers et des chiens, mème avant que le gibier se soit levé. Pour aflaiter compléte- ment les faucons niais, on s'y prend de la manière suivante. Après s'en être emparé au moyen du filet au moment qu'ils ont ac- quis leur développement complet, on leur met le chaperon, des entraves et un ou deux petits grelots; on les porte dans le per- choir où on les attache sur le bloc; puis on se retire. Au bout de quelques heures, on rentre dans le perchoir, on prend le faucon sur le poing pour laccoutumer à SY tenir tranquille, et on le porte par la suite, deux fois par jour, chaque fois plu- sieurs heures de suite sur le poing, le traitant absolument comme les faucons de passage. Dès que le faucon est apprivoisé, on Jui apprend d'abord à sauter du bloc sur le poing; puis on jette un morceau de viande à terre et lorsqu'il Fa dévoré, on le rappelle sur le poing, en lui présentant le pat. Ces leçons terminées, on commence à lui faire connaitre le leurre; à cet effet on le lui présente convenablement acharné, en se pla- cant d'abord à une petite distance et s'éloignant successivement de plus en plus du faucon qui ne manquera pas de sauter ou de fondre sur le leurre pour en enlever le pat. Dans les lecons suivantes, on jette le leurre par terre, d'abord très près du faucon, ensuite, de jour en jour, à des distances plus con- sidérables, et à la fin, aussi loin que possible; ayant soin de S'approcher doucement du faucon quand il est occupé à dé- pecer le pat qui est attaché sur le leurre, et de se promener lentement autour du faucon en sifflant. Quant le faucon a compris ces leçons dont les dernières se donnent dans la cam- pagne, on se rend, le faucon sur le poing, dans un lieu dé- couvert, et faisant agiler le leurre par une personne placée à une certaine distance, on jette le faucon qui dès lors n'est plus attaché à la créance; le faucon s'étant approché du leurre, on jette celui-ci en l'air, mais de telle sorte que l'oiseau ne puisse se heurter contre le leurre ni latteindre avant qu'il soit tombé à terre. Après avoir plusieurs fois répété cet exercice, on prend, au lieu de le jeter en l'air, le leurre dans la main, au moment que le faucon veut fondre dessus, et le laissant passer, on agite de nouveau le leurre, appelant le faucon du geste et de la voix; mais dès que lon s'aperçoit que le faucon se décourage, on jette le leurre en l'air et on permet au faucon de manger le pat qui y est attaché. On à aussi soin, par la suite, de chan- ant le leurre, afin d'ac- ser continuellement de place en à coutumer le faucon à suivre partout le fauconnier en volant au-dessus de lui; mais dès que le faucon à compris cette le- con, il faut cesser de l'exercer, car sans cela le faucon pren- drait l'habitude de voler bas; ce qui serait un grand inconvé- nient dans un oiseau destiné à la chasse de la perdrix. Lorsque le faucon est assuré à cet exercice, on lui apprend à connaitre l'espèce de gibier pour la chasse duquel on veut lemployer. Où se promène à cet effet dans les champs, on met le fau- con en amont et on fait lacher par un aide-fauconnier placé à une certaine distance, un oiseau de l'espèce que le faucon est destiné à voler. Si on a soin, durant les premières le- cons, de tenir le gibier attaché à une ficelle, et de repaitre le faucon toutes les fois qu'il a pris le gibier, le faucon sera en peu de temps suffisamment instruit pour le vol auquel on le destine. On se sert de préférence des faucons niais pour voler la perdrix, la corneille, la pie, le canard et d’autres oiseaux; cependant, si à defaut de mieux, on veut employer les faucons niais pour la haute volerie, on doit alors choisir des individus d'une où de plusieurs mues et les affaiter absolument de la même manière que les faucons de passage. L'émérillon étant doué d'un caractère familier, trois à quatre semaines suffisent ordinairement pour laffaiter complétement; aussi ne lui meton le chaperon que lorsque du lieu où on l'a pris, on le transporte à la maison. Après l'avoir apprivoisé en le portant comme d'habitude tous les jours, et lui avoir ap- pris à sauter sur le poing, on répèle cet exercice en plein air, placant l'oiseau sur une branche d'arbre, d'abord attaché à une ficelle, puis en liberté. Au bout de quinze jours, on lui fait connaitre le gibier auquel on le destine, procédant abso- lument de la même manière comme nous venons de le décrire pour les faucons niais. On peut se servir de lémérillon pour 1) De Thou, Hieracosophion, p. 24 52 le vol de toutes sortes de petits oiseaux, particulièrement pour celui de l'alouette, comme aussi pour celui de la bécassine, du pluvier où d'autres espèces semblables. On l'affaite souvent de voler en compagnie, jetant à la fois deux oiseaux sur le gibier, Il parait que lon se servait autrefois d’un émérillon lors du vol du héron, afin de faire mieux monter les faucons des- tinés à ce volr). L'a que celui des faucons. On préfère ordinairement les branchiers tage de l'autour exige beaucoup moins de connaissances aux aulours niais ou de passage. On observe à l'égard de l'édu- cation des autours niais les mêmes r égles que pour les faucons uiais, et on ne met le chaperon aux autours branchiers ou de passage que durant les deux premiers jours de leur capti- vité; car l'autour, comme les autres oiseaux de bas vol, volant moins vite que les faucons, il est essentiel qu'il apercoive le gibier et qu'il fonde dessus au moment même que celui-ci se lève. Comme il est nécessaire que lautour s'accoutume de bon- ne heure au bruit et comme on ne tient ordinairement qu'un ou deux de ces oiseaux à la fois, on a soin de les garder dans l'endroit des habitations le plus fréquenté des hommes et des chiens, et on établit en outre, pour les y mettre quand il fait beau temps, une perche entre deux arbres d'un jardin ou de quelque autre lieu où il ÿ a un fréquent passage de monde. Les entraves pour lautour sont pourvues, ainsi que nous l'avons dit précédemment, d'une pièce de plus que cel- les destinées pour les autres oiseaux de chasse; cette pièce appelée le courtrier étant en quelque sorte une prolongation des jets, elle contribue par cette raison à ce que l'autour, qui a l'habitude de se débattre souvent sur la perche, puisse aisé- ment la regagner; aussi s'en sert-on parce qu'elle se détache plus facilement que les vervelles et que lon peut par consé- quent lâcher l'oiseau plus vite qu'en faisant usage des entra- ves ordinaires; par la raison inverse, on m'emploie jamais le courtrier pour les faucons; car, ces oiseaux étant rapprochés les uns des autres sur la perche ou sur la cage, il serait dan- gereux de leur laisser trop de latitude pour se remuer, parce qu'ils pourraient se blesser mutuellement ou se gâter le peunage. En commencant à affaiter lautour, il importe avant tout de l'ap- privoiser à force de le porter sur le poing; pendant cet exercice, on lui permet de prendre de temps en temps quelques beccades du tiroir ou d'un morceau de viande qu'on lui présente, On lui apprend ensuite à sauter sur le poing, le placant tantôt sur le sol, tantôt sur la perche ou sur une branche d'arbre, de jour en jour à une distance plus considérable; pour lattirer, on lui pre- sente en sifflant un morceau de viande ou le tiroir. Ces lecons ter- minées, on l’affaite pour le gibier qu'il est destiné à voler. Comme on wemploie guère l’autour que pour le vol de la perdrix, il suffit pour l'y instruire, de lui faire prendre plusieurs fois des perdrix privées qu'on lâche dans les champs, d'abord attachées à une ficelle, puis volant librement. Lorsqu'on veut employer l'autour pour le vol du lapin, on n'a pour lassurer complétement à cette chasse qu'à lui faire prendre deux à trois fois un lapin privé et ensuite un lapin sauvage. Quant à l'épervier, on l'affaite absolument de la même ma- nière que l'autour; mais on ne se sert pour cet oiseau-là que des entraves ordinaires, et on n'emploie presque jamais le mouchet pour le vol. On parvient quelquefois en moins de quinze jours à assurer lépervier pour cet exercice. On s'en sert ordinairement pour le vol du perdreau , de la caille, du rale de genêt et de toutes sortes de petits oiseaux. ny a que peu d'exemples que lon ait affaité chez nous des aigles 1), soit parce qu'on ne peut se procurer que dif ficilement ces oiseaux, soit parce que nos contrées ne pro- duisent pas de grands maminifères vivant dans les pleines et pour la chasse desquels on emploie ordinairement les aigles, soit enfin parce qu'ils sont trop pesants pour être portes sur le poing. On ne peut se servir pour la chasse que des aigles proprement dits ou de terre, c'est à dire, de ceux dont les pieds sont emplumés_ jusqu'aux doigts. On préfère les aigles DE LA MANIÈRE DE CHASSER A L'OISEAU ET DES DIFFÉRENTS VOLS E De toutes les chasses à l'oiseau, c’est la haute volerie du héron et du milan qui présente le spectacle le plus imposant et qui par cette raison à élé regardée , de tout temps, comme infiniment plus noble que les autres vols, et seule digne de porter le nom de vol royal 3). Le milan étant toutefois un oiseau beaucoup plus rare que le héron et se trouvant, même dans les lieux qu'il a habitude de fréquenter, en nombre comparative- ment peu considérable, il est rare que lon puisse se livrer ex- clusivement à la chasse de cet oiseau. Il en est de même du vol du héron dans des contrées que ces oiseaux n'habitent qu'en petit nombre, où ils ne nichent pas en société et où lon est par conséquent obligé d'aller à la recherche des individus isolés. Dans les contrées, au contraire, où il existe de grandes héron- nières situées au milieu de plaines découvertes, incultes et sus- ceptibles d'être parcourues dans toutes les directions à cheval et à pied, on peut exercer le vol du héron en grand et pendant plusieurs mois de suite; cette chasse offre alors sans contredit un divertissement à la fois noble et magnifique, auquel ne peut être comparé nul autre exercice de ce genre 4). Cependant, ces gran des hérounières existent en très petit nombre; elles sont souvent entourées, soit de marais impraticables, soit de terres défrichées, et il se trouve actuellement peu d'endroits qui réunissent les conditions nécessaires pour lexercice de ce vol; aussi n'y a-t-il peut être aucune contrée de l'Europe qui offre sous ce rapport autant d'avantages que la Hollande. On ne doit done pas s'éton- ner que durant la saison de la chasse ce pays soit le rendez vous d’un grand nombre d'amateurs anglais, francais, allemands ou d'autres étrangers qui viennent y jouir d'un spectacle qu'ils chercheraient en vain à se procurer dans leur propre pays. La grande héronniere qui existe en Hollande, se trouve au milieu des vastes bruyères qui environnent le château royal du Loo, 1) IL résulte d'un passage de l'ouvrage de l'empereur Frédérie, livre I, chap. 2, p. 74, qu'il n'a Tardif e que d'après les indications des Fauconnicrs arabes chasse. Guillaume jomais employé l'aigle pour premiére partie, chap, 2, p.55, ne parait faire on de la chasse à l'a On lit relativement 4 dans le Rec “Et si ce st si lourde à il des oiseaux de proie, p. 104 et 105 v'estoit qu'elle sur le poing (ct de vray € at mout grande) et aussi qu'elle est difficile à appriuoiser du sau- l'on en verrait nourrir uux Fa liber 1, conniers des Princes plus qu'on ne faitn. De Thou, Hicracosophion p. 12, constate qu'en France on ne fait jamnis usage de l'aigle pour la chasse. Nos fauconniers Maffaitent junais des aigles, mais il paraît que lou a Fit récemment des césais avec l'aigle royal en 53 niais que lon affaite à voler au-dessus des chiens >), quand ceux-ci parcourent Îles plaines à la recherche du gibier, abso- lument comme on le fait en employant les faucons niais pou le vol de la perdrix. Notre description de l'affaitage des divers oiseaux de proie étant terminée, nous n'avons qu'à faire observer que l'on retient, lors de la chasse, tous les oiseaux par les jets qui restent attachés à leurs pieds, ainsi que les sonnettes, même quand ils volent; par conséquent en se servant des entraves ordinaires, il faut, avant de jeter les oiseaux sur le gibier, détacher les vervelles et la longe, tandis qu'il suffit, en chassant avec Fau- tour, de détacher le courtrier des jets, et de laisser réuni ce premier à la longe que lon attache à la fauconnière pendant que l'oiseau vole. ISAGE EN EUROPE, situé dans la province de Gueldre. Elle sert de retraite, en été, à une multitude de hérons dont le nombre Selève probablement à plus de mille paires. Se rendant tous les jours, pour aller à la pêche du poisson, sur les bords du Zuiderzée, de FYssel et de ses affluents, du Rhin, les hérons retournent l'après-midi ; de leurs courses dont la distance S'éléve souvent jusqu'à quatre ou cinq lieues, vers le lieu de leur retraite; e’est alors que l'on peut, en se plaçant avec les faucons de la sorte que lon interceple pour ainsi dire leur passage, prendre tous les jours, pendant la saison de la chasse, six à huit hérons el davantage, selon les circonstances et le nombre de faucons dont on peut dis- poser. Cette saison de la chasse commence ordinairement au mois de Juin, quand les jeunes hérons sont parvenus au terme de leur croissance, et elle dure Jusque vers la fin du mois de Juil- let, comme étant l'époque à laquelle les faucons entrent en mue. Le lieu que l'on choisit pour attendre les hérons, varie suivant la direction du vent; car il est essentiel, par des raisons que nous développerons plus tard, de se placer toujours sous le vent, ou, en d'autres termes, sur un point expose au vent qui souffle du côté de la héronnière. Quant à la distance de la hé- ronnicre sur laquelle on se place, elle peut varier, suivant la nature du terrain, d’une demi-lieue à deux lieues et même davantage; et comme on choisit, par cette raison, certains lieux fixes pour exercer le vol, on \ fait construire des cabanes destinées à recevoir, lorsqu'il tombe de la pluie, la société des chasseurs, les faucons et même les chevaux. Le lemps con- venable à Fexercice de cette chasse est l'après-midi, depuis quatre heures jusqu'au coucher du soleil. Les fauconniers et leurs aides montés à cheval et accompagnes des porte-cages se rendent d'avance sur les lieux pour attacher les faucons par le moyen de la longe à des fourchettes de bois fichées dans le sol et Angl Green, de Buekden, d ere, On trouve à ce sujet dans un écrit périodique an la notice suivante: «Le ca le comté de Iuntingdon , possède à ut un bel individu de l'aig qu'il a affaité lui-même pour le vol du lièvre et du lapin le «Naturalist du mois de Mai, année 1837. — 2) Grescentius, lib, X, cap. 15, p. 343, et Iecueil des oiseaux de proie, p. 105. — 3) «La haute volerie du héron et du milan doit teuir le premier rang » D'Arcussia livre me, chap. 26me, p. 270. — 4) 11 parait que les anciens avis. De Franchières, livre 1, chap. IX, p. 5, dit à cët égard: «Quant à la volerie du Héron, maistre Michelin dit que cest ln plus noble de toutes. pour faire en général tous les préparatifs nécessaires à la chasse. Dès que la société des chasseurs est arrivée, un aide-fauconnier ou piqueur s'avance et se place en védette, sous le vent, à la distance d’un bon quart de lieue, sur un point élevé où ilest en vue et d’où il peut découvrir de loin tous les hérons à cheval, qui arrivent dans cette direction. Deux fauconnier l'oiseau sur le poing, se postent en même temps, le plus sou- vent dans la direction de la héronnière, à quelques centaines de pas de la société des chasseurs. Aussitôt que le piqueur sous le vent aperçoit un héron qu'il juge susceptible d'être volé, il en avertit la société en descendant de son cheval, dont il tourne la tête du côté que le héron arrive. À ce signal, le cri général de «à la vol 1)» se fait entendre; tous les yeux se dirigent vers la région du ciel que doit franchir le héron pour s'approcher; on accourt de tous côtés; on monte à cheval et lon tâche de gagner le lieu le plus favorable pour jouir du spec- tacle de la chasse, évitant toutefois d'effaroucher le héron par un trop grand bruit. Les fauconniers, observant le moment propice, cherchent à approcher du héron sans le détourner de la direc- tion qu'il suit; après y avoir réussi, ils laissent passer le héron, et lorsqu'il s'est éloigné de quelques centaines de pas, ils décha- peronnent et jetent les faucons. Nonobstant que les faucons vo- lent au commencement en rasant la terre et que, se dirigeant vers les deux côtés, ils s'éloignent Pun de l'autre et ne semblent guère s'approcher du héron, celui-ci cependant s'aperçoit de suite que c'est à lui qu'on en veut, et dès ce moment il allonge le cou, il dégorge les poissons dont il s’est repu afin de se rendre lus léger, et il s'efforce de se sauver en cherchant à gagner Ï ct sé la héronnière ou quelque autre bois voisin. De leur côté, les faucons ne tardent pas à monter à l'essor en tournoyant, afin de s'approcher du héron qui, dans l'impossibilité de gagner les devants, et sachant que les faucons ne peuvent fondre sur lui que du haut en bas, n'a d'autres moyens d'échapper aux poursuites de ses ennemis que de s'élever dans les airs. Ne pouvant cepen- dant exécuter en même temps ce mouvement et voler contre le vent, le héron se voit dés lors obligé de rebrousser chemin et de voler à la rencontre des faucons, de sorte que l'avance qu'on lui avait laissé prendre en ne jetant les oiseaux de chasse que lorsqu'il s'était déjà éloigné à une certaine distance, tourne maintenant à l'avantage des faucons; aussi voit-on dés ce mo- inent les trois oiseaux qui volaient d’abord dans différentes direc- able, C'est alors que l'attention des spectateurs est portée au plus haut degré tions, se rapprocher avec une vitesse presque inero et que chacun s'empresse, les yeux dirigés vers les oiseaux, de sui- vre la chasse d'aussi près que possible, Le héron, cependant, pous- sant souvent des cris plaintifs, ne cesse de faire tous ses efforts pour s'élever aussi haut que possible et pour s'éloigner à la faveur du vent, afin d'échapper aux faucons qui le poursuivent avec activité. Dès qu'un des faucons a atteint le héron, il fait aussitôt une pre- miére attaque, à laquelle le héron cherche à se soustraire par un mouvement latéral très prompt. Si le héron réussit à éviter les ser- res du faucon, celui-ci est souvent entrainé par la violence du coup, au point de descendre jusqu’à vingt pas et même davantage au-dessous du faucon; mais en même temps l'autre faucon dont le vol n'a pas éprouvé de retard par celte attaque, est ordinaire- 1) À proprement dire ua la voltew. Consultez le Complément du Dictionnaire de l'Académie, Paris, ment parvenu à hauteur égale avec le héron, sur lequel il ne tarde pas à se précipiter également. S'il manque sa victime, c’est alors au premier faucon de revenir d la charge, et ces attaques alternatives plus où moins régulières se répètent jusqu'à ce que lun des faucons parvienne à lier le héron, en le saisissant ordi- nairement au cou ou quelquefois aussi à lune des ailes. À ce moment l'autre faucon joint son camarade, et l'on voit descen- dre plus où moins lentement les trois oiseaux qui ne parais- sent plus former qu'un seul corps. Cependant, avant de toucher à terre, lun des faucons lâche ordinairement sa proie, et l'autre faucon imile son exemple s'il court danger de se heurter con- tre le sol, en se jetant toutefois de rechef sur le héron au mo- ment où celui-ci est tombé à terre, ou dans le cas qu'il cher- cherait à s chapper. Les fauconniers ayant taché, en courant à bride abattue, de suivre le vol de trés-près et d'arriver à lin- stant même que les oiseaux ont jeté à terre leur victime, sau- tent plutôt de cheval qu'ils n'en descendent, et tandis que lun d'eux leurre avec un pigeon le faucon qui a laché sa proie, l'autre S'approche avec précaution du héron, le saisit par le cou et présente un pigeon à l’autre faucon que celui-ci dépèce sur le héron même. Les faucons s'étant repus, on les porte au lieu du rendez-vous des chasseurs, apres leur avoir remis le chaperon. Quant au héron, s'il n'a pas été tué par les fau- cons où n'a pas recu de blessures mortelles, on lui rend or- dinairement la liberté, après lui avoir attaché aux pieds la plaque dont nous avons donné plus haut la description; si, au con- traire, on veut le garder pour l'affaitage des faucons, on l’at- tache à terre après avoir eu soin de le siller ou de lui mettre un chaperon et de munir son bec d'étuis; car c’est alors seu- lement que le héron se défend en distribuant des coups de bec et non pas lors du vol, comme on le croit généralement. Deux autres fauconniers, pendant cet intervalle, s'étant rendus avec des faucons frais à leur poste, on peut voler successive- ment tous les hérons qui passent près des lieux où l’on s'est établi. Quoique exercés d’une manière assez uniforme, les dif- férents vols ne laissent pas d'être variés à l'infini suivant les circonstances. Si le héron est vide, c’est à dire, sil n'a pas mangé, il s'éleve souvent, et avec lui les faucons, jusqu'à dispa- raitre dans les nues, et dans ce cas il parvient ordinairement à s'échapper; s'il est au contraire plein, c’est à dire, s'il s'est gorgé de poissons, et si son vol est peu élevé, il arrive quel- quefois qu'un seul faucon suffit pour le prendre dès la pre- mière attaque. Si le vent souffle avec force, ce n’est souvent qu'en faisant des efforts extraordinaires que lon parvient à suivre le vol; on ne jouit dans ce cas du spectacle qu'il présente qu'à une distance plus où moins grande, et de plus on risque de perdre les faucons, particulièrement si le vol a lieu vers le cou- cher du soleil; cette perte est alors d'autant plus sensible que arent, ce sont ordinairement les meilleurs faucons qui car les bons faucons ne se lassent pas de poursuivre le gibier tant que celui-ci ne s’est pas sauvé dans quelque retraite; les hérons particulièrement tâchent toujours de gagner, soit le bois le plus voisin, soit les eaux, dans lesquelles ils se laissent tomber à plomb. Pour voir de très beaux vols et pour pouvoir les admirer à son aise, il faut que le ciel soit serein, qu'il fasse peu 1843, p. 1069; c'est un terme de manège plutôt que de fauconnerie. de vent, que le héron soit vieux et plein de force, qu'il ne vole pas très bas pour pouvoir à temps se rendre plus léger en dé- gorgeant les aliments dont il s'est repu, et qu'il monte droit dans les airs. D'ailleurs, le divertissement qu'offre le vol du héron est rehaussé par un grand nombre de jouissances. Le tableau de cette immense plaine couverte de bruyères et différemment éclairée par le soleil, tantôt se cachant en partie derrière les nuages, tantôt faisant luir ses rayons avec une clarté éblouissante, et produisant des effets pittoresques et magiques de lumière et d'ombre; ces illusions d'optique aussi variées que belles, la mul- tiplicité des aspects, les riants lointains que présentent les bois, les vallées fertiles traversées par des rivières el couvertes de es ou de villes, la multitude des spectateurs hameaux, de vi qui, formant les groupes les plus divers, n'occupent cependant qu'un espace assez cireonserit au milieu de la plaine étendue; tout contribue à rendre ce divertissement plus attrayant, plus piquant que d'autres exercices de ce genre. Ajoutez à cela que l'on peut jouir lors de cette chasse, des plaisirs de la conver- sation, varier les moments d'attente, en se livrant à des amu- sements de toute espéce, et que les dames peuvent prendre part à ce divertissement, soit qu'elles montent elles-mêmes à cheval pour suivre la chasse, soit qu'elles se contentent de re- garder le vol du haut d’une colline. L'exercice du vol du héron, quoiqu'il soit souvent une bien rude besogne, n'est guère ac- compagné de dangers, même pour les dames qui ÿ prennent part, pour peu toutefois que les chevaux que l'on monte soient un peu habitués au terrain, que l'on use de cireonspection en suivant le vol, et qu'on ne se laisse pas entrainer par lam- bition de gagner toujours le devant; car il est d'usage que celui des chasseurs qui se trouve le premier prés du héron qu'on a pris, a le droit d'arracher les belles plumes noires qui lui peudent de la nuque et qui, arrangées en bouquet et atta- chées au chapeau, forment la marque distinctive des chasseurs et des faucouniers. L'équipage nécessaire pour voler le héron tous les jours, pendant l'espace de deux mois, doit au moins ètre composé de deux compagnies de fauconniers, Chacune de ces compagnies est formée de quatre hommes, savoir, un maitre-fauconnier et trois aide-fauconniers dont lun remplit les fonctions de fauconnier, tandis que les deux autres se parta- gent alternativement entre les fonctions de piqueur et celles de porte-cage. IT faut que tous, à l'exception du porte-cage, soient bien montés, ce qui porte à six le nombre des chevaux pour les fauconniers. Le nombre des faucons de chaque compagnie doit, pour voler convenablement tous les jours, être au moins de vingt et tout au plus de vingt-cinq, attendu qu'un homme ne peut guère soigner plus de quatre faucons 1). Admettant pour terme moyen qu'il faille annuellement, pour nourrir qua- rante-cinq faucons, sept à huit mille livres de viande de bœuf de la meilleure qualité et douze à quinze cents pigeons, on peut aisément calculer les frais qu'exige l'entretien de léqui- page nécessaire pour le vol du héron tel que nous venons de le décrire, et on ne sera pas étonné de trouver qu'ils mon- 1) D'Areussin, me partie, ép. 43, p. 197, réduit à deux le nombre des faucons dont un homme puisse se charger convenablement. Quelque outré que cela paraisse, il n'en est pas moins sûr que l'on peut fonner de meilleurs faucons si l'on n'en a que deux à #oïgner, que lorsqu'on est obligé de #’ocouper à la fois de quatre ou cinq. — 2) D'Arcussia, Conférence des fauconniers, 14me journée, page 64, rapporte que plusieurs gentilshommes de son temps exerçaient le vol du héron avec l'autour et qu'ils s'y pre maieot de la ma Après avoir affaité l'autour pour ee vol, «on peut Puy montrer vn Heron [SL (SL: tent au moins à la somme de onze à douze mille francs, pourvu que l'on n'emploie que des faucons ordinaires, car il s'entend de soi-même que cette somme sera considérablement augmentée si lon fait chercher des gerfauts ou d’autres espèces qu'on ne peut pas se procurer dans son propre pays. Nous avons déjà constaté plus haut que lon ne peut employer pour le vol du héron que les faucons de grande taille; le tiercelet du faucon, ainsi que les faucons ni: s, ctant trop faibles pour ce vol 2). Le nombre de faucons qui s'égarent successivement lors du vol du héron est assez considérable et monte dans chaque Sai- son de la chasse de dix jusqu'à quinze. Le vol du milan ne le cède guére à celui du héron par la beauté du spectacle qu'il présente. Pour l'exercer avec succès, il ne faut se servir que des faucons de grande taille, savoir, les faucons blanc et d'Islande, le gerfaut et le sacre, à Fex- ception du sacret. Comme les milans ne se trouvent nulle part en grand nombre, il suffit d'avoir six où huit faucons affaités pour le vol de cet oiseau, que lon exerce de la manière suivante Après s'être rendu à cheval dans des lieux fréquentés par des milans, on parcourt les champs pour découvrir un de ces oiseaux. Dès qu'on l'apercçoit, on lache un duc privé, aux pieds duquel on a attaché une queue de renard, tant pour empêcher cel oiseau de monter à l'essor et de s'envoler que pour rendre son apparence plus grotesque. Le milan, attiré par l'apparition soudaine d'un oiseau qu'il hait naturellement, descend aussi- tôt s'il plane dans les airs; il vole à la rencontre du due, et tandis qu'il est occupé à le poursuivre, les fauconniers épient le moment propice pour jeter les deux faucons. Dépourvu de moyens suffisants pour repousser les attaques de ses agresseurs, le milan emploie, pour échapper à leur poursuite, les moyens de vol dont la nature la doué à un degré si éminent, et il s'élève dans les airs en parcourant une ligne spirale très vaste. Comme les faucons sont ordinairement obligés de Le suivre à une grande hauteur avant de pouvoir parvenir à lapprocher, et de répéter souvent leurs attaques que le milan sait éviter avec beau- coup de dextérité, on peut à loisir contempler un spectacle digne au plus haut degré d’exciter la curiosité. Les vols des buses et des busards se font à-peu-près de la même manière que celui du milan, mais ces vols n'ont été exercés que rare- ment et ne le sont plus du tout aujourd'hui. Le vol de la pie, quoique d'un spectacle moins imposant que ceux du héron et du milan, ne laisse pas d'être un des plus agréables et offre, par les ruses qu'emploie x pie pour échapper aux faucons, ainsi que par sa durée, des scènes aussi variées qu'amusantes. On se sert ordinairement pour cette chasse de faucons communs niais dressés de manière à voler d'amont, mais on y emploie aussi des faucons de passage. On choisit g de préférence, pour exercer ce vol, un terrain plat semé ça et là de buissons, de haies où d'arbrisseaux isolés. IF faut avoir pour cette chasse deux à trois faucons, deux fauconniers aides ou gar- montés de préférence à cheval, et quatre à cinq g cons. Après s'être autant que possible rapproché de lendroit » de iuste guerre, en pays choisi, & qu'il soit du commencement des jeunes s'il est possible, & l'approcher mà couuert par derriere quelque haye ou buisson le plus près que vous pourrez, comme si vous aviez di ant proche du Ileron d'enuiron cinq où quarante t s'il veut de lui tirer une harquebusade. Et vous tr faut h tout bellemet le poin, pour faire que l'Autour l'aueuê à terre; & l'ayant veu “partir, laschez hardiment, car il ne manquera de l'empieter at que le Heron se soit mis en aile I suffit de lire cette description pour concevoir pourquoi ee genre de vol n'a pas trouvé d'imitatenre où l'on aperçoit une pie, on jette un faucon, à la vue duquel la pie se sauve en toute hâte dans les broussailles. Dés que les fauconniers accompagnés de leurs aides sont accourus, ces derniers se mettent aussitôt à chasser la pie de son refuge, el au moment qu'elle le quitte, on jette le deuxième faucon afin de seconder son camarade dans la poursuite de la pie. Cet oiseau, en exécutant à laide de sa queue des mouve- ments brusques et fréquents, sait cependant éviter adroite- ment les coups des faucons, et parvient le plus souvent à atteindre d’autres buissons voisins ou une haie, ou si cela ne lui réussit pas, il cherche alors à se soustraire à ses ennemis, en se cachant quelque autre part, soit dans des trous, soit dans des ornières, sous des chariots où même entre les pieds des chevaux. Chassé de nouveau de ce refuge au moyen de bätons ou de coups de fouet, il finit à la longue, harassé de fatigue, par devenir la proie des faucons. S'il parvient, au contraire, à gagner un grand bois ou des arbres élevés qu'il préfère à tout autre asile, toutes les peines pour l'en faire sortir seraient inutiles. S'il s'est réfugié dans une haie, il arrive sou- vent qu'on ne réussit à l'en chasser qu'en faisant aller de chaque côté de la haie un homme à cheval suivi des aides à pied, tant cet oiseau est adroit à se dérober à la vue, en se cachant dans les endroits les plus touffus de la haie et à fuir en arr re en rasant la terre, quand les fauconniers ont passé près de lui. Quant au vol des diverses espèces de corneilles, on ÿ emploie également des faucons niais, où le tiercelet du faucon de pas sage, ou les faucons de passage mêmes. Ce vol offre souvent un passe-temps agréable, soit lorsqu'on est en route pour aller da la chasse, soit pendant la chasse même, à défaut d'autre gibier. On choisit de préférence une contrée découverte pour voler la corneille, Sitôt qu'on a rencontré un de ces oiseaux, on cherche à s'en approcher sans l'effaroucher, ne jetant les faucons que lorsqu'il s'envole, pourvu que la distance ne soit pas au-delà de quelques centaines de pas. La corneille, dans l'impossibilité de se cacher quelque part, cherche son salut dans la fuite, soit en montant, soit en se dirigeant vers quelque lieu qui puisse lui servir de refuge; mais poursuivie et sans cesse attaquée par les faucons, elle épuise ses forces et finit par succomber sous les efforts de ses ennemis. Si elle parvient, au contraire, à gagner des broussailles, un arbrisseau où un petit bois, on est obligé de lui faire déserter sa retraite en poussant des cris et en employant les mêmes moyens que nous avons indiqués en parlant du vol de la pie. Pour exercer le vol de la perdrix, on emploie, soit les faucons niais, soit l'autour ou l'épervier; les véritables amateurs ne se serviront que de faucons; ceux qui ne chassent que dans le but de se procurer une grande quantité de gibier, choisiront l'autour et l'épervier. En employant des faucons, il faut se rendre dans les champs, monté à cheval et accompagné d’une ou de deux personnes pour diriger le chien d'arrêt r). Le chien ayant arrêté la perdrix, on jette un faucon qui, s'il est bien affaité, doit monter à une certaine hauteur, mais ne pas s'éloigner au-delà de cent cinquante à deux cents pas; car dans 1) Plusieurs chasseurs ont l'habitude d'employer pour ce vol, outre le chien d'arrêt, un ou deux épagneuls, mais ces petits chiens ny sont guère utiles ct contribuent souvent par leur vivacité à trou- ce cas, on est obligé de lattirer en l'appelant de la voix ou en agilant le leurre , expédient dont il faut se servir avec beau- coup de discrétion pour éviter que le faucon ne prenne l'habi- tude de voler trop bas. Après avoir fait partir le gibier, le faucon fond aussitôt dessus, tandis que les perdrix, reconnais- sant tout de suite leur ennemi mortel, prennent leur volée du côté des bruyères touffues, d’un jeune taillis ou d’un autre lieu de refuge quelconque, pourvu qu'il soit assez voisin pour qu'elles puissent l'atteindre avant que le faucon revienne à la charge. Les perdrix s'étant remises, le faucon remonte pour soutenir le chien que lon dirige de manière à ce qu'il fasse partir de nouveau le gibier. Dés que le faucon à pris une perdrix et qu'il s'est posé à terre, on s'approche de lui avec précaution, afin de pré- venir qu'il n'emporte sa proie; on le prend sur le poing et on lui remet le chaperon, après lui avoir fait prendre quel- ques beccades d’un pigeon récemment tué. On sait qu'il arrive fréquemment, surtout dans la dernière moitié de la saison de la chasse, que les perdrix ne tiennent pas devant le chien. Si cela a lieu, on va à la quête de ce gibier en pareou- rant à cheval la campagne, portant sur le poing le faucon déchaperonné, que lon jette à l'instant même que les perdrix partent. On peut aussi, dans les lieux où lon juge qu'il x a des perdrix, jeter amont le faucon d'avance, tandis que les chasseurs, rangés en ligne à une distance de cinquante à soixante pas les uns des autres avec le fauconnier au centre pour gou- verner l'oiseau, courent à toute bride à travers la campagne. De quelque manière qu'on exerce celte chasse, un seul faucon suffit pour prendre en un jour quatre à cinq perdrix, vu qu'on ne lui donne que quelques beccades chaque fois qu'il a volé; il convient cependant de lui donner bonne gorge au mo- ment même qu'il a pris la dernière perdrix. En employant l'au- tour pour ce vol, on sy prend de là manière suivante. Sui- vant de très-près le chien d'arrêt, on lâche Fautour au moment même qu'on à fait lever les perdrix. N'ayant pu les atteindre, l'autour bloque, lorsqu'il est arrivé pres de leur remise, sur un arbre où sur quelque autre point élevé voisin, où on le laisse, ne le rappelant sur le poing au moyen du tiroir que lorsqu'on juge qu'il s'est trop éloigné pour agir avec effet. On fait en- suite de nouveau lever le gibier et l’on continue de cette sorte jusqu'à ce que l'autour réusisse à prendre une perdrix. Cette chasse était autrefois d’un usage fréquent chez les gentilshom- mes de province, chez les personnes avancées en age ou chez les particuliers qui n'avaient pas les moyens d'entretenir des faucons. Elle est en effet plutôt profitable qu'elle ne sert à Pamusement; elle exige peu d'art et peu de dépenses, puisqu'on peut l'exercer à pied et dans des lieux cultivés, et elle convient par cette raison, même au plus simple particulier. Les véritables amateurs en font peu de cas, d'abord, parce que lautour ne sait pas voler avec assez de vitesse lorsqu'il fait du vent, et ensuite, parce qu'il arrive souvent, notamment dans les matinées où il ya eu beaucoup de rosée, que les chiens font toute la besogne de l'autour, en s'em- parant du gibier dont les plumes ont été mouillées au point de rendre le vol impossible. On peut aussi se servir de l'épervier pour voler la perdrix; cette chasse se fait absolument de la même bler le cours de la chasse; c'est du moins l'opinion de tous les bons fauconniers hollandais, de ne ja mais se servir d'é als pour la chasse dont nous venons de manière que celle avec l'autour; elle a aussi les mêmes incon- vénients, et pour en assurer le succés, il faut se contenter de voler les jeunes perdrix dont le développement n'est pas encore parvenu au point qu'elles puissent voler avec autant de vitesse que les vieilles. On peut employer pour le vol du faisan, soit des faucons, soit l’autour; on préfère même ce dernier, parce que ce gibier fréquente ordinairement des lieux boisés où lautour rend de meilleurs services que les faucons; d'ailleurs, les faisans tenant ordinairement mieux devant les chiens que la perdrix, on par- vient facilement à s'approcher d'eux, de sorte que lautour peut quelquefois les prendre dès le premier trait d'aile. Ou ne peut se servir pour le vol du lièvre que des grandes espèces de faucon, savoir, le faucon blanc, le faucon d'Islande erfaut, à l'exception de son tiercelet. On ne peut exercer et le = ce vol que dans des lieux découverts et étant monté à cheval. Dés que les chiens ont arrêté le lièvre, on jette un ou deux fau- cons qui, à force de lattaquer à plusieurs reprises, parviennent à la longue, soit à tuer le lièvre, soit à le faire tomber en l'étour- dissant, soit à retarder sa course en le blessant ou en Île fatiguant simplement de manière que les chiens peuvent le prendre aisé- meut. Le vol du lapin se fait absolument de la même manière et quelquefois on y emploie également lautour. Pour le vol de rivière, on se sert ordinairement de faucons niais que lon jette amont pour soutenir les chiens qui vont à la quéte du gibier. Cette chasse cependant que l'on ne peut exercer que sur les bords des eaux, est accompagnée d'innombrables incon- vénients provenant de la nature du terrain; aussi n'est-elle guère en usage aujourd'hui. il en est de même du vol de loutarde et de celui de la grue, ces oiseaux ne fréquentant que rarement ou jamais l'Europe occidentale. I suffira d'avoir donné la description des principaux vols pour se faire une idée de toutes les autres voleries que Fon peut exer- cer, particulièrement de celle des oiseaux de petite taille, telles que la caille, le râle de genat, l'alouette etc. D'ailleurs ces vols ne s'exercent que rarement el les fauconniers n'y affaitent ordi- nairement les oiseaux que pour s'amuser lorsqu'ils n'ont rien de mieux à faire. Nous nous boruons donc à observer par rapport à ces vols que, si on les exerce avec des faucons et qu'ils sont de lon- gue durée, comme parexemple le vol de l’alouette avec lémérillon, bier il faut donner à l'oiseau bonne gorge quand il a pris le g et qu'on ne peut par conséquent le faire voler qu'une seule fois par jour; si, au contraire, on chasse avec l'épervier, on peut prendre, en un jour, avec le même oiseau, suivant les circon- stances, un nombre plus où moins considérable de pièces de gibier. NOTICES HISTORIQUES SUR LA CHASSE AU VOL. DE L'ORIGINE DE LA FAUCONNERIE, Eu consultant les nombreux écrits qui font mention de Porigine et des progres de la fauconnerie, on trouve qu'on a émis à ce sujet des opinions assez contradictoires et que lon s'est plus particu- liérement attaché à discuter la question si eel art a été connu où non des anciens Grees et des anciens Romains. Un noble anglais, Jean de Salisbury, évèque de Carnot, mort en 1189, fut un des premic ü qui aient agilé cette question, quoique d’une manière indirecte et dans un ouvrage où ordinairement ces sortes de sujets ne se traitent pas 1). I attribua l'invention de la fauconnerie aux juifs et semble admettre que c’est Ulysse qui le premier apporta, après la destruction de Troie, des oiseaux de chasse en Grèce; opinion que plusieurs écrivains après lui n'ont pas hésité d'adop- ter. D'autres savants tels que Gessner >), Belon 3) et Valla4), soutiennent au contraire que les anciens ont complétement ignoré l'art de la fauconnerie, sans cependant exposer les motifs qui les ont portés à admettre cette supposition. Biondo 5) va jusqu'à dire ‘me siècle. que cel art n'a été connu d'aucun peuple avant le treiz Pierre de Crescence 6) en attribue l'invention à un auteur de fau- connerie inconnu du moyen âge, qui a écrit sous le pseudonyme de Roi Daucus, que Pierre de Crescence prit pour son véritable 1) Get ouvrage porte pour titre: Policratious sive de nugis euriolium et vestigis philosophe ; um il est imprimé dans xima Bibliotheea veterum patrum, Lugduni, fol., 1777, vol. XXIIL C'est le 4me cha- Vitre du premier livre, page 248, Lite A et G, qui cuntient les indications sur l’histoire de la faucun- “eric. pitre est inscrit: De venalica et auturibus et specicbus ejus et exercitio licito et illicite. — 2) De uatura avium, p. 15 et 10. — 3) L'hist. de la nat. des oyscaux, p. 89, — 4) Opera, Basil. fol., 1538, p. 493, — 5) De Roma triumphonte, Basil. 