LA Ppae E, Ÿ << SS à E2 566 Art (l') d’_mpailler les oiseaux par les citoyens Henon et Mouton Fontenile Lyon Bruhet, 1802, in-8 dem. rel. v. 4 » Orné de 5 planches. Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http://www.archive.org/details/traittment03mout £ EUR ROT D'EMPAILLER LES OISEAUX. nr RL LL LL LL D De l’Imprimerie de J. B. KINDELEM. LD De bebe bebe benne eh nn he bebe» 0e » 0. LL AR E D'EMPAILLER LES OISEAUX, ConxtENnANT des Principes de théorie nouveaux, et des Procédés de pratique avantageux pour conserver à chaque Famille ses formes et ses attitudes naturelles ; Faisam. suites au Étraités élémentaire: S'Oruithofog le», Par M. J. P. MOUTON-FONTENILLE, Professeur d'Histoire naturelle à l’Académie et au Lycée de Lyon, Membre de l'Athénée, Secrétaire-Perpétuel de la Société d'Agriculture, Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon, Correspondant de plusieurs Sociétés Littéraires et Agriculture. À LYON, Chez Y VERNAULT et CABIN, Libraires de VAcadémie , rue St-Dominique , n.° 64. L 0e à 0e À À à © 1 1811. | PB ER To ge SE Les Exemplaires exigés par le Décret du 5 février 1810, ont été déposés. VRRRARVRLIRRLVLRLILVNR TR a + n 1 17/ à due “4 MAN Lu > 4° L DE LOUVRAGE > Le Traité élémentaire d'Ornithologie qui précède cet Ouvrage étant un livre classique, uniquement destiné , premièrement , à déve- lopper les Principes et les Généralités de cette Science ; secondement , à présenter une distribution méthodique des Oiseaux, par Ordres, Genres, Espèces et Variétés, j'ai cru devoir publier en même temps un Livre, avec le secours duquel on pût connaitre les procédés employés pour empailler et con- server ces animaux. Dans cette vue, je me suis déterminé à donner une nouvelle édition de l'Art d’em- pailler les Oiseaux, Ouvrage que j'avais pu- blié, il y a neuf ans, avec feu Jacques-Marie a 11} Vj PLAN DE LOUVRAGE. HENON (1), et qui est non-seulement utile, mais encore indispensable à toutes Les per- sonnes qui forment des collections d’Orni- thologie. Des changemens avantageux, des addi- tions nécessaires, des découvertes utiles aux progrès de l’art, de nouvelles planches faites avec soin, une distribution plus régulière dans le plan de l’ouvrage, une disposition typographique plus élégante , les soins donnés à cette nouvelle édition, lui conci- lieront j'espère les suffrages des amateurs. Parmi les Ouvrages publiés sur l’art de préparer et de conserver les animaux, on compte : 1.° Les quatre lettres de M. KUCKHAN, sur la manière d’embaumer les Oiseaux ; 2. le Mémoire de M. MauUDUYT, sur la manière de se procurer les différentes espèces d’ Animaux, de les préparer et de les envoyer des pays que (1) Voyez l'éloge de Jacques-Marie HÉwox, inséré dans le compte rendu de la Société d'Agriculture, Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon, pendant le cours de l’an 1809, page 85. PLAN DE L'OUVRACE. vi parcourent les voyageurs ; 3.° le Mémoire instructif du Chevaher TURGOT , sur la ma- nière de rassembler , préparer , conserver, et d'envoyer les diverses curiosités d'Histoire naturelle, etc. , Lyon, 1758 , in-8. avec figures; 4.° le Traité de l'Abbé MANESsE, sur la manière d’empailler et de conserver les Animaux, Paris, 1787,in-12; 5.°la Méthode de préparer et conserver les Oiseaux pour les Cabinets d'Histoire naturelle , par M. l'Abbé Vicenzo Rosa, gardien du Muséum d'His- toire naturelle de l'Université de Pavie , tra- duit de l'italien par M. DasTier, Chirurgien- major au collége Borrhomé, Pavie, 1798; 6.0 ‘le Traité complet d'Ornithologie de M. DAUDIN, Paris, 1800, in-4., avec figures ; 7.° la Méthode de préparer et conserver les Animaux de toutes les classes, pour les Ca- binets d'Histoire naturelle , par Nicoras, Paris, 1801 ,in-6., avec figures ; 8.° l’article Taxidermie du nouveau Dictionnaire d’His- toire naturelle, par L. DUFRESNE, Aide- naturaliste du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. a 1v vi) PLAN DE L'OUVRAGE. Entreprendre, d'après les Ouvrages des Naturalistes que je viens de citer, d’écrire sur | Art d'empailler, préparer ef conserver les Oiseaux, c’est au premier aspect un des- sein téméraire ; mais ma justification est dans la différence du travail. Les procédés pour monter les Oiseaux varient à l’infim ; et dans le nombre de ceux qu’on a employés pour tendre au même but par des moyens différens, on conçoit facilement qu'ils ne présentent pas tous les mêmes résultats. Afin de présenter avec ordre le plan de cet Ouvrage, je le diviserai en trois Parties. Dans la première, purement philosophi- que, je développerai jusque dans leurs plus petits détails mes principes en théorie, pour conserver aux familles que j'ai eu occasion d'observer, leurs formes et leurs attitudes naturelles. Cette partie, absolument neuve, et dont on ne trouve pas la moindre trace dans les Ouvrages que je viens de citer, donnera j'es- père à mon trayail un degré d'utilité et de PLAN DE L'OUVRAGE. IX nouveauté que personne ne saurait lui con- tester. Dans la seconde , j'exposerai mes procédés de pratique pour Préparer les Oiseaux , et je ferai connaitre successivement ceux qui sont employés par les Ornithologistes, et dont je présenterai les inconvéniens, non dans l'in- tention de m'ériger en censeur, mais avec cette modestie qui est l'apanage de ceux qui ne cherchent que le progrès des Sciences. Dans la troisiènte, j’'énumérerai les di- verses substances ou matières connues sous le nom de Préservatifs, usitées pour Con- server les Oiseaux et remplir leurs peaux. J'indiquerai celles que j'ai employées avec succès depuis long-temps, et les avantages ou les inconvéniens qu’offrent celles qui ont été mises en usage jusqu’à ce jour. Les notes placées dans le cours de cet Ou- vrage, présentent les diverses observations nécessaires à l'intelligence de mes principes et de mes procédés, soit en théorie, soit en pratique, et quelques observations sur les rapports naturels des familles, Sans leur se- x PLAN DE L'OUVRAGE. cours , 1l serait impossible de connaître le vrai sens des mots que j'ai consacrés au dé- veloppement d'un Art, dont l'existence avait été ignorée ou méconnue jusqu’à ce jour. Parmi les différentes classes d'animaux, on conçoit que les Oiseaux ont dù obtenir la préférence. La beauté et l'éclat de leur plu- mage, l'élégance de leur port, la légèreté et les grâces de leurs mouvemens, la mélodie de leur ramage, la fidélité de leur union , et les phénomènes de leurstmigrations, ont dû fixer de tout temps les regards des Observa- teurs. Aussi ne doit-on pas s'étonner si le nombre de ceux qui ont travaillé à conserver et à habiller leurs dépowulles, s’est journel- lement accru. Mais il faut convenir que, faute de principes pour se diriger dans leurs travaux, leurs tentatives n'ont obtenu que des succès bien imparfaits. Créateurs sans plan de création coordonné avec l'observation de la Nature, ils n'ont égard ni aux formes, ni aux proportions. Ils ignorent l’art de donner aux animaux qu'ils habillent, ces attitudes, ces grâces , PLAN DE L'OUVRAGE. x ces mouvemens qui nous charment pendant leur existence ; le grand art, en un mot, de faire oublier le sommeil de la mort , d'opérer une résurrection et d'animer la matière. Il est aussi impossible d’avoir une idée juste des attitudes véritables des Oiseaux d’après les travaux de la plupart des Empailleurs, qu’il le serait de se former en peinture une idée des belles formes d'après les figures gro- tesques de CALLOT. IL faut distinguer, dans l’Art d'empailler les Oiseaux, la pratique et la théorie. La première , selon M. KUCKHAN , est une action purement mécanique ; la seconde dépena du goût et du jugement. On peut comparer l’Artiste qui monte un oiseau , à un Peintre qui fait un portrait. L'un et l’autre cherchent à imiter la nature: et sans la ressemblance parfaite entre l’ori- ginal et la copie, leur travail est défectueux. Mais 1l ya entr'eux cette différence, que l’un a sans cesse sous les yeux l'objet qu'il veut imiter , et que l’autre doit l'avoir gravé dans sa mémoire et toujours présent à son esprit, Xi) PLAN DE L'OUVRAGE. I ne suffit pas de dire qu'il est de toute nécessité de donner à un oiseau l'attitude qui lui est propre (et par ce mot attitude, j'entends, avec M. KUCKHAN, la posi- tion des jambes, des ailes, de la tête, du corps, en un mot ce bel ensemble qui ex- prime les différentes passions de l'oiseau }), mais 1l faut imdiquer les moyens de parvenir à la leur donner. C'est après avoir préparé plus de trois aille oiseaux selon toutes les méthodes, et les avoir observés à diverses époques et en différens temps, soit dans mes courses bota- niques, soit à la chasse, depuis le sommet des Alpes jusqu'aux bords de la mer, dans les forêts, les taillis, les buissons, les prés, les champs, les marais, en un mot sur le théâtre de la Nature , que j'ai pu acquérir sur leurs attitudes, les lumières que je m’em- presse de communiquer aux Ornithologistes, et qui sont le fruit de plus de vingt-cinq ans d’études et d'observations. Il n'est que trop ordinaire aux personnes qui empaillent, de ne connaitre ni les Oi- PLAN DE L'OUVRAGE. XI1} seaux qu'ils veulent monter, ni leurs atti- tudes. Dès-lors, que peut-on espérer de sa- tisfaisant de la part d’un Artiste qui ignore ce qu'il doit faire ? Un Peintre pourrait-il se flatter de saisir la ressemblance d'une per- sonne qu’il n’aurait jamais vue ? Et un Em- pailleur doit-1l espérer de pouvoir imiter les attitudes et Le port d’un animal qui lui est inconnu ? J'ai cru rendre un service important aux Naturalistes qui travaillent à habiller les Oï- seaux, en leur faisant connaître les seuls vrais principes d’après lesquels ils doivent se conduire, et en leur indiquant si un oiseau qu'ils se proposent d’empailler doit être monté , 1.° Bas ou Très-bas, Haut ou Très- haut sur Jambes; perché, non perché, ou cramponné. 2.9 S'il doit avoir les Talons couverts ou découverts, rapprochés ou écartés. 3.° Les Jambes plus ou moins fléchies, plus ou moins rapprochées de la queue, ou du point central du corps, et l’une de l’autre, XIV PLAN DE L'OUVRAGE. soit aux talons, soit dans la partie qui ré pond aux doigts ou à l’origine des phalanges. 4° Les Dorots libres ou engagés dans une membrane, disposés en nombre pair ou im- pair, en avant ou en arrière. 5.9 Les Ailes découvertes, ou couvertes au tiers ou aux deux tiers, écartées où rap- prochées du corps, croisées ou non croisées à leurs extrémités, relevées ou pendantes. 6. Le Corps alongé ou raccourci, dans une position horizontale, oblique ou verti- cale. 7.9 Le Dos arrondi ou aplati , relevé dans sa partie antérieure , moyenne ou posté- rieure. 8.° La Queue abaissée ou relevée, fermée ou écartée en voûte, cachée en tout ou en partie par les extrémités des ailes. 9.° Le Ventre abaissé ou relevé. 10.© La Poitrine arrondie ou effacée, abaissée ou relevée. 11.0 Le Cou alongé ou raccourci , droit ou fléchi en avant ou en arrière. 12.9 La Téte arrondie ou effilée, aplatie PLAN DE L'OUVRAGE. XY au sommet ou sur les côtés, portée en avant, ou posée paisiblement ou majestueusement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 13.° Les Huppes, Aigrettes, Crétes, etc., dans les Oiseaux qui en sont pourvus, rele- vées ou abaissées , ouvertes ou fermées. 14.9 Le Bec ouvert ou fermé, dans une direction horizontale ou oblique abaissée ou relevée. 15.0 Les Feux grands ou petits, et plus ou moins saillans. Ces Principes établis, j’ai tàché d’en faire l'application aux diverses Tribus du genre volatile , que j'ai eu occasion d'observer. Mais ce travail, pour devenir méthodique, devait être adapté à un système qui conservât la série des familles naturelles; et celui de LiNNÉ, que j'ai suivi dans mon Traité élé- mentaire d'Ornithologie, m'a paru mériter à cet égard la préférence. En isolant quel- ques familles , ou en réunissant sous un mème point de vue celles qui ont entr’elles le plus de rapports, j'ai formé cinquante- neuf groupes ou divisions, auxquels j'ai XV) PLAN DE L'OUVRAGE. donné le nom de Tableaux, qui indiquent la position et la forme des quinze parties du corps que je viens d'énumérer. Telle est la base de la théorie de l’Aré d’empailler les Oiseaux , dont la pratique, qui a pour objet leur Préparation et leur Conservation , de- vient une suite naturelle. Cet Ouvrage est enrichi de cinq Planches en taille-douce, que j'ai jugé nécessaires à l'intelligence de mes principes: Deux de ces Planches (HI-V ) ont été exécutées d’après les dessins du célèbre BARRABAND, les autres ont été faites d’après nature. | Cet Ouvrage sera suivi de plusieurs Traités que je me propose de publier sur l’Art d’em- pailler les Quadrupèdes ; les Poissons , les Serpens, etc. ; ils formeront avec celui-ci un corps d'ouvrage élémentaire qui manque à l'Histoire naturelle, et dont la publication sera avantageuse aux personnes qui s’adon- nent à l'étude de cette science. L'ART LA D'EMPAILLER LES OISEAUX. Rs re Ts TS PREMIÈRE PARTIE. Pinu: les êtres vivans destinés à embellir la scène de la Nature, les Oiseaux sont sans contredit ceux auxquels cette importante fonc- tion paraît spécialement dévolue. Faits pour plaire et charmer , ils réunissent les grâces à la beauté, recréent nos yeux, flatitent nos oreilles, animent .nos campagnes , égayent noire imagi- nation. Leurs innombrables peuplades répandues dans les airs, sur la terre et les ondes, sont réparties aux différens sites de ce vaste univers: à leur aspect tout étant animé dans la Nature, les eaux, les bois et les rochers semblent avoir des voix et des passions, pousser des soupirs, des gémissemens et des murmures. Parmi les Quadrupèdes Mammifères dissé- A 2 L'ART D'EMPAILLER minés sur ja surface du globe, les uns, en petit nombre, nous offrent des ressources précieuses ; mais leurs hordes errantes et vagabondes, confi- nées dans les climats chauds des deux Continens, remplissent d'horreur, de sang et de carnage les solitudes qui servent de théâtre à leurs féroces exploits. Parmi les Quadrupèdes Ovipares, le crapaud dégoütant , dont l'approche révolte tous les sens, caché dans la vase, tapi sous des tas de pierres, soulevant avec effort sa masse pustuleuse, ne se montre jamais à nos yeux qu'en faisant éprouver une sorte de frémissement (1). La vipère a sou- vent enflammé de son venin mortel le pied des chasseurs, et la main des amans attirés par le parfum des fleurs. Près des fleuves se voient d'énormes serpens qui tracent de longs sillons sur leurs rives bourbeuses; des crocodilles, des lézards, et mille autres reptiles à longues pattes qui en pétrissent la fange. Le peuple impur ram- pant sur le limon déposé par leurs eaux, attire de nombreuses nuées d’Oiseaux, qui diminuent le nombre, et empêchent la irop grande multi- plication de ces hideux enfans de la Nature. Les Poissons, confinés pour la plupart dans les vastes abimes des mers, ont avec les Oiseaux des points d’analogie frappans. Les uns et les (1) Voyez l'Histoire naturelle des Quadrupèdes Ovipares, par son Excellence Monseigneur LACÉPÈDE, fome 2, p. 329- LES Oiseaux. Partie L 3 autres peuvent monter, descendre et exécuter des mouvemens en tout sens au milieu des fluides aqueux et aériens. Ils peuvent accroître et dimi- nuer leur pesanteur spécifique, en dilatant ou comprimant, les uns leur vessie natatoire, les autres leurs poumons et leurs vésicules aériennes situées dans les différentes parties de leur corps. Ils entreprennent des migrations, échappent par le vol aux poursuites de leurs ennemis : leurs queues leur servent de gouvernail, leurs ailes et leurs nageoires de rames pour diriger leur vol ou leur route. Les Poissons carnassiers peuvent, ainsi que les Oiseauxde proie, rejeter facilement par la gueule les différentes substances qu’ils ne peuvent digérer, et leurs femelles sont, comme dans les oiseaux de rapine, plus grandes que les mâles. Leurs écailles sont, ainsi que les plumes des oiseaux, placées en recouvrement les unes au-dessus des autres. Le corps des Poissons, presque loujours paré des plus riches couleurs, et souvent plus éclatantes que celles des Oiseaux, se pénètre le jour d’une vive lumière qu’ils lais- sent échapper pendant la nuit, et qui ne con- iribue pas peu à augmenter le magnifique spec- tacle que présente la surface phosphorique des mers. Mais, destinés à se mouvoir dans un fluide où ne peuvent vivre la plupart des habitans de la terre, se dérobant presque toujours à nos regards, ils ne sauraient obtenir à nos yeux la À 2 4 L’ART D’EMPAILLER préférence sur la brillante et mélodieuse tribu des habitans de Pair (2). Les Insectes, qui jouent un grand rôle dans l'économie de la Nature, nous fournissent de nombreux sujets d’admiration. Les uns sont, tour à tour, œufs, vers, nymphes, chenilles, papil- Jons; d’autres filent, maçonnent, fabriquent des toiles, des ruches. Les Papillons, emblêmes de linconstance, qui paraissent être parmi les in- sectes ce que les Colibris sont parmi les oiseaux, nous charment par leur brillante parure; mais ils n’ont ni ces chants variés qui flattent si mélo- dieusement nos oreilles, nices belles formes sur lesquelles se reposent si agréablement les yeux de FObservateur. "Si nous fixons nos regards sur le peuple aérien, nous admirerons les Péfrels, ces infatigables na- vigateurs ailés, qui se jouant avec sécurité sur le vaste Océan, sur cet élément terrible devant lequel l'homme le plus intrépide est forcé de pâlir, réunissent à la légèreté du vol, à la faci- lité de nager, la singulière faculté de courir et de marcher sur l’eau. L’Oriseau des tempêtes, dont l'apparition est à la fois pour les marins un signe d'alarme et de salut, sait trouver des points de repos au milieu des vagues bondissantes, et 2) Voyez le Discours de son Excellence Monseigneur La- CÉPÈDE sur la nature des Poissons, dont nous présentons ict l'analyse. 4 LES Oiseaux. Parfe I 5 court au milieu des sillons des flots comme lalouette dans les sillons des champs (3). Les Pingouins, Manchots, oiseaux demi-pois- sons, privés de la faculté de voler, sont confinés aux régions polaires comme les derniers enfans de la Nature mourante sous cette sphère de glace, tandis que l’Orseau des Tropiques où Paille-en- queue, attaché au char du soleil sous la zone brûlante que bornent les Tropiques, volant sans cesse sous ce ciel enflammé, sans s’écarter des deux limites extrêmes de la route du grand astre, annonce aux navigateurs leur prochain passage sous ces lignes célestes. | Les Oiseaux nous présentent, ainsi que les autres animaux qui peuplent la surface du globe, les formes les plus bizarres. L/Anhinga nous offre l'image d’un reptile enté sur le cou d’un serpent. Nous observerons, non sans étonnement, les cuillers arrondies du bec de la Spatule, la cour- bure à contre-sens de celui de lAvocette, la hache du bec de l'Auifrier, la pince brisée du Bec-croisé, la coupe extraordinaire des mandi- bules du Bec-en-ciscaux , la difformité de celui du Flammant, le bec en lame de couteau du Macareux, le bec en cuiller du Savacou, la singulière conformation de celui du Bec-ouvert, l'énorme grandeur du bec du Toucar, la mons- (3) Voyez Burron, pourles Péfrels, Pingouins, Manchots, Pailles-en-queue, etc. ANS 6 L'ART D'EMPAILLER irueuse enflure de celui du Calao, le bec en forme de sonde grêle et ployante qui alonge la face des Courlis, des Barges, Bécasses et Bé- cassines ; le bec acéré et tranchant des Pres, et le petit bec en alène de la plupart des Oiseaux des champs. | Si de la conformation du bec nous passons à l'examen des autres parties, nous serons frappés de la longueur extraordinaire des extrémités in- férieures de LÉchasse, et de la plupart des Oi- seaux de rivage; de la démarche singulière des Pingouins, Manchots ; du sac guttural du Péfr- can; des cornes osseuses qui surmontent la tête du Faïsan-cornu, des Peintades ; de l'énorme casque qui couvre celle du Casoar, et de Îa corne alongée de celle du X'amichi, qui paraït êlre parmi les Oiseaux ce que le Narwal est parmi les Cétacées. Nous observerons la plaque frontale des Foulques et des Poules d'eau, les éperons implantés aux ailes des Vanneaux-armés et des Jacanas, le double ergot de l'Éperonnier, les caroncules charnues qui ornent la tête de la plupart des Gallinacées ; les aigrettes, les huppes qui décorent celles des Paons, Cardinaux, Cogs- de-Roche, K'akatoës, elc.; et nous serons forcés d’avouer que tous ces différens attributs qui nous paraissent le plus souvent déplacés, ont été dé- partis à chaque espèce d'oiseaux suivant les plans immuables de la prévoyante Nature, dont on est forcé d'admirer la sagesse. LES Oiseaux. Partie I. 7 Si nous jetons un coup-d'æil sur leurs habi- tudes, nous verrons que les uns sont destinés à vivre et à mourir dans les lieux qui les ont vu naître; d’autres, à errer de climats en climats, sans jamais se fixer dans aucun; et quelques-uns voyageurs-nés, se montrer régulièrement deux fois l'année, et diriger leurs migrations, occa- sionées ordinairement par le besoin d’alimens et le défaut de subsistances, savoir: le printemps, du midi au nord; et lautomne, du nord au midi. [ls émigrent par bandes nombreuses, par petles troupes ou solitaires, et font de longs voyages ou de très-courts. Mais, dans ces tra- versées , quel instinct les rassemble ! quelle boussole les dirige ! quelle carte trace leur route (4) | Le désir de plaire, dans la plupart des Oi- seaux , est toujours accompagné de ces grâces dont 1l anime les mouvemens de tous les êtres qui l’éprouvent avec un cœur sensible. Les uns, pour captiver la compagne qu'ils veulent se choisir, se rengorgent, font la roue avec leur queue, étendent leurs ailes à terre, font éclater les nuances et les riches teintes de leur plumage; d'autres redoublent leur mélodie : 1l semble que les taillis , les buissons , que chaque arbre, chaque arbuste paye son tribut d'harmonie. Le chantre de la Nature, Orphée des bois, qui (4) Voyez les Œuvres de CHARLES BONNET. À 4 re L'ART D'EMPAILLER sait rendre les échos de nuit préférables à ceux de jour, déploie alors dans leur plénitude toutes les ressources de son incomparable organe. Cest sur-iout au printemps que le plu- mage des oiseaux acquiert toute sa beauté : les uns sont glacés de rouge, comme si on les eût roulés dans le carmin; d’autres en sont sablés, comme si on eüt soufflé sur eux quelque poudre écarlate. "Tous se distinguent parleurs couleurs, leurs formes et leurs allures (5). « Ilenest, dit Buffon, qui semblent échappés de ces climats où le soleil verse, avec les flots d'une lumière plus pure, tous les trésors des plus riches couleurs. Il en est dont le plumage égale la splendeur de For, le reflet pétillant des pierreries , les nuances de l’arc-en-ciel, le bril- ant de l’émail, le lustre de la soie, le jeu du saphir, l'œil de la turquoise, le coloris tendre et frais des plus belles fleurs.» Mais toute cette brillante parure, qui disparait le plus souvent après la saison d'aimer, semble ne leur avoir été accordée par la Nature que pour le temps de leurs noces. Saisis d’admiration pour le spectacle ravissant que nous offrent les habïlans de l'air, les pre- miers observateurs durent les contempler avec étonnement. À ladmiration succéda bientôt le désir de Ja possession. On leur tendit des piéges, (5) Voyez les Eludes de la Nalure. LES O1rsEAux. Partie I. 9 des filets; on employa avec succès les cris de quelques espèces pour attirer leurs semblables et les réduire en captivité. Non contens,de ces moyens, on voulut avoir morts ceux qu'on ne pouvait se procurer vivans. On déclara alors la guerre à l'innocence et à la beauté. Egalement atteints par la flèche rapide et le plomb meur- trier , les nombreux individus du genre volatile périrent victimes de cette proscriplion univer- selle. Combien d’unions coniractées avec cette vivacité de sentimens qu'inspirent le printemps et la liberté, l'amour et la nature, furent aussitôt dissoutes que formées ! Plus d’une Philomèle eut à gémir sur la perte d'un compagnon fidèle ! plus d’un écho répéta les gémissemens plaintifs de l’amoureuse tourterelle | À cette mort réelle, quelques personnes firent succéder une résurrection irompeuse, et voulu- rent rendre les apparences de la vie aux êtres dans lesquels elles en avaient éteint les sources. On s'étudia à leur donner leurs formes et leurs atti- tudes naturelles. De là naquit la Taxidermie des Oiseaux, ou l'Art d'empailler leurs peaux. Dans les collections qui se formèrent , les uns voulurent en quelque sorte faire revivre, après sa mort, un animal qu'ils avaient chéri pendant sa vie, et tromper ainsi leur douleur en imitant la nature. Les autres ne s’aittachèrent qu'aux oiseaux dont le plumage flatiait agréablement leurs yeux. Ceux-là seuls ont bien mérité de la de) L'ART D'EMPAILLER postérilé, qui, accoutumés à ramener les choses à leur véritable but, cherchèrent à conserver, pour leur instruction et les progrès de lOrni- thologie, les espèces rares ou peu connues. Tous se réunirent pour renfermer dans des tombeaux de verre les productions des deux mondes, et les soustraire à la voracité des insectes. Un Ornithotogiste qui sait empailler les Oi- seaux, est regardé, par quelques personnes, comme un homme peu ordinaire. Le plus grand nombre des curieux n’admirent à la vérité dans ses ouvrages que les riches couleurs des oiseaux qu'il a montés; les vrais connaisseurs s'attachent aux belles formes, aux proportions et à la vérité des attitudes : aussi ces derniers sont-ils très- diiciles à contenter. Le premier sentiment qu’on éprouve à la vue d’un oiseau empaillé, est celui de l’étonnement. On ne conçoit pas comment Fartiste a pu dé- pouiller l'animal, extraire le corps de la peau, la coudre de manière à ce que l'incision qu'on y a faite ne paraisse point, et lui donner sa forme naturelle. Le second mouvement est celui de la curiosité. On désire voir opérer Fartiste , connaïtre ses procédés, et on cherche à s'instruire. A ces divers mouvemens succède celui du désir de la jouissance. On voudrait posséder ce que l’on admire ; on fait connaitre insensiblement les sentimens qu’on éprouve. On loue, on flatte; LES O1sEAUx. Partie I. 11 ‘on prie, on sollicite : et ce pénible combat entre le désir de la possession et la crainte de ne pas obtenir ce que l’on désire, ne cesse que lorsque, cédant à des démonstrations aussi sincères, le Naturaliste empailleur, dont le plaisir d’obliger fait le caractère, accorde à un nouveau prosé- lyte l’objet de ses pressans désirs. Mais comme on désire joindre à un premier oiseau qui fait la base d’une collection, et qui est celui auquel on attache le plus de prix, des individus qui puissent l’augmenter , pour ne point abuser de la complaisance d’un maitre aussi généreux, on le prie de donner quelques leçons. On l’observe, on suit attentivement ses procédés, on les répète, on s'exerce à les imiter, et on ose marcher de loin sur ses traces. En sa- crifiant quelques oiseaux, on est bientôt au fait des diverses manipulations pour les monter ; mais souvent, après bien des efforts, l'animal empaillé pêche encore par les attitudes. On soumet ses travaux à la censure de son savant instituteur qui les corrige, donne le dernier coup de maître, et prend occasion de joindre aux préceptes d’une pratique consommée, les avis émanés d’une théorie lumineuse. L'Art d'empailler les Oiseaux consiste à leur donner cet air de vie et de fraicheur qui semble les faire respirer après leur mort. Ce but, qui -est l’'écueil des Ornithologistes, doit exciter la sollicitude de ceux qui s'occupent de cette inté- 12 L'ART D'EMPAILLER ressanie partie. Le célèbre Delille, dans le troi- sième chant de ses Géorgiques Françaises, dans lequel il développe des connaissances variées en Histoire naturelle, s'exprime ainsi sur cet objet si important : Sur-tout des animaux consultez l'habitude : Conservez à chacun son air, son attitude, Son maintien, son regard. Que l'oiseau semble encor, Perché sur son rameau, méditer son essor; Que la Nature enfin suit par-tout embellie, Et même après la mort y ressemble à la vie. L'Art d’empailler, pour tendre à sa perfec- tion, doit être soumis à des principes. Dépouiller un oiseau, en remplir la peau, lui donner en le montant une attitude quelconque, est une opé- ralion facile, mais dont l'exécution devient abso- lument inutile aux progrès de FOrnithologie. Empailler tous les Oiseaux de la même manière, c'est pécher contre l’observation, puisque nous voyons que les espèces d’un même genre varient dans leur port; tels sont le Geaï, la Pre et le Corbeau, qui présentent des attitudes très-diffé- rentes. La difficulté de parvenir à représenter les Oiseaux que nous avons journellement sous les yeux, avec leurs formes naturelles, nous fait présumer qu'il est presque impossible de donner aux Oiseaux étrangers dont nous ne connaissons ni les mœurs ni les habitudes, les attitudes qui leur sont propres. On peut même regarder comme factice le port de la plupart des Oiseaux exoti= LES Oiseaux. Partie I. 13 ques qui décorent les collections. Il y a plus; la majeure partie des gravures, soit en noir, ou coloriées, dessinées sur les Oiseaux étrangers ou indigènes empaillés, représentent des individus montés le plus souvent d’après l'idée de celui qui les habille. Nous pourrions citer à l'appui de notre assertion, un grand nombre de figures vicieuses dans les Ouvrages même les plus esti- més, si notre intention n’était, en applaudissant aux efforis des Ornithologistes qui ont perfec- tionné la science, de nous abstenir de toute ré- flexion critique. Nous observerons seulement que ces Figures copiées sur des Oiseaux mal empaillés, et qui servent de modèle aux préparateurs pour monter les espèces qu'elles représentent, propagent l’er- reur de ceux qui pensent avoir fait un travail parfait en les imitant. Il est évident que dans la plupart des planches on a sacrifié la vérité et la belle nature, pour exprimer les caractères pris des couleurs des plumes. En réfléchissant, on ne peut s'empêcher de sentir les défauts de cette méthode de philosopher. L'étude des livres n’est pas celle de la nature. Un artiste qui, dans son cabinet , monte un oiseau d’après un dessin qu'il a sous les yeux, et que nous supposons exact, fait un travail d'imitation, qui, réitéré plusieurs fois sur différens individus, offre tou- jours les mêmes résultats, et devient nécessaire- ment monotone, Il ne donne jamais qu’une seule 14 L'ART D'EMPAILLER attitude à son oiseau; ses mains seules travaillent, et son esprit est sans activité. Mais celui qui a observé les Oiseaux sur la scène de la Nature, sait, en variant les attitudes, leur donner les graces , les proportions, le mouvement et la vie. L'un est un imitateur servile qui n’ose s'éloigner de son modèle; l’autre est créateur, et semble animer à son gré la matière. Il serait très-utile pour l'instruction des per- sonnes qui ne peuvent voir les Oiseaux dans leur état de liberté, soit à raison de leurs occupa- tions, ou de la faiblesse de leur tempérament, ou par d’autres causes, de présenter une notice des figures en noir ou enluminées, propres à servir de modèle pour empailler les Oiseaux, et de faire connaître en même temps celles qui, par les défauts qu’elles présentent, ne servent qu’à égarer ceux qui voudraient les copier. Mais ce travail, que nous avons entrepris pour notre satisfaction personnelle, pourrait ne pas plaire à tout le monde, et ce motif nous a empêché de le rendre public. La plupart des Figures en Ornithologie, ont été, comme en Botanique, copiées sur d’autres figures, le plus souvent sans distinction, sans examen, sans discerner si la gravure que lon cite est exacte ou non. Au lieu de renvoyer à la figure déjà publiée, ce qui eût été plus sage, parce que la faute serait retombée sur le premier inventeur, en partageant ses erreurs, on a mul- LEs O1sEaAUx. Partie I. 15 iplié sans nécessité le nombre des mauvaises figures. On distingue en Histoire naturelle deux sortes de Figures, en noir ou coloriées. Les premières sont préférables pour les Quadrupèdes, les Pois— sons, les Amphibies et les Plantes; les secondes sont utiles et même nécessaires pour les Oiseaux, les Insectes, les Coquilles, parce que dans ces trois branches de l’histoire naturelle, les carac- tères spécifiques se prennent des couleurs. On distingue deux sortes de Figures coloriées ou enluminéés, savoir, celles qui sont enlumi- nées, c’est-à-dire, coloriées à la presse, et celles qui le sont à la main. Dans les premières, les couleurs sont départies mécaniquement; dans les secondes, artistement. Ces dernières, dont les teintes, les nuances et les reflets varient, selon le goût ou le génie de l'artiste, sont préférables; mais en général, les unes et les autres ont le défaut d'exprimer imparfaitement, et souvent mal les couleurs des objets qu’elles représentent. On a observé que les couleurs en vieillissant tendaient à se rembrunir, et à perdre une partie de leur éclat et de leur fraicheur. Buffon lui- même avoue que dans le genre de mauvaise pein- ture, qu'on appelle Enluminure, les figures qui accompagnent son Ouvrage, sont les plus exactes qui aient paru. Cela est vrai; mais quelques par- faites que soient ces figures, un petit nombre seulement peut supporter la comparaison avec 16 L'ART D'EMPAILLER l'oiseau dont elles expriment les couleurs, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre. Les Figures des divers Ouvrages d’Ornithologie que nous avons consultés, représentent presque toujours l'oiseau dans une même attitude. Ces figures, en termes de l'art, s'appellent maniérées. Si quelques oiseaux y sont représentés avec la tête tournée de devant en arrière, ou renversée sur le cou qui est lui-même très-fléchi sur le dos, c’est parce que le champ de la planche ne pouvant pas contenir loiseau, quoique réduit d’après une échelle de proportion, on a été forcé pour l'y faire entrer, de lui donner une attitude de circonstance, et nullement naturelle, mais qui est subordonnée à la grandeur de la planche. Dans quelques Ouvrages d’Ornithologie, on n’a point réduit les oiseaux d’après une échelle de pro- portion, et on représente de même grandeur, l'Alouette et le Calao, YOutarde et la Cannc- pelière. Pour parvenir à donner aux Oiseaux qu'on se propose d’empailler, un air de vie, il est né- cessaire de les étudier dans leurs différentes atti- tudes, dans les momens de repos, de crainte, de colère et d’amour qui leur impriment un port caractéristique. On doit également observer les effets que produisent sur eux les différentes va- riations de l'atmosphère, telles que le chaud, le froid, etc. Enfin, il est nécessaire qu’un Natura- liste qui sait trouver dans la chasse d’autre plaisir- que LES Oiseaux. Partie I. 17 que celui de tuer, examine attentivement les Oiseaux qu'il a occasion de rencontrer , et sache quelquefois pour son instruction laisser échapper sa proie, afin de mieux connaître ses habitudes. À ces connaissances accessoires , 1l est indis- pensable de joindre les connaissances anatomi- ques, qui seules peuvent nous guider dans nos travaux, et nous amener à des résultats heureux. C'est ainsi que pour imiter la rotondité de la partie supérieure du corps de la Perntade , il faut abaisser la poitrine, et contourner en bas la partie qui répond à los sacrum et au coccyx. D’après ces considérations, nous avons cru devoir publier nos observations sur les six Ordres ou Familles d’Oiseaux compris dans le Système de la Nature de Linné, que nous avons adopté comme nous ayant toujours paru le plus simple et le plus naturel”, et que nous avons suivi dans notre Traité élémentaire d'Ornitholozie. 18 L'ART D'EMPAILLER os in tn nr pe ae nr nr Pr LE PREMIER ORDRE, qui comprend les OISEAUX DE PROIE ( AccrPITRES ), nous offrira trois Divisions ou Tableaux ; savoir, I. Les Vautours ( Fullures) , les Aigles, Milans, Buses, Faucons, etc. ( Falcones ); IL Les Ducs, Chouettes, Hiboux, etc. (S/riges ); IL. Les Pies- grièches (Lanii) [6]. I. Les Vaurours, Aiïcres, Mirans, Buses, Fau- cons, etc. ou Oiseaux de proie diurnes, doivent être empaillés ou montés, 1.9 Bas où Haut sur jambes (7), Perchés ou non [6] Voyez, pour les Oiseaux de proie, les caractères du premier Ordre du Sysième de Linné. (7) Nous distinguons dans l Arf d’empailler les Oiseaux , quatre Positions relatives à la longueur des Jambes, et d’après lesquelles tout oiseau doit être monté Bas ou Très-bas, Hauf ou Trés-haut sur jambes. Un oiseau est 1.° Bas sur jambes, lorsque les plumes du ventre cachant le Æbia, le falon et le {arse paraissent dans toute leur longueur. ( Foyez Planche L.) 2.9 Très-bas sur jambes, lorsque les plumes du ventre des- cendant jusqu'aux phalanges, recouvrent le fibia ,le {alon et le farse. (Voyez Planche V.) 3.0 Haut sur jambes , lorsque le farse, le {alon et le üers inférieur du fibia sont séparés du corps, et ne sont point cachés par les plumes du ventre. ( Woyez Planche I.) 4° Très-haut sur jambes, lorsque le farse, le {alon et les deux tiers inférieurs au moins du {bia sont séparés du corps, et ne sont point cachés par les plumes du ventre. Nous disons que dans les Oiseaux montés frès-haut sur jambes , les deux tiers inférieurs au moins du #bia sont séparés du corps, parce qu'il en est chez lesquels les trois quarts où Les OrsEeaux. Partie L 19 pérchés , selon le local pour lequel on les des- tine (8). | presque la totalité de cet os, sont séparés du corps, (dans les Hérons, le Flammant , VEchasse, etc.) Tout oiseau monté, très -hautf sur jambes, doit avoir les falons très-découverts. En observant avec soin les extrémités inférieures dans les Oiseaux, on verra que les uns ou les autres ont 1.° Le fibia, le {alon, le farse et les phalanges couverts de plumes , (le Lagopède, les Pigeons et Cogs-pattus, la plupart des Oiseaux de proie nocturnes ). 2.° Le fibia, le falon, le farse, couverts de plumes , mais non lesphalanges, (le petit T'élras, et quel- ques Oiseaux de proie diurnes ).3.° Le fibia , le falon, etune partie du /ärse, couverts de plumes , (le Milan, quelques espèces de Perroquefs , etc.) 4° Le tibia seulement jusqu’au talon , (la plupart des Gallinacées ). 5.9 Le tiers ou les deux tiers supérieurs du bia seulement, (les Echassiers ). Nous indiquons ces observations , afin que les personnes qui voudraient empailler un oiseau dont le {ibia, le /alon et le tarse seraient couverts de plumes ; ne confondent pas les plumes attachées à ces parties avec celles du ventre, et ne montent point frès-bas sur jambes un oiseau qui doit être monté bas sur Jambes. Dans les Oiseaux montés bas sur jambes, comme les Per- drix, les Canards, elc., le talon peut quelquefois être caché en partie par les plumes du ventre; mais il faut toujours qu’il soit séparé du corps, et au-dessous du niveau du ventre. (8) On peut diviser en quatre classes les nombreuses tribus du genre volatile, relativement à leur position sur les extré- mités inférieures. La première comprendra les oiseaux qui perchent, tels sont les Passereaux , elc. ( Woyez Planche V). La seconde renfermera ceux qui ne perchent pas, tels sont en partie les Echassiers, Gallinacées, etc. (Voyez Planche If). La troisième présentera ceux qui grimpent ou se cram- ponnent et ne perchent pas, tels sont les Pics , Grimpe- reaux , elc. ( Voyez Planche IV). La quatrième offrira ceux qui grimpent et qui perchent, tels sont les Perroquets, Sit- telles, Mésanges, ele. Dans les Oiseaux de proie diurnes, B 2 L 20 L'ART D'EMPAILLER 2.9 Les Talons, découverts et écartés (0). 3.9 Les Jambes, légèrement fléchies (ro), rappro- chées de la queue, également éloignées entr’elles aux talons et à l'origine des phalanges (1). quelques espèces perchent, (le Milan ) ; d’autres ne perchent pas» (la Cresserelle ) : voilà pourquoi nous disons qu'ils doi- vent être montés perchés ou non perchés. Dans ces oiseaux, on doit se contenter de percher les petites espèces, et on place les grandes sur un support plat. Le Secrétaire ou le Messager, placé par GMELIN dans les Oiseaux de proie, sousle nom de Falco serpentarius, quoi- qu’il se rapproche par la longueur de ses pieds, des Oiseaux de rivage ; par sa tête et La forme de son bec, des Aigles ; et par la forme de son corps, des Grues ou des Cicognes : et qu'avec les armes des oiseaux carnassiers il n’ait rien de leur férocité $\ doit être monté frès-hautl sur jambes. Si on le place, avec GMELIN, dans les Oiseaux de proie, il fait exception à la règle que nous donnons pour les monter bas ou hauf sur jambes. (@) Le Talon, dans les oiseaux , est l’arliculation qu’on nomme communément et improprement le genou. Nous disons improprement , parce que le genou, dans homme, est forme par l'articulation du fémur avec le Hbia et la rotule ; tandis que dans les oiseaux, la part e désignée sous le nom de genou ou de falon, est formée par l'articulation de l’extrémité infé- rieure du bia avec le farse. (10) À l'articulation du talon. Les Jambes offrent trois in- flexions différentes; elles sont, 1.° Légèrement fléchies, ( dans les Echassiers).2.° Fléchies, (dans les Passereaux }.3.° Très- Fléchies dans les oiseaux montés /rès-bas sur jambes ou cram- ponnés, (dans les Pics, etc.) (1) Nous distinguons, dans la situation des Jambes, trois positions différentes. Dans la première, elles sont rapprochces entr’elles aux talons, et éloignées à l’origine des phalanges, ( dans la plupart des Passereaux ). Dans la seconde, elles observent entr’elles une égale distance, soit aux talons, soit . Les Oiseaux. Partie I. 21 2° Les Doigts, trois antérieurs séparés, un posté- rieur dirigé de dehors en dedans, et de haut en bas (r2)}. 5.9 Les Ailes, découvertes et légèrement écartées du corps, ou couvertes au tiers, et rapprochées du corps (13), croisées à leurs extrémités ( dans quelques espèces ). à l’origine des phalanges, ( dans la plupart des Gallinacées }. Dans la troisième, elles sont rapprochées aux phalanges, un peu moins aux talons, et très-écartées à leur sortie du corps, ( dans les gros oiseaux, tels que les Cÿgnes, les Aigles, etc.) Nous nous sommes bornés, dans nos principes, aux deux premières positions, parce qu’elles sont les plus ordinaires, et mous nous contentons d’indiquer ici la troisième , qui n’est applicable qu’à un petit nombre de gros oiseaux. Dans les Oiseaux fixés sur des supports plats en forme de tablettes, comme les Gallinacées , ou sur des huchoirs, comme les Passereaux, on peut se permeltre de poser quelquefois une jambe légèrement en avant, et de placer le corps oblique- ment sur les jambes. Cette attitude donne plus de grace à l'oiseau. On doit observer deux autres positions dans les Jambes : 1.° toutes deux sur une même ligne ; 2.° une plus avancée que l’autre. On peut donner ces deux positions aux oiseaux qui perchent ou ne perchent pas. Dans ceux qui se cramponnent (tels sont Les Pics), les Jambes présentent ces deux positions. On doit alors en placer une antérieurement, à peu près dans le point central du corps; l’autre postérieurement, et rappro- chée de la queue. (12) La disposition des Doigts mérite d’être observée soigneu- sement, parce qu’elle fournit des caractères essentiels pour la distinction des genres. (13) Les Ailes sont, 1.° couvertes ; 2.0 découvertes. Nous entendons par Aïles couvertes, celles qui sont cachées dans les plumes de la poitrine et des côtés du corps, qui se relèvent de bas en haut et de devant en arrière ; et par Ailes découverles, celles dont les contours, dans leurs bords infé- B 3 22 L'ART D'EMPAILLER 6.° Le Corps , alongé, dans une position obli- que (14). rieurs, n'étant point cachés dans les plumes du ventre et des côtés du corps, paraissent jusqu’à leurs extrémités. Nous distinguons, dans les Ailes couvertes, deux positions. Dans la première, elles sont couvertes au fiers; et dans la seconde, aux deux fiers. Dans les Ailes couvertes au fiers, le contour antérieur ou Jangle saillant des ailes répondant au carpe, est caché, et les deux tiers inférieurs de l'aile sont à découvert. ( Woyez Planche IT). Dans les Ailes couvertes aux deux tiers, les deux tiers an- térieurs de l'aile sont cechés, le postérieur seul est à décou- vert. ( Voyez Planche IT). De là, la nécessité de diviser l’Aïle en trois parties ou tiers; savoir, 1.° un anférieur, qui forme le contour saillant des ailes, qu’on appelle vulgairement moïgnon; 2.° un moyen, qui répond aux jambes; 3.° un posférieur, qui répond à la queue. Dans les Ailes découvertes, les trois tiers qui les composent sont à découvert. (Voyez PI. IV). Dans les Pics, cette situa- tion des ailes découvertes est moins sensible que dans certains Oiseaux de proie diurves. Les Ailes sont, 1.° écarfées ; 2.° rapprochées du corps. Nous entendons par Arles écartées du corps, celles qui ne sont pas logées dans les cavités pectorales ; et par Ailes rap- prochées du corps, celles qui sont reçues et reposent dans les cavités pectorales. IL faut observer que les Ailes peuvent être , 1.° découvertes et rapprochces du corps ; 2.° couvertes et éloignées du corps ; 3.9 découvertes et éloignées du corps ; 4.° couvertes et rap- prochées du cvrps : des-lors, elles offrent quatre positions différentes dans leurs. rapports avec le corps. (4) Le Corps offre trois positions différentes ; savoir : 1.° l'horizontale ; 2.0 l'oblique ; 3.° la verticale. Dans la première, les jambes sont placées à peu près dans LES Oiseaux. Partie I. 23 7.9 Le Dos, aplati ou arrondi (15). 9.9 La Queue, légèrement abaissée , écartée en voûte , cachée en partie par les extrémités des ailes (16) ( dans les espèces dont les ailes sont croi- sées ). le point central du corps, qui repose alors transversalement sur les membres. ( Woyez Planche I). Dans la seconde, les jambes sont plus rapprochées de la queue que du point central du corps, dont la partie antérieure est plus relevée que la partie postérieure qui répond à la queue. ( Foyez PL II et V ). Dans la troisième , les jambes sont très-rapprochées de la queue, et placées aux deux tiers postérieurs du corps, qui se trouve alors dans une position plus ou moins perpendiculaire, Cette position verticale est propre aux Pingouins, Manchots, Grèbes, Castagneux. ( Voyez Planche NH). Dans les Oiseaux dont les jambes sont rapprochées du point central du corps, la position du corps est horizontale ow oblique. Dans ceux chez lesquels les jambes sont rapprochées de la queue, la position du corps est oblique. Dans les indi- vidus dont les jambes sont très-rapprochées de la queue, ou placées aux deux tiers postérieurs du corps, la position du corps est verticale. (15) La partie supérieure du Corps comprend le Dos et le Croupion. Nous divisons le Dos en trois parties ; savoir, l’an- térieure qui répond au cou, la postérieure qui répond à la queue , et la moyenne qui embrasse l’espace compris entre les deux autres. Dans les Gallinacées, on doit avoir égard à la forme du dos et du croupion, sur-tout dans les Peintades, Perdrix, Cailles, elc. Dans les gros Oiseaux de proie, le dos est aplati, et le contour antérieur des aïles ou moignon est au niveau du dos. Dans les petits Oiseaux de proie, le dos est arrondi, et le contour antérieur des ailes est au-dessous du dos, ou plus bas que le dos. (16) Nous distinguons dans la Queue trois positions, savoir : 1.9 Ja verticale, lorsqu'elle se relève de bas en haut, (dans le B 4 4 24 L'ART D'EMPAILLER 9.