1559, lib, X. — 6) Agricoltura, Venetia, 1542, &, lib. IX, cop. 1 nom. Gyraldo 5), Bochart 8), Beckmann 9) et b eaucoup d’autres, ont encore émis des opinions plus ou moins divergentes entre elles, mais ils s'accordent à dire, que cet art, quoique connu des Grecs et des Romains, n'était alors, en Europe comme en Asie, que dans son enfance. G. Cuvier 10) voit, comme ces derniers auteurs, dans les chasses des oiseleurs de l'ancienne Thrace, cune premiére idée, mais bien grossière de l'art de la fauconnerie; » S'appuyant sur le témoignage de Ciésie, il observe avec justesse que «cet art est né dans les plaines de l'Asie; » mais il commet une erreur étrange en disant «qu'il parait que se sont les croisés qui ont apporté cet art en Europe 11).» Grimm veut que la fauconnerie appartient au nombre des exercices que les peuples primitifs du centre de l'Europe avaient en commun avec ceux de PAsie, et qu'il leur fut déjà connu avant qu'ils aient paru sur le théâtre de l'histoire 12). Selon M. de Hammer 13), la fauconnerie aurait d’abord fleuri chez les Tures, et les Grecs ainsi que les Arabes l'auraient empruntée des habitants de la Perse où les Tures lavaient apportée. Il serait trop long de rapporter tout ce qu'ont écrit sur l'origine de la fauconnerie la lé 8 gion d'auteurs qui out traité cetle matière: se coutentant le plus souvent du role de simples compilateurs, ne sachant concilier les opinions diver- gentes de leurs prédécesseurs où interprétant d'une manière er- 7) Lili Gyraldi Opera, Leydae, 1606, fol. p.870: Diulugismus VI de vena 397 à 400 du ne accipitrum le.; où pag e tome de l'ouvrage intitulé: Lampas, sive Fax artium lib alium, huc est thesaurus cri ticus a Jano Grutero, Francufurti, 89, 1604. — 8) Licrozoicon, edit. tertia, Lugd. Uat., 1602, fl, tom, 11 lib, 11, cap. 19, p. 270 à 272. — 9) Reytrige zur Geschichte der Erfndungen, Leiprigk, 1785, vol. Il p. 157 et suiv, — 10) list. nat. de Pline, édit. d'Ajasson de Grand tome, VIL, p.874. — 11) Voir aussi son Ilistoire des sciences naturel — 12) Geschichte der deutschen Sprache, Leipaigk, Weidinaun, 1848, p. 46 ct 47, — 13) Falknerklee, p. XIX , tome 1, p. 408 et Il, p ronée certains passages d'auteurs classiques, plusieurs d'entre eux se sont tout à fait écartés de la vérité et ont débité des contes dont il ne faut chercher l'origine que dans leur imagination 1). La confusion qui règne à ce sujet dans les auteurs nous obli d'examiner, avant d'écrire l'histoire de la fauconnerie, les passag des anciens auteurs que lon a, suivant notre maniere de voir, cités à tort comme se rapportant à l'art dont nous parlons. Nous commencons par les vers du prophète Baruch, lesquels ont donné lieu à la supposition que les anciens juifs aient connu et exercé cet art, Ces vers2) portent ce qui suit: « Où sont les princes qui dominent sur les animaux sauvages de la terre, qui se jouent avec les oiseaux du ciel? IS ont disparu, ils ont des- cendu dans la tombe et d'autres ont pris leur place.» — Il sera inutile de commenter ce passage, où ilest parlé que de la chasse en général, exercice favori des anciens princes, dont Nimrod nous offre un exemple connu de tout le monde, et que Baruch parait avoir eu en vue en parlant de l'instabilité de leur pouvoir. L'Odyssée ë également fourni à plusieurs auteurs un passage 2 qu'ils ont cru devoir rapporter à la fauconnerie. Homère 3), pour faire r ortir la fureur avec laquelle Ulysse et Télémaque se jettent sur les amants de Pénélope, compare ces premiers «à des oiseaux de proie, aux ongles aigus et au bec crochu, qui, descendant des montagnes, S'abattent sur les oiseaux, tandis que ceux-ci, chassés des nuages, se précipitent dans là plaine, où, dans l'impossibilité de s'enfuir ou de se défendre, ils se trou- vent poursuivis, frappés et tués.» Homère y ajoute «et les hommes se réjouissent de la prise.» — En méditant ce passage, il nous est évident qu'il ne s'agit ici que du spectacle qu'offrent à l'homme les attaques des oiseaux de proie sur les oiseaux dont ils se nour- rissent, et non pas de la chasse au vol 4). IL est question, dans plusieurs auteurs classiques, d'une espéce de chasse avec des oiseaux de proie, exercée par certains habi- tants de la Thrace, et que la plupart des écrivains ont cru devoir expliquer comme ayant rapport à la chasse au vol. Le premier auteur qui en parle est Aristote 5). Il s'exprime dans ces termes: «Dans cette partie de la Thrace, nommée autrefois Cédropolis, il se fait auprés des marais une chasse aux oiseaux, en commun entre l'homme et l'éper ier, Les hommes battent avec des perches les roseaux et les arbres, et font partir les petits oiseaux. Les éperviers se montrent en l'air et les poursuivent; la crainte les force à rabattre vers la terre, où les hommes les frappeut de leurs perches et les tuent. Le gibier pris se partage; on en jette une partie aux éperviers qui le prennent.» L'auteur inconnu de Fou- vrage intitulé «de mirabilibus auseultatis 6)» en reproduisant ce passage, y ajoute que les enfants qui s'occupent de cette chasse, font venir les éperviers en les appelant par leur nom, et que ceux-ci, ayant pris des oiseaux, en jettent quelques uns aux enfants; enfin, il nomme la ville où se faisait cette chasse, Am- phipolis au lieu de Cédropolis. Antigonus Carystiusz), PlineS), Élien 9), Phile 10), Eustathius 11), et d'autres répétent ce passage 1) D'Areussin entre autres dit tout bonnement de Tro les Troyens ont des premiers exercé la Fa “Il se trouve aux histoires d’U sse à son retour qu'il fe de la guer s, qu'il rapporta en Grèce des oyseaux dressez, D'où nous pouvons remarquer que aneric. Alexandre eut tel désir de sçavoir les prapriétez et naturels des oyscaux, qu'il fit assembler tous les chasseurs et fauconniers de toutes s, et comtanda . XVI, p. 326. — On lit dans les Amu- gk, 1743, 8, vol, 1, p 170, le passage suivant: «Élien ct Jules ä Aristote d'en escrire,» Voir sa Fauci neric, Sue partie, cha semens de la chasse nsterd, et L Birmieus ont été les premiers qui ont réduit en art la Fauconneriel» — 2) Le livre de Daruch, versets 16 à 19: voir la Sainte Bible traduite par les professeurs de Génève, 3) Odyssée, chant XXIL, vers 302 à 306, — 4) Domi, daus son Lexi Génève 1805, 8, tome LL, p. 174. — n homerieum, ad voc. vies, peuotff d'après les auteurs que nous venons de citer; mais Elieu dit que les oiseaux se prenaient au moyen de filets, et Phile nomme l'épervier «kirkos» au lieu «d'hierax.» — On ne saurait nier que le récit qu'on vient de lire, tient trop du mer eilleux pour qu'on y ajoute une foi entière; du reste, cette espéce de chasse aux petits oiseaux ne mérité pas le moins du monde d’être comparee à la chasse au vol, et ceux qui lexercaient, loin de savoir affaiter les oiseaux de proie pour la chasse, ne faisaient que profiter de leur présence habituelle dans certains lieux, afin de prendre avec plus de facilité les petits oiseaux, terrifiés par la vue de leurs ennemis. Où a encore cité comme ayant rapport à la fauconnerie certains passages de Martial et d'Oppien. Le premier nous à laissé une épigramme 12) où il dit en parlant de l'épervier: «il était le ravisseur des oiseaux; aujourd'hui il est serviteur de loise- leur; lui-même trompe les oiseaux et Safflige que ce n'est pas pour lui qu'ils ont été pris.» Oppien 13) dit, en décrivant les délices qu'offre l'occupation des oiseleurs: «qu'ils n'ont be- soin pour leur chasse, ni de l'épée, ni d'autres instruments de fer, et que c'est au contraire de l'épervier qu'ils se font ac- compagner lorsqu'ils se rendent dans la forèt, apportant avec eux des filets, de la glue et des fléches. » = Quant à nous, nous croyons qu'ici il ne s'agit pas non plus de la chasse au vol, mais tout bonnement d'un épervier dressé à planer au dessus du bois où les oiseleurs ont établi leurs filets ou des gluaux. Cette espèce de chasse aux petits oiseaux s'exercait encore en Halie au dix- septième siècle 14); souvent même on se servait simplement d'un oiseau artificiel que lon jetait en Fair, afin d'empécher que les petits oiseaux qui étaient Fobjet de la chasse, ne Sen- volassent, pratique que nous avons nous mêmes vu exercer en Saxe, il y a une trentaine d'années. Nous nous abstenons de commenter plusieurs autres passages de certains auteurs classiques, que lon à cités comme faisant mention de la chasse au vol, mais dont les expressions n'y ont pas le moindre rapport. Tels sont par exemple Apulée 15), Por- phy re 16) et Cassiodore 19); du reste, ces deux derniers auraient pu avoir des notions de la chasse au vol, Porphyre ayant vécu jusqu'au commencement du quatrième et Cassiodore au cin- quième siècle. Après avoir discuté les passages des anciens auteurs, que l'on a mal à propos rapportés à la chasse au vol, nous allons établir l'histoire de l'origine de la fauconnerie d'après des données plus précises que celles dont nous venons de faire mention. Les données les plus anciennes que lon possède sous ce rap- port sonL lirées d'un livre japonais intitulé « Extrait d'écrits anciens et modernes relatifs à la fauconnerie 18). » On ï parle d'une grande chasse au vol, faite par Wen-Wang, roi du pays Tsu, daus la contrée de Jün-méng, située dans la Chine au nord du lac Tong-ting dans la province actuelle d'Hunan. Or, ce roi ayant régné, comine il est prouvé par des recherches très exactes, de- encore pour Popinion que ce passage se rapporte à la chasse au vol; mais cette opinion a été déja com- né une critique de cette Alterthmwuswissenschaft, année 1839, p. GG1. — 5) ist 1783, 40. — 6) Chap. 125. — lib. 11 battue par Both dans son édition d'Homère, ainsi que par von Jan qui a Zeitschrift für die chap. 30; tome 1, 87 de l'édition de Ca 34, — 8) Mist. nat, lib. VI, cap. 10. — 9) De nat. anim L, pe 82. — 11) Hexam., p. 23. — 12 — 14) D. G. P. Olina, Uccelleria, Nowa, 16! abstinentia, lib, 111, p.207. — 17) Variarum, lib. 1, epist. 24 et lib. VIIL, epist. 31; 1679, tam, 1, p. 19 ct p. 138. — 18) Note communiquée par notre ami, le savant sinologue Hour édition dans Zimimerman uus, P. des animaux, liv. De, 7) Historino mirabiles , 10) De pro late à vers. ( oper. omn., Rotumaji, puis an 689 jusqu'à l'an 675 avant l'ère chrétienne, il est évident que la chasse au vol a existé en Asie, depuis des temps immémo- riaux, — Il parait que cet art n'a été introduit au Japon que dans l'année 354 de notre ère, quoiqu'on ait envoyé, déjà dans année 247 de l'ère chrétienne, des faucons de la Corée au Japon r). Le premier écrivain de l'occident qui ait parlé de la chasse au vol, est Ctésie. En donnant la description des pygmées, peuple inconnu du centre de l'Asie, du pays qu'ils habitent et de leurs mœurs, Ctésie ») dit «qu'ils chassent le renard et le loup, non ec des corbeaux, des milans 3), des pas avec des chiens, ma corneilles et des aigles. » Cette indication relative à la chasse au vol n'est cependant que le commencement d’un passage plus étendu, lequel ne se trouve plus dans les fragments qui nous sont parvenus de Ctésie, mais qu'Élien nous à conservé. Cet auteur dit 4), que les Indiens 5) chassent le lièvre et le re- nard de la manière suivante. Ils ne se servent pas de chiens pour la chasse, mais ils élèvent les petits des aigles, des corbeaux et des milans, et les dressent pour la chasse. Is prennent à cet effet un lièvre où un renard apprivoisé, qu'ils font courir, après y avoir attaché un morceau de viande; les oiseaux étant lächés, ils se mettent aussitôt avec toute la célérité possible à la poursuite de ces animaux, afin d'attraper lappät qu'ils obtiennent en récompense de leur docilité. Etant dres- sés de cette manière, on leur fait chasser les lièvres et les renards sauvages des montagnes, qu'ils ne laissent de pour- suivre dans lespérance d'obtenir la récompense habituelle, et qu'ils apportent à leur maitre après les avoir pris. On leur distribue alors, au lieu de l'appät ordinaire, les intes- tüins des animaux qu'ils ont tués. [est clair que la descrip- tion que lon vient de lire, se rapporte à la chasse au vol, et il en résulte que cet art a été déjà exercé, au centre de l'Asie, vers l'an 400 avant l'ère chrétienne, époque à laquelle écrivit Ctésie. Cependant, ce passage démontre en même temps que la fauconnerie était, à cette époque, tout à fait incon- nue dans l'Inde et en Perse, pays qu'habitait Ctésie en qua- lité de médecin du roi de Perse, Artaxerxés Mnémon. Les expéditions d'Alexandre le grand ne nous ayant rien fait con- maitre à l'égard de la chasse au vol, on peut en conclure avec vraisemblance qu'en effet cet exercice n'a été en usage chez aucun des peuples que ce conquérant a subjugués, et que le peuple qui l'exerca alors, demeurait au nord des con- trées qu'il avait conquises. La supposition que les Indiens n'aient pas connu cet exercice se trouve encore confirmée d'une manière négative par les ouvrages sanscrits, qui con- tiennent des descriptions de toutes sortes de chasses, notam- ment des chasses à la gazelle 6); mais où il n’est jamais question de la chasse au vol. Enfin, on n’a jamais vu, parmi les sculp- lures qui recouvrent les anciens monuments Indiens et Persans, des représentations qui aient rapport à la chasse au vol. Il en est de même des monuments Égyptiens, où l’on voit ce- 1) Voir le mémoire de M, Hoffmann, intitulé: «Ji s Derüge mit der Korcïschen Halbinsel», p. 118, inséré dans le Nippon de M. de Sicbold. — 2) Ciesiac Cnidii Operum Reliquine, edit. 3, C. F. Bähr, Francof. ad Moen., 1824, 8, p. 250, 11, ou dans la Bibliothèque de Photius, LXAIL, p. 144 et suiv. — 3) üries dans l'original. — 4) De natura animalium, lib. IV, cap. 26, pag. 80, de l'édition de Jacobs 1832, 8. — 5) Quant au peuple qui exerça cette chasse, et auquel Ctésie donne le nom de P rai qu'Élien appelle simplement «Indiens», toutes les recherches pour déci er à quelle tribu il appartient, ont été infructueuses. Consultez à ce sujet l'excellent mémoire de Malte run inséré daus les Nouvelles Annales des voyages par J, B, Egriès et Malte-Brun, Paris, 1819, 8, tome II, p. 387. Quoiqu'il en soit, ce peuple parait avoir habité da a le voisinage des tribus mor s et en faisait pent-être lui-même partie. 6) Cousultez entre autres le grand poème épique Indien intitulé Mahabharata, ainsi que le Kaligasae 9 pendant représenté toutes sortes de chasses, hormis celle à l'oiseau; aussi Horapollon ne fait-il pas mention de cette chasse, quoiqu'il parle souvent du faucon comme étant un oiseau sacré chez les anciens Égyptiens. Comme on ne trouve, à l'exception des passages de Ctésie et d'Élien que nous ve- nons de citer, pas une seule donnée relative à la chasse au vol, dans les auteurs classiques depuis les temps les plus reculés jusqu'au quatrième siècle de notre ère, il ne reste guére de doute que mi les anciens Grecs ni les anciens Ro- mains n'ont exercé celte chasse. Ceci parait encore s'appli- quer aux peuples avec lesquels les Romains étaient en relation ou qu'ils avaient subjugués 7). D'ailleurs il est clair que les Grecs et les Romains, si avides du merveilleux, n'eussent pas manqué, s'ils avaient eu des notions de cet art, d'en traiter amplement; ils n'auraient pas parlé comme d'une chose mer- veilleuse de la chasse aux petits oiseaux qui sexercait en Thrace, et Ctésie et après lui Elien ne se seraient pas ex- primés, sur la chasse au vol des peuples du centre de l'Asie, dans des termes qui prouvent que cet exercice leur était tout-à-fait inconnu. De même que les éléments historiques au moyen desquels on pourrait préciser l'époque de Finvention de la fauconnerie se dérobent à nos recherches, de même il est souvent impossible de constater avec précision l'époque à la quelle cet art ait été intro- duit dans les différents pays où il S'est exercé. Quant à l'Europe, il parait que la chasse au vol n'y fut connue qu'au commen- cement du quatrième siècle de notre ére, c’est à dire sous le règne de Constantin le grand; mais Firmieus, le premier auteur qui en fasse mention, se tait sur l'endroit d'où cet art est venu. On i gnore donc complétement sil fut déjà introduit, à cette époque, chez les peuples de lAsie occidentale, avec lesquels les Grecs et les Romains avaient de fréquentes relations, ou si ce fussent les Huns qui en aient répandu la connaissance et l'usage parmi les peuples, desquels les autres nations Font emprunté. L'introduction de la fauconnerie chez les Perses, les Arabes et les Indiens se perd également dans les ténèbres de l'histoire. Firdoussi, qui appartient au dixième siéele de notre ère, nomme le roi Theimouratz, troisième roi de Perse, comme le premier qui chassät avec l'once et le faucon 8); mais on ignore Pépo- que à laquelle ce prince ait vécu, car on ne peul guère ajouter foi aux traditions transmises par Firdoussi, qui fait remonter cette époque à trois mille ans avant l'ère chrétienne, toutefois en faisant régner quelques uns des rois de la Perse pendant un espace de cent et même de mille ans. Démirig) et Ghitrif Hidschadsch 10) rapportent que le calife Harun Reschid a exercé cette chasse; mais il ne parait pas que les Arabes aient connu cet art avant les conquêtes qu'ils entreprirent dans le septième siècle de l'ère chrétienne 11). Quant à lade, il est probable que cet art ÿ a été introduit par les conquérants mahométans Raghuvansa, édit. Stenzler, Londres, 1832 , chap. IX, p.63. On croit que ce dernier poème date des premiers siècles de notre ëre. (Notes com iqu 2 par le savant professeur Gildemeister), — 7) César ct Tacite, par exemple, qui ont décrit les habitudes des Gaulois, des Bretons et des Germains, et qui parlent de leurs chasses, ne font pas mention de la chasse au vol. — 8) Voir l'histoire de l'ancicone Perse d’a- près le Se ahname de Firdoussi, dans Klaproth, Tableaux historiques de l'Asie, Paris, 1826, 4, p 9) Von Hammer, Falknerklee, p. VIL, — 10) Raaname, traduction par von Ilamner, Falknerklec, p. 12, — 11) On trouve dans le Coran, Soure V, vers. 5, un passage traduit dans le Basname, p.1, de la manière suivante “il vous est permis d'entretenir des oiseaux de el que vous avez dressés n; la traduction du Coran publiée par le professeur Ullmann cependant porte, au lieu d'oiscaux de chasse, simplement « bêtes de chasse n; voir le Curan, 1840, p. 77. de cette contrée, soit au dixième siécle, soit à une époque plus récente encore. — Nous verrons plus tard que la chasse au vol fut également exercée par les princes de la dynastie régnante du Mexique lors de la conquête de ce pays par les Espagnols; el lout porte à croire que c'est encore de PAsie que cet art a élé apporté au Nouveau Monde; mais ce serait s'enfoncer dans le champ des hypothèses que de vouloir fixer l'époque, à laquelle l'introduction de cette chasse y ait eu lieu 1). Les renseignements que nous venons de donner sur l'origine de la chasse au vol, suffiront pour démontrer que cet art a été inventé dans le centre de l'Asie, probablement par les peu- ples nomades qui parcourent sans cesse ces contrées, et à une époque très reculée de lhistoire; et qu'il s'est répandu de ees pays, de lun côté au Japon et dans le Nouveau Monde, de é dans l'Inde, la Perse et l'Asie occidentale, dans l'autre cô le nord de l'Afrique et en Europe. Il n'existe au contraire aucune donnée qui puisse nous autoriser à admettre que la chasse au vol ait jamais éte exercée dans l'Inde au de là du Gange, dans la Malaisie, dans la Nouvelle Hollande, dans PAmérique du Nord et dans l'Afrique au sud des contrées riveraines de la Méditerranée, l'origine de la fauconnerie Ces observations générales sur étant terminées, nous traiterons succinetement de l'histoire de cet art chez les différents peuples qui Pont exerce. DE LA FAUCONNERIE EN ASIE. Nous venons d'émettre la supposilion que ce sont probable- ment les peuples nomades du centre de l'Asie, qui ont inventé l'art de la fauconnerie et cultivé dès l'époque la plus reculée de l'histoire. En effet, les grandes plaines qu'habitent ces peuples se prètent par excellence à cet exercice, car elles abondent en oiseaux de chasse et en gibier de toute sorte, qu'il est souvent difficile d'approcher dans ces lieux découverts. Or, la vitesse des oiseaux chasseurs surpasse de beaucoup celle des chevaux ou des autres bêtes domestiques dont Fhomme pourrait se servir pour la chasse; enfin, le genre de vie de ces peuples concourt puissamment Al leur rendre cel exercice aussi nécessaire qu'a- gréable. On lit dans un ouvrage japonais 2) qu'en Chine, le faucon entrait au nombre des présents que se faisaient les princes, dès les temps de la dynastie Hia, dont on met le commencement à l'an 2205 avant l'ére chrétienne. Nous avons vu plus haut qu'il fat déjà cultivé, au septième siecle avant l'ère chrétienne, dans la Chine proprement dite, par les empereurs régnants de cet empire, et que ce fut vers l'an 400 avant l'ère chrétienne que Ctésie recueillit, à la cour des rois de Perse, quelques notions relatives à cet art, tel qu'il fut exercé à celle époque par certains peuples habitant au nord de l'Inde et de la Perse. Où ignore si les Huns ont connu cette chasse. Jornandes 3), 1) Ou sait que M. Alexandre de Humboldt, dans ses «Vues des Cordilléresn ainsi que dans son ouvrage intitulé: Ansichten der Natur, Sue édition, 1946, 12, p. 24 et note 27, a déjà montré la pussi- bilité d'une communication entre l'Asie et le Nouveau Monde. S'il en faut croire à M. le professeur Neu- man, le Mexique aurait été visité, dès le cinquième siècle de notre êre, par des prètres buddhistes. Voyez le mémoire de ce savant, intitulé; le Mexique an Sue siècle de l'ère chrétienne; il est inséré dans le journal allemand «das Auslandu, n° 185, Junvier 14, année 1845, p. 657 ct suiv. — 2) meï-sjo dsou-c; Topographie de la province Kawatsi, par Akizato Iitô, avec des planches faites par peintre de Tauba-no, 1801, G vol. 8. — 3) De rebus gcticis, Hambourg, 1611, p. 104. — 4) Uistori hongrois, cité par des Guignes, Ilist. des Iuns, trad, aller, 1768, 49, tome 1, p. 418; note. — 5) Tels étaient par exemple Natchin (c'est le now mongol d'un oiscau de proie), un des ancètres de Tobinguiz- 60 leur historien, constate simplement que ce peuple m'avait d'ex- périence dans aucun autre travail que dans la chasse, sans spé- cifier le genre de chasse auquel il se livrait. Thwrocz 4) dit d'Attila, que lon voyait peint, sur son drapeau, un oiseau surmonté d'une couronne et appelé castur»: 0", comme on sait que les oiseaux de chasse étaient, pour ainsi dire, l'em- blème de la grandeur chez les peuplades mongoles et qu'ils avaient mème l'habitude de conférer le nom de faucon aux personnes distinguées 5), on pourrait conclure de ce que l'on vient de lire sur Attila, que les Huns ont eu effet connu et exercé la fauconnerie. L'histoire des Mongols, proprement dits, présente plusieurs détails relatifs à la chasse au vol. Natchin 6), un des ancètres de Tchinguiz-Khan, rencontra un jour deux chasseurs à cheval à peu de distance Fun de lautre, tenant chacun un faucon sur g; il reconnait ces oiseaux de proie, qui avaient appar- le poing; tenu à ses frères. Les chasseurs désirent savoir si dans les lieux d'où venait Natchin, il y avait des canards et des oies sauvages. Natchin poignarde ce chasseur et attache à son corps le cheval et le faucon; puis il tue également l'autre chasseur et retourne chez lui, tenant les faucons sur les poings 3). Sous Tchinguiz- Khan, c'est-à-dire au commencement du treizième siècle, le premier emploi de l'empire fut celui de grand-veneur, charge dont un de ses fils était revêtu; les chasseurs étaient répartis en régiments et les fauconniers portaient le nom de Kouschdschi 8). Dans ses ordonnances, ce prince recommanda à ses fils l'exercice de la chasse qu'il appelait école du guerrier. Le commencement de Fhiver était la saison de la grande chasse qui ressemblait à une expédition militaire; cependant il west pas fait mention de la chasse au vol, dans la description qui est parvenue jusqu'à nous d’un de ces exercices 9). Les princes des Kirguises qui, suivant Raschid, habitaient à cette époque autour du fleuve de Jéniseï, en prètant hommage à Tchinguis-Khan, lui envoyérent en présent des gerfauts 10). Scherefeddin-Ali, historien de Timur, raconte que deux des fils de Tchinguis-Khan, s'adon- a nérent, pendant tout un hiver, à la chasse au cygne avec le Toghrul, le plus noble des oiseaux de chasse du Turkestan, el qu'ils envoyaient chaque chemaine à Samarkand, cinquante chameaux chargés des eygnes qu'ils avaient pris 11). Marco-Polo a donné, comme nous le verrons tout à l'heure, un tableau curieux de la chasse au vol telle qu'elle fut exercée, dans la deuxième moitié du treizième siècle, par les empereurs chinois de la dynastie mongole et successeurs de Tchinguiz- Khan 12). Rubruquis déjà raconte des Mongols en gc néral, qui occupaient à cette époque tout le centre de l'Asie depuis la Mer noire jusqu'en Chine, les détails suivants relatifs à la fau- connerie. « [ls ont des faucons et des gerfauts en quantité. Ils portent ces oiseaux sur le poing droit et mettent au faucon une petite longe sur le col qui lui pend jusqu'à la moitié de sent avec l'estomac, et quand ils le lchent sur sa proie, ils bai Khan, (D'Ohssun, 1, 28); CaraSchongar, (faucon noir), appelé plus tard AeSchongar, (faucon blanc), qui fut en 1312 ge Ssakar, ( d'après Démiri}; Togroul, (nom d’un oiseau de chasse), contemporain de Tehivguiz-Khan, (D'O ptien du Khan Mongol de Perse, (D'Ohsson, IV, 554); puis Ebu re de faucon), qui vécut au huitième sièele sous les califes, (v. Hummer, Falknerklec, p. VI, Ilistoire des Mougols, La Uaye, 1834, 8, vol. I, p. 51 à 53 et plusieurs autres. —6) D'aprés les anciennes tra- ditions mongoles rapportées par Raschid, historien perse du quatorzième siècle, co prince Natchin vécut ä la fu du dixième siècle; (voir D'Ohsson, tome 1, p. 28.) — 7) D'Ohssun, 1, p. 28 ct 29. — 8) von Ilam- mer, Falknerklee, p. XX. — 9) Ibid. — 10) Ibid., 1, p. 103 et 104. — 11) Petit de la Croix, Ilist. de Timur-Beo, tome Il, p. 59. — 12) Jean de Mandeville, chap. 35, parle également des oiseaux de chasse de ces empereurs, mais d'une manière très sucoincte. la main gauche la tête et l'estomac de l'oiseau, de peur qu'il ue soit battu du vent et emporté en haut. La plus grande partie de leurs vivres vient de chasse 1)». Marco-Polo, en parlant de la vie nomade des Mongols, dit que les hommes de ce peuple ne connaissent, outre les exereices militaires, d'autres occupations que la chasse et la fauconnerie; aussi ont- ils les meilleurs faucons et les meilleurs chiens du monde 2). Il vante les faucons qui se trouvent dans la province de The- beth, (aujourd'hui la partie orientale de la province de Tangut), et il dit que les indigènes les emploient avec succès pour la chasse au vol 3). Ce même voyageur rapporte encore que les habitants de la province de Badakschan, située dans les parties orientales du Turkestan, lesquels font remonter leur origine à Alexandre le grand, tirent de leurs montagnes d'excellents fan- cons et qu'ils sont très experts dans la chasse 4). Ce fut déjà à celle époque que les princes mongols, qui régnaient dans Asie occidentale, obtenaient de l'Europe des gerfauts 5). L'empereur de la dynastie mongole , régnant en Chine du temps de Marco-Polo, c’est à dire dans la deuxième moitié du troisième siècle, faisait venir des faucons de la Sibérie au nord du mont AltaïG); il en obtenait de marchands mahométans 7), et on lui apportait même de l'ile de Sumatra des faucons d'une espèce particulière 8). I aimait à fréquenter son palais dans la ville de Fschahanor, parce que, dans le voisinage de ces lieux, se trouvaient non seulement des eaux stagnantes et des rivières, repaires d'un grand nombre de cygnes, mais encore des plaines peuplées de grues, de perdrix et d’autres oiseaux. Cette abon- dance de gibier qu'il chassait avec des gerfauts et des faucons, lui faisait particulièrement chérir un endroit, où il trouvait de quoi satisfaire au plus haut degré son penchant pour la fauconnerie. Afin de prévenir la destruction des perdrix et des cailles qui habitaient en grand nombre une vallée située à peu de distance de la ville, il faisait semer les coteaux de cette vallée de toutes sortes de grains; de nombreux garde-chasse surveillaient ces lieux et nourrissaient même ces oiseaux en jetant des grains dans certains endroils, vers lesquels ils étaient appelés au moyen de sifflets; enfin il avait fait construire de petites cabanes des- tinées à servir de refuge au gibier pendant la nuit. Lorsque, en hiver, le grand-Khan ne visitait pas ces lieux à cause du froid intense qu'il ÿ fait, il se faisait venir le gibier chargé sur des chameaux, dans le lieu de sa résidence 9). L'empereur avait encore, dans la cité de Tehang-tou, un palais superbe, et près de ce palais, se trouvait un grand pare, entouré d’une muraille. Ce pare renfermait de riches paturages arrosés par des ruis- SeAUX, sur lesquels on voyait paitre un grand nombre de chè- vres et de cerfs de plusieurs espèces, et ces animaux étaient uniquement destinés à servir de nourriture aux oiseaux de chasse, que l’on y faisait muer, et dont le nombre s'élevait à deux cents; ces lieux étaient visilés, au moins une fois par semaine, par le grand-Khan en personne 10). Sa Majesté entretenait aussi des aigles que lon affaitait pour le vol du loup 15). L'empereur se rendait, tous les ans, vers le mois de mars, dans le pays actuel des Mantchoux, où se faisait la grande 1) Voyage de Guillouwue de Rubruquis en 1 1735, 4%, tome I dans les voyages publiés par Bergeron, La Ilaye, . VII, p. 14. — 2) Marco-Polo, édit. de Marsden, Londres, 4%, 1818, livre 1, chap. 46, p. 204. — 3) Ibid., livre LL, chap. 87, p. 415. — 4) Ibid, livre 1, chap. 25, p. 129. — 5) Ibid, livre L, chap. 60, p. 221. — G) Ibid. — 7) D'Ohsson, IL, p. 491. — 8) Marco-Pulo, livre Il, chap. 12ne, Le 603. — 0) Ibid, livre 1 chap. 56, p. 248. chasse 12). Il était accompagné de dix-mille fauconniers, et d'un nombre égal de garde-chasse 13) qui amenaient avec eux un grand nombre d'oiseaux chasseurs de toute espèce. Les fauconniers, répartis en compagnies, suivaient la chasse dans diverses directions et apportaient la plus grande partie du pro- duit à Sa Majesté. L'empereur, souffrant de la goutte et étant souvent obligé à passer des défilés, montait ordinairement des éléphants, où se tenait dans un pavillon, décoré en dedans de drap d'or, revêtu en dehors de peaux de lion, et porté par quatre éléphants. Il gardait dans ce pavillon douze de ses meilleurs gerfauts et était accompagné de douze de ses officiers les plus favoris, pour lamuser et lui tenir compagnie. Les autres personnes qui l'entouraient étaient montées à cheval, et l'avertissaient aussitôt qu'elles découvraient des grues où quel- qu'autre gibier; c'était alors seulement que l'empereur ouvrait les rideaux de son pavillon et donnait des ordres pour jeter les oiseaux. C’est en chassant de cette sorte que l'on arrivait dans une certaine plaine étendue, où étaient dressées les tentes pour l'empereur et sa cour: ces tentes élaient au nombre de dix-mille; celle de l'empereur seule pouvait contenir dix-mille personnes, et élail décorée avec un luxe incroyable. Près d'elle étaient dressées des tentes non moins belles, destinées pour les femmes de l'empereur, lesquelles, prenant également part aux chasses, avaient leurs faucons à elles. Pendant la chasse, les gardiens se postaient, deux où trois ensemble, à de petites distances les uns des autres, pour surveiller le vol des faucons ou pour les rappeler et reprendre, dans le cas qu'ils allaient s'éloigner au point de s'égarer. Chaque oiseau, appartenant À Sa Majesté où à quelques uns de ses geutilshommes, étail pourvu d'une petite tablette d'argent attachée à l'une des serres, et sur laquelle était gravé le nom du propriétaire de l'oiseau, précaution nécessaire pour restituer au plus vite les oiseaux à leurs maitres. Au cas qu'un des oiseaux s'était éloigné à une trop grande distance ou élait mconnu du gardien qui venait de le reprendre, on le remettait à un homme appelé gardien des choses perdues; ce gardien occupait une éminence, où il avait fait planter son étendard, afin que quiconque désirait s'adresser à lui, pût facilement trouver le lieu de sa résidence temporelle. Le nombre de personnes rassemblées dans ce camp était tel que l'on se croyait trouver au milieu d'une grande cité, et il élait encore augmenté par la multitude de curieux qui Sy rendait pour être témoin de ce beau spectacle. L'empereur y restait pendant tout le mois de mars; après cette époque il retournait dans sa capitale par la même route qu'il avait suivie en allant, ne cessant de chasser, chemin faisant, pendant toute la route. Le nombre de pièces de gibier que lon prenait, lors de ces chasses, surpasse toute imagination, — Des lois sévères défen- daient à tout le monde d'exercer Ja chasse dans les domaines de Sa Maje encore était-il défendu de tuer du gibier d’une manière quel- té ou dans le rayon de ses différentes résidences; conque, depuis le mois de mars jusqu'en octobre, dans aucun des états sujets à l'empereur, et cest à ces lois qu'était dûe l'abondance du gibier dans ce pays. 10) Ibid. livre 1, chap. 56, p. 250. — 11) Ibid, livre Il, chapitre 14, p. 838. — 12) La description de la grnude chasse varie considérablement dans les différentes éditions de l'ouvrage de Marco-Polo, Nous avons principalement suivi la traduction de Marsden, livre II , chap. 16, p. 342, ct celle de Bergeron, Voyages, livre 11, chap. 18, p. 74 et euiv. — 13) Dans l'édition de Pepuri, livre 11, chap. 19, il est simplement dit: Egrediuutur ou illo fileuuerii numero XX millia Nous avons vu que la grande chasse de lempereur de Chine se faisait dans le pays des Mantchoux; il parait cepen- dant, par ce qui va suivre, que les Mantchoux eux-mêmes ne se livraient, du moins dans le siècle précédent, pas à cet exercice, Kien-Long, sixième empereur chinois de la dynastie Mantchou, qui florissait au milieu du siècle passé, en donnant une description détaillée des exercices militaires de chasse des Mantehoux, n'y fait nullement mention de la chasse au vol. 1 dit même en comparant les chasses des Chinois à celles des Mantehoux : « Les brillants équipages de Ouang-leang et de Sien-ngo mont rien qui puisse être comparé au simple mais noble appareil de nos guerriers chasseurs. Qu'on cesse de nous vanter le spectacle de ce million d'hommes armés et revètus de leurs cuirasses, qui, montés sur des chevaux agiles et fins, laichaient des éperviers, exeitaient des chiens, couraient à bride abattue, grimpaient jusque sur la montagne Tagehan, comme Sils fussent montés sur une simple terrasse où sur un chariot de transport, en descendaient avec la même aisance, battaient le pays jusqu'à la mer de Pohaï, la couvraient de leurs filets, aient el revenaient ensuile pour recevoir des applaudis- la Pi sements el jouir de la gloire. Un tel spectacle, je l'avoue, ne saurait souffrir le parallèle de celui que présentent nos bons Mantchoux 1) ». Ce sont probablement des tribus mongoles qui ont apporté la fauconnerie en Perse. Nous avons déjà constaté plus haut, que les califes exercaient Ha chasse au vol dès le huitième lement à la cour des Khans de siècle, et qu'elle florissait ég la Perse de la dynastie mongole. Une ordonnance de Gazan, prince de cette dynastie, qui régna depuis 1295 jusqu'en 1304, a ete principalement publiée dans le but de réprimer les extorsions que se permettaient les fauconniers qui allaient prendre des oiseaux de chasse et des guépards. Leurs gages étant assignés sur les revenus des provinces, ils se faisaient payer, à coups de bà- ton, des branches de revenu les plus productives: ils exigeaient des prestations immodérées en vivres et en fourrages: ils se faisaient même donner des obligations, et lorsqu'ils se rendaient dans la ville avec quelques uns de ces animaux de chasse, ils prenaient, dans chaque endroit, beaucoup de chevaux de leurs bag poste pour eux, $ ages et leurs compagnons; encore donnaient-ils la plupart de ces animaux de chasse à leurs amis où au premier venu; ceux-ci, étant devenus possesseurs d’un animal propre à la chasse, allaient demander, à ce litre, une patente de veneur, qui les exemplait de toutes charges et leur donnait le privilége de vexer et pressurer les habitants. Les fauconniers et les officiers de vénerie se faisaient suivre d’une multitude de palefreniers, muletiers, chameliers et mai- res de village, qui tous avaient la ceinture garnie de plumes, el une perche pour les oiseaux. C’est ainsi qu'ils allaient de village en village, volant, pillant, dévalisant les individus qu'ils rencontraient, insultant ceux qui portaient des ornements pa- reils aux leurs CLOS «CE qui cul pour suite que partout les mauvais sujets se mellaient sous leur protection. Pour rémé- dier à ces abus, Gazan ordonna d'abord qu'on n'amenat plus D Eloge de la ville de Moukden, poëme composé par l'Empereur Kien-Long, traduit par le père Amiot SE publié par M. des Guignes, Paris, 1770, &, p. 75 et 76, — 2) Naschid, traduit par D'Ohseon, le IN, p. 440 à 450. — 3) Petit de ln Croix, Histoire de Timur Bee, tome Il, page 50 et tome IT b. 150. — 4) Dans son ouvrage intitulé Falknerklee, — 5) Choisy, Ilistoire de Charles VI, p.215, ct des provinces à la cour que mille faucons et trois cents gué- pards; que lon dressat un état des fauconniers et du district où chacun était placé, et de défendre que personne autre fût considéré comme veneur. I fixa les prix proportionnels qui seraient payés pour les bètes de chasse, dressées ou non dres- sées, et les gages des veneurs plus où moins élevés selon le nombre des animaux dont ils devaient avoir soin, et on prit loutes sortes de mesures pour mettre fin à leurs extorsions. Quant aux fauconniers de la cour, 1 fut réglé qu'ils recevraient toujours, par avance, des deniers du trésor, et leurs appoin- tements et ce qui leur était assigné pour la nourriture des oiseaux de chasse confiés à leurs soins. I fut statué que toutes les fois qu'ils seraient envoyés au loin pour chasser au faucon, afin d'exercer ces oiseaux, il leur serait fourni des chevaux de poste, et ils seraient munis d'assignations à sceau d'or sur les revenus des lieux vers lesquels ils se dirigeaient. Enfin, pour Ôter tout prétexte aux abus, il devait être fourni pour les fau- cons particuliers du prince, une certaine quantité de volaille el de pig °ONS qui étaient gardés en cases 2 Timur, exerçant, à l'exemple de ses ancêtres, la chasse en grand, était pas moins amateur de la fauconnerie qu'eux : il chassa, dans les environs de Bochara, des cygnes avec l'espèce d'aigle appelée Toghrul. Après avoir terminé l'expédition de l'Inde, il fit une grande chasse, dont il est dit, que les faucons ne laissérent en vie dans tout le pays ni perroquets, ni faisans, ni paons, ni canards. Enfin, les peuples qu'il avail Soumis, en lui rendant hommage, lui présentérent des gerfauts, et lui en envoyérent par la suite tous les ans 3). Le livre de fauconnerie ture, publié par M: von Hammer 4), et écrit au quatorzième siècle pour le prince de Mentesche, fournit la preuve que les princes de la tribu des tures Seldjouks se livraient également au plaisir de la chasse au vol. — I en est de même des princes de la tribu des tures Osmans. Bajesid , ayant fait prisonnier, dans là funeste journée de Nicopolis, le 28 Septembre 1396, la fleur de la noblesse francaise, Charles VI fit parvenir à ce prince ture des présents considérables et entre autres des faucons, parmi lesquels se trouvaient douze faucons blancs, envoyés par le duc de Bourgogne pour la rançon de son fils le comte de Nevers 5). Bajesid donna à ces chevaliers francais avant leur départ, le spectacle d'une grande chasse au faucon 6). — Amurat I entretenait septmille fauconniers: mais son fils Mohammed II qui, en 1453, fit la conquète de Constantinople, reduisit ce nombre à cinq cents, incorporant le reste dans les Tanissaires. IF diminua aussi le nombre des valets de chiens et n'en réserva que cent 7). Les Shahs de la Perse n'aimaient pas moins la chasse au vol que leurs prédécesseurs des dynasties arabes et mongoles. Char- din, qui ft, au milieu du dix-septième siècle, une résidence de six aus à Ispahan, nous a laissé, sur la fauconnerie en Perse, des détails dignes d'être rapportés 8). Les voici. « On prend en Perse des Oiseaux de proye vers PHérie, au Nord de la Médie, et lon en apporte tant d'ailleurs, que je ne sai S'il y en a tant en aucun Pais du monde. La Perse est fort bien située pour cela, étant von Hammer, Geschichte des Osmanischen Reiches, Pesth, 18 , tome 1, p. 248. — 6) von Ilam mer, Gesoh. des Usm. Neiohes, 1, p. 744. — 7) Laonici Chalcondylæ de origine ac rebus gestis Turcoruin ibri X, Bonnac 1843, libri IX, pag. 457. — 8) Voyages du Chevalier Chardin, Ameterdam , 49, tome UE, 1736, p. 41 à 43 proche du mont Caucase, de la Cireassie, et de la Moscovie, d'où viennent les plus beaux oiseaux de proye. On en prend aussi beaucoup dans les montagnes à quinze où vingt lieues de Chiras, dans la province de Perse; et mème on dit que c'est de là que viennent les plus grands oiseaux de proye. On les y fait élever aussi merveilleusement bien à voler. Les Persans dressent à voler jusques à des corbeaux. I y à toujours huit-cents oiseaux de proye entretenus à la vénerie du Roi, chacun avec son officier. Ce sont éperviers, faucons, émérillons, gerfauts, tiercelets, autours, laniers, ou sacres. Tous les grands seigneurs en entretiennent aussi bon nombre pour la chasse, à quoi les Persans sont fort adonnés dès leur jeunesse, car chacun à la liberté de chasser à Poiseau, au fusil, el aux chiens; cela n'est défendu à personne. On voit en tout temps, par toute la ville et à la campagne, les fauconniers aller et venir l'oiseau sur le poing; et comme les oiseaux de proye sont un présent que le roi fait souvent aux grands, surtout aux scouverneurs de province, on les voit alors, sept à huit jours de suite, l'oiseau qui leur a été donné sur le poing, ou à côté d'eux, qu'ils peignent et caressent, en louant inces- samment sa beauté et son adresse. Is lui mettent un chaperon de pierreries, et des grélots d'or. Les grands seigneurs ont aussi des gants à tenir l'oiseau, qui sont bordés de pierreries, et ils mettent à leurs oiseaux des jets et des vervelles d'or. On appelle la vénerie en Perse, Baskané et Cuchskané, Maison d'oiseau trompeur. On y tient registre des oiseaux qu'on donne au roi et que le roi donne, et les temps sont marques, et comment l'oiseau étoit fait. La volerie est de grande dé- pense dans ce royaume là : les oiseaux étant nourris de chair, et rien que de cela, el y en ayant à qui il faut donner tout le long du jour de la volaille, sans autre aliment. Il ne faut pas oublier à faire mention d'un oiseau de prove, qui vient de Moscovie, beaucoup plus gros que celui dont j'ai parlé, car il est presque aussi gros qu'un aigle. Ces oiseaux sont rares. Le roi a tous ceux qui sont dans son royaume, et il avoir. Comme c’est la cou- ny a que lui seul qui en puiss tume en Perse d'évaluer les présens que Fon fait au roi, sans en rien excepler, ces oiseaux sont mis à cent Tomans la piéce, qui sont quinze cents écus, et sil en meurt quelqu'un en chemin, Fambassadeur en apporte à Sa Majesté la tête et les ailes, et on lui tient compte de Poiseau comme Sil était vivant. IIS dressent ces oiseaux et les lichent sur les grues, où sur d'autres oiseaux, auxquels ils bouchent les yeux, afin quils ne sachent où aller ni comment voler. Après quoi ils se servent de ces oiseaux ainsi dressés; premièrement à preudre tous les oiseaux de passage, les aigles et les grues, les canards et les oyes sauvages, les perdrix et la caille, secondement, le lapin et le lièvre. On les dresse aussi à arrêter toutes sortes de bêtes fauves, excepté le sanglier; et la manière de les ÿ dresser est d'attacher la viande dont on les repait sur la tête d’une de ces bêtes écorchées dont la peau est remplie de paille, et qu'on fait mouvoir sur quatre roues par une machine, tant que loi- seau de proye ÿ mange, afin de Fy accoutumer. Quand ces oiseaux sont dressés, on les fait chasser ainsi. On court pre- | 1712, 4, Faso. 1, relat. IX, £ 14 353. — 3) Journey through Persia, 1) Amocnitatum esoticarum fascieuli V, auctore Kaempfero, Lemgov. p. 132 — 2) Jaubert, voya en Arménie et en P London , 'ersc, p 63 micrement la bête jusqu'à ce qu'elle soit bien lasse, et alors on lâche l'oiseau dessus. Il se plante sur la tête, lui bat les yeux de ses ailes, et la pique de ses serres et de son bec; ce qui étourdit si fort cette bête craintive, qu'elle tombe, et donne le temps aux chasseurs d'y arriver. Quand la bête est grande, on lache plusieurs oiseaux, qui la tourmentent Fun après l'autre. On ne lache point d'oiseau sur le sanglier, comme je lai remarqué, parce qu'il n'est point craintif, mais furieux au contraire, el qu'il déchire l'oiseau. On en a élevé à arrêter les hommes. Cela était commun au commencement du siècle passé, et lon dit qu'il y a encore des oiseaux dressés à cela dans la vénerie du roi. Je n’en ai pas vu; mais j'ai oui raconter qu'Ali-Couli-Can, gouverneur de Tauris, que J'ai connu assez particulièrement, ne pouvait s'empécher de prendre ce dan- gereux et cruel divertissement, même aux dépens de ses amis; et il arriva un jour, qu'ayant lâché un oiseau sur un gentil- homme, comme on w'alla pas assez vite pour le reprendre , l'oiseau lui creva les yeux, el il mourut de la frayeur et du mal: de quoi le roi ayant été informé, il en fut si fortement indigne contre le gouverneur, que cet accident contribua beau- coup à sa disgrace, qui arriva peu aprés. Cet oiseau allaque les hommes, comme il fait les bêtes; il sabat sur la tête, et il bat et tiraille le visage de ses ailes et de son bec, si l'on ne va promptement reprendre l'oiseau, car alors il n'entend plus la voix ni le tambour, et il déchire le visage, sans qu'on puisse l'empêcher. Comme tous les gens d'épée sont chasseurs, ils portent ordinairement à l'arcon de la selle une petite timbale de huit à neuf pouces de diamètre, et surtout lorsqu'ils sont à la campagne, c'est pour appeller l'oiseau en frappant dessus. On appelle ce tambour Tavelabas ». Kämpffer 1), qui visita cette même résidence vers la fin du dix-septième siècle, confirme que la maison où se te- naient les oiseaux de la fauconnerie royale, ressemblait plutôt à un palais, qu'elle se trouvait dans un pare étendu et d'une beauté remarquable, et qu'elle était sous lintendance du grand- veneur, — La chasse au vol est restée l'amusement favori des princes et des nobles de la Perse. Jaubert en visitant le camp d'été de la cour, dout les tentes étaient dressées dans une plaine près des ruines de Sultaniéh, sur le grand plateau d'Iran, assista aux chasses royales et notamment aux chasses à l'oiseau, que le roi aimait tout particulièrement. Les faucons dont on se servit, provenaient des steppes bor- dant les rives septentrionales des lacs Caspi et Aral; ils étaient affaités pour le vol des outardes, des lapins, des lièvres et des gazelles; ils prenaient ces dernières en leur crevant les yeux; on volait également le canard 2). Morier 3) fut témoin des chasses au vol faites dans la plaine de Bouchir, et Conolly 4) raconte que dans les monts Toba, sur le plateau d'Iran, lon chasse les hyènes avec des faucons et des chiens. — On doit a "Sir J. chasse au vol en Perse; nous en donnons l'extrait suivant. Ce Malcolm 5) des observations assez curieuses sur la voyageur décrit d'abord le vol de l'antilope, lequel se fait dans le désert s'étendant le long des côtes de la mer. En se rendant à la chasse, les chasseurs, montés à cheval, portent 1812. p — 4) Journal, cité par Ritter, Erdkunde, vol. VIIL p. 163. — 5) History of Persia, Lon don, #, vol. IL, p. 551, note; voir aussi uses Sketches in Persia», cités par Belnny, p, 51 à les faucons sur le poing et amènent des lévriers. Si c’est une piéce isolée de gibier que l'on découvre, on lâche à la fois les chiens et les faucons; si, au contraire on aperçoit une troupe d'antilopes, on lâche d'abord les chiens et ne jette les faucons que lorsque ceux-là sont parvenus à isoler de la troupe une pièce de gibier. Les faucons, poursuivant Panimal en rasant presque la terre, Font bientôt atteint, malgre la vitesse éton- nante avec laquelle il s'enfuit et, dirigeant leurs attaques sur la tête de leur proie, ils la frappent quelquefois avec tant de force qu'ils la culbutent, Arrêté de cette manière dans sa course, les chiens et les chevaliers se trouvent en peu d'instants auprès du gibier, et une course de trois à quatre milles anglaises suffit le plus souvent pour s'en emparer. Les faucons combinent d’une manière admirable leurs attaques avec celles des lévriers, mais ce n'est qu'au moyen de soins assidus donnés à l'affaitage de ces oiseaux que l'on parvient à les rendre propres pour ce vol. On ne chasse ordinairement que les petits et les femelles de ces Antilopes, et on n'aime pas que les faucons attaquent les males, dont les cornes blesseraient facilement ces oiseaux. — Sir John décrit ensuite le vol de l'oubara ou outarde, lequel se fait dans les plaines sablonneuses de la Perse 1). On emploie pour ce vol deux différentes sortes de faucon, savoir le teherkh, qui est de la même espèce que celle dont ont se sert pour le vol de lantilope, et le bheiri: la première espèce n'atta- quant l'outarde que tant qu'elle se tient à terre; l'autre ne l'attaquant qu'au vol. Arrivés sur les lieux de la chasse, les fauconniers ainsi que les assistants, étant tous montés, se ran- gent en ligne à de grandes distances les uns des autres, pour s'avancer de cette maniére dans la plaine. Les chasseurs qui portent les tcherkhs, les déchapperonnent de temps en temps, et levant en l'air le poing sur lequel l'oiseau pose, celui-ci ue tarde de découvrir le gibier jusqu'a des distances assez S du fauconnier cousidérables. Se précipitant aussitôt du poin qui, au même instant, laisse couler les attaches, loiseau a bientôt atteint l'outarde qui, si elle n'a pas le temps de se lever, court à sa rencontre, la tête levée et les ailes déployées. Si, au contraire, elle se lève, on jette aussitôt le bheiri qui l'at- laque au vol, de sorte qu'elle finit par succomber aux attaques de l'un ou de l'autre de ces oiseaux. Quelquefois cependant elle tient bon contre les oiseaux et se défend avec tant d'opi- nidtreté que ceux-ci se lassent et laissent échapper leur proie. — On se sert pour le vol du lièvre, chasse à laquelle assisla sir John dans les environs de Shiraz, du Shah-baz, ce qui veut dire faucon royal. Pour cette chasse, on à soin d'attacher une forte courroie de cuir entre les jambes de loiseau. Celui-ci, s'étant accroché au dos du lièvre avec une de ses serres, traine l'autre le long du sol, pour saisir une touffe d'herbes, et ar- rêter ainsi le gibier dans sa course. Pour le vol de la perdrix, on se sert, en Perse, de faucons volant amont. Tous les voyageurs qui ont visité les grandes plaines s'éten- dant à l'est de la mer Caspienne, assurent que les Kerguises et les autres peuples qui habitent ces lieux, exercent la chasse au vol en amateurs passionnés. Olearius >) raconte qu'en Ta- 1) C'était à une distance de vingt milles anglaises d'Abusbeker quo ce vol eut lieu, auquel assista Sir John. — 2) Travcls, p. 177. — 3) Sicwer, Sibirische Briefe, voir Ritter, Erdkunde, tome IT p. 765. — 4) Découvertes russes, vol. TT, p. 127. — 6) Pallas, Zovgr. russo-asinticn, Petrop., 1831, 4, tome I p. 330. 