° Le J’entre, relevé ou abaissé (17). 10.° La Poitrine, arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, légèrement fléchi en ar- rière (18). Coq, etc.) 2.° L’horizontale, lorsqu’elle est parallèle au corps, (dans les Passereaux ). 3.9 L’oblique, lorsqu’elle est inclinée depuis sa base ou partie antérieure qui répond au eroupion, jusqu'à son extrémité postérieure qui répond au bout de la queue, ( dans les Perdrix, etc.) Nous nous sommes contentés de dire la queue relevée ou abaissée, afin de ne point trop charger nos tableaux. (17) Dans les Oiseaux bas sur jambes, le Ventre est ordi- nairement abaïissé à raison du peu de longueur des extrémités inférieures, ( dans le Milan }. Dans les Oiseaux haut sur jam- des, le Ventre est releyé à raison de la longueur du tibia et du peu de flexion du talon, ( dans les Echassiers ). (18) Nous divisons le Cou en trois parties ; savoir : 1.0 lin- Yérieure, qui répond au corps ; 2.° la supérieure , qni répond à la tête; 3.9 la moyenne, qui embrasse l’espace compris entre les deux autres. Dans les oiseaux à long cou, les parties inférieure et supérieure sont fléchies en avant, la moyenne en arriére. Ces flexions du cou doivent être suivies dans les oi- seaux chez lesquels cette partie est irès-développée; mais on peut également fléchir le cou en avant dans les Bufors, Biho- reaux , elc., sans lui donner ces trois inflexions , afin de varier les attitudes, (chose absolument essentielle). Un oi- seau dont le cou est fléchi en avant, a Pair plus animé. Le Cou, dans les Oiseaux, peut étre fléchi de irois ma- mières différentes, qui changent totalement la position de la tête. 1.9 En avant dans les parties inférieure et supérieure, et en arrière dans la partie moyenne ; la tête alors est posée pai- siblement sur Le cou. 2.9 En arriere dans la partie inférieure, et en avant dans les parties moyenne et supérieure ; la tête alors est portée en avant, LES O1sEAUx. Partie I. 25 12.9 La Téte, arrondie, posée paisiblement ou ma- “estueusement sur le cou, et tournée à droite ou à r | gauche (19). s 3.° En avant dans la partie inférieure, en arrière dans les parties moyenne et supérieure ; la tête alors est porlée en arrière. La position de la tête dépend toujours de linflexion de la partie supérieure du cou. | Dans les Oiseaux dont la tête est posée majestueusement ou paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche, le cou peut être fléchi en avant ou en arrière. Dans les Oiseaux dont la position du corps est verticale, comme les Grèbes, le cou doit être droit, et la partie supé- rieure fléchie en avant, Dans ceux où la tête est portée en avant, et le cou fléchi en arrière ou en avant, cette flexion du cou ne doit être prise que dans la partie inférieure pour ceux dont le cou est fléchi en arrière, et dans la partie supé- rieure pour ceux dont le cou est fiéchi en avant. (19) La Téle est arrondie dans le plus grand nombre d’oi- sceaux ; aplalie au sommet dans les Hirondelles ; sur les côtés, dans les Canards, Peélicans, etc.; effilée dans les Grèbes ; cylindrique dans l'Anhinga, elc. D'après ce léger aperçu des différences que présente la configuration de cette partie, nous avons cru nécessaire d'indiquer sa structure, et la forme que les Empailleurs doivent lui conserver. La position dela Téfe varie. Elle peut être, 1.° posée paisi- blement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche; 2.° portée en avant ou en arrière. Rien ne donne autant de grâce à un oiseau que de lui tourner la tête à droite ou à gauche, sur-tout lorsqu'on le re- présente dans un état de repos. L'animal conserve alors une attitude qui semble lui donner un air de vie, et qui flatte agréablement l'œil de l'Observateur. On n’a qu'à comparer deux oiseaux montés, l’un avec la tête dans une direction droite (attitude qu’on donne dans la plupart des gravures), et l'autre, avec une légère inclinaison de tête à droite ou à gauche, et on verra la différence étonnante qui existe entre es deux oiseaux. 26 L'ART D'EMPAILLER 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizon- taie (20). 14.9 Les Feux, grands et saillans (2r). IT. Les Ducs, Caouerres, Hiroux, etc. ou Oiseaux de proie nocturnes, doivent être montés, 1.° Bas ou Trés-bas sur jambes, perchés ou non perchés. 2.9 Les T'alons, couverts 6u découverts , et écartés. Il y a trois points de vue sous lesquels on peut considérer un Oiseau empaillé ; savoir, 1.0 de profil; 2.0 en face; 3.° par derrière. Dans le premier point de vue , la tête doit étre tournée à droite ou à gauche. Dans le second , elle doit être portée en avant, et très-fléchie sur le cou. Dans le troisième , elle doit décrire sur Paxe du cou une demi-circulaire de devant en arrière. Les attitudes des oiseaux compris dans nos divisions, sont toutes relatives à l’état du repos. Les personnes qui voudront connaître celtes qui ont rapport à l’état du mouvement, qui comprend la crainte, la colère et Pamour, peuvent consulter ce que nous avons dit sur cet objet. Mais nous avons jugé plus convenable de ne donner que VPaititude du repos en général, comme étant la plus naturelle, afin de ne point interrompre l’uniformité de notre travail; ce qui aurajt eu lieu, si nous avions indiqué les deux attitudes du mouvement et du repos pour quelques familles, et celle du repos seulement pour les autres. (20) Le Bec affecte deux directions différentes; savoir, 1.9 l'horizontale, 2.° Yoblique. Dans la première, il est pa- rallèle au sommet de la tête; dans la seconde, il est abaissé ou relevé. On peut se permettre de laisser le bec légèrement entr'ouvert, principalement dans les oiseaux cramponnés. (21) La grosseur et la saillie des Yeux présentent des diffé- rences sensibles. Dans les Oiseaux de proie diurnes, les Yeux sont grands et saillans. Dans les Oiseaux de proie nocturnes , ils sont très-grands et irès-saillans. Dans les Canards, Har- 4 Les , ils sont petits, etc. LES O:isEAUx. Partie I. 27 5.9 Les Jambes, droites ou fléchies (22), rappro- chées de la queue , également éloignées entr'elles aux talons et à l’origine des phalanges. 4.° Les Doigts, trois antérieurs séparés, un posté- rieur dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. (22) Dans les Hiboux, les jambes doivent être très-fléchies quand on les monte dans une position oblique ; et droites; quand on les monte dans une position verticale. Quand ils sont bas sur jambes , le corps doit être dans une position obli- que; et quand ils sont /rès-bas sur jambes , le corps doit être dans une position verticale. On peut, lorsqu’on les monte dans une position verticale, se permettre de porter en avant la tête, qui est alors très-fléchie sur le cou, de manière que l’oi- seau regarde en face. On peut monter les Oiseaux de proie noclurnes , perchés ou non perchés. Il existe des proportions pour empailler les Oiseaux. Dans les Perdrix , la distance depuis les doigts jusqu’au dessus du dos, doit égaler celle de la longueur du corps. Dans les Ca- nards , la longueur du corps doit égaler une fois et demie, la distance depuis les doigts jusqu’au dessus du dos. Dans les Echassiers, la longueur des jambes dépasse toujours d’un üers ou de deux tiers, et méme des trois quarts dans quel- ques espèces, la longueur du corps. Dans les Passereaux, ces règles varient encore davantage. Dans les Moineaux, Gros- becs, la distance depuis les pieds jusqu’au dessus du dos, est moindre que celle de la longueur du corps. Dans les Loriots, TMerles, Grives, etc., la longueur du corps égale celle de la hauteur de l'oiseau lorsque les jambes ne sont pas fléchies ; mais lorsqu'elles sont fléchies, la hauteur de l'oiseau est moindre d'un tiers que celle de sa longueur: La longueur d’un Oiseau doit être prise depuis le devant de la poitrine jusqu’à l’origine de la queue ; et la hauteur, depuis les phalanges jusqu’au niveau de la partie moyenne du dos. Nous ne présentons en ce moment, sur cet objet, que quel- ques idées, que nous espérons développer en détail, lorsque nous les aurons long-temps méditées. 28 L'ART D'EMPAILLER 5.9 Les Ailes, couvertes au tiers ou aux deux tiers, et rapprochées du corps ; croisées à leurs extrémités ( dans quelques espèces ). 6.° Le Corps, raccourci, dans une position oblique ou verticale. 7.9 Le los, arrondi. 9.° La Queue , abaïssée ou très-abaissée, légèrement écartée en voûte, et cachée en partie par les extré- mités des ailes, ( dans les espèces dont les ailes sont croisées ). 0.° Le J’entre, abaïssé. 10.9 La Poïtrine , légèrement arrondie. 31.9 Le Cou, raccourci, droit ou fléchi en arriére. 12.9 La Z7éte, arrondie, posée paisiblement sur le cou, tournée à droite ou à gauche, ou inclinée. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction oblique, inclinée ou très-inclinée. 14.9 Les Veux, très-grands et trés-saïllans. JT. Les Pres-cricurs doivent être montées, 1.° Bas sur jambes et perchées (23). (23) Les Laniers ou Pies-grièches forment une famille qui tient, par la structure du bec et des ongles, aux Oiseaux de proie, (aussi les espèces en sont-elles carnivores ) ; par la grandeur de chaque espèce, elle se rapproche des Passe- reaux ; et par les mœurs, des Pics. En général, ces petils oiseaux fournissent l'exemple de ce que peuvent le courage et lanimosité pour suppléer à la force du corps. Ils osent atta- quer avec avantage, même des Oyseaux de proie trois ou quatre fois plus gros qu’eux. Nous aurions préféré placer les Pres-grièches immédiate- ment à côté des Oiseaux de proie diurnes dont ils se rappro- chent , si nous ne nous étions fait un devoir de ne pointinter- verix l’ordre du Système de Linné. LEs O1sEAuUx. Parle Î. 29 2.9 Les T'alons, découverts et légèrement rappro- = 9 chées du corps. 6.2 Le Corps, raccourci, dans une position hori- zontale ou oblique. 7.9 Le Dos, arrondi dans les parties antérieure et moyenne , très-arrondi et relevé dans la postérieure. 8.° La Queue, très-abaissée, légèrement écartée. 9.° Le J’entre, abaissé. 10.° La Poitrine , très-arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, droit ou légèrement flécli en avant. 12.9 La T'éte, arrondie, posée paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.9 Le Bec, fermé, dans une direction horizon- tale. 14.° Les Feux, assez grands et peu saïllans. (67) Nous avons eu occasion d'observer, à la chasse, des Perdrix rouges se percher sur les arbres, lorsqu'elles étaient 6 EF ° fatiguées et poursuivies par les chasseurs ou les chiens. LES Oiseaux. Partie I. 79 Le Sixième ORDRE, qui renferme les PASSE- REAUX ( Passeres ), nous offrira dix Divi- sions ou Tableaux ; savoir , 1. Les Pigeons, Fourterelles ( Columbæ ). IT. Les Alouettes ( Alaudæ). WE. Les Étourneaux ( S{urni); les Grives, Merles ( Tzrdi ). IV. Les Gros-becs, Bouvreuils ( Loxiæ ). V. Les Ortolans, Bruans, Veuves ( Emberizæ ); les Pinsons, Chardonne- rets, Serins, Linottes, Bengalis, Sénégalis, Moi- neaux ( Fringillæ ). VI. Les Gobe-mouches ( Muscicapæ }); les Traquets ( Rubetræ ); les Motteux ( Vrlifloræ ). VIL Les Lavandières, Bergeronnettes , Rossignols , Fauvettes, etc. ( Motacillæ ). VII. Les Mésanges ( Part ). IX. Les Hirondelles, Martünets ( Hirundines ). X. Les Engoulevents ( Caprimulgt) [68]. I Les Piceons, T'ourterezzes , doivent être em- paillés ou montés, 1.° Bas sur jambes , perchés ou non perchés. 2.° Les Talons , découverts et légèrement rappro- chés, 3.° Les Jambes, fléchies, rapprochées du point cen- tral du corps, et entr’elles aux talons, mais éloignées à l’origine des phalanges. 4.° Les Doigts , trois antérieurs séparés ; un posté- rieur, dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.9 Les Ailes, découvertes ou couvertes au tiers et rapprochées du corps. L [68] Voyez, pourles Passereaux, les caractères du sixième Ordre du Système de Linné. 80 L'ART D'EMPAILLER 6.° Le Corps, raccourci ou alongé , dans une posi- tion horizontale ou oblique (69). 7.9 Le Dos, légèrement arrondi. 8.° La Queue, légèrement abaissée, écartée en voûte. 9.° Le J’entre, abaissé. 10.9 La Poitrine, très-arrondie. 11.0 Le Cou, raccourci, légèrement fléchi en arrière. 12.9 La Zéte, arrondie, posée paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé , dans une direction horizon- tale. 14.° Les Feux, petits et peu saillans. II. Les Arourrres doivent être montées, 1.° Bas sur jambes, perchées ou non perchées. 2.9 Les T'alons, découverts et écartés. 5.° Les Jambes, fléchies , rapprochées de la queue, également éloignées entr'elles aux talons et à l’origine des phalanges. 4° Les Doigts, trois antérieurs séparés ; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.9 Les Ailes, couvertes au tiers et rapprochées du corps, ou découvertes et écartées du,corps. 6.° Le Corps , raccourci ou alongé, dans une po- sition oblique. 7.9 Le Dos, arrondi. 9.° La Queue , légèrement abaissée, écartée en voûte. (69) Les Pigeons varient pour les attitudes, par la forme du corps alongé ou raccourci, par celle de la queue, par la grosseur de la gorge, etc, 9.9 es Oiseaux. Partie I. 81 9.° Le J’entre , abaissé. 10.° La Poitrine , arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, fléchi en arrière. 12.9 La Téte, arrondie , posée paisiblement sur lé cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction oblique relevée. 14.9 Les Feux , petits et peu saillans. III. Les Érourneaux , Graives, Mrerces , doivent être montés, 1.° Bas sur jambes et perchés. 2.9 Les T'alons , découverts et rapprochés. 5.9 Les Jambes, fléchies, rapprochées de la queue, et entr’elles aux talons, mais éloignées à l’origine des phalanges. 4.° Les Doigts, trois antérieurs séparés ; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.° Les Ailes, couvertes au tiers ou aux deux tiers, et rapprochées du corps. 6.° Le Corps, alongé ( dans les Étourneaur et les Grives ), raccourci ( dans les Merles ), dans une po- sition oblique. 7.° Le Dos, arrondi. 8.9 La Queue , légèrement abaissée, écartée en voûte. 9.° Le J’entre, abaïssé, 10,9 La Poitrine , arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, fléchi en arrière. 12.° La Téte, arrondie, posée paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche, 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizontale ou oblique relevée. 14,9 Les Feux, assez grands et saillans. 1 82 L'ART L’'EMPAILLER IV. Les Gros-secs, Bouvreuirs, doivent être mon- tés, 1.° Bas sur jambes et perchés. 2.9 Les T'alons, découverts et écartés. 5.° Les Jambes, fléchies, rapprochées de la queue, également éloignées entr'elles aux talons et à l’origine des phalanges. 4° Les Doëgts, troïs antérieurs séparés ; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.9 Les Ailes, couvertes aux deux tiers et rappro- chées du corps. 6.° Le Corps, raccourci, dans une position oblique. 7.° Le Dos, arrondi. 8.9 La Queue , légèrement abaïssée, écartée en voûte. 9.° Le J’entre, abaïssé. 10.° La Poitrine , arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, légèrement fléchi en ar- rière. 12.9 La 7éte, arrondie, posée paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizontale ou oblique relevée. 14.9 Les Feux, petits et peu saillans. V. Les Orrozans, Bruans , VEuvEs , Pinsons, Caarponnerers , SeriNs , LinorrTes, BrNaaLis, SEÉNr- GALIS, Moinraux, doivent être montés, 1.° Bas sur jambes et perchés. 2.9 Les J'alons, découverts et légèrement rappro- chés. 5.9 Les Jambes , fléchies , rapprochées de la queue, et entr'elles aux talons, mais éloignées à l'origine des phalanges, Les Oiseaux. Partie I. 83 4.° Les Doïgts, trois antérieurs séparés; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.9 Les Ailes, couvertes aux tiers ou aux deux tiers, et rapprochées du corps. 6.° Le Corps, alongé ( dans les Ortolans, Bruans, V'euves ), raccourci ( dans les Pinsons , Chardonne- rets, etc. }, dans une position oblique. 7.9 Le Dos, arrondi. 9. La Queue, légèrement abaissée , écartée en voûte. 9.° Le J’entre, abaïssé. 10.° La Poïtrine, arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, légèrement fléchi en ar- rière. 12.9 La Téte, arrondie , posée paisiblement sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizontale ou oblique relevée. 14.° Les Feux, petits et peu saillans. VI. Les Gosr-moucues , ‘Traquers, MorTeux , doivent être montés, 1.° Haut sur jambes , perchés ou non perchés (70). 2.9 Les Talons, découverts et légèrement rappro- chés. 3.° Les Jambes, fléchies, rapprochées de la queue, et entr'elles aux talons, mais éloignées à l’origine des phalanges. (70) On peut ranger parmi les Traquets, les petites espèces de Molacilles, tels que le Pouillot, le Roitelet, le Troglo- dyte, dont les attitudes varient, soit dans la situation de la queue relevée dans le Troglodyte, soit dans la forme du corps qui est raccourci, etc, F 2 84 L'ART D'EMPAILLER 4° Les Doigts, trois antérieurs séparés; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.° Les Ailes, découvertes, pendantes et écartées du corps, ou couvertes au tiers et rapprochées du corps. 6.° Le Corps, raccourci, dans une position oblique. 7.° Le Dos, arrondi. 8.° La Queue, légèrement relevée, écartée en voûte. 9.° Le J’entre , relevé. 10.9 La Poitrine, arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, légèrement fléchi en avant. 12,9 La T'éte, arrondie, portée en avant, ettournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizontale ou oblique relevée. | 14.9 Les Feux, petits et peu saïllans. VII. Les Lavanpires, BErGERONNETTES , Rossr- GNoLs, Fauverres , doivent être montés , 1.° Haut sur jambes , perchés ou non perchés. 2.9 Les T'alons, découverts et légèrement rappro- chés. 3.9 Les Jambes, fiéchies, rapprochées de la queue, et entr'elles aux talons, mais éloignées à l’origine des phalanges. 4° Les Doigts, trois antérieurs séparés ; un posté- rieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.9 Les Ailes, découvertes et écartées du corps, ou couvertes au tiers et rapprochées du corps, ou pen- dantes et plus basses que la queue. 6.° Le Corps, alongé, dans une position oblique. 7° Le Dos, arrondi. LEs O1israAux. Partie E. 85 8.9 La Queue, relevée, écartée en voûte (71). 0.° Le J’entre , relevé. 10.° La Poitrine , très-arrondie. 11.9 Le Cou, alongé, fléchi en avant. 12.9 La Zéte, cflilée, portée en avant, et tournée à droite ou à gauche. 15.° Le Bec, fermé, dans une direction horizontale ou oblique relevée. 14.9 Les Feux, petits et peu saillans. VIII. Les Mésancrs doivent être montées, 1.9 Bas ou Z'rés-bas sur jambes , perchées où cramponnées. 2.9 Les T'alons, couverts ou découverts, et écartés. 5.° Les Jambes, fléchies ou très-fléchies, rappro- chées de la queue quand elles perchent, ou placées une antérieurement à peu près dans le point central du corps : l’autre postérieurement et rapprochée de la queue quand elles sont cramponnées, et également éloignées entr'elles aux talons et à l’origine des pha- langes. 4.° Les Doigts, trois antérieurs séparés ; un posté- rieur, dirigé de dehors en dedans et de haut en bas (72). 5.9 Les Ailes , couvertes au tiers et rapprochées du corps, ou découvertes et écartées du corps. (71) Dans les Bergeronneltes, Lavandières, la queue est alternativement abaissée ou relevée. (72) Cette direction des doigts mérite d’être observée quand on monte les Mésanges perchées ; mais quand on les monte cramponnées, les trois doigts antérieurs séparés sont dirigés de bas en haut, et le postérieur de haut en bas. Quand on empaille ces oiseaux, on doit leur donner une attitude très- animée qui dépend des différentes inflexions de la tête. FA3 86 L'ART D'EMPAILLER 6.° Le Corps, raccourci, dans une position oblique ou verticale. 7.° Le Dos, arrondi. 8.° La Queue, abaïssée ou très-abaissée , et écar- tée (75). 9.° Le ’entre, abaissé. 10.° La Poitrine , arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, droit ou fléchi en avant ou en arrière. 12.° La Zéte, arrondie, portée en avant, et tournée à droite ou à gauche. 13.9 Le Bec, fermé, ou légèrement entr’ouvert , dans une direction oblique relevée ou abaïssée. 14.9 Les Feux, petits et peu saillans. IX. Les Hironperres , MarTiners, doivent être montés, 1.9 Zrès-bas sur jambes, perchés ou non perchés, où cramponnés (74). 2.9 Les J'alons, couverts et écartés. 3.° Les Jambes , très-fléchies , rapprochées de la queue, ou placées une antérieurement à peu près dans le point central du corps: l’autre postérieurement et rapprochée de la queue quand ils sont cramponnés; (73) La queue dans les Mésanges doit être très-abaissée, quand on les monte cramponnées. (74) Les Hirondelles offrent toutes les positions propres aux autres oiseaux. Elles perchent, ne perchent pas, et se cram- ponnent contre les murailles , ou leurs nids, mais non contre les arbres. De là vient qu’on ne doit les cramponner que sur le fond d’une cage en bois, imitant une muraille, ou bien contre leurs nids. Les Martinels ne perchent pas sur les arbres, on doit les monter cramponnés, Les Oiseaux. Partie I. 87 ralement éloignées entr’elles aux talons et à l’origine des phalanges (75). 4. Les Doïgts, trois antérieurs séparés ; un posté- rieur, dirigé de dehors en dedans (dans les Æiron- delles); ou quatre antérieurs, composés chacun de. deux phalanges ( dans les Martinets ). 5.0 Les Ailes, couvertes au tiers et rapprochées du corps, ou découvertes et écartées du corps , croisées à leurs extrémités. 6.° Le Corps , alongé ou raccourci, dans une posi- tion oblique ou verticale. 7.9 Le Dos, aplati. 9.° La Queue, abaïssée ou très-abaissée , écartée en voûte, cachée en partie par les extrémités des ailes, et fourchue dans la plupart des espèces. 9.° Le F’entre , abaissé. 10.° La Potitrine, arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci , légèrement fléchi en ar- rière, 12.9 La Téte, aplatie au sommet, posée paisible- ment sur le cou, et tournée à droite ou à gauche. 15.9 Le Bec, fermé, ou légèrement entr'ouvert , dans une direction horizontale ou oblique relevée. 14.° Les Feux, petits et peu saillans. (75) Cette situation des jambes près de la queue doit être observée quand on monte les Hirondelles perchées. Lorsqu'on les monte cramponnées , les jambes doivent être placées, savoir, une antérieurement à peu près dans le point central du corps, l’autre postérieurement et rapprochée de la queue. Les trois doigts antérieurs doivent être dirigés de bas en haut, et le postérieur de haut en bas. Mais dans les Marlinefs, les quaire doigts sont antérieurs, F 4 88 L'ART D'EMPAILLER X. Les ExcourevenTs doivent être montés, 2,° T'rés- bas sur jambes, perchés ou non perchés (76). 2.9 Les T'alons, couverts et écartés. 3.9 Les Jambes, trées-fléchies et rapprochées du poiut central du corps , également éloïgnées entr'elles aux talons et à l’origine des phalanges. 4.° Les Doïgts, trois antérieurs, unis par une mem- brane jusqu’à la première phalange ; un postérieur , dirigé de dehors en dedans et de haut en bas. 5.° Les Ailes, couvertes au tiers et rapprochées du corps, croisées à leurs extrémités. 6.° Le Corps, alongé, dans une position horizon- tale ou oblique. 7.9 Le Dos, aplati. 9.° La Queue, légèrement abaïssée, écartée en voûte, et cachée en partie par les extrémités des ailes. 0.° Le J’entre , abaissé. 10.° La Poitrine, arrondie. 11.9 Le Cou, raccourci, fléchi en avant. 12.9 La Jéte, aplatie au sommet, portée en avant, et tournée à droite ou à gauche. 