6h tarie on trouve des faucons dans toutes les cabanes. Les Ker- guises aiment à affaiter des aigles qu'ils tirent de plusieurs contrées, par exemple de P'Altai et de la Russie. Ils paient ceux de l'Altaï souvent deux à trois chevaux la pièce 3); ceux qu'ils font acheter à Orenbourg, se paient un cheval la pièce, tandis que lon ne donne qu'une brebis pour les autres oi- seaux de chasse 4). Pallas rapporte également que l'aigle est très recherché des peuplades nomades de FAsie, principale- ment des Kerguises, qui sont de grands amateurs de la chasse au vol. Parmi eux, un de ces oiseaux est évalué au même prix qu'un cheval, et un aigle affaité vaut deux chameaux. On aflaite ces oiseaux principalement pour le vol de lPanti- lope, du loup ou du renard. Cet oiseau étant trop pesant pour être porté sur le poing, on le place, lorsqu'on se rend à la chasse, les yeux couverts, sur une perche appliquée sur l'étrier ou portée horizontalement par deux chasseurs à che- val. En les affaitant pour le vol de lantilope, que ces oiseaux tuent en leur crevant les yeux, on se sert d'une peau em- paillée d'un de ces animaux dont on remplit les orbites de pat 5). Le faucon commun est très estimé, comme oiseau de chasse, des Tatares, Calmueks et Baschkirs 6). Les Calmucks aiment à se servir pour la chasse d’une espèce de faucon qui niche fréquemment sur les arbres où arbustes du désert 3); ils affaitent aussi le hobereau pour la chasse aux petits oiseaux 8). L'autour, trés commun par toute la Russie et la Sibérie, est, aprés les faucons, l'oiseau le plus estimé chez les Tatares, les Calmucks et les Baschkirs, et on s'en sert particulièrement en Taurie où il n'y a pas de faucons. On enlève les jeunes du nid, et prend les adultes dans des filets, au centre des- quels on attache, à terre, un pigeon vivant servant d'appat. Les Calmucks et les Tatares chassent aussi la caille avec le- pervier 9). M. Ehrenberg à vu des faucons dressés chez le prince Calmue Sered-Dschab près Tumeniewka dans les envi- rons d'Astracan 10). La plupart des voyageurs qui ont visité le Turkestan oriental rapportent que la chasse au vol ÿ appartient au nombre des occupations les plus favorites des habitants: les riches entretiennent jusqu'à vingt faucons, les pauvres se contentent d’un ou de deux 11). La fauconnerie, probablement apportée dans l'Inde par les conquérants mohamétans de cette vaste contrée, sy est main- tenue jusqu'à nos jours. On ignore l'époque précise à laquelle elle ÿ fut introduite; mais un document communiqué par M. de Hammer 12) nous apprend que, déjà en Pan 1300 de l'ère chrétienne, le fermier général de Fars envoya un présent de faucons au prince Indien de Maaber. La résidence orile des anciens Radjahs était la vallée de Rama-Siraï, située dans les monts Himalajah, où ils se livraient au plaisir de la chasse au vol 13). On dit que les Hindous de Calcutta n'exercent pas cette chasse, quoiqu'elle soit assez généralement répandue au Bengale et au Dekan 14). Conolly rapporte qu'Alhmudpour, près de Rhawalpour sur les bords de lIndus, était autrefois la rési- dence favorite des princes de ces contrées, qui se rendaient souvent dans les déserts environnants pour y exercer la chasse 6) Ibid, p. 820. — 7) Ibid., p. 331. — 8) Ibid, p. 893. — 9) Ibid., p. 371. — 10) Ruse, dem Ural, 1842, tome 11, p. 343. — 11) Consultez Mitier 777. — 12) Falknerklee, p. XIV. — 13) Fraser, Travels, cité par Ritter, tome IL, p. 1 e., p. 176. Reise nach Erdkuude, tome VII, p , 4 — 14) Latham, au vol; ils faisaient souvent des présents de faucons à ceux qui venaient les visiter 1). À Nagpour, au Dekan, la chasse aux antilopes avec des faucons formait Famusement favori des troupes 2). Johnson raconte des indigènes de Finde que tous les gens comme il faut, s'ils aiment tant soit peu la chasse, entretiennent des oiseaux de chasse de différentes espèces, et ne voyagent jamais sans les emmener avec eux. Les espèces de grande taille sont affaitées, soil pour le vol du cerf qu'ils tuent en lui crévant les yeux, soit pour celui d'oiseaux sem- blables au héron; cette dernière chasse offre un très beau spectacle. On emploie d’autres espèces de petite taille pour la chasse aux petits oiseaux; d'autres encore sont affaitées pour voler amont au-dessus des eaux stagnantes, peuplées d'oiseaux aquatiques; ceux-ci, se levant aux coups de fusil qu'on leur üre, le faucon tombe aussitôt sur eux et, les obligeant à cher- cher leur salut dans la nage, il devient facile au chasseur d'en abattre un grand nombre à coups de fusil 3). Les détails sui- vants 4) sur la chasse au vol, telle qu'elle s'exerce encore de nos jours dans linde, seront lus avec intérêt des amateurs de fauconnerie. La chasse au vol est encore aujourd'hui, dans l'Tude, un des amusements les plus recherchés, non seulement des grands seigneurs indigènes, mais aussi des Anglais qui s'y sont établis. Les premiers font autant de cas de leurs faucons que les chasseurs les plus distingués de l'Angleterre font de leurs chiens. On divise, dans ce pays, les oiseaux de chasse en deux classes, qui paraissent répondre aux divisions des oiseaux de poing et oiseaux de leurre des fauconniers d'Europe. Les premiers ne s'éloignent guère plus de 150 toises du chasseur; on ne leur met le chaperon que lors de l'affaitage, et on les porte sur le poing droit. Ces oiseaux, dont l'affaitage demande beaucoup de soins, sont les plus chers de tous; mais en ré- vanche ils supportent mieux lPesclavage que les autres oiseaux de chasse. Ceux de la deuxième classe ont les ailes longues; on en a de toutes sortes, savoir le baz, le bacha et le schirka. Ou désigne les oiseaux de chasse loujours sous le nom que porte la femelle. Le Baz et son mâle appelé Taoura, viennent des monts Nedgriss, où on les prend avec des filets; on les achète au commencement de la saison froide dans un lieu nommé Belleri-Muudi et qui est situé au pied de la partie la plus basse des montagnes; ils portent, jusqu’à la première mue, le nom de Tchaoui. On commence leur affaitage par les siller et leur mettre des entraves; plus tard on leur met le chaperon qui est pourvu d'un petit trou que dans la suite on élargit successivement. On à soin de les porter souvent dans les en- droits fréquentés par beaucoup de monde, tels que les bazars. L'affaitage proprement dit se fait à peu près de la même manière qu'en Europe. On se sert de chiens pour la quête des perdrix. Les perdrix, les canards, les oies, les paons, les grues et quelque fois aussi les lièvres sont le gibier que l'on chasse avec les oiseaux de bas vol. Nous terminerons cet aperçu de l’histoire de la chasse au vol, en Asie par quelques notices relatives à la fauconnerie des Chinois et des Japonais. Elles sont tirées de plusieurs écrits 1) Kite, tome VII, p. 43. — 2) Fitz Clarence, dans Ritter, VIT, p. 451 sport as — 3) Johnson, Sketches of field owed by the natives of India, London, 1 p. 46 et 47. — 4) Empruntés à des jour- sis ont été publiés par C. Wicrsbitzki, dans son Journal, intitulé « der ; der Sonntags-jäger, p. 20. — maux ais ct traduits en Jâger », Frankfi uu-Mai uctobre Ces détails sont dùs aux reélerehes de notre ami, M. L Hofinanu, qui a bien voulu nous en communiquer une traduotion alle- chinois et japonais, énumérés dans notre catalogue des ouvrages de fauconnerie 5). L'auteur de l'histoire naturelle chinoise, Li Chi tchin, rap- porte que le faucon porte en chinois plusieurs noms; mais que dans les méthodes on lui donne celui de Yng, parce qu'il distribue des coups avec la poitrine 6), dont le nom chinois est Yng. Il parle aussi du faucon cornu, remarquable par sa témérité impétueuse 7). Les meilleurs faucons chasseurs, dit-il, viennent de Liaotoung, province attenante à la Corée. Les habitants de la Chine septentrionale ne se servent ordi- nairement pour la chasse que de faucons niais; dans la Chine méridionale on prend les faucons au moyen d'oiseaux appe- lants. L'auteur termine ses observations en disant que lon emploie ces oiseaux de chasse, les uns pour le vol du faisan, les autres pour celui du lièvre. L'ouvrage chinois intitulé « Ou tsà tsou », nous a offert les données suivantes sur l'affaitage des faucons. Les faucons de Liaotoung sont les plus estimés de tous; ceux de la Chine sont de beaucoup inférieurs à ceux de la Corée. Pour affaiter un faucon, on commence par lui couvrir la tête d’un sac de chanvre 8). On l'enferme ensuite dans un appartement vide, et lui apprend à se percher sur le bras d’un mannequin de paille. Cette lecon, cependant, est difficile, et on n’en vient ordinairement à bout que lorsque le faucon se trouve épuisé, à force de se débattre et de se jeter à terre. Quand on juge qu'il est affamé au dernier point, on lui accorde quelques becquées de viande, et on a en général soin de ne lui jamais donner bonne gorge au commencement. Une dizaine de jours passée, on lui lie les ailes et le déchaperonne. C’est alors qu'il se montre de nouveau revèche, qu'il se débat et qu'il ne se tient tranquille sur le bras du fauconnier remplaçant mainte- nant le mannequin de paille, que lorsqu'il a complètement épuisé ses forces. Quarante-neuf jours s'étant passés à répéter cet exercice, on va ouvrir, au bout de ce temps, à l'heure du midi, la porte de l'appartement; le faucon prend aussitôt son essor, et on le laisse, pendant une heure, planer dans les champs g). Tous les oiseaux se reposant à cette heure, il cherchera en vain de se procurer une proie quelconque; on finit en conséquence par lui en préparer une, en plaçant dans un endroit dégarni d'herbes et d’arbustes, un simulacre de faisan fait d'écorce de bambou entrelacée, et dans lequel on met plusieurs morceaux de viande. Le faucon apercevant cette proie arüficielle, tombe aussitôt sur elle, la saisit avec les serres et dévore le pat qu'elle renferme. L'affaitage est terminé lorsqu'il s'est habitué à cet exercice; sûr du succès de la chasse, on peut dès lors le porter dans les lieux où il ya du gibier et le laisser voler librement. On trouve, dans la chronique la plus ancienne du Japon intitulée « Nipponki » et publiée en lan 70 de notre ère, des détails très curieux concernant l'histoire de l'introduction de la fauconnerie au Japon. L'auteur de cette chronique, après avoir constaté que lempire japonais fut fondé en l'an 660 avant l'ère chrétienne et gouverné par un monarque appelé mande, — 6) Observation très juste; car on sait que les faucuns, en se précipitant sur leur proie, In frappent avec la poitrine, — 7) L'auteur désigne évidemment sous ee nom l'aigle-nntour, dont la tête est omée d'une huppe. — 8) Ou comprend qu erun. — Ÿ) IL est cela doit être une espèce de el que notre auteur a omis de parler de ln ficelle qui, attachéo pendant cet exercice aux pieds de l'oiseau de chasse, sert à guider son vol ou à le retenir quand il tente de s'échapper. Mikado, mande que ce fut en l'an 33 avant notre ère que les Coréens vinrent visiter le Japon pour la première fois, et que six ans plus tard on vit arriver et s'y établir des émigrants de cette presqu'ile. Les Japonais de leur côté se rendirent pour la première fois sur le continent de l'Asie en lan 61 de notre ère. Un des descendants de l'empereur chinois € Tshin Chi hoang ti», trouva en 193 le passage de la Chine au Japon, et les Japonais entreprirent sept ans plus tard la première expédition militaire contre Pétat de Sinra dans la presqu'ile de Corée. Après l'avoir soumis, les habitants de ce royaume envoyèrent en 205 leur premier tibut au Japon. Il Sétablit en même temps des relations entre le Japon et un autre état de la Corée appelé Petsi, et des ambassadeurs chargés de présents passèrent réciproquement, dans le com- mencement du troisième siècle, d’une de ces contrées à l'autre. Il en fut de même de l'état Weï dans la Chine septentrionale, après qu'une première ambassade y eût établi, en 239, des relations, par suite desquelles les sciences, les arts, les mé- tiers et avec eux l'art de la fauconnerie furent transportés de ces contrées au Japon. L'état de Petsi envoya en 247 pour la première fois des faucons à la cour du Japon 1); mais les premiers essais de chasse n'eurent lieu, dans ce pays, qu'en 355. Voici le récit des circonstances qui y donnérent lieu 2). Josanno mijake, portant le surnom d'Amiko, ce qui veut dire oiseleur, ayant pris dans les filets, en automne de l'année précitée, un oiseau dont il n'avait jamais vu le pareil, le présente au Mikado. Celui-ci fait appeler Sakenokimi, petit- fils du roi régnant de Petsi, lequel se trouvait depuis un an à la cour du Japon, lui montre loiseau et lui demande à quelle espèce il appartient. Le prince lui répond : « De tels oiseaux se trouvent en abondance dans ma patrie, où ils s'appelent « Koutsi »; on les y apprivoise et ils rendent à l'homme de bons services; car en les tenant sur le poing, on les jette sur toutes sortes d'oiseaux qu'ils prennent aussi- tôt 3). » Ayant appris cela, le Mikado donne l'oiseau au prince étranger en le priant de le nourrir et lapprivoiser. Peu de lemps après, ce prince retourne chez le Mikado, tenant sur le poing le faucon, aux pieds duquel était attachée une courroie de cuir, tandis que sa queue était pourvue d'une petite son- nette 4). L'empereur se rendant ce même jour à la chasse dans la plaine de Mosou, on emmène le faucon, qui prit une quantité considérable de gibier. C'était à la suite de cette chasse que le Mikado établit, dans ce même mois, une confrérie de fauconniers, leur assignant pour résidence un endroit appelé dès lors « Takainojou » c'est à dire hameau des faucon- niers situé à quelques lieues à l’est de la ville d'Ohosaka, à cette époque la résidence du Mikado. Des gens de cette contrée ayant découvert dans la suite une aire de faucons avec des petits, l'empereur ainsi que son ministre composent chacun de son côté un poëme pour célébrer cet événement. Plus tard on envoya de la Chine des faucons au monarque ja- ponais Nintok, qui régna depuis l'an 313 jusqu'en 399 et qui L] Nipponki, daus lEncyclop cyelopédie japonaise, vol, 7, p. 35 et vol. 44, p. 4. — 2) On trouve ce récit dans la Chronique japonaise et dans plusieurs autres ouvrages. — 3) ci prouve que l'usage de la fauconnerie Fat à celle époque assez connu en Corée. — 4) L'usage cher la sonnette à la queue des oi lement connu des Arabes 5) Ce villa, aux de chasse fut du temps de lempereur Frédéric IL pelle aujourd’hui «T. a kaïmoura»; voir le «San Kai meï san deou 6, vol. I, p 5. — 7) Nous verrons plus tard que Louis XIIL avait lhabitude de se livrer au amusement dans le Jardin des Tuillerics. — 8) Vol. 44, p. 5, — Ÿ) Il est évident qu'il s'agit ici 66 fit depuis exercer cette chasse noble avec plus de zèle que ses prédécesseurs, et en y employant toutes sortes d'oiseaux. Dans la suite, ce fut plus particulièrement le prince Minamoto Tôki jori qui excella dans l'art de la fauconnerie, et dont la mé- thode est encore aujourd'hui étudiée par tous les amateurs de chasse. Ce prince, gouverneur de la province de Déwa, dans le Japon septentrional, fut appelé, par le maréchal de lem- pire « Minamoto Jori josi » à la cour du Mikado Goreï zen, qui régna depuis l'an 1046 jusqu'en 1068, pour être revêlu de la charge de chef de la confrérie des fauconniers. L'Eney- clopédie japonaise 6), à laquelle ces détails sont empruntés, parle d’un autre fauconnier trés habile, nommé Sakourawi Gord, qui fut mandé en 1206 à la cour de l'empereur Sa- netomo à Jedo, pour donner des renseignements sur la chasse au vol Il y fit de nombreux essais, même avec une pie-grieche, affaitée pour prendre des pinsons 9) L'encyclopédie japonaise 8) comprend d'autres détails relatifs à la chasse au vol. Le mâle des oiseaux de chasse étant constam- ment d'une taille moins forte que la femelle, on donne, par cette raison, à celui-là l'épithète de Séo, ce qui signifie le petit, à celle-ci l'épithète de Taï, ce qui signifie le grand. Le faucon sors, né et élevé dans les montagnes, s'appelle au Japon « Waka taka », c'est à dire « jeune faucon ». Son plumage est d'un brun de terre fauve, avec des taches longitudinales noi- res; mais, après la première mue, il prend une teinte d'un gris cendré avec des bandes transversales 9): on le désigne alors, soit sous le nom de « Nade-taka » (en chinois « Fou-yng »), c'est à dire le faucon que lon caresse; soit sous celui de « Kata kaveri », (en chinois P'hién P'hièn), ce qui veut dire, le faucon dont le plumage a subi une mue partielle 10). Le faucon dans la troisième année est désigné sous le nom de « Morokaveri » (en chinois Tsaï P’hièn), c’est à dire, le faucon qui a mué deux fois. Le faucon eulevé du nid et élevé dans la maison, s'appelle « Sou taka », c'est à dire faucon niais; celui qui, après avoir quitté l'aire, a déja pourvu lui-même à ses besoins, s'appelle Akake, c'est à dire: faucon pris au filet. Les faucons qui ont passé plus d’une année à l'état sau- vage, ne sapprivoisent que très difficilement : ils portent le nom de « Nozare », ce qui signifie, caillou des champs, c'est à dire, un sauvage qui nest guère susceptible de culture. Le faucon blanc à bec couleur de cendre appelle « Sira taka », (en chinois PE yng), c'est à dire faucon blanc; ceux qui sont jusqu'aux ongles d'un blanc uniforme, sont désignés sous le nom de faucon d’un blane de neige, en chinois Suë pë yug 11); ceux au contraire où le blanc n'occupe que les sourcils, sap- pellent au Japon « Masiro taka », e’est à dire faucons aux yeux blanes 12). Les faucons blancs furent autrefois très recherchés au Japon; de nos jours, on ne les voit que très rarement, et on les regarde même dans certaines parties de la Chine comme des oiseaux de mauvais augure. Pour apprivoiser le faucon, on se rend vingt jours de suite, vers le coucher du soleil, dans l'appartement destiné à l'oiseau, où, assis sous une lampe, faucon commin, espèce dont le musée des Pays-Bas possède plusicurs individus, jeunes et adultes, tués au Japon. — 10) On sait que la mue des faucons réduits en captivité n'a souvent lieu qu'incomplète ment. — 11) C'est en effet le mène que notre faucon blaue, Falco candicans, espèce dont jai vu une représentation dans un reoueil de dessins d'oiseaux, fait au Japon. — 12) Comme on retrouve l'usage de donner aux oiseaux de chasse des noms différents suivant l'âge, le sexe elo, chez presque tous les ples qui ont exer! faucunnerie, il est mis de supposer qu'il dérive d'une source commune, c'est à dire des peuples du centre de l'Asie, lesquels ont inventé la fouconneric. on le tient perché sur le bras jusqu'à minuit. On le porte ensuite, après lui avoir attaché aux serres une ficelle, dans les champs, le lâche et lui apprend à retourner auprès de son maitre, lorsque celui-ci lappelle de la voix: on désigne cet exercice sous le nom « d'Okiwatari » c’est à dire, la promenade dans le lointain. On repait les faucons avec de la chair d'oiseaux. Un moineau suffit pour chaque repas; mais on leur distribue le pat quinze fois par jour 1). Quand on veut s’en servir pour le vol des oies sauvages, on réduit à un tiers la quantité de pät ordinaire; affamés de cette sorte, ils ne manqueront pas de prendre les oiseaux de la plus forte taille. Lorsqu'un faucon s'est égaré, il faut se diriger vers l'est, si cela arrive le matin, et vers l'ouest, si cela arrive vers le soir 2); et en le cherchant, il faut faire entendre le cri « d'O-ou O-ou »; cependant, S'il est de l'espèce nommée Faya bousa (en chi- nois « Soun»), on l'appelle par le cri &« haï haï ». Aussitôt que les oiseaux de chasse entrent en mue, on leur ôte les entraves, on les met dans une grande cage, et on leur distri bue le pat à discrétion. Lorsqu'il arrive qu'une des pennes de la queue s'endommage, on la rétablit en y joignant la penne d'un autre faucon, et on se sert à cet effet d'une espèce de vernis tiré de l'arbre à vernis, connu sous le nom systématique de « Rhus vernix ». On trouve dans un autre ouvrage japonais 3) les renscigne- ments suivants sur la fauconnerie au Japon. Il y est dit que la province de Fiouga dans Pile de Kiousiou et celle d'Iyo dans Pile de Tosa, ainsi que les contrées montagneuses de Kahi, comme celles de Tango, ne produisent que des faucons de petite taille appelés « Ko taka ». On prend les faucons de forte taille « Oho taka », dans les parties seplentrionales de l'empire, dans la province de Moutsou, notamment dans le district de Kouro gava (38°27 latit. bor.). Ceux que l'on prend dans le district de Sinobou, e’est à dire dans les montagnes à l’ouest de Foukou sima (33° 38 latit. bor.), sont connus sous le nom de Sinobou taka, c’est à dire faucons de Sinobou. Le faucon blanc vient de Tshaôsien, c’est à dire de la Corée; on l'emploie pour les vols de loie et de la grue. Cette contrée est le berceau de la chasse au vol, et c'est de là que nous est venu l'ouvrage traitant de l'art de la fauconnerie 4). Les fauconniers dénichent ordinairement les faucons et les apprivoisent ensuite, A Ojamada, dans la province d'Ivo, on les prend aussi avec des filets. Il existe, dans cette province, une haute montagne, dont le pied s'étend jusque dans les provinces d'Ava et de Tôsa. Les faucons, se dirigeant, lors de leurs migrations en aulomne, vers les hautes montagnes, on les ÿ aperçoit, 1 cette epoque, longeant les parois de rochers escarpés aux couleurs orangées. Le filet, appelé « Fari kiri ami », ce qui veut dire filet tendu, est confectionné de fil de soie ou de chanvre. Ia trois à quatre pieds de longueur sur douze pieds de largeur, et les mailles offrent deux pouces et demi carrés. Après Favoir tendu horizontalement à une élévation de quelques pieds du sol, on place sous ce filet un étourneau attaché au moyen dune ficelle à un petit piquet de bois, et cufermé dans un réseau de coton en forme de cylindre, long 1) Voilà en effet un régime bien extraordinaire, — 2) On c tnt nprend que c’est un préjugé semblable à autres que les fauconniers de tous | vol. I, p peuples et de tous les temps sc sont obstinés à perpétuer. — 3) San Koï met son dsou e 26. 67 de trois pieds, d'un pied de diamètre et posé horizontalement sur le sol; cette espèce de cage s'appelle « Teo tsin ami », c'est à dire « réseau en forme de lanterne ». On y attache perpen- diculairement, sur Fun des côtés, un tuyau de bambou, dans lequel on met un serpent artificiel, fait de bois et imité d’après nature avec loute exactitude possible. Cet appareil ayant été apprèté apres minuit, le fauconnier choisit, dans le voisinage, un lieu favorable pour s'y. cacher, afin d'attendre les oiseaux de proie qui s'élèvent à la pointe du jour de la cime des arbres, pour aller à la quête de leur proie. Dés que le fau- conunier voit approcher un faucon, il fait sortir, au moyen d'une ficelle, le serpent artificiel, dont lapparence et les mouvements effarouchent loiseau enfermé dans sa cage. Le faucon, lapercevant aussitôt, fond sur lui et s'empêtre dans les mailles du filet. Il est essentiel de choisir, pour ÿ établir les filets, des lieux ineultes, et cette opération exige beaucoup d'habileté; les gens qui s'en occupent ne se rasent pas la tête, de sorte que lon peut à peine les distinguer des femmes. Les oiseaux pris de cette manière sont bons pour le vol du ca- nard et du héron. Après les avoir pris, on leur met aussitôt les entraves. Ces entraves sont composées de trois parties, savoir les jets faits de cuir doux; l'anneau consistant en un morceau de corne de cerf où de tige de bambou, et la ficelle ou corde qui est très longue. On enveloppe les ailes et la queue des oiseaux d'un linge en forme de sac d'un tissu de chanvre très doux, et on à soin de lattacher à ces parties en ly cousant, Quant aux üercelets, on ne se sert, à cet effet, que de papier, et on les transporte au marché, après les avoir placés dans un panier spacieux. La fauconnerie est encore aujourd'hui regardée, au Japon, comme une occupation noble, et l'étude de cet art entre dans l'éducation des princes et des guerriers. Un ouvrage japo- nais à) dit à cet égard :«le faucon étant un oiseau courageux et belliqueux, il convient de l'offrir en cadeau aux chevaliers et aux guerriers »; et le code du guerrier japonais 6) renferme un trailé de fauconnerie complet, quoique très succinet. En voici lextrait. La fauconnerie après avoir été introduite au Japon dans lan 355 de l'ère chrétienne, un homme y apporta, en 363, du royaume de Petsi, un ouvrage sur la fauconnerie en soixante- deux volumes. Cet homme, nommé Téomanli, avait l'air d’un bonze; sa tête était couverte d'une espèce de capuchon de soie bigarrée; son habit était large et d'une étofle grossière de couleur rouge, et il portait le faucon qu'il appelait « Kuli teo », sur le bras. La chasse au vol, ayant été, dès l'origine, admise au nombre des récréations de la cour, fit des pro- grès rapides au Japon. On cite plus particulièrement comme très brillantes les chasses au vol faites par Pempereur régnant depuis 782 à 804; el parmi ses successeurs, ce furent lem- ereur Feï zeï, qui régna pendant les années 806 à 800, et 9 l'empereur Saga, qui régna depuis 810 à 823, qui étaient célébres par l'amour qu'ils portaient à cet art. En 859, on apporta du pays P'hô hai, ancien arrondissement à l'extrémité Nord-Est de Chan toung, l'ouvrage Maha yng king, cest à des ) Voir plus Las notre catalogue des 4) Cet ouvrage est intitulé « Yng hô fa voir_natre_ eatall ouvrages de Faucunnerie, — 5) Intitulé « Kawatsi mei sjo dsou en, et déjà cité plus haut. — ouvrages de faucunnerie dire «le grand livre de fauconnerie », dont le nombre de volu- mes est très considérable. Quelque temps auparavant, on avait apporté de la Corée au Japon des faucons affaités que l'empereur Sei wa donna à son ministre, et il fit accompagner ce cadeau de celui d’une belle chasse, située dans le pays de Sets, dont le cheflieu est la ville d'Ohosaka. Ce fut enfin vers celle même époque qu'arrivérent de Boungo, dans File de Kiousiou, deux faucouniers habiles, qui enseignèrent l'art de la fauconnerie d’après les méthodes en usage chez les étran- vers. Il est encore constaté dans cet ouvrage que les faucon- ds niers japonais ont écrit un grand nombre de livres sur cette matière, qu'ils ont combiné les différentes méthodes tant anciennes que récentes, et qu'ils ont publié de nouvelles fang. Ces éditions des anciens ouvrages Yng king et Yug hô derniers traités cependant sont, au dire de l’auteur, trop obscurs pour ètre lus sans les commentaires des fauconniers, et la méthode qu'ils enseignent ne s'accorde guëre avec celle dans en usage au Japon. — Les oiseaux de chasse énumérés cel ouvrage sont les suivants: 1, L'Oho taka ou grand faucon femelle; 2, le Seo, male de la précédente; 3, le Fajabousa; 4, le Fasi taka où Fai taka, ainsi nommé parce qu'on le dit venir de la Perse, contrée appelée en chinois Posse, en japonais Fasi 1); 5, le Konori, male de la précédente ; 6, le Tsoumi, qui est probablement l'épervier ou la pie-g iéche; 7, le Yetsu- saï et 8, le Sasiba. — L'auteur termine son ouvrage par Îles observations suivantes. Les fauconniers se distinguent par des attributs particuliers. Ils se couvrent la tête d'un bonnet de soie bigarrée; ils portent un habit de chasse et des chausses. Leur main gauche est revêtue d'un gant, parce que l'on porte, au Japon, où l'exercice de la chasse est entremélé d'exercices guerriers, l'oiseau sur le poing gauche, tandis qu'on le porte général sur le poing droit en Chine et en dans les pays étrangers. La fauconnière doit contenir une cuisse de faisan. Ils tiennent dans la droite un bâton de cinq à six pieds de long, fourchu à lextrémité et destiné à tirer vers eux et à lever sur le cheval qu'ils montent, le faucon avec sa proie, du lieu où il s’est abattu. Une baguette dont ils sont munis leur sert à inquiéter le faucon pour lempêcher de dormir pendant la nuit. Is se servent d’une espèce de bouffette faite de poils, pour nettoyer les plames du faucon lorsqu'elles ont été mouillées par la pluie ou la rosée. Les jets que lon at- tache aux pieds des oiseaux de chasse de grande taille sont longs de sept à huit pouces; la longe offre cinq pieds en longueur et la filière cent quatre-vingts gls à quatre-cent cin- quante pieds. On emploie encore plusieurs autres sortes de fil pour suspendre le gibier pris par le faucon, et les règles de chasse japonaises prescrivent jusqu'aux espèces d'arbre qu'il convient de choisir, à cet effet, dans les différentes saisons : ce sont au printemps le cérisier, en été le saule, en automne l'érable et eu hiver le pin ou le sapin, dont les branches sout destinées à porter les fruits de la chasse au vol; tandis que l’aster seul est ré ervé aux alouettes et à la caille. Les sonnettes, faites d'argent ou d'or, sont attachées, au moyen 1) Ce mot de Fasi nous rappelle celui de « D nom arabe du faucon. — 2) Nous rappelons ici que mais ont l'habitude d’attacher a sonnette aux pennes de ln queuc et non pas aux pieds des % de chnèse, — 3) Expression litérale de l'auteur du code du guerrier. — 4) Gedenkwaardige geantschappen der 0. 1. Maatschappij aan de Keizeren van , dovr A. Montanus, Amsterdam , 68 d'un fil une mince planchette de bois ou de corne de cerf dont la surface On tient chaque faucon dans un perchoir séparé, dont le plafond est très élevé et dont le plancher est garni de à est environ de deux pouces carrés 2). cailloux. La perche, sur laquelle est attaché le faucon, en occupe le milieu. Pour prévenir que le faucon ne s'endom- mage le plumage en s'abattant sur la perche, on lui enveloppe les ailes de linge et garnit sa queue d'un sac de cette mème étoffe. On voit par les détails que l'on vient de lire sur la faucon- nerie au Japon que cet art y est encore aujourd'hui d'un usage général, qu'il y est regardé comme une science digne d'être cultivée par les princes et les guerriers, qu'il y a fourni maliére à des ouvrages sans nombre 3), et que l'on exerce dans ce pays, comme on peut aussi le voir par les tableaux japonais représentant des chasses, depuis le vol de la grue, du héron, de l’oie, du faisan, du canard jusqu'à celui de la caille, de l'alouette et du pinson. Le passage suivant 4) tiré de la relation des ambassades hollandaises à la cour du Japon, prouve combien la faucon- uerie est en honneur dans ce pays, et à quel degré ses monarques la font respecter. Le voici: « Les ambassadeurs de la compagnie des Indes, Frisius et Brockhorst, rencon- trant, lors de leur voyage en 1649 à la cour de l'empereur, près du village de Kaneia, deux fauconniers de la cour oc- cupés à chasser, on fit aussitôt arrêter le convoi, les cavaliers qui laccompagnaient, descendirent de cheval, et on ne se remit en marche que lorsque les fauconniers furent passés. Au moment de mettre sous presse, nolre savant ami M. Hoff- man vient encore nous communiquer deux planches xyk phiques faites en Chine et représentant la sortie et la rentrée des fauconniers 5). On voit sur chacun de ces tableaux plu- sieurs Chinois à cheval, dont celui qui précède porte, sur le poing droit, un faucon chaperonné. Tous sont munis d'arcs et de flèches, et l’un d'entre eux est armé d'un trident, tel que lon emploie en Chine pour tuer les sangliers. On voit, à côté des chasseurs, un lévrier et, à leur retour, ils sont suivis par un cheval chargé de lièvres, fruits de la chasse. Les arbres et les arbustes de la contrée qu'ils franchissent se trouvant dépouillés de feuilles, on peut en conclure que celle chasse a eu lieu dans la saison froide. DE LA FAUCONNERIE EN AMÉRIQUE. On ne possède que peu de renseignements relatifs à la chasse au vol en Amérique. Cet art, évidemment apporté de l'Asie au Nouveau Monde, par des tribus qui y usurpérent le pouvoir suprême, s'exerçait encore par leurs descendants, les princes du Mexique, lors de la conquête de ce royaume par les Espagnols. Herréra, Fhistorien des expéditions de Fer- dinand Cortez rapporte les faits suivants touchant la fauconnerie de Montézuma. Après avoir parlé du magnifique palais de ce prince et décrit le jardin qui l'entourait avec ses douze bassins d’eau peuplés d'oiseaux aquatiques de toute sorte, il dit 6) fol. p, 00, — 5) Elles font partie de l'onvrage chinois intitulé « Ying g tchhno hoci thou Eul ya, c'est à Dictionnaire encyclopédique Eul ya, avec des f Soung »; édition de 1801, 3 vol, in 4; voir au vol. IL, p. 23, verso. — 6) Historia general de los hechos de lus Custellanos, Madrid, a 1, libro 7 1601, fol; Dec: cap. 10, p. 236. qu'il se trouvait près de ce palais une autre maison également très belle, renfermant de superbes appartements, et que l'on appelait la maison aux oiseaux. Les oiseaux cependant qui Sy trouvaient étaient d'une autre espèce que ceux que lon tenait dans les eaux des bassins: c’élaient tous des oiseaux de proie qui ne servaient que pour la chasse. Les personnes chargées de surveiller ces oiseaux, les lraitaient avec tous les soins possibles et en hommes experts dans ee genre d’occu- pation. Montézuma lui-même visilait celle maison plus souvent qu'aucune autre, afin d'examiner les oiseaux de chasse; et il se plaisait à entretenir les chasseurs et les gardiens de ces oiseaux, sur les secrets et beaucoup d'autres choses concer- uant la chasse au vol. Certaines grandes salles de cet édifice étaient remplies d'un grand nombre de sujets appartenant à différentes variétés de l'espèce humaine, de nains, d'individus monstrueux, et on voyait dans d'autres salles, des cages avec des bêtes sauvages, de grands serpents, des crocodiles, etc. Les oiseaux de chasse étaient gardés dans une salle qui s'étendait le long du corridor, dans de spacieuses cages de bois de forme cylindrique, et pourvues de perches. Tous ces oiseaux de chasse appartenaient à neuf ou dix espèces, et parmi eux se trouvait une cinquantaine d'individus remarquables par leur voracité, attendu que chacun d'eux dévorait, à chaque repas, une poule ou un coq. Tous ces oiseaux étaient séparés les uns des autres, et pour les nourrir, on avait journellement besoin de cinq cents pièces de volaille. Le nombre des gar- diens auxquels élait confié le soin pour ces oiseaux, montait à cinq cents, sans y compter les chasseurs, dont le nombre élail encore trés considérable. Plusieurs de ces oiseaux de chasse Sy trouvaient déjà depuis de longues années et beau- coup d'entre eux étaient tout à fait inconnus aux Espagnols. Hervéra en décrivant 1) ensuite les grandes chasses que faisait Montézuma, dit 2) que lon exercait aussi la chasse au vol, mais que ce prince n'y prenait que peu d'intérêt, nonobstant qu'il amenait constamment avec lui un certain nombre d'aigles el d'autres oiseaux de proie, ce qu'il faisait principalement dans le but de montrer sa grandeur et sa supériorité sur les aulres rois. Tout porte à croire qu'en Amérique la chasse au vol na clé connue que par un très petit nombre de peuples, et que les Européens qui se sont établis dans cette partie du monde, ne l'ont pas non plus exercée. Nous n'avons trouvé aucun document indiquant qu'elle ait été exercée par des indigènes de l'Amérique du Nord, et Wilson 3) dit expressément qu'elle leur est tout à fait inconnue, Pour l'Amérique méridionale, ce ne sont, à ce qu'il parait, que quelques parties des Andes, ou cette chasse S'exerce aujourd'hui. Poppig 4), en parlant, dans la relation de son voyage, des Andes du Pérou et par- üculièrement des environs de Quito, rapporte que les indi- genes chassent le Pisaca 5), pete espèce de gallinacée que lon pourrait comparer à la caille, avec des faucons que lon til parfaitement affaiter pour ce vol; et le capitaine de vaisseau, M. Boelen, nous fait part qu'il y a même vu chasser le lama avec des faucons. 1) Cap. X1, p. 239, — : ä l'article du Falco col Libr. 8, cap. 4, p. 264, — 3) American Ornithology, 8, 1 2, vol. I, p barius, — 4) Reise in Chilé, Peru, etc., Leipsick, 1 4, tome LL, p. 53. — 5) Cet oiseau fait partie du genre Crypturus des naturalistes, 69 DE LA FAUCONNERIE EN AFRIQUE, Eu Afrique, la chasse au vol ne parait avoir été exercée que par les Arabes et les Turcs, qui se sont établis dans les régions septentrionales de cette partie du monde. Nous avons déjà fait observer que les Arabes ont probablement appris cet art lors de la conquéte de la Perse qu'ils firent dans le premier siècle après Mohammed, et on peut supposer que les différentes familles de la nation turque Font cultivée, comme tant d'autres peuples de la grande tribu mongole, avant d’avoir quitté les contrées qu'ils habitaient originairement. Abulfeda, le célèbre historien et géographe arabe, visitant en 1327 le Caire, accompagné de son fils et d'un ambassadeur mongole, le sultan régnant en Egypte leur fit présent d'un grand nombre de faucons de plusieurs espèces 6). — Shaw ) rapporte que la chasse à l'oiseau est un des plus grands plaisirs des Arabes et des gens un peu au dessus du commun dans le royaume de Tunis, et que les bois de ce pays leur fournissent pour cela toutes sortes de beaux éperviers et de faucons. — Les deys des états barbaresques et les empereurs du Maroc ont été de tout temps grands amateurs de la chasse au vol. Nous verrons plus tard que les rois de Norwége ont envoyé, déjà au treizième siècle, des faucons au sultan de Tunis, et que les rois du Danemareck ont souvent fait parvenir des fau- cons d'Islande, dans les deux derniers siècles, soit aux deys d'Alger, de Tunis et de Tripoli, soit à l'empereur du Maroc, qui en à encore eu en 1791. L'empereur du Maroc actuel- lement régnanl emploie vol 8). On trouve dans les Souvenirs de la vie militaire en \rique, méme le hobereau pour la chasse au par Pierre de Castellan, la notice suivante relative à la fau- connerie des Arabes de l'Algérie : « Les chefs avaient la main droite garantie par un gant nommé smègue. Ce gant n'a pas de doigts. Les élégants le portent en peau de tigre ou de panthère. Là-dessus se perche le faucon, souvent même un deuxième et un troisième trouvent place, Fun sur Fépaule, l'autre sur les cordes en poil de chameau qui entourent les hailes de la tête. — A peine en chasse, des poules de Car- thage partent devant nous, et les faucons dé apuchonnés s'élèvent d'abord en ligne droite; puis, lorsque leurs yeux, accoutumés à la lumicre, ont aperçu leur proie, ils fondent sur elle et l'ont bientôt mise à mort. Plus loin, au bruit de de nos chevaux, deux lièvres quittérent leur gite, et les faucons furent de nouveau lancés. Tant que le lièvre court, il échappe à son ennemi; mais lorsqu'il hésite pour chercher une retraite, c'est alors que l'oiseau s'accroche à son dos et commence à lui manger la cervelle et les yeux. — Il en est des faucons comme des hommes: les uns sont bons, les autres mauvais. Il fallait entendre les Arabes se moquer de ceux-ci, les gour- mander et les accabler de reproches; il fallait voir l'orgueil du maitre possesseur du meilleur chasseur. C'est pendant l'été que se préparent les chasses d'hiver. L'oiseau, à son premier vol, tombe sous le piége du fauconnier; encore sauvage, on lhabitue à courir à sa proie; on lui prépare une chasse facile, 6) Abulfeda, trad. de Reiske, tome V, p. 377. — 7) Voyage dans plusieurs provin ge La lnye, 1743, 41, p. 389. — $) Drummond Ilay, année 1840, p. 133. e la Barbarie ete., trad, fra dans les Proceedings of the Zoul Suciety, où lui apprend bientôt à attendre l'ordre du maitre, à recon- naitre sa voix, le signal, l'appat, à se précipiter sur la peau de lièvre jetée en l'air avec différents cris auxquels loisean vorace obéil avec une ardeur sans égale. Ainsi le faucon de l'Arabe redevient l'oiseau du moyen âge, entouré de soins, de gloire et même d'honneurs ». — L'auteur ajoute, « que les Arabes, pour rappeler le faucon qui tente de s'éloigner, jettent en l'air une peau de lièvre, en poussant un cri aigu pour atdrer l'attention de l'oiseau chasseur. — Le faucon, qui croit le lièvre vivant, se précipile avec une rapidité telle que sou- vent il touche la terre avant que lappat soit retombé » 1). Nous devons à M. Clifford Cocq van Breughel, ancien consul Néerlandais accrédité à la cour du bacha Youssef Caramanla à Tripoli, les détails suivants relatifs à la fauconnerie, telle qu'elle s'exerce actuellement dans cet état. La chasse au vol est, en temps de paix, d'un usage général par loute la régence de Tripoli, et ce pays a toujours été renommé par les excel- lents faucons qu'il produit et par la manière dont les habitants en savent tirer parti pour la chasse. On n'y exerce jamais celle chasse pour le profit, mais seulement pour Pamusement. Il est actuellement permis à tout le monde d'entretenir des fau- cons; mais du temps des Caramanlys, ces princes se réservaient exclusivement le droit de chasser à l'oiseau. Ce sont prinei- palement des faucons que lon emploie à cette chasse, mais on se sert aussi d'autres oiseaux de proie que lon fait venir de l'intérieur du pays. On n'affaite ordinairement que des fau- cons niais enlevés du nid, qu'on élève avec beaucoup de soin, les nourrissant principalement de coeurs de mammifères. On alement des oiseaux de chasse au filet. Les animaux prend ll D la gazelle, le lièvre, la que lon vole avec ces oiseaux sont perdrix, louabara, espèce d'outarde très commune dans le pays, et plusieurs autres oiseaux. Ce sont plus particulièrement les l'affaitage des oiseaux de chasse; Arabes auxquels on confie g il ny a qu'un petit nombre de Tures qui sen occupent. On met toujours aux faucons des grelots, soit da la main droite ou à la main gauche, soit à toutes deux, et on leur recouvre la tête d'un chaperon en cuir rouge. Au lieu de les tenir dans un cabinet, destiné exprès pour les enfermer, on les place tantôt à terre sur des balustrades où dans un autre lieu quelconque. On leur distribue le pat ordinairement deux fois par jour. On jette toujours plusieurs faucons à la fois sur la mème pièce de gibier, el on à soin de suivre le vol, monté sur de bons chevaux, avec la plus grande vitesse, afin de pré- venir que les faucons ne s'entredéchirent, lorsqu'ils se sont emparés de leur proie. Les fauconniers rappellent les oiseaux de chasse en poussant un cri prolongé que lon pourrait ren- dre par les syllabes « quou-ou-ou », et en battant en même temps des mains; aussi les oiseaux bien affaités ne manquent jumais d'obéir sur le champ à l'appel de leur maitre, qui les repait aussitôt qu'ils sont revenus el leur recouvre la tête du chaperon. Un bon faucon est souvent échangé contre un dro- madaire, dont la valeur est ordinairement estimée à cent francs. M. Clifford s'étant rendu en 1830 chez le scheik Abd-el-Kerem, celui-ci, pour fêter la visite de notre compatriote, donna en son honneur une chasse au vol, où il se fit accompagner par 1) Revue des Deux-Mondes, tome IV, 21 livraison, 1 Novembre 1549, p. 615 à 70 ses six fils. Montés sur de magnifiques chevaux, vraie race arabe, et amenant avec eux chacun deux faucons, on arriva bientôt sur le lieu de la chasse et, quoiqu'on n'apereut nulle part la moindre trace de gibier, on déchaperonna aussitôt les faucons, arrangeant les liens d'attache de manière à pouvoir les faire couler au moment mème que l'oiseau alla prendre le vol. Les faucons, se trouvant la vue libre, se dressèrent pour un moment, el ceux d'entre eux qui découvrirent Île gibier, s'élancèrent aussitôt dans les airs. En les suivant ventre à terre, on les rejoignit à la distance d'une lieue du point où les faucons avaient pris leur essor, auprès du gibier qu'ils avaient pris presque simultanément, el qui se compos de deux gazelles et de neuf ouabaras, auxquels on coupa la tête pour en repailre les faucons. M. le professeur Ehrenberg de Berlin a bien voulu me com- muniquer les notices suivantes sur la fauconnerie des Bédouins, recueillies lors du voyage qu'il a fait conjointement avec feu Hemprich dans le Nord de FAfrique. La chasse au vol est encore aujourd'hui d'un usage très général chez les tribus des Bédouins qui habitent le désert de la Libie 2), et ils exercent cette chasse dans le double but de s'amuser et de s procurer des moyens de subsistance. On ne se sert que d'une seule espèce de faucon, savoir le faucon tanyptére, dont nous avons oazelle, fait mention plus haut; la femelle pour le vol de la g le tiercelet pour celui du lièvre, des outardes et des gangas. Il parait que les Bédouins emploient ordinairement des oiseaux niais pour leurs chasses. IIS connaissent l'usage du chaperon, mais ils ne mettent pas de grelots aux oiseaux, el les entraves dont ils se servent consistent en un anneau de cuivre entou- rant la main gauche du faucon et auquel est attaché une chaine mince tenant lieu de longe. Le fauconnier, qui est ordinairement le propriétaire même du faucon, le porte sur le poing gauche qu'il tient enveloppe, au lieu d’un gant, d'une éloffe grossière quelconque. La gibécière dont il se munit west qu'un sac de cuir, destiné pour y mettre un morceau de viande fraiche où une peau d'oiseau. Parcourant la plaine à la quête du gibier, il jette le faucon aussitôt qu'il en aper- coit, à quelle distance que ce soit. Le fauconnier, sil n'est pas monté à cheval, court à toutes jambes après le faucon, pour le reprendre, lorsque celui-ci a pris le gibier, en lui pré- sentant le pat ou la peau d'oiseau remplacant le leurre; mais il arrive souvent que le fauconnier ne rejoint l'oiseau que lorsque celui-ci a déjà dechiré la tête du gibier; d'autres fois il arrive que le faucon, au lieu de poursuivre le gibier, monte droit en Fair, pour ne plus retourner, ce que les Bédouins attribuent à la présence dans les nues dun faucon sauvage de la même espèce mais d'un autre sexe que celui qui vient de s'échapper. DE LA FAUCONNERIE EN EUROPE. Nous avons déjà constaté plus haut que lon ignore l'époque précise à laquelle la fauconnerie à été introduite en Europe, et que J. Firmicus fut le premier auteur de l'occident qui en ait parlé de manière à faire supposer avec certitude que 2) Le voyageur auquel nous devons ces détails n'a jamais vu exercer la chasse au vol en Égyple, en Nubie, en Abysinie, ni daus la Syrie cette chasse fut, de son temps connue et exercée en Europe. Cet auteur, qui a écrit le livre qu'il nous a laissé vers l'an 336 de l'ère chrétienne, dit, en dressant la nativité des hommes en général, que ceux qui sont nés à l'époque où la planète Vénus se trouve dans le signe du verseau, n'auront du talent que pour la chasse; ils ne s'occuperont que du soin pour les animaux que l’on y emploie, tels qu'éperviers, faucons, autours, aigles et chevaux 1); ceux au contraire qui naissent à l'époque où Mercure se trouve dans le signe de la vierge, seront des hommes vigoureux, industrieux, intelligents; mais ils aimeront également à s'occuper de chevaux, chiens, éperviers, faucons ét autres oiseaux semblables que lon emploie à la chasse 2). Il parait même que cet exercice n'a été apporté en Europe que sous le règne de Constantin le Grand; e’est ce qu'assure, du moins, Kaswin 8); qui va jusqu'à nommer cet empereur l'inventeur de la chasse au vol, et on lit à peu près la même chose dans le livre de fanconnerie turc, appelé Basname 4). Un siècle plus tard, la fauconnerie fut déjà connue en Auvergne. Cajus Sollius Apollinaris Sidonius 5), évêque de Clermont, dans une lettre adressée à Hecdicius, frère de sa femme et fils de l'empereur Avitus, rappelle à ce prince que c'était dans ce pays qu'il goûta pour la première fois les plai- sirs de la chasse, en se servant pour cet amusement de chiens, de chevaux et d’éperviers 6). En faisant l'éloge de son beau- père, l'empereur Avitus, Sidonius rapporte que nul m'était plus habile à inventer de beaux vols que ce prince 7). Enfin, il dit d’un certain Vectius qu'il m'avait pas son pareil dans l'art d'affaiter et de traiter les éperviers 8). — Grégoire de Tours 9) fait dire, dans une certaine circonstance, à Mérovée, roi des Frances, qui vivait également au 5m siècle: « Que lon fasse » venir nos chevaux, prenons les éperviers et allons nous ren- » dre, avec nos chiens, à la chasse, pour nous amuser ». — I] existe une épi amme 10) datant du cinquième siècle et adres- sée à un fauconnier corpulent, à qui on reproche d'avoir négligé ses oiseaux, tandis qu'il eùt mieux valu de les repaitre de sa propre chair que de les laisser périr de faim. Il parait que la fauconnerie fut dès cette époque d'un usage général en France et dans plusieurs autres contrées. En voici les preuves. Les codes des anciens Frances et d’autres peuples de la première moitié du moyen àge contiennent plusieurs lois relatives aux oiseaux de chasse et aux fauconniers 11) Une de ces lois, qui se trouve dans le code des Bourguignons mérite d'être rapportée à cause de sa sévérité cruelle. Il y est dit que celui qui s'est rendu coupable du vol d'un oiseau de chasse, paiera sb sous au propriétaire de l'oiseau, ou subira le supplice que loiseau lui enlève des fesses six onces de chair. La loi des Longobardes défend de donner comme rançon ou en gage , l'épée et l'épervier. — Le clergé n'aimant pas moins 1) Jubii Firmiei Materni Junioris Astronomicôn Lib. VII, Basilene, 1533, ful. cap. VII, p. 138 et 149, — 2) Ibidem, chap. VIIL — 3) Voir l'Hicrozoicon do Bochart, 3me éditiun, Lugd. Batav., 1692, fol, tome IL, livre II, chap. 23, p. 288. — 4) Dans le « knerklee» de M. de Hammer, p. 7 — 5) Sidunius müquit en 430, et mourut en 482. Son beau-père, l'empereur Avitus, régna depuis 455 jusqu'en , p. 63. — 7) Ibid., Carmen VII, p. 837, vers 202 et suiv. — 8) Ibid., Epistülarum liber IV, épitre One, p. 08. — 9) Grogori 450. — 6) Opera omnia, Paris, 1052, 49; cpistolarum liber LIL, épitre 3 Turonensis, Historiae francurum libri X, Parisiis, 1010, 80: lib, V, cap. 14, p. 191. — 10) Anthulogin veterum Lati ru epigrammatuu et poëmatum, ed. Burman, no XL; edit. Meyer, no 311. Voir l'expli- chaft, année 1837, et année 1838, p. 1037. — 11) Lex. sal., tit 8, $ 1, 2, 3; Ripunr, tit 36, Ç 11, 1; Durgund., add, Ueap. 11; Longobard. tit. 104, $ 18, 19, 20; Alleman. tit. 09, 6 20; Bajuv. tit. 20, 2. — Le want professeur Leo tiche de prouver, dans un opuscule intitulé «Die Malbergische Glosse der lex salican, Halle, 1842, 8o, cation de cette épigramme dans Zimmermann, Zeitschrift für die Alterthumsw p. Goir principalement la préface, pag. VI), que la loi salique, au lieu d'être d'origine tudesque, à été en grande partie emprunté à une loi plus ancieune et celtique. Il n'est pas de notre 71 l'exercice de la chasse au vol que les séculiers, il leur fut interdit, dès le sixième siècle et à plusieurs reprises, d'entretenir des oiseaux de chasse 1° plus tard, SU Boniface renouvela cet interdit; on sait qu'il entra même dans les statuts des tem- pliers, et ce fut jusqu'en 1303, au Syuode provincial d'Auch, que lon se vit obligé de défendre aux archidiacres, dans les visites qu'ils faisaient du diocèse, de conduire avec eux des chiens et des oiseaux 13). — L'art de former les chiens et les oiseaux fut compté parmi les premiers enseignements qui entraient dans Péducation du jeune Blanchardin, fils de Char- lemagne 14 ) — Le roi Carloman entretenait quatre veneurs chargés des chiens de chasse et un fauconnier auquel était confié le soin pour les oiseaux. Is étaient subordonnés aux trois principaux officiers de la maison du roi, savoir au Sénéchal, au boutillier et au connétable, et c’étaient eux, qui disposaient de tout ce qu'il fallait pour la chasse, et qui fixaient le nom- bre des oiseaux de chasse néc aires pour la fauconnerie du roi 15). — Abbon en décrivant le siége de Paris par les Normands, sous le règne d'Eudes, en 892, dit que ceux qui défendaient le pont, désespérant de le conserver et ne voulant pas que leurs oiseaux tombassent entre les mains des ennemis, leur rendirent la liberté 16). La fauconnerie, quoique introduite en Europe dès le qua- trième siècle, \ fut cependant beaucoup moins cultivée que la vénerie, depuis cette époque jusqu'aux croisades qui donnèrent ge de une nouvelle impulsion à cet art. On sait par l'ouvra l'empereur Frédéric Il, que les Arabes étaient, dans ces temps, beaucoup plus experts dans cet exercice que les autres peuples, et que c'est à eux où à leurs ouvrages que l’on doit toutes ces connaissances qui ont tant contribué à le perfectionner el à eu rendre le goût plus général. C'est aussi d'eux que nous sont venus ces préjugés touchant les maladies des oiseaux et les remèdes inventés pour les guérir, préjugés qui se sont l 5 JUS [ conservés dans presque tous Îles livres de fauconnerie jusqu'à la décadence de cet art. On voit en effet que la fauconverie se releva depuis les croisades au point de porter ombrage à la vénerie, à laquelle elle fut souvent préférée 13). La jalousie qu'excita lémulation entre les fauconniers et les veneurs donna lieu à beaucoup de dissentions entre ces deux états, dissen- lions 18) qui ont duré jusqu'aux temps de Louis XIV, où la vénerie rentra successivement dans ses anciens droits. L'oiseau de chasse, formant l'attribut de toutes les person- nes nobles des deux sexes, on les voit souvent représentées, l'oiseau sur le poing, dans les miniatures, sur les sceaux ou les monuments. Plusieurs nobles s'étaient arrogés des priviléges qui portaient à des abus assez singuliers. Les Seigneurs de Chastelas, par exemple, avaient le droit de prendre place, quand cela leur semblait bon, parmi les chanoines de l'église ressort de discuter la justesse de cette assertion de M. Leo, ce dont s'est déjà chargé le célèbre Grimm, (Voir son ouvrag, intitulé Geschichte der deutschen Sprache, 1845 p. 545 et suiv.); mais nous ferons ux à abserver que cette assertion ne peut être appliquée ces relatifs à la fauconnerie, attendu que ect art a été totalement inconnu des anciens Celtes, — 12) En 506 dans le concile d'Agda; , dans eclui do Macon, ct en 868, dans celui de Worms: voir Longus, Summa conciliorum omnium, Antve (3 1623, fol, Concil. agathense, cap. 65, p. 427; Concil. matisconense seeund., canone 13, p. 506; Council wormatense, $ 17, p. 668, — 13) Ph. Labbe, Uistor. Ci il, tom, VI, p. 1644 — 14) Manuscrits de St. Germain, Il, fol. 174 verso: cités par La Curne de St. Palaye, II, p. 203. — 15) llinemari Opera, tous posterior, Lutet. Paris, fol, 1643, $ XXIV, p. 210.— 16) Abbon, de ubsessa a Normannis Lutetia, dans Duchesne, Collection des historiens de France, tom. Il, p. 400. — 17) L'empereur Frédéric IL avait déjà dit, comme nous verrons plus bas, que ln fauconuerie est un art plus noble que la vénerie, — 18) Elles forment souvent un objet de discussion dans les anciens livres de fauconnerie; voir par exemple Gace de la Vigne, le Roi Modus, les Mémoires du Maréchal de Fleuranges à l'endroit cité plus Las, d'Aroussia, etc d'Auxerre, ceints de l'épée, revêtus du surplis, la tête couverte d'un chapeau orné de plumes, portant Paumusse sur le bras et l'épervier sur le poing. Ce privilége avait été accordé dès l'an- née 1423, aux membres de cette illustre famille. Le trésorier de cette mème église jouissait de la prérogative d'assister au service divin, les jours solennels, portant Pépervier sur le poing. Ce droit lui ayant été contesté par les chanoines, ses confrères, il lui fut confirmé, principalement par la raison que le trésorier de l'église de Nevers jouissait du même privilége 1). L'ordon- nance suivante a rapport à des prérogatives analogues accordées « Peut le Sieur de au Seigneur de Sassay et au euré d'Ezy Sassay faire dire la messe par le curé d'Ezy ou autre en l'église el N. D. d'Evreux devant le grand autel, quand il lui plaira; peut le dit sieur ou curé chasser sur tout le diocèse d'Evreux avec autour et tiercelet, six épagneuls et deux lévriers, et peut le dit sieur faire porter et mettre son oiseau sur le coin du grand autel, au lieu le plus près et le plus commode, à son vouloir. Peut le dit sieur curé dire la messe botté et éperonné dans la dite église N. D. d'Evreux, tambour battant, ). — On faisait venir, comme en lieu et place des orgues» : nous le verrons plus bas, des oiseaux de chasse, de l'Irlande, de la Norwége, de la Grèce, de la Barbarie, ainsi que de beau- coup d'autres contrées et même de l'Amérique, et on les payait souvent à des prix excessifs. — Les diverses espèces d'oiseaux étant plus ou moins estimées suivant leurs qualités, on appliqua cette gradation de rang aux différents états de la réela cette distinction à été haute société. L'ordonnance qui rég conservée dans plusieurs ouvrages Anglais 3). L'aigle, le vautour el le milan 4) y sont assignés à l'empereur; le gerfaut aux rois; le faucon gentil aux princes; le faucon montagnard aux ducs; le pélerin aux lords; les oiseaux batards aux barons; le sacre aux chevaliers; le lanier aux esquires; lémérillon aux dames; le hobereau aux jeunes gentilhommes; lépervier aux prètres; lautour aux trabans; la cresserelle aux domestiques. — Les rois, dans leurs entrées et marches, se faisaient précéder par leur équipage de fauconnerie, et cet usage s'exerce même quel- que fois de nos jours, lors des fêtes de couronnement, — En un mot, la fauconnerie a joué, pendant plusieurs siècles, un rôle dont on a aujourd'hui de la peine à se former une idée, et la connaissance de cet art fut indispensable à qui- conque prétendait être bien né et bien élevé; de là aussi le and nombre d'ouvr: ses qui ont été publiés sur cette matière et les nombreuses éditions que la plupart d’entre eux ont eues. Ces ouvrages, ainsi que les nombreuses notices que les his- loriens ont données sur la chasse au vol, nous metllent à mème de traiter séparément lhistoire de la fauconnerie chez les différents peuples de l'Europe qui ont exercé cet art, ce que nous nous proposons de faire dans les pages suivantes. DE LA FAUCONNERIE EN FRANCE, De tous les pays de l'Europe, c'est la France où la fau- connerie a été exercée avec le plus d'éclat. Nous avons déjà constaté que la chasse au vol avait été introduite dans ce pays dés le cinquième siècle. Les rois de France eurent leurs fau- 1) Duennge, Glussarinm, nu mot Acceptor; et Le Bocuf, Ilistoire de l’église d'Auxerre, 1, p. 766. — 1735, p. 203; et Ducauge, L. e. supplément. — 3) Book of St. Albans; voir Latham, Gen, Hist. of Birds, tome I, p. 109, et Belany, p. 70. — 4) Watour et Millon dans l'original. 2) Mercure français, Févr. 72 conniers particuliers de même que les rois des Francs, et ils ne tardérent pas de créer la charge de maitre-fauconnier du roi, titre changé plus lard en celui de grand-faucounier de France. On trouve à ce sujet, dans la grande Encyclopédie francaise 5), plusieurs détails que nous reproduirons ici dans leur ensemble, quoique contenant aussi des renseignements relatifs à des époques plus récentes. « L'origine de fauconnier est de l'an 1250. Jean de Beaune a exercé cette charge depuis ce lemps jusqu'en 1258. Etienne Grange était maitre-faucon- nier du roi en 1274. Tous ses successeurs ont eu la mème qualité, jusqu'à Eustache de Jaucourt qui fut établi grand- fauconnier de France en 1406. Le grand-faucounier de France a différentes sortes de gages; outre les gages ordinaires et ceux pour son élat et ses appointements, il en a comme chef du vol pour corneille, et l'entretien de ce vol; pour l'entretien de quatre pages; pour l'achat et les fournitures des gibecières , de leurres, de gants, de chaperons, de sonnettes, de vervelles et armures d'oiseaux, et pour l'achat des oiseaux. Il prête serment de fidélité entre les mains du roi: il nomme à toutes les charges de chef de vol, lorsqu'elles vaquent par mort, à la réserve de celles de chefs des oiseaux de la chambre et du cabinet du roi, et de celles de garde des aires, des forêts de Compiègne, de PAigle et d'autres forêts royales. Le grand- fauconnier a seul le droit de commettre qui bon lui semble, pour prendre les oiseaux de proie en tous lieux, plaines et buissons du domaine de Sa Majesté. Les marchands faucon- niers francais ou étrangers sont obligés, à peine de confisca- tion de leurs oiseaux, avant de pouvoir les exposer en vente, de les présenter au grand-fauconnier, qui choisit et retient ceux qu'il estime nécessaires, où qui manquent aux plaisirs du roi. Le grand-maitre de Malte fait présenter au roi tous les ans douze oiseaux, par un chevalier de la nation, à qui le roi fait présent de mille écus, quoique le grand-maitre paye à ce mème chevalier son voyage à la cour de France. Le roi de Danemarek et le prince de Courlande envoient aussi au roi des gerfauts et autres oiseaux de proie. Si le roi, étant à la chasse, veut avoir le plaisir de jeter lui-même un oiseau, les chefs pourvus par le grand-fauconnier présentent loiseau au grand-fauconnier, qui le met ensuite sur le poing de Sa Majeste. Quand la proie est prise, le piqueur en donne la tête à son chef, et le chef au grand-fauconnier qui li présente de même au roi.» Les détails historiques suivants font suite à ceux donnés dans notre apercu général de l'histoire de la fauconnerie en Europe. Les traités écrits en langue Romane font preuve que lart de la fauconnerie fut assez cultivé et estimé, dans le midi de la France, durant le douzième et le treizième siècle, — Le roi Philippe Auguste, se trouvant, en 1191, lors de la troisième croisade, devant la ville de Ptolomais, il arriva que son faucon blanc qu'il avait apporté de la France S'échappa et se percha sur les murailles de la ville. Les soldats du Sultan Salaheddin l'ayant pris, lapportérent à ce prince qui, regardant cet acci- dent comme d'un bon augure, refusa de rendre l'oiseau, quoique le roi lui fit offrir en échange la somme de mille dueats 6). On doit s'étonner de voir figurer ces deux oiseaux ignobles à la tête des oiscaux de chasse, — 5) Enoy- fol. tome VI, p. B à 433 A. — 6) Bohadini F S & Alb. Schultens, Lugd. Batav. clopédie par Diderot et d'Alembert, Paris 1 Vita et res gestac Saladini edidit et latine ve: Le livre du Roi Modus et de la Reine Racio, le premier des ouvrages de chasse écrit en français, et composé au commen- cement du quatorzième siècle, fournit la preuve qu'à cette époque la fauconnerie était estimée au moins à légal de la vénerie. On voit par cel ouvrage qu'alors on employait déjà, non seulement les oiseaux de bas vol et les faucons du pays, mais aussi le lanier, le sacre et le gerfaut, el que lon exereait toutes sortes de vol, même celui du héron. On connaissait déjà l'usage du chaperon et on pratiquait la prétendue science de reconnaitre et de guérir les maladies des oiseaux. Un autre ouvrage de fauconnerie, non moins curieux que celui dont nous venons de parler, est le roman des oiseaux par Gace de la Vigne, composé vers le milieu du quatorzième siècle. 11 offre des renseignements sur la fauconnerie des rois Philippe de Valois, Jean IT et Charles V. L'auteur, quoique chapelain de ces rois, raconte de lui-même, que dès l'âge de neuf ans il porta des hoberaux aux champs, qu'à sa douzième année on lui fit dresser un faucon, et qu'il aima toute sa vie les chiens et les oiseaux. Il constate que le roi avait une trentaine d'oiseaux <à la tête desquels est le maitre-faucounier, un gentil cheva- lier qui s'entretient avec lui des oiseaux, el ordonne ceux que l'on fera voler ensemble aux grues et autres oiseaux. La chasse commenca sans chiens, hormis trois ou quatre qu'on lenait, et le moindre était écarté derrière à un trait d'arc. Le roi et lui lächèrent chacun le leur, pour voir à qui ferait le mieux. Le roi descendit de cheval et fit donner à son faucon le cœur de Foiseau qu'il avait volé ». Un autre vol avec des faucons eut lieu sur un étang, d'où l’on fit lever les oiseaux au bruit de quatre tambours. Le vol du héron se faisait également avec des faucons. Il en était de même du vol de la grue, On employait pour d'autres vols le gerfaut et laulour. Gace de la Vigne donne encore la description d’une chasse au vol faite par une douzaine de personnes d'état moyen, «non princes ni barons, mais chevaliers, chanoines, bourg °ois et écuyers, ayant entre eux lous une vinglaine d'oiseaux»: cette chasse dura huit jours de suite. Il parle de Denis le grand, évêque de Senlis, qui avait fait un traité de fauconnerie, du comte d'Auxerre, fau- connier 1rès expert qui avail composé d'excellents remèdes pour les maladies des oiseaux, et du comte de Flandres «qui faisait des oiseaux autant qu'homme qui soit à Bruges ou à Rome». Enfin, on voit par cet ouvrage qu'alors on apporta en France non seulement des gerfauts, mais aussi des faucons de Barbarie, appelés Tahorotes, et dont monseigneur Bertrand Du Guesclin, connétable de France, offrit deux au roi. Nous avons déjà rapporté, en lraitant l'histoire de la faucon- nerie chez les Turcs, que le roi Charles VE fit parvenir à Bajesid des autours et des faucons, avec des gants brodés de perles et de pierreries pour porter ces oiseaux, el que le duc de Bourgogne euvoya douze faucons blancs pour la seule rancon du due de Nevers, son fils 1). Sous Charles VIL, le duc de Bourgogne donna en 1453, à Lille, un festin, où l'on vit à l’un des bouts de la salle un héron, « prendre son vol et son vent »; on entendit aussitôt 1) Choisy, hist. de © de Gudefrey, p. 671, — re Philippe de Commines, la Haye, chez A. Leers, 1082, Loi Hibre VI, chap, 13, p. 406. — 4) Montrelet, tme III, fol. 06 et 97. — 8) Argentré, histoiro de Bretagne, cité par Elzéar Blaze, lo chasseur conteur, Drux., 1840, 12no, p. 114. — 6) Imprimés dans 73 plusieurs voix s'écrier «à l'aguet, à l'aguet,s comme font les fauconniers. Dans le même instant on aperçut au côté opposé un faucon qui s'avancait pour combattre le héron; il s'élanca avec tant de rapidité et heurta le héron si rudement qu'il labattit au milieu de la salle 2). Il parait que Louis XI à préféré la vénerie à la faucon. nerie. Philippe de Commines dit de ce roi: «Pour tous plaisirs aimait la chasse et les oiséaux en leurs saisons; mais n'y prenait point tant plaisir comme aux chiens» 3). — «II dépen- sait le moins qu'il pouvait et entendait à assembler trésor lant pour rembourser le duc de Bourgogne des villes engagées sur la rivière de la Somme comme pour faire ses plaisirs, comme celui qui aimait merveilleusement à chasser et à voler; et donnait largement à braconniers et à fauconniers qui lui faisaient son déduit » 4). — 11 employait quelquefois ses troupes à des opérations de chasse. Il fit placer des détachements de soldats, on dressa des embuscades, on veilla jour et nuit sur tous les chemins pour enlever, près de Tours, des faucons que le duc de Bretagne devait recevoir de Turquie. La manœuvre réussit. On dit que Louis XI rit ce jour-là pour la première fois de sa vie 5). On trouve des détails curieux sur la fauconnerie des rois Louis XIT et Francois 1, dans les mémoires de Robert de la Marck, maréchal de Fleuranges 6). Le chapitre qui à rapport à la fauconnerie est inscrit: «Cy devise de l’estat de la Faul- connerie du Roy de France ». Il renferme les données suivantes: « Premicrement la Faulconnerie du Roy est une chose ordinaire, et a le Grand Faulconnier qui est un fort bel office en France, et l'est pour l'heure présente 7) un honneste Gentilhomme, et de bonne maison, qui s'appelle René de Cossé, premier Pannetier de France. Le diet Grand Faulconnier a d’estat quatre mille florins, et a cinquante Gentilshommes sous luy qui ont bon estat, et cinquante Faulconniers aydes; et ont les dicts Gentilshommes cinq ou six cents francs d’estat, et les aydes deux cents, et départ le dict Grand Faulconnier tous ces Estats, et a bien trois cents oyseaulx sous luy, et peut le diet Grand Faulconnier aller voler par tout le Royaume de France, où bon luy semble, sans que personne luy puisse donner empeschement, et tous les Marchands d'Oyseaux luy doivent tribut, et n'oseraient vendre un oyseau en ville du Royaume de France ny à la Cour, sans le consentement du dict Grand Faulconnier sur peine de confiscation de toute leur marchandise; et a le dict Grand Faulconnier plusieurs beaux droits, et fault que le Roy luy accepte tous les oyseaulx, et a un Contreroleur et un Thresorier, et gens ordonnés pour les payemens, aussi bien que pour la Venerie ou autre estat du Royaume de France; et sont tousjours ordinaires suivant le Roy par tout où il va aussi bien que les Veneries, osté que quand ce vient à l’esté, ils vont mettre leurs oyseaulx en mué; mais tousjours il en demeure quelques-uns pour voler les perdreaux avec les Vautours 8), les lenerets et les tierce- lets, et a une autre facon de faire merveilleusement belle la Venerie et la Faulconnerie; car quand ce vient à la Saincte la Collection des mémoires particuliers relatifs à l’Ilistoire de France, Londres et Paris, 1780, XVI, p. 18 à 2 du grand & Je, tome — 7) Le maréchal ayant rédigé ses mémoires en 1621, il est évident qu'il s'agit ici mnier de François 1. — 8) Ou comprend que c'est des autours que le maréchal veut x parler, et non pas des vautours, Croix de May, qu'il est tems de mettre les oyseaulx en mué, les Vencurs viennent tous habillés de vert avec leurs trompes, et les Faulconniers hors de la Cour, pour ce qu'il fault qu'ils mettent leurs oyseaulx en mué et le temps des Veneurs approche pour courir les cerfs à force, et quand ce vient la Saincte Croix de Septembre, le Grand Faulconnier vient à la Cour, pour ce qu'il est temps de mettre les Chiens aux chenils, et chasse tous les Veneurs hors de la Cour, car les cerfs ne valent plus rien; mais le Roy qui est à présent 1) faict tout autrement, ear il chasse hyver et esté, et prend beaucoup plus de plaisir à la Venerie, qu'il ne faict à la Faulconnerie, et peut monter la despense de la Faulconnerie à trente-six mille francs, sans l'état du diet Grand Faulcounier ». La chasse au vol n'était pas moins en honneur chez les successeurs de Francois FE de la race des Valois que dans les règnes précédents. Plusieurs ouvrages sur cette matière, qui ont paru à cette époque, en sont témoins. D'Arcussia 2) dit à ce sujet: « Feu Monsieur le duc de Guise affectionnait beaucoup les oiseaux. Monsieur le connestable, et tous ceux de sa maison, ont tousiours tenu un grand equippage de Faulconnerie; et si la Venerie n'y estoit omise: ce que j'ay veu du regne de Charles IX et de Henri HI. De ce mesme temps, feu Monsieur le Grand Prieur de France Henry d'Angoulesme, fils naturel du roy Henry Il, estant nostre Gouverneur en ce pays, s'exer- coit à la Faulconnerie auec un si bel ordre, que depuis on na veu pour les champs aux Perdrix, un plus bel attirail que le sien.» Charles IX cependant parait avoir eu de la prédilection pour la vénerie et notamment pour la chasse au cerf, sur laquelle il a lui-même composé un traité 3). Henri IV aimait beaucoup la chasse au vol, sans préférer pour cela cet exercice à la vénerie. Sully rapporte de ce roi les anecdotes suivantes qui ont trait à la fauconnerie, « C’était pour une partie de chasse que Henri, en 1606, Sétait levé un jour si matin, et il voulait diner des perdreaux qu'il prendrait à l'oiseau. IT disait qu'il ne les trouvait jamais si bons ni si tendres que quand on les prenait de cette sorte et surtout quand il pouvait les arracher lui même à loiseau »4). — Henri IV disait un jour au retour de la chasse. « J'ai eu un fort beau jour de chasse: mes oiseaux ont si bien volé, et mes levriers ont si bien couru, que ceux-là ont pris force perdreaux, et ceux-ci trois grands levrauts.» Sully ajoute: « La chasse tenait toujours, comme à l'ordinaire, un des premiers rangs parmi ses divertissements» et il dit ensuite, en parlant des chasses que Henri IV faisait en 1607, à Fontainebleau: « Sa Majesté après avoir chassé le matin à l'oiseau, avait fait une chasse au loup, et fini sa journée par une troisième au cerf » 5). Louis XIII cependant surpassa tous ses prédécesseurs et peut- être aussi tous les rois de l'Europe par son amour pour la chasse au vol, et faisait des dépenses énormes pour entre- tenir un attirail de fauconnerie aussi complet que possible. On trouve à ce sujet des détails curieux dans ouvrage de 1) Cest à dire François L IL parait résulter de ce qui va suivre que Pusage singulier qu'avaient cutre eux les veneurs et les fauconniers et dont on vient de lire la description, n'existait que du temps de Louis XII, et non pas sous François L, ainsi quo l'ont avancé plusieurs écrivains. — 2) Conférence des Fiucunniers, lex IX 4) Mémoires de Sully, Paris, Amable Coste, 1814, 80, tome IV, p. 291. — 5) Ibid., p. 204. — 6) Cette 7e journée, p. 20. — 3) 11 est intitulé: La chasse royale composée par le Roi Char ulas Rouxsct, 1625, à Paris octavo, C'est la seule édition qui ait été publiée de cet ouvrage. — 5 de soixante ans, à l'époque de la d'Areussia qui était publication de la principale édition de son traité 6), tandis que le roi, quoique déjà marié, en avait à peine quinze. Nous y empruntons les détails suivants. L'auteur fait d'abord l'énu- mération des différents vols entretenus par ce roi7). « Le vol du Millan, de PAigle pescheur, du Millan noir, de la Buse, et autres semblables oyseaux, se faict'auec des Gerfauts, tiercelets de Gerfaut, et Sacres. Le vol du Heron; auec des Gerfanx, tiercelets de Gerfaut, Sacres, Sacrets et Faucons. Le Fauper- drieu 8), le Jean-le-blanc, l'oyseau sainet Martin, et le Chahuan; se prend avec les Faucons qui volent pour Corneille. La Can- nepetiere, le Courly, le Chouquas, le Hobereau, le Corbeau, la Corneille, et l'Esparuier ; par Faucons. Le Canart, par Faucons; c'est le vol pour rivière. Le Gabereau 9), la Poule d’eau, la Chouette, l'Arondelle de mer, la Cresserelle, et le Vaneau par Tiercelets de Faucon. Le Butor, par Sacrets. Le le Cocu et Sabat 10); par Tiercelets de Faucon de passage. La Perdrix, par Laniers, Sacres, Sacrets, Faucons et Tiercelets, Autours et Tiercelets, et Alettes. La Caille, par speruiers et Emerillons. L'Estourneau par Emerillons. Le Lieure, par Gerfauts, Alphanets, Sacres, Laniers, et Autours. Le Lapin, par Autours et Tiercelets. Le Vol de la Pie se fait par Tiercelets de Faucon et Esparuiers en compaignie. La Huppe, se prend avec deux Emerillons. Le Geay, le Pinsson, la Gorge rouge, le Verdier, le Pescheveron où Martinet, lOeil de Bœuf 11), la Mesange, le Rossignol, le Pivert ou Becheboys, par Esparuiers. La P par Emerillons, ou l'Esparuier. L'Alouette legere, et le Cochevy; iesche, par trois Emerillons, ou l'Esparuier. Le Merle, par deux Emerillons. La Griue, par trois Emerillons. Le Ralle d'eau, et Ralle des champs, par Esparuiers. Le Moyneau, par Esparuiers el Pigriesches. Le Burichon ou Roytelet 12), par Esparuiers, Emerillons, et Pigriesches. La Chauue-Soury, par Tiercelets de Faucons niais, et par Cresserelles. Le Pigeon cillé, par Emerillons, et Tiercelets de Faucon ». D'Arcussia parle ensuite de l'ordre de la Fauconnerie du Roi dans les termes suivants 13): « Le Roy se leue au point du iour, prie Dieu en son Oratoire; puis desieune: cela faict il monte au cabinet des oyseaux, où il y a des Gerfaux blancs et d'autres, des Tiercelets de Gerfaut blancs et autres, des Laniers communs et Lanerets Tunissiens, des Sacres, et Sacrets, des Laniers de Russie, et leurs Lanerets, des Faucons Pelegrins, des Faucons Gentils, des Faucons niais, des Faucons Antenaires, des Faucons muez des champs, et des Muez en main d'homme, des Faucons Tagarots, et leurs tiercelets de toutes sortes; des Alettes, des Emerillons, des Autours et Tiercelets, des Esparuiers et mou- chets, des Hobereaux, des Cresserelles, des Pigriesches, des Falquets: Et generallement de toutes espèces d'oyseaux de proye: desquels le sieur de Luyne en a la charge, pour estre les dits oyseaux du Cabinet du Roy. Et soubs le dit sieur de Luyne, le petit Buisson, et son frère, que Sa Maiesté nomme Buissonnet. Monsieur le Baron de Chastaigneraye est Grand Fauconnier de France, et en ceste qualité tous ceux qui liennent des édition est de Pannée 1615, mais la préface porte la date du 15 Novembre 1614. La «Conférence nicran qui est imprimée à la suite de cet ouvrage, n'a été publiéo qu'en 1617. — 7) co à la quatrième partie du trait intitulé «Sommaire de la Fauconnerie du Rois, p. 299. — 8) Appclé aujourd'hui Busard des marais. — 9) Dans quelques cantons le nom du mâle de la perdrix grise. — 10) Jignore lequel est l'oiscau désigné sous ce nom. — 11) Nom du roitelet. — 12) Aujourd'hui «le Troglodyte ». — 13) L. e. p. 209 à 301 oyseaux, portant les veruelles du Roi, le recognoissent, comme a esté iugé par arrest du Conseil: Le dit sieur Baron n'a asseuré avoir ceste année sept vingt piéces d'oyseaux sous sa charge, pour laquelle ila payé cinquante mille escus à monsieur de Viéville. Le sieur de Luyne a la charge du Vol pour Millan, duquel le sieur de Cadenet son frère est ayde: pour ce vol il y a dix hommes entretenus. Outre cela il a un Vol pour Corneille, et autre Vol pour les Champs, et le Vol des Eme- rillons. Le Vol du Heron, est sous la charge du sieur de Lignié: Il a douze oyseaux entretenus, bien qu'à présent il ÿ en ayl plus: oulre cela il a quatre leuriers el quinze hommes. Pour le Vol de Corneille, les sieurs de Villé et de la Roche, le tiennent à moitié. IIS ont vingt quatre pièces d'oyseaux et seize entretenus, hommes. Le vol des champs est en la charge du sieur de Lasson, qui pour cest effect a certain nombre d’oyseaux entretenus, six hommes, et dix-huit épai- gneux: il a aussi le Vol pour Pie de la grande Fauconnerie. Le Vol pour riuière a pour chef le sieur du Buisson. I faut noter que de chaque volerie il ÿ a double Vol. Il y a un Vol pour Heron, et un autre pour Corneille, sous le maistre de la Garderobe, tenu par le sieur de Bay, où sont entretenus seize hommes et dix-huit oyseaux ; les chefs sont, le comte de la Roche-foucaut, et le marquis de Rambouillet, maistres alternatiuement de la dite Garderobe. Plus à la chambre, sous le premier Gentilhomme, il y a un Vol pour les champs tenu par le sieur de Rambute, de quatre oyseaux, et dix-huit épaigneux, et trois hommes entretenus. Le sieur de Rouilly, tient un Vol pour Pie, de quatre oyseaux, et d'autant d'hom- mes. Monsieur de Pallaiseau, a encore un Vol pour riuière, dont il a d’entretenement quatre cens escus par an». Le mème auteur, auquel nous avons emprunté ces détails, raconte ensuite: «Comme le Roy va à la Chasse et à quels iours» 1). Les iours pour le plaisir de la chasse du Roy sont le Lundy, le Mer- credy, et le Samedi il y va aussi les autres iours, S'il n'y a affaires importantes. Le Dimanche il lemploye à seruir Dieu, pour estre sa Majesté le fils aisné de l'Eglise en effect, comme de nom: et même les iours de chasse il n'y va jamais en hyver qu'il n'ait ouy sa Messe de grand matin: Puis il disne; Et à dix heures, entre dans son carosse et s’en va, ou vers le Bois de Vincennes, ou vers S. Cloud, ou du costé de sainct Denis: estans les issuës de Paris extremement belles et propres aux Vols auxquels le Roy se pli le plus. Il a d'ordinaire, outre monsieur le Baron de Chastaigneraye, grand Fauconnier de France, un bon nombre de Seigneurs, qui l'accompagnent, et sa compagnie de Cheuaux legers, conduite par monsieur de la Curee. Monsieur de Luyne qui a les oyseaux du cabinet, le Vol pour Milan et les Emerillons, où sa Maiesté se plaist grandement est touiours pres de luy; comme sont aussi les sieurs de Cadenet, et de la Brandes, ses freres; estants tous trois des plus accomplis gentilshommes de la Cour, et dont Sa Maiesté fait beaucoup de cas, tant pour leur merite en toutes choses, que pour estre particulierement très-capables en celle science. Et ie puis dire que iamais on ne vola si bien en France qu'on fait auiourd'huy, Jamais Roy n’eut tant ue de si bons oyseaux que sa Majesté a de present. De toutes Do, p. 301 à 303. — 2) Conférence des fauconniers, 7me journée, p. 26. parts on les luy apporte scachant comme il les ayme. Les Grecs luy apportent les Sacres, les Hollandais les Gerfauts: le présent annuel vient de Malte, duquel sa Majesté me donna de sa grace un Sacret le moys passé, que ie cheris à l’esgal de ma vie, le nommant le Real, parce qu'en me le donnant elle Fhonora de ce nom, et me commanda de le nommer ainsi. Je dis aussi que iamais Roy n'eut de personnes plus propres pour faire bien voler que maintenant; et qu'on regarde depuis le premier vol iusques au dernier, tout y va par ordre. En ceste suite de chasse il fait beau voir tous ces chefs des vols suivis de cent ou six vingt Fauconniers portant les oyseaux, et tous vestus des liurees