15.9 Le Bec, fermé, dans une direction horizontale, 14.9 Les Feux, grands et trés-saillans. ane DE D 0 De À À À € À Nos principes de théorie pour empailler les Familles que nous venons d'énumérer, paraïtront sans doute monotones, si on les examine dans leur ensemble; mais ce défaut disparaitra, si on (76) Les Engoulevents diffèrent des Hirondelles, comme les Hiboux des Faucons, etles Phalènes des Papillons. LES OrsEaAux. Partie. 89 Îes considère isolément. Le signalement de chaque Famille est un petit Traité, qui réunit au mérite de la nouveauté et d’une utilité majeure, les principes d’après lesquels tout Ornithologiste doit se conduire dans l4r1 d’empailler les Oiseaux. Nous avons donné, en général, à nos Oiseaux une attitude de repos, comme étant la plus facile à exprimer, et la plus connue. Nous aurions bien désiré présenter pour chaque Famille une figure dessinée d’après nos Oiseaux empaillés; notre Ouvrage alors eût offert non- seulement la description des Familles que nous avons eu occasion d'observer, mais encore des gravures qui auraient facilité l'intelligence de nos descriptions. Nous aurions rendu sensible aux yeux par le secours des figures, ce que nous ne pouvons offrir que faiblement à l'imagination avec le pinceau de la parole. L’Artiste aurait su, en lisant nos Tableaux, ce qu'il devait faire, et en voyant nos Figures, il aurait appris à perfec- tionner son travail. Mais ces projets si néces- saires à l'intelligence de nos principes, ne pou- vant s’exécuter dans ce moment, eu égard aux frais considérables qu'ils entraineraient , nous avons été forcés d’y renoncer (77). (77) Nous nous sommes bornés au nombre de Planches né- cessaires à l'intelligence de nos principes , nous proposant , lorsque nous en aurons complété un nombre correspondant à celui de nos Tableaux, de les publier. Chaque famille exige- rait plusieurs figures, pour faire connaître les attitudes qu’elle 00 L'ART D'EMPAILLER / Nous ne saurions trop recommander aux per- sonnes qui s’occupent à empailler les Oiseaux, de consulter souvent dans leurs procédés de pra- lique, les Tableaux que nous leur présentons. Nous osons le dire, le temps est venu où cette intéressante partie de l’'Ornithologie doit changer de face, et où l'illusion doit disparaitre devant la réalité. Nous jetons les principes d’un Art que nos neveux perfectionneront sans doute, et nous serons amplement dédommagés de nos peines, si nous avons la certitude que vingt-cinq années dévouées à l'étude et à l'observation de la Na- ture, ne seront pas perdues pour la postérité. Le signalement de quelques Familles a été déduit de la connaïssance de ious ou presque ious les individus qui les composent; celui d’un petit nombre n’a été fait que d’après lexamen d’une ou deux espèces, comme dans les genres des Martin-pécheurs, Rolliers, Guépiers, etc. etc. L’analogie nous ayant fait présumer que le port des individus d’une Famille présentait de grands peut présenter , soit dans l’état du repos, soit dans celui du mouvement. Dans celles qui accompagnent notre Ouvrage, il nous a été impossible d'exprimer la position et la forme des quatorze parties du corps des oiseaux que nous décrivons. Dès-lors nous avons omis celles qui étaient les moins néces- saires, pour ne nous attacher qu'aux attitudes essentielles, C’est ainsi que dans la Caille, nous avons eu soin d'exprimer la rotondité de la partie postérieure du dos et du croupion, qui constituent essentiellement la forme de cet oiseau. LES O1sEaAUx. Partie I. OL rapprochemens, et que dans ceux où il pouvait varier, les exceptions n’appartenaient qu'à quel- ques espèces, sans déroger au caractère général de la Famille; nous avons pensé que cette aber- ration ne pourrait jamais jeter dans une erreur aussi grande, que celle de donner à un oiseau une attitude imaginaire. En faisant nos Tableaux d’après les observa- tons d’une ou plusieurs espèces européennes, nous avons suivi dans notre manière de philoso- pher, le plan que Buffon s'était proposé dans son Ornithologie, savoir: de décrire premièrement une espèce européenne bien connue, et d’ÿ ra- mener les espèces exotiques de lancien ou du nouveau Continent, qui ont avec elle le plus de rapport. Ce travail, qui est sans contredit la partie de son Ouvrage la plus philosophique , a l'avantage de guider ceux qui connaissent les Oiseaux indigènes, et de les familiariser bientôt avec les exotiques. Si l’on ajoute à ce premier objet fondamental, cette magie de style presque inimitable, cette sagacité dans la réduction des espèces, ses criti- ques toujours judicieuses sur l’étymologie et le choix des noms, l’art avec lequel il saisit les rap- ports et les différences, sa manière de voir, em- bellie par une imagination à demi-poétique; on reconnaitra sans peine que le Pline Françaïs, qui, selon l’expression de Volfaire, « au corps d’un athlète joignait l'ame d’un sage , » doit étre 92 L'ART D'EMPAILLER classé parmi le petit nombre de ces Hommes de génie, dans la production desquels la nature se montre avare (78). Secondé puissamment dans ses travaux par Daubenton et Guenaud de Montbeillard, 11 dut à l’un ses Descriptions anatomiques, et à l’autre la continuation de son Ornithologie. Mais, malgré les travaux de ces trois Hommes célèbres, le temple magnifique qu'ils avaient élevé à la Na- ture, n’eüt jamais été achevé, si le Génie qui pré- side aux destinées de l'Histoire natureile, n'avait suscité pour aMermir les colonnes augustes sur lesquelles il devait reposer, l’éloquent Auteur de l’histoire des Quadrupèdes-Ovipares, des Serpens et des Poissons. Digne émule de Buffon pour le style, il devient celui de Zinné pour la précision et la méthode. Puisse-t-1l agréer l'hom- mage que nous rendons à ses grands talens, comme un juste tribut payé à l’admiration que ses écrits nous ont inspirée, et que partagent avec nous tous ceux qui ont l'avantage de le connaitre. Lorsque Buffon parcourait avec tant de gloire sa brillante carrière, une vive lumière brilla du côté du Nord: le grand Z/nré parut, et à son aspect les sentiers jusqu'alors ténébreux de lhis- toire de la Nature, furent éclairés par les rayons (78) Voyez le Dictionnaire historique, tome 2, pag. 305 ef suiv. LES O1sEAUx. Partie I. 93 lumineux de l'Étoile polaire. Doué de toutes les qualités nécessaires aux succès des grandes opé- rations, 1l osa entreprendre et exécuter, à trente ans, le projet d’une révolution dans l'étude de la Nature. « Aussi, après l'idée de créer les êtres, dit le professeur S/- mans, la plus grande qu’on ait pu concevoir était sans doute celle de les dé- crire tous, et de saisir les nuances qui les rap- prochent ou les séparent. C'était une seconde création que de classer, décrire, et faire con- naître la chaine entière des êtres, depuis leur immuable Auteur, dont l'idée confondant l'in- telligence humaine, abime son orgueil dans la poussière, jusqu'à cette poussière même, triste et dernier produit de la modification de la ma- tière, et qui s'anéantit dans le silence des tom- beaux » (79). (79) Je me permettrai quelques réflexions sur l’état actuel de l’Ornithologie. Elles auront pour objet les Systèmes ou Clas- sifications méthodiques , l'établissement des Genres, des Es- pèces , des V'arietés, etc. Quelques Naturalistes ont suivi dans leur Ornithologie l’ordre des Familles naturelles ; tels sont Linné et Buffon : d’autres ont pris, pour fondement de leurs méthodes, la structure des Pieds, de la Langue, du Bec, etc. Buffon, qui était ennemi des systèmes, a saivi dans son Orni- thologie la série des Familles naturelles; et sous ce point de vue, on peut dire que son Histoire des Oiseaux est bien supé- rieure à celle des Quadrupèdes. Linné, qui a su exprimer de grandes idées en peu de mots, a eu égard dans sa classification des Oiseaux, à la marche de la Nature dans la division des Familles du genre volatile. Il est digne de remarque que ce 94 L'ART D'EMPAILLER On admirera toujours dans cet homme cé- lèbre, considéré comme Naturaliste et Ecrivain, grand Homme, qui en Zoologie a suivi l’ordre des Familles naturelles, a préféré en Botanique la méthode artificielle. L’établissemeut des Genres, souvent très-arbitraire, tient beaucoup à la manière de philosopher et aux principes du sys- tème adopté par l’Auteur. Les uns ( ce sont les plus sages ) pré- chent pour la réduction des Genres , des Espèces et des Va- riélés , que d’autres multiplient sur les plus légères différences. Quelques Ornithologistes établissent leurs caractères généri- ques sur les différences extérieures, et d’autres sur les habi- tudes et les ressemblances intérieures. C’est ainsi que les Fau- cons et les Aigles, les Hiboux et les Chouelles , les Pies et les Geais, les Coracias et les Corbeaux, les Faisans et les Hoccos, les Perdrix et les Cailles, les Troupiales et les Lo- riots, les Loriots et les Merles, les Gros-becs et les Bou- vreuils, les Colibris et les Oiseaux-mouches , sont tantôt réunis dans un seul genre, ou divisés en deux genres. Les Huppes et les Promerops, les Cogs de roche et les Manahins, réunis en un genre par divers Auteurs, sont divisés en deux genres dans quelques Ouvrages. par la considération de la huppe qui orne la tête de quelques individus, et dont les autres sont privés. Mais si cet attribut, qui nous paraît insuflisant pour séparer les individus d’un même genre, peut former un caractère assez tranchant pour constituer deux genres d’une même famille, nous observerons que les Auteurs qui ont em- ployé ce caractère, auraient dù également séparer les genres des Perroquets, Pics, Outardes, Cogs, Poules, Cailles, Merles , Gros-becs, Friquets, Bouvreuils, Fourmiliers, Gobe- mouches, Moucherolles, Tangaras, Alouettes, Figuiers , Mésanges, Oiseaux-mouches, Colibris , etc., qui présentent des espèces huppées et non huppées. Les Caractères des Genres sont souvent fautifs. Quelques Auteurs donnent aux Gélinofles les pieds couverts de plumes, tandis que le Ganga ou Gélinotle des Pyrénées les a dénués de plumes. D’autres séparent les Engoulevents des Hirondelles , LES Orseaux. Partie I. 95 celte précision de style vraiment désespérante pour quiconque voudrait tenter de limiter; ce s par la considération de la queue fourchue dans Jes premiers, et non fourchue dans les secondes. Mais il résulte de ce carac- tère, que les espèces d’Hirondelles qui n’ont pas la queue four- chue, peuvent être regardées comme des Engoulevents, et les Engoulevents comme des espèces d’'Hirondelles à queue non fourchue. La longueur de la queue qui varie, ainsi que les cou- leurs, offre un caractère très-insuflisant, comme le démontre Buffon avec sa sagacité ordinaire, en faisant voir que les Cou- cous présentent dans la forme de leur queue, des différences assez considérables aux yeux de ceux qui aiment à multiplier les espèces, pour séparer en plusieurs genres les individus de ceite nombreuse famille. Les Espèces paraissent plus difficiles à déterminer que les Genres , parce que les caractères spécifiques étant déduits de _ la couleur des plumes, les altérations ou les changemens qu’elles éprouvent, mettent sans cesse en défaut la pénétration de l’Or- nithologiste. Les trois espèces Européennes d’Epeiche ou Pic varié, sont-elles réellement distinctes, ou ne sont-elles que des variétés ? À en juger par la grandeur, on se déciderait à les regarder comme des espèces. Mais si la grandeur forme un caractère spécifique, le Rüle d’eau, le Pic-vert qui nous offrent des individus bien plus petits que l'espèce ordinaire, nous pré- senteraient de nouvelles espèces. Comment concilier les Au- teurs dont les uns regardent comme espèces, des oiseaux que les autres n’admettent que comme variétés ? Les dimensions trop exactes et minutieuses, sont en général fautives. De là, l’idée de Linné, de Buffon et Brisson, de rendre leurs descriptions comparatives. Les dimensions doivent être prises sur plusieurs individus, et non point sur un seul, et l’on doit soigneusement distinguer le mäle de la femelle, chose impossible lorsqu'on n’a pas l'oiseau sous les yeux pour en vérifier le sexe : ce qui arrive dans les oiseaux exotiques dont on ne possède que les peaux desséchées ou empaillées. Les altérations ou changemens de couleurs dans les plumes. 96 L'ART D’EMPAILLER coup-d’œil toujours sûr et lumineux; Part avec lequel il a su créer en quelques mots, tous ex- + donnent naissance aux Variélés. J'observe qu’il existe deux sortes de variétés, savoir : les variétés 1.° de couleur ; 2.° de grandeur. Les premières plus nombreuses, sont en général plus difficiles pour étre ramenées à leurs espèces; les secondes, moins communes, présentent une différence de la moitié ou des deux tiers dans la grandeur et Le poids. Tels sont le Räle d’eau et le Pic-vert. Les Variétés dépendent en général, 1° de l'Age, 2.° de la Mue, 3.° du Sexe, 4° du Climat, 5.9 des Saisons, 6,° des Maladies, 7° de la Domesticité. 1.0 L’ Age présente des différences frappantes dans le Courlis du Brésil, le Loriot, le Bouvreuil , elc., qui n’acquièrent qu’au bout de la troisième année ces belles couleurs qui déter- minent et fixent leur caractère spécifique. Dans les Lortofs , les femelles paraissent plus nombreuses que les mâles, parce que ces derniers leur ressemblent la première année pour la couleur du plumage; mais l’inspection anatomique des indi- vidus nous a convaincus que ces prétendues femelles n'étaient que de jeunes mâles. 2.9 La Mue qui est un effort de la Nature dans le système cutané , (occasioné par le changement des plumes et des poils, qui doublent et se multiplient dans la saison qui approche de l'hiver , et qui diminuent et deviennent plus brillans dans celle qui avoisine le printemps), offre des changemens considérables dans les Paons, les Veuves, dont les mâles perdent une partie des ornemens qui Les distinguent de leurs femelles. 3.0 Le Sexe présente des différences énormes entre les indi- vidus d’une même espèce ; comme dans le Paon, les Faisans doré et argenté. Dans les Canards, les Oiseaux de proie, les femelles varient considérablement pour la teinte du plumage et le volume du corps. 4° Le Climat contribue au changement de couleur qw'é- prouve le plumage des Oiseaux. Tels sont les Moineaux qui, habitant les pays nébuleux ou remplis de fumée, comme les pressifs , LES O1sEsaux, Partie I. 97 pressifs, concis, sonores, des phrases caracté- ristiques qui dépeignent avec une vérité éton- nante, le diagnostique de tous les objets qu'il décrit. En Ornithologie, 11 a su rendre ses descrip- tions comparatives, et sous ce point de vue, elles sont préférables à celles qu’on déduit des dimen- sions, parce que ces dernières sont très-souvent fautives. S'il a pris ses caractères spécifiques de la couleur des plumes, ainsi qu’on est obligé de le faire en Ornithologie, il faut avouer qu'il s’est attaché de préférence aux parties dans lesquelles elles semblent moins varier, savoir, dans les jambes, les pieds et les plumes de la queue. En déduisant le signalement de ses genres de la forme du bec, de la langue, des pieds, de la structure et de la situation des narines, du nombre et de la forme des pennes de la queue; environs des forges, des verreries , fonderies , etc. deviennent avec le temps d’un brun-noirâtre. 5.9 Les Saisons influent considérablement sur les couleurs, Nous en voyons un exemple dans le Lagopède, dont le plu- mage d’été diffère de celui d'hiver. 6.0 Les Maladies occasionées par le changement de climat, de nourriture, par la captivité, influent sur la couleur du plu- mage, la grandeur et la grosseur des oiseaux, sur leurs habi- tudes, etc. 7 Les variétés nombreuses des Cogs, Poules, Pigeons, Canards, etc. démontrent l'influence de la Domesticitlé sur les couleurs du plumage dans les oiscaux. Nous avons vu des Cailles nourries dans des volières, qui étaient devenues grises ; des Alouettes et des Calandres , noires. CG 98 L’ART D'EMPAILLER en formant ses Ordres d’après la considération des Familles naturelles, il a simplifié Fétude de lOrnithologie, et s’est acquis des droits incon- testables à la reconnaissance des Savans. Nous regrettons infiniment que les bornes de cet Ouvrage ne nous permeitent pas d'entrer dans quelques détails sur les Écrits de ceux de nos Compatriotes, qui, par leurs voyages, leurs découvertes ou leurs travaux, ont contribué aux progrès de FOrnithologie. Nous nous contenie- rons seulement de citer avec les éloges qui leur sont dus, les noms de Belon, Barrère, Réaumur, Poivre, Sonnerat, Salerne, Brisson, Mauduyt, Adanson , Dombey, Commerson, Levaillant , Cuvier, efc. Puisse l'exemple des Naturalistes célèbres, soit de ceux autour de la tombe desquels on devrait planter des cyprès, symbole d’une éternelle dou- leur ; soit de ceux que nous avons l'avantage de posséder parmi nous, enflammer le zèle de nos Lecteurs |! Puissent-ils se passionner pour l'étude de lFHistoire naturelle, qui a immortalisé les plus grands Génies de noire siècle, et se péné- trer d’admiration pour les œuvres du Créateur dont la puissance parait avec tani d'éclat dans les merveilles de la Nature. Fin de la première Partie. Les Oiseaux. Partie IL. gg VVVIVLLIVILVRVLIVV TR ER OT D'EMPAILLER LES OISEAUX. DR D D De Te ue in a SECONDE PARTIE. PRÉPARATION DES OISEAUX. Gr peut diviser en trois Séries tous les pro- cédés usités pour empailler les Oiseaux. La pre- mière comprendra ceux qui ont pour objet le dépouillement de l'animal. La seconde renfermera les différentes opérations pour vider le crâne, tanner la peau, et former les mannequins ou corps factices. La troisième contiendra les diverses manipulations pour habiller l'oiseau, et lui donner sa forme naturelle. Dans la première Série, nous présenterons quelques observations préliminaires relatives à Fétat des Oiseaux destinés à être empaillés. Nous distinguerons ensuite la manière, 1.2 d'ouvrir la peau; 2.0 de faire l’extraction du corps; ( cette G 2 100 L'ART D'EMPAILLER dernière opération renferme le dépouillement des jambes, des cuisses, des ailes, etc.) 3.° d'enlever et de préparer la peau. Dans la seconde Série , nous indiquerons, 1.0 la manière d'enlever les yeux ; 2.° de vider le crâne et d'’ôter les cervelles; 3.2 de tanner la peau avec la liqueur dont nous indiquerons la recette , et de la saupoudrer avec les préservatifs que nous ferons connaître; 4.° de former les mannequins ou corps factices. Les procédés de la troisième Série, plus com- pliqués que ceux des deux précédentes, tendent à donner à l'oiseau sa forme naturelle. Pour y parvenir, on doit s'occuper, 1.° de fixer la tête; 2.0 de retourner la peau pour la placer sur le mannequin; 3.2 d’assujettir les jambes dans Îe mannequin ; 4.° d'arrondir la poitrine, et de donner au corps sa forme naturelle ; 5.2 de coudre la peau; 6.2 de placer et d’assujetir les ailes; 7.° de mettre l’oiseaa en position; 8.0 de placer les yeux; 9.° de disposer les plumes de la queue; 10.0 de donner à loiseau les attitudes qui lui sont propres; 11.° de faire l'ouverture du bas-ventre pour connaître le sexe de l’animal, et déterminer si les parties intérieures considérées en général, présentent des différences ou des rapprochemens dans les espèces de chaque genre. A l'exposition des procédés de ces différentes Séries, qui sont tous relatifs à la préparation des Oiseaux empaiilés avec les ailes repliées, nous LES O1sEAUx. Partie IL To ferons succéder l’analyse de ceux qui sont em- ployés pour les monter avec les aïles étendues. Nous énumérerons ensuite les diverses méthodes connues jusqu’à ce jour pour les préparer, afin que le Lecteur puisse suivre celle qu'il jugera la plus convenable à ses goûts ou à ses facultés. Le ne D en © À à À “à À PB EMIER.E 9 ER IE. Notre premier soin, avant d'ouvrir un Oiseau que nous nous proposons d’empailler, est d’exa- miner s’il peut ou ne peut pas être monté, Il peut être monté, 1.0 lorsque la corruption n'a point détaché les plumes du derme et de lépiderme, et que ces parties n’ont souffert au- cune altération; 2.° que les plumes ne sont point tachées de sang ; 3.° que la tête, le bec, les jambes, la queue, en un mot, toutes les parties essen- tielles sont dans un état d’intégrité parfait ; 4° que la peau n’est point déchirée, etc. Les endroits où les effets de la corruption se manifestent de préférence, sont, 1.0 le ventre près de l’anus, à raison du cloaque et des der- niers intestins, contenant les matières excrémen- telles, qui occasionent la décomposition de ces parties; 2.9 le contour du bec, des yeux, des narines , le dessous de la gorge, et les environs des blessures qui ont fait périr l'animal. G 3 102 L'ART D'EMPAILLER Un Oiseau ne peut pas être empaillé, 1.° lors- que dans les individus, comme les Cygnes, Oies, Canards, Sarcelles, dans lesquels on est obligé d’inciser le dessous de la gorge, afin de pouvoir faire passer la tête, la corruption produite par l'effet des sucs salivaires contenus dans le larynx et le pharynx, a attaqué la peau du cou dans cet endroit, et a occasioné la chüûte des plumes, in- convénient qui ne permet point de recoudre la peau. 2.2 Lorsque le coup de fusil où les blessures ont arraché les plumes, détérioré la peau, dé- iruit quelque partie essentielle , comme une jambe, le bec en tout ou en partie, le crâne, la queue, eic. 3.2 Lorsque les Oiseaux pris aux filets, ont fa tête écrasée par l’oiseleur. La compression de cette partie produit une contusion, accompagnée d’écchymose, qui est bientôt suivie d’une pour- riture, dont les effets se rapprochent de ceux que nous avons indiqués sous la gorge dans les Canards. 