de sa Majesté: Puis quatre autres portant les Dues pour attirer le Milan, les Corneilles, la Buse, la Cresserelle, le Corbeau, le Fauxperdrieu, et autres oyseaux qui viennent au Duc pour le buffeter. Ces quatre, aussi Lost que le Roy est à demye lieuë des faubourgs de Paris, et en part où lon puisse commencer à voler, vont deux deca et deux de là des ailes du chemin que Sa Majesté fait: et faisant voler leurs Ducs, ils attirent de toutes sortes de ces oyseaux: et aussi tost qu'on les void venir on crie pour aduertir, Milan milan, Corneille corneille, Corbeau corbeau, Cresserelle cres- *serelle; ainsi des autres. Et sil se trouve quelque soupçon d'empeschement, soit de quelque bois, où maison des champs, ou village trop proche, on jette un Duc à cinq cents pas de l'autre; et de Pun à Pautre on attire ces oyseaux en lieu où se puisse voler commodément, esloignant par cette ruse les C le Roy de son carrosse il monte à cheval, et incontinent on orneilles ou autres oyseaux de leurs retraittes. Alors sortant luy apporte tel oyseau qu'il demande, où bien le grand Fau- conuier presente à Sa Majesté, l'oyseau le plus propre à ce qu'on pretent de voler. Et à ce point chacun s'arreste pour w'approcher trop le Roy, et ne luy donner de l'empeschement à son vol». — Comme il serait trop long de reproduire ici la description des différents vols exercés par Louis XIIT, nous finivons par faire observer que la Reine prenait quelquefois part à ces chasses, et que le Roi lui même s'amusait souvent à voler, dans Île jardin du Louvre, des oiseaux sillés ou d'échappe. Les nombreuses éditions publiées Al cette epoque de divers ouvrages sur la fauconnerie, notamment de celui üt de la de d'Areussia, fournissent la preuve, combien le fauconnerie était alors répandu. D’Areussia 2) mande que, chacun tächant de se conformer aux inclinations du roi, toutes sorles de personnes relevées , soit ecclésiastiques, gens de justice ou autres qui avaient des terres où ils pouvaient s'exercer, entretenaient des oiseaux. Ils n'exercaient cepen- dant que la basse volerie. On faisait à cette époque venir, à © grands frais, des oiseaux de toutes les parties de l'Europe ou même des contrées transmarines. D'Arcussia 3), par exem- ple, dit avoir eu des oiseaux de chasse de Flandre, d'Alle- mague, de Suisse, de Norwége et quelquefois des Indes, de la Barbarie, de Tunis, de Malte, de Sicile, de Candie, d'Alexandrie, des iles de Majorque et de Corse, et de l'Esclavonie. On sait par l'ouvrage de Claude de Morais, que Louis XIV entretenait également une grande fauconnerie, et que de Morais 3) Faucouneric, première partie, chap. LL, p. 3. était chef du vol du héronr); mais à juger de ce que Fhis- toire de ce prince nous apprend, il est évident qu'il faisait beaucoup plus de eas de la vénerie que de la fauconnerie, qui commença dès lors à tomber en décadence en France, el qui ne pul se relever dans la suite, les successeurs de Louis NIV ayant cette même prédilection pour la vénerie que leur aïeul; aussi la haute noblesse, attirée successivement à la cour, après les guerres de la Fronde, cessa-t-elle d'entretenir des oiseaux pour son propre compte. En parcourant les notices sur la fauconncrie, publiées en 1956 et 1665 par M. le Roy 2), lieutenant des chasses du pare de Versailles, on voit en effet que la fauconnerie de Louis AV m'était guère plus que l'ombre de celle de Louis XIE 11 est vrai que la charge de grand-fauconnier de France existait encore 3), et que les présents de faucons envoyés par le roi de Danemarck et le grand-maitre de Malte arrivaient régulié- rement tous les ans; mais tout porte à croire que l’on n'exercait à cette époque que la basse volerie. Du moins, si M. le Roy eut eonnu la haute volerie où seulement le vol du lièvre avec des faucons, il n'aurait certainement pas avancé qu'un mois doit suffire pour affaiter un oiseau quelconque pour ces vols 4); d'ailleurs il dit lui-même, en parlant des vols du milan et du héron en général, que ces vols s'exercent très rarement 5), et il avoue que la fauconnerie en France, quoique très bril- lante, n'est pas d’un usage aussi journalier que celle d'Alle- magne, «où beaucoup de princes en ont une considérable et souvent exercée 6)», Quant à la fauconnerie de Louis XVI, le fauconnier van den Heuvell, qui y a servi depuis 1785 jusqu'en 1792, nous a positivement assuré que, durant cette époque , les vols du hévon, du milan, du lièvre et en général la haute volerie, ont pas été exercés en France, et que lon ne vola que la perdrix, la corneille et la pie. Il résulte d’une lettre adressée au gouvernement danois, par le Marquis de Forget, capitaine du vol du cabinet: que la haute volerie étant supprimée par Louis XVI, en 1787, l'on cessa dès lors d'envoyer, du Dane- marck, des faucons d'Islande à ce roi DE Ce ne fut cependant que lorsque en 1792 tous les fauconniers avaient été renvoyés, que la fauconnerie cessa d'exister complétement en France. Nous verrons dans la suite de cet ouvrage qu'elle ny a reparu que quelques instants , pour ètre aussitôt oubliée de rechef. DE LA FAUCONNERIE CHEZ LES ITALIENS, LES ESPAGNOLS ET LES PORTUGAIS. La fauconnerie dans l'Htalie, l'Espagne et le Portugal ue nous offre que peu de détails dignes d'être rapportés. Quant à Fltalie, plusieurs auteurs 8) conviennent que cet art y fut inconnu avant le douzième siècle et qu'il y fut introduit par l'empereur Frédéric Barberousse, Son fils , l'empereur Frédéric IT, résidant ordinairement en Sicile, y exerca aussi la chasse au vol, comme nous le verrons plus tard en traitant D Fleming, p. 325, rapporte qu'un héron de In fauconneric du roi s'était égaré jueque dans le Nord de l'Allemagne, où il fut tué. La plaque d'or attachée à l’un de ses picds portait l'année 1650. — 2) Encyclopédie par Diderot ete., 1. c, — 3) C'étnit César le Dlano de la Deaume, due de la Valière qui en était alors revêtu, — 4) L. c., tomc VI, pi 431. — 6) Ibid, tome XVII, p. 440 B et 441 À. — 6) Ibid, tome VI, p. 430 B. — 7) Archives de la chambre des comptes à Kopenhogue, vol. VIL, Lit 1,2, Ne 61, aunéo 1787, no 13, (extrait). — 8) Collenucio, Compendio dell'istoria di Napoli, Venise, 1618, 40, 1, p. 68. — 9) Do Ferrarin et Ateslinis principibus commentariolun, dans Graevii Thesaur antiq. et hist, vol. XII, p. 12 76 de la fauconnerie chez les Allemands. Gyraldo 9) rapporte que ce fut le prince Rainaud qui le premier de tous les Italiens vol. Plusieurs ouvra entretint des oiseaux de chasse au ges de fauconnerie, parus en Italie dans les quinzième, seizième et dix-septième siècles attestent que cet art y fut alors géné- ralement cultivé. Léon X qui exercait cette chasse, avait sa fauconnerie à Viterbe, où il entretenail non seulement des oiseaux de chasse de toutes sortes, mais encore des perdrix, des bihoreaux et des faisans en grand nombre 10). Lucrèce Borgia fit un présent de deux oiseaux de chasse nouvellement arrivés Ede Fsclavonie, à Elisabeth Este de Gonzague, qui aimait beaucoup la fauconnerie r1). L'exercice de cet art n'est probablement tombé en désuétude que vers la fin du siècle passé, car encore en 1772 et 1773 le roi de Danemarck envoya des faucons blanes au due de Parme 12). On ignore l'époque à laquelle la fauconnerie a été intro- duite en Espagne et au Portugal. Isidore d'Espagne, qui a vécu au septième siècle de notre ère, en parait avoir eu des notions, car en parlant de la nature diverse des oiseaux, il dit de lépervier qu'il se pose sur la main de l'homme 13). Où connait uu bon nombre d'ouvrages Espagnols et Portugais qui prouvent que cet art à fleuri, au moyen äge, dans ces élats comme dans presque toutes les autres contrées de l'Europe. Charles V, apres la conquète de Tunis, stipula que les rois de cet état seront obligés d'offrir à Sa Majesté impériale et aux rois d'Espagne ses successeurs, tous les ans, six chevaux maures des plus beaux et douze des meilleurs faucons, en mémoire perpétuelle des bienfaits qu'ils ont recus de Sa Majesté 14). — Les Espagnols faisaient même venir des oiseaux de chasse de la Nouvelle Espagne 15). — Enfin, les rois d'Espagne et sur- tout de Portugal appartenaient, comme nous le verrons plus bas, au nombre des princes qui, jusqu'à l'époque de la grande grand révolution francaise, recevaient souvent et en assez nombre des faucons pris en Islande, de la part du roi de Danemarek. DE LA FAUCONNERIE EN ANGLETERRE. La fauconnerie à été introduite de bonne heure en Angle- terre. On a une lettre 16) du roi anglo-Saxon Aethilberth 17) adressée à St. Boniface 18) archevêque de Mayence, à la fin de laquelle il demande à ce dernier de lui envoyer deux faucons bons pour le vol de la grue; car, dit le roi, il n'existe dans nos contrées (c'est-à-dire dans le royaume de Kent), que peu d'oiseaux propres à ce vol. Il existe, dans la cathédrale de Bayeux en Normandie, une pisserie, appelée dans le pays «la toilette du duc Guillaume » , sur laquelle est représentée le départ du comte Harold pour la Normandie, et la conquête de PAngleterre par Guillaume le conquérant. C’est une pièce de toile de dix-neuf pouces de haut sur deux-cents pieds de long, et on prétend que c'est l'ouvrage de la reine Mathilde, femme de Guillaume le con- 10) Jovius, vita Leon. X., cap. XIV, ct Roscoe, vie do Léon X 11) Voyez la lettre italienne de Lucrèce Borgia, communiquée par von Hammer, Falknerklec; p. 80, — trad, Française, tome LV, p. 400, — 12) Archives de la chambre royale des rentes à Kopenhague, vol. VIT, Lit H, no 59, — 13) Opera omuia, Paris, 1001, fol. p. 170. — 14) Etrobius Diarium Exped. Tunct. Carol, Imper. 1535, et Sandoval , Uistor. del Emper. Carlo V., lib. 22, Ç 44. — 15) Acosta, Mist. nat des Indes occid., p. 193 16) Epistolae Sancti Bonifaci, in Max. Bibl. patr, vol. XII, épitre XL, p. 85. — 17) ll & son règne en 748 et est mort en 760; voir le Chronicon saxonicum, ed. Edm, Gibson, Oxoni, 1602, 40, p. 56, 2 et p. 60, 1. — 18) Mort en 755 1ça quérant. Harold et Guy, comte de Ponthieu, ÿ sont représentés l'épervier sur le poing 1). Du temps de Henri [, c'est-à-dire au commencement du douzième siècle jusque longtemps après celle époque, les amendes se payaient souvent en faucons qui formaient ainsi une partie des revenus de la couronne. Outi de Lincoln, par exemple, fut obligé de payer en une seule fois une amende consistant en cent faucons de Norwége et autant de gerfauts el il se devait trouver, parmi ces oiseaux, dix faucons blanes 2). Richard Coeur de Lion chassa avec le faucon près de Joppe, dans la terre sainte 3). Il envoya, mais en vain, une ambas- sade à Melik el Aadil, afin d'obtenir des poules, pour repaitre les oiseaux de chasse qu'il avait apportés de lAngleterre et qu'il désirait présenter au Sultan 4). En passant par la Dal- matie, il enleva dans un village un oiseau de chasse; les paysans, sur son refus de le rendre, lattaquèrent avec tant de vivacité que ce ne fut qu'avec difficulté et en se défendant vaillamment qu'il parvint à s'échapper dans un monastère 5). Dans les lois forestières promulguées par Henri HE, il est stipulé que chaque homme libre doit avoir dans ses bois des aires d'autours, d'éperviers, de faucons, d'aigles et des nids de héron 6). En 1276, le roi de Norwége, Magnus Lagabater, envoya à Edouard L'un présent de trois faucons gris7). — Une lettre de ce même Edouard I, adressée au roi de Castille, porte ce qui suit: « Nous vous faisons parvenir quatre gerfauts gris, dont deux sont affaités pour le vol de la grue et du héron; quaut aux deux autres, vous pourrez les employer comme bon vous semble. Ayant déjà perdu neuf faucons blancs, il ne nous en reste pas pour offrir. En attendant, nous avons envoyé quelques uns de nos gens en Norwége, pour en chercher» 8). Froissart rapporte qu'Edouard HT, traversant en 1359 la France avec son armée, trainait à sa suite des bateaux de cuir bouilli, pour pêcher dans toutes les rivières qu'il rencontrait; «avec ce avait bien pour lui trente fauconniers à cheval chargés d'oiseaux et bien soixante couples de forts chiens et autant de levriers, dont il alla chaque jour ou en chasse ou en rivière, ainsi qu'il lui plaisait; il y'avait plusieurs des seigneurs et des riches hommes qui avaient leurs chiens et leurs oiseaux comme le roi » 9). La loi suivante, promulguée dans la trente-quatrième année du règne d'Edouard HE, enjoint à ceux qui retrouvent un faucon perdu, de le porter chez le shérif du comté; s'ils gardent Poiseau, ils payeront une somme équivalente à la valeur du faucon et seront emprisonnés pour deux ans ou pour un espace de temps plus long, S'ils ne sont pas à mème de remplir la première condition. Trois ans plus tard on ajouta à cette loi, que celui qui dérobe un oiseau de chasse, doit subir la même peine qu'un voleur de chevaux où d'autres choses 10). — Une autre loi promulguée sous Henri VIF, en 1494, défendait, sous peine d'emprisonnement d'un an et d’un jour, et d'une amende à fixer par le roi, non seulement d’en- lever les oeufs des nids de faucons, d’autours, de laniers et de cygues, mais en outre de se servir des oiseaux de chasse 1) Lancelut, Expli Delles lettres, tiun de la tapisscrie de Dayeux, dans les mémoires de Pacad. des inscriptions et VII, , pe 602. — 2) Madox's Geschiehte der Hohenstauflen, 11, p. 495. — Paris, Lupr. royale, tome VI, 1729, p sol. 1, p. 273. — 3) Raumer, +) Schulteus, Vita Saladini, p, 172. — 5) #. Rauwer, L € histury of the Exchequer 1, p. 471. — 6) Latham, Gen. list of Dirds I S] éclos en Angleterre, et elle ordonnait de faire venir ces oiseaux de Pétranger 11). Henri VIT avait une prédilection toute particulière pour la chasse au vol. En 1536, il fit défendre, sous peine d'em- prisonnement, de tuer des perdrix, des faisans et des hérons dans les lieux que Sa Majesté s'était réservés pour l'exercice de la chasse au vol 12). — On connait de lui Faneedote suivante rapportée par plusieurs écrivains. Henri VITE, suivant un jour son faucon à pied, essaya de franchir un fossé à l'aide d'une perche: celle-ci s'étant cassée, le roi s'enfonea, la tête en avant, dans la bourbe, où il serait infailliblement étouffé, si son valet de pied ne l'en avait retiré. Des lois semblables à celles que nous venons de citer touchant, soit la préservation des oiseaux de chasse, soit celle du gibier aisait l'objet de la chasse au vol, ont été publiées sous qui f le règne d'Élisabeth. La gazette de Londres de Jeudi, Avril 5, année 1581, contient l'annonce qu'un des oiseaux de Sa Majesté, savoir un uercelet de faucon gentil, s'étant égaré entre Heath et Eadinhead, on promet une bonne récom- pense à celui qui en donnera des renseignements. On payait quelquefois, en Angleterre, les oiseaux de chasse à des prix énormes. Sir Thomas Monson par exemple, qui vivait sous le règne de Jacques 1, paya, au rapport de plusieurs auteurs de fauconnerie, une seule couvée de faucons au prix exorbitant de mille livres sterling. Tout porte à croire que les princes d'Angleterre, successeurs de Charles IF, n'ont guère fait de cas de la fauconnerie; aussi la cour de Danemarck a-t-elle cessé, au commencement du dix- huitième siècle, d'envoyer en Angleterre le présent annuel de faucons d'Islande 13). Malgré cela, la charge de grand-faucon- nier de la couronne, héréditaire à ce qu'il parait dans la maison de St. Albans, existe encore aujourd'hui. Parmi les gentilshommes qui avaient, dans la deuxième moitié du siècle passé, une prédilection particulière pour la chasse au vol, on cite avant tout Lord Orford, qui dépensait annuellement des milliers de livres sterling pour l'entretien de sa fauconnerie 14). Nous verrons, en traitant l'histoire de la fauconnerie dans les temps modernes , que plusieurs autres gentilshommes ont, depuis cette époque, exercé la chasse au vol en Angleterre, et que cest à eux seuls que lon doit la conservation de cet art, lorsqu'il était entièrement tombé en désuétude dans le reste de l'Europe. DE LA FAUCONNERIE CHEZ LES ALLEMA S. Les Allemands ont, depuis des siècles, cultivé la chasse au vol avec zèle et éclat. Nous avons vu que cet exercice fut assez général chez les Francs, que déjà au huitième siècle de notre ère le roi Anglo-Saxon Aethilberth fit venir en Angleterre des faucons bons pour le vol de la grue, et que ce fut lem- pereur Frédéric Barberousse qui, au douzième siècle, introduisit le premier Part de la fauconnerie en Italie. Son peut-fils, l'empereur Frédéric I, exerca la fauconnerie en connaisseur el en amateur passionné. Cet homme extraordinaire, un des 1,p. 10. — 7) Thorkelin, Analeeta histor. regni Norwegici, p. 158, — 8) Rymeri, Fucdera conventionis Litterac; edit LU; 1, pars IV, p. 186. — 0) Histoire et chronique mémorable de Sire Ichan Froissart Paris, folio, Michel Sonnius, 1574, vol. 1, chap. 210, p. 220. — 10) Latham, Le. — 11) Ibid. — 12) Belany, p. 66. — 13) Voir plus bas l'histoire de la fauconnerie au Danemarck. — 14) Belany, p. 73 caractères les plus imposants du moyen äge, aima et protégea les sciences, et les cultiva lui-même au milieu d’une vie agitée et d'un règne plein de troubles. Il passa la plus grande partie de sa vie en Italie et en Sicile. Retourné en 1229 de la croisa- de qu'il avait entreprise l'année précédente, et ayant obtenu le titre de roi de Jérusalem, il fit venir de PArabie et de beaucoup d'autres contrées, des fauconniers experts 1) et des faucons: étudia le caractère et les habitudes des oiseaux de chasse, et mettant à profit les connaissances des fauconniers de lOrient, il perfectionna sans cesse la science de la fau- connerie. Il se faisait partout accompagner de ses fauconniers et des oiseaux, dont chacun portait un nom particulier et s'occupait, même lors des voyages lointains qu'il entreprit, du soin des oiseaux qu'il avait laissés chez lui, s'informant de l'état de leur santé, et des qualités de ceux que l'on venait de ) la fauconnerie conjointement avec son fils naturel Mainfroi, prendre ou d’affaiter 2). L'excellent ouvrage qu'il composa sur élant le premier qui ait paru dans l'Occident et un des meil- leurs qui existent sur celte matière, nous nous proposons d'en donner un extrait succinet qu'on lira avee d'autant plus d'in- térêt, qu'il offre en même temps les moyens de comparer la fauconnerie, tel qu'on lPexerçait dans la premiére moitié du treizième siècle, à celle de nos jours. L'empereur appelle Part de la fauconnerie un art plus noble et plus digne que toute autre chose 3). Les espèces d'oiseaux de proie dont on se servait alors pour la chasse, étaient les gerfauts, le sacre, le faucon, le lanier, lautour et Pépervier. L'empereur parle avec une sorte de mépris des espéces de petite taille et même de lémérillon. L'aigle, dit-il, est top lourd pour être porté sur le poing; les autres oiseaux ne sauraient être employés pour la chasse parce qu'ils manquent de courage. On se servait des oiseaux dont nous venons de parler, pour le vol de la grue, du héron, de loutarde, du faisan, de la perdrix, des canards et d’autres oiseaux, ainsi que pour le vol des jeunes cerfs et chevreuils, des gazelles , du renard, du lièvre et du lapin 4). On se procurail les oiseaux de chasse, soit en les enlevant du nid, soit en les prenant lors du passage. On avait aussi Fhabitude d'enlever simplement les oeufs des nids de ces oiseaux, pour les faire couver par la volaille des basses-cours; mais l'empereur lui- même avoue que les oiseaux obtenus de cette manière ne sont d'aucune valeur pour la chasse. Il recommande de laisser les oiseaux niais aussi longtemps que possible dans le nid, parce que leur développement $y fait d'une manière plus complète que lorsqu'ils sont élevés en état de captivité 5). La demeure destinée aux oiseaux uiais était une tour isolée dans les champs ou un édifice élevé et éloigné des habitations, des bois ou des arbres; Faire artificielle qu'on leur destinait, n'était ordinaire- ment garnie que d'une cloison élevée du côté du Sud, afin de garantir les oiseaux de l'influence pernicieuse du vent du Sud 6). Il faut, dit l'empereur , que la viande dont on les nourrit soit tendre, fraiche, dépouillée de la graisse et des parties 1) Voir dans son propre ouvrage, les préfaces des livres Let 11, chap. 77, p. 163, de l'édition de Schucider. — 2) Friedr. von Mauner, Geschichte der Hohenstauffen, 2me édition, Leipsick, 1841, tome ni, p faits Urés des manusorits conservés dans la bibliothèque du Vatican. — 3) Livre 1, 1, p. 3 — 4) Livro IL, chap. 2, p. 74 — 5) Livre IL. chap, 31, p. 00 ct O1. — 6) Cest évidi du Sirucco, que veut parler l'empereur, — 7) Livre 11, chap. 33, p. 03 et 04 et chap. 34, p. 05. — U) On concevra que l'empereur a compté les heures à l'italienne, et que «trois heures du matin 78 tendineuses, et qu'elle soit coupée en menus morceaux. On peut aussi, au défaut de viande, les nourrir d'œufs et de lait bouillis au point de former une pate. Il est essentiel de les nourrir abondamment, afin de prévenir la maladie qui leu vient aux pennes 7). Il convient de donner, aux oiseaux niais, le pât au moins deux fois par jour, savoir le matin avant les trois heures 8), et le soir avant le coucher du soleil. Personne ne doit les approcher que le fauconnier qui est chargé de les soigner, et on doit les laisser en pleine liberté jusqu'à ce qu'ils soient par itement développés 9). Cette époque arrivée, on s'empare d'eux, en se rendant, le soir, une lumière à la main, daus la chambre qui leur sert de demeure et dont on a préa- lablement fermé les ouvertures 10); après les avoir pris, on leur eulève aussitôt la pointe des ongles, on leur met des entraves et des sonnettes, et on les sille 11). L'empereur parle fort au long des jets, des vervelles, de la longe, des sonnettes, et on voit par la description qu'il en donne que ces pièces ne différaient pas d’une maniere essentielle de celles dont on se sert aujourd'hui; il fait également mention du tiroir, de la créance, du leurre et de la manière dont on acharne cette pièce, du traineau qui consistait en une peau de lièvre, de grue où de héron, enfin du tambour où des timbales dont on se servait pour faire lever les canards où d'autres oiseaux aquatiques qui faisaient Fobjet de la chasse 12). Il parait que l'on n'a pas connu à cette époque l'usage du courtrier; du moins, lempereur n'en parle nulle part dans son ouvrage. Quant aux sonnetlles, il À est dit qu'on les attachait quelque- fois aux deux pennes mitoyennes de la queue et qu'à cet effet il fallait perforer ces pennes 13); mais lempereur se Il décrit ensuite la manière prononce contre cet us ge 14). comme on arrange la longe entre les doigts afin de porter convenablement oiseau sur le poing, manière tout à fait sem- blable à ce que Fon fuit encore actuellement: il blime ceux qui s'obstinent à porter constamment oiseau sur l'un des deux poings gs, soit sur le poing droit, soit sur le gauche, et il ajoute qu'il convient de le porter atntot à droite, tantôt à gauche, suivant la direction du vent, afin d'empêcher que le vent, en arrivant par derrière l'oiseau, ne lui lève le plumage 15). Les gants du fauconnier doivent être spacieux, faits de cuir gros- sicr, el assez longs pour atteindre le coude: la fauconnicre se porte en ceinture et sert pour ÿ mettre le tiroir et le pat destiné aux oiseaux 16). Parlant de la manière de prendre les oiseaux de chasse, l’empereur constate simplement que lon se sert pour cet effet de filets, sans en donner aucun détail deseripüf. I dit que l'on prend les oiseaux de chasse pendant toute l'année, et il parait qu'on désignait alors, sous le nom de branchiers, les jeunes de l'année en général ; les oiseaux pris en automne lors du passage, portaient l'épithète de péle- rins 17). Après avoir pris un faucon, on le mettait tout de suite dans une espèce de sac de toile et le traitait ensuite comme les oiseaux niais 18). L'empereur s'étend aussi fort au long sur les qualités qu'il faut posséder pour exercer avec est une expression équivalente à celle de trois heures après le lever du soleil. — 9) Livre I chap. 35, p. 05 et 90. — 10) Livre IL, chap. 88, p. 06 et 07. — 11) Livre IL, chap. 37, p 07 et 98. — 12) Voir le prologue du premier livre. — 19) Cet usage existe encore aujourd'hui au Japon. — 14) Livre LL, cha 38 à 41, p. 98 à 102. — 15) Livre IL, chap. 42, p. 102 et 103 16) Livre IL, chap. 47, p. 100. — 17) Livre IL, chap. 43, p. 103 à 105. — 18) Livre I, 45, p. 105 et 106. chap. 44 et succès l'art de la fauconnerie. L'énumération de ces qualités est trop curieuse pour être omise ici. L'empereur veut que celui qui à l'intention de se vouer à cet état soit de taille moyenne, robuste et jouissant d’une bonne santé; il ne doit être ni trop jeune, ni lrop gros, ni trop maigre, afin de pouvoir supporter les fatigues continuelles dont cet exercice est accompagné. Il faut qu'il soit doué d’un jugement sain, et qu'il ait une bonne mémoire, soit pour savoir mettre à profit l'expérience d'autres fauconniers, soit pour appliquer et perfectionner les procédés relatifs à son art, et dont on pourrait lui faire part. Il doit avoir la vue percante, l'ouïe fine, la voix forte et sonore. Plein d'énergie, agile dans tous les mouvements, d'un caractère intrépide et entreprenant, il faut savoir mépriser le danger et ne pas connaitre la peur. L'art de nager lui doit être familier. Toujours occupé du soin pour ses oiseaux, il doit se coucher tard, se lever de bonne heure et ne pas avoir le sommeil profond, afin d'accourir près de ses oiseaux au moment qu'il leur arrive quelque accident. Il faut que le fauconnier ne soit ni ivrogne, ni glouton, et il doit, au cas de besoin, sacrifier son diner, particulièrement lorsqu'il s'agit d'aller reprendre un oiseau égaré. Ceux qui s'emportent facilement, qui sont paresseux el négligents, qui aiment la débauche ou les orgies nocturnes, ne sauront exercer la fauconnerie; car cet art, dit empereur «est multorum laborum et magni studii» 1). Enfin, le but unique que doit se proposer le fauconnier 2), doit être de former de bons oiseaux et non pas de prendre beaucoup de gibier, d'en tirer profit pour sa bourse ou de chasser simplement pour samuser eu regardant de beaux vols 3). Traitant de l'affaitage des oiseaux, l'empereur remarque d'abord qu'il y a des fauconniers qui ne silent pas les faucons ni leur mettent le chaperon: en faisant ainsi, ils suivent l'ancienne manière, car l'art de siller les oiseaux est, dit-il, d’une invention récente; quant au chaperon, il affirme que c'est lui même qui, empruntant cet usage des peuples de l'Orient, la introduit le premier en Europe 4). Après avoir armé l'oiseau, on le porte, pendant vingt-quatre heures, continuellement sur le poing, sans lui donner aucune nourriture et sans le mettre sur la perche; cet exercice fatiguant terminé, on lui donne une cuisse de volaille. Les premières lecons ont pour but d'apprendre à l'oiseau à sauter sur le poing 5). Le faucon ne s'effarouchant plus à l'approche de son maitre, et s'étant habitué au bruit occasionné par les hommes ou les animaux domestiques, on commence à le désiller par degrés 6). Pour obliger les faucons de se tenir wanquilles sur le poing, l'empereur recommande de les arroser de temps en temps, et il fait également mention des bains qu'on doit leur donner, en les mettant dans un vase rempli d'eau 3). Le faucon élant apprivoisé, on le porte à la campague, d'abord à pied, puis monté à cheval, et on doit choisir, pour ces excursions, un jour calme et éviter les grandes chaleurs 8). Il faut que 1) Ce que l'empereur dit des qualités que doit avoir un bon fauconnier, rappelle l'ancien proverbe “que jamais bon fauc mier ne fut mal conditionné », — 2) 11 est évident que l'empereur comprend sous le titre de fauconnier quiconque classe avec des oiseaux ou se charge de leur afhaitage ou traite- ment, que ce soit le maitre ou quelque personne subordonnée. Le passage suivant que l'on lit à ce sujet dans d'Areussin est si curieux qu'il mél aujourd'huy, 8 desdaigneut, e d'être rapporté en entier: « Plusieurs qui seruent et pensent cstre offensez quand on les appelle Fauconniers, ne sç ins pas l'honneur qu'ils reçoiuent quand on les appelle de ceste façon. Nos deunciers les ont appellez curu- pa part uns de chasse, Aussi cat-co leur vraÿ nom, pourueu qu'ils en nt l'exercice plus pour le plaisir ilier qu'ils ÿ prennent, que pour les gages et nous leur dun de l'affection, on ne les duit yens que Car s'ils ny ont appeller que porteurs d'oy aux, Le vrai Fauconnier est ecluÿ qui entretient 79 le fauconnier sache monter à cheval de l'un et de l'autre côté: en montant du côté droit, il doit prendre le faucon sur le poing gauche; en montant du côté gauche, c'est sur le poing droit qu'il convient de porter l'oiseau. Du reste, l'empereur ne traite pas de laffaitage proprement dit des oiseaux sur le gibier, ni des différentes manières dont on exercait la chasse au vol à cette époque. Quant aux perches destinées à l'oiseau, on en avait de trois sortes, savoir la perche haute, « pertica alta », qui était assez grosse, et dont on ne mettait dans chaque appartement qu'une seule appliquée à une petite distance des murs, à hauteur d'appui; puis la perche basse « pertica ima » quadrangulaire où cylindrique, appliquée à peu d’élévation du sol, mais assez haute pour que le faucon ne put se froisser les pennes de la queue en touchant au plancher; enfin le bloe, «sedile», de forme pyramidale et confectionné, soit de bois, soit de pierre. La perche basse était destinée aux faucons sillés, la perche haute aux faucons non sillés. L'empereur ne parait pas avoir connu l'usage de la toile que lon suspend au dessous de la perche, attendu qu'il n'en fait mention nulle part et qu'il s'étend fort au long sur les moyens qu'il faut employer pour prévenir que les oiseaux m'entortillent leurs entraves autour de la perche 9). L'empereur Maximilien aima beaucoup cette chasse. Olivier de la Marche 10) dit de lui: «Combien que ce fut lors un jeune prince qui volontiers et moult bien joustoit et tour- noyoit et aimait le déduit des chiens et des oiseaux sur tous les autres princes du monde, toutesfois il esloigna vertueusement toutes ces plaisances pour aller faire lever le siége d'Utrecht ». On a de lui une ordonnance touchant l'état de fauconnerie du duc d'Autriche 11). On voit par ce document que ce prince recevait de toutes parts des faucons. La république de Vénise lui envoyait annuellement douze sacres de l'ile de Chypre, et le grand-maitre de Prusse douze faucons. Il faisait acheter des oiseaux de chasse dans les Pays-Bas, en Alsace et à Augs- bourg, et il en faisait prendre dans beaucoup d'endroits de ses états. Il était permis à ce duc d'entretenir une héronnière. On volait à cette époque le lièvre, le héron, le canard, la perdrix, la corneille et la pie. À juger des nombreux présents faits annuellement, aux dix- septième et dix-huitième siècles, par le roi de Danemarck à la plupart des princes d'Allemagne, il est évident qu'ils exerçaient presque tous cette chasse. En Allemagne, cet art fut mème plus cultivé, dans le siècle passé, qu'en France; le Roi, capitaine de la volerie du roi Louis XV, dit à cet égard: «La fauconnerie est fort en honneur en Allemagne, où beaucoup de princes en ont une considérable et souvent exercée; celle qui est en France, quoique très brillante, n'est pas d’un usage aussi journalier » 12). Cependant, il sen faut bien que l'Allemagne ait produit des fauconniers aussi habiles à diriger la haute volerie que la Hollande. Fleming 13) constate la Fauconnerie, ct qui en fait la despence. Pourquoy ie dy que ceux qui ont charge des oyscaux, se doiuent tenir honorez de ce nom, qui les rend compagnons des Princes et des Rois lorsque Dieu nous les donne els, que se monstrans ennemis de la mollesse et de l'uisiucté, ils prennent plaisir à cest exercice ». D'Arcussit, Fauconnerie, troi éme partie, advis IX, p, 208. — 3) Livre IL, chap. 47 ct 48, p. 107 à 111. L'empereur resume ici en peu de auots des principes applienbles à toutes les espèces de chasse, mais trop souvent négligés de nos juurs. — 4) Livre IT, chap. 77, p. 162. — 5) Livre Il, 49, p. 111 à 116. — G) Livre Il, chap. 54 et 55, p. 125 à 129. — 7) Livre IL, chap. 67 à 69, p. 146 à 150. — 8) Livre 11, chap. 70, p. 161. — 9) Livre Il, chap. 60 et 51, p. 116 à 121. — 10) Mémoires, édition de Gand, Iutrod,, p. 93. — 11) Von Hammer, Falknerkleo, p. 94 à 96 12) Eucyelupédie par d’Alembert, tome X, Paris 1756, p. 430 B. — 13) Vol IV, chap. 16, $ 11, p. 326 ct 327. qu'en Allemagne, l'on faisait venir tous les ans, de Hollande, un grand nombre de faucons destinés pour le vol du héron, et des fauconniers hollandais qui savaient affaiter ces oiseaux; et Dôbel 1), qui dit à peu près la même chose, rapporte que ces fauconniers hollandais venaient pour la plupart de Valkenswaard. En effet, des fauconniers de ce village ont été au service fin du siècle de plusieurs princes allemands jusque vers la passé, où la fauconnerie tomba en désuétude en Allemagne l'Europe. Du comme dans presque tous les autres pays de reste, elle avait été supprimée en Prusse, dans les premières anne du règne de Frédéric le grand. Ce prince qui, comme on sait, n'aimait pas la chasse, ayant fait présent à la duchesse d'Anspach des faucons d'Islande que la cour de Danemarck lui avait adressés en 1742, il ne lui en fut plus envoyé depuis celle époque 2). DE LA FAUCONNERIE AU DANEMARCK, EN NORWÉGE ET EN SUËDE 3). Toutes nos recherches tendant à constater l'époque de l'in- troduction de la fauconnerie en Scandinavie et au Danemarck, ont été infructueuses. Nous ignorons complètement, si cet art y fut apporté par les colonies que la tradition à fait passer de l'Asie en Scandinavie, ou sil y fut introduit par les Normands qui dévastérent, dès les premiers siècles du moyen âge, les côtes de la grande Bretagne, de la France, de la Hollande et de plusieurs autres contrées, et qui étendirent leurs courses jusqu'à Constantinople 4). Dans les «Sagas» scandinaves et islandais, il est souvent fait mention du faucon, mais pas de manière à en conclure à l'évidence que les héros dont ces traditions rapportent les hauts faits, aient en effet exercé la chasse au vol. On sait que le faucon était consacré au maitre des dieux Odin, et que cet oiseau porte dans la Mythologie des Scandinaves le nom de Habrok; qu'étant l'emblème de la force et de la valeur, on croyait honorer les princes ou guerriers distingués en leur conférant le nom d'haukr 5); enfin, il parait qu'on avait l'habitude d'enterrer ces oiseaux, après les avoir brulés, avec leurs maitres défunts 6). — Ditmar, qui visita la Suède au commencement du onzième siècle, constate même que les pe dieux, dans le village de Selon, quatre-vir Scandinaves ens immolaient tous les neuf ans, à leurs gt dix-neuf hommes, autant de chevaux, de chiens, et de coqs, au lieu d'éperviers 7). On raconte que le faucon, appartenant au prince Broder, fils du roi, s'arracha les plumes lorsqu'il apprit que son maitre avait été condamné à subir la peine de mort 8). Une autre lradition veut que le roi de Danemarck, Rolf Krake, que l'on suppose avoir vecu au septième siècle de notre ère, avait, ainsi que les gens de sa suite, chacun un faucon perché sur l'épaule, lors de la visite qu'il rendit au roi à Upsala, et que le faucon du roi portait, comme celui d'Odin, le nom de Habrok 9). Quoiqu'on ne sache pas toujours fixer avec précision l'épo- que à laquelle se rapportent les détails que lon vient de Tome 1, chap. 159, p. 194 et 195, — 2) Notice tirée des Archives de la chambre royale des rentes à e tou! s détails qui ont servi à composer ce chapitr rdt à Kopenhague. — K. von Sehlôzer, Russlands lteste Dezic av Constantinopel, Berlin, 1847, 80, pap. 10 et euiv. — 5) Finn-Magnus Il, p. 267. lauks aujourd'hui hôüg, en anglais hawk, en allemand Ilabiche, tion prise autrefois dans uu 80 lire, il n'en résulte pas moins que déjà avant l'introduction du christianisme dans le Nord, c’est à dire avant le neuvième siècle, Pusage de garder et de porter des faucons avec soi élait assez général chez les peuples Scandinaves. Ce fait con- duit naturellement à la supposition que ses oiseaux servaient à quelque chose de plus qu'a une simple ostentation. Quoi- qu'il en soit, ce n'est, comme nous le verrons tout à l'heure, que du neuvième siècle que datent les faits par lesquels il est prouvé d'une manière évidente que ces peuples ont véri- tablement exercé la chasse au vol. Godefroi, vice-roi du Schleswig, voulant, dans une guerre avec Charlemagne, se rendre maitre d'Aix la Chapelle, fut tué par ses propres gens pendant qu'il exercait la chasse au vol1o). — Le premier roi de Danemarck, Harold Blaatand, qui mourut en 991; s'élant soumis pour quelque temps la Norwége, le gouverneur de cette contrée, Hakon Jarl, lui paya, dans une seule année, un tribut de cinquante faucons; ce qui fut cause que ce roi appela la Norwége son ile aux faucons 11). — D'anciens auteurs suédois rapportent qu'Olof Skotkonning, roi de Suède, qui régua au commencement du onzième siècle, aima la chasse au vol et que son faucon prit en un seul jour deux, et le jour suivant quatre coqs de à marck qui mourut en 1182, exerca la chasse au vol, monté — Waldemar 1, roi de Dane- bruyère à queue fourehue r: sur un char 13). On cite encore le roi Waldemar Atterdog, mort en 1375, comme ayant été amateur passionné de la fauconnerie. Nous ne possédons guère des données relatives à la manière dont la chasse au vol a été exercée dans les pays du Nord, pendant les quatre derniers siècles ; celles qui sont parvenues Jusqu'à nous roulant presque toutes sur les lois touchant le droit de prendre ou de vendre les faucons. Il parait même que dans les pays dont nous parlons, l'usage de la fauconnerie a éte moins général el moins cultivé par les princes que dans la plupart des autres pays de l'Europe. Les rois de Dane- marck, par exemple, ne sardaient, comme nous le verrons plus bas, pendant la deuxième partie du dix-septième et une grande partie du dix-huitième siècle, jamais plus de deux à six des faucons que lon apportait annuellement de Fislande, tandis qu'ils en envoyaient souvent cent ou davantage à la fois aux autres princes de l'Europe; quant aux rois de Suède, je ne connais pas un seul exemple que la couronne de Dane- marck leur ait envoyé des présents de faucons; ee dont du reste, on ne doit guère s'étonner, attendu le peu d'harmonie qui régnait autrefois parmi ces peuples du Nord, Les grandes chi es au vol faites par les rois de Danemarck dans la dernière moitié du siècle précédent et dont la tradition à conserve le souvenir, paraissent avoir plutôt ressemblé à des fêtes de la cour qu'à de véritables chasses. On cite particulierement celle grande plaine qui eut lieu le sept Décembre 1731, sur une en dehors de la ville de Kopenhague ; on la dit avoir été très brillante, et elle offre un intérêt tout particulier parce que c'était la dernière fête de cour publique, à laquelle assistaient érique. La distinction entre h@ g (autour) et va Le (Faucon), ne date que du treizième siècle. — G) Eigill d-Saga, p. 34 — 7) Ditm. Merschurgensis, dans Leibuitz, Seriptores rerum Brunsvicensium, nis G Kopenh., 80, p. 414. — 9) lolF Kraka's , tome IL, p. 51. — 10) Monachus Sangallensis, lib. IL. de 327. — 8) Historia dan watici, lib. S P. £ Monument 8 Swen B Carole magno, cap. XXL — 11) Nonumenta Scanensia, 1. 0.— 12) Ibidem. — 13) Saxu Grammatieus, p. SUS. canensin pa ensemble le roi Chrétien VIT et la reine Caroline Mathilde. Une vingtaine d'années plus tard on donna, sur les mêmes lieux, une fète semblable, en l'honneur de Guillaume, duc de Glocester, et ce fut probablement la dernière chasse au vol qui se fit au Danemarck. — En Suéde, le duc Frédérie \dolphe, frère puiné du roi Gustave IE, fut le dernier prince qui exerça la chasse au vol 1). Cependant, les princes de Danemarck et de Norwége ont beaucoup contribué à rendre aux fauconneries de la plupart des cours de l'Europe cet éclat qui les a distinguées pendant plusieurs siècles. La Norwége et principalement l'Islande étant les deux seules contrées, où l’on puisse se procurer, sans trop de difficultés, les plus grandes et belles espèces de faucons, les rois de ces pays ont de bonne heure commencé à profiter de cette circonstance, soit pour s'en faire une source de revenus, Soit pour jouir à eux seuls du privilége d'obtenir ces faucons en nombre suffisant pour en pourvoir non seule- ment leurs propres fauconneries, mais encore celles de la plupart des autres princes de l'Europe. Les anciens codes norwégiens renferment plusieurs lois rela- tives, pour la plupart, au droit de prendre des oiseaux de chasse. Une de ces lois), par exemple, porte que ceux qui eulévent les jeunes faucons de Faire, seront regardés comme des voleurs. On voit par une autre loi, datant comme la précé- dente du treizième siècle, que les rois de Norwége s'étaient réservé le droit de faire prendre des faucons sur tous les points de l'état, et que les personnes qui en faisaient prendre dans leurs propres terres étaient obligées de les présenter au roi avant de les vendre 3). — Magnus Lagabater, ayant fait la conquête de lslande, réserva à la couronne seule le droit d'y faire prendre des faucons, mais aecorda aux évèques de Drontheim le pri- vilége d'y faire chercher où acheter des faucons, privilége dont ils avaient auparavant joui comme seigneurs spirituels de Flslande 4). Cette nouvelle concession leur fut accordée à la suite d’une convention conclue le neuf août 1277, entre le roi de Norwége et l'archevêque Jean de Drontheim: elle porte que le roi concède à ce dernier et à ses successeurs le privilége d'acheter des faucons gris, ainsi que avaient déjà fait ses prédécesseurs 5). — IT existe plusieurs documents datant des temps postérieurs à la réunion de la Norwége au Dane- marck, qui règlent les conditions sous lesquelles il était permis de prendre des faucons en Norwége, dans la Suède méridio- nale et au duché de Schleswig, depuis le quatorzième siècle 6). On a deux lettres de Chrétien où lon prenait des faucons III, datées de 1549 el 1550, et adressées à un de ses vassaux nomme Mogens Gyldenstjerne, dans lesquelles le roi ordonne que ceux qui désirent prendre des faucons dans son fief, sont obligés de se munir d'un permis royal ainsi que d'offrir au roi, avant de les vendre, les faucons qu'ils auront pris; encore le roi se réservait il la prérogative d'acheter, pour la somme de six écus, chaque troisième gerfaut qu'ils preudront 7). Un rescrit royal, daté Kopenhague 15 Juin 1556, porte que le roi accorde à un nommé Simon Prytz la permission d'aller prendre, Gulath D Tidieri für Jâgare, lc. — 2) Adelsteen, Gesetbuch, p. 13, — 3) Magnos Lagnbæter, Norske lov, p. 420. — 4) Johannæi Ilistorica ccclesiastica Islan “ note, — 6) Thu &, Havniæ, 1774, 4, tome 11, p. 15 Diplomatorium ArnaNagnæanui, Il 4, tome LL, p. 69. — 6) Voir le oriptores rerum danicarum , VIT, p. 457. — 7) Dansk Magazin udgivet af det Kong. Dausk Selskab til den nordiske Iistories og Sprogs Furbedring, Liber ceusualis Epise Sleovicensis de 1436, dans Lange dans deux endroits de la Norwége, des gerfauts, sous des con- ditions semblables à celles que nous venons de citer 8). Un autre document, daté Lundegard le 7 Avril 1565, accorde à un bourgeois de Helsingoer, nommé Hans Goutsen, le privilége d'aller prendre des faucons dans certains lieux de la Suéde et du Danemarek 9) Un troisième, du 18 Avril 1561, concède au fauconnier Lauritz, d'aller prendre des gerfauts dans tous les lieux conveuables du distriet de Nordenfjeld en Norwege, toujours sous la condition de céder au roi chaque troisième gerfaut qu'il prendra, pour la somme de six écus 10). De semblables documents datent de 1341 et 1357 11). D'autres dispositions encore, les dernières qui aient été prises par le gouvernement danois, sont de l'année 1792; elles indiquent les lieux du Danemarck propres à prendre les faucons dont on se servait, dans ce pays, principalement pour le vol de la perdrix: ces lieux se trouvaient dans le Holstem et dans l'ile de Séelande; dans ceite dernière ile, on prenait les faucons près de Flaskesoen situé à quelques lieues au Sud de Kopen- bague, et à Odsherred dans la partie septentrionale de Pile. gait, dans Le droit de prendre des faucons en Norwége s'adjt le siècle passé, publiquement au plus offrant, et ordinaire- ment pour l'espace de six ans. Il existe, dans les archives de la chambre royale des rentes à Kopenhague, plusieurs contrats 12), portant que ce droit à été adjugé ä plusieurs reprises, a un nommé Verhagen, maitre-fauconnier de la couronne, Une con- dition constamment stipulée dans ces contrats est que le roi de Danemarck devait recevoir tous les ans deux tiercelets de gerfaut. Verhagen avait acquis ce droit, depuis 1740 à 1746, en payant annuellement la somme de 350 écus; depuis 1749 à 1752, annuellement pour la somme de 200 écus; depuis 17992 à 1728, pour la même somme; depuis 1758 à 1764, pour la somme de 180 écus. Personne ne s'étant présenté pour acquérir le droit dont nous venons de parler depuis 1372 jusqu'en 1776, le grand fauconnier de la couronne S'adressa, dans cette dernière année, à la chambre royale des rentes, afin d'obtenir pour Lord Orford et le fauconnier hollandais Francois Becker, la permission d'aller prendre des faucons en Norwege, permission déjà accordée à ce fauconnier Fannée précédente, où il avait été prendre en Norwége des gerfauts pour le duc de Deux-ponts. Cependant, ce droit fut de nouveau cédé, en 1753, au maitre-fauconnier Verhoeven, moyennant une somme de cinquante écus 13). En Suède, il était permis à tout le monde de construire des cabanes pour ÿ prendre des faucons, en payant la somme d'un dueat pour chaque cabane 14). Les fauconniers danois Sy rendaient souvent ainsi que ceux de la Hollande; en 1728, un fauconnier francais demanda un passe-port du gouvernement danois pour aller prendre des faucons en Suède, et le con- seiller intime Baron de Bernstoff, fit demander en 1760 des passe-ports pour les fauconniers de l'électeur de Bavière. 15). On n'est jamais allé prendre des faucons au Groënland, non obstant que lon 3 ait remarque, dès la découverte de cette contrée, les faucons blancs qu'elle produit en abondance, et Nnfniæ, 1732, 40, tome VI, p. 218. — 8) Notice tirée des Archives de In couronne à Kopenhague. — 9) Ibid. — 10) Ibid. — 11) Ibid. — 12) Vol. VII, Litt. J, 2, no 65 Lit, D; puis ne GI, Lite. X, d, n°5, et ibid, ne, 6 et no 8. — 13) Archives de la chanbre royale des rentes, |, 6. — 14) Rapport du fracunoier Verl du 8 Nov. 1758, déposé dans les Archives de la chaubre royale des rentes à Kopeoh sol, VII, Lite. J, 2, uo 61, — 15) Notices tirées des Archives secrètes de la couronne, déposées à Kopenl qui de tout temps ont été estimés les meilleurs et les plus beaux faucons du monde 1). Le maitre-fauconnier Jaques Ver- hoeven, dans le rapport fait en 1777 à la chambre royale des rentes qui s'était adressée à lui pour obtenir des renseignements sur la possibilité d'aller prendre des faucons au Groënland, observe avec justesse, que c'est l'impossibilité où l’on se trouve de se procurer au Groënland le bétail nécessaire pour la nourriture des faucons, tant dans ce pays que lors du trajet, qui offre un obstacle insurmontable pour y aller chercher des faucons. Quant à Fislande, nous avons déjà constaté que les rois de Norwége s'élaient approprié, dès la conquête de cette ile, le droit exclusif d'y faire prendre des faucons, droit que la cou- ronne de Danemarck s'est réservé après la réunion des deux pays. Par suite de cette disposition, le gouvernement de File était tenu d'employer un certain nombre de personnes chargées de prendre les faucons dans des localités convenables, ce qui se faisait au moyen de filets et en ÿ mettant pour appat un plarmigan vivant. Ces personnes vendaient les faucons qu'ils avaient pris, aux fauconniers envoyés, par la cour de Dane- marck, en Islande pour les y aller acheter à un certain prix fixé d'avance 2). Quelquefois, le gouvernement danois accorda aussi à des fauconniers étrangers où même à ses propres sujets, la permission d'aller prendre des faucons en Islande; toutefois en leur faisant payer certains droits. C'était au roi lui-même qu'il fallait s'adresser pour obtenir cette permission, et il était défendu à ceux auxquels elle avait été accordée, de faire le commerce des faucons pris. On connait plusieurs exemples de fauconniers anglais qui, pendant le dix-septième siècle, se sont rendus dans ce but en Islande 3). — Le nombre des personnes employées en Islande pour prendre les faucons destinés pour la fauconnerie royale de Kopenhague a considérablement varié suivant les années: en 1690, par exemple, il n'y en avait que quatorze; en 1754, vit st-trois, et en 1762, vingt-quatre. Cepen- dant, comme on avait pris, dans les années 1962, 1763, 1764 et 1765, beaucoup plus de faucons qu'il ne fallait, et que lon se vit obligé d'en tuer un bon nombre à leur arrivée à Kopen- hague 4), le gouvernement danois prit la résolution de réduire à dix le nombre des employés, dont chacun fournirait dix faucons 5); et si on donna quelquefois une permission parti- culière pour en prendre davantage, il fut stipulé que ce fussent tous des faucons hagards, En 1773, le nombre de ces employés fut mème réduit à sept; en 1786, il n'y en avait que trois, nombre que l'on augmenta dès cette année, le fixant de nouveau à sept Le prix que l'on payait à ces employés pour les faucons qu'ils avaient pris, variait peu; il était le plus souvent fixé à cinq, dix ou quinze écus la pièce, suivant la teinte plus ou moins grise où blanche de leur plumage, de sorte que les laucons sors se vendaient ordinairement cinq, et les hagards dix éeus la pièce; mais en 1735, le prix des faucons sors fut élevé à sept écus; on paya, en 1788, les faucons blancs, vingt et en 1793, dix-neuf écus la pièce 6). 1) Voir le Speculur regale datant de la fin du douzième siècle, édit, de 1768, Kopeuh., 1762 tiun IV, le seize Avril 1606; le 40, p 2) Uolberg, Danewarks og Norges geiatlige og verdslige Sta “edit 4, 3) De semblables permissions ont été données par le roi 1614 et le 3 Nov. 1636 4) Un tua ces faucuns de crainte que leur abondance: ces pièces sont déposées 6 ns les Archives de la evuranne à Kopenhague tune dépréciation par ln suite. — 5) Co muwbre étuit le terue moyen de faucons qu'une personne était à mème de prendre pendant une 82 Afin de transporter convenablement les faucons de l'Islande à Kopenhague, le gouvernement danois louait chaque prin- temps, par licitation, un bâtiment, à bord duquel se rendaient les fauconniers du roi, savoir un maitre-fauconnier accompagné d'un ou deux aides-fauconniers, auxquels était confié le soin de diriger l'achat et le transport des faucons. Ce bâtiment étant arrivé à Bessestaed, l'ancienne capitale de Fislande, les fauconniers du roi attendaient dans cette ville larrivée des personnes qui avaient été occupées, pendant la saison, de prendre des faucons dans les différents distriets de l'ile. Après avoir successivement acheté d'elles tous les oiseaux auxquels ils ne trouvaient pas de défaut, et ayant fait provision du bétail nécessaire pour nourrir les faucons lors du trajet, ils s'embarquaient ordinairement dans la première moitié du mois d'Août, pour arriver, avec leurs faucons, à Kopenhague, dans la première moitié du mois de Septembre. L'achàt des faucons et du bétail destiné à leur servir de nourriture, moccasionnait guère des dépenses très considérables; aussi le prix du bétail en Islande était-il autrefois excessive- ment bas. On pourra s'en faire une idée d’après les extraits que nous donnerons de quelques uns des mémoires, contenant le détail des dépenses dont nous venons de parler. L'un de ces mémoires est daté Bessestaed le 15 Août 1332 3). Le maitre- fauconnier du roi qui $était rendu en Islande pour aller chercher les faucons, s'appelait Jean Kaersemaeker, En cette année, il ny avait eu que dix personnes employées pour prendre des faucons, et elles en avaient pris en tout quatre- vingt onze, parmi lesquels se trouvaient neuf faucons hagards. Ces quatre-vingt onze faucons leur furent payés 545 écus. On avait eu besoin pour l'entretien de ces faucons, tant pendant le séjour des fauconniers à Bessestaed que durant le passage, de huit bœufs 8), au prix de trente éeus, et de 136 brebis, au prix de 106 écus 9). On trouve encore noté, dans ce mémoire, 206 aunes de « Wadmel», espèce d'étoffe de laine, servant probablement pour revêtir les perches des oiseaux, au prix de 1 éeus; puis cinq éeus pour les frais de transport des bestiaux de différents points de Pile à Bessestaed. En dédui- sant du montant de ces dépenses la somme de dix écus comme valeur des peaux du bétail acheté, il résulte que le total des dépenses occasionnées en cette année par l'achàt de 91 faucons et leur entretien jusqu'à leur arrivée à Kopenhague, monltait à 790 écus. Le mémoire présenté en 1762 ro) offre les détails suivants. Le nombre des faucons achetés en cette année en Islande par le fauconnier Frédéric Pedersens montait à cent chiquante et un, parmi lesquels il m'y avait que deux faucons tout blancs et trois en habit de passage; le reste se composait de faucons sors appelés faucons gris. Tous ces faucons, pris par vingt-quatre employés, furent payes 1082 écus, el on partagea en outre, sous titre de douceur, entre quatre de ces employés, deux écus pour chacun des cinq faucons hagards. Où avait eu besoin pour lentretien des faucons: durant le séjour à Bessestaed, de g bœufs et de 523 brebis, ensemble saison. — 6) Notices tirées des Archives de la el vol, VII, Lit 3,2, n0 60, 61, 62 et 67. — 7) 1 st déposé dans les Archives de la chambre royale des Kopenhague, vol. VII, Lit. Il, no GO a, Lit B, ne 2. bre royale des rentes à Kopenhague — S) Savoir une pièce âgée de 5 à 4 pièces de 4 aus, à 4 écus; et 3 de trois ans, à 3 écus la pièce. — Ÿ) Savoir 60 pié aus; 41 de 3 ans; 28 de 2 Liu. 3,2, ans et 27 d’un an, — 10) Il cat dépusé dans les susdites Archives, vol. VIL, ne 62. au prix de 299 écus; pendant la traversée, de 50 bœufs et de 0 brebis, ensemble au prix de 363 écus. En y ajoutant 28 écus payés pour Îles frais de transport du bétail, ainsi que le montant pour 540 aunes de «wadmel», il résulte que l'ensemble des dépenses qu'avait occasionnées en cette année l'achàt et l'entretien des faucons jusqu'à leur arrivée à Kopen- hague s'était élevé à 1782 écus. — Le troisième mémoire 1) dont voici l'extrait, est de l’année 1792; mais il n'y est noté que l'achat des faucons. Il y avait eu en cette année six individus employés pour prendre des faucons; ils en avaient pris en tout 48, parmi lesquels se trouvaient trois faucons hagards; mais ils s'étaient procuré en outre dix faucons niais. Tous ces oiseaux furent achetés par le fauconnier Henri Ver- hoeven au prix de 535 écus. Le bâtiment sur lequel les faucons avaient été transportés d'Islande à Kopenhague, étant arrivé dans cette dernière ville, on dressait incessamment la liste de répartition des oiseaux, laquelle était aussitôt présentée à Sa Majesté pour ètre revêtue de son approbation. On ne vendait jamais un seul de ces faucons, qui furent envoyés en présent aux différents princes qui entretenaient des relations d'amitié avec la cour de Dane- marck; quelquefois, mais très rarement, on en a aussi cédé à des particuliers de distinction 2). Pour obtenir de ces faucons, il était de rigueur de s'adresser directement au roi, et le gouvernement danois tenait hi recevoir de la part des princes ou nobles, à qui on en avait envoyé, des lettres de remerciment qu'il suffisait cependant d'adresser au grand-fauconnier de la couronne. Avant d'expédier les faucons, on leur arrachait à chacun une plume que le grand-fauconnier envoyait d'avance aux personnes auxquelles les faucons étaient destinés, pour prévenir que ceux-ci ne pussent être échangés en route contre d’autres de moindre valeur. C'étaient des fauconniers au service du roi de Danemarck qui allaient eux-mêmes apporter les faucons aux lieux de leur destination. L'empereur d'Allemagne seul les faisait chercher à Kopenhague par ses propres faucon- niers. Les frais de transport étaient réstitués par ceux à qui les faucons étaient adressés 3). On trouve, dans les Archives de la chambre royale des rentes à Kopenhague, les listes de répartition des faucons d'Islande, depuis 1690 jusqu'en 1705 et depuis 1730 jusqu'en 793. I résulte de ces listes que c'étaient l'empereur d’Alle- magne et le roi de France, auxquels la cour de Danemarck ilièrement adressé, dans toutes ces années, des faucons en nombre plus considérable qu'aux autres princes de l'Europe ; ce nombre cependant variait considérablement suivant celui des faucons dont on pouvait disposer et les requêtes plus ou moins nombreuses présentées au roi de Danemarck dans le but d'obtenir de ces faucons. Le nombre de ceux que l'on destinait aux princes que nous venons de nommer, élait le plus souvent de quinze où vingt; quelquefois, comme en 1699, en 1739, 1749, 1707 et eu 1786, il n'était que de six, sept où huit; d'autres fois, par exemple en 1953, en 1954 et en 1971, il allait jusqu'à trente; et dans certaines années, par 02 1) Ibid. id., VII, Litt. J, 2, grand officier des chasses de la couronne s it vol no anno 1790, no 5. — 2) En 1772, le comte de Hoktcin, adressé au roi pour ubtenir quatre ftucons qu'il désirait envoyer à Lord Dovingion et à un autre lord anglais, celte faveur lui fut Mais, rdée de la part du roi; comme dit la disposition royale, pour cetle fois seul conséque nt et à condil qu'elle ne tire pas à ce pour l'avenir exemple en 1764, on distribua des 205 faucons arnvés d'Islande, 5o au roi de France, 30 à l'empereur d'Allemagne, 60 au roi de Portugal, 20 au landgrave d'Hessen-Cassel, et 2 à lam- bassadeur francais à Kopenhague; le roi de Danemarck n'en garda que trois pour lui, et on tua les quarante faucons qui restaient, — Le landgrave d'Hessen-Cassel en recevait assez régulièrement; les électeurs de Saxe en ont obtenu jusqu'en 1956; on en adressait tous les ans aux électeurs de Brandebourg et plus tard aux rois de Prusse jusqu'en 1342, où Frédérie le grand supprima la fauconnerie royale. Il en fut souvent présenté aux deys d'Alger, de Tunis et de Tripoli, ainsi qu'à l'empereur de Maroc, et c’étaient ordinairement deux à sept faucons que l'on donnait à la fois à chacun de ces princes; ce dernier en recut encore cinq sur la demande qu'il en fit en 1391. La cour de Danemarck n’a adressé des faucons aux rois de la grande Bretagne que depuis 1699 jusqu'en 1703; mais on en fit parvenir depuis 1741 jusqu'en 1745 aux princes de Wales. L'empereur de Russie n'en a recu qu'une seule fois, savoir en 1563; et on n'en à jamais envoyé en Suède. Les autres princes où nobles à qui la cour de Danemarck a adressé, de temps à autre ou plus ou moins régulièrement, des faucons, dans les années ci-dessus mentionnées, sont les suivants. Les rois de Portugal et d'Espagne; la reine de Hongrie; la grand-duchesse de Bruxelles; les électeurs palatins, ceux de Bavière, de Wurtemberg, de Hanovre, de Cologne, et de Mayence; les dues de Bade, de Saxe- Weimar, de Parme et de Deux-ponts; les marcgraves de Baireuth et d'Anspach; les princes Conti, d'Ettingen, de Schwarzbourg, d'Anhalt-Bernbourg, d'Ysenbourg-Boudingue, de Zell, de Bareit, de Lorraine, de Durlach, de Salmis à Vienne, et Esterhazy; lévèque de Bamberg; les comtes Keyzerstein, Ubhlfeldt, Waer- berg 4), Susie, Harrach et de Holstein; le baron de Pollnitz, et l'ambassadeur de Birkestein. Le roi de Danemarck lui-même ne gardait ordinairement pour sa fauconnerie que deux ou trois de ces faucons d'Islande, rarement six où huit. us ferons encore observer que Pusage d'aller prendre régu- lièrement tous les ans des faucons en Islande, ne parait remonter qu'au delà de la deuxième moitié du quinzième siècle, quoique les rois de Danemarck et de Norwége aient eu l'habitude, longtemps avant l'époque dont nous venons de parler, de faire des présents de faucons aux princes avee lesquels ils entre- tenaient des relations d'amitié. Ce fut déjà en 1276 que le roi de Norwége, Magnus L: gabäter, fit au roi d'Angleterre Edward LE, un présent de huit faucons gris et de trois faucons blanes 5); son frère, le jeune roi Hakon, fit parvenir des faucons au roi de Castille 6), et Île pére de ce prince qui survéeut au fils envoya deux de ses gens, nommés Lodinn Lepp et Hakon Eysil, au Sultan de Tunis, pour lui apporter un grand nombre de faucons 7). La fauconnerie des rois de Danemarek ne se trouvait pas a Kopenhague même, mais à la distance d’une demi-lieue de celte ville, près du chateau royal de Fréderiesberg; l'édifice destiné pour renfermer lattirail de la fauconnerie existe encore aujourd'hui, mais il a été vendu à un particulier. Les employés 3 T gouverneur d'Erfurt, a reçu, depuis 1751 jusqu'en 1754, chaque année deux Fucons, en égard des s ces détails sont tirés des Archives de la couronne à Kopenhague. — 4) Le comte Wacrberg, sersices qu'il rendait à ln Fwucunneri royale du Danemark, en y envoyant des hiboux de l'espèce connue sous le nom de grand-duc. — 154 ) Thorkelin, Aualceta ad historiam regni Norwegici, p. 6) Historia regum norwegicorum , tom, V, p. 314. — 7) Ibid., p. 353 de la fauconnerie se composaient, dans le siècle précédent, outre le grand-fauconnier, d'un maitre fauconnier, d’un sous- maitre et de cinq aides-fauconniers, qui avaient tous une livrée particulière 1). Le nombre des faucons de la fauconnerie royale était ordinairement d'environ trente; vers la fin du siècle passé, on m'en avait qu'une vinglaine. Ces faucons n'étaient destinés que pour le vol du lièvre, de la perdrix et de la corneille; car la haute volerie n'a jamais été exercée au Danemarek »). Les dépenses qu'occasionnait l'état de fauconnerie du roi montaient annuellement à 1300 écus; et le roi refusa d'augmenter cette somme, lorsque le grand-fauconnier lai en fit la proposition en 17893). En 1791 la chambre royale des rentes adressa au contraire au grand-fauconnier la proposition de supprimer la fauconnerie du roi, et de se borner à faire prendre, en Islande, tous les ans les faucons destinés pour être présentés aux princes étrangers 4); mais celle proposition ne fut pas exécutée, On ne fit que réduire à douze le nombre des faucons de la fauconnerie royale, et on cessa depuis de faire prendre des faucons au Holstein et dans les autres parties du Danemarck proprement dit, ce qui produisit une épargne annuelle de 200 écus5). Le grand fauconnier de la Calmette ayant été promu, en 1395, erand-maitre des cérémonies, la première charge au grade de g ne fut plus remplie, et elle disparut dès lors de PAlmanach de la cour et de Fétat. I parait néanmoins que la faucon- nerie royale existait encore au commencement de ce siècle, altendu qu'en 1803, le gouvernement danois avait fait annoncer, dans les feuilles publiques, une licitation fixée au 22 Avril, à onze heures du matin, touchant le louage d'un bâtiment destiné à aller chercher des faucons en Islande. La navigation ayant été rendue diflicile ou interceptée dans les guerres qui suivirent celte époque, on cessa de faire prendre des faucons en Islande, et la fauconnerie de la cour de Danemarek Séteignit comme celles de tous les autres princes de l'Europe DE LA FAUCONNERIE EN RUSSIE. Tout porte à croire que les Russes ont beaucoup moins cultivé la fauconnerie que la plupart des autres peuples de l'Europe. On ignore, si ce sont les Normands ou les Mongols qui ont apporté cet art en Russie; mais on sait que les prin- ces russes étaient obligés de présenter annuellement, en signe d'hommage, des faucons aux Khans mongols, auxquels ils étaient soumis depuis 1240 jusqu'en 1477 6). — On ne connait d'autre livre russe sur la chasse au vol que l'ordre de la fauconnerie publié en 1608; encore est-il, suivant M. de Hammer, en grande partie emprunté à des lois mongoles. — Ce ne fut qu'une seule fois que le roi de Danemarek envoya des faucons blancs à la cour des Czars 3). — Cathérine I aimait à se servir de l'émérillon pour la chasse au vol; elle en faisait prendre tous les ans, et leur rendait la liberté après la saison de la chasse, vers la fin de Fautomne 8). Pallas et beaucoup d'autres voya- geurs rapportent que l'usage de la chasse au vol est très général parmi les peuplades qui habitent les parties méridionales de la Russie d'Europe. 1) Archives de la chambre royale des rentes, & VII, Lin, 3,2, nu 62 et 61. — 2) Ibid., ne 62, auno 1791, no 7, — 3) Ibid., auno 1789, n° 4. — 4) Ibid, anno 1791 Ibid. , nv Falkuerklee, p. XXI en 1763. L'ai unnier qui avait apport faucons à SePetershourg, ÿ resto neuf mois, afin de les aflaiter et enscl no 7 — 56 Honmer, — 7) Savoir r à six persuunes Part de l4 SA M. Constantin, comte de Branicki, a bien voulu nous com- muniquer 9) quelques détails touchant la chasse au vol telle qu'elle s'exerce aujourd'hui dans plusieurs parties de la Rus- sie. Les voici. Au Caucase, on chasse les oïes et les canards avec le faucon et Faigle de la mauiére suivante. Dés qu'on aperçoit en l'air une compagnie d'oies ou de canards, on jette à la fois lPaigle et le faucon. Le premier se borne à planer au dessous du gibier, que sa présence empêche de s'abattre: le second sélève au dessus du gibier, el en le frappant, il lPétourdit de sorte qu'il tombe à terre, où les chasseurs qui suivent la chasse à cheval, n'ont qu'à le ramasser. — Dans le gouvernement de Moscou, on chasse la caille avec léper- vier. On se sert de chiens pour ce vol. Ceux-ci ayant arrêté le gibier, le chasseur le fait lever, et jette en même temps lépervier qui le prend très facilement. — Dans le gouverne- ment de Kiov, en Ukraine, on a, suivant M. le comte de Branicki, une manière toute particulière de prendre les per- dreaux. On emploie le chien et lépervier pour ce genre de chasse qui, du reste, ne mérite guêre d'entrer dans la caté- gorie de la chasse au vol. Le chien ayant arrêté les perdreaux, le chasseur se tient derrière lui, Poiseau sur le poing, tandis qu'une autre personne se rend, en faisant un détour, devant le chien, à une distance d'environ cent pas, où elle s'arrête pour appeler en lui présentant le pat, lépervier que le fau- connier lache aussitôt. L'épervier passe au dessus du chien en rasant presque la terre, et comme les perdreaux n'osent se lever à son apparition, le chasseur qui s'est empressé de suivre l'épervier, les prend en les couvrant d’un filet. Cette chasse se fait au mois d'octobre. DE LA FAUCONNERIE A LA COUR DES EMPEREURS BYZANTINS. Les seules données qu'on possède sur la fauconnerie des empereurs byzantins datent du douzième et du treizième siècle de notre ère. Les voici. Euphrosine, femme de l'empereur Alexis Comnène, se fai- sait accompagner, en se rendant à la chasse, d'un grand nombre de veneurs et de fauconniers; elle dirigeait elle-même de la voix les chiens, et elle mettait un gant doré à la main où elle portait l'oiseau 10). L'empereur Andronicus le Paléologue entretenait des chiens et des oiseaux en grand nombre, et leur portait une affection toute particulière. Aprés sa mort, Catacuzenus les distribua à quiconque en demandait 11). I existe plusieurs traités de fanconnerie écrits en langue grec- que, et composés dans le treizième siècle. Celui de Démétrius offrant plusieurs détails curieux, nous en donnons l'extrait succinct que voici. Démétrius rapporte que, pour prendre les oiseaux branchiers, on se rendait, en été, dans les forêts en montagne, afin d'y établir, dans une clairière, une cabane, tout au plus assez spacieuse pour recevoir un seul homme; on revêlait cette cabane de toute part de feuilles, pour lui don- ner l'apparence de la demeure naturelle des pigeons ou des poules que lon Y mettait après les avoir habitués à sortir et fauconnerie. (Notice tirée d'une missive de co Fuconnier, datée du 25 avril 1780 et depusée aux Archives i Kopenhague). — 8) Pallos, Zougraphia, tome 1, p. 336. — 9) Dans une lettre daté — 10) Nic 11) Nicephori Gregorae, Byzuutinae historine, libri XI, Dasiliae, 1562, fol; lib, XI, p. 256 a& Choniatae Annales, Dasil., 1557, Hib. Ill, p. 256. — e Acu à rentrer par une ouverture pratiquée dans les parois de la cabane. Parcourant en tout sens la forêt à la recherche des jeunes oiseaux de chasse, on tächait de les attirer, en imitant au moyen d'un sifflet la voix de leurs parents, vers la cabane où se trouvait caché un fauconnier, qui ne tardait pas à s'emparer du faucon aussitôt que celui-ci suivait le pigeon ou la poule jusque dans leur retraite. D'autres fauconniers em- ployaient le moyen suivant pour prendre ces oiseaux: ils s'étendaient par terre et se couvraient d'herbes tout le corps, à l'exception des yeux; tenant dans la main gauche un pigeon qu'ils remuaient à l'approche du faucon attiré par les sons du sifflet, ils saisissaient celui-ci, aussitôt qu'il s'était emparé du pigeon. D'autres encore prenaient ces oiseaux, soit au moyen de gluaux dont on entourait un pigeon attaché à terre, soil dans des filets suspendus à la cime des arbres, et au centre desquels était placé, comme appät, un pigeon où une poule. Quant aux oiseaux niais, on les dénichait simplement, en appliquant des échelles aux arbres où se trouvait l'aire. Aussitôt que l'on avait pris un faucon branchier, on le placait dans un sac de linge, qui lui couvrait tout le corps, à l'exception de l'anus, et dans lequel on le laissait pendant plusieurs jours; après quoi on Île retirait pour ffaiter 1). On gardait ces oiseaux dans un cabinet obscur, garni de perches semblables à celles en usage de nos jours; ils y étaient attachés, au moyen de jets, à une distance convenable les uns des autres, et les perches étaient pourvues du linge flottant, dont les fauconniers font usage encore aujourd'hui. On ne donnait le pat aux oiseaux qu'une fois par jour, ayant soin de le varier tous les jours, et on leur faisait prendre un bain tous les quatre jours. Les principes de laffaitage étaient les mêmes que de nos jours; mais il parait que lon ne dressait les oiseaux que pour la basse volerie 2). Avant d'aller à la chasse, on avait soin de porter les oiseaux presque continuellement sur le poing, et de ne leur donner que très peu de nourriture dans cet espace de temps. On se rendait dans les champs avant le lever du soleil, tenant le faucon sur le poing droit 3); ayant découvert la remise du gibier, on tâchait de $en approcher avec pré- caution, les yeux détournés et en imitant leur eri si c'élaient des perdrix qu'on allait chasser; mais arrivé à une distance convenable, on se mettait à courir à toutes jambes vers le gibier pour le faire partir de sa remise; on jetait aussitôt le faucon et, en faisant entendre de grands cris, on croyait l'encourager à des attaques plus promptes. Le fauconnier, ayant suivi le vol avec la plus grande célérité, détachait aussitôt le gibier pris par l'oiseau pour l'abreuver du sang jaillissant d'une incision pratiquée, au moyen du couteau, à la gorge du gibier, et pour lui faire goûter du cerveau, du cœur, du foie et des autres parties tendres. On faisait voler de la sorte chaque faucon % {rois à quatre fois par jour 4). En se servant de chiens pour le vol de la perdrix, on faisait voler amont le faucon, où on le plaçait à terre dans le voisinage du chien; le fauconnier 1) Chap, 11, p 3 à 6, U est bon de remarquer que Démétrius ne fait pos mention du chaperun, dont l'empereur Frédéric avait appris l'usage par les fauconniers arabes, — 2) L. c. p. 9, — 3) Dans d'autres endroits de son livre l'auteur dit qu'il faut tenir l'oiseau sur le poing gauche. — 4) Chap. VIL, p. 13 à 17. — , 1611, 4e, p. 85. — — 0) Lbid, p, 159. — 10) Lbid, p. 10, — M) Francisci Ieraci, Annales duoum Drabantise, Aotverp., 1023, Ful., tom. 1, p. 458. — 12) Meru 5) Dernier chapitre p. 108 à 118. 6) Chronicon Jonunis de Beka, Francquer 7) Ryks Archicf, Lib. HI, Aclbrecht. — 8) Plaenteu, liv.1, p. 2 p.21. 19) Ibid. p. 87. — 14) Ibid. p. 86. — 15) lle sont tirée des archives du ci-devant département 85 occupait alors un point un peu élevé afin de pouvoir mieux surveiller la chasse. Il en était de même du vol du faisan, que lon faisait partir en poussant de grands cris, vu que ces oiseaux aiment à se sauver à la course. L'auteur parle égale- ment du vol du eanard, que lon faisait encore partir en poussant des cris où en battant du tambour; mais il ajoute que les faucons qui volent cet oiseau, ne doivent pas être garnis de sonnettes D). 8 DE LA FAUCON ERIE DANS LES PAYS-BAS. I n'existe qu'un petit nombre de documents historiques relatifs à la fauconnerie dans les Pays-Bas. Cet art y à pro- bablement été introduit par les Francs; mais on ignore jusqu'à quel degré il Sy est développé dans le moyen âge. Parmi les comtes de Hollande, ce fut particulièrement Eloris V, qui aima cel exercice, et on sail qu'il s'était rendu à une chasse au vol, dans les environs d'Utrecht, l'épervier sur le poing et accompagné de ses fauconnicrs, lorsque, en 1296, il fut fait prisonnier et assassiné par quelques nobles séditieux du pays 6). En 1387, le prix d'un faucon sors était, en Hollande, de 5 schellir xs 7). — Nous trouvons dans Merula 8), que déjà en 1396 il existait un gardien de la héronnière à Blindelmeerbroek. — Une ordonnance de Phi- lippe de Bourgogne, du 14 Sept. 1460, défend à qui que ce soit d'exercer la chasse au vol dans le bois de La Haye; cette ordonnance fut renouvelée, par le prince Maurice, le 7 Avril 15939). — Un édit de Maximilien d'Autriche et de Marie de Bourgogne, datant du 9 Juillet 1438, ordonne que tous ceux qui désirent exercer en Hollande Ja chasse au vol. seront obligés de se munir d’une permission du grand-fores- tier 10). — Cette princesse mourut, à la fleur de l'âge, le 25 Mai 1482, des suites d’une chüte de cheval qu'elle fit lors du vol du héron 11). — Une ordonnance de Charles V, du 29 Sept. 1539, fait connaitre que tous les oiseaux de chasse, pris en Hollande, devront être déposés, pour qu'on en puisse faire un choix, à la fauconnerie de La Have, et que les per- sonnes qui apportent des faucons du nord, seront obligces, avant de les vendre, de les présenter à la régente 12). — Phi- lippe Ua fait renouveler, le 3 Juillet 1539, une ordonnance de Charles V, portant qu'il élit défendu d'exercer la chasse au vol en Hollande, sous peine d’une amende de dix florins 13). — Merula 14) a dressé, d'aprés les diverses ordonnances qu'il avait sous les yeux, la liste du gibier que lon volait alors en Hol- lande: c'étaient la perdrix, le faisan, le butor, le héron, le bihoreau, la grue, Îles cygnes sauvages, la spatule, loutarde et le cormoran. — Nous avons été à même de consulter plu- sieurs documents relatifs à la fauconnerie et datant de l'année 1586 15). Le premier, signé R. Leycester, fixe le prix des oiseaux de chasse, qui seront lransportés par les Pays-Bas en un lieu quelconque 16). Le deuxième, lement signé R. Leycester, fixe le prix des oiseaux de chasse pris prés de forestier de ln Hollande et de la Frise occidentale; voir le Régistre intitulé: Divers rackende de Ioutvesteriie, no 2, fol. 43. — 16) Ces prix sont notés comme suit: un gerfaut wué, 15 florins; un gerfaut surs, 10 Mur,; un tiereclet de gerfaut mué, 13 fL et 3 sous; un tieroclet de gerfaut sors, 8 ct 8 sous; un faucon mué, 20 AL; un faucun surs, 15 Î.; un ticreclet de faucon mu fl; un ticrcelet de faucon sors, 5 flur.; uu lonice mu, 13 fur; un lanier surs, 12 Hor.; un tiercelet de lanier mué, 8 A. et 10 suus; un tieroulet de lanier sors, 7 flor.; 10 Aor.; un autour bagard, 7 for. 10 sous; un autour surs, uu tiercolet d'autour mué, & fur; un liercelet d'autour sors, 7 flor. 10 sous La Haye ou en Hollande 1). Le troisième contient l'instruction donnée à un nommé Philips Direxz., quand celui-ci avait prèté serment, devant la Chambre des comptes, entre les mains du grand-fauconnier Jean Heyn, lors de son installation comme maitre-fauconnier. Cette instruction porte [°: que le maitre-fauconnier doit faire de son mieux pour prendre ou faire prendre des faucons, soit en Hollande, soit dans d’au- tres contrées; I°: qu'il doit s'arranger, avec les individus qui prennent des oiseaux de chasse dans la province de Hollande, de manière à ce que ces oiseaux lui soient apportés pour être présentés à Son Excellence 2); IH: qu'il est tenu d'agir de mème à l'égard des personnes qui transporteront des oiseaux par les Pays-Bas en d'autres lieux, afin que Son Excellence puisse faire un choix tout au plus de deux faucons de chaque cage, et qui seront payés au taux fixé par la loi 3); IV*: qu'il doit mettre tous les soins possibles pour entretenir loutes sortes de vols et maintenir cette chasse. Les princes d'Orange, stadhouders de la Hollande et de la Frise occidentale, furent revêtus par les Etats des dignités de grand-forestier, de grand-veneur et de grand-fauconnier, Ts nommaient à leur tour, pour exercer les fonctions de ces charges, un où rarement plusieurs lieutenants. Le prince Mau- rice, par exemple, s'adjoignit comme lieutenant grand-forestier, grand-veneur et grand-faucounier, Guillaume de Blois dit Tres- long 4); et cette charge fat exercée sous les princes Frédéric Henri et Guillaume I, par Jean van den Kerkhoven, Seigneur de Heenvliet 5). Le 12 Novembre 1619, Reynier van Olden- barnevelt, Seigneur de Groeneveld, fut nommé, par le prince Maurice, grand-fauconnier de la Hollande et de a Frise ocei- dentale 6). Le prix stipulé et payé à la place des oiseaux de chasse dû comme droit ou hommage féodal était, en 1637, comme suit: un épervier sors, un florin; un couple d'émérillons, cinq sous; un autour sors, trois florins quinze sous; un autour hagard, quatre florins quinze sous; un autour hagard, quatre florins à quatre florins huit sous 7). Nous voyons par plusieurs lettres 8) adressées, en 1636 et 1637, au prince d'Orange, par D. de Haerlem, Seigneur de Berkenrode, qu'il exista, à cette époque, daus le bois entourant ee château, une hérounière où nichaient plus de mille couples de hérons, de bihoreaux et d'autre gibier, Ce gentilhomme se plaint des fréquents abus que l'on faisait, soit en abattant le gibier à coups de fusil ou d'arba- léte, soit en chassant avec l'autour 9); car cet oiseau, dit-il, détruit dans une seule journée plus de hérons que ne le sau- raient faire vingt faucons. I supplie Sa Grâce, de lui accorder uue sauvegarde avec défense pour qui que ce soit de chasser ou de tirer dans ses terres ainsi que dans les bois et les marais, s'étendant depuis la ville de Haarlem et le château de Berkenrode jusqu'à Overveen, au Vogelensang, au Weligen- bergh et à Heemstede, afin de prévenir, par ce moyen, Ja destruction complète de cette belle chasse qui, depuis quatre siècles, a fait les délices des seigneurs de Berkenrode et que 1) Savoir: un gerfaut mué, à 7 flor. 10 sous; un gerfout sors, à G Mer. 13 sous; nn tiereclet de gerfaut mu, à 6 flur.; un tiercelet de gerfaut suis, à G L 19-svus; un Faucon mué, à 7 A, 10 suus; uu faucon sors, à O A; un Gercelet de faucon mué où sors, à 2 for; un lanier mué, à 8 0; un lonier surs, à 5 AL; un Giercelet do lanier, mué vu sors, à 2 flor.; un autour hogard, à 2 1. 10 sous; un autour sure, à 3 flor. 10 sous; un tiercelet d'autour hagard, à 2 A; un Gercelet d'autour sors, à 2 A. 10 sous. — 2) Cestidire au comte de Leicester qui avait été élu cette année, Stadhouder général de la Hollande. — 3) Les articles 2 et 3 de cette instruction se trouvent également dons plusieurs S les princes de la maison de Nassau viennent fréquemment visiter pour y exercer la chasse au vol. Il est évident par un document de cette époque que le prince Frédéric Henri avait en son service un fauconnier, nommé Jean van der Brugge, chargé exclusivement de la fauconnerie, et un nommé Pierre Noorman, chef de l'autourserie du prince 10). — Nous retrou- vons Je nom de ce mème fauconnier, mais écrit d'une manière différente, savoir Jean Verbrugge, dans une pièce manuscrite datée de cette même époque. Elle contient l'octroi obtenu du Roi de Danemarck et de Norwége, sur l'ordre du prince- stadhouder, par Jean Verbrugge et Henri de Gier, fauconniers du prince. Par suite de cet octroi, il leur fut accordé d'aller prendre des faucons en Norwége. On leur laissa le choix d’exer- cer cette chasse à frais communs et dans les mêmes lieux, ou d'y aller chacun pour son propre compte. Dans ce der- nier cas, ils avaient convenu de diviser la Norwége en deux parties que chacun irait explorer à son tour, et qu'ils lireraient au sort. Depuis cette époque jusqu'au commencement du dix-neu- vième siécle il ne nous est guére resté des détails sur la fau- connerie des princes d'Orange, mais on sait qu'elle n'a cesse d'exister qu'en 1795, époque de l'invasion des Francais en Hollande. Avant de passer à l'histoire de la fauconnerie des temps modernes, il convient de dire quelques mots de Pinfluence que les fauconniers hollandais ont exercée sur la fauconnerie en général. La Hollande à eu, depuis plusieurs siècles, la réputation de produire les meilleurs fauconniers du monde. Guiciardini déja a fait leur loge dans ce sens 11). D'Arcussia 12 se donne beaucoup de peine pour démontrer la supériorité des faucouniers francais sur leurs confrères hollandais; ce qui prouve pour le moins, que ces derniers étaient dignes de rivaliser avec les fauconniers francais à une époque où Part de la fauconnerie était parvenu à son apogée en France. Au reste, le fait que beaucoup de princes et de particuliers du siècle passé ont appelé en leur service des fauconniers hollan- dais parle trop ouvertement en leur faveur, pour qu'on puisse leur contester un talent généralement reconnu aujourd'hui. Il parait que ce sont plus particulièrement deux causes qui ont contribué à faciliter le développement de ce talent chez les Hollandais. L'une tient évidemment au caractère national qui se distingue en général par toutes Îles qualités requises pour l'exercice de la fauconnerie, savoir le calme, la patience, la persévérance, la sobriété, le bon sens, l'industrie ete. L'autre réside dans la nature du pays, dont les bruyères étendues offrent un terrain des plus convenables, tant pour prendre des faucons qui y passent en grand nombre, que pour } donner, aux oiseaux destinés pour la haute volerie, les der- uicres lecons d’affaitage, et y exercer cette chasse même. Ce sont quelques villages situés dans la province actuelle du Brabant septentrional, et particulièrement celui de Valkens- documents postérieurs. Voir Merula, livre 111, p. 27 et 28; ordonnance du 26 Novembre 1612 et Placsat du 1 Avril 1633, — 4) Wagenanr, Vaderlandache Uistorie, VILL, p. 87, — 5) Register van Commissien en Actens, mauusorit, fol. 3, verso. — 6) Archives, 1. e. — 7) P. Bort, Tractaat van de Leenen, p. 317 et 318 no 3, fol. 243; ibid., 5; ibid haut, p. 55, note 2, ce que nous avons dit du vol du héron avec l'autour. — 10) Requête manusorite — 8) Archives, L e., fol. 247 et 248. — 9) Voir plus présentée por le nommé J. v. d. Brugge à ln chambre des comptes du coté do Hollande, — 11) Do crittione di tutti i pacs bassi, Anversa, 1588, fol. p. 36 à 38. — 12) D'Arcussin, Conférence, p. 28. waard 1), qui ont été, depuis des siècles, le siége des fau- conniers hollandais. L'évèque Ophovius 2), qui vécut dans la première moitié du dix-septième siècle, fait mention d'un fauconnier habitant le village de Bergeik. Oudenhoven 3) qui écrivit à celle même époque, dit que le village de Valkens- Les waard est habité d'un grand nombre de fauconniers. maisons de ce lieu ont en effet été bâties en grande partie par les fauconniers de celte époque 4). Il y avait autrefois dans ce village une trentaine de maitres-fauconniers, dont la dépense annuelle s'élevait à cent mille florins. Deux faucon- niers étrangers, lun au service du Prince de Galles, lPautre au service de lélecteur de Saxe, s'étaient établis à Waalre, village des environs de Valkenswaard, et dépensaient environ dix-mille florins par an. Vers la fin du siècle dernier, 11 n'y avait pas plus de douze fauconniers à Valkenswaard; encore la plupart d'entre eux élaientils au service de princes étran- gers; aussi ne retournaient-ils dans leurs foyers qu'en aulomne, pour y aller prendre et alfaiter des faucons. Au temps de la plus grande fleur de la fauconnerie, les bruyéres de toute la province du Brabant septentrional étaient couvertes de cabanes pour prendre des faucons, et b ’aucoup de personnes qui n'étaient pas des fauconniers de profession, quittant en au- tomne le métier qu'ils exerçaient habituellenent, trouvaient une occupation plus lucrative en allant preidre des oiseaux de chasse. Les oiseaux, pris dans la saison, après avoir été apportes à Valkenswaard, s'y vendaient publiquement au plus offrant, et se payaient souvent cent à cent dnquaute florins la pièce 5). Les fauconniers hollandais se rendaient encore, pour prendre des faucons, en Frise, en Allenagne 6) et même jusqu'en Norwége et en Suède 7) Beaucœp d'entre eux entraient au service de princes ou de particukers étrangers 8), et c’étaient le plus souvent eux qui faisaientle commerce de faucons 9) et qui allaient transporter les facons d'Islande, de Kopenhague aux différentes cours de l£urope et même jusqu'à celle de l'empereur du Maroc 10). Ceux qui res- taient sédentaires à Valkenswaard, possédaieit généralement des terres qu'ils faisaient cultiver, et e’étaien encore eux qui tenaient les auberges 11). Ces gens industrieix formaient une espèce de corps de métier 12), lequel ne mmqua jamais de donner aux princes qui venaient passer pai leur village, le spectacle d'une chasse au vol où d'un simple vol aux oiseaux d'échappe 13). L'histoire de la fauconnerie en Hollande depuis la déca- dence de cet art appartenant à l'histoire de la fauconnerie des 1) Valkenswanrd signifie bourg aux faucuns, 11 parait cependant que ce village portait encore au grand divseptième siècle le nom moïns poétique de « Varkenswaard », e'estä-dire borg aux cochons, du gl Voir J mejerij van ellertugenbusch, Amsterdam, 40, 1640, p. 33. Une transfurmatia de num analog marché de euchons qui s'y tenait anciennernent van Oudeuhuven, Beschrijving der sta en parait port au célèbre palais, dont les ruines 4e voient eneue aujourd'hui à Nymègue. avvir eu lieu par Cet édifice, datant en partie du temps de Charlemagne, portait anciennemen le nom de Waulhof; ce qui signifie cour au Waal, éestidire cour située sur les Lord du Wal, non transformé depuis jijk van de stad Diarium , 1133. — 3) À l'endroi quelques siécles en celui de Valkenhof, qui signifie cour aux faucuns, Voir Smdus, Chr chez vau Gour, 80, sans date, p. 10. — der Batasicren, Nymègue 4) J'ai recueilli sur les lieux mêmes les