4° Enfin, lorsque les chasseurs (ce qui est assez leur habitude, soit par gourmandise, par curiosité, ou par l'appât du gain) ont plumé le dessus de la queue répondant au coccyx, pour voir si l'oiseau est gras ou maigre; ou arraché les grosses plumes des ailes, dans les Oufardes, Oies, Cygnes, Aigles, elc. soit pour les garder, soit pour les vendre, LES OrsEAuUx. Partie II. 103 Lorsqu'un Oiseau est en état d’être empaillé, nous avons soin, 1.2 de mesurer sa longueur totale , depuis le bec jusqu'aux ongles, et au bout de la queue; celle de son corps, depuis la partie saillante de la poitrine jusqu’au coccyx; lenver- gure de ses ailes, la circonférence et Le poids de son corps, la longueur du cou, et la forme de la tête. 2.9 De considérer la structure externe et in- terne du bec, la forme de la langue, la couleur des yeux, la longueur et la direction des jambes, la forme des doigts, la longueur et les différentes _courbures des ongles, etc. Ces observations sont utiles pour le diagnostique de quelques espèces rares, peu connues, mal figurées, et souvent très-imparfaitement décrites. Lorsque nous voyons qu’un Oiseau est en état d'être empaillé, et que nous ne pouvons pas le monter lout de suite, nous commençons par le vider, et nous remplissons de poudre à poudrer ou de farine, l'intérieur du corps. Par ce moyen l'oiseau se maintient frais pendant un ou plu- sieurs jours, et nous pouvons le monter ensuite sans craindre que la corruption attaque la peau et communique aux chairs une mauvaise odeur. "3. De nettoyer et remplir de coton le gosier, le bec, les narines, l'anus et les endroits par les- quels le sang provenant des plaies (sur-tout si l'individu a été tué au fusil) peut, en s'écoulant, gâter les plumes. G 4 104 L'ART D'EMPAILLER Avant de mettre du coton dans le gosier, nous y introduisons de la farine, qui empêche les hu- meurs de sortir par le bec. Nous fermons le bec avec un fil passé dans les narines, nous laissons ce fil d’une certaine longueur, afin d’avoir plus de facilité pour retourner la peau. Comme il existe un grand nombre d’Oiseaux, sur-tout dans les petites espèces, qu’on ne peut se procurer qu'en les tuant à la chasse, il est né- cessaire d'indiquer sur cet objei important quel- ques observations. Lorsqu'on a tué un oiseau, il faut mettre sur le sang sorti de la plaie, (non point comme on la avancé, de la terre franche en poussière ou de la cendre, qui salissent ou tachent les plumes), mais de la Poudre à poudrer. Cette substance a la propriété d’étancher le sang, de l’absorber, et de rendre aux plumes leur éclat et leur blancheur. Si le coup de fusil a porté dans la tête, et que le sang sorte par le bec , il faut en nettoyer l’intérieur avec des étoupes ou du coton, et y introduire de la poudre à poudrer. On remet les plumes et les ailes dans leur position, et on laisse l'oiseau à terre pen- dant le temps nécessaire pour charger le fusil. Cette opération faite, on enferme l'oiseau dans un cornet de papier proportionné au volume de lanimal, on place la tête la première, en le tenant par les pattes et la queue, afin que les plumes se conservent dans leur direction ordinaire. On LES OrssaAux. Partie IL 105 ferme le cornet par le bout qui a servi à intro- duire l'oiseau, c'est-à-dire, par le bout le plus large. Ce cornet doit être plus long que le corps de l’oiseau , añn que les plumes de la queue ne soient point gâtées ou recourbées. On enferme ensuite le cornet dans une boite de fer blanc, qui est préférable aux boites de sapin ou de buis, et on en garnit l'intérieur avec du coton, de Ja mousse ou du papier mou, afin d'empêcher Foi- seau de balloter par le mouvement de la marche. Quand on prend des oiseaux aux filets, 1l faut les étouffer en les pressant fortement sous les ailes; par ce moyen on les conserve en bon état. Les oiseleurs ont le défaut de leur écraser la tête. Cette méthode empéche souvent de les monter, parce que la têle écrasée, ne peut être assujettie qu'avec beaucoup de peine, et lorsqu'on dé- pouille cette partie, le sang sort souvent par les yeux et tache les plumes. 4. De casser ( avec des pinces à mors arrondi, pour ne pas couper la peau ) les ailes au tiers supérieur qui répond aux humérus, et de laisser entiers les deux tiers qui répondent aux avant- bras. Cette rupture des ailes facilite le renverse- ment de la peau à l'endroit des cavités pectorales, et permet de les replier et replacer commodément sur les côtés du corps lorsqu'on monte l'oiseau. 5.0 D’ouvrir avec un scalpel le dessous des pieds répondant au métatarse, et d'enlever avec une alène les tendons fléchisseurs des phalan- 106 L'ART D'EMPAILLER ges (80). L’extirpation de ces tendons triviale- ment nommés ÂMVerfs, facilite le passage des fils de fer, qui toujours placés derrière le tarse, le talon et le tibia, ne déforment point ces parties quand loiseau est en position. Ce procédé ne peut s'exéculer, en commençant, que sur les petits Oiseaux, car pour ceux d’une grosseur moyenne, il faut, pour extraire facilement les tendoris, (80) Les instrumens dont nous nous servons pour empailler des Oiseaux sont, 1.° deux scalpels, un à lame faiie en forme de lanceite ou tranchante des deux côtés, et l’autre à dos, à lame plus forte et tranchante d’un seul côté; l'extrémité des manches doit être aplatie et arrondie; 2.° des ciseaux droits et courbes; 3.° des pinces à mors arrondi, aplati et tran- chant sur le côté ; 4.° deux limes , l’une aplatie pour aiguiser les fils de fer, l’autre triangulaire pour les couper ; 5.0 des alénes de différentes grosseurs ; 6.° des aiguilles droites et courbes; 7.° des pinces de dissection crénelées à la pointe, pour saisir la peau et la détacher du corps ; 8.° deux érignes, dont une à manche et à un seul crochet, et l’autre sans manche et à deux crochets, pour fixer la peau quand on la sépare du corps; 9.° des vrilles de différens diamètres pour faire les trous dans les huchoirs, planches, cte., dans lesquels doivent passer les fils de fer ; 10.° des bourroirs de différentes gros- seurs et longueurs, terminés à leur extrémité en forme de long cure-oreille , dont l'usage est de servir à remplir la peau et le cou de l'oiseau, et à vider le crâne ; 11.0 un marteau; 12.0 une petite scie ; 13.° un petit étau portatif qu’on fixe à volonté ; 14. des fils de fer ou de laiton, dont nous indique- xons les numéros dans la note 81 ; 15.2 des tricoises ou grosses tenailles de maréchaux, pour couper les fils de fer d’un dia- mètre un peu gros; 16.° une petite enclume. I faut ajouter à tous ces objets, des pinceaux et des éponges de différentes grosseurs , du coton. des étoupes, des mousses, etc, LES OrsEaux. Partie Il. 107 avoir séparé le tibia des muscles qui Penviron- nent. Lorsqu'on veut empailler un Oiseau dont la peau des jambes est sèche, (ce qui arrive lorsqu'il est mort depuis un certain temps), 1l faut faire tremper les pattes dans l’eau tiède. La peau se ramollit et se prête alors à introduction des fils de fer, qui doivent servir à maintenir l’animal en position. Lorsqu'on n’a pas le temps de monter un Oi- seau, et qu’on se contente seulement d'en vider la peau, (qu’on remplit avec du foin de mer ou de la mousse, en renvoyant à un autre moment le soin de lempailler }, il est nécessaire d’enlever les nerfs, et on passe un fil de fer huilé entre la peau et le tarse. L'huile empêche le fil de fer de se rouiller, et lon peut, avec ce procédé aussi simple qu’avantageux, faire jouer le fil de fer en tous sens, et fixer les jambes de l'oiseau aussi facilement que sil était frais. Quelques Préparateurs, pour extraire les ten- dons des jambes, ouvrent la peau de chacun des doigts, par dessous, depuis l’ongle jusqu’au mi- lieu du pied, détachent la peau de chaque côté de lincision, et mettent les phalanges à nu. Ils coupent ensuite les tendons fléchisseurs à leur insertion sous l’ongle, et les ramenant tous en- semble à la plante du pied, où ils se réunissent dans une gaine commune, ils les tirent alors 108 L'ART D'EMPAILLER tous à la fois, et les coupent une seconde fois, le plus haut qu'il est possible vers le talon. Ils remplissent avec un mélange d’alun calciné et de salpêtre, les vides qu'ont laissé les muscles et les tendons, et ont soin de coudre la peau avec un fil bien ciré. Dans les Oiseaux qui ont les pieds longs et charnus, comme le Butor, le Héron, la Grue, FEchasse, elc., is dissèquent non-seulement les doigts, mais encore le tarse dans toute sa lon- gueur, jusqu'à l'extrémité du talon, et mettent cet os à nu dans toute sa surface. Ils ont soin de faire l'ouverture à la partie postérieure, afin qu'elle soit moins apparente; ils remplissent de mastic les vides occasionés par l’enlèvement des tendons; cousent la peau, et passent les fils de fer qui doivent soutenir les jambes, dans le mastic, avant qu'il ait acquis assez de dureté pour s’op- poser à leur passage. Tous ces procédés longs et ennuyeux présen- tent des difficultés pour coudre la peau des jam- bes, naturellement écailleuse , ordinairement mince et facile à se déchirer. Ils laissent d’ail- leurs, après l'enlèvement des tendons, un vide considérabie que lalun et le mastic en se dessé- chant , ne remplissent qu'imparfaitement, que les fils de fer ne peuvent point garnir, qui rend les jambes difformes, et nullement proportionnées à la grosseur de l’oiseau qu’elles soutiennent. LES O1sEAUx. Partie IL. 109 6.2 De préparer trois fils de fer vernissés, dont deux d'égale longueur, bien dressés et limés à un des bouts, doivent servir à maintenir les extré- mités inférieures, après avoir été fixés dans le corps ;-et le troisième, à embrasser et assujetür le corps, à former le cou, et à être fixé dans la cavité du crâne. La longueur des deux premiers fils de fer doit varier selon la grosseur du corps de loiseau et la longueur des jambes; celle du troisième, que nous garnissons d’étoupes dans toute sa longueur, doit excéder les dimensions totales de Poiseau depuis le sommet de la tête jus- qu'aux ongles, au moins d’une fois la longueur du corps, dans les individus d’une taille moyenne. Mais dans ceux dont le volume du corps'est très- gros, le cou très-alongé, et les extrémités courtes, tels sont les Cygnes, Oïes, Cormorans, Péli- cans, elc.; et dans ceux, tels que le Æ/ammant, les Grues, Hérons, elc., chez lesquels les -par- ties inférieures sont très-développées, la longueur du fil de fer qui doit servir à maintenir les jam- bes, et être fixé dans Le corps factice, doit étre prise en ligne diagonale, depuis l'extrémité de longle du doigt intermédiaire de la jambe gauche, jusqu’au contour de Faile droite, qui répond au poignet ou carpe, ou de la jambe droite jusqu’au contour de aile gauche. Il est inutile d'avertir que le fil de fer, proportionné à la grosseur de loiseau et des parties avec lesquelles il s’unit, doit être recuit, c’est-à-dire, rougi au feu, afin T10 L'ART D'EMPAILLER de pouvoir être manié plus facilement sans se rompre (81). (81) Lorsque les fils de fer ou de laiton ne sont pas propor- tionnés à la grosseur de l'oiseau, il en résulte, 1,° s’ils sont trop petits ou trop faibles, que l'oiseau ne peut jamais être fixé sur le huchoir, et qu’il est toujours vacillant ; 2.2 s'ils sont trop gros ou trop forts, qu'ils occasionent la rupture de la peau qui couvre les jambes depuis le métatarse jusqu’au talon. Pour éviter ces inconvéniens, nous avons cru devoir indiquer , d’après les numéros de la filière, ceux des différens fils de fer propres au volume des oiseaux, que nous divisons, d’après leur grosseur, en douze Classes : Dans la première classe, qui renferme les plus petits Oi- seaux, tels que les Coibris, Oiseaux-mouches, on doit em- ployer un fil de fer ou de laiton au-dessous du n.° x de la filière. Dans la seconde, qui comprend les Bengalis, Sénégalis, Roitelets, Troglodytes , les petites espèces de Mésanges, Mo- tacilles, Figuiers, le Pouliot, etc. on emploie le n.° r. Dans la troisième, où se trouvent les Fauvetles, Hiron- delles, Chardonnerets, Linottes , etc. on doit employer un fil de fer entre les n.°5 r et 2. Dans la quatrième, où sont les Bruans, Orlolans, Bou- vreuils, Gros-becs, Alouettes, Martinets, Proyers, le Bec- croisé, le Torcol, elc. on se sert du n.° 2. Dans la cinquième , où nous placerons les E/ourneaux , Grives, Merles, Loriots, Huppes, Cuailles, Raäles d'eau, le Pluvier à collier, le Guinard, etc. on emploie un fil de fer entre les n.°° 2 el 5. Dans la sixième, qui comprend les Pigeons , Perdrix, La- gopèdes, Gélinottes , etc. le n.° 4. Dans la septième, qui présente les Faisans, le petit Cog de bruyère, les Canards, Harles, etc. le n.° 5, Dans la huitième , qui renferme les Grebes, Bihoreaux , Butors, Hérons, etc. un fil de fer entre les n.°° 5 et 6. Dans la neuvième, où nous plaçons le Cog et la Poule, la Peintage, etc, le n,° 6, LES OxsEaux. Partie II. 11 Ces préliminaires achevés , nous procédons ainsi qu'il suit : 1.0 Après avoir étendu loiseau que nous vou- lons dépouiller, sur le dos, la tête en avant et la queue tournée de notre côté, nous écartons Dans la dixième, où sont les Dindons, Paons, Oies ; Ci- gognes, le grand Coq de bruytre, etc. le n.° 7. Dans la onzième , où se trouvent les Grues, Cigognes, le Flammant , V Outarde, le Pélican, les Cygnes, etc. le n.° 9. Dans la douzième , qui renferme l'Aufruche, le Casoar, le Dronte , le n.° 22. Nous observerons que pour les petits Oiseaux de la seconde classe, on doit employer un fil de fer n.° r pour les jambes, et n.° 2 pour entourer le corps et soutenir la tête ; et dans ceux de la huitièine classe et au-dessus, un fil de fer pour les jambes d’un numéro plus fort que celui qui est employé pour fixer la tête. Dans les premiers, la tête serait vacillante si on employait un fil de fer du même numéro que celui qui sert à maintenir les extrémités inférieures ; et dans les seconds, la longueur des jambes et le volume du corps nécessitent un fil plus fort que celui qui fixe la téte, parce que cette dernière partie est posée paisiblement sur le corps. Le fil de fer appelé Porte-queue doit être proportionné à la longueur et au volume de la queue, pointu à une de ses ex- trémités pour pouvoir être enfoncé dans l'anus, et entouré à l'extrémité opposée d’une petite mêche d’étoupe en forme de fuseau. La convexité de l’étoupe oblige les plumes intermé- diaires de la queue de s'élever, et fait former naturellement aux autres une voûte. Cette forme de queue en voûte est sen- sible dans les Passereaux , les Geais, Corbeaux ; Choucas , dans les Oiseaux de proie diurnes, etc.; mais elle l’est infi- niment moins dans les Echassiers. Nous préférons le fil de fer recuit, au fil de laiton, ce dernier ayant le défaut de se charger de vert-de-gris ( oxyde de euivre vert), qui le car- rode, et le rend cassant, 112 L'ART D’EMPAILLER de droite et de gauche avec le pouce et l’index de la main gauche, les plumes qui recouvrent le dessous du ventre, et nous faisons de la droite, avec un scalpel, une incision longitudinale , depuis le cartilage xiphoïde jusqu’à l'anus, c’est- à-dire, dans la partie du corps qui répond à la saillie antérieure de l'articulation de la cuisse avec la jambe. Nous avons soin que cette incision soit aussi petite que peut le comporter le volume du corps que nous faisons passer par l'ouverture pratiquée dans l'endroit désigné; parce qu’alors la couture de la peau est plus facile et moins longue, et que lon peut arrondir la poitrine et les côtés du corps, ce qui donne aux oiseaux une forme très-naturelle. Quelques Préparateurs recommandent de faire lincision depuis la pointe du sternum jusque vers la moitié du bas-ventre , sans considérer que la couture de la peau entre les jambes et la queue, parties ordinairement cachées, est bien moins sensible que lorsqu'elle est pratiquée entre la pointe du sternum et la moitié du bas-ventre, parties toujours à découvert. 2.0 Pour extraire de la peau le corps de l’oi- seau, ( y compris le cou, les ailes et les cuisses}, les uns pratiquent, soit du côté gauche, soit du côté droit, au-dessous de l'aile, une ouverture prolongée jusqu'aux cuisses, qu’ils enlèvent quel- quefois; et par cette ouverture, ils font l’ex- traction du corps et des parties désignées, en renversant LES O1sEAUXx. Partie IT 113 renversant la peau. D’autres font deux incisions angulaires sur les côtés du corps, depuis l’anus jusqu'aux contours des ailes, et dépouillent loiseau , en détachant successivement la peau du ventre, des cuisses, du croupion, des ailes et de la tête. Mais la première de ces méthodes, outre la difficulté qu’elle présente, déforme le contour latéral du corps, de telle sorte que le côté ouvert n’a jamais légalité de celui qui ne l’est pas. La seconde, plus compliquée , à raison des deux in« cisions qui nécessitent une double couture de la peau, ne permet pas de replacer les ailes dans les cavités pectorales. Quelques personnes ouvrent sur le dos les Oiseaux aquatiques, très-fournis en plumes et duvet , au moyen d’une incision qui s'étend depuis les omoplates jusqu’au coccyx. Ce procédé qui dérange les plumes moins abondantes sur le dos que sur le ventre, ne permet pas d’imiter les variations de positions et de formes que présente toujours la partie supérieure du corps; savoir, le dos et le croupion, sur lesquels les yeux de FObservateur se portent de préférence. La méthode de dépouiller les Oiseaux en pra- tiquant, depuis la pointe du sternum jusque vers la moitié du bas-ventre, une ouverture longitu- dinale par laquelle on fait l'extraction du corps, en commençant par le cou, la tête, et descen- dant successivement jusqu’au croupion, péche, FI4 L'ART D'EMPAILLER en ce que la peau du cou qui est très-mince , sur-tout dans les petits oiseaux, se dessèche pen- dant le temps qu’on emploie à dépouiller le corps, à moins qu'on n'ait soin de l’humecter à diffé- renies reprises. | Détachant ensuite 13: peau des deux côtés du corps avec l’extrémité du manche du scalpel, qui doit être à cet effet aplatie, arrondie et tran- chante, nous faisons paraitre par l’incision, les deux cuisses que nous coupons dans la partie qui répond à la rotule; nous séparons les muscles qui entourent le üibia; et après avoir humecté avec une pelite éponge, imbibée d’eau alunée, la partie de la peau qui couvrait les chairs de la jambe, afin qu’elle ne se sèche pas, nous reti- vons la jambe et la remettons dans sa situation naturelle. Pour empêcher que les plumes qui bordent les deux côtés incisés de la peau ne se salissent, soit en frottant contre la partie du corps écorché, soit à raison du sang qui peut sortir des plaies, ou bien des humeurs qui s’'échappent de lanus ou des intestins, il est nécessaire de placer une trainée de coton ou d’étoupe entre le corps et la peau. Quelques personnes emploient le son, la farine, la poudre à poudrer, l'alun en poudre ; mais le coton ou l’étoupe sont préférables. Dans les Oiseaux qui sont gras, et dont la graisse en coulant tache les plumes, nous avons soin, pour éviter cet inconvénient, de saupoudrer LES OrsEaAUux. Partie IL. 115 à différentes reprises, avec de la poudre à pou- drer, les bords de la peau et les plumes, dans les endroits où nous avons pratiqué l’ouverture. La poudre, qui sert de dessicatif, absorbe le sang, la graisse, et empêche que les plumes se tachent. Continuant ensuite à détacher la peau du crou- pion, auquel nous laissons adhérer quelquefois une partie du coccyx, nous la renversons de derrière en avant sur les ailes que nous coupons dans l’endroit où nous les avons fracturées. Nous dépouillons ensuite le cou et la tête de l’oiseau jusqu’à l’origine du bec, en avançant vers la partie antérieure, et ayant soin de ménager la peau des oreilles, qui répond au conduit auditif externe, et les paupières. Pour dépouiller les ailes, quelques personnes les refoulent sur le bras et l’avant-bras, ôtent avec un scalpel les chairs et les muscles de l'hu- mérus, du cubitus et du radius, sans toucher aux ligamens, et y placent un peu de coton haché. D'autres les dépouillent en tirant l'humérus en dedans, en faisant descendre la peau jusqu’à l'insertion des grandes plumes sur le cubitus et le radius, et enlevant les muscles qui couvrent ces différens os. Mais les uns et les autres, dans ce procédé, sans avoir égard à l’adhérence des grandes plumes sur los du cubitus, qui leur donne, lorsqu'elles sont repliées, une direction naturelle, les séparent de cet os avec la peau, et H 2 116 L'ART D'EMPAILLER remplissant de coton les cavités des ailes, en déforment le contour extérieur, et établissent un espace qui ne doit point exister, Pour faciliter le dépouillement de l'oiseau, s'il est d’un voiume considérable, on passe avec un carrelet, à travers l’os sacrum, une petite ficelle qu’on noue, et à l’aide de laquelle on suspend à un clou ou à un crochet, le corps de loiseau qu’on veut dépouiller. Ce procédé est utile pour écorcher les Hérons, les Butors, les Ores, les Cigognes, les Aigles, ‘etc. L’Artiste, dans cette opération, éprouve des difficultés provenant de l’état d’obésilé, de mai- greur de l’animal, de l’altération de la peau, du sang et des humeurs qui s’'échappent du corps, des angles saillans que forme latéralement la poitrine, répondant à l’acromion ou à l'insertion des ailes dans les Oiseaux de proie ; ou du peu de diamètre du cou dans le Flammant et le Ca- nard à longue queue; de la grosseur de la tête dans les Canards, les Pics, etc. : dans ce cas, nous faisons une incision longitudinale sur la partie supérieure et antérieure du cou, répon- dant à la tête et à la base du crâne; et par cette ouverture, proportionnée toujours au diamètre de ces deux parties, nous parvenons à développer la peau jusqu’au bec. Cette incision n’a pas les inconvéniens de celle qui a été proposée sur le vertex ou sommet de la tête, qui défigure les crêtes, huppes et autres plumes qui en font l'or- Les OrsEAUx. Partie IT. 117 nement. Celle-ci ne pourrait absolument être permise que dans les oiseaux qui, ne présentant dans la partie supérieure de la tête ni huppe, ni. aigrette , ofriraient dans la mandibule infé- rieure, ou sous le cou, des caractères qu'il im- porte de conserver, et que cette ouverture pour- rait dénaturer, altérer ou déplacer. Les obstacles semblent se multiplier, lorsque le Préparateur veut replacer la peau sur le corps factice. Pour les vaincre, 1l s’agit de retrancher tous les muscles qui font mouvoir les mandibules l'une sur l’autre, et le contour ou la tubérosité de la mandibule inférieure qui s’unit avec la su- périeure au-dessous du crâne, et d’enlever les glandes placées sur les parties latérales du crâne. Quand on dépouille un Oiseau dont le dia- mètre du cou ne permet pas de laisser passer la iète, il faut replier la peau du cou vers la tête, jusqu'à ce qu’on éprouve une résistance qui se fait sentir au tiers supérieur du cou, et qui in- dique limpossibilité de pouvoir la faire passer. On coupe alors le cou le plus près de la tête qu'il est possible, on retourne la peau dans sa direc- ton naturelle, et on fait avec un scalpel une ouverture longitudinale sous la partie qu’on ap- pelle, dans les gros animaux, la Ganache. On écarte avec le manche du scalpel , la peau des deux côtés de lincision ; on la détache du reste du cou ou des vertèbres qui adhèrent à la tête, et on nettoie le crâne. Lorsqu'on a introduit le H 3 118 L'ART D’EMPAILLER mannequin dans la peau, fixé dans le crâne la partie excédante du fil de fer qui l'entoure et qui représente le cou, donné au cou sa grosseur na- iurelle, en roulant autour du fil de fer qui le représente une quantité suffisante d’étoupe, on coud avec une aiguille fine, dans laquelle on passe un fil proportionné à l'épaisseur de la peau, les deux bords de l'incision, en ayant soin de passer, ainsi que nous le dirons, l'aiguille de dedans en dedans. 3.2 Lorsqu'on a séparé le cou de la tête, on doit enlever la langue. Pour y réussir, on coupe avec un scalpel les muscles et les membranes qui la tiennent attachée à la mandibule inférieure : on a soin de la saupoudrer d’alun ou de chaux en efflorescence, et de la serrer médiocrement entre deux feuilles de papier pour la faire sécher et lui: conserver sa forme. Lorsqu'elle est sèche, on l’enferme dans un petit sac de papier, sur lequel on écrit le nom de l'individu auquel elle appartenait, et que l’on place ensuite dans la cage qui renferme l'oiseau auquel on l’a enlevée. Lorsqu'on a détaché la langue , qui présente dans certaines espèces des différences essentielles pour caractériser les genres, il est utile de faire quel- ques scarifications aux différens muscles qui unis- sent la mandibule inférieure à la supérieure, afin d'y faire pénétrer les préservatifs, LES Oiseaux. Partie IL. 110 LL D © D 4% D 9 Le D ' + | S'É GUN D E S'É RTE. 1.9 Après avoir coupé le cou de Poiseau entre loccipital et la première verièbre cervicale, en- levé et préparé la langue, on doit s'occuper à sortir les yeux. Dans les Oiseaux de proie diurnes et nocturnes, et une partie des Gallinacées, chez lesquels la cornée est osseuse, il faut les enlever quand on a séparé le cou de la tête; mais dans les Passereaux, depuis la grosseur du Merle jusqu’à celle du Aoïtelef, on peut se permettre de ne les sortir que lorsqu'on a perché loiseau sur un huchoir, c’est-à-dire, au moment où l’on doit s’occuper de placer les yeux artificiels. Cependant il vaut mieux enlever les yeux im- médiatement après avoir séparé le cou de la tête, pour éviter de déchirer la peau qui environne les yeux. Îl arrive aussi qu’en arrachant les yeux on gâte les plumes du cou, sur lesquelles tombent le sang ou les humeurs qui sortent des yeux. Pour enlever les yeux, il faut ouvrir le bec, inciser avec un scalpel à lame étroite, les parties latérales de la mandibule supérieure; faire pé- nétrer linstrument jusqu'au fond de lorbite ; couper les différens muscles qui les attachent au fond de la cavité orbitaire; séparer la conjonctive des bords internes des paupières: piquer avec H 4 120 L'ART D’EMPAILLER une aléne courbe, le globe de Pæœil dans la partie qui répond à la cornée lucide, et l’enlever avec un léger effort, en tirant à soi. On saupoudre ensuite, avec du préservatif, l'intérieur de la cavité orbitaire. 