détails que lon va lire sur ce village détails dont la tradition J'ai rencontré dans cet endroit s'y cat conservée jusqu'à nos jours célébrepar la salubrité de Pair, de cit ans, lesquelles se rap: quotre-vingt dix et plusivurs persaunes âgées de quatre-vingts, « relatives à la faucon pelaîent parfaitement beaucoup de cirounat ju du Sole passé, et qui a encore gardé le souvenir des traditions que leurs pôres ct grand-père leur avént transmises, On trouve aussi, sur les fauconniers de ces lieux, quelques notices, donnécs en 1786 pr le conseil municipal de M W. — 5) On lit dans beaucoup d'ouvrages que ces Meuns "avaient été Valkenswaard, dans un mémoire de pe 179 à 18 avant d'être vendus Ackersdyÿk, inséré dans le jomal intitulés Leterbode, aunée 183 Haités mais c'est une erreur, — 6) Le fauconnier hollandais qi se rendait annuellement daus le duché de Urème, était obligé, pour obtenir la permission d'y prendredes faucuns, de payer un droit consistint en un hub au Gfaité et une on deux livres de poivre, Is tard, on lui A pay 87 temps modernes, nous en traiterons dans le chapitre suivant. DE LA FAUCONNERIE DES TEMPS MODERNES. La fauconnerie, après avoir fleuri en Europe depuis son introduction au quatrième siècle de notre ére Jusque vers la fin du dix-huitième, commenca, dans les dernières dix années de ce siècle, à tomber successivement en désuétude dans les différents états de l'Europe; elle tomba totalement en oubli pendant les guerres dans lesquelles presque toute l'Europe fut enveloppée depuis la grande révolution française jusqu'a la paix générale en 1815; et ce ne fut que de nos jours que l'on s'efforça de faire revivre, sur quelques points de l'Europe, un art qui avait fait, pendant tant de siècles, les délices de nos ancètres. Les auteurs modernes qui, dans leurs écrits, ont parlé de l'histoire de la fauconnerie, ont généralement altribué la dé- cadence de cet art aux causes suivantes. Ce seraient, selon eux, la diminution des faucons, l'invention du petit plomb ainsi que le gout universel de la chasse au fusil, et la culture loujours croissante des terres, lesquelles auraient amené cette décadence. Pourtant, il est facile de réfuter ces assertions. Les essais de fauconnerie faits de nos jours ont prouvé la possibilité de se procurer des faucons en nombre suffisant pour exercer loutes sortes de chasses au vol. Il est vrai que l'invention du petit plomb, dans la dernière moitié du dix- septième siècle, a beaucoup contribué à rendre le goût de la chasse au fusil plus général qu'auparavant; mais nous avons vu plus haut que la faucounerie florissait encore, pendant la plus grande partie du siècle passé, dans la plupart des pays de l'Europe. La culture plus étendue des terres enfin a pu contribuer à restreindre lexercice de la chasse au vol dans certaines localités; mais non pas influer de manière à le rendre tout à fait impossible. En un mot, il fallait des circonstances plus puissantes que ceiles que nous venons d'énumérer, pour amener la décadence complète d'un art cultivé par tant de peuples, avec tant d'amour, et pendant une si longue série de siècles. On ne peut nier que le gout individuel des princes qui ont été successivement à la tête des différents états de l'Europe, W'ail trés souvent contribué d'une maniére visible à faire fleurir où languir la chasse au vol dans les pays qu'ils gouver- naient; mais ces sortes de fluctuations ont existé à diverses epoques de l'histoire, et elles sont demeurées sans effet hors des limites du pays où elles avaient lieu. La plupart des pays la valeur de ces objets en argent; le hobereau ayant été évalué à un eu et 12 gros et ln livre de poivre à 12 gros. Ce Fucounier pr dans une s n, six à huit faucons; mais en l'année 1765 il en avait pris treize, parmi lesquels se trouvait-un faucun tout blanc: Hannôverisches Magazin, 1766, eul. 1483 et suiv. — 7) Voir plus haut les notices tirées des archives de In couronne à Kuppeuhogue. — 8) Voir les détails que nous avons donnés à eu sujet en traitant de ln faacunnerie en Allemagne et au Dancmarck, et ceux que nous donnerons 4 itro suivant, Du reste, il suffit de lire les noms de Verhogen, Kaarsemukers, Verhocven, , dans le siècle passé, au service du roi du Dane Marek pour savoir que ec furent tous des Ilollandais. — 9) Voyez entre autres d’Areussia, Fauconnerie du Roï, Chap. AU, p. 302. — 10) Ce fait est généralement connu des habitants de Valkenswoard. — 11) Ceoi s'applique encure à quelques Fiucunniers de nos temps. — 12) Is conservent jusqu'à ce jour Hubert l'es et que l'on dit avoir vécu au septième la mémoire de St la confr natif d'Hall en Be d'a Bavon, patron de ie des Haucunniers, comme St de celle des veneurs. Lis racontent que St Bavon, iq n blanc, siècle de notre ère, ayant été nccusé ir volé un fau fut condawné à être pendu. On s'était déja rendu sur les lieux où l'exécution devait avoir lieu, lorsque tout d'un coup le faucon égaré parait dans les nirs et s'abat sur La potence, L'innocence de SU Davon ayant paru dans tout son jour par ce signe du ciel, il fut absuus du cris dont on avait injustement nceusé et choisi dés ce moment patron de la faucunnerie, Sn fête se célébre au premier du muis d'Octobre. — 13) Ce qui eut lieu en 1781 entre autres, lorsque PEimpereur Joseph LL passa par Valkenswaard, ainsi que l'année suivante lurs du passage par ce villuge du grand-duc née 1838, p. 181 héritier et de la grande-duchesse de Russie, Voir Letter- bode nous offrent des exemples de ce genre. Nous avons vu qu en la vol n'a jamais autant fleuri qu'en France où en Allemagne; Russie, en Suède et même au PDanemarck, chasse au les rois d'Angleterre postérieurs à Charles IF n'en ont guère plus fait de cas; en Prusse, elle fat supprimée d'un seul coup par Frédéric le grand, peu de temps aprés son avénement au trône; en France, elle a langui dès les temps de Louis XIV, parce que ce prince et ses SuCCesseurs lui préféraient la vénérie; mais malgré qu'elle fût négligée, elle n'y tomba en désuétude que lors de la grande révolution. Beaucoup de princes alle- mands, au contraire, les rois du Portugal et plusieurs nobles d'Angleterre n'ont cessé d'exercer cette chasse avec Ja plus ande splendeur que lorsque des circonstances majeures les lorcérent d'y mettre un terme. Ces circonstances, c’élaient les suites de la grande révolution francaise, c’étaient les guerres qui la suivirent et dont presque tout le continent de FEurope fut enveloppé. Le bouleverse- ment général de Fancien ordre des choses et des idées qui en fut le résultat, et plus de vingt ans de troubles tels que l'Europe n'en avait pas essuyé depuis des siécles, suffirent pour faire disparaitre un exercice qui rappelait trop ouverte meut la somptuosité et les profusions des temps passés, pour ne pas encourir désormais la désapprobation de la voix publi que. Les fauconniers existant alors ne trouvant plus d'emploi, se virent pour la plupart obligés de se chercher d'autres occupations; ils vieillirent où moururent, et leurs fils, n'ayant aucune perspective de gagner leur vie en se vouant à l'art de la fauconnerie, abandonnérent le métier de leurs pères ou furent appelés sous les armes. L'art d'aflaiter des oiseaux pour la chasse, et celui d'exercer les différents genres de vol, se seraient donc infailliblement perdus, si quelques fauconniers de Valkenswaard n'eussent été appelés au service de quelques particuliers, habitants d'une contrée qui était située en dehors du rayon des grandes guerres dont le continent de l'Europe se trouvait envahi. Cette contrée, c'était PAugleterre qui, par sa position insu- laire, avait Pavantage d'être à l'abri des troubles qui régnaient sur le continent, et dont Îles habitants, demeurant dans la possession tranquille de leurs biens, pouvaient se livrer à leurs habitudes favorites sans crainte d'être dérangés. L'histoire de la fauconnerie depuis la grande révolution française jusqu'à lépoque de sa renaissance en Hollande est si intimement liée à celle des fauconniers hollandais de Val- kenswaard qui exercérent cet art dans l'espace de temps dont nous venons de parler, que leur histoire devient pour ainsi dire, celle de la fauconnerie. Ce sera en retraçant, dans les pages qui vout suivre, l'histoire de ces hommes industrieux que nous parlerons aussi des particuliers anglais qui out sauvé la fauconnerie d’un oubli complet. Nous commencons par Francois van den Heuvell, le seul de l'ancienne école, qui ait eu la satisfaction de voir revivre, avant de toucher à la fin de ses jours, la chasse au vol avec l'éclat des temps passés, et d'y prendre une part active jus- qu'à sa mort survenue en 1845. Né a Valkenswaard en 1766, van deu Heuvell fut mis très jeune encore en apprentissage 1) Buffon parte de cet ulfirier des chasses, auquel il était redevable de plusieurs notices sur les frucuns 88 chez Francois Daams, neveu de Jean Daams dont nous par- lerons plus tard. Déjà en 1780 il entra comme fauconnier au service de Pélecteur de Hessen-Cassel, où il resta cinq ans. En 1385 il fut engagé pour la fauconnerie royale de Versailles, où il servit sous Mr. de Forgès 1), lieutenant des chasses de Louis XVL La fanconnerie royale ayant été supprimée en 1792 et van den Heuvell renvoyé, il retourna à Valkenswaard, pour passer, peu de temps après, au service du prince d'An- halt- Bernboure, où il 9 ue resta que deux ans. Il alla ensuite en Angleterre, où il fut en condition depuis 1794 jusqu'en 1799 chez le colonel Daunton, depuis 1799 jusqu'en 1804 chez Lord Middleton, depuis 1804 jusqu'en 1820 chez Si tobert Laley, et depuis 1890 jusqu'en 1828 chez le colonel Wilson. Retourné à Valkenswaard en cette derniére année et vivant de la pension que les descendants de feu Sir Robert Laley lui avaient faite jusqu'à sa mort, il ne s'engagea de nouveau qu'en 1840, lorsqu'il entra au service de la société d'amateurs de [F chasse au vol, établie au Loo en Hollande. Un autre fauconnier, qui n'a pas cessé de cultiver Part de la fauconnerie lorsqu'il tomba en désuétude sur le continent de Furope, & qui a le plus contribué à transmettre, en formant d'excelknts élèves, les secrets de cet art à la postérité, fut Jean Daams. naquit à Valkenswaard en 1744 et S'adonna de bonne heur à tout ce qui concerne la fauconnerie, Ne pouvant plus uouver d'emploi sur le continent de l'Europe, il service de Lorc Orford et puis chez le colonel Wilson. Ce passa, en 1-92, en Angleterre pour entrer d'abord au fut là qu'il dirigeait les chasses de ces seigneurs durant les mois d'été, mais en automne il faisait annuellement le voyage de Valkenswaard, pour y aller prendre des faucons et y passer l'hiver à les affiter pour la chasse. La navigation entre la Hollande et PAgleterre étant alors interceptée, il se voyait ordinairement oligé de retourner en Angleterre par la voie de Cuxhaven. Dans lintention de faire ce voyage pour la 1808, accompagné de «es deux aides, Jean Lambert Daankers et Jean seizième fois, i se rendit, en avec ses oiseaux et Peels, à La Haye, pour aller chercher ses passe-ports. Le roi Louis, averti parson secrétaire de la présence de ce fauconnier, le fit venir, et lengagea à rester en Hollande pour réorganiser, au Loo, la faucnnerie abandonnée depuis le départ du stad- houder Guillaune V en 1799. Daams accepta, garda dix faucons et renvoya Peel seul avec les autres faucons en Angleterre. Accompagné de Daankers, il se rendit tout de suite au Loo, où le roi Loui, amateur passionné de cet exercice, assista, dès cette année.aux chasses qu'il fit faire dans les environs de ce château. L'amée prochaine, Daams et Daankers arrivérent de Valkenswaud au Loo, accompagnés de quatre aide-fau- conniers, el æporlant avec eux une trentaine d'oiseaux de chasse, qui étient, à l'exception de quelques aulours, tous des faucons péerins. On volait outre le héron, dont ou prit soixante en cele année, la perdrnix, la corneille et la pie. Il résulte d'un némoire déposé aux bureau de Fadministration forestière à La Haye, qu'en 1810 la fauconnerie du roi Louis se composail, 1 Loo, de trois fauconniers, de deux porte- cages et de qatorze oiseaux de chasse dont cinq élaient voir Buffon, Ulis. nat. desoi: aux, Tune [, p. 267 destinés pour le vol de la perdrix. Le roi Louis cependant ayant abdiqué au mois de Juillet de cette année et la Hol- lande faisant dès lors partie de l'empire francais, Napoléon, imitant l'exemple de son frère, fit venir Daams et Daanukers accompagnés de quatre aides fauconniers, à Versailles, afin de réorganiser la fauconnerie de la cour, supprimée en 1792. La fauconnerie impériale cependant ne subsista que jusqu'en 1813, où elle fut de nouveau supprimée. Napoléon lui-même n'assista durant ces trois années que deux fois aux chasses à l'oiseau qui se faisaient près de Versailles 1). Ces chasses étaient peu brillantes à la vérité, puisqu'on n'exercait que la basse volerie, c’est à dire les vols de la perdrix, de la pie et de la corneille, avec des autours et des faucons pélerins. Dans l'impossibilité de se procurer en France ces faucons, Daams était obligé d'envoyer, chaque année, trois de ses aides pour en aller prendre en Hollande. Daams quitta en 1813 la France avec ses compagnons pour retourner à Valkenswaard, où il 1829, à l'age passa le reste de ses jours et ou il mourut en de quatre-vingt cinq ans. Jean Peels, élève de Jean Daams, également né à Valkens- waard , après avoir accompagné son mailre dans plusieurs voy! que celuiei fit en Angleterre, se rendit en 1808 seul dans ce pays. Il entra au service de Sir John Sebright, auprés duquel il resta jusqu'en 1814, occupant uniquement de l'affaitage de faucons niais pour le vol de la perdrix, de la pie, de la corneille etc. Le colonel Wilson, plus tard Lord Barnes, possédant sur ses terres, près de Didlington Norfolk, autrefois volé le héron, et voulant faire revivre cet exercice, dans le comté de une héronnièére où lon avait forma, par souscription, une société pour le vol du héron, composée d'une vinglaine de membres. Peels fut aussitôt engagé par celle société qui l'envoya à Valkenswaard pour y aller prendre des faucons pélerins et les dresser pour le vol du héron. Après s'étre acquitté de cette tâche, il retourna l'année suivante, c’est à dire en 1815, en Angleterre, amenant dans ce pays le fauconnier Daankers dont nous avons déjà Peels retourna 1827, parlé. Depuis cette époque jusqu'en tous les ans, dans le même but, à Valkenswaard:; mais dès celle dernière année il resta en Angleterre, où il mourut en 1838, tandis que Daankers était déjà mort en 1816. Jean Peels eut deux fils, nés tous les deux en Angleterre, L'un d'eux, John Peels, fut d'abord fauconnier chez le Duc de St Albans; actuellement il est au service de M. Newcome, et vient tous les ans au Loo pour assister aux grandes chasses Le fils de Jean trouve en Hrlande chez M. W. O’Keeffe qui exerce, à sa du héron. second Peels, Henri Peels, campagne près de Dublin, le vol de la corneille avec des faucons niais. Les frères Peels sont les seuls fauconniers qui existent pour le moment dans li Grande-Bretagne. 1821 la première fois PAugleterre en qualité d'aide de F. van den Jean Bots, élève de Daankers, visita en pour Heuvell et de Jean Peels qu'il accompagna par la suite dans les voyages que ces fauconniers faisaient annuellement à Val- 1) Napoléon, exerçant un jour la chasse au fusil dans les environs de Fontainebleau, il arriva que les fauconniers s'étaient également rendus dans les champs, ét qu'un de leurs faucons, volant amont, venai à passer tout près do l'empereur. Celui-ci, peu expert dans la s ace de la fouconnerie, prend le faucon pour un oiseau sauvage, le couche ausitôt en jouc en sé t: Ah, le bel oiseaut et le fait 89 kenswaard. Depuis 1828, il entreprit seul ces voyages annuels en Hollande, passant l'été à Didlington pour voler le héron Lord Barnes cependant, étant mort en 1838, et la société anglaise pour le vol du héron s'étant dissoute, J Bots alla cette année en France chez M. le baron d'Offémont, pour voler, dans les environs du château d'Offémont près de Compiègne, la perdrix et la corneille avec des faucons passagers. Ce fut alors qu'il accompagna M. d'Offémont dans une excursion à Paris, où des essais de vol du pigeon avec des faucons furent faits sur la place des Tuileries. J Bots retourna ensuite dans sa patrie, el fut engagé en 1839 par la société pour le vol du héron établie au Loo, à laquelle il à été attaché jusqu'à Arnaud Bots, frère de 4. Bots, accompagna celui-ci, dès 1829, lors de ses voyages la fin de la saison de chasse en 1852. annuels en Angleterre; en 1838 il se trouvait également chez M. le baron d'Offémont; il entra en 1839 au service de la société dont nous venons de parler, et mourut en 1801. Adrien Mollen, natif de Valkenswaard est l'élève de Jean Bots qu'il servit en qualité d'aide depuis 1833 jusqu'en 1836. En 1837 il passa au service du prince de Trautmansdorff, à Ober- waldersdorf, situé à une distance de quelques lieues de Vienne. Il y resta jusqu'en 1840 et affaita, durant cette époque, outre les faucons pélerins qu'il avait apportés de Hollande, des sacres niais apportés de la Hongrie, pour le vol de la perdrix ainsi que pour ceux de la corneille et des grands pluviers que les naturalistes désignent sous le nom d'Oedicnèmes. Il entra, en 1841, également au service de la société pour la chasse au vol établie au Loo, cédant sa place chez le prince de Trautmans- dorff, à un neveu des Peels, originaire de Valkenuswaard. Les fauconniers hollandais existant et les élèves qu'ils ont for- nés dans les derniers temps, ayant été successivement engagés par la société établie au Loo, leur histoire se confond depuis celte époque avec celle de cette société, dont nous nous pro- posons de retracer en peu de mots l'origine. La société anglaise pour le vol du héron établie à Didd- lington s'étant, ainsi que nous venons de dire plus haut, dissoute 2) en 1838, deux membres de cette société, savoir l'hon. Wortly Stuart et M. le baron d'Offémont, se rendirent, au mois de Juillet de cette mème année, en Hollande, dans le but de visiter les environs du chateau royal du Loo, que le fauconnier J. Bots leur avait indiqué comme présentant les conditions les plus favorables pour le vol du héron. Contents de cette visite au delà de leur attente, les deux gentilhommes que nous venons de nommer se réunirent en 1839 avec le due de Leeds et M. Newcome, pour aller voler le héron dans ces lieux, après avoir obtenu la permission de Sa Majesté le Ils J. Bots et deux aides fauconniers, A. Bots et J. van den Boom; roi des Pays-Bas. avaient en leur service le fauconnier le nombre des faucons affaités en cette année était de vingt el un, et on prit durant la saison, cent quarante hérons. En- couragé par ce résultat favorable, M. Newcome prit la réso- lution de faire immédiatement après la saison de la chasse, un tour en Norwége. Il embarqua, en effet, au mois d'Aoùût, tomber du premier coup. Je tiens cette ancedute de M. L. de IL G., à cette époque page de la cour impériale et témoin oculaire du fait que je viens de raconter. — 2) La cause principale de la dissolution de cette société residait dans le défrichement des terres environnant la héronnière de ces lieux. Ces terres, une fuis cultivé: ; il fut dès lors impossible de Les fréquenter à cheval sans vccasionner des dégâts considérables. accompagné de M. le baron van Tuyll van Serooskerken, dans un petit navire, el ayant fait en cinq jours le trajet de la Hollande à Christiania, ces messieurs se rendirent incontinent à Dovrefeld 1), où ils prirent, dans l'espace de trois semaines trois gerfauts sors. Plusieurs autres personnes désirant prendre part à ces chasses, il se forma, en 1840, une société d'amateurs pour la chasse au vol, sous la présidence de M. le baron Tindall. La com- pagnie de fauconniers fut augmentée d'un troisième aide, et Fr. van den Heuvell, le doyen d'age des fauconniers existant alors se joignit en outre à eux pour prendre une part aclive à ces chasses. On avait en cetle année, vingt-deux faucons, qui prirent cent trente-huit hérons. Son Altesse royale le prince Alexandre des Pays-Bas ayant été élu président de la société, qui comptait dès lors parmi ses membres, au nombre d'une trentaine, leurs Altesses royales le Prince d'Orange, et les princes Frédéric et Henri des Pays- Bas, on dressa les statuts 2) de cette société, et on organisa deux compagnies de fauconniers, lune sous la direction de Bots, l'autre sous celle d'A. Mollen. Le nombre des faucons fut porté à quarante-qualre, avec lesquels on prit GT CCILe année, deux-cent trente-sept hérons. La saison de la chasse passée, la société envoya J. Bots accompagné de J. van den Boom à Dovrefield, où ils prirent neuf gerfauts sors dans l'espace de quatre semaines. En 1842, le nombre des faucons était de quarante-qualre , et celui des hérons pris de cent quarante-buit, — En 1843, on prit, avec quarante faucons, environ deux-cents hérons; en 1844, on pril à peu près cent hérons, avec trente-six fau- cons. L'état de la faucounerie et le nombre des faucons pris 1) Ce lieu, autrefois fréquenté Wus les ans par les Foucunnicrs hollandais n'avait pas été visité par iblie sous le . — 2) Voici les principaux articles des statuts de cette société, eux depuis quarante nom de HawkingClub, au Lou, avec la permission et sous la protection de Sa Majesté le Moi des Pays-Das. Le elub se composera de membres qui payerout annuellement la somme de cent flurins u davantage, destinée pour l'entretien de la fauconneric. La chasse au vol aura lieu daus les domaines royaux du Loo; Sa Majesté ayant daigné d'en donner ln perruission. La chasse 10 Juillet au vol cominencera chaque année au 15 du muis de Mai, et continuera jusque vers le 90 restèrent à peu près les mêmes dans les années suivantes jus- qu'en 1849, où le nombre des faucons fut réduit à quatorze, mais qui prirent cent vingt-huit hérons. — En 1850, le nombre des faucons fut augmenté de deux, et celui des hérons pris s'éleva à cent trente-sept. — Dés cette année, Sa Majesté notre roi résolut d'entretenir à ses frais le fauconnier Adrien Mollen avec deux aides fauconniers. J. Bots et ses deux aides fauconniers, ainsi que les chevaux restérent à la charge du club. — Il y avait, en 1851, dix-huit faucons affaités, avec lesquels on prit un nombre de hérons à peu près égal à celui de l'année précédente. En 1852, le nombre des faucons fut porté à trente-six, et on prit en celte année deux cent quatre- vingt dix-sept hérons. — La fauconnerie de la Société trans- férée, déjà depuis 1850, à la maison de chasse attenante au château royal du Loo, ne se compose aujourd'hui que du fauconnier A. Mollen et des aides fauconniers, J. van den Boom, P. Bekkers, P. Mollen et J. Peels. En terminant ces recherches sur lhistoire de la chasse au vol, nous ferons observer que l'avenir de la fauconnerie en Europe dépendra presque uniquement de l'intérêt qu'y porte- ront nos souverains, ainsi que du maintien de la Société dont nous venons de retracer l'histoire. Ce sont principalement deux causes qui peuvent amener sa dissolution, savoir le défriche- ment des bruyéres environnant la grande héronnière située dans le voisinage du chäteau du Loo, et en second lieu le manque des fonds nécessaires pour couvrir les frais qu'exi l'entretien de la fauconnerie. Ces causes une fois reconnues, il ne s'agit que de les prévenir, pour transmettre à la posté- rilé un art, autrefois rechérché avec avidité, aujourd'hui pres- que généralement abandonné avec indifférence. s da club à fixer par le président, le trésorier rendra compte de là La Ilaye. La cutisation annuelle duit être payée au 15 Juin on avant ce jour. Le président fera le choix d'un secrétaire et d'un trésorier, qui administreront les à A la fin de chaque saison, à un dépense annuelle, devant les membres présents à Le président #est chargé de diriger les chasses; s'il est absent, le plus ancien membre s'eu chargera Les chevaux, appartenant au club, suut exclusivement destinés à l'usage des fauconniera, La chasse n'aura lieu que dus les jours ouvrables Les membres qui désirent se retirer du club sont obligés d'en informer le secrétaire avant le premier Septembre. Pour devenir membre du club, il est indispensable de se Rire proposer par un mcwbre, CATALOGUE RAISONNE OUVRAGES OUVRAGES ÉCRITS EN LANGUE GRECQUE. 1 DUOTOPOY, REL ACCIPITRARIAE SCRIPTORES nune primum editi, Luteliae, sSumpt Iieron, Drovart, 1612, in 4°. — C'est sous ce titre que RIGAULT, bibliothécaire du roi Louis XIE, à publié un recueil de huit diférents traités de chasse, dont il ÿ a Six qui ont rap- port à la fauconnerie. Ce sont les suivants: 1) L'IMERACOSOPHION DE DEMETIIUS; 2) L'ONNÉOSOPITON d'un auteur anonyme; 3) L'onnsosormox également anonyme, mais dédié à l'empereur Michaël; 4) L'ÉPITRE CATALANE D'AQUILA, de svwmacne @t de rueonoriox; 5) le fragment d'un ouvrage anonyme intitulé uinen DE NATURA MERUM et 6) le roËME dé ruuax. — Voir les notices que nous avons données sur chacun de ces ouvrages en partieulier. — La préface de ce recueil, datée de 1641 et signée N Rigaltius, renferme quelques notices sur l'histoire de la fauconnerie, ainsi que sur l'origine des traités compris dans cette collection 2) Arpnrpiou Kocraruworohireu mo Te T@y lepdauY GUATOUQAE TE at emueheixe publié, sous le litre d Leparoséqey, dans v'menacosonnox de MGAUT, p. à 174 La traduction de cet ouvrage, due à Pierre Gilles, occupe {IS pages du méme recueil, et porte le titre de: bEMETRIT CONSTANTINOPOLITANI, DE RE AGCIPITRANIA LIBER, — IL se trouve, à la bibliothèque roy: ja téte duquel est inscrit le nom de oeuErmius, l'autre portant simplement pour titre Buf)icy le de Paris, deux manuscrits de cet ouvrage: l'un qui a appartenu à Gilles et à spot). qui offre des variantes considérables: voir vou Hammer, Falknerklee, p. XXIX Il en existe, à la bibliothèque ünpériale de Vienne, un troisième manuscrit, C'est probable- savant ment ee dernier manuserit qui a été prêté à Gesner par un médecin de Vienne, et que a, en grande partie, traduit et inséré dans son ouvrage intitulé de avibus, p. 9 et suivantes. Lt manuscrit de Gilles et celui de la bibliothèque de Vienne portant tous les deux en téte le nom de Démétrius, on peut admettre que c'est aiusi que s'appelait l'auteur du traité dont nous parlons. Au défaut de détails biographiques sur ce Démétrius, il est impossible de constater avec précision l'époque à laquelle il écrivit; mais on suppose qu'il a vécu au treizième sièele à la cour de B; nee, attendu qu'il se nomme lui-méme le Constantinopolitain et qu'il dit dans le premier chapitre de son traité qu'il a été composé pour un des empereurs. — Cet ouvrage roule en grande partie sur les maladies des oiseaux de chasse et sur le traitement convenable de ces maladies; sous ce rapport il rentre dans la même catégorie que tous les autres traités de ce genre: c'est-à-dire, qu'il mérite d'étre oublié. Mais il offre en revanche plusieurs chapitres assez curieux, notamment le 2, le 69, le 7e et le der- nier, où l'auteur fait connaitre la méthode en usage de son temps en Grèce, pour prendre et allaiter les oiseaux de chasse, ainsi que la manière dont on se servait pour la chasse même; détails dont nous avons donné ua extrait en traitant l'histoire de la fauconnerie. 3.) Opressémor drpotaorepor. — Ce traité est le deuxième du recueil publié par méauLr sous le titre p'mEnacosormion; il occupe les pages 177 à 239 de ce recueil. La traduction latine 119 à 462, est due au savant Pierre Gyll ALIUS LIDEN DE RE ACCIPITRAIUA. On suppose que ce trailé anonyme, dont lé dont il est accompagné, ibid. p. , et porte le titre de: style est de beaucoup inférieur à celui de l'Iieracosophion de Démétrius, à été composé par un Démétrius que l'on doit appliquer pour les guérir 4} ‘Opvescoper sledce Jeyoos ToÙ duduod Paruéns ce petit miéaur, intitulé AiEnacosopuoN , page 243 à 255, auteur postérieur à ec JL n'est parlé, dans ce traité, que des maladies des oiseaux de chasse et des remèdes aveu Miycn). traité, d'un auteur anonyme, 6 rit en gréc demi-moderne est inséré dans le recueil de In'a pas encore été traduit. I est divisé en deux parties: la première renferme la deseription des oiseaux de chasse ; la seconde, beaucoup plus étendue que la première, mais de peu d'intérêt, traite des maladies de ces oiseaux et de l'art de les traiter. On voit par le tre qu'il a été éerit pour l'empereur Michaël, probablement Michaël VIT, surnommé le Paléologue. Il daterait en conséquence du treizième siecle. 5) Tesccoguy, publié par M. VON HAMMER, FALKNER-RLEE, p. 81 à 8, accompagné d'un commentaire par M. von Bichenfeld, ibid. p. 86 à 89, et d'une traduction allemande, ibid. p- 89 à 93. — Cet opuscule anonyme en grec demi-moderne, et dont le manuserit existe à la biblio- thèque impériale de Vicune, voir von Hatmer, L €, p. Il, n'est qu'un extrait de l'Ornéosophion dédié à l'empereur Michaël, dout on a renversé l'ordre, parle Gesner, et dont il a fait usage pour son grand ouvrage sur les oiseaux C'est peut-étre le deuxième traité grec dont OUVRAGES ÉCRITS EN LANGUE LATI 6.) DE DIVERSIS GENERIBUS FALCONUM SIVE ACCIPITRUM, INFIRMITATIBUS ET MEDICINIS EORUM; ET HOC SECUNDUM AQUILAM, SYMMACHUM ET THEODOTIONEM IN EPISTOLA AD PYOLEMAEUM RÉGEM AEGYPTE. Inséré dans L'iuenacosormon de mGAULT, I, p. 201 à 241, — C'est, come il résulte du litre, une Excerpta ex libro incerti aucloris de nalura rerum, traduction en latin de l'épitre catalane dont nous parlerons plus bas, et quiaété faite, à ce qu'il pa- rail, à une époque reculée, par ua auteur inconnu, pour son ouvrage Intitulé DE NATURA RERUM. Eu comparant cette traduction à l'original, on y remarque plusieurs lacunès el des variantes con- sidérables, mais qui sout quelquefois utiles à l'explication des passages obscurs de l'original. DES DE FAUCONNERIE. 7) RÉLIQUA LIBRORUM FRIEDEIMCE IE CUM MANFREDI REGIS ADDITIONIBUS, ex Praectorius, IMPERATORIS DE ARTE VENANDE CUM AVIBUS, nune primum edita, 1388, 2 wembranis velustis Augustac Vindelicorum, foan 1596, Se; Lipsiac, vob in quarto. Cette dernière édition que nous citons ordinairement, est due au Savanl SCHNEIDER, EL se trouve pourvue de nombreux commentaires très valables. Lallemant, p. XXXI, ete, outre celle dont nous venons de parler, deux éditions : l'une de Venise 1660, l'autre de Bäle 1578, 8°, lesquel- les ae sont inconnues et dont je ne trouve pas fait mention dans d'autres écrivains. I existe de ee livre une traduction allemande, en &, Onolsbachii, 1760, le tradueteur se nomme Job Erhard Pacius, Diaconus et Rector Scholae Ganzenhausensis, — Tout le monde connait l'histoire de l'eur- pereur Frédéric 11, supérieurement bien traitée par M Fr de Raumer dans son ouvrage classique intitulé « Geschichte der Hohenstaufen,» 2° édit, Leipsick, 1841, S°, vol. HE et LV, el partieu- I, p. 428 à 534 partie de sa vie en Halie et en Sicile lièrement vol Néen 119$ et mort en 1250, l'empereur passa li plus grande Son ouvrage sur la fauconnerie, complété et pourvue d'addi- tious par son fils naturel, le roi Manfred, né nous est pas parvenu complétement. I présente plusi- eurs lacunes, et il parait même qu'un livre entier en est perdu, attendu que l'empereur parle lui méme, | 1, © tt qu'il a é 2, p. 76, d'un livre traitant de l'autour, lequel ne fait point partie de £on ouvrage imprimé. Quant aux lacunes, elles ne paraissent se trouver qu'au commencement el à la fin de l'ouvrage. — C'est sans contredit un des meilleurs travaux publiés sur la fauconuerie; ilest rempli de vues ingénicuses et d'excellentes observations, les descriptions d'oiseaux qu'il cou- tient sont souvent d'une graudé exactitude: en un mot, cel illustre prince a lui même examiné tout ce qui a rapport au sujet dont il traite et qu'il entendait en maitre; aussi n'est-ce que rarement qu'il se montre imbu des préjugés qu'il a puisés dans lès ouvrages d' Aristote où de Pline. Quoiqne son ouvrage soit écrit en latin barbare, l'exposition en çst néanmoins précise el claire, et le style agréable, IL est vrai que ce travail curieux manque d'unité de plan, qu'il s'y trouve quelque- fois des répétitions, et doit à une époque où les sciences ne furent presque point cultivées, ait pu trouver le loisir de s'occuper que l'empereur entre, dans certaines parties, en des détails inutiles; mais on Gonner à juste titre qu'un homme, dont la vie a été si tumullueuse, el qui à vécu Nous avons donné, dans notre de suite d'un travail aussi étendu que celui qu'il nous a laissé. ehapitre sur l'histoire de la fauconnerie, un extrait de cet ouvrage nommé, par lé roi Manfred, dans la préface du premier livre: LIDER DIVE AUGUSTI FRIDERIGI SECUNDI ROMANORUM IMPERATONS LERUSALEN ssi, sur cet ouvrage l'histoire de la ET SICILIAE REGIS DE ANTE VENANDI CUM AYIGUS. — Consulter littérature par M. Eichhorn, en allemand, vol. I, p, 96. l'empereur comprend trente-cinq miniatures, représentant toules sortes de détails relatifs à la faucon- Un des manuscrits de l'ouvrage de nerie. On en trouve à copie au trait dans l'histoire de l'art par Seroux d'Agincourt, Berlin, 1840, fol. pl. 73 noscritto latino del XIE secolo. 8.) ALBERTUS MAGNUS; DE FALCONIBUS, ASTURIBUS ET ACCIPITRIBUS, formant le 23% livre de son grand ouvrage pe aNotauious, Lyon 1651, fol., tom. VE, appeud., ét que l'on trouve ausst Cette planche est inscrite: Miniature di un tratlato di Falconeria di Federigo IT, ma- adt, surnommé, imprimé à la suite du traité de fauconnerie de l'empereur Frédéric. Albert de Boll par ses contemporains , le grand, homme très sayaul pour l'époque à laquelle il vivait, à composé Son grand ouvrage sur les animaux, entre les années 1262 et 1280, à Cologne, où il s'était retiré cloître. Le livre qui traite des oiseaux de ch dans un e est unëé compilation indigeste, extraite de la lettre en langue catalane dont nous avons déjà parlé, de l'ouvrage de l'empereur Frédéric, et des œuvres perdus du nommé Guillaume, fauconmer du roi Roger de Sicile (voir le chap. XVI); il s'est aussi servi des indications que lui avait cowmuniquées un fauconniér qui avait loi mps habité les Alpes en érémite (voir le chap. VEN). Ne connaissant pas les oiseaux en nature, chaque nom qui parvenait à sa connaissance, lui servait pour établir une espèce particulière, de orte qu'il a, en se laissant en même temps guider par les indications d'Aristote et de Pline, porté à dix-sept le nombre des espèces de faucon. L'autorité dont ses ouvrages ont joui pendant des siècles, fut cause que les travaux dé la plupart des écrivains postérieurs, même jusqu’ à ceux de Linné el Brisson, se ressentent des erreurs qu'il a commises el de la confusion qu'il a répandue en lraitant d'une matière qui lui étuit absolument étrangère. 9.) VINCENTIUS BELLOVAC S; SPECULUM NATURALE. Ce moine a vécu au 14% siècle, Le pro- logue de son ouvrage commence par les mots suivants, qui tiennent licu de titre. [ncipit specu- lu naturale Vincentii Belovacensis fratris ordinis praëedicatorum. Il a été imprime en deux volumés in-folio; à ee qu'il parait, par A. Koberger À Nurembe On a cité ce compilateur parmi ceux qui ont traité de la fauconnerie; mais on ne lrouve daus son ouvrage qu'un extrait de ce qu' Aristote, Pline, Isidore d'Espagne, Albert le grand, les auteurs de l'ouvrage intitulé ede natura rerum» et de l'épitre catalane ont écrit, soit sur les espèces des oiseaux de chasse, soit sur les rémèdes que l'on doit appliquer daus les différentes maladies aux- quelles elles sont sujettes. Voir: Com. 1, Liber XVIL, cap. 18 et 19, de accipitre; cap. 20, de diversis specicbus aecipitris; cap. 32 et 34, de aquila; cap. 95, de specicbus aquilae; cap. 71, defalcone; cap. 72, de diversis gencribus falconum. 40.) BELISARIL AQUAVIVAE, ALIQUOT AUREOLT VERL LIBELLI DE PRINCIPUM LIBERIS EDUCANDIS, DE VENATIONE, DE AUCUPIO, DE RE MILITART, DE SINGULART CERTAMIN Basileae, 1518, lol; Neapoli 1519; Basil., 1578, 8°, — Je cite de cel ouvrage, qui con- tient plusieurs détails assez curieux sur la faucouncrie, l'édition de Bâle de 1578, dont le livre intitulé «de Aucupio" occupe les pages 89 à 144. GESNER, ANIMALIUM LIBER I, QUI EST DE AVIUM NATURA, fol., Tiguri, à Francfort sur Mein en 160$ et 1617. — Gesner fut un des hommes les plus 11) 565; réimprimé ants de son siècle. Quoique inférieur à Belon comme observateur ct ofnithologiste, son histoire aste érudition qu'il ya montrée. — Les principales notices naturelle est au contraire remarquable par là sur la faucounerie se trouvent aux pages 9 à 35 de son ouvrage. Iles a compilées d'autres ouvrages écrits avant lui. 32) PETRI ANGELL IXEUTICON SEU DE AUCUPIO ; Florence, 1566, 4°, — Poème latin, dédié à Ferdinand de Médicis. 13) JACOBI AUGUSTE THUANT, DE RE ACCIPITRARIA LIDRI TRES, VERSIBUS HEROICIS ; Mamert Patisson, Lutetiae, 1584, in quarto. Les deux premiers livres de ce poème avaient été imprimés antérieurement à Bordeaux en 1582. Le poème entier à été réimprimé dans le troisième volume des DELIGIAE POETARUM GALLORUM, dans les ouvrages de Scévole dé Sainte Marthe, Paris, 1787, 8, ainsi que dans le RECUEIL DE MIGAULT, où il occupe, so pages 4 À 100 de la troisième partie, Ilen existe aussi une traduction en vers italiens, publi Ce poème du célèbre magistrat de Thou a été écrit lé titre d'nEnAcosormton Venise chez G. B. Albrizzi, 4795, in quart sous le règne de François IT. La versifieation est imitée d'après Virgile. L'auteur traite des diverses espèces d'oiseaux de chasse, de la manière de les soigner et de les dresser; il décrit les différents vols auxquels on les emploie; il parle de leurs maladies et des rémèdes contre ces maladies. Enfu l'origine de a fauconnerie Ini fournit matière pour une épisode. On trouve à la suite de ce poème quelques explications relatives à K nomenclature française des oiseaux de chasse, ainsi qu'une Épitre en vers UM FRANGIAE CANCELLARIUM. intitulée somnrus, et insérile : AD AMPLISSEMUM V. PUILIPPUM HURALTUM CEVERA Quoique éerit en vers, Cot ouvragi ne laisse pas d'offrir de l'utilité, et en le parcourant, on voit à l'évidence, que M. de Thou se connaissait (rès bien cu fait de fauconnerie. 14.) CONRAD HERESDACH; DE VENATIONE, AUCUPIO ET PISCATIONE, faisant partie de Spire, 1505, æ.— Espèce de dialogue, dont les interlocuteurs représentent les arts, mentionnés dns Le titre sou ouvrage intitulé ner nusricae, libri LV; Cologne, chez Birkmann, 4571, 12; On ne trouve dans cèt ouvrage que quelques nolices émement succincles sur les espèces de faucon et la manière d'exercer la chasse au vol Voir les pages 475 à 978 de l'édition originale. 15.) SEPAST. DE MEDICIS; DE VENATIONE, PISCATIONE ET AUCUPIO ; Col. 1598, 8°. — Cet ouvrage lraite presque exclusivement du droit de chasse. 16.) ULYSSIS ALDROVANDI ORNITHOLOGIAE LIBER XIL; DBouoniae, 1599, in fol. — L'auteur traité, dans les seize premiers chapitres du tome I, dés oiseaux dé proie en général; il décrit toutes les espèces connues de son temps, et il indique succinctement les genres de chasse pour lesquels on les emploie. Il parle en détail, liber E, p. 32 et 43, de l'affaitement de l'aigle; libre IV, p. 298 à 323 de l'affaitage des oiseaux pour la chasse au vol en général, ainsi que des maladies des oiseaux et de leur guérison, et enfin, livre VI, p. 436 à 458, de l'affaitage des fau- cons en particulier. On trouve aussi, dans son ouvrage, notamment dans le 4 livre, p.298 et suiv., des notices sur l’histoire de la fauconnerie. Du reste, les données relatives à l'art de la fauconnerie sont en majeure partie compilées des ouvrages de Démétr s, de l'empereur Frédéric, de Bélisaire, de Carcano et d'Albert le grand. 17.) AUCUPIT PER FALCATAS AVES USUS QUAM SIT ANTIQUUS ET DE PIRUM GE- NERE, V. LAEËLIT BISCIOLAE HORAE SUBSECIVAE Tugolst., 1611, fol. — Cité par Kre p. 155. 18) IUL. CAES. BOULENGER, OPUSCULA, Lugd un chapitre iuseril DE VENATIONE GinGi ET AMMTUFATRI, dans lequel l'auteur parle d'une manière ssig 1621, fol. — On trouve, dans le tome IT superficielle de la fauconnerie en général 19,) HUB. 10S. HUFF DE STEINACH, DISS. JUR. DE ARDEARUM REIGERBEISSE, Al. 1738, 4°. — Cité par KnevssiG, p. 161 20.) IOANNIS CAII, DE CANIBUS BRITANNICIS LIBER; Loudini, 1750, 12, — Nous n'énu- mérons ici cet auteur que parce qu'il traite des chiens dont on se sert pour là chasse an vol. 21.) BIBLIOTHECA SCRIPTORUM VENATICORUN, continens auctores qui de venalione in sylvis, aucupio, piscatura et aliis eo speelantibus commentali sunt, congessil GEORGE CHRISTOPH KREYSSIG, Altenburgi, apud Paul. Eman. Richterum 1750. — Cel opuseule est, avec l'ouvrage de Lallémant, le catalogue le plus complét qui ail paru sur celle ma- ti Lallemant, préface, p. Ce n'est cependant qu'une compilation faite sans critique, de sorte qu'en la consultant, il faut user de circonspection. 22.) AD RELIQUA LIBRORUM FRIDERICI IL ET ALBERTI MAGNI COMMENTARIT, AUCTOR J. G. SCHNEIDER, SAXO, ELOQU. ET PHILOL. PROFESSOR, Laipsiae, 1789, #,; formant le deuxième volume de l'édition que Schneider à donnée des oeuvres de l'empereur Frédéric 1 et du VENATI » VULGO LXXI, ne l'a connu que par le litre. trailé des oiseaux de chasse d'Albert le grand. — Schneider, homme de lettres célèbre et naturaliste distingué a, dans ces commentaires, fait preuve d'une érudition peu commune, non-obstint qu'il né füt nullement versé dans l'art de la fauconnerie et qu'il u'ait connu qu'un pélil nombre d'ou- vrages traitant de celle matière. Les commentair à l'ouvrage de Frédéric IE, se trouvent aux pages 1 à 88: ceux au lravail d'Albert lé grand, aux pages 89 à 103. Son catalogue des auteurs de fau- connerie, p. 106 à 125, ne comprend qu'une douzaine d'ouvrages; mais il donne des extraits détaillés des traités de Æ, G. Fr. Sforzino et de Ch. d'Arcussia. On trouve ensuite aux pages 126 à 131, une énumération des termes techniques de fauconnerie allemands, tivée de la traduction allemande de l'ouvrage de l'empereur; aux pages 192 à 143, un extrait détaillé de l'ouvrage de Huber, eLentin, pb. 479 à 202, une discussion ample mais peu satisfaisante sur les différentes espèces des oiseaux de proie mentionnés par les auteurs. Les autres dissertations contenues dans ce volume, n'ont aucun rapport à la chasse au vol OUVRAGES ÉCRITS EX LANGUE FRANÇAISE, 23.) LE LIVRE DU ROI MODUS El DE LA ROYNE RACIO; 1} Chambery, Antoine Neyret, 1386, 4, gothique avec figures; 2) sans date, Paris, Johan Janot, in 4‘, ancienne bâtarde, à longues lignes, avec signatures, chiflres el figures en bois; 3) Paris 1526, in 4°, gothique avec ügures, 4) Pal 1560, Corrozel in 8°; cetie édition fourmille, suivant E. Blaze, dé fautes de lout genre; elle à aussi paru sous le nom de Guillaume Le Noir; 5) nouvelle édition conforme aux manuscrits de la bibliothèque royale, avec une préface par Elzéar Blaze; Paris E. Blaze, 1839, S*. gothique; le trailé de fauconnerie occupe les feuillets LXXVI à CXXIIE de cette der- nive édilion. — On ignore le nom de l'auteur de cet ouvrage pseudonyme, composé, dans sa forme actuelle, suivant E. Blaze, au commencement du XIV siècle. Il en existe plusieurs manuserits à la bibliothèque royale de Paris. L'auteur habitait probablement le nord de la Frauce. — Cet ouvrage est, après celui de l'empereur Frédéric, un des meilleurs qui aient paru sur la fauconnerie dans le moyen âge. Nous en avons tiré quelques détails pour notre aperçu de l'histoire de la fauconnerie. 2.) GACE DE LA VIGNE. LE ROMAN DES DÉDUITS. Tmprimé à la suite de GASTON rnoEnus, LE MIROIR DES DÉDUITS DE LA CIASSE AUX UÈTES SAUVAGES; Paris, in quarlo, chez Antoine Vérand, Il sans date; chez Jean Treperel, sans date; chez Phil Le Noir, 4° goth., 4520. Le titre complet de l'ouvrage se trouve chez Lallemant, qui lui-même l'a emprunté d'un maouscrit du Roman des déduits Le voici: Gace de la Vigne, jadis premier chapelain detrès-excellent Prince le Roy Jehan de France, que Dieu absoulle, commença ce Roman à Bedeforl en Angle- terre l'an MCCCLIX du mandement du dit Seigneur, affin que Messire Philippe son quart fils, Due de Bourgoigne, qui addone était jeune, apprist les déduits pour eschover le peché oiseulx, et qu'il en fust miculx enseigné en moeurs, en vertus; et depuys le dit Gace le parfist à Paris. Ici commence le Roman des déduits. — Nous ne connaissons ce poème que par les extraits qu'en ont donné Lallemant, Mb hist. et eril, p, XOVIT et XCIX, ainsi que la Cure de St Palaye, vol. IT, p. 216, sui Ce dernier, p. 252, dit à l'égard de l'édition de cel ouvrage, publiée par Véran, « que cet éditeur donna au publie les traités de Phocbus et de Gace dela Vigue, comme s'ils cussent fait Pour mieux déguiser les deux parties du cette supposilion, il eut la mauvaise foi de supprimer les vers où Gace se nomme el pale de lui même, au commencement et vers la fin de son poème; mais il lui à échappé au fol. 37, 1°, col 4, un passage qui fait connaître clairement que l'ouvrage en vers appartenait À Gace de la Vigne." C'est done à tort que lt plupart des auteurs de fauconnerie citent Gaston Phoebus comme ayant composé un lraité de la chasse au vol. 25.) JEAN DE FRANCHIÈRES: LA FAUCONNERIE. — La première édition de cet ouvrage à C'est le livre de l’art de même ouvrage, dont Gaston aurait été le seul auteur paru à Paris en 1611, in quarto, gothique: elle porte le titre de la auconnerie, lequel Frère Jehan de Francieres, Chevalier de l'ordre de Saint Jehan de Iierusalem, Commandeur de Choisy en France a extraitetassemblé, c'estassavoir des Livres des trois maistres Faulconniers cy-après nommés, les- quels en leur temps furent moult experts et sçavans au dit art de Faulconnerie et selonla nature des Faulcons. Cet ouvrage a été réimprimé à Poitiers en 4567, in quarlo, avec figures ; avec ceux de G. Tardif, d'Artalouche de Alagona et le recueil de tous les oiseaux de chasse par G. B; et à Paris en 1585, en 1602, 1607, 1618, 4624 ct en 1628, in quarto, à la suite de la Vénerie de du Fouilloux. Nous citons l'édition de 1602. — Jean de Franchières vivait sous le règne de Louis XI; porains, IL parle des trois maitres fauconniers qui lui ont fourni malière pour son ouvrage, dns il aimait les sciences et s'est fait une réputation de savant parmi ses contem- les termes suivants: «le premier eut nom maistre Malopin, et fut en son temps maistre Faulconnier du Prince d'Antioche et frère jadis du Roy de Chypre. Le second eut nom Maistre Michelin, cestuy fut Faulconnier, (out son temps du dit Roy de Chypre. Le tiers eut nom Maistre Aymé Cassian, cëstuy fut gree et de l'isle de Rhodes, et fut moult bon Faulconnier et vescut long- temps; et moi même lai vu en mon temps faire moult de belles cures en fait de Faulconnerie" De Franchières cependant n'adople pas toujours leur manière de voir; il combat souvent leurs asser- L'ouvrage de J dont le premier seulement traite des ois tions, el fait connaître ce que sa propre expérience lui avait appris. de Fran- aux de chasse et de chières est divisé en quatre livres, leur éducation; les trois autres ne roulent que sur les maladies de ces oiseaux et sur les moyens propres pour y rémédior 26.) GUILLAUME TARDIF; L'ART DE LA FAULCONNERIE ET DEDUYT DES CHIENS DE CHASSE, Paris, Philippe Le Noir, in quarto, gothique sons date, Cet ouvrage à lé réimprimé p. 53 À 85; puis à Paris en 1628. — Guillaume Tardif du Puy en Vellay, professeur an collége de Navarre et lecteur de Chales VIN, à la suite de celui de 4, de Franchières, Paris, in quarto 16 est mort vers la fin du quinzième sièele. I raconte lui-même dans sa dédication au roi Charles VI, l'origine de son ouvrage Daueus, qui premier trouva et escrivit l'art de la Fauconnerie, et des Livres en Latin de Moamus, «Lequel livre ay translaté en François des livres en Latin du Roy de Guillinus et de Guicennas, et colligé des autres bién Sçauans an diet art, briefuement et cle- rement en ordre par rubriches et chapitres ele.» Cet ouvrage est divisé on deux partiës: la pre- mière traite des différentes espèces d'oiseaux de chasse et de la méthode de les dresser ; la seconde offre des renseignements sur la guérison des maladiés des oiseaux de proie. 27.) LA FAUCONNERIE DE MESSIRE ARTHELOUCITE DE ALAGONA, SEIGNEUR DE MARAUE- QUES, CONSEILLER ET CIHAMBELLAN DU ROY DE SICILE. Ce travail est imprimé à La suite de Franchiè de la facounerie de J . — HI faut que cet auteur, connu seulement de non par titre de son ouvrage, ait vécu dans la dernière moitié du quinzième siècle, attendu que la Sicile n'a été gouvernée par ses propres rois que jusqu'en 1504, et qu'il parle, à la page 95 de son Son travail est ouvrage, du fauconnier Cassin, qui était contemporain de Jean de Franchières. assez court et de peu d'importance. Les descriptions qu'il donne des oiseaux de chasse sont très superficielles. Ce qu'il dit de l'afaitage de ces oiseaux et des diffé ents vols auxquels on les ém- ploie, est très incomplet el exposé d'une manière coufuse; ce traité enfin roule, comme tant d'autres, en grande partie, sur les maladies des oiseaux et sur les prétendus moyens de les guérir. 28.) GUILLAUME CRETIN. Ce poêle, chantre de la Sainte Chapelle de Paris, trésorier de celle de Vincennes ot chroniqueur ou historiographe du Roi, à vécu sous Charlés VII, Louis XIE et François L On a de fui un poème, production fade, où est diseutéc fauconniers el les Voyez la bibliothèque X. p. 23, et Lallement p. CLIIT à CLVI. .) La CHASSE AU FAUCON, manuserit du XVI®* siècle, publié dans lé FEUILLETON Du JOURNAL ve PARIS du 26 Juillet 1838 30.) L'HISTOIRE DE LA l'ancienne querelle entre les VONEUrS. française de l'abbé Goujot, vol NATURE DES OYSEAUX, AVEC LEURS DESCRIPTIONS ET NAIFS PORTRAICTS RETIREZ DU NATUREL; ESCRITE EN SEPT LIVRES, PAR PIERRE BELON DU MAN , in folio. — La première partie du second livre, p. 83 à 131, comprend la description des oiseaux de proie diurnes, de plusieurs détails relatil ; A Paris, 155 à la fauconnerie et à l'histoire de cel art. s descriptions ayant été faites en grande partie d'après nature, elles ont été copiées par eurs, et son livre mérite d'autant plis à être cité que l'anteur était ornitho- logiste plein d'expérience et voyageur mstruit, 31.) RECUEIL DE TOUS LES OISI CC RIE PAR G. B.; imprit précédé de descriptions des oïsi plusieurs des ses succes DE PROIE QUI SERVENT A LA VOLERIE EL FAU- à la suite de La FAUGONNERE DE JEAN DE FRANCINÈENES. Ce recueil X de chasse et de plusieurs autres oiscaux de proie, tels que les vautours et le faux-perdrieux, traite successivement du choix des faucons, de leur nourriture, de l'art de les affaiter, de les gouverner el de les faire voler. On ignore quel est l'auteur de cé Uaité, mais il est facile de constater l'époque à laquelle il écrivit: ayant copié presque textuellement les descriplions d'oiseaux données par Belon dont l'ouvrage à paru en l'auteur doit avoit composé son reeucil entre cette époque et l'an 1567, où il fut huprimé pour la première fois. 32) LES PLAISIRS DES CHAMPS DIVISÉS QUATRE LIVRES, SELON LES QUATRE SAI- SONS DE L'ANNÉE, PAR CLAUDE GAUCHET, DAMPMARTINOIS, AUMONIER DU ROT (cuances ax), Paris, Chesman 1583, in quarto; revu el augmenté d'un Devis d'entre le Chas- seur et le Citadin; avee l'instruction de la volerie et tout honnète exercice qui sé peut prendre avec champs, Paris, Abel Langelier, 1604, in quarto. — Ce poème, de nulle valeur sous le rapport littéraire, n'offre non plus le moindre intérêt scientifique. Lallemant un a parlé fort au long daus sa Bibliothèque, page CVII à CXVE 33.) DE L'AUTOURSERIE ET DE CE QUI APPARTIENT AU VOL DES OISEAUX , PAR PIERRE GOMMER, SE R DE LUSANCY, ASSISTÉ DE GOMMER, SEIGNEUR DU BREUIL, SON FRÈRE; Chälons, Guyot, 1594, in octavo; Paris, 1608. — Lallemant, p. CXVI, est le seul auteur qui cite ce livre que lui-même n'a su se procurer. 31.) LA FAUCONNERIE DE FRANÇOIS DE SAINT AULAIRE, SIEUR DE LA RENAUDIE EN PÉRIGORD, GENTILHOMME LIMOSIN, Paris, 1619, in quarto. — Ouvrage cité par Lallemant, page CXXXT, qu'il na connu que par le titre. 35) LE MIROIR DE FAUCONNERIE, OU SE VERRA L'INSTRUCTION POUR CHOISIR, NOUR- RIR, TRAITER, DRESSER ET FAIRE VOLER TOUTES SONTES D'OISEAUX, LES MUER ET ESSIMER; CONNAITRE LES MALADIES ET ACCIDENS QUI LEUR ARRIVENT, LES REMÈDES POUR LES GUÉIUR, PAR PIERRE HARMONT, DIT MERCURE, FAUCONNIER DE LA CHAMBRE. av. fig; Paris, Percheron, 1620, in oct. avec fig; Besoigne, 4635, in octav. Paris, David 1646, in quarto,av.fig. — L'auteur, fauconnier de la chambre sous Henri LL et Henri IV, a consigné dans cet ouvrage les expériences qu'il a acquises pendant l'espace de quarante cinq ans, employés aux devoirs de sa Ch: — Le miroir de la fauconnerie est réimprimé à li suite de plusieurs éditions de la Vénerie de Jacques du Fouilloux. 36.) L'AGRICULTURE ET MAISON RUSTIQUE DE CHARLES ESTIENNE ET JEAN LIEBAULT. Revueet augmentée de beaucoup: plus un brève recueil des chasses du cerf, du sanglier ete, ,et de 37.) LA FAUCONNERIE FRANÇAISE. Voir RENÉ FRANÇOIS, ESSAY D ete., Rouen, 1626, 4° 38.) FRANÇOIS POMEY, DICTIONNAIRE FRANÇAIS — LATIN, Lyon, 1676, 1687, 1701, — On trouve à la fin de cet ouvrage un traité succinet de véncrie et dé fauconnerie. 39.) TRAITÉ DES CHASSES, DE LA VÊNERIE ET FAUCONNERIE, Paris, 1684, 8. — Cité Par KNEYSSIG, p. 47 40.) LE VERITABLE FAUCONNIER, PAR M. CLAUDE DE MORAIS, CHEVALIER, SEIG R DE FORTILLE, CI-DEVANT CHEF DU HÉRON DE LA GRANDE FAUCONNERIE, DÉDIÉ AU RO, Paris, Gabriel Quinet, 1683. Réimprimé à la Louis LiGEn, Paris, 1722 à 1723, in quarto. Lallemant, p. CXLIIE, fait l'éloge de cet ouvrage peu considérable, que nous n'avons su nous procurer et qui a été exploré par la plupart des compilateurs la Fauconnerie. Rouen, 1625 et 1629, 4°, — Cité par KneyssiG, p. 45, MERVEILLES DE LA NATURE — Cité par KREYSSI6, p. suite du NOUVEAU THÉÂTRE D'AGRICULTURE PAR qui depuis ont écrit sur cette matière. 41.) LE PARFAIT CHASSEUR, OÙ INSTRUCTIONS À CEUX QUI AIMENT LA CHASSE POUR SE RENDRE CAPABLES DE CET EXERCICE; APPRENDRE AUX VENEURS, PIQUEURS, FAUCON- RS ET VALETS DE CITIENS, A SERVIR DANS LES GRANDS EQUIPAGES, SUR LA D T FAIRE, LA MANIÈRE DE RENDRE LES PIGEONNIERS, LES GAR BASSES-COURS ET LES ÉTANGS FÉCONDS ET PROFITABLES, ET LES REMÉDES POUR LES MALADIES DES CHIENS, PAR JACQUES ÉPÉE DE SÉLINCOURT, Paris, Quinct, 1683, in apport à la chasse au vol. duodecimo. — Compilation qui offre peu d'intérét par #2] LES AMUSÉMENS DE LA CAMPAGNE, OU NOUVELLES R S INNOCENTES, QUI ENSEIGNENT LA MANIÈRE DE PRENDRE AU PIÉGE TOUTE SORTE D'OISEAUX ET DE BÈTES A QUATRE PIEDS, AVEC LES PLUS BEAUX SECRÈTS DE LA PÊCUE DANS LES RIVIÈRES ET LES ÉTANGS ET UN TRAITÉ NËRAL DE TOUTE: CHASSES, PAR LOUIS LIGER, avec fig. en bois; Paris, Prudhomme, 1709, in duodecimo, 2 vol. — Cet ouvrage, compilé principalement, pour ee qui regarde la chasse au vol, d'après les Traités de d'Areussia et de de Morais, à été réimprimé, sans nom d'auteur et avec plusieurs changements, à Amsterdam, chez Roger, 1714, 2 Vol, in duodécimo, — Les AMDSEMENS DE LA GIASSE ET DE LA rŸGuE, dont nous ne connaissons que la cinquième édition, publiée en 1743 à Amsterdam et à Leipzigk, chez Ark- strée et Merkus, ne sont au fond qu'une édition augmentée, mais altérée et déguisée, des Amusemens de la campagne 43.) L'ART DE TOUTE SORTE DE CHEVAUX, LES CHIEN rèCI CHASSES ET DE PÈCIIES, AVEC CELUI DE GUÉRIR LES ET LES OISEAUX, UN DICTIONNAIRE DE LA CHASSE ET DE LA , ET UNE EXPLICATION DES TERMES DE LA FAUCONNERIE, PAR DEMANDES ET RÉ- ro S. Lyon, Goudet, 1719, in duodecimo, 2 vol. — Compilation absolument dénuée d'intérét, 54) ANTOINE GAFFET, SEIGNEUR DE LA BRIPARDIÈRE. NOUVEAU TRAITÉ DE LA VÊNE- RIE, PAR UN NTILHOMME DE LA VÊNERIE DU ROI, Paris, 1742, in octavo. — Nous ne connaissons cel ouvrage que par les indications fournies par Lallemant, Biblioth., p. CXLIX et CL, qui dit, que l'ouvrage dé Galet est terminé par un Essai de Fauconnerie très abrégé. #5}. BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE ET CRITIQUE DES THÉREUTICOGRAPIES par NIC, ET RICH. LALLEMANT, formant le premier volume de L'ÉCOLE DE LA CHA et. auteurs de cette bibliothèque ne se sont nommés ni sur le titre ni dans la préface, mais on trouve SE AUX CHIENS COURANS, par M2 LE VERRIEN DE LA CONTEME, Rouen, chez Lallemant, 1763, 2 vol. in octavo. Les leur nom à la fin de l'ouvrage, dans l'approbation insérée par ordre du chancelier de France. Le travail dé M. M. Lallemant offre un catalogue assez complet des ouvrages de fauconnerie latins et fran- sai , accompagné d'extraits de ces ouvrages, de l'énumération des différentes éditions, et de notices bios aphiques des auteurs. Cette bibliothèque est très précieuse, puisqu'on y trouve des renseignements sur plusieurs ouvrages devenus très rares aujourd'hui. Il faut cependant user de circonspection en consultant le livre de MM. Lallemant, Plutôt bibliophiles que savants de profession; entrainés par le désir de rendre leur sujet agréable par une narration élégaute en imitant li manière d'écrire de Vollaire; se reposant (rop souvent sur la foi de leurs prédécesseurs ou sur les indications contenues daus les atalogues, ces auteurs se sont quelquefois égarés de la vérité, soit qu'ils la sacrifient à des jeux de mots, à des anthithèses ou à des saillies rechercl , Soit qu'ils ne mettent pas toujours l'exactitude nécessaire pour ce geure de recherches. 16) LE ROY. Voir L'ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES ET DES MËTIERS, PAR DIDEROT ET D'ALEMBERT. Paris, fol ticles FAUGONNEME CL FAUCONNIER : tome IV, 1756, p. 430 D à 433 A; et les articles vou et vocemir: tome XVII, 1756, p. 440 D à 450. L'auteur, lieutenant des chasses du pare de Versailles, a présenté, dans ce travail succinet, des détails assez curieux sur lt chasse an vol 57.) DICTIONNAIRE THÉORÉTIQUE ET PRATIQUE DE CHASSE ET DE PESCIE; Paris, 2 vol, in 12% — Les articles suivants de cet ouvrage composé, à ce que l'on croit, par, par M. Delisle de Sale, ont rapport à la chasse au vol; Auroun et aurounsemE , vol 1, p. 49 à 56; et N CL FAUCI EIRE, ibid., p. 346 #. C'est une pure compilation que nous n'avons citée que parce qu'elle renferme une lise très détaillée des tèrmes de fauconnerie. 38.) DE LA CURNE DE SAINTE PALAYE, MÉMOIRES HISTORIQUES SUR LA CHASSE, DANS LES DIFFÉRENS AGES DE LA MONARCHIE, insérés dans le troisième et dernier volume des SUR L'ANCIENNE CHLEVALEME, PAR M, DE LA CUNNE DE SAINTE PALAYE, Paris, 1781, in 120 p. 1 la fin du volume; ou vol. LH, p. 257 jusqu'à la fin de la nouvelle édition publiée par Ch. Nodier, Paris 1826 L'auteur noclavo. rapporté dans ces mémoires un bon nombre de faits historiques relatifs à la chasse an vol en France; son où Gace de la Vigne age est lérminé par un extrait détaillé du poëme de 49.) ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE, OISEAUX PAR M MAUDUYT; Paris, 1784, in qua rto, tome IT, p.9 à 19, articles FaucoN et FAUCONNERIE. L'auteur, qui ne s'entendait lui-même nullement en matière de fauconnerie, s'est servi du travail de Le Roy et d'un mémoire qu lui fut communiqué par Hubert, pour composer un aperçu succinct sûr la chasse au vol. Ilubert à publié lui-même presque simultanément une partie du mémoire dont parle Mauduyt, sous le litre de « Observations sur le vol des oiseaux de proie.” 50.) ODSERVATIONS SUR LE VOL DES OISEAUX DE PROIE, PAR M. chez Paul Barde, HUBER; Genève 1784, in quarto, — Il parait que cet opuscule curieux est assez rare Schneider en à donné un ample extrait dans ses commentaires aux œuvres de l'empéreur Frédéric IE, p. 1324 443. résumé d'observations assez piquaotes sur la différence qui existe entre le vol des faucons et celui Cette dissertation de 51 pages est accompagnée de sept planches, Elle renferme le des autres oiseaux de proie; différence qui résulte de la configuration des ailes, dont il n'existe rait, selon l'auteur, que deux modèles parfaitement distincts dans toute la classe des oiseaux de proie, savoir l'aile rameuse et l'aile voilière. Huber divise en conséquence les oiseaux de proie en deux familles, savoir celle des oiseaux rameurs et celle des oiseaux voiliers. Les oiseaux rameurs correspondent au genre faucon des naturalistes; ce sont pour lui les oiseaux de haut vol. Les oiseaux aux voiliers se divisent de réchef 1, en oiseaux voiliers saillants, savoir l'autour et l'épervier, qu'il nonune 0! de bas vol, ct 2, en oiscaux voiliers communs ou oiseaux prétendus ignobles ; ectte dernière subdivi- N°. 3 de l'ouvrage olre l'é- sion comprend tous les autres oiseaux de proie diurnes. La planche E, chelle comparative de la taille des oiseaux de chasse, au moyen de jolies petites figures. On voit Tune, Les autres planches sur les planches L et les figures des ailes et des serres de plusieurs oiseaux de proie. sont destinées à représenter, au moyen de lignes tracées sur le papier, la carrière que les différents oiseaux de proie sont obligés de. parcourir dans les airs pour parvenir à un certain point, Ce travail du savant Huber, tout en offrant de nombreuses lacunes, ne laisse pas d'exciter l'intérêt le plus vif et mérite d'être lu et étudié par le naturaliste observateur. M. Huber avait aussi préparé un travail étendu sur la fauconnerie, mais il ne l'a pas publié; il en parle à la page 44 de sa dissertation; Mauduyt, à qui il avait été communiqué, s'en est semi pour composer l'article fauconnerie pour l'Encyclopédie méthodique. 51.) LE PARFAIT CHASSEUR, TRAITÉ GÉNÉRAL DE TOUTES LES CHASSES PAR M, AUGUSTE DESGRAVIERS. Par p. sur la fauconnerie et un dictionnaire des Lermes de cet art. Cette compilation ne répoud pas méme 1810, S°— On trouve dans cet ouvra 8 à 313, quelques détails au titre de simple abrégé que l'auteur lui donne. 52) TRAITÉ GÉNÉRAL DES EAUX ET FORÈTS, CHASSES ET PÊCHES; Troisième partie, mic , PAR M. BAUDIILLART, Paris, d'une «BIBLIOTHÈQUE HISTORIQUE ET CRITIQUE DES OUVRAGES THÉREUTIQUES ANCIENS ET MODERNES" TION AIRE DES CHASSI 1834, 4°. — Cel ouvrage est précédé, p 25 à 92, cette dernière est compilée en grande partie d'après la Bibliothèque des frères Lallemant. Le dictionnaire ième contient les termes de fauconnerie d'après l'ordre alphabétique, mais l'auteur a cru inutile de consacrer un article spécial à cet art, qu'il sait étre totalement ndonné en France eU ne plus faire partie de la chasse, Voir au mot Fauconnerie, p, 379. OUVRAGES EX LANGUE ROMANE. vr- RIGAULT , 53.) EPISTOLA AQUILAE, SYMMACHE ET THEODOTIONIS AD PTOLOMAEUM REC TI, DE RE ACCIPITRARIA, CATALANICA LINGUA I, p. 186 à 120. On ignore également qui étaient les trois auteurs de celle épitre et à quelle époque dans l'in Insérée OPINION DE elle a été composée. Albert le grand eu parle déjà au commencement du viugt-troisième chapitre de son traité « de falconibus”, en ces termes: sAntiquissimorum Aquilac et Symachi et Theodotionis exstant Epistolae ad Ptolomacum Philometoren Regem Acgypti" Comme il va sans dire qu'un ouvrage én lan- gue romane ne peut pas ”avoir Été écrit du temps des rois d'Egypte, on a le droit de supposer par cette raison ainsi que par le caractère et le style de cette épitre, dont l'idiome tient particulièrement du langnedocien, qu'elle est le produit d'un auteur pseudonyme du douzième où du trizième siècle Schneider, Le. p. 103, hasarde l'opinion, qu'elle n'est qu'une traduction de l'ouvrage latin intitulé «de natura rerum” où plutôt du chapitre de cet ouvrage qui traite des oiseaux de proie, ehit- pitre qui a Gt également inséré dans le recueil de Rigault, 1. €. p. 204 À 211; mais celle supposition nous parait très gratuite, puisqu'il est dit expressément à la fin de ce chapitre, p. 241, que ce travail latin a été extrait de l'épitre catalane dont nous parlons, Celle épitre ne porte origimarement pas de titre; ee qui est inscrit en tête du premier chapitre paraît en lenir heu; le voici: ASST COMMENSA Lo LIDRE DELL NUDRIMENT [IE DE LA GUNA DELS OCELS LOS QUALS SEPENTANYE HA Cassa. Puis on Lit dans ee même chapitre après lès mots dé & VA QUEST COMMESA LA PISTOLA! AQUILA SYMAGIUS ET THEONOSUS À TOLOMEU EMPERAUOR D'ÉGYPTE ET À TOTS LOS SE GENS DELICIOSAMENT VIVENTZ SALUT HE PAU. C@l opuseule traduit, comme il est dit dans le premier chapitre, d'autres ouvrages plus anciens, Est divisé en sept chapitres, qui traitent pour la plupart des maladies des oiseaux, Le sixième chapitre offre l'énumération des faucons; mais les détails descriptifs que fournissent les auteurs, sont tellement vagués qu'il est impossible de tirer le moindre parti de leur travail. 54) DEUDES DE PRADES; DELS AUZELS CASSADORS. Raÿnouard et Galvani ont douné des extra l'ocme d'environ 3600 vers, dont Voir Raynouard, Choix des poésies originales des Troubadours; Paris, Didot, 8, tome 5, 1820, p. 126 À 136; et Galvani, Os- servazioni sulla pocsia de trovatori ete. Modena, 1829, — C'est une espèce de traité de fauconnerie, Les oiseaux de chasse dont l'auteur fait mention, sont les suivants, L'au tour, dont il admet trois sortes; l'épervier; le faucon, dont il admet sept espèces, savoir le apelegris”, le «falex montaris ," le ofalco gruer,” le aguicfle," le «surpumie" et le obritan;" et enfin l'«esmerillo" OUVRAGES EN LANGUE VTALIENNE. LORENZO DE MEDICI, LA CACCIA COL “ONE. déposé À à LIBRERIA MEDICEO-LAURENZIANA, dans Roscoe, Vie de Laurent Médicis, tradue- an VII, vol. I, p. 529 poëme, qui n'offre, du reste, aucun intérét scientifique, le vol. E, p. 429, de l'ouvrage cité de Roscoc. 56.) LIBRO DI M. MEDERIGO GIORGI DEL MODO DI CONO RE LI BUONT FALCONI, ASTORI, E SPARAVIERI, DI FARLI, DI GOVERNARLI, E DI MEDICARELE, Venezia, Gabr Giolito 1547, $&; Vencgia 1567, 8; 1645, della medesima materia per Filippo Ghiselfi ad instanzadi Giov. Bidelli Battista, Brescia 1607, in Ip. 190 01121, à de cet ouvrage, dont la médiocreté nous dispense de parler davantage 57.) TRE LIBRI DE GLI UCCELLE DA RAPINA DIE M. FRANCESCO SFORZINO DA CARCANO, ae quali si contiene la vera cognitione dell'arte de struceiere, ed il modo di conos- Poëme imprimé, d'après un manuserit tion française, Paris, à 540. Consultez sur l'otigine de ce Milano con una aggionta nel fine 1%. — Schnvider, Le. donnéun extrait suecinet cere, ammacstrare, réggere et medicare tutti gli augelli rapaci Con un trattato de' Cani del medesimo. In Vinegia apresso Gabriel Giolito, 1568, 8; Vicenza, 1692, édition augmentée. Schneider, L e., IE, p. (19 et 120, à donné un aperçu de cet ouvrage, exploré avant ui, par Aldrovandi et Raimondi. — L'auteur dit dans sa préface que son travail est le fruit de quarante années d'expérience joint à la lecture de tous les ouvrages français et italiens, traitant de la ge Nonobstant celte protestation, il faut convenir que son ouvrage offre peu d'utilité : il y iseaux de proie, et il four- fauconnerie. règue une grande confusion par rapport à la détermination des espèces d'oi mille de fausses données à l'égard des noms, des caractères et des propriétés que l'auteur assigne À ailleurs je ne trouve pas qu'il ait ajouté de nouvelles connaissances à celles déjà acqui- ces espèce ses par ses devanciers. 58.) DELL'ARTE DEL STRUCCIERO CON IL MODO DI CONOSCERE E MEDICARE FALCONT, ASTORI E SPARAVIERI E TUTEE GLI UCCELLI DI RAPINA. DEL SIGNOR FRANCESCO CAR- CANO, NOBILE DI VICENZA. Brescia, 1607, 425. — A juger de l'extrait donné par Schnei- der, l.e., de cet ouvrage que nous n'avons pas vu, l'auteur se borne À traiter des maladies des oiseaux de chasse, des moyens de les prévenir et de les guérir. 59.) DELLE C. 1E DI EUGENIO RAIMONDI BRESCIANO LIBRE QUATTRO. Aggiuntovi'n questa nuova inpressione il quinto libro delle villa. I n'est fait mention sur le titre ni la date de cette publication; mais Ki préface est datée de 1626, — On doit des renseigne- Schneider, 1, e. TE, p. 124. C'est, selon ce savant, Les descriptions des oiseaux de proie son tirées de du lieu ni de ments sur cet ouvrage de fauconnerie peu connu d'un bout à l'autre une mauvaise compilation l'ouvrage de Careano. OUVRAGES ÉCRITS EN ESPAGNOL ET PORTUGAIS. 60.) VEDERIGO ZUNIGA Y SOTOMAYOR; LIBRO DE CETRERIA DE! CAZA DE AZOR, DE HALCONES Y DE TODAS AVES DE RAPINA; Salamanca, por Iuan Canova, 1565, in quarto. — Nous empruntons le titre de cet ouvrage espagnol à M. de Hammer, Falknerklee, p. XXXI Voir aussi Kreyssig, p. 187. Schneider en a parlé succinctement dans son édition des oeuvres de l'empéreur Frédéric, vol. IE, pe 107. On trouve, selon ce nt, un extrait de la fauconnerie de Zuniga à la page 70 de l'ouvrage anonyme intitulé «lntroduetio in oryetographiam et Zoologiam Aragoniae; et ouvrage à paru en 1784. IL ÿ est fait mention des dénominations arabes suivantes d'oiseaux de proie: Alfaneque, Borni, Bahari, Saere, Azor, Nebli. 61) ARGOTE DE MOLINA, LIBRO DE LA MONTERIA QUE MANDO ESCREVIR EL REY DON ALONSO DE CASTILLA Y DE LEON. Sevilla, 1582, petit in folio, — Cité par M. de Hammer, FALKNERRLEE, D. XXXI. 62.) DIEGO FERNANDES FERREIRA; ARTE DA CAZA DE ALTENARIA, Lisboa, 1616, 4°. — Cité par M. de Mammer, FALKNERRLER, pe XXXI. 63.) FERNANDO TAMARIZ DE LA ESCALERA ; TRATADO DE LA CAZA DEL HUELO. Madrid, 1654. 8, — Cité par M. de Hammer, Falknerklee, p XXXI. 64.) CETRERIA Y CAZA DE AVES, d'ua auteur inconnu é par M. de Hammer, Falkner- klee, p. XXXI. 6.) PERO LOPEZ DE AYALA; LIBRO DE CETRERIA, Manuscrit. Falknerklee, p. XXXL. 66.) JUAN DE SANT FAGUN; DE CETRERIA. klee, p. XXXI. 67.) F. MARQUES DE MIRABEL. LIBRO DE CETRERIA, DE CAZA DE AZOR, DE HALCO- NES Y DE TODAS AVES DE RAPINA. — Cité dans la grande Encyclopédie allemande d'Ersch et Gruber; voir au mot Penaranda de Duero, p. 4%, B cité par M. de Hammer, Manuserit, Cité par M. de Hammer, Falkner- OUVRAGES EN LANGUE ANGLAISE, 68.) THE TREATISES OF HAWKING, HUNTING, COAT-ARMOUR, FISIING AND BLAZING OF ARMS, AS PRINTED BY WYNKYN DE WORDE. Edited by Joseph Haslewood, Westmin- ster 1586, in folio. — Ouvrage dont nous ne connaissons que le litre. 69.) GEORGE TURBERVILLE, TUE BOOKE OF FALCONRY. London printed for Christo- pher Barker, 4575, in 4#—The sameaugmented With many new additions; London, Thomas Purfort, 1611, 4°. 70.) SIMON LATHAM, FAULCONRY OR THE FALCONS LURE AND CURE; 1615, 8°; 4618, %; London 1633, 4, w. Mg.; London, 1658, 8. — NEW AND SECOND BOOKE OF FAUL- CONRY, London, 1733, 4°. — Cet ouvrage ne m'est connu que d'après les citations de plusieurs écrivains 71) EDWARD PERT, TREATISE OF HAWKS AND HAWKING, London, 1619, 4° 72.) CERTAIN MISCELLANY TRACTS WRITTEN BY THOMAS BROWN, 1848, 8°, p. 11: 07 nAWkS AND FaLcoxnY. On ne trouve, dans cet ouvrage, que des indications sur les médicaments dont on faisait autrefois usage pour guérir les oiseaux de chasse malades. 73.) SEVERAL WAYS OF HUNTING, HAWKING, AND FISHING, ACCORDING TO THE ENGLISH MANNER. Invented by Francis Barlow. Etched by W. Hollor. London, 1671, fol Nous ignorons si ces planches sont accompag- nées d'un texte deseriplit. 74.) THE GENTLEMANS RECREATION IN FOUR PARTS, viz. HUNTING, HAWKING, FOWL- ING, FISHING, COLLECTED AT THE FIRST TIME FROM ANCIENT AND MODERN AUTHORS. London, Th. Fabian, 1677, 8°, C'est une compilation assez superficielle. données relatives à la fauconnerie se trouvent aux pages 177 à 219. — Ouvrage cité par Kreyssig, p. à. ame édition. Les 75.) DISCOURSE ON TE ART OF FALCONRY, publié à la suite de l'édition anglaise de L'OR- NITHOLOGY de FRANCIS WILLUGIIBEY. London, 1678, in folio. trouve pas dans l'édition latine originale de 1676, livre 11, chap. VI, p. 36 et 37, Cette dissertation ne se qui ne parle des oiseaux de chasse que dans le 76.) JAMES CAMPBELL, MODERN FALCONRY, Edinbourgh, 1773, in 8°. 77.) PENNANT, ARCTIC Z00LOGY. On trouve, dans cet ouvrage, vol. If, p. 195, et p. 207 à 209, plusieurs faits curieux relatifs à l'histoire de la fauconnerie. 78.) A GENERAL ISTORY OF BIRDS, BY JOIN LATHAM, Winchester, in 4°, 1821. Cet ouvrage contient plusieurs détails très curieux relatifs à l'histoire de la fauconnerie. tom. L,p. 56, 65, 73, 107, 108 à 110, 414 et 176. 79.) OBSERVATIONS UPON HAWKING BY SIR JOIN SAUNDERS SEBRIGIIT, BART. M. P.; London, printed for I. and W. Wright, 1828, in 8°. — L'auteur, élève des fauconniers hollandais de Valkenswaerd, traite en connaisseur expérimenté de l'affaitage des oiseaux de chasse et des différents vols pour lesquels on les Ce petit ouvrage est une production tout à fait originale, dépouillée des anciens préjugés dont fourmillent presque tous les ouvrages de fauconnerie publiés jusqu'à cette époque. Consultez le emploie, 80) DISSERTATION SUR LA FAUCONNERIE AUX INDES, éerile en anglais. Je men con- nais que la traduction allemande dans le Journal de M. de Corvin Wiersbitzki, intitulé der Jäger; Frankfurt am Main, 21 Oct. 1838; der Sonntagsjäger, p. 29. — Ce mémoire contient plusieurs détails assez curieux Sur la chasse au vol, telle qu'elle s'exerce aujourd'hui aux Indes, et dont nous avons proûté en traitant de l'histoire de la fauconnère, 81.) BLAINE; ENCYCLOPAEDIA OF RURAL SPORTS. Cet ouvrage, qui ne nous est connu que par une eilation de BELANY, p- VI est, selon cet auteur, un des meilleurs traités modernes de fauconnerte. 82.) A TREATISE UPON FALCONRY, IN TWO PARTS, BY JAMES COCKBURN BELAN wick-upon-Tweed, printed for the author, 1841, 8. Ouvrage écrit plutôt pour l'amusement des gens du monde que pour l'instruction des gens de l'art, mais qui ne laisse pas d'offrir plu- ; Ber- sieurs détails neufs et curieux, l'auteur exerçant lui même la chasse au vol. OUVRAGES EN LANGUE ALLENANDE, 83.) KAISER MAXIMILIAN; VON DER FALKNEREY; publié par M. de Hammer, Falkner- klee, p. 94 à 96. — Ordonnance assez curieuse, dont nous avons déjà parlé dans le cours de cet ouvrage. 84) HAYNRICH STEYNER, WAIDWERGK, VORGEL ZU FAIEN MIT RAUBVOEGELN ele Augsbourg, in 4, sans date; ouvrage qué nous n'avons pas VU nous mêmes 85.) EIN SCHONS BUCHLIN VON DEM BEYSSEN MIT DEM MABICI UND EIN HUND, etc Imprimé à Strassbourg chez J. Knoblauch, 1510, — C'est encore un de ces livres rares, que nous ne connaissons que par le titre. 86) WEIDTWERGK. VOEGEL ZU FAHEN MIT RAURVOEGELN , NETZEN, STRICKEN, LEIM, GESCHOSS, Christ. Egenolph, 1530, 4. — Ouvrage cité par Krey sig, P- #. 87.) WAIDWERCK UND FEDERSPIEL VON DER HABICHEN UND FALCKEN NATUR, etc. durch EBERHARDUM TAPPIUM LANENSEM, Bürger zu Coeln. Strasbourg; chez W.7J Cammerlander, 1582, in 4°. — Ouvrage que nous n'avons Su nous procurer. 88.) DER VOLLKOMMENE DEUTSCHE JAEGER VON TIANNS FRIEDRICH VON FLEMING Leipzig, J. Ch. Martini, 2 1723; 2m édition 1749. édition. L'auteur s'est principalement servi du travail de d'Areussia, pour compiler, ee qu'il dit sur la fauconnerie, dans les chapitres suivants de son grand ouvrage : L Haupitheil, 5 Theil, p. 316 à 325; IL Haupitheil, p. 9; 3 Theil, Kap. 29, p. 183—187; Kap. 50, p. 255; # Theil, Kap. 16841, p. 326 el 327. 89.) HEINRICH WILHELM DOEBELS NEUEROEFFNETE JAEGER-PRACTICA. Heinsius, in fol., # volumes, 1746; 2 édit, 1754. On en a aussi une ete. Strassburg. volumes, in fol. Je cite cette dernière Leipzig, JS dition nie en 3 volumes in 4°, publiée en 1828 à Leipzigk, chez J. F. Gleditsch; augmentée, il est vrai, mais en même temps mutilée, et dans laquelle on a supprimé les données relatives à la faucon e, lesquel- les offrent, en effet, peu d'intérét. On les trouve, dans li 29° édition, dans les endroits suivants. Vol. L, chap. 143, p. 755 chap. 1174119 p. 77; chap. 123 à 195, p. 78e 79; chap 477, p 145; If, chap. 125, p. 165; ch. 158, p. 189 à 49%; chap. 159 à 195; chap. 473, p. 241 90.) KRUENITZ, OECONOMISCIIE ENCYCLOPAEDIE, Berlin, 1777, &3;vol. XIT, p. 436 et suiy.; consultez aussi les articles: Beizvôgel, Reiher, Rebhubn, Lerche, Raubvogel. 91.) JOHANN BECKMANN, FALKNEREY zur Geschichte der Erfindungen; tome IL, Güttingen, 1785, &, p. 157à 176. — Ce mémoire ne comprend que des notices historiques sur la fanconnerie. 92) BECHSTEIN, NATURGESCHICHTE DER VOEGEL DEUTSCHLANDS, Leipzig, 1801, 8. — On trouve, dans cet ouvrage, vol. II, p. 720. et suiv., des notices sur la fauconnerie, compilées vol Mémoire inséré dans son ouvrage intitulé Beyträge en grande partie d'après Pennaut. 93.) SPANGENBERG , UEBER DIE LUFTJAGD DER VORZEIT. Brfurt 1831, in 4#. — Cité par M. de Hammer, Falknerklee, p. XXXL 94.) FALKNERKLEE, VON HAMMER-PURGSTALL, Pesth, 1840, in octavo. M. de Ham mer-Purgstall , qui s'est rendu célèbre par ses connaissances des langues vivantes de l'Orient, ainsi que par la publication dé plusieurs ouvrages importants sur l'histoire des Tures, à choisi le mot de Falk- nerklee (Tréfle des fauconniers), pour servir de titre aux traités où fragments des traités suivants 4) Le livre ture, appelé LE LIVRE DES FAUGONS, dont nous avons parlé plus haut, publié en ture et accompagné d'une traduction allemande due à M. de Hammer. 2?) L'IERACOSOPIION de la bibliothèque impériale de Vienne, dont nous avons également fait mention ci-dessus. 3) Une ONDONNANCE DE L'EMPEREUR MANIMILIEN, adressée au due d'Autriche et relative à l'état de la fauconnerie dans ce pays; cette dernière pièce offre plusieurs détails historiques curieux, que nous avons eu soin de rapporter en son lieu. L'ouvrage de M. de Hammer est précédé d'une préface de trente-deux pages, où l'on voit, à côté de discussions sur ki nomenclature des faucons, des extraits de poëmes arabes et perses, des commentaires sur plusieurs ouvrages de fauconnerie , et des renseignements sur l'histoire de la chasse au vol. Un catalogue des ouvrages de fauconnerie termine celle préface, dont le style ne se ressent pas moins du goût oriental que la dédication et le choix du litre. H. SCILEGEL, dans SUSEMIIIL, DIE VORGEL EUROPAS, 1842, 8°, p. 24 à 25 — Nous y avons donné un aperçu suceinet de la fauconnerie. 96.) OTTO VON CORVIN-WIERSBITZKT, APHORISMEN UEBER DIE FALKENJAGD; insérés dans son SPORTING-ALMANACIE pour 1844, Leipsick, 8°, p. 231 à 266. — Cette dissertation com- prend principalement des notices historiques sur la chasse au vol, ainsi qu'un extrait du mémoire sur la chasse au vol publié par l'un de nous, M. VERSTER dE WuLVERnonsT, dans Îles AANTÉERE- NINGEN OVER ET JAGTWE Ne 97.) FR. C. SEIFFARTH, DIE FALKENBAIZE; imprimé dans le TASGHENQUGI FUER JAEGER UND NATURFREUNDE publié par 0. von Corvin Wiersbitzki; Leipsick, 4845, Ne, 12, p. 205 à 264. — On apprend par la préface de cetle dissertation que l'auteur, ancien ollicier des chasses, it été instruit, daus la science de la fauconnerie, par M. Bein, professeur à l'académie forestière de Dréissigacker en Thuringue, ainsi que par le grand-fauconnier du due de Vicenze, M. le rerin. Il suilit cependant de jeter un coup d'œil sur ce petit traité pour s'apercevoir qu'il repose en grande partie sur les tradihons confuses que l'on à transmises sur cette science eL qu'il est difficile dé con- cilier avec les faits obtenus par l'expérience. Du reste, cette dissertation est remplie d'érreuts; on y voit, par exemple, que l'auteur, ne connaissant pas la pièce appelée courtrier, la confond, conne tous les autres auteurs de fauconnerie allemands, avee les jets; il compte treize pEnNes 4 la queue des oisenux de chasse, quoique tout le monde sache que ces pennes sont, chez lous les oiseaux, en garnie de douze pennes nombre pair, et que les oiseaux de chasse ont la queue constamment Sui- aune; il place le sacre à la tête des vant cet auteur, les faucons auraient l'iris de l'œil de couleur ssi forte que celle du faucon d'Islande; il va jusqu'à énu- oiseaux de chasse, et lui donne une taille à mérer la buse pattue parmi les oiseaux de fauconnerie; le hobereau serait, au dire de cet auteur, un INDE NX. FRONTISPICE AVEC LE TITRE DE L'OUVRAGE, DEDICACE. AVANT-PROPOS. DES TERMES DE FAUCONNERIE DES INSTRUMENTS DE FAUCONNERIE DES OISEAUX DONT ON SE SERT POUR LA CHASSE AU VOL DES OISEAUX DE HAUT VOL Du faucon blanc Du faucon d'Islande. Du gerfant . Du sacre Du lanier Du lanier alphanet ou tunisien Da faucon De l'émérillon DES FAUCONS D'EUROPE QUE L'ON N'EMPLOIE PAS POUR LA CHASSE AU VOL. Da hobereau Du faucon saphir De la cresserelle De la cresscrellette . Du faucon aux pieds rouges DES oISEAUX DE BAS-VOL De l'autour. De l'épervier page r l DE LA MANIÈRE DE PRENDRE LES OISEAUX DE CHASSE 43 DE LA MANIÈRE DE TRAITER LES OISEAUX DE CHASSE . 44 DE L'ÉDUCATION ET DE L'AFFAITAGE DES OISEAUX DE CHASSE 46 DE LA MANIÈRE DE CHASSER A L'OISEAU ET DES DIFFÉRENTS VOLS USITES EN EUROPE, 53 NOTICES HISTORIQUES SUR LA CHASSE AU VOL 57 DE L'ORIGINE DE LA FAUCONNERIE 57 DE LA FAUCONNERIE EN ASIE 60 = — EN AMÉRIQUE 68 — — EN AFRIQUE 69 — _ Ex Eunore 70 — — en France 72 — — chez les Italiens, les Espagnols et les Portugais 76 = — en Angleterre. 76 — — chez les Allemands rl — — au Danemarck, en Norwége et en Suëde. 80 — — en Russie. S4 — — à la cour des empereurs Byzantins S4 — — dans les Pays-Bas. 85 == — des temps modernes En 87 CATALOGUE RAISONNË DES OUVRAGES DE FAUCONNE Ta M EXPLICATION DES PLANCHES. INDEX. EXPLICATION DES PLANCHES ACCOMPAGNANT CET OUVRAGE, 1. Le rnoxnisrier. Les vignettes dont le frontispice se trouve orné, forment une série de petits sujets relatifs à l'histoire du faucon et de la fauconnerie. IIS ont été arrangés de manière que ceux du côté droit de la planche sont en quelque sorte les pendants de ceux du côté gauche. C'est aussi l'ordre que nous garderons dans lénumération suivante, commençant par D la premiére vignette d'en haut du côté gauche. 1. Dénichement des f icons mais. Voir les pages 42 et 43 de notre ouvrage: >. Prise des faucons passagers dans les bruyéres des Pays- Bas. Voir les pages 43 et 44. . 3. Premières lecons d'affaitage du faucon. Voir page 50, 1" colonne. ñ. Mffaitage du faucon pour le vol du héron. Voir. p. 5, [IL colonne. 5. Fauconniers hollandais avec leurs faucons dans Fauberge. Voir page 87, 6. Cabinet dans lequel ou tient les oiseaux de chasse, Les 1e colonne. fauconnie s y sont occupés à laver et à fumer l'oiseau, Voir p. 46. 7. Service divin, au moyen âge, dans l'église Notre Dame om colonne et ps 72, de colonne. d'Evreux. Voir p. 71, 8. Marche des rois au moyen âge. Voir p:i72 er colonne. 9. Vol de lantilope avec l'aigle chez les Kerguises; d'aprés D s indications de Pallas. Voir P- 64, ow colonne. 10. Vol de la grue et du héron chez les Japonais; d'après un tableau japonais rapporté du Japon par M. de Siebold. Voir P: 65 el suiv. 1 0N chasses au vol que faisait Louis AH, pendant les premieres elle du milieu. Elle représente une des grandes années de son mariage, dans les environs de Paris. Voir p. 55, ome colonne. L'espace encadré par ces lrois vignettes comprend les figures de la c pour prendre lautour, voir p. 44, 2e colonne; du milan royal, p. 55, om colonne; de la pie-grièche, p. 43; s du grand-duc, p- 55, 2e colonne; des fauconniers, des entra- ves el, p. 4, 2 colonne; du leurre, p. 4, 1 colonne, et de la queue de renard, p. 55, 2e colonne. Le titre, au centre du frontispice est couronné par le faucon chaperonné perché sur le poing du fauconnier, et surmonté de Fancienne devise des fauconniers: Mon espoir est en pennes. Bet C. Deux GRANDS TABLEAUX, représentant le vol du héron sur les bruyéres environnant le chateau royal du Loo en Gueldre. Ces tableaux out été dessinés sur les lieux, pendant les mois de Juin et de Juillet de Fannée 1843, par M. I B. Souderland. Le premier tableau représente le moment où, au eri mille fois répété de «à la vol» les partisans de cette chasse se met- tent en route pour suivre le vol. On voit, au centre du tableau, feu Son Altesse royale le prince Alexandre des Paxs-Bas suivi du duc de Leeds et d’autres membres de la société. Du coté droit du tableau, se trouvent les fauconniers Fr. van den Heuvell monté à cheval avec le faucon sur le poing, et \. Molleu, moutant à cheval du coté droit à la maniere des fauconniers. Près de lui se tient un aide-fauconnier qui porte la cage avec les oiseaux de chasse. Sur Favant-scène à droite se voit un autre aide-fauconnier occupé d'attacher à terre un de ses oiseaux. D'autres faucons et des hérons pris se trouvent groupés autour de la € vide qui à Servt à lrans- porter les oiseaux sur les lieux de la chasse. Au second plan du tableau, du côté gauche, se trouve representee la cabane, rendez-vous de la société. Elle est construite sur une colline el entourée de la foule de curieux qui se portent sur ces lieux pour contempler le beau spectacle qu'offre le vol du héron. On apercoil sur le mème plan, mais à gauche, deux fauconniers allant avec leurs faucons à la rencontre du héron et, au lointain, à gauche du héron approchant, le fauconnier en vedette qui, le premier, à donné le signal de arrivée du hévon. Voir les pages 53 et 54 de notre ouvrage, Le second tableau represente le imnoment où le héron, que lon vient de voler, a été terrassé par le faucon. Sa Majesté notre roi, à celle époque prince d'Ora Suivi par son adjudant, M. le Baron van Tuyll van Scrooskerken, étant le premier arrivé sur le lieu ou Sul le héron, s'est arrêté pour attendre la reprise des faucons dont s'occupent le fauconnier J: Bots et son aide-fauconnier. M. Newcome, descendu de cheval, dirige les opérations des fauconniers. Voir p. 54, ac colonne. D. et Æ, Deux planches représentant les instruments de fauconnerie, décrits aux pages 3 et suivantes de notre ouvrage. Sur la planche D se trouvent représentés: 1, le Ieurre; 9, 3 et 4, le chaperon vu par derrière, par devant, et de profil: 5 et 6, la fauconnière, vue de deux côtés (figures réduites au tiers de la grandeur naturelle); + et 8 le chaperon de rust, vu par devant el par derrière. La planche Æ comprend les figures des objets suivants: r, la boite au pat: 2, à droite de la boite, les étuis jumeaux que Fon applique aux pointes des mandibules des hérons pris vivants; 3, du côté gauche de la boite, la sonnette; 4, les aiguilles à ente uche de la planche, les entraves pour lautour; 6, du côté droit de la planche, les entraves destinées pour les faucons; 7, au centre de la planche, une penne de faucon raccommodée; 8, au dessus de la 7e figure, la bride; 9, du coté droit, les pinces; 10, du côté gauche, le canifs 11, la plaque de cuivre que lon met aux pieds des hérons pris, auxquels on rend la liberté; 12, instrument de fer, servant à fure les nœuds du porte-sonnette; 13, alène de bois, servant à élargir les fentes des entraves. L à NII, Douze pLANcuESs représentant les oiseaux de chasse, L udeur naturelle, 1. Le Groëxraxpais, faucon blanc mué, muni d'entraves, de sonnetles et du chaperon, sur le poing du fauconnier. IL LE TiERCELET HAGARD DU FAUCON D'ISLANDE. HI. Le miercCELEr HAGARD DE GERFAUT. IV. Le cerraur sons. V. Le SACRE HAGARD. NI LE LANGER HAGaRD. VIL Le Faucon macanp. VII Le PLUMAGE DE CRESSERELLE. TIERCELET SORS DE FAUCON, tres jeune, dit, au IX. L'EMÉRILLON HAGARD, SON TIERCELET ET L'ÉMÉRILLON SORS. X. L'aurour naAGaRD. NE Le mercerer sors D'atrour, de NAIL L'évenvien sons £r Le moucner macarp. Le pays celle planche offre la vue du village de Valkenswaerd.