2.0 Cette opération achevée, nous vidons le crâne au moyen d'un morceau de bois ou de métal disposé en forme de long cure-oreille , que nous y introduisons à différentes reprises avec du coton, lequel s’'imbibe d’une partie du cer- veau et de ses dépendances; et l’autre, poussée par le coton au dehors, s'échappe par les con- duits optiques ou orbitaires et le trou occipital. Mouillant ensuite la peau du cou et du corps, nous la maintenons dans un état d'humidité. Pour vider le crâne, quelques Préparateurs ouvrent en deux parties la boite osseuse qui le compose, et ôtent les cervelles; mais par ce pro- cédé, qui présente des difficultés pour remettre la peau sur la tête, les fils de fer destinés à la soutenir dans sa position naturelle, sont toujours vacillans et ne peuvent y être fixés. 3.° Après avoir vidé le crâne, on doit s'occuper de tanner et de saupoudrer la peau, opérations absolument essentielles, et qui ont rapport à la conservation de l'animal qu’on prépare. Mais cet objet étant développé dans la troisième Partie de cet Ouvrage, nous y renvoyons ceux de nos Lec- teurs qui, soccupant de l’art d’empailler, désirent Les O1sEAUx. Parfe IL. 121 connaitre les procédés que nous avons employés, et auxquels une longue pratique , couronnée d'un heureux succès, nous a fait donner la pré- férence. 4. La tête nettoyée et vidée, et la peau tannée, il s’agit de s'occuper de la confection du mannequin, ou corps factice de loiseau, qui doit être modelé sur les dimensions de celui qu’on vient de dépouiller. On sent bien que ces corps doivent varier, à raison de la forme et de la gros- seur des oiseaux. Ils doivent, 1.° former une py- ramide, dont la base regarde la poitrine dans les Oiseaux de proie et les Granivores en général ; 2.9 ils doivent être arrondis dans les Canards, et généralement dans tous les oiseaux aquatiques; 3.° de forme oblongue et comprimée, ou aplatie sur les côtés, dans les Echassiers ou Oiseaux de rivage; 4. enfin, très-aplatis, soit dans la partie qui répond au ventre, soit dans celle qui répond au dos, dans les Grèbes, Plongeons, etc. Le corps formé d’après les principes que nous venons d'établir , et avec les substances dont nous parlerons dans la troisième Partie de cet Ouvrage, nous l’assujettissons avec le troisième fil de fer vernissé et recouvert, ainsi que nous lavons dit, dans toute sa longueur , d’étoupes, et autour duquel nous passons, à différentes re-. prises, une petite ficelle pour lui donner de la consistance. Il est essentiel que le corps présente beaucoup de solidité, 122 L'ART D'EMPAILLER Pour former les corps factices, on emploie une quantité suffisante de mousse ou de foin de mer, etc.; on la façonne de manière à lui donner la forme et le volume du corps de l'animal. On prend alors le troisième fil de fer vernissé et re- couvert, ainsi que nous l'avons dit, d’étoupes dans toute sa longueur ; on laisse un des bouts excéder le corps factice d’une longueur propor- tionnée à celle du cou de l'oiseau, ( dont les dimensions ont été prises sur celles de l'individu écorché ); et avec l’excédant du fil de fer, on en- toure le corps dans sa longueur, en commençant par la partie qui représente la poitrine, parcou- rant le dos, et revenant par le ventre et la poi- trine, se replier autour du fil de fer qui sert à former le cou. On passe ensuite, à différentes reprises, autour de ce mannequin, une petite celle, qui sert à assujettir le fil de fer qui lem- brasse et l’entoure dans toute sa longueur, et à lui donner la consistance nécessaire. Après avoir dépouillé Foiseau, quelques Pré- parateurs modèlent avec des mousses ou des étoupes, un mannequin ou corps factice à peu près de la grosseur de celui de l'individu écorché. Ils le garnissent d’une gaze ou d’une toile légère, appliquent dessus la peau de l'oiseau, et en font la couture sous le ventre. Mais il résulte de ce procédé, que par le desséchement de la peau sur le mannequin, les contours de la poitrine sont Les OrsEaux. Partie IL. 123 très-mal exprimés, et que l'oiseau acquiert une forme alongée qui n’est pas naturelle (82). D D D Melarrus 1 À ME: J :É RJ Li 1.0 Quelques Naturalistes , après avoir rempli et cousu la peau d’un oiseau, se contentent d’en assujettir la tête et le cou, au moyen d’un fil de (82) Quelques personnes, au lieu de mannequin, forment une charpente avec quatre fils de fer, dont deux pour les jambes ; deux pour la tête, le cou, le corps et la queue. Ces deux derniers sont contournés antérieurement en spirale l’un au-dessus de l’autre dans une partie plus ou moins considé- rable de leur longueur, et s’écartant ensuite dans la partie qui correspond aux jambes, forment une espèce d’ovale ou de quadrilatère, présentant des deux côtés une ouverture dans laquelle passent les fils de fer destinés à maintenir les extré- mités inférieures. Réunis et contournés de nouveau inférieu- rement en spirale , ils forment le porte-queue. Cette charpente, quoique très-simple, présente des incon- véniens majeurs, savoir : 1.° de ne point imiter, comme nos mannequins, la forme du corps de l'oiseau ; 2.° de ne per- mettre que difficilement d’assujettir les jambes, le fil de fer qui doit les maintenir devant être passé de dedans en dehors, opération absolument nécessaire pour fixer les fils de fer qui soutiennent les extrémités inférieures dans les deux trous de l'ovale ou du quadrilatère ; 3.° enfin, de ne fixer que faible- ment la tête, le fil de fer qui traverse le crâne et la soutient, dérangeant les plumes du vertex, et altérant souvent leur cou- leur à raison de la rouille dont il se couvre avec le temps, sur-tout si les Oiseaux préparés par cette méthode sont ex- posés dans un lieu humide. 124 L’ART D'EMPAILLER fer, qui, traversant le crâne et sortant par le derrière de la tête, est fortement implanté dans la poitrine. Ce procédé, qui donne la facilité d’alonger ou de raccourcir à volonté le cou de Fanimal, péche, en ce qu'il ne présente aucune solidité, et que le fil de fer passé à nu se rouille et finit par se rompre, si l’on veut remanier loi- seau ou lui donner une nouvelle position. D’autres, après avoir fait passer un fil de fer pointu à un de ses bouts, dans le talon, le long de la jambe et de la cuisse, de la poitrine et du cou, jusqu’à ce qu'il vienne sortir par le haut de la tête, au-dessus du bec, en replient la pointe en forme de crochet, et l’enfoncent dans la tête, en tirant avec force l’autre extrémité du fil de ter. Nais par ce procédé, les plumes qui couvrent la partie de la tête comprise entre les deux en- droits où pénètre le fil de fer , sont dérangées de leur position naturelle. D'ailleurs, on ne saurait empêcher que le fil de fer recourbé sur la tête ne paraisse, et que la rouille qui s’y attache ne dé- colore les plumes. Nous avons pensé qu'il était plus avantageux que le fil de fer qui sert à maintenir le corps fac- tice de l'oiseau, et que nous avons vernissé et enveloppé dans toute sa longueur d'étoupe pour empêcher les effets de la rouille, servit à former le cou de l'oiseau , dont les dimensions ont été prises sur celles de l’animal écorché. Le recour- bant ensuite à son extrémité, nous l’introduisons LES O1sEAUx. Partie IL 125 dans le crâne par le trou occipital, et l’assujet- tissons au moyen d’une mèche d'étoupe que nous y faisons entrer et que nous roulons autour du fil de fer pour le fixer. Par ce procédé, nos oi- seaux acquièrent au moment où 1ls sont montés, une solidité bien supérieure à celle des individus préparés avec la méthode que nous venons d'in- diquer. Voici une seconde méthode, plus simple et plus avantageuse, qui nous a très-bien réussi, pour alonger ou raccourcir à volonté le cou des Oi- seaux. Lorsque nous avons formé notre corps factice, ( que nous faisons un peu moins gros et moins long que le corps de l’oiseau, et que le fi de fer qui a servi à l’entourer n'excède dans la partie qui répond au cou, que d’une très-petite longueur , ) nous y faisons passer intérieurement, de bas en haut et dans toute sa longueur, unfil de fer , que nous attachons avec une ficelle autour de l'extrémité de l’autre fil de fer qui dé- passe le corps factice. Nous en replions l’extré- mité , nous l'assujettissons dans le crâne avec de l’étoupe ou du coton, et nous lattachons autour de la tête de loiseau avec la ficelle que nous faisons passer dans ces cavités orbitaires. Par ce procédé , lorsque nous avons retourné notre peau et placé notre mannequin, en faisant jouer le fil de fer, nous alongeons ou raccourcissons à vo- lonté le cou de l'oiseau, sans être obligés (comme le font mal à propos la plupart des Préparateurs) 126 L'ART D'EMPAILLER de percer le crâne avec un fil de fer, qui dérange les plumes du sommet de la tête. Le bout opposé de ce fil de fer, qui sort sous la queue, sert à soutenir celte partie, et évite d'introduire un porte-queue dans l'anus. Le fil de fer, après avoir embrassé le corps dans sa longueur , sert à former le cou, et est introduit dans le crâne par le trou occipital. Pour l'y fixer , 1l faut y faire entrer autant d’étoupe que peut en contenir la cavité du crâne, et rouler autour de ce fil de fer une partie excédante de l'étoupe qui sert à augmenter le volume du cou : il est également nécessaire de remplir de coton les orbites. 2.9 Cela fait, nous avons soin de refouler dou- cement la tête en dedans du cou avec la main droite, de retirer doucement la peau avec la main gauche, en évitant que le bec ne s’engage entre les plis de la peau du cou qu'il pourrait déchirer. Pour prévenir cet accident, on fait passer dans les narines un fil que l’on noue à son milieu , et qui, dépassant de beaucoup la longueur du cou, sert à retirer la tête et donne la facilité de diriger le bec en droite ligne. 3.2 Après avoir retourné la tête et le cou de l'oiseau, incisé le croupion, enlevé les deux glandes placées au-dessus et en avant, et sau- poudré ces parties avec le préservatif que nous indiquerons dans la troisième Partie de cet Ou- vrage, placé en dedans de la peau le corps factice, Les Oiseaux. Partie I. 127 on doit s’occuper d’assujettir les jambes dans le mannequin. La disposition des fils de fer qui doivent servir à fixer les jambes, est, de toutes les opérations de l’art d’empailler, sans contredit la plus diff- cile, et même on peut dire l’écueil des Artistes. De larrangement de ces fils, dépend la position des extrémités inférieures et la grâce de l'oiseau qu'on prépare. Si les différentes inflexions qu'on doit leur donner pour imiter la situation de ces parties, ne sont pas faites dans leur véritable sens, les jambes de l’oiseau se trouvent trop rap- prochées de l'anus; les deuxtiers du corps portés en avant perdent l'équilibre, et loiseau , lors- qu’on veut le fixer sur un support, retombe tou- jours sur le bec. Pour placer les fils de fer, il faut les introduire par l'ouverture pratiquée au-dessous des pieds, les faire glisser jusqu'aux talons, refouler en- ‘ dedans le tarse, et poussant en avant le fil de fer, le fixer légèrement autour du tibia avec un peu d’étoupe qui sert à remplacer le vide des chairs et à former la jambe. Cette opération achevée, on doit combiner l'introduction des fils de fer dans le corps factice. Ils doivent être, 1.2 très-rapprochés de lextré- mité postérieure ou de l'anus, dans les Grèbes, Plongeons, etc.; 2.° placés au tiers postérieur du corps, dans les Echassiers ; 3.° à peu près à la partie moyenne du corps, dans les Gallinacces. 128 L'ART D'EMPAILLER Lorsque le fil de fer a pénétré hors du corps, on le recourbe en forme de crochet pour ly fixer, en le tirant avec force de la main droite par l'extrémité saillante en-dessous des pieds, et tenant de la main gauche le corps, afin qu'il ne varie point. Le fil de fer ainsi fixé, et faisant partie de la jambe, doit être dirigé de dehors en dedans, et rapproché du point central du corps. Le même procédé répété sur la partie opposée, on a soin d'égaliser les jambes, de les repousser à différentes reprises vers le corps, afin de pou- voir soulever le fil de fer de bas en haut, jusqu’à ce qu'il soit dans une situation verticale. Lans cet état, on retire de nouveau la jambe de bas en haut, on appuie fortement de haut en bas lindex de la main gauche dans l'endroit où le fil de fer est introduit dans le corps, afin de lui faire former une concavité; en même temps on re- courbe en sens contraire, c’est-à-dire, de bas en haut, avec le pouce et l'index de la main droite, le fil de fer à une certaine distance de la première courbure, pour donner à cette jambe factice sa conformation naturelle, et lui faire former un coude à peu près de la longueur de l'os du fémur, et on le recourbe de nouveau de bas en haut à l'articulation du tarse et du tibia. Quelques Préparateurs sont dans l'usage de percer le tibia avec un style, par un mouvement demi-circulaire qu’ils lui impriment, et de le faire glisser le long de la cavité de cet os pour l'introduire LES O1sraux. Parle IL. 129 Fintroduire dans le corps. Us coupent ensuite l'os du fémur , et lenlèvent dans la partie qui répond à la rotule. Cette opération, qui demande de la force et de l'attention pour les grands oiseaux, de l'adresse pour les petits, occasione souvent la rupture du style dans la cavité du tibia, devient longue, pénible , et quelquefois infructueuse. Nous avons eru qu’il était plus simple d’intro- duire le fil de fer en arrière de la division des doigts dans la partie qui répond au métatarse, suivant en remontant et en arrière le tarse qui répond au talon, et arrivant successivement der- rière le tibia que nous ne perforons pas. 4.0 Cette opération achevée, on remplit la poitrine, le ventre et les côtés du corps avec de létoupe ou du coton, ayant soin de soulever avec Ja pointe du bourroir la peau de la poitrine, afin de l’arrondir et de lui donner sa forme naturelle, Il est d’une importance majeure de ne point garnir les cavités du corps qui répondent aux muscles pectoraux, dans lesquelles se replient et reposent naturellement les ailes. Sans cette pré- çaution, les cavités pectorales se trouvant rem- plies, il est impossible de pouvoir placer les ailes. 3.2 La manière de coudre la peau ne doit pas être passée sous silence. Après en avoir rapproché les deux bords lorsqu'elle est remplie, on passe une aiguille garnie d’un fil ciré, afin qu'il puisse mieux couler, (et dont la longueur et la force sont proportionnées à celle de la dépouille de | 1 130 L'ART D'EMPAÏILLER Toiseau }, à travers les bords de la peau, en le conduisant alternativement du côté droit au gauche, du gauche au droit en zigzags, comme le lacet à travers les œillets d’un corset, et tou- jours de dedans en dedans, et non pas de dehors en dehors, de dedans en dehors, ou de dehors en dedans, comme le pratiquent les Empailleurs. Cette dernière observation est absolument néces- saire pour éviter de coudre les plumes qui seraient dérangées , et présenteraient des obstacles au passage, soit de l'aiguille, soit du fil. On rapproche ensuite les deux bords de la peau, et on la coud, ainsi que nous lavons dit, de dedans en dedans. On a soin d'écarter les plumes à chaque point de couture, pour qu’elles ne génent pas le passage du fil, et de faire les points dans les bords de la peau, qui, dans l’en- droit de lincision longitudinale, est plus forte que dans les autres parties de l'animal, Mais il arrive, lorsque l'oiseau est ce qu'on appelle un peu fait, sur-tout si le coup de fusil a porté dans le bas-ventre, que l'épiderme se sépare avec les plumes, du derme ou de la peau, et cette der- nière partie trop affoiblie ne peut soutenir l’effort du fil : dans ce cas, il faut éloigner les points de la couture des bords de l'incision, ce qui diminue le volume de l'oiseau. 6.2 La couture achevée, on prend de la main gauche l'oiseau couché sur le dos, on arrange avec la main droite les ailes qu’on place dans les LES OrsEaux. Partie IT. 131 cavités peclorales, et on passe avec une longue aiguille ou carrelet, dans la partie du corps sail- lante en-dessous des ailes, un fil qui les em- brasse latéralement et les maintient dans leur position naturelle; on noue ce fil sur le dos, on le recouvre avec les plumes du dessus des ailes et du dos, et lorsque loiseau est sec, on le coupe si on juge à propos. Avant de placer les ailes dans les cavités pec- torales , nous ouvrons sur la face interne du radius et du cubitus, dans une direction parallèle à ces os, depuis leur articulation avec lhumérus jusqu’à la partie désignée sous le nom de carpe et qui répond au guidon, une ouverture, par laquelle nous sortons les muscles des extrémités des ailes, et nous saupoudrons cette partie avec une des substances que nous indiquerons. Nous fendons également le centre de l'os annulaire pour y faire pénétrer du préservatif. 7.° On place ensuite l'oiseau, 1.° sur une pe- tite planche ou sur un pied aplati de forme octo- gone, proportionné à la longueur des doigts, sil ne perche pas; tels sont les Canards, dont ül faut avoir soin d’écarter les doigts et de les assu- jettir avec des épingles, pour tendre la mem- brane qui les unit; 2.° sur une petite béquille ou huchoir , sil perche, comme les Grives, Merles , etc. ; 3.° on fixe contre une branche, dans une position verticale, ceux qui, comme les Pics, les Grimpercaux, les Mésanges, etc. , E 2 132 L'ART D'EMPAILLER grimpent, et par ce caractère qui leur est propre, s’éloignent des habitudes des autres oiseaux. Les pieds octegones tenant moins de place dans les cages que les pieds carrés, nous les préférons avec cette forme. On peut percher ou cram- ponner les Mésanges, le Tarin, elc., parce que ces oiseaux perchent, grimpent et se suspendent aux branches des arbres; le dessus du corps doit être tourné en bas, et le dessous appliqué contre les branches. Pour placer l'oiseau sur un de ces trois sup- ports, on fait pénétrer les deux extrémités des fils de fer qui excèdent les pieds, dans deux petits trous pratiqués à une distance propor- tionnée à l’écartement naturel des jambes, dans lun des supports. On fixe ceux qui perchent ou qui grimpent, soit en serrant en dehors les fils de fer, soit en les roulant autour de la traverse du huchoir ou de la branche, ou en les tordant fun dans l’autre; et on assujettit ceux qui ne perchent pas, en coupant avec une pince les fils de fer qui excèdent l'épaisseur de la petite plan- che, et en introduisant dans les trous où ils passent un petit morceau de bois pointu qui en remplit le vide et maintient les fils de fer. Nous observerons que la distance de ces trous doit varier selon les différentes situations qu'on donne à l'animal. 8.2 La manière de placer les Yeux présente divers procédés. Quelques personnes les font Les Oiseaux. Partie II. 133 entrer dans la cavité orbitaire dedehors en dedans, et les fixent avec une dissolution de gomme ara- bique. Mais nous observerons que dans les Ürseaux de prote, la saillie de arcade orbitaire frontale présente de grandes difficultés pour lintroduc- tion des yeux de dehors en dedans. D'autres fen- dent les paupières pour placer les yeux dans les orbites, lorsqu'ils sont trop gros pour pouvoir entrer naturellement dans ces ouvertures. Mais par ce procédé, l’incision faite à a paupiére, parait toujours à raison du froncement ou du desséchement de la peau. Quelques autres placent les yeux dans les orbites avant de retourner la peau, et les assujettissent en les implantant dans de petites boules de cire. Mais cette méthode, outre la difficulté de rapprocher des paupières le globe de lœil circonscrit par orbite, empêche de fixer la prunelle, soit du côté du grand engle, soit du côté du petit angle, soit en haut, soit en bas. Nous pratiquons, au contraire, intérieurement dans le bec et sur les parties latérales de la voûte du palais, qui répondent aux glandes tonsillaires, une ouverture par laquelle nous introduisons les yeux, que nous avançons à volonté. Par ce pro- cédé , l'ouverture elliptique que forment les pau- pières n’éprouve aucune altération; les paupières poussées en dehors deviennent très-saillantes , de [3 154 L’ART D’'EMPAILLER même que les yeux qui donnent à nos oiseaux un air très-animé. Nous observerons que les Yeux doivent être d’émail, proportionnés à la grosseur de ceux de l'oiseau qu’on empaille, et en imiter les difé- rentes couleurs. On est dans l’usage d'employer deux sortes d'yeux, les uns vitrés ou à chambre, et les autres émaillés extérieurement ; les pre- miers qui imitent les yeux naturels, doivent être préférés, quoiqu'ils soient plus chers (83). 9.2 La disposition des plumes de la queue mérile d'être observée. Quelques personnes en les écartant, les fixent au moyen de deux brins de paille ou de deux petits morceaux de bois plats, qu'ils assujettissent à leurs extrémités avec du fil. Mais cet arrangement des plumes, qui tend à aplatir la queue, est vicieux. Cette partie dans Voiseau , forme presque toujours une voûte, dont la convexité est supérieure ou en avant, et la concavité inférieure ou en arrière. Cette forme, qui sert à l'oiseau pour le soutenir dans son vol, mérite d’être observée soigneusement par ceux qui travaillant à habiller les oiseaux, doivent faire tous leurs eorts pour imiter la nature. 10.0 L'oiseau mis dans la position qui lui con- vient, on procède à l’arrangement des plumes du (83) Les yeux les plus estimés se vendent à Paris, chez azanD fils, émailleur , rue Ste-Apolline, n.° 2; chez JaigT, &mailleur , rue de Bracq; et LALANDE fils, rue de Seine. LES Oiseaux. Partre IL. 135 corps, à celles de la queue, qui doit toujours être relevée en voûte et non point aplatie, (ex- cepté dans les Cygnes, Canards, Harles), et on la soutient au moyen d’un porte-queue ou fil de fer enfoncé dans l'anus. On plie plus ou moins les jambes à la jointure du tibia avec le tarse, selon l’attitude de loiseau s'il perche; mais on les laisse à peu près droites dans les oiseaux qui ne perchent pas. Il est utile de réunir les deux mandibules avec un fil, afin de les empêcher de s'ouvrir, si l'animal doit avoir le bec fermé; et d’envelopper le corps et les ailes avec une mêche d’étoupe, ou avec des bandelettes de gaze, de mousseline, de toile, de papier mou, etc., au moins pendant quelques jours, afin que les plu- mes ne prennent pas une fausse direction. On doit avoir soin de colorer les différentes membranes que certains oiseaux portent sur la tête ou sur le dessous du cou, ainsi que le bec et les jambes. On prépare à cet effet une composi- tion avec le noir d'ivoire, le blanc de plomb et le vermillon, pour les couleurs rouges; avec lochre ou la gomme-guite, pour les couleurs jaunes, etc. (84) Lorsque les couleurs dont on (84) Les proportions sont: vermillon , trois gros ; blanc de plomb ( oxyde de plomb blanc par l'acide acéteux) , deux gros; noir d'ivoire, un gros. On dissout ces couleurs dans l'essence de térébenthine , et on ÿ ajoute du vernis. Les peaux d'oiseaux sont depuis long-temps un objet de commerce, et ce motif a suffi pour exciter l’avidité et la mau- 1 4 136 L'ART D'EMPAILLER a enduit ces différenies parties, sont sèches, on y passe une couche de vernis qui sert à les lustrer vaise foi de ceux qui l’ont entrepris. Il est bon de prévenir les Lecteurs des supercheries qui sont assez ordinaires aux Mar- chands d’oiseaux empaillés. Les principales sont : 1.9 D’altérer, changer et dénaturer les couleurs véritables. en passant sur les plumes des couleurs artificielles. C’est ainsi qu’ils colorent les Bouvreuils, Cardinaux, avec du vermillon ou du minium; les Loriois, avec de l’orpiment et la fleur de soufre , etc. 2.9 D’arracher la tête, les ailes et la queue à un oiseau, pour lui en substituer qui appartiennent à un autre individu, et par ce moyen vendre comme espèce nouvelle, un animal ainsi dénaturé. 3.° De vendre comme entiers, des oiseaux composés de- pièces rapportées ; telles sont les ailes et la queue, arrachées Souvent exprès pour remplir plus facilement la peau, et collées ensuite ou cousues au corps. 4° De vendre comme variétés remarquables, des oiseaux auxquels ils ont arraché une partie de leurs véritables plumes pour en substituer qui appartiennent à une autre espèce, et dont le mélange avec les véritables, donne à l'animal sur lequel ils les ont collées, un port extraordinaire. Lorsque les Marchands ont ainsi dénaturé un oiseau, ils le prônent comme quelque chose de rare, et y ‘ajoutent un prix exorbitant. Mais, lorsqu'on soupçonne cette fraude, 11 suffit de soulever les plumes jusqu’à leur insertion sur la peau, et on s'aperçoit alors facilement de la supercherie, parce que les plumes collées n’ont jamais la disposition de celles qui ne le sont pas. On doit également se méfer des préparations employées par les Marchands pour empailler les oiseaux. Visant toujours a l’économie , ils ne font subir intérieurement aux peaux au- cune préparation, soit en les dégraissant, soit en les saupou- drant avec de l’alun, ou mieux encore, avec de la chaux pul- vérisée, qui ne leur coûterait presque rien, Queiques-uns Les Orsraux. Partie IL. 137 et à éloigner les insectes. Cependant quelques personnes ont blamé lusage du vernis, qui donne aux parties sur lesquelles on applique un brillant qu'elles n’ont pas lorsque Foiseau est vivant. Dans les Oiseaux chez lesquels les narines ne sont point recouvertes par des plumes, des poils ou des moustaches, on doit avoir soin de rem- plir de coton l'intérieur de ces parties lorsqu'elles sont d’une grosseur considérable, afin d’empé- cher que la peau supérieure en se desséchant ne les déforme. On doit également soutenir les crêtes ou autres appendices, avec une ou deux de ces allumettes aplaties dont on se sert pour fixer les pièces d'anatomie, et qui, placées sur la têle ou sous le cou, et cousues avec ces mem- branes, en empêchent le racornissement, et ser- vent à maintenir ces parties dans leur longueur, largeur et forme naturelles. On laisse ensuite sécher l'oiseau, et lorsqu'il est sec on enlève les bandelettes de papier ou de toile, et on l’en- ferme dans la collection, en employant pour sa conservation les procédés que nous indiquerons dans la troisième Partie de cet Ouvrage. d’entr'eux remplissent les peaux avec du poil de veau, qui ayant, ainsi que nous l’avofis dit, le défaut, comme produc- tion animale, d’attirer les insectes, occasione en peu de temps la perte totale de l'animal. On peut voir, dans BuFFox, ce qu'il dit relativement aux Oiseaux de Paradis et aux Per- roquets, auxquels les Marchands Indiens arrachent les plu- mes, les pieds, etc. 138 L'ART D'EMPAILLER Cespréparations achevées, on s’étudie à donner à l'oiseau cet air de vie qui semble le faire respirer après sa mort. Nais, pour y parvenir, il faut, ainsi que nous l'avons dit, avoir observé ces ani- maux en divers temps, dans diverses situations ; dans les momens de repos, de crainte, de colère et d'amour, qui tous les caractérisent d’une ma- nière frappante. Les différentes variations de l'atmosphère, relativement au chaud ou au froid, ne doivent pas être négligées, parce qu’elles in- fluent, beaucoup plus qu’on ne le pense, sur les attitudes de ces animaux. Dans le repos, qui est l'attitude la plus usitée pour les Oiseaux empaillés , le port doit être aisé, la tête posée paisiblement sur le cou, qui repose lui-même sur le corps. Celui-ci doit être porté sur les jambes, de manière que le poids de toutes les parties qui le composent soit réparti sur les extrémités inférieures. Les yeux sont peu saillans. Dans Ja crainte, loiseau prend une attitude entièrement déformée. Il devient plus petit, toutes les plumes se rapprochent; la queue, ainsi que le cou et la tête, affectent différentes posi- tions (85). Les yeux sont pelits et les paupières froncées. + (85) Les effets de la crainte sont sensibles dans les Gallina- cées , à la vue d’un oiseau de proie ; dans les Cailles, les Per- drix , tenues à l’arrét par un chien. Les O1sEAuUx. Partie II. 139 La colère leur imprime un caractère bien pro- noncé. Il se manifeste dans toutes les parties de l'animal une tension considérable ; les plumes sont hérissées et portées en avant; les paupières et les yeux saillans ; Le bec entr'ouvert, la queue relevée dans quelques espèces (86), baissée dans le Cog au moment du combat; les ailes écartées du corps; les jambes plus ou moins pliées dans les oiseaux qui perchent, ou soutenant alternati- vement le poids du corps dans ceux qui ne per- chent pas. Dans la passion de l'amour, les attitudes va- rient à l'infini ; la démarche est fière ; les plumes légèrement entr'ouvertes, les yeux vifs et ani- més ; les caroncules, les crêtes, les barbes très- colorées; la queue en éventail dans le Cog-d'Inde, le Paon ; très-relevée dans le Cog ; abaissée, très- élargie et en voûte dans les Pigeons, etc. La chaleur produit sur les Oiseaux les effets suivans : les plumes sont hérissées, les ailes écar- tées du corps, le bec entr'ouvert, le cou élargi principalement près du bec; le corps présente des mouvemens d'inquiétude; la respiration est agitée. Les impressions du froid ne sont pas moins sensibles : toutes les parties de l’animal diminuent de volume. La tête et le cou se retirent sur le corps, le corps lui-même s’abaisse et recouvre (86) Dans les Geais, Corbeaux , Pies-grièches, etc. 140 L'ART DB'EMPAILLER les j2mbes, ou celles-ci se portenttalternative- menti par un mouvement intérieur de bas en haut, et sont cachées dans les piüimes du venire, 11.0 Enfin, la dernière opération est relative à l'ouverture du corps de l'oiseau qu’on vient de dépouiller , pour en vérifier le sexe, dont l'igno- rance a fait commettre de grandes erreurs. La méthode la plus flatteuse d’empailler les Oiseaux pour le coup-d'œil, est de les monter pour être vus de profil. Ils ont alors plus de grâce, la forme du corps est mieux développée, lescouleurs et les teintesdesplumes ressortentavec avantage. On doit mettre en opposition, autant que cela est possible, le Mâle et la Femelle, fai- sant tourner l’un de gauche à droite, et l’autre de droite à gauche. En montant les Oiseaux pour être vus de face, il n’y a que le devant de la tête et la poitrine qui soient tournés du côté de lob- servateur , leur attitude devient alors mono- tone et n'offre aucun intérêt. Vus par profil, tous leurs caractères sont ostensibles, et cette méthode de les placer est avantageuse pour les personnes qui veulent éludier les caractères pris de la couleur ou de la forme des plumes. Les Oiseaux présentent, selon leurs espèces , plus ou moins de difficultés pour être empaillés. Ceux qui ont peu de plumes sur le cou, comme les Chevaliers, les Fauveites, etc., trompent sou- vent les efforts de l'artiste. Les Cänards, dont il faut inciser le dessous Les Oissaux. Partie IT. 147 du cou , sont l’écueil contre lequel viennent échouet le plus grand nombre des empailleurs. On a souvent beaucoup de peine à écorcher les Merles, les Grives, et tous les Oiseaux dont la peau est très-mince, sur-tout lorsqu'elle est chargée de graisse. Les Oiseaux au contraire qui ont beaucoup de plumes, tels sont le Jaseur de Bohéme, le Gros- bec, le Pinson d’ Ardennes, le Chardonneret, etc. sont beaucoup plus faciles à empailler. DD D D DD VD D Les procédés que nous venons d'exposer sont relatifs à la préparation des Oiseaux empailiés avec les ailes repliées, c’est-à-dire, dans l’état de repos. Nous allons exposer d’une manière très- succincte ceux qui ont pour objei la méthode de les monter avec les ailes étendues; c’est-à-dire, au vol ou dans l'état de mouvement. La majeure partie des Oiseaux empaillés dans les collections, ont les ailes repliées; dans cette position, ils occupent un espace bien moins con- sidérable que ceux qui sont montés avec les ailes étendues. La manière de les empailler avec les ailes étendues, qui n’est guère que de pur agré- ment, ne doit être employée que pour les indi- vidus peu volumineux, ou ceux dont on veut faire ressortir les belles nuances du dessous des ailes, comme dans le Æollier; ou lorsque les 142 L'ART D'EMPAILLER différentes teintes ou nuances de cette partie for- ment un caractère spécifique, comme dans le Mauvis, le Pinson d'Ardennes, efx. On peut empailler les Oiseaux avec les ailes entièrement étendues, ou étendues seulement à moitié. Il ne s’agit, pour les monter selon cette méthode, lorsque l’oiseau est dépouillé, que de refouler de dehors en dedans les ailes, dont on enlève la plus grande partie des muscles qui en recouvrent les os, à la place desquels on subs- titue du coton imbibé d’une essence quelconque, qui sert à remplir le vide des muscles et à donner aux ailes leur forme naturelle. On fait ensuite passer de dedans en dehors un fil de fer qui est fixé dans le corps à la hauteur de la partie qui répond à l’'acromion, par les mêmes procédés que celui des jambes. Il existe trois manières de monter Îles Oiseaux au vol; savoir, 1.° de les percher sur un hu- choir ; 2.2 de les suspendre au moyen d’un fil qui, traversant le corps de bas en haut, vient ressortir sur le dos ; 3.° de les fixer sur un fil de fer, qui, partant d’un support, traverse la poi- trine, et est implanté dans le corps factice. Dans la première attitude, les jambes qui sou- tiennent l'oiseau doivent être très-alongées, le corps un peu incliné en avant, et les ailes plus ou moins ouvertes. Dans les seconde et troisième attitudes, les jambes , dans la plupart, sont renirées dans le LES O1isEAuUx. Partie IL. 143 corps, excepté dans les Ridles, les Poules d’eau, dont les jambes sont toujours pendantes, position qui donne moins de grâce et de légèreté à ces oiseaux dans leur vol. On peut également empailler les Oiseaux dans la position qu'ils affectent lorsqu'ils sontisur le nid, et qui varie selon les individus à longues ou à courtes jambes. Dans les Oiseaux à longues jambes, le nid est posé sur des roseaux ou des touffes d'herbes au- dessus des eaux; leur corps est en avant du nid, et leurs pieds dans l’eau. Ces animaux ne couvent que du croupion et du bas-ventre. Tel est le Flammant qui place son nid sur de petits tas de terre glaise, ou de fange amassée du marais, relevés d'environ vingt pouces en pyramide au milieu de l’eau, où leur base baigne toujours, et dont le sommet tronqué, creux et lisse, sans aucun lit de plumes ni d'herbes, reçoit immé- diatement les œufs que l’oiseau couve en repo- sant sur ce petit monticule, les jambes pen- dantes. Dans les seconds, à jam'es courtes, les jambes sont très-écartées et rentrées absolument dans les plumes ; le corps est caché pour ainsi dire dans le nid, loiseau ne montrant que la tête, le cou et une partie de la queue, qui est alors pen- dante. Cette observation est plus sensible dans les petits Oiseaux , comme les CAardonnerefs, Faupetles, Rossignols, etc. 144 L’ART D'EMPAILLER Nous ne doutons nullement que les Oiseaux, tels que les Pingouins, qui établissent leurs nids sur le bord des eaux, les Pics qui nichent dansle tronc des arbres, ne présentent des particularités relatives à leur manière d'exister; mais le défaut d'observations suivies à cet égard, nous défend de rien hasarder d'incertain, ne voulant citer que des faits dont nous sommes sûrs. Fin de la seconde Partie, L'ANITCE LES Oiseaux. Partie III. 145 A2" "4 "A "AAA AAA AA A" AT BAR T D'EMPAILLER LES OISEAUX, rs re en A TROISIÈME PARTIE. CONSERVATION DES OISEAUX. Nous diviserons la troisième Partie de cet Ouvrage, qui a pour objet la Conservation des Oiseaux, en deux Séries, dans lesquelles nous énumérerons les diverses substances ou matières employées, 1.2 pour conserver les Oiseaux; 2.0 pour remplir leurs Peaux. ne à à à » + À à | PREMIER 2 9 É RTE. Les méthodes pour la Conservation desOiseaux varient autant que celles qui ont rapport à leur préparation. Il était naturel, après les avoir em- paillés, qu'on s’occupât des moyens de les pré- 146 L'ART D'EMPAILLER server des ravages des insectes. Pour y parvenir, les Ornithologistes ont imaginé diverses prépara- tions simples ou composées, dont ils n’ont pas obtenu tous les succès qu'ils s'étaient promis. Les différentes substances employées pour la conservation de ces animaux, sont : 1.° l’arsenic blanc ( oxyde d’arsenic ); 2.0 l’arsenic rouge (oxyde d’arsenic sulphuré rouge ) ; 3.° le sublimé corrosif (muriate de mercure corrosif ); 4.° le vitriol bleu ou couperose ( sulphate de cuivre ); 3.0 le vert-de-gris (oxyde de cuivre vert }; 6. le savon arsenical de Becœur ; 7.2 lalun (sulphate d’alumine ) en poudre ou calciné; 8.° la chaux pulvérisée ou en efflorescence; 9.° lessence ou huile volatile de térébenthine; 10.2 la liqueur tannante et la pommade savonneuse de Mrcolas ; 1 1.0 l’éther sulphurique; 12.0 le soufre ; 13.2 l’eau bouillante. Les accidens fâcheux occasionés par l'usage des cinq premières substances employées comme poisons, soit en dissolution dans leau pour hu- mecter ei pénétrer le Lissu de la peau, soit en molécules assez fines pour en saupoudrer l'inté- rieur, les ont fait abandonner avec raison, depuis quelque temps. On s’est assuré par expérience, que la plupart des ingrédiens corrosifs rongeaient la peau sans détruire les insectes. D'ailleurs, le vitriol bleu et le vert-de-gris ont la propriété de dessécher la peau; mais leur couleur qui la teint en vert ou en bleu, s'étend quelquefois sur les LES Oiseaux. Partie IT. 147 plumes par imbibition; et dans ce cas en altère et falsifie les véritables nuances. Le savon arse- nical de Becœur, qui a été pendant long-temps un secret, est un mélange d’arsenic blanc, de potasse, de chaux pulvérisée, de savon et de camphre, dont on se sert au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, comme préservatif. L’alun en poudre est employé comme dessicatif ; mais, lorsqu'il est calciné, il possède cette qualité à un degré bien supérieur. La chaux pulvérisée ou en eMorèscence (car dans ce dernier état elle est préférable ) nous a très-bien réussi pour préparer nos oiseaux, sur-tout lorsqu'il faut dessécher leurs peaux sans les brüler. Dans les Oiseaux d’eau, comme les Canards, qui sont toujours dans un état d’obésité considérable , la chaux enlève la graisse et accélère la dessication. L’essence detérébenthine, à laquelle onattribue la propriété d’absorber la graisse, sert à humec- ter intérieurement la peau. Nous l’employons avec succès pour lustrer les plumes et détruire les insectes ; mais on ne doit faire usage que de l’es- sence récente, et qui n'ait pas vieilli dans les bouteilles, car elle roussit les plumes lorsqu'elle est faite depuis long-temps. L'opération par laquelle on imbibe d’essence de térébenthine les Oiseaux empaillés, peut être pratiquée de deux manières; savoir, superficielle- ment, ou profondément, Dans la première, où K 2 148 L’ART D'EMPAILLER lessence ne doit être passée que sur Le dessus des plumes, il faut de la légèreté dans la main, sur- tout lorsqu'on est parvenu au cou, où elles sont sujettes à se déranger, principalement dans les oiseaux peu fournis en plumes dans cette partie. On passe sur le corps de l'animal, Fessence avec un pinceau à soies fines et longues, toujours pro- porlionné à la grosseur du corps, et on en fait couler quelques gouttes sous les plumes des ailes, de la queue, dans le bec, les narines, l'anus. Il faut éviter de passer trop d’essence sur les plu- mes, parce qu'elle forme alors une espèce de vernis qui, en les unissant les unes aux autres, en dérange la symétrie. Dans la seconde, qui doit pénétrer le duvet, le canon des plumes et la peau, et que nous appelons profonde, on relève de la main gauche avec une aiguille les plumes, couche par couche, de derrière en avant, à compter depuis la queue jusqu’au bec, et on porte avec le pinceau les- sence à l’origine des plumes, et sur la peau. Cette méthode, qui consomme plus d'essence, est infi- niment préférable à la première; l'expérience de vingt années nous ayant prouvé que les oiseaux préparés de la sorte étaient à l'abri des insectes, même quoique exposés au grand air, et sans être enfermés dans des caisses de verre. La liqueur tannante de Nicolas, est une infu- sion à froid pendant deux jours, d’une livre et demie de tan ou d’écorce de jeunes chênes en LES Oiseaux. Partie IIL 149 poudre, de quatre onces d’alun pulvérisé, dans vingt livres d’eau commune. La pommade savon- neuse qu'il emploie dans l'intérieur des peaux, est un mélange d’une livre de savon blanc, de demi-livre de potasse, de quatre onces d’alun, d'huile de pétrole et de campbre, et de deux livres d’eau commune. On peut voir dans son Ou- vrage la préparation de ces préservatifs (87). Quelques personnes emploient avec succès léther pour dessécher et conserver les oiseaux. Après avoir vidé tout ce qui est contenu dans le bas-ventre, ou par une pression graduée dirigée vers l’anus, ou par une forte injection qui chasse au dehors toutes les matières, on lie l'anus avec un fil, on injecte l’éther par le bec à l'aide‘d’une petite seringue, et on suspend Foiseau par la tête. On perce un œil, on vide le cerveau, eton y fait pénétrer de l’éther qu’on y retient en bou- chant l'œil avec un tampon. Le lendemain ou le surlendemain, on renouvelle l'injection dans l'in- térieur du corps, et on la continue jusqu’à ce que l’animal soit parfaitement desséche. Cette méthode, qui présente quelques avan- tages, comme de ne point altérer l'éclat du plu- mage, de pouvoir être employée à chaque ins- tant et pratiquée par tout le monde, serait infi- niment utile pour la préparation des petits oiseaux exotiques, soit parce que la peau n'étant pas (87) Voyez l’Ouvrage de NicoLas, pag. 45 et suiv. DE 150 L'ART D’'EMPAILLER incisée , 11 serait facile de les conserver intacts, et que les caractères des couleurs pour les des- criplions seraient très-ostensibles; soit parce que chaque petit oiseau nexigeant qu'une once d’éther, les frais de ces préparations ne seraient pas très-dispendieux : mais elle offre les inconvé- niens de déformer Poiseau par le racornissement de la peau sur les chairs, des chairs elles-mêmes sur les os, et de ne pouvoir être employée pour les oiseaux qu’on veut enfermer dans les collec- tions, parce que les jambes n’étant point fixées dans le corps, comme dans la méthode ordinaire, il est impossible de donner à ces animaux leur attitude naturelle. Quelques Naturalistes ont recours aux fumiga- tions de soufre, réitérées à différentes époques pour détruire les insectes. Mais cette méthode, qui doit être pratiquée dans un lieu aéré pour établir un courant d'air qui dissipe la vapeur ou fumée, au moment où elle s'échappe des boîtes dans lesquelles on a fait brüler du soufre, peut devenir dangereuse, si on reste exposé, soit par accident, soit imprudemment, aux effets suo- cans de celte vapeur. Elle ne peut être employée que dans les jours froids et secs, parce que dans les jours humides l'acide sulphureux qui se dé- gage pendant la combustion, retombe alors sur les oiseaux en une vapeur humide qui est ron- geante, et qui corrode, décolore et altère les plumes, En quelque iemps, soit sec, soit humide, LES O1SEAUX. Partie EL. 155 qu’on ait brûlé le soufre, il ternit les verres au point qu’une seule fumigation oblige de les net- toyer souvent pendant les cinq ou six mois suivans, Le célèbre ZLevarllant, dont la réputation en Ornithologie est au-dessus de nos faibles éloges, a découvert un procédé plus simple que celui des fumigations de soufre. Il consiste à renfermer dans une boite de fer blanc bien fermée, les peaux d'animaux attaquées par les insectes, et à plonger cette boîte dans l’eau dont on entretient l’ébullition pendant plusieurs heures. Cette cha- leur, incapable d’aliérer les plumes, est cepen- dant suffisante pour faire périr tous les insectes, et dessécher leurs œufs au point de les rendre inféconds. Cela fait, on retire la boite de l'eau, et on en fait sortir les peaux pour les monter (88). Un autre procédé encore plus simple pour de- iruire ies insectes qui ont attaqué un oiseau empaillé, est de placer Fanimal dans un four chauffé à un degré de chaleur suMisañte pour les détruire, ou bien d'approcher l'oiseau du feu ou de lexposer au soleil. La chaleur fait remuer les insectes, qui tombent; et korsqu'ils sont à terre, on les écrase. Ce procédé nous a trés-bien réussi pour sauver des oiseaux attaqués, et qui auraient été entièrement dévorés. La décoction des substances âcres, amères, (88) Voyez l'Ouvrage de NicoLas, pag. 153. K 4 152 L'ART D'EMPAILLER odorantes et astringentes, nous a très-bien réussi pour lanner nos peaux. Celles que nous em- ployons, sont l'écorce de chêne, de grenade, de quinquina, de gentiane, etc. (89) Nous faisons (89) La liqueur tannante que nous employons est faite d’après les proportions suivantes : Kina, Écorce de grenade, Écorce de chêne, une once de chacune de ces plan- Racine de gentiane, tes, concassées grossièrement. Absinthe , Tabac, Alun en poudre, quaire onces. Eau commune, deux livres. On fait une forte décoction , on passe la liqueur, et on y ajoute l’alun. Les préservatifs que nous employons pour sau- poudrer les peaux, l’intérieur des ailes, l’anus, etc., sont Yalun en poudre ou calciné, et la chaux en efflorescence. Voici une recelte qui nous a été communiquée, comme un excellent préservatif, par des Naturalistes qui ont empaillé un grand nombre d’oiseaux. Sel de tartre , un gros et demi. Campbhre , cinq gros. Arsenic, quatre onces. Savon blanc, quatre onces. Ghaux vive, demi-once. Ïl faut dissoudre le camphre dans une suffisante quantité d’esprit-de-vin, y ajouter l’arsenic, le sel de tartre, la chaux, et y délayer le savon. On assure qu’il est encore plus avantageux de se servir de suif blanc, et de le substituer au savon. | Lorsque ce préservatif est trop sec, on l’humecte avec de Valkool ou l’eau de vie, et il acquiert sur-le-champ toute la liquidité nécessaire. On s’en sert pour humecter l'intérieur des peaux. On emploie avec avantage une teinture de coloquinte à l'esprit-de-vin, dont on enduit les peaux à l’intérieur pour les préserver des insectes. Les Orscaux. Partie IIT. 153 également usage de la bile du bœuf ou du mou- ton, qui est contenue dans la vésicule du fie, et à laquelle on peut ajouter du succin, du cam- phre, de l'huile de pétrole, etc. Nous employons, pour dessécher et conserver les peaux, neutra- liser la graisse et empêcher les effets de la cor- ruption, l’alkali fixe végétal (carbonate de po- tasse ), l’alun, l'essence de térébenthine. Les substances dont nous faisons usage ont la propriété, par leur vertu astringente, 1.° de res- serrer les fibres de la peau, et de lui donner plus de densité; 2.° de pénétrer la peau, de lui com- muniquer , à raison de leur qualité amère, hui- leuse et odorante, une odeur très-forte, propre à éloigner les insectes. Les peaux, soit par leur épaisseur, soit par la graisse qui en tapisse la surface intérieure , exi- gent plus ou moins de temps pour être tannées. Celles des petits oiseaux ne demandent qu’à être humectées avec la liqueur tannante, et on peut les monter de suite. Mais dans les oiseaux d’un volume plus considérable, dont la peau est plus épaisse ou chargée de graisse ,-on doit la laisser macérer pendant six heures, et lhumecter à diffé- rentes reprises avec la liqueur tannante. Si nous ne proloñgeons pas le temps de la macération, c’est parce que la liqueur agit sur la peau de lor- seau lorsqu'il est monté. Nous ne nous arrêterons pas sur la manière de monter les peaux desséchées. Il nous suflira de 154 L'ART D’EMPAILLER dire que pour les ramollir afin de pouvoir les remplir, nous les laissons pendant quelques jours à la cave ou dans un lieu humide, ou que nous en garnissons l'intérieur d'éponges imbibées, et nous les montons lorsqu'elles ont acquis un degré de souplesse qui permet de les manier sans craindre aucun déchirement. Quelques Préparateurs laissent macérer pen- dant dix, quinze, vingt, et même vingt-cinq jours, dans des vases de plomb ou d'étain, de deux ou trois pouces de profondeur , les peaux d'oiseaux, écorchées et retournées, les plumes en dedans, et couvertes, lorsqu'il y en a un cér- tain nombre, chacune d’un lit de sel. Ils humec- tent l’intérieur des peaux avec un mélange d’alun, de sel marin, de salpêtre et de crème de tartre, réduit au moyen de l’eau bouillante, en consis- tance de bouillie liquide. Le défaut de ces longues macérations, en pé- nétrant le tissu des peaux, est d'augmenter leur épaisseur et de prendre sur leur diamètre, soit en longueur, soit en largeur, de sorte que les peaux ainsi tannées ne donnent jamais le volume du corps de l'animal. Quoique les peaux ne pré- sentent à l’action de la liqueur tannante que l’in- térieur, celle-ci pénètre de dedans en dehors, par les ouvertures naturelles ou accidentelles, et gâte ou altère les couleurs des plumes. QX Les OrsEeaux. Partie IIL 15 Rs re rs eco NMDLE S'ÉR IE. Les différentes substances ou matières usitées pour remplir la peau des Oiseaux, sont, 1.0 Je sparte; 2.9 le foin; 3.° la paille de froment ou de seigle; 4.0 le foin de mer; 5.° les mousses ; 6.° le tabac en cordes; 7.2 les écorces d’orme, de tilleul, de murier à papier, et de quelques espèces de malvacées ; 8.0 les copeaux de bois de saule, peuplier, sapin, mélèze, etc.; 9.° l'étoupe de chanvre ou de lin; 10.2 le coton; 11.2 le crin; 12.0 le poil de veau, de chèvre, de chat, de lapin, de lièvre, etc.; 13.°4Jes diverses espèces de laine; 14.° les éponges cirées; 15.0 le mastic; 16.0 le plâtre; 17.0 l'argile; 18.0 le sable; 19.° la sciure de bois; 20.° le liége; 21. le bois. Le Sparte ou Alvarde ( Lygeum Spartum, L.), la Paille, principalement celle de Seigle, peu- vent être employés pour la confection des corps faclices des oiseaux d’un volume considérable, tels sont lAutruche, le Cygne, le Pélican, etc. On prend des brins de sparte ou de paille de seigle de toute longueur, on les bat légèrement pour les rendre plus flexibles et plus doux à ma- nier; on les assemble en les liant foriement avec une ficelle ou un ruban de fl, et on les façonne en forme de mannequin imitant le corps de 'ani- mal. On introduit ce mannequin dans l'intérieur 156 L'ART D'EMPAILLER de la peau, en employant les procédés que nous avons indiqués pour achever de la remplir, et donner à l’oiseau sa forme naturelle. Les corps faits avec le sparte ou la paille, présentent beau- coup de solidité. Quand on leur substitue le Foin, il est nécessaire de choisir de préférence celui qui est composé de graminées à longs chaumes ou tuyaux. Le Foin de mer ( Zostera marina, L.), à raison de son odeur et du sel marin dont il est fortement imprégné, éloigne les insectes. D’ail- leurs, la souplesse et la longueur de ses feuilles en ruban, le rendent propre à prendre toutes les formes qu’on veut lui donner. Les Mousses peuvent, ainsi que le Foin de mer et le Tabac en corde, servir à faire les corps fac- tices; et ces trois substances, à travers lesquelles il est facile de faire pénétrer les fils de fer qui servent à maintenir les extrémités inférieures, ont, sous ce point de vue, un avantage bien prononcé sur l’étoupe et le coton, qu'il est difi- cile de percer avec les fils de fer. Parmi les genres de la nombreuse famille des Mousses , nous avons préféré celui des Hypnes ( Aypna }), et parmi les belles espèces de ce genre si varié, nous avons reconnu que les Æypnum serpens, sericeum, selutinum, abielinum , triquelrum, purum, elc., étaient celles dont on pouvait ürer le paru le plus avantageux. Mais, avant de se servir des Mousses, il faut Les O1sEaAuUx. Partie III. 157 avoir soin de les laver à différentes reprises, pour les purifier de la terre, des feuilles et des insectes qui sont presque toujours mélés avec elles; de les faire sécher au four, à une chaleur de 60 degrés, et de les laisser macérer pendant trois ou quatre jours dans un vase rempli de vinaigre, dans lequel on a mis du tabac et de Falun; on les retire ensuite, on les presse fortement, et on les laisse sécher pour s’en servir au besoin. Il faut observer qu'on ne doit employer les Mousses que lorsquelles sont parfaitement sèches, parce que Jeur humidité qui serait augmentée par celle de la peau de l'oiseau, en retarderait au moins la dessication, si toutefois elle n’occasionait pas une espèce de moisissure bien préjudiciable à la con- servation de l'animal. Les écorces d'Orme ( U/mus campestris, L.), de Tilleul ( Tilia europæa, L.), du Mürier à papier ( Morus papyrifera, L.), et de quelques espèces de Malvacées ( Althœa officinalis, Malva Alcea, L.), etc. Les copeaux de bois de Saule ( Salix alba, L.), de Peupliers ( Populus alba el nigra, L.), de Sapin, Mélèze ( Pinus Abies, et Laryx, L.), etc., peuvent également servir à former les corps factices, à travers lesquels il est facile de faire pénétrer les fils de fer qui doivent maintenir les extrémités inférieures. Ces manne- quins réunissent la légèreté à la solidité. I faut avoir soin de choisir les copeaux les plus minces, parce qu'ils sont plus faciles à mettre en œuvre. 158 L'ART D'EMPAILLER Ceux du Sapin et du Mélèze ont d’ailleurs la pro- priété, par leur odeur résineuse, d’éloigner les insectes. L’étoupe de Chanvre, de Lin, et le Coton, servent à remplir les vides qui se trouvent entre le corps de l’oiseau et la peau, soit pour la poi- trine, soit pour les côtés du corps et du crou- pion. Les Mousses et le Foin de mer ne peuvent pas les remplacer pour cet usage, parce que l'élasticité de ces deux végétaux, cédant à la pression occasionée par le dessèchement et le racornissement de la peau, il en résulte qu’un oiseau dont la poitrine présente une rotondité agréable au coup - d'œil au moment où on le monte, perd une grande partie de son volume, maigrit, s'il est permis de se servir de ce terme, et acquiert une forme alongée, qui repousse les yeux de Observateur. Le Coton a le défaut con- traire, il grossit les parties et les fait paraitre irop volumineuses. Le Crin, qui présente les mêmes inconvéniens que le coton, a de plus le défaut, comme production animale, d’être atta- qué par les insectes; l’étoupe seule conserve aux parties la première forme qu’on leur donne, et n’est pas sujette à en augmenter ni à en diminuer le volume : d’ailleurs, elle est infiniment moins chère que le coton, et on peut s’en procurer en tous lieux. Quelques Ornithologistes font avec de létoupe et du crin un corps factice très-lâche, le plongent LES O1SEAUx. EP 1 à À 159 dans de la cire ordinaire fondue, et le roulent, encore chaud, dans une préparation d’alun et d’arsenic pulvérisés. Ces deux minéraux en s’atta- chant à la cire, forment, lorsque celle-ci est sèche, une espèce de vernis ou couche impéné- trable aux insectes. Mais il parait que les fils de fer qu’on passe dans ce corps ainsi préparé, pour maintenir les jambes et la tête, ne doivent pas être suffisamment assujellis, à moins que le crin et l'étoupe ne fassent, par leur mélange avec la cire, un corps solide, dans lequel on puisse im- planter les fils de fer. Le poil de Veau, de Chèvre, de Chat, de Lapin, de Lièvre, etc.; les diverses espèces de laine ayant, comme productions animales, le défaut d'attirer Îles insectes, malgré toutes les préparations qu’on peut leur faire éprouver, ne doivent jamais être employés pour remplir les peaux, D’autres Naturalistes, pour former des corps factices dont le volume soit toujours le même, se servent d’éponges imbibées de cire fondue. Le Mastic, auquel on peut donner toutes les formes possibles lorsqu'il est frais, a l’mconvé- nient, en se desséchant, de se fendre avec le temps, de déformer l'oiseau, et d'augmenter con- sidérablement son poids. Quelques personnes emploient le Plétre ou lArgile sous forme liquide, pour remplir la peau des oiseaux, Ils le font couler dans la peau de 160 L'ART D'EMPAILLER l'oiseau, après l'avoir cousue, et cherchent à imiter les attitudes et Les formes de l'animal. Mais par ce procédé, l'oiseau dont le poids devient très-considérable, ne présente jamais des formes agréables; ses jambes sont toujours mal affer- mies, et le plâtre ou largile, en se fendant ou éclatant avec le temps, déchire la peau et détruit l'ouvrage. Avec le Sable on ne peut jamais arrondir les formes d’une manière égale, affermir les jambes et donner le port naturel: d’ailleurs, si la peau se déchire, le sable s'échappe, et loiseau se déforme. La Sciure de bois bien fine peut être employée pour remplir le cou, la poitrine, et tenir lieu de coton, mais l'oiseau en devient beaucoup plus lourd. Ÿ Avec le Liège, qui est incorruptible et qui n'attire point les insectes, on a la facilité de mo- deler le corps de loiseau et d’affermir les jambes au moyen d'un fil de fer qu’on y introduit. Pour monter les grands oiseaux, on prend deux fortes écorces de liége, on les fait bomber au feu, et on leur donne la forme et le volume du corps de animal. Dans les grands Oiseaux, on modèle le man- nequin en bois, et on applique dessus la peau de l'animal, après y avoir fixé les fils de fer qui doi- vent soutenir les jambes, le cou et la tête. Il existe encore trois autres procédés pour monter Les Oiseaux. Partie LIT. 161 monter les oiseaux. Le premier, consiste à pré- parer un moule qui ait la forme du corps de loi- seau qu’on veut préparer, et à poser sur ce moule les plumes, le bec, les janibes et les ailes. Le second, à modeler en bosse le corps de l'animal sur lequel on applique la moitié de la peau, et on y attache le bec, les jambes et les ailes. Dans le troisième, on dessine au trait, sur un carton blanc, le corps de l’oiseau, on arrache la queue qu’on pose la première, et on place successive- ment les plumes, une aile dépouillée des os et des chairs, les deux mandibules coupées par moitié, les jambes et les doigts dont on ne laisse que la peau et les ongles; et on ajoute un œil, sion place animal pour être vu de profil, ou deux yeux, sil doit être vu en face. Mais ces différentes méthodes, qui ne sont propres qu’à faire ressortir l'adresse ou la pa- tience de ceux qui les emploient, ne peuvent servir que pour les oiseaux dont les peaux mal préparées, endommagées ou usées par les ma- tières employées mal à propos pour les dessécher, ne peuvent être amollies ou montées. La conservation des Oiseaux dépend des soins que l’on prend pour les préserver de la poussière et des insectes. On se servait anciennement de grandes armoires vitrées pour renfermer ces ani- maux empaillés, sans faire attention que cette méthode était défectueuse, en ce qu’elle réunis- sait une série trop nombreuse d'oiseaux dans un L 162 L'ART D'EMPAILLER même local, et que les insectes ayant la facilité de passer des uns aux autres, dévoraient en peu de temps une collection. On a imaginé par la suite de séparer et d'isoler dans des caisses de verre un petit nombre d'oiseaux, ce qui, à la vérité, remédie aux ravages des insectes, mais augmente considérablement le prix d’un Cabinet d’Ornithologie (90). (90) Ces caisses en verre de Bobëme consistent en cinq car- reaux enchâssés dans un plateau de bois, assujettis et collés ensemble par des bandelettes de papier. Mais l’idée de ces caisses esl, à notre avis, mal conçue, parce que, lorsqu'il s’agit de les ouvrir , il faut couper avec un couteau les ban- delettes qui fixent le carreau qui en forme le couvert, et ik arrive souvent, en voulant le soulever pour ouvrir la caisse, qu’on casse le verre supérieur ou un des latéraux. Connaissant les défauts de ces caisses, nous en avons fait exécuter de plus commodes. Le fond est un plateau carré en bois de noyer ou de chêne, supporté par irois ou quatre petits pieds arrondis, à l’aide desquels on a la facilité de pouvoir soulever la caisse, et la transporter d’un lieu à un autre. Des quatre coins du plateau, s'élèvent des liteaux fixés à leur partie supérieure par quatre autres liteaux transverses, avec lesquels ils sont assemblés à tenons et à mortoises, et dans lesquels sont pratiquées des rai- nures suffisamment profondes pour recevoir des carreaux de verre blanc ordinaire, qu’on mastique avec soin. Un des côtés de la boîte s'ouvre et se ferme avec un chässis à coulisse, ou une petite planche. Quand on a mis dans la caisse les oiseaux qu’on y veut renfermer , on baisse le châssis ou la petite plan- che, et on colle avec de la gomme arabique des bandeleites de papier sur les jointures du châssis. Lorsqu'on veut ouvrir la cage, on enlève le papier, on fait glisser le châssis de bas en haut-en le soulevant ,; et on le referme en le poussant de Les Oiseaux. Partie LIT, 163 Ces caisses de forme carrée, montées en verre de Bohême, offrent de la solidité dans leur assem- nouveau de haut en bas. Avec ces précautions bien simples, qui nous ont été infiniment avantageuses jusqu’à ce jour , nous avons conservé nos oiseaux davs un état d’intégrité parfaite. On a abandonné avec raison l’usage des verres de Bohéme, soit à raison de leur cherté, soit parce qu’ils sont sujets à se ternir ; on leur préfère le verre blanc qui reste toujours clair et ne se ternit point. Dans la plupart des Cabinets d'Histoire naturelle, on dispose les Oiseaux dans de grandes armoires vitrées, et on les place de manière que les spectateur: les voient en face. Cette ma- nière de les arranger est vicreuse, en ce qu’elle ne permet de les voir que par devant , et que les caractères et les couleurs que présentent les autres parties du corps sont difficiles à dis- tinguer. Le désir d'économiser la grandeur des armoires dans lesquelles ils sont placés, en est généralement la cause. Mais nous pensons que cette raison, valable tout ax plus pour un parti- culier, ne peut être admise pour l’arrangement d’un cabinet public, où tout doit étre fait en grand. Dans le Cabinet de l’Académie de Lyon, dont la disposition est confiée à nos soins, tous les oiseaux, jusqu'à la grandeur du Butor, du Bihoreau, etc., sont placés dans des caisses vitrées, et le public peut alors les examiner dans tous les sens. Ces cages ont encore un autre avantage, c’est de joue voir être maniées facilement , et transportées dans Ja salle où se font les leçons d'histoire naturelle. On n’est point orligé de sortir les oiseaux qui ÿ sont contenus, ainsi qu'on est forcé de le faire lorsque les oiseaux sont renfermés dans des armoires. Il y a plusieurs choses essentielles à observer dans l’arran- gement d’un Cabinet d'Histoire naturelle. 1.9 Dans les oiseaux de petite taille, il est nécessaire de monter un individu de cha jue espèce avec les ailes ouvertes; par ce moyen on peut voir les couleurs du dessous des ailes qui, dans quelques eiseaux, forment des caractères, comme L 2 164 L'ART D’EMPAILLER blage; mais ces verres épais ayant le défaut de se ternir facilement et de retenir l'humidité, ne permeltent que difficilement de distinguer les objets qu'ils renferment. Le verre blanc ordinaire est préférable à tous égards, parce qu'il ne se dans le Pinson d’Ardennes , dont le dessous des ailes est d’un. beau jaune. 2.° I] est également nécessaire d’ouvrir un peu le bec des oiseaux, afin de faire apercevoir la forme de cette partie, et les caractères qu’elle peut présenter. Dans les Pres-grièches. l'extrémité de la mandibule supérieure offre de chaque côté une échancrure , et ce caractère devientdifficile à apercevoir si le bec reste fermé. Les dentelures du bec, la forme des mandi- bules, deviennent faciles à étudier, si on a soin de tenir le bec légèrement entr'ouvert. 3.° Il faut préparer et conserver avec soin la langue de tous les oiseaux qu’on empaille. Cette partie, qui offre des carac- tères avantageux pour la distinction des genres, a été peu étu- diée par les Naturalistes; elle mérite cependant d’être exa- minée avec soin. On roule la langue dans de la farine, on la place entre deux morceaux de papier, on la soumet à une lé+ gère pression, afin qu’elle puisse sécher sans se racornir ; on l’enferme ensuite dans un petit sac de papier, et on la met à côté de l'oiseau auquel elle appartient. 4° Il faut, autant qu’il est possible, se procurer le nid et les œufs de chaque oiseau qu’on a empaillé. On a soin d’indi- quer l’espèce à laquelle ils appartiennent, de conserver exac- tement le nombre des œufs, et de noter soigneusement leur couleur. Pour les vider, il faut les placer sous le récipient de la machine pneumatique, et cette expérience, qui sert à dé- montrer la porosité des corps, donne le moyen de vider les œufs sans les altérer, sans les ouvrir et sans trouer la coquille. La collection des nids et des œufs est en général trés-néphigée dans les collections d’'Ornithologie. Les Oiseaux. Partie III. 165 ternit point, et qu'il est moins dispendieux que les verres de Bohème. Mais, nous osons le dire, le moyen le plus efficace et le moins employé pour détruire les insectes, consiste à donner aux Oiseaux enfermés dans les collections, les soins qu’exige leur con- servation. Le nombre des Collecteurs en Histoire naturelle est considérable, mais celui des Con- servateurs est bien petit. La destruction de la majeure partie des collections, faites à grands frais et avec des peines infinies, n’est due qu’à la négligence des possesseurs. En visitant une fois chaque année ses oiseaux, on prévient les ra- vages des insectes. Nous possédons des oiseaux empaillés depuis plus de vingt ans, qui sont aussi frais et aussi beaux qu'au moment où ils ont été montés. Nos herbiers parfaitement conservés, sont une preuve non équivoque que les soins qu'on donne à ses collections les maintiennent irès-long-temps intactes, et dans un état de frai- cheur qui charme les yeux et excite l'étonnement des spectateurs. Chaque Département a ses insectes destruc- teurs. Nous connaissons dans le nôtre pour les plus redoutables, 1.° le Byrrus des cabinets (Byrrhus musæorum , L. ); 2.° le Punus car- nassier ( PAnus fur, L.); 3.2 le Dermeste du lard ( Dermestes lardarius, 1. ); 4° le Der- meste pelletier ( Dermestes pellio, 1.) Les deux L 3 166 L'ART D’EMPAILLER premiers sont les plus communs dans les cabi- nets (91). Les Ornithologistes ont fait quelques expé- riences pour blanchir les plumes tachées par le sang ou la graisse. Dans le premier cas, ils em- ploient l’eau nitrée: et dans le second, Peau de lessive, qui n’est autre chose que l’eau chaude qui a filtré à travers des cendres de bois neuf. Le procédé que nous avons employé avec succès pour blanchir les plumes tachées de sang, et qu'il est très-important de faire connaitre pour les progrès de l'Art d’empailler les Oiseaux, consiste à laver avec un linge ou une petite éponge imbibée d’eau, les plumes sur lesquelles le sang est répandu. Nous les saupoudrons avec de la poudre à poudrer qui a la propriété d’ab- sorber le sang, et lorsqu'elles sont sèches, nous enlevons légèrement avec du coton ou une petite brosse à poils mous et flexibles, la poudre séchée sur les plumes, et que le sang a colorée. Si la première opération n'a pas complètement réussi, on la recommence une seconde ou une troisième fois. (91) La première et la quatrième espèces n’habitent que trop dans les Musées. Le Bÿrrhus des cabinets attaque les oiseaux et les insectes. Le Plinus carnassier détruit et attaque les her- biers, les msectes, les oiseaux, les pelleteries, jusqu’au bois. Kramer recommande, pour s’en garantir, l’alun et larsenic, Le Dermeste du lard et le Dermeste pelletier détruisent les grands quadrupèdes ; le dernier sur-tout, qui est un des plus redoutables , attaque tous les quadrupèdes en général, LES O1sEAUx. Partie III. 167 Ce procédé, qui est extrêmement avantageux et utile, réussit sur un très-grand nombre d’oi- seaux, sur-tout sur les Grèbes, Plongeons, Ca- nards, et généralement sur tous ceux qui ont les plumes épaisses et serrées. Il nous est souvent arrivé , avant de le connaître, de rejeter des oiseaux que nous regardions comme hors d’état d’être empaillés, et depuis que nous Favons mis en usage, et toujours avec succès ( sur-tout lorsque le sang est frais), nous avons pu sauver un grand nombre d’oiseaux ou de quadrupèdes, qu'auparavant nous aurions rejetés. Fin de la troisième et dernière Partie, 168 D D D D D D D VD RD D D n à 4 TABLE ALPHABÉTIQUE FRANÇAISE DES FAMILLES. AIGTE).\! Aigretle. « . Aloutlie 224%. Ann el AUITUCRE SE 2 Avocette. . . DÉCHSSP eu Bécassine. . .. Bengalis . . . Bergeronette… . Bihoreau. . .. Bouvreuil. . . . e e Bruant . . pag. 70-82 Helsea. ee DS 18 Butor. . . 53-56 C Calle. 14504 68-78 Calang': 22e 32-34 Canurd 402 48 Casse-noix . . . 32-36 Castagneux. . . 48-51 Chardonneret. . 39-82 Chevalier . . . . 54-59 Choucas si: 32-35 Chouette . .. . 18-26 Cigogne. . . . . 53-55 Colibri. 32-47 Combattant. . . 54-60 Go: RP 67-73 TABLE ALPHABÉTIQUE. Coracias.. pag. 32-35 Corbeau . . 32-35 Cormoran . . . 48-49 Corneille . . . . 32-35 Coucou . . . .. 32-39 Comes 0. 53-58 Crabier. . . . . 53-56 Cygne se 5 43 D Dindon. .... 67-71 "7 HART PE 18-26 E Echasse, : ... 54-63 Engoulevent . . 79-88 Épeiche. : . .. 32-41 Elourneau . . . 79-81 F Faïsan. : … :.. 67-74 Faucon. . ... 18-29 Fauvetle . . .. 79-84 Flammant . .. 53-54 he, 48-49 Foulque. , 54-65 169 G Geai. . . . pag. 32-36 Gélinotie . . .. 68-77 Glaréole . ... 54-64 Gobe-mouche. . 79-83 Goéland. . ... 48-52 ÉRPR Sie 48-51: Grimpereau. 32-46 CPE LUE te 79-81 Gros-bec 79-82 Cr ie 8 53-55 Guépier . . . .. 32-44 H FHarle.. ssl. 438 Heron. NUE 23-56 Hibou. . .. 18-26-30 Hirondelle . . . 79-86 —— de mer.. 48-52 HELD ER. 67-72 Hhinpe M: 32-45 L Lavandière . . . 79-84 Larnofle : :: .; 79-82 170 M Macareux. pag. 48-50 Manchot . .... ibid. Martinet . …... 79-86 MWarlin-pécheur. 32-43 Maubéche .…. . 54-60 ROME 2 2 79-81 . 79-82 Milan... 18 Moineau . . .. 79-82 Motleux . . .. 79-83 Mouette. .. . . 48-52 Oiseau-Mouche. 32-47 Crlolan: 79-82 Oularde .. ... Peintade ., . + 67 L'ENCRE SALE 48-4 Perdrir ... 1.08 Perroquet, . , . 3 TABLE ALPHABÉTIQUE. Pétrel. . , pag. 48-57 Ec iL$;2. A0ER 32-44 DRE 32-36 — grièche . 18-28-30 Pigeën | A. 79 Pingouin . . ... 48-50 PIRE, TL 79-82 Plongeon . . . . 48-51 Pluvier 300 54-62 Poule. : 4e 67-73 — d'eau . 24-65 R File; SR 